La Toussaint sanglante by bellatrix92
Summary:

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Quand Sirius cherche Peter, mais que celui-ci connaît sa pire faiblesse.

 

L'image appartient à Warner Bross (Gary Oldman dans Harry Potter and the Prisoner of Azkaban)


Categories: Résistance, Tranches de vie, Sirius Black Characters: Peter Pettigrow, Sirius Black
Genres: Guerre, Missing Moments, Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Mort violente/Meurtre
Challenges: Aucun
Series: Les Enfants perdus, Les 4 saisons
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 2597 Read: 608 Published: 17/11/2022 Updated: 17/11/2022
Story Notes:

Cette histoire a été écrite pour le concours des Quatre Saisons, dans l'étape "Automne":

 

Voici les contraintes:


Thème principal : votre personnage (ou groupe de personnage) doit résoudre un mystère

Inclure les mots : vent, citrouille, bougies, solution, anniversaire, artiste
À indiquer en gras dans le texte    

L'histoire se passe dans une petite ville/village 

S'inspirer d'une image proposée.  

 

Le fil directeur de cette série sera les maraudeurs.

Chapitre unique by bellatrix92
Author's Notes:

J'espère que cela vous plaira. Bonne lecture!

 

Sirius Black se sent plus à cran que jamais. Pourtant l'impression d'irréel qu'il ressent depuis la veille ne s'est pas dissipée et il a l'impression de marcher dans le décors d'un mauvais western, comme un Cow-Boy prêt à affronter son rival, l'arme au poing.

 

Il a envie de tuer. Où est donc ce foutu traître ?

 

Le soir descend rapidement sur cette journée du premier jour de Novembre, recouvrant la campagne alentour de son manteau d'obscurité. Et alors que la nuit tombe paisiblement, Sirius se demande s'il trouvera enfin ce qu'il cherche.

 

Rien n'est moins sûr.

 

Le vent froid qui soufflait dans la plaine s'est arrêté à l'instant-même où il a passé les premières maisons de la rue, mettant un peu plus ses sens en alerte. Ce n'est pas un phénomène normal et c'est au point que les chandelles installées sur les fenêtres de la rue brillent paisiblement et sans un frémissement en cette soirée de la Toussaint.

 

Des bougies blanches, rendant hommage aux morts répondent aux citrouilles posées sur le sol, tout cela dans une odeur de sucre, d'épices et d'écorces d'oranges grésillantes.

 

Un parfum enivrant, à la fois sucré et capiteux, autant qu'une gêne profonde pour son odorat sur-développé en temps normal. L'agrume excite ses narines, tout comme les épices disposées un peu partout. Mais cette stimulation ne va pas sans une grande confusion.

 

Il se sent totalement perdu. La douleur ravage son esprit encore sidéré par ce qui s'est produit la nuit précédente. Il n'a plus qu'une seule idée en tête et c'est elle qui lui fait mettre un pied devant l'autre :

 

Trouver Peter, et lui faire payer son crime.

 

Mais comment l'avoir ? Sous sa forme de chien et grâce à son odorat, il a bien pu suivre sa piste jusqu'ici. Mais à l'approche du village, ses sens l'ont trahi pour la première fois et il a du reprendre forme humaine.

 

Il y a quelques-chose de bizarre et de trop doux dans cette rue pavée où même les feuilles de platane sont sèches. Quelque-chose de trop chaleureux, sucré et agréable. Cette concorde lui semble même totalement surnaturelle.

 

Par exemple, il n'avait jamais vu que l'on fête Toussaint et Halloween de manière aussi harmonieuse, quand certains chrétiens moldus détestent et dénigrent tant la fête des morts.

 

De bons amis de James avaient même interdiction d'aller chercher des bonbons lorsqu'ils n'étaient encore que des mioches. Sirius s'en rappelle et ils avaient recours à tout un tas de stratégies afin de les aider à passer outre.

 

Autant de rébellions que de restrictions imbéciles, c'était leur spécialité.

 

Mais pas de cela ici, dans ce que l'on appelle « le quartier moldu de Pré-au-Lard » et qui est en réalité une petite bourgade toute proche du village sorcier, située dans la couronne périurbaine d'une localité moldue.

 

Ici, moldus, cracmols et sorciers ont su résister ensemble pour continuer à cohabiter en paix. Les morts ont été nombreux mais, si la chute du Seigneur des Ténèbres n'a pas vraiment déclenché d'euphorie chez ces familles dont bon nombre sont meurtries, elle a considérablement resserré les rangs des survivants.

 

Il le voit bien, ce n'est pas pour rien que Milicent Bagnolds était ici à la fin de la nuit et qu'elle a officiellement annoncé dans ce lieu la fin du règne du Seigneur des Ténèbres.

Il sait aussi que, depuis, l'allégresse est constante chez les sorciers et que des fêtes éclatent un peu partout maintenant que la nouvelle semble confirmée.

 

On dit même que Milicent Bagnolds a chassé sans vergogne les membres de la Confédération internationale venus la rappeler à la prudence.

 

Sirius sourit maladivement à cette pensée.

 

Il sait déjà que, ce soir ou demain, la Ministre persistera et signera devant le conseil réuni au complet. Tant mieux, c'est précisément ce que lui-même attendrait de cette femme pleine de franc-parler.

 

Une odeur de cannelle le ramène brusquement à la réalité. On a cuit un gâteau ici et pourtant toutes les portes de la rue semblent closes.

 

A présent que Sirius les regarde un peu mieux, ces bougies blanches posées sur les ouvertures lui semblent autant d'hommages aux victimes de ce village. Autant de rappels de ceux qui n'auront jamais savouré la victoire.

 

Amère victoire, pense sombrement Sirius qui s'enfonce un peu plus chaque seconde dans ce qu'il sait pertinemment être un piège.

 

Tendu à son intention, il ne peut plus en douter et sa main se pose machinalement sur son pistolet caché dans la doublure de son blouson de cuir.

 

Peter ne l'a pas attiré ici pour rien. Il sait sans doute que, sur ce terrain, il est favorisé. Un type intelligent ce Peter, et comment va t-il le trouver maintenant ?

 

C'est lui qui le trouvera, il en est presque sûr.

 

Malgré l'ambiance tranquille des lieux ce soir, Sirius Black a la nausée et son cœur tape dans sa poitrine. Il n'est pas ici pour faire la fête, quand-bien-même le monde des sorciers semble avoir oublié les tourments qui le hantaient hier encore.

 

Quand-bien-même le Seigneur des Ténèbres a disparu.

 

Quand-bien-même, jeunes, les maraudeurs aimaient plus que tout venir se promener ici, loin du Pre-au-Lard officiel mais proche de la maison de Lupin. Sa mère ne manquait pas de les faire goûter à chaque fois.

 

Et quand-bien-même, comme au temps de leur enfance, comme un ultime bras d'honneur ou comme pour célébrer enfin la chute des mangemorts, les agrumes en fusion sont disposés un peu partout sur le pas des portes, dans de petits brûle-parfums de la même couleur que les encadrements. Il y a également de la cannelle et de la muscade un peu partout.

 

Dans ce village peuplé de cracmols ou d'issus de cracmols, l'ambiance a toujours été unique.

Des teintes douces et chaudes, des odeurs exquises. Il ne devrait pas se sentir mal ici.

 

Pourtant regarder le visage au sourire écartelé de la citrouille en face de lui donne à Sirius Black la nausée. Et ce n'est pas étonnant, puisqu'il est en deuil et qu'il a le cœur en miettes. La mort des McKinnon l'avait déjà effondré, celle de Lily et James l'a totalement brisé de douleur et de culpabilité.

 

Il pouvait éviter ce qui s'est produit. Il en avait le pouvoir mais il n'en a même pas été capable. Il a été lâche.

 

La dernière conversation qu'il a eu avec James et Lily, juste avant de conclure le Fidelitas, tourne infernalement dans son esprit.

 

« - Dumbledore dit que tu devrais le faire toi-même...

- Mauvaise idée, c'est trop évident. Si je suis pris, et Le Seigneur des Ténèbres ne manquera pas d'essayer, il me torturera... Je ne pourrai rien lui cacher, mauvais occlumens comme je le suis... »

 

Oui, James avait sans doute raison de redouter ce fait. Il était parfaitement logique d'imaginer que Le Seigneur des Ténèbres se lancerait à ses trousses : attraper le père obligé de sortir, afin de mettre la main sur la mère et le fils ensuite.

Ou tenter de mettre la main sur Lily, puisqu'elle-même était aussi souvent sollicitée.

 

Les Potter ne voulaient pas être eux-mêmes les gardiens de leur propre secret, sachant qu'ils seraient traqués.

 

James s'était tourné vers Sirius, Occlumens bien plus doué que lui et dur à cuire notoire, afin que celui-ci les remplace. Le Seigneur des Ténèbres, même s'il l'attrapait, ne songerait pas qu'il puisse être le gardien. Il le tuerait sans approfondir.

 

Cela en revanche, Sirius n'y croyait guère, et le fait qu'il s'expose fréquemment achevait de l'inquiéter. C'était là qu'il avait eu l'idée du coup de bluff.

 

La pire qu'il n'ait jamais eue de toute sa pauvre vie.

 

Il a jeté ses propres amis, non pas dans la gueule du loup, mais dans la fosse aux rats. Alors ce soir, la Toussaint n'est plus qu'un rappel funeste de tout ce qu'il a vécu pour arriver jusqu'ici. Un jour mortifère.

 

Un anniversaire ou une commémoration pour tous ceux qui ont péri ces dernières années, pour tous ceux qu'il a perdu d'une manière ou d'une autre.

 

Et plus que tout, une soirée dont il sait déjà qu'elle sera sanglante.

 

Il pressent quelque-chose, même s'il ne parvient pas à comprendre ce qui se passe ici.

Il a pleinement conscience que, dans cette petite ville d'Ecosse où Peter a vraisemblablement trouvé refuge, le reste de sa vie va se jouer et, pour tout dire, il se sent même déjà mort.

 

D'ailleurs, il passe devant la maison Lupin et les deux bougies qui s'y trouvent lui rappellent cruellement ce que le plus calme des maraudeurs a également vécu durant cette guerre.

 

Sirius, lui, l'a t-il vraiment oublié ? Oui, il n'a même pas pensé que son ami était lui-même endeuillé lorsqu'il a fait ce choix crucial et catastrophique de proposer le seul félon de leur quatuor pour remplir la mission à sa place.

 

Il a sous-estimé Peter et il ne sait pas encore à quel point. Car celui-ci est puissant, bien plus qu'il ne l'aurait cru s'il a réussi à venir jusque ici, après l'avoir berné pour lui laisser croire que c'était Remus qui était le traître parmi eux.

 

Une erreur qui le hantera jusqu'à la fin de ses jours, il le sait. Sirius s'en veut terriblement pour cette méprise, pour avoir lui-même causé la mort de ses amis par son manque cruel de discernement.

Cependant, malgré la douleur et malgré le danger, il est déterminé à trouver la solution à l'énigme qui le hante depuis la veille :

 

Où se cache Peter ? Et surtout qu'est-il venu faire précisément ici, dans le lieu de leur enfance et de leur adolescence ? Que prépare t-il comme sombres desseins pour avoir choisi cet endroit parmi tant d'autres ?

 

Les décorations d'Halloween sont toujours en place depuis la veille et, malgré l'atmosphère pieuse de ce village à majorité catholique, elles donnent à la rue moldue une atmosphère chaleureuse et riante qu'elle ne devrait sans doute pas avoir en ce soir de recueillement.

 

Mais la mort n'oublie jamais la vie tout comme la vie n'oublie jamais la mort. Les résistants de Pré-au-Lard l'ont bien compris au fil des années.

 

Sirius pourrait apprécier, car il a toujours beaucoup aimé les ambiances merveilleuses des moldus, comme si la méconnaissance qu'ils avaient des sorciers leur faisait imaginer les choses plus belles qu'elles étaient.

 

Mais aujourd'hui, il ne peut pas se délecter de leur art.

Il est complètement dévasté par la mort de James et Lily, son cœur semble s'être arraché de sa poitrine et son cerveau coupé de la réalité.

Il n'est plus qu'un fantôme, errant dans les limbes à l'écart du monde. Il ne ressent plus rien, comme s'il était fait de brume.

 

Où est Peter ? Se demande t-il encore. Où sale traître a t-il pu trouver refuge ?

 

A t-il conscience que dans cette atmosphère, Sirius est fortement diminué ?

 

Sans doute puisqu'il sait à quel point son odorat canin lui a sauvé la mise dans les situations périlleuses.

 

Non, Peter n'a certainement pas choisi au hasard le Quartier Moldu de Pré-au-Lard. Et sans y penser, Sirius pose une nouvelle fois la main sur le colt qui se trouve dans la poche de son blouson.

 

Il n'y a que comme cela qu'il se sent rassuré, dans un univers où cet objet lui assure protection et puissance.

 

Il n'y a pas à dire, les moldus font des armes et d'autres objets remarquables, et celles-ci ont toujours fasciné les maraudeurs qui rivalisaient de curiosité les uns avec les autres.

James aimait les voitures, les bolides rapides et les objets chics... C'est en voyant Lily devenir de plus en plus élégante au fil des années que la culture et l'esthétique moldues l'avaient de plus en plus passionné.

 

Sirius, lui, avait un tout autre style... Davantage voyou et rebelle. Il aimait les armes qui claquent, les films de cow-boys et de policiers...

 

Les motos aussi, mais maintenant que James est mort, c'est sans se retourner qu'il a laissé la sienne à Hagrid.

 

Remus aime aussi les armes, mais pas les mêmes. Sirius se souvient que, la dernière fois qu'ils se sont vus, c'est un débat très animé sur l'utilité des silencieux qui les a opposés.

 

Jusqu'à ce que Lily, mal-à-l'aise, les fasse taire.

 

Jusqu'à ce que lui-même ne s'en effraie même s'il n'en a rien dit. Jusqu'à ce que les soupçons empoisonnent son cœur.

 

Remus possède des tas de fusils qu'il affectionne, pour peu qu'il puisse y mettre des balles en argent de sa propre fabrication, comme une partie des amis qu'il s'est fait parmi les aurors du continent.

Il a un Lebel et un Mauser, un Long Rifle et même un machin automatique russe qui fait peur à Sirius. Et lorsque Sirius le voit en compagnie de ces tarés d'aurors militaires français, il ne peut s'empêcher d'être à la fois jaloux et réprobateur.

 

Autant de détails qui l'ont poussé à soupçonner Remus de traîtrise. Après-tout, l'argument selon lequel les moldus ont des armes destructrices capables de massacrer les sorciers est récurrent dans la bouche des sang-purs. Il l'a entendu de nombreuses fois.

 

« Comment peut-ont les laisser faire ? » Aimait dire sa mère d'une voix acide.

 

 

Soudain, deux portes s'ouvrent quasi-simultanément d'un côté de la rue, laissant sortir deux familles endimanchées qui se saluent joyeusement sans lui prêter attention. Sirius sursaute et ne peut retenir un frisson tandis qu'il progresse encore en direction du centre de la bourgade.

 

D'autres personnes quittent leur maison, Sirius sait que c'est parce que l'heure des vêpres approche. Ils s'y rendent tous, dans l'église située au centre du village qu'il aperçoit devant lui.

 

De son côté il cherche toujours, envahi d'un sentiment d'urgence presque incontrôlable, le regard vif et attentif au moindre bruit qui pourrait lui indiquer qu'il touche enfin au but.

 

Il sait que quelque-chose d'affreux va se produire, bientôt.

 

Pourtant, quelques secondes plus tard, l'arrivée de Peter, déterminé à nuire et décidé à en découdre le prend totalement au dépourvu.

 

C'est un crac sonore sur sa droite qui le fait bondir, puis la voix aigrelette du traître :

- Sale lâche ! Tu les as tués tous les deux ! Tu as tué James et Lily !!

 

Peter l'a mis en joue, frémissant et fébrile au milieu de cette foule qui se presse vers l'église et ne perçoit pas immédiatement le danger.

 

 

Même sa baguette tremble et Sirius comprend trop tard. En voyant ce que tient son autre main...

 

Il sort précipitamment son pistolet et essaie de l'abattre avant qu'il ne fasse un carnage. Mais l'homme replet se jette derrière une voiture garée. Sirius continue à tirer avec l'énergie du désespoir, tentant de l'atteindre avant qu'il n'active le détonateur enfermé au creux de sa paume.

 

Mais l'explosion fait soudain voler la rue en éclat. Les hurlements et les râles retentissent de toute parts, il y a du sang partout, des gens qui courent et des morceaux de corps éparpillés à des dizaines de mètres à la ronde.

 

Sirius, pétrifié, pense comprendre : un attentat-suicide, comme chez les moldus qui les fascinaient tant plus jeune, et un vrai travail d'artiste.

 

Après tout, si lui-même aimait les armes, Peter était toujours le plus excité lorsqu'il y avait des explosifs...

 

Alors quand les aurors se pressent autour de lui, Sirius ne peut s'empêcher de sombrer.

 

Il éclate de rire.

 

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