Marquée by Awena
Summary:

pixabay

Elle est sombre, jusque dans ses veines où coule puissance autant que folie.
Elle se délecte de l'acidité du mal des autres

Elle crie de toutes ses forces alors que pulse dans son corps un mal étrange.
Et elle inscrit ses victoires sordides jusque sur sa peau.
Elle est marquée des tristesses du monde qu’elle compte comme autant de trophées.
Elle ne cherche pas la mort mais c’est la seule qui dans sa bonté viendra enfin la délivrer.
Elle ? Alecto Carrow.

 

Participation au concours" Tatoo...l'art dans la peau" de princesse

 

Edit Modération : Bannière supprimée car mal créditée


Categories: Biographies, Autres portraits de personnages Characters: Les Mangemorts
Genres: Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Tattoo... l'Art dans la peau
Chapters: 5 Completed: Oui Word count: 9246 Read: 3068 Published: 23/05/2016 Updated: 31/05/2016
Story Notes:

Conditions du concours :

Vous pouvez utiliser n’importe quelle époque et n’importe quel personnage pour planter votre décor, et votre histoire.

- Vous pouvez choisir librement le tatouage de votre personnage, ainsi que son histoire, mais vous devez expliquer le symbolisme de ce tatouage

- Cinq des douze mots suivants seront obligatoires à placer => pigments, henné, scarification, social, celtique, traditionnel, subtilité, ethnie, marque, pointilliste, estampe…
…Et mention très spéciale pour ceux qui réussiront à placer le mot «horimono » , qui signifie littéralement la sculpture en Japonais, mais qui désigne plus communément le Tatouage.

- Dernière contrainte : cela serait intéressant de retrouver dans votre fiction l’étymologie du mot Tatouage, qui est la suivante : « Le mot vient du Tahitien ‘tatau', qui signifie marquer, dessiner ou frapper et dérive de l'expression « Ta-atouas ». La racine du mot, ‘ta’ signifie « dessin » et ‘atua’ signifie « esprit, dieu ». »

- La fiction comptera minimum 500 mots jusqu’à un maximum de… 10 000

1. Chapitre 1 : Brûlure d'enfant by Awena

2. Chapitre 2 : Estampe du mal by Awena

3. Chapitre 3 : l'embrasement de la damnée by Awena

4. Chapitre 4 : Soleil noir by Awena

5. Chapitre 5 : plainte de maccabé by Awena

Chapitre 1 : Brûlure d'enfant by Awena
Author's Notes:

Oui je sais ce que vous vous dîtes si vous avez l'habitude de me lire : "encore une nouvelle fiction, mais arrête de commencer, finit un peu"

Pas d'inquiétude, cette fiction est belle et bien terminée, enfin sans compter le bêtatage, et elle comptera 5 chapitres au total.

Je l'ai écrite dans le cadre du concours de princesse sur le tatouage.

J'espère qu'elle vous plaira bien que très loin de ma zone de confort habituelle en écriture.

J'ai choisi comme personnage Alecto Carrow (mangemort que l'on aperçoit au cours de la saga et qui fut assomée lors de la bataille de Poudlard par Luna puis ligotée par Mc Gonagall après avoir appelé Voldemort.)

 

 

 

Sur le sentier de terre s’agite une foule entière, grouillante, minuscule mais cependant tranquille dans son petit monde secret. Une ombre plane pourtant. La première vague qui s’abat tue les trois quarts de la colonie en quelques secondes et, en un instant, la panique s’installe. Vite, s’enfuir, préserver le plus de ressources possible, c’est la débandade, la crise, l’angoisse, le capharnaüm.

« Amycus, il n’y a pas assez  d’eau.  Pousse-toi, idiot ! »

Les enfants Carrow s’amusent à ce cruel jeu depuis  cinq bonnes minutes déjà, martyrisant les fourmis pour le plaisir de voir cette masse s’éparpiller, cette foule s’enfuir. Alecto, l’ainée, est l’instigatrice de ce jeu. Pense-t-elle à mal ? Non, c’est une enfant délaissée et c’est son ennui qui la pousse à s’occuper de la sorte. Elle regarde  les fourmis comme elle toise son frère au visage tordu, il porte bien son surnom de Gueule-de-travers.  Elle se sent forte quand elle écrase de ses souliers vernis celles qui tentent de s’échapper de tous les côtés.

Finalement, elle semble s’ennuyer de nouveau et se désintéresse du seau d’eau croupie qu’ils ont volé à l’âne. Il retombe dans l’herbe mal coupée dans un bruit sourd alors que la magie de l’enfant ne le porte plus.

« BAYYYOOOOOON ! »

Avec un petit plop, la dénommée créature apparaît. Elle fait peine à voir, vraiment.

Le visage de l’elfe de maison est ridé au possible et ses oreilles, en partie coupées, portent des cicatrices. Le sac de toile percé de trou qui lui sert à se couvrir laisse juste apercevoir ses deux jambes de sauterelle recouvertes de bleues et de bandages.

L’enfant exige qu’il la porte jusqu’au manoir et Bayon accède à la demande de la fillette qui monte sur ses épaules  tandis que son frère la suit. Il ploie sous le poids de la petite fille mais il a l’habitude de céder à ses caprices sans broncher. Lentement Bayon remonte le sentier menant à la demeure familiale sous le ciel gris qui fait paraître le petit groupe plus terne encore.

Deux mètres avant la grille rouillée, Alecto saute sur ses pieds et perd son sourire. Elle se rapproche de son frère et lisse un peu les plis de ce qui lui sert de robe.

Le manoir a certainement été beau autrefois, lorsque les arbustes étaient encore taillés et les volets repeints régulièrement, lorsque le lierre n’envahissait pas encore la façade et n’avait pas encore délogé des tuiles du toit. On dirait que le temps s’est arrêté ici et l’impression se renforce lorsque l’on pousse la lourde porte de chêne et que l’on pénètre dans le hall qui sent le renfermé. Tout est gris. La tapisserie a la même couleur triste que le ciel dehors et la poussière qui les recouvre masque les luxueux chandeliers  d’argents. Bayon, aussitôt sa mission remplie, transplane, laissant les deux gosses seuls à écouter le bruit de quelqu’un qui farfouille en haut de l’escalier rongé.

Amycus commence à grimper les escaliers lourdement mais se retrouve les quatre fers en l’air, tiré en arrière par sa sœur qui en tant qu’aînée revendique son droit de passer avant.

Alecto a peur en réalité, elle ne l’avouera pas à Gueule –de-travers parce qu’elle veut toujours être la plus forte. Lentement, elle grimpe les marches, évitant celles qui grincent, et comptant celles qu’elle doit encore franchir avant d’arriver à un pallier, comme un jeu pour se rassurer.

La voix de son père résonne comme une litanie sans fin dans le vide de l’étage.

Et c’est ce qu’elle craint. Elle le sait. Elle voit la chambre de l’ancien couple ouverte en grand. Elle contemple tout le fatras étalé par terre.  On dirait qu’une tornade est passée par là. Il y a des feuilles partout. Un coussin a même été ouvert de haut en bas, dégueulant des plumes sur le tapis crasseux. Le placard ouvert laisse quant à lui échapper une montagne des veilles nippes de sa mère. Même le petit bureau en bois vermoulu n’a pas échappé à la tempête et git désormais en petits morceaux dans la pièce et le couloir.

Elle retire ses chaussures vernies et remonte en chaussettes la longue galerie d’horreurs, faisant attention où elle marche. Elle ne doit pas se faire repérer, pas aujourd’hui, pas maintenant. Elle le sait, mais sa chambre est de l’autre côté alors elle tente sa chance un jour de plus. Elle est presque arrivée lorsqu’elle se sent saisie par un bras puissant qui la tire dans la salle de bain. La pièce est dans le même état que le reste de la maison.

« Elle est où ? Elle a dit qu’elle resterait avec moi jusqu’à la fin ! »

Son père la secoue violement. Alecto laisse échapper un gémissement de douleur et c’est le début de la fin.

Il réalise qui elle est. Enfin, il pense savoir qui elle est.

« Pourquoi tu portes son visage ? Qui es-tu ? C’est toi, hein, c’est toi qui le lui as volé ? »

Il attrape le visage d’Alecto de ses grosses mains et le presse comme pour en faire sortir quelque chose. La pauvre gosse souffre mais ne dit rien.Ça a le don d’énerver encore plus son géniteur et un sourire aux dents gâtées apparaît sur son visage sale lorsqu’il sort sa baguette magique et en menace sa fille.

Mille aiguilles semblent s’enfoncer dans le corps d’Alecto qui pousse un cri déchirant. Pourtant qu’est-ce qu’elle pourrait dire à son père ? Que Mélia est morte depuis plus de deux ans ? Qu’elle aurait préféré ne jamais être le portrait craché de sa mère ? Qu’elle déteste ce que son père est devenu ?

De chaudes larmes s’écoulent le long de son visage aux traits grossiers mais ça ne soulage personne. Elle crie, elle appelle à l’aide. Son frère, Bayon, sa mère, n’importe qui. Puis son père change de sort et la prive subitement d’oxygène et de voix.

Amycus est monté et attend devant la porte, la peur au ventre. Il pourrait être à sa place, il le sait, s’il ressemblait plus à Mélia, sa mère. Il pourrait rentrer, essayer pour sa sœur de stopper son père. Si Alecto est mauvaise et cruelle avec lui, elle l’a pourtant toujours protégé des coups du paternel, son corps et son âme d’ainée encaissant pour lui les insultes, les coups et les reproches.

Alecto a froid, elle a soif, sa tête dodeline doucement et son esprit s’évade peu à peu, lâche prise sur sa caboche déjà abimée. Elle n’entend plus rien, ni les pleurs de son frère qui s’est enfin décidé à entrer et s’agrippe au bras de l’homme qui l’envoie valser contre le lavabo et le ligote magiquement. Elle n’entend pas non plus  les paroles de son père qui est persuadé qu’elle a tué sa femme et cousine, lui volant son visage.

Les hurlements qui s’échappent de sa gorge lui semblent lointains. Elle se demande même qui peut crier ainsi. Elle ne sent plus la torture magique qu’on fait subir à son esprit.

Alors qu’elle s’enfonce doucement dans un état second plus paisible où l’air manquant lui promet une mort plus douce et moins douloureuse, elle retourne d’un coup dans le cauchemar. De nouveau, ses yeux s’ouvrent et l’air alimente ses poumons. Mais les cris eux-aussi reprennent, plus forts que jamais, plus violents alors que son père, toujours malade, trace sur sa peau des langues de feu, brûlant la peau tendre de l’enfant qui ne peux même plus pleurer, ses grands yeux ouvert sur un monde vide de sens. Ils sont secs et le temps pour eux semble être arrêté. Ils fixent le plafonnier en argent massif du plafond. Ils fixent comme pour se raccrocher à quelque chose, comme pour ne pas voir les gouttes de sang qui coulent des lèvres de Bayon venu essayer de raisonner son maitre ou celui coagulant le long du coup de son frère.

Subitement quelque chose change, les yeux d’Alecto papillonnent un instant, ceux de son père restent grand ouverts dans une expression mêlant surprise et démence. D’un coup ils se tournent vers le bras ensanglanté où les lignes de chair brûlés sont maintenant tachetées du sang de son père et des débris du plafonnier qui s’est écrasé sur le crâne de l’adulte.

Et enfin, Alecto ferme les yeux et le monde disparaît.

 

Lorsque les aurors alertés par Bayon découvriront les deux petits corps inconscients aux dernières heures de cette  funeste journée la première sensation qui les envahira sera l’horreur. Horreur face à cet endroit miteux où des gens aussi riches vivaient, face à cette vie qu’ils menaient, face à  la folie de cet homme puissant qui avait refusé l’internement à cause de l’humiliation que cela représentait pour un aristocrate sang pur. Horreur face à cet homme dont le délire l’amena presque à tuer ses propres enfants.

Mais la pitié aussi avait sa place. Rien qu’à imaginer la vie de ces deux mioches. Abandonnés, seuls, l’un ayant  tué son propre père, avec pour unique souvenir cette vie misérable. Ils avaient tous envie de pleurer.

C’est cette pitié qui conduisit l’un des leurs à passer outre la loi.

Lentement, il enfouit les souvenirs sous d’autres plus respectables. Il masqua par la même occasion la longue trace sur la chair tendre d’Alecto et réduisit les bleus sur le petit cou d’Amycus.

 C’est ainsi qu’il condamna, sans le vouloir, ces enfants à un funeste destin.

 

Frappant du marteau de bois

Sa  propre chair et son sang,

 Sombre trace sur peau d’enfant,

 Il lègue  de sa folie le poids.

 

End Notes:

 Le mot vient du Tahitien ‘tatau', qui signifie marquer, dessiner ou frapper

Voilà, j'espère que ce chapitre assez dûr vous a tout de même emporté dans son petit univers.

à très bientôt pour le chapitre 2 !

Awena

Chapitre 2 : Estampe du mal by Awena
Author's Notes:

Le deuxième chapitre,un grand bravo à ma bêta LoveYouAnyway qui fait un boulot de dingue !

Merci à Asumi pour la gentille review qu'elle m'a écrite

 

 

« Qu’est-ce que ça m’apporte ? »


C’est sans doute la première question que s’était posé Mme Carrow lorsque des Aurors avaient frappé à sa porte accompagnés de deux gosses mal peignés, vêtus de haillons troués et sales. Entre ses dents, elle avait certainement murmuré pour elle-même son légendaire : « Si c’est pas une honte », avisant ces enfants au sang si pur, au rang tellement plus élevé que le sien, qui se promenaient vêtus comme de simples mendiants. Mais ce dont Alecto se souvient parfaitement c’est du regard dur de cette femme si étriquée dans son corset.

Elle se souvient du dégoût qui s’était étalé sur le visage de cette femme à la haute stature et à la beauté certaine quand elle avait aperçu les traits de Gueule-de-travers et ceux très peu nobles d’Alecto. Et dire que son frère déjà pas gâté par la nature avait donné naissance à ces monstres. Mais elle l’avait toujours dit, se marier à sa cousine au premier degré  n’était pas une bonne idée!
Mais ils étaient riches, très riches, à 8 et 10 ans et seuls héritiers de toute une branche de la famille.
Alors Mme Carrow avait ouvert la porte et les avaient laissé entrer dans le couloir sombre. Au fond pourquoi ne pas les garder en attendant la naissance de ses propres héritiers ?

 

Ce matin Alecto est loin de se préoccuper de ce souvenir, bien trop agacée par les consignes strictes que sa tante lui répète sans cesse. Surtout faire ci, ne pas faire ça. Parfois elle aimerait bien lui lancer un sort pour faire taire ce son criard qui lui sert de voix.

Peu importe, elle a autre chose à faire, pense-t-elle en vérifiant que son allure est assez austère à son goût avant de franchir le pas de sa chambre.

« AMYYYCUS ! »hurle-telle dans les escaliers du vieux manoir, s’attirant les remontrances de sa tante qu’elle entend maugréer après elle.

Son frère descend de son pas lourd habituel et tous deux sortent presque en courant de la maison. D’accord, ce n’est pas vraiment distingué mais de toute façon elle a beau savoir qu’elle appartient à une des familles les plus puissantes du monde sorcier, Alecto n’arrive pas à se faire à l’idée qu’elle ne peut toujours pas agir comme elle le souhaite.

Elle claque la porte derrière elle, sachant très bien qu’elle se fera enguirlander comme pas possible plus tard et sort dans la rue.

Bon sang, qu’elle a hâte d’être majeure. Il ne lui reste à présent que quelques mois de cours à la maison à supporter avec ses professeurs à moitiés fous et elle pourra faire ce qu’elle veut de sa vie, apprendre ce qu’elle veut et n’obéir qu’à elle-même.

Et surtout, elle pourra enfin transplaner, pense-t-elle en grimaçant à la vue de moldus. Elle n’aura plus à les côtoyer en se rendant au portoloin qui mène à la plus grande bibliothèque sorcière du monde.

 

Alecto est installée dans la salle de travail réservée aux quelques familles sang purs privilégiées, absorbée par la lecture d’un manuel sombre et poussiéreux.

On trouve de tout ici, des manuels de magies celtiques, de sordides parchemins de mages du Moyen-âge, de la magie ancestrale aussi sombre que lumineuse, telle qu’elle  était avant d’être divisée en deux.

Plus jeune, on l’emmenait ici apprendre à se servir de sorts dangereux, ceux qui frôlent la magie noire, ceux qui lui permettent d’être plus forte, plus puissante, comme le veut la devise de sa famille.

Alecto n’a de cesse depuis des années de chercher les sorts les plus offensifs, les plus à même de la défendre. Parfois sa tante lui demande pourquoi elle se sent autant en danger mais la vérité c’est qu’Alecto ne sait pas. Elle se demande parfois d’où lui viennent cette peur, cette rage et cette colère qui surgissent en elle.

Mais peu importe, pour le moment elle travaille sur un sort qui permet d’absorber une partie des souvenirs de ses ennemis et elle ne songe pas à tout cela. Elle en oublie presque sa haine des moldus, attisée chaque jour par l’éducation qu’elle reçoit.

Alecto les détestes, ces moldus. Ils la dégoutent plus que quiconque dans sa famille ce qui n’est pas peu dire. Pourquoi ? Elle ne sait pas, c’est comme si elle voulait leur faire payer quelque chose en plus de leur simple existence. Mais après tout c’est sûrement dû à son éducation. Si le blason de la famille Carrow n’est pas gravé d’un « Toujours Pur » comme celui des Blacks, l’idée reste la même.

« Plus puissant ». C’est la devise et, ça, Alecto l’a parfaitement intégré. Depuis ses tous premiers cours à la maison, alors que sa tante avait décidé que le directeur et l’environnement de Poudlard ne faisaient pas de l’école un endroit fréquentable pour elle. Elle lui avait alors donné ses premiers cours elle-même.

Elle sursaute et fronce les sourcils en apercevant l’ainé de la famille Shafiq et éternel rival d’Amycus, échanger des mots moqueurs avec son frère.

Elle a beau ne pas supporter Amycus,  elle estime qu’elle est la seule à avoir le droit de lui parler de cette manière. Elle se lève, droite comme un i, laisse retomber le manuel lourdement sur la table, soulevant au passage un véritable nuage de poussière, et lui ordonne de cesser d’un ton sec.

Mais ça ne suffit pas, au contraire ça déchaîne les hostilités. Alexander envoie valser les étagères et  Amycus  est propulsé au sol.

« Colloshoo !»

Elle ricane alors qu’Alexander Sahfiq tombe, ses chaussures collées au sol, l’empêchant d’avancer.

Il rugit, se libère du sortilège et lance une myriade d’informulés à Alecto qui esquive avec facilité. Il ne sait pas à qui il se frotte. Même après toutes ces années de rivalité, il ne comprend pas qu’elle est quasi imbattable niveau sortilège. Mais Alecto doit reconnaître qu’il est fort et, alors que son frère se joint à elle, Alexander est rejoint par ses amis de la salle d’à côté. Alecto et Amycus reculent peu à peu. Ils ont beau être doués, ils se battent désormais contre une dizaine de sorciers.

Les éclairs fusent et l’un d’eux finit par l’atteindre à la joue, l’entaillant un peu et faisant jaillir le premier sang.

Elle hurle de rage et se tourne vers son frère, une lueur fiévreuse dans les yeux. Ensemble, ils se tournent vers  le petit groupe et hurlent le sortilège de leur invention :

« Tardusgas ! »

Un étrange gaz violet emplit la petite pièce de travail et les ennemis d’Alecto et d’Amycus semblent avancer au ralentit, bougeant  comme si le temps ne s’écoulaient pas à la même vitesse pour eux et c’est exactement ce que fait ce sortilège.

Souriants,  Alecto et son frère narguent le petit groupe qui, ils le savent, cherchera à se venger tôt ou tard. En attendant, ils sortent de la bibliothèque, satisfaits d’avoir vengé ces mots si durs et insolents  que tous se permettent d’émettre à propos de leurs  traits déformés et de leur consanguinité.

Machinalement, elle touche sa joue blessée et le sang tiède qui coule de la plaie tandis qu’ils se dirigent vers le portoloin de retour.

Elle s’arrête comme mue par un étrange pressentiment alors qu’elle cherche à tâtons l’endroit où elle a été  blessée. Amycus continue d’avancer alors qu’elle réalise, agacée, qu’elle a taché la manche droite de sa robe.

Elle remonte lentement le velours pour dégager la peau et vérifier que la blessure n’est pas trop grave.

Trois petites gouttes sombres tranchent avec la pâleur de son bras nu. Cette couleur vermeille, à cet endroit précis, lui semble familière. Ça lui tourne la tête. Pourtant ce n’est qu’un peu de sang. Elle ne peut s’empêcher de fixer de ses yeux sombres ces tâches alors qu’Amycus est déjà parti en direction de la maison. Comme un zombi, elle s’avance vers le perron et monte les marches alors que de plus en plus d’images passent devant ses yeux par flash et l’étourdissent. Elle ouvre la porte blanche qui se substitue pour un instant à une plus ancienne, rustique et abîmée. Tremblante elle lâche son sac et sa cape en vrac dans les escaliers vernis qui semblent un instant rongés par le temps.

Ça s’accélère. Elle voit un lustre poussiéreux, un vieil elfe de maison, des fourmis par centaine, une chambre sombre, deux grands yeux fixés sur elle. Les visions s’enchaînent sans lui laisser de répit.

A la quinzième marche, ses jambes la lâchent à leur tout et son corps tombe alors que son esprit sombre dans un tourbillon de souvenirs oubliés.

 

Lorsqu’Alecto se réveillera vers minuit ce jour-là elle se souviendra de tout, des vrais souvenirs comme des faux sans pouvoir distinguer le réel du fabriqué. Elle restera longtemps les yeux ouverts cherchant dans son esprit à se raccrocher à quelque chose d’autre que la colère qui monte contre son père, contre sa mère et contre ce fils de chien d’Auror l’ayant privé de son passé et sa tante qui n’a jamais trouvé utile de lui dire la vérité.

Et ces questions qui tournent dans sa tête alors qu’elle fixe de ses yeux grand ouverts le lustre de sa chambre qui lui rappelle vaguement  quelque chose, l’a-t-elle imaginé ?

A-t-elle tué son géniteur ou étais-ce un souvenir fictif ?

Elle ne sait plus vraiment ce qui est vrai, ce qui est faux mais qui pourrait lui répondre ? Qui le voudrait ?

Sa tante et son oncle ? Elle rit jaune, vraiment. Parce qu’elle vient de comprendre la raison de cette proposition d’adoption faite par sa tante il y a quelques semaines seulement. Elle et Amycus  sont riches, presqu’autant que la famille Black, beaucoup plus que la famille Prewett. Et elle sera bientôt majeure, disposant librement de son argent.

Elle se demande ce qu’elle doit faire, dire tout à son frère, lui envoyer en pleine tête d’un coup ces misères d’antan, mais aussi cette honte de la déchéance de la famille, son père violent et fou, sa mère faible sorcière ? Le laisser là, sans qu’il ne comprenne  les enjeux ?

Et finalement ce soir-là, dans le noir, elle prend des décisions. Elle a besoin d’Amycus même si elle ne se l’avouera jamais. Il est son dernier lien avec la petite fille aux souliers vernis et il doit savoir. Elle doit partir aussi, et faire payer ces mensonges et cette trahison à sa tante et son oncle. Mais surtout, surtout, elle doit retrouver cet Auror, lui faire payer. Il doit lui rendre cette partie de vie qu’il lui a volée.

Pourtant, lorsqu’elle se lève en pleine nuit, elle a autre chose à faire avant tout ça. Quelque chose d’important pour elle. Elle pointe sa baguette vers son bras droit et lève enfin le sortilège qui cache sa longue cicatrice.

Mais ce n’est pas suffisant, pas pour elle en tout cas. Elle ne s’y connait pas assez pour faire ce qu’elle veut mais elle le doit. Elle doit graver sur sa peau cet évènement, pour ne plus jamais oublier.  Pour se souvenir à tout jamais de qui elle est et d’où elle vient.

Alors elle sort, entre dans l’atelier du tatoueur  moldu le plus proche et le menace de sa baguette. Alors il grave sur sa peau des flammes rougeoyantes comme pleines de cette chaleur brûlante qu’elle avait ressenti en elle il y a des années de cela. Mais les visions ne s’arrêtent pas, elle ne sait plus quoi penser.  Sa mère a-t-elle vraiment péri sous les tirs de ces moldus  en voulant protéger Amycus ?

Ces moldus… Elle  est en colère contre ce qu’ils lui ont pris, sa mère, l’innocence de son frère, la sienne, son père et sa raison.

Elle la sent monter en elle, cette boule de feu qui la traverse et renverse son monde. Dans sa tête tout se mélange, sa vie de misère, sa vie d’enfant riche. Ça tourne et gronde dans sa tête. Elle sent sa rage pulser contre son crâne et elle a envie de hurler, de faire quelque chose pour que ça cesse. Plus que tout, elle a besoin de faire payer à quelqu’un cette douleur qui  secoue son corps tout entier.

Elle regarde pleine de colère et de mépris l’homme apeuré qui lui fait face, à genoux, les yeux baissés, et soudain tout lui paraît clair. Il faut qu’il paye. De toute façon ce n’est qu’un moldu insignifiant, un animal, qui ne manquera à personne.

Ses bras tremblent, ses jambes vacillent. Elle ne tient plus. Ca la consume de l’intérieur, c’est comme un hurlement, elle doit faire taire ces souvenirs.

Elle l’achève d’une simple formule, rapide, efficace, c’est juste ce qu’il faut. C’est libérateur.

Immédiatement, le silence se fait. Elle se sent vide et son esprit est de nouveau clair. Elle est elle-même en cet instant. Elle contemple le corps encore tiède. C’est réel, elle en est certaine, elle ne doute plus.

Elle se sent légère en regardant ce corps sans vie et ne peut s’empêcher de sourire de toutes ses dents.

De nouveau, elle utilise sa magie et les pigments prennent vie  sous sa peau pour toujours, indélébiles. Ils deviennent  une partie d’elle, indissociables. Alecto et les flammes, le feu et Alecto.

Ce fut sa première estampe, à même la peau, la première marque dont son corps garda la trace. Une ligne brûlée parcourant son bras droit.

Une ligne brisée par les tremblements de son père, le sursaut de douleur de son petit  corps et les croassements d’horreur de son frère.

Ce souvenir resta gravé dans sa chair, sur sa peau d’adulte comme d’enfant, souvenir d’une folie habitant son père, sa mère, son frère, d’une folie coulant à flot dans son sang trop pur.

Ce fut le début d’Alecto, la véritable, celle qui ne veux plus oublier ; Alecto la perdue, Alecto qui grave tout sur sa peau, la folle, celle qui tue, la femme tatouée.

 

Phénix sombre de tes maux

Naissant de ta tendre cendre,

Enfance qui meurt à demi-mots,

Arme mortelle qui vient te prendre.

 

End Notes:

pigment, estampe, marque

J'espère que ça vous a plu, c'est sombre,certes mais on parle d'Alecto Carrow donc...

J'ai hâte de savoir ce que vous en pensez !

Awena

Chapitre 3 : l'embrasement de la damnée by Awena
Author's Notes:

Merci encore une fois à LYA pour son aide inestimable.

J'espère que ce chapitre vous plaira.

C'est un tournant pour Alecto, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

 

 

Baguette à la main, corps tendu et une légère sueur qui suinte de son front, Alecto évalue l'état de son ancien amant et fiancé.

Elle le voit, il a peur. Il a raison.

Elle se souvient de cet homme pourtant, le premier pour qui elle a ressenti pendant des mois une sorte d'attirance grisante identique au sentiment de puissance que lui procure sa magie par moment. Elle se demande ce qu'elle gravera sur sa peau après cette journée, et où. Sur sa nuque, peut-être, près du cou, là où à sa façon il l'avait marquée lui aussi de la plus ancienne,  la plus traditionnelle des façons.

Oui, elle n’a peut-être pas encore en tête le motif qui renfermera magiquement ses souvenirs de ces instants mais il sera là demain, elle le sait. Elle les a retrouvés, lui et sa trainée moldue. Il portait la même robe que la première fois où elle l’avait vue, se souvient-elle alors que des images lui reviennent en tête, témoins  d'un temps presque heureux désormais passé.

 

 

Elle et Amycus étaient revenus à la demeure de feu leur père depuis quelques mois en ce matin d'Avril où elle l’avait rencontré pour la première fois.

Elle portait un corset brodé de satin dont la matière noble n'empêchait pas moins la douleur de ses côtes encerclées par ce carcan de se faire sentir. Mais cet attribut féminin avait au moins le mérite de la faire se tenir droite et elle se devait de se montrer le plus respectable possible. La robe qui recouvrait cet instrument était riche certes mais dans un tissus austère. La seule coquetterie qu'elle s'était autorisée c’était ce tatouage qui fait désormais partie d'elle, cette ligne de feu remontant le long de son bras droit jusqu'à la naissance de sa poitrine.

Amycus aussi était là, portant sa plus belle cape mais il se devait d’être  discret, silencieux, Alecto le lui avait ordonné.  Pour le moment, il devait observer, évaluer qui seraient les plus puissants alliés. C'était malheureux pour elle mais il était l'homme de la famille. Si Alecto dirigeait dans l'ombre d'une main de fer, c’était lui qui devait mener les négociations et alliances si vraiment ils voulaient intégrer la première ligne de ce mystérieux mage qui montait en puissance.

C’était pour cette raison qu’elle avait organisée cette réception. Elle se souvenait des mots écrits sur l’invitation qu’elle avait envoyée aux plus puissantes et anciennes familles sorcières des environs ; une réconciliation qu’elle avait prétextée, un souhait pour la famille Carrow de renouer avec ses anciens alliés et de présenter les héritiers de Mélia et Japet.

Quelle ironie vraiment, songeait-t-elle, mais elle savait qu’aucune de ces familles n’était dupe. Cependant, l’invitation provenait d’une des vingt-huit familles sacrées et il aurait été idiot pour eux de refuser.

Alors ils étaient là à guetter les alliés de ce seigneur sorcier. Elle soupçonnait vaguement les Avery d’être au courant de quelque chose et devinait que les Blacks soutenaient ses idées mais il était vraiment nécessaire pour elle et son frère de provoquer cette rencontre entre grands de ce monde.

Alecto ne savait absolument pas qui était cet homme  mais on disaitqu'il était plus puissant que n'importe qui. Plus puissant même  que ce vieux dingue dirigeant Poudlard. Elle sourit en pensant aux idées nouvelles de ce mystérieux défenseur des sangs purs qui s'échangeaient dans le cadre fermé des soirées luxueuses.

Mais soudain, alors qu'elle portait une coupe de champagne à l'armoise à ses lèvres, elle eut la furieuse impression d'être observée. Un jeune homme venait d'entrer dans le petit salon et la fixait d'un air sombre.

Alecto plaqua le sourire le plus aimable qu'elle avait en réserve sur son visage et s'avança vers lui, cachant au mieux l’étrange malaise qui l’avait saisie au cœur. Et alors qu'il s'adressait à elle avec une audace folle, semblant avoir compris qu'elle était la véritable maitresse de la soirée, elle avait senti quelque chose lui échapper et, pour  la première fois, elle y prit du plaisir.

 

 

Elle soupire légèrement en se remémorant  ces souvenirs si doux et amers à la fois, se rappelle leurs premières conversations, se souvient de ces discussions où aucune idéologie n’était évoquée.

 

 

Au-delà du fait que David Fawkes était issu d’une famille de sang pur, ils s’accordaient bien sur de nombreux points. Mais parler n’est pas sa seule spécialité et Alecto se souvient du frisson et de la chaleur de sa peau contre la sienne, du gout salé de ses lèvres brûlantes, des caresses lancinantes remontant le long de son dos et des mains fortes enserrant sa taille avec fermeté.

Elle se souvient du plaisir qu’elle a eu avec lui, de ce cœur qui battait fort alors que son souffle chaud sifflait à ses oreilles et qu’elle le sentait en elle. Elle se souvient de ce qui pulsait dans son corps alors qu’ils ne faisaient qu’un et s’endormaient ensemble, collés jusqu’au petit matin.

C’était beau, violent, passionné et pendant un temps, elle avait laissé de côté ses aspirations. Durant un moment, le monstre de son esprit s’était tu, abattu, trop occupé par ces sensations, ces sentiments si éloignés de l’habituelle peur, du tourment auquel sa conscience échappait rarement.

Et puis finalement il était revenu et sa soif de puissance aussi. Et alors qu’Amycus se laissait entraîner du côté des Mangemorts en premier, Alecto surveillait son frère avec une envie difficilement dissimulable.Et David n’avait pas aimé cette facette d’elle, ni ce mépris qu’elle montrait envers les moldus.

Mais tout de même, il n’y a pas si longtemps, elle pensait encore qu’ils s’aimaient, qu’il finirait par comprendre son point de vue, et elle avait le soutien de la famille de David après tout.

Peut-être que c’était pour ça qu’il l’avait demandée en mariage à peine deux mois après leur rencontre mais elle ne réalise cela que maintenant. Un mariage arrangé, jamais cela ne lui était venu à l’esprit auparavant. Elle pensait seulement qu’il était inutile d’attendre, qu’il était là pour elle, à jamais.

 

 

Alecto cligne les yeux alors que la déception et la tristesse montent en elle à mesure qu’elle approche de ses souvenirs les plus récents.

 

 

Elle se revoit attendre David, le voir annuler certains rendez-vous fixés, se rappelle de cette sensation d’éloignement qu’elle avait ressentie sans la comprendre, de cette façon qu’il avait de ne plus parler de ses parents soudainement, de ne plus parler du mariage.

Et il y avait eu la méfiance finalement alors qu’elle remarquait que quelque chose lui échappait, que David lui-même lui échappait et que la vie de potentielle Mangemort qu’elle avait mise de côté inconsciemment pour lui l’attendait encore,  lorsqu’elle voyait la satisfaction macabre de son frère.

Et alors qu’elle se méfiait, questionnait un peu plus, retrouvait ses anciennes habitudes d’Alecto la perdue, alors qu’elle commençait à ne faire plus confiance qu’à son frère et que de nouveau la colère l’envahissait sans raison, elle avait compris qu’elle ne pouvait plus supporter cette situation.

Il lui avait fallu une explication au silence de David après toute cette passion. Elle avait eu besoin de comprendre, de savoir s’il se moquait d’elle. Et elle l’avait vu, elle les avait vus, lui et elle.

Lui, le sorcier sang pur, et elle, la moldue. Elle qui se pavanait dans cette robe blanche et souriait de toutes ses dents alors que David lui tenait la taille comme il avait tenu celle d’Alecto quelques temps auparavant.

Alecto la perdue, Alecto de nouveau abandonnée, trahie encore une fois. Ca avait été trop pour elle et si le seigneur des ténèbres voulait une preuve d’allégeance, une preuve qu’elle était pro-sang pur alors ce traître de David et sa catin de moldue allaient tout deux lui donner l’occasion de faire ses preuves.

 

 

Un monstre grandit dans son ventre alors que dans sa tête le sang afflue menaçant de faire exploser sa caboche.


C’est de la colère, de la déception aussi, peut-être même un peu de tristesse. Alecto est en colère, contre lui, contre cette autre, contre le monde et contre elle-même pour ce moment de faiblesse, ce moment où elle a cru qu’elle pouvait désirer quelque chose d’autre que la puissance, qu'elle pouvait avoir confiance en quelqu'un d'autre qu'elle-même ou bien son frère.

Elle tourne son regard fiévreux vers son frangin qui se tient droit face à la putain qui implore et pleure toutes les larmes de son corps. Alecto se sent mal. Un tourbillon sombre s’agite en elle mais à cet instant finalement, c’est la colère qui l’emporte parce qu’elle a été trahie, encore, parce qu’elle s’est perdue, encore.


Alors, baguette tendue, elle fixe ses yeux dans ceux du traître à son sang, du chien qui lui a brisé le cœur. Il lui fait face et elle n’écoute ni les mots qui sortent de la bouche ni les battements de son cœur affolé qui résonnent dans son corps, envoyant une décharge électrique à chaque pulsation.


Elle le sait, il n’y aura pas de retour en arrière possible mais de toute manière que pourrait-elle regretter ? Elle n’a rien, rien d’autre que son frère et lorsqu’elle le voit à ses côtés, le peu de pitié encore présent au fond dans son esprit s’évapore.


Il faut qu’ils souffrent, il le faut, parce qu’ils sont la cause de chacun de ses malheurs, parce qu’elle doit libérer le monstre en elle sous peine d’imploser et de tout détruire comme le fit feu son père.
Et Amycus doit être là, ils doivent le faire ensemble cette fois. Elle doit partager cela avec la seule personne qu’elle peut supporter à ses côtés. Il en a envie, elle le sait, il veut les faire souffrir comme il a souffert longtemps, sous les moqueries, les coups, les sortilèges des jeunes sorciers. Il veut les faire payer, tous. Alors ce soir, ensemble, ils rejoignent le maitre de la mort, mais pour ça, il faut la donner.

C'est le rite de passage : le premier meurtre. Son esprit effleure un instant le souvenir du  tatoueur moldu mais pour elle il ne compte pas. Il n’était rien qu’un insecte qu’elle s’est empressée d’écraser sous sa semelle comme elle l’avait fait enfant avec les fourmis.


Elle ferme les yeux et tout remonte alors que son frère l’agrippe de sa main froide, un sourire confiant sur son visage tordu. Baguette levée, elle lance un éclair vert.

Demain, Alecto gravera sur sa peau, au creux de son cou, le souvenir amer de l’amour qu’elle pensait pouvoir durer.

 

 

 

 

Soie glissant sur son derme,

Fièvre qui monte  jusqu’au terme,

La lumière sombre de ton âme,

tranchera la clémence de sa lame.

 

 

 

 

End Notes:

Traditionnel

J'espère que vous avez aimé.

Le reste devrait suivre prochainement.

à très bientôt

Awena (qui adooooore les reviews) ;)

 

Chapitre 4 : Soleil noir by Awena
Author's Notes:

Merci à Bevy et à Ornya pour leurs retours et à LYA pour son bêtatage très pointu (dans le bon sens )

C'est l'avant dernier chapitre, profitez en bien et n'hésitez pas à aller lires les autes textes de la série ici

 

 

 

Aujourd'hui, c'est une nouvelle initiation. Alecto regarde avec intérêt le jeune Black qui se tient prêt, son bras découvert, sa peau blanche encore vierge. Il se tient droit, un masque froid sur le visage. Pourtant, Alecto le voit bien qu’il est fier, ça se lit dans ses yeux. Les Black ont toujours eu tant de mal à contenir leurs émotions. Un peu comme Bellatrix. Celle-là, c’est la petite préférée d’Alecto,  elle ne peut s’empêcher d’admirer son entrain et son inventivité. Elle jette un regard à son bras tandis que la marque de son seigneur chauffe puis emporte dans une brûlure collective le moindre mangemort aux alentours. Ça y est, il est l’un des leurs. Désormais, ils sont unis dans la chair par les mêmes idéaux, unis autour d'un seul pavillon, d'un seul maître que la mort elle-même semble craindre ou respecter.

Elle qui n'a plus que son frère comme famille se sent rassurée d'appartenir à un tel groupe, elle se sent forte, révérée et quasi invincible. Les ombres de leurs silhouettes encapuchonnées se rassemblent autour du sombre maître, buvant chacune de ses paroles dans un silence assourdissant où sa voix grave et cruelle sonne sans écho.

L’œil sévère du seigneur des ténèbres balaye ses fidèles tandis que pour certains l'ordre ou la sentence tombe. Un à un ils s'inclinent devant lui, lui adressant un au-revoir respectueux avant de disparaître dans un claquement sonore, en route pour une sombre mission. D’autres, s’éclipsent avec un dernier regard apeuré après avoir été frappés par le sortilège de douleur qu'il assène, implacable, en punition pour leurs échecs.

Alecto sourit, elle n'a pas peur du seigneur des ténèbres. Il la protège indirectement, l’aide à redonner de l'importance à sa famille et lui permet d'agir en restant cachée, sans se faire prendre. Dans son ombre, rien ne l’empêche d'assouvir sa soif de vengeance. Rien, pas même les lois puisqu'il sait s'en prévenir, les détourner. Elle l'admire. Mais plus que tout, elle est reconnaissante pour ce qu'il lui a appris.

Et elle sait qu'elle a réussi sa dernière mission, en témoigne le dragon doré qui court sur sa cuisse droite, souvenir de son combat mémorable avec ce sorcier Japonnais à la tête des services secrets sorciers étrangers. Il devenait gênant et elle s'est fait un plaisir de libérer toute la puissance du monstre en elle et de terrasser, avec l’aide de son frère, le sorcier à la robe dorée. C'était un combat éreintant mais ils ont vaincu.  Sa poitrine s’était allégée et le calme l’avait envahie. Elle s’était senti plus sereine et les images dans sa tête s’étaient estompées.

Elle regarde en souriant le dragon tatoué sur sa peau qui, elle le sait, contient grâce à un sortilège de son invention les souvenirs de cette journée. Elle est en paix. Jamais ces maudits résistants ne vaincront, le ministère est déjà infiltré et le seigneur des ténèbres et ses sbires règnent sans crainte. Et ce n’est que le début. Elle pourra vivre en laissant aller ses pulsions destructrices et le monstre s'évader partiellement, en devenant de plus en plus puissante et crainte, chaque jour plus en sécurité et décorant sa peau de nouvelles scarifications.

Au Japon, ils appellent ça des horimonos, se rappelle-t-elle amusée, ignorant la gêne sur son bras.

Autour d'elle, il n'y a plus un bruit mais elle n'y prend pas garde, absorbée par ses pensées. Elle repense au surnom qu'on lui donne au Japon, que ce sorcier à présent mort lui donnait : la femme tatouée, la grande Horimono. Elle préfère Alecto mais elle ne peut s’empêcher de se sentir fière de cette reconnaissance morbide.

Elle cligne les yeux un instant, tout devient flou autour d'elle, comme loin et seule la douleur sur son avant-bras devient plus nette, plus violente, plus réelle. Elle ne comprend pas ce qui se passe, on dirait qu'on l'appelle de très loin. Tout devient sombre autour d'elle, ne reste que la brûlure lancinante qui lui arrache des grimaces désormais.

"Alecto, Alecto, Alecto..."

Quelqu'un l'appelle mais rien d'autre n'existe que cette douleur qui la fait pleurer. Elle ferme les yeux un instant cherchant la paix et tout disparaît.

 

 

 

 

 

 

"Alecto, réveille-toi ! "

Amycus secoue sa sœur. Il a l'habitude maintenant de la voir faire ce cauchemar. Ca fait maintenant treize ans qu'ils sont en cavale. Si l'époque faste du règne de Voldemort manque leur manque terriblement, cela fait seulement quelques jours qu'elle gémit dans son sommeil alors que lui monte la garde une partie de la nuit.

Lui aussi a du mal à dormir depuis le début du mois de Juillet, réveillé par la brûlure fantôme de son bras. Enfin, elle ouvre ses yeux terreux avec un sursaut, le front luisant de sueur et serrant son avant-bras si fort que demeurent les empreintes rouges de ses doigts.

Elle se lève d'un bond, saisit sa baguette et chuchote à son frère.

"Qu'est-ce qui se passe ? Ils sont là ?

- Non, tu faisais encore ce cauchemar mais maintenant que tu es debout, nous devrions partir. Nous avons été prudents mais on ne sait jamais, la maison où nous avons abandonné le corps de ce moldu n’est pas très éloignée. Nous devrions transplaner."

Elle grimace et acquiesce sans broncher. Après tout, cela fait treize ans qu'ils sont en cavale et désormais, elle a l'habitude de partir à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, c'est le prix à payer quand on ne peut pas faire taire ses pulsions et qu'on doit échapper à une bande d'aurors à la recherche de la femme tatouée et du monstre qui l'accompagne.

Ça fait tellement d’années qu’ils sont en cavale… Leur quotidien leur paraît bien terne. Envolée la gloire, l’excitation des années noires, disparue la communauté à laquelle ils appartenaient. Ils ne peuvent plus compter que sur eux même mais finalement ça a toujours été le cas. Après tant de temps, forcément, on apprend à se cacher, à ne laisser aucune trace. Ils ont eu de la chance dans leur malheur de se trouver à l’étranger lorsque la nouvelle de la chute du mage noir s’est répandue ; ils ont ainsi pu échapper aux aurors aux trousses de chaque mangemort. Ils ont ainsi pu éviter les dénonciations de leurs anciens compagnons. En attendant, ils ont voyagé. Une longue décennie durant laquelle jamais ils n’ont pu retourner à leur manoir adoré et ça leur manque.

Alecto déteste la précarité de cette situation, cette façon d’être transparente de nouveau, inconnue, discrète.

Amycus hait les autorités plus encore qu’avant, il se sent comme un loup en cage et son besoin de faire souffrir les autres se retrouve exacerbé par la nécessité de se cacher. Ils ne torturent plus, n’ont plus de mission à accomplir, ne peuvent plus se délecter de sang, de cris, de douleur psychologique et physique. Ce besoin de rendre ce que lui et sa sœur ont reçu est plus fort que jamais en lui et n’est qu’à moitié assouvi depuis ces treize longues années.

Ils sont prêts en un temps record par force de l’habitude et transplanent dans un petit village dans lequel ils ont déjà résidé quelques années auparavant. Ils iront plus loin à pied, portant toutes leurs affaires dans un petit sac à dos. Ils n’ont jamais tenu à grand-chose et c’est peut-être cela qui les sauve lorsque parfois ils n’échappent que de peu aux aurors chevronnés.

Ils ont vraiment eu de la chance de se connaitre aussi bien, lorsque tout à commencer. Ils ont pu agir en équipe alors qu’au sein des grandes villes, ils étaient suivis à la trace par des dizaines d’espions. Et à cause de ces affiches placardées partout, même les moldus connaissaient leur nom.

Au début il s’en est fallu de peu pour que les deux se retrouvent à Azkaban, mais ils ont eu de la chance, et un certain talent d’adaptabilité. Une aptitude dont Alecto et Amycus ont depuis longtemps appris à se servir pour subsister. Après tout, on ne naît pas survivant, on le devient.

Du moins, c’est le cas pour eux, se disent-ils en jetant les premiers sorts de protection, à peine arrivés à leur demeure provisoire.

Alecto est encore préoccupée par ses cauchemars et cette brûlure fantôme de plus en plus fréquente sur son avant-bras. Elle s’interroge, aucun de ses autres tatouages ne lui a jamais fait ça mais après tout aucun de ses autres tatouages n’avait  été fait par Voldemort, de même qu’aucun n’avait jamais disparu avant cette fameuse nuit.  Évanoui, un matin treize ans plus tôt, emportant pour un instant son esprit dans un tourment duquel son frère et son désir de survivre ne purent que de justesse la sauver.

Elle tressaille et gratte machinalement cet endroit de nouveau vierge de son corps. Ça gratte, pique, chauffe un peu sous ses ongles écorchés.

Mais la chaleur est plus intense qu’elle ne devrait l’être, songe-t-elle avant de décider d’ignorer cette sensation qu’elle juge invraisemblable. Mais ça ne s’arrête pas finalement et ça brûle presque sa peau.  Inquiète, elle jette un œil et son cœur ne peut s’empêcher de bondir à la vue de sa marque de mangemort qu’elle croyait disparue.

La gorge nouée, elle tente d’appeler son frère mais le filet de voix qui s’échappe de ses lèvres est trop faible. Alors elle court simplement en direction de celui avec qui elle veut partager son irrationnelle joie. Ça ne peut pas être vrai. Il était mort. C’est impossible. Dans son esprit, un espoir naïf renaît.

Les deux se rejoignent et à  voir le sourire qui étire les traits tordus d’Amycus, Alecto sait qu’elle n’a pas rêvé.

Ils lèvent leurs bras en l’air et contemplent émerveillés la marque qui reprend vie, la peau qui perd de sa lumière et redevient obscure.  Ils se retiennent presque de danser de joie, on  les croirait revenus à l’époque où un peu d’insouciance existait encore dans ces deux âmes brisées.

Pour Alecto, voir le tatouage renaître c’est un soulagement, un poids qui s’enlève, le retour des souvenirs, le retour de sa troublante légèreté personnelle.

Pour Amycus, le plus important dans le retour du tatouage c’est sa première signification, ce lien social dont il a tellement besoin. C’est pour lui, le retour de l’esprit du mangemort, le lien avec son Maître, avec celui qu’il considère comme son dieu, son sauveur, qui est rétabli.  Ils en sont sûr désormais, ils ne savent pas pourquoi, ils ne savent pas comment, mais les ténèbres sont de nouveau gravées sur leurs bras respectifs.

Alors que la brûlure sauvage de la marque obscure fait renaitre sur leurs visages émaciés un sourire d’enfant à l’aspect dérangeant, Alecto et Amycus ont conscience désormais d’une chose : Voldemort est de retour.

Voldemort est de retour et il les appelle.

 

Songe d’antan,

Rire d’enfant,

Lumière sombre,

Retour des ombres.

 

End Notes:

scarification, social.

l’étymologie du mot Tatouage, est la suivante : « Le mot vient du Tahitien ‘tatau', qui signifie marquer, dessiner ou frapper et dérive de l'expression « Ta-atouas ». La racine du mot, ‘ta’ signifie « dessin » et ‘atua’ signifie « esprit, dieu ».

 

Voilà j'espère que vous avez aimé, le prochain chapitre sera non seulement le dernier mais aussi un peu spécial en son genre.

à très bientôt surtout !

n'hésitez pas à me donner votre avis :)

Awena

Chapitre 5 : plainte de maccabé by Awena
Author's Notes:

Le dernier, la fin Whouhou !

Sans rire merci à LYA parce que cette histoire ne serait pas la même sans un bêtatage de folie.

Un chapitre un peu différent,enjoy !

 

 

Qu’il fasse beau dehors ou pluvieux, que le vent souffle ou non, ici rien ne bouge. Le silence règne dans ces lieux où le temps s’écoule sans pouvoir jamais être compté.

Les hauts murs ne sont même pas gravés. Comment pourraient-ils l’être ? Ils n’ont pas d’outils, rien de coupant et pas magie. Parfois lorsque d’autres arrivent, on entend leurs hurlements déchirer la nuit éternelle pendant quelques jours ou semaines. Mais bien vite, le vide se fait et le silence retombe.

Il faut être fou pour être enfermé ici mais, de toute façon, on le devient forcément entre ces murs vides. Certains plus rapidement que d’autres, mais c’est tout. Pas de repentis, pas de remise de peine. Prison à vie, prison à mort.

Au fond d’une ces petites cellules grises tu es là pourtant, ça fait des années  que tu survis. L’une des premières entrées mais tu es toujours là, bien vivante. Tu t’es coupée de tout pas vrai ?
Où-est-elle passée Alecto la petite fille aux souliers vernis ? Celle qui dans une innocence dérangeante faisait le mal sans le vouloir, celle qui osait encore aimer ?


Et où est donc maintenant le jeune enfant qui toujours t’accompagnait ? Qu’est-ce que la vie t’a pris de plus Alecto ? Que peut-elle encore te prendre ?


Ton humanité ? C’est déjà trop tard pour cela. Elle est peut-être là, enfouie au plus profond de ton esprit malade, là où reposent ta mère morte trop tôt et ton père, lui qui t’emprisonne depuis le premier jour dans des regrets sans queue ni tête.


C’est trop tard, rien ne viendra plus te sauver Qui le pourrait ? Qui le voudrait ?  Il faudrait un miracle mais les miracles n’existent pas. Les jolies fins ne sont pas pour les filles comme toi, Alecto, pas pour les brutes qui tuent par colère, pas pour les filles incapables de faire confiance, incapables de faire le deuil de l’enfance.


Tu sais, tu aurais vraiment dû oublier. Tu n’aurais pas peut-être eu la meilleure vie mais tu aurais vécu. Seulement voilà, là au fond de ta prison tu es seule pour la première fois, orpheline de parents et de frère, orpheline d’émotions et d’humanité. Tu sais, au fond, la seule qui ne te laissera pas tomber Alecto c'est celle que tu offrais allégrement d’un coup de baguette. La mort est ta seule amie.

Tu as perdu toute la couleur qui a un jour animée ton personnage et tu te fonds parfaitement dans l’ambiance terne qui règne dans ces lieux. Aujourd’hui, tu es presque invisible, inodore, comme effacée du monde qui t’ignore avec la plus grande indifférence après t’avoir craint éperdument. Cette déchéance ne te sied pas, tu sais, mais depuis combien de temps attends-tu que quelque chose arrive, toi, dans ces guenilles de prisonniers ?

Ça fait longtemps maintenant, pas vrai ?

Ça fait longtemps que Gueule-de-travers s’en est allé. Tu t’en souviens pourtant. Tu te rappelles de lui. L’as-tu  aimé ? Peut-être, après tout il était là au début, il était là à ta fin. Tu te souviens Alecto, et c’est pour ça que tu es encore là, que tu observes toujours  à travers les barreaux l’aura hypnotisante de la lune. C’est pour ça que tu peux encore jouer avec les ombres sur le sol froid de sa cellule.

A quoi  penses-tu, Alecto, avec tes yeux sombres fixés sur ta peau ?

Elle fait peine à voir vraiment, la si folle, si dangereuse dernière Mangemort encore en vie. Elle regarde le moindre visiteur passant, le moindre garde avec ses yeux noirs qui semblent se poser une question éternelle.

C’est quoi cette question Alecto ?

Pourquoi ?

Oui, c’est surement ça. T’as pas eu de chance, tu sais, ça aurait pu bien tourner. Tu étais simplement là au mauvais moment, au mauvais endroit. Mais il faut dire aussi que ton destin a été précipité par ce don que tu as à faire les mauvais choix et par ce monstre vivant en toi que tu n’as jamais su dompter.

Tu te souviens et tu ne regrettes pas, pas tout du moins.  Comment pourrais-tu comprendre alors qu’on ne t’a jamais expliqué ? Comment pourrais-tu aimer si les seules fois où tu as osés se sont révélées être des échecs cuisants.

Tes cheveux ternes et emmêlés forment un rideau devant ton  visage qui te vieillit inexorablement. Tu n’as jamais été belle mais désormais tu es laide. Peu importe, de toute façon pour toi ce qui compte c’est de se souvenir.

Souvent, tu es là avec tes tatouages, les contemplant, passive. Tu te balances de gauche à droite, d’arrière en avant, et te déshabilles même parfois sans prendre garde aux regards éventuels. Tu veux observer ce corps blême qui est le tien. Peut-être que c’est ta façon de survivre, regarder pour ne pas oublier, pour ne pas s’enfoncer dans le gouffre du vide qui est si près de toi.

La fureur t’anime parfois. Tu cries, t’arraches les cheveux par poignées et tentes de graver avec tes ongles d’autres dessins sur ta peau. Mais qui s’en aperçoit ? Le médicomage de la prison ? Très bien, mais il n’a personne à avertir, personne ne vient te voir Alecto, jamais.

Mais aujourd’hui, alors que tu admires le vol du  dragon doré qui tranche sur ton derme, tu entends une voix. Ca fait longtemps que tu n’en as pas entendu, de voix. Ici on se contente de t’observer et le silence suffit à te tuer à petit feu.

Mais est-ce que tu as vécu au moins Alecto ? Dis-moi, est-ce que c’est pour ça que tu hurles quand la lune ne brille pas dans le ciel ? Est-ce que tu as peur de la vie, de nous ou de toi-même ?

Et cette voix, tu la  connais. C’est peut-être pour ça  que tu relèves la tête un instant, un sourire sauvage accroché à ces lèvres de sang.

Et c’est la lumière qui t’attend.

Tu te souviens, pas vrai, de cette nuit, le début de la fin. Pourtant tout était en ordre depuis presque un an et tu avais l’impression d’avoir de nouveau  le monde à tes pieds, pas vrai ?

Tu te souviens avoir ri de la chute du vieil homme sentant qu’enfin tu serais crainte plus que jamais, qu’enfin le monde connaîtrait la terreur qui un jour fut tienne.  Le maitre allait vaincre et tu leur ferais payer à ces animaux sans cervelle , aux jeunes comme aux vieux, aux adultes et aux enfants au sang souillé et surtout à ceux qui n’ont pas reçus le don de magie.

Mais cette nuit-là, tu te souviens avoir hurlé, appelé ton maitre. Tu te rappelles la brûlure de ta baguette sur le seul tatouage qui finalement s’effaça  définitivement de ta peau te rendant encore plus folle.

Et puis finalement la crainte que tu inspirais fut anéantie par ton opposé. Tu étais ténèbres et elle lumière, si naïve, si innocente. Finalement qui d’autre aurait pu t’arrêter ?

Tu secoues la tête, tu ne veux pas te souvenir de cet échec, pas vrai ?

Etre assommée par une môme même pas encore sortie de l’école, toi si puissante, toi pleine de magie noire, toi qui avait vaincu certains des plus grands sorciers. Mais voilà Alecto, c’est trop tard maintenant tu la vois de nouveau cette lumière qui te brûle les yeux, cette silhouette fluette et ce visage lunaire aux yeux globuleux.

Et c’est trop tard maintenant, tu as commencé à te souvenir de la pire partie, de celle que tu n’as jamais voulu graver sur ta peau. L’arrestation d’Amycus, sa mort dont tu ne seras avertie qu’un mois et demi plus tard et puis cette dernière part d’humanité qui te quitte.

Elle est toujours là, la gosse qui a maintenant bien grandi, et elle te gêne. Tu n’aimes pas vraiment ça, tu n’as pas connu la lumière, ou si peu que tu crains ce que tous les autres recherchent. Et la créature que tu es devenue grogne, se hérisse, menace mais rien n’y fait, deux yeux calmes se plantent dans les tiens.

« Je suis venue Alecto. »

Tu grinces des dents et t’étouffes à moitié avec le sang qui coule de ta bouche.

« Je voulais t’aider, tu sais. On ne se connait pas vraiment, mais tu es toute seule et tu ne veux pas qu’on t’aide à te soigner alors… »

« Dé…ga….ge » La parole est difficile, la voix rauque et sèche comme usée à force de ne pas avoir servi. Tu claques des dents mais la petite blonde ne recule pas, de toute manière elle est à l’abri derrière les barreaux ensorcelés. 

« Je suis sûre que ça va aller, murmure Luna, tu vas rejoindre les autres. »

Et elle te parle, d’Amycus, de ton père, de ta famille de tout ce qu’elle sait que tu as vécu.  S’en est fini pour Luna des animaux, pour le moment le seul spécimen qu’elle étudie est dans cette cage. Pendant des années Luna t’en a voulu. Elle t’a presque détestée pour la souffrance que tu as fait naître et la peur qu’elle et ses camarades avaient subie. Mais si elle est là ce soir, Luna, parce que finalement elle en avait besoin. C’est qu’après avoir appris l’histoire de ta famille, elle a eu pitié. Après tant d’années, c’est elle qui s’est sentie forte et qui a senti ta peur.

 

Tu renonces enfin. Ca fait une heure que Luna te parle, assise par terre sur le sol froid et toi la folle, tu n’as plus la force de grogner. Tu t’étouffes peu à peu, paniques, te souviens vaguement de cette sensation d’étouffement, vestige d’horreurs passés. Tu t’allonges sur le sol et ta respiration se fait lourde, haletante.

Une petite main se glisse sur ton front, écarte les mèches suintant la saleté, touchant ton front humide du bout des doigts et les murmures se poursuivent.

Tu voudrais mordre cette petite main blanche, Alecto. Lui faire mal pour te sentir puissante une dernière fois mais c’est trop tard, il n’est plus temps. Déjà tu t’enfonces dans un sommeil dont tu ne te réveilleras pas.

Et lorsque que le pas léger de la fille quittant la prison résonne, Alecto fixe encore le plafond gris au-dessus d’elle, bientôt elle rejoindra un autre monde, peut-être une autre vie meilleure, une où elle sera plus qu’un Horimono, plus qu’une femme tatouée.



 

Petits papillons sur ton front,

Battements d’ailes faiblissant,

Qui luttent pour tenir ouvert,

Le tombeau de tes paupières.

 

Las, le lit de ces lèvres,

Laisse ce souffle s’envoler,

Soudain le sifflement s’élève,

Enfin cesse le silence passé.

 

Et comme un curieux écho,

Le carcan des côtes croit,

Accompagne le cycle du corps,

Qui parait presque cassé.

 

Elle quitte la douce Morphée,

Pour un sommeil  éternel,

Lorsque la longue nuitée,

Bientôt arrivera au terme.

 

Enfant blessée,

Femme marquée.

 

End Notes:

Voilà, c'est fini, je pensais pas en écrivant le premier chapitre pour le concours que ça donnerai une histoire dont l'écriture serait à la fois si laborieuse et si agréable.

J'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à m'écrire ce que vous en avez pensé

Si le concours vous interesse vous pouvez retrouver les autres textes ici

Vous pouvez voter pour la fic longue que vous avez préférée,(et vous avez trois choix possibles c'est plutôt cool) ici

Je vous met les liens de quelques unes de mes autres fictions au cas où ça vous interesserai.

Plaintes escarpées

Viens je t'emmène

Cette histoire est archivée sur http://www.hpfanfiction.org/fr/viewstory.php?sid=33873