Si c’était un son peut-être celui de ce vieux réveil dont la peinture s’écaille mais que l’on ne repeindra jamais :
Tic…tac…tic…tac…
SI c’était un sport, peut-être une partie de tennis sous un soleil écrasant.
Une pièce de théâtre ? Une de celle dont les répliques sont dignes de marquer les esprits, un affrontement sans égal, un duel de lame, la bataille de deux âmes.
C’est une musique en vérité.
Mais attention, pour l’entendre il ne suffit pas de tendre l’oreille, il faut comprendre.
Entendre le rythme de leurs cœurs qui parfois ralentit, parfois s’accélère sans jamais s’arrêter, comprendre ces deux mélodies qui s’affrontent puis s’entrelacent dans une harmonie jamais égalée.
C’est quelque chose de désordonnée, quelque chose de non contrôlé, qui loin d’être parfait n’en est que plus charmeur.
Il y a lui d’abord que l’on voit mais surtout que l’on entend, celui à qui longtemps la vie a trop sourit, enfant choyé qui savait qu’il était aimé.
Il y a elle ensuite qui fut chassé d’un foyer pour un autre, qui a mis longtemps à trouver ses marques, qui souvent a été déçue de la vie et qui très vite a grandie.
Il y a la tempête, l’assurance qui cache quelque chose de plus délicat, quelque chose de plus fragile, un cœur qui ne demande qu’à aimer et une loyauté sans faille.
Il y a l’eau calme, celle qui réfléchit, parfois trop, celle qui ne se fait pas confiance mais qui accorde trop vite la sienne, celle qui parfois n’a pas su chercher au-delà de ce qui semblait.
Qui aurait pensé voir l’eau calme bouillonner, déborder et affronter vents et marées, affronter la tempête comme un ultime recours pour ne pas se laisser utiliser, comme un but pour ne pas sombrer.
Qui aurait pu penser que la brise ensuite viendrait, que l’enfant grandirai, qui aurait songé à ce que cet homme aurait réalisé.
Et pourtant.
La Femme rousse toise en égale celui qu’elle a méprisé pendant de longues années.
L’homme brun regarde cette force qui l’a sauvé de lui, de cette cruauté.
C’est l’orage qui est entre eux, comme une force qui dépasse tout, une alliance entre l’eau et le vent, et qui retombe en une ondée qui assainit tout.
Aujourd’hui le métronome de leur vie a un peu évolué et la mélodie change de façon perceptible
Lily tourne ses yeux verts et sa bouche pincée vers le visage serein de celui qui est toujours à ses côtés.
« Tu te fous de moi ?
- Non, mais bien sûr que non voyons, qui oserait faire ça ?
- Tu vois, tu vois, tu le fais encore !
- Je fais quoi ? »
Le sourire se veut innocent, il n’est rien de tout ça, il est provocateur et James en est conscient.
Lily fulmine, il fait exprès de l’agacer et elle le sait. Elle toise le jeune homme, se souvient de l’impertinence dont il a fait preuve pendant des années avant de comprendre qu’il n’en avait pas besoin pour être intéressant.
James ne s’explique pas, ne laisse que ce sourire qui tout en étant charmant ne fait qu’irriter Lily à qui tout calme échappe désormais.
Pourquoi ?
Parce que c’est toujours la même chose, le petit nez retroussé qui se tord et devient trognon, les joues qui rougissent avec passion et le reste.
Le reste c’est cette autre façon qu’elle a de se mouvoir, cette fureur la domine et elle devient aussi perdue qu’une enfant. James adore cette partie fragile d’elle, elle le sait parce que c’est la première chose qu’elle ait écouté.
Mais rien n’énerve plus une Lily que de se savoir manipulée et sans s’en rendre compte sa perplexité se mue en rage qui la domine.
James savoure cette partie cachée qui arrive bientôt, parce que Lily c’est le feu, c’est la rage, de vaincre, de se battre, de vivre éperdument.
Le geste vif elle repousse ses cheveux, elle est sauvage ainsi, elle est libre, elle est belle.
La baguette siffle dans l’air tandis que James se trouve pendu la tête en bas.
Il sourit, et Lily le déteste encore plus, parce que le peu de contenance qu’elle a trouvé fond dans ce sourire.
Mais attention, elle se veut maître de ses émotions, elle s’approche de son meilleur ennemi près, bien plus près qu’elle ne voulait en fait, trop près. James sent la tension monter et son sourire s’éteint lorsque ses yeux se perdent dans ceux de Lily.
Brun dans vert durant une seconde qui paraît éternité.
Elle se sait perdue mais elle demande.
« Comment ça tu as annulé le dîner chez mes parents ?
- J’ai dit à ta mère qu’on ne dinerait pas chez elle pour ton anniversaire Lil’…. mais que nous trinquerons ensemble au meilleur restaurant pour célébrer la femme de ma vie »
Elle tressaille, la baguette flanche et James tombe les quatre fers en l’air. Il n’a pas l’air malin le jeune Potter tout empêtré dans sa cape de sorcier.
Lily l’aide à se relever et il fleurit un sourire entre eux, comme un secret qu’ils partagent sans l’avouer.
« Tu es un imbécile James Potter
- Je sais, ajoute-t-il penaud
- Et moi la pire des idiotes ».
Et finalement elle ne tient plus, unit ses lèvres brûlantes à celles de son crétin de fiancé.
Un pas en arrière, un en avant, c’est la danse de ces amoureux au rythme de la passion.
C’est l’affrontement de Lily et James pour le pire mais surtout le meilleur, une mélodie dont chaque mouvement laisse un même goût d’envie, d’aventure et d’amour.