Le 11 août 1986 aurait du être une journée absolument parfaite dans la vie de Ginny Weasley. Pourtant, moins d’une heure avant que sa mère n’amène le grand gâteau dans le jardin pour que toute la famille se réunisse en l’honneur de sa petite dernière, la jeune Ginny était loin d’être aussi heureuse qu’elle l’aurait voulue.
Bill avait été le premier de ses frères à lui souhaiter son anniversaire. C’était Bill, surement le plus attentionné de tous, celui qui adorait Ginny et pensait toujours à elle. Le grand Bill qui allait déjà à Poudlard, qui était à Gryffondor parmi les courageux, qui obtenait toujours les meilleurs résultats et qui avait toutes ses chances de devenir Préfet l’année prochaine. Bill pensait toujours à Ginny, il lui envoyait de longues lettres de Poudlard presque chaque semaine lorsqu’elle l’année scolaire reprenait, et il lui offrait toujours des friandises lorsqu’il était allé faire un tour à Pré-au-Lard. Mais surtout, surtout, c’était lui qui lui avait offert Jimmy, l’ours en peluche qui ne la quittait jamais.
C’était ensuite Charlie qui lui avait souhaité son anniversaire, puisqu’il était le plus matinal des Weasley. Bill s’était levé tôt spécialement pour sa petite sœur qui elle s’était évidemment levée aux aurores mais Charlie, lui, s’était juste levée à l’heure habituelle. Il était descendu dans la cuisine et avait pris sa petite sœur dans les bras. Charlie aussi était à Poudlard, à Gryffondor naturellement, et il écrivait aussi des lettres à sa sœur même si elles étaient moins régulières que celles de Bill. Ca n’empêchait pas Ginny d’aimer très fort son grand frère, et tous les dessins de dragon qu’il lui avait offert à ses anniversaires et à Noël étaient affichés dans sa chambre, sans exception.
Percy, qui était lui aussi assez matinal bien que moins que son frère, avait souhaité un bon anniversaire à sa petite sœur d’un ton très conventionnel en l’embrassant sur les deux joues. Percy n’entrait à Poudlard que dans un an, mais il était beaucoup moins impatient que Ginny. Il apprenait docilement tout ce qu’il pouvait sur Poudlard en prenant les livres de ses grands frères mais ne trépignait jamais d’impatience lorsque la famille se rendait à King’s Cross. Ginny en voulait parfois à son frère de toujours se contenir, de ne jamais dire ce qu’il pensait vraiment et d’être beaucoup trop sérieux. Il n’empêche qu’elle ne pouvait pas être trop fâchée contre lui, puisqu’il lui offrait toujours du chocolat à ses anniversaires.
Fred et George, comme à leur habitude, avaient décidé de marquer le coup pour l’anniversaire de leur cadette. Ginny adorait les jumeaux, elle les trouvait drôles et voulait toujours les suivre dans leurs jeux, au grand désespoir de sa mère qui s’inquiétait de ce qui pourrait arriver à sa petite fille avec ces deux énergumènes. Mais Ginny enviait ses frères, elle enviait leur joie de vivre, leur facilité à se faire accepter, leurs blagues… elle enviait l’assurance qu’ils avaient, elle qui était si timide avec les inconnus. Elle espérait que plus tard elle serait comme Fred et George, pétillante et pleine d’assurance. Même si elle n’irait jamais jusqu’à lâcher des gnomes dans la maison pour amuser ses frères à leur anniversaire.
Ginny aurait du être très contente. Elle n’avait pas encore eu ses cadeaux officiels, mais Bill l’avait embrassé sur le front et lui avait raconté une histoire sur Poudlard, Charlie l’avait fait monter en douce sur son balais pendant une dizaine de minutes, Percy qui pourtant était toujours trop sérieux avait fait rire sa sœur avec ses grimaces, Fred et George étaient allés chercher des gnomes dans le jardin et les avait lâchés dans la maison du haut des escaliers, faisant éclater de rire Ginny et rugir de fureur Molly.
Mais Ron, lui, ne lui avait pas souhaité son anniversaire.
A aucun moment Ron n’était venu la voir en souriant pour lui souhaiter un bon anniversaire. Il ne l’avait même pas embrassé sur la joue comme il le faisait pour les occasions spéciales. Il s’était levé le dernier, très tard, avait salué Ginny d’un signe de tête et était parti jouer dans le jardin. Elle ne l’avait pratiquement pas vu de la journée et lorsqu’il était rentré, il ne lui avait toujours pas dit les deux mots qu’elle attendait. Pourtant, c’était avec Ron qu’elle s’entendait le mieux. Bien sur, elle adorait Bill, Charlie, Percy et les jumeaux. Mais Ron était son compagnon d’aventure, celui qui n’avait qu’un an de plus qu’elle et avec qui elle pouvait faire les quatre cents coups, celui avec qui elle pouvait jouer parce qu’elle comprenait ses jeux, celui qu’elle rejoignait le soir dans sa chambre pour discuter de leurs rêves d’enfants. Ron n’avait jamais oublié son anniversaire jusqu’à présent, ni même sa fête. Alors Ginny était plus que dépitée en ce jour qui aurait du être parfait, et elle regardait avec tristesse sa mère terminer la préparation du gâteau.
-Ginny !
La fillette se retourna brusquement. Ron venait de l’appeler, il lui faisait signe de la main depuis le perron de la porte. Ginny fut d’abord tentée de l’ignorer, de faire comme si elle n’avait rien entendue –après tout, il avait oublié son anniversaire !-, mais lorsqu’il l’appela une deuxième fois elle ne put résister à la curiosité de savoir ce qu’il voulait et le rejoignit en courant.
-Viens, je vais te montrer quelque chose, dit-il en lui prenant la main.
Ginny le suivit, docilement, toujours avec un pincement au cœur en songeant qu’il ne lui avait toujours pas souhaité son anniversaire. Néanmoins, la main chaude de son frère serré dans la sienne lui donnait du baume au cœur, et Ginny ne pouvait s’empêcher d’être enthousiaste à l’idée qu’il voulait lui montrer quelque chose. Elle se posait mille et une questions sur ce que Ron voulait lui montrer lorsque ce dernier s’arrêta brusquement devant le petit bois qui se trouvait à proximité de la maison des Weasley. Il n’était pas bien grand, mais les enfants Weasley y passaient parfois des après-midi à jouer sous l’œil attentif de leurs parents.
-Alors, c’est quoi que tu veux me montrer ? demanda Ginny, impatiente.
Ron lui fit un sourire et se remit à marcher, plus doucement cette fois-ci, en slalomant entre les arbres. Il s’arrêta finalement quelques mètres plus loin, au pied d’un arbre assez grand.
-On va devoir monter, dit-il en désignant l’arbre et ses nombreuses branches.
-Mais pourquoi ?
-Ce que je veux te montrer est là-haut ! répondit-il avec un clin d’œil.
Ginny acquiesça alors et laissa son frère monter le premier. Elle suivait ainsi son sillage en posant ses pieds à l’endroit exact où lieu posait les siens. Il lui sembla que la montée durait des heures, jusqu’à ce qu’elle voit Ron se hisser à l’intérieur de quelque chose et disparaître de son champ de vision. Cette fois presque euphorique à l’idée de bientôt savoir ce que voulait lui montrer Ron, Ginny grimpa les dernières branches qui la séparait de son frère avait rapidité et se hissa à son tour là où avait disparu Ron quelques instants plus tôt. Elle s’assit ensuite sur le sol en bois et regarda tout autour d’elle. Ron était un peu plus loin et la regardait en souriant, voyant le visage de sa sœur adopter un sourire éclatant.
-Mais c’est la cabane ! C’est la vieille cabane toute pas belle qu’on a trouvé l’autre jour et que maman voulait pas qu’on monte dedans ! s’exclama la fillette avec joie.
Elle regardait avec joie et enthousiasme les petites fenêtres qui donnaient une vue sur l’horizon, la petite table et les chaises disposées autour, le grand coffre entrouvert qui contenait des jouets, le placard ouvert lui aussi dans lequel se trouvaient plusieurs sachets de friandises et les dessins affichés sur les murs. Tous des dessins qu’elle avait fait ou qu’avaient fait ses frères.
-Mais Ron c’est trop bien ! Comment t’as fais ? demanda Ginny.
-C’est Bill et Papa qui m’ont aidé, Papa a fait de la magie pour réparer la cabane et transporté les meubles, et Bill a accroché les dessins avec moi et installé les chaises. Maintenant c’est notre cabane, on pourra y venir quand on veut !
-Rien qu’à nous deux ? demanda Ginny.
-Si tu veux oui. Mais les autres peuvent venir aussi si tu en as envie.
-Ron c’est trop chouette, t’es le meilleur des grands frères de toute la terre et de l’univers ! s’écria Ginny en se précipitant vers son frère.
Elle se jeta dans ses bras avec une telle force que Ron faillit en tomber à la renverse, mais il finit par rire de l’exaltation de sa petite sœur et la serra dans ses bras avec force. Le frère et la sœur restèrent ainsi un long moment dans les bras l’un de l’autre, un grand sourire s’étirant sur leur visage respectif, jusqu’à ce que Ron se défasse doucement de l’étreinte de sa sœur.
-Au fait Ginny… joyeux anniversaire.