Summary: Scorpius Malefoy et Lily Potter se détestent viscéralement; c'est génétique parait-il. Dans toutes cette haine qui les unis, un point commun existe: l'un comme l'autre tentent désespérement de survivre à leurs démons. Mais qu'advient-il lorsque par un coup du hasard, ils se retrouvent tout deux liés par un Serment Inviolable?
Ils ont jusquà la fin de l'année scolaire, soit 10 mois.
Elle doit réaliser 3 de ses voeux, elle ne peut pas refuser.
De cet outrage à notre éthique, que la décadence commence ...
Categories: Romance (Het),
Scorlily (Scorpius/Lily) Characters: Lily L. Potter, Scorpius Malefoy
Genres: Romance/Amour, Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Lemon soft
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 15
Completed: Non
Word count: 60700
Read: 10960
Published: 04/02/2018
Updated: 03/06/2020
Story Notes:
Bonjour à tous, merci pour votre clic !
J'espère que cete fiction vous plaira. Personnellement, bien que j'adore le couple Rose Scorpius, j'ai toujours pensé qu'un duo Malfoy - Potter pourrait envoyer du lourd aha.
Promis, Scorpius deviendra plus... agréable ? au fil de l'histoire.
Si vous avez des question; N'HESITEZ PAS les amis ! J'aurais grand plaisir à y repondre!
Sur ce, je souhaite une excellente lecture, des bisous magiques!
- S
1. La fête by Stylesorg
2. Le serment by Stylesorg
3. Profit et Manipulation by Stylesorg
4. Le 1e voeux by Stylesorg
5. Coups et disputes by Stylesorg
6. Révélation et état d'âme by Stylesorg
7. Vengeance et nettoyage by Stylesorg
8. Préparation et fraternisation by Stylesorg
9. Le 2e voeu by Stylesorg
10. Décadence et rédemption by Stylesorg
11. La forêt interdite by Stylesorg
12. Implosion et explosion by Stylesorg
13. Silence et déni by Stylesorg
14. Vacances et Astronomie by Stylesorg
15. Nouvel an et bénéfices by Stylesorg
Author's Notes:
Bonjour à tous, merci énormement de lire mon histoire!
Les trois premiers seront assez "court" mais très vite les textes seront plus longs et détaillés.
Surtout, n'hésitez pas à me faire partager vos impressions!
Bisouuus
« Aller Hugo ! Fulmina Mary en continuant de frapper contre la porte du dortoir des garçons, sors d'ici immédiatement ou l'on ne va pas pouvoir rentrer dans la Salle Commune !
- Nous aurions dû y aller sans lui, soupira Lily qui était assise sur les premières marches de l'escalier. »
Comme chaque année scolaire, la soirée du 23 Septembre était la soirée à ne pas manquer. Seule nuit où les rivalités entre les maisons s'amoindrissaient et cela, grâce aux Serpentard. Où Poudlard devenait le théâtre des excès, des folies et autres entreprises farfelues des verts et argents. Seule nuit où, qui plus est, ils acceptaient tout le monde dans leur tanière, que vous soyer Gryffondor, Poufsouffle ou Serdaigle, Sang-Purs ou nés Moldus tant que vous abandonniez à l'entrée tout respect du règlement et toute étiquette. Le tout étant strictement illégale, même si tout le monde savait que les professeurs étaient au courant et largement dépassés par le phénomène.
En tant que préfète en chef, c'est son badge que Lily Potter, acceptait de laisser ce soir après toutes les nombreuses supplications de sa meilleure amie. Quand enfin Hugo sorti du dortoir, coiffé et habillé comme il fallait, les trois amis n'attendirent pas plus longtemps pour dévaler les escaliers menant aux cachots où l’atmosphère était d'ores et déjà très, reptilienne.
Dans cet espace froid, éclairé par quelques torches seulement, Lily distinguait à peine des corps s'enlacer contre les murs. Les voix étaient réduites à des murmures, les odeurs étaient acres ; plus ils approchaient de leur Salle commune et plus la musique s'intensifiait.
« Ça va être génial Lily ! Déjà l'année dernière on c'était trop amusées tu te souviens ? Enchaîna Mary en serrant sa main, les yeux brillants.
- Hm, non, je ne me souviens pas vraiment… La faute à l'alcool, pensa t-elle, se rappelant seulement les litres ingurgités et la gueule de bois du lendemain matin.
Pas si parfaite la préfète en chef.
- Ce soir ça va être encore mieux ! J'ai entendu les jumeaux Zabini en parler en Divination ce matin, à ce qu'il paraît, ils auraient mis en place un nouveau jeu !
- Un nouveau jeu ?
- Oui. Ils ont parlés de ça et aussi des dizaines et des dizaines de bouteilles qu'ils ont dû faire passer en douce dans l'école en revenant de vacances, s'exclama t-elle complètement excitée alors qu'ils pénétraient tous les trois dans l'antre de leurs hôtes. »
Lily resta bouche bée face au spectacle qui s'offrait à elle : leur salle, habituellement aux couleurs de leur maison était plongée dans une neutralité qui ne leur ressemblait guère. Étrange que les verts et argents ne profitent pas, pour une fois, de cette soirée pour se mettre encore plus en avant…
De grands voiles noirs vaporeux couvraient les murs, les canapés en cuirs étaient installés à des endroits stratégiques. Un buffet couvert de gobelets écarlates meublait le mur du fond. Le milieu de la salle était complètement dégagé de manière à ce qu'une foule de danseurs puisse se déhancher sur un rythme envoutant. Stupéfiant.
« C'est incroyable. Voulut-elle dire à Mary mais la petite blonde filait déjà en direction d'un groupe de Serdaigle.
- Je vais chercher à boire, tu viens ? Demanda Hugo, en cherchant des yeux un possible chemin.
- Je te suis. »
Ils n'arrivèrent qu'au buffet après une demie-heure. Alors qu'ils avaient été engloutis par la foule, emportés par la musique, ils avaient l'un comme l'autre décidé de se lâcher.
La musique électronique était assourdissante, la jeune rousse sautait sur place, ses bras tendus au dessus de sa tête, les yeux clos. C'était ça, le côté surprenant de la fête des Serpentard : à peine arrivés, vous êtes totalement transportés dans leur monde.
Puis, Mary parvint à la rejoindre, et toutes deux se mirent à rire tant c'était bon. Regardant autour d'elle, Lily aperçue Hugo en pleine conversation avec Emeline Brown, ce qui la fit sourire grandement, elle qui connaissait bien la timidité légendaire de son cousin. Au bout d'un certain temps, il arriva à se frayer un chemins jusqu'à ses deux amies, les joues rougies par la chaleur, et leur tendit deux gobelets remplis à ras-bord d'une liqueur brunâtre. Whisky-Pur-Feu. Parfait.
« Lily, Lily regardes là-bas ! La secoua de nouveau la blonde en lui montrant un troupeau d'adolescents regroupé autour d'une table basse. C'est le jeu, je suis certaine que c'est le jeu !
- Tu veux que l'on aille y jeter un coup d'oeil ?
- Quelle question, évidemment ! »
Levant les yeux au ciel, Lily se mit à suivre Mary, son gobelet serré contre elle pour éviter qu'il ne se renverse.
Le troupeau en question était plutôt un amas d'adolescents étalés sur des canapés, des fauteuils et sur le sol, entourant une bouteille de bière. C'était ça le jeu ? La jeune femme fut déçue de le constater. Tant d’engouement pour ça ? Nul.
Elle regarda Mary aller s'asseoir dans un canapé, elle la rejoignit histoire de ne pas se retrouver seule, debout comme une cruche.
Ses yeux balayant l'assemblée, elle vit les jumeaux Zabini : Alexander et Annabeth, tous les deux étant en septième année. Comme elle, ils avaient en commun le cours de Défense contre les Forces du Mal et aussi celui de Potion. Lily avait toujours été fascinée par la relation fusionnelle qu'ils entretenaient tous les deux, ils avaient une façon de se comprendre d'un unique regard, s'en était terrifiant parfois.
Près d'eux, assit grossièrement sur un fauteuil, Kyle Nott regardait une brunette faire tourner la bouteille. Nott était habituellement d'une classe irréprochable, toujours à porter des vêtements de première qualité, sans plies, sans défauts, un peu comme son acolyte de droite.
Scorpius Malfoy, cet ignoble abruti pour qui Lily nourrissait une haine héréditaire. Trop parfait, avec ses cheveux blonds impeccables, son nez parfaitement droit et ses yeux parfaitement bleus-gris. Le genre de beauté que l'on aurait envie de souiller, pensa la jeune fille en buvant une grande gorgée de whisky-pur-feu pour se détendre.
Respecté mais non respectable, il inspirait la crainte chez les plus jeunes comme chez les plus âgés. Arrogant, suffisant, cruel et incroyablement narcissique. La simple mention de son nom de famille permettait à n'importe qui de le cerner. Comme son père, comme son grand-père, il n'avait en estime que sa petite personne. Egocentrique soupira Lily.
Comme si il avait senti son regard aux nuances haineuses, il releva ses yeux de diamantines vers elle, prenant le temps d'étudier sa tenue ainsi que son visage. Un sourire mauvais aux lèvres, il se pencha en avant, ses coudes prenant appuie sur ses genoux.
« Par Merlin mais qui vois-je ? La préfète en chef nous ferait-elle l'honneur de sa présence. J'en suis honoré. Dit-il pour se moquer encouragé par les gloussements des Zabini.
- La ferme Malfoy. Rougie t-elle en s'enfonçant un peu plus dans le siège, gênée. »
- Quelle impolitesse envers le maître de maison Potter. Je suis blessé. »
Elle voulu lui cracher une réplique cinglante mais son regard l'en dissuada, la glaçant sur place. Elle avait beau l'affronter, il n'en était pas moins intimidant.
« Je présume que tu es trop prude pour jouer.
- Tu présumes mal, répondit Lily sèchement, ce qui l'amusa encore plus. »
Elle n'avait pas envie de jouer, pas du tout même. Par ailleurs, elle ne savait même pas dans quoi elle s'engageait, d'après Mary le jeu était juste « dément ». Mais son audace de Gryffondor avait devancé sa raison. Et puis, comment refuser de mettre une flanquée à un Malfoy?
« Bien, c'est au tour de Mag de faire tourner la bouteille dans ce cas, annonça Annabeth en désignant une Serpentard. »
Celle-ci donna un petit coup de baguette sur la bouteille de bière-au-beurre, la faisant tourner à une vitesse relativement élevée, à moins qu'il s'agisse d'un effet engendré par l'alcool.
Mauvais pressentiment.
La bouteille désigna Kyle, qui se redressa aussitôt en se frottant les mains ; la dénommée Mag fit tourner de nouveau la bouteille.
« Nott, tu vas devoir partager ton lit une semaine avec… Le goulot pointa sur une blonde platine coincée dans une robe noire très étroite. Avec Loriana !
- Ça ne va pas changer de d'habitude dans ce cas, fit-il en adressant un clin d'oeil à la jeune femme qui se mit à glousser. »
Pathétique, Lily leva les yeux au ciel une nouvelle fois alors que c'était au tour de Kyle de pointer sa baguette vers la bouteille, qui s'arrêta sur Malfoy, en pleine discussion avec Annabeth. Un silence mortuaire accompagna le nouveau mouvement de Kyle.
La rousse regarda autour d'elle les quelques filles parfaitement ridicules qui foudroyaient du regard la pauvre bouteille de bière-au-beurre. Sérieusement? Comment pouvaient-elles un instant désirer faire quelque chose avec lui ?
Il était peut-être beau, mais qu'est-ce-qu'il pouvait être con. C'était peu dire.
« Malfoy, tu vas devoir embrasser pendant cinq minutes, avec toute la dextérité que l'on te connaît… Julia. La Poufsouffle en question devint aussi écarlate, voir même plus que la couleur carmin de ses lèvres. »
Haussant les épaules, il fit signe à la métisse d'approcher, ce qu'elle fit sans plus attendre, se présentant à lui comme le repas du soir sans qu'il daigne se lever. Mais Malfoy était bien Malfoy, fidèle à lui même, aussi, il l'attira sur ses genoux sans aucune délicatesse, sa main sur la nuque de la jeune femme, il plaqua ses lèvres contre les siennes avec une certaine violence, mais Julia ne s'en plaignit pas à première vue.
A côté d'elle, Lily entendit un petit rire, elle se tourna juste à temps pour voir Mary écarlate.
« Qu'est ce que tu as ? Demanda la rousse intriguée. Tu es aussi rouge que Julia.
- Par Merlin Lily mais tu ne vois pas à quel point c'est gênant ! Chuchota t-elle en désignant Malfoy et la fille s'embrasser goulument.
- Gênant, non, déplacé, surement. »
Mary soupira tandis que Lily continuait de regarder autour d'elle tout ces gens parfaitement fascinés par ces cinq minutes grotesques. Puis Malfoy se détacha de la jolie métisse en essuyant sa bouche d'un geste vulgaire qui vexa grandement la jeune femme. Mais… elle était étonnée en plus ?
« A toi de faire tourner Malfoy, s'exclama Nott en riant avec son meilleur ami. »
Le blond sorti sa baguette de sa poche arrière et exécuta le même geste que ces congénères. Le jeu était ridicule. Lily se tourna vers Mary en lui faisant signe qu'elle voulait partir, sa meilleure amie lui murmura qu'elle préférait rester. Bien, comme elle voudra. Lily prit appuie sur ses deux mains pour s’extraire du canapé bondé quand la bouteille s'arrêta en plein sur elle.
Oh non, par pitié pas ça.
« Potter. Malfoy lui lança un regard pétillant, avant de voir qu'elle était sur le point de se lever, tient donc, tu vas quelque part ?
- Je…
- Oh tu es terrifiée ? Je vois oui. Conclut-il à sa place alors qu'elle voulait répondre autre chose.
- Pas du tout. Je… Je m'asseyais plus convenablement. Son mensonge était d'une parfaite inutilité.
- Oui, je n'en doute pas. Il relança la bouteille en ricanant. Puisque tu continues, tu vas devoir faire un Serment Inviolable avec… »
La bouteille tourna, une fois, deux fois, trois fois, elle ralentie, continua de tourner et puis s'arrêta. Le jeune homme désigné fronça les sourcils, ses yeux croisèrent les prunelles vertes de Lily, il n'avait absolument aucune envie que ça tombe sur lui.
« Même pas en rêve Malfoy. Bondit Lily qui venait d'assimiler ce qui venait de se passer ; lui lançant un regard assassin.
Le Serpentard se laissa aller contre son fauteuil, réfléchissant à ce qu'il devait faire. Arrêter tout et perdre une occasion d'avoir la préfète en chef à sa botte ou continuer et lui faire payer toute son insolence ? Le dilemme n'en était même pas un finalement.
- Et bien quoi Potter, tu te dégonfles ? Je te voyais pourtant plus courageuse. Où est donc passé la légendaire bravoure des Gryffondor ?
- Ce n'est pas un jeu Malfoy ! C'est un Serment Inviolable ! Dit-elle en ignorant sa remarque.
- J'avais cru comprendre, merci.
- Il est absolument hors de question que je fasse ça avec toi, s'emporta la rousse.
- Lâche.
- Pardon ?!
- Lâche et peureuse.
- Pas du tout ! » S'indigna t-elle, alors que tout le cercle était muet face à cette joute verbale.
Elle n’était pas lâche, et encore moins peureuse. Lily n'avait simplement aucune envie de lier sa vie à celle de cet abruti. Lier sa vie. C'est ce qu'elle encourait puisque le but d'un Serment Inviolable, était de prendre un engagement qui, lorsqu'il n'était pas respecté, provoquait la mort de la personne.
Par Merlin, il n'ajouta rien ; ses yeux gris parlants pour lui. Il savait qu'elle finirait par accepter, elle le savait aussi. Toutefois cela ne l'empêcha pas d'envisager toutes les possibilités.
Si elle refusait, toute l'école se moquerait. Elle serait la première Gryffondor à se laisser marcher dessus par un Serpentard. De plus, elle portait le poids de son nom de famille. Une Potter ne s'abaissera jamais face à un Malfoy.
« Alors ? Demanda t-il, un sourire joueur aux lèvres qui donna à Lily l'envie de le frapper.
- Lily tu ne… Commença Mary, mais la jeune rousse la coupa aussitôt.
- J'accepte. »
End Notes:
Aloooors? Dites moi tout!
Author's Notes:
Hello les amis! Voici la suite, j'espère que cela vous plaira.
J'ai hâte de lire vos impressions, c'est le moteur de l'écriture aha !
Des bisous sur vos joues !!
Malfoy la regarda surprit, le gris de ses yeux tentant d'analyser le vert des siens. Lily Potter se prêtait-elle donc au jeu ? Il aurait pourtant parié que non, qu'elle se défilerait pour x raisons.
« Dans ce cas, Anna, Alex et moi allons rédiger les trois conditions du Serment, s'empressa d'ajouter Nott en se levant, accompagné des jumeaux. Laissez nous quelques petites minutes et continuez la partie pendant ce temps là. »
Les trois adolescents se levèrent d'un même mouvement et quittèrent le cercle, qui, recommença finalement à s'animer. Lily se leva à son tour et contourna le canapé dans l'optique de rejoindre le bar quand une poigne forte la retient pas le bras, la faisant vaciller.
« Tu comptes aller où comme ça Potter ? Demanda agressivement le Serpentard sous les regards indiscrets des autres élèves.
- Tu peux aller te rasseoir, je ne compte pas filer en douce. Lui rétorqua t-elle méchamment connaissant d'avance le fond de sa pensée.
- Oh mais je ne m'inquiète pas, si tu pars, je te retrouverai. Tu as donné ta parole après tout.
Lily le repoussa, oppressée par la sensation de sa main sur elle, à tout les coups, demain elle aurait un vilain bleu.
- Tu n'as pas répondu.
- Qu'est-ce-que ça peut te foutre ? Tu ne m'as pas encore à ta botte à ce que je sache.
- Pas encore, le terme est très bien choisis. Je te félicite. Et puis quand ce sera le cas, il faudra faire attention à ton vocabulaire ma...
- Oh la ferme. Fit-elle furieuse en se détournant de lui pour se fondre dans la masse de danseurs. »
Il lui fallait un verre. Quelque chose qui lui permettrai d'oublier temporairement ce qu'elle était sur le point de faire avec cet imbécile. Quelle bêtise. De loin elle aperçue Hugo et alla le rejoindre, non sans avoir réussit à attraper un gobelet de whisky-pur-feu au passage.
« Lily, bon sang tu vas finir comme l'année dernière si tu continues à boire comme ça ! La concernée haussa les épaules, les yeux plongés dans le vide.
- Crois moi, l'année dernière je m'en suis beaucoup mieux tiré.
- Comment ça ?
- J'ai suivi Mary, tu sais, quand elle a voulu que nous allions voir ce qu'était le nouveau fameux jeu des Zabini.
- Et alors ? L'encouragea son cousin en continuant de danser sur une musique rythmée.
- Et alors ? Je me retrouve sur le point de faire un Serment Inviolable avec Malfoy !
Hugo cessa aussitôt de se mouvoir pour la regarder horrifier.
- Mais t'es tarée ! Tu te rends compte dans quoi tu t'engages ! Imagine ne serait ce qu'un instant ce qu'il va te forcer à faire !
- Je n'aie pas le choix, c'est soit ça, soit je me ridiculise devant toute l'école en passant pour une lâche.
- Et ça ne t'aie pas venu à l'idée qu'entre ta réputation et un Serment qui peut te faire mourir si tu refuses d’obéir, le mieux était encore de se taper la honte ! Lily mais, il l'interpella alors qu'elle partait de nouveau, Lily mais attends ! C'est une question de bon sens ! »
La jeune fille ne l'écoutait déjà pas, alors qu'elle retournait en direction des canapés où les jumeaux ainsi que Nott venaient de faire leur grand retour. Mais quelle idée d'avoir suivi Mary … Elle le regrettait de plus en plus alors que Malfoy lisait les trois conditions, un sourire allant d'une oreille à l'autre. Elle allait regretter, amèrement, enfin, elle le regrettait déjà. Finissant le contenu du gobelet elle retourna auprès de sa meilleure amie qui lui prit la main, lui adressant un regard rassurant.
« Ça va aller.
- Oh surement, nous serrons ça très prochainement de toute façon…
- Potter, où est-ce-qu'elle est… Murmura Zabini frère en se tournant enfin elle, ah tu es là ! Viens.
Lily soupira, profondément désespérée par la tournure des choses, voilà qu'à présent Zabini s'autorisait à lui donner des ordres.
- Et la politesse, c'est en option ? Demanda t-elle si doucement qu'elle pensait qu'il ne l'avait pas entendue en approchant.
Nott se tourna vers elle, lui lançant un regard emplie de dégoût qu'elle n'eut aucun mal à lui rendre.
- Et ton insolence, c'est une option aussi ?
- On se calme tous les deux, il me semble qu'on a plus intéressant à faire que de se disputer. S'interposa Annabeth en posant sa main sur l'épaule de Kyle, un geste que Lily interpréta comme intime. »
Ils suivirent tous Annabeth, la jeune femme les attirant à l'extérieur de la salle, dans un dédale de couloirs plus sombres, où ils seraient a priori nettement plus tranquilles, loin de la musique, loin des regards de leurs camarades, loin de toutes les options d'échappatoires possibles.
Lorsqu'ils trouvèrent refuge dans un cachot, Malfoy vint finalement se poster face à elle, ses orbes grises la défiant de changer d'avis. Nott et les jumeaux Zabini les entouraient, tandis que le blond tendit son bras vers Lily.
-« Avant toute chose, dit précipitamment Alexander, dès que nous aurons terminé, Anna, Kyle et moi nous retournerons dans la salle commune et nous effacerons l’épisode du Serment de la mémoire de tout ceux qui sont au courant. Outre nous 5, personne ne saura. Ça vous va? demanda-t-il à Scorpius et Lily.
- Parfaitement, répondit le Serpentard.
- Puisqu’il le faut… soupira Lily »
Elle pouvait encore faire demi tour. Hugo avait raison, pensa t-elle soudain. A quoi bon conserver sa réputation si elle risquait de mourir en désobéissant à Malfoy. Non. Elle avait encore un an à tirer ; après elle ne le reverrai plus jamais. Et puis, qu'allait-il bien pouvoir lui demander ? De faire ses devoirs, de lui apporter tout et n'importe quoi. Il avait beau être d'une stupidité légendaire, il restait toutefois un Serpentard, un lâche, un abruti, il n'oserait jamais aller plus loin. Jamais il ne lui demanderait de faire quelque chose qui le mettrait en danger lui.
Elle prit son poignet sans masquer son aversion ; il serra le sien un peu trop fort. Ils se détestaient, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Annabeth sortie sa baguette, et prononça le sortilège.
Aussitôt, un filament dorée et chaud s'enroula autour de leurs mains ainsi que de leurs avant bras. La sensation n'avait rien de désagréable, au contraire.
« Toi, Lily Luna Potter, t'engages-tu à accomplir et respecter trois souhaits dictés pas Scorpius Hyperion Malfoy ? Demanda la voix claire de Annabeth. »
Celle-là, Lily s'y attendait, ses mains se crispèrent sur le poignet du Serpentard qui, en réponse, lui adressa un sourire victorieux.
« Toujours envie de jouer Potter où l'envie de fuir et de pleurer dans les robes de ta moldue de grand-mère est trop forte ? Oups. J'avais oublié, elle est morte. » Susurra le Serpent en lui lançant un regard mauvais.
Lily se crispa, ses orbes vertes haineuses le foudroyant. Elle serra un peu sa main, enfonçant ses ongles aussi profondément qu'elle pu dans la chair de son ennemi juré.
« Ne t'inquiète pas Malfoy, je n'agirai pas comme ton père. Je ne suis pas faible comparé à certain. » Et sans attendre sa réaction enchaîna :
« Je m'y engages. »
Le filament dorée qui tournoyait lentement entre eux se resserra considérablement, les faisant sursauter tout les deux et détournant leurs attention de la joute verbale auparavant engagée. La chaleur qui auparavant était douce devint bien plus intense. Lily essaya de bouger mais c'était impossible.
« T'engages-tu à t'investir complètement dans les trois tâches qu'il te soumettra, qu'importe les conséquences ?
Il en profiterait de cette close, Lily en était certaine.
- Je m'y engage, grimaça t-elle contrariée. »
Le filament sembla dès l'ors s'infiltrer sous leurs peau. Lily laissa échapper un gémissement douloureux alors que Malfoy, au visage si stoïque, fronça les sourcils de douleur. C'était insupportable. Elle se tourna vers Annabeth, la suppliant d'aller plus vite.
« T'engages-tu, Lily Potter, à ne jamais parler à quiconque, de ce Serment ainsi que de l'affiliation de Scorpius Malfoy vis à vis de ce que tu entreprendras ?
- Je m'y engage, soupira t'elle sans réfléchir alors que la douleur atteignait son paroxysme le long de son poignet et de sa main, je m'y engages, murmura t-elle de nouveau. »
En conséquence, la cordelette dorée qui les liait l'un à l'autre s'enfonça sous leur peau, véritablement, avant de disparaître, les libérant. Sans attendre, Lily le lâcha en reculant pour contempler le résultat. A la manière d'un tatouage, le filament était toujours brillant sous son épiderme.
« Personne à par moi ne peut le voir, Potter. Dit Malfoy en la voyant inquiète.
- Tu es content j'espère ! S'empressa t-elle d'ajouter.
-Tu ne crois pas si bien dire. Au moins maintenant je t'ai dans la peau. »
La rousse leva les sourcils, son visage totalement déconfit face à tant d'idiotie. Un coup d'oeil lui suffit pour observer le sourire parfaitement ridicule qu'abordait son homologue.
« Tu es pathétique j'espère que tu le sais.
- Pathétique, pathétique, tout de suite les grands mots , murmura t-il en levant les yeux aux ciel, replaçant correctement sa manche de chemise, son regard dérivant sur les Zabini et Kyle, totalement désintéressés – ou trop habitué à leurs disputes- qui commençaient à partir. Le devoir m'appel la rouquine, on se voit demain pour ouvrir les festivités ?
- Espèce de…
- Cessons les vulgarités tu veux, je ne voudrais pas utilité mon premier vœux pour te rendre totalement docile et respectueuse.
- Ah ! S'exclama t-elle, dégoutée. N'imagine pas une seule seconde que vais te rendre la tâche facile non plus.
- Potter. Scorpius s'approcha d'elle, son regard gris sérieux posé sur elle. Tu n'as pas tout comprit je crois, mais ce n'est pas grave, il est de mon devoir de préfet de tout expliquer à l'être inférieur que tu es. Pour les quelques temps qui nous lient, tu vas devoir m'obéir. Totalement. Que tu le veuilles ou non, c'est de ta vie dont nous parlons… Après si tu t'entêtes, je ne serai pas responsable. Après tout, un roux de moins dans le monde… »
Le coup parti si vite que le blond n'eut pas le temps de le voir arrivé. Déstabilisé, Scorpius dû se rattraper au mur en pierre pour ne pas tomber. Satisfaite d'elle même, Lily approcha, et, en dépit de sa taille et de sa corpulence inférieur à celle du jeune homme, le démina indéniablement.
« Fais attention à toi Malfoy, nous sommes peut-être dorénavant liés mais rien ne m'empêche de te pourrir chaque petites secondes de ta vie. »
Sous l'effet de l'alcool – autrement n'aurait-elle jamais osé être aussi audacieuse – Lily fit demi tour et franchit l'escalier des cachots la tête haute.
Demain, elle aura probablement une gueule de bois épouvantable.
Demain, il aura probablement un coquard épouvantable. Mais pour l’instant, il jubilait.
End Notes:
La suite sera désormais plus longue et... nous allons rentrer dans le vif du sujet!
Mais pour l'instant, que pensez vous de notre couple Lily Scorpius?
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Author's Notes:
Helloooo surprise surprise voici la suite!
N'oubliez pas, j'ai hâte de lire vos impressions aha, j'epère que ça vous plaira !
Le professeur Londubat était fou. Malfoy avait encore fait des siennes. Les plantes de la salle de botaniques étaient ravagées, les fenêtres avaient explosé et le blondinet au milieu de sa troupe se tordait de rire. Quel idiot. Lily leva les yeux au ciel, sa tête tambourinait de telle façon qu’elle regretta aussitôt son geste.
Plus jamais elle ne boirait autant.
Neville accourut vers Malfoy en hurlant, lui qui pourtant avait un tempérament si calme.
- Jeune homme vous rendez-vous compte de ce que vous venez de faire?
- Je … je n’ai pas fait exprès, tenta t-il articuler entre deux fous rires.
- Mais bien sûr, 20 points de moins à Serpentard et vous serez collé !
Le jeune homme releva la tête, outré. Comment cet idiot de professeur osait-il? Les ricanements des verts et argents laissèrent place à ceux des Gryffondor. Scorpius les fusilla tous, les uns après les autres, des ses yeux de diamantaires avant de s’arrêter sur Lily.
La jeune Potter, un main sur son front bouillant de fièvre contemplait avec satisfaction la situation, hilare de voir ce petit égoïste furieux, son oeil violet de la veille. Il se vengerait. Il en avait la possibilité maintenant.
- Je n’ai pas le temps, les examen sont dans trois jours.
- Et bien vous prendrez le temps Monsieur Malfoy.
- C’est injuste.
- La vie n’est pas souvent juste, vous devriez le savoir.
La fin de l’heure sonna et le professeur Londubat fit demi tour, lui aussi satisfait d’avoir pu clouer le bec à cet imbécile de Malfoy. Il était, décidément, comme son père. Arrogant, égoïste, suffisant. Il ne le supportait pas, et, il aurait bien donné des points en plus à la personne qui avait eu la possibilité de lui coller cet oeil au beurre noir. Enfin, si tant est qu’il était encore vivant. Scorpius se détourna aussi et, shootant dans un pot à moitié cassé, sorti de la serre, les jumeaux Zabini et Kyle Nott derrière lui.
Soudain, l’atmosphère se fit plus légère.
« Qu’est-ce qu’il lui prend à Malfoy aujourd’hui? Demanda Mary en glissant sa baguette dans sa cape.
- Il doit certainement être sur les nerfs, tu as vu le coquard que Lily lui a mis! Répondit Hugo en éclatant de rire.
La jeune rousse haussa les épaules, son regard figé sur le tatouage doré qui serpentait sur sa main droite et disparaissait sous la manche de sa cape.
- Il l’avait cherché, murmura t-elle.
- Tu as toujours mal au crâne ?
- Si tu savais…
- Tu devrais aller voir l’infirmière histoire qu’elle te donne une potion pour faire passer ta gueule de bois Lily, dit sa meilleure amie en posant sa main sur son épaule.
- Pour que mes parents l’apprennent? Hors de question! Papa serait furieux et James me ferais une leçon de morale épouvantable. »
Mary soupira quelque chose que Lily n’écouta pas. Cette gueule de bois était sa punition pour ses bêtises de la veille. En se levant ce matin, elle avait cru à un cauchemar, mais la marque sur son poignet lui rappelait ses erreurs.
Elle avait fait un serment inviolable avec Malfoy.
Elle était liée à Malfoy.
Elle devait lui obéir -ou mourir- pour trois demandes.
Si James ou Albus l’apprenaient, ils la tueraient. Depuis toujours on lui avait dit de rester le plus possible éloignée de Malfoy, mais la jeune fille n’en avait fait qu’à sa tête, comme d’habitude.
Depuis son enfance, elle obéissait gentiment à ses grands-frères. Lily était polie, Lily était gentille, Lily était sage. Mais à l’intérieur, Lily brûlait, Lily était révoltée. Lily voulait être Lily et non plus la fille de Harry Potter, l’élu, le sauveur; la soeur d’Albus, le brillant élève et James le célèbre attrapeur. Elle avait toujours suivit le chemin qu’on lui avait tracé, meilleure élève, préfet en chef. Aujourd’hui Lily commettait sa première bêtise, et ça l’excitait.
***
« Aujourd’hui, nous allons apprendre à transformer un animal en coupe… commença la vieille McGonagall face à tout le monde.
- C’est scandaleux, mon père a appris à le faire en deuxième année! »
Lily se tourna vers son cousin aux cheveux roux, repensant à cette terrible (et incroyable drôle histoire) que son oncle Ron leur racontait souvent: le jour où il avait transformer son vieux rat en une coupe poilue. La jeune fille sourit en secouant la tête de gauche à droite, continuant de gribouiller dans le coin de son parchemin.
« Sa baguette était amochée Hugo…
- Amochée! Pas du tout! Elle était cassée en deux, est-ce que tu te rends compte, cassée en deux!
- Monsieur Weasley s’il-vous-plait, l’interrompit la vieille professeur, si vous avez quelque chose à dire, veuillez le partager à la classe entière. »
Le visage d’Hugo tourna au rouge pivoine alors que Lily soupira. C’était toujours pareil avec lui, il fallait constamment qu’il attire l’attention. Dernière elle, des ricanements la firent se retourner et elle pu voir Malefoy et Nott se moquer en les regardant.
Il ne manquait plus que ça.
« C’est typique des roux… de rouspéter. »
Lily n’en croyait pas ses yeux, cet abruti venait-il sérieusement de dire ça? En plus d’être arrogant, le blond était d’une stupidité sans borne.
« Alors Potter, ça ne te fait pas rire?
- Ta bêtise est franchement plus triste qu’autre chose, rétorqua t-elle.
- Certainement parce que tu n’as pas d’âme. Il se pencha sur son bureau afin d’approcher sa bouche de l’oreille de la jeune fille qui s’était retournée pour écouter le cours. Regarde le positif Potter, si tu meurs tu ne risques rien. »
La jeune rousse frissonna des pieds à la tête. Si elle mourrait. Malfoy venait de faire référence au serment inviolable, aussitôt, son poignet la démangea. Elle baissa les yeux vers le filament doré qui dansait sur son avant bras. C’était magnifique, ensorcelant. Le tracé était invisible aux yeux d’autrui mais elle, elle ne voyait plus que ça depuis hier.
Comment une chose si mauvaise pouvait elle être si belle?
La réflexion s’appliquait nécéssaire au jeune homme derrière elle qui attendait qu’elle réponde, ce qu’elle fit sans lui accorder un seul regard.
« Ça te plait, n’est-ce-pas Malfoy?
- Tu n’imagines pas à quel point ma belle.
- Tu es tellement malsain, murmura t-elle en fixant le bois usé de son bureau, énervée. »
Un ricanement fit office de réponse alors qu’un garçon de septième année provenant de Serdaigle venait de faire exploser son crapeau avant de s’évanouir. Scorpius et son acolyte explosèrent de rire alors que la vieille professeur de métamorphose, gardant son calme, demanda à tout le monde de rejoindre sa maison. Les cours du jours étaient banalisés.
Tout sourire, Hugo entassa à la hâte ses parchemins en parlant à Lily de tout le retard qu’il avait dans ses examens. Mais Lily n’écoutait absolument pas, ou bien hochait quelque fois la tête.
« … et donc tu pourras me le prêter? Hé Lily, Lily?
- Pardon?
- Je te demandais si tu pouvais me prêter ton cours de défense contre les forces du mal, j’ai perdu mes notes dans mon dortoir.
- Oui oui, lui assura t-elle en mettant sur sac sur son épaule, pensive.
- Tu es certaine que ça va? Tu as l’air toute bizarre, c’est à cause d’hier?
- Hier? Lui demanda t-elle en plissant les yeux.
- Ouais, ta gueule de bois tu sais?
- Ah oui. Certainement. Je suis fatiguée c’est tout. »
Suivant la file d’élèves, il sortirait dans le couloir en marbre du premier étage. L’une des conditions du serment était qu’elle ne devait en parler à personne, or hier, avant que le sort ne soit lancé, elle en avait touché deux mots à Hugo. Cela changeait-il quelque chose? Elle pourrait peut-être relancer le sujet tout à l’heure….immédiatement sa marque la piqua brutalement, ce qui la fit sursauter…Visiblement la réponse était non. Personne, c’était véritable personne.
Il était 14h et elle avait prévu de retrouver Mary pour travailler un peu dans quelques minutes. Retrouver une vie normale lui ferait du bien. Ses amis étaient, sans nul doute, la meilleur chose qui pouvait lui faire oublier les bêtises de Scorpius. En parlant du loup…
Un main agrippa sa cape alors qu’elle allait tourner à gauche et aussitôt, son corps fut projeté durement contre la pierre glacée d’une salle de cours vide. Un gémissement de douleur lui échappa que la poigne de fer de l’individu serra de nouveau son bras. Son corps allait finir couvert de bleus…
« Je peux savoir ce que tu fous Potter? La voix incandescente de Malfoy la transperça, presque autant que ses yeux de diamantines.
Pourquoi fallait-il qu’il soit si stupide, si méchant, si lui même? Autrement, Lily le trouverait vraiment attirant. Cette réflexion la dégoûta, a peine était-elle entrée dans sa tête.
- Et moi je peux savoir de quoi tu parles? Et puis lâche moi bon sang tu me fais mal!
- La marque petite idole, la marque m’a brûlée! Qu’est ce que tu as fait pour qu’elle réagisse?
Les yeux verts de la jeune femme s’écarquillèrent. Comme ça, si elle faisait quoi que ce soit, Malfoy le sentait aussi? Intéressant.
- Je ne te savais pas si douillet dis moi, alors comme ça, il ne suffit que d’une petite brûlure pour te faire perdre la tête? Si l’école savait…
- Espèce de…
- Et bien quoi? Demanda Lily, un sourire satisfait aux lèvres. Le provoquer était si bon. Tu as peur « petit idiot »? »
Le visage du Sepentard prit une couleur foncée, se mariant à merveille avec l’oeil au beurre noir qui l’habillait déjà. Ses yeux transpiraient la violence et son corps tremblait.
Il détestait cette fille. À ses yeux, elle représentait tout ce qu’il haïssait dans ce monde.
Depuis qu’il était gosse, son père l’avait élevée avec cette haine des Potter et des Weasley. Ces individus lambda qui s’étaient pensé les maîtres du monde. Il détestait cette famille célèbre, lorsque lui, lui n’était rien. Ou si, il était un « Malfoy » . Il était l’hériter d’un lâche et d’un peureux.
La colère qui l’habitait était si forte que Scorpius écrasa son poing contre le mur. Non pas qu’il voulait protéger la fille, mais simplement éviter une énième punition. La jeune rousse sursauta, ses yeux brillant de peur.
Cela faisait 7 ans qu’il se construisait une réputation immaculée: il était beau, excellent scolairement et sur le terrain de Quidditch, tout simplement parfait. Les gens de sa maison le respectaient et les autres le craignaient. Les filles étaient à lui et tout le monde voulait s’attirer ses faveurs. Pourtant l’héritage de son nom lui donnait envie de vomir.
Un frisson le fit revenir à la réalité et ses yeux transpercèrent ceux de Potter.
« Je te préviens Potter, ne joue pas à ce jeu avec moi ou bien c’est ta jolie figure de rouquine qui sera couverte de sang. Il s’approcha de son oreille, se délectant du tremblement imperceptible de son corps frêle. Il avait bien une tête de plus qu’elle. Je vais te détruire Potter, je vais anéantir la moindre d’once de respect que tu as pour toi. J’ignore ce que tu as foutus avec la marque, et en fin de compte je m’en fou. Ta vie n’a absolument aucune valeur à mes yeux. Tu n’es rien d’autre qu’une poussière sur mon veston. Tu es insignifiante. Je vais te faire payer tout ce que ta saloperie de famille a fait subir à la mienne. Et une fois que j’aurais terminé, il ne restera rien. Tu m’entends? Il ne te restera rien. »
Le blond se décolla de la rousse et remit en place son costume noir impeccable. La fureur sur son visage le rendait incroyablement beau. Ses yeux parcoururent la silhouette face à lui tel un rapace admirant sa proie. Elle était si terrifiée que ça ne valait même pas la peine de continuer.
Lily Luna Potter serait son salut.
Cette petite idiote parachèverait son entreprise.
Pour la première fois depuis hier il voyait parfaitement comment utiliser ses trois voeux. Il allait l’entrainer dans le monde le plus noir possible, il allait la détruire. Enfin, un Malfoy aura anéanti un Potter. Ça serait ça, son héritage.
« Dégage avant que je ne décide de commencer à utiliser mes voeux contre toi. Crois moi, tu n’as envie que je choisisse alors que je serais capable de t’ordonner de te foutre en l’air. »
La menace était des plus sérieuses. Mais Scorpius aimait jouer. Il fit un pas vers elle ce qui la fit filer en un éclair. Satisfait il l’était, et ce malgré la colère qui régnait encore en lui.
Lily sortit en trombe dans le couloir et courut autant que ses jambes lui permirent. Son corps était vidé. Jamais elle n’avait eu si peur de quelqu’un. Jamais. S’appuyant contre un mur, elle vomit le peu de bile qui lui restait encore avant de s’écrouler contre la tapisserie d’en face.
Elle venait de réaliser.
Ce n’était pas un jeu.
Le vert et argent ne comptait pas juste l’humilier.
Scorpius Hyperion Malfoy serait sa perte.
Author's Notes:
Chers tous ! Voilà voilà la suite de l'histoire après tout ce temps. N'hésitez pas à partager votre impressions (je n'attends que ça aha) !
« Malfoy a fait quoi! »
La voix d’Hugo brisa le silence nocturne de la Salle Commune des Gryffondor où les trois amis étaient réunis, affalés sur les canapés rouge et or. La journée avait été longue et Lily, quoi qu’elle en dise, avait croisé les doigt pour ne plus croiser le jeune blond après cette joute verbale d’une violence extraordinaire qui les avait opposés plus tôt. Son voeux satisfait, Malfoy avait disparu des alentours depuis. Le moment venu de dîner dans la grande salle, de nouveau, elle n’avait pas croisé les yeux translucides du serpent. Et, étrangement, cela la contrariait. Enfin, jusqu’à ce que sa meilleure amie ne remarque le bleu sur son poignet.
« Il m’a pris par le bras pour que nous ayons une… discussion, soupira Lily en jouant avec les franges d’un coussin.
- Lily regarde ton poignet! Tu devrais aller voir un professeur!
- Et m’attirer encore plus de problèmes? Non merci.
- Mais Lily il n’a pas le droit de te faire du mal! La voix d’Hugo débordait d’indignation. Et si ton père l’apprend…
- Mon père n’apprendra rien. »
Les yeux verts, identiques à ceux de son célèbre paternel, foudroyèrent son cousin et son amie. Si Harry Potter apprenait que Malfoy avait posé la main sur elle, la vieille querelle qui opposait son père au sien serait ravivée. Personne ne la touchait. C’était une règle silencieuse depuis toujours chez les Potter-Weasley. Mais encore, si ses frères s’en mêlaient, elle n’imaginait même pas le visage du blond après leur rencontre…
Mais qu’en avait-elle à faire de ça.
Il mériterait bien de voir sa petite tête de fouine se faire démolir.
« S’il-vous-plait, leur dit-elle en faisant la moue, n’en parlez pas, je veux régler ça moi même. »
Hugo et Mary hochèrent la tête en soupirant, loin d’être en accord avec leur amie, mais ils respectaient son choix. Quelques minutes plus tard ils allèrent se coucher.
Allongée dans son baldaquin, Lily se tourna, se retourna en se reformulant les paroles du Serpentard.
« Je vais te détruire Potter, je vais anéantir la moindre d’once de respect que tu as pour toi »
Un frisson la parcourue des pieds à la tête.
« Je vais te faire payer tout ce que ta saloperie de famille a fait subir à la mienne. Et une fois que j’aurais terminé, il ne restera rien »
Elle le détestait, viscéralement et ce depuis le premier jour. Tout avait bien commencé pourtant, ils avaient discutés, s’étaient amusés dans le train à l’aller et puis plus rien.
Elle se rappela leur première année à Poudlard, quand il l’avait fait tomber salement dans les escaliers après avoir entendu son nom pour la première fois.
En deuxième il lui avait jeté un sort de hoquet absolument horrible pendant 24h.
En troisième il avait raconté à tout le monde qu’elle avait tapissé son dortoir des photos de son père et se vantait ci et là de sa célébrité.
En quatrième il avait coloré ses cheveux en bleu pendant toute une journée.
En cinquième elle n’avait eu droit qu’à des remarques affligeantes, signe qu’il avait mûri.
L’an dernier, il l’avait ignorée d’une façon magistrale. Elle avait cru alors qu’ils arriveraient à vivre en collectivité.
Au fond tout était question d’étiquette. Elle haïssait la sienne et vice versa.
***
Le lendemain matin, un orage d’une violence inouïe réveilla la jeune fille en sueur. Le souffle cours, sa main portée à sa gorge, elle regarda le dortoir endormie, paniquée. Toutes ses nuits allaient elles ressembler à ça? Elle se souvint alors du visage glacial d’un blond séduisant, envoutant, d’une poigne de fer qui la blessait, d’un tatouage qui la brûlait… Le souffle court, Lily courut aux toilettes vomir le peu qu’elle avait mangé la veille.
Même la nuit, le visage impassible de Malfoy s’imposait dans son esprit. Ses menaces de la veille avaient révélées en elle cette vieille angoisse de la solitude, du retrait. Cette peur qu’elle avait d’évoluer dans l’ombre de ses parents puis de ses frères. Elle, Lily Potter était la petite soeur de, la fille de, mais jamais reconnue en tant que telle… Son corps exténué était traversé par la peur constante de n’être finalement rien; le vide qui froissait ses tripes le lui rappelait constamment.
Et cette décision de Malfoy, ce besoin de la détruire… peut-on détruire ce qui n’existe pas?
Quelques heures plus tard, vêtue de son uniforme parfaitement repassé et agencé, ses cheveux roux bouclés retombant parfaitement dans son dos, Lily avait de nouveau enfilé le masque. Assise dans la Grande Salle en train de boire son jus de citrouille, Lily écoutait Hugo et Mary se battre au sujet d’un devoir de Défense contre les Forces du Mal.
« Comment ça l’Experlliarmus est moins puissant que le Lévicorpus ?
- Mais je t’assure, s’époumona Hugo, avec ton sort tu désarmes ton adversaire, avec le mien tu l’envoie valdinguer en Bielorussie !
- N’importe quoi! Hé Lily, t’en penses quoi toi ?
Les deux visages de ses meilleurs amis se tournèrent vers elle d’un coup, la prenant de court.
- Et bien …
- Tiens donc Potter t’as l’air en pleine forme dis donc, j’espère que tu es prête pour le cours de Potion de tout à l’heure, tu vas adorer ce que j’ai préparé.
Devant eux, 1m90 d’arrogance suivie de Nott et des jumeaux Zabini les regardait d’un air amusé. Après la démonstration de la veille, le jeune blond se sentait définitivement mieux et décidé à mettre en marche ses plans, lesquels avaient été planifiés minutieusement toute la nuit. S’empourprant Lily le fusilla du regarda. Les yeux gris-bleu de son homologue ne laissaient place à aucun doute possible, il faisait référence au premier voeux. Le coeur de la jeune fille s’emballa et une myriade de commentairess salés lui vinrent en tête pour dégager le garnement et sa clique d’imbéciles.
- Ne te sens surtout pas obligé de venir me saluer le matin Malfoy, j’aimerais garder mon appétit.
- Jeuner ne te ferait pas de mal Potter t’en fait pas.
Ses yeux de serpent balayèrent le corps frêle de Lily avant de faire demi tour et de déguerpir sous les ricanements de ses amis. Furieuse, Lily repoussa son repas et posa sa tête sur ses bras: jamais au grand jamais elle n’allait pouvoir tenir. L’indifférence du jeune homme à son égard l’an dernier lui manquait. Un monde sans Malfoy pour lui envoyer des piques et des réflexions lui manquait terriblement. Le bras d’Hugo se posa sur les épaules de sa cousine pour apaiser les pensées qu’il savait en train de lui torturer le cervelet.
- Cet abruti ne mérite absolument pas que tu te prennes la tête !
- Cet abruti comme tu dis est mon binôme en Potion Hugo, si monsieur veut me faire exploser il n’aura pas de mal à le faire…
- Lily voyons je t’ai connue bien plus coriace ! s’exclama Mary en lui adressant un grand sourire. Où est passé le courage de Gryffondor dont t’es si fière hein? Depuis quand ce petit vantard de Malfoy peut donc t’atteindre aussi facilement?
« Depuis que je suis épuisée de fatigue » grogna le rousse en soupirant.
- Bon sur ce, je vais affronter l’ennemi avant de me prendre une retenue pour retard. Souhaitez moi bonne chance….
Empoignant son sac, la rousse prit la direction des cachots en trainant les pieds. Mary avait raison. Jamais la jeune fille ne s’était tant laissée abattre. Un éclair de courage illumina son être. Elle était Lily Potter par Merlin ! Certes, elle était une version névrosée et abattue de Lily Potter mais tout de même. Oui, la réputation des hommes de la famille l’entravait dans un rôle mais rien ne l’obligeait à baisser les bras. Un sourire naquit à la commissure de ses lèvres. Dès aujourd’hui Lily allait se battre contre l’idiotie de Malfoy. Peu importe cet immonde serment qui la liait à lui, elle n’allait surement pas lui laisse la tâche facile.
Alors qu’elle pénétrait dans la salle potion, la jeune fille repéra immédiatement le serpentard assit devant sa paillasse en train de lire un chapitre de son manuel de potion. Son air studieux mit Lily hors d’elle, pourquoi était-il si décontracté et elle non ? Le moment était parfait, le professeur n’étant pas encore arrivé. D’un pas assuré, motivée par l’encouragement de sa meilleure amie et par une force invisible qui brûlait en elle, Lily se posta devant lui, laissant tomber son sac à sa place ce qui fit relever la tête intriguée du blondinet.
- Écoute moi bien Malfoy, commença t-elle d’une voix sévère mais suffisamment basse pour que personne n’entende, j’ai bien compris ton souci. Tu t’ennuie tellement que ce petit jeu là t’éclate. Mais clarifions les choses, même si j’ignore ce que tu prépares, sache que tout ce que tu feras, je te le retournerai fois cent. Tu veux me détruire, je t’anéantirai.
- Oh Potter, tu me fais rire tu sais, dit-il en fermant son manuel avec précaution. Ses yeux devinrent tout d’un coup bien plus froids, bien plus gris ce qui pétrifia la jeune fille sur place. Comment comptes tu retourner les coups que je vais t’infliger si tu n’es plus en état de le faire?
- Tu n’arriveras pas à me faire du mal Malfoy.
- Mais Potter bien sûr que si. C’est bien trop facile de t’atteindre.
- Tu ne sais rien de moi.
- N’importe qui peut te cerner. Tu es transparente, un véritable livre ouvert. Tu as trois piliers ma chère: ton intégrité, ta réputation, ta famille. Si je détruit ces trois piliers, tu n’es plus rien. Un jeu d’enfant. A la rigueur c’est même trop facile mais bon… tu n’es qu’une fille.
Un sourire amer colora les lèvres pleines du Serpentard et un frisson parcouru l’épiderme de la jeune fille sur le point d’exploser de rage.
- D’ailleurs, trêve de bavardage et commençons maintenant. Pour mon premier voeux je veux que tu ….
D’un même mouvement le regard de Malfoy se figea à celui de Lily. Leur tatouage s’illumina d’un coup en même temps et une brulure intense secoua leurs deux corps avant d’être remplacé par un sentiment de bien-être incroyable. Lily, sur le point d’envoyer balader Malfoy dû s’arrêter, fascinée par les mouvements qu’opéraient le tatouage dû au serment. Jamais elle n’avait ressenti pareil sentiment: son bras chauffa d’un coup et la chaleur que prodiguait les courbures dorées de son avant bras se propagèrent jusqu’à son coeur, ses poumons, toute sa poitrine. De son côté, cette même sensation de plénitude pénétra dans l’abdomen du garçon.
- Tu le sens aussi?
- C’est ….
Les yeux verts de Lily interrogèrent ceux gris étonnés de Malfoy un court instant avant qu’il ne se renferme dans sa carapace impénétrable de prédateur. En dépit de cette sensation indescriptible qui semblait pour la première fois apaiser les douleurs de son corps, le jeune homme ne pouvait se permettre de perdre de vu son objectif final. Reprenant ses esprits il se focalisa sur Lily dont l’expression de son faciès semblait encore focalisée sur les dessins dorés. Ses yeux brillaient d’une lueur inconnue et ses lèvres formaient un petit o d’incompréhension. Elle était…
Pour la première fois, il l’a regarda vraiment.
Ressaisi toi - tu n’es pas là pour regarder - AGIS
- Je veux que tu fasses exploser cette pièce.
Deux orbes vertes s’écarquillèrent.
- Pardon?
- Je veux que tu fasses exploser cette pièce, répèta Scorpius, un sourire malsain aux lèvres. Ce n’était absolument pas ce qu’il avait prévu mais le redire l’assura de la clairvoyance de son choix. Sainte Potter allait devoir sortir de sa zone de confort, se mettre en danger, il avait hâte de voir ça.
Sur ce, le tatouage arrêta de briller, la chaleur se dissipa, la douce sensation qui les portaient tous les deux disparue.
Lily redescendit sur terre.
Elle était en face de Malfoy, le cours de potion était sur le point de commencer, il venait de faire son 1e voeux.
- Je…
- Tu n’as pas le choix j’ai invoqué mon voeux. Ou tu le fais, ou tu meurs - ce qui me remplirait de bonheur mais serait franchement décevant.
- Mais…
- Oh non, tu baisses déjà les bras? ricana le serpent.
- Bien, assez vous tous et ouvrez votre livre page 176, s’exclama le professeur Moore en entrant dans la salle, coupant net les protestations de la jeune fille. Allez allez. Potter qu’est-ce que vous faites encore debout? 5 points de moins pour Gryffondor.
Bouchée bée, Lily s’assit tel un robot à côté d’un Malfoy qui rayonnait. Son esprit venait d’être court circuité. Comment ça elle devait faire exploser la salle? Son regard effrayé balaya la pièce - avec tout le monde ?? Un goutte de sueur perla sur son front, son coeur s’accéléra progressivement. Dans le meilleur des cas elle se ferait renvoyer, dans le pire des cas… elle avala de travers et s’étouffa doucement. Par merlin, il n’y avait aucun issue possible.
Un morceau de parchemin atterri devant elle, elle le déplia pour y trouver l’écriture soignée et légèrement penchée de son perfide voisin.
Tu as 15 minutes. -SM
C’est impossible, je ne peux pas faire exploser la salle avec tout le monde à l’intérieur !
Ton intégrité Potter souviens toi- c’est non négociable. -SM
Un coup d’oeil à sa montre et Lily prit une grande inspiration.
Elle n’avait pas le choix - elle le sentait.
Le tatouage avait bu les paroles de Malfoy, s’était nourrit du voeux.
La chaleur qui était montée jusqu’à son coeur, avait enrobée sa poitrine, avait scellée son destin.
réfléchie.
réfléchie
REFLÉCHIE.
Moore lisait à voix haute les instructions de la potion en cours.
Malfoy la regardait d’un air amusé, indéchiffrable. Diabolique.
Elle ne pouvait se permettre de mettre la vie en danger de ses camarades, alors, mue par une brillante idée, elle se leva à la suite des autres élèves pour chercher les ingrédients nécéssaire à sa potion. Elle allait faire exploser la salle de potion, exactement comme Malfoy le lui avait demandé mais avant ça, elle allait la faire évacuer. Après tout, ses paroles ne précisaient en rien si celle ci devait être vide ou non…
- 7 minutes Potter, lui lança Malfoy en lui glissant un clin d’oeil tout en commençant à ajouter les premiers ingrédients à leur potion.
Foutu binôme.
Lily le fusilla du regard.
- Pourquoi ça t’amuse autant au juste ?
- Parce que ça te torture, qu’est-ce-que tu crois?
- Tu es infectes.
- Et toi mourante, il te reste 5 minutes.
La rousse continua sa potion avant de rajouter de la chlorure d’argent dans la mixture verte-orange que Malfoy mélangeait.
_ Qu’est-ce-que….
Une fumée violette s’échappa du chaudron duquel le jeune homme venait de se reculer. Alerté par l’odeur infâme Moore se retourna vers eux, et, sous les émeraudes satisfaits de Potter, s’égosilla que tout le monde devait immédiatement sortir. Sans attendre, Scorpius attrapa son manuel ainsi que son sac, murmurant ce qui ressemblait à un « bien joué Potter » avant de déguerpir.
Affolés, les étudiants coururent tous en direction de la porte tandis que Lily s’attaqua à la découpe d’une peau de serpent, il ne lui restait que 2 minutes.
- Sortez, allez, que tout le monde sorte avant de vous faire empoisonner par les frasques de miss Potter et Monsieur Malfoy ! Allez allez ! Enchaina Moore en faisant sortir les adolescents. Miss Potter… Misse Potter qu’est ce que vous faites ? Arrêtez immédiatement vous allez tous nous tuer !
Les cris de Moore précipitèrent les gestes de la jeune fille qui, maladroitement, jeta le dernier élément dans le chaudron.
- Miss Potter mais qu’avez vous fait ! La fumée violette fut aussi remplacée par une fumée opaque et noire. Par Merlin mais… Vite vite sortez immédiatement !
Attrapant son sac, la rousse courut hors de la salle. La panique était à son comble et tout le monde courrait dans les cachots. Derrière elle, Moore hurlait son prénom, mais Lily continua de courir affolée. Si tout allait bien, la salle allait effectivement exploser et elle allait être renvoyée de l’école.
1minute à sa montre et ça n’explosait toujours pas.
Son bras se mit a brûler et la douce chaleur apaisante qu’elle avait sentie à l’énonciation du voeux fut remplacée par une douleur lancinante qui montait et qui montait….. Son corps fut alors paralysé et elle dû s’arrêter. À l’abris d’un couloir sombre des cachots, la jeune rousse s’appuya contre le mur. Retirant sa cape, elle vit les courbures dorées du serment se resserrer autour de son avant bras et disparaitre sous sa chemise en direction de son coeur. Son coeur… Son palpitant était affolé. C’est l’arythmie dans le myocarde. Sa tête tournait terriblement, l’air lui manquait. Sur le point de s’écrouler, deux bras la saisirent alors qu’elle allait toucher le sol en pierre. Elle entendit la personne l’appeler mais tout commençait à se brouiller.
Elle avait pourtant été certaine que ça allait fonctionner….
Les deux bras la maintinrent au sol, murmurant des paroles incompréhensibles… On toucha son visage, son cou…
La chlorure d’Argent devant faire fuir les étudiants, la peau de serpent à son contact devait faire exploser la salle une fois vide.
Le souffle lui manquait, sa vue se troubla sur deux prunelles argentées satisfaites.
Boum.
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Author's Notes:
Et de 5 ! J'ai hâte de lire vos retours !!
PS: Je vous conseille d'écouter Intro de The XX (ce bijoux et oui) avec le chapitre !!
Un bourdonnement d’une intensité sans nom tira la jeune rousse de son profond sommeil. Des voix semblaient provenir de tous les côtés, s’immiscer dans sa tête et déclencher des vagues de douleurs dans son cerveau. Difficilement, Lily ouvrit les yeux mais aussitôt la lumière du jour la fit renoncer. Son corps, dont elle reprenait conscience petit à petit était tant ankylosé qu’elle ne savait pas encore comment elle allait faire pour bouger.
Par Merlin, mais qu’il s’était-il passé?
« Mais que s’est-il passé bon sang! s’exclama une voix nom identifié dans la tête de la rouquine
- C’est une excellente question Minerva mais ce jeune homme refuse de répondre tant que Miss Potter sera endormie! s’insurgea à son tour le professeur Moore.
Péniblement, Lily ouvrit de nouveau les yeux sur ce qui ressemblait à l’infirmerie. Les murs blancs lui brûlèrent les rétines et déclenchèrent de nouveau une douleur lancinante au niveau de sa tête accompagnée d’un haut le coeur.
- Quand on parle du loup… murmura une voix douce près d’elle.
Bien qu’indéterminée, la voix en question déclencha une vague de frissons chez Lily, la faisant légèrement trembler. Douce, grave, avec des petits accents hautains. Bon sang, elle sentit sous ses vêtements les poils de ses bras se hérisser …. de dégoût ? Excellente question.
Malfoy, assit (et forcé d’y rester) sur une chaise près du lit où reposait le corps frêle de son homologue de potion, regardait la jeune fille se débattre avec le drap blanc que l’infirmière avait posé sur elle.
-Tu es ridicule, lui dit-il sans le moindre tact, levant les yeux au ciel devant ce spectacle affligeant. On aurait dit un bébé têtard dans un filet …
- Je… Qu’est ce qu’il s’est passé?
- C’est aussi la question que nous nous posons Miss Potter, dit sèchement la directrice.
Les petits yeux de McGonagall fusillait les deux adolescents qui lui faisaient face.
- Le professeur Moore m’a rapporté que vous aviez délibérément fait exploser la salle de potion. J’attends de votre part des explications et ce, maintenant.
- Je… Lily regarda autour d’elle et se souvint alors des événements récents.
Le cours de potion, l’arrogance de Malfoy, la marque, le voeux, l’explosion… par Merlin ça avait fonctionné ! Elle n’était pas morte ! Un énorme sourire naquit sur les lèvres de la jeune femme, sourire motivé par une poussée d’adrénaline sans précédent. Son plan avait fonctionné avec brio ! Personne n’avait été blessé, la salle avait belle et bien explosée et… ses yeux se figèrent sur les marques dorées du tatouage sur son bras.
Bien moins importantes qu’auparavant, les marques bougeaient lentement sur son avant bras. Aucune chaleur, aucune douleur, rien. Plus les voeux avançaient plus elles disparaitraient. Plus que deux et Lily serait libre, enfin pour l’instant…
- Miss Potter pourriez vous nous expliquer ce sourire satisfait sur votre visage? Je ne suis pas certaine que vos parents abordent le même air quand ils apprendront…
- Oh professeur je vous en prie, ne dites rien. Je vous prie de m’excuser, j’ai fait une terrible erreur avec ma potion. Jamais je n’ai pensé que…
- Ah ! Donc c’est bien vous Miss Potter ! Moore lui lance un regard ébahi. Je n’en crois pas mes oreilles Miss Potter, vous me décevez énormément. Vous rendez-vous compte du danger que vous avez fait courir à vos camarades! Non mais …
- Charles s’il-vous-lait, l’interrompit la directrice en touchant son épaule d’un geste amical. Il est vrai Miss Potter que nous sommes tous très déçu de votre comportement. 50 points en moins pour Gryffondor et une semaine de retenue. Maintenant nous allons vous laisser.
La directrice se retourna, accompagnée du professeur de potion lequel continuait de grommeler dans sa barbe qu’à une autre époque, la jeune fille aurait été exclue. Toutefois, avant de passer la porte, la directrice fit volte face et jeta un regard perplexe à Malfoy au-dessus de ses lunettes.
- Sachez monsieur Malfoy que je vous tiens malgré tout à l’oeil.
La porte close, le jeune blond pu enfin se lever du siège où il avait dû rester de nombreuses minutes. S’étirant sous le regard inquisiteur de Lily, Scorpius reprit son sac, négligemment posé par terre et se dirigea vers la porte à son tour.
- Pourquoi tu étais là ? s’étonna alors Lily tout en s’asseyant à son tour, les yeux fixés sur le dos du Serpentard qui ne prit pas la peine de se retourner vers elle pour lui répondre.
- Il fallait bien que je m’assure que tu ne baves pas aux professeurs d’où te venait l’idée.
- Mais enfin… ça fait parti du serment que je ne puisse pas en parler Malfoy…
Haussant les épaules d’un air désinvolte, le blond franchit la porte et laissa Lily seule dans l’infirmerie. Enfin… quelques secondes plus tard Mary et Hugo entrèrent avec fraqua dans la pièce et se jetèrent sur la rouquine.
- Par Merlin Lily j’était morte d’inquiétude! s’étrangla Mary en la serrant fort, trop fort même, contre elle sous les approbations de son cousin. Nous avons entendu la salle de Potion exploser et puis il y avait des rumeurs disant que tu étais impliquée…
- Mary, Mary je t’assure que ça va je…
- Je suis sûr que ce n’est pas de sa faute! la coupa Hugo en faisant les cent pas. C’est encore lui n,’est-ce-pas ? j’en suis certain, sa démarche satisfaite me rend fou, Arg si James savait il le tuerait …
- Non mais Hugo ce n’est pas de sa …
- Faute ? Pas de sa faute? mais enfin Lily pourquoi irais-tu faire exploser une salle de cours? Toi surtout !
- Je …
- Non vraiment, je ne tiens plus, cet abruti d’albinos va trop loin ! Si la surprise dont il parlait ce matin c’était de te faire renvoyer je …
- HUGO STOP ! Lily fit de grands gestes pour lui faire arrêter sa diatribe. Je vais bien ok et c’est de ma faute je me suis trompée dans ma potion, mentit-elle à son cousin.
Mentir, la jeune fille se décomposa, elle en avait horreur. Toutefois, elle ne pouvait faire autrement: comme elle l’avait rappelé à Malfoy, ne rien dire était l’une des conditions inaliénable du serment. Malfoy… l’esprit de Lily divagua quelques secondes du côté du jeune homme blond aux yeux de diamants. Pourquoi était-il présent lors de son réveil? Et puis, que s’était-il passé dans ce couloir exigu des cachots où la douleur du tatouage avait été tel qu’elle avait perdu conscience? La seule chose dont elle se souvenait était la présence de deux bras inconnus qui l’avaient retenus de s’écraser sur la pierre poussiéreuse du couloir. Se pourrait-il ? Non certainement pas. S’il s’agissait des bras de Malfoy, Lily était prête à parier qu’il l’aurait jetée dans un lieu oublié ou bien qu’il l’aurait piétiné.
- Lily ?
- Oui pardon je pensais à autre chose., s’excusa-t-elle. ça vous dit que l’on rentre à la Salle Commune? Je me sens beaucoup mieux.
Hugo fronça les sourcils et aida sa cousine à se redresser.
Quelque chose clochait et il comptait bien découvrir quoi.
***
Une semaine plus tard, le premier match de Quidditch de l’année allait opposer Gryffondor à Serdaigle. Les deux maisons n’étant pas particulièrement ennemie, l’ambiance au château était bien plus enjouée que compétitive. A la table des rouges et or, Lily, d’ores et déjà en tenu s’apprêtait à partir en direction du terrain lorsqu’Aaron Hodkings, un Serdaigle de septième année, renversa maladroitement son jus de citrouille sur les cheveux de la même teinte de la jeune femme.
- Non mais j’hallucine… s’enflamma Lily en se levant, furieuse.
Le jeune homme aux cheveux noirs et aux yeux bleus, ne pu se retenir de rire, tout comme la moitié des élèves présents dans la Grande Salle pour le petit déjeuner.
- Mon dieu Lily, je suis …
- Désolé ? Stupide ?
- Euh ouais… écoute… tenta-t-il face à la rousse qui essorait ses longs cheveux en grommelant, pour me racheter tu veux aller boire une bière au beurre avec moi après le match ?
Bouche bée, Lily regarda Aaron intriguée tout en attachant ses cheveux en queue de cheval. Elle l’avait déjà vu plusieurs fois dans les couloirs la regarder, bien qu’elle avait toujours pensé qu’il dévisageait Mary. Très mignon, batteur de l’équipe de Serdaigle, il était l’opposé exact de Malfoy: gentil, bien élevée, intelligent… Cependant, le jeune homme avait ruiné ses cheveux et l’avait humiliée devant toute la Grande Salle par conséquent…
- Elle accepte volontiers, mais attention, elle ne te fera aucun cadeau sur le terrain! intervint Hugo, lui-même batteur pour les Gyffondor.
- Génial! Bon courage Potter, on se voit pendant le match et encore désolé pour tes cheveux, c’était involontaire… s’excusa de nouveau Aaron avant de fuir certainement vers le terrain, charrié par ses coéquipiers.
- Hm c’était quoi ça ?
- Oh Lily tu ne peux pas m’en vouloir, plaida Hugo en lui adressant un sourire enjoué, tu es tellement colérique ces derniers temps à cause de Malfoy et de ses idioties que sortir un peu te fera le plus grand bien! Et puis, entre nous, Aaron est canon !
Les trois amis explosèrent de rire tout en prenant la direction du stade à leur tour. Sur le chemin, Mary et Hugo n’eurent de cesse d’interroger Lily sur ce qu’elle pensait du jeune homme de Serdaigle. De son côté, la jeune fille ne pouvait qu’admettre que cette sortie lui ferait le plus grand bien. Depuis sa rupture avec Dean Brown de Gryffondor l’an dernier, elle n’avait eu aucun rancard et j’avais fréquenté aucun garçon. Enfin sauf Malfoy mais leur rencontre et ce qui les unissait l’un à l’autre n’avait absolument rien de romantique.
Une fois Mary partie s’installer dans les gradins rouge et or, Hugo et Lily allèrent rejoindre leur capitaine pour revoir une dernière fois la stratégie mise en place contre les Serdaigle. Lily avait toujours désiré devenir capitaine de l’équipe, comme James et Albus ou bien avant son père, mais son traître de grand frère avait l’an dernier choix meilleur héritier. Enfin, « meilleur » tout est relatif. Albus avait alors considéré que ça petite soeur n’allait pas pouvoir supporter tant de pression, entre les stratégies à mettre en place et les ASPICS à la fin de l’année… Foutaise. Lily avait largement les épaules d’une meneuse, et, de son côté, elle fomentait déjà son coup d’état pour devenir capitaine bien que celui-ci n’aboutirait certainement pas.
Sur le terrain, le match fut une véritable réussite pour les rouges et or. Son talent, la jeune femme le devait à son père, lui-même attraper de génie. Voler avec quelque chose de libérateur, sentir l’air fouetter violemment son visage avait l’effet d’une douche froide pour la rousse: à coups de brise automnales, ses soucis disparaissaient. Ni Malfoy ni son stupide Serment Inviolable ne pouvait l’atteindre aussi haut dans le ciel. Et enfin, Lily était heureuse. Car, lorsqu’enfin elle parvint à attraper le vif d’or sous les yeux de l’école, c’était elle et non pas James, Albus, Ginny et Harry que l’on félicitait: c’était Lily. C’était son prénom que l’on scandait dans les gradins et son visage heureux que l’on voyait. C’était uniquement durant ce petit laps de temps que Lily n’était plus vide.
***
« POTTER ! POTTER ! »
A peine la rouquine était-elle sortie des douches que ses coéquipiers accompagnés de ses camarades l’étreignaient en la félicitant.
- Wow tu les as terrassés c’était dingue ! s’égosilla Mary, le visage couvert de peintures rouge et or. Je n’arrive pas à croire que tu réussis à faire tomber Mitchell de son balai !
- Oui enfin il s’est rattrapé au dernier moment ! enchaîna Hugo en ouvrant la porte de la salle commune totalement blindées d’adolescents en train de chanter, crier et boire.
Sans plus attendre Hugo comme Lily fut accueilli par des exclamations de joie de la part de leurs camarades Gryffondor. Dans la minute, la jeune fille fut munie d’un gobelet rouge remplie de ce qu’elle identifia comme de la bière au beurre. Tout rire, elle bue, saluant les uns et les autres, dansant un peu sur les musiques nouvelles qu’un élève de sixième année commençait à diffuser sur des enceintes géantes. l’ambiance était géniale, la victoire de l’équipe rendait absolument tout le monde heureux.
Vers 18h, munie cette fois ci de deux gobelets, la jeune rousse sortie de la salle commune en direction de celle des Serdaigle, un sourire mutin collés aux lèvres. Bien qu’ayant perdu, elle espérait qu’Aaron serait toujours d’accord pour boire ce fameux gobelet. Ironie du sort, c’est lui qui le lui devait et c’est elle qui allait le lui offrir.
Au détour d’un couloir - qu’elle ne pouvait bien entendu contourner pour accéder à la tour des Serdaigle - Lily tomba nez à nez avec le groupe tant redouté des Serpentard.
Ameutés, les jumeaux Zabini, Nott et Malfoy se tenaient là à échanger quelques messes basses. Face à l’arrivée de la jeune fille, Nott esquissa un sourire en coin en direction de Malfoy et, sans plus attendre, prit la main de la fille Zabini pour l’amener ailleurs avec lui, suivit de près par le jumeau de celle-ci. Seuls, face à face, Malfoy s’approcha de Lily de son habituel pas traînant.
« Il parait que t’es pas tombée de ton balais Potter, dommage j’avais pourtant parié …
- Lâche moi un peu Malfoy et ôte toi de mon chemin, soupira Lily en lui faisant signe de déguerpir.
Quelques mètres les séparaient à peine et la tension entre eux étaient à son comble. Visiblement le Serpentard ne voulait pas bouger, ce qui agaça d’autant plus la jeune fille. Pourquoi fallait-il toujours qu’il fasse des histoires? Soupirant, elle reprit:
- T’as eu ce que tu voulais non? Je l’ai faite exploser ta putain de salle alors maintenant fiche moi la paix.
- T’as aimé ça, avoue le.
La répartie du blond paralysa la gryffondor. Pourquoi diable disait-il ça. Comment pouvait-elle avoir aimé ça?
- Tu n’es pas sérieux j’espère?
- Je suis très sérieux.
C’était la goutte de trop qui fit déborder le vase.
- Dans ce cas tu n’es qu’un sombre idiot Malfoy ! Tu trouves ça amusant toi de mettre en danger tes camarades? De faire exploser une salle ? De planter un cours alors que nous passons nos ASPICS dans quelques mois? Et puis merde, elle le fusilla du regard, sa voix partant dans les aiguës tant elle était furieuse. j’ai manqué de me faire renvoyer Malfoy ! Non attends, c’est ce que tu veux hein? Bah tu t’en planté ! Mon intégrité va très bien, tout le monde va bien et tu n’es qu’un…
Scorpius explosa de rire, penchant la tête sur le côté, décrivant Lily du regard avec insolence.
- T’as adoré ça et tu n’arrives même pas à le cacher, c’est terrible.
- Non mais faut te le dire en quelle langue espèce d’abruti !
Le regard de diamantine du serpentard foudroya sur place la jeune rousse sous la gifle infligée à son égo.
- Je t’interdis de m’insulter sale gosse, il la regarda de haut en bas dédaigneusement en faisant un pas en avant, t’es tellement hypocrite avec toi même ça me donne envie de gerber. Non mais regarde toi, il fit un pas supplémentaire, t’allais où comme ça ? Voir l’autre abruti de Serdaigle ? Tu crois quoi, qu’il va remplir le putain de vide en toi ?
- Comment tu …
- Comment je quoi ? Comment je sais à quel point t’es vide ? Je te l’ai déjà dit Potter, t’es un livre ouvert. Ta vie est d’une tristesse, ça me donne envie de rire. Il te suffit qu’un inconnu t’accorde un minimum d’intérêt pour que tu rappliques c’est désobligeant. T’es tellement vide, tellement creuse, tellement névr…
Le gobelet parti d’un coup, la seconde suivant, Malfoy était couvert de bière au beurre, le visage écarlate, les yeux grands ouverts. Elle avait osé. Toute tremblante de colère Lily finit pas lui jeter le second gobelet alors qu’il lui attrapait le poignet avec force, appuyant sur l’ecchymose qu’il avait déjà laissé la dernière fois. Il l’a plaqua contre le mur en pierre glacé avec une violence inouïe, dégoulinant de rage et d’alcool.
- Non! Je t’interdis de me toucher ! Arrête! hurla-t-elle en se débattant frénétiquement comme une folle.
- Sinon quoi hein ? Tu vas faire quoi Potter ? Tu vas te plaindre à papa ? Tu me donnes la gerbe regarde toi espèce de …
- Arrête! Je te hais, je te hais, va t-en !
- Fais face merde, regarde toi, t’es tellement faible ! Regarde toi, hurla t-il a son tour à quelques centimètres de son visage ruisselant de larmes. Ce serment c’est tout ce que tu as Lily, t’as rien, t’es rien ! Tes amis c’est ta putain de famille, t’es obligée d’être parfaite pour qu’on t’apprécie! Ses mains broyaient les poignets de la rousse et à présent elle ne savait plus ce qui faisait le plus mal: lui ou bien ses mots. Tu ressens tellement rien qu’il te faut risquer ta vie et celle des autres pour que tut te sentes vivre !
Les mots du Serpentard frappèrent Lily en plein coeur et réveillèrent toutes les douleurs enfouies qu’elle contenait. Fermant les yeux, s’agrippant à lui autant qu’il s’agrippait à elle, elle luttait contre ses démons. Elle était comme folle, hantée par les horreurs qui sortaient de la bouche du garçon contre qui elle se battait mentalement.
- Tu dis n’importe quoi… Murmura t-elle en secouant la tête de gauche à droite
- T’avais raison, tu ne vaux même pas le coup, on détruit pas ce qui est déjà cassé, la provoqua t-il.
Dégouté, Malfoy la lâcha et la regarda tomber au sol sous le choc. La surplombant, il l’observa comme un insecte sous sa chaussure. Le corps frêle de l’adolescente secoué par des spasmes le laissait particulièrement indifférent.
Humain? Non. Blasé? Certainement. Détruire Potter était sensé le faire briller, cette satisfaction qu’il avait de lui faire mal n’avait pour objectif que de nourrir la rancoeur qu’il avait contre sa famille. Mais à quoi bon? Ce n’était une adversaire qu’il avait devant lui, c’était un déchet. Qu’il s’agisse d’amour ou de haine, les observations étaient les mêmes: sans luttes, il n’y avait aucun intérêt.
S’agenouillant devant elle, il releva son menton, et enfin il eut ce qu’il voulait, ce qu’il attendait depuis le début: de la rage. Ses yeux rougis, injectés de sang le transpercèrent de par en par. D’un geste brusque, elle dégagea sa main de son menton et lui envoya une gifle en plein visage.
Déstabilise, Scorpius se redressa difficilement en frottant sa peau rougie, étonnamment plus enjoué qu’énervé.
Vas-y Potter, reprends du poils de la bête. Rends ce jeu intéressant.
Sous ses yeux, la gamine auparavant sur le sol, brisée se releva pour lui faire face. Fasciné, Scorpius la regarda en riant. Cette fille était pleine de ressource finalement. Etait-ce parce qu’il l’avait touchée qu’elle avait décidé de bouger? Est-ce pas ce simple petit contact physique prodigué par une personne qu’elle haïssait qu’elle avait trouvé la force de se reprendre? Son rire se renforce alors qu’elle ramassa les deux gobelets vides sur le sol.
- Tu es fou, lui cracha t-elle en lui tournant le dos.
- Et bien quoi, c’est tout? Pas de coups? Tu renonces? Tu ne vas pas retrouver ton amoureux Potter?
- Va au diable, balança t-elle par dessus son épaule avant de changer de couloir, le laissant comme un con, trempé et riant.
Quelque chose avait changé dans ce couloir.
Abattue sur le sol froid, assaillie par les insultes et les vérités de Malfoy, quelque chose s’était brisé chez Lily mais quelque chose venait de naître aussi. Enfin, elle comprenait, elle savait contre qui elle allait devoir lutter.
Scorpius Malfoy était exactement elle : vide et tourmenté. Et, effectivement, de la façon la plus malsaine qui sois, cette haine entre eux parvenait à remplir leur vide respectif.
End Notes:
Dites moi tout, cette relation S-L, qu'en pensez-vous? Dites moi si vous voulez la suite ;)
Révélation et état d'âme by Stylesorg
Author's Notes:
Bonjour à tous et à toutes ! Merci beaucoup de lire ce nouveau chapitre!
Un grand grand merci pour ma super bêta SumireShann qui fait un travail incroyable !!
N'hésitez pas à me communiquer vos impressions (il y a pas mal de lectures sans review ce qui est un peu dommage...) !
Je vous embrasse, bonne lecture !
Les nuits qui suivirent le fameux épisode dans le couloir des Serdaigle furent tout simplement chaotiques, qu’il s’agisse de celles de Malefoy ou bien de celles de Potter.
Le corps secoué par différents cauchemars tous profondément liés à deux yeux gris, Lily n’avait de cesse de se réveiller en sueur, le cœur battant à cent à l’heure. Au final, alors que sa montre indiquait quatre heures du matin, la jeune rousse fini par renoncer au sommeil et parti s’installer dans un des canapés rouges de la salle commune. Seule face au feu de cheminée qu’elle venait de raviver, elle repensa aux mots acerbes que lui avait craché son pire ennemi.
Il avait découvert, d’une façon qu’elle n’expliquait toujours pas, qu’elle était vide et ce constat la chamboulait. Cette révélation qu’elle avait elle-même faite des années plus tôt relevait de son intimité la plus extrême. Face à ce phénomène, Lily n’avait eu de cesse d’emprunter des masques et d’agir de façon à faire disparaître tous les indices pouvant mener à ce terrible constat : Lily Potter était dans son for intérieur un véritable amas de sentiments inachevés, d’incertitudes, de peurs et de névroses.
Ce qu’elle ressentait ? Par où commencer. Élevée dans l’ombre de ses aînés, Lily, pour se démarquer, avait été tout ce qu’ils n’étaient pas ; James était indiscipliné là où Lily était parfaitement droite et douce ; Albus était un fêtard et Lily un modèle de rigueur. Pourtant, on ne l’avait jamais aimée plus. Elle n’avait jamais été la préférée, celle que l’on attend, celle que l’on réclame. Elle était au contraire la troisième, le bonus, la cerise sur le gâteau. Lily Potter était un accessoire dans sa propre famille.
Cette unique petite phrase lui fit monter les larmes aux yeux. Un accessoire, oui. Même ses grands-parents Weasley qui depuis tant de temps attendaient d’avoir une petite fille à gâter avaient eu Rose avant elle et ses autres cousines.
À Poudlard, Lily était de nouveau la sœur d’un tel, la fille d’un tel et elle n’en pouvait plus. Cette célébrité que certains lui enviaient, elle ne la voulait pas, elle la détestait. Lily avait envie d’être une inconnue, pas une parenthèse dans une bibliographie.
Tout le problème venait de là : Lily aspirait à faire de grandes choses par elle-même. Elle voulait voir le monde, découvrir tout ce qu’il y avait à découvrir, vivre tout ce qu’il y avait à vivre. Et c’est là que Malefoy intervenait : ses espoirs, cet albinos hautain, arrogant, détestable, stupide et argh, elle n’avait plus les mots, était désormais le seul pouvant la priver de ce qu’elle désirait.
Ce foutu serment inviolable qu’ils avaient scellé depuis maintenant un mois et demi était de nouveau la manifestation d’une entrave à son encontre et ça, Lily n’en pouvait plus. Ses yeux embués dessinaient les courbures dorées du tatouage – invisible aux yeux d’autrui sauf de Malefoy – sur son avant-bras. Comment une chose si belle pouvait-elle être si néfaste, si mauvaise, si terrible ? Cette réflexion pouvait facilement s’appliquer au garnement blond qui lui pourrissait la vie.
Vers six heures du matin, Lily remonta dans son dortoir afin de prendre une douche, très longue et particulièrement brûlante. L’eau fit rougir sa peau laiteuse couverte de taches de rousseurs au point de commencer à la brûler, ce qui déclencha un frisson de satisfaction chez l’adolescente. Les limites, flirter avec les limites : elle adorait. Tandis qu’elle enfilait son uniforme elle repensa encore aux paroles de l’horrible Serpentard : avait-elle adoré le 1er vœu qu’il lui avait obligé à faire ? mettre la vie en danger d’autrui, exploser une salle de cours… non, jamais elle ne pourrait aimer ça. Lily était bien trop droite et disciplinée. Toutefois, l’adrénaline qu’elle avait ressentie en restant jusqu’à la dernière minute pour jeter dans le chaudron la peau de serpent… Aaah jamais elle ne pourrait lui donner raison ! Accepter cette odieuse vérité revenait à laisser gagner Malefoy, autrement dit, à lui montrer qu’il avait effectivement détruit son intégrité…
Comme tous les jours, Lily arriva l’une des premières dans la Grande Salle pour prendre son petit déjeuner. Saluant quelques autres âmes matinales, elle alla s’asseoir là où l’attendait son hibou – Jordy – la Gazette du Sorcier posée près de son assiette. Après lui avoir offert un petit morceau de biscuit, Lily congédia le hibou pour commencer à lire les nouvelles du jour. C’était sans compter l’intervention inopinée d’Aaron Hodkings, le batteur de Serdaigle qui lui avait offert de se revoir une semaine plus tôt. Sous l’effet de la surprise, Lily avala de travers son jus de citrouille, ce qui fit sourire tendrement le jeune homme aux yeux bleus océans.
— Je suis vraiment désolé de t’avoir surprise, dit-il en ébouriffant ses cheveux noirs.
— Ce n’est rien, le jus de citrouille est juste à proscrire pendant nos rencontres !
— Justement… on ne s’était pas revu le soir du match, ni après d’ailleurs… J’espère que je ne t’ai pas offensée, je n’avais vraiment pas fait exprès de renverser mon verre…
Lily sourit et l’invita à s’asseoir pour discuter. Bien entendu qu’ils ne s’étaient pas revu ce soir-là puisque Malefoy lui avait barré le chemin avant de l’humilier – et de la blesser – alors qu’elle venait le retrouver.
— Non non, ne t’excuse pas je t’assure. Je voulais venir, mais tu comprends, avec la victoire c’était un peu compliqué de quitter la salle commune.
— Oui je comprends bien. Je me disais, tu sais que l’on pourrait peut-être se planifier un autre rendez-vous ? Qu’est-ce que tu en penses ?
— Parce que c’était un rendez-vous ? demanda Lily, les yeux étincelants, le cœur battant un peu trop vite à son goût.
— Eh bien, ça pourrait l’être, répondit Aaron en lui souriant doucement ce qui fit rougir la jeune fille, si tu ne vois pas d’inconvénient bien sûre.
— Je serai très heureuse de sortir avec toi, Aaron.
— Parfait, dans ce cas disons dans quatre jours, jeudi vers dix-huit heures ? On se retrouve dans la cour carrée ?
— Avec plaisir !
— Génial, bonne journée Lily ! fit-il en se levant, l’embrassant sur la joue sous les yeux brillants de Mary qui venait de s’installer face à Lily quelques secondes plus tôt. Oh salut Mary.
— Salut Aaron, bonne journée ! répondit la concernée, hilare.
Pendant que le jeune garçon s’éloignait et que Mary préparait son interrogatoire, le regard brûlant de Malefoy attira l’attention de Lily, laquelle l’ignora royalement pour afficher un sourire adorable à son amie. Bon sang, cela devait bien faire une éternité qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien.
— Allez je t’écoute, pose-moi toutes tes questions !
— Aaah par où commencer ! Vous avez rendez-vous ? Où ? Quand ? Par Merlin il va falloir que je te prête une robe Lily, hors de question que tu mettes des guenilles pour sortir avec Aaron Hodkings !
— Qui sort avec Aaron Hodkings, s’enquit Hugo en s’asseyant à côté de Lily tout en commençant à se servir du pudding.
— Lily a un rencard !
— Non, enfin !
— Oh arrêtez ça va, répondit la jeune fille aux anges, nous allons juste… je ne sais pas, boire une bière au beurre ou bien nous balader, je l’ignore à vrai dire !
— Mais c’est terrible ! s’exclama Mary en reposant son jus de citrouille sans y avoir touché, comment est ce que je suis censée savoir quoi te prêter comme vêtements si tu ignores où tu vas ?
Hugo et Lily levèrent ensemble les yeux au ciel avant de changer de sujet. Pour la première fois en une semaine les deux amis retrouvaient une Lily souriante et non pas murée dans ses réflexions. De bonne humeur, ils se donnèrent rendez-vous pour manger ensemble à midi, Hugo n’étant pas dans le cours de Défense contre les Forces du Mal des filles.
Toutes les deux portées par un débat sur les robes de couleur jaune (improbable pour Lily qui avait les cheveux roux et recommandée par Mary) ne firent pas attention au groupe de Serpentards qui les suivait, les foudroyant du regard.
Malefoy, dont l’humeur était absolument exécrable depuis quelques jours fusillait la jeune rousse devant lui. Sa chemise avait été ruinée par la bière au beurre qu’elle lui avait jeté en pleine figure, si bien que la seule vue de ses cheveux carotte lui donnait des envies de meurtre. Mais ajoutés à cela son sourire niais et sa bonne humeur absolument nauséeuse, le Serpentard était absolument hors de lui.
Kyle Nott, son meilleur ami depuis toujours, de part le lien qui existait entre son père et le sien, avait remarqué le regard du jeune prince sur la fille Potter, ce qu’il ne manqua pas de lui rapporter :
— Scorpius, arrête on dirait bien que tu vas l’étrangler…
— Si seulement, siffla le blond en consultant sa montre. Ils avaient encore dix minutes avant le début du cours et ils venaient à l’instant de pénétrer dans la salle.
— Qu’est-ce qu’elle t’a fait ?
— Elle respire, c’est amplement suffisant à m’énerver. (Scorpius posa ses affaires sur son bureau en observant du coin de l’œil la rousse s’asseoir au premier rang.) Et puis c’est une Potter, par conséquent j’ai rien à expliquer.
— Calme mec, s’exclaffa Nott en haussant les épaules et s’assit à côté de son meilleur ami, elle t’a fait quoi au juste pour te mettre dans un état pareil ?
Soupirant, Scorpius sorti son manuel et le parchemin qu’ils étaient censés rendre aujourd’hui tout en saluant Alexander et Annabeth Zabini qui venaient de s’asseoir derrière eux. Reportant son intérêt sur Nott, il reprit :
— Cette fille est une véritable catastrophe interne, névrosée au possible. Le but du serment c’est clairement de la faire tomber de son piédestal tu vois, mais comment veux-tu faire tomber un truc qui n’est même pas en hauteur ?
— Attends attends, t’es en train de me dire que miss je suis parfaite est pas parfaite ?
— Miss je suis parfaite est en réalité miss je suis rien du tout, soupira Malfoy en ouvrant son manuel à la page du jour.
— Scorpius tu deviens vraiment trop mou avec le temps mon pote, ricana Nott en lançant un regard mauvais en direction de Potter avant de soutenir les yeux gris intrigués de son meilleur ami. Si Potter est cassée, répare-la. Si Potter n’est pas aussi haute qu’on le pense, reprit-il, fais la tomber quand même. Le but, Scorpius, c’est qu’il ne reste plus rien, c’est bien ce que tu veux non ?
Le blond releva les yeux vers la rousse devant lui. Le sourire qu’elle arborait, l’étincelle dans ses yeux… clairement oui, il restait encore beaucoup à casser. Le serment était un moyen comme un autre de faire aboutir ses projets. Ils étaient tous les deux en septième année, bientôt il n’aurait plus le temps de mettre son plan à exécution.
— Tu as raison, murmura Scorpius alors que le professeur de Défense contre les Forces du Mal entrait dans la salle et demandait le silence. Cassé, c’est pas détruit.
***
L’après-midi passa à une vitesse jamais vue. Les cours de potion ayant été supprimé jusqu’à nouvel ordre pour manque de matériel et de locaux disponibles – suite à l’explosion causée par Lily – les lundi étaient des journées agréables. Installées au soleil sur un banc de la cour de métamorphose, Lily, Mary et une autre fille de leur dortoir Gil Roose, profitaient de ces quelques heures de tranquillité avant de devoir se plonger dans les nombreuses dissertations qu’elles avaient à rendre.
Gil était un véritable rat de bibliothèque. Très belle, de longs cheveux bruns et des yeux verts pâles la rendaient absolument irrésistible aux yeux de tous les mâles du château. Par ailleurs, Lily avait appris très récemment que la jeune fille en question avait eu une histoire avec son frère aîné, un certain James…
— Alors il parait que tu as un date avec Aaron Hodkings ? s’enquit-elle en adressant un clin d’œil à Lily.
La concernée leva les yeux au ciel : pourquoi fallait-il toujours que ce qui la concerne fasse le tour de l’école… ?
— Ne me dis pas que tu as couché avec lui tout de même ?
— Non, pas lui, mais son meilleur ami ! s’exclama-t-elle enjouée. Toutefois j’ai toujours trouvé Aaron très mignon et d’après son meilleur ami…
— Non arrête ça tout de suite Gil ! l’arrêta Mary en explosant de rire. On parle quand même du potentiel petit copain de Lily là, tu peux pas lui déballer toutes ces choses avant qu’elle n’en juge par elle-même !
— Non mais vous êtes sérieuses… ?
— Oh fais pas ta mijaurée, j’espère bien qu’on sera les premières au courant si toi et Aaron vous…
— Non mais et puis quoi encore ! s’étrangla Lily en attrapant sa cape pour la remettre. Je vais à la bibliothèque faire ma dissertation pour le cours d’Histoire de la Magie !
— Oh tu nous avais bien tout raconté pour ta première fois avec Dean alors pourquoi pas avec Aaron ? s’interrogea Gil.
— Oui et vous ne m’avez pas lâché pendant une semaine, ce qu’il a su, donc hors de question les filles ! On se voit ce soir, à plus !
Lily prit son sac et adressa à ses amies un petit signe de la main en riant avant de s’éclipser.
Sa relation avec Dean Brown avait été un véritable désastre l’année précédente. Celui qui était désormais – en plus de son ex-petit ami – le capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor avait effectivement été le premier amour de Lily. Ami d’Albus, âgé d’un an de plus qu’eux, Dean et Lily s’étaient rapproché de façon très rapide au cours de l’été précédent leur sixième année. Leur relation avait fait le tour de l’école et partout l’on entendait des ragots sur Lily et Dean se tenant la main, Lily et Dean s’embrassant sous le chêne, Lily et Dean au bord du lac… Au final, ça avait été bien trop étouffant pour l’un comme pour l’autre. Aussi, Lily n’avait absolument pas envie de rejouer le même scénario avec Aaron, si tant est que leur relation évolue dans ce sens.
Ouvrant la porte en bois de la bibliothèque, Lily alla s’asseoir sur une table libre dans un rayon éloigné du rayon Sortilèges. Sortant ses parchemins, sa plume et son encrier, Lily, un sourire toujours collé sur ses lèvres, alla rechercher le livre qui lui manquait pour compléter son devoir.
Barron, Barroux, Barrow… où était ce fichu livre ?
— Anna, c’est pas drôle, Scorpius veut vraiment qu’on trouve une fichue idée, murmura Kyle Nott en saisissant le poignet de Zabini.
Pétrifiée sur place, Lily était partagée entre sa curiosité à entendre de quoi voulait bien parler le meilleur ami de son pire ennemi, et l’envie d’éviter les problèmes.
— Kyle, c’est son problème par Merlin, s’il veut se débarrasser de la rouquine qu’il le fasse sans nous !
— Depuis quand t’es aussi peureuse, tu me fais honte.
— Je ne suis pas peureuse, mais j’en ai marre de faire le sale boulot ! La dernière fois on a passé deux heures à discuter du premier vœu et pour quoi au juste ? Pour qu’au final il se dégonfle et lui demande de faire exploser une foutue salle de cours ! Annabeth se dégagea de la poigne de Nott d’un geste brusque. Celui qui se dégonfle c’est pas moi, c’est lui.
Par Merlin mais quel avait été la première idée ? Lily fit un pas en avant dans l’espoir d’en savoir plus. Alors comme ça, cet infâme albinos osait demander à ses sbires des idées pour les vœux… Lily était effarée. Alors qu’elle devait vivre avec ce poids, mentir à ses amis, à Hugo, et que lui… Troublée et furieuse (adieu le bonheur engendré par Aaron), elle fit un pas en arrière et bouscula quelqu’un.
Sursautant, elle laissa échapper un petit cri en découvrant Malefoy, un sourire narquois aux lèvres. Glacée, Lily dévisagea son homologue dont le regard gris la foudroya sur place. Elle ne lui avait pas fait face depuis ce fameux affrontement dans les couloirs et elle n’avait absolument pas envie de recommencer. Cependant, les choses avaient changé. Elle n’avait plus peur, tout avait été dit. De plus, elle savait à présent qui elle avait en face d’elle. Savoir que Malefoy était aussi problématique qu’elle rassurait Lily. Ils étaient à forces égales, même si cet horrible serpent désirait la détruire.
— Potter, la salua-t-il sèchement.
— Malefoy, répondit-elle aussitôt sur le même ton en se tournant vers le rayonnage.
— C’est mal d’espionner tu sais, lui dit-il en s’appuyant contre le rayon de gauche, les bras croisés.
— Je n’espionnais pas, je…
— Alors comme ça tu fricotes avec Hodkings, décidément t’as mal retenu la petite leçon de la semaine dernière.
— Tu n’as tellement rien à faire que ma vie privée t’intéresse ?
— Par Merlin non, je n’ai que faire de ce que toi et l’autre abruti faites dans votre coin, répondit-il en mimant un haut le cœur qui fit le lever les yeux au ciel de Lily.
Trouvant enfin le livre qu’elle cherchait avant de tomber sur la discussion de Nott et Zabini, Lily s’approcha de Malefoy dans l’espoir qu’il la laisse retrouver sa place.
— Qu’est-ce que tu veux au juste aujourd’hui, Malefoy ?
— Qu’est-ce que tu as entendu ?
— Pas grand-chose outre que tu n’as absolument aucun imagination visiblement et que, elle fit mine de réfléchir pour le provoquer, ta meilleure amie – l’est-elle véritablement ? – dit que tu es peureux.
Le visage du Serpentard se renferma d’un coup. Ce soir, il aurait une conversation avec Annabeth.
— C’est d’ailleurs pas très juste tout ça, reprit Lily en fonçant les sourcils, tu as le droit de parler du serment avec eux mais moi je ne dois en parler à personne ?
— Nott et les jumeaux ont choisi que nous mettions en place le Serment Inviolable, difficile de faire en sorte qu’ils ignorent cet aspect de notre vie.
— Il n’y a pas de « notre » Malefoy, maintenant ôte-toi de mon chemin, que j’aille travailler. Je ne suis pas franchement d’humeur à me disputer tu vois.
Il la laissa passer et Lily alla aussitôt se rasseoir face à ses parchemins, ouvrant le livre de sortilège qu’elle avait trouvé à la bonne page. Malefoy, l’ayant suivie, se posta face à elle, prennent appuie sur ses mains.
— Potter…
Il prit un temps d’arrêt.
— Je veux que tu arrêtes de voir Hodkings.
Effarée, la rousse releva la tête. Non mais pour qui se prenait-il celui-là ! Auparavant très satisfaite que, pour une fois, ils aient pu avoir une discussion civilisée, la colère monta en flèche.
— Je te demande pardon ?
— Hodkings. C’est non.
— Non mais… (Lily prit une grande inspiration pour se clamer et éviter de crier : ils étaient dans une bibliothèque tout de même), je peux savoir pour qui tu te prends là ? Je fais absolument ce que je veux, sauf s’il s’agit de ton deuxième vœu, le provoqua-t-elle.
— Tu me donnes la gerbe à sourire comme une abrutie, alors je veux que tu arrêtes, et non, ce n’est pas mon deuxième vœu. Manquerait plus ça !
— Va te faire foutre, cracha Lily en le fusillant du regard.
— Je t’ai prévenu Potter, tu arrêtes ou bien je l’arrête pour toi ! s’exclama Malefoy sous les regards étonnés des autres membres de la bibliothèque qui leur soufflèrent des « ssssh ».
— Tu parles anglais ou bien tu veux que je l’écrive, va te faire foutre Malfoy, ma vie ne te concerne pas. Qui je vois, ça ne te concerne pas. Tu supportes pas que je sois heureuse ? Bah crève-toi les yeux !
Au même instant la vieille bibliothécaire débarqua, le visage écarlate, les lunettes de travers sur le nez.
— Potter, Malefoy, une retenue !
— Mais ! voulu commencer Lily mais la vieille femme aigrie lui fit signe de se taire.
Escorté par la bibliothécaire, Scorpius dû sortir de la bibliothèque sans ajouter le moindre mot, bien que son regard fut particulièrement explicite.
Exténuée, Lily s’écroula sur sa table, la tête sur ses parchemins. La manière dont Malefoy s’insinuait dans sa vie privée maintenant commençait à la rendre dingue. Après quelques minutes et tout autant de sourire, Lily se remit au travail et boucla en une heure et demie sa dissertation.
Une fois dans la salle commune, la jeune fille gravit les escaliers qui la séparait de son dortoir. Gil et Mary étaient en pleine discussion quand Lily entra et jeta son sac sur son lit.
— Les filles, j’ai besoin de vous !
— Qu’y a-t-il ? demanda Gil en se redressant sur son lit. Ça concerne Aaron ?
— Oui ! J’ai besoin de vous pour une robe, j’ai l’intention de lui faire tourner la tête jeudi soir !
— Woah, Lily Luna Potter tu sors le grand jeu, j’adore ! s’extasia Mary en éclatant de rire, se levant déjà pour ouvrir son placard.
Malefoy pouvait toujours rêver, Lily Potter ne cédait pas aux menaces.
End Notes:
Aloooors? Dites moi tout!!!
Vengeance et nettoyage by Stylesorg
Author's Notes:
Bonjour à toutes et à tous !
Voilà attention *roulement de tambours* le chapitre 7 d'OAE !
Encore une fois, un grand grand merci pour les corrections et le travail de fou de ma bêta SumiShann !!
Dites moi ce que vous en pensez, je n'attends que ça !
Bonne lecture.
Le grand jour était arrivé et Lily paniquait énormément. Deux heures plus tôt, face à son désarroi devant les tenues, ou trop grandes de Mary, ou bien trop, comment dire, provocatrices de Gil, les trois amies étaient dans une petite boutique de Pré-au-lard à essayer tenues sur tenues. Mary et Gil, tranquillement assises sur des fauteuils douillets, attendaient patiemment que Lily sorte de la cabine tout en mangeant des chocogrenouilles.
Ces deux derniers jours, Lily avait été prise entre les regards froids et désobligeants du Serpentard, les sourires à moitié dissimulés d’Aaron et, de plus en plus étonnant, le retour de Dean dans le paysage, certainement alerté de sa relation naissante avec Hodkings. Entre autres, Lily était tous les soirs en retenue à cause de la fameuse explosion de la salle de potion, ce qui repoussait encore et toujours ses décisions vis-à-vis de cette soirée avec Aaron.
Engoncée dans une robe rouge, choisie par Gil, les cheveux relevés en chignon, Lily sortie de la cabine d’essayage pour montrer le résultat aux filles. A peine sortie, Gil sursauta et se mit à sautiller sur place en tapant dans ses mains toute heureuse :
— Lily tu es à tomber oh là là ! Aaron va en tomber de son balai s’il te voit.
— Euh ce n’est pas un peu trop… un peu trop moulant ? demanda la rousse en tournant sur elle-même, les yeux rivés sur sa poitrine moulée par le tissu écarlate.
— Non tu es incroyable ! T’es d’accord Mary, t’en penses quoi toi ?
La blonde regarda Lily d’un œil expert, lui demandant de tourner sur elle-même plusieurs fois.
— Hm je suis pas fan, c’est un peu trop pour un premier rendez-vous, tu trouves pas ?
— Quoi ? Mais pas du tout ! Au moins elle lui montre par A + B tous ses atouts !
Lily leva les yeux au ciel et prit les deux prochaines robes à essayer, une verte foncée dos nu bien plus simple ainsi qu’une dorée (que Gil lui avait expressément obligée d’essayer coûte que coûte) aussi transparente que courte.
Au même moment, dans la rue, Alexander, Annabeth et Scorpius marchaient en direction des Trois Balais. Figée, Lily les regarda entrer. Quelque chose la frappa dans cette simple image de la vie quotidienne : c’était la première fois qu’elle voyait le jeune Serpentard en train de rire. Jamais auparavant elle n’avait vu son visage si décontracté, paisible. Pour la première fois, il faisait son âge et ne semblait pas torturé par des plans machiavéliques ou encore par son passé… Était-il humain sous toute cette arrogance ? Visiblement… Au même moment, le blond leva les yeux vers la jeune fille et la détailla du regard. Aussitôt, ses joues s’empourprèrent et elle disparu de nouveau au fond du magasin essayer les deux dernières robes.
— Bah alors, t’as croisé ton père ? s’amusa Gil en voyant Lily courir se cacher derrière les rideaux de la cabine, le visage aussi rouge que sa robe.
— Non pire encore, dit elle à travers le tissu tout en se changeant, je viens de voir Malefoy et il riait.
Un silence suivit, ce qui poussa Lily à sortir sa tête de la cabine :
— Bah quoi ?
— Malefoy… riait ? l’interrogea Mary
— Je te jure, j’étais sur le cul, poursuivit Lily en continuant de se changer.
La seconde suivante, Lily sorti vêtue de la robe verte :
— Lily c’est elle ! Mon dieu tu es incroyable, ça fait ressortir tes yeux, ta peau laiteuse… Aaron va se damner !
— J’approuve, achète ! insista Gil en prenant son sac du fauteuil. Et au sujet de Malefoy… depuis quand tu réagis comme ça en le voyant ?
Lily la regarda hilare avant d’éclater de rire :
— Non mais Gil qu’est-ce que tu sous-entends là ? Je vous ai tout raconté au sujet de Malefoy et de nos rencontres, tu as vu les bleus sur mes poignets ! Comment peux-tu imaginer que… que…
L’air dégoûté de Lily en disait long sur la suite de sa tirade.
— Tu as raison, je suis désolée ! s’empressa de dire la jolie brune. Ça suffit, on y va ! On doit encore s’occuper de tes cheveux et des chaussures !
***
Midi et demi et les filles avaient à peine eu le temps de déposer les sacs dans leur dortoir avant de descendre manger dans la Grande Salle en compagnie de Hugo, lequel avait, étonnement la tête dans les étoiles. Alors que Gil et Mary s’extasiaient l’une après l’autre sur les robes de Lily, laquelle arborait un brushing ondulé superbe, Hugo hochait la tête sans écouter. Étonnée de le voir réagir de la sorte, Lily fit le tour de la salle pour aller s’asseoir auprès de son cousin.
— Hugo qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle tendrement. Je sais bien que ces histoires de robes et de coiffeurs, ça ne t’intéresse pas des masses, mais tu as l’air particulièrement ailleurs.
Son cousin aux cheveux aussi roux que les siens haussa les épaules, jouant avec ses haricots verts sans y toucher.
— Je suis désolé Lily, lui dit-il en la regardant, tu es très belle vraiment et j’espère que tout ira bien avec Aaron ce soir.
— Dis-moi Hugo, je suis là pour toi, tu le sais bien non ?
— Je suis amoureux, dit-il de but en blanc.
La jeune fille le regarda, interloquée. Elle ne s’y était absolument pas attendue pour le coup !
— Mais Hugo, c’est super ! Je suis super heureuse pour toi ! elle s’appelle comment ? je la connais ? s’empressa-t-elle de demander, folle de joie pour son cousin.
Hugo, un peu comme elle, avait dû grandir dans l’ombre de la réputation de ses parents dans le monde, mais aussi de celle qu’avait laissée sa sœur, Rose, préfet en chef et meilleure élève de Poudlard, et cela avait été dur à supporter. Ensemble, ils avaient toujours été plus fort et ils s’étaient toujours soutenus contre vents et marées. Savoir qu’Hugo avait trouvé une personne à qui donner de l’amour la rendait vraiment heureuse.
— Justement c’est bien ça le problème Lily, s’énervait Hugo en se levant en attirant les regards autour d’eux.
— Mais, de quoi tu parles ? demanda-t-elle perdue en le suivant alors qu’il quittait la Grande Salle en marchant d’un pas rapide.
— Fiche-moi la paix.
— Certainement pas, tu peux me parler tu sais ! Hugo, regarde-moi.
Elle lui prit la main pour l’arrêter. Ils étaient seuls.
— Tu peux tout me dire, tu sais.
Fuyant son regard émeraude, les deux perles brunes du jeune homme regardaient autour de lui pour s’assurer de leur solitude avant de se fixer sur sa cousine. Lily était sa confidente, il savait qu’avec elle ses secrets étaient bien gardés…
— Il n’y a pas de elle, le voilà le problème.
— Quoi ?
— Lily bon sang, t’es fêlée ma parole !
— Mais…
— C’est un garçon. Voilà, tu es heureuse ? Je l’ai dit. Je suis amoureux d’un garçon.
Lily regarda son cousin avant d’exploser de rire et de lui sauter dessus pour le serrer dans ses bras tendrement. Il se laissa faire, bien que totalement perdu face à la réaction de la jeune fille.
— Euh, pourquoi tu réagis comme ça ? lui demanda-t-il
— Mais enfin Hugo c’est génial, tu me diras quand même qui est l’heureux élu j’espère ? s’enthousiasma Lily
— Ça ne te choque pas ?
— Hugo Weasley, que tu sois homosexuel ne me choque pas si tu es heureux. En revanche, si tu avais commencé une relation avec Moore ou bien une femme mariée ayant cinq fois ton âge, là…
Le garçon lui donna une tape sur l’épaule avant de rire avec elle. La réaction de Lily venait de lui ôter un poids énorme sur le cœur. Elle était la seule à le savoir. Bien que ses parents étaient connus pour être d’une tolérance infinie, Hugo n’était tout simplement pas prêt à assumer le regard d’autrui. Il ne voulait pas être vu comme… différent. Être le fils de Ronald et Hermione Weasley était déjà suffisant (à faire en sorte que les têtes se retournent sur son passage. Serrant à son tour Lily contre lui, une larme lui échappa. Il pourrait toujours compter sur elle.
— Bon, dit-elle en se séparant de lui, de qui s’agit-il petit veinard ?
— Il s’appelle Drew Hammer, c’est un septième année à Poufsouffle. je l’ai rencontré la dernière fois en allant au match de leur équipe contre Serpentard. On a parlé des heures, il m’a invité à boire une bièraubeurre et le courant est passé aussitôt !
— Et donc, tu es amoureux, comme ça ?
— Ouais, comme ça. (Le jeune homme glissa sa main dans sa tignasse rousse en souriant) Je ne sais pas, en réalité je ne m’y attendais pas vraiment, tu sais. Un instant on buvait un verre entre ami, et l’instant d’après, j’ai su.
L’adolescente lui adressa un sourire attendrit et particulièrement inquisiteur. Comment ça ?
— Explique, je veux tout savoir !
Ils allèrent s’asseoir sur les marches du grand escalier ensemble et Hugo lui raconta ce qu’il avait ressenti. Un instant, il regardait Drew comme un ami, une personne avec qui ils pourraient parler de joueurs de Quidditch, de pronostics, de stratégies et tout à coup, un court instant qui avait selon lui duré une éternité, il avait su. Il avait regardé la nuance de ses yeux bleus, la façon dont ses joues se creusaient pour former deux petites fossettes lorsqu’il riait. Et tout ça, tous ces petits éléments firent en sorte que son cœur s’arrêta, manqua un battement et reparti en trombe. C’était lui. Il était amoureux.
Lily écouta attentivement le récit de son cousin, quelque peu jalouse de ce qu’il ressentait. Même aux côtés de Dean, elle n’avait jamais eu ce petit trouble dans le myocarde. Ce soir peut-être…
— Par Merlin, s’exclama-t-elle tout à coup en se tournant vers Hugo, sa main sur la sienne, je t’en prie ne me dit pas que nous sommes le 23 ?
— Si, pourquoi ? l’interrogea le jeune homme inquiet.
— Zut, j’ai une colle à cause de Malefoy, j’avais totalement oublié ! Il faut absolument que j’envoie un hibou à Aaron pour le prévenir que j’aurai du retard.
— Attends, Lily, comment ça se fait que tu aies encore une colle à cause de Malefoy ? Tu étais déjà collée en raison de l’explosion…
— L’explosion n’a rien à voir avec lui, mentit Lily en se levant des marches, en revanche celle-ci c’est particulièrement sa faute, il m’a hurlé dessus et j’ai hurlé sur lui en pleine bibliothèque la semaine dernière.
— C’est malin, ça… pouffa le Gryffondor.
— Bon, je file à la Volière pour prévenir Aaron. Mais Hugo, l’appela-t-elle avant qu’il ne disparaisse, si tu as besoin de parler ou simplement de raconter tes avancées avec Drew, je suis là pour toi.
— Je sais Lily, merci. Oust maintenant, va prévenir ton prince charmant à ton tour !
Lily explosa de rire à l’unisson avec Hugo avant de le quitter, plongeant dans les dédales de couloirs pour rejoindre la Volière. Il allait falloir qu’elle trouve un moyen de ne pas être terriblement en retard pour son rendez-vous. Aussi décida-t-elle sur le chemin qu’elle irait en retenu vêtue de sa jolie robe verte dos nu de façon à pouvoir rejoindre Aaron par la suite le plus vite possible
***
Vers 17h30 alors que la bibliothèque se vidait de ses derniers occupants, Lily attendait patiemment devant de devoir commencer sa retenue tout en repensant aux messages échangés avec Aaron. Après l’avoir prévenu qu’elle ne serait certainement pas là avant 20h, Le jeune Serdaigle lui avait répondu que ce n’était pas un problème, qu’il l’emmenait dîner dans un petit restaurant de Pré-au-lard.
Tirant machinalement sur ses cheveux légèrement ondulés, et non pas bouclés comme d’habitude, Lily repensa à l’histoire d’Hugo : durant le dîner, elle ferait en sorte d’examiner minutieusement le visage d’Aaron à la recherche de l’élément déclencheur. Être amoureuse en cette période de stress ne serait pas de tout repos mais cela la changerait de ses habituelles (malheureusement) crises de colère envers Malefoy.
D’ailleurs…
Alors que la vieille bibliothécaire l’invitait à entrer, le Serpentard pointa le bout de son nez. Il avançait vers elle, les yeux dans le vague, désinvolte, d’une démarche si lente que chacun de ses pas semblait mettre à l’épreuve la gravité autour d’eux.
Lorsqu’il fit son entrée, la vieille bibliothécaire leur montra une pile, que dis-je, une montagne de livres à trier et ranger dans les rayons. Avant de partir, en fermant la porte à clé derrière elle, la mégère pensa à leur confisquer leur baguette, précisant qu’elle reviendrait à 20h pile pour leur rendre.
Une fois seuls, un silence mortuaire s’installa tandis que Lily, fuyant la présence pesante du blond, s’activa à prendre dans ses bras une pile de livres à trier.
« Tu comptes m’ignorer ?
La jeune fille ne répondit pas, concentrée à avancer sans tomber vers l’étagère consacrée à l’histoire de la magie.
— Je vais prendre ça pour un oui.
Les étagères étaient affreusement grandes, s’élevant bien trop haut pour Lily de telle sorte qu’elle dû aller chercher une chaise sous le regard amusé du Serpentard, gentiment assit sur une table.
— Tu comptes te tourner les pouces pendant deux heures et demie ? l’interrogea Lily dédaigneusement en rangeant les livres de sa pile.
— Par Merlin mais c’est qu’elle parle, ironisa le blond.
— Très amusant. Les livres ne vont pas se ranger tout seuls.
— Si tu n’as pas terminé à son retour, elle jettera un sort pour qu’ils se rangent tout seul justement. On appelle ça de la magie.
« Mon poing dans ta figure t’appellera ça aussi de la magie » grommela Lily en prenant une seconde pile.
— Tu as dit ?
— Je n’ai rien dit. Continue de m’ignorer, veux-tu. »
Malefoy ricana dans son coin avant de la rejoindre.
Pendant quelques minutes, aucun ne parla, Scorpius rangeait les livres en hauteur et Lily ceux plus bas. Cette entente silencieuse allait à tout le monde jusqu’à ce que la jeune fille, effrayée à l’idée de transpirer dans sa belle robe à cause de sa cape ne décide de la retirer. Les sourcils froncés, Malefoy la regarda comme l’on regarde un animal exotique dans un zoo, ce qui la gêna terriblement. Les yeux gris du blond parcoururent les bras nus et le dos dénudés de la jeune fille, inspectèrent la robe verte foncée, un peu légère pour la saison et les collants noirs transparents qu’elle portait avec.
Ce n’était pas la première fois qu’il la voyait hors de son uniforme : le dimanche, personne n’était obligé de le porter. Toutefois, c’était bien la première fois qu’il la voyait porter autre chose qu’un jean. Et en l’occurrence une robe… Potter le surprendrait toujours.
— Tu aurais dû prendre la rouge, lui dit-il en continuant de ranger les livres.
— Je ne l’aimais pas, répondit Lily, écarlate à l’idée qu’il l’ait effectivement vue dans ce mouchoir de poche extravagant qui moulait toutes les formes de son corps, et qu’il s’en souvenait.
— Dans tous les cas tu n’as pas suivi mon conseil, à ce que je vois, acheva Scorpius en faisant référence à sa relation avec Aaron.
— J’ai toujours été claire à ce sujet. Elle reposa de façon brutale un livre sur son étagère avant de faire face au Serpentard. Et puis de quoi je me mêle, t’es gonflé Malefoy ! Tu m’insultes, tu me rabaisses et tu tentes de me tuer, et ensuite tu oses t’occuper de ma vie privée ? C’est quoi ton problème sérieusement ? Tu voudrais pas t’amuser à torturer quelqu’un d’autre par hasard ?
— T’es vraiment fatigante à ne pas vouloir comprendre Potter, dit-il en ricanant, continuant son ouvrage.
— Comprendre quoi au juste ? Que t’agis comme un putain de psychopathe ?
Les mains sur ses hanches, Lily trouvait ça curieusement très satisfaisant de pouvoir hausser le ton dans une bibliothèque et de plus, sur Malefoy.
— Attention à ce que tu dis Potter, murmura-t-il sans lui lancer un regard, les jointures de ses mains blanchies tant il les contractait pour contenir sa colère. Pas ici, pas maintenant.
— Alors ça c’est la meilleure, tu peux te permettre tout et n’importe quoi tandis que de mon côté je dois me taire ? Non mais réveille-toi espèce d’abruti, hurla Lily en faisant de grands gestes. Et puis si je ne comprends rien, explique-moi !
Concentré à ne pas s’énerver, Malefoy ferma les yeux, appuyé contre le rayon face à lui. Contenir. Sa. Colère.
— Tu m’écoutes quand je te parle ?
Lily Potter était-elle suicidaire ? Cette petite idiote ignorante et stupide allait le rendre fou.
— T’es vraiment comme ton père en fin de compte, t’es qu’un lâche.
Les yeux de Malefoy s’ouvrirent d’un coup et il tourna la tête vers Lily. Ses pupilles dilatées par la rage, il n’arrivait plus à contenir la colère qui brûlait en lui. Le comparer à son père était la seule chose au monde pouvant déclencher ce feu ardent de haine en lui. Laissant tomber le masque d’impassibilité qu’il s’était efforcé de garder, il se redressa et se mit à avancer lentement vers Lily. La rouquine écarquilla les yeux mais pour une fois ne se démonta pas, ce qui, il fallait l’avouer, excita la colère de Scorpius autant qu’elle l’impressionna. Elle n’avait pas peur de lui, pas peur de ses colères.
— Retire immédiatement ce que tu viens de dire.
— Je veux comprendre. Pourquoi tu m’en veux autant, pourquoi tu pourris ma vie depuis six ans, pourquoi tu veux me faire payer pour une histoire qui ne concerne que nos parents ?
— Retire ce que tu viens de dire, répéta Scorpius, détachant syllabe après syllabe tout en avançant lentement vers elle.
— Tu n’arrêtes pas de me dire que je ne comprends rien alors c’est le moment de t’expliquer, merde. Qu’est-ce que je ne comprends pas, par Merlin !
— Tu es tout ce que je déteste Potter. Tu es l’incarnation même de ce que j’exècre dans ce monde, cracha-t-il.
— Pourquoi ? Parce que je te rappelle le fait que ta famille n’est plus aussi prestigieuse qu’auparavant ? Pourquoi ? insista Lily en reculant lentement face à la distance qu’il réduisait entre eux.
— Tais-toi, rugit-il entre ses dents.
— C’est ça hein ? C’est ça, Malefoy ? Tu me hais parce que je suis une Potter et que mes parents font échec aux tiens ? Parce que c’est à cause de cette guerre que vous avez perdu vos privilèges et votre statut social ? Réponds-moi ! C’est pour ça que tu veux me faire du mal ?
Lily tentait de gagner du temps, légèrement affolée et pourtant très sûre d’elle. Enfin, après six années à se battre contre Scorpius, elle savait enfin pourquoi. Qui ne dit mot consent dit-on, et elle savait, face au regard translucide et torturé de l’adolescent, qu’elle visait juste. Ce n’était pas elle qu’il détestait, c’était une histoire qui les dépassait. Ils se battaient sans cesse contre un passé qui ne les concernait pas !
Un pas en arrière, un pas en avant. Un regard de glace face à un regard étincelant. La scène était terrifiante et nécessaire. Le pouls de Lily prit une envolée spectaculaire quand son dos nu rencontra le bois d’une table. Bloquée. Prise au piège. Malefoy esquissa un sourire diabolique en continuant d’approcher : et c’est ainsi que la proie se fit avoir par le prédateur. Et quel prédateur…
— C’est pour ça que tu me détestes, avoue-le. Que tu as horreur de me voir heureuse, souffla-t-elle alors qu’il était juste face à elle, un mètre séparant leur deux corps. Tu penses que c’est ma faute si toi, tu n’es pas heureux…
— Je ne veux pas de ta pitié, grogna Scorpius d’une voix sourde, et encore moins de tes affirmations… Tu ne sais rien, vous nous avez tout pris. Vous nous avez réduit à une condition méprisable, vous avez sali notre nom, notre héritage, notre famille ! Mon grand-père qui était tant respecté fut humilié et mon père… La colère ainsi qu’un autre sentiment (de la tristesse ?) défigurait le visage de Malefoy. Vous avez fait de mon père un lâche, un responsable, un être bas. En vingt ans il a tenté de tout reconstruire mais votre famille, cracha-t-il, nous rappelle tous les jours le prix de votre célébrité. Ah oui, vous être merveilleux, s’égosilla Malefoy en faisant de grands gestes, vous êtes parfait mais vous êtes aussi de vrais hypocrites vous, les Potter ! Vous avez fait tant de mal autour de vous et ça tout le monde n’en a rien à foutre !
— Il suffirait d’oublier le passé… murmura Lily dont les sentiments n’avaient plus aucune logique.
— Oublier, ricana Malfeoy, mauvais, le regard froid. La seule façon de passer à autre chose c’est de gagner, c’est de…
— De me faire du mal, conclut Lily en hochant la tête. De me détruire… de renverser les rôles.
Immobiles, Malefoy semblait se calmer lentement, ses yeux toujours profondément ancrés dans ceux de Lily. Inverser les rôles, oui, c’était bien ça… Tremblante, perdue, exténuée de cette joute physique et verbale, enfin, elle comprenait. Le raisonnement de Malefoy, ô combien malsain et toxique venait de lui faire comprendre toutes ces années de torture. Il ne trouverait de repos qu’en la blessant, en la faisant souffrir autant qu’il souffrait. Cette idée, elle l’avait entrevue lors de leur affrontement dans le couloir des Serdaigle. Malefoy cachait bel et bien une forme de vide dans sa poitrine, de la même façon qu’elle cachait le sien. Cette relation qu’ils avaient, ce lien profondément mauvais qu’ils entretenaient à force de haine permettait de combler cette entaille dans leur poitrine respective.
De longues minutes passèrent où ni l’un ni l’autre n’osa parler ou bouger. À présent qu’ils s’étaient tout dit, le silence avait quelque chose de rassurant et d’agréable. Une bulle les enveloppait et aucun n’avait l’intention d’en sortir, car ici et seulement ici, le vide n’existait pas. À se regarder comme ils le faisaient, à communiquer d’un simple regard, tout était enfin apaisé. Chaque chose était à sa place. Il n’avait plus envie de lui faire du mal pour se sentir exister, elle n’avait plus besoin de le pousser dans ses retranchements pour qu’il la blesse.
En cet instant : Scorpius Malefoy n’était plus en croisade contre Lily, il ne ressentait plus le poids qu’avait posé sa famille sur ses épaules d’adolescent. Lily Potter quant à elle, trouvait dans cette bulle les réponses à ses maux les plus secrets : une idée s’imposa dans son esprit : s’il décidait de régler cette étrange quête qui visiblement était plus blessante qu’épanouissante, Scorpius et elle pourraient être amis.
C’était aussi à cet instant qu’ils se virent enfin. Ils n’étaient plus Potter et Malefoy, génétiquement créés pour se haïr mais Lily et Scorpius, une adolescente et un adolescent. Lily cligna des yeux, en voyant les prunelles du jeune homme parcourir son visage et tomber sur ses lèvres. Que… ? Son cœur s’emballa précipitamment et la température de son corps augmenta d’un cran. Un tel changement fit pression sur le tatouage, lequel se réveilla aussitôt et commença à serrer son avant-bras. Un pique de douleur la frappa alors qu’il semblait un instant qu’elle voyait Malefoy se pencher vers elle. Illusion de son esprit, pensa-t-elle alors qu’elle détourna brusquement la tête vers sa marque qui se calma aussitôt.
La bulle qu’ils s’étaient fondée implosa.
Malefoy recula puis se détourna de Lily avant de s’éclipser ailleurs dans la bibliothèque, silencieux.
Lily quant à elle posa ses mains sur ses joues, réalisant la situation.
Par Merlin, que venaient-ils de vivre ? Un coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’il était 19h.
Prenant une inspiration, la rousse se remit au travail, accompagnée par Malefoy, occupé dans un autre rayon, loin d’elle. Dans son coin, le blond, troublé comme jamais, tentait de comprendre ce qui lui arrivait. Jamais encore il n’avait expérimenté une telle confusion dans son corps et surtout au niveau de sa poitrine. Étrangement, celle-ci lui faisait mal et il ne comprenait pas pourquoi. Toutefois, il savait quoi faire dans ces situations : bientôt il allait devoir enclencher la phase numéro deux du serment. Il devait fuir à tout prix ces moments avec Potter où ils semblaient entrer en symbiose : ces moments le détournaient de son objectif.
***
Comme prévu, la vieille bibliothécaire ouvrit la porte aux huits coups de 20h et leur rendit leur baguette à l’un et l’autre, non sans les narguer bien avant en donnant un petit coup en direction des livres qu’il restait pour qu’ils aillent se ranger tous seuls. Malefoy avait donc eut raison, ces deux heures avaient été une véritable perte de temps. Enfin, pas totalement. Lily lança un regard en direction du Serpentard mais celui-ci avait de nouveau revêtu son masque d’impassibilité, ce qui la rendit dingue.
Une fois la porte franchie, Lily eut le plaisir de voir Aaron, vêtu d’un pantalon noir élégant ainsi que d’un polo bleu rappelant les couleurs de sa maison, l’attendre en souriant. Lui adressant un petit signe de la main, il s’avança vers elle et lui tandis un petit bouquet de pâquerettes fraîches certainement cueillies quelques minutes auparavant dans le parc du château. À côté d’elle, Lily entendit Malefoy murmurer un « lamentable » avant de s’éloigner ce qui la révolta. De son côté, elle trouvait l’attention d’Aaron véritablement très délicate et si Lily avait bien besoin de quelque chose ce soir, c’était bien de douceur.
« Je me suis dit qu’un gentleman ne pouvait se présenter sans un petit quelque chose, lui dit Aaron en guise de salut.
— C’est adorable, je te remercie. Et merci d’être venu me chercher, ça me touche beaucoup. »
Une fois à Pré-au-lard, Aaron la guida dans un petit restaurant très simple et peu fréquenté, ce qui changea Lily de La Tête de Sanglier où Dean l’avait toujours invité à dîner. Aaron l’aida à ôter sa cape et à s’asseoir avant de prendre place face à elle. Ils avaient trouvé une place très intime, située à l’ombre d’une petite alcôve. La musique était simple et des airs de jazz sorcier rythmait les pas d’un couple téméraire qui s’essayait à danser.
« Tu es magnifique Lily, la complimenta Aaron en la caressant du regard, le vert est définitivement ta couleur.
— Merci, j’avais hésité avec une robe rouge, dit-elle pour faire la conversation.
— Ah, c’est ton côté Gryffondor certainement.
— Partant de ce principe, que dire d’une robe verte…
Son esprit vagabonda aussitôt du côté de Malefoy. Elle savait enfin ce qu’il cachait et un poids venait de quitter ses épaules. Cependant cette sensation lorsqu’ils s’étaient regardés après cette dispute…
— Oui, c’est un mauvais raisonnement, rit Aaron alors qu’un serveur approchait en leur tendant les cartes du menu. Il paraît que leur risotto est à tomber !
— Je te crois, je vais prendre ça d’ailleurs…
— Je vais commander, ça me donnera l’occasion de te surprendre.
Lily esquissa un sourire. Aaron était un garçon très attentif et très serviable, il commanda un plat qui semblait exquis et Lily était tout simplement conquise par le jeune homme. Cette simplicité qu’il avait, dans ses gestes, dans ses mots, était d’un réconfort incroyable après les évènements de la soirée. Aaron n’avait rien de Malefoy, il n’était pas torturé, ne ressentait pas le besoin de lui faire du mal. À ses côtés elle n’avait pas besoin d’être forte et de se battre, au contraire, elle pouvait baisser sa garde et être vulnérable, comme toute adolescente. Mais, était-ce vraiment ce qu’elle désirait ? Voulait-elle être protégée ou bien défiée, qu’on la rassure ou bien qu’on l’aide à se dépasser… ?
Aussi Lily se fit la promesse de ne plus penser à Malefoy de la soirée.
C’était sans compter la brûlure narquoise que lui renvoyait la marque sur son avant-bras…
End Notes:
It's time to discuss !
Qu'en avez vous pensé ? Que voulez vous voir pour la suite ?
Dites moi tout ;)
Préparation et fraternisation by Stylesorg
Author's Notes:
Bonjour à toutes et à tous !
Toutes mes excuses pour ce looooooong retard, avec la reprise des cours, mon mémoire et le reste se fut très compliqué de revenir. Mon amie l'inspiration s'était fait la malle, disons le ! :p
Encore une fois, un énorme merci à ma bêta qui fait un travail incoryable, roulement de tambours, j'ai nommé SumiShann
Enfin, voici la suite, donnez moi vos avis, je n'attends que ça <3
Aaron était exquis. Le repas avait été un véritable plaisir pour Lily qui pu, enfin, décrocher de la réalité. Près de lui, sous son regard, elle se sentait enfin libre et apaisée. Une fois le dessert achevé (ils avaient bien entendu partagé une coupe de glace aux parfums merveilleux), Aaron l’emmena se balader dans Pré-au-lard.
Rares étaient encore les étudiants dehors à cette heure, mais le calme mêlé à la brise nocturne de l’automne était particulièrement agréable et revigorant. Sa main ancrée dans la sienne, Lily était relativement satisfaite de ce rendez-vous, étonnée d’apprécier autant la compagnie du jeune homme... Être auprès d’Aaron n’avait rien de compliqué : elle apprit alors que son père était un sorcier haut placé au ministère et que sa mère avait arrêté de travailler à cause d’une maladie déclarée quelques mois plus tôt. Aaron avait vécu à Londres dans un appartement très modeste et sa famille avait toujours été présente pour lui. Il avait eu une enfance très heureuse même s’il était déçu d’être enfant unique. Lily lui parla alors de James et d’Albus, des dîners à la maison, des réunions familiales au Terrier lorsque tout le clan Weasley-Potter était réuni. Elle rit en lui racontant les terribles histoires que son père lui racontait quand elle était petite au sujet de Voldemort et de la guerre. Elle lui expliqua qu’en effet, ses cheveux roux étaient un héritage des Weasley quoi qu’il subsistât une forte probabilité qu’elle porte plus de gênes Potter. Elle lui parla de sa grand-mère paternelle, l’autre Lily, qui était morte pour protéger son père encore bébé, qu’elle lui ressemblait comme deux gouttes d’eau au point où c’en était troublant quand parfois elle tombait sur l’unique photo existante de sa grand-mère.
Vers minuit, Aaron ramena Lily devant le portrait de la Grosse Dame alors qu’ils parlaient tous les deux du dernier match de l’équipe de Flaquemare – Aaron rêvait de devenir joueur professionnel. Sa main emprisonnant toujours celle de Lily, ils n’osèrent pas se lâcher et restèrent silencieux à se dévisager quelques secondes.
« Lily, j’ai passé une merveilleuse soirée... commença-t-il
— Moi aussi, je ne regrette pas que t’aies renversé ton jus de citrouille dans mes cheveux, rit-elle— Moi non plus, aucun. On se voit demain ?
— On se voit demain. »
Il lui adressa un sourire timide et elle rit discrètement. Doucement, sa main libre emprisonna une mèche rousse et la coinça derrière son oreille. Sans la quitter des yeux, Aaron se pencha vers la jeune fille et l’embrassa. Tout simplement. Lily l’embrassa en retour, posant une main sur sa joue, caressant sa barbe naissante. La sensation était agréable, très douce. Il se détacha d’elle, lui souhaita bonne nuit et disparut.
Confuse, Lily rentra dans son dortoir où Gil et Mary mangeaient comme d’habitude un paquet de chocogrenouilles. Voyant leur amie arriver, elles arrêtèrent leur discussion sur le champ pour lui sauter dessus.
« ALORS ? l’interrogea aussitôt Mary. Vous avez fait quoi ?
— Mais oh, on s’en fiche, ce qu’on veut savoir c’est comment c’était !
— Obsédée !
— Pas du tout ! se défendit Gil en faisant la moue.
Lily retira sa cape, la posa délicatement sur sa chaise et prit son pyjama avant de quitter la pièce pour rejoindre la salle de bain. Gil et Mary, perdues, se regardèrent bouche bée.
— Bah, qu’est-ce qui lui arrive ?
— Aucune idée, peut-être qu’elle pense encore à sa soirée ? répondit Gil en faisant un clin d’œil à sa voisine.
— C’est pas trop le genre de Lily, généralement elle démarre au quart de tour...
— Bizarre...
Les deux Gryffondor attendirent donc le retour de leur camarade, inquiètes, tout en se goinfrant et en énonçant des possibilités, toutes très loin de la réalité. Quand Lily refit son apparition, elle était en chemise de nuit, les cheveux relevés en chignon, et alla s’asseoir sur son lit.
« Lily, ça va ? demanda Mary morte d’inquiétude pour sa meilleure amie.
— Je... commença-t-elle, je me sens toute bizarre, confessa la rouquine.
— Bizarre comment ? Bizarre heureuse ou bizarre malheureuse ?
— Bizarre vide en fait.
Ses amies l’interrogèrent du regard et étrangement, Lily fut prise de l’irrésistible – et très inquiétante – envie de voir Malefoy. D’une façon ou d’une autre, Lily avait l’impression qu’il comprendrait.
— J’ai passé une excellente soirée, raconta-t-elle, tout était parfait, vraiment parfait. Il m’a offert
des petites pâquerettes, m’a invitée à dîner dans un petit restaurant très mignon et très romantique, nous nous sommes baladé main dans la main en parlant de nos vies, de nos envies et tout... (Lily fit une courte pause pour réfléchir) Il m’a raccompagnée devant la salle commune et... et il m’a embrassée.
Gil et Mary se regardèrent, ne sachant pas quoi dire. Ce fut la brune qui finalement osa demander :
— Et c’est une mauvaise chose ?
— Non non, c’était bien, enfin dans l’ordre des choses, mais c’était plat. Enfin non, pas plat mais c’était prévisible. Avant même qu’il m’embrasse je savais comment ça allait être : doux, mignon, parfait quoi. Toute cette soirée était trop parfaite et... c’est pas ce que je veux, murmura Lily en regardant ses amies. J’ai pas envie d’un truc comme ça.
— Tu sais Lily, c’est parfois bon d’être en sécurité avec quelqu’un, lui dit Mary.
— Oui oui j’entends bien, mais j’ai pas envie de ça maintenant, un jour peut-être mais là, avec Aaron, je me suis sentie si vieille !
Et c’est là que ça la frappa : ce qu’elle voulait vraiment ce n’était pas d’une histoire d’amour comme Aaron voulait lui offrir, ce qu’elle voulait c’était se battre. Par Merlin, Malefoy avait raison. Si la haine qu’il nourrissait envers elle le faisait survivre, celle qu’elle avait envers lui suffisait à l’apaiser.
Elle se mit alors à rire nerveusement, sous le regard inquiet puis affligé de ses amies. Tout ce que Lily désirait, c’était une énorme dispute avec Scorpius Malefoy.
« Ça me fait penser, nous nous sommes encore disputé avec Malefoy, à la bibliothèque. »
Et Lily leur raconta tout ce qu’il s’était passé, n’épargnant aucun détail sauf bien entendu ceux relatifs au serment inviolable qu’ils avaient échangé. Elle leur parla aussi de cette étrange impression qu’elle avait eu un instant, certes ridicule, où elle a pensé voir ses yeux regarder sa bouche et sa tête se pencher vers la sienne. À la fin de son récit, Mary et Gil étaient tout simplement sur le cul.
— Malefoy a voulu t’embrasser... ? répéta lentement Gil ébahit.
— Non non, c’est juste une impression que j’ai eu, mais comme je viens de vous l’expliquer, c’est clairement impossible vu ce que nous nous sommes dit !
— Lily... sourit Mary, t’as quand même expliqué pendant 10 minutes que vous étiez resté, je ne sais combien de temps, à vous regarder et que tu n’as jamais ressenti un truc pareil.
— Je sais ce que tu penses, je sais exactement ce que vous pensez toutes les deux, mais non. Je n’ai absolument aucun sentiment pour lui. On se complaît à se détester, c’est tout. Je vous l’assure, autrement j’aurais vraiment trop honte pou vous en parler, ironisa Lily en allant se coucher.
— Si tu le dis...
— En attendant je n’ai jamais couché avec lui ! s’exclama Gil, ce qui déclencha l’hilarité générale du dortoir.
***
Vers 7h30 le lendemain, alors que le petit groupe prenait son petit déjeuner, un hibou inconnu vint se poser près de l’assiette de Lily. Majestueux, au plumage d’un blanc immaculé, le hibou lui tendit la pâte pour qu’elle décroche un petit bout de parchemin,
« Il est bien tôt pour le courrier, vous ne trouvez pas, demanda Hugo en se frottant les yeux de fatigue
— Ça doit encore être une lettre d’un admirateur, charria Gil à l’adresse de Lily qui était sur le point de dérouler le message en question.
— En parlant d’admirateur... commença Hugo.
Mais celui-ci fut alors coupé par Aaron qui se posta derrière Lily avant de l’embrasser. Devant tout le monde. Et les quelques personnes présentes, dont un certain groupe indésirable de Serpentard, n’en perdirent pas une miette. Misère. Les joues de la rousse tournèrent au cramoisi.
« Salut Lily, salut tout le monde.
— Salut Aaron, répondit l’ensemble du petit groupe
— Qu’est-ce-qu’il y a ? demanda Lily en se tournant vers lui
— Tu me manquais après hier soir, lui confia Aaron en caressant sa joue.
Prenant le silence de Lily comme une marque de timidité, il l’embrassa à nouveau avant de se relever.
— Je dois y aller, j’ai un entraînement de Quidditch, on se voit plus tard ?
La rousse hocha la tête, à court de mots. Tous regardèrent le jeune homme s’éloigner de la table des Gryffondor, jusqu’à ce qu’Hugo craque et intervienne enfin.
— C’était quoi ça ? dit-il la bouche grande ouverte.
Lily haussa les épaules.
— Non parce que franchement faudrait être aveugle pour ne pas voir l’horrible contraction que tes muscles ont fait quand il t’a embrassée. C’était si terrible que ça, hier ?
— Non non, c’était sympa mais zéro déclic tu vois, lui dit-elle en référence à l’épisode où Hugo su qu’il était amoureux de Drew.
— Ah dommage, Aaron est un mec cool et tes frères l’aiment bien. Le prochain sera le bon ! En attendant, dit-il entre deux bouchées de pudding, tu devrais lui dire parce que des situations comme celle-là, c’est super embarrassant.
Mary hocha la tête et Gil explosa de rire :
— Non mais... Lily... dit-elle difficilement en se tenant le ventre, j’ai cru qu’il allait te manger la bouche et toi, tu allais l’étrangler.
Tout le petit groupe se mit alors à rire en imaginant la scène, Lily les suivit bien volontiers dans leur hilarité tout en reportant son regard sur le petit parchemin qu’on lui avait envoyé.
Retrouve-moi dans les cachots à 16 h, c’est le moment de réaliser le 2e vœu Potter. – SM
Froissant machinalement le parchemin, Lily le glissa dans sa poche. C’était osé de la part de Malefoy d’agir de la sorte, un peu plus et les autres auraient pu voir le message qu’il lui avait écrit. Faisant mine de se gratter la nuque, Lily tourna la tête vers derrière et croisa le regard froid du jeune homme en question. Entouré par les jumeaux Zabini et Kyle Nott, lequel semblait plongé en plein monologue, le blond fit un imperceptible mouvement de tête en direction de Lily pour lui demander si c’était d’accord. La concernée hocha la tête avant de se focaliser sur ses amis. Ni Gil, ni Mary, ni Hugo n’avaient vu leur petit manège et tant mieux.
La journée durant, Lily avait songé à sa relation avec Aaron (elle devait vraiment lui dire que ce qu’ils avaient entre eux n’allait franchement pas fonctionner), mais aussi à ce truc qui la liait à Malefoy. Sa docilité face aux désirs du Serpentard la consternait : depuis quand l’énonciation d’un vœu ne lui faisait plus rien ? Menteuse, soupira sa conscience. Lorsqu’elle avait lu le petit morceau de parchemin, une vague d’excitation était montée en elle. Elle avait envie de savoir ce qui allait se passer, savoir ce qu’il avait en tête. Maintenant qu’ils avaient discuté et qu’ils se comprenaient mieux, Lily espérait que ses décisions seraient moins dictées par son besoin de haine que par une nouvelle forme de bienveillance.
Si seulement elle savait...
« T’as vraiment l’air ailleurs aujourd’hui, soupira Mary en ouvrant son manuel de DCFM à la bonne page.
— Ouais... cette histoire avec Aaron me met très mal à l’aise.
— Parce qu’il t’a embrassé devant tout le monde et qu’à présent vous êtes officiellement en couple ?
— Justement, c’est bien ça le souci, soupira Lily en prenant sa tête mais les mains, je ne veux pas être en couple avec Aaron, je ne suis pas amoureuse de lui.
— Tu vas devoir attendre un peu avant de le larguer, Lily, autrement ta réputation auprès de tout le monde va en pâtir...
— Ouais je sais, l’horreur.
— L’horreur pour lui ! gloussa Mary en se taisant lorsque le professeur fit son entrée.
La leçon du jour fut barbante au possible. La plume de Lily se cassa, elle éclaboussa son manuel, masqua la leçon et s’attira les foudres du professeur lorsqu’elle se trouva dans l’incapacité de répondre à une question qu’il lui posa. Par Merlin, cette journée s’annonçait terrible. La pause de 16h sonna et Lily rangea ses affaires le plus efficacement possible, se frottant machinalement la joue : sa main était couverte d’encre... Dégoûtée, la jeune femme salua Mary avant de se dépêcher pour rejoindre le Serpentard dans les cachots.
Les couloirs étaient bondés. Au détour d’un escalier ses yeux verts croisèrent ceux malsain de Nott, qui montait alors. D’un geste que Lily ne put prévoir, il lui prit le bras pour l’amener avec lui dans un renfoncement que la jeune rousse n’avait tout simplement jamais remarqué en six ans.
« Mais c’est quoi votre problème à attraper les gens comme ça ! s’insurgea Lily en se débattant pour que Nott la lâche.
Bien qu’étant le meilleur ami de Malefoy, physiquement, Nott n’avait rien en commun avec lui : ses cheveux étaient aussi noirs que ceux de Scorpius étaient blancs, ses yeux sombres s’opposaient au gris-bleu de son ennemi. Moralement, c’était une toute autre histoire : si Malefoy était particulièrement détestable à cause de son air impénétrable et constamment glacial, Nott était tout simplement malsain, méchant, voire sadique. Si Malefoy rendait Lily dingue, Nott lui faisait tout simplement peur.
— Il faut qu’on parle, petite Potter.
— Qu’est-ce que tu veux ? lui dit-elle sèchement en le regardant de façon mauvaise.
— Je ne vais pas tourner autour du pot Potter, tu devrais faire attention à toi, ricana-t-il en la défiant du regard. Ce qu’il a prévu, tu ne t’en relèveras pas.
Effarée, Lily le regarda totalement sous le choc. Pourquoi s’intéressait-il à elle ?
— Et je peux savoir de quoi tu te mêles ?
— Vois ça comme de la satisfaction différée. Comment dit Scorpius déjà ? Ah oui, intégrité, réputation et famille ? Je te laisse deviner lequel tu vas bientôt foutre en l’air, ma belle.
Nott lui adressa un clin d’œil et disparut dans l’escalier, la laissant bouillonnante de rage. Comment osait-il ? Et Malefoy... Lily prit une seconde pour réfléchir. Était-elle vraiment déçue ? Leur discussion de la veille n’avait servie à rien, rien n’avait changé. Le comprendre, comprendre ses motivations et ce qui le poussait à agir de la sorte n’avait pas convaincu le Serpentard d’agir autrement, de renoncer. Bien entendu, pauvre idiote, lui dit sa conscience, te détruire c’est sa came. Lily songea alors à ne pas y aller, à le fuir. Mais Malefoy la retrouverait, il finirait bien par la coincer de façon à lui imposer sa volonté. Quand bien même, le fuir ne ferait qu’attiser sa fureur... Lily était bloquée.
***
Sur le chemin qui menait aux cachots, Lily prit un temps infini à se déplacer. Elle n’avait aucune envie de rejoindre l’horrible blond, aucune envie de faire face à ses yeux faux et froids. Toute soupirante, la rousse entra dans la salle en question, autrement dit la zone désaffectée qu’elle avait fait exploser quelque temps plus tôt. Le Serpentard avait un humour bien à lui, pensa-t-elle en le voyant assit sur un vieux tabouret.
La classe était dans un état déplorable, tout était noir et poussiéreux, les chaudrons étaient renversés sur les paillasses et sur le sol ravagé. Les étagères étaient renversées, les bocaux éclatés... La scène qui s’offrait à elle lui coupa le souffle. C’était sa faute, c’est elle qui avait fait ça. Un courant d’air glacé la fit tressaillir, deux mains blafardes se posèrent sur ses bras en la faisant sursauter.
« Regarde un peu ce que tu as fait, Potter. »
Le corps de Malefoy derrière elle la paralysa sur place, elle n’osa pas bouger d’un poil malgré la vague de dégoût qui la submergea. Si le contact physique lui donnait la nausée, les mots du serpent la foudroyèrent.
— Tu aimes ce que tu vois ?
— Pourquoi tu fais ça, Malefoy, lui demanda-t-elle brusquement.
— Je remplis ton vide, Potter, je te montre le résultat de tes actions. La salle est inutilisable pour un temps indéterminé, le mélange chlorure d’argent, peau de serpent et le reste est toxique... Si l’air est respirable, le moindre objet déplacé, le moindre bruit trop fort risque de tout faire écrouler, lui susurra-t-il à l’oreille. Imagine donc si des premières années rentraient ici, intrigués et qu’ils succombaient au danger...
— Espèce de...
— Non, non, non, Potter, on en a terminé avec cette histoire d’insultes.
— Ne me touche pas, s’empressa-t-elle de dire en se dégageant de son étreinte pour lui faire face. Alors quoi ? Tu me demandes de venir ici pour retourner le couteau dans la plaie, me montrer que tu as gagné, que oui, tu as foutu en l’air mon intégrité ?
La rousse le regarda dédaigneusement de haut en bas, profondément déçue par le comportement immature et déplacé du Serpentard.
— Je trouvais simplement l’idée bien trouvée, et en effet, il n’y a véritablement pas mieux qu’ici pour te rappeler ta place.
— Ma place ?
— Ce qu’il s’est passé hier n’a rien changé Potter, la coupa-t-il. Tu sais ce qui me motive mais ça ne change rien au fait que j’irai jusqu’au bout, lui répondit-il d’une voix sèche et hivernale.
— Tu n’es pas obligé...
— Je le sais. Mais c’est ce que je veux Potter, le reste n’a pas d’importance. »
Allant se rasseoir, Malefoy la regarda, amusé. Il avait songé à mettre le jeu en suspens la veille au soir, perturbé par l’accalmie qu’avait provoquée leur dispute. Et puis il y avait eu Hodkings. Ce petit Serdaigle de rien du tout se voyait investi de tous les droits, dont celui de disposer de Potter et ça, Scorpius ne pouvait s’y résoudre ; cette gamine insolente, de par le serment qui les unissait, lui appartenait en quelque sorte. Il ne pouvait en être autrement : son destin était entre ses mains. Ce pouvoir immense comblait et effrayait le jeune homme en même temps : avec elle, il se sentait un peu comme un dieu...
« Finissons-en Malefoy. Dis-moi ce que je dois faire pour le deuxième vœu, que tout ça s’arrête. »
Ses yeux de glace fixèrent intensément la jeune fille devant lui. S’il voyait en cette situation de quoi être satisfait, celle-ci au contraire se sentait comme avalée, emprisonnée dans un étau. L’air lui manquait et elle ne désirait plus qu’en sortir corps et âme.
« Pourquoi presser le moment, après il n’en restera plus qu’un, répondit Malefoy en faisant la moue.
— Eh bien tant mieux ! Allez, tu te dégonfles ? le provoqua-t-elle en croisant ses bras sur sa poitrine dans un ultime espoir de se protéger.
— Si tu insistes.
Malefoy se leva pour approcher de la rousse, triomphant.
Comme si le serment était doté d’une intelligence supérieure, le tatouage des deux adolescents s’éveilla d’un coup sur leur avant-bras. Les filaments dorés se mirent à vibrer et à resserrer leur emprise. Brûlants, c’était comme sentir des centaines de petites piqûres s’insérer dans leurs veines en même temps. Leur sang en ébullition remonta jusqu’à leur poitrine et, pour la jeune fille, enserra son cœur pour la condamner.
— Potter, je veux que tu fasses mal à une personne que tu aimes, vraiment très mal. Je veux... sembla-t-il réfléchir, attends, je veux qu’il s’agisse de ton idiot de cousin, oui oui, Hugo Weasley.
Author's Notes:
Publication rapide pour me faire pardonner de mes retards!
J'espère sincèrement que ce chapitre vous plaira, j'attends vos avis (oui parce que c'est un peu dommage de voir tant de lecteur et si peu de review ... )
Bisous !
— Potter, je veux que tu fasses mal à une personne que tu aimes, vraiment très mal. Je veux… sembla-t-il réfléchir, attends, je veux qu’il s’agisse de ton idiot de cousin, oui, oui, Hugo Weasley.
Lily eut un mouvement de recul et son dos percuta une paillasse, ce qui la fit d’autant plus sursauter. Non non, non, pas Hugo. Pas ça. Elle était incapable de lui faire du mal, elle allait jusqu’à ignorer ce qui pourrait bien le blesser et ne souhaitait en aucune façon le découvrir.
— Je ne peux pas… murmura-t-elle en secouant frénétiquement sa tête de gauche à droite. Je ne peux pas faire ça, Malefoy, je t’en prie, je ne… supplia-t-elle.
Cette vision de la jeune fille en train de le supplier laissa Malefoy dans un état profond d’indifférence. Les mots avaient été prononcés, le serment avait été invoqué : il n’y avait plus de retour possible. Lily allait devoir blesser Hugo, quand ? Il ne l’avait pas mentionné, il préférait de loin que l’idée mûrisse dans l’esprit de la jeune femme, qu’elle la torture.
Son intégrité, sa famille et sa réputation.
Il lui avait fait ravaler son intégrité.
Il allait anéantir ses liens avec son si précieux cousin.
Finalement, ce jeu avait quelque chose de trop facile, pensa Malefoy. Potter regardait autour d’elle comme si d’un coup elle s’était métamorphosée en un petit animal en cage. Les larmes affluaient sur ses joues et cela ne lui fit rien. Fronçant les sourcils, il l’observa tourner en rond, comme folle. Pourquoi ne ressentait-il rien à l’idée de lui faire mal ? C’était le plan, non ? Détruire Lily Potter, se venger pour enfin commencer à vivre ? Alors pourquoi n’était-il pas véritablement satisfait de la torture qu’il venait de lui infliger ?
Scorpius se souvint alors de l’épisode de la bibliothèque, un court instant (qui pourtant semblait avoir duré des heures). Il s’était senti bien pour la première fois. Bien comme lorsque l’on prend une douche froide sous 40 °C mais en mieux, bien comme lorsque l’on mange après une journée interminable, bien comme lorsque l’on se glisse dans des draps frais le soir alors que notre corps épuisé n’a plus le courage de tenir debout. Hier soir, face à la petite rousse qu’il détestait, il avait ressenti ce sentiment étrange de plénitude. Tout avait semblé dérisoire le temps d’une seconde : ses projets, ses ambitions, qui il était. Tout avait semblé vain. Et lui, il s’était senti faible.
Il n’avait absolument pas prévu de déclencher le deuxième vœu tout de suite, il avait eu envie d’attendre, ses amis le lui avaient même conseillé. À quoi bon avoir un pouvoir sur Potter et le gâcher aussi vite alors qu’il avait la possibilité de la torturer en la faisant patienter ? Tout l’intérêt du jeu reposait dans l’attente, tel un serpent observant sa proie, une proie qui ignorait tout de quand il sortirait ses crochets pour la planter. La métaphore de Nott le fit sourire. Quel ami intelligent et stratège…
« Arrête de tourner en rond, tu me donnes mal au crâne, Potter, dit il de sa voix lente et grave.
— Je… C’est impossible, Malfoy.
— Au contraire, c’est d’une simplicité déconcertante. Tu l’observes et tu découvres ses peurs, tu choisis un moment de faiblesse et tu attaques. (Le blond leva les yeux au ciel.) T’es une Gryffondor, je te pensais courageuse.
La rousse fit volte-face en le fusillant de son regard émeraude :
— Il n’y a pas de courage à avoir ! C’est du chantage ! Tu es…
— Cruel ? Laisse-moi rire, c’est toi qui voulais jouer si je me souviens bien. C’est toi qui as accepté le défi de Nott, toi qui as lié ta vie à mon bon vouloir ? Et tu croyais quoi ?
— Je pensais que… enfin, après hier… commença-t-elle embarrassée, réalisant la stupidité de ses paroles mais aussi de ce qu’elle avait imaginé.
— Qu’après hier quoi, Potter ? dit-il en riant d’un air mauvais, sa tête penchée sur le côté comme pour regarder une enfant. Tu croyais que j’allais être plus tendre ? Par Merlin tu pensais que nous pourrions nous entendre… être amis ? »
Le jeune homme explosa de rire face à une Lily totalement démunie. Avait-elle véritablement pensé un truc pareil ? Dire non serait mentir, dire oui serait une exagération. Elle avait tout simplement cru au fond d’elle-même que les choses seraient peut-être différentes.
« Écoute Potter, je te laisse les vacances (celles-ci commençaient demain) pour réfléchir à ta stratégie. Dans deux semaines lorsque tu reviendras, je veux que tu saches quoi faire.
— C’est impossible, bredouilla-t-elle.
— Tu n’as pas le choix, c’est ça ou tu profites des vacances pour faire tes adieux et rédiger un testament.
Lily, outrée, le fusilla du regard. Comment un adolescent pouvait être aussi méchant, aussi terrible ?
— Ce n’est pas un jeu, Malefoy. Si je meurs…
— Potter, si tu meurs je serais vraiment déçu.
— DÉÇU ?? On parle d’une vie, par Merlin, et non pas d’un prix de tombola ! Es-tu stupide ou simplement inconscient ? s’écria-t-elle en avançant vers lui. Putain, ça t’apporte quoi de faire ça ? Quel est le but ? Que gagnes-tu à faire ça ?
Malefoy continua de la contempler, muet.
— C’est ça oui, ignore-moi. T’es pathétique !
Malefoy, ne voulant pas spécialement devenir violent, respira profondément afin de calmer son égo. Énorme égo par ailleurs, qui commençait à s’emballer sous les insultes de la rousse. Pourquoi faisait-elle toujours ça ? Chaque rencontre entre eux suivait le même schéma : insultes, Malefoy mène, Lily s’incline puis se révolte, violence, coups bas, larmes. C’était tellement lassant. Faisant la sourde oreille, il la laissa continuer sa diatribe venimeuse tout en récupérant son sac et en quittant la salle de potion un sourire aux lèvres. Potter devait être folle de rage et lui, il avait gagné.
***
C’était la folie dans le dortoir des filles de Gryffondor : Gil courrait partout à la recherche de sa baguette égarée quelque part sous une pile de vêtements, Mary (toujours très rationnelle) faisait et défaisait sa valise ne sachant quoi emporter avec elle (pulls légers ? Mais s’il fait froid ? Pulls chauds ? Mais s’il fait beau ?). Dans tout ça, Lily lançait rageusement ses vêtements dans sa grosse valise « L.L.P » tout en grommelant des insultes à l’encontre d’un petit prétentieux de Serpentard.
Cet horrible troll avait osé quitté la salle alors qu’elle l’incendiait, l’insultait, lui hurlait dessus ! Argh, si seulement elle avait cédé à l’envie de lui sauter dessus et de l’étrangler, d’une pierre deux coups elle aurait été libérée, et du serment, et de son horrible visage parfait.
Le Serment… Cette idiotie prenait un tournant désobligeant qui la rendait dingue ! Faire exploser la salle de cours avait été un défi presque amusant à relever (avec du recul), l’adrénaline et le danger lui avait procuré in fine une sensation délectable. Maintenant, elle pouvait se coucher le soir en sachant qu’elle avait dépassé ses limites. Or, cela lui avait coûté son intégrité comme le disait Malefoy : son amour de l’ordre, de la loi, son côté « petite fille sage »… Mais ce 2e vœu… Lily n’en revenait toujours pas, pourtant, elle avait tourné la question dans tous les sens : impossible de berner la marque ! Elle ne pouvait pas prévenir Hugo, ne pouvait pas changer le vœu une fois énoncé. Même ses recherches de la veille à la bibliothèque après sa rencontre avec Malefoy lui avaient appris que Malefoy lui-même ne pouvait revenir sur ses paroles. Autant dire qu’elle était véritablement coincée.
Mais blesser Hugo… S’il existait bien un être sur cette terre qu’elle( chérissait plus que tout, c’était bien le jeune garçon aux cheveux roux. Ils avaient grandi ensemble, joué ensemble. Du même âge, enfants ils se ressemblaient comme deux gouttes d’eaux si bien qu’on avait souvent cru qu’ils étaient jumeaux. Hugo était une part d’elle comme elle était une part de lui. Le blesser revenait à commettre un presque suicide, ne pas le faire était suicidaire…
Lily n’avait tout simplement pas le choix, c’était aussi simple que ça. Tout ce qu’elle pouvait espérer au fond d’elle, c’était qu’Hugo trouve un jour la force et le courage de lui pardonner. Le chemin serait long, Lily devait le blesser, ce n’était pas rien, mais elle espérait vraiment que le temps arrangerait les choses.
« Lily, tu peux me prêter ton haut bleu, s’il te plaît ? demanda Mary en faisant la moue.
— Oui, vas-y, prends-le, il est sur l’étagère du haut. »
Mary se leva pour attraper le haut en question et vint s’asseoir aux côtés de Lily en la prenant dans ses bras. La petite blonde n’était pas sotte, elle voyait bien que sa meilleure amie était mal en point, ce qui lui faisait mal au cœur. Jamais en six ans elle n’avait vu l’adolescente dans un tel état de confusion et de réflexion…
« Malefoy ou Aaron ?
— Malefoy, soupira Lily. Il va me rendre folle je t’assure.
— Ça devient de l’acharnement Lily, jamais en sept années à Poudlard il n’a été autant sur ton dos.
— Tu m’étonnes.
— Non mais Lily, c’est tous les jours, quasiment : il t’attire des retenues, il te blesse (celle-ci faisait référence aux ecchymoses de la rousse sur ses poignets), il te met dans de ces états…
— Je sais, mais je n’arrive pas à m’en débarrasser, soupira-t-elle.
Décidément, Malefoy était un peu une mauvaise herbe : l’arracher ne servait à rien. Ou bien une hydre : lui couper la tête était inutile, dix en repoussaient.
— Lily, tu es pas plutôt sûre que tu ne veux pas t’en débarrasser ? la questionna doucement Mary pour ne pas déclencher la fureur de son amie.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? s’empressa-t-elle de répondre en rougissant violemment.
— Eh bien, avant toutes ces histoires tu étais souvent la tête dans les étoiles et parfois plutôt triste. Bon, maintenant tu es très souvent en colère, mais tu sembles aussi plus… animée, je dirais. Alors je me demandais si…
— Si quoi ? Lily se dégagea des bras de Mary en fronçant les sourcils. Mary tu penses sérieusement que je recherche sa compagnie ?
— Non non, je n’ai pas dit ça Lily, il faudrait être fou pour que tu veuilles une chose pareille ! Je dis simplement que peut-être, dans une certaine mesure, tu apprécies l’attention qu’il te porte.
— Écoute Mary, je ne l’apprécie pas, ni lui ni sa compagnie. Et puis je n’ai pas envie d’en parler, il me rend dingue, et je ne voudrais pas m’énerver contre toi. (Lily ferma sa valise et se leva.) Je vais descendre tout ça, on se rejoint dans le Poudlard Express.
Enfilant sa cape, Lily tira l’énorme malle de toutes ses forces jusqu’à la porte du dortoir, adressa un petit sourire à ses amies et parti en direction de la salle commune. Elle ne voulait pas parler de Malefoy. Elle ne voulait pas entendre qu’elle puisse l’apprécier, surtout après ce qu’il lui avait demandé de faire. Lily détestait Malefoy, rien n’avait changé.
Dans le dortoir, Gil et Mary se regardèrent, surprises de la réaction de Lily ; c’était très rare que celle-ci ne se confie pas à elles. Enfin, « rare » disons que c’était de plus en plus récurrent…
« Qu’est-ce qu’elle a ces derniers temps ?
— Je ne sais pas, dit Mary en haussant les épaules, mais je pense que Lily nous cache quelque chose. J’espère juste que ce n’est pas un truc trop grave… »
***
Revoir tout le monde avait été plutôt étrange pour Lily, bien qu’elle n’avait quitté ses parents et ses frères que depuis un mois. Il lui semblait être terriblement oppressée dans leur grande maison familiale. James, l’aîné, faisait partie d’une grande équipe de Quidditch et avait trouvé dans son emploi du temps une petite semaine à leur consacrer. Selon lui, la famille était sacrée. Pour la première fois, il avait ramené à la maison une jeune fille dont Lily apprit qu’ils allaient certainement se fiancer. Clara, une très belle française, était adorable avec l’adolescente : toujours souriante, elle l’écoutait lui parler de Poudlard et de l’Écosse, avant d’échanger à son tour au sujet de Paris, de Beauxbâtons et des habitudes françaises. Lily l’appréciait.
Albus, âgé d’un an seulement de plus que Lily, était actuellement en poste au Ministère de la Magie, croulant sous la paperasse et privé de vacances. Il n’arrêtait pas de faire des allers-retours pour dîner avec tout le monde et dormir dans son petit appartement du Chemin de Traverse. Lily et son frère n’avait pratiquement rien en commun, ses discussions traitaient toujours de l’économie magique, de notes de services et de projets de lois. Rien de très excitant pour une fille de dix-sept ans.
Quant à ses parents, Harry et Ginny Potter n’avaient pas changé et ne changeraient certainement jamais, pensait Lily. Ces sept dernières années, libérés de la marmaille les avaient profondément rapprochés ; à tel point que parfois Lily avait l’impression de faire face à des adolescents de dix-sept ans et d’avoir déjà atteint l’âge de raison. Harry, directeur du bureau des Aurors rentrait tôt tous les soirs afin de retrouver sa femme. Ils cuisinaient ensemble en riant, laissant parfois brûler la nourriture pour danser amoureusement sur une musique que diffusait la radio. Tous les vendredi soirs, ils mangeaient avec son oncle Ron et sa tante Hermione et tous les dimanches avec les grands-parents Weasley. Leur vie était bien rodée, c’était beau à voir.
Toutefois, le soir, lorsqu’arrivait le repas, Lily se sentait terriblement seule sur sa chaise à regarder son assiette fumante. James et Clara gloussaient dans leur coin, Harry et Ginny parlaient finance avec Albus. Lily regardait, hochait la tête parfois, osait de temps à autre demander du sel ou du poivre. Toute la famille était heureuse et Lily était seule. C’est en cela que l’arrivée d’Hugo trois jours plus tard lui réchauffa le cœur. Avec lui, tout était plus beau, tout était plus simple. Les repas de famille devenaient agréables lorsque le rouquin s’amusait à imiter Lily ronfler en cours d’Histoire de la Magie ou encore à mimer sa profonde concentration d’avant match.
« Je vous jure, elle est là à regarder Dean les yeux plissés ! Bon après je vous avouerai que j’ignore encore si c’est pour écouter ses conseils de capitaine ou pour réfléchir à un plan pour prendre sa place ! rigola Hugo en buvant un peu de jus de citrouille sous les rires des Potter.
— C’est bien ma sœur, ça ! Dit à son tour James en posant son bras sur l’épaule de Lily pour la serrer contre son gré. Prête à tout pour le Quidditch !
— Oui, enfin j’espère qu’elle choisira une autre voie, soupira Albus, si tu veux je peux te proposer un job au Ministère après tes ASPICs.
Leur mère enthousiaste applaudi de bonheur. Si Ginny avait été une grande joueuse, elle ne désirait pas véritablement que sa fille suive ses pas : déjà morte d’inquiétude pour James à chaque match, elle ne voulait pas voir son bébé se blesser.
— Oh, c’est merveilleux ! Lily, tu adores la politique !
— Je ne sais pas encore ce que je veux faire, confia la concernée en haussant les épaules, j’ai encore plusieurs mois pour décider.
Enfin, se dit-elle, si elle ne mourait pas avant…
— Tu sais, le temps passe très vite en 7e année ! Mais tu vas voir, tu vas vivre les meilleurs moments de ta vie !
— Bah merci, gloussa Clara en donnant un coup dans les côtes de James.
— Oui enfin, se rattrapa le jeune homme, jusqu’à ce que tu rencontres LA personne.
— Lily a encore le temps, James, grogna leur père, les copains c’est pas avant trente ans on a dit !
— Alors vous n’êtes pas au courant pour Aaron ?! »
La déclaration d’Hugo fit pâlir tous les garçons de la table sous les regards humides de larmes de Ginny et Clara. S’ensuivit bien entendu des centaines et des centaines de questions au sujet de ce fameux Aaron Hodkings que Lily voyait à Poudlard. Enfoncée par un Hugo hilare qui s’amusait à raconter qu’ils étaient en couple, Lily tentait d’esquiver les questions gênantes de ses frères et les mises en garde de son père. La soirée s’acheva sur un débat autour du Quidditch – sujet lancé in extremis par Lily – où tout le monde cherchait à savoir qui allait cette année remporter la Coupe du Monde.
Un soir, mollement allongé sur un matelas à côté du lit de Lily, Hugo regardait le plafond de la jeune fille où ils avaient collé des centaines d’étoiles phosphorescentes lorsqu’ils avaient 9 ans. Dans la nuit, le rendu était spectaculaire et permettait aux deux cousins de se détendre en s’imaginant ailleurs.
« J’ai embrassé Drew, déclara Hugo d’un coup.
Dans son lit, Lily se tourna vers lui en esquissant un petit sourire.
— Alors ? Tu es vraiment amoureux ? Qu’est-ce que tu as ressenti ?
— C’était… c’était magique. Hugo se tourna vers elle en souriant tendrement à ce merveilleux souvenir. C’était pile avant de partir de Poudlard il y a une semaine, il m’a pris la main et m’a emmené dans un endroit reculé du parc. J’étais super gêné tu vois parce que l’on a beau passer du temps ensemble et tout, j’étais pas sûr qu’il ressentait la même chose pour moi… Mais il s’est arrêté et m’a dit que j’allais lui manquer, qu’il m’écrirait mais qu’avant ça il voulait m’embrasser.
— Oh là là, c’est trop romantique !
— Mais oui ! Et moi j’étais paralysé tu sais, je ne savais pas quoi faire du tout, j’étais terrifié à l’idée qu’on nous voie mais, il a posé ses mains sur mes joues et il m’a embrassé tout doucement. Par Merlin Lily j’ignore si tu as déjà ressenti ça avec Dean, puisqu’avec Aaron c’est mal barré, mais j’ai cru que mon cœur allait exploser, c’était limite si j’étais pas au bord de l’évanouissement, pour te dire ! C’était incroyable. Je l’ai aussi embrassé et après, après on s’est mis à rire comme deux idiots.
— C’est merveilleux Hugo, je suis tellement heureuse pour toi !
Le visage épanouit du jeune homme se ferma soudainement, ce qui surprit beaucoup sa cousine.
— Qu’est-ce qu’il y a, Hugo ? Tu n’es pas heureux ?
— Si si, je suis heureux, enfin, je suis amoureux de Drew quoi mais, après le baiser nous avons eu une discussion. (Il fit une courte pause pour se souvenir de tous les détails.) Drew aimerait que ça reste caché et moi aussi tu vois mais, je me suis vraiment senti blessé quand il me l’a dit.
— Mais pourquoi vous ne voulez pas que ça se sache ?
— Lily, je suis vraiment pas prêt à affronter le regard des autres et je crois qu’il pense pareil que moi…
— Mais Hugo, regarde Andrew et Cameron de Serdaigle !
— Oui bah justement, enchaîna Hugo, maintenant tout le monde accepte leur couple mais avant, quand ils ont rendu ça public, tout le monde s’est détourné d’eux, ils étaient des parias. Les Serpentard ont brûlé les affaires de Cameron !
— Hugo, c’était il y a deux ans, les choses ont changé. Les élèves de notre promo sont bien plus respectueux et tolérants. Et puis franchement, qu’est-ce qu’ils en ont à faire si vous vous aimez ? Ça me révulse que l’on puisse juger de la sexualité d’une personne ! Enfin je ne sais pas, merde, c’est pas une maladie, c’est de l’amour ! Il n’y a pas plus beau !
— Lily, c’est ton avis, mais ce n’est pas ce que je constate au quotidien. On vit dans une société où un pas efféminé ou un goût considéré comme n’étant pas ultra viril est moqué, jugé et condamné.
— Je refuse d’y croire.
— C’est pourtant vrai et Drew voit les choses de la même façon que moi.
Lily regarda le visage triste de son cousin. Au clair de la lune, unique source de lumière au sein de la chambre, elle vit sur sa peau couler quelques larmes silencieuses. Cette unique vision lui brisa le cœur en mille morceaux. Sortant de sous sa couette, elle alla rejoindre le roux pour le serrer dans ses bras.
— Je… Je n’arrive pas à comprendre ce que je ressens, murmura-t-il, son visage enfouit dans le cou de la jeune fille. C’est comme si je m’en voulais d’être heureux Lily, et ça fait tellement mal.
— Je serai toujours là pour toi, lui dit-elle tout bas en pleurant silencieusement aussi. Je…
— Je le sais et j’ignore ce que je ferais sans toi.
— Si tu veux affronter le regard des autres et être ouvertement heureux avec Drew je serai là, Hugo, le premier à vous regarder mal je lui donnerais la leçon de sa vie ! Tu n’auras jamais à faire face à ça tout seul, je te le jure.
— Je ne peux pas Lily, même si j’en meurs d’envie je ne peux pas… et puis si mes parents l’apprenaient… gémit-il en pleurant d’autant plus.
— Tes parents sont des gens fantastiques Hugo, ils te soutiendront avec tout l’amour du monde. Nous sommes une famille, et quelle famille, dit-elle pour le faire sourire. Tu as toute la communauté Potter-Weasley pour te soutenir, t’aimer, te rendre heureux et être fier de toi !
— Merci, merci… » répétait-il encore et encore jusqu’à ce qu’il s’endorme.
Une fois seule, bercée par les respirations d’Hugo près d’elle, Lily se sentit plus mal que jamais. Les larmes continuaient de couler sur ses joues alors qu’elle comprenait enfin ce qui pourrait la sauver.
Il ne lui pardonnerait jamais.
Bouleversée, l’estomac noué, torturée par une douleur aiguë et invisible, Lily se détacha d’Hugo pour courir vomir tout ce qu’elle avait dans l’estomac. Malefoy allait faire d’elle un véritable monstre aux yeux de tous. Sa famille allait la haïr. Hugo ne voudrait plus jamais ne serait-ce que la regarder. Écroulée sur le sol en carrelage de la salle de bain, la porte s’ouvrit doucement pour laisser entrer Ginny Potter, angoissée comme tout. S’agenouillant près de sa fille, elle l’a pris dans ses bras pour la bercer doucement, lui chuchotant des « ça va aller, ne t’inquiète pas, je suis là ». Le corps secoué par de longs sanglots, Lily s’accrochait à sa mère comme une petite fille.
« Tout va bien ma chérie, je suis là…
— Oh maman…
— Qu’est-ce qu’il y a Lily, tu me fais peur ma chérie, lui dit-elle tendrement.
— Je suis horrible maman, je suis horrible…
Consolée par sa mère, Lily n’arrivait pas à s’arrêter de pleurer. Si seulement elle pouvait lui raconter, tout lui dire… Le poids du secret était terrible pour la jeune fille, ce qu’elle s’apprêtait à faire l’était d’autant plus. Serment ou non, Malefoy allait la tuer.
— Dis-moi tout mon ange, tu sais bien que je suis là pour toi. Qu’importe ce que tu dois vivre, nous sommes là pour t’épauler, ma chérie.
— Je ne peux pas te le dire maman… dit-elle désemparée.
— Bien sûr que si ma chérie, je peux tout entendre tu sais. C’est un garçon ? C’est à cause de cet Aaron, s’il t’a fait du mal… commença Ginny.
— Non maman ce n’est pas ça du tout je t’assure. C’est juste que… Oh maman j’ai…
— Respire Lily, respire tout va bien…
La voix rassurant de Ginny calma quelque peu Lily. Les larmes coulaient moins sur ses joues. Dans son dos, la porte s’ouvrit et la tête de son père se dessina dans la lumière de la salle de bain.
« Tout va bien ici ?
— Oui oui, va te coucher Harry, je reste avec Lily. Ne t’inquiète pas. »
Mais Harry était fou d’inquiétude de voir sa femme étreindre leur fille à même le carrelage. Impuissant, il hocha la tête et disparu en fermant la porte derrière lui.
« Maman, on m’oblige à faire quelque chose je ne veux pas mais… je n’ai pas le choix, je ne peux pas refuser… commença Lily mais aussitôt, comme alertée, la marque commença à la brûler intensément. Les filaments dorés se mirent à vibrer et se resserrer dangereusement ce qui fit gémir Lily de douleur.
Le Serment lui rappelait qu’elle avait juré de se taire.
— Tu me fais peur ma chérie, pourquoi quelqu’un te forcerait à faire quelque chose ? Chérie, si c’est un élève tu dois le dénoncer. Si tu refuses, alors ne le fais pas…
— Mais maman je ne peux pas, tenta d’articuler la rousse sous les effets de la douleur. Si je… par Merlin… si je refuse…
— Si tu refuses quoi Lily ?
— Je… je ne peux pas te le dire… abandonna-t-elle sous la pression que lui infligeait les brûlures de la marque. Maman il va falloir que tu me fasses confiance, lui dit-elle en la regardant dans les yeux.
Jamais Ginny Potter n’avait vu un regard si désespéré. Tiraillée entre l’envie de cuisiner sa fille pour l’aider et celle de la laisser gérer, elle resta silencieuse.
— Maman je t’en prie, jure-moi simplement que, quoi que je fasse, tu m’aimeras toujours. Jure-le-moi maman.
— Bien évidemment ma chérie, bien évidemment, mais j’ai besoin de savoir, tu vas tuer quelqu’un ?
— Non, bien sûr que non, maman.
— Alors nous t’aimerons tous toujours. Nous sommes ta famille, nous t’aimerons toujours Lily… »
Toujours, c’est très long pensa la jeune adolescente une fois que sa mère fut partie. C’est même très très long…
***
La fin des vacances arriva bien plus vite que prévu et toute la dernière semaine, Lily avait évité Hugo autant que possible. La sensation de malaise qui se déclenchait en elle lorsqu’elle approchait de lui l’avait tenue à bonne distance de son cousin. La veille de partir, Lily avait par ailleurs reçu chez elle un hibou malheureusement familier accompagné d’une lettre incendiaire signée SM. Le blond hurlait à l’écrit sur Lily dans l’espoir de comprendre pourquoi dans la nuit de mardi à mercredi vers 2h54 du matin la marque du serment l’avait réveillé tant elle brûlait. Il continuait en espérant que cela lui servirait de leçon la prochaine fois qu’elle risquait de dévoiler leur secret. Indifférente, Lily l’avait jeté au feu de la cheminée sous le regard intrigué de James.
Après des au revoir chaleureux avec sa famille, Lily s’installa dans un compartiment du Poudlard Express en compagnie de Mary et Gil, lesquelles discutaient de leurs vacances en Égypte pour l’une et en France pour l’autre. Lily, quant à elle, leur grommela qu’elle n’avait rien fait de spécial avant de se plonger dans un livre lambda histoire d’éviter les questions de ses amies. Après une heure environ de trajet, une première année toqua à la porte du compartiment des trois filles et demanda sous le regard méfiant de Gil et Mary à ce que Lily la suive.
« Pourquoi ? demanda la rousse une fois seules.
— Un garçon m’a demandé de t’emmener dans un compartiment, si je ne le fais pas il raconte à tout le monde que j’ai triché au cours de Moore…
Lily leva les yeux au ciel et suivit la gamine à travers les wagons jusqu’à atteindre le compartiment en question. Sans attendre son reste, la fillette disparut, la laissant seule avec… Malefoy.
— J’aurais dû me douter qu’un truc aussi tordu ne pouvait venir que de toi, soupira Lily en se laissant tomber sur la banquette.
— Tes vacances t’ont fatiguée, Potter ?
— Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-elle en ignorant sa remarque.
— Comprendre avant tout. Tu n’as pas répondu à mon hibou.
— Difficile de répondre, tu étais si… gentil.
— L’ironie te va mal. Tu as voulu divulguer notre secret ?
— Implicitement seulement.
— C’était stupide.
— J’aurais essayé au moins.
— Le sortilège du serment inviolable est très puissant Potter, tu ne peux pas le contourner. Ni toi ni personne.
— J’ai compris.
Songeur, Malefoy s’enfonça dans la banquette grisâtre en regardant Lily, avant d’ouvrir la bouche pour répondre. Toutefois, agacée de perdre son temps, la rousse le devança :
— Maintenant que tu sais, je peux y aller ?
— Tu as trouvé comment réaliser le deuxième vœu ?
— Oui, tu me prends pour qui ?
— Quelle agressivité… quand je pense que je songeais à perte plus miséricordieux avec toi.
— Ah oui ? Prends-moi pour une idiote, oui. T’aimes bien trop faire du mal aux gens et à moi en particulier pour être « agréable ». D’ailleurs cet échange me donne tout simplement la nausée. Je préfère de loin quand on s’insulte.
— Décidément tu es pleine de surprise, Potter. Avant les vacances, tu étais plus disposée à m’accorder le bénéfice du doute…
— C’était avant que tu me demandes de faire du mal à mon cousin. Avant que tu m’attires aussi loin dans tes névroses, Malefoy ! Ce que tu m’obliges à faire… Des larmes commençaient déjà à perler au coin de ses yeux. T’as gagné tu vois, je ne l’ai pas encore fait et je me dégoûte déjà.
— Je ne peux pas enlever ce que j’ai dit.
— Quand bien même, pourquoi est-ce que tu le ferais ? Et puis pourquoi t’es aussi… aussi peu toi-même, par Merlin ?
Scorpius haussa les épaules. Il n’en savait rien. Peut-être qu’au fond, il avait pitié d’elle…
— Très bien, finit-il par décréter, ce n’était pas ce qui était prévu mais si tu insistes pour que je reste le grand méchant de l’histoire, si ça te console de faire de moi l’ultime responsable de ce que tu comptes faire : je veux que tu le fasses ce soir.
— Pardon ? s’étrangla Lily, son cœur venait de rater un battement.
— Tu m’as compris. Ce soir, tu réalises le vœu.
Scorpius Malefoy se leva de la banquette, sa démarche princière porta sa perfection diabolique en direction de la porte.
— C’est non négociable et à ta place, je commencerais à m’énerver contre ton cousin, la colère ça aide beaucoup à blesser les gens qu’on aime…
Et il sortit.
Décadence et rédemption by Stylesorg
Author's Notes:
Heloo hello hello !
Merci du fond du coeur pour votre fidélité, voici le fameux chapitre 10 ! (pas taper moi s'il-vous-plait)
Je souhaitais remercie ceux qui ont eu la délicatesse de me laisser des reviews (c'est l'unique gratification que je reçois pour mon travail, n'hésitez jamais ! ),
- merci au travail incroyable de ma bêta SumiShann (et encore désolée pour ces histoire de sauvegarde aha)
- merci à mon amie Léa ! Tes conseils me sont très précieux tout comme tes avis, j'espère qu'un jour vous pourrez tous lire les incroyables histoires qu'elle garde pour elle. Son écriture est magique !
Sur ce, enjoy !!!
« C’est non négociable et à ta place, je commencerais à m’énerver contre ton cousin ; la colère ça aide beaucoup à blesser les gens qu’on aime… »
La voix de Malefoy revenait sans cesse depuis deux bonnes heures alors que Lily avait rejoint son compartiment avec les filles. Afin de ne pas attirer les soupçons, elle avait prétexté avoir cherché Aaron en vain parce qu’il souhaitait lui parler. Cette phrase la dérangeait énormément, et ce depuis qu’elle avait quitté la bouche du Serpentard. Se pourrait-il que l’impitoyable Scorpius Malefoy ait aimé une personne ? Lily n’était même pas sûre qu’il aimait sa propre famille.
Parfois, lorsqu’elle était plus jeune et que son oncle Ron les gardait, elle et Hugo, elle avait souvent entendu des histoires sur le père de Scorpius. Drago Malefoy était un garçon détestable, peureux, lâche, cruel et gâté. Il avait grandi dans une famille de sangs-purs, convaincue de l’infériorité naturelle des moldus et nés-moldus, aberration pour Lily qui aimait énormément sa tante Hermione. Mais rien qu’en imaginant qu’en repensant à l’historique familial de Scorpius, il n’était pas si compliqué de comprendre d’où venait cet horrible comportement et l’incroyable stupidité du jeune homme.
Aimer… Argh, il ne devait même pas savoir en quoi cela consistait, le bougre.
En un coup de vent, Hugo fit irruption dans le compartiment des filles et vint se jeter en riant aux éclats à côté de Lily qui essayait de lire. Jake, son meilleur ami, véritable rat de laboratoire qu’elles ne voyaient pas souvent, s’assit quant à lui à côté de Gil. Énervée, Lily fusilla du regard son cousin qui fit mine de ne rien voir et lui ébouriffa les cheveux.
« C’est non négociable et à ta place, je commencerais à m’énerver contre ton cousin ; la colère ça aide beaucoup à blesser les gens qu’on aime… »
« Putain Hugo, t’es sérieux là ? T’as pas l’impression de déranger ?
— Oh allez Lily jolie, déride-toi ! lui dit-il en lui donnant un coup de coude.
— T’es chiant, lâche-moi ! Tu vois pas que j’essaie de lire ?
— C’est nul, tu lis quoi en plus ? « Les secrets de Poudlard » ? Mais c’est d’un chiant Lily, surtout que dans quelques mois Poudlard, t’en auras plus rien à faire !
Furieuse, et volontairement en colère, Lily se mit à crier sur Hugo :
— Non, mais j’hallucine, tu peux pas être un peu respectueux pour une fois ? J’en ai vraiment marre que tu te comportes comme un gosse Hugo, grandis merde !
— Mais Lily, commença-t-il choqué, c’est pour rire…
— Oui bah j’en ai ras-le-bol de rire pour des trucs aussi nuls. Je m’en vais tiens, comme ça tu pourras « rire » et t’affaler comme un ours sur la banquette ! »
Se levant d’un mouvement rapide, Lily prit son sac et son livre, et sorti dans le couloir. Ce n’était pas facile de s’énerver contre Hugo, le jeune homme était toujours de bonne humeur, le lui reprocher (surtout avec ce qu’il traversait) était vraiment injuste. À la recherche d’un compartiment libre, Lily entendit une voix crier son nom dans son dos puis, une main saisir son poignet fermement.
« Lily, Lily attends, je suis désolé, je ne voulais pas te faire fuir…
— Alors arrête de te comporter comme ça !
— Mais je n’ai rien fait, enfin ! s’exclama Hugo en prenant un air effaré.
— Tu n’arrives pas à me foutre la paix, voilà ce que tu fais, Hugo. »
Et la rousse secoua sa main pour sortir de la poigne de son cousin afin de poursuivre son chemin, le laissant planté comme un idiot au milieu du wagon sous les regards gênés des autres étudiants. Si Poudlard était un lieu où tout pouvait arriver, jamais les élèves du wagon n’avaient vu en sept années consécutives Hugo Weasley et Lily Potter se disputer.
Durant toute la fin du trajet en direction du Château, Lily resta seule à réfléchir, interrompue plusieurs fois par des étudiants à la recherche d’un compartiment qui, devant l’air aimable de la jeune fille ne restaient pas plus de quelques minutes. Cette attente était insupportable. Comme un condamné que l’on prépare pour son exécution, Lily attendait patiemment le moment où, ce soir, elle devrait réduire à néant tout l’amour qu’elle éprouvait pour son cousin. C’était elle ou lui. Lui pourrait s’en remettre avec un peu de temps, pas elle.
Le festin du soir n’avait rien d’extraordinaire quand les étudiants revenaient de vacances. Certains professeurs étaient absents, certains élèves mangeaient dans leur dortoir (tout dépendait de leur relation avec les elfes de cuisine) – autant dire que la Grande Salle n’était jamais pleine le premier soir.
Assise en compagnie de Gil, Mary et une fille qu’elle ne connaissait pas beaucoup du nom de Sarah, les quatre adolescentes mangeaient en parlant des cours de Moore qui reprenaient enfin depuis l’explosion mais surtout du fameux cours en extérieur de DCFM.
« Il paraît que l’on va devoir affronter une créature, dit Sarah entre deux bouchées, c’est mon frère qui me l’a dit !
— Mais ça change tous les ans, non ?
— Oui ! L’an dernier, ils devaient capturer un dragon miniature, c’est dingue, non ?
— Ouais, celui d’Albus lui avait fait rôtir tout l’arrière du crâne et Moore avait dû lui faire repousser ses cheveux, raconta Lily. Le lendemain matin il les avait jusqu’aux fesses, c’était génial.
— Vous pensez que ce sera quoi cette année ?
— Aucune idée, répondit Sarah à la question de Gil. Ce prof est imprévisible !
— Tiens, Lily regarde, il y a Hugo qui arrive, dit Mary en montrant d’un coup de menton le jeune homme qui venait de franchir la porte.
— Misère…
Mary regarda Lily, très étonnée par sa remarque :
— Qu’est-ce qu’il t’a fait ?
— J’ai du mal à le supporter en ce moment, tout ce qu’il fait m’énerve, murmura la rousse à l’adresse de ses amies alors qu’Hugo approchait de leur table.
Se décalant légèrement, Lily continua de manger jusqu’à ce qu’elle croise, face à elle, deux tables plus loin, les yeux gris de Malefoy. Aussitôt, la marque commença à la brûler. C’était le moment. Elle ne pouvait plus faire demi-tour ni l’éviter. La douleur augmenta d’un cran quand Hugo s’assit à côté d’elle, ce qui l’obligea à lâcher sa fourchette. Mouvement que son cousin interpréta comme lié à sa personne, il se tourna vers Lily énervé.
« Tu m’en veux encore ? Dis-le, je ne voudrais pas te couper l’appétit, Lily. »
Le simple fait qu’il lui adresse la parole augmenta encore la douleur de son bras qui, lentement se dirigeait vers sa poitrine. Elle avait peu de temps, peut-être 5, voire 10 minutes pour agir.
« Hé, Lily je te parle, insista-t-il face au silence de la concernée.
— Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans fiche-moi la paix Hugo, dit-elle durement en chuchotant pour éviter d’ameuter les regards.
— Je prends ça pour un oui, donc. Hugo prit un peu de recul et posa un regard plein de jugement sur Lily. C’est quoi le problème ? Tu m’évites les derniers jours de vacances, dès que j’arrive quelque part tu t’en vas ou tu cries. Merde Lily, on a pas à subir ta mauvaise humeur constamment ! »
Tous les regards de la tablée étaient tournés vers eux, des discussions çà et là s’étaient arrêtées. Hugo Weasley, le garçon si gentil, si serviable des Gryffondor venait de parler d’une voix sourde. Et Lily, dans son coin, la tête baissée, les yeux fermés, tentait de contrôler la douleur, de lutter contre l’impossible.
« Wow, super courageux Lily, t’es même pas foutue de t’expliquer espèce de lâche. De toute façon, t’es devenue imbuvable depuis septembre. Alors, c’est la faute de qui ? De Malefoy ?
Tous les clignotants internes de Lily se déclenchèrent. Elle n’avait plus le choix. Elle devait réaliser le vœu de cet abruti. Relevant la tête vers Hugo, elle tenta de lui faire comprendre qu’elle était désolée avant de commencer à lancer ses paroles brûlantes :
« Tu me fais rire Hugo, t’ose parler de courage, toi ? T’es le mec le plus lâche que je connaisse !
— De toute façon, t’as toujours eu horreur des gens qui sont heureux, enchaîna-t-il pour noyer le poisson, sachant parfaitement où elle voulait en venir.
— Heureux ? Parce que t’es heureux, Hugo ? Ça te rend heureux de pas avoir les couilles d’assumer que tu préfères les mecs devant l’école ? (la brûlure augmenta d’un cran, la faisant grimacer, lui montrant qu’elle devait aller plus loin). T’es homo Hugo, assume-le et viens pas me traiter de lâche !
La Grande Salle était plongée dans un silence de mort, tous les yeux étaient rivés sur ceux qu’on appelait parfois les « jumeaux » et qui ce soir allaient se vouer une haine profonde.
— C’est pas du bonheur Hugo, c’est de la résignation. T’es un putain de résigné ! Un trouillard qu’a besoin que je le console quand il vient chialer sur sa pauvre petite vie. Non mais regarde-toi, tu fais honte à notre famille avec tes déviances. Tes parents sont deux très grands sorciers dont parlent les livres d’histoire, ta sœur est brillante et respectée, et toi ? Mais toi, qu’est-ce que tu es, Hugo ? T’es rien ! T’es un pourri gâté, tu me dégoûtes. Tu me juges alors que tu n’as même pas la légitimité de le faire ! Et tu veux que je te dise ?
— Assez ! La directrice arriva d’un pas rapide en direction des deux cousins à présent levés, sur le point de devenir violents. Miss Potter, dans mon bureau immédiatement, monsieur Weasley, suivez-nous aussi.
Le flot d’horreurs coupé, Lily s’aperçut que la brûlure avait cessé. Un coup d’œil à son avant-bras lui permistde voir que la marque s’était rendormie ; cela signifiait donc qu’elle avait réussi. Hugo était en miettes devant elle. Elle l’observa, il la fixait. Des larmes coulaient de ses yeux et son corps tremblait. Sortie de sa transe, Lily regarda ensuite autour d’elle. Les Serpentard se bidonnaient du spectacle en la félicitant, certains même criaient qu’elle s’était trompée de maison. Ses amis… ses amis avaient les yeux baissés, sauf Mary. Mary la regardait choquée, déçue et dégoûtée. Lily se prit un poignard en plein cœur en voyant ça. Ce qu’elle avait fait… La directrice leur demanda de nouveau de la suivre et ils obtempérèrent.
Sur leur passage, des Serpentard insultèrent Hugo, des filles de Poufsouffle ricanaient, un Serdaigle envoya un « salope » à Lily qui ne put la blesser plus qu’elle ne l’était déjà…
Ils étaient tous les trois dans le grand bureau ovale quand McGonagall commença à incendier Lily. Jamais elle n’avait eu affaire à des propos aussi désobligeants et insultants. Sidérée, elle comptait sans plus tarder informer ses parents au sujet de son comportement. Après l’explosion, cette scène était la cerise sur le gâteau. Se voyant consignée, interdite de sorties scolaires, et de Quidditch, la vie de Lily se réduisait à présent aux cours, aux retenues et à son dortoir. Mais tout cela n’était rien comparé au mal qui rugissait dans la poitrine de l’adolescente. Ce qu’elle avait dit… Elle avait envie de vomir, de se jeter sous un train. Tous ces mots terribles, elle ne les pensait même pas…
« Avant de partir mademoiselle Potter, vous allez me faire le plaisir de vous excuser. Vos propos et votre attitude sont une véritable honte aux valeurs que vos parents vous ont inculquées et surtout aux valeurs de ce château. Je vous laisse cinq minutes, donnez-moi vos baguettes…
— Professeur, l’interrompit Hugo d’une voix cassée sortie des profondeurs de la Terre, je vous en prie, j’en ai suffisamment entendu pour ce soir.
— Cinq minutes, monsieur Weasley.
Laissés seuls, Hugo se leva suivit de près par Lily dont les larmes ne purent résister plus longtemps. Proche de la crise d’angoisse, tous ses membres tremblaient, un goût terrible de bile dans la bouche.
« Hugo je t’en supplie… je t’en supplie, pardonne-moi…
— Ne m’adresse plus la parole Lily, c’est terminé, dit-il d’une voix dure en se tournant vers elle. Je ne veux plus jamais te parler, tu m’entends ? T’es morte pour moi.
— Non Hugo, je t’en prie écoute-moi… renifla-t-elle en essayant d’attraper sa main.
— Non ! Ne me touche pas ! Je t’interdis de me toucher, tu comprends ? Disparaîs Lily, sinon je t’assure que je risque d’être violent.
— J’étais obligée Hugo, j’étais obligée je te le jure sur tout ce que j’ai…
— Mais regarde-toi ! Tu jurais aussi d’être à mes côtés pour toujours, tu jurais de me soutenir pour toujours envers et contre tous, de me défendre, de m’aider. Quand je pense qu’en réalité c’était de toi qu’il fallait que je sois protégé… Tu me dégoûtes Lily, tu me donnes envie de vomir. Ce que tu as… je n’ai même pas les mots. Je ne veux plus jamais te voir.
— Hugo… »
Lily s’écroula au sol sous le regard indifférent et terriblement blessé de celui qu’elle avait toujours considéré comme la plus belle partie d’elle-même. La directrice fit alors son retour tandis que Lily, à terre, se confondait en sanglots, suppliant Hugo de l’écouter jusqu’au bout. Elle ne voulait pas le perdre, tout sauf ça. Si elle avait pensé que le temps arrangerait les choses, elle voyait à présent dans les yeux éteints et fatigués de son cousin que le temps n’y ferait rien. Elle avait brisé quelque chose, elle avait totalement rompu le lien merveilleux qu’ils avaient toujours partagé.
« Relevez-vous Miss Potter, la somma McGonagall mais Lily ne pouvait bouger, ce qu’il se passait en elle était bien trop fort, la douleur ravageait absolument tout sur son passage. Des râles et des grognements interrompus par des supplications, c’était tout ce qu’elle pouvait faire à présent. Et si la directrice eut pitié de cette gamine brisée au sol, Hugo n’y accorda pas un regard, bien trop dévasté de son côté.
Dos à celle qu’il avait aimé de tout son être, qu’il avait chéri comme sa propre sœur, il se trouvait à présent face à ses peurs les plus intenses.
Humilié, il craignait de devoir franchir le pas de cette porte et d’affronter les insultes, les regards, les paroles des autres. L’avant-goût de cette situation avait été si amer lorsqu’il avait quittée la Grande Salle, cherchant Drew du regard pour finalement voir l’homme qu’il aimait en train d’écraser de la nourriture dans son assiette. Il ne s’était pas battu pour lui. Son cœur en miettes, déçu encore et encore, n’arrivait plus à assimiler les circonstances. McGonagall allait certainement prévenir ses parents de la situation. Par Merlin, ils allaient tant être déçu de savoir ce qu’il était… Il voyait encore son père lui parler en riant une semaine plus tôt qu’il espérait tout de même rencontrer un jour une future Mrs Weasley sous ce toit…
Derrière Hugo, Mrs Pomfresh et le professeur Moore arrivèrent, appelés en renfort par la directrice pour faire bouger Lily. Au-dessus de son épaule, il vit le professeur de Potions forcé de maintenir la rousse pour lui faire boire une potion du sommeil, profond sédatif qui, quelques secondes plus tard firent taire les couinements pathétiques et désespérés de Lily.
Ce soir-là ils avaient tous les deux touché le fond…
***
Cette semaine se déroula dans un véritable brouillard pour Lily. Alitée à l’infirmerie, celle-ci alternait entre sédatifs et sanglots. Refusant de se nourrir, c’est lorsqu’elle dormait que l’infirmière parvenait à lui faire avaler une potion nourrissante.
5 jours.
120 heures.
7 200 minutes.
432 000 secondes.
C’était le temps que Lily avait passé à regarder le plafond blanc immaculé de l’infirmerie. Personne n’était venu lui rendre visite, aussi se douta-t-elle qu’ils étaient tous auprès d’Hugo : cette idée était satisfaisante. Hugo… 432 000 secondes à s’inquiéter pour son état, à haïr ceux qu’elle savait capable de se moquer de lui, à crever d’envie qu’il vienne pour qu’elle s’excuse.
432 000 secondes à sombrer aussi. Elle avait reçu une longue lettre de sa mère, car son père se voyait incapable de lui adresser le moindre mot. Cette dernière lui faisait part de sa déception…
Lily Luna Potter,
Nous avons reçu hier matin un hibou de ta directrice pour nous informer de ton comportement. Je ne sais comment te décrire notre état en lisant les horreurs que tu as osés dire à ton cousin. Ton père s’est immédiatement rendu chez ton oncle et ta tante pour partager avec eux la honte et la colère que nous éprouvons tous envers ton attitude.
Nous sommes profondément déçus de ce que tu es devenue jeune fille. Nous avons tenté de t’élever toi et tes frères avec tout l’amour du monde. Ton père qui a été privé de famille a essayé de vous inculquer l’importance d’en avoir une. Tu as toujours été chérie et gâtée par mon frère et sa femme. Hugo a toujours été présent pour toi et je pensais qu’au moment où il aurait le plus besoin de ton soutien, tu saurais en faire autant.
Les propos que tu as tenus sont les preuves de ton immaturité.
Sache que nous approuvons absolument toutes les sanctions qui ont été mises en place. Le chemin sera long avant de regagner notre respect, à tous.
Pour l’instant tu devras faire face seule aux conséquences de tes actes.
En espérant que tu ouvriras les yeux sur ton comportement.
Maman.
Chaque mot avaient été une véritable épreuve et si Lily avait eu l’occasion de répondre à sa mère, elle lui aurait alors dit qu’elle était entièrement d’accord avec elle. Ce qu’elle était, elle le haïssait. Ce qu’elle avait fait, elle le condamnait.
La porte s’ouvrit alors et, derrière le brouillard de ses yeux causé par les sédatifs, Lily vit passer l’infirmière accompagnée par la directrice.
« Miss Potter, cela va faire cinq jours que vous êtes dans cet état, déclara le professeur McGonagall, il est temps de prendre une décision.
— Renvoyez moi, lui conseilla alors Lily – cette idée semblait être la meilleure. Elle avait eu 7 200 minutes pour y penser.
— Non. J’ai bien trop de respect envers vos parents pour cela.
— Miss Poter, ou vous devenez raisonnable et décidez de vous nourrir seule ainsi que de rejoindre votre dortoir, commença Mrs Pomfresh. Ou bien nous vous transférons à l’hôpital de Sainte-Mangouste dans un service de soutien psychiatrique.
Lily regarda les deux femmes, totalement perdue.
— Mais vous ne pouvez pas faire ça, murmura-t-elle, je ne suis pas folle…
— Non vous n’êtes pas folle, et si je peux me permettre de donner mon avis ce serait une grossière erreur de vous faire subir ça. Miss Potter, je vous connais suffisamment pour savoir que vous n’étiez pas dans votre état normal. Par ailleurs, notre professeur de Potions a pu découvrir des traces d’une magie très puissante sur vous, toutefois il ignore de quel sort il s’agit. Miss Potter, vous êtes une jeune fille intelligente et si vous tenez véritablement de vos parents, ce que votre place chez Gryffondor semble confirmer, continua McGonagall, vous êtes aussi courageuse. Ne baissez pas les bras devant le premier obstacle. Ce que vous avez fait à Mr Weasley est injuste et cruel si j’en crois le quotidien qu’il doit gérer, mais faites preuve de courage et essayez de vous racheter.
Lily hocha la tête les larmes aux yeux.
— Miss Potter, il s’agit de votre famille. Une famille, c’est ce qu’il y a de plus précieux au monde, ils vous pardonneront si vous leur donnez toutes les raisons de le faire. (La vieille directrice lui sourit gentiment) Faites preuve de courage et de volonté Miss Potter, vous valez mieux que ce que je vois actuellement.
Se levant du chevet de Lily, la directrice, suivie de près par l’infirmière, sortie de la grande pièce vide. De nouveau seule, Lily s’assit sur son lit, pensive. McGonagall avait raison sur tous les points. Elle n’était pas du genre à baisser les bras.
En dépit de tous les non-dits, tous les sentiments contradictoires qui siégeaient en elle, Lily aimait profondément sa famille et rien ne pourrait l’empêcher de les retrouver. Motivée, sortie de sa léthargie, la rousse se leva péniblement. Pendant le discours de la directrice, l’infirmière avait déposé un uniforme propre sur une chaise près de son lit. Après une bonne douche chaude, Lily s’habilla : son corps s’était creusé, ses joues surtout. Son teint pâle était blanc comme un linge, ce qui faisait ressortir ses taches de rousseurs ainsi que ses grands yeux verts. Dans son regard, elle lut enfin toute la détermination qui lui avait manqué durant ces cinq jours.
En sortant de cette pièce elle regagnerait la confiance de Hugo, elle montrerait à Malefoy qu’il ne l’avait pas mise en échec, elle reprendrait sa vie en main.
***
21h 30 et personne n’était encore arrivé dans le dortoir. Cela faisait bien deux bonnes heures que Lily attendait, tournait en rond, s’asseyait et se relevait. La première étape de son plan consistait à parler avec Mary et Gil, ce qui était loin d’être facile. Ses deux amies devaient la haïr pour ce qu’elle avait fait… Cependant, c’était une étape décisive avant d’affronter le regard d’Hugo.
A peine était-elle sortie de l’infirmerie qu’elle avait entendue des rumeurs courir, mais surtout une question revenait à la bouche des élèves : qui était donc le garçon avec qui Hugo Weasley fricotait ? Cette interrogation surprit Lily car, d’après Hugo, Drew était amoureux, aussi était-il surprenant que son cousin ait à affronter seul cette tempête.
Le chemin qui la séparait de son dortoir à l’infirmerie fut éprouvant pour la rousse qui malgré tout restait assez faible. Sur son passage, peu de commentaires, ce qui l’étonna.
21h45 et elle entendit enfin s’élever les voix de Gil et Mary dans l’escalier. Assise droite comme un piquet sur son lit, Lily attendait qu’elles arrivent patiemment. La porte s’ouvrit sur Mary qui semblait raconter une histoire drôle dont Gil n’eut jamais la chute lorsque la blonde vit qui était là. Comme par magie, le visage de Mary tout comme celui de Gil se ferma. Un silence de plomb tomba sur la chambrée. Lily prit son courage à deux mains :
« Euh, salut, tenta-t-elle maladroitement.
Aucune des deux filles ne lui prêtèrent attention. Toutes les deux semblaient chercher des affaires afin de disparaître en salle commune.
— Attendez, essaya de nouveau Lily pour attirer leur regard, s’il vous plaît, juste, donnez-moi cinq minutes. Je sais que vous me détestez pour ce que j’ai fait mais… juste cinq petites minutes, supplia Lily.
Mary lança un regard à Gil, le temps d’un instant il semblait que les deux filles se mettaient d’accord sur ce qu’elles devaient répondre. Mary prit alors la parole :
— Cinq minutes.
— Merci, je… Merci. Écoutez, ce que j’ai fait, je m’en veux terriblement. En fait, c’est même plus que ça, je me sens horrible, et je sais que je l’ai été. Mais je suis désolée… je suis terriblement désolée les filles pour mon comportement. Je vous ai déçue, je vous ai dégoûtée je le sais et j’en suis désolée. J’aimerais sincèrement pouvoir tout vous expliquer, je vous le jure, mais j’en suis incapable, je ne pourrais pas même si je le veux… (la marque commença à chauffer doucement), quelque chose m’en empêche, mais je ne peux pas vous l’expliquer sans me mettre en danger… je vous demande juste de me faire confiance…
— Te faire confiance ? Lily je vais pas te mentir ça va être très difficile. Nous avons besoin de temps pour digérer ce que tu as fait.
— Mary je…
— Oui oui tu as tes raisons, des raisons qu’on ne peut pas comprendre visiblement. Le souci, tu vois, c’est que ce que je n’arrive pas à comprendre moi c’est ce qui aurait pu te pousser à faire un truc pareil à Hugo.
— Mary a raison. Tu n’imagines même pas ce qu’il subit depuis. Les Serpentard n’arrêtent pas de l’insulter, de le charrier, ils le font tomber, le bouscule et tout. Il vit un véritable enfer et c’est totalement de ta faute.
— J’en ai conscience Gil et je vais me rattraper…
— Je ne vois pas comment, Lily. Alors s’il te plaît pour l’instant, laisse-nous un peu d’espace.
— Je comprends oui, dit-elle en se rasseyant. Merci de m’avoir écouté. »
Gil hocha la tête et suivit Mary hors du dortoir. C’était déjà ça, pensa Lily en se mettant en pyjama pour se coucher, une énorme boule dans l’estomac. Elle devait tenir bon, ne pas crouler sous la douleur que lui infligeait cette situation. Demain serait une autre paire de manche, en plus de ses amies, elle devrait affronter tout le monde. Mais surtout, elle devrait affronter Hugo…
***
Le lendemain matin, Gil et Mary s’étaient déjà éclipsées lorsque Lily se réveilla. Prévisible dans un sens, la rousse était tout de même sacrément triste de ne pas être aux côtés de ses amies pour affronter le petit déjeuner dans la Grande Salle. Après avoir pris une douche – laquelle aurait dû durer une éternité pour l’apaiser véritablement – Lily enfila son uniforme et sa cape, glissa sa baguette dans une poche et sorti affronter le reste du monde. À peine avait-elle posé un pied dans la salle commune qu’on l’examina comme une bête de foire : certains se penchaient pour parler, d’autres n’en avaient rien à faire, une fille l’insulta en la regardant dans les yeux… super.
Traverser le château fut encore autre chose. La plupart des élèves l’ignoraient royalement, les autres ricanaient ou bien la regardaient de travers. Mais Lily, inspirée par les paroles de la directrice n’en avait que faire : la tête haute, elle avançait d’un pas déterminé jusqu’à la Grande Salle. Extérieurement, elle ne laissait rien paraître, intérieurement, elle se liquéfiait de peur et de nervosité. Mais voilà, il était hors de question qu’elle baisse les bras, s’apitoie sur son sort et reste enfermée pour toujours dans son dortoir : à dix-sept ans, les rumeurs ça va et ça vient.
Une fois arrivée, Lily marcha lentement en direction de la table des Gryffondor. Gil, Sarah, Mary, Jake et Hugo étaient occupés à discuter lorsque Lily passa devant eux pour s’asseoir un peu plus loin. Il était inutile de demander à manger avec eux, elles les auraient plus énervés qu’autre chose… Hugo la voyant, se leva aussitôt et, de là où elle se trouvait la jeune rousse l’entendit dire : « On se retrouve plus tard, j’ai tout à coup envie de vomir » qui fit frissonner l’adolescente. A peine levé, ses amis firent de même et la laissèrent seule dans son coin. C’était bien mérité.
Buvant difficilement son jus de citrouille et mangeant une part de pudding qu’elle avala de travers, une silhouette s’assit en face d’elle, lui adressant un petit sourire étrange.
« Tu t’es trompée de groupe Sarah, murmura Lily en reprenant une bouchée.
— C’est nul de manger seule, personne ne devrait subir ça.
Lily releva la tête vers la jeune fille. Jamais elle n’aurait cru que Sarah serait la première à venir lui parler, elle aimait bien trop son groupe d’amis pour ça.
— Pourquoi tu… enfin tu vois, pourquoi tu restes avec moi ? Les autres vont t’en vouloir, non ?
— Non du tout, Hugo n’a pas demandé à ce qu’on prenne parti ou un truc du genre, on fait ce qu’on veut. Et je reste parce que je t’apprécie et je voudrais comprendre ce qu’il t’a pris la semaine dernière.
— Il ne l’a pas demandé parce que c’était évident, je pense… soupira Lily en repoussant son assiette. C’est très gentil de ta part, je te remercie, mais je ne peux pas vraiment expliquer ce qu’il s’est passé. Je le veux, mais je ne peux pas, on me l’a interdit, révéla Lily ce qui réveilla de nouveau la marque.
— Oh… je vois.
— Je n’ai pas eu le choix de faire ce que j’ai fait et je m’en veux terriblement. J’aime profondément Hugo et jamais je n’aurais fait une chose aussi abominable, se justifia tout de même Lily, désemparée.
— Oui, c’est aussi ce que je pense, et les autres aussi, mais ils ont du mal à digérer.
— Ce qui est normal, acquiesça la rousse.
Sarah lui adressa un sourire compatissant en se levant du banc.
— J’imagine que tu as un plan pour te racheter ?
— Et comment, sourit Lily en se levant à son tour.
— Pour commencer, allons en cours. Je vais t’aider, mais j’ai une condition !
— Dis-moi tout.
— Je vais t’aider à regagner la confiance de nos amis et te libérer du truc dont tu peux pas parler mais pour ça, laisse-moi par pitié rencontrer Albus en tête à tête ! » lui demanda Sarah en rougissant ce qui détendit et fit sincèrement éclater de rire Lily.
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Author's Notes:
Hello hello !
Mes excuses pour tout ce retard dans la publication, ma vie a connue un énorme changement !
J'ai hâte d'avoir vos impressions !!
Et comme toujours, un énorme merci pour le travail fomidable de ma beta SumireShann !!
Enjoy !
Alors comme ça, Sarah voulait un rendez-vous avec Albus. Cette idée trotta dans la tête de Lily toute la matinée alors qu’elle partageait maintenant sa table avec la brune. Devait-elle lui dire qu’Albus était marié à son travail, fou d’économie et de finance ? Certainement, après tout, elle appréciait de plus en plus Sarah. Lui donner un coup de main ne serait pas mal du tout.
Vers 14h, les deux jeunes filles entrèrent en cours de Potion, une grande première pour Lily qui n’y était plus retournée depuis la fameuse explosion du premier vœu. Saluant Sarah qui partit s’asseoir à côté de son binôme, Lily prit place à sa table où Malefoy n’allait pas tarder à la rejoindre.
Malefoy. Elle ne l’avait pas revu depuis les évènements de la Grande Salle et cette distance avait un goût amer. Elle préférait de loin savoir ce que faisait cet idiot plutôt qu’attendre que quelque chose lui tombe dessus. Moore fit alors son entrée et ferma la porte derrière lui. Malefoy était absent ? Malefoy n’était jamais absent. Si le jeune Serpentard avait tous les défauts du monde, Lily ne pouvait pas lui enlever le fait qu’il était intelligent et rigoureux dans son travail. Étonnée, elle regarda autour d’elle pour voir s’il avait peut-être changé de place pendant son absence, mais pas la moindre trace d’un regard de marbre et de cheveux peroxydés. Étrange.
« Bien… Moore balaya la classe du regard. Tenez donc, Miss Potter, vous nous honorez de votre présence… espérons que cette salle de remplacement n’explose pas aujourd’hui.
Moore fit quelques pas à travers la pièce.
— Où sont Zabini et Malefoy ? demanda-t-il aux Serpentard qui visiblement, n’en avaient absolument aucun idée.
De plus en plus étrange, pensa Lily.
— Bien, dans ce cas Nott, venez vous asseoir avec Potter, il serait fou de la laisser toucher une potion sans être observé.
La voix sifflante de Moore passa ainsi à autre chose, expliquant la potion que les élèves allaient aujourd’hui préparer : une potion Tue-Loup. Pendant ce temps-là, Kyle Nott vint s’asseoir près de la jeune rousse en lui adressant un sourire mesquin. Ce garçon avait tout d’un dangereux malade, l’étincelle dans ses yeux présageait d’une folie à peine dissimulée tandis que son aura dégageait quelque chose de malsain qui fit grimacer Lily. Elle détestait Nott.
« Tiens tiens, Potter, ça fait un bail qu’on t’a pas vu, lui susurra-t-il.
— Et tu ne m’as pas manqué, c’est fou.
— Oh arrête, je vais me mettre à pleurer.
— Non, tu n’es pas ton piètre ami. D’ailleurs où est-il ? Il torture un premier année ?
— Oh Potter, ricana de nouveau Nott en lui faisant les yeux doux, ce qui la révulsa, Scorpius a raison, t’es une vraie tigresse. J’espère que tu l’es à tous les niveaux… Enfin… ce qu’il fait ne te regarde pas. »
Sur ces quelques mots, la discussion fut immédiatement enterrée, non sans un soupir de soulagement venant de la jeune fille. C’était insupportable d’être proche de Kyle, elle s’était rarement sentie aussi mal à l’aise.
Le reste du cours passa bien trop lentement aux yeux de Lily. Kyle la fixait pendant qu’elle exécutait la potion, muet comme une carpe, figé comme une statue. Chaque geste passait au crible.
Kyle Nott était loin d’être respectable, du moins c’était ce que les gens racontaient en le connaissant. Le jeune homme venait d’une famille de sang-pur et adorait l’afficher. Riche, beau, il avait toujours eu tout ce qu’il désirait. Ces privilèges, naturels selon eux, devaient s’appliquer à tout le monde et en tout lieu, aussi avait-il été très mécontent de ses années à Poudlard. Si enfant il avait toujours été considéré comme le petit prince, celui que l’on écoutait et que l’on suivait, au château il n’était que le numéro deux. L’ombre de Malefoy, encore et toujours.
Scorpius et lui se connaissaient depuis l’enfance, mais ne se fréquentaient pas souvent hors des galas. Son père, Théodore Nott, avait été un ami proche de Drago lors de leurs années à Poudlard, une amitié qui avait su résister à l’après-guerre mais surtout au temps. Aussi, s’il considérait Scorpius comme un frère, il n’en était pas moins terriblement jaloux. Le blond était toujours considéré comme le chef du groupe, les Serpentard faisaient même de lui leur Prince et ce, depuis sept ans. C’était à le rendre fou. Toutefois, alors que l’on aurait pu croire le contraire, Kyle adorait l’héritier Malefoy, cette jalousie n’affectait en rien le respect et l’obéissance qu’il lui vouait.
Oui… Kyle était absolument fasciné par le charisme et l’autorité naturelle de Scorpius. Dans un autre monde, il aurait pu être un leader incroyable, encore plus persuasif que Voldemort… Alors, bien évidemment, tout ce qui était digne d’intérêt pour Malefoy était digne d’intérêt pour lui. Si Scorpius décidait qu’une musique était bien, Kyle l’appréciait aussi, si Scorpius aimait mettre des raclées à des premières années, Kyle aimait ça aussi, si Scorpius jouait au Quidditch, Kyle aussi… Le schéma était toujours le même.
Pourtant, cette année les choses avaient changé. Scorpius, qui les années précédentes s’était souvent confié à son meilleur ami, était à ce jour devenu très secret. Au fond, Kyle était certain que cela concernait la fille Potter.
Depuis cette fameuse soirée du 25 septembre où ils avaient orchestré ce stupide jeu pour les lier, Scorpius avait changé. Oui, orchestré. Tous les quatre – avec les jumeaux Zabini – savaient qu’elle ne pourrait pas résister à relever le défi, tous les quatre avaient fait en sorte que la bouteille de Bièraubeurre s’oriente sur Lily et Scorpius. Tout avait parfaitement fonctionné depuis que Scorpius leur avait confié son plan dans un compartiment du Poudlard Express le 1er septembre.
Malgré tout, Kyle ne connaissait pas les véritables motivations de Scorpius. Ils avaient tous entendu le fameux discours du « elle doit payer pour ce que sa famille a fait à la mienne » or, quelque chose clochait dans cette explication. Celle-ci sonnait terriblement bancale.
Le regard fixé sur Lily, Kyle observait tout d’elle. De son visage creusé à ses mains blanches tremblantes en passant par ses yeux verts trop grands, ses tâches rousseurs et sa bouche cerise. Nott n’avait auparavant jamais pris le temps de la regarder et, sans tout saisir, il comprenait pourquoi Scorpius était obsédée par elle. La fille Potter dégageait quelque chose de très particulier, un aura douceâtre, une fragilité à peine dissimulée et un caractère bien trempée. Paradoxale, la rousse.
Lorsque les deux heures furent terminées et que Moore avait fait le tour des potions – les félicitant pour leur travail – Kyle s’éclipsa rapidement, laissant Lily avec un sentiment très étrange. Sarah vint la rejoindre en lui demandant comment cela s’était passé – elle non plus n’appréciait pas vraiment le Serpentard – question à laquelle Lily répondit en haussant les épaules.
« J’ai tellement hâte d’être au cours de DCFM, par Merlin ! s’enthousiasma la jeune fille. Le prof a carrément banalisé la soirée pour tous les étudiants de son cours !
— De quoi tu parles ? demanda Lily en mettant son sac sur son épaule pour sortir de la salle.
— Lily, c’est le cours dont je parlais la dernière fois ! LE cours où on doit affronter une créature en pleine nature dans des conditions réelles !
— Ah ouais, on en avait discuté le soir où…
— Oui, ce soir-là, répondit Sarah l’air contrit. Allez, j’ai trop hâte qu’on y soit ! Nous avons rendez-vous dans le parc ! »
***
« Très bien, mettez-vous tous en rang, demanda le professeur de Défense Contre les Forces du Mal aux élèves devant lui. Comme vous vous en doutez tous, vous allez devoir affronter une créature. Pas de panique, nous allons vous lâcher dans une zone quadrillée par les professeurs. Au moindre danger prononcez la formule finite incantatem et la créature sera paralysée aussitôt pour une durée de 30 secondes. Si jamais vous prononcez la formule une seconde fois, un professeur interviendra et votre épreuve sera terminée. L’objectif n’est pas de fuir la créature, mais de la mettre en échec. Pour cela, nous faisons confiance à votre discernement.
« Vous partirez d’un point précis et vous devrez atteindre un Portoloin dont nous vous révélerons l’apparence uniquement avant le départ. Ce Portoloin vous renverra ici. Pour des questions de sécurité, de cohésion, mais aussi de temps, vous serez en groupe de deux. Les binômes seront les suivants :
— Annabeth Zabini et Matthew Sunders.
— Mary Williams et Gil Roose.
— Hugo Weasley et Katia Sullivan.
— Kyle Nott et Alexander Zabini.
— Sarah Dawson et Dean Brown.
…
« Il reprend les binômes de Potion, soupira Sarah à Lily alors qu’elle faisait un signe à Dean.
— J’espère pas, autrement ça voudrait dire que… »
— Jade Stewart et Sophia Abrahams.
— Lily Potter et Scorpius Malfoy.
« Voilà ce que ça veut dire, se décomposa Lily, désemparée.
Elle qui était si fière d’avoir évité le Serpentard pendant 24h n’avait absolument aucune envie de faire équipe avec lui. De plus, comme par hasard l’adolescent était réapparu après sa mystérieuse absence au cours précédent. Le cherchant du regard, Lily le trouva en train de comploter avec les jumeaux Zabini. Sans doute peu discrète – ou alors au cœur du sujet – les trois verts et argent se tournèrent vers elle, ce qui la fit rougir jusqu’aux racines de ses cheveux. Pour éviter que ne dure cet embarras, Lily détourna son attention vers le professeur.
— Vous passerez selon l’ordre que je viens de dicter, aucun changement de binôme n’est possible, devança le professeur. Chaque binôme devra rejoindre le château immédiatement à la fin de l’exercice. Comme vous pouvez le voir, il va bientôt commencer à faire nuit et nous ne voulons pas vous garder dehors. Tous les sorts sont acceptés sauf, mais cela est évident, les trois sortilèges Impardonnables. Le but de l’exercice est d’évaluer votre comportement ainsi que vos réactions face à une situation de danger. Pour ce faire, nous vous jetterons à chacun d’entre vous un sortilège nous permettant d’observer vos fréquences cardiaques, votre taux d’adrénaline, etc. Qu’est-ce que j’oublie… Oui, continua le professeur, les difficultés sont variables en fonction de votre niveau. Vous avez quarante-cinq minutes maximum pour parcourir la distance demandée. Des questions ?
Les élèves se regardèrent inquiets.
« Professeur ? demanda Lorena Smith en levant le bras. Comment allez-vous nous noter ?
— La note varie en fonction du temps que vous aller mettre, de la manière dont vous allez gérer la créature, mais aussi de vos caractéristiques vitales. D’autres questions ? Non ? Très bien. Dans ce cas, Miss Zabini et Mr Sunders, approchez. »
La jumelle Zabini se détacha de son groupe, encouragée par son frère et Nott, sous le regard presque confiant de Malefoy, pour rejoindre le professeur de DCFM ainsi que le professeur Moore. On leur lança un sortilège très étrange que Lily n’avait encore jamais entendu et immédiatement, deux plumes enchantées s’activèrent sur des parchemins vierges. Moore leur indiqua que leur Portoloin avait la forme d’un fauteuil vert, et que pour le rejoindre ils devaient avancer au nord.
« Professeur ? Que se passe-t-il si l’on se perd ? demanda Jade.
— Eh bien, vous devrez survivre plus longtemps. Quoi qu’il arrive, les quarante-cinq minutes écoulées, nous viendrons vous chercher. Bien, êtes-vous prêt ? demanda-t-il aux deux adolescents qui hochèrent la tête. Très bien, vous pouvez y aller, un professeur lâchera la créature après cinq minutes. Bon courage ! »
Sur ces dernières paroles, Annabeth et Matthew pénétrèrent dans la Forêt interdite. A peine eurent-ils posé un pied à l’intérieur qu’un voile les engloba, les faisant disparaître aux yeux de leurs camarades.
— Pas d’inquiétude à avoir ! leur dit le professeur Moore, ils vont bien et peuvent encore vous voir, il s’agit d’un sortilège de protection pour éviter à la créature de sortir du périmètre.
Sur ces quelques paroles, la plupart des élèves s’assirent dans l’herbe en attendant. Il était 17h et le soleil commençait à décliner tout doucement à l’horizon. C’était incroyablement apaisant, songea Lily, de sentir l’air frais du soir caresser son visage. Assise à côté de Sarah, elles discutaient d’un devoir de Métamorphose quand elle vit du coin de l’œil les deux plumes enchantées écrire frénétiquement : la créature était après eux.
« C’est sadique un peu, de nous faire ça, dit Sarah, mais ça reste quand même super excitant !
— Ouais, enfin je ne vois pas trop ce que ça leur apporte de savoir ça…
— Il y a tant de choses que tu sembles ignorer, Potter, c’est affligeant, répondit une voix haut perchée.
Levant la tête, Lily aperçu une figure cachée par des mèches presque blanches. Par Merlin, que voulait-il celui-là ?
— Qu’est-ce que tu veux, Malefoy ?
— Je venais simplement m’assurer que tu étais en forme pour tout à l’heure. Je n’accepterai aucune défaite, Potter.
— Adorable. Je vais bien, tu peux dégager, soupira Lily en lui adressant un signe de la main comme s’il s’agissait d’un moucheron à chasser.
— Vu ta tête, tu devrais manger un bout avant qu’on y aille, hors de question que tu t’évanouisses et que je te porte. Autant te donner à manger à la créature !
Lily leva les yeux au ciel et lui tourna le dos tandis qu’il s’éloignait rejoindre Zabini et Nott. Sarah éclata de rire.
— Vous formez un drôle de duo tous les deux !
— M’en parle pas, quelle plaie. Malefoy est ma malédiction cette année !
— Regard le côté positif, Malefoy est premier de la classe en Sortilège et toi, tu es excellente partout ! C’est sûr, vous allez anéantir la bête.
— Croisons les doigts pour…
— D’ailleurs, demanda Sarah gentiment, ça ne t’embête pas trop que je sois avec Dean ? On m’a raconté qu’après l’épisode d’Aaron, il avait tenté de te reparler.
— Oh non, du tout, Dean et moi sommes amis, c’est mon capitaine de Quidditch, enfin était, vu que je suis punie.
— Super, il est cool… C’est pas Albus mais…
— Ouh là, l’arrêta Lily en riant, pitié ne t’extasie pas sur mon frère quand je suis là ! Je vais avoir de ces images dans la tête, après… »
***
Le parc commençait à se vider de plus en plus. Les binômes disparaissaient dans la forêt et les élèves encore sur le point de passer n’avaient pas le droit de les contacter. Du coin de l’œil seulement, Lily avait aperçu Gil et Mary revenir exténuées vers Mr Moore, avant de déguerpir en direction du château. Il faisait nuit, froid et Malefoy venait de s’asseoir à côté d’elle alors que le dernier binôme s’élançait dans l’obscurité.
Un seul couple avait été obligé d’abandonné : Jade Stewart et Sophia Abrahams. D’après les rumeurs, Stewart était à présent à l’infirmerie avec une double fracture de cheville. Une goutte de sueur coula sur le front de Lily. C’était si terrible que ça ? Pour l’instant, ils ignoraient encore de quelle créature il s’agissait. Cette séparation qu’imposaient les professeurs entre les groupes avait été mise en place de façon à conserver le secret. Et quel secret, pensa-t-elle en regardant Malefoy, les yeux clos, la tête offerte aux étoiles brillantes de cette nuit de novembre.
Lily l’observa discrètement. Elle n’avait aucune confiance en lui pour cette épreuve, pourtant elle espérait qu’ils ne se lâcheraient pas, que l’un ne serait pas donné en charpie au monstre. Un monstre oui, Dean était revenu avec une énorme griffure sur le bras… La créature devait être énorme. Mais Sarah avait raison, Malefoy a beau être un garçon détestable, il n’en reste pas moins un excellent sorcier. Les yeux émeraudes de la Gryffondor dessinèrent les contours fins de son visage pâle sans imperfections, pas une seule cicatrice, pas un seul petit bouton. Ses longs cils, son nez droit, aquilin et impérieux, sa bouche rose pâle, les quelques petites mèches blondes, argentées sous la lune, qui tombaient sur son front. Cela révulsa Lily, mais elle ne pouvait ignorer toute la beauté qui se dégageait de cet être malfaisant. Tout ce qui se tenait devant elle était un piège grotesque.
« Tu réfléchis trop, Potter, murmura-t-il d’une voix grave qui la fit frissonner. Et arrête de me fixer, je vais penser que je te plais.
Ouvrant doucement les yeux, il lui adressa un sourire mesquin alors qu’elle devenait écarlate.
— Calme tes fantasmes, veux-tu, je réfléchissais à l’épreuve.
— C’est du gâteau cette épreuve, Potter.
— Je ne vois pas en quoi, c’est dangereux…
— Tu adores le danger, c’est ta came tu te souviens, rétorqua-t-il en lui adressant un clin d’œil, faisant référence à l’excitation qu’elle avait ressentie en faisant exploser la salle de potions.
— C’est pas pareil…
— C’est exactement pareil, mais cette fois tu ne seras pas seule. (Se redressant il la regarda très sérieusement) Qu’importe la créature, dès qu’on sera rentré il faudra courir et poser un piège, on aura cinq minutes. L’épreuve dure quarante-cinq minutes max, ce qui veut dire qu’on aura à parcourir une distance d’un ou deux kilomètres, c’est rien.
Choquée, elle le regarda de haut en bas en haussant les sourcils.
— Quoi ? Pourquoi tu me regardes de cette façon ?
— C’est juste que… tu as dit « on » et c’est… bizarre, avoua-t-elle sans lui dire qu’elle était persuadée qu’il allait la laisser en plan dans la Forêt interdite.
— Potter, je suis peut-être à tes yeux la pire ordure humaine après ce que je t’ai fait vivre, et je ne m’en plains pas, mais on va rentrer là-dedans en binôme, et on en ressortira en binôme, c’est clair ?
Et en dépit de toute son aversion pour l’adolescent, Lily hocha la tête, confiante. Pour ne pas changer, il aurait de nouveau sa vie entre ses mains ce soir.
Un coup d’œil à sa montre, il était à présent 23h et quelques minutes, un énorme craquement venait de se faire entendre, signalant le retour du binôme qui précédait l’étrange duo Potter-Malefoy. Un délai de quelques minutes fit monter une dose incroyable de stress chez la jeune fille alors que les professeurs remerciaient les nouveaux arrivants et leur proposaient de retourner au château où un bon repas les attendaient.
Les voyant repartir au loin, Moore et le professeur de Défense contre les Forces du Mal s’approchèrent de Lily et Scorpius pour leur jeter le sortilège nécessaire à l’évaluation de leurs paramètres vitaux.
« Bien rappelez-vous, vous avez cinq minutes avant que la créature ne soit lâchée. Trouvez le Portoloin, piégez la bête si possible – ça vous accordera des points en plus. Au moindre danger, prononcez la formule finite incantatem, la deuxième fois nous arrivons. Bon courage.
Lily et Scopius se positionnèrent devant le départ. La jeune fille se fit un chignon, le Serpentard déposa au sol sa cape et prit sa baguette dans sa main, Lily l’imita.
— Tu ne me lâches pas d’une semelle Potter, c’est clair ? J’ai pas véritablement en vie d’aller te chercher.
— Mais… commença Lily agacée d’être prise pour une enfant avait que Moore ne la coupe.
— Oh, et une dernière chose, vous faites partie de ceux qui ont un niveau plus difficile. Le chrono est lancé ! »
Les deux adolescents s’élancèrent dans l’obscurité, remontant la forêt vers le nord. Étrangement, les bois n’étaient pas aussi sombres qu’ils l’avaient imaginé et c’était tant mieux, car au moins ils n’auraient pas à utiliser lumos, ce qui aurait pu attirer la bête vers eux. Grâce aux entraînements de Quidditch, Lily avait une excellente endurance et elle remercia silencieusement Sarah qui l’avait traînée entre deux cours troquer son uniforme composé d’une jupe et d’un pull fin pour un jean confortable, un gros pull et des baskets. Évitant les racines au sol, les branches basses et slalomant entre les arbres, l’adolescente tentait de suivre son binôme, lequel s’élançait entre les fourrées gracieusement. Sérieusement, qu’est-ce qu’elle avait ce soir à remarquer ce genre de chose ?
Cela faisait trois minutes qu’ils courraient quand la voix de Scorpius s’éleva dans les bois pour la sommer de poser des pièges au sol. Avec un peu de chance, plus ils en mettraient et plus la course de la créature serait ralentie. Toute ouïe, Lily alternait entre sprint et arrêt pour lancer des sortilèges. Leur progression était nickel jusqu’à ce que sonne la cinquième minute, moment où un hurlement de loup brisa le rythme de leurs foulées.
Bon sang, c’était un loup-garou.
Tout s’expliquait.
La potion Tue-Loup de Moore ce matin, les conseils au sujet des loups-garous, l’attente de la nuit, la pleine lune, les énormes griffures sur les élèves passés avant…
« Potter, par Merlin, arrête de rêvasser et cours ! » hurla Malefoy en lui faisant signe de le suivre.
En effet, la rousse s’était figée sur place. Se rapprochant de lui, elle aligna ses pas sur les siens, les yeux rivés sur son dos : lui aussi s’était tendu d’un coup. Dans une autre situation, elle aurait volontiers lancé une mauvaise blague sur son côté trouillard. Deuxième hurlement, Lily et Scorpius accélérèrent le pas. Les craquements devenaient de plus en plus audibles.
« On va devoir se séparer, Potter, sans se perdre de vue ! Tu avances toujours tout droit et tu poses autant de pièges que possible, il arrive droit sur nous !
Lily hocha vigoureusement la tête en serrant davantage sa baguette contre elle. Ce n’était pas le moment de se dégonfler, ce n’était pas un loup qui les mettraient en échec.
Séparés par dix bons mètres, à la même hauteur, ils continuèrent de courir et d’avancer vers le Portoloin, alternant les sortilèges pour mettre en place les pièges. Les craquements étaient bien présents, le loup avait rattrapé leur avance avec une facilité déconcertante. Malin, il n’était tombé dans aucun piège posé par les adolescents.
Et puis d’un coup, sans crier gare, le loup était derrière eux. Prise pas surprise, Lily poussa un hurlement et par réflexe, Scorpius lui jeta un repulso qui envoya valdinguer la créature au loin.
« Viens, t’arrête pas ! lui dit-il en lui prenant la main pour la traîner derrière lui.
Ils se remirent à courir et Malefoy envoya autour d’eux plusieurs pièges que le loup ne put pas éviter.
— On a trois bonnes minutes avant qu’il se débarrasse des lianes. Viens, faut pas perdre de temps !
La traînant de nouveau, il l’aida à éviter les racines par terre et à dévaler une pente ardue. Étrangement confiante, Lily serrait la main de Scorpius dans la sienne pour ne pas le lâcher, ses yeux fixés sur ses pas histoire d’éviter de le ralentir davantage.
Par Melin, Scorpius était en train de les sauver.
— Là ! lui dit-elle en lui montrant une marque fluorescente sur un arbre devant eux. C’est vers là !
Les professeurs avaient raison, ils ne pouvaient pas se perdre.
Une fois la pente franchie, les arbres étaient bien plus massifs, les chemins bien plus escarpés. Vite, ils se glissèrent entre des racines gigantesques, passaient entre des toiles d’araignées, sautaient au-dessus des trous et des rochers. Derrière eux, le loup poussa un râle furieux. La chasse recommençait : la créature était sortie du piège.
La gorge de Lily brûlait intensément et son souffle était tout sauf régulier. Le stress emprisonnait ses poumons et un horrible point de côté déchira son abdomen. Non, non, non c’est pas le moment, pensa-t-elle en resserrant sa prise sur la main de Malefoy. Attiré par cette nouvelle pression, le blond tourna la tête pour observer le visage douloureux de sa binôme. Par Merlin, déjà qu’elle les avait ralentis, voilà qu’elle n’avait plus de souffle. Essayant de la rassurer, il lui fit comprendre que tout allait bien d’un regard.
Regard fatal qui le fit trébucher sur une racine et tomber comme une masse, entraînant Lily dans sa chute le long d’une pente raide. Tournant sur eux-mêmes, s’étant lâchés, l’un comme l’autre sentirent les brindilles et les cailloux pointus s’enfoncer dans leur chair. L’odeur du sang, c’était tout ce qu’il manquait au loup pour s’exciter davantage. Bondissant, il survola la pente pour se tenir devant eux. Lily se releva à la recherche de sa baguette tandis qu’à quatre pattes, Scorpius reprenait ses esprits. L’ayant enfin récupérée avec hâte, la rousse se tourna vers le loup pour lancer un repulso au moment où, debout sur ses deux pattes, il fit s’abattre sa grosse main acérée moitié humaine moitié animale sur le dos du blond.
Le hurlement de douleur qui s’échappa de la bouche de Scorpius fit écho au sortilège de Lily : le loup fut envoyé contre un chêne immense, se cogna la tête et s’affaissa. Inquiète, tremblante elle se jeta auprès du corps sanglant de Malefoy. Par Merlin, c’était sa faute !
« Lève-toi Malefoy, lève-toi, appuie-toi sur moi, vite, il va se réveiller ! le pressa-t-elle en le secouant.
Prenant son bras pour le poser sur ses épaules, Lily aida Scorpius à se relever et à marcher difficilement. Encore sous le choc, le blond était sonné et lent, toutefois, il répondait et semblait réactif.
— Allez Malefoy, on est rentré en binôme on sort en binôme, tu te souviens ? grogna-t-elle en l’aidant à avancer le plus rapidement possible en direction d’un autre arbre marqué. On ne doit pas être loin du Portoloin.
Ils avancèrent tant bien que mal, Scorpius s’appuyait toujours sur Lily, tentant d’ignorer les vagues de douleurs que son dos déchiqueté lui infligeait. Mais le loup fut bien plus rapide à reprendre ses esprits et déjà, il était après eux.
« L’arbre là, soupira Malefoy en désignant un autre chêne gigantesque devant eux, on va se cacher derrière, vite.
— Mais ton sang va l’attirer !
— Lance un fianto duris, Potter, ça va annuler toute odeur et tant qu’il ne nous voit pas, on est sauf.
Lily hocha la tête et les entraîna contre l’arbre en question. Tandis qu’elle lançait les sortilèges, (six suffirent à les englober tous les deux d’une bulle de protection) Scorpius posa sa tête contre l’écorce pour masquer la douleur sur son visage.
— Et maintenant on fait qu… ? »
Coupant Lily dans son élan, Scorpius s’écrasa contre elle pour la plaquer contre l’arbre elle lui faisant signe de se taire. De l’autre côté, le loup, excité par le sang et fou de rage venait de s’arrêter pour observer les lieux à la recherche de ses deux proies.
La position était affreusement gênante pour Lily. Jamais, dans toutes les disputes qu’ils avaient eux, Malefoy n’avait été aussi proche d’elle. Son corps tremblant épousait parfaitement le sien, raide comme la justice. Sa tête, au niveau de son cou, ne pouvait effectuer le moindre mouvement. Immobile, elle fut submergée par le parfum du Serpentard. Entre l’odeur de la forêt, de la terre humide et celle âcre du sang, Lily senti une fragrance douce et masculine l’enrober, la rassurer. Un instant, elle sut que protégée par ce corps qui la couvrait, rien ne pourrait lui arriver. Une étrange chaleur se déclencha dans sa poitrine et fit accélérer son cœur palpitant.
Alerté par le rythme cardiaque de sa binôme, Scorpius baissa les yeux vers elle et croisa ses deux prunelles vertes qu’il connaissait désormais sur le bout des doigts. Aussitôt, le même phénomène qui les avait saisis dans la bibliothèque le soir de leur retenue, le mois précédent, se déclencha. Comme si leurs deux corps venaient de s’enrouler dans du coton, il n’y avait plus qu’eux deux. La peur du loup-garou totalement perdu derrière eux avait disparu, la douleur due aux blessures s’était évaporée. Il n’y avait plus qu’eux. Tout simplement. La bouche sèche, le cœur battant, Lily observait le regard gris de Scorpius qui se baladait sur son visage avant d’échouer sur ses lèvres. Un court instant, peut-être le temps d’une seconde il releva les yeux vers elle pour voir sa réaction et, ne voyait aucune hostilité dans les iris verts de Lily, il fit une chose terriblement insensée : il l’embrassa.
Ni l’un ni l’autre n’avait jamais ressenti ça : c’était doux et violent à la fois, désespéré et évident en même temps. D’une main, Scorpius attrapa la joue de Lily pour l’embrasser davantage. C’était plus que ça, plus qu’un simple baisé, c’était un tout : une explosion, une implosion. Elle l’embrassait aussi, acharnée, comme s’il ne lui restait qu’un instant avant que tout disparaisse. Ils s’exploraient, se goûtaient, touchaient l’interdit. C’était délicieux, dévorant, intense, insuffisant. C’était un peu toucher du bout des doigts une chose qu’on avait ignoré désirer jusque-là, ça enivrait chaque petite particule de la peau. Cela faisait frémir, remontait le long de l’échine pour électriser leurs corps… À bout de souffle, ils se détachèrent l’un de l’autre. Les yeux affolés, le souffle court, ils se regardaient totalement perdus. Aucun mot ne sortit de leur bouche. Mais… que venait-il de se passer ?
Le grognement sourd du loup les tira de leur transe et les fit bouger au moment où il arrivait vers eux. Au loin, un vieux fauteuil vert abandonné trônait bien caché entre deux arbres penchés, lesquels formaient une sorte d’arche étrange. Le Portoloin ! Lily toucha le bras de Malefoy pour lui désigner l’objet d’un coup de menton, ignorant la sensation étrange qui la submergea quand elle le lâcha. Hochant la tête, il compta jusqu’à trois, et sortant de sa cachette il envoya de nouveau un repulso au loup qui ne put l’éviter. De son côté, Lily lança un sort pour que d’épaisses lianes l’emprisonnent. Une fois mobilisés, les deux adolescents se précipitèrent en direction du vieux fauteuil, ralentis par la démarche hésitante du Serpentard blessé. Sans attendre, ils saisirent d’un même mouvement le tissu usé et, évitant le regard de l’autre, ils furent aussitôt transportés par le Portoloin.
End Notes:
ALors alors, qu'en pensez vous ?
Implosion et explosion by Stylesorg
Author's Notes:
Hello hello !
Merci du fond du coeur pour vos belles reviews, c'est tellement motivant !
J'espère sincèrement que ce chapitre vous plaira, la suite arrive bientôt !
Un grand merci au travail formidable de ma bêta : SumiShann
Plein de bisous et bonne lecture !
Le compte rendu de leur examen se déroula dans un véritable brouillard pour le Serpentard. Les yeux fixés dans le vide, il tentait désespérément d’écouter : « très bien », « bon rythme cardiaque », « trois pics d’adrénaline », « meilleur temps », « bon score »…
Son esprit embrouillé par les endorphines, il essayait tant bien que mal de faire bonne figure mais tout se mélangeait dans sa tête. La course, le loup, la blessure, Potter. Son cœur battait à tout rompre, comme jamais auparavant. Il ne savait pas à quoi cette arythmie était due et l’angoisse montait de plus en plus, jusqu’à ce que, tentant de se retenir à quelque chose, le blond s’écroula inconscient au sol.
Lily s’était séparée de l’adolescent à peine avaient-ils posé un pied dans le parc du château. Elle refusait de croiser son regard qu’elle imaginait moqueur, se refusait à la douloureuse réalité de ce qu’ils avaient fait. Bon sang ! La jeune rousse était mortifiée et croulait sous le poids de la honte. Elle avait embrassé Scorpius Malefoy et avait apprécié. Les professeurs les avaient accueillit assez satisfait de leur performance : visiblement, ils étaient les seuls à avoir atteint autant de fois le loup-garou. Autour d’eux, tandis que le professeur de Défense Contre les Forces du Mal commençait à déchiffrer les courbes de leurs paramètres vitaux, Moore s’activait à leur ôter le sortilège posé auparavant pour les étudier.
« Vraiment très bien, vous avez bien su gérer votre stress tous les deux. Monsieur Malefoy, c’est d’autant plus visible sur votre courbe, vous n’avez pas vraiment tiqué lors de la cinquième minutes tandis que vous, Miss Potter, votre graphique montre une pointe de stress supérieure à la normale. Hm… Oui, vous avez piégé trois fois la créature, très bien. Votre rythme cardiaque est bon… On voit toutefois trois pics d’adrénalines dont deux très rapprochés et le dernier juste à la fin, très étrange celui-ci par ailleurs, réfléchissait à haute voix le professeur.
À côté d’elle, Lily sentait la présence oppressante du Serpentard et n’osait pas trop bouger, hochant la tête de temps en temps uniquement. Puis d’un coup sans prévenir, elle sentit la main de l’adolescent tenter de s’appuyer sur son épaule avant qu’il ne s’écroule comme une masse.
— Que lui arrive-t-il ? s’inquiéta le professeur de DCFM en s’agenouillant devant le corps inconscient du jeune homme. Monsieur Malefoy, vous m’entendez ?
Plus pâle que d’habitude, la bouche légèrement ouverte, l’adolescent reposait à moitié sur le dos.
— Professeurs, Malefoy a été blessé par le loup ! Nous avons dégringolé une pente et le temps que je récupère ma baguette, il était là et d’un coup de pâte il a…
Lily fut interrompue par le professeur Moore, lequel venait de retirer la cape que Scorpius s’était empressé de vêtir à peine arrivé pour cacher sa blessure.
— Par Merlin ! Il faut amener ce garçon à l’infirmerie sans plus tarder ! »
Le professeur lança un sortilège de lévitation sur le corps de Malefoy et s’éloigna en courant, suivi (elle ignorait d’ailleurs pourquoi elle agissait de la sorte) par Lily qui avait récupéré les affaires du blond. L’image des plaies du Serpentard n’arrivait pas à quitter l’esprit de Lily. Bon sang, ce qu’il avait dû souffrir à courir jusqu’au Portoloin, puis attendre le compte rendu de la soirée… Le dos de Malefoy était lacéré dans toute sa longueur, son pull fin noir et le tee-shirt blanc qu’il portait en dessous étaient imbibés de sang et incrustés dans les blessures par endroit. Le spectacle était affreux. Des lambeaux de peaux étaient collés par du sang séché sur son épiderme, d’autres pendaient…
Arrivés à l’infirmerie, Mrs Pomfresh devint verte en voyant le dos du garçon, et courut chercher une potion pour recoller tout ça.
— C’est tout bonnement indécent, professeur, que vous fassiez subir cela à nos élèves !
— Voyons, ma chère…
— C’est le quatrième que je soigne ce soir ! Vous rendez-vous compte de l’état de ce jeune homme ?
— Madame, il va bientôt reprendre connaissance, osa les interrompre Lily, alors que l’infirmière faisait de nombreux allers-retours pour trouver la potion dont elle avait besoin, chercher des bandages et des draps propres.
— J’espère bien que non ma petite, ou la douleur sera terrible pour lui ! Viens, aide-moi donc à le redresser ! lui demanda-t-elle alors que la potion qu’elle venait d’appliquer sur son dos commençait déjà à faire effet.
Sous leurs yeux, les plaies de Scorpius se refermèrent très lentement, pour ne laisser que trois grosses cicatrices rouges vives encore un peu ouvertes. Aidée par l’infirmière, le professeur Moore s’étant débrouillé pour disparaître de la pièce sans qu’elles ne le voient faire, Lily redressa le corps de Malefoy, le tenant fermement par les épaules. D’un geste précis de la baguette, l’infirmière découpa les vêtements qu’il portait : le pull et le tee-shirt finirent par tomber sur le sol, lourds de sang.
— Si cela vous dérange Miss Potter vous pouvez bien entendu partir, dit Mrs Pomfresh en allant mélanger deux potions ensemble.
— Non non, je lui dois bien ça, c’est un peu ma faute s’il est blessé, répondit Lily en haussant les épaules.
Elle ne restait pas vraiment parce qu’elle s’inquiétait pour Malefoy, au contraire, elle le savait sorti d’affaire. Mais elle préférait rester histoire de s’acquitter de sa dette. Il l’avait aidée dans la forêt, elle l’aidait maintenant. Après ça, ils seraient quittes et pourraient reprendre leurs vies respectives tout en se haïssant cordialement.
— Dans ce cas, veuillez nettoyer les plais de Mr Malefoy le temps que j’aille chercher une potion de cicatrisation. J’ai malheureusement utilisé la dernière sur Mr Brown.
Lily accepta et regarda la vieille infirmière sortir de l’infirmerie.
Seule avec le corps inconscient de Malefoy, Lily s’activa à nettoyer le sang qui couvrait le dos du Serpentard à l’aide de sa baguette. Debout, tenant son buste, elle contemplait la peau rouge-marron redevenir blanche. Par Merlin, cette soirée était définitivement pleine de surprise : après avoir embrassé Scorpius, elle s’occupait de lui comme l’on s’occupe d’un enfant.
Plus le sang disparaissait de la peau diaphane de son ennemi, plus Lily apercevait son dos strié de cicatrices. Bouche bée, elle contemplait les vestiges de vieilles blessures. Bon sang, mais qu’avait-il dû subir pour être marqué à ce point ? D’une main tremblante, la rousse retraça la courbe d’une strie plus blanche que les autres, partant de son épaule gauche pour aboutir à la chute de ses reins. Cette cicatrice devait avoir des années, son épaisseur semblait témoignée d’une profondeur bien supérieure à celle que le loup-garou laisserait. Petit à petit, elle comprenait pourquoi il avait tenté de faire bonne figure aussi longtemps. Cette douleur lui était familière.
Une douleur étrange naquit dans l’abdomen de Lily. Bien qu’elle n’appréciait pas particulièrement Malefoy, elle n’aimait pas voir un être souffrir.
Mais depuis combien de temps souffrait-il au juste ?
Un grognement sourd la tira de sa rêverie et elle vit le visage de Scorpius bouger doucement. L’infirmière n’avait-elle pas assuré qu’il ne pouvait pas se réveiller maintenant ? Une grimace de douleur tira les traits de son visage alors que ses yeux gris tentaient de s’ouvrir difficilement.
— Je suis où ? demanda sa voix faible, ce qui attendrit un peu Lily.
Jamais, au grand jamais, elle n’avait vu Malefoy dans une telle position de vulnérabilité.
Finalement, il existait bel et bien un homme sous toute cette arrogance.
— Tu es à l’infirmerie, tout va bien. Rendors-toi.
Les yeux clos, la bouche pâteuse, Scorpius n’avait absolument pas idée d’à qui appartenait ces mains chaudes sur sa peau ou encore cette voix douce et calme qui étrangement le rassura.
— Je vais bien, c’est bon, siffla-t-il en se laissant un peu tomber. Je dois…
Lily qui le tenait dû s’asseoir pour qu’il prenne appuie sur elle, de façon à ce que son dos ne touche pas le lit, ce qui pourrait lui faire mal.
Décidément, même totalement drogué par la potion que lui avait donné l’infirmière, Malefoy ne pouvait pas se délester de sa fierté. Lily sourit en y voyant la preuve indéniable de son rétablissement prochain.
— Rendors-toi, tu n’es pas en état de bouger…
Et le blond cessa de lutter.
Quelques heures plus tard, le soleil commençait à peine à se lever, Malefoy ouvrit de nouveau les yeux : il était seul. Son jean troué, plein de sang et de boue, avait été remplacé par un pantalon de pyjama. Son buste quant à lui avait été enroulé soigneusement dans des bandages blancs enduits d’onguent dont s’échappait l’odeur agréable de plantes médicinales.
Reprenant doucement ses esprits, le jeune homme s’aperçut qu’il n’avait plus mal. Au contraire, son corps semblait particulièrement détendu entre les draps frais de l’infirmerie. La fenêtre qui lui faisait face était ouverte et un léger courant d’air frais vivifiant venait caresser son visage et ses épaules.
Il n’avait absolument aucun souvenir de la façon dont il était arrivé ici, la seule chose dont il se souvenait était d’avoir attrapé le Portoloin en même temps que Potter.
Potter.
Un étrange sentiment lui retourna les tripes, ce qui lui fit froncer les sourcils. Tout en contemplant le plafond immaculé, il repensa alors à ce qu’il s’était passé dans la Forêt interdite. Ce baiser… à peine avait-il cédé à cette étrange pulsion qu’il s’était juré de ne plus jamais y penser. Il avait embrassé Potter : c’était assez traumatisant comme expérience. Enfin… Pas vraiment, soupira-t-il intérieurement, ça avait été très étranger surtout. Jamais il n’avait ressenti une telle sensation dans son corps. Peut-être était-ce dû aux répercussions de sa blessure mais à peine ses lèvres avaient-elles touchées les siennes qu’il avait cru sentir son corps bouillir comme investit d’une fièvre terrible, son crâne bourdonnait légèrement et il n’avait plus qu’une idée en tête : prendre le maximum possible. Prendre la maximum d’elle, de ce qu’elle lui offrait, ce qu’elle lui accordait. Le pire dans cette histoire c’était tout de même le fait que Potter se soit laissée faire, ricana-t-il intérieurement. Scorpius se mit à sourire bêtement, satisfait de lui. Il avait fait céder la petite Potter.
Ou bien était-ce lui qui avait cédé ?
Vers 7h, Nott entra dans la pièce, accompagné des jumeaux. De sa démarche insolente, qui fit sourire Malefoy, il vint s’asseoir mollement sur le lit de son ami.
« Bah alors, il parait que le loup-garou t’a pas raté, s’amusa Kyle en montrant le buste bandé du jeune homme.
— C’est qu’une égratignure, et puis si tu voyais l’état dans lequel je l’ai mis !
— Il paraît que vous avez eu la meilleure note, toi et la fille Potter, acquiesça Annabeth.
— Ce n’est que partie remise ! s’esclaffa Kyle en donnant une tape dans le dos de son ami avant de comprendre son erreur. Oups, je suis désolé, Scorpius !
Haussant les épaules, bien trop fier pour montrer qu’il avait encore mal, le blond passa outre l’acte idiot de son ami.
— Et Potter, elle n’a pas été amochée ? demanda Alexander pour changer de sujet
— Non, elle n’a rien eu.
— Quel homme, moi qui pensais que tu saisirais l’occasion pour lui en faire baver un peu.
Scorpius haussa les épaules en réponse à la déclaration d’Anna.
— C’était pas très utile, ce qu’elle a fait à son cousin la ronge suffisamment.
— Tu m’étonnes, elle a plus d’amis, plus de vie sociale, plus rien, c’est magique ! T’as bien calculé ton coup.
— Scorpius peut faire mieux, dit calmement Alexander.
— Exactement, affirma à son tour sa jumelle. Le troisième et dernier vœu devra être magistral !
— En parlant de ça, je pense qu’on devrait attendre encore un peu, continua Scorpius en se levant.
L’infirmière avait posé devant son lit, sur une chaise, un uniforme propre aux couleurs de Serpentard ainsi qu’une paire de chaussures cirées et sa baguette.
— Tu te dégonfles, se moqua Kyle en se levant à son tour.
— Oh non, absolument pas. J’ai un objectif, j’irai au bout de celui-ci. Simplement… J’ai envie d’attendre le bon moment. Nous ne sommes qu’en novembre et on a enchaîné les deux premiers vœux un peu vite à mon goût.
— C’est parce qu’elle te rendait dingue, le cita Alexander.
— Cette petite peste a un mauvais caractère, il faut dire.
— Pourquoi tu n’attendrais pas avril ?
— Mais c’est dans longtemps ! s’exclama Anna déçue.
— C’est peut-être dans longtemps, répondit Kyle, mais c’est juste avant les ASPIC. Si tu veux véritablement lui pourrir la vie, ce serait le bon moment.
— Pourquoi pas. Je vais me doucher, on se retrouve plus tard sur le terrain. Pour l’instant, prenons le temps de réfléchir. »
Sur ces quelques mots, Scorpius prit la direction des douches tandis que ses amis sortirent pour aller manger dans la Grande Salle.
Ce qu’il s’était passé avec Potter dans la forêt resterait dans la forêt. C’était, autrement dit, un non-évènement que ses amis n’apprendraient jamais. De son côté, Scorpius ignorait encore s’il pouvait véritablement utiliser ce baiser à son avantage. Pourquoi avait-il agit de la sorte ? Sous la douche brûlante, Malefoy se rappelait les prunelles vertes écarquillées de Potter, sa bouche entrouverte et son souffle court. Ses lèvres l’avaient saisi aux tripes et les quitter l’avait rendu fou.
***
Le réveil de Lily sonna vers 7h et les chuchotements de Gil et Mary l’accueillirent alors qu’elle ouvrait les rideaux rouges de son baldaquin. C’était bien la première matinée où les deux jeunes femmes étaient encore là quand Lily se levait : généralement, elles préféraient de loin la fuir… La rousse s’étira, courbaturée comme jamais à cause de l’épreuve de la veille et les salua, ce qu’elles firent aussi d’un ton gêné, avant de venir se présenter devant l’adolescente.
« Lily, nous aimerions te parler, décréta Mary en se triturant les mains.
— Qu’y a-t-il ?
— Eh bien… Avec Gil, nous avons beaucoup discuté, tu vois, et l’épreuve d’hier a… comment dire… remis les choses en perspective.
— On a vraiment cru qu’on allait y rester ! s’empressa de dire Gil.
— Je comprends… répondit Lily en hochant la tête vigoureusement.
Ne pense pas à hier soir, surtout pas, lui disait sa conscience.
— Écoute, comme nous te l’avons déjà dit, ce qu’il s’est passé entre toi et Hugo nous a profondément choquées, mais tu t’es excusée et… on n’a pas envie de rester fâchées éternellement.
— Bien sûr, continua Gil, il faudra un peu de temps pour que les choses redeviennent comme avant, mais disons qu’on peut se parler.
— C’est très gentil de votre part, soupira Lily.
Après tout, c’était un premier pas énorme vers une réconciliation totale avec tout le monde, ce qui donna une pêche d’enfer à Lily. Sur ces quelques mots, les deux jeunes filles s’éclipsèrent et la laissèrent seule. D’un soupir, Lily s’écroula sur son lit, un énorme sourire sur le visage.
Tout irait bien, tout rentrerait dans l’ordre.
Profitant de ces instants de solitude, Lily s’autorisa enfin à penser à hier soir. Enfin, surtout à un certain garçon aux cheveux d’argents…
Se mordant la lèvre, elle repensa aux siennes, à ce qu’ils avaient fait, là-bas, dans la Forêt interdite. Tout s’était un peu embrouillé à cet instant, mais le souvenir de sa bouche, de ses deux mains sur son visage et de son corps pressant le sien n’arrivait plus à quitter son esprit. Ils avaient franchi une ligne invisible. Elle l’avait embrassé et bizarrement, elle ne regrettait même pas. Ce qu’elle avait ressentit… Ce baiser n’avait rien à voir avec ceux qu’elle avait jadis échangés avec Dean ou encore avec ceux qu’Aaron lui avait volés quelques fois. C’était comme si Malefoy lui avait arraché une part d’elle et qu’il la lui avait rendu hier soir. Elle s’était sentie étrangement complète et sereine en dépit de la violence de l’échange.
Argh, c’était absolument terrible de penser une telle chose de lui.
Dans un ultime effort, Lily se releva pour aller se doucher. Et puis, dans l’infirmerie… Elle revoyait encore Scorpius entièrement vulnérable dans ses bras, inconscient ou alors à moitié. Elle distinguait encore malgré elle les anciennes et les nouvelles cicatrices sur son dos. Son cœur se serra. Qu’avait-il subit pour être à ce point marqué ? Elle n’osait imaginer les douleurs qu’il avait dû subir…
Une fois habillée, elle se dirigea, la tête dans les étoiles, en direction de la Grande Salle.
Depuis sept ans, Lily avait toujours cette impression dérangeante d’être vulnérable face à Malefoy. Elle avait beau se défendre, répliquer, l’insulter et se battre : il parvenait toujours à la blesser d’un acte ou d’une parole et, presque toujours, leurs rencontres se concluaient sur des larmes. C’était épuisant et Lily commençait franchement à avoir sa dose. Pourtant la dernière fois…
De nouveau l’image de Malefoy, torse nu, inconscient contre elle, s’imposa devant ses yeux.
Bon sang, c’était une obsession !
Entrant dans la Grande Salle, Lily alla s’asseoir auprès de Sarah, faisant mine d’ignorer le mouvement de recul d’Hugo lorsqu’elle arriva. Le jeune homme, toujours décidé à ne pas lui adresser la parole, parti d’un pas rapide accompagné par deux Gryffondor. De leur côté, Mary et Gil adressèrent un sourire contrit à Lily avant de partir à leur tour.
« Woah, elles te parlent de nouveau ? demanda Sarah la bouche pleine.
— Ouais, ce matin elles m’ont dit que les choses allaient s’améliorer.
— C’est génial, Lily ! Si Mary et Gil te pardonnent, tu pourras enfin parler avec Hugo !
— Si seulement c’était aussi facile, soupira Lily en se versant une tasse de café fumant.
— Bon alors, je veux tout savoir au sujet de ton épreuve d’hier soir ! s’enthousiasma Sarah en tapotant dans ses mains. Il doit bien nous rester vingt minutes avant de devoir partir pour le terrain !
Lily fronça les sourcils, totalement perdue. De quoi parlait Sarah ?
— Bah, tu te souviens pas ? C’est le match Serpentard contre Serdaigle aujourd’hui !
— Oh, déjà !
La mention du Quidditch déclencha un pincement au cœur de Lily. En raison du scandale qu’elle avait déclenché la semaine dernière dans la Grande Salle, elle n’était pas autorisée à rejoindre l’équipe jusqu’à Noël… Cette idée la rendit bien triste d’un coup.
— Alors, ton épreuve ! la relança Sarah toute excitée.
— Eh bien, je ne m’attendais pas vraiment à un loup-garou pour tout te dire, mais on s’est bien débrouillé. Malefoy a juste été blessé à la fin, c’était le moment le plus compliqué, mais on s’en est sorti.
— Malefoy est blessé ? l’interrogea la jeune fille.
— Oui oui, tout le dos, il pourra pas jouer je pense, il doit d’ailleurs être à l’infirmerie…
— Trop bizarre, je l’ai vu se diriger vers le terrain avant que tu n’arrives, il avait l’air en forme ! »
Étonnée de cette révélation, Lily écouta d’une oreille distraite le récit de l’épreuve de Sarah. Comment ça, Malefoy allait remonter sur son balai pour jouer le match ? Lily revoyait encore les énormes cicatrices sur sa peau de marbre, son visage tordu de douleur… Malefoy était-il masochiste ? Ça expliquerait bien des choses il faut dire, comme le baiser de la veille… Écarlate, Lily suivit Sarah jusqu’au terrain de Quidditch avec une seule chose en tête : ne plus penser à la bouche de Scorpius Malefoy !
***
« HODKINGS MARQUE 10 POINTS POUR SERDAIGLE. LES AIGLES VONT-ILS DOMINER LES SERPENTS ? »
La voix amplifiée de Johanna Lee fit se lever tous les élèves amis des Serdaigle.
Sur un gradin, Lily criait de toutes ses forces pour encourager Aaron, puisqu’officiellement, ils étaient ensemble. Officieusement, le regard vert de l’adolescente valsait de son petit copain à l’attrapeur blond des Serpentard.
Malefoy faisait un match remarquable en dépit de sa blessure de la veille. Rien chez lui ne trahissait une potentielle douleur dans son corps. Incroyable.
Les deux équipes étaient vraiment très bonnes. Serdaigle avait la chance d’avoir Aaron dans son équipe, un poursuiveur hors pair ainsi qu’Amanda Jordan, une sixième année incroyable. Chez les Serpentard, leurs atouts étaient portés par l’infernal trio composé de Malefoy, Alexander Zabini, et Kyle Nott. Les trois adolescents étaient pleins de ressources, rapides et très doués. Serpentard était une équipe redoutable.
« ATTENTION SERDAIGLE ! IL SEMBLERAIT QUE L’ATTRAPEUR DE SERPENTARD AIT REPÉRÉ LE VIF D’OR »
En effet, sous les yeux des spectateurs, Malefoy venait de s’élancer, suivi de près par l’attrapeur des Serdaigle. Les deux corps des adolescents n’arrêtaient pas de monter, descendre, virer dans tous les sens. Lily, de là où elle se trouvait, était absolument folle de jalousie.
Elle ne connaissait que trop bien cette sensation incroyable qu’ils devaient tous les deux ressentir : cette adrénaline folle, cette envie de gagner… Les rugissements de la foule, les coups de fouets du vent… Ils devaient être grisés.
D’un mouvement, Malefoy et Richards montèrent en flèche à la poursuite du Vif d’or. La foule d’élèves retenait son souffle, subjuguée par ce balai aérien, alors que les autres joueurs continuaient de jouer. Puis, sorti de nul part, un joueur de Serdaigle percuta de plein fouet Malefoy, lequel tomba de son balai.
« LE JOUEUR N°5 DE SERDAIGLE PERCUTE LE N°7 DES SERPENTARD ET C’EST LA CHUTE ! PAR MERLIN, MAIS OUI ! KYLE NOTT VIENT DE RATTRAPER SON COÉQUIPIER C’EST INCROYABLE ! »
S’étranglant à moitié, Lily se leva d’un mouvement pour voir Nott rattraper in extremis Malefoy dans les airs. Bon sang, c’était du jamais vu. Les deux garçons sur un même balai furent obligés de se poser pour que Malefoy puisse récupérer le sien toutefois un coup de sifflet les interrompus et la voix de Johanna fendit l’air :
« NOAH RICHARDS A ATTRAPÉ LE VIF D’OR ! SERDAIGLE GAGNE ! »
Les hurlements indignés de Serpentard se mêlèrent aux cris de joie d’autres maisons. Serdaigle avait gagné sur une faute, non ? Lily ne savait absolument pas comment réagir : autour d’elle, les Gryffondor étaient fous de joie (il faut dire qu’à présent ils repassaient devant Serpentard au tableau des scores). Sarah lui sauta dans les bras en la secouant un peu tout en hurlant des « Vive Serdaigle » à tout-va. Réservée, Lily applaudissait en souriant sans trop en faire.
« Sarah, le joueur 5 des Serdaigle, c’est qui déjà ? demanda Lily à son amie en pleine discussion avec d’autres camarades.
— Lily, t’es sérieuse ? s’étrangla de rire la jeune fille.
— Quoi ?
— Tu connais même pas le numéro de ton copain ? riait Sarah avant de retourner parler avec d’autres Gryffondor.
Aaron avait fait tomber Malefoy ?
***
L’après-midi suivant le match avait été banalisé pour que les joueurs et les supporters puissent profiter au maximum de l’euphorie collective due à la victoire des Serdaigle.
Toujours aussi perplexe face à cette victoire non méritée selon Lily, la jeune rousse attendait le bon moment pour aller trouver Aaron et lui dire le fond de sa pensée. Pourquoi avait-il fait ça ?
Vers 16h, Lily faussa compagnie à Sarah et une autre fille pour se diriger vers la salle commune des Serdaigle où se préparait une énorme fête pour le soir même. En chemin, elle croisa Hugo, lequel l’ignora royalement avant de changer de couloir. Super…
Qu’allait-elle bien pouvoir dire à Aaron ? Après tout, elle n’avait absolument aucune raison de défendre les Serpentard dans cette histoire. Elle s’arrêta un instant, prête à faire demi-tour. Qu’est-ce-qui lui prenait ? Fronçant les sourcils, Lily réfléchit un instant. La justice. Oui, c’était à cause de ça qu’elle devait absolument trouver son petit ami. Son jeu n’avait pas du tout été fair-play. Rassurée par ses intentions, elle se remit en marche.
Deux voix masculines attirèrent l’attention de Lily au détour de l’aile est. Intriguée, la jeune rousse se dirigea vers cette joute verbale et aperçu Hodkings et Malefoy, seuls, en train de s’insulter.
« C’est quoi ton problème au juste, hein ? le bouscula Aaron, ce qui énerva Malefoy, lequel le repoussa à son tour.
— Tu joues à quoi, Hodkings ? T’as foutu quoi à la fin du match ?
— Qu’est-ce que ça peut te foutre, t’assumes pas de perdre, Malefoy ? ironisa Aaron.
Dans son coin, Lily leva les yeux au ciel. Aaron était bien naïf s’il pensait que Scorpius allait laisser passer une telle insulte à son encontre. En effet, le blond furieux s’empourpra :
— Tu m’as fait tomber de mon balai, connard, c’était pas ton couloir et tu le sais !
— Au moins, t’as saisi le message, cracha Aaron en bombant le torse.
Woah, Aaron le jeune adolescent qui semblait si doux cachait un véritable caractère. Malefoy qui ne voyait pas où Aaron voulait en venir fronça les sourcils, ce qui fit sourire méchamment le Serdaigle.
— Le message ?
— Oui, le message. T’approche pas de ce que je veux ou tu risques de te faire mal.
Le visage de Scorpius se détendit d’un coup et il explosa de rire tout en reculant.
— Ce que tu veux ? Non, mais t’as quel âge ?
— Je t’aurais averti Malefoy, reste loin de moi et reste loin de Lily aussi.
La concernée était bouche bée en écoutant cet échange. Que venait-elle faire dans toute cette histoire ?
— Tu veux que je reste loin de Potter ? s’amusa Scorpius en penchant la tête. T’as pas pensé que c’est peut-être ta copine qui veut pas rester loin de moi, Hodkings.
À peine sa phrase terminée, Aaron décocha un coup de poing en plein dans le visage de Malefoy, ce qui décida Lily à sortir de sa cachette pour s’interposer :
— Non, mais vous faites quoi, là ? s’exclama Lily en marchant rapidement vers eux alors que Malefoy saisissait déjà Aaron par le col de sa chemise tout en l’insultant. Stop, lâche-le bon sang ! hurla Lily en posant ses mains sur le torse de Malefoy pour qu’il s’éloigne d’Aaron.
— Cet enfoiré… commença le blond.
— Répond à ta provocation, tu l’as bien cherché, Malefoy !
Aaron satisfait, exprima un grand sourire ce qui énerva d’autant plus Malefoy, lequel fit de nouveau un pas en avant vers Hodkings. Lily se tourna vers le Serdaigle pour le fusiller du regard.
— Franchement, comment veux-tu que je te défende quand t’agis comme un gosse, hein ?
— Pardon ? demanda Aaron effaré.
— Ton comportement était immature pendant le match ! lui répondit Lily. Aaron, t’as vu ce que tu as fait et la manière dont tu es maintenant ?
— Bah ouais, de mieux en mieux, s’emporta le brun avant de s’éloigner dégoûté. Défends ce connard Lily, mais viens pas pleurer la prochaine fois qu’il te fait du mal ! »
Sur ses mots, Aaron prit la direction d’un autre couloir et disparut, laissant une nouvelle fois Lily toute seule. De quoi voulait-il parler ? Jamais elle ne s’était plainte devant lui du comportement de Malefoy vis-à-vis d’elle ! L’adolescent à côté d’elle recula tout en ajustant sa chemise et en essuyant le sang sur sa bouche. Sa bouche… Lily détourna les yeux.
« T’avais pas à t’interposer Potter, déclara Scopius, Hodkings méritait une bonne correction.
— Je ne suis pas d’accord avec ce qu’il a fait pendant le match mais arrête un peu, il ne méritait pas que tu l’incendies de la sorte !
— Pardon ? Il m’a fait chuter ! s’outragea Malefoy en haussant la voix. Cette enflure a fait gagner son équipe sans être fair-play !
— Bah tiens, ça te va bien de dire ça ! s’emporta Lily.
— Quoi ? Ça t’étonne que je respecte les règles du Quidditch ?
— Et bien oui, figure-toi ! »
Énervée comme tout, Lily pris la décision de s’éclipser quand, au même moment, un choc d’une puissance inouïe fit trembler les murs du château. Le sol vibra sous ses pieds, sa tête sonnait, un acouphène désagréable la fit grimacer de douleur. Des hurlements s’élevèrent et tout autour d’eux elle vit des élèves courir dans tous les sens, se ruer sur les portes et en direction des escaliers. Prise de panique, Lily était paralysée. De là où elle se trouvait, elle regardait ses camarades fuir, ne comprennent pas ce qu’elle devait faire. Que se passait-il… ?
Un élève la bouscula, une autre lui écrasa le pied. Quoi ? Une main prit la sienne et un corps entraîna le sien dans la foule des jeunes qui semblaient fuir la tour des Serdaigle. Emportée par le flot, elle suivait les autres jusqu’à ce que son guide ne la fasse entrer dans un dédale de couloirs.
Gauche, droite.
Couloir.
Porte ouverte, porte close.
Pliée en deux, à bout de souffle, Lily regarda autour d’elle. La personne venait de la faire entrer dans une salle de cours vide. Les volets étaient fermés et une odeur de renfermé lui chatouilla les narines. Par Merlin, qu’était-il en train de se passer ? Dehors, elle entendait des bruits de pas affolés, des cris, des voix qui s’élevaient pour dire des choses qu’elle n’arrivait pas à comprendre. Sa tête sonnait encore un peu, sa vue était légèrement brouillée : l’explosion l’avait désorientée.
La porte en bois s’ouvrit de nouveau et Malefoy entra rapidement.
Malefoy ?
Fronçant les sourcils, Lily l’observa verrouiller la porte.
« Que se passe-t-il ? demanda enfin Lily lorsqu’elle reprit le contrôle de sa voix, encore légèrement tremblante.
— Une explosion.
— J’avais deviné, mais…
— Un local des Serdaigle a explosé, je crois, déclara Malefoy en rivant ses yeux de diamants à ceux de Lily.
D’un coup, une douce chaleur s’empara d’elle. La sensation était identique à celle de la veille. Par Merlin… elle agrippa plus fermement la table dans son dos pour calmer les battements incontrôlables de son cœur.
— T’as l’air en forme, dit-elle soudain pour casser le silence gênant qui venait de s’installer.
Malefoy sourit, amusé par le commentaire de la jeune fille sans la quitter du regard.
— Je veux dire, s’empourpra-t-elle en cherchant ses mots, hier tu étais dans un piteux état et je trouve que tu as bien récupéré.
— Tu t’inquiètes pour moi maintenant, Potter ? lui demanda-t-il en avançant vers elle sans cesser de sourire.
Chaque pas tua un peu plus Lily. Que se passait-il ?
— N’importe quoi, chuchota-t-elle en secouant la tête négativement.
— Tu n’as pas l’air sûre de toi.
— Je le suis, assura-t-elle en le regardant avancer encore, tremblant comme une feuille.
— Potter…
Il s’arrêta à quelques centimètres d’elle, et Lily se demanda alors comment elle faisait pour rester encore debout. Partagée entre l’envie qu’il avance encore et celle de fuir, elle le regardait affolée.
— Potter, il faut qu’on parle d’hier, déclara Malefoy d’une voix douce, lisant l’inquiétude sur le visage de sa binôme.
— Il ne s’est rien passé hier, murmura-t-elle sans trop savoir qui d’eux deux elle voulait convaincre.
— Tu es sûre ? » lui demanda-t-il à nouveau.
Lily hocha la tête alors qu’il s’approchait encore. Par Merlin, elle manquait d’air. Toutes les sonnettes d’alarmes de son corps hurlaient, sa tête tournait d’une manière inédite et son cœur jouait une mélodie effrénée.
Sans ajouter un mot, Lily ferma les yeux alors que Scorpius s’emparait pour la seconde fois de ses joues pour l’embrasser. Un gémissement incontrôlé s’échappa de ses lèvres alors qu’un courant électrique fit frémir tout son corps. Emportée, la rousse se détacha de la table pour venir saisir les mèches blondes argentées de Scorpius. Son corps entièrement collé au sien, il fit descendre ses mains dans sa nuque puis la chute de ses reins avant de se poser sur ses fesses.
Excitée par ce nouveau contact, Lily tira un peu plus sur la tignasse du jeune homme et mordit doucement sa lèvre ce qui déclencha chez lui un frisson exquis. Agrippant les fesses de Lily, il la souleva pour l’asseoir sur la table derrière elle. La rousse enroula de façon instinctive ses jambes autour de lui pour le rapprocher davantage.
A bout de souffle, Scorpius se détacha de sa bouche pour venir embrasser la courbe de sa mâchoire, sa gorge, son cou. La sensation était absolument merveilleuse, la bouche du blond mordait, léchait, cajolait la peau de Lily, la faisant gémir de désir.
« Laisse-moi juste te le rappeler, alors. »
Le grognement de Scorpius résonna dans tout son corps et Lily s’accrocha davantage à lui, cherchant de nouveau sa bouche, elle prit son visage dans ses mains pour l’embrasser. Elle voulait tout, sa langue, ses lèvres, son odeur à tomber, ses mains… Par Merlin, il allait la rendre dingue. Les mains de Scorpius vinrent caresser ses cuisses recouvertes d’un collant et remonter doucement et progressivement sous sa jupe. Collés l’un contre l’autre, elle sentait son érection contre elle et cette simple idée lui donna le tournis.
Lentement, elle fit descendre ses mains sur son torse, s’emparant des petits boutons de sa chemise, essayant de toutes ses forces de se concentrer à la fois sur les mouvements endiablés de leurs langues mais aussi sur son envie de le déshabiller. C’était intense et inédit pour l’un et l’autre… Malefoy la rendait totalement dingue, haletante, elle cessa de le déshabiller pour enrouler ses bras autour de sa nuque. Plus proche… elle voulait le sentir entièrement contre elle, cette envie la bouffait littéralement. Les mains du blond glissèrent lentement sous le tissu léger qui l’éloignait encore de l’intimité de la rousse…
Mais un bruit de porte les fit se séparer d’un sursaut. Malefoy lâcha Lily et bondit à deux mètres pour regarder effrayé la poignée de la porte bouger dans le vide et une voix dire de l’autre côté « non, celle-ci est fermée, on va essayer une autre ». C’était moins une. Rassuré de cette absence de dérangement, il se retourna vers Lily dans l’optique de continuer ce qu’ils avaient commencé, mais la jeune rousse avait de son côté sauté de la table pour remettre en place ses vêtements. Sous le regard impuissant de Scorpius, elle courut vers la porte pour la déverrouiller d’un coup de baguette, l’ouvrir et fuir, le laissant seul, honteux et débrayé dans le noir.
Que venait-il de se passer ?
Silence et déni by Stylesorg
Author's Notes:
Hello hello hello !
Après une petite absence voici la suite de l'hsitoire !
Merci du fond du coeur pour vos reviews, sans elles, le plaisir d'écrire est toujours moindre, et surtout merci à ma bêta pour son travail incroyable !
J'ai hâte de lire vos commentaires les amis, bonne lecture xx
Lily s’était emmêlée les pieds dans sa cape, trompée de couloirs, d’escaliers, de mot de passe. Elle n’arrivait plus à réfléchir, à bout de souffle, alors qu’elle continuait à courir loin de cette salle de classe plongée dans le noir où elle avait laissé ce qu’elle convoitait.
Mauvaise direction ; elle fit demi tour.
Elle avait besoin d’air, ou d’un verre, peu importe. Tout ce qu’elle voulait c’était oublier ce qu’elle venait de faire. Bon sang, mais comment cela était arrivé ? Elle s’adossa à un mur et se laissa choir sur le sol.
Pourquoi ? Ils avaient toutes les raisons du monde de se détester, aucune de se désirer. Mais enfin, Malefoy prenait son pied en essayant de la blesser et elle adorait réduire à néant ses tentatives en enjambant les obstacles comme si de rien n’était (sauf l’histoire avec Hugo, bien entendu). Comment avaient-ils pu en arriver là ?
Sa tête dans ses mains, Lily eut un petit rire nerveux qui secoua l’intégralité de son corps frêle. Tout ça faisait partie du jeu, bien évidemment. Ils avaient besoin de flirter avec les limites, voir jusqu’où ils pouvaient aller pour se faire du mal.
C’est sans doute ça, soupira alors la jeune fille en appuyant l’arrière de son crâne contre la pierre glacée du couloir. Ils n’avaient jamais réussi à s’apprécier depuis sept ans et toutes leurs tentatives pour blesser l’autre étaient un véritable échec. Ce truc qu’ils avaient, cette « attirance » (le mot la révulsa) physique entre eux était leur façon de s’exprimer. Ils étaient arrivés à un point où les mots ne suffisaient plus à faire mal et où les actions semblaient ne jamais suffire à les mettre à terre. Non, c’était bien trop tordu comme raisonnement, se dit-elle en se redressant. Pourtant, leurs baisers transpiraient le besoin et la nécessité. La fougue, la passion, l’envie qu’ils y mettaient étaient tels qu’ils agissaient comme si leur vie en dépendait, comme s’ils voulaient prendre tout de l’autre…
S’appréciaient-ils vraiment ?
Cette idée eut une résonance particulière en elle. Tous les efforts de Malefoy pour lui faire du mal ne le rendait-il pas attachant d’une certaine façon ? Jamais personne n’avait pris autant à cœur de la connaître, de lui parler et de l’approcher. Il était le premier à lui témoigner un véritable intérêt… Démunie face à cette potentielle réponse, Lily pris son courage à deux mains et tenta de rejoindre son dortoir. Demain serait un autre jour.
***
La nuit avait été un véritable calvaire pour Lily. Entre ses draps blancs, elle ne voyait plus que le corps de Malefoy contre elle. L’odeur légère et douce de lavande qui chatouillait habituellement ses narines avait été remplacée par le parfum enivrant de sa peau. Des heures durant elle s’était tournée et retournée, à bout de souffle. Que serait-il arrivé si des élèves n’avaient pas tenté d’ouvrir la porte de cette salle ? Elle sentait encore ses doigts brûlants courir le long de sa poitrine, de ses cuisses, sur ses fesses… Elle grogna, désemparée, mortifiée, honteuse. S’il ne s’était pas reculé à cet instant, jamais elle n’aurait arrêté. Ses baisers l’avaient rendue ivre de désir.
A peine osait-elle fermer les paupières qu’elle voyait ses deux yeux gris aux pupilles dilatées. Un brise de vent et elle sentait sa bouche contre son cou. Une porte qui s’ouvre et son souffle se coupait. Par Merlin, il avait fallu d’un rien pour que l’horrible démon s’immisce sous sa peau.
Lorsqu’arriva l’heure du petit déjeuner, Lily s’enfuit littéralement de sa chambrée pour se doucher et filer manger une ou deux bricoles. Le souvenir de la veille ne cessait de la hanter et il fallait absolument qu’elle en parle à quelqu’un avant qu’il ne prenne trop d’importance. Enfin, plus d’importance serait plus juste… En temps normal, elle se serait immédiatement confiée à Mary. La jeune fille était la voix de la raison, douce et réfléchie, elle savait toujours comment apaiser les craintes de la rousse. Toutefois, bien qu’un premier pas avait été fait, jamais Mary n’accepterait de parler davantage avec elle de sa vie sentimentale. Même s’il n’y avait pas eu cet horrible deuxième vœu, jamais Lily n’aurait pu se confier à Hugo. Le jeune homme haïssait bien trop les Malefoy et en aurait profité pour alerter sa famille et tout autre adulte susceptible de croire à une tentative de viol.
Il ne restait donc que Sarah (Gil était la dernière personne à qui Lily aurait avoué sa faute de peur de voir sa vie étalée devant tous les élèves du château). Sarah et Lily s’étaient énormément rapprochées pendant ces quelques jours et la jeune femme semblait véritablement digne de confiance. Cependant, Lily ne connaissait pas encore l’étendue de ses capacités à garder à un secret…
Coupée dans ses réflexions, l’intéressée vint s’asseoir comme une masse sur le banc face à Lily tout en lançant déjà un sujet de conversation :
« Oh Lily, je suis trop contente de te voir ! Je t’ai cherché partout hier soir, après l’explosion ! Par Merlin, tu te rends compte ? Certain disent que ça vient de Serpentard parce qu’ils n’ont pas digéré de perdre le match, mais d’autres pensent que c’est juste un Serdaigle qui a fait une fausse manip’ en préparant la fête… bon, en tout cas je suis rassurée que tu ailles bien, même si je suis dégoûtée que la fête ait été annulée…
L’explosion ? Quelle explosion ? Ah oui. Lily se remémora la panique dans les couloirs, Malefoy l’entraînant ailleurs…
— Ah ouais, ouais désolée, je suis partie me coucher super tôt, je me sentais pas très bien, mentit Lily.
Sarah hocha la tête.
— Bah oui, tu n’étais pas au festin d’hier… Dis Lily, t’es sûre que ça va ? tu es vraiment toute blanche d’un coup, s’inquiéta Sarah en voyant le visage de Lily pâlir.
Murée dans son silence, contemplant la scène face à elle, Lily était incapable de répondre. Intriguée, Sarah se retourna pour voir Scorpius Malefoy enlacer Sylvia Ross, une Serpentard de sixième année très populaire parmi la gent masculine du château.
Comment cet abruti osait-il faire un truc pareil après hier soir ? s’empourpra alors Lily. N’avait-il aucun dignité ? Après ce qui aurait pu se passer… Tout n’était donc qu’un jeu pour lui ? Les interrogations fulminaient dans sa tête. Par Merlin, elle qui avait ne serait-ce qu’émit l’idée qu’ils s’appréciaient peut-être ! Elle était furieuse. Une boule se forma dans son estomac et elle repoussa sa nourriture. Le bougre n’avait cherché qu’à la perturber un peu plus. Tout n’était que stratégie…
« Euh Lily, tu peux arrêter de faire ça ? demanda Sarah d’une voix extrêmement gênée. Tu vas attirer les regards là…
La concernée détourna son attention du couple pour regarder Sarah laquelle pointa du doigt l’assiette de Lily. L’assiette, que dis-je, le champ de bataille : la rousse avait écrasé et réduit en bouillie sa part de pudding.
— Oups.
— Lily, qu’est-ce-qu’il y a ? Pourquoi cette histoire te touche ?
C’était le moment ou jamais, soupira Lily…
— Il s’est passé un truc avec Malefoy. Surtout, n’en parle à personne et ne va pas imaginer n’importe quoi…
— Un truc ? Tu peux être plus précise ? chuchota Sarah en se penchant vers son amie. Non, parce qu’un « truc » comme tu dis, ça peut aller de la dispute, aux coups, à…
— Justement. Répondit Lily tout aussi doucement en faisant allusion à la phrase que Sarah venait de mettre en suspend.
— Oh bordel de merde tu as couché avec lui ? s’étrangla la brune en posant sa main sur sa poitrine.
— Non non, non pas du tout !
— Alors quoi ?
— On s’est… embrassé avant-hier, lors de l’épreuve de Défense Contre les Forces du Mal et ça s’est reproduit hier soir.
Sarah observa le visage honteux de son amie, encore sous le choc de ses révélations. N’était-elle pas censée le détester ?
— Il va falloir que tu sois plus précise Lily, parce que je comprends plus rien là.
— Pas ici, allons dehors dans ce cas.
Les deux adolescentes se levèrent du banc et prirent la direction du parc sous le regard voilé d’un certain Serpentard. A peine son homologue de Potion était-elle partie qu’il demanda à la jeune fille sur ses genoux de partir. Sans Potter pour regarder, le spectacle n’avait plus aucun intérêt. Un instant, il se demanda qui d’elle ou lui tentait-il de leurrer avec cette comédie.
Une fois sorties, Lily entraîna la jeune fille dans un coin isolé où elles s’assirent à même l’herbe fraîche, encore humide de la rosée du matin. L’hiver commençait sérieusement à se faire sentir alors que le vent les faisait frissonner.
« OK, recommence depuis le début, mais avant j’ai besoin de savoir : tu ressens quelque chose pour lui ?
— Non, je t’assure que je ne ressens rien de tout ça. C’est très étrange en fait, il m’obsède, je…
Sarah explosa de rire, tout en s’excusant de sa réaction.
— Pardon pardon, mais t’imaginer avec lui c’est juste super bizarre ! Mais reprends du début s’il te plaît.
Alors Lily lui raconta leur course dans la Forêt interdite et la manière dont il l’avait plaquée contre l’arbre pour les cacher du loup. Elle essaya de lui expliquer qu’elle avait ressenti un truc indescriptible à cet instant, un truc dingue qui l’avait poussé à avoir envie de plus que ce simple contact innocent. Et le baiser… jamais elle n’avait été autant perturbée par un baiser. Puis hier soir, elle lui narra l’explosion, la fuite dans une salle de cours, le comportement de Malefoy et la manière dont il l’avait touchée.
-… et puis on a entendu quelqu’un essayer d’ouvrir la porte alors on s’est séparé et j’ai paniqué. Ça m’a pris d’un coup, il allait revenir vers moi et je me suis dit « Lily t’es en train de merder à un point inimaginable » du coup j’ai couru vers la porte, je l’ai déverrouillée et j’ai couru le plus loin possible.
— D’accord… Woah, je m’y attendais vraiment pas… chuchota Sarah en passant ses mains dans ses cheveux à la recherche d’une réponse.
— Je t’en prie, dis quelque chose, la supplia la jeune rousse. J’ai tellement honte de moi…
— Je t’avoue que j’ignore trop quoi dire Lily, je pensais vraiment que tu ne pouvais pas le sentir.
— C’est le cas ! Il me rend folle ! Il veut absolument blesser les autres, il est irresponsable et…
— T’arrive plus à penser normalement, hein.
— Je ne sais plus quoi penser, confessa Lily en soupirant.
— T’es bien trop dedans, confirma Sarah. Malefoy t’a isolée de tout le monde, je reste persuadée qu’il est pas blanc comme neige dans l’histoire avec Hugo. Ce mec t’empoisonne la vie. Si tu veux un conseil, tu devrais prendre tes distances et te focaliser sur autre chose.
— Oui, mais sur quoi alors ? demanda Lily. Outre toi, j’ai plus vraiment d’amis si tu te souviens…
— Tu devrais voir avec Aaron si les choses peuvent marcher.
— Je peux pas Sarah. Il est sympa, mais j’ai pas envie de l’utiliser, d’autant plus que son comportement d’hier m’a vraiment étonnée…
— Non, je ne te dis pas de l’utiliser Lily, lui dit Sarah en prenant ses deux mains, je te dis simplement de voir comme les choses peuvent évoluer. Après ce premier rendez-vous, t’as été plutôt cassante. Je sais pas trop à quoi tu t’attendais, mais les sentiments ça s’apprend, ça ne te tombe pas dessus ! Ça crève les yeux que tu lui plaît beaucoup, en plus tout le monde pense que vous êtes ensemble, alors c’est le moment de te consacrer à autre chose que Malefoy ! Sarah lui fit un clin d’œil. S’il s’avère qu’il a plus de caractère que prévu, c’est pas plus mal, non ? »
Lily hocha la tête et promit d’y réfléchir. L’idée n’était pas si mauvaise que ça : prendre le temps de connaître Aaron, de passer des moments avec lui pourrait l’aider à sortir Malefoy de sa tête et l’éviter le plus possible. Se levant du gazon accompagnée de Sarah, elles réfléchirent à la meilleure façon qu’aurait Lily d’aborder Aaron dans la journée pour lui proposer de sortir. Lily fit la promesse à Sarah de ne plus adresser la parole à Scorpius.
***
Sur les conseils avisés de Sarah, Lily et Aaron avaient eu deux rendez-vous depuis cette fameuse discussion dans le parc. Communs, peu extraordinaires, ils avaient au moins le mérite de lui faire oublier l’épisode Malefoy.
Malefoy… une semaine que la jeune fille n’avait pas croisé l’affreux personnage. L’évitait-elle ? L’évitait-il ? C’était un peu comme s’ils s’étaient silencieusement mis d’accord sur le fait de ne plus se voir. Les cours de potion étaient par conséquent bien plus calmes et studieux depuis que le Serpentard n’y allait plus. Esquivant les remarques acerbes de Nott, Lily retrouvait petit à petit le plaisir de vivre à Poudlard.
Depuis peu, Mary et Gil la saluaient davantage. Toutes les trois parvenaient à entretenir des conversations de plusieurs minutes, à rire même, ce qui marquait une évolution notoire. Le soir venu, lorsqu’elles étaient dans leur dortoir, tout semblait de nouveau normal et cela faisait un bien fou à Lily. À l’inverse, il n’y avait absolument aucun progrès du côté d’Hugo… Le jeune homme se terrait dans son silence et dans son amertume. Lorsque Lily osait mettre les pieds quelque part, automatiquement Hugo disparaissait ou bien allait rejoindre l’extrême opposé de la salle. Cette horrible séparation était terrible mais mérité. Les remarques sur la sexualité de son cousin ne cessaient pas. Certes moins nombreuses, elles étaient tout de même présentes. Cinq fois (Lily avait comptée) la jeune fille avait dû lancer un sortilège à des élèves qui avaient osé dire des méchancetés.
Quand débuta la première semaine de décembre cependant, le professeur Londubat la mis en binôme avec Hugo. Outré, son cousin avait refusé mais le professeur lui fit comprendre qu’il ne pouvait en être autrement. Résigné, le jeune Weasley avait rejoint Lily à sa paillasse où ils étaient censés examiner cinq plantes et trouver leurs propriétés.
Un silence de plomb les englobait alors qu’ils observaient les plantes mécaniquement. A bout, Lily déposa ses gants et se tourna vers Hugo.
« Hugo…
— Non, n’essaye même pas Lily, la coupa-t-il prudemment ce qui fit frissonner la rousse.
— Il faut qu’on parle…
— Ça suffit ! Hugo la fusilla du regard. Tu en as suffisamment fait, tu ne penses pas ?
— Je suis tellement désolée Hugo, mais je t’en prie, écoute-moi, accorde-moi cinq minutes et après je te fiche la paix, je te le jure !
— Tu es pitoyable à me supplier de la sorte, cracha Hugo en s’asseyant, les bras croisés sur sa poitrine.
Lily, les yeux remplis de larmes, le suppliait d’accepter. Cette situation était insupportable. Hugo lui manquait affreusement, elle avait besoin de se racheter, besoin de montrer à Malefoy qu’il perdait encore.
— Eh bien, vas-y. Cinq minutes, après je ne veux plus jamais t’entendre.
La dureté d’Hugo fit trembler Lily, mais elle ne se dégonfla pas pour autant.
— Ce que j’ai fait… Oh, Hugo je me dégoûte de t’avoir dit toutes ces choses, mais j’étais obligée. Je te le jure, j’étais obligée. Je ne peux pas t’expliquer en détail le pourquoi du comment sans me mettre en danger. Mais je t’en supplie Hugo, tu me connais, tu sais à quel point je t’aime, à quel point j’ai besoin de toi. Quand tu m’as annoncé ton homosexualité, je t’ai soutenu, quand tu as pleuré dans mes bras, je t’ai consolé. (Elle tenta de toucher son bras, mais Hugo se dégagea d’elle) Crois-moi, par pitié crois-moi, Hugo. Je t’aime, je t’en prie pardonne-moi, j’ai besoin de toi…
La voix enrouée de tristesse, Lily dû arrêter sa litanie. Face à elle son cousin restait immobile, froid.
— Tu m’as tué, Lily.
Ce fut la goutte de trop : le cœur brisé, la jeune rousse fondit en larmes. Décidément, il était loin le grand idéal de courage qu’elle aurait voulu incarner. Avec lui, elle n’était que Lily. La gamine aux taches de rousseurs qui lui avait un jour juré d’être son alter ego à jamais.
— Tu m’as totalement brisé, puis tu as brisé les morceaux déjà brisés. Tu m’as humilié devant tout le monde, t’as fait fuir Drew, Lily. Il n’a pas réussi à assumer les rumeurs, les critiques, il est parti. Alors je ne veux même pas savoir tes raisons, ce que tu as fait est impardonnable. Ça me tue de devoir te parler, te regarder, ça me rend malade. (Sa voix n’était qu’un chuchotement et pourtant, elle renversa absolument tout dans l’esprit et le cœur de Lily) Je veux que tu me laisses, tu entends ? J’ai besoin de me reconstruire loin de toi. »
Au même instant, le cours prit fin et Hugo se leva sans lui jeter un dernier coup d’œil. Immobile, Lily le regarda partir jusqu’à ce qu’il ne disparaisse et que la main de Sarah vienne se poser sur son épaule.
« Comment tu te sens, Lily ? lui demanda son amie.
— J’ai fait tellement de mal…
— Tu n’avais pas le choix, la raisonna Sarah, ce n’est pas de ta faute. Hugo t’aime profondément, il est ta famille, Lily. Tu lui as fait très mal, mais la famille pardonne toujours. Votre lien est bien plus fort que ce qui se passe.
— Oh Sarah… soupira Lily désemparée mais reconnaissante.
Son amitié avec la jeune fille était un véritable bol d’air frais. C’était incroyable que sans même avoir eu à rentrer dans les détails (de toute façon, elle n’aurait pas pu), Sarah avait compris ce qui se passait. Elle savait, Lily en était sûre. La seule chose qu’elle ignorait était le rôle de Malefoy dans toute cette histoire.
« Allez, c’est l’heure de manger » l’encouragea Sarah en la tirant vers le couloir, ce qui fit rire Lily.
Cet après-midi, elle avait potion et ce soir elle devait sortir avec Aaron.
***
Malefoy était là.
Ce fut la première pensée qui traversa l’esprit de Lily lorsqu’elle entra dans le cachot.
Le jeune homme se tenait bien droit sur son tabouret alors que Nott et les jumeaux Zabini lui racontaient quelque chose qui semblait ne pas l’intéresser. Bon sang. Déjà épuisée par sa conversation avec Hugo, Lily ne se sentait pas d’humeur à affronter les yeux clairs du Serpentard. Désemparée, elle fut bien obligée de rejoindre son siège sous le regard encourageant de Sarah lorsque Moore fit son entrée dans la pièce.
Le fourbe n’attendit pas même quelques minutes avant de se tourner vers elle, un sourire amusé placardé sur ses lèvres. Sa bouche, les yeux de Lily glissèrent dessus avant de se reprendre, outrée par ses propres pensées.
« Ça faisait longtemps Potter. Je t’ai manqué ?
— Compte pas là-dessus, soupira-t-elle en prenant des notes.
— Moi, tu m’as manqué, lui murmura-t-il le regard prédateur. Enfin, ta peau surtout…
Écarlate, Lily écarquilla les yeux, honteuse. Furieuse, le souffle court, elle le fusilla du regard.
— Il ne s’est rien passé, c’est clair Malefoy ? Je suis avec Aaron, je te déteste. La seule chose qui me lie à toi c’est ce putain de serment autrement je n’ai absolument aucun intérêt pour ta personne !
— Grr, c’est qu’elle est mordante, j’adore !
— Tu es… bégaya Lily en fulminant sous le regard hilare de son binôme.
— Je vais te faire chavirer Potter, tu verras, conclut-il avant de répondre à une question de Moore, faisant comprendre à Lily que la discussion était close. »
Les deux heures qui suivirent furent une véritable torture pour la jeune fille. Quand le cours fut terminé, Lily s’enfuit littéralement de la salle, le visage couleur pivoine, le souffle court. C’était à perdre la tête, tiraillée entre ce que Malefoy créait en elle, une envie, un désir irrésistible, et tout le dégoût qu’elle ressentait pour lui.
Au coin d’un couloir, elle sentit la poigne ferme d’une main se refermer sur son poignet et l’attirer dans une alcôve à l’ombre des regards. Sérieusement, encore ? Sonnée, Lily était sur le point de hurler sur l’abruti qu’elle ne connaissait que trop bien, mais à peine son dos avait-il rencontré la pierre froide et humide du mur que deux lèvres brûlantes s’écrasèrent contre les siennes. Les yeux écarquillés, le cœur affolé, Lily ne put résister. De nouveau, elle ressentait cette étrange chaleur dans sa poitrine, cette sensation inédite d’un vide qui se comble. Ses mains s’écrasèrent sur le torse du jeune homme alors que les siennes encadraient son visage.
Le baiser était sauvage, volé, incontrôlable. Ils étaient de nouveau dans cette salle de cours vide, seuls au monde, tordus de désirs. Se détestant et se désirant à la fois. Haletants. Les lèvres fiévreuses du blond glissèrent le long de sa gorge, mordirent sa peau à l’en faire gémir. Doucement, elles remontèrent le long de sa carotide, suçant, torturant la peau fine de son cou puis de son oreille avant de lui chuchoter durement : « Pense à moi ce soir avec lui ». Puis subitement, il se détacha d’elle et disparu, la laissant pantelante et tremblante. Marquée. Honteuse.
***
Assise sur son lit, les yeux rivés à son armoire, Lily contemplait ses tenues ne sachant laquelle choisir pour ce soir. Sarah était censée être là depuis vingt minutes pour l’aider, déjà qu’elle l’avait encouragée toute la journée à ne pas annuler.
Perdue, les yeux dans le vague, elle pensait à ce qui s’était passé un peu plus tôt sous l’alcôve… Était-elle faible à ce point ? Ce qu’elle avait fait la torturait profondément. Elle n’avait aucune envie de devenir l’objet de Malefoy et pourtant, elle n’était que ça depuis des mois. Ses désirs, ses volontés, elle était soumise. Cet état la révulsait, ce qu’elle ressentait la dégoûtait.
Sarah entra alors dans la pièce en interpellant Lily. Parlant d’un air enjoué, elle se dirigea vers l’armoire et en sorti plusieurs vêtements tout en rangeant d’autres. Mais Lily n’écoutait plus rien. Lily était plongée dans ce souvenir maudit où les mains de Malefoy s’étaient glissées sur sa peau, ses lèvres avaient goûté les siennes…
« Lily ? Lily, tu m’écoutes ? l’interpella enfin Sarah en agitant une main devant son visage.
— Hm ? Ah oui, désolée. Je…
— Oui, tu penses à ce soir ! gloussa Sarah en lui glissant une robe noire très classique dans les bras. Cinquième rendez-vous, c’est pas rien, tu dois être toute excitée à l’idée d’y être !
Sarah se laissa tomber sur le lit face à celui de Lily tout en souriant.
— D’après ce que Liza, une amie d’Aaron, m’a raconté, il t’amène dans un endroit très chic !
Chic ? Tout ce que Lily avait en tête, c’était une alcôve ou une salle vide…
— Oh mais attends qu’est-ce que tu as dans le cou ? Lily, t’es écarlate ! s’exclama Sarah en bondissant pour examiner la gorge de Lily.
— C’est une allergie, rien de grave.
— Hm… une allergie ou Aaron ? Ou bien… l’embêta Sarah en adressant un clin d’œil à son amie rousse. Allez va te changer, Aaron va pas tarder à arriver !
Obéissante, Lily alla troquer son uniforme pour la robe en question. Observant son reflet dans le miroir, Lily se trouva étonnamment sage dans cette tenue, ses cheveux tombant sur sa poitrine en ondulant. Soupirant, elle passa sa main sur son cou encore rouge… Le bougre avait bien joué.
Quand Aaron vint la chercher, Lily attendait en rêvassant devant la salle commune des Gryffondor. Maintenant plus qu’avant, elle devait échapper au Serpentard. Leur relation était suffisamment compliquée comme ça, elle ne pouvait se permettre de nourrir une forme de désir pour lui… Et puis, elle imagina la réaction de ses parents s’ils apprenaient qu’elle se laissait dévergonder par un Malefoy : elle les avait suffisamment déçus, inutile d’en rajouter.
Et pourtant, lorsque son petit ami vint vers elle pour l’embrasser, se fut à un autre qu’elle pensa.
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Author's Notes:
Hello hello hello !
Après un long moment sans donner de nouvelles, voici la suite !
Merci aux corrections de l'incroyable Shanna Sumire !
J'attends vos avis.
Lily devait se reprendre. Cette situation n’était plus possible, pensa-t-elle en dégustant son plat de légumes grillés tandis qu’Aaron lui racontait son entraînement de Quidditch. Rien n’allait plus dans sa vie depuis cette fameuse soirée d’octobre où Malefoy et elle avait fait le pacte. Elle soupira tout en mangeant un petit morceau de courgette. Elle n’avait jamais apprécié Malefoy. Depuis toujours, cet enfant infernal n’avait fait que lui pourrir la vie à cause de son nom, cette année n’étant que l’acmé de ses projets. Elle sourit, hochant la tête à une remarque d’Aaron qu’elle n’avait pas écoutée. Ce Serment Inviolable était une plaie, non seulement parce qu’il mettait sa vie en péril mais aussi parce qu’il la rapprochait de cet idiot de Serpentard. Rapprochait à tel point qu’elle avait confondu dégoût et désir, c’était le pompon comme qui dirait. Les choses devaient changer.
Au dessert, Aaron posa sa main sur la sienne et lui demanda si elle allait bien. Le jeune homme avait remarqué plus tôt dans la journée qu’elle avait discuté avec Hugo. Lily lui raconta brièvement que les choses étaient à présent très claires et qu’elle espérait que la situation pourrait s’arranger bientôt. Ses yeux verts se portèrent sur le jeune homme qui venait à nouveau d’embrayer sur une histoire passionnante. Pourquoi ne lui plaisait-il pas plus que ça ? Aaron était parfait, gentil, serviable, intelligent, beau, drôle… Pourtant Lily ne le désirait pas. C’était idiot, ce blocage, pensa-t-elle, en le regardant éclater de rire à une blague qu’il venait de raconter. Elle pourrait être heureuse avec lui. Sur un coup de tête, la jeune rousse se pencha par-dessus la table et l’embrassa.
C’était un baiser doux-amer où il ne lui en demandait pas trop. C’était agréable, mais sans plus. Ses lèvres n’avaient rien à voir avec celles de Malefoy. Des flashs de l’après-midi sous l’alcôve lui revinrent en tête un bref instant. Les baisers de Malefoy suppliaient son âme, envoûtaient son esprit et soumettaient son corps. D’une intensité remarquable, ils la retournaient complètement. Les baisers de Malefoy sont malsains,pensa Lily en se séparant d’Aaron,ceux d’Aaron sont normaux.Lily avait envie d’être normale.
« Tu pars où à Noël ? demanda Aaron en la tenant par la main lorsqu’ils montèrent les escaliers de la tour de Gryffondor.
— Chez mes grands-parents. Nous faisons toujours Noël chez eux.
— Ça ira avec Hugo ?
— Bien sûr, je pense que sortir du cadre scolaire nous fera beaucoup de bien en réalité, lui répondit Lily en souriant.
— Tu sais Lily, lui dit alors Aaron en s’arrêtant sur le pallier du quatrième étage, je tiens vraiment à toi.
— Oh…
— Oui vraiment, continua Aaron en souriant, une main dans ses cheveux, gêné. Je suis vraiment content que tu aies accepté que l’on se voit davantage depuis quelque temps. J’aime être avec toi, partager des trucs avec toi.
Affreusement coupable, Lily baissa les yeux sur ses pieds. Comment pouvait-il penser ça alors qu’elle n’écoutait quasiment jamais ce qu’il racontait ? Bon sang…
— Je suis amoureux de toi, acheva-t-il.
Merde.
Lily releva les yeux, choquée, vers le visage d’Aaron, lequel la regardait bel et bien avec des yeux brillants et amoureux. Que pouvait-elle faire, face à un tel aveu ? Aaron était un garçon bien, elle n’avait pas vraiment envie de blesser une énième personne à cause de Malefoy.
Cet abruti la rendait folle ! À cause de lui elle s’était coupée de ses amies, disputée avec son cousin, sa famille, ridiculisée auprès des professeurs et maintenant elle se montrait incapable de tomber amoureuse d’Aaron. Il était temps qu’elle règle ses comptes avec lui.
— Aaron,écoute…
— Non non Lily, tu n’es pas obligée de me répondre tout de suite !
— Oh, mais vous allez me laisser finir mes phrases à la fin, s’énerva-t-elle en riant. Tout le monde me coupe la parole, tout le monde. Je disais donc : je t’apprécie. Tu es certainement ce qu’il peut m’arriver de mieux, de plus juste, mais je ne sais pas trop où j’en suis. Laisse-moi jusqu’à après les vacances pour me retrouver, d’accord ? Avec tout ce qu’il se passe, Hugo, mes amies et tout, j’ai besoin de prendre du recul.
— Je comprends totalement, mentit Aaron déçu. Je vais aller me coucher d’accord ? On parlera plus tard.
— Bien sûr. »
Le brun se pencha vers elle et l’embrassa doucement, un arrière-goût d’au revoir saisissant Lily alors qu’elle le regardait partir. Sérieusement ? Plantée là, elle commença à bouillir de rage. Était-elle franchement en train de passer à côté d’une belle histoire à cause de Malefoy ?
Les choses devaient changer.
Rebroussant chemin, Lily se mit à dévaler les escaliers. Ras-le-bol. Elle en avait marre d’être prise pour une idiote, pour un jouet. Folle de rage, elle traversa le couloir de l’aile Est pour atteindre l’escalier en colimaçon qui menait aux cachots. Il ne restait qu’un foutu vœu et elle savait déjà que cet abruti l’utiliserait pour faire le plus de dommages possibles au moment voulu.
Arrivée dans les cachots, Lily tourna à droite en direction d’une énorme porte aux nuances vertes et argentées. Furieuse, elle tambourina contre le bois comme une folle. Il devait être 22h, quelqu’un viendrait forcément lui ouvrir. En effet, cinq bonnes minutes plus tard, un garçon en cinquième année ouvrit la porte :
« Non, mais t’es tarée toi, c’est quoi ton problème ? grogna le Serpentard en lorgnant sur son écusson de Gryffondor.
— Je veux voir Malefoy immédiatement ! exigea Lily en croisant les bras sur sa poitrine dans une posture qui se voulait autoritaire.
— J’sais pas oùil est, casse-toi.
Le garçon allait refermer la porte lorsque Lily sortie sa baguette pour la pointer sous son menton. Bégayant, le garçon interrompit son geste.
— Je vais recommencer, d’accord ? Je veux voir Malefoy. Maintenant, répéta Lily en détachant chaque syllabe d’une voix menaçante.
Secouant la tête positivement, le garçon disparu derrière la porte à la recherche de son aîné.
Tournant en rond, Lily attendit que le Serpentard revienne. Avait-elle déjà été à ce point énervée contre lui ? Non, c’était une grande première. Jamais elle n’avait encore menacé un élève, si ça n’était pas la preuve qu’elle ne tournait plus rond… Pourtant il fallait qu’elle se calme, qu’elle se comporte en adulte. Malefoy avait raison sur un point, leurs disputes tournaient toujours de la même façon, les choses devaient changer.
Au bout de quelques minutes, le blond ouvrit la porte pour se pointer devant Lily, la foudroyant du regard.
« Tu as menacé un élève pour qu’il aille me chercher, dit-il d’un air narquois en prenant appui contre le mur du cachot. Je t’ai à ce point retournée, tout à l’heure ?
— Je veux que tu sortes de ma vie.
— Ça va être très compliqué ma belle, ricana Malefoy, si tu te souviens bien nous sommes liés.
— Je veux que tu arrêtes de jouer avec moi, continua Lily sans l’écouter. On ira au bout de cette saloperie de Serment, mais le reste, dit-elle en agitant sa main dans l’air pour faire référence aux épisodes de la salle de classe et de l’alcôve, c’est terminé. En réalité, s’esclaffa Lily, ça n’a même pas commencé ! Je n’ai pas envie de toi, Malefoy, ce qui est arrivé est une connerie. Tu es absolument tout ce que je déteste, je suis également tout ce que tu détestes alors toute cette merde entre nous doit immédiatement s’arrêter.
Lily appuyée contre un mur, Scorpius contre un autre, ils s’observaient, face à face. La rage débordait des yeux de Lily alors que Scorpius était incroyablement calme.
— Tu n’as pas envie de moi ? Ton corps disait à chaque fois le contraire.
— Écoute-moi bien, soit tu utilises ton dernier vœu pour m’obligerà coucher avec toi, soit tu me fous la paix. Parce qu’autrement ça n’arrivera jamais.
Cette fois-ci, ce fut au blond de s’énerver, surpris par les paroles crues de Lily.
— C’est comme ça que tu me vois alors ! cracha-t-il violemment. Sache que j’aurais pas besoin de te forcer à coucher avec moi si je le voulais, Potter ! Mais t’as raison, ton cul ne m’intéresse pas, ta personne me révulse, je dégueule tout ce que t’es !
— Très bien !
— Parfait !
Malefoy se retourna pour aller ouvrir la porte, mais Lily l’arrêta en criant :
— Non, j’ai pas terminé ! Je veux que tu me foutes la paix, lui répéta-t-elle. T’as tout foutu en l’air !
— Mais t’es stupide ou tu le fais exprès ? s’énerva le blond à son tour en faisant volte-face. C’est le but, Potter, foutre ta putain de vie parfaite en l’air, t’as toujours pas compris ?
— Et t’as pas eu ta dose ?
— Ma dose, je l’aurais quand tu serras à terre, acheva Scorpius d’une voix rauque.
Lily fit alors un pas en arrière. C’était déjà ce qu’il lui avait dit dans la bibliothèque le jour où ils avaient été punis ensemble. À l’époque il lui avait déjà fait part de son objectif, de cette idée absurde qu’il avait en tête. Malefoy cherchait à existerà travers la souffrance qu’il lui provoquait.
— J’espère que ça te suffit pour exister, déclara-t-elle alors en lui lançant un regard méprisable. Moi, je trouve ça bien pathétique. »
Malefoy lui faisait terriblement pitié en fin de compte. C’était bien triste de devoir faire du mal à une tierce personne pour se sentir en vie… Quoi qu’elle ne fût pas si irréprochable non plus, songea Lily en se détournant de lui pour remonter le couloir du cachot en direction de sa salle commune : elle aussi avait éprouvé un certain plaisir à prendre part à ce jeu malsain. Une part d’elle avait trouvé agréable l’emprise que Malefoy avait eu sur elle. D’une façon bien dérangée, il lui avait permis de sortir de sa petite vie paisible.
Secouant la tête de gauche à droite tout en montant les escaliers, Lily fut consternée de ce qu’elleétait devenue en si peu de temps. Malefoy avait fait d’elle une fille isolée, aigrie, névrosée, triste.
Mais c’était terminé.
***
Le lendemain matin, Lily raconta toute sa soirée à Sarah alors qu’elles prenaient le petit-déjeuner. Alors que son amie était en train de terminer son œuf à la coque, Lily en vint au moment oùelle avait débarquée chez les Serpentard pour s’entretenir avec Malefoy.
« Ce type est vraiment ta bête noire, soupira Sarah à la fin du récit de Lily.
— C’est terminé, maintenant.
— Ce n’est jamais terminé avec lui, j’ai l’impression. Écoute, reprit Sarah en baissant d’un ton, j’ai besoin de savoir pour comprendre : c’est avec lui que tu as ce… jeu ?
Aussitôt la marque sur le bras de Lily se mit à chauffer. Sarah était bien trop près de la vérité, Lily n’avait le droit de rien dire.
— Je ne peux rien dire, finit-elle par avouer.
Le non-dit suffit visiblement puisque Sarah commença à rire tout en se servant un deuxième verre de jus de citrouille.
— Bien. Je m’en doutais, je t’avoue. Par conséquent, je réaffirme ce que je t’ai dit, c’est pas terminé. Vous avez certes réglé cette histoire étrange d’attirance malsaine entre vous mais vous restez lié l’un à l’autre, tu peux difficilement le sortir de ta vie.
— J’ai envie d’avancer, Sarah. J’ai perdu Mary et Gil. Ma famille trouve que je déraille, et je passe à côté d’Aaron…
— T’as envie d’être avec Aaron ? lui demanda Sarah très surprise de ce retournement de situation.
— j’ai envie d’essayer. Je veux dire, je suis bien avec lui, c’est simple, c’est agréable et j’ai l’impression d’être à ma place, confessa Lily en repoussant son assiette.
Au même moment, Malefoy entra dans la Grande Salle sans lui jeter un regard.
— J’ai envie que tout s’arrange, que la page se tourne. Il nous reste seulement six mois avant la fin de l’année, après ça, plus jamais je n’entendrais parler de Scorpius Malefoy.
Sarah hocha la tête, totalement d’accord avec son amie, avant d’embrayer sur un sujet totalement différent : leur future dissertation de sortilège…
À l’autre bout de la Grande Salle, le regard dans le vide, perdu dans ses pensées, Scorpius Malefoy se laissa choir sur le banc attribué aux Serpentard, ce qui fit sursauter ses amis. Toutefois, aucun ne lui demanda ce qu’il pouvait bien lui arriver, peu envieux de se faire rembarrer brutalement par leur leader de si bonne heure.
La petite Potter avait du cran, pensa-t-il en se versant un simple verre d’eau, et étonnamment, cela ne lui procurait pas le sentiment espéré. Lorsque la jeune rousse avait fait demi-tour pour le planter comme un idiot devant sa porte après lui avoir dit qu’il était « pathétique », Malefoy s’était surpris à sourire bêtement. Lily Potter venait-elle sérieusement de le mettre en échec ? Incroyable. Pour la première fois ils avaient communiqué sans cris, sans pleurs. Cette discussion avait presque été normale, bien que très agressive.
Buvant lentement, il tenta d’identifier la boule qu’il avait à l’estomac depuis la veille : était-il blessé qu’elle imagine qu’il puisse utiliser le Serment pour la forcer à coucher avec lui ? Clairement. Malefoy avait beau être cruel, il n’était pas monstrueux. Ses yeux bleus se dirigèrent vers Lily. Lily qui riait avec Sarah en mangeant son œuf à la coque.
Était-il blessé qu’elle ne veuille pas de lui ? Foutaise. Il fallait être aveugle pour ignorer les réactions de son corps lorsqu’il la touchait. Alors, quoi ? Il reposa son verre et regarda sa montre. Qu’est-ce-qui n’allait pas chez lui ? Pourquoi se sentait-il dans une position de faiblesse face à la jeune fille ? Était-il blessé qu’elle ne veuille plus jouer avec lui ? Qu’elle veuille prendre son indépendance ? Se levant sous les regards interrogateurs de ses amis, Scorpius prit le chemin de la sortie, toujours torturé par mille questions : par Merlin, mais que voulait-il ?
***
« Lévitation, murmura une petite voix à son oreille.
Levant les yeux vers Anna, Scorpius fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi Diable elle lui disait ça.
— Le mot que tu cherches, c’est lévitation, continua Anna en désignant d’un petit coup de tête le parchemin sur lequel Scorpius était en train d’écrire.
En effet, depuis cinq bonnes minutes, le Serpentard s’était de nouveau perdu dans ses pensées, n’ayant tracé qu’un « L » majuscule sur son parchemin. À ce rythme, sa dissertation n’avancerait jamais…
« L »… il contempla la lettre cursive qu’il avait tracée à la plume. « L »comme lévitation en effet, mais L comme Lily…
— Scorpius,ça va ? Tu as l’air un peu…
— Un peu quoi ? demanda-t-il durement à Anna.
La jeune fille se rembrunit et s’affaira à continuer la rédaction de son propre parchemin. Le message était clair : Scorpius Malefoy n’était pas d’humeur à discuter.
Se reculant sur sa chaise, Scorpius fit glisser doucement la plume qu’il utilisait pour écrire, cadeau de son grand-père paternel pour ses seize ans, sur la paume de sa main. Lentement, ses yeux remontèrent sur les arabesques dorées qui tatouaient son bras depuis plusieurs mois. Décidément tout le ramenait à elle. Cela allait faire deux jours qu’ils ne s’étaient pas adressé la parole. En temps normal, il n’en aurait rien eu à faire, après tout, ils s’étaient déjà évité pendant deux semaines depuis la rentrée. Toutefois, les choses avaient changé depuis. Ce qu’il s’était passé entre eux dans la salle de classe lors de l’explosion puis dans l’alcôve… Lily lui avait dit avoir confondu désir et dégoût, pourtant, une part de lui se refusait à cette conclusion. Quelque part, la jeune Potter l’avait toujours beaucoup intrigué. Loin d’être repoussante, il s’était déjà surpris à la zieuter lors de leur sixième année au détour d’un couloir. Cependant, bien que relativement attirante, il n’avait jamais cessé de la détester, ça, il en était sûr.
Ce qu’il lui avait avoué lors de l’épisode de la bibliothèque avait été sincère : il avait besoin de la blesser. Enfant, Scorpius avait été le spectateur impuissant des blagues sur sa famille, des regards indiscrets et méprisants. Les Malefoy autrefois tant respectés et craints avaient été des parias suite à la chute du Mage Noir. La gloire des Potter–Weasley avait été telle qu’il avait dû grandir dans l’ombre de leur famille si parfaite. La grandeur des Malefoy avait été jetée aux oubliettes, ternie puis piétinée. On l’avait privé de ce qui lui revenait de droit : le respect dû à sa lignée.
Cette folle entreprise contre Lily Potter était sa façon à lui de prendre le pouvoir contre ces vainqueurs idiots. Enfin, un Malefoy terrasserait un Potter et l’équilibre serait de retour… Mais voilà, son incroyable plan avait une faille : jamais il n’avait envisagé d’être attiré par la fille Potter. Car au fond, Scorpius était trop intelligent pour le nier, il désirait cette fille autant qu’il la haïssait.
***
Les vacances de Noël arrivèrent enfin et Lily était terrorisée à l’idée de revoir sa famille. Depuis ce qu’il s’était passé avec Hugo, elle n’avait pas reçu de lettre de sa mère et encore moins de son oncle et de sa tante. Quitter Sarah, son alliée et confidente, pour deux semaines fut déchirant. À qui pouvait-elle confier ses angoisses à présent ? Qui serait là pour la faire rire et décompresser ?
Le voyage passa incroyablement vite et une fois les pieds sur le quai, elle eût à peine le temps de saluer son amie que James et Albus se matérialisèrent à ses côtés en lui adressant une bonne tape dans le dos :
« Alors la rebelle, comment ça va ?
— Il paraît que t’es à ça de dépasser mon record de retenues, coupa James en lui ébouriffant les cheveux.
— Mais laissez-moi tranquille, bon sang…
— Dans tes rêves sœurette, s’exclama Albus en posant son bras sur ses épaules, papa et maman nous ont demandés…
— Forcés, Albus, le reprit James en prenant la valise de Lily.
— Oui forcés, exactement, pour que nous supervisions tes réconciliations avec Hugo. D’ailleurs, où est-il ?
— Ça sert à rien, j’ai déjà essayé les gars, confessa Lily en les regardant à tour de rôle. Hugo a besoin de temps pour digérer mes excuses et tout.
Haussant les épaules elle regarda autour d’elle, ignorant où se trouvait son cousin.
— Tu nous expliqueras tout ça à la maison.
— On ne va pas au Terrier ? demanda Lily intriguée.
— Non, lui répondit James en les menant elle et son frère à l’extérieur de la gare en direction d’une voiture flambant neuve à l’effigie du Ministère de la Magie. On va passer deux jours chez nous pour discuter un peu et ensuite on ira retrouver les autres. Quelque chose me dit que t’as beaucoup de choses à expliquer, sœurette. »
Les deux jours qui suivirent sonnèrent étonnamment faux aux oreilles de Lily. Bien qu’heureuse de retrouver les bons petits plats de sa mère et les blagues de son père, très vite ils abordèrent sa nouvelle habitude et inévitablement, elle dû leur mentir de A à Z.
Comment leur expliquer ce qui l’avait poussée à faire exploser une salle de cours et à humilier son cousin de la plus horrible des manières sans leur avouer qu’elle avait été forcée par Malefoy ? La simple idée d’avouer pour le serment lui avait déclenché des frissons dans tout le corps et réveillé les marques dorées indélébiles sur son avant-bras.
Lilyétait coincée et obligée de mentir. À des centaines de kilomètres de Malefoy, elle ne pouvait s’empêcher de le maudire. Tout ça c’était de sa faute.
Le soir, lorsqu’enfin on lui laissait l’opportunité d’être seule, Lily ne pouvait s’empêcher de repenser à sa dernière discussion avec Malefoy. Elle avait pu reprendre le dessus et lui dire clairement les choses.
Elle repensa à sa bouche, à son odeur, à ses mains… Elle préférait de loin le haïr corps et âme que repenser à ces deux instants où il l’avait fait chavirer. Jamais quelqu’un ne lui avait faire ressentir un tel sentiment d’abandon. Il l’avait retournée et elle détestait ça.
Elle n’avait que faire du troisième vœu, elle savait au fond d’elle qu’elle survivrait à n’importe quelle épreuvre, que le temps jouerait en sa faveur pour soigner les maux infligés à ceux qu’elle aimait. Bientôt, Scorpius Malefoy ne serait qu’un horrible souvenir et un terrible fantasme.
Le soir de Noël, dans sa robe rouge un peu bouffante, Lily fut incroyablement bien accueillie par toute la famille. Elle soupçonna alors l’intense travail que ses parents avaient dû mener pour enterrer le problème. Sa cousine Rose vint la prendre dans ses bras et lui raconter comme se passait son nouveau job au ministère : elle avait la responsabilité d’organiser la future coupe du monde de Quidditch, une perspective qui enchanta toute la famille.
Mais voilà, sous ses airs de famille parfaite, Lily ne pouvait s’empêcher de jeter quelques œillades à son cousin, lequel parlait à tout le monde de façon très décontractée, racontant comme se déroulait les cours, etc. Rien dans son discours ne laissait penser qu’à peine deux mois plus tôt Lily avait tout foutu en l’air.
Peu avant minuit, alors qu’Hugo était assis dans un fauteuil à regarder le feu de cheminée et que la famille au complet était magique absente (oui, ça sentait le traquenard à plein nez), Lily alla le rejoindre. Ils restèrent là sans se soucier l’un de l’autre, côte à côte à regarder le brasier dévorer les bûches de bois lorsqu’enfin Lily prit la parole. Cela devait bien faire dix minutes qu’elle tournait et retournait ses phrases dans sa tête.
« Il est cool, ton pull, lui dit-elle en désignant le gros pull en laine tricoté d’un énorme H. Grand-mère m’a offert le même, je crois.
Hugo ne prit même pas la peine de tourner la tête vers elle. C’était un véritable échec.
— Hugo,écoute, je voulais t’offrir mon cadeau en main propre…
— Je n’ai rien pour toi Lily, lui répondit enfin la voix grave de son cousin.
Rassurée, Lily haussa les épaules : elle n’avait que faire qu’il n’ait rien à lui offrir.
— Prends-le quand même, s’il te plaît. J’y tiens beaucoup.
Hugo se tourna vers elle et prit dans ses mains le petit paquet emballé d’un papier doré très joli. Sans un mot, il le déballa délicatement, comme à son habitude. Ouvrant la petite boîte en carton, il laissa glisser dans sa paume un cordon d’où pendait une belle pierre aux nuances de vert et de bleu.
— Qu’est-ce que… ?
— C’est une labradorite, lui expliqua Lily. C’est avant tout une pierre de protection, elle absorbe le mal et tout le négatif pour le dissoudre. (Lui prenant délicatement le collier des mains, elle le lui passa autour du cou) Cette pierre a aussi des vertues régénératrices, elle t’apaisera et rééquilibrera ton mental.
Hugo leva les yeux de la petite pierre autour de son cou et fixa Lily. Des larmes coulèrent alors de ses yeux bruns, ce qui déclencha un phénomène similaire chez Lily.
— Je t’en veux encore tellement Lily, soupira son cousin en essuyant les traînées sur son visage.
— Je sais, je m’en veux aussi tu sais. Je t’en supplie, pardonne-moi Hugo… »
Sans plus un mot, le rouquin prit sa cousine dans ses bras et la serra fort contre lui. Tous les deux retenaient leurs larmes difficilement. Le cœur de Lily battait à tout rompre alors qu’elle serrait son cousin contre elle. De nouveau elle se sentit entière, elle qui deux mois durant avait dû faire face à une plaie béante dans sa poitrine. Malefoy avait perdu : elle l’avait retrouvé. Sarah avait raison, la famille pardonne toujours…
« Si tu savais comme tu m’as manqué… bégaya Lily alors que derrière eux, le reste de la famille arrivait en souriant.
— Toi aussi Lily, vraiment, c’était terrible sans toi, renifla Hugo en riant. Il paraît que t’a mis une raclée à Pucey il y a deux semaines ?
— Je protège tes arrières, toujours ! lui assura-t-elle en riant à son tour.
À partir de cet instant, les quelques jours de vacances qu’il restait se déroulèrent vraiment bien. L’ambiance détendue et bonne enfant qui régnait depuis toujours au sein de l’énorme famille était de retour. Hugo et Lily ne se quittaient plus. Ils renouaient enfin.
Le voyage de retour à Poudlard marqua le retour définitif de Lily auprès de ses amis. Collée entre Hugo et Sarah, elle écoutait Gil et Mary leur raconter les merveilleux présents qu’elles avaient reçu. C’était revigorant. Enfin, elle avait repris sa place parmi les siens, songea Lily en leur souriant. Tout était parfait. Quelques minutes après que le train a démarré, Aaron toqua discrètement à la porte du compartiment avant d’y glisser sa tête, de tous les saluer et de faire un signe à Lily pour qu’elle le suive. Sous les gloussements de ses amis très peu discrets, Lily leur tira la langue avant de rejoindre le jeune homme au visage écarlate.
« Comment vas-tu ? s’empressa-t-il de lui demander en la prenant dans ses bras.
Cette nouvelle proximité surprit Lily mais ne la déranga pas pour autant. Après tout, l’une de ses résolutions pour la nouvelle année qu’ils allaient entamer était de vivre pleinement.
— Très bien ! T’as vu, tout s’est arrangé avec Hugo et les filles, donc je vais beaucoup mieux ! lui sourit-elle en le regardant tendrement. Et toi ? Tu as passé de bonnes vacances ?
— J’ai vu ça, tu as l’air heureuse, c’est bon à voir ! En parlant des vacances, commença-t-il en remettant une mèche de cheveux roux derrière ses oreilles, j’ai un cadeau pour toi.
— Un cadeau pour moi ? demanda Lily, un sourire en coin sur le visage alors qu’il la serra davantage contre lui.
— Mh oui, mais tu l’auras demain soir. On organise une soirée pour le nouvel an. Donovan a eu l’idée de faire un truc dans notre salle commune oùtout le monde sera invité, on en profitera pour s’isoler un peu…
— D’accord, faisons ça, gloussa Lily en fermant les yeux lorsqu’il l’embrassa. »
Quand Aaron se détacha d’elle, elle put apercevoir une ombre disparaître au fond du wagon.
***
« On dirait une citrouille ! s’étrangla de rire Sarah en se laissant tomber sur le lit de Lily.
La jeune rousse quant à elle se trouvait appuyée contre son armoire, pliée en deux dans sa robe orange.
— C’est vrai que… tenta-t-elle de dire à bout de souffle, c’est vraiment laid !
Les deux amies repartirent dans un fou rire dévastateur jusqu’à ce que Sarah parvienne à se relever.
— Non mais, mets autre chose, un truc sexy Lily !
— Je suis pas certaine qu’Aaron apprécierait, il est très… classique ?
— Non non non, il t’a dit qu’il voulait s’isoler, c’est pas pour rien. Mets un truc sexy !
Tout en pestant contre Sarah et ses idées mal placées, Lily fouilla dans les recoins de son placard avant d’en sortir une petite robe verte très foncée. Héritage de sa cousine Rose, la robe en question était vraiment très osée : courte et moulante, elle épousait chaque forme pour les mettre en valeur, le col rond très sage compensait avec l’outrageante ouverture du dos, laquelle s’arrêtait juste au niveau des reins. Enfermée dans la salle de bain, Lily venait de se glisser dans la pièce de tissu et s’observait de long en large. Ses vacances chez les Weasley lui avaient redonné un peu d’épaisseur sur ses hanches et ses fesses. La soie verte faisait ressortir la profondeur de ses yeux et le roux de ses cheveux ondulés. Sarah ouvrit la porte doucement et fut scotchée en voyant le rendu sur son amie.
« Woah, je suis époustouflée ! s’exclama-t-elle en applaudissant. Lily, tu vas le bluffer, habillée comme ça, jamais de la vie il ne pourra se retenir !
— Roh, c’est pas le but, sourit Lily, satisfaite de l’effet, ses mains caressant la soie sur son ventre. La texture était incroyablement douce et si légère, elle n’avait même pas l’impression d’être habillée.
— Ne manque plus qu’un peu d’eye-liner et de rouge à lèvres et tu seras une déesse ! Sarah s’effaça un instant avant de revenir avec sa trousse de maquillage. Maintenant le menton de Lily en l’air, elle lui appliqua un trait fin de noir sur ses paupières et un rouge à lèvres matte. Tu es parfaite !
Lily la remercia avant de la complimenter à son tour. Sarah était absolument sublime dans sa robe noire au décolleté plongeant. Les reflets du velours jouaient avec les nuances blondes de ses cheveux, si Albus voyait ça il deviendrait fou, pensa Lily.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, confortablement à plat dans des bottines noires, Lily et Sarah arrivèrent au niveau de la salle commune des Serdaigle. À cause de l’explosion, la plupart des élèves avaient dû prendre un autre chemin bien plus long, un souvenir qui piqua Lily : elle n’avait d’ailleurs pas revu Malefoy depuis les vacances… Tant mieux, ce soir elle ne devait se consacrer qu’à une chose : Aaron.
Loin de lui faciliter la tâche, le jeune homme fut particulièrement introuvable pendant la première heure. Alors qu’autour d’elle un nuage de garçons papillonnait, Lily était presque blasée de ne pas reconnaître en eux son petit-ami. Sur son passage les têtes se tournaient, les yeux se fixaient sur son dos, elle le sentait et c’était agréable. Sarah lui offrit un verre, Hugo un autre, un autre élève lui en glissa un dans la main à tel point qu’en voyant son reflet dans une glace de la salle, elle fut ravie d’y découvrir des pommettes écarlates.
Il devait être aux alentours de 23h et Lily était assise dans un canapé à siroter son cocktail, regardant Sarah rire comme une perdue aux blagues d’un Serdaigle. Son amie avait décidément plus de chance qu’elle ce soir. Aaron n’avait toujours pas pointé le bout de son nez et la jeune rousse commençait sérieusement à s’ennuyer. Baladant son regard sur l’assistance, elle vit Nott et la jumelle Zabini danser de façon très proche sous les yeux furieux de son frère, Hugo discuter avec des Poufsouffle, Mary et Gil faire un jeu débile où elle n’irait pas s’incruster. Terminant les dernières gouttes de son gobelet, Lily était partie pour se frayer un chemin dans la foule afin de prévenir Sarah qu’elle rentrait quand un Serdaigle l’interpella :
« Hey Lily, c’est pour toi ! lui dit-il par-dessus la musique en lui tendant un papier plié.
Fronçant les sourcils elle hésita à le prendre. Qu’est-ce que c’était que cette histoire ?
— Ça vient de qui ? demanda la jeune rousse, mais le Serdaigle haussa les épaules en lui répondant d’un clin d’œil « qu’elle devait s’en douter ».
Enfin Aaron se manifestait, et avant minuit ! Soulagée qu’il ne lui ait pas posé un lapin, la rousse ouvrit le morceau de parchemin où était écrit un « Tour d’Astronomie »en majuscule, rien de plus. Toute souriante, elle alla annoncer la nouvelle à Sarah, laquelle lui souhaita une bonne soirée, avant de s’éclipser.
Il faisait terriblement froid dans les couloirs du château alors que Lily traversait les étages pour rejoindre la Tour. Le bruit de ses bottines meublait le silence assourdissant qui régnait. Elle serra davantage sa veste contre elle quand, ouvrant la grande porte de la tour, un courant d’air glacial la saisie. Bon sang, c’était quoi ce plan ? Alors qu’elle gravissait l’escalier sans faire trop de bruit, la température changea : au sommet de la tour, une petite bulle renfermant une flamme réchauffait l’espace. C’était de la très belle magie, se dit-elle en esquissant un sourire.
Tournant sur elle-même, elle ne vit aucune silhouette, personne. Étrange… Dans son esprit, elle imaginait déjà Aaron sortir de nul part et la faire danser. Après tout, l’ambiance s’y prêtait… Pantelante, elle s’approcha de la rambarde pour contempler le vide. La sensation était étourdissante : c’était comme si un rideau invisible la protégeait des dernières neiges de décembre. Retirant sa veste, la laissant tomber par terre. Elle resta là à guetter le moindre bruit, dos à l’escalier. Elle avait envie qu’il la surprenne, qu’il la fasse rire, elle voulait tomber amoureuse, vivre un truc cliché. Aaron avait toutes les cartes en main pour faire de cette soirée un moment inoubliable…
Un craquement se fit entendre, Lily frissonna. Elle ne voulait pas se retourner, pas encore. Elle sentit son regard sur son dos dénudé et cela la fit sourire doucement. Quel doux sentiment de savoir qu’elle lui plaisait. Il était juste derrière elle : sa chemise frôla la peau de son dos, ses mains caressèrent ses hanches. Les yeux clos, souriante, elle pencha la tête en avant, sentant sa bouche survoler son épiderme, déclenchant une chair de poule sur son cou. C’était absolument divin. Son manège dura de très longues secondes… Dans un soupir excédé, elle l’implora de l’embrasser, toujours dos à lui et sans un mot, il s’exécuta. Ses lèvres trouvèrent son cou puis le creux de son oreille. Exquis. Se reculant, elle colla son dos à son torse alors qu’elle sentait ses mains s’enfoncer sur ses hanches. Les siennes serraient désespérément la rambarde dans un ultime effort pour se contenir alors qu’il mordit tendrement le lobe de son oreille.
Comment résister ? Après tout, il n’en avait jamais été question.
Lily avait terriblement envie de l’embrasser. Jamais Aaron ne l’avait attirée à ce point, pour la première fois c’était bel et bien du désir qu’il venait de réveiller chez elle. Cédant à ses pulsions, Lily se retourna pour l’embrasser fougueusement, ses mains à la recherche des mèches noires du Serdaigle. Bien qu’alcoolisée et tiraillée par l’envie, Lily dû se rendre à l’évidence : les cheveux du jeune homme face à elle n’étaient pas noirs du tout.
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Les cheveux que Lily allait saisir, emportée par ses sentiments, dans l’optique d’embrasser passionnément le jeune homme qui depuis de longues minutes la torturait, n’étaient pas noirs. Aaron avait les cheveux noirs. Ceux là étaient blonds. Écarquillant les yeux, sur le point d’hurler, elle voulue faire un pas en arrière de façon à détacher son corps de l’étreinte de Malefoy mais rencontra la rambarde qui la séparait du vide. Par réflexe, le blond resserra sa prise sur les hanches de Lily le temps qu’elle établisse son équilibre et se dégage de son étreinte comme si son touché la brulait :
« Retire tes sales pattes de moi ! rugit la Gryffondor. Non mais… je t’interdis de me toucher espèce de …
- Oh je t’en prie, ne fais pas ta prude, la coupa t-il en s’écartant d’elle un sourire en coin aux lèvres, c’est pas la première fois qu’on se retrouve dans cette situation Potter.
- Quel culot ! Où est Aaron ? Qu’est-ce-que tu fiches ici !
Scorpius la regarda un peu perdu, ignorant de quoi elle voulait parler.
- Aaron? Pourquoi est ce que tu me parles de cet abruti ?
- Qu’est-ce-que tu fais ici ! répéta t-elle furieuse, croisant les bras sur sa poitrine comme si cela pouvait la protéger des regards de Malefoy.
- Potter c’est moi qui t’ai demandé de venir.
- Quoi ?
La rousse ouvrit grand les yeux. Comment était ce possible ? Le mot… Mais alors …
- Le morceau de parchemin…
- C’était moi oui, confirma Scorpius à l’interrogation suspendue de Lily.
Ça, Lily ne s’y était absolument pas attendue. Tombant des nues, elle regarda Malefoy les yeux embués. Elle venait de se ridiculiser devant la personne qu’elle méprisait le plus au monde pour un garçon dont elle n’était même pas amoureuse. Cette situation était délirante. Allant s’asseoir sur un banc elle prit sa tête entre ses mains en soupirant. Qu’est ce qu’avait bien pu foutre Aaron de la soirée dans ce cas ? Et puis qu’est ce que Malefoy lui voulait ? Ils ne s’étaient pas revu depuis son intervention dans les cachots pour lui demander de cesser toute cette mascarade entre eux.
« Pourquoi tu t’attendais à Hodkings, lui demanda t-il toujours debout.
De toute sa hauteur, il regarda la jeune femme relever la tête vers lui. Elle semblait incroyablement fatiguée.
- On devait se voir ce soir, confia Lily en soupirant, une surprise un truc du genre je crois, se justifia t-elle.
- C’est vrai, vous êtes ensemble maintenant, murmura Scorpius en s’essayant à côté de Lily, fixant comme elle le paysage enneigé sous leurs yeux.
Etrangement il ne pouvait mettre de mot sur ce qu’il pensait de cette situation. Il avait aussi appris que Lily et Hugo se reparlaient, que ses amis lui avaient pardonné. Tout ce jeu, tout ce qu’il avait entrepris avec elle était un échec. Cette sensation lui donna le vertige.
Ses yeux bleus se posèrent sur Lily: penchée comme elle l’était, appuyée sur ses genoux, tout son dos était offert à sa vue.
- Pourquoi tu as fait ça ?
La voix roque de la rousse tira le Serpentard de sa méditation et à contre coeur il redirigea ses yeux vers ceux désapprobateurs de sa voisine. Elle l’avait vu la regarder.
- Faire quoi ?
- Ça, insista t-elle en faisant référence à ce qu’il venait de se passer contre la rambarde. Pourquoi est ce que tu n’as rien dit. Pourquoi tu l’as fait ?
- Tu sais très bien pourquoi Potter, ricana Scorpius en détournant le regard.
- Ça fait encore parti de ton petit jeu ? l’interrogea Lily avec mépris, je t’avais pourtant demandé de cesser toute cette mascarade la dernière fois.
Un sourire en coin peint sur les lèvres, Scorpius devait bien avoué qu’il n’en savait rien. Désir de jouer ou désir tout court ? Bizarrement la réponse était déjà toute trouvée.
- Non, répondit-il en secouant la tête avant de se retourner de nouveau vers elle. Pas cette fois Potter. Tu m’as demandé d’arrêter de jouer, continua t-il, c’est ce que j’ai fait.
Lily le regarda surprise. Qu’est ce que c’était que cette histoire. Aveugle, elle s’offusqua à la simple idée que peut-être le jeune homme ressentait les mêmes vagues de désir qu’elle. Cette situation était trop dangereuse pour qu’elle reste. Elle eut un mouvement de recule mais Malefoy, plus rapide, s’empara de son poignet pour lui signifier de ne pas bouger.
- Reste. »
Son injonction sembla faire écho à tous les muscles de son corps puisque la rousse se figea aussitôt. Pourquoi fallait-il qu’il ait tant de contrôle sur elle. C’était si malsain… Assit l’un à côté de l’autre, ils se dévisageaient. C’était la première fois qu’ils ne s’insultaient pas, qu’ils entretenaient une discussion « normale » sans cris, sans pleurs. Il retira sa main de son bras et étrangement Lily se surprit à regretter son geste, comme si cette présence chaude sur sa peau lui manquait.
« Pourquoi ?
- Parce que tu n’as pas envie de partir Potter.
Du coin de l’oeil, elle le vit s’approcher d’avantage. Il n’avait aucune envie qu’elle parte lui.
- Tu ne sais rien de ce que je veux Malefoy.
- J’aime faire des suppositions.
Leurs voix étaient basses. Doucement, il fit remonter sa main le long de la colonne vertébrale dénudée de Lily : de sa chute de reins à son cou en passant par ses omoplates. Un frisson la saisie. C’était comme si ses caressent traversaient son derme pour toucher son âme, ou un truc du genre.
- C’est une très mauvaise idée, soupira t-elle, sentant renaitre une boule de chaleur dans son ventre.
- Je n’ai jamais dit que s’en était une bonne…
Il pencha sa tête vers son épaule où ses lèvres se posèrent délicatement. Par Merlin, Lily serra le morceau de soie qui recouvrait ses cuisses pour s’empêcher de gémir. La bouche du blond picorait délicieusement sa peau brûlante alors qu’elle baissa la tête dans ses cheveux. L’odeur mentholée de son shampooing mélangée à celle de sa fragrance masculine lui donna le tournis et l’empêchait de réfléchir aux conséquence de ce qu’elle était en train de faire. C’était mal, si mal, elle se devait de résister, cela n’allait mener à rien, mais c’était si bon… Dans son dos, elle sentit la main de Malefoy remonter jusqu’à son cou pour le saisir alors que sa seconde main se posait sur sa cuisse. Ses dents contre sa carotide, son nez frôlant la peau fine de son oreille, le tout la fit exploser : tournant la tête vers lui, ses yeux verts rencontrèrent le regard fiévreux du jeune homme.
Un instant, deux secondes peut-être, ou trois, ils se regardèrent vraiment. Il n’était qu’un garçon qui la voulait désespérément, elle n’était qu’une fille qui le désirait ardemment. Plus de nom, plus de haine, plus de cris, plus de pleurs, plus de Serment, plus de voeux, plus de réflexions, rien. Juste un garçon et une fille dans un océan d’envie.
Scorpius finit pas craquer et ses doigts contractés contre le cou de Lily, il fit abattre ses lèvres sur les siennes durement. Comme les fois précédentes, l’impact fut dévastateur. Le désir grimpa d’un cran alors que leurs lèvres se débattaient l’une contre l’autre. Impitoyable mais merveilleux. Ravagée par le feu qui faisait rage dans sa poitrine et dans son ventre, Lily se mit à cheval sur Scorpius, aidée par ses bras, il l’installa sur ses genoux, caressant ses cuisses nues. Sa robe remontée à sa taille, elle sentit frotter contre son intimité l’entre-jambe gonflée de son homologue. Un grognement les fit vibrer alors que Malefoy remontait ses mains sous la soie verte jusqu’à ce qu’il puisse atteindre la poitrine de Lily.
Passionnés. Elle s’affaira à déboutonner sa chemise noire alors qu’il venait de lui retirer sa robe, la faisant voler à travers l’espace pour que sa bouche ait enfin accès à sa poitrine. Ils n’étaient que gémissements, tremblements, souffles saccadés et gestes brutes. Ses lèvres contre ses seins, Scorpius mordait sa peau, la suçait, la faisait vibrer. Lorsqu’elle fit glisser sa chemise le long de ses bras, Lily retrouva l’épiderme pâle qu’elle avait aperçu à l’infirmerie. Ses yeux retracèrent les marques, ses doigts allèrent inspecter son dos torturé de cicatrices. Jamais elle n’avait trouvé un homme aussi attirant, aussi séduisant. Elle voulait tout. Haletante sous les assauts du Serpentard, elle tenta tant bien que mal de lui retirer sa ceinture pour atteindre son entre-jambe.
L’effet fut immédiat lorsqu’elle prit dans sa main le membre gonflé de Scorpius : le blond se tendit contre elle en soupirant, agrippant ses fesses pour se presser contre son corps. Satisfaite d’avoir autant de contrôle sur lui, Lily commença un mouvement de vas-et-viens lancinant, embrassant ses cheveux, ses tempes, son front. Griffant son fessier, il l’a somma d’arrêter, ce qu’elle ne fit pas. La sensation était indescriptible pour la rousse : quelques caresses et il était tout à elle, le grand Scorpius Malefoy n’était plus que gémissements et mouvement du bassin. Sans prévenir, Malefoy se leva du banc où ils étaient assit, retenant Lily contre lui pour se diriger vers le centre de la pièce où la petite flamme éclairait et réchauffait l’espace. Serrant ses jambes autour de sa taille, Lily avait cessé son entreprise pour s’accrocher à son cou. Nouveau regard, nouveau baiser. Ils savaient qu’une seconde d’inattention pouvait briser la bulle qu’ils venaient de créer.
L’allongeant à même le sol, il la contempla toute tremblante et presque nue. Sa peau était si blanche qu’elle contrastait avec l’obscurité de la nuit. Si belle… Attrapant ses poignets pour les clouer au sol d’autorité, il embrassa son cou puis descendit sur sa poitrine. Ses seins étaient gonflés, ses tétons dressés par le désir. Cette vision le combla alors qu’il les honora l’un après l’autre. Lily n’arrêtait pas de se tortiller dans tous les sens, cherchant par tous les moyens de coller sa peau à la sienne : l’espace qu’il lui imposait était terrible, elle désirait plus que tout le sentir contre elle. Ne faire qu’un avec lui.
« Arrête de bouger Potter, on dirait un poisson hors de l’eau, ricana Malefoy en relevant les yeux sévèrement vers elle.
Faisant la moue, elle tenta de se libérer de son emprise, de reprendre le contrôle mais il secoua la tête négativement, ne la laissant pas faire.
- Regarde moi.
Obéissante, elle figea ses yeux verts dans les siens. Bon sang ce qu’elle avait envie de lui. Lâchant doucement un poignet, il fit courir sa main le long de son bras, de sa joue puis de son cou. Lily ferma les yeux, immobile, emportée par les sensations…
- Regarde moi Lily, lui répéta t-il dans un murmure tout en continuant sa migration.
Ses doigts survolèrent son sternum, lui provoquant de merveilleux frissons le long de son échine. Puis, lentement, il franchit la limite de son sous-vêtement. Ecarquillant les yeux Lily se cambra contre son torse, haletant sous les arabesques de ses doigts. Jamais elle n’avait ressentie une pareille émotion, si intense… C’était comme s’il entrait en communion avec son âme. Des fourmillements montèrent de ses jambes jusqu’à son bas ventre alors qu’elle sentait tous ses muscles se contracter sous le plaisir. Hoquetant, ses yeux se voilèrent, tout son corps se tendit en jouissant alors que Malefoy vint l’embrasser vorace, jamais il n’avait été plus excité qu’en voyant le corps de Lily ravagé par l’orgasme.
De ses mains encore tremblantes alors qu’elle redescendait de son nuage, la rousse aida son amant à se débarrasser de son pantalon ainsi que de son caleçon. Leurs lèvres toujours jointes dans un baiser d’une intensité extraordinaire, elle remonta ses mains le long de son torse ferme, griffant ce qu’elle pouvait. D’un coup de bassin, elle le fit rouler sous elle. Souriant, il la laissa faire, mordant sa lèvre inférieure pour l’encourager à continuer : il adorait la voir prendre le contrôle, abandonner toute timidité. Couchée sur lui, elle le laissa se positionner. Tout son corps tremblait d’envie, enfin…
Enfin elle le sentit en elle. Il n’avait fallut que d’un coup de bassin fluide pour qu’il ne la pénètre entière. Gémissants à l’unisson, il attendit qu’elle s’habitue à sa présence pour commencer à bouger lentement. Elle était si serrée… Chaque aller-retour était incroyablement bon. Les yeux clos, la bouche légèrement ouverte, il serra sa taille pour la maintenir le plus proche possible de lui de façon à aller aussi loin qu’il le pouvait. Par Merlin jamais il n’avait vécu un truc pareil. Secouée par le désir, Lily bougeait son bassin d’avant en arrière, accompagnant chaque mouvement jusqu’à choisir le rythme qui lui convenait.
« Redresse toi, déglutit Scorpius en rouvrant les yeux. Redresse toi et prends appuie en arrière. »
Hochant la tête, Lily s’exécuta en haletant, ses mains sur les cuisses de Scorpius. Les vas-et-viens du Serpentard redoublèrent d’intensité et déjà la rousse voyait un second orgasme pointer le bout de son nez. Au moment où son corps se tendait de nouveau, elle sentit celui de Malefoy se contracter à son tour, emporté l’un et l’autre par la même vague de plaisir.
Après quelques longues secondes allongée sur lui, épuisée physiquement et émotionnellement, Lily se dégagea pour venir s’écrouler à ses côtés. Aucun des deux ne prit la parole, observant un silence religieux. Et maintenant qu’allait-il se passer ? Lily eut un frisson. Allait-il se moquer d’elle ? Partir sans un mot ? Raconter à tout le monde ce qu’il venait de se passer ? La jeune rousse était de retour dans le monde réel, la bulle avait éclaté : elle venait de coucher avec Scorpius Malefoy et elle détestait viscéralement Scorpius Malefoy. Bon sang qu’avait-elle fait ! Et Aaron dans tout ça… Honteuse, Lily se redressa en position assise pour remettre son sous-vêtement avant d’attraper sa robe qui dans la bataille avait atterrie pas loin. L’angoisse avait remplacer le sentiment de plénitude post-coïtale à une vitesse incroyable.
Il fallait qu’elle parte au plus vite et qu’elle oublie ce qu’il venait de se passer. Les conséquences seraient terribles. Terrorisée à l’idée de le voir rire ou sourire d’un air satisfait, elle ne tourna même pas vers le Serpentard en enfilant la soie verte. Fuir, il fallait fuir.
Une fois debout, Lily alla chercher sa veste près de la rambarde et se dirigea vers l’escalier sans un mot quand le silence fut brisé par la voix rauque et abyssale de son homologue :
« Qu’est-ce-que … commença t-il mais Lily le coupa aussitôt
- Je dois y aller.
S’autorisant un regard dans sa direction, elle le vit assit sur le sol, nu, le visage à peine éclairé par la petite flamme qui brillait encore. Les cheveux en batailles, des marques rouges sur le torse, il était incroyablement beau. Une boule se forma dans la poitrine de Lily lorsqu’elle fit un pas en arrière.
S’il n’était pas lui, si elle n’était pas elle, Lily aurait adoré revenir l’enlacer, l’embrasser.
Mais il était qui il était et cela la rendait folle.
Cette vision angélique lui déchirait les entrailles, partir l’achevait.
- Attends, Potter …
- Oui ? s’empressa t-elle de répondre, ensorcelée par les mouvements de sa bouche.
Un mot de sa part, un encouragement, une parole rassurante, elle n’attendait que ça, pendue à ses lèvres encore gonflées.
Quelques secondes passèrent alors qu’ils se contemplèrent impuissants.
- Rien, finit-il par dire en haussant les épaules avec désinvolture. Bonne année.
Bouchée bée, Lily écarquilla les yeux avant de bredouiller un pitoyable « Merci, toi aussi Malefoy » et de fuir dans les escaliers ses chaussures à peine enfilées.
***
Lorsqu’elle était rentrée dans son dortoir quelques minutes plus tard, Lily pu constater que tout le monde était encore à la fête des Serdaigle. Effectivement, il n’était que 00h45. Epuisée, elle se dirigea vers la salle de bain, ses affaires de toilettes et son pyjama molletonné dans les bras. La porte close, elle se déshabilla face au grand miroir, contemplant les marques sur sa peau d’albâtre, une boule dans la gorge. Son cou était rouge, ses lèvres gonflées, un suçon rouge violet habillait sa poitrine. Soupirant, elle parcouru avec ses mains le chemin que les siennes avaient empruntées un peu plus tôt : son bras, son cou, sa poitrine, son ventre. Puis elle remonta jusqu’à se fixer dans les yeux. Son eye-liner avait tenu bon mais du mascara avait coulé sous ses yeux lui donnant un regard charbonneux. Ses yeux verts brillaient d’une intensité nouvelle, presque fiévreux, hantés par les réminiscences de sa soirée.
« Tu es une idiote Lily Luna Potter, dit-elle à son reflet, un sourire en coin sur ses lèvres.
***
Quand Scorpius Malefoy franchit les portes de la Salle Commune des Serdaigle, la première chose qu’il fit fut de descendre deux verres de whisky-pur-feu d’un coup. Seul là haut il avait hésité à rentrer se coucher mais il savait bien qu’une fois allongé sous les draps frais de son lit il ne pourrait s’empêcher de penser à elle. Bon sang, son estomac se noua. Il avait vu la panique dans ses yeux avant de partir et se souvenir le perturbait profondément. Pourquoi avait-elle réagit de la sorte ? Il sirota son troisième verre les yeux dans le vide. C’était absolument évident qu’ils allaient finir par craquer après les trois baisers qu’ils avaient échangé auparavant. L’attraction entre eux était bien trop forte et obsédante. Il revoyait son corps se tortiller sous le sien, sa bouche haleter contre sa peau…
Un grand coup dans son dos le fit sursauter, effaçant ces images précieuses de sa tête. Alexander, le visage fermé arriva à côté de lui, un verre de whisky bien rempli dans une main.
« T’en fais un tête, lui dit Scorpius face à son visage tendu.
- Ouais, soupira Alexander en buvant une gorgée. J’ai été obligé d’assister au spectacle de ma soeur se frottant contre Nott. Traumatisant.
- Je vois, ricana Scorpius en buvant aussi. Tu ne lui as pas mis ton poing dans la figure c’est déjà pas mal.
- Grande force morale hein, se marra le métisse en haussant les épaules. C’est pas l’envie qui me manquait. D’ailleurs t’étais où toi ?
- Occupé, marmonna Scorpius en détournant les yeux.
- Je vois ça, t’as du rouge à lèvres dans le cou et ta chemise est froissée, dit-il en désignant les preuves de son larcin. J’espère au moins qu’elle était bonne, ça justifierait ta désertion.
Malefoy haussa les épaules, il ne voulait partager avec personne ce qui venait de se passer dans la Tour d’astronomie. Cette heure avec elle leur appartenait à tous les deux uniquement. Pour rien au monde il ne divulguerait à son ami qu’il avait chahuter avec l’ennemi. Au même moment Nott apparu sur sa droite, la chemise déboutonnée, le regard voilé par l’alcool.
- Bonne année ! Lui dit-il en lui ébouriffant les cheveux sauvagement avant de trébucher. Je suis déchiré !
- Ça se voit, lui dit d’un air narquois son meilleur ami. Et puis ça se sent aussi… Il paraît qu’avec Anna …
- Aaaah si tu savais ! Mais, se reprit-il en voyant le visage d’Alexander se décomposer, je ne dirais rien avec mon beau-frère dans les parages !
Tous les trois explosèrent de rire, ils savent bien au fond que Nott était un coureur, c’était malheureux mais Anna n’était qu’un numéro parmi d’autres. Alors que Scorpius leur servit à tous les trois un énième verre de whisky, Alexander raconta à Nott les prouesses de leur ami. Les 10 minutes qui suivirent, Scorpius fut noyé de questions les toutes plus obscènes que les autres. S’ils savaient …
- Attends attends, on la connait au moins ? l’interrogea Nott en poussant Alexander.
- On connaît tout le monde ici abruti, soupira Zabini en buvant.
- Non mais c’est une Serpentard ?
- Non, soupira Scorpius excédé mais joueur.
- Elle a notre âge au moins ? demanda Kyle en réfléchissant, mort d’envie de tout savoir.
- Heureusement, s’exclama Scorpius en avalant de travers. Il n’y a que toi qu’est suffisamment tordu pour viser des plus jeunes ! »
Kyle lui donna un coup dans les côtes en riant avant de se défendre, heureusement cet argument lança un nouveau débat entre lui et Alexander, ce qui permit à Scorpius de s’éclipser loin de leurs questions intrusives. Trouvant une place dans l’un des fauteuils des Serdaigle, il s’y affala, buvant toujours sa boisson du bout des lèvres, la tête ailleurs.
Toute cette histoire devenait très compliquée à son goût. Certes, il avait toujours trouvé Lily agréable à regarder mais son objectif premier était depuis l’enfance de lui pourrir la vie… comment continuer dans une pareille situation ? Dès qu’il fermait les yeux il retrouvait la sensation de son corps sur le sien, de son souffle dans ses cheveux, de ses lèvres sur les siennes. La rousse lui avait fait totalement perdre le contrôle.
Scorpius avait passé toutes les vacances de noël à écouter les sempiternelles récits familiaux. Son grand-père Malefoy lui avait fait l’éloge du Mage Noir sous les regards fatigués de sa grand-mère et la gêne de ses parents trop respectueux (ou craintifs ?) pour l’interrompre. Puis son père lui avait de nouveau expliqué en quoi les Potter et les Weasley devaient être l’objet de leur mépris. Silencieusement, droit comme un piquet, il n’avait fait qu’acquiescer, des images de la flamboyante Gryffondor dans la tête. Toute la semaine il n’avait fait que retourner les paroles de Potter dans sa tête ne sachant quoi en faire. Etait-ce si mal que ça d’avouer qu’il la désirait ? Visiblement cette idée la dégoutait de son côté, du moins jusqu’à ce soir, sourit-il.
Le jour de la rentrée, Scorpius l’avait surprise dans les bras de ce crétin d’Hodkings. Il avait entendu leur discussion et elle lui avait donné envie de vomir. Le côté mielleux et faiblard de cet abruti le rendait fou. Le voir embrasser et serrer Lily l’avait profondément dégoûté. Aussi, lorsqu’il l’avait croisé ce soir au banquet dans la Grande Salle, il avait malencontreusement versé un peu de potion du sommeil dans son jus de citrouille. Il fallait être stupide pour ne pas comprendre ce qu’il avait prévu de faire avec Potter. Mais l’idée même que cet abruti pourrait la faire sienne l’avait rendu fou.
L’histoire c’était ainsi déroulée: pendant que la jeune rousse avait attendue dans sa petite robe en soie qui l’avait rendu totalement dingue, Hodkings dormait paisiblement dans son lit. Buvant un peu de whisky, il sourit très satisfait de lui même. Il avait voulu la voir pour parler de cette fameuse discussion mais quand il était arrivé, la vision de son dos entièrement dénudé, de sa peau parfaite sous la lumière chancelante de la flamme lui avait fait perdre la tête. Il avait eu envie de la toucher, désespérément et elle l’avait laissé faire. Scorpius termina son verre. Il la revit à cheval sur lui, nue, vibrante, ensorcelante, si sûre d’elle … comment avait-elle pu se transformer en animal craintif dès la fin de leurs ébats ? Se relevant du fauteuil, Scorpius se dirigea vers la sortie sans prévenir ses amis, les bougres reviendraient en rampant dans la nuit assommés par l’alcool.
***
Le week-end de Lily se passa dans un incroyable brouillard. Si quelqu’un lui avait adressé la parole, elle n’est avait aucun souvenir ou presque. Ses gestes avaient été mécaniques : elle s’était levée le lendemain, avait saluée ses amies, peut-être mangé mais le reste ? Trou noir.
La seule chose qui lui restait en mémoire était son inquiétude constante : pendant deux jours elle n’avait eu fait qu’écouter les discussions des uns et des autres à la recherches d’une mesquinerie sur sa soirée du nouvel an. Mais rien. À croire que Malefoy ne s’était effectivement pas vanté auprès de ses amis stupides d’avoir couché avec elle. Si Malfoy l’avait dis à Kyle Nott, absolument tout le monde aurait été au courant le soir même. Les seuls échos de la soirée qu’elle eût fut des compliments par-ci par là sur sa tenue et quelques histoires folles au sujet d’Hugo torse nu dansant sur une table.
Le lundi matin, alors que Lily s’apprêtait enfin à reprendre le chemin de l’entrainement de Quidditch dont elle avait été bannie depuis l’explosion d’octobre, elle vit débouler devant elle Aaron. Dans un mouvement de recule, elle trébucha et atterrie sur ses fesses devant tout le monde. Bon sang, il était bien le dernier qu’elle avait envie de voir aujourd’hui. Quoi que … Elle lui en voulait toujours autant de lui avoir fait faux bon lors de la soirée et de ne pas s’être excusé le lendemain matin, d’après Sarah, le jeune homme avait dormi de 19h à 10h le lendemain. Mais par dessus tout, Lily était à présent incapable de quoi que ce soit avec lui, l’esprit encore trop plein de Malefoy. Même si elle n’avait pas été amoureuse de lui, elle se sentait profondément coupable d’avoir agit de la sorte. Quoi qu’il en soit, toute histoire était à présent impossible entre eux, elle en était certaine.
Accourant vers elle, Aaron lui tendit les mains pour l’aider à se relever mais Lily ne prit pas la peine de les saisir ce qui fit grimacer le brun.
« Salut Lily.
- Aaron, répondit elle en retirant la poussière de son uniforme de Quidditch.
- Je voulais m’excuser pour vendredi soir …
- D’accord, répondit-elle en haussant les épaules.
- Je ne sais pas ce qui m’est arrivé, poursuit-il en marchant près d’elle alors qu’elle reprenait le chemin du terrain, je suis tombé comme une masse alors que je n’étais même pas fatigué.
- Ça arrive à tout le monde.
- Non Lily… Davis m’a dit que tu étais absolument sublime ce soir là et moi comme un idiot j’ai raté ça… Je me sens trop con Lily, j’avais prévu un super truc et …
Elle n’écouta pas la suite de son monologue, replongée dans les souvenirs de vendredi soir lorsqu’elle avait débuté l’année dans les bras d’un autre. Et quel autre, se dit-elle en souriant. Qui eut cru qu’un truc pareil leur arriverait à Malefoy et elle ? Reportant ses yeux vers Aaron, elle s’arrêta au milieu du chemin, prit sa main et lui adressa un sourire doux.
- Écoute Aaron, tu es adorable, on a essayé tous les deux mais ça ne nous convient pas. C’est dommage pour vendredi mais on ne peut pas revenir dessus. Haussant les épaules, elle lui fit une bise avant de faire deux pas en arrière. Je suis désolée Aaron, je préfère vraiment qu’on arrête là toi et moi avant de se blesser.
Bouche bée, le brun la regarda consterné. Ne voyait-elle pas qu’il était amoureux d’elle ?
- Donne moi une chance Lily …
- C’est pas contre toi, lui répéta t-elle, je suis juste pas trop dans l’optique d’être avec quelqu’un pour l’instant, avoua Lily.
- Très bien. On reste amis alors… soupira Aaron, les mains dans ses poches.
- Oui, amis c’est super. Je dois y aller, on se voit plus tard, lui dit-elle en souriant avant de repartir en direction du terrain.
Planté là, Aaron regarda la rousse disparaitre de son champs de vision avant d’entendre les rires amusées de trois Serpentard derrière lui. Enervé, il se tourna vers eux en les fusillant du regard. Se tenait droit dans son costume noir: Scorpius Malefoy, encadré de Zabini et Nott, jaugeait le Serdaigle d’un air satisfait et amusé.
« Se faire planter par Potter, terrible, s’amusa Nott en s’approchant, rassure toi tu ne pouvais pas viser plus bas mon pote ! s’exclama t-il en lui donnant une tape dans le dos.
- Redis ça pour voir, cracha Aaron en serrant les poings.
- Ouh on sort les griffes Hodkings ?
- Allez donc faire mumuse avec les autres ratés dans votre genre, les insulta Aaron sous les yeux furieux d’Alexander.
- Messieurs, commença Malefoy en retroussant ses manches de costume, je crois qu’Hodkings mérite une bonne leçon.
- Vas-y Scorpius, montre lui un peu à ce crétin à qui il a à faire ! s’égosilla Nott en sortant sa baguette.
- Trois contre un, bravo les gars, ricana Aaron sa baguette en main, prêt à se battre. Je savais que les Serpentard n’avaient pas de courage mais à ce point c’est affligeant.
Malefoy leva sa baguette pour lancer le premier sortilège dans celle-ci vola de ses mains pour atterrir dans celles du professeur McGonagall. Forcément, le blond soupira énervé sous le regard satisfait d’Aaron. Le professeur s’avança vers eux la mine contrite :
« Puis-je savoir ce que vous êtes en train de faire ?
- Rien de mal professeur, nous montrions à Hodkings comment lancer un Accio, s’empressa de dire Kyle sous le regard amusé de ses deux amis. Le pauvre a un peu de retard …
Loin d’être idiote, le professeur McGonagall tendit à Malefoy sa baguette en levant les yeux au ciel.
- Je doute que vous ayez ne serait-ce qu’une fibre pédagogique en vous monsieur Nott. Dispersez vous tous les quatre et que je ne vous reprenne plus à ça où bien vous serez convoqué. Ais-je bien été claire ? leur demanda t-elle sévèrement. »
Forcé de prendre des chemins différents, Scorpius partit de son côté rejoindre le terrain de Quidditch. Il fallait qu’il la voit, même de loin, même de dos, même floue, mais qu’il vérifie qu’elle était là. Le week-end avait été une véritable mascarade pour Scorpius, chaque seconde de chaque minute il n’avait respiré que pour espérer croiser son chemin. Il devait comprendre pourquoi elle s’était enfuit après tout ça, pourquoi d’un étrange hasard il avait été incapable de la revoir. Il voulait juste l’apercevoir brièvement pour enfin se rentrer dans le crâne qu’elle n’avait rien de spéciale, que ce n’était qu’une fille parmi des tonnes, qu’il n’avait absolument aucune raison de rester bloqué de la sorte sur cette nuit là.
S’approchant des gradins, il se cala dans un coin pour observer l’équipe des Gryffondor s’entrainer. Dissimulé dans l’ombre, comme il était attaquant d’une équipe adverse il avait normalement l’interdiction formelle d’être présent, mais cette chose en lui, ce truc incontrôlable dans son ventre l’avait poussé à prendre le risque d’être découvert. Un coup d’oeil et puis c’est tout. Après tout, les Serpentards avaient la réputation d’être audacieux…
C’est à cet instant qu’il l’a vit sur son balais survoler l’espace. Droite et fière, souriante et lumineuse. Elle avait l’air incroyablement heureuse de reprendre le chemin des entrainements. Jamais il n’avait vu Lily aussi rayonnante que pendant cette nuit au sommet de la tour d’Astronomie. La fille Potter avait flamboyé pour lui.
Il la regardait soucieuse, concentrée, passionnée, riante. Il voyait toutes ces phases défiler et la définir. Il resta là une heure et se félicita de nouveau d’avoir piéger cet abruti de Serdaigle pour passer cette soirée avec elle. Il la détestait mais une part de lui commençait à s’habituer à sa présence. Une heure durant, les yeux rivés sur cette insupportable rousse le Serpentard songeait à son prochain mouvement. Devait il passer outre cette attirance et finir ce qu’il avait commencer ou bien commencer quelque chose de nouveau…
***
Mollement allongée en travers du canapé rouge et or de la salle commune, Lily somnolait en tentant de lire un livre de sortilèges. La tête appuyée sur les genoux d’Hugo, elle se sentait extraordinairement bien. Elle n’avait plus croisé Malefoy depuis son intervention lors de sa rupture avec Aaron et elle le vivait plutôt bien. Au fond, elle avait l’impression que la boucle était bouclée. Une semaine déjà qu’elle avait fauté avec son pire ennemi mais celui-ci ne s’était pas vanté auprès des autres, personne ne semblait être au courant de cette mauvaise aventure. Soulagée, elle s’était alors autorisée à penser à autre chose même si parfois, ses rêves étaient hantés par des yeux gris et des cheveux blonds.
Hugo jouait avec ses cheveux roux et cela la fit sourire, en dehors de toute cette histoire, elle était surtout heureuse d’avoir retrouvé son cousin. Elle se sentait enfin entière : elle avait retrouvé son ombre, sa moitié, son frère. Le jeune homme et elle reconstruisaient doucement leur relation de confiance. Après leur discussion des vacances de Noël, ils avaient pris le temps de parler, Hugo lui avait expliqué sa situation, l’échec de sa relation avec Drew et le soutien qu’il avait reçu de ses parents, des professeurs et de ses amis. Lily ne pouvait s’empêcher d’être profondément mal lorsqu’elle entendait ces brides de récit mais Hugo finissait toujours pas la rassurer : ce qui était fait était fait.
Car en dépit de la terrible douleur qu’il ressentait encore parfois, Hugo ne pouvait s’empêcher d’aimer profondément Lily. Ce qu’elle lui avait fait, cette terrible humiliation… ces souvenirs lui faisaient encore mal parfois mais on lui avait appris que le pardon était plus fort que la haine. Si Lily lui avait brisé le coeur en agissant de la force, il s’était d’autant plus brisé en sachant l’état dans lequel elle avait été pendant une semaine. Il avait eu beau lui en vouloir comme personne, ça lui avait fait quelque chose de voir son corps amaigrit, les traces de pleurs sur sa joue et d’entendre ses supplications. Pendant les deux mois qui avaient suivis, Hugo n’avait pu s’empêcher de réfléchir à tout ça. Il connaissait sa cousine, jamais elle n’aurait fait ça gratuitement pour le blesser, pas après tout ce qu’ils partageaient depuis des années. La souffrance qu’elle avait ressentie en était la preuve : quelque chose l’avait forcé à faire.
Enroulant une mèche de cheveux autour des ses doigts, Hugo observa la fatigue sur le visage de Lily. Il avait enquêté un peu auprès Sarah qu’il savait être la confidente de la rousse, mais celle-ci n’avait rien voulu dire. Il s’était alors mis à investiguer auprès de Mary et Gil pour comprendre ce qui avait pu pousser Lily à changer et celles-ci lui avaient parlé de la relation très bizarre qu’elle entretenait alors avec Malefoy. Dès lors Hugo s’était fixé un seul et même objectif : découvrir ce que Malefoy avait fait à sa cousine et lui faire payer.
***
Lily accourue dans le couloir de la tour nord en direction de son amie, laquelle l’attendait en lisant en tailleur sur le sol
« Sarah, j’ai une nouvelle pour toi !
La brune fronça les sourcils elle voyant Lily arriver à pas de course, un énorme sourire aux lèvres.
- Tu me fais peur Lily quand tu sors de ton état léthargique, rit Sarah en faisant référence à son habituel état calme et pondéré.
Lily lui tira la langue avant de lui tendre une lettre ouverte :
- Tu te souviens quand tu es venue me voir en octobre ? Tu m’avais dit que tu m’aiderais à regagner la confiance de nos amis, à me sortir de la situation dans laquelle j’étais à une condition ?
- Mh oui, répondit-elle en souriant de plus en plus, par Merlin ne me dis pas que ….
- Si si, s’exclama Lily, c’est une lettre d’Albus ! Il viendra nous chercher pour les vacances de Février et nous resterons chez lui comme mes parents seront en voyage pour le ministère ! »
Sarah poussa un cri de joie en sautant dans les bras de Lily. Elle n’avait en effet jamais caché à son amie l’obsession qu’elle avait pour son frère. Depuis qu’elle était en première année, elle avait toujours trouvé le deuxième Potter incroyable séduisant, intelligent et drôle. Lui prenant la lettre des mains elle relis deux fois de suite l’écriture penchée et très soignée du jeune homme.
Ils avaient énormément discuté lorsqu’il était en Septième année et elle en Sixième, connaissant très bien sa grande soeur, ils s’étaient liée d’amitié et elle était tombée amoureuse.
Alors que son amie, encore toute excitée par sa nouvelle rentrait en cours de métamorphose, Lily s’efface en riant pour rejoindre son fameux cours de sortilège à l’autre bout du Château. Cette semaine était décidément parfaite : elle avait passé du temps avec Mary et Gil, Hugo ne la lâchait plus, Sarah était heureuse. Son quotidien avait repris sa place. Plus forte que jamais, Lily était prête à tout affronter, même le futur match contre les Serpentard qui aurait lieu le samedi qui suivait.
Tournant à droite, Lily s’engouffra dans un petit escalier étroit : d’après James il s’agissait du meilleur raccourci possible pour rejoindre la tour ouest. La tête baissée sur ses pieds, elle ne fit absolument pas attention aux voix devant elle jusqu’à ce qu’elle entende son nom… S’arrêtant immédiatement, elle tendit l’oreille et reconnu immédiatement la voix de Scorpius répondre à quelqu’un :
« Bien sûr que je n’ai pas abandonné abruti, répondit-il sèchement, je prends juste mon temps. Tu ne vois pas qu’elle a réussi à tout contrer ? Les professeurs ne lui ont pas tenu rigueur de l’explosion et son rouquin de cousin lui a pardonné, de même que sa famille je présume. Le troisième doit être totalement dévastateur Kyle, il doit être parfait et sans retour. »
La voix du Serpentard la fit frissonner de la tête au pieds. Même si elle savait que cette nuit ensemble n’avait rien changé, elle avait imaginé qu’au fond il laisserait un peu tomber sa folle entreprise. Lily était bien plus déçue qu’énervée. Elle entendit de loin la réponse de Nott et ses pas s’éloigner. Figée sur place, elle regardait ses pieds jusqu’à ce que le corps pressé de déguerpir de Malefoy se poste devant elle, lui faisant relever les yeux.
Ils ne s’étaient pas retrouvés seuls depuis la soirée du nouvel an, ni si prêt, et de nouveau, la pureté de ses traits attisa quelque chose dans la poitrine de Lily. Plusieurs fois, elle l’avait surprit à freiner avec une fille de Serpentard, une certaine Johanne, une fille très belle d’ailleurs. Cette seule idée l’avait parfois un peu agacée. Leurs pupilles liées, elle y lu successivement de la surprise puis du regret… du regret ?
« Tiens Potter, tu es là, déclara t-il en glissant sa main dans ses cheveux blonds, la voix peu assurée.
- Comme tu peux le voir oui.
Etait-il gêné ?
- Tu as tout entendu je présume, dit-il alors en descendant deux marches, une de moins que Lily pour se retrouver à sa taille.
La rousse se colla au maximum contre la pierre droite pour ne pas le frôler.
- Juste la fin.
- Écoute … commença-t-il avant qu’elle le coupe calmement.
- Tu n’as pas à t’expliquer, continue ton jeu pervers Malefoy, ça n’amuse plus que toi, Lily haussa les épaules, désarmement totalement Malefoy qui avait pourtant été certain qu’elle s’énerverait. Tu l’as bien vu, tes petites manoeuvre ne blesse qu’un temps, après, tout rentre dans l’ordre et tu veux savoir pourquoi ?
Le blond fronça les sourcils, déstabilisé devant cette nouvelle assurance que Lily avait. Elle n’attendit pas sa réponse pour enchainer :
- Ça ne marche pas parce que les gens m’aiment Malefoy. Tu me blesses, tu me fais blesser des personnes mais ils parviennent dans leur coeur à trouver la force de me pardonner. Tu pourras faire ce que tu veux tu ne retireras pas ce que je suis. Tu ne feras pas de moi une mauvaise personne, tu ne détruiras pas la force que j’aie en moi.
Bouche bée, il allait ouvrir lui répondre mais Lily l’arrêta de nouveau en souriant, montant une marche pour le dépasser :
- Tu m’as fait sortir de mes gongs, tu m’as fait croire que j’avais besoin de ton jeu pour sortir de l’ennuie de mon quotidien mais en réalité je n’ai besoin que de moi. Je suis la seule maître de ma vie et tu ne peux rien contre moi. Comment j’ai compris ça tu me diras ? Grâce à Hugo. Il m’a pardonné ce que j’ai fais alors que c’était impardonnable, aujourd’hui je me sens bien plus forte qu’hier et je serai bien plus forte demain. Alors vas-y, complote contre moi, ça m’est égal.
Scorpius observa minutieusement le visage de Lily et éclata de rire ce qui fâcha la rousse.
- De…Quoi ? l’interrogea t-elle ne s’étant pas attendu à une telle réaction.
Il rit davantage en la voyant complètement désarmée. Une part de lui avait très envie de l’embrasser, là, contre la pierre un peu rêche de cet escalier glacial et dissimulé; mais il s’abstient. Cela ne mènerait à rien. Cette nuit les avait bien trop paumé l’un et l’autre pour qu’il continue à la faire céder encore. Toutefois, pousser par une étrange sensation qu’il était bien incapable d’identifier, il porta sa main à son visage toujours choqué pour remettre une mèche de ses boucles rousses derrière ses oreilles. Effleurant à peine sa joue, il s’attarda légèrement sur son cou avant de se raviser. Les convictions étaient là mais le reste… C’était un jeu dangereux auquel il s’adonnait.
« Tu n’as pas le droit de faire ça, soupira t-elle en l’éloignant au maximum pour qu’il ne la touche plus. Tu n’as pas le droit de dire à tout va que tu veux me faire du mal et à côté faire ça.
- Pourquoi pas ?
- Parce que, déclara t-elle en secouant la tête négativement. On n’a pas eu l’opportunité d’en reparler mais ce qu’il s’est passé la nuit du réveillon c’était mal, on devrait oublier Malefoy, faire comme si de rien n’était et surtout ne pas aller plus loin.
Scorpius esquissa un sourire en voyant l’air contrit de la rousse.
- On ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé Potter. Tu ne peux pas. Je ne peux pas. Ose me dire que tu n’y as pas repensé, que ce n’est pas la raison pour laquelle tu as quitté Hodkings. Scorpius monta une marche pour se rapprocher à nouveau de Lily. Doucement, il prit sa main dans la sienne et la leva devant leurs yeux à tous les deux. Ose me dire que ça ne te fais rien quand je te touche, quand je t’embrasse. Dis le.
Lily détourna les yeux de cette vision hypnotique, le rouge aux joues. Elle avait beau détester l’idée, il fallait bien admettre qu’il avait raison.
Scorpius regarda sa peau changer de couleur, bon sang qu’il avait envie de la toucher.
- On se déteste, déclara t-elle.
- Je ne dis pas le contraire, mais ce n’est pas parce qu’on se déteste qu’on ne s’attire pas, confessa Malefoy.
- Qu’est-ce-que tu veux, lui demanda t-elle alors, ne sachant pas elle même ce qu’elle désirait.
- Je ne veux rien, j’observe simplement, pour éviter qu’on se voile la face comme deux imbéciles, confia t-il en prenant son menton dans ses mains. On se déteste, c’est un fait indéniable, rien n’a changé Potter mais très étrangement je n’ai pas envie d’être loin de toi. Son visage proche du sien, il fit courir son nez le long de sa joue pour lui chuchoter à l’oreille. Je veux que tu arrêtes de me fuir, je veux comprendre.
- Comprendre quoi? Murmura Lily.
- Cette chose entre nous, répondit-il en caressant délicatement sa taille. Ça ne remet rien en cause, ça ne change rien du tout entre nous, répéta t-il encore une fois, mais…
Cette situation était très malsaine. Voire cette facette de Malefoy était déconcertante et elle en était presque à regretter son habituelle méchanceté et ses critiques acerbes. Au moins ça, elle savait comment les gérer. Mais cette situation… C’était nouveau, c’était incontrôlable. Lily était absolument perdue. Où voulait-il en venir ?
- Je vais être en retard, baragouina lâchement Lily qui désirait plus que tout fuir loin de cette situation et de son corps. »
Malefoy hocha la tête et se sépara de la rousse pour la voire tourner les talons et gravir le reste des marches. S’appuyant contre le mur, il resta là de longues minutes à essayer de comprendre la situation. Venait-il vraiment de lui sous entendre qu’il avait envie qu’ils se rapprochent ? C’était une proposition aberrante qui venait de naître sans prévenir, lui qui quelques secondes auparavant était d’accord pour laisser tomber et prendre de la distance avec elle. Bon sang, il porta ses mains à son visage, son comportement était irrationnel et il détestait ça. Il fallait se reprendre et vite.
Repensant à sa conversation avec Nott, Scorpius félicita ses talents d’acteurs. Son ami avait soupçonné un changement de comportement chez lui et Scorpius avait dû lui jeter de la poudre aux yeux pour que son acolyte de toujours ne cherche pas plus loin. La situation actuelle faisait qu’il n’avait pas envie de déclencher le 3e voeu, il n’était même plus certain d’avoir encore envie de jouer.
Il s’était toujours nourrit de la haine pourrissant au fond de lui, il s’était aveuglé des années durant. Poussé par « l’honneur familial » il avait sincèrement cru qu’il trouverait une quelconque satisfaction à faire du mal à la fille Potter. Ce jeu pervers comme elle avait dis n’avait pour objectif que de le rendre plus agréable à la vue de sa famille mais finalement à quoi bon ?
Quel chose avait changé en lui, tout au fond, et il ignorait quoi.
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