Summary:
Fanart de Samkaat
Rose est toute seule. Rose est revêche. Rose est sèche. Personne n'aime Rose. Mais Rose s'en fiche. Tout ce qu'elle désire c'est la promotion, retrouver le meurtrier de Lucy et découvrir ce qui se trame dans les couloirs des ambassades. Et non, vraiment, elle n'a pas besoin que Scorpius Malefoy lui vienne en aide !
Categories: "19 ans plus tard",
Scorose (Scorpius/Rose) Characters: Albus S. Potter, Rose Granger-Weasley, Scorpius Malefoy
Genres: Romance/Amour
Langue: Aucun
Warnings: Lime
Challenges: Aucun
Series: 19 ans plus tard
Chapters: 7
Completed: Non
Word count: 14236
Read: 10229
Published: 17/05/2012
Updated: 21/11/2012
1. Chapitre 1 by Saam
2. Chapitre 2 by Saam
3. Chapitre 3 by Saam
4. Chapitre 4 by Saam
5. Chapitre 5 by Saam
6. Chapitre 6 by Saam
7. Chapitre 7 by Saam
L�entra�nement �tait fini et les joueurs se penchaient sur leur balai pour retrouver la terre ferme. Rose, debout sur les gradins, attendait avec impatience. Elle enfouit la t�te dans son �charpe pour se prot�ger du vent et regarda les silhouettes des joueurs avancer vers les vestiaires. Elle plissa les yeux, cherchant � rep�rer Albus. Lorsqu'enfin elle l'aper�ut, elle descendit les gradins � la h�te et se dirigea vers lui. Il fit signe � ses co�quipiers de ne pas l'attendre et il s'arr�ta. Lorsqu'elle fut � sa hauteur il lui adressa un grand sourire.
�Ah tiens, Rose ! Quelle surprise ! Je ne t'avais pas vue ! � Feignit-il.
Elle leva les yeux au ciel, repoussa une m�che de cheveux qui lui cachait la vue et le toisa.
� Ne te fous pas de moi, Al, je suis l� depuis une heure � regarder ton sport barbare et tu as essay� de m'�viter.
-Ce n'est pas un sport de barbare ! C'est du Quidditch.
-Peu importe ! Tu as pass� l'�ge de faire joujou sur un balai. �
Albus souffla, exc�d�.
� Bon, dis-moi pourquoi tu es l�, maintenant !
- Je suis juste venue te rappeler que c'est demain le repas pour l'anniversaire de mariage de Bill et Fleur. Et si tu oublies encore une fois, grand-m�re te tue de ses propres mains. �
Albus �carquilla les yeux. C'�tait d�cid�ment une manie chez Rose de lui sauver la peau.
� Bien s�r, je le savais � dit-il d'une voix mal assur�e.
Rose sourit avec amusement.
� Ne me mens pas Al, je te connais par c�ur. Je te connais tellement bien que je sais �galement qu�il est inutile d'esp�rer un merci de ta part. �
Il sourit � son tour.
� Et pense � avoir une tenue correcte par Morgane ! Sinon... c'est moi qui te tue ! �
Une silhouette apparue sur sa droite et elle pivota. Le soleil l'�blouissait et elle mit quelques secondes � reconna�tre le meilleur ami d'Albus. Elle souffla. Il ne manquait plus que lui.
� Malefoy, salua-t-elle froidement.
-Rose. �
Elle pin�a les l�vres. Elle d�testait cette manie qu'il l'avait � toujours l�appeler par son pr�nom, comme s'ils avaient gard� des scroutts ensemble.
� Tu as mis un moment � reprendre tes esprits, �tait-ce ma beaut� qui te paralysait ? � La charia-t-il
Elle rit doucement, de ce rire insolent dont elle avait l'habitude.
� Non Malefoy, je me demandais si la couleur exacte de tes cheveux c'�tait jaune poussin ou jaune paille. �
Elle se retourna vers Albus en ignorant la grimace de Scorpius.
� Demain, � onze heure au Terrier. S'il te pla�t, ne sois pas en retard.
-Yep. A demain. �
Elle l'embrassa sur la joue et il la serra dans ses bras.
� Et par piti�, ne l'am�ne pas avec toi demain � dit-elle en d�signant Scorpius d'un signe de la t�te.
Elle n'attendit pas sa r�ponse et se dirigea vers la sortie du terrain. Dans son dos, Albus levait les yeux au ciel et Scorpius la regardait s'�loigner.
� C'est toujours un plaisir de te croiser, Rose ! � cria-t-il.
De loin il la vit hausser les �paules. Elle fit un pas plus, d�passa la zone d'interdiction de transplanage. Elle se retourna, leur fit un signe de la main et un sourire ironique se dessina sur ses l�vres. Puis, elle disparut. Scorpius jeta un regard � Albus qui �tait perdu dans ses pens�es.
� Une jeune femme, adorable, vraiment... � fit Scorpius.
Albus sourit.
� Un jour, il faudra que vous m'expliquiez pourquoi vous vous d�testez. En attendant.... Tu m'accompagnes au Terrier demain ? S'il te plait ! Je ne survivrai jamais � un repas de famille ! James va encore me parler de ses voyages et s'il n'y a personne pour me retenir je vais l'�triper !
- Rose te retiendra.
- Rose sera � l'autre bout de la table, elle discutera avec Oncle Percy de la d�valuation du gallion.
-Je ne vois pas de quel droit tu oses me demander un pareil sacrifice.
- Scorp, allez, d�conne pas. C'est grand m�re qui cuisinera.
- Tu marques un point.
- Et il y aura Victoire... � ajouta-t-il sachant que son ami ne r�sistait pas au charme de sa cousine.
Scorpius fourra ses mains dans ses poches et se balan�a sur ses talons.
� Oui, Victoire sera l�, et elle sera bien coll�e � son super et merveilleux mari.
-Bon, tu viendras ou pas ? � S�impatienta Albus.
Scorpius leva la t�te vers lui, et un grand sourire illumina son visage.
� Bien s�r ! Tu as entendu la demoiselle piti� ne l'am�ne pas avec toi demain ! Je vais m�me me faire un plaisir de venir ! �
Albus s'esclaffa. Il posa son balai sur son �paule et claqua une main dans le dos de son ami. Enfin une bonne nouvelle.
Le lendemain matin, Rose se r�veilla t�t. Sur son bureau, une pile de dossiers attendait d��tre compl�t�e, lue et relue, jusqu�� ce qu�ils soient connus sur le bout des doigts. Elle s�assit, feuilleta le premier qui lui tombait sous la main et soupira. Dehors, la ville s�animait tout juste. Elle attrapa une plume, la trempa dans l�encre noire et commen�a � remplir le premier dossier. C��tait pour le moins inint�ressant mais elle fit le travail m�thodiquement. Lorsqu�elle acheva les deux premiers parchemins de la pile, elle s�autorisa une pause. Tant de travail, �a ne la d�rangeait pas. Ca ne la d�rangeait plus. Un sourire s��tira sur ses l�vres. Plus depuis qu�on lui avait promis cette belle promotion. Un poste au d�partement des relations magiques internationales en tant que traductrice. Enfin les douze langues qu�elle avait apprises ou apprenait encore allait lui servir. Alors m�me si pour le moment il lui fallait se farcir la paperasse, la perspective de la promotion � venir l�exaltait.
Un coup d��il � sa montre lui signifia qu�il �tait temps de se pr�parer pour le d�jeuner au Terrier. Elle rangea sa plume, boucha la bouteille d�encre et abandonna sans regrets sa table de travail. Apr�s un passage sous la douche, elle rev�tit un jean et coiffa ses cheveux. Un coup d��il dans le miroir suffit � l�agacer. Rien n�y faisait, elle n�arrivait pas � les domestiquer, ne serait-ce qu�un peu. Les m�ches finissaient irr�m�diablement par n�en faire qu�� leur t�te, puis par s�emm�ler. Elle grima�a, il serait bient�t temps qu�elle ravale sa fiert� et qu�elle demande � sa m�re comment pr�parer des lotions capillaires. En attendant, elle les attacha et fit un sourire forc� au miroir. Elle attrapa sa veste pos�e sur une chaise, prit une poign�e de poudre de Cheminette et s�avan�a dans la chemin�e. Bient�t, des flammes vertes l�entour�rent et elle ferma les yeux. Lorsqu�elle les ouvrit, elle venait d�arriver au Terrier.
A peine avait-elle pos� un pied dans le salon que Molly se pr�cipita vers elle. Elle l�enferma dans ses bras et Rose se laissa aller � cette �treinte. Elle ne le dirait jamais � voix haute, mais la chaleur d�un foyer lui manquait depuis qu�elle vivait seule. Elle alla saluer ceux qu�elle n�avait pas encore vus. Ses parents �taient attabl�s avec Harry, Ginny, Bill et Fleur. Elle f�licita ces derniers puis elle se dirigea vers Victoire qui discutait avec Lucy et sa petite amie du moment. Elle resta un moment puis se lassa vite. Elle aimait pourtant beaucoup discuter avec Lucy, qui �tait vive d�esprit et usait du sarcasme avec facilit� mais Victoire l�aga�ait toujours autant. Elle passa devant le bureau et s��carta juste au moment o� Lily en sortait.
� Pardon � s�exclama cette derni�re en voyant qu�elle avait failli percuter sa cousine.
Rose fron�a les sourcils, le sourire de Lily semblait faux. Elle se demanda ce qui pouvait ainsi attrister sa cousine. Lily �tait, apr�s tout, r�put�e comme �tant in�branlable. La jeune fille fuit son regard et pr�texta un coup de main � donner pour �chapper � cet interrogatoire muet. Rose haussa les �paules et, par curiosit�, poussa la porte du bureau. A l�int�rieur, avachi sur le fauteuil d�Arthur, Teddy se frottait les tempes. Il leva la t�te lorsque Rose entra.
� Hey !
-Salut Ted, tu n�as pas l�air en forme. Tout va comme tu veux ?
-Oui �a va merci.
-Je viens de voir Lily sortir en trombe. Tu es s�r qu�il n�y a pas de probl�me ? �
Il se redressa et un sourire crisp� d�forma ses traits.
� Une dispute. Tu dois connaitre �a avec Hugo � dit-il.
Elle comprit son d�sir de changer de sujet et continua dans ce sens.
� Oh tu sais, je ne le vois pas beaucoup. Disons que je connais plut�t �a avec Al ! �
Teddy rit et l�espace d�un instant ses yeux brill�rent comme avant. Il se leva et ils sortirent ensemble du bureau. Lorsqu�ils franchirent la porte, ils furent interpell�s par quelqu�un venant du salon. Ils se retourn�rent sur Albus qui entrait, un sourire �clatant aux l�vres. Il se pr�cipita vers Teddy et commen�a � lui parler de ce livre absolument fascinant qu�il avait lu chez ses parents. Rose ne suivit pas la conversation. A l�encadrement de la porte, Scorpius Malefoy la d�visageait avec arrogance.
� Albus j�y crois pas� � Siffla-t-elle entre ses dents.
Il s�avan�ait vers elle lorsque Molly surgit et le serra dans ses bras.
� Regarde-toi ! Tu manges assez au moins ? Tu es tout maigre. �
Rose se mordit la l�vre pour ne pas rire alors que Malefoy la toisait. Elle sortit sous son regard amus� et retourna s�asseoir aupr�s de ses parents.
Le repas se d�roula sans probl�me. Rose prit bien soin de s�asseoir le plus loin possible de Malefoy qui, entour� de Dominique et Albus, semblait tr�s � l�aise. D�autant plus que Molly n�avait de cesse de le chouchouter. � Je le vois si peu souvent depuis qu�il travaille au Minist�re � disait-elle pour se justifier. James, comme c��tait pr�visible, parla de lui pendant une heure jusqu�� ce que sa m�re, exc�d�e, le fasse taire en rappelant � tout le monde comme il �tait mignon � quatre ans lorsqu�il courait nu dans le jardin. Plong� dans un mutisme honteux, il n�avait pas ouvert la bouche depuis un moment et Rose estimait que c��tait tr�s bien comme �a.
Elle discutait avec Percy et Lucy lorsqu�Hermione les arr�ta.
� Oh, je vous en prie, pourrait-on parler d�autre chose que de travail ? �
Ron la regarda, effar�.
� Hermione ? Serait-ce vraiment Hermione qui dit �a ? �
Ils s�esclaff�rent et Rose se racla la gorge.
C��tait s�rement le moment de leur annoncer.
� Papa, maman, j�ai une nouvelle � vous annoncer.
-Bonne j�esp�re ? � S�enquit Ron.
Elle acquies�a et un sourire vint illuminer le visage de son p�re. Il se leva et attira l�attention de tous. Devinant ce qu�il allait faire Rose piqua un fard et se plongea dans l�observation de ses ongles.
� S�il vous plait ! Je crois que ma Rosie ch�rie � une bonne nouvelle � nous annoncer ! �
Tous lev�rent la t�te vers elle et elle sentit ses joues la bruler. Sa m�re lui lan�ait un regard encourageant et enfin elle osa lever les yeux.
� Hum, et bien. Rien n�est encore s�r mais il semble que je vais bient�t avoir une promotion. On m�a promis un poste au d�partement des relations magiques internationales en tant que traductrice. �
Des applaudissements accueillirent sa d�claration, rompus brutalement par le bruit de quelqu�un qui s��touffait. Tous les regards se pos�rent alors sur Scorpius. Albus lui donna un coup dans le dos et quelques secondes apr�s le jeune homme pu respirer correctement.
� Il y a un probl�me Scorpius � demanda Rose avec un sourire narquois.
� De toute �vidence oui Rosie� En fait, on m�a promis le m�me poste que toi. �
Author's Notes:
Bonjour/Bonsoir, voici donc le deuxième chapitre. Je sais qu'il vient vite mais c'est parce que c'est un week-end de quatre jours donc j'ai pris un peu d'avance. J'espère que vous aimerez. Encore une fois merci à Maiwenn pour sa correction ! Bonne lecture !
Un silence consterné s’abattit sur la tablée. Rose se prit la tête dans les mais, ça ne pouvait pas être vrai, c’était un cauchemar. Le rire de James brisant le silence le ramena à l’instant présent. Elle leva les yeux au moment où Scorpius leva les siens pour la dévisager. Un air narquois était gravé sur son visage et le sang de Rose ne fit qu’un tour. Elle se leva de table et traversa le jardin pour se réfugier dans le salon.
Elle entendit la voix de sa mère l’appeler mais elle n’avait aucune envie de discuter. Elle prit une poignée de poudre, entra dans la cheminée et quelques secondes plus tard elle était chez elle.
Aussitôt le calme l’envahit. Comme si son éclat de fureur était un vieux souvenir. Ses muscles se détendirent et ses mains cessèrent de trembler. Elle ôta sa veste, s’assit sur son canapé et resta un moment ainsi installée à écouter sa propre respiration.
Il fallait qu’elle réfléchisse. Il devait forcément y avoir une confusion quelque part. On lui avait promis le poste, il était donc impossible qu’on l’ait également promis à Malefoy. C’était un horrible malentendu mais tout rentrerait à la normale demain lorsqu’elle en parlerait à son directeur de département. Il lui donnerait raison et Malefoy pourrait aller se faire voir avec sa promotion. Elle était pour elle.
Soulagée, Rose se leva et se dirigea vers sa salle de bain. Elle se déshabilla et entra dans la douche, bien déterminée à en ressortir détendue. Quelques minutes plus tard, elle s’enveloppait dans sa serviette et retournait dans le salon. Soudain une silhouette émergea de la cuisine et elle poussa un cri perçant.
« Ce n’est que moi Rose » dit sa mère avec un sourire.
Rose soupira et raffermit sa prise sur sa serviette.
« Ne me fais plus jamais ça… »
Hermione eut un petit rire.
« Tu devrais installer des protections, on ne sait jamais ».
Rose hocha la tête.
« Installe toi, je vais m’habiller »
Elle revint quelques minutes plus tard et s’assit face à sa mère.
« Je suis désolée, d’être partie comme ça. C’était exagéré…
-Ne t’inquiète pas, on a compris.
-C’est ce Malefoy ! Il m’agace au plus haut point ! J’ai envie de … de…
-De lui mettre un coup de poing dans la figure ?
-Oui voilà c’est exactement ça ! Comment tu sais ? »
Hermione eut un petit sourire.
« Je ne me suis pas gênée pour le faire à son père. En troisième année » ajouta-t-elle avec un clin d’œil.
Rose s’esclaffa. Elle se leva et se tourna vers sa mère.
« Tu restes un peu ? Je te fais un thé ?
-Bien sûr que je reste, j’ai promis à ton père de rester jusqu’à ce que sa Rosie retrouve un beau sourire »
Rose leva les yeux au ciel et alla dans la cuisine. Elle sortit deux tasses et mit de l’eau à chauffer.
« Papa est vraiment trop protecteur avec nous
-C’est parce qu’il vous aime… Et puis, il s’inquiète pour toi.
- Il n’y a vraiment pas de quoi »
Elle retourna dans le salon, les deux tasses à la main et les posa sur la table basse.
« Tout va bien je t’assure. »
Hermione resta pensive un instant puis elle prit un sachet de thé et le mit à tremper. Les effluves de la bergamote baignèrent dans l’air un long moment.
« Bon, parle-moi de cette histoire de promotion »
Rose soupira et s’enfonça dans le fauteuil.
« C’est simple, Joseph m’a dit qu’un poste se libérait au Département des Relations Magiques Internationales. Un poste de traductrice. Comme il savait que je serais intéressée et que j’en ai assez de la paperasse, il a proposé ma candidature. Il m’a dit que c’était bon, que j’étais au-dessus des critères demandés et que je recevrais la proposition officielle dans peu de temps. L’histoire avec Malefoy doit être une méprise. »
Elle but une gorgée et se brula légèrement la langue sous le regard perplexe de sa mère.
« Je l’espère en tout cas.
- Tu doutes ?
- Je suis certaine que tu mérites cette promotion.
- Ca ne répond pas vraiment à la question.
- C’était volontaire »
Rose sourit et se laissa envelopper par les bras maternels. Elles burent leur thé en discutant avec légèreté. Puis Hermione se leva et attrapa sa veste.
« Je dois y aller. J’ai rempli mon rôle de mère je crois.
- A la perfection comme toujours, »
Elle embrassa Rose et transplana. De nouveau seule, Rose réfléchit aux paroles de sa mère. Oui, elle méritait cette promotion. Et ce n’était certainement pas Malefoy qui allait la faire douter de ça.
Elle se leva le lendemain, déterminée à tirer cette histoire au clair. A peine arrivée au Ministère, elle déposa les dossiers remplis durant le week-end et chercha son directeur de département. Elle le trouva dans la salle des archives, ensevelis sous des piles de parchemins. Elle s’avança et le salua.
« A Rose ! Tu tombes bien j’allais te faire appeler, j’ai besoin de tes lumières pour déchiffrer ça ! » Dit-il en poussant ses lunettes sur son nez.
Il lui tendit un parchemin et elle parcourut des yeux les symboles sur le papier tellement vieux qu’il avait presque entièrement absorbé l’encre.
« C’est du Grec ancien. Je n’ai que les bases, ça risque d’être approximatif. »
Elle lut pendant un moment et déclara :
« A priori, c’est un traité de paix entre deux communautés magiques datant du septième siècle avant Merlin. Qu’est-ce que ça fait ici ?
- Aucune idée. Tu pourrais l’apporter au département des Mystères dans la journée ? Vu qu’ils collectionnent les bizarreries… »
Rose rit et s’installa avec lui à la table de travail.
« Dis Joseph, je voulais te demander, à propos de ce poste de traductrice dont tu m’as parlé, il n’y avait personne d’autre qui le voulait ?
-Oh si sûrement, mais ils étaient plutôt emballés lorsqu’ils ont vu ton curriculum. Tu n’as pas encore reçu de demande officielle ?
-Non. Et en fait… » Commença-t-elle hésitante.
Il leva les yeux de son parchemin et les fixa sur elle. Elle rougit un peu et termina :
« Je connais quelqu’un qui s’est vu proposé le même poste…
- Ah, dit-il en fronçant les sourcils. N’aie aucune crainte ma toute belle, j’irai voir le directeur du département et je te tiendrai au courant dans la journée »
Elle le remercia chaleureusement et le quitta pour aller finir son travail. Lorsqu’elle franchit la porte alors qu’il lui faisait un signe de main, elle se dit que vraiment, si elle avait l’autre poste, Joseph et son amitié lui manqueraient.
Elle passa la journée enfermée dans son bureau qui faisait plus ou moins la taille de sa salle de bain. Des piles de dossiers étaient posées à même le sol rendant la circulation plus que délicate. Elle-même avait du mal à s’y retrouver mais qu’importe, ce cagibi n’était que temporaire, bientôt elle aurait un véritable bureau, avec une fenêtre. Elle soupira d’aise. Au même moment quelqu’un frappa à la porte. Elle se redressa et vit la tête de Joseph apparaitre à l’embrasure.
« Toc toc toc »
Elle sourit et lui fit signe de s’asseoir là où il pouvait.
« Bon, je suis bien allé voir la secrétaire de monsieur Bernadson, le directeur du département des relations magiques internationales, et… »
Il fit une pause, hésitant sur les mots à choisir.
« En fait, oui il y a bien quelqu’un d’autre sur le poste et pour le moment aucun de vous ne se démarque. Tiens, dit-il en tendant un morceau de parchemin à Rose, elle m’a donné ça pour toi »
Rose l’attrapa et lu la ligne manuscrite.
« Joseph, c’est pour un rendez-vous, dans…, commença-t-elle avant de consulter sa montre, dans quatre minutes ! Et leur département est à l’autre bout du Ministère »
Elle lui jeta un coup d’œil exaspérée et il sourit, manifestement gêné.
« Tu cours vite ? » s’enquit-il.
Elle soupira et sortit en trombe de son bureau.
A mi-chemin du couloir elle fit volte face, retourna dans le bureau et serra Joseph dans ses bras.
« Merci, souffla-t-elle
- Allez, cours vite maintenant, je veux pas te voir venir travailler ici demain matin »
Elle lui sourit et reprit sa course folle dans les couloirs. Ses talons l’empêchaient de prendre de la vitesse et elle loupa l’ascenseur. Elle pesta. Elle tapait contre le mur lorsqu’une voix trainante la fit sursauter.
« Ne te mets pas dans des états pareils Rosie, Monsieur Bernardson a toujours vingt minutes de retard, donc nous serons même en avance.
-Ne m’appelle pas Rosie, Malefoy » dit Rose d’un ton haineux.
« Comme tu voudras » dit-il en haussant les épaules.
Il lui fit signe d’entrer dans l’ascenseur et il y pénétra à sa suite. Ils firent le trajet dans le plus grand silence, Rose faisant tout son possible pour ignorer qu’elle marchait près de lui et qu’ils respiraient le même air.
Lorsqu’ils arrivèrent au bureau du Directeur du Département, la secrétaire les fit attendre, ne se privant pas au passage de détailler Scorpius des pieds à la tête. Celui-ci afficha un sourire arrogant qui acheva d’agacer Rose.
Le Directeur arriva enfin après plusieurs minutes de silence pesant. Rose se dressa d’un bond et lui serra la main avec un enthousiasme débordant ce qui arracha un rire méprisant à Scorpius et un haussement de sourcil de la part du directeur. A son tour Scorpius se leva et salua le directeur sans débordement d’aucun genre. Rose rougit honteuse et entra à la suite de Scorpius dans le grand bureau. Elle s’assit avec le plus de distinction dont elle était capable mais elle ne pouvait cacher sa nervosité. Le directeur les détailla l’un après l’autre puis commença :
« Je vous ai fait venir tous les deux car vous m’avez été chaudement recommandés pour vos compétences de traduction. Ici je vois que Mademoiselle Weasley parle couramment six langues, connait les bases de quatre autre et est en cours d’apprentissage des deux restantes. Impressionnant. »
Il la gratifia d’un sourire et elle sentit son estime de soi remonter légèrement.
« Monsieur Malefoy connait moins de langues, sept, mais il a énormément voyagé et connait donc les coutumes et mœurs des autres communautés magiques. Je vois que vous avez été un an au Canada, c’était avec le Département des Jeux Magiques ? »
Scorpius se redressa.
« Non monsieur, je suis parti à l’âge de dix-huit ans pour me perfectionner dans le dialecte des tribus africaines, il y a à Québec une université très renommée qui a un excellent professeur.
- Le Canada, quel beau pays ! Vous vous êtes essayé au hockey magique ?
- Oui monsieur, je suis entrée dans l’équipe de l’université, c’est un excellent sport, beaucoup moins connu que le Quidditch malheureusement »
Le regard du directeur s’alluma et ils se lancèrent dans une discussion passionnée sur ce sport dont Rose n’avait jamais entendu parler. Elle fit semblant de suivre la conversation mais ses mains tremblaient sur ses genoux, révélant la gêne qui l’habitait. Elle avait les yeux brûlants tant elle tentait de refréner les larmes de honte et d’amertume qui menaçaient. Au bout de ce qui lui parut une éternité, le Directeur cessa enfin la conversation et leur proposa un marché.
« J’ai l’accord de vos Directeurs de Département respectif pour vous prendre tous les deux à l’essai. Celui qui fera le mieux son travail sera pris, l’autre retournera dans son placard et sera oublié. Pour ce poste il faut quelqu’un de dynamique, à l’aise avec les étrangers, capable de démêler des langues et dialectes, d’effectuer des traductions de dossier rapidement et qui soit disponible pour partir en déplacement du jour au lendemain. Il faut quelqu’un qui soit capable de garder un secret d’Etat et de se faire discret auprès des ambassadeurs. Si vous pensez être capable de ça, vous serez ici-même demain à sept heures. »
Ils hochèrent la tête et il les fit sortir de son bureau. Rose s’appuya contre le mur, les genoux tremblants tandis que Scorpis affichait un sourire ravi, certain de son succès futur. La jeune fille ferma les yeux un instant pour reprendre le contrôle d’elle-même. Puis, elle se planta devant Scorpius.
« Je ne te laisserai pas avoir le poste. Il est pour moi. »
Scorpius s’esclaffa. Rose, se sentant humiliée, baissa les yeux pour qu’il ne voie pas ses yeux plus brillants qu’à l’ordinaire.
« Je veux ce poste, Rose, et je ferai tout pour l’avoir. »
Elle pinça les lèvres et leva la tête vers lui.
« Alors il faudra être meilleur que moi »
Elle fit volte-face et s’engagea dans le couloir. Une larme brûlante coula au coin de l’œil. Elle la chassa d’un mouvement rageur de la main. Dans son dos, le rire de Scorpius grondait encore.
End Notes:
Alors ? Vous en pensez quoi ?
Author's Notes:
Je publie aujourd'hui parce que j'ai quelqu'un à ma maison demain soir et que je ne suis pas là du week-end. Merci à tous pour vos reviews et votre enthousiasme. La suite sera pour la fin de semaine prochaine normalement. Et encore une fois, merci MW pour ta correction !
Rose se rendit au travail, une boule au ventre. Elle avait longuement hésité la veille à appeler sa mère au secours puis elle avait décidé de gérer cette histoire, seule, sans aide. Elle était une adulte, il était temps qu’elle se comporte comme telle. Sur le Chemin de Traverse, elle prit un café à emporter qu’elle but à petites gorgées. Lorsqu’elle arriva au Département des Relations Magiques Internationales, Scorpius était déjà là, discutant avec la secrétaire, un gobelet à café à la main. Il salua Rose poliment et la secrétaire lui fit un sourire encourageant.
« Vous avez quinze minutes d’avance et Monsieur Bernardson n’arrive jamais avant huit heures. Ce qui nous laisse une bonne heure devant nous. Je vais vous faire visiter les lieux, ça vous fera gagner du temps. »
Rose acquiesça et mit son gobelet dans la poubelle. Scorpius l’imita et ils suivirent Julia dans les couloirs. Le Département des Relations Magiques Internationales était divisé en deux sections séparées par un grand couloir. Dans la première partie, il y a avait les bureaux de certaines Ambassades. Toutes n’y étaient pas, Julia leur expliqua que certains pays préféraient avoir une ambassade à l’extérieur du Ministère pour cause de tensions politiques. C’était dans cette section aussi qu’il y avait le siège de l’UPMM, Union pour la Paix des Mondes Magiques crée après les Guerres de sang. L’autre section était composée de diverse bureaux, notamment ceux qui s’occupaient des liens avec les tribus sauvages d’Amazonie, de Sibérie et d’Afrique noire. Il y avait aussi une salle d’archives et une immense salle de réunion.
Rose essaya de mémoriser les chemins mais elle dut se rendre à l’évidence, seule l’habitude lui permettrait de connaître par cœur ce dédale de couloirs.
Ils retournèrent au bureau du directeur. Au-dessus du bureau de la secrétaire, une note voltigeait. Elle l’attrapa et se tourna vers Rose et Scorpius.
« Monsieur, Bernardson est absent jusqu’à une durée indéterminée. En attendant, il vous demande de vous occuper à traduire le tas de paperasses, selon ses termes, qui traîne sur son bureau, de traduire le rapport mensuel de l’UPMM et de l’envoyer à tous les Ministères ainsi qu’aux ambassades concernées. Il rajoute que ce n’est pas parce qu’il n’est pas là que vous vous devez « vous la coulez douce » encore selon ses mots et qu’il vous surveille. Il fera parvenir d’autres instructions. »
Rose écarquilla les yeux. Traduire de la paperasse ? N’était-ce pas pour en sortir qu’elle souhaitait changer de poste ? Elle ravala un soupir, il n’était pas question de montrer son abattement à Malefoy.
Julia fit léviter les dossiers et les pria de la suivre. Elle leur présenta leur bureau.
« C’est le bureau du traducteur officiel, comme vous êtes deux, on a fait installer deux bureaux. Je vous laisse chacun une clef. Et… ne vous étripez pas »
Elle ferma la porte dans son dos et les piles de dossiers tombèrent dans un bruit sourd sur les bureaux. La pièce était spacieuse, lumineuse et agréable. Deux bureaux étaient accolés au centre de façon à ce que si l’un d’eux levait la tête il contemplait l’autre. Rose s’assit la première, sortit sa baguette de sa poche et en un tour de main elle fit apparaître de l’encre et une plume qu’elle avait laissée dans son ancien bureau. Elle prit le premier rapport et le posa sous ses yeux. Scorpius encore debout la regarda faire, le visage impassible, il s’assit au bureau en face et prit à son tour un dossier. Ils travaillèrent en silence toute la matinée jusqu’à ce que Julia les invite à prendre leur pause déjeuner. L’après-midi ressembla en tous points au matin et ils se quittèrent le soir venu sans un mot.
Les jours suivants se ressemblèrent aussi et Rose trouvait un équilibre dans ses journées. Jouer avec les mots et les langues avait toujours été sa passion, elle aimait ça et ne s’en laissait pas. Elle aurait pu trouver ce travail ennuyant, mais ce n’était pas le cas. Les rapports étaient pour la plupart intéressant à lire, déjà parce qu’ils portaient sur des sujets bien plus palpitant que les comptes-rendus botaniques qu’elle triait avant, et de plus parce qu’ils lui demandaient de réels efforts de concentration et que toutes ses facultés étaient nécessaires. Elle savait aussi que traduire des rapports et des lettres n’était pas l’unique rôle du traducteur officiel et que c’était une mise à l’épreuve de la part de Bernardson. De plus, Malefoy lui adressait la parole le moins possible et elle répondait à ses piques occasionnelles sans
aucune gêne.
Une semaine après, le directeur n’était toujours pas revenu. Il était en voyage en Malaisie et continuait donc à faire passer ses instructions par Julia. Rose arriva un matin en même temps que Scorpius, ils s’ignorèrent dans les couloirs mais Rose remarqua qu’il avait deux gobelets à café dans les mains et non un seul. Elle comprit en arrivant qu’il était destiné à Julia et elle les laissa discuter, préférant retrouver la quiétude du bureau. Lorsqu’il entra à son tour Scorpius se racla la gorge pour attirer son attention.
« Je déjeune avec Julia ce midi, elle te propose de te joindre à nous. Je suppose que tu déclines l’invitation ? »
Un sourire naquit sur les lèvres de Rose.
« C’est gentil de sa part, mais… dit-elle en désignant son bureau recouvert de parchemins, j’ai pris du retard hier, je mangerai sur le pouce »
Elle se maudit un instant d’avoir laissé paraitre une difficulté devant Malefoy mais il ne releva pas.
« Tu veux qu’on te ramène quelque chose ? » s’enquit-il.
Elle resta stupéfaite un instant. Et jeta un regard méfiant au jeune homme. Il s’en aperçut et leva les yeux au ciel.
« Détends-toi Rosie, je ne mettrais pas de potion euphorisante dans ton déjeuner. J’essaie seulement d’être conciliant »
Elle baissa la tête et sentit ses joues rosirent. Il avait raison, il était temps qu’elle cesse de se méfier de tout et tous. A force de rester sur la défensive, les gens l’évitaient presque et elle se retrouvait seule bien souvent. Elle refusa néanmoins la proposition de Scorpius et ils reprirent leur travail dans le silence qui leur était habituel.
Rose traduisait une note en runes qui faisait elle-même partie d’un rapport de la Bulgarie sur la nécromancie. Elle bloquait depuis bientôt dix minutes sur un symbole qu’elle n’arrivait pas à comprendre. Elle fouilla dans ses notes mais rien ne venait éclaircir sa traduction. La voyant perplexe, Scorpius leva les yeux.
« Tu es bloquée quelque part ? »
Elle hocha la tête, oubliant sa fierté et lui expliqua.
« Il y a un signe de runes ici, que je n’arrive pas à interpréter.
- Des runes ? Je ne suis pas certain de pouvoir t’aider alors.
- Tu plaisantes ? Tu as toujours meilleur que moi en Runes à Poudlard ! »
Elle porta sa main à sa bouche en réalisant ce qu’elle venait de dire. Elle rougit encore et maudit sa propension au rougissement. Comme si ce n’était pas assez embarrassant comme ça, Scorpius la gratifia d’une œillade amusée.
« Tu me fais des compliments maintenant Rose ? »
Elle poussa un soupir exaspéré. Et reprit sa lecture.
« Je pourrais t’aider ?
- J’aime mieux me débrouiller seule.
- Quoi ? Tu es vexée ? Il ne faut pas… Et puis tu es charmante quand tu rougis ! »
Elle poussa un grognement de rage et se plongea dans un autre rapport, préférant finir le précédent chez elle, au calme. Devant elle, Scorpius s’agitait pour la faire de nouveau réagir mais elle restait sourde à ses attaques. Il se lassa et le silence revint. Lorsqu’il partit déjeuner, elle ignora son salut.
Une fois qu’il eut le dos tourné, elle le regarda accompagné de Julia remonter le couloir. La jeune femme riait et il n’y avait plus aucune arrogance sur le visage de Scorpius. Elle se demanda qui était vraiment Scorpius Malefoy puis s’arracha à la contemplation de ses collègues, elle avait encore du travail.
Elle ne l’entendit pas revenir, pas plus qu’elle ne le vit s’asseoir devant elle tant elle était absorbée par son travail. Elle ne s’aperçut de sa présence que lorsqu’il déposa un sachet devant elle. Elle leva la tête vivement et le questionna du regard.
« Je me suis dit que tu aurais peut-être faim »
Elle ouvrit le sachet du bout des doigts et vit au fond, une part de tarte à la mélasse. Elle scruta le visage de Malefoy. Ses yeux gris étaient posés sur elle, aucune suffisance ne venait altérer ses traits.
« Pas de piège ? demanda-t-elle.
- Pas de piège »
Elle lui sourit avec sincérité, tentant de ne pas avoir l’air déboussolée par son geste. Il sourit à son tour et se pencha sur son parchemin, la laissant seule à ses incertitudes.
Il partit avant elle ce soir-là. Il lui souhaita une bonne soirée et s’éclipsa après un léger signe de tête. Cette fois encore elle le regarda partir, se demandant combien de temps elle pourrait le détester s’il se montrait si agréable.
Author's Notes:
Merci beaucoup à Cecilia pour la correction !
Les jours suivants se passèrent sans encombre. Scorpius se montrait conciliant comme il l’avait promis. Il faisait même preuve d’une gentillesse surprenante qui plongeait Rose dans un abîme de perplexité. Bernardson, sûrement lassé de les faire crouler sous les dossiers, leur donnait désormais des tâches plus diverses. Ils déambulaient dans les couloirs, se rendant au département de la justice magique pour des interrogatoires, ou avaient rendez-vous avec des réfugiés politiques afin de les guider dans leurs démarches pour s’installer dans le pays.
Rose devait admettre à regret que Scorpius excellait dans son travail, la complexant parfois. Elle se demandait souvent si elle ne s’était pas trompée à son égard mais ses moqueries, ses piques et les joutes verbales qui s’en suivaient l’en dissuadaient. Elle ignorait d’autant plus sur quel pied danser qu’il se montrait également prévenant à son égard, lui proposant sans cesse son aide alors qu’elle restait insensible à ses difficultés. Une fois il lui fit la réflexion qu’elle était un «monstre d’égoïsmer et d’insensibilité ». Elle ne le lui avoua pas mais elle y pensa toute la soirée.
Un jour, en fin d’après-midi alors qu’il s’évertuait à la faire sortir de ses gonds, Julia entra en trombe dans le bureau le souffle court.
«Je viens de recevoir un hiboux de la brigade des Aurors. Il y a eu un meurtre sur l’Allée des Embrumes, les seuls témoins sont chinois et ils ne parlent pas un mot d’anglais. On vous demande immédiatement»
Rose se leva et chercha sa veste des yeux. Scorpius la héla et la lui envoya.
«Si tu étais un peu plus ordonnée aussi…»
Elle leva les yeux au ciel puis les posa sur sa partie du bureau. C’est vrai qu’elle était plutôt désordonnée. Au point que les dossiers s’empilaient un peu partout, que des dictionnaires trainaient à même le sol. En revanche, le bureau de Scorpius était un exemple d’ordre et de symétrie. Rien ne dépassait. Elle grimaça et le suivit.
Un Auror vint les chercher. Rose plissa les yeux en le voyant, elle était certaine de l’avoir déjà vu. Il la devança en se présentant :
«Je suis Simon Jepkins, je travaille pour Harry. On s’est déjà croisés»
Rose acquiesça, elle se souvenait désormais. Ils se serrèrent la main et ils traversèrent le Ministère au pas de course. Une fois dans la zone d’autorisation de transplannage, il les arrêta.
«Je vous préviens, ce n’est vraiment pas beau voir»
Il se tourna vers Rose
« Tu es sûre de vouloir venir ? »
Elle le regarda, éberluée. La colère se lut sur son visage et Scorpius murmura tout basr39;:
« Il n’aurait jamais dû dire ça »
Rose fixa Jepkins un instant, muette. Sa bouche tressaillit et ses yeux lancèrent des éclairs. Le jeune Auror se balança d’un pied à l’autre.
« Qu’est-ce que tu insinues ? Que parce que je suis une femme je ne supporterai pas la vue du sang ? Que je suis faible et que je ne suis pas capable de me contrôler pour faire mon travail correctement ? »
Sa voix montait dans les aigus et de plus en plus de regards se posaient sur eux. De plus en plus énervée Rose s’acharnait. Jepkins démuni, l’air hagard la regardait débiter son flot de paroles continues.
Les nerfs de Rose mis à rude épreuve par l’attitude changeante de Scorpius semblaient se décharger de toute la tension accumulée. Elle faisait des grands gestes et continuait à s’acharner sur Jepkins. L’Auror lança un regard implorant à Scorpius. Celui-ci sourit, se tourna vers Rose et l’attrapa dans ses bras. Trop étonnée pour réagir Rose n’eut pas le réflexe de se débattre. Jepkins les attrapa tous par le coude et transplanna.
Ils atterrirent, dans l’Allée des embrumes. Aussitôt rétabli sur ses deux pieds, Rose se tourna vers Scorpius.
«Toi, on ne t’avait rien demandé » cria-t-elle
Il leva les mains en signe d’apaisement. Rose chassa une mèche de cheveux qui lui cachait la vue et regarda autour d’elle. Plus loin, un groupe d’homme portant l’insigne des Aurors la fixait. Sur le côté elle avisa Harry qui discutait avec ce qui semblait être un commerçant de l’Allée. Elle baissa la tête, gênée d’être la cible de tous les regards.
Peu à peu, les personnes présentes reprirent leur activités et Rose regarda où elle se trouvait. Une odeur rance flottait dans l’air. Sous ses pieds, les pavés étaient recouverts d’une boue noirâtre. Les rues étaient étroites, hautes et les bâtiments semblaient branlants. La lumière semblait ne pas filtrer jusqu’ici et chaque recoin d’ombres paraissait renfermer d’obscurs secrets.
Scorpius s’éloignait déjà et elle le rattrapa au pas de course.
«Tu as peur Rosie ? demanda-t-il avec un air narquois,»
Elle lui jeta un regard noir. Harry les héla et ils firent volte-face. Le chef de la brigade des Aurors leur fit signe de le rejoindre et Rose s’avança vers son oncle, un sourire aux lèvres. Il la prit dans ses bras brièvement.
« Depuis quand tu te donnes en spectacle ?
-Oh, oncle Harry, je t’en prie, oublions ça »
Il sourit puis son visage reprit son impassibilité professionnelle. Il serra la main que Scorpius lui tendait et les pria de le suivre.
« Nous avons deux témoins, aucun d’eux ne parlent anglais. D’après leur baguette ils sont chinois, sûrement de la province de Gansu. Ils essaient de nous parler mais évidemment aucun de nous ne comprend ce qu’ils disent.
-C’est pour ça que nous sommes là, avança Scorpius.
-Pas seulement » dit Harry en s’arrêtant.
Ils stoppèrent leur avancée. Harry hésita puis déclara.
« Deux hommes sont morts cette nuit, ils étaient tous les deux de hauts diplomates de l’Ambassade de la République Magique Tchèque. Nous ne voulons pas ébruiter l’affaire tant que nous n’en savons pas plus, c’est pourquoi cette affaire arrive directement, bien fraiche entre vos mains. Vous êtes le lien entre nous, les Aurors, et les autorités magique des pays concernés »
Rose fronça les sourcils. Bernardson les laissait vraiment s’occuper d’une affaire aussi délicate que celle-ci ? Ca devait être une autre forme de mise à l’épreuve. Elle se jura mentalement de faire preuve du plus de professionnalisme possible.
Harry les fixa.
« Et bien entendu, aucun de mot de tout ça à qui que ce soit. Rose, Ginny va te harceler pour que tu lui dises, Scorpius, Albus risque de te supplier d’être dans la confidence. Mais ils ne doivent rien savoir. Ce n’est pas par manque de confiance bien sûr c’est juste le protocole qui est comme ça. De même, si vous en parlez entre vous en dehors du travail, veillez à ce que personne ne vous entende »
Rose leva les yeux au ciel, comme si vraiment, elle parlait à Scorpius en dehors du travail. Harry leur fit signe de le suivre. Rose regardait autour d’elle, les gens parlaient à voix basse et se regardaient du coin de l’œil. Elle n’aimait pas cette ambiance, à sa gauche, Scorpius fronçait le nez. Une odeur pestilentielle flottait dans l’air. Une odeur de chair en putréfaction qui lui soulevait le cœur. Elle se força à afficher une mine impassible mais malgré elle, sa mâchoire se contractait.
Ils arrivèrent dans un cul de sac. Des Aurors gardaient la rue. Ils les laissèrent passer sur un signe de tête d’Harry. Au fond, là où l’ombre était la plus épaisse, deux draps noirs recouvraient deux silhouettes. L’odeur était plus forte et Rose devait se concentrer pour ne pas craquer et afficher son dégout. Scorpius près d’elle était blafard, devant connaitre les mêmes difficultés qu’elle. Harry se pencha sous leurs yeux, leva sa baguette et d’un mouvement du poignet fit se soulever les draps. Il découvrit les corps jusqu’à la taille puis jeta un lumos.
Rose ne put retenir le cri d’effroi qui lui brulait les lèvres. Harry et Scorpius posèrent en même temps leur main sur ses épaules pour la rassurer. Les deux hommes avaient des traces de coups de couteau sur la gorge, et la poitrine. Un sang poisseux et noir suintait encore de certaines blessures.
Harry soupira.
« Vous voyez ces traces là-bas, le sang. Ca veut dire que quelqu’un les a trainés là.
-Un sorcier les aurait fait léviter » dit Scorpius d’une voix mal assurée.
Le chef des Aurors acquiesça.
« Oui, c’est pour ça qu’on pense que c’est l’œuvre de quelqu’un sans pouvoirs magiques. Le nombre de cracmols et moldus à pouvoir venir sur le chemin de Traverse est assez réduit. Ca risque de faciliter nos recherches »
Rose et Scorpius hochèrent la tête et Harry leva les yeux vers eux.
« Il est trop tard pour interroger les témoins. Rentrez au Ministère, nous vous tiendrons au courant de l’avancée de l’enquête et vous nous aiderez à la traduction des témoignages demain, »
Rose embrassa son oncle et fit signe à Scorpius de partir. Il était encore un peu pâle mais elle n’avait pas envie de commencer un échange de piques. Ce n’était pas le moment, vraiment. Ils transplannèrent jusqu’au Ministère et firent le chemin jusqu’à leur bureau dans le silence. Une fois arrivés, ils fermèrent la porte et se laissèrent tomber sur leur chaise.
« Tu parles d’une journée, souffla Scorpius »
Rose hocha la tête et s’enfonça dans son fauteuil, regardant le bazar autour d’elle et songeant que ça ne faisait vraiment pas professionnel. Elle cherchait quand elle pourrait prendre le temps de ranger tout ça lorsque Scorpius interrompit le cours de ses pensées.
« On va boire un verre »
Elle leva les yeux vers lui, étonnée.
« Oui, tu sais, c’est ce que font les collègues parfois, ils sortent et se détendent.
-Je sais cela Malefoy, merci bien!
-Alors ?
-Non »
Elle vit sa mâchoire se contracter. Il se leva, posa son regard sur elle et la dévisagea.
« Tu ne pourras pas dire que je n’ai pas essayé d’être cordial »
Il sortit sans un mot. Désemparée, Rose se prit la tête entre les mains. Il ne manquait plus que ça…
Author's Notes:
Je m'excuse pour le retard, je sais c'est mal mais j'avais des tas de trucs à faire et j'ai légèrement (beaucoup) mis cette fic de côté. Mais maintenant c'est repartit ! J'espère que vous aimerez ce chapitre ! Bonne lecture !
« Merde. Merde ! Merde ! »
Rose se massa le genou brièvement, pestant contre elle-même et contre ce meuble au milieu de son chemin. Un coup d’œil à sa montre lui rappela qu'elle était déjà en retard. Elle se précipita dans sa salle de bain, attrapa la brosse et entreprit de démêler ses cheveux. Elle la coinça dans un amas de nœuds et Rose se força à inspirer calmement pour ne pas perdre le contrôle de ses nerfs. Elle abandonna, attacha ses cheveux dans un chignon sévère et oublia l'idée d'être un tant soit peu séduisante.
La jeune fille récupéra sa veste, les dossiers qu'elle avait lus jusque tard la veille et s'engouffra dans la cheminée. Quelques secondes plus tard, elle était dans le hall des cheminées du Ministère. Elle s'accorda une seconde pour souffler puis se dirigea d'un pas pressé vers l'ascenseur. Elle jeta un regard à sa montre. Vingt minutes de retard. Elle ferma les yeux, essayant de se convaincre que ce n'était pas si grave, que personne ne se faisait renvoyer pour vingt minutes de retard et que d'ailleurs ce n'était pas légal, ce serait de la tyrannie. Elle stoppa son flux de pensées lorsqu'elle arriva devant les sorciers vigiles. Elle présenta sa baguette à un sorcier austère qui lui fit signe qu'elle pouvait passer. Elle suivit le couloir au pas de course, tentant d'afficher un visage impassible devant les Aurors et sorciers qu'elle croisait. Elle était enfin devant la porte de la salle de réunion. Elle frappa doucement et entra.
Assis autour d'une table circulaire, Scorpius, Harry, Jepkins, deux inconnus et Bernardson la fixaient. Scorpius affichait un sourire narquois, Harry une mine désolée et Bernardson la toisait avec indifférence. Elle sentit son cœur s'emballer. Il fallait évidemment qu'elle soit en retard pour la première fois de sa vie le jour où Bernardson revenait.
« Vous êtes en retard Miss Weasley, » fit remarquer son supérieur
Rose se mordit la lèvre et rougit.
« Je...Je suis désolée... » bafouilla-t-elle.
Elle s'assit aux côtés de Scorpius qui lui tendit un parchemin.
« C'est dommage ça Rosie, en retard le jour où le patron se pointe, siffla-t-il à son oreille.
-La ferme Malefoy ! »
Elle lui arracha le parchemin des mains et commença la lecture. L'ambassadeur de la République Tchèque devait venir pour faire un point sur l'affaire et assister aux témoignages. Elle leva les yeux. Il n'était pas encore arrivé. Cela ferait au moins un collaborateur qui ne la prendrait pas pour une retardataire empotée. Elle suivit la conversation du mieux qu'elle le pouvait. Elle ne leva pas la tête de son parchemin, prenant le plus de notes possible dans l'espoir de se donner une contenance. Lorsque enfin la réunion fut terminée elle sortit à la suite de Jepkins et attendit qu'on lui dise quoi faire.
Scorpius participait activement à une conversation dont elle était mise à l'écart avec Bernardson et un des deux hommes qu'on ne lui avait pas présenté. Elle ignora son cœur tambourinant et s'évertua à rester calme. C'était de toute évidence une horrible journée mais il était hors de question qu'elle fasse empirer les choses.
Elle s'adossa contre le mur et tria ses notes en attendant que quelqu'un daigne lui accorder un regard.
« Miss Weasley !
Elle se tourna vers le groupe que constituait Bernardson, Scorpius et l'inconnu. Son directeur la fixait visiblement agacé.
« Oui ?
-Serait-ce trop vous demander de vous joindre à nous ? »
Elle rougit jusqu'à avoir les joues aussi incandescentes que ses cheveux. Elle s'avança vers eux d'un pas hésitant et fit tomber son bloc. Son cœur s'arrêta de battre, elle n'avait jamais eu aussi honte. Elle pria Merlin et Morgane de faire s'ouvrir le sol sous ses pieds ou de la tuer sur le champ. Elle se baissa, rattrapa le bloc et se redressa en bafouillant un « désolé » à peine audible. Bernardson haussa les sourcils et Scorpius se mordait visiblement les joues pour pas éclater de rire. Elle arriva au niveau du groupe et Bernadson désigna l'inconnu.
« Voici l'Ambassadeur de la République Tchèque, vous allez le guider dans ses démarches pendant que je serai avec les Aurors aujourd'hui »
Rose déglutit et tendit la main vers l'homme. Tous ses espoirs de garder un minimum de crédibilité venaient de s'envoler.
« Bonjourrr » dit-il d'un ton neutre.
Il se détourna d'elle et reprit sa discussion avec Bernardson. Elle garda les yeux baissés sur ses chaussures jusqu'à ce qu'une ombre n'entre dans son champ de vision. Scorpius venait de se décaler sur sa gauche. Elle croisa brièvement son regard et lutta pour ne pas lui envoyer son poing dans les dents tout comme sa mère avait pu le faire pour Malefoy Senior. Elle prit une grande inspiration.
« Tu as un problème Malefoy ? » siffla-t-elle
Il haussa les épaules et répondit à voix basse :
« Tout va pour le mieux »
Il se dirigea vers l'Ambassadeur qui venait de finir avec Bernardson et lui fit signe de le suivre.
« Monsieur l'Ambassadeur, vous a-t-on montré le bureau que nous mettons tout particulièrement à votre disposition ? » S'enquit-il d'un ton mielleux.
Rose s'adossa contre le mur le temps de laisser des larmes de colère et de honte s'échapper.
« Weasley ! Vous nous suivez ! » ordonna Scorpius.
Elle releva la tête brutalement. Il venait de parler en tchèque de façon à ce que l'Ambassadeur comprenne aussi. Il devait la prendre pour la secrétaire désormais. Elle serra les poings et sentit tout son corps se révolter. Elle se campa sur ses talons et Scorpius se tourna vers elle. Il lui fit un clin d’œil insolent auquel elle répondit par un sourire aguicheur. Il voulait jouer ? Elle allait jouer.
Ils avaient installé un bureau pour l'ambassadeur près du leur le temps de l'affaire afin qu'il soit informé en même temps qu'eux et qu'ils puissent faire la liaison en permanence. Rose et Scorpius étaient assis chacun à leur table de travail, plongés dans leur dossier respectif. Jepkins toqua alors au bureau et entra. Il se dirigea vers Rose et lui murmura quelque chose à l'oreille. Elle lui sourit et attrapa le dossier qu'il lui tendait. Le jeune Auror ressortit sous le regard intrigué de Scorpius. Rose l'ignora et fit mine de ne pas voir qu'il tentait de lire à l'envers. Elle se leva, attrapa le dossier et sortit sans un mot. Elle arriva devant le bureau de l'Ambassadeur et frappa à son tour. La jeune fille poussa la porte et dit en tchèque :
-J'ai réussi à vous avoir le dossier du légiste en avance. Je vous le laisse, si vous avez la moindre difficulté de compréhension je reste à votre disposition.
-Merci beaucoup, c'est très gentil.
-Je vous ferai parvenir les premiers éléments de l'enquête aussitôt que je les aurai »
Elle sortit d'un pas plus léger, satisfaite. Rose se heurta en sortant à une masse au milieux du couloir. Elle pesta et leva les yeux vers Scorpius qui était blême.
« Tu as soudoyé Jepkins pour qu'il t'apporte les dossiers avant moi ?
-Ca se pourrait bien. »
Il grimaça et s'écarta pour la laisser accéder à son bureau. Elle sifflota en passant près de son oreille. Elle exultait, savourant sa vengeance. La journée passa rapidement chacun tentant par des moyens détournés de s'attirer les grâces de l'ambassadeur. Et si Scorpius était bon à ce jeu là, Rose se découvrit pleine de ressources. La soirée arriva vite Epuisée à son bureau, Rose rédigeait une liste de ses tâches du lendemain. Elle leva la tête et vit que Scorpius la fixait.
« Tu m'impressionnes Weasley
-Je n'en doute pas, rétorqua-t-elle »
Il leva les yeux au ciel.
« C'était sincère, c'était... un vrai compliment »
Elle arrondit la bouche réellement surprise.
« Oh
-Oui, je m'attendais à ce que... commença-t-il avant d'hésiter
-A ce que quoi ?
-A ce que tu uses de tes charmes pour séduire l'Ambassadeur.
-Non seulement cela aurait été déloyal mais en plus moralement déplorable »
Il sourit brièvement.
« Mais ne te réjouis pas, bien que j'admire ton sens moral j'en suis personnellement dépourvu et je veux ce poste même si pour cela je dois lécher les bottes du Ministre »
Elle acquiesça pas le moins du monde étonnée. Scorpius était fourbe et déterminé. Et l’enjeu était important, elle ne laisserait pas la chance de sa carrière lui passer sous le nez.
Elle venait d'achever sa liste lorsque Jepkins entra dans leur bureau.
« On a un nouveau meurtre, on en sait pas plus si ce n'est que c'est le même mode opératoire »
Ils se levèrent d'un bond et le suivirent. Dans le hall du Ministère l'Ambassadeur était déjà là, communiquant tant bien que mal avec Harry. Ils prirent le portoloin que le chef des Aurors leur tendait et sentirent le sol s'éloigner sous leurs pieds.
Ils arrivèrent dans un quartier résidentiel sorcier, immense et banal, qui rappelait quelque chose à Rose. Elle suivit le groupe qui se dirigeait vers l'attroupement d'Aurors. Ils longeaient une haie broussailleuse qui les empêchait de voir la scène du crime. Rose était la dernière du groupe, ruminant ce que Scorpius lui avait dit. Peut-être devrait-elle se montrer plus offensive si elle voulait avoir le poste. Ils arrivaient à la bifurcation. Scorpius et Harry tournèrent en premier et un cri retentit. Elle s'avança pour voir à son tour mais Scorpius arriva en trombe et lui bloqua le passage.
« Dégage de là Malefoy !
-Non !
-Malefoy ! Pousse toi de là ! »
Elle lui donna un coup de coude pour qu'il la lâche mais rien à faire il la tenait fermement.
« Malefoy !
-Non désolé Rose ! Je suis désolé ... »
Son timbre avec une inflexion qu'elle ne lui connaissait pas. Elle fronça les sourcils puis lutta encore pour se dégager. Agacée elle lui écrasa violemment le pied. Sous le coup de la surprise il la lâcha et elle courut entre les Aurors pour voir qui était la victime.
Le sol se déroba sous ses pieds lorsqu'elle la reconnue. Elle n'avait pas conscience que le long cri qui déchira le silence était le sien. Deux bras la rattrapèrent et elle s'accrocha à son oncle. Elle sentit brièvement qu'elle changeait de bras mais ses pensées étaient trop confuses pour qu'elle ne proteste.
Dans le lointain une voix incrédule demandait en tchèque qui était la victime. La personne qui la portait se racla la gorge et répondit dans la même langue.
« C'est Lucy Weasley »
La vallée anglaise bruissait doucement de plusieurs milliers d'infimes craquements. Le ciel était bas, intimidant et la pluie ne tarderait pas à s'inviter dans le paysage. L'herbe verte et grasse pliait sous leur pas.
Rose, figée, les pieds ancrés dans le sol, sentait la lourdeur de l'air, la chaleur sur sa peau. L'orage éclaterait bientôt et il leur faudrait rentrer à l'intérieur. Elle ne voulait pas partir, pas bouger. Devant elle, le cercueil clos avait été posé au fond de ce trou sombre. A l'intérieur, le corps de Lucy, inanimé, reposait et c'était trop pour Rose, trop douloureux et trop difficile de l'abandonner comme ça. Autour d'elle, sa famille en pleurs écoutait les psaumes du Mage. Molly était abandonnée dans les bras de Arthur qui lui même levait vers le ciel un regard implorant. Percy, froid et rigide dans son costume noir laissait échapper de temps à autres de longs sanglots qu'il ne parvenait pas à retenir. Près de Rose, Teddy qui jetait sur elle et Lily son ombre rassurante de grand-frère. Le Mage cessa et le silence retomba.
A petits pas, Ginny s'approcha et jeta une poignée de terre qui s'écrasa dans un bruit mat sur le bois. Elle laissa sa place à Harry et ils repartirent l'un et l'autre s'aidant mutuellement à avancer. La famille au complet se recueilli devant le cercueil jusqu'à ce que ce soit le tour de Rose. Elle s'avança d'un pas trébuchant et à son tour laissa s'effriter entre ses doigts la terre humide. Devant elle, à quelque pas, la caisse de bois formait une bulle protectrice pour le sommeil de Lucy. Comme lorsqu'elles étaient enfants, Rose aurait voulu se glisser près d'elle, leurs mains jointes pour se chuchoter tous leurs espoirs. Son ventre se tordit et elle fit un pas en arrière. Il était temps de la laisser maintenant.
Peu à peu, par groupes de trois ou quatre, les gens remontaient vers le Terrier dont la silhouette brinquebalait. Ils avaient enterrés Lucy non loin de Fred et du fils mort-né de Dominique. Ce cimetière datait d'après la guerre. Rose savait qu'un jour, Tante Muriel lassée de leur compagnie y serait aussi, et elle-même y serait enterrée ainsi qu'à leur tour, ses enfants et petits enfants jusqu'à ce que la tradition s'efface.
Bientôt il ne resta plus qu'elle, droite dans le champs vert. Percy avait soulevé une plaque de marbre et l'avait déposée sur la terre noire, recouvrant ainsi pour toujours sa fille. Rose n'arrivait pas à détacher son regard des inscriptions en lettres dorées, ondulant avec le vent grâce à un sortilège d'Hermione.
« Lucy Weasley, que Morgane veille sur ses rêves »
Des larmes brûlantes coulèrent sur ses joues. Au bout de quelques minutes, une silhouette s'avança près d'elle. Rose se tourna et rencontra le regard brouillé de larmes de Margot qui avait été la petite amie de Lucy. Elles tombèrent dans les bras l'une de l'autre, comprenant trop bien la souffrance qui s'agitait en elles.
« Elle me manque tous les jours, toutes les nuits, seulement soixante douze heures et je la cherche partout. Je ne sais pas comment faire... Je ... »
La voix de Margot s'étouffa et Rose la serra plus fort contre elle.
« Les Aurors vont tout faire pour retrouver celui qui a fait ça. Je te le promets. Oncle Harry s'en occupe lui-même et je l'aiderai. Je te promet Margot »
La jeune femme acquiesça puis après une dernière embrassade pleine de larme transplanna dans un crac sonore pour retrouver le silence et de son apparemment désormais vide.
Seule, Rose sentit la colère gronder en elle. La culpabilité menaçait. Et si elle avait appelé Lucy la veille du meurtre pour prendre ce thé qu'elles s'étaient promises de prendre ensembles ? Et si elle avait mieux regarder les dossiers, peut-être qu'elle aurait trouvé un indice, quelque chose pour trouver le criminel ? Mais rien. Et Lucy était morte, un peu par sa faute. Elle jeta un dernier coup d’œil à la tombe et à son tour transplanna.
Au Ministère, le gens se retournaient sur son passage, inquiets et curieux, voyeurs et compatissants. Elle tentait d'ignorer leur regard de pitié, gardant les yeux fixés sur ses chaussures. Elle arriva à son département, salua rapidement la secrétaire dont les larmes de compassion l'agaçaient. La porte du bureau était fermée. Elle l'ouvrit et s'arrêta sur le seuil. Il était vide, Scorpius n'était pas là. Elle souffla, rassurée. Le voir aurait été au-dessus de ses forces. Elle n'était pas prête à affronter ses sarcasmes et leur bataille acharnée.
Elle se laissa tomber sur sa chaise de bureau et ôta sa veste noire. Dans sa petite robe elle frissonnait, de froid, d'angoisse de trop de choses à la fois pour qu'elle ne les dénombre. Le dossier sur son bureau comportait les nouveaux éléments de l'autopsie de Lucy. Elle ouvrit la première page. Une photo magique montrait le corps froid, nu et immobile de sa cousine. Autour d'elle, les mains du Médicomage s'activaient, contrastant avec l'inanité de la jeune fille. Un sanglot monta dans la gorge de Rose et elle referma le dossier vivement. Elle n'était pas prête et peut-être ne le serait-elle jamais.
La porte s'ouvrit alors sur Scorpius. Ses cheveux blonds, humides sur son front blanc, les manches noires de son costume remontées sur ses poignets fins, elle leva les yeux vers lui et les rebaissa aussitôt. Épuisée d'avance.
« Je suis venue dès que j'ai su que tu étais ici » Déclara-t-il.
Rose resta silencieuse, incapable d'articuler un son. Il sourit tristement et déposa un gobelet sur son bureau.
« Café, j'ai pensé que ça te ferait du bien »
Elle hocha la tête et attrapa le verre en carton entre ses mains tremblantes. Elle y trempa ses lèvres doucement. Scorpius s'assit face à elle.
« Je suis désolé »
Elle ne leva pas la tête. Toute son énergie concentrée à avaler les gorges brûlantes.
« Rose, écoute-moi. Je suis désolé... Je... »
Elle se redressa légèrement sur son fauteuil et reposa son gobelet.
« Margot est venue me voir à l'enterrement, elle était effondrée. Seule. Elle est seule, Scorpius. Nous sommes toutes les deux seules sans Lucy. C'était ma meilleure amie. C'était la femme que Margot aimait et maintenant nous sommes seules. Margot ne se remettra jamais, elle s'en voudra toujours et le meurtrier est toujours dans la rue. Comment continuer comme ça ? »
Sa voix se brisa et malgré elle, ses yeux brûlèrent avant de laisser s'écouler des gouttes salées. Scorpius se leva et s'approcha d'elle. Il s'agenouilla et prit ses mains dans les siennes.
« Tu n'es pas seule Rose »
Elle éclata en sanglots sans pouvoir s'en empêcher. Une petite voix dans sa tête lui murmurait qu'elle se laissait aller contre son pire ennemi mais tout son corps n'aspirait qu'à se jeter contre son torse pour y pleurer tout ce qu'elle pouvait.
« Tu n'es pas seule et le meurtrier de Lucy ne sera pas toujours en liberté. On peut réussir à le retrouver. On peut y arriver. J'ai réussi à avoir le dossier complet des Aurors. Tu n'es pas la seule à avoir de l'influence. J'ai le dossier Rose ! On va retrouver ce gars et il sera à Azkaban, il ne fera plus de mal à personne »
Elle essuya ses yeux et rencontra le regard clair de Scorpius. Jouait-il encore ? Se moquait-il d'elle ? Elle n'y pouvait rien, sa méfiance maladive la rendait inapte à l'amitié, inapte à l'amour, inapte à beaucoup de choses. Pouvait-elle faire taire ses instincts et faire confiance à Scorpius qui avait l'air sincère ? Pourraient-ils oublier leur querelle ?
« Rose, je sais que tu me détestes. Je sais que tu voudrais me voir disparaître. Je sais tout ça. On se déteste. On s'écorche tous les jours. Mais peut-être qu'on peut retrouver le meurtrier de Rose, on peut aider Harry. Il faut juste que tu y crois un peu »
Rose se mordit la lèvre et prit une grande inspiration.
« Ne crois pas que je ne te déteste pas au plus haut point, Malefoy ! »
Il éclata de rire et se leva.
« Ne crois pas que ce n'est pas réciproque ! »
Elle sourit et ils levèrent ensemble leur café pour trinquer.
« A Lucy » Murmurent-ils en chœur.
End Notes:
Alors ? Alors ? Alors ? Aloooors ? *hystérie*
Je sais qu'il ne se passe pas grand chose dans ce chapitre, les grands bouleversements arrivent dans les prochains ;)
Author's Notes:
Oyé oyé ! Tout d'abord je m'excuse pour le retard. J'espère que vous ne m'en voulez pas trop. Je m'excuse aussi pour les fautes d'orthographe qui doivent persister dans ce chapitre, si vous pouvez/voulez les signaler c'est très gentil de votre part et ça ne me vexe pas ^^ Je vous souhaite une bonne lecture !
« Albus ! »
« Scorp' ! »
Les deux garçons se donnèrent l'accolade, un sourire immense sur le visage. Scorpius le premier se dégagea de l'étreinte et regarda avec attention son meilleur ami.
« Tu as l'air d'aller bien »
« Je fais de mon mieux pour faire aller »
« T'as plutôt intérêt oui ! »
Albus leva les yeux au ciel.
« Je n'arrive pas à y croire. Même maintenant que nous sommes sortis de Poudlard tu continues à être aussi autoritaire ! Tu n'es plus préfet tu sais ? »
« Je sais bien oui... J'avoue que ça me manque de te flanquer des heures de colles »
Ils s'esclaffèrent et prirent le chemin du bar le plus proche. Une fois à l'abri du froid et de la pluie ils se laissèrent tomber sur les banquettes. Scorpius lâcha un long soupir.
« Ca fait du bien de sortir du Ministère. L'ambiance en ce moment est … morose. Mais j'imagine que ce n'est pas beaucoup mieux pour toi... »
L'autre haussa les épaules.
« Mon père travaille jours et nuits et ma mère s'est mise à cuisiner »
« Ta mère, à cuisiner ? Par Merlin, elle n'a jamais été fichue de réussir une simple tarte à la mélasse ! »
« Je sais, mais ne va surtout pas lui dire ! En ce moment, c'est la seule chose qui lui permet de garder la tête haute, elle mélange des œufs et de la farine, fait mariner des choses immondes et elle essaie de se donner l'illusion que tout va bien... »
Ils restèrent silencieux un moment avant qu'Albus ne reprenne la parole.
« Et toi, au bureau ? Comment ça se passe avec Rose ? »
Scorpius grimaça et prit une gorgée de thé qui lui brûla la langue.
« Rose... Rose se défoule sur le travail le jour et la nuit elle épluche les dossiers des Aurors dans l'espoir de trouver quelque chose, une piste, n'importe quoi qui ferait avancer l'enquête. Ca fait un mois que ça dure »
Albus secoua la tête.
« Lucy était sa meilleure amie, elle est effondrée Scorp' »
« Je sais. Elle ne parle presque plus, elle ne répond plus à mes piques, pire, elle ne m'en envoie plus. Elle est comme morte, débranchée. Tout ce qui compte c'est les dossiers, les dossiers et encore les dossiers. »
« Tu perds patience ? »
Scorpius darda son regard gris dans celui de son meilleur ami.
« Non Al , je ne suis pas un monstre sans cœur. Je sais qu'elle a besoin de temps, et j'aimerais pouvoir l'aider. En fait... Je lui ai promis de l'aider à avancer dans l'enquête »
« Tu as fait ça, toi ? »
« Ouaip. »
« Pour Rose mon « insupportable cousine » ? »
« Elle n'est pas si terrible finalement... »
« Bien sûr que si. Rose est encore plus chiante quand on la fréquente quotidiennement »
« C'est vrai » fit Scorpius avec un sourire.
« Alors? »
« Alors quoi ? »
« Alors pourquoi tu l'aides ? »
« C'est un reproche ? »
Albus soupira et repoussa sa tasse devant lui. Il tritura sa cuillère un instant avant de répondre.
« Bien sûr que non, c'est juste que... »
« Que ? »
« Que pour la première fois de sa vie, Scorpius Malefoy est altruiste »
« Oh, tu exagères un peu là »
« Juste un peu »
Scorpius sourit par dessus sa tasse fumante.
« La vérité c'est que je ne supporte pas d'être aussi inutile. Je la vois qui s'enfonce peu à peu et je n'arrive pas à l'aider »
« Rose ne laisse personne l'aider, crois moi, nous avons tous essayer »
« Une véritable emmerdeuse »
« Jusqu'au bout »
Ils suivirent des yeux un instant les allées et venues de la serveuse qui slalomait entre les tables sous le regard concupiscent de quelques vieux hommes déjà éméchés.
« Alors qu'est-ce qu'on fait ? » s'enquit Scorpius
« On laisse faire le temps ? »
Scorpius fronça les sourcils.
« Il doit bien y avoir quelque chose à faire ! »
« Toi tu continues d'aider Rose dans ses recherches, on ne sait jamais... Et puis, ça lui fait du bien. Et moi, et bien je vais continuer de faire la navette entre Oncle Percy et Grand-mère »
« Et entre Jepkins »
Albus rougit violemment et tenta de se cacher dans son écharpe.
« Jepkins ? De quoi tu parles ? »
« Tu me prends vraiment pour un con ? Tu crois que je n'ai pas vu votre petit manège à tous les deux ? »
« Tu te trompes. »
« Mes fesses oui. Tu comptais me le dire quand ? »
Albus soupira, vaincu.
« On comptait l'annoncer à mes parents dans le mois, mais avec Lucy... »
« Vous avez préféré retarder »
« Oui »
« Je comprends. C'est bien qu'il soit là. Enfin je veux dire... Que tu l'aies. Surtout en ce moment »
« Oui. Avoir quelqu'un avec qui tout partager ça change tout. » déclara Albus.
Il fit une pause, pencha la tête sur le côté pour mieux observer son plus fidèle ami.
« Quoi ? » s'exclama celui-ci
« Et toi ? »
« Quoi moi ? »
« Tu n'as personne dans ta vie ? A quand remonte la dernière pimbêche en date ? »
« Premièrement ce n'était pas des pimbêches. Enfin pas toutes. Et deuxièmement je n'ai pas le temps pour ce genre de chose, j'ai Rose et ses jérémiades à plein temps »
« Tu es abominable, tu le sais ça ? »
Scopius s'esclaffa aussitôt suivit d'Albus. Lorsque leur rire s'éteignit, Scorpius attrapa sa veste derrière lui et l'enfila. Il se leva et donna une tape amicale sur l'épaule d'Albus.
« Tu pars déjà ? » demanda le jeune Potter
« Oui, j'ai promis à Rose de l'aider dans le dernier dossier des Aurors »
« Passe lui le bonjour »
Scorpius acquiesça et se dirigea vers la porte. Il allait la refermer dans son dos lorsqu'il se ravisa et héla Albus.
« Au fait, tu m'invites ? » dit-il en désignant les deux tasses devant Albus.
L'autre grommela et lui jeta un regard noir.
« Profiteur ! »
« Radin ! »
Scorpius laissa la porte se fermer dans son dos et adressa un dernier signe à son ami par la baie vitrée. Sur le Chemin de Traverse les passants se bousculaient pour échapper à la pluie. Il avançait à grand pas, évitant les étals de journaux où la presse affichait en première page l'échec des Aurors à retrouver le meurtrier. « Les Aurours piétinent encore » « Un meurtrier dans la rue » « Des morts en masse et pas de piste ». Scopius jura, avec des gros titres pareils, le moral de toute l'Angleterre était au plus bas. Il ferma les yeux, se concentra, et disparu dans un CRAC retentissant.
Lorsqu'il arriva à l'étage qu'il occupait avec Rose, l'air se rafraîchit. Il resserra les pans de sa cape contre lui, tentant de se convaincre que le froid était juste une illusion crée de toute pièce par son esprit, que Rose ne s'était pas métamorphosée en Détraqueur pendant son absence. Arrivé devant la porte du bureau qu'il partageait il s'arrêta, prit une grande inspiration et entra.
Sans grande surprise, Rose était attablée à son bureau, entourée de piles de dossiers en équilibres précaires. Une tasse de café inachevée était posée dans un tiroir ouvert et des plumes cassées étaient négligemment jetée à terre. Scorpius grimaça, c'était plus fort que lui, il ne supportait pas le désordre. Il salua Rose qui répondit par un vague grognement et s'assit à son bureau. A un mètre de lui, la rousse plongée entre les lignes d'un parchemin ne cillait pas. De cet angle, ses cernes paraissaient plus grandes encore et la ligne de ses lèvres plus mince. Il suivit un instant le tique nerveux qui agitait sa main puis se lassa. Déjà, le silence l’oppressait.
C'était silencieux, pénible. De temps à autre on entendait le froissement d'une page ou un bruit étouffé dans le couloir. Les fenêtres magiques laissaient voir un ciel gris et pluvieux. C'était morose, et pour Scorpius tout devenait lourd et insupportable. Il prit une gorgée de café et reposa sa tasse sur le bureau. Le bruit mat sur la table interpella Rose qui leva la tête une seconde avant de se replonger dans les dossiers.
Scorpius soupira. Cela faisait un mois que c'était comme ça. Ce silence, cette tension permanente et ce ciel gris dehors. Il avait l'habitude de se dire calme et patient mais ses nerfs menaçaient de lâcher sous peu. Il laissa son regard errer dans le bureau. Elle avait les traits tirés. Elle avait l'air encore plus revêche que d'ordinaire, même Albus le disait. « Rose est … perturbée en ce moment, il faut lui laisser du temps. C'est une chouette fille tu sais ? Ne perds pas patience. Je sais qu'elle est pénible mais... ne perds pas patience » C'étaient les mots qu'il lui avait dit alors Scorpius s'y raccrochait. Mais ça devenait vraiment trop. Trop pénible. Trop silencieux. Trop morose. Et Rose...Rien que lorsqu'il la regardait il se sentait inutile et maladroit.
« Tu pourrais m'aider au lieu de te tourner les pouces »
Il leva les yeux. Rose avait le regard rivé sur lui, imperturbable.
« J'ai fait tout ce que j'ai pu... »
« Tu abandonnes ? »
« Non... Rose écoute... J'ai fait tout ce que j'ai pu. Tu as fait tout ce que tu as pu. Nous avons fouillé entre chaque lignes de chaque dossiers mais rien à faire nous n'avons pas le moindre indice. Rien »
« Donc tu baisses les bras »
Il souffla.
« On travaille là dessus depuis des semaines tout en faisant le travail que nous donne Berdnardson. Tu es tellement fatiguée que le café ne te réveille plus. Nous ne pouvons rien faire de plus. »
« Tu avais dit que tu m'aiderais... »
« Et je l'ai fait. C'est juste qu'il faut que tu acceptes qu'on puisse être impuissants »
Rose baissa les yeux sur ses mains et resta silencieuse un instant.
« Ils vont laisser tomber aussi. Les Aurors ne trouvent rien, ils ne vont pas tarder à classer l'affaire. Et je ne supporte pas ça, tu vois, qu'on classe l'affaire alors que celui qui a tué Lucy est toujours dehors... C'est tellement... »
« C'est nul. C'est injuste. C'est terrible. Je te l'accorde, mais ce qui est encore pire que tout ça réunit c'est que tu te laisses bouffer par tout ça. »
Elle esquissa un sourire tremblant.
« Depuis quand tu te préoccupes de moi Malefoy ? »
« Depuis que obtenir la promotion est devenu aussi facile que voler un bonbon à un bébé... »
Elle lui lança un regard noir.
« Non, tu as raison, j'exagère. C'est devenu encore plus facile que voler un bonbon à un bébé »
Son visage se crispa et Scorpius craint un instant qu'elle ne se mette à lui hurler dessus. Finalement, elle sourit et prit une grande inspiration.
« Il est temps de ranger ces dossiers, n'est-ce pas ? »
« Oui »
« Et de reprendre la course pour la promotion. »
« Ca, tu n'es pas obligée ! »
« Tu serais trop heureux que je laisse tomber »
« En fait, je t'avoue, que le plus amusant, c'est la compétition »
« T'es un sale con arrogant Malefoy ! »
« Et toi t'es une sale gamine pleurnicharde »
Elle lui jeta un regard assassin et referma avec délicatesse le dossier de Lucy. Il la regarda faire, guettant le moindre de signe de larmes. Elle déglutit et rangea le dossier dans un tiroir qu'elle ferma à l'aide d'un sortilège. Elle leva les yeux vers lui et tenta un sourire faiblard qui s'éteignit presque aussitôt sur ses lèvres.
« Merci »
Scorpius sourit.
« Je t'en prie »
Ils se replongèrent dans le travail, mais le silence cette fois-ci était moins douloureux.
Deux semaines passèrent et jours après jours Rose se détendait. Elle avait l'air moins fatiguée, moins irritable mais ça ne l'empêchait pas d'être toujours plus critique à l'égard de Scorpius qui le lui rendait bien. Dans la courses à la promotion tous les coups étaient permis comme l'avait prévenu Scorpius. Lui le premier s'autorisait des actions particulièrement basses comme cacher des dossiers ou trafiquer des notes de réunion de façon à ce que Rose soit en retard. Rose le laissait faire, le traitant de gamin immature dès qu'elle en avait l'occasion. Scorpius continuait à guetter la moindre rechute, parfois il voyait bien que son regard se perdait dans le vide, qu'elle avait les yeux un peu trop humide où qu'elle n'avait pas assez dormi mais rien qu'il ne l’alarmait tout à fait.
C'était une journée tranquille pour Rose et Scorpius, une conférence réunissait une grande partie des employés et ils étaient seuls à leur étage, dispensé d'y assister par Bernardson. Après deux heures de travail, ils avaient achevé les deux tiers de leur travail pour la journée. Pour la première fois du mois, le soleil était au rendez-vous, rendant tout le monde bien plus joyeux. Rose était détendue. Scorpius la regardait jouer avec son crayon tout en griffonnant des notes dans la marge d'un parchemin. Il se balançait sur sa chaise, profitant de la quiétude du moment. Un froissement de papier attira son attention une note volante se dirigea vers eux. Machinalement il l'attrapa. Rose le regarda faire.
« Tu ne vas pas encore une fois trafiquer une note pour que j'arrive en retard j'espère »
Il sourit et déplia le parchemin.
« Bien sûr que non voyons ce n'est pas mon genre. »
Elle leva les yeux au ciel et reprit son travail. Scorpius commença la première ligne et aussitôt il se glaça. Ses muscles se contractèrent et il retint sa respiration. Il prit un moment avant de se composer un visage impassible. Il glissa la note dans sa poche le plus discrètement possible et se leva.
« Je vais me chercher à manger je commence à avoir faim »
Rose acquiesça sans lever les yeux de son parchemin et Scorpius sortit du bureau en tentant de garder son calme. Aussitôt la porte fermée dans son dos il se mit à courir dans le couloir. Il ne fallait surtout pas que Rose apprenne ce qui venait de se passer, elle commençait tout juste à aller mieux. Arrivé dans le hall des cheminettes il s'engouffra dans une et disparut.
Le Chemin de Traverse était bondé. Une foule de passants étaient rassemblés devant Fleury et Bott, des Aurors les empêchait de passer. Scorpius se présenta à l'un d'eux et réussi à franchir la ligne. Il entra dans la boutique cherchant Harry ou Bernardson des yeux. Un éclat de voix l'orienta vers l'arrière boutique. Une odeur de décomposition le prit à la gorge. Il plissa les yeux, écœuré.
« Scorpius, tu es là ! » s'exclama Harry.
« Monsieur Potter, Monsieur Bernardson » les salua le garçon
Il regarda plus attentivement autour de lui et son regard se posa sur une masse au sol recouverte d'un draps blanc.
« C'est le même mode opératoire ? » demanda-t-il.
« Oui. »
Scorpius grimaça. Le ou les tueurs étaient de retour, manifestement ils n'avaient pas trouvé ce qu'ils cherchaient, ou assouvis leur désir de violence.
« Quel est mon travail cette fois-ci ? » demanda-t-il « Je suppose que vous ne m'avez pas fait venir pour mes qualités d'enquêteurs »
Harry sourit faiblement
« En effet, le propriétaire de la librairie nous a fournit le registre des livres vendus dans la semaine, nous voulons que tu regardes si certains livres contiennent des informations sur la culture tchèque ou une biographie du Ministre de façon à relier ce meurtre aux autres et comme certains ouvrages sont en langues étrangères et qu'il va te falloir tous les vérifier... »
Scorpis écarquilla les yeux.
« C'est un travail fastidieux... » commença-t-il
« Et probablement inutile oui, mais nous ne voulons pas passer à côté de quoique ce soit »
« Je comprends »
Il salua les deux hommes et retourna dans la boutique là où l'odeur était moins forte. Il leva les yeux. Devant lui, Rose se tenait, droite et impassible. Ses yeux rivés sur lui froids et impénétrables.
« Rose... »
« Pourquoi tu ne m'as rien dit ? » demanda-t-elle sa voix partant dangereusement dans les aigus
« Rose écoute moi... »
« C'est le même tueur c'est ça ? Le même que celui qui a tué Lucy ? »
Scorpius garda le silence.
« Pourquoi tu ne m'as rien dit ? » cria-t-elle.
Il chercha vainement quoi lui répondre mais rien ne sortait.
« Mais pour qui tu me prends Malefoy ! Tu voulais être le seul sur l'affaire c'est ça ? Tu t'es dit qu'être celui qui aiderait le plus les Aurors te ferait marquer des points et te ferait obtenir la promotion ! Je savais que tous les coups étaient permis, mais te servir de ça contre moi … C'est... C'est... C'est odieux ! Horrible ! Tu n'es qu'un con ! Un véritable salopard ! »
Dans ses tempes le sang pulsait à toute vitesse, la colère montait en lui et Scorpius tentait de garder son calme. Comment pouvait-elle penser ça, qu'il était aussi mauvais et manipulateur. Une rage terrible s'empara de lui et il s'approcha d'elle d'un grand pas. Il l'attrapa fermement par les épaules et serra si fort qu'elle grimaça de douleur. Elle allait hurler encore lorsqu'il la devança et cria.
« J'essayais de te protéger ! »
Elle resta interdite un moment puis le gifla. Il resta immobile un bref instant, juste le temps qu'elle disparaisse.
End Notes:
Mwhahahahahaha. Je sers à rien u______________u
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