Summary:
Image de Hallucination-Walker
Hermione vient de divorcer de Ron, elle mène une vie sereine et bien remplie entre son travail de Directrice du Département de la Justice Magique, et l’éducation de sa fille, Rose. Alors qu’elle travaille sur un projet de réforme du droit sorcier, elle met en route une machine infernale qui aura des conséquences stupéfiantes.
Un accident au Département des Mystères ramène Sirius de derrière le Voile, mais il n’est pas le seul à revenir de là-bas. Une magie oubliée, terriblement dangereuse et puissante refait surface. Son apparition produit des troubles importants dans la communauté magique, alors que des conflits menacent déjà d’exploser. Et Hermione semble être la seule à pouvoir ramener le calme.
Categories: Romance (Het),
Après Poudlard,
Sirmione (Sirius/Hermione) Characters: Hermione Granger
Genres: Aventure/Action
Langue: Aucun
Warnings: Lime
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 11
Completed: Non
Word count: 50676
Read: 6907
Published: 05/08/2018
Updated: 01/03/2019
1. Chapitre 1 - La Directrice du Département de Justice Magique by Saam
2. Chapitre 2 - Solitude et Invasion by Saam
3. Chapitre 3 - Le retour de Sirius by Saam
4. Chapitre 4 - Questions sans réponses by Saam
5. Chapitre 5 - La promesse by Saam
6. Chapitre 6 - Les Runes alchimiques by Saam
7. Chapitre 7 - Dans le cercle by Saam
8. Chapitre 8 - Le secret d'Hermione by Saam
9. Chapitre 9 - L'Autre by Saam
10. Chapitre 10 - Au manoir Malefoy by Saam
11. Chapitre 11 - Les biscuits by Saam
Chapitre 1 - La Directrice du Département de Justice Magique by Saam
Author's Notes:
Bonjour à tous ! Cela fait bien longtemps que je ne suis pas passée par ici ! Cela fait même bien longtemps que je n'avais pas écrit. Et puis l'idée est venue, j'ai poursuivi et me voilà !
J'ai plusieurs chapitres d'avance (pour la première fois de ma vie). J'espère que cela vous plaira !
PS : Je suis un peu rouillée et j'ai eu du mal avec la mise en page. Toutes mes excuses s'il reste des coquilles.
Ce matin-là, lorsqu’elle descendit à la cuisine et vit le grand oiseau à la mine sérieuse devant sa fenêtre, Hermione sut qu’elle arrivait à un tournant dans sa vie d’adulte. Elle reconnut aussitôt l’oiseau, un de ces hiboux grand-duc qu’utilisait le Département de la Justice Magique pour envoyer ses missives. Cela aurait pu être un courrier pour le travail, mais ceux-ci arrivaient directement à son bureau au Ministère. Il s’agissait là d’une affaire toute personnelle. Elle ouvrit la fenêtre et récupéra le rouleau dans lequel était glissé le parchemin. Elle n’eut pas le temps de lui offrir une friandise, déjà l’oiseau s’engouffrait par la fenêtre sous le cri émerveillé de Rose.
La petite fille se tenait dans l’embrasure de la porte et regardait la créature déployer ses ailes dans le ciel avec un air fasciné.
« Rosie vient donc te mettre à table » l’appela Hermione. Elle posa le parchemin sur le comptoir et s’attela à la préparation du petit déjeuner. Machinalement, elle mettait les tranches de pain de mie dans le toaster magique et découpait des quartiers d’orange, ses pensées toutefois étaient bien loin de la cuisine.
Une nouvelle étape dans sa vie, primordiale, ou plutôt, songeait-elle, la fin d’une époque et le début d’une ère nouvelle. Elle avait longtemps attendu ce courrier et maintenant qu’il était entre ses mains elle était déçue de ne rien ressentir de plus fort, de ne pas se sentir rajeunie ou murie. Elle se sentait en fait, exactement comme la veille, même si le moment l’incitait à la nostalgie. Elle songea aux dernières années qui avaient fait d’elle une Weasley, une mère, et même une femme de pouvoir. Cela avait été des années heureuses, sereines. Rose avait fêté ses deux ans le mois dernier, entourée de son père, sa mère et de la nombreuse et recomposée famille Weasley. C’était une petite fille joyeuse et équilibrée, à l’intelligence vive et malicieuse. Tout allait pour le mieux. Ron et elle avaient été heureux ensemble, ils avaient partagé tant de bonheur qu’elle avait crû que leur amour serait éternel. Et c’était toujours vrai à ce jour, leur amour partagé leur avait permis de mettre fin à ce mariage sans souffrances inutiles. Même leurs disputes s’étaient déroulées sans terribles éclats. Elle aimait Ron tendrement, et elle savait avec certitude qu’il l’aimait de même, mais cette histoire-là se terminait aujourd’hui. En regardant Rose dévorer avec entrain son fruit préféré, Pattenrond niché sur ses genoux, Hermione sonda ses propres émotions à la recherche de regrets ou d’inquiétude. Mais elle ne trouva rien de cela, elle ne trouva rien du tout.
Lorsque sa fille eût terminé son repas, elle la conduisit dans sa chambre, toujours suivie de Pattenrond. Hermione était témoin avec attendrissement l’attachement féroce qui existait entre le chat et l’enfant. Le caractère de l’animal n’avait fait qu’empirer avec les années, mais il faisait preuve avec Rose d’une tendresse inouïe et surprenante. Il était toujours blotti contre elle, ou fourré entre ses jambes. Il l’avait suivi dans toute la maison dès qu’elle avait commencé à ramper, et il dormait avec elle au bout de son petit lit. Il n’était donc pas étonnant que les premiers mots de Rose aient été « chalechacapuce ! », puisque c’est ainsi que Ron s’adressait un félin. Une fois Rose habillée, Hermione la laissa jouer dans sa chambre et alla se préparer. Elle enfila une de ses sobres robes de travail et sortit de sa table de nuit le lourd dossier qu’elle avait annoté la veille au soir. Elle vérifia rapidement qu’il était complet et d’un coup de baguette magique, elle envoya les derniers papiers qui jonchaient son bureau dans le coffre-fort magique. Elle s’assura que celui-ci était bien fermé puis s’assit au bureau. D’un accio sec et déterminé, elle fit venir le parchemin qu’elle avait reçu le matin même. Elle guetta encore une fois un signe d’affolement, mais elle était parfaitement calme en le déroulant. La plume à la main elle lut avec application les quelques lignes rédigées dans un langage neutre et officiel. En bas du parchemin elle reconnut la signature brouillonne et serrée de Ron, sans plus attendre elle apposa son propre nom. Elle souffla sur l’encre pour la faire sécher puis roula le document. Elle ouvrir sa propre fenêtre et appela :
« Saperli ! »
Depuis l’arbre de l’autre côté de la rue, un cri aigu lui répondit. Une chouette aux plumes grisonnantes sortit des branches et s’envola vers elle. La chouette familiale se posa sur le lit en penchant la tête pour obtenir des caresses. Avec douceur Hermione lui attacha le parchemin à la patte droite.
« Apporte ça à Anita, au Ministère, elle s’occupera du reste. »
L’oiseau la fixa longuement avant de s’envoler à son tour. Hermione referma la fenêtre derrière lui. Ce serait bientôt officiel, archivé ; le divorce d’Hermione Granger et Ron Weasley. Elle ne s’attendait pas à ce que cela fasse beaucoup de bruit, leur séparation était déjà connue du public et n’avait que peu intéressé les sorciers. Elle grimaça en songeant toutefois aux articles que Rita Skeeter ne manquerait pas de produire, même si plus personne ne la lisait, la vieille journaliste se faisait toujours un plaisir d’attaquer Hermione dès qu’elle en avait l’occasion. Puis elle secoua la tête et haussa les épaules, peu lui importait ce qu’on disait sur son divorce, elle avait assez à faire avec ses détracteurs au travail. Elle regarda sa montre, il était temps de se mettre en route.
Le hall du Ministère de la Magie était bondé comme tous les matins à la même heure. A peine avait-elle posé le pied sur les dalles en marbres qu’un auror jaillissait à ses côtés.
« Par Merlin ! David, vous m’avez fait peur ! Et combien de fois faudra-t-il vous dire que je n’ai pas besoin d’escorte pour aller jusqu’à mon bureau ?
- Toutes mes excuses madame la Directrice, et comme je vous l’ai déjà dit, j’obéis aux ordres.
- Et bien dans ce cas-là, je vous ordonne de cesser de me suivre !
- Désolé madame, mais ce sont à ces ordres à lui que je dois obéir…
- Harry… grommela Hermione. »
Accompagnée du jeune Auror, elle traversa le Ministère jusqu’à atteindre son bureau dans lequel David la précéda afin de vérifier que personne n’y était caché ou qu’il n’y avait aucun mauvais sort dissimulé. Elle s’assit à son bureau et le jeune homme referma la porte derrière lui, sans nul doute, il monterait la garde toute la journée. Hermione ferma les yeux et profita du silence qui régnait dans la pièce. L’odeur des parchemins s’éleva jusqu’à ses narines et elle sentit la nostalgie l’envahir. Cette odeur lui rappellerait toujours la bibliothèque de Poudlard. Elle se redressa sur sa chaise et regarda les dossiers qui l’attendaient. Elle n’était pas du genre à se laisser abattre par la quantité de travail, et pourtant la vue des piles de parchemins la déprimait. Elle savait que plus de la moitié d’entre eux étaient du travail en retard et qui resterait en retard tant que la réforme du droit sorcier ne serait pas passée. Ce dossier brulant qu’elle manœuvrait depuis plusieurs mois déjà, l’épuisait et lui causait bien de soucis. Elle avait reçu des lettres de menaces de sorciers qui ne voulaient pas voir leur héritage changé de mains et on avait même jeté des sortilèges sur sa maison. Harry avait rattrapé les coupables et mis Hermione et Rose sous protection rapprochée, mais Hermione demeurait anxieuse. Elle ne se sentait pas en danger, des années de combat contre Voldemort lui avait appris à se défendre toute seule, mais elle était mentalement épuisée par cette vendetta contre elle, surtout désormais que la presse s’y mêlait, mettant en doute son efficacité et sa légitimité au poste de Directrice du département de Justice Magique.
Comme à son habitude chaque matin elle tria les nouveaux dossiers, mettant de côté ceux qui pouvaient attendre et ceux qu’elle devrait prendre en charge en plus de son travail habituel. Elle regarda sa montre, ses deux assistants devraient arriver sous peu et ils pourraient se mettre au travail. Quelques instants plus tard, on toqua à la porte. Thomas et Selma, ses deux jeunes assistants, entrèrent dans le bureau, laissant pénétrer avec eux la rumeur sourde du Ministère. Ils portaient tous les deux la robe noire et stricte des juristes qui les faisaient ressembler à des étudiants de Poudlard, sur leur poitrine brillaient l’insigne du Département de la Justice Magique. Parfois en regardant Thomas, elle avait l’impression de voir Ron lorsqu’il était préfet en chef.
« Bonjour à vous, j’espère que vous êtes bien reposés, la journée va être longue, leur dit-elle en guise de salutations, je ne vous invite pas à vous asseoir, nous partons immédiatement. »
Escortés par l’auror, ils traversèrent le département. Ils tournaient dans des couloirs de plus en plus étroits, s’éloignant de la voie principale. Alors qu’ils approchaient de la salle de travail, ils entendirent des éclats de voix.
« Foutaises ! Quelle indignité ! »
Machinalement Hermione tâta sa baguette à travers sa robe. Devant elle, David faisait rempart de son corps et dégageait le chemin pour qu’ils passent. Attroupés devant une porte encore close, un groupe de sorciers étaient en pleine altercation. Deux d’entre eux avaient la main sur leur baguette et hurlaient à pleins poumons.
« Nous savons comment vous agissez Franck ! Vos petites manigances dans les couloirs, vos dépôts d’or illégaux ! Voilà comment vous achetez votre influence !
- Ah mais vous n’en avez pas marre de toujours ressasser les mêmes discours et les mêmes accusations ! Nous sommes toujours les vilains conservateurs pourris jusqu’à la moelle qui soudoyons de jeunes juges… Et qu’en est-il des preuves de ce que vous avancez ? Des preuves ! Rien ! Vous n’avez rien, car ceci est faux ! Je n’ai nul besoin de distribuer des pots de vins ! J’ai construit mon entreprise à la force de mon cerveau et je compte bien la préserver de vos petites utopies libertaires !
- Des preuves il y en a ! Mais étrangement les journaux se montrent frileux…
- Frileux à publier des diffamations ! Encore heureux ! Il ne manquerait plus que la presse périclite avec tout le reste ! »
Hermione était désespérée, la journée était à peine commencée et déjà Frank Smith et Trevor Bones étaient sur les charbons ardents. Ces deux-là étaient des adversaires politiques de longue date chacun représentant des vues entièrement opposées sur tous les sujets possibles, l’économie, la politique, l’éducation… Une réforme était à peine envisagée que déjà ils s’invectivaient par articles interposés. Bien qu’elle soit tenue de respecter ses collaborateurs, elle ne pouvait s’empêcher de les trouver quelque peu grotesques dans leur caricature. De plus, leurs querelles personnelles les faisaient souvent dévier de la discussion initiale et ils avaient déjà accumulé beaucoup de retard à débattre de sujets annexes.
« Messieurs, je vous en prie, calmez-vous. Nous avons beaucoup de choses à discuter aujourd’hui. Comme vous le savez, dit-elle en s’adressant à l’ensemble des sorciers présents dans le couloir, nous avons une date à respecter et cette date approche à grands pas. »
D’un coup de baguette elle ouvrit la porte et aussitôt les sorciers s’engouffrèrent dans la salle et allèrent s’installer autour de la grande table ronde. Les deux ennemis Frank Smith et Trevor Bonnes se regardaient en chiens de faïence et s’installèrent le plus loin possible loin de l’autre. Hermione croisa le regard de Padma Patil et lui fit un grand sourire.
« Ces deux-là vont finir par m’épuiser…
- A qui le dis-tu ? Si seulement on pouvait parvenir à un accord aujourd’hui !
- Croisons les doigts ! »
Hermione s’installa auprès de Padma, son assistant à sa gauche et David dans son dos. Elle déposa le lourd dossier sur la table. Autour d’elle les vingt membres de la commission s’asseyaient. Chaque membre représentait un parti politique. Leur mission était de proposer un projet de loi qui serait par la suite soumis au Magenmagot. La plupart du temps, si le projet était voté par la majorité de la commission, il était accepté par le Magenmagot. Il y avait donc un véritable enjeu à ces réunions, même si pour le moment Hermione ne parvenait pas à en voir le bout. Elle se força à sourire.
« Commençons. »
La logique qui guidait le projet de réforme du droit de propriété était assez simple. Depuis la défaite de Voldemort, les Aurors avaient confisqué chez les Mangemorts, un grand nombre d’artefacts de Magie noire, dangereux. Toutefois, des années après, il restait en circulation dans le monde magique beaucoup d’objets au potentiel dangereux. Les experts estimaient qu’il y avait au moins deux mille ouvrages de Magie Noire en circulation en ce moment dans le Nord de l’Angleterre dont la moitié à Londres. Cela, sans compter les différents objets ensorcelés, maudits ou empoisonnés qui pouvaient à tout moment tomber dans les mains de la mauvaise personne. De plus, le marché noir florissait depuis quelques années, offrant aux collectionneurs du monde entier des objets aux propriétés mystérieuses, le plus souvent maléfiques. Les Aurors ne cessaient de faire des perquisitions pour confisquer ces objets, mais ils affluaient de toute part, certains nettement plus dangereux que d’autres. L’objectif de la réforme du droit était simple, faire disparaitre de la circulation les objets de Magie Noire. La première partie du plan était simple : il s’agissait de promulguer l’interdiction de créer des objets ou prototypes magiques sans l’accord ou la dérogation du Ministère. La seconde était bien plus délicate, car elle concernait les objets déjà existants. Si une partie de ces objets circulaient par le marché noir, ils n’étaient que la partie immergée de l’iceberg. En effet, il y avait une quantité astronomique d’artefacts cachés dans les coffres familiaux de Gringotts, ou sur les étagères des particuliers, des bibelots hérités d’un grand-oncle, des coffres de grimoires poussiéreux dans les caves, ou encore des reliques de mages noirs. Hermione pensa en frissonnant au journal de Jedusor. Voldemort n’avait pas été le seul mage noir, il y en avait eu d’autres, moins éclatants certes, mais ils avaient dû laisser également, un nombre considérable de traces derrière eux. Rien que la maison des Black recelait des horreurs indicibles. Le problème était que beaucoup de famille refusait de devoir se séparer de son héritage ou patrimoine. Certains objets magiques étaient dans leur famille depuis des siècles, et ils leur appartenaient de droit. Ils refusaient que le Ministère s’en empare. Voilà sur quoi portait le débat depuis des semaines, chacun campait sur ses positions et la discussion n’avançait plus.
« Je refuse, et mon parti avec moi, clama Frank Smith, d’abandonner au Ministère – qui en fera, savons-nous quoi ? - l’héritage de ma famille ? Et quel précédent cela ouvre ? Le Ministère pourra désormais choisir qui a le droit d’hériter de quoi ?
- Ces objets seront entreposés dans des coffres sécurisés. S’ils ont un intérêt culturel important, il est possible, avec l’accord de la famille, qu’ils soient entreposés sous surveillance dans des musées. Je rappelle également que la famille n’est pas déchue de ses droits de propriété sur l’objet, mais qu’elle n’est pas autorisée à le conserver chez elle, répéta Hermione.
- Quelle est cette propriété que vous nous proposez ? Une propriété à distance ? Quel bien cela fera à mes petits enfants de savoir qu’ils sont propriétaires d’une montre mangeuse de temps s’ils ne l’ont jamais tenu dans leur main ?
- Quel bien cela leur fera s’ils se tuent en manipulant le mécanisme ? rétorqua Hermione.
- Là n’est pas la question… Vous voulez nous illusionner en nous déclarant propriétaires de droit, mais pas de fait ! clama Frank Smith.
- Et voilà le cœur du problème pour vous n’est-ce pas ! s’exclama Trevor Bones, sautant sur l’occasion, vous et les vôtres, vous refusez de céder un dixième de votre sacro-sainte propriété pour le bien de tous !
- Il y a des objets dans ma collection privée qui appartenaient à mes ancêtres, certains remontent peut-être même à la Grèce antique ! De véritables trésors ! Et je devrais les donner au Ministère ? Priver mes enfants ?
- Mais les priver de quoi au juste ? s’énerva encore Trevor Bones, ce ne sont que des babioles dans une vitrine !
- Vous ne comprenez pas ! Ils sont dans la famille depuis des années, ce serait comme perdre l’un d’entre nous !
- Perdre l’un d’entre vous ! Mais ce sont des objets ! Et dangereux en plus !
- Qu’en savez-vous, vous ne possédez rien d’intéressant ! fit Frank Smith avec un mépris évident.
- Faux ! J’ai en ma possession des talismans hérités d’un ancêtre Templier ! Ils sont d’une valeur inestimable ! »
Il y eut un silence durant lequel même Trevor Bones parut étonné d’avoir dévoilé ce secret familial. Son adversaire, rouge et suant, le fixait avec un mélange de stupéfaction et de jalousie mal dissimulée. Hermione songea que son soi-disant héritage grec devait être un mensonge qu’il racontait pour se donner de l’importance. Une voix fluette s’éleva au-delà de la table :
« Les Templiers ! Comme c’est fascinant ! Ma grand-mère conserve jalousement des talismans de l’époque des Croisades. Les Croisés les portaient autour du cou pour se protéger des esprits, la plupart son inoffensifs… fit Josiane Green, une petite femme à laquelle Hermione n’avait jamais trop prêté attention, car elle parlait peu.
- Nous n’avons pas cela, mais en immigrant en Angleterre, mes arrière-grands-parents sont venus avec des reliques magiques indiennes, aujourd’hui plus personne de ma famille ne sait ce qu’elles sont, mais nous pouvons tous sentir leur puissance et leur pouvoir, déclara Padma. »
Hermione ne put cacher son étonnement. Autour de la table, un nombre croissant de sorciers déclaraient posséder des objets rares, reliques magiques ou familiales. Elle avait déjà remarqué que les sorciers avaient une tendance à sacraliser les objets, à faire une fierté familiale d’une broche ou d’une horloge sous prétexte qu’elle avait appartenu à un sorcier célèbre de la famille. Il lui semblait que cette tendance était moins marquée chez les moldus, probablement là encore, car les sorciers étaient plus tournés vers une conception traditionnelle de la famille, ce n’était que des suppositions, mais cet aspect du monde de vie sorcier ne lui avait jamais apparu aussi clairement qu’à cet instant.
Elle fut sortie de ses réflexions lorsqu’elle entendit que la discussion retombait. Le silence se faisait autour de la table et elle sentit que dans cette imprécision, elle avait une chance à prendre. Elle s’éclaircit la voie…
« Et bien, je ne peux pas en dire autant, comme vous le savez je viens d’une famille moldu et il n’y a pas d’objets fabuleux chez mes parents. Je n’hériterai de mes parents que d’un service de table en porcelaine et des tableaux inanimés... Ce que je vais vous demander de faire j’en suis donc exempté, et il y a peut-être une injustice là-dessous, certains seront lésés et d’autres non. »
Frank Smith opinait du chef.
« Mais ce sacrifice peut faire la différence. Le potentiel dangereux de ses artefacts n’est plus à prouver, n’importe qui peut être touché par leur magie noire, vos propres enfants, ou les enfants de vos amis, des inconnus. Ne soyez plus les protecteurs de vos biens, mais soyez les protecteurs des sorciers. »
Elle scruta les visages autour d’elle, étonnement ils l’écoutaient.
« Accepterez-vous de remettre vos biens au Ministère, de montrer l’exemple aux sorciers ? »
Elle espérait qu’elle n’en avait pas trop fait dans la fibre sécuritaire et héroïque, mais d’expérience elle savait que cela fonctionnait. Elle se tourna en premier vers Trevor Bones qui étant le plus fervent détracteur de Smith, devenait son plus grand allié. De plus, maintenant qu’il avait révélé avoir en sa possession des talismans, il prouverait sa bonne foi en suivant les directives du Ministère, et cela serait bon pour sa réputation lorsque le projet de loi serait rendu public. Hermione le savait, et elle espérait que cela suffirait à le convaincre. Il y eut un moment de silence, puis Trevor Bones hocha la tête d’un air grave.
« Je suis prêt à remettre au Ministère tous les artefacts magiques qu’il considérera dangereux, et je suis prêt à ouvrir ma porte aux experts afin qu’ils dressent eux-mêmes l’inventaire des dits objets. Oui, je m’y engage solennellement ! »
Hermione le remercia d’un sourire puis se tourna vers Padma.
« Oui bien sûr, moi aussi je suis prête à me plier aux exigences du Ministère. Et je tiens à rajouter que la Fédération pour l’Egalité Sorcière est également en faveur du projet de loi. »
A partir de là ce fut une avalanche d’accords et de promesses. La plupart des sorciers présents reconnaissaient le bien-fondé du projet, et acceptaient. Il y aurait des ajustements à faire bien sûr, souligna un homme, mais enfin ils arrivaient à une majorité. Il ne restait plus que Frank Smith et les autres représentants du parti Traditions Sorcières à s’exprimer. Les autres attendaient visiblement qu’il prenne la parole et leur montre la direction à prendre. Il était acculé et le savait, maintenant que la commission avait obtenu une majorité, elle pouvait présenter le projet de loi au Magenmagot où il avait de grandes chances d’être accepté étant donné que nombre de ces représentants actuels avaient combattu Voldemort, ou même avait instigué le projet. S’il voulait avoir un poids dans les négociations, il lui fallait aller dans le sens du courant. Après un dernier instant de réflexions, il capitula :
« Sous quelques conditions, dit-il finalement. »
Hermione retint un soupir de soulagement. Elle était prête à entendre toutes les conditions et suggestions possibles. Enfin quelque chose de constructif sortait de ces interminables débats ! A la fin de la matinée, elle était épuisée, mais satisfaite. Il leur restait beaucoup de détails à régler, mais le corps du projet était validé par tous les représentants des partis magiques. Après toutes ces journées de doutes, elle était récompensée et se sentait galvanisée. Avec un sourire elle songea que sa première journée de femme divorcée se passait à merveille. Elle sortit de la salle en les remerciant tous chaleureusement pour leur travail et en leur promettant que la suite serait moins pénible.
Padma Patil rangea ses carnets de notes et sortit tranquillement de la salle de travail. Il lui restait son rapport à envoyer puis elle pourrait profiter de son après-midi, peut-être pour aller se balader sur le Chemin de Traverse. Elle se figea tout à coup en sentant un tiraillement dans son estomac, une petite douleur qu’elle avait appris à reconnaître. Elle ferma les yeux et occulta l’extérieur, se concentrant sur son intérieur. Une pensée la traversait, évanescente, presque insaisissable, et pourtant Padma savait avec certitude que c’était une chose capitale. La pensée projetait des images vagues dans sa conscience, elle entrevit le Magenmagot, une foule de sorciers, un hurlement perça dans le silence de son esprit, puis à nouveau de brèves images, une maison sombre remplie de magie noire. Elle sentait la pensée tout près d’elle, presque lisible, mais encore inaccessible. Puis tout à coup elle baigna dans la clarté et elle sût : ils ignoraient tous encore l’importance de la discussion qu’ils avaient eue, de ce projet de loi, ils n’avaient aucune idée des conséquences qui s’en suivraient. Quelque chose de terrible et grandiose allait se produire, et aujourd’hui en était le commencement.
Puis la pensée disparut aussi vite qu’elle était apparue, laissant Padma déboussolée sur le seuil de la porte. Devant elle, Trevor Bones discutait allègrement avec l’assistante d’Hermione, aucun d’entre eux n’avait remarqué quoi que ce soit. Elle songea aux cours de Divination à Poudlard, le professeur Trelawney lui avait dit un jour qu’elle avait le Don. Un frisson d‘inquiétude la saisit, puis à mesure qu’elle reprenait pied dans la réalité son anxiété lui semblait superficielle. Elle finit par la chasser totalement, après tout, Sybille Trelawney était folle et n’avait aucun Don elle-même.
End Notes:
J'espère que cela vous a plu et que le charabia juridique-politique n'est pas trop indigeste ! N'hésitez pas à laisser un commentaire :)
Chapitre 2 - Solitude et Invasion by Saam
Author's Notes:
Un petit chapitre sans prétention, plus court que les autres. J'espère qu'il vous plaira tout de même !
Encore toutes mes excuses s'il reste des coquilles, je ne maîtrise pas bien le logiciel Antidote et je n'arrive pas à corriger les erreurs sur le document qu'une fois sur deux... boulette u_u
Hermione poussa la porte du Terrier et aussitôt elle fut entourée d’exclamations joyeuses. Rose avait déjà lâché sa main et se précipitait dans les bras de Molly. Harry s’approcha et serra brièvement sa meilleure amie contre lui de son seul bras valide. L’autre était encore en écharpe après avoir reçu un mauvais sort. Derrière lui, Ginny, enceinte jusqu’aux dents lui fit un signe de main. Hermione s’avança et contempla avec ahurissement la taille du ventre de son amie.
« Eh oui ! Je suis vraiment énorme ! fit Ginny en posa les mains sur son ventre.
- On dirait un boursouf géant ! lança George depuis la cuisine.
- Avec le caractère de Touffu, mais pour la calmer il lui faut de la nourriture ! fit une voix derrière Hermione. »
La jeune femme se retourna et se retrouva face à Ron. Rose était déjà grimpée dans ses bras et s’amusait à tapoter ses joues avec ses doigts. Il la souleva un peu plus et la mit sur ses épaules, la fillette poussa un cri de joie.
« Ron ! Je suis si contente de te voir ! Je croyais que tu étais encore en Roumanie !
- Je suis rentré plus tôt. Je voulais être présent aujourd’hui, cela faisait longtemps que l’on n’avait pas eu un repas tous ensemble. Et ce petit monstre me manquait atrocement ! dit-il en pinçant le nez de sa fille. »
-
Hermione acquiesça. Ils avaient tous été très occupés, elle-même recommençait tout juste à reprendre un rythme normal après des semaines de frénésie. La commission se réunirait le lendemain encore pour finaliser le projet de loi puis il serait soumis au Magenmagot. Il ne resterait plus ensuite qu’à communiquer le projet et ses détails aux médias et à mettre le processus en route. Il y aurait beaucoup de travail, mais le plus difficile était fait. Elle pouvait donc souffler un peu et prendre du bon temps en famille. Elle savait que pour le reste de la famille, le début d’année avait été également bien rempli. Ron et George prévoyaient l’ouverture de boutiques à l’étranger, ce qui leur faisait un travail considérable. Quant à Harry, il jonglait entre son travail d’Auror et les enfants, sans répit afin de soulager Ginny. Même Perçy avait été nommé Délégué du Ministère aux Affaire Culturelles, et il multipliait les heures supplémentaires. Ron reposa Rose par terre qui se hâta d’aller retrouver James et Albus. Ils s’assirent en face de Ginny et furent bientôt rejoints par Harry.
« J’ai invité Teddy et Andromeda, mais je ne sais pas s’ils vont venir. Andromeda est un peu bizarre en ce moment, dit Harry.
- La mort de Ted l’a beaucoup affecté, répondit Ginny.
- Oui, c’est vrai. Mais j’aimerais bien voir Teddy.
- Il peut venir à la maison tu sais, cela pourrait donner un peu de repos à Andromeda. »
-
Harry sourit à sa femme, mais secoua la tête.
« Tu es bien trop fatiguée pour avoir un garçon en plus à la maison, et je travaille beaucoup en ce moment, je ne pourrais pas m’occuper de lui. Je ne veux pas te surcharge. Si Andromeda a besoin d’aide, elle nous le fera savoir ne t’inquiète pas.
- Je pourrais le prendre chez moi s’il faut, j’ai de la place. Et Rose est à la maison une semaine sur deux, proposa Ron.
- Oui, ça pourrait se faire, réfléchit Harry. Je lui en parlerai si elle vient, pendant ce temps-là, elle pourrait en profiter pour rendre visite à sa cousine en France. Cela lui ferait des vacances. »
Au même moment, Molly annonça que l’apéritif était servi et ils se levèrent pour rejoindre le jardin. La journée fut magnifique. Le temps était beau et l’ambiance joyeuse. Rose et Albus jouaient avec les gnomes tandis que les plus grands s’essayaient au Quidditch sur des balais pour enfant. Hermione s’efforçait de savourer l’instant, sachant qu’elle regretterait cette journée lorsqu’elle croulerait à nouveau sous le travail. Mais déjà elle sentait un sentiment de malaise se développer en elle. Tout le monde riait dans une insouciance qui lui paraissait totale alors qu’elle-même n’arrivait pas à s’abandonner à la douceur de la journée. Elle vivait la scène avec l’impression d’être une spectatrice. Même si son mariage avec Ron et la naissance de Rose l’avait éloignée de ses angoisses, la vérité c’est qu’elle était toujours inquiète. Une anxiété dévorante l’empêchait de vivre pleinement. Même dans un moment de grande joie elle imaginait le pire, des sacrifices à faire, des heures sombres à venir. Souvent elle avait envié Ron pour sa sérénité, sa confiance absolue en son bonheur. Ils avaient tous été touchés par la guerre contre Voldemort et ils avaient tous perdu une part de leur insouciance, mais il lui semblait que certains avaient mieux cicatrisé que d’autres. Parfois, elle croisait le regard d’Harry et elle se sentait moins seule. Il lui semblait que son meilleur ami aussi restait hanté par de vieux cauchemars. Elle se dirigea vers la maison afin d’être un peu seule. Elle grimpa presque tout en haut, à l’étage qui avait été celui de Ron et Perçy. Il y avait devant l’escalier une petite lucarne qui offrait une vie saisissante sur la campagne environnante. Tout était si vert et lumineux, cela lui rappelait les paysages près de chez ses parents. Elle y resta un long moment à se gorger la vue de ce vert intense et profond. Elle entendit un bruit dans une pièce à côté et découvrit un petit débarras rempli de cartons. Arthur était assis au centre dans un fauteuil à bascule poussiéreux. Il lui fit un petit sourire contrit lorsqu’il la vit.
« Oh, je suis découvert ! »
Hermione eut un petit rire et haussa les épaules.
« Moi aussi je me cache, ton secret ne craint rien avec moi !
- Tiens assis toi. »
Il tira un gros carton de sous une table, et Hermione s’assit avec précaution dessus. Ils gardèrent le silence quelques instants durant lesquels la jeune femme observa autour d’elle. La pièce était pleine à craquer d’albums et de livres.
« Molly a toujours pris beaucoup de photo, et elle les a toutes triées. Chaque enfant a au moins trois albums, et maintenant avec les petits-enfants… »
Il avait un album ouvert devant lui, mais qui semblait plus ancien. Elle reconnut la photo de groupe qu’il avait sorti, Sirius avait donné la même à Harry bien des années plus tôt.
« Le Premier Ordre ?
- Oui, parfois je regarde cette photo et j’essaie d’apprécier ma chance à sa juste valeur. Molly et moi sommes en vie, notre famille a réchappé de tout cela presque au complet… »
Hermione sentit son cœur se serrer. Dans cet euphémisme sur lequel la voix d’Arthur se brisait, elle devinait toute la souffrance d’un père qui n’avait pas fini le deuil de son fils.
« Alors, je regarde leur visage. Ils sont tous morts maintenant ou presque. Et nous sommes là. »
Il lui tendit la photo qu’elle prit avec délicatesse. Son regard fut aussitôt attiré par James et Lily, puis elle chercha Sirius et encore une fois elle sentit les larmes lui monter aux yeux.
« Excuse-moi, ce n’est pas un jour pour se lamenter, dit Arthur en reprenant la photo. »
Il la rangea dans sa pochette et s’essuya les mains sur son pantalon en velours côtelé. Hermione lui fit un sourire rassurant et essuya ses yeux.
« Nous devrions descendre, Molly va bientôt annoncer le dessert. »
Il acquiesça et accepta son aide pour s’extraire du vieux fauteuil. Il se massa le dos en grimaçant.
« Il faudra que je demande à ton père un exemplaire de ces magazines moldus qui vendent des meubles, j’avais vu la dernière fois un fauteuil tout à fait étonnant qui s’allongeait pour dormir, ou se redressait pour s’asseoir ! »
Ils arrivèrent au moment où l’on sonnait au portail. Déjà Molly se précipitait vers l’entrée. Hermione reconnut de loin la tignasse bleue de Teddy et la suivit pour les accueillir. Andromeda s’excusait déjà auprès de Molly.
« Je suis vraiment navrée Molly, j’avais complètement oublié ! Je me suis rappelée in extremis que c’était aujourd’hui, et je ne voulais pas priver Teddy d’une journée avec son parrain et ses amis…
- Mais oui, mais oui, ne t’inquiète pas et entrez donc ! Avec vous mangé ?
- Oui nous avons déjeuné déjà… »
Mais elle fut coupée par un grognement qui venait du ventre du petit garçon. Hermione croisa le regard surpris de Molly, mais ne dit rien. Teddy se hissait sur ses orteils pour l’embrasser sur la joue. Elle lui prit la main et le dirigea vers le reste des convives.
« Harry est là ?
- Oui bien sûr !
- Avec Ron ? et Ginny ?
- Oui. Et George est là aussi, je crois même qu’il a ramené des surprises de sa boutique ! »
Le regard de Teddy s’illumina d’une joie intense.
« Tiens, il est là-bas près de la cabane, va le voir. Il reste des sandwichs au poulet sur sa table et Molly va bientôt apporter le dessert. Régale-toi ! »
Il s’envola aussitôt vers la nourriture alors que le bleu de ses cheveux s’intensifiait. Elle les rejoignit en marchant et s’assit près de Percy.
« Tiens justement, dit celui-ci, nous parlions de toi et tu vas pouvoir nous éclairer. »
Hermione vit du coin de l’œil que Georges et Ron échangeaient un regard gêné et elle comprit que Perçy venait de mettre les pieds dans le plat.
« Oui, dis-moi tout ?
- Ron et Georges s’inquiétaient à propos de ton projet de réforme du droit. Ils craignent de ne plus pouvoir créer de nouvelles farces et attrapes. Puis que ce sont des artefacts magiques, les projets de farces devront être approuvés par le Ministère avant d’être crées, c’est bien cela ?
- Je n’y avais pas pensé, avoua Hermione en regardant Ron. »
Elle était surprise et même un peu blessée qu’il ne lui ait pas palé de ses craintes directement.
« Le projet prévoit l’interdiction de créer des artefacts magiques sans dérogations spéciales. C’est-à-dire que les artisans seront bien entendu autorisés à travailler. Il est vrai que dans le cas des farces et attrapes c’est plus ambigu puis qu’il s’agit de créer un nouveau concept d’objet magique. Tel qui est conçu pour l’instant, il sera en effet interdit de créer l’objet en question sans autorisation, expliqua-t-elle.
- Quand nous avons une idée, nous créons un prototype presque dans la foulée, répondit Georges. Et là, si on doit attendre l’aval du Ministère et Merlin sait quel temps cela prendra, j’ai peur que nous soyons chamboulés dans notre processus créatif. »
Il était souriant, mais Hermione voyait bien qu’il était sérieux et qu’il ne plaisantait pas à ce sujet. Elle était étrangement mal à l’aise, comme s’ils manquaient de loyauté à son égard. Elle chassa ses pensées et tâcha de se concentrer sur le problème, mais elle était déstabilisée et ne parvenait pas à réfléchir.
« Il y a des ajustements à faire. Nous créerons surement une liste d’artefacts autorisés en fonction du type de sortilèges qui les animent ou de leur durée de vie ce qui autoriserait donc les farces et attrapes puisqu’il s’agit le plus souvent d’enchantements de base. Il y aurait peut-être aussi des dérogations nominatives permettant à telle ou telle personne de se passer de l’autorisation du Ministère, mais j’aimerais mieux les limiter. Nous n’avons pas envie d’être taxés de favoritisme…
- Oui oui bien sûr la coupa Georges. Nous te faisons confiance Hermione, mais je n’aime pas changer mes habitudes…
- Surtout quand elles te réussissent aussi bien ! s’exclama-t-elle. »
Sa voix était un peu forcée, elle était pressée de changer de sujet. Tacitement, la conversation dériva sur les enfants et Percy se mit à raconter les exploits de son aînée.
Ce soir-là, Hermione se retournait dans son lit, cherchant le sommeil. La conversation lui restait en tête, moins les questions de George que l’impression de méfiance qu’elle avait ressentie. Comme si maintenant, elle n’était plus des leurs, que sa loyauté était mise en doute. Elle se morigéna, il était certains qu’elle avait imaginé cela. Elle était probablement trop préoccupée par le travail et avait besoin de longues vacances. Lorsque finalement le sommeil la cueillit, elle rêva d’un petit débarras poussiéreux et de photos jaunies.
Dans son bureau avec ses deux assistants, Hermione espérait mettre un point final à son dossier. Selma lui tendit la dernière liste : celle des artefacts connus dont la détention et la création étaient expressément interdites. Cette liste comprenait en premier lieux les Horcruxes. Il y avait également les armes magiques, les talismans vieux de plus de trente ans – ces enchantements avaient tendance à se retourner contre leur porteur, les reliques de mages noirs, ou encore le Voile du Département des mystères dans lequel Sirius était tombé. Elle était déjà très longue et serait probablement enrichie avec les premières visites.
La suite des évènements paraissait toute tracée. Le projet de loi était abouti, et il manquait avant de le faire officialiser par le Magenmagot, de le mettre à l’épreuve afin de voir s’il fonctionnait correctement. Plusieurs sorciers et familles de sorcier avaient accepté d’ouvrir leur porte aux experts afin qu’ils fassent l’inventaire de leurs biens et qu’ils confisquent – si nécessaire – les objets dangereux. Ce test avant l’heure, leur permettait de compléter leur liste d’artefacts en fonction de leur degré d’autorisation et de dangerosité, et également de préparer des précédents juridiques pour les éventuelles situations délicates. Selon Hermione on n’était jamais assez préparé. Après cette période d’essai et avec une bonne communication dans les journaux, la loi serait adoptée, et commenceraient à travers le pays, de grandes opérations afin que chaque famille voit ses biens inventoriés par des experts. Cela serait long et fastidieux, mais d’ici là, les Magico-chercheurs auraient sûrement mis au point de nouveaux sortilèges pour révéler les artefacts menaçants d’un coup de baguette. Hermione parapha en bas à droite et tendit le parchemin à Thomas qui le rangea.
« Cette fois je crois que c’est bon, nous avons un projet de loi, un protocole pour le mettre en place. Il n’y a plus qu’à lancer les différentes opérations, dit le jeune homme en fermant le dossier. »
Hermione leva les yeux de son bureau et regarda ses deux assistants, l’air étonné.
« Déjà ?
- Déjà ? Mais cela fait des mois qu’on y travaille ! s’exclama Selma.
- Justement, je n’y croyais plus !
- Il reste encore un long chemin, nuança Thomas, mais la phase un est terminée capitaine ! »
Hermione s’autorisa un petit rire, elle se sentait légère tout à coup. Elle consulta sa montre : il était deux heures avant la fin de la journée.
« Bon, que diriez-vous d’un repos bien mérité ? Rentrez chez vous ! Nous reprendrons demain ! »
Ils la remercièrent chaleureusement et s’envolèrent aussitôt. Hermione elle-même ne traina pas au Ministère, de peur de se voir confier une urgence ou une affaire délicate. Elle avait hâte de rejoindre Rose. Elle réalisait qu’elle avait passé peu de bon temps avec sa fille dernièrement, se contentant de la nourrir et de la coucher le soir. Elle espérait se rattraper en amenant l’enfant manger une glace au parc, puis elles joueraient à la maison et feraient une cabane. Même la présence de David, ne la dérangeait pas. En fait, elle réalisait qu’elle s’était habituée à sa présence, et qu’elle ne râlait plus que par principe. Ils discutèrent sur la route du retour, il venait de lui apprendre qu’il adorait la littérature moldue, en particulier la science-fiction. Elle-même n’en avait que très peu lue, mais elle était ravie d’échanger avec le jeune homme. Elle récupéra Rose chez sa nourrice et ils traversèrent le village sorcier jusqu’au square. La petite fille était absolument ravie que sa mère vienne la chercher plus tôt et courrait partout en riant. Elle voulut grimper sur la balançoire et Hermione la poussa délicatement jusqu’à ce qu’elle prenne de la hauteur.
Il fallut rentrer et ils firent la route à pieds. Ce fut le bruit qui en premier l’alerta. David avait également perçu quelque chose d’étrange. Plus ils approchaient, plus Hermione sentait que quelque chose était anormal. Ce fut seulement devant son portail qu’elle réalisa : ce léger bruit, cette odeur de brulé qui flottait dans l’air… C’était des scroutts. Elle en vit une dizaine rien que sur la pelouse avant de la maison, et le triple qui grimpait aux murs. Deux d’entre eux sortaient de la cheminée, leur carapace luisante dans le soleil couchant. Elle se figea, le cœur battant. Rose s’approcha avec curiosité d’une créature a quelques mètres d’elle, mais Hermione la retint. Elle prit sa fille dans ses bras et poussa un gémissement. Sa maison était envahie de scroutt à pétards.
End Notes:
J'espère que vous avez aimé ! Les grands chamboulements sont pour le prochain chapitre (que je posterai lundi soir). N'hésitez pas à laisser un commentaire que vous ayez apprécié ou non ce chapitre !
Chapitre 3 - Le retour de Sirius by Saam
Author's Notes:
Merci à tous de lire cette fanfiction, j'espère que la suite vous plaira ! Ce chapitre est mon préféré, j'espère que vous aimerez le lire, autant que j'ai aimé l'écrire ! Bonne lecture à tous !
Alors qu’elle était restée stupéfaite devant l’invasion des scroutts, David avait envoyé un patronus à Harry qui était arrivé en transplanant immédiatement.
« Par Merlin ! » s’exclama-t-il.
Il y en avait de plus en plus qui sortait de terre et des buissons. Les voisins s’attroupaient autour de la maison tout aussi éberlués qu’eux. Une odeur âcre emplissait l’air.
« Comment sont-ils arrivés ici ? demanda Harry. J’imagine qu’il n’y avait rien quand tu es parti ce matin ?
- Non rien du tout.
- Quelqu’un a dû s’infiltrer chez toi. Je n’aime pas ça. Cela a l’air d’une mauvaise blague mais c’est tout de même une effraction. »
-
Hermione acquiesça.
« Mon travail me crée beaucoup d’ennemis, tu le sais. Je ne pensais pas que ce projet de loi m’en attirerait autant.
- Tu penses savoir de qui ça vient ?
- Surement d’un partisan du parti pour les Traditions Sorcières. Certains de leurs membres craignent que je ne cherche à abolir l’héritage puis la propriété.
- On cherchera par-là alors en attendant on va resserrer ta protection.
- C’est inutile Harry ! Rose et moi sommes en pleine forme, personne ne s’est attaqué à nous ! »
-
Hagrid était arrivé quelques instants plus tard. Il avait examiné le jardin, Rose perchée sur ses épaules et avait livré son verdict.
- Ce sont des jeunes scroutts, en pleine adolescence. A cette période de leur vie ils ne font qu’une chose… se reproduire. Regarde il y a déjà des œufs partout.
- Il faut les enlever de là avant qu’ils n’éclosent !
- Oui, mais certains sont sûrement enterrés.
- Combien de temps cela va-t-il prendre ? Une nuit ? Trois jours ?
- Au moins trois semaines.
- Trois semaines ! Mais ce ne sont que des scroutts !
- Ils savent très bien se cacher et certains hibernent sous la terre. Il va falloir un moment avant de ratisser toute la maison. Et les œufs peuvent être n’importe où. Enfin, il faudra désinfecter toute la maison. Les scroutts sont porteurs d’une bactérie, inoffensive pour les adultes, mais chez les enfants… »
Hagrid semblait navré pour elle, mais ravi pour lui. Il caressait avec amour la carapace d’une des créatures qui essayait de grimper sur sa jambe. Harry avait aussitôt proposé qu’elle et Rose viennent vivre chez lui en attendant que cela soit terminé mais Hermione avait refusé. Ginny allait bientôt accoucher, elle avait besoin de calme, pas de deux autres personnes sous son toit. Ron qui venait de les rejoindre, s’était proposé également mais son appartement était trop petit pour trois. De plus, elle ne voulait pas perturber Rose en lui laissant croire qu’ils vivaient à nouveau ensemble. Elle-même d’ailleurs n’était pas à l’aise à l’idée de vivre avec Ron. Elle avait donc accepté avec reconnaissance la proposition de Molly et Arthur et ne la regrettait pas.
Rose évidemment, était aux anges de vivre chez ses grands-parents, chaque jour était une fête renouvelée. Hermione, également se plaisait à la vie au Terrier. Molly et Arthur se chargeaient de tout, les repas, les lessives, les tâches ménagères même lorsqu’elle insistait pour aider. Ils la renvoyaient toujours se reposer. Molly était heureuse d’avoir du monde à la maison et elle insista même pour garder Rose la journée plutôt que la mettre à la garderie. Comme cela semblait satisfaire tout le monde Hermione accepta.
Le matin, elle partait plutôt au Ministère car elle n’avait pas à s’occuper de Rose. En quelques jours son travail en retard fut achevé. Avec ses assistants, Thomas et Selma, ils continuaient de superviser le protocole d’inventaire chez les particuliers. Depuis que les inventaires avaient commencé, les experts avaient déjà découvert et confisqué une centaine d’objets particulièrement rares et mystérieux. Hermione était appelée plusieurs fois par semaine au département des Mystère, où les Langues de plomb lui montraient les particularités de tel ou tel objet familial ; un landau qui faisait disparaitre les êtres vivants et les ramenaient quelques minutes plus tard, vieilli de dix ans, des bijoux ensorcelés qui empoisonnaient l’âme ou le corps de celui qui les portait, des meubles qui s’enflammaient au contact d’un né-moldu, des livres de contes qui recelaient des histoires de mages noirs… A chaque fois, après avoir examiné l’objet elle-même, Hermione devait signer une décharge attestant que l’objet en question était confisqué par le Ministère pour raison de sécurité.
Suivie de David qui ne la quittait plus d’une semelle, c’est au Département des Mystères qu’elle se rendait ce matin-là. Ils avaient une fois de plus besoin de sa signature. La jeune femme et l’Auror descendaient dans les entrailles du Ministère et plus ils approchaient plus l’air se rafraichissait.
« Cet endroit me file vraiment la chair de poule, fit David.
- Oui, et quand on sait toutes les horreurs que ces salles renferment…
- Toutes ces choses, elles vont rester ici ? Au Ministère ?
- Non ce serait trop dangereux. Nous avons fait construire un bâtiment, et nous allons le renforcer magiquement pour y entreposer toutes ces choses. C’est sur une ile, un peu comme Azkaban.
- Mais en moins terrifiant…
- Ca reste à voir. ! Il y a eu soixante-dix familles de visiter jusqu’à présent, et nous avons déjà confisqué de véritables horreurs. A côté, Azkaban ressemble à Disneyland. »
-
Ils arrivaient. Hermione sortit la note de sa poche et vérifia le numéro de la salle dans laquelle ils étaient attendus. Ils bifurquèrent et elle poussa une porte. Aussitôt elle sentit un frisson de terreur la traverser. Elle reconnaissait cette salle, elle l’avait vu dans ses cauchemars des centaines de fois. Elle en reconnaissait chaque coin, depuis les lambris vieillis jusqu’au carrelage noir fêlé. Au centre de la pièce se dressait le Voile. La pénombre ambiante faisait ressortir le halo lumineux qui l’entourait et le rendait plus hypnotisant encore. Il lui semblait voir passer des ombres dans les mouvements du Voile et elle entendit comme un murmure qui en provenait. Fascinée, elle s’approcha. Le murmure sembla s’intensifier mais elle le chassa de son esprit. Derrière elle, David l’enjoignait à la prudence. Elle ne répondit pas. La force magique de l’objet était palpable, elle pouvait sentir l’air vibrer autour du Voile. Elle sentait l’odeur poussiéreuse du bois, et celle inqualifiable, de la magie.
« Ah Madame la Directrice ! »
Elle sursauta lorsqu’elle entendit la voix de Malcom Goldstein qui venait d’entrer dans la salle.
« Un curieux objet n’est-ce pas ? fit le Langue de plomb, on mène des recherches sur ce Voile depuis des siècles.
- En vain, personne ne sait de quoi il s’agit.
- Jusqu’à aujourd’hui peut être ? »
-
Frappée de stupeur Hermione le dévisagea. Il avait l’air parfaitement sérieux.
« Un de nos membres a fait une découverte surprenante dans la maison d’un des volontaires, chez madame Delvita. La pauvre femme n’avait aucune idée de ce qu’il y avait dans son grenier, mais elle disait entendre des murmures venir de là-haut parfois. On a trouvé un coffre. »
Hermione l’écoutait avec attention. Elle le suivit lorsqu’il lui fit signe d’avancer vers une table installée au fond de la salle contre le mur.
« Dans le coffre, il y avait ceci. »
D’un coup de baguette magique il ouvrit le coffre et Hermione étouffa un cri de surprise. Dans le coffre, sur un coussin élimé, était posée une boule en verre lumineuse. Elle ressemblait à une prophétie, songea Hermione. Mais en son centre elle reconnut la structure du Voile, et les volutes sombres qui l’entouraient.
« On dirait un Voile miniature.
- Et il semble que cela en soit un. Il y avait un livre posé à côté de lui. »
Il lui mit le livre dans les mains et d’un coup de baguette l’ouvrit à la page demandée. Sur la page de droite, on avait fait le croquis d’un Voile, une légende était écrite mais dans une langue qu’Hermione n’arrivait pas à lire. En bas de la page, sur la gauche, un deuxième dessin représentait la sphère.
« Les objets ont dû être conçus ensemble. Le livre est peut-être un manuel, proposa Hermione.
- C’est ce que nous nous sommes dit.
- Il ne faut pas laisser n’importe qui approcher de ces objets.
- Non, j’ai restreint l’accès aux membres les plus anciens et expérimentés du groupe.
- Bien. »
Hermione avait tous ses sens aux aguets, pressentant comme un danger dans l’air. Pourtant, tout paraissait sous contrôle. Le Voile n’avait pas bougé, la sphère ne semblait pas pouvoir la tuer à distance et David surveillait la salle.
« Nous avons remarqué une chose étrange » continua le Langue de plomb.
Il murmura un sortilège et la sphère s’envola. D’un mouvement de baguette il lui fit prendre la direction du Voile. Hermione remarqua aussitôt que quelque chose se passait, sa peau la picotait et il lui semblait que le Voile luisait plus fort. Plus la sphère approchait, plus le Voile brillait. Il lui semblait même que les ombres s’obscurcissaient et se rapprochait du bord. La sphère se stabilisa.
« Je n’ai pas poussé l’expérience à l’approcher plus. Je voudrais prendre le temps de lire le livre avant.
- Vous connaissez cette langue ?
- Du tout, mais je vais chercher un spécialiste. En attendant j’étudierai les croquis. »
Il ramena la sphère dans son coffre et d’un sortilège les enferma tous les deux.
« Que voulez-vous qu’on fasse Madame la Directrice ? Les nouveaux protocoles stipulent qu’on devrait enfermer la sphère et le coffre avec les autres artefacts dangereux. Mais ils pourraient nous aider à mieux comprendre le Voile.
- Le Voile aussi sera bientôt enfermé loin d’ici… murmura Hermione.
- C’est l’objet le plus mystérieux que nous ayons ici, insista le Langue de Plomb. Nous pourrions…
- Vous pourriez les ramener ? le coupa Hermione.
- Je…, il hésitait manifestement à livrer le fond de sa pensée, je ne sais pas. Peut-être… Je pense surtout que cette magie nous est inconnue et que si on veut s’en défendre il faut la connaître. »
Hermione s’éloigna de lui et s’avança vers le Voile. Il avait repris sa luminosité habituelle. Sans même fermer les yeux, sans même essayer, elle se souvenait de tout, de chaque instant de cette nuit-là où ils étaient entrés au Département des Mystères. Elle revoyait encore les jets de lumière traverser la pièce. Kingsley faisait rempart de son corps pour la protéger. Elle-même venait d’immobiliser un Mangemort lorsqu’elle l’avait vue. Bellatrix s’avançait vers Sirius, sa silhouette féline dansant autour de sa proie, exultant d’une joie maléfique. Tout était allé si vite, un échange de sorts puis la lumière l’avait propulsé en arrière. Vers le Voile. Hermione avait tout vu. Elle avait vu le regard surpris de Sirius lorsque son corps avait touché le Voile, puis il avait été comme aspiré. En quelques secondes il avait disparu, passant de la chair à l’ombre. Elle fixa les nuances de lumières qui parcouraient le Voile. Cette magie était terrible, dangereuse. Combien d’autres personnes sorciers ou moldus étaient passé de l’autre côté ? Sa raison lui soufflait de faire envoyer ses choses de l’autre côté du monde, dans les sous-sols d’Azkaban, là où personne n’irait les chercher. Mais son instinct disait autre chose, et sa curiosité n’y était probablement pas innocente. Il y avait tant de secrets à découvrir. Qui l’avait construit ? Quand ? Pourquoi ? Qu’est-ce que c’était ? Et une petite voix lui disait aussi qu’il y avait encore une chance de ramener Sirius et les autres, de les sortir de ces limbes glacés. Si Harry était là, sa décision serait déjà prise. C’est en pensant à son meilleur ami qu’Hermione fit son choix.
« D’accord, étudiez la sphère, mais par pitié soyez prudent. »
Goldstein sembla soulagé. Lui aussi semblait fasciné par le Voile et Hermione suspectait que même sans son accord il aurait mené ses recherches. Elle signa une décharge spéciale et la lui tendit.
« Que le moins de personne possible entre ici. Cette chose est dangereuse, insista Hermione.
- Quand on travaille au Département des Mystères depuis plus de trente ans, comme moi, on reconnait la magie noire, elle a une odeur vous savez. Je ne la sens pas ici, c’est quelque chose d’autre. De terrible certes, mais ce n’est pas de la magie noire habituelle. »
Hermione sentit un frisson lui parcourir le dos. Mainteant que son devoir était fait, elle était pressée de sortir de cet endroit. Ils quittèrent la pièce et aussitôt que la porte claqua dans leur dos il lui sembla que l’air était plus chaud. Le bourdonnement dans sa tête faiblissait.
Elle était dans son bureau depuis presque une heure, encore chamboulée par son expérience au Département des Mystères. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à la lueur du Voile et aux ombres qu’on devinait à travers. Etaient-ils bloqués ? Le visage souriant de Sirius s’imposa à son esprit et elle devait lutter pour le chasser. Cela faisait si longtemps qu’il avait traversé mais pourtant le chagrin et la peur qu’elle avait ressentis hantaient encore chaque fibre de son corps. Elle baissa les yeux sur la lettre qu’elle rédigeait ; elle n’avait écrit que l’en-tête. Au même moment on frappa à la porte et Selma entra.
« Madame la Directrice, il va être l’heure.
- L’heure ?
- Oui, la conférence de presse.
- Oh ! »
Hermione se leva d’un bond, elle avait oublié. Elle vérifia sa tenue. Heureusement, sa robe n’était pas trop froissée, elle n’avait pas le temps de se changer. Elle sortit un miroir de sa poche et s’examina. Mince ! Elle était pâle, probablement à cause de sa visite aux sous-sols et elle était cernée. Elle avait l’air malade. Elle grimaça plus encore lorsqu’elle leva le miroir vers ses cheveux. Ils formaient une bosse au-dessus de son crâne, épais et broussailleux. Elle tenta de les aplatir de la main mais ils ne voulaient rien entendre.
« Ce n’est pas si terrible, se hasarda Selma.
- Vous croyez ? »
Mais en croisant le regard de son assistante, Hermione se décida.
« Bon je vais les attacher. »
Elle batailla pendant cinq minutes à faire entrer tous ses cheveux dans un chignon. Il était très serré et lui tirait sur les tempes. Mais il tenait. Une mèche rebelle dans sa nuque se dérobait mais elle parvient à la faire rentrer avec les autres. Elle s’observa. Cela la vieillissait, mais au moins elle n’avait plus l’air négligée. Elle attrapa ses notes et sa baguette et elles partirent vers la salle de conférence. Le hall du Ministère était déjà plein de journalistes. Elle passait devant la fontaine lorsqu’elle vit une grande silhouette se diriger vers elle.
« Harry ?
- Avec tout ce monde, je préférais m’assurer de ta sécurité moi-même.
- Mais je ne risque rien !
- On ne sait jamais… et avec cette histoire de scroutts…
- Ce n’est probablement qu’un sorcier mécontent qui veut m’embêter.
- On ne sait jamais, se contenta-t-il de répéter. »
Ils se frayèrent un chemin à travers la foule. Quelques flashs l’aveuglèrent, signes que les journalistes étaient déjà arrivés. Ils pénétrèrent dans la salle et allèrent vers l’estrade où Thomas préparait un pupitre. Aux premiers rangs, les journalistes préparaient leur plume et leur parchemin. La conférence devait commencer dans cinq minutes.
« Selma, Thomas, faites rentrer les retardataires. »
Avec dix minutes de retard ils commencèrent. Les premières questions lui permirent de résumer le projet de loi. Elle essayait de se faire le plus confiante et rassurante possible. Certains journalistes relayaient les craintes des sorciers de se voir spolier de leur héritage, ce qui avait longtemps été le nœud du problème. Elle devait les convaincre que ce sacrifice était pour le bien de tous. Puis les journalistes passèrent à autre chose. Une jeune femme l’interpella :
« Ne pensez-vous pas que cette loi signe une dérive sécuritaire du pouvoir ? »
Hermione prit un moment pour répondre. Elle y avait pensé en effet, à plusieurs reprises.
« En toute honnêteté, oui je le pense. Et je pense que cette loi sera amenée à être corrigée, elle n’est pas vouée à rester aussi rigide. Je pense en effet, que si nous continuons sur une telle voie, nous mettons en danger la vie privée et le droit à la propriété de nos concitoyens. C’est un problème qui nous concerne. Il est vrai que nous confisquerons de force des biens appartenant aux sorciers, de façon qui pourrait sembler arbitraire. Mais il faut comprendre que dans un premier temps certains de ces objets n’auraient jamais dû être mis en circulation, il nous faut corriger cela afin de ne pas risquer de plus grands danger.
- La dictature n’est-elle pas le plus grand danger qui nous guette ? rétorqua la journaliste.
- Je peux vous promettre qu’il n’est pas dans mon but, par cette loi, d’établir un contrôle plus grand sur les sorciers. Ce que je veux, c’est établir un contrôle absolu sur les objets qui circulent dans la communauté sorcière afin que plus jamais une étudiante de Poudlard ne reçoive par erreur le journal intime de Voldemort, ou qu’une autre soit victime d’une tentative d’assassinat avec un collier ensorcelé… Quant au fait que vous devrez ouvrir votre porte à des Aurors et des experts en Magie Noire, qui auront l’autorisation de fouiller votre maison. Cela peut paraître violent, et ça l’est certainement, cela peut être interprété comme une violation de la vie privée et croyez-moi j’en suis navrée. Tous les grands changements de l’histoire ont été difficile aux premiers abords… Tout ce que je peux vous promettre c’est que nous y avons beaucoup réfléchi, et je pense sincèrement que c’est la meilleure chose à faire. »
Elle était parfaitement sincère, et espérait que cela jouerait en sa faveur. En tout cas la jeune journaliste paru satisfaite et laissa la place à une autre question.
« Que comptez-vous faire pour les artefacts magiques qui sont passés dans le monde moldu ?
- C’est une question très intéressante. Bien entendu, nous voulons également débarrasser les moldus de ces potentiels dangers. Leur Ministre a été informé de notre opération en cours, nous lui avons fourni une liste d’objets connus de nos services et qu’il vaudrait mieux voir enfermer plutôt qu’à la portée de n’importe qui dans leurs musées. Il approuve et nous assure de son entière collaboration. Nous avons déjà effectué des copies de certains artefacts et les avons remplacées par leurs doubles. Il y avait notamment une momie dans un Musée de Londres, exposées avec des talismans qui herbageaient des malédictions terribles et encore actives, il y avait un bijou de l’Antiquité enchanté pour hypnotiser celui qui regardait les reflets de la pierre, et le forcer à se suicider. Ils ont été retiré des musées et mis en sécurité. Ce n’est que le… »
Tout à coup, elle sentit la terre vibrer sous ses pieds et se tût. Elle se demandait si elle n’avait pas rêvé lorsqu’elle le sentit une nouvelle fois. Le sol bougeait. Un murmure parcourra la salle suivit de cris de paniques lorsque les lustres du plafond commencèrent à balancer dans un cliquètement alarmant. Harry et David s’approchèrent d’elle d’un même mouvement. Les murs tremblaient, et il y eut comme une détonation sous leurs pieds. Une vague d’énergie les secoua et Hermione tomba sur les fesses. Puis les vibrations cessèrent et Harry l’aida à se remettre debout. Dans la salle, les sorciers se précipitaient vers la sortie. Un patronus apparut tout à coup devant le visage d’Hermione. Elle ne reconnaissait pas le lièvre qui venait de jaillir devant elle, mais elle reconnut la voix. C’était celle de Goldstein, le Langue de plomb.
« Incident vous savez où, vous devriez venir. Venez vite… »
Sa voix se perdit et le patronus disparut. Hermione n’avait pas le temps d’avoir peur. Elle augmenta sa voix d’un sortilège et incita les sorciers à évacuer le Ministère dans le calme. Il y avait eu un accident mais tout été sous contrôle désormais. C’était faux, elle n’en savait rien mais il valait mieux les rassurer.
« Je viens avec toi, dit Harry au moment où elle aller partir.
- Non, aide les à sortir dans le calme.
- Quelqu’un d’autre peut le faire.
- Tu es Harry Potter et le chef des Aurors, ta présence les rassure.
- Oui mais…
- Je n’ai pas le temps Harry.
- Alors David va avec toi.
- Si tu veux ! »
Il s’élança vers la porte et fit signe à un groupe d’Aurors de le suivre. Ils se dirigèrent vers le hall pour coordonner l’évacuation. Tant qu’ils ne savaient pas ce qui s’était passé, il était plus prudent que tout le monde quitte le bâtiment. Elle adressa un sourire penaud à David et sans attendre transplana, sachant qu’il ne pourrait pas la suivre. Elle atterrit devant la salle du Voile. Les vibrations étaient plus fortes ici et elle sentait une énergie magique à l’œuvre. Elle poussa la porte et entra. La scène qu’elle découvrit la figea sur place. Le Voile avait disparu. Il n’y avait plus de brume magique entre les deux armatures sculptées de l’artefact. Mais ce n’était pas le plus incroyable. Une dizaine de corps étaient disposés dans la salle, comme s’ils avaient été projetés du Voile. Inconscients et pâles, contrastants étrangement avec le sol noir. Goldstein et trois autres sorciers courraient dans tous les sens, autour des individus à terre.
« Que s’est-il passé ? cria-t-elle en retrouvant ses epsrits. »
Mais ils étaient trop occupés et personne ne l’entendit. Hermione serra sa baguette dans sa main et courut vers Goldstein. Elle était à mi-chemin lorsqu’elle s’arrêta net. Il lui semblait que… pendant un instant elle avait cru voir… Elle baissa les yeux. L’homme qui était à ses pieds, le visage tendu vers le plafond, elle le reconnaissait. Son cœur battait à toute allure dans sa poitrine. C’était inconcevable. Sirius était étendu inconscient devant elle. Elle tomba à genoux et fébrilement chercha un pouls. Lorsque sa peau rencontra la sienne elle gémit, il était froid. Terriblement froid.
« Sirius ! Sirius ! »
Mais il ne bougea pas. Elle tremblait tellement qu’elle avait du mal à trouver un pouls, et elle sentait son propre sang pulser au bout de ses doigts. Elle renonça. Il avait l’air endormi, paisible. Mort. Elle sentit un sanglot monter dans sa gorge mais elle le refréna. Il y avait peut-être encore une chance. Peut-être qu’il était simplement en hypothermie. Elle ôta sa cape et la déposa sur lui.
« Sirius, tu m’entends ? Réveille-toi. Reviens… » murmurait-elle. Elle posa sa main chaude sur sa joue.
Puis elle sentit quelque chose sous sa paume. Elle ôta sa main brusquement et écarquilla les yeux. Le visage de Sirius semblait immobile et elle pensa avoir rêvé. Puis tout à coup elle vit ses paupières trembler et il ouvrit les yeux. Elle tendit la main vers lui mais quelqu’un la poussa en arrière. Elle poussa un cri de protestation mais ils étaient déjà plusieurs à entourer Sirius. Elle mit quelques secondes à reconnaître les Médicomages d’Urgence de Sainte-Mangouste.
« Aider le ! Je vous en prie !
- On l’amène à Sainte-Mangouste. »
En quelques secondes ils l’avaient couché sur un brancard et ils avaient disparu par transplanage d’escorte. Elle se mit debout difficilement, encore tremblante. Autour d’elle les corps avaient disparu avec les soignants. Il ne restait plus qu’elle, Goldstein, et deux sorciers qu’elle ne reconnaissait pas.
« Dites-moi immédiatement ce qui s’est passé ! Ordonna-t-elle en chassant ses émotions.
- Je n’en sais rien. J’étais à côté, la pièce était vide. J’ai senti des tremblements qui venait d’ici alors on a accouru. La… la sphère flottait au-dessus du Voile, ils… échangeaient leur lumière. Les ombres… devenaient plus foncées et elles se rapprochaient. Puis ils il y a eu une explosion, et ils ont jailli du Voile. On a été secoué. Je vous ai appelé dès que j’ai repris connaissance. »
Hermione se passa la main dans les cheveux. Tout ceci était très étrange et dérangeant.
« Le Ministre ! Il faut que je le prévienne tout de suite ! s’exclama Hermione.
- Inutile, je suis déjà là, fit une voix grave et puissante dans son dos. »
Kingsley Shackelbot venait de pénétrer dans la salle du Voile, suivi d’une dizaine d’Aurors. Il regardait la scène avec circonspection mais sans panique. Et aussitôt qu’elle l’aperçut Hermione se détendit, elle reprit le contrôle de ses nerfs et afficha un visage professionnel.
« Le Voile ?
- Disparu, répondit Goldstein.
- Hum…
- Ce n’est pas tout Kingsley, intervint Hermione. Avant de disparaitre, le Voile… a libéré des corps. Une dizaine d’individus. Probablement des sorciers qu’il avait absorbés.
- Sirius ? demanda Kingsley avec espoir.
- Oui, je l’ai vu. Je crois qu’il était vivant.
- Morgane ! »
Après un instant de silence Kingsley fit le tour de la salle en jetant des sortilèges d’un air concentré.
« Quoi qu’il se soit passé ici, cela semble terminé. Je ne détecte pas de vibrations magiques. Mais par prudence, le Ministère restera fermé pendant trois jours le temps que l’on démêle ceci. »
Il se tourna vers Hermione.
« J’étais auprès du Président Magique de France, je dois y retourner immédiatement. Je te charge d’aller à Sainte Mangouste et de clarifier tout ceci. Ignore les journalistes pour le moment. Retrouve-moi à mon bureau ce soir vers minuit.
- Très bien monsieur le Ministre. »
Il s’approcha d’elle et posa une grande main rassurante sur son épaule.
« Et Hermione, si tu as le temps. Reste auprès de Sirius.
- Je dois prévenir Harry, elle hésita puis poursuivit, Kingsley, il était vivant. Je crois vraiment qu’il était vivant. »
Il lui adressa un sourire et disparut aussitôt, laissant Hermione en charge de la situation. Elle prit une grande inspiration. Elle se tourna en premier vers Goldstein.
« Examinez la salle et faites-moi un rapport détaillez pour ce soir. Vous serez surveillé par une équipe d’Aurors. Si quoique ce soit devient étrange à nouveau, ne restez pas là et prévenez-moi. »
Le Langue de plomb acquiesça, il paraissait épuisé et excité à la fois, certainement impatient de s’atteler à la tâche et résoudre ce mystère magique. Elle se tourna vers l’Auror à ses côtés, d’après on badge il était chargé de la protection du Ministre, et comme Kingsley choisissait ses gardes du corps lui-même, elle devait pouvoir lui faire confiance.
« Ils sont sous votre protection. A vingt heures quittez les lieux et cloisonnez la pièce. Que personne ne puisse y accéder si ce n’est le Ministère ou moi-même. Faites en sorte qu’il y ait toujours deux gardes devant la porte.
- Oui Madame. Faut-il prévenir Monsieur Potter ?
- Je m’en chargerai. Pour le moment, tant que je n’en sais pas plus, j’aimerais éviter de lui faire de faux espoir.
- Ah oui, Sirius Black. C’était son parrain c’est bien ça ? interrogea l’Auror.
- Oui, c’est exact. »
Elle allait partir lorsqu’elle vit David arriver en courant.
« J’allais repartir à Sainte Mangouste.
- Mais je n’ai pas l’autorisation de transplaner depuis le département des Mystère, protesta le jeune Auror.
- Alors remontez vite ! »
Elle n’attendit pas sa réponse et transplana aussitôt. Elle arriva dans le hall de l’hôpital et se dirigea vers l’accueil. La personne qui y travaillait la reconnut aussitôt et elle n’eut pas besoin de formuler sa requête.
« Ils sont au dernier étage, urgences magiques. Le Médicomage en charge et Erica Jones. »
Lorsqu’elle pénétra dans le service elle sentit aussitôt l’odeur des potions et des emplâtres. Elle entendait des voix animées au bout du couloir et elle avança d’un pas vif. Elle poussa une porte battante et se retrouva au milieu d’une grande salle bruyante et lumineuse. Des médecins s’affairaient autour des brancards. Elle était désorientée par la luminosité soudaine et l’effervescence. Elle chercha des yeux un médicomage qui pourrait l’informer de ce qui se passait. Une infirmière passa et elle demanda le docteur Jones. L’infirmière désigna une femme de l’autre côté, grande et carrée, avec les cheveux relevés en une queue de cheval emmêlée. Cette dernière était en train de passer un baume sur la poitrine d’un vieil homme qu’Hermione pensa avoir aperçu dans la salle du Voile.
« Erica Jones je suis…
- Je sais qui vous êtes, et je devine ce que vous faites là. Je n’ai pas le temps.
- Le Ministre m’envoie pour…
- Je n’en doute pas. Mais là j’ai beaucoup de travail, répondit sèchement la médicomage.
- Sont-ils vivants ? demanda Hermione en désespoir de cause.
- Pas tous. »
La jeune femme sentit son estomac se retourner. Et si elle avait mal vu…
« Ecoutez, sortez de ma salle d’urgence, laissez-moi faire mon travail. J’envoie quelqu’un vous informer dès que j’ai le temps. »
Hermione sentit qu’on poussa son coude et elle se tourna vers une jeune sorcière. Elle mit quelque temps à reconnaitre Susan Bones.
« Susan ?
- Viens je te conduis à la salle des infirmières avant que le docteur Jones ne te sorte à coups de pieds. »
Susan lui indiqua la petite salle de repos, et lui servit un café. Elle s’excusa de ne pas pouvoir rester, mais il y avait beaucoup de blessé.
« Je comprends, vas-y. »
Hermione était trop nerveuse pour rester assise et boire du café. Elle faisait les cent pas dans la petite pièce lorsque la porte s’ouvrit de nouveau sur un jeune homme.
« Je suis le docteur Vance, Erika Jones m’envoie vous faire un rapport. »
Elle s’assit dans un des fauteuils et écouta le médicomage. Il y avait en tout douze individus qui étaient sortis du Voile. Sept hommes et cinq femmes, d’âges et d’origines différentes. Sur les douze, trois n’avaient pas encore été réanimés et les chances de réussir étaient de plus en plus minces à chaque minute qui passait. Certains d’entre eux avaient pu être identifiés par leur baguette mais six d’entre eux étaient encore inconnus. Aucun ne présentait de traces de blessures, mais ils étaient tous arrivé dans un état d’hypothermie avancée. Trois individus s’étaient réveillés dans un état de confusion avancé, ils ne semblaient pas souffrir, on les avait rendormis pour achever les soins. Pour le moment c’est tout ce qu’ils savaient.
« Et Sirius Black ? demanda Hermione.
- Il est inconscient pour le moment mais il est vivant. Bien sûr tant qu’il ne se réveille pas on ne peut pas être sûr que son cerveau est intact.
- D’accord.
- Je reviendrais dès que j’en saurais plus.
- Merci. »
Elle resta encore une heure dans la petite salle avant qu’on ne vienne la chercher. Cette fois c’était Erica Jones. Elle lui faisait signe de la suivre dans le couloir.
« Les trois individus que nous n’avons pas pu réanimer ont été déclarés morts. Les autres se sont presque tous réveillés et deux d’entre eux présentent des lésions cérébrales que nous étudierons demain. Il reste trois individus inconscients. Dont Sirius Black. »
Hermione sentit ses jambes faiblir lorsqu’elle arriva devant la chambre. La grande vitre lui laissait voir Sirius étendu dans un lit d’hôpital. Inconscient et immobile.
« Vous pouvez rester auprès de lui. Si quoique ce soit se produit appelez une infirmière.
- Bien merci.
- Demain il faudra faire d’autres examens.
- Oui, il faut comprendre comment ils ont pu rester bloqué derrière le Voile sans mourir et sans vieillir.
- Je ne sais pas quel est votre Voile, je pensais à autre chose. Il y a des choses étranges sur certains patients.
- Quoi ?
- Des vêtements, des marques sur la peau qui indique qu’ils vivaient peut-être il y a plusieurs siècles.
- Cela ne serait pas si étonnant, murmura Hermione pour elle-même.
- Je repasserai dans une heure voir s’il est réveillé, on essaiera un Resurgeo dans le cas contraire, et si on échoue… et bien cela vaudra dire que son cerveau est trop endommagé. »
La médicomage partit et Hermione entra seule dans la petite chambre silencieuse. Sirius était aussi immobile qu’une statue. Il fallait se concentrer pour voir le léger mouvement de sa respiration. Elle s’approcha aussi doucement que possible. Il dormait. Inconscient des années qui s’étaient passées sans lui. De quoi se souvenait-il ? Qu’avait-il vu derrière le voile ? Elle posa sa main sur sa joue. Il était chaud à nouveau, elle sentait même le léger souffle de sa respiration. Le sentir vivant sous sa main la bouleversa. Elle sentit ses yeux s’embuer de larmes. Elle tira un tabouret sous ses fesses et s’assit près du lui, tenant la main de l’homme dans la sienne. Se souviendrait-il ? Elle se sentit un peu mal à l’aise de se tenir là près de lui alors qu’Harry ignorait tout, elle-même n’avait jamais été particulièrement proche de Sirius, c’était un ami, mais ce n’était pas son parrain. Elle hésita à appeler Harry immédiatement mais elle se retint. Si Sirius ne se réveillait jamais cela serait un faux espoir terrible pour Harry. Il valait mieux attendre l’expertise d’Erika Jones. Elle reprit la main de Sirius et s’adossa contre le mur, sa tête dodelinait. Elle était épuisée, la journée avait été mouvementée et d’ici quatre heures et devrait se rendre au Ministère faire son compte-rendu à Kingsley. Elle commençait à s’endormir lorsqu’elle sentit quelque chose. Elle ouvrit les yeux et observa Sirius. Il n’avait pas bougé, elle avait dû rêver. Elle se leva et s’étira. Encore une fois elle perçut quelque chose et elle revint vers l’homme étendu dans le lit. Une onde passa sur son visage et Hermione s’approcha. Ses paupières tressautèrent, sa bouche se pinça. Elle retenait son souffle. Il ouvrit les yeux. Pendant un instant il sembla ne pas voir puis son regard se porta sur Hermione toujours silencieuse. Il la fixait sans rien dire.
« Sirius ? C’est Hermione, tu te souviens de moi. »
Un éclair de compréhension passa dans les yeux de l’homme. Il ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit.
« N’essaie pas de parler, tu es très faible. Je vais appeler une infirmière. »
Elle se précipita dans le couloir et héla la première personne qu’elle aperçut. Bientôt, Erika Jones l’avait mise dehors pendant qu’elle s’occupait de Sirius. Moins d’une heure plus tard elle sortit.
« Il est conscient et réveillé. Il parle et ses réflexes sont intacts, ça devrait aller. Il s’est rendormi pour le moment, il est très faible. Il a besoin de repos.
- Hermione ! s’exclama une voix au loin dans le couloir. »
Elle aperçut Harry qui arrivait en courant et elle avança vers lui.
« Tu vas bien ? Je suis venu le plus vite possible. On a dû évacuer tout le Ministère. Il y a eu des bousculades à l’étage des tribunaux et deux suspects on chercher à s’évader. Puis quand je suis sorti, on m’a informé de duels sur le chemin de Traverse. Les gens étaient fous. On a mis plus de deux heures à rétablir le calme. David m’a dit que je te trouverai là. Que se passe-t-il Hermione ? »
Son regard se fit plus inquiet lorsqu’il vit qu’elle hésitait à lui répondre et qu’elle était visiblement bouleversée.
« Hermione ?
- Harry il faut que je te dise quelque chose d’important. C’est à propos de Sirius.
- Sirius ? s’étonna-t-il, le visage décomposé.
- Oui. Il est sorti du Voile. Il est vivant. »
Elle lui laissa quelques instants pour assimiler la nouvelle. Son visage c’était figé dans une expression d’incrédulité et de joie mêlée. Mais Hermione qui le connaissait bien, y décelait aussi de la méfiance. Il n’oserait pas croire à son bonheur tant qu’il n’aurait pas Sirius vivant et en forme devant les yeux.
« Où ? Où est-il ?
- Juste là en fait… dit-elle en désignant la chambre à leur droite. »
Il approcha de la porte à petits pas et sembla hésiter à pousser la poignée.
« Il est endormi. » Le prévint Hermione.
Il allait ouvrir lorsqu’un patronus apparut entre eux. La voix de Molly en sortit aussitôt.
« Harry chéri, je suis avec Ginny. Le bébé arrive ! Et il est pressé ! Nous sommes déjà à Sainte-Mangouste chambre 303 au deuxième étage. Tu ferais bien d’arriver vite ! »
Les yeux d’Harry s’arrondirent derrière ses lunettes. L’avalanche d’information l’avait figé.
« Harry ?
- Fallait-il que ce soit maintenant ? »
Hermione ne put s’empêcher de sourire.
« Va vite rejoindre Ginny. Tu t’en voudras de louper ça !
- Oui mais Sirius.
- Il est endormi. Je resterai avec lui.
- Il faut que je le voie d’abord. »
Ils entrèrent tous les deux dans la chambre. Harry attrapa la main de son parrain et la serra.
« C’est bien lui. Je ne peux pas y croire…
- Je te promets qu’il sera là à ton retour. Va vite ! »
Cela faisait vingt minutes qu’elle était là lorsque la porte s’ouvrit à nouveau sur Arthur.
« Harry m’a dit. C’est incroyable ! »
Il regarda longtemps le visage de Sirius endormi. Il s’assit de l’autre côté du lit.
« Comment cela se passe pour Ginny ?
- Oh, c’est allé très vite. Je n’ai pas eu le temps de comprendre quoique ce soit que Molly me mettait Rose dans les bras et qu’elle partait avec Ginny à l’hôpital. Les enfants sont chez Georges et Angelina d’ailleurs.
- Merci Arthur.
- Et puis je suis arrivé, elle était déjà dans la salle de travail. Molly m’a dit que tout se déroulait à merveille. Puis Harry est venu, il m’a dit pour Sirius et me voilà.
- Quelle journée ! »
-
Ils conservèrent le silence un long moment. Jusqu’à ce qu’un murmure tire Hermione de sa somnolence. Elle se redressa.
« Hermione ? »
Elle sentit son cœur s’emballer. Sirius était tout à fait réveillé maintenant.
« La prophétie vous l’avez récupérée ? Harry est hors de danger ? »
End Notes:
Tadam !
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! N'hésitez pas à laisser un commentaire, ça fait toujours plaisir.
Je pars pendant deux semaines et je n'aurais aucune connexion internet, la suite est donc prévue pour le 30/31.
Chapitre 4 - Questions sans réponses by Saam
Author's Notes:
Bonsoir à tous ! Voici un nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira !
Il était près de trois heures du matin, et Hermione n’avait toujours pas quitté Sainte-Mangouste. Elle avait averti Kingsley par cheminette et il avait accepté de reporter leur rendez-vous. Elle se servit une grande tasse de café, bien serré, et se laissa tomber sur la chaise la plus proche. Harry étant auprès de Ginny, il lui avait fallu répondre aux questions de Sirius, dresser l’histoire des dernières années. Elle avait essayé de gagner du temps, lui promettant qu’Harry reviendrait bientôt pour lui expliquer lui-même, mais elle avait été sensible à sa détresse. Pendant un instant, en le voyant se débattre pour sortir du lit, elle s’était imaginée à sa place, sortant des limbes après quinze ans, se croyant encore en pleine guerre contre Voldemort. Elle choisissait ses mots avec précaution, tentait d’amener les informations en douceur et sans bousculèrent. Les paupières de Sirius tremblotaient à chaque nouvelle, il y avait une étrange dignité dans ce frémissement et qui émouvait Hermione. Elle passa sous silence quelques évènements particulièrement douloureux, se contentant d’un résumé de la Victoire et de leur désormais quotidien. Elle essayait de parler au futur pour qu’il se sente concerné, impliqué, qu’il comprenne qu’il ne serait pas seul et qu’il y avait une place pour lui, même si personne ne l’avait attendu.
Son visage était fermé. Ses yeux bleus erraient dans la pièce, passaient d’un meuble à un autre, revenaient sur Hermione, la fixaient avec intensité puis reprenaient leur vagabondage. Elle y voyait passer les ombres, les joies et les peines au fur et à mesure qu’elle continuait son récit. Parfois il posait une question, sur une personne, un évènement. Dumbledore ? McGonnagal ? Il évoqua Rogue, mais Hermione parvint à éloigner la conversation, préférant ne pas risquer d’émotions fortes. Elle ne parla pas de Regulus, laissant cette affaire délicate à Harry. Elle n’eut pas besoin de lui annoncer la mort de Remus, il avait compris.
« S’il n’est pas déjà là, c’est qu’il est mort, n’est-ce pas ? »
Il n’avait pas eu besoin de dire son nom, Hermione avait compris aussitôt de qui il parlait. Elle hocha la tête, sentant les larmes lui monter aux yeux.
« Oh Sirius ! »
Elle avait pris sa main et l’avait serré contre son visage, pleurant désormais à chaudes larmes. Elle sentit qu’il tressaillait et elle fut saisie d’effroi à l’idée qu’il rejette son affection, et son amitié. Pire, elle se laissait aller à pleurer, alors qu’il était la victime, et qu’elle s’était promis de le ménager. Mais il ne la repoussa pas, il posa une main sur son épaule et se laissa tomber contre ses propres oreillers. Quelques larmes qu’il ne pouvait plus contenir coulèrent le long de ses joues. Ils gardèrent cette position un long moment partageant un réconfort mutuel.
« Parle-moi d’Harry maintenant. »
Elle évoqua le mariage d’Harry et Ginny, leur carrière respective, et leurs enfants.
« Cela me paraît si proche, il n’était encore qu’un adolescent. Vous n’étiez tous que des enfants…
- C’est normal, tu as été absent longtemps.
- Et maintenant il est père. Il est plus vieux que l’était James. »
-
Il s’abima ensuite dans un long silence qu’Hermione ne voulut pas briser. Il s’était endormi, et elle en avait profité pour aller se faire du café. Dans le couloir elle demanda à une infirmière si elle savait où en était l’accouchement de Ginny. Elle fit quelques pas dans le long couloir pour se dégourdir les jambes puis elle revint se stationner devant la fenêtre de la chambre de Sirius. Il dormait. Semble-t-il paisiblement.
Il ne dormait pas. Il avait eu le besoin d’être seul. Hermione avait été précautionneuse dans son récit, allant doucement, mais elle avait été exhaustive. Il avait l’impression de sortir d’une longue maladie qui l’avait laissé en dehors de la société pendant trop longtemps. Plus de quinze ans s’étaient écoulés en son absence. Il se sentait vide et il y avait autre chose, de plus insidieux, qui s’enroulait comme un serpent autour de son torse et le serrait discrètement, de plus en plus fort. Il reconnaissait ce sentiment en lui, de l’amertume, alors qu’il venait juste de reprendre conscience. Il ne s’était pas battu, il n’avait pas participé à sa propre revanche, à leur Victoire. Cela aussi lui avait été dérobé avec toutes ses années. Il avait dû se cacher pendant si longtemps, renoncer aux combats, pour l’Ordre, pour Harry, pour leur sécurité, et il était mort. Disparu. Et il n’avait pas eu sa part du combat final. Un sentiment d’injustice et de colère mêlées l’étreignait. Toutes ces choses qui s’étaient dérobées sous lui, toujours, le privant de son honneur, de sa propre légitimité. Il était revenu, lui, d’entre tous les disparus lui qui le méritait le moins. Ses pensées se mélangeaient, alternant entre le chagrin et la puissance de vivre. Épuisé, il finit par s’endormir.
Hermione le veilla pendant plusieurs heures puis une infirmière arriva, et l’informa qu’on l’appelait en bas et qu’elle prenait le relais auprès de Sirius. Hermione hésita un instant, puis décida de descendre rejoindre la famille. Après tout Sirius dormait. Elle rejoignit Arthur et Molly dans le hall, ils attendaient les traits tirés et Hermione sentit que quelque chose ne se déroulait pas bien.
« Que se passe-t-il ? Le bébé est né ? Il est malade ?
- L’accouchement ne se passe pas très bien. Ginny est encore en salle de travail. Cela ne devrait plus être long maintenant. »
Le visage de Molly était figé d’inquiétude. Elle s’efforça tout de même à s’apaiser et pris des nouvelles de Sirius.
« Je serais bien montée moi-même, mais… si Ginny me demande… »
Hermione la rassura aussitôt.
« C’est tout à fait compréhensible Molly. Et de toute manière, Sirius dort désormais. L’infirmière dit qu’il se réveillera surement au matin et pas avant. Son corps a besoin de récupérer et son esprit… et bien, d’absorber tout cela. »
Harry arriva alors, vêtu d’une blouse d’hôpital tachée de sang. L’air visiblement nauséeux et inquiet.
« Oh mon Dieu ! Harry ! s’exclama Hermione en palissant.
- Le bébé est né, c’est une fille… Elle…
- Harry… souffla Molly, le visage crispé d’angoisse.
- Elle est très faible, il la mette sous assistance respiratoire. Et Ginny, il y a eu une complication, ils m’ont demandé de sortir.
- Oh Merlin ! »
Hermione sentit ses jambes trembler sous elle et elle s’appuya contre le mur pour garder l’équilibre. La tête lui tournait, pleine d’images de sang, de Ginny mourant sur un lit d’hôpital, qui se superposaient à celles de Sirius anéanti de fatigue un étage plus haut. Pendant quelques secondes elle songea que le destin dans sa cruauté avait peut-être choisi de faire un échange, une vie pour une autre. Elle s’efforça à chasser ces pensées peu rationnelles qui lui ressemblaient si peu, et à garder son calme.
« Les médicomages savent ce qu’ils font. Il faut leur faire confiance.
- Oui sûrement, fit Harry qui visiblement n’en croyait pas un mot. »
Sur son visage se succédaient toutes les nuances de l’inquiétude. Il regardait passer toutes les infirmières avec l’espoir renouvelé que l’une d’elles viendrait lui apporter des bonnes nouvelles. Sous cette lumière blanche, avec cet air triste et fatigué, les cheveux encore plus en bataille que d’habitude et les lunettes de travers, il avait l’air d’avoir son âge. Ils avaient tous tellement grandi, réalisa Hermione. Alors que leur regard se croisait, sous une impulsion, elle l’enlaça et posa la tête sur son épaule. Tout d’abord surpris, il finit par se détendre et il accepta l’étreinte avec reconnaissance.
« Ginny va aller bien. » Promit-elle en se séparant de lui.
Après une heure d’attente interminable, un médicomage s’approcha d’eux. Il avait l’air exténué et Hermione imagina le pire alors qu’il baissait les yeux au sol. Ils se levèrent d’un bond.
« Cela a été très difficile pour elle. Il y a eu une complication, et elle a fait une hémorragie. Votre femme a perdu beaucoup de sang et son organisme est affaibli.
- Mais elle va s’en sortir ? demanda Molly dans un filet de voix.
- Il y a de bonnes chances oui, cependant vous le savez, le risque zéro n’existe pas et si l’hémorragie recommence, son pronostic vital sera sérieusement engagé.
- Merlin !
- Ne pouvez-vous pas faire une transfusion ? demanda Hermione.
- J’allais vous le proposer. C’est une pratique qui ne se fait pas beaucoup dans le monde sorcier, mais elle a fait ses preuves chez les médecins moldus. Nous avons peu de sang en réserve à Sainte-Mangouste, mais des membres de sa famille pourraient être compatibles. Cela l’aiderait à reprendre des forces plus vite.
- Alors, il faut le faire ! Immédiatement ! s’écria Molly.
- Je dois d’abord vous tester. Ginny est AB, il lui faut donc un donneur XX, XX.
- Ron est XX ! s’exclama Hermione, je m’en souviens très bien, je l’ai fait tester pour remplir le carnet de santé moldu de Rose !
- Je vais le chercher, dit Harry. »
-
Il s’apprêtait à partir lorsqu’Arthur le retint.
« Non, reste ici, va veiller Ginny et ta fille. J’y vais. Je serai de retour avec lui dans moins de dix minutes. »
Il s’élança dans le couloir en direction de la zone transplanable.
« Et ma fille ? demanda Harry en se tournant vers le Médicomage.
- Du mucus encrassait ses voies respiratoires et nous avons dû les déboucher. Mais elle va très bien maintenant. Vous pouvez aller la voir. »
Un soulagement indicible se peignit sur le visage d’Harry, immédiatement suivi par de l’indécision. Il mourrait d’envie de prendre sa fille dans ses bras, mais il était également attiré au chevet de Ginny.
« Ginny voudrait que tu sois avec la petite, fit Molly avec douceur, je vais rester avec elle. »
Il hocha la tête et partit vers la nurserie. Au dernier moment, il se retourna et regarda Hermione.
« Et Sirius ?
- Il va bien, il dort. Tout va bien aller Harry, va voir ta fille. »
Il hésita encore une fois puis passa la porte.
« Par tous les Mages ! s’exclama Molly, quelle soirée ! »
Arthur revint avec Ron et aussitôt la transfusion fut mise en place. Les constantes de Ginny étaient en hausses, les médicomages étaient très optimistes quant à sa récupération. Hermione retourna veiller Sirius, tandis qu’en bas, les Weasley dormaient sur des lits de camp. Lorsqu’elle se réveilla, elle était blottie dans un fauteuil, dans un coin de la chambre de Sirius et quelqu’un avait déposé une couverture sur elle. Elle se redressa avec difficulté et vit Harry assoupi sur une chaise pliable a quelques pas de là. Lorsqu’il l’entendit se lever, il ouvrit les yeux, en alerte, puis se rassura.
« Comment ça va en bas ? demanda Hermione.
- Ginny va bien mieux, la transfusion a fait effet. Elle et Lily dormaient quand je suis parti.
- Lily ?
- Oui, il lui fallait bien un nom.
- C’est morbide… fit une voix d’outre-tombe. »
Harry se retourna, ébahi, en reconnaissant la voix de son parrain. Sirius se redressa sur son lit. Il était tel qu’Harry l’avait laissé quinze an auparavant, grand, séduisant, charismatique et moqueur. Leurs yeux brillaient d’émotions et la jeune femme se faufila hors de la pièce avec un sourire ému aux lèvres. Après avoir vérifié encore une fois que tout le monde allait bien, et que personne n’avait besoin d’elle, Hermione transplana au Terrier. D’après sa montre, elle pouvait s’accorder deux heures supplémentaires de sommeil avant de partir au travail. Elle espérait que dans la salle du Voile, aucun accident n’était à déplorer et qui demanderait son intervention. L’avantage d’avoir un Ministère évacué, c’était que personne ne l’attendait pour remplir des dossiers au bureau, songea-t-elle en posant la tête sur l’oreiller. Elle s’endormit instantanément.
Elle allait dans les couloirs du Ministère. Ses pas résonnaient sur le carrelage et leurs échos se propageaient tout autour d’elle, brisant le silence alentour. Le Ministère était vide à l’exception d’elle-même et quelques collègues. Le calme qui régnait était surnaturel, quelque peu angoissant pour Hermione qui s’était habituée au remue-ménage quotidien, aux notes volantes, aux bruits de l’ascenseur et aux bousculades dans les couloirs. A son étage, il n’y avait que son bureau d’occupé. Selma et Thomas étaient déjà au travail lorsqu’elle y entra.
« La bonne nouvelle c’est qu’on n’a jamais vu aussi peu de critiques sur un projet de loi. La mauvaise c’est que cet accident au Département des Mystères a presque totalement éclipsé la conférence de presse, annonça Selma lorsqu’Hermione passa la porte.
- Oui, j’imagine. Et ce n’est que le début… Je ne m’inquiète pas trop, lorsque les journalistes auront épuisé toutes les hypothèses et spéculations possibles, ils en reviendront au projet de loi et nous pourrons reprendre la communication où elle en était, répondit la Directrice. »
Ils travaillèrent de longues heures sur leurs dossiers en retard. De nombreuses affaires avaient été retardées, et Hermione se morigénait de ce manque d’efficacité.
« Par Merlin ! Se sorcier a passé trois jours en détention provisoire car je n’étais pas disponible pour lui signer son laissez-passer.
- Cela arrive, il ne faut pas vous en vouloir, la rassura Selma.
- Non, ce genre de choses ne devrait pas m’arriver, murmura Hermione.
- Il va falloir convoquer le Magemnagot pour cette affaire, annonça Thomas en lui tendant un dossier. Meurtres racistes.
- Oh je déteste ce genre d’affaire ! s’exclama Selma. »
Hermione prit le dossier et le feuilleta.
« Oui en effet, c’est tout à fait en dehors de nos prérogatives, Thomas peux-tu envoyer un courrier à Tibus Mann, afin qu’il s’en occupe ? »
Elle allait saisir un autre parchemin lorsque David frappa à la porte.
« Madame la Directrice, vous êtes demandée au Département des Mystères. »
Elle s’attendait, en pénétrant dans la salle du Voile, à ressentir le même frisson d’angoisse courir le long de sa colonne, à souffrir jusqu’au fond de ses os, le froid mordant de la peur. Mais rien de ceci ne se produisit. L’arc trônait toujours au centre de la salle, mais, sans le voile, il n’était plus qu’une structure innocente. Il ne dégageait plus la moindre aura magique. Il régnait même dans la salle une chaleur agréable. Elle s’avança jusqu’à l’endroit où elle se rappelait avoir découvert Sirius. Le langue de plomb, Goldstein entra à son tour et lui fit signe de passer avec lui dans la salle adjacente.
« Venez, installez-vous au bureau, je vais vous montrer mes dernières découvertes. »
Elle s’assit face à lui et saisit la tasse de thé qu’il lui tendait. Elle ne connaissait pas la pièce, n’étant jamais entrée dans le bureau personnel du sorcier et elle la parcourait des yeux en soufflant sur l’eau chaude. Les étagères, comme dans son propre bureau, étaient recouvertes de livres et parchemins, mais à la différence du sien, elles étaient dans un désordre incroyable. Sur de grandes dessertes collées au mur, des tas de babioles étaient disposés sans le moindre souci esthétique au milieu des plantes grasses et des tasses de café. Hermione se demanda brièvement comment les plantes parvenaient à pousser avec le peu de luminosité qu’il y avait dans la pièce.
« Alors, dites-moi ? Où en êtes-vous ? le questionna Hermione. Avez-vous une idée de ce qui a causé cette manifestation magique ?
- Pour le moment, nous avons peu de certitudes, mais beaucoup d’hypothèses. Ce que nous savons pour sûr c’est que c’est l’interaction de la Sphère et du Voile qui a déclenché le mécanisme magique par lequel les survivants ont été propulsés dans notre monde. Une autre chose que nous savons c’est que personne n’était dans la pièce au moment où cela s’est produit, et que la Sphère n’était pas censée y être non plus, elle devait être dans le coffre-fort.
- Comment est-ce possible ? demanda Hermione. Quelqu’un a bien dû activer la Sphère, d’une manière ou d’une autre.
- Je vous assure que non. De leur plein gré, les membres du personnel ont accepté de se soumettre au veritaserum, moi y compris. Nous avons tous juré ne pas avoir été dans la salle et ne pas y avoir apporté la sphère avant l’incident. A vrai dire, je suis le dernier à l’avoir manipulée, et je peux affirmer que je l’ai déposée dans le coffre-fort avant de revenir à mon bureau. Et, il est impossible que quelqu’un d’extérieur au service ait franchi les barrières magiques, d’ailleurs, personne ne savait qu’un tel objet était au Ministère à part vous-même et votre garde du corps.
- Alors comment s’est-elle retrouvée dans la Salle du Voile ?
- Je n’ai pas de réponses à vous apporter pour le moment. Mais je peux vous donner mon sentiment à ce sujet, proposa Goldstein en rajustant ses lunettes sur son nez. Vous vous souvenez quand je vous ai fait la démonstration le jour de sa découverte, quand j’ai fait léviter la sphère vers le Voile. C’était comme s’ils communiquaient. Je pense que la Sphère par ce simple contact a été activée par le Voile, et que ce dernier l’a appelé à lui pour achever la manipulation magique.
- C’est une hypothèse intéressante. Le sortilège aurait été inscrit dans la Sphère et le Voile des années auparavant et il se serait déclenché lors de leur rencontre.
- Oui, il reste à savoir quel genre de sortilège il s’agit.
- Et qui l’a jeté ? Et pourquoi ? poursuivit Hermione. Et savez-vous où est passé le Voile ? Comment a-t-il pu disparaitre ainsi ?
- C’est là un grand mystère. »
Il lui remit un long rapport, résumant les différentes hypothèses émises par son équipe et elle se promit de le lire prochainement. Il lui semblait que quelque chose était juste sous son nez, qu’elle n’arrivait pas à voir ni comprendre. Avec nostalgie, elle songea à la Bibliothèque de Poudlard vers laquelle elle se précipitait toujours pour trouver les réponses à ses questions. Peut-être que cette fois encore un livre l’aiderait à y voir plus clair, mais aucun de ceux qu’elle connaissait ne traitait de près ou de loin la question.
La semaine passa dans un grand calme. Le Ministère n’avait toujours pas rouvert au public car une faille avait été découverte dans un mur porteur, produite surement par l’onde de choc et les ouvriers s’attelaient à la réparer. La plupart des services du Ministère avaient été déplacés dans des bureaux de la région. Le bâtiment restait donc étrangement vide. Hermione et ses assistants avaient terminé leurs dossiers en retard et le rythme était revenu à la normale. Il semblait même à la jeune femme qu’ils avaient bien peu de travail, et elle avait pris l’habitude de partir plus tôt du Ministère. Elle s’était rendue plusieurs fois à Sainte-Mangouste et avait fait la connaissance de Lily. Ginny s’était remise avec difficulté de son accouchement. Elle était encore très fatiguée, et les médicomages refusaient de la laisser rentrer chez elle tant que ses cicatrices n’auraient pas meilleure allure, et qu’elle ne s’alimenterait pas mieux. Harry avait pris un congé exceptionnel et il passait ses journées à l’hôpital, entre son bébé nouveau-né, sa femme et son parrain.
« Je voudrais rentrer à la maison ! soupira Ginny. Je n’ai aucune intimité ici, il y a toujours quelqu’un à rentrer et à m’examiner des pieds à la tête. »
Hermione berçait Lily, assise à côté de son amie. Elle lui fit un sourire navré.
« Est-ce que ce ne serait pas pire chez toi ? Avec James et Albus ? Tu supplierais Harry de te ramener ici au bout de deux jours !
- C’est possible ! fit Ginny en riant. Papa et maman ont proposé de prendre les garçons avec eux au Terrier pendant quelque temps. Je pense qu’on va accepter. Je ne veux pas les exclure de cette nouvelle vie avec leur petite sœur, mais j’ai peur d’être trop fatiguée, et Harry ne peut pas rester en congé éternellement. Et ils seraient ravis ! Ils sont jaloux de Rose depuis que vous vivez là-bas !
- Je me sens un peu coupable de rester ainsi chez tes parents. La maison est occupable depuis avant-hier, mais je n’ai pas encore eu le courage de déménager. Arthur et Molly s’occupent si bien de Rose et…
- Ca fait du bien ?
- Oui ! Et puis, depuis le départ de Ron, la maison me semble… différente, trop vide je pense. Je me sens bien au Terrier. Mais nous partirons avant la fin de la semaine. Je ne veux pas abuser de leur hospitalité plus souvent. Surtout s’ils prennent les garçons.
- Ne t’inquiète pas ! Tu pourrais rester indéfiniment, ils seraient ravis ! Maman adore avoir du monde à la maison. Ils ont parlé d’accueillir Sirius aussi lorsqu’ils sortiraient de l’hôpital. Il ne peut pas rentrer au 12 square Grimmaurd et il a refusé de venir chez nous tant que je ne serais pas totalement rétablie. Je pense qu’il sera bien au Terrier, le temps de se remettre d’aplomb et de trouver quelque chose à lui.
- C’est une bonne idée. Et je serais également rassurée de savoir qu’il n’est pas seul. »
Dans les bras d’Hermione, Lily gigota. Hermione la tendit à Ginny et se tourna pour prendre sa veste.
« Je dois te quitter. Je vais chercher Rose puis je l’amène à l’animalerie, elle veut me convaincre de prendre une sorte de souris qui change de couleur.
- Prends-lui plutôt un boursoufflet, c’est mignon et ça ne demande que très peu de soins. Et Pattenrond ne le mangera pas…
- C’est une bonne idée. Quand je pense qu’elle me parle déjà d’hipogriffe à son âge… Quelle influence a eu Hagrid !
- Viens demain vers quinze heures ! George, Angelina et Perçy viennent pour le thé. Ils n’ont pas encore vu Lily.
- Je n’y manquerai pas ! Repose-toi bien ! »
Hermione passa la matinée du lendemain au bureau. Elle devait rédiger les premiers rapports à remettre au Magenmagot au sujet des expertises qui avaient lieu dans les maisons sorcières. Déjà trente demeures avaient été passées au crible par les experts et pas moins de cent objets avaient été confisqués, d’autres avaient été ajoutés dans la liste des artefacts à surveiller. Les résultats étaient probants et les familles plutôt satisfaites. Hermione était heureuse de voir que comme elle l’avait prévu, l’opération se déroulait bien. Si le Magenmagot donnait son accord, elle pourrait accélérer le rythme pour que toutes les maisons sorcières de Londres aient été expertisées d’ici la rentrée prochaine.
Thomas entra dans son bureau et lui tendit un parchemin roulé. Un messager vient d’apporter ça par cheminette pour vous, il a dit que c’était urgent. Elle retourna le parchemin et vit qu’il était scellé avec le blason de Sainte-Mangouste. Soudainement inquiète elle le décacheta et le déroula devant elle. Il était très bref.
« Il s’est produit quelque chose. Venez le plus vite possible à Sainte-Mangouste. »
Il était signé par la médicomage Jones. Aussitôt elle sentit son rythme cardiaque s’emballer. Qu’avait-il pu se produire ? Si cela avait été une attaque ou un danger pour l’hôpital, les Aurors auraient été mis en alerte et elle serait déjà au courant. Toutefois, quelque chose avait tout de même dû se produire pour que la médicomage l’envoie chercher en urgence. Elle partit immédiatement. Arrivée à Sainte-Mangouste elle se dirigea aussitôt vers le bureau de la médicomage. Étonnement, le service des urgences et des soins intensifs était calme, ne révélant en rien l’urgence qui l’avait amenée. Le secrétaire l’annonça et elle entra dans le bureau.
« Madame la Directrice ! Merci d’être venue aussi vite, un incident s’est produit il y a quelques heures. Il fallait que je vous en parle. »
Hermione s’installa et écouta. Au fur et à mesure que Jones faisait son rapport, elle sentait l’inquiétude la saisir.
« Je recommande de faire venir le plus vite possible des experts. En fait, j’ai pris sur moi d’en contacter deux de ma connaissance.
- Bien sûr, vous avez mon accord. Il faut faire tout notre possible pour comprendre ce qui s’est passé ce matin.
- Et pour que cela ne se reproduise pas.
- Oui, vous pouvez donner l’ordre de doubler les effectifs de surveillance des patients. Les frais supplémentaires seront à la charge du Ministère.
- Très bien. »
Hermione se leva et fit quelques pas dans la pièce, chamboulée. Trop de questions restaient sans réponses. C’était même de pire en pire. Les évènements étaient inexplicables et ce mystère l’angoissait terriblement. Elle détestait ne pas savoir ce qui se passait autour d’elle. Elle haïssait encore plus de ne pas avoir de réponses à donner pour rassurer ses amis. Elle prit une grande inspiration pour se donner du courage.
« Vous allez l’annoncer à votre famille ?
- Il le faut.
- Bon courage. Je comprends comme c’est difficile. »
Hermione entra dans la chambre de Ginny, où tout le monde s’était réuni autour de son lit. Lily dormait dans les bras de Sirius, Harry avait l’air heureux, et Molly prenait des photos. Sirius en pleine santé, dans la force de l’âge, à côté d’Artur et Harry qui avaient chacun vieilli de 15 ans offrait une image saisissante qui déconcerta Hermione comme à chaque fois. Elle se sentait le cœur lourd devant cette image de bonheur familial, sachant que sa venue allait le briser. Elle chercha à sourire, mais son visage, malgré elle devait annoncer la mauvaise nouvelle car le silence se fit aussitôt. Elle posa les yeux sur Sirius, et le regard de l’homme s’assombrit lorsqu’il comprit que cela le concernait. Il embrassa Lily sur le front et la remit à Ginny.
« J’ai une mauvaise nouvelle, annonça Hermione pour couper court à la tension, et cela te concerne Sirius.
- Voyons cela, on a trouvé un Voile de rechange et on a décidé qu’en fin de compte j’étais mieux de l’autre côté ? demanda-t-il avec autant d’ironie que d’inquiétude.
- Que se passe-t-il Hermione ? s’enquit Harry.
- Vous voulez peut-être qu’on en parle en privé ? proposa-t-elle à Sirius. »
-
Il haussa les épaules, mais déjà, George, Angelina, Perçy et Audrey s’avançaient vers la porte pour leur laisser un peu d’intimité.
« On n’est pas loin si tu veux qu’on revienne, fit George en lui serrant la main.
- Vous n’êtes pas obligés de rester, dit Sirius à Molly et Arthur. Je ne sais pas ce que c’est, mais je sais déjà que je ne veux pas vous embêter avec ça.
- Hors de question, on reste ! s’indigna Molly en posant une main sur son bras. »
Tous les regards se reportèrent sur Hermione.
« Deux survivants du Voile sont morts hier. Et un autre avant-hier.
- Trois morts ? Comment cela se fait qu’on ne soit pas au courant ? s’enquit Harry.
- Le premier décès n’a pas paru suspect aux médicomages et comme les journalistes sont interdits dans l’hôpital… personne n’en a entendu parler. Je ne l’ai appris que tout à l’heure. Mais les deux décès d’aujourd’hui sont très étranges et on m’a fait venir dès que possible.
- Que s’est-il passé de si bizarre ?
- D’après les premières observations, il semblerait que les deux personnes aient été possédées au moment de leur mort.
- Possédés ? s’exclama Ginny, mais comment cela ? Possédés par qui ?
- Nous l’ignorons.
- Qu’est-ce qui vous fait croire qu’ils étaient possédés ? demanda Sirius.
- Les témoins rapportent qu’ils étaient insensibles au monde extérieur, qu’ils avançaient comme mû de l’intérieur, que leurs yeux étaient blancs… D’après les médicomages, cela ne fait aucun doute. »
Hermione leva les yeux et chercha le regard de Sirius, mais il était perdu dans le vide.
« Je ne comprends pas, fit Harry. Peux-tu nous dire exactement ce qu’il s’est passé ?
- Le premier décès n’a pas suscité d’inquiétude particulière. L’homme a été pris d’une crise de démence. Dans sa panique il a agressé plusieurs personnels soignants avant qu’un vigile ne le stupefixie. Mais le sortilège l’a tué, en raison d’une défaillance cardiaque. Les médecins ont conclu à une crise de stress. Cet homme avait vécu en 1780, ils ont pensé qu’il ne s’était pas remis du choc de se réveiller des siècles plus tard.
- Pauvre homme, murmura Molly.
- Donc jusque-là, personne n’avait d’inquiétude. Mais ce matin, à quelques minutes d’intervalle il y a eu deux décès supplémentaires. Un premier patient s’est échappé de la surveillance des médicomages et s’est jeté dans le vide depuis le toit. Les sorciers présents n’ont pas pu l’empêcher de sauter. L’autre, est sorti de son lit et a déambulé dans le couloir, lorsque les infirmières lui ont demandé ce qu’elle faisait là, elle est morte dans leur bras. Apparemment d’une surcharge d’énergie dans son cerveau.
- Un suicide ? Et une surcharge d’énergie ? Ca n’a aucun sens ! s’exclama Harry. »
Elle hocha la tête. Dans son ventre une boule s’était formée qui lui comprimait l’estomac et l’empêchait de respirer pleinement. Un sentiment de culpabilité l’envahissait. Elle détestait venir dans cette chambre, les priver de leur bonheur et annoncer de telles nouvelles. D’autant plus qu’elle n’avait aucune réponse à leur apporter. Si seulement elle avait eu une hypothèse, n’importe quoi pour comprendre ce qui se déroulait. Mais elle était comme tout le monde, dans le brouillard. Et son ignorance avait un prix qu’elle n’était pas prête à payer.
« Je suis vraiment navrée Sirius, mais ce sont des nouvelles inquiétantes. Tu vas devoir passer des examens supplémentaires, des experts sont en route.
- Pour vérifier que je ne suis pas possédé ?
- Oui.
- Je ne le suis pas, affirma-t-il avec force.
- As-tu ressenti quelque chose d’alarmant ? D’étrange ?
- Comme revenir d’entre les morts tu veux dire ? dit-il d’une voix mordante et dénuée de chaleur.
- Des trous de mémoire ? Une extrême joie ou colère ?
- Non, rien de tout cela. »
Il s’était levé de son fauteuil et regardait par la fenêtre le faux paysage londonien animé. Il se détourna du groupe et se perdit dans la contemplation de l’extérieur. Un long silence s’installa dans la pièce. Hermione fit un sourire contrit à Harry. Elle allait repartir lorsque l’homme l’interpella.
« C’était à onze heure ce matin ? demanda Sirius.
- Oui. Comment le sais-tu ? As-tu ressenti quelque chose toi aussi ?
- Non, rien du tout.
- Alors comment …
- Je le sais, c’est tout, trancha-t-il d’une voix blanche. »
Elle allait répondre lorsqu’elle croisa son regard, glacial et triste à la fois. Elle sentit sa colère et elle se tût, hébétée. Il se tourna vers Harry et lui fit un sourire qui sembla lui couter beaucoup d’efforts.
« Je vais aller me reposer dans ma chambre.
- Tu veux que je te rejoigne ? demanda son neveu.
- Non, reste auprès de ta famille.
- Mais tu…
- T’en fais pas va. »
Il avança vers la porte sans plus un regard pour eux. Hermione se poussa pour le laisser sortir.
« Sirius… commença-t-elle.
- Ne t’inquiète pas, je ferai ce qu’on me dit. »
Il s’enfuit par le couloir et Hermione referma doucement la porte derrière lui. Harry s’était laissé tomber dans le fauteuil et Ginny avait pris sa main pour le réconforter. Molly et Arthur les entouraient de leur compassion. Hermione se sentit de trop tout à coup. Ses yeux s’humidifièrent et elle se hâta de les essuyer avant qu’on ne le remarque. Elle partit rapidement et en arrivant au Terrier elle laissa échapper les larmes retenues. Elle comprenait la colère de Sirius ainsi que son désespoir, mais elle ne comprenait pas sa froideur à son égard. Elle faisait de son mieux pour l’aider, pour résoudre cette affaire. Ce n’était pas de sa faute si elle apportait de mauvaises nouvelles, elle aussi préférerait en apporter des meilleures. Elle n’était pas responsable du décès de ces hommes. Et elle n’avait pas d’autres choix que de demander des examens approfondis pour les autres survivants. Elle continuait pourtant à ressentir une vague culpabilité. Elle sanglota longuement, puis ce fut l’heure d’aller chercher Rose à la garderie et elle se redressa. Elle réarrangea ses cheveux dans le miroir et rajusta sa chemise. Elle n’allait pas se laisser abattre. Elle travaillerait plus dur, et tout s’arrangerait.
End Notes:
Pauvre Sirius ! J'espère que vous avez aimé ce nouveau chapitre. N'hésitez pas à laisser un commentaire, ça fait toujours plaisir !
Chapitre 5 - La promesse by Saam
Author's Notes:
Et voilà, un nouveau chapitre, qui je l'espère, vous plaira. Je sème des indices (discrètement je l'espère ahaha) à propos de toute cette histoire de voile et de possession. Peut-être que vous commencerez à y voir plus clair ! En tout cas, bonne lecture !
Finalement, Hermione était restée au Terrier. Lorsque sa maison avait été définitivement débarrassée des scroutts, elle avait informé Molly de son intention de rentrer chez elle avec Rose et les avait remerciés de leur hospitalité. Cela aurait pu se terminer ainsi, mais Molly, qui savait lire en Hermione comme dans un livre de recettes, avait insisté pour qu’elles restent.
« Tu as tellement de travail en ce moment, pourquoi ne resteriez-vous pas encore un peu ? Cela ne nous dérange pas du tout ! Au contraire ! Tu sais comme Arthur aime avoir de la compagnie, et moi aussi. »
Hermione avait hésité, craignant d’imposer sa présence, mais Molly avait tranché la question.
« Vous devriez assurément rester ! James et Albus vont également venir passer quelques jours ici, le temps que Ginny se remette. Ils seront si contents d’avoir leur cousine auprès d’eux.
- Mais, vous allez voir du monde, je ne veux pas déranger, cela vous fera du travail supplémentaire.
- Ne dis pas de sottise voyons ! Tu ne déranges jamais. »
Alors Hermione avait ressorti les affaires de leurs petites valises et les avait de nouveau rangées dans les placards. En tournant dans la chambre elle s’était vaguement demandé si elle faisait bien de rester. Peut-être qu’elle régressait en se laissant couver par les Weasley. Mais c’était si bon de rentrer auprès d’une famille tous les soirs, de voir Rose heureuse et épanouie comme elle ne l’avait pas été depuis le départ de Ron. Et il fallait reconnaître qu’elle était soumise à une grande pression au Ministère en ce moment, entre le projet de loi et l’affaire du Voile. Elle travaillait jusque tard dans la nuit sur les rapports de Goldstein pour trouver des réponses. Elle serait mieux au Terrier, auprès de gens qui l’aimait et qui l’aidait au quotidien, que seule chez elle à ruminer.
Elle enfila un gros pull en laine et descendit au salon. Harry et les garçons étaient arrivés quelques minutes auparavant dans un déferlement de rires et de cris. Lorsqu’ils la virent, les deux enfants lui sautèrent dans les bras.
« On est trop contents que tu sois là tata, tu nous liras encore des histoires ? » demanda Albus.
Elle lui caressa la tête et se félicita d’être restée. Elle pourrait passer des moments privilégiés avec sa fille et ses neveux, et rien que cela valait largement le coup. Après lui avoir raconté leurs dernières péripéties, ils partirent jouer à l’étage et elle s’installa à table avec Harry pour boire un thé.
« Tu as du nouveau ? A propos de Sirius ? » demanda-t-il presque aussitôt.
Elle s’attendait à la question, mais malgré tout, elle se sentit aussitôt mal à l’aise.
« Plusieurs choses à vrai dire… mais pour le moment nous ne savons pas quoi faire de ces éléments. Tout d’abord concernant Sirius, les médicomages et les experts sont formels, il n’y a aucune trace qu’il soit possédé. Tous ses examens sont revenus parfaits. Il est même en très bonne santé. Si rien ne change d’ici trois jours, la quarantaine sera écoulée et il pourra sortir de Sainte-Mangouste. »
Du coin de l’œil elle vit Harry se détendre. Arthur et Molly s’étaient assis à table et écoutaient son compte rendu.
« En ce qui concerne le Voile, je travaille avec le Département des Mystères pour comprendre comment et pourquoi il a disparu en ramenant les sorciers dans notre monde. Il ne nous reste que la Sphère et le livre à étudier, et comme vous l’imaginez, c’est très délicat. Le livre est tout entier rédigé en runes et dans une langue inconnue. Je suppose qu’il s’agit d’un système de notation unique, inventé par son auteur car elle ne ressemble à rien qu’on ne connaisse. Il nous faut le déchiffrer, mais nos meilleurs experts achoppent dès la première ligne. Nous l’avons envoyé à l’université magique de San Franciso, nous attendons encore des réponses. En attendant, Goldstein et moi travaillons sur les runes. Elles décrivent le fonctionnement de la Sphère, mais c’est très complexe, c’est de la théorie de la magie à un niveau très élevé. Nous avons énormément de calcul à faire, uniquement sur la base arithmancique, sans compter la tangente, et la déviation magique. Étant donnée la variation de la puissance, la déviation augmente proportionnellement à… »
Elle s’arrêta, voyant qu’ils ne la suivaient plus et repris plus calmement en choisissant ses mots.
« Hm… tout ce que je peux dire pour le moment de certains c’est qu’il s’agit d’une très ancienne magie. La Sphère et le Voile fonctionnent ensemble, et d’après les runes si l’un est hors d’état de marche, alors l’autre aussi par un phénomène de conjonction magique. Or, la sphère a l’air de très bien fonctionner, nous supposons donc que le Voile, où qu’il soit, fonctionne encore. Nous avons réussi à traduire des éléments de calculs arithmétiques du sortilège, donc bientôt nous devrions être capables de dire de quelle sorte de sortilège il s’agit.
- Ca semble très compliqué, dit doucement Molly pour briser le silence qui s’était installé. »
Hermione haussa les épaules. Difficile, c’était le moins que l’on puisse dire. Elle y avait passé ses dernières journées et nuits, délaissant son travail de Directrice du Département de la Justice Magique mais malgré ses efforts elle ne parvenait pas à comprendre. C’était comme si le sortilège du Voile reposait sur un principe magique inédit, une construction qui n’avait jamais été utilisée encore.
Ils changèrent de sujet et elle but son thé à petite gorgée en discutant avec Harry des activités périscolaires des enfants. Ils aimeraient inscrire James au Quidditch, mais ils refusaient d’y aller sans son petit frère, qui lui, refusait catégoriquement de grimper sur un balai. Albus, malgré son jeune âge avait un tempérament bien trempé et des centres d’intérêt bien arrêtés.
« Il veut aller dans un club de jardinage, soupira Harry. J’ai essayé de lui expliquer que ça n’existait pas, mais il n’en démord pas. Alors ils boudent tous les deux.
- Rose aimerait bien faire du Quidditch, répondit Hermione, je peux en parler à Ron. S’il y a Rose avec lui, peut-être que James sera d’accord ?
- C’est une bonne idée ! Et puis cela ferait plaisir à Ginny aussi, depuis la naissance de James elle s’est éloignée du monde Quidditch, ce serait une bonne occasion d’y retourner. »
Harry les quitta peu après, et Hermione remonta dans sa chambre s’installer à son petit bureau. Discuter avec Harry et jouer avec les enfants lui avait beaucoup de bien et elle se sentait l’esprit plus léger et plus vif. Elle avait fait faire des copies des runes afin de pouvoir les traduire dans ses moments de calmes. Elle traça le mot de passe à l’aide de sa baguette sur le parchemin, et les caractères apparurent. Comme toujours, sa première impression fut une impression d’étrangeté en les regardant. Puis, peu à peu, son esprit s’acclimatait aux runes et presque naturellement en traduisait les plus simples. Elle prit sa plume et se remit au travail. Cela faisait plusieurs heures qu’elle s’échinait sur un passage particulièrement difficile. Les caractères étaient facilement lisibles, et la syntaxe était claire. Mais le sens était opaque. Son sentiment d’être face à quelque chose de totalement inédit grandissait. Elle posa sa plume et se massa la nuque. Dans sa tête, mille et une théories se succédaient, à peine évoquées et déjà avortées. Rien de ce qu’elle connaissait ne permettait d’expliquer la traduction. Elle songea que c’était peut-être sa traduction qui était erronée, mais chassa immédiatement l’idée, elle l’avait déjà vérifiée trois fois. Elle se leva et fit quelques pas dans la chambre pour dégourdir son corps. Elle fit les quelques exercices de relaxation qu’elle avait appris et détendit ses muscles, des pieds à la tête. Lorsqu’elle se sentit suffisamment sereine pour se remettre au travail, elle reporta son regard sur le parchemin de runes. Elle sentit tout à coup comme un bruissement dans son esprit, une sensation très étrange qui était partie aussi vite qu’elle était arrivée. Si vite même, qu’elle crû avoir rêvé.
Les deux jours qui suivirent furent bien remplis. Les experts qui faisaient les fouilles dans les maisons avaient reporté plusieurs incidents à propos des artéfacts magiques et Hermione devait étudier chaque cas. Une théière qui avait essayé d’ébouillanter l’inspecteur magique, une rampe d’escalier qui tremblait si fort qu’elle déstabilisait les habitants de la maison, un miroir qui réfléchissait la maison d’une autre personne, tous ces incidents avaient commencé à survenir la semaine précédente et ils étaient en hausse. Certains étaient assez amusants et n’avaient causé aucun dommage, mais d’autres en revanche étaient à l’origine de blessures. Elle était d’autant plus inquiète que les experts reportaient des accidents dans le monde moldu également.
« Mais enfin que se passe-t-il ? demanda Hermione excédée en lisant un nouveau rapport. Pourquoi tous ses objets sont-ils pris de folie en même temps ? Ca n’a aucun sens !
- Peut-être quelqu’un de malveillant s’amuse-t-il à jeter des sortilèges dessus ? proposa Selma.
- Il faudrait qu’ils soient plusieurs, répondit Hermione. »
Elle se tut soudain. Une idée venait de germer dans son esprit.
« Peut-être qu’ils sont plusieurs en effet, et qu’ils essaient de faire passer un message ? Cela doit avoir un rapport avec le projet de loi… Cela ne peut pas être une coïncidence. »
Selma et Thomas acquiescèrent.
« Je vais envoyer un message à Harry. Ces objets ne se sont pas animés tout seuls, il y a forcément quelqu’un derrière tout ça. » conclut Hermione en attrapant une plume. Les jours qui suivirent, les accidents d’objets magiques continuèrent et Hermione du arrêter l’étude des runes afin de se concentrer sur ses obligations au Département de Justice Magique. En rentrant au Terrier un soir, elle eut la surprise de trouver Harry, Ginny et Ron installé à table.
« Tu as oublié qu’on venait diner ? demanda Ginny avec un sourire. »
Hermione se frappa la tête. En effet, cela lui était totalement sorti de l’esprit. Elle attrapa Lily qui somnolait dans les bras d’Harry et la berça contre elle. La petite fille posa la tête contre sa poitrine et Hermione sentit une bouffée d’amour la submerger.
« Désolée, en ce moment c’est la folie au Ministère. Entre les recherches pour Goldstein et ces objets magiques qui deviennent fous…
- C’est toujours la folie au Ministère, fit remarquer Ron. »
Hermione se crispa. Derrière le ton amusé de sa voix elle discernait une nuance d’amertume. Il lui avait souvent reproché pendant leur mariage de travailler trop. Elle préféra ne pas répondre et enchainer directement sur une autre conversation.
« Comment vas-tu Ron ?
- Très bien ! En fait, nous avons trouvé un local pour notre boutique, en France. Nous avons signé le contrat et presque tout est réglé. Du coup j’ai vu avec Georges, et je m’accorde quelques congés. Je voulais savoir si tu serais d’accord pour que je prenne Rose deux semaines de suite. Je pensais profiter des vacances scolaires pour aller visiter Charlie. Je sais que ce n’est pas ce qu’on avait convenu et que deux semaines c’est long, mais…
- Aucun problème Ron, l’arrêta Hermione. Nous avons tous les deux étés beaucoup occupé ces derniers temps et elle ne nous a pas beaucoup vu. Je pense que c’est très bien que tu l’amènes en vacances !
- Génial ! Je lui avais promis de l’amener voir les dragons, elle va être ravie ! »
Hermione frémit en songeant à sa petite fille près des dragons, mais elle avait toute confiance en Ron. Tout comme elle, il ne laisserait rien ni personne s’en prendre à sa fille. Ils discutèrent des modalités et convinrent qu’il viendrait chercher Rose le samedi matin. Quelques instants plus tard ils passaient à table et Hermione se ruait sur la nourriture, elle n’avait pas eu le temps de manger à midi.
« Bon, il faut qu’on parle de Sirius maintenant, lança Harry à la fin du repas. Il a l’autorisation de sortir de Sainte-Mangouste, mais sous certaines conditions uniquement. Et comme nous tous, nous sommes la seule famille qu’il lui reste… »
Hermione remarqua qu’il avait les larmes aux yeux en disant cela, et elle se sentit émue également.
« Le protocole qu’a envoyé le Ministère exige qu’il loge chez des sorciers ou sorcières habilités par le Ministère en attendant que l’affaire se clarifie. Il ne peut pas retourner au square Grimmaurd, de toute façon l’endroit est inhabitable pour le moment. Ginny et moi pensions l’inviter à venir à la maison, mais Molly et Arthur ont eu une autre idée.
- Oui, désormais que Ginny est reposée, les enfants vont retourner chez eux. Et nous pensions proposer à Sirius de venir vivre ici avec nous.
- Il aura plus d’intimité qu’à la maison, continua Harry, avec les enfants, il serait tout le temps sollicité. Et il a besoin de repos.
- Et puis, Sirius est quelqu’un de solitaire, murmura Hermione. »
Molly et Harry acquiescèrent. La matriarche Weasley se tourna alors vers Hermione.
« Nous voulions nous assurer que cela ne te pose pas de problème Hermione, vu que tu vis ici aussi en ce moment. »
Hermione se sentit rougir. Elle se sentait gênée d’abuser de l’hospitalité des Weasley et cette question, bien qu’innocente, lui rappelait que ce n’était pas ici sa place.
« Vous êtes chez vous ! Je ne peux pas me permettre de vous empêcher de … je pourrais rentrer à la maison avec Rose vous savez si …
- Mais non ma chérie, ce n’est pas ce que nous disions. Tu es ici chez toi, tu le sais… »
-
Hermione sentit ses yeux s’embuer et sous la table, Molly attrapa sa main et la serra dans la sienne.
« Nous ne voulons pas t’imposer la présence de Sirius, expliqua Arthur.
- Ce n’est pas un problème pour moi, les assura Hermione d’une voix enrouée par l’émotion. »
Ils échangèrent un sourire et Ron lui tapota l’épaule.
« Moi aussi je suis content que tu sois au Terrier. C’est bien pour Rose d’être ici. Et tu as l’air plus en forme, dit-il à voix basse pour que personne d’autre l’entende.
- Bon alors c’est entendu ? demanda Ginny, Sirius viendra vivre ici ?
- S’il l’accepte ! fit remarquer Harry, j’espère qu’il n’aura pas l’impression d’être surveillé. »
Hermione ne répondit rien, mais elle connaissait suffisamment le Ministère pour savoir que c’était exactement leur intention. Sirius serait surveillé de près, et elle pressentait qu’on exigerait d’elle qu’elle y tienne un rôle. Elle espéra très fort ne pas avoir à remplir de rapport sur la vie quotidienne de l’homme, ce que l’un comme l’autre vivrait comme une trahison.
En se couchant le soir elle songea à ce que signifiait la cohabitation avec Sirius. La dernière fois que cela s’était produit, elle avait quinze ans, et rougissait dès qu’il entrait dans une pièce. Cette fois ce serait différent. Ils ne s’étaient pas revus depuis la scène à la maternité où l’ambiance avait été plutôt froide entre eux. Elle espérait qu’il ne lui en voulait pas, qu’il ne la rattachait pas uniquement à des mauvais souvenirs. Elle avait toujours apprécié Sirius, et elle aurait voulu que lui aussi, en retour. Mais il semblait ne plus voir en elle que la voix des mauvaises nouvelles. Elle songea qu’elle pouvait toujours retourner chez elle si cela tournait mal et s’endormit, rassurée.
Sirius posa ses valises au Terrier, quelques heures après le départ de Ron et Rose pour la Roumanie. Hermione avait aidé Arthur à préparer sa chambre à l’étage au-dessus du sien. Ils avaient pensé que lui laisser un étage serait une bonne idée, et lui permettrait d’avoir plus d’intimité. Dans la chambre, les draps étaient frais, et Hermione avait disposé sur la table de nuit, une pile de ses livres préférés. Il paraissait ravi d’être là et de sortir de Sainte-Mangouste. Avec un pincement au cœur, Hermione songea que c’était la première fois qu’il se promenait en liberté depuis près de trente ans. Il prenait un plaisir visible à se promener dans le jardin et écouter les gnomes creuser la terre. Ils prirent un grand gouter, en famille. Albus et James courrait tout autour de lui, réclamant son attention en permanence et il se prêtait de bon cœur à leurs jeux. Harry et Ginny partirent avec les enfants et Sirius monta se reposer dans sa chambre. Hermione était rassurée, il ne semblait pas être fâché contre elle. Il s’était montré amical et amusant et c’était de bon augure.
Ils dinèrent frugalement ce soir-là et allèrent se coucher tôt car la journée avait été mouvementée. Hermione, s’installa au bureau et mit à travailler sur la traduction des runes. Elle était dans un passage prenant et plutôt simple à traduire, et elle ne vit pas le temps passer. Lorsqu’elle eut fini la traduction de la ligne, elle regarda l’heure et fut surprise de voir qu’il était près de minuit. Dans la maison le silence régnait, tout le monde dormait déjà depuis longtemps. Elle se dépêcha de ranger ses affaires et elle se glissa dans les draps. La douce langueur du sommeil s’emparait d’elle. Elle sentait son esprit dérivé à la frontière des rêves. Alors qu’elle allait s’abandonner au sommeil un bruit retint son attention. C’était comme un cliquetis persistant de porcelaine. C’était si étrange qu’elle rouvrit les yeux et se redressa, l’oreille aux aguets. Quelque chose tomba et d’après le bruit, se brisa sur le sol. Elle sortit du lit et ouvrit sa porte de chambre pour mieux entendre. Il y avait bien quelque chose d’étrange en bas, dans la cuisine. Le bruit continuait, comme si quelqu’un s’amusait à secouer un carton plein de vaisselles. Elle entendait depuis la chambre adjacente, la respiration lente et profonde de Molly et Arthur qui dormaient profondément. C’était certainement Sirius qui s‘était réveillé et était un peu perdu dans ce nouvel environnement. Elle descendit les escaliers. Le bruit était plus fort encore d’ici et elle entra dans le salon. Sirius était debout, dos à elle, tout juste éclairé par les dernières braises dans la cheminée.
« Sirius ?» appela-t-elle.
Il ne sembla pas l’attendre. Elle allait réitérer lorsqu’elle se figea. Elle sortit sa baguette et murmura un lumos. Elle n’avait pas rêvé, et quoiqu’il se passa, c’était bien plus étrange que ce à quoi elle s’était préparée. Elle sera plus fort sa baguette dans ses mains. Autour d’elle, les objets de la maison s’étaient mis à trembler, les assiettes, les cadres, les bougeoirs, les balais, tous. C’était ce qui provoquait le bruit qu’elle avait entendu. Dans le buffet, les assiettes tremblaient tellement qu’elles se fissuraient à vue d’œil. Elle sentit un frisson parcourir son dos.
« Sirius ? »
Elle s’approcha de lui, baguette en main, définitivement inquiète. Plus elle approchait, plus les objets remuaient comme pris de convulsion, un cadre tomba à ses pieds et se brisa. Le chandelier oscillait dangereusement au-dessus de sa tête. Un presse-papier vola vers elle et passa très près de sa tête. Le bruit montait encore en grade et elle dut presque crier pour appeler Sirius. Il ne répondit pas. Elle était suffisamment proche de lui pour le toucher désormais, elle tendit la main vers son épaule, mais avant qu’elle ne l’attrape il se retourna vers elle. Ses gestes étaient étrangement saccadés. Elle leva les yeux vers son visage et poussa un cri d’horreur. Les yeux de Sirius étaient tout voilés de blancs, si bien qu’on ne voyait presque plus la pupille. Une ombre passa dans son regard. Son visage était froid et dur. Hermione sentit son cœur s’emballer. Sirius n’était pas dans son état normal, c’était bien plus sérieux qu’un peu de somnambulisme. Puis elle comprit, et se demanda comment elle n’y avait pas pensé plus tôt. Sirius était possédé.
Au moment même où cette pensait faisait jour dans son esprit, il tendit vers elle une main. Tout à coup les portes du vaisselier s’ouvrirent, les couteaux jaillirent du tiroir, et volèrent vers Hermione. Elle leva sa baguette et lança un protego. Les couteaux rebondirent sur la protection magique et tombèrent au sol, inanimé. Mais déjà le chandelier oscillait dangereusement au-dessus de sa tête, et les tableaux se décrochaient du mur. Un vent de panique saisit Hermione. Autour d’elle, tous les objets du salon vibraient et crissaient comme s’ils hurlaient. Elle croisa le regard vide de Sirius et avant qu’une autre horde d’objets volants ne l’attaque elle l’attrapa par le bras. Aussitôt qu’elle l’eut touché, les objets cessèrent de trembler et le calme revint. Elle sentit les muscles de Sirius se détendre sous sa main, et lorsqu’elle leva les yeux vers lui, il était là de nouveau. Il regardait autour de lui, hébété. Son regard se posa sur les couteaux aux pieds d’Hermione et elle lut sur son visage que le déroulé des évènements lui revenait en mémoire.
« Mais… Que s’est-il passé ? Hermione ? »
La jeune femme n’eut pas le temps de répondre.
« Oh Merlin… C’est moi qui ait fait ça ? demanda-t-il en désignant les cadres éclatés au sol, les couteaux, la vaisselle et les rideaux emmêlés.
- Oui Sirius. De quoi te souviens-tu ?
- Je me souviens que j’étais dans mon lit et puis… »
Il hésitait.
« Je me souviens d’être descendu, et de t’avoir vue. Mais… c’était comme si… »
Il s’arrêta, l’air grave.
« Je suis possédé. C’est ça ? »
Elle hocha la tête.
« Et les couteaux… j’aurais pu te tuer.
- Ce n’était pas toi Sirius, le réconforta Hermione.
- Je vais devoir retourner à Sainte-Mangouste alors, et continuer les tests, et puis ils m’enfermeront autre part, là où je ne ferais de mal à personne. »
-
Le désespoir se lisait sur son visage. Sa voix était résignée. Pendant un instant elle le revit, assis à la table du Square Grimmaurd, écoutant les rapports de ses amis, enfermé dans la maison. Déjà à l’époque il avait cet air sur le visage, cette résignation froide, cette colère intérieure. Il n’avait pas connu la liberté depuis tellement longtemps. Son cœur se serra dans sa poitrine, il méritait mieux qu’une cellule impersonnelle dans un service secret de Sainte-Mangouste.
« Que vais-je dire à Harry ? » demanda Sirius.
Elle ne répondit pas. Elle n’avait pas la réponse. Elle n’avait aucune réponse, songea-t-elle.
« Hermione ? fit-il, brisant le silence.
- Oui ?
- Ne leur dis pas. Ne leur dis pas que je suis possédé. »
Son sang se glaça. Elle resta figée. Il la fixait avec une intensité si forte que c’était comme s’il la tenait sous la coupe de son regard.
« Sirius, je…
- Je sais que tu n’as pas le droit, que c’est interdit. Mais je t’en prie Hermione ! Ne me renvoie pas là-bas ! Pas encore… je ne… Je ne le supporterai pas. Pas maintenant après être revenu. Je ferais ce que tu voudras, tu pourras me surveiller.
- Tu pourrais être dangereux, argua-t-elle.
- Tu crois que je ne le sais pas ? s’écria-t-il, tu crois que je veux vous faire du mal, à vous ? Aux enfants ? Tu crois que je ne sais pas ce que cela représente ? Je suis possédé ! Par qui ? Par quoi ? Je comprends la situation, je ne devrais pas le demander, mais… Mais je… »
Il déglutit avec difficulté et détourna le regard.
« Je ne peux pas y retourner, je t’en prie. »
Sa voix se brisa et Hermione sentit tout le poids de la solitude sur ses épaules. Il avait tellement souffert, il avait tout perdu, et maintenant, il fallait qu’il se sacrifie, encore une fois. Il avait les yeux embués de larmes, autant de colère que de tristesse. Il regardait sans la voir, la photo de famille des Weasley-Potter dans un cadre à ses pieds. Hermione sentit sa gorge se serrer plus fort, douloureusement. Elle ne pouvait pas être insensible à cette douleur.
« D’accord, d’accord, je ne dirais rien. Mais il y aura… »
Elle n’eut pas le temps de finir. Il s’était levé d’un bond et l’avait saisie dans ses bras. Ses lèvres avaient saisi les siennes pendant une seconde de folie, de fougue, durant laquelle il avait retrouvé un bonheur éphémère. A peine avait-elle compris ce qui se passait que c’était déjà terminé. Il s’était éloigné de quelques pas et d’un coup de baguette, réparait les cadres et les renvoyait sur les murs. Elle essaya d’ignorer les battements désordonnés de son cœur et reporta sa réflexion sur la décision qu’elle venait de prendre.
« Sirius ?
- Il y a des conditions, des règles. Je comprends.
- Oui. Il faudra que tu te soumettes à certains tests.
- Tu as dit que tu ne dirais rien.
- Je les ferai moi-même. Et… il faut que je réfléchisse, d’accord ?
- D’accord.
- Et Sirius, si tu deviens dangereux, je ne pourrai pas tenir cette parole. J’informerai le Ministère. »
Le visage de l’homme se durcit, mais elle savait qu’il comprenait ses raisons. Sans un mot, ils rangèrent le salon, puis montèrent les escaliers pour retourner se coucher. Arrivés au premier étage, il se tourna vers elle. Il ne dit rien, mais elle comprit. Il serait reconnaissant pour toujours, mais elle n’était pas sûre de mériter cette gratitude. En réalité, elle doutait de tout, d’avoir pris la bonne décision, et de ses réactions si jamais, il devenait incontrôlable. En se recouchant dans son lit elle était assaillie de questions. Mais que lui avait-il pris d’accepter ? Dans quoi s’était-elle embarquée ?
End Notes:
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre. N'hésitez pas à laisser une review pour me dire ce que vous en pensez !
Chapitre 6 - Les Runes alchimiques by Saam
Author's Notes:
Bonjour à tous, je suis vraiment navrée d'avoir tant traîné pour vous livrer ce chapitre. J'espère qu'il vous plaira ! Bonne lecture !
Elle n’avait pas dormi de la nuit. Impossible de fermer les yeux sans sentir sur sa peau le souffle froid de la magie, sans entendre le bruit des cadres qui se brisaient, sans sentir le froid des lames de couteau qui l’effleuraient, impossible de ne pas douter. Pourtant, elle ne regrettait pas. S’il y avait une chose qu’elle avait apprise durant toutes ces années, c’était qu’il fallait être loyal envers ses amis. Sirius était un ami, et elle devait tout faire pour l’aider. Il était six heures du matin et elle se leva, revêtit une robe de chambre et s’installa au bureau. Elle espérait se replonger dans la traduction des runes et y trouver une échappatoire à ses pensées. Mais la concentration lui échappait, son esprit revenait toujours à la situation de Sirius. Elle renonça à travailler et alla s’installer prêt de la fenêtre. Un problème surtout, se posait. Si Sirius était dangereux, et qu’il fallait garder le secret, ils ne pourraient rester au Terrier ni l’un ni l’autre. Il leur fallait trouver une solution à cela le plus vite possible. Le plus simple était d’aller chez elle, maintenant que la maison était débarrassée des Scroutts, mais il faudrait trouver une excuse pour ne pas éveiller les soupçons. Même si sa petite fille lui manquait déjà terriblement, elle était ravie que Rose soit en Roumanie avec son père. C’était une inquiétude de moins. En attendant, il faudrait aussi qu’ils installent des protections magiques autour de Sirius, elle se morigéna de ne pas l’avoir fait hier. Quelques sortilèges devant sa porte suffiraient à le contenir dans sa chambre en cas de crise. Elle attrapa sa baguette et se jeta un sortilège de désillusion avant de sortir de la chambre. Elle entendait des bruissements de voix autour d’elle, et elle ne souhaitait pas être vue. A petits pas, elle monta l’escalier vers la chambre qu’occupait Sirius. Elle tendit sa baguette vers le seuil de la porte et murmura « protego maxima, fida mea » tout en faisant de lents mouvements circulaires du poignet. Une lueur apparut à la pointe de sa baguette et elle la dirigea vers la porte. Ce n’était pas grand-chose, mais si la chose dans Sirius reprenait le contrôle de son esprit et cherchait à sortir de la chambre, elle serait aussitôt avertie et aurait le temps d’intervenir. Un peu plus tranquille d’esprit elle leva le sortilège de désillusion et descendit dans la cuisine où Molly buvait son café.
« Oh bonjour Hermione, as-tu bien dormi ? J’ai l’impression que quelque chose a changé dans le salon, mais je n’arrive pas à trouver quoi. » dit-elle en inspectant ses murs avec attention.
Un sourire crispé effleura les lèvres d’Hermione, mais elle haussa les épaules en signe de dénégation.
« Je ne vois rien de différent. »
Attablée devant un thé, elle attendait que Sirius descende. Il fallait qu’elle lui parle le plus vite possible. Plus il tardait, plus l’inquiétude la gagnait. Quand enfin, il descendit, elle remarqua qu’il avait l’air aussi fatigué qu’elle. Ses traits étaient tirés et son visage accusait le coup de ses quarante ans. Jamais depuis son retour depuis le Voile, elle ne l’avait trouvé si… abimé. Malgré cela, il répondit chaleureusement à Molly et Arthur. Ce dernier l’invita à s’asseoir, et malgré les protestations de Sirius, lui posa un plateau bien garni devant lui. Sirius, assis en face d’Hermione lui jeta un regard perplexe.
« Ils sont contents de t’avoir ici, mange, je peux te promettre que ce n’est pas empoisonné. »
Il hocha la tête piqua sa fourchette dans son bacon, alors que Molly engageait la conversation. Lorsque les Weasley quittèrent la pièce, le silence tomba autour d’eux.
« Sirius, tu te souviens de la nuit dernière ? demanda-t-elle en guise de préambule.
- Oui, je me souviens. De tout… Enfin, sauf de quand j’étais… tu sais.
- Oui, bien sûr. Je voulais juste m’assurer que tu t’en souvenais. Avec la nuit, tu aurais pu mettre cela sur le compte d’un rêve.
- Oui bien sûr. »
A nouveau le silence les entoura. Hermione par-dessus sa tasse de thé, étudiait le visage de l’homme, guettant une réaction. Mais il était figé dans la même expression triste et résignée, la même qui la nuit précédente, l’avait fait changée d’avis.
« Ecoute Sirius, j’ai pensé à quelque chose cette nuit, dit-elle pour lui faire quitter ses sombres pensées. Si tu souhaites toujours garder le secret, ce que je te déconseille cependant, on ne va pas pouvoir rester au Terrier.
- J’y ai pensé aussi. Et oui, je veux toujours garder le secret. Je regrette de t’impliquer là-dedans Hermione, mais… »
Sa voix se tarit et il tourna les yeux vers la fenêtre. On voyait le jardin, et derrière les buis, on apercevait la campagne.
« Je ne veux plus être enfermé, ni me cacher. Et même si tu me dis que le Ministère a changé, même si j’ai confiance en Kingsley… Je préfère garder cela dans un cercle restreint. Et même très restreint.
- Et tu ne veux pas inquiéter Harry.
- En effet. Ni personne. »
Elle ne savait pas quoi répondre. Elle était assez touchée de la confiance qu’il lui manifestait. Elle avisa sa main, posée près de son repos et posa la sienne dessus. La main de Sirius était glacée. Il fut surpris du contact et sa main tressailla. Elle lui fait un sourire.
« Je t’ai promis de t’aider et je le ferai. Et on garde le secret pour l’instant.
- Tu disais hier, que si la situation devenait trop dangereuse, tu devrais en référer au Ministère. Je suis d’accord avec ça. Si je deviens dangereux, enferme-moi, ou tue-moi. Mais ne me laisse pas blesser quelqu’un. »
-
Un frisson parcourut le dos d’Hermione qui sentit ses entrailles se nouer. Il avait dit ces mots d’un ton assuré et déterminé.
« Nous n’en sommes pas là. Pour le moment, nous devons trouver une excuse pour quitter le Terrier.
- J’ai une idée pour cela. Avant de devenir animagi, nous faisions semblant d’être malades, pour rester à l’infirmerie avec Rémus. Je peux simuler les symptômes de la Franche-Goutte, c’est très contagieux. On dira à Molly qu’on préfère s’éloigner tant qu’on est contagieux. »
C’était une excellente idée et elle accepta. Ils prévoyaient de préparer la potion le soir-même quand Molly et Arthur serait endormis. Sirius assurait qu’il fallait peu d’ingrédients, et qu’il y aurait tout ce qu’il faut dans le placard à pharmacie des Weasley. Les effets duraient un peu moins de douze heures. Dès le lendemain matin donc, ils transplaneraient chez Hermione. Ils seraient libres d’étudier la possession dont était victime Sirius. Et les Weasley seraient sauf. La Franche-Goutte était contagieuse pendant une semaine et ses effets perduraient encore une dizaine de jours au minimum. Ils auraient donc presque trois semaines pour aider Sirius.
Sirius serrant son bras, ils atterrirent au milieu du salon dans un « Crac » sonore. Hermione s’appuya contre le mur, transplaner avec une escorte était toujours plus difficile, et son estomac lui faisait bien sentir. L’idée de Sirius avait fonctionné à merveille. Molly et Arthur ne se doutaient de rien, et Harry ne se méfierait pas non plus, du moins, pas immédiatement.
« Voilà, bienvenue chez moi. Mets-toi à l’aise. » dit-elle en lui faisant signe de s’installer.
Il posa son sac sur le canapé et regarda autour de lui, l’air gêné. Avec ses cheveux bruns, et ses vêtements noirs, il contrastait avec la décoration sobre et claire.
« C’est très joli ici, dit-il. »
Il se dirigea vers le buffet sur lequel trônaient les photos de vacances. Un air de nostalgie se peignit sur ses traits, aussitôt chassé par un sourire forcé et froid. L’espace d’une seconde elle crut le revoir, dans sa chambre de Ste-Mangouste alors qu’elle venait de leur apprendre que certains des sorciers revenus du Voile étaient morts. Il y avait une aura autour de lui, qui parfois devenait glaciale et l’inquiétait. Elle le quitta des yeux, momentanément mal à l’aise et ôta son écharpe et son manteau.
« Merci de me laisser venir chez toi.
- C’est normal, répondit-elle en accrochant son manteau à la patère.
- Non, ce n’est pas normal. Tu n’étais pas obligée de faire ça. J’espère… j’espère que cela ne te dérange pas de te mettre en danger pour moi. »
Elle se retourna. Il était très sérieux, stoïque, comme s’il attendait son châtiment. Ou sa rédemption. Lorsqu’il la regardait comme ça, droit dans les yeux, elle avait du mal à soutenir son regard. Ce visage tourné vers elle la déstabilisait. Elle lisait sur ses traits une solitude et souffrance indicible. Elle voyait chez lui, ce qu’elle-même venait tout juste de mettre derrière elle, la peur et l’angoisse liée à la guerre, le deuil. Il était facile d’oublier parfois, qu’il venait juste d’apprendre la mort de Dumbledore, et de Lupin, et que pour lui la guerre, c’était la semaine dernière.
« Je ne suis pas en danger avec toi, Sirius.
- Hermione, je pensais que tu avais pris conscience de cela. Si je suis possédé, je suis dangereux. J’aurais pu te tuer cette fois-là chez les Weasley, ou te blesser.
- Ce n’est pas ce que je veux dire. Ce que je voulais dire c’est que je suis capable de me défendre. La dernière fois, j’ai fait l’erreur de descendre sans ma baguette et oui, j’étais en danger. Mais crois-moi, si une scène comme cela se reproduisait, je serais tout à fait à même de me protéger. »
Il eut l’air soulagé.
« Okay, okay, très bien. Je voulais juste être certain que tu savais ce que tu faisais.
- Crois-moi, j’y ai réfléchi. De plus, j’ai pensé à un certain nombre de protections magiques qui nous aideraient. On pourrait sceller ta chambre et les ouvertures de la maison, de façon à ce que tu ne puisses pas sortir si tu es en proie à …
- A un « débordement » ?
- Oui voilà, dit-elle avec un sourire gêné. Je ne suis pas très familière de ce genre de situation, ni du vocabulaire adapté.
- Moi non plus. Etonnement, durant tout mon parcours magique j’avais eu la chance de passer à côté de cela ! »
Ils échangèrent un sourire.
Hermione avait décidé de protéger magiquement la maison et s’était aussitôt mise à la tâche. Accroupie, sa baguette à la main, elle dessinait des symboles magiques sur la porte.
« Et cela va fonctionner ? s’inquiéta Sirius.
- Oui, assurément.
- Je n’avais jamais vu cela avant.
- Oh, c’est de la très vieille magie. Très difficile à pratiquer maintenant car tous les maitres sont morts. Là, ce ne sont que des enchantements de bases, presque simplistes. Mais cela suffira.
- On dirait des runes, remarqua-t-il en voyant certains dessins s’illuminer.
- Ce sont des runes. Mais des runes alchimiques, leur tracé génère une vibration de l’air qui concentre la magie. C’est assez fascinant.
- Oui, en effet. »
Il suivait des yeux le tracé lent et précis qu’Hermione opérait du bout de sa baguette.
« En fait, il y en a partout ou presque, mais on ne le sait pas. Gringotts en est remplie ! Et le Chemin de Traverse aussi. Ce signe en spirale là, protège les lieux. Mais pas uniquement des mauvais sorts, il les protège au niveau de leur structure. Il les empêche de s’effondrer, d’être instables. C’est pourquoi ces runes sont très utilisées en architecture ! » continua Hermione en poursuivant son travail.
Elle rougit tout à coup.
« Désolée, je ne voulais pas t’embêter avec tout ça, cela ne doit pas t’intéresser.
- Au contraire, c’est réellement fascinant. »
Il était tout à fait impressionné. Dans ses souvenirs Hermione était une adolescente maligne et studieuse, et il n’aurait pas dû être surpris qu’elle soit devenue une grande sorcière. Mais malgré lui, les images de la jeune fille et de la femme se superposaient, et il n’arrivait pas à combler le vide temporel entre les deux figures. Il songea qu’elle avait du beaucoup apprendre, et pensant à cela, il devina que les circonstances de la guerre, avaient dû la pousser à s’instruire toujours plus pour survivre.
« Où as-tu appris tout ça ? demanda-t-il
- A l’université, répondit-elle sans quitter les yeux de son ouvrage.
- L’université ? s’étonna-t-il, mais il n’y en a pas en Angleterre.
- En effet. Je suis allée à celle de Rome.
- De Rome ?
- Oui, enfin, au Vatican. C’est assez compliqué la géopolitique de la région, disons que c’est à Rome, mais c’est clairement sous la coupe du Vatican.
- J’en avais entendu parler, dit-il le regard perdu dans des souvenirs, à l’époque c’était impossible d’y entrer. Lily… Lily leur avait demandé une bourse pour étudier la physique magique. »
Hermione releva la tête, surprise. La mère d’Harry, Lily avait voulu aller à la Santa Clara ? Elle sentit une vague d’émotion la submerger, se sentant tout à coup très proche de cette femme qu’elle n’avait jamais connue. Elle leva les yeux et vit que Sirius, tout comme elle, était ému par ce souvenir. Elle se leva et posa la main sur son bras.
« Elle s’y connaissait en physique magique ?
- Oui, je ne pourrais pas t’en dire plus, c’était un parfait charabia.
- Je m’en doute, je n’y entends rien non plus !
- Cela nous arrivait de travailler ensemble. Elle me demandait de l’aide tu sais, parce que mon truc à moi, c’était plutôt les runes, et certains textes qu’elle lisait était trop difficiles pour elle. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pensé à cela, c’est dommage, ce sont de beaux souvenirs. »
Hermione acquiesça.
« Tu devrais en parler à Harry, cela lui ferait plaisir. »
Il hocha également la tête en signe d’assentiment et elle s’agenouilla à nouveau pour finir son travail.
« Alors, l’université de Rome ? demanda-t-il avec curiosité, comment es-tu entrée ?
- En fait, ils m’ont proposée de venir, et je n’ai pas pu refuser.
- Tu m’étonnes… Et c’était comment ? »
Elle était un peu surprise que Sirius s’intéresse autant à l’université magique mais elle répondit avec plaisir :
« Oh, les cours étaient incroyables, vraiment. J’ai beaucoup appris, surtout en algèbre runique, et en runes alchimiques comme tu peux le voir. C’est leur spécialité, en fait, c’est avec les runes alchimiques que le Vatican s’est défendu des démons et créatures jusqu’au dixième-siècles, et ils faisaient passer cela pour des miracles, dit-elle en levant les yeux au ciel.
- D’après le ton de ta voix, on dirait que tu ne les apprécies pas beaucoup…
- En effet. Les professeurs sont sympathiques pour la plupart, mais les administrateurs de l’université, sont des sorciers d’Eglises pour la plupart et… leurs manigances me répugnent.
- De quoi tu parles ? s’enquit Sirius, sa curiosité piquée à vif.
- Ils s’octroient un énorme pouvoir de contrôle sur la population, et surtout la population moldue en manipulant la vérité, ils utilisent la magie à mauvais escient et… comment dire… ils prônent un élitisme très dérangeant. J’ai un peu du mal à en parler car ce n’est pas très clair dans ma tête. J’ai du mal à verbaliser ce qui m’a tant déplu à Rome.
- Je comprends, je ne voulais pas t’embêter avec cela.
- Tu ne m’embêtes pas. On en reparlera si tu veux. »
C’était terminé, les ouvertures de la maison étaient ensorcelées et protégées. Hermione examinait son travail une dernière fois, vérifiant le tracé de chaque rune lorsque l’idée lui vint. Elle se redressa d’un bond.
« Sirius ?
- Oui ?
- Tu disais que tu étais bon, en runes ?
- Oui, plutôt. »
Il attendait qu’elle poursuive.
« Je crois que tu pourrais m’aider alors. »
Tout de suite, le regard de l’homme se fit plus sérieux et il se rapprocha. Alors qu’elle le voyait si proche, si enclin à l’aider, elle fut alors submergée d’un sentiment de honte. Pourquoi ne lui avait-elle pas demandé plus tôt ? Bien sûr, elle ignorait qu’il était un fin connaisseur de runes, mais après tout, il était le premier concerné par l’accident dans la salle du Voile, et elle réalisait, qu’elle l’avait tenue à l’écart de ses recherches. En fait, il ignorait probablement tout de ce qui s’était passé, Harry n’y comprenant rien, il n’avait pas pu lui en parler, et elle-même n’avait jamais songé à l’impliquer. Une fois de plus, ils l’avaient tenu à l’écart. Alors que ces pensées faisaient leur chemin, la voyant immobile, Sirius s’inquiéta.
« Hermione ? Tout va bien ? Tu as un air étrange ?
- Oui, oui ça va, répondit-elle, la voix rendue rauque par l’émotion. »
-
Elle ne s’était pas rendue compte que ses yeux s’étaient humidifiés.
« Hermione ?
- Oh Sirius, je suis désolée ! J’aurais dû te parler de toute cela plus tôt »
Aussitôt elle se lança dans une tirade s’excusant de l’avoir tenu à l’écart des recherches sur le Voile. Au fur et à mesure qu’il comprenait, Sirius se crispait. Son visage était fermé, froid. Et une fois de plus Hermione sentit une aura glaciale l’entourer.
« Je suis sincèrement désolée Sirius. Je crois qu’au fond de moi, je te vois encore comme cet homme un peu immature qui faisait le pitre et voulait absolument se battre. Je te vois, tel que je pensais que tu étais à l’époque. J’ai du mal à te considérer comme un adulte responsable, car l’adolescente qui te connaissait ne te voyait pas ainsi. Je t’ai probablement infantilisé, et c’était irrespectueux. »
Elle s’embrouillait dans ses explications et avait considérablement pali. Il acquiesça silencieusement.
« Je comprends. De mon côté, j’ai aussi du mal à te considérer comme une adulte, à me dire que tu m’aides alors qu’hier encore tu étais une adolescente agaçante.»
Même si les mots ne l’étaient pas, son ton était dur et elle garda le silence. Peu à peu, le visage de Sirius se détendit et un peu de chaleur revint dans son regard.
« Je ne t’en veux pas Hermione. Le moins que l’on puisse dire c’est que c’est une situation atypique. Je vois que tu fais de ton mieux, et je te suis très reconnaissant de tout ce que tu fais pour m’aider.
- Laisse-moi quand même me rattraper, en t’expliquant tout maintenant. »
Ils descendirent dans la cuisine. Il faisait froid et Sirius proposa d’allumer un feu. Sensible à son changement de ton, et ravie qu’il ne soit plus fâché, elle acquiesça. Elle lança un « accio », et les dossiers et parchemins lévitèrent jusqu’à elle. D’un coup de baguette elle leur intima de se poser sur la table. Elle s’installa sur le banc. Dans son dos la cheminée ronronnait, dispersant une lumière et chaleur douces. Elle regarda l’ensemble des notes, manuscrits et traductions, mais pour la première fois depuis des jours, elle ne sentit pas son estomac se nouer, ni l’abattement la saisir. Quelque chose s’était dénoué en elle. Le feu dans son dos et les parchemins devant elle, lui rappelait la salle commune de Gryffondor quand elle y révisait. Elle se sentait apaisée pour la première fois depuis longtemps. Lorsque Sirius se glissa sur le banc à côté d’elle, avide et soucieux à la fois qu’elle lui explique tout, elle sentit que les mystères sur lesquels elle achoppait depuis des semaines, étaient sur le point d’être levés.
End Notes:
J'espère que vous avez aimé ! N'hésitez pas à commenter, ça fait toujours plaisir ! :)
Chapitre 7 - Dans le cercle by Saam
Author's Notes:
Et voilà un nouveau chapitre, j'ai un peu de temps pour moi en ce moment donc j'en profite ! J'espère que vous aimerez, bonne lecture !
Un tapotement, sec et régulier, sortit Hermione de son sommeil. Encore soulée de nuit, elle roula sur le côté et attrapa sa montre. 7h20. La nuit avait été courte. Le bruit persista et elle tendit l’oreille pour le localiser. Il venait de la fenêtre, le temps que sa vision s’ajuste et se précise, elle repéra deux chouettes grises derrière la vitre. Le courrier. Elle sortit du lit et enfila sa robe de chambre, puis, toujours frigorifiée, elle passa une lourde écharpe sur ses épaules. Elle adressa un regard aux chouettes, leur faisant signe de descendre, et elle prit la direction de la cuisine. Déjà devant la porte-fenêtre les deux oiseaux à l’air intelligent patientaient, et ils n’étaient pas seuls. Elle reconnue Mauricette, la chouette de Ginny, et le l’oiseau grand duc de Département de Justice Magique. N’ai-je pas le droit à un peu de tranquillité alors que je suis malade ? maugréa Hermione en voyant le lourd colis attaché aux serres du grand duc. Elle se reprit aussitôt, elle n’était pas du tout malade, et elle avait des responsabilités. Elle ouvrit la fenêtre et les trois oiseaux s’engouffrèrent, Mauricette la première, donnant des coups d’ailes aux autres pour être la première. Attendrie Hermione lui fit une caresse sur le crâne.
« Tu me rappelles quelqu’un ? Tu n’as pas connu Coq toi, hein… »
Elle détacha patiemment les parchemins et colis aux pattes des oiseaux et chercha dans ses placards les quelques graines qu’elle réservait pour le courrier. Elle versa une poignée dans deux bols et les posa sur la table. Au même moment, Sirius entrait dans la cuisine. Il s’arrêta sur le seuil, surpris de voir tous les oiseaux puis son visage se détendit.
« On dirait que même malade, tu es attendue par le travail, constata-t-il.
- J’ai eu la même pensée. »
Ils se sourirent, un peu embarrassés. La veille, ils avaient été très occupés, à protéger la maison puis à traduire les runes. Dans la connivence du travail ils avaient oublié leur malaise réciproque, mais dans la lumière claire de la matinée, ils ne pouvaient nier qu’ils étaient gênés en présence l’un de l’autre. Et pour cause… la situation n’aurait pu être plus étrange. Alors qu’il avait les yeux baissés sur le journal, Hermione en profita pour épier Sirius. Il avait beau avoir les mêmes traits, le même visage que l’homme qu’elle avait connu, le Sirius devant elle demeurait un étranger. Elle se souvenait d’un homme complexe, maussade, brisé, narquois mais aussi drôle et tendre avec ses proches. Mais le Sirius devant elle demeurait un mystère, pourtant c’était elle qui avait changé. Mais, même du temps de l’Ordre, au Square Grimmaurd, ils n’avaient jamais été très proches. Sirius échangeait beaucoup plus avec Ginny, les jumeaux et Harry, et elle pour sa part était plus amie avec Rémus. L’espace d’un instant elle se demanda à quoi tenait son affection et son amitié pour Sirius ? Leur loyauté commune envers Harry, sans doute. Elle se força à quitter ses pensées, elle ne se connaissait que trop bien, si elle commençait à raisonner sur le sujet, elle ne pourrait plus s’arrêter. Or, plus elle y pensait, et plus la situation la mettait mal à l’aise. Elle décida donc de prendre le parti inverse et de se montrer chaleureuse.
Elle fit sortir les oiseaux – Mauricette traîna la patte – puis proposa du thé et des biscuits. Assis l’un en face de l’autre ils déjeunèrent. Ce fut Sirius qui rompit le silence en premier, en lui demandant depuis quand elle vivait dans la maison.
« Oh, depuis deux ans. J’ai emménagé ici quand nous nous sommes séparés avec Ron.
- Je croyais que votre séparation était plus récente. »
Elle secoua la tête.
« Hm, la plupart des gens l’ignore en fait. Nous avons gardé cela pour nous un moment. Et puis Rose était si petite. Nous voulions qu’elle ait ses deux parents auprès d’elle.
- Rose a le même âge qu’Albus c’est bien ça ?
- Oui c’est cela.
- Harry me l’avait dit, mais je n’étais pas sûr. Et il y a eu… tant d’informations en même temps. Vous avez été très occupés. »
Il l’avait dit avec le sourire, mais elle sentit tout de même une pointe d’amertume dans sa voix.
« Tu t’habitueras à ces changements. Et si parfois tu oublies le nom des enfants de Percy, personne ne t’en tiendra rigueur. Je confonds toujours Lucy et Molly ! ».
Il lui adressa un sourire rayonnant. Il était touché par les efforts qu’elle faisait, qu’ils faisaient tous, pour l’intégrer dans leur quotidien. Ils étaient sincèrement persuadés que sa place était auprès d’eux, et de leur famille, comme s’il avait toujours été là. Les Weasley avaient toujours été particulièrement accueillant. Et Harry… ressemblait à son père. Pendant quelques secondes il se sentit ramené des années en arrière, alors qu’il avait quitté la maison de ses parents et qu’il était arrivé chez les Potter. Avec simplicité et chaleur, ils lui avaient ajouté un couvert, puis un placard, et enfin un second lit dans la chambre de James. Il y avait eu des gens pour le recueillir. Ce que faisait aussi Hermione, finalement, à sa façon. Elle le recueillait, l’hébergeait, le soutenait, l’aidait. Alors qu’elle ne lui devait rien. Il y avait eu des gens… pas à chaque fois, mais il s’accrochait à ceux-là. Mais ce sentiment d’exil, qu’il ressentait depuis ses dix-sept ans, battait toujours plus fort dans sa poitrine.
Une fois de plus, Hermione fixait Sirius alors qu’il s’était perdu dans ses pensées. S’en apercevant, il revint à lui.
« Si tu es restée fidèle à la jeune fille organisée et studieuse que j’ai connue il y a bien longtemps, j’imagine que tu as un plan d’attaque pour la journée, dit-il pour orienter la conversation vers un autre sujet.
- Oui, en effet. Je voulais t’en parler. Maintenant que nous sommes à l’abris des regards indiscrets, la priorité est de découvrir… la… la force magique qui te possède.
- Ou la personne.
- Ou la personne. Mais je penche plutôt pour la force magique.
- Ah oui ?
- Dans quatre-vingt quinze pour cent des cas de possession par une personne, ou entité pensante, le possesseur parle, ou s’exprime à travers le possédé, cita-t-elle.
- Tu as eu le temps de faire des recherches ? Quand ? Au Terrier ?
- Non, cette nuit. J’ai quelques livres sur le sujet dans ma bibliothèque.
- D’accord… Et, est-ce que c’est une bonne ou une mauvaise chose ? »
Elle haussa les épaules derrière sa tasse de thé.
« Ca dépend. »
Rien de tout cela ne rassurait Sirius. Hermione le vit et chercha à atténuer ses propos.
« J’ai fait une liste d’examens à faire, nous en saurons bientôt plus. »
Elle sembla se souvenir de quelque chose, et pâlit en le regardant d’un air paniqué.
« Qu’y a-t-il ?
- C’est que… je suis désolée Sirius. Mais certains des tests qui sont prescrits, seront franchement désagréables.
- Tu veux dire douloureux ?
- Oui. »
Il haussa les épaules.
« Cela m’aurait étonné, dit-il d’un ton sarcastique. Alors, par quoi on commence ?
- La première étape est de préparer la potion de Somlatence. Cela va nous aider à mettre ta conscience en sommeil, pour faire surgir la force magique. Nous ne l’utiliserons pas aujourd’hui, mais il y a un temps de repos assez long.
- Tu me dis que la potion va en quelque sorte annihiler ma conscience.
- Oui pour faire la place à la chose qui te possède. »
Sirius frissonna.
« Je n’aime pas beaucoup ça.
- Je comprends. Mais le dosage sera parfait, et ce sera temporaire. Moins de deux heures.
- Deux heures hors de moi-même, cela me parait déjà très long.
- Je serai là à chaque minute. Et il existe des potions qui inverse l’effet, on peut en préparer aussi si cela te tranquillise.
- Non, ne t’en fais pas Hermione. Je te fais parfaitement conscience. »
Elle sourit en réponse puis poursuivit :
« Pendant que la potion sera en cours de préparation, je réglerai les choses que j’ai à régler pour le Ministère.
- Je pourrais continuer à travailler sur les runes si tu le souhaites, cela peut t’avancer dans ton travail.
- C’est très gentil. En effet, cela me ferait gagner un temps précieux. »
Il se leva et d’un coup de baguette envoya la vaisselle du petit déjeuner dans l’évier. L’eau se mit à couler, le savon à mousser, et les tasses se frottèrent sur l’éponge avec une pointe de sensualité, sous les yeux amusés d’Hermione. Il prit la direction de sa chambre, au rez-de-chaussée de l’autre côté du couloir. En montant dans sa propre chambre, la jeune femme songea, qu’ils cohabitaient plutôt bien l’un avec l’autre, pour le moment.
Pendant qu’Hermione ignifugeait la cuisine, nettoyait le chaudron à la poudre d’os, et lançait un feu magique, Sirius une liste d’ingrédients à la main fouillait dans le placard à ingrédients. Une fois son plateau rempli, il redescendit à la cuisine.
« Tu as un placard bien rempli… Je suis presque certain que l’œil de Verdule est strictement contrôlé et interdit à l’usage personnel. Sans parler de la poudre d’or d’esprit des Palagamas, très rare, et très puissante… »
Elle piqua un fard.
« Oui… je… je n’en suis pas très fière. C’est en effet parfaitement interdit. Mais personne ne viendra jamais vérifier ici. Mais pour tout te dire, j’ai un peu honte de profiter ainsi de mes privilèges. »
Il s’esclaffa.
« Hermione, c’est à peine un vrai délit. Et puis, tant que tu ne t’en sers pas pour faire du tort à quoique ce soit…
- Oh non ! L’œil de Verdule est nécessaire au Tue-Loup, j’en fournis un peu à Andromeda, pour Teddy.
- Quoi ? Teddy… Teddy a hérité de…, s’affola Sirius.
- Non, non ! Enfin… disons que lors des pleine-lunes, il est particulièrement agité, il dort peu, hurle, et il est patraque quelques jours après. La potion est une version modifiée, elle fait totalement disparaître les symptômes. »
Sirius se détendit, mais son visage garda un air soucieux.
« Teddy va très bien Sirius.
- Il irait mieux s’il avait ses parents. »
Hermione se flagella mentalement, elle avait parlé trop vite, mais Sirius ne semblait pas fâché, ou agacé, seulement il compatissait pour le jeune garçon.
« Oui bien sûr, je voulais simplement dire que la lycanthropie ne sera jamais un handicap pour lui. Rémus avait fait ses recherches, il n’aurait jamais accepté sinon.
- Et la poudre ? Tu t’en sers pour quoi ?
- Oh, ça fait un très bon engrais ! Et quelques petites expériences de-ci de là. »
Sirius la regarda avec étonnement. Il ignorait ce trait de sa personnalité, il lui avait toujours semblé que du trio, c’était Harry le plus enclin à manipuler les règles, et il découvrait qu’Hermione sous ses dessous quelques peu légalistes, savait tout aussi bien s’en affranchir. Il posa devant elle le plateau d’argent recouvert des ingrédients nécessaires à la potion. Elle vérifia d’un rapide coup d’œil et l’invita à lire la recette. C’était une potion plutôt complexe mais il ne doutait pas qu’elle serait réussie. Elle lui tendit une paire de gants en peau de dragon, et des lunettes de protection. Il fit d’abord mine de les refuser mais elle insista.
« Bon, allons’y »
La potion continuait à mijoter à feu doux, toutes les quinze minutes, Sirius allait tourner trois fois dans le sens des aiguilles d’une montre. Hermione quant à elle, profitait de ce moment de calme pour étudier le courrier qu’elle avait reçu. Sans surprise, le grand duc, envoyé par Selma et Thomas lui avait apporté son lot de lettres, et de dossiers urgents, la plupart concernait le projet de loi. Goldstein du Département des Mystères avait envoyé un parchemin long de deux mètres qui contenait le rapport d’un spécialiste français sur la Sphère. Il en avait étudié les proportions, le poids, le verre, la densité du verre et d’autre choses encore, et en avait tiré apparemment de nombreuses conclusions. Enfin, il y avait une petite carte d’Harry et Ginny, également signée par James et Albus, qui leur souhaitait un bon et prompt rétablissement. Elle la montra à Sirius. Elle décacheta la dernière enveloppe, elle contenait un mot de Trevor Bones. Il lui souhaitait un bon rétablissement puis, il dissertait sur la nécessité de marcher ensemble, liés dans l’adversité, contre les dangers du conservatisme. Il ne le mentionnait pas, mais Hermione savait qu’il faisait référence à Frank Smith, son adversaire politique et leader du parti opposé, Traditions Sorcières. Décidément, ces querelles intestines ne lui avaient pas manquées, elle espérait que d’ici son retour officiel au Ministère, la phase 2 du projet de loi aurait été également approuvée par le Magenmagot, ainsi, elle n’aurait pas à recommencer les interminables réunions du Comité.
Elle empila devant elle, les dossiers que lui avaient envoyés ses assistants. Heureusement, ils avaient eu la bonne idée de les trier par ordre de priorité. Elle signa aussitôt la demande d’asile de Nissa Shouk, une chercheuse soudanaise menacée par les conflits armés dans son pays. Puis elle signa un autre rapport concernant la phase deux du projet de loi. Il s’agissait d’un compte-rendu très détaillé à propos des recherches qui avaient été menées chez des particuliers volontaires : elle recensait les objets découverts, et listait les problèmes rencontrés, ainsi que les solutions trouvées. Le protocole de fouille semblait s’être bien rodé après plusieurs semaines et elle songea qu’il serait bientôt viable à grande échelle. Venait ensuite la demande d’appel d’un homme condamné par le Magenmagot pour avoir prostitué sa fille, une demi-vélane, depuis ses seize ans jusqu’à ses vingt-trois ans. L’affaire était absolument sordide et Hermione parapha sous Kingsley, qui refusait la demande de libération. Cet homme resterait en prison jusqu’à ce qu’il se soit soigné, et ait purgé sa peine.
Elle était absolument absorbée par son travail, et elle ne faisait plus attention à Sirius. Lorsqu’il l’appela elle sursauta.
« Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur.
- Ce n’est rien.
- Je te demandais si tu voulais un thé.
- Avec plaisir merci. »
Elle regarda sa pile de dossier et poussa un soupir.
« Je crois que je vais faire une pause, en fait. Après tout, je suis malade, et je dois me reposer. »
Elle alla vérifier la potion, sa couleur était parfaite, d’un jaune moutarde soutenu. Il faudrait bientôt passer à la phase finale de la préparation, puis respecter le délai d’attente de trois jours. Sirius lui tendit une tasse, et elle renifla le délicieux arôme de la bergamote. Elle sentait la vapeur d’or baigner son visage, et la réchauffer.
« Tu as avancé sur la traduction des runes ? demanda-t-elle à Sirius.
- Un peu, je pense que l’on devrait utiliser le tableau d’équivalence de Terry Monroe pour vérifier le premier paragraphe. Si c’est correct, cela veut dire que nous sommes bien partis, sinon, il faudra continuer à chercher.
- Je ne me souviens pas de cette technique, on l’avait apprise en cours…
- Le tableau ? Je m’en souviens assez bien. Ce n’est pas très difficile mais c’est long, je m’en occupe si tu veux.
- Merci beaucoup Sirius. J’ai reçu un rapport sur la Sphère, tu peux le lire, cela nous aidera peut-être à comprendre le livre. »
La jeune femme allait lui proposer de commencer immédiatement les autres tests prévus sur sa liste, lorsqu’un miaulement perçant retentit. Pattenrond venait d’entrer dans la pièce, et il les regardait fixement.
« Bah alors, où étais-tu passé toi ? Cela faisait longtemps que je ne t’avais pas vu ! »
Pour toute réponse, le chat passa près d’elle sans un regard avant de se diriger vers Sirius et de se frotter allégrement contre ses jambes.
« Pattenrond ? »
L’homme se pencha et attrapa le chat qui se laissa faire. Une fois dans les bras de Sirius, il se roula et exposa son ventre en réclamant des caresses. Hermione était tout à fait surprise, Pattenrond n’agissait comme ça qu’avec elle et Rose, il n’avait jamais accepté Ron, et il détestait tous les inconnus. Mais Sirius n’était pas un étranger, se souvint Hermione.
« On dirait qu’il se rappelle de toi.
- C’est un chat très intelligent, dit Sirius. Hein mon gros ? Tu dois être bien vieux maintenant.
- Oui, je ne sais pas quel âge il avait quand je l’ai adopté, mais il doit approcher de la vingtaine.
- Il m’a l’air plutôt solide. »
Le chat se débattit un instant pour qu’on le repose par terre et Sirius s’exécuta.
« A plus tard, mon vieux, dit-il puis il se tourna vers Hermione. Tu allais dire quelque chose ?
- Oui, je pensais te proposer de commencer les tests.
- Allons ’y. Plus vite on sait ce qui se passe, et plus vite on s’en débarrasse. »
Hermione appela son livre de sortilèges avancés, qui vint s’ouvrir dans ses mains. Elle relut la page en diagonal et posa l’ouvrage sur la table de la salle à manger. D’un coup de baguette elle repoussa les meubles contre les murs afin de ménager de la place au centre de la pièce. Elle fit rouler le tapis sous le regard interrogatif de Sirius.
« Je ne voudrais pas qu’il brule, se justifia-t-elle.
- Très rassurant.
- Tout va bien se passer.
- Mais ça va être douloureux.
- Oui.
- Mais ça va aller quand même ? fit-il avec sarcasme.
- Oui, je serai toujours là, et je pourrai arrêter à tout moment. »
Il sembla se tranquilliser. Elle traça avec du sable noir un cercle au sol et disposa des bougies sur le cercle de façon à former un triangle. Le tétraèdre était la matrice du feu, et c’était cette énergie qu’elle devait manipuler. Lorsque tout fut prêt, elle fit signe à Sirius. Il s’avançait vers le cercle lorsqu’elle l’arrêta.
« Attend, il faut que tu enlèves ton tee-shirt.
- Sérieusement ? »
Elle piqua un fard et plongea la tête dans son livre de sortilèges.
« Oui, c’est écrit dans les consignes. »
Il haussa les épaules et ôta son tee-shirt. Hermione baissa les yeux, très attentive à ne surtout pas le regarder. C’était très gênant d’être dans la même pièce qu’un homme torse-nu, lorsqu’il n’était ni votre ami proche, ni votre amant, ni même de votre famille, enfin, surtout lorsqu’il était Sirius Black. Elle avait les joues encore empourprées lorsqu’elle leva les yeux. Elle se racla la gorge.
« Tu peux entrer dans le cercle. »
Il obéit et se mit au centre du triangle. Un courant d’air se leva dans la pièce, signe que la magie était présente, prête à être manipulée.
« Bien, je vais commencer. Il faut que tu évites de bouger, et que tu ne parles pas, sauf si tu veux arrêter. »
Il hocha la tête.
« Et, je te préviendrai, quand ça commencera à faire mal. »
« Spiritus Magice » appela Hermione.
Un vent léger, se leva dans la pièce. Le vent était toujours là, présent, même s’il ne se manifestait pas, de tous les éléments c’était le plus simple à manipuler. Mais aujourd’hui, Hermione avait besoin du feu. En pointant sa baguette sur la première bougie elle l’alluma. Le courant d’air sembla se concentrer sur la flamme, qui vacilla mais ne céda pas. Le vent voulait toujours la primauté.
« Spiritus Magice », répéta Hermione.
Encore une fois, une brise parcourut la pièce. Du coin de l’œil elle vit un frisson passer sur le torse de Sirius. La flamme vacilla, mais ne s’éteint pas. Soulagée et concentrée, Hermione en alluma une seconde, et une fois de plus elles tinrent bon contre les derniers assauts du vent.
« Spiritus Magice ».
Le vent se leva, plus fort. Sans attendre, Hermione alluma la dernière bougie. Aussitôt le vent tomba et les flammes brillèrent plus fort, pleines d’une ardeur renouvelée. La jeune femme se détendit. Cela avait marché. Dans le cercle, Sirius immobile la fixait. Elle lui fit un sourire rassurant. La jeune femme prit le livre entre ses mains et commença à réciter l’incantation.
Sirius sentit une vague chaleur s’étendre dans sa poitrine mais sans être douloureuse. Hermione venait de commencer les tests. Une heure passa, et aucuns sortilèges n’avaient été concluants. Sirius commençait à être fatigué, il sentait que l’expérience magique le drainait de ses forces, et il appréhendait le moment où cela deviendrait douloureux. La voix concentrée d’Hermione qui s’adressait à lui, le sortit de ses pensées embrumées.
« Sirius, cela va faire mal maintenant. »
Evidemment, songea-t-il. Elle s’approcha, et pointa sa baguette sur son torse. Il la regarda fléchir et tourner le poignet, et aussitôt une brulure lui saisit la poitrine. Un feu ardent qui se déplaçait sous sa baguette sous sa peau, traçant un symbole qu’il ne pouvait pas reconnaitre. Il serra les dents. Hermione le surveillait du coin de l’œil, sans cesser de répéter en boucle la formule. Elle le vit tressaillir mais elle reporta son regard sur sa peau à l’affut d’un signe, d’une réponse à l’incantation. Elle passa par-dessus ses tatouages. Il s’était tatoué des runes et lorsqu’elle passa sa baguette dessus, une brume dorée s’en élevait. Il avait l’impression que sa peau essayait de s’arracher, que chacun de ses muscles étaient contractés et ne pourraient jamais se détendre. Le temps avait cessé de s’écouler.
Lorsqu’Hermione baissa sa baguette et que la douleur disparut soudainement, il sentit la chaleur disparaitre de son corps, la brulure ne lui manquait pas, mais cette sensation de douce chaleur dans sa poitrine avait été réconfortante. Les bougies s’éteignirent et Hermione lui dit qu’il pouvait sortir du cercle. Il ne la vit pas disparaitre mais elle réapparut quelques secondes plus tard avec une couverture et un thé chaud qu’elle lui mit entre les mains pendant qu’elle le couvrait.
« Tu vas avoir très froid pendant quelques heures, c’est normal. Et tu vas être fatigué. Ca va ? J’ai fait aussi vite que possible. »
Il hocha la tête. Cela avait été un moment particulièrement désagréable, mais jamais il ne s’était senti en danger. Il était tout simplement épuisé. Il se laissa tomber dans le canapé.
« Alors ? qu’as-tu découvert ?
- Et bien, déjà tu n’es pas possédé par un esprit. Ce qui est une bonne nouvelle. Et je peux confirmer que quoique ce soit, c’est situé dans ta poitrine.
- Et ?
- Et c’est tout. »
Elle eut l’air navré devant sa déception.
« C’est déjà bien plus qu’hier à la même heure, lui rappela-t-elle d’une voix douce.
- Oui bien sûr, excuse-moi. C’est juste que j’espère être libéré de ça le plus vite possible. »
Elle posa une main réconfortante sur son avant-bras et à son tour se laissa aller dans les coussins. Elle était fatiguée également, ces rituels magiques demandaient beaucoup d’énergie.
« Nous continuerons demain. »
Le lendemain matin, après un copieux petit déjeuner, ils recommencèrent. Ainsi que le surlendemain. Cette fois-ci fut moins pénible pour Sirius qui savait désormais à quoi s’attendre. Hermione également, était plus efficace et ils purent s’arrêter à midi. Ils étaient affamés et exténués. En même temps qu’ils mangeaient, Hermione lui faisait part de ses conclusions.
« C’est donc sans aucun doute une force magique, mais elle m’est parfaitement inconnue. J’ai testé toute celle que je connaissais, les plus connues, mais elles n’ont pas répondu. Je devrais peut-être changer d’élément, et essayer l’air ou la terre, mais cela serait étonnant alors que tu es clairement un héritier du feu. Maintenant que la potion est prête, nous allons pouvoir préciser nos recherches, et essayer de la contacter. Et ce sera indolore, je te le promets. »
Elle le regarda avec douceur. Sa peau était rouge là où la brulure magique l’avait touchée. Les sortilèges répétés avaient eu raison de lui, et il y avait une cloque qui se formait sur son pectoral droit. Le contact du tissu était trop douloureux, aussi restait-il dénudé alors même qu’il était frigorifié. Lorsqu’il surprit son regard elle rougit.
« Le dictame serait inefficace. Mais je peux essayer l’essence de Marjolaine.
- Ca ira.
- Inutile de souffrir Sirius. Je soignerai ça après manger. »
Après le repas, Sirius épuisé se mit sur le canapé avec un rouleau de runes à traduire. Pendant qu’il travaillait tout en récupérant ses forces, Hermione se doucha, puis elle chercha l’essence de Marjolaine. Il lui en restait suffisamment pour soigner les brulures de Sirius, mais après il faudrait s’en reprocurer. Elle descendit et trouva Sirius assoupi, Pattenrond sur les genoux. Elle sourit devant cette scène étonnante. Il avait l’air paisible ainsi endormi une main dans la fourrure rousse. Elle s’approcha et s’assit à côté de lui. Elle hésita un moment. Elle aurait pu le soigner pendant qu’il dormait. Il suffisait de quelques gouttes et d’un massage circulaire du bout des doigts, pas plus de cinq minutes.
Une impression étrange la saisit alors qu’elle fixait le torse avec hésitation. Alors qu’elle approchait sa main, elle trembla et se recula aussitôt. Non, décidément, elle ne pouvait pas. L’idée de toucher Sirius était étonnement déstabilisante. Elle posa le flacon sur la table et se leva. Elle était trop fatiguée, songea-t-elle, elle n’avait plus les idées claires.
Elle se dirigea vers la cuisine et fit chauffer de l’eau. Assise à la petite table de repas, elle se lança dans la lecture d’un magazine. Elle se sentait également s’assoupir. Un bruissement lui fit lever la tête. Dans le salon, les rideaux s’agitaient sans raison. Elle se leva. Les bibliothèques étaient soulevées de tremblements qui redoublèrent lorsqu’elle entra dans la pièce. Comme chez les Weasley, les cadres tombèrent des murs. Heureusement, il n’y avait pas de vaisselle songea Hermione. Sirius n’était plus sur le canapé, il se tenait devant la fenêtre, son regard vide fixait l’extérieur sans le voir. Elle chercha sa baguette dans sa poche et avec stupeur constata qu’elle ne l’avait pas. Elle se souvint alors. Elle l’avait laissée dans la cuisine, près de sa tasse de thé. La fatigue lui avait fait oublier la prudence la plus élémentaire. Elle reculait doucement vers la porte lorsqu’il se tourna vers elle. Aussitôt, les objets de la pièce quittèrent les tables et étagères et s’envolèrent vers le ciel, puis se dirigèrent vers elle. Un cadre se brisa sur son coude alors qu’elle cherchait à protéger son visage.
« Sirius ! »
Mais il ne servait à rien de l’appeler. Les rideaux et tissus dansaient autour d’elle, lui prenant les jambes. Elle n’arrivait pas à atteindre la porte. Le tapis se souleva sous ses pieds et elle trébucha. Elle sentit sa cheville se tourner et la douleur affluer vivement. Elle se redressa au prix d’un grand effort. La douleur lorsqu’elle appuya son pied par terre était terrible mais elle réussit à faire quelque pas. Puis une bibliothèque tomba à quelques centimètres d’elle. Elle poussa un cri de terreur et se tourna juste à temps pour voir une autre bibliothèque se rapprocher dangereusement. Elle n’eut pas le temps de l’esquiver. Le meuble la heurta de plein fouet et elle s’effondra au sol. Elle put juste amortir sa chute et empêcher sa tête de claquer contre le parquet. Le poids des livres s’abattit sur elle et en quelques secondes, elle avait perdu connaissance.
End Notes:
Alors, qu'en avez-vous pensé ? Avez-vous apprécié ce chapitre ? Un petit commentaire fait toujours plaisir, merci à ceux qui me lisent, et à la prochaine !!
Chapitre 8 - Le secret d'Hermione by Saam
Author's Notes:
Et voilà ! Un autre chapitre (je l'aime beaucoup celui-ci). Je pense que maintenant, j'ai rattrapé le retard que j'avais accumulé depuis la rentrée. Je pense parvenir à maintenir un rythme de publication plus régulier maintenant, un chapitre par semaine, ce serait bien.
J'espère que vous aimerez ce chapitre, bonne lecture !
Une gêne dans le bas du dos, qui s’intensifiait, se muait peu à peu en douleur sourde, et qui s’étendait jusqu’à ses omoplates. Elle sentait que si elle bougeait ses jambes, la douleur s’amplifierait, serait quasiment intolérable. C’est la douleur, qui la réveilla. Hermione ouvrit les yeux. Elle reconnut aussitôt le plafond de sa chambre et se sentit rassurée.
« Hermione ? »
Elle tourna la tête vers Sirius, qui était assis près du lit, blanc comme neige, les yeux injectés de sang. Elle essaya de parler, mais sa gorge était encore trop nouée. Il s’avança vers le lit et attrapa sa main, c’est alors qu’elle se rendit compte qu’elle avait froid, très froid, car la paume de Sirius était brulante contre sa peau. Il s’en aperçut également et remonta le plaid plus haut sur elle, par-dessus la couverture. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis la referma, l’air sombre. Il se rassit sur la chaise, à distance. Il la regarda, croisa son regard qu’il ne put pas soutenir, mais elle eut le temps de voir ses yeux s’humecter. Avec difficulté, elle parvint à se racler la gorge.
« Ce n’est pas ta faute Sirius.
- Si, bien sûr que c’est de ma faute. Je t’ai fait du mal.
- Non, c’est la chose en toi qui m’a attaquée.
- Cela revient au même.
- Non… Non absolument pas. Tu ne me ferais jamais de mal. »
Elle le voyait trembler, et si elle avait pu bouger elle aurait voulu aller le réconforter, mais son dos la faisait trop souffrir et elle redoutait de bouger ses jambes. Elle se contenta de tourner la tête vers lui. Lorsqu’il releva la tête ses yeux brillaient et son visage était contracté.
« C’était une mauvaise idée, on devrait arrêter immédiatement. Je vais t’escorter à Sainte-Mangouste et puis j’irai voir Kinglsey. Il trouvera une solution. Je peux rester enfermé à l’hôpital jusqu’à ce qu’ils aient trouvé, ce ne sera pas si terrible.
- Kingsley t’apprécie beaucoup, et il est heureux que tu sois de retour. Mais il ne pourra pas changer tous les protocoles de sécurité pour toi. Non, Sirius. Nous avons commencé ça ensemble, nous irons au bout.
- Tu avais dit que si je devenais hors de contrôle…
- Tu n’es pas hors de contrôle, la coupa-t-elle. Encore une fois, si j’avais eu ma baguette. »
Il se leva d’un coup et fit quelques pas qu’elle suivit du regard. Elle pouvait voir que tous ses muscles étaient contractés, noués par la colère.
« Cela n’aurait jamais dû se produire ! »
Elle voulut se redresser la douleur dans son dos lui arracha un petit cri. Sirius accourut et l’aida à se réinstaller dans les coussins.
« Je t’ai donné des anti-douleurs il y a trois heures, mais ils doivent avoir cessé de fonctionner. Tu as une fracture du bassin, à droite. Il faut la soigner. Il faut que tu me laisses t’amener à Sainte-Mangouste.
- Tu as fait un diagnostic complet ?
- Oui, ta cheville était tordue mais j’ai pu la remettre en place pendant que tu étais évanouie. Pas de saignements internes.
- Alors inutile d’aller à Sainte-Mangouste.
- Hermione, tu devrais être vue par un spécialiste.
- Tu as déjà fait le nécessaire, un médecin de Sainte-Mangouste ne ferait rien de plus.
- Il reste ton bassin à ressouder.
- Oui, tu peux le faire.
- Je ne suis pas médico-mage.
- C’est comme pour la cheville. »
Il grimaça.
« Il faudrait qu’un médicomage t’examine, on ne sait jamais, j’ai pu passer à côté de quelque chose. »
Il se passa une main sur le visage, il tremblait encore de tous ses membres.
« J’ai pris ma décision, Sirius. » dit-elle d’une voix encore faible.
Il se tourna la tête et fit un signe d’assentiment de la tête.
« Pour ton bassin, il va falloir qu’on te mette sur le ventre. Je vais t’aider mais ça va faire mal.
- Les rôles s’inversent, dit-elle en riant. »
Il l’attrapa par la taille et l’aida à se redresser. Elle était d’une pâleur extrême, et il lui semblait qu’elle allait s’évanouir sous le coup de la douleur. Avec précautions il réussit à la faire basculer sans que son bassin n’ait à pivoter. Malgré tout, des larmes de douleurs lui échappèrent.
« Tu es prête ?
- Vas’y. »
Il pointa sa baguette sur le bas de son dos.
« Vulneribus mederi »
Elle poussa un cri de douleur lorsque le sortilège en agissant ressouda ses os. Après quelques minutes immobiles elle lui demanda sa main pour s’aider à se redresser. Elle pouvait à nouveau bouger et la douleur avait disparu.
« C’est parfait, merci Sirius. »
Elle était blême, et glacée. La peur, l’évanouissement et ses multiples blessures l’avaient vidée de ses forces.
« Que puis-je faire pour toi Hermione ? demanda-t-il après qu’elle se soit réinstallée dans le lit.
- J’ai très froid, dit-elle d’une voix fatiguée, j’ai des bouilloires quelque part, peux-tu…
- Oui bien-sûr. »
D’un « accio », il avait déjà appellé les objets et il se précipita dans la cuisine pour les remplir d’eau qu’il réchauffa aussitôt. Il remonta en grimpant les escaliers quatre à quatre et lui donna les deux bouilloires pour qu’elle les place sous la couette près de ses jambes.
« Merci Sirius. »
Mais quelques minutes plus tard elle continuait à frissonner et elle refusa le thé qu’il lui proposa, se sentant trop nauséeuse pour avaler quoique ce soit.
« J’ai une idée. » fit Sirius.
Du bout des pieds il se débarrassa de ses chaussures, puis ôta son pull.
« Tu permets ? demanda-t-il en montrant le lit. Elle hocha la tête et il se glissa sous la couette. Il se rapprocha et ouvrit les bras pour qu’elle puisse venir se reposer contre lui. Il la vit hésiter quelques secondes, mais elle devait sentir sa chaleur car elle finit par venir se blottir. Il ramena la couette sur elle, puis le plaid par-dessus eux pour qu’elle soit parfaitement emmitouflée.
« Tu es brulant, constata-t-elle en s’appuyant contre son torse.
- Oui, il parait que je tiens un peu de l’élément du feu. »
Elle pouffa de rire.
« Merci beaucoup, tu n’étais pas obligé.
- C’est normal. Pour une fois que je peux servir à quelque chose… »
Quelques minutes plus tard, il la sentait moins glacée entre ses bras. Cela fonctionnait. Comme quoi songea-t-il, les vieilles astuces sont souvent les plus efficaces.
« Je devrais quitter la pièce, on ne sait jamais, ça pourrait recommencer. » dit-il en se redressant un peu.
Elle répondit, sans avoir la force d’ouvrir les yeux.
« Non, inutile, reste. Quoique ce soit, ça a dépensé toute son énergie pour la dernière crise.
- On ne peut pas en être sûrs.
- Moi je le peux, dit-elle en ouvrant les yeux et en s’efforçant de les lever vers lui. »
Elle relaissa tomber sa tête sur son épaule, et il remonta la couverture qui avait glissé. Elle poussa un soupir d’aise. Sa tête dodelinait déjà de sommeil.
« Ne t’inquiète pas Sirius, je suis en parfaite sécurité. Tu devrais te reposer aussi. »
Sa voix se transforma en murmure et elle se tût. Il resta parfaitement immobile, il osait à peine respirer. A peine quelques minutes plus tard elle s’était endormie. Son souffle était lent et régulier. Au fur et à mesure, Sirius sentit ses muscles se détendre. La fatigue le gagnait lui aussi, mais il n’osait pas s’assoupir, de peur de bouger et de la réveiller. Il se redressa légèrement, le plus doucement possible, pour que son dos prenne appuie contre la tête de lit.
Cela faisait peut-être une demi-heure, peut-être plus qu’il était ainsi. Pattenrond entra dans la pièce et lui jeta un regard soupçonneux. Estimant apparemment que la situation était sous contrôle, il grimpa sur le lit et se roula en boule contre les jambes d’Hermione. C’était de loin la scène la plus étrange qu’il avait été donné à Sirius de vivre depuis… des années. Revenir d’entre les morts et être possédés était bien moins bizarre pour lui, que de se retrouver dans le lit d’Hermione Granger, la tenant dans ses bras, et cela même en tout bien tout honneur. C’était à tout point de vue perturbant de tenir contre lui, si étroitement serré un corps chaud, féminin. C’était bien différent que d’étreindre Harry, que de câliner les enfants. C’était… réconfortant, doux et chaud. Il n’avait pas tenu quelqu’un ainsi dans ses bras depuis… Marlène. Il sentit son estomac se serrer. Comme si elle avait senti la tension qui l’avait parcouru, Hermione remua doucement. Il se figea et le souffle d’Hermione reprit son rythme régulier. Il posa la tête contre le mur et leva les yeux vers le plafond. Comment sa vie avait-elle pu devenir à ce point, hors de contrôle, hors de toute logique ? Il y a encore quelques semaines, il était au Square Grimaurd, attendant les visites de Dumbledore ou de Rémus, et d’un seul coup, en se réveillant d’une longue nuit, il s’était écoulé plus de dix ans. Rémus, Dumbledore étaient morts. Voldemort n’était plus. Harry était devenu un homme. Lui-même était possédé par une force magique mystérieuse. Et Hermione, qui n’avait plus grand-chose de la jeune fille qu’il avait connue, lui offrait son silence et son aide et devenait en quelques jours son plus grand soutient.
Il baissa les yeux sur son visage endormi. C’était agréable songea-t-il, de la tenir dans ses bras. Le bruit de son souffle lent, était apaisant. La chaleur qu’il partageait, était douce et confortable. Aussi déroutante soit-elle, la situation était étrangement réconfortante. Il éprouva un vague sentiment de culpabilité à tirer un tel plaisir des circonstances. Mais, il ne faisait rien de mal pourtant, pensa-t-il.
Le lendemain, après une nuit de sommeil et un repas copieux, Hermione était tout à fait rétablie. Elle sentait confusément que cet épisode avait fait évoluer sa relation avec Sirius. Il semblait s’être ouvert, et était moins sur la défensive. En revanche, il paraissait se sentir coupable de ce qui s’était passé et était anxieux à l’idée que cela recommence. Il s’était mis en tête de prévenir le moindre danger. Il avait pris l’habitude de changer de pièce lorsqu’elle était quelque part, il s’arrêtait sur le seuil pour discuter de façon à ce que les protections magiques l’empêchent de passer en cas de nouvelle crise.
« C’est ridicule Sirius, entre ! lui dit Hermione pour la dixième fois de la journée, en le voyant appuyé au chambranle de la porte et qui rechignait à entrer.
- Tu as ta baguette près de toi ?
- Dans ma poche. »
Il grimaça mais entra malgré tout, et s’installa à table, en face d’elle. Il avait l’air en forme, malgré les cernes qui lui noircissaient les yeux. Les brulures sur son torse avaient guéri et il ne gardait aucunes séquelles de la crise de possession. Hermione avait remarqué qu’il s’était détendu en sa présence. Il semblait enfin lui faire confiance, et avoir accepté la sienne. Ce changement d’attitude la réjouissait, pourtant elle sentait une insistance dans son regard, comme s’il hésitait à lui faire part de quelque chose. Elle leva les yeux vers lui, et croisa le regard gris de Sirius. Il la fixait avec curiosité.
« Qu’y a-t-il Sirius ? demanda-t-elle.
- Je me pose des questions, dit-il d’une voix grave. »
Elle se redressa sur sa chaise et l’écouta avec attention
« Je pense que tu me caches quelque chose. Enfin, pas uniquement à moi à tout le monde. »
Elle haussa un sourcil derrière sa tasse de thé fumante. Le regard de Sirius se perdit un peu dans le vague puis revint se poser sur elle. L’intensité de cette œillade lui déclencha un frisson. Que pouvait bien avoir découvert Sirius ?
« Et sur quoi pourrais-je mentir ? dit-elle en essayant de prendre un ton amusé.
- Sur ta magie. »
Elle resta figée une demi-seconde. Il était sérieux, l’œil grave. Elle s’efforça de cacher son malaise. Il l’examina, attendant de voir si elle allait répondre. Voyant qu’elle restait silencieuse il continua.
« J’ai vu beaucoup de chose pendant mon exil après Azkaban. Je devais me cacher, je changeais fréquemment d’endroit. J’ai beaucoup voyagé et j’ai fréquenté des sorciers et des sorcières de tous les horizons. C’est ainsi que j’ai compris que la magie était bien plus complexe que ce qu’on nous apprend à Poudlard. Bien moins… linéaire. Infiniment plus puissante, plus diversifiée. Certains de ses sorciers et sorcières faisaient des choses incroyables, aussi tranquillement qu’on lance un lumos. »
Elle ne disait rien et l’écoutait. Au fond d’elle, le jour se faisait et elle devinait ce qu’il allait lui dire. Elle aurait dû se sentir acculée, découverte, mais elle se sentait calme. Elle était prête. Il était temps songeait-elle, qu’elle partage ce secret, et le faire avec Sirius, lui semblait à cet instant, la chose du monde la plus naturelle.
« Ce que tu as fait en appelant le feu, ou avec les runes… ou tes sortilèges informulés. Tu penses que personne ne voit rien. Mais je t’ai vue. Tu pratiques les informulés toute la journée, sans même t’en rendre compte parfois. Cette magie, elle ne s’apprend pas à Poudlard. Et je doute que tu aies tout appris à l’université. »
Il cherchait une question, quelque chose à dire pour qu’elle éclaire ses interrogations, mais rien de ce qu’il formulait dans sa tête ne convenait. Après un moment de silence, elle prit la parole.
« C’est vrai, tu as raison. »
Elle poussa un petit soupir et passa une main légère dans ses cheveux pour les éloigner de ses yeux.
« Je ne pensais pas devoir un jour dévoiler cela.
- Et certainement pas à moi, j’imagine.
- En effet. Mais finalement, cela me semble presque logique, puisque je connais ton secret, que tu connaisses le mien. »
C’était à elle maintenant d’avoir le visage grave, quelques rides de réflexions apparurent sur son front.
« Tu n’es pas obligée, Hermione. Je ne te demande rien.
- Non en effet. Mais tu as le droit de savoir… »
Elle hésita à continuer sa phrase. Sa poitrine se soulevait de façon irrégulière, une légère vague de panique la submergeait.
« Et je crois que cela me ferait du bien. »
Il se leva et rapprocha sa chaise d’elle, prêt à l’écouter. Il sentait qu’un moment important se jouait, et des frissons d’électricité courrait sur son corps. Elle leva les yeux vers lui mais elle ne le voyait déjà plus, elle était perdue dans ses souvenirs. Puis elle cligna des yeux, revenant dans l’instant présent, pour débuter son récit.
« Cela a commencé après la guerre. Une fois le choc passé, j’ai commencé à repenser à tout ce que l’on avait vécu. Et cela me poursuivait, de plus en plus. C’était des indices, épars, mais qui me menaient tous sur la même voie. Il y avait quelque chose d’autre, quelque chose de différent que ce qu’on connaissait. Je pensais connaitre la magie, parce que, tu sais… j’avais lu beaucoup de livre, et bien étudié. Mais cette magie qu’on avait rencontrée : la magie des Elfes, les reliques de la mort, les Horcruxes, le sacrifice de Lily… c’était si différent, et mystérieux. Comme toi, j’ai compris que la magie était plus vaste qu’on le pensait. Je commençais à voir la partie immergée de l’Iceberg, enfin, je savais qu’elle était là. »
Elle fit une pause dans son récit.
« Et je n’ai pas pu simplement reprendre ma vie, alors que je voyais cela, que je le savais. Je ne pouvais pas tourner le dos à tout cela. Et c’était… si déroutant. Parfois j’avais l’impression d’être comme Voldemort, qui au-même âge, était parti dans la même quête de magie. »
Elle frissonna.
« Mais il voulait la puissance, répondit Sirius d’une voix douce, tu voulais la connaissance.
- Oui, en effet, c’est ce que je voulais, dit-elle avec un sourire amer, je pensais que j’étais apte et méritante à percer ces mystères. Je faisais preuve de beaucoup d’orgueuil. Je pense, enfin, maintenant j’en suis certaine, que la guerre m’avait affectée bien plus en profondeur que je n’avais voulu l’accepter. Et la connaissance, avait toujours été mon socle, ma légitimité dans ce monde.
- Alors tu as commencé tes recherches ?
- Oui. D’abord dans les livres, puis je suis allée à Santa Clara. L’université m’a ouvert beaucoup de portes dérobées. Et puis, de fil en aiguille… J’ai rencontré certaines personnes, et quelques-unes ont bien voulu m’enseigner. »
Elle s’arrêta à nouveau.
« Et puis, un jour, pendant un rituel au Mexique, il y a eu un accident. »
Sa voix était devenue rauque, et il était évident qu’il était difficile pour elle de relater ces évènements.
« J’ai été blessé, rien de très grave. Mais le sorcier qui m’avait accueillie, le chef de son groupe, m’a prise à part. Il m’a dit que je devais arrêter de chercher à apprendre de nouvelles pratiques, car mon énergie magique était devenue instable, et que c’était très dangereux, pas seulement pour moi, pour tout le monde. Il m’a expliqué, et c’est alors que j’ai compris… que j’ai vraiment compris la magie. Il m’a expliqué qu’il y a un équilibre à respecter. Toutes les magies ne peuvent pas cohabiter en même temps, au même endroit, certaines entrent en friction, ou prennent l’ascendant sur les autres. En apprenant les Runes Alchimiques, la magie élémentaire, un peu de chamanisme, et d’autres pratiques mineures, j’avais bouleversé mon équilibre magique. C’est dangereux pour moi, car cela pourrait me vider de mon énergie, ou pire. D’autres avant moi ont fait la même erreur et en ont payé le prix. C’est également un risque pour les gens qui m’entoure, puisque la magie entre en résonnance partout où elle est. Ainsi, quand je suis en ta présence, les bribes de magie élémentaire en toi, sont plus vivaces. Ma simple présence pourrait déséquilibrer ta magie. Tu comprends ? »
Il hocha la tête.
« Par contagion, c’est l’équilibre magique du monde entier qui pourrait être affecté. Evidemment, une seule personne ne peut pas déséquilibrer l’entièreté du système magique. Mais c’est pour cela que je garde le secret. Certains seront comme moi, tentés d’apprendre d’autres formes de magie, de les maitriser toutes. Mais c’est impossible. Et le monde magique pourrait être altéré pour toujours. Un déséquilibre trop important entraine l’annihilation de la magie. Si je peux courir ce risque pour moi seule. Je ne peux pas le tolérer pour le Monde Sorcier. »
Elle s’arrêta, et reprit son souffle. Il ne l’avait pas quittée des yeux, et peu à peu, un voile se levait. Il ne l’avait jamais vraiment regardée depuis son retour. Mais comment avait-il pu manquer cela ? Elle n’était plus l’adolescente qu’il avait connue, la fille brillante, têtue, aux certitudes inébranlables. La femme devant lui, avait eu accès à des vérités dangereuses, et de bien des manières. Il n’y avait plus de certitudes sur ce visage, mais un doute, une angoisse, bien cachés derrière des airs sereins et sérieux, mais présents en permanence. Il la voyait à présent, telle qu’elle était. Elle le dévisagea en retour, anxieuse.
« Alors, maintenant que tu sais cela, tu veux que je continue à t’aider ? Même si cela te fait aussi prendre des risques ?
- Je pense que si tu étais dangereuse, tu ne garderais pas ta fille près de toi. »
Elle lui jeta un regard surpris et leurs yeux s’accrochèrent. Elle était surprise que Sirius lise si facilement en elle, et avec tant de justesse. En effet, si elle avait pensé représenter un danger pour sa fille, elle aurait pris des dispositions pour que Rose vive avec son père.
« Mais un accident pourrait toujours se produire… répondit-elle.
- Des accidents magiques se produisent tous les jours. J’aurais pu te tuer hier, mais tu es toujours là.
- Alors tu restes ?
- Bien sûr. Je n’ai aucune raison de partir. »
Il tendit la main doucement pour la poser sur la sienne.
« Tu connais mon secret, je connais le tien, fit Sirius.
- On dirait qu’ils sont bien gardés, alors.
- Ils le sont. »
Il serra davantage sa main dans la sienne. Leur chaleur se mêlaient, c’était agréable. Sirius jeta à Hermione un regard en coin. Pensive, elle fixait leurs deux mains.
« Merci de l’avoir dit, Hermione, de me faire confiance. Ca compte beaucoup pour moi. »
Elle sourit pour toute réponse. Il garda le silence, s’efforçant d’ignorer, qu’elle avait frissonné quand il avait prononcé son prénom.
End Notes:
Et voilà ! Alors, qu'en pensez-vous ? Le secret d'Hermione ? Le rapprochement entre les deux ? J'espère que vous avez aimez. N'hésitez pas à laisser un commentaire ! :)
Chapitre 9 - L'Autre by Saam
Author's Notes:
Bonjour à tous ! Voilà un nouveau chapitre, un peu plus court que les autres. C'était une vraie plaie à écrire mais j'espère que vous aimerez quand même ! Bonne lecture !
Une semaine était passée depuis qu’ils avaient quitté le terrier en prétendant être malades. Hermione, la tête encore posée sur l’oreille regardait le plafond fixement. Il était incroyable de voir comment sa relation avec Sirius avait évolué en si peu de temps. D’une cordialité un peu froide ils étaient devenus des confidents. Ils partageaient l’un avec l’autre leur secret le plus sensible. Une intimité naturelle s’était installée entre eux. Hermione était étonnée de constater que leur quotidien avait trouvé si facilement sa routine. Il leur était si évident et simple de vivre l’un avec l’autre, de travailler ensemble sur les runes, c’était comme si…
Hermione soupira et ferma les yeux, un peu effrayée par le chemin que prenaient ses pensées. Ses mains posées sur son ventre se crispèrent. Elle ne pouvait pas nier le désir qu’elle éprouvait pour Sirius mais il fallait qu’elle apprenne à dissocier cette attirance de ses sentiments. Elle pouvait frissonner autant qu’elle le voulait en pensant à sa main sur la sienne, mais elle devait également préserver leur amitié. Les enjeux d’ailleurs, étaient élevés, leur succès à traduire les runes et sauver Sirius de sa possession dépendait grandement de leur collaboration. Et puis, songeait-elle, elle n’éprouvait rien de plus qu’une affection profonde pour Sirius. Elle était un peu chamboulée, simplement car cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas désiré quelqu’un. Longtemps, en fait, qu’elle n’avait pas été autre chose qu’une mère ou collègue.
Lorsqu’elle descendit, elle trouva comme les matins précédents, Sirius assis à la table de la cuisine devant une tasse de café, plume à la main devant ses parchemins runiques. Il la salua avec un grand sourire et se leva pour lui servir un thé. Elle s’assit face à lui et lut les notes qu’il avait écrites. Depuis l’accident qui avait blessé Hermione, ils avaient reporté le moment de prendre la potion. Sirius insistant pour qu’Hermione reprenne des forces, ce qu’elle était assez contente d’accepter puisqu’elle était réellement épuisée. Ce bref répit lui avait permis de conclure des affaires urgentes pour le Ministère. D’autre part, ils avaient grandement avancé sur leur étude des runes. Ils étaient désormais en mesure de dater l’écriture du livre. Il avait été rédigé au cinquième siècle, mais il était difficile d’être plus précis. Ensemble, ils avaient identifié deux formes dialectales une galloise et une romaine, ce qui laissait penser qu’il avait été écrit dans le bassin méditerranéen. C’était déjà là une avancée remarquable. Hermione avait sorti de sa bibliothèque tous ses ouvrages sur cette période clef de l’histoire romaine et sorcière. En même temps que déclinait l’empire romain, la tradition druidique s’éteignait. Vraisemblablement, le livre avait été rédigé par l’une ou l’autre de ses forces qui s’opposaient. Il était également probable que la Sphère, et peut-être le Voile aient été construits à cette même époque, par ces mêmes personnes. Hermione sentait un frisson d’excitation monter dans sa poitrine. Tout ceci était passionnant. Si seulement la vie de Sirius n’était pas engagée dans ce mystère…
Sirius pendant qu’elle lisait, alla ouvrir aux chouettes et hiboux qui attendaient déjà derrière la fenêtre de la cuisine. Il fit le tri dans le courrier, et il lui tendit une enveloppe, reconnaissant l’écriture de Harry.
« Il commence à s’impatienter je crois.
- Oui, nous ne pourrons pas nous défiler plus longtemps. Il va certainement bientôt passer pour nous voir en personne.
- Oui, et il percera sans mal la supercherie. »
Hermione décacheta la lettre et la lut rapidement.
« Tu disais juste, il me demande s’il peut passer demain. Il veut s’assurer que nous allons bien, il est inquiet. »
Elle jeta un regard à Sirius. Ni l’un ni l’autre n’aimait mentir à Harry. Mais s’il découvrait qu’ils avaient menti sur leur maladie, il voudrait savoir pourquoi. »
« Je ne veux pas lui en parler, tant qu’on n’a pas de solution à proposer, dit Sirius.
- Je comprends. Et nous allons en trouver. Je pensais justement t’en parler, tu pourrais prendre la potion aujourd’hui, cela nous apporterait un certain nombre d’informations.
- Tu te sens capable de faire ça aujourd’hui ? »
Elle hocha la tête.
« Je suis en pleine forme.
- Alors dans ce cas… On savait bien que ce moment arriverait.
- Oui, et je te promets que tout ira bien. »
Il hocha la tête et donna quelques graines aux oiseaux qui vinrent les picorer directement dans sa main. Attiré par leur odeurs, Pattenrond entra dans la cuisine et poussa un feulement sourd. Aussitôt, dans un ballet d’ailes frénétiques, les chouettes quittèrent la cuisine. Sirius éclata de rire et ramassa les lettres tombées par terre. Il en profita pour faire une caresse sur la tête de Pattenrond.
« Bah alors, tu es jaloux ? Je laisse le courrier du Ministère sur le buffet » dit-il à Hermione avant de monter se doucher.
Elle le suivit des yeux tandis qu’il s’éloignait, Pattenrond sur les talons. Elle balaya des yeux les lettres qu’elle avait reçues du Ministère. Comme chaque jour Thomas et Selma lui faisaient parvenir les dossiers urgents, qu’elle signait puis renvoyait. Elle soupira, et délaissa les parchemins, trop pensive pour se concentrer sur son travail. Avec un geste d’impatience elle repoussa les lettres. Le Ministère pourrait bien se passer d’Hermione Granger un jour ou deux. D’un coup de baguette elle rangea les parchemins et le petit déjeuner. Puis, elle appela le chaudron qui contenait la potion. Avec précaution il sortit du placard et vint se poser devant elle. Elle vérifia le contenu, parfois il fallait réchauffer la potion et la remélanger avant de l’administrer. Mais elle était parfaite. Satisfaite, elle remplit plusieurs flacons puis, elle jeta un « recurvite » pour nettoyer le chaudron.
Elle passa le reste de la matinée à étudier le protocole pour l’expérience magique qu’il s’apprêtait à tenter. La potion était supposée totalement endormir la conscience de Sirius, de façon temporaire, de façon à ce que la chose qui le possède, l’Autre, puisse prendre le contrôle de son corps. L’objectif étant de réussir à communiquer avec elle pour savoir qui elle était et ce qu’elle voulait. Toutefois, l’opération n’était pas sans danger, ni pour Sirius ni pour elle-même. Il faudrait qu’elle installe plusieurs enchantements pour que la force magique ne puisse pas l’atteindre ou la blesser. Ils prirent un copieux déjeuner, en silence, chacun trop anxieux pour parler. Puis ils fermèrent magiquement toutes les entrées de la maison afin de n’être pas dérangés. Sirius obscurcit les fenêtres et leur jeta un « otacustam » afin que personne ne puisse voir ce qu’ils faisaient, et Hermione repoussa les meubles contre les murs.
Sirius se plaça au centre de la pièce. Hermione baguette tendue fit deux fois le tour de l’homme et des liens magiques sortirent de sa baguette. Elle les enroula autour du torse et des bras de Sirius. Les liens maintiendraient son corps.
« Ce n’est pas trop serré ? demanda-t-elle.
- Non, tu peux y aller. »
Elle finalisa le sort et les cordes noires se crispèrent autour de Sirius. La lumière du jour déclinait et Hermione alluma une lampe dans un coin de la pièce. Elle frissonna.
« Bon, allons ’-y »
Elle sortit la fiole de potion de sa poche et s’approcha de Sirius. Leurs regards se croisèrent. Hermione sentit son cœur s’emballer en lisant dans les yeux de Sirius la même angoisse que la sienne. Malgré les liens qui l’entravaient il pouvait bouger la main et il attrapa la sienne du bout des doigts.
« Tout ira bien. Tu as vu pire non ?
- J’ai peur des conséquences que cela peut avoir sur toi.
- Si je ne me réveillais pas ? Tu es la personne la plus intelligente que je connaisse. Cette potion doit être préparée à la perfection. Et si jamais il y avait le moindre problème, je ne doute pas un seul instant que tu trouverais une solution. C’est ce que tu fais toujours. »
Elle esquissa un faible sourire. Elle ouvrit la fiole et la posa sur les lèvres de Sirius, il pencha la tête et le liquide ambré glissa dans sa bouche. Elle referma la petite bouteille et la remit dans sa poche. Sa main serrait toujours sa baguette, prête à réagir.
« Pour le moment tout est normal, dit Hermione.
- Je ne sens rien.
- Il faut attendre quelques minutes. »
Ils patientèrent dans un silence profond. Parfois leur regard se croisaient et ils se souriaient pour se donner du courage. Hermione nerveusement trituraient ses cheveux qui s’emmêlaient sur son front. Puis elle sentit une perturbation dans l’équilibre magique autour d’eux. Elle leva les yeux vers Sirius, il semblait somnoler, son corps porté en lévitation par les cordes magiques. La potion paraissait fonctionner. Quelques secondes plus tard, les premières crispations apparurent sur son visage. La chose qui le possédait apparaissait au grand jour cherchant à prendre le contrôle pendant que la conscience de Sirius était évanouie. Hermione se redressa, à l’affut.
Mais au bout de quelques minutes elle commença à s’inquiéter. Les spasmes de Sirius étaient de plus en plus nombreux, et violents. Tout son corps s’arcboutait, mais c’était sur son visage que se lisait le combat intérieur qui se jouait. Visiblement, la conscience de Sirius n’était pas assoupie, il luttait pour garder le contrôle de son esprit. L’Autre qui était en lui, et l’avait possédé apparaissait brièvement sur son visage, son regard devenait vitreux et fixe, puis Sirius reprenait le contrôle non sans lutter ardemment. Hermione sentit ses mains devenir moites, quelque chose n’allait pas. La potion n’avait pas l’effet escompté. D’un accio elle fit venir le livres de potions et vérifia le protocole à suivre. Ils avaient tous suivi à la lettre, mais rien ne se déroulait comme prévu. La conscience de Sirius devrait être endormie et il ne devrait pas y avoir cette lutte entre eux. Elle feuilleta les pages suivantes, mais il n’y avait aucune instruction concernant sa situation. La panique l’envahissait. Au centre de la pièce, Sirius se contorsionnait toujours. Il y eut un pic de tremblements et de spasmes puis le calme. Son visage se délia, apaisé. Mais Hermione sut aussitôt que ce n’était plus Sirius. La contraction de sa bouche, la lourdeur de ses paupières, son expression était froide, inaccessible. Il ouvrit les yeux, ils étaient comme voilés.
Hermione sentit son sang se glacer dans ses veines. L’air était saturé de magie et de tension. L’Autre leva les bras et se découvrit enchainer, il reportât son regard sur Hermione.
« Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? » demanda-t-elle d’une voix forte.
Il sembla l’entendre, mais pas la comprendre. Sa bouche restait close. La chose ne parlait pas, peut-être n’avait-elle jamais su s’exprimer. Le visage de Sirius se tournait dans un sens puis l’autre, examinant la pièce. Il essayait de temps à autre d’avancer mais il était retenu par les liens. Etonnamment, il ne manifestait pas de violence à l’égard d’Hermione, alors que les fois précédentes elle avait été attaquée. La jeune femme s’approcha doucement et le regard de Sirius se fixa vers elle.
« Que voulez-vous ? répéta-t-elle. D’où venez-vous ? »
Mais une fois de plus, l’autre ne sembla pas la comprendre. Un spasme passa sur le visage de Sirius. Et l’espace d’une seconde, Hermione le reconnut, elle aperçut une lueur d’intelligence et de panique dans ses yeux. Puis à nouveau, il reprit un air inexpressif. Visiblement, la conscience de Sirius luttait toujours. Son torse se souleva et ses yeux se révulsèrent. Il y eut une minute durant laquelle Hermione ne savait plus qui avait le contrôle sur l’autre. Un air de profonde douleur se peignit sur les traits crispés de l’homme.
« Hermione… murmura la voix de Sirius, dans une plainte insoutenable.
- Sirius ! »
Elle accourut à lui et posa les mains sur ses épaules. Mais aussitôt, elle se retrouva face a l’Autre. Le visage de Sirius était à nouveau dur et froid, sans sentiment. Elle le regardait droit dans les yeux mais elle ne voyait rien qu’une inexpression parfaite dans ses prunelles, ni sentiments, ni intelligence. Une onde magique balaya la pièce et elle se retrouva projetée contre le mur opposé. Elle sentit son dos frapper durement la brique et elle poussa un cri de douleur. Par réflexe elle attrapa sa baguette qu’elle avait lâché et qui était tombé près d’elle. Au milieu de la pièce, le corps de Sirius se contorsionnait dans tous les sens pour échapper aux cordes qui le retenaient. Il y avait un contraste glaçant entre son corps en proie à la fureur et son visage sans expression. En se redressant Hermione s’aperçut qu’autour d’elle les meubles s’étaient mis à trembler, comme les fois précédentes. Les bibliothèques s’écrasèrent au sol, la vitre du buffet éclata en plusieurs morceaux qui foncèrent vers elle. Elle jeta un protego juste à temps et les bris de verre se heurtèrent au mur magique, ils se dissolurent immédiatement, pulvérisés. Tout en se protégeant des objets qui volaient vers elle, elle cherchait à enchanté les meubles avec les mêmes cordes magiques qui liaient Sirius, afin qu’ils ne lui tombent pas dessus. Avec beaucoup d’effort elle parvint à immobiliser la table et le canapé. Mais le tapis, comme pris d’une vie propre volait dans la pièce, claquant contre ses jambes. Elle pointa sa baguette dessus et le métamorphosa en soucoupe, mais alors, l’objet se précipita vers elle droit dans son visage et elle du lui jeter un diffindo.
Elle voyait que Sirius luttait toujours mais il semblait prendre l’ascendant sur l’Autre, puisque les meubles cessèrent de trembler. Peu à peu, le calme revint et elle pu cesser de se protéger des objets volants.
« Sirius, tu m’entends ? » demanda-t-elle d’une voix la plus douce possible.
Au son de sa voix, l’homme cessa de se débattre dans ses liens et il tourna le visage vers elle. Il y eut un moment terrible durant lequel, les deux consciences dans son corps se superposaient sur son visage, puis, enfin, ce ne fut plus que Sirius. Il essaya d’articuler un son mais rien ne sortit. Heureusement, les cordes le maintenaient car il semblait trop faible pour se tenir debout. Hermione se sentant impuissante à l’aider, se contentait de serrer ses mains glacées dans les siennes et de lui parler à voix basse.
Après quelques minutes, certaines que l’Autre avait été vaincu, du moins pour cette fois, elle dissipa les cordes et libéra Sirius. Aussitôt il se laissa tomber à genoux au sol, affaibli. Elle l’aida à s’allonger le temps de reprendre des forces.
« Que s’est-il passé ? demanda-t-il.
- Je l’ignore encore, dit Hermione. Je suis désolée Sirius, cela n’a pas fonctionné.
- Ce n’est pas de ta faute. On ne pouvait pas prévoir ça.
- J’aurais du…
- Non, la coupa-t-il, ne te culpabilise pas. Tout va bien maintenant, comme tu l’avais dit. »
Elle passa ses bras autour de lui et il abandonna sa tête contre son épaule. Il était sur le point de s’endormir. Tout à coup, quelqu’un frappa fort à la porte et elle se redressa aussitôt, sur ses gardes.
« Hermione ? Sirius ? Vous êtes ici ? Tout va bien ? Hermione, tu n’as pas répondu à Selma et Thomas, je suis inquiet. Je suis venu vérifier que vous alliez bien. »
Elle se raidit. Dans ses bras, Sirius émergeait lentement ; il avait reconnu la voix d’Harry.
« Je vais le faire partir, murmura Hermione d’une voix rassurante.
- Non, non… Laisse le rentrer. »
-
Elle fixa Sirius avec étonnement.
« On ne peut pas le faire rentrer, il va tout de suite voir que quelque chose ne va pas. Il faudrait lui dire pour toi.
- Oui, peut-être qu’on devrait. »
Elle étudia son visage. Il avait l’air éveillé et sérieux.
« Tu es sûr ? C’est ta décision Sirius. »
Il soupira.
« Je ne peux pas continuer à te mettre en danger. Peut-être, hésita-t-il, que nous avons besoin d’aide. »
Elle hocha la tête.
« D’accord. »
Hermione l’aida à se redresser et il s’appuya contre le mur. Elle prononça les mots pour défaire les enchantements qui sécurisaient la maison. Et d’un mouvement de baguette ouvrit la porte. Harry apparut alors sur le seuil. Son air joyeux disparut aussitôt lorsqu’il vit l’état de la pièce. Il les chercha des yeux et les trouva, au sol. Sirius était visiblement mal en point. Il entra, méfiant.
« Que se passe-t-il ici ?
- Harry… fit Hermione en se levant. Il faut qu’on te parle de quelque chose. »
End Notes:
J'espère que ce chapitre vous plait ! N'hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous en pensez ! La suite ne devrait pas trop tarder ! :)
Chapitre 10 - Au manoir Malefoy by Saam
Author's Notes:
Bonjour à toutes et à tous ! J'espère que vous allez bien. Je publie ce soir un chapitre que j'ai beaucoup aimé écrire, et que j'aime bien tout court en fait. J'espère qu'il vous plaira aussi.
Sous les arbres, Isaure frissonnait. Elle resserra sa cape en laine autour de ses épaules et guetta le ciel. Le soleil se couchait, il était huit heures passées et il n’était toujours pas là. Sentant la peur l’envahir, elle chercha machinalement le couteau en forme de faucille dissimulée sous ses jupes, le métal chauffa sous ses doigts, prêt à se battre, prêt à tuer. Elle prit une grande inspiration et se calma. Elle n’était pas seule. Un bruit lointain mais régulier attira son attention. Un cavalier sans aucun doute. Elle reconnaissait le bruit singulier, le martellement des sabots sur la terre humide. Mais Ban n’avait pas de cheval. Elle sentit son sang bruler dans ses veines. Elle quitta l’abri de l’arbre et se précipita vers la grande souche. Elle s’accroupit derrière l’arbre mort, cachée par ses branches épaisses et regarda. Comme elle l’avait prédit, un cavalier arrivait, elle sortit sa baguette de sa poche. Contre sa cuisse, le métal de son couteau chauffait, et la lame tremblait contre sa peau. Sa cape de laine s’enroulait autour d’elle, la protégeant du vent frais et la dissimulant. Le cavalier arrivait au loin, au grand galop. Droit vers elle. Elle reconnut l’uniforme. Un éclaireur romain. Alors ils étaient déjà là, si proches… En avance. Elle serra sa baguette. Un simple sort et l’éclaireur ne verrait jamais la couleur des pierres du sanctuaire. Elle hésita, les lèvres serrées. Un simple sortilège de confusion suffirait pour celui-ci. Elle levait le bras lorsqu’elle sentit que quelqu’un l’attrapait dans son dos. Elle allait pousser un cri lorsqu’une main se plaqua contre sa bouche. Elle reconnut l’odeur de l’homme et se détendit.
« Ban ! »
Elle se tourna vers l’homme et se jeta à son cou. Mais elle sentit que quelque chose n’allait pas. En s’éloignant de lui elle remarqua la balafre sur son visage, qui lui barrait l’œil.
« Que s’est-il passé ?
- Il y a eu un différend entre Asus et Jean.
- Tu disais que tu ne voulais pas prendre parti… »
-
Il jeta un regard grave sur elle. Et aussitôt elle sut.
« Déjà ? »
Il hocha la tête.
« Asus a presque fini de rédiger le livre. Tous les druides survivants du Cadre de Brocéliande sont à l’ouvrage. C’est pour bientôt. »
***
Le regard d’Harry allait de Sirius à Hermione. Il se sentait épuisé et d’ailleurs, il n’avait pas quitté la chaise sur laquelle il s’était laissé tomber. Sirius était possédé. Hermione lui avait expliqué dans les grandes lignes, haletante et paniquée, tout en soignant Sirius. Elle lui avait administré plusieurs potions dont il n’avait pas retenu les noms. Elle l’avait couvert, et Harry avait vu son parrain s’apaiser sous ses soins. Il était ébahi par le lien qui s’était tissé entre eux, qui les unissait si fort, et en même temps les mettait à l’écart de lui. Harry secoua la tête, l’entièreté de cette situation était étrange et perturbante. De plus, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une douleur sourde au fond de lui. Ils lui avaient caché cela. Sa meilleure amie. Et son parrain. Ils lui avaient menti. Ils avaient jugé qu’il n’était pas digne, ou pas utile à leur recherche. Il se morigéna, Sirius et Hermione n’avaient probablement pas pensé à mal.
« Alors maintenant ? » demanda-t-il en se tournant vers Hermione.
Comme toujours, Hermione devait avoir une idée. Elle trouverait une solution. La jeune femme baissa les yeux, incapable de soutenir le regard plein d’espoir de Harry. Elle était assise sur le canapé à côté de Sirius. Elle avait l’impression d’être punie, en faute. A ses côtés Sirius mangeait une barre de céréale, encore un peu groggy. En la sentant se crisper il se tourna vers elle. Il allait poser une main réconfortante sur sa cuisse lorsqu’il songea que ce n’était probablement pas approprié. Il reposa sa main sur sa jambe et s’éclaircit la gorge.
« L’expérience n’a pas été très concluante Harry, je pense qu’il va falloir un peu de temps à Hermione avant de trouver une nouvelle idée. »
Harry tourna les yeux vers Hermione. Et elle hocha la tête piteusement.
« Je suis vraiment désolée Harry. J’ignore tout de la magie qui habite Sirius. Je n’ai jamais rien vu, ou lu de pareil. La plupart du temps les possessions sont produites par des créatures magiques, ou des résidus de ces créatures, des traces de leur puissance ou de leur esprit. Mais là, on dirait que cette chose n’est pas… intelligente. Je veux dire qu’elle ne pense pas. Ce n’est pas une personne. Cette chose n’a peut-être même pas conscience d’elle-même.
- Je ne comprends pas, dit Harry.
- Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas quelqu’un qui possède Sirius. C’est une chose, une force magique, mais sans âme, sans personnalité, sans volonté propre.
- Et en quoi est-ce un problème ?
- Et bien, si on ne sait pas ce qu’elle veut, on ne peut pas le lui donner pour qu’elle quitte le corps de Sirius. Si elle ne parle pas, on ne peut pas l’identifier et la chasser. C’est très difficile de soulager quelqu’un d’une possession, mais sans aucune information sur ce qui le possède… C’est presque impossible. »
Harry avait l’air hébété. Hermione avait le sentiment qu’il n’avait pas compris un traitre mot de ce qu’elle disait, mais il lui faisait confiance et si elle disait que la situation était mauvaise, il la croyait. Sirius à côté d’elle ne bronchait pas. Il avait l’air las, presque résigné. Elle croisa son regard gris et esquissa un petit sourire.
« Je voudrais te donner des meilleures nouvelles.
- Tu as fait de ton mieux, répondit Sirius.
- Je n’ai pas terminé.
- Peut-être que le département des Mystères pourra nous aider, ils ont probablement déjà vu quelque chose de semblable ? proposa Harry avec espoir.
- J’ai fouillé leurs archives et je n’ai rien vu, répondit la jeune femme.
- De plus, je ne souhaite pas informer le Ministère, Harry, renchérit Sirius. Tu sais ce qui risquerait de se produire… »
Le visage de l’homme s’assombrit et Harry hocha la tête.
« Tu serais à nouveau enfermé.
- Et j’aimerais mieux éviter.
- Je comprends. »
Sirius hésita puis ajouta.
« Je suis désolé, j’aurais du te le dire. Mais… Je ne voulais pas t’inquiéter. Je voulais régler ça rapidement et que ce ne soit plus qu’un mauvais souvenir. Tout est si… confus et compliqué.
- J’aurais préféré que tu me le dises. Mais tu étais entre de bonnes mains avec Hermione.
- Tu n’es pas fâché contre nous alors ? demanda-t-elle en se tordant les mains.
- Je ne peux pas rester fâché contre vous ! répliqua Harry en riant. »
A ces mots, Hermione sentit un barrage céder en elle. Elle se leva et serra son meilleur ami dans ses bras. Elle sentit quelques larmes de soulagement et de fatigue mêlées lui chatouiller le nez. Un peu gênée de se laisser ainsi aller devant Sirius, elle s’essuya les yeux et proposa de préparer du thé pour tout le monde. Lorsqu’elle revint avec un plateau, l’ambiance était plus détendue. Elle reprit sa place sur le canapé près de Sirius.
« Que fait-on alors ? demanda Harry. Quelle est la prochaine étape ?
- Nous allons continuer les recherches. Je suis persuadée que l’on doit comprendre ce qui s’est produit dans la salle du Voile, pour comprendre ce qui arrive à Sirius. Les deux évènements sont forcément liés, dit Hermione.
- Oui, il faut continuer de traduire le livre. On finira par avoir des réponses, renchérit Sirius. »
Harry les observa l’un et l’autre. Ils avaient l’air épuisés. Connaissant Hermione et Sirius, ils avaient dû travailler d’arrache-pied.
« Cela peut prendre des semaines, des mois ! On ne peut pas laisser Sirius enfermé ici éternellement. Et toi Hermione, tu as ton travail. Et Rose va bientôt rentrer. Que fait-on, en attendant ?
- Rose pourrait rester chez Ron encore un peu, protesta faiblement Hermione.
- Non certainement pas, répondit Sirius d’une voix sèche. J’accepterai beaucoup de chose de ta part Hermione, mais je ne te laisserai pas te priver de ta fille pour moi. »
Elle croisa son regard et frissonna sous l’intensité de ses yeux gris. Lorsqu’il la regardait ainsi, elle avait l’impression que plus rien d’autre n’existait en dehors d’eux. Elle sentait la force d’attraction qui la poussait vers lui. Rarement, elle avait expérimenté une sensation aussi violente. Elle s’arracha difficilement à son regard. Harry qui avait suivi l’échange fit semblant de regarder ailleurs le temps que Hermione se reprenne. Il se demandait ce qui se passait. Si cela n’avait pas été Sirius et Hermione, il aurait même pensé qu’il y avait quelque chose de romantique entre eux. Mais c’était absolument improbable. De plus, comme Ginny et Hermione elle-même, lui répétaient tout le temps, il était très mauvais pour comprendre les émotions des gens.
« Harry a raison. Le temps qu’on démêle ce mystère, tu ne dois pas cesser de vivre, ni rester enfermé ici. Il faut qu’on trouve un moyen de garder cette… chose… sous notre contrôle.
- Il faut qu’on soit sûr que je ne blesserai personne. Que je n’attaquerai personne comme je t’ai attaquée.
- Ce n’est pas toi qui m’a attaquée. C’est la chose en toi.
- Cela revient au même.
- Non, tu sais bien que non » fit Hermione d’une voix douce.
Elle posa son menton dans sa main et resta silencieuse, perdue dans ses pensées. Sirius l’observa quelques instants puis leva les yeux vers Harry. Il croisa son regard étonné. Il aurait voulu pouvoir lui parler, sans mensonges de ce qu’il avait vécu ces derniers jours. Il n’aimait pas cacher des choses à Harry. Et là, il n’avait même pas l’excuse de le faire pour le protéger. Non, il se protégeait lui-même. A côté, Hermione poussa un soupir puis se redressa. Elle ouvrit la bouche puis la referma, hésitante.
« Hermione ? Tu as une idée ? demanda Harry.
- J’ai pensé à quelque chose, peut être que ce serait réalisable mais… c’est tellement hypothétique. »
Elle se leva, repoussa ses cheveux, et fit quelques pas en cercle derrière Harry. Elle se massa les tempes puis revint vers eux.
« Peut-être, et je dis bien peut-être, je ne voudrais pas que tu souffres un nouveau faux espoir Sirius, peut-être qu’on pourrait condenser les enchantements présents ici dans un seul objet. Un objet que tu garderais sur toi, et qui garderai la chose enfermée dans ton corps, sans qu’elle puisse se manifester. »
Sirius se redressa sur le canapé. Il sentait son cœur battre à tout rompre, voilà une idée qui pourrait bien lui permettre de sortir de la maison, de vivre sa vie normalement.
« A vrai dire, dit-elle en baissant les yeux, j’ai eu l’idée en pensant au Médaillon de Serpentard. »
Sirius et Harry eurent un mouvement de répulsion et Harry s’apprêtait à proteste, mais elle les devança.
« Ce ne serait pas du tout la même magie. En fait, c’est l’idée du médaillon qui m’intéresse. Une fois autour de ton cou, il te protégerait de ce qui te possède. L’autre serait enfermé, en toi. Ce serait temporaire bien sûr…
- Ce serait magnifique Hermione, répondit Sirius.
- Il faudrait demander de l’aide à un spécialiste, quelqu’un qui serait un expert en enchantement. »
-
Harry hochait la tête. Hermione lui jeta un petit regard, l’air gêné.
« Un expert en enchantement qui ne soit pas directement affilié au Ministère. »
Une lueur de compréhension s’alluma dans le regard de Harry. Il se leva d’un bond face à Hermione.
« Non ! Je sais à qui tu penses Hermione et c’est hors de question ! Je refuse de mettre la vie de Sirius entre les mains de cette vermine !
- Il va bien falloir que tu acceptes qu’il a changé. Il n’est plus celui que nous avons connu à Poudlard. Et de toute façon, c’est le plus compétent dans son domaine. C’est lui qui nous a aidé pour les protocoles de recensement des objets magiques. Il a créé un sortilège exprès pour nous selon le cahier des charges que je lui avais fourni. Et cela fonctionne. Il est doué et on a besoin de son aide.
- On trouvera quelqu’un d’autre. Toi, tu pourrais le faire…
- Aussi flatteur que cela soit, non Harry, je ne pourrais pas. Ce n’est pas mon domaine. Ce sont des compétences très avancées en sortilège. Je ferais des erreurs et ce serait très dangereux pour Sirius.
- Toujours moins que s’en remettre à lui.
- Je ne pense pas. Harry, je ne l’aime pas non plus. Mais on n’a pas besoin de l’aimer. On doit juste croire en son expertise. »
Harry se tût.
« De qui parlez-vous ? demanda Sirius.
- De Malefoy, répondit Harry d’une voix peu amène. Hermione veut lui demander de l’aide pour créer le médaillon.
- Malefoy ? Le fils de Lucius ?
- Celui-là même…
- Je croyais que c’était un apprenti Mangemort, demanda Sirius avec dégout.
- C’était le cas oui, répondit Harry.
- Tout le monde change Harry. On a déjà vu des gens aller très loin sur le chemin du mal et se repentir. Je ne veux pas l’excuser, mais Drago était dans une situation impossible.
- Il a fait les mauvais choix.
- Oui ! Et il s’est amendé pour ses erreurs !
- Pas suffisamment.
- Son père est mort en prison. Et sa mère est morte de maladie peu de temps après. Tu es le mieux placer pour savoir qu’il a déjà bien assez payé
- Ce n’est pas pareil, argua Harry. »
Hermione poussa un soupir.
« Comme je l’ai dit, tu n’as pas besoin de l’aimer. Faîtes moi confiance. Il nous aidera. »
Elle se tourna vers Sirius.
« D’accord. Allons voir ce Drago.
- Si c’est ce que vous voulez, capitula Harry.
- C’est la meilleure solution.
- Si tu le dis, tu as souvent raison, dit le jeune homme avec un sourire. »
Harry les quitta une heure après et ils restèrent dans le canapé, avachis et fatigués.
« Comment te sens-tu ? demanda Hermione.
- Je me sens bien. Ta potion revigorante a parfaitement fonctionné.
- J’en suis ravie. Je devrais toujours en avoir un stock de côté.
- Oui, cela t’aurait été utile la dernière fois, quand tu as été blessée.
- Oh, mais tu l’as remplacée à merveille ! »
Elle rougit en se rappelant ces moments. Pour la réchauffer, Sirius l’avait prise dans ses bras. Et c’était aussi déroutant qu’agréable. Elle sentit une douce chaleur dans son ventre et elle rougit de plus belle. Elle espérait que Sirius ne la verrait pas dans la semi-pénombre. Gênée par ses propres réactions elle se leva précipitamment, aussitôt suivie par Sirius. Ils se retrouvèrent debout l’un en face de l’autre. Hermione avait les sens en effervescence, malgré elle, elle cherchait à respirer son odeur, sentir sa chaleur, entendre son souffle. C’était comme si tout son corps se tendait vers Sirius.
« Je suis fatiguée, je vais aller me coucher. » dit-elle sans lever les yeux.
Elle fit deux pas dans la direction de sa chambre mais se heurta directement à Sirius. Elle se sentit basculer en arrière puis Sirius la rattrapa. Ses mains étaient brulantes sur sa taille. Elle sentait leurs énergies se mêler en ce point de contact et c’était si intense que son cœur battait la chamade. Elle aurait voulu se tendre contre son torse, l’agripper jusqu’à ce que leur chaleur s’unissent. Sirius la regardait, interdit. Tout à coup, réalisant ce qu’elle faisait et ce à quoi elle pensait, elle s’arracha à ses mains et fit un pas en arrière.
« Bonne nuit, à demain. » dit-elle précipitamment en se dirigeant vers les escaliers.
Elle disparut dans le couloir et Sirius resta seul dans le salon. Il sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine. Il regarda ses mains, vides mais encore brulantes. Quelques secondes plus tôt, elles tenaient Hermione, sentaient Hermione, sa chaleur et sa vitalité à travers le tissu de sa chemise. Il aurait voulu s’abreuver à cette douceur, la serrer contre lui. Il avait failli embrasser Hermione. Quelques secondes de plus, et il l’aurait fait.
« Bonne nuit » murmura-t-il.
Le lendemain, Harry transplanna chez Hermione à dix heures du matin. C’était un dimanche, et ils étaient presque certains que Drago serait chez lui. Ils avaient donc décider d’y aller le plus tôt possible. Harry était visiblement nerveux à l’idée d’aller demander un service à son ancien ennemi et le silence pensant entre Sirius et Hermione ne l’aidait pas à se calmer.
« Allons’y. Hermione tu connais le chemin. Sirius, accroche-toi à moi. »
En un instant ils étaient devant le grand portail en fer forgé noir du Manoir Malefoy. Au fond de l’allée, la silhouette sombre et symétrique de l’édifice s’élevait. Hermione sentit un frisson la traverser en pensant aux épreuves qu’ils avaient vécu dans cet endroit. Mais c’était du passé, et elle devait se tourner vers l’avenir, résolument, pour aider Sirius. Elle sortit sa baguette et la passa contre le fer forgé, le portail s’ouvrit devant elle et ils avancèrent dans l’allée.
« Cet endroit est austère, fit remarquer Harry.
- Oui, glaçant. »
Ils s’étaient à peine arrêtés devant la grande porte d’entrée qu’elle s’ouvrit, et Drago Malefoy apparut devant eux. Il le regardait avec curiosité et méfiance.
« Potter, Granger, que faites-vous ici ?
- Nous sommes venus te demander ton aide Drago, dit Hermione en s’avançant devant les autres ?
- Mon aide ? C’est intéressant, dit-il avec un sourire suffisant. J’imagine alors, que je devrai vous laisser rentrer. »
Il ouvrit la porte plus grand et s’effaça pour leur laisser le passage. Ils pénétrèrent dans un hall d’entrée en pierre. Des portraits et tapisseries décoraient les murs. Des tapis couvraient le sol. C’était définitivement moins austère qu’à leur dernière visite. Il leur fit signe d’entrée dans une pièce.
« Pardonnez-moi. Je vais prévenir mon fils que je le rejoindrai plus tard. »
Il les quitta tandis qu’ils avançaient dans le salon. Hermione le reconnut aussitôt. C’était cet endroit même où Bellatrix l’avait torturée, la maintenant au sol tandis qu’elle gravait son injure préférée dans sa peau. Mais cela, n’était que le début, les doloris avaient été bien plus douloureux. Un froid glacial l’envahit tandis qu’elle luttait contre la panique.
« Je n’aime pas cet endroit, dit Harry. Il me rappelle de mauvais souvenirs. »
Il regarda vers Hermione et lui jeta un regard inquisiteur, demandant si elle allait bien. Elle hocha la tête et s’installa dans un fauteuil, entre Sirius et Harry.
« Drago a l’air… commença Harry. Je ne sais pas. Je ne l’imaginais pas en père.
- Tu vois Harry, il est humain, lui répondit Hermione avec un brin de sarcasme. »
Quelques secondes plus tard Drago entra dans le salon, suivi d’un elfe de maison qui portait un plateau de thé.
« Tu peux poser ça ici Doris, merci. »
L’elfe s’inclina puis disparut. Hermione dévisagea Drago, il était même si c’était dimanche, en costume sorcier et rasé de près. Il remplit quatre tasses de thé et les tendit à chacun d’entre eux.
« Merci, marmonna Harry. »
Drago haussa un sourcil amusé devant l’attitude presque boudeuse d’Harry puis se tourna vers Sirius.
« Monsieur Black, c’est un plaisir de vous rencontrer. Vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes cousin ?
- En effet, mais je dois dire que je ne suis pas très proche de ce côté de la famille, répondit Sirius.
- Je comprends tout à fait, répondit Drago avec un sourire crispé.
- Toutefois, quand j’étais enfant, j’aimais beaucoup votre mère. C’est même elle qui m’a appris à faire un nœud de cravate, rajouta Sirius. Je suis désolé pour votre perte. »
A ces mots, le visage de Drago se défit brièvement de son air narquois et Hermione vit passer une sincère tristesse dans son regard.
« Ton parrain est bien plus sympathique toi Potter. » dit-il en retrouvant son sarcasme habituel.
Harry leva les yeux au ciel et se redressa. Sans toucher à son thé, il reposa la tasse sur un guéridon prêt de lui.
« C’est Hermione qui nous a convaincus de venir, et je persiste à croire que c’est une mauvaise idée. Nous avons besoin de ton aide.
- Je le sais déjà ça, ce que je voudrais savoir c’est pourquoi. »
Il desserra son nœud de cravate puis s’assit dans le fauteuil face à eux. Il se tourna vers Hermione.
« Hermione ? »
En entendant son nom elle sursauta légèrement. Malgré elle, son regard était attiré par le carrelage. Elle se souvenait encore de la sensation de la pierre froide dans son dos. Elle frissonna et reprit le fil de la conversation.
« Oui ?
- Puisque tu les as conduits ici, dis-moi pourquoi ? »
Elle chercha les yeux du Sirius et attendit son accord silencieux pour commencer son récit. Il hocha la tête, et alors, elle expliqua toute l’histoire à Drago. Au fur et à mesure qu’elle parlait, il se départissait de ses airs supérieurs et se montrait de plus en plus sérieux. Il l’interrompait de temps à autre pour poser une question technique.
« Alors, qu’en penses-tu ? Ce serait possible ? Tu pourrais nous aider ? demanda Hermione à la fin de son récit. »
Drago prit quelques secondes pour réfléchir.
« Oui c’est possible, en fait j’ai déjà vu une chose similaire. Je pourrais le faire, réécrire les enchantements. Mais pour cela j’aurai besoin de cet objet que j’avais déjà vu.
- C’était quel objet ? Où ? demanda Harry en se redressant sur son fauteuil.
- C’est là que ça va devenir problématique.
- Pourquoi cela ?
- C’était une cape, une cape très spéciale. Je l’ai vue chez Barjow et Beurk, il y a bien longtemps. Je cherchais quelque chose de différent…
- Tu cherchais à tuer Dumbledore, asséna Harry d’une voix glaciale. »
Il y eut un moment de silence. Puis Harry reprit :
« Cette cape, où peut-on la trouver désormais ?
- Tu dois être un piètre Auror Potter. Si je savais où la trouver je ne vous aurait pas dit qu’il fallait la retrouver, dit Drago.
- Il y a eu des registres lors des saisies chez Barjow et Beurk, intervint Hermione. Je vais les retrouver et je chercherai si la cape est mentionnée, cela me serait difficile d’aller à l’entrepôt et de… l’emprunter.
- Nous allons de surprise en surprise avec toi Hermione, te voilà prête à bafouer la loi, et même pire, à abuser de ton pouvoir, fit Drago. »
Hermione leva les yeux au ciel et ne répondit rien. Elle était habituée aux petites piques de Drago, à vrai dire, il lui avait déjà dit bien pire. Et il fallait reconnaître qu’à ce sujet il n’avait pas tort.
« Et si on ne la retrouve pas ? demanda Hermione.
- J’aurais bien du mal à reproduire les enchantements. Cela me prendrait des mois de travail intensif. Alors que les reproduire, ce serait un jeu d’enfant.
- Très bien, alors on sait ce qui nous reste à faire.
Harry et Hermione avancèrent vers la porte mais Sirius traina un instant.
« Merci, dit-il à voix basse, pour ce que tu fais pour moi.
- Ce n’est pas pour toi que je le fais, cher oncle, dit Drago avec ironie mais sans méchanceté. »
Sirius suivit son regard jusqu’à Hermione.
« Pour elle ? Je croyais que les gens comme toi, n’aimait pas trop les personnes comme elle.
- Il n’y a qu’une personne comme moi, répondit Drago d’une voix blanche. Heureusement… »
Son regard se fit plus vague. Sirius tendit la main vers lui.
« En tout cas, merci. Je te suis redevable. »
Drago hésita puis lui serra la main fermement. En silence côte à côte ils rejoignirent Harry et Hermione qui attendait devant la grande porte d’entrée.
« Malefoy, le salua Harry en ouvrant la porte et passant dans le jardin.
- Potter. »
Sirius et lui échangèrent un signe de tête et Hermione lui sourit en passant à son tour. Elle allait avancer lorsqu’il posa la main sur son bras pour l’arrêter. Elle se tourna vers lui, et fit signe aux autres de continuer sans elle. Harry fronça les sourcils mais Sirius l’emporta.
« Qu’y a-t-il ? demanda Hermione.
- Tu réalises qu’en me confiant ce secret, tu me donnes un pouvoir sur vous ? »
Elle fronça les sourcils.
« Qu’est-ce que tu veux dire par là Drago ? Tu comptes nous faire du chantage ?
- Non, pas du tout. Je me demandais pourquoi tu plaçais une telle confiance en moi ? Je ne pense pas avoir fait quoique ce soit pour la mériter.
- On a travaillé ensemble pour le projet de loi et je t’ai vu avec ton fils. Un homme capable d’être un père aussi dévoué, mérite ma confiance.
- Tu as des standards vraiment bas, Granger, dit-il avec sarcasme. Et ce que tu vois quand je suis avec mon fils, c’est de la culpabilité. Pas de la bonté. Cela ne fait pas de moi un homme meilleur.
- Tu te trompes. L’amour que tu as pour ta femme et ton fils, c’est précisément ce qui fait que tu n’es plus le sale type qu’on connaissait à Poudlard. Et il faut que tu cesses de t’en vouloir pour ce qui est arrivé à Scorpius. »
Il pâlit et secoua la tête.
« Non, ce qui est arrivé à mon fils est entièrement de ma faute.
- Tu ne pouvais pas savoir qu’une chose pareille se produirait.
- Que ma folle dingue de tante avait infesté le manoir de magie noire ? J’aurais pu m’en douter.
- C’était un accident. »
Il balaya sa réponse d’un revers de main.
« Peu importe maintenant…
- Comment va-t-il ? s’enquit Hermione. Je croyais que son état s’était stabilisé.
- C’est le cas.
- C’est une bonne nouvelle. »
Il prit une grande inspiration et lorsqu’il reprit la parole son visage s’était à nouveau figé en un masque froid et hautain.
« Non pas que cela te concerne.
- En effet. Fais-moi savoir si tu as besoin de moi.
- Aux dernières nouvelles, c’était toi qui avais besoin de moi. »
Sur ses mots il referma la lourde porte du manoir et Hermione resta seule sur les marches.
End Notes:
Voilààà ! J'espère que vous avez aimé et que vous êtes intrigués par tout ça ! Est-ce que vous voulez plus de Drago ? Et n'hésitez pas à laisser un commentaire ! :)
Chapitre 11 - Les biscuits by Saam
Author's Notes:
Bonsoir à tous ! J'ai survécu à la grippe ! Ce chapitre était écrit depuis super longtemps mais j'avais vraiment la tête dans le pâté, et j'étais incapable de corriger ou faire les petits arrangements nécessaires. Bref, le voici, il s'y passe des choses intéressantes et j'espère que vous aimerez !
Hermione et Sirius transplanèrent jusqu’à chez elle et dans un silence religieux s’installèrent à la table de la cuisine qui était devenue leur point de chute.
« Je te trouve très silencieux pour quelqu’un qui a peut-être une solution à ses problèmes ? dit Hermione. »
Il haussa les épaules avec une nonchalance feinte.
« J’ai simplement peur que rien ne fonctionne comme prévu, dit-il, et qu’on soit encore déçus.
- Je comprends. Mais nous allons vite le savoir, je vais aller au Ministère aujourd’hui et vérifier dans les registres si la cape est enregistrée.
- Aujourd’hui ? »
Elle hocha la tête et se leva. La tête dans le placard à la recherche de tasses propres elle continua :
« Oui, j’en ai pour deux heures maximums. Le tout est de ne pas tomber sur membre de la commission, surtout pas Frank Smith, ou Trevor Bones.
- Qui ça ?
- Deux représentants de leur parti. Ils sont… envahissants. Enfin bref, je devrais réussir à me faufiler sans être vue. Après tout c’est dimanche, normalement il n’y aura presque personne au Ministère. »
Lorsqu’elle s’extirpa du placard, elle remarqua que Sirius paraissait contrarié.
« Quelque chose ne va pas ? »
Il leva les yeux vers elle et fit un sourire factice.
« Non, non, je m’inquiète juste pour les prochains jours. Je pensais qu’en retournant au travail, du donnais le signal que tu étais guérie et que tu devrais… Eh bien, reprendre ton travail.
- Il faut bien que j’y retourne un jour de toute façon.
- Mais si tu es officiellement guérie, tu devras y retourner tous les jours, et tu as l’air d’avoir tant de choses à faire pour le Département…
- C’est vrai. Je ne dis pas que ce sera facile, mais puisque tu as pris en main la traduction… Et il faut vraiment que je supervise l’avancée du projet de loi. Il doit être opérationnel pour septembre prochain, et je ne veux pas qu’on prenne du retard, c’est trop important. »
Il hocha la tête, un peu déçu.
« Si c’est ce que tu préfères…
- Ce n’est pas une question de préférence, tu imagines bien que sinon je resterai ici avec toi. »
Elle se mordit la lèvre et se cacha machinalement derrière ses cheveux. Elle ignorait pourquoi elle avait dit une chose pareille. Il n’y avait aucune raison qu’elle préfère rester auprès de Sirius, et encore moins de raisons qu’il puisse « s’en douter ». Elle avait parlé sans réfléchir. Pour rompre le silence elle posa bruyamment les tasses sur la table. Ils restèrent silencieux, profitant du calme, attablés devant la théière fumante qui exhalait une douce odeur de bergamote.
« Il nous faudrait des biscuits, dit Hermione rêveusement.
- Des biscuits ?
- Oui, pour le thé. Cela a l’air de devenir une habitude entre nous de boire du thé, alors…
- Autant avoir des biscuits ?
- Oui c’est cela. »
Il hésita un instant puis dit avec un sourire aux lèvres.
« Je pourrais te faires des biscuits, si tu veux.
- Tu sais faire ce genre de choses ? »
Elle était étonnée.
« Absolument, en fait je suis plutôt bon cuisiner. Tu sais, c’est même moi qui aie préparé ses premiers plats à Harry. James et Lily étaient des calamités, et si je les avais laissé faire, ils lui auraient donné ces horribles bouillies marron.
- C’est vrai ? Alors je serais absolument ravie que tu fasses des biscuits. »
Il hocha la tête et elle prit une gorgée de thé. Elle en profita pour le regarder du coin de l’œil sans être vue. Un sentiment étrange s’emparait d’elle et qu’elle n’était pas certaine d’apprécier. Ces moments qu’elle passait avec Sirius étaient devenus habituels et cela s’était fait si naturellement qu’elle n’avait pas réalisé immédiatement la profondeur qu’avait pris leur relation. En vérité, elle appréhendait le moment où elle devrait reprendre le travail, partir tôt au Ministère et revenir à 17h avec Rose. Que deviendrait Sirius dans cette vie ? Est-ce qu’il resterait vivre ici avec elles ? Ce serait étrange. Mais en même temps, elle s’était tellement habituée à sa présence qu’elle s’imaginait mal prendre à nouveau son thé seule, ou s’asseoir sans lui à sa table de travail. Mais cette décision ne lui appartenait pas… Dès que Sirius serait protégé par l’amulette, il irait probablement chez Harry. Elle commença à sentir une boule se nouer dans son ventre. C’était la solution la plus logique, elle le savait, cela n’aurait pas dû lui laisser un sentiment si désagréable au ceux de l’estomac. Elle s’efforça de ne plus y penser, et avala son thé encore très chaud.
Lorsqu’elle redescendit de sa chambre, elle s’était métamorphosée. Elle avait revêtu une tenue de travail et avait attaché ses cheveux. Elle avait l’air plus sévère.
« On dirait le professeur McGonnagal, remarqua Sirius.
- Oh ! Je ne suis pas sûre que ce soit un compliment.
- C’était une très belle femme aussi dans sa jeunesse. »
Elle lui fit un sourire, toujours hésitante sur la manière dont elle devait recevoir cette réflexion. Alors qu’elle vérifiait dans son sac si elle avait pris tout ce dont elle avait besoin, il se leva et avança vers elle.
« Baguette, j’ai, badge, j’ai, rapports de commissions, signatures du comité, articles de Luna, j’ai… »
Elle aperçut Sirius en jetant un rapide regard dans le miroir face à elle. Il était juste dans son dos, mais elle ne réalisa qu’il était si proche que lorsqu’elle sentit son souffle dans son cou. Elle se figea sans parvenir à cesser de le regarder dans le miroir. Il était à quelques centimètres d’elle seulement, et il fixait sa nuque. Elle sentait et voyait en même temps, sa silhouette entourant la sienne de son ombre et de sa chaleur. Son cœur s’accéléra dans sa poitrine et une vague de désir monta dans son ventre. Elle ferma à demi les paupières, subjuguée par la sensation chaude et intense de la respiration de Sirius dans son cou. Elle aurait voulu reculer d’un pas, ou que lui fasse un pas en avant et que leurs corps enfin se rencontrent. Mais elle sentit qu’il s’éloignait d’elle et d’un coup le froid l’envahit.
« Cela te va très bien les cheveux attachés, dit-il d’une voix un peu rauque. »
Elle hocha la tête mécaniquement, encore secouée par l’intensité des émotions qui l’avaient envahie. Il lui tendit un papier qu’elle attrapa sans comprendre.
« Les références de dossier de l’affaire Barjow, tu l’avais laissé sur la table, expliqua-t-il.
- Oh, merci. »
Elle attrapa le parchemin du bout des doigts et le fourra dans son sac sans oser regarder Sirius. Elle sentait chaque pores de sa peau brulants de se jeter sous ses mains et il était tout à coup intolérable pour elle d’être dans la même pièce que lui, sans pouvoir le toucher. Elle se mordit l’intérieur de la joue et se précipita vers la cheminée. Elle jeta une poignée de poudre et disparut dans un tourbillon de cendres.
En arrivant au Ministère, elle se présenta aux quelques Aurors de garde qui patrouillaient dans les couloirs déserts.
« Bonjour, Mme la Directrice ? Vous êtes bien rétablie ?
- Bonjour, Darren, oui très bien je vous remercie.
- Vous voulez que je prévienne le Ministre de votre arrivée ?
- Non je vous remercie, je viens simplement chercher quelques dossiers pour travailler chez moi.
- Bien sûr, allez-y. C’est désert, vous ne rencontrerez personne, il n’y a que Godlstein au Département des Mystères, et Percy Weasley au troisième étage. »
Elle entra dans ses bureaux. Sur la table de travail commune au milieu de la pièce, Selma et Thomas avaient laissé en plan leurs derniers dossiers et notes. Elle s’approcha et les parcourut des yeux. Elle griffonna quelques instructions dans la marge puis laissa là les dossiers. Elle reprendrait bien assez tôt le travail, elle était là pour autre chose. Elle passa la grande porte à droite qui menait à son bureau personnel. Elle chercha dans son sac le parchemin que lui avait laissé Sirius avec le numéro du dossier de Barjow dessus. Elle l’appela d’un accio et un épais rouleau de parchemin vola du placard jusqu’à ses mains. Elle chercha dans la longue liste le nom de Barjow et lu :
« Mervin Anton Stanislasy Barjow, propriétaire de Barjow et Beurk a été jugé coupable par le Magenmagot de vente et recel d’artefacts de magie noire et de collaboration avec les Mangemorts. La perquisition menée à son magasin et son domicile a fait état d’un grand nombre d’articles de Magie Noire de niveau 8, qui ont été confisqués et placés sous la protection du Ministère. Les informations relatives à la saisie des artefacts magiques sont consignées dans le dossier N89BAR254.
Jugement rendu par le Magenmagot le 2 février 2000, Session extraordinaire, présidée par Ginger O’Neal, co-présidée par Arthur Weasley. »
Elle renvoya le parchemin d’où il venait. La liste des artefacts et leur lieu de garde ne s’y trouverait pas, il lui fallait désormais trouver le dossier N89BAR254. Elle regretta un instant que ni Selma ni Thomas ne soit là pour s’en charger à sa place. Elle détestait aller aux archives. Elle quitta son bureau après avoir jeté le sortilège de protection habituel et se dirigea vers l’ascenseur. Les archives du Ministère était situées tout en bas du bâtiment, encore plus profondément enfouis que coffres de Gringotts. L’ascenseur s’arrêta brutalement et elle descendit. Il faisait un froid glacial ici qui lui rappelait les cachots de Rogue, ou le Manoir Malefoy. C’était le même froid qu’elle avait ressenti quand allongée sur la pierre humide Bellatrix l’avait torturée. Elle frissonna et par reflexe affermit sa prise sur sa baguette. Un long couloir foré à même la roche menait à une lourde porte à triples battants. A l’entrée, le vigile vérifia son identité puis la laissa passer. Lorsqu’elle franchit les portes elle se sentit mieux. La température était déjà plus élevée. Elle jeta un sortilège et une petite boule de lumière apparut devant elle pour la guider jusqu’au dossier qu’elle cherchait. Elle se dirigea à droite et Hermione la suivit. Les étagères remplies de dossier montaient jusqu’au plafond, huit mètres au-dessus de leur tête. Il y avait quelque chose d’oppressant à arpenter ce dédale infini de dossiers et elle hâta le pas, pressée d’en finir. Lorsqu’Hermione arriva devant la bonne rangée elle chercha des yeux le numéro. C’était une grosse boite en carton tout en bas, qu’elle sortit avec précautions. Elle l’ouvrit, la boite était pleine de parchemins. Son cœur s’emballa légèrement, la réponse était juste là. Si la cape était recensée, elle pourrait aller la chercher le jour-même et la déposer au Manoir Malefoy. Dès le lendemain Sirius serait libre de quitter la maison et de vivre sa vie. Frénétiquement, elle chercha le parchemin indiquant l’inventaire des objets. Lorsqu’elle le trouva elle le décacheta et le déroula. Ses yeux se jetaient avidement d’une ligne à l’autre. Il y avait là des centaines d’objets recensés dont le nom et la description de certains faisaient froid dans le dos. Elle descendait toujours plus bas, mais la cape n’était pas mentionnée. Une immense déception l’envahit lorsqu’elle arriva à la dernière ligne. Mais il était possible qu’elle ait sauté une ligne. Elle recommença. Elle le relut plusieurs fois mais fini par se rendre à l’évidence. Les Aurors n’avaient pas trouvé de cape chez Barjow, et elle n’apparaissait pas non plus dans le registre des objets vendus. Elle avait disparue de la circulation. Soit Malefoy avait menti mais il n’avait aucun intérêt à le faire, soit, Barjow avait vendu la cape sans le noter dans son registre. Elle pouvait aussi bien avoir été volée ou perdue.
La mort dans l’âme elle remit les parchemins à leur place puis la boite sur l’étagère, quitta les archives et remonta à son bureau. Elle y resta une demie heure puis reparti par cheminette. Lorsqu’elle arriva, Sirius était étendu dans le canapé, lisant la Gazette avec Pattenrond sur les genoux. Surpris, le chat sauta, les poils hérissés et se sauva à l’étage. Sirius se redressa, l’air plein d’espoir.
« Je suis désolée Sirius, dit-elle en secouant la tête. La cape n’était mentionnée nulle part.
- Ah, et bien tant pis. Merci quand même Hermione, dit-il d’une voix blanche. »
Elle sentit son cœur se serrer. Elle aurait aimé lui rapporter une bonne nouvelle. Il avait l’air sombre et pensif. Elle ôta son manteau et son écharpe pendant qu’il restait silencieux.
« Je suis sincèrement navrée Sirius, je te promets qu’on la retrouvera.
- Ne t’inquiète pas Hermione, tu n’y es pour rien, et ce n’est pas si grave. Enfin… je suis un peu déçu évidemment. En fait, j’ai eu une idée, quelque chose qui pourrait nous aider sur le long terme, même si je suis d’accord avec toi, trouver cette canne et avoir ce pendentif miraculeux, aiderait énormément.
- Ah oui ? »
Elle était soulagée qu’il prenne la nouvelle ainsi. Elle n’avait pas arrêté de songer à sa déception, et elle avait craint qu’il ne baisse les bras, ou ne sombre dans la morosité en pensant que tout était perdu. Il commença à expliquer avec animation.
« Je repensais à notre visite au Manoir Malefoy, à ce qu’on a dit sur la famille, tu sais, que Drago est mon cousin... Enfin, cela n’est pas important, mais je pensais alors au reste de ma famille. Je me disais que peut-être dans la bibliothèque du Square Grimmaurd on trouverait des livres, des ouvrages auxquels on n’a pas accès ici. Ma famille était… comme tu le sais un peu portée sur la magie noire. Et je suis presque sûre que Bellatrix a appris toutes ses pires astuces dans la réserve personnelle de mon père. Enfin, il y aurait peut-être un livre, quelque chose qui nous orienterait. Et j’avais ce dictionnaire de Runes… J’ai pensé que quelque chose d’utile pourrait ressortir de toute cette malédiction familiale. Les possessions, ce genre de choses, c’est typiquement ce qui fascinait mon père et Bellatrix, ces deux là étaient forcément renseignés sur la question… »
A mesure qu’il parlait, il la vit se raidir. Toute chaleur semblait la déserter Elle regardait dans le vague derrière son épaule, il voyait dans ses yeux une noirceur qu’il n’y avait jamais vue. Il s’arrêta, inquiet.
« Hermione ? Tu vas bien ? Tu as l’air ailleurs ?
- Quoi ? Oui pardon, bien sûr, dit-elle d’une voix blanche en évitant son regard et en se détournant. »
Il fronça les sourcils. Elle n’avait pas l’air bien du tout.
« Hermione, que se passe-t-il ?
- Ce n’est rien Sirius. Il n’y a rien à comprendre. Ce n’est rien du tout, je suis juste un peu fatiguée. »
Elle était fuyante ce qui ne lui ressemblait pas et l’inquiétait d’autant plus. Il fit le tour de la table et vint se planter devant elle. Elle lui fit un pâle sourire, l’esquiva et marcha jusqu’au salon. Il la suivit.
« Hermione ? Tu es sûre que tu ne veux pas en parler ? »
Elle se retourna et constata qu’il avait l’air sincèrement inquiet à son sujet. Ses yeux gris ne la quittaient pas. Elle lui sourit, touchée par son inquiétude.
« C’est simplement… hésita-t-elle. Je crois que j’ai trop pensé à cela aujourd’hui. C’était trop de Manoir Malefoy et de Bellatrix pour une seule journée.
- Je ne comprends pas. »
Machinalement, avant de lui répondre, elle baissa les yeux vers son avant-bras et Sirius suivit son regard. Une lueur de compréhension passa dans ses yeux. Sans un mot, il s’approcha, et emprisonna son bras entre ses mains, puis, doucement, le plus délicatement qu’il le pouvait, il remonta la manche de son tee-shirt. Il sentait sa peau frissonner sous ses doigts. Petit à petit la cicatrice apparaissait et il put lire « Sang-de-bourbe » en lettres de chair. Il sentit sa main se crisper légèrement autour du bras d’Hermione. Sa colère était immense, et il tâchait de rester calme.
« C’était il y a longtemps, dit Hermione d’une voix tremblante. Mais quand j’y pense… Je ne veux pas me sentir comme ça, faible. Je ne suis pas comme ça. Mais quand je repense à ce moment, à sa voix, Bellatrix… »
Elle prit une grande inspiration pour lutter contre les sanglots qui gonflaient dans sa poitrine.
« Tu n’es pas faible, dit Sirius d’une voix rauque. Tu es Hermione Granger, la personne la plus courageuse que je connaisse, la plus brillante.
- Tu ne me connais pas suffisamment pour dire ça, répondit Hermione en souriant malgré ses larmes.
- Je pense que si. Je pense que je te connais. »
Elle ne répondit pas. Il baissa les yeux sur sa main qui tenait le bras d’Hermione. Ses doigts étaient sur sa peau, avides et inquiets à la fois. Il ne pouvait pas arracher son regard de cette union si légère de leurs deux corps, juste là sous ses yeux. Il bougea ses doigts le long de son bras.
« Je ne peux pas croire, que mon affreuse cousine ait pu te faire ça, dit-il d’une voix hachée et furieuse. »
Elle fixait, les yeux écarquillés et le souffle un peu court, la main de Sirius. Ses doigts caressaient sa peau avec une douceur inouïe, mais elle sentait leur frémissement, leur impatience. Elle avait du mal à réaliser que Sirius la touchait, là, sur cette partie de son corps qui était la plus douloureuse, sans qu’elle ait envie de hurler ni de pleurer, sans que la peur et la honte ne la submerge. Elle oubliait totalement le cauchemar caché sous sa paume. Elle n’était plus sensible qu’à une chose, la pression de ses doigts, leurs parcours sur sa peau. Son cœur s’emballait dans sa poitrine. Elle le sentit bouger et releva la tête. Ses yeux étaient posés sur elle et elle ne pouvait pas se tromper sur la lueur qui les illuminaient. Un frémissement d’impatience s’empara de son corps qui voulait plus de Sirius. Elle n’osait pas déglutir, ni respirer, figée dans cet état de désir et d’inquiétude. Puis tout à coup, la réalité la frappa. C’était Sirius. Et c’était elle. Et donc, cela ne pouvait pas être.
Elle s’écarta d’un bond.
« Je… hm… je devrais retourner au travail… Nous avons du travail. On ne peut pas… hm.. »
Elle tournait sur elle-même, désorientée en cherchant à s’éloigner.
« Non ! »
Quelque chose dans son ton, dans l’énergie qui irradiait de sa posture l’avait stoppée net. Et elle sut avant même qu’il pose les mains sur ses hanches qu’ils s’apprêtaient à franchir la ligne. Combien de fois dans la semaine, avaient-ils été sur le point de céder et de faire ça ? Elle ne pouvait pas compter. Mais son corps se souvenait de chaque contact, chaque caresse, chaque frémissement, et il suffoquait. Lorsque Sirius l’attira contre lui elle lâcha prise.
Ses grandes mains chaudes dans son dos la plaquaient contre lui, la pressaient avec une urgence brulante. Elle leva la tête, tout en chancelant légèrement, pleine d’une ivresse incontrôlable, elle ne savait plus si elle cherchait de l’air ou les lèvres de Sirius. Et puis tout à coup, ils étaient encore plus proches, elle sentait leurs respirations erratiques, le frémissement de leurs deux corps, et ils s’embrassaient. Ses jambes faiblirent sous elle, mais il la tenait si fermement contre lui qu’elle ne tomba pas. Elle s’accrocha à son cou, s’arquant encore plus contre lui. La force de son désir la submergea, mais elle ne lutta pas. Elle sentit les lèvres de Sirius quitter sa bouche, descendre le long de sa mâchoire jusqu’à son cou. Un frisson la traversa tout entière.
« Tu es sûre que c’est ce que tu veux ? » demanda-t-il à son oreille.
Elle hocha la tête encore incapable de parler. Elle hocha la tête. Il sourit et sans cesser de s’embrasser ils montèrent dans sa chambre.
Ils étaient au lit, étendus l’un contre l’autre en silence. Sirius somnolait légèrement, caressant mollement de la main la cuisse d’Hermione sous la couette. La tête penchée elle observait son profil. La question se poserait fatalement à un moment, de savoir ce qu’avait signifié cette étreinte. Le sexe en soit, était compréhensible songeait Hermione. Sirius était un homme attirant, et d’ailleurs un homme qui l’avait toujours attirée. Ce qui la désarçonnait, c’était plutôt la violence passionnée de leur union, l’urgence avec laquelle ils s’étaient déshabillés et embrassés. Jamais elle n’avait été touchée de cette façon, avec cette folie, jamais elle n’avait trouvé cette rage en elle, cette envie dévorante d’être dans l’autre et qu’il soit en elle. Rien que d’y penser, elle sentait son ventre bruler.
Un tapotement à la fenêtre les tira de ce moment hors du temps. Sirius se redressa d’un bond, sur ses gardes et attrapa sa baguette sur la table de nuit. Elle l’arrêta d’un mouvement de la main.
« C’est le courrier. J’attendais un hibou. »
Elle sortit ses jambes du drap et hésita un peu en se rappelant qu’elle était nue. Mais l’oiseau poussa un cri de colère derrière la fenêtre et donna un coup plus fort contre le carreau. Elle se leva et tremblante de froid se précipita à la fenêtre pour l’ouvrir. Un grand hiboux gris cendré entra dans un battement d’air colérique. Elle fit un pas en arrière et se heurta au corps chaud de Sirius. Elle sentit qu’il déposait quelque chose sur ses épaules et elle reconnut sa robe de chambre. Elle se retourna avec un sourire, il était en train de se rhabiller.
« Merci ».
Elle s’empressa de passer ses bras dans les manches et de serrer le lien. Puis avec délicatesse elle retira le rouleau accroché aux serres de l’hiboux. Elle le décacheta et commença à lire. Elle fronçait les sourcils.
« Une mauvaise nouvelle ? demanda Sirius ?
- Oh… pas vraiment, c’est juste la confirmation de ce que je pensais. Comme la cape n’était pas dans l’inventaire, j’ai pensé que peut-être quelqu’un avait oublié de la noter, expliqua-t-elle. J’ai envoyé un hibou au sorcier qui a supervisé l’enquête. Il écrit qu’il se souvient très bien de la saisie chez Barjow, qu’il a tout noté scrupuleusement, et qu’il n’y avait aucune canne, ni dans les objets trouvés dans le magasin et au domicile de Barjow.
- Je vois. Pas de cape. Ce n’est pas grave. Nous trouverons autre chose. »
Elle hocha la tête, son regard soudain s’illumina d’une lueur de détermination farouche.
« Il faut le contacter. Directement.
- Qui ?
- Barjow.
- Il est à Azkaban.
- Oui, il faut aller à Azkaban lui parler. »
Sirius s’arrêta au milieu de la pièce et la dévisagea.
« On ne peut pas aller comme ça à Azkaban.
- Moi je peux.
- Cela reste illégal Hermione, et tu le sais mieux que moi. Tu ne peux pas exiger de parler à un prisonnier sans une affaire en cours qui l’exige.
- Il y a une affaire en cours.
- Oui, une que le Ministère n’approuverait pas ! s’écria-t-il. »
Elle secoua la tête.
« C’est la seule solution, dit-elle.
- Pas du tout ! s’écrie-t-il. Il y a surement un million de meilleures solutions que d’aller à Azkaban parler à un escroc expert en magie noire.
- C’est le moyen le plus rapide.
- Je n’y retournerai pas, dit-il d’une voix blanche. »
Elle se calma aussitôt. Sirius était blafard et tremblant. Elle n’avait pas réfléchi en évoquant Azkaban et elle s’en voulu immédiatement. Elle s’approcha de lui doucement.
« Tu as raison, je me suis un peu précipitée. »
Il ne répondit pas mais elle remarqua qu’il s’était très légèrement détendu. Il attrapa son tee-shirt resté sur le lit et l’enfila rapidement. Elle ne le quittait pas des yeux. Elle devinait sous le tissu, les muscles, les tatouages les cicatrices. Elle le connaissait par cœur maintenant, rien ne pourrait jamais l’ôter à son souvenir. La mémoire du corps de Sirius était ancrée dans ses doigts. Il s’avança vers elle et caressa sa joue d’une main légère.
« Tu es glacée, je veux faire du thé. »
Elle ferma les yeux en sentant sa main contre sa peau.
« D’accord, j’arrive tout de suite. »
Elle le regarda quitter la pièce, incapable de bouger. Et si l’Autre revenait ? S’il y avait une autre crise ? Si l’Autre emportait la conscience de Sirius et qu’il ne revenait jamais à lui ? La situation était terrible et totalement inconnue. A tout instant elle pouvait déraper. Elle sentit son estomac se nouer de peur en même temps que la certitude qu’elle ne laisserait pas cela se produire l’envahissait.
Il n’irait pas à Azkaban, mais elle irait. Elle n’attendrait pas plus. Elle refusait d’espérer pour une possible solution, alors qu’elle pouvait l’aider immédiatement. Il n’avait jamais été libre, il ne pouvait même pas sortir de cette maison sans qu’elle ou Harry l’accompagne et le surveille. S’il s’éloignait des protections magiques, il devenait un danger pour les autres et pour lui-même. Il suffisait d’un simple aller à Azkaban et il retrouverait un peu de sa liberté. Ce serait déjà quelque chose. Quelque chose de positif en attendant qu’il soit totalement libéré de ce qui le possédait. Elle jeta un sortilège au parchemin qu’avait apporté le hiboux et il s’enflamma aussitôt. Sa décision était prise.
End Notes:
J'ai songé à nommer le chapitre "tremper le biscuit", j'espère que vous me pardonnerez ce mauvais gout ! J'espère que vous avez aimé ce chapitre, n'hésitez pas à laisser un commentaire.
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