Dernier soir by Seonne
Summary:

 

Cela fait une semaine que le Seigneur des Ténèbres est tombé. Le calme revient, petit à petit. Ç'aurait pu être une agréable soirée pour Alice. Mais une bande de Mangemorts détraqués n'est pas de cet avis.

Dans la tempête de sortilèges qui lui coûteront plus que la vie, elle souvient, ce dernier soir, des Potter. Après tout, leurs sorts n'ont pas grand chose de différent.

 

Ecrit dans le cadre du projet Deathly Hollow de la Jamesie Team pour Halloween 2015

 

Crédit image : Montage par SunonHogwarts, images de ToxicKittyCat


Categories: Fralice (Alice/Frank), Epoque Maraudeurs Characters: Alice Londubat, Frank Londubat
Genres: Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Scène(s) gore(s)
Challenges: Aucun
Series: Deathly Hollow
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 3194 Read: 1399 Published: 27/10/2015 Updated: 28/10/2015
Chapitre unique by Seonne

Assise dans un fauteuil confortable de son salon, Alice Londubat contemplait d'un air rêveur le ciel nocturne. Les étoiles commençaient à briller, telles des gouttes de lumière sur une toile d'un noir d'encre. Ce dimanche avait été une magnifique journée de repos, un pause bien méritée parmi tous les événements qui avait agité leur monde ces derniers jours. La disparition du Seigneur des Ténèbres avait ravi les sorciers, qui considéraient que le monde pouvait à nouveau tourner correctement. Mais la guerre n'était pas finie pour autant. Les Mangemorts étaient toujours en liberté, prêts à tout pour retrouver leur maître. Et en tant qu'Auror, c'était son métier de les envoyer sous les verrous. Ils se cachaient désormais, affaiblit par cette disparition aussi soudaine qu'inattendue. Mais ils étaient toujours aussi dangereux. Et elle travaillait sans relâche pour enfin achever ce combat commencé depuis de trop nombreuses années.

 

Au chaud devant sa cheminée, elle se forçait pourtant à ne pas songer aux journées passées loin de sa famille qu'elle retrouverait dès le lendemain. En pleine mission, les Aurors prenaient rarement des jours de congés. Mais l'affaire Mulciber étant enfin terminée, Alice et Frank avaient pu prendre leur dimanche. Cette profession n'était normalement pas si contraignante, mais la guerre exigeait d'eux d'être constamment vigilants, aux aguets, et disponibles à chaque instant. Combien de fois ses collègues avaient-ils surgi de sa cheminée en pleine nuit pour l'embarquer dans une nouvelle arrestation ? Mais elle songea qu'ayant perdu leur maître, les mages noirs après qui ils couraient devenaient de plus en plus désorganisés, et par la même faciles à repérer et arrêter.

 

Elle chassa de son esprits ces horribles Mangemorts, et reporta son regard sur son fils et son mari. Les deux hommes de sa vie. Augusta était passée dans l'après-midi avec son mari, et avait offert à Neville un petit livre de contes, que son père lui lisait avec entrain. Il avait toujours eu un don pour la lecture des histoires, peut-être était-ce dû aux voix si caractéristiques qu'il prêtait aux personnages. Leur petit garçon paraissait captivé par ces nouveaux récits, et gardait des yeux admiratifs fixés sur son père. Les contes de Beedle le Barde étaient une référence dans le monde magique, mais Alice avait elle aussi eu le plaisir, plus jeune, d'entendre ceux de Tirsus Fabula. Elle n'avait jamais réussi à trouver une édition du livre pendant la guerre, censuré à cause de ses propos encourageant l'amitié avec les Moldus. Mais Augusta en avait finalement déniché un, alors qu'un de ses amis libraire faisait l'inventaire de son arrière boutique. Il n'avait pas paru mécontent de s'en débarrasser. Ils sortaient tout juste de cette période de troubles, et il était naturel qu'il ne remette pas immédiatement en rayon des livres ayant pu faire polémique.

 

C'était une calme soirée pour les Londubat. Ils se remettaient eux aussi lentement de cette guerre, et des pertes qu'ils avaient subi. Alice avait perdu ses deux parents dans un attentat orchestré par les fidèles de Voldemort, quelques années auparavant. Et ils avaient vu leurs amis tomber les uns après les autres, décimés. Mais elle ne voulait pas y penser. L'espoir était revenu en force le trente et un octobre, une semaine auparavant. Et petit à petit, leur monde se reconstruirait, renaissant de ses cendres. Elle le savait. Son fils aurait la belle vie qu'il méritait. Ils vivraient heureux, tous les trois. Pour la première fois, elle avait songé, furtivement, à avoir un deuxième enfant. Le poids des batailles ne pesaient plus sur leurs épaules, et ils pouvaient réellement vivre, maintenant. Ils avaient tout un avenir radieux devant eux.

 

Un bruit sourd la tira brusquement de ses pensées si heureuses. Un craquement sonore, puis d'autres, leur parvenaient de la rue. Elle s'approcha de la fenêtre, et ne pu distinguer que des silhouettes encapuchonnées dans les ombres de la rue. Puis les lampadaires s'éteignirent, et l'obscurité de la nuit apparut comme un rideau noir devant la vitre. Elle jeta un regard inquiet à Frank, qui avait les sourcils froncés. Qui pouvait donc transplaner à une heure pareille devant leur maison ? Neville, qui ne comprenait pas ce qui se passait, tapota le genoux de son père de ses petites mains potelées pour qu'il finisse son histoire.

 

L'explosion qui suivit leur fit comprendre ce qui allait se passer. Il leur suffit d'un regard pour se comprendre. Frank prit Neville dans ses bras, et ils montèrent à l'étage, grimpant les marches quatre à quatre. Le petit garçon se mit à pleurer, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Frank le déposa dans son petit lit, et Alice s'agenouilla pour se retrouver à son niveau.

 

- Ne pleure pas mon bébé, murmura-t-elle à toute vitesse. Tout va bien se passer, ne fait pas de bruit, il ne faut pas qu'ils t'entendent. Maman et papa reviendront te chercher quand tout sera fini.

 

Elle sortit de la pièce et, à l'aide de sortilèges complexes, insonorisa totalement la petite chambre et verrouilla la porte. Elle ne tiendrait sûrement pas longtemps si ils décidaient de la forcer, mais elle ne pouvait décemment pas la laisser grande ouverte. Paniquée, elle se retrouva face à Frank. Il la serra brièvement dans ses bras, puis dans une détonation, la porte d'entrée céda. Ils se consultèrent du regard, puis se tournèrent vers les marches qui descendaient à l'étage inférieur. Main dans la main, munis de leurs baguettes, ils retournèrent au rez-de-chaussée. Ils les attireraient loin de leur fils. Ils savaient qu'ils avaient été une cible potentielle pendant longtemps. Et la chute de Voldemort leur avait donné une fausse impression de sécurité. Mais ils se battraient, et tueraient s'il le fallait ces intrus. Ils étaient des Aurors. Ils avaient l'habitude de devoir faire face à ces détraqués dangereux.

 

Ils arrivèrent dans le hall et ce retrouvèrent face aux criminels qui étaient venu pour eux. Ils étaient quatre. Une femme et trois hommes. Alice reconnut immédiatement ces visages. La lueur de folie qui brillait dans les yeux de démon de Bellatrix Lestrange était plus que reconnaissable. Elle était accompagnée de son mari, Rodolphus, et du frère de ce dernier, Rabastan. Elle aurait reconnu leurs traits entre mille. Elle les avait suffisamment vu pour le restant de sa vie, épinglés aux murs du bureau des Aurors, ou étalés sur une table lors d'une réunion de l'Ordre, avec leurs sourires malsains. En repensant à tous les crimes qu'ils avaient commis, elle sentit sa haine monter en elle comme une une brûlure qui l'envahissait. Ils ne méritaient pas de vivre, pas après ce qu'ils avaient fait. Le visage du dernier la fit en revanche sursauter. Même dans la pénombre, elle ne pouvait douter de qui il était. Barty Junior – le fils de Bartemius Croupton, l'homme qui dirigeait d'une main de fer le Département de la Justice magique. Le découvrir sous son vrai jour lui fit un choc. Elle ne s'y serait pas attendu.

 

Il y eut un moment d'hésitation, où tous se dévisagèrent les uns les autres. Puis les sortilèges se mirent à fuser de toutes parts. Et Alice mesura leur faiblesse. Ils étaient de puissants sorciers, mais elle et Frank ne pouvaient pas faire le poids. Leurs ennemis étaient trop nombreux. Ils étaient submergés. Mais ils résisteraient aussi longtemps qu'ils le pourraient. Les sortilèges mis en place par Dumbledore n'étaient pas encore complètement levés. Les autres membres de l'Ordre finiraient bien par être prévenus. Ils avaient besoin de renfort. Leur maison serait bientôt entièrement dévastée. Tout explosait, se fissurait, cassait. Et eux se tordaient, évitant, parant, répliquant. Danse macabre.

 

L'horloge du salon sonna minuit. Une seconde d'inattention. Et un éclair rouge la frappa, la projetant violemment au sol, paralysée. Sous les sorts de ses quatre assaillants, Frank finit par tomber, lui aussi. Ils n'étaient pas morts. Elle ne comprenait pas pourquoi ils étaient venu. Ne voulaient-ils pas les tuer ?

 

Bellatrix se pencha lentement sur elle.

 

- Où est-il ? murmura-t-elle d'une voix doucereuse au creux de son oreille.

 

Alors Alice comprit, immédiatement. Ils étaient venu car ils le cherchaient. Celui qui était tombé. Ils ne croyaient pas à sa disparition. Et pourtant, il s'était bel et bien volatilisé. Une semaine après, personne n'avait encore réussi à retrouver la moindre trace de lui. Peut-être n'était-il pas vraiment mort - c'était en tout cas l'opinion de Dumbledore. Mais il restait néanmoins introuvable. Les fidèles avaient perdu leur maître.

 

La détraquée se releva.

 

- Je ne me répéterai pas ! cria-t-elle. Dites moi où le trouver ! C'est votre unique chance de salut.

 

Mais Alice n'aurait jamais rien dit. De toutes manières, elle ne savait rien. Décidée à malmener les nerfs de cette femme qu'elle haïssait de tout son cœur, elle garda le silence. Elle savait sa fin proche, désormais. Elle allait bientôt mourir. Non sans souffrance, elle s'en doutait. Mais elle ne croirait pas les mensonges de Lestrange. Elle savait qu'ils ne leur laisserait pas la vie sauve, quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent. Mais elle emporterait dans sa tombe son honneur, son intégrité.

 

Face à leur silence, ils perdirent rapidement patience. La femme Lestrange la première. Son sortilège fusa, rouge, claquant dans l'air, impitoyable. Doloris. Alice sentit ses os s'enflammer. La douleur était insupportable. Elle se jura de ne pas crier. Elle n'était pas la première à le subir, et ne serait pas la dernière.

 

Allongé à même le sol, incapable de bouger, elle pensa soudainement à James et Lily. Les deux dernières victimes de Voldemort. Qu'avaient-ils ressenti quand il était entré chez eux ? Avaient-ils paniqué ? Quand elle avait lu la lettre de Dumbledore, elle avait été effondrée. La terrible nouvelle l'avait anéantie. Parce qu'elle les avait aimé, apprécié, même si elle n'était pas la plus proche de leurs amis. Et leur situation était similaire à la sienne, à celle de sa famille. Eux aussi étaient concernés par cette fichue Prophétie. Leur sort funeste aurait pu être le sien, celui de sa famille. Ils avaient eu une chance sur deux. Une chance de salut, une chance de mort.

 

Mais finalement, c'était d'eux que le destin avait eu raison. Et une petite voix dans sa tête ne cessait de lui répéter depuis que ç’aurait pu, et peut-être dû être eux. Il aurait pu attaquer leur maison, leur petit garçon. Ils auraient pu mourir. Et finalement, cela arriverait ce soir. Ils n'auraient eu que peut de sursis.

 

Elle se concentra sur la première image qui lui vient d'eux, afin d'échapper à l'horreur dont sa maison était le théâtre. Penser à n'importe quoi d'autre. Un échappatoire. Elle se souvenait des blagues de James et Sirius, pendant les réunions de l'Ordre. Ils s'étaient souvent attiré les regards noirs de Maugrey. Mais ils avaient toujours été là pour détendre l’atmosphère, même dans les situations les plus graves. James, c'était le petit trublion. Celui qui avait su garder son âme d'enfant, malgré la guerre qui les avait tous fait grandir trop vite. Et pour cela, elle l'avait toujours admiré.

 

Un souvenir de Lily remonta. Les lettres qu'elles s'étaient écrites. Se soutenant mutuellement. Parce que toutes deux avaient un petit garçon du même âge à protéger contre une maudite prophétie qui pouvait concerner l'un comme l'autre. Elles s'étaient mutuellement apporté un grand réconfort. Elles n'étaient pas spécialement amies, avant tout ça. Pourtant, elles se comprenaient.

 

Nouvelle décharge de douleur. Elle sentait ses larmes brûlantes couler sur ses joues. James, Lily... Les avait-il torturé ? Ou avait-il simplement laissé fuser de sa baguette le rayon mortel ? Elle avait cru que le vide qu'avait laissé leur mort en elle s'était refermé, mais ce n'était pas le cas. Comment les imaginer étendus, froids, livides, partis ? Comment imaginer le visage de James sans sourire ? Comment imaginer les yeux verts de Lily, éteints ? Leur disparition était quelque chose qui lui paraissait toujours aussi impossible. Et pourtant, ils étaient bel et bien morts, ils ne reviendraient jamais. Et elle aussi allait sûrement quitter ce monde, de la même manière.

 

- Hé toi ! Tu m'écoutes ?

 

Le coup de pied du fils Croupton répandit une onde de douleur sur tout son visage. Son nez devait être cassé. Elle pleurait toujours, mais avait réussi à ne pas crier. Chaque parcelle de son corps la faisait souffrir, et elle ne parvenait plus à en faire abstraction. Elle ne pouvait plus forcer son esprit à quitter la pièce, et échapper à ce morbide spectacle dont elle était actrice malgré elle. Un filet de sang poisseux coulait à présent de son nez, inondant ses cheveux éparpillés par terre autour de sa tête, tels une auréole.

 

Leurs agresseurs semblaient perdre patience. Mais ils n'étaient pas prêts à abandonner la partie. Malheureusement pour eux, elle non plus.

 

- Endoloris !

 

La formule du sort claqua à ses oreilles. Et à nouveau, la douleur. Elle avait l'impression que sa peau se déchirait, que ses entrailles se mettaient à bouillir. Le sang battait contre ses tempes, et elle ne pourrait plus se retenir de hurler très longtemps. Elle sentait ses yeux sortir de leurs orbites, de son crâne, comme si on tentait de les lui arracher. Elle sentait des lames chauffées à blanc la transpercer de toutes parts. Puis le sortilège cessa, encore. Pour pouvoir mieux recommencer après.

 

Tandis que les monstres continuaient leur interrogatoire, sans pour autant obtenir de réponses, elle pensa à Neville, enfermé dans sa chambre. Si eux ne pouvait pas l'entendre, lui devait percevoir le moindre bruit venant de l'étage inférieur. Alors elle ne devait pas crier, pour lui. Son bébé. D'après Dumbledore, James avait eu la force de s'interposer entre Voldemort et sa famille. Il avait combattu, sachant qu'il allait mourir – ils avaient retrouver son corps dans le hall de la maison, près de la porte d'entrée. Elle devait être aussi forte que lui. Elle admirait son courage sans faille. Mais elle était en train de sombrer. De partir. Elle ne devait pas abandonner. Mais la douleur était de pire en pire, chaque fois plus insupportable, plus intenable...

 

Entre leurs soupirs et cris de rage, les scélérats s'acharnaient. Une nouvelle question, un nouveau silence, une nouvelle vague de torture. Et la douleur ne passait plus quand ils levaient le sort. Elle restait, ineffable, gravée dans la chair, les marquant au fer rouge. Par instants, elle perdait le fil de ses pensées. Son cerveau se déconnectait, disjonctait. Comme quand les plombs sautaient. Il y avait un problème, quelque part, dans le circuit. Ces nerfs ne supportaient plus.

 

Elle essayait de s'accrocher à l'image de son fils. Rester, pour lui. Tout ce qu'elle avait. Et Augusta. Elle était comme une mère. Ils avait combattus. S'étaient accrochés. Ils ne pouvaient pas abandonner. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu. Elle voulu jeter un regard vers Frank, mais elle ne pouvait pas bouger sa tête. Elle voulait lui dire qu'elle l'aimait. Une dernière fois. Avant le néant. Avant la fin. Il était toute sa vie. Avec Neville. Neville...

 

Cette pluie d'éclairs rouges ne cessaient de s'abattre sur eux. Un orage, un ouragan de cette souffrance aiguë. Les rires cruels, suraigus, des bourreaux. Tout disparaissait par moment, et restait pourtant trop présent, oppressant, insupportable. Elle avait l'impression d'être brûlée vive, puis roulée entre des ronces, la chair à vif. Elle avait l'impression d'entendre ses os se fissurer, se craqueler au rythme des battements de son cœur. Des points noirs, puis multicolores, envahissaient petit à petit son champ de vision. Et ce mot, en boucle, dans sa tête. Stop. Stop. Tout arrêter. La souffrance prenait le pas sur tout le reste. Elle ne pouvait plus penser, elle ne pouvait plus rien faire. Simplement attendre, en silence. Elle n'avait pas assez d'énergie pour crier, faire le moindre geste. Rien. Néant. Tout n'était qu'océan de peine et de désolation. Une mer acide qui lui brûlait, lui trouait la peau. Et l'écorchait.

 

Lentement, petit à petit, elle se laissa partir. Non, elle n'en pouvait plus. Non James, non Lily, elle n'aurait pas votre courage, de passer au-delà de toutes les épreuves. Elle tenta de songer à eux, de vouloir suivre leur image, leur exemple. Mais elle ne pouvait pas. Son cerveau refusait de rester conscient. L'horreur, la souffrance. Tout sautait, disparaissait, se déconnectait petit à petit. Elle ne pouvait plus tenir. Finalement, elle n'était pas aussi courageuse, aussi forte qu'elle l'avait cru. Quand elle avait appris la mort de ses compagnons d'infortune, elle s'était dit qu'elle aurait su résister aussi bien qu'eux. Mais finalement, elle ne savait pas. Elle était à peine consciente, à demi-morte. Sa descente aux Enfers sur le point de s'achever, elle n'était plus qu'à quelques marches. Elle n'aurait pas tenu jusqu'au bout. Elle n'avait pas été aussi forte que ses modèles, que ceux dont elle avait tant pleuré la mort.

 

Elle sombra dans une étrange léthargie, une sorte de transe. Elle ne reconnaissait plus rien, ne sentait plus rien. Elle n'avait plus conscience de rien. Comme une coquille vide. Les dernières images qui flottèrent sur sa rétine furent celles de sa famille, Frank, Neville, Augusta et son mari ; et celles de ceux dont elle avait partagé, et compris le sort. Ceux qui comme elle étaient partis trop tôt, emportés par ces quelques mots sortis de la bouche d'une voyante. Plus tard, lorsqu'ils tenteraient de faire revenir sa mémoire, ces six images seraient les premières, et les rares, qu'elle retrouveraient. Sans vraiment savoir de qui il s'agissait.

 

Elle gisait au sol, vivante et morte. Le cœur battant et l'esprit effacé, vide. Son corps n'avait plus pu supporter ces immondes instants. Les Mangemorts faillirent les tuer, lorsqu'ils s'aperçurent qu'ils ne pouvaient plus leur être d'aucune utilité. Mais dans leur cruauté, ils ne les laissèrent pas jouir de leur mort, comme ces scélérats dont le fils avait fait disparaître leur maître. Ils les laissèrent vivre, une existence dans laquelle, comme eux, ils devraient combattre le vide, l'absence. Absence de sensations, de conscience. Absence d'une véritable vie.

 

Ce fut Dumbledore qui sauva la vie de Neville. Alors que la menace de la Prophétie pesait sur les deux familles, bien que les Londubat soient moins exposé d'après ses sources, il avait installé une protection autour de la maison de Frank et Alice. Le sort le prévenait dès l'entrée d'un individu chez les deux jeunes. Depuis la disparition de Voldemort, il s'inquiétait moins de ces alertes, les gens rendant plus facilement visite à leurs amis. Mais Frank et Alice lui envoyaient toujours un petit mot, par hibou, pour le prévenir qu'il n'y avait aucun danger.

 

Et ce soir là, il ne reçut rien.

 

Après de longues minutes d'attente, il transplana finalement chez les Londubat, sans être conscient du danger. En le voyant, les tristes bourreaux prirent peur, et abandonnèrent leur besogne, laissant la vie sauve au marmot qui hurlait à la mort dans sa chambre, bien que personne ne puisse l'entendre. Coupable, il se pencha sur les corps inanimés. Ils n'étaient pas morts. Ils avait subi un sort bien pire que la mort. Bien pire que celui des Potter.

End Notes:

J'espère que vous aurez apprécié, malgré la cruauté du texte. J'ai eu du mal à écrire, et j'ai l'impression de ne pas avoir complètement atteint mon objectif - faire un parallèle entre la torture des Londubat et la mort des Potter.

Mais même si vous avez détesté, vous pouvez me laisser votre avis !

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