Silentium (1981) by PititeCitrouille
Summary:

Peter aimerait parfois pouvoir être seulement celui qu'il est avec ses amis : le poète dandy - ruiné - déconstruit la ponctuation - se pare d'un peu de latin - aime l'art - parents indifférents et musiciens.

Mais Peter aime aussi les hommes, dans un monde qui ne l'accepte pas.

Et lorsque le monde feint qu'il suffisse de se taire, et que Peter se tait, c'est l'abîme mortel du silence qu'il découvre.

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1981 est l'année à partir de laquelle le SIDA a commencé à être réellement observé et décrit, même s'il a dû faire de nombreuses victimes auparavant.


Categories: Romance (Slash), Après Poudlard Characters: Peter Pettigrow
Genres: Poésie, Tragédie/Drame
Langue: Aucun
Warnings: Discrimination, Mort violente/Meurtre
Challenges: Aucun
Series: Les Soliflores, The Trans HPF Month, Pitite participation au Trans HPF Month 2023
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 996 Read: 417 Published: 21/08/2023 Updated: 21/08/2023
Story Notes:

Amie lectrice, ami lecteur,

Ce texte a été rédigé dans le cadre des prompts lancés par l'équipe de la modération de HPF Fanfiction à l'occasion du Trans HPF Month 2023.

Il répond au prompt n°12 - Silence = Mort.

 

Silentium (1981) by PititeCitrouille
Author's Notes:

Avec cette publication je m'attaque encore à un sujet grave, pour lequel j'avais très, mais alors très peur de mal traiter les choses. Je remercie immensément BebeCitrouille pour sa relecture attentive, qui a permis de trouver les formulations, je l'espère, les plus justes.

Dans mon headcannon, comme j'aime tout nuancer, si j'ai deux femmes lesbiennes qui l'assument - Mary et Marlene, j'ai aussi un homme homosexuel - Peter - qui ne l'assume pas. Ceci correspond davatage à la réalité historique même si c'est évidemment beaucoup, beaucoup, beaucoup plus triste. La teneur générale de mon Trans HPF Month est, je crois, à l'image de mon univers personnel, assez grave et triste, avec un peu de joie et de douceur ici ou là.

Cependant, dans ce texte, il n'y a que de la tristesse. Alors, si vous n'avez pas trop envie de vous plomber le moral, ne le lisez pas.

CW - Contexte général homophobe (1981)

TW - Mention de personnes décédées à cause du SIDA

TW - Homophobie internalisée (je ne suis pas sûre qu'il s'agisse vraiment de cela, au fond, car Peter ne se blâme pas d'être homosexuel, simplement, il ne veut pas confronter cette réalité à celle du monde. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que ce texte parle d'un homme qui a très peur et très honte.)

On se retrouve en bas avec mes petites sources et explications !

Voûte cassée, nuages brisés, sombres éclairs.

Dire qu'une lumière est obscure est le lieu commun de l'oxymore.

Éclairs cassés, nuages brisés, voûte rampante.

Engloutissement.

Ce vers est meilleur que l'autre. J'ai peur.

***
C'est pourtant peu de dire que j'ai juste peur. Elle monte au-dessus de ma tête comme un voile noir au-dessus de la nuit et je ne peux rien y faire. Amer constat que de voir les autres – Mary, Marlene – se repaître de leurs douleurs entre elles, me laissant à l'écart, cet écart entre elles et moi que je hurle vouloir combler.

Écart trop espacé car ma voix ne traverse pas ma bouche. Elle s'englue dans la vase de mon cerveau, y reste collée comme une vulgaire mouche sur un carton piégé.

Même des femmes je suis donc jaloux.

Celles-ci en particulier.

Elles sont, et leur être tue en moi l'espoir qu'elles me montrent gentiment chaque jour. Elles sont. J'aimerais être.

Mais je ne suis qu'un pleutre.

***
Aimer les hommes. Homines amare. Silence !

C'est ce que j'ai toujours su faire. Me taire. Que ma mère chante de sa voix de pizzicato en dévalant les estafilades de l'escalier, que mon père jette ses crissements d'alto qui rebondissent sur les brisures des vitres ! J'ai vécu dans un monde musical et solitaire, une famille bancale, une maison de travers.

L'indifférence.

Je ne sais pas pourquoi j'existe. On ne l'a jamais raconté. Qu'est-ce qu'on m'a raconté ? L'amour du néant - paniers percées, dandisme ruineux - et de l'art - pas le vôtre, qui me casse les oreilles. Dans les murmures étouffés de la poésie je trouve des contemplations plus muettes sans doute et plus justes des sentiments du monde.

Les miens aussi, d'ailleurs. Alors je sais pour qui j'existe. Une vérité qui s'enroule autour de moi comme un fil de laine tissé par un ver. Ver-laine, ma vérité à moi.

De quoi ai-je peur ?

D'attirer soudain l'attention sur mon petit être informe ? De ne pas être à la hauteur de ce qu'attendraient de moi mes amis ?

Ce que j'écris n'a aucun sens. La mission suprême du poète est de jeter la lumière sur ce qui n'en a pas. Insensé !

Pourtant, je sais que rien ne sortira mes parents de leur apathie à mon égard, et qu'il n'est nul parmi mes amis qui ne souhaiterait pour moi quelque chose que je ne veux pas. Ce qui me ronge est-il de savoir d'avance que je n'aurais alors de compte à rendre à quiconque, que je pourrais continuer à me cacher des autres - à ne pas faire comme les deux filles, Mary, Marlene - à ne pas montrer mon vrai jour à toute la société - comme si j'en étais capable - en suis-je capable ?

La honte rampante, vermine malfaisante.

Les alexandrins s'enchaînent sans direction et sans rimes. Fruits de mon esprit affolé. On dirait un écheveau de laine - vers-laines.

Silentium. Amo hominum unum. James.

C'est du mauvais latin de roman de gare mais j'ai aimé jouer au dandy moi aussi, au savant ! Au fou de mots ! Dans le Poudlard Express. À l'excentrique.

Au poète.

Mais crève-moi le cœur de suite, méchante !

Je n'ai besoin que de mon ventre, perfide !

Pour aimer, désirer, sentir le plaisir, la peur !

Vorace, anéantis mes hontes brûlantes !

À combler ailleurs le creux de mon cœur si vide.

Tais-toi, honte malade - infâme rancœur. 

***
Petit vaurien ramassé de secrets, je divague entre un Ordre qui mourra et un bar qui mourra. Le jour où quelqu'un dénoncera celui-ci ou celui-là.

Peut-être est-ce pour cela que j'embrasse Gryffondor lorsque je m'enchaîne à un homme.

Cet homme n'a jamais été Sirius, et n'est jamais James.

Alors qui ne sera-t-il jamais demain ?

***
Ils se sont tus de honte et le silence les a tués.

Quand ils ont attrapé une pneumonie et qu'ils ont été voués aux gémonies.

(Ces tentatives sont particulièrement mauvaises.)

***
Je cherche l'œil débauché et le cœur hagard

Un remède pour le camarade du bar.

Puis il meurt.

Et dans le désarroi d'une seconde guerre

Impossible à mener de front - allons ce n'est pas sérieux

La magie sauvera toujours ses pauvres hères

Prix : la mort.

J'ai dit oui.

A la magie noire, sa promesse d’immortalité.

Et pour une fois, quelqu’un m’a demandé la parole. J’ai parlé, et ce n’était pas pour mes amis. C’était pour moi. C’était contre eux.

Inconsistance.

Adieu, James.

Adieu, Lily.

Comprenez-moi, pitié ! Car je ne veux vous révéler mon (mes) secret (secrets).

Amo homines. Et surtout, je suis malade. Et seuls Bellatrix Lestrange, Regulus Black et Voldemort sont capables de me soigner. Et enfin, je ne suis qu’un pleutre.

Pax, je t'implore !

Toi qui as si habitué ma langue aux mensonges et aux silences, viens couver encore un petit peu mon cœur ! Ragaillardis le sombre silence – encore et toujours mien, recouvre le gémissement du remords.

Car ce qui m'attend, c’est la mort, ou Voldemort !

J’ai choisi ce qui me laisse du temps encore.

Pour la première – et dernière, pitié ! – fois de ma vie, j'ai choisi au détriment de mes amis.

***

Engloutissement.

Éclairs cassés, nuages brisés, voûte rampante.

Aimer les hommes. Homines amare. Silence !

La honte rampante, vermine malfaisante.

Silentium. Amo hominum unum. James.

A la honte.

Mais crève-moi le cœur de suite, méchante !

Je n'ai besoin que de mon ventre, perfide !

Pour aimer, désirer, sentir le plaisir, la peur !

A la peur.

Vorace, anéantis mes hontes brûlantes !

À combler ailleurs le creux de mon cœur si vide.

Tais-toi, honte malade - infâme rancœur. 

Je cherche l'œil débauché et le cœur hagard

Un remède pour le camarade du bar.

Puis il meurt.

Et dans le désarroi d'une seconde guerre

La magie sauvera toujours ses pauvres hères

Prix : la mort.

J'ai dit oui.

Inconsistance.

Adieu, James.

Adieu, Lily.

Car ce qui m'attend, c’est la mort, ou Voldemort !

J’ai choisi ce qui me laisse du temps encore.

 

End Notes:

Tout d'abord, le plus important de ce texte réside tout de même dans l'évocation de cette terrible épidémie de SIDA. Les pneumonies font référence aux symptômes qui apparaissent, entre autres, lorsque le SIDA se déclare. Voici un article de National Geographic (Bill Newcott, 2021), avec une galerie de photos qui a un sens très fort, et sur laquelle notamment on peut lire Silence = Mort (article wikipedia). La signification du triangle rose de l'affiche exprime de façon douloureuse et efficace le continuum des violences homophobes (Calixto a réussi à faire un texte qui fasse le lien dans son recueil Fiertés, c'est saisissant !).

Aujourd'hui, le SIDA dans le monde c'est ces chiffres par un sous-organisme de l'ONU (ONUSIDA). Nous qui avons la chance de vivre dans des pays en général développés, nous entendons parfois parler de Prep. Eviter de reproduire les erreurs du passé, c'est éviter de stigmatiser les personnes qui prennent ce traitement, éviter l'action indirecte du silence qui font que certaines personnes ne sont au pire pas informées de son existence, au mieux informées mais isolées, seules, et démunies face à l'adversité.

Personnellement, je n'ai strictement jamais compris pourquoi Peter était le traître. On peut avoir peur, mais le principe du sortilège Fidelitas est que si tu veux pas le dire, alors tu ne le dis pas (ou alors j'ai mal compris et me suis construit un arc sur une fausse prémisse). Donc, au début de mon univers personnel, Peter était en danger de mort - non précisé. C'est un peu plus grande que j'ai appris et découvert l'histoire du SIDA.

Au début je trouvais gênant de réduire la trahison de Peter à cette maladie, mais en fait le plus important dans le construction de ce personnage, dans mon univers personnel, c'est ce silence qui l'accompagne depuis le début puisque comme supposé, jamais les autres Maraudeurs ne seront au courant de son orientation sexuelle.

Enfin, j'ai encore tenté un autre style d'écriture, cette fois-ci en faisant comme si je recopiais un brouillon de poème sur un papier de Peter, où il y aurait, en plus du poème, des ratures, des réflexions personnelles, des essais.

Ma prochaine participation sera triste encore (dure mais avec une fin apaisante), mais je vous promets que celles d'après seront sincèrement joyeuses. Je ne promets pas de publier lundi prochain, l'irl est ce qu'elle est, et parfois compliquée. Bisous virtuels à toutes celles et tous ceux qui en ont besoin ♥

Piti

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