Qui se nourrit d'attente by Sifoell
Summary:

En planque dans une voiture, Nick Fury et Dorcas Meadowes refont le monde. L'attente subie est l'occasion pour l'un comme l'autre d'en apprendre le plus possible. Monde magique et monde Non-Maj s'entrecroisent.

Mais l'attente est toute autre pour Dorcas qui, dotée d'une beauté certaine, a l'habitude d'être séduite. Il y a bien quelques signes, alors qu'attend-il ?

L'attente est insupportable, parce qu'elle ravive des doutes.

Peut-être ne l'aime-t-il pas en retour, après tout ?

Peut-être continue-t-il de faire semblant ?

dungthuyvunguyen sur Pixabay


Categories: CrossOver Characters: Dorcas Meadowes, Personnage de Crossover
Genres: Romance/Amour
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Marvelously Magical Bingo 2022-2023, Furydowes
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 2374 Read: 502 Published: 26/10/2022 Updated: 26/10/2022
Qui se nourrit d'attente by Sifoell

Cela fait deux bonnes heures qu'ils sont en planque sur cette aire de repos. Dorcas a été assez surprise de la rapidité avec laquelle Fury s'est porté volontaire, ainsi qu'elle, pour une simple mission de surveillance. La jeune sorcière en a déjà fait quelques unes pour l'Ordre, dans une autre vie, mais il finissait toujours par y avoir du mouvement. Enfin, quelque chose se passait. Et là, rien. Les voitures s'arrêtent, des gens prennent du café, des bonbons à la machine, passent aux toilettes, se dégourdissent les jambes une dizaine de minutes, et repartent aussi sec.

Dorcas croit ne jamais s'être ennuyée à ce point-là, même pas pendant les cours d'histoire de la magie du professeur Binns. Même pas pendant le dernier match de Quidditch de l'équipe nationale anglaise. Un match réputé pour sa longueur et le peu d'action, la moitié des spectateurs s'étant endormis sous une pluie battante.

Fury émet une sorte de soufflement et Dorcas lui jette brièvement un œil, avant de regarder le parking, puis de nouveau son collègue. Non, mais il ne serait pas en train de se moquer d'elle ?

- Tu as déjà fait des planques, Meadowes ?

- Bien sûr, marmonne-t-elle, vexée par avance.

- Parce que là, si jamais les suspects finissent par arriver dans cette aire de repos, ils vont directement remarquer que tu es en planque. Mais pas moi.

Dorcas se tourne vers Fury, un sourire incertain sur les lèvres. Il a reculé son siège et abaissé un peu son dossier, à demi-allongé dans la posture nonchalante du conducteur qui fait une pause sur une aire de repos. Dorcas se rend alors compte qu'elle est assise comme à un bureau, le dos bien droit et peut-être un peu trop aux aguets. Elle finit par laisser s'échapper un sourire qu'elle abandonne rapidement, rendue nerveuse par l'attente dans cette fichue voiture.

- Mais ils vont forcément finir par arriver, c'est ce qu'Anderson nous a dit, que l'indic était sûr de ses informations.

Fury s'étire et plaque son dos sur le dossier, se détendant les muscles.

- La dernière fois que cet indic a eu de bonnes infos, je pense que je n'étais pas né.

Le visage de Dorcas s'allonge.

- Tu ne crois pas que quand tu as utilisé ton truc sur Anderson, tu lui as pas un peu abîmé la mémoire ?

Cette fois-ci, Dorcas blêmit.

- Oh, j'espère pas !

La jeune femme plaque sa main contre sa bouche en un réflexe naturel. Mais devant la mine catastrophée de Fury, c'est à son tour d'éclater de rire.

- Non, un sort d'oubliettes agit sur la mémoire immédiate. C'est le dernier événement qui s'efface. Si on veut aller dans des souvenirs plus profonds, il vaut mieux faire appel aux Oubliators dont c'est le métier. Mais du coup, pourquoi tu nous as portés volontaires pour cette mission si tu savais que cela ne donnerait rien ?

- Parce que j'avais envie de parler de ton monde. Mais, avant tout ça, je vais chercher quelque chose à grignoter... C'est dommage, le mec du food truck n'est pas là aujourd'hui...

Là-dessus, Fury déplie son grand corps et sort de la voiture, pour aller chercher des friandises au distributeur, qu'il glisse dans ses poches et deux gobelets de café qu'il ramène nonchalamment à Dorcas qui l'attend à l'extérieur du véhicule. Il lui tend une des boissons chaudes, balaye l'aire de repos déserte pour le moment du regard, avant de s'appuyer sur la portière de la voiture.

- Tiens, tu m'avais dit que les gamins avaient la Trace sur eux, et qu'ils ne pouvaient pas faire de la magie en dehors de l'école tant qu'ils ne sont pas majeurs.

- Oui, pas avant leurs 17 ans, c'est l'âge de la majorité sorcière au Royaume-Uni et en Amérique. Cela varie suivant les pays, sinon. Mais si le jeune sorcier fait de la magie avec sa baguette dans sa famille sorcière, la Trace ne sera pas efficace parce que le jeune sorcier est entouré de magie. Par contre, pour un jeune sorcier né d'une famille non-maj, la Trace sera beaucoup plus précise. Après, il y a une tolérance pour les enfants qui peuvent faire de la magie non intentionnelle. Enfin, cela marche surtout sur l'endroit où le sorcier utilise sa magie, s'il y a des Moldus autour de lui...

La conversation s'oriente ensuite vers Poudlard, les cours qui y sont dispensés, Fury ayant commencé à lire quelques vieux ouvrages que Dorcas a pu obtenir par l'intermédiaire du Macusa. Et Fury dévore tout ce qui lui tombe sous la main. Livres, journaux dont Dorcas annule le sort anti-moldu, il a même commencé à feuilleter un exemplaire de Sorcière Hebdo que Dorcas n'avait pas rangé, avant de le reposer avec la sensation d'avoir mangé un truc de beaucoup trop sucré. Les torchons féminins, très peu pour lui.

Fury enfourne une poignée de cacahuètes et observe les arbres dont les plus hautes branches dansottent, agitées par la brise.

- Et si moi j'étais un sorcier, j'aurait été réparti dans quelle maison ?

- Définitivement Gryffondor !

La solide assurance de Dorcas amuse Fury qui laisse ses yeux errer sur son visage de poupée, ses cheveux soigneusement coiffés pour dégager son front haut, ses yeux d'une chaude couleur chocolat. Fury acquiesce alors, en souriant. Il la trouve un peu plus détendue depuis que son procès est passé, qu'elle a pu revoir le boiteux et obtenir son absolution, que Guatavita est devenue une réserve. Il sent qu'elle est soulagée d'une partie du poids qui pesait sur ses épaules. Mais elle garde cette tristesse en elle, qui peut-être fait partie de sa personnalité. Fury se demande quand même si elle ne se sent pas un peu isolée, l'idée de retourner dans son pays lui semblant insurmontable. Mais peut-être est-elle une solitaire, aussi...

- Je pense que j'aurai été réparti à Serpentard.

Dorcas a l'air surprise mais laisse Fury développer.

- Pas pour ces conneries de préférer les sangs-purs, mais Salazar et moi on est d'accord sur le fait que la fin justifie les moyens. Et qu'il en faut une sacrée paire pour trouver les moyens menant à cette fin.

Dorcas comprend tout autre chose que ce que Fury lui dit. Pour elle, c'est continuer à faire semblant d'être avec elle pour qu'il en apprenne le plus sur le monde de la magie. Pour se donner une contenance, elle boit une gorgée de café et grimace en goûtant ce breuvage noyé d'eau et bien trop sucré à son goût.

Pourquoi, alors que tout semble se régler pour elle, qu'elle est en paix avec Alastor, que tous en Angleterre, à part Maugrey et Dumbledore, la pensent morte, que la guerre est finie, pourquoi n'arrive-t-elle pas à passer à autre chose ? Surtout quand cette autre chose se tient à côté d'elle et l'étudie silencieusement.

Agacée de ne sentir aucune réciprocité dans son attirance pour Fury, et oserait-elle qualifier cela d'un embryon d'amour, elle vide son gobelet de café et le jette à la poubelle avant de retourner dans la voiture et de scruter les environs, entourée d'un silence boudeur.

 

Comme l'a prévu Fury, ils ont fait chou blanc. Aucun échange d'armes sur cette aire de repos perdue en plein milieu de nulle part. Alors que l'agent du Shield les ramène au quartier général, Dorcas se souvient à quel point c'était facile de séduire et d'être séduite, quand elle était à Poudlard, dans ses dernières années, puis plus tard, au Ministère. Il ne lui fallait que sourire, minauder, sortir deux ou trois mots d'esprit, et la jeune femme inatteignable devenait rapidement bien plus accessible.

Peut-être les Moldus séduisent-ils d'une autre manière que les Sorciers ? Ou alors ce sont les Américains ?

Dorcas se tourne vers Fury et lui lance un regard lourd de reproches. Elle ne voit qu'indifférence en lui. Les mains de l'agent du Shield se resserrent autour du volant et il soupire, avant de demander d'une voix pleine de sarcasme, si le problème entre eux ne vient pas du fait qu'il se voit réparti dans une autre maison qu'elle supposait.

- Et de toute façon, c'est complètement stupide de faire des plans sur la comète, Meadowes. Je ne suis pas sorcier, j'ai largement dépassé les onze ans, et je n'irai jamais à Poudlard. Alors, il est où le problème ?

- Ce n'est pas ça, Fury...

- C'est quoi, alors ? Tu fais la gueule depuis qu'on est sur cette fichue aire de repos. Tu voulais une vraie planque, une vraie mission dangereuse ? Ben j'ai décidé que non, parce que tu vois, je me retrouve à la limite de faire du contre-espionnage, et le seul organisme qui va en profiter, c'est le Macusa. Pas le Shield. N'oublie pas, Meadowes, que je ne trahirai jamais le Shield. Ni le Macusa, il va sans dire. Mais tu m'as mis dans une position qui m'a été imposée.

- Je t'ai laissé le choix.

- J'aurai pas renoncé à découvrir tout ça.

- Et tu as fait ton choix, tu n'as rien à me reprocher.

Fury se tourne vers elle brusquement.

- Alors, il est où le problème ?

- Il n'y en a aucun.

S'il existait un mode d'emploi de ce qui traverse la tête de Dorcas Meadowes, Fury l'achèterait, et l'apprendrait par coeur.

 

Après une réunion interminable où Dorcas et Fury ont juste brièvement informé leurs collègues et Anderson que leur planque n'a rien donné, puis ont écouté les avancées des autres missions, Dorcas est repartie vers leur chambre. Elle a laissé Fury dans la grande salle, et se jette sur son Sorcière Hebdo, pour remplir avec frénésie le test Savoir si votre amour est réciproque. Evidemment, Dorcas sait que ce genre de test est au mieux un passe-temps, mais que surtout, il ne signifie rien. Mais quand elle calcule ses réponses, se précipite à la fin du magazine et lit que L'être aimé ne se rend pas compte de votre amour, alors qu'attendez-vous pour lui en mettre plein la vue ? Dorcas se fait cette résolution. Oui, il ne va pas en croire ses yeux.

Pourtant, elle a encore besoin d'être rassurée. Aussi, et bien que cela ne soit pas vraiment dans ses missions, Dorcas appelle-t-elle Buddy et lui demande-t-elle de lui amener de quoi pratiquer un peu de Divination histoire de faire le tri dans tout ce qui se mélange entre sa tête et son coeur. L'elfe de maison s'exécute et lui ramène du thé, du café, une boule de cristal, et des osselets. Dorcas le congédie avec un sourire et alors que Buddy lève la main pour claquer des doigts, Fury entre et voit un truc laid disparaître en claquant des doigts. Après un rapide coup d'oeil dans le couloir pour s'assurer que personne n'a rien vu ni entendu, Fury entre et ferme la porte derrière lui.

- C'était quoi ça ? Désigne-t-il l'endroit où le machin se tenait un instant plus tôt.

- Buddy. Un elfe de maison qui est mon agent de liaison avec le Macusa.

- Et la caméra ? Demande-t-il en levant les yeux vers le coin de la chambre.

Dorcas désigne le magazine qu'elle a laissé sur la table de nuit.

- French m'a expliqué ce qu'étaient les angles morts.

- Le hors champ.

La jeune femme hausse les épaules. Quelque soit le nom que porte ce que ne voit pas la caméra, elle sait que cela existe et cela lui suffit amplement.

Le regard de Fury se pose sur les objets que Dorcas a rassemblé sur ses genoux. Une boule de verre, du thé et du café, et un sac de velours.

- Et ça, c'est quoi ?

Dorcas se met à lui adresser un sourire plein de candeur.

- Vous, les Américains, vous ne savez pas ce que sont un bon thé et un bon café. D'ailleurs, dit-elle en se levant, et en mettant discrètement de côté la boule de cristal et les osselets, tu en veux un ?

- Pas vraiment.

- Je nous fais un thé, décide Dorcas.

Fury se contente de hausser les épaules, son regard tombant sur le test de Sorcière Hebdo qu'il essaie de déchiffrer. Il pose ensuite ses yeux sur Dorcas qui s'affaire entre la bouilloire et les tasses dans lesquelles elle verse directement le thé. Une fois l'eau bouillante servie, elle lui en tend une, et s'assoit, réchauffant ses doigts sur sa tasse. Un silence inconfortable s'installe entre eux, et Fury imite Dorcas qui boit son breuvage sans aspirer les feuilles de thé.

-Et je fais comment quand il y a plus de verdure que de liquide ?

Dorcas jette un œil à sa tasse et lui fait le signe de faire tourner le thé dedans, Fury l'imitant. Puis la jeune sorcière la lui prend des mains pour en verser le contenu dans la soucoupe, et en fait de même avec la sienne. Elle les compare ensuite en fronçant les sourcils et Fury la regarde avec une grande attention, se demandant ce qu'elle est en train de faire.

Dans la soucoupe de Fury, Dorcas lit de la certitude, de l'amour, et un avancement dans le futur. Dans la sienne, la fin d'un voyage, de l'incertitude et de l'amour dans le futur.

Par Merlin, doit-elle donc tout faire ?

 

Plus tard, bercée par les ronflements de Fury qui dort au-dessus de son lit, Dorcas a illuminé le bout de sa baguette et pratique les osselets qu'elle a insonorisé. Elle répète le rituel qu'elle a appris à Poudlard et perfectionné lors de lectures, prenant des pincées de terre qu'elle verse sur sa couverture, jetant les osselets, traçant des lignes et des courbes dans la terre.

Et ils lui disent la même chose.

Frustrée, elle passe alors à la boule de cristal, après avoir rangé les osselets et la terre dans la bourse de velours. Elle interprète de la même manière les signes vaporeux qu'elle y lit.

Fury est quelqu'un de sûr de lui, sans blague Pythie, et ressent a priori quelque chose pour elle, mais quelque chose l'empêche de se laisser aller à cette douce inclination.

Soupirant de consternation, Dorcas se fait la promesse qu'elle mettra tout ce qui est en son pouvoir en marche pour le séduire, et pour découvrir ce qui bloque cette tête de mule à reconnaître ce qu'il ressent pour elle. Quitte à le rendre vert de jalousie.

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