Summary:
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Elle était française, s’appelait Annie, avait trente-trois ans, et était Architectomage. Enfin stagiaire, enfin, « techniquement bénévole », « exploitée par le patriarcat en fait ». Son cabinet de « vieux cons » l’avait envoyée là, autant pour s’en débarrasser, que parce qu’ils n’avaient pas besoin de la payer. Elle venait faire une étude de terrain pour évaluer le sol et les risques d’écroulement liés à la présence des dragons, « faire les aménagements nécessaires, tu sais, peut-être démanteler une ou deux tentes et les remplacer par du dur ». Il ne l’avait pas trouvée professionnelle du tout.
Categories: Romance (Het) Characters: Charlie Weasley
Genres: Romance/Amour
Langue: Aucun
Warnings: Lime
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 1
Completed: Oui
Word count: 6031
Read: 1090
Published: 14/08/2018
Updated: 14/08/2018
Chapitre 1 by Saam
Author's Notes:
Une petite histoire que j'avais en tête, et que je voulais absolument finir ce soir. J'espère que vous aimerez !
Elle était arrivée un matin, pas en transplanant, pas en portoloin, ni en balais, ni en relais magiques. Elle était venue à pieds, par la montagne. Elle portait sur son dos un sac à dos couvert de badges et de rubans. Elle portait un pull de montagne rapiécé et de grosses chaussures de marche. Une carte de randonnée était fourrée dans la poche de son jean.
Ils avaient cru à une moldue égarée qui aurait passé les barrières magiques par mégarde. Il avait sorti sa baguette pour l’immobiliser puis l’oublietter. Elle avait dégainé plus vite que lui et d’un petit coup sec de la main l’avait envoyé trois mètres derrière, dans les buissons. Quand il avait ouvert les yeux, elle était penchée sur lui, sa tresse emmêlée tombait sur sa joue, sa peau était couverte de sueur et de poussière. Ses yeux se moquaient.
« Alors, apparemment c’est toi le responsable ici ? Charlie Weasley c’est ça ? »
Elle était française, s’appelait Annie, avait trente-trois ans, et était Architectomage. Enfin stagiaire, enfin, « techniquement bénévole », « exploitée par le patriarcat en fait ». Son cabinet de « vieux cons » l’avait envoyée là, autant pour s’en débarrasser, que parce qu’ils n’avaient pas besoin de la payer. Elle venait faire une étude de terrain pour évaluer le sol et les risques d’écroulement lié à la présence des dragons, « faire les aménagements nécessaires, tu sais, peut-être démanteler une ou deux tentes et les remplacer par du dur ». Il ne l’avait pas trouvée professionnelle du tout.
Il y avait bien fallu s’habituer à sa présence, puisque, après vérifications elle avait réellement été mandatée par un cabinet d’architecture magique, lui-même envoyé par l’office de la protection des espaces naturels, de la faune et de la flore. Elle devait rester sur place le temps de faire tous les relevés nécessaires et de faire les plans pour un réaménagement de la Reserve. « A vue de nez » elle resterait trois mois au moins. Puisqu’il était le Responsable en Chef de la Reserve, c’était à lui qu’elle s’adresserait en priorité, et puisqu’il était responsable de sa sécurité c’est lui qui l’amènerait dans ses expertises de terrain. « Non pas qu’elle ait besoin de lui, bien sûr ».
Elle avait immédiatement sympathisé avec tout le monde, hommes, femmes, animaux. Au bout d’une semaine, c’était comme si elle avait toujours été là. Elle partageait sa tente avec Leïa et Martine, qui étaient étudiantes en biologie et qui ne restaient que quelques semaines. Elle partait tôt le matin et rentrait tard le soir, il avait fallu lui faire promettre de ne pas quitter l’enceinte protégée. Charlie avait tracé un cercle épais et rouge autour de la zone sans risques.
« Et encore, sans risque c’est vite dit, il y a quand même quelques bêtes sauvages et des écroulements de terrains. En cas d’orages ou même de pluie, rentre immédiatement. Si tu as le moindre doute, envoie des étincelles quelqu’un viendra te chercher.
- Ne t’inquiète pas Weasley, je ferais attention !
- Je crois que tu ne saisis pas bien les risques.
- Et bien tu n’as qu’à m’accompagner !
- C’est que…
- Ah !
- Il y a une éclosion importante et…
- Je te taquine, je me débrouillerai très bien sans toi.
- Surtout, ne sors pas de la Zone ! Et ne t’approche pas des dragons ! »
Elle était partie en agitant la main avec nonchalance, son carnet à croquis enfoncé dans son sac à dos. Il l’avait regardé s’enfoncer dans l’ombre de la forêt. Elle était complètement imprudente. Et elle lui tapait sur les nerfs.
« Oh arrête de t’inquiéter mon vieux ! Elle a l’air de très bien s’en sortir !
- Je n’aime pas savoir que quelqu’un qui ne connait pas le terrain se balade dans la Réserve.
- De quoi as-tu peur ? Qu’elle se fasse manger par un dragon ? Qu’elle casse quelque chose ? Elle peut transplanner à tout moment.
- Il y a des directives de sécurité à suivre.
- Tu es trop à cran avec ça ! Elle ne sort pas de la zone de sécurité. On n’y a pas eu d’accident depuis des lustres !
- Justement parce que je suis à cran avec la sécurité et que les gens qui bossent ici sont des sorciers avertis des dangers et des comportements à adopter. Elle… elle est … complètement… téméraire et complètement indisciplinée ! »
Jonas avait éclaté de rire et lui avait donné une grande tape dans le dos.
Il avait passé la journée dans l’enclos à surveiller la dragonne et son œuf. S’il l’avait pu, il aurait planté sa tente sur le côté, pour ne rien louper du grand moment. Il était déjà très tard lorsqu’il avait regagné le campement. Elle était installée dans la salle de travail, seule devant une lampe à huile. Ses croquis et relevés topologiques étaient étalés devant elle.
« Ah tiens Weasley tu tombes bien ! J’ai terminé dans la zone de sécurité et il faut que j’aille étudier les monts rocheux dans la Zone Alpha et Beta.
- Sûrement pas !
- Tu sais que tu ne peux pas vraiment m’en empêcher, je suis venue pour ça…
- C’est en plein territoire des Vert Gallois.
- Je suis au courant, tu sais… dit-elle avec un air mystérieux, qu’il y a des dragons ! »
Il leva les yeux au ciel. N’était-elle pas capable d’être sérieuse ? Il prit le temps de respirer avant de répondre calmement.
« C’est leur saison de reproduction, leur agressivité est décuplée.
- C’est embêtant.
- Ah tu comprends maintenant !
- Il faut quand même que j’y aille.
- Tu n’as rien compris du tout…
- C’est à toi de bien comprendre Weasley ! Au cas où tu ne serais pas au courant, cette région n’habite pas de dragon en temps normal, vous y avez implanté la Reserve, car c’est à l’écart de tout…
- Oui et ?
- Et il se trouve que la présence de dragons n’est pas sans conséquence pour le terrain. Ils sont lourds et on remarque un affaissement du terrain sur au moins trois kilomètres à l’Est de la vallée. »
Elle sortit une grande carte qu’elle étala devant lui par-dessus ses feuilles volantes. Elle avait tracé un grand nombre de traits et de cercles.
« Là le trait en rouge c’est à partir de là que commence l’affaissement, et le trait en vert, c’est où il s’arrête. Ce qui veut dire que toute cette zone est devenue instable. »
Elle entoura d’un trait noir un amas montagneux.
« Et donc que cette partie-là peut s’effondrer.
- C’est la zone de vie de deux femelles Norvégien à Crêtes.
- Hm, il faut que j’aille voir ce qu’il en est. »
Il resta silencieux un long instant tandis qu’elle le regardait avec l’air satisfait.
« Or de question que tu y ailles, déclara-t-il finalement. »
Le visage de la jeune femme se décomposa.
« Sérieusement Weasley ! Il faut aller vérifier le terrain, et vérifier tout le reste de la Réserve aussi. Ca ne va pas se faire tout seul.
- J’irais. »
Elle resta interloquée.
« J’irais vérifier le terrain.
- Ah parce que tu es géologue toi maintenant ?
- Je connais la zone.
- Par Merlin Weasley quelle tête de mule ! Tu serais incapable de voir une érosion interne ou une fracture terrestre même si elles étaient devant ton nez ! »
Il se renfrogna et croisa les bras sur sa poitrine.
« Je dois aller voir moi-même, faire des relevés…
- C’est trop dangereux.
- C’est dangereux aussi pour toi.
- Les dragons me connaissent.
- Et alors ? Ils s’y prendront à deux fois avant de décider de t’avaler ? dit-elle avec ironie.
- Il y a plus de chance qu’ils me carbonisent… répondit-il sur le même ton.
- Réfléchis deux minutes, je viens avec toi, et pendant que je travaille tu surveilles mes arrières. A deux on est plus vigilants, non ?
- Certainement pas. C’est trop dang…
- Trop dangereux ! Pour qui ? Juste pour moi ? Ne va pas me dire que ça ne l’est pas aussi pour toi !
- Non, mais je ne ferais pas courir ce risque à quelqu’un d’autre.
- Je suis assez grande pour décider pour moi-même Charlie Weasley !
- Ce n’est pas…
- Tu n’as pas à prendre cette décision pour moi !
- Je…
- Aaah ! Fiente de Botruc ! Tu es insupportable ! »
Elle commença à remballer ses affaires rapidement dans son sac, sans prendre garde à ne pas les abimer. La moitié était réduite en boule de papier entre ses mains. Elle sortit en maugréant. Il n’entendit que des parcelles, dont il ne comprit qu’une partie puisqu’elle jurait en français : « stupide crétin misogyne… je t’en mettrais moi du… typique des britanniques… quand je pense que … ». Elle claqua la porte de la cabane. Quelques secondes plus tard, les dernières feuilles qu’elle avait laissées s’envolèrent dans la pièce et dans un ballet de papier s’échappèrent par la fente de la porte. Il suivit leur éclat blanc des yeux jusqu’à ce que la silhouette d’Annie disparaisse dans la nuit.
Finalement il avait dû capituler. Ce n’était pas tant, car elle l’avait harcelé pendant des jours que l’inquiétude qui l’avait convaincu. Après tout, si le terrain s’effondrait, ils étaient tous en dangers, sorciers, moldus, dragons et la dernière chose qu’il voulait c’était d’une catastrophe majeure. Elle n’avait pas même caché sa satisfaction, elle exultait en permanence, en marchant, en mangeant, en ramassant la vaisselle, tout le temps. Un air moqueur traversait son regard dès qu’elle l’apercevait. Elle lui tapait dans le dos en l’appelant Weasley.
« Alors Weasley, prêt à partir ! »
Et elle riait à gorge déployée. Il trouvait qu’il n’y avait rien de drôle. Après tout, ils allaient risquer leur vie sur un terrain dangereux entourés de créatures magiques encore plus dangereuses. Quelle raison y avait-il de se réjouir ?
« L’aventure Weasley ! N’aimes-tu pas aller te balader dans la montagne, loin de tout ! Voir les dragons voler au-dessus de toi ? Sentir leur puissance fendre l’air ! »
Il n’avait pas pu nier.
Ils étaient partis le lundi de la semaine suivante, à l’aube. Le temps était sec et chaud. Charlie était déçu de partir alors que l’éclosion n’avait pas encore eu lieu, ce qui l’inquiétait par ailleurs. La coquille aurait déjà dû se fendre et laisser sortir un minuscule dragon. Ils avaient transplanné jusqu’à la limite du terrain. Après quoi tout transplanage était impossible et ils devraient redoubler de vigilance. Juste avant de passer la frontière il l’avait regardée, elle n’avait aucun doute, aucune réticence. Elle faisait une tête de moins que lui, et portait un sac qui paraissait énorme, elle ne s’en plaignait pas et il devait au moins le lui reconnaître, elle était endurante et coriace. Après un soupir il entra en zone Alpha, danger maximum, et elle le suivit. Il y avait une longue marche avant d’atteindre le plateau rocheux, ils étaient en terrain découvert, avec un léger vent poussiéreux qui les freinait. Elle n’arrêtait pas de parler.
« Il parait que tu es un gars très marrant Weasley, c’est ce que les gens disent… Et j’ai du mal à les croire ». Elle parlait toujours avec ce petit accent ironique dans la voix, une intonation amusée qui l’irritait particulièrement.
« Et aussi que tu es un vrai tombeur. C’est incroyable comme les ragots circulent dans cette réserve. Mais là aussi j’ai quelques doutes. »
Il s’efforça de ne pas la regarder.
« Tu sais, Leïa qui vient de partir ? Tu t’en souviens ? »
Evidemment qu’il s’en souvenait, mais il faisait un point d’honneur à ne pas l’encourager dans son bavardage.
« Elle craquait pour toi. Complètement. Elle voulait tes bébés Weasley ! Tu n’as rien vu ? C’est dommage, elle était super jolie ! J’aurais bien tenté ma chance moi… »
Il sentit une vague rougeur lui parcourir les joues à l’évocation d’un flirt entre les deux jeunes femmes, mais s’efforça de ne pas le montrer. Trop tard.
« Oh, monsieur est pudibond ! Tu sais que tout le monde t’adore ici ? Tu suscites un véritable engouement, et une grande loyauté ! Tu as de la chance. » Sa voix s’adoucit et pendant quelques instants le flot de paroles fut tari.
Il y eut un moment difficile durant lequel ils durent escalader. Après quoi, encore une longue marche avant d’atteindre la zone à étudier. De temps en temps, elle s’arrêtait, notait des calculs sur des parchemins, ou des traits sur des cartes. Elle était alors parfaitement concentrée quoique détendue. Il admirait son savoir-faire, sa maitrise du terrain.
Malgré lui, il s’était mis à répondre à ses questions et la conversation s’était lancée d’elle-même. Il fallait lui reconnaître qu’elle était avenante et amusante. Il ne s’était pas même rendu compte qu’il avait commencé à parler de lui.
« Ma mère cuisine d’excellentes tartes à la mélasse, c’est un de nos desserts préférés à la maison. Elle en fait à chaque fois que je rentre et Ron… »
Il s’était tu aussitôt. Elle l’avait regardé en coin et il avait cru voir passer un sourire amusé sur son visage avant que sa tresse ne le cache. Ils s’étaient arrêtés à l’abri pour manger et ils avaient discuté du travail qui les attendait. Il insistait sur les consignes de sécurité et les différents dangers qui les guettaient.
« Les dragons peuvent arriver depuis les airs, mais aussi depuis les grottes. Je surveillerai, mais on n’est jamais trop prudent.
- J’ai compris Weasley, tu me l’as dit cent fois.
- Tu as l’air de ne pas écouter.
- Je n’écoutais pas les quatre-vingt dix-neuf dernières fois.
- Sérieusement Annie… »
Elle avait eu un sourire mi-rassurant, mi-taquin.
« Ne t’inquiète pas Weasley je veille sur toi. »
Ils arrivaient dans la zone où les dragons avaient l’habitude de s’abreuver et Charlie était sur ses gardes. Annie en silence, travaillait sans répit afin de s’éloigner au plus vite. Il ne la quittait pas des yeux, de peur qu’elle s’approche par mégarde de la nourriture ou d’un nid et qu’elle soit perçue comme une prédatrice potentielle par les créatures. Heureusement, le ciel était vide pour le moment.
« C’est ce que je pensais, dit-elle.
- Quoi ?
- La densité du sol ici est plus faible que dans la zone sécurisée, ce qui a des conséquences fâcheuses… »
Elle lui expliqua que le poids des dragons sur la roche fragilisait le sol. Des éboulements se produiraient bientôt à certains endroits.
« Vous n’avez rien remarqué d’inhabituel ? demanda-t-elle.
- Si maintenant que tu en parles, il y a déjà eu des glissements de terrain sur le versant Est, et les éboulements sont réguliers. Un pan de falaise s’est écrasé il y a quelques mois.
- Que peut-on faire ?
- Oh plein de choses ! Tu es content que je sois là maintenant, n’est-ce pas Weasley ? »
Il s’autorisa un sourire. Il sentit une vibration dans l’air et il l’attrapa aussitôt par le bras.
« Vite ! »
Il la traina avec lui à l’abri des arbres et collés contre un tronc ils virent une grande créature ailée se poser à quelques mètres de là où ils s’étaient tenus. La dragonne bâtit des ailes et s’approcha de la rivière. A quelques mètres de là, immobiles il la regardait faire. Leur cœur battait la chamade. Ils étaient tellement serrés qu’il pouvait sentir le frisson qui la parcourait. Il espérait qu’elle n’aurait pas la mauvaise idée de bouger ou faire un bruit, et que le feuillage était suffisamment dense pour les soustraire à la vue de la créature. Il n’y avait rien à faire pour l’odeur, mais heureusement, cette dragonne était âgée et avait sûrement l’odorat émoussé. Après s’être bien déshydratée, la Norvegienne à Crête déroula ses longues ailes et tendit ses jambes puissantes, elle décolla. Lorsqu’elle se fut bien éloignée, Charlie resserra son étreinte et libéra Annie.
« C’était… incroyable ! Je n’avais jamais vu de dragon d’aussi près ! Bien sûr déjà depuis l’enclot c’est impressionnant. Mais cette dragonne était immense ! Et tu as vu ces pates ? Elles font au moins soixante centimètres de diamètre ! »
Une joie immense et sauvage irradiait d’elle. En la regardant il fut surpris par le désir qu’il sentait en lui. Elle se retourna, éclatante.
« Et tu vois ça tous les jours ? demanda-t-elle le souffle court.
- Oui.
- Et tu ne t’en lasses pas ?
- Jamais. »
Elle s’était approchée de lui et il reconnut dans son regard, un éclat sensuel.
« Tu es un homme chanceux Weasley. »
Alors qu’elle tendait les lèvres, il l’attrapa par la taille et la pressa contre lui. Il la sentait frémir contre son torse et il baissa la tête. Leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser explosif. Il sentait toute la joie qu’elle ressentait et qu’elle partageait, et il répondait en la serrant plus fort. Ils se séparèrent à regret encore étourdis de leur accès passionnel.
Elle avait les joues délicieusement rougies et le regardait droit dans les yeux.
« On dirait que tu m’aimes bien finalement Weasley. »
Il sourit et ils sortirent de l’orée de la forêt. Il était encore grisé par leur baiser, mais il lui fallait retrouver son calme et professionnalisme.
« Il faut qu’on prenne le chemin du retour, la nuit tombe vite dans la région.
- Ou, on pourrait s’étendre dans un coin et reprendre nos activités ! »
Il sentit une moiteur descendre le long de son dos, mais il protesta.
« Il faut être sérieux maint…
- Je plaisantais Charlie, dit-elle en posant une main sur son épaule. Allez rentrons, nous avons du travail qui nous attend. »
Une fois rentrés au camp il faisait presque nuit. Ils prirent le temps de faire un bilan avant d’aller diner. Elle dessina quelques plans et nota ses observations dans la marge.
« Il faut envoyer ça au cabinet, ils me donneront de plus amples instructions.
- Comme quoi ?
- Je vais devoir continuer les études de terrain et évaluer les endroits à risques et ceux qui sont le plus solides. A mon avis, il va falloir délocaliser la Reserve !
- Quoi ? C’est une catastrophe.
- Mais non, pas à ce point. Il va falloir interdire l’accès certaines zones, mais on peut en ouvrir d’autres à proximité, qui sont encore intouchées. C’est un problème pour demain Weasley. »
Il était déjà allongé dans son lit lorsqu’il la sentit se faufiler dans sa cabane. Elle sortait de la douche et sa longue tresse goutait encore. Il était étonné et ravi à la fois. Il aimait qu’elle ait le cran de venir ainsi. Il aimait qu’elle sache ce qu’elle voulait, et qu’elle le veuille lui. Il ouvrit le drap et le referma sur eux. Dans la pénombre il ne voyait que des reflets ondulants sur son corps. Lorsqu’elle se pencha et murmura à son oreille, il devina qu’elle souriait.
Ils continuèrent leur repérage dans toute la Réserve. Il appréciait désormais ces moments passés à l’écart du groupe. Il aimait son humour, ses manières désinvoltes et son franc-parler. Il n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi impétueux et énergique. Il savait aussi qu’elle n’était pas que ça, qu’elle pouvait être calme, douce, et tendre. Elle se blottissait contre lui la nuit. Elle passait de longues heures au bureau à dessiner le paysage sans décrocher un mot. Parfois, elle grimpait aux arbres installer un filet de protection, jouait aux jeux à boire et jurait plus fort que tous les autres réunis. Il aimait les deux facettes de sa personnalité.
Il avait plu pendant deux semaines sans discontinuer, le terrain était trempé, endommagé, beaucoup trop dangereux pour le moment. Ils avaient convenu de reprendre leurs excursions en zone libre lorsque la terre aurait séché. En attendait, elle continuait ses recherches au sein de la zone protégée, cherchant des endroits potentiels où établir de nouveaux enclos. Elle partait toute la journée, et revenait couverte de boue. Ils se retrouvaient le soir dans la cabane de Charlie. Elle était chaude sous ses paumes.
Et puis un jour, elle n’était pas rentrée à l’heure habituelle.
La nuit était presque tombée et il surveillait discrètement l’orée des bois. Les guetteurs n’avaient rien repéré d’anormal. Il était encore un peu tôt pour envoyer une équipe de recherche, le protocole indiquait deux heures de retard. Mais il sentait que quelque chose n’allait pas. Pour s’occuper l’esprit il restait à la nurserie auprès du dragonneau qui était enfin né.
« Charlie ! »
Le visage de Jonas était éloquent. Il s’élança en courant vers l’infirmerie, suivit par son ami qui lui racontait :
« Un guetteur a repéré des étincelles rouges alors l’équipe de patrouille est aussitôt allé voir. Ils l’ont trouvée inconsciente, elle… »
Charlie entendait les informations comme à travers un brouillard épais. Les mots semblaient déconnectés les uns aux autres, ils frappaient son esprit à retardement. Son cœur battait si vite dans sa poitrine, il avait la nausée. Il poussa violemment la porte de l’infirmerie. Ils l’avaient étendue sur le premier lit en entrant, et les draps étaient tachés de sang. Elle était si pâle. Il laissa échapper un cri de soulagement lorsqu’il vit que ses yeux étaient ouverts.
« Par Merlin Annie que s’est-il passé ?
- Oh Jonas, je t’avais dit de ne pas le prévenir, il a dû être mort de trouille. Tout va bien Charlie. »
Gutemberg, l’infirmier en chef de la Reserve pansait son bras, mais elle ne paraissait pas avoir d’autres blessures.
« Tout va bien, c’est moche, mais ce n’est pas grave, dit-il à Charlie.
- Quelqu’un va me dire ce qu’il s’est passé ? tempêta le jeune homme. »
Ils échangèrent un regard gêné et Jonas sorti discrètement par derrière.
« Rien de grave, je suivais un jeune grapcorne lorsque je suis… tombée sur sa mère.
- Tu suivais un grapcorne ?
- Et bien… oui.
- Ils sont extrêmement dangereux !
- Celui-ci était très petit, il s’était perdu, je voulais être sûre qu’il retrouverait sa mère. Ca faisait des jours qu…
- Des jours ? Tu le suivais depuis des jours ? »
La question était posée d’un ton calme, mais une tempête bouillonnait en Charlie. Une colère comme il en avait rarement ressentie soulevait son cœur. Ses poings se serrèrent sur le drap. Annie fut décontenancée un instant par la violence de sa réaction et son visage s’affaissa. Puis elle bomba le torse et répondit avec détermination.
« Oui. »
Il se leva d’un bond, et renversa dans son mouvement le chariot de soin qui était disposé prêt du lit. Gutemberg d’un coup de baguette le remit sur pieds puis disparut dans la réserve, les laissant seuls. L’un comme l’autre était désormais ivre de rage.
« Mais qu’est-ce qui a bien pu te prendre pour que tu te mettes à suivre un grapcorne ?
- Je te l’ai déjà dit…
- C’était complètement stupide et irresponsable ! Tu aurais pu en parler à n’importe qui ici pour qu’on envoie une équipe qualifiée s’en occuper ! Mais non, il a fallu que tu te mettes en danger ! Et pourquoi ? Que voulais-tu prouver cette fois-ci ? Que tu étais courageuse ? Forte ? Que tu n’as besoin de l’aide de personne, et surtout pas d’hommes ?
- Mais de quel droit oses-tu ?
- J’ose parce que tu t’es comportée comme une imbécile ! Tu as pris un risque inconsidéré pour…
- Et ça, tu ne peux pas le comprendre hein ? Toi qui es étriqué dans ton petit monde bien réglé par tes consignes de sécurité, tu ne peux pas le comprendre ? Quand ça dépasse des limites, alors là, Charlie Weasley est toujours là pour juger !
- Ce n’est pas…
- Si c’est exactement ça ! Tu as en tête ce tableau de ce qui est dangereux, et ce qui ne l’est pas, ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, ce qui est bien et ce qui ne l’est pas ! Et dès que quelque chose passe dans la case « non » alors tu abandonnes tout ! Tu quittes le navire ! Le courageux, sympathique et drôle Charlie Weasley !
- Arrête…
- Non ! J’en ai marre des types dans ton genre Weasley ! Qui veulent que les choses soient parfaites pour eux, selon leurs critères. Le genre de type qui aime les filles comme moi « tant qu’elles ne dépassent pas les limites », qui aime les filles courageuses, mais pas trop, marrante, mais pas excentrique, forte, mais fragile, des filles qui ne vous complexent pas, qui ne vous mettent pas en danger…
- Tu dis n’importe quoi. Cela n’a rien à voir avec moi, cela a à voir avec toi et ton irresponsabilité. Tu devrais grandir un peu, crier moins et arrêter ton cinéma de rebelle anarchiste. »
Elle pleurait de rage, assise dans le lit, son bras crispé sur celui blessé. Elle ravala difficilement et sembla résister à l’idée de lui jeter un mauvais sort.
« Je ne peux pas être autrement ! C’est qui je suis ! Ce n’est pas une façade pour cacher une fragilité interne ou je ne sais quoi ! Je suis têtue, et courageuse, impulsive et déterminée. Je n’ai pas peur de qui je suis ! Mais si toi tu n’es pas tranquille avec ça, je ne te retiens pas. »
Il était parti sans rien ajouter. Il n’avait pas senti le coussin qu’elle lui avait jeté de rage. Il ne faisait plus attention à rien. Il était rentré dans sa cabane sans voir les regards curieux posés sur lui, sans sentir la pluie, comme un somnambule.
Elle avait été évacuée le lendemain matin pour faire recoudre son bras à l’hôpital magique de Budapest, puisque le venin des cornes empêchait la cicatrisation. Elle n’était pas revenue. Il l’avait attendue, bien que soutenant le contraire. Au bout d’une semaine, il avait demandé une semaine de vacances et était rentré en Angleterre. Il avait raconté, du bout des lèvres, son histoire à Fleur. Qui en avait parlé à Bill, qui en avait parlé à Ron, qui en avait parlé à Ginny, puis à Hermione. Finalement, la famille entière avait été au courant de son histoire chaotique. Il était arrivé au repas de famille chez les Potter avec des cadeaux pour tous ses neveux et espérait bien passer un moment de détente agréable. Georges lui avait fait un clin d’œil entendu, Ginny une œillade en colère, Fleur avait pincé les lèvres avec désapprobation. Ron et Harry haussaient les épaules. Hermione hésitait visiblement. Molly l’avait serré dans ses bras en le plaignant pour ses mésaventures. Finalement, Ginny n’avait pas attendu le dessert pour aborder le sujet.
« Comment peux-tu être aussi aveugle ?
- Ginny, je t’adore, mais ne t’en mêle pas, dit-il sèchement espérant dissuader les autres. »
Mais Ginny balaya sa remontrance d’un revers de main.
« Qu’est-ce qu’elle a fait de si terrible pour que tu la rejettes ainsi.
- Tu veux vraiment une liste ?
- Elle a fait quelque chose que tu juges répréhensible.
- Quelque chose de dangereux.
- Elle l’a fait pour une raison non ?
- Oui, mais…
- Une raison qu’elle juge valable…
- Certainement, mais… »
Soudain ce fut Fleur qui prit la parole et relaya Ginny.
« Mais enfin Charlie ! Si elle a décidé de le faire, qui es-tu pour l’en empêcher !
- Ce n’est pas ça…
- Penses-tu qu’elle soit stupide ?
- Non, irréfléchie plutôt.
- Quand elle a été en danger, elle a appelé au secours ?
- Oui.
- Si ça avait été quelqu’un d’autre, disons, un homme, un ami à toi, qui aurait agit de même par curiosité, par esprit de découverte. Est-ce que tu aurais réagi de la même façon…
- Oui, c’était dangereux !
- Et ton idole, Scamander, il agissait comment à ton avis ?
- Mais c’était…
- Différent ? Parce que c’était un homme, un scientifique ? Il avait un droit particulier à adopter une conduite dangereuse ? »
Il était désarçonné par les attaques successives. Il n’arrivait plus à penser. Lorsqu’il cherchait à répondre, ses arguments se dérobait sous lui, lui échappait et il se retrouvait silencieux, incapable d’ajouter quoi que ce soit. Il sentit un léger malaise grandir en lui, à mesure que le sens des paroles de sa sœur et sa belle-sœur s’éclairait.
De l’autre côté de la table, Bill et Ron avaient l’air navré pour lui. Hermione poussa un soupir, mais dit calmement avec un sourire :
« Vous ne vous rendez vraiment pas compte… Nous devons toujours nous justifier, dès que l’on fait quelque chose d’un peu spécial, hors norme… Dès qu’on dépasse les limites, quand on est trop intelligentes, trop braves. Moi j’étais la miss-je-sais-tout, j’étais trop intimidante pour la plupart des gens. Ginny est une championne de Quidditch, combien de garçons se sont moqués d’elle parce qu’ils se sentaient en insécurité à ses côtés ?
- Zacharias Smith, murmura la jeune femme.
- Fleur a mis son nom dans la coupe de feu…
- C’est bon ! C’est bon, je crois que je comprends ! »
Il s’était levé de table avec précipitation, faisant sursauter James.
« Je vais prendre l’air. »
Il sortit du cottage et fit quelques pas dans l’air froid et humide. Il commençait à comprendre qu’il avait mal agi, sans s’en rendre compte, ce qui était peut-être pire. Il avait voulu la mettre dans une petite boite, dans des limites, pour qu’elle soit moins impressionnante, qu’il se sente plus à l’aise. Mais ce n’était pas à elle de se réduire, de se limiter.
Il était parti le lendemain pour Paris où était domicilié son cabinet d’architectomage. Il avait guetté devant les bureaux pendant des heures qu’elle sorte, désespérant de ne pas la voir. Peut-être qu’elle était partie en mission ? En vacances ? Puis elle était sortie. Il ne l’avait jamais vue autrement qu’en tenue de marche. Elle était si jolie. Elle avançait sans regarder où elle marchait, les pieds dans les flaques, déterminée. Elle tenait son carnet de croquis contre elle. Il avait couru la rejoindre. Elle s’était figée, stupéfaite de le trouver ici. Puis son visage avait repris un masque impassible.
« Que me veux-tu Weasley ? »
Il avait été désarçonné par la froideur de sa voix.
« Je suis un idiot. Un parfait imbécile ! Je comprends. J’ai mis du temps, mais je comprends. Je t’ai blessée, je suis terriblement désolé. Annie, je t’en prie, pardonne-moi.
- Très bien, je te pardonne. »
Elle avait fait mine de partir, mais il l’avait retenue.
« Annie Fersang, tu es la personne la plus folle, la plus incroyable, la plus courageuse, la plus inoubliable que je connaisse ! Tu es intense et entière ! Tu brilles ! Tu es comme un dragon ! Rien ne t’arrête ! Tu… »
Elle commençait à sourire derrière son masque de rigueur, et il se sentait pousser des ailes. Il dépassait ses propres limites. Il n’était plus gêné par le regard des passants qui les observait, il ne se souciait plus de rien d’autres que d’illuminer encore ce sourire.
« Tu es extraordinaire ! Fulminante ! Une étoile filante ! Tu …
- Okay Weasley, j’ai compris. »
Elle l’avait embrassé pour le faire taire.
Elle avait accepté de l’épouser, après sept ans de demandes incessantes, à quelques conditions. Il lui avait promis tout ce qu’elle voudrait. Alors ils se mariaient en plein janvier, sous la pluie battante, auprès d’un vieux sorcier. Il n’avait aucune idée du caractère officiel de la cérémonie, ce n’était pas le genre de chose dont elle se préoccupait. Il ne pouvait pas s’empêcher de la regarder, de guetter son sourire mutin à travers son voile de mariée.
Elle ne voulait pas d’enfants, mais au moins trois chiens. Elle aimait voyager, mais jamais trop longtemps. Elle était très famille, mais ne la supportait pas. Elle aimait le poisson, mais pas la viande, la bière, mais pas le vin, le chaud, mais pas le froid, l’hiver, mais pas Noël, les fleurs, mais pas le pollen, la tendresse, mais pas les câlins. Elle était compliquée, mais pas tant que ça, libérée et encore plus libre.
Oh Merlin ! Il était fou d’elle !
End Notes:
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