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Tout au long de ma vie, jamais je n'avais vécu un pire Noël que celui de cette année-là. Le temps n'était pas particulièrement glacial, ni particulièrement doux. C'était un mois de décembre comme les autres, tout ce qu'il y a de plus banal. Pourtant avec le recul, j'ai toujours l'impression de me revoir grelottant dans la nuit du réveillon sous ma cape de velours bleu ardoise. Les évènements qui se sont déroulés dans le petit village de Glastenbury auront peut-être marqué les habitants durant plus d'une génération. Grindelwald n'était pas encore un homme connu, la guerre n'était qu'histoire ancienne pour nous autres, les aurors. Nous nous contentions de possessions illégales d'artefacts de magie noire plus que d'usages de sortilèges impardonnables. Nous chassions les créatures dangereuses mais nous ne faisions pas la guerre aux autres sorciers.

Cependant, ces vacances d'hiver semblaient être le début d'un grand débat qui animerait le 20ème siècle par ses tragédies et ses malheurs, ses guerres dont je ne pourrais jamais connaître l'issu.

Mon premier sentiment lorsque j'arrivai au Manoir des Black fut d'être impressionner. Ma famille vient d'une longue lignée très reconnu dans le monde sorcier et pourtant celle des Black semblait bien plus prestigieuse à cette époque.Donc ce fut en humble auror que je franchis le pas de la porte de l'ancienne demeure imposante. Phineas Nigellus Black bien que n'étant pas particulièrement aimé, était le directeur de la très célèbre école de sorcellerie de Grande Bretagne : Poudlard, école où j'avais bien sûr moi-même étudié des années auparavant.

Mais avant de commencer le récit de ce que j'ai pu voir de mes propres yeux, je raconterais les évènements tels qu'ils me fussent retransmis sur ce qui s'était passé durant la journée du 24 décembre 1920. Grâce aux témoignages des différentes personnes et elfes de maison, et même de tableaux, j'ai finalement pu reconstituer les évènements de manière très détaillée.  Je commencerais donc par vous décrire succinctement les différentes personnes présentes ce jour là.

Phineas Nigellus, vieil homme de soixante-treize ans rabougri par le mépris et le temps qui passe, organisait un réveillon chaque année avec les membres de sa famille dans son Manoir de Glastenbury. Il n'y vivait que durant les vacances scolaires car son poste de directeur à Poudlard lui imposait bien évidemment de rester durant l'année scolaire en Ecosse. Sirius son fils ainé et Arcturus Jr, son petit-fils de 19 ans y vivaient également depuis la mort de leur femme et mère respective Hester quelques années auparavant. Sirius était un homme d'une bonne quarantaine d'année à l'allure carrée et sévère qui aurait pu lui donner des airs russes plus que britanniques. Son fils était plus fin de visage et moins trapu, il n'avait hérité des Black que les cheveux sombres. Une quatrième personne s'occupait de la gestion domestique du Manoir depuis que Phineas était devenu veuf: Elladora Black, sœur de Phineas et vieille fille très stricte et qui avait une vision assez cruelle de toutes autres créatures vivantes ou mêmes humaines en dehors de la bonne société sang-pur de l'époque.

Le patriarche de la famille recevait donc chaque année tous ces enfants et parfois même ses petits-enfants pour le réveillon de Noël. Il avait trois autres fils et une fille en plus de Sirius : Phineus, Arcturus Sr et sa femme Lysandra, Cygnus et sa femme Violetta et enfin Herbert et Belvina Beurk. Je ne ferais qu'évoquer la ribambelle de petits-enfants en bas âge que l'on confiait tous les ans à des elfes de maison servant par dizaines la famille Black, signe de leur richesse évidente. Mr et Mrs Beurk étaient accompagnés cette année de Léandra leur fille ainée en dernière année à Poudlard, chose assez particulière puisque chaque enfant de la famille Black se devait de rester à l'école pour les fêtes plus par accommodation des parents que par tradition.

Phineus était le second fils après Sirius, grand, avec des yeux noirs, il avait toujours été considéré comme le plus bel homme de la fratrie, ce qui rendait son célibat encore plus  que surprenant à presque 40 ans. Loin de suivre les pas de sa lignée, il était plutôt moderniste pour un Black. Il travaillait au département de la Justice magique et ne semblait pas partager les opinions des Black sur les sorciers de sang pur ou pas.

Son jeune frère Arcturus Sr, de quatre ans son cadet, était une réplique de Sirius. Il admirait son père, son frère Sirius et la famille Black pardessus tout, et pardessus sa femme Lysandra qui avait la seule qualité de venir d'une noble lignée comme lui, les Yaxley. Lysandra était une femme avec un visage sans réelle beauté, ses cheveux châtains dénotés à côté de son mari et  son allure rondouillarde ne l'avantageait pas dans ses habits aux couleurs criardes : remarque que sa belle-sœur ne manquait pas de lui faire à chaque rencontre.

Mrs Belvina Beurk, l'unique fille de Phineas Nigellus Black avait épousé à peine à l'âge adulte un homme de dix ans son ainé, Herbert Beurk. Homme grand et droit, qui avait toujours une moustache parfaitement taillée signe de son obsession pour l'organisation et le sens du détail.  Il était maître de potion considéré fort savant par ses pairs, cependant le mariage avec Belvina Black restait un mystère pour son entourage, personnage pondéré il contrastait avec elle de manière conséquente. En effet Belvina était celle que l'on aime à dire « prenant de grands airs ». Elle se considérait comme une grande dame digne d'un sang royal et avait toujours un maintien de tête qui suggérait le port d'une couronne imaginaire. Ses longs cheveux noirs ébène lui avaient valu bon nombre de soupirants à l'époque de ses études. Cependant telle une Hélène de Sparte, elle avait finalement choisi le plus timide jeune homme de l'assemblée. Léandra était le portrait de sa mère, mais son caractère moins hautain lui donnait peut-être plus de douceur  car ses yeux souriants pour chacun rendaient tous ces messieurs amoureux malgré son jeune âge.

Enfin Cygnus était le cadet de la famille, le seul enfant qui n'avait pas les yeux et les cheveux sombres des Blacks. Cygnus était comme sa défunte mère, blond avec des yeux clairs. Son appartenance à la lignée des Blacks aurait pu être contestée s'il n'avait pas eu le visage de son père. Cygnus était le plus proche de son frère Phineus de part son caractère, frère dont il vouait une admiration sans bornes. Néanmoins il était loin de posséder le courage de celui-ci. Il avait épousé quelques années auparavant la jeune Violetta Bulstrode issue d'une bonne famille de sorcier,  brune aux yeux d'eau, dernière arrivée dans la famille Black hormis les enfants.

Tous les membres de la famille étaient allés à Serpentard sans exception ce qui leur conférait à tous certaines qualités dont ce cher Salazar se réjouissait.

Un dernier jeune homme complété la panoplie des protagonistes des évènements. En effet, Arcturus Jr avait invité son ami Wilfried Mcmillian a passé les fêtes dans sa famille. Mcmillian, jeune homme ambitieux travaillait comme Arcturus à l'Hôpital Saint Mangouste espérant devenir au plus vite un médicomage reconnu.

Toutes ces personnes de très bonne réputation dans la société sorcière depuis des centaines d'années se complaisaient à dire être le modèle de la famille noble par excellence chez les sorciers. Et je pensais à l'époque, qu'il n'y avait pas plus respectable comme famille que celle des Black, bien qu'assez ennuyante lorsqu'on avait pour exemple le directeur de Poudlard. Pourtant j'étais loin de me douter du mépris, de la haine, de milieu malsain dans lequel respiraient ces sorciers et sorcières « de bonne famille ».

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                        C'est avec une certaine irritabilité que se réveilla Mr Phineas Nigellus Black le matin de la veille de Noël. La potion fortifiante pour le cœur posée habituellement sur sa table de chevet faisait pourtant défaut ce jour là. Et donc une fois de plus il somma  son elfe de maison Daemon de venir immédiatement dans sa chambre. A l'appel de son maître, une chétive créature grisâtre dont la peau était entièrement recouverte de rides apparue au pied du lit à baldaquin. Son nez pouvait presque toucher la descente de lit  aux couleurs fades tellement il se courbait.

                        - « Daemon, où est ma potion ce matin ? Est-ce que quatre mois d'absence t'auraient fait perdre la mémoire ? » Il était agressif, et sans la moindre pitié.

                        - « Non maître, Daemon l'a posée hier soir pour le maître. Daemon sait que le maître boit sa potion chaque matin. Jamais Daemon ne pourrait l'oublier !» La voix rocailleuse de l'elfe semblait tirer dans les aigus au fur à mesure de ses explications.

                        - « Pas d'excuses Daemon, je ne tolérerais pas une erreur de ce genre à nouveau. Va te punir et au prochain oubli, je te donnerais un vêtement ! »

Un couinement retentit dans la chambre à l'entente du mot « vêtement ». Daemon sortit instantanément de la pièce pour se trouver quelques instruments tranchants dont il pourrait se servir pour se punir de cette faute impardonnable. C'est en entrant dans la cuisine qu'il entendit la vieille Elladora se plaindre de la médiocrité de ses esclaves habituels. Pourtant l'elfe ne cherchait pas à éviter à la vieille sorcière mais plutôt à se faire remarquer et en lui apportant des mets ou en lui présentant tels ou tels ouvrages... Celle-ci ne réagissait que lorsque ses instructions n'avaient pas été respectées selon sa volonté.

                        - « Ah enfin, ce n'est pas trop tôt, je me demandais quand tu allais descendre ? » Elle ne se retourna même pas pour saluer son petit neveu Arcturus qui entrait dans la cuisine en baillant.

                        - « S'il vous plaît ma tante, il n'est que neuf heures du matin. » Sa voix trainante et les larges cernes sous ses yeux indiquaient le manque de sommeil caractéristique des nuits blanches de cet âge.

                        -« Où étais-tu hier soir ? Je m'étonne que ton père te laisse autant de liberté. Au temps de ton arrière grand-père, les jeunes gens étaient loin de se comporter de la sorte ! A six heures, nous étions déjà debout près à prendre le petit-déjeuner ! »

Arcturus souffla un bon coup, puis s'assit à table pour pouvoir manger les toasts apportés par deux petits elfes. Daemon était déjà remonté apporter la potion à son maître non sans avoir oublier de se brûler les mains dans le feu de la cheminée faute de trouver d'autres instruments de torture plus rapidement.

                        -«  Vous savez que je m'efforce de rencontrer des personnes de qualités avec qui notre famille pourrait avoir des relations. »

                        - « Tu parles de ce McMillian que tu as invité à notre fête familiale ! Phineas n'aurait pas du accepté ta requête. Quand on pense qu'un de ses cousins du côté de sa mère à épouser une sang de bourbe ! Non mais tu imagines, quelle honte pour cette famille ! »

                        -«  Wilfried m'a avoué que les Mcmillian avaient tous renié cette personne, qui n'était tout au plus qu'une connaissance. C'est un ami dévoué, ambitieux et très talentueux dont les ancêtres sont tous sorciers ! C'est pourquoi Grand-père ne s'est pas opposé à sa venue. Et donc je vous prierais de bien vouloir vous abstenir à l'avenir de commentaires douteux à son propos en ma présence ! »

Elladora se mit à renifler bruyamment tout en exposant son mépris. Continuant de manger, Arcturus et sa tante ne partagèrent plus un seul mot jusqu'à ce que celui-ci ait quitté la pièce.

C'est à dix heures tapantes que Mr Cygnus, le fils cadet de Mr Black et sa jeune femme Violetta arrivèrent au Manoir de Glastenbury. Cygnus avec son habituelle douceur et se femme embrassèrent la vieille tante à l'affut des derniers ragots mondains de Londres. Son dénie pour les citadins ne s'arrêtaient seulement qu'à la hauteur de sa curiosité. Et c'est avec patience, que la jeune Mrs Black lui raconta tous les potins grotesques qu'aiment à entendre les vieilles filles.

                        - « Tante Elladora, je vais saluer Père et vous laisser entre dames pour ce matin. Ce genre d'histoires importe peu aux hommes ! » Sa jeune femme le regarda partir en grimaçant alors que la vieille femme trépignait d'impatience.

Cygnus tapant discrètement à la porte de son vieux père, fût enchanté de voir son frère Phineus parler avec lui, jusqu'à ce qu'il comprenne la teneur de la discussion.

                        «  Père, une fois de plus vous vous méprenez, je ne fais pas honte à la famille ! Ces convictions sont les miennes et ne vous concernent en rien ! » Il se tourna pour voir son jeune frère entré, son visage alors encore emprunt de colère se transforma pour accueillir Cygnus avec sourire. Il serra la main de celui-ci et lui glissa discrètement à l'oreille : « Père fait encore des siennes, la période de Noël ne lui va vraiment pas ! » Puis il rit tandis que Cygnus se décrispa.

Cygnus admirait son frère ainé pardessus tout et les tensions que celui-ci avait avec la famille ne le rendait que triste. Sa défunte mère avait l'habitude de modérer les disputes entre le père bien trop vieux jeux selon le fils qui lui-même était bien trop moderne pour son époque ainsi que sa famille.

                        «  Nous ne t'avons pas vu arrivé Phineus, Violetta sera ravie de te voir, j'ai cru que cette année tu ne viendrais pas, il est si rare de te voir en ce moment ! »

Phineus se tourna vers son père qui semblait lire le journal à l'envers. Il sourit à son frère.

                        «  Je ne raterais pour rien au monde un Noël se déroulant dans la bonne humeur et la joie d'argumenter avec Père, Cygnus, tu devrais le savoir pourtant ! »

Mr Black se leva puis sortit du bureau colérique comme à son habitude. Ils purent entendre quelques brides de phrases et d'insultes parmi ses marmonnements.

                        «  Ne t'en fais pas Cygnus, Père est trop vieux et borné pour m'écouter. J'espère qu'il finira par comprendre un jour que notre famille est vouée à sa perte si elle persiste dans cette voie. Un jour ou l'autre, nous serons des parias... » Il regarda par la fenêtre, l'horizon lointain comme pour montrer que ces paroles s'adressaient plus à lui-même qu'à son frère.

Cygnus l'observait sans comprendre, il est vrai que Phineus avait toujours eu un esprit très différent de sa famille et que maintes fois il avait fait l'objet de menaces de se faire déshériter. Pourtant rien ne semblait l'atteindre. Et comme il ne discutait jamais de ces problèmes avec son jeune frère, celui-ci ne comprenait jamais quel était l'objet du mépris de leur père et de ses autres frères pour Phineus. Il faut dire que la gentillesse et la naïveté étaient deux qualités que Cygnus avait héritées de sa mère car la famille Black était loin d'avoir cette douceur de caractère dont il avait toujours fait preuve.

Plusieurs voix attirèrent l'attention des deux frères dans le salon, une voix de femme leur fit comprendre que leur sœur Belvina et sûrement son mari Herbert Beurk venaient de transplaner dans le salon. Cygnus se rendit donc à leur rencontre pour les saluer laissant son frère à ses réflexions.

                        «  Leandra, je te prierais de te couvrir un peu mieux, ma fille. Nous ne sommes pas dans une maison close ! » Une grande femme brune était entrain de déposer ou plutôt de jeter son manteau à Daemon. La personne à qui elle semblait s'adresser de manière si autoritaire reboutonnait son gilet avec une lenteur exaspérante pour sa mère.

                        «  Ne me regardes pas de cette manière, cela te rends plus laide, tu ne voudrais pas ressembler à ta tante ?! » Elle se dirigeait sur le canapé en faisant signe à l'elfe de maison de lui apportait un apéritif. L'heure particulièrement matinale ne semblait pas la déranger outre mesure. La tante Elladora entra au même moment dans le salon, un air sévère sur le visage.

Réalisant l'impair commis, Belvina Beurk sourit et lui dit « Ma chère tante, je suis heureuse de vous voir, ne vous méprenez pas, je ne parle évidemment pas de vous. » La tante vint la serrer dans ses bras en assurant qu'elle avait tout de suite compris. « Nous autres Black n'avons pas de laideur dans le sang. On ne peut pas en dire autant de cette pauvre Lysandra... » La tante ridée et affreuse souriait affectueusement à sa nièce favorite.

                        Un grognement dans le fauteuil en velours  fit comprendre à Elladora, qu'Herbert notifiait sa présence. L'homme fumé une pipe en lisant son journal. Il releva la tête ce qui signifiait « bien le bonjour » dans sa manière de s'adresser à sa belle famille. Il ne semblait accorder aucune importance aux propos de sa femme et encore moins à ce de sa fille qui râlait d'avoir trop chaud.

                        «  Leandra ! Je ne savais pas que tu passais Noël avec nous cette année, quelle bonne surprise ! » Cygnus embrassa sa nièce puis sa sœur pour aller s'assoir après avoir vaguement salué à son beau-frère.

La jeune fille de seize ans n'eu pas le temps de lui répondre que Belvina, un verre de Cherry-Gorgone à la main, s'empressa de s'exclamer :

« Elle n'a pas eu le choix, que veux-tu Cygnus, aujourd'hui on ne peut plus faire confiance à une jeune fille même de bonne famille. Je n'ose imaginer ce qu'elle aurait fait à Poudlard lorsque je vois sa manière de s'apprêter. Et même si son grand-père est le directeur de l'école ! » Sa voix hautaine fit sourire Cygnus assez habitué à voir parler sa jeune sœur de la sorte. Il n'y a des choses qui ne changeaient malheureusement pas dans la famille Black. Et Belvina était l'exemple parfait.

                        «  Que fait Père dans le jardin à cet heure de la journée, lui qui déteste se promener dans l'herbe sale ? Franchement il aurait du se douter que J'arriverais à cette heure-ci. Je ne comprends pas pourquoi il ne nous a pas accueillis ! » Elle avait presque crié ces paroles pour couvrir la discussion qu'Elladora avait entamé avec Leandra sur la manière convenable de se comporter pour une jeune fille. Celle-ci regarder son père avec espoir.

                        «  Il s'est disputé avec Phineus ce matin, je ne comprends toujours pas pourquoi d'ailleurs... » Cygnus se massait les tempes en regardant son père tapait dans les feuilles avec sa canne, deux petits elfes le suivant avec une couverture et un verre. Il sursauta lorsque sa sœur reprit.

                        «  Ce que tu peux être naïf mon pauvre Cygnus. Notre frère a de la chance de ne pas encore avoir été renié avec les fréquentations et les propos qu'il tient au Ministère ! D'après ce que j'ai entendu, celui-ci voudrait faire voter une loi en faveur des moldus pour les protéger des sorciers mal attentionnés ! C'est plutôt le contraire qu'il faudrait voter, nous serons envahis par les moldus et les sangs de bourbe si cela continue ! » Elle finit sa phrase en avalant le contenu d'alcool de son verre. Sa tante Elladora hochant de la tête signe de son approbation sans étonnement.

Cygnus ne répondit pas, il semblait surpris et choqué par les propos de sa sœur mais essaya de le cacher du mieux qu'il ne le put.

                        «  Je me demande si Lysandra apportera son horrible robe vert-jaunâtre ! Tu te rappelles Herbert de son accoutrement au mariage des Lestranges ! Non mais quelle honte et dire qu'elle ose encore se montrer chez nous. Arcturus a vraiment touché le fond lorsqu'il l'a épousé. » Elladora et Belvina se mirent à rire ensemble, cette dernière ordonnant à Daemon de lui apporter un autre verre.

                        «  Belvina, son accoutrement ne m'intéresse guère et si j'en juge à la tête de Cygnus celui-ci n'y apporte guère d'attention non plus ... » Sa tête cachait derrière la gazette du sorcier ne laissait pas apercevoir son visage ennuyé par les commentaires incessants de sa femme à l'égard de Lysandra Black. Pourtant celle-ci continuait soudainement captivée par le sujet « Lysandra ».

                        «  Mon Dieu, j'ai presque pitié pour elle, la famille des Black a toujours eu de beaux enfants. Regarde ma belle Leandra, lorsqu'elle se comporte honorablement ! Aucun homme ne manquera de lui demander sa main, cela étant dit elle risque d'avoir moins de succès que j'en ai moi-même eu dans le passé...  Il te faudra bientôt te trouver un mari, un homme avec une lignée de sorciers convenables cela va sans dire ! »

                        «  Mère je n'ai que seize ans, je vous en pris, je n'ai même pas fini mes études. » Leandra s'était levé de sa chaise en grimaçant, elle sortit sûrement pour s'enfermer dans sa chambre.

                        «  Cette enfant me donne du mal, j'aurais préféré ne pas l'emmener mais que voulez-vous ma tante, je vous le répète, on ne peut décemment pas la laisser seule à Poudlard sans surveillance ! »

                        «  Ne t'inquiètes pas, elle oubliera vite ces comportements en notre présence, enfin ce n'est pas son cousin Arcturus qui lui montrera l'exemple ! » Répondit la vieille harpie. Cygnus n'écoutant plus que vaguement la conversation, tournait vainement les pages d'un second journal emprunté à son beau-frère. Ils se regardèrent d'un commun accord pour éviter tout commentaire.

                        «  Que veux-tu dire par là ? »

                        «  Il rentre des heures trop tardives pour être convenables et ses fréquentations laissent à désirer, ton père semble aveugler ... Mais c'est l'homme de la famille, que veux-tu que je te dise ? Je pense qu'Arcturus sait faire preuve d'un certain charme lorsqu'il le souhaite. »

                        «  Il tient ça de notre père, bien évidemment... Où sont donc Sirius et Arcturus Jr d'ailleurs ? »

A la tête de sa tante, Belvina aurait pu se douter qu'elle désapprouvait sérieusement. Avec son habituel mépris pour les réflexions d'autrui, elle continua époussetant sa longue robe d'étoffe précieuse au passage.

                        «  Je suppose qu'ils sont allé chercher ce MacMillan que Phinéas a invité pour le réveillon. » Le ton de sa voix était sans appel pour l'ami d'Arcturus qui malheureusement pour lui ne savait pas encore l'accueil glacial qu'il recevrait.

Le patriarche de la famille rejoignant ses convives dans le salon en râlant, empêcha Belvina de demander plus de précisions. Phineas bien que friands de ragots comme sa sœur n'aimait pas être contredit car comme Elladora l'avait bien fait comprendre, l'homme de la famille c'était lui. Et tout désaccord lui paraissait inconcevable d'où la relation épique qu'il entretenait avec Phineus.

Le repas du midi commença dans une ambiance très tendu comme l'étaient toutes les réunions de la famille Black d'ailleurs. La grande salle-à-manger attenante à la petite salle-à-manger n'était illuminée que par quelques bougies flottantes. On aurait cru que le nom de la famille imposait à chacun de vivre dans une atmosphère sombre à chaque heure de la journée. Ainsi de gros rideaux verts empêcher toutes lumières de pénétrer la pièce entièrement tapissée de tableaux plus déprimants les uns que les autres. Cependant cela n'enlevait rien au luxe de la pièce.

                        «  Grand-père vous ai-je dit que Wilfried recevrait le Lauréat des Etudes de Médicomagie et Soins des Sorciers à la fin de l'année ? » Arcturus Jr, assis à côté de son grand-père, à la place d'honneur, regardait sa vieille tante avec insistance.

                        «  Voyons Arcturus, ne me fais pas rougir ! Je ne peux me vanter en présence du Directeur de Poudlard ! » Le jeune homme de vingt ans à peine reposa ses couverts avec élégance. Ses cheveux blonds bouclés contrastaient avec son costume noir ébène.

                        «  Non, non, Wilfried, Arcturus a tout à fait raison. Je suis heureux de constater que les mérites reviennent pour une fois à un jeune homme comme vous et non à une autre personne bien moins honorable. » Le vieil homme essayait d'avaler son canard non sans difficulté.  Arcturus insista bien sur le mot honorable en disant que les hauts fonctionnaires du Ministère étaient de moins en moins sélectifs dans le choix des lauréats en effet.

Cygnus se tourna alors vers son frère Phineus qui fit mine de ne pas entendre une fois de plus, les commentaires de son père. La lassitude pouvait se lire sur son visage.

Belvina ne pouvant pas se retenir d'être le centre de la conversation, s'empressa de prendre la parole d'une manière détachée :

                        «  Il est vrai que même parmi les épouses de ceux-ci, on est loin de retrouver des femmes de grandes qualités ! » Tous approuvaient plus ou moins en commentant, hochant de la tête lorsqu'un bruit retentit dans la cuisine. La vieille Elladora se leva et tira sa baguette furieuse d'être interrompue lors de son repas. Le pauvre serviteur n'allait pas sentir les cinq doloris qui suivraient.

L'unique fille de Mr Black continua sans attendre en regardant sa plus jeune belle-sœur :

                        «  Je suis au moins heureuse que Violetta soit ma sœur aujourd'hui. Après le choix d'Arcturus Sr, je ne pouvais que redouter que Cygnus ne le prenne pour modèle ! »

La pauvre Violetta aurait préféré s'enfuir à en juger par la pâleur de son visage. Bien qu'elle ne se soit jamais faite critiquée par sa belle-sœur, elle semblait loin d'avoir la même complicité avec elle, qu'avec la tante Elladora. Ses jolis yeux verts d'eau lui avaient apportée dès le début l'affection du patriarche et sa timidité celle de Belvina. Car s'il y avait bien une chose que ne supportait pas celle-ci, s'était de se trouver en présence d'une femme ayant un caractère aussi fort que le sien et une présence parmi les hommes. Donc l'effacement de Violetta et sa convenance lui allaient parfaitement.

                        Cygnus assis à la gauche de sa femme, lui serra la main sous la table, il remarqua son malaise car elle regardait droit devant elle. Après des années de vie avec sa sœur, lui ne faisait plus attention à ces remarques en tout genre.

                        «  Arcturus et Lysandra sont en retards. » La remarque de Phineas fit un blanc pendant quelques secondes puis les conversations reprirent de plus belle. L'un évoquant le manque de ponctualité, l'autre critiquant Lysandra, puis encore d'autres parlant de la politique du Ministre de la Magie.

Cygnus assit en face d'Herbert, lui demanda les dernières découvertes en matière de potions. Phineus assis à gauche de son beau-frère, semblait écouter la conversation sans vraiment vouloir y participer. Se sentant encore plus mal alaise ou se demandant sûrement quand son tour viendrait de se faire critiqué.

                        «  En effet, nous avons ajouté un ingrédient particulièrement efficace dont malheureusement je dois taire le nom. Non, non, je sais bien mais il s'agit d'une potion extrêmement dangereuse ! » Sous les protestations de Sirius qui venait de s'ajouter à la conversation pendant que sa sœur Belvina tentait de faire comprendre à Wilfried la difficulté à trouver un mari pour les jeunes filles d'aujourd'hui. Et que sans sa beauté héritée d'elle-même sa fille aurait beaucoup de mal ! Leandra semblait rire de l'autre côté de la table assise entre Violetta et sa tante qui était toujours occupée à martyriser les elfes de maison dans la cuisine. Leandra en profita pour faire remarquer à Violetta qu'il s'agissait sûrement  pour Elladora du moment le plus réjouissant de la journée. Leandra n'arrêtait pas de se recoiffer, si bien que sa mère la réprimanda une fois de plus, à ce demander ce qu'elle faisait à la table des adultes.

                        «  Et donc quel est le nom de cette potion déjà ? » Cygnus sirotait son whiskey-pur-feu tout en écoutant patiemment Herbert donné des explications de manière professionnelle.

                        «  La goutte de la mort ! » S'exclama t-il, « Et c'est une potion qui porte bien son nom, croyez-moi ! Au final, ce n'est qu'une variante de la goutte du mort-vivant, mais bien évidemment beaucoup plus fatal. »

                        «  Cette potion serait bien utile pour nous débarrasser de quelques moldus du village ! Nous sommes envahis, le repousse-moldus ne semble pas les empêcher de se proliférer comme des animaux ! »

                        «  Comment peux-tu dire ça Sirius ! Je n'arrive pas à croire que l'on soit frère ! Mère doit se retourner dans sa tombe à t'entendre parler de meurtres ! » Phineus qui s'était montré plus que discret, venait d'exploser au milieu de la table. Il se leva, jeta sa serviette d'un geste rageur et sortit de la salle-à-manger, bousculant la tante Elladora au passage.

Tout le monde se regarda, les yeux grands ouverts. Ce fut Leandra et non sa mère pour une fois qui au final rompit le silence.

                        «  Tu as raison Mère, pourquoi se contenter du calme et de la joie pour Noël quand on peut passer les fêtes en famille ! »

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