DRACO DORMIENS NUNQUAM TITILLANDUS by Freyda dOraison
Summary:

Je crois bien que c'est mon texte préféré. Ce n'est pas un résumé ça? tant pis.. j'assume ma désobéissance^^


Categories: Les Fondateurs Characters: Les Fondateurs
Genres: Aventure/Action
Langue: Aucun
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 1920 Read: 4677 Published: 04/01/2006 Updated: 04/01/2006
One shot by Freyda dOraison
Author's Notes:
Cette fantaisie que j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire était au départ une réponse à un défi. Malheureusement, j'ai oublié qui l'avait lancé, mais je tiens à remercier cette personne d'avoir mis en branle mon imagination malade^^.
DRACO DORMIENS NUNQUAM TITILLANDUS







Les deux sorciers condamnés à l'errance n'en laissaient pas pour autant leur amitié se déliter au gré de leurs mésaventures. Le vénérable Mage qui les avait initiés, puis instruits à la maîtrise d'une puissante magie n'avait rien pu faire pour les défendre de la vindicte meurtrière des villageois. Pourchassés à coups de fourches et de piques, voués au bûcher, ils avaient dû prendre la fuite, laissant derrière eux chaudrons et balais, indéniable preuve de leurs accointances diaboliques!
Ils avaient d'abord couru chez leur Maître pour le prévenir et pourquoi pas quêter son secours (après tout il était bien plus puissant qu'eux), et trouvé le chêne qui supportait son logis en flammes, son chat noir écorché et pendu, et aucune trace du Vénérable... L'ère de la Sorcellerie populaire connaissait un sanglant crépuscule, et il valait mieux se faire discret: Salazar le Sombre et Godric le Rouge se fondirent dans la forêt proche, sans savoir ce que serait la fin de leur voyage.
*

A la lueur du feu de camp, Godric fourbissait avec amour l'épée d'argent qui ne le quittait jamais. Son père l'avait faite forger pour lui lorsqu'il avait atteint l'âge de raison, avant de partir pour une brumeuse campagne dont il n'était jamais revenu, loin là-bas dans les barbaries du Nord...
« Tu ne m'ôteras pas de l'idée que ton épée ne vaut rien face à un bon « Avada kedavra » prononcé à propos... » ironisa Salazar en observant son complice de toujours, qui briquait l'opale rouge ornant le pommeau de l'arme. Il sortit une longue baguette de bois si patinée qu'elle luisait doucement aux éclats du feu.
Godric haussa les sourcils et sourit tranquillement: « Tu sais que je répugne à faire appel aux forces de la Nature dans le but de détruire. Notre Maître a toujours insisté sur le fait que ces forces sont positives, et ne doivent pas être détournées de leur principe créateur. Aussi ma baguette ne sera-telle jamais une arme.»
« Mouais... grommela le jeune homme en noir, ben si notre Maître avait pu s'asseoir au moins une fois sur ses beaux principes, il serait toujours en vie à l'heure qu'il est. » Et s'enroulant dans sa vaste cape, il tourna le dos à son compagnon de voyage et s'allongea avec un grognement d'aise.
Godric coucha l'épée étincelante dans son enveloppe de soie rouge et s'allongea à son tour dans la tiédeur du feu. Il aimait ce qui le séparait de son ami: leurs différences ne les empêchaient pas de s'accorder, et il trouvait que l'équilibre qu'ils avaient trouvé reflétait celui du monde: ombre et lumière, actif et passif, yin et yang...

*

La belle fille se jeta à l'eau dans un éclaboussement d'écume et de rires. Qu'il était bon de célébrer ainsi le printemps en mêlant ses forces renaissantes à celles de la rivière, des arbres, des bêtes! « Rowena! Viens! Quitte donc tes oripeaux et viens te baigner! Elle est merveilleusement douce et fraîche!
Mais Rowena ne répondit pas: comme à son habitude elle flairait le vent, vigilante pour deux depuis leur enfance. Helga et Rowena n'étaient pas sœurs, mais orphelines toutes deux, élevées en liberté par celle que les villageois appelaient avec crainte la Dame de la Forêt, elles avaient grandi ensemble comme jumelles.
Leur mère adoptive leur avait livré tout ce qu'elle savait des secrets de la forêt, leur avait enseigné le langage des bêtes et le rythme des arbres, la puissance du ciel. A l'âge où elles étaient devenues femmes, chacune avait choisi un arbre à qui elles avaient demandé une branche, et un peu de ses pouvoirs bienfaisants. De cet outil magique, elles embellissaient leur vie de sauvageonnes.
Et puis une nuit, la Dame de la Forêt avait quitté la chaumière, disant simplement que son heure était venue, et qu'il fallait qu'elle réponde à l'appel de son hiver. Depuis Rowena la Sage prenait soin de Helga la Rêveuse.

*

« Alors mes damoiseaux, on croit pouvoir profiter du bain d'une innocente pucelle? »
Les deux hommes pris en faute se retournèrent d'un bloc pour se retrouver face à une baguette brandie par une majestueuse jeune femme. Salazar esquissa un geste en direction de l'intérieur de sa cape mais la magicienne devina son intention: « N'y pense même pas, jouvenceau! Tu serais foudroyé avant même d'avoir bredouillé le moindre mot! »
Comme cette fille était imposante malgré sa minceur et sa blondeur! Les deux garçons ne purent s'empêcher de les admirer.
« Helga! » Appela-t-elle « Viens voir ce que les bois nous apportent... » Un bruit de vagues indiqua que l'interpellée sortait de l'eau en s'ébrouant. Ramassant sa robe jaune soleil et la tenant devant elle, elle considéra les deux hommes que Rowena tenait toujours en joue. Et les trouva à son goût.
« Voyons Rowena, la gronda-t-elle gentiment, ce n'est pas une gentille façon d'accueillir nos visiteurs! Pas étonnant qu'ils se fassent si rares... » Et abaissant la baguette de son amie, elle demanda aux deux inconnus s'ils avaient besoin d'un sortilège pour délier leur langue. Les quatre se regardèrent, et un commun fou-rire scella leur amitié.

*

Ils atteindraient les montagnes avant le soir. Leur rencontre avait changé leur vie, arrachant les deux sorcières à leur gangue d'ennui, ensoleillant le chemin des sorciers qui avaient su leur faire miroiter les attraits du voyage. Ils ne savaient toujours pas où les menaient leurs pas, mais cela n'avait guère d'importance: au fil des rencontres, au gré des chemins, ils comprenaient jour après jour que l'avenir de chacun se trouvait dans l'union des quatre. C'est ainsi qu'ils cheminaient vers le Nord, échangeant en toute fraternité la somme de leurs connaissances.

*

Le feu crépitait en grillant le produit de leur chasse, mais toute son ardeur ne pouvait couvrir les rires joyeux qui préludaient au repas des quatre amis. Helga s'excusa et s'éloigna un moment, sous l'œil complice de ses compagnons: il est des contingences de la nature que nul sorcier ne peut dominer...
Son cri déchirant les glaça et brandissant leurs baguettes, ils bondirent d'un seul mouvement vers les futaies où elle avait disparu. « Lumos! » ordonna Rowena. Dans la lumière froide émanant de sa baguette, les trois amis virent avec horreur une créature noire qui flottait au dessus de la jeune femme recroquevillée sur le sol. La silhouette fantomatique approchait sa tête encapuchonnée du visage de Helga pétrifiée de terreur.
« Un Dévoreur d'âme! »
Godric réagit le premier: s'élançant entre son amie et le monstre, il leva sa baguette en criant « Spero Patronum! »
Une vive lueur d'argent s'en échappa et prit progressivement la forme d'un animal étrange: un chat gigantesque à la tête couronnée d'un long pelage flamboyant. L'apparition se lança à l'assaut de la créature et celle-ci prit la fuite.
Godric épuisé se laissa conduire près du feu par Rowena, tandis que Salazar portait Helga qui avait perdu connaissance.

*

En sécurité près du feu qu'ils alimentèrent toute la nuit, les quatre compagnons se remettaient de leur frayeur. Helga reprenait un peu de couleurs sous les soins presque maternels de Rowena. Caressant les cheveux de la jeune fille qui avait posé sa tête sur les genoux de son amie, elle fixa Godric.
« Ainsi, tu connais le sortilège du Patronus! »
« Apparemment, tu le connais aussi » répondit Godric.
« Mais quel était cet étrange animal que tu as fait apparaître? Je n'avais jamais vu de chat semblable! »
Godric et Salazar s'entre regardèrent et se sourirent. Ce fut Salazar qui répondit: « Ce n'était pas un chat, mais un lion! Un animal vivant dans une lointaine contrée qui ne connaît pas l'hiver... Notre maître nous a emmené dans ses nombreux voyages, et nous en avons retiré toute la sagesse possible, toute la science aussi.» Au mot de science, Helga s'anima un peu et capta le regard de Salazar: « Nos voyages à nous ont été intérieurs, spirituels, mais nous n'en maîtrisons pas moins notre Patronus. Le mien est un Blaireau patient et puissant. »
« Le mien un Corbeau sagace » Ajouta Rowena.
« Et le mien un Serpent... tout court.» Compléta Salazar avec un sourire complice.

*

Lorsque le matin vint enfin, les quatre sorciers savaient qu'il leur faudrait de longues heures de marche pour sortir de la sombre forêt et ils ne perdirent pas de temps. Ils parlaient peu, s'efforçant même de penser le moins possible, parce qu'ils savaient que les pensées étaient la nourriture favorite des Dévoreurs d'âme.
De préférence les pensées heureuses. Comme celles qui animaient les quatre amis depuis qu'ils s'étaient trouvés...
Mais leurs efforts pour passer inaperçus de ces créatures démoniaques furent vains, et alors qu'ils arrivaient en vue d'un immense lac à l'orée de la forêt, un froid terrible les saisit: réprimant un gémissement désespéré, ils virent flotter vers eux non pas une mais des dizaines de dévoreurs d'âme!
« Merlin... sanglota Helga, on dirait que je ne serai plus jamais heureuse! »
« Nous ne nous laisserons pas faire! » gronda Rowena, et se plaçant dos à dos, ils brandirent leur baguette et crièrent d'une seule voix: « SPERO PATRONUM! »
Alors une seule lueur au lieu de quatre émergea de la pointe des baguettes réunies en un seul jet d'argent. Une immense créature prit forme et se lança à l'assaut des Dévoreurs d'âme. Une créature inouïe, qui avait une tête de lion, le corps d'un serpent sur de courtes pattes de blaireau, et d'immenses ailes de corbeau. Une créature tellement chargée d'énergie qu'elle semblait cracher des flammes, et qui mit en déroute les assaillants maléfiques avant de se volatiliser dans l'air du soir.
Les quatre sorciers étaient à bout de force. Ils s'écroulèrent dans l'herbe, le souffle court, les yeux écarquillés.
Godric prit la parole le premier: « Comment... comment avons-nous pu... »
« Créer un Dragon... » acheva Helga d'une voix de petite fille. Rowena fronçait les sourcils, réfléchissant intensément: le Patronus physique qu'ils avaient créé de leurs énergies conjuguées ressemblait bien à un Dragon, mais elle avait bien vu qu'en fait, il était formé d'un peu de chaque Patronus personnel. Elle réalisa combien leur amitié canalisait de puissance et suffoqua à cette révélation.
*

Godric regardait autour d'eux, émerveillé: le paysage qui s'offrait à la lisière de la forêt était paradisiaque: une prairie descendait en pente douce vers un lac transparent bordé sur l'autre rive d'une haute falaise. Il regarda ses compagnons: « Mes amis, la puissance que nous avons ensemble ne doit pas être perdue, et comme nos Maîtres avant nous, nous devons maintenant la transmettre, alors que nous sommes, je le crois, au sommet de notre Art... Je vous propose de rester en cet endroit pour y construire une école, que nous placerons sous l'enseigne du Dragon, la force de notre Union que l'adversité a réveillée! Que chacun sache qu'il ne faut pas taquiner le Dragon qui dort en chacun de nous! »
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