Un crétin ; Une emmerdeuse by Layi
Summary:

 

Il s'agira de Scorpius, d'un stage mal venu, d’une emmerdeuse – voire deux.

Il s’agira de Rose, d’un moment attendu, d’un crétin – mais un beau.

 

Il s’agira de leur histoire – et un peu des autres aussi.

 

 


Crédits images : @


Categories: Après Poudlard, Scorose (Scorpius/Rose) Characters: Rose Granger-Weasley, Scorpius Malefoy
Genres: Romance/Amour
Langue: Français
Warnings: Lemon soft
Challenges: Aucun
Series: 50 nuances de Rose
Chapters: 14 Completed: Oui Word count: 25093 Read: 21985 Published: 31/07/2016 Updated: 29/11/2016
Story Notes:

Je vous souhaite simplement une très bonne lecture

Concernant le rythme de publication, je ne prévoie rien, ce sera selon mes disponibilités, envies, humeurs... 


N'hésitez pas à me donner votre avis en review, cela fait toujours un grand plaisir et un bien fou de ne pas avoir des lecteurs invisibles ! ;)

1. Chapitre 1 - Où il est question de stage, d'emmerdeuse, et de pizza by Layi

2. Chapitre 2 - Où il est question de service psychiatrique, de moldue, et de Coll by Layi

3. Chapitre 3 - Où il est question de retard, de bain, et de préjugés by Layi

4. Chapitre 4 - Où il est question de confidences, de café et de massage. by Layi

5. Chapitre 5 - Où il est question de compassion, de Kara et de Rose by Layi

6. Chapitre 6 - Où il est question de baiser, d'absence et de départ. by Layi

7. Chapitre 7 - Où il est question de Noël, de famille et de robe by Layi

8. Chapitre 8 - Où il est question de fiançailles, de directeur et de plaisir by Layi

9. Chapitre 9 - Où il est question de petit déjeuner, de contes de fées et de transplannage by Layi

10. Chapitre 10 - Où il est question de paiements, de Malefoy et d'erreur by Layi

11. Chapitre 11 - Où il est question de rentrée, d'ignorance et de répartition by Layi

12. Chapitre 12 - Où il est question de mariage, de passé et de Hugo by Layi

13. Chapitre 13 - Où il est question de lys, de réception et de sang-de-bourbe by Layi

14. Epilogue by Layi

Chapitre 1 - Où il est question de stage, d'emmerdeuse, et de pizza by Layi
Author's Notes:

Bonne lecture ! :) 

— « … Et pour finir, je suppose qu’il est inutile de vous rappeler combien ce stage de trois mois est important ! Si le directeur de l’hôpital qui vous accueille ne vous le valide pas, c’est votre carrière de medicomage qui est remise en cause. Retenez bien cette information. Je vous dis à demain. Vous serez informé de votre binôme au moment du départ. »

Ainsi s’acheva le discours de rentrée. Scorpius soupira. Était-il possible de trouver plus pénible ? Parmi toutes les mesures en place depuis la guerre que son père avait pu lui citer, celle-ci était la pire selon lui : passer trois mois en compagnie totale de moldus – peu importe le métier que vous choisissiez, c’était obligatoire. La théorie en elle-même était un calvaire. Savoir qu’il misait sa carrière là-dessus, c’était une agonie. Il se dirigeait vers la sortie quand une tornade de cheveux roux le bouscula :

— Alors Scorpius, pas trop mal au foie à l’idée de cohabiter tout ce temps avec la vermine ?

— Jeu de mots pourri, Weasley.

— Weasley-Granger, s’il te plait.

— Absurde.

— Parce que penser que tu puisses résister à ce stage, ça ne l’est pas ?

Il ne prit même pas la peine de répondre. Si, c’était ridicule. Mais il ne voulait pas renoncer à son rêve. Lorsqu’il était entré à la faculté de Médicomagie, nombreux s’étaient demandé ce qu’un égoïste dans son genre pourrait bien y faire. Pourtant, lui savait ; et ce, depuis son plus jeune âge. Au départ, il avait assimilé un maximum d’information à travers de multiples grimoires. Puis peu à peu, la théorie avait laissé place à la pratique : il n’y avait rien de plus beau que de disséquer. Mais tous ces faibles d’esprit ne pouvaient comprendre la magie qui se cachait sous la peau et la chair, derrière les os, entre les viscères.

Il ne voyait pas la Médicomagie comme le moyen de sauver des vies, mais simplement comme la possibilité d’en apprendre toujours plus sur la fabuleuse mécanique qu’était le corps humain. Aussi, ce stage barbare qui lui était imposé l’irritait et il ne s’était pas gêné pour l'ébruiter ; même si cela n’avait rien changé. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas prêté attention au fait que Weasley – Weasley-Granger, pardon – l’avait suivi à la trace jusqu’à la cafétéria. Il allait s’installer seul à une table, comme à son habitude, lorsqu’il remarqua qu’elle comptait s’asseoir en face de lui. Ce qui, bien sûr, n’était pas envisageable à ses yeux. Cependant, elle ne lui en laissa pas le choix :

— Il parait que tu es fiancé maintenant ?

— Ravi d’apprendre que tu peux lire, répliqua-t-il, narquois. C'était la une des journaux durant une semaine.

— C’est presque dommage de l’avoir affiché ainsi. Je parie que vous ne tiendrez pas six mois.

Il soupira.

— Je connais Élisabeth mieux que toi, ajouta-t-elle.

— Je peux le concevoir, puisque tu as partagé son dortoir durant sept ans, à son grand désespoir.

— Tu ne veux même pas savoir ce qui me fait penser ça ?

— Penser quoi ?

— Que vous n’allez pas résister ?

— Écoute Weasley…

— Weasley-Granger !

— Oui, c’est ça. Si j’arrive à t'endurer toi, je suppose que je peux survivre à tout.

— Personne ne peut subsister au manque d’Amour, Malefoy.

— Et qui te dit que je n’aime pas Élisabeth ?

— Il n’y a aucune étoile qui brille dans tes yeux tristement gris.

Il resta béat. Elle n’avait rien avalé, mais elle le laissa seul, emportant son plateau avec elle. De tous les enfants Potter et sa clique, Rose Weasley-Granger était manifestement la plus insupportable. Il avait été tellement satisfait à l’idée de se débarrasser d’elle à la suite de l’obtention de leurs Aspics qu’il en aurait presque fait une fête. Malheureusement, il avait vite déchanté en la voyant rejoindre les bancs de la même faculté que lui. Mais qui de Morgane ou de Merlin avait établi de lui imposer cette chieuse ambulante ? Elle n’était certes pas méchante et, surtout, particulièrement intelligente, il devait l’avouer. Mais c’était une emmerdeuse de première qui avait décidé d’être répartie à Serpentard et de se lier d’amitié avec lui – chose qui n’était certainement pas réciproque.

Cette tempête rousse parasita son esprit une bonne partie de l’après-midi, si bien que lorsqu’il rentra au manoir ce soir-là il n’était pas d’humeur à écouter les radotages de sa grand-mère qui répétait sans cesse combien elle était fière de lui. C’est pourquoi il ne se rendit pas au dîner en prétextant une charge de travail supplémentaire, ce qui n’était pas faux puisqu’il lui fallait faire sa valise pour le stage qui l’attendait. Ce stage, il s’était abstenu d’expliquer en quoi il constituait à ses grands-parents. En fait, seul son père avait été mis dans la confidence, et avait promis de garder le secret. Scorpius n’avait aucune envie d’entendre à nouveau Lucius Malefoy aboyer contre l’incompétence du ministère et l’arrogance de Potter.

Il glissa quelques robes de sorciers dans une grande malle, ses produits de beauté et affaires de toilettes, quelques grimoires, une cape d’hivers et une d’été – bien que ce soit un peu optimiste pour cette dernière. Il aurait souhaité déplacé tout le contenu de sa chambre avec lui, mais un chaudron, des abats d’animaux et autres charmants ingrédients auraient fait désordres dans l’appartement moldu qu’on leur fournirait à son binôme et lui. Étonnamment, il n’était pas anxieux concernant cette histoire de duos. Il en était presque satisfait car il devait admettre qu’il allait avoir quelques soucis d’adaptation dans ce monde qu’il ne connaissait pas et méprisait.

Enfin, ça, c’était avant de découvrir que son binôme n’était autre que Rose Weasley. Elle ne fit aucun commentaire, se contentant de trainer sa lourde valise jusqu’au portoloin qui devait les conduire directement à leur nouveau logement. Ils furent accueillis par l’un de leurs professeurs qui récupéra leurs baguettes respectives. Rose ne sembla pas plus heureuse que lui de confier ce bout de bois si précieux à leurs yeux : ils ne la retrouveraient pas avant la fin de leur séjour. Il soupira. Le calvaire commençait. Ils firent rapidement le tour du propriétaire. Dans la cuisine, Rose ouvrit le frigo et gémit :

— On est bon pour faire quelques courses, il est vide.

— Pardon ? Pas question de mettre les pieds hors d'ici.

— Si tu veux manger, il va falloir se remuer, Malefoy.

— C’est ça.

Constatant qu’il ne bougerait pas, la jeune femme sortit seule de l’appartement. « Il ne perdait rien pour attendre », pensa-t-elle ; mais elle se garda bien de le lui faire savoir. Scorpius déballa sa malle, pestant contre la méthode manuelle quand un simple sort lui aurait permis de le faire en quelques secondes. Lorsqu’il eut fini, il contempla sa chambre. Les murs étaient d’un banal blanc un peu passé et les meubles couleur pastel. L’ensemble était totalement austère et il décida qu’il lui faudrait rapidement revoir la décoration. Rose et lui avaient quelques jours devant eux avant leur premier jour à l’hôpital, et il se promit de lui imposer l’idée dès son retour.

Scorpius n’eut pas à patienter longtemps puisqu’il entendit Rose tempêter dans les escaliers, maugréant apparemment contre des cabas trop lourds, des marches trop hautes, l’absence de sa baguette et le crétin qu’elle avait comme partenaire. Il soupira. Bien qu’il la surclasse tous les semestres depuis bientôt cinq ans, Rose Weasley continuait de penser qu’il n’était qu’un idiot. Grand bien lui en fasse, elle finirait de se battre avec ses nombreux sacs toute seule. Lorsqu’elle eut tout entreposé dans le frigo – dont elle lui avait au préalable expliqué le fonctionnement et l’utilité – elle se laissa lamentablement échouer sur le canapé. Connaissant malgré tout un peu la jeune femme, Scorpius se fit la remarque que sa requête de décoration attendrait l’après-midi et s’adonna à la lecture tandis que Rose regardait des images bouger dans la boite accrochée au mur.

Ce n’est que vers 13h, lorsque son estomac commença à un peu à s'entendre, que Scorpius se décida à la déranger :

— Hahem… Heu… On mange quoi ?

— Toi, certainement rien. Moi, je ne sais pas encore.

— Comment ça, moi rien ?

— Tu as participé aux courses, peut-être ?

Très bien, puisqu’elle le prenait comme ça, il allait les faire, « les courses » ; comme elle disait ! Il attrapa une cape légère et s’apprêta à passer la porte de l’appartement.

— Et tu comptes te rendre où, habillé comme ça ? l’arrêta sa récente colocataire.

Il s’observa dans le miroir de l’entrée. Il vivait à présent dans le monde moldu et avait omis ce détail lorsqu’il avait préparé sa valise. Rose sembla le comprendre et soupira. Elle coupa la télé et gagna sa chambre. Elle en sortit quelques secondes après avec un simple tee-shirt et un jean qu’elle lui lança...

— C’était à James. Vous avez à peu près la même carrure, à vu d’œil. J’étais persuadée que tu oublierais, alors…

— Et comment pouvais-tu savoir que je serais ton binôme ? s’étonna-t-il en partant vers la salle de bain.

— Il n’y a qu’à moi qu’ils pouvaient confier un boulet dans ton genre, Malefoy. File te changer, on tâchera de te trouver mieux dans les boutiques de Londres.

— Et pour le repas ? l’entendit-elle demander.

— Un galant homme comme toi va certainement m’inviter au restaurant pour se faire pardonner, non ?

— Pardonner de quoi ?

— D’être un crétin, doublé d’un gougeât! Allez, avance.

Elle le poussa dans le couloir et claqua la porte derrière eux. Elle prit soin de fermer les deux serrures de l’appartement et glissa la clé dans la poche avant de son sac. En la voyant descendre les escaliers, Scorpius ne put que remarquer que les vêtements moldus la mettaient bien plus en valeur que leurs tenues traditionnelles. En ce début de mois de septembre plutôt clément, elle était habillée d’un jean qui galbait son postérieur et d’un débardeur léger dont le décolleté en V était souligné de dentelle noire. On était loin des amples robes de sorcière qu’elle portait habituellement à la Faculté et ça n’était pas désagréable pour les yeux, admit Scorpius. Au pied, elle avait une paire de simples baskets qui lui permettait visiblement de gambader gaiement dans leur hall d’immeuble.

Ce n’est qu’une fois dans la rue qu’il réalisa qu’il en était de même pour toutes les jeunes femmes. Rose constata le manège de son acolyte mais se garda de faire le moindre commentaire, bien trop amusée par les regards courroucés et un peu écœurés qu’ils croisaient. Il fallait avouer que malgré sa belle gueule et ses prunelles grises sous ses mèches blond paille, il était ridicule dans les vieux vêtements de James presque trop petits pour lui. Rose décida de mettre leur estomac de côté le temps de trouver une tenue adéquate à Scorpius et pénétra dans la première boutique de fripes qu’elle remarqua.

— Je suppose que tu as quand même apporté des caleçons ? fit-elle, narquoise.

Il ne prit même pas la peine de rétorquer, se contentant d'observer les étalages devant eux d’un air dédaigneux.

— Je sais que ça te déplait, mais il va être contraint de t’y faire, trancha Rose. Tu es bon pour ne porter que de ça durant ces trois prochains mois. Et je te promets qu’une fois qu’on s’y est habitué, on peste davantage contre les robes de sorciers pas très pratiques…

Scorpius grommela une réponse qu’elle ne comprit pas mais elle s’abstient de lui faire répéter, sachant pertinemment que cela la froisserait. Elle le tira du côté des jeans et, après un rapide jugement, en saisit plusieurs de taille 42. Elle attrapa quelques polos de divers coloris au passage, et le dirigea vers les espaces d’essayage. Alors qu’il enfilait ce qu’elle avait dégoté pour lui, elle ramena également quelques pulls gris et noir. Lorsqu’il eut fini de se changer, il ouvrit la tenture pourpre décrépie de la cabine et laissa Rose l’analyser. Elle eut un signe de tête approbateur et lui demanda ce qu’il en pensait. Il médita la question, et, curieusement, dût reconnaitre qu’il se sentait à l’aise.

— T’es plutôt pas mal, admis Weasley.

— Tu veux dires que tu me trouves beau ? s’étonna le jeune homme.

— Oui. Mais n’oublie pas que beau et bête, ça commence par la même lettre, contra-t-elle avant de refermer le rideau sur lui.

Il soupira. Concrètement, il n’aimait pas Rose. Mais il ne la détestait pas non plus. S’il n’était pas venu au monde Malefoy et si elle n’était pas née Weasley, peut-être qu’ils auraient pu s’entendre. Cela relevait de l’utopie et ils s’y étaient accommodés. Astoria Greengrass avait donné un nouveau visage à la famille Malefoy : quelque chose de plus doux, de plus correct. Mais ce n’était pas pour autant qu’il ait été convenable de sa part de se mêler à des noms comme Weasley. Dans l’esprit de ses parents, du moins. Il ne voyait aucun inconvénient à partager son appartement avec Rose. Hormis le fait qu’elle était une emmerdeuse de première, il pouvait même avouer qu’il était plutôt bien tombé : intelligente et débrouillarde, elle avait déjà prouvé qu’il pouvait compter sur elle – même s’il ne lui rendait pas forcément. Mais voilà, il ne valait mieux pas que la nouvelle s’ébruite trop.

À présent, ils étaient attablés dans une modeste pizzeria. Ils l’avaient choisie – enfin, Rose l’avait choisie – car il y avait peu de monde à l’intérieur ; et aussi parce que les propriétaires servaient jusqu’à tard dans l’après-midi. Rose commanda pour chacun une pizza basique, un coca-cola et demanda un pichet d’eau. Scorpius restait silencieux, observant les gens qui défilaient dans la rue. Il se retrouvait pour la première fois dans un univers totalement inconnu, qu’il s’était efforcé de ne pas trop mépriser malgré les injonctions de ses grands-parents. Il était préparé depuis longtemps à ce stage, et malgré tout il se sentait désorienté.

Lorsque les boissons arrivèrent, il regarda son verre dubitatif.

— Goute, lui lança Rose amusée.

Il trempa ses lèvres dans la mixture sombre et grimaça.

— Tu n’aimes pas ?

— Ça pique !

Rose commença à sourire doucement, jusqu’à ce que cela se transforme en un fou rire incontrôlable.

— Tu te moques ?!

— Avoue que tu es grotesque, Malefoy, on dirait un enfant de six ans qui découvre la vie. Remarque, c’est un peu ça…

Scorpius hésita entre se vexer et la rejoindre dans son hilarité. Au final, il se contenta de la dévisager avec un maigre rictus et admit que, en effet, il était peut-être – un peu – ridicule. On leur servit les pizzas. Il râla contre les olives noires parce qu’il n’aimait pas ça, contre le gruyère parce qu’il n’y en avait pas assez et contre la sauce tomate parce qu’il y en avait trop. Puis, devant le regard noir que lui lança Weasley, il reconnut que c’était bon et que ça faisait du bien de se remplir l’estomac. Rose soupira.

— Tu t’y connais en peinture ? s’enquit Scorpius.

— Pardon ?!

— Rien, laisse tomber.

La jeune femme insista alors de longues minutes, jusqu’à ce qu’il craque et lui donne davantage de détails :

— Je trouve que tout ce blanc, dans l’appartement, c’est particulièrement affreux, avoua-t-il.

Elle haussa les épaules.

— Cela ne me perturbe pas plus que ça, mais si tu y tiens on peut toujours voir ce qu’on pourrait…

Elle n’acheva pas sa phrase. La sonnerie de son portable l’interrompit. Scorpius n’en possédait pas, mais il connaissait les engins assez rependus chez la majorité des enfants nés moldus ou dont les parents sorciers étaient plus tolérants que les siens. Il avait plusieurs fois entendu Marisa Flint pester contre les interférences que provoquait la magie. Aussi il n’était pas très étonné que Weasley détienne le sien, un dernier cri visiblement.

Vu la tête qu’elle affichait, elle ne sembla pas spécialement heureuse de l’auteur de l’appel, mais Scorpius s’abstint de tout commentaire. Les problèmes de Weasley n’étaient pas les siens après tout. Il devait cohabiter un peu trop longuement à son gout avec elle, et il allait s’appliquer à rendre ces quelques mois les moins pénibles possible. Cela ne voulait pas pour autant dire qu’il deviendrait son ami. Il ne supportait pas Rose. C’était quelque chose de viscéral. Comme programmé dans son code génétique. Ils finirent de manger en silence, et au moment de payer, gentleman, Scorpius sortit sa bourse. Rose eut un léger rire ironique.

— Est-ce que tu as pensé à changer tes galions en monnaie moldue ?

Voyant la mine – mi-déconfite mi-agacée – qu’il fit, la jeune femme sortit son propre porte-monnaie et régla la note.

— Crétin, marmonna-t-elle.

— Je t’ai entendu.

— Je sais.

Elle déposa le montant de l'addition sur le comptoir avec un sourire ravissant pour le serveur et, de ce que put en juger Scorpius, un généreux pourboire. Elle ne voulait pas lui filer son numéro, tant qu’elle y était ? Ils quittèrent le restaurant.

— C’est quoi, cette manie de m’appeler tout le temps comme ça ? se plaignit Scorpius en la suivant.

— Comment ?

— Crétin.

— Toi-même !

Elle eut un petit rire victorieux et s’élança gaiement dans la rue, laissant le jeune homme pantois au milieu du trottoir.

— Non mais tu as quel âge franchement, Weasley ?

— Weasley-Granger. Et j’ai l’âge que j’ai envie d’avoir !

— Gamine.

Elle lui tira la langue. Cette attitude donnait totalement raison à Scorpius, mais visiblement cela lui était égal. Cette fille était excédante. Elle le rendait irascible, colérique et irritable. Cependant, il se devait d’admettre qu’elle était comme un rayon de soleil en pleine obscurité pour de nombreuses personnes. Toujours le sourire, constamment le mot pour rire, et une capacité à réconforter les gens hors du commun. Même Élisabeth avait avoué du bout des lèvres qu’on ne pouvait pas retirer ces qualités à cette emmerdeuse. En réalité, Scorpius concédait qu’elle avait un certain charme.

— Tu n’as jamais de problèmes, Rose ?

Elle le dévisagea, surprise. Et resta silencieuse.

— Laisse tomber.

Elle lui sourit, et lui saisit la main.

— Viens, on va tenter de trouver un magasin de bricolage.

— Pour ?

— Contrarier tes murs trop blancs. Par contre, je te préviens, il est hors de question de retapisser entièrement l’appartement de vert et argent.

— J’n’aime pas le vert, bougonna Scorpius.

 

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Tout était calme. Même la nature donnait l’impression de ne pas oser rompre le silence de la nuit. Kara avait ouvert la fenêtre, laissant le froid faire frissonner sa peau nue. Comme semblables soirs, elle observait la lune, si pâle et si brillante à la fois, éclairant l’auguste jardin de la villa. Elle était seule. Et la sensation d’abandon qui lui nouait l’estomac depuis quelques semaines paraissait s’amplifier davantage à chaque instant. L’incompréhension également. Elle ressassait sans cesse les jours passés. En fait, peut-être était-elle simplement devenue inutile ? Et puis les autres. Les autres, il y avait bien longtemps qu’elle n’existait plus à leurs yeux.

Elle n’était pourtant pas d’une beauté discrète, mais c’était là tout le fond de ses problèmes. La jalousie des unes, le désir sauvage des suivants. Elle ne supportait plus tout ça. Un masque de froideur avait peu à peu gagné son visage, et désormais, la solitude était éreintante. Elle soupira, ferma les paupières. Ses enceintes crachaient la voix tremblotante de son artiste préféré. Les rires étaient loin. Alors, elle se releva, la tête haute. Le pistolet sur la poitrine, le doigt sur la détente. Le bruit sec et puissant enivra son esprit qui s’engourdissait doucement, résonnant comme une promesse.

Persuadée de ne jamais se réveiller, elle accueillait cette pensée avec tant de joie que son âme semblait flotter. Cependant, la balle avait manqué le cœur. Elle reprit connaissance dans une chambre d’hôpital aux murs immaculés. Seul le bourdonnement incessant des appareils la maintenant en vie brisait le silence.

Y avait-il une rédemption ?

 

 

 

End Notes:

Un auteur lisant des revieuw est un auteur heureux. 
Un auteur heureux est un auteur qui publie. 

:D 

Chapitre 2 - Où il est question de service psychiatrique, de moldue, et de Coll by Layi
Author's Notes:

Je vais essayé de m'imposer le rythme d'un chapitre tous les dimanches, mais je ne promets rien. J'ai bien avancé sur l'histoire qui est à un ou deux chapitres de la fin, mais me connaissant je serais bien capable de me faire avoir quand même en publiant plus vite que je n'écris... ^^ 

Merci à ceux et celles qui m'ont laissé des reviews au chapitre précédent, c'est un bonheur de vous lire ! :) 

 

Bonne lecture ! 

Le jour de leur rentrée à l’hôpital arriva rapidement, et Scorpius dut bien avouer qu’il n’était pas très à l’aise à l’idée de n’employer que des méthodes et des médicaments moldus. Rose paraissait totalement indifférente à la pensée de faire des prises de sang à l’aide d’aiguilles ou à découper le corps des patients sans sa baguette. Il ne savait pas trop s’il devait être impressionné ou paniqué face à cette fille qui était donc réellement inconsciente. Ce jour-là, il eut également la confirmation que Merlin avait décidé de faire payer à lui, et lui seul, toutes les infamies commises par sa famille depuis des siècles. Lorsque le directeur du CHU les reçut, il accorda à Rose le stage au service des urgences, comme elle l’avait demandé.

 

— Quant à vous, Monsieur Malefoy, j’ai bien sûr considéré votre volonté d’approfondir vos connaissances en chirurgie générale, mais l'administrateur de votre faculté et moi-même avons estimé qu’un enrichissement en psychiatrie vous serait davantage bénéfique.

 

« Le service psychiatrique »… Les mots mirent quelques secondes avant d’atteindre son cerveau. Il cohabitait avec une tarée, et devrait en plus les supporter à l’hôpital. Adieux rêves d’entrailles dégoulinantes et autres réjouissances. Bienvenu chez les fous. S’il s’était écouté, Scorpius aurait soit cassé un pan de mur avec son poing, soit déguerpit plus vite qu’il n’était arrivé. Mais, Scorpius était un Malefoy et les Malefoy savent se contenir. Aussi, il se contenta de déglutir difficilement et de prendre sur lui pour le moment. Il irait trouver le directeur plus tard dans la journée afin de lui expliquer posément qu’il n’était absolument pas envisageable qu’il passe trois mois sans ouvrir un corps.

 

Malheureusement, malgré tout ce que put dire Scorpius, il ne parvint pas à convaincre son maître de stage qu’il n’était pas du tout à sa place avec les dingues. C’est donc particulièrement grognon qu’il fît le trajet du retour le soir. S’il avait pu, il serait rentré seul pour ne pas avoir à supporter l’hystérie de Rose qui avait eu droit de travailler dans le service qu’elle avait demandé. Mais il était incapable de retrouver la bonne route. Aussi il se contenta de souffrir en silence. 

 

— Ne soit pas si boudeur, c’est l’occasion d’apprendre de nouvelles choses…

 

Il s'en tint à un grommèlement. Il n’avait aucun besoin de préciser qu’il n’avait pas envie « d’apprendre de nouvelles choses » sur l’esprit tortueux de l’Humain, disséquer des corps lui suffisait amplement.

 

Un quotidien s’enracina très vite à l’appartement, entre les week-ends de gardes, les soirées pizza devant la télé et les chamailleries de plus en plus chaleureuses. Scorpius était obligé d’admettre que la compagnie de Rose n’était pas si désagréable qu’il l’aurait pensé, si bien qu’un mois s’était écoulé avant qu’il ne le réalise. Un évènement devait cependant bousculer ce train de vie si rangé. Il était tranquillement installé dans la salle de repos, sirotant un café aussi amer que son humeur, lorsque Rose Weasley l'avait trouvé :

 

— Il y a une… nouvelle patiente, aux urgences. Tu devrais venir voir, avait-elle haleté, preuve qu’elle avait couru. 

 

— C’n’est pas mon service, avait-il grogné. Je m’occupe des fous, tu te souviens ?

 

— Elle a tenté de se tuer. Ça correspond au profil, non ?

 

Il avait recraché sa gorgée dans sa tasse.

 

— En plus, c’est une aristocrate, elle devrait te plaire, avait ironisé Weasley, sachant qu’elle piquerait sa curiosité.

 

— Comment s’appelle-t-elle ? s’était-il enquis avec plus d’intérêt.

 

— Crétin ! Elle se nomme Kara de la Croix. Sa mère est anglaise, mais son père français travaille à l’ambassade.

 

— Les moldus aussi ont des ambassades ?

 

Rose n’avait même pas pris la peine de répliquer et avait simplement levé les yeux au ciel.

 

— Le chef de service a dit qu’elle serait sous ta responsabilité. Ça va aller, Malefoy ? avait-elle ajouté sans réellement se soucier de sa réponse.  

 

— Faudra bien, avait-il grommelé pour lui-même. Une moldue suicidaire, j’aurais tout vu !

 

Et c’est ainsi qu’il se retrouvait à présent devant le lit de la jeune femme. Elle était percée de partout, raccordée à de nombreux appareils qui étaient censés la maintenir en vie le temps qu’elle se remette de sa bêtise. Elle était dans le coma et les médecins étaient incapables d'estimer combien de jours cela pourrait durer. « Dire qu’une simple potion et quelques sorts permettraient à la remettre sur pieds en quelques jours. », pesta Scorpius intérieurement. Mais non, il était coincé là et il devait tenir compagnie à un simulacre de cadavre.

 

Rose avait certainement dû prévoir qu’il serait de mauvais poil en rentrant, puisqu’elle avait pris l’initiative de commander des pizzas dans le petit restaurant où ils avaient mangé le premier midi. Elle lui offrit son plus beau sourire lorsqu’il pénétra dans leur salon ce qui eut le mérite de lui remonter un peu le moral. Si on lui avait dit cela un mois auparavant, il n’y aurait pas cru. Sa famille lui manquait, son manoir lui manquait, Élisabeth lui manquait, pas nécessairement en tant que fiancée mais elle était, avant tout, son amie et il aurait aimé pouvoir discuter. Sans le savoir, Rose l’aidait à surmonter ce stage plus sereinement. C’était un comble.

 

Il s’écoula deux jours avant que la demoiselle ne daigne se réveiller. Et durant ces deux longues journées, elle ne reçut aucune visite sinon celle des infirmières et de Scorpius. Si au départ il était resté totalement indifférent, grognant après cette patiente comme après la dizaine d’autre dont il avait la charge, très vite il avait ressenti quelque chose de différent au contact de la jeune femme. Il ne parvenait pas à mettre les mots justes sur cette sensation, ce papillonnement au fond du ventre. Était-ce ses cheveux qui encadraient son visage d’une pâleur fantomatique ? Ou sa douce respiration, ce souffle chaud sur sa peau ? Il était là lorsqu’elle ouvrit les yeux. Deux grandes prunelles affolées et merveilleuses. Elle commença à se débattre, à arracher les draps et les fils. Par réflexe, Scorpius la serra fermement entre ses bras et murmura :

 

— Shhht. Ça ira, tu verras. Tout ira bien.

 

Non. Bien sûr que tout n’irait pas bien. Il ne connaissait pas Kara. Il ne savait rien d’elle et des raisons qui l’avaient poussée à s’en prendre à sa vie, mais il avait conscience que rien n’irait bien pour elle. Pas avant des jours, des semaines, peut-être même des mois. Et actuellement, il n’y pouvait absolument rien. Alors il mentait. Ce n’était pas réellement un problème pour lui. Et puis de toute façon, un mensonge de plus ou de moins dans l'existence de cette patiente, cela ne changerait pas grand-chose. Tout ce qui intéressait Scorpius c’était de l'apaiser, qu’elle n’arrache pas sa perfusion car sinon il lui faudrait plus de cinq minutes pour lui remettre. Et même s’il n’avait pas grand-chose à faire de plus au cours de la journée, il n’avait aucun besoin de se battre avec une aiguille contre des vaisseaux sanguins trop dilatés.

 

— Je suis là, ajouta-t-il en un souffle.

 

Elle fondit en larmes. Des sanglots secouaient son corps de spasmes et il sembla qu’elle n’avait pas dû pleurer depuis des siècles. C’était peut-être un peu le cas d’ailleurs.

 

— Il faut que tu parviennes à te calmer, prévint Scorpius, sinon je serais obligé de prescrire un traitement psychologique plus lourd et je n’en ai pas envie.

 

La respiration de la jeune patiente se fit plus lente et il en fut soulagé. Il n’avait aucun désir de voir cette personne plus groggy qu’elle ne l’était déjà. Qu'est-ce qui peut pousser une femme aussi belle à se mutiler ainsi ? Qu'est-ce qui avait pu la faire sombrer dans le chagrin au point de se répugner ? C’est l’esprit encore plein d’interrogation, que Scorpius prit le chemin de l’appartement ce soir-là. Dans ses pensées, il fit nonchalamment rouler un caillou du bout du pied de l’hôpital jusqu’au quartier où ils logeaient avec Rose. Alors qu’il arrivait au pied de leur immeuble, des cris le tirèrent de sa méditation : c’était la voix de sa colocataire qui résonnait dans le hall de l’escalier.

 

Que pouvait-il bien se passer ?

 

Il monta doucement jusqu’à leur étage, la poignée de la porte tourna dans un sens puis dans l’autre, comme si quelqu’un avait voulu sortir. Scorpius décida de se cacher dans le L que formait le couloir.

 

— Va te faire foutre, je ne te dirais rien !

 

Il y eut un bruit inquiétant, un grognement de rage et un râle de protestation.

 

— Si tu me tues, Coll, ajouta Rose, tu ne récupéreras ce que tu cherches.

 

Silence.

 

— Et tu es un piètre légilimens, tu sais. Je n’ai même pas ma baguette, et pourtant tu ne me fais pas peur.

 

— Je retrouverai ce que tu m’as volé, petite catin, et ce jour-là tu me supplieras de t’achever !

 

— Je demande à voir ! Et en attendant, je ne te dois plus rien et tu laisses James tranquille ! Alors, qui domine maintenant ?

 

Rose ricana. Un rire étrange, que Scorpius n’avait jamais entendu chez la jeune femme. Ce n’était pas son habituel éclat plein de joie, de bonne humeur et taquin qu’il lui connaissait. C’était un sarcasme nerveux, sans âme, glacial. Il avait retenu son souffle tout le long de la confrontation, ce n’était pas le courage qui l’étouffait. Il observa un homme à la silhouette encapuchonné quitter leur appartement, dévaler les escaliers et claquer la porte des parties communes. Il déglutit difficilement. Qu’est ce que ça voulait dire ?

 

— Sors de ta cachette, sale pleutre.

 

— Rose, je…

 

— Et ne cherche pas à te justifier, tu as bien fait de ne pas te montrer. Coll est peut être un abruti, mais même un sot est dangereux avec une baguette à la main. Et il ne porte pas ta famille dans son cœur. Cela dit, il ne porte pas grand monde dans son cœur…

 

Rose se tenait dans l’embrasure et lui souriait. Dans ses yeux luisait une lueur étrange mais qui signifiait incident clos. Aussi, Scorpius ne posa aucune question, ne fit aucun commentaire. Mais il restait tout de même intrigué et il se promit de découvrir le secret de sa colocataire – d’autant plus que cela semblait important. Il n’avait pas énormément d’indice : simplement un prénom – ou surnom peut-être ? – et visiblement une sale réputation. Mais il savait à qui faire appel pour ce genre de services. Le plus compliqué allait être de le contacter sans hiboux ni baguette. Il pensa alors au portable de Rose. Le tout était de le subtiliser discrètement, ce qui s’avéra plus dur qu’il n’y paraissait : la jeune Weasley devait se l’être greffé dans la main tant elle ne s’en séparait pas.

End Notes:

Un calin de Scorpius pour chaque review ! :D 

Chapitre 3 - Où il est question de retard, de bain, et de préjugés by Layi
Author's Notes:

Bonne lecture ! :) 

Toujours cette douleur qui prend aux tripes. Ce mal viscéral, comme une boule qui grossit, grossit, encore et encore. Ce fléau dérobant tant de place que toute autre sensation est inaccessible. Elle avait l’habitude de ce monstre qui habitait son cœur. Il était devenu son quotidien, s’installant confortablement, lentement, sournoisement. Elle ne s’en était pas rendu compte au début, et puis il avait fallu faire face à l’inévitable vérité : il était là. Une authentique fusion l’avait transformée. Son emménagement avait fait d’elle une magnifique enveloppe vide. Un coquillage dont les longues boucles brunes indolentes passionnaient bien des personnes. Mais l’adoration cessait dès qu’ils croisaient le regard creux de la jeune femme. Ses doux yeux bleus n’étant plus que le reflet du néant. Les gens la fuyaient comme la peste. Elle n’était pas – plus – attirante. Son visage laiteux et ses cernes faisaient peur. Et pourtant, il l'observait sans discontinuer. Que lui trouvait-il de particulier ? Elle n’en avait aucune idée, mais elle aurait voulu qu’il mette fin à son petit manège qui la mettait très mal à l’aise.

Kara n’avait qu’un unique regret : s’être ratée. Oui elle avait été lâche, mais à quoi pouvait bien mener le courage ? Sa mère n’était même pas venue pleurer à son chevet alors qu’elle était plongée dans le coma. Depuis, elle n’avait pas non plus osé le face à face. Son père, en voyage à l’étranger, lui avait fait parvenir une simple lettre lui souhaitant un bon rétablissement et lui rappelant tout l’amour qu’ils lui portaient. Aucun ami ne s'était déplacé. Elle était seule, comme toujours. Les infirmières l'approchaient rarement, sauf pour lui administrer ses médicaments de force – puisqu’elle refusait de les prendre – et changer les draps de son lit. Juste lui, cet interne, ce docteur Malefoy, venait régulièrement aux nouvelles et lui tenir compagnie. Elle ne voulait pas de sa présence et lui avait déjà fait comprendre par tous les moyens possibles et imaginables. Elle l’avait insulté, giflé, humilié. Mais il s'entêtait. Pourquoi ? Ne pouvait-il pas lui permettre de dépérir en paix ? Elle n'aspirait nullement à la pitié des autres, et encore moins celle d’un inconnu.

 

 

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Ce n’est que deux semaines plus tard que Scorpius parvint à contacter les personnes souhaitées et à convenir d’un rendez-vous. Randy Bulstrode avait le même air patibulaire que le reste de sa fratrie. Mais il avait l’avantage d’être un peu plus malin. La guerre avait laissé moins de tâches sur son patronyme que sur la plupart des aristocrates de Serpentard et il profitait donc d’un réseau qui mêlait malfrats et gens de la haute société. Il attendait Scorpius sur un banc, dans le parc où ils se promenaient régulièrement, Rose et lui. Il s’assit à côté de son indic :

— « Coll », ça te dit quelque chose ?

— Un nom de famille peut-être ?

— Si c’était le cas, je n’aurais pas besoin de toi.

Randy lui fit un sourire narquois.

— Je te donne une réponse avant la fin de la semaine. Rendez-vous ici, même heure.

Scorpius resta seul un moment. Les problèmes de Rose Weasley n’étaient pas censés l’inquiéter, mais il ne s’expliquait pas cette envie viscérale d’en savoir plus. Il ne pourrait sûrement pas faire grand-chose, mais il fallait qu’il soit informé. Le jeune homme aimait les énigmes, et ce soir-là en s’endormant il se fit la réflexion qu’il était gâté en la matière depuis quelques jours. Lorsqu’il se leva le lendemain, il s’attendait comme d’accoutumée à voir sa colocataire enroulée dans un plaid sur le canapé en train de regarder des dessins animés aux voix exécrables tout en engloutissant son bol de céréales en faisant un bruit monstrueux. Il ne trouva que le silence.

— Weasley ? appela-t-il

Toujours rien. La jeune femme n’était jamais partie sans lui le matin. C’était d’ailleurs rare qu’elle le laisse seul, et étonnamment il ne s’en plaignait pas. Il toqua doucement à la porte de sa chambre et un grommèlement lui parvint.

— Tu vas être en ret…

— M’en fou ! Casse-toi !

Scorpius fut sur le point de lancer une réplique bien sanglante. Il eut également envie de s’exécuter et de quitter leur logement sur-le-champ. Mais quelque chose le retint, un sentiment étrange à mi-chemin entre la compassion et quelque chose d’inconnu, et il se contenta d’expirer tout l’air de ses poumons pour tenter de se calmer. Cela sembla fonctionner un peu, il tourna les talons et s’affaira pour préparer un petit déjeuner digne de ce nom : tant pis pour le retard. Ce n’est que lorsque l’odeur du café finissait d’envahir leur appartement que Scorpius vit une rousse grognon dans leur salon.

— Tu as faim ?

— On va être en retard, grogna-t-elle

Elle attrapa cependant la tasse qu’il lui tendait, le gratifiant d’un très maigre sourire. Elle était mignonne, le matin. À sa manière, avec son petit caractère bougon et sa façon de vous dire merci tout en ayant l’air de vous ignorer totalement. Elle s’installa dans le canapé, le regardant au-dessus de sa tasse qu’elle portait à ses lèvres. Elle avait de grands yeux verts si expressifs que Scorpius s’y perdait fréquemment, sans en prendre conscience. Rose ne s’en formalisait pas, elle avait l’habitude de provoquer ce genre de réactions, chez les hommes comme les femmes.

— Ho… Tu sais, autant on peut accorder une certaine urgence à tes patients, autant pour les miens la plupart du temps une infirmière suffirait…

Il n’avait pas envie de discuter à propos du boulot. Il aurait aimé parlé d’elle, l'apprivoisée un peu mieux. Depuis qu’ils cohabitaient, Scorpius réalisait qu’il connaissait en réalité très mal sa colocataire, bien qu’ils aient passé sept ans dans la même maison à Poudlard. Scorpius était un peu nombriliste et n’avait jamais fait attention aux fossettes de ses joues lorsqu’elle riait – cela arrivait si souvent, pourtant ; ni au frémissement de ses narines le matin quand elle humait son café ; encore moins à l’asymétrie parfaite de ses lèvres… Rose le fit émerger de sa contemplation.

— Tu t’en sors avec ta de la Croix ?

— On peut dire ça… soupira Scorpius.

Physiquement, son état était stable. Les chirurgiens affirmaient qu’elle pourrait quitter l'hôpital dans une ou deux semaines. Mais concernant sa psyché, c’était un autre problème. Elle ne souriait pas, mangeait peu, parlait à peine… Scorpius avait toute la peine du monde à comprendre la jeune femme : il était inenvisageable pour lui qu’on puisse porter atteinte à sa propre vie. Sa famille, ses parents, avaient du se battre dans des temps plus sombres pour ne pas mourir, alors le suicide n’était clairement pas digne d’un Malefoy. Pourtant, et il en était le premier surpris, son cas le fascinait.

Scorpius était toujours dans ses pensées lorsqu’il passa le pas de la porte de la chambre de Kara.

— Vous êtes en retard, docteur.

Il haussa un sourcil.

— Nous n’avions pas rendez-vous, rétorqua-t-il.

Elle eut une grimace et Scorpius eut une sorte de pincement au cœur.

— Que voulez-vous ?

— Je dois vérifier votre perfusion et deux trois autres choses…

— Je m’en fiche, sortez.

Le médecin soupira. Il avait entendu les soignantes se plaindre de cette fille et il comprenait leur désarroi. Elle était infecte. Et dans le genre pénible, il avait déjà Weasley. Mais il n’était pas coutume pour lui de céder. La pièce était petite, blanche, et comme dans tous les hôpitaux, il y régnait une odeur désagréable, mélange d’antiseptique et de mort. Rien qui ne puisse aider ses patients à se sentir mieux, en vérité, se dit Scorpius. Il s’installa sur le fauteuil, près du lit, et demeura silencieux alors qu’elle vociférait.

— Tant que vous ne vous serez pas debout, comme les infirmières et moi-même le demandons, vous serez de toute façon forcée de subir ma compagnie, affirma-t-il avec un sourire narquois.

— Ha ouais ? s’agaça Kara. Très bien, c’est ce que l’on va voir.

Elle s’appuya sur ses coudes et se laissa rouler sur le côté. Gagnant une position assise, elle fit pendre ses jambes au bord du matelas tandis qu’elle entreprenait de trouver un équilibre. Elle ne s’était pas levée depuis son arrivée. C’était un problème que Scorpius et le reste du corps soignant ne parvenaient pas à résoudre, malgré toutes leurs tentatives de raisonner la jeune femme. Une aide-soignante s’était même pris une gifle en essayant d’employer la force pour mettre leur patiente en posture verticale. Le chef du service avait d’ailleurs fait une note rappelant combien il était important de ne pas rentrer dans la confrontation avec les malades. Scorpius était atterré de voir que sa provocation réussissait là où la pédagogie avait échoué. C’est Weasley qui l'entendrait, avec ses conseils minables !

— Alors comme ça si je veux avoir la paix, il faut que je me lève ? Ho mais très bien, mônsieur Malefoy, je vais me lever ! Et surtout m’éloigner de vous !

La jeune femme continuait de tempêter tandis qu’elle se laissait glisser sur le matelas jusqu’à ce que ses pieds touchent le sol. Scorpius était prêt à intervenir, conscient que dans sa rage Kara oubliait certainement que ses jambes ne sauraient la porter. Effectivement, à peine eut-elle quitté le lit qu’elle vacilla et s’effondra dans les bras du médecin.

— Échec, remarqua-t-il. Nous n’avons jamais été aussi près.

Elle releva la tête et planta ses yeux d’acier dans les siens, le regard plein de colère. Ce fut électrisant pour Scorpius.

— Lâchez-moi !

— Vous tomberiez. En revanche, maintenant que vous avez levé vos fichues fesses, je peux appeler afin que l’on vous apporte un fauteuil roulant.

— Oui, faites ça !

Quel sale caractère ! Il bipa cependant les infirmières, réclamant de quoi déplacer sa patiente. Celle-ci ne se fit pas davantage prier pour finir de sortir de son lit.

— Que diriez-vous d’un bon bain, mademoiselle de la Croix ?

Scorpius interpréta le silence qui suivit comme une acceptation. Il croisa une aide-soignante dans le couloir qui sembla plus que surprise de le voir en compagnie de Kara. Il lui fit discrètement signe de les talonner. Arrivé devant la salle de bain, il fit le tour du fauteuil afin d'avoir son occupante en face.

— À présent je vais vous laisser en la compagnie d’Olivia, qui saura à merveille prendre soin de vous. Je vous retrouve après.

— Non.

— Pardon ?

— Je veux que ce soit vous.

— Il va falloir vous dénuder, contesta Scorpius, et je…

— Et quoi ? Vous êtes médecin non ? Et un plutôt mignon, en plus. Vous avez dû en contempler d’autres, des culs, et dans d’autres circonstances, je me trompe ? Ne faites pas la sainte-nitouche. Je veux que ce soit vous !

Scorpius jeta un coup d’œil à l’aide-soignante qui semblait aussi perplexe que lui. Elle lui fit cependant un léger signe de tête, comme pour l’encourager à accepter. Il soupira.

— Olivia reste près de la porte, si vous changez d’avis elle…

— Je ne changerais pas d’avis, protesta Kara.

Elle était épuisée mais se battait pourtant avec force et conviction. Si seulement elle avait pu mettre autant d’acharnement dans sa survie qu’à l’enquiquiner, elle serait déjà sortie, pesta Scorpius intérieurement. Déshabiller la jeune femme ne prit que très peu de temps puisqu’elle était nue sous sa blouse d’hôpital, retenue d’un simple bouton pression dans le dos. Elle était si maigre que Scorpius aurait pu réviser l’anatomie du squelette humain sur elle. C’était si choquant qu’on en oubliait presque la large cicatrice qui s’étalait sur sa poitrine, partant du milieu des clavicules et s’arrêtant au bas de ses seins. Il déglutit difficilement.

— C’est bon, vous avez fini de me mater ?

— Je ne…

— Je veux un rasoir.

Il souffla.

— Vu votre état psychologique, il est plus que hors de question que je vous laisse un rasoir entre les mains.

— Quoi mon état psychologique ? Qu’est-ce qu’il y a ? Je suis folle, c’est ça que vous pensez ? Que je suis complètement barrée ? Qu’il n’y a plus rien à faire pour moi ? Que vu mon âge, si je n’aime pas ma vie c’est fichu ? Qu’il n’y a plus rien à tirer d’une carcasse comme la mienne ? Mais je le sais ça, docteur ! Je n’ai pas besoin de ces infirmières débiles qui s’apitoient sur mon pauvre sort, ni de vous à mon chevet comme si  j’allais disparaitre d’une minute à l’autre ! Je n’ai pas besoin de…

— De quoi avez-vous besoin alors ? coupa Scorpius.

Kara avait presque hurlé sa tirade dans les oreilles du médecin qui devait réunir toute sa bonne volonté afin de ne pas la gifler pour lui remettre les idées en place. Non mais pour qui se prenait-elle, à lui parler comme ça ? Elle sembla abasourdie qu’il ait osé l'interrompre ; aussi elle s’octroya quelques secondes pour récupérer sa contenance et restituer son masque froid sur le visage.

— Je croyais avoir demandé un rasoir.

— Et pour en faire quoi ?

Olivia toussota.

— Si je peux me permettre, docteur, je pense que mademoiselle de la Croix apprécierait retrouver un peu de… féminité, si je puis dire.

Scorpius se sentit soudainement très idiot, ses lèvres dessinant un O de surprise. Il entendait la voix de sa colocataire murmurer « crétin ». Il se reprit.

— Pourriez-vous aller chercher le nécessaire ?

— Bien entendu, mais une esthéticienne est disponible au sein de l’hôpital, si mademoiselle souhaite faire appel à elle… expliqua l’aide soignante.

— Vous n’avez cas faire ça alors, conclus Kara.

Le sujet poil étant ainsi précairement résolu, Scorpius entreprit de laver la longue crinière de la jeune patiente ; celle-ci ne pouvant lever les bras des suites de l’opération. Les cheveux étaient rêches sous ses doigts mais il s’abstint de faire le moindre commentaire. Il les mouilla et attrapa une noix de shampoings. Maladroitement, il commença à faire mousser le produit, grisant la masse ébène. Rapidement, Kara ferma les yeux et il la sentit se détendre. Malgré ce qu’elle pouvait en dire, ce moment devait certainement lui faire un bien fou. Elle était réellement magnifique, sans égard à sa pâleur morbide. Sous ses airs de femme forte, elle paraissait si fragile qu’il eut soudainement envie de la prendre contre lui pour qu'elle affronte le monde. Il se morigéna intérieurement d’avoir une telle pensée.

Olivia lui mima discrètement les bons gestes à adopter, la toilette ne faisant clairement pas partie de son apprentissage de médecin, et sur la globalité le bain se passa bien. Scorpius ramena la patiente à sa chambre où ils la rallongèrent avec l’infirmière. Elle était exténuée, même si pour rien au monde elle ne semblait prête à l’admettre.

— À partir de demain, vous vous lèverez un quart d’heure au moins tous les jours. C’est un ordre, et non une suggestion, exigea Scorpius avant de refermer la porte.

— Quelle plaie, ajouta-t-il dans le couloir.

— Vous vous en sortez honorablement avec elle, docteur. Vous êtes le seul dont elle accepte les soins, affirma alors Olivia.

— Si on peut appeler ça des soins, grommela-t-il.

Le reste de la journée fut calme en comparaison, mais Scorpius n’en était pas moins éreinté lorsqu’il quitta l’hôpital. Il allait prendre le chemin de l’appartement quand une tempête rousse se planta devant lui, les mains sur les hanches, l’œil mauvais. Le matin même, il partageait l’un des instants les plus complices de leur vie jusqu’à présent, et là elle semblait prête à le tuer sur place. Que s’était-il passé ?

— Je peux savoir depuis quand tu me fais espionner, sale crétin ?

— Depuis quand je te… commença-t-il, surpris.

— Ho oui, ne fait pas l’innocent. Bulstrode est loin d’être aussi discret qu’il le pense ! Si tu avais des questions, tu n’avais cas me les poser directement ! Je suis clairement déçue, Malefoy, je m’attendais à mieux de ta part ! J’avais l’impression que tu étais ne train de changer, de venir un mec bien, enfin, un mec fréquentable quoi ! Un mec auprès duquel on n’a pas honte de se trouver tant il est nombriliste et imbu de sa personne ! Mais non, tu es toujours le même idiot et tu te crois continuellement tout permis ! J’en reviens pas avoir pu imaginer qu’on…

Rose stoppa net sa tirade, comme se retenant d’en dire un peu trop.

— Qu’on quoi ? insista Scorpius, occultant le reste.

Il n’en était pas moins choqué. C’était la première fois que Rose Weasley lui parlait sur ce ton. Toutes les occasions où il avait été désagréable avec elle depuis leur première rencontre sur le quai 9 3/4, elle s’était contentée d’un sourire en coin ou d’une remarque judicieusement placée. Là, elle semblait réellement furieuse. Pourtant, la fin de sa phrase étouffée était ce qui faisait le plus réagir Scorpius. Qu’avait-elle voulu dire ? Il sentit un pincement au cœur lorsqu’il perçut des larmes au coin des yeux de la jeune femme.

— Rien ! Va te faire foutre.

Elle tourna les talons et commença à s’éloigner. Grand bien lui fasse. Non mais qu’est-ce qui lui prenait ? Bon, ok, il avait peut-être légèrement abusé en lançant Bulstrode sur la piste de Coll alors que Rose lui avait fait comprendre qu’elle souhaitait qu’il demeure en dehors de ça. Mais quand même, elle pourrait admettre qu’il… Qu’il quoi d’ailleurs ? Pourquoi avait-il fallu qu’il se mêle de tout ça ? Son tempérament curieux ne pouvait pas être la seule explication. L’évidence sembla le gifler. Il la rattrapa par le bras.

— Rose ! Rose, attends ! Pardonne-moi, je t'en prie. Je… J’ai fait ça parce que je suis inquiet pour toi.

Elle resta abasourdie par ces mots qui avaient couté à Scorpius. Il n’est pas dans les gênes d’un Malefoy de s’excuser naturellement.

— Tu es « inquiet »… pour moi ? balbutia-t-elle.

— Ne me le fais pas répéter, s’il te plait.

Rose esquissa un mince sourire et essuya rapidement les perles au coin de ses yeux. Le jeune homme avait trouvé les bons termes. Cela l’avait contrariée d’apprendre par sa cousine Roxanne que Bulstrode enquêtait plus ou moins sur elle. Et elle n’avait pas mis longtemps pour faire le lien avec Scorpius. Elle s’était sentie trahie par cette intrusion dans sa vie. Cependant, elle connaissait suffisamment les Malefoy pour savoir que leur fils n’avait pas été élevé pour se repentir de ses actes.

— Et ne te moque pas non plus ! protesta Scorpius.

— Je ne me moque pas. Je suis… stupéfaite. Étonnée et heureuse. Viens, déclara-t-elle en lui empoignant le coude, on rentre. On a de la chance que je ne sois pas d’un naturel rancunier, tout de même !

— Tu me racontes, alors ?

— Crève.

Cette femme avait le don pour le faire tourner en bourrique, remarqua Scorpius, amusé, mais il ne fit aucun commentaire. Allait-elle dire qu’ils pourraient être amis ? Il fut surpris que l’idée ne lui déplaise pas plus que ça, au contraire. Scorpius se sentait réellement bien. Vivant. La cohabitation l’avait forcé à s’ouvrir à cette chieuse et à présent il regrettait presque de ne pas avoir accepté son affection plus tôt : elle était une bouffée de bonheur. Alors qu’il la suivait d’un bon pas sur le chemin de leur appartement, Scorpius se trouva pour la première fois de sa vie, cruellement tiraillé entre ses préjugés et ses sentiments.

End Notes:

Mmh, un bain avec Scorpius pour chaque review ? :p

Chapitre 4 - Où il est question de confidences, de café et de massage. by Layi
Author's Notes:

L'histoire est terminée et comportera normalement douze chapitres de tailles variables. J'ai modifié le rating en conséquence de ce qui viendra par la suite. 

Bonne lecture ! ;) 

Deux semaines s’écoulèrent dans un quotidien morne. À présent qu’il avait trouvé les bons boutons, Scorpius progressait bien avec Kara. Peut être un peu trop, même, mais c’était un autre problème. La jeune femme se déplaçait à présent seule, s’aidant simplement d’une canne. Elle arpentait les couloirs de l’hôpital tel un zombie. Les chirurgiens avaient donné leur feu vert pour qu’elle rentre chez elle, mais le psychiatre avait émis son veto, signalant qu’elle était encore trop émotionnellement instable. Il avait prié Scorpius de faire plus d’effort avec sa patiente, car il était temps qu’ils puissent récupérer le lit qu’elle occupait. Il était allongé sur son matelas, fixant le plafond, cherchant une solution miracle qu’il n’avait pas quand quelqu'un entra violement dans le logement.

— Mais lâche-moi !

— Je vais te lâcher. Mais n’oublie pas Weasley, tant que James ne m’aura pas rendu ce qu’il me doit, tu m’appartiens. C’était le deal pour que je lui laisse sa sale petite gueule de mannequin intacte, non ? Tu n’as plus aucun moyen de t’y soustraire, et tu devrais t’estimer heureuse que je pardonne ta dernière imprudence ! La prochaine fois que tu me feras un coup comme ça…

Il suspendit sa phrase. Apparemment, Rose le connaissait suffisamment pour qu’il n’ait pas à donner de précisions. La porte de l’appartement claqua et des pas dévalèrent l’escalier. Le silence s’installa quelques minutes, puis c’en fut trop pour Scorpius. Il sortit de sa chambre, furieux.

— Là, tu me dois des explications, Weasley !

— Je t’ai déjà dit que ça ne te regarde pas, soupira-t-elle.

Elle semblait épuisée. Elle se laissa choir sur le canapé et alluma la télé. Elle zappa jusqu’à trouver un documentaire sur les éléphants et resta muette de longues minutes. Scorpius s’assit à ses côtés et respecta son alogie jusqu’à ce que…

— Coll est… Un ami de James. 

— Ami ?

— C’est son dealer. Mais à part moi, personne ne sait que James est drogué. Je le surveille, je veille sur lui. Au début, on formait une petite bande sympathique. Je flirtais avec Coll, je faisais ma belle. Mais les choses ont commencé à dégénérer. Et James prenait de plus en plus. Il a fini par ne plus pouvoir payer. Un soir, j’étais chez lui quand deux des caïds de Coll se sont pointés. Ils ont menacé James. Mais il n’avait rien. Strictement rien. Harry se doute qu’il se passe des trucs louches, mais il ne réalise pas vraiment la situation dans laquelle s’est foutu son fils. Son compte à Gringotts est vide. Comme il est shooté la moitié du temps, il a raté plein de rendez-vous, et la plupart des photographes et journalistes ne veulent plus travailler avec lui. Il n’est pas assez stable… Il est au fond et je fais ce que je peux pour l’aider. Alors, je suis allée voir Coll, pour trouver un arrangement. 

— Quel genre d’arrangement, Weasley ?

— Je crois que tu en sais déjà trop, coupa-t-elle.

Il n’y avait plus trace de sourire, de gaité et de bonne humeur sur le visage de Rose. Elle s’était totalement refermée et Scorpius su qu’il n’en tirerait rien de plus. De toute manière, les problèmes de Weasley ne le regardaient pas. Enfin… Potentiellement un peu quand même. Depuis qu’il avait lancé Bulstrode sur la piste de Coll, il en apprenait chaque jour un peu plus. Visiblement, le personnage était bien plus dangereux que ne voulait l’admettre Rose. La Grande Guerre était finie, mais les voyous pullulent par tous temps. Celui-ci était un meurtrier, et ce n’était pas au gout de Scorpius que Rose fréquente ce genre de phénomène.

James Potter était un junkie. Si cela n’avait pas été aussi moche, Scorpius en aurait presque ri. Et Rose ? Quel arrangement avait-elle convenue avec Col pour qu’il accepte de ne pas toucher à Potter ? Qu’est-ce qui manque à un homme qui a le pouvoir et l’argent ? La réponse semblait assez évidente lorsque l’on regardait la jeune femme, mais dans l’esprit de Scorpius c’était effrayant. D’instinct, il la prit dans ses bras. Elle se débâtit quelques secondes avant de se mettre à pleurer. Des cascades de larmes, de morve et de sanglots.

— Tu aimes beaucoup ta famille, pour te sacrifier ainsi, marmonna Scorpius.

— La famille, c’est systématiquement là quand le reste s’envole, remarqua-t-elle.

La réflexion laissa Scorpius songeur. Elle n’avait pas tort. Malgré toutes leurs imperfections, les siens avaient toujours fait en sorte qu’il soit épanoui et en sécurité, pour qu’il ne vive pas le même style de cauchemar qu’eux. Bien sûr, ils n’avaient pas fait de miracle, Scorpius avait grandi dans les préjugés et des avis politiques très tranchés. Mais il n’y avait aucune trace de violence dans le manoir Malefoy, Astoria ne l’aurait pas toléré.

— J’avais détourné un colis que Coll attendait, histoire d’avoir un moyen de pression, qu’il me fiche un peu la paix…

— Mais tu ne l’as pas assez bien caché.

Elle baissa la tête, abattue.

— On va trouver une solution, affirma Scorpius.

— « On » ?

— Béh… J’ai insisté pour être au courant, non ? C’est un peu mon problème aussi, maintenant.

La jeune femme sourit timidement. C’était un demi-mensonge, elle avait parfaitement conscience que Scorpius aurait pu se rire d’elle. C’est d’ailleurs certainement ce qu’il aurait fait quelques mois ou années auparavant. Mais il avait mûri. Ce stage le faisait grandir, changer. Il adoptait des points de vue différents, de nouvelles perspectives. Ce Scorpius-là lui plaisait beaucoup, à la vérité plus qu’elle ne l’aurait voulu tant elle paraissait le laisser indifférent. Elle s'abandonna à nouveau dans ses bras, profitant de la chaleur de son torse. C’était doux, bon, contrastant de Coll et ses habitudes de voyou. Elle soupira.

Scorpius avait à présent le dos meurtri par la position qu’il maintenait tant bien que mal afin de ne pas réveiller la jeune femme qui s’était endormie sur lui. Il la contemplait silencieusement. Il aurait souhaité observer son visage détendu, presque rayonnant, comme il l’était à l’accoutumée, mais leur discussion semblait avoir ravivé de lourds souvenirs et de graves préoccupations chez sa colocataire. Ou bien c’était la venue de ce Coll si infecte ? Scorpius n’avait pas vu l’homme, mais l'idée qu’une ordure ait pu faire du mal à une personne si radieuse que Rose Weasley le mettait dans une colère folle.

Alors qu’il repensait à la réaction de Rose en la prenant simplement dans ses bras, il se fit la remarque que c’était quelque chose qu’il n’avait pas essayé avec Kara. Quelque chose qui aurait pu être dangereux, et qui n’était absolument pas approprié dans une relation médecin-patient. Mais en même temps, il n’arrivait à rien avec les méthodes convenables et traditionnelles. Et cela avait le don de l’exaspérer. Que fallait-il à cette femme pour qu’elle soit enfin sur les bons rails ? Jusqu’à maintenant, chaque fois qu’il l’avait provoquée, il avait obtenu des résultats. Peut-être que s'il la poussait dans d’autres retranchements ?

Rose se réveilla en sursaut au milieu de la nuit. Le filet de bave qui s’étendait sur le tee-shirt de Malefoy lui indiqua qu’elle avait dû se laisser emporter sur son torse. Elle déglutit difficilement, se sentant minable. Qu’allait-il penser d’elle à présent ? Et surtout, depuis quand cela avait-il une importance ? Elle se leva doucement, essayant de ne pas le perturber et se servit un verre d’eau fraiche. Elle gagna ensuite sa chambre, estimant que leur contact physique avait déjà que trop duré pour ses propres nerfs. 

L’odeur du café éveilla Scorpius le lendemain matin. Ça, ou la douleur qui lui parcourait la colonne vertébrale. Il avait dû s’endormir à son tour, dans cette position si inconfortable qu’il avait adoptée. Il observa sa colocataire qui sembla éviter de croiser son regard.

— Rose ? appela-t-il

— Mmh.

— J’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas ?

— Non.

— Alors pourquoi tu me fais la tête ? 

— Je ne fais pas la tête.

Scorpius n’insista pas davantage et saisit la tasse que lui tendait la jeune femme en silence. Si elle ne voulait pas parler, très bien. Il avait l’habitude que Rose soit d’humeur grognon le matin. Il se redressa, grimaçant sous la douleur que provoquaient ses courbatures. 

— Je suis désolée, marmonna Rose, consciente d’être en partie responsable.

— Tu n’auras cas me masser ce soir, ricana Scorpius.

Rose ne releva pas. La discussion s’arrêta là. Ils se préparèrent chacun de leur côté afin de se rendre à l’hôpital où les patients les attendaient, ignorants et peu concernés de leurs problèmes. Quand Scorpius arriva à la chambre de Kara, elle était déjà levée. Assise sur le fauteuil, elle tenait un roman dans ses mains mais contemplait l’immeuble d’en face par sa fenêtre comme s’il s’agissait du plus beau paysage qu’elle ait pu observer. Lorsqu’elle le vit entrer, elle lui jeta un regard noir.

— Encore vous ?

— Oui, encore moi. Aujourd’hui comme hier, comme demain, tant que tu ne te seras pas déterminée à te battre.

— Depuis quand vous me tutoyez ? s’offusqua Kara.

— Depuis que j’ai pris la décision de changer de méthode. Tu vas vivre, que tu le veuilles ou non, et tu vas voir que tu vas trouver ça génial !

« On croirait entendre Rose, s’amusa Scorpius. » Et le jeune médecin entreprit de faire s’habiller sa patiente. Elle enfila un simple legging gris et un tee-shirt ample qui lui tombait à mi-cuisse. Elle n’avait pas fière allure accoutrée ainsi, mais il ne s’en formalisa pas. Il l’installa sur le fauteuil roulant et parti en direction de la sortie de l’hôpital.

— Où va-t-on ?

— Je t’emmène boire un verre au café d’en face.

— C’est un rancard ? s'enquit Kara, se dévissant le cou afin de l’observer, l’œil malicieux.

Scorpius se figea sur place. Ce regard, c’était nouveau. Elle avait des yeux intenses qui, jusqu’à maintenant, n’avaient été que le reflet d’une profonde tristesse. Et pour la première fois, ils semblèrent s’animer d’une autre lueur. Une lumière qui ne laissait pas le médecin totalement indifférent.

— Oui, s'amusa-t-il.

— Les gentlemans demandent l’autorisation, avant, fit-elle remarquer. 

— Je ne suis pas un gentleman.

Si Rose avait été présente, et au vu de la soirée de la veille, elle aurait sûrement démenti. Mais sa colocataire n’était pas là, et il souhaitait surtout décrocher un rire de la jeune femme. Elle esquissa un sourire qui disparu vite lorsque'une fois servis – une limonade pour elle, un coca pour Scorpius, il lui demanda de but en blanc :

— Pourquoi veux-tu mourir, Kara ?

— Cela ne vous regarde pas.

Décidément, cette phrase revenait bien trop souvent dans la bouche de ces folles, se dit-il.

— Je suis ton médecin. Je suis chargé de savoir, de définir les raisons qui te maintiennent dans cet état de tristesse profonde afin de chasser toute pensée pessimiste de ton esprit.

— Les médecins n’emmènent pas leurs patientes au café, fit-elle remarquer.

Il pesta. Elle n’avait pas tort. Cependant, Scorpius était assez satisfait de lui. Il avait réussi à provoquer des réactions nouvelles chez la jeune femme et c’était une forme d’avancée. Peut-être jouait-il avec le feu ? Il n’en savait trop rien. La seule chose qu’il relevait, c’était le sourire timide qu’il voyait naitre au coin des lèvres de Kara.

— Tu n’es pas comme les autres. Et j’aimerais que tu me tutoies également, s’il te plait.

Ils restèrent attablés une petite demi-heure, Kara sirota la moitié de sa limonade. Il n’insista pas pour qu’elle boive plus, mais se fit la remarque qu’il était temps qu’il surveille davantage son alimentation. Elle avait perdu beaucoup de poids, beaucoup trop. Les infirmières étaient beaucoup trop laxistes avec cette patiente si insupportable. Alors qu’il sortait de sa chambre, Kara lui adressa un maigre sourire en lieu et place de son habituel rictus désabusé. Et cela fit penser à Scorpius qu’il était en bonne voie, avec sa méthode si peu conventionnelle. Le reste de sa journée fut d’une banalité à mourir, et quand il rentra le soir, son dos était toujours lancinant.

Rose était en train de préparer le souper et semblait plus sereine qu'à l'aurore. Il s’installa dans leur canapé avec un râle de douleur non feinte qui fit froncer les sourcils à sa colocataire. 

— Tu as mal ? s’enquit-elle.

— Pire encore, avoua-t-il.

— Enlève ton tee-shirt.

— Pardon ? 

— Tu as parlé d’un massage, ce matin. Pendant que ça cuit, je peux te soulager. C’est un peu ma faute, si tu en es là, argumenta-t-elle, sans trop réfléchir.

Scorpius pesa le pour et le contre quelques minutes. Il s’était déjà dénudé devant une femme. Plusieurs même, pour être totalement honnête, et avec un grand plaisir. Mais jamais pour expérimenter ce genre de chose. En fait, cela ne lui avait jamais été proposé. Était-ce d’ailleurs quelque chose que l’on exigeait comme le faisait Rose ? C’est à peine s’il venait d’admettre tacitement une forme d’amitié entre eux et elle réclamait qu’il se déshabille ? Cette fille était si… surprenante. Il ne put retenir un sourire, et enleva son polo. Qu’avait-il à perdre ?

Rose l’observa. Puis ferma les yeux. Non mais qu’avait-elle provoqué ? Jamais elle n’avait pensé à Scorpius comme elle le faisait à cet instant. Elle lui avait toujours trouvé un certain charme, celui-là même qu’ont les garçons qui ont cessé de vouloir séduire. Mais elle trouvait également son cousin attrayant, cela ne signifiait rien. Scorpius, ça avait été comme Élisabeth : un défi. Rose aimait bien les paris, et tenter de gagner leur sympathie avait été une sorte de jeu – qui en plus avait fait râler son père et ça, c’était drôle. Elle n’avait jamais espéré réellement y parvenir, mais avait été ravie de constater qu’ils étaient en bonne voie, Scorpius et elle.

Rose rouvrit les paupières. Elle se sentait perdue dans la contemplation du jeune homme. Avait-elle été aveugle toutes ces années ? Ce n’était pas clairement l’amitié de Scorpius qu'elle escomptait. Elle déglutit difficilement et s’approcha du canapé où s’était allongé Scorpius. Elle détailla chaque muscle de son dos, chaque parcelle de sa peau découverte. Elle se mordit les lèvres et se morigéna. Il fallait vraiment qu’elle se reprenne. Elle n’était pas une nonne, certes, mais ce n’était pas elle, cette émulsion d’hormones. Elle souffla subtilement, puis posa les mains sur son cobaye.

Elle dessina de larges cercles sur ses épaules, avant de descendre doucement de chaque côté de sa colonne. Scorpius soupira. Avec les pouces, elle commença à malaxer les tissus, tandis que ses paumes épousaient parfaitement les reins du jeune homme. Elle progressa ainsi jusque dans sa nuque puis souligna les omoplates, toujours avec lenteur. Elle percevait chaque fibre qui se détendait sous ses doigts habiles et elle se retint de sourire de satisfaction. Elle accéléra les mouvements, y mettant plus de vigueur, de passion. Scorpius laissa échapper un râle de délectation qui la fit frémir. Elle déglutit péniblement et arrêta délicatement son massage. Il se retourna.

Une tension était palpable dans l’air. Quelque chose qu'ils n’avaient pas prémédité, ni prévu. Pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, Scorpius sentit que Rose était nerveuse, presque gênée. Il découvrait un  nouveau visage de la jeune femme, surprenant. Elle était sexy, avec les pommettes roses, les lèvres légèrement entrouvertes, son corps à quelques centimètres du sien…

Chapitre 5 - Où il est question de compassion, de Kara et de Rose by Layi

— Ça t’a fait du bien ?

Rose avait dû se racler la gorge afin d’aligner les syllabes sans bafouiller. Elle brisa par cette simple phrase toute la tension présente dans l’atmosphère et, sur l’instant, Scorpius ne sut dire s’il la maudissait ou la bénissait d’avoir rompu ce moment si particulier. Il acquiesça, la remercia, et proposa qu’ils se mettent à table pour le dîner. Le repas fut singulièrement court, et contrairement à leur habitude ils n’échangèrent que peu de mots. Chacun regagna sa chambre sans un bruit, troublé par la journée qu’ils venaient de passer.

Le jeune homme courut presque sous la douche, qu’il prit froide. Il avait besoin de ça pour se rétablir les idées. Ce qu’il avait ressenti ce soir, c’était un désir sexuel pour Rose Weasley. Et ça n’était doublement pas acceptable. Premièrement parce que c’était une Weasley ; ensuite, et surtout, car il était fiancé. Il évacua toute la tension qu’il avait accumulée en lui, entre Kara, Rose, cette promiscuité qui le rendait visiblement fou, et se concentra simplement sur Élisabeth. Il s'efforça de se rappeler les courbes parfaites du visage de la femme qu’il aimait – ou tentait-il de s’en persuader ? – mais abandonna rapidement. C’était non seulement inefficace, mais le sourire de Rose s’imposait sur celui de sa promise. Il devait mettre un terme à tout cela – seule la voie de l’amitié était envisageable. Il aurait eu besoin de grandes vacances.

Lorsque Rose se leva le lendemain, elle fut surprise de constater que son colocataire avait déjà quitté les lieux. Elle avait mûrement réfléchi aux derniers évènements et avait fini par se convaincre que leur léger dérapage était lié à leur trop longue cohabitation et à ses extrêmes confidences. Elle aurait cependant souhaité éclaircir les choses avec le jeune homme, afin de ne pas avorter une complicité naissante. Elle se versa un bol de céréales mais perdit l’appétit à la première cuillère. Elle emprunta donc le chemin de l’hôpital, espérant que le travail dissiperait son humeur morose.

Scorpius était parti de bonne heure car il avait décidé de reprendre sérieusement en main l’alimentation d’une de ses patientes. C’est pourquoi il l’avait éveillée à l’aurore, avait supporté ses remarques et ses vociférations, l’avait forcée à s’habiller, tout cela afin de l’emmener manger le petit déjeuner au café.  Pour en avoir profité une ou deux fois avec Rose, lorsque leur frigo était lamentablement vide, il savait que les repas servis étaient plus que copieux – exactement ce qu’il fallait pour remplumer Kara.

Il déployait tous ses talents afin de faire rire sa protégée. Et Merlin seul savait que ça lui demandait de l’énergie ! Il était ravi quand Kara esquissait un sourire. Chaque éclat était une victoire en soi. Et avant tout, lorsqu’elle s'amusait, la jeune femme avalait une nouvelle bouchée de son pancake. Et ça, c’était important. Aussi, Scorpius était si concentré sur son objectif qu’il ne vit pas passer devant la vitrine la tignasse rousse, pourtant si reconnaissable, de celle qui avait hanté son sommeil.

Rose, elle, le vit parfaitement. Surtout, elle remarqua la main de Scorpius replaçant une mèche de Kara derrière son oreille tandis qu’elle riait. Ce fut comme un coup de poignard dans son cœur. Alors, Rose prit conscience que malgré toutes les barrières qu’elle avait édifiées, malgré toutes les analyses et justifications qu’elles avaient dressées durant la nuit, qui auraient pu expliquer son attirance étrange pour Scorpius Malefoy, ce n’était pas une simple amourette. Elle se mordit la lèvre, retenant son instinct qui lui dictait de faire demi-tour et de retourner sous sa couette et pénétra dans l’hôpital.

Alors qu’ils arrivaient vers la chambre de Kara, Scorpius lui proposa qu’ils s’installent sur des chaises qui trainaient dans le couloir.

— J’aimerais discuter encore un peu, fit-il innocemment. Que tu me racontes…

Il aurait réellement souhaité que la jeune femme se confie à lui, qu’elle lui donne les clés de son âme afin qu’il puisse la réparer. Mais cela ne paraissait pas gagné d’avance.

Elle le regarda, narquoise.

— Je n’ai pas besoin de votre compassion, vous savez.

Il pesta intérieurement. Ainsi, Kara avait vu clair dans son petit manège.

— J’aurais pourtant juré que si, répliqua-t-il les prunelles pétillantes, et il me semblait t’avoir demandé de me tutoyer.

Elle soupira.

— Rien ne t’arrête, constata-t-elle.

— Perspicace. Alors soit tu me dis tout, soit je te harcèle jusqu’à ce que tu lâches le morceau.

Elle eut un rire faux avant de se lever durement. Il ne bougea pas. Alors qu’elle était arrivée au bout du couloir, elle lança :

— Tu en auras marre bien avant moi, crois moi.

Il attendit qu’elle ait disparu avant de murmurer :

— Je ne pense pas.

Cette fille le fascinait. Ses yeux emplis de tristesse, ses lèvres crevassées qui n’esquissaient pas un sourire, et cette peau d’ivoire qui paraissait n’avoir jamais vu le soleil. Il aurait souhaité lui ouvrir les paupières sur la beauté du monde, lui montrer que la vie vaut la peine d’être traversée. C’était étrange, cette attraction. Peut-être qu’à force de supporter la joie de vivre excentrique de Weasley, il déraillait. Oui. Ça devait être ça. De toute façon, cette rouquine ne lui avait toujours attiré que des ennuis, davantage encore depuis la veille.

Plusieurs jours passèrent sans qu’un évènement particulier ne vienne à nouveau perturber les activités des étudiants. Comme Rose et Scorpius avaient tous deux décidé de garder leurs distances –  l’une pour se préserver, l’autre pour éviter un nouveau dérapage regrettable – ils avaient retrouvé une stabilité quotidienne. Scorpius était si obnubilé par Kara qu’il ne remarquait pas les changements qui s’étaient opérés rapidement chez sa colocataire. Cependant, elle mangeait moins, beaucoup moins. Et ses sourires se faisaient plus rares. Mais chaque jour, Scorpius travaillait Kara au corps afin de la faire céder. Il le faisait si bien qu’un matin la jeune femme descendit trouver Rose aux urgences.

Kara était arrivée dans un état de semi-inconscience, au seuil de la mort. Et pourtant, elle conservait un souvenir très clair du médecin qui l’avait prise en charge. Chaque mot prononcé avait été dit avec douceur et tact. À aucun moment la patiente n’avait senti la moindre colère, le moindre désespoir, ou encore la moindre peur dans l’intonation de ce praticien. Elle était la seule, et cela avait inspiré la sécurité à Kara. Aujourd’hui, elle avait besoin de parler à quelqu’un de confiance.

Rose remarqua tout de suite la jeune femme, qui semblait un peu perdue, à la porte du service. Elle se dirigea automatiquement vers elle et fit signe à son supérieur qu’elle partait en pause : ils n’avaient de toute façon pas vraiment besoin d’elle, c’était assez calme. Que cherchait-elle ici ? Rose prit une grande inhalation de courage et fit taire la jalousie qui la dévorait chaque fois qu’elle croisait Kara en compagnie de son médecin, et s’approcha d’elle.

— Bonjour, mademoiselle de la Croix, je peux vous renseigner, peut-être ?

La jeune femme sursauta.

— Vous vous souvenez de moi ? s’étonna-t-elle.

— Certainement, assura Rose. J’essaie de me rappeler tous mes patients.

« Et toi, je ne suis pas prête de t’oublier, se retint-elle d’ajouter. » Kara lui adressa un sourire empli de gratitude. Rose soupira imperceptiblement. Cette venue ne lui présageait rien de bon, mais elle s’efforça de mettre de côté ses ressentiments personnels, qui n’avaient pas intervenir sur son lieu de travail.

— Pourrions-nous nous isoler un peu ?

— Bien sûr.

Rose entraina la jeune femme dans une petite chambre non loin, qu’ils gardaient disponible en cas de besoin.

— J’aimerais parler de… du docteur Malefoy.

— Vous avez une plainte à émettre à son encontre ? proposa Rose, voyant que Kara n’en dirait pas plus dans l’immédiat.

— Ho non ! Non ! Au contraire je… Il est charmant. Peut-être un peu trop… murmura-t-elle.

— Un peu trop ? releva la jeune femme

— Je crois que je commence à…, heu… tomber amoureuse.

Rose retint un hoquet de douleur. C’était pire que tout ce qu’elle avait pu s’imaginer. Mais à quoi jouait Malefoy ? Il avait déjà eu du mal à l’accepter, elle, car son nom était « Weasley » et non pas « Zabini » ou elle ne savait trop encore, et voilà qu’il faisait s’enticher de lui une moldue ? La jeune femme avait bien remarqué le petit manège de son colocataire. Cependant, elle n’avait rien dit, pensant qu’il abusait de ses charmes pour parvenir à remonter le moral de sa patiente, pas pour… pour quoi d’ailleurs ?

— Vous ne parler plus ? s’inquiéta Kara. J'ai conscience que ce n’est pas très conventionnel mais je…

— Non. Enfin si. Mais non… je…

Rose pesta. Il fallait qu’elle se reprenne.

— Vous souhaiteriez que je lui parle ? demanda-t-elle

— Ho non, non, non, paniqua Kara. Je… J’avais simplement besoin d’une oreille.

Rose se força à sourire.

— Alors, je suis là. C’est bon signe que vous recherchiez la compagnie de nouvelles personnes, cela signifie que vous êtes sur le chemin d’une guérison de l’âme.

— C’est très beau, ce que vous dites, mais je crois que je suis trop brisée pour être réparée.

Rose méditait encore la phrase énigmatique de Kara lorsqu’elle rentra à l’appartement. Elle avait terriblement mal au cœur. Et l’après-midi qu’elle avait passé n’avait aidé en rien. Un jeune patient était arrivé des suites d’un accident de voiture. Elle y avait mis toute son énergie, toute sa volonté, et pourtant rien n’avait pu le sauver. Elle avait pesté intérieurement de ne pas avoir eu sa baguette et accès aux potions de Sainte Mangouste. Le petit aurait été sauf. Elle s’affala dans son lit, tentant de s’étouffer avec son oreiller.

 

 

End Notes:

Un café en compagnie de Scorpius en échange de chaque review ! ;) 

Chapitre 6 - Où il est question de baiser, d'absence et de départ. by Layi

Scorpius était revenu un peu plus tard que prévu de l’hôpital ce soir-là. Il trouva l’appartement visiblement désert. Soit Rose était sortie il ne savait où, soit elle s’était enfermée dans sa chambre, qui était un lieu tacitement interdit. Il alluma machinalement la télé, non pas pour la regarder, mais il avait à présent l’habitude du bruit de fond qu’elle générait, sa colocataire étant vissée devant régulièrement. Scorpius prépara le repas, et voyant que Rose ne rentrait pas, tenta de toquer à sa porte :

— Rose ? appela-t-il.

Il n’obtint aucune réponse, mais crut percevoir un son. Il insista.

— Laisse-moi.

La voix de la jeune femme était tremblotante. Que se passait-il, bon sang ? Il ouvrit et pénétra dans la pièce. C’était la seule de l’appartement qu’ils n’avaient pas repeinte. Cela n’aurait servi à rien puisque l’occupante avait recouvert l’intégralité des murs de posters et de photos. Il ne s’attarda pas sur les visages souriants de Hugo et ses parents, souvenir saisi visiblement en vacances dans le sud de la France ; pas plus sur les diverses images de James Potter, dont plusieurs tirées de magazine ; il ne remarqua pas non plus que Rose avait fait une place à des clichés de lui, et d’Élisabeth, preuve qu’elle ne leur tenait pas rigueur de leur continuel rejet à Poudlard. Tout cela aurait pu l’émouvoir, s’il n’avait pas été trop obnubilé par les larmes qui ruisselaient sur les joues de Rose.

— Il y a quelque chose que je peux faire ?

— Prends-moi dans tes bras, bafouilla-t-elle entre deux hochets.

Scorpius s’exécuta sans trop réfléchir. Il avait gardé ses distances avec elle, mais pour autant il n’appréciait pas de la voir pleurer. Était-ce Coll qui la mettait dans cet état ? Scorpius aurait voulu avoir déjà réglé son compte à ce malfrat mais, tant qu’ils étaient bloqués dans le côté moldu, il était très limité en actions. Cela aurait été pourtant si simple. Il avait d'avance monté plusieurs plans parfaits dans son esprit afin de débarrasser la jeune femme de son boulet.

— On a eu un mort aujourd’hui, sanglota Rose.

Il en fut presque soulagé. Non pas que le trépas de quelqu’un le réjouisse, mais il préférait avoir à gérer un craquage momentané plutôt qu’un gros malaise permanent.

— C’est le premier depuis qu’on est arrivé ici ? s’étonna-t-il.

Elle lui fit non de la tête.

— Mais j’étais à côté, j’étais là…  J’aurais du pouvoir le sauver Scorp’, j’aurais du, il n’aurait pas du s'éteindre… Il était bien trop petit et je… j’ai fait tout ce que j’ai pu, et il est parti quand même !

Il comprenait le désarroi de sa colocataire. Surtout que côté moldu le pourcentage de décès au service des urgences était plus élevé qu’à Sainte Mangouste. La magie multipliait certes les dangers, mais elle résolvait une partie plus importante de symptômes et problèmes et plus vite. Affronter quotidiennement la mort, tels des demi-dieux avait quelque chose de grisant, d’euphorique, quelque chose qui s’apparentait à une drogue dont ils étaient tous accros. Mais les échecs n’en étaient que plus douloureux. Elle enfouit son visage dans le cou de Scorpius tandis qu’il lui caressait tendrement les cheveux, murmurant des paroles rassurantes.

Ils restèrent enlacés sur le lit de Rose durant les longues minutes nécessaires pour que la jeune femme reprenne contenance. Elle releva la tête et sa bouche se trouva à quelques centimètres de celle de Scorpius. Leurs souffles respectifs devinrent plus saccadés. Cela faisait des jours qu’ils luttaient contre eux-mêmes, contre cette attirance mutuelle qu’ils tentaient de refouler secrètement. Aussi, quand Rose termina le chemin qui les séparait, plaquant ses lèvres contre celles de son colocataire, il retint âcrement un gémissement de plaisir.

— Rose, non, arrête, haleta-t-il en la repoussant doucement.

Elle planta son regard vert dans ses yeux gris et il dut faire appel à toutes ses ressources pour maintenir son masque de marbre. Elle déglutit difficilement. Il quitta la pièce brutalement, la laissant seule, piteusement assise sur son matelas. Elle se serait giflée. Tomber amoureuse de Scorpius Malefoy, quelle idée ! Un homme qui ne l’avait jamais acceptée en tant qu’amie avant peu, et qui était à présent fiancé à une femme belle, forte, et de sang pur. Rose serra les dents. Il avait répondu à son désir, elle en était persuadée. Avant qu’il ne l'éconduise, elle avait senti quelque chose. Elle s’accrocha à cette certitude et sortit de sa chambre.

Scorpius se retrouva allongé sur son lit, pensif. Il entendait Rose s’affairer dans l’appartement, faisant le ménage comme chaque fois qu’elle devait se passer les nerfs. Ce baiser partagé avec été euphorisant. Mais pour autant, il lui était interdit de craquer davantage. Leur stage se finissait dans une semaine, sonnant la fin de leur cohabitation et sûrement l'épilogue de ce fantasme éphémère. Il n’avait jamais été attiré outre mesure par la jeune femme, ce n’était pas maintenant qu’il était fiancé qu’il allait commencer. Une idée insidieuse vint lui murmurer qu’il n’avait jamais vraiment pris la peine non plus d’envisager Rose Weasley autrement que comme une emmerdeuse, mais il la chassa rapidement.

Rose ne se reposa pas beaucoup cette nuit-là, et partit avant même le réveil de Scorpius. Lui constata avec dépit que leur appartement n’avait jamais été si bien rangé depuis leur arrivée, ce qui démontrait malheureusement de l’état psychologique de sa colocataire. Il ne la rencontra pas de la journée, et ne la vit pas rentrer le soir pour dormir. Ce n’était pas la première fois qu’elle découchait, les urgences étaient très chronophages, mais ce fut la première fois que Scorpius en ressentit un pincement au cœur. Il ne la croisa pas non plus le lendemain, ni le surlendemain. Il finit donc par se décider à descendre la chercher dans son service.

Il la trouva dans leur salle de garde, des cernes sous les yeux qui faisaient peur, faisant la moue devant un café. Elle semblait écouter ses deux collègues discuter, sans réellement prendre part à la conversation. Il toqua à la vitre et elle sursauta en le remarquant. Elle attrapa son gobelet et le rejoint dans le couloir.

— Rose, j’ai l’impression que tu me fuis ? Il y a un problème ?

« Un problème ? Hormis ton refus, ta distance et ton ignorance ? Non, aucun ! » faillit-elle exploser. Elle se mordit la lèvre, ce qui électrisa Scorpius.

— Non, non… Mais la fin de notre stage est pour bientôt et j’avais de la paperasserie en retard, se justifia-t-elle.

Il la dévisagea, mais elle resta de marbre.

— Tu devrais prévenir Kara que tu vas prochainement quitter l’hôpital.

— Pardon ?

— Elle est venue me trouver ici, plusieurs fois. Je ne sais pas à quoi tu as joué avec elle, mais elle s’est entichée de toi.

— Je voulais la faire réagir, se disculpa le jeune homme. Et son état s’est grandement amélioré. Elle sort samedi, le docteur Grey doit lui annoncer dans la journée.

— Donc tu ne comptes pas lui dire qu’elle ne pourra jamais te revoir ?

— Ce ne sera pas nécessaire, puisqu’elle sort. Elle m’oubliera vite.

Il avait déclaré cela en haussant les épaules et si elle avait pu Rose l’aurait giflé.

— Tu n’as pas l’air bien, Rose, qu’est ce qui t'arrive ?

— Rien, je suis simplement fatiguée. J’ai hâte que tout ce cirque s’arrête afin que nous rentrions chacun chez nous, toi pour te marier, moi pour…

Pour quoi, exactement ? La jeune femme laissa sa phrase en suspens, elle n’en avait aucune idée. Elle se jugeait lamentable. Rien n’allait. Ses ennuis avec Coll étaient certes entre parenthèses depuis son dernier passage où il l’avait menacée, mais loin d’être résolu. Malgré toute sa bonne volonté, au mépris de la distance qu’elle mettait entre eux, elle ne cessait de penser à Scorpius. Elle se sentait terriblement seule.

— J’ai l’impression que tu me fuis, Rose, il y a une raison à cela ?

« Ho oui, pensa la jeune femme, tes yeux, ta bouche, tes mains… leur absence ! » Mais elle se contenta de hausser les épaules.

— Tu rentres dormir à l’appartement, ce soir ?

— Pourquoi ? Je te manque ?

Elle avait été plus agressive dans son intonation qu’elle ne l’aurait souhaité, et Scorpius fronça les sourcils. Il sembla réfléchir un instant, secoua la tête, et parti sans répondre. Il avait blessé Rose. Et il en était désolé. Mais il ne pouvait rien lui dire, rien faire. C’était au dessus de ses forces. S’il tentait de la consoler, il céderait sûrement et ce n’était pas concevable. Il était fiancé, et elle était une Weasley. « Les Malefoy ne fréquentent pas ces gens-là. » La voix de son grand-père résonnait funestement dans son esprit. Il se retint de mettre son poing dans un mur et souffla de frustration.

Il n'alla pas voir Kara. De ce que lui avait appris Rose, son plan avait davantage fonctionné qu’il ne l’avait envisagé et il savait que retourner auprès de la jeune femme lui ferait plus de mal que de bien. La balle était dans son camp, à présent. Rose ne revint pas à l’appartement, dormant dans la salle de garde des urgences, ou peut-être ailleurs – il n’osait pas y songer. Elle lui manqua affreusement mais pour rien au monde il ne lui aurait avoué. Il la revit que rapidement avant de récupérer sa baguette. Il soupira de soulagement. Son calvaire était désormais fini. Il allait achever sa dernière année d’étude comme s’il ne s’était rien passé, il obtiendrait son diplôme haut la main, comme c’était prévu, puis se marierait à Élisabeth. Il ferait de beaux enfants – au moins un garçon – et la vie suivrait son cours.

Lorsque Scorpius rentra au manoir, il avait une boule dans le ventre. Ses parents l’embrassèrent poliment, et Narcissa lui fit savoir combien elle était heureuse de le voir enfin de retour à sa juste place. Élisabeth elle, l’attendait en bas de l’escalier, un maigre sourire sur le visage. Elle était radieuse, dut reconnaitre son fiancé. Pour l’occasion de son retour, elle portait une robe qu’il lui avait offerte deux ans auparavant, et qui lui allait toujours à merveille. Elle avait noué ses cheveux en un chignon lâche et il la trouva magnifique. Superbe comme ces filles qui défilent sur les podiums, qui font la une des magazines de mode. Mais elle le laissa de marbre.

 

Il n’avait, bien sûr, jamais ressenti une attirance exacerbée pour son amie. Mais les vieilles familles de sangs purs n’avaient pas tant évolué que ça, les mariages arrangés faisaient parties de la tradition. Scorpius étant né d’un de ces accords qui fonctionnaient plutôt bien, il ne s’était pas spécialement offusqué lorsque son père lui avait annoncé qu’il avait négocié ses fiançailles avec Élisabeth Parkinson. Les deux adolescents s’en étaient accommodés et s’étaient même, sur l’instant, estimés heureux de leur sort. Le stage de Scorpius avait changé sa vision des choses. Comme il n’avait aucune envie de faire souffrir Élisabeth, il se força à rester le plus normal possible. La vie paraissait sombre, loin du rayon de soleil qu’était Rose Weasley.

End Notes:

Comme d'habitude, j'espère que vous avez apprécié !

J'ai aussi un petit message à t'adresser, à toi, lecteur anonyme. Tu as pris cinq, dix, peut être quinze ou même vingt minutes de ton temps afin de me lire et je t'en remercie. J'espère également que tu as passé un bon moment et que mes mots t'ont permis de t'évader.

Mais j’aimerais te poser une question : pourquoi ne pas reviewver, laisser un commentaire qui me permettrait d’améliorer mon écriture, de m’encourager ou de corriger de grossières erreurs que tu pourrais avoir remarqué ?

Sur 100 lectures en moyenne, je compte 1 review. C’est très peu. Je trouve ça triste, quelque part. Je ne parle pas que pour moi, je parle pour tous les auteurs de ce site, dont tu fais peut-être partis, qui déplorent tous de leur côté ce manque cruel de retour de la part des lecteurs…

 

Alors fais en sorte que ça change, que ce site reste un bel endroit de partage entre auteurs ET lecteurs : prends quelques minutes de plus et laisse un commentaire ! Nous t’en remercions par avance ! ;) 

Chapitre 7 - Où il est question de Noël, de famille et de robe by Layi
Author's Notes:

Un grand merci pour vos ravissantes review au chapitre précédent ! :D 

Bonne lecture, en espérant que cela vous plaise toujours autant. 

Elle se réveilla avec une migraine insoutenable. La seule pensée qu’elle eut à ce moment-là fut de trouver un doliprane. Puis, une fois la douleur passée, il fallut faire le bilan de la soirée. Pas glorieux. Tout était flou. L’unique chose qui contrastait du noir total était ses yeux. Ces deux pupilles qu’elle avait considérées comme oubliées, mais qui lui provoquaient un pincement au cœur chaque fois qu’elle osait y songer. Peu importe ce qu’elle pouvait boire ou fumer, ils étaient là, tels deux joyaux brillants dans la pénombre d’un coucher de soleil. Cela faisait à présent une semaine qu’elle était sortie. Deux que le docteur Malefoy ne lui fournissait plus aucune nouvelle. À l’Hôpital, on lui avait simplement stipulé qu’il avait d’autres patients et que son état ne nécessitait plus un suivi aussi rigoureux que par le passé. Bordel, personne n’était donc apte à comprendre qu’elle était en pleine rechute ? Que sans Scorpius, rien n’avait de saveur, de beauté ? Que seules ses prunelles illuminaient ses journées et que  l'unique fait d’être en sa présence lui donnait la volonté de se battre ?

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Rose avait transplané à son appartement, avait rangé ses affaires, et s’était affalée sur son lit. Elle ne se faisait aucune illusion, la fin de leur stage n’enlèverait rien à la force des sentiments qu’elle avait développés pour Malefoy. Elle se savait attendue au square Grimmaurd, mais n’avait aucune envie de se presser pour s’y rendre. Elle avait une famille merveilleusement envahissante. Surtout pendant les vacances de Noël où tout le monde était réuni. Cohabiter les uns sur les autres durant presque quinze jours était une tradition très ancrée que Rose adorait. Cependant, cette année était différente. Elle aurait préféré vivre les fêtes au fond de sa couette. Elle inspira profondément afin de se donner du courage, et transplana.

Elle fut accueillie par sa tante, qui lui indiqua qu’ils n’attendaient plus qu’elle. Rose s’excusa rapidement, bien que la remarque de Ginny n’ait été en aucun cas un reproche. Elle accrocha un sourire sur son visage tandis qu’elle passait de bras en bras – seule Victoire se contenta d’un gentil signe de la main, son ventre proéminent de femme enceinte l’handicapant un peu.

— Ils devraient arriver d'ici peu, je pense, souffla-t-elle, l’air fatigué.

— Ils ?

— Ho oui ! Tu ne sais pas, c'est des jumeaux !

— Hé bien voilà qui ne va pas faire rétrécir la famille, constata Rose, répondant au rictus de sa cousine.

Elle ne fit aucun commentaire sur la grimace que retenait vainement son oncle George. Victoire et Teddy avaient déjà une première petite, qu’ils avaient prénommé Aurore et qui gambadait dans la cuisine sur ses deux jambes, du haut de ses trois ans. Tout le monde avait pressenti que le jeune couple ne s’arrêterait pas en si bon chemin, mais personne ne semblait s’être attendu à ce que la fille de Bill et Fleur porte deux bébés. Rose devinait aisément d’où venait la peine de George et se contenta de lui sourire doucement. Son père lui racontait parfois que son frère avait été un joyeux luron lorsqu’ils étaient adolescents, mais rien ne le laissait penser à présent. Elle soupira. La vie était cruelle.

Comme ils s’apprêtaient à passer à table, Rose s’installa à côté de Roxane, qui lui avait bien entendu gardé une chaise à portée d’elle. Roxane était la seule demoiselle de son âge dans la famille, et elles avaient fatalement tissé un lien fort, au grand damne de leurs parents qui avaient dût supporter leurs nombreuses frasques. Les « 2R », comme elles s’étaient elles-mêmes baptisées à neuf ans, avaient prit très jeune le goût de faire sortir de ses gonds Molly, d’un an leur ainée. Cela n’avait, pour autant, pas empêcher à Roxanne d’être répartie à Serdaigle et de faire une scolarité exemplaire, là où Rose s’était toujours contentée du minimum, malgré le désespoir de sa mère.

— Tu fais peur, marmonna Roxanne.

— Je sais, soupira Rose avec misère.

— Tu as foiré ton stage ?

— Ho non. Je dirais que je vais leur manquer, assura-t-elle. J’ai eu un petit problème de… colocation.

— Qui ?

— Malefoy. Mais ce n’est pas ce que tu crois, s’empressa de clarifier Rose alors que sa cousine grimaçait de compassion.

— C'est-à-dire ?

Rose secoua la tête, signifiant qu’elle ne voulait pas s’étendre sur le sujet. La soirée était à la fête et aux retrouvailles, pas à sa mélancolie. Elle aurait tout le temps de développer sa tristesse plus tard, dans la pénombre de leur chambre. Le manège des filles n’échappa pas à Hermione qui fronça les sourcils. Elle connaissait assez bien sa progéniture pour être certaine que cette attitude visiblement défaitiste n’était pas naturelle, et que ce n’était à l'évidence pas dû à ses résultats vu l’importance que Rose y accordait en règle générale. A une heure avancée, alors que Roxanne discutait avec son oncle Ron, Rose s’était à moitié assoupie dans l’un des fauteuils du salon, près du feu. Elle avait noué ses bras autour de ses jambes repliées contre sa poitrine et semblait perdue dans ses pensées, quand James vint la rejoindre.

— Comment vas-tu, jolie fleur ?

Elle lui adressa simplement un faible sourire.

— C’est… qui-tu-sais, qui te cause du chagrin ?

— Il a un prénom, le prononcer ne te stupéfiera pas plus que de dire « Voldemort ».

Son cousin eut une moue d’excuse.

— Non, ce n’est pas Coll qui me génère du souci. Enfin… pas plus que d’habitude.

— Je… Tu…Hum. Je… j’ai réalisé que je n’avais jamais pris la peine de te remercier de tout ce que tu as fait pour moi et…

— Ce n’est rien, Jam’.

— Ce n’est pas rien ! Je ne sais pas où j’en serais, si tu n’avais pas été là… Je… J’ai trouvé un vrai travail, tu savais ?

— Tu avais « un vrai travail », gronda Rose, qui ne tolérait pas que son aîné se dénigre de la sorte. Mais je suis heureuse pour toi si tu t’épanouis.

James acquiesça, jeta un coup d'oeil autour d’eux et ajouta :

— Je n’ai rien consommé depuis deux mois.

La jeune femme resta silencieuse, les larmes perlantes sur ses joues en disaient assez long pour renoncer aux mots. Leur calvaire se terminerait bientôt, peut-être. Elle s’endormit au coin du feu, sous le regard protecteur de son cousin. Personne n’osa la réveiller, si bien que c’est sa mère qui s’en chargea, le lendemain matin. Hermione profita de l’occasion pour avoir une petite discussion mère-fille.

— Que se passe-t-il ma chérie ? demanda-t-elle alors qu’elle lui servait son café.

— Rien de grave, maman, ne t’affole pas.

— Si je m’inquiète, Rose. Car des choses importantes dans ta vie, je sais qu’il y en a eu, mais aucune ne t’a fait faire cette tête de six pieds de long. Tu n’as aucune envie d’être ici, et cela se remarque comme le nez au milieu de la figure. C’est… inhabituel. Et préoccupant.

La jeune fille soupira. Hermione Granger était décidément bien trop intelligente et logique pour qu’elle parvienne un jour à lui cacher quelque chose.

— Je suis tombée amoureuse, admit-elle du bout des lèvres.

— Et pourquoi ne doit-on pas s’en réjouir ?

— Parce que c’est Malefoy, grimaça Rose.

Elle vit sa mère faire la même grimace, puis se reprendre rapidement.

— Merlin sait que je ne porte pas ce nom dans mon cœur, mais je t’ai toujours encouragée dans ton rapprochement avec Scorpius ou d’autres et…

Elle se stoppa net, comme découvrant le réel problème, et ajouta à mi-voix :

— Il ne s’est pas fiancé il y a peu ?

— Si.

La voix de Rose se brisa et Hermione la serra simplement fort dans ses bras. Elle était très fière de sa fille, malgré le peu d’intérêt que cette dernière accordait à ses résultats scolaires. Elle était heureuse d’avoir mis au monde une femme si pleine de vie, si optimiste au mépris le pessimisme de ceux qui l’entourait. Elle l’avait soutenue, envers et contre tous – surtout Harry et Ron – lorsqu’elle avait été répartie à Serpentard et avait lié des amitiés étonnantes, ce n’était pas en ce jour qu’elle ferait défection.

— Tu vas te battre, ma chérie.

— Oui maman, promit-elle les larmes perlant au coin de ses yeux.

Le soir même, Roxanne lui tint plus ou moins un discours similaire après que Rose lui ait tout raconté dans le détail. Il était hors de question qu’elle se laisse abattre, et elles allaient tout faire pour adosser le serpent au pied du mur. Elle eut besoin de tout l'appui de sa cousine et de sa mère lorsque, trois jours après le réveillon de Noël son père apprit la grande nouvelle. Ronald Weasley n’avait, en effet, pas été ravi d’être avisé que sa fille s’était entichée de la progéniture de leur ennemi de toujours ; Hermione ne lui accorda cependant aucune liberté et il finit par plier. Rose reçut son rapport de stage de la part de l'hôpital, qui fut excellent, sans que cela ne la console. Sa seule lueur d’espoir fut le bal organisé par l’établissement en l’honneur de la nouvelle année, où Scorpius avait certainement été convié également.

Roxane et elle passèrent une journée entière à faire du shopping afin de remonter le moral de Rose, et surtout, dans le but de lui trouver une tenue de circonstance. Rose arrêta son choix, vivement conseillée par sa cousine, sur une robe bustier dégageant complètement ses épaules. Ceinturés à la taille, les voiles de mousseline vert pin retombaient mollement au dessus des genoux. C’est Roxane qui l’avait poussée à se décider sur cette teinte bien que Rose lui eut appris que Scorpius n’aimait pas le vert.

— On s’en fiche qu’il n’aime pas. Ça te va à merveille, et crois-moi, il aura autre chose à contempler que la couleur de ta robe !

— S’il pouvait avoir envie de regarder ce qu’il y a sous la robe, grommela-t-elle, accentuant le « sous », faisant sourire Roxanne.

— Et l’avantage d’être petite, c’est que tu peux tout te permettre aux pieds, assura Roxanne.

— Mouais, fit Rose pas très convaincue.

 

Elle agrémenta cependant sa tenue d’une paire d’escarpin haut dans les mêmes teintes, pestant d’avance sur le mal de pied qu’elle allait devoir endurer.

Chapitre 8 - Où il est question de fiançailles, de directeur et de plaisir by Layi
Author's Notes:

Je sais que normalement je publie le dimanche, mais je suis un peu décalée en ce moment. Autant dire que je me crois en week end aujourd'hui vu que je n'arrête pas de courrir depuis lundi dernier. Bref, vous vous en foutez un peu de ma vie, donc passons au plus important !

A noter que c'est le passage de fin de ce chapitre qui justifie le rating - 16 ! 

 

 Bonne lecture ! :)

Scorpius avait vu le bal de fin d’année organisé par l’hôpital arrivé avec une angoisse non dissimulée qu’il avait expliquée à ses proches comme étant la frustration de devoir y retourner, même momentanément. En réalité, et malgré la semaine écoulée loin d’elle, il ne parvenait pas à chasser de son esprit les yeux de Rose, emplis de tendresse à son égard. Seule Élisabeth n’était pas dupe de son petit manège.

— Que se passe-t-il ? lui demanda-t-elle la veille de son départ. Et ne me sert pas un mensonge comme à tes grands-parents, je ne suis pas stupide.

Il secoua la tête mollement. Elle soupira.

— Nous sommes amis. Avant d’avoir été plus ou moins fiancés de force, nous étions complices, et on se racontait tout, tu te rappelles ?

— Bien sûr que je me souviens, Eli, enfin !

— Alors, tu reconnais aussi que je te connais par cœur, Scorpius Hypérion Malefoy ?

Il eut un maigre sourire, mais resta silencieux.

— T’es vraiment une tronche d’hippogriffe ! pesta Élisabeth. Je crois savoir ce qui te met dans un état pareil. Et certes, cela ne me fait pas plaisir, loin de là, mais… Non, tu te tais et tu m’écoutes jusqu’au bout ! Cela ne me remplit pas de joie, mais je suis forcée de constater que tu as évolué, Scorpius. Tu es plus doux, plus bienveillant, moins imbu de toi-même et présomptueux. Et ça, ce n’est pas désagréable, tu saisis ? Et surtout, malgré ce combat interne que tu mènes, je te trouve… plus épanoui, plus en paix. Oublions que l'on est promis l'un à l'autre, tu te doutes de ce que je te conseille ?

Alors ainsi son amie d’enfance semblait avoir compris. C’était ce qui pouvait s’approcher le plus d’une bénédiction dans sa bouche, au vu de la situation. Ce qui ne changeait malheureusement rien à ladite situation :

— Nous sommes fiancés, Élisabeth, répliqua-t-il, froidement.

— On peut arranger ça, tenta-t-elle.

— Oui, bien sûr, je me vois bien expliquer à mon grand-père que, pour la première fois de la dynastie Malefoy, l’héritier va rompre ses engagements ! Qui ont couté une blinde, je te rappelle, Élisabeth ! 

— On les remboursera, s’il n’y a que ça pour lui faire plaisir. De toute façon, il commence à être sénile et Merlin sait que ça le rend d’autant plus pénible ! Pourtant, il partait déjà avec une belle avance !  Alors qu’il râle un peu de plus ou un peu de moins, on s’en cogne !

Son ami ne répondit pas, se contenta d’observer Élisabeth l’air navré. Elle n’avait peut être pas complètement tord, mais elle parlait de sa famille donc il ne lui concéderait certainement pas.

— Je ne vois pas pourquoi on annulerait le mariage.

— J’ai un aveu à te faire, marmonna la jeune femme, soudainement très gênée.

Il haussa un sourcil.

— Je… je ne savais pas comment aborder le sujet, et je dois avouer que ta distance depuis que tu es rentré de ton stage m’arrangeait bien… Je… Hum… Disons qu’avec Stephen nous…

— Vous ?

— Tu veux un dessin, crétin ?

— Ha non ! Tu ne vas pas t’y mettre hein !

Devant le regarde d’incompréhension totale que lui jeta sa camarade, il ajouta :

— Rose m’appelle toujours comme ça…

— Alors, j’ai raison, n’est-ce pas ? releva Élisabeth d’une voix douce.

— Peut-être, commença Scorpius, mais ce n’est pas le… Attends, tu m’as dit quoi ?

— Ne me fais pas répéter, pesta Élisabeth. Et ne fais pas comme si tu étais offusqué non plus, je… Enfin, merde quoi Scorpius ! Je sais que ce n’était pas correct du tout de ma part, mais je… Je ne vais pas devoir m’excuser auprès de toi quand même ?

— Non, non… Je m’en fou Eli… Surtout si cela te rend heureuse. Tu l'es, hein ?

Le sourire radieux de son amie le rassura sur la question.

— Mais je ne vois pas comment ça peut arranger la situation… Autant je pourrais accepter de fermer les yeux sur la relation extraconjugale de ma femme – si cela convient à Steph’ – autant Weasley ne…

— Je ne compte pas avoir ce type de rapport avec Stephen, coupa Élisabeth. Je romps nos fiançailles, Scorpius.

— Tu ? Mais ? Je…

— Maman est déjà mise au courant. Ce sera plus facile si c’est moi qui le demande, je passerai quelque temps pour la méchante mais ta mère et ta tante devraient parvenir à apaiser le climat, puisqu’au final mon fiancé ne changera même pas de famille !

— Eli… Je… Merci ! Merci ! Merci !

— Ne me remercie pas, c’est très égoïste de ma part. Je vais me retrouver au bras de Stephen, et toi tu seras tout seul. Parce que pour faire accepter Weasley-Granger à tes parents…

Le sourire de Scorpius s’effaça aussitôt. Il savait que son amie ne faisait pas ça uniquement par avarice. Mais elle avait raison, la libérer de leur engagement ne lui permettait pas plus une relation avec Rose. Il soupira.

— Qu’est ce que j’aimerais t’emmener à ce fichu bal, pesta-t-il.

— Cela n’arrangerait pas ton problème, et tu en as parfaitement conscience, conclut Élisabeth.

La jeune femme ne savait pas combien elle avait vu juste en disant cela. Sa présence auprès de son actuel fiancé n’aurait rien changé à la vague d’envie qui submergea Scorpius lorsqu’il aperçut Weasley arriver à la réception. Ce genre de robe devrait être interdit, pensa-t-il, tant la tenue de Rose était un supplice pour lui. Il s’appliqua à rester loin de l’objet de ses fantasmes. Malheureusement pour lui, Merlin ne semblait pas plus enclin qu’à l’accoutumée à vouloir l’épargner. Après avoir salué Rose, le directeur la prit par le bras et ils s’approchèrent dangereusement de lui.

— J’espère que vous passez une bonne soirée, monsieur Malefoy, s’enquit-il.

— Parfaitement, monsieur, c’était très aimable de votre part de nous convier.

— Tout à fait normal, vous allez nous manquer, admit son supérieur grimaçant. Je voulais vous faire part d’un évènement récurrent qui nous chagrine, monsieur Malefoy.

Rose fit mine de s’éloigner, mais le moldu la retint par le coude.

— Je pense que votre diplomatie pourra être utile, mademoiselle Weasley.

Ils le regardèrent, surpris, jusqu’à ce qu’il ajoute :

— Mademoiselle de la Croix se rend ici une fois par jour minimum afin de vous réclamer, monsieur Malefoy.

Scorpius pesta. Avant de s’excuser.

— Ho vous avez effectué un excellent travail selon le docteur Grey, mais elle reste néanmoins très fragile et nous souhaiterions, si cela est possible, que vous éclaircissiez la situation avec elle.

Remarquant que Scorpius blanchissait à vu d’œil, les lèvres hermétiquement fermées, Rose intervint :

— Je m’en chargerais. La prochaine fois, laissez-lui ces coordonnés.

Elle gribouilla son numéro de portable rapidement sur un morceau de papier qui parut sortir de nulle part et le donna au directeur qui sembla soulager. Il les remercia à nouveau chaleureusement d’être venus avant de s’éloigner. Rose planta ses prunelles dans celles de Scorpius qui eut toutes les difficultés à ne pas céder. Les premières notes de musiques de la soirée retentirent et il lui tendit silencieusement la main. Le sourire qu’elle lui adressa valait tout l’or du monde, estima Scorpius. Il passa délicatement son bras autour de sa taille tandis qu’elle s’accrochait à son cou.

Rose avait bien cru que son cœur allait s’arrêter de battre. Elle ne s’était pas attendue à ce que Scorpius l’entraine si facilement danser, encore moins qu’il la serre si près de lui. Que s’était-il passé durant les vacances ? Chaque frôlement était une divine brulure qui lui irradiait la colonne vertébrale. Elle s’efforçait de contrôler son souffle qui se faisait de plus en plus court et de ne pas penser à son ventre crispé. La paume de son partenaire dans son dos la transcendait, voluptueuse, chaude, et lorsqu’elle sentit son pouce la caresser distraitement à travers la robe, Rose ne put retenir un léger gémissement de contentassions.

Scorpius ferma les yeux, savourant malgré lui le contact de leur corps. Et lorsque Rose se rapprocha un peu plus près, sa poitrine effleurant son torse, il céda. Il entraina doucement la jeune femme jusqu’à la sortie de la salle de réception et ils parcoururent les couloirs de l’hôpital, silencieux. Scorpius les fit entrer dans une pièce de garde et verrouilla la porte d’un coup de baguette, sous le regard mi outré mi-amusé de Rose. Il s’empara de ses lèvres et les dévora plus qu’il ne les embrassa, exprimant des jours de frustrations à combler.

Rose tira sur la cravate de Scorpius – chassant le sarcasme qui lui venait à l’esprit quand elle constata l’état du nœud – et lui retira. Ensuite, elle s’attaqua aux boutons de sa chemise. Ses doigts tremblaient, ce qui ne s’améliora pas lorsque le blond commença à parsemer son cou de baiser. Elle redécouvrit assez vite le torse qu’elle avait entrevu quelques semaines auparavant et gémit d’envie en posant une main sur le thorax de Scorpius. Cela ne parut pas le laisser indifférent car son souffle se coupa un instant, avant qu’il ne recapture ses lèvres. Il l'entraina vers le lit, s’assit et la fit mettre à califourchon.

 

Dans cette position, il pouvait facilement partir à la découverte du corps de Rose dont la robe ne cachait à présent plus grand-chose. Il tira sur le bustier, dévoilant les seins ronds de la jeune femme. Il en prit un dans sa paume, l’autre dans sa bouche, ce qui arracha un nouveau gémissement à Rose. La suite, si on leur avait demandé de la raconter, aucun des deux n’en aurait été capable. Scorpius fut maladroit, Rose impatiente, mais le plaisir qu’ils éprouvèrent lorsqu’il la pénétra leur fit vite oublier leurs petites gaucheries. Rose s’endormit, nue dans les bras de son amant, un sourire radieux sur ses lèvres.

Chapitre 9 - Où il est question de petit déjeuner, de contes de fées et de transplannage by Layi
Author's Notes:

Un grand merci pour toutes vos review, ça me fait tellement plaisir y'a pas de mots ! :D 

Bonne lecture à vous ! ;) 

La sonnerie de son téléphone réveilla Rose bien trop tôt à son gout le lendemain. Elle était seule à présent, entre les draps froissés, uniques traces de la nuit qui s'était écoulée. Un numéro inconnu s’affichait sur l’écran. Elle refoula les pensées maussades qui lui vinrent et décrocha.

— Allo ?

— Docteur Weasley ?

— Ho, bonjour Kara.

Rose avait reconnu la voix instantanément, ses trop nombreuses discussions avec la jeune femme n’étant pas si loin derrière elles.

— À l’accueil, on m’a dit de vous joindre à ce numéro, commença-t-elle

— Oui, je crois qu’il faudrait que l’on se parle. Rejoignez-moi au café en face de l’hôpital.

— J’y suis.

Rose raccrocha et pesta. Les souvenirs étaient cuisants dans son esprit, soulignant douloureusement le fait que Scorpius était parti durant la nuit. Elle ne s’était pas fait beaucoup d’illusions, s’estimant déjà heureuse de pouvoir s’endormir dans ses bras. Cela ne l’empêchait pas d’être déçue. Entre ne rien attendre et y être confronté, il y avait un monde. Elle jura. Elle devait retrouver Kara et la jalousie lui étreignait le cœur. De plus, sa parure de la veille au soir n’était pas nécessairement adaptée à une entrevue dans un bar. Elle attrapa sa baguette et fit fi du mal de crâne qui débarquait pour jeter quelques sorts de coutures sur sa tenue. Elle remercia silencieusement sa grand-mère qui avait un jour pris le temps de leur enseigner à ses cousines et elle ce genre de magie malgré leurs protestations.

À présent vêtue d’une robe bustier droite bien plus passe-partout, elle sortit discrètement de la salle de garde. Enfin, aussi furtivement qu’elle le pouvait, toujours perchée sur ses escarpins douloureux qui la faisaient pester. Encore une bonne idée de Roxanne, ça ! Elle traversa la rue, frissonnant dans le froid qui eut le mérite d'achever de la réveiller, et s’attabla en face de Kara. La jeune femme avait eu la gentillesse de lui commander un café que Rose goba plus qu’elle n’avala. Son ancienne patiente avait mauvaise mine.

— On… On m’a informée que le docteur Malefoy n’était pas disponible, murmura-t-elle pour engager la conversation.

Rose prit une grande inspiration. C’était le moment de se lancer dans l’enclos des hippogriffes, et il ne fallait pas oublier de s’incliner.

— Je vais parler. Beaucoup. Et vous ne m'interromprez pas, d’accord ?

Kara acquiesça de la tête, aussi Rose commença à voix basse :

— Scorpius et moi-même venons de finir un stage d’immersion au sein de cet hôpital…

— Vous me l’avez déj…

— J’ai dit de ne pas me couper ! pesta Rose. Je suis fatiguée, j’ai peu dormi et très honnêtement je me serais bien passée de cette entrevue. Je vous apprécie, ne pensez pas le contraire, mais c’est Scorpius qui devrait être là et…

Rose souffla. Elle devait se calmer. Kara n’était en rien responsable de l’attitude de l’autre crétin et elle était encore trop fragile psychologiquement pour que quiconque puisse se soulager les nerfs dessus. Pourtant, la jeune femme aurait réellement eu besoin de frapper quelqu’un pour se détendre et se décharger de la colère qui l’étreignait à présent. Il l’avait confondue avec un mouchoir, ou bien ? Elle chassa le visage de Scorpius qui lui souriait de son esprit pour se concentrer sur l’instant présent. Ce moment était trop important pour se permettre d’être distraite.

— En effet, je vous l’ai déjà dit, reprit-elle d’une voix plus douce. Ce que je ne vous ai pas révélé, c’est pourquoi nous avions dû faire ce stage d’immersion. Scorpius et moi venons d’un monde différent, si je puis dire. Un endroit où la magie fait partie de notre quotidien et où nous nous efforçons de rester cachés.

Son interlocutrice la regardait avec des soucoupes à la place des yeux, mais elle ne fit aucun commentaire.

— Dans cet univers, les personnes comme vous, sans pouvoirs, sont surnommées « moldus ». Et ce n’est pas un terme neutre pour tous les sorciers. Certaines vieilles familles, comme celle de Scorpius, jugent que les moldus sont inférieurs à nous, sorciers, et ne se privent pas pour le faire sentir. Et… Malefoy est ce qu’il est. Il ne changera pas. D’une certainement manière, il a eu des sentiments pour toi, et c’était facile tant que nous étions enfermés dans un appartement, loin de tout ce qui régit notre système. Mais tu n’as pas idée de la haine qui l’a façonné. Même s’il faisait l’effort, même s’il tentait de t’intégrer… Tu ne serais pas assez forte pour résister à tout ça. Il t’a guérie, il t’a montré qu’aimer était encore possible, que te respecter et estimer ton corps n’était pas inaccessible. Et tu m’as prouvé que tu es quelqu’un de formidable. Tu n’as plus besoin de lui pour avancer, c’est ce que tu t’imagines, mais c’est faux. Tu n’as besoin que de toi-même.

Rose était passée du vouvoiement au tutoiement sans même s'en apercevoir. Ce qu’elle réalisait bien, en revanche, c’est qu’elle n’était plus tout à fait certaine de ne parler qu’à Kara, tant ses paroles faisaient écho en elle-même. La femme assise en face d’elle ne retenait plus ses larmes. Les perles salées roulaient silencieusement le long de ses joues. Elle souriait tristement. Rose se leva et la serra dans ses bras. Elles discutèrent encore un peu, Rose répondant à toutes les interrogations de son ancienne patiente. Puis, alors qu’elle allait partir, la jeune moldue demanda :

— Les contes de fées, ça existe, dans ton monde ?

— Pas comme ceux que tu connais. Nous sommes cernés par la magie alors…

— Ne fais pas semblant de ne pas comprendre la question.

— Tu le trouveras, ton prince charmant, sois-en sûre.

— Je pensais déjà l’avoir. Mais tu as raison sur une chose : j’ai retrouvé la foi. À présent, tout a évolué.

Elles se séparèrent là, après que Rose lui eut assuré qu’elle pouvait la contacter au moindre problème. Rose songea aux dernières paroles de Kara : oui, tout avait changé. Elle venait de consoler une femme dont Scorpius avait ravagé le cœur sans le vouloir, sans même en avoir réellement conscience. Mais qui allait la soulager, elle ? Elle soupira, s’enfonça dans une ruelle sombre et transplana directement dans son appartement. Il restait quelques jours de vacances et sa famille était certainement toujours réunie chez son oncle, mais elle avait indubitablement besoin de solitude. Elle passa la journée emmitouflée dans sa couette, un roman à la main.

Rose n’aurait su dire s’il s’était écoulé trois heures ou trois jours quand elle trouva enfin le courage de ressortir de chez elle. Elle avait fini tous les bouquins qu’elle avait en stock et décida de se rendre à la bibliothèque. Autant elle n’était pas une grande studieuse, autant elle adorait se perdre dans des histoires folles de romances inachevées et de trahisons lancinantes. La fatigue, le froid, et peut-être un peu aussi cette habitude de s'estimer à l’abri, firent que Rose n’eut pas le temps de réagir lorsqu’elle senti quelqu’un lui mettre la paume sur la bouche avant de les transplaner.

Chapitre 10 - Où il est question de paiements, de Malefoy et d'erreur by Layi
Author's Notes:

Bonne lecture ! ;) 

Coll.

Il l’avait amené dans l’un des entrepôts miteux dont il se servait pour stocker ses marchandises. Un de ses caïds lui tenait fermement les bras derrière le dos tandis qu’il déblatérait des paroles haineuses. Rose avait tenté de crier, mais il lui avait indiqué avec un sourire narquois que personne à part lui ne pouvait l’entendre. Ses hurlements avaient tellement eu l’air de le contenter que la jeune femme s’était promis de se taire.

— Je n’ai pas reçu mon paiement, Rosie !

Son « paiement ». Alors, c’était comme ça qu’il nommait le viol de son corps ?

— James ne m’a rien donné, et toi non plus, susurra-t-il.

— Il ne prend plus rien depuis deux mois ! aboya-t-elle. Et tu as plus qu’assez abusé de moi, sale gnome de jardin pervers, manipulateur et…

— Schuuuut, persifla-t-il, approchant son visage de celui de Rose pour lui faire tenir sa langue.

Coll n’était pas nécessairement beau. Il avait la peau matte, les yeux marron et une cicatrice lui barrait la moitié de la face. Il était assez petit et trapu, sans harmonie. Mais il se dégageait de lui une aura particulière qui avait un jour fait vibrer la jeune femme. Aujourd’hui, il n’y avait plus aucune trace d’une quelconque attirance. Elle repensa à la façon dont Scorpius lui avait fait l’amour et trouva le courage de cracher au visage de son kidnappeur. Il la gifla si fort que l’autre la lâcha et elle tomba à la renverse.

— Insignifiante trainée ! hurla Coll, fou de rage, je vais t’apprendre, moi, le respect !

Rose ne transplana pas assez vite : le pied du forcené lui arriva en plein visage avant qu’elle ne disparaisse. Elle apparut comme elle était partie, roulée en boule sur le sol, devant le manoir Malefoy. La jeune femme ne savait pas trop pourquoi c’est à ce lieu qu’elle avait songé en premier. Ou peut-être ne voulait-elle simplement pas l’admettre. Des spasmes la traversaient tandis qu’elle s’efforçait de se remettre sur ses deux jambes. Elle se sentait sale, honteuse, et fragile. Elle observa la bâtisse quelques instants et soupira. Elle ne trouverait pas ce qu’elle était venue chercher ici. Elle était recluse, désespérément seule. Elle puisa dans ce qu’il lui restait d’énergie et se concentra. Elle allait transplaner à nouveau lorsqu’une main douce se posa sur son épaule.

Astoria avait sursauté en entendant le « crack » si significatif à quelques mètres d’elle, juste après la barrière anti-transplanage. Elle avait été davantage surprise encore lorsqu’elle s’était aperçue qu’il s’agissait de Rose Weasley-Granger, visiblement désorientée. Elle avait reconnu la jeune femme de suite car elles s’étaient croisées plus d’une fois dans les couloirs du ministère, Rose rendant visite à sa mère, Astoria à son mari. Astoria avait froncé les sourcils. Scorpius était absent, Drago toujours au travail, et elle ne voyait aucune raison à la présence de Weasley dans leur jardin. Elle s’approcha et quand Rose se tourna vers elle, elle tressaillit. Du sang coulait de son nez, ses joues étaient inondées de larmes qu'elle ne semblait même pas remarquer.

— Mais qu’est-ce que… ?

— Je crois que j’ai besoin d’aide, souffla Rose.

Astoria ne se fit pas prier pour la laisser entrer dans le manoir. Une fois dans la salle de bain, elle lui apporta une serviette et une bassine d’eau chaude.

— Kiwia ?

— Oui maitresse ?

— Pourrais-tu me fournir la trousse de secours ?

— Bien sûr, madame.

— Et sers-nous le thé au petit salon ensuite.

L’elfe disparu très vite. Astoria n’avait, certes, pas de diplômes en Médicomagie, mais avait pansées assez de plaies après la bataille de Poudlard pour savoir comment procéder. Elle fit avaler une fiole d’antidouleur à Rose, une autre pour stopper les saignements et examina son nez :

— Je crois qu’il est cassé. Il va falloir attendre Scorpius, cela dépasse mes compétences, admit-elle.

Rose marmonna qu’elle patienterait. Elle n’était pas ravie à l’idée que son amant la voit dans cet état, mais avait encore moins envie de se présenter à l’hôpital où on lui poserait bien plus de questions que madame Malefoy. Après s’être débarbouillée, elle la suivit au salon. Elle n’avait jamais mis les pieds dans le manoir et ne put s’empêcher d’être impressionnée par la grandeur des pièces qu’elles traversaient et la hauteur des plafonds. Cela devait être un calvaire à chauffer, se dit-elle. Elles burent en silence, chacune dans leurs pensées. Alors que Rose allait parler, la porte d’entrée claqua :

— Astoria ? appela son mari, je te croyais au jardin.

— Restez ici, chuchota-t-elle.

Rose crut percevoir un éclair d’inquiétude dans les prunelles de son hôte mais ne fit aucun commentaire. Elle remarqua que les voix se faisaient de plus en plus fortes dans le hall mais ne bougea pas, comme le lui avait demandé madame Malefoy. La porte du salon s’ouvrit brusquement sur un Drago passablement agacé. La jeune femme déglutit difficilement. Il avait des yeux identiques à ceux de son fils – ou l’inverse, peut être ? – avec une aura que Scorpius n’avait pas encore, qui lui conférait un charme fou. Son épouse se tenait juste derrière lui. Ils avaient les mêmes cheveux blonds et ce port de tête aristocratique dont elle s’était tant de fois moquée chez Scorpius. En réalité, ils étaient beaux.

Parfaitement conscience qu’elle n’était pas la bienvenue, elle se redressa :

— Je ne souhaitais pas vous… je… j’allais m'éclipsée, bafouilla-t-elle.

— Non, répliqua-t-il abruptement. Je ne suis pas enchanté de votre présence, mademoiselle Weasley – il cracha son nom plus qu’il ne le prononça – mais je ne vous laisserai pas repartir de chez moi dans cet état non plus si je ne veux pas que ma moitié me mette hors du lit conjugal. Vous n’avez cas attendre notre fils ici.

Il quitta la pièce tout aussi rageusement tandis qu’Astoria affichait un petit rictus compatissant à Rose.

— Heureusement que mes parents sont en voyage, l’entendirent-elles pester alors qu’il s’éloignait.

— Excusez mon mari, commença-t-elle, il…

— A fait don de son caractère jovial à son fils, acheva Rose.

Elles se surprirent à échanger un sourire complice. 

— Scorpius ne devrait plus trop tarder, je l’ai prévenu de votre venue.

— Il a dû être ravi, souffla Rose, ironique.

« Ravi » n’était, effectivement, pas le terme adéquat. Drago expliqua rapidement les circonstances à son fils. Et Scorpius n’aurait su dire s’il était plus en colère contre la présence de Rose, contre Coll d’avoir osé la frapper, ou contre lui-même de ne pas l’avoir protégée. Il lui avait promis qu’il arrangerait la situation avec le malfrat mais n’avait rien fait depuis que leur stage était clos. Il se serait giflé pour cela. Il rejoignit sa mère et la jeune femme au salon. Lorsqu’il vit le visage tuméfié de son amante et ses yeux rouges, il eut envie de la serrer dans ses bras. Mais il garda malgré tout un masque froid. Il termina de soigner Rose avant de s’asseoir à ses côtés.

— Que s’est-il passé ? demanda-t-il.

Rose eut un regard nerveux vers le père de Scorpius qui les avait rejoints.

— Nous allons régler cela, assura doucement ce dernier.

— Mais je… Tu as parlé de… ? bafouilla Rose.

— Tu es venue ici chercher de l’aide, non ? Donc ne la refuse pas bêtement, insista Scorpius devant son hésitation.

— Je n’aurais pas du, s’excusa-t-elle.

— Mais vous l’avez fait, souligna Astoria.

Rose déglutit. Trois paires d’yeux pas nécessairement chaleureux la dévisageaient, attendant impatiemment qu’elle ouvre la bouche. Alors, elle commença son histoire. Depuis le début. Comment James Potter était tombé dans la drogue, comment Coll l'avait menacé, comment elle avait tenté de le protéger à la fois des rumeurs, de la déception de la famille s’ils apprenaient quoi que ce soit… Comment aujourd’hui il s’était sorti de cette situation, la fierté qu’elle éprouvait. Elle fixait Scorpius afin de trouver du courage de finir son récit. Lorsqu’elle parla de la façon dont il l’avait frappée, elle vit ses phalanges blanchirent contre les accoudoirs de son fauteuil. Une fois qu’elle eut achevé sa narration, Scorpius se tourna vers son père, qui semblait tout aussi révolté que lui.

— Je ne pensais pas que ce genre de raclure sévissait encore après…

Il serra les dents. Drago avait gardé des cicatrices profondes de la guerre. Sur son corps, mais principalement dans son esprit. Il ne supportait toujours pas Potter et sa clique, bien entendu, mais était plus modéré à présent dans son discours que ses propres parents. Potter avait témoigné en leur faveur lors de leur procès et cela avait fait une différence. Lucius avait passé une seule année en prison tandis que sa mère et lui avaient été assignés six mois à domicile, avec quelques intérêts généraux – notamment aider dans la reconstruction de bâtiments endommagés par les mangemorts. Il était clair que les choses auraient été bien plus disconvenances pour eux sans le soutien officiel du Survivant. Et même si Lucius et Narcissa ne l’auraient admis pour rien au monde, Drago en avait parfaitement conscience.

Par-dessus tout, il voulait épargner son fils et les générations futures. À aucun moment, il ne leur aurait souhaité de traverser le tiers de ce qu’il avait du subir adolescent. D’instinct, il n’aimait pas Rose Weasley. C’était au dessus de ses forces. La chevelure rousse hirsute de la jeune femme lui rappelait trop ses parents pour qu’il puisse réellement l’apprécier. Mais à la fin de son récit, il ne pensait plus à ses vieilles rancœurs. Il ne voyait en face de lui qu’une gamine aussi perdue et désemparée face à la violence que lui-même avait pu l’être face aux obligations qu’on lui avait fait prendre. Il refusait que cette génération souffre de ce genre d'inhumanité.

— Pourquoi ne pas en avoir discuté avec Potter ?

Rose se pinça la langue. 

— James me l’a fait promettre. Je suis quelqu’un de parole, monsieur.

Ça, Drago ne pouvait que l’imaginer. Et si elle avait hérité du caractère de sa mère, il était certain qu’elle ne démordrait pas.

— Mettons J-James de côté un instant. Si vous lui parliez de ce que ce Coll vous a fait, aujourd’hui ?

— Il serait fou de rage.

— Mais il ouvrirait une enquête ?

— Oui, certainement, mais... S’ils interrogent Coll, il balancera tout, gémit Rose, voyant très bien ou le père de Scorpius voulait en venir.

« Mais pourquoi était-elle venue là ? gémit-elle intérieurement. » Elle savait, pourtant, ce que pouvaient penser les parents de Scorpius à son égard. Le fait qu’elle ait été un jour à Serpentard ne changeait rien au fait qu’elle était fille d’une sang-de-bourbe et d’un traitre à son sang. Ho, elle n’avait jamais entendu ses mots dans la bouche de quiconque à Poudlard, mais ses parents avaient bien été forcés de lui expliquer pourquoi, même à onze ans, elle ressentait de l’animosité de la part de certains de ses camarades. Rose inspira doucement pour tenter de calmer les larmes qui lui montaient aux joues. Cela ne passa pas inaperçu aux yeux d’Astoria, qui posa une main délicate sur l’avant-bras de son mari.

— Nous devrions laisser mademoiselle souffler un peu, murmura-t-elle.

— Je… je vais rentrer de toute façon.

Elle se leva, suivit de Scorpius qui la raccompagnait. Alors qu’ils sortaient de la pièce, Drago hocha la tête imperceptiblement.

— Miss Weasley, je ne sais pas pourquoi c’est ici que vous avez transplané dans l’urgence. Ce que je sais c’est que vous avez certainement, contre toute attente, frappé à la bonne porte. Allez parlez à… à votre oncle de ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Je me chargerais du reste.

— Mais…

— « Je me chargerais du reste », j’ai dit ! siffla-t-il sur un ton sans appel.

Arrivé sur le perron, Scorpius voulut prendre Rose dans ses bras mais elle le repoussa.

— Écoute, je…

— Ce n’est pas la peine de dire quoi que ce soit, tu sais. J’espère juste ne pas avoir fait une erreur de plus. Cela commence à faire beaucoup, ces derniers jours.

Et elle transplana.

« Une erreur de plus. » Ce bout de phrase tourna dans la tête de Scorpius toute la soirée. Drago lui avait expliqué comment il comptait réduire au silence l’agresseur de Rose – à coup de menace et surtout à renfort de galions – pensant que c’était cela qui l’inquiétait. Il n’en était rien. Il avait toute confiance en son père pour régler ce genre de différents. Non, ce qui l’inquiétait, c’était Rose.

 

Il lui donnait raison sur toute la ligne : il s’était conduit en formidable crétin.

End Notes:

Un énorme merci pour vos review ! :D

Chapitre 11 - Où il est question de rentrée, d'ignorance et de répartition by Layi
Author's Notes:

Je sais, je sais, vous avez tous été super déçus hier de ne pas voir de mise à jour de cette merveilleuse fiction (oui, je craque, j'ai le droit non ? :D)... Hum. 

 

Non ? 

 

Bon, ok. Je reprends : 

 

Je vous pries d'accepter les umbles excuses de votre auteure qui a eu un week end particulièrement chargé et qui n'a donc pas pu poster le nouveau chapitre de cette fanfiction, ce qui fait que vous l'avez avec une journée de restard. Je vous souhaite cependant une bonne lecture et vous dit à très vite ! ;) 

La rentrée arriva rapidement et Scorpius fut forcé de constater que Rose semblait aussi douée pour l’éviter aujourd'hui que pour s'y agriffer au début de l’année. Il avait passé des années à souhaiter qu’elle lui lâche la grappe et à présent elle lui manquait cruellement. Il regrettait presque de ne pas être dans sa classe et donc ne pas partager ses cours. Elle ne l’avait même pas raillé lorsque la Gazette avait annoncé la rupture de ses fiançailles, provoquant un tollé dans le cercle des sang-purs.

C’est à la fin du mois de février qu’il réussit enfin à intercepter la belle rousse au milieu d’un couloir : 

— Rose, attends !

La jeune femme s’arrêta et se retourna, un masque d’indifférence agrafé au visage.

— Tiens, fit-elle nonchalamment. Tu tombes bien, il faudrait que tu exprimes ma gratitude à ton père. Je n'ai pas connaissance de ce qu’il a fait, mais ça a été drôlement efficace. Coll a été appréhendé la semaine dernière pour coups et blessures et il n’a absolument rien dit concernant James, alors que c’est Harry qui menait l’interrogatoire. Tu sais ?

— Vaguement. Mais crois moi, tu préfères rester ignorante à ce sujet, s’amusa Scorpius.

— Remercie-le ! Vraiment !

— Je le ferais. Je…

Mais Rose s’évaporait déjà dans le couloir, le saluant de la main. Il sentit son cœur se serrer alors qu’elle attrapait le bras que lui tendait Marvin Whitby, confirmant les trop nombreuses rumeurs qu’il avait entendues. Il n’était qu’une erreur. Cette phrase lui faisait mal comme jamais il n’avait jamais pensé souffrir. Il avait espéré que la reprise des cours lui permettrait d’oublier les sentiments étranges qu’il avait ressentis durant leur stage. Elle les avait exacerbés. À chaque repas, il escomptait que la jeune femme débarque à sa table, comme elle le faisait parfois à l’époque où ils partageaient plus de railleries que de compliments. Il soupira, seul au milieu de son couloir. L'unique chose qui le consolait était qu’Élisabeth semblait nager en plein bonheur chaque fois qu’il la voyait.

Elle avait discrètement emménagé chez les Zabini en attendant qu’elle et Stephen se trouvent un logement. Les Malefoy restaient l’une des rares familles à être dans la confidence. Scorpius avait été surpris de la réaction de son père lorsqu’Élisabeth avait expliqué pourquoi elle voulait rompre ses fiançailles. Il avait prévu que Drago vocifère, tempête, fulmine, mais il s’était contenté de pester :

— Vous auriez tout de même pu vous découvrir ce formidable amour réciproque avant que je dépense une fortune afin d’organiser votre réception.

Ça avait été grâce au clin d’œil d’Astoria qu’Élisabeth avait compris qu’il s’agissait d’un humour particulier et non d’un véritable reproche. Depuis, le jeune couple prenait son mal en patience, le temps que la bienséance l’autorise, avant d’annoncer leur mariage dont la date était déjà fixée. Scorpius en esquivait d'ailleurs habilement les préparatifs. Cependant, même s’il avait pu refuser de devenir le témoin de son cousin, il n’avait pu rejeter son amie qui avait émis le souhait de l’avoir à ses côtés pour le soi-disant plus beau jour de sa vie.

 

Le changement d’attitude de Scorpius n’avait pas échappé à sa mère :

— Tu sais mon chéri, il y a des choses contre lesquelles tes grands-parents ne peuvent rien.

Scorpius sursauta. Il était dans la bibliothèque familiale, s'efforçant vainement de se concentrer sur le devoir de potion qu’il était censé rendre le lendemain et n’avait pas entendu sa génitrice rentrer. Ils étaient seuls. Il tenta d’interpréter l’énigmatique phrase, mais finit par secouer la tête d’incompréhension. Astoria sourit, comme on sourit à son enfant pour le consoler.

— J’ai longuement réfléchi sur les raisons qui ont pu pousser Rose Weasley à transplaner ici plutôt que chez elle.

Scorpius déglutit. Lui aussi y avait réfléchi. Et la réponse avait été assez évidente même s’il ne voulait pas l’admettre, même si tout dans l’attitude de la jeune femme hurlait le contraire à présent.

— J’ai également médité sur les propos d’Élisabeth, qui ont mis un terme à vos promesses, étrangement peu après la fin de ton stage d’où tu es revenu si perturbé…

— Je vous arrête de suite, Élisabeth a bien eu une aventure avec Stephen.

— Ho mais je n’en doute pas ! Cependant, rien ne la forçait de parjurer son nom et le tiens en le dévoilant. Vous pouviez imaginer d’autres solutions, plus… commodes, dirons-nous. Vous n’auriez pas été les seuls… Alors, j’en ai tiré la conclusion que rompre vos fiançailles t’arrangeait aussi.

— Mère, je…

— Non, Scorpius, écoute-moi jusqu’au bout. Avant d’être une Malefoy, je suis une Greengrass, grande famille de sang-purs, certes, mais moins… bornée que d’autres. J’ai été répartie à Serdaigle sans que cela ne cause le moindre problème à quiconque dans ma maisonnée, alors que Merlin sait que ton père n’aurait pas supporté si tu n’avais pas été à Serpentard, par exemple.

— Justement, il n'admettra pas que je…

— Et que crois-tu que ton père trouvera à seriner du mariage de son fils à la filleule d’Harry Potter, marquant ainsi leur coopération aux yeux du monde sorcier ? Lui qui lorgne depuis deux ans maintenant sur le poste de Président du Magenmagot et qui s’en voit refuser l’accès pour de vieilles rancœurs ?

— C’est vraiment à Serpentard que vous auriez dû être envoyée, mère, susurra-t-il lorsqu’il réalisa où elle voulait en venir.

— C’est à toi de faire tes choix, Scorpius. Mais ai conscience que je serais toujours à tes côtés.

Scorpius avait seulement acquiescé silencieusement alors qu'elle sortait de la pièce. Le problème n’était plus tant ce que pourrait en penser sa famille, que l’attitude générale de Rose. Si elle avait un jour eu des sentiments à son égard, il n’en était plus rien aujourd’hui. Il s’en était convaincu. Elle semblait filer une relation parfaite avec Whitby et ne lui adressait la parole qu’en cas d’extrême nécessité. Elle avait cessé de l’éviter perpétuellement, se contentant à présent de l’ignorer superbement. C’était presque plus douloureux. Plusieurs fois Scorpius avait tenté d’engager la conversation avec la jeune femme, mais chaque fois elle s’était arrangée pour l’esquiver. Et comme il restait néanmoins un Malefoy, il n’était pas prêt à s’aplatir vulgairement comme un Poufsouffle transi d’amour. Il pensait avoir touché le fond, mais Élisabeth lui donna le coup de grâce lorsqu’elle lui fit part de sa liste de convives :

— Pourquoi les noms de Lupin, Potter et Weasley sont inscrits là ? s’étrangla-t-il en désignant le bas du parchemin.

— Lupin parce que Victoire est une collègue de travail de maman et que, contre toute attente, elles ont sympathisé. Elle m’a demandé d’inviter le couple, je n’ai pas pu refuser. Potter, car, malgré tout, ils sont des sang-purs et surtout qu’on ne conçoit pas un mariage correct sans le Survivant, je te rappelle. Enfin, Hermione est la supérieure de ta tante, il s’agit de bienséance.

— Et c’est que tu as peur de manquer de monde, que tu as aussi inscrit leurs mômes sur la liste ? railla Scorpius.

— Ho ça va ! Je crois entendre Stephen ! S'il y a tous leurs enfants c’est parce que c'était inconvenant de ne convier que ta chère et tendre !

— Ce n’est pas ma… commença-t-il pour protester.

— Hé bien tu feras en sorte que ça le devienne, Scorpius ! clama Élisabeth. Parce que j’en ai marre de ta tête de six pieds de long ! Alors, fais-moi le plaisir d’accrocher un sourire sur ton visage et de faire semblant de te réjouir pour mon mariage ! Et plus encore, tu profiteras de ce dit mariage et du repas pour reconquérir ta voisine de table. Oui il s’agit de Rose et ne me regarde pas comme ça ! Stop ! Tu te tais ! Tu penses que ça me satisfait de dire ça peut-être ? D’avoir à ma réception une ribambelle de rouquin mal élevé ? Figure-toi que non ! Mais bordel Scorpius, tu es mon ami, et même si ça me tue de savoir que la seule fille qui a réussi à percer ton cœur de glace c’est une Weasley, je ne vais pas te laisser gâcher ça comme ça !

— Quand tu hurles comme ça, j'imagine que c’est à Gryffondor que tu aurais dû être réparti, pesta le concerné.

— Hé bien crois-le si tu veux, il a hésité, ce vieux tas de chiffon ! cria la jeune femme encore plus fort. 

Chapitre 12 - Où il est question de mariage, de passé et de Hugo by Layi
Author's Notes:

Je vous présente mes plus plates excuses pour ce retard... Mais que voulez-vous, on ne fait pas toujours tout comme l'on voudrait. J'ai eu une vie IRL assez (sur)chargée et j'ai donc pris du retard... Bref. 

Bonne lecture ! 

Rose n’en menait pas large lorsqu’elle reçut l’invitation officielle. Le mariage d’Élisabeth Parkinson et de Stephen Zabini promettait d’être grandiose au vu du programme. Elle soupira. Elle ne connaissait pas vraiment Stephen. Il était Préfet en chef lors de sa première année à Poudlard, elle gardait en mémoire que plus d’une fille s’était entichée de lui, et qu’il avait entretenu une relation ambigüe avec Victoire quelque temps. Mais il l’avait toujours laissée plus ou moins indifférente. Autant dire qu’ils n’avaient jamais dû s’adresser la parole. Quant à Élisabeth, Merlin savait qu’elle avait tenté de se lier d’amitié avec la jeune femme, qui s’était obstinée à la repousser. Alors, elle ne s’expliquait pas cette invitation. Que sa mère – et par expansion son père – soient conviés, elle pouvait encore le comprendre. Que son oncle le soit également, c’était habituel même si cela l’enchantait rarement. Mais qu’elle et ses cousins aient été sur la liste restait un mystère. Seule Victoire était justifiable.

Rose, chez ses parents pour le week-end, descendit dans la cuisine :

— Maman, je… J’ai reçu ça, annonça-t-elle en désignant le carton doré qu’elle tenait dans la main.

— Ha oui, Daphnée m’a donné le mien hier, répondit sa mère distraitement.

— Mmh. Vous allez y aller ?

— Bien sûr, ma chérie, pourquoi ?

— Parce que je m’en passerais bien.

Hermione avait arrêté de s’affairer et se retourna.

— Je croyais que toi et Mal… Scorpius vous étiez...

— Fâchés. Oui, coupa Rose.

— Fâchés avec qui ? Pépia la voix de son frère dans son dos.

— Personne, mêle-toi de tes affaires, le crapaud.

— Heu… Rose, je n’ai plus six ans, tu sais.

— Ha ? Je n’avais pas remarqué ! Je parle avec maman là, alors si tu pouvais nous laisser un peu d’air !

Leur mère haussa les yeux au ciel. Ils ne mûriraient jamais vraiment. Ils étaient tous les deux majeurs, tous les deux avaient entamé – et presque terminé – de grandes études, mais s’ils restaient un peu trop longtemps dans la même pièce ils se chamaillaient comme lorsqu’ils étaient petits. Elle attendit un peu, espérant que la crise passerait d’elle-même, mais forcée de constater que non, elle se contraint à intervenir :

— Hugo, tu souhaitais quelque chose en particulier ?

— Savoir pourquoi vous chuchotiez comme ça.

— Parce que justement, on ne voulait pas que tu nous entendes, mollusque !

— Rose ! s’agaça Hermione. Bon, ça suffit tous les deux ! Vous êtes insupportables !

— Qui est insupportable ?

La voix de Ron s’éleva du bureau. Il venait d’achever la comptabilité du mois de la boutique où il travaillait avec son frère. Il était heureux d’avoir ses enfants auprès de lui, même s’ils avaient perdu l’habitude, sa femme et lui, d'endurer tous leurs cris. Après la guerre, eux et de nombreux autres s’étaient précipités pour se marier et faire des enfants, comme pour rattraper le temps. Rien ne pouvait leur ramener l’innocence qu’on leur avait arrachée prématurément, mais ils avaient souhaité préserver celle de la future génération. Et quand il écoutait sa fille, dont l’un des principaux problèmes avait pendant longtemps été de savoir ce qu’elle allait mettre le matin en se levant, il se disait qu’ils avaient plutôt réussi.

Le départ de Rose pour Poudlard, puis celui de Hugo, avait laissé un grand vide dans la maison, et dans leur cœur. Se retrouver à deux, réellement à deux, cela avait été nouveau. Les débuts n’avaient pas été évidents, ils s’étaient beaucoup disputés, chamaillés, même fait du mal. Des sujets, qu’ils avaient longuement évités, avaient douloureusement refait surface. Mais avec le recul Ron estimait qu’ils s’en étaient bien tiré. Il n’avait pas bondi de joie lorsque sa fille avait été répartie à Serpentard, encore moins lorsqu’elle s’était entichée du marmot de Malefoy. Mais comme Hermione lui avait rappelé, ce n’était pas sur de vieilles rancœurs que l’on bâtissait le monde différent.

— Tes enfants ! lui répondit instantanément sa femme.

— C’est fou comme dans ces moments-là tu oublies que l’on était deux, répliqua-t-il goguenard avant de l’embrasser tendrement.

— Vous pourriez attendre que l’on soit sortis ! protesta Hugo avant de quitter la pièce.

— Et par pitié, ne me faites pas un second petit frère, renchérit Rose, suivant le premier.

Elle le retrouva dehors, frissonnante. Les températures commençaient à être plus clémentes en ce début de printemps, mais Rose était frileuse. Elle s’assit sur le perron et soupira.

— Malefoy ?

— Comment tu sais ?

— Surprends-moi, depuis quand un secret ne fait pas le tour de la famille en moins de quarante-huit heures ? ironisa-t-il.

— Pas faux.

Ils restèrent silencieux quelques minutes.

— J’ai couché avec lui, avoua finalement Rose.

— Tu as… s’étrangla Hugo, choqué.

— Ça va j’ai bientôt vingt-cinq ans…

— Ha non mais ce n’est pas ça… Mais Malefoy quoi ! On s’était tous imaginé que ça te passerait ! À part James, qui a affirmé que ça fait longtemps qu’il a conscience que tu es folle, mais…

— Ho lui, il est mal placé pour dire quoi que ce soit ! Mais oui… Malefoy, soupira la jeune femme.

— Et donc, pourquoi n’est-il pas encore venu dîner à la maison ? J’ai hâte de voir la tête de papa ! ricana Hugo.

— Parce qu’il n’était plus là au petit matin.

— Ho, le gnome ! Je présume que vous n’aviez pas convenu que ça resterait une histoire sans lendemain ?

Rose remercia silencieusement son frère de ne pas être plus vulgaire et rétorqua :

— On n’avait rien prévu du tout, en fait. Mais je pensais être un peu plus à ses yeux qu’un simple coup d’un soir… 

Hugo ne répondit rien. Il n’y avait de toute façon pas grand-chose à dire. Il se contenta de serrer sa sœur contre lui calmement, impassible aux larmes qui tombaient sourdement sur son jean. Rose profita de cette étreinte. Ignorer Scorpius l’avait épuisée. Elle avait espéré que flirter un peu avec Marvin lui changerait les idées, lui ferait oublier Malefoy, mais ça n’avait rien changé. Il avait mis fin à leur relation une quinzaine de jours auparavant, reprochant à la jeune femme son manque flagrant d’investissement. Elle ne pouvait pas le désapprouver. Rose renifla puis essuya ses joues rageusement. D’un murmure, elle remercia son frère qui lui sourit tendrement. Ces moments de complicité fraternelle étaient rares mais d’autant plus précieux.

« La famille est toujours là quand le reste s’envole. »

Elle envoya un hibou à Roxanne, demandant si elle aussi avait été conviée au mariage de Parkinson et surtout si elle comptait y aller. Sa cousine lui répondit qu’elle n’avait nullement envie de s’y rendre mais que, pour elle, elle voulait bien faire un effort. Rose s’endormit avec la sensation d’avoir couru un marathon ce soir-là.

End Notes:

Pour la suite, je ne promet rien. J'ai déménagé ce week end, la boxe n'est toujours pas opérationelle donc je n'ai pas d'accès à internet depuis mon nouveau logement... J'espère que la situation ne durera pas trop longtemps... :/ 
Bien à vous, soyez sage !

à très vite !

Chapitre 13 - Où il est question de lys, de réception et de sang-de-bourbe by Layi
Author's Notes:

Toutes mes excuses pour le retard... 
Mais ! Pour me faire pardonner, il y aura un chapitre de plus que prévu. Celui-ci aurait du être le dernier, mais je vous ai "pondu" un petit épilogue (que je dois encore relire et corrigé, mais qui viendra rapidement j'espère !) 

Bonne lecture ! 

Elle était belle. Elle avait relevé ses cheveux en un chignon élégant, parsemé de lys blancs. Ses yeux étaient accentués d’un trait de khôl à la façon des filles moldues, et cela lui allait à ravir. Ses lèvres d’ordinaire si pâles avaient pris une teinte plus rosée, plus candide, que beaucoup dans la foule rêvaient certainement d’embrasser. Son cou et le haut de son buste étaient dénudés, dévoilant ses clavicules seyantes. Elle frissonnait légèrement à chaque coup de vent,  la chair de poule donnant à sa peau un aspect de fruit à croquer. Elle portait une longue robe cintrée qui soulignait parfaitement ses formes généreuses tout en ne démasquant que le strict minimum. Elle parcourait l’assemblée, un sourire radieux plaqué sur sa bouche, papillonnante. La gent masculine avait d’ailleurs du mal à détacher son regard d’elle tant elle rayonnait.

Elle était divinement magnifique, Élisabeth.

Scorpius ne parvenait à défaire ses yeux de Rose, sa fragile fleur, étonnamment effacée en ce jour.

Il ne se leurrait pas, il avait absolument conscience qu’elle ne devait pas être ravie d’être là. D’après ce qu’on lui avait dit, ses parents avaient tout simplement obligé Rose et Hugo à faire le déplacement en respect de la bienséance. « Depuis quand les Weasley ont-ils une quelconque notion de la bienséance ? » avait sifflé Lucius, mais personne ne lui avait répondu. Elle était pâle, maigrichonne et n’avait visiblement fait aucun effort vestimentaire. Scorpius avait été heureux lorsqu’Élisabeth lui avait appris que Rose avait stipulé sur son carton d’invitation qu’elle viendrait seule. C’était purement égoïste, il le savait, mais ne pouvait s’en empêcher.

Elle bougonnait dans un coin, et il ne put s’interdire de la rejoindre : elle serait forcée de subir sa compagnie.

— Tu ne manges pas ?

— Bonjour Scorpius, oui ça va, merci, et toi ? répliqua-t-elle avec un sourire narquois, soulignant son impolitesse.

— Excuse-moi je… J’ai été maladroit.

— Pour changer, marmonna-t-elle.

Il soupira. Elle avait raison. Mais ça ne lui plaisait pas de l’entendre dire. Il aurait voulu exposer à Rose les causes de son départ précipité, de son absence de nouvelles, d’explications. Mais la vérité c’est qu’il n’en avait aucune à fournir. Et il se sentait encore plus minable pour ça.

— Tu es seule ?

— Visiblement.

— Marvin n’a pas pu venir ?

Elle eut un petit rire mesquin.

— Ho Scorpius, épargne-moi ces mondanités. Tu sais très bien pourquoi Marvin n’est pas ici, tout comme tu sais très bien pourquoi, moi, je suis ici ! Ne te sens surtout pas obligé de me tenir compagnie, et va plutôt féliciter Élisabeth pour sa formidable réception ! Et pendant que tu y es, dis-moi où je peux trouver ton père, que je le remercie personnellement de ce qu’il a fait pour moi.

— Mon père est avec le sien, cela m’étonnerait qu’il soit ravi de te voir, Weasley. Rose écoute, je…

Il avait attrapé son épaule. Elle se libéra d’un geste du bras.

— Fous-moi la paix, Malefoy ! Arrête de me regarder comme si j’allais m’effondrer à chaque instant, arrête de me regarder comme si tu étais inquiet, arrête de me regarder tout court d’ailleurs ! Si un jour dans ma vie j’ai cru avoir besoin de toi, c’était une erreur ! Si un jour j’ai pu croire qu’un Sang-pur s’attarderait avec une Sang de Bour-

Scorpius mit sa main sur la bouche de Rose qui commençait à hurler et l’entraina rapidement à l’écart de la cérémonie où ils étaient désormais un peu trop regardés à son gout. Elle se débâtit farouchement mais les bras musclés par le Quidditch du jeune homme tinrent fermement.  Elle avait cruellement maigri, déplora-t-il, car il savait pour avoir déjà observé ce phénomène chez Élisabeth que ce n’était jamais très bon signe.

— Je t’interdis de dire ça ! cracha-t-il, les yeux pleins de colère.

— Ha oui ? Pourquoi ? C’est pourtant ce que je suis, non ? Pour toi et ta famille ! Une magicienne de bas étage, à qui tu ne devrais d’ailleurs pas adresser la parole ! Fait gaffe Malefoy, tu vas choper des pustules ! Après sept années passées à me rejeter, j’aurais bien dû me douter que tu n’étais gentil que par intérêt ! J’ai été sotte ! Cela n’arrivera plus, et maintenant, lâche moi !

Mais Scorpius la rattrapa fermement par le coude.

— Tais-toi Rose ! La ferme !

— Ha oui, et pourquoi ? Ça te gène tant que ça, la vérité ? Mais tu as raison, c’est ma faute ! C’est moi qui ai été trop naïve ! Tu ne m’avais rien promis avant de me sauter, après tout alors je…

— Ne dis pas ça, coupa vivement Scorpius

— pas quoi ?

— Que je t’ai « sautée »

— C’est pourtant la vérité, non ? Tu m’as prise, et tu es parti. Comme avec Kara, en vérité ! Tu sais que c’est moi qui ai dû la consoler ? Elle a mis des mois avant de se relever totalement de ta défection ! T’es qu’un sale crétin doublé d'un égoïste !

— Je ne t’ai pas sauté Rose ! Je t’ai aimé ! Sincèrement ! Et je suis désolé d’avoir agi comme un connard ! Oui j’ai lutté des années contre ton amitié. Il n’y a pas de bonnes raisons à ça, il y a seulement ma famille, moi et surtout ma stupidité. Mais j’ai tellement lutté que j’ai fini par tomber amoureux ! Lorsque j’ai compris, il était déjà trop tard ! Mais je suis fou de toi, Weasley ! Je suis prêt à le hurler ici, et partout où tu le commanderas s’il le faut. Je sais que je n’ai été qu’un imbécile et que je t’ai fait souffrir bêtement. J’espère que je parviendrais à me racheter.  Pardonne-moi, je t’en prie…

Rose avait fini par se taire, les larmes aux yeux. Elle n’osait croire à ce qu’elle entendait, et pourtant tout son être semblait en feu. Elle se jeta au cou de Scorpius. Leur baiser dura une éternité. Ce n’était pas vraiment le premier, mais Rose eut la sensation de découvrir le jeune homme, sa douceur, sa tendresse, sa passion. C’était à la fois léger et brûlant, divinement exquis et très excitant. Ils se séparèrent, haletant, et Rose murmura : 

 

— Moi aussi, je t’aime crétin. Tu m’as manqué. 

End Notes:

Voilà, voilà...

J'espère que ce chapitre vous aura plu, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour me dire ce que vous en avez pensé ! ;) 

Epilogue by Layi
Author's Notes:

Bonne lecture ! 

— Il s’agit très certainement d’une mauvaise plaisanterie que vous nous préparez à nouveau là, mademoiselle Weasley ?

Rose soupira en levant les yeux au ciel. Elle ignora complètement le regard de reproche que lui jeta Scorpius et soutint les pupilles assassines de Lucius Malefoy. Cela faisait à présent deux ans que Scorpius et elle avaient officialisé leur union. Affirmer que cela avait été facile aurait été mentir, mais les choses s’étaient déroulées avec plus de douceur qu’ils n’auraient pu l’imaginer. Hermione s’arrangeait systématiquement pour mettre une bonne distance entre son époux et le beau-père de leur fille lors des rares réceptions où ils conviaient les Malefoy et les repas s'écoulaient sans déclaration de guerre. Comme l’avait prévu Astoria, Drago avait allégrement profité de la situation pour obtenir un avancement au ministère. Rose ne pouvait pas dire qu’il avait été ravi le premier week-end qu’elle avait passé au manoir, mais pour autant il était toujours resté très courtois.

Chose que ne parvenait pas à faire le grand-père de son fiancé. La mort de Narcissa quelques mois après l’arrivée de Rose dans la vie des Malefoy avait été un choc et n’avait en rien permis d’inclure la jeune femme dans la famille. Elle n’en demandait pas tant, mais elle aurait apprécié que Lucius Malefoy ne se conduise pas comme un bâtard puant avec elle. Elle prenait donc un malin plaisir à le faire enrager chaque fois qu'elle le pouvait. Et elle devait admettre que, là, elle avait tapé fort. Même Scorpius avait du mal à avaler la couleuvre.

— Scorpius, mon garçon, ajouta Lucius en se tournant vers le susnommé, tu n'autoriseras pas cela ?

— Les temps changent, la société évolue, contra Rose avant que son compagnon n’ouvre la bouche. Il n'est en rien inconvenant d'inviter des moldus à un mariage sorcier, cela se voit de plus en plus.

— On parle de vos demoiselles d’honneur, miss ! s’étouffa le vieil homme. 

— Et elles seront absolument radieuses ! Je vais vous quitter, l’organisation ne me laisse plus une minute à moi. Si vous mettez à exécution vos menaces et ne venez réellement pas à la réception, ayez l’amabilité de me prévenir quelques jours avant, que je m’arrange avec le traiteur et le plan de table, vous comprenez ?

Rose offrit son plus beau rictus avant de sortir du salon, suivit de près par Scorpius. Celui-ci semblait particulièrement contrarié et, comme il ne décrocha pas un mot jusqu’à ce qu’ils atteignent leur appartement, la jeune femme explosa :

— Qu’est ce qu’il y a ?

— Tu y as été un peu fort, tout de même… Il…

— Il est absolument imbuvable avec moi !

— Mais tu t’attendais à quoi, chérie, enfin ? Moi-même j’ai eu du mal à me faire à l’idée.

— ça, c’est parce que c’est ton ex, amour.

— Ce n’est pas m-

La sonnerie de portable de Rose interrompit le début de la dispute. Scorpius passa sa main sur la joue de sa fiancée, l’air dépité mais avec un sourire tendre et murmura :

— Je t’aime.

— Je t’aime aussi, répondit-elle distraitement.

Elle s’enferma dans leur chambre avant de décrocher. Scorpius ne put s’empêcher de coller son oreille à la porte afin de capter la conversation. Il savait que ce n’était pas poli et que Rose n’apprécierait pas, mais c’était plus fort que lui. Peu de personnes appelaient sur le téléphone de Rose et il se doutait qu’il s’agissait de Kara. Contre toute attente, les deux jeunes femmes étaient restées en contact après leur départ de l’hôpital. Et le temps aidant, elles étaient devenues très amies. Ainsi, Rose avait décidé de faire d’elle l’une de ses demoiselles d’honneur malgré les nombreuses tensions que cela déchainait dans la famille de Scorpius. Il soupira en l’entendant rire. Le pire était qu’elle était certainement ravie des esclandres qu’elle provoquait, s’amusant allégrement de tout ce bazar.

La conversation sembla durer des heures et Scorpius finit par se mettre aux fourneaux afin de leur concocter le repas du soir. Lorsqu’elle ressortit de la chambre, Rose annonça, comme si cela était une surprise :

— C’était Kara ! Elle te salue.

Il l’ignora, se contentant de séparer le risotto qu’il avait préparé en deux assiettes distinctes et de les poser sur la petite table de leur salon.

— Tu ne vas pas bouder, tout de même ? s’indigna Rose.

Scorpius soupira et leva les yeux au ciel.

— Tu es impitoyable, mon amour.

Le sourire radieux qu’elle lui offrit valait tout l’or du monde selon lui. Il n’avait aucun regret, et, même si son union avec la jeune femme n’était pas de tout repos, il était l’homme le plus heureux d'Angleterre.

Contre toute attente, leur réception se déroula sans accident. Enfin, si l’on oubliait la tête qu’avait fait Harry Potter en voyant son ainé embrasser l’une des demoiselles d’honneur, moldue, de la mariée quelques heures à peine après leur rencontre.

Mais ça, c’est une autre histoire…  

End Notes:

Voilà... Les dernièrs mots d'une histoire qui, j'espère vous aurait fait rire, pleurer, rêver... 

Vous pouvez retrouver Rose et les autres dans la série du nom "Une Rose dans un nid de Vipère."
http://www.hpfanfiction.org/fr/viewseries.php?seriesid=1256

 

A très vite ! ;)

Cette histoire est archivée sur http://www.hpfanfiction.org/fr/viewstory.php?sid=34118