Il paraît
Il paraît que le soleil est mort aujourd'hui et que les éperviers ne chantent plus dans le vaste ciel qui était leur refuge.
Il paraît aussi que des enfants se sont battus alors que certains savaient à peine comment se servir d'une baguette et que tu m'as empêché de me joindre à eux.
Il paraît que des gens sont morts aujourd'hui, qu'ils sont étendus sur le sol, les yeux ternes et le teint pâle et qu'ils ne contemplent pas la Victoire car ils n'ont pas pu la voir.
Il paraît aussi que ceux-là, ceux qui gisent à terre et qu'on pleure à cette heure, ceux-là ont été courageux et qu'on les loue beaucoup. On loue leur amitié, on loue leur beauté, on loue ce qu'ils étaient.
Il paraît que les dernières étincelles qui ont jailli ont été les plus vives, que celui qui a vaincu le Seigneur des Ténèbres a seulement dix-sept ans.
Il paraît aussi qu'il n'a pas été seul, jamais, et que ni pour lui ni pour ceux qui l'aimaient cela n'a été facile.
Il paraît que les larmes qui coulent sur les visages ne sont pas éternelles.
Il paraît que le temps s'est arrêté.
Il paraît que je t'aime mais que tu n'es plus qu'un nom sans attache.
Il paraît que tu n'es plus ici avec moi.
Il paraît que tu as rejoint les éperviers et que bientôt, je l'espère, tu te mettras à chanter.
Il paraît aussi qu'un jour tu me reviendras, Colin. Que nous serons biens tous les deux.
Il paraît...