Coucou Amnesie,
Je poursuis ma lecture de ton univers. Ca fait redondant (♥) mais encore une fois, un très, très beau texte de ta part.
En fait, j'ai l'impression que son style va de pair avec le caractère et les aspirations de Rosier. Il y a une forme d'exaltation à trouver le Beau (même dans les actions les plus sordides) de sa part, il vit davantage dans l'esthétique (morbide certes) que dans l'action. Et le style, justement, est ciselé comme la dentelle et oscille parfaitement entre les réalités terrestres, laides et repousantes, et la beauté un peu froide que Rosier veut trouver partout sans sa vie - dans les rites, dans sa relation à Charlotte, dans la magie noire. Bref, c'est vraiment superbement amené et contrasté entre ces deux poles.
Et bien sûr à la fin il ne peut que perdre, il a un peu oublié que le projet ce n'était pas que pour la beauté de la magie noire hélas... et on voit bien aussi la hiérarchie des mangemorts, ceux en haut, raffinés, et ceux du bas, les subalternes, qui font la petite besogne. Voldemort sait bien où placer ses pions pour soigneusement dissimuler ses propres origines, tu en fais un bel exemple ici, avec comme toujours, ces personnages toujours bien cernés (comme ici le sont les deux autres mangemorts).
À bientôt,
Piti
Coucou !
J’avais un peu disparue ces derniers mois mais je ne t’avais pas oubliée pour autant.
Ce que j’aime particulièrement avec cette fic, c’est comment tu articules les trois évolutions : celle de Tom qui devient Voldemort, celle des Chevaliers qui deviennent les Mangemorts et celle de la relation entre Tom/Voldemort et Rosier. L’usage des noms et titres dans la fiction, c’est une question que je trouve fascinante. C’est un outil hyper important de caractérisation et d’écriture des relations, et tu le maîtrises vraiment ici. Le fait que Rosier appelle Voldemort « Tom » jusque dans la dernière scène, pas seulement une fois mais deux, même après que Voldemort lui ait dit de ne pas le faire, quand plus tôt dans la fic il l’appelle « Maître », et quand cette conversation a déjà eu lieu des années plus tôt (et sûrement plusieurs fois entre temps), c’est plus révélateur sur leur relation qu’un long dialogue où ils discuteraient de leur passé partagé. C’est le genre de choix de mots qui me ravit.
Tu fais un très bon travail de caractérisation avec Rosier plus généralement. La métaphore du jardinage est bien trouvée et j’apprécie particulièrement ce passage : « Il sélectionnait les graines les plus corrompues en fonction du fruit pourri qu'elles apporteraient ». Outre la formulation élégante, le choix de parler de corruption et pourriture en dit long sur le recul qu’a Rosier sur ses propres actions. Il n’est pas Bellatrix ou Barty Croupton Jr, le fanatisme aveugle n’est pas sa motivation.
Le fait qu’il ait proposé sa sœur en mariage « à Tom » illustre aussi très bien comment en passant de Chevaliers à Mangemorts, la hiérarchie s’est consolidée. Des années plus tard, ce serait une proposition impensable. Des années plus tard, « le silence s'abattit sur eux et pendant un centième de seconde, il lui sembla qu'ils étaient égaux ». Mis en parallèle ça dessine une relation que l’un voulait égale et l’autre hiérarchique, et qui a clairement pris la seconde direction. Un récit d’appréciation et admiration unilatérales qui se muent en dégoût. J’aime beaucoup cette approche, je crois que c’est la première fois que je lis une relation comme celle-là entre Voldemort et un de ses Mangemorts.
J’ai été interpelée par la phrase : « Puis, peu friand des hommes et de leurs mondanités, il laissait son premier Mangemort jouer de ses charmes pour séduire ses pairs » parce que dans HP Voldemort est montré comme étant séduisant, dans sa jeunesse du moins, mais effectivement son charme est plus un outil qu’un réel trait de caractère ou un mode de communication préférentiel, contrairement à Rosier tel que tu le décris. J’aime cette phrase en tout cas parce qu’elle annonce subtilement la couleur : pour avoir lu HP, on sait que, même si la présence de Rosier dans ses rangs l’arrange, Voldemort est trop orgueilleux pour le laisser profiter du devant de la scène comme ça éternellement. J’interprète du coup que Yaxley-du-tome-7 est un peu son nouveau Rosier (et qu’il aurait probablement subi le même sort que lui pour les mêmes raisons si Voldemort avait gagné la guerre).
« Voyons combien de temps il survivra à son propre enterrement », du Voldemort tout craché. Je ne suis pas une fan des phrases nominales, parce j’ai lu trop de gens qui en abusaient et parce qu’elles tendent à sonner un peu trop mélodramatiques à mon goût mais « Un jardinier aux mains immaculées. Le jardinier enterré. » c’est une conclusion parfaite. Je ne saurais pas expliquer pourquoi exactement mais ça donne à cette conclusion un rythme et une finalité très satisfaisants.
Ma seule critique : je dirais que le traitement du personnage de Charlotte me laisse un peu sur ma faim. Après ce n’est pas forcément un défaut de ton texte, plus une affaire de goût personnel. Et il y a peut-être aussi des choses qui me sont passées au-dessus.
C’est malheureusement trop courant dans la fiction (y compris dans HP à vrai dire) de réduire les personnages féminins (ou plus généralement des personnages issus de minorités) à de simples mentions ou de les utiliser pour servir l’intrigue mais sans leur donner plus qu’une personnalité unidimensionnelle. Je me demande si ici le choix était intentionnel de laisser Charlotte être une page blanche. On n’a aucun accès à ses émotions, son caractère ou ses paroles. Pour autant qu’on sache peut-être même qu’elle haït secrètement son mari ! Si c’est un choix intentionnel, ça dit quelque chose de l’égocentrisme de Rosier, et peut-être de sa superficialité/de son sexisme, mais dans la mesure où ces traits de caractère ne me semblent pas résonner avec les thèmes principaux de cet OS, je ne suis pas sûre de ce que ça accomplit (à part servir à introduire son fils, ce qui revient à faire de Charlotte un élément d’intrigue). En lisant « Il s'enivrait des contrastes, jouait à l'équilibriste entre la pureté de Charlotte et la fureur de Tom », je m’attendais à ce que ce contraste soit exploité, à ce qu’une tension se développe entre les deux. Il y a bien une tension entre les intérêts de sa famille et son rapport à Voldemort quand celui-ci réclame son fils, mais ce n’est pas tellement une question de « pureté/fureur ». Donc voilà il y a un petit quelque chose qui manque, je trouve, concernant le personnage de Charlotte.
Bon je pinaille mais vraiment, à part ça, j’ai aucune réserve et j’ai tout apprécié.
Je terminerai sur Yaxley et Mulciber qui se chamaillent, ça m’a prise par surprise et fait rigoler. C’était une bonne manière d’humaniser leurs personnages et de caractériser Rosier par contraste.
J’essayerai de laisser d’autres reviews prochainement (il faut que je reprenne Rafleurs et La Force et la Justice !).
Réponse de l'auteur:Salut Basmoka, ça me fait tellement plaisir de te retrouver dans mes reviews !
Je suis super contente que tu aies perçu ces trois évolutions, tout était beaucoup construit autour de ces parallèles des deux personnages, justement ! Ton analyse sur les titres est aussi très intéressante - effectivement je savais par exemple que Rosier ne pouvait pas l'appeler « Lord », et que « Maitre » serait prononcé avec admiration plus que soumission. Le « Tom » était quant à lui très satisfaisant à écrire, j'ai toujours aimé celui de Dumbledore, mais je trouve qu'il a une autre saveur quand prononcé par Rosier.
C'est exactement ça, je voulais présenter un Mangemort qui a rejoint Voldemort non par goût pour ses idées politiques (j'ai l'impression que Voldemort n'en a pas vraiment de toute façon), ou par besoin de reconnaissance, etc, mais plutôt par attrait pour le côté grandiose de la magie de Tom, son esprit, son élégance, son ambition, l'idée d'une noirceur absolue assez fascinante... Sur le reste, il est assez cynique.
Je suis complètement d'accord avec toi, le fait qu'il lui propose sa sœur ressemble presque à une promotion sociale : il lui offre de rejoindre définitivement les aristocrates, lui donne la possibilité d'atteindre une certaine respectabilité. Bref, comme tu dis, on passe de l'égalité (voir même d'une subtile ascendance) à la soumission...puis un écart qui se creuse entre eux. J'aime beaucoup ta lecture, et je suis ravie de t'avoir convaincue.
C'est vrai que je me suis interrogée sur le caractère mondain de Tom (son comportement avec ses professeurs, avec Hepzibah Smith), mais je pense vraiment que cette séduction est devenue de moins en moins à son goût. Je l'imagine de plus en plus méprisant des Hommes, y compris des Sangs Purs. Voldemort aime aussi s'entourer d'une certaine aura de mystère, et se servir de ses Mangemorts comme de pions pour avancer... jusqu'à ce qu'ils prennent trop d'importance et qu'il vaille mieux les écarter, comme tu dis.
Je craignais que la formule ne soit trop lourde, je suis contente que tu y retrouves Voldemort ! Toutes ses répliques m'ont d'ailleurs pas mal pris la tête... Pareil pour la conclusion, j'ai beaucoup hésité :)
Sur Charlotte. Je suis tout à fait d'accord avec toi. Ma beta m'avait d'ailleurs fait la remarque en me disant qu'il valait mieux en parler franchement, ou bien la sortir du texte. Le problème, c'est que j'ai écrit cet OS dans le cadre d'une sorte de concours, et j'avais déjà dépassé la date limite - bref, pas trop le temps de faire des ajouts. Je suis aussi d'accord sur l'utilisation des personnages féminins telle que tu la décris. Cependant, je vais quand même défendre mon choix (parce que malgré tout, c'est un choix que je suis bien obligée d'assumer, et qui se justifie sur certains points) - même si en raison de ce que tu as relevé, je corrigerais cela si je devais réécrire ce texte.
En fait, autant le dire tout de suite : Charlotte n'existe pas pour elle-même dans cet OS. Elle n'existe qu'en relation à son mari. Elle « sert » à montrer qu'Auguste n'est pas seulement attiré par l'absolu dans la noirceur ; il cherche une forme de pureté qu'il trouve autant dans la magie noir que dans l'amour. J'ai fini par développer toute une histoire autour de Rosier (en court d'écriture), et l'amour est un élément majeur du personnage. Impossible, donc, d'oublier Charlotte. (D'ailleurs, cet amour est bien réciproque.) Et ce n'est pas tant le sexisme (Rosier sera fasciné par une personne, peu importe son sexe (peu importe à peu près tout en fait, tant que la personne lui semble prodigieuse)) (bon, il exerce quand même du sexisme ordinaire, ne soyons pas fou mdr (cf « j'ai également PROPOSE Druella à Tom » HUM HUM)) qui fait qu'il évoque si peu Charlotte, mais plutôt la séparation entre son rôle de Mangemort et de mondain d'un côté, et sa relation avec elle de l'autre (d'où le « Il s'enivrait des contrastes, jouait à l'équilibriste entre la pureté de Charlotte et la fureur de Tom »). (D'ailleurs, la pureté de Charlotte est une chimère ; la pureté se rapporte plutôt à l'idéal de son amour pour Charlotte.) Enfin, dernière raison pour le côté effacé de Charlotte : c'est une femme assez mystérieuse. Contrairement à son mari, Charlotte n'aime pas les grandes réceptions. Elle est vue par la cour comme une femme banale, sans grande beauté ni grand esprit, une espèce d'anomalie au bras d'Auguste (anomalie d'autant plus grande qu'Auguste, lui-même tant admiré, ne cesse de dire combien elle est exceptionnelle). Je crois que ce regard ressort pas mal dans l'OS.
Pour autant, j'ai une vision très précise de ce personnage (je suis en train de réaliser que j'ai écrit un pavé monstrueux donc je ne vais pas la développer ici, mais je peux le faire si tu veux qu'on échange sur le forum :) ) - une vision que j'avais déjà en écrivant ce texte qui ne lui rend pas vraiment justice. J'espère sincèrement pouvoir arriver à bout de cette fanfiction en cours d'écriture pour montrer sa complexité et ses motivations indépendantes d'Auguste. Voilà pour l'explication, désolée pour le pavé ^^ Et merci d'avoir relevé ce point !
Hahaha Mulciber et Yaxley, toute une histoire d'amour xD
Vraiment merci pour ton retour, tu n'as pas idée à quel point il m'a fait plaisir ! Je serai très heureuse de te retrouver ailleurs (sache toutefois que je bloque toujours sur La Force et la Justice, mais que j'ai terminé Rafleurs ! :D)
Amnesie
Bonjour Amnesie ♥
Je commence donc les JR avec ce texte qui me faisait bien de l'oeil entre ce titre, ce résumé (et ce portrait d'Arcimboldo !). Je trouve que dès le départ tu as eu une très bonne idée de partir sur cette métaphore pour un Rosier. Spoiler alerte : j'ai adoré cette lecture.
J'aime beaucoup ce paradoxe entre Rosier le distingué et délicat esthète et Rosier le Mangemort. J'aurais eu tendance à penser (en m'arrêtant au résumé) qu'il fleurissait ironiquement les tombes, mais j'aime beaucoup qu'il sème et cultive métaphoriquement les esprits, qu'il prépare un terreau fertile pour leur camp dans cette société sorcière où ils cherchent encore à s'imposer. Et là finalement le Rosier délicat semble se réconcilier avec lui-même, puisqu'il ne se salit (presque) plus les mains. On le sent de plus en plus mégalo, se délecter cette position privilégiée auprès de Voldemort, dans cette société sorcière, et dans cette équilibre vie pro-vie perso (mdr, bizarre dit comme ça).
(Petite parenthèse parce que je savais pas où mettre ça mais les tensions Yaxley-Mulciber sont à mourir de rire.)
"Mignonne, allons voir si...
La rosée du matin faisait briller le sang sur la poitrine de leur victime embaumée sous le soleil d'hiver."
C'est juste absolument sublime (Rosier m'a légèrement devancée sur ce point dans la phrase qui suit). Il y a plein de très beaux moments littéraires dans ce texte, mais celui-là m'a laissée sans voix.
J'aime le renversement du texte, cette "neutralité" retrouvée dans le deuil, puis ce dégoût que Voldemort lui inspire pour la première fois parce qu'il a "pris" son fils (et aussi parce qu'il est devenu trop moche, c'est du Rosier tout craché !). Le retournement "l'Auguste Rosier" est savoureux également, j'avais googlé rapidement pour voir si le prénom était canon (il ne me disait que trop rien) mais je vois que tu l'as choisi avec soin, bravo !
En tout cas l'ironie de la conclusion est mordante. C'est très bien trouvé de la part de Voldemort (enfin surtout de ta part, en réalité). J'aime beaucoup la métaphore que tu files jusqu'à la fin, où son jardin de fleurs fidèles se mue en mauvaises herbes. Ça fait sourire et c'est en même temps très poignant. Le dernier paragraphe m'a tenue en apnée, on a pas idée d'écrire aussi bien, faut pas faire ça, j'avais l'impression d'être sous deux mètres de terre avec lui.
Je remarque qu'on a commencé et on finit... dans la merde. Conclusion : ne soyez pas Mangemort.
Merci infiniment pour cette lecture. Et d'ailleurs bonne chance pour les Sélections !
Réponse de l'auteur:Bonjour Tiiki !
J'ai honte je suis désolée, je réponds mille ans plus tard... Mais ta review m'a tellement fait plaisir ♥
Pour recontextualiser, cet OS a été écrit dans le cadre d'une sorte de complot spécial Mangemort, où chacun(e) se voyait attribuer un Mangemort et un incipit ! J'ai eu Rosier, et j'étais contente, parce que c'était l'occasion d'explorer un des premiers Mangemorts, quelqu'un qui a pu connaitre Voldemort avec une intimité différente des suivants. A part ça, on a très peu d'informations sur lui, alors j'ai pu m'amuser à dresser son portrait dans les contrastes que tu décris. C'est d'ailleurs fou que je n'ai pas pensé à ce geste de fleurir les tombes, je crois que ça aurait permis de construire un autre type de personnage super intéressant... ! Je suis contente que tu perçoives toute cette évolution, et mdr l'équilibre vie pro-vie perso - le pire, c'est que ça s'applique très bien à lui ^^
(hihi merci)
Olala merci beaucoup Tiiki, c'est moi qui suis sans voix devant tes compliments...
Mdr « et aussi parce qu'il est devenu trop moche, c'est du Rosier tout craché ! » Tu n'imagines pas à quel point ce commentaire me fait plaisir (et rire), comme si tu pouvais déjà reconnaitre les traits du personnage. Et oui, j'ai passé un petit moment à chercher un prénom pour Rosier, et quand j'ai pensé à Auguste, j'ai voulu le retenir juste pour cette formulation ^^ Finalement, en l'ayant en tête, tout le texte m'est venu plus facilement, comme si ça l'avait rendu plus tangible.
Je ne sais même pas quoi ajouter, tout ce que tu dis me fait sourire betement :)
Hahaha excellente conclusion ^^
Mille fois merci à toi ♥