Rose fixait sa tasse, attendant de pouvoir lire ce que disaient les feuilles de thé.
Elle était en colère, Rose. Ca la détendait toujours, les feuilles de thé. Plus tard, elle relirait une énième fois « Lever le voile du futur ». Juste pour être sûre d’être bien détendue.
Ses mains se crispaient, involontairement. Elle serrait la mâchoire si fort qu’elle avait l’impression que plus jamais elle ne pourrait ouvrir la bouche. Elle n’était pas seulement en colère, elle était folle de rage, une bombe à retardement susceptible d’exploser à chaque seconde.
Elle prit la tasse brûlante entre ses mains. Elle essayait de lire ces foutues feuilles de thé, mais elle n’y arrivait pas. Ses mains tremblaient, son esprit était embrouillé, emmêlé de rage.
Elle était calme, Rose. En temps normal. Mais cette fois-ci, c’en était trop. Cette lettre. De sa mère. Lui demandant si elle avait enfin un vrai projet pour sa vie future.
Elle avait déchiré la lettre. En mille morceaux. Elle ne répondrait pas, à quoi bon ? Elle savait déjà ce qu’elle voulait faire. Seulement ce n’était pas ce qu’espérait Hermione pour sa fille.
« C’est Maman, tu sais. Elle est comme ça, tu devrais t’y faire. »
C’est ce qu’avait dit Hugo. Et alors Rose avait eu envie de le frapper, de toutes ses forces.
Hugo le lâche.
Pourquoi Rose devait-elle accepter les ambitions que sa mère avait pour elle ? Pourquoi alors qu’Hermione était incapable de comprendre sa fille ?
Rose ne comprenait pas. Elle voulait crier, donner une bonne claque à Hugo le lâche, assommer sa mère avec un livre de divination. Elle voulait partir avec son père. Qu’il crie à Hermione de la laisser être elle-même.
Elle savait, qu’elle ne serait jamais aussi brillante que l’espérait sa mère. Les seuls livres qu’elle lisait étaient ceux parlant de divination. De fantômes aussi, ils la fascinaient, la petite Rose. Sa mère ne pouvait pas comprendre, trop étroite d’esprit.
Rose, elle était gonflée de rage envers sa famille. Même ses cousins ne la comprenaient pas. James, qui se moquait de la petite Rose, avec ses prédictions hasardeuses.
Au fond, il n’y avait que Léane qui pouvait la comprendre à Poudlard. La Léane pleine d’amertume. Elle aussi, elle était remplie de colère.
Elles étaient un beau duo. Léane et Rose. Deux filles cassées, disloquées. Aveuglées par la rage, qu’elles étaient.
Elle savait, Rose, qu’elle ne pourrait pas toujours compter sur Léane. Trop instable. Trop remplie de fureur, pour sa famille. Léane, elle pouvait nourrir le monde entier de sa haine.
C’était comme ça. Juste deux pauvres filles, deux adolescentes perdues.
Rose tremblait de rage contre sa famille, son frère, ses cousins, ses professeurs aussi. Incapables de comprendre cet engouement pour la divination. Trop hasardeux, disaient-ils. Mais elle était comme ça, Rose, pas comme les autres.
Au fond d’elle, elle savait qu’elle aimait sa famille. Il existait pire qu’elle, mais parfois les ambitions d’Hermione étaient trop pesantes. Comme aujourd’hui.
Rose ne comprenait pas. Pourquoi sa mère ne l’acceptait pas comme elle était ? Amoureuse de la divination. Elle ne faisait rien de mal, non ?
Alors elle était lasse. Lasse de devoir se battre pour faire accepter ses projets, de se sentir différente des autres parce qu’elle était capable de prédire les événements.
Rose frémit de fureur une dernière fois, ses bras tremblaient. Elle sentit le goût du sang se répandre dans sa bouche à force de mordiller sa langue.
La tasse de thé se brisa. Le thé chaud brûla la peau sèche de Rose.
Des gouttelettes de sang tombèrent sur la table. Elle les regarda tomber une à une, tâchant son devoir de métamorphose.
Elle était envoutée, l’étrange Rose aux feuilles de thé.