Take me to the magic of the moment by Bloo
Summary:

© Gamines, Louise Breslau (1890)


Et à nouveau les bras de Lily l’enroulèrent et l’ancrèrent, Marlène, à la terre, à l’air,
aux coquelicots qui clairsemaient le bas-côté et aux
martinets qui disputaient la place aux hirondelles
aux derniers pétales des rhododendrons qui venaient se nicher entre leurs orteils
au rouge-gorge qui pépiait depuis les peupliers frémissants


Všechno nejlepší k narozeninám, Miláčku ♥

Categories: Romance (Slash), Après Poudlard, Univers Alternatifs Characters: Lily Evans, Marlene McKinnon
Genres: Amitié, Femslash/Yuri, Romance/Amour
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 2695 Read: 792 Published: 29/03/2023 Updated: 29/03/2023
Story Notes:
Les personnages appartiennent à l'autrice de Harry Potter et habitent un univers alternatif dans lequel Voldemort n'existe pas.
Take me to the magic of the moment by Bloo
Author's Notes:
Un très très joyeux anniversaire à une très très très chouette personne ♥

Et une bonne lecture ainsi qu'une bonne plongée dans les années 1990 (et 60 pour les références musicales, ah ah !) à tou-te-s :D

C’était un jour d’été, pas d’hiver, et toutes les feuilles n’étaient pas brunes, et le ciel ne s’était pas drapé de gris, parce que Marlène et Lily n’étaient pas partis pour les fêtes de fin d’année comme elles se l’étaient promis ; elles avaient reporté, elles avaient reporté encore, et les arbres avaient bourgeonné, déployé leurs parures les plus vertes leurs courbures, les hirondelles avaient dansé dans un ciel éclatant seulement transpercé par les traînées des avions et –

C’était un jour d’été, c’était la France et bientôt la Belgique les Pays-Bas, l’Allemagne, et Lily conduisait, une main sur le volant, l’autre sur les cassettes qui échouaient à chaque virage aux pieds nus de Marlène.

— Et ça, c’est encore tes Beach Boys ?

— Ah, Marly, si seulement les Beach Boys étaient mes Beach Boys, je ne serai pas en train de conduire la Beetle de mon grand-père sur une route nationale parce que je n’ai pas changé assez de monnaie pour passer au péage.

— Déjà, je ne comprends rien à ce que tu dis, ensuite, si tu veux de l’argent, je n’ai qu’à transformer mes Gallions et…

— Non non non, on a dit que c’était un voyage sans magie.

Tu as dit que c’était un voyage sans magie.

— Et tu sais comme moi que j’aurais le dernier mot alors : respire, écoute ça, et n’attribue plus jamais la meilleure chanson des Mamas and The Papas aux Beach Boys.

Marlène ne le dit pas à Lily

– qu’elle lui avait demandé si c’était leur chanson

parce qu’elle lui transperçait présentement le cœur, qu’elle avait enfoui

que toutes les feuilles n’étaient pas brunes

et qu’en ses membres tiédis coulait alors un soupçon

de jaune de joie de joli de, Lily

Schlachtensee ! s’écria la joie ce qui sembla être à Marlène un instant – d’éternité – après.

— Tu essayes enfin un sortilège pour faire avancer ta maison à roues plus vite ?

— Marlène, qu’est-ce qu’on a dit à propos du frein à main ?

— Qu’il ne valait mieux pas que j’y retouche lorsqu’on est lancées à pleine et cependant toute relative vitesse ?

— Et que s’il s’arrête, nous, on s’arrête aussi et on se baigne !

— Ah. D’accord, je vais essayer de… comment ça on se baigne ?

Alors, Lily lui prit la main, puis les épaules et la taille et dans un éclat de rire, elle l’attira à elle sur la place de la conductrice. Marlène était frêle, et Lily très musclée, elle n’eut aucun mal à la porter hors de la voiture mais, alors qu’elle se risquait à libérer une main pour refermer la portière, elle les envoya à terre, faisant voler des nuages de poussière. Bien sûr, Marlène poussa un premier cri, même un second, mais le rire de Lily était éminemment plus fort et très vite, elles s’esclaffèrent de concert.

Elles rirent, rirent encore, les immenses boucles de Lily se mêlèrent à la terre sèche et Marlène, Marlène enfouit ses joues rouges dans le débardeur de son amie, s’y trouva sereine, étendit les jambes et décroisa les bras et attendit : que la sueur qui perlait à ses tempes à ses aisselles à ses genoux ne disparaisse dans la terre, que les muscles de Lily se relâchent, que quatre yeux grands ouverts s’habituent à la lumière et que deux yeux voilés la laissent entrer et

— Ça fait tellement plaisir, de t’entendre sourire, chuchota Lily.

— Tu m’entends sourire ?

— Oui. Je sens tes fossettes qui se dessinent sur mon ventre et après, j’entends ton rire, il est aigu comme lorsque l’on sortait tout à fait pompettes des soirées de Slughorn et qu’on se tenait la main pour ne pas tomber et que je pensais : cette fille-là surtout ne la lâche pas, voilà, c’est ça que j’entends quand tu souris Marly, c’est le son de la joie et j’espère que toi tu l’entends aussi.

— Parfois.

— Mon petit chat.

Et à nouveau les bras de Lily l’enroulèrent et l’ancrèrent, Marlène, à la terre, à l’air,

aux coquelicots qui clairsemaient le bas-côté et aux

martinets qui disputaient la place aux hirondelles

aux derniers pétales des rhododendrons qui venaient se nicher entre leurs orteils

au rouge-gorge qui pépiait depuis les peupliers frémissants

Les bras de Lily l’encerclèrent l’a-rri-mèrent et alors elle entendit, elles entendirent Lily et Marlène, ça n’était ni la mélodie d’un rire ni même celle d’un sourire même c’était doux, c’était chaud, c’était le clapotis de l’eau et le souffle harmonieux du vent à travers les peupliers, les bouleaux, les marronniers.

— Tu as parlé de se baigner ?

Marlène comprit ce que Lily voulait dire : elle l’entendit sourire elle aussi quand les mains franches vinrent démêler sa frange et lisser sa robe fleurie et soudain l’entraîner à sa suite au lac du Schlachtensee.

Là, Lily se déshabilla presque toute entière, ne conservant qu’une culotte noire, et Marlène plongea la tête la première, sa longue robe formant un halo de lumière autour de ses bras nus. Elles nagèrent, s’éclaboussèrent, jouèrent à se couler et se coursèrent d’une rive à l’autre, ne noyant finalement que ce qui n’était pas – ce qui n’était plus important : comment le guérisseur en chef s’était approprié les recherches de Lily, comment le frère de Marlène n’était pas reparu depuis deux ans, comment la vie le travail les soucis la santé la famille et de sang et choisie comment, comment Mary s’était mariée, comment Alice avait accouché de son troisième enfant comment, comment

Lily

n’avait pas revu ses parents depuis que Pétunia avait appris –

et qu’ils n’avaient même pas réagi –

comment

Marlène

avait perdu Sirius pour la troisième

et la dernière fois.

Lily, Marlène les engloutirent, les pensées sombres. Elles ne les laissèrent pas l’emporter, dominer la journée la soirée, qui s’annonçait jolie. Elles se laissèrent juste tomber dans l’herbe humide qui laissa des traces vertes sur leurs vêtements auxquelles se mêlèrent la terre, la poussière. Marlène d’abord voulut les effacer, d’un mouvement souple et habituel du poignet. Lily l’en empêcha, lui rappela : pas de magie, on a dit, on est des sorcières mais aussi, avant ça même, on est des femmes, on est des femmes, Marly, sans artifice on est, on est malice on est lys on est créatrice, âmes de feu et d’ondée,

filles

fières

fortes

on est des femmes.

Mais quand elles rejoignirent la voiture, que Marlène se laissa choir sur le siège de la passagère, que le cuir gorgé de chaleur l’engourdit une seconde et que Lily fit tourner la clé une fois, deux fois, dix-sept-mille fois :

— Lily non, vraiment, je ne ferai pas quinze kilomètres à pied parce que tu as décrété qu’on n’utiliserait pas nos baguettes.

— Marly…

— Tu peux ranger tes grands yeux, c’est non, c’est hors de question.

— Et si je te dis qu’on n’y va pas à pied ?

— Si je te dis que je me méfie de tes idées ?

Marlène avait raison de se méfier.

Une demi-heure après, les filles avaient, dans l’ordre : volé deux vélos qu’elles ignoraient alors être la possession de garçons trapus, qui leur avaient couru après jusqu’à faire tomber une Marlène malhabile, qui avait épongé le sang sur ses genoux en dévisageant Lily, qui avait provoqué les adversaires en un duel à la Moldue, qui avait évidemment été perdu, qui toutefois avait laissé les garçons pantois, qui enfin avaient concédé une des deux bicyclettes, qui avait le pneu avant à moitié crevé, que Lily avait enfourchée en intimant à Marlène de s’accrocher fort à elle depuis la cagote en bois, qui faisait office de porte-bagage.

Et désormais, accrochée à Lily qui filait, Marlène grimaçait à chaque rebond, à chaque arrêt, à chaque fois que les mèches de ses cheveux venaient lui fouetter les yeux. Alors qu’elles dépassaient la Sprée, Marlène enfouit ses deux pieds dans le sol, manquant de les faire basculer.

— Marly, on est presque arrivées.

— Je ne vais pas y arriver.

— C’est à littéralement deux minutes.

— Non, Lily : je ne vais pas y arriver, tu saisis ?

— Arriver à quoi ?

— À, à ça, tu vois. À tout ça. À faire comme si tu ne m’avais pas proposée ce voyage pour me sortir de ma léthargie. À faire comme si je n’avais pas été démolie. À faire comme si Sirius ne m’avait pas trompée, et comme si je ne savais pas qu’il l’avait déjà fait. À faire comme si c’était le plan de partir cet été-là, comme si ce n’était pas à cause de moi que tu avais raté ton concert historique l’été dernier. À faire comme si…

— Comme si quoi, Marlène ?

— Comme si j’étais vivante.

Vivante, tu vois, comme, comme les fleurs, là, qui poussent dans la Trabant abandonnée, comme les géraniums qui débordent du moteur arraché comme, comme la fille, qui me semble battre des cils sur la façade de cet immeuble-ci immeuble gris l’artiste l’a si bien saisie et comme, comme les femmes les hommes, qui marchent vers le sud qui ont de l’or dans les yeux les cheveux ils s’en vont j’imagine à ta Love Parade et ils s’en vont y chanter ils s’en vont y crier ils s’en vont y danser parce qu’ils vivent ils vivent ils vivent et moi je suis, je suis d’une autre rive.

— Je me sentais prête, à t’accompagner, à danser, même, même à aimer mais toute ma vie, je n’ai connu que Sirius et, et si…

— Et si tu n’étais partie ?

— Si je n’étais pas partie ?

— Si tu n’étais pas partie, Marly, parce que cette fois c’est toi qui es partie, c’est toi qui as choisi et c’est toi qui l’as prise en main, ta vie – si tu ne l’avais pas fait, tu serais où, aujourd’hui ?

C’était aisé d’imaginer : les feuilles étaient brunes et le ciel était gris parce que la vie de Marlène était terne, avec Sirius. Elle aimait si bien son excentricité, son charisme, sa créativité qu’elle lui avait pardonné son égoïsme, et surtout qu’elle l’avait laissé la modeler au fil des années. Elle s’était coulée en lui, changeant sans qu’il n’ait même besoin de le lui demander, parce qu’il lui semblait que c’était ça, que d’aimer : c’était le modèle que lui avaient offert ses parents, et toute la bonne société sorcière. Marlène voulait être une épouse, une mère, elle voulait être l’épouse de Sirius et la mère de ses enfants parce que c’était aisé d’imaginer, c’était tout ce qu’elle connaissait.

— Je ne serais pas avec toi.

Et ça c’était vrai, aussi vrai qu’elles avaient été les meilleures amies au monde durant la scolarité, aussi vrai que leur vie de grandes les avait éloignées. Aussi vraie que Lily s’était enfuie à l’autre bout du monde avec Kitty. Aussi vrai que Marlène lui en avait voulu de plus aimer cette fille que James – aussi vrai que Marlène lui en avait voulu de plus aimer cette Kitty que

Marlène

vrai de vrai vivait

depuis trois ans qu’était rentrée Lily au pays

depuis deux ans qu’elle l’hébergeait tem-po-rai-re-ment

– Pétunia avait appris pour Kitty et plongé dans l’ignominie –

depuis un an que, muée par la lassitude, la peine, muée surtout par

un désir sourd

un désir flou

et enivrant

Marlène vivait pour écrire de la poésie – et la faire lire à Lily – pour bouturer ses plantes à l’infini – et les offrir à Lily – pour escalader des parois toujours plus lisses – et y admirer Lily – pour défendre les sorcières devant un Magenmagot conservateur, pour apprendre à chanter, pour battre son record de duels remportés, pour cuisiner des mets plus élaborer pour marcher pour discourir pour tomber et rater et se relever et résister pour : la main de Lily dans la sienne.

Pour la contempler, au matin, les cheveux emmêlés, pour lui tendre une tasse de son thé préféré celui à la mirabelle, pour lui narrer sa journée passée et celles à venir, pour les dessiner à deux, celles à venir ensemble.

— Et tu te sentirais prête ? À aimer ?

Et la mélodie leur parvint enfin.

Elle n’était pas éklétronique comme l’avait annoncé Lily, et même si Marlène n’était pas certaine de savoir distinguer de l’éklétro des Beach Boys mais ne l’aurait confessé pour rien au monde, elles l’apprécièrent pareillement, soudainement.

D’abord, les sifflets leur parvinrent, et puis la voix, haut perchée, envoûtante, un solo de guitare et encore, la voix, et encore, ses mots qui s’échappaient des fenêtres d’un appartement berlinois au balcon duquel virevoltait un drapeau noir, rouge et jaune et un autre, arc-en-ciel. Et tout en écoutant le vent du changement, dans une nuit glorieuse, in the wind of change, où les enfants les filles les femmes de demain partagent leurs rêves, la magie du moment la magie vraie les enveloppa Lily, Marlène, leur caressa les bras, les lèvres, les plongea dans la sérénité dans la fé-li-ci-té et :

Take me to the magic of the moment par un baiser ? chuchota-t-aile.

Marlène, la première, ou peut-être Lily ou peut-être ou sûrement toutes les deux à la fois, elles s’embrassèrent à la seule lueur des réverbères, et des bâtiments imposants qui les surplombaient, et des lumières multicolores qui illuminaient les rues berlinoises depuis la porte de Brandebourg. Elles s’embrassèrent et sentirent, un frisson, d’excitation, elles s’embrassèrent et accueillirent la flamboyance, qu’amenaient des années d’amitié, qu’amenait la confiance.

— C’est encore The Mamas and the Papas ? souffla Marlène lorsque Lily posa son front contre le sien, et ses mains dans le creux de ses reins, et qu’à travers les traits tirés, rougis, fatigués,

elles s’entendirent

sourire

— Respire. Écoute ça. N’attribue plus jamais la meilleure chanson des Scorpions aux Mamas and the Papas. Et…

— Et ?

Et désormais, les badauds par milliers les dépassaient, convergeant vers la porte, vers la place des 18 mars, inondant les larges avenues et le grand jardin aux animaux et même Potsdam. Les badauds par milliers dépassaient Marlène et Lily dont les sentiers enfin avaient convergé, découvrant un chemin plus vaste, à l’horizon infiniment flou, et lumineux. Les badauds, par milliers, dépassaient deux sorcières, deux femmes, dont la magie bouillonnait jusqu’aux entrailles.

— Et embrasse-moi encore.

On a glory night.

End Notes:
Merci d'avoir lu !

En particulier les chansons California Dreamin' des Mamas and the Papas et bien sûr The Wind of Change de Scorpions ont beaucoup inspiré cette histoire.

(ainsi qu'une très, très très chouette personne, hihi)

N'hésitez pas à me laisser un petit mot pour me dire ce que vous en avez pensé ♥
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