Ils m'énervent ! by Melody
Summary:

Je déteste l'embrasser. À chaque fois que ses lèvres se posent sur les miennes, j'ai envie de le mordre violemment, de le faire saigner, de lui faire du mal. Lui faire autant de mal que ce que je ressens. Comment est ce qu'on peut appeler ça de l'amour, sérieusement ? Comment fait-il pour ne pas se rendre compte que je me fous de lui ? Que je fais semblant ? Et moi, comment est-ce que je peux faire une chose aussi horrible ?
Jamais je n'arriverai à oublier Scorpius, c'est une évidence. D'ailleurs, pourquoi essayer ?

Docteurclic


Categories: Romance (Het), Durant Poudlard, Scorose (Scorpius/Rose) Characters: Personnage original (OC), Rose Granger-Weasley, Scorpius Malefoy
Genres: Romance/Amour, Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Rose et Scorpius
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 5247 Read: 1982 Published: 02/07/2014 Updated: 03/07/2014
Chapitre 1 by Melody
Author's Notes:

Bon, ça fait un moment que j'ai pas publié, parce que ça faisait un moment que j'avais pas écrit (le syndrome de la page blanche, vous connaissez ?) sans compter que j'avais le bac et tout... Bref, j'avais annoncé que je ferais une pause dans l'écriture lorsque j'ai publié mon premier OS. Maintenant que j'ai passé mon bac, j'écris à nouveau et j'ai pondu ça cette nuit. Il s'agit d'un OS sur Scorpius et Rose, ça s'associe avec Never Say Never(même si ce dernier se passe après) mais inutile de le lire pour comprendre l'histoire.
D'ailleurs celle-ci part un peu dans tous les sens, je ne l'ai relu que vaguement donc il y a très certainement des fautes qui m'ont échappées (merci de me les signaler !) je les corrigerais un jour où j'en aurais le courage xd enfin bref, je vous laisse lire... [EDIT] La correction a été faite !

Ça fait une semaine que cette situation dure et j'en ai déjà ras-le-bol. Qu'est-ce qu'il peut être collant ! Je commence à regretter cette situation, à envisager de la résorber, de tout arrêter. C'est une possibilité d'action qui me tente énormément. Puis me revient en plein visage le dur retour à la réalité. Ce qui m'empêche d'arrêter. Ce qui m'a poussé à commencer. Scorpius.

Je ne veux pas qu'il croit que je tiens à lui. D'ailleurs, je ne tiens pas à lui. Ce n'est qu'un petit prétentieux brailleur qui passe son temps à mettre le désordre dans l'école. Et dans mon cœur ma tête à l'occasion. Non mais, en y repensant, qu'est-ce qui m'a pris de le laisser m'embrasser ? Et de recommencer ? Déjà, je n'aurais jamais dû croire toutes ses conneries à propos de la potentielle bonne entente entre Serpentard et Gryffondor, et encore moins accepter ces ridicules cours de soutien en métamorphose. Cours qui ont très vite ressemblé à des séances de pelotage intensives. Je ne peux pas m'empêcher de me souvenir avec une précision exacte chacune de ses caresses. Et impossible pour moi d'oublier cet épisode, celui où tout a commencé.


— Je pense qu'on devrait revoir la loi de Gamp sur la métamorphose élémentaire et ses exceptions.

Un silence accueillit ma proposition. Je levai les yeux. Malefoy me fixait par dessus la paillasse qui nous séparait, l'air absolument pas interréssé par ce cours de soutien qu'il avait pourtant lui-même réclamé.

— Malefoy, tu m'écoutes ?, m'agaçai-je.
— Hum.

J'éprouvai l'envie fugace de lui fracasser le crâne contre le bureau entre nous deux. On se décarcasse pour aider un boulet de la société et voilà comment on est récompensée ! Note à moi-même : ne (plus jamais) rien accepter qui vienne de Malefoy. 

— Tu sais pourquoi tu n'as pas de copain, Weasley ?

Mon ressentiment s'intensifia. Je pinçai les lèvres.

— Tu sais pourquoi tu as des notes merdiques, Malefoy ?

J'étais assez fière de ma réplique sur le coup. Malefoy plissa les yeux.

— Tu vois, c'est précisément ça, le problème, commença celui-ci. T'es tellement concentrée sur tes études que tu laisses passer toutes tes chances. C'est vrai, après tout, tu n'es pas si moche.

Je papillonnai des yeux. Pardon ?

— Pas si... moche ?, je lâchai avec colère.
— Oui...poursuivit Malefoy, parfaitement serein. Mais le problème c'est vraiment toi, tu vois ? Tu es tellement coincée. Et pète-sec. Forcément ça fait fuir les garçons.

Alors c'est comme ça que le reste de Poudlard me voyait ?

— Je ne suis pas coincée, je grinçai.
— Ah oui ? fit Malefoy l'air insolent en haussant les sourcils.
— Je ne suis pas coincée, je répétai.

Malefoy leva les mains en l'air en signe d'innocence.

— Non ? Bon, au temps pour moi. Dans ce cas, tu veux bien coucher avec moi ?

Je retins de justesse un hoquet de stupeur.

— Quoi ? m'écrias-je, ulcérée. Mais tu me prends pour qui au juste Malefoy ?! Je ne suis pas une de tes petites putains écervelées !

Malefoy soupira.

— Je savais que tu te défilerais... Et ça se prétend courageuse...

Un grand sentiment de colère grandissait en moi, associé à l'irrésistible envie de faire mes preuves. Il allait voir ce qu'il allait voir ce petit con. Ni une, ni deux, je saisis sa cravate et l'attirai à moi. Nous étions nez-à-nez. Malefoy haussa les sourcils, l'air de se demander si j'aurais vraiment l'audace d'agir. Il me fallut deux secondes d'hésitation avant de plaquer violemment mes lèvres contre les siennes.

J'arrête là ma pensée. Inutile de poursuivre ce souvenir. Mon cœur bat déjà beaucoup trop vite et je suis sûre que mes joues sont d'un rose soutenu. Je referme violemment le livre que j'étais en train de feuilleter et décide de quitter la bibliothèque. Ça ne sert à rien que je travaille, là je suis beaucoup trop énervée pour faire quoi que ce soit. Je ne suis bonne à rien aujourd'hui. Tout ça parce que ce crétin de Malefoy me trotte dans la tête. Je me concentre sur ma respiration pour ramener les battements de mon cœur à quelque chose de plus régulier. J'ai l'impression que tout le monde peut l'entendre pomper de façon rapide et effrénée. Je fais tout juste quelque pas dans le couloir, que je croise Jimmy. Oh non, faîtes qu'il ne m'ait pas vue. Merde, il se précipite vers moi. La raison pour laquelle j'étais allée m'enterrer à la bibliothèque me revient : je voulais l'éviter.

Il a l'air pathétique à courir vers moi, il n'est donc pas capable de se passer de moi quelques minutes !?

— Ah, Rose mon ange, où étais-tu passée ? Je t'ai cherchée partout !

Il se penche et m'embrasse goulument sans me laisser le temps de lui répondre que je devais travailler. Il ne me laisse jamais en placer une. Il m'énerve ! Je finis par le repousser, doucement mais fermement.

— Je devais travailler, je finis par dire, sans doute un peu méchamment.

Heureusement il ne perçoit pas mon agacement. D'ailleurs, comment fait-il pour ne pas s'en apercevoir ? À peine ai-je finis ma phrase qu'il se penche pour m'embrasser à nouveau. Je recule instinctivement. 


— Oh, tu travailles trop, dit-il avec un sourire pervers.

Je songe que je travaille autant uniquement depuis que je le connais. Je me cherche déjà une nouvelle excuse pour m'éclipser quand soudain, mon cœur s'arrête de battre. Je viens de voir une silhouette grande et musclée, à l'allure assurée. Il me regarde fixement, un sourire narquois sur les lèvres, et une mèche de ses cheveux blonds retombant follement sur son front. Je pousse un grand soupir et les battements de mon cœur reprennent leur cadence, de façon pas très assurée cependant, et tellement forte qu'il me donne l'impression qu'il cherche à sortir de ma poitrine.

— Tout vas bien mon cœur ?

Je reporte mon regard sur Jimmy, troublée. Il me fixe, les yeux plissés. Je ne sais pas trop comment réagir. Je sais que Malefoy nous regarde et analyse chacun de mes mouvements. Je ne m'en rends pas compte sur le moment mais c'est sans doute ce qui me pousse à agir.

Je m'accroche au cardigan de Jimmy et commence à l'embrasser avec fougue. Passionné, il me répond de la même manière. Je sens le regard de Malefoy brûler ma nuque et sans que je me l'explique cela me procure une intense satisfaction. J'espère vivement qu'il a perdu son satané sourire. Quand Jimmy arrête de m'embrasser, Malefoy a disparu. Je n'ai aucune idée de ce qu'il a pu penser et cela me frustre. Je prétexte avoir prévu un après midi avec mes camarades de dortoir pour m'éclipser et penser à autre chose.

Je parviens à éviter Jimmy pour le restant de la journée. Inutile donc de préciser à quel point je me sens soulagée lorsque le jour laisse sa place à la nuit et que je monte me coucher.

Je prends une douche rapide, je galère à démêler ma tignasse, me tresse les cheveux pour éviter qu'ils ne s'abiment et je me glisse sous mes draps. Mon lit est chaud, les elfes y ont laissé une bouillotte.

Un mouton, deux moutons, trois moutons, quatre moutons.... trois cent soixante-sept moutons.
Je soupire. Je n'arrive pas à dormir. En plus, Sarah, qui dort juste à coté de moi, ronfle comme un éléphant. Un comble quand on connait sa timidité. 

Je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas m'empêcher de sentir l'appréhension me tenailler en pensant à la journée qui m'attend demain. Plus particulièrement au cours de métamorphose. Je suis à coté de Malefoy en métamorphose. Je ne lui ai pas parlé depuis la dernière fois où il m'a dit que je finirais vieille fille et avec des chats. L'ironie, c'est qu'après avoir claqué bruyamment la porte de notre salle d'entrainement, Jimmy venait me voir pour me proposer de sortir avec lui. Et que je lui disais oui, simplement pour que Malefoy cesse de la ramener. Comme si j'avais besoin de lui pour sortir avec un garçon. Je lève les yeux au ciel dans mon lit. Je me demande si nos entrainements vont continuer maintenant que je me comporte de manière aussi distante avec lui. Même si je ne l'avouerais jamais à voix haute, je ne veux pas que ça s'arrête. Je pousse un autre soupir. Penser aux entrainements me fait penser à nos baisers.

Le lendemain, la journée défile à toute vitesse. C'est toujours le cas quand je redoute quelque chose. En l'espace d'un battement de cœur je me retrouve dans la cour de métamorphose, en train d'avancer d'une démarche trainante pour aller en classe. Puis vient finalement le moment où je m'assois sur ma chaise, l'air résolu. Malefoy n'est pas encore arrivé. Mon stress monte d'un cran. Je sors mes affaires et les pose sur la table. Un raclement de chaise sur le sol attire mon attention à ma droite. Scorpius vient d'arriver. Merde. Je tente de refouler la vague de panique qui menace de me submerger.

Pourquoi est-ce que je stresse toujours autant pour un rien ?

Je fixe un point au loin droit devant moi et fais mine d'écouter le professeur avec attention. Celui-ci déambule entre les paillasses et nous rend nos derniers devoirs, dûment corrigés. Malefoy reçoit sa copie. Il se penche dessus et laisse échapper un reniflement dédaigneux. Mes yeux louchent sur sa copie : c'est plus fort que moi. Il a eu un D, pour Désolant. Je ne savais même pas que c'était réellement possible. Bien malgré moi, je lève les yeux au ciel. Ma réaction ne semble pas échapper à Malefoy qui darde soudain sur moi un regard furibond. Immédiatement, je me sens mal à l'aise, j'ai l'impression d'étouffer, de suffoquer. En plus, cette proximité me donne le vertige. Savoir qu'il me suffit de tendre le bras pour l'effleurer me rend chancelante. Un peu comme si nous sommes deux synapses de deux neurones différents qui s'échangent des décharges électriques en permanence.

Ma copie tombe sur ma table. J'ai eu O, pour Optimal, comme d'habitude en métamorphose. Mes lèvres s'étirent en un sourire fier, j'oublie momentanément Malefoy... Jusqu'à ce qu'il me rappelle son existence.

— Encore bravo Weasley, comme quoi, à défaut de réussir en amour, tu réussis en cours...

Mon sourire se fane et je me tourne vers Malefoy, l'air peu amène.

— Je réussis autant en amour qu'en cours, Malefoy, merci bien.

Malefoy hausse les sourcils, ironique.

— Tu ne parles pas de moi, là, j'espère ?

De "panique" mon esprit se branche sur la fréquence "antipathique".

— Je parle de Jimmy Frosler, ducon.

Malefoy rit jaune. Il m'énerve.

— Ah, oui, le gigolo que tu as employé pour me prouver que tu n'as pas besoin de moi.

Il hoche la tête d'un air entendu. J'ai envie de le frapper. Le pire, c'est qu'il a raison.

— Ce n'est pas un gigolo, je réplique, les dents serrées.
— Mais tu l'utilises bel et bien pour me prouver que tu n'as pas besoin de moi.

Il m'énerve.

— Ne te donne pas autant d'importance Malefoy.

J'espère qu'avec ça, il va enfin rabattre son caquet. Son sourire railleur s'intensifie.

— Mais c'est toi et ton attitude qui me hurlent que j'ai tant d'importance pour toi. Allez, Weasley, avoue-le.

Il se penche un peu vers moi et son haleine sucrée mentholée m'effleure. Mon cœur rate un battement. On dirait qu'il sort d'une pub pour un gel coiffant. Je prends sur moi pour me contrôler.

— Avouer quoi ?
— Que je t'attire. Que c'est à moi que tu penses tous les soirs, que tu t'imagines que c'est moi qui t'embrasse à chaque fois que le gigolo pose ses lèvres sur les tiennes. Que tu n'as qu'une seule envie c'est que je pose mes mains sur ton corps, que tu veux sentir mon souffle brulant contre ta nuque... Je m'arrête là ou je continue ?

J'ai chaud. Il m'énerve. Je détourne le regard et fixe ma copie, comme si ce qu'il venait de me dire n'avait aucun impact sur moi. Je peux presque voir son sourire triomphant.

— Et là, tu rages parce que tu sais que si tu le largues, ou même si tu reste avec ton gigolo, tu m'auras donné raison, ajoute Malefoy.

Je serre les dents et lui lance un regard chargé de colère.

— Vas te faire voir, Malefoy.

J'ai parlé un peu fort.

— Miss Weasley, je vous prierais de tenir votre langage !

Oups.

Malefoy a un sourire de vainqueur. J'éprouve l'envie de le frapper. Fort.

— Avec plaisir, répond-il.

Dans la seconde qui suit je me jette sur lui avec une seule idée en tête : lui faire le plus de mal possible. Malefoy n'a plus du tout l'air amusé. J'entends nos camarades s'exclamer et lancer les paris alors que notre professeur essaye de nous séparer. Je parviens avec une certaine fierté à lui coller mon poing dans la figure. On bascule et tombe sur le sol froid. Il me mord l'épaule. J'ai mal et je sens les larmes me venir aux yeux. C'est extrêmement masochiste mais j'aime savoir que c'est lui qui vient de me faire mal et marquer mon corps. Je me collerais une baffe. Je me retrouve rapidement en position d'infériorité. J'ai beau me battre comme une tigresse, il reste le plus fort de nous deux. Alors qu'il est à califourchon sur moi, il me tient en l'air les deux poignets, pour que j'arrête de le frapper.

— Arrêtez ça ! s'égosille le professeur.

Je me débats tant bien que mal pour me défaire de l'emprise de Malefoy.

— J'aime quand tu gigotes comme ça, Weasley, me lance Malefoy.
— Salopard !

Je lui crache au visage. Ses yeux lancent des éclairs. Je crains l'espace d'une seconde avoir été trop loin. Quelqu'un retient une exclamation étouffée.

— Espèce de petite… commence Malefoy.

Il s'apprête à me gifler. Sa main s'abat finalement avec violence sur ma joue et résonne dans la pièce. Aïe. Je suis vraiment en colère.

— Par Merlin ! Que quelqu'un les sépare !
Lashlabask !

Malefoy est éjecté et je peux enfin me relever. Je sors ma baguette pour m'en prendre à nouveau à lui. Il a les traits déformés par la rage.

— Expelliarmus !

Nos baguettes volent dans la pièce en même temps et notre professeur les attrape d'un geste expert.

— Je dois dire que ce comportement ne m'étonne pas vraiment en ce qui vous concerne monsieur Malefoy, mais vous ! Miss Weasley ! Vous me décevez beaucoup !

Je baisse les yeux sur mes chaussures, honteuse.

— J'écrirais à vos parents et je vous mets tous les deux en retenue pour le restant de la semaine ! Maintenant, dehors !

Je relève les yeux sur le professeur. Il est tout rouge.

— Et nos baguettes ? évoque Malefoy.
— Vous viendrez les chercher ce soir, en espérant que vous vous serez calmé d'ici là !
Je ramasse mes affaires avec fureur et sors de la classe en furie, pointée du doigt par différents élèves. Sarah me regarde comme si j'étais un extraterrestre. Je quitte le plus vite possible le lieu du délit, pressée d'oublier cet incident.

Je me cache tout le restant de la journée dans mon dortoir, honteuse de mon attitude. C'est la première fois que je suis collée de toute ma scolarité et c'est à cause de Malefoy. Je me demande si mes parents vont m'écrire pour me gronder. Surtout que je suis en train de sécher le reste de mes cours de l'après-midi. Je sèche également le diner dans la Grande Salle, et ce n'est que quand mon estomac se met à gargouiller que je me résous à redescendre de ma cachette pour rejoindre le bureau du professeur de métamorphose récupérer ma baguette. J'ai préparé des excuses pour mon professeur, espérant que ça allège ma punition à venir. Je sens que les regards me suivent dans la salle commune : apparemment, mon pétage de plomb a fait le tour de l'école.

Heureusement que Jimmy n'est pas à Gryffondor. Je n'aurais pas supporté sa présence à cet instant.
Je récupère ma baguette sans encombres, c'est-à-dire sans croiser âme qui vive, sauf si je compte mon prof qui m'adresse un regard sévère. J'hésite à lui demander si Malefoy est venu reprendre la sienne. Je quitte finalement son bureau sans lui poser la question, tentant de me persuader que ça n'a pas beaucoup d'importance.

Sauf qu'une fois de plus je me mens à moi-même. Parce que ça a de l'importance. Parce que même si je nie tout en bloc, Malefoy a de l'importance pour moi. Et je me déteste d'être aussi pathétique à toujours réclamer son affection inconsciemment, à toujours penser à lui quand Jimmy m'embrasse, à connaître son emploi du temps par cœur sans l'avoir jamais appris, à toujours le chercher du regard quand je sais qu'il n'est pas là. Et pire que tout, je le déteste de me faire cet effet là, je le déteste de jouer avec ça.

— Rosie chérie ?

Je sursaute. Jimmy est en face de moi, son insigne de préfet fièrement épinglé sur sa robe. J'avais oublié qu'il devait faire ses rondes. Je me force à sourire et pose une main sur ma poitrine comme pour ralentir les battements de mon cœur.

— Tu m'as fait peur.

Jimmy se penche pour m'embrasser. Je déteste quand il fait ça sans prévenir. À chaque fois que ses lèvres se posent sur les miennes, j'ai envie de le mordre violemment, de le faire saigner, de lui faire du mal. Lui faire autant de mal que ce que je ressens. Comment est ce qu'on peut appeler ça de l'amour, sérieusement ? Comment fais-t-il pour ne pas se rendre compte que je me fous de lui ? Que je fais semblant ? Et moi, comment est-ce que je peux faire une chose aussi horrible ?
Jamais je n'arriverai à oublier Scorpius, c'est une évidence.

Je mets fin au baiser, comme résignée.

— Ça ne va pas ? me demande Jimmy, inquiet. Qu'est-ce que tu fais dans les couloirs aussi tard ?

Je décide de répondre partiellement.

— J'ai passé une mauvaise journée. Et j'étais convoquée.
— J'ai cru entendre ça, oui. Je t'ai cherchée tout l'après midi. Qu'est-ce qui s'est passé avec ce garçon de Serpentard ? Le blond c'est ça ? Je ne me rappelle plus son nom.

Bordel, qu'est-ce que j'aimerais pouvoir l'oublier, moi, son nom.

— Malefoy, je grince, Scorpius Malefoy.
— Oui, c'est ça. Alors ?
— Il m'a énervée.

Jimmy rit.

— J'avais cru comprendre, mais qu'est-ce qu'il a bien pu te dire pour que ça te mette dans un état pareil ?

La vérité. Rien de plus que la vérité. Manifestement je ne peux pas répondre ça à Jimmy. J'opte donc pour un mensonge. Un de plus ou de moins… Qui verra la différence de toute façon ?

— Rien de grave.

J'esquisse un sourire.

— Je vais me coucher, précisé-je.

Jimmy acquiesce, m'embrasse et me laisse partir. Il faut vraiment que je le quitte. Ce n'est pas très moral d'être avec quelqu'un qu'on aime pas et c'est une situation qui me pèse de plus en plus sur la conscience. Encore à cause de Malefoy.

La semaine suit son cours, avec sa routine établie. J'évite Malefoy autant que possible. J'évite encore plus Jimmy, même s'il ne s'en rend pas compte. Je reçois quatre O et deux A. Une lettre de ma mère et deux de mon père. J'y réponds de façon courte et concise. Je n'ai rien à leur raconter qu'ils pourraient comprendre. J'entends tout un tas de rumeurs sur Malefoy (est-ce qu'il a vraiment balancé un crapaud au visage du professeur de potion ? Ou bien a-t-il bel et bien passé son cours de Défense contre les Forces du Mal dans un placard à balais avec Stecy Crowford ?). Je cherche une solution pour quitter Jimmy en douceur, mais sans le savoir il me complique la tache à chaque fois qu'il m'offre des fleurs (c'est arrivé quatre fois dans la semaine).

Je range le livre que j'étais en train d'étudier pour mon devoir de Botanique et quitte la bibliothèque. Je fais à peine trois pas dans le couloir que je croise un couple étroitement enlacé. D'habitude, je me contrefous des couples qui se bécotent en public. Sauf que là, un détail qui n'en est pas un attire mon attention. Le garçon est blond. Très blond. Il n'y a qu'un seul garçon à Poudlard qui a les cheveux aussi blond. Sans m'en rendre compte je m'arrête au milieu du couloir. Mes entrailles sont comme chargées de plomb. Je déglutis.

Je crois qu'il m'a entendu car il s'arrête soudain. Scorpius se retourne et je croise son regard gris acier. Je cesse de respirer. Son regard est glacial.

— Scorp' ?

Scorpius se détourne de moi et regarde la fille qu'il était en train de tripoter.

— Va dans mon dortoir, je te rejoins, lui répond-t-il d'une voix mielleuse.

J'ai envie de vomir. Je suis pétrifiée.

La fille (une brune sulfureuse) passe sa langue sur ses lèvres gonflées d'avoir été trop embrassées et part en direction de la salle commune des Serpentards. Malefoy s'avance alors vers moi, les mains dans les poches. Je n'ose pas remuer un doigt et reste plantée sur place, immobile.

— Tu vois ? Moi aussi je sais jouer avec les gens, commence Malefoy d'une voix polaire.

— Sale con.

Ma voix me paraît faible, lointaine.

— Merci.

J'ai mal au cœur. Scorpius part, et moi, toujours figée et seule dans le couloir, je sens une larme m'échapper et rouler lentement sur ma joue, avant de s'écraser sur le sol, aussi solitaire que moi. Je retiens un autre sanglot et me fais violence pour aller à mon prochain cours.

Bon, puisque je n'arrive pas à oublier Scorpius, je peux peut-être commencer par me comporter à nouveau comme quelqu'un de respectable. Quitter Jimmy me semble dorénavant plus que nécessaire. Armée de cette résolution, je quitte mon cours de Runes et me dirige vers la Grande Salle, où je sais que Jimmy est avec ses amis. J'ai une curieuse boule dans le ventre mais je sais qu'il faut que je le fasse pour que je me sente mieux et c'est sans doute ce qui me motive à y aller.

Quand Jimmy me voit arriver, il esquisse un sourire, auquel je ne réponds pas. Immédiatement, il doit se douter de quelque chose puisqu'il fronce les sourcils et se lève me rejoindre.

— Allons parler, lui dis-je.

Jimmy me suit et le nœud dans mon ventre se resserre davantage. Je me mets face à lui et le regarde dans les yeux.

— Qu'est-ce qui se passe ? demande-t-il.

Sa voix tremble. J'adopte un air résigné, soupire et me lance.

— Je te quitte.

Les yeux de Jimmy s'écarquillent de stupeur. Il pince les lèvres. Se tait un moment. J'attends.

— Pourquoi ? interroge-t-il, enfin, la voix rauque.
— Parce que je ne suis pas bien avec toi, je ne suis pas heureuse. Je suis désolée Jimmy, je te jure que j'ai essayé mais je n'y arrive pas.

Même s'il est collant, il ne mérite pas ce que je lui inflige. Je suis vraiment quelqu'un de mauvais.

— Et… Il n'y a rien à y faire ? Je veux dire, on peut sans doute renouer le dialogue…

Je soupire. Il n'a pas compris.

— Tu ne comprends pas Jimmy. Je... Je ne t'aime pas.

Pause.

— Oh, finit-il par souffler. Ça change tout.

J'ajoute un dernier "désolée" à l'encontre de Jimmy qui a toujours les yeux dans le vague et m'éclipse en silence. Le nœud dans mon ventre a disparu. Je ne me sens pas plus légère pour autant.
Le lendemain, j'ai cours de métamorphose. Et même si le professeur nous a changé de place, Malefoy et moi, je sais que je vais le voir et qu'il sera à moins de cinq mètres de moi. Ça me donne le vertige.

oOo

Tout compte fait, ce cours se passe de la façon la plus sereine possible. Malefoy est absent. Surement avec une fille, dans un placard à balais.

La jalousie me tenaille, je me sens mal. Il y a comme un creux au milieu de ma poitrine. Je suffoque. M'étouffe. M'évanouis. On me hèle. Les appels sont sourds, étouffés par je-ne-sais-quoi. Je n'identifie pas la voix.

— Miss Weasley ?

J'entends mais ne réponds pas. Je n'y parviens pas.
— Allez chercher l'infirmière !

Je sombre. Perds la notion du temps. Je sens qu'on me ballote de part en part. On tire mes cheveux. Il y a une odeur familière. J'essaye de m'en rapprocher. On dirait de la menthe. Du sucre.
Quelque chose chatouille ma nuque. Scorpius. C'est son odeur. J'ai envie de hurler, crier, me débattre, l'embrasser, le frapper.
Pourquoi ? Pourquoi est-ce que j'ai si mal ?

J'ouvre finalement mes paupières. Je suis à l'infirmerie.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Tu t'es évanouie.

Mon cœur rate un battement. Je reconnaîtrais cette voix entre mille. Ma tête pivote. Il est bien là. Assis, les bras croisés, il regarde droit devant lui, comme si ça le tuerait de me regarder dans les yeux. Ça me fait mal qu'il ne me regarde même pas.

Je prends une longue inspiration et fixe le plafond, refoulant mes larmes.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Pourquoi tu t'es évanouie ?

Nous avons parlé en même temps. Je soupire.

— Toi d'abord, j'exige.
— Ca fait très exactement cinq heures trente-neuf que je poireaute ici, alors tu me donnes une explication en première.

Je suis touchée malgré moi qu'il ai attendu mon réveil. À moins qu'il n'y ait été contraint ? J'ai l'impression que mes intestins dansent la valse. Je ne me sens pas très bien.

— Et c'est moi qui suis clouée à un pieu de l'infirmerie, j'insiste.

Malefoy soupire.

— Je voulais être là à ton réveil, répond-t-il à contrecœur.

Je hausse les sourcils.

— Inutile de te faire des illusions Weasley, je suis simplement venu savoir pourquoi tu t'es évanouie. Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu ne supportes pas mon absence à tes côtés en cours ?raille-t-il.

Il m'énerve. Je lui lance un regard éloquent. Il retient un rire.

— Tu es sérieuse ?

Ma main me démange tellement j'ai envie de le gifler.

— Si tu es là pour te foutre une fois de plus de ma gueule, tu peux dégager tout de suite, Malefoy.

Il y a un silence. Je suis mal à l'aise. Il y a tellement de non-dits entre nous deux que je ne sais plus où me donner de la tête.

— Alors… Il paraît que tu as largué ton gigolo… ? commence-t-il.
— Ce n'était pas mon gigolo.

Malefoy lève les yeux au ciel.
— À d'autres. Pourquoi tu l'as quitté ?

Je le fixe avec insistance. Comme s'il ne connaissait pas la réponse.

— Tu le sais très bien, je grince.

Scorpius me lance un sourire railleur.

— Bien sûr, mais je veux te l'entendre dire. J'aime tellement quand tu renonces à ta fierté pour moi, Weasley.

Cette fois, c'en est trop. Je repousse le drap qui me recouvre et me lève pour quitter l'infirmerie. Je suis en pyjama mais je n'en ai strictement rien à faire. Malefoy me retient par le bras.

— Tu crois aller où comme ça ?

Il a adopté une expression sévère. Je lui ris au nez.

— Là où tu ne sera jamais, c'est-à-dire dans mon lit.
— Hors de question, proteste Malefoy.
— Laisse moi.
— Pars pas.

Je crois ne pas bien avoir entendu. Je papillonne des yeux.

— Pardon ?
— Ne pars...pas. S'il-te-plaît.

Voilà qu'il se met à m'implorer maintenant. Je ne comprends pas bien le retournement de situation et fronce les sourcils.

— Pourquoi ?
— Parce que je te veux.

Je vois que ça l'emmerde de m'avouer ça. Il a les joues rouges et baisse les yeux sur ses chaussures. Moi, je crois que bien que mon cœur s'est arrêté de battre et que mes entrailles se sont volatilisées. Se pourrait-il qu'il…?


— Pourquoi ? je répète.

Il lève les yeux vers moi. Il a l'air furieux. Et déçu.

— Tu sais quoi ? Vas te faire foutre Weasley.

Mes entrailles reviennent, chargées de plomb. Je suis trop bête. Malefoy met les mains dans ses poches et s'avance vers la sortie de l'infirmerie. Je n'hésite pas bien longtemps avant de le rattraper.

— Attends !

Il continue à avancer, ignorant mon appel.

— Scorpius !

Il s'arrête net. Se retourne. Me regarde.

— Quoi ?

Mon cœur bat plus fort que jamais dans ma poitrine, prêt à en sortir.

— Je suis désolée.
— Tu es désolée.

Son ton est froid. Il s'avance vers moi. Je me liquéfie sur place.

— Oui.
— Tu comprends rien, Rose, pas vrai ? Je me fous que tu sois désolée ! Je me fous de tes sentiments, de ce que tu peux ressentir ou rien je m'en contrebalance. Alors ne t'excuse pas, parce que toi, au moins, tu as la décence de te comporter comme quelqu'un ayant un minimum de morale. Il faut que tu comprennes, que quoi qu'il t'arrive, je n'en aurais rien à faire. Tu peux crever d'amour pour moi, je m'en fou, tu peux tout aussi bien me détester que ça me laissera tout aussi indifférent que le reste. Alors, surtout, surtout ne vient pas t'excuser si tu ne veux pas que je te laisse en petits morceaux.

Je ne suis pas sûre d'avoir vraiment compris sa petite tirade.

— Alors qu'est-ce que tu veux ?
— Putain tu m'énerves Weasley. T'imagines même pas à quel point j'ai envie de te mettre mon poing dans la figure.

La colère remonte mes veines comme un acide. Je finis par cracher ce que j'ai sur le cœur.

— C'est toi qui m'énerve ! Toujours à faire l'autruche ! À ne jamais savoir ce que tu veux !
— Je sais très bien ce que je veux ! s'exclame Malefoy à son tour.
— Alors assume !

Je suis vraiment hors de moi pour le coup. Il a un don pour me repousser dans mes retranchements, me faire sortir de mes gonds. C'est fou le nombre d'émotions contradictoires qu'il est capable de faire naitre en moi. Leur seul point commun, c'est leur intensité.

Malefoy me regarde. Serre la mâchoire. Hésite. Puis écrase la distance qui nous sépare en quelques instants. Je sens sa colère lorsque sa bouche heurte la mienne. Moi, je ne songe même pas à le repousser. Au contraire, je noue mes bras derrière sa nuque. Il m'embrasse avec violence, me mords la lèvre, comme pour me punir de lui avoir échappé ces dernières semaines. J'agrippe ses cheveux, les lui tire. Je veux lui faire autant de mal qui lui parvient à m'en faire avec quelques mots. Il renverse la tête en arrière et laisse échapper un râle de douleur.

Il me lance un coup d'oeil. Mi-énervé, mi-amusé.

— T'es vraiment une garce, Weasley, tu le sais, ça ?

Je lui rends son regard, chargé de haine.

— Ta gueule.

Puis je l'embrasse, avec force et passion. Parce que même si je ne l'avouerais jamais, je ne suis pas seulement folle de désir pour Malefoy, je suis simplement folle de lui. Et qu'importe où cette douleur me mènera, du moment que c'est avec lui, je m'en fou.

End Notes:

Les reviews sont le moteur de l'auteur ! Et j'ai cruellement besoin de vos avis (c'est une question de vie ou de mort... SI SI, je vous jure !) X)

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