Summary: 1976, les Maraudeurs entrent en sixième année d’étude à Poudlard, accompagnés de Lily Evans, de Severus Rogue et d'autres élèves dont les noms rempliront les rangs de l'ordre du phénix, ou ceux du camp ennemi.
Le Lord Voldemort et ses Mangemorts se font connaître. Leur idéaux se font entendre dans le monde de la magie, la peur commence a se faire sentir. Les rangs se forment. Nos amis vivent sans doute les dernières années de tranquillité avant d'entrer de plain-pied dans la guerre.
Dans ce climat de chaos, l'amitié et l'amour tissent leurs toiles. Mais pas seulement. La colère, la haine, la rancune sont aussi présentes en chacun.
Remus Lupin, jeune lycanthrope complexé par sa condition, trouve l'amour dans le regard d'un homme, et pas n'importe qui : Sirius Black, son meilleur ami. Un amour totalement inavouable pour lui. James Potter, éternel amoureux de Lily, décide de murir, et de conquérir la jeune fille autrement que par le harcèlement.
Chacun apprend à devenir adulte, et tente de prendre les bonnes décisions, profitant des rares moments de bonheur que la vie leur offre encore.
Categories: Durant Poudlard,
Epoque Maraudeurs,
Wolfstar (Sirius/Remus) Characters: Les Maraudeurs, Lily Evans, Personnage original (OC)
Genres: Amitié, Romance/Amour
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 84
Completed: Non
Word count: 584957
Read: 94257
Published: 06/08/2018
Updated: 26/09/2022
Story Notes:
Il y a 7ans, j'avais commencé une FanFic : Des petites graines de bonheur.
Aujourd'hui, je me replonge au coeur des mes amours maraudeuses : je la reprend (car elle est devenu illisible U_U) et la retravaillant.
1. Premier Samedi au Pré Au Lard by Crepuscule64
2. Ivresse et Perte de Contrôle by Crepuscule64
3. Crise de Jalousie et Mise Au Point by Crepuscule64
4. Au Cœur de Toutes les Conversations by Crepuscule64
5. Échec et Mat By James Potter by Crepuscule64
6. Lily Evans Et La Complainte du Maraudeur by Crepuscule64
7. La Jalousie est un Vilain Défaut, M. Lupin by Crepuscule64
8. Cotton Club, Charleston Et Années Folles by Crepuscule64
9. Une Demande Très Particulière du Professeur Dumbledore by Crepuscule64
10. Deux Cœurs En Souffrance by Crepuscule64
11. Pris Au Piège by Crepuscule64
12. Le Calme Après la Tempête by Crepuscule64
13. Une Valse de la Vie, entre Argent et Or by Crepuscule64
14. L'Amour Et Ses Petites Contrariés by Crepuscule64
15. Du Crépuscule du Soir au Crépuscule du Matin by Crepuscule64
16. Une Fleur de Lys et Un Daguet by Crepuscule64
17. Un Secret Si Difficile à Assumer by Crepuscule64
18. Une Valse De la Vie, Entre Flocons de Neige et Notes de Musique by Crepuscule64
19. Une Lumière Qui s'Eteint, Une Étoile Qui Scintille by Crepuscule64
20. Désormais, Tout Serait Différent by Crepuscule64
21. Lily Evans Et Le Secret du Lycanthrope. by Crepuscule64
22. Comme Une Étincelle Dans l’Abîme de Tes Yeux by Crepuscule64
23. Dernière Soirée À Poudlard by Crepuscule64
24. Un Noël à Godric Hollow by Crepuscule64
25. Une Virée Chez Les Lupin by Crepuscule64
26. Que le Cauchemar Commence ! by Crepuscule64
27. Une Disparition Inquiétante by Crepuscule64
28. Un Duo de Choc Au Service d'un Petit Loup by Crepuscule64
29. Mesures D'Urgence Contre Carences Éducatives by Crepuscule64
30. Confidences et Manigances by Crepuscule64
31. Délice et Vengeance by Crepuscule64
32. Lily Evans dans l'Antre des Maraudeurs by Crepuscule64
33. Quand Un Petit Loup Se Dévergonde... by Crepuscule64
34. Une Pleine Lune Aux Saveurs Aigre-Douce by Crepuscule64
35. Comme Un Souffle Brûlant Sur Tes Lèvres by Crepuscule64
36. Le Plaisir d'Enseigner Pour Sirius O. Black by Crepuscule64
37. Assumer... Justifier... Oser... by Crepuscule64
38. Quand le Sort s'Acharne, l'Injustice s'Installe by Crepuscule64
39. Tensions Électriques Entre Deux Lions by Crepuscule64
40. À La Rescousse de Peter Pettigrow by Crepuscule64
41. Des Excuses à Présenter pour R.J. Lupin by Crepuscule64
42. La Possessivité est un Vilain Défaut, M. Black by Crepuscule64
43. Sur Des Montagnes Russes by Crepuscule64
44. Expier Ses Pêchers Pour Sirius Orion Black by Crepuscule64
45. Un Petit Rat Au Centre Du Monde by Crepuscule64
46. Sœur de Cœur, Fleur de Courage by Crepuscule64
47. Un Evenement À La Une by Crepuscule64
48. Sombrer Dans Une Abîme Délectable by Crepuscule64
49. Game Over Pour Sirius O Black by Crepuscule64
50. Arrêter de Jouer et Commencer à Vivre by Crepuscule64
51. Une Valse de la Vie, entre Adoration et Haine by Crepuscule64
52. Cerner Par Les Menaces by Crepuscule64
53. Crise de Jalousie et Promesse d'Avenir by Crepuscule64
54. Serres Contre Griffes by Crepuscule64
55. Un Peu... Beaucoup... Passionnément ! by Crepuscule64
56. A La Folie... Pas Du Tout ! by Crepuscule64
57. Au Confessionnal, M. Lupin ! by Crepuscule64
58. Quand Un Blaireau Entre Dans La Danse by Crepuscule64
59. Poser des Questions... Trouver des Réponses... by Crepuscule64
60. Une Ombre Dans le Ciel by Crepuscule64
61. Sortir du Cauchemar ou S'y Enfoncer... by Crepuscule64
62. Les Fêtes d'Anniversaire selon les Black by Crepuscule64
63. Les Fêtes d'Anniversaire selon les Potter by Crepuscule64
64. De La Haine Dans Les Veines by Crepuscule64
65. Redevenir Soi-Même by Crepuscule64
66. Duo De Choc Au Service d'Un Jeune Loup by Crepuscule64
67. R. J. Lupin et le Jour du "Tout-Permis" by Crepuscule64
68. Qui S'y Frotte.... S'y Pique ! by Crepuscule64
69. Une Stagiaire Dans l'Equipe by Crepuscule64
70. Générosité, Partage et Amour des Autres by Crepuscule64
71. Une Chasse Aux Sorcières Version Maraudeurs by Crepuscule64
72. De l'Illégal et du N'importe Quoi by Crepuscule64
73. Home Sweet Home by Crepuscule64
74. Plonger En Enfer by Crepuscule64
75. Fuir Pour Survivre by Crepuscule64
76. Panser Ses Plaies by Crepuscule64
77. Dans le Blanc Des Yeux by Crepuscule64
78. Une Quête Pour Lily Evans by Crepuscule64
79. S'excuser... S'affronter... S'amuser ! by Crepuscule64
80. Bièraubeurres et Rencontres Amoureuses by Crepuscule64
81. Activités ExtraScolaires Au Clair de Lune by Crepuscule64
82. Élémentaire, Mon Cher Black ! by Crepuscule64
83. Duel Au Sommet Dans La Grande Salle by Crepuscule64
84. S.O.S : Un Cabot En Détresse ! by Crepuscule64
Premier Samedi au Pré Au Lard by Crepuscule64
Author's Notes:
Octobre 1976... Enfin une sortie au Pré au lard ! Mais Remus se retrouve seul au Trois Balais... pour son plus grand ennui avant que le salue n'arrive en la personne d'un brun bien particulier
--- Inspirer ! Expirer ! Rester Zen ! ---
Le regard rivé sur la pendule, un jeune homme de seize ans ruminait intérieurement, une Bièraubeurre sans alcool intacte devant lui. Il faisait danser la bouteille entre ses doigts avec acharnement. Il n'avait pas soif ! Installé au comptoir de chez Madame Rosmerta, il attendait que les aiguilles de l’horloge se décident enfin à se bouger un peu pour que passe cette interminable journée.
Remus John Lupin était seul. Ce qui pouvait paraître assez étonnant pour les autres étudiants quand on connaissait ses trois inséparables amis. À eux quatre, ils formaient le groupe des maraudeurs. Mais pour l'heure, il était seul. James et Peter étaient partis mijoter quelque chose, probablement pas très loin de Lily Evans. Et Sirius... Sans doute était-il encore en rendez-vous avec sa conquête du moment.
Alors, abandonné en ce samedi de sortie au Pré-au-lard, le préfet avait décidé d'aller siroter une Bièraubeurre, loin de l'école. Et même si le lieu était bondé d'étudiants, il restait seul, dans son monde. Si on excluait les maraudeurs, son cercle de fréquentations n'était pas très étendu. Et s'il n'avait pas été nommé préfet de sa maison, l'obligeant à avoir des contacts avec les autres élèves, il aurait pu continuer ainsi encore deux ans. Mais la décision d'Albus Dumbledore, illustre directeur de Poudlard, avait changé la donne, lui donnant la responsabilité de s’occuper des plus petites classes et de les aider. Une chance pour lui que son binôme d'autorité n'était autre que Lily Evans, sa meilleure amie. Une jolie rousse avec qui il partageait la passion des études et des révisions, au calme, à la bibliothèque.
La bibliothèque... Le seul lieu où on ne verrait aucun des autres maraudeurs, sauf exceptionnellement pour emprunter un livre. Et là encore... le préfet était souvent désigné pour cette tâche. C'était sans doute pour ça aussi, que son homologue féminin préférait y étudier plutôt qu’à la Grande Salle ou dans leur salle commune. Là-bas, elle était à l’abri de l’agitation incessante qui accompagnait les garçons de Gryffondor de sa classe. Et Remus devait reconnaître qu’il appréciait aussi de se détacher un peu des maraudeurs. Il les adorait, il ne pouvait pas imaginer sa vie sans eux, sans leur amitié, mais parfois, une bouffée d’oxygène provenant d’une amitié plus calme et plus douce faisait un bien fou.
Et pourtant, malgré leur réticence à fréquenter les rayonnages de la bibliothèque, ce lieu où ils n'avaient nullement la possibilité d'enfreindre les règles - et aucune chance d'y parvenir si l'envie leur en prenait, à cause de l’œil affuté de Madame Pince, ce dragon qui veillait à la tranquillité de son antre - Sirius Black et James Potter faisaient partie des meilleurs élèves de leur école. Pas aussi doué que leurs préfets, mais ils faisaient partie des élèves les plus brillants de leur promotion.
Ils possédaient tous les deux une intelligence exceptionnelle, en particulier quand il s'agissait de domaines qu'ils avaient choisi, comme la Métamorphose, la Défense contre les Forces du Mal, le club de duel... l'infraction de toutes les règles qui constituaient le règlement intérieur de l'école, et bien sûr les filles !
D'autres matières, en revanche, ne trouvaient pas grâce à leurs yeux et leurs résultats, souvent à peine au-dessus de la moyenne, s'en faisaient ressentir. L'exemple le plus flagrant : le cours de Potions, enseigné par le Professeur Slughorn, directeur de la noble maison Serpentard. Tout ce qui avait trait à cette maison ne trouvait que disgrâce aux yeux des maraudeurs.
Et pourtant, Sirius Black en était le digne héritier, ou du moins il aurait dû l'être. Mais non... Sirius fut le premier membre de la famille Black a ne pas être réparti à Serpentard. Et pire que tout, le premier a être affecté à la maison des traîtres à leur sang et des amoureux des moldus.
Ses parents n'avaient pas apprécié qu'il rejette en bloc toutes leurs valeurs, tel que la pureté du sang, le seul droit du port de la baguette et de l'enseignement de la magie aux sorciers de sang pur...
Et pour eux, qu'un Black fût reparti à Gryffondor, défenseur des Moldus et du droit des Sang-Mêlés, était un crime de lèse-majesté. Sirius en payait le prix à chaque vacance. Un prix bien trop exorbitant face à la faute commise.
Remus posa enfin les yeux sur sa Bièraubeurre, sortant de ses pensées, soupirant d’ennui. Il prit le bock entre ses mains, sentant ses effluves brûlantes. Il la porta à ses lèvres, attendant patiemment qu'un de ses amis le rejoigne.
Il frissonna, d'un coup, en sentant une main se poser dans son dos. Il n'avait nul besoin de se retourner pour savoir qui venait de le rejoindre. Le parfum exquis de Sirius l’entourait déjà quand sa voix se fit entendre.
- Salut. Qu'est-ce que tu fais tout seul ?
Prenant place à ses côtés, le jeune homme fit signe à la barmaid de lui servir la même chose. Il posa les yeux sur le lycanthrope, un sourire aux lèvres. Le regard ambré de Remus croisa celui, argenté, de son camarade. Une particularité fascinante du physique de Sirius.
- Rien, je me repose au chaud.
- Corn’ n'est pas là ?
Tel un chasseur à la recherche de sa proie, le regard de Sirius balaya la pièce, aussi vif qu'un félin ayant repéré une pauvre gazelle égarée.
-Non, il est avec Lily.
Les sourcils froncés et agacés, Sirius délaissa la salle de son intérêt, pour ne s'intéresser qu'à son ami.
- Voyons si je suis perspicace : et Peter est avec James.
Le ton moqueur du brun n'échappa pas au châtain, qui se contenta d’acquiescer. Entre Sirius et Peter, ce n’était pas l'amour fou. Le premier n'appréciait que très moyennement le côté groupie et l'admiration que Peter vouait à James.
Pour lui, il était regrettable de n'exister qu'à travers une autre. Et il ne ratait aucune une occasion de le faire remarquer aux intéressés. Peter, quant à lui, n'appréciait que moyennement cette raillerie à son encontre. Oui, il idolâtrait James, mais le capitaine de l’équipe de Quidditch le méritait amplement.
Un bock de Bièraubeurre se posa devant Sirius qui s'empressa de le saisir pour se réchauffer un peu. Il laissa ses mains s'imprégner de cette douce chaleur, avant de porter le liquide brûlant à ses lèvres.
Remus posa les yeux sur le brun aux yeux gris, une question lui brûlant les lèvres, mais il se refusait à la poser. Déjà, parce que ce n'était pas ses affaires et qu'il n'aimait pas se mêler de la vie privée des autres, tout meilleur ami que ce fut, mais surtout, parce qu'il n'avait aucune envie d’aborder ce sujet-là, surtout pas avec lui.
Mais il y avait toujours un moyen de savoir sans demander directement, non ? Ce n'était plus alors de la curiosité malsaine, mais juste une note d'information qu'il allait chercher.
- Tu as quelque chose de prévu cet après-midi ?
Il croisa le regard de Sirius et son sourire si divin, pour lequel n'importe quelle fille se serait damnée… lui y compris.
- Non, je suis tout à toi !
Un sourire sincère apparut sur les lèvres du lycanthrope, qui commençait fortement à s'ennuyer. Et pourtant, c'était rare qu'il n'ait rien à faire, rien à réviser. Mais il n'avait pas très envie d'aller s'enfermer à la bibliothèque. Pas le premier samedi de l’année où ils pouvaient quitter l'école pour se rendre au village du Pré-au-Lard !
- Mais tu n'avais pas rendez-vous avec Pearl ?
Sirius posa les yeux sur le jeune homme.
- Non ! Enfin si, ce matin. Je la revois demain. Mais d'ici là, je suis libre comme l'air et tout à toi.
Un sourire tentateur s’étala sur ses lèvres et une lueur divine illumina son regard le rendant d'argent liquide. Remus détourna les yeux pour échapper à cette attraction que son ami exerçait sur lui.
Pearl William était la nouvelle conquête de Sirius. Du moins, c'était ce qu'en avait déduit le préfet des Gryffondors quand il les avait vus discuter et que le rendez-vous de ce samedi matin avait été pris. Mais ça, c'était du ressort de la vie privée de son ami, ça ne le regardait pas. Et surtout, il ne voulait pas savoir…
- Tu veux faire quoi ?
Là était toute la question, comment occuper son temps libre ? Que faire ? Rester ici dans un pub plein de monde ou aller ailleurs, dans le froid .... À la cabane ?
- On finit nos bières et on se prend un pack pour le QG ?
Remus acquiesça de la tête, ravi d'avoir son ami pour lui pour le restant de l'après-midi.
--- Chocolat ? Vous avez dit Chocolat ? ---
Dans une pièce du premier étage de la "Cabane", Les deux maraudeurs sirotaient une Bièraubeurre, installés confortablement sur le lit.
Si Sirius s'agaçait du temps que James passait en compagnie de Lily, ça ravissait Remus qui avait l’occasion de passer plus de temps en tête-à-tête avec le brun le plus canon de l'école.
Canon... était-il normal pour un garçon de trouver son meilleur ami canon ? Sans doute pas... mais lui ne pouvait pas s'en empêcher. Sirius était divin et sexy.
Ça faisait bien longtemps qu'il avait vu en Sirius autre chose qu'un simple ami. Sans doute en seconde année, quand le jeune homme lui avait dit l'accepter comme il était, que sa lycanthropie ne changeait rien pour lui… pour eux… qu'il était et resterait le petit rat de bibliothèque un peu trop sérieux, mais que maintenant, ils comprenaient pourquoi il avait mis tant de temps à se lier d’amitié avec eux et pourquoi sa mère le faisait rentrer chez lui une fois par mois, prétextant des problèmes de santé.
En première année, ils avaient eu réellement du mal à apprivoiser le jeune lycanthrope. Il les fuyait, il était si distant, préférant la solitude à leur compagnie. Mais Remus avait fini par s’approcher et par prendre part à leur jeu. Même s’il refusait tout contact humain du fait de sa condition, son cœur de petit garçon de onze ans, qui n’aspirait qu’à avoir des amis, s’était laissé happer par cette complicité qui liait déjà Sirius et James. Et quand ils avaient tout découvert, son monde s’était de nouveau écroulé, du moins il l’avait cru.
Mais non, ça ne changeait rien pour eux, avaient-ils dit. Et ça n’avait réellement rien changé ! Au contraire, la découverte de son secret n’avait fait que renforcer cette amitié si particulière. Remus leur avait naturellement tout expliqué, le Saule Cogneur, la Cabane...
Et avec le temps, son regard sur son ami avait changé, tout comme le battement de son coeur en sa présence.
Et là, c'était un de ces moments magiques à deux, moment pour lequel il supportait largement une simple relation amicale avec le jeune homme. Ces petits moments qu'il prenait comme des parenthèses de pur bonheur et qu'il pouvait presque placer dans un autre domaine que celui de l'amitié.
Pour l'heure, autour d'une Bièraubeurre sans alcool, ils chahutaient, parlant de tout et de rien.
Pour Sirius, les choses étaient différentes. Il adorait Remus, mais il ne remplaçait pas James. Avec Remus, c'était et cela avait toujours été différent. Avec lui, tout était plus calme, plus posé. Il aimait rester juste là, à contempler les iris dorés de son ami. Chaque moment passé en compagnie du lycanthrope était chargé d'une émotion qu'il ne s'expliquait pas. Mais il restait son petit loup, son meilleur ami, James ayant pris la place de frère de cœur depuis les vacances de Noël de troisième année quand Sirius avait eu l'autorisation exceptionnelle d'aller les passer chez son ami. Les parents de James l'avaient accueilli comme un second fils dans leur vie.
Remus cilla, inspirant doucement. Il posa son regard autour de lui, une petite odeur des plus agréables parvenant à ses narines. Il avait les sens très affutés, un des seuls dons utiles de sa condition de lycanthrope.
Cette odeur, il l'aurait reconnu entre mille… Du chocolat !
L’odorat du loup localisa rapidement la provenance de l’odeur sucrée. Sirius avait un paquet violet dans les mains : une barre chocolatée.
- Ooohhh !
Une exclamation pleine d'envie s’échappa des lèvres de Remus à la vue cette barre, cette saveur à laquelle il ne savait pas dire non.
Sirius haussa un sourcil et jeta un regard espiègle au préfet, tout en déchirant lentement le papier, pour en dévoiler un morceau de la friandise. Il sourit... Mais un sourire étrange, totalement inconnu pour le préfet, qui n'aurait pas su dire ce qui se cachait derrière. Ce dernier se pencha, posant une main près du propriétaire de la barre, pour s'enivrer un peu plus de l'odeur chocolatée.
- Tu partages, dit ?
La supplique lui échappa.
- Hum ... voyons... - Sirius mordit dans le morceau de chocolat, le prenant doucement entre ses fines lèvres - non ! Il laissa tomber le chocolat dans sa bouche - C'est ma dernière. Je dois passer en acheter tout à l'heure, si j'ai le temps. Alors, non ! Celle-là, je la savoure !
Remus cilla, interdit, choqué par l'égoïsme dont faisait preuve le jeune homme. Il croisa son regard, ne sachant pas s'il était sérieux ou pas. Et il ne sut rien lire dans les yeux du cabot. Cette expression, il ne la connaissait pas. C'était la seconde fois, en moins de deux minutes, que Remus se retrouvait totalement perdu face le jeune homme.
- Mais... juste un petit morceau. Et après tu vas en acheter de toute façon...
Comment savoir si le brun était sérieux ? Et pourquoi ne le serait-il pas ? Le chocolat était bien un des rares sujets qui n'admettaient aucune plaisanterie chez Remus. Alors, pourquoi jouerait-il à l'égoïste si c'était pour plaisanter ? Et surtout, pourquoi serait-il égoïste ? Il n'en avait pas le droit !
Le brun se passa lentement la langue sur les lèvres. Un geste qui eut le don de fasciner totalement le châtain. Il aurait donné cher pour être un de ces petits éclats de chocolat et pouvoir goûter aux lèvres de son ami. Sirius fit lentement non de la tête, secouant le petit paquet devant le regard du châtain, qui détacha le sien des lèvres du brun, suivant les mouvements de la barre chocolatée.
- Non ! Je ne partage pas mes barres de chocolat. C'est bien ce que tu m'as dit la dernière fois, non ?
Le préfet rougit violemment, baissant les yeux sur la couverture du lit, coupable, observant un trou qui prit alors un intérêt capital. Oui en effet... Mais la dernière fois, c'était la veille de la pleine lune... Remus était irritable. Pendant ces périodes, il se faisait littéralement violence pour ne pas sauter sur son meilleur ami et l'embrasser. Et oui ! Il n'avait pas voulu partager sa dernière barre de chocolat.
- Mais ... Ce n'est pas pareil. C'était la veille .... Tu sais bien comment je suis dans ce moment-là, dit-il pour se justifier en relevant les yeux sur son ami.
Il n'allait pas lui en vouloir pour ça quand même ... Si ?
Sirius haussa les épaules, sans sourire, prenant un air à la McGonagall, un peu trop sérieux.
- Ça n'excuse rien ! La pleine lune ne justifie pas tout, mon petit loup. Alors, non je ne partage plus mon chocolat avec toi !
Remus cilla, posant les yeux sur la barre que Sirius tendait toujours vers lui, comme une arme pour le battre. Une idée traversa l'esprit du préfet, qui sourit.
Le cabot cilla à son tour, sentant le mauvais coup venir… car ce sourire-là, il était surtout réservé aux leaders des maraudeurs. Il n'eut d'ailleurs pas le temps de comprendre... à peine eut-il le temps de resserrer la prise autour de la barre qu’il sentit que sa main était vide. Remus avait été si vif, si rapide. Ses sens étaient accrus, ses capacités motrices aussi, surtout quand il s'agissait de chocolat... au détriment Sirius !
- Lunard !!!
La voix courroucée du brun ne l'empêcha pas de croquer dans la barre de chocolat et d'en dérober définitivement un morceau. Sirius avait déjà bondi sur lui, mais la précieuse sucrerie était déjà dans sa bouche. Sirius fit basculer Remus sur le lit, essayant de récupérer son bien, même si c'était déjà trop tard pour l'un des morceaux, il en restait deux. Mais le voleur ne comptait pas se laisser faire.
- L'égoïsme est un vilain défaut, Sirius Orion Black ! parvint-il à articuler malgré le morceau de chocolat qui fondait dans sa bouche.
- C'est toi qui dis ça !
Sirius attaqua alors son ami, s'en prenant à lui de la plus horrible des manières. Les mains de Sirius se glissèrent sous le pull de Remus, celui-ci se raidissant aussitôt au contact chaud des doigts du brun sur sa peau. Il n'eut pas réellement le temps de savourer ce moment que la torture commençait déjà. Remus partit alors dans un grand éclat de rire. Un rire cristallin, rare. Un rire que peu de personnes avaient eu l'occasion d'entendre. Et pourtant c'était un son magnifique.
Sirius sourit face à ce son si délicieux. Il adorait le rire de Remus, parfois il aurait tout donné pour l'entendre. Surtout le lendemain de pleines lunes. Remus se tortillait maintenant sous la punition de son ami, fermant du mieux qu'il pouvait la bouche pour ne pas laisser échapper le morceau de chocolat qui fondait encore. Il ne supporterait pas longtemps cette atroce punition. Une punition qui n'était en rien proportionnelle à la faute commise, une punition bien trop sèvre...
Le préfet lâcha alors la barre chocolatée qu'il tenait toujours dans une main et captura celles de Sirius dans les siennes. Il serra alors les poignets du brun, les immobilisant avec une force qu'il ne se connaissait pas, enfin si... La force du loup. Quand il était énervé, il lui arrivait de se laisser submerger par elle. Mais là, non, il voulait juste forcer son tortionnaire à s'arrêter.
Sirius cilla, sans comprendre une nouvelle fois ce qui se passait. Remus le bascula alors en arrière, le faisant tomber sur le lit, lui maintenant fermement les poignets et se mettant à califourchon sur ses cuisses, l'immobilisant le temps de reprendre son souffle... car il n’en pouvait plus. Il avait l'impression d'avoir couru un marathon. Il était tellement chatouilleux, il ne supportait pas ça. Il n'y avait rien de pire au monde... Sauf peut-être ses transformations.
- Ça suffit ! Temps mort !
Sirius était maintenant bloqué, sans aucune possibilité de mouvement. Remus maintenait sa prise trop fermement. Il ne pouvait rien faire. Le préfet finit lentement de déguster son chocolat, une fois qu'il eut repris ses esprits. Il sourit alors, conscient qu'il avait Sirius Black à sa merci.
- Tu partages alors ou pas ?
- Non ! Libère-moi ! Tu triches ! Tu utilises la force du loup !
Le lycan sourit avec envie, son regard se posant sur les lèvres de son ami, descendant lentement sur son torse, avant de replonger dans les iris grisés. Son cœur se mit à battre plus sourdement, avec délice. Sirius était entièrement à sa merci et si près de lui... Son regard glissa doucement de ses yeux, sur ses lèvres et enfin de nouveau sur son torse, son cœur s'accélérant un peu plus. La gorge sèche, il s'imagina une seconde...
Mais il se stoppa net, rougissant. Non ! Il ne devait pas se laisser déborder par tout ça, il devait se contrôler ! Il libéra le jeune homme de son emprise, venant s'asseoir à ses côtés. Il devait faire attention. Si Sirius se doutait de quoi que ce soit, il partirait en courant et ne lui adresserait plus jamais la parole.
Le brun se redressa, posant son regard sur le voleur de chocolat, sans trop savoir quoi penser. Remus avait eu un tel regard... Un regard qu'il ne lui connaissait pas, mais un regard qui avait suffi à allumer un quelque chose en lui. Le lycanthrope prit la barre chocolatée entre ses doigts, en mordant encore un petit morceau avant de tendre le dernier à son propriétaire légitime.
- Je t'en offrirai une, promis.
Un petit sourire d'excuse pour mieux faire passer l'élixir imbuvable au goût de défaite. Il espérait réellement que Sirius ne lui en tiendrait pas rigueur. Ce dernier saisit le morceau et sourit.
- OK ! Mais quand même, tu es déloyal.
Remus se mordit la lèvre inférieure, dans un petit sourire d'excuse.
- Mea culpa.
Le brun sourit un peu plus, son regard s'étant posé sur cette lèvre que Remus mordillait quand il se sentait fautif.
- Aller, je te pardonne. Tu sais bien que je ne peux pas t'en vouloir bien longtemps.
- Salut vous deux !
Les deux amis posèrent les yeux sur la porte dans un même mouvement, pour voir deux autres jeunes hommes entrer dans la pièce. James Potter et Peter Pettigrow venaient de se joindre à eux. Une nouvelle réunion maraudeuse pouvait commencer.
- Salut ! Evans vous a enfin jeté ? questionna Sirius, narquoisement, face à la triste mine de son frère.
Le cœur du jeune homme se languissait pour une fille qui ne le supportait pas. Et malgré tous ses efforts, il n’arrivait pas à changer la donne.
- Mouais, je ne dirai pas ça dans ces termes, mais c’est dans l’idée.
- Et tu dirais ça comment ?
- Disons qu’elle ne sait pas encore apprécier ma présence à sa juste valeur !
Les nouveaux venus s’installèrent sur le lit, après avoir ôté leurs chaussures.
- Pourquoi tu t'embêtes avec elle ? Tu pourrais avoir qui tu veux…
Le fils Black détourna les yeux, agacé. James s’était entiché de la pire de toutes.
- Parce qu’il ne veut pas n’importe qui ! précisa Peter.
James acquiesça doucement de la tête.
- Merci Pete ! Toi au moins, tu me comprends… Et non Patmol, Evans n’est pas n’importe qui ! conclue sèchement le brun à lunettes face au sourire très narquois de son frère de cœur.
- Mouais… Chacun son point de vue, Corn’.
James piocha une Bièraubeurre et en tendit une à Peter, qui la pris avec reconnaissance. Plus tôt dans la journée alors qu’ils s’apprêtaient à entrer aux Trois Balais, avec Remus, James avait aperçu la chevelure rousse de Lily Evans s’engouffrer chez Honeydukes. Et Peter et lui avaient bifurqués, abandonnant le préfet qui avait refusé catégoriquement de les suivre. Le petit rat avait eu donc peur de finir la journée sans pouvoir profiter d’une bonne Bièraubeurre. En quittant Lily, ils avaient été aux Trois Balais, mais en voyant le bar vide de maraudeurs, ils étaient venus directement ici, sans faire une pause désaltérante. Alors, il allait savourer cette délicieuse boisson.
Ivresse et Perte de Contrôle by Crepuscule64
Author's Notes:
15 Octobre : Sirius ne va pas bien, dépressif. Il pense... des pensées qui font mal... Il boit pour oublier...
Et Remus doit maintenant réparer les pots cassés, au risque de se perdre.
Sirius était installé sur le bord de la fenêtre du sixième étage de la tour des gryffondors. Les pieds dans le vide, il avait une cigarette moldue dans la main et un verre de Whisky pur feu posé à ses côtés, attendant sagement d'être bu. Les marques de liquide sur la paroi du verre prouvaient qu’il avait pris plusieurs fois le chemin menant aux lèvres du brun et qu'il avait dû souvent être rempli. Si on l'avait trouvé là, si un préfet ou un prof était entré, il aurait pu avoir de sacrés ennuis. Mais les ennuis, il les connaissait bien. Il était né et il avait grandi avec eux. Cette évidence que sa famille avait tort ! Que tous les mots qui sortaient de leurs bouches n'étaient que des ramassis d'idioties totalement infondés. Lui, il aimait bien qu'on lui explique pourquoi c'était comme cela et pas autrement. Il aimait la vérité, sans condition, sans mais… Mais ses parents n'avaient jamais vraiment pu lui démontrer que leur façon de penser était la meilleure, que c'était celle-là qu'il devait adopter, car aucune autre ne la valait. Et pourtant si ! En quoi les sorciers de sang pur devaient-ils être les seuls à pouvoir pratiquer la magie ?
Les doigts du cabot se refermèrent sur le verre et il le porta à ses lèvres, capturant ainsi une bonne gorgée du liquide dans sa bouche, avant de l'avaler lentement. Leur théorie était fausse. Il l'avait compris en grande partie grâce à Andromeda Black, épouse Tonks, l'année avant qu'il n'entre à Poudlard. La jeune femme était alors en sixième année chez les Serpentards et ils parlaient beaucoup dans leurs hiboux. C'était Sirius du haut de ses neuf ans qui avaient lancé le débat.
Est-ce que Serpentard était aussi bien que le disaient les parents ?
Est-ce que les nés-moldus et les sangs mêlés étaient aussi nuls, aussi peu doués en magie qu'il leur fallait leur interdire la pratique de celle-ci ?
Est-ce que tout cela n'était pas simplement des questions de pur racisme et d'ignorance envers ceux qui venaient de l'autre monde ?
Andromeda lui avait bien sûr expliqué que rien n’était fondé, que dans sa classe la meilleure élève était une née-moldue japonaise et qu'il lui arrivait même de lui demander de l'aide. Les nés-moldus étaient tous aussi doués en matière de magie qu'eux, si ce n'est plus. Ils avaient réussi à franchir la barrière des deux mondes. Ils étaient passés de l'autre côté ; ils avaient eu, dans leur sang, les particules de magie qui leur avaient ouvert les yeux sur ce qui se passait juste sous leur nez et les portes du monde sorcier.
Alors, du haut de ses neuf ans, il avait eu l'intime conviction qu'il ne serait pas un élève de Serpentard. Quitte à tricher, quitte à supplier le choixpeau magique, peu lui importait ! Il irait à Gryffondor ! Il ne véhiculerait pas des idéaux qui n'étaient pas les siens, juste pour le plus grand bonheur de ses parents... Il n’était pas un mouton ! Sa mère avait toujours gardé les distances dues à son rang. Telle une aristocrate au cœur de la cour des plus grands rois, elle n'avait pas à s'occuper de l'éducation de ses enfants, ce n'était pas son rôle. Son rôle était d'être et de paraître, pas de changer des langes, d'apprendre à marcher ou à parler à sa progéniture.
Son père, Orion, avait tenu ce rôle, s'occupant de ses fils du mieux qu'il pouvait, même si en communauté, il semblait froid et distant, il n'en était rien dans le cadre de leur vie familiale. Aujourd'hui, ils étaient le quinze octobre : l'anniversaire de son père. De leur père... Regulus devait avoir eu la même pensée, mais lui... il avait dû lui envoyer un cadeau et un hibou.
Pour Sirius, ça n'aurait servi à rien, il était sûr que son père ne lisait jamais ses hiboux, alors il ne prenait même pas la peine de tenter une quelconque correspondance. Et puis, à part aujourd'hui, il ne pensait jamais à lui !
Ce qu'il enviait James ! Jamais il n'avait tant jalousé son meilleur ami du fait de sa famille. Et pourtant il n'y avait pas de raison. James l'avait accueilli comme un frère dans sa propre maison, acceptant, sans condition de retour, de partager ses parents et leur amour.
Mais Sirius n'était pas et ne serait jamais réellement un Potter. Même si à chacun de ses anniversaires, Noël et toutes les fêtes familiales, il était invité et même si la mère de James lui envoyait des colis de chocolats et de confiseries en tous genres, ce n'était pas réellement sa famille.
Pas aujourd'hui en tout cas. Le reste du temps, son discours, ses pensées étaient bien différentes. Il était un Potter et rien d'autre ne comptait. Mais pas aujourd'hui... pas ce soir... C'était juste le jour qui faisait ça, juste ce satané jour auquel il aurait aimé ne jamais penser. Mais il n'y pouvait rien ! C'était gravé en lui. Et l’alcool n’aidait pas dans la clarté de sa pensée.
Sirius porta le verre à ses lèvres et en but une gorgée plus importante que la précédente, quand il entendit la porte du dortoir s'ouvrit et une conversation assez animée lui parvenir jusqu'aux oreilles.
- Non mais je ne sais plus quoi faire pour qu'elle me remarque, pour qu'elle comprenne. Ça devient lassant ! Et je ne veux pas me lasser. Je veux l'avoir, mais pas juste pour m'amuser. Non, je veux l'avoir, elle me plait vraiment… pas qu’un peu. Je veux lui dire ce que je ressens pour elle et l'épouser à notre sortie de l'école, ou peut-être attendre un peu si elle veut aussi devenir Auror - le brun se stoppa, pensif, avant de repartir dans sa dramaturgie - et encore attendre avant d'en faire ma femme ... Non je ne pourrais pas !
Et James se laissa tomber de façon très tragique sur son lit, sous le regard amusé des deux autres. Sirius ne prêta pas réellement attention à la scène, les yeux rivés sur l'extérieur, sans bouger, les pieds toujours dans le vide. Ses amis tournèrent la tête vers lui, échangeant alors des regards assez inquiets.
- Tu sais que la terre ferme est de l'autre côté de la fenêtre, mon vieux Padfoot !
La voix de James résonna à peine dans l'esprit de Sirius, qui reprit son verre pour le terminer, avant de le reposer dans un bruit sourd.
Remus s'approcha de son ami, grimaçant aussitôt. Cette odeur ... Il la détestait ! C'était l'odeur d'une cigarette !
- Tu fumes ? s'indigna-t-il. Il avait banni cet objet répugnant des pièces communes, l'odeur lui donnant réellement la nausée.
Il s'approcha un peu plus pour voir un filet de fumée s'échapper des lèvres de son ami, un sourire plein d'insolence. Il saisit le verre, reniflant l'intérieur pour grimacer encore plus.
- Du whisky pur feu !
D'un geste de dégoût, il attrapa sa baguette et lui lança un sort pour le nettoyer. Il aurait bien aimé en faire autant avec l'haleine de son ami, ses vêtements et ses mains. Cette odeur de cigarette l'écoeurait réellement.
Le préfet lança un regard à James, se demandant ce qui pouvait bien mettre son homme dans cet état. Celui-ci haussa les épaules avant de comprendre.
- Oh ... quinze octobre ... Pourquoi tu y penses Sirius ? Ta famille ne le mérite pas, OK ! Au lieu de penser à ce que tu rates, pense à ce qu'ils t'ont fait et revient parmi nous, s'il te plaît. Ce n'est pas que j'ai peur, mais là, tu es à deux doigts de tomber dans le vide. Et ma mère ... qui est aussi je te le rappelle TA mère - Il insista sur ce terme de possession - Ne te le pardonnera jamais. Ni à moi d'ailleurs !
Sirius eut le premier mouvement qui montra qu'il avait remarqué la présence des autres, en tourna lentement la tête vers eux, posant un regard gris métallique très terne sur Remus. Ce dernier l'encouragea du regard, même si pour l'heure, il n'avait qu'une envie : passer son ami à l'eau chaude et au savon.
Sirius soupira et commença à lever une jambe pour revenir du côté de la terre ferme, même s'il ne voyait pas en quoi sa position était dangereuse. Il posa une main sur le rebord de la fenêtre pour s'aider, mais celle-ci sembla échapper à son contrôle. Elle glissa sur la pierre rendue glacée par le manteau gelé qui avait enveloppé Poudlard depuis le début du mois. Ouvrir la fenêtre par ce froid n'était pas forcément une bonne idée.
- SIRIUS !!!
La seconde d'après, il sentit une main se refermer sur son bras et le pousser violemment à l'intérieur. Le brun tomba lourdement sur le sol de son dortoir, le dos en premier, puis la tête et enfin les fesses. Ah ! Si les fesses avaient pu amortir le choc ... Mais non !
- Aïe ...
Profonde repartie dans cette situation. Le jeune homme aux cheveux noirs corbeau partit dans un petit rire. James avait bondit hors de son lit et arrivait au niveau des deux jeunes hommes.
- Ça va ? Pas de casse ?
Remus se relevait déjà, très agacé. C'était lui qui avait attrapé Sirius avant que le jeune homme ne tombe de l'autre côté.
- Ça va ! Enfin moi, ça va !
Ils posèrent leur regard sur un Sirius qui semblait avoir trop bu et rien mangé. Il n'était pas au repas du soir, donc alcool et estomac vide était bien l'un des pires mélanges. Y ajouter un petit état dépressif et on obtenait le Sirius affalé sur le sol, rigolant sans raison.
Les deux gryffondors échangèrent un regard entendu et attrapèrent chacun un bras du troisième, sous le regard perplexe de Peter.
- Aller Patmol !
Ils le soulevèrent du sol, le mettant sur ses pieds, avant de le traîner vers la salle de bain.
- Hey mais ... Qu'est-ce que vous foutez ?
Sirius s'indigna, mais il connaissait trop bien la suite. Il ne voulait pas. James ouvrit la porte de la salle de bain. La seconde d'après, ils balançaient Sirius à l'intérieur de la douche, habillé et toujours hagard. Et l'eau glacée coula sur l'animagus chien qui ne put rien faire pour l'éviter, ses deux faux frères lui bloquant le passage.
- Arrêtez ! Sérieux ! Elle est glacée !
Toutes les protestations n'auraient rien changé, il le savait. C'était le meilleur moyen de décuver, mais quand même. C'était un coup à attraper la mort.
- Ça va, c'est bon là !
Sirius avait cessé de se débattre, laissant l'eau couler sur lui, comme un torrent glacé, une main sur la paroi de la douche, la tête légèrement penchée en avant, pour éviter que les gouttes ruisselantes de ses cheveux ne dégoulinent sur lui.
L'eau se stoppa, James et Remus s'écartant pour laisser leur ami, grelottant de froid, sortir de la douche.
- Sérieux ! Vous abusez !
Il pouvait râler autant qu'il voulait, ça ne changerait plus rien.
- Je te laisse prendre la relève.
Et James quitta la salle d'eau, laissant Remus et Sirius en tête-à-tête.
Le châtain leva les yeux au ciel, avant d'attraper une serviette et de poser son regard sur un Sirius furieux. Le brun détestait qu'on le considère comme un enfant, même si c'était peut-être justifié pour cette fois-là. Remus tendit la serviette à son ami qui ne bougea pas.
- Assis-toi !
Un ordre qui n'appelait à aucune contestation. Sirius se laissa tomber sur la panière à linge sale, les yeux rivés sur le sol. Il n'avait la force de rien, il n'avait envie de rien. Et il grelottait. Il avait trop froid pour faire quoi que ce soit. Le préfet commença à frictionner les cheveux du coupable pour les sécher, avant de poser la serviette sur ces épaules et de les laisser reposer dessus. Il entreprit alors de dévêtir le jeune homme, dans une moindre mesure, bien sûr.
Il s'attaqua d'abord à la cravate rouge et or qui ornait son cou, la défaisant lentement, essayant de ne pas voir ses gestes. Celle-ci tomba au sol, Sirius n'émettant aucune résistance. Ce n'était pas la première fois que Remus faisait ce petit manège, que ce soit pour lui ou James. Mais la suite différait toujours en fonction de la personne dont il devait s'occuper. Il entreprit ensuite de défaire les boutons de la chemise : la pire des tortures pour lui.
L'un après l'autre, le plus vite possible. Il ne voulait pas que son ami prenne froid, mais surtout… Il n'aimait pas ce genre de proximité. Plus depuis qu'il s'était rendu compte de ses sentiments. Ces moments où il entrait un peu trop dans l’intimité de son ami devenaient de plus en plus difficile à vivre. Ne pas voir ses gestes, ne se concentrer que sur Sirius et ses grelotements de froid… Remus inspira.
Le torse de brun se dévoila peu à peu sous ses doigts, il n'y avait vraiment rien de pire. Il devait se concentrer pour ne pas se laisser aller à sa contemplation, pour ne pas céder à la tentation de le caresser, de le toucher. Le dernier bouton céda. Remus glissa ses mains sous la chemise trempée, sentant la douceur de cette peau pâle si parfaite. Il remonta ses mains jusqu'aux épaules du jeune homme, sans pouvoir empêcher ses doigts de caresser, de toucher, de profiter. Son cœur s'emballa un peu plus vite, il commençait à perdre le contrôle, à regarder… Le tissu glissa sur le sol. Il inspira profondément pour ne pas laisser son regard se perdre sur ce torse musclé.
Le préfet recula, pour mettre une distance raisonnable entre eux et reprendre légèrement ses esprits. Il ne devait pas se laisser aller… au risque de tout perdre. Il souffla, soulagé. Le pire était passé. Car il savait qu’il n’irait pas plus loin dans le déshabillement du jeune homme. Donc il pouvait enfin respirer et reprendre ses esprits. Le plus dure était derrière lui.
Il prit la serviette et entreprit de sécher le dos du jeune homme. Il repassa derrière Sirius, laissant le tissu-éponge courir sur sa peau, passer sur chaque cicatrice, la parsemant par-ci par-là. Il n'avait jamais osé lui demander d'où elle venait. Était-ce le loup ? Il ferma les yeux, priant intérieurement : pitié non ! Il ne voulait pas blesser son ami, même sous sa forme animal. Les blessures que le loup infligeait aux animagi des maraudeurs étaient conservées par les sorciers. Avait-il eu des séquelles ? Il chassa ses pensées, une boule d’angoisse lui prenant le creux de son estomac, reposant son attention sur ses gestes.
Son regard suivit chacun des mouvements de la serviette, n’ayant qu’une envie : jeter ce morceau de tissu éponge et parcourir cette peau de ses doigts, de ses lèvres, de la capturer avec envie et désir. Il se stoppa d'un coup, reculant, le souffle court, détournant les yeux. Il recommençait à perdre le contrôle !
- Je te laisse t'occuper du reste. Je vais te chercher des vêtements propres.
Et il quitta la salle de bain, à contrecœur, mais pour son salut. Il ferma la porte, sans la claquer et posa les yeux sur James, chassant le léger rouge sur ses joues, mais le corps si parfait de Sirius... Il avait de plus en plus de mal à chasser ces images si envoutantes de son esprit. Il toussa, revenant dans cette réalité, posant les yeux sur la chambre. James était seul dans la pièce.
- Peter a été lui chercher à manger. On n'aurait pas dû le laisser seul...
- Non !
Le préfet ouvrit l'armoire du coupable et en sortit un caleçon, un jogging et un pull. Il s'arrêta alors. Le parfum de Sirius lui parvenait même au-delà de ses affaires propres. Sans doute son fin odorat qui lui jouait des tours, ou son imagination. Et cette image de ses propres doigts glissant sur les épaules musclées de son ami revint en lui comme un boomerang. Il souffla de nouveau, essayant de calmer les battements de son cœur et ce désir au creux de son estomac.
- Je ne comprends pas pourquoi il se met dans cet état à cette période. Son père l'a renié. Il ne veut plus avoir affaire à lui. Où est l'intérêt ?
James haussa les épaules.
- Il n'y en a pas. Ça reste son père. Tu as bien pardonné au tien.
Remus tourna la tête vers son ami, étonné. Mais oui, en effet. Il avait pardonné au sien ! À cause de lui, Fenrir Greyback était venu ce soir-là et avait fait de sa vie un enfer. Le lycanthrope prit les affaires en main et retourna près de son ami, sans rien ajouter. Au moins, il avait réussi à se calmer ! Il s'apprêtait à pousser la porte de la salle de bain, restée entrouverte, quand son geste s'arrêta net.
Son regard se voila sur la scène qui se déroulait devant lui.
Sirius s'était totalement dévêtu et se séchait tant bien que mal, malgré son taux d'alcoolémie. Le jeune homme était de dos, nu, grelottant légèrement. Cette vision de l'homme de ses rêves suffit à lui faire perdre pied dans cette réalité. Rien n’aurait pu l’empêcher de sombrer, rien n’aurait eu assez de force pour ne pas le faire céder à cette vision. Son regard glissa sans honte sur le corps de son ami, dessinant avec envie chaque courbe si parfaite. Trop parfaite ! C’était la seconde fois qu’il pouvait admirer le jeune Black dans son plus simple appareil. La première fois avait été un véritable électrochoc en lui. Mais là, il était encore plus beau, plus musclé, plus sexy que l'année précédente. Bien plus divin !
Il rougit violemment, devenant presque cramoisie, ce qui fit ressortir un peu plus ses cicatrices qu'il détestait tant. Son cœur battait à tout rompre, résonnant partout en lui, jusque dans ses tympans. Il était si divin, si beau... trop !
Remus ouvrit alors de grands yeux, ramené à la réalité par un léger toussotement et un autre regard. Il tourna la tête pour croiser celui de James. Celui-ci le dévisageait, très intrigué, un regard limite désapprobateur. Remus détourna le sien, comme si de rien n'était, avant de frapper.
- Entre !
Sirius avait entouré sa taille et le bas de son corps de la serviette.
Le lycan entra dans la salle d'eau, complètement déconcerté. Il s'était trahi. L'espace d'une demi-minute, une minute tout au plus, il s'était trahi face à James. Il ferma les yeux, perdu, priant : Par Gryffondor ! James ne devait pas avoir deviné. Non ! Ça ne devait plus jamais arriver ! Jamais ! Si ça se savait... Si ses amis le découvraient... Ils ne l'accepteraient pas ! Il ne s'agissait pas d'une maladie qui le mettait hors-jeu une fois par mois et qui n'était en rien dangereuse pour eux. Il s'agissait de sentiments, de vision de l'autre. Et ça, jamais les maraudeurs ne l'accepteraient. Ne plus jamais se laisser aller ! Il devait arrêter tout avant de les perdre.
- Ça va ?
La voix inquiète de Sirius le ramena dans la salle de bain.
- Oui. Tiens !
Il posa les affaires sur la panière à linge et quitta aussitôt la salle de bain, plein de froideur. Il reprit son armure habituelle, mais il sentit le regard de James sur lui et cette interrogation. Au pire, il nierait ! Dans le meilleur cas, James oublierait ce qu'il avait vu, pensant s'être fait des idées.
Remus s'installa sur son lit, son cœur battant à outrance dans sa poitrine. Il attrapa son livre de potion. Il lui restait un devoir à faire. Sirius réapparut, torse nu, laissant tomber son pull sur son lit, en s'allongeant dessus, fatigué.
- Peter arrive avec un plateau-repas et tu vas le manger !
La voix de James aussi n'acceptait aucune contestation. Sirius acquiesça de la tête, ayant l’impression d’être un enfant pris en faute face à deux parents, très en colère... il était toujours aussi gelé de cette douche froide. Mais un feu dansait dans la cheminée et le réchauffait déjà.
Un peu plus tard…
Remus était maintenant plongé dans un profond sommeil. Il avait eu de mal à s'endormir après cette étrange soirée. Il revoyait sans cesse le regard de James. Un regard qu'il n'avait pas su analyser, mais il n'en avait pas vraiment besoin. Il s'était trahi. Il avait passé le reste de la soirée le nez dans son bouquin de potion. Sirius s'était endormi après son repas, assommé par l'alcool. Peter avait passé la soirée le nez plongé dans un livre du cours d'étude des moldus. James, lui, n'avait rien dit, restant sur son lit, le nez plongé dans le carnet qu'il utilisait pour le Quidditch.
Le capitaine s'était levé à un moment pour recouvrir Sirius d'une couverture. Ce dernier s'était endormi sur son lit, torse nu. Le préfet s'était fait violence pour ne pas bouger. Il l'avait vu ! Il avait pesté intérieurement contre lui-même, contre le fait de ne pas agir, d'être lâche, de ne pas oser aller au-devant du regard de son ami. Alors, c'était le jeune homme qui s'était dévoué en allant se doucher.
Remus avait soufflé, pour ce peu de répit. Peter ne bougeait pas, le nez dans son bouquin. Remus s'était intéressé à la couverture. « Le dernier jour d'un condamné » Hum… Oui ... le livre qu'ils étudiaient en ce moment. Lui-même ne l'avait même pas commencé. Il devait s'y mettre. Il aimait le cours d'étude des moldus, sa mère était moldue et il avait été quasiment été élevé à leur façon. Il possédait un savoir naturel dans ce domaine. Les amis avaient gardé ce cours, fascinés par ce monde si différent du leur.
Le regard ambré du lycan se posa sur son ami, profondément endormi. Mais il détourna aussitôt la tête, s'allongeant et faisant mine de dormir. Et il finit par s'endormir, sombrant dans un doux sommeil.
Sirius se trouvait dans la salle de bain, nu. Il se séchait lentement. Il poussa la porte, se faisant se retourner le beau brun aux yeux gris argenté. Au fond de ces abimes grisés, une flamme s’alluma. L'animagus entoura sa taille d'une serviette, en tendant une main vers le lycanthrope, dont le cœur s'était mis à battre.
Remus glissa sa main dans celle de l'homme de sa vie, s'approchant doucement et capturant ses lèvres avec envie. Une envie qui se transforma vite en passion. Une profonde chaleur s'empara des entrailles du jeune loup. Des doigts baladeurs, des lèvres rosies d’avoir été embrassées, un souffle chaud qui parcourait sa peau. Et le désir ne cessa de grimper en lui. Il n'arrivait plus à le refréner, il n'arrivait plus à le stopper.
Et Remus se réveilla en sursaut, s'asseyant sur son lit, le souffle court et le cœur battant une chamade insupportable en lui. Ce rêve... Depuis quelques temps, il ne revivait plus ce cauchemar, cette nuit où sa vie avait totalement changé en mal. Non !
Depuis la rentrée, c'était Sirius qui venait hanter ses rêves. Des rêves de plus en plus brûlants, de plus en plus déroutants, et qui ne cessaient d’être alimenté par une réalité trop cruelle. Jamais le corps nu de son ami ne s’était si bien dessiné en lui. Il avait eu le loisir de le contempler trente secondes et c’était gravé, ineffaçable. Cette proximité, ces moments que la vie lui offrait. Ça en devenait insupportable. Il avait de plus en plus de mal à faire comme-ci de rien n'était. Mettre de la distance, s’éloigner… avant de tout perdre sans retour possible.
- Ça va ?
Remus sursauta, tournant la tête vers le lit de Sirius. La seule lumière de la pièce était celle du feu qui dansait dans la cheminée. Mais elle éclairait suffisamment leur antre pour qu'il puisse voir le regard de son ami posé sur lui et cette inquiétude.
- Oui ! Un mauvais rêve.
- Toujours le même ?
Remus posa son regard devant lui, acquiesçant lentement de la tête. C'était plus simple de mentir, ça l'était encore plus quand il ne regardait pas son interlocuteur droit dans les yeux et quand aucun son ne sortait de sa bouche. Surtout s'il s'agissait de Sirius.
Le préfet se rallongea, rivant son regard sur le plafond de son lit à baldaquin. Il entendit Sirius se lever et s'approcher de lui. Il posa son regard sur le jeune homme, se poussant légèrement pour lui faire une petite place, sans se faire prier.
Ce n'était pas la première ni la dernière fois qu’ils se retrouvaient dans le même lit. Ils discutaient souvent la nuit, quand aucun d'eux n'arrivait à trouver le sommeil, chacun hanté par leurs blessures passées. Sirius se mit sur le côté, rivant son regard dans l'ambre doré des iris de son ami.
- Désolé pour ce soir. Je n'aurais pas dû me laisser aller à cette déprime. J'ai dû te faire une sacrée peur.
Remus avait toujours les yeux sur le plafonnier, acquiesçant simplement de la tête. Il venait de se promettre de mettre de la distance entre eux, et la seconde d’apres, il l’acceptait dans son lit. Il soupira las, face à sa faiblesse, à son manque de courage, de conviction dans ses décisions. Mais elles étaient si compliquées à mettre en œuvre.
- Tu as failli tomber... C'est de l'imprudence. Et tu n'aurais pas dû boire ! Pas autant.
Sirius haussa les épaules. La boisson, c'était juste un remède comme un autre.
- En tout cas, merci ! Tu me pardonnes ?
Un sourire naquit sur ses lèvres, un de ces sourires ravageurs qui pouvaient faire fondre n'importe quel cœur, tout de glace qu'il fut.
Le préfet posa les yeux sur son ami, comme attiré par lui, tel un papillon vers une flamme brûlante. Il allait se brûler les ailes, mais il devait y aller. Il n'y pouvait rien. C'était inscrit en lui, dans son histoire. Toute la volonté et toute la raison du monde ne pouvaient rien y changer.
- Bien sûr. Tu sais bien que je ne peux pas t'en vouloir bien longtemps.
Le sourire de Sirius s'agrandit un peu plus, se propageant dans ses yeux, les illuminant d'une flamme dansante.
- Je sais, c'est mon charme naturel qui agit tout seul.
Le châtain reposa les yeux sur le plafonnier. Si seulement il savait à quel point c'était vrai ! Mais il ne pourrait jamais lui dire, jamais lui faire comprendre. Et à cause de ce soir, il s'était juré de ne jamais plus rien laisser transparaître. Quitte à réellement mettre de la distance entre eux deux. Mais le pourrait-il seulement ?
Sirius s'allongea sur le dos, les bras croisés derrière la tête, posant son regard sur le feu. Celui-ci dansait dans son âtre. Il ferma les yeux, laissant la chaleur lui caresser le visage. Et il s'endormit, las et fatigué, sans même s'en rendre compte.
Le propriétaire légitime du lit se crispa, entendant la respiration de son homme ralentir. Il se redressa, posant les yeux sur le jeune homme, qui avait bien sombré dans les bras de Morphée. Mais il ne pouvait pas rester là... ça lui était impossible ! Un lit à une place... Il allait mal dormir. Et il avait encore sommeil. Réveiller Sirius ? Non...
Il posa alors les yeux avec envie sur le lit de son squatteur, se mordant la lèvre inférieure. Avait-il le droit ? Après tout, c'était Sirius qui avait commencé. Le préfet se leva et se glissa dans le lit de libre. Il ferma les yeux et se laissa envahir par cette odeur. Une odeur sucrée, douce, enivrante. Son cœur se mit à battre sans raison, juste parce qu'il était là, entouré de tous ce qui faisait l'amour de sa vie. Sa présence, son aura, juste lui.
Remus ne supporterait pas de les perdre, de se retrouver seul, isolé, sans ami. Il ne supporterait pas leur indifférence, leur mépris. Il avait besoin d'eux. Leurs présences étaient devenues une nécessité absolue dans sa vie. Sans eux, il n'aurait aucune raison de rester à Poudlard.
Et sans eux, il n'aurait pas la force de continuer.
Il savait qu'il ne pourrait jamais rien faire contre ses sentiments. Ils étaient là, en lui. Il allait réellement devoir apprendre à vivre avec eux, les refouler au plus profond de lui-même. Il ne devrait plus se laisser aller, il ne devrait plus jamais trahir son secret.
Encore un autre... Les secrets, il connaissait. Il avait vécu un an et demi ici, avant que ses amis ne découvrent le plus terribles d'entre eux. Mais au moins, il n'avait plus eu à leur mentir. Et leurs réactions lui avaient montré à quel point ils tenaient à lui. Mais c'était Sirius qui l'avait réellement rassuré. Lui qui l'avait pris dans ses bras, lui qui ne lui en avait pas voulu de l'avoir rejeté, au point de le faire tomber violemment sur le sol. Et lui encore qui l'avait repris dans ses bras, en lui murmurant inlassablement que ça ne changeait absolument rien. Que sa condition de lycanthrope ne faisait pas de lui un monstre. Bien au contraire. Que ça le rendait encore plus merveilleux. Et que pour eux, tout continuait comme avant. Qu'il restait Remus John Lupin, sauf que maintenant, ils comprenaient mieux ces absences mensuelles. Cette découverte expliquait simplement tout !
Et il sombra à son tour dans un profond sommeil. La seconde d'après, on le secouait doucement.
- Rem', c'est l'heure. Il faut te lever.
Le préfet ouvrit les yeux, croisant le regard argenté de son ami. L'argent ! La seule matière qui lui était totalement interdite de par sa condition, la seule capable de tuer le loup présent en lui. Et elle était l'essence même des prunelles de son homme.
Remus acquiesça lentement de la tête, quand la porte de la salle de bain s'ouvrit pour laisser en sortir James, qui lui jeta un regard en coin, avant de se diriger vers son lit.
Et lui ? Il était dans le lit de Sirius ! Mais pourquoi ?
- Désolé pour cette nuit. Je t'ai chassé de ton lit.
Sirius lui adressa un petit sourire d'excuse. Oui... C'était Sirius qui l'avait rejoint dans le sien et qui avait pris toute la place. Alors, il était venu dans celui de son squatteur.
- Y a pas de mal !
Il inspira et se releva, examinant d'un peu plus près son ami. Sirius était déjà habillé.
- Je vais me doucher.
James avait entreprit de réveiller Peter. Remus sentit le regard du capitaine de Quidditch sur lui quand il disparut dans la salle d'eau. Sirius se mit à préparer ses affaires. La veille, il n'avait eu ni l'envie, ni le courage.
Trente minutes plus tard, ils descendaient tous les quatre dans la grande salle pour le petit déjeuner. La journée de Remus commençait bien. Il avait bien dormi. Et ça faisait longtemps qu'il n'avait pas eu une nuit aussi réparatrice. Ce qui était totalement en contradiction avec la soirée qu'il avait passée.
End Notes:
Et voila un nouveau chapitre. J'espère que cette histoire vous plait.
Qui est le plus à plaindre ? Sirius ou Remus ?
Crise de Jalousie et Mise Au Point by Crepuscule64
Author's Notes:
Fin de soirée tranquille pour les élèves de Gryffondor, mais quand ça ne dure pas... Ça risque de faire mal.
Attention James Potter, la jalousie est un vilaine défaut... surtout quand elle se retourne contre un de tes meilleurs amis.
Fin de semaine à l'école de Poudlard. Le dortoir des Gryffondors sixièmes années était vide. Chaque maraudeur vaquait à ses occupations. James, Peter et Remus, dans la salle commune ; Sirius, ailleurs...
Si Peter gagnait face à son ami, le fait que James ne cesse de lancer des coups d'œil vers une jolie rousse ne changeait pas grand-chose à la situation. Le jeune homme n'était pas du tout sur sa partie, ayant pris son parti de ne jamais pouvoir battre Peter à ce jeu.
Le petit dernier de la bande pourrait faire joueur professionnel pour tout ce qui était jeu de société : échecs, bavboule, dames... Il excellait dans ce domaine. Il mettait en place des stratégies féroces, ne laissant aucune chance à ses adversaires. Ce qui contrastait beaucoup avec les aptitudes du Pettigrow en magie. Mais avec les jeux, il n'y avait aucun danger, il agissait sans être freiné par la peur, car oui, malgré son appartenance à la noble maison gryffondor, Peter était peureux et n'osait pas grand-chose. Il aimait le Quiddich mais ne le pratiquait pas par peur de voler ou de tomber du balai. Il aimait la botanique, mais uniquement les plantes non dangereuses pour le sorcier. Et il aimait le monde des moldus, car justement il n’y avait aucune magie.
Remus était installé à la même table qu'une jolie rousse qui ne cessait de lui adresser de magnifiques sourires, sans un regard pour la partie qui se déroulait juste sous ses yeux, alors que tout le reste de la salle commune ne voyait qu’eux. James détestait profondément son ami à ce moment précis. Il le jalousait avec une telle rage. Remus avait ses entrées dans le monde de sa belle, elle lui parlait de sa vie, de ses amies et se confiait sans doute même à lui. Remus avait su la séduire amicalement parlant, malgré le fait qu'il était un maraudeur.
Oh ! James savait bien qu'il n'y avait que de l'amitié entre eux. Enfin... il savait que pour Remus, ce n'était que de l'amitié. Mais qu'en était-il pour Lily ? Car ça faisait maintenant quatre fois ... Il les avait toutes comptées, il avait noté dans sa petite tête l'heure exacte à laquelle ça s'était produit, à la minute près ... ça faisait quatre fois qu'elle posait sa main sur le bras du lycanthrope.
Et ça l'énervait un peu plus à chaque fois. Il bouillonnait de rage. Mais ce n'était que de l'amitié. Mais est-ce que cela était réellement le cas pour le maraudeur ? Remus ne parlait jamais d’amour. Mais qu’en était-il réellement ?
Il revit alors cette scène, quelques jours auparavant. Remus apportait du linge propre à Sirius et il s'était arrêté, fixant un point devant lui. Et il avait rougi sans raison. Il n'y avait que James dans la pièce et Sirius dans la salle de bain.
Pourquoi avait-il rougi ainsi ? Était-ce Sirius qui l'avait mis dans cet état comme il l'avait pensé alors ... Ou autre chose ? Et si c'était lui ? Si Remus avait pensé à Lily à ce moment précis et qu'il en était devenu rouge de honte.
- Allo ! La terre appelle la planète Potter ! - La voix de Peter. James fit un effort surhumain pour détacher son regard du petit couple et le poser sur son ami. - C'est à toi !
James se leva d'un coup.
- Je n'ai plus envie de jouer ! Je vais aller faire un tour, j'ai besoin d'air frais !
Et il quitta la table, non sans lancer le regard le plus noir qu'il pouvait à Remus, son soi-disant ami. Du coin de l'œil, il vit un septième année prendre sa place face à Peter. Le jeu, au sein de l'école était à celui qui arriverait à battre Peter Pettigrow. Et pour l'heure, le compte était à l'avantage pour le jeune rat :
« Pettigrow 41 – Poudlard 0 »
Remus sentit ce regard. Un regard qui lui glaça le dos. Il avait un sixième sens très développé dans ce domaine. C'était dû à ses cicatrices, à ces regards pleins d'interrogation et souvent rempli d'horreur que les gens lui lançaient. Ces regards pleins de mépris que les habitants de son village avaient pour lui quand ils apprenaient ce qu'il était. Les Lupin avaient si souvent déménagé à cause de ça, avant d'aller s'installer en forêt. Son père avait accepté un poste de garde forestier juste pour s'éloigner des êtres humains et de leur cruauté.
C'est donc naturellement que son regard ambré croisa le regard meurtrier de James. Remus ne put que froncer les sourcils face à ce mépris. Pourquoi ? Qu'avait-il fait ? Était-ce à cause de ce soir-là ... James se doutait-il ? Une profonde angoisse le submergea. S'il savait, tout était fini. S'il savait, James ne pourrait pas le garder pour lui et Remus perdrait ce qu'il avait de plus cher dans sa vie. Et James lui lança une nouvelle fois son regard ce-soir-tu-es-un-homme-mort avant de disparaître dans les escaliers qui menaient à l'extérieur de la salle commune.
- Remus ? Ça va ?
Le lycanthrope posa les yeux sur la jeune fille.
- Euh ... Oui, je crois.
Lily l'observait sans trop comprendre. Et ils mirent fin à leur fou rire pour se concentrer sur leur devoir de potion.
James arriva dans le couloir gelé de Poudlard. Il ruminait, il était énervé, agacé ! C'était lui qui devrait rire avec sa belle, lui dont elle devrait caresser tendrement le bras. Et pas Remus John Lupin ! Ce que ça l'énervait ! Et son pied frappa violemment le mur de pierre du septième étage de l'école. Un bruit sourd retentit alors, comme un os qui cassait, mais dans une moindre mesure, avec la même douleur instantanée qui le submergea.
- Par un hippogriffe en colère !!!
James se mit à sautiller sur place, pour calmer cette souffrance qui avait englouti tout son pied. Il entendit un rire s'élever du couloir désert. En voilà un qui allait passer un très mauvais quart d'heure, car il avait vraiment envie de se défouler.
- Qui va là ? Manifestez-vous, ou je ... ou je ...
Une tête apparue sortant d'un des rebords des larges fenêtres de pierre.
- Ou tu quoi ? Tu me poursuis à cloche-pied ?
Et le rire repartit de plus belle. James se calma aussitôt, reposant doucement son pied au sol en reconnaissant le propriétaire du rire.
- Trop drôle Pad'.
Il le rejoignit à cloche-pied, chaque pas le faisant horriblement souffrir. Une fois au niveau de son binôme de vie, il prit place à ses côtés, avant de se déchausser dans une horrible grimace.
- Si tu frappes ton pied contre un mur de pierre, ce n'est pas le mur qui va crier aïe !
Sirius prononça cette phrase comme un grand sage l'aurait dit. Et il repartit dans son rire. Ce qu'il pouvait être bête le Potter, parfois. Et il savait très bien pourquoi il était bête. C'était toujours pour la même et unique raison.
- Ça va ! C'est bon ! Arrête !
Il semblait réellement énervé, réellement remonté contre sa belle ce coup-ci. Sirius capitula. Dans ce moment-là, il n'aurait pas parié sur son amitié avec son frère de cœur. Non ! Il avait toutes les chances que son ami le pousse violemment dans le vide pour le faire taire. Sirius posa les yeux sur la chaussette du jeune homme qui était bien teintée de rouge. Il prit un air compatissant
- Qu'est-ce qu’Evans a encore fait cette fois ?
Car au fond, dans la vie de James Potter, capitaine de leur équipe de Quidditch, poursuiveur le plus talentueux depuis la création de l'école, séducteur de ces dames, qui pouvait avoir la fille qu'il voulait quand il voulait - à partir du moment où l'objet de son désir ne se nommait pas Lily Evans, bien sûr - des parents aimants, prêts à donner leur vie pour leur fils, un frère encore plus brillant que lui - mais ça, Sirius ne l'avouerait jamais, ni James bien sûr - et bien la seule ombre au tableau était que l'objet de son désir le plus profond se nommait justement Lily Evans. Et de profond désir, il en devait alors totalement inaccessible. Le regard de James se rembrunit aussitôt. Sirius avait visé juste. Mais c'était trop facile pour pouvoir s'en vanter. Il n'avait aucun mérite.
- Elle, rien ! C'est Remus ! Enfin si ! Elle aussi ! Ils sont coupables tous les deux, cracha alors le brun aux yeux noisette.
Alors, sur le coup, jamais Sirius n'aurait imaginer que la colère de son frère de cœur était dirigée contre leur ami.
- Mais, qu'est-ce qu'il a fait ?
James jeta un regard totalement outré vers Sirius, qui s'imaginait déjà le pire. James les avait surpris en train de s'embrasser dans la salle commune. C'était pour ça que Remus était si bizarre ces temps-ci ? Il sortait avec Evans... Sirius cilla des yeux, essayant de comprendre l'implication d'une telle réalité. Mais il fronça rapidement les sourcils. C'était totalement improbable.
- Ils discutent, ils rigolent, ils s'amusent tous les deux. Elle le touche, elle n'arrête pas de poser sa main sur son bras, tendrement ! Et devant tout le monde !
Ok... La scène imaginée par le fils Black, passa d'un baiser fougueux, passionné dans un recoin de la salle commune à deux amis qui discutaient et rigolaient ensemble.
- Et c'est tout ?
Il était à deux doigts d'éclater de rire face à l'idiotie profonde dont pouvait faire preuve son frère quand il s'agissait de la préfète. James bondit sur ses pieds, dans une horrible grimace.
- Mais ...- coupé dans son élan par la douleur, il poursuivit, - Mais c'est grave, c'est horrible, c'est limite la fin du monde ... de mon monde. Tu ne comprends pas ce que cela implique ?
Sirius acquiesça gravement de la tête.
- Si si ... Ils ont déjà du coucher ensemble, je pense.
James ouvrit de grands yeux, choqué, mais l'air moqueur sur les lèvres de son vis-à-vis ne le fit pas rire. Il se rassit, prenant son pied en main et enlevant sa chaussette pour voir l'étendue des dégâts. Sirius posa les yeux dessus et souffla de douleur face à la plaie.
- Heureusement que tu n'as pas besoin de tes pieds pour jouer au Quidditch.
James acquiesça gravement de la tête. Oui une chance ! Sa place dans l'équipe était sauvée.
- Je n'aurais jamais cru ça de Lunard, souffla-t-il de rage.
Sirius leva les yeux au ciel, exaspéré.
- Oh, arrête Corn’ ! Tu te fais des films. C'est de Remus dont on parle. N'importe qui d'autre, je ne dis pas, mais Remus ! Notre Remus. Il est juste ami avec Lily et tu le sais bien. Elle est la seule ... à part nous bien-sûr, mais nous on est des êtres à part, des êtres exceptionnels, dont l'intelligence n'a d'égale que notre beauté ...
Sirius se tut, voyant le regard assassin que son ami posait sur lui, ok ce n'était pas le moment !
- Enfin ça, tu le sais puisque tu es un de nous.
Revenir au problème de James avant de finir dans le vide...
- Elle est la seule à avoir cassé sa carapace. Mais elle reste son amie et rien de plus. Il plaisante avec elle, ils doivent se parler de tout et de rien. Et là, en plus ils font leur devoir de potion. Je comprends qu'ils doivent décompresser toutes les deux secondes, sous peine de mourir d'ennui ou de devenir fou.
Breuuk la potion ! S'il y avait bien une matière qu'il détestait, c'était celle-là. Et dire qu'elle était obligatoire aux A.S.P.I.C pour qui voulait suivre le cursus universitaire pour devenir Auror. Le brun à lunettes ne semblait pas du tout convaincu par ses propos. Sirius sourit, las, secouant la tête.
- C'est Lunard ! Il ne voit en Evans qu'une amie. Il n'a pas plus de désir sexuel pour elle que pour nous. Alors, décompresse. S'il y a bien un mec dans cette école qui ne te la piquera jamais, c'est bien lui. Il préférerait tomber amoureux du Calamar Géant que d'Evans.
James ne pouvait que reconnaître la véracité des paroles de son frère. Remus n'était pas du genre à le poignarder dans le dos. C'était le dernier qui lui piquerait sa Lily. Et même si l'amour ne se contrôlait pas, on n’était pas forcé d'écouter ses sentiments. Il jeta alors un coup d'œil à son frère de cœur, suspicieux.
- Et toi ?
Sirius posa un regard perplexe sur son ami. Lui quoi ?
- Tu sortirais avec Lily ? Tu me trahirais si tu tombais amoureux d'elle ?
Bah quoi, c'était une question comme une autre.
- Moi ?
Le cabot n'en revenait pas que son soi-disant frère de cœur pouvait lui poser cette question, surtout qu'il savait...
- Moi ? Le jour où je pose les yeux sur elle et que mon cœur se met à ressentir la moindre niaiserie à son égard, je me jette de cette fenêtre.
James sourit, un sourire franc et sincère imaginant bien la scène.
- OK, je te crois sur parole.
Sirius se leva alors.
- Aller, viens, tu as pris rendez-vous avec Pomfresh je crois.
Et il aida son ami à se lever, passant un bras du blessé par-dessus son épaule et l'aidant à marcher. James Potter ! Ce que sa vie aurait été triste sans son petit frère quand même.
------- M.A.P entre un daguet et un loup------------
Cela faisait deux jours que son pied allait mieux. Suite à son combat illégal avec un mur de Poudlard, il s'était retrouvé à marcher avec des béquilles, le temps du reste de la soirée. Le lendemain, la blessure avait disparu, l'onguent appliqué par l'infirmière de l'école ayant merveilleusement fait effet.
Du coup, il n'avait pas bougé de son lit, le nez dans un livre sur « l’histoire du Quiddtich à travers les âges ». Remus était rentré tard, il avait eu une réunion de préfets, avec Lily ... Et tous les autres préfets. Enfin, la colère de l'animagus cerf envers son ami avait disparu. Il avait dû se rendre à l'évidence : il avait été idiot et il n'y avait rien entre Remus et Lily, sauf de l'amitié.
Et pourtant un tout petit doute persistait en lui. Il devait crever l'abcès ; il devait savoir. James arriva dans le dortoir, trouvant Remus le nez plongé dans un bouquin. Un petit tour d'horizon plus tard, il savait qu'ils étaient seuls. Il se débarrassa de ses affaires et se tourna vers le jeune homme. Il s'approcha de lui et s'installa sur le lit de son ami, posant son regard sur lui.
Remus avait levé les yeux vers le nouveau venu quand il était entré dans le dortoir, lui adressant un petit sourire. Depuis quelques jours, il y avait quelque chose qui n'allait pas. Le préfet le sentait bien, ça semblait même une évidence. Et si le malaise se dissipait peu à peu, il était bien là.
Et quand James s'assit sur son lit, Remus su qu'ils allaient en parler. Enfin en apparence, car le lycanthrope nierait tout simplement. Quelles que soient les questions que James lui poserait, il ferait mine de rien et ça passerait. Remus avait étudié la situation dans tous les sens et c'était la seule solution qui lui venait à l'esprit. C'était le seul moyen pour calmer l'atmosphère sans perdre ce qu'il avait eu tant de mal à bâtir : des relations d'une profonde amitié, un monde de rires, de confidences et de tendresse. Un monde où il n'était plus seul.
Car entre le moment où il avait été mordu et celui de son entrée à Poudlard, il n'avait eu aucun ami. Avant oui... Il avait des amis dans son village. Il allait souvent jouer avec eux la journée, quand sa mère ne lui faisait pas la classe. Mais après... Il avait passé tant de temps à Saint Mangouste et personne n'était venu le voir. De retour chez lui, plus aucun enfant ne approchait. Ils le regardaient avec haine et mépris. Et rien n'avait changé, sauf quand il était arrivé à Poudlard. Il savait que son état devait rester secret, que personne ne devait savoir, qu'il serait renvoyé dans le cas contraire. Mais il avait rencontré James, Sirius et Peter. Ils avaient peu à peu sympathisé. Une réelle amitié qui s'était bien plus approfondie quand ils avaient su et que pour eux, ça n'avait rien changé. Enfin si ! Ils avaient voulu l'aider, ils avaient cherché le meilleur moyen pour lui rendre les pleines lunes plus supportables. Ils avaient travaillé durs pour y arriver. À quinze ans, arriver à se transformer parfaitement en animagus, malgré la dangerosité du sort, malgré les restrictions du Ministère de la Magie, qui les répertoriait méthodiquement. Mais les maraudeurs l'avaient fait et il n'avait plus passé une seule pleine lune tout seul.
Et tout était sur le point de vaciller et de s'éteindre comme la flamme d'une bougie prise dans la tourmente d'un courant d'air.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Remus brisa le silence, n'en pouvant plus de subir le regard et le mutisme de son ami.
- Il faut qu'on parle, qu'on mette certaines choses au clair.
Remus ne cilla pas. Pour l'heure, il ne savait même pas de quoi James voulait parler. Il referma son livre et le posa à côté de lui, sur le lit.
- Eh bien, je t'écoute. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
James ne flancha pas, gardant son regard dans celui de son ami pour y lire la moindre trace de mensonge. Remus ne savait pas mentir. Surtout pas à eux. Il détournait toujours les yeux. C'était plutôt facile de le cuisiner et de le faire avouer.
- Ce qui m'arrive à moi ? Rien. Je crois que c'est de toi que vient le problème. Et ne le nie pas Remus. J'ai tout vu, j'étais là, aux premières loges... l'autre soir.
Le cœur de Remus s'emballa dans sa poitrine, mais il ne laissa rien transparaître sur son visage. Il savait que James avait tout vu. Il avait senti son regard dans son dos. Et Remus n'avait en rien l'air innocent, aussi rouge qu'une tomate, face à la scène sublime qui se déroulait devant ses yeux. Il avait perdu le contrôle l'espace de deux secondes. Mais il l'avait perdu devant James et ça, il ne se le pardonnerait jamais.
- Vraiment ? Tu peux être un peu plus précis ? Tu as vu quoi exactement ?
- Tout ! Et ça m'a vraiment choqué. Tu ne peux pas savoir à quel point. Comment peux-tu... Remus, tu te rends compte un peu de qui il s'agit ?
Le châtain cilla des yeux, réprimant une bouffée de colère. S'il se rendait compte de qui il s'agissait ? Bien sûr ! Mais là, encore James ne disait rien et ne parlait que par énigme. Ça l'énervait.
- Non ! Mais tu vas éclairer mon esprit, je présume.
- Tu le sais très bien. Tu vois Remus, je suis prêt à tout entendre, tu as bien compris. À tout entendre... pas à accepter, ça jamais ! Mais à entendre oui. Alors, vide ton sac et dit moi ce qu'il en est réellement.
Remus inspira une bouffée d'air, essayant de ne pas s'énerver. Il était prêt à entendre, mais pas à accepter ? Parce que c'était dégoûtant ? Parce qu'il n'aurait jamais dû avoir un tel comportement, de tels sentiments envers une personne du même sexe que lui ? Mais James ne comprenait rien à l'amour et il n'y comprendrait jamais rien. Ce n'était pas une question de sexe, mais uniquement de sentiments et d'émotions. Ça ne se contrôlait pas, ça nous tombait dessus, sans que l'on ne demande rien et surtout lui... il n'avait rien demandé !
Le préfet se leva, de plus en plus énervé. Son ami l'agaçait. Il ne disait pas les mots. S'il avait un truc à dire, il n'avait qu'à pondre son œuf de dragon. Lui n'avait rien à ajouter, il n'avait pas à se justifier.
- Écoute, je ne sais pas ce que tu as imaginé, ce que tu as cru voir, mais faut arrêter ton délire. Il n'y a rien eu. Je ne vois pas ce que tu me reproches à la fin.
Remus reprit son livre et le laissa tomber sur son bureau dans un bruit sec.
- Je vous ai vus Remus. Tous les deux ! Parfois, cela en devient tellement flagrant que je me demande si tu t'en rends vraiment compte des choses. Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu te rends compte de ce que tu me fais à moi ?
Le préfet se retourna vers son ami, un regard plein de colère. C'était trop ! James ramenait toujours tout à sa petite personne et là, il ne s'agissait nullement de lui.
- À toi ? Je peux savoir ce que tu viens faire dans cette histoire ? En quoi ça te regarde ?
Le brun sembla choqué par ses paroles. Il serra les poings, énervé. Il ne comptait pas, alors ?
- C'est MA Lily ! cracha-t-il.
Jamais il n'aurait cru que Lily se serait mise entre lui et un de ses meilleurs amis. Remus cilla, interdit, sans rien comprendre. Toute la colère qu'il avait ressentie laissa la place à une totale incrédulité. Lily ? Mais ... De quoi parlait son vis-à-vis ? Un changement de comportement qui n'échappa pas à ce dernier.
- Mais de quoi tu parles ?
Une question que Remus posa après quelques minutes d'un silence qu'aucun des deux ne semblait vouloir briser. James aussi s'était calmé, se rendant compte de l'état confus du jeune homme.
- De Lily et toi, quand vous faisiez votre devoir de potion. De ses sourires et de ses rires. Et de sa façon de te toucher le bras toutes les deux minutes.
Il franchit les pas qui le séparaient du lycan, posant sa main sur le bras de celui-ci, imitant la jeune femme. « Allons Remus, arrête avec tes bêtises, tu dis n'importe quoi ! Hi hi hi ! »
Et il mina un mouvement de la tête où la jolie rousse devait sans doute rejeter sa magnifique chevelure en arrière. Remus secoua la tête. Le devoir de potion ? Leur fou rire ? Le regard assassin de James à son égard, et une heure après, James qui revenait avec des béquilles... C'était de ça qu'il lui parlait depuis le début ? Le châtain secoua un peu plus la tête, les yeux fermés, se rendant compte que l'amour rendait vraiment totalement idiot. Il parla d'une voix lasse, blessé que son ami puisse ainsi croire qu'il avait pu séduire SA Lily.
- Tu n'es pas sérieux, j'espère ? Tu me fais une crise de jalousie ?
Le capitaine détourna les yeux face aux mots trop bien choisis par son ami.
- Pas du tout !
Nier, c'était tout ce qu'il savait faire quand on lui parlait de sa jalousie légendaire, surtout envers tous ceux qui approchaient d'un peu trop près de sa belle
-Je me renseigne, c'est tout.
Et c'était vrai. Il reposa les yeux sur un Remus, pas du tout convaincu par son argument.
- James ... Je n'arrive pas à croire que tu m'accuses de séduire Lily. Entre elle et moi, il n'y a que de l'amitié. Comme tu l'as si bien dit, c'est Ta Lily, mais c'est Ma meilleure amie. Oui, on rigole beaucoup tous les deux. En dehors de vous trois, elle est la seule à qui je peux me confier, je peux même lui parler de choses que je n'ose pas vous dire, ou que je n'ai envie de ne dire qu'à elle
Remus inspira. Oui ... Il se confiait à Lily sur certaines choses, qu'il n'avouerait jamais aux maraudeurs
- Et elle est comme elle est. Tu le sais bien. Elle est très tactile... Avec ses amis... s’empressa-t-il d'ajouter devant les gros yeux de son ami. C'est un trait de caractère chez elle. Ce n'est pas parce qu'elle posa sa main sur mon bras qu'on se fixe un rendez-vous amoureux. Elle est comme ça, elle parle beaucoup avec les mains, ce n'est qu'un moyen de communication.
James acquiesça lentement de la tête, même s'il ne pouvait que le croire sur parole. Le seul contact physique qu'il ait eu avec sa belle était une gifle... Quand il avait trop insisté pour qu'elle sorte avec lui. Et ça lui avait fait mal. Un souvenir plutôt douloureux. Lily avait un petit gabarit, mais elle savait concentrer sa force.
Le brun releva les yeux et croisa le regard de miel de son ami qui avait franchi les quelques mètres qui les séparaient et lui faisait désormais face.
- Mais James, ce genre de crise de jalousie, très peu pour moi. Je n'arrive même pas à comprendre que tu es pu me soupçonner d'une telle trahison, d'un tel coup de poignard dans ton dos. Une crise de jalousie, pas deux. La prochaine, je ne te la pardonnerai pas.
James acquiesça lentement de la tête.
- Je suis désolé. Mais quand je vous ai vus si complice, j'aurais tout donné pour être à ta place. Mais oui ... Pardon !
Remus lui adressa un petit sourire. Au fond, il pouvait le comprendre. La jalousie, il connaissait aussi. Et pourtant, Sirius n'était pas un grand séducteur. Mais s'il l'avait été, il aurait tout vécu autrement. Car Sirius pouvait aussi avoir n'importe quelle fille. Sirius... Finalement, James ne parlait pas de lui. Son âme fut soulagée de ce profond mal-être qui lui opprimait la poitrine depuis plusieurs jours. Mais était-il vraiment sauvé ? Remus regagna son lit et s'y installa.
- Pourquoi tu n'essaies pas ?
James fronça légèrement les sourcils, tournant la tête vers Remus, qui poursuivit :
- De devenir son ami.
Le capitaine de Quidditch s'approcha du jeune homme, sans comprendre. Devenir l'ami de Lily ? C'était possible ça ? Elle le détestait ! Elle le trouvait arrogant et prétentieux. Elle l'avait toujours haï, en particulier à cause de leur comportement envers Servilus, son ex-meilleur ami, ennemi juré des maraudeurs. Et même si depuis l'année dernière, ils évitaient de s'en prendre au Serpentard, qui connaissait le secret du lycan, ça n'avait pas dû changer grand-chose dans l'hostilité de la jeune femme à son égard. Bien que depuis le début d'année, elle était moins sur eux, moins contre eux.
- Et comment penses-tu que je pourrais le devenir ? Je ne demande pas mieux, tu sais.
Remus posa son regard sur son ami qui s'installait face à lui. Tant qu'il parlait de Lily, James ne penserait à rien d'autre et ça l'arrangeait.
- Est-ce que tu as déjà eu une vraie conversation avec elle ?
James sourit, se souvenant des rares moments où il voyait sa belle.
- Bien sûr !
- Une conversation qui n'a pas commencé par un éloge à la divinité que représentait l'être de Lily sur cette terre que ce soit sa beauté physique naturelle ou son esprit et qui n'a pas fini par une demande de rendez-vous ?
- Tu exagères là ! souffla-t-il en détournant les yeux.
- À peine, répliqua le châtain. Et tu le sais bien. Tu ne cherches qu'à la draguer, juste pour l'afficher sur un tableau de chasse... Tu ne cherches pas à être son ami.
James regardait toujours le feu, n'étant pas du tout d'accord avec le préfet. Il ne cherchait pas qu'à la draguer. Ok, dès qu'il marquait un but pendant un match, il lui jetait un coup, espérant l'avoir impressionnée, dès qu'il répondait bien à une question, il cherchait aussi son regard dans l'espoir de s'attirer ses faveurs. Il soupira, capitulant. Remus avait peut-être raison... Ce dernier sourit.
- Alors, voilà, ça sera ton prochain challenge. La prochaine fois que tu la vois, tu lui parles, mais sans lui faire aucun compliment et sans lui demander de sortir avec toi.
Devant le regard meurtri de son ami, Remus du réprimer un petit rire
- Un bonjour, comment vas-tu, as-tu bien dormi, ça suffirait pour une première vraie conversation. Tu n'es pas de mon avis ?
James soupira, las. Il est vrai qu'il harcelait un peu la jeune femme pour qu'elle sorte avec lui. Une fois, il lui avait même demandé devant toute l'école, alors qu'il était en train de martyriser Servilus.
- Oui... Tu as raison ! Je le sais bien. Je vais essayer... Ce ne sera pas facile, mais je ferai de mon mieux.
La porte du dortoir s'ouvrit, laissant entrer Peter et Sirius. Remus poussa un léger soupir de soulagement, son tête-à-tête avec James prenant fin.
End Notes:
Et voila une mise au point faite, Remus se sent a l'abri des suspicions de son ami, mais c'est mal connaitre ce dernier. Car rien n'échappe à l'oeil de notre Cornedrue.
N'hésitez pas à me donner vos avis sur ma Fan Fic. en tout cas, je prends beaucoup de plaisir à la refaire vivre.
J'ai essayé de jouer un peu avec les balises mais ce n'est pas facile...
Au Cœur de Toutes les Conversations by Crepuscule64
Author's Notes:
Mi-octobre ! Les élèves n'ont qu'une fête en tête, un seul mot à la bouche : le grand bal d'Halloween. Et la fête promet d'être grandiose.
Mais avant d'aller danser, il faut : Un thème de soirée, une cavalière et un costume.
Et si les maraudeurs ne font pas exception à la règle, leur homologues gryffonnes n'ont rien à leur envier.
Les jours suivants, Remus respirait de nouveau. Rien ne semblait avoir changé dans leur petit groupe. James semblait avoir totalement oublié sa crise de jalousie. Et en plus, le jeune homme avait fait de sacrés efforts. Enfin... les efforts, il les faisait avec Lily. Mais il se rattrapait largement avec eux.
Remus sourit, le revoyant le lendemain matin de leur conversation. Ils étaient arrivés dans la grande salle pour le petit-déjeuner. Les cours commençaient dans une heure. Étrangement, grâce à Peter, pour qui le petit-déjeuner était le repas le plus important de la journée, ils n'avaient jamais manqué un seul d'entre eux.
James s'était stoppé en voyant la jeune fille, à leur table, à leur emplacement. C'est sûr qu'en appartenant à la même maison et à la même année, il n'était pas rare de manger à côté de l'élue de son cœur. Remus était arrivé derrière lui, passant sa main autour de ses épaules, l'encourageant d'un regard.
- N'oublie pas…
- Pas de compliments, pas d'éloge et pas de demande en mariage.
C'était maintenant son "leitmotiv". Le brun posa alors son regard sur Remus, qui l'observait, perplexe. Mariage ?
- Non, je ne l'ai jamais demandée en mariage. C'est une façon de dire, c'est tout.
Ça sonnait mieux que pas de demande de rendez-vous. Il avait besoin d'un axe de raisonnement court et clair, pour ne pas s'embrouiller. Et pas de demande en mariage lui rappelait pourquoi il ne devait pas le faire : pour ne pas paraître ridicule.
James décida de s'installer juste en face de la jeune femme. Sirius se mit à ses côtés, Remus et Peter de l'autre côté de la table.
- Bonjour Lily.
Il lui adressa un petit sourire.
La jeune femme posa son regard émeraude sur lui.
- Salut Potter.
Elle salua le reste du groupe d'un signe de tête, sauf Remus à qui elle adressa son plus beau sourire.
Juste lui demander si elle allait bien. Il en était capable, il pouvait le faire.
- Tu vas bien ?
La jeune fille reposa son attention sur lui.
- Hum... oui, je vais bien, merci. J'angoisse un peu pour le devoir de métamorphose, mais je pense que ça devrait aller. Enfin je croise les doigts.
Pourquoi elle lui racontait tout ça ? C'était lui qui avait posé la question. Pour une fois qu'il lui posait une question aussi banale, elle pouvait se permettre une petite confidence, même si ce n'était pas la confidence du siècle… Ce devoir l'angoissait vraiment.
James lui posa les yeux sur les doigts de la jeune fille... qui n'étaient pas croisés... Un bref souvenir du cours d'étude des moldus lui rappela alors que c'était une superstition de son monde d'avant. D'après les croyances de la religion chrétienne, le fait de croiser les doigts permettait de faire une croix et donc de repousser le diable et les mauvais esprits... donc de porter bonheur.
- Je suis sûr que tu t'en sortiras. Tu n'es pas… - Le capitaine se tut, il allait lui faire un compliment et échouer dans son challenge. Pas de compliment ! - le genre d'élève à aller à un examen sans réviser. Je ne m'en fais pas pour toi.
Il lui sourit et se retourna vers ses camarades, adressant une petite grimace au préfet. Ça ressemblait à un compliment, même si ça n'avait rien à voir avec les compliments qu'il lui faisait d'habitude.
Lily, elle, semblait tout aussi étonnée que Mary Mcdonald, sa consœur gryffondor, installée en face d'elle. En effet, elle connaissait le cours par cœur, le devoir surveillé devrait bien se passer, mais elle angoissait quand même.
Elle angoissait toujours quand ça concernait les études. Elle avait toujours peur de ne pas être à la hauteur, et ce, depuis qu’elle s’était avancée vers le choixpeau pour être répartie. Cette angoisse de ne pas être à sa place, dans ce monde. De ne pas avoir assez de magie en elle pour y rester, pour y grandir et y vivre. Et cela n’avait pas changé depuis.
Elle était tellement rabaissée de par sa condition de naissance qu’elle s’était fait un devoir de toujours surpasser ses camarades. Et en effet, il n’y avait pas une seule question à laquelle elle n’avait pas su répondre et en application du sortilège, elle avait obtenu un ‘Optimal’.
Installé dans la salle commune, en cette fin d'après-midi, Remus en souriait encore. James avait une façon quand même adorable d'être maladroit. Il sentit quelqu'un s'installer à ses côté et ferma les yeux l'espace d'une demi seconde, le temps de laisser cette douce odeur l’entourer. Il posa alors son regard sur le nouveau venu, croisant, sans surprise, les iris argentés de son ami.
- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ?
Sirius en était très intrigué. À quoi pensait son ami ? Le sourire de celui-ci s'agrandit.
- Corn’ et son nouveau comportement envers Lily. Il s'en sort pas mal.
Sirius détourna les yeux, peu ravi de ce choix de sujet de conversation.
- Il est passé de "la ferme Potter", à des conversations où elle arrive même à ne pas le maudire. Je crois qu'il ne pouvait pas faire pire qu'avant.
Remus reposa son attention sur son bouquin, sans que son sourire ne quitte ses lèvres. Sirius posa son coude sur le dossier du canapé, et les pieds sur la table basse face à lui, dans une posture de maître des lieux, qui lui était propre, toute la noblesse de son sang se lisant dans la fierté de son regard. C’était sans doute une des raisons qui le rendait plus inaccessible que James Potter, pour le reste du monde. Il sourit, son regard se posant sur les lèvres de son ami.
- Tu devrais sourire plus souvent. Ça te donne encore plus de charme.
Le préfet cilla, son sourire s'effaçant aussitôt. Il posa son regard sur son ami, pas convaincu pour un noize.
- Ça, c'est toi qui le dis...
Du charme... C'était bien la seule chose qu'il ne possédait pas. Et pour cause, quand il souriait ou rougissait, ça faisait ressortir ses cicatrices, le rendant encore plus immonde.
- Pourquoi tu ne me crois pas ?
Remus haussa un sourcil, sans trop savoir quoi répondre.
- Car le reflet dans la glace, lui, ne ment pas.
C'était une réplique qu'il avait déjà entendue : "Regardes-toi dans un miroir et si tu vomis, c'est parce qu'un miroir, ça ne ment pas." Une réplique d'un serpentard, qu'il avait croisé malencontreusement dans un couloir, en seconde année. Il avait tracé tout droit, sans s'en occuper. Il savait que ça ne servait à rien de répondre à ce genre de provocations. Il en avait l'habitude, ça ne l'atteignait plus, depuis bien longtemps.
- Et moi, je mens ?
Sirius l'observait toujours, un peu tourmenté par les propos de son ami.
Remus releva vers lui un regard plein de vie et de malice, lui adressant un magnifique sourire.
- Non mais toi, contrairement au miroir, tu n'es pas objectif.
Le brun allait répliquer, mais l'arrivée des deux autres le coupa dans son élan. Bien sûr qu'il était objectif ! En quoi de trouver qu'il avait du charme, quand il sourirait, était subjectif ? James s'installa dans son fauteuil et Peter sur le canapé face à eux.
- Vous savez ce qu'il y a la semaine prochaine ?
James lança la conversation.
Sirius croisa son regard, réfléchissant. Un anniversaire ? Ils étaient en octobre, le prochain était en janvier... le prochain match de Quiddich était à la fin du mois, les aigles contre les blaireaux...
- Halloween ?
Tentative de réponse de la part de Remus.
- Et un point pour le maraudeur aux yeux d'or. Vous avez des cavalières ?
- Non, repliqua Sirius, en détournant les yeux, la conversation devenant inintéressante d'un coup.
- Moi, je ne réponds même pas à ce genre de question, se disant, Remus replongea alors dans son bouquin.
Sirius et Remus y allaient seuls. James sourit alors.
- On pourrait y aller en groupe et choisir des costumes à thème, comme les quatre mousquetaires. Ça vous tente ?
- Oui moi ça me va. Ça va être sympa.
Le fils Black était toujours partant, quand il s'agissait de faire la fête, et que cela n'impliquait aucune cavalière. Et il adorait se déguiser. C'était une façon d'endosser la vie d'un autre.
- Ils étaient trois, les mousquetaires, précisa Remus : Athos, Portos et Aramis. Et ce qui est tant mieux, car je crois que l'un de nous a une cavalière.
Le préfet releva son regard sur le plus petit de la bande.
Le jeune homme avait attrapé un livre et se cachait maladroitement derrière. Les deux bruns échangèrent le même regard d'incompréhension, avant de suivre le regard du châtain. Peter tourna la page de son bouquin, même s'il n'avait pas eu le temps de la lire, juste pour faire style qu'il n'écoutait pas la conversation.
- Peter Pettigrow ! Cachotier !
Les deux autres maraudeurs étaient déjà installés de part et d'autre du nouveau centre de l'attention et lui enlevaient son bouquin des mains. Peter les regarda tour à tour, extrêmement gêné.
- Qu... Quoi ?
- Tu as une cavalière pour le bal Halloween ?
Et l'interrogatoire allait commencer, lancé par Sirius, contre le plus petit des maraudeurs. Remus les observait, un sourire aux lèvres.
- Ah ça ? tenta le petit animagus rat d'un ton totalement détaché. Oui. En effet !
Et il se tut, rivant son regard sur Remus, l'appelant à l'aide.
- Mais allez ! -James lui donna un coup sur l'épaule. - Parle-nous d'elle !
C'était un ordre, et connaissant le côté très commère des deux autres, Peter allait devoir tout détailler. Remus l'encouragea du regard.
- Pour vous dire quoi ?
Cette fois, c'était la carte du désintérêt que tentait de jouer Peter, comme si l'information n'avait rien d'exceptionnelle, mais ravi au fond de lui, d'être le centre d'attention du petit groupe. Car oui ! Il avait une cavalière ! Il avait osé aller demander à une fille, et une fille plutôt mignonne, de l'accompagner au bal. Bon, Remus l'y avait poussé, l'après-midi même alors qu'ils étaient à la bibliothèque. Elle plaisait fortement à Peter et il n'avait pas fallu longtemps à Remus pour comprendre pourquoi le jeune homme avait tenu à l’accompagner pour réviser, et pourquoi il regardait toujours dans la même direction.
- Qui est l'heureuse élue, Quedver ? Tu l'as invité quand ? Tu la connais depuis longtemps ? Quelle classe ? Quelle maison ? Elle a dit oui de suite ? Ou elle t'a fait mariner ? Tout quoi !
Le capitaine avait parlé d'une traite.
Les trois maraudeurs le regardèrent, étonnés. Celui-ci ne s'en soucia pas.
- Quoi ?
- Non rien, mademoiselle Potter - La voix moqueuse de Sirius - Allez ! dit nous tout Pet'.
- C'est Julia O'Donnel, lança-t-il, sachant très bien qu'il serait jugé sur le choix de sa cavalière.
Sirius et James échangèrent un regard, essayant de visualiser la jeune fille.
- Elle est à Poufsouffle, en cinquième année, se permit de préciser le principal intéressé.
- Ah ... Petite, blonde, aux yeux bleus. Avec des cheveux lisses qui lui tombent dans le dos ?
Sirius la décrivait avec exactitude. Peter acquiesça de la tête. Lui, il la trouvait très mignonne.
- Pas mal dit moi. Mignonne même. Maintenant les détails de la demande.
Peter inspira, ravi que ses amis trouvent sa cavalière mignonne, car seul leurs avis comptaient au fond de lui. Au-delà de son propre avis. S’ils l'avaient trouvé quelconque, voire laide... Il aurait sans doute fini par être d’accord, se laissant retourner le cerveau, comme à chaque fois... Mais Julia était vraiment ravissante, d'une grande beauté. Mais mignonne, c'était déjà beaucoup de la part des maraudeurs.
- On était à la bibliothèque, avec Remus. Et elle était aussi là, avec une amie. Et quand son amie s'est éloignée pour aller chercher un livre, j'ai profité de l'occasion pour aller lui demander.
- Et ? La voix de James se fit plus pressante.
- Et elle a dit oui.
- Eh bien ! Bravo Quedver.
Sirius lui sourit, content pour son ami. C'était la première fois qu'il assisterait à un bal en compagnie d'une cavalière. C'était un grand moment dans la vie de quelqu'un.
Remus adressa un doux sourire à Peter. Le jeune homme avait oublié de mentionner qu’il avait dû lui forcer un peu la main, qu'il y avait été d'un pas mal assuré, qu'il avait bafouillé, angoissé et qu'il avait failli fuir. Mais Remus ne trahirait jamais son secret, ravi pour son ami. Peter rougit et détourna le regard.
- En tout cas, je vous confirme qu'elle est très mignonne, se permit de préciser le prefet.
- Bon bah, alors on se retrouve à trois pour le bal. Mais tant mieux pour toi Pet'. Tu as pensé à ton costume ? le questionna Sirius.
Peter le regarda, un peu étonné.
- Non pas encore, j'ai encore une semaine.
James intervint.
- Mais ce n'est rien, une semaine. Samedi, c'est sortie exceptionnelle au Pré-au-Lard pour trouver nos costumes. Tu devrais lui proposer un rendez-vous pour pouvoir assortir les vôtres.
Sirius approuva d'un signe de tête.
- Corn’ a raison. Ça te permettra de passer du temps avec elle et ça lui montrera que tu prends ce bal très au sérieux.
- Oui peut être ... C'est une bonne idée. Je lui proposerai demain. Mais c'est un bal à thème, donc il n'y a pas beaucoup à réfléchir pour ses costumes.
- Un bal à thème ? Sirius posa les yeux sur Remus. Quel thème ?
- Les années trente aux États-Unis.
- Bien. reprit Sirius. Les années trente, c'est Al Capone, la Mafia, le Charleston - Petit souvenir du cours d'étude des Moldus de l'année précédente. - Ça peut être sympa.
Enfin il n'y connaissait pas grand-chose, des recherches s'imposaient. James se leva et fit quelques pas devant le feu.
- Moi je dis, la mafia. Ça nous irait bien. On devient de redoutables gangsters. Faut voir pour tout se procurer. Le costume jusqu'aux chaussures et les armes. Des fausses, bien sûr. Mais ça serait classe. Mais pas sûr que l’on trouve ça au Pré au Lard…
- Ça me va très bien. Et on peut commander les costumes. Tu nous suis, Rem' ?
Sirius posa son regard sur son ami.
- Bien sûr. Vous pouvez compter sur moi.
Ça promettait d'être une chouette soirée. Pour une fois, Remus avait hâte d'aller à un bal. Le thème de la soirée l’inspirait beaucoup.
****
Quelques jours après...
Fin d'après-midi, les maraudeurs se trouvaient dans la grande salle pour une séance de révision. Ils avaient un important devoir de potion à la fin de la semaine, portant sur le programme depuis le début d'année. Et comme les deux bruns refusaient de mettre les pieds à la bibliothèque, ils avaient trouvé refuge dans la grande salle.
On pourrait se demander pourquoi ce refus catégorique ? Un lieu où on ne pouvait pas parler, où on ne pouvait pas discuter, chahuter, s’embêter mutuellement, et où on ne pouvait même pas respirer. Le dragon était là et veillait sur son antre. Madame Pince, qui selon Sirius devait déjà faire partie du corps enseignant à la construction de Poudlard, au vu de son âge, n'admettait aucun bruit, veillant sur le silence de son lieu de travail comme s'il s'agissait d'une église.
Donc les maraudeurs se trouvaient à la table des Gryffondors. Trois sacs se posèrent alors à côté d'eux, et ils levèrent le nez en même temps. James sourit, rayonnant de cette vision si douce.
- Lily…
La jeune femme lui jeta un regard, signifiant, pas un mot
- Sarah, Erin, comment allez-vous ?
Les deux autres jeunes filles, camarades de classe de maison et d'année lui adressèrent un petit sourire.
- Bien merci.
- Vous n'étudiez pas à la bibliothèque ? Remus les observait, un peu étonné. S'il avait eu le choix, lui ne serait pas là.
- Non, on a été viré.
Sirius releva le nez de son cours, trouvant la conversation un peu plus passionnante.
- Oui, on papotait un peu trop selon madame Pince, précisa alors Erin.
Erin Mckinnon était une jeune fille, blonde aux yeux bleus, à l'opposé de sa consœur de maison : Sarah Foster dont une chevelure noire corbeau encadrait un regard aussi noir que l’abîme. La famille de Sarah prenait ses origines dans la population moldue noire d'Angleterre.
- Oui ! se disant, Lily se laissa tomber sur le banc, agacée. Ce n’était pas elle qui parlait !
- Vous allez au bal d'Halloween ?
La question était posée par la blonde, qui n’avait plus que ce sujet en tête. Et pour cause, c’était sa fête préférée. Elle avait même mis en place un comité organisateur, mettant en place de vrais bals, et pas seulement un banquet aux couleurs de la fête. Elle voulait de la musique, des costumes et une piste de danse. Et le directeur avait accédé à sa demande, toujours prêt lui aussi à faire la fête.
Les Mckinnon étaient une famille de sang-mêlé, vivant un peu en décalage avec la société des sorciers. Spécialisée dans la fête, la benjamine ne faisait pas exception à la règle. Elle avait grandi au cœur d’une fête foraine, alors c’était bien au-delà de son sang, c’était dans ses gênes.
James s'empressa de répondre :
- Oui, on y va entre nous. À Trois ! Vous aurez devant vous un dangereux gang de la mafia de Chicago ! Faudra faire attention à vous, mesdames !
- Oui ! renchérit Sirius. On sera dangereusement armé. On tire d'abord, et on discute après.
Lily posa les yeux sur eux, agacée.
- Comme d'habitude quoi ! Enfin, c'est sympa comme idée.
James posa un regard légèrement angoissé sur la jolie rousse.
- Et vous ?
La préfète sourit, alors, pleine de malice, chassant sa mauvaise humeur. Elle aussi adorait Halloween et ça lui manquait de ne pas partir à la chasse aux bonbons avec sa sœur. C’était leur fête préférée quand elles étaient enfants, après Noël bien sûr.
- Nous, nous serons quatre jeunes femmes éprises de liberté et de Charleston. Toujours prêtes à sortir danser toute la nuit au Cotton Club. On y va aussi entre nous. Ce sera plus sympa. On trouvera bien des cavaliers pour danser sur place.
Erin et Sarah approuvèrent d'un signe de tête, avant de sortir leur cours de potion. La préfète posa alors le regard sur la table des Serpentards, se sentant observée. Elle croisa un regard bien particulier : noir, froid. Elle reposa aussitôt les yeux sur son livre.
Erin se tourna vers son voisin, croisant un délicieux regard métallique, un sourire mutin aux lèvres.
- Mafia ? Crime organisé alors ? Alcool et contrebande ? Vous allez introduire illégalement de l’alcool au sein de la fête ?
Sirius sourit avec envie. Ils n’y avaient pas pensé mais l’idée était bonne.
- Tu sais que tu m’invites à enfreindre le règlement de l’école devant deux préfets ?
Et, en effet, autant si Remus ne voyait que le petit manège de séduction qui venait de commencer entre les deux... petit manège qui n’était malheureusement pas rare, et qui l’énervait toujours autant ; Lily, elle avait le regard légèrement noir.
Erin n’y prêta aucune attention.
- Je ne suis pas sûr qu’une telle clause existe dans le règlement.
- Si ! intervient alors la préfète. Il est scrupuleusement interdit à tout élève de détenir de l’alcool.
Le regard de la jeune fille se fit alors tentateur envers le brun.
- Et bien au vu des risques, je saurais en payer le prix. Enfin tout dépend de la marchandise.
Sirius sourit un peu plus, se mordant la lèvre avec envie, rentrant dans son petit jeu, sous le regard de miel très agacé.
- Les jolies blondes ne se désaltèrent qu’au vin blanc, c’est bien ça ?
Elle acquiesça de la tête, son nez caressant avec envie celui du brun.
Un toussotement de la rousse les fit se retourner vers elle.
- Ça va Evans, on va acheter ton silence, tu prends combien ? Erin sourit, amusée.
Sirius, lui, l’était moins.
- Tu veux acheter le silence de future parfaite-en-chef ? Je n’y crois pas…
- Un verre de vin blanc? proposa alors Erin
- Non trois !
Sirius cilla, tout comme James et Peter, tout aussi étonné que la jeune fille ferme les yeux sur ce point du règlement. Elle changeait la Lily en grandissant : elle se laissait vraiment acheter ? Et elle n’était pas donné la Evans.
- Tu veux pas une bouteille pour toi toute seule tant que tu y es !
Elle sourit, ravie.
- Oui ça me va. Une bouteille et je ne dirai rien. Et avec des bulles, la bouteille, précisa-t-elle. Quitte à se faire acheter, autant que ce soit du nectar des dieux.
- Du champagne ? Tu plaisantes là ? souffla Sirius
- Non, Lily ne plaisante jamais quand on parle de champagne, précisa Sarah, sous l’acquiescement de la préfète.
James posa les yeux sur la jeune femme, étrangement étonné. Lily aimait le champagne. Il sourit alors :
- Tu as une préférence particulière en matière de champagne ?
La rousse riva son regard sur lui, pensive.
- Un demi-sec, sans oublier la flute. Attention, pas une coupe, une flute.
Sirius haussa un sourcil
- Tu sais que le principe c’est de rester discret ? Tu l’auras dans une flasque, un point c’est tout.
La rousse fronça les sourcils, peu ravie. Quel sacrilège, du champagne dans une flasque. Elle allait trouver un moyen et le laisser vivre et respirer.
- Non, vous la faites parvenir dans le dortoir, je m’occuperai du reste.
James sourit un peu plus. Bien qu’il ne voie pas la différence entre une flute, une coupe ou une chope de bière, il répondrait à ses attentes.
- Bien, j’en prends note.
Sirius observa la préfète peu ravi, mais bon…
- Soit… on va voir ce que l’on peut faire.
Suite à cette parenthèse, les regards se replongèrent dans le cours de potion.
Quelques minutes après, une personne arriva derrière eux.
- Lily ?
Tous les regards, sauf celui de l'intéressée, se levèrent vers le nouveau venu. Une même mine de dégoût apparut sur les visages de Sirius et James. Une lueur de colère dans celui des deux autres jeunes filles. Remus, lui, resta impassible. Peter se fit tout petit.
- Lily, j'aurais besoin de te parler, s'il te plaît.
Severus Rogue se tenait devant elle, parlant d'une voix froide, ne voyant pas les monstres de la nature qui entouraient son amie. Il ne voyait qu'elle, il n'avait toujours vu qu'elle. Et il devait lui parler.
- Elle n'a rien à te dire et aucune envie de t'écouter, Servilo ! La voix de James s'était faite cinglante.
Il était hors de question que la jeune femme renoue avec ce monstre.
- Lily ? S'il te plaît, je n'en ai pas pour longtemps, juste deux petites minutes.
Sarah se leva, elle était juste à côté du serpentard, une proximité qui la dégoûta un peu. Elle recula la tête, comme pour ne pas être contaminée par sa laideur.
- Elle n'a rien à te dire, tu n'as pas compris ce qu'a dit le monsieur ?
- Toi, je ne t'ai pas sonné, Sang de bourbe !
Sarah ne cilla pas, bien au contraire. La fierté d'être qui elle était se lisant dans ses yeux. Oui elle était née-moldue ! Lily serra les poings. Toujours ce mot dans sa bouche.
- Rogue... Tu pourrais nous rappeler la définition que vous donnez à ce si joli mot ?
Sirius s'était adressé à lui d'une façon étrangement polie.
Severus posa sur lui un regard de mépris. Il avait voulu le tuer, et il se vengerait !
- Les nés-moldus. Les sorciers nés de deux parents moldus. C'est bien ça ? Serviluuss ? - Sarah n'avait pas bougé et répliquait d'une voix hautaine et froide. - Comme Lily et moi ! se permit-elle de préciser.
Le Serpentard ne cilla pas, posant les yeux sur la jeune femme.
- Lily... S'il te plait !
La rousse leva enfin un regard d'une totale indifférence sur lui. Aucun mépris, aucune rancune, aucune colère, juste de l'indifférence.
- Comme l'a si bien fait remarquer Sarah, je fais partie de cette catégorie de la population que tes amis et toi ne supportaient pas de voir à Poudlard, que vous voulez, selon vos propres termes, éradiquer. Je ne vais donc pas t'imposer le supplice d'une conversation avec moi.
Et elle replongea le nez dans son bouquin, comme s'il n'avait pas été là, comme s'il n'existait pas. Severus serra les poings et quitta la grande salle, le cœur lourd. Tout ça, c'était à cause de Black et Potter ! C'était de leur faute si l'année précédente, il avait insulté sa meilleure amie, de leur faute si elle ne voulait plus lui parler, de leur faute s'il avait perdu le seul soleil de sa vie.
Et aujourd'hui, elle se rapprochait d'eux. Elle leur parlait, elle leur souriait. Elle sympathisait avec ses pires ennemis, et il ne comptait pas la laisser faire. Il allait lui ouvrir les yeux. Elle devait voir quel monstre elle côtoyait. Il se vengerait ! Il pourrait dévoiler le secret de Lupin, mais il avait promis à Dumbledore, et une promesse faite dans le blanc des yeux, on ne pouvait pas la rompre, surtout pas avec Dumbledore ! Il trouverait un autre moyen, il ferait virer ces idiots de Gryffondors ! Il allait se venger !
Il avait déjà fait beaucoup de progrès. À la première attaque, il gagnerait. Mais les maraudeurs n'attaquaient pas. Depuis le début de l'année, il avait l'impression qu'ils l'évitaient. Et ça ne l'arrangeait pas, mais alors pas du tout.
Lily ne voulait plus rien avoir affaire avec lui. Il n'était plus le garçon qu'elle avait connu, son meilleur ami, son plus vieil ami. Il n'était plus le Severus qui la faisait rire, qui lui avait appris, un jour, qu'elle était une sorcière et qui lui avait parlé de Poudlard, lui présentant la maison Serpentard, comme la meilleure de toutes, la seule qui en valait la peine.
Dès le départ, ce jour-là, le jour de son premier voyage en train, l'opposition s'était faite entre les deux maisons, ennemies jurées de Poudlard. Severus lui recommandait vivement la maison des verts et argents.
James était là... Sirius aussi. Et ils avaient répliqué, exposant leur point de vue. James aurait préféré quitter l'école que d'être à Serpentard ! Le conflit était parti de là, lui visait Gryffondor, les forts et les courageux. Sirius aussi ! Jeune héritier de la maison Serpentard, il avait quand même été réparti à Gryffondor.
Et Lily et Severus avaient été séparés dans les deux maisons opposées. Leur amitié avait survécu cinq ans... cinq longues années où elle avait dû défendre son ami contre tous, contre toute sa maison, contre les maraudeurs, contre ses amies les plus proches. Erin, Sarah et Mary ! Elles ne comprenaient pas pourquoi Lily persistait à lui parler. Elles le vivaient aussi comme une trahison, car Rogue était comme les autres Serpentards. Il prônait la pureté du sang. Et elle, elle n'était pas pure, loin de là.
Née-moldue ! L'infamie la plus effroyable qui soit, une pustule dans le monde de la magie : c'était ce que pensaient tous les verts et argents, Severus le premier. Tous ces serpentards qui parlaient entre eux de la pureté du sang, qui parlaient de rejoindre ce Lord, ce mage noir, ce Voldemort. Depuis maintenant un an, ce sorcier prenait du pouvoir, de l'importance. Et Severus allait le rejoindre. Elle n'avait aucun doute là-dessus.
Mais elle n'avait aucune envie de l'aider. Elle n'en avait plus envie, elle avait tout tenté, tout essayé, mais rien n'y avait fait. Severus avait ses propres amis, il pratiquait la magie noire, et prônait ces idéaux stupides.
Et elle, elle était contre ça. Désormais, plus rien ne la liait au jeune homme. Un grand vide les séparait. Leur amitié avait pris fin, la page était tournée, et aucun retour en arrière n'était possible.
- Je n'arrive pas à croire qu'il ose encore venir te parler.
La voix de Sarah avait retenti. Les maraudeurs n'avaient fait aucun commentaire, mais la haine et le mépris dans leur regard parlaient pour eux.
- Parle-moi du philtre de Mort Vivante !
Lily observait son amie, tapotant son livre de potion pour lui rappeler pourquoi elles étaient là. Elle ne voulait pas parler de Severus et n'en parlerait pas. Elles étaient là pour réviser, et c'est ce qu'elles allaient faire.
End Notes:
Un chapitre plein de conversation. Une Lily qui dévoile un point faible, un Sirius séducteur.
Et une soirée arrosée au programme ?
N'hésitez pas à me donner votre avis.
Échec et Mat By James Potter by Crepuscule64
Author's Notes:
James est machiavélique, il est prêt à tout pour arriver à ses fins, quitte à sacrifier des innocents sur l'hôtel de la vérité.
Et aujourd'hui, c'est Remus qui va être mangé tout cru.
Fin Octobre...
Dortoir des Gryffondors, sixième année. Le dortoir était plein, ses quatre occupants étaient sur place. Et pour cause, une pluie torrentielle s'abattait sur Poudlard et plusieurs kilomètres à la ronde, contraignant les élèves à rester à l'intérieur, bien au chaud. La salle commune était bondée et trop bruyante à leur goût. Du coup, ils avaient trouvé refuge dans leur antre.
Sirius avait le nez plongé dans un bouquin, Remus dans un parchemin, James dans son cahier de « Techniques et Tactiques de Quidditch, pour une équipe qui veut gagner et qui gagne ». Le titre avait été trouvé par lui seul, il n'en était pas peu fier. Et Peter faisait un devoir à son bureau.
Un dortoir bien calme au vu du tempérament des propriétaires des lieux. Mais, souvent le calme est volupté et surtout, il précède la tempête.
Une musique résonnait dans la pièce, le gramophone de Remus jouait le dernier morceau enregistré par The Doors. La voix de Jimmy Morrison emplissait l'espace clos, couvrant le bruit de la pluie se fracassant sur les fenêtres du dortoir.
La chanson prit fin et James se leva pour enlever le disque de l'appareil de son ami. Il s'étira, éteignant le Gramophone. Il en avait un peu assez d'entendre de la musique. La pluie tambourinait de plus en plus, ils allaient être coincés là encore un petit moment. Il se réinstalla sur son lit, son regard se posant sur Remus.
Le jeune homme semblait plus serein. James espérait qu'il n'était pas assez stupide pour croire que tout était fini, pour penser qu'il n'avait pas remarqué les incohérences concernant le comportement du lycanthrope. Oui, ils s'étaient expliqués pour Lily et ils n'avaient plus reparlé de leur conversation. Mais elle était enregistrée et passait souvent en boucle dans la tête du quo-leader des maraudeurs.
Remus s'était énervé. Il s'était senti accusé d'un crime grave, même s'il tentait de nier. Il ne voulait pas en parler, mais James avait réussi à le faire sortir de ses gonds.
« Toi ? Je peux savoir ce que tu viens faire dans cette histoire ? En quoi ça te regarde ? »
De quelle histoire parlait Remus ? Il était évident, et il ne fallait pas être Einstein, un grand physicien moldu, pour comprendre qu'à ce moment précis, les deux gryffondors ne parlaient pas du tout de la même chose. Et cette tête que le préfet avait faite, quand James avait cité Lily, venait appuyer cette théorie, sa colère s'étant aussitôt dissipée.
La question restait donc entière. De quoi parler Remus Lupin ? Et foi de James Potter, elle trouverait bien vite une réponse. Il avait réfléchi à tous les événements des jours précédents et aux moments où Remus avait pu faire quelque chose de grave.
Un moment où il était présent, puisque Remus ne semblait pas étonné qu'il aborde le sujet avec lui et qu'il n'avait pas nié que James ne fût pas là, juste qu'il n'y avait rien eu.
Et au fil de ses souvenirs, une seule scène avait retenu son attention. Le quinze octobre. L'anniversaire du père biologique de Sirius. Le jeune homme était bourré et avait fini sous une douche bien glacée.
Quand Remus lui avait apporté des affaires propres... Il s'était passé quelque chose qui l'avait considérablement gêné, au point qu'il en était devenu rouge de honte, limite cramoisie, les yeux rivés sur la porte close. Quand il s'était retourné vers James, sa gêne ne s'était qu'amplifiée.
Que s'était-il passé à ce moment-là ? Sirius était dans la salle de bain et lui sur son lit. Remus s'était-il perdu dans des penses honteuses à l'idée d'un Sirius nu dans la salle de bain ? La porte de la salle d'eau était fermée. Enfin, ça, il n'en était pas sûr. De son lit, il ne voyait que Remus.
Pourquoi avait-il rougi ainsi ? Remus était loin d'être du genre à se laisser submerger par ses émotions. Il avait une grande capacité de contrôle de lui-même, à cause de son petit problème de fourrure. Alors, ça devait être quelque chose de réellement indécent. Si James avait cru un temps que c'était à cause de Lily, il avait totalement écarté cette hypothèse.
- Qu'est-ce qu'il y a ? La voix du lycanthrope.
James cilla, sortant de ses pensées. Il fixait Remus depuis un bon moment maintenant, depuis le début de sa réflexion en fait, et il était, à son tour, observé par Remus et Sirius, légèrement perplexes.
- Ah non rien ! Je regardais le vide… je pensais.
James reposa les yeux sur son cahier, afin d'être un peu plus discret. Donc Remus avait rougi et le responsable de cette émotion était dans le dortoir à ce moment-là. Car, au vu de la soirée, du Sirius bourré qui avait fini sous la douche et de la capacité d'empathie de Remus, il doutait fortement que son esprit ait quitté le dortoir plus d'une seconde. Le capitaine de Quidditch s'excluait d'office. Il ne savait pas pourquoi, mais entre lui, installé sur un lit, le nez dans un bouquin et Sirius nu, dans la salle de bain, il avait tendance à croire qu'il ne faisait pas le poids…
James sourit alors. Sirius était qualifié de beau gosse, presque aussi beau que lui, enfin presque... Mais le regard des filles ne trompait pas. Dès qu'il passait quelque part, elles se tournaient toutes vers lui, avides de ses attentions. Elles auraient tout donné juste pour une seule d’entre elles. Mais rien ! Sirius était aveugle, ou il ne voulait pas voir. Aucune ne l'intéressait, aucune ne trouvait grâce à ses yeux. Et pour cause... Mais là, ce n’était pas le problème. C'était de Remus qu'il s'agissait.
Et James comptait bien tout découvrir. Et aujourd'hui même. Il avait longuement cherché un moyen de percer la carapace que le lycanthrope avait forgée autour de son âme. Et sur un sujet aussi délicat, il avait dû se blinder à mort. Il allait soit devoir se la jouer très fine, soit viser juste, frapper dans le mille, sans aucune retenue, afin de le déconcerter suffisamment pour qu'il puisse lire en lui.
La seconde solution était la plus à même de marcher, car James et la subtilité... ça faisait deux. Il y penserait s'il n'obtenait rien aujourd'hui. Mais avant toute chose, il avait besoin de savoir si la porte de la salle de bain était fermée. Il posa les yeux sur celle-ci. À l'opposé de la pièce, par rapport à son lit. Là, elle était fermée. Comment était-elle quand Remus avait quitté Sirius ce soir-là. Il repassait les bruits dans sa tête. Il ne semblait pas l'avoir entendu claquer.
Il se leva, prêt à faire sa petite expérience et s'approcha de la salle de bain, avant de s'arrêter net. Il était maintenant à côté du lit de Sirius, le plus près de la porte des quatre. Il se mordit la joue intérieure, perplexe. La porte était actuellement entrouverte et s’il venait se positionner à l'endroit même où Remus s’était arrêté, il avait une vue directe sur le mur du fond. Et donc Remus avait une vue directe sur un Sirius complètement nu, complètement trempé et tremblant de froid !
Il sourit, pour lui-même. Un de ces sourires qui ne présageaient rien de bon, bien au contraire. Un sourire que l'on pouvait craindre, car le pire était à venir.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Sirius l'observait ainsi que leurs deux autres amis. Il était planté devant la porte, sans bouger.
- Je pense à Lily... se hasarda-t-il, pour justifier ce comportement étrange.
Ce qui sembla marcher vu que les trois autres retournèrent à leur tâche, Sirius secouant la tête, dépitée par son frère.
James sourit, ravi. Cela allait être son heure de gloire, sa plus grande prestation théâtrale. Le public ne pourrait qu'applaudir et reconnaître la grandeur de son talent.
- Je me commence à m'ennuyer sévère.
Il s'assit sur le lit de son frère, face à lui et donc à Remus. De sa place, il avait une vue sur les deux, ce qui était parfait. Sirius ne réagit pas.
- Tu lis quoi ?
- Un livre.
- Sans image ? Félicitations !
Petite pique narquoise du brun aux yeux noisette.
Sirius sourit, acquiesçant de la tête.
- Tu as vu ! Je fais des progrès.
James fit mine d'applaudir son ami, qui replongea dans son bouquin, se délaissant de lui. Mais ça, ce n'était pas grave, c'était même prévu dans le plan. Remus n'avait pas bougé, ne les écoutant pas. Même si James le soupçonnait de toujours tout écouter. Son ouïe était plus sensible que la normale. Ça devait être plus facile pour lui de faire semblant de rien, alors que toute son attention était concentrée sur eux. James reprit le fil de son rôle.
- Au fait, Sirius, c'est quand ton prochain rendez-vous avec Pearl ?
Remus se pinça alors les lèvres. Tiens, quand on abordait le prénom d'une fille, il semblait un peu plus attentif à la conversation…
- Samedi, de dix heures à midi et dimanche, de quatorze heures à seize heures. Comme d'habitude. Pourquoi ?
- Non pour savoir. Ça se passe bien vous deux ?
Sirius fronça les sourcils face au sous-entendu que comportait cette phrase. Un sous-entendu qu'il n'appréciait et ne comprenait pas du tout.
- Oui, très bien, je te remercie.
Remus leur jeta un coup d'œil. C'était très carré les relations avec Sirius. Il faisait quoi avec cette fille pour qu'il lui inflige des horaires aussi précis que McGonagall avec son emploi du temps ?
- Mais vous faites quoi au juste ?
Une question innocemment posée, mais c'était étrange. Si Sirius la draguait, pourquoi ne la voyait-il que quatre heures par semaine ? Sirius croisa le regard de Remus, un sourire aux lèvres.
- Elle me donne des cours de musique.
James souffla. Pfff ! Il avait eu besoin de le préciser ? La participation de Pearl à son plan venait d'être totalement annulée. Elle tombait lourdement dans les escaliers et été tué sur le coup.
- Oh ... - Une exclamation de la part de Remus qui ne s'était pas attendu à ça - Un instrument en particulier ?
- La guitare. Je m'en suis même acheté une. J'ai hâte de la recevoir.
Remus sourit de cette confidence. Elle lui donnait juste des cours de musique. Rien de plus. Aucune amourette, aucun flirt. Il reprit alors sa lecture.
Mais James ne s'avouait pas vaincu, jamais de la vie. Son plan allait marcher. Il devait juste attaquer autrement. Choisir une meilleure cible, un meilleur élément déclencheur... Il fallait que la pièce de théâtre prenne une autre dimension, avec une histoire bien plus réelle, bien plus passionnante.
Il sourit, mauvais, sachant très bien qui allait prendre la place de celle par qui le scandale arrive. Son regard se posa sur Sirius.
- Tu n'as pas peur qu'elle espère plus ? Un vrai rendez-vous ?
Sirius haussa les épaules. Cette conversation autour de Pearl William commençait à l’ennuyer.
- Non, je ne suis pas intéressé.
Et c'était bien vrai. Pearl était mignonne mais ce n’était pas son type. Remus l'en remercia intérieurement, ravi.
- En parlant de ça ... reprit l'animagus cerf… Tu as eu des nouvelles de... Tu sais qui ?
Sirius cilla, relevant son regard froid sur son frère, sans sourire.
- Qui ça ?
Il avait peur de poser la question, et surtout de la réponse. De qui parler James ? De qui aurait-il dû avoir des nouvelles ?
- De ta conquête de cet été ! déclara le brun comme une évidence.
De qui d'autre pouvait-il parler ?
Ce qu'il vit du coin de l'œil, il s'en délecta. Remus avait cillé, tournant la tête vers eux, les observant tour à tour, incrédule. Sirius avait pâli d'un coup. Le pire était arrivé. Il rougit alors, avant de reposer les yeux sur son livre, sans aucune envie de répondre. Mais ce rouge sur les joues du jeune homme suffit au lycanthrope pour savoir que cette fois, c'était vrai. Sirius avait eu une conquête l'été précédent ! Il avait fréquenté quelqu'un !
Comme si de rien était, James donna un coup de pied dans celui de son ami.
- Alors, tu as eu de ses nouvelles ?
Il insisterait jusqu'à ce qu'il réponde.
Sirius releva sur lui un regard assassin, le rouge de ses joues était toujours là, et il détestait ça.
- Oui.
Un simple mot qui suffit à faire effondrer beaucoup de choses en Remus, dont le regard se quittait pas l'amour de sa vie. Et ce fut Peter qui intervint, très intéressé.
- Tu es sorti avec quelqu'un cet été ? Sérieusement ? Ça a duré longtemps ?
Peter posait les seules questions auxquelles Remus aurait préféré ne jamais avoir de réponse.
- Ça ne vous regarde pas ! Simple réponse de Sirius pour qui le sujet était maintenant clos.
- Deux petites semaines. Une petite amourette de vacances.
Sirius faillit s'étrangler face à l'indélicatesse et l’indiscrétion de son frère de cœur sur sa vie privée.
- Il m'a, alors, lâchement laissé tomber ! ajouta le capitaine de Quidditch.
- Quoi ?
Sirius le regardait comme s'il voyait un zombi. Mais qu'est-ce qu'il racontait ?
- N'importe quoi ! Alors déjà, ça a duré trois semaines, vingt-quatre jours, pour être précis. Ensuite, ce n'était pas qu'une petite amourette de vacances. Et enfin, je ne t'ai pas laissé tomber, j'étais occupé.
Sirius sourit alors, ravi de sa réponse en trois temps et d'avoir fermé le clapet de son ancien meilleur ami. Si seulement il s'était douté de la jubilation intérieure de celui-ci.
Peter les avait rejoints sur le lit, pour mieux tout entendre. James sourit. Remus, lui, était livide.
Si on pouvait croire que le capitaine de l'équipe de Quidditch avait les yeux rivés sur Sirius, c'était Remus qu'il observait, du coin extérieur de l'œil droit, et il n'en perdait pas une miette.
- Quand toi, en revanche, tu nous lâches en deux secondes parce qu’Evans passe par là, tu nous laisses tomber. Tu vois la nuance Corn' ?
Non mais, Sirius ne comptait pas se laisser faire.
- Non ! C'est la même chose.
- C'était quoi alors ?
Les regards se posèrent sur Peter qui s'était exprimé, Sirius haussa un sourcil, l'invitant à préciser le fond de sa pensée.
- Si ce n'était pas une petite amourette de vacances, tu la classes dans quelle catégorie ?
Et que Merlin bénisse Peter ! James passa son bras autour des épaules de son ami, fier que la question ne vienne pas de lui.
- Bonne question Peter. Tu apprends à poser les bonnes questions, excellent ! Alors Sirius, dis-nous tous. Tu la qualifierais comment ta relation de vingt-quatre jours ?
Remus serrait son parchemin entre ses doigts, de rage, de colère ou de jalousie. Il essayait de rester impassible. Il aurait voulu replonger le nez dans son devoir, mais il n'en avait pas la force. Son regard ne quittait pas celui de Sirius, et ce sourire qui se dessina sur les lèvres son homme lui transperça le cœur de la plus horrible des manières. Un vrai coup de poignard !
- Hum...
Le brun s'humidifia les lèvres, un geste qui en temps normal l'aurait envoûté, mais là, c'était juste parce qu'il cherchait bien ses mots ; des mots qui allaient lui faire encore plus mal :
- Disons, un amour de vacances. Et une future relation potentielle, si je la revois.
Et ce fut pire que tout. L'amour de vacances, le châtain aurait compris. C'était le passé, c'était cet été, c'était terminé. Mais la future relation potentielle, cela impliquait l'avenir, quelque chose de bien plus sérieux. Déjà que trois semaines pour un amour de vacances, c'était beaucoup, mais là, c'était trop !
- Tu l’as rencontré dans quelle circonstance ? questionna le petit rat.
- Dans une boîte de nuit moldu, précisa le capitaine de Quidditch.
- Elle est moldue ?
- Non… Sirius grimaça. Les boîtes de nuit moldues sont très fréquentées par les sorciers et sorcières.
- Certaines sont même tenues par des sorcières, précisa James sous l’acquiescement grave de Sirius.
- Notre monde est tellement restrictif, qu’on s’exporte.
- Sa condition de naissance est sang pur non ? demanda James.
- Qu’est-ce que ça change ? coupa le brun aux yeux gris, froidement.
Car même si c’était vrai, c’était bien l’information la plus futile pour lui.
- Sa condition de naissance plairait à maman Black.
- Oui bah… personne n’est pas parfait…
- Lily est parfaite !
Sirius soupira face à cette réplique, secouant la tête pour chasser la préfète de cette conversation.
- Et qu’est-ce qui t’a séduit chez elle ? questionna de nouveau le petit rat.
Il était très intéressé par la conversation. Sirius le fascinait. Il était séduisant et toutes les filles se damneraient pour lui, mais il n’était intéressé par aucune
- À Poudlard, aucune fille… à part Erin… et encore… ne t’a jamais plus. Elle avait quoi de plus ?
Sirius l’observa. Peter l’agaçait avec ses questions, mais d’un autre côté, le petit rat avait aussi subi un interrogatoire à propos de sa conquête actuelle. Il inspira, posant son regard dans le vague revenant à cette douce rencontre, un doux regard vert venant danser devant lui. Son sourire se fit plus doux, plein d’envie. Il croisa le regard de James, amusé.
- Disons un parfum d’exotisme et un délicieux petit accent.
- Elle n’est pas anglaise ?
Nouvelle question de Peter, qui semblait le seul à s’intéresser à la conversation. Remus restait muet. Ce qui ne semblait pas choquer les deux autres. Pourtant le sujet était passionnant !
- Non Peter, sinon elle serait à Poudlard, rallia le capitaine.
Remus reposa les yeux sur son parchemin, dépliant ses doigts, qui l'avaient pas mal froissé au niveau de leurs impacts. C'était comme la fin d'un tout, la fin d'une période où Sirius ne s'intéressait pas aux filles, à personne en fait. Maintenant, l'engrenage était lancé, et personne ne pourrait l'arrêter. Il jeta un regard noir à James, qui lui souriait.
- Elle vient d’où alors ? Elle étudie dans quelle école ?
Sirius referma son livre, il en avait assez de cette conversation un peu trop personnelle.
- Je n’en dévoilerai pas plus sur ses secrets. Méfait accompli !
Il mettait ainsi fin à cette réunion maraudeuse improvisée sur ce sujet si délicat de sa vie privée. Il secoua la tête, agacé d’avoir été pris au dépourvu comme ça.
- Je vais aller me prendre une douche, j'ai besoin de me rafraîchir les idées.
James sourit, désolé pour son frère, mais il n'aurait jamais pu faire aussi bien.
- Je comprends. Il y a des souvenirs qui brûlent en nous juste par le simple fait d'y penser.
Sirius se retourna vers son ex-frère, il venait de le renier.
- Mais ce n’est pas vrai. Tu peux arrêter deux secondes ?
Et il s'enferma dans la salle de bain. Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris à James de parler de ça ? Et devant Remus et Peter en plus. Il n'avait pas envie d'en parler, il n'avait pas envie que les autres sachent. C'était sa vie privée. Au prochain entraînement, il donnerait ordre aux batteurs de lui lancer un cognard en pleine face.
Dans le dortoir, Peter était retourné à son devoir. Remus fixait son parchemin, livide. Il n'avait plus envie de rien, et plus la force de rien. James riva son regard sur le lycanthrope, un sourire triomphal aux lèvres. Ça avait presque été trop facile, mais ce n’était que la première étape.
- Échec et mat.
Remus leva les yeux sur James croisant un regard brillant de malice.
- Pardon ?
James se leva et regagna son lit.
- Non rien, je parle tout seul.
Il se laissa tomber sur son lit. La scène avait été encore plus jouissive qu'il ne l'aurait cru, encore mieux que tout ce qu'il s'était imaginé. Remus… Il n'en fallait pas beaucoup pour le déconcerter. Enfin c'était surtout lui qui était doué.
Le préfet se leva et attrapa sa cape.
- Je vais aller prendre l'air.
James lui sourit, une étincelle dans le regard.
- OK, n'attrape pas froid.
La porte du dortoir se refermait déjà sur un Remus furieux !
End Notes:
Et voilà, James sait l’évidence même. Remus a été mangé mais ce n'est que le début...
Pauvre petit loup !
Lily Evans Et La Complainte du Maraudeur by Crepuscule64
Author's Notes:
James a joué ! James a gagné ! Remus se retrouve dans les couloirs de l'école, le cœur meurtri, à la recherche d'une âme pour se confier. Une seule personne est habilité à recueillir ses confidences.
Mais ou est elle ?
Remus déboula dans le couloir à l'extérieur de la salle commune. Un couloir froid, glacé. Il serra son écharpe autour de son cou, se mettant à marcher, sans savoir où il allait, le cœur meurtri. Ce sourire sur les lèvres de son homme et cet agacement face aux confidences de James. Pourquoi faisait-il un secret de sa relation de l’été passé ? Était-il si amoureux qu’il ne voulait garder ça que pour lui ? James, lui, était le premier à se vanter quand il séduisait une nouvelle fille avant… un jeu qui avait vite lassé le capitaine, les filles étant trop facilement séduites.
Mais Sirius… pourquoi garder ça pour lui ?
Le préfet fouilla dans la poche de sa cape, un espoir trop faible de trouver la carte. Rien ! Il cherchait quelqu'un, sa meilleure amie et la carte aurait été d’une aide très précieuse. Et hors de question de retourner dans le dortoir. Mais où pouvait être Lily Evans ? Celle-ci n'était pas dans leur salle commune, alors, elle était ailleurs… À lui de trouver où comme le plus commun des mortel : en marchant ! Il ne lui restait qu’à espérer que la jeune femme ne se trouve pas dans son dortoir.
Et pour une fois, la chance lui sourit. Au détour d'un couloir, il aperçut la jolie rousse, installée sur un banc, en pleine conversation avec Karine Vance, la préfète des Serdaigles. Lily aperçu à son tour son ami, lui adressa aussitôt un sourire, l'invitant à les rejoindre d'un geste de la main. Mais Remus déclina son invitation de la tête, lui demandant de venir à lui.
Face au teint pâle du jeune homme, la jeune fille s'excusa auprès de son amie, et la laissa pour aller retrouver le maraudeur.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? C'est quoi cette tête ?
- On peut aller discuter en privé ?
Remus n'avait pas envie d'en parler en plein milieu d'un couloir. Jamais ! Trop d'oreilles indiscrètes, entre les tableaux et les sorts de camouflages, allez savoir qui pouvait les écouter ! Lily acquiesça, et quelques secondes plus tard, ils prenaient leur quartier dans une salle de classe vide et froide.
Le préfet se dirigea vers les fenêtres, observant les rafales de pluie s'abattre sur celles-ci, tandis que Lily avançait au centre de la pièce.
- Alors ?
Elle l'observa, inquiète.
- Il a une petite amie !
Remus s'était retourné vers elle, agacé. Il avait une petite amie ! Sirius avait quelqu'un dans sa vie, ou avait eu ... Il ne savait même pas quel temps de conjugaison employer. La jeune femme fronça les sourcils, s'approchant du lycanthrope.
- Qui ça ?
Les gros yeux de son interlocuteur lui firent trouver immédiatement la réponse.
- Sirius ? Bah oui ! De qui parle-t-on depuis maintenant six mois...
En effet, qui d'autre ? Qui pouvait le mettre dans un état pareil à part Sirius Orion Black, l'homme de sa vie. Et maintenant, c'était fini ! Maintenant, il allait réellement devoir tourner la page.
- Alors, il a une petite amie ?
La voix de Lily marquait plus la curiosité que l'épouvante. Remus posa un regard fortement agacé sur elle. La préfète comprit immédiatement son erreur. Son ami attendait du soutien et pas des commérages… Elle serra les poings devant elle, grimaçant.
- Grrr ! Il a une petite amie, reprit-elle avec un profond dégoût dans la voix.
Remus soupira, et se laissa tomber sur une chaise, las de tout
- Je la déteste déjà ! - déclara-t-elle d'un ton sans équivoque, toujours en soutient à son meilleur ami - Je la connais ? Elle est à Poudlard ? C'est une de mes amies ?
Aïe ! Si Sirius sortait avec une fille qu'elle appréciait déjà ?
- Conflit d'intérêts! Mais je la déteste quand même, je te choisirai toujours Rem.
Bon, ça n'allait pas être évident. Remus fit lentement non de la tête, posant un regard sans vie sur la jeune femme.
- Non ! Il l'a rencontré cet été. Elle n'est pas ici.
- Je la déteste encore plus !
Ça sonnait comme une déclaration de guerre dans la bouche de Lily, ce qui réussit à arracher un petit sourire au lycanthrope aux yeux d'or. Remus bascula sa tête en arrière, vraiment las.
- Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Il n'aurait pas pu attendre deux ans, deux petites années, avant de s'intéresser aux choses de l'amour ? Deux ans, ce n'est rien dans une vie...
Lily prit un sourire contrit, désolée pour le jeune homme. Elle était navrée qu'il soit amoureux d'une personne qui lui était inaccessible. Elle vint se placer devant lui, posant ses mains fraîches sur les joues brûlantes de son ami. Celui-ci redressa la tête, croisant son regard émeraude.
- On savait tous les deux que ça devait arriver, que ce n'était qu'une question de temps, avant que ça ne l'intéresse vraiment. Tu le savais, Remus ?
Le jeune homme acquiesça de la tête.
- Oui, mais je ne pensais pas si vite.
Elle lui caressa doucement les cheveux, dans un geste très maternel.
- Ça finit toujours par arriver. Et comme tu n'as rien tenté, tu t'es résigné à vivre un jour cette scène, et bien... C’est arrivé !
Remus détourna les yeux. Lily avait essayé de le convaincre de parler avec Sirius de ses sentiments, mais il s'y était toujours refusé.
- Sirius n'est pas gay ! répliqua-t-il, froidement.
C'était un de ces deux arguments pour justifier son total manque d'action envers la situation. L'autre était que même si c'était le cas, il ne voudrait jamais rien de plus avec lui, parce qu'il était laid. Sirius était la beauté réincarnée, lui, il ne faisait que de s'enlaidir à chaque transformation.
- Excuse-moi, mais l'orientation sexuelle d'une personne ne se lit pas sur son visage. Et cette totale indifférence que les filles provoquent en lui, moi j'ai de sacrés doutes.
Le préfet inspira et expira.
- Elles sont toutes fades et sans saveur à ses yeux. Il lui faut de l'exceptionnel, un parfum d’exotisme et un délicieux petit accent… un coup de foudre. Comme cet été...
Lily fronça les sourcils.
- Cet été ?
- Oui, c'est là qu'il l'a rencontrée. Un amour de vacances, et une future relation potentielle, s'il peut la revoir. - Les derniers mots étaient plus crachés de haine que prononcés, mais ça revenait au même - Trois semaines ! vingt-quatre jours pendant lesquels il est sorti avec elle, où elle l'a embrassé, caressé, où elle a pu goûter ses lèvres, et sa peau...
- Oui ! - Lily le coupa, ne voulant pas en entendre plus. - J'ai compris le principe, ne rentre pas trop dans les détails, s'il te plaît !
Remus acquiesça de la tête, gravement. Il n'avait pas envie non plus, mais qu'est-ce qu'il l'enviait ! Trois longues semaines, vingt-quatre jours de pur bonheur pour cette fille.
- Il n’aurait pas pu attendre deux ans ? Ou même dix ! Il serait alors vieux et moche, et j'aurais réussi à me sevrer de lui.
La jolie rousse sourit, son ami tenait de drôles de propos.
- Ah oui ? Tu penses que dans dix ans, il sera moche et vieux ? Il n'aura que vingt-six ans...
Ce n'était pas vieux ! Elle s'assit sur la table, à ses côtés.
- Non, en effet. Surtout qu'à mon avis, il ne peut qu'embellir avec le temps. Comme le bon vin. Il sera toujours aussi mignon, mais avec plus de sagesse dans ses yeux, qui les rendront encore plus fascinants. Et son sourire sera toujours aussi craquant. Sans compter qu'il sera alors Auror et qu'il aura, sans doute, des marques de guerre qui parleront pour lui de son courage et de sa force intérieure.
Remus balança sa tête en arrière, dans un hurlement de chagrin, posant ses mains sur sa figure. Il était vraiment loin d'être sevré.
- Oui ! Tu n'es pas près de te désintoxiquer.
Elle sourit, légèrement moqueuse. Pouvait-on réellement cesser d'aimer une personne, quand l'amour était aussi profond que celui que Remus ressentait pour son meilleur ami ?
- Non ! Mais bon ! De le voir avec d'autres filles, ça va m'aider.
Oui… Sirius avait goûté au péché originel. Et quand on avait commencé à goûter à cette délectable saveur, on ne pouvait plus s'en passer. Alors, le brun allait se trouver une petite amie ici, il les voyait déjà en train de s'embrasser dans la salle commune de Gryffondor, juste sous son nez, ou dans le dortoir, avec un chiffon sur la poignée de la porte pour dire : "Ne pas déranger !"
- Pourquoi...
La plainte de Remus déchira le cœur de Lily qui se leva et s'approcha de son ami, lui prenant le visage dans les mains.
- Mon pauvre Remus. Je comprends ton désarroi.
Elle le prit dans ses bras, le jeune homme se laissant faire, ayant réellement besoin d'un câlin.
- Tu ne veux pas me lancer un oubliette ?
La préfète sourit alors.
- Non ! Ce serait trop facile… et ça m’est interdit.
Remus laissa échapper un profond soupire. Il le savait très bien, mais ça ne coûtait rien de demander.
- Ce n'est vraiment pas juste...
Les doigts de la jolie rousse se glissèrent dans les cheveux du jeune homme, tendrement.
- Je sais.
Ils restèrent là, sans rien ajouter. Remus avait juste besoin de la présence de son amie. Elle était la seule qui savait ce qu'il éprouvait, la seule à qui il avait pu en parler, même si ce soir-là, ce soir d'avril, c'était son désespoir qui avait parlé pour lui.
La scène, il la revoyait très bien :
--- Une Trahison Impardonnable ---
Avril 1976.
Il faisait doux, et l'air était chaud. Le printemps, bientôt l'été. La nuit était tombée sur Poudlard. Remus se trouvait dans la plus haute tour de l'école. Il avait trouvé refuge dans la tour d'astronomie, ayant eu besoin de s'isoler, et, par chance, il n'y avait pas cours. Il était monté là-haut pour hurler sa peine et sa douleur, pour hurler contre le monde, et contre lui ! Contre sa bêtise et son idiotie d'avoir osé faire confiance à quelqu'un, d'avoir cru en l'amitié... Car l'amitié, ça n'existait pas !
Il avait fini sur le sol, recroquevillé sur lui-même, pris de terribles sanglots. Un sol gelé, le froid se propageant en lui. Mais, il n'arrivait pas à se calmer, il n'essayait même pas de le faire. Il n'avait qu'une envie, se jeter dans le vide pour mettre fin à cette perpétuelle souffrance qu'était sa vie.
S'il avait eu une belle parenthèse de bonheur pendant cinq ans, tout était fini maintenant. S'il avait cru en l'amitié qui les unissait, James, Sirius, Peter, et lui, ça n'était plus que du vent ! Du moins, pour Sirius…
Son regard se fit tellement haineux. Il ne supportait plus de penser à lui, il ne supportait plus la présence du jeune homme, de le voir, de le sentir, et encore moins de l'approcher. C'était fini ! Tout était fini ! Et il ne lui pardonnerait jamais !
Il hurla à la mort ! Contre lui, contre la terre, contre ce traître ! Un hurlement qui retenti sans doute au loin, mais il n'en avait rien à faire. Plus rien ne comptait à part cette douleur, à part cette envie de s'arracher le cœur pour ne plus rien ressentir.
Mais la porte s’ouvrit et il était prêt à balancer la personne dans le vide, quand il reconnut Lily Evans. Sa seule amie, en dehors des maraudeurs.
- Remus ? C'est toi ?
La scène dû l'horrifier. Remus était recroquevillé sur lui, pris d'horribles sanglots, le regard complètement meurtri. Elle accourut à ses côtés, paniquée.
- Remus, par Merlin, qu'est-ce qui t'arrive ?
Le lycanthrope posa un regard vide de tout sentiment sur elle, sauf cette profonde blessure.
- Je veux mourir. Je veux mettre fin à tout ça, à cette souffrance. J'en ai assez Lily, assez que tout monde me brise, assez de cette vie. Je veux mourir.
Elle le prit dans ses bras, de plus en plus paniquée. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Qu'est-ce qui l'avait mis dans un état pareil ? Pourquoi ?
- Remus, qu'est-ce qui se passe ?
Et le jeune homme resserra son étreinte autour de la taille de la jeune femme, hurlant dans la cape de celle-ci pour étouffer son cri.
Elle ne l'en serra que plus fort contre elle.
- Je le déteste, je ne pourrais jamais lui pardonner. JAMAIS !
Un dernier mot prononcé avec la rage de la rancœur. Non, plus jamais il ne pourrait ne serait-ce que lui adresser la parole. Sirius Orion Black ne faisait désormais plus partie de sa vie. Il l'en avait banni.
- De qui tu parles Remus ? Qui t'a fait mal ?
Elle le relâcha, pour s'écarter de lui et planter ses prunelles émeraude dans les iris dorés de son ami.
- Lui ! Il était le seul en qui j'avais totalement confiance, le seul pour qui j'aurais donné ma vie, tout donné. Le seul dont j'aurais tout accepté, sauf ça...
Des larmes coulèrent sur ses joues, ses yeux rougis montrant que ce n'était pas les premières.
- Remus ? Qui... ?
- SIRIUS !
Il hurla son nom à travers la lande entourant Poudlard, du plus profond de son âme, de sa haine, de sa rancœur. Lily cilla, interdite, s'étant imaginé bien des coupables, mais Sirius ?
Elle le reprit dans ses bras, essayant de le calmer, de l'apaiser, mais rien n'y fit. Il ne voulait qu'une chose : mourir. Il ne voulait qu'une chose : partir, quitter cette école, ne plus le revoir, ni lui, ni personne.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Remus, qu'est-ce qu'il t'a fait ?
Remus sanglota en silence sans rien dire, n'arrivant pas à trouver les mots pour expliquer. Il n'y avait rien à expliquer, il ne le pouvait même pas. Lily ignorait tout de son secret.
- Il m'a trahi. Il n'est plus rien pour moi, absolument plus rien. Je ne pourrais jamais lui pardonner, jamais !
Que répondre d'autre ? Entrer dans les détails ? Jamais ! Lily ne savait pas, il ne pouvait pas lui dire que Sirius avait envoyé Severus Rogue dans l'antre du loup, qu'il lui avait confié comment faire pour parvenir à la pièce où il était enfermé.
Il ne pouvait pas lui dire que Sirius avait trahi son plus grand secret, qu'il avait bafoué tous les fondements de leur amitié. Il ne pouvait pas se confier réellement à elle, mais sa présence lui était précieuse.
Il se serra contre elle, hurlant encore, étouffant cette souffrance dans le tissu de la cape de la jeune femme. Lily le serra fortement contre lui, du plus fort qu'elle put. Que s'était-il passé ? Qu'est-ce qui avait pu mettre Remus dans cet état ? Quelle était cette horrible trahison ?
- Calme-toi Remus, je t'en prie. Calme-toi ! Ça va aller, ça va passer. Calme-toi !
Remus sanglota, sans arriver à se calmer. La trahison de Sirius lui était insupportable. Il n'arrivait pas à vivre avec. Ça s'était passé quelques jours avant, et depuis, il n'avait plus aucun contact avec lui. Même si Sirius faisait tout pour lui parler, pour s'expliquer. Mais il ne voulait rien entendre, il ne voulait pas le voir, il ne voulait pas être dans la même pièce que lui ! Plus jamais !
Et pourtant !
- Je n'y arriverais pas ! Je ne pourrais pas ! Je ne peux pas vivre à ses côtés, si près de lui. Non !
Lily le serrait toujours contre elle.
- Remus ?
Que dire ? Que faire ? Elle ne savait pas comment réagir.
- Je ne pourrais pas. Si tu savais... Jamais je n'y arriverais ! Jamais ! Vivre à côté de lui, sans le voir, sans lui sourire, sans lui pardonner !
- Rem... - Lily se détacha de nouveau de lui pour plonger dans son regard - Qu'est-ce que...
Le regard du châtain se fit plus meurtri, plus torturé, comme si le pire restait à venir.
- Je l'aime tellement, Lily. Je l'aime de tout mon cœur, de toute mon âme, malgré ça !
Lily cilla, essayant de prendre conscience de la portée des confidences de son ami.
- Ça ne s'arrête pas Lily, c'est toujours là, en moi !
Il frappa violemment son cœur, avec haine.
- C'est toujours là, en moi ! Ses sentiments, je les déteste, je n'en veux plus, mais je n'arrive pas à m'en débarrasser. Je n’y arrive pas. J'ai tout fait, j'ai cru que ça les aurait anéanti, mais non ! Je suis toujours amoureux. Ça persiste, malgré tout. Je ne le supporte plus, Lily. Je n'ai qu'une envie : m'arracher le cœur.
La jeune femme ne trouva rien à dire, rien pour le consoler.
- Remus, je suis sincèrement désolé pour toi.
Et elle le prit dans ses bras, le laissant pleurer, du plus profond de son âme. Sirius avait eu le pire des comportements envers Remus, mais ce dernier en était amoureux.
Ce soir-là, Remus avait confié son terrible secret à la jeune femme. Il aimait Sirius et il ne pouvait pas lui pardonner. Pourtant, c'était ce qu'il avait fait. Il avait fini par ne plus tenir, cette proximité, ces regards, Sirius qui ne ratait aucune occasion pour le coincer entre quatre yeux et s'expliquer. Mais il n'y avait rien à expliquer. Ce qu'il avait fait, était impardonnable et rien de ce qu'il pourrait dire ne changerait le passé.
Et Sirius s'était résigné.
Oui ! C’était impardonnable, inexplicable. Mais il ferait tout pour se faire pardonner. Alors avait commencé une véritable torture pour Remus. Sirius venait le voir, s'installant à ses côtés, s'allongeant près de lui, le regard empli de regret et de tristesse. Il lui avait demandé mille fois pardon, avait tout fait pour se racheter et pour lui faire comprendre que jamais plus il ne le trahirait.
Sirius avait tout fait pour que Remus comprenne qu'il était encore plus anéanti que lui, qu'il ne supportait pas de vivre à ses côtés, mais sans lui. Ça n'avait qu'empiré avec le temps, car Sirius lui manquait cruellement.
Et il avait craqué, il avait laissé une faille et Sirius avait bondi dessus, avec son sourire ravageur et ce regard métallique qui le faisait fondre. Ça avait duré un mois, pendant lequel Remus refusait tout contact avec lui.
Un mois, ça semblait dérisoire comparé à la faute commise, mais il ne pouvait plus supporter cette situation.
Aujourd'hui, tout était redevenu comme avant. Remus lui avait entièrement pardonné. Ce qui s'était passé avait laissé des traces. Hormis l'épisode d'après les B.U.S.E. en fin d'année dernière, Sirius évitait le plus possible Rogue.
James aussi, par rapport à Lily. Et puis Lily et Rogue ne se parlaient plus, ce qui facilitait un peu ce calme. Mais là, c'était plutôt Rogue qui les cherchait, qui furetait autour d'eux à la première occasion, prêt à se venger.
Pour l'heure, les maraudeurs ne répliquaient pas, et Remus veillerait à ce que ça continue comme ça. Severus connaissait son secret. Dumbledore l'avait contraint au silence, mais combien de temps allait-il tenir sa langue ?
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Remus sentit les doigts de Lily dans ses cheveux, revenant à la réalité. Il avait plongé dans ce souvenir douloureux sans même s'en rendre compte. Ça faisait longtemps qu'il n'y avait pas pensé. Depuis le début d'année en fait.
- Ce soir-là, j'ai dû réellement te faire peur ?
Lily posa un regard intrigué sur son ami. Ce soir-là ?
- Ah ! Oui ! J'avoue. J'ai cru que tu allais vraiment te jeter dans le vide, ou t'arracher le cœur. Je ne sais pas ce que t'a fait Sirius, mais tu étais si mal. Je ne t'ai pas quitté d'une semelle après ça.
Remus sourit. Oui, les deux semaines suivantes, Lily avait toujours été là. Il s'était totalement coupé des maraudeurs, il avait eu besoin de faire un break et Lily avait été la meilleure de toutes les amies.
Remus prit les mains de la jeune fille dans les siennes, posa un regard empli de tendresse.
- Tu as été la meilleure des amies au monde.
La jeune femme lui adressa un sourire rayonnant.
- C'est normal voyons. Et tu sais que je suis un être exceptionnel, d'une intelligence rare que seule ma beauté égale. Que le monde serait vide de toute raison sans moi...
Elle se tut, marquant un temps d'arrêt. Remus l'observa, intrigué par ses propos.
- Je crois que Potter a déposé un brevet sur ce discours. Il en a le monopole ?
Remus rigola, malgré lui. Il n'y avait bien que Lily Evans pour le faire rire dans un moment pareil.
- Oui, je crois aussi. Tu ne peux pas le reprendre. Désolé, ma belle.
La jeune femme s'assit sur les genoux de son ami, passant un bras derrière son cou pour se tenir. Si James entrait dans la pièce là, maintenant, il ferait un double meurtre. Remus voyait déjà les titres de journaux :
« Double crimes passionnels à Poudlard. Un élève prit d'une folie meurtrière tue son meilleur ami et celle dont il était amoureux »
- James fait des efforts, j'espère que tu t'en rends compte ?
Lily acquiesça de la tête.
- Bien sûr ! Ça fait une semaine qu'il ne m'a pas dit que j'étais la femme de sa vie et qu'il ne m'a pas demandé de sortir avec lui. - Elle ferma les yeux et soupira profondément. - Et ça fait du bien, si tu savais. C'est comme si, avant, j'entendais des voix dans ma tête, en permanence, et puis le silence.
Remus sourit un peu plus.
- J'imagine.
Lily se releva, tendant la main au jeune homme.
- Aller vient, rentrons au chaud dans la salle commune. Je commence à geler ici.
End Notes:
Un tête à tête entre notre petit couple de préfet. Une Lily douce, attentionnée, pleine de bonté face à un Remus meurtri.
Merci à vous pour vos commentaires. C'est un bonheur de vous lire.
La Jalousie est un Vilain Défaut, M. Lupin by Crepuscule64
Author's Notes:
Fin d'octobre, depuis de journée... un petit déjeuner... du courrier... un colis... du chocolat...
Mais surtout une lettre... un sourire... et plein de questions...
La matinée commençait toujours très paisiblement à Poudlard. Le premier cours de la journée débutait à neuf heures, ce qui laissait largement le temps aux élèves de bien petit-déjeuner. Ils avaient besoin de forces pour faire face aux deux heures du même cours qui allaient suivre.
Ce qui pouvait être du pain béni des dieux, quand il s'agissait du Cours de Défense Contre les Forces du Mal, ou de Métamorphose, mais qui semblait beaucoup plus ennuyeux, quand il s’agissait du cours de Potion, ou du…
Non !
Sirius Black arrêta là sa réflexion car finalement, il n'y avait bien que le cours de Potion qui l'ennuyait. Il faut dire que sa mère était redoutable dans ce domaine. Elle en avait une connaissance très développée. Elle ne devait jamais avoir raté aucun de ses élixirs. Et le fait, pour le jeune Black, d'avoir fait l'apprentissage de la lecture et de l'écriture sur des livres de potions n'aidait en rien le jeune homme à développer un intérêt quelconque dans ce domaine. Le brun soupira alors profondément.
Sa famille... Il avait pris la décision de les détester et de tout faire pour qu'ils lui rendent la monnaie de sa pièce, dès ses neuf ans...
Sirius avait commencé à réellement vivre quand il avait enfin pu quitter les Black. Une famille oppressante, froide, sans aucun amour. Sauf parfois de son père, mais de sa mère, jamais ! Il ne prenait jamais la peine de penser à elle, sauf quand elle se rappelait à son bon souvenir par le biais d’une beuglante pour bien lui faire comprendre ce qu'elle pensait de lui, ou, avant, quand il avait l’obligation de rentrer chez lui pour les vacances d’été et que son enfer commençait.
Le 12, Squarre Grimmaurd ! Dans cette maison, il ne s'y était jamais senti chez lui. Non ! Ce premier sentiment, il l'avait ressenti le 1er septembre 1971, quand il avait vu, pour la première fois, les lumières de Poudlard transpercer la nuit.
Et quand le choixpeau magique s'était posé sur sa tête, il était habité de la ferme conviction que non, il ne serait pas réparti à Serpentard. Son ambition était de devenir le pire déshonneur de sa famille, il avait eu gain de cause. Il entendait encore la voix du choixpeau :
« Vraiment ? Tu es sûr de toi ? Pourtant tu serais bien à Serpentard. Tu as un esprit vif et rusé. Mais je lis aussi, en toi, un grand courage et une grande détermination. Une autre maison serait bien plus indiquée pour toi. Elle sera parfaite : GRYFFONDOR ! »Et Sirius n'avait jamais ressenti autant de fierté qu'à ce moment précis. Il avait vu les regards courroucés lancés par les serpentards. Lucius Malfoy, son insigne de préfet épinglé sur la poitrine, méprisant désormais ce qu’il était devenu, installé au niveau des sixièmes années.
Mais ce n'était rien comparé à sa cousine : Narcissa Black. La blonde avait porté les deux mains au niveau de sa bouche, l’horreur se lisant dans ses yeux. On aurait dit que le monde venait de s'écrouler.
Mais le regard de Sirius ne s'était posé que sur Androméda, installée à la table des verts et argents, au niveau des septièmes années. Elle s'était levée et applaudissait de tout son cœur, avec les autres élèves. Elle faisait alors, sans doute, autant de bruit que la table Gryffondor toute entière.
Sirius s'était installé à la table des rouges et ors, le cœur rempli de fierté. Il avait réussi. Sa mère lui avait affirmé un jour qu’il n'y avait aucune infamie pire que celle de souiller son sang. Mais lui n'était pas d'accord et il avait reçu une magnifique gifle.
« Rien n’est pire qu’un sang souillé !
Ne t'avise pas de poser un seul regard sur ces impurs quand tu seras à Poudlard. »
L’enfant en avait eu la joue très rouge, pendant plusieurs heures. Mais, il avait décidé de prouver à sa mère qu'elle avait tort. Il y avait bien pire et elle allait vite en découvrir l’amère vérité.
Il y avait longuement pensé et c'était la seule réponse : un Black à Gryffondor ! Et il l'avait fait ! Il devait reconnaître que la maison Serpentard et les idéaux qu’elle véhiculait ne lui plaisait absolument pas. Ce n’était pas lui ! Ce n’était pas sa façon de penser et de voir les choses. Alors que la maison Gryffondor lui parlait, lui plaisait. Leur idéaux, la paix des peuples, le droit du port de la baguette pour tous… l’exact opposé de l’apologie de la pureté du sang, le mélange des peuples était une nécessité à la survie du monde de la magie. C’était tout à fait lui !
Mais le fait rester là : le premier cours de la journée allait être d'un ennui terrible : la Potion.
Donc la matinée commençait plutôt mal pour Sirius.
- Le courrier !
Tous les élèves levèrent la tête dans un même mouvement vers les centaines de hiboux qui entraient dans la grande salle, portant tous à leurs pattes une lettre, un colis, ou pour les plus malheureux, une beuglante.
Remus reçut entre ses mains un colis, bien ficelé, et l'écriture sur le dessus fut très facilement reconnaissable. Mais surtout, l’odeur qui s'en échappait, lui avait de suite mis l’eau à la bouche.
- Du chocolat ! murmura-t-il avec envie.
Sirius sourit.
- Maman Lupin n'a pas oublié de remplir la réserve personnelle de son fils.
Le lycan acquiesçant lentement de la tête. Sa mère y pensait toujours. Il recevait au moins un colis par mois. Chaque colis était rempli de toutes les barres de chocolat qui pouvait exister, mais surtout des barres de chocolat-noisette. C'était bien le mélange le plus délicieux qui existait au monde pour le jeune Lupin. Selon sa mère, il n'y avait rien que le chocolat ne puisse guérir.
- Tu m'en dois toujours une !
Remus releva les yeux sur Sirius, sans trop comprendre, mais la mémoire lui revint vite : leur dernière après-midi à la cabane. Il avait volé la dernière barre de son ami. Il sourit, rougissant légèrement, le souvenir d’un Sirius Black totalement à sa merci lui effleurant l’esprit avec envie.
- Et je te la rembourserai. Je rembourse toujours mes dettes.
La conversation prit fin quand une lettre tomba du plafond pour atterrir juste devant Sirius. Celui-ci la regarda, d'un air mauvais, avant de se radoucir. Ce n'était pas une beuglante. Donc pas de risque de se faire hurler dessus. Depuis le début d'année, il n'avait eu aucune nouvelle de ses parents.
L'été précédent, il avait fui la maison, emportant toutes ses affaires, après une énième dispute. Il en avait eu assez de sa mère. Et elle avait dépassé les bornes. Elle lui avait jeté un sortilège Crucio !
Sirius observa la lettre, posée devant lui. Une écriture légère, mais assez ferme. Il saisit délicatement l’enveloppe entre ses doigts, la retournant, sous le regard intrigué des autres maraudeurs. Un sourire se dessina sur les lèvres du cabot, en découvrant le nom de l'expéditeur. Son regard s'alluma d'une petite flamme que Remus ne lui connaissait pas. Une expression totalement inconnue apparut dans les yeux de son ami, ce qui l'intrigua encore plus.
James, installé à côté de son frère, se pencha, sans aucune gêne vers la lettre, pour en découvrir l’expéditeur. Adieu la vie privée de Sirius, mais celui-ci ne sembla pas du tout s'en offusquer.
Et le sourire en coin, légèrement salace qui se dessina sur les lèvres de l'animagus cerf, ne fit qu'augmenter la curiosité de Remus, mais d'une manière très désagréable. Les deux amis échangèrent un regard qui fit naître un étrange dégoût dans la bouche du lycanthrope.
James releva les yeux sur son frère :
- Des nouvelles outre-Atlantique, ça doit te faire plaisir ?
Sirius sourit, avec envie. Un sourire que Remus détesta intérieurement.
- En effet !
Le lycan fronça les sourcils, son cœur battant très désagréablement. Il ne quittait pas son homme des yeux, sans comprendre. Et ce dernier glissa la lettre dans sa poche intérieure de sa cape, sans même la lire. Il voulait être au calme, ou quoi ? Loin des regards indiscrets ? Loin d'eux ?
Des nouvelles d'outre-Atlantique ? Des États-Unis ? Du Mexique ? Du Canada ? Sirius connaissait quelqu'un là-bas ? Une réponse semblait s'imposer de plus en plus dans l'esprit de Remus, même s’il faisait la sourde oreille. Sauf qu’elle commençait à hurler dans sa tête : la conquête de Sirius… Celle de l’été précédent… C'est ce qui semblait le plus logique. Il avait rencontré la jeune fille pendant les vacances. Il y avait des écoles de magie partout dans le monde et Sirius avait refusé de dévoiler celle où étudier la demoiselle en question. Sans doute, venait-elle d'outre-Atlantique. C'était quand même loin pour entretenir une relation.
C'était peut-être la seule conclusion positive que Remus tira de cette nouvelle information. Quel était la probabilité que Sirius la revoit ? Néant ! Sauf l'été prochain. D'ici là, il aurait quelqu'un d'autre, une fille de Poudlard, juste sous son nez.
Finalement ce n'était pas une aussi bonne nouvelle que ça...
Remus prit un croissant, et mordit dedans, un peu agacé. Il riva son regard dans son café.
De l'autre côté de la table, un brun à lunettes observait l'air renfrogné de son ami, et cet agacement qui s'était logé dans ses yeux. Remus avait-il fait le lien entre cette lettre et le cœur de Sirius ? Et s'il se décidait à y mettre son nez, quel cours prendrait les évènements ?
Ils entendirent la plupart des élèves se lever. Ils en firent de même, la sonnerie du premier cours allait bientôt retentir. Le reste de la matinée, Remus ne put s'empêcher de penser à cette lettre, à son expéditeur. Que pouvait-elle contenir ? Lily dut même le rappeler plusieurs fois à l'ordre, que ce soit sur la quantité d'ingrédient, sur la façon de tourner l'élixir ou même sur le temps de cuisson. Il avait faux partout. Au bout de dix minutes, la jolie rousse décida d'exécuter la potion seule, vraiment perplexe sur le coup. Le rôle de Remus était désormais restreint à prendre des notes et même là, il n'écoutait pas.
… Fin de la journée … Enfin ! Remus en avait eu assez des cours. Il avait eu du mal à se concentrer, tellement cette lettre l'agaçait. Non, ce qui l'agaçait, c'était la lueur d'envie dans le regard de Sirius, et le sourire salace qui s'était dessiné sur les lèvres de James. Et cette façon pleine de sous-entendus que le maraudeur avait eu de dire :
« Des nouvelles outre-Atlantique, ça doit te faire plaisir. »
Oui ! Ça avait fortement agacé le petit lycanthrope, au point de le détourner de ses études. Il comprenait un peu mieux ce que ressentait James quand un garçon approchait un peu trop de sa Lily. Remus apprenait à vivre avec ce sentiment qui, jusque-là, l'avait épargné : la jalousie.
Bien sûr, il l'avait toujours été là, mais dans une moindre mesure. Sirius ne s'était jamais intéressé aux filles de Poudlard. Il était bien sorti avec Erin, en cinquième année, mais même pas deux semaines, en décembre. Et au retour des vacances, en janvier, ils avaient déjà rompu.
Pourquoi ? Incompatibilité d’humeur… ça avait été la seule explication du brun. Mais cela avait été une semaine très compliquée pour le préfet. C’est là qu’il s’était réellement rendu compte de ce qu’il ressentait pour son ami. Cette jalousie en lui… l’humeur très désagréable qu’il avait quand la jeune fille était dans les bras de son ami, l’enviant tout simplement.
Mais depuis… à part Pearl, qui au final, ne faisait que lui donner des cours de guitare, Remus n’avait plus eu de soucis.
Mais aujourd’hui, c'était différent. Aujourd’hui, Sirius avait eu quelqu'un l'été précédent. Pendant trois semaines, il l'avait embrassé, caressé. Il avait eu une vraie relation, avec une vraie personne. Et une personne qui lui donnait des nouvelles !
Le châtain posa son sac de cours au pied de son lit et se laissa tomber sur le matelas, les yeux rivés sur le plafonnier. Maintenant, c'était réel. Sirius avait eu quelqu'un, il était peut-être amoureux. Et ça l'énervait.
Il entendit du mouvement dans la chambre, ses camarades se débarrassant aussi de leurs affaires. Le regard de Remus se posa sur Sirius. Ce dernier ouvrit la fenêtre de la chambre, malgré le froid extérieur. C'était une obsession chez le jeune homme d'ouvrir les fenêtres. Il lui avait un jour confié que sa mère avait scellé la fenêtre de sa chambre, pour être sûr que son fils ne sorte pas en douce la nuit.
La suite des mouvements de Sirius se fit un peu plus intéressante : le brun plongea la main dans la poche de sa cape, pour en sortir
« la lettre venue d'outre-Atlantique ». Le préfet ne le quittait pas des yeux, se pensant discret. Et l'animagus chien s'installa sur le rebord de la fenêtre, les pieds pendant du côté du sol. Et il ouvrit la précieuse enveloppe.
Remus observait toujours Sirius, qui plongea dans la lettre. James lui observait Remus, un sourire aux lèvres. Le lycan reposa les yeux sur son plafonnier, inerte.
De l'autre côté de la chambre, Sirius avait commencé sa lecture, son sourire se faisant plus doux à chaque mot, à chaque phrase. Comment pouvait-elle avoir commencé cette lettre ?
« Mon cœur... mon chéri... mon amour ? » Sirius lui avait-il seulement dit ces trois mois que lui rêvait d'entendre dans les plus brûlants de ces rêves ?
Finissait-elle cette lettre par ces mêmes mots justement :
« Je t'aime » ?Il referma la lettre au bout de cinq minutes, la glissant dans l'enveloppe. Cinq minutes pour lire une lettre ? Il devait l'avoir lu et relu sans fin.
Et l'animagus quitta sa fenêtre, pour aller ouvrir sa malle. Remus l'observa du coin de l'œil. Il vit son ami prendre une boîte, l'ouvrir pour y déposer l'enveloppe. La boîte en contenait quelques-unes, plusieurs même. Toutes d'elle ? Ou peut-être y avait-il aussi les siennes… Celles que les deux garçons s'écrivaient pendant les vacances ? À moins que seules les lettres d'amour n’aient le passe-droit pour finir dans cette petite boîte ?
Le préfet soupira et reposa les yeux sur le plafonnier, dans un réel effort pour mettre un terme à sa torture mentale. Toutes ces questions... ce désir d'y répondre... cette angoisse de ne pas savoir. Le brun se dirigea vers son frère.
- On va voler un peu ?
Le capitaine de l'équipe de Quidditch ne se fit pas prier et bondit sur ses pieds.
- Avec plaisir !
Cinq minutes après, les deux amis quittaient le dortoir, accompagné de Peter dans le rôle de supporteur. Remus déclina leur proposition, préférant rester seul.
Il essayait de ne pas penser, de ne pas se laisser aller à ses divagations, il essayait de ne pas écouter cette petite voix en lui. Il se faisait violence mais...
Une minuscule petite voix lui soufflait une action très peu recommandable. Une action qui trahirait son amitié pour Sirius. C'était mal mais tellement tentant ! Sirius ne le saurait jamais et il ne voulait savoir qu'une chose : qui était l'expéditeur de la lettre. Juste ça ! Il ne la lirait pas, jamais ! Non, juste savoir qui l'avait envoyé. James le savait lui, il avait lu sans aucune gêne. Alors pourquoi lui ne pourrait-il pas avoir la même complicité avec Sirius ?
Bon, il savait qu'il ne supporterait pas que Sirius lui fasse l'éloge de cette fille. Mais c'était juste pour savoir qui lui avait écrit. Le nom de cette sorcière qui avait réussi à le séduire.
Le lycan soupira et se retourna sur le ventre, la tête dans le coussin, comme pour s'empêcher de respirer, de hurler. Il détestait ce sentiment d'impuissance, cette impression que l'homme de sa vie lui échappait. Il savait que Sirius ne lui avait jamais appartenu, et qu'il ne lui appartiendrait jamais, mais il y avait toujours eu une certaine complicité entre eux, une tendresse plutôt rare pour deux garçons.
Alors, est-ce que tout allait prendre fin ? Sirius se laisserait-il toujours autant approcher ? Le rejoindrait-il toujours dans son lit, la nuit, quand il n'arrivait pas à dormir ?
Est-ce que Remus aurait toujours la possibilité de lui caresser les cheveux, quand le jeune homme somnolait sur un des canapés de leur salle commune, pour profiter de la chaleur du feu, la tête posée sur ses cuisses ?
Ou est-ce que tout était fini ? Si l'animagus se trouvait une copine ici, elle lui accaparerait tout son temps ! Enfin encore fallait-il que l'une d'elles attire son regard, ce qui n'était absolument pas le cas.
Un parfum d’exotisme et un délicieux petit accent ! Voilà ce qui l’avait séduit et voilà ce qu’aucune fille de Poudlard ne possédait. Pour le jeune Black, il fallait un vrai coup de cœur, une vraie rencontre. Pas un flirte avec une fille qu'il côtoyait depuis toujours.
Le lycan reposa les yeux sur la malle de son ami, le cœur battant. Juste connaître le prénom de cette voleuse de cœur. Juste son nom ! Il se leva, s'asseyant sur son lit, le regard ne quittant pas cette malle qui contenait la correspondance de son ami. Serait-ce si mal ? Une trahison ? Non ! Pas vraiment ! Il ne voulait pas lire la lettre, juste savoir qui l’avait envoyé.
Il se leva d'un coup et s'approcha de la malle. Agenouillé devant, il observa la poignée, le cœur battant. Était-ce si mal ? Cette curiosité en lui, il n'avait jamais rien connu de tel. Cette puissance dévastatrice qu'elle provoquait, anéantissant tous ses principes sur le respect de la vie privée. C'était la vie privée de Sirius, il n'en avait pas le droit. Mais il n'arrivait pas à résister à cette tentation. C'était comme s’il n'était plus maître de ses mouvements, de ses gestes, de ses pensées. Comme si ce n'était pas lui, et pourtant si ! C'était bien lui qui s'apprêtait à agir de la sorte.
Il était seul, dans le dortoir, la malle de Sirius n'était pas verrouillée, preuve de sa confiance et que jamais, il ne se serait douté de ce que s'apprêtait à faire le préfet.
Mais James savait ! Pourquoi lui n'aurait-il pas le droit de savoir ? Il ne voulait pas lire la lettre, juste en savoir autant que Cornedrue. Et il ouvrit la malle, comme si plus rien ne comptait à part cette information.
La boîte était là, sur le dessus et semblait attendre patiemment d'être ouverte. Remus ne la prit pas en main, il l'ouvrit juste, les enveloppes qu'elle contenait se redressant légèrement. Remus inspira, lisant ce que l'enveloppe lui offrait : des mots manuscrits, une écriture élégante, calligraphiée :
Sirius Black
Collège de Sorcellerie Poudlard
Ecosse
Le lion hésita. Il pouvait encore faire demi-tour. Il pouvait toujours retrousser chemin et ne pas violer l'intimité de son ami, mais il n'y arrivait pas. Il avait besoin de savoir ! Ça devenait une nécessité. Et il prit la première enveloppe, du bout des doigts, comme si c'était une beuglante prête à exploser. Il la retourna, observant la même écriture fine. Et il lut :
O. Cooper
Institut de sorcellerie d’Ilvermorny
Mont Greylock
Massachusetts - États-Unis
Il cilla, incrédule. Ilvermony ? Alors cette fille étudiait à Ilvermony ? Il ne connaissait même pas cette école, bien qu’une fois, en troisième année, Lily lui avait listé toutes les écoles des autres pays. Le Mont Greylock lui parlait… Mais de loin…
Sirius l’avait rencontré dans une boîte de nuit moldue.
La vision d’une douce jeune fille au délicieux petit accent américain lui apparut alors, dans un monde décalé, un vocabulaire incertain, perdue dans une ville peut-être trop grande pour elle. Un mélange qui l’avait sans doute rendue adorable pour le brun aux yeux gris. Blonde, brune… aucune importance. De grands yeux pleins de curiosité pour l’Angleterre. Il lui avait sans doute servi de guide, lui faisant peut-être même visiter le village de Godric’s Hollow. S’était-il échangé les secrets de leur école ?
Mais Remus fronça les sourcils. O. Cooper ? Pourquoi ne marquait-elle pas son prénom en entier ? Pourquoi juste la première lettre ? Olivia ? Odile ? Olympe ? Des prénoms moches ! Il souffla, fortement agacé. Il n'avait pas la réponse à sa question.
Remus retourna l'enveloppe. Elle avait dû signer de son patronyme dans son intégralité, à la fin de la lettre. Il posa les yeux sur la porte, ne percevant aucun bruit. Pouvait-il ?
NON !!!
Il remit l'enveloppe dans sa boîte et referma la malle. Il n'avait pas le droit. Avant, ce n'était que la simple information. Là, ça devenait de la violation de vie privée. Il ne franchirait pas la limite, peu importe l'importance que cela avait pour lui. Jamais, il ne lirait la correspondance de son ami. Et puis en plus, en quoi cette information changerait-elle sa vie ? Olympe ou Osiris ? Quelle importance ? Elle existait et c’était la seule réalité qui comptait.
Il attrapa sa cape et son écharpe, quittant le dortoir, légèrement mal à l'aise du fait de son comportement et de cette curiosité malsaine qui l'avait poussé à vouloir savoir. Curiosité ou jalousie ? L’une n’avait-elle pas entraînée l’autre ?
Bien mal lui en avait pris, puisqu'il n'avait même pas trouvé la réponse à sa question. Mais, jamais il n'aurait pu aller plus loin. Jamais il n’aurait pu trahir la vie privée de son ami ! Mais n’est-ce que pas ce qu’il venait de faire ? Même sans lire la lettre, n’avait-il pas enfreint cette règle ?
Il se rendit au terrain de Quidditch pour rejoindre les autres maraudeurs. En arrivant, il trouva James et Sirius sur leur balai et Peter installé dans les gradins. Il rejoignit le jeune homme, bien emmitouflé dans son écharpe, préférant oublier. Il ne recommencerait plus. C’était la première et la dernière fois qu’il agissait de la sorte ! Il se sentait fautif, coupable. Bien plus mal qu’avant… quand il ne savait pas. Et tout ça pourquoi ? Un nom de famille et un lieu d’expédition !
Installés dans les gradins, du terrain de Quidditch de Poudlard, Remus et Peter observaient leurs deux camarades de classe se livrer à des petits défis en série : rapidité et agilité, en devant exécuter à la perfection un slalom entre les poudres composant l’échafaudage du terrain ; intrépidité, en exécutant la plus belle descente et remonter en chandelle. Tout y passait.
En bref, une activité normale pour deux jeunes hommes au fort tempérament et prêt à prouver qu’ils étaient les meilleurs.
Peter applaudissait, émerveillé par les talents de James. Le jeune homme gagnait à tous les coups, c'était incontestable.
Sirius en avait pris son parti : son frère de cœur était imbattable en cours de vol. Mais ça lui était égal. Il était le plus beau, le plus intelligent, et le plus fort. James, c'était le talent, et lui, tout le reste. Du moins, c'est ce qu'il s'amusait à lui rappeler, quand le petit Cornedrue se vantait un peu trop à son goût. Et, ça finissait toujours en bras de fer, où Sirius, de loin le plus musclé des deux, gagnait toujours.
Les deux jeunes gens étaient en conflit perpétuel, et malgré ça, il n'existait pas, au sein même de Poudlard et de l'Angleterre, une amitié aussi profonde. Une amitié commencée au hasard d’un choix de compartiment, les deux jeunes gens s'étant retrouvé dans le même wagon du Poudlard's Express, le jour de leur entrée à Poudlard, et qui avait perduré du fait de leur appartenance à la même maison.
Les deux garçons posaient maintenant pied-à-terre, essoufflés de leur entraînement privé. Remus et Peter les rejoignaient déjà. Le préfet s'en voulait. Installé sur son gradin, il avait eu le temps d'y penser. Le froid lui avait remis les neurones en place, et il se rendait compte de l'indiscrétion, dont il avait fait preuve et que ça constituait aussi une violation de vie privée.
Sirius ne devait jamais le savoir. Jamais ! Il ne comprendrait pas. Et le préfet serait incapable de lui expliquer pourquoi il avait agi comme ça.
- C'était grandiose comme entraînement. J'ai souvent cru que tu allais le battre, Sirius.
Peter posa un regard désolé sur lui. Ce dernier haussa les épaules.
- Mouais, pas grave.
Sirius posa son regard sur un Remus bien emmitouflé dans son écharpe.
- Ça te dit d'aller faire un petit tour ?
Le préfet observa le brun, puis le balai, avec envie. Il retira sa cape de la moitié de son visage, qu'elle couvrait, un sourire aux lèvres.
- Oui, avec plaisir. Ça fait longtemps qu’on n’a pas été volé.
- Bon, on vous laisse. À plus tard.
Les deux autres maraudeurs s'éloignèrent. Quand ces deux-là allaient se balader, ils en avaient pour un long moment.
Sirius posa son balai sur le sol, tendant sa main au-dessus. Le balai se mit tout seul en suspension.
- Couvre-toi bien.
Remus trépignait d'impatience. La dernière fois, ça datait d'avant l'incident de Rogue. Sirius monta le premier sur le balai, et le préfet s'installa derrière lui, passant ses bras autour de la taille du jeune homme.
- Tiens-toi bien.
Et il ne se fit pas prier et resserra un peu plus son étreinte, posant sa tête contre le dos de son homme. Ce dernier était vraiment costaud. Ses années de Quidditch et sans doute, durant ses séjours chez les Black devait-il frapper dans quelque chose, pour évacuer la pression, que représentait le fait de vivre au Square Grimmaurd. Un coup de pied sur le sol plus tard et le balai s'envolait vers le ciel, quittant le terrain de Quidditch et l'enceinte de Poudlard. C'était bien la clause du règlement que Remus enfreignait avec le plus grand des plaisirs.
Il vit les décors de la lande écossaise défiler sous ses pieds.
Il resserra son étreinte contre son homme, loin d'être rassuré. Il n'aimait pas voler, il n'était pas très doué dans ce domaine. Il préférait de loin rester au sol : animal terrestre il était, animal terrestre il resterait. Pourtant, il devrait s'y mettre pour tenter le concours pour les Aurors. Mais la décision n'était pas prise et elle ne dépendait pas que de lui.
Est-ce que sa condition serait compatible avec des études ? Dumbledore était un directeur complètement fou qui l'avait admis ici, en acceptant qu'il manque trois jours de cours par mois. Mais, ce n'était pas dit que les autres directeurs l'acceptent. Et plus tard, quand il serait Auror, c'était encore moins dit que, là encore, on accepte sa condition.
Était-il bien nécessaire de se lancer dans un projet qui au final n'aboutirait à rien ? Et devenir Auror était l’ambition des deux bruns de la bande, pas la sienne. Ce désir qu’il s’était approprié n’était-il pas juste un moyen de prolonger cette parenthèse merveilleuse qu’était Poudlard dans sa vie ?
Au fond de lui, il aspirait à autre chose : la médicomagie. Il avait passé tellement de temps à Saint Mangouste. Peut-être pas forcément soigner les autres, mais se lancer dans les recherches, dans un laboratoire, préparer des potions. Loin des autres, ça lui plairait réellement.
Pour l'heure, Remus ferma les yeux, profitant de ce moment. Il parvenait à entendre les battements du cœur de Sirius, au travers de sa cape. Un son réellement mélodieux. Sirius survolait maintenant une rivière. Il ralentit sa course. Remus rouvrit les yeux, profitant du paysage. C'était toujours aussi magnifique. Ça lui avait réellement manqué de tels moments. Ils volèrent juste pour le plaisir de se prendre pour des oiseaux et le châtain pour le plaisir d'avoir son ami contre lui, en toute légalité pendant dix bonnes minutes.
Le brun regagna la terre, pour une petite pause. Ils s'arrêtèrent près de la rivière, descendant du balai. Les deux gryffondors se laissèrent alors tomber sur le sol, Remus libérant sa bouche de son écharpe. Ainsi Sirius n'avait pas pu voir son sourire pendant le vol et encore moins le plaisir qu'il s’y lisait.
L'herbe était fraîche, mais pas trempée. Les orages des jours précédents étaient définitivement oubliés. Sirius s'allongea, les bras derrière la tête comme appui. Remus s'assit, les coudes sur les genoux, profitant du soleil sur sa peau.
Ils n'auraient pas dû être là, loin de Poudlard. Ils n'avaient pas le droit de quitter l'enceinte de l'école, mais le préfet n'aurait en aucun cas manifesté sa désapprobation. Et au fond, qui pouvait le savoir ? Et dans le pire des cas, ce petit moment avec son homme valait largement toutes les punitions.
Le lycan posa les yeux sur l'animagus, un sourire aux lèvres, et son regard plongea immédiatement dans ses prunelles argentées. Allongé dans l'herbe, il était encore plus sexy. Sa pose marquait une certaine désinvolture, qui le rendait absolument craquant. Le soleil transformait l'iris habituellement métallique de ses yeux en de argent liquide.
Le préfet sourit un peu plus, avec envie.
- Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas été volé. Ça fait du bien.
Sirius acquiesça de la tête, en silence. Il observait toujours Remus, un petit sourire aux lèvres. Le jeune homme l'interrogea du regard, n'aimant pas être observé ainsi. Mais de la part de Sirius, plus rien ne le dérangeait.
- Non rien. Mais je persiste à dire que tu es encore plus sexy quand tu souris.
Le lycan fronça les sourcils, se souvenant de leur précédente conversation. Il reposa les yeux sur l'horizon, observant les landes qui s'étendaient à perte de vue.
- Je persiste à dire que tu n'es pas objectif.
Sirius haussa les épaules.
- S'il y a bien un domaine où l'objectivité n'a pas sa place, c'est celui de la beauté. Un domaine qui dépend uniquement du goût des personnes. Exemple typique : Evans. Elle a peut-être un quelconque charme caché, mais moi, je ne vois rien. Alors que pour James, elle est la seule pour qui le soleil se lève le matin.
Remus jeta un coup d'œil à son ami.
- Elle est quand même mignonne. Le roux foncé de ses cheveux fait ressortir à merveille le vert émeraude de ses yeux. Elle est qualifiée d'une des plus jolies filles de Poudlard.
Sur ce coup, Remus n'était pas d'accord avec son ami.
- Oui, je sais tout ça ! Merci - coupa aussitôt Sirius, ayant l’impression d’entendre le discours pré fabriquer de James – Mais moi, je la trouve banale et puis il y a eu trop d'animosité entre nous, pour que j'arrive à voir au-delà.
Remus sourit.
- Tu dis ça uniquement parce que James te laisse tomber à chaque fois qu'elle est dans les parages.
Sirius détourna la tête à l'opposé de son ami, celui-ci marquait un point.
- Tu imagines si un jour, elle accepte de sortir avec lui... On ne le verra plus jamais. Il sera feu, notre regretté ami.
Remus rigola, face à la petite crise de jalousie du brun. Un rire qui fit reporter l'attention de Sirius sur lui.
- Tu exagères. Je doute que Lily soit du genre sangsue accrochée au cou de son homme, à longueur de journée.
- Non, mais Corn’ sera du genre sangsue accroché au cou de sa Lily à longueur de journée.
Remus sourit. Oui, ça s'était fort possible.
- On lui remettra les pieds sur terre. Je suis sûr qu'il ne te laissera pas tomber pour autant.
- Enfin, ce n'est pas demain la veille qu'elle acceptera un rendez-vous. Enfin, j'espère.
Sirius ferma les yeux, et savoura ce moment de tranquillité. Il aimait la compagnie du lycan. Avec lui, tout était plus simple. Être juste là et profiter du moment, sans avoir besoin de se parler, de faire la conversation. Des silences loin d'être pesant, au contraire. Des silences réparateurs dans le brouhaha que constituaient les relations humaines.
Remus partageait son avis. Parfois, à trop parler, on en oubliait la valeur des mots. Il profitait juste de la vue, du soleil et de la présence de l'élu de son cœur. Il ne demandait rien de plus. Aucune fille aux alentours pour leur jeter des regards pleins d'envies, dans l'espoir que Sirius les remarque et leur adresse un sourire. Alors là, c'était gloussements incessants. Surtout avec James qui leur accordait parfois l'attention qu'elles cherchaient. Et c'était fatigant. À croire que pour la gent féminine, le fait de glousser était un facteur essentiel au rituel amoureux. Est-ce qu'elles ne s'étaient jamais entendues faire ? Il n'y avait rien de plus ridicule !
Les deux gryffondors restèrent là une bonne demi-heure avant de reprendre le chemin de l'école, d'atterrir dans le parc de Poudlard et d'attendre pour savoir si Rusard allait bondir d'un bosquet. Ils regagnèrent le septième étage en empruntant un passage secret menant du sous-sol, dans une impasse, directement au septième. Et ils arrivèrent dans leur dortoir, sans punition, ni vu ni connu.
Le châtain se débarrassa de ses affaires, un sourire aux lèvres. Des fins de journée comme celle-ci, il n'y avait pas mieux. Un moment à deux avec Sirius, c'est tout ce qu'il demandait.
Il s'allongea sur son lit, prenant son parchemin de potion, pour réviser. Il avait tous les cours de la journée à rattraper.
- Quelqu'un peut me prêter son cours de potion de ce matin ? J'ai eu un peu de mal à suivre...
Sirius lui jeta un regard et attrapa son sac de cours, en sortant le parchemin en question.
- V’là m'sieur.
Remus le prit et s'installa à son bureau pour le recopier. S’il avait passé la pire des journées, elle s’était finie merveilleusement.
End Notes:
Remus sombre du coté obscure de la force. Il a mal agi, il le sait et s'est promis de ne plus recommencer.
Mais pas facile d'être jaloux...
Cotton Club, Charleston Et Années Folles by Crepuscule64
Author's Notes:
Ce n’est pas le rock’n’roll, c’est le lindy hop.
Ce n’est pas le French cancan, c’est le charleston.
Ce n’est pas l’occupation allemande, c’est les années folles
Ce n’est pas 1830, mais bien 1930
Ce n’est pas le Moulin Rouge, c’est le Cotton Club
Ce n’est pas Billy the Kid, c’est Al Capone
Ce n’est pas Elvis Presley, c’est Duke Ellington
[extrait prit sur l'affiche de la soirée des années 30 : TOUT EN VRAC et IMPROPUB]
… 31 Octobre ...…Dortoir des filles…Effervescence dans le dortoir féminin des sixièmes années Gryffondor. Des rires, des confidences, le tout en se préparant pour le grand bal. Leur costume était tout simplement divin. On aurait pu croire qu’elles y étaient, à cette époque, dans le New York des années trente. Elles n’avaient pas lésiné sur la qualité et les accessoires.
Erin avait pour tâche de maquiller ses amies. Elle savait y faire. Même si elle était plus douée en maquillage de fête, Marlène lui ayant enseigné l’art et la manière de souligner ses yeux, accentuer ses pommettes et me mettre en valeur ses lèvres, elle était dévolue à cette tâche. L’un des plaisirs et des avantages d’être une petite sœur, c’est qu’on avait un exemple à suivre. Et aux yeux de la blonde, Marlène était le meilleur de tous.
Pour l’heure, Lily était déjà passée entre ses doigts et elle s’occupait maintenant de Sarah. Ce qui n’était pas facile, la peau métissée de son amie méritait des soins particuliers.
Tout à coup, elles entendirent un bruit étrange, un "POF' sorti de nulle part. Le silence se fut dans la pièce et les regards des quatre occupantes se posèrent dans un même mouvement sur une étrange petite créature. Elle ne devait pas dépasser les cinquante centimètres, un corps très maigre avec une tête totalement disproportionnée. D’énormes yeux globuleux les observaient, totalement apeurés. Il était vêtu d’un étrange T-Shirt, trop grand pour lui. Son regard allait d’une occupante de la chambre à une autre, totalement apeuré.
- Sorcière Evans… bredouilla-t-il.
Lily fronça les sourcils, jetant un œil à ses amies.
- Oui ?
La créature la regarda, avant de claquer des doigts et de disparaître comme il était venu. Mais deux bruits se firent entendre : celui de la disparition de la créature et un second, provenant de la table de nuit de la rousse. Lily sourit, se leva pour s’approcher de l’objet qui venait d’y apparaître : une bouteille de champagne et des flûtes.
Elle prit la carte qui l’accompagnait, un sourire se formant sur ses lèvres et lut :
Avec toute mon inimitié !
Sirius O. Black III
Un éclat de rire général. Ce tendre petit mot, c’était du Sirius tout craché.
- Mais qu’est-ce que c’était que cette créature ?
La question venait de Sarah. C’était bien la première fois qu’elle voyait un tel être.
- Un elfe de maison, précisa alors Erin, amusé.
Sarah fronça les sourcils, reposant sa question :
- Qu’est-ce que c’est que cette créature ?
- Tu n’en as jamais vu ? - Erin l’observa, étonnée- Ce sont eux qui préparent les repas et font le ménage dans l’école. Logiquement, ils ne se montrent jamais aux élèves, sauf si on vient les perturber dans les cuisines. Sirius a dû le terroriser pour qu’il fasse la livraison.
Et elle sourit, très amusé. Lily fronça les sourcils.
- Et ça te fait rire ?
La blonde fronça les sourcils
- Je ne vais pas pleurer.
- Sirius est méchant, cruel et sournois. Il terrorise les plus faibles dès qu’il en a l’occasion. Et je ne parle pas que les elfes de maison, les élèves aussi. Je me demande comment tu peux apprécier sa compagnie et être son amie.
Erin inspira, son regard se faisant plus froid, un voile d’agacement assombrit ses prunelles bleutées.
- C’est sûr qu’il vaut mieux être ami avec un serpentard qui prône le droit de l’usage de la magie aux sorciers de sang pur et l’éradication des sang mêlé…
Lily se retourna vers elle, glaciale.
- Je ne suis plus amie avec Severus depuis longtemps.
- Mais tu l’as longtemps été. Alors qu’il insultait Sarah et tous les nés-moldus de l’école… et donc toi ! Même si ce n’était jamais devant toi, tu le savais. Et tu restais son amie.
- J’ai essayé de le sauver…
- Le sauver ? Le sauver de quoi ? Ce n’est qu’un idiot aveuglé par des valeurs totalement absurde. Sirius a peut-être ses défauts, il est peut-être méchant, machiavélique et cruel, mais au moins, il ne s’est pas laissé abrutir par ces idéaux stupides. Il est né et il a grandi dans ce milieu, mais il a su réfléchir par lui-même et oser imposer sa façon de voir. Il a le courage de ses opinions. Il est loyal et on peut compter sur lui. Ton Servilus avait onze ans, quand il a plongé dedans, se laissant aveugler, sachant que sa meilleure amie est née-moldue. Tu es la preuve vivante que leur façon de penser n’a aucun fondement, mais ça ne l’a pas empêché de suivre le mouvement. Il n’y a rien à sauver chez lui. Tu ignores tout de Sirius et de ce qu’il a vécu, alors ne le critique pas. Tu ne le connais pas !
Lily écouta son amie, ne trouvant rien à répondre. Elle détourna les yeux sur la bouteille. Elle avait une mauvaise opinion du jeune homme, mais il est vrai qu’elle ne le connaissait pas vraiment. Remus l’appréciait au-delà d’un simple sentiment amical. Mais malgré tout, Black était réellement agaçant… avec elle du moins.
Sarah se leva, intervenant pour calmer cette nouvelle tension :
- Ça va, les filles… on ne va pas s’embrouiller. Ce soir, c’est la fête. Les filles du Cotton Club ne se disputent pas pour un homme, même aussi canon et sexy que Sirius Black.
Lily sourit.
- Oui, trinquons plutôt ! Ce soir, c’est champagne !
Et elle déboucha la bouteille, faisant voler le bouchon à travers la pièce. Les quatre coupes se remplirent et se vidèrent, le temps de la fin des préparatifs. Ensuite, direction la salle commune, où ses messieurs les attendraient.
…Dortoir des Garçons…Deux hommes se faisaient face, les yeux rivés dans ceux de l'autre. Une main les titillait, une arme était rangée au niveau de leur épaule, sous leur costume. Ils s'observaient dans le blanc des yeux et aucun d'eux ne cilla.
- Black !
- Potter !
Le ton froid et méprisant ne laissait aucun doute sur l'hostilité des deux hommes. Aucun ne bougea, sachant très bien, qu'au premier mouvement, c'était la fin pour l'un d'eux.
- Je t'avais dit de quitter cette ville. Elle n'est pas assez grande pour nous deux.
Potter avait parlé sur le même ton, prêt à en finir avec son rival de toujours.
- Le monde n'est pas assez grand pour nous deux. Et je ne fuirais pas, hors de question. Pas sans ma femme.
Black n'avait pas bougé d'un millimètre, près lui aussi à dégainer à tout moment.
- Ta femme ?
Son œil s'était fait mauvais. Son cœur s'était mis à battre, froidement.
Black avait souri, narquois.
- Lily la Rousse. Tu sais bien qu'elle m'appartient.
Et le premier avait alors dégainé son arme, bien cachée dans son costume et tiré. Mais l'autre avait déjà son arme en main et le coup parti. Qui fut touché ? Qui s'effondra en premier ? L'histoire ne le dit pas ...
Une troisième personne entra dans la pièce, venant de la salle d'eau.
- On va être en retard !
Black portait son arme à ses lèvres, soufflant pour faire évaporer la fumée fictive qui aurait dû en émaner.
- Faut te faire une raison, Lily la Rousse est à moi, on s'aime. Et désormais, tu ne pourras plus rien contre nous.
L'autre homme était allongé sur le sol, mort. Black rengaina son arme, posant les yeux sur le nouvel arrivant.
- Le loup aux yeux d'or a parlé. Debout le mort.
Et James se releva, remettant son chapeau en place. Le gang de la mafia était au grand complet, prêt à se rendre au bal d'Halloween. Remus les observa, légèrement amusé.
- Lily la Rousse ?
James acquiesça de la tête.
- Oui, la chanteuse la plus sexy et populaire du Cotton Club, le célèbre cabaret.
- En route, alors. Je doute que Lily la Rousse apprécie de poireauter, en nous attendant.
Les Gryffondors avaient convenu de se rendre ensemble au bal d'Halloween, entre amis, bien sûr. Sirius attrapa son chapeau et le posa sur sa tête. Les maraudeurs avaient tous revêtu un costume composé d'une veste croisée et d'une pochette rouge pour affiner l'élégance, marque de leur gang, d'un pantalon assorti, d'un plastron, d'une cravate, d'un Borsalino, d'un Holster Universel accroché à leur épaule et un Panther Métal huit Coups, pour se protéger en cas d'attaque, bien à l'abri dans leur étui.
Ils avaient fait les choses en grand. Sirius avait opté pour un coloris gris foncé, Remus, pour un coloris noir et James bleu foncé. Ils étaient les dignes descendants d'Al Capone et Johnny Torrio.
Le gang se rendit dans la salle commune, où quatre beautés les attendaient, impatientes. Elles rivèrent un regard sur eux, à leur entrée. Vêtues de tenues classiques de danseuses de Charleston, elles n'en étaient pas moins sublimes.
Lily se leva, la première.
- Depuis quand on fait attendre les femmes ?
Elle avait une robe, composée de plusieurs rangées de franges vertes émeraude, faisant magnifiquement ressortir ses yeux. Sa chevelure avait été lissée dans un parfait brushing, remonté sur sa nuque dans un chignon d'époque, qui mettait son visage en valeur. La coiffe de perles brillantes assorties à la robe complétait sa coiffure, une plume dans les mêmes teintes. Chaque fille avait un boa et un porte-cigarettes qui complétaient à merveille leur déguisement.
Sirius s'avança vers Erin et Mary, leur tendant à chacune un bras.
- Mesdames, il va falloir me partager, vous êtes en surnombre.
Les deux jeunes filles ne se firent pas prier, bien au contraire. Remus s'empressa d'offrir son bras à Sarah, ce qui ne laissait plus qu'à James, Lily pour cavalière. Ce dernier l’en remercia en pensée si fort, que pour lui, le préfet n'avait pu que l'entendre.
Il lui tendit son bras, le regard brillant, espérant que l'espoir ne s'y lisait pas trop. Lily sourit, hautaine, fière et passa son bras autour de celui de son cavalier. Et les couples gagnèrent la grande salle.
…La Grande Salle…Quand ils y arrivèrent, un grand nombre d'élèves étaient déjà sur place. Un groupe de musique, installé sur l'estrade où trônait habituellement la table des professeurs, jouait un air de charleston et beaucoup d'élèves se déhanchaient sur la piste de danse, comme s'ils connaissaient celle-ci par cœur. Pourtant, les pas semblaient bien compliqués. Le décor avait dû être calqué sur celui du Cotton Club, faisant vraiment ambiance cabaret.
La piste de danse était installée devant l'estrade, les tables étaient disposées autour, chacune avec deux fauteuils qui semblaient confortables. Deux ou trois tables pouvaient être rapprochées pour les groupes.
Lily porta le fume-cigarette à ses lèvres, dans un geste d'une grâce exquise selon James.
Sirius observait les danseurs.
- Ils ont tous appris à danser le Charleston ?
Il jeta un coup d'œil à ses amis. Eux, ils avaient un peu zappé cette partie-là du bal. Lily inspira une nouvelle bouffée de sa fausse cigarette, mais elle expira de la vraie fumée, sur le jeune homme.
- Homme de petites cultures. Penses-tu qu'ils ont vraiment eu le temps d'apprendre à danser ?
Erin jeta un coup d'œil à Lily.
- Ces hommes alors ! Sachez que personne n'a appris à danser. La piste est magique. On raconte que le Cotton Club est le seul lieu où la médiocrité est l'égale du talent.
Elle jeta un regard aux garçons.
- Plus sérieusement, on l'a ensorcelé. C'est une idée de Dumbledore. On voulait aller au bout de notre délire, mais personne ne connaît le Charleston ou le Lindy Hop. Le directeur a proposé d'ensorceler la piste. Une fois que vous êtes dessus, vous dansez comme si vous ne viviez que pour la danse, à cette époque.
La blonde porta son fume-cigarette à ses lèvres pour reprendre son rôle. Elle jeta un coup d'œil à Sirius, hautaine. Celui-ci riva son regard dans celui de la belle cavalière.
- Une beauté telle que vous, me ferait-elle l'honneur d'une danse ?
La beauté sourit, posant son fume-cigarette sur la première table et entraîna le jeune homme sur la piste pour toute réponse. La parole est d'or, mais le silence est d'argent. Et elle, elle ne parlait que pour dire des choses intéressantes. Remus entraîna aussi sa cavalière sur la piste. Mary s’installa sur une chaise, juste le temps pour elle d’être invité par un septième année à rejoindre la piste.
James lui posa les yeux sur la créature à son bras.
- Je sais qui vous êtes.
Lily plongea son regard émeraude dans les abîmes noisette de son partenaire.
- Vraiment ? Je vous trouve bien présomptueux.
Elle se dirigea vers le bar, laissant James la suivre.
- Votre réputation vous précède au-delà de cette ville, jusqu'à Chicago.
La jeune femme prit un verre, sans alcool. Aucune boisson de la soirée n'était alcoolisée. Elle but une gorgée, rivant un regard blasé, sur lui.
- Vraiment ?
- Lily La Rousse, la plus célèbre chanteuse du Cotton Club. La réputation de votre voix n'a pas d'égal que celle de votre beauté. On raconte que vos yeux sont deux revolvers qui peuvent vous abattre en moins d'une seconde. Et la légende est loin d'égaler la vérité.
Lily sourit alors, un sourire ravageur. Lily La Rousse ? Ça lui allait très bien. Elle posa les yeux sur la piste.
- Chicago ?
James acquiesça de la tête, les yeux cachés par son chapeau, un sourire aux lèvres.
- Je n'ai fait le voyage que pour pouvoir vous écouter, et vous rencontrez, délaissant mes affaires les plus urgentes.
Lily porta son verre à ses lèvres.
- Devrais-je m'en sentir flatter ?
Elle riva son regard revolver dans celui de son interlocuteur. Elle devait avouer que le rôle qu'avait pris James lui allait très bien et son costume lui donnait un côté ravageur.
- Il n'y a que moi qui me sente flatté que votre regard se soit posé sur moi. Et l'honneur sera encore plus grand si vous m'accordiez votre première danse de la soirée, mais aussi la dernière.
- La première et la dernière ? Pourquoi ?
- J’aime être le premier dans le cœur d’une femme, mais surtout le dernier. Je ne demande nullement le monopole de votre présence. Juste le plaisir d’être le premier et le dernier à profiter de votre présence et à contempler la beauté de votre regard.
Lily sourit un peu plus. Elle finit son cocktail d'une gorgée, avant de glisser sa main dans celle que James lui tendit. À ce contact si délicat, le cœur du jeune homme s’accéléra. La jeune fille était magnifique. Il lui avait toujours trouvé beaucoup de charme, mais depuis quelques mois maintenant, son cœur parlait pour lui, se languissant de ses attentions et de ses regards. Mais il soupirait souvent de n’avoir ni l’un ni l’autre. Alors ce moment-là, il allait le savourer.
Et ils se dirigèrent vers la piste de danse. Quand ils posèrent les pieds sur celle-ci, James ressentit une furieuse envie de danser. Mais l'envie ne le submergea que, quand ils arrivèrent au niveau de leurs amis qui se déhanchaient déjà sur la musique. Lily riva son regard dans le sien d'une façon totalement déconcertante. Mais il ne laissa rien paraître de l'émotion qui le submergea. Elle était vraiment sublime !
Ils dansèrent tous un long moment, quittant la piste que quand ils furent essoufflés. Ils regagnèrent alors un coin, déplaçant les tables pour former un cercle pour six personnes.
Les hommes se chargèrent d'aller chercher les cocktails pour ses dames. Lily se plaisait à fumer cette fausse cigarette, qui, bien qu'elle recrache de la fumée blanche, n'était en rien nocive. La cigarette ne se consumait d'ailleurs pas. La magie ! Elle aimait ce monde qui offrait tellement plus de possibilités que le sien.
Elle avait le regard toujours émerveillé quand elle en découvrait une nouvelle facette et elle savait qu'elle n'était pas prête de tout savoir.
Sirius passait aussi une bonne soirée. Il avait une cavalière sans en avoir réellement une, ce qui lui allait très bien. Il espérait seulement ne pas avoir d'autres invitations à danser. Il n'avait pas particulièrement envie de se retrouver bloqué sur la piste. De toute façon, il ne se gênait jamais pour dire non, même si ça constituait un râteau et une déception pour l'interlocutrice. Mais, il n'avait jamais fait ce qu'il ne voulait pas et ça n'allait pas commencer maintenant, avec la gent féminine.
Il posa les yeux sur Remus, un sourire aux lèvres. Le costume du jeune homme lui allait très bien. Ils avaient eu une bonne idée dans ce choix. Son regard se posa sur le regard de miel de son ami, mis en valeur par son chapeau noir. Ce dernier lui donnait une véritable allure de mauvais garçon.
Son regard fut alors happé par un couple sur la piste de danse. Sirius donna un coup de coude à son frère de cœur, désignant le garçon qui se déhanchait sur la piste, avec une charmante cavalière. Peter prenait son rôle très au sérieux et il tentait d'être à la hauteur de la jeune femme. Le couple dansait un Charleston comme s'ils avaient fait ça toute leur vie et qu'ils étaient à deux doigts de gagner un concours.
- Voilà une fête d’Halloween comme je les aime, déclara James.
- Oui, ça change du festin habituel et de la chorale de crapaud. Un bal costumé, une époque et une ambiance, il n’y a rien de mieux, approuva Erin.
Ce bal, c’était son œuvre, son bébé. Elle en était très fière. Les Mckinnon s’était fait un devoir de porter à l’excellence tous les lieux de fêtes où ils mettaient les pieds. Et en quatrième année, Erin avait accompli son devoir en transformant le banquet d’Halloween en bal déguisé, avec piste de danse et groupe de musique. Les banquets c’était bon pour Noel. Même à la Saint Valentin, ils avaient le droit de danser. La fête des amoureux avaient plus de privilège que la fête des morts, une injustice ! Surtout que c’était le seul jour de l’année où il pouvait devenir quelqu’un d’autre.
Lily posa son regard sur Remus, l'observant avec une certaine intensité. Le jeune homme le croisa aussi, un sourire aux lèvres, lui tendant la main. Celle-ci déposa son fume-cigarette et son boa sur sa chaise, prenant la main de son nouveau cavalier et direction la piste de danse.
James les observa, sans rien dire, même si son cœur se serra légèrement. Lily lui avait promis sa dernière danse, c'était tout ce qui comptait, au fond. Sirius lui jeta un regard amusé, le narguant presque.
- Tu danses, Potter ?
Le jeune homme ne se fit pas prier et prit la main de son frère de cœur, direction la piste de danse. Pourquoi deux hommes n'auraient-ils pas le droit de danser ensemble ? N'était-ce pas les années folles ?
Les deux jeunes gens arrivèrent sur la piste, rejoignant leur ami et commençant à danser. Les demoiselles avaient décidé de suivre le délire et comptaient, elles aussi, danser en couple non mixte. Et la danse commença, Sirius et James se délectant de ce moment, des regards posés sur eux, des regards amusés ou outrés, mais ça leur importait peu. Ils étaient dans leur monde et personne ne pouvait leur faire la morale. Un grand délire pour les deux jeunes gens, pour qui la morale n'avait aucune limite. Et surtout pas celles imposées par une société trop étriquée.
Sur l'estrade, le groupe jouait. Un groupe spécialement engagé pour l'occasion. Pour le directeur de l’école, une seule chose comptait : faire les choses en grand. Il voulait que chaque soirée soit inoubliable pour ses élèves, et qu'ils repartent tous le cœur léger, avec l'impression d'avoir été transporté dans un autre monde, et ce soir : les années folles.
Est-ce le hasard qui mit son grain de sel dans cette petite scène ? Une pure coïncidence qui venait de tomber à pic ? Ou simplement l'histoire, écrite d'avance, qui se déroulait comme il en a été décidé, depuis le début ?
Le chanteur sourit à la foule des élèves qui dansaient devant lui. Chacun avait fait un grand effort pour les costumes. Il s'y croyait réellement. Le groupe de sorciers était spécialisé dans les soirées des années trente et quand le directeur de l'école de Poudlard les avait contactés pour une soirée d'Halloween exceptionnelle, ils avaient immédiatement accepté le contrat. Ils avaient travaillé en étroite collaboration avec le comité organisateur. Le chanteur et le manager avaient apporté tous ses classeurs montrant les différents décors, mais les jeunes filles, maîtres des lieux, avaient déjà leur idée : Ambiance Cotton Club, Charleston, Lindy Hop et Prohibition avec l'alcool interdit à la consommation.
Tout était parfait.
Le chanteur sourit.
« Et maintenant, on change de partenaire ! »Et la piste de danse fit le choix pour chacun, un choix purement aléatoire, dirigeant l'élève vers le partenaire le plus proche. Se formèrent alors une multitude de couples non mixtes.
Remus posa les yeux sur son nouveau partenaire de danse. Son cœur s’arrêta net avant de repartir de plus belle. Sirius prit alors les mains du lycanthrope qui se laissa faire, les deux amis partant dans une nouvelle danse mais, cette fois de Lindy Hop.
Le préfet avait du mal à y croire. Il n’aurait jamais cru avoir la chance de danser avec son homme, il n’aurait même pas seulement osé l’espérer. Il aurait été prêt à tout pour ça… Et là, c'était le hasard qui lui offrait cette chance ! Et pour cette simple danse, la soirée était tout simplement réussie.
Il savoura chaque moment passé dans les bras de l'homme de sa vie, se délectant de chacun de ses regards brûlants. James se retrouva à danser avec Erin et Lily avait un Serdaigle de cinquième année. Une danse endiablée, où jambes et corps se mouvaient toujours de plus en plus rapidement. La piste était remplie, mais à ce moment précis, Remus ne voyait que son homme. Il avait été transporté dans un monde à mille lieues de Poudlard.
Mais, la danse prit fin... Et les pieds se calmèrent, les élèves profitant de quelques secondes de répit pour reprendre leur souffle et possession des mouvements de leurs jambes, applaudissant le groupe et leurs prouesses techniques.
Sirius applaudit, avant de glisser ses doigts dans ceux de Remus. Le cœur du jeune homme ne fit qu'un tour à ce contact si enivrant. Des doigts fins, doux, un geste si délicat. Une légère vague de plaisir remonta en lui, le faisant frissonner. Et ce regard argentés qui le transperça en plein cœur.
- On se fait une pause ? Je n'en peux plus.
Il ne put qu’acquiescer de la tête, le cœur léger et plein d’envie.
Lily posa son regard sur le Gryffondor.
- Et ça se dit athlète de haut niveau.
Son regard se posa sur les deux jeunes gens. Le fait qu'ils aient dansé ensemble ne lui avait pas échappé, mais que Sirius ait gardé ses doigts dans ceux de son ami, c'était autre chose. Elle riva son regard dans celui de James, tentateur.
- Êtes-vous aussi faible de corps que votre ami ?
Le brun lui sourit, rivant son regard dans les prunelles émeraude de la jeune femme.
- Je préférais mourir sur cette piste que de vous y abandonner.
Il tendit sa main à sa partenaire qui s'empressa de la prendre, prêt à repartir dans une autre danse. Sirius fit un signe de tête à Remus. Il l'entraîna vers la sortie de la piste avant que leurs pieds ne soient happés de nouveau. Une fois hors d'atteinte du sort de Dumbledore, Sirius souffla. Il lâcha Remus, un sourire aux lèvres.
- Je ne sais pas comment ils faisaient à l'époque. Ils devaient mourir jeunes, d'une crise cardiaque, le cœur ne suivant plus...
Le lycan sourit, regagnant leur table. L'animagus observa le fume-cigarette des filles et prit celui d'Erin, il le cala entre ses lèvres et inspira. Il sentit une fumée entrée dans sa bouche, mais sans aucun goût et il la recracha, dans une grimace.
- Breuuk ! Ça sert à quoi ?
Le préfet avait toujours ce sourire divin aux lèvres, les yeux encore plein d'étoiles de ses deux moments magiques. La danse avec Sirius et cette aisance avec laquelle le brun avait glissé ses doigts dans les siens juste après. Ça lui avait semblé si naturel.
- À faire joli. Ce n'est qu'un accessoire. Rien de plus, comme nos armes.
Le brun parcourut la salle des yeux à la recherche des professeurs qui n'étaient pas loin. Il plongea la main dans la poche intérieure de sa veste, en sortant un vrai paquet de cigarettes.
- Ça manque sérieusement de nicotine, si tu veux mon avis.
Le lycan grimaça aussitôt.
- Je déteste cette odeur !
Le sourire de Sirius se fit tentateur, une étincelle de malice dans le regard qui transforma ses iris métallique en argent liquide.
- On est de dangereux gangsters, on a le droit de fumer.
Il se leva, glissa le paquet dans la poche de sa veste, les yeux rivés dans ceux de son ami.
- Qui m'aime me suive !
Et il s'éloigna. Remus leva les yeux au ciel, basculant sa tête en arrière. Non mais, avec ce genre de phrase, comment pouvait-il seulement résister ? Sirius avait-il seulement conscience de la portée de ses mots ? Des effets que chacun d’eux avait sur lui ? Et s’il n’y avait que ses mots… mais c’était aussi ses regards… ses sourires… juste sa façon d’être qui le rendait fou !
Il posa les yeux sur James et Lily, toujours occupé à danser et se leva, suivant son homme. Il ne voulait profiter que de sa présence. Alors, il n'était pas contre un petit moment en tête-à-tête, entre amis. Sirius l'attendait à l'extérieur de la grande salle, un sourire de triomphe aux lèvres.
- Je savais que tu m'aimais, mon petit loup.
Remus rougit d'un coup, et détourna les yeux, cachant sa gêne aux yeux de son homme.
- Si ça peut flatter ton ego. Je n’ai pas envie de rester seul, c’est tout.
Le brun se dirigea vers la sortie du château et le parc. Ils se calèrent dans un coin, à l'abri des regards. Il ressortit son petit paquet, le tendant à Remus, qui déclina.
- Non merci. Je ne supporte pas ce genre de produit nocif pour la santé.
Le brun cala une cigarette entre ses lèvres et l’alluma. Le châtain observait chacun de ses mouvements, détaillant ses lèvres si parfaites que la nature lui avait données. Sirius attrapa la cigarette entre ses doigts, laissant la fumée glisser sur ses lèvres.
- Je ne sais pas si c'est la soirée costumée, mais James semble marquer des points avec Evans.
Remus sourit. Il avait aussi remarqué qu'une certaine complicité s'était installée entre eux, du fait de leur jeu de rôles.
- Oui... Je pense que son nouveau comportement envers elle commence à porter ses fruits.
Sirius haussa un sourcil, pas très ravi. Il n'était pas sûr qu'il s'agisse d'une bonne nouvelle. Surtout pour lui. Il inspira une bouffée de nicotine. Le ciel dégagé donnait un accès direct sur la voie lactée. Il ferma les yeux, savourant cette fraîcheur et cette solitude.
- Ça fait du bien un peu de calme. Être entouré par d'autant de monde, très peu pour moi.
Le lycan profita de cette pause que son ami s'offrait pour le détailler avec envie, son cœur s’accélérant à cette simple vision. Son costume lui allait si bien. Il n'avait qu'une envie, attraper cette cravate autour du cou du jeune homme et l'attirer à lui dans un tendre baiser. Le battement de son cœur accéléra encore, une envie dévorante lui prenant les tripes. Il posa les yeux sur la lune, dans l’espoir de détourner ses pensées. L’astre était loin d'être à son apogée.
Encore heureux, car sous l'influence du loup, il n'était pas certain de ne pas être passé à l'acte et de résister longtemps à cette tentation si brûlante. Il reposa son regard sur le brun, son envie se faisant trop forte, se permettant de détailler sans honte le corps du jeune homme. Un corps divin, de dieu grec. S'il s'écoutait ...
NON !
Il ne devait pas. Sirius le prendrait pour un fou et le jetterait forcément.
- Ça manque d'alcool aussi.
Remus détacha attention du torse du jeune homme, croisant son regard.
- Une bonne soirée ne rime pas forcément avec cigarette et alcool. On peut très bien s'amuser sans boire.
Une petite moue se dessina sur ses lèvres de l’animagus.
- Oui, peut-être, mais, ça aide à se détendre, à s'amuser, à mieux passer le temps. Un ou deux petits verres avec de quoi dedans, ça ne fait aucun mal au fond.
- Non. On ne retourne pas au dortoir pour finir la bouteille de whisky pur feu.
Le regard de Sirius se fit légèrement amusé, tentateur.
- Le dortoir ? Pas besoin !
Il plongea la main dans la poche intérieure de sa veste, en sortant une petite flasque métallique. Le préfet fronça les sourcils. Il aurait dû s’en douter. L’alcool avait commencé à couler dans le dortoir et forcément, ses amis n’étant pas sortis sans leur petite réserve. Sirius lui tendit la flasque, mais là encore, il déclina l’offre. Il n’aimait pas le whisky. C’était trop fort pour lui. Une bonne gorgée pour l’animagus et la flasque fut rangée.
- Tu as fait livrer sa bouteille à Lily ?
Le regard métallique de Sirius se fit plus brillant.
- Bien sûr. J’espère qu’elle a aimé mon petit mot !
Le préfet fronça les sourcils, légèrement intriqué. Un petit mot de Sirius pour la préfète ? Il ne devait pas être très tendre connaissant leur sentiment réciproque.
Après un petit moment, ils regagnèrent la soirée et ils dansèrent jusqu'au coup d'une heure du matin, heure de fin du bal. Remus allait encore en rêver pendant un moment, de ces deux magnifiques moments que la vie lui avait offerts.
End Notes:
Et voila une belle fête d'Halloween.
Erin sort ses griffes, Lily se fait recadrer (on ne critique pas Sirius)
Remus est aux anges et James n'est pas loin derrière.
Merci pour vos review.
Une Demande Très Particulière du Professeur Dumbledore by Crepuscule64
Author's Notes:
Quelques jours après le bal d'Halloween, les élèves de sixième années se retrouvent dans la grande salle pour un devoir de Métamorphose.
Séance écourté par l'arrivée de leur directeur d'école.
Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis le bal d'Halloween, qui avait été une vraie réussite. Même leur professeur d'étude des moldus avait spécialement félicité les élèves pour leurs efforts dans le choix de leurs costumes et, plus particulièrement, le comité organisateur pour son souci du détail.
En ce début d'après-midi, les Gryffondors s'étaient de nouveau retrouvés dans la grande salle, pour étudier. Et là, c'était le cours de métamorphose qui accaparait leur temps. Ils avaient un important devoir à faire de quatre parchemins, pour dans deux jours.
Le professeur McGonagall avait doublé la charge de travail pour les élèves de sixièmes années. Elle exigeait au minimum un Effort Exceptionnel aux B.U.S.E.S de métamorphose, pour admettre les élèves dans sa classe d'A.S.P.I.C. Alors, ce n'était pas pour leur mâcher le travail maintenant, bien au contraire !
Tous les élèves avaient le nez plongé dans leur Manuel de Métamorphose Avancée, pour essayer de comprendre ce qu'ils lisaient.
Une personne se dirigeait vers la grande salle. Un grand sorcier, que tous les élèves saluaient avec respect. Le directeur de l'école : Albus Dumbledore. Un homme bon, au grand cœur, toujours prêt à aider les autres.
Il était à la recherche d'un élève de confiance, pour lui demander un service. Quand il entra dans la grande salle, il la parcourut des yeux et sourit.
Il avait trouvé la personne parfaite. Il posa les yeux sur le sorcier qui l’accompagnait.
- Je pense n'avoir aucun mal à vous trouver la perle rare pour vous faire visiter l'école.
Le vieux directeur se dirigea vers la table des rouges et ors, arrivant au niveau des sixièmes années. Le groupe d'élèves semblait très concentré sur un devoir. Il espérait qu'il ne les dérangerait pas.
- Bonjour.
Les huit paires d'yeux se posèrent en même temps sur le professeur Dumbledore, qui leur adressait un sourire bienveillant.
- Bonjour, monsieur le directeur. La préfète s'était exprimée pour le groupe.
- J'espère que je ne vous dérange pas. Je voudrais vous présenter le professeur Cooper, qui nous vient tout droit de l'Institut de sorcellerie d’Ilvermorny.
Les regards se posèrent sur le jeune homme accompagnant leur directeur. Un sourire particulier s'afficha sur les lèvres de deux des élèves, et une lueur s'alluma dans le regard de l'un des deux. Lily le salua d'un hochement de tête.
Remus cilla. Cooper... Pourquoi ce nom ne lui était pas inconnu... D’Ilvermorny ? Son regard se plissa, revoyant le nom de l'expéditeur sur la lettre d'Outre-Atlantique, reçue par Sirius. Albus reposa son regard cristallin sur la préfète des Gryffondors.
- Je cherche une âme volontaire pour faire visiter l'école à notre invité.
Cette dernière posa les yeux sur le jeune homme. Le professeur s'adressait à elle et elle s'en sentait flattée. Elle avait toujours fait son travail de préfet avec sérieux.
- Je suis volontaire, Professeur.
Tous les regards se posèrent sur Sirius Black, y compris celui du directeur, étonné.
- Vraiment ?
Sirius acquiesça de la tête, un sourire aux lèvres.
- Bien sûr. Je suis une âme volontaire et je connais l'école comme ma poche, surement mieux qu’Evans. Et si je peux vous rendre service, ce sera avec plaisir.
Albus sourit, posant les yeux sur son visiteur. Un jeune homme, à l'allure bien droite, d'une vingtaine d'années, qui avait obtenu son diplôme de professeur en juin.
- Professeur Cooper, je vous présente Sirius Black. Un de nos meilleurs élèves.
Ledit professeur Cooper posa les yeux sur le brun, croisant un regard argenté, un infime petit sourire se dessinant sur ses lèvres, presque invisible à l'œil nu. Une marque apparut entre les sourcils de Remus, dont le regard allait de Sirius à l'inconnu. C'était bien lui... Mais alors... Sirius lui adressa un petit sourire, se levant et rangeant ses affaires.
Albus poursuivit.
- Sirius pourra vous faire une visite très complète de l'école et un résumé très détaillé de son règlement. Il le connaît par cœur.
Le jeune professeur du faire un effort surhumain pour ne pas sourire. Il posa un regard intrigué, sur le brun aux yeux gris.
- Vraiment ?
Sirius finit de ranger ses affaires dans son sac et se tourna vers lui, un sourire de mauvais garçon aux lèvres.
- Oui. Le règlement et les mille et une façons de l'enfreindre. Et je peux même aller jusqu'à vous exposer les sanctions disciplinaires possibles en cas de prise en flagrant délit.
Le regard d'Albus brilla de malice. Sirius était un des rares élèves qui assumait ce qu'il faisait, sans aucune honte. Il ne se serait pas permis une telle remarque face à un serpentard.
- C'est bien ce que j'entendais par "très détaillé".
Il se tourna vers le jeune professeur.
- Je vous laisse entre de bonnes mains. Nous nous retrouvons à dix-neuf heures pour une réunion avec le Premier Ministre. Sirius pourra même répondre à quelques-unes de vos questions.
Le jeune professeur, inclina la tête dans un signe de respect envers le directeur de l'école de magie anglaise.
- Je vous remercie pour votre accueil, monsieur le directeur.
Albus lui rendit son salut respectueux et posa les yeux sur Sirius.
- Dix-neuf heures devant mon bureau. Le Premier Ministre n'admet pas de retard dans son emploi du temps.
- À vos ordres, Professeur.
Et le directeur s'éclipsa, laissant le jeune professeur Cooper à son nouveau guide. Sirius tendit son sac à James, qui le prit, sans rien dire. Un étrange sourire s’affichait sur les lèvres du capitaine de Quidditch.
Remus observait la scène, sans trop savoir quoi penser. Depuis quand Sirius connaissait-il cet homme ? Ils s'écrivaient, mais le lycanthrope avait cru qu’O.Cooper était la conquête de Sirius, de l'été précédent, une étudiante de l'école de sorcellerie d’Ilvermorny ; et non un professeur masculin de cette école. Mais il ne pouvait que se tromper ! Il devait être une connaissance, lui ayant écrit pour lui dire qu'il serait en Angleterre. Ce ne devait être qu'un ami.
Une partie de Remus était soulagée que ce ne soit pas cette conquête, qui lui avait écrit. Mais une autre part de lui-même, bien plus grande, refusait d'y croire. Ce sourire qui s’était dessiné sur les lèvres de James au vue de la lettre, cette phrase pleine de sous-entendu, cette façon qu’il avait eu de la prononcer… Et cette lueur dans le regard de Sirius en réponse.
Il ne quitta pas l'homme des yeux. Non... Il ne devait être qu'une connaissance de Sirius, un ami. Rien de plus.
Sirius posa les yeux sur le professeur, un sourire aux lèvres.
- Eh bien, Professeur Cooper, je vous propose de commencer la visite maintenant.
Il parcourut la grande salle des yeux, la désignant d'un geste large.
- La grande salle, dont la première utilisation est d'accueillir les élèves pour les trois repas de la journée. Mais entre les repas, ils peuvent venir s'y reposer, réviser, parler, faire des parties d'échecs. Le plafond enchanté reproduit le temps extérieur. Et quatre tables.
Le regard de l'homme se posa sur le plafond, admirant l'œuvre de la magie anglaise, impressionné. Son regard se posa ensuite sur les tables. Sirius lui désigna la table où il était assis, peu de temps avant.
- Gryffondor : les Rouges et Ors, regroupant les hardis et les courageux. Les meilleurs élèves de l’école y sont répartis et elle possède la meilleure équipe de Quidditch. Nous avons gagné la coupe des quatre maisons deux années de suite, et c’est bien partie pour une troisième, grâce à notre talentueux capitaine, James Potter.
James lui adressa un petit signe de tête, un sourire aux lèvres.
- Godric Gryffondor, notre fondateur était le plus grand sorcier de tous les temps. Une théorie prétend qu’il est à l’origine même de la magie, mais sans preuve.
Il désigna la table voisine.
- Les Poufsouffles : les Jaunes et Noirs, connus pour leur goût du travail, leur loyauté et leur sens de la justice. Mais nous les soupçonnons aussi d’être les plus gourmands. Leur salle commune est à côté des cuisines. Il paraît qu’ils sont super pote avec les elfes de maisons, mais à prouver... Peter Pettigrow, ici présent, Gryffondor, a aussi ses accès privés aux cuisines et il connaît tous les elfes de maison par le nom.
Le petit rat acquiesça de la tête, ravi d’être mentionné dans cet exposé plutôt étrange, mais très amusant de son ami. Si tout le monde autour de la table semblait très amusé, deux élèves faisaient exception : les préfets.
Sirius continua son exposé.
- La troisième table, celle des Serdaigles : les Bleus et Bronzes, rassemblant les érudits, assoiffés de savoir et de connaissance. L'intelligence et la sagesse les caractérisent. Ils se croient les meilleurs au Quidditch car ils ont des ailes, mais le blason ne fait pas le sorcier. Pour preuve, ils ne nous ont jamais battus. Et enfin ...
Cette fois, le regard de Sirius se fit plus mauvais, jetant un regard à la dernière table, la plus proche de la porte. Au moins comme ça, on était sûr qu'ils restent dans leur coin.
- La dernière table, les truc-muches. Ou verts et argents. Rassemblés du fait de leur fourberie et leur mesquinerie.
Il sourit, ravi de son exposé. Mais l'homme fronça les sourcils, sceptique concernant la dernière maison.
- Truc-muche ?
Sirius acquiesça de la tête.
- Un fondateur pas très malin. Cette maison fabrique de puissants mages noirs. Ils sont les seuls à apprendre cette magie, loin des regards, dans leur salle commune. Ils sont soupçonnés d’avoir une bibliothèque personnelle dans ce domaine… mais toujours sans preuve.
Un bruit sourd retenti. Sirius se tourna vers la table des rouges et ors. Lily s'était levée, furieuse, refermant son livre d’un coup sec.
- Black. T'es pas sérieux, là ?
C'était quoi cette présentation des Serpentards et des autres maisons ? Elle ne comptait pas laisser passer ça, mais alors là, hors de question ! Elle posa un regard plus calme sur le jeune professeur, qui méritait une visite plus sérieuse, que ce que Sirius avait à lui proposer.
- Serpentard est le quatrième fondateur, qui a donné son nom à la maison des verts et argents. Et, si les Serdaigles sont connus pour leur sagesse, l'intelligence est la caractéristique de la maison Serpentard. L'intelligence et la ruse.
Sirius haussa les épaules.
- Blanc bonnet, bonnet blanc.
Le jeune professeur réprima un sourire, avant de poser un regard, un peu trop doux au goût de Remus, sur son guide.
- Tout dépend du point de vue d'où l'on se place.
Sirius sourit, avança vers lui et se dirigeant vers la sortie.
- En effet. Je vous propose de quitter ce lieu qui nous a révélé tous ses secrets.
Son client pour la visite lui emboîta le pas.
Lily les observait, peu ravie. Sirius allait faire n'importe quoi. Remus, lui, ne quittait pas son ami des yeux, essayant de comprendre ce qui se jouait ici. Quelque chose lui échappait ! Quelque chose qu’il ne voyait pas, mais qui était bien là.
- Attendez !
Sirius et l'homme posèrent leur regard sur la préfète.
- Je vais vous accompagner dans votre visite, afin de m'assurer que vous ne repartiez pas avec des informations erronées.
Remus cilla. Ce qu'il vit dans les yeux de son ami ne lui plut pas du tout. Cette exaspération que Lily les accompagne, cette lueur noire qui assombrit ses prunelles argentées, les rendant anthracite.
L'homme fit un pas, vers elle, un sourire respectueux aux lèvres.
- Je vous remercie mademoiselle, mais je ne veux pas accaparer plus d'un seul élève. Je préférerais que ma visite soit la plus discrète possible. Et si le professeur Dumbledore fait confiance à M. Black, je ne suis personne pour remettre en cause son jugement.
Lily le regarda, étonnée. Son regard se posa sur Sirius, sans trop comprendre. Celui-ci lui adressa un mauvais sourire.
- Eh oui, Evans ! Dumbledore propose et nous on dispose, sans aller contre sa décision. Et puis sans vouloir te vexer, tes exposés en cours sont aussi passionnants que les cours du professeur Binns. On va éviter cette torture au professeur Cooper et éviter, par là même de donner une image soporifique de Poudlard. Allez, t’inquiète ! Je serai un vrai guide.
Il ne promettait pas de passer par les cachots, mais autrement, tout serait parfait. Lily inspira, de moins en moins ravie. Sans vouloir la vexer ? Et bien c’était raté ! Elle se rassit, glaciale.
- Bien, alors bonne visite.
Remus serrait les poings. Ça l'énervait beaucoup. Il ne savait pas pourquoi. Mais, ça l'agaçait. Le comportement de Sirius, celui de cet inconnu et la façon si gentleman qu'il avait eu de mettre un vent à la préfète, comme si de rien était, préférant rester en tête-à-tête avec son homme. Qui était-il ?
Il regarda les deux hommes s'éloigner, son cœur battant si lourdement dans sa poitrine, comme si un étau venait de le comprimer
Sirius se tourna vers le jeune professeur qui questionna :
- Le professeur Binns ?
- Un professeur Fantôme
- Vous avez des professeurs fantômes ?
- Oui, il s’est endormi un jour en salle des professeurs et il est mort. Le lendemain, il a regagné sa salle de classe, sans s’en rendre compte. Et depuis il continue d’enseigner. Je vous propose une visite interactive de l’école.
- Interactive ?
- Une visite ponctuée de rencontres avec des fantômes, des elfes de maison et même le calmar géant du lac de Poudlard. Il est très gentil. Si vous saviez combien d’élèves de première année il a repêché, leur évitant la noyade
- Poudlard est plein de ressources !
- Vous n’imaginez pas à quel point.
Ce fut les derniers mots qu’ils entendirent de la conversation entre Sirius et ce jeune professeur, ceux-ci quittant la grande salle.
Le préfet avait du mal à respirer, une boule dans la gorge l'empêchait d'avaler sa salive. Son regard se posa alors sur James, installé face à lui et tout s'amplifia. Le jeune homme lui tendait une plume, un étrange sourire sur les lèvres. Remus regarda la plume, sans comprendre, avant de poser les yeux sur ses doigts. Il avait brisé la sienne en deux, sans même s'en rendre compte, en serrant les poings.
Il la reposa sur la table, prenant celle de son ami, vraiment mal à l'aise sur le coup. Il avait l'impression que ce dernier avait tout compris, qu'il avait su lire en lui, et il ne fallait pas ! Il avait réussi à échapper une fois à ça. Il ne voulait pas revivre cette peur. Le lycan posa les yeux sur la porte de la grande salle.
Qui était vraiment ce type ? Il connaissait Sirius, ça c'était sûr, vu qu'il lui avait écrit. Mais, Remus n'était pas du tout censé le savoir et il ne pourrait pas en parler à Sirius, sans avouer qu'il avait violé sa vie privée et fouillé dans ses affaires.
Pour l'heure, le fils Black rendait juste service à Dumbledore, en faisant visiter l'école à un professeur venu des États-Unis... Massachusetts, Ilvermorny. Il reposa les yeux sur son devoir, mais il n'arrivait même plus à lire le paragraphe sur lequel il travaillait. Il releva les yeux sur la porte, mal à l'aise. Il était assis à côté de Lily qui n'avait pas remis la main sur son livre et semblait aussi perplexe que lui.
La rousse n'était pas ravie. Sirius n'était pas quelqu'un de confiance pour lui donner une telle mission. Elle aurait dû la faire, insister pour aller avec eux. Et si vraiment il ne voulait pas déranger plus d'un élève, prendre la place de Sirius, peu importe que Dumbledore est attribué cette tâche au brun. Elle avait l'impression d'avoir dérogé à son devoir de préfet, de ne pas avoir fait son travail. Une sensation qu'elle n'aimait pas du tout. Comme si elle était coupable de ne pas avoir su s'imposer ! Mais surtout…
- Est-ce que mes exposés sont vraiment ennuyeux ?
- Non du tout… Il a juste été méchant, ne l’écoute pas.
Erin lui sourit, rassurante.
Oui, Sirius pouvait être vraiment cruel parfois. L’avoir en ennemi n’avait rien de bon. Une chance pour la blonde, elle était dans les petits papiers du jeune homme. Il était souvent taquin avec elle, mais jamais cruel.
Remus réussit à détacher son regard de la porte, le reposant sur son livre. Mais il ne pensait qu'à Sirius et cet homme. Cette façon dont ils avaient eu de se regarder.
- J'en ai assez, je continuerai plus tard.
Il reposa la plume devant son propriétaire et rangea ses affaires, avant de quitter la salle. Lily fit de même.
- Oui, moi aussi. J'en ai marre.
Et elle quitta aussi le lieu, se sentant mal à l'aise... Elle allait prendre un bain, pour se détendre et oublier cet échec.
James posa les yeux sur les filles et Peter, et haussa les épaules.
- Bien, si tout le monde quitte le terrain, fin du match...
Fin de la séance de travail. James souriait, légèrement amusé par tout ça. C'était surtout Remus qui l'amusait. Le jeune homme était loin d'avoir forgé une carapace aussi solide qu'il ne le croyait autour de lui.
End Notes:
Les États-unis envahissent Poudlard et leur cheval de Troie est un charmant professeur. O.Cooper et ce jeune professeur sont-il la même personne ?Quel lien avec la conquête de Sirius l'été passé ?
En tout cas, Sirius est doux gentil et toujours serviable. Rien a dire, je l'aime ! Remus sombre de plus en plus dans l'intolérable et James lui s'amuse. Allez, je les aime tous les trois !
Deux Cœurs En Souffrance by Crepuscule64
Author's Notes:
Remus arrive dans le dortoir plus agacé que jamais. Son homme est ailleurs, jouant les guides pour un jeune professeur un peu trop canon au gout du lycanthrope.
Une colère loin d'être apaisé par le retour de ce dernier...
Remus arriva dans son dortoir, posant son sac sur le sol et sa cape sur son lit. Il se dirigea vers la table de nuit de James, ouvrant le tiroir du haut, où elle devait se trouver. Mais rien ! Il fouilla les deux autres tiroirs, mais toujours rien. Pourtant, elle devrait se retrouver là. Ils la rangeaient toujours au même endroit. Remus entreprit de fouiller la table de nuit de Sirius.
Mais la porte s'ouvrit sur les deux autres maraudeurs. Il se retourna vers eux, agacé par leur arrivée. Ils ne devaient pas finir leur devoir ?
Peter se dirigea vers son coin, posant son sac et sa cape. James observa le lycanthrope, puis sa table de nuit, où les tiroirs avaient été mal refermés. Remus abandonna sa recherche, retournant sur son lit, énervé. James lui jeta un coup d'œil, perplexe.
- Tu cherches la carte ?
Le préfet cilla, feignant l'étonnement.
- Non pas du tout, pourquoi ?
Son regard se posa sur les tiroirs de la table de nuit de James, mal refermés. Mince... Il aurait dû être plus discret.
- Parce que c'est Sirius qui l'a.
- Pourquoi il l’a ?
- Il en avait besoin.
- Pourquoi ?
Remus s’agaçait vraiment. Sirius avait la carte ? Mais dans quel but ?
Le capitaine haussa les épaules, sans répondre et posa son sac sur son bureau et celui de Sirius sur le sien. Peter était assis sur son lit, se tortillant les mains. Il jetait des petits coups d'œil à sa montre.
- Ça va Pet' ?
L'animagus rat leva son regard sur lui, perturbé.
- Oui ... Enfin ... Je ... - Un autre coup d'œil furtif à sa montre. - J'ai...
James haussa un sourcil.
- Ponds ton œuf de dragon ! On n'a pas toute la nuit.
Peter déglutit, mal à l'aise.
- J'ai un rendez-vous !
Un sourire se dessina sur les lèvres du brun.
- Ah oui ? Avec la jolie poufsouffle ?
Une couleur rouge cramoisie s'empara des joues du petit animagus, qui hocha simplement de la tête.
- Eh bien, va-y, racontes.
L’animagus rat jeta un autre coup d'œil à sa montre. Plus le temps passait, plus il était stressé.
- Je lui ai juste proposé d'aller boire un chocolat chaud dans les cuisines. Elle ne sait pas si rendre. Vous vous rendez compte ... Alors qu'elle est chez les poufsouffles.
Leur salle commune était juste à côté des cuisines. Mais l'accès à celles-ci était très compliqué.
James sourit, en coin.
- Tant mieux, tu pourras lui montrer que Poudlard n'a aucun secret pour toi et lui expliquer comment tu les as découverts.
Peter inspira et expira, enchanté par l'idée. Car oui ! C'était lui qui les avait découvertes en première année. Il avait eu une telle fringale en pleine nuit. Il était un peu grassouillet, rondouillard. Il aimait bien manger et ça se voyait. Les repas étaient ses moments préférés de la journée. Alors, suite à une conversation avec Andromeda Black, il avait fait des recherches, pour savoir d'où venait la nourriture, et l'avait découvert dans l'histoire de Poudlard. Il avait lu le bouquin, jusqu'au précieux passage. Mais dans la version qu'il raconterait à la jeune fille, il aurait lu le livre en entier et testé tout ce qu'il disait.
- Vous pensez que je pourrais lui montrer un ou deux passages secrets ?
Son regard passa de l’un à l’autre de ses deux amis, mais Remus ne semblait pas du tout s’intéresser à la conversation, il se concentra sur le capitaine de Quidditch.
Ce dernier prit le temps de la réflexion.
- Oui. Montre lui celui qui mène du rez-de-chaussée au septième. C’est le plus utile dans notre scolarité et il ne mène pas à l’extérieur de l’école. Le moins dangereux à faire découvrir. Mais pas au premier rendez-vous. Tu le lui montreras si ça devient sérieux avec elle, si elle devient réellement ta petite amie.
Peter sourit à cette perceptive. Il n'avait jamais eu de petite amie. Julia serait la première.
- Oui... Ne pas trop en dévoiler du premier coup.
- Va te prendre une bonne douche – L’animagus releva les yeux sur son ami – ça te fera du bien. Il faut toujours être au mieux de sa forme pour un rendez-vous. Une bonne douche, des vêtements propres, brossage de dent et coiffure impeccable. Les règles de base pour tout rendez-vous. Surtout si tu en veux un second.
Peter acquiesça de la tête et se dirigea vers la salle de bain. Pourquoi n'y avait-il pas pensé lui-même ? Comme ça, il mettait toutes ses chances de son côté, surtout qu’il espérait un premier baiser. Son haleine devait être bien fraîche.
Une fois le gryffondor dans la salle de bain et que le verrou se fit entendre, James posa les yeux sur Remus. Il se leva, s'approchant de son ami, qui semblait ne pas aller très bien.
- Moony, est-ce que ça va ?
Le lycanthrope leva son regard sur lui. Il avait eu le temps de se calmer le temps de la conversation être les deux autres.
- Oui, pourquoi ?
James haussa les épaules, s'installant sur le lit de son ami.
- Je ne sais pas, tu as l'air très énervé ces temps-ci. Comme si quelque chose te tracassait au point de t’empêcher d’être heureux. Tu sais que tu peux tout me dire.
Le regard de Remus n'avait pas quitté celui de son ami, son cœur se serrant à ses paroles. Non, ça n'allait pas ! Oui, il était très énervé ! Non, il n’était pas heureux ! Ces temps-ci, il avait l'impression que ses sentiments pour Sirius étaient devenus insupportables à vivre. Déjà cette histoire de conquête de l'été précédent. Ensuite cette lettre, sa violation de la vie privée de son homme. Un comportement intolérable de sa part, une vraie trahison. Et maintenant ce jeune professeur sexy et Sirius qui se proposait de lui faire visiter l'école…
Le préfet baissa les yeux sur ses mains, meurtri. Ses cicatrices allaient jusqu'à ses poignets. Instinctivement il glissa ses mains sous son pull, les dérobant à la vue de tous.
- Non, rassures-toi, ça va bien.
Pouvait-il réellement tout dire à James ? Il en doutait fortement. Car une confidence de ce genre était loin de ce qu'un garçon était capable d'entendre, surtout venant d'un autre garçon. L'amour entre deux hommes, c'était totalement inacceptable dans leur monde.
- Tu es sûr ?
Le brun était vraiment inquiet pour lui. Le jeune homme était amoureux de Sirius. Il en était persuadé. Il n'avait plus aucun doute là-dessus. Et si cela l’amusait de le voir se décomposer à chaque fois que la vie amoureuse de Sirius était au centre des conversations ou que le comportement du jeune homme devenait légèrement déroutant, Remus semblait réellement souffrir, et il détestait ça.
Enfin là, Sirius n'avait rien fait de mal. Il ne faisait que rendre service à Dumbledore. Rien dans son comportement ne justifiait une telle réaction chez le lycanthrope. À ce niveau-là, ce n’était plus de la jalousie, ça en devenait de la possessivité ! Mais il serait bien le dernier à lui faire le reproche.
Si c'était un jeu pour James, pour Remus ça ressemblait à une vraie torture. Ce dernier acquiesça lentement de la tête, le regard meurtri. Il ne voulait pas en parler, surtout pas à James. Il ne pourrait pas le garder un tel secret pour lui. Et Sirius était la dernière personne qui devait savoir. Il sentit une main se poser sur sa cuisse, relevant alors les yeux sur son ami, croisant un doux regard.
- Dans tous les cas, si tu as besoin de parler, je suis là. Je serai toujours là et tout ce que tu me diras restera entre nous.
Remus inspira. Il aurait tant aimé céder à cette tentation. Tout lui dire, tout laisser sortir, laisser son cœur parler et se soulager de ce grand poids qui l'opprimait. Mais James n'avait aucune idée de ce qui le mettait dans cet état. Il détourna les yeux. Les mots de son ami… Entre nous ? Il garderait ce secret pour lui ? Mais il disait ça maintenant, car il n’avait pas conscience de la portée de ce secret.
- Je peux tout entendre sans juger, Moony. Nous te l’avons suffisamment prouvé pour que tu n’aies pas à avoir peur de te confier à nous.
Nous ? Les maraudeurs ? Mais il ne voulait pas que Sirius sache ! James pourrait-il réellement gardé ça pour lui ? Pouvait-il vraiment lui dire ? James ne le jugerait pas, mais avait-il seulement de quoi il s’agissait ? Ce regard qu’il avait eu en lui tendant la plume… Avait-il deviné ? Non !
- Je sais mais…
Il se tut, il n’arrivait pas à prononcer ces mots… Une fin de non-retour !
- Mais quoi Rem ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Le châtain entrouvrit les lèvres. Il avait tant envie de se confier. Même s’il avait Lily à qui parler, elle n’était pas proche de Sirius. Peut-être que l’avis de James pourrait l’aider à mieux comprendre et gérer la situation.
- Eh bien je…
À ce moment-là, le verrou de la salle de bain se débloqua, laissant apparaître le troisième occupant des lieux, tout propre. Remus soupira, soulagé que la conversation prenne fin. Il était à deux doigts de craquer, à deux doigts de tout changer dans le groupe et surtout de tout briser. Son regard se voila alors et son cœur se ferma.
- Je vais bien je t’assure.
James tiqua, déçu par l’intervention de Peter. Trop tôt ! Mais il capitula, sachant que Remus avait revêtu cette armure qui s’était légèrement brisée. Il n’obtiendrait plus rien du petit loup. Il se releva, regagnant son lit, Peter rejoignant sa belle.
Quelques heures plus tard, la porte du dortoir s'ouvrit sur le brun aux yeux gris. Celui-ci entra dans l'antre des maraudeurs, un sourire aux lèvres.
- Me revoilà.
James leva son regard sur lui, Remus aussi, mais pour le reposer aussitôt sur son livre de métamorphose.
- Alors, cette visite ? Ça s'est bien passé ? questionna le capitaine.
Sirius acquiesça de la tête.
- Oui. Très bien. Et tu pourras rassurer Evans. Je me suis comporté comme un vrai guide. Bon, on n'a visité que les étages et l’extérieur, mais ça a était fait avec professionnalisme.
James rigola légèrement. Pourquoi ça ne l'étonnait pas que la visite de Sirius ne l’ait pas mené dans les cachots ? D'un autre côté, il aurait fait pareil.
Remus n'écoutait pas. Du moins il aurait bien aimé ne pas écouter. Mais une question lui brûlait les lèvres. Il y avait des choses qu'il ne comprenait pas. Pourquoi ce professeur avait fait semblant de ne pas le connaître, alors qu'il lui avait écrit ? Il releva les yeux sur son ami, qui piochait dans ses affaires, pour en sortir un jogging, présage qu'il allait prendre une douche.
- Tu le connaissais ?
Sirius cilla, son regard posant sur ses pulls et en saisit un. Il se tourna vers Remus, perplexe.
- Comment ça ?
- Avant que Dumbledore ne nous le présente, tu le connaissais déjà ?
Il vit Sirius blêmir légèrement, mais se ressaisir aussitôt. Il se pinça alors les lèvres.
- Euh... Non.
Cette fois, c'est Remus qui blêmit face au mensonge du jeune homme. Car il savait que c'était un mensonge, il avait vu la lettre, son expéditeur. Sirius l'ignorait, mais lui, il savait. Et il doutait fortement que l’expéditeur de la lettre et le jeune professeur soit deux personnes distinctes. James les observa tour à tour, sentant sans peine le malaise qui venait de s’installer dans le dortoir. Il reposa les yeux sur son livre.
- Je vais à la douche.
Sirius passa aussitôt dans la salle de bain. Remus resta dans ses pensées, se sentant profondément trahi par le mensonge de son ami. Pourquoi ? Il aurait pu lui dire qu'ils s'étaient déjà rencontrés. Mais dans ce cas-là, pourquoi ce professeur avait feint de ne pas le connaître ? Pourtant, c'était lui qui était entré en contact avec Sirius. Ou alors, il avait écrit à Sirius sans le connaître ? Non, ça n’expliquait pas la réaction de James face à cette lettre. James en connaissait l’expéditeur, il en était sûr.
Mais il ne voyait aucune raison qui pourrait expliquer que son ami lui ait menti. Mais une phrase de Dumbledore lui revint en mémoire :
« Monsieur Black pourra même répondre à quelques-unes de vos questions. »
Quelles questions ? Quel était le motif de sa visite ? Peut-être qu'il était entré en contact avec Sirius pour ce motif ?
Remus souffla, c'était vraiment tiré par les cheveux. Il replongea le nez dans son bouquin, le cœur lourd, sans rien comprendre. Sirius qui lui mentait... James qui savait qu’il mentait, mais qui ne réagissait pas. Il y avait un strangulot dans le tiroir et il découvrirait pourquoi.
Au cœur de la nuit…~~~ Remus ~~~Le jeune homme était dans son lit, les yeux grands ouverts. Il n'arrivait pas à fermer l'œil. Trop d'idées lui passaient par la tête, trop de choses qu'il ne comprenait pas. L'arrivée de ce professeur avait fait naître en lui beaucoup d'interrogations sur son homme. Il s'était toujours persuadé que Sirius ne pouvait qu'être hétéro. Pour lui, c'était tellement une évidence ! Mais aujourd'hui ... Est-ce que ce professeur pouvait être la conquête de Sirius de l'été précédent ?
Cela expliquerait la lueur qui s'était allumée dans les yeux de Sirius en découvrant le nom de l'expéditeur de la lettre et ce sourire qui s'était formé sur les lèvres de James.
Les mots de Lily tournaient aussi en boucle dans sa tête :
« Excuse-moi, mais l'orientation sexuelle d'une personne ne se lit pas sur son visage. Et cette totale indifférence que les filles provoquent en lui, moi j'ai de sacrés doutes. »
Mais ça lui semblait tellement insensé, totalement improbable. Il est vrai que Sirius ne regardait aucune fille, il ne voyait pas les regards langoureux, plein d'espoir, qu'elles lui lançaient. Pour Remus, elles étaient justes insipides, sans saveur. Il fallait un vrai coup de foudre, une vraie rencontre électrique pour arriver à charmer un cœur comme Sirius. Comme l’été passé.
Et ce mensonge... Pourquoi lui avoir menti ? C'était absurde. Mais la plus grande absurdité, c'était que le mensonge avait commencé avec ce professeur. Il n'avait rien dit, rien laissé paraître sur le fait qu'il connaissait déjà Sirius. Pourquoi ? Pourquoi ne pas l'avoir dit ? Qu'est-ce que ça pouvait faire ? Où était le secret ? Où était le mal dans le fait de connaitre quelques élèves de Poudlard ?
Non... Sirius ne pouvait pas être gay. C'était impossible. Son ami ne pouvait pas être attiré par les hommes ! Il ne le supporterait jamais !
S'il s'était résigné à le voir un jour vivre sa vie, tomber amoureux, se marier et fonder une famille, jamais il n'avait envisagé qu'il pourrait être gay...
Et ça, il ne pourrait jamais l'accepter. De le voir avec un autre homme, dans les bras virils d'un type comme ce professeur Cooper… Un charmant garçon. Jamais il ne pourrait supporter de voir l'amour de sa vie, dans les bras d'un autre homme que lui.
Remus se leva, las de ses interrogations et se dirigea vers la salle de bain. Il s'y enferma et se rinça le visage à l'eau froide. Une eau bien fraîche pour essayer de chasser ses idées. Il inspira et releva les yeux sur le reflet dans la glace.
Un regard qui marqua aussitôt le dégoût que lui inspirait son reflet. Un air malade et fatigué. Il n'arrivait pas à réellement récupérer entre deux pleines lunes. Et ces trois énormes griffures qui parcouraient son visage, l'une d'elles entrecoupant ses lèvres en deux. À part son regard ambré, virant sur l'or liquide au soleil, il était laid. Avant, il avait des yeux bleus cristallins, aussi clair que l'azur…
Il avait une photo de lui d'avant, avec ses parents. Il ressemblait alors à un petit garçon tout à fait normal, heureux, entre ses deux parents... un adorable petit garçon.
Remus attrapa une serviette et s’essuya le visage, avant de repasser dans la chambre. Il posa naturellement les yeux sur le lit de Sirius, mais il cilla... incrédule. Le lit de son ami était vide. Où pouvait-il être passé ? Il vit la carte sur la table de nuit de son ami, repassant dans la salle de bain, sa baguette en main. Il activa le parchemin.
- Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.
La réplique pour l'activer avait fait l'objet de nombreuses controverses, chacun ayant ses préférences. Ils avaient envisagé :
"Gryffondor un jour, Gryffondor toujours..."
"À mort Serpentard..."
"Servilus va te laver'... et pleines d'autres.
La carte s'activa, dessinant, dans une encre fine et légère le plan de Poudlard. La magie avait dessiné la carte, on aurait dit un vrai chef-d’œuvre. Remus se positionna sur le dortoir des Gryffondors et chercha le nom de son ami. Il n'eut aucun mal à le trouver. Sirius était dans leur salle commune.
Le préfet referma la carte, en prononçant la formule pour la désactiver « Méfait accompli ». Celle-là avait été très facilement trouvé, toutes leurs maraudes finissant par cette belle réplique.
Il attrapa sa robe de chambre, quittant le dortoir. Même s'il en voulait à son ami, il était comme un papillon attiré par une lumière. Il ne pouvait s'empêcher d'aller voir pourquoi il n'allait pas bien. C'était contre sa nature d'ignorer le jeune homme.
Et puis, il ne pouvait pas ignorer non plus sa part de responsabilité. Il n'était nullement censé savoir que ce professeur avait pris contact avec lui. Sirius ne lui avait pas montré la lettre, il avait fouillé dans ses affaires, violant sa vie privée !
Le lycanthrope descendit les escaliers jusqu'à la porte menant à leur salle commune. Il le vit aussitôt, dans leur coin habituel. Un coin qui leur été réservé. Étrangement, le coin canapé face au feu était toujours libre. Un privilège du fait que James était capitaine de l'équipe de Quidditch, que Remus était préfet et que Sirius était dans l'équipe. Ou juste parce qu'il était les maraudeurs. Il ne le saurait sans doute jamais.
Remus s'introduisit dans la salle commune, en silence. Son ami semblait perdu dans de profondes pensées, le regard rivé sur le feu. Un regard captivant, envoûtant. Il était si beau, dans sa solitude. Un trait que Remus appréciait chaque jour un peu plus. Sirius pouvait s'enfermer dans des silences, mais sans en devenir oppressant.
~~~ Sirius ~~~Le jeune homme avait pris sa douche, vraiment mal à l'aise. Il s'était glissé sous le jet d'eau chaude. Une sensation bien agréable en ce début de mois de novembre. Le froid était définitivement installé sur Poudlard. Et s'il détestait le froid, il adorait l'hiver. Les flocons de neige, Noël, les repas de famille, la nouvelle année.
Mais là, ses pensées étaient toutes tournées vers son mensonge. Il avait menti à Remus. Jamais avant, ça ne lui était arrivé. Jamais il ne l'avait regardé droit dans les yeux en lui mentant !
Ce mensonge lui tirailla l'estomac tout le temps de sa douche, tout le temps du repas et tout le temps de la soirée. Et il en alla de même quand il fut couché dans son lit, n’arrivant pas à passer par-dessus, à zapper comme il savait si bien le faire avec les sujets qui l’ennuyaient.
Du coup, impossible pour lui de fermer l'œil. La scène n'arrêtait pas de passer dans sa tête : Remus lui posait une simple question et lui... Il avait été pris dans un mensonge qui n'avait même pas été le sien. Il n'avait pas su quoi répondre, quoi dire. Comment se justifiait ? Et la réponse la plus simple, celle qui amenait le moins d'explication était venue toute seule à ses lèvres.
- Euh... Non.
Il s'en était aussitôt voulu, mais il ne s'y était vraiment pas attendu. Pourquoi Remus lui avait-il demandé s'il le connaissait avant ? Il s'était juste proposé pour faire faire une visite de l'école à un professeur étranger. Mais il n'avait pas dû être assez naturel face au jeune professeur Cooper. Par chance, Remus ignorait qu’ils correspondaient régulièrement. Autrement...
Sirius s'était levé, avait enfilé sa robe de chambre et ses chaussons. Il était descendu dans la salle commune, pour mieux réfléchir, et surtout moins s'énerver parce qu'il n'arrivait pas à s'endormir. Il était là depuis plus d'une heure, ressassant son erreur.
Il n'avait jamais discuté avec Remus. Du moins, jamais de ce sujet-là. C'était bien le seul qu'il n'avait jamais abordé avec le lycanthrope aux yeux d'or. Il faut dire que l'occasion ne s'était jamais vraiment présentée. Avant l'été précédent, il ne s'était, lui-même, jamais vraiment intéressé à la question, trouvant dans ses relations actuelles tout ce dont il avait besoin. L’amitié, il n’y avait que ça de vrai au fond. Et si James ne l'avait poussé un peu vers son destin, il en serait toujours au même point.
Ce n'était pas un secret non plus... Enfin si ! Il n'avait pas envie que l'école entière soit au courant. C'était sa vie privée et elle ne regardait que lui. Sauf que là, il avait franchi une limite. Une limite intolérable. Un simple mot, juste un tout petit mot. Trois lettres, le plus banal des mots, mais un mensonge quand même.
L’animagus ferma les yeux, inspira et expirant, soupirant. Il était las. Il n'arrivait pas à se pardonner. Pourtant, Remus ne savait pas. Et il ne risquait pas de savoir. Dans l'avenir, s'il recevait une autre lettre, il dirait juste qu'ils gardaient le contact. Mais encore un mensonge ...
C'était le problème avec les mensonges. On s'enfonçait dans un engrenage sans fin, à moins d’avouer son tort…
Dire la vérité ? Non. Il ne pouvait pas ! Pas tant qu'il n'aurait pas parlé avec Remus. Le moment venu, il pourrait lui dire. Mais le moment venu, dans deux ou trois ans, voir dix, peut-être quinze… ou jamais.
Il n’entendit pas la porte de la salle commune s'ouvrir. Il ne remarqua pas qu'un de ses camarades l'observait, tapis dans le noir, un sourire aux lèvres.
Il ne leva les yeux que quand il vit une ombre se dessinait sur le mur, un petit froissement de pas se faisant entendre.
Sirius croisa un regard de miel, fascinant. Remus lui sourit.
- Tu sais que l'on a cours demain ?
Le brun sourit en retour, haussant un sourcil, légèrement ironique.
- Je te réplique la même chose. Tu ne dors pas ?
Le préfet prit place à ses côtés, sur le canapé confortable, aux couleurs rouges et ors.
- Je te mets un Optimal pour ton sens de l’observation. Non, je ne dors pas.
Il aimait cette salle commune, cette ambiance feutrée, douce, douillette. Le calme ne régnait pas souvent dans ce lieu en journée. La salle commune était pleine de vie, de bruit et de rire. Alors à ce moment-là, c’était un autre monde qu’elle offrait.
- J'ai du mal à m'endormir. Et comme j'ai vu que ton lit était déserté, j'ai pris la carte.
Il tourna son regard vers lui, croisant son opposé dans les métaux lourds. Sirius avait toujours un délicieux petit sourire aux lèvres. Le feu se reflétait dans les iris ambrés du lycan, les transformant en or liquide. Ils étaient tout simplement fascinants.
- Je suis dans le même cas. Morphée ne veut pas de moi, ce soir. J'ai failli m'arracher les cheveux.
Le châtain le regarda, fronçant légèrement les sourcils. Ça, c'était signe que Sirius était énervé ou agacé. Et que ça tournait à l'obsession. Son mensonge ? Pouvait-il y avoir un rapport ? Il sourit à la perceptive que ça compte autant pour l'animagus.
- Viens !
Il lui tendit la main. Sirius observa celle-ci et sourit, la prenant, sans se faire prier. Il s'allongea sur le dos, posant sa tête sur les cuisses du lycanthrope, fermant les yeux. La seconde d'après, il sentit les doigts de son ami se glisser dans ses cheveux et les caresser doucement. Des caresses divines. Sirius sentit comme un millier de frissons lui parcourir les corps, partant de sa tête, descendant lentement.
Remus avait des doigts de fée et il se délectait de ses petites attentions que le jeune homme avait toujours eues envers lui. Cela avait le don de le calmer, d'apaiser ses peines, ses angoisses. Lors de ses rentrées à Poudlard, les années précédentes, ça l'avait souvent ramené à la vie. Il était alors un homme défait, brisé par deux interminables mois, enfermé au Square Grimmaurd. Il revenait toujours avec une longue chevelure, un cœur lourd et aucune envie de rien. Les petites attentions du préfet, sa patience, sa dévotion même, finissaient toujours par lui rendre le sourire et lui faire oublier son enfer.
Cette année, tout avait été différent. Il avait fui de chez ses parents au début de l'été, trouvant refuge à Godric's Hollow. Une vraie libération pour lui. Il n'avait plus de compte à rendre à sa famille de sang. Désormais, il en avait une autre, de cœur, bien plus importante, une famille qu'il avait choisie. Et Remus faisait partie de cette famille.
Cette sensation était réellement agréable. Ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas eu un petit moment à deux, Un moment de complicité apaisant le cœur torturé de Sirius.
Il lui avait menti, mais ce n'était pas un gros mensonge non plus. Et au fond, Remus ne le savait pas. Et un jour, il lui dirait la vérité. Un jour…
Pour Remus aussi, c'était un moment magique. Une partie de lui en voulait à son ami. Mais il connaissait la vraie colère, la vraie rancœur. Celle qui vous donne une seule envie : vous arrachez cœur pour ne plus rien ressentir. Et là, au fond, ça ne le regardait pas. Ça l'avait blessé, mais il était tout aussi coupable. S'il n'avait pas mis son nez dans les affaires de son ami, jamais il n'aurait su. Et s'il n'avait pas posé la question, là encore, il n'aurait rien su.
Et puis c'était tellement plus simple de fermer les yeux. L'oubli était bien plus supportable que la vérité. Et le professeur était parti. Il était retourné d'où il venait.
Tout ce que Remus souhaitait, c'était de ne jamais plus entendre parler de lui. Il voulait retrouver son Sirius d'avant. Celui qui n'avait pas eu de conquête, celui qui n'avait jamais aimé.
Comme ça, il pourrait continuer à graviter dans son univers, invisible, mais toujours là.
End Notes:
Tout finit bien pour nos deux cœurs meurtri. Un mensonge... même tout petit, ça fait parfois moins mal que la vérité.
Merci pour vos commentaires, c'est toujours un plaisir d'avoir des retours =)
Pris Au Piège by Crepuscule64
Author's Notes:
Un moment, deux couples, deux lieux clos, deux jeux, des questions... Plusieurs réactions.
- Aller Remus, s'il te plaît. Ça ne prendra que quelques minutes.
Remus jeta un coup d'œil à son ami, vraiment pas convaincu. Ils étaient dans les cachots, sous la cape d'invisibilité de James. Sirius avait tenu à y descendre pour pouvoir s'introduire dans la réserve de potion. Il voulait absolument récupérer des racines d'asphodèle, pour fabriquer une potion de la goutte du mort-vivant.
Ce qui lui faisait surtout peur, c'était de savoir ce que son ami voulait faire de cette potion.
- Juste m'entraîner pour le cours de potion. Je suis quasiment sûr que le prof va nous demander des détails bien précis pendant le devoir. Je veux bien me préparer, c'est tout.
Le cours de potion n'était pas la matière préférée de Sirius, loin de là. Pourtant, quand il y mettait un peu du sien, il s'en sortait bien. En révisant un peu, il obtenait d'excellentes notes. Mais il s'y refusait par défi contre les Black. Sauf que l'année passée, en apprenant qu'il fallait suivre le cursus de potion avancé pour pouvoir devenir Auror, il avait dû faire un gros effort pour obtenir un Effort Exceptionnel dans cette matière.
Sirius avait donc embarqué son ami dans les bas-fonds de Poudlard, dans l'espoir de pouvoir entrer dans la réserve personnelle de leur professeur de potions, seul lieu où il pourrait trouver l'ingrédient. Mais Remus n'était pas totalement convaincu par cette excuse. Il préparait quelque chose, il en mettrait sa main au feu. Il connaissait suffisamment Sirius pour savoir que ses sourires pleins d'innocence étaient synonymes de mauvais coups.
- OK, mais on se dépêche.
Ils se dirigèrent vers la réserve, mais se stoppèrent net, se cachant derrière une des arches qui soutenaient les sous-sols. De la lumière transperçait de sous la porte de la réserve de potion.
- Il est là.
Remarque pertinente de Sirius. Mais si le prof était là, ça serait plus délicat d'entrer dans la salle et de prendre le précieux produit.
Sirius observa la porte, pensif. Remus pourrait aller faire diversion. Frapper, poser une question au professeur, l'éloigner, le temps que lui puisse agir.
- Écoute, voilà ce qu'on va faire...
Mais il n'eut pas besoin de finir sa phrase. La porte s'ouvrit, laissant apparaître Horace Slughorn. Celui-ci passa dans sa salle de cours, sans prendre la peine de refermer la porte.
- Génial ! Maintenant Rem' !
Et les deux jeunes gens se précipitèrent dans la réserve, le plus rapidement et le plus silencieusement possible. Une fois sur les lieux, ils observèrent la réserve.
- Tu les vois ?
- Non. D'habitude, elles sont là.
Le préfet désigna une place vide sur l'étagère de droite. Sirius grimaça. Ce n'était vraiment pas son jour de chance aujourd’hui.
- Il en a plus ?
- Si. Là !
Mais Remus se tut. Sirius s’apprêtait parler, mais le châtain plaqua son index entre les lèvres de son ami, rivant son regard dans celui du jeune homme, si près qu'il put y déceler des touches de bleus azurs au milieu de ce gris insondable si fascinant. Son cœur se mit alors à battre.
Ce qui était pratique avec la cape d'invisibilité, c'était qu'avec le temps et leur croissance, ils devaient se tenir à chaque fois toujours un peu plus proche. Et là, il ne pouvait pas faire plus serré.
La seconde d'après, la porte s'entrouvrait sur leur professeur. Celui-ci se dirigea vers le fond de la pièce. Remus posa ses mains sur la taille de Sirius, l'entraînant vers le côté opposé. Ils virent le professeur fouiller dans son débarras et en sortir une bouteille d'un rouge vif, avant de repartir.
Mais cette fois, il referma la porte derrière lui et les deux amis entendirent un cliquetis bien significatif. Le lycanthrope n'avait pas quitté le regard argenté de Sirius, ce dernier agrippant fermement la cape pour ne pas être découvert. Lui aussi avait eu tout le loisir d'admirer les yeux de miel de son binôme d'escapade. Une véritable délectation pour l'animagus, qui trouvait justement qu'il n'avait pas assez le loisir de s'y plonger.
Sirius tourna la tête vers la porte, arrivant enfin à détourner les yeux, sa bouche soudainement très sèche. Ils avaient été si proches qu'il aurait presque pu entendre les battements du cœur de Remus. Trop proche ! Son regard se posa sur la porte, perplexe. Détourner la conversation pour penser à autre chose que ce regard si envoûtant, si brûlant. De l'or liquide à l'état pur.
- Il l'a fermé à clef.
Remus acquiesça de la tête. Le brun laissa tomber la cape à ses pieds. Il attrapa les racines, les fourrant dans la poche de sa cape. Remus était déjà à la porte et écouter les pas dans le couloir du cachot. Plus aucun bruit.
Sirius récupéra la cape, la mettant sur ses épaules. Désormais, seule sa tête volait dans les airs. Le préfet, sa baguette en main pointée sur la serrure, prononça la seule formule qui aurait pu les aider : "Alohomora"
Mais rien, aucun bruit, aucune réaction, aucun cliquetis montrant que le sort avait fonctionné. Il tenta d'ouvrir la porte, mais la serrure refusa de céder. Il leva un regard furieux sur Sirius. Une légère moue était apparue sur les lèvres du brun, le rendant un peu plus séduisant. Ce qui ne fit qu’agaçait le préfet.
- Oups !
- Oups ? On est enfermé ici pour la nuit entière et tout ce que tu trouves à dire c'est oups ?
Remus se retourna, faisant quelques pas dans la pièce étroite. Les yeux de Sirius, ses lèvres, ils avaient été si proches. Trop proche ! Son cœur en ressentait encore les effets. Il devait éviter ce genre de proximité. Ça en devenait dangereux.
Il observa la pièce. Il n'était même pas sûr d'avoir assez d'air pour survivre jusqu'au matin.
- Désolé... et re oups
Le regard toujours aussi furieux, Remus attrapa une caisse vide, la retourna et s'assit dessus. Cette fois, Sirius exagérait. Ils étaient enfermés là, ils allaient dormir sur place, peut-être gelé avant le lendemain. Slugh trouverait deux corps congelés à même le sol... Tout ça pour une lubie de son ami ! Et lui, comme toujours, il avait dit oui.
Pourquoi ?
Pour passer un petit moment en tête-à-tête avec le jeune homme, pour pouvoir sentir son odeur, s'en enivrer le temps du trajet sous la cape. Et il avait même eu le droit de plonger à corps perdu dans son regard argenté. Mais au final, tout ça se retournait contre lui ! Il rumina contre lui-même. Il n'avait jamais su s'imposer face aux deux leaders du groupe. Et il se retrouvait dans des situations comme celle-ci.
...James et Lily...
Ailleurs dans Poudlard...
James avançait dans les couloirs de l'école, se rendant dans sa salle commune. Il avait eu une conversation avec le professeur McGonagall, sur un devoir qu'il avait du mal à faire. Et il se dépêchait pour pouvoir aller manger. Son regard se posa sur une jeune fille qui sortait de la bibliothèque, les bras chargés de livres.
Il sourit alors, arrivant à sa portée.
- Salut Lily. Tu veux de l'aide ?
La jeune fille se retourna vers lui, posant un regard méfiant sur le nouveau venu. James était différent depuis quelques semaines. Il était moins collant, moins oppressant. Remus lui avait confié qu'il faisait des efforts pour devenir son ami et pour être moins lourd. Et ça marchait. Il ne lui avait pas proposé un rendez-vous depuis environ trois semaines.
Elle avait donc décidé de faire aussi des efforts. Pour Remus ! Elle savait que son ami ne supportait pas cette guerre entre elle et le duo Potter/Black. Elle lui avait promis de faire des efforts, et quitte à en faire, elle préférait les faire avec le jeune Potter plutôt que l'affreux Black.
Mais elle devait reconnaître que les choses s'étaient naturellement arrangées entre eux. Déjà, parce qu'ils n'attaquaient plus les serpentards, du moins, plus devant elle. Ensuite, parce qu'elle ne parlait plus à Severus. Son ancien meilleur-ami était Persona non grata, autant pour elle que pour eux.
Elle posa les yeux sur sa pile de livres, hésitante. Mais ils étaient vraiment lourds et elle aurait du mal à gravir trois étages comme ça.
- Oui je veux bien.
Le petit sourire sur les lèvres de la rousse ravit le cœur de son interlocuteur. James cala bien son sac sur son épaule, et la débarrassa de quelques livres, prenant les plus gros.
- Tu fais des recherches sur quoi ?
Il observa les livres, perplexe.
- Le cours de métamorphose. J'ai un peu de mal à suivre ces derniers temps.
James comprenait mieux. Il était dans le même cas, mais lui, il n'avait pas eu l'idée d'approfondir ses recherches dans d'autres livres et encore moins à la bibliothèque. C'était la prof qui lui avait rappelé l'existence de ce lieu.
- Je comprends. Je sors du bureau de McGo qui m'a conseillé plusieurs livres sur le cours actuel. C'est lourd... Un petit sort pour les rendre plus léger ?
- Non ! On n'a pas le droit ! Pince va nous aboyer dessus et nous coller jusqu'à la fin de l'année si on altère la matière de ses livres - Face au haussement de sourcils de James, elle insista - C'est la règle pour celui qui emprunte les livres. On ne doit pas leur infliger de sortilèges !
- Bon... ok...
Si c'était la règle, il n'allait pas l'enfreindre au risque de mettre sa douce Lily en colère. Les deux gryffondors se dirigèrent alors vers leur salle commune. Ils arrivèrent au niveau des escaliers, mais la passerelle qui logiquement donnait accès à un escalier menant au cinquième étage était vide.
Ils attendirent, n'ayant aucun autre choix. Un bruit... un escalier arriva aussitôt. Trop tôt pour James qui aurait bien discuté un peu avec la jeune femme. Ils y montèrent, commençant à gravir les marches, mais la course de l'amas de marche continua. Sous le mouvement, Lily en lâcha ses livres, en heurtant la pierre.
- Ça va ?
Elle acquiesça de la tête, se baissant pour ramasser les précieux ouvrages.
- Je ne m'habituerai jamais à toute cette magie qui entoure l'école, jusque dans la pierre.
Elle se releva et continua à gravir les marches. Arrivés en haut, les deux gryffondors observèrent la course de l'escalier. Celui-ci s'arrêta enfin sur une passerelle, les deux élèves s'empressant de le quitter. Et l'escalier poursuivit sa course, comme habité par un démon.
- Je suis sûr que Peeves s'amuse à contrôler les escaliers...
Le capitaine de Quidditch n'aimait pas l'esprit frappeur et se plaisait à l'accuser de tous les maux. Il reposa les yeux sur la passerelle, suivant la jeune fille. Cette dernier s'engouffra dans le couloir, mais se stoppa net. Une impasse ! Ils avaient atterri dans une impasse.
- Non !
Elle posa tous ses livres dans les bras de James, qui plia légèrement le dos face à la masse, et se dirigea vers le mur, le tâtonnant pour trouver un mécanisme, un moyen de l'ouvrir et de les libérer de leur prison de pierre.
- Rien ! - Elle jeta un regard mauvais au capitaine - Tu ne saurais pas comment sortir de là ?
Mais son regard s'adoucit aussitôt. Le jeune homme était en train de se battre contre un livre qui menaçait de tomber, essayant de faire reposer les ouvrages sur son genou et d'attraper le coupable avec la main.
- Attends ! - Elle le débarrassa du livre, en récupérant deux autres. Une petite moue fautive sur les lèvres – Désolé !
- Non, je ne sais pas comment sortir de là. Comment pourrais-je le savoir ?
La rousse haussa les épaules, peu convaincu par l'air un peu trop innocent de son ami.
- Vous traînez si souvent dans les couloirs que je pensais que vous aviez découvert des passages secrets.
James sourit, acquiesçant.
- En effet, mais rien ici. Il faut attendre un escalier. Je vais te montrer.
Il posa ses livres, commençant sérieusement à avoir les bras endoloris. Il saisit sa baguette, la pointant vers le mur : « Revelio ! »
Le sort fusa, mais se perdit à travers la pierre. Aucun secret à révéler dans ce lieu. Dès qu'ils avaient maitrisé cet enchantement permettant de révéler des objets cachés ou des métamorphoses, les maraudeurs l'avaient testé dans tous les coins de Poudlard, découvrant quelques passages, mais pas ici. Il se tourna vers Lily, haussant les épaules.
Et les deux gryffondors se tournèrent vers la passerelle qui donnait dans le vide, attendant. Sauf que l'escalier avait fini sa course et que pour l'heure aucun ne bougeait. La préfète souffla.
- Et là encore il n'y a rien à faire... - Il pointa sa baguette dans le vide lançant un "accio escalier" qui resta sans effet. - On ne peut pas faire venir les escaliers à soi. Il faut prendre notre mal en patience.
La rousse fronça légèrement les sourcils, perplexe.
- Je vois tu as étudié le sujet...
Le brun acquiesça.
- En troisième année, on a passé l'année à explorer tout Poudlard. Pas toi ? Tu t'occupais comment ?
- Je lisais beaucoup et j'apprenais tout ce que je pouvais sur le monde de la magie.
James haussa un sourcil.
- Ça a l'air passionnant…
Était-il besoin de préciser toute l'ironie de sa phrase ? Elle n’avait pas l'air bien rigolote la Lily Evans pendant son temps libre.
Et le lion s'assit sur le sol. Par chance, il avait pris sa cape d'hiver. Il ne sentait pas le froid de la pierre. Mais Lily ? Elle posa les yeux sur la pierre. Elle n'avait pas sa cape, ou plutôt, elle ne l'avait plus. Elle ne devait que passer à la bibliothèque et regagner son dortoir. Elle avait un pull épais, et des collants, sous sa jupe. Mais pas de cape. Elle avait demandé à Mary de la monter au dortoir avec son sac pour se libérer un peu. Elle n'en avait que pour quelques minutes.
Elle s'assit sur la pierre froide, prenant elle aussi, son mal en patience.
Retour dans les cachots...
Remus était assis sur la caisse en bois, Sirius essayant en vain d'ouvrir la porte. Au bout de cinq minutes, il capitula, posant sur son ami un regard d'impuissance. Ils étaient bel et bien coincés ici, jusqu'à ce Slugh revienne chercher une autre bouteille.
C'était quoi d'ailleurs cette bouteille ? Le brun se dirigea vers le fond de la pièce, fouillant au même endroit que leur professeur, pour y voir plusieurs bouteilles d'un rouge vif. Sirius en prit une en main, lisant l'étiquette : « Grand Vin de Château La Tour »
Il haussa un sourcil et se tourna vers son ami, un sourire aux lèvres.
- On a de quoi nous tenir compagnie.
Il posa les yeux sur la réserve et trouva deux bocaux vides. Il les attrapa, venant s'asseoir face au lycanthrope, qui ne semblait pas vouloir décolérer.
- Tu crois que c'est en me saoulant que tu vas te faire pardonner ?
Remus n'était pas d'humeur à boire et surtout pas un drôle de breuvage français. Sirius l'observa, perplexe.
- Non, mais ça nous aidera à passer le temps. On peut même faire un jeu si tu veux. - le préfet détourna la tête, sans écouter son ami – On pourrait… - il plongea la main dans la poche de sa veste, en sortant un gallion - … On lance à tour de rôle cette pièce dans le but de la mettre dans le verre... enfin le bocal de l'autre. Le perdant boit cuit sec ou à un gage.
Le châtain posa son regard de miel sur le jeune homme.
- Tu joues au Quidditch. Tu es poursuiveur. Tu sais très bien visé.
Le brun fronça les sourcils. C'est vrai qu'il avait un bon coup d'œil, mais...
- Tu vois la taille d'un souaffle ? Et celle des anneaux du terrain ? Tu trouves que c'est comparable ?
Remus ne cilla pas, imperturbable. Il allait se prouver à lui-même que oui ! Il pouvait tenir tête à Sirius Orion Black. Surtout qu'il allait se retrouver bourré avant son ami.
- OK, lance. Si en trois coups tu n'en mets aucun, d'accord, mais autrement, tu auras un handicap.
Quitte à rester enfermé ici, autant s'occuper. Et il aimait bien quand Sirius était légèrement alcoolisé, tant que ça ne partait pas d'une déprime, bien sûr.
- Très bien.
Sirius prit la pièce, visant le bocal de Remus et celle-ci vint s'y loger aussitôt.
- La chance du débutant ! protesta-t-il.
Le lycan haussa les épaules.
- Peu importe. Tu joues avec ton autre main.
Il avait déjà réfléchi au pire des handicaps pour son interlocuteur. Il ne pouvait pas trouver mieux. Sirius cilla, incrédule.
- La gauche ? Mais je ne sais même pas écrire avec !
Remus sourit, narquois. En effet, Sirius était droitier dans tout ce qu'il entreprenait.
- C'est qui, qui a eu l'idée de ce jeu stupide ?
Il visa aussitôt le bocal de Sirius, tira, mais la pièce tomba sur le jeune homme. Le brun sourit, narquois.
- Bon je crois que le handicap n'est pas de trop.
Dans les hauteurs du château...
Le regard de James se posa sur les escaliers qui semblaient ne plus vouloir bouger. Aucun bruit ne se faisait entendre. Les élèves devaient déjà être tous dans la grande salle, pour le repas. Il commençait aussi à avoir faim. Il posa les yeux sur la jeune femme, à côté de lui. Il n'aurait pas pu rêver mieux comme compagnie dans un moment pareil. C'était une excellente occasion pour apprendre à la connaitre.
Il lui sourit.
- Ça te dit un petit jeu pour patienter ?
Elle leva un regard vers lui, méfiante. S'il lui proposait un strip-poker, ou un autre jeu qui nécessitait le moindre rapprochement, ou le fait d'enlever un seul vêtement, la baffe partirait toute seule !
Cette méfiance, dans les yeux de sa belle, James ne se l'expliqua pas vraiment. Elle craignait quoi au juste ? Qu'il se jette sur elle ? Non mais ! Il n'était pas un pervers non plus !
- Ça dépend ... quel genre de petits jeux ?
Autant de méfiance dans sa voix, que dans le regard, le capitaineen était presque vexé.
- Hum ... un action ou vérité ?
Lily fronça des sourcils. Action ? C'était vaste ça... Il pourrait lui demander beaucoup et surtout n'importe quoi. James sembla percer le fil de ses pensées, de plus en plus indigné.
- Eh ! je ne te demanderai jamais rien de compromettant, ou d'outrageant. Foi de Gryffondor ! Tu deviens vexante avec ta méfiance.
La jeune femme l'observa quelques secondes, avant de se radoucir.
- OK, OK... très bien alors. Va pour un action ou vérité. Mais tu commences.
La rouquine souffla, portant ses mains à ses lèvres soufflant dessus pour les réchauffer. Le gryffondor la regarda, étonné, ne remarquant que maintenant qu'elle était fraichement vêtue.
- Tu n'as de pas cape ?
Un non de la tête de la part de la rousse fit danser ses longs cheveux roux dans son dos.
- Je pensais n'en avoir que pour deux minutes. J'ai confié mes affaires à Mary pour m'alléger, à cause des livres.
James se releva, ôtant tout simplement sa cape et la posant sur les épaules de la jeune fille. Elle releva un regard étonné sur lui.
- Mais tu n'es pas obligé. C'est toi qui vas avoir froid.
James lui sourit, rassurant.
- Oui, mais moi je ne fais pas trente kilos tout mouillé. Alors, tu t'enroules dedans, avant de tomber malade.
Il se rassit sur la pierre froide, sans rien dire. Lily l'observa, sans trop savoir si elle devait accepter ou refuser. Une partie d'elle n'avait nullement envie d'être redevable envers son camarade de classe, mais une autre commençait réellement à avoir froid. Et la cape du jeune homme était chaude à souhait, un peu grande pour elle, son ami la dépassant d'une tête, mais de ce fait, elle était encore plus au chaud.
Elle se releva, glissa les pans de la cape sous ses jambes, un doux sourire aux lèvres.
- Merci. Alors, action ou vérité ?
James ne réfléchit pas très longtemps. Il avait très envie de connaître la jeune fille, mais aussi qu'elle apprenne à le connaître. Et il se demandait quel genre de questions pourraient poser sa belle.
- Vérité !
Elle sourit, partant dans ses pensées. Est-ce qu'elle avait une question spéciale à poser au jeune homme ? Un truc particulier qu'elle aurait aimé savoir ? Une lumière s'alluma alors dans ses yeux, d'une intensité rare. Oui !
Elle tourna la tête vers lui et sourit, mesquine.
- Que signifient exactement vos surnoms ?
James cilla, sans comprendre.
- Quels surnoms ?
Il avait peur d'avoir compris. Une peur fortement justifiée, car ils n'avaient pas mille surnoms. Il pria pour que ce soit la signification du mot maraudeur qu'elle demandait.
- Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue. Vous avez d'autres surnoms ?
Une question prononcée avec beaucoup de malice enfantine.
James blêmit un peu plus. C'était la seule question, à laquelle il ne pouvait pas répondre. Mais vraiment la seule. Sur tous les mystères qui les entouraient, il fallait que dès le départ, elle lance le souaffle et vise en plein dans le cercle, marquant dix point. Il pouvait même dire qu'elle avait carrément attraper le vif d'or sur ce coup ! 150point pour la jolie rousse. Il en admira son intelligence. Elle était vraiment douée, même dans un simple jeu d'action ou vérité
- Double gage. Je ne répondrais pas à cette question.
Le regard de Lily se décomposa, déçue.
- Tu n'as pas le droit ! s'insurgea-t-elle.
Elle voulait savoir. Elle avait déjà posé la question à Remus, mais il lui avait répondu que pour le savoir, il fallait être un maraudeur. Et que les maraudeurs étaient composés de quatre personnes, pas une de plus. Alors, elle avait espéré que ce jeu lui donne la clef du mystère.
- Bien sûr que si. Je n'y répondrais pas et j'ai un double gage. C'est tout. Toi aussi, tu frappes en plein cœur des secrets des maraudeurs. On ne les délivre à personne et tu ne fais pas exception à la règle.
Lily se renfrogna, vraiment déçue. James n'était qu'un petit joueur. Elle tourna la tête à l'opposé, marquant sa désapprobation.
- Monsieur veut jouer, mais au final, monsieur n'en fait rien.
James sourit, sans entrer dans son jeu.
- Vois les choses comme tu veux, mais ce secret lie quatre personnes, pas une de plus. Et je ne le révèlerais qu'avec l'accord des trois autres. Et je connais déjà la réponse de Patmol. - Il sourit un peu plus, elle était magnifique quand elle était fâchée - Alors, ce double gage ?
Lily inspira, sans se retourner vers lui, réfléchissant. Bon, elle avait eu peu d'espoir qu'il lui dise tout, comme ça, mais elle ne risquait rien en demandant. Elle plongea son regard dans le vide, réfléchissant. Un double gage ? Qu'est-ce qu'elle pourrait demander ... Elle n'en avait aucune idée. Elle n'était pas très douée dans ce genre de jeu qui laissait une petite place à l'imagination. Avec les filles, c'était plus facile, elles les connaissaient mieux, elles avaient des sujets de conversation en commun.
- Je ne sais pas trop ...
- Bon bah... on se note double gage contre moi et tu réfléchiras plus tard. Je voudrais finir le jeu avant qu'on ne se transforme des statues de glace.
Elle sourit, malicieuse, acquiesçant de la tête.
- Il aurait été plus simple de répondre à ma question.
- Il aurait plus simple de poser une autre question. Action ou vérité ?
- Vérité !
Elle n'avait pas particulièrement envie de se retrouver à faire elle ne savait quoi, sous le bon vouloir de Potter. Le jeune homme plongea dans les prunelles émeraude de la jeune femme.
- Très bien. Est-ce que Servil... Rogue te manque ?
Il s'était repris à temps sur le surnom qu'il donnait d'habitude à son pire ennemi. Mais devant sa future épouse, il se devait de faire des efforts et ça commençait par changer de comportement avec l'idiot du village. Un léger pli apparut entre les sourcils, si parfait selon James, de la jeune femme. La question l'étonna un peu. Elle n'aurait pas cru que ça faisait partie de des préoccupations du jeune homme. Et elle-même, elle n'en savait trop rien. Elle ne s'était pas encore posé la question. Mais la réponse semblait malgré tout évidente.
- Non !
Non, son ancien meilleur-ami ne lui manquait pas. En fait, elle l'avait perdu bien avant l'incident des B.U.S.E.S. Elle fit lentement non de la tête, appuyant ses propos. James l'observa, sans intervenir.
- Je crois qu'on n'était déjà plus amis depuis quelque temps. Les dernières semaines, j'ai passé mon temps à le défendre contre tous. Pas seulement vous, mais aussi contre mes amies. Sarah ne comprenait pas comment je pouvais rester avec lui. Elle me disait qu'il l'insultait dès que j'avais le dos tourné. Qu'il la traitait de sang-de … - Elle ne prononça pas le dernier mot. - Et Mary... Après ce que Mulciber lui a fait... Et Severus a qualifié ça de blague... J'ai essayé de le défendre, de dire qu'il était embrigadé là-dedans, mais qu'il ne pensait rien de leurs idéaux. Ça n'a rien changé. Pour elles, il était un serpentard, un vrai. Il partageait leurs idéaux et il deviendrait un mangemort. - Elle soupira, les yeux rivés sur ses chaussures. - Il ne s'en cache même pas... J'en ai eu assez de me battre contre des moulins à vent. J'avais l'impression d'être Don Quichotte. Et ça m'épuisait. L'épisode des B.U.S.E.S n'a été qu'un point de non-retour.
James fronça les sourcils.
- Qui ça ? - Elle releva les yeux sur lui, sans comprendre le sens de sa question - Don qui-choit ?
Elle sourit, amusée.
- Don Quichotte de la Manche et son fidèle Sancho Panza, les picaresques héros inventés par Cervantès. Tu ne connais pas ? Il prenait les moulins à vent pour des ennemis et il les combattait. Aujourd'hui se battre contre des moulins à vent signifie se battre contre un ennemi qui n'existe pas ou pour des causes sans intérêt voir, comme c'était mon cas, pour des causes perdues d'avance. Tu vois le genre ?
James acquiesça de la tête. Voilà un livre qu'il aimerait bien se procurer.
- Non, je ne connais pas, mais je vais me renseigner. Les moldus ont parfois des expressions vraiment bizarres. Passionnantes, mais bizarres.
La rousse haussa un sourcil.
- C'est l'hôpital qui se moque de la charité. Ce sont les vôtres qui sont vraiment déroutantes. Enfin... Satisfait de ma réponse ?
James acquiesça de la tête. Plus que ravi. Il ne s'était pas attendu à une telle parenthèse de sincérité venant de la jeune fille. Elle poursuivit.
- Action ou vérité ?
- Vérité !
Il retentait, en espérant qu'elle n'avait pas d'autres questions aussi perfides que la précédente.
Lily réfléchit quelques minutes. Une question lui vint alors à l'esprit. Un fait qui la tracassait depuis bien longtemps, même si elle n'y apportait aucune importance, au vu du peu de sentiments qu'elle éprouvait envers James. Elle allait la poser de façon générale.
- Tu prônes l'égalité des sangs pour le port de la baguette. Tu ne fais aucune différence entre les sang purs, les nés-moldus et les sangs mêlés.
- C'est ça ta question ? James fronça les sourcils.
- Attends, j'y viens- La gryffondor fit non de la tête. - Imagine que tu tombes amoureux d'une sang mélée ou d’une née-moldue.
Le sourire de James s'agrandit, illuminant son regard. Un regard intense qu'il plongea droit dans les iris émeraude de la jeune fille.
- J'imagine très bien. Mais alors, bien plus que tu ne le crois.
Lily rougit légèrement face à ce regard, se sentant visée en plein cœur. Elle toussa légèrement, se libérant d'un chat dans la gorge, pour se redonner contenance.
- Ça ne te ferait rien d'être celui par qui le sang des Potter serait souillé ?
Cette fois, James fut complètement déconcerté par la question de sa camarade de classe. Le sang des Potter ? Souillé ?
- Tu es bien sang pur. Mais dans la mesure où tu épouses une sang-mêlée ou une née-moldu, tes enfants seront sang-mêlé.
Pourquoi se justifiait-elle ? Elle ne savait pas trop. Mais elle avait l'impression d'avoir fauté avec sa question. C'était une réalité. Si jamais il épousait une née-moldue, ou une sang-mélée, il serait le dernier sang pur de sa famille.
James partit alors dans ses pensées, cherchant une réponse convenable.
- En fait, on ne voit pas les choses comme ça.
Lily releva les yeux sur lui, se pelotonnant un peu plus dans la cape du gryffondor.
- Non ! Pour nous, si les Potter sont, à l'heure actuelle, une famille de sang-pur, ce n'est qu'une coïncidence. Au fil des générations, chacun de mes ancêtres a trouvé l'amour dans les yeux d'une personne de sang pur. Mais ça s'arrête là. Ils n'ont pas côtoyé toute leur vie que des sang-purs, comme le font les familles Black ou Lestrange. Ils ne se sont pas enfermé dans le monde des sangs purs. Du moins, je parle, là, pour mes parents et mes grands-parents. Non. C'est juste qu'ils sont tombés amoureux de personnes de sang pur. Rien de plus. Autrement, ma famille serait de sang-mêlé depuis bien longtemps.
Il sourit, alors, rivant son regard dans celui de sa belle.
- Mes parents aimeraient que je tombe amoureux d'une sorcière. De ça, ils ne s'en cachent pas. Ils aimeraient que leurs petits-enfants vivent dans le monde de la Magie. J'hériterais du cottage de ma famille à mon mariage. Et mon village est semi-magique. Les familles de sorciers vivent parmi des Moldus tolérants, mais ils sont souvent soumis à des sortilèges de confusion. Alors, je crois qu'ils veulent surtout que ma future femme n'ait pas peur de la magie. Mais peu importe son sang, qu'elle soit sang-pur, née-moldue, ou cracmol. ça n'a aucune importance, tant que je suis heureux. Et puis...
Il sourit un peu plus, son regard se faisant bien plus tendre.
- Lily, tu es née-moldue. Mais dans cette école, il n'y a aucun sorcier ou aucune sorcière, tout sang confondu, qui ne t'arrive à la cheville. Même moi, même Sirius... On ne te défierait jamais en duel singulier. Pas parce que tu es une fille, mais parce que tu es redoutable avec une baguette à la main. Tu n'as sincèrement aucun complexe à avoir par rapport à ton sang. Et tu es bien la seule raison qui aurait pu empêcher Rogue de s'aveugler de ces imbécillités sur la nature du sang, peu importe sa maison. Tu es la preuve vivante que leur discours n'est qu'un ramassis de foutaises.
La jolie rousse sourit, rougit, flattée par les propos du jeune homme. Elle n'avait aucun complexe... Ou peut-être que si. Elle n'avait pas réussi à sauver Severus. Ça l'avait beaucoup fait douter d'elle. Mais il n'y avait pas de raison. James marquait un grand point.
- Très bien. Alors, je choisis Action.
Le regard de James brilla d'envie, ce qui lui fit peur sur le moment.
- Très bien. J'aimerais que tu viennes te balader avec moi. Juste une balade, à deux, sur mon balai.
Ça faisait longtemps qu'il en rêvait. En fait, depuis qu'il avait vu Sirius et Remus partir dans les airs, quelques jours plus tôt.
La jeune fille cilla, étonnée. Une balade dans les airs ? Sur le balai de James ?
- D'accord.
Le regard du jeune homme pétilla un peu plus. S'il y avait bien un domaine dans lequel il était imbattable, c'était dans les airs. La préfète, elle, était peu rassurée. Elle n'aimait pas voler. C’était le domaine dans lequel elle était la moins douée. En première année, le cours de vol était celui où elle avait eu le plus de mal. Pas de baguette, pas de mot… juste du talent. Et souvent, le balai qu’elle utilisait ne l’aidait pas. Elle ne possédait pas de balai propre car c’était un achat inutile pour ses parents. Du coup, elle ne pratiquait plus le vol depuis sa seconde année.
Mais là, elle serait juste passagère. Et puis ce n'était qu'une balade.
- Alors, action ou vérité ?
- Action.
Pour changer un peu. Et il se demandait ce que pourrait lui demander la jeune femme. Celle-ci ne sembla pas très satisfaite. Elle n'était pas douée pour ça, elle lui avait pourtant bien dit... Elle sourit alors, se mordant la lèvre, presque taquine. Elle avait aussi envie de jouer et de tester les limites de son ami, dans une moindre mesure.
- Ok, alors au prochain match de Quidditch, je veux que tu laisses Black sur le banc.
James cilla incrédule, entendant presque son cœur se briser d'un coup.
- Quoi ?
Lily leva le menton, fière de son idée.
- Tu as des poursuiveurs remplaçant en cas de blessé non ?
James déglutit, acquiesça gravement de la tête.
- Eh bien voilà, tu remplaces Black, il ne doit pas jouer.
Mais... c'était perfide ! Méchant ! cruel même ! Pour lui ! pour Sirius ! Pour l'équipe entière ! leur maison... pour la coupe des maisons ! Pour tout !!!
- Tu sais que si je fais ça, on va perdre la coupe de Quidditch.
- Je suis sûr que le remplaçant fera bien son travail. Il faut bien qu'il joue, les poursuiveurs ne bougent jamais chez les Gryffondors.
- Ne tournent jamais... précisa-t-il, peu ravi. Une équipe ne bouge pas ses joueurs, elle les faits tourner.
- Oui si tu veux ! Fais-les tourner alors.
Et elle sourit, très amusée par la mine déconfite du capitaine, avant de partir dans un léger éclat de rire, sous le regard soudain charmé de James. Elle posa alors délicatement sa main sur son avant-bras, toujours ce sourire plein de malice enfantine aux lèvres.
- Je plaisante, rassure-toi. Tu verrais ta tête !
Mais non, James ne voyait pas sa tête, il entendait juste son rire et il voyait juste la douce main de Lily sur son avant-bras. Elle avait été tactile avec lui, son langage naturel, comme elle l'était avec Remus. Il souffla, soulagé.
- Ouf ! Tu m'as fait peur ! Je nous voyais déjà perdre la coupe de Quidditch et mon amitié avec Sirius. Il aurait surement cafté à ma mère et j'aurais été puni.
Lily fait une petite moue tristounette.
- Oh ! Le grand Potter a peur de sa maman ! railla-t-elle gentiment.
- Oh oui, elle est redoutable la maman Potter. Bon, plus sérieusement ?
Lily reprit sa réflexion. Un gage... un vrai cette fois... Tiens en parlant de maman...
- Je veux que tu me prépares des brownies, fait maison bien sûr.
Les sourcils de James se froncèrent. Fait maison mais ...
- Tu sais que les elfes de maison sont très doués pour faire la cuisine.
La gryffondor secoua ses longs cheveux, dans un signe de négation.
- Fait par tes petites mains ! Un point c'est tout !
- Bon ok ...
- Vérité !enchaîna Lily, en commençant à se prendre au jeu.
James réfléchit. Une question qu'il s'était toujours posé ... Voyons... Un éclair passa dans ses yeux.
- Décrit-moi le dortoir des filles.
Lily posa sur lui un regard perplexe.
- Quoi ? Tu plaisantes ?
- Non ! On n'a jamais pu y mettre les pieds et je veux savoir comme c'est. Vous pouvez venir quand vous voulez chez nous. Je trouve injuste que la réciprocité ne soit pas vraie. Comme si on pouvait vous faire plus confiance qu'à nous.
Il souffla de rage face à cette injustice.
- Double gage ! - Face au regard mécontent de James, elle ajouta : Je ne dévoilerai jamais le secret notre antre. Jamais, moi vivante, je ne parlerais. Les filles prêtent un serment pour ne rien divulguer sur nos dortoirs. Alors, double gage.
James souffla, frustré. Il avait espéré pouvoir savoir... Bah tant pis.
- Bon, on dispose chacun d'un double gage. Ils s'annulent.
- Ça me va très bien.
Pendant ce temps dans les cachots....
- Tu n'es pas très doué, on te l'a déjà dit ?
Remus sourit amusé.
Sirius souffla de rage, essayant de mettre la petite pièce dans le bocal en face de lui.
- Forcément, vu que je joue avec ma mauvaise main. Tu as été un très mauvais joueur sur ce coup-là, Remus John Lupin. Tu le sais !
Remus haussa les épaules, pas du tout d'accord.
- C'est le jeu. Tu as lancé un défi, tu as raté, tu assumes.
Depuis dix minutes qu'ils jouaient, et Sirius n'avait rien mis, Remus avait un tir réussi à son actif. Le brun avait dû boire cuit sec un petit verre de vin rouge. Ce n'était pas très bien passé, car c'était un alcool fort pour lui. Une chance qu'il ne remplissait que le fond du bocal. Il lança la pièce, qui vint atterrir sur son ami. Il grogna, féroce. Une manie qui rappelait fortement son animagus, Padfoot. Ça faisait longtemps que Remus n'avait pas croisé le chien noir aux yeux gris.
Remus prit la pièce, la lança et celle-ci vint atterrir dans le bocal dans un léger tintement. Sirius bouda.
- Pffff...
Remus attrapa la bouteille, versant un fond de liquide rouge vif dans le verre de fortune. Sirius inspira, prenant le bocal, le portant à ses lèvres et buvant d'un coup, sans se poser de questions.
Les questions amenaient le doute ; le doute entraînait l'hésitation et l'hésitation favorisait la peur.
Et il n'avait peur de rien ! Absolument de rien. Sauf peut-être de certaines vérités. Il grimaça. Le goût était vraiment bizarre. Remus rigola légèrement.
- Dire qu'à la base, c'est un alcool qui se déguste lentement, tout au long du repas.
Sirius passa le dos de sa main sur ses lèvres, essuyant les gouttes de vin rouge.
- Si tu le dis. À moi.
Il prit la pièce, posant son regard sur le bocal, essayant de bien se concentrer. Il n'aimait pas utiliser cette main, mais alors pas du tout. Il n'était pas à l'aise, il avait des mouvements gauches, indécis, imprécis. Ce qui allait parfaitement à Remus, qui n'avait pas particulièrement envie de finir bourré. Sirius visa du mieux qu'il put et cette fois, par un heureux hasard, ça fit mouche.
- Enfin !
Remus grimaça, avant d'enlever la pièce du bocal.
- Eh bien... Bravo.
Sirius attrapa la bouteille, un sourire narquois aux lèvres et remplit le fond.
- À vous, monsieur Lupin !
C'était là que les choses se corsaient pour le préfet. Il n'aimait pas l'alcool. Il le supportait mal, du fait de son état de fatigue. Mais il était beau joueur. Il porta le verre à ses lèvres, sentant le parfum corsé du raisin. Breuk ! Une odeur trop forte pour lui. Il but alors la liqueur d'une traite, avalant, sans respirer. Mais trop tard. Le goût était en lui, dans ses papilles, ses narines. Une forte d'odeur alcoolisée, très ragoûtante.
- Breeuk, ce n'est vraiment pas top.
Il prit la pièce, la lança et visa sans parvenir au but.
La petite scène se reproduisit durant quelques lancés avant que Sirius ne fasse mouche.
- Alors... Sirius sourit, sans prendre la bouteille. - Tu sais qu'on peut corser le jeu et donner des gages.
Remus haussa un sourcil, se demandant ce que son ami avait derrière la tête.
- Tu penses à quoi ?
L'animagus réfléchi alors. Il risquait de ne pas marquer souvent avec sa main gauche. Donc, il devait se la jouer fine. Et il avait envie d'interroger son ami sur un sujet bien précis. Un sujet qu'ils n'avaient jamais abordé tous les deux. Ce serait peut-être un moyen de tâter le terrain.
- Je vais te poser une question. Et tu réponds sincèrement. - Remus acquiesça de la tête. Si ce n'était que ça... - Est-ce quelqu'un qui te plaît à Poudlard ?
Le lycanthrope cilla, interdit, les battements de son cœur raisonnant affreusement dans sa poitrine. Il s'était imaginé une multitude de questions, mais pas celle-là.
- Bien sûr que non !
Sirius fronça les sourcils.
- Pourquoi bien sûr que non ? Ce n'est pas si évident...
- Sirius, tu m'as bien regardé ?
- Bah oui...
Le brun ne lâcha pas le regard de son ami, sans comprendre. Il voulait dire quoi le Remus par-là ?
- À priori non. Tu sais quelle est la probabilité que je plaise un jour à quelqu'un ? Néant.
- Pourquoi tu dis ça ?
Sur ce coup, il ne comprenait pas le délire du lycan. Où était le rapport ?
- Sirius, je suis loin d'avoir seulement la base d'un type potable pour une fille. Quand elle pose les yeux sur moi, ce n'est pas des regards pleins d'amour qu'elle me jette. Plutôt des regards d'horreur.
Le regard de Sirius s'emplit de rage.
- C'est juste qu'elles sont de parfaites idiotes. Mais ne dit pas que tu es laid. Ça, c'est faux Rem', et tu le sais. Je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas plaire à quelqu'un. Au contraire...
Remus secoua la tête et remplit le fond de son verre.
- Si c'est pour répondre à des questions aussi stupides, je préfère boire.
Sirius tiqua, piqué au vif, profondément vexé. Des questions aussi stupides ? Sérieusement ? Il était stupide avec ses questions ? Dire que ce n'était qu'une question anodine pour commencer, afin d'en poser des plus personnelles. Et le jeune homme vida son verre, comme un grand garçon. Sirius ne le regarda même pas faire, les yeux rivés dans le néant.
Remus bouillait de l'intérieur. Pourquoi lui avait-il posé la seule question à laquelle il ne pouvait que mentir. Et mentir en regardant droit dans les yeux, c'était hors de question. C'était bien plus simple de s'énerver et de se vexer. Mais c'était la seule question où la réponse était
« oui... toi ! »Et cette réponse, il ne pouvait pas la formuler tout haut. Il perdrait son ami, il perdrait la personne qui compte le plus pour lui.
Remus prit la pièce et la lança. Celle-ci alla atterrir derrière Sirius, qui la reprit en main, la lança et visa exprès à côté, sans aucun regard pour son ami.
- Finalement, c'est ce jeu qui est stupide.
Il se leva, froid et prit la bouteille dans ses mains. Il la reboucha, la remettant en place, faisant de même avec les bocaux, après un petit coup de nettoyage grâce à sa baguette. Remus avait bien vu le changement d'humeur chez le jeune homme et il s'en voulait déjà. Il l'avait vexé, en s'énervant de la sorte. Mais c'était soit ça, soit le perdre.
Et des deux maux, le moindre n'était-il pas le meilleur ? Ou du moins, le moins pire ?
Sirius se rassit sur le sol, les yeux rivés dans le vide. Au fond, c'est vrai qu'il était stupide... Comment avait-il pu croire qu'il pourrait pu se confier à Remus sur ce côté-là de sa vie ? Le jeune homme ne voulait pas parler d'amour et de sentiments, il ferait pareil ! Il ferma définitivement cet accès sur sa vie privée au lycanthrope. Il ne poserait plus jamais de question et n'y répondrait jamais non plus.
Remus voulut parler, s'excuser, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Ils restèrent assis dans le cachot, encore deux longues heures, en silence, jusqu'à ce que leur professeur revienne mettre la bouteille qu'il avait emportée dans son bureau en place. Aucun des deux ne franchit le pas pour briser ce mur entre eux, et Remus savait très bien que cela pouvait durer plusieurs jours. Mais il n'avait pas eu le choix. Bien à l'abri sous la cape, ils se faufilèrent hors de la réserve, enfin libre ! Une fois hors de vision du professeur, Sirius quitta la protection de la cape, s'éloignant du lycanthrope, sans un mot, prenant une autre direction. Remus resta seul, fixant le couloir vide. Pourquoi avait-il fallu qu'il lui pose cette question-là ?
Dans les hauteurs du château
- Ma famille est assez particulière. Quand tu es moldu et que tu découvres, du jour au lendemain, que ta fille est une sorcière, ça fait un sacré choc.
Lily avait opté pour une vérité et James lui avait demandé de parler de sa famille. Elle avait commencé quand ils entendirent un bruit bien distinct. Les escaliers se réveillaient. Ils se levèrent dans un même mouvement, l'un d'entre eux se dirigeait vers eux.
- Vite !
James prit son sac sur l'épaule, et une grande partie des livres de la jeune fille. Lily attrapa le reste. L'escalier arrivait juste au niveau de leurs pieds et un pas plus tard, ils furent libérés. Cette fois, ils atterrirent sur la passerelle du sixième étage, la vraie. Celle qui donnait accès au septième.
- Enfin ! Allez ! Vite au chaud.
Ils entendirent un flot de paroles arriver vers eux. Les élèves qui venaient de manger et regagner leur salle commune.
- On a manqué le repas...
James s'en désolait. Il avait réellement faim. Une fois qu'il serait réchauffé, il irait faire un tour dans les cuisines. Les deux gryffondors se hâtèrent dans les couloirs, regagnant la chaleur de leur salle commune. James frissonna en y entrant. Il était gelé.
Il se dirigea vers une table, faisait mine de rien et déposant les livres dessus.
- Et voilà, je ne peux pas aller plus loin.
Lily lui sourit, étrangement ravie de ce petit moment en tête-à-tête, qu'ils avaient partagé. Elle enleva la cape qu'elle portait toujours sur les épaules et qui lui avait tenu bien chaud, la rendant à son propriétaire.
- Merci pour tout James. Et on se revoit pour les brownies et la balade en balai.
James acquiesça, sans doute plus ravi que la jeune femme. Ils avaient vécu un moment magiques à deux. Un vrai bout de paradis, malgré le froid qui lui avait cisaillé la peau.
- Je ne l'oublierai pas.
Lily prit les livres et regagna son dortoir. James se jeta à côté du feu, s'asseyant à même le sol et se réchauffant les doigts de pieds et les mains. Il était frigorifié !!!!
End Notes:
Et voila deux petits têtes a têtes.
Un rapprochement du coté de James et Lily et un éloignement du coté du Sirius et Remus.
Une Lily perfide, presque machiavélique avec ses questions et ses gages. Les secrets des Maraudeurs commencent àla travailler. Mais n'est pas dans la confidence qui veut. Un jour peut être ^^
Un Sirius qui essai de se confier mais Remus n'est pas du tout réceptif (lui aussi est perfide avec son handicap). Allez, ils ne se disputent jamais bien longtemps.
Et James ? il a le sens du sacrifice et il a froid.
Le Calme Après la Tempête by Crepuscule64
Author's Notes:
Depuis deux jours, Remus et Sirius ne se parlent plus, suite à l'épisode de la réserve de potion. James décide de mener son enquête et Sirius se confie. Le capitaine trouvera-t-il les mots pour apaiser la situation ?
Deux élèves se baladaient dans le parc du château, bien à l'abri dans leur cape d'hiver. James jeta un coup d’œil vers Sirius. Ce dernier ne semblait pas aller très bien. Une certaine tension s'était installée entre Remus et lui. Depuis deux jours, un mur invisible semblait séparer les deux gryffondors.
James voulait percer ce mystère et il savait qu'il ne servait à rien d'aller parler au lycanthrope.
Du coup, il avait improvisé une balade dans le froid, loin des autres élèves. Et il connaissait assez bien son frère pour savoir que même par temps de pluie, le jeune homme ne refuserait jamais d'aller prendre l'air. Une conséquence néfaste des deux mois d'été qu'il passait enfermé dans la noble et très ancienne maison des Black.
- Ça va ?
Sirius grogna légèrement, ce qui montrait que non, ça n'allait pas.
- Qu'est-ce qui vous arrive ?
Son ami lui jeta un regard, faisant mine de ne pas comprendre.
- Remus et toi. Vous vous faites la gueule ?
Sirius reposa les yeux sur le lac, sans répondre. Il n'avait pas envie d'en parler. Mais si James lançait le sujet, il savait qu'il finirait par se confier. C'était toujours comme ça, entre eux. Aucun secret ! Rien à cacher, car on acceptait ses frères comme ils étaient, sans préjugé, sans contrepartie. Un réel lien fraternel s'était créé entre les deux amis, de même âge et de même caractère. Ils s'étaient bien trouvés, dès le premier jour, dans le wagon du Poudlard Express.
- Raconte ! Il se passe quoi ?
Les deux amis s'approchaient de la forêt interdite, longeant le lac noir.
- Rien, je te dis. On s'est juste un peu embrouillé.
James fronça des sourcils. Un peu embrouillé ? Pour qu'il y ait de l'orage entre le chien et le loup de la bande, ça devait être bien plus qu'une simple embrouille.
- À propos de quoi ?
Sirius jeta un regard derrière lui. Le château s'éloignait de plus en plus et le silence devenait maître des lieux, juste brisé par le bruit du vent dans les arbres et sur l'eau du lac noir. Rares étaient les élèves qui s'aventuraient jusqu'ici. Voir aucun, à part les maraudeurs.
Sirius posa les yeux sur un arbre immense, dont les grosses racines ressortaient de la terre. Il s'y installa, posant les yeux sur le lac. James l'imita, attendant que son frère se décide enfin à parler. Et il savait très bien qu'il ne servait à rien de brusquer Sirius.
- L'autre jour, on s'est retrouvé enfermé dans la réserve de Potion, pendant environ deux heures. Alors, pour palier l'attente, je lui ai proposé de jouer à un jeu. Une bouteille de vin, deux bocaux vides, une pièce de monnaie. Tu vois le genre ?
James acquiesça de la tête, laissant son frère continuer.
- À un moment, je lui ai proposé de répondre à une question, plutôt que de boire. Une question des plus banales, elle n'avait rien de choquant. Mais il s'est énervé sans raison. Il s'est vexé. Je n'ai absolument rien compris. Mais alors rien du tout. Et pour finir, je suis qu'un imbécile avec des questions stupides.
Sirius soupira, essayant de revivre la scène, pour savoir ce qu'il avait pu dire. Ça faisait maintenant deux jours qu'il essayait de comprendre en vain. La réaction de Remus était totalement incompréhensible. Et ça commençait sérieusement à lui prendre la tête. Un nouveau soupire s'échappa de ses lèvres, une pointe d'amertume et de colère assombrissant son regard.
- On aurait dit que je l'avais insulté, ou frappé.
James détacha son regard du lac pour le poser sur son frère, sans comprendre non plus. Remus était plutôt lunatique, mais en période de pleine lune. Elle tombait le vingt. La précédente était tombée une semaine avant Halloween et tout s'était bien passé. Depuis qu'ils tenaient compagnie au loup, celui-ci ne se mutilait plus, épargnant l'humain. C'était surtout les longues balades en forêt qui calmait la fureur de l'animal.
Le capitaine fronça les sourcils, septique. Remus n'avait aucune raison de s'emballer comme ça... Mais alors aucune. Enfin, d'un autre côté, tout dépendait d'un point bien précis.
- Tu lui as posé quoi au juste comme question ?
Sirius haussa les épaules, ne s'en souvennt même pas. Pour lui, ce n'était qu'un détail.
- Le truc bateau, sur l'amour. S'il y croyait, ou un truc dans Le genre. Mais rien qui ne justifie qu'il s'énerve.
Sirius campait sur sa position. Il n'avait rien fait de mal. Mais sa réponse ne semblait pas satisfaire le fils Potter.
- Quoi?
- Tu lui as demandé quoi au juste ? Réfléchis ! Ça doit venir de ta question. Remus n'est pas lunatique - Sirius sourit, ironique, James levant les yeux au ciel – Oui, bon... Il ne l'est pas "encore". Ça ne tombe que le vingt, ce mois-ci. Alors, tu lui as demandé quoi ? Réfléchis ! Fait marcher tes neurones.
Car oui, Remus John Lupin était légèrement irritable la veille de la pleine lune. Comme si l'astre rond agissait sur lui. Rien n'était prouvé, aucune étude scientifique avait réellement mis en évidence l'influence de la lune sur le sorcier au-delà de la transformation, mais pourtant, dernièrement, Remus était réellement intolérant, irritable, agacé... bref lunatique, la veille de la pleine lune.
Sirius reposa les yeux sur le lac, pensif. Ça venait de sa question ? Sans doute. Mais il n'avait rien demandé de mal.
- Hum... S'il croyait en l'amour, ou s'il avait déjà été amoureux, ou... S'il avait des vues sur quelqu'un. Un truc du genre, pour lancer le sujet.
James cilla, posant son regard sur celui de Sirius. Le jeune homme semblait profondément déçu. L'animagus cerf entrouvrit les lèvres, comprenant pourquoi son ami était si vexé.
- Tu voulais... lui parler ?
Sirius fourra ses mains dans les poches de sa cape, d'un geste vraiment agacé.
- Tu ne m'y reprendras plus. Il peut rêver pour que je me confie à lui.
- Sirius, ne le prends pas comme ça. Je suis sûr que Remus ne voulait pas te vexer. Je doute qu'il se soit rendu compte de... euh... - Comment dire les choses ? Quels mots prononcer ? – De l'importance que cela avait pour toi.
Sirius haussa les épaules, le regard toujours rivé sur le lac. James ne le quitta pas des yeux, repensant aux questions que son ami pensait avoir posé. Là aussi, il comprenait un peu mieux. Surtout si Sirius avait posé la dernière, voir l'avant-dernière. Il était persuadé que le lycanthrope était amoureux du boudeur, à côté de lui. Alors, si cette question était totalement anodine pour Sirius, pour Remus, elle avait dû représenter la fin du monde. Car le lycanthrope ne savait pas mentir. C'était un fait qu'ils avaient vite appris. Ils savaient quand il mentait car il avait toujours les mêmes petites manies. Alors, le lycan avait dû préférer s'énerver plutôt que de mentir. C'était une technique comme une autre.
La position de James n'était pas si évidente. Il aurait été facile, pour lui, de tout dire à Sirius. De lui parler de ces doutes sur Remus. Mais il aurait l'impression de poignarder leur ami dans le dos. Il aurait pu tout dire et faciliter la situation entre les deux jeunes gens. Mais ce n'était pas son rôle. Remus ne voulait sans doute pas que Sirius l'apprenne, et surtout pas comme ça. Il était partagé. Mais en amour, il avait appris, de part son expérience, que la solution de facilité était loin d'être la meilleure.
- Patmol, écoute, Remus n'a pas voulu te vexer. Mais tes questions... Tu le connais. Tu sais bien comment il est. Tu peux comprendre.
Sirius tourna la tête vers son frère.
- Bah non ! Justement. Je ne comprends pas. Tu te rends compte... Il se croit laid.
James cilla, face aux paroles de son frère. Remus se croyait laid ? Mais pourquoi ?
- Il dit que l'amour n'est pas pour lui. Que jamais personne ne pourra voir en lui autre chose que ses cicatrices et son corps mutilé.
Le regard de James se posa sur la cape de Sirius, la voyant trembler. Son ami serrait les poings de rage.
- C'est n'importe quoi ! ajouta l'animagus chien.
James secoua la tête, avant de poser sa main sur l'épaule du jeune homme.
- Non... Pas tant que ça.
Sirius tourna la tête vers lui et il put lire une profonde indignation dans son regard gris argenté.
- Je sais, Sirius. Je ne cautionne pas, loin de là. Mais, mets-toi deux secondes à sa place. Depuis tout petit, les gens n'ont posé sur lui que des regards pleins d'horreur et de peur. Depuis tout petit, les gens l'ont détesté parce qu'ils ne comprenaient pas ce qu'il était, ce qui se passait et encore moins ses cicatrices. Les Lupins sont partis vivre en forêt. Imagine un peu !
Sirius baissa les yeux, écoutant sans l'interrompre, les mots de son ami.
- Obliger de s'exiler loin des humains pour protéger leur enfant. Je ne veux même pas imaginer ce que Remus a pu vivre pour qu'ils en arrivent à cette extrémité.
James soupira. Il ne voulait même pas penser à ça. Les êtres humains pouvaient être si cruels envers les plus faibles. Et un enfant de quatre ans, lycanthrope ! Rien ne devait faire plus peur.
- Rappelles-toi comme on a eu du mal à l’approcher en première année. Il nous parlait à peine, il n’était jamais dans le dortoir. Aujourd’hui, je peux le comparer à un animal sauvage. Il a été mordu à quatre ans, il n’a réellement aucun souvenir de sa vie d’avant. Il n’avait jamais eu d’amis. On sait aujourd’hui qu’il a fait un gros travail sur lui-même pour se lier d’amitié avec nous. Ça lui a pris du temps, il a mis du temps à nous faire confiance. Et en amour… Dans la mesure où il accepte un jour de s’ouvrir à ce sentiment, il va devoir faire bien plus. Patmol, quand Moony regarde son reflet dans le miroir, il ne voit que les regards que les gens lui renvoient depuis toujours. La terreur, la peur ! Il ne voit rien d'autre. Alors, ne t’étonnes pas, que quand on lui parle de tomber amoureux, il le prenne mal. Même s'il l'était, même s'il avait quelqu'un en vue, pour lui, ça ne resterait que lettre morte. Ne lui en veut pas.
Sirius acquiesça lentement de la tête. Il devait reconnaître que son frère avait raison. Même si lui, il n'était pas du tout d'accord ! Remus n'était pas laid ! Bien au contraire. Mais si c'était comme ça que le jeune homme se voyait, alors il pouvait comprendre.
- Tu as sans doute raison. Sûrement même.
- Laisse-lui une chance de connaître cette partie de ta vie.
L'animagus chien inspira, décidant d'arrêter de bouder. Il sourit.
- Tu es devenu bien sage toi, en ce qui concerne l'amour.
James lui adressa un grand sourire.
- J'avoue. Mais là, on parle d'amitié, pas d'amour. Aller ! Viens, on rentre.
Ils regagnèrent le château.
***
Dans une des tours du château, au niveau du sixième étage, un feu brûlait dans l'âtre de la cheminée. Trois personnes occupaient le dortoir.
James et Sirius étaient lancés dans une partie de bataille explosive, sous le regard admiratif de Peter. James gagnait ! Ce qui agaçait un peu Sirius. Mais ce qui agaçait surtout le brun aux yeux gris, c'était Peter et ses exclamations de joie au moindre coup gagné par son adversaire. Comme si son ami était attrapeur dans leur équipe et qu'il saisissait le vif d'or à chaque fois.
- Et gagné !
- Bravo ! Peter applaudit, un regard empli de fierté, posé sur son ami.
- Ça va Quedver, il n'est pas devenu ministre de la magie.
James envoya un petit clin d’œil vers son frère, qui se leva, agacé, mauvais perdant.
- Je laisse ma place.
Peter avait cessé d'applaudir à la remarque de Sirius. Il n'aimait pas ces remarques. Il savait que Sirius lui reprochait de trop se comporter comme une groupie envers James. Mais le capitaine de Quidditch était l'élève le plus doué de l'école, non ? Il méritait tous les égards, tous les regards.
- Une partie, Pet' ?
L'animagus rat s'empressa d'accepter. Sa vie à Poudlard, il ne se l'aurait jamais imaginée ainsi. Déjà, être à Gryffondor. Lui, que toute sa famille et tous ses proches prédestinaient à devenir Poufsouffle, non ! Il était à Gryffondor.
Il avait aussi un peu supplié le choixpeau, mais pas pour ne pas finir dans la maison des noirs et jaunes, qu'il trouvait la moins cool des quatre, non. Il avait supplié le choixpeau pour ne pas finir à Serpentard. La maison des verts et argents, des mages noirs, des futurs mangemorts ! Cela n'avait rien de cool, c'était même effrayant, terrifiant.
Et lui, à onze ans déjà, il voulait juste être cool ! Et aujourd'hui, il faisait partie du groupe le plus populaire de l'école. Il avait une quasi-petite amie... poufsouffle... mais si jolie qu'il lui pardonnait ce tout petit défaut. Et Julia était quand même assez populaire dans son genre. Et, cerise sur le gâteau, il était un animagus non-déclaré. Bon, son animagus n'était pas des plus spectaculaires, un petit rat... c'était loin d'être cool... Mais il était le seul à pouvoir se faufiler sous le Saule Cogneur pour l'endormir et laisser passer les deux autres et ça, c'était cool !
Donc, aujourd'hui, Peter Pettigrow avait atteint son but : être cool et populaire. Alors, peut-être qu'il agissait un peu trop comme une groupie de James. Mais il jugeait que c'était de son devoir, pour remercier le destin qui lui avait offert des années d'études aussi magnifiques.
- On en est où dans les comptes ? demanda alors le petit rat.
Sirius posa les yeux sur eux.
- Pettigrow 49 - Poudlard 0
- Bien, Pettigrow 50 dans quelques minutes.
Car oui, il était imbattable à ce jeu et les élèves de l'école, qui s’était donné le défi de le battre, n'y étaient pas encore parvenus.
Sirius se laissa tomber sur le lit de James, observant la carte et les deux petites étiquettes qui s'y déplaçaient. Ils prenaient leur temps aujourd'hui. Les petits pas de Lily Evans et Remus Lupin étaient maintenant au niveau de la tour d'astronomie et ils prenaient vraiment leur temps. Ils devaient discuter. Mais de quoi ?
Sirius se tourna vers ses deux amis, son regard se posant sur Peter qui gagnait déjà. Il observa la partie, attendant le retour du lycanthrope. Son regard se posa sur James, leur précédente conversation lui revenant en mémoire. Le jeune homme avait été de sages conseils. Mais ça, c'était depuis toujours.
Depuis six ans, le jeune homme était devenu plus qu'un ami pour lui, une âme sœur amicale, un vrai frère de cœur, son reflet dans le miroir. Et il lui avait encore prouvé l'été précédent, en l'acceptant dans sa famille, après sa fuite du Square Grimmaud.
L'été avait été magique, le meilleur de tous. Deux mois de vacances chez les Potter. Que demander de plus ? Les parents de James étaient des gens adorables. Dès son premier séjour chez eux, en troisième année, il s'était senti comme un dragon dans son nid. Il avait eu l'impression d'être un second fils dans cette maison. Le paradoxe était qu'il était plus âgé que James, d'un mois. Mais Fleamont et Euphemia Potter l'avaient accueilli comme leur enfant. Et c'était déjà beaucoup. La position de cadet lui suffisait amplement.
Pour les Potter, James était un miracle de la nature, un cadeau des dieux. Alors, le jeune homme avait été gâté. Surprotéger ? Non, pas vraiment, mais pourri et gâté, oui ! Il était l'opposé de Sirius sur ce point.
Chez les Black, l'ambiance était froide, les marques d'amour étaient plus rares que les têtes décapitées d'elfes de maison exposées dans l'entrée du Square Grimmaud. Alors, la rencontre avec madame Potter avait été un vrai choc culturel pour Sirius.
Les Potter étaient assez âgés. Ils avaient longtemps essayé d'avoir un enfant, en vain. Et il y a dix-sept ans, alors qu'ils avaient abandonné tout espoir, Euphemia était tombée enceinte. Leur miracle de la nature était né en très bonne santé et avait grandi heureux à Godric's Hollow, entouré de ses parents.
Sirius n'était pas un miracle de la nature pour sa famille. Il avait dû l’être les huit premières années de sa vie. Mais après… Il était devenu la pire erreur de celle-ci, remettant en cause les idéaux de ses parents, pensant par lui-même. Mais c'était sa fierté à lui, sa blessure où il puisait la force dont il avait besoin pour avancer. Il avait fait de ce défaut ce qui l'avait construit.
Ensuite, il avait passé le relais aux bons soins de Fleamont et Euphemia : des petits gâteaux, des sourires et des conseils, volant, sous nez de son frère, l’amour des parents Potter.
Pour James ? Il n'avait jamais ressenti une once de jalousie envers son meilleur ami. Au contraire ! Sirius était un pilier dans sa vie, la personne dont il cherchait l'admiration et le respect. Car son frère était sans doute le plus difficile à impressionner. Sirius était aussi son garde-fou, celui qui le faisait redescendre sur terre quand il exagérait. Et sans doute, la seule personne qu'il écoutait vraiment. Alors, quand il avait débarqué chez lui comme un second fils, James s'était empressé de lui faire une place dans ses armoires. Après tout, il avait toujours voulu avoir un frère et le choix de ses parents s'était porté sur la seule personne qu'il considérait déjà comme tel. Enfin comme...
Sirius était son frère. Il y avait eu très tôt une certaine séduction fraternelle entre eux, à savoir qui était le plus doué, le plus fort. Ils s’entraînaient mutuellement vers le haut, se poussant hors de leur capacité, repoussant la peur et les limites du tolérable. L'un sans l'autre, ils n'auraient jamais réussi à devenir des animagi.
Sirius reposa les yeux sur la carte. Les pas se dirigeaient maintenant vers la salle commune. Remus allait arriver. Il l'effaça, levant les yeux sur Peter.
- Encore gagné ! Pettigrow 50 !
James blêmit, mais capitula sans honte. Sirius se leva, tombant sur son lit, les yeux posés dans le vide. James lui avait demandé de se confier à Remus, de le laisser apprendre à connaître cette partie de sa vie. Mais ça le terrorisait réellement. Il redoutait le jugement du lycanthrope. Il redoutait le jugement des autres en fait, dans la généralité. Quoique les autres... Ils pouvaient dire ce qu'ils voulaient, ça lui était égal. Mais là, c'était Remus.
Si James savait, c'était parce que le jeune homme lui avait posé la question de but en blanc, comme ça. Limite sur le ton du : " tu peux me passer le beurre ?"
Il en avait été choqué. Comme si pour son frère, ce n'était qu'un détail parmi d'autres. Pourtant, c'était loin d'être un détail. Cet été avait été réellement magique. Il avait vécu bien plus en deux mois que tous les étés précédents. Il faut dire que les étés précédents, il ne vivait que de la terreur, de la haine et de la colère, enfermé dans sa chambre, ne réapparaissant que pour assister aux repas interminables, sans toucher à son assiette, n'ayant aucun appétit, aucune envie de vivre dans ce lieu. Ce n'était pas une grève de la faim, non, juste une envie de rien.
La porte du dortoir s'ouvrit et le regard de Sirius se posa sur le nouvel arrivant, un sourire aux lèvres. Le jeune homme avait l'air fatigué.
- Salut ! Ça s'est bien passé ?
Le préfet croisa le regard de son ami, étonné. Depuis deux jours, depuis l'épisode de la réserve de Potion, le jeune homme était fâché. Mais a priori ça lui était passé. C'était souvent comme ça, avec Sirius. Il boudait, puis une petite voix dans sa tête le raisonnait, Remus se doutant bien la petite voix était celle de James.
- Oui, comme d'habitude. Rien à signaler.
James se leva, s'approchant des deux garçons.
- Un coup d’œil sur la carte te l'aurait dit, sans que tu fasses toute cette marche.
Remus sourit, narquois, face à cet argument qui n'avait aucune raison d'être.
- Mais oui. Je me vois bien aller voir Lily et lui dire : Lily, ce n'est pas la peine de faire notre ronde. Tu sais, avec les garçons, on a créé une carte de Poudlard, qui grâce à un sortilège d'Homonculus, nous permet de savoir qui se balade dans le château, on peut savoir son nom, sa localisation et même le suivre, grâce à des petits pas tout mignon tout plein. Et là, tu vois, tout le monde est dans son dortoir ou dans sa salle commune.
Sirius rigola, Peter se désola pour son meilleur ami. Oui, James avait ce titre officiel même s'il ne l'avouerait jamais, puisque ce n'était pas réciproque.
James haussa les épaules, peu convaincu.
- Je suis sûr qu'elle aurait été ravie de ne pas avoir à faire sa ronde, et qu'elle aurait trouvé la carte tout simplement géniale.
Remus secoua la tête, retirant sa cape et se laissant tomber sur son lit. Sirius se leva, cédant à cette douce tentation. Il allongea à côté de son ami, prenant appui sur un coussin. Deux jours à bouder, deux jours sans quasiment lui parler et l’approcher. C’était long pour l’animagus chien. Il était en manque de son ami.
- Fatigué ?
Le lycanthrope acquiesça de la tête, fermant les yeux. Il avait mal aux articulations et il commençait à avoir une migraine. Il sentit alors une douce caresse dans ses cheveux et il entrouvrit les yeux, sentant les doigts de Sirius glisser dans sa chevelure châtain claire. Des caresses sublimes ! Chacune faisait naître en lui mille frissons, lui faisant aussitôt oublier son mal de tête.
Sirius commença à lui masser les tempes, un doux sourire aux lèvres. C'était lui qui était dévolu au soin du petit lycan, lui qui restait avec lui, le temps qu'il redevienne humain les soirs de pleine lune... lui qui le ramassait sur le sol froid de la cabane, pour aller l'allonger dans le lit et ne le quittait pas, le temps qu’il reprenne ses esprits.
Un rôle qui lui allait très bien et qu'il n'aurait délégué à personne. Remus posa son regard sur Sirius, se délectant cette proximité et de ses petites attentions. Deux jours sans lui, ça avait semblé une éternité.
- Je suis désolé pour l'autre soir, murmura-t-il. Je n'aurais jamais dû m'énerver comme ça, surtout pas contre toi.
Sirius haussa les épaules, croisant le regard du jeune homme.
- Y a pas mal. On oublie ça.
Même si oublier était un bien grand mot. Il n'était pas prêt à essayer de se confier à nouveau à son ami, sauf que maintenant, il avait une raison bien valable de ne pas le faire.
Le préfet ferma les yeux, savourant juste les massages de son homme. Non, il n'aurait pas dû s'énerver, mais Sirius avait frappé en plein cœur. Il était doué pour ça, sauf que là, c'était son cœur à lui.
James s'allongea sur son lit, prenant la carte dans ses mains et l'activa. Lily était dans son dortoir. Ils les avaient dessinés, mais sans les avoir jamais visités. Ce n’était pas faute d’avoir essayé. Mais le secret était très bien gardé.
- Rem', tu connais une recette de brownies ?
Trois paires d'yeux se posèrent sur James, étonnées.
- Des brownies ? - Le lycan se redressa, échappant malheureusement aux massages de Sirius - Bien sûr, pourquoi ?
James se releva, venant s'installer sur le même lit que ses deux amis.
- Il faudrait que je fasse les brownies les plus délicieux au monde. Fondant, moelleux, exquis.
Sirius haussa un sourcil. C'était quoi ce nouveau délire de son ami ?
- Tu sais que les elfes de maison savent très bien faire la cuisine et qu'il suffit de leur demander.
- Non, non, non !
Il n'allait pas tricher. Pour Lily, il était prêt à mettre les mains dans la farine et le chocolat fondu.
- Je dois les faire moi-même. De mes petites mains.
- Pourquoi ?
Sirius n'y comprenait rien. James faire la cuisine ? Ça, c'était un petit miracle.
- C'est un gage que j'ai eu. Et je ne triche jamais.
Sirius inspira, agacé. James ne donnait les informations qu'au compte-gouttes.
- Qui t'a donné ce gage ?
James sourit, haussant un sourcil, énigmatique.
- Lily. Alors, il faut que mes brownies soient parfaits. Tu m'aideras, dit ?
Il adressa un regard suppliant envers l'expert en chocolat.
- Bien sûr. Je connais une délicieuse recette. J'en faisais souvent avec ma mère quand j'étais petit.
C'était son petit plaisir. Souvent le lendemain de pleine lune, quand il pouvait se remettre debout, il l'aidait à faire des brownies pour chasser ses malheurs. C'était un moment magique à deux, où il reprenait sa vie d'être humain. Aujourd'hui, il avait grandi et son rituel avait changé, mais il était tout aussi délicieux, si ce n'est plus.
Sirius se redressa, perplexe. Depuis quand Evans se prêtait aux jeux des maraudeurs, surtout avec James Potter ?
- Evans t'a donné pour gage de lui préparer des brownies ? Dans quelles circonstances ?
James sourit un peu plus.
- Ça, ça ne regarde que moi !
Il n'avait pas envie d'en parler. Pour une fois dans sa vie, il avait ce sentiment que ça n'appartenait qu’à lui. Ce moment magique, où ils s'étaient livrés l'un à l'autre, faisant réellement tomber les masques, il ne voulait pas le raconter. Non ! C'était dans le domaine du privé.
Remus et Sirius échangèrent un étrange regard. Depuis quand, quand ça concernait Lily Evans, James ne les bassinait-il pas pendant des jours ?
Remus sourit, comprenant son ami. Il savait que parfois, il y avait des souvenirs qui n'avaient de réelle force que parce qu'ils constituaient un secret entre deux personnes.
- On pourra aller les préparer demain, après les cours.
- Ça marche.
- James, tu en feras plus pour nous ? Peter s'était levé, s'approchant du groupe.
- Non ! Ils ne seront que pour Lily et personne d'autre.
Il posa alors son regard sur Sirius, lisant cette perplexité craintive dans ses yeux.
- Et soit content, j'ai réussi à négocier. Tu as failli être sur le banc des remplaçants au prochain match de Quidditch.
Remus sourit alors, amusé de l'air déconfit de Sirius.
- QUOI ? Tu es sérieux là ?!? Qu'est-ce que je viens faire dans vos histoires ?
James se posa sur son lit, prenant un cahier dans les mains.
- Elle ne t'aime pas, c'est tout ce que je sais.
L'animagus chien croisa le regard ambré du préfet, une moue délicieuse sur les lèvres.
- Je ne comprends pas, je suis pourtant adorable, non ?
Remus sourit, acquiesçant de la tête.
- Un vrai petit ange !
Le sourire de Sirius s'agrandit un peu plus, rivant son regard dans les abîmes dorés de son ami.
- Bon, alors si toi, tu m'aimes, mon monde est sauvé.
Remus détourna les yeux, un léger rouge lui prenant les joues. Si lui l'aimait... Son cœur se mit à battre sourdement. Bien sûr qu'il l'aimait, mais pas de la façon dont le jeune homme l'entendait. Non mais parfois, le préfet avait du mal à comprendre son homme. Cette phrase n'était en rien anodine, en rien amicale. Est-ce que Sirius s'en rendait-il simplement compte ?
- Et nous, on sent la bouse de dragon ?
Remus posa les yeux sur le capitaine de Quidditch, de plus en plus perplexe. En tout cas, ça ne choquait pas James.
- Mais toi, je sais déjà que tu m'aimes. Je ne me pose même pas la question. Alors, garde tes crises de jalousie pour Evans. Et va faire la cuisine. Elle n'a vraiment aucune imagination pour te demander de lui préparer des brownies en gage.
James secoua la tête, amusé. C'est vrai que c'était plutôt sage comme gage. Mais le sien aussi. Une balade en balai. Il n'avait pas voulu aller trop vite et trop loin. Il reposa son regard sur son frère.
- Tout le monde n'a pas un esprit aussi tordu que toi, Patmol.
- Du genre ?
- La fois où tu m'as demandé de sauter de la tour d’astronomie avec mon balai pour voir si je survivrai ?
Une lueur d'envie alluma les iris de l'animagus chien à ce souvenir, avant de s'éteindre. Il riva son regard sur le préfet, mécontent.
- Tu as été un vrai Rabat-joie sur ce coup !
- Je lui ai sauvé la vie, rectifia Remus.
En effet, en quatrième année, il était réellement intervenu pour leur interdire ce jeu stupide. Il pouvait accepter beaucoup de choses de la part de ses amis, mais là, c'était réellement trop dangereux à son goût.
- J'aurais parfaitement réussi ! s'offusqua James, sous l'acquiescement de Sirius et Peter.
- Rabat-joie. Déjà à l'époque, il avait une âme de préfet... ajouta Sirius, amusé.
Ledit Préfet sourit alors.
- Peut-être, mais en tout cas, vous êtes tous les deux vivants et toujours élèves à Poudlard. J'ai rempli ma mission jusqu'à présent.
Sirius le regarda, étonné.
- Ta mission est que l'on termine nos études en vie et sans se faire renvoyer ?
Le préfet acquiesça de la tête.
- Et moi ? Quelle est ma mission ? Avant, c'était de déshonorer la famille Black...
- Mission parfaitement remplie, précisa le capitaine de Quidditch.
- Il m'en faut une autre... Et toi ? C'est quoi ta mission ? Il riva son regard sur son frère.
- Ma mission était de venir au monde et maintenant de profiter de la vie.
Sirius et Remus échangèrent un regard perplexe.
- C'est ce que l'on appelle avoir de l'ambition... ajouta le préfet, sous l'acquiescement du capitaine.
- Vous imaginez pas à quel point c'est dur d'être moi et à la hauteur de moi, tout le temps. J'en suis épuisé.
Sirius et Remus se regardèrent, amusés, s'entendant tacitement sur la marche à suivre. Et James reçut deux coussins en pleine figure, lancés violemment de la part de deux autres garçons, accompagné de quelques éclats de rire.
Remus posa les les yeux sur le quatrième membre des maraudeurs.
- Et toi Peter, tu as une mission ?
Peter... Le plus effacé. Au début de leur amitié, en première année, le jeune homme avait eu du mal à se faire une place parmi eux et encore aujourd'hui, il était souvent en retrait. Mais, si Sirius et James n'avaient que faire de le laisser de côté dans leur délire, ne l'appréciant que moyennement, à l'époque, Remus, lui, avait tout fait pour l'inclure dans le groupe. Il savait ce que s'était d'être seul, sans ami. Et le petit Peter lui avait fait de la peine, n'osant pas trop aller vers eux.
- Ma première mission était d'être réparti à Gryffondor !
- Tu as beaucoup supplié le choixpeau magique pour cela ? demanda Sirius, méchamment.
- Surement autant que toi, se défendit le petit animagus rat.
Même s'il est vrai que le choixpeau avait longuement hésité entre Serpentard et Gryffondor. Un fait qu'il n'avait jamais avoué à ses amis. Que le choixpeau ait pu envisager de faire de lui un serpentard, c'était à se faire exclure à vie de leur groupe. Même si Sirius avait eu droit au même débat, lui, n'était pas logé à la même enseigne. Heureusement que tout ce que disait le choixpeau n'était entendu que d'eux.
- Et un à zéro pour le rat, railla le capitaine de Quidditch.
Sirius haussa les épaules.
- Je ne l'ai pas si supplié que ça... bon peut-être un peu quand même. Mais Gryffondor un jour !
- Gryffondor toujours ! reprirent en cœur les trois autres.
End Notes:
Et voila un petit chapitre tout en douceur, entre confidence et complicité. On reste dans le cercle fermé des maraudeurs. J'espère que vous avez apprécié.
Pour le prochain chapitre, je vous promet un peu de vert et de l'argent.
Merci beaucoup pour vos commentaires et de suivre ma FanFic.
Une Valse de la Vie, entre Argent et Or by Crepuscule64
Author's Notes:
Au détour d'un couloir, une réunion entre amies se transforme en tête-à-tête.
S'ensuit une réunion maraudeuse qui débouche aussi sur un tête-à-tète.
Entre révélations et confidences, la valse de la vie poursuivit sa route, mêlant couleur et odeur, amitié et rivalité, passé et présent.
Severus Rogue tournait en rond, dans un coin d'un couloir du cinquième étage de l'école. Il jetait des petits regards vers un groupe de jeunes filles, en pleine conversation. Aucune ne fit attention à lui. Enfin trois d'entre elles lui lançaient parfois des regards de mépris, mais la quatrième, la seule qui lui importait, rien ! Aucun regard, rien qui ne laissait supposer qu'elle l'avait vu. Pourtant, les trois autres oui, alors elle aussi. Il n'osait pas aller les déranger et les interrompre. Il ne voulait pas l'énerver, mais il commençait à s'impatienter. Il n'allait pas attendre longtemps, ici. En plus, il avait froid. Pourtant, il prit son mal en patience. Il savait que pour regagner son dortoir, elle allait devoir passer devant lui. Alors, il attendrait le temps qu’il faudrait !
Un nouvel élève arriva alors dans ce couloir. Cet élève, il le reconnut sans peine. James Potter ! Son pire ennemi ! Celui qu'il détestait plus que tout au monde, surtout depuis l'année dernière, depuis qu'il avait une dette... Mais quelle dette ? Désormais, il ne vivait que pour une chose : le faire renvoyer de l'école. Le pire, c'était qu'il avait raconté ce qui s'était passé, à sa façon. Lui, en grand héros qui venait le sauver d'un vilain monstre.
Il avait omis tous les détails : le fait que c'était son abruti d'ami qui avait voulu le tuer, le fait que le monstre dans la cabane, c’était son autre ami. Au final, il n'avait fait que sauver sa peau, mais dans tout le style Potterien, se faisant passer pour le preux chevalier, au secours du petit misérable.
Il allait passer devant lui et Severus n'allait pas manquer cette occasion de le provoquer, surtout devant la jeune fille. Il attendit alors, un sourire narquois aux lèvres. Mais...
Le regard de James se posa sur le groupe de demoiselles, mais aussi sur l'être ignoble qui attendait au bout du couloir, faisant blocus. Ils voulaient les empêcher de passer ? Il l'avait repéré bien avant, en consultant la carte du maraudeur pour trouver sa belle. Il avait vu l'étiquette de Lily avec des amies et l'autre étiquette : celle de Servilo, la plus répugnante de toutes, à quelques pas. Le crétintard voulait encore discuter avec elle ? Le gryffondor ne comptait pas le laisser faire. Hors de question de les laisser se réconcilier, même s'il savait, de par la confession de la préfète, pendant leur petite tête-à-tête, qu'il n'y avait aucun risque.
Il s'approcha du groupe de jeune fille, un sourire aux lèvres, le regard rivé sur son éternel rival, la personne qu'il détestait le plus. Le petit pleurnicheur ! Son bouc-émissaire préféré depuis la première année : Servilus. Mais il s'était calmé. Pour rien au monde, il ne voulait déclencher les foudres de sa belle. Surtout que là, ils commençaient réellement à faire connaissance. Et depuis que Servilus avait quitté le tableau de la vie de la jeune femme, tout allait pour le mieux. Monsieur "Magie Noire" en personne s'était grillé tout seul. James n'avait même pas eu à ouvrir les yeux de la jeune fille. L'insulter de la sorte, devant toute l’école ! Tout était fini entre eux et rien ne faisait plus plaisir au capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor.
James sentit des regards se poser sur lui : ceux des amies de Lily. La jeune femme tourna aussi la tête vers lui, l'observant.
- Bonjour mesdemoiselles.
Les jeunes filles lui adressèrent de grands sourires, mais comme toujours, le regard du brun ne se posa que sur la rousse.
- Est-ce que je pourrais te parler quelques minutes ?
Au loin, il fit Severus ciller et serrer les poings de rage, quand Lily acquiesça doucement de la tête.
- Je peux te raccompagner à la salle commune si tu veux.
Ce fut alors qu'elle accorda son premier regard plein de mépris à Severus, qui crut mourir sous celui-ci. Une demi-seconde, même pas ! Mais largement suffisant pour lui glacer le sang.
Elle se retourna vers le rouge et or, un sourire aux lèvres.
- Oui, de toute façon, on avait fini de discuter. À demain les filles.
Et James l'entraîna à l'opposé du serpentard. Lily le suivit et ils tournèrent au premier couloir. Les amis de la jeune femme regagnèrent leur dortoir, passant devant le vert et argent, sans un regard pour lui.
Les deux gryffondors avançaient maintenant dans les couloirs de l'école.
Ils s’arrêtèrent sur un banc. James plongea la main dans son sac et en sortit une boîte. Lily posa les yeux dessus. Une boîte emballée dans du papier ruban rouge et décorée d'un ruban or. Une décoration qui rappelait sans peine les couleurs des Gryffondors.
Il lui tendit alors fièrement la boîte, un sourire de fierté aux lèvres.
- Et voilà, fait maison, comme promis.
La préfète observa la boîte, la prenant en main. Elle fut submergée par une intense odeur de chocolat.
- Les brownies ?
Le capitaine acquiesça de la tête. En ce samedi, il avait passé l'après-midi dans les cuisines pour préparer sa partie du gage. Une dizaine de petits gâteaux au chocolat, fait par ses soins, sous l'œil professionnel de Remus.
- Bon je vais te confesser que Remus m'a aidé en me donnant une recette de sa composition et en surveillant les moindres de mes faits et gestes. Mais j'ai tout fait moi-même. J'ai juste suivi les ordres du professeur Lupin.
Lily sourit, ravie, défaisant le ruban doré et le papier ruban rouge. Elle vit alors des petits gâteaux au chocolat, en prenant un du bout des doigts. Il semblait bien moelleux.
- Ils ont l'air délicieux.
Elle en goûta un, sentant le morceau de nourriture fondre presque instantanément dans sa bouche. Mais elle perçut une autre saveur que celle du chocolat. Elle avala sa bouchée, posant un regard très étonné sur le jeune homme.
- Des pépites de caramel ?
James acquiesça de la tête.
- Remus m'a confessé que quand il venait chez toi, ta mère vous les préparait comme ça. Il a aussi prononcé tout un laïus sur le sacrilège que représentait le mélange chocolat/caramel quand on faisait des brownies. Mais j'ai quand même préparé tes préférés.
Lily sourit, mordant de nouveau dans le brownie et en proposant un au cuisinier. Ce dernier hésita, mais le prit, juste pour s'assurer que c'était aussi bon qu'ils en avaient l'air et pour le plaisir de partager ce petit moment avec sa belle. Et en effet, il se régala de ce simple gâteau.
Ils étaient observés.
Tapis derrière un pilier, Severus ne manquait pas une miette de ce spectacle dégoûtant. Lily et Potter ! Ils étaient ensemble, ils discutaient ! Il lui avait offert des gâteaux aux chocolats et elle les avait acceptés. Elle lui souriait, elle lui parlait. Tout ce qu'elle faisait avant avec lui... Maintenant, c'était à lui qu'elle accordait ses regards, sa gentillesse, ses attentions. Il ne pouvait pas l'accepter ! Jamais ! Il allait lui dire, il allait lui faire rentrer dans sa petite tête que Lupin était un monstre. Et que ce type protégeait un monstre ! C'était décidé ! Il lui avait déjà fait part de ses doutes, il lui avait déjà dit, mais elle ne l'avait pas cru. Sauf que là, il était prêt à lui montrer le monstre. Il était prêt à la forcer à le suivre, pour qu'elle le voie de ses propres yeux.
Severus quitta son repère et se dirigea vers les escaliers, regagnant les cachots et son dortoir. Il en avait assez vu. Il avait perdu la seule personne qu'il aimait vraiment, la seule qui n'avait jamais compté pour lui. Le seul être sur terre qui avait toujours été là pour lui. Elle l'avait toujours défendu, elle avait toujours été de son côté.
Mais aujourd'hui, ce n'était plus le cas. Il avait perdu son rayon de soleil. À cause des maraudeurs ! Il se vengerait !
James avala son Brownie, observant la jeune femme refermait délicatement la boîte, jusqu'à refaire le nœud du ruban doré. Elle releva les yeux sur lui, jetant un regard derrière elle.
- Il n'est plus là. Il est parti y a quelques minutes.
Lily souffla, soulagée.
- Tant mieux. Il veut absolument me parler, mais moi, je n'en ai aucune envie. Surtout que je sais très bien ce qu'il veut me dire.
James fronça légèrement les sourcils, interrogateur. Elle releva les yeux sur lui, gardant le silence pendant quelques minutes. Comment réagirait-il si jamais elle lui faisait part des soupçons de Severus ?
- De Remus... Et de ce qui s'est exactement passé l'année dernière. Quand tu l'as sauvé du monstre qui se trouve dans la cabane hantée.
James cilla des yeux, son cœur se mettant à tambouriner lourdement dans sa poitrine. Dumbledore lui avait interdit d'en parler. Il l'avait soumis au secret. Severus avait promis de ne rien dire. Mais a priori, il ne se gênait pas.
- Ce qui s'est passé ? Mais rien du tout...
Qui avait parlé de ça ? Il n'avait rien dit ! Ni Sirius. Il en était persuadé. Et Remus non plus. Sirius avait été si mal après ça, quand il s'était rendu compte que sa blague n'était que la plus grosse erreur de sa vie. Et Remus avait été profondément blessé de la trahison du brun. La fuite ne venait pas d'eux ! Mais du pleurnicheur alors ?
- Non, il ne sait rien passé. De quoi tu parles ?
Lily ne cilla pas, observant son regard. James semblait vraiment mal à l'aise. Trop même... Elle haussa alors les épaules, se relevant.
- Peu importe de toute façon, je ne l'écoute pas. Il peut dire ce qu'il veut, ça ne m'intéresse pas. On rentre ?
James se leva à son tour pour regagner leur salle commune.
***
Ils y arrivèrent et un petit au revoir plus tard, Lily se dirigea vers ses amies, James rejoignant les siens. Sirius, Remus et Peter étaient installés près du feu. Il s'assit à la place qui lui était dévolu, observant la pièce autour de lui. Il y avait pas mal de monde.
- Il faut que je vous parle, dans le dortoir, maintenant. Réunion maraudeuse !
Les trois jeunes gens le suivirent, se demandant ce qui se passait. Une fois dans leur antre, à l’abri des curieux :
- Vous savez qu'une rumeur court sur ce qui s'est passé en avril, avec Servilus.
Remus, installé sur son lit, cilla, tournant la tête vers le capitaine. Sirius tiqua aussi, rivant son regard devant lui, dans le vide. Il n'aimait pas en parler. Il s'était excusé un million de fois auprès de Remus et le jeune homme semblait lui avoir totalement pardonné, mais pour lui, ce n'était pas aussi facile.
Il n'arrivait pas à croire qu'il avait pu être à ce point égoïste et vantard. Au point de trahir son meilleur ami, une personne pour qui il ressentait une profonde affection. Mais il avait tout oublié face à un Servilus froid, arrogant. Un Servilus qui prétendait tout savoir et qui le prouverait. Un Servilus qui prétendait que lui ne savait rien. Alors, il était sorti de ses gonds. Sirius était plus doué en parole qu'en acte. Il aurait pu le pétrifier pour le faire taire, mais non ! Il avait préféré envoyer le serpentard rejoindre le loup.
Et il s'était vanté de sa petite blague auprès de James. Une chance... ce dernier avait pu intervenir à temps et sortir Rogue de la pièce où se trouvait un féroce loup-garou, avant que l’irrémédiable ne se produise. Si Le loup-garou avait mordu ou tuer le vert et argent, Remus aurait fini à Azkaban. Dumbledore n’aurait jamais pu cacher un fait pareil. Il aurait pu ruiner la vie de son meilleur ami, juste par jeu.
Sirius tourna les yeux vers ses deux amis qui l'observaient.
- Ce n'est pas moi !
Les deux jeunes gens ne semblaient pas très convaincus et il s'en offusqua.
- Jamais de la vie. OK ! Ce soir-là, j'ai fait la plus grosse erreur de ma vie. Je n'allais pas m'en vanter, enfin si, mais à une seule personne.
Il riva son regard sur James. Le jeune homme avait été le seul qu'il avait mis dans la confidence.
James et Remus se lancèrent un étrange regard. Ce ne pouvait pas être Rogue. Le jeune homme n'aurait jamais été raconté à personne que James lui avait sauvé la vie. Trois paires d'yeux se posèrent alors sur le dernier maraudeur, celui qui n'avait encore rien dit.
Peter avait blanchi, son cœur s'était arrêté. Il n'avait pas croisé le regard de ses amis.
Il déglutit, sentant les regards sur lui et fit un non vigoureux de la tête.
- Ce... Ce n'est pas... Non ! Ce n'est pas moi...
Mais cet air coupable, cette blancheur...
- Peter ! James se rapprocha du jeune homme, rivant un regard froid dans les yeux de celui-ci.
- Non... enfin je... J'ai rien dit... Juste... Peut-être... Une fois... À Sarah... Mais elle ne devait rien dire.
Remus se leva, furieux.
- Tu plaisantes ? On avait juré de ne jamais en parler.
- Je suis désolé... mais Sarah était là et elle me posait des questions. Et elle se demandait... Enfin, je lui racontais quelqu'un de nos exploits.
- Quoi ?
- Non rien de méchant... Nos blagues sur les serpentards. Rien de secret. Et puis, j'ai voulu... Enfin non, je n'ai pas voulu... Mais c'est sorti tout seul. Je m'en suis rendu compte après... mais je lui ai dit que James avait sauvé la vie de Rogue du monstre dans la cabane.
Il bafouillait, cherchant ses mots, coupable, n’osant avouer son crime. Mais oui, il avait trahi le groupe en parlant un peu trop. Remus et James entouraient maintenant le jeune Pettigrow.
- Ce n'est pas vrai Peter. Comment as-tu pus ? Toute l'école est au courant ?
Remus releva les yeux, paniqué sur James. Celui-ci haussa les épaules.
- Je n'en sais rien. C'est Lily qui m'en a parlé. Elle ne m'a pas dit qu'elle le tenait de Sarah.
Le brun à lunette reposa les yeux sur le coupable.
- Bravo Peter. Tu fais fort ! Aller parler de ça. Qu'est-ce qui t'a pris ?
Le jeune rat se tordait les doigts, grimaçant sous la douleur. Le mot coupable s’inscrivait sur son visage, aussi blanc que celui de Nick Quasi-Sans-Tête.
- Je ne sais pas, j'ai voulu l'impressionner...
- Avec des exploits qui ne sont même pas les tiens ? C'est comme ça que tu impressionnes une fille ? rétorqua sèchement le capitaine.
Peter rougit violemment, relevant les yeux sur le brun, offusqué.
- Mais... Mais...
- Mais tu n'as jamais rien accompli d'assez impressionnant dans ta vie pour pouvoir t'en vanter ?
La voix de James était froide, méchante.
Mais le petit animagus avait été trop loin. Si cette histoire se savait... Enfin elle était sue ! C'était trop tard.
Peter rougit encore plus, reposant les yeux sur ses mains, s'emplissant de rancœur envers James, la personne qu'il idolâtrait le plus, son meilleur ami, mais à cet instant, il le haïssait. Il releva les yeux sur Remus, désolé.
- Pardon... Rem, je ne voulais pas. Je t'assure. Je n'ai pas fait exprès. Pardon !
Remus secoua la tête, contournant le lit et venant tomber sur le sien. James fit de même, sans aucun regard pour le coupable.
Sirius n'était pas intervenu. Il n'avait rien à dire, absolument rien. Il était à l'origine de tout ça. C'est lui qui avait trahi le groupe, mais surtout Remus. Il n'avait aucun reproche à faire au petit Peter, car sa faute n'était rien comparée à la sienne. Il se leva, prenant sa cape.
- Je vais aller faire un tour.
Et il quitta le dortoir. Il avait besoin d'air frais, de se changer les idées. Le préfet observa la porte du dortoir se refermer sur son homme. Il savait que le jeune homme ne s'était pas pardonné et il aurait aimé l'aider à ça. Pour lui, ça ne comptait plus. Il avait oublié, il avait tourné la page. Les sentiments, qu'il éprouvait, avaient sans doute joué un grand rôle. Mais c'était un fait : il ne lui en voulait plus et il devait aider Sirius à tourner cette triste page de leur histoire. Car son homme lui avait apporté bien plus, comparé à ce mal. Il lui avait appris la vraie valeur de l'amitié, il lui avait montré qu'elle existait. Qu'on pouvait faire des erreurs et ne jamais abandonner la partie, jusqu’à obtenir un pardon impossible.
Peter n'avait pas bougé. Coupable ! Fautif ! Mais surtout énervé.
« Mais tu n'as jamais rien accompli d'assez impressionnant dans ta vie pour pouvoir t'en vanter ?»
Cette phrase, il la retenait. Il savait maintenant ce que James pensait réellement de lui : il n'était qu'un empoté, un sorcier sans talent comparé à lui. Il se mit sur son lit, se calant contre la tête de lit et attendit le regard dans le vague, lançant des petits regards vers Remus, désolé. Non, il n'aurait pas dû. Il s'étonnait d'ailleurs que ses amis ne l'apprennent que maintenant.
***
Sirius arriva sur les remparts, à l'air libre. Il inspira, avant de plonger la main dans la poche de sa cape et d'en sortir son précieux paquet moldus. Il attrapa une cigarette la calant entre ses lèvres, usant du briquet pour l'allumer. Il aimait bien les moldus et leurs manières de faire. Il n'avait pas conservé l'étude des moldus pour sa carrière d’Auror, comme tous ses autres cours. Non, celui-là, c’était juste pour le plaisir !
Il riva son regard sur l'horizon, se perdant dans ses pensées. Oui... Ce jour-là, il avait fait preuve de tellement d'arrogance, de tant de mépris pour toutes les valeurs dans lesquelles il croyait. Il avait fait le beau parleur, il avait fait sa langue de vipère. Il était devenu un vrai petit serpentard. Ce jour-là, il avait prouvé qu'au fond, malgré tout ce qu'il croyait, malgré tout ce qu'il avait fait, tout ce qu’il avait dit, tout ce qu'il avait renié, il n'en restait pas moins un Black. Un vrai serpentard. Il aurait eu sa place dans cette abominable maison !
Même s'il détestait cette maison, même si elle ne lui inspirait que du mépris et de la haine... Malgré tout ça, ce jour-là, enfin cette nuit-là, il avait montré qu'il était digne de sa famille. Oui, digne de ses parents, digne de son frère, digne de tous les êtres qui composaient cette maison aux préjugés si ancrés dans leur histoire que leur mot de passe ne changeait pas, car rien ne définissait mieux les verts et argent que c'est deux mots : « sang Pur ! »
Cette nuit-là, il avait cru mettre fin à une profonde amitié, il avait cru que jamais Remus ne pourrait lui pardonner. Encore parfois, quand il croisait le regard de son ami et que celui-ci lui adressait un sourire, il se demandait comment il pouvait avoir outrepassé ce crime. Comment Remus avait-il pu oublier, zapper de sa vie une telle trahison ? Un tel coup de poignard dans le cœur ? Si le pire était arrivé, il aurait ruiné la vie du lycanthrope.
Sirius ferma les yeux, sentant un profond dégoût remonter en lui. Il se méprisait. Et tous les sourires de Remus, toute sa gentillesse ne faisait qu'augmenter ce sentiment. Au début du moins...
Aujourd'hui, il avait appris à ne plus y penser. Aujourd'hui, il faisait tout pour se rendre digne de l'amitié de son ami. Il ignorait Servilus, il ne lui parlait plus. Une chance que James ait adopté le même axe de conduite, même si son frère ne l'avait fait que pour Evans. Désormais, Servilus détenait le pouvoir de faire renvoyer Remus.
S'il parlait, si les élèves apprenaient qu'un lycanthrope était dans l'école... Les parents d'élèves écriraient en masse au directeur pour exiger le renvoi de l'élève, en menaçant de retirer leur progéniture de ce lieu dirigé par un fou, en cas de refus.
Et Servilus parlerait à un moment ou à un autre. Il ne pourrait pas en être autrement. C'est uniquement pour ça que Sirius ne l'approchait plus. Ils avaient une véritable épée de Damoclès au-dessus d'eux. Il les tenait en main. Alors, pour Remus, ils se devaient de se la jouer fine. Et pourtant, il n'y avait rien de plus répugnant dans cette école que ce sale crétintard. Un élève bien trop doué en magie noire. Étrangement la seule magie interdite d'exercice.
Sirius inspira une bouffée de nicotine, essayant de se calmer. Peter aussi avait parlé. Quel imbécile ! C'était bien le seul épisode de leur exploit à ne jamais devoir être raconté. Et lui, il s'en vantait pour impressionner une fille qui n'était même pas intéressée par lui. Aller savoir ce qu'il avait raconté à la poufsouffle.
Sirius inspira une nouvelle bouffée de nicotine, quand il entendit des pas s'approcher de lui. Il posa les yeux sur le nouvel arrivant, mais reposa aussitôt son regard sur l'horizon. Bien sûr... La journée ne pouvait pas être pire, du moins, il le croyait. Les dieux prenaient un malin plaisir à jouer avec lui et sa misérable vie. À moins que ce ne soit une histoire de Karma ?
- Je pensais que ce lieu était bien fréquenté... Comme quoi, je n'ai pas toujours raison.
Sirius sourit, ironique.
- Normal, c'est moi qui ai toujours raison. Donc tu ne peux qu'avoir tort dans 100 % des cas, vu que l’on n’est jamais d’accord sur rien.
Un mauvais sourire se dessina sur les lèvres du nouveau venu.
- Toujours autant d'arrogance. Je me demande encore pourquoi. Tu n'as aucune raison à ça. Du moins... De mon point de vue !
Sirius ne quittait pas l'horizon des yeux, préférant ignorer la présence de l'autre, mais ça ne l'empêchait pas de répondre.
- Le monde n'est qu'une question de point de vue. Le blanc, le noir. La raison, la folie. Le bien, le mal. Père et mère ne te l'ont pas appris ?
L'autre haussa des épaules, avança lentement vers son frère.
- Non, puisqu'il n'y a qu'un seul point de vue. Le nôtre. Tout le reste n'est que foutaise et absurdité. Père et mère ne te l'ont pas appris ?
Sirius inspira une bouffée de nicotine, toujours ce sourire ironique aux lèvres.
- Le jour où, l'un de vous pourra battre Dumbledore, ou osera seulement le défier en duel, vous pourrez alors donner un semblant de valeur à vos pseudos discours sur la pureté du sang. En attendant, c'est ça qui n'est que foutaises et absurdités.
Un rictus se dessina sur les lèvres de Regulus Arcturus Black. Dumbledore ? Un impur. L'école était gouvernée par un sang-mêlé. Une honte pour le monde de la magie.
- Tu crois tout savoir, Sirius.
L'aîné des deux acquiesça de la tête. Il tourna alors les yeux vers son frère, un sourire aux lèvres.
- Comment se sont passées tes vacances ? Tu t'es bien amusé ? Et les parents ? Pas trop déçu par mon départ précipité de la maison ? Enfin si... Quand même un petit peu ?
Il prononça la fin de sa tirade avec un faux espoir dans la voix. Regulus posa les yeux sur l'horizon. Le départ de Sirius ? Son père l'avait mal vécu. Orion avait fouillé toute la maison, du sol au plafond, mettant Kreattur à contribution. Sa mère était devenue folle de rage d'avoir perdu la seule emprise qu'elle avait sur son fils aîné : son séjour pendant les deux mois d'été chez les Black. Elle s'était empressée de cramer avec sa baguette magique le nom de Sirius sur la tapisserie représentant l'arbre généalogique des Black.
- Tu as été renié. C'est tout ce que cela a fait - Il riva son regard sur son ex-frère aîné, un sourire narquois aux lèvres – Ça fait bizarre de ne plus voir ton prénom sur la tapisserie des Black. Ptiiiffff.
Il mina un mouvement de baguette, celui de sa mère qui cramait tous les reniés de la famille. Pour Androméda, elle en avait même fait une cérémonie officielle où toute la famille l’avait maudite. Une vraie veillée funèbre, la jeune femme était morte pour eux.
Mais Sirius lui, n’avait pas perdu le contact avec la jeune femme. Dès son retour, en seconde année, une lettre de sa cousine reniée l'attendait.
Sirius fronça les sourcils, minant le désarroi.
- Oh... À ce point ?
- Oui, elle n’a même pas attendu d’organiser une cérémonie officielle. Du coup, tu n’as pas eu droit à un enterrement. Paix à ton âme !
Sirius prit un faux air désolé.
- Tu m’en vois navré.
Regulus avança légèrement vers son interlocuteur, son cœur se mettant désagréablement à battre, un sourire aux lèvres. Sirius fuma, imaginant facilement sa mère emplie de rage. Un délice pour son imagination.
- Moi, j'ai passé un magnifique été, avec ma famille, la vraie. Celle que j'ai choisie et qui m'a accepté comme j'étais. Je ne me suis jamais autant amusé qu'avec James. Et je crois que je ne t'ai jamais vraiment considéré comme un frère, enfin.... En comparaison à ce que je ressens pour James, bien sûr.
Il était méchant, cruel, froid. Et ça lui faisait du bien. À défaut de s’en prendre à ses parents, il s’en prenait à son cadet. En plus, c'était une demi-vérité. Car, avant d'être réparti à Gryffondor, Sirius et Regulus s'adoraient. Ils s'amusaient beaucoup, ils rigolaient. Sirius pouvait même lui confier ses doutes sur l'idéologie des Black. Son petit frère le suppliant de ne rien dire, mais il le faisait quand même.
Regulus ne cilla pas, mais il se mordit la joue intérieure, serrant le plus qu'il pouvait.
- Moi, je suis bien fils unique. Cela a toujours été mon rêve. Et sans toi à la maison, l'été a été paisible.
- Tant mieux pour toi. Pour moi aussi, ça a été une délivrance.
Sirius inspira, fixant un point devant lui. Pour son cadet, tout était entièrement de sa faute. Il n'était pas parti sur un coup de tête. Loin de là. Il aurait préféré ! Mais non ! Enfin son frère de sang n'avait que la version de ses parents.
Il posa son regard sur le jeune homme, le cœur serré. En un sens, son frère était la seule personne qu'il avait réellement abandonnée. Désormais, à défaut de pouvoir se venger sur lui, ses parents allaient reporter tous leurs espoirs sur le cadet des Black.
- Laisse-moi dessiner ce qu'ils t'ont dit sur mon départ...
Mais Regulus le fit taire d'un geste de la main.
- Ça m'est complètement égal. Tu es parti, un point c'est tout. Désormais, je suis l'unique héritier des Black, comme il en a toujours été depuis ta répartition chez les traîtres à leur sang. Désormais, plus rien de ce qui te concerne ne m'intéresse.
Sirius fuma, expirant lentement, reposant les yeux sur le décor des Highlands. Très bien ! Il ne pouvait pas se défendre et, de toute façon, il n'en avait pas envie. Il ne regrettait rien, c'était tout ce qui comptait.
Pour la première fois de sa vie, Sirius avait pu vivre deux mois sans peur du moindre mouvement des propriétaires du Square Grimmaurd. Comme la seule journée qu'il avait passé chez sa famille biologique. Il ne faisait que lire un livre, quand sa mère était entrée dans la pièce... Un simple livre. Où était le mal ? Pourquoi cette souffrance ?
Elle était arrivée vers lui, froide, méchante et avait mis tout simplement le feu à son livre. Il avait bondi hors du fauteuil, jetant un regard furieux vers la harpie.
- Non mais, ça ne va pas, tu es complètement folle.
Elle l'avait alors regardé froidement, et pointé sa baguette sur lui. Il avait lancé un regard mauvais sur elle.
- On ne parle pas comme ça à ses parents.
Et le sort avait fusé vers lui, comme une balle de fusil moldus. Le mot que sa mère avait prononcé, il n'aurait jamais cru l'entendre, même la bouche de sa génitrice « Crucio ! »
Il avait été touché en plein poitrine. La douleur qu'il avait alors ressentie ! Jamais il n'aurait cru qu'une telle douleur puisse exister. Il avait chuté lourdement sur le sol, ses jambes ne pouvant plus le tenir. Il s'était tortillé de douleur, de souffrance, sans qu'il ne puisse l'arrêter. Son cœur avait saigné, chaque parcelle de sa peau aussi. L'enfer avait duré cinq bonnes minutes. Jamais il n'avait connu une telle douleur ; jamais de sa vie, il n'aurait ressenti une telle souffrance.
Mais que ça vienne de sa mère, ça, ça ne l'avait pas étonné. Quand tout avait pris fin, il était resté sur le sol, n'arrivant même plus à respirer.
Il sentait le regard de sa mère sur lui, hautaine, ravie d'avoir remis son fils à sa place.
- Je vais t'apprendre le respect, traître.
Sirius s'était relevé le regard haineux. Il avait essuyé une coulée de sang provenant de sa lèvre du revers de sa main.
- Le respect ? Ça se mérite ! avait-il craché, avec hargne.
Le regard de sa génitrice n'avait pas changé, toujours empli de cette haine envers son fils, mais accompagné de cette satisfaction malsaine de l'avoir à sa merci, dans sa maison, pour deux mois encore. Ce n'était que le début de son enfer.
- Oui ! Et toi, tu vas te taire.
Et un second sort avait fusé, mais Sirius avait bondi sur le côté, évitant de justesse celui-ci. Un trou se creusa au niveau de l'impact.
- Qu'est-ce qui se passe ?
La voix d'Orion avait résonné, arrivant dans la pièce.
Sirius s'était relevé.
- C'est fini, je ne subirais plus jamais ça !
Et il avait quitté la pièce, sous le regard d'incompréhension de son père qui interrogea sa femme.
- Je lui apprends la discipline, c'est tout.
Orion n'avait rien dit. Il ne disait jamais rien quand ça concernait Sirius. Ce qu'il ignorais, c'était que son fils était monté dans sa chambre, qu'il avait, par un sort, mis toutes ses affaires dans son sac de cours, et que la seconde d'après, il quittait ce lieu qu'il haïssait tant. Son père découvrirait la chambre vide de son fils plusieurs heures après, quand celui-ci ne se montrerait pas au repas.
Quand il était arrivé au Chaudron, Tom lui avait jeté un regard bizarre. Il avait la lèvre enflée et en sang, un œil tuméfié et des bleus. Il avait pris une chambre et était monté se coucher. Chaque partie de son corps hurlait encore de douleur. Il s'était endormi, quand on avait frappé à la porte, le tirant de son sommeil. James ! Son ami l'observait, perplexe. Il entendit un cri d'effroi. La mère de son ami était là, elle aussi.
- Par Merlin, Sirius. Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
Elle semblait choquée. Était-il si affreux à voir ? Il les avait laissé rentrer, sans avoir le courage de réfléchir à comment ils savaient qu'il était là. Euphemia l'avait fait s'asseoir sur le lit, sortant de son sac à main le nécessaire pour le soigner. James s'était installé à la fenêtre, observant la pièce.
- Tu ne vas pas rester ici. Tu rentres avec nous, tu te reposes et tu nous raconteras.
- Ça va aller. Je ne veux pas vous...
Le regard froid qu'elle posa sur lui le fit taire. En fait, c'était dans ses projets. Une fois sur pied, il comptait aller frapper au cottage des Potter. Il sentit le coton imbibé d'antiseptique sur les plaies, grimaçant de douleur.
- Comment vous avez su ? Je n'ai pas écrit...
Du moins, pas dans son souvenir. Pouvait-il l'avoir fait sans s'en rendre compte ?
- Un long processus d'information magique !
Réponse courte et simple d’Euphemia.
La mère de James avait son caractère. Et là, elle était énervée face à l'état de Sirius. Elle le considérait comme son second fils et de voir comme ça... Elle savait quel sortilège produisait ce genre de blessures. Sirius n'était qu'un enfant. James avait pris la relève sur l'explication.
- Tom a écrit au ministère, pour signaler ta présence ici. Tu es encore mineur. Maugrey a intercepté le message et il est venu vérifier l'information. Tom lui a décrit ton état, et il est venu nous le dire.
Alastor Maugrey était un proche de la famille Potter.
- Et nous voilà !
- Ça va aller, le temps de supporter le transport.
La mère famille rangeait déjà ses affaires. La suite ? Ils avaient atterri à Godric's Hollow par transplanage de madame Potter.
Sirius inspira une bouffée de nicotine, revenant dans le présent. Regulus ne voulait pas entendre sa version des faits, et bien pas de souci, qu’il boive aveuglément les paroles de ses parents.
- Je présume que tu n'as même pas pensé à l'anniversaire de Père, questionna innocemment le cadet.
Sirius fronça les sourcils, se rappelant sans peine cette nuit du quinze octobre où il avait fini sous une douche glacée. Non... Il n'y avait pas pensé...
- C'était quand ?
Regulus eut un sourire mauvais.
- Bien sûr. Pourquoi ça ne m’étonne pas ? Enfin, tu risques d'avoir des nouvelles de mère pour le sien. Elle va sans doute jouer à son petit jeu préféré et de faire parvenir une belle beuglante. Il ne faut pas que je rate ça.
Regulus était froid, méchant, mais il lui en voulait. Il l'avait abandonné. Il était parti sans même lui dire, sans même lui expliquer. Il était chez les Lestrange et quand il était rentré, au moment du repas, ils avaient constaté la disparition de son aîné.
L'anniversaire de sa mère ? Ça, étrangement, il n'y pensait pas.
- Elle n'est pas morte ? souffla-t-il dans un murmure de déception. Je croyais, j'étais même en paix avec ça. Tu as d'autres mauvaises nouvelles de ce genre ? - Il jeta un regard vers son frère, qui ne répondit rien - Oh... J'ai vu Nymphadora pendant les vacances. Elle est adorable. Tu veux voir une photo ?
Rien n'apparut sur le visage du cadet des Black. Rien qui ne laissa supposer que le souvenir de sa cousine reniée ne lui fendit le cœur, le serra, ou le gela. Le jeune homme était passé maître dans l'art du ne rien laisser transparaître.
- Je ne connais pas. Un membre de la famille que tu as inventé ?
Une note d'ironie dans sa question.
Sirius sourit, las. Soit... Que son frère s'aveugle. Il en avait marre de toujours devoir se battre pour tout.
- La fille d'Androméda.
Regulus laissa échapper une exclamation de surprise et d'incompréhension.
- Elle n'est pas morte ? demanda-t-il faussement étonné, Je croyais, J’ai assisté à son oraison funèbre, j’en suis sûr. Tu étais même là. Cygnus a prononcé un discours très touchant. Et Ptiiiffff. Il a cramé sa branche de l’arbre généalogique. J'étais en paix avec ça. Tu as d'autres mauvaises nouvelles de ce genre ?
Il reprit la réplique mot pour mot de son frère, très amusé. Pourtant, il avait adoré Androméda. C'était sa cousine préférée, comme celle de Sirius. La plus gentille, la plus douce. Elle avait toujours été là pour lui. Alors, quand elle avait fui sa famille par amour pour un impur, quand elle s'était mariée avec ce sang de bourbe... Elle avait été reniée. Chaque branche de la famille Black avait son vilain petit canard. Dommage que ce soit tombé sur Androméda.
Regulus fit quelques pas, avant de se stopper.
- Par contre, tu as donné un nouveau but à notre chère mère. Elle cherche un contre sort au maléfice de Glu Perpétuelle. Quelle idée d’avoir utilisé ce sortilège sur les abominables affiches de ta chambre. Tu arrives à la mettre folle de rage au-delà de la mort.
- Et toi, Reg ? Sirius riva son regard dans les iris ébène son cadet. C’est quoi ton objectif dans la vie ? Devenir mangemort ? Rejoindre ce Lord ? Comme le gentil petit mouton que tu as toujours été ?
Le cadet cilla à l’évocation de ce Lord et de ses sbires. Mais oui, c’était bien ce qui l’attendait à sa sortie de Poudlard.
- Depuis quand mon avenir t’intéresse ? questionna-t-il sèchement.
Et il continua sa route en cette fin d'après-midi. Samedi, le week-end. Il se baladait pour s'échapper... Échapper à l'ambiance qui régnait dans sa maison. À cette folie qui semblait s'emparer un peu plus de ses camarades de classe et ceux des années supérieures. Échapper à ce nom que tout le monde prononçait avec fierté, ferveur et orgueil. Ce nom qui lui faisait peur, à lui, Regulus Black, car il savait qu'un jour, il le rejoindrait. Il le devrait, il n'avait pas le choix. Ses parents voulaient un grand avenir pour lui. Et pour eux, il se mêlerait à la quête pour la pureté du sang.
Il passa devant Sirius qui ne cilla pas, le regard rivé devant lui, comme s'il était seul sur ce rempart. Et au fond, c'était le cas. Face à la colère de leurs parents, il avait toujours été seul. Regulus n'avait jamais fait un geste vers lui pour l'aider, pour le consoler, ou juste une parole réconfortante.
Non... Il avait toujours été seul. Sauf avec James. Son frère de cœur, lui, avait toujours été là. Son amitié, celle qu'il éprouvait pour les maraudeurs, c'était ça, et uniquement ça, qui l'avait maintenu en vie pendant ses interminables vacances d'été.
Mais chez lui... Il avait vécu un enfer. Il avait même eu peur que ses parents ne le laissent jamais repartir à Poudlard, pour sa seconde année. James lui avait écrit, sa mère n'avait pas encore scellé ses fenêtres à la glu perpétuelle. Il lui avait promis que s'il n'était pas dans le Poudlard Express, il enverrait des Aurors le chercher.
Ses parents l'avaient quand même laissé partir. Quand ils avaient quitté le Square Grimmaud avec Regulus, il l'avait laissé, sans rien lui dire. Regulus entrait à Poudlard, le digne fils de la famille. Celui qui irait à Serpentard ! Alors, les Black avaient fait les choses en grand : une nouvelle malle, une calèche pour l'accompagner, les meilleurs livres. Il fallait que tout soit parfait pour le petit Roi.
Sirius s'était retrouvé seul avec ses imposantes affaires et il avait du tout descendre en bas. Une fois dans la rue, il avait regardé autour de lui, persuadé de ne jamais être à la gare à temps.
- Il est là !
Il avait alors vu un enfant de son âge lui bondir dessus. Une fois qu'il put se dégager de son emprise, il avait reconnu sans peine son agresseur : James !
- J'ai eu peur. On a vu ta famille sortir, mais...
L'enfant jeta un regard sur l'endroit où aurait dû se trouver la maison des Black, perplexe.
- On ne voit pas ta maison.
Sirius bondit dans les bras de son ami, ne s'étant pas du tout attendu à le voir. Ça y est, ses fenêtres étaient scellées depuis début août et il n'avait pas pu lui écrire. Sa mère était tombée sur les lettres de ses amis, pendant une fouille de sa chambre.
- Oui, c'est normal ça. C'est mon père. Il l’a rendu incartable. Je me demande même comment les hiboux la voient.
Il entendit toussoter à côté d'eux et posa les yeux sur un couple de personnes assez âgées.
- Sirius je te présente mes parents. Papa, maman, je vous présente Sirius.
Euphemia s'était approchée de lui, un doux sourire aux lèvres.
- Enchantée mon garçon. Maintenant, il faut y aller sinon vous serez deux à manquer le Poudlard Express.
Fleamont avait chargé la malle de Sirius dans le coffre de la voiture et James avait sorti un grand paquet de livres.
- C'est les tiens. Maman a pensé que tu n'avais pas pu les acheter.
Sirius adressa un grand sourire à la maman la plus douée du monde.
- Merci. En effet... Je n'ai pas pu...
La mère de son ami l'avait coupé dans ses explications et remerciements.
- En route, on va vraiment être en retard.
Sirius était monté dans la voiture moldus, étonné que le père de James sache la conduire. James lui avait expliqué que leur village était semi-magique et que les Potter faisaient beaucoup d’activités à la moldu, dont conduire une voiture.
Direction King Cross !
Ils étaient arrivés à temps, ils avaient retrouvé leurs amis, Remus et Peter, dans le wagon. Et c'était son retour dans sa maison, la vraie.
Quand Sirius revint à la réalité, s’étant perdu de nouveau dans son passé, son frère n'était plus là. Il écrasa sa cigarette sur la rambarde, la jetant dans le vide, avant de regagner son dortoir, un sourire aux lèvres de ces souvenirs. James avait toujours été un vrai frère pour lui. Oui. Sans aucune faille, quel que soit le sujet. Il avait toujours été là !
End Notes:
Et voila, comme promis du vert et de l'argent. Deux serpentards bien particulier. Un Severus avide de vengeance, un Regulus perdu dans un avenir qui n'est pas le sien.
Sans oublier les rouges et ors. Une Lily gourmande, un Peter coupable, un Sirius blessé et blessant.
J'espère que ce chapitre vous a plu.
Pour le prochain chapitre, on parlera d'amour.Merci pour vos commentaires, au plaisir de vous lire.
L'Amour Et Ses Petites Contrariés by Crepuscule64
Author's Notes:
Un dimanche s'annonce paisible, entre grasse matinée et révision. Mais c'est sans compter le coup de foudre qui vient frapper Sirius en plein cœur.
L'amour... Il en torture plus d'un... surtout Remus, à moins que ce ne soit la pleine lune qui le torture.
Dimanche matin, le feu brûlait dans l'âtre de la cheminée des Gryffondors, sixième année. Tous les lits étaient occupés par leur propriétaires.
La soirée de la veille avait été tranquille. Ils avaient discuté de la prochaine pleine lune. Elle tombait le samedi suivant. Ce qui arrangeait bien tout le monde. Le dimanche, ils pourraient tous se reposer tranquillement. Remus ne manquerait pas de journée de cours et ils n'auraient pas à lutter contre leur irrésistible envie de dormir. Si toutes les pleines lunes pouvaient tomber le samedi, ou le vendredi soir... Mais la vie n'était pas toujours bien faite.
Le premier à émerger fut James Potter, vêtu d'un bas de pyjama en toile, et torse nu. Il s'étira doucement, se redressant, passant sa main dans sa chevelure indomptable et prenant ses lunettes, posées sur la table de nuit, pour les mettre sur son nez, sa vision se faisant d’un coup bien plus claire. Il s’installa confortablement prenant un magazine de Quidditch.
Le second à immerger fut Remus Lupin. Le jeune homme entrouvrit difficilement les yeux. La lumière du jour commençait à percer travers les fenêtres, mais le soleil ne semblait pas au rendez-vous. Il se leva, se dirigeant vers la fenêtre. Il était habillé d'un t-shirt trop grand pour lui et d'un bas de pyjama. Il portait souvent des vêtements une taille au-dessus de la sienne, pour cacher ses cicatrices. Il ne voulait surtout pas les sentir contre un tissu trop près du corps, elles lui faisaient tellement honte. Ainsi, elles étaient invisibles aux yeux du monde, mais aussi pour lui. Il ne pouvait rien faire contre elles, aucun sort de soin ne permettait de les faire disparaître, voir juste de les atténuer. Les seuls conseils des médicomages avaient été des biens les soigner, de leur appliquer une crème cicatricielle pendant plusieurs jours après qu'elles se soient refermées et de ne surtout pas les exposer au soleil. Une décoloration de la peau les rendrait encore plus visibles. D'où l'intérêt de grandir en forêt, sous les arbres, bien à l'ombre.
Le lycanthrope écarta le rideau, posant les yeux sur le ciel de Poudlard. Des gros nuages noirs approchaient, menaçants.
- Il va pleuvoir.
Le verdict était tombé !
Sirius Black se redressa sur son lit, portant la main à sa bouche pour cacher un bâillement, ses yeux se mettant à pétiller, brillant de larmes. Celles-ci coulèrent, nettoyant ses iris argentés de la fatigue de la nuit. Torse nu, comme toujours, en caleçon. Il ne s'encombrait pas pour dormir. Moins il était vêtu, mieux il se portait.
Le châtain retourna dans son lit, se pelotonnant dans les couvertures. Le brun s'étira de tout son long, baillant.
- Un dimanche qu'on va passer bien au chaud.
Il posa son regard sur la fenêtre, plissant les yeux pour observer une masse arriver droit sur eux. Deux nuages sur un balai ? Non ! Impossible. Il n'avait pas connecté tous ces neurones entre eux. Seconde tentative...
Il se leva, poussant le rideau pour distinguer deux hiboux. Oui, c'était plus crédible. Il ouvrit la fenêtre, intrigué, voyant la masse se rapprocher à grand battement d'ailes, droit sur lui. Il s’écarta juste à temps. Les deux oiseaux s'engouffrèrent dans le dortoir et laissèrent tomber un grand paquet sur le premier lit, avant de repartir, sans demander leurs restes.
Le préfet se leva, observant le colis. Il posa les yeux sur le nom du destinataire.
James se leva à son tour, intrigué par cette étrange arrivée et cet énorme paquet. De qui ça pouvait venir ?
- Depuis quand est-on livré le dimanche ?
Les hiboux n'avaient-ils pas de jour de repos ? Peut-être, il n’en savait rien. Il recevait des colis de sa mère même le dimanche, mais elle envoyait le hibou des Potter.
- C'est pour toi, Sirius, déclara le préfet. Il a été posté hier. Il a fait un long trajet.
L'expéditeur était une entreprise située à Barcelone, Espagne, au vu de l'étiquette. Le brun referma la fenêtre, bloquant le froid extérieur. Il tourna vivement la tête vers le colis, tel un chien de chasse venant de repérer un pauvre lapin, quand Remus le désigna comme le destinataire.
- Je sais ce que s'est !
Sirius revint dans son lit, retournant sous les couvertures. Remus s'assit à côté de lui, intrigué.
- Voyons comment elle est ? James s'était exprimé, observant le colis, avec envie
Le lycanthrope leva les yeux vers ce dernier. Le jeune homme semblait aussi savoir ce que c'était, mais lui, il n’était pas dans cette confidence. Il avait souvent l'impression d'être largué dans les histoires des deux frères de cœur. Une impression très désagréable. James avait des passe-droits sur la vie privée de Sirius et ça l’agaçait de plus en plus.
Sirius attrapa un coupe-papier, découpant avec précaution l'emballage. Il délivra la boite de sa prison de ficelles et ôta le couvercle. Le regard de l'animagus chien se posa sur une grande housse noire, rigide, avec une forme bien particulière. Remus la reconnut aussitôt. Il aurait pu s'en douter tout seul. Il n'avait pas été très intuitif sur ce coup. Le cabot leur parlait de cette merveille depuis plusieurs jours maintenant, se lamentant après chaque livraison du courrier, se désespérant de la voir arriver.
Le nouveau propriétaire sortit la housse de la guitare, jetant le carton au sol et reposant la housse sur le lit, avec précaution, comme si c'était le plus précieux des objets, un véritable trésor. Il l'ouvrit, faisant tomber le couvercle de celle-ci sur le lit, observant l'instrument qui se trouvait à l'intérieur.
James émit un sifflement face à l'objet. Le regard de Sirius brillait d'envie, son sourire brûlait de désir. Il posa les doigts sur la caisse, la caressant doucement.
Il la saisie délicatement par le manche, l'enlevant de sa demeure. Elle était magnifique. Comme il se l'était imaginé, quand il l'avait commandé. Elle était légère.
La caisse était d'une couleur noire parfaite, dans un ton légèrement dégradé vers le centre : noir encre sur le bord extérieur de la caisse, virant vers un noir poudré sur son intérieur. La rosace était décorée de fins dessins argenté, le même gris qui dessinant les contours de l'éclipse. La tête de la guitare était dans le même ton noir encre que la caisse.
- Elle est parfaite.
Sirius la détailla dans les moindres recoins. Il l'attendait depuis un bon moment, mais elle en valait la peine. Il ne savait pas comment elles étaient fabriquées, mais il se doutait que ça prenait du temps et la description qu'il en avait fait au vendeur était telle que celui-ci avait peut-être dû en trouver une particulière, voir la faire fabriquer spécialement pour lui. Mais c'était le nouvel amour de sa vie. Alors, c'était nécessaire !
- Je suis amoureux ! Cupidon existe ! souffla-t-il.
À ça... si le coup de foudre pouvait exister pour les instruments, il venait d'en avoir un.
Le musicien posa les yeux sur la housse, toute aussi élégante que la guitare. Les mêmes couleurs noires et grises. Ses couleurs ! Il n'avait pas fait dans l'originalité, mais c'était juste lui.
Il posa le corps de la guitare sur sa cuisse, prenant le manche dans sa main gauche et laissant son pouce droit glisser sur les cordes, produisant un son harmonieux.
- Il me l'a même accordé. Je vais pouvoir la prendre cet après-midi.
Remus observa le jeune homme. Son habituel cours de musique avec Pearl William. Ce dernier commença à jouer un morceau, les yeux rivés sur sa main gauche.
Ils entendirent des grognements provenant du lit de Peter, qui dormait toujours. La musique avait dû le réveiller, mais Sirius ne s'en soucia pas, ignorant les protestations du petit rat.
James se leva.
- Elle est superbe en effet. L'attente valait le coup.
- Oui !
Le brun continua à jouer. Le préfet se leva à son tour et passa dans la salle de bain pour se préparer. Non pas que la musique le dérangeait, bien au contraire, il n’avait jamais eu le plaisir d’entendre son homme jouer, et il se débrouillait très bien. C’était même un délice musical.
Mais il était assis à côté d'un Sirius légèrement nu... Enfin vêtu d'un caleçon, mais ce n'était pas grand-chose, vraiment rien. Son torse parfait était au vu de tout le monde et surtout de lui. Son regard avait vite bifurqué de la guitare à ses muscles, dessinant avec envie cette carrure que la nature, et la pratique du Quidditch avaient donnés à son ami. Cette peau sans le moindre défaut, à part une légère cicatrice au niveau de l'épaule gauche. Peut-être en avait-il d'autres, mais il n'avait pas osé trop entrer dans le détail de son observation.
Son cœur s’était mis à battre avec envie pendant ses quelques minutes. Cette proximité lui avait permis de s’enivrer de l’odeur de son homme, douce, sucrée, légèrement boisée, son cœur s’accélérant un peu plus. Et ce sourire et ce regard d’envie sur le visage du brun... C'était divin !
Il passa sous la douche, la musique lui parvenant à travers la cloison. Sirius savait bien jouer. Il était doué.
Dans la chambre, Peter se réveilla, ruminant contre ce boucan. Il fronça les sourcils, observant son voisin de chambre, une guitare dans les mains. C'était dimanche ! Le jour du repos du guerrier ! Il aurait bien fait la remarque, mais après l'histoire de la veille, il préférait se la jouer discrète. Il se leva, vêtu d'un pyjama haut/bas assorti et s'arrêta deux secondes devant le feu.
Ses amis lui en voulaient encore. Mais bon, c'était mérité. Il ne dirait plus jamais rien. Ils lui avaient demandé ce qu'il racontait à Julia. Mais il ne lui racontait rien... Enfin rien d'interdit. C'est vrai qu'elle lui posait aussi des questions sur leurs attaques contre les serpentards. Il en rajoutait parfois un peu sur son rôle dans chacune d'elles. Mais ça s'arrêtait là.
Une heure après, les maraudeurs étaient dans la grande salle pour le petit déjeuner. Sirius avait enfin lâché le nouvel amour de sa vie, était passé sous la douche et ils avaient pu quitter le dortoir. Après le repas, le brun s'était dirigé vers une brune coiffée de tresses, portant une écharpe aux couleurs des aigles. Il lui parla avec grands gestes, semblant mimer un objet : sa guitare. Pearl ! Son professeur de musique. Celle-ci semblait boire ses paroles avec avidité. Un fait qui semblait échapper au brun.
Ils se saluèrent de la main et le jeune homme rejoignit ses amis, direction la salle commune. Pendant le petit déjeuner, l'orage avait grondé et la pluie s'était abattue sur l'école. Le temps de la mi-novembre. Les vacances de Noël approchaient à grands pas et les examens trimestriels aussi.
La plupart des élèves s'étaient retrouvés dans la salle commune. La pluie faisait rage à l'extérieur, s'abattant sur les fenêtres de l'antre des rouge et or, fenêtres qui en temps normal inondaient la pièce de lumière. Pour l'heure, elles ne laissaient passer que le bruit assourdissant de l'orage, couvrant quasiment les conversations des élèves. Le feu de la cheminée était allumé ainsi que les torches des murs, procurant une sensation de confort très agréable, à l'opposé du déluge extérieur.
Toutes les tables étaient occupées et la plupart des canapés aussi. Trois des maraudeurs ne faisaient pas exception. Le lendemain, Défense contre les forces du mal et un examen de deux heures. Installés à leurs places habituelles, leurs livres et parchemins sur les genoux, ils revoyaient tout le programme depuis le début d’année.
Remus posa les yeux sur l’amour de sa vie, un sourire aux lèvres. Ils étaient chacun dans leur monde et il put détailler, sans crainte d'être surpris, les traits si parfaits de son ami. Son torse nu du matin se dessina alors facilement sous ses vêtements. Son regard glissa alors sur ses mains... qui semblait écrire mais bizarrement. Quelque chose clochait. Il se pencha légèrement par-dessus le bras du jeune homme et fronça les sourcils, attrapant ce qui recouvrait le manuel scolaire.
- Qu'est-ce que tu révises au juste ?
Sirius protesta, mais avant de pouvoir intervenir, le cahier lui échappait déjà. Remus fronça les sourcils et grogna, mécontent.
- C'est ça ton cours de Défense contre les forces du mal ?
Le brun s’accouda au canapé, un sourire mutin aux lèvres, dans une posture altière qui lui donnait un air plus séducteur. Un prince sur son trône.
- Hum... non ! Ça, c'est mon cahier de partition.
Remus secoua la tête, fermant le cahier, avant de le glisser dans son livre, à la dernière page. Confisqué ! Sirius l'observa, étonné, avant de sourire un peu plus.
- Tu peux me le rendre, s'il te plaît, mon petit loup ?
Le préfet ne releva pas le "mon petit loup" qui en temps normal le faisait fondre, encore moins le "s'il te plaît" si mielleux. Il ne croisa pas le regard de Sirius. Non ! Il ne craquerait pas !
- Non ! Déjà, cet après-midi, tu vas passer deux heures à étudier ta musique. Deux heures de perdues... Alors, non !
Le brun haussa un sourcil, une légère moue se dessinant sur ses lèvres, son regard se faisant légèrement plus séducteur.
- Rem, ce n'est pas du temps perdu. J'adore la musique.
- Je sais et c'est pour ça que je ne dis rien. Mais à la veille d'un examen aussi important, c'est du temps perdu. Mais chacun ses priorités. Et pour l'heure, la tienne est le cours de Défense contre les forces du mal.
Il n'avait pas levé les yeux de son livre, refusant de céder à ce regard et à cette moue si irrésistible. Mais il tiendrait bon. Sirius se pencha, son regard se faisant plus machiavélique. Il s'approcha dangereusement du jeune homme, susurrant dans le creux de son oreille.
- Rem, mon ange, s'il te plaît, rends-moi mon cahier. Je dois réviser pour cet après-midi.
Remus frissonna, son regard se voila. Il ne voyait plus la formule qu'il était en train d'étudier. Sa vision se brouilla au point qu'il ne vit plus la salle commune, ni les autres élèves. Il entendit juste cette voix, ce "mon ange" que Sirius prononçait souvent... trop souvent ! Et il ne sentit que ce souffle chaud et doux dans le creux de son oreille, lui caressant presque le cou. Sirius avait ce don incroyable de lui faire perdre tous ses moyens. Et il se détestait quand il était aussi faible. Il sentit les doigts son homme sur sa nuque, commençant à jouer avec ses cheveux. Il sombrait dans un abîme sans fond de délice ! Il n'arrivait pas à résister. Sirius était trop craquant... Il ne pouvait pas lutter... Il était sa faiblesse.
Le préfet se ressaisit aussitôt, rivant son regard dans les abîmes grisés du jeune homme. Celui-ci le regardait avec toute l'innocence du monde, ce qui le rendait encore plus irrésistible.
- Non ! Tu révises l'examen de demain. Et pas ta partition. En plus, tu révises sans guitare. Une perte de temps.
- Rem... S'il te plaît.
Le regard de Sirius se fit plus suppliant et ses lèvres se retroussèrent avec délectation. Remus dut de nouveau se faire violence pour ne pas céder. Et surtout, la main de Sirius lui caressait toujours la nuque, le faisant frissonner de plaisir. Malgré tout, il ne fit aucun geste pour se dégager de cette emprise, rien pour retirer cette main si indélicate ou juste s’écarter. Il savourait juste cet instant, au-delà de ces mots qu’il prononçait et de leur sens, il profitait de ce moment. Sa tête et son cœur était en total désaccord.
- NON !
Il ne flancherait pas. L'examen de demain était capital pour leur avenir. Viadus était un professeur sévère qui n’admettait que l’excellence pour les ASPIC. Une seule mauvaise note et il pouvait vous exclure de son cours. Alors, il ne flancherait pas.
Le plus dur, c'est que Sirius ne se fâchait pas. Non, au contraire. Il posait sur lui un regard de défi. Comme si le jeune homme avait décidé de l'avoir de la manière douce, de gagner la partie en le soudoyant.
- Je te le rendrais après le déjeuner. Pas avant !
Le brun posa les yeux sur James, qui les observait discrètement de son fauteuil, amusé. Il croisa le regard de son frère, un sourire taquin aux lèvres.
- Faut t'y faire, Patmol. Il ne se laisse plus avoir, le petit Moony.
Sirius soupira, légèrement mélancolique.
- À croire que je perds de mon charme.
Remus attrapa le livre de Sirius l'ouvrant à la page de la leçon et le reposa sur les genoux de son ami, préférant ne pas voir les petits sourires chez ses deux amis et encore moins, leurs regards plein de sous-entendus. Les caresses de Sirius sur sa nuque cessèrent enfin. Il souffla, soulagé que cette divine torture prenne fin.
Sirius prit le livre, observant la leçon. Dire que sa guitare l'attendait dans leur dortoir. Elle devait s'ennuyer toute seule. Remus n'avait pas voulu qu'il la prenne. Il avait dû l'abandonner, alors qu’elle était nouvelle, qu’elle se retrouvait dans un lieu qu'elle ne connaissait pas. Pauvre ange musical !
Et la matinée était loin de s'écouler comme il le voulait. Comment accélérer le temps ? Il jeta un œil sur la pendule qui ornait un des murs, quand il entendit un bruit sourd devant lui. Il reposa les yeux sur un Remus, très mécontent.
- Tu ne révises pas ? C'est pour toi, Sirius. L'examen va compter pour un tiers dans la note du trimestre. Si tu le rates, tu peux dire adieu à ta belle carrière d'Auror.
- Mais si... Je révise !
Il se défendit comme il pouvait, sauf que le cœur n’y était absolument pas. Et il n’appréciait pas de ne pas écouter son cœur. Il n’appréciait pas d’être forcé, d’aller contre ses envies.
- Tu en es où ? Quelle est la dernière ligne que tu as lue ?
Sirius sourit, se passant la langue sur les lèvres. Un geste qui rendait fou le petit lycanthrope. Rares étaient les actes de son ami qui le laissaient totalement indifférent. Il les avait d'ailleurs comptés : zéro
- Un fa, un si et un do je crois. Mais je ne me souviens plus si c'était en note blanche ou noire.
Et toujours ce même sourire d'ange. Et face au regard furieux de Remus, il ne fit que se délecter un peu plus de la situation.
- OK, ça va Rem', je m'y mets, je m'y mets.
- Fait gaffe, où il va finir par te priver de cours de musique, railla James.
Sirius haussa les épaules, prenant son livre et commençant sérieusement à réviser. Soit... Si sa carrière d'Auror était carrément en jeu... Mais bon... son regard se releva lentement vers la porte des dortoirs. Sa guitare... et lui... Il avait envie d'en jouer, il voulait profiter de son nouveau jouet. Il s'apprêtait à refermer doucement son livre quand la baguette de Remus se posa alors sur sa cuisse.
- N'y songe même pas ! Si tu bouges pour aller la rejoindre, je te ligote au canapé. Mais foi de Godric Gryffondor, tu vas réviser, Sirius !
Ce dernier sourit, rivant son regard sur le lycanthrope qui lui ne fixait que sa leçon. Il sourit taquin, ayant envie de tout sauf de réviser, et s’il ne pouvait pas jouer de la musique, il allait jouer avec son petit loup.
- Quitte à être ligoté, je préférerais que ce soit à un lit.
Cette fois, toute la volonté de Remus ne suffit pas à ignorer la réplique. Il riva son regard sur son ami, interloqué, son cœur manquant plusieurs battements. Sirius... ligoté... à un lit... NU ! Cette évidence et cette vision s'imposèrent à lui en moins d'une seconde.
James fronça les sourcils, peu ravi.
- Patmol et ses pratiques sexuelles douteuses. Épargne nos chastes oreilles, s'il te plaît !
Le ton du jeune homme était moqueur, mais il n'en pensait pas moins. Il ne voulait pas de détails.
Le regard de Sirius se détacha du loup, pour se poser sur le cerf, très amusé.
- Tu verras, toi aussi quand tu auras goûté au pécher originel, tu ne pourras plus t'en passer.
- Si tu le dis...
Remus inspira difficilement. Alors Sirius et cette fille... l'été passée... vingt trois jours de relation qui avait été bien au-delà d'une simple amourette... jusque dans un lit et des pratiques sexuelles douteuses. Face à la mine du petit lupin, Sirius sourit.
- Je plaisante Moony, je plaisante… Je ne te demanderai jamais de me ligoter à un lit. Promis !
Il riva son regard dans celui de son ami, un sourire d'excuse aux lèvres.
Le cœur du lycan se gela. Non, en effet ! Remus n’aurait jamais la chance de recevoir une proposition aussi indécente de la part de son homme, car Sirius ne serait jamais à lui. "Son homme"… ce terme qu’il employait pour le désigner, dans l’intimité de ses pensées les plus sécrètes, il ne pourrait jamais le prononcer à voix haute. Sirius ne serait jamais rien d’autre qu’un ami. Son regard se perdit dans le néant, blessé. De la plaisanterie ? Voilà tout ce qu’il inspirait au jeune homme… Soit !
- Très drôle, Patmol. Pour l'heure, je vais juste me féliciter de n'être ni une fille, ni à ton goût et je vais continuer mes révisions.
Quelque chose se brisa alors, Remus le sentit parfaitement. Ce changement d'atmosphère, cette froideur qui émanait maintenant de Sirius. Le regard de ce dernier se voila et le jeune homme se passa la langue sur les dents, signe qu'il avait été vexé.
Le regard du brun se perdit dans le néant, quittant cette salle et arrêtant net ce petit jeu entre lui et le préfet. Remus s’en féliciter ? Pourquoi ? Parce que lui-même n’était pas au goût du petit lycanthrope ? C’était ça que voulait dire son ami ? Il n’était pas assez bien pour lui ?
- Et bien Félicitation alors !
Il prit son manuel, le cœur serré, cessant de jouer.
- Qu'est-ce qu'il a ?
Ce changement d'attitude échappait totalement au châtain. Sirius referma son livre dans un geste brusque.
- Rien, absolument rien ! Je peux aller me chercher un chocolat chaud ou on est prisonnier de ce canapé ?
Et sans attendre de réponse, l'animagus chien se leva et se dirigea vers une table située sous les fenêtres, ou plusieurs tasses attendaient d'être servies. Remus chercha de l'aide auprès de James.
- Qu'est-ce que j'ai dit de mal ?
L'animagus cerf soupira, sans répondre.
- Tu peux m'expliquer ?
Alors là, il était perdu. Il n'avait rien dit !
- Non, c'est à vous de vous expliquer et assez rapidement car l'ambiance dans le groupe commence à sentir la bouse de dragon. Faudrait vite ouvrir les fenêtres et rafraîchir l'air.
Remus observa Sirius qui s'était installé à la table d'Erin et Mary, reprenant les révisions avec elle
Vendredi 19 novembre
Début de soirée à Poudlard.
Les maraudeurs se trouvaient dans leur salle commune, bien au chaud. Le repas était avalé, les devoirs étaient finis, les leçons apprises. Ils ne leur restaient plus qu'à flâner, devant le feu, en rigolant, plaisantant. La tension était retombée entre les trois maraudeurs et Peter. Il avait parlé, c'était fait, ils n’y pouvaient plus rien ! Il fallait juste espérer que les filles avaient été moins bavardes que lui. Il s'était pris des réflexions, des petites piques et cela allait continuer encore un temps.
Un fait qui offusquait le jeune homme. Car, quand Sirius avait trahi, quand le brun avait poignardé Remus dans le dos, envoyant quasiment un autre élève - peu importe qu'il s'agisse de leur pire ennemi - à la mort, ils n'en avaient pas parlé pendant des mois. Bon, Remus ne leur avait pas parlé pendant un mois. Sauf à James, le jeune homme ayant tenté d'apaiser les tensions, de plaider en faveur de Sirius. Alors que ce dernier ne le méritait pas. L'animagus chien aurait limite dû être exclu du groupe pour une pareille trahison. Et lui, on lui envoyait des vacheries pour une petite confidence malheureuse.
Mais il avait préféré passer-outre et laisser faire. Après tout, c'était les maraudeurs et il était un des leurs. Le groupe le plus populaire de l'école. Ils étaient enviés, jalousés. Ils attiraient tous les regards. Tout ce qu'il voulait lui, dans le fond, c'était d'être avec eux.
Mais ce soir, c'était aussi un soir particulier. La plupart des élèves faisait des projets pour le lendemain. Samedi, jour de repos. Grande journée pour pouvoir décompresser un peu. Mais surtout, pour le petit groupe d'ami, ce samedi était synonyme de la pleine lune. Une nuit qu'ils allaient passer en forêt, à s'amuser, à rire, sous leur forme animale, avec un loup-garou.
De l'inconscience ? Pas du tout, juste de la solidarité. Depuis que le loup ne restait plus enfermé entre quatre murs, il ne se mutilait plus. Remus vivait bien mieux sa pleine lune. Seules les transformations étaient éprouvantes. Autrement, ils jouaient, ils courraient. Patmol et Cornedrue veillaient au grain, pour être sûr que le loup ne leur échappe pas. Et ils devaient aussi faire attention à Quedver... À la première pleine lune qu'ils avaient passé tous les quatre, le loup avait failli le manger... Ce qui aurait été assez catastrophique, mais l'animagus du Pettigrow, était comme son humain : petit. Plus petit que la normale, trop petit même. Et un petit rat face à un loup... La catastrophe avait été évité de peu, même si par la suite, Sirius et James en avaient bien ri.
Veille de la pleine lune, Remus était légèrement énervé. Tout l'agaçait. Que ce soit le bruit que faisaient les élèves, cette façon que Peter avait de le regarder, sans doute partagé entre la culpabilité et l'angoisse de se prendre des réflexions, ou Sirius, qui était juste là !
Remus inspira, son regard se posant sur son ami. C'était la pire période du mois pour lui, car le brun en devenait tout simplement irrésistible. De beau, il passait au niveau de dieu divin. De sexy, il en devenait à se damner. Et il avait du mal à contenir ces bouffées de désirs qui lui prenaient les entrailles. Il se contrôlait, avec difficultés, mais il se contrôlait. Il s'éloignait aussi. Il faisait semblant de ne pas le voir, il ne lui accordait pas d'attention particulière. Car il ne savait pas où ça le mènerait.
Mais là, Sirius était vraiment canon. Il portait un jean noir, serré, un pull noir à capuche avec une poche kangourou sur le devant, sans rien en dessous. Le préfet ferma les yeux, essayant de ne pas partir dans ce délire. Et pourtant, imaginer la peau nue du jeune homme sous son pull, son torse, ses abdos, ses muscles. La vision du jeune homme, le dimanche précédent, en caleçon sur son lit, lui effleura l’esprit.
Il se leva sans un regard pour ses amis, se dirigeant vers le couloir qui menait à leur dortoir. Il y monta, préférant fuir. Ça commençait à devenir dangereux. Avec les mois qui passaient et ses sentiments qui ne cessaient d'augmenter... Comment pouvait-on se sevrer ? Une potion peut-être ? Mais de quel genre ? Pour annuler des sentiments ? Ou juste le désir ? Il connaissait des filtres d’amour, mais des filtres de sevrage, non ! Pour ne plus voir une personne belle ? Non, il ne pourrait jamais voir Sirius laid. Sirius ne pouvait pas l'être !
Remus se laissa tomber sur son lit, las. Ça devenait insupportable. Il devait trouver une solution. Il resta là, sans rien faire, juste perdu dans ses pensées : son homme… doux, tendre ; un regard plein de désir posé sur lui, un sourire plein d’envie ; des lèvres rougies d’avoir trop capturé les siennes... Il sentit une vague de désir le parcourir, partant de son cerveau pour déferler en lui.
La porte s'ouvrit alors. Remus ferma les yeux, priant du plus profond de son âme que ce ne soit pas Sirius. Ou qu'il ne soit pas seul. Mais une seule odeur lui parvint aux narines, enivrante, délicieuse. Celle qu'il reconnaîtrait toujours, même entre mille : celle de Sirius.
- Bah, tu boudes ?
Le brun s'approcha de lui, s'adossant à la colonne de son lit à baldaquin.
- Non, j'ai juste eu envie de m'isoler un peu.
Sirius haussa un sourcil, prenant un air légèrement étonné. Il adorait Remus à cette période du mois. Le jeune homme était légèrement irritable et lui ça lui plaisait.
- T'isoler de la salle commune ou de nous ?
Remus inspira, la vérité lui brûlant les lèvres. S'il savait... Ni l'un ni l'autre, juste de lui ! Il voulait être loin de lui. Il posa lentement son regard sur son ami. Celui-ci l'observait, une lueur dans le regard. On aurait dit de l'amusement, mais pas seulement. Il y avait autre chose, une étincelle que Remus n’aurait pas su définir.
- Les deux, sans doute.
Cette position, cette façon dont le brun avait de se tenir... Mais est-ce qu'on pouvait être accroc au point de voir du divin là où il n'y avait que de l'humain ? Que du banal ? Comment survivre à ça ? Comment s'en prémunir ? Sirius ne semblait même pas s'offusquer ou réagir à sa réplique. Il plongea juste les mains dans les poches de son pull, le regard de Remus glissant lentement sur ce corps bien trop parfait dont la nature l'avait doté. La nature et sa pratique du Quidditch.
Tout aurait été bien plus facile si Sirius avait été plus rondouillard, plus petit, plus moche. Mais non !
Si les filles s'arrachaient le moindre de ces regards, ce n'était pas pour rien. Le préfet détourna les yeux, se passant la langue sur les lèvres. Il avait soudainement très soif, la gorge très sèche.
Il sentit un poids sur son lit, Sirius prenait place.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Remus ne détourna pas la tête du plafonnier de son lit, l'odeur de Sirius l'emprisonna un peu plus. Le pire, c'est que se devait être son parfum naturel, ou celui de son gel douche. Il n'avait jamais remarqué une bouteille de parfum ou autre dans la salle de bain.
- Rien. Pourquoi tu veux qu'il y ait quelque chose ? Hormis la pleine lune demain soir, il n'y a rien.
Ah ! La pleine lune. Sirius n'avait pas oublié, loin de là. Elle donnait un côté très sauvage à la personnalité jeune homme face à lui.
- Ça se passera bien.
Remus acquiesça simplement de la tête. Il n'avait nullement peur de ce qui se passerait le lendemain. Non ! Juste de ce qui pourrait se passer là, maintenant, si Sirius ne quittait pas au plus vite son espace vital, avec cette satanée odeur et son regard qui le faisait fondre !
Le préfet inspira alors profondément, s'enivrant de ce parfum qui le rendait fou. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Il avait l'impression d'être face à une drogue. Oui voilà ! Il était un drogué en manque face à sa dose. Sauf que pour lui, sa drogue n'était en rien novice. Bien au contraire !
Enfin... Si ! Elle mettrait juste fin à leur amitié s'il se servait impunément, s'il osait faire ce qui lui passait par la tête à ce moment précis : capturer les lèvres de son ami, l'attirer à lui, l'emprisonner de ses bras, de sa force et...
Une bouffée de désir le submergea alors. Il se redressa d'un coup, son cœur s'étant mis à battre sourdement. Il devait arrêter là ces délires. Il devait se sevrer, trouver une solution et très rapidement.
Son regard croisa celui du jeune homme, qui l'observait, perplexe.
- Ça ne va pas ? J'ai l'impression qu'avec le temps du supporte de moins en moins cette période pré-pleine lune.
Sirius s'inquiétait pour lui ? Il en était encore plus attirant. Mais si seulement il savait...
Par Merlin, Libérez-moi !
Remus sortit de ses pensées, croisant le regard du jeune homme.
- Ça va bien, je t'assure. Je suis juste un peu fatigué.
- Et irritable ! Oui, je sais.
Sirius sourit. Cette période, où le caractère du loup déteignait légèrement sur son ami, était vraiment particulière. Peter évitait le lycanthrope, mais lui, il aimait bien et il cherchait même la confrontation. Il n'aurait pas su dire pourquoi. Peut-être pour contempler cette assurance que le jeune homme avait dans les yeux ou dans sa voix. Cette façon dont il avait d'être plus vivant, plus hargneux.
Remus acquiesça de la tête, avant de se lever, se dirigeant vers la fenêtre pour l'ouvrir. Respirer de l’air frais pour reprendre ses esprits. C’était un début de remède.
Sirius se leva à son tour, prenant sa guitare, qui reposait fièrement sur son support, et s'installa sur son lit, commençant à jouer un morceau. Un morceau différent de la dernière fois.
- Pearl t'a appris un nouveau morceau ?
Sirius fit lentement non de la tête, des mèches brunes vagabondes venant danser devant ses yeux, entrecoupant ses iris métalliques.
- Non, c'est moi tout seul. Tu sais, ce cahier de partition que tu as fini par me rendre, il est plutôt utile.
Le cahier de partition ? Ah oui... Le dimanche précédent, Sirius refusait de réviser. Remus ferma les yeux, penchant la tête vers l'extérieur. La manière qu'avait eue Sirius de lui murmurer dans le creux de l'oreille, de lui caresser lentement la nuque et même de jouer avec ses cheveux. Ses regards, ses sourires !
Remus rouvrit les yeux. Ils ne s'étaient pas vraiment expliqués sur la mouche qui avait piqué Sirius. Le jeune homme s'était calmé, revenant vers eux comme si de rien n'était au moment du repas du midi, proposant d’aller manger. Remus avait cherché à savoir le pourquoi du comment il s’était fâché, mais Sirius avait juste nié.
Il devait penser à autre chose. Il devait oublier, fuir, partir ! Loin... loin... et encore plus loin. Pourtant, il ne bougeait pas, contemplant la nuit noire, écoutant les notes s'entremêler pour former une mélodie harmonieuse, son cœur battant doucement. Sirius avait appris cet air juste à partir d'une partition ? Il n'aura bientôt plus besoin de professeur. Tant mieux, ça serait du temps en moins qu'il passerait avec cette fille.
Pearl ! Elle avait une façon de dévisager son homme. Elle buvait ses paroles et Sirius ne voyait rien. Elle crevait d'envie de développer une relation plus approfondie que celle d'un prof et de son élève. Et Sirius ne voyait rien. Mais comment pouvait-il être aussi aveugle quand il s'agissait de filles ?
Ah ça... Pour repérer un serpentard à martyriser, une bêtise à faire ou une clause du règlement qu'il n'avait pas encore enfreint, il était fort, un fin limier même ! Mais pour les filles, il était myope. Pouvait-on réellement être aveugle à ce point ?
Remus souffla, reprenant ses esprits, essayant de zapper tout ça. Mais il n'y arrivait pas. La porte s'ouvrit laissant entrer les deux autres maraudeurs.
Ouf ! enfin sauvé !
Sirius posa les yeux sur les nouveaux arrivants, reposant sa guitare. Demain, il avait sa leçon avec Pearl. Il avait hâte. Maintenant qu'il avait sa propre guitare, les cours avançaient plus vite.
- Bon je file à la douche. Ce soir, on se couche tôt pour être en forme demain.
James et Peter acquiescèrent d'un regard. Ils avaient aussi hâte. La pleine lune était l'occasion de grandes aventures pour eux. Même si c'était une torture physique pour Remus, après, c'était que du bonheur.
Sirius s'enferma dans la salle de bain et Remus, toujours légèrement penché à la fenêtre, dos à ses amis, jeta un coup d'œil discret vers la porte de la salle d’eau. L'eau se fit entendre. De l'eau chaude, par cette nuit de mi-novembre. Sirius sous la douche... Cette scène... L'eau qui tombait sur son corps nu. Il avait surpris Sirius sous la douche, une seule fois dans sa vie, juste une ! Mais cette fois-là avait suffi à tout changer en lui, à tout changer entre eux. Dans les vestiaires, pour la première fois, il l’avait désiré, il l’avait aimé. Et il avait été condamné à vie. Une nouvelle vague de désir déferla en lui.
Remus grogna pour la chasser, avant de fermer la fenêtre et de se diriger vers son lit.
Stop ! Stop ! Stop !
Il devait arrêter, se reposer, se calmer. Ne plus penser, fermer juste les yeux, oublier. Pourquoi ne pas prendre une potion de sommeil ? Car là, il était dans l'incapacité de plonger dans les bras de Morphée. Ça serait plus simple. Il lui en restait une. Madame Pomfresh lui en donnait toujours une ou deux de réserve, car la nuit, il cauchemardait souvent...
Des yeux ivoire, pales, pris de folie. Même si dernièrement, ce n'était pas ce regard, à lui glacer le sang, qui le réveillait en pleine nuit, mais un regard plus doux, argenté, qui le brûlait de l'intérieur.
Remus releva les yeux sur la porte de la salle de bain qui venait de s'ouvrir. Une grimace apparut sur ses lèvres, le jeune homme se la mordant, violemment.
Sirius été sorti de la douche, une serviette autour de la taille, les cheveux trempés, dégoulinant sur ses épaules et son torse. Il se les frictionnait avec une autre serviette, mais le mal était fait. Les gouttes d'eau chaude glissaient maintenant sur sa peau.
Remus ne put s'empêcher de suivre le tracé de l'une d'elles, celle-ci venant lentement s'écraser sur le tissu que le jeune homme portait autour de la taille. Son regard se posa alors sur une autre goutte qui vint mourir dans les mêmes circonstances. Des perles de son essence vitale. Il n'avait qu'une envie : les capturer entre ses lèvres et les goutter avec avidité.
Sirius le dépassa, venant prendre quelque chose dans son armoire. Le préfet posa son regard sur la fenêtre, de plus en plus agacé. Jamais avant il n'avait ressenti les effets de la pleine lune, du moins, pas à ce point. Depuis qu'il s'était rendu compte de ses sentiments, l'année précédente, cela avait réellement commencé. Mais là, ça devenait presque invivable. Tout ne faisait qu'empirer. Et le pire, c'était qu'il devait se contenir, qu'il devait se maîtriser, pour ne pas éveiller les soupçons de ses camarades.
Sirius revint dans son axe de vision, repartant dans la salle de bain. Mais le lycanthrope eu largement le temps de dessiner les courbes de son dos et de ses hanches. Le châtain détourna aussitôt les yeux. Le motif du passage éclair de Sirius dans la salle de bain ? Se débarrasser de la serviette qui lui entourait la taille. Le jeune homme était maintenant en caleçon, installé sur son lit, les cheveux toujours légèrement trempés.
À croire qu'il ne connaissait aucun sort pour se les sécher instantanément. Le préfet était à deux doigts de prendre sa baguette pour le faire à sa place.
Le lycan grogna, mécontent. Il se leva, attrapa ses affaires et disparut à son tour dans la salle de bain. Après, il prendrait sa potion de sommeil et il n'aurait plus à s'en préoccuper jusqu'au lendemain. Il posa les yeux sur le miroir, soupirant, las, revenant à la réalité. D’un, Sirius n'était pas gay. De deux, lui... Il était laid.
D'un autre côté, le dimanche précédent, Sirius avait pris la mouche. Il s'était vexé sans raison. Il n'avait rien dit de mal. « Et bien Félicitation... » Cela avait été la réponse du brun.
Lui ne s'était que féliciter de n'être ni une fille ni à son goût. Où était le mal dans cette réplique ? James n’avait pas répondu. Ils devaient s’expliquer, mais sur quoi ? Ni une fille... ni à son gout... Est-ce que Sirius pouvait être intéressé par les hommes ? Non !
Et pourtant... l’image de ce jeune professeur pour qui Sirius avait servi de guide et avec qui il correspondait - tout en prétendant droit dans les yeux le contraire - cette image se dessina dans son esprit. Est-ce lui qui avait ligoté son homme à un lit ? NON !
Il passa sous la douche pour se rafraîchir les idées et surtout les remettre au clair. Sirius n'était pas gay ! Il lui aurait dit quand même. Ce n'était pas anodin.
« Oui enfin, il ne t'a pas dit non plus qu'il était hétéro... » La voix de Lily qui, elle, pensait que non, Sirius n'était pas attiré par les filles.
Il avait fréquenté Erin, mais même pas une semaine… Et si c’était le temps qu’il lui avait fallu pour comprendre que c’était les hommes qui lui plaisait ? Non ! Il ne pouvait pas ! Il n’avait pas le droit !
De l'autre côté de la porte, Sirius posa son regard sur celle-ci, fronçant les sourcils. Il se tourna vers James, qui avait le nez plongé dans son magazine de Quidditch. Il était abandonné à celui de son équipe préférée : les Faucons de Falmouth.
- C'est une impression ou c'est moi qui l'énerve ?
James leva le nez de son article, observant la porte de la salle de bain par-dessus ses lunettes, un sourire aux lèvres.
- Hum, je ne pense pas que ce soit une impression.
Il replongea dans sa lecture. Sirius se leva, inquiet. Pourquoi Remus pouvait-il lui en vouloir ?
- Mais qu'est-ce que j'ai fait ?
Il était au niveau du lit de James, qui reposa le même regard sur lui, par-dessus ses lunettes.
- Je ne sais pas moi... C'est peut-être dans ta façon d'être, ou de parler, ce ton moqueur que tu prends parfois pour t'adresser à lui, ces petits gestes que tu as envers lui et que je juge innocent et qui ne le sont pas vraiment… ou le fait que joue de la guitare le matin au réveil, même si nous on dort, ou encore la manie que tu as de te balancer sur ta chaise quand on est en cours, ou le fait qu'à la maison, quand tu finis la bouteille de lait, tu la remets au frigo, au lieu de la jeter, ou encore le fait que tu enlèves tes chaussures là où tu es et qu'elles ne bougent pas tant que tu ne ressorts pas, alors qu'un meuble est spécialement prévu pour elle... Ou alors...
- Oui bon, si tu ne sais pas, tu te tais !
James rigola. Sirius retourna sur son lit, observant son frère. Ce dernier ne l'avait pas du tout aidé sur ce coup. Mais soit, il ne jouerait plus de guitare le matin au réveil. Il avait bien compris les messages... Pas de Remus, non ! Mais ceux de James étaient bien passés. Enfin, il ne jouerait plus jusqu’à la prochaine fois. Sauf que maintenant, il y prendrait le plaisir malsain de déranger ses amis. Sirius sourit alors.
- Tu remarqueras que maman Potter ne me fait jamais aucune remarque. Contrairement à toi. Elle doit me préférer !
Les lunettes de son frère glissèrent sur son nez, son regard passant par-dessus, pour contempler le jeune homme.
- Moi aussi, si j'avais pris un endoloris, j'aurais été le fils préféré.
Sirius sourit, amusé, un mouvement de sourcil plutôt narquois accompagnant son petit rictus. James secoua la tête, agacé. Trop facile...
- Tu sais ce qu'on dit : une mère préfère toujours son enfant le plus fragile.
Sirius sourit un peu plus.
- Tu sais que je t'aime.
James fit mine de lui envoyer un baiser du bout des lèvres comme pour sceller cette déclaration d'amour, avant de replonger dans son magasine.
Remus réapparut, glissant dans son lit. Dix minutes après, il dormait profondément grâce à une potion.
End Notes:
J'espère que ce chapitre vous a plu. Merci pour vos commentaires. Ma fic a dépassé les 2000 lectures ce qui me fait vraiment plaisir. Je vous remercie de la suivre.
Vous aimez le nouvel amour de Sirius ? Et Remus... Il divague, il se perd, qui pour le sauver ? James en spectateur très amusé et Peter en retrait, coupable, fautif. Il ne peut s'en prendre qu'à lui même après tout.
Pour le prochain chapitre, je vous promet deux couples (d'amis... n'allons pas trop vite U_U), un astre rond, des promesses et de la délectation.
Du Crépuscule du Soir au Crépuscule du Matin by Crepuscule64
Author's Notes:
Une nuit dans le mois : la pleine lune.
Deux moments : l'Aurore et l'Aube.
Deux couples d'amis... enfin presque !
Du Crépuscule du Soir…
Lily Evans marchait dans le parc du château, seule. Elle revenait des serres de botanique, où elle avait eu besoin de l'aide du professeur Chourave pour un problème avec une potion. Le professeur Chourave était toujours d’une grande aide pour les élèves, elle était toujours là pour eux. Et la botanique était capitale pour pouvoir postuler aux études d'Aurors, car souvent indissociable des potions. Enfin toutes les matières étaient importantes pour son avenir. Que ce soit la potion, la défense contre les forces du mal, la métamorphose, la botanique, les sortilèges. Elle avait gardé l'étude des moldus, l’étude de Runes et l'Astronomie pour se donner des points en plus. Elle avait abandonné l’arithmancie, le cours ayant lieu dans le même créneau horaire que l’étude des runes.
La compétition pour intégrer le cursus de formations des Aurors était très difficile et elle voulait y parvenir. Elle voulait se fixer un but, se donner un objectif à long terme. Avoir un métier fascinant, qui la ferait bouger. Malgré son côté rat de bibliothèque, elle ne supporterait pas de rester enfermée dans un bureau. Non ! Elle voulait de l'action. Et surtout évoluer dans le monde de la magie.
Et quand elle entendait ces rumeurs, sur ce mage noir, sur ces mangemorts, sur leur avenir qui devenait de plus en plus sombre, et même au-delà des rumeurs, les informations relayées par la gazette des Sorciers, sa décision lui semblait la meilleure. Un jour, elle aurait sans doute à combattre ceux qui sont aujourd'hui ses camarades de classe. L'avenir semblait si incertain. Elle vivait peut-être ses deux dernières années de plénitude. Poudlard semblait être un endroit sûr. En tout cas, ces mangemorts n'avaient jamais attaqué l'école.
Lily posa son regard sur le lac noir qui abritait la maison des Serpentards. Poudlard assurait aussi la formation du camp ennemi. Attaquer l'école reviendrait sans doute à attaquer les enfants, les frères ou sœur de ces mangemorts.
Ne généralise pas, ils ne sont pas tous comme ça !
Elle secoua la tête, dépitée que des sorciers puissent accorder autant de valeur au sang. Elle entendit une voix dans sa tête, celle d'un de ses camarades de maisons. Des mots si gentils qu'il lui avait adressés quand ils s'étaient retrouvés coincés dans l'impasse du sixième étage.
« Lily, tu es née-moldue. Mais dans cette école, il n'y a aucun sorcier ou aucune sorcière, tout sang confondu, qui ne t'arrive à la cheville. Même moi, même Sirius... On ne te défierait jamais en duel singulier. Pas parce que tu es une fille, mais parce que tu es redoutable avec une baguette à la main. Tu n'as sincèrement aucun complexe à avoir par rapport à ton sang. »
Elle sourit, sentant son cœur se remplir d'une étrange chaleur. Jamais elle n'aurait cru un jour penser à James Potter l'insupportable, James Potter l'arrogant, James Potter l’imbu de lui-même, autrement qu'avec haine et colère. Comme quoi, tout changeait. Même lui. Car le changement ne venait pas d'elle. Elle ne le pensait pas. Elle n'avait en rien modifié son comportement. Elle avait toujours été courtoise et polie tant qu'elle ne le surprenait pas en train de s'en prendre à d'autres élèves, et en particulier Severus.
Severus...
Elle le chassa de ses pensées, refusant de s'attarder sur son cas. Il s’était perdu et elle ne voulait pas se prendre la tête avec lui.
- Lily ?
La jeune femme stoppa sa course, reconnaissant sans peine cette voix. Elle ragea intérieurement. À croire que quand on pensait au diable, on le faisait vraiment venir à soi.
- Lily ? S'il te plaît, j'en ai pour deux minutes. Je veux juste te parler.
La rousse se retourna d'un coup, rivant un regard froid sur Severus Rogue, son ancien meilleur. Elle n'avait plus envie de lui parler. Elle n'avait plus envie de le voir et encore moins de l'écouter.
- Tu tombes mal, Severus, parce que je crois qu'on s'est déjà tout dit.
Elle allait faire demi-tour, mais son regard se posa sur la main du sepentard qui tenait fermement sa baguette.
- Ne m'oblige pas à t'immobiliser pour que tu m'écoutes.
La jeune fille haussa un sourcil, plongeant lentement sa main dans la poche de sa cape pour en sortir aussi sa baguette. Elle laissa son bras le long de son corps, sans chercher à être menaçante. Severus ne lui faisait pas peur, aucun élève dans cette école ne lui faisait peur. En duel singulier, elle était redoutable. Et même si elle avait aujourd’hui que le camp ennemi avait des armes qu’eux ne connaissait pas, elle n’en avait pas plus peur qu’avant. Ces armes… qu’ils les avaient retournées contre une de ses amies. Mary avait été hospitalisée à Saint Mangouste deux semaines, après ce qui lui était arrivé. Mulciber, Lestrange… Il n’y avait pas de preuve réelle, c’était la parole de la jeune fille contre la leur, mais tout le monde savait.
Elle inspira doucement.
- Tu veux vraiment jouer à ça ?
Severus posa les yeux sur la main de son amie, le cœur lourd. Il secoua tristement la tête.
- Non, bien sûr que non. Je sais que tu es redoutable avec une baguette.
- Pour une sang-de-bourbe, tu veux dire ? Il paraît, en effet, que je me débrouille pas mal.
Le serpentard tiqua légèrement à ce terme. Ce mot... cette infamie pour désigner sa belle, sa meilleure amie, celle qu'il aimait, son rayon de soleil.
- Ne dis pas ça !
- Ce n’est pas moi qui le dis Severus, c’est toi ! cracha-t-elle pleine de haine, avant de reprendre d’un ton neutre, il ne méritait pas qu’elle s’énerve.
- C'est un mot que tu utilises sans honte pour désigner Sarah. Et Sarah est née-moldue. Comme moi ! Assume tes croyances jusqu'au bout, Severus. Et fiche-moi la paix.
Elle se détourna, continuant à marcher vers le château.
- ATTENDS !!!
Il hurla à travers le parc vide. La jeune femme se stoppa, se retournant vers le jeune homme, fatiguée. Elle allait mettre les choses au point, là, maintenant.
Elle se dirigea alors vers lui, son regard glacé, lançant des éclairs. Elle s'arrêta à quelques pas, le cœur si lourd face à son ancien meilleur ami. Mais Severus était perdu. Il avait tout fait pour se détourner d'elle. Il voulait rejoindre les rangs de ce sorcier, pour éradiquer le monde de la magie des personnes comme elle, issues de familles moldues.
- Écoute-moi bien Severus, quoi que tu aies à me dire, ça ne m'intéresse pas. Tout ton baratin, ça ne me concerne plus. Je ne t'écouterai plus jamais. Tu n'as plus aucun droit d'oser espérer me convaincre de quoi que ce soit.
- Si ! Et c'est pour ça que tu vas venir avec moi.
Il pointa sa baguette sur elle, l'œil mauvais. Elle ne bougea pas, sceptique. Il ne lui faisait pas peur.
- Et pour aller où ?
Samedi soir. Début de soirée. Où voulait-il aller ? Rogue sourit, ravi d'avoir captivé l'attention de la jeune fille. Elle allait le suivre, de gré ou de force.
- À la cabane hantée. Je vais te montrer le monstre qui s'y cache et tu ne pourras que me croire. Croire que ce monstre, c'est Lupin. Tu verras que demain, il sera à l'infirmerie, blessé.
Il ne la quittait pas des yeux et il s'était attendu à tout, sauf à ça : ce sourire amusé qui naquit sur les lèvres de son amie. Cette expression risible dans son regard.
- Oh d'accord... Donc en résumer, pour me prouver que tu as raison, tu voudrais me mettre en face à face avec un Loup-Garou ?
Rogue ne cilla pas, même si elle marquait un point.
- Mon plan n'est pas parfait, mais on entrebâillera juste la porte. Tu dois comprendre quel monstre tu côtoies ! Et tu vas le comprendre, même si je dois t’y traîner de force.
Il pointa un peu plus sa baguette vers elle. La préfète rangea alors la sienne.
- D'accord.
Très bien, puisqu'il le fallait, elle le suivrait. Rogue cilla des yeux, baissant sa baguette, vraiment étonné que ce soit si facile. Mais ça ne l'était pas. Ce sourire... Ce regard... Il connaissait la jeune fille, ça cachait autre chose.
- Mais avant...
Voilà, il savait que ça cachait quelque chose.
- On va aller parler à quelques-uns de tes amis de Serpentard.
Rogue ne bougea pas, sans comprendre.
- Pourquoi tu veux leur parler ? Et à qui ?
- Rabastan Lestrange, Mulciber, Avery, Regulus Black. Ta petite bande de mangemorts.
Le cœur de Rogue s'était mis à battre très lourdement, même s'il ne savait pas pourquoi. À quoi jouait Lily ? Que manigançait-elle ? Qu'est-ce qu'elle avait derrière la tête ? Connaissant la sorcière, il avait réellement peur et il avait toutes les raisons d'avoir peur.
- J'aimerais leur parler de tes parents. Et en particulier de ton père.
Cette fois, Severus recula de trois pas, posant un regard horrifié sur elle.
- Pourquoi ?
La préfète haussa les épaules.
- Eh bien, tes amis sont en droit de savoir qu'eux aussi, côtoie un monstre, non ? Enfin tout dépend de la définition que l'on donne au terme monstre. Mais le fait que ton père soit un moldu... Je ne sais pas si ça ne te ferait pas rentrer dans cette catégorie de la population qu'ils détestent tant ?
Rogue serrait fortement sa baguette, le cœur totalement meurtri. Son père ? Oui, c'était bien un moldu. Mais comment Lily savait-elle ? Elle ne l’avait jamais rencontré. Elle n’était jamais venue chez lui. Il eut l'impression qu'elle lisait dans ses pensées, ou du moins, qu'elle devinait ses questions.
- J'ai eu tout un été pour y réfléchir. Ton père déteste la magie. Ce qui est étonnant quand on sait que tu te prétends sang-pur. Alors, j'ai mené ma petite enquête. Je suis tombé sur un article sur ta mère, qui relatait son mariage avec un moldu : Tobias Rogue.
Le regard de Lily se fit plus froid et son sourire s’évapora de ses lèvres.
- Mais rassures-toi Severus, je ne l’ai dit à personne. Comme tu le sais, je suis d’une fidélité rare et je ferais toujours tout pour protéger mes amis.
Severus l’écouta son cœur se mettant à battre doucement. Elle protégerait son secret ? Il était encore son ami ?
- Mais tu vois Severus, de mon point de vue, c'est toi, le monstre. Et je suis prête à tout pour protéger Remus et son secret. Désormais, je te demanderai de ne plus jamais me reparler de lui, que ce soit à moi ou à n'importe qui d'autre. Si jamais tu lances cette rumeur, si tu parles pour le faire renvoyer de l'école, alors ton secret aussi tombera.
Le cœur du vert et argent se durcit. Il aurait du savoir, il aurait dû s’en douter. Elle était fidèle en amitié, elle était prête à tout pour ses amis, et l’ami en question, ce n’était pas lui, c’était ce monstre de Lupin. La jeune fille se détourna alors, reprenant sa route vers l'école. Elle s'arrêta, se tourna vers le serpentard.
- On est maintenant lié par deux secrets. Le premier qui tombe entraînera la chute du second.
Et elle poursuivit sa route, à la fois agacée et sereine. Maintenant, elle se sentait soulagée d'un poids. Elle savait que Severus ne viendrait plus l'importuner. Elle allait pouvoir aller de l'avant, sans aucun regard vers le passé. Car au fond, c'était tout ce qui comptait. S'entraîner pour protéger les siens. Les premières familles prises en bouc-émissaire seraient celles des enfants nés-moldus. Ses parents !
Lily s'arrêta, levant les yeux vers la lune ronde, belle. La pleine lune. Elle observa l'astre, pensive. Une simple nuit dans le mois. Et pourtant... Son regard se posa vers Pré-au-lard et la cabane hantée. Une étrange cabane, habitée par un monstre. Severus avait vu le monstre. James l'avait sauvé.
Le gryffondor avait nié, mais il n'avait pas pu effacer cette surprise et cette sensation de mal-être sur son visage. Mais après tout, était-ce si important ?
Severus resta là, sans bouger. Lily... Il l'avait totalement perdue. Plus rien ne pourrait désormais les rapprocher. Ils avaient chacun leur vie. Il le comprenait. La jeune femme avait fait ses choix. Elle choisissait Remus.
Et aujourd'hui... Il était l'ennemi à combattre et Lupin était l'ami qu'elle défendrait au péril de sa vie. Car elle savait... Il en était persuadé. Elle savait ! Elle n’avait pas nié. Elle le protégeait. Des larmes coulèrent sur ses joues, deux larmes pour être précis. Et c'est dans ces deux larmes que son amitié pour le seul rayon de soleil, pour le seul sourire de sa vie mourut.
Il prit le chemin du château, conscient que désormais, plus rien ne comptait, à part devenir mangemort et un jour s'opposer aux maraudeurs. Il allait leur faire payer le mal qu'ils lui avaient fait.
La préfète regagna le château et sa salle commune. Elle posa les yeux sur la place dévolue aux maraudeurs : vide. Elle grimpa alors les marches qui menaient à ses dortoirs. Elle entra dans la pièce ronde, très semblable du fait de ses dimensions à celle des garçons. Ses amis étaient là, rigolant sur le lit de Mary.
- Qu'est-ce qui se passe ?
Sarah bondit du lit, une lettre à la main.
- Regarde ce que m'écrit ma petite sœur. C'est mignon. Bourré de fautes, mais adorable.
La préfète prit la lettre. La sœur de Sarah avait neuf ans. Elle était adorable. Lily avait séjourné quelques jours chez la jeune fille pendant l'été précédent.
- Et ma mère nous a envoyé des cookies, déclara la métisse avec gourmandise.
Elle rejoignit le groupe sur le lit de Mary.
La chambre était joliment décorée. Les lits à baldaquins disposés à peu près comme chez les garçons, mais les rideaux étaient beaucoup plus fins. Un voilage légers, on voyait à travers mais qui ne laissait pas filtrer la lumière extérieure. Elles disposaient de deux fenêtres en plus, par rapport aux garçons. Un petit banc rouge foncé se trouvait juste en dessous pour les discussions entre copines. Une seule coiffeuse que les quatre jeunes filles devaient se partager. Et à l'âge où elles commençaient à se maquiller, il y avait eu un sacré temps d'adaptation pour arriver à la partager équitablement entre elles. Trois miroirs étaient accrochés sur les murs, rajoutés par les occupantes des lieux, pour s'avancer dans leur beauté le temps d'avoir accès à la coiffeuse.
Les quatre secrétaires, un bouquet de fleurs fraîchement coupées ornant un guéridon posé près de la fenêtre principale. Et enfin, une cheminée occupait un autre côté des murs. Le feu y était allumé.
La préfète avait vécu une période très difficile l’année passée. Elle avait failli perdre ses amies, voulant absolument sauver Severus. Aucune ne comprenait comment elle pouvait rester son amie sachant qu’il insultait Sarah et tous les élèves de même conditions de naissance qu’elle. Elle avait voulu y croire jusqu’au bout, jusqu’à ce point de non-retour. Après l’examen de défense contre les forces du mal… Il l’avait insulté, franchissant cette limite qu’elle avait jugée impardonnable.
Et même si ça lui faisait vraiment mal au cœur, elle devait reconnaître qu’elle était soulagée d’un poids. Severus s’était perdu, il s’était laissé entraîner dans des idéaux incompatibles avec son propre statut de sang mêlé, reniant son père et le sang de celui-ci.
Aujourd’hui, elle se sentait bien, au-delà de l’avenir qui se profiler devant eux, noir, sombre. Un jour peut-être... sûrement même... elle devra affronter son ancien meilleur ami. Ce jour-là, elle défendrait la liberté, elle se battrait pour le bien. Elle avait fait son choix et elle choisissait la lumière. Severus avait opté pour les ténèbres. Ils n’avançaient plus sur le même chemin.
Lily piqua un cookie, écoutant la conversation animée. Elle se sentait bien dans cette maison. Si elle avait été déçue de ne pas être à Serpentard avec son ami d’enfance, cela n'avait duré que deux secondes. Le temps qu'elle prenne conscience que la maison Serpentard apportait plus de valeur au sang que ne l'avait laissé supposer son ami de l’époque, le temps de connaître Erin, Sarah et Mary, le temps de découvrir cette maison, avec ces couleurs chatoyantes et cette vue imprenable sur la lande écossaise.
Elle avait immédiatement aimé sa maison, ses amis, sa vie à Poudlard. Elle vivait dans un rêve, dans un de ces contes de princesse pour enfant. Une bonne fée s’était penchée sur son berceau, ajoutant des particuliers de magie dans son sang, lui faisant franchir la frontière des deux mondes. Aujourd’hui, rien ne pouvait être plus parfait.
Au Crépuscule du matin…
Sirius…
Trois personnes patientaient dans un couloir sombre de la cabane la plus hantée d’Angleterre. Ils semblaient épuisés, fatigués. James était blessé à l'épaule. Il saignait. Une blessure superficielle, il n'y prit pas garde. Ce n'était pas nouveau et la blessure allait cicatriser sans problème.
Pour l'heure, c'était ce qu'ils entendaient de l'autre côté de la porte qui les faisait souffrir. Car si pour eux la pleine lune était un jeu, pour leur camarade, c'était bien pire : une profonde souffrance et une véritable malédiction. Heureusement qu’eux ne souffraient pas en se revêtant leur forme animagus.
Quand arrivait le crépuscule du matin, ils forçaient le loup à rentrer dans la cabane, où il pourrait laisser la place à l'humain. Remus reprenait alors possession de son corps, mais dans d'atroces souffrances. Ses transformations étaient terribles. Sirius Black avait le regard rivé sur le sol, écoutant, puis... plus rien.
Ils se tournèrent dans un même mouvement vers la porte. Sirius souffla enfin, s’autorisant de nouveau à respirer.
- Allez-vous couchez, je prends le relais.
Ses deux autres amis acquiescèrent de la tête, avant de prendre la direction du château, traversant le long tunnel. La cape d'invisibilité de James Potter les attendait au pied du passage menant sous le Saule Cogneur et dans le parc du château. Peter Pettigrow prenait sa forme animagus, s’installant sur l’épaule de son ami, pour ne pas prendre de place sous le tissu.
Sirius ouvrit la porte, méfiant, prêt à revêtir sa force animagus au cas où la transformation n'était pas achevée. Mais son regard se posa sur un corps nu, allongé, à même le plancher en bois. Un corps suffocant, blessé, torturé. Un corps en souffrance. Il s'approcha de son ami, une couverture dans les mains, dont il recouvrit doucement le corps du jeune homme, avant de le prendre délicatement dans ses bras.
Remus Lupin se blottit contre lui, gelé. Sirius quitta la pièce, montant au premier. Il connaissait le chemin par cœur. Madame Pomfresh savait qu'il pouvait aider le jeune homme et elle était d'accord pour le laisser s'en occuper. Enfin, il se doutait que le directeur avait dû intervenir en sa faveur pour qu'elle accepte. Mais il savait calmer le Saule Cogneur, avec une branche de bois et il avait promis de toujours attendre le lever du jour pour venir ici.
L'infirmière ne connaissait pas les détails, mais ce n'était pas le sujet. Il entra dans la chambre. Dans cette maison, ils n'utilisaient que deux pièces, en dehors de la pièce du loup. La chambre et la cuisine. La première pour Remus, le lendemain de pleines lunes, ou à l'occasion, quand ils avaient envie de s'allonger et parce qu'elle était en hauteur, le risque d’être vu était quasi inexistant.
La seconde, la cuisine, pour leur casse-croûte, pour les soirées légèrement arrosées autour de la table, ou pour les réunions maraudeuses, si jamais ils avaient besoin d'écrire. La carte avait été conçue et dessinée sur cette table.
C'était leur lieu, leur antre, leur vie. La première fois que Remus les avait fait venir ici, ils étaient en seconde année. Et ce moment avait été magique. Peter avait peur. Il avait souvent eu peur entre le moment où il avait appris qu'un de ses amis était lycanthrope et celui où il était parvenu à devenir un animagus. Il devait peut-être encore avoir peur, c'était fort possible. Mais Sirius et James, eux, étaient tout simplement fascinés par le lieu. Et c'était devenu leur Q.G. Celui des maraudeurs, celui où ils prépareraient tous leurs mauvais coups, tous leurs méfaits.
Sirius allongea doucement son ami sur le lit, le cœur serré, avant de relever son corps beaucoup trop léger pour un jeune homme de son âge et de dégager les couvertures, pour le recouvrir. Il frémissait, il avait froid. Sirius s'improvisa alors guérisseur. Il prit les lotions et les pommades qui attendaient sur la table de nuit, le coton imbibé, les pansements. Il dégagea un des bras de Remus et commença à le soigner. Un lent travail, mais il fallait le faire et bien le faire pour que la cicatrisation soit plus rapide. Il fit de même avec le second bras et avec une plaie que son ami avait sur l'épaule.
Pendant les transformations, le loup se griffait, mais contre ça, ils ne pouvaient rien y faire. Le plus important, c'était que depuis qu'ils lui tenaient compagnie, il ne se mutilait plus. Non ! Maintenant, le loup était en liberté dans la forêt, occupé à courir plutôt qu'à s’autodétruire.
Quand le jeune lycanthrope fut soigné, Sirius contourna le lit pour venir s'allonger sur les couvertures, observant le jeune homme. Le blessé dormait profondément, assommé. Il était toujours épuisé après les pleines lunes et souvent il avait besoin de toute la journée de repos pour récupérer.
Sirius le recouvra bien, s'assurant qu'il était bien au chaud. Mais il grelottait toujours. Il s'approcha un peu plus, passant son bras par-dessus son corps, se collant un peu plus à lui, pour essayer de le réchauffer un peu mieux. Ce n'était pas la première fois qu'il avait ce genre de geste, c'était même à chaque fois. Et il n'y avait rien d'ambigu là-dedans. Une personne qui aurait assisté à la scène aurait pu la trouver écœurante ou dégoûtante, mais pas lui, pas pour le médecin occasionnel.
Il sentit le blessé se blottir un peu plus contre lui, recroquevillant ses bras, sur son torse, posant ses mains contre celui-ci. Sirius lui caressa alors doucement les cheveux, profitant de ce rare moment où plus rien ne comptait. Juste Remus !
Depuis longtemps, c'était lui qui venait le soigner, lui qui venait le ramasser dans cette salle froide et sans vie, lui qui prenait soin de lui. Et il n’aurait délégué cette tâche à personne.
Il y avait toujours eu entre eux cette étrange complicité ; une complicité qu’il n’avait jamais eue avec personne d'autre. Et il doutait que dans Poudlard, deux garçons aient ressenti et exprimé autant de tendresse l'un envers l'autre. Mais c'était ça l'amitié : aimer sans condition de sexe. Ça ressemblait peut-être à de l'amour, mais la frontière entre ces deux sentiments était si mince.
La main du brun effleura la chevelure châtaine du lycan, son regard glissant sur son visage. En particulier ces cicatrices qui le fascinaient tant. Il ne pouvait pas imaginer ce qu'avait vécu le jeune homme, ce cauchemar, cette attaque. Remus ne lui en avait jamais parlé, sauf de son cauchemar. Il avait quatre ans, il n'était qu'un enfant. Un monstre prit de folie avait décidé de faire de sa vie un véritable enfer, parce que le père de l'enfant l'avait offensé.
Quatre ans... L'âge où la principale désillusion était de découvrir que le père Noël n'existait pas. Remus, lui, avait appris que sa vie ne serait plus qu'un semblant de vie. Et tout ce qu'il avait dû vivre après ça... Les longs mois à Saint Mangouste, la haine et le mépris dans le regard des gens… leur peur.
Finalement, sa vie à lui n'était pas aussi miséreuse, comparée à celle qu'avait eue Remus. C'était en partie pour ça qu'il avait pu supporter les deux mois d'été qu'il avait l’obligation de passer chez les Black. Grâce à ses amis, mais surtout grâce au lycan.
La main de Sirius glissa lentement sur la nuque du jeune homme, la massant doucement, avant de glisser sur son épaule, dessinant les contours de son corps. Sirius sourit, avant de se relever légèrement et de se permettre de glisser sous les couvertures. Il était habillé. Même si Remus était nu, lui était entièrement vêtu. Il n'y avait là toujours aucune ambiguïté dans son attitude.
Il se blottit contre son ami, passant son bras par-dessus son corps, posant sa main dans son dos. Il se mit à lui caresser doucement sa peau, la dessinant. Il suivit les contours des cicatrices que le loup lui avait infligées. La main de Remus glissa lentement sur lui, venant se loger dans son dos et se serrer un peu plus contre lui.
Remus commençait à se réchauffer, lentement. Et un long et délicieux moment commença alors. Celui où l'animagus chien observait son ami dormir, le réchauffant du mieux qu'il pouvait. Le seul moment dans le mois, où il avait un petit aperçu de ce torse, que son ami cachait toujours sous des vêtements trop grands pour lui.
Dommage ! Sirius l'avait toujours trouvé magnifique.
D'ailleurs, la première fois qu'il était venu ici, après accord de Dumbledore, c'était là qu'il avait su. Du moins, il n'avait pas vraiment su, il avait ressenti. Mais il n'avait pris conscience de la portée de tout ça que l'été précédent. Mais oui...
C'était ce matin-là, en cinquième année, au mois de novembre, qu'il était venu rejoindre Remus pour la première fois. Il était costaud et il savait qu'il pourrait s'occuper du jeune homme. Ils n'étaient pas encore des animagi et le lycan passait la pleine lune tout seul. Il avait eu du mal à le soigner, l'infirmière reprenant la quasi-totalité ses bandages.
Mais ce matin-là, pour la première fois, il avait pu admirer le corps d'un homme nu. Il avait eu honte. Tellement honte, car oui ! Il avait admiré un homme, son meilleur ami... Nu ! Une nudité qui l'avait totalement chamboulé. Il n'avait pas compris.
La seconde fois, au mois de décembre 1975, il en avait été encore plus chamboulé, mais il avait nié, refusé cette évidence, essayant de se prouver à lui-même qu’il était normal, en se mettant en couple avec une fille.
Sauf qu’il n’avait pas pu nier très longtemps, le peu d’émotion qu’il ressentait quand il embrassait Erin McKinnon était une preuve suffisante. Si il arrivait à donner le changer, son cœur lui ne se trompait pas.
Erin était une des plus jolies filles de Poudlard, sa meilleure amie. Il partageait énormément avec elle. Mais il n’éprouvait rien en l’embrassant, et bien au-delà de ça, quand il l’embrassait, ce n’était pas à elle qu’il pensait, mais à un charmant lycanthrope aux yeux d’or. Il dut admettre alors cette vérité, sans pour autant l’assumer : il était attiré par les hommes.
Il avait quinze et à l'heure où les garçons de sa classe commençaient à fréquenter les filles, pour lui, tout ce qui comptait, le seul moment du mois qu'il attendait avec impatience, c'était celui où il pourrait s’occuper de son meilleur ami, le lendemain de la pleine lune. Ce moment où il pourrait laisser son regard courir sur le corps du lycan, sans risquer d'être surpris, puisque ce dernier était totalement assommé par la nuit qu'il avait passée.
Un corps qu'il avait appris à découvrir, en le soignant. Il avait appris à aimer ce torse, ces blessures de l'âme si visibles à l’œil nu. Il l'avait contemplé. Un moment rien qu'à lui. Il se sentait honteux par la suite, pendant quelques jours, il ne pouvait pas regarder le jeune homme dans les yeux, mais ça lui passait toujours, parce qu'il avait du mal à vivre sans ses iris dorés.
Aujourd'hui, c'était différent. Aujourd'hui, il savait. Et aujourd'hui, Remus était moins sonné par ses pleines lunes, car beaucoup moins blessé. Mais rien n'avait changé... Comme là, à ce moment précis, où sa main caressait son dos, redécouvrant ce qu'il connaissait quasiment par cœur.
Sirius inspira, ferma les yeux et les dessina dans son esprit. Remus était beau. S'il savait à quel point il pouvait le trouver craquant. Le pire, c'est que le lycanthrope ne voulait pas le croire. Il n'était pas objectif soi-disant. Son ami se rendait-il seulement compte qu'il était le seul à réellement pouvoir l'être, puisque le seul à pouvoir le voir, sans masque, sans carapace, une fois par mois.
Jamais James et Peter n'avaient franchi la porte de la pièce du loup après la transformation du matin. Ce ne pouvait qu'être lui, mais c'était lui aussi qui l'avait demandé. Et quand ils avaient pu venir tenir compagnie au loup, rien n'avait changé. Ils attendaient à l'extérieur et quand l'humain avait repris possession de son corps, les deux lions rentraient se coucher, laissant Sirius faire.
Se doutait-il seulement quel plaisir c'était pour lui ? Il ne l'espérait pas, car ça pouvait paraître totalement malsain. Et ça l'était sans doute. Mais tant que ça ne sortait pas de son âme, de cette pièce, où était le mal ?
Nulle part, car la première fois où Remus s'était réveillé, allongé près de lui, ça ne l'avait pas choqué. Au contraire, il lui avait souri ; un doux sourire était né sur ses lèvres.
Au début, Sirius s'était imposé des limites, la première avait été de s'allonger juste à côté de lui et ensuite, de le serrer contre lui, mais juste pour le réchauffer, sur les couvertures naturellement. Et depuis septembre, les limites avaient été encore repoussées. Il se glissait en dessous, pour avoir une meilleure emprise sur le jeune homme et surtout pour l'avoir réellement contre lui. Il était habillé, donc aucune ambiguïté possible. Du moins pour lui et pour Remus.
Les limites... C’est amusant comme elles évoluaient avec le temps et l'assurance que l'on prend. Au début, on ose à peine, mais à force, ça semble évident qu'on pourrait aller un peu plus loin, juste un peu. Alors, on les repousse, toujours un peu. Mais le souci, avec elles, c'est qu'elles sont si facilement aménageable, si facile à contourner, qu'on ne sait pas vraiment où ça pourrait finir.
Sirius s'en était imposé et là, il était au bout du bout, selon lui. Pourtant, la suivante n'était pas si loin. Mais non ! Il entrouvrit les yeux, posant son regard sur le visage de son ami. Remus semblait serein, apaisé. Un regard qui se posa sur son torse, sa main de libre venant se glisser dessus, au niveau de son cœur. Il sentit le battement, fermant les yeux et écoutant.
Ce qui était bien avec les limites que l'on s'imposait à soi-même, c'est que l'on pouvait ne pas les respecter, fermer les yeux sur les infractions. Mais à quel prix ? Son regard se posa sur les lèvres de son ami. Il ramena sa main qui explorait le dos du jeune homme sur le torse de Remus, la glissant sur son cou et remontant lentement sur ses lèvres. Il suivit le tracé de cette cicatrice qui les entrecoupait du bout du pouce, avec envie. L’œuvre de l'autre loup.
Remus avait deux marques particulières, plus prononcé que les autres. Ces trois cicatrices sur son visage et une profonde morsure au niveau de l'épaule droite. Les deux marques laissées par l'autre loup.
Mais la plus fascinante était celle qui entrecoupait ses lèvres. Les baisers du jeune homme devaient avoir une saveur exquise. Qui aurait la chance de goûter à ce premier baiser ? Qui Remus laisserait il entrer si intimement dans sa vie pour lui donner un tel honneur ? Un voile passa dans les iris argentés du jeune homme, les rendant anthracite.
S’il se permettait... juste une fois... un vol honteux...
Remus était tellement sonné qu'il ne sentirait rien. Il avait plus d'expérience dans ce domaine. Il savait qu'il fallait plus d'un baiser pour réveiller un homme, surtout après la nuit qu'il avait vécue.
Mais dérober ainsi un moment unique dans la vie d'une personne ? Un vol honteux qui ne serait jamais découvert ? Privé son ami de ce moment ? Non... Il se mordit la lèvre, chassant aussitôt cette idée. Sirius ferma les yeux, restant juste là, attendant que Remus se repose un peu, qu'il reprenne des forces. Ensuite, ils prendraient la direction de l'infirmerie pour que le malade y passe sa journée.
Remus…
Remus ne ressentait qu'une immense douleur quand il reprenait sa forme humaine et que la lune finissait son cycle. Il sentait ses entrailles se refermer sur lui, son cœur se lacérer et chaque partie de son corps s'ouvrir, saigner, trembler et se refermer. Une douleur insupportable. Elle semblait durer des heures et pourtant, ça ne devait prendre que quelques minutes. Mais les pires minutes de sa vie. Et il le vivait deux fois par mois. Au crépuscule du soir et au crépuscule du matin. Et l'instant d'après, il sombrait. Le sommeil le happait comme pour lui faire oublier la douleur, comme pour lui donner un moment de répit.
Mais depuis plusieurs mois maintenant, il se laissait happer sans peur, car il savait comment tout allait se passer, il savait qu'il se réveillerait dans un lit, Sirius à ses côtés. Depuis un an maintenant, il savait qu'il ne serait pas réveillé par madame Pomfresh, sur les lattes froides de la pièce du loup, une pièce entièrement déchiquetée, ensanglantée... une pièce recouverte de son sang, parce qu'il n'avait rien eu d'autre à mordre que lui-même.
Et quand il se sentit revenir à lui, ce matin-là, c'était exactement ce qu'il avait espéré en sombrant dans le chaos.
Il était au chaud, dans les couvertures du lit du premier étage, dans cette chambre mieux chauffée que la pièce du loup. Cette chambre où ils venaient souvent, tous les quatre. Pas de sang, pas de fracas ou de meubles cassés, aucune trace du loup, de sa transformation, sauf ses bandages. De la chaleur et un bien-être. Ses blessures étaient soignées. Il se sentait bien.
Il avait mal, mais beaucoup moins qu'avant... avant que ses amis ne réussissent leur transformation en animagus et ne tiennent compagnie au loup, le libérant de sa prison, pour le laisser courir à travers la forêt interdite, parfois au Pré-Au-Lard ou dans le parc de Poudlard. Le loup s'en prenait alors aux arbres, à la nature, aux animaux qu'il avait le malheur de croiser. Mais il ne s'en prenait plus à lui-même.
Alors, ses blessures étaient moins importantes. Ça n'avait pas encore éveillé les soupçons de l'infirmière du château ou de Dumbledore. Peut-être ne l'avait-elle même pas remarqué. Ça lui était égal. Tout ce qui comptait c'était que les pleines lunes étaient presque devenues supportables.
Remus garda les yeux fermés. Il était entre la somnolence et l'éveil. Il dormait, mais il avait légèrement conscience des choses. Et la première chose qu'il sentit, ce fut cette chaleur, puis cette odeur, et enfin l'instant d'après, le corps de Sirius, lui aussi, abriter des couvertures. Il caressa le tissu du pull du jeune homme sous sa main. Sirius était là, contre lui. Il sentit la chaleur de son corps, sa présence. Ça suffit à le rassurer, à le faire sourire.
Depuis le début d'année, il se réveillait dans les bras de son homme. Sans doute en réponse au sentiment de culpabilité qui était toujours là, présent en Sirius, face à la blague qu'il avait faite à Rogue. Ou alors, parce qu'il avait pitié de sa souffrance. Il ne lui avait jamais posé la question, n'ayant même pas envie de savoir. Tout ce qui lui importait, c'était d'être dans les bras de son homme.
Son cœur se mit à battre plus rapidement, avec plaisir et délectation. C'était si exquis, si paradisiaque. Il voulait juste en profiter un peu plus, avant de se retrouver dans le lit froid de l'infirmerie pour le reste de la journée.
Il en venait par réellement apprécier les pleines lunes. Que ce soit pour le plaisir de prévoir ce qu'ils feraient avec ses amis, pendant leurs réunions maraudeuses, ou parce qu'il savait qu'il se retrouverait dans les bras du jeune homme. Remus frémit, sentant les doigts de l'amour de sa vie dans ses cheveux. Sirius était réveillé. Le jeune homme restait toujours éveillé. Il se demandait par quel miracle il ne sombrait pas aussi dans les bras de Morphée. Il devait être mort de fatigue. Comme pour que son bonheur soit plus grand, les doigts de Sirius étaient comme des caresses divines. Un moment rien qu'à deux, rien qu'à eux. Sirius était le seul qui avait le droit de venir le voir, de s'occuper de lui. Parce que... Remus rougit légèrement, imaginant la scène que son ami découvrait à chaque fois. Lui, allongé nu, sur le sol. D'ailleurs, là, il était encore nu.
Des affaires de rechange l'attendaient dans la pièce. Sa mère lui envoyait toujours un costume de rechange pour celui qu'il brisait au cours de sa transformation. Il refusait de se dévêtir, voulant garder un minimum de dignité. Il n'était pas une bête de foire, devant se mettre nu et attendre.
- Bonjour. La voix de Sirius, un murmure dans le réveil du matin.
Remus ouvrit doucement les yeux, posant son regard sur le torse de son ami, savourant ce moment.
- Bonjour. Tu as un peu dormi ?
Il releva les yeux sur le jeune homme, se détachant légèrement de lui, ramenant sa main qui était encore dans le dos de son ami, contre lui.
- Non, mais ça va, j'aurais tout le temps de dormir après.
Ce sourire que lui adressait Sirius était son premier rayon de soleil.
- Ça s'est bien passé ?
Sirius acquiesça de la tête. Il avait cessé ces caresses dans les cheveux du jeune homme, le libérant de son emprise.
- Tout a été. Tes blessures sont superficielles. On s'est bien amusé et bien dégourdit les jambes.
Remus ferma les yeux, savourant la chaleur. Le froid hivernal avait pris possession de la maison, qui n'était absolument pas chauffée. Et impossible d'allumer un feu. Car si une maison hantée, ça passait dans le voisinage, des fantômes frileux, personne n'y croirait jamais.
- Je te laisse te préparer, prends ton temps, je suis dans la cuisine.
Sirius se glissa hors des couvertures, attrapa sa cape, la passant sur ses épaules, et quittant la chambre. Remus se retrouva seul.
Il était lycanthrope depuis l’âge de quatre ans. Et depuis bientôt dix mois, il commençait à aimer sa condition, à aimer les moments qu'ils passaient avec ses amis. D'étranges amis... Il sourit alors, face à cette amitié si forte qui l'unissait aux maraudeurs. Jamais il n'aurait cru qu'on pouvait accepter sa condition. Et encore moins qu'on pouvait aller jusque-là, pour lui.
Jusque-là ? Jusqu'à devenir illégalement des animagi, jusqu'à tenter de percer les secrets d'un sort de magie si puissant que le ministère le contrôlait scrupuleusement. Jusqu'à tenter, persévérer pendant trois ans, sans abandonner, sans relâcher leurs efforts et au final réussir. Jamais il n'aurait cru que des sorciers tout à fait normaux, qui ne connaissait pas l'indifférence, la haine et le mépris... Sauf peut-être Sirius, par rapport à sa famille, mais dans une autre mesure... auraient fait autant pour lui.
Le méritait-il seulement ? Peut-être pas, mais la vie avait été si injuste avec lui, qu'il avait décidé de simplement en profiter. Remus se redressa sur le lit, posant les yeux sur la chambre, repérant ses affaires posées sur une chaise. Il s'entoura la taille de la couverture, se levant. Il remarqua les marques sur ses bras, nettoyées, pansées, par le jeune Black et sourit. En effet, avec le temps, il était de moins en moins blessé.
Une fois habillé, il se dirigea vers la table de nuit, rangeant les soins médicaux dans le tiroir de la table de nuit, avant de faire le lit.
Quand même, Sirius... Il ne le comprenait pas toujours. Ses réactions, sa façon d'être. Il y avait toujours eu beaucoup de tendresse entre eux. Mais avec le temps, tout avait beaucoup augmenté. Est-ce qu'il y avait plus là-dessous que de la tendresse ? Il resta quelques minutes, les yeux posés sur la place occupée par le jeune homme quelques minutes plus tôt.
Non... Ce ne pouvait qu'être de la profonde amitié, de la tendresse et peut-être cette culpabilité, accompagnée de pitié. Et pourtant, une petite voix lui disait que peut-être, c'était plus. Mais il ne pouvait le croire. Sirius n'était pas gay. C'était peut-être sa seule certitude à ce moment précis. Mais cette certitude était-elle réellement fondée ? Pourquoi voulait-il à ce point le croire ? Parce qu'autrement, la seule raison pour laquelle il n'était pas plus qu'un ami pour l'amour de sa vie, c'était parce qu'il n'était pas à la hauteur physiquement parlant. Et il ne le serait jamais... Il ne ferait qu'enlaidir avec le temps et chaque pleine lune.
Il se leva, quitta la pièce, rejoignant son ami dans la cuisine.
Direction Poudlard, l'infirmerie pour lui. Quand ils y arrivèrent, l'infirmière le trouva étrangement en forme, pour un lendemain de pleine lune. Mais elle ne connaissait pas vraiment les lycanthropes. Alors, elle ne pouvait pas dire s'il était normal que le loup s'en prenne moins à son corps. Elle avait examiné ses blessures, bien soignées, bien pansées, félicitant même Sirius de ses progrès en la matière, lui proposant d'envisager une carrière de guérisseur, proposition qu'il avait refusée, peinant à garder les yeux ouverts. Mais il était assez éveillé pour savoir qu'il deviendrait Auror.
Et pour la première fois depuis que Remus était ici, l'infirmière avait accepté que son patient regagne son dortoir, pour se reposer. Elle lui avait donné une potion de sommeil et les deux lions avaient pu quitter l'infirmerie.
Ce matin-là, il n'avait jamais été aussi heureux. Sirius n'avait pas vraiment partagé sa joie, mais le jeune homme commençait sérieusement à dormir debout. Il était onze heures du matin, alors que les élèves se préparaient à aller manger, eux, ils allaient commencer leur nuit. Un repos bien mérité.
Quand ils arrivèrent dans leur dortoir, Sirius passa sous la douche. James et Peter dormaient profondément, les rideaux de leur lit à baldaquin tirés pour rester dans le noir total. Remus prit ensuite sa douche et quand il revint dans la chambre, Sirius dormait déjà.
Un dimanche passée à la vitesse de la lumière, à se reposer.
End Notes:
J'espère que ce chapitre vous a plu.
L'amitié entre Severus et Lily est définitivement terminé pour les deux camps. Il n'y a plus rien à sauver. Un désir de vengeance d'un coté, une âme apaisée de l'autre.
Puis, tout en douceur et dans un calme religieux, une petite introspection dans l'esprit de Sirius et Remus durant ce moment si particulier du mois.
Pour le prochain chapitre, je mets l’accent sur un couple que j'adore : James et Lily
Une Fleur de Lys et Un Daguet by Crepuscule64
Author's Notes:
Ce matin là, Lily reçoit une lettre... une simple lettre qui va lui gâcher sa journée.Brisée, elle se réfugie loin de tout, sans chercher de réconfort, laissant exprimé sa rage et son désespoir.
Et pourtant... Elle va vite oublié ses malheurs.
Une jeune fille soupira, las. Elle tenait une lettre dans sa main. Un papier moldu, écrit avec un stylo moldu et placé dans une enveloppe moldue. Et pour cause, la lettre provenait de sa sœur. Et Pétunia répugnait à utiliser quoi que ce soit ayant trait au monde de la magie. Elle détestait ce monde au point d'en détester sa sœur, et ceux depuis le début. Depuis le premier départ de sa cadette pour Poudlard, depuis qu'elle avait su que Severus et la demoiselle étaient entrés dans sa chambre pour lire la lettre de Dumbledore, depuis que le directeur de l'école avait refusé de l'admettre dans l'école de sorcellerie, car elle n'avait aucun talent magique.
Lily se sentait tellement seule face à l'hostilité de sa sœur. Avant, elles s'entendaient bien, elles s'amusaient, elles rigolaient. Les deux frangines Evans. Mais depuis, sa sœur l'évitait comme la peste, allant jusqu’à la maudire à la première occasion. Et cette lettre en était la preuve.
La préfète l'avait reçu le matin, au petit déjeuner. Elle avait été étonnée, mais en ne voyant aucun nom d'expéditeur au dos de l’enveloppe, elle l'avait ouverte, intriguée. Et ce nom, qu'elle avait lu sur le bas de la lettre, l'avait réellement surprise. Pétunia Evans. Sa sœur ! C'était la première fois, en six années d'études que Pétunia lui écrivait…
Elle avait ressenti en elle une profonde peur. S'était-il passé quelque chose ? Ses parents avaient-ils eu un accident ? Est-ce qu'ils allaient bien ? Ses mains s'étaient mises à trembler, sous cette peur qu'elle n'arrivait pas à calmer. Elle avait commencé à lire la lettre, délaissant totalement son petit déjeuner, blafarde. Ses parents... Elle ne pensait qu'à eux, leurs sourires, leurs fiertés d'avoir une fille sorcière. Elle revoyait leurs regards émerveillés, tous les ans sur le quai du Poudlard Express, face aux hiboux dans les cages, aux parents habillé de longues robes de sorciers et de chapeaux pointus.
Elle avait inspiré pour se calmer et déchiffrer les mots froids qui s'étalaient sur la page arrachée grossièrement à un cahier de brouillon.
- Lily, est-ce que ça va ?
La rousse avait relevé les yeux sur Remus, remarquant que son entourage direct l'observait, inquiet. Elle s’était forcée à sourire, même si le cœur n'y était pas, essayant de se convaincre que cette lettre n'était rien, qu'il ne s'était peut-être rien passé. Pourtant, cette peur lui tiraillait les entrailles.
- Oui, oui ça va. Ce n'est rien !
Elle s'était levée, le cœur lourd, abandonnant son sac de cours, sans rien manger et quittant la grande salle pour échapper aux regards de ses amis. Une fois dans le parc du château, elle s’était laissé tomber sur un banc, reprenant la lettre, la lisant, plus au calme.
Ses yeux l'avaient parcouru de long en large, plus d'une dizaine de fois. Elle ne croyait pas les mots qui s'alignaient et les phrases qu'ils formaient. Elle était à la fois profondément soulagée que rien ne soit arrivé à ses parents, mais tellement outrée. Outrée de la peur que sa sœur ait fait naître en elle et de ce qu'elle lui demandait.
Elle avait fourré la lettre avec rage dans la poche de sa cape, regagnant la grande salle pour reprendre le cours normal de sa journée. Un changement d'attitude qui n'avait pas échappé à ses voisins. Ce regard noir, cette moue pincée de rage sur ses lèvres et cette colère dans le moindre de ses gestes.
Elle avait saisi une biscotte, tentant en vain de la beurrer. Chacune se brisait dans ses mains. Une personne lui en avait tendu une, bien beurrée et appétissante. Elle avait levé les yeux sur l'élève, croisant le regard noisette, derrière des lunettes, du garçon jugé le plus populaire de l'école.
Lily sourit, prenant la biscotte, essayant de se calmer un peu.
- Merci.
Mais là, elle n'y arrivait pas. Elle pleurait à chaudes larmes. Elle s'était installée dans un coin de Poudlard, près du potager de Hagrid, sur une grosse pierre. Un immense potager qui avait toujours représenté pour elle une sorte de protection. Avant Halloween, les citrouilles étaient si énormes qu'elles étaient plus grosses que la préfète.
La nuit était tombée sur l'école. Elle s'était retirée loin de tout pour relire cette lettre. La jeune femme passa une main sur ses joues, essayant en vain de chasser ses larmes. Celles-ci s'écrasèrent sur cette maudite lettre. Au fond, ça ne l'étonnait même pas. Au contraire. C'était du Pétunia tout craché, mais c'était si méchant en soi-même. Des mots froids, sans vie, sans une once d'amour. Mais de ça, elle en avait fait son parti. C'était sa sœur et Pétunia la détestait. Pourtant, Lily faisait des efforts. À chaque retour de vacances, elle essayait de renouer le dialogue avec elle. Mais rien n'y faisait.
Et là... Elle reprit la lettre, se demandant pourquoi elle se mettait dans cet état. Elle connaissait la jeune femme, elle savait ce qu'elle pensait d'elle. Rien ne l'étonnait dans ses mots. Mais ils faisaient si mal.
"Lily,
J'ai rencontré un homme. Il s'appelle Vernon. Les parents l'aiment beaucoup. Ils l'ont invité à venir passer le réveillon de Noël à la maison.
Et je ne tiens absolument pas à ce qu'il te rencontre, toi, la dégénérée de la famille. Je te préviens assez tôt pour que tu puisses y penser.
Je te demande de ne pas rentrer pour les vacances. Je sais que tu peux rester dans ton école de monstres. Et si vraiment, tu n'en as rien à faire de mes sentiments, je t'interdis formellement de parler de magie, de baguettes et tout ce qui compose ton monde d'attardés mentaux, devant lui.
Pétunia Evans."
Lily froissa la lettre avec rage, entre ses doigts, avant de la déchirer en deux. Elle était comme prise de folie. Elle en avait assez. Ici, on l'insultait parce qu'elle était née-module, que sa famille n'appartenait pas à ce monde. Et chez elle, sa sœur l'insultait parce qu'elle appartenait au monde de la magie.
Elle en avait marre. Don Quichotte... Elle avait repris ce triste rôle. Elle se battait de nouveau contre des moulins à vent. Elle ne voulait plus !
Elle enfouit la tête dans ses bras, laissant les larmes couler de nouveau. Ne pas rentrer pour les vacances ? Elle se faisait toujours une joie de rentrer chez elle, surtout en période de Noël. Sa période préférée de l'année ! La fête, les cadeaux, la chorale, les décorations et les guirlandes lumineuses qui envahissaient les rues de sa ville. Elle ne voulait pas rester à Poudlard. Non ! Elle allait rentrer chez elle, elle allait rencontrer ce Vernon et peu importe que ce qu'il adviendra.
Elle n'allait pas se cacher pour les beaux yeux de sa sœur.
Lily déchira la lettre en quatre, avant d'ouvrir lentement la main. Elle saisit sa baguette.
- Ventus !
Et les bouts de papier s'envolèrent avec le vent, loin d’elle.
La jeune fille sécha ses joues, posant son regard dans le vide. Elle releva lentement sa baguette, la tenant fermement en main, mais elle tremblait de rage. Elle avait besoin de bonheur. Elle avait besoin de ressentir un profond sentiment de bien-être. Elle chercha, elle réfléchit. Mais rien ne venait. Absolument rien !
Elle repensa alors à la première fois qu'elle avait vu Poudlard. 1er septembre 1971. Le train arrivait et les lumières du château étaient apparues dans la nuit. Une nuit claire, dégagée. La voie lactée se mariait harmonieusement avec ce château sortit tout droit d’un décor du moyen-âge.
Elle avait posé les yeux sur l'immense bâtiment qui apparaissait au loin. Et toutes ces découvertes ! La première d'entre elles : Hagrid, qui les attendait sur le quai de la gare.
Il était impossible de ne pas voir le demi-géant, surtout quand on avait onze ans, qu'on débarquait dans un monde qui n'était pas le nôtre et qu'on se sentait minuscule face aux autres.
Et ensuite les barques, ce trajet magique. Elle était dans la même barque que Sarah. La petite métisse semblait aussi émerveillée et perdue qu'elle. Elle n'apprendrait que plus tard que l'enfant était aussi née-moldue, fait qui lia entre elles une profonde complicité, au-delà de leur appartenance à la maison gryffondor.
Après le trajet, la grande salle et la cérémonie de répartition. Le regard de Lily s'était posé sur le plafond, décoré des centaines de milliers de bougies, puis sur les quatre tables et leur drapeau qui flottait au-dessus de chacune d'elles. Et les élèves qui les observaient comme des bêtes curieuses.
Son nom avait été appelé. Elle avait eu si peur. Tellement peur... Et si c'était une erreur ? Et si elle n'avait pas sa place ici ? Pourquoi elle, et pas sa sœur, après tout ? Et si le choixpeau n'arrivait pas à la répartir ? Mais à peine était-elle sur le tabouret, le choixpeau avait à peine effleuré les bords de sa tête, qu'il avait hurlé : "GRYFFONDOR !"
Quel soulagement ! Quel bonheur ! Elle était réellement une sorcière, tout était vrai ! Au-delà de la vie triste et sinistre de Carbone-les-Mines, ville ouvrière plutôt pauvre d'Angleterre, il y avait tout un monde qui s'ouvrait à elle. Elle pouvait aller plus loin que tout, elle était autorisée à croire en tout !
Lily pointa sa baguette, hurla, pour elle-même et contre la terre entière :
- SPERO PATRONUM !!!
La préfète observa un florilège de filaments argentés s'échapper de sa baguette et venir créer petit à petit une biche. Elle ne la quitta pas des yeux. La biche tourna la tête vers elle. Lily sourit, la faisant voletait sur le sol, se balader. Elle était douée en magie, et plus particulièrement en sortilège. Elle aimait tellement ça. Elle s'entraînait plus que de raison, elle voulait prouver au reste du monde qu'une née-moldue avait autant le droit d'utiliser une baguette qu'un sang-pur. Elle continua à guider sa biche, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
...Non loin de là...James se baladait dans le parc du château. Il était inquiet pour Lily. Il n'avait pas cessé de penser à elle. Cette peur sur son visage, le matin même, quand elle avait reçu cette lettre. Les mains tremblantes de la jeune fille et ce regard à la fois triste et énervé. Pour la première fois en six ans de cours, l'amour de sa vie n'avait participé à aucun d'entre eux. Sa voix n'avait répondu à aucune question. Et là, il observait la carte. Lily était du côté de chez Hagrid et sa petite étiquette n'avait pas bougé depuis environ une heure.
Il s'inquiétait de plus en plus. Il s'arrêta alors, son regard quitta la carte et se posant sur une forme face à lui.
- Méfaits accomplis.
La carte s'effaça et il la fourra dans la poche de sa cape. Une forme avançait vers lui. Mais elle ne semblait pas dangereuse. Il s'en approcha, reconnaissant rapidement une biche ! Une magnifique biche argentée. Un patronus !
Celui de Lily ? Les patronus étaient au programme de cette année en Défense contre les Forces du Mal, mais ils ne les avaient pas encore étudiés. James sourit alors, ravi. Pourquoi était-il ravi ? Car le patronus de sa belle n'était autre que la femelle de son animagus. Coïncidence ? Non ! Le destin avait pour objectif de les mettre ensemble. Il était certain que Lily était l'amour de sa vie.
Mais pourquoi avait-elle créé un patronus ? La jeune fille était vraiment douée en magie. James observa la biche et l'endroit où devait se trouver la jeune fille. Derrière le mur qui menait à la cabane de Hagrid.
Il sourit un peu plus, observant autour de lui, avant de se diriger vers la forêt interdite. Il prit la forme de son animagus. En deux secondes, les pattes avant d'un cerf venaient s'écraser sur le sol. Un jeune cerf.
Ses bois commençaient à se former sur sa tête, mais ils n'étaient pas très grands. L'animal avança vers la biche, qui gambadait toujours, sous l'impulsion de la baguette de la préfète. Celle-ci se rapprocha de la jeune fille et Cornedrue fit de même.
Il sentit quelque chose venir percuter sa pince. Il pencha la tête vers le bout de papier. Il ne put lire que quelques mots :
« Vernon, les parents l'aiment beaucoup... Le réveillon de Noël... la dégénérée de la famille... école de monstre... interdit formellement de parler... »Cornedrue les observa, perplexe. Il les déchiffrait très bien. Un animagus gardait sa conscience d'humaine, sa faculté de penser, de réfléchir et ses capacités. Il pouvait donc lire. Il prit le petit bout de papier entre ses dents. Il avança alors doucement, posant les yeux sur un autre bout de papier, déchiffrant les mots qui le composaient, tous aussi sympathiques que les premiers. Il s'approcha un peu plus de la jeune fille qui faisait danser sa baguette dans l'air, jouant avec sa biche.
La gryffondor entendit un bruit de pas et se retourna vivement vers l'origine. Elle cilla des yeux, choquée, totalement surprise par la scène se déroulant devant elle, un spectacle totalement irréel !
Elle était observée par un animal majestueux. Elle sourit alors, oubliant sa peine, sa douleur, fascinée par le roi de la forêt qui lui faisait face. Elle laissa retomber sa baguette, mettant fin à son patronus, la rangeant, pour que l'animal se sente pas menacé. Il était magnifique, sublime.
- Un daguet, murmura-t-elle.
Cornedrue admira son intelligence. Elle connaissait même les différentes phases de croissance d'un cerf.
La préfète inspira. Il était tout simplement magnifique. Elle reprit sa baguette, doucement, sans la pointer sur lui, murmurant un lumos. Elle attendit, sans quitter l'animal des yeux, toujours ce même sourire aux lèvres, son cœur battant de bonheur. Mais l'animal ne sembla pas prendre peur face au faisceau lumineux. Lentement, avec des gestes très doux, elle dirigea sa baguette vers l'animal.
Son regard se posa alors sur ce qu'il tenait dans la bouche. Elle déglutit, inquiète.
- Non... Tu ne dois pas manger ça. Tu risques de t'étouffer.
Cornedrue l'observait. Il comprit la crainte de la jeune fille, celle-ci ramassant un des quatre bouts de papier sur le sol. Il lâcha le sien. La lettre n'avait aucun intérêt pour lui. Et il doutait que la jolie rousse veille la conserver. Lily souffla, soulagée. Elle s'approcha d'un pas, puis de deux. L'animal ne bougeait pas. Il ne semblait pas craindre l'homme. Mais avec la proximité entre la forêt où il devait résider et Poudlard, peut-être avait-il déjà côtoyé des élèves, voire Hagrid. Le garde-chasse avait un contact très particulier avec la nature.
- Tu es magnifique.
Toujours très lentement, elle posa le faisceau de sa baguette sur l'animal, sans jamais viser ses yeux. Tout jeune cerf, il devait avoir entre un ou deux ans. Mais pas plus. Ses bois en témoignaient, ils n'étaient pas encore ramifiés. Le regard de la jeune fille se posa alors sur les yeux de l'animal. Ils étaient entourés de petites marques plus foncées. On aurait dit qu'il portait des lunettes. Oui ! La marque avait la forme parfaite de lunettes. Une étrangeté de la nature.
Elle avança encore un peu, arrivant près de l'animal, qui n'avait toujours pas fait un pas
- Tu es vraiment magnifique. Tu es mon animal préféré. Depuis que je suis toute petite. Le roi de la forêt ! Du moins pour moi. Ta race m'a toujours fasciné.
Sa passion venait du "livre de Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois", un livre de Felix Salten. Moins connu que la version animée des studios Disney.
Cornedrue détailla son amie. Elle avait les yeux rougis, gonflés et les traces sur ses joues prouvaient bien qu'elle avait beaucoup pleuré. Est-ce que c'était cette lettre qui l'avait mise dans cet état ? Le peu qu'il en avait lu semblait des plus antipathiques. Mais le sourire de la jeune fille semblait montrer qu'elle avait chassé cette blessure.
- Tu es très beau. Mais tu n'as pas peur ? Tu ne sembles pas très effrayé par la race humaine. Tu devrais être un peu plus méfiant. Mais tu sembles très jeune.
Le regard de la jeune fille se posa derrière l'animal, en direction de la forêt interdite. Elle n'avait pas envie de se faire charger par la mère de l'animal, qui ne voudrait que protéger son petit. La sorcière plongea la main dans la poche de sa cape, en sortant un petit bonbon. Elle enleva le bout de papier, découvrant un morceau de chocolat. Elle le posa sur sa main, bien à plat. Elle la tendit doucement vers l'animal, sans grand espoir qu'il le prenne. Est-ce que le chocolat n'était pas dangereux pour un cerf ?
Cornedrue détailla les gestes de la jeune fille. C'était si tendant de s'approcher et de se faire câliner. Il en rêvait. Mais ça ne serait pas crédible. Il était un cerf, un animal sauvage. Il ne pouvait pas se laisser apprivoiser en deux secondes, même si ce n'était pas l'envie qu'il lui manquait. Mais hors de question ! Il risquait de se découvrir, de dévoiler leur secret. Peu importe la force de l'envie de se laisser caresser par sa belle, il ne pouvait pas.
Il l'observa le morceau de chocolat, méfiant. Comme l'aurait fait un vrai cerf... Enfin il ne pouvait que le supposer. Lentement, il fit un pas vers elle, puis deux. Elle n'était qu'à quelques centimètres. Encore un autre et il tendit la tête vers sa main, reniflant le morceau de chocolat. Il vit la main de Lily trembler et il prit le morceau entre ses dents.
La jeune fille inspira, lentement et soupira. Elle n'avait jamais été aussi près de son animal préféré. Bon elle préférait la femelle, la biche. Mais désormais, elle n'avait plus de préférence entre le couple. Ils étaient tous les deux aussi beau l'un que l'autre.
Cornedrue avala le morceau de chocolat, quand il sentit les doigts de Lily sur son pelage. Des doigts délicats, une caresse légère.
- C'est ma biche qui t'a attiré ? Tu as cru avoir trouvé une amie ? Mais elle n'existe pas, je suis désolé.
Le cerf avait relevé les yeux vers elle, croisant son regard vert émeraude. Et il fuit. Il détala vers la forêt, sans demander son reste. Lily se redressa, le regardant filer comme le vent, à la fois triste et émerveillée. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres, le cœur battant la chamade de cette étrange rencontre. Un daguet à lunettes, qui aimait le chocolat !
Le cerf s'arrêta, se retourna vers elle, avant de disparaître dans la forêt. James reprit aussitôt sa forme humaine. Il avait failli craquer. Il s’était trop laissé approcher, il n’aurait pas dû. Une chance que les animaux étaient parfois amenés à côtoyer les humains. Que ce soit les élèves se baladant à l'orée de la forêt interdite, ou Hagrid qui les soignait. James s'adossa à un arbre, le cœur battant. Il avait joué dangereusement avec le feu. Il n'aurait pas dû. Mais c’était Lily, il n’avait pas pu s’en empêcher.
Ces yeux rougis, cette tristesse dans son regard. Ça lui avait brisé le cœur. Il détestait la voir malheureuse. Il ne pouvait pas la laisser toute seule, il devait la consoler, juste un peu. Elle était si magnifique, même les yeux rendus brillant par les larmes et les joues rougies. Elle était tout simplement belle.
...Quelques jours plus tard, Salle commune des Gryffondors... Les maraudeurs étaient à leur place, en pleine révision, leurs camarades de classes féminines aussi. Cette année, ils avaient tous un peu l'impression de passer leur temps libre le nez dans les bouquins. Mais tous les programmes étaient tellement plus approfondis, tellement plus compliqués, que c'était nécessaire pour continuer d'assurer la meilleure des notes dans les matières indispensables pour leur avenir.
Sirius se trouvait à la table des filles, recopiant rapidement les notes de Sarah, concernant le cours de botanique. Il avait loupé une partie, occupé à dormir debout, le cours étant légèrement ennuyeux. La botanique, c'était comme la potion, ce n'était pas son truc. Il nota le point final, rendant son parchemin à son amie.
- Merci.
Lily s’inscrivait différentes annotations dans la marge de ses cours, prises sur des livres, pour approfondir ses connaissances. Sirius jeta un petit coup d'œil pour savoir ce qu’elle marquait. Cette dernière releva un regard méfiant vers lui.
- Oui ?
Quelle réflexion allait-il encore lui faire ? Elle s'attendait à tout venant de lui.
- Non, rien, je regarde ce que tu marques. C'est tout.
Il s’apprêtait à se relever, mais s'arrêta net, son regard se posant sur le coin haut et gauche du parchemin de la jeune femme. Il fronça les sourcils, face au petit dessin qui s'y trouvait. Il se pencha un peu plus, l'observant plus attentivement.
- Il est mignon ton petit cerf. Adorable. Tu sais bien dessiné.
La rousse haussa les épaules, reprenant ses notes.
- Mais... par contre... Quelle drôle d'idée tu as eu de lui mettre des lunettes...
La jeune fille sourit alors, amusée.
- Alors déjà, ce n’est pas un cerf, c’est un daguet, et ensuite, ce ne sont pas des lunettes. Ne dis pas de bêtises.
Sirius se pinça les lèvres, très peu convaincu.
- Excuse-moi, mais les deux cercles qui entourent les yeux de ton petit cerf… pardon, de ton daguet et qui sont reliés par un trait, c'est quoi ? Si ce n'est des lunettes ?
Remus tourna la tête vers les deux lions, écoutant leur conversation. James, lui, ouvrit de grands yeux, relevant légèrement son livre de potion pour cacher un peu plus son visage, s'enfonçant dans son fauteuil. Par une bouse de dragon ! Pourquoi avait-elle dessiné un cerf ? Et surtout, celui-là.
Lily releva les yeux sur Sirius.
- La nature est parfois bizarre. C'est juste des marques plus sombres que son pelage.
Sirius inspira, comptant bien aller jusqu'au bout.
- Donc, ce petit cerf, tu l'as rencontré en chair et en os ?
Le regard de la préfète pétilla d'envie, son cœur se mettant à battre au souvenir de cette rencontre. Une rencontre qu’elle n’oublierait jamais. La magie de Poudlard était infinie.
- Oui ! Il sortait de la forêt interdite. Il a dû s'égarer, ou être attiré par mon patronus, je ne sais pas trop, mais il était là, devant moi. Un tout jeune cerf, un daguet. Brun, avec des tâches foncées, des bois non ramifiés, mais surtout ces petites marques autour de ses yeux couleur noisette. Je ne pourrais jamais l'oublier tellement il était beau.
Remus fronça les sourcils, posant les yeux sur James qui s'était fait encore plus petit que la seconde d'avant, se cachant maintenant totalement derrière son livre, mais aussi ses genoux. Le regard froncé derrière ses lunettes, il ne respirait même plus.
- Tu entends ça, Cornedrue ! Un petit cerf sauvage qui est venu voir Evans.
Le brun à lunettes grogna, faisant mine de ne pas s'intéresser à la conversation. Sirius reposa les yeux sur la préfète, poursuivant, voulant surtout savoir jusqu'à quel point elle avait pu approcher son frère sous sa forme animagus.
- Et tu l'as approché de près ?
La jeune femme sourit, rêveuse.
- Oui, souffla-t-elle dans un murmure. Je lui ai donné un chocolat et il l'a mangé dans ma main, je l'ai même caressé du bout des doigts.
James déglutit avec beaucoup de souffrance, son cœur s'arrêtant totalement. Ils avaient un pacte, personne ne devait rencontrer leur forme animagus, absolument personne ! Et la préfète balançait tout ! Absolument tout ! Il lui mettait un Troll pour confidentialité de la vie privée.
- Comme c'est mignon ! - Une exclamation sur jouée de Sirius. - Tu entends ça, Corn' ?
Mais aucune réponse du capitaine de l'équipe de Quidditch qui faisait toujours semblant de réviser.
- Rem', tu ne trouves pas ça adorable ? renchérit Sirius.
Remus ne quittait pas le coupable des yeux, le regard plutôt désapprobateur.
- Oui, très mignon. Surtout que le cerf est un animal plutôt sauvage. Ce ne doit pas être facile de l'approcher.
La rousse haussa les épaules, peu convaincue.
- Pas du tout, je vous l'ai dit, il a été attiré par mon patronus. C'est une biche, alors, il a dû penser avoir trouvé une amie. Et puis ce n'était pas un cerf mais un daguet. Il n'a peut-être pas encore développé sa méfiance envers les humains.
Sirius reposa les yeux sur la préfète, étonné.
- Une biche ? Tu es sérieuse ? Mais on les étudie cette année les patronus. Tu sais déjà faire le tien ?
Elle l'observa, une lueur de défi dans les yeux.
- Parce qu'il ne t'est jamais arrivé de t'avancer dans le programme ?
Sirius fit non de la tête, amusé.
- Non, pas dans le programme officiel, moi je fais juste dans l'illégal et l'interdit.
Le regard de Lily se fit à la fois méprisant et amusé.
- Pourquoi ça ne m'étonne pas ?
Le jeune Black sourit un peu plus.
- Parce que tu commences à trop bien nous connaître, Evans. Plus que tu ne le crois, en tout cas.
La jeune fille secoua la tête, avant de reposer les yeux sur son cours, poursuivant ses révisions. Elle déclinait l'invitation : elle ne voulait pas connaître les maraudeurs, du moins à part Remus, bien sûr.
Sirius se leva, venant s'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil de James.
- Tu es fier de toi, je présume ? murmura-t-il pour n'être entendu que de lui.
Le jeune homme releva les yeux sur lui, poussant ses lunettes sur son nez, celles-ci ayant légèrement glissé pendant qu'il s'enfonçait dans son canapé.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
Le brun aux yeux gris se leva et lui claqua violemment le derrière de la tête, avant de se rasseoir à sa place. Il était impossible ! Il ferait n'importe quoi pour cette fille. Le coupable renifla, laissant échapper un petit "aiiieeee" tout triste. Mais bon, peut-être qu'il le méritait...
****- Je sais ce que vous allez dire, mais ce n'est absolument pas ce que vous croyez !
Une demi-heure après, ils avaient regagné leur dortoir, le jugement avait commencé ! Avec dans le rôle de l’accusé : James Potter, jugé coupable de haute trahison. L’accusé observait les trois autres maraudeurs, plaidant sa cause.
- Ce que l'on croit, c'est que tu as été voir Lily sous ta forme animagus, ce qu'on s'était formellement interdit.
Remus parla d'une voix si calme, qu'on n'aurait pas dit que James était sur le banc des accusés. Sirius s'adossa à la colonne de son lit, les bras croisés sur son torse.
Peter avait regagné son lit, sans rien dire. James tiqua, grimaçant.
- Bon, c'est un peu ce que vous croyez, voir un peu beaucoup. Mais j'ai des circonstances atténuantes.
- Des circonstances atténuantes ? Tu plaisantes ? Rien ne le justifie, surtout que Cornedrue est très facilement reconnaissable. Tu es enfreint une de nos règles, cracha Sirius, énervé contre son frère.
James lui jeta un regard noir.
- Tu es mal placé pour venir me faire la morale, non ?
Sirius tiqua, face à la réplique de son frère.
- Ne me le renvoie pas en pleine figure. Je me suis excusé mille fois pour ça, tu n'as pas à me le balancer dessus juste pour te justifier.
Le capitaine inspira et secoua la tête. Sirius avait raison, il n'avait pas le droit de lui reprocher ce qui s'était passé avec Rogue.
- Mais comprenez-moi, quand j'ai vu sa biche, j'ai voulu la voir de manière discrète et elle était là ! Elle pleurait !
- Et tu as été la réconforter sous ta forme animale, parce que l'être humain ne pouvait pas le faire ?
James inspira face à la réplique de Sirius. Il devait éviter d'envenimer les choses. Il secoua la tête, las.
- Elle m'aurait jeté... Je voulais juste la consoler, tu ne sais pas ce que c'est que d'être amoureux.
Sirius sourit ironique. Allez, l'excuse bidon de l'amour.
- Non, en effet ! Et que Merlin m'en préserve. L'amour rend stupide.
Il quitta la colonne de son lit, pour venir s'allonger. James lui jeta un regard suppliant.
- Mais comprend-moi, elle pleurait, elle était si malheureuse, je voulais juste lui changer les idées, la réconforter. Je l'aime, je n'y peux rien.
Sirius lui jeta un regard bien ironique.
- Je sais et c'est pour ça que tous tes pseudos efforts pour être son ami ne te mèneront nulle part.
L’accusé lui jeta un regard noir, en réponse à la flèche empoisonnée qu'il venait de lui décocher en plein cœur.
- Ne dis pas ça, je fais de gros efforts. On devient ami, je suis sûr que ça va marcher.
Sirius se releva, plus convaincu que jamais que son frère allait échouer.
- Écoutes-toi un peu, Corn'. Tu fais de gros efforts, pour devenir son ami et la séduire ? Tu ne le trouves pas un peu idiot ton plan ?
Remus s'insurgea alors.
- Hey, c'était mon plan et il est très bien.
Sirius rigola alors, ironique.
- Ton plan ? Vraiment ? Et tu l'écoutes ? Monsieur je me refuse à l'amour ?
Il jeta un regard à James.
- On ne peut pas être ami avec une personne dont on est profondément amoureux.
Le cœur de Remus se brisa face à cette déclaration. Si, c'était possible, il en était la preuve vivante.
- Bien sûr que si ! siffla James, agacé.
- Non ! répliqua aussitôt Sirius, sûr de lui. Regarde, le moindre de tes actes, la moindre de tes paroles envers elle, n'a pour but que de te faire passer pour son ami, afin de la séduire. Tu n'as pas une impression de faux-semblant et d'hypocrisie ?
James ne bougea pas, un arrière-goût apparaissant dans sa gorge. Si, un peu... Sirius marquait un léger point.
- Si tu veux devenir son ami, tu dois renoncer à elle. Et tu le sais, tout comme moi.
Sirius s'était approché de lui, rivant son regard dans les iris noisette de son frère.
- Tu ne peux pas faire semblant, pas si tu espères vraiment créer un vrai lien avec elle. Mais ça, tu n'y arriveras jamais.
James l'écoutait, pesant les mots de Sirius. Il avait raison en un sens et ça lui écorchait l'âme de le reconnaître. À chaque fois, il espérait se rapprocher un peu plus du moment où elle tomberait amoureuse de lui. Mais à quand ce moment ? Est-ce qu'il ne parlait pas en année à ce niveau-là ?
- D'accord... souffla-t-il alors, meurtri.
- Tu renonces à elle ? Vraiment ?
Sirius haussa un sourcil, peu convaincu.
James inspira, mais c'était la seule solution, non ? Donc il renoncerait à elle, à ses sentiments. Il allait tourner la page. Ne plus se cantonner dans son amour et l'espoir de la conquérir un jour. Pour l'heure, il voulait juste passer du temps avec elle, apprendre à la connaître.
- Oui !
- Je n'y crois pas, chasser le naturel et il revient au galop. Tu le sais très bien.
James posa les yeux sur son frère, de plus en plus meurtri. Sirius allait loin, mais il n'avait pas tort. Son plan avait cette faille qu'il n'agissait que pour mieux manipuler la jeune femme. Il voulait être sincère avec elle, il acquiesça lentement de la tête.
- Pas cette fois, je veux vraiment changer, devenir son ami. Et je ferais tout pour y arriver.
Sirius sourit, mais il n'y croyait pas vraiment.
- Donc, tu serais prêt faire un petit pari ?
- Quand tu veux, mon vieux.
Remus écoutait la conversation, sans voir ses amis. Un goût d'hypocrisie, de faux-semblant... C'était lui ! Lui, face à Sirius, lui qui espérait en vain vivre des moments uniques à deux, juste des petites parenthèses de bonheur, mais Sirius avait raison. Enfin non ! Pas vraiment, puisqu'il n'essayait pas de le séduire. Il était son ami et il se contentait de cette amitié. Il n'était pas sincère envers Sirius sur ses sentiments amoureux, mais ce n'était absolument pas la même chose.
En revanche, on pouvait très bien être ami avec la personne dont on est profondément amoureux, du moins, dans son cas, il avait été ami avant d'être amoureux. Non ! Ça ne le concernait pas ! Absolument pas !
Fier de cette conclusion, il releva les yeux sur les deux jeunes gens.
- Ok, donc tu es prêt à t'engager à... Voyons... Tu as l'interdiction de lui proposer de sortir avec toi, jusqu'à la fin de l'année... - James pouffa, trop facile, ils étaient en novembre, à la mi-novembre en plus - Scolaire.
Le capitaine fronça les sourcils. Scolaire ? Il était sérieux, là, le Sirius ? Oui... Les paris entre eux, c'était capital. Comme de véritables enjeux. James ne quitta pas le regard argenté de son frère. L'année scolaire ? Septembre prochain, puisqu'il ne la verrait pas de l'été. Un an... Quasiment un an...
- D'accord !
Il tendit la main à son frère, décidé à arriver au bout de son plan. Celui de Remus était bien, mais Sirius avait aussi raison. Il devait arrêter d'espérer conquérir son cœur. S'il voulait vraiment que Lily change d'avis sur lui, il devait tout recommencer à zéro et ça commençait par mettre réellement de côté ses sentiments.
Il ne voulait pas dire par là, qu'il allait draguer ailleurs, non, il voulait juste devenir réellement son ami. Sirius serra la main de son frère.
- Cinq galions ! Comme d'habitude.
Et l'accord était scellé. Sirius retourna sur son lit. James ne bougea pas, debout, contre la colonne de son lit, le regard dans le vide, prenant à peine conscience de ce à quoi il venait de s'engager. La fin de l'année scolaire... Juin... Juillet, Août, Septembre... Septembre, l'année prochaine.
Son cœur se serra, avant de plonger dans un profond gouffre.
- On est quel mois déjà ?
- Novembre.
Peter répondit, il n'avait rien manqué de l’échange entre les deux maraudeurs. Il les admirait, il les aimait. Ce qu'il aurait aimé leur ressembler.
Sirius et son assurance, cette faculté qu'il avait de convaincre n'importe qui, qu'il avait raison et d'amener le monde entier dans son univers. Il avait le verbe et la parole si facile. Il pouvait embrouiller n'importe qui ; et les joutes verbales avec lui... On était sûr de perdre.
James faisait le même constat que l'animagus rat, l'impression de s'être fait berner se faisant de plus en plus forte. Il avait promis l'impossible, il avait promis l'irréalisable. Neuf mois... Neuf longs et interminables mois... Mais dans quoi est-ce qu'il s'était embarqué ?
Il laissa échapper un petit gémissement plaintif, se rendant compte de l'abominable vérité. Il s'était laissé avoir. Mais au fond, au moins, il ne pourrait que mener à bien son nouveau plan. Essayer de devenir réellement ami avec sa belle, essayer de changer, mais sans arrière-pensée. Murir, grandir ! Devenir une personne qu'elle pourrait aimer et il avait neuf mois pour ça.
Remus, non plus, n'avait rien manqué de l'échange. Quoi qu'il en dise, Sirius aurait eu sa place à Serpentard. Tout dans les paroles, dans la ruse et dans la mesquinerie. Si James démarrait au quart de tour avec sa baguette, Sirius lui avait de la repartie. Il ne sortait sa baguette que pour se défendre, lui ou James. Autrement, tout était dans les mots avec l’ainé des Black.
Son enfance pouvait aussi le justifier. Sirius n'avait eu que sa parole, sa manière de discourir pour exposer son point de vue face à ses parents.
Le capitaine croisa le regard du lycanthrope, tristement, une petite moue sur ses lèvres. Ce dernier sourit.
- Au pire, ce n'est que cinq galions, dit-il pour tenter de le réconforter.
Sirius rigola. Un enjeu ridicule face au challenge. James fronça les sourcils.
- Jamais ! Ce n'est pas la destination qui compte, mais le chemin emprunté pour l'atteindre. Et James Potter ne connaît pas l'échec, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer.
Sirius haussa un sourcil, perplexe.
- Bah si on part là-dessus, avec Evans...
- Oui ça va, je sais, je me suis pris pas mal de râteaux.
Il commençait à être agacé. Il se laissa tomber sur le lit, rivant son regard sur le plafonnier. Au pire ce n'était que cinq galions... mais quand même... son honneur. Et puis, il avait vraiment envie d'apprendre à connaître l’élue de son cœur. Il était sur la bonne voie. Elle lui devait une balade en balai. Ils avaient convenu d'attendre le printemps, le temps ne permettant plus trop les longues balades. Le printemps, c'était tout aussi loin. Alors non, il ne comptait plus la harceler pour qu'elle sorte avec lui. Ce serait peut-être moins invivable que cela en avait l'air.
Remus tourna alors la tête vers Sirius, qui souriait comme s'il venait de gagner une grande victoire. Le brun releva les yeux sur lui, sentant son regard et lui adressa un petit clin d'œil. Le préfet cilla des yeux, lisant parfaitement dans le regard de l'amour de sa vie.
Il jeta un coup d'œil à James, avant de reposer ses iris sur le brun aux yeux gris. Il l'avait fait exprès ! Sirius l'avait fait exprès ! Il en était sûr. C'était exactement là qu'il avait voulu emmener James et il y était parvenu, mais pourquoi ? Pour l'aider ? Pour l'inciter à réellement faire des efforts avec Lily ? Mais... Sirius ne supportait pas la jeune femme. Enfin, il le laissait présumer en tout cas. Pourquoi vouloir alors aider son ami ?
Le lycan était persuadé d'une chose : jamais Sirius ne ferait quoi que ce soit de néfaste contre James. Il le considérait réellement comme un frère. Il y avait une réelle relation fraternelle entre eux. Alors, est-ce qu'il voulait juste l'aider à devenir l'ami de Lily ? C'était possible ! Mais au risque de devoir la supporter à vie ? À moins qu’il n’ait l’espoir qu’en éloignant le capitaine de Quidditch, un autre tente sa chance et la séduise… Ou que James se rende compte qu’il n’était pas réellement amoureux de la préfète ?
Oh... c'était trop compliqué. Et il y avait un point qu’il voulait éclaircir.
- Je ne suis pas d'accord...
James et Sirius posèrent les yeux sur lui, sans comprendre.
- On peut être ami avec une personne dont on est amoureux.
- Une personne dont les sentiments ne sont pas partagés ? Car oui, on peut être en couple et ami, mais amoureux et se contentait d'une amitié, non ! C'est impossible !
Remus déglutit. Si c'était possible. Et il le prouvait tous les jours, face à Sirius.
- Pourquoi ça ne serait pas possible ? souffla-t-il, son regard se voilant.
Sirius sourit ironique, sans le lâcher des yeux.
- Tu supporterais, toi, d'être amoureux d'une personne qui fait sa vie avec un autre, qui l'aime tendrement, qui lui apporte tout ce que toi tu n'as pas de droit de lui donner ? Un mariage, une famille... et toi, sur le côté ? Admirant en silence leur bonheur ?
Remus soupira, las. Sirius venait juste de décrire ce qu'il l'attendait lui, son futur. Mais oui, il allait le supporter. Il allait aimer la femme de Sirius et ses enfants, comme sa propre famille. Sans voir l'amour dans les yeux de son homme, un amour qui ne serait pas pour lui. Il ne répondit pas.
- Non ! Tu t’éloignerais, préférant briser votre amitié plutôt que de supporter le spectacle de son bonheur.
Sirius conclut sa tirade d'un point qui n'appelait aucune suite.
Remus posa les yeux sur James qui grimaçait autant que lui. Non en effet, lui non plus ne supporterait pas cette existence-là... Deux cœurs se brisèrent, l'un d'une manière plus irrémédiable que l'autre, n'ayant aucune chance de séduire, un jour, l’homme de sa vie.
- En tout cas, on peut dire que les compteurs sont presque à zéro niveau trahison.
James s'était exprimé et ses trois amis posèrent un regard sur lui.
- Sirius a envoyé Rogue dans l'antre du loup, Peter a raconté l'histoire à Sarah et moi, je me suis montré sous ma forme animagus à un membre extérieur du groupe.
- En effet... ajouta Sirius. Il ne manque que toi, Moony. Tu as droit à un bon pour une trahison.
Le brun aux yeux gris lui adressa un doux sourire, mais le lycanthrope ne sourit pas. Bien au contraire, il blêmit, le froid lui prenant les entrailles, se propageant en lui, comme une tempête glaciale. Une scène bien précise lui vint à l'esprit... lui, le dortoir vide... la boîte de correspondance de Sirius... la lettre venue d'outre-Atlantique... et la violation de la vie privée de ce dernier.
Les trois autres maraudeurs se regardèrent, perplexe, face à la mine livide de leur ami.
- Qu'est-ce que tu as fait Rem' ? demanda James, interdit.
- Rien ! s'insurgea l'intéressé. Rien du tout !
Comment l'avouer ? Et surtout... comment le justifier ? Il n'avait aucune excuse à son comportement sauf cette jalousie qu'il éprouvait envers toutes les personnes qui approchaient Sirius.
Mais oui, les compteurs étaient bien remis à zéro. Les trois amis échangèrent un regard peu convaincu, Remus n’était pas doué pour cacher ses émotions.
Sujet à creuser…
End Notes:
Et voila un petit chapitre autour de mon second couple préféré. James se perd par amour pour sa belle. Pauvre Lily... Même à distance, Pétunia sait se montrer immonde et torturer sa sœur. Un repas de Noël avec elle et Vernon... ça donne envie. Qui veut venir ?
Je prends les paris : James gagnera-t-il le sien ? Pour le prochain chapitre, je vous promets un premier baiser... mais entre qui et qui ? :x
J'espère que cela vous a plu.
Un Secret Si Difficile à Assumer by Crepuscule64
Author's Notes:
Une accalmie, le soleil pointe un rayon. Deux élèves en profitent, près du lac.
Une conversation, des questions... Un sujet sensible et délicat.
Deux élèves bien particuliers étaient près du lac, installés dans l'herbe fraîche. Deux jeunes lions n'avaient pas eu envie d'aller s'enfermer quelque part dans le château. Ils avaient besoin d'air frais, besoin de respirer et le peu de répit que l'orage leur laissait, ils en profitaient à la première occasion. Sirius Black observait le lac, pensif.
James Potter, son éternel binôme, aussi. Un silence religieux les entouraient. Seul le vent sur le lac se faisait entendre. Depuis son engagement solennel de ne plus proposer à une certaine rouquine de sortir avec lui, le capitaine de Quidditch se sentait différent. En un sens, il se sentait soulagé. Il n'avait pas réellement renoncé à elle, juste au fait de la séduire. Mais jusqu'à l'année prochaine. Ça lui donnait pas mal de temps pour changer, pour mûrir. Et il allait tout faire pour y arriver.
Il jeta un regard à son frère. Quelle idée avait eu Sirius sur ce coup ? Il savait que le jeune homme n'avait pas confiance, qu’il était persuadé qu’il échouerait dans cette quête. Mais les Potter ne connaissaient pas l'échec. Non ! Désormais, il ne verrait en Lily Evans, amour de sa vie, déesse perdue parmi les mortels, qu'une jeune femme, qu'une amie. Mais jusqu'en septembre. Lui qui avait prévu tout un truc pour la prochaine Saint Valentin… Ça tombait à l'eau ! Enfin, ce n'était que partie remise à l'année prochaine.
Le capitaine observa les alentours, remarquant qu'ils étaient seuls. Rares étaient les courageux qui osaient braver le froid, même bien emmitouflés dans leur écharpe. Il riva son regard sur Sirius, prêt à mordre.
- Pourquoi tu refuses de parler à Remus ?
Son frère tourna lentement la tête vers lui, cherchant sans doute, de quoi ils étaient en train de parler... De rien...
Et pourtant on aurait pu croire que le sujet semblait lancé et défini.
- À propos de quoi ? demanda-t-il, faisant mine de ne pas comprendre.
Il savait parfaitement quel était le sujet abordé, le seul dont il ne voulait pas parler, à personne, même pas au jeune homme qui lui faisait face. Un sujet qui ne regardait que lui !
- Du fait que tu es à moitié scrout-à-pétard.
Sirius sourit, reposant les yeux sur le lac, acquiesçant lentement de la tête. Il haussa les épaules. C'était tellement amusant ces petites joutes verbales entre eux.
- Du côté de ma mère... C'est vrai ! J'ai tendance à l'oublier.
Il sourit, ironique, avant de grimacer de dégoût. Ses parents étaient cousins au second degré. C'était écœurant. Il secoua la tête. Ne pas penser à ça, ne plus penser à ça. Vive les mariages arrangés entre personnes consanguines. La conversation... Il parlait de quoi déjà ? Ah Remus !
- Ce n'est pas que je refuse, mais je ne vois pas pourquoi je lui dirais. C'est ma vie privée aux dernières nouvelles. Ça ne regarde que moi.
Et puis la dernière fois qu'il avait tenté d'amorcer le sujet, vu comment le jeune homme s'était énervé, il n'avait pas très envie de recommencer.
- Tu n'as pas une impression de faux-semblant, d'hypocrisie envers lui ?
Sirius ne cilla pas, mais il se mordit la joue intérieure. Il savait d'où James tenait sa réplique. Il savait que le jeune homme l'avait un peu en travers, suite à cette précédente conversation. Mais c'est vrai que l’argument était de circonstance.
- Non !
Pourquoi aurait-il dû ressentir de telle chose ? Il jeta un regard autour de lui, ils étaient seuls. Il prit la carte du maraudeur, posée à ses côtés, observant le parc, il n'y avait bien qu'eux. Il riva de nouveau son regard sur le lac, sans sourire. Non, il n'était pas hypocrite.
- Je ne drague pas Remus, donc non.
L'ironie apparut sur le visage de James, qui haussa un sourcil, sans quitter son ami des yeux.
- Ce n'est pas qu'une question de drague. Tu le sais très bien.
Sirius ne réagit pas. Est-ce qu'il était hypocrite envers Remus parce que le jeune homme ignorait qu'il était attiré exclusivement par les mecs ?
Peut-être un peu... mais dans ce cas...
- Peter non plus ne sait pas. En fait ici, il n’y a que toi qui es au courant. Est-ce que j'en suis pour autant hypocrite envers le reste du monde ?
C'est vrai que la question méritait réflexion. Il n'était pas prêt à assumer qu'il n'était pas hétérosexuel. Il avait même du mal à appliquer cette étiquette d'homosexuel à sa personne. Il n'aimait pas les étiquettes. Il en avait déjà pas mal qui lui collaient déjà à la peau, "traître à son sang" étant la première, "renégat" la seconde. Il n’en voulait pas d’autres. Lui, il aimait juste les faits.
Et le fait était qu'il n'était attiré que par les hommes. Ce qui pouvait expliquer son indifférence manifeste envers la population féminine de Poudlard.
- Non, mais tu ne te comportes pas avec le reste du monde comme tu te comportes avec Remus.
Sirius sourit, se passant lentement la langue sur lèvres, se mordant la lèvre inférieure, avec envie.
- Oui, mais le reste du monde est beaucoup moins sexy que Remus.
- Alors ? Pourquoi tu ne le lui dis pas ?
James insisterait, il voulait savoir. Remus ne devait attendre que cette révélation pour pouvoir commencer à vivre. Mais Sirius s'obstinait à ne rien vouloir lui dire. D'ailleurs...
- Tu ne me l'as même pas dit à moi !
Il s'indigna face à cette réalité ! Sirius n'avait jamais eu le courage de lui dire directement. L'animagus chien sourit, rivant son regard dans celui de son frère.
- Bah non. Puisque je ne le savais pas vraiment avant des petites expériences de cet été. Et puis, c'est toi qui m’as posé la question. Tu aurais pu attendre.
James fronça les sourcils, agacé.
- Attendre quoi ? Le déluge ?
- Entre autres.
Le capitaine secoua la tête. Il avait pris les devants, posant directement la question au jeune homme, mais il avait de gros doutes quant à l'orientation sexuelle de son frère. Comment Remus ne pouvait-il pas avoir les mêmes ? Parce quand on y réfléchissait un tout petit peu, c’était légèrement flagrant pour qui connaissait bien l’aîné des Black.
- Alors, pourquoi tu ne lui dis rien ?
Sirius grogna, légèrement agacé. Il commençait à l'énerver le petit Bambi là.
- Pourquoi tu veux que je lui dise ? C'est ma vie privée.
- Mais tu as peur de quoi ?
Sirius ne répondit pas. Son frère mettait le doigt sur un point légèrement sensible. Quand il avait commencé à se rendre compte que sa préférence n'allait pas vers le sexe opposé, comme un garçon dit "normal", il avait eu peur pour la première fois. Peur du regard des gens et plus particulièrement du regard de ses amis.
- Qu'il te jette ?
- Entre autres.
Comment réagirait Remus ? Ce n'était pas évident. Car au fond, rien ne disait que le jeune homme ne le jugerait pas comme malade mental et qu'il ne s'éloignerait pas tout simplement de lui.
- Allons, Sirius. C'est de Moony qu'il s'agit.
- Et alors ? s’offusqua l’animagus chien. Parce qu'il est ce qu'il est, il n'aurait pas le droit de me trouver écœurant, et de ne plus vouloir que je l'approche ?
Un silence s'installa entre eux, chacun ayant les yeux rivés dans le regard de l'autre. James acquiesça lentement de la tête. Son frère n'avait pas tort. Ce n'est pas parce qu'il était lycanthrope, que Remus pourrait ne pas trouver l'homosexualité écœurante, non c'était parce qu'il était raide dingue du jeune homme qui lui faisait face.
- Non, mais parce qu'il est ton ami. Et que les amis, on les accepte comme ils sont, sans condition.
Sirius jeta un regard sur la carte. Il n'y avait toujours que leurs deux étiquettes.
- Sans doute, mais ça changera quand même beaucoup de choses... Trop de choses !
Ça, c'était certain. Car il était vraiment proche du préfet, il avait peu à peu franchi beaucoup de limites, repousser leur amitié. Et il ne le pourrait plus, s'il le lui disait. Le jeune homme verrait le mal partout, dans tous ses gestes et il ne le supporterait pas. Cette vérité ne pourrait que créer une distance entre eux, un gouffre. Même si Remus l'acceptait comme il était, plus rien ne serait pareil.
- Ça tu n'en sais rien.
Le brun à lunettes comprenait les craintes de son frère de cœur, mais s'il savait... Le petit Cerf n'avait le droit de rien dire au cabot entêté, pourtant ça le démangeait.
- Qui te dit qu'au contraire, il ne renterait pas dans ton petit jeu malsain ?
Sirius sourit, tentateur. Il jeta un coup d'œil à son vis-à-vis.
- Tu crois ? Ce n'est pas ce qui me dérangerait le plus, au contraire. Mais j'en doute fortement. Aux dernières nouvelles, Remus n'est pas particulièrement attiré par les mecs.
- Aux dernières nouvelles, Remus n'est pas particulièrement attiré par le monde entier.
Le cabot inspira. Oui, ce n'était pas faux. Mais quand même, c'était risqué.
- Plus tu attends pour lui en parler, moins il comprendra que tu ne lui aies pas dit plus tôt. Cela aurait pu passer s'il ne savait pas que tu étais sorti avec quelqu'un, l'été passé.
Sirius inspira, jetant un regard noir vers le jeune homme.
- Oui, d'ailleurs, je te remercie pour ce bel interrogatoire, espèce de traître. Il n'était pas censé l'apprendre.
James sourit, satisfait de lui-même.
- Mais de rien, c'était avec plaisir, mon vieux Patmol. James Potter, Cornedrue pour les intimes, toujours là pour les amis.
Le Patmol secoua la tête, exaspéré.
- Il t'a pris quoi ce jour-là ?
- Ah... Aller savoir ! Je ne sais pas, j'ai eu envie de t'embêter. C'est tout ! Comme toi, l'autre jour.
Il posa sa main sur son cœur, prenant une voix cérémonieuse :
- Je jure solennellement de ne pas proposer à Lily Evans, plus jolie fille de Poudlard, d'Angleterre et du monde, de sortir avec moi avant septembre de l'année prochaine.
Sirius acquiesça à la fin du serment.
- La vengeance est un plat qui se mange froid, avec cinq gallions à la clef.
James cilla, l'évidence le frappant. C'était par vengeance ! Sirius avait joué avec lui, avec ses sentiments, avec sa vie, par vengeance !!! Pauvre de lui...
Il ne pouvait plus tenter sa chance avec Lily et il ne le ferait pas, tout ça parce que Sirius avait voulu se venger. Il allait se concentrer sur le Quidditch, sur les études, sur ses amis, oubliant son cœur martyrisé, à qui on avait interdit de parler, un cœur qu'on avait muré dans le silence, qu'on avait contraint à pleurer chaque jour qui le séparait de la rentrée prochaine. La pauvre victime jeta un regard noir à son bourreau, avant de sourire, mesquin. En tout cas, lui, il n'avait jamais menti !
- En plus, quand il apprendra que ton mec de cet été est un jeune professeur d'Ilvermony que tu n'étais pas censé connaître...
Le menteur fronça les sourcils, son regard se meurtrissant un peu plus. Il avait menti à Remus ce jour-là, mais il avait été tellement pris au dépourvu. Mais oui, ce jeune prof d'Ilvermony, c'était bien son mec de l’été dernier. Le pire étant qu'il l'avait rencontré dans un nigth-club gay moldu de Londres et que c'était Olivier qui avait tiqué face à son nom. Il travaillait au Ministère de la Magie Anglaise, où il avait rencontré un "Orion Black".
Que le nom de Famille Black soit plutôt commun, OK. Mais que les prénoms prennent tous les deux leur inspiration dans les étoiles, c'était quand même un peu trop gros pour être une coïncidence.
- Pour en revenir à nos hippogriffes, tu vas le lui dire ou pas ?
- Ou pas…
Sirius ne quitta pas le lac des yeux, sans sourire.
James grogna. Il commençait à l'agacer le Patmol. Il ne voulait rien dire. Ce n’était pas marrant. Comment le forcer, comment l'amener à tout dire au lycanthrope ? Il était moins doué que Sirius pour manipuler mentalement les gens. Il pourrait lui jouer un sale coup, le mettre dans une situation qui l'obligerait à parler. Mais il ne s'en sentait pas le droit. C'était quand même un sujet capital pour Sirius. Sauf que s'il continuait comme ça, l'année prochaine, le brun aux yeux gris n'aurait toujours rien dit.
- Bah c'est toi qui vois. Mais il l'apprendra, tôt ou tard. Et il saura que tu ne lui as pas fait confiance. Ce sera plus dur de te faire pardonner ton silence.
Bref, il ne trouvait rien d'autre à répliquer.
Sirius fronça légèrement les sourcils, plissant les yeux, son regard se voilant peu à peu.
- Ce n'est pas un manque de confiance, souffla-t-il, meurtri.
- À d'autres ! Tu as peur qu'il te jette, qu'il s'éloigne. Tu as peur de sa réaction, qu'il te juge. Tu n'as pas confiance en lui !
Le cœur de Sirius tambourina sourdement dans ses oreilles, comme s'il venait de se loger dans ses tympans. Oui ! En un sens, tout ce que disait son frère était à peu près vrai.
- J'ai essayé de lui dire, mais vu sa réaction, je n'ai pas particulièrement envie de recommencer.
James leva les yeux au ciel. Remus ne l'aidait pas, loin de là.
- Tu lui as posé une question qui l'a vexé. Comprends-le aussi. Ce n'était pas contre toi, c'était contre lui, contre ce qu'il est, comment il est physiquement. Tu ne peux pas le prendre à ton actif. Tu te caches derrière ça.
Sirius se laissa tomber dans l'herbe, rivant son regard sur le ciel gris. Ils avaient droit à une accalmie dans le temps, mais elle ne serait que de courte durée.
- Après, c'est sans retour possible...murmura-t-il, une profonde douleur dans sa voix.
James posa son regard sur son frère, sans sourire. Il pouvait comprendre la douleur du jeune homme. Remus était particulier pour lui, un ami pour qui il avait une profonde affection, plus que la morale ne l'aurait permise entre deux hommes. Mais c'était aussi pour ça qu'il devait être sincère avec lui. Parce que les secrets, ça vous bouffait de l'intérieur et qu'ils pourrissaient tout.
- Oui, mais c'est de Remus dont on parle. Fais-lui confiance. Tu ne perdras rien. J'en suis sur moi.
Sirius tourna lentement les yeux vers son vis-à-vis, absolument pas convaincu. Car au fond, il y avait quoi au juste entre eux qui pourrait prendre fin ? Le fait qu’il ait le droit exclusif d'aller le soigner après la pleine lune. Si le lycanthrope savait, pas dit qu'il l'autorise à venir le voir tout nu. Le fait de pouvoir le rejoindre la nuit dans son lit, quand aucun n'arrivait à dormir. Cette tendresse dans leurs actes, dans leurs sourires, dans leurs regards. Ne disparaîtrait-elle pas, de peur que l'un d'eux ne l'interprète mal ?
Il avait un profond mal de cœur, une envie de vomir le prenant aux tripes.
Avec James, tout avait été plus simple. Parce qu'il n'y avait eu aucun réel enjeu. Ils étaient dans un bar, coté moldus, à Londres. Et le regard de Sirius se plaisait à se perdre sur le corps des mecs présents, mais discrètement. Du moins, il l'avait cru. Mais, rien n'avait échappé au jeune Potter.
- Au fait, tant qu'on parle de ça, toi tu es plutôt attiré par les mecs, ou par les filles ?
La question l'avait totalement gelée sur place. Il en avait bu cuit sec son Bloody Mary, histoire de ne pas répondre.
Au fait, tant qu'on parle de ça... Ils parlaient de ce qu'ils allaient faire le lendemain et le programme était d'aller voir l'entrainement de leur équipe de Quidditch. Au fait, tant qu'on parle de ça... James avait abordé le sujet comme un cheveu sur la soupe.
Sirius avait failli s'étrangler, préférant vider son verre que de répondre.
- Oui, bon, si tu ne dis rien, c'est que c'est plutôt les mecs. Sinon tu aurais répondu sans problème.
L’aîné des Black avait commandé un autre verre, toujours sans rien dire, son frère l'observant, amusé.
- Bah quoi, ce n'est pas la peine d'en faire un Felix félicis. Tu es déjà sorti avec un mec ?
Sirius avait repris son verre, essayant de calmer son cœur. Ce n'était pas la peine d'en faire un felix felicis ? Sans blague...
- Non et ça ne m’intéresse pas.
Sa voix était étrangement rauque, il était pris à la gorge, une sensation d’étranglement lui donnant presque le tournis. Mais il fallait quand même qu'il participe à la conversation. Surtout que c'était de lui dont ils parlaient.
- Sans blague ? Tu peux me le redire en me regardant droit dans les yeux.
Sirius n’avait pas répliqué, le sourire de son frère se faisant plus grand.
- Ok, donc tu es branché mec mais sans jamais avoir réellement testé... Tu n'as pas envie de confirmer tes doutes ?
L'animagus chien avait posé son regard sur lui, pas rassuré du tout. Avec James Potter, il pouvait s’attendre à tout et surtout au pire. Et si en temps normal, ça lui plaisait bien, c’était parce que ce n’était pas dirigé contre lui.
- Comment ça ?
Le jeune homme avait réfléchi, observant autour de lui. Ce n'était pas vraiment le lieu pour ça...
- Il doit bien exister des lieux pour les rencontres entre personnes du même sexe dans cette ville. Attends, je vais mener mon enquête.
Et il était parti, le laissant tout seul au comptoir. Il plaisantait, le James là ? Il n'était pas sérieux ? Il ne voulait pas aller dans une boite gay ? Il n’était pas gay ! Jamais de la vie… Et pourtant si ! Il le savait depuis un moment déjà, depuis la première fois où il avait croisé une certain lycanthrope un lendemain de pleine lune. Et la seconde fois avait été pire que tout… Cette fois-là, il avait eu une réaction radicale pour faire taire ses doutes.
OoOoOo
Une musique résonnait dans l'antre des rouge et or masculin de cinquième année. Le gramophone du préfet du groupe jouait « Sweet Lady » de QUEEN. Un feu brûlait dans l’âtre de la cheminée en cette semaine de décembre 1975. Le froid hivernal s’était abattu sur la lande Écossaise depuis le début du mois.
Deux élèves étaient installés confortablement près du feu, un livre de musique dans les mains. Erin McKinnon lisait un article sur le groupe en question, tandis que Sirius Black écoutait la musique en silence.
- Tu imagines, ils donnent un concert le jour de noël ! Non mais sérieux, j’aimerais trop pouvoir y aller les voir, ça me ferait trop rêver.
Son ami lui jeta un coup d’œil. Lui aussi ça le ferait rêver d’assister à un de leurs concerts, mais le soir de noël…
- C’est complet depuis deux mois… souffla la blonde, déçue.
Le brun le savait bien, mais il n’avait même pas cherché à avoir des places. Son cœur se mit à battre lentement, son regard glissant sur la jeune fille. Depuis quelques jours, il ne se sentait pas bien, il se sentait sale, coupable, anormal. Et la jeune fille à côté de lui aller mettre un terme à tout ça. Il sourit, avec envie.
- Et si tu lâchais un peu ce magazine… pour profiter de la musique et de moi ?
La blonde tourna la tête vers lui, haussant un sourcil, légèrement mutine.
- Profiter de toi ? Hum… voilà une proposition bien tentante. Mais toi, as-tu envies de profiter de moi ?
Le regard du brun se fit légèrement salace, plein d’envie. Erin était une des filles les plus charmantes de l’école, une des plus jolies aussi et il s’entendait très bien avec elle. Une des rares qui ne s’offusquaient pas de leurs blagues sur les Serpentards, bien au contraire, elle riait volontiers avec eux. La fête et l’amusement coulaient dans ses veines en digne héritière des McKinnon.
- Ce n’est pas l’envie qui m’en manque.
Il lui retira le magazine des mains sous les protestations de la demoiselle.
- Je n’ai pas fini, rends-me le !
- Abonnes-toi.
- Pourquoi m’abonner si toi tu l’es déjà ? Ce serait idiot !
Elle tenta de récupérer son bien, mais le jeune homme ne la laissa pas faire. Il posa les mains sur sa taille, la faisant légèrement basculer sur le sol, rivant son regard dans le sien.
- Tu me délaisses pour un bout de papier, je n’aime pas ça.
- Je te délaisse pour QUEEN ! Freddie Mercury, tu ne fais pas le poids, Black !
Le cœur de la blonde se mit alors à battre avec envie, face à ce regard argenté qui la faisait fondre depuis la première année. Et le sourire du brun qui ne lui donnait qu’une envie : un baiser.
- Ah oui, je ne fais pas le poids ?
- Hum… ça dépend. Pour m’envoûter avec un solo de guitare, tu ne fais pas le poids. Mais pour une balade en balai, tu gagnes haut la main.
- Ce n’est pas de balade en balai dont je parle… souffla-t-il séducteur, plein d’envie.
- Ah ? Et de quoi parles-tu ?
Elle haussa un sourcil, espiègle. S’il parlait de ceux à quoi elle rêvait de parler avec lui, elle disait oui de suite !
- De toi, moi… Et plus si affinités.
Un ton séducteur, Sirius ne se le connaissait pas. Ce n’était la première fois qu’il se prêtait à un jeu de séduction avec la petite blonde, c’était même souvent, entre eux. Des sourires, du charme, des sous-entendus. Mais rien de bien loin. Sauf que là… Il avait quelque chose à se prouver.
Il captura les lèves de son amie avec envie, cette dernière ne faisant pas prier pour répondre à ce baiser. Un feu de cheminée, une musique de Queen en fond sonore et le mec le plus canon de Poudlard ; que demander plus pour un premier baiser ?
Et l’instant fut magique pour elle. Les lèvres du jeune homme étaient douces, délicates, pleines de saveur. Le brun glissa sa main sur sa taille, prolongeant ce moment, se collant un peu contre elle.
Un instant qui prit fin, aucun n’osant quitter le regard de l’autre.
- Alors, sur ce domaine-là, tu le bats à plate couture, souffla-t-elle.
Le lion sourit avec envie, capturant de nouveau ses lèvres, prolongeant cette étreinte. Les filles ne l’avaient jamais intéressé, mais il était temps pour lui de s’y mettre. Il avait envie de découvrir de nouvelles expériences et la jolie blonde, avec qui il partageait déjà beaucoup, était parfaite pour ça.
Son cœur s’accélérât face à ces nouvelles émotions qui le prenaient. Douces, délicates, brûlantes, et bien réelles. Oui, les filles lui faisaient de l'effet !
Un bruit, une porte qui s’ouvrait et un toussotement plus tard, ils mirent fin à leur baiser pour relever la tête vers un groupe de trois personnes.
- On dérange ? demanda le brun à lunettes tout en posant ses affaires, sur son lit, sans pour autant faire demi-tour pour les laisser tranquille.
- Oui, un peu… souffla Sirius.
Son regard se posa sur James puis sur Remus. Il rougit légèrement, avant de replonger avec envie dans les iris bleuté de son amie.
Celle-ci se redressait déjà, s’asseyant sur le sol.
- Il y a des chambres pour ça, s’agaça le préfet.
- Mais on est dans une chambre, railla Sirius, sans lâcher la blonde des yeux.
- Oui et bien pas celle-là. Remus posa ses affaires sur son bureau, agacé.
- On va dans ton dortoir ?
Erin cilla, avant de sourire, se mordant la lèvre avec envie.
- Bien tenté, Black, mais non ! Je vous laisse, on se voit plus tard…
Elle murmura juste pour lui dans un souffle chaud, avant de se lever et de quitter l’antre des hommes, sous le regard des trois autres.
- On a interrompu ton premier baiser ? Désolé Sirius !
Le capitaine sourit, ravi que son frère s’intéresse enfin aux choses de l’amour.
- Oh non, on en était déjà au second.
Remus s’installa à son bureau, prenant un parchemin, peu ravi. Très agacé serait même un terme un peu plus approprié. James lui était très amusé, Peter plutôt jaloux. Erin était une des plus jolies filles de l’école.
- Va falloir établir des règles, déclara le capitaine de Quidditch.
- Du genre ? Sirius haussa un sourcil, sans comprendre.
- Du genre… On ne sort pas avec l’ex d’un de nous, et je mets une clause de pourparlers si jamais…
Remus souffla agacé face au menu du jour de cette réunion maraudeuse improvisée. Ils grandissaient tous, certains plus rapidement que d’autres et maintenant que l’amour entrait en jeu, tout allait forcément changé. Et le battement très désagréable de son cœur en était une preuve. Il tourna la tête vers James, sans comprendre.
- Une clause de pourparlers ?
- Bah oui, imagine que Sirius jette Erin et que dans six mois tu te découvres fou amoureux d’elle. Tu invoques le pourparler pour demander à déroger à cette règle. Mais il faut des vrais sentiments, tu la jettes pas deux semaines après.
- Ça me va ! déclara Sirius.
- Ensuite…
- On ne monopolise pas le dortoir, grogna le châtain, n’ayant pas spécialement envie de revivre cette scène.
- Oui, mais on ne peut pas aller chez les filles, on ne va pas faire ça dans la salle commune, intervint Peter.
Le jour où il aurait une petite amie, le petit rat comptait bien monopoliser leur antre.
- Je plussoie la remarque de Peter ! argua Sirius.
S’embrasser en plein milieu du reste du monde, non merci, très peu pour lui.
- Tu vas te bécoter ailleurs, un point c’est tout ! cracha le préfet.
Il était vraiment agacé. Cette vision… Sirius avec une fille ! Son cœur battait sourdement, très désagréablement. Ses entrailles le faisaient atrocement souffrir.
- Je plussoie, Moony, déclara le brun à lunettes, un parchemin dans une main et une plume dans l'autre. Et là, aucune clause de pourparlers. Le dortoir, c’est chez nous, pas de monopole. Sauf exception avec accord des trois autres.
Remus se tourna vers le groupe, son regard ne fixant que James, mécontent.
- C’est du pourparler ça !
- Oui, mais imagine que demain Sirius et Erin veulent franchir un certain cap, on ne va pas les laisser faire ça dans une salle de classe. Mais là, il faut un accord unanime. Pour le premier, faut juste l’accord de l’ex de la fille.
Un certain cap ? Mais quel cap nécessiterait un dortoir et un lit ? Remus rougit, trouvant tout seul la réponse. Il ragea un peu plus, avant d’inspirer et de reposer les yeux sur son parchemin. Une chose était sûre, Sirius n’aurait jamais son accord pour venir coucher ici avec une fille. Donc c’était une affaire réglée ! Pour Peter et James, il aviserait le moment venu.
- Donc plus personne ne peut sortir avec Erin maintenant que Sirius l’a embrassée ? Peter observait les deux autres.
- Pourquoi, elle te plaisait Pet’ ? Sirius sourit, amusé.
- Non pas du tout, c’est pour que ce soit clair.
- Du coup, faut mettre Olivia dans la liste des filles interdites, ajouta le futur animagus rat.
James rougit se rappelant la petite brune des aigles avec qui il était sorti deux semaines le mois précédent. Elle avait eu de la saveur, mais pas très longtemps.
- Je la note… Elle embrasse bien ? Erin ?
Sirius posa les yeux sur son frère un sourire aux lèvres.
- Oui, j’avoue, c’était très agréable. J’aurais aimé prolonger ce moment.
- Pas dans ce dortoir ! Ok ! rappela le préfet, qui même s’il ne prêtait plus attention à la conversation n’en perdait pas une miette.
Sirius se tourna vers le châtain sans comprendre sa mauvaise humeur. Il était où le souci avec lui ?
- On peut quand même utiliser le dortoir quand il est vide ?
- Bien sûr ! Mais dès qu’on débarque, tu dégages, précisa James.
- Bien, on ira dans la salle commune. Pas de soucis. Avis aux voyeurs ! ajouta-t-il plein d’ironie.
Remus déglutit. Sirius et Erin en pleine action dans la salle commune… Note pour lui-même : Éviter la salle commune.
- Vous êtes en couple ? demanda Peter, envieux.
- Pas encore, vu que vous nous avez interrompus.
- Eh bien, je reconnais que ton choix ne m’étonne pas, ajouta le brun à lunettes. Erin est une bonne amie à toi et elle est très mignonne, ravissante même. Vous allez bien ensemble. Et puis elle n’est pas chiante et elle te reprochera jamais de passer trop de temps à jouer au Quidditch, puisqu’elle est dans l’équipe.
- Qui t’a reproché ça ? s’étonna alors l’aîné des Black.
- Olivia, pourquoi tu crois que j’ai rompu ? Elle m’a reproché de faire passer le Quidditch avant elle. Je fais passer le Quidditch avant moi… Bref… d’autres règles ?
- Oui ! - Remus se leva, venant éteindre son gramophone, furieux. - Merci de ne pas se bécoter sur mes disques de QUEEN et avec mon gramophone.
- T’es pas sérieux là ? s’offusqua Sirius.
- Si ! Tu connais le principe de propriété privée ?
- Oui, mais en quoi ça te dérange ? Si tu n’es pas là ?
- C’est à moi. Alors trouve un autre moyen d’emballer les filles.
- Très bien, je n’aurais aucun problème pour ça. - Et Sirius se leva furieux face à l’égoïsme dont faisant preuve son ami - Sur ce, je vais la rejoindre, elle est de compagnie plus agréable que certaines personnes ici.
Et le brun quitta le dortoir en claquant la porte. Remus enrageait aussi. Sirius avec une fille… Cette vision l’avait horrifié, elle lui avait brisé le cœur. Il l’avait détesté. Il ne voulait plus jamais voir ça. Qu’il aille séduire ailleurs et avec son propre matériel. C’était ses disques et son gramophone. Il voulait bien partager, mais pas pour emballer des filles. James et Peter se regardèrent sans comprendre, avant d’hausser les épaules et de vaquer à leur occupation.
Sirius arriva dans la salle commune, trouvant sans peine la jeune fille qui leva un regard d’envie sur lui, se mordant la lèvre. Elle était installée dans un coin de la salle commune avec ses amies.
- Re salut toi !
Il s’installa à côté d’elle, jetant au passage un regard noir à la préfète avant de ne s’intéresser qu’à la blonde.
- Re salut !
Il plongea dans son regard avec envie.
- Désolé pour tout à l’heure, j’ai des colocataires un peu collants.
- Pas de soucis.
Sarah, Mary et Lily les observaient, intriguées. Le regard de la rousse était peu ravi face à cette scène plein de niaiserie, leurs sourires tout aussi niais et leurs regards encore plus niais… oui ça puait la niaiserie selon elle.
- Je peux savoir ce que vous fabriquer ?
- Mêles-toi de ta vie, Evans ! cracha le brun, sans un regard pour elle. - On est interdit de dortoir, souffla-t-il, un rouge apparaissant sur les joues de la blonde, amusée.
- Et du mien aussi. Faut trouver un autre lieu. Elle se mordit la lèvre avec envie.
- Il y a plein de lieux à Poudlard pour ça.
- Tu dois mieux les connaître que moi.
Sirius avait quelques conquêtes à son actif, mais entre la réalité et la fiction que les filles vivaient dans leur tête, il y avait un gouffre.
- Et bien ça va t’étonner, mais non ! Enfin, je les connais mais sans jamais y avoir été.
- Eh bien, on les découvrira ensemble.
- Je vais chercher ma cape et on va se balader ?
Elle acquiesça avec envie sous le regard étonné de ses camarades. Sirius se leva, leur adressant un petit sourire.
- Mesdemoiselles !
Il s’inclina dans une salutation charmante, digne de son éducation aristocrate face à Sarah et Mary, avant que son regard ne se pose sur la troisième.
- Evans ! cracha-t-il, sans aucune réaction de la rousse.
Ce qu’il l’agaçait… Et il quitta la salle commune direction le dortoir, sa cape… Et un petit coin tranquille pour flirter.
- Il se passe quoi ? souffla Mary, effarée.
- Et bien… on s’est embrassé.
- Tu n’es pas sérieuse ?!? Erin ! - Lily cria plus que de raison, faisant se retourner vers elles l’ensemble des élèves présents dans la salle commune. - C’est le pire mec de Poudlard. Tu pourrais trouver mieux que cet arrogant prétentieux, imbu de lui-même.
- Tu parles de mon ami, coupa la blonde, peu ravie.
Entre elles, Sirius était le seul sujet de dispute.
- Et puis mieux que Sirius… Je ne vois pas. - précisa Mary, avec envie. Ce qu’elle jalousait la blonde. - Il est canon, Lily. Tu es aveuglée par ta haine et toutes les misères qu’ils te font et qu’ils font aux autres, mais il est carrément canon, sympa, drôle, populaire...
Erin et Sarah acquiescèrent de la tête.
- On n’a pas le monopole de nos ex ! déclara la métisse.
- Bien sûr que si !
- Hors de question. Ce n’est pas parce que tu sors avec Black qu’on ne pourra pas tenter notre chance plus tard.
- Tu sortirais avec mon ex ? cracha la blonde.
- Si ton ex, c’est Sirius Black ou James Potter, oui ! déclara Mary, sous l’acquiescement de Sarah.
- Si vous faites ça… C’est une règle en amitié, on ne sort pas avec le frère, le cousin, un membre de la famille et un ex de sa meilleure amie.
- Oui, mais justement, c’est Lily ta meilleure amie.
Les deux autres filles se frappèrent dans la main, plein de triomphe, sous la mine furibonde de la blonde. Lily haussa un sourcil, ne prenant même plus part à la conversation. Sa meilleure amie avait des goûts de bouse de dragon, et encore elle restait polie.
Erin se releva, quand l’objet des désirs de toute les filles de Poudlard, - enfin presque, Lily Evans ferait toujours exception - apparut. Et ils quittèrent ce lieu, main dans la main.
OoOoOoOo
Sirius fronça les sourcils, revenant dans ce présent. Erin avait vite perdu de la saveur, ça avait duré un temps, le temps qu’il se rende compte que leurs baisers ne lui faisaient de l’effet que quand il s’imaginait dans les bras d’un autre, que quand son esprit vagabondait vers une cabane hantée, un moment précis du mois, un regard de miel, des lèvres entrecoupées d'une cicatrice.
Mais ce soir d’été, après cette conversation avec James, tout avait changé. Il ne pouvait plus nié. Il ne pouvait qu’accepter et assumer.
Ils avaient fini au "San Farmin", nigth club plutôt discret de Londres. C'est là qu'il avait rencontré Olivier. Un regard vert, un doux sourire et ce délicieux petit accent. Tout l’avait charmé chez lui.
Et dans ses bras, son esprit n’avait jamais eu l’occasion de vagabonder, se satisfaisant pleinement de ce qu’il avait. Il n’avait besoin de rien de plus. Olivier était exactement ce qu’il cherchait pour explorer ce côté-là de sa vie.
En parfait professeur, il avait su l’initier sans crainte aux plaisirs entre deux hommes, sans peur du jugement des autres.
Le plus étrange était qu’il pensait rencontrer un moldu, et pas un sorcier qui travaillait qui plus est avec son père biologique au ministère de la magie.
Oui l’été avait été magique et rempli d’émotions et de découvertes.
Vingt-trois jours de pur délice. À quand leur prochaine rencontre ? Les vacances d’hiver ?
Il avait souvent vu Remus pendant ces vacances là, mais il n’avait jamais osé aborder le sujet avec lui, lui cachant cette partie de sa vie. L’exclure était peut-être même un terme un peu plus approprié. Mais où était le mal ? Sa vie sentimentale ne regardait que lui. À partir du moment que cela restait en dehors du cadre de leur vie commune, en dehors de Poudlard, ce n’était pas du mensonge, juste une omission. Et il n’était pas prêt à l’assumer, à l'époque. Aujourd’hui c’était plus facile, avec le temps, il prenait plus d’assurance, il s’assumait un peu plus.
Mais le faire devant son meilleur ami ?
End Notes:
Merci à vous de suivre ma FanFic et pour vos commentaires. J'espère que ce petit détour en arrière vous a plu pour explorer le passé amoureux de Sirius.
Une Valse De la Vie, Entre Flocons de Neige et Notes de Musique by Crepuscule64
Author's Notes:
Le mois de décembre est là et avec lui ces premières neiges. La neige... entre bonhomme de neige et batailles, la vie de Poudlard suit son cours.
Début décembre, un nouveau mois commençait pour les élèves de Poudlard, souvent le mois préféré des élèves, celui qui rimait avec vacances, Noël, Nouvel An, Fête, Cadeaux, Bonheur, Joie. La fin d'une année, le début d'une autre.
Lily se réveilla doucement. Elle se pelotonna dans sa couverture bien chaude, posant les yeux sur la fenêtre. Son regard s'agrandit d'un coup. Elle se redressa vivement, sautant de son lit direction la fenêtre. Elle l’ouvrit pour voir le magnifique paysage qui s'étendait devant elle. Du blanc à perte de vue ! Les arbres, les landes, le parc de Poudlard. Plus aucune autre couleur ne ressortait, si ce n'est la fumée noire que produisaient les cheminées de l'école.
La neige ! La nuit avait apporté avec elle la première tombée des flocons et il neigeait encore. L'hiver était là, le froid hivernal aussi. Le monde venait de revêtir son plus beau manteau. Elle tendit la main, plusieurs flocons venant s'y loger.
- Il neige !
L'exclamation venait de derrière elle. Sarah et Mary se levèrent pour rejoindre la préfète, observant, émerveillées le nouveau décor que leur offrait leur fenêtre du sixième étage de la tour des Gryffondor.
Erin rejoignit ses amies, s’installant sur le banc prévu pour les conversations au coin du feu. Elle sourit, alors machiavélique.
- Vous vous souvenez de notre pacte, les filles ?
Lily se retourna vers elle, acquiesçant lentement de la tête.
- Je ne l'ai jamais oublié. La vengeance est un plat qui se mange froid, mais une vengeance contre les maraudeurs se déguste glacée.
Elles ricanèrent, se préparant très rapidement.
- La neige sur le rebord de la fenêtre devrait suffire. Ou vous pensez qu'on va en faire en bas ? Sarah posa les yeux sur ses amies, attendant la réponse.
Erin enfilait un pull bien chaud, observant les trois fenêtres.
- Ça va suffire. Le temps qu'ils comprennent leur douleur, on aura filé depuis longtemps.
Elles enfilèrent leur robe de chambre, pantoufles et leurs gants, avant de commencer leur besogne. Lentement, elles préparèrent huit boules de neiges bien grosses. Et une fois leur labeur en main, elles quittèrent leur dortoir, gagnant celui des garçons, montant au sixième étage.
- Ils vont avoir le meilleur réveil de leur vie ! railla alors Sarah, machiavélique.
Mary passa une boule de neige à Erin, avant de pousser lentement la porte. Dans le dortoir, aucun son ne leur parvenait à part des ronflements. Sarah ricana légèrement, murmurant à ses camarades.
- On parie sur l'émetteur du vacarme ?
- Je parie sur Peter. Lily, tu prends James, je m'occupe de Sirius, Sarah, tu te charges de Remus et Mary...
- Je me coltine le ronfleur... Elle semblait déçue, elle aurait préféré bombarder Sirius ou James. Mais bon, elle ferait avec.
Les malfaitrices entrèrent sur la pointe des pieds, se mettant toutes en position devant le lit de leur victime. Elles armèrent en même temps.
- FEUUUUU !
Erin lança l'attaque et une première boule de neige vint atterrir sur chaque maraudeur. Ils sursautèrent d'abord au cri de la blonde, avant de se redresser face à la vague déferlante de froid qui venait de leur atterrir sur le visage.
À croire qu'elles s'étaient presque entraînées à lancer, juste pour ce petit moment. Elles savaient qu'ils ne pourraient jamais venir se venger aussi cruellement, puisque le seul endroit où on ne verrait jamais un maraudeur, c'était bien le dortoir des filles !
Sirius se redressa, frigorifié, prêt à hurler, mais avant qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, une deuxième boule de neige lui atterrit en pleine figure, éclatant en mille petites piques glacées. Il eut l’impression qu’on lui cisaillait le visage.
James oscilla entre le froid, le chaud et le froid. Cette douleur glacée qui le tira de son sommeil, la joie de voir Lily Evans, la plus jolie fille de l'école au pied de son lit et cette boule complètement gelée qui lui atterrit dessus. Peter semblait aussi incrédule que ses amis. Et Remus n'en menait pas large.
- On décampe !
Erin sonna le retrait des troupes. C'était elle la plus délurée du groupe, elle qui aimait particulièrement les maraudeurs pour leurs coups fourrés, pour leur capacité de se moquer du reste du monde et d'en assumer les conséquences. Et elle qui les défendait toujours, surtout face à Lily quand ils s'en prenaient aux serpentards et en particulier à Rogue.
Un grand éclat de rire et avant qu'ils n'aient pu réaliser ce qui leur arrivait, la porte du dortoir se refermait sur les hurlements des propriétaires de lieux.
- Arrffff, mais qu'est-ce...
Ils essayaient tant bien que mal de s'enlever cette matière visqueuse. De la glu ? De la morve de troll ? Qu'est ce...
- De la neige !
Le premier à réussir à faire le constat fut James. Dans un mouvement quasi identique à celui de Sirius, il sauta hors de son lit, attrapa sa robe de chambre, sortant en courant de la chambre, pieds nus.
- Elles vont nous le payer !
Ils entendaient encore leurs pas dans les escaliers. Elles n’avaient pas beaucoup d’avance. Ils devaient essayer de les rattraper, mais la porte menant à la salle commune se refermait déjà, donnant un temps d'avance aux lionnes et quand les deux maraudeurs arrivèrent à leur tour dans la salle commune, les coupables étaient dans les escaliers de leur dortoir.
- On a une énigme pour vous. Erin souriait, une fierté dans le regard.
James et Sirius s'arrêtèrent dans un même mouvement, le regard mauvais. La partie était perdue pour eux. Ils ne pourraient pas aller plus loin.
- Quel est le seul endroit encore totalement inconnu pour vous et l'entière population masculine de Poudlard ?
Elles rigolèrent, mesquines, pleine de supériorité.
- Sachez qu'une femme n'oublie jamais et se venge toujours ! On a eu droit à l’eau sous la matière liquide, vous avez eu la version solide.
Sirius et James se jetèrent un regard qu'aucun n'aimait, celui des perdants, avant de reposer les yeux sur le quatuor de jeunes rouges et ors.
- Bien joué les filles, mais surveillez vos arrières. La voix de Sirius se fit menaçante.
- Même pas peur !
Erin leur lança un petit clin d'œil, un grand sourire, avant qu'elles ne regagnent leur dortoir, dans un grand éclat de rire.
Lily avait principalement suivi le mouvement, obéissant aux ordres. Elle n'était pas du genre à faire des blagues, ou à y participer. Non, elle était la défenderesse des opprimés, elle n'était pas une coupable et encore moins une investigatrice. Mais elle s'était régalée, réellement bien amusée. En ce premier décembre, premier mercredi du mois, la journée commençait divinement.
Ça la changeait des études, des révisions. Elle, le petit rat de bibliothèque, commençait à apprécier les petits délires du genre des maraudeurs. Lily Evans commençait à apprécier les mauvais délires...
Le début de la fin ?
James et Sirius soufflèrent de rage.
- Elles vont le payer.
Sirius avait le regard noir des très mauvais jours. Il n'était pas du matin et les réveils de ce genre... Grrrrr !
- Ça c'est sûr ! Il faut que l'on fasse pire qu'elles.
James avait la rage, il était tout aussi énervé, mais ce qui l’agaçait réellement, c’était cette cruelle injustice. Pourquoi eux n'avaient-ils pas le droit d'aller dans le dortoir des filles ? Ils regagnèrent leur dortoir, pour trouver leurs amis en train de se sécher.
- Vous les avez eus ? Peter s'enquit de la situation dès qu'ils débarquèrent.
- Non et on est gelé.
Le capitaine grogna. Il devait trouver un moyen d'aller dans le dortoir féminin. Sa forme animagus ? Non, ce n'était pas du tout discret. Pour une fois, il aurait tout donné pour échanger son animagus avec celui de Peter. Mais c’était bien la seule raison, car autrement, il n’échangerait jamais ce magnifique cerf contre un ridicule petit rat. Il se jeta devant le feu, Sirius faisant de même.
- Elles sont folles. Complètement folle et moi je suis complètement gelé.
Pour l’animagus chien qui détestait le froid, être réveillé brusquement et perdre... C'était une très mauvaise journée qui commençait.
- Il leur a pris quoi ?
Remus s'essuyait le visage avec une serviette, tout aussi frigorifié que ses amis.
James sourit, narquois.
- Elles se vengent du dernier jour de l’année dernière !
Sirius rigola, Peter aussi. Un souvenir mémorable. Ce jour-là, ils avaient fait leur coup en quatre temps, chacune à leur tour ! La première qui y était passée, était Erin, puis Sarah, Mary et le meilleur pour la fin, la petite Evans.
Ce jour-là, dernière journée de cours, 27 juin 1976, elles avaient toutes goûté à la folie des maraudeurs. Ce jour-là, elles avaient toutes fini dans l'eau, une eau chaude et bien agréable, mais l'eau du lac. Ils s'étaient arrangés par différents subterfuges à les entraîner vers les bords de l’immense étendue d’eau et l'attaque avait commencé.
Même Remus avait trahi Lily en l’entraînant vers le lac, au motif qu'il avait besoin de lui parler. Et la rousse, comme ses amis, avait fini trempée. Un pur moment de gloire contre de leurs camarades féminines. Et aujourd'hui, ils en payaient le cruel prix. Bien sûr, ce jour-là, elles n'avaient pas du tout apprécié la blague. Ils avaient tous prévu, ils s’étaient assuré qu'elles ne se croisent pas, afin de ne pas pouvoir prévenir les autres. Cela avait été plutôt compliqué à monter comme coup. Ils avaient même fait participer Alice, la rendant complice, mais ça en valait la peine. Peter s’était occupé de Sarah - il avait d'ailleurs plus agacé la jolie métisse qu'autre chose - mais elle l'avait suivi, car, soi-disant, Sirius voulait lui parler. Elle avait cru à un rendez-vous en tête-à-tête ! Elle avait été idiote.
Et pendant que deux d'entre elles finissaient à l'eau, Alice s'occupait d'Erin et de Mary.
Mais toutes, en moins de deux heures, avait pris le même chemin, celui de l'eau du lac. C'était tellement drôle. Elles avaient enragé, elles les avaient maudits. Mais ce fut un véritable moment de bonheur.
Et aujourd'hui, elles se vengeaient. La vengeance était à la hauteur de la faute commise.
- On n'a pas dit notre dernier mot, ça s'est sûr !
OoOoOoOoAu petit déjeuner, les petites mines pleines de triomphe de leurs consœurs n'aidèrent pas les maraudeurs à chasser leur colère. Loin de là.
- Allez sans rancunes. Vous l'avez bien mérité, non ? Ce n'est qu'un retour de bâton.
Sarah leur sourit, pleine de malice. Les maraudeurs grognèrent légèrement. En temps normal, ils étaient bons joueurs, bons perdants même. Mais ce genre de réveil... Ce n'était absolument pas mérité !
- Attention à notre retour de bâton, mesdemoiselles ! souffla le capitaine de Quidditch.
- Le courrier !
Pourquoi était-il de tradition que le premier élève qui voyait les hiboux le clame haut et fort ? Ils n'en savaient rien, mais tous les matins, c'était le même rituel. Le courrier ! L'annonce était lancée et toutes les têtes se levaient vers le ciel.
- Un balai !
Et tous les regards se posèrent sur un hibou grand-duc qui tenait entre ses serres un colis très facilement reconnaissable. Sirius inspira en reconnaissant parfaitement le hibou. C'était celui de Cygnus Black, son oncle. Il riva son regard sur la table des serpentards, croisant un regard ébène. Il aurait pu se croire face à son reflet à plusieurs détails près. Il était plus grand, plus beau et plus intelligent que son cadet. Mais surtout, lui avait hérité de la marque de fabrique des héritiers mal de la famille Black : des yeux gris. Le petit roi, lui, était le digne fils de sa mère.
Regulus leva lentement le regard vers le hibou de son oncle, le suivant des yeux quand celui-ci déposa délicatement le colis devant lui, s'élevant dans les airs pour opérer un demi-tour et venir se loger sur le bras du jeune homme. Rares étaient les hiboux messagers qui prenaient le temps de s’arrêter. Mais Deneb était de ce genre-là. Lysandra Yaxley sourit, fasciné par le magnifique animal. Regulus tendit la main vers lui, le caressant délicatement.
– Bonjour toi.
– Je peux le caresser ? demanda la cadette de la famille Yaxley. Mais son regard se fronça en voyant Lucretia Wilkes, une de ses proches amies, tendre la main vers l'animal et le caresser délicatement.
– Et oui Issy, il y en a qui demandent et d'autres qui se servent.
Lysandra croisa le regard de Regulus, détournant aussitôt les yeux, gênée d'être rabaissée par son amie, surtout devant leur petit groupe.
– Il y en a surtout qui connaisse Dened et d'autres pas, ajouta froidement Regulus. La première fois que tu l'as croisé et que tu as voulu le caresser sans autorisation, il t'a bouffé le doigt.
Lucretia riva un regard furieux sur le fils Black, rougissant, honteuse de cette précision. Un détail qui lui avait échappé. Regulus observait la blonde qui souriait, narquoise.
– Et oui Lucretia, il y en a qui ont de l'éducation et d'autres pas.
– Tu l'ouvres ! cracha Rabastan, agacé par cette petite scène.
Et les regards se reposèrent sur le colis à la forme bien particulière. Et Regulus Black s'exécuta. Quand Lestrange ordonnait, il se devait de s'exécuter. Rabastan, le bien né, Rabastan le futur mangemort, celui qui croyait aux paroles de leur maître. Celui qui lui faisait entrer dans sa petite tête à lui que seuls les sangs purs avaient le droit d'exister. Et le pire était que le discours prenait lentement le chemin de sa raison.
Sirius observait la scène de loin, son cœur se gelant sur place. Regulus avait intégré l'équipe le mois précédent au poste d'attrapeur. Et naturellement, leur oncle... enfin son oncle s'était fait un devoir de lui faire parvenir un nouveau balai. Des exclamations se firent entendre dans l'assemblée des serpentard. En temps normal, tous les passionnés de Quidditch auraient dû se ruer autour du colis, dans l'attente de voir le précieux objet, mais pas là. Pas quand le colis atterrissait à la table des serpentards. Au risque de se faire rembarrer aussitôt. Il ne fallait pas les polluer, il ne fallait pas respirer le même air qu'eux, et surtout il ne fallait pas obstruer leur vision.
Sirius reposa son regard sur son assiette, James continuant d'observer la scène.
- Il est magnifique, commenta avec envie Rabastan, capitaine de l'équipe des verts et argents.
Regulus ne put qu’acquiescer lentement de la tête, saisissant la lettre qui l'accompagnait. Il sourit alors.
- Il vient de ton oncle ? questionna son capitaine.
- Non, de mes parents, ils ont juste emprunté Deneb.
- Si je ne me trompe pas, c'est le nom de l'étoile la plus brillante de la constellation Cygnus, questionna la jeune Yaxley qui n'observait que le magnifique animal.
- Tu ne te trompes pas. Il appartient à mon oncle, Cygnus.
La blonde sourit et l'animal déploya ses ailes pour s'envoler.
- Dommage qu'il ne soit pas dressé pour rependre sa fiente sur un certain renégat, cracha Lestrange, un regard de mépris envers Sirius.
La bande tourna alors la tête dans un même mouvement vers le traitre à son sang et renié de la famille Black. Ce dernier les salua d'un petit signe de tête en levant un verre de jus d'orange à leur encontre, leur adressant un petit clin d'œil de mépris.
- Ça parle de toi, commenta Peter.
- Ça finit par toujours parler de moi, ajouta Sirius, amusé. Il m'aime trop pour m'oublier.
- Ou alors leur vie est tellement inintéressante qu’ils ne peuvent pas se passer de toi, ajouta James.
- Possible, fort probable même.
James rigola avant de reprendre le cours de sa vie. Sirius imaginait très bien la lettre qui accompagnait le balai. Des mots écrits de la main de leur mère.
À mon digne fils, mon petit roi ! Le digne héritier de la famille... Attrapeur comme ton père avant toi... Tu nous fais honneur... Tu nous remplis de fierté...
Ça lui donnait presque envie de vomir. Surtout que quand il avait été admis dans l'équipe de Quidditch, en cinquième année, il avait aussi eu droit à une attention de Walburga Black. Une belle beuglante qui avait à peine entamé son beau discours plein de reproches, de haine et de colère, avant que le professeur McGonagall ne se lève et ne lançe un sortilège assez impressionnant pour faire taire la beuglante, la transformant en poussière.
Rares étaient les occasions où elle osait intervenir dans les beuglantes reçues par les élèves, mais elle avait fait exception pour Sirius Black. Rares étaient les élèves qui en recevaient juste parce qu'il était admis dans l'équipe de Quidditch. Là où des parents offraient un balai en récompense, Sirius lui avait droit à une beuglante. Walburga se faisait toujours un plaisir de les envoyer et de se rappeler au bon souvenir de son traître de fils. Un fait qui offusquait profondément la directrice de la maison des Gryffondors.
La journée avait mal commencé et cela ne faisait qu'empirer. Sirius souffla, avant de reprendre aussi le cours normal de sa vie. Mais en vain... Regulus était dans l'équipe, il affronterait Erin au match opposant Serpentard à Gryffondor. Il fallait que son amie attrape le vif d'or avant lui. Son regard se fit plus noir.
- Je propose que l'on corse un peu ton entraînement, Erin.
La blonde cilla, levant son regard sur lui.
- Parce que ton frère est attrapeur ? s'offusqua-t-elle.
- Non parce que tu nous as attaqué ce matin, précisa alors James, un sourire pleine de supériorité aux lèvres. Et on sait que tu es le cerveau de la bande. On ne t'a jamais dit qu'il ne fallait pas s'en prendre à son capitaine ?
La blonde entrouvrit les lèvres avant de se taire, se renfrognant. Zut... Elle avait omis ce détail. Ses amies la regardèrent, très amusées. Elles aussi avaient zappé ce détail.
- Pas grave souffla la jeune fille. Ça en valait le coup ! Vos têtes... C’était vraiment trop drôle.
Les jeunes filles échangèrent plusieurs regards avant d'éclater de rire. Les garçons haussèrent les épaules, un sourire aux lèvres. Ils ne s'étaient pas vus, mais c'était bien dommage. Ils auraient aimé avoir un petit aperçu de la scène, car oui ! Ils devaient être très drôles à voir.
OoOoOoooFin de journée. La quasi-totalité des élèves avaient enfilé leurs gants, leurs écharpes, et avaient bravé le froid pour se retrouver à l'extérieur. Le petit monde de Poudlard se déroulait entre parties de boules de neige et bonhommes de neige qui s'entassaient un peu partout dans le parc de l'école. Les premières années s'attelaient vivement à en faire le plus possible, les plus grands préférant les batailles explosives et les bons délires.
Quatre personnes ne comptaient pas faire exception. Ou du moins, trois d'entre elles. A peine avaient-ils mis les pieds dans le parc que Sirius et James se bombardaient de neige, aussi rapide que l'éclair. Peter tentait de s'immiscer dans ce duo fraternel. Mais sans grand succès. Et puis, il n'avait pas leur force et leur agilité.
Remus lui observait le blanc, fasciné par cette couleur. La neige avait le don de le mettre de bonne humeur. Elle recouvrait le monde et mettait tout à la même enseigne. Les arbres, l'herbe, les cailloux, le lac. Rien n'y échappait, et chacun ne devenait que le morceau d'un tout. Il entendit un bruit et se recula juste à temps pour éviter une boule neige. Il tourna la tête vers le lanceur, mais les trois autres maraudeurs avaient détourné la tête. Il leur avait fait promettre de ne pas le bombarder. Il tombait rapidement malade et il ne voulait pas passer un seul jour au lit et louper des cours.
Déjà que là, ils devraient être en train de réviser.
- Attention à vous, gronda-t-il sévèrement.
Sirius tourna alors lentement la tête vers lui, un sourire divin aux lèvres. Jugé divin par Remus, mais qui ne présageait absolument rien de bon pour lui. Il recula d'un pas, sentant venir le danger. Sirius tassait de la neige entre ses mains gantées.
- Siri', tu m'as promis de ne me lancer aucune boule de neige.
L'animagus chien acquiesça lentement de la tête, faisant un pas, puis deux... trois et quatre vers le lycanthrope.
- Tout à fait mon petit loup. J'ai promis de ne t'en
lancer aucune. Et je tiendrais ma parole.
Il avait si étrangement accentué le terme lancer que Remus vit aussitôt la faille. Et ce sourire qui ne s'effaçait pas de ses lèvres, les rendant tout simplement hypnotisantes. Le châtain recula, lentement, au rythme avec lequel avançait son ami.
- Ni lancer, ni jeter, ni balancer, ni...
Sirius acquiesça lentement de la tête.
- Ne t'inquiète pas, je ne ferai absolument rien à distance. Une promesse est une promesse.
Et le préfet décampa aussitôt, courant le plus vite possible droit devant lui. Il avait compris la faille et il y échapperait. Sirius détala avec la même rapidité et une aisance qui lui était propre, rappelant presque la détente de son animagus canin, sa boule de neige dans les mains. Il passa juste devant James et lui éclata en plein sur la tête, le jeune homme tombant lourdement à terre, sans comprendre pourquoi le ciel lui tombait sur la tête.
Le brun aux yeux gris se trouvait sans arme, mais il n'en avait pas besoin, il y en aurait là où il capturerait son ami. Ce dernier avait pris un peu d'avance du fait de la dispersion de Sirius, occupé à congeler son frère. Mais une avance de courte durée.
Remus arriva au niveau de la forêt interdite, contournant un arbre et courant plus loin. Il jeta un petit regard vers le château et se stoppa net. Plus personne... Plus de Sirius ! Il avait abandonné ? Mais il sentait l'embrouille. Sirius abandonnait ? Il en doutait fortement... Il marcha à reculons, lentement, sans trop comprendre où était passé son ami.
Ce qu'il ignorait, c'est que le jeune homme avait outrageusement triché. Sirius avait pris tout droit dans la forêt s'y engouffrant et au détour d'un arbre, ce fut un chien qui poursuivit sa route. Un pas de course bien plus fluide, bien plus rapide. Plus de pattes, plus de détente. Il courut le long de la forêt, ayant Remus dans son axe de vue, sur le côté et il le vit se stopper. Il le dépassa, avançant prudemment dans la neige. Ici, il n'y avait personne, aucun élève ne venait s'y aventurer.
Remus marchait à reculons, le cherchant sans doute, mais il était derrière lui, ou plutôt devant lui. Il avait gardé sa forme animagus pour s'approcher de lui, ses lourds pas de sorciers se seraient trop fait remarquer dans la neige. Alors que ses pattes de velours, douces et fines avançaient dans un silence religieux. Et après vérification alentour qu'ils étaient seuls, il reprit son apparence, sans bouger.
Remus observait toujours l'endroit d'où il venait, reculant, méfiant. Il n'avait pas confiance, Sirius préparait un mauvais coup. Ou peut-être pas ! Peut-être avait-il tout simplement abandonné. Il l'avait vu s'en prendre à James dans sa course, alors il l'avait sans doute oublié.
Il en était profondément déçu. Il leur avait demandé de ne pas le tremper. Les habits avaient reçu le sortilège Impervius, mais il n'agissait pas sur leurs cheveux. Alors, il ne voulait pas être trempé et tomber malade, mais malgré ça, il était déçu que Sirius ait si vite abandonné.
Il allait lui aussi retourner au château, quand il heurta quelque chose qui se trouvait dans son dos. Il sentit alors des mains se poser sur sa taille et il sursauta légèrement. Cette odeur douce et sucrée, il la reconnaîtrait entre mille. Et cette aura dans laquelle il se retrouva emprisonné...
- Capturé !
Cette voix ! Remus se retourna d'un coup, essayant d'échapper à cette emprise. Mais si Sirius lui laissa juste assez de leste pour se retourner, il ne l'en lâcha pas pour autant.
- Comment as-tu pu…
Sirius sourit, alors, un petit mouvement de sourcil et une lueur de satisfaction dans le regard.
- C'est mon secret, mais tu ne peux pas m'échapper mon petit loup. Tu devrais le savoir depuis le temps.
Sirius était si près… Il pouvait admirer toute la beauté de la nature dans ses yeux. Mais c'était bizarre ! Il jeta un regard autour de lui, un regard qui se posa sur les empreintes qu'aurait dû faire le sorcier. Bien plus petites que des pas humains et surtout au nombre de quatre. Le préfet fronça les sourcils, peu ravi de cette injustice et surtout, trouvant là un moyen de ne pas penser à cette proximité si déconcertante.
- Tricheur ! Et en plus, on aurait pu te voir !
Il riva un regard qu'il espérait furibond sur son ami. Son cœur battait beaucoup trop vite. Et cet air innocent sur le visage du jeune homme.
- Personne ne m'a vu, rassures-toi. Tu aurais entendu hurler depuis longtemps. Comme je disais, pour en revenir à nos hippogriffes, capturé !
Remus déglutit, avant de sourire, prenant une voix douce.
- Sirius, tu as promis que je ne tomberais pas malade.
Il essaya de reculer, mais en vain. L'emprise de Sirius était trop forte et, pour tout avouer. Il n'essayait pas vraiment de lui échapper, se délectant de cette proximité, de ce moment, de son homme. Celui-ci secoua légèrement la tête, des mèches brunes venant danser devant ses yeux.
- Non, non ! J'ai promis de ne pas te lancer de boules de neige. Si tu tombes malade, je m'occuperais très bien de toi. Nuit et jour, pour accélérer ta guérison.
Et le châtain sentit les mains de son ami se resserrer autour de sa taille. Ce dernier l'attira alors à lui, sentant le corps du préfet se coller contre le sien. Sirius fut parcouru d'une douce sensation de chaleur. Une sensation très éphémère, car l'instant d'après, il fit basculer Remus dans la neige, celui-ci se retrouvant allongé dans la substance glacée.
Un moment bien trop court et pourtant, Remus avait pu sentir le cœur de Sirius battre à travers le tissu de sa cape. Un battement étrangement rapide. Et s'il avait cru brûler de l'intérieur, ce fut ensuite la douche gelée.
Il se retrouva dans la neige, Sirius juste au-dessus de lui, l'animagus se plaçant sur ses cuisses, gardant son emprise.
- Tu vois, je n'enfreins pas la règle, je ne te lance aucune boule de neige, railla le brun.
Remus attrapa de la neige dans sa main, même s'il savait que le mal ne serait pas bien grand, mais il refusait de se rendre sans combattre. Et surtout, il devait réfléchir, rapidement, sans se poser de questions, pour éviter de se laisser envahir par cette scène, cette proximité. S'il se perdait une seule seconde à profiter, il serait perdu à jamais. Et il jeta la neige contenue dans sa main à la figure de Sirius, qui détourna la tête à temps pour se prendre la volée de neige dans l'oreille.
L’animagus chien prit lui aussi de la neige, qu'il jeta à la figure du lycan qui détourna la tête, mais en vain. Sirius avait bien plus de faciliter d'action que lui. Et ils étaient isolés. Aucun élève ne venait jamais par là. Ils ne risquaient pas d'être dérangés.
Sirius reprit une volée de neige qui vint s'abattre en plein le visage de son ami et il rigola, face à la tête que faisait le châtain. Deux yeux dorés qui se détachaient d'un blanc immaculé. Il prit une autre volée, pour bien recouvrir le visage du jeune homme qui essayait déjà de se l'enlever du bout des doigts, mais Sirius lui captura les mains, lui maintenant les poignets juste au-dessus de la tête, reprenant sa sculpture de glace.
- Arrête ! C'est glacé !
Sirius rigola de plus belle. Remus essaya de se dégager, mais en vain. Sirius maintenait sa prise et le recouvrait de neige. Le lycan sentit du leste dans les doigts de son ami qui devaient commencer à s'engourdir et il en profita pour libérer une main, pousser son agresseur au niveau du torse assez fort pour le faire lâcher prise. Il tricha lui aussi, il usa de cette force qui n'était pas la sienne, mais qui venait souvent à son secours. Sirius bascula dans la neige, s'allongeant, son regard se posa sur le ciel blanc, un sourire aux lèvres.
Le préfet se redressa, nettoyant rapidement son visage qui s'engourdissait à cause du froid. Ce n'était pas drôle, mais alors vraiment pas. Une fois la neige enlevée, il se caressa les joues avec ses gants pour se réchauffer, car il en était devenu réellement glacé. Sirius allait lui payer cet affront !
Le brun tourna son regard argent vers son ami et se redressa, retirant son écharpe avant de la lui passer autour du cou. Ce dernier leva un regard étonné vers lui. Occupé à sauver ses joues et son nez du gel, il ne l'avait pas vu faire. Sirius resserra l'écharpe, avant de refaire un tour.
Remus se sentit submergé par l'odeur qui s'échappait du tissu. Celle de son homme. Ce dernier lui adressa un petit sourire d'excuse.
- Désolé, j'avais promis, mais c'était trop tentant.
Le préfet sourit avec envie et désir, un sourire invisible aux yeux du reste du monde, caché derrière ce tissu rouge et or si exquis.
- Y a pas de mal, tu sais bien te faire pardonner, dans ton genre, mais c'est toi qui vas avoir froid.
Sirius ne le quitta pas des yeux, cet éternel sourire aux lèvres.
- Alors, c'est toi qui me veilleras jour et nuit.
Remus ne put s'empêcher de sourire un peu plus. Comme si ce n'était pas ce qu'il faisait quand Sirius était malade. Et si Sirius était pire qu'un gamin dans ces périodes de vie amère, un malade insupportable, Remus se délectait de ces moments.
- Promis.
Il inspira, savourant ce moment que lui offrait la vie. Cette présence et cette odeur. Il aurait pu se croire dans un paradis terrestre. Il aimait porter les vêtements de son homme, même s'il en avait trop peu l'occasion. Et là, il avait son écharpe. Il ferma les yeux, s'enivrant de cette chaleur qui le prenait dans le bas ventre et remontait lentement dans chaque parcelle de son corps. Penser à autres choses pour ne pas se perdre dans cette réalité… Il reposa son regard sur les empreintes de pattes.
- Ça fait longtemps... Sirius le regarda, sans comprendre. - Que je n'ai pas croisé Patmol.
Patmol ! Enfin la forme animagus de Sirius, mais le préfet adorait les chiens et Patmol était si doux, si soyeux. Petit, il dormait tout le temps avec Socrate. Mais c'était son seul ami de l'époque. Aujourd'hui, Socrate avait bien vieilli et passait son temps à dormir, ou à se balader avec son père, mais dans la mesure de son grand âge.
Le regard ambré de Remus croisa son homologue grisé.
- Message reçu, yeux d'or.
OoOoOoOPremier Samedi de Décembre.
La journée avait commencé doucement. Ils s'étaient tous levés très tard. Sauf Sirius. Quand Remus avait ouvert les yeux, son regard s'était posé sur le lit vide de son ami. Son petit plaisir du matin - pouvoir l'observer dormir quelques minutes voir plus - lui avait été enlevé. Il se redressa se demandant où pouvait être le jeune homme. L'emplacement réservé au nouvel amour de sa vie, sa guitare, était vide. Un coup d'œil à l'horloge, dix heures et demi, lui indiqua où était le jeune homme.
Avec sa groupie ! A son cours de musique. Le lycanthrope se leva et passa sous la douche, pour se réveiller. Lui aussi aurait bien aimé apprendre la guitare. Mais pas en compagnie de Pearl. Non ! Il aurait bien aimé que Sirius soit son professeur. Mais le jeune homme ne lui avait jamais proposé. Peut-être qu'il ne se sentait pas assez doué pour ça. Après tout, Sirius n'apprenait la guitare que depuis trois mois, même pas. Ce n'était pas beaucoup, même si lui, le trouvait très doué.
La tête fraîche, Remus enfila un jean et un pull assez épais, toujours un peu grand pour lui. Sortie exceptionnelle au Pré au lard. En décembre, il y avait droit le premier samedi et le dernier avant les vacances.
Ils prirent le petit-déjeuner dans la grande salle, la place de Sirius restant désespérément vide. Et direction Pré-au-lard pour James et Peter. Le préfet prétexta vouloir se reposer un peu. Il n'avait pas encore envie d'y aller. Le lycanthrope regagna alors sa salle commune, se laissant tomber sur le canapé face au feu. Le lieu était juste peuplé des élèves de première et seconde années, privés de Pré-au-lard. Vers midi, elle se vida, les petits descendant manger. Le préfet entendit des pas dans l'escalier, n'y prêtant pas attention, gardant son regard dans le feu. Ça commençait réellement à lui peser. Il avait cru pouvoir vivre avec ses sentiments, mais ça commençait à devenir insupportable, au-dessus de ses forces.
- Salut !
Le regard du préfet croisa son opposé dans les métaux lourds, un sourire se formant sur ses lèvres, en réponse à celui que lui adressait l'amour de sa vie.
- Salut. Ta leçon s'est bien passée ?
Sirius posa délicatement sa guitare sur le fauteuil, se laissant tomber à côté du jeune homme.
- Moyen, je lui ai montré le nouveau morceau que j'ai appris, mais elle n'était pas très contente. Selon elle, je ne sais pas assez bien jouer pour apprendre des nouveaux morceaux tout seul...
Sirius soupira, déçu. Il avait cru qu'il l'avait bien joué, mais non... Le préfet lui fronça les sourcils. Sirius ne savait pas assez bien jouer ? Il faillit s'étrangler face à la manœuvre totalement frauduleuse de la jeune professeure.
- Tu plaisantes. Il était très bien joué ton morceau. Elle a juste peur que tu n'aies plus besoin de professeur. Mais tu apprends très bien tout seul.
Sirius posa son regard sur son ami, grimaçant.
- C'est ce que je me suis dit sur le moment. Pourtant, j'ai encore besoin d'un prof.
- Moi j'en doute. Tu connais les accords, les notes, tu sais lire une partition, donner un tempo. Je ne vois pas trop en quoi elle t'est encore utile.
Le ventre de Sirius se serra alors, la vérité commençant à lui apparaître devant les yeux. Elle était une groupie ! Pourtant, il l'aurait remarqué avant. Enfin non ! Il ne remarquait pas ce genre de choses, ça ne l'intéressait pas.
Remus plongea son regard dans le feu, une question lui frappant violemment l'esprit.
- Tu lui donnes quoi entre contreparties de tes leçons ?
Sirius sortit difficilement de sa réflexion et jeta un coup d'œil à son ami.
- De l'argent, comme un vrai tutorat d'ASPIC.
Le châtain sourit ironique, rivant son regard dans les abîmes grisés de son ami.
- Si tu veux mon avis, elle préférerait un paiement en nature.
Sirius cilla, incrédule. Il fit alors non de la tête.
- Ne dis pas de bêtises. Jamais de la vie.
- Elle ne te plaît pas ? questionna-t-il en froncant légèrement les sourcils.
- Non ! Ce n'est pas mon genre.
Le lycan sourit alors, se mordant la lèvre. Il avait du mal à comprendre son ami parfois. Pearl était pourtant très mignonne.
- Et c'est quoi ton genre ?
Il posa la question sans vraiment vouloir savoir la réponse, mais il y avait plusieurs choses qui le dérangeaient chez son homme. Il ne parlait jamais de ses conquêtes. Pourquoi ? Sirius inspira alors et se leva, peu ravi d'aborder ce sujet.
–Je n'ai pas de genre bien particulier, mais il me faut de l'exceptionnel. Et Pearl est légèrement fade dans son genre. A part ses talents pour la musique, elle reste banale.
Il attrapa sa housse et libéra sa guitare. Il ne la glissait dedans que pour les transports. Autrement, elle ne pourrait pas respirer. Le bois était une matière vivante, il avait besoin d'air, il en était certain. On aurait pu le comparer à une petite fille qui humanisait sa poupée préférée. Enfin une chance, il ne parlait pas encore à l'instrument... quoi que...
Remus l'observa se mettre en position et commencer à jouer un morceau. Il n'était pas vraiment satisfait de cette réponse. Mais Sirius ne semblait pas vouloir s'étendre sur le sujet, donc il n’insisterait pas. La musique raisonna. Il l'aimait l'entendre. Cette semaine, le brun les avait souvent réveillés en musique. Il avait adoré. Il sourit alors avec envie.
- Mon père en a une. Il en jouait souvent le soir, pour nous faire plaisir et animer nos soirées.
Le musicien tourna la tête vers lui.
- Ah bon ? Et tu sais en jouer ?
- Non, je n'ai jamais pris le temps d'apprendre. Dommage.
Il regarda l'instrument avec envie. Oui, ça lui aurait plus. Il aurait pu extérioriser certaines peines, certaines douleurs par la musique.
- Si tu veux, je peux t'apprendre moi. Enfin, le peu que je sais.
Remus cilla, ravi, rivant son regard sur la caisse de la guitare, au niveau de sa couleur noire poudrée, son attention se perdant aussitôt sur les doigts si fins de son homme. Il caressait les cordes avec douceur, les effleurant à peine. Son cœur se mit a battre, imaginant sans peine ces doigts faire de même sur sa peau... Ces frissons que Sirius créait en lui quand il jouait avec ses cheveux sur sa nuque, souvent pour l’embêter...
Revenir à la réalité pour ne pas se perdre dans ses délires... Guitare, musique... Cours de musique... Voilà une proposition bien tentante. Trop même... Des moments riens qu'à deux. Ça ne se refusait pas.
- Oui, pourquoi pas, avec plaisir même. Ça pourrait être sympa. Je pourrais demander à mon père de m'envoyer sa guitare s'il ne s'en sert pas.
Sirius sourit, alors, continuant son morceau. Arrivé à la fin, il rangea sa guitare dans sa housse.
- Je vais la ranger et on va manger. Ensuite Pré Au lard ?
Le préfet acquiesça de la tête, observant son ami filer dans le dortoir. C'était du Sirius tout craché. Il ne voyait pas ce qui était sous son nez. Entre un professeur de guitare transi d'amour pour lui et son meilleur ami qui n'en menait pas large, il restait aveugle. Ce n'était plus des œillères à ce niveau-là, c'était vraiment de l'aveuglement.
Mais tant mieux !
End Notes:
Un petit chapitre en douceur, au rythme d'une tombée neigeuse et de notes de musique.
Un peu de vert et argent, beaucoup de rouge et or mais surtout du blanc à perte de vue.
Une Lumière Qui s'Eteint, Une Étoile Qui Scintille by Crepuscule64
Author's Notes:
Début décembre, la neige apporte avec elle une mauvaise nouvelle...
Albus Dumbledore se trouvait dans son bureau, accompagné de Minera McGonagall et Alastor Maugrey. Ils semblaient en pleine réunion et pourtant aucun ne parlait, chacun semblait contempler le silence. Attendre… Les tableaux avaient déserté leur demeure. Le directeur de l'école ne se gênait absolument pas pour leur demander de partir quand il le fallait. Ils pouvaient s'offusquer, refuser, Albus bougerait tout simplement leur demeure encadrée. Ils étaient en temps de guerre, l'heure n'était plus à la bienséance et à la gentillesse. Et là, l'affaire était des plus sérieuses.
Alastor était venu à Poudlard dès qu'il avait quitté le lieu du crime, venant faire son rapport au directeur de l'école, bien avant de le faire à son Chef du Bureau des Aurors, Chritobal Borel, un incompétent chronique. Mais ce dernier faisait la paire avec Harold Minchum, le ministre de la magie en poste depuis un an. Une paire de Cracmol, selon l’Auror.
Il y avait bien longtemps qu'Alastor ne servait qu’Albus Dumbledore et personne d'autre.
Minerva se racla la gorge, porta la tasse de thé à ses lèvres, avant de la reposer sans la boire. Le cœur n’y était pas. Ils entendirent frapper. La porte s'ouvrit et Albus se leva.
- Entrez Sirius, je vous en prie. Prenez place.
L’aîné des fils Black entra dans le bureau. Quelques minutes avant, Alice, la préfète en chef, était venue le chercher dans son dortoir. Dumbledore voulait lui parler. Il était tard et il se demandait vraiment ce que son directeur lui voulait. Aux dernières nouvelles, il n'avait rien fait qui méritait une convocation. Et depuis quand était-il convoqué sans James ? Ils ne faisaient leurs coups qu'à deux, c'était ça qui était bon, bien plus drôle. Mais soit !
Dumby - comme ils se plaisaient à l'appeler entre eux... mais jamais il ne l’avouerait à leur directeur au risque de perdre la vie - Dumby le demandait, alors Dumby, il irait voir.
En quittant le dortoir, il avait haussé les épaules, James lui rendant son regard incrédule. Le capitaine de l'équipe de Quidditch s'en serait presque senti délaissé.
Mais quand Sirius Black entra dans le bureau et que son regard se posa sur les occupants, son cœur s’arrêta net. Dumby n'était pas seul. La directrice des Gryffondors était là, mais surtout Alastor Maugrey. Qu'est-ce qui se passait ? Ça ne présageait rien de bon, mais absolument rien !
- Installez-vous, Sirius, je vous en prie.
Sirius s'était arrêté au milieu de la pièce et reprit sa marche vers le fauteuil.
- Qu'est-ce qui se passe ? J'ai fait quelque chose qui mérite de finir à Azkaban ?
Il jeta un regard à Maugrey. Un Auror, ami de longue date des Potter. Il pourchassait les mages noirs et en particulier les mangemorts, au vu de leur époque et selon la rumeur.
Et lui n'en était pas un. Même si ses parents auraient bien voulu lui faire rencontrer ce fanatique de la pureté du sang, il n'en était pas un et il ne le deviendrait jamais. Foi de Sirius Orion Black Troisième du nom !
- Non, bien sûr que non, Sirius. Ne dites pas de bêtises.
Minerva s'était levée, tout en le réprimandant presque. Elle vint se placer à côté de Dumbledore. Sirius inspira, pas rassuré pour autant. Un Auror, sa directrice de maison et son directeur d'école ? Quand son regard se posa sur les tableaux, tous vides, le malaise se fit encore plus grand.
- Sirius...
Dumbledore l'observait, Sirius croisa le regard cristallin du vieux sorcier.
- J'ai une malheureuse nouvelle à vous annoncer.
Le rouge et or vit sa directrice serrer fortement le pan de sa robe et l'Auror détournait les yeux.
- Est-ce qu'Androméda va bien ?
Jamais il n'avait senti une telle peur lui prendre les entrailles. Sa cousine... Sa famille... Sa fille...
- Oui ! Rassurez-vous, elle va bien. Les Tonk vont bien.
Le gryffondor posa lentement son regard dans celui de son directeur, cette peur ne le quittant pas. Pourquoi cette précision ? Les Tonk vont bien ? C'était étrange. Bon, ils étaient les Tonk, mais... quelqu'un n'allait pas bien, quelqu'un n'irait plus jamais bien. Mais qui ? Cette mauvaise nouvelle le concernait, mais à part Andy, qui ?
Il n'eut pas le temps de prononcer le prénom de cette personne dans sa tête, où il ne le voulut pas, il ne le saurait jamais, mais le couperet tomba.
- Il s'agit de votre oncle Alphard.
Le brun déglutit, inspirant une bouffée d'air glacée qui lui coupa le souffle, gelant ses poumons avant de se propager partout en lui. Il eut l'impression qu'une ère glaciaire venait de se produire à ce moment précis dans son monde.
Son oncle Alphard ?
Le frère de sa mère et celui du père d'Androméda. Son oncle ! Celui qui lui avait écrit quand il était entré en première année, il en avait même été très étonné. Il lui avait avoué être fier de lui. C'étaient les mots qu'il avait employés. Un Black à Gryffondor, un Black qui osait enfin renier les valeurs de pureté du sang de la famille et au-delà de ça, cette appartenance à cette maison vert et argent. Maison qui prônait des valeurs totalement obsolètes. Il avait joint avec la lettre dix gallions pour le récompenser. Une fortune pour l’enfant de onze ans qu’il était. Et à Noël et son anniversaire, son oncle ne l'oubliait jamais.
Quand il avait été admis dans l'équipe de Quidditch, en cinquième année, Alphard lui avait tout simplement offert le dernier balai à la mode.
Il en avait même été renié à cause de ça. Oui... Walburga Black avait renié son frère uniquement parce qu'il subvenait aux besoins de son traître de fils.
Alphard lui envoyait tous les mois cinq gallions à partir de sa troisième année pour que Sirius puisse s'acheter ce qu'il voulait au Pré-au-lard. C'était même lui qui avait donné son accord pour que le lion puisse se rendre au village sorcier.
…1973… Cette autorisation de sortie de l’école accompagnait sa lettre de Poudlard. Il se souvenait de la réaction de son père, ce jour-là, quand il était entré dans le salon du premier étage. Il lui avait tendu le parchemin, Orion haussant alors un sourcil avant de prendre sa baguette et d'y mettre le feu.
- Ça te va comme réponse ? avait alors demandé son patriarche, une voix sans timbre, sans émotion.
Il n’en éprouvait plus pour son fils depuis bien longtemps. L’aîné avait ragé, serrant les poings retournant dans son antre. Il était plein de ressources et comptait bien visiter le village voisin de Poudlard.
Et le premier samedi de sortie au Pré au Lard, il était à deux doigts de se glisser sous la cape d'invisibilité de James, mais sa directrice de maison l'avait convoqué dans son bureau.
- Sirius, concernant votre autorisation pour vous rendre à Pré-au-lard, sachez que le professeur Dumbledore a donné son accord.
Il n'avait pas compris sur le coup, ce ne fut que plus tard que le directeur de l'école lui avait appris que c'était Alphard lui avait signé le papier.
Et aujourd'hui, il était mort ! Cette certitude s'imposa à lui avant que l'univers ne l'annonce officiellement.
- Sirius, j'ai le regret de vous annoncer sa mort.
Le verdict tomba, la nouvelle devenant officielle. Son oncle, sa seule famille biologique avec les Tonk, était mort.
Le gryffondor cilla, sans trop comprendre. Même si ca semblait évident, pourtant, il avait du mal à assimiler l'information.
- Mais... Comment ? Il a quarante-six ans !
En quoi l'âge entrait-il en ligne de compte ? Il n'en savait trop rien. Mais ça éliminait forcément une mort naturelle. On ne pouvait pas mourir de mort naturelle à quarante-six ans.
Minerva inspira et se détourna, faisant quelques pas vers la fenêtre, d'où Alastor n'avait pas bougé. Ils échangèrent un regard qui en disait long, même si la signification de ce message était hors de portée pour l'élève de sixième année. Son oncle Alphard... la dernière fois qu'il l'avait vu, c’était l'été précédent. Il avait été lui rendre visite avec James.
…1976… Alphard allait bien, il semblait en pleine forme. Ils étaient allé passer une soirée dans son petit appartement - que Sirius avait jugé minable, réflexion qu'il avait gardée naturellement pour lui - et ils avaient bien profité de la soirée. Alphard avait sorti pas mal de bouteilles pour célébrer la vie. Ils avaient trinqué à Gryffondor, à la coupe de Quidditch remportée par la maison rouge et or ; ils avaient maudit la famille Black, qui l'avait banni, mais lui, ça lui était égal.
- Qu'est-ce que ça change au fond ? Je ne suis plus invité à leurs interminables soirées. Des soirées totalement soporifiques. Alors, vive les déshérités ! Et puis Androméda m'invite et les soirées des Tonk sont bien plus agréables, plus chaleureuses. On va former une nouvelle famille Black. Une branche plus forte, plus cool et plus sympathique.
Et ils avaient vidé leur verre d'une traite à cette grande déclaration.
Et aujourd'hui, il était mort. Albus inspira, avant de river son regard sur Sirius.
- Je ne vais pas vous mentir, Sirius.
- Albus, grogna l’Auror. Est-ce que c'est bien nécessaire ?
La voix d'Alastor fit sursauter l'étudiant. L'Auror était impressionnant. Il parlait d'une voix forte, avec toujours comme une pointe de réprimande dans le ton.
- Oui, Alastor. Je ne crois pas qu'il faille cacher les choses. Ce sera demain dans la gazette des sorciers de toute façon.
Alastor inspira et souffla, avant de détourner les yeux. Ils n'avaient pas pu empêcher les journalistes de prendre les photos, ils étaient sur place avant eux. Sirius observait les deux sorciers, sans intervenir. Le directeur reposa les yeux sur son élève.
- Alphard a été retrouvé mort dans son appartement. Il y a eu un combat. La marque des ténèbres flottait au-dessus de l'immeuble.
Sirius tressaillit, ouvrant de grands yeux, ayant l'impression de réagir pour la première fois depuis l'annonce. La marque des ténèbres ? Les mangemorts ? Mais Alphard était un sorcier sans histoire, ce n’était pas un Auror, ce n’était pas un défenseur des nés-moldus. Il était juste Alphard, son oncle !
- Les mangemorts ? Mais pourquoi est-ce qu'ils s'en sont pris à lui ?
Sa question fusa si rapidement qu'il n'était pas sûr que son directeur en ait compris tous les mots. Et il reconnut à peine sa voix. C'était comme si un autre avait parlé. Minerva fit non de la tête et si Sirius ne la regardait pas en face, il vit le mouvement du coin de l’œil. Et la terrible vérité s'imposa à lui...
Il blêmit un peu plus, son cœur se brisant doucement. Non... ça ne pouvait pas être de sa faute ! Alphard l'avait soutenu, il avait été renié à cause de lui, à cause du soutien qu'il lui avait apporté, mais ça ne pouvait pas aller au point de se faire assassiner ? Quand même pas !
- Alphard travaillait pour moi, Sirius.
Le brun cilla des yeux, reposant son attention sur son directeur, cette profonde culpabilité s'évaporant un peu, mais sans plus.
- Il travaillait pour vous ?
Toujours cette impression que ce n'était pas lui qui parlait, que ça venait d'ailleurs. Il avait l'impression d'entendre sa voix pour la première fois.
Albus acquiesça lentement de la tête.
- Oui. Il accomplissait quelques missions pour moi, dans le cadre de cette guerre. Il était membre de l'ordre du Phénix.
Le rouge et or fronça légèrement les sourcils.
- L'ordre de Fumseck ? Qu'est-ce que c'est ?
Drôle de nom. Albus reprit.
- Non, l'ordre du Phénix, même si... - Il jeta un œil vers son phénix - même si Fumseck est un phénix. Disons qu’il m’a inspiré. Mais vous en entendrez parler très rapidement. Les mangemorts sortent de l'ombre, nous aussi.
Sirius observait le phénix qui l'observait en retour. Il reposa les yeux sur son directeur. Ils sortaient de l'ombre ?
- Vous montez une armée ?
Il cilla de nouveau, se demandant comment il n'y avait pas pensé plus tôt. Bien sûr ! Dumbledore ne comptait pas laisser ces mangemorts agir impunément.
- Oui. Nos réunions avaient lieu chez votre oncle. Je tiens à ce que vous sachiez pourquoi il a été attaqué. Je ne veux pas que vous culpabilisiez. Le soutien qu'il vous apportait n'est en rien une cause de ce qui s'est passé. Vous comprenez ?
Sirius l'observa sans rien dire pendant plusieurs minutes. Si Dumbledore avait son armée, il voulait en faire partie. Il acquiesça lentement de la tête, même si au fond de lui, une petite partie persistait à croire qu'il n'était pas étranger à tout ça.
- Androméda viendra vous parler demain vers quatorze heures, pour ce qui concerne l'enterrement. Il aura sans doute lieu lundi. Vous êtes tout naturellement autoriser à y aller.
Sirius n'entendait pas vraiment ce que lui disait son directeur d'école. Son oncle n'était plus là, son oncle qu'il avait pris pour un simple sorcier sans ennui, et qui au final, abritait dans son appartement minable le début de la résistance face aux mangemorts et à ce Voldemort. Son oncle, mort au combat, parce qu'il était un guerrier.
- D'accord.
Il ne savait pas trop à quoi il disait d'accord, mais soit. Demain, quatorze heures, Andy. Trois informations qu'il essaya de graver en lui.
- Sirius, est-ce que ça va aller ?
Il sentit une main se poser sur son épaule, relevant les yeux sur sa directrice de maison. Si Minerva McGonagall avait une allure sévère et austère en apparence, elle pouvait se montrer très maternelle quand les circonstances l'imposaient.
- Je crois...
Mais de là à en être certain... Un silence s'installa entre eux. Sirius ne savait pas trop quoi faire. Que faisait-on quand on apprenait ce genre de nouvelle ? Il était dix-neuf heures, le repas allait être servi, mais pouvait-il aller manger ? Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir une fissure, une cassure nette dans son existence ? Il avait, avec les années, appris à connaître Alphard. Au-delà de leurs lettres et des soirées qu'il passait chez le frère de sa mère, il avait appris à l'apprécier.
Pouvait-il se lever, quitter le bureau et continuer sa petite vie ? Son oncle était mort, mais malgré ça, les minutes continuaient à défiler, l'horloge poursuivait sa route, inlassablement.
- Vous devriez aller manger quelque chose.
Sirius remercia son directeur de lui montrer le prochain panneau indicateur. Il acquiesça et se leva. Il s'arrêta, l'argent de ses iris croisa le bleu cristallin du puissant sorcier.
- Vous allez faire comment, pour vos réunions ? Sans Quartier général ?
Il connaissait l'importance d'un QG. Les maraudeurs sans la cabane n'étaient plus les maraudeurs.
- Nous allons nous débrouiller. L'ordre comporte de nombreux membres qui savent les risques qu'ils prennent. Mais cela me touche que vous vous en souciez. Merci.
Sirius acquiesça lentement de la tête, sans trop savoir à quoi il disait oui, avant de quitter le bureau de son directeur, escorté jusqu'à la porte par son professeur de métamorphose. Une fois à l'extérieur, la porte refermée derrière lui, il resta sur place, n'arrivant plus à penser.
Alphard était mort ! Son oncle sans histoire était un combattant de la résistance anti-mangemort. Il descendit lentement les marches, arrivant au deuxième étage, où se trouvait l'entrée du bureau du directeur.
Sirius s'approcha de la fenêtre, observant l'extérieur. Du blanc à perte de vue. La neige ne quittait plus Poudlard. Il avait prévu d'inviter Alphard à venir passer les fêtes de Noël chez les Potter. Les parents de James avaient accepté avec bon cœur. Mais maintenant, il devait penser à l’enterrement.
Son oncle n'était plus... Plus de lettres, plus de courriers. Plus de sourires et encore moins cet étrange éclat de rire tellement rauque que petit, il en avait peur. Il l'évitait même. Avec Regulus, ils le trouvaient bizarre. Un bonhomme qui vivait tout seul, dans un appartement minable. Des mots de ses parents, qui n'appréciaient pas le mode de vie d'Alphard, mais qui restait quand même un Black, un sang pur, un des leurs.
Il l'avait évité toute son enfance et quand il avait été réparti à Gryffondor, il était devenu un de ses deux soutiens, avec Androméda. Il avait été là, très présent pour lui. Et maintenant, la nouvelle branche de la famille Black se rétrécissait, la branche avait perdu un membre cool, un membre fort et un membre sympathique. Un héros !
Sirius ferma les yeux, sentant l'air froid lui taillader la peau. Il déglutit, avalant sa salive dans une grimace. Une impression d'avaler des morceaux de verre. Aller manger quelque chose ? Il n'avait pas faim ! Et il n'avait pas envie de répondre aux questions de ses amis en plein milieu de la grande salle.
Demain, ce serait en première page de la gazette des sorciers... Demain, il lirait l'article et il découvrirait les faits crûment. Sirius se dirigea vers les escaliers regagnant le septième étage.
OoOoOoO
Regulus Black était dans son dortoir, installé sur son lit, la gazette des sorciers posée à côté de lui. La veille, Dumbledore l'avait convoqué dans son bureau. Il se doutait que Sirius y avait aussi été, à cette même place et qu'il avait entendu le même discours…
- Regulus, j'ai le regret de vous apprendre la mort de votre oncle Alphard.
Le vert et argent avait cillé des yeux, sans trop savoir comment réagir, avant de reprendre un masque de glace. Alphard ? Il n'en avait pas entendu parler depuis deux ans, juste avant qu'il ne soit banni de la famille. Depuis plus rien !
Quand sa mère avait appris qu'il envoyait régulièrement de l'argent à Sirius, qu'il lui écrivait, qu'il le soutenait, elle l'avait cramé de l'arbre familial. C’était Regulus qui avait vendu la mèche. Mais Walburga avait une façon très sournoise de lui soutirer des informations. Elle avait un talent particulier pour lire en lui, en ses deux fils. Sirius avait appris à se forger une carapace contre elle, à l’empêcher d’interférer dans ses pensées. Il était passé maître dans l’art d’échapper à sa mère, mais pas lui.
Alphard avait été rayé de leur vie parce qu'il soutenait Sirius. Alors qu'au fond, il n'y avait pas grand mal. Il était content pour son neveu, content que Sirius ait obtenu ce qu'il voulait, content qu'il ait pu aller dans la maison de son choix.
Et juste parce qu'il comprenait, Alphard avait été banni de la famille. Ils avaient interdiction de parler de lui au Square Grimmaud. Il était mort pour eux.
Un comportement qui l’avait tellement refroidi. Avant, il lui arrivait de parler avec Sirius, sans se disputer, sans méchanceté. Mais après... Il avait eu si peur de subir le même sort que son oncle, qu'il s'était totalement détaché de son frère, le reniant comme il aurait dû le faire dès le départ. Et aujourd'hui, Sirius n'était plus son frère. Il avait été définitivement exclu, son portrait sur la tapisserie ayant été cramé par la baguette de leur mère. Le traître était mort.
Depuis, il ne lui parlait plus du tout, sauf comme à un parfait étranger, ou un ennemi, dans le meilleur des cas.
Regulus avait juste regardé Dumbledore, ne sachant pas du tout comment réagir. Il aurait dû nier son existence, faire comme si ça ne l'atteignait pas. Mais le directeur lui annoncer sa mort quand même... mais malgré ça, est-ce qu'Alphard était encore son oncle ?
Des questions qui se bousculaient dans sa tête, un combat intérieur faisant rage. Le serpentard avait relevé un regard froid sur le vieux sorcier, sans sourire.
- D'accord, je vous remercie de m'avoir prévenu.
Albus n'avait pas cillé face l'indifférence du jeune homme, même si une telle froideur lui avait glacé le sang. Il savait qu’Alphard avait été banni de la famille Black, mais il avait quand même estimé qu'il devait en avertir le cadet.
- Très bien, je voulais au moins vous le dire de vive voix, pour que vous ne l'appreniez pas par la Gazette, demain matin.
L’élève s'était levé, impassible.
- Très bien, M. le directeur, je vous en remercie.
Et il avait quitté le bureau, regagnant le second étage. Alphard était mort. Et alors ? Regulus ne le connaissait pas. Il l'avait toujours évité. Avec Sirius, ils ne lui parlaient quasiment jamais, le trouvant légèrement bourru. Un sorcier qui parlait trop fort, toujours vêtu plutôt minablement, qui ne s’était jamais marié, qui n’avait pas fondé de famille. Et à leur époque, perpétuer le nom et le sang des Black était bien plus qu’un devoir, c’était une obligation.
Après sa répartition à Gryffondor, son imbécile de frère avait joué le bel hypocrite en se liant d'amitié avec ce sorcier.
Et aujourd'hui il était mort…
Sauf que Regulus ne s’était pas du tout attendu à ça. Le matin, au petit déjeuner, Rabastan Lestrange lui avait tendu la gazette du sorcier, fièrement.
- Je présume que tu connais la grande nouvelle.
Il avait murmuré une certaine fierté dans la voix et dans les yeux.
Regulus avait pris le journal, où en première page, une photo de l'immeuble de son oncle s'étalait, une immense marque sombre, noire, virevoltant juste au-dessus. Une tête de mort, un serpent sortant de sa bouche. Le gros titre :
« Tragédie à Flagley-le-Haut : Mangemort, mythe ou réalité ? »
Sur un autre encart, une photo montrait les Aurors en train d'essayer de faire disparaitre la marque, mais en vain.
« La magie noire face à la magie blanche. »
Inscrit en grosses lettres, la taille d'un chapitre, pour attirer l'œil.
Alphard était mort, tué par des mangemorts. Dumbledore ne lui avait pas dit ! Pourquoi ?
Peut-être parce que tu ne lui en as pas laissé le temps, ou l'occasion.
Les mangemorts... Mythe ou réalité ? Mais quelle question idiote ! N'avaient-ils pas compris que c'était vrai ? Que tout était vrai ! Que des sorciers subissaient un puissant sort de magie noire pour se faire apposer une marque sur leur avant-bras gauche ? Un sort si puissant et si néfaste qu'il les rendait malade pendant plusieurs jours. Ils en subissaient presque une transformation dans leur être pour pouvoir être lié à leur maître à vie. Aucun retour en arrière possible.
Une marque qu'il posséderait bientôt... Pas avant sa sortie de Poudlard, il avait du répit jusque-là, mais malgré ça, l'échéance était pour bientôt. Il rejoindrait ce mage, ses rangs. Il combattrait pour la pureté du sang, pour des idéaux qui n’étaient même pas les siens…. Pas encore ! Il n'y croyait pas vraiment. Il y adhérait parce qu'il le devait, pour sa famille. Et non parce qu'il en était le fervent défenseur.
Regulus reprit l'article, relisant chaque mot. Alphard avait été tué par des mangemorts. Une réalité qu'il avait du mal à accepter. Pourquoi ? Alphard était sans histoire. Il ne prônait pas l'égalité du sang devant le port de la baguette. À la table du petit déjeuner, il avait posé les yeux sur Sirius, le jeune homme avait le nez dans son bol, sans lever les yeux vers personne. Il n'avait même pas jeté un coup d'œil sur la gazette. Que savait son frère au juste ?
Le vert et argent avait quitté le petit déjeuner, n'ayant plus faim. Et surtout, Rabastan l'énervait, avec son petit sourire narquois.
Les Lestrange ! Une noble famille, autant que celle des Black. Avec un manoir, des idéaux parfaits et des liens très étroits avec toutes les familles de sang pur. La preuve, Rodolphus, l’aîné, avait épousé Bellatrix Black, sa cousine, l’aînée des filles de Cygnus. Une extrémiste en matière de pureté du sang. Elle était prête à torturer tous les impurs.
Rabastan l'avait observé, avec tant de bonheur dans le regard. Mais c'était quand même d'Alphard qu'il s'agissait, son oncle, un membre de sa famille. Un traître, un renié, mais un Black malgré tout.
Comment ses parents avaient-ils pris la nouvelle ? Sa mère devait s'en délecter, même s'il s'agissait de son frère.
Regulus laissa sa main retomber sur son lit, lâchant le bout de papier. Il n'irait pas à l'enterrement, il savait qu'il n'en aurait pas le droit. Il ne le demanderait même pas. Il n'en avait d'ailleurs aucune envie.
Le serpentard riva son regard dans le vide. Au fond de lui, il savait qu'il n'était pas dans le bon camp. Tout au fond de lui, il savait qu'il avait tort. Mais lui, il n'avait pas le choix. Lui, allait devoir suivre les traces de ses parents, le destin qu'ils avaient choisi pour lui. Parce que lui devait relever l'honneur de la famille Black, des héritiers mâles de cette prestigieuse famille, que Sirius avait déshonorée.
Sirius avait tout bafoué, tout jeté la poubelle, leurs traditions, leurs idéaux. Sirius avait fait son choix, un choix qui le condamnait lui.
Il en voulait à son frère, il le détestait pour avoir scellé son destin dans du sang... son propre sang. Il lui en voulait, car maintenant, il devait assumer et il le ferait. Il deviendrait un mangemort, un serviteur du Seigneur des Ténèbres. Il devra torturer, tuer, pour une cause dans laquelle il ne croyait pas vraiment.
Parce qu'il était lui, Regulus Arcturus Black, le digne fils d'Orion. Le Petit Roi !
OoOoOoOo
Lundi soir, Sirius était sur les remparts de l’école, les yeux perdus dans le vide, dans cette immensité blanche que lui offrait le monde. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Le monde était devenu si étrange. La journée qu'il avait passée l’était encore plus.
Il avait quitté ses amis, prétextant vouloir prendre un bain, une excellente excuse pour se retrouver seul. Et il s’était dirigé vers son endroit à lui. Sur les remparts de l’école. Remparts que peu d'élèves empruntaient en cette période, il faisait trop froid et le château regorgeait de suffisamment de possibilité de passage.
Ce même endroit, où la dernière fois, il était venu fumer.
Le monde était comme ça. Il y avait des endroits où on se sentait bien, sans raison apparente. Pour Sirius, c'était la vue magnifique, qui se perdait jusqu'à l'horizon, qui l'avait charmé la première fois. Cet isolement aussi. Le grand air ! Il détestait rester enfermé.
Rien que pour ça, il aurait été limite suicidaire à Serpentard. Quand ils avaient été visité leur salle commune, en bon voisinage bien sûr - deux ou trois bombabousses bien puantes dans les poches, à chacun sa version du bon voisinage - il s’était senti oppressé. Il ressentait le même enfer qu'il vivait chez les Black, pendant les vacances d’été, confiné dans sa chambre, son antre rouge et or, mais emprisonné.
Impossible d'ouvrir les fenêtres, d'aérer l'air. Sa mère le faisait d'un sort, mais ça ne suffisait pas. Lui, il aimait la liberté, il aimait les grands espaces. Et la maison étroite et tout en hauteur de ses parents ne faisait que l'oppresser un peu plus.
Les mains dans les poches, il observait le monde hivernal, savourant cette fraîcheur. Aujourd'hui, il n'avait connu que ça : le froid. Aujourd'hui, il avait enterré son oncle. Un grand guerrier, qui avait eu une grande cérémonie. Androméda s'était chargé d'organiser les funérailles. Lui-même ne s'était même pas posé la question de savoir ce qu'il fallait faire ou ne pas faire.
Il avait été là, ça suffisait. Il savait que c’était la seule chose qu'on lui demandait. Le cimetière était étrangement magnifique, recouvert de neige. La danse des flocons n'avait pas cessé, recouvrant peu à peu le cercueil, dernier lieu de repos de son oncle, comme une couverture que les dieux posaient sur son âme, pour l'aider à regagner les cieux.
Aujourd'hui, entouré de nombreux sorciers qu'il ne connaissait pas, de ses amis, des Potter, de quelques professeurs de Poudlard, il avait dit adieu à un grand homme.
Deux larmes coulèrent sur les joues de Sirius, la mélodie qui avait raisonné quand le cercueil entrait en terre lui revenant. Une mélodie si douce, si triste et à la fois pleine d'espoir qu'elle lui avait coupé la respiration, serré le cœur et broyé les entrailles, les faisant remonter dans sa gorge. Androméda était là, son mari aussi tenant leur fille dans ses bras. Aucun autre Back…
Un dernier adieu dans la fraîcheur de l'hiver. Mais Alphard était comme ça. Il aimait se faire désirer, il aimait que le monde entre dans son monde. Il aimait ne rien faire comme les autres.
Ensuite, ils s’étaient tous retrouvés chez Androméda. Ils avaient ouvert plusieurs bouteilles, pour trinquer à sa mémoire et plusieurs mets, du pain, de quoi se faire des sandwiches. Quand Alphard recevait à dîner, voilà ce qu'il servait. De quoi faire des sandwiches. Et si Androméda avait prévu des plats plus raffinés et plus consistants, c’était les bocaux qui s’étaient vidés, pour un dernier hommage.
Un repas comme les aimait Alphard, à la bonne franquette, comme il disait. Sirius entendit des pas étouffés par la neige. Il sourit, posant ses iris sur le nouveau venu. Et quand son regard croisa le regard noir comme la nuit de son frère, il ne fut en rien étonné.
Une étrange impression de déjà-vu s'empara de lui. Regulus ! À croire que ce lieu était devenu un lieu de réunion de famille.
Le serpentard resta planté à quelques mètres, observant son frère. Il savait qu’il le trouverait ici. Ça semblait évident pour lui. Une évidence qu'il avait acquise sans trop savoir d'où, mais il savait que Sirius serait là.
- Fait attention, je vais finir par croire que tu cherches ma compagnie.
Sirius sourit, reposant son regard sur l'horizon.
Regulus sourit en coin, sans bouger.
- Pas du tout, je passe souvent par-là, des fois tu y es alors je continue mon chemin. Et quand la place est libre, je squatte.
Sirius était légèrement adossé à la rambarde, ses jambes coupant le passage. Il se redressa alors, libérant le chemin, afin que son indésirable frère puisse traverser sans être gêné. Mais Regulus ne bougea pas, au contraire, il s'adossa aussi à la rambarde. À une distance raisonnable de son renégat de frère, histoire que si quelqu'un passait par là, on ne les croit pas ensemble.
Sirius souffla, las. Le cadet lui jeta un regard.
- Tu ne fumes plus tes immondes cigarettes moldues ?
L’aîné sourit, plein ironie.
- Remus Lupin, sort de ce corps.
Le cadet ne comprit pas trop la blague, mais il se doutait que le préfet devait lui faire les mêmes remarques. Sauf que ce n'était que des doutes et que la blague était loin de le faire rire. Ça faisait bien longtemps que les blagues de son frère ne le faisaient plus rire.
- Comment ça s'est passé, aujourd'hui ?
Sirius haussa un sourcil, tournant un regard interrogateur vers son frère.
- Parce que ça t’intéresse ? Sérieusement ? Car si tu parles juste parce que tu penses que j’ai besoin de me confier, je peux te dire que tu as tort et que tu peux passer ton chemin.
Il n'avait pas envie de parler pour combler le silence. Il avait assez parlé pour aujourd'hui, assez parler de son oncle, de son passé, de son combat. Un combat qui l'étonnait encore. Il voulait se taire, apprécier le silence.
Regulus fit un effort surhumain pour ne pas tourner les talons et surtout, pour ne pas répliquer méchamment.
- Ça m'intéresse vraiment. Même si je ne le connaissais pas et que sa mort ne m'a rien fait, il a été un temps mon oncle.
Sirius secoua légèrement la tête. Un temps...
- Et moi, j'ai été un temps ton frère, mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, tu es fils unique, aujourd'hui tu es le seul digne héritier des Black, aujourd'hui, tu es juste toi, Petit Roi !
Regulus tourna lentement la tête vers son frère, le cœur serré.
- En effet. Si tu savais tout ce que je pourrais donner pour que tout change et que tu ne déshonores jamais la famille.
Le cœur de Sirius lui tambourinait étrangement dans la poitrine. Il avait l'impression que l'organe se jetait contre sa cage thoracique, lui faisant atrocement mal.
- Excuse-moi d'avoir, une fois dans ma vie, osé écouter mon cœur. Et encore désolé si cette fois-là, c'était quand j'avais un certain choixpeau sur ma tête.
Il sourit très méchamment. Une fois... Parmi tant d'autres.
- Tu trouves ça vraiment déshonorant ?
Il jeta un regard vers le cadet, croisant ses abîmes sans fond. Regulus ne répondit pas, cherchant sans doute la réponse. Mais au final, elle s'imposa toute seule à lui.
- Non ! Mais les parents le pensent.
Sirius acquiesça lentement de la tête.
- Les parents... Trois black et un seul cerveau. Triste constat tu ne crois pas ? Quand ils viendront à disparaître de la surface de la terre, tu arriveras à penser par toi-même ? Ou tu ne seras plus qu'un corps sans capacité propre d'agir ?
Regulus reposa les yeux sur le décor, un sourire noir se dessina sur ses lèvres.
- Tu peux parler. Tout ce que tu dis, ce n'est que du vent, car tu ne vaux pas mieux qu'eux. Tu choisis ton monde, tu choisis ton décor et tu n'en fais qu'à ta tête. Si on ne rentre pas dans tes critères, tu bannis la personne ou tu la prends en bouc-émissaire. Avant qu'Alphard ne t'envoie du fric, tu ne le supportais pas. Mais comme ça t'arrangeait, tu as omis le fait qu'avant, tu le trouvais aussi indigne que les parents.
Il ricana alors.
- Finalement, tu ressembles beaucoup à mère. Tu ne crois pas ?
- Je ne suis pas comme ça, pas comme elle ! J'accepte les gens comme ils sont.
Sirius cracha, détestant par-dessus tout qu'on le compare à sa mère, car il n'était pas un être immonde.
- Vraiment ? Tu peux m'expliquer ta haine envers Severus Rogue ? Ou même toute la maison Serpentard sans exception ? - La voix de Regulus s'était faite doucereuse. - Tu peux m'expliquer pourquoi tu me juges ?
- Je ne te juge pas !
La voix du gryffondor s’était faite plus sifflante que sa réplique précédente.
Le Serpentard avança vers lui, doucement, son regard s'assombrissant de haine.
- Trois black pour un cerveau ? Tu me reproches d’écouter et d'obéir aux parents, c'est quoi ça ? Si ce n'est un jugement et une condamnation ?
Le rouge et or ne répondit rien, le vert et argent n'avait pas fini son petit speech et il était intéressé parce que son cadet avait à lui dire.
- Tu es le grand Sirius Black, le preux chevalier, celui qui a osé dire non à une idéologie stupide. Mais as-tu pensé à quelqu'un d'autre qu'à toi ? Non ! Même pas à moi. Mais imagines-tu seulement une seconde ce que j'ai vécu pendant que tu te la coulais douce ici, pendant que tu criais victoire ? Non !
Ce que Regulus avait vécu, après qu'il ait été réparti dans sa maison ? Non... Sirius n'y avait jamais songé, il n'avait jamais voulu savoir. Mais il imaginait aisément le pire. Rester enfermé entre quatre murs, face à ses parents, subissant leur litanie incessante sur leur fils aîné, traître à leur sang, un fils qui déshonorait la famille, qui lui faisait honte. La pire de toutes les infamies, la seule qui ne pourrait jamais être réparée, même pas par le sang versé. Un Black à Gryffondor, un Black qui devenait la honte, la risée de toute la communauté magique, entraînant les siens dans cette déchéance.
Sirius entendait très bien ses parents : mais toi, Regulus, tu ne seras pas comme lui, toi tu iras à Serpentard, tu es désormais le seul qui puisse redorer le blason des Black. Toi seul pourra nous enlever cette honte que ton défunt frère a fait couler sur notre nom, notre famille, notre sang, nos valeurs, notre patrimoine. Toi, Regulus Black, tu seras le digne descendant de tes ancêtres, de Nigellus. On sera fier de toi, on ne pourra être que fier de toi ! Toi, tu sauveras la famille !
Sirius détourna les yeux, ne voulant pas imaginer l'enfer qu'avait dû subir le petit garçon de dix qu’était son cadet à l’époque. Il soupira, une profonde culpabilité s’insinuant en lui.
- Ce n'était pas contre toi, ça n'a jamais été contre toi, murmura-t-il alors, dans un soupire de mélancolie.
- Je sais.
La voix de Regulus avait retrouvé un ton parfaitement calme.
- Tout comme tu sais que par tes choix, tu as scellé mon destin. Tout comme tu sais que je n'ai jamais été maître de ma vie.
Regulus reprit sa marche, passant devant son frère, s’arrêta à sa hauteur, rivant son regard dans celui de son aîné.
- Au moins, je me console en me disant que tu es heureux.
Et il poursuivit sa route, d'un pas bien plus rapide, voulant échapper à ce froid glacial entre eux. Entre lui et son frère, l’être qu'il chérissait tant et qu'il avait perdu. Il était venu là pour lui parler, mais il n'avait pas trouvé les mots pour le réconforter, car il n'en avait aucune envie.
Il n'avait jamais rien fait pour aider Sirius, parce qu'il voulait qu'il soit aussi malheureux que lui. Mais quand il le voyait ici, heureux, entouré de ses amis, il le détestait encore plus. Aujourd'hui, Sirius était parti, il était mort pour lui, alors il n'avait plus à espérer qu'il soit malheureux. Alors, oui... Il pouvait enfin se réjouir pour son frère. Et il espérait, au fond de lui, que Sirius était vraiment heureux.
Sirius inspira une bouffée d'air frais, remplissant ses poumons. Oui, il était heureux, même s'il vivait des jours sombres, même si cette journée était affreuse. Mais autrement, avec sa famille, les Potter, ses amis, il était heureux. Son bonheur excluait d'office Regulus, mais c'était le prix à payer.
Le gryffondor serra les poings, une profonde rage le prenant. Il sortit sa main de la poche de sa cape avant de frapper violemment contre la rambarde, donnant un puissant coup de poing sur le bois, qui ne céda pas. Il frappa encore et plus fort. Il avait besoin d'extérioriser cette rage, cette colère face à sa famille biologique, face aux Black qui bannissaient les indignes. Lui, pour avoir écouté son cœur, Androméda pour avoir épousé un né-moldu, Nymphdora pour être une impure, Alphard pour l'avoir soutenu.
C'était trop facile comme ça, beaucoup trop simple. Alors, oui ! Il faisait pareil, il n'en avait pas honte. Il se vengeait. Même s'il n'atteignait pas les bonnes personnes, ça le soulageait et c'était tout ce qui importait.
Sirius arrêta de frapper la rampe glacée, des larmes coulant sur ses joues. C'était la première fois qu'elle coulait depuis l'annonce de la mort d'Alphard. Mais il ne pleurait pas que pour lui.
Cette profonde douleur entre ses phalanges... Le blanc immaculé de la neige se teinta en rouge sang, son sang. Il avait frappé, évacuant la colère, la remplaçant par la douleur. Il n'arrivait qu'à contrôler la douleur physique, alors il préférait s'exprimer par elle. Sirius serra le poing, laissant son sang se répandre partout dans la neige, comme fasciné par le spectacle. Au final, ça ne faisait pas si mal. Le froid commençait à l'engourdir.
Il devait rentrer, mais ses pieds refusaient de bouger. L'ordre du Phénix ! Son oncle était mort pour lui. Une résistance face aux mangemorts. Il en ferait partie. Il travaillerait dur, il ferait tout son possible pour obtenir ses diplômes, devenir Auror afin d'avoir un plus grand pouvoir au sein de cet ordre, d'être réellement utile.
Il savait, même s'ils n'en avaient jamais parlé, que James avait pris la même décision. Sirius se détourna alors, laissant sa main retomber le long de son corps et le sang dégouliner sur le sol maculé de blanc. Il rentra au dortoir. Il devait se soigner. C'était le prochain panneau indicateur.
oOoOoOo
Sirius poussa la porte de son dortoir de sa main gauche, la referma d'un coup de pied. Les regards des trois autres se posèrent sur lui, mais il n'y prêta pas attention.
- Alors, ce bain t'a fait du bien ?
Une question de James, mais ce dernier n'était pas dupe. Une question pour détendre l’atmosphère comme il savait si bien le faire. Mais le regard de Sirius, sans vie, le fit taire. Le nouvel arrivant se dirigea vers la salle de bain, pour prendre une douche. Oui, après un bain, une douche, rien de plus logique non ?
Il ouvrit la porte toujours de sa main gauche, la droite le faisait hurler intérieurement. Mais il ne criait pas. Il avait cessé d'exprimer ses sentiments à douze ans, après son premier séjour chez les Black. Au fil des deux mois, il avait appris à ne plus hurler, car ça ne servait à rien. Il était à la merci de ses parents, de la douleur et la faire sortir ne servait à rien, si ce n'est à leur faire plaisir ! Il l'avait bien compris.
Il referma la porte, se posant devant le lavabo, levant les yeux sur le reflet que lui renvoya le miroir. Ses parents... Ils avaient essayé de tout détruire en lui, le bien comme le mal. Par chance, sur sa route, il avait trouvé des gens pour lui montrer que tout n'était pas mort.
De l'autre côté de la porte, Remus observa la salle de bain, tiraillé entre le besoin de Sirius d’être seul et le besoin que lui ressentait d’être avec lui. Il n'aimait pas cette souffrance dans ses yeux, il n'aimait pas le laisser seul. La journée avait été éprouvante, et quelque chose semblait avoir empiré la situation depuis leur retour.
Le regard du préfet se posa alors sur le sol, fronçant aussitôt les sourcils. Des taches brunes, sombres. Il se leva, s'approchant de ses marques et grimaça. Cette odeur, il la connaissait trop bien. Beaucoup trop à son goût. Il l'avait senti pour la première fois cette nuit-là, où tout avait changé, quand il avait coulé sur lui, lentement, coagulant presque instantanément, l'odeur s'accentuant un peu plus.
Une odeur qui l'avait aussitôt dégoûtée et qu'il n'oublierait jamais. Et elle non plus ne l'avait jamais oublié, se rappelant inlassablement à lui, une fois par mois. Une odeur qui l'entourait, qui le réveillait parfois le lendemain de pleines lunes. Une odeur qui faisait partie de lui, de son être, et qu'il ne détestait qu'un peu plus au fil des mois.
Du sang... Mais cette fois, ce n'était pas son sang.
Il alla frapper à la porte de la salle d’eau.
- Sirius, je peux entrer ?
Et sans attendre la réponse, il ouvrit la porte, son regard se posant sur le jeune homme qui passait lentement sa main sous le jet d'eau du robinet.
- Par Morgane, Sirius ! Qu’est-ce qui t'est arrivé ?
Le brun observait son sang couler dans l'évier, le teintant de rouge. Un rouge étrangement fascinant. Il ne réagit pas à l'intervention du lycan. Ce dernier arriva à sa portée, lui prenant le poignet du bout des doigts. Sirius sursauta, étonné de ne pas être seul, relevant les yeux vers le nouveau venu.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
Deuxième édition pour la même question.
Le brun inspira, revenant dans ce présent douloureux.
- Je me suis battu.
Le châtain cilla. En un jour pareil, il avait trouvé le moyen de se battre ? Non mais il était impossible. Il n'aurait jamais dû le laisser seul. Il aurait dû écouter son instinct de protection. Celui qu'il avait développé envers Sirius, au fil des années et de ses sentiments.
- Contre qui ?
Les deux gryffons tournèrent la tête vers la porte où James venait d’apparaître, tout aussi étonné que Remus par le fait que Sirius ait trouvé l'occasion de se battre.
- Une rambarde.
Il sourit alors, James aussi.
- Et qui a gagné ?
Question idiote au vu de la main de son ami et du très faible espoir que l'on avait de gagner une telle partie contre un décor de Poudlard.
- La rambarde.
Sirius souriait toujours, observant le sang coulé. Un combat totalement illégal ! Il devrait arrêter de frapper dans les murs, ça ne le menait jamais nulle part.
- Alors, Poudlard 16 - Maraudeurs 0.
James tenait les comptes.
- 17. Souviens-toi, l'autre jour tu as shooté dans un mur parce que Rosier a fait un truc, je ne sais plus trop quoi.
- En effet, il est passé devant moi, il respirait très bruyamment... 17 à rien pour Poudlard !
- Vous vous croyez drôle ?
Remus interrompit la conversation, ne trouvant en rien la situation amusante. James haussa les épaules, retournant dans la chambre. Oui c’était drôle. Il valait mieux en rire qu’en pleurer, non ? Le préfet soupira.
- Il faut soigner ça. C'est vraiment moche !
Sirius semblait avoir frappé comme un forcené. Mais pourquoi ? Par rapport à la mort de son oncle ? Sans doute. Il lui rinça délicatement la main, nettoyant le sang séché entre les phalanges. Sirius le regarda faire quelques secondes, sans protester, avant de lever lentement les yeux vers le guérisseur.
- Assis toi, je vais aller chercher la boite de premiers secours.
Le médicomage de fortune était fâché. Fâché contre lui d'avoir laissé Sirius tout seul, fâché de ne pas savoir s'imposer, de ne pas arriver à exprimer plus haut et plus fort ce qu'il voulait, ce qu'il désirait. Il revint dans la salle de bain.
Sirius était installé sur la panière à linge sale, observant sa main. Remus prit un coton imbibé de produit antiseptique.
- Ça ne va pas piquer quand même ?
Le lycan posa son regard sur l'animagus, haussant un sourcil, un sourire narquois aux lèvres.
- J'adore ! Tu te prends des cognards en pleine figure à tous tes matchs et un petit coton qui pique, ça te fait peur ?
Sirius fronça légèrement les sourcils.
- Ce n'est pas pareil. ça... - Il désigna le coton d'un air mauvais. - Ça fait vraiment mal et ça pue. Les cognards, c'est pour le bien de la partie. C'est nécessaire, sinon, ça serait moins drôle.
Remus lui prit la main et commença à le soigner, sous les grimaces du bagarreur. Voilà ce qui se passait quand on s'en prenait à l'école. Sirius posa son regard sur les iris ambrés du jeune homme.
Est-ce qu'il était heureux ? Il sourit alors. Oui, il était heureux. Et plus particulièrement quand il était le centre de l'attention. C'était un fait qu'il ne pouvait pas contester. Mais surtout, il était heureux quand celui qui lui accordait toute son attention était son petit loup.
Il sourit un peu plus, en croisant ce regard doré qui se reposa aussitôt sur sa main, un rouge apparaissant sur ces joues du médicomage.
- C’est moi qui te fais rougir de la sorte ? murmura-t-il alors.
- Qui d’autre… souffla alors le préfet en secouant la tête. Ton regard…
- Quel regard ?
- Celui-là ! Celui que tu poses sur moi à ce moment précis. J’ai souvent l’impression qu’il me transperce l’âme. Et ça ne date pas d'aujourd’hui… confessa alors le préfet, de plus en plus gêné.
- Ah bon ? Sirius haussa un sourcil, légèrement charmé par ces confessions. Tu m’en vois flatté.
Remus releva les yeux sur lui, un doux sourire aux lèvres, son cœur se mettant à battre doucement.
- Je peux t’avouer un truc ?
- Bien sûr. Tes secrets sont les miens, tu le sais bien.
Cette phrase… Sirius lui avait prononcé pour la première fois ce soir de Janvier, en seconde année, quand il lui avait fait la plus belle des promesses d’amitié.
- Il n’y a que toi qui ait cet effet sur moi, souffla alors le jeune homme dans un murmure.
Sirius sourit un peu plus.
- Et bien tu m’en vois doublement flatté.
End Notes:
En cette période de noël, un épisode assez triste... Mais qui fini sur une petite note de douceur.
Sachant peu de chose sur Alphard, je me suis permise d'en faire un guerrier, mort au combat.
J'espère que cela vous a plus. Joyeux noël a vous.
Désormais, Tout Serait Différent by Crepuscule64
Author's Notes:
La branche de la famille Black se rétrécit, un Guerrier n'est plus. Suite à cela, se pose les questions de procédure. Une convocation, un héritage à découvrir...
Et pour oublier tout ça, rien de tel qu'une petite soirée entre amis...
Les jours suivants semblaient étranges. Sirius continuait sa vie. Alphard avait été présent pour lui, depuis sa répartition chez les Gryffondors, mais dans une moindre mesure et pourtant, il ressentait un étrange vide. Il n'avait jamais réellement perdu personne. C'était sa première expérience dans ce domaine mais c'était surtout les circonstances. Les Mangemorts s'en étaient pris à lui.
Deux jours après l’enterrement, en quittant la salle de métamorphose, il sentit le regard insistant de son professeur sur lui. Il s'approcha du bureau, se demandant ce qui allait encore lui tomber dessus.
– Sirius, j'aurais besoin que vous veniez dans mon bureau, après votre dernier cours de la journée.
– Pourquoi ?
– Il s'agit du testament de votre oncle. Vous devez aussi vous faire accompagner d'une personne de confiance.
– On parle de moi ?
Un sourire aux lèvres, James s'était approché du bureau. Sirius l'observa, avant de reposer son attention sur sa directrice.
– Pourquoi une personne de confiance ?
– C'est la procédure, précisa la professeure de Métamorphose.
– Bon d'accord. - Il se tourna vers son frère.- Alors oui, on parle de toi.
James acquiesça de la tête. C’était tellement évident qu’il n’était pas nécessaire de le préciser. Qui pourrait mieux tenir dans la vie de son frère ce rôle-là que lui ?
Et en fin de journée, Sirius, James et le professeur McGonagall se trouvaient dans la salle de métamorphose. L'exécuteur testamentaire de son oncle s'était présenté : Benjamin Fenwick. Il avait eu la lourde charge de faire accomplir les dernières volontés d'Alphard Black.
Sirius ne comprenait toujours pas ce qu'il faisait ici. Le testament de son oncle... Pourquoi serait-il concerné ? Alphard lui avait légué quelque chose, mais quoi ? Des questions auxquelles il n'avait pas vraiment envie de répondre et pourtant, ça l'intriguaient.
Surtout qu'au vu de son rythme de vie, Alphard ne possédait pas de grande fortune. Mais il y avait un bien que Sirius aurait aimé posséder plus que tout : la moto de son oncle.
En troisième année, quand il avait eu l'autorisation exceptionnelle de passer les vacances de Noël chez les Potter, Alphard était venu leur rendre visite. Et il se souviendrait toujours de l'arrivée fracassante que l'homme avait faite sur son bolide de la mort. Une moto moldue qui filait plus vite que le plus puissant des balais. Sirius avait eu l'honneur d'aller faire un tour sur ce bolide. Il avait adoré ce moment. Son oncle lui en avait peut-être fait cadeau en dernier hommage.
– Sirius ?
L’aîné des fils Black sortit de ses pensées, revenant dans cette réalité.
– Pardon, je suis tout à vous.
Il observa l'homme face à lui. Il le connaissait pour l'avoir croisé par le passé, chez Alphard. Il était aussi à l'enterrement. Il semblait très affecté ce jour-là. Plus que lui en tout cas. Et pour avoir reçu la charge de faire accomplir les dernières volontés de son oncle, il devait être un de ses proches amis.
Celui-ci se tourna vers la directrice des rouges et ors.
– Pouvons-nous commencer ou devons-nous attendre le directeur ?
– On peut commencer.
– Très bien. - Il reposa son attention sur le brun aux yeux gris. – Sirius, j'ai demandé une audience afin de procéder à l'ouverture du testament de votre oncle. Alphard a fait de vous son légataire testamentaire.
Les deux Gryffondors échangèrent un regard, perplexe.
– Alphard vous lègue tout ce qu'il possédait.
– Tout ? Sirius cilla, réellement étonné.
– Oui. Il a légué à votre petite cousine, Nymphadora Tonk, une somme assez conséquente, mais il vous lègue tout le reste.
– Et ça représente quoi ? Tout le reste ? questionna James, intrigué.
Son rôle en tant que personne de confiance était de poser les questions indélicates à la place de Sirius, ce dernier n'aurait sans doute pas les bonnes questions au bon moment.
– Je suis justement là pour vous en faire l'inventaire, précisa l'homme à l'intention de Sirius. Alphard possédait une propriété ainsi qu'un garde-meuble et un compte à la banque de Gringotts. Voici le montant qui s'y trouve.
Il tendit un parchemin sur lequel était inscrit le dit montant. Sirius cilla, interdit, se redressant légèrement sur son fauteuil. James fut tout aussi choqué que son frère de cœur.
– Vous êtes sérieux, là ?
– Oui. Alphard avait un profond respect pour vous et pour ce que vous avez accompli malgré votre jeune âge. N'ayant pas d'héritier, il a vu en vous son digne successeur. Il voulait vous mettre à l'abri du besoin afin que vous débutiez votre vie d'adulte sans souci d'argent.
– C'est plus que sa vie d'adulte qu'il va pouvoir débuter avec cette somme, souffla James.
– Je ne comprends pas... - Sirius releva son regard sur l'exécuteur testamentaire. - Alphard... Il vivait dans un petit appartement, sans fortune, sans rien. Il ne peut pas posséder tout ça.
Minerva sourit, l'homme face à Sirius aussi.
– Votre oncle vivait de ce dont il avait besoin Sirius, il ne voulait pas plus. Il était heureux comme ça, préférant souvent faire plaisir aux autres plutôt qu'à lui-même. Mais il n'en était pas pour autant sans fortune. Vous ne pourrez accéder à ce coffre qu'à votre majorité, à savoir à compter du 23 février 1977. De la même façon, le bien immobilier d'Alphard deviendra votre propriété à cette date.
– Son appartement ?
– Non, une maison qui se situe dans le Sud de l’Angleterre. L'appartement était une location que votre oncle avait pris depuis peu.
Le regard de Sirius se perdit dans le vide, sans trop comprendre. Pourquoi louer un appartement, s'il possédait une maison... Mais son oncle était connu pour son excentricité. Ou alors, il avait voulu réserver sa maison pour l'Ordre, ne pas l'encombrer de sa présence.
- D'accord, souffla-t-il, sans chercher plus loin.
Pour l'heure, il n'en avait pas la force.
– Et le garde-meuble ? questionna James.
– Vous pouvez prendre possession des biens mobiliers qui s'y trouve dès ce jour. Il y entreposait plusieurs objets de valeur et tout un bric-à-brac bon à jeter. Nous n'y avons pas accédé, nous n'avons pas fait l'inventaire. Nous n'avons pas jugé nécessaire, puisque tout vous revient de droit. Mais pour avoir été l'ami de votre oncle et y avoir souvent mis les pieds, je sais qu'il y entrepose sa batterie.
– Il jouait de la batterie ? le coupa alors Sirius, un peu étonné.
Il ignorait que son oncle avait des talents dans le domaine musical.
– Non ! Il en a joué deux jours, mais il a trouvé l'instrument trop bruyant à son goût. Il a vite abandonné.
– La guitare, c'est mieux, approuva Sirius.
– N’ayant jamais pratiqué ni l'un, ni l'autre, je ne peux que vous croire sur parole, M. Black. Je reconnais, en revanche, qu'Alphard cassait les oreilles avec son instrument. Ses voisins avaient même porté plainte contre lui.
L'homme sourit à ce souvenir, avant de reposer son attention sur les deux jeunes gens.
– Il y entrepose aussi différents cartons de livres datant de sa scolarité, sa moto, des meubles cassés qu'il...
– Sa moto ? le coupa de nouveau Sirius.
Il se redressa un peu plus. Voilà qui devenait intéressant, même s'il jugeait cet intérêt vraiment glauque. Son oncle était mort et, lui, il convoitait sa moto.
– En effet. Il l'entreposait là-bas pour ne pas la laisser prendre froid.
L'homme se perdit de nouveau dans ce souvenir, pas si lointain. Il se reprit, reposant les yeux sur les papiers.
– Je peux le comprendre, je ne laisserai jamais mon balai à l'extérieur, ni même ma guitare.
L'homme sourit un peu plus, posant son regard sur le neveu de feu son ami.
– Vous vous ressemblez beaucoup. Si vous acceptez l'héritage...
– Pourquoi si ?
– Vous pouvez refuser... précisa l'homme.
– Pourquoi refuser ?
– Parfois, il arrive qu'un héritage contienne plus de dettes que de bien, il est préférable alors de le refuser.
– Mon oncle avait des dettes ?
– Alphard ? Par Merlin, non ! souffla l'homme, amusé à cette idée. Selon lui, si on n’a pas les moyens, on n’achète pas. Une belle règle de vie.
– Bon, alors j'accepte. Je ne vois pas pourquoi je refuserais.
– Bien ! L'homme posa un papier devant Sirius.
– J'ai une question.
Les regards se posèrent sur James, l'homme l'invitant à s'exprimer.
– Sirius peut accéder au garde-meuble maintenant, mais le bien immobilier et le coffre à Gringott qu'à sa majorité.
L'homme approuva d'un mouvement de tête
– Qui va gérer ces biens en attendant la majorité de Sirius ?
Un claquement se entendre. Minerva fronça les sourcils et venait de faire claquer sa langue sur son palais. Les deux élèves la regardèrent.
L'homme fronça aussi les sourcils.
– Votre tuteur légal Sirius, déclara Benjamin.
– Mes parents ? cracha le jeune Black.
– Vous plaisantez ? Ils vont vider le coffre d'Alphard avant que Sirius n'ait le temps de dire Merlin perlimpinpin ! s'offusqua James.
Un nouveau claquement, et le regard de leur directrice qui se fit plus noir.
– Voilà une éventualité que nous n'avions pas envisagée et qui est tout à fait probable. Seront-ils restreints quant à l'usage du contenu du coffre ?
– Non.
– Ce n'est pas juste... ragea Sirius. Ils m'ont renié, banni. Ils m'ont exclu de la famille, allant jusqu'à cramer mon portrait sur la tapisserie représentant l'arbre généalogique des Black. Je ne suis plus un membre de leur famille. Ils n'ont plus aucun droit sur moi, ce ne sont plus mes tuteurs légaux !
– Je suis bien d'accord avec vous Sirius !
Tous sursautèrent et se retournèrent vers la porte où Albus Dumbledore se tenait bien droit.
– Vous êtes là depuis longtemps ? interrogea la directrice des Gryffondors.
– Quelques minutes déjà, précisa le directeur d'école qui s'avança jusqu'au bureau. Malheureusement, nous n'avons aucune certitude quant à la personne qui aura la charge de gérer votre héritage jusqu’à votre majorité.
– Et si je ne signe pas ?
Lui ne voulait pas prendre ce risque.
– L'héritage sera attribué à l'héritier légitime de votre oncle : son frère.
– Mon oncle Cygnus.
Les trois adultes approuvèrent de la tête. Sirius souffla et prit la plume que lui tendit l'homme, observa le bout de papier.
– On saura comment qui en aura la charge ? souffla-t-il.
– Votre situation est assez particulière, commenta l'exécuteur testamentaire. On le saura, un point c'est tout.
Sirius observa l'homme, le regard froncé avant de se tourner lentement vers son directeur d'école, une question lui brûlant les lèvres.
– Vous pouvez parler devant Benjamin, Sirius. Il appartient à l'Ordre.
– Votre QG, c'est bien sa maison, n'est-ce pas ?
Albus approuva de la tête.
– Il va se passer quoi si elle passe entre les mains de mes parents ?
Nouveau claquement de la part de leur directrice de maison. Une manie qui commençait à devenir agaçante pour l'assemblée.
– On avisera le moment venu, répondit le directeur, sans entrer dans les détails.
– Je veux savoir, cracha Sirius, enlevant la plume du parchemin. Si vous ne voulez pas que l'héritage ne revienne à Cygnus, je veux savoir ! Mon oncle avait la même manie que mon père, je me doute que sa maison est incartable, intracable. Qu'elle possède tous les sorts anti-détections possibles et inimaginables. Tout comme Square Grimmaud. Un excellent point de ralliement pour votre armée, n'est-ce pas ?
Albus acquiesça de la tête, un petit sourire se formant sur ses lèvres. Sirius était têtu et il avait tendance à toujours obtenir ce qu'il voulait. Un jeune homme au fort caractère qui ressemblait beaucoup à Alphard.
– Et pour en connaître un peu le principe, je sais que depuis la mort de mon oncle, plus aucun de vous n'a pu y accéder.
Les trois adultes acquiescèrent de la tête.
En effet, le propriétaire des secrets était mort, les révélations avaient été annulées, tout était remis à zéro. Pour l'heure, plus personne ne voyait la maison. Les sortilèges attendaient, patientant, suspendu dans les airs qu'un nouveau propriétaire se manifeste.
– Il se passera quoi si mes parents prennent possession de cette maison ?
– Que ce soit vos parents ou votre oncle Cygnus, ils auront accès à tout ce que contient la maison, déclara le directeur.
– Que Merlin nous en préserve... souffla la directrice.
James et Sirius échangèrent le même regard, comprenant sans peine que la maison devait receler tous les secrets de l'Ordre, de l'identité de ses membres jusqu'aux missions en cours. Un vrai QG !
– On veut en faire partie, de votre ordre, clama le capitaine de Quidditch.
– On en reparle après vos ASPIC, M. Potter, répondit aussitôt la directrice de Maison, coupant court à cette demande.
Sirius posa les yeux sur le parchemin. Il devait signer. S'il ne le faisait pas, la maison passerait d'office entre les mains des Black. S'il le faisait, il y avait une petite chance que ses parents biologiques n'en deviennent pas les propriétaires. Et au fond de lui, il avait cette certitude. Les Black n'étaient plus sa famille, lui-même n'était plus de leur famille. Il avait été renié, banni, cramé. Il n'avait pas eu droit à un enterrement digne de ce nom, comme Androméda, mais le résultat était le même.
Pour lui, à l'heure actuelle, ses tuteurs légaux, sa famille, la vraie, ses parents de cœur, c'était les Potter.
Il signa, acceptant l'héritage, un sourire aux lèvres. Il releva les yeux sur l'homme lui tendant le parchemin.
– J'irai récupérer la moto aux vacances de Noël.
– Bien. Je vous ferai parvenir la clef et l'emplacement du garde-meuble dans les prochains jours.
Sirius se leva, étrangement soulagé. Cette scène avait été bizarre depuis le début, mais il allait mieux. Il se tourna vers son directeur.
– Les Potter ! Ce sont mes tuteurs légaux, ce sont eux ma famille.
James se leva à son tour, acquiesça de la tête aux paroles de son frère de cœur.
– Et tu es le petit dernier de la famille Potter, Patmol.
Ils quittèrent le lieu. Les trois adultes se regardèrent, espérant réellement que oui, la fracture entre Sirius et les Black avaient été actée au-delà de la simple fugue du jeune homme. Et que oui ! Il fallait que Fleamont Potter devienne le gardien de la maison.
Albus quitta les lieux, direction "Les Pignons Verts".
Quelques jours plus tard
Un éclat de rire, la radio diffusait une chanson, le feu était allumé dans l'âtre, donnant une ambiance plus que chaleureuse à la pièce, où trois amis discutaient avec plaisir. Il en manquait un.
Une petite soirée organisée par James pour changer les idées de Sirius. L'enterrement d'Alphard avait eu lieu le lundi précédent, puis cette étrange scène avec l'exécuteur testamentaire de son oncle. Sirius allait un peu mieux et pour continuait sur cette lancée, rien de telle qu'une petite soirée entre amis.
Un peu de musique, une bouteille, des jeux, des questions et un peu de boissons sans alcool. Il n'en fallait pas plus pour se sentir un peu mieux.
Demain, c'était jour de sortie au Pré-au-lard, ça lui changerait aussi les idées.
Remus faisait sa tournée du château avec son binôme d'autorité. Comme une fois par semaine depuis maintenant plus d'un an. Un préfet dans le groupe ! Une tragédie ! Mais ils s'en étaient tous remis. Au fond, tant que ledit préfet n'empêchait pas leurs infractions habituelles, ça ne changeait pas grand-chose.
Un pack de Bièraubeurre était posé à côté d'eux. Ils se la jouaient soft, pas de whisky pur feu. Ils avaient juste envie de passer un agréable moment. Et quand il n'allait pas bien, Sirius avait l'alcool mauvais.
Une bouteille vide se trouvait au milieu d'eux. Peter posa sa main dessus, la lançant. Celle-ci commença sa course folle pour venir pointer sur l'animagus rat.
– Encore !!! Elle est truquée ! s'insurgea alors le jeune homme.
Éclats de rire de la part des deux autres. James sourit, narquois
– Alors voyons... En parlant de Julia...
Le sujet préféré de deux autres depuis que Peter avait officiellement une conquête à son actif. Ce petit jeu tournait souvent autour des filles, du moins concernant James et depuis peu, Peter. Le jeu en devenait bien plus marrant.
– Vous vous êtes embrassés ?
Peter rougit violemment, quand la porte s'ouvrit pour laisser entrer le quatrième membre du groupe.
Sirius posa les yeux sur lui, un sourire aux lèvres.
– Salut Rem', tu te joins à nous ?
Ce nouvel arrivant posa son regard sur ses trois amis, installés sur le sol, sur de confortables coussins. Sirius lui tendit quelque chose et il observa la bouteille, sceptique, avant de sourire. Il retira sa cape, prenant la bouteille de Bièraubeurre. Tant que ce n'était pas une boisson alcoolisée, il disait oui avec plaisir.
Il se déchaussa, avant de venir s'installer contre le mur, sous la fenêtre, près de son homme. Aux côtés de Sirius, c'était sa place, la seule qu'il voulait. James était contre un lit et Peter avait calé un énorme coussin, piqué dans la salle commune, contre une table de nuit.
Remus posa les yeux sur la bouteille vide, qui pointait vers Peter.
– Quelle est la question ?
– Est-ce qu'il a déjà mis la langue ou pas avec Julia.
Sirius ricana, suivi de James. Le petit sorcier s'offusqua, manquant de s'étrangler.
– N'importe quoi ! Est-ce qu'on s'est déjà embrassé et la réponse est non !
Il but une gorgée de sa boisson, légèrement honteux. Bon voilà c'était dit ! Ils n'avaient pas encore franchi le cap.
– Mais tu attends quoi ? Sirius l'observait, amusé.
Peter savait que le brun aimait le taquiner, le prenant presque en souffre-douleur. Et ça lui faisait mal qu'aucun des deux autres ne le défendent, mais c'était comme ça. Il en avait pris son parti.
– C'est une question à la fois, non ?
Le petit sorcier répliquait comme il pouvait.
Sirius sourit, tournant la tête vers Remus.
– Ah toi, p'tit loup.
Le châtain but une gorgée de sa bouteille et tourna celle posée sur le sol. Celle-ci effectua plusieurs tours avant de venir pointer sur James. Celui-ci sourit, observant le lycanthrope, attendant la question. Remus n'aimait que moyennement ce genre de jeu qui tournait autour des confidences. Il ne savait jamais quoi demander. Il n'osait pas vraiment, il n'avait pas particulièrement envie de connaître les secrets inavouables de ses amis.
– Hum... Voyons...
Sirius sourit, avant de se pencher vers lui, murmurant des mots à son oreille. Remus ferma aussitôt les yeux, inspira d'envie. Le souffle chaud de son homme se répercuta sur sa peau, le faisant légèrement frissonner, son parfum l'enivra, l'emprisonna de la plus délicieuse des manières. James grimaça, face à la haute tricherie, mais il ne dit rien. Ça lui était égal, au fond.
Remus sourit, une lueur s'allumant dans son regard.
– Très bien Corn' ! Simulation ! Ferme les yeux.
James s'exécuta, non sans boire une gorgée de Bièraubeurre. Les yeux fermés, il attendit la suite. Remus sourit, Peter écoutait.
– OK, on y va ! - Remus se lança dans son explication - Salle commune du Gryffondor, Lily entre, belle comme le jour.
– Comme toujours ! - Petite précision de James, qui n'avait aucun mal à imaginer la scène - Lily, belle comme le jour. Facile, souffla-t-il avec envie.
– Mais elle n'est pas seule.
James grimaça, le tableau se ternissant légèrement.
– Elle est avec qui ?
– Ethan Burnow !
Nouvelle grimace de James.
– Un Poufsouffe...cracha-t-il doucement.
Peter entrouvrit les lèvres, prêt à s'offusquer. Sa Julia était à Poufsouffle ! De quel droit ?! Mais il n'alla pas plus loin, n'osant pas exprimer tout haut son indignation.
Sirius sourit, amusé. Il posa sa main sur celle de Remus, lui signifiant qu'il prenait la relève. Un contact si doux qu'il suffit à faire accélérer le cœur du lycan. Mais il lui en fallait très peu quand il s'agissait de son homme. Sirius laissa sa main sur la sienne, prolongeant ce contact, le châtain relevant les yeux sur lui, un peu étonné, malgré tout. Le brun aux yeux gris, lui, fixait son frère de cœur.
– Ils se tiennent par la main, avançant vers une table et s'y installant - James déglutit lentement, le tableau était de moins en moins sympa. - Il lui parle, lui murmure des mots dans le creux de l'oreille. Elle rit en replaçant ses cheveux derrière son oreille, dans un doux mouvement de la main.
James inspira un peu plus fort, déglutit difficilement.
– Pas de soucis, on est juste amis avec Lily. Elle rit avec qui elle veut.
Il semblait lui-même peu convaincu par ses propos.
Sirius poursuivit.
– Elle rit à une blague pourrie, comme quoi on serait les derniers à mourir en cas d'inondation, car on est au septième.
James grogna.
– Trop pourri la blague.
L'animagus chien poursuivit, enlevant sa main de celle du préfet, la posant sur le bras de son frère, pour le faire entrer un peu plus dans cette difficile scène.
– Elle pose délicatement sa main sur son bras, le caresse doucement, toujours un tendre sourire aux lèvres, sourire qui témoigne d'un désir d'avoir bien plus. - James se racla la gorge, de plus en plus mal à l'aise - Il comprend le message et tandis qu'elle entrelace ses doigts dans les siens, il se penche vers elle. - Les paupières de James tressaillirent très rapidement, n'ayant qu'une envie : que la simulation se termine - Elle entrouvre les lèvres, sentant l'instant magique arriver. Elle ferme même les yeux, pleine d'espoir d'un baiser, son premier baiser.
– Stop ! Ça suffit !
Le capitaine ouvrit les yeux, dégageant le bras de Sirius du sien, plein de rage.
– Bande de traîtres, bande d'assassins d'avenir, de vie à deux, de vie de couple. Je vais finir seul et malheureux, à cause de vous ! Vous me le paierez.
Hilarité générale de la part du reste de la petite bande. Le but des simulations était de tenir le plus longtemps possible et à ce jeu-là, James n'était vraiment pas doué !
– Il n'a pas intérêt à toucher à ma Lily ! Non mais sérieux !
Sirius secoua la tête, avant de boire une bonne gorgée de sa boisson. Une soirée sympathique qui lui permettait d'oublier ces derniers jours. Il avait juste besoin de vivre des moments heureux.
Il entreprit de tourner la bouteille. Celle-ci vint se positionner dans sa direction. Il attendit que l'un de ses amis formule une question. Il n'allait pas s'auto-interroger lui-même. James sourit, sournois, prêt à se venger, mais il fut devancé par Remus !
Quand le châtain avait vu que ses amis jouaient à ce jeu, il savait que ça finirait par tomber sur Sirius. Et il y avait une question qui lui brûlait les lèvres, quelque chose qu'il aimerait comprendre, un doute qu'il aimerait dissiper. Il avait besoin de certitudes, de savoir. Car au fond, il ne savait rien de la vie amoureuse de son homme.
Et si avant, il n'avait pas envie de savoir, aujourd'hui il avait besoin de réponse.
– Tu as dit à James que...
Le James en question se tut, couper dans son élan. Il laissait volontiers la place. Sirius but une gorgée de sa Bièraubeurre, posant son regard gris métallique sur le lycan.
– ... que tu n'avais jamais été amoureux.
Sirius sourit, amusé.
– C'est ça ta question ?
Le préfet fit non de la tête, continuant.
– Mais, cet été, tu es bien sorti avec une fille. Tu n'as rien éprouvé pour elle ?
L'interrogé cilla, ses iris se rétractant légèrement, face à la question, avalant difficilement sa salive. James sourit, plein d'envie, cette question le ravissait au plus haut point, il se délectait. Sirius déglutit de nouveau, avalant de sa Bièraubeurre pour se donner du temps de répondre.
La réponse en elle-même était simple. Non ! Il n'avait jamais été amoureux. Il n'avait jamais ressenti de réels sentiments pour quelqu'un et surtout pas pour cette fille... C'est ce terme que Remus avait employé deux fois, avec la répétition du "elle", qui le mettait réellement mal à l'aise. Car Olivier était peut-être un mec canon, mais c'était un mec.
Il jeta un regard vers Peter, puis vers James qui se délectait. Il le voyait dans ses yeux. Ils pétillaient de malice. Le brun à lunettes buvait une potion de Félix Felicis, là !
– Non ! répondit-il, sans entrer dans les détails.
Mais il ne voulait pas, pas comme ça, pas maintenant et pas devant les deux autres.
– Peter, on va se chercher à manger ?
Le regard de Sirius se riva droit devant lui. James prenait la poudre de cheminette, avec Peter. Le capitaine de l'équipe se leva, un grand sourire aux lèvres. Il avait bien compris le malaise de Sirius, alors il arrangeait le coup. Il était comme ça, lui, dès qu'il pouvait aider son petit monde, il n'hésitait pas à y mettre du sien. Son frère ne pourrait pas se défiler, pas cette fois ! Peter lui emboîta le pas, sans se faire prier. Le petit rat était toujours partant pour aller chercher à manger. Il avait toujours un peu faim.
– J'espère qu'il reste de la tarte au citron. Elle était délicieuse.
Remus les regarda se lever, perplexe. C'était ce sourire sur les lèvres de James qu'il ne comprenait pas. Et la seconde d'après, Peter lança son habituel : " transformation demandée ! " Avant qu'un petit rat ne vienne se loger sur l'épaule de James.
Peter était un rat des plus banals, sans aucune caractéristique particulière, sauf peut-être son embonpoint. Contrairement à l'animagus de James qui avait des traces de lunettes autour des yeux et celui de Sirius, un chien noir aux yeux gris, dont la longueur du pelage dépendait de celle de sa chevelure. Les deux amis quittèrent le dortoir, sous la cape d'invisibilité, laissant Sirius et Remus en tête-à-tête.
Sirius toussa, mal à l'aise, vidant sa bouteille, avant de s'en prendre une autre. Remus tourna lentement la tête vers lui, l'observant, sans trop savoir quoi penser. La réponse de son homme ne l'avait vraiment pas satisfait. Il y avait un malaise et il allait savoir lequel. Sirius était trop secret sur sa vie amoureuse, il en faisait tout un mystère, pourquoi ?
Il insista :
– Donc tu ne l'aimais pas ? Mais alors pourquoi tu es sorti avec elle ?
Le brun ferma les yeux, se sentant de plus en plus partir dans des abîmes sans fond.
– On n'est pas forcé d'éprouver de l'amour pour quelqu'un avec qui on sort.
Quelqu'un... pas une fille... quelqu'un ! Il choisissait bien ces mots.
L’interrogé décapsula sa bouteille, inspirant et expirant.
– Une attirance physique, l'envie de découvrir les plaisirs de la chair. Connaître de nouvelles sensations... Entre autres.
Le préfet ne le quitta pas des yeux, de plus en plus tourmenté. Cette peur ne cessait de grandir en lui. Pour quelqu'un... L'emploi de ce terme ne lui avait pas échappé. Étrange appellation pour parler d'une conquête... Surtout d'une fille.
– Ça n'a pas l'air d'aller ?
Le malaise chez Sirius était si visible, pourtant ce n'était qu'une simple question. Sirius se passa la langue sur les lèvres, buvant un peu de sa Bièraubeurre.
– Écoute Rem, je... Disons que ta question est légèrement erronée.
Le préfet fronça les sourcils, sans comprendre, ou au contraire, ayant peur de trop bien comprendre. Cette peur grandit en lui, les mots de sa meilleure amie résonnaient aussi :
les préférences sexuelles ne se lisent pas sur le visage. Mais Sirius n'avait pas le droit... il ne pouvait pas lui faire ça.
– Erroné ? demanda-t-il alors, un peu trop froidement à son goût, son regard se perdant dans le vague. Cette réponse, il ne voulait pas l'entendre.
Sirius inspira, prenant une bouffée de courage. Bon aller, c'était maintenant ou jamais. S'il ne se lançait pas, il n'aurait plus l'occasion. Il n'oserait plus, car là, tout était réuni pour le lui dire. C'était un sparadrap qu'il fallait enlever d'un coup, même si là, il risquait juste de perdre un ami.
– Ma conquête de cet été... Ce... - Il souffla, une envie de vomir lui prenant la gorge. Une profonde angoisse l’empêchait de respirer ! Cette peur ! Il ne l'avait jamais autant ressenti par le passé - Ce n'était pas une fille.
Manière détournée, mais plus facile de dire quelque chose. Une négation était tellement plus facile à prononcer qu'une affirmation.
Remus, lui, cilla, avant de river son regard dans celui de son ami. Il reçut comme un violent coup de poignard dans le cœur. Il eut l'impression qu'on l'arrachait avec tant de hargne et de mépris. Comme si sa vie venait de perdre toute sa saveur. Non... C'était sa seule certitude. Sirius n'était pas gay ! Il n'avait pas le droit de l'être. Il ne pouvait pas...
– Un garçon ?
Sa voix était froide, lointaine. Il prononça ce mot avec douleur. Il avait des morceaux de verre dans la gorge.
Sirius sourit, sans oser regarder son ami en face, acquiesçant de la tête.
– Ce n'était pas non plus un troll, souffla-t-il.
Sa voix était rauque, comme s'il n'avait pas parlé depuis plusieurs jours. Il avala de sa boisson, posant enfin son regard sur le préfet.
Cette peur d'être jugé, cette peur de dégoûter les autres et surtout le jeune homme face à lui. Mais surtout cette peur que tout change, que désormais plus rien ne serait pareil. Car ce genre de révélation changeait forcément tout.
Mais Remus gardait le silence, un silence tellement oppressant. Alors qu'entre eux, les silences étaient souvent de mise, légers, comme des nuages, comme s'ils faisaient partie de leur vie. Des silences reposants, agréables. Ils pouvaient être juste ensemble, sans avoir besoin de se parler.
Tout le contraire de maintenant...
Pour Remus, la sensation était la même, mais il voyait tout simplement son avenir s'écrouler. S'il s'était résigné à voir son homme faire sa vie, tomber amoureux, se marier et avoir des enfants, c'était parce qu'il savait que Sirius finirait par rencontrer une fille. Il s'était même promis de l'aimer et de chérir leurs enfants comme les siens. Il aurait essayé de trouver sa place dans le groupe, tout en sachant que jamais ses amis ne l'auraient laissé tomber.
Mais jamais il ne pourrait supporter de le voir avec un autre homme. Non ! C'était la seule chose qui le ferait partir loin de lui, loin de sa vie, pour ne devenir que l'ombre de lui-même. Il ne pourrait pas accepter de le voir avec un autre. C'était au-dessus de ses forces !
– Je te dégoûte ?
La voix de Sirius se fit pleine d'inquiétude.
Le châtain cilla, revenant à la réalité, se rendant compte que son silence devait être pesant pour son ami. Ce genre d'aveu ne devait pas être facile à faire, Sirius devait attendre une quelconque réaction.
– Non, du tout... Je... Je ne m'en doutais pas, c'est tout.
Sirius sourit, un sourire qui lui fendit le cœur.
– Vraiment ? Pourtant, les filles ne m'ont jamais intéressé ici.
– Les garçons non plus !
Le préfet répliqua d'une voix légèrement cinglante, sans qu'il ne le veille vraiment. Mais une certaine rancœur commençait à grandir en lui, à remonter et à s'échapper.
Le brun fronça légèrement les sourcils, de plus en plus mal à l’aise face à la réaction du jeune homme.
– Oui, c'est vrai...
Sans vraiment l'être non plus. Disons que certains de ses comportements plutôt ambigus ne s'adressaient qu'aux garçons, enfin... qu’à un seul d'entre eux.
Sirius se mordit la lèvre, sans trop savoir comment interpréter la scène.
– Est-ce que ça va ?
Remus inspira. Non ça n'allait pas ! Plus rien n'allait. Comment est-ce qu'il pourrait continuer à vivre comme si de rien n'était ? Jamais il n'aurait dû demander. Maintenant, il ne pourrait plus l'ignorer. Alors, cet été il était sorti avec un homme, c'était un autre homme qu'il avait embrassé, qu'il avait caressé. Un homme qui n'était pas lui ! Cet été... Et il ne lui avouait que maintenant... six mois après.
Remus inspira, soufflant. O. Cooper ! Ce jeune professeur si canon, si sexy, alors que lui n'était que dégoût et laideur. C'était bien lui ! Ce ne pouvait être que lui ! C'était pour ça que Sirius avait tenu à lui faire visiter l'école. Le petit couple avait dû s'isoler au lieu de parcourir les couloirs et les étages. Ils s'étaient embrassés, caressés... Il sentit une profonde bouffée de jalousie et de rage se propager en lui. Les imaginer, tous les deux ! C'était trop...
– Rem ?
La voix de Sirius était craintive car ce qui redoutait était en train de se produire. Il venait de briser quelque chose entre eux. Il le sentait bien. Cette froideur qui émanait du jeune homme, qui ne réagissait quasiment pas à cet aveu qu'il avait eu tant de mal à lui faire.
Remus but une bonne gorgée de sa boisson, avant de la reposer et de se lever. Il avait besoin de partir, de s'éloigner, de s'isoler.
Aucun secret entre nous... Tes secrets sont les miens... Des promesses pleines de vides qui perdaient aujourd'hui toute crédibilité. Car la réciprocité n'était pas vraie. Mais de toute façon, il ne voulait pas savoir, il n'aurait jamais dû demander !
– J'ai besoin d'aller prendre l'air, tu m'excuses.
Il enfila ses chaussures et sa cape, quittant le dortoir.
Sirius déglutit, observant la porte qui s'était refermée sur son meilleur ami. Quelque chose s'était réellement brisée, il l'avait toujours su. Remus le voyait différemment maintenant. Tout ne serait que différent ! Mais en pire... James avait eu confiance, mais lui, il savait que Remus pouvait ne pas accepter.
L'animagus chien resta les yeux rivés sur la porte pendant plusieurs minutes, avant de porter sa bouteille à ses lèvres et de la finir. Il se leva, machinalement, attrapa sa baguette, faisant voler les bouteilles vides dans la corbeille.
Oui... Désormais, tout serait différent.
End Notes:
Alors une de mes rares entorces au canon est la date de naissance de Sirius. Né un 3 novembre 1959 ou 1960 (bien que si c'était 1960 il n'aurait pas été de la même promotion que les autres maradeurs). Au moment de l'écriture de ma fic sa date de naissance était encore inconnu et j'ai choisi une date sur le calendrier qui me tenait à cœur. Je n'ai pas eu envie de la changer.
Et voila, la révélation est faite, le loup est meurtri et à pris la fuite... Pauvre Remus...
Au prochaine chapitre, notre couple d'ami préféré : Lily et Remus.
Lily Evans Et Le Secret du Lycanthrope. by Crepuscule64
Author's Notes:
Sirius a parlé, Sirius a avoué... Remus est meurtri, peiné. Une balle en argent en plein coeur lui aurait sans doute fait moins mal.
Il fuit... loin du dortoir, loin de son homme. Il veut être seul, mais ce n'est sans compter une rousse toujours prête a tout pour aider ses amis.
Un jeune homme passa en trombe dans la salle commune, sans aucun regard pour ses camarades, direction les couloirs glacials de l’école. Il était meurtri, brisé. Il regardait droit devant lui sans rien voir, sauf son avenir : son homme dans les bras d’un autre, vivant sa vie, aimant tendrement un autre que lui. Un autre homme… Comment Sirius pouvait-il lui faire ça ? Non comment la vie pouvait-elle encore s’acharner contre lui, contre son cœur, pour amplifier sa douleur… Perdu dans ce douloureux avenir, il ne remarqua qu'une élève l'avait suivi des yeux.
Il réveilla la grosse dame, menaçant de la défigurer si elle ne lui ouvrait pas de suite. Une fois dans le couloir, il se posa à la fenêtre, respirant à plein poumons un air si glacial qui lui transperça la gorge.
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
Il sursauta, reconnaissant sans peine cette voix douce, celle qui écoutait les confidences de son âme meurtrie. Celle qui avait toujours été là pour lui. Il se retourna lentement pour poser son regard sur la rousse qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt, après leur ronde. Lily Evans l'avait suivi, se demandant ce qui se passait pour qu'il ressorte à une heure pareille. En voyant dans son regard, cette blessure, elle sut qu'elle avait eu raison.
- Rem ? Qu'est-ce qui se passe ?
Il n'était pas tous les jours faciles d'avoir Remus John Lupin pour meilleur ami. Le jeune homme vivait une vie si chaotique, qu'elle avait parfois du mal à suivre. Sa vie à elle paraissait tellement plus simple et plus calme. Mais c'était de son devoir d'être là. Pour les meilleurs amis, on était prêt à tout. Et même si elle avait du mal à faire le poids face aux trois autres maraudeurs, elle était toujours là, prête à l'aider. Une concurrence déloyale, mais au final, elle s'en sortait presque avec les honneurs.
En fait, la vraie concurrence était avec Sirius Black, mais les choses avaient fait que le jeune homme avait développé des sentiments qu'il n'avait pu confier qu'à elle. Un fait qui avait profondément renforcé leur lien. Même si elle se demandait pourquoi il ne s'était jamais confié à James Potter, elle était ravie d'avoir été là pour lui. Que ce soit au quotidien ou dans les pires moments, comme cette période où il s'était coupé des maraudeurs, suite à une horrible trahison.
Enfin... les pires moments de sa vie... au vu de ce regard, de cette souffrance… Le pire semblait à venir !
Remus déglutit, inspira, reposant son regard sur le parc, plongé dans la pénombre la plus totale. Elle s'avança vers lui, posant sa main sur son bras.
- Rem ?
Le lycanthrope jeta un regard froid vers la grosse dame rose qui les observait avec une curiosité malsaine dans les yeux. Ici, à Poudlard, il ne fallait pas oublier que les murs avaient tous des oreilles, parfois des dizaines. Un regard qui n'échappa pas à la préfète. Elle le tira par le bras pour le faire bouger et aller dans un endroit plus tranquille. Il ne put que la suivre, sans protester. Il avait réellement besoin de discuter. Et la jeune fille était la seule à qui il pouvait se confier.
Remus la suivit, sans vraiment faire attention à la direction empruntée par la demoiselle. Quand il sortit de ses pensées, il grimpait l’escalier menant à son lieu préféré de l’école : la tour d'astronomie. Un lieu que Lily adorait tout autant que son ami. La salle de classe était tout simplement magnifique et il n'y avait pas cours. Ils seraient tranquilles. Ce cours était un des plus contraignants niveaux horaires. De minuit à deux heures du matin. Pour l'heure, ils purent prendre place sous la voie lactée. Lily prit place sur un des coussins, posant un regard inquiet, sur le jeune homme, qui n'avait pas desserré les dents, pendant tout le trajet.
- Alors qu'est-ce qu'il se passe ?
Le lycanthrope posa les yeux sur la jeune femme, prenant place à ses côtés, le cœur lourd. Ce qui se passait ? Sa vie venait de s'arrêter, car jamais il ne serait plus qu'un ami pour celui dont il était profondément amoureux.
- Sirius est gay. Il vient de me l'avouer.
La préfète ne réagit pas vraiment à cette révélation, s’étant sans doute attendu à tout, sauf à ça. Elle n'en saisit pas de suite la portée, mais peu à peu, elle inspira, ses iris se faisant plus rond. Elle cilla, incrédule.
- Je le savais - Un murmure de phrase et un sourire qui se dessina sur ses lèvres. - Mais c'est génial pour toi. Tu vas pouvoir passer à l'attaque !
Le châtain cilla des yeux et recula, une profonde mine de dégout dans les yeux, comme si une énorme pustule venait d’apparaître sur le nez de la jeune fille.
- Génial ? Tu crois ça ?
Il se leva, faisant quelques pas vers la fenêtre, les poings serrés, imaginant Sirius avec cet homme, imaginant leurs baisers, leurs regards. Il secoua la tête, voulant chasser cette vision. Lily se leva à son tour, sans trop comprendre.
- Enfin, Remus. Tu l'aimes et il est attiré par les garçons. Qu'est-ce qui te prend ?
Le lycan serra un peu plus les poings, le cœur lourd. Ce qui lui prenait ? C'était qu'il n'avait aucune chance face à un bellâtre comme ce Cooper.
- Ce qui me prend ? Eh bien, il a déjà un mec. Et tu sais qui sait ?
La préfète attendit la réponse, puisque non, elle n'avait aucun moyen de savoir. Elle ne discutait jamais avec Sirius Black, sauf dans le cadre d'échanges peu aimables, plus sous le signe de la politesse ces derniers mois, et encore…
Mais avant c'était sous les signes de la méchanceté et des insultes. Elle faisait des efforts, pour Remus. Et si ça marchait, c'était que le brun aussi faisait des efforts. Enfin, ça marchait dans une moindre mesure, principalement quand ils ne se croisaient pas.
- O. Cooper !
La préfète fronça légèrement les sourcils. Un nom qui ne lui était pas totalement inconnu, mais d'où elle l'avait entendu, elle ne saurait dire.
- Jeune professeur de l'école de sorcellerie d'Ilvermony.
Une petite précision que se permit Remus, sans se soucier de bafouer la vie privée du jeune Black, puisque de toute façon, c'était Lily. Il avait une totale confiance en elle, il savait qu'il y avait une sorte de secret d'amitié entre eux. Tout ce qui était prononcé dans le cadre de leurs conversations ne sortirait jamais d'eux.
La jeune fille inspira, revoyant le jeune homme de vingt ans que leur avait présenté le professeur Dumbledore, au début du mois de novembre. Il voulait visiter l'école et Sirius s'était porté volontaire. Son regard se fit noir, glacial ! Elle serra les poings. Un comportement qui étonna quand même Remus, elle était solidaire, mais à ce point !
- Oh ! Mais alors, il ne lui a rien fait visiter de l'école ! Absolument rien, j'en mettrais ma main à… ma baguette au feu !
Elle se reprit à temps. Elle s’était donné pour mission d’utiliser des expressions sorcière, et d’arrêter de piocher dans son vocabulaire moldu. Et un sorcier ne mettrait jamais sa main à couper… En revanche, jeter sa baguette au feu semblait bien correspondre.
Elle aurait dû intervenir, elle aurait dû aller les accompagner. Mais non, elle n'avait pas su s'imposer, mais maintenant elle comprenait pourquoi ce jeune professeur l'avait si élégamment rembarré. Pareil, il n’en avait rien à faire de l’école… Il était juste venu voir son petit-ami.
Remus secoua la tête, trouvant le commentaire de la jeune femme inutile. Mais en effet, le jeune professeur n'avait pas dû voir grand-chose de l'école, à part les yeux de Sirius et le goût de ses lèvres.
Elle reposa les yeux sur son ami, revenant à la réalité de leur conversation. Elle haussa alors les épaules.
- Et alors ? Il vit de l'autre côté de l'océan. Ce n'est pas une vraie relation ! Tu le sais bien. On peut déjà le gommer du tableau.
Remus se mordit la lèvre, le cœur de plus en plus lourd. Il posa ses mains sur le rebord de la fenêtre, le dos légèrement courbé. Il avait l'impression d'avoir une enclume sur les épaules. Une impression qui ne datait pas d’aujourd’hui. Il était las... Las de sa vie, las de sa condition, las d'être lui... Il savait bien que ce Cooper ne faisait pas vraiment partie du tableau. Un océan, ce n'était pas rien comme distance. On ne pouvait pas entretenir une relation avec une personne que l'on ne fréquentait qu'une fois tous les six mois. Il ne restait qu'un seul et unique argument qui faisait qu'il ne serait jamais rien de plus qu'un ami pour Sirius. Un seul, mais le seul qu'il ne pourrait jamais chasser, jamais balayer ou gommer : Lui !
Il releva les yeux sur la vitre de la salle de classe, croisant son reflet. Un reflet laid, monstrueux. Un reflet qui lui répétait chaque jour qu'on ne pourrait jamais éprouver la moindre attirance pour lui, surtout pas le désir et l'envie.
- Remus, je ne comprends pas... - Lily avait repris d'une voix bien plus douce, s'approcha du jeune homme, posant une main sur son épaule. - Qu'est-ce qui t'arrête ?
- Regarde-moi et ose me dire que tu me trouves sexy, ou même juste mignon ! cracha-t-il.
C'était tellement évident, comment pouvait elle poser la question ?
Il avait parlé d'une voix pleine de haine et de colère. Cette haine et cette colère qu'il avait un temps retourné contre son père, pour ce qu'il leur avait fait subir. Mais une haine et une colère qui était aujourd'hui dirigée contre lui, contre ce qu'il était, à défaut de pouvoir la retourner contre le vrai coupable : Fenrir Greyback ! Ce monstre qui avait détruit sa vie.
Un nom qui hantait ses nuits, ses pires cauchemars. Il ne gardait que très peu de souvenirs de lui, de cette nuit-là. Un souffle rauque, très marqué. Une odeur âcre de chien mouillé, un pas lourd, traînant. Mais surtout, ce regard, quand il avait bondi de l'ombre. Un regard pâle, ivoire, froid sans vie, mais empli de folie. Un regard qui le terrorisait encore, la nuit, qui le réveillait en sursaut et en sueur.
Et ensuite… Ses griffes ! Cette douleur qu'il avait ressentie, quand il avait vu la patte monstrueuse s'abattre sur lui, le marquant à vif, en plein visage, affichant sa malédiction aux yeux de tous.
Et enfin… Ses dents ! Cette morsure ! Une douleur si effroyable qu'il n'avait pas pu crier… pas de suite. Mais le son était sorti, une plainte dans le silence de la nuit, qui avait réveillé ses parents. Et il avait sombré. Il avait cru que la vie avait quitté son corps, mais non. Un profond coma... Il n'avait même pas entendu le hurlement d'effroi de sa mère.
Il s'était réveillé après sa première pleine lune, malade, à jamais maudit. Une malédiction qui le poursuivait encore aujourd'hui, jusqu’à la fin de sa vie. Il n’y avait aucun remède. Ses parents avaient tout fait, tout tenter, fait appel à tous les médicomages… À toutes les sortilèges possibles et inimaginables. Mais rien ne pourrait changer sa condition ! Et chaque pleine lune ne ferait qu'augmenter son mal.
- Bien sûr, Remus. Tu es sexy, mignon, canon même. Les filles disaient même que tu as une nature sauvage et qu'elle te croquerait bien. Mais qu'est ce...
- TAIT TOI !!!
Il avait hurlé, plus qu'il ne l'aurait voulu. Ses mots, il n'y croyait pas. C'était des mots pour remplir le silence, des mots prononcés, car elle ne pouvait pas lui dire qu'il était laid. Mais, lui, il savait. Lui, il voyait son reflet plusieurs fois par jour. À chaque fois, il éprouvait ce même sentiment de profond dégoût.
- Tu ne sais pas ce que tu dis, ni de quoi tu parles !
La voix se fit plus meurtrie, pleine de douleur.
Non, elle ne savait pas... Elle ignorait tout ! À chaque pleine lune, il n'aurait que de nouvelles cicatrices, de nouvelles marques sur son corps, il n'en serait que plus laid.
- Je suis un monstre, je le vois bien, je vois mon reflet. Je suis laid ! Et ça ne s'arrangera jamais. Jamais personne ne pourrait me trouver réellement beau, pas au point de tomber amoureux. Alors, garde tes pseudos compliments pour toi. Tu sais, tout comme moi, qu'ils sont faux !
Lily n'avait pas bougé, elle n'avait pas cillé, son regard posé dans le vide. Seuls ses iris s'étaient légèrement assombris. Sa main glissa lentement du dos de Remus sur son bras, venant de placer à côté de lui. Elle sourit, tristement, observant leurs reflets.
- Tu as tort. Je ne sais pas ce que tu vois dans la glace, mais tu n'es pas un monstre.
Il détourna les yeux, n'y croyant pas. Si elle savait !
La préfète inspira, c'était la soirée des révélations ? Elle allait aussi jouer sa scène. C'était le moment ! Maintenant ou jamais !
- Et je ne pense pas que les pleines lunes aggravent ton cas. En tout cas, je ne vois aucune différence, entre l'avant et l'après, à part cette profonde fatigue.
Le lycanthrope riva son regard sur la vitre, sur le reflet de son amie. Son cœur se mit à battre si lourdement, qu'il eut l'impression qu'il résonnait partout dans la pièce. Ses yeux se firent plus ronds, prenant réellement conscience de la signification des mots employés par la jeune femme. Il se dégagea, reculant et posant un regard incrédule sur elle.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
Une voix sifflante, pleine de terreur.
Il cilla, espérant avoir mal compris, espérant qu'il avait rêvé, qu'elle n'avait pas prononcé ces mots.
Lily se retourna vers lui, sans sourire, s'appuyant au rebord de la fenêtre. Elle riva son regard sur ses iris dorés, prenant une mèche de ses cheveux roux entre les doigts. Une manie qu'elle avait toujours quand elle était gênée, stressée, ou mal à l'aise. Autant dire que pendant les examens, ses cheveux en prenaient un coup.
- Je te parle de toi et de ta lycanthropie. déclara-t-elle simplement.
Elle ne savait pas si c'était le moment. Peut-être pas, mais elle avait aussi besoin de lui en parler. Car elle savait ! Elle n'était pas idiote. Si elle avait nié, refusé ce que lui disait Severus l'an passé, ce n'était plus le cas, aujourd'hui. Et elle n’avait jamais trouvé l’occasion. Elle n’avait jamais vraiment tenté non plus. Elle s’était dit que le moment venu, elle saurait que c’était maintenant. Et pour elle, c’était maintenant ou jamais !
- Tu te crois drôle, à dire des absurdités pareilles ?
Elle ne tiqua pas. Elle savait que Remus n’allait pas lui avouer comme cela sa condition. Bien au contraire.
- D'accord, alors regarde-moi droit dans les yeux et dis-moi que tu n'es pas lycanthrope.
Elle employait le bon mot, elle avait fait des recherches, elle savait quasiment tout sur eux. En particulier, comment les démasquer et les tuer. Elle pourrait devenir une redoutable chasseuse de loup-garou.
Le préfet n'avait plus bougé depuis qu'il avait reculé. Son cœur s'était arrêté de battre, l'air ne rentrait plus dans ses poumons. Il avait l'impression de suffoquer, d'étouffer. Elle savait ! Mais comment ? Qui lui avait dit ? Severus ? Il ne voyait que cette possibilité. Il cilla, avalant difficilement sa salive, avec toujours l'impression d'avoir des morceaux de verre dans la gorge. Il inspira, expira, respirant avec douleur.
Elle était au courant et malgré ça, elle était là, devant lui... Et elle lui parlait ! Comme elle l'avait toujours fait ! Pourquoi ?
Nier ? Il pouvait nier, il pouvait démentir, mais il n'en avait pas la force. Sa vision se brouilla légèrement, ses yeux commençant à le brûler face à la scène qui se profilait devant lui. Il ne voulait pas lui mentir, il n'avait jamais réellement eu à le faire et là, c'était au-dessus de ses forces.
Il déglutit, mais en vain, n'ayant plus une seule goutte de salive dans la bouche. Il inspira, parlant d'une voix d'outre-tombe.
- Depuis quand…
Il n'arriva pas à formuler la fin de sa question. Il avait l'impression d'avoir la tête coincée dans une guillotine et que la lame allait bientôt tomber, scellant son destin.
Lily sourit, fautive. Elle se sentait coupable, mais coupable de quoi ? De savoir ? Ou de ne savoir que maintenant ? D'avoir été aveugle tout ce temps ? Car aujourd'hui, ça semblait tellement évident...
- Septembre. Enfin j'ai commencé à avoir des doutes en Juillet. J'y ai vraiment réfléchi cet été. J'ai fait des recherches, je me suis documentée. En septembre, après la première pleine lune, j'ai été voir à l'infirmerie. Tu étais bien là, en train de dormir, blessé.
Il l'écoutait, mais il n'arrivait pas à enregistrer ces mots, ces révélations. Depuis septembre... le début d'année et la première pleine lune. Il inspira.
- Comment...
Il n'arrivait pas à y croire. Il essayait de gagner du temps, espérant se réveiller de ce cauchemar. Elle savait... Mais comment ? Elle n'avait pas eu une révélation divine. Ils se côtoyaient depuis six ans maintenant.
Elle se mordit la lèvre, se sentant de plus en plus mal à l'aise. Oui au final, elle se sentait idiote de ne pas l'avoir deviné plus tôt, de ne pas l'avoir vu dès le départ... Ou au moins en troisième année, quand ils avaient étudié les lycanthropes.
- Severus me l'a dit ! confessa-t-elle, fautive.
Le préfet cilla, sa vision se faisant plus claire. Severus Rogue... Il n'avait pas le droit ! Dumbledore l'avait contraint au silence et lui, il avait parlé à Lily. Bien sûr ! Comment aurait-il pu ne pas lui dire ? Sa Lily, sa meilleure amie, une amie qu'il avait bafouée, salie en l'insultant en public. Mais son amie, qui côtoyait un monstre.
- Je ne l'ai pas cru. Je l'ai accusé de te chercher des ennuis, de délirer, de dire n'importe quoi juste pour m'éloigner de toi. Mais...
Elle détourna les yeux sur la salle de classe. Aucun tableau, une tranquillité assurée. Et le décor magnifique.
- Il y a eu ce soir-là, ici même, enfin à l'extérieur. Tu semblais si perdu. Une trahison de Sirius... Il t'avait fait quelque chose d'abominable. Je ne me suis pas posé de questions sur le moment, mais une fois chez moi, tout a commencé à cogiter dans ma tête, à s'emboîter. Severus qui m'affirmait que Black et Potter l'avaient envoyé dans la gueule du loup... Toi ! Et toi qui en voulais tellement à Sirius. Ça semblait corroborer les propos de Severus.
Elle reposa les yeux sur son vis-à-vis. Elle n'aimait pas parler de cette nuit-là, parce que ça rappelait les torts de Sirius.
- Et tu disparaissais une fois par mois. La pleine lune suivante, j'ai bien remarqué que tu étais absent le lendemain en cours. Tes amis étaient morts de fatigue. Ils baillaient, s'endormant presque. J'ai même dû réveiller Peter en cours d'Etudes des Moldus. Est-ce qu'ils passent des nuits blanches pour que tu paraisses moins fatigué ? Bonne question ! Mais bref...
Elle inspira et reprit son récit.
- Cet été, j'ai été sur le Chemin de Traverse pour me changer les idées. J'ai trouvé des livres sur la lycanthropie, je me suis documentée. Je pense que j'ai essayé de combler le vide qu'avait créé en moi la perte de Severus. On s'est souvent vu, mais entre nos délires, je me sentais vraiment seule. Alors, j'ai étudié. Les marques, les façons de reconnaître un lycan... Tout correspondait. Et ensuite, je t'ai vu à l'infirmerie le lendemain de la pleine lune.
Remus l'avait écouté, sans l'interrompre. Lui aussi c'était trahi cette nuit-là. Il avait hurlé à la mort, contre le monde, contre Sirius et surtout contre ses sentiments. Il s'était beaucoup dévoilé ce soir-là, plus qu'il ne l'aurait cru.
Et maintenant ? Qu'est-ce que ça changeait ? Ça n'avait rien changé pour Sirius, James et Peter. Sauf leur lubie de devenir des animagi. Mais pour elle, sa meilleure amie, la seule devant qui il osait enlever sa carapace, cette froideur qui le préservait du reste du monde ? Elle sourit tendrement, lâchant sa mèche de cheveux qui n'avait cessé de tournoyer entre ses doigts, s'approchant du jeune homme, levant son regard vers le sien.
Elle lui prit le visage dans les mains, séchant les larmes qui avaient coulé sur ses joues, sans même qu'il ne s'en rende compte. Elle riva son regard émeraude dans les iris dorés de son ami.
- Tu sais, au final, je comprends mieux. Mais crois-moi, tu n'es pas laid. Et les pleines lunes ne te changent pas. Je ne vois pas la différence, alors ne te caches pas derrière ça.
Le préfet ferma les yeux, la chaleur de ses mains se propageant en lui, lui redonnant de l'énergie. Il entendit ses mots, mais il ne les releva pas, les gravant juste en lui.
- Mais, ça ne te fait rien ?
Il rouvrit douloureusement les paupières, son regard de plus en plus meurtri. Il ne voulait pas la perdre. Elle était sa meilleure amie, la seule même.
La jeune fille fronça légèrement les sourcils. Si ça lui faisait quelque chose ? Elle haussa les épaules.
- La première fois que je t'ai vu, le premier jour, en première année, je me suis demandé d'où venaient tes cicatrices. J'en ai conclu que tu étais lycan bien avant ton entrée à Poudlard. Tu es et tu restes mon Remus, mon binôme d’autorité, mon camarade de bibliothèque et des révisions au calme. Qu'est-ce que tu veux que ça change ? Je ne serai jamais copine avec le loup qui est en toi, on ne se promènera jamais main dans la main les soirs de pleine lune, mais autrement, tu ne changes pas, tu es mon meilleur ami. Et tu es beau Remus, crois-moi.
Elle se serra contre le jeune homme, le serrant fortement dans ses bras. Des gestes bien plus faciles depuis qu'elle savait que le cœur de son meilleur ami était déjà pris. Il n'y verrait jamais rien d’ambigu. Jamais de la vie elle n'aurait un tel geste envers James Potter ! Elle était sûre que ça finirait en demande en mariage !
Le lycan entoura la jeune femme de ses bras, la serrant contre lui, la pression s'échappant de son corps, de ses muscles qui s'étaient raidi, telle une statue de pierre, pendant les explications de la préfète.
Elle savait et ça ne changeait rien ! Elle savait et elle ne le repoussait pas ! Elle ne voyait pas en lui un monstre. Les maraudeurs n'étaient pas une exception. Non ! La vie lui avait offert quatre merveilleux cadeaux : des amis qui voyaient au-delà du mal qui était en lui, au-delà de cette malédiction.
Il se sentait totalement vidé. Comme si toute sa vie s'était jouée dans cette conversation. Lily desserra son étreinte, un sourire aux lèvres.
- Tente ta chance, Rem. Ce professeur ne fait pas le poids face à toi. Crois-moi.
Sa chance ? Remus cilla des yeux, reprenant pied, sa respiration se calmant. Leur conversation initiale lui revint en mémoire. Sirius... Son homosexualité...
- Je ne sais pas. Je n'en suis vraiment pas sûr. Il était vraiment canon, ce prof.
Elle haussa les épaules.
- Mouais, sans plus. Si j'osais, je dirais même que James est plus mignon que lui. Mais ne va pas lui répéter.
Remus sourit, inspira, chassant cette angoisse en lui.
- Promis.
Ça faisait beaucoup de révélation, trop de confidence en une seule soirée, en une demi-heure même... Trop pour sa tête. Il n'arrivait plus à réfléchir. Il voulait dormir, oublier...
Une lueur passa alors dans le regard de Lily, une lueur qui affola Remus. Une ombre sombre. Un détail qui n'échappa pas à la jeune femme. Entre le moment où elle avait quitté Remus après leur ronde et celui ou le jeune homme était repassé dans la salle commune, il avait dû s'écouler dix minutes, pas plus.
- Rassure-moi, tu n'as pas fui juste après qu'il t'ait avoué qu'il était gay ?
- Non, bien sûr que non... s'insurgea le préfet.
Elle en avait des questions étranges la Lily. Mais la réalité le rattrapa, le frappant comme un violent cognard. Si... Il avait planté Sirius juste après son aveu ! Il blêmit, son cœur se faisant plus lourd. Un changement qui n'échappa pas à la préfète. Rien ne lui échappait en fait. Elle avait un sacré œil de lynx pour les petits détails de la vie courante.
- Tu ne l'as quand même pas planté juste après qu'il t'ait fait ce terrible aveu ?
Remus la lâcha et se détourna, faisant quelques pas, une profonde angoisse le reprenant, mais pas la même.
- Si... Mais j'étais perdu, énervé… J'ai eu besoin de m'aérer l'esprit... Je n'ai pas pensé mal faire...
En fait, il n'avait pensé qu'à lui, qu'à ces sentiments et qu'à sa détresse. Mais qui pourrait l'en blâmait ?
Lily grimaça.
- Tu sais que je n'apprécie pas du tout Sirius, je me demande même ce que tu lui trouves... Trop arrogant, trop prétentieux, désagréable à vivre...
Elle se demandait ce que le reste du monde trouvait au brun, Remus, Erin, Sarah, Mary… Tous prêts à vendre leur âme au diable pour ses beaux yeux gris. Elle trouvait leur couleur un peu flippante. Mais elle n’était pas objective.
Remus sourit, ne répliquant rien. Étrangement Sirius avait le même discours, avec James et lui, concernant la rousse. Il le tenait même devant la rousse, il ne s'en cachait pas, et vice-versa.
- Mais là, à mon avis, il a dû très mal interpréter ta réaction, déclara-t-elle.
Remus inspira. Oui, elle avait raison, il le savait. Il l'avait abandonné, déjà qu'il avait mal réagi face à lui, mais sa fuite... Il n'avait pensé qu'à lui, sans se rendre compte que son ami mettait son cœur à nu, devant lui. Et il avait fui.
- On devrait rentrer.
Lily acquiesça de la tête et ils quittèrent les lieux, regagnant leur salle commune. Une étrange soirée. Chacun s'était livré, chacun s'était confié, exprimant les blessures de son cœur et leur amitié s'en retrouvait renforcée.
Remus était soulagé, sa meilleure amie savait pour lui. Il n'avait presque plus aucun secret pour elle. Du moins, plus aucun qui ne le concernait lui. Et Lily avait pu s'ouvrir, se confier, ça ne changeait rien pour elle. Et au fond, tant qu'elle ne se retrouvait pas nez à nez avec le loup, pourquoi ça devrait changer quelque chose ?
Elle avait lu beaucoup de textes défendant le droit du sorcier, le droit les lycanthropes. Et elle y adhérait. Bien sûr, au début, ce n'était pas aussi clair que ça, dans son esprit. Mais elle avait pu bien y réfléchir, et aujourd'hui, tout était clair.
End Notes:
Un petit chapitre entre mon couple d'amis préféré. Les secrets commencent à tomber... Et autour des maraudeurs, il y a de quoi faire niveau secret. Lily n'en est qu'au début ^^
N'hésitez pas à me laisser une petite review =)
Sirius va-t-il être fâché ? Si oui combien de temps ? Réponse au prochain chapitre.
Comme Une Étincelle Dans l’Abîme de Tes Yeux by Crepuscule64
Author's Notes:
Sirius s'est confié... Remus a fui. Mais quand le préfet revient pour s'expliquer, son ami n'est plus là pour l'écouter. Commence alors une longue quête pour réussir à se faire pardonner.
Mais face à un cabot entêté... Comment se justifier ?
Un jeune homme de seize ans se tournait et se retournait dans son lit. Il s'en voulait beaucoup… cruellement… atrocement. Il se leva, posant les yeux sur son camarade de chambre. Le jeune homme dormait profondément, ou en tout cas, il en avait l'air.
Remus Lupin se mordit la lèvre, hésitant. Il pourrait tenter de le réveiller… mais il avait peur de l'énerver un peu plus. Il était deux heures du matin et lui, il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Et pour cause, il n'avait pas pu s'expliquer avec son homme ! Quand il était revenu au dortoir, ce dernier s'était couché, il l'avait appelé, mais le brun n'avait pas réagi. James avait posé son regard sur lui, lui confiant que le jeune homme avait pris une potion de sommeil.
Pour en venir à cette extrémité, Sirius Black devait être plus que fâché. Vexé, profondément blessé. Le fils de cœur de la famille Potter ne prenait de potion de sommeil que quand il voulait se couper du monde, mettre son esprit sur OFF, ne plus réagir, ne plus ressentir, ne plus souffrir… Avant, quand la fin de l’année scolaire approchait, il ne pouvait pas s’endormir sans. La perspective de retrouver le Square Grimmaurd, les Black… Il trouvait le sommeil que pour cauchemarder sur les deux mois de vacances qui l’attendait. Deux mois d’enfermement dans son antre rouge et or, deux mois de prison ferme.
Et Sirius était épris de liberté. Et là, pour s’enfermer dans un sommeil sans plomb, le jeune homme devait réellement se sentir mal.
Le châtain souffla, agacé. Il était énervé contre lui, contre sa réaction. Il avait été pris au dépourvu. Et même si au fond de lui, une infime partie s'en doutait, il l'avait fait taire, la bâillonnant, la forçant au silence, l’empêchant de crier l’évidence. Mais une évidence qui lui broyait le cœur, qui lui écorchait l’âme. C’était tellement plus simple de nier pour ne pas souffrir.
Et Sirius dormait ! Il ne pouvait pas le réveiller... Remus se leva, faisant quelques pas jusqu'à la fenêtre, le cœur lourd, poussant le rideau du bout des doigts pour observer l'extérieur. C'était magnifique ! En totale contradiction avec ce qu'il ressentait. Il se sentait détruit de l'intérieur. Il n'avait pas été à la hauteur, il n'avait pas réagi comme il le fallait.
Le brun devait être profondément blessé et il ne le supportait pas. Il avait toujours tout fait pour être à la hauteur aux yeux de son homme. Et aujourd'hui, il avait échoué. Il laissa sa tête frapper lourdement la vitre de la fenêtre, dans un profond soupire. Le feu de la cheminée était toujours allumé, seule source de lumière de la pièce.
Un autre soupire de détresse vint se perdre sur la vitre, l'embuant légèrement. Du bout de son index, Remus dessina un cœur, qu'il brisa dans un second temps. Oui... C'était l'état actuel de son cœur ! Car l'homme de sa vie était gay, l'être pour qui il vivait, pour qui il avançait, la seule personne pour qui il était prêt à donner sa vie - dans la mesure où il ne s'était pas demandé s'il la donnerait pour James, Peter ou Lily, mais la réponse était évidemment oui - était attiré par les hommes.
Sauf que lui... Lui, Remus John Lupin était laid. Il ne se faisait pas d'illusion. Son regard ambré croisa son homologue dans la vitre, avant de se poser sur ses cicatrices. Qui pourrait aimer ça ? Qui pourrait y voir de l'amour ? Du désir ? Et malgré tout ce que sa meilleure amie lui avait dit, jamais il ne pourrait y croire.
L’insomniaque tourna lentement la tête vers le lit du bel endormi, le front toujours contre la vitre, avant de se redresser. Sirius était mignon, canon, sexy ! Il méritait les O. Cooper, les gravures de mode avec un délicieux petit accent. Pas les monstres de la nature maudit à jamais. Il secoua la tête, avant de regagner son lit. Il s'allongea, se demandant s'il ne ferait pas mieux de prendre lui aussi une potion de sommeil, mais il dormirait jusqu'à midi et il ne le voulait pas.
Il se mit alors à compter les hippogriffes, en vain… Il se redressa, observant son ami, vraiment désolé. Sirius devait le croire homophobe, il devait penser qu'il le dégoûtait, alors que pas du tout. Il n'aurait jamais dû fuir ! Jamais ! Mais comment réparer les dégâts ? Surtout que la nuit passait avec une lenteur affligeante.
Il se leva, s'approchant de son ami, s'installant au fond du lit, contre la colonne, les genoux recroquevillés contre son torse. Il observa la forme du corps de Sirius, celui-ci était sur le ventre, les mains enfoui sous le coussin, des mèches brunes tombant négligemment sur ses paupières closes. Il était beau à se damner en toutes circonstances. Le préfet se mordit encore la lèvre, restant ainsi.
Combien de temps ? Il n'en sut trop rien, mais il finit par regagner son lit, de peur de s'endormir sur place. Quelle heure était-il quand ses paupières se firent si lourdes qu'il ne réussit pas à les rouvrir ? Il n'en savait rien non plus, mais le soleil commençait à pointer le bout de son premier rayon.
Quand le préfet sursauta et se redressa, conscient de s'être endormi, la pièce était inondée de soleil.
- Par une bouse de dragon séché !
Il se leva, plus agacé que la veille. Un coup d'œil sur sa montre lui apprit qu'il était dix heures passé. Son coup d'œil suivant se posa sur la guitare de Sirius. Le lycanthrope cilla. Elle était là, à sa place, sur son support. Sirius n'avait-il pas de cours ?
Sans doute pas... Déjà le week-end dernier, il n'y avait pas été, à cause de la disparition d'Alphard... Le brun n'avait sans doute pas très envie de reprendre la musique. Il se leva, s'habilla, fouilla la chambre à la recherche de la carte, mais en vain… avant de quitter le dortoir, direction la grande salle. Ses amis étaient peut-être en train de petit-déjeuner.
Il courut plus qu'il ne marcha. Mais ça devenait une nécessité de parler à son homme, de s’expliquer. Il devait lui dire qu'il ne voyait aucun mal dans le fait qu'il soit attiré par les hommes. Bien au contraire. Il avait même une petite idée pour justifier sa fuite, sans pour autant lui avouer ses sentiments.
Il descendit les marches, ayant l'impression de battre un record pour franchir les sept étages qui le séparaient de la grande salle. Un petit coup d'œil au niveau de la table des rouges et ors... Personne ! Son regard se stoppa net, son cœur se mettant à battre sourdement. La grande salle était en fait quasiment déserte. Étrange pour un samedi matin… Est-ce que tous les élèves avaient été happés par un vortex temporel ou dimensionnel ?
- Allez, dépêches-toi, je dois faire le plein de bonbons.
Des bonbons ? Il tourna la tête vers deux élèves de troisième année qui se pressaient vers la sortie de l'école. Pré-au-Lard ! C'était week-end au village sorcier !
RAAAH ! Le monde entier s'acharnait pour qu'il ne retrouve pas Sirius !
Il avait pris sa cape, mais pas ses gants, ni son écharpe. Il hésita, observant le parc de Poudlard à travers une des fenêtres du château. Du blanc à perte de vue et il neigeait encore. Il descendit dans les cachots, prenant le passage menant au septième, courant comme il pouvait. Une fois dans le dortoir, il se dépêcha, enfilant son accoutrement de neige. Et il ressortit aussitôt.
Direction Pré-au-Lard !
- Hey Remus !
Le lycanthrope tourna les yeux vers la voix qui venait de interpeller. Lily Evans et Sarah Foster se dirigeaient vers lui.
- Tu vas au Pré-au-Lard ? le questionna la seconde, un sourire aux lèvres. Tu veux faire la route avec nous ?
Remus jeta un regard sans vie vers Lily.
- Hum... Non, je suis pressé. Je n'ai pas envie de vous faire vous dépêcher.
Qu’elles le ralentissent surtout ! Et il fila, reprenant sa course. Lily le regarda s'éloigner, perplexe. Avait-il pu parler à Sirius ? Au vu de son regard, elle en doutait fortement. Elle espérait de tout son cœur que ça s'arrange. Même si elle n’appréciait pas le brun, elle n’était personne pour dire aux autres de qui ils devaient être amoureux.
- En route alors.
Sarah lui sourit, ravie de cette sortie, de la neige et de Noël qui approchait. Elle lui emboîta le pas.
Remus dût ralentir sa course. Il commençait à ne plus sentir ses jambes. Il était essoufflé, à bout de tout ! De force... Il n'avait rien mangé au petit-déjeuner. Et il appréhendait aussi le moment où il allait retrouver son ami. Il devrait s'expliquer. Mais avant ça, il devrait arriver à lui parler en tête-à-tête, ce qui ne serait pas évident. Connaissant Sirius, il ne lui faciliterait pas la tâche.
Il soupira, las. Il avait mal réagi... Il avait eu tort, mais il n'avait pas pensé aux conséquences, à l'importance que de tels aveux pouvaient avoir pour son homme. Il avait été idiot. Mais il était tellement détruit !
Il ralentit sa marche jusqu'à la stopper. Il courait vers quoi au juste ? Un Sirius froid, des explications autour d'une Bièraubeurre avec James et Peter à côté ? Il s'arrêta, levant les yeux au ciel. Il neigeait toujours. C'était magnifique. Il ferma les paupières, savourant la caresse des flocons sur son visage, avant de reprendre sa course.
Il devait s'expliquer avec Sirius ! Coûte que coûte ! Il était prêt à tout, quitte à le kidnapper et à l’entraîner vers la cabane. Mais foi de lui ! Il se ferait pardonner son manque de tact.
Il arriva au village sorcier décoré de mille et une guirlandes et boules de Noël. Poudlard aussi était en fête, la grande salle ayant accueilli ses immenses sapins de Noël, les tables étaient recouvertes de nappes aux couleurs rouges et verts, les guirlandes flottaient partout au-dessus de leurs têtes. Les salles communes ne faisaient pas exception.
11 décembre 1976 et la fête était partout autour d'eux.
Sauf en lui ! Sauf dans son cœur, complètement refroidi et anéanti. Il entra aux "Trois Balais". Le bar était complètement bondé. Dans un coin, il remarqua les Serpentards, la bande au complet. Lestrange, Rosier, Mulciber et leurs camarades féminines. Dans un autre coin, les petites classes s'émerveillaient, installées près de la vitre, contemplant, bien au chaud, l'extérieur. Erin Mckinnon et Mary McDonald étaient attablées au bar avec Pandora Deligth et Karine Vance, les deux bleus et bronzes.
Mais pas de Maraudeurs ! Il parcourut un peu mieux la salle du regard, avant de faire demi-tour, se rendant chez "Honeydukes". Une fois sur place, personne ! Toujours pas de Maraudeurs. Il piocha dans un bocal rempli de gros morceaux de chocolat, mettant en bouche son larcin. Il commençait à se sentir réellement mal. Son estomac était vide, il n'avait rien avalé depuis la veille et il avait consommé beaucoup d'énergie dans sa course.
Il piocha un autre chocolat, observant les propriétaires, avant de quitter les lieux, espérant ne pas avoir été vu.
Quelques minutes plus tard, il ressortait de chez "Zonko", ne sachant plus trop où chercher. Il avança, se demandant s'il n'était pas plus sage de rentrer au château, mais au détour d'une idée, il coupa à droite, direction la cabane.
Qui sait... Après tout, quitte à être là... Il s'en approcha, lentement, reprenant son souffle et se sentant légèrement défaillir. Il se stoppa, s'arrêtant sur un banc, se prenant la tête dans les mains.
Il aurait dû avaler quelque chose, mais il n'avait pas eu le temps. Pourtant, ça n'aurait pris que quelques minutes. Sauf qu'il avait l'impression que chaque seconde était comptée. Que s'il ne s'expliquait pas rapidement, il n'arriverait plus jamais à respirer. Il se reprit, continuant sa marche. Arrivant au niveau de la barrière de bois menant à la cabane, il entendit des cris, des hurlements.
Il se tourna vers leur provenance et il vit quelque chose fuser à travers deux des immenses rochers. Une autre boule de neige partit en direction opposée.
- À dix heures, Patmol !
La voix de Peter. Il les avait enfin trouvés ! Sirius bondit de derrière un rocher, se prenant une boule de neige en pleine poitrine, continuant sa course, pour bondir par-dessus d'un autre rocher et abattre une autre boule sur quelqu'un : James.
- À mort !
Le préfet se sentit encore plus meurtri. Finalement, Sirius ne semblait pas si en colère que ça. Il n'avait pas l'air particulièrement énervé ou vexé, bien au contraire.
Peter apparut aussi, une énorme boule de neige dans les mains, bombardant James, toujours caché derrière son rocher. Ce dernier lança une série de jurons plutôt blasphématoires envers les dieux romains, grecs et celtes.
Peter et Sirius quittèrent le rocher, réapparaissant, dans un grand éclat de rire. Remus inspira. En effet... pas fâché du tout même !
Mais quand ils le remarquèrent, James presque transformé en bonhomme de neige sortant de sa cachette, le regard de son homme se fit si froid, si glacé qu'il sut que oui... Il était profondément vexé !
La veille au soir...
Sirius observait la porte qui venait de se refermer sur Remus. Le jeune homme venait de détaler comme un vif d’or poursuivi par cinq attrapeurs. Pourquoi ? Il s'était attendu à tout sauf à une fuite. De l'incompréhension... du dégoût... mais au moins une discussion…
Il ferma les yeux, sentant une vague d'effroi s'emparer de lui. James avait eu tort. Il n'aurait pas dû lui faire confiance... il n'aurait pas dû lui dire du but en blanc. Il aurait peut-être dû être plus fin, amener le sujet plus délicatement. Prendre des gants... Mais comment ?
Il se releva faisant un rapide coup de ménage, vidant sa Bièreaubeurre d'une traite, et la balançant dans la corbeille dans un geste plein de rage.
- Au moins, c'est fait !
Tout avait changé, tout serait différent. Et bien tant pis. Il vivrait avec cette distance entre lui et son petit loup. La porte s'ouvrit, Sirius posant les yeux plein d'espoir d'y voir Remus, revenant sur ses pas, prêt à s'expliquer. Mais il se trouva nez-à-nez avec les deux autres maraudeurs. Pas de petit loup…
James le regarda un peu étonné, espérant ne pas revenir trop tôt.
- Tu es seul ?
- Excellent esprit d'observation, railla alors le brun, méchamment. Dix points pour Gryffondor !
- Mais... pourquoi ? Où est Remus ?
Sirius en avait fait quoi ? Ce dernier haussa les épaules, comme si cela lui était totalement égal, cachant sa profonde blessure.
- Ailleurs ! C'est tout ce que je sais.
Non, il n'était pas là, ils n'avaient même pas parlé, ils ne s’étaient même pas s'expliquer. Sirius n'avait eu le temps de rien, sauf de la voir détaler comme un lapin.
- Mais tu lui as ...
- Oui, le coupa sèchement le cabot.
Il passa dans la salle de bain, plein de rage et de déception. Pourquoi ça lui faisait si mal ? Il avait eu si peur de se confier à son meilleur ami et aujourd'hui, toutes ses craintes se trouvaient justifiées.
Il se prépara pour la nuit, voulant juste oublier, revenir quelques heures en arrière pour s'empêcher d'agir de la sorte et tout briser entre eux.
Mais non... Il ne possédait pas de retourneur de temps. Une carte de Poudlard avec détecteur de personne intégré, oui ! Deux miroirs pour pouvoir se parler à grande distance oui ! Une cape d'invisibilité oui ! Mais pas de retourneur de temps...
Note pour plus tard : s’en procurer un !
Il ouvrit la table de nuit du préfet, prenant une potion de sommeil sous l'œil perplexe du capitaine de Quidditch.
- Bonne nuit.
Sirius ne répondit pas, avalant l'élixir au goût si désagréable, non sans avoir tiré les rideaux de son lit à baldaquin. Il voulait être seul jusqu'à la fin des temps.
Le lendemain matin...
Le brun aux yeux gris s'éveilla doucement constatant que le rideau qui le séparait du lit du préfet avait été tiré. Son regard se posa sur ce dernier, qui dormait profondément. Il n'avait pas envie de bouger, il voulait juste mourir à ce moment précis.
Remus... Il serra ses doigts sur le tissu de sa couverture, avant de fermer le rideau d’un geste brusque, cachant le lycanthrope à ses yeux.
Il entendit du bruit, James... la porte de la salle de bain... l'eau qui coule. De nouveau la porte de la salle de bain et Peter qui se levait à son tour, procédant au même rituel que le premier. Sirius se releva, ouvrant le rideau de son lit, du côté de la fenêtre et de la porte de la salle de bain, opposé au préfet. Une fois la salle de bain de libre, ce fut à son tour. Une bonne douche bien chaude juste pour se remettre les idées en place et chasser son mal-être.
Il n'allait plus y penser. Il comptait bien profiter de sa sortie au Pré-au-Lard.
- On réveille le bel au bois dormant ? questionna Peter, un sourire aux lèvres, le regard posé sur le quatrième membre du groupe.
Morphée ne semblait pas prête à le libérer.
- Non ! répondit froidement Sirius. Il n'avait aucune envie de lui parler. - Il nous rejoindra plus tard. Petit dej et Pré-au-lard.
Et les trois lions quittèrent leur antre.
Neuf heures trente, les trois amis se rendaient maintenant au village sorcier, suivant un sentier de pas bien dessiné dans la neige. Beaucoup d'élèves avaient déjà emprunté ce chemin.
Une Bièraubeurre bien chaude sirotée aux "Trois Balais" plus tard, ils optèrent pour aller s'acheter des bonbons, mais surtout des chocolats.
James observa un groupe de demoiselles, tout sourire aux lèvres, qui ne purent s'empêcher de glousser à son signe de main. Sirius lui jeta un regard noir.
Le capitaine souffla, agacé. Non mais ! Il allait se calmer le cabot avec sa mauvaise humeur. Il la sentait jusqu'ici. Il sourit, adressant un petit signe aux filles, leur demandant tacitement de lui accorder leur attention.
Et là... il fit un croc-en-jambe à son frère qui s’étala violemment dans la neige, sous l'hilarité des demoiselles. Le cerf détala sans attendre les acclamations de son public pour se mettre à l'abri. Le cabot jura, glacé, choqué par sa lourde chute. Il releva la tête vers l'endroit de la fuite de son frère et d'un regard entendu ... Peter et lui le poursuivirent jusqu'aux rochers entourant la cabane, s'alliant pour se venger, le petit rat prenant naturellement le parti du cabot.
Et le cerf était maintenant à terre, abattu d'une balle glacée en pleine tête, deux mêmes. Sous une hilarité générale.
Un profond fou rire qui prit fin pour Sirius quand il croisa le regard doré de Remus John Lupin. Tiens ! Il avait fini par se réveiller...
- Salut Rem' ! - Peter salua leur camarade. - Enfin levé ! On n'a pas osé te réveiller, tu dormais trop bien ce matin.
Sirius détourna les yeux, attendant que le bonhomme de glace émerge. Remus posa son regard sur le petit sorcier, agacé. Il dormait trop bien ? Vraiment ? C'était sans compter les six heures qu'il avait passées à tourner dans son lit, toute la nuit, la voyant défiler avec une lenteur à se lancer un sortilège de la mort.
- On ne peut pas vraiment dire ça, j'ai eu beaucoup de mal à m'endormir.
James se débarrassait de la neige tant bien que mal.
- Je vais attraper la mort et maman va te tuer.
Il fusilla son frère du regard, celui-ci haussant les épaules.
- L'important c'est que son fils préféré, moi, soit en pleine forme.
Il sourit ironique, James levant les yeux au ciel.
- Mais bien sûr !
Il posa les yeux sur Remus qui n'avait pas avancé vers eux. Le lycanthrope ne regardait que Sirius, son ami n'ayant plus posé son regard sur lui, l’ignorant tout simplement.
- Sirius, est-ce qu'on peut se parler ? S'il te plaît ? En privé ?
Le regard de James passait d'un sorcier à l'autre, comprenant sans peine qu'ils avaient besoin de discuter en tête-à-tête. Il sourit à Remus, un sourire malgré tout perplexe. Qu'est-ce qu'il avait pris au jeune homme de fuir de la sorte ? En plus, il n'avait même pas pu en parler à Sirius, Peter les collant depuis le début de la journée.
- On va aller chez "Honeydukes", vous n’avez qu'à nous rejoindre là-bas.
- NON ! - Sirius ne bougea pas, sans un regard pour le lycan. - On n'a rien de particulier à se dire. Je crois qu'on s'est assez parlé hier, cracha-t-il, plein de rancœur.
Remus inspira, sentant la pique le frapper en plein cœur. Mais il comptait bien se faire écouter et entendre par son ami. Il allait se faire pardonner, lui expliquer, du mieux qu'il pouvait. Alors, le sale cabot allait arrêter de faire la tête.
- Sirius, s'il te plaît, j'ai besoin de te parler.
L'animagus devait l'écouter, quitte à le frapper et à le kidnapper. Le brun inspira. Il ne savait pas pourquoi il avait si mal pris la fuite de son ami. Il avait été blessé. Il aurait cru que le jeune homme pouvait comprendre. Mais il n'avait rien dit, juste fui, le laissant tout seul, face à un étrange vide.
James et Peter s'éloignaient déjà. Sirius tourna son regard vers le lycan, attendant, mais un silence s'installa entre eux. Remus se retrouvait enfin face à lui. Il avait couru partout pendant une heure, il avait ressassé dans sa tête tout ce qu'il voulait lui dire, pendant toute la nuit et là, face à lui, il se retrouvait dépourvu de toute logique.
- On pourrait aller au chaud ? demanda-t-il d’une petite voix, les sourcils légèrement froncés, sentant ses forces l'abandonner peu à peu. Il aurait réellement dû manger un truc.
Sirius jeta un regard vers la demeure la plus proche : la cabane. Elle n'était pas chauffée, mais au moins, ils ne seraient pas dans le froid polaire et ils seraient en tête-à-tête. Il se dirigea vers la bâtisse, sans un mot. Remus avait mal réagi la veille, mais il y avait pire dans la vie. La mort ! La guerre ! La haine ! Les préjugés ! Et son ami devait en avoir sur les homosexuels !
Un étrange mot que l'animagus avait l'impression de prononcer réellement pour la première fois.
Le préfet lui emboîta le pas, ravi que le brun cède à sa demande. C’était une mini victoire, mais une victoire quand même. Le trajet, si court qu'il fut, se fit dans un silence oppressant. Sirius sentait bien que les choses étaient différentes et il doutait que ce soit que dans sa tête. Quand on découvrait un fait d'une telle importance, surtout au vu de leur relation plutôt particulière, tout ne pouvait que changer.
Ils arrivèrent dans la cuisine, Sirius se débarrassant de son écharpe et de ses gants, les balançant avec une colère non dissimulée sur une chaise.
- Alors ? Je t'écoute, cracha-t-il, plein de colère. Il ne comptait pas faire semblant.
Oui, il était vexé, blessé. Et oui, le jeune homme face à lui était entièrement responsable. Alors, hors de question de lui faciliter la tâche.
Le châtain ôta aussi son attirail contre la neige, posant les yeux sur son homme. Ce dernier se laissa tomber sur une chaise. Remus grimaça. Son ventre le tiraillait de plus en plus. Il se mordit la lèvre, commençant à marcher dans le vide, avançant d'un pas avant de reculer de deux, ne sachant pas par où commencer. Mais le plus simple était de commencer par le début : des excuses !
- Je suis vraiment désolé pour hier. Je... Je n'aurais pas dû fuir. Vraiment, je m'en veux.
Sirius releva un regard froid sur lui.
- Pourquoi ? Je n'en ai rien à faire de tes excuses, je veux comprendre pourquoi.
En soi-même, Remus n'avait pas à s'excuser, il avait le droit de désapprouver, de ne pas apprécier, mais fuir... Il voulait comprendre. Car s'il désapprouvait au moins, ça serait clair entre eux. Ça briserait tout, mais les choses seraient posées.
Le préfet déglutit, inspirant pour reprendre ses esprits. Il s’installa sur une des chaises, ses jambes commençant à défaillir. Il se passa la langue sur les lèvres, comme pour mieux s'accrocher à cette réalité.
Il y avait pensé toute la nuit. Il ne voulait pas lui dire ce qu'il ressentait, pas maintenant. Il voulait se donner du temps. Un temps que la vie lui accordait, car pour l'heure, ils étaient encore dans une bulle de bonheur, une petite parenthèse qu’il ne voulait pas perdre. Il voulait profiter de cette bulle, sans aucun malentendu entre eux. Il savait que Sirius ne voyait en lui qu'un ami et que ça ne changerait pas du jour au lendemain… voir même jamais.
Alors, pour l’heure, il voulait juste chasser ce malaise. Mais surtout, il ne voulait pas que son homme prenne ses distances. Le jeune homme était d’une rancune très tenace et les excuses ne suffiraient pas. Ça, il en avait bien conscience.
- Je n'ai absolument rien contre le fait que tu sois attiré par les hommes, sache-le. Bien au contraire. Les amis, on les accepte sans condition, juste comme ils sont.
Il releva les yeux sur Sirius, un petit sourire aux lèvres. Cette phrase, le brun la lui avait dite quand les maraudeurs lui avaient avoué qu'ils savaient pour sa condition.
- Absolument rien ! Tu ne me dégoûtes pas, loin de là. Crois-moi... C’est un fait. Les filles ne te font aucun effet, et franchement, ça ne change rien pour moi, vis-à-vis de ce que je pense de toi ou de ce que je ressens. Freddie Mercury est bisexuel, autant attiré par les hommes que les femmes. Et ça ne change rien à sa personnalité, ni à ses chansons. Ça ne change rien à ce qu’il est. Tu es d’accord avec moi ?
Sirius approuva de la tête. Lui-même avait été étonné de cette révélation sur le chanteur, il avait dû relire l'article plusieurs fois avant d’y croire. Mais aujourd’hui, il en trouvait ses chansons plus belles. Il observa son ami, sans réagir, sans sourire. Pour lui, les paroles du jeune homme, n'était que du vent. Autrement, il n'aurait pas fui. Il voulait une explication, une vraie.
- Je suis sincèrement désolé d’être parti… Je crois que j'ai eu peur, poursuivit le préfet.
Il ferma les yeux, le visage tourné vers le sol, vers ses mains, le dos légèrement courbé, portant le poids de son malheur sur ses épaules. Sirius avec un autre homme... Une réalité qu'il allait devoir admettre.
Le brun plissa un œil, redoutant plus que tout cela. Inspirer la peur et le mal-être dans sa relation avec Remus. Ils étaient proches, bien plus qu'une simple relation amicale. Et maintenant... Remus avait peur. Mais ça restait absurde, à ce moment précis, il n'y avait aucune proximité entre eux. Il aurait de loin préféré inspirer de la honte, au mépris, de la haine, de l'incompréhension, mais pas de la peur. L'ère glaciaire qui s'était installée dans ses iris ne se réchauffa pas.
- Peur de quoi ? Que je te saute dessus pour t'embrasser violemment ?
Remus cilla, relevant les yeux sur son ami, un peu étonné par cette réplique. En s'imaginant la scène, il ne put empêcher un petit sourire se formait sur ses lèvres, son cœur se mettant à battre avec envie. Sincèrement, ça ne l'aurait pas du tout dérangé. Il aurait sans doute vécu le moment le plus intense de sa vie. Une lueur s'alluma dans ses yeux en imaginant sans peine ce baiser, sa saveur... Mais ne pouvant que l'imaginer ou le rêver.
Sirius détaillait le visage du préfet, essayant de deviner le fond de ses pensées. Il était doué pour lire entre les lignes, pour voir le vrai fond du cœur des gens. Il cherchait en Remus tout le négatif que sa révélation avait eu sur lui. Mais son incompréhension se fit plus grande face à ce sourire et cette lueur qui transforma ses iris en or liquide.
- Non... Mais je me suis vu sur le bas-côté de la route.
Le châtain jouait avec ses mains. C’était une demi-vérité mais une vérité quand même. Car oui, pour l'heure, il se voyait réellement sur le bas-côté de la route, Sirius faisant sa vie avec un autre homme. Un soupire s'échappa de ses lèvres glacées.
- Je vous ai tous vu tomber amoureux, être heureux. James finir par avoir celle qu'il veut, se marier, avoir des enfants, Peter épouser Julia. Toi… rencontrer quelqu'un, te mettre en couple, t'installer, avoir une vie de famille. Et moi... Sur le bas-côté de la route. Seul !
Sirius déglutit. Il inspira une bouffée d'air frais, qui lui glaça le cœur. C'était absurde ! Il ne cautionnait pas et il n'allait pas encourager le préfet dans son délire. Non !
- Arrête ça, Remus ! siffla-t-il, énervé, entre les dents.
Le regard du lycan se noircit, l’or devant de l’ambre, croisant les iris argentés de son ami.
- Arrêtez quoi ? De voir la vérité en face ? De me voir comme je suis ? Sirius, tu le sais tout comme moi, jamais je ne pourrais attirer un regard autre qu'amical sur moi, sauf de la haine, du mépris et du dégoût.
- N'importe quoi !
Le brun se leva, agacé, se mettant face à l'évier, le regard posé sur les planches de bois qui emmuraient la fenêtre.
- N'importe quoi ? - le préfet se releva, la colère le prenant. - Qu'est-ce que tu en sais ? Tu es canon, tu es un des mecs les plus mignons de l'école. Les filles se battraient presque pour un de tes regards. Tu ne sais pas ce que c'est que de dégoûter le reste du monde, de provoquer en eux des sentiments tels que la peur, le mépris.
Le brun se tourna vers son ami, haussant un sourcil.
- Le mépris, le dégoût ? J'en ai inspiré, je te l'assure.
- Pour ce que tu as fait, pour un combat que tu as mené. C'était un mépris totalement injustifié de ta famille, qui t'a rendu plus fort, qui t'a renforcé dans tes convictions, parce que les personnes qui l'ont éprouvé ne te méritaient pas !
Remus avança jusqu'à lui, rivant son regard dans ses abîmes grisés. Oui, Sirius avait peut-être été victime de ces sentiments, mais dans une telle moindre mesure, que ce n'était pas comparable, et aujourd'hui, c'était fini pour le jeune Black. Alors que son calvaire à lui ne faisait que commencer.
- Moi, c'est pour ce que je suis, ce qui est au plus profond de moi et beaucoup trop visible. Tu crois vraiment qu'en me regardant, on peut éprouver du désir ? Non ! Alors, ne te moque pas de moi et je ne me juge pas sur quelque chose que tu ne connais pas !
Sirius ne répondit rien, observant le jeune homme. Le désir ? Une notion réellement abstraite, comme la beauté et l'intelligence. Mais qu'est-ce qui dans le monde n'était pas abstrait ? Tout dépendait de sa vision, de ses opinions.
Et pour lui, Remus était le mec le plus canon de l'école ! Pour lui, ses cicatrices ne le rendaient que plus beau et son torse était un hymne à l'amour ! Et non à la guerre… Il se racla la gorge, détournant les yeux sur un point derrière le préfet, sans trop savoir comment répondre.
Le châtain sourit tristement, son cœur se brisant un peu plus face à ce regard fuyant.
- Tu vois... Même toi, tu ne trouves rien à en redire.
Il allait faire demi-tour, mais Sirius lui attrapa le poignet, le stoppant dans son geste. L'animagus riva son regard dans celui du lycanthrope.
- Suis-moi !
Et il l'entraîna à l'extérieur de la cuisine, passant dans le couloir, ouvrant une porte et entrant dans la salle de bain crasseuse. Elle n'avait pas servi depuis des années. La poussière s'était entassée partout. Le brun plongea la main dans la poche de sa cape, sortant un mouchoir noir, brodé à ses initiales dans des fils d'argent : un S et un B qui s'entrelaçaient, entouré d’un O. Il le passa dans un mouvement rapide sur le miroir au-dessus de l'évier. Un miroir devenu marron à cause de la couche de poussière qui s'était entassée dessus. La surface réfléchissante apparut. Sirius cala Remus devant, lui faisant observer son reflet.
Il parla alors d’une voix plus douce, plus tendre, chassant pour l’heure sa colère :
- Le monde n'est pas une bulle uniforme, Rem’. Le monde n'a pas un seul cerveau et un seul critère. Le monde a cette capacité d'être composé de milliards d'habitants qui pensent différemment. Et moi, je vais te dire comment je te vois. Et je ne suis pas seul, Moony, crois-moi.
Le préfet se retrouva devant son reflet, détournant naturellement les yeux, comme il le faisait à chaque fois. Sirius, lui, détaillait l’image renvoyée par le miroir, pour avoir une meilleure vision du jeune homme.
- Ce que je vois, quand je te regarde, ce sont deux iris tout simplement envoûtants. De l'ambre doré, qui devient de l'or liquide à l'état pur quand un rayon de soleil les caresse, ou juste quand tu souris. On dirait alors que deux pépites s'y sont logées. Il n'y a rien de plus magnifique, je crois.
Le châtain riva son regard dans son reflet, s'observant, sans interrompre son ami. Son cœur se mit à battre à ses paroles, sourdement, mais agréablement.
- Ensuite, tes lèvres, douces, fines, pulpeuses. Et cette cicatrice qui les entrecoupent et qui doit donner à tes baisers une saveur des plus exceptionnelles, unique au monde. Une saveur sauvage, enivrante. Et ses cicatrices sur ton visage qui te donnent un côté aventurier, qui parle pour toi, sur ton courage, sur ce que tu as subi et sur ce à quoi tu as survécu.
Remus l'écoutait, en silence, son regard se baladant sur les parties de son visage citées par l'homme de sa vie. Ses yeux, ses lèvres, ses cicatrices.
Il sentit la main de Sirius passer sous son pull et son t-shirt, glissant sur sa peau, caressant la première imperfection qu'elle rencontra. Il inspira. Un contact qui l'électrisa, un frisson se propageant en lui, léger, doux, sensuel.
Il tourna les yeux vers son homme, croisant un regard gris métallisé, où il put lire des nuances bleutées que seul le soleil révélait en temps normal, au reste du monde. Mais elles étaient bien là, une étincelle de pureté dans les iris métalliques du brun. Des nuances si exceptionnelles qu'il pourrait passer sa vie à les contempler. Ils étaient si proches l'un de l'autre que le lycan pouvait sentir le souffle chaud qui s'échappait des lèvres de son homme.
- Et elles ! poursuivit ce dernier, sa voix se faisant plus brûlante. Elles que tu dissimules toujours sous des pulls trop grands pour toi, des pulls qui cachent un torse musclé, en contraste avec ce côté chétif qui ressort alors, prédominant. Elles, elles sont belles, magnifiques. Tu en as honte, mais pourtant elles montrent à quel point tu es fort, à quel point tu es beau. Une force intérieure et un courage incroyable.
Sirius dessinait les cicatrices qu'il touchait, les connaissant par cœur, à force de les admirer une fois par mois. Il n'en avait rien à faire que les barrières tombent, que Remus le trouve trop oser dans ses gestes. Il voulait juste lui faire comprendre qu'il était beau. Il se pencha un peu plus vers lui, les effluves de son parfum emprisonnant un peu plus sa victime, douces, sucrées. Un murmure au creux de son oreille :
- Je me désole que notre amitié n'ait pas pu te montrer tout ça. Mais crois-moi, tu es mignon, sexy même, quand tu y mets du tien.
Remus inspira. Chaque mot prononcé par son homme, avait trouvé le chemin de son cœur et de son cerveau. Il frissonnait aux caresses du lion, sans trop savoir quoi penser. Le jeune homme le trouvait beau ?
Une information qu'il avait du mal à accepter. Et pourtant, il ne lui avait pas dit tout ça pour lui faire plaisir, non, il devait le penser !
Sirius se recula, le lâchant dans une douce caresse, un sourire aux lèvres et le regard brûlant de ce contact. Il quitta la pièce, laissant son ami cogiter sur ses propos. Ce dernier se retrouva seul, tournant lentement son regard dans le reflet que lui renvoyait le miroir. Sirius le trouvait beau ! Et ce qu'il lui avait dit... ça semblait tellement réel, tellement possible. Est-ce qu'il pouvait réellement lui plaire ? Avoir une chance, même infime ?
Une étincelle illumina ses yeux, une lueur profonde, vivante, comme un feu qu'on avait allumé en lui. Est-ce que ça pouvait être possible ? Est-ce qu'il pouvait avoir ses chances avec son homme ? Sirius était gay et il ne le trouvait pas laid ! Loin de là ! Mignon et sexy quand il y mettait du sien... Qu'entendait-il par-là ? Il se devait de creuser la question.
Les deux barrières qu'il avait érigées entre eux pour s'empêcher d'agir, de se donner une chance, s'étaient effondrées en une seule journée, même pas !
Remus inspira, secouant la tête, pour revenir à la réalité, mais pourtant, rien ne changea. Il était toujours dans cette salle de bain, le mouchoir de Sirius posé à côté de lui. Et cette brûlure sur sa peau... Une brûlure agréable, chaude, savoureuse, laissée par les doigts de son homme sur ses cicatrices.
Ce sourire et cette flamme ! Il prit le mouchoir, lui lançant un sort pour le nettoyer, le glissant dans sa poche.
Il quitta la salle de bain, repassant dans la cuisine, où son ami croquait dans une barre de chocolat. Son ventre s'exprima aussitôt dans un bruit très peu sexy, cassant totalement l'ambiance.
Voilà comment y mettre du sien : éviter les bruits disgracieux.
Son vis-à-vis haussa un sourcil.
Le préfet se mordit la lèvre, dans un sourire d'excuse, s'installant sur une chaise.
- Je n'ai pas déjeuné ce matin. Je n'avais qu'une hâte... M'expliquer avec toi.
Le brun fut légèrement étonné et touché par cet aveu. Il plongea sa main dans la poche de sa cape, sortant une autre barre de chocolat, la tendant à son ami. Il n'avait pas encore fait le plein à la boutique. Mais il avait pris une petite réserve avant de quitter le dortoir. Le lycan la prit, un sourire aux lèvres.
- Je suis vraiment désolé pour hier. Sincèrement. Je n'ai rien contre l'homosexualité, je t'assure. J'ai mal réagi, mais sans même m'en rendre compte. Je n’ai pensé qu’à moi… Tu ne me dégoûtes pas, Siri, tu ne me dégoûteras jamais... Tes préférences ne changent rien pour moi, sur la façon dont je te perçois, sur ce que tu es… Absolument rien ! souffla-t-il, meurtri.
Il releva les yeux sur son ami, le cœur lourd. Le jeune Black était rancunier, un trait de caractère très prédominant dans sa personnalité. Il pardonnait difficilement.
Sirius sourit, croquant un autre morceau de chocolat. C'étaient les mots qu'il aurait aimé entendre la veille. Mais au fond, est-ce qu'il pouvait reprocher à Remus de ne pas être parfait ? Non... L'important c'était qu'il était là, maintenant, face à lui, pour les lui dire.
- OK. C'est oublié. Je peux comprendre.
L'avenir lui dira si sa confidence changeait quelque chose entre eux, ou pas. Désormais, le temps parlerait pour Remus. S'il le repoussait, s’il le chassait de sa vie, Sirius en aurait rapidement le cœur net.
Le morceau avalé, Sirius posa sa main sur le front du châtain. Il le trouvait réellement pale, le jeune homme aurait dû avaler un repas un peu plus consistant.
Quand il sentit la main chaude de son homme sur son front, le préfet ferma les yeux, sentant les battements de son cœur s'accélérer avec envie. Une douce chaleur se propagea en lui. Bien plus intense qu'avec Lily, provoquant des réactions bien différentes.
Sirius jeta un coup d'œil à sa montre. Midi.
- Allez, viens. On rentre au château, le repas de midi va être servi. Tu as besoin de manger, je crois.
Remus savoura la chaleur provoquée par ce doux contact, acquiesçant lentement de la tête. Oui, il commençait à réellement faiblir. Et puis, un repas avec Sirius, il ne disait pas non. Ils prirent la direction du château, en silence.
Le préfet ressassait dans sa tête les mots du jeune homme. Il avait du mal à y croire, à accepter que Sirius puisse être sincère. Ce n'était pas la première fois qu'il les lui disait, mais jamais ça n'avait été aussi vif, aussi fort. Et à chaque fois, il lui répliquait la même chose : tu n'es pas objectif. Mais si au final, c'était lui qui ne l'était pas, s'enfermant dans l’image que le monde lui avait toujours renvoyée ? Et son homme n'était pas comme le reste du monde ! Loin de là.
Le lycan sentait toujours cette brûlure en lui, sur ses cicatrices, celles que Sirius avait caressé du bout des doigts. Une brûlure qui s'était logée dans ses yeux, dans ses abîmes, comme un feu impossible à éteindre.
Il avait besoin de temps pour réfléchir, pour savoir où il en était. Dans une semaine, c’était les vacances de Noël. Il aurait tout le temps pour lui.
End Notes:
Bonjour à vous.
J'espère que ce chapitre vous a plu, centrer autour de mon couple préféré. Remus s'est justifié, mais Sirius a-t-il vraiment pardonné ?
Une belle déclaration d'amitié de la part de Sirius, mais quand on est aussi complexé que Remus, pas dit que cela suffisse. Le chemin est long vers l'acceptation de soi.
A plaisir de vous lire en Review =)
Dernière Soirée À Poudlard by Crepuscule64
Author's Notes:
Les vacances de Noel sont là et pour célébrer la dernière soirée à Poudlard de tous les élèves, les petits plats sont mis dans les grands.
La fête bat son plein entre flûtes de champagnes et bûches, entre amitié et rivalité.
Repas de Réveillon dans la Grande SalleLe repas dans la grande salle était divin, un vrai festin de réveillon. Ils avaient entonné des chants de Noël, le professeur Dumbledore donnant le ton, accompagné de la chorale de l’école. À chaque table, au niveau des sixièmes et septièmes années, des flûtes de champagne étaient déposées devant les assiettes. Un fait exceptionnel et elles étaient naturellement ensorcelées pour se vider si elles étaient touchées par une année plus jeune. Mais eux se régalaient !
L'ambiance était très conviviale autour de la table des Gryffondors, mais les autres maisons menaient aussi très bien la danse, savourant le champagne et les différents mets.
De l’alcool… mais dans une moindre mesure bien sûr. Les coupes ne se remplissaient pas automatiquement.
Remus Lupin porta sa coupe à ses lèvres, laissant le flux doré glisser dans sa gorge, avec plaisir.
- Délicieux !
Sa voisine de table, une jolie rousse, rigola, lui prenant sa coupe des mains.
- Tout doux toi, tu vides rapidement tes verres, je trouve.
- La rabat-joie, le retour ! ricana Sirius, en goûtant de sa buche, avec délice : chocolat/fruit de la passion.
Lily Evans lui jeta un regard noir, avant de détourner la tête.
- L'arrogant-je-donne-mon-avis-sur-tout, le retour !
Le brun l'imita, dans une grimace. Il posa son attention sur son frère de cœur, outré, une mine de dégoût sur les lèvres, une lueur de mépris dans les yeux.
- Tu es sérieux quand tu dis que tu veux la séduire et l’épouser ? Non parce que franchement, si j'ai un droit de veto, je dis veto !
Une moue apparue sur les lèvres de James Potter, ainsi qu’une ride entre ses sourcils, prenant le temps de la réflexion.
- Oui, je pense que tu as un droit de veto sur ta future belle-sœur.
- Alors veto ! Ouste la Evans ! répliqua Sirius, en levant un pouce victorieux dans les airs.
Cette dernière acquiesça de la tête, faisant danser ses longs cheveux roux, dans son dos.
- Moi aussi, je mets mon veto de toute façon.
- Bon bah moi aussi ! renchérit Remus.
Il en manquait un. Peter Pettigrow avait été invité à aller prendre le dessert avec sa petite amie, la jolie Julia. La relation avait été officialisée et le premier baiser échangé. Le jeune lion était maintenant devant une assiette vide, à la table des Poufsouffles. Il n'avait pris qu'une part de bûche. Quand il avait confié à ses amis vouloir aller prendre le dessert avec elle, les conseils avaient fusé. Il les suivait à la lettre :
Va te laver les mains avant de rejoindre sa table ; surtout ne prend qu'une seule part de dessert et pas trois, comme toujours. Tu ne peux pas te goinfrer devant elle !De bons conseils bien avisés, même s'il en souffrait. Mais sa douce n'avait aussi pris qu'une seule part de dessert, alors là, ils discutaient avec plaisir. Il la dévorait des yeux. Elle était tout simplement sublime. Elle avait ondulé ses longs cheveux blonds et maquillé ses yeux bleus avec délice. Une beauté de la nature et c’était sa petite amie !
Des gloussements autour d'eux, une poufsouffle leur montrant quelque chose au-dessus de leur tête. Peter rougit violemment en voyant une branche de gui apparaître dans les airs. Il embrassa la jolie blonde, du bout des lèvres, sous les regards taquins de leur entourage.
Des branches de gui et de houx apparaissaient au hasard, au-dessus des élèves, pas forcément en couple. Les baisers sur la joue s’alternaient, de ce fait, avec ceux sur les lèvres.
À la table des maraudeurs, Erin McKinnon, vidait sa coupe, chantant "O Christmas tree" en l'honneur des sapins qui décoraient la grande salle, un à chaque coin. En tant que co-directrice du comité des fêtes, elle avait activement participé à leur décoration.
Elle adorait chanter, et si elle n’avait pas rejoint la chorale, c’était uniquement parce qu’elle préférait le Quidditch ! Et peut-être aussi parce que si elle adorait le chant, le chant, lui, ne l’aimait pas, elle et sa voix qui montait un peu trop dans les aigus.
La blonde posa les yeux sur son voisin le plus proche, un sourire d’envie aux lèvres. Le jeune homme était particulièrement élégant, dans une robe de sorcier sombre, dont les coutures étaient faites de fils d’argent, parfaitement assorti à ses yeux. Elle le trouvait même très sexy. Peut-être un peu trop.
- Sirius, tu fais quoi pour les vacances ? Tu vas chez les Potter ?
Le brun acquiesça de la tête. Il n’allait pas se gêner. Il s’était libérer des liens qui l’enchaînaient aux Black, il n’avait plus de compte à rendre à personne, il pouvait agir à sa guise… dans la mesure où ses agissements avaient l’aval des Potter, naturellement. Alors oui, il ne passerait pas les fêtes de Noël à Poudlard, mais dans sa famille d’adoption.
- Oui, réunion de famille oblige. Maman Potter ne serait pas ravie si on ne rentrait pas, elle n'imagine pas des vacances de Noël sans nous.
- Normal pour une maman ! approuva Erin. Ma sœur vient aussi nous voir pendant les vacances. Ça va faire du bien de la revoir. J'ai hâte en tout cas. Tu passeras, dit ? Vous passerez tous !
Le préfet lui jeta un regard, sans comprendre.
- Passer où ?
Lily profita de la diversion de son voisin pour boire de sa coupe de champagne, ce dernier fronçant aussitôt les sourcils face à cet odieux larcin.
- Au pays des Merveilles, voyons ! La fête foraine de mes parents !
La benjamine des McKinnon s’agaçait que le monde ne connaisse pas l'histoire de sa famille. Maintenant, Remus savait. Un ignorant de moins sur terre.
Sirius approuva de la tête, l’idée de passer une après-midi, voir une soirée sur des manèges à sensations étant plutôt sympa. Tout ce qu’il espérait, c’était que la jeune fille ne le colle pas trop. Et malgré ça…
- Oui, je passerai, mais alors tu me tiendras compagnie tout l'après-midi.
Erin ne put s’empêcher de glousser face à cette proposition et le ton avec lequel elle était prononcée : une voix douce et suave.
- Idiot ! Bien sûr, je te tiendrai compagnie, avec plaisir même. Et plus si affinités, répondit-elle avec envie, en lui adressant un petit clin d'œil, un sourire mutin aux lèvres.
Sarah Foster, installée face au couple, posa son regard sur eux, les fixant, un sourire aux lèvres. Sous le haussement de sourcils de la blonde, elle questionna :
- Il s'est passé quoi l'année dernière entre vous pour que ça ne colle pas ? Vous formiez un jolie couple. Pourquoi avoir rompu ?
Sirius détourna les yeux, amusé et coupable. Erin sourit tristement, mélancolique de cette époque, laissant échapper un profond soupire.
- C'est vrai qu'il y a un an, je vivais un vrai conte de fée... mais qui a fini en cauchemar...
- Quand même pas, souffla le brun, sous le regard courroucé de la jeune fille.
- Tu as été un vrai goujat, Black !
Remus et Lily échangèrent le même regard, un peu étonné. Sirius jouait étrangement avec la jeune fille... Ce qui était loin de ravir la préfète. Sa meilleure amie avait toujours eu de profonds sentiments pour l’aîné de la famille Black et elle brûlait d’envie de lui dire qu’elle n’avait aucune chance avec lui, qu’elle n’en avait même jamais eue ! La rousse se mordit la lèvre, se faisant violence pour ne pas s’offusquer. Et à défaut de dénoncer les secrets des autres, elle porta la coupe de champagne à ses lèvres.
- Je n'irai pas jusque-là... mais pas loin, je le reconnais ! confessa le coupable, un grand sourire aux lèvres, sourire qui ne fit que renforcer l'air offensé de la blonde.
- Bon alors, il s'est passé quoi ? Vous êtes sorti ensemble seconde moitié de décembre mais à votre retour des vacances de noël, vous étiez séparé. Pourquoi ? demanda Mary MacDonald, tout aussi intriguée que sa meilleure amie.
- Sans commentaire, souffla le goujat, amusé.
Erin leva les yeux au ciel, sans quitter sa coupe de champagne des yeux. Vide…
- Pourquoi un goujat, Erin ?
La jolie métisse commençait à s'agacer. Son amie n'était jamais entrée dans les détails de sa rupture avec le brun le plus canon de l'école.
- Bon... Ces vacances-là, j'ai invité Sirius à venir passer une journée en amoureux, Aux Pays Des Merveilles. Il est venu... J'étais à deux doigts de le présenter à mes parents, de leur expliquer le coup de foudre que j'avais eu pour ses iris métallique... mais... - Elle jeta un œil noir vers les dits iris métallique qui, eux, étaient très amusés, un peu trop au goût de la demoiselle - Mais le coup de foudre, c'est lui qui l'a eue... pour ma sœur ! cracha-t-elle à la fin.
Elle n’avait pas totalement pardonné.
- Marlène ? Lily la regarda étonnée, de plus en plus perdue dans cette histoire.
Black était attiré par les mecs ! Enfin peut-être qu’à l’époque, il ne le savait pas encore, mais il pourrait quand même rétablir la vérité, Erin pourrait ainsi tourner la page sur leur histoire. Elle but de nouveau, s’empêchant ainsi de dire tout haut ce qu’elle pensait. Remus, lui, n'en pensait pas moins.
- Bah oui, je n'ai qu'une sœur, un frère et une sœur, souffla la blonde. Mais oui, il l'a trouvé très à son goût, la draguant même devant moi.
- Ça, c'est faux ! s'insurgea le goujat.
- Tu lui as dit qu'elle était magnifique, la huitième merveille du monde et que tu regrettais d'être tombé dans la classe de sa petite sœur au lieu de la sienne !
- Ça, c'est vrai.... et c'est toujours vrai. Après cette rencontre, Erin est devenu la petite sœur de Marlène. Ça a cassé notre couple.
- Je reconnais que Marlène est très séduisante, vraiment charmante, approuva le capitaine de Quidditch qui avait eu le plaisir de la côtoyer au quotidien pendant les vacances d’été.
Sirius acquiesça de la tête, ne pouvant qu’approuver les paroles de son frère de cœur.
- Moi, je reconnais que tu as été un vrai goujat, Sirius Black, déclara Mary, mi-amusée, mi-dépitée, en secouant la tête.
- Le cœur ne se contrôle pas, plaida-t-il.
Le regard de la préfète des rouges et ors passaient du brun à la blonde, un détail lui échappant… Elle avait un peu bu mais pas au point d’omettre ce détail !
- Mais Marlène… elle n’est pas....
- Si, si ! Mais ça ne dérangeait pas lui. Au contraire, il voulait bien partager.
Sirius acquiesça de la tête.
- Faut pas être égoïste dans la vie. Une telle beauté pour une seule personne. Ce serait dommage. Je ne suis pas du tout jaloux dans mon genre.
- Mais tu n’es pas du tout son genre, cracha la jolie blonde, de plus en plus agacée.
- Sirius Black, tu es désespérant en matière de cœur ! Sarah secoua la tête, dépitée.
Remus observait la petite bande sans trop comprendre. Marlène n'était pas quoi ? En couple ? Mariée ? Fiancée ?
- En tout cas, ça t'empêche pas de flirter à l'occasion, McKinnon, railla Mary.
Elle haussa les épaules.
- À l'occasion seulement.
- Un peu de réconfort de temps en temps, ça ne fait pas de mal, et elles ont les mêmes yeux. Magnifique ! confia le jeune black, de plus en plus amusé.
Erin souffla, agacée, se détachant de lui.
- J'en ai eu assez pour aujourd’hui !
Sirius riva son regard dans celui de la blonde, passant sa main autour de sa taille, l’attirant contre lui, avec douceur.
- Vraiment ?
Et elle ne put s'empêcher de rougir, voire de glousser face à ce regard métallique si charmant. Et oui, Erin McKinnon n'était qu'une groupie parmi tant d'autres quand elle avait bu.
Tous les regards se posèrent au-dessus du couple, où une branche de houx venait d'apparaître, sous les ricanements de leur entourage, sauf des deux préfets. Erin rougit un peu plus, tendant sa joue, le jeune homme s’exécutant. Mais au moment où il allait déposer un doux baiser sur sa joue, elle tourna la tête vers lui et ce furent leurs lèvres qui entrèrent en contact.
Sarah et Mary éclatèrent de rire face à ce subterfuge grotesque. James sourit, à la fois amusé et dépité. Le cœur de Remus se meurtrit face à cette scène. Lily serra les poings, agacée, en détournant les yeux. Sa meilleure amie se faisait du mal pour rien. Si seulement elle savait… Et naturellement, celui qu’elle traitait de goujat, deux minutes avant, prolongea cet instant.
Sirius se détacha doucement, une lueur étrange dans le regard. Une étincelle que Remus ne sût pas déchiffrer. Le brun se pencha vers la jeune fille, murmurant une phrase seulement entendue par cette dernière, qui se mordit aussitôt la lèvre, fautive.
Étrangement, et même s'il savait que son homme n'était attiré que par les mecs, que ce baiser n’avait absolument rien provoqué chez lui, cette scène agaça fortement le préfet. Une profonde jalousie le ravagea un peu plus. Sirius n’avait rien fait, Erin avait provoqué les choses. Mais son homme jouait quand même un jeu abominable avec elle. Il récupéra sa coupe de la main de sa voisine, en buvant une bonne gorgée pour chasser son mal-être.
La rousse s'offusqua, mais en vain. La sienne était vide et elle refusait de se remplir. Elle la prit, rivant son œil dedans.
- Allez ! Gentils petits elfes de maison, donnez-moi à boire.
James sourit, charmé, amusé. Il lui tendit la sienne, pleine. Il n'y avait pas trop touché. Il n’était pas fan de champagne. Du moins, ce soir, il réservait le sien pour sa belle. Cette dernière observa la coupe, perplexe, avant de la prendre, un doux sourire aux lèvres.
- Merci.
- Potter, il est interdit de soûler les filles.
Sarah pointa un doigt malveillant vers lui.
- Elle est toujours là ? demande le capitaine, en levant la tête vers le plafond.
Les filles levèrent les yeux dans l'espace vide au-dessus de lui, perplexe.
- Quoi ? Je ne vois rien, questionna Erin.
Sirius sourit, acquiesçant de la tête.
- Mais si, son auréole, enfin ! C’est un ange, pas un démon. Il ne soûle pas les filles, il leur donne du plaisir. Nuance !
Erin soupira, vidant sa coupe.
- Il leur donne du plaisir... Mouais. Ça fait un moment qu'on ne t'a pas vu avec une fille, capitaine. Te lasserais-tu de la gent féminine ?
Le jeune homme croisa un regard émeraude totalement hypnotisant, un sourire d’envie aux lèvres.
- Non, du tout. Je me réserve pour ma femme idéale.
L'intéressée leva les yeux sur lui, croisant un regard bien différent de ceux qu'elle lui connaissait. Un regard où elle ne lisait ni détermination, ni défi. Non, là, elle y lisait une certaine douceur. Elle but une autre gorgée avant de reposer la coupe devant son propriétaire, un sourire de remerciement aux lèvres.
Le regard du préfet, lui, se dirigeait souvent sur les deux personnes face à lui. Cette proximité entre Erin et Sirius... Elle avait existé de tout temps. Enfin à partir de leur quatrième ou cinquième année. Avant, Erin n’osait pas aller vers les maraudeurs, elle était d’un naturel timide et eux, trop exubérant. Elle avait peur d’eux, ou elle était peut-être juste intimidée. Déjà à l’époque, quand Sirius était dans les parages, elle se faisait minuscule, osant à peine respirer.
Avec le temps, elle avait pris de l’assurance, en particulier après son intégration dans l’équipe de Quidditch. Et puis, il y avait eu cette aventure éclaire entre les deux jeunes gens.
Mais ce soir-là, elle était un peu trop accrochée au bras de son homme. Cette scène, ce baiser volé honteusement… Et ça l’agaçait vraiment. Ce qu'il aurait aimé être à sa place, ce qu’il l’enviait. Le lycan leva les yeux sur le ciel de la grande salle, dont la magie reflétait le décor extérieur, observant l'astre quasiment rond qui n'arrangeait pas les choses. Le lendemain, c’était la pleine lune.
Pourquoi agissait-elle autant sur lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi toujours quand Sirius était dans les parages ? Enfin, même quand il n’était pas là…
C’était même bien plus compliqué que ça. Quand le jeune homme était là, c’était sa présence qui l'agaçait, sa façon d’être, son côté si princier, sa façon de se tenir, te parler, d'être tout simplement divin, irrésistible et sexy. Il se faisait violence pour ne pas se laisser aller, pour ne pas capturer ses lèvres avec envie et passion.
Et quand son homme n'était pas là, il lui manquait, il se languissait, ne pensant qu'à lui...
Et le pire, c'était que désormais, tout ne se limitait plus à la période de pré-pleine lune.
Et maintenant qu’il savait : Sirius aimait les hommes et il le trouvait mignon. Ces deux informations tournaient dans sa tête. Avait-il une petite chance avec lui ? Pourrait-il un jour se lover dans ses bras ? Pas dans la grande salle au vue et su de tous, mais dans l’intimité de leur dortoir ? Il secoua la tête, chassant ces films à l’eau de rose qu’il avait tendance à se faire dernièrement.
Il souffla, prenant sa coupe et la vidant d'un coup, un geste qui n’échappa pas à l’œil d’un certain cabot, qui haussa un sourcil, étonné.
- Sacrée descente, dis donc !
Le préfet observa son verre qui ne se remplit pas... Zuuut ! Il avait atteint son quota. Sa binôme d’autorité jeta un coup d'œil dans le verre de son ami, avant de le regarder, désolée. Au vu de ce regard, on aurait pu croire que Remus était le seul qui n'avait pas eu de cadeau au pied du sapin, le matin de Noël. Elle lui tapota l'épaule.
- Je te comprends, Moony !
James sourit, charmé. C'était la première fois qu'il la voyait comme ça. Aussi détendue, aussi amusante, aussi fraîche. L'alcool lui allait très bien au teint, elle en était encore plus radieuse.
Sirius aussi était plutôt amusé par le comportement de la rousse, mais pour l'heure, il ne quittait pas le lycanthrope des yeux. Il prit alors sa coupe entre ses doigts, la faisant danser légèrement, avant de la porter à ses lèvres, sous le regard captivé du châtain. Après en avoir bu une gorgée, il la lui tendit. Lui-même avait très peu touché à sa ration de champagne autorisée. Tout ce qui avait des bulles... Ce n’était pas son truc !
Le lycan saisit délicatement la coupe, son cœur battant avec envie. Il la garda entre ses doigts, observant le liquide danser. Un liquide qui avait eu la chance de goûter aux lèvres de son homme. Il la tourna légèrement, la faisant glisser adroitement entre ses doigts, trouvant ce qu'il cherchait. Une marque bien précise. Il la porta à ses lèvres, avec un étrange petit sourire, savourant plus le contact avec le verre que le liquide en lui-même. Ce verre qui avait la marque des lèvres de son homme.
Ce dernier fronça légèrement les sourcils, très perplexe face au petit manège de son ami. Yeux d'Or cherchait quelque chose et l'avait trouvé, son sourire était très significatif. Un étrange sourire qu'il ne lui connaissait pas et qui avait un côté très charmeur... Mais qu'avait-il trouvé ?
Erin inspira, avant de glisser ses bras autour de celui de Sirius, posant sa tête sur l'épaule du jeune homme.
- Ma coupe aussi est vide, se désola-t-elle. Pourquoi nous autoriser à boire du champagne, si c'est pour nous limiter en quantité ?
Sirius posa sa tête sur celle de la jeune fille, dans un geste réconfortant.
- Pour éviter que vous finissiez en train de vomir partout, je crois. Bande d'alcooliques !
James acquiesça lentement de la tête.
- Oui ! Pour une fois, on sauve l'honneur, Patmol ! Moony et la préfète qui boivent trop ! Erin qui n'en mène pas large. Heureusement qu'on est là pour les ramener.
Lily fronça les sourcils, pensive. Patmol... Moony ! Lunard ! La lune ! Un lycanthrope !
- Ohhhhhh, mais oui...
Elle leva les yeux sur Remus, un grand sourire aux lèvres.
- Moony ! J'aime beaucoup ton surnom !
Et elle reposa les yeux sur sa coupe vide, rivant son regard sur son assiette. Bien sûr ! Moony pour la lune, mais alors les autres surnoms avait aussi des significations bien précises. Remus blêmit. Une Lily bourrée, ça ne balançait pas les secrets quand même ? Mais non ! En revanche, Sirius et James l'observaient, méfiants.
- C'est maintenant que tu te rends compte que tu aimes son surnom ? questionna James, sans comprendre.
Elle avait de drôles de réactions la préfète quand elle avait un peu trop bu. Cette dernière acquiesça de la tête, avant de river son regard droit sur lui. Elle planta tout simplement ses iris émeraude dans les iris noisette du jeune homme qui rougit violemment face à l'intensité qu'elle mettait dans ce simple regard.
- Qu.. Quoi ?
Elle sourit, amusée par l'effet qu'elle lui faisait.
- Non, rien, Cor-ne-drue.
Un surnom prononcé très lentement pour essayer d'en comprendre le sens. Mais le mot en lui-même ne voulait absolument rien dire. Corne… Les cornes de quoi ? D’un animal ? Du diable ? D’un cocu ? Non… elle éliminait d’office le dernier terme, persuadé qu’il n’avait rien à voir avec la choucroute. Elle cilla, cherchant aussitôt un équivalent dans le monde sorcier à cette expression moldue… En vain…
Le capitaine l'observait, vraiment troublé. Il jeta un regard à son frère, qui haussa les épaules. Remus sourit, posant les yeux sur sa meilleure amie. Il ne leur avait pas encore dit qu’elle savait pour lui. Il n'y avait plus pensé, il avait simplement zappé. Il devait leur dire, mais pas ce soir. Il ne se sentait pas la force d'une réunion maraudeuse.
Il but encore une gorgée de la coupe de son ami, quand il entendit un bruit, un raclement de gorge. Tous se tournèrent vers la table des professeurs et le pupitre qui était apparu au centre de l'estrade. Le professeur Dumbledore se tenait debout et attendait le silence. Un silence qu'il obtient en une seconde.
- Bonsoir à tous et un peu en avance, un très Joyeux Noël et une très bonne fin d'année et un encore meilleur nouvel an. Demain, c'est le départ vers vos familles. Le professeur McGonagall vous fait rappeler que le train pour Londres part à onze heures et qu'aucun retard ne saura tolérer, au risque de passer les vacances à Poudlard ou de faire déplacer vos familles pour venir vous récupérer.
Si le repas prend fin ici, la fête ne fait que commencer. Elle se poursuivra dans vos salles communes et ici, pour ceux qui le souhaitent. Encore un joyeux Noël et une bonne année !
Albus adressa un dernier salut sous les applaudissements de tous les élèves, excepté quelques réfractaires au niveau de la table des Serpentards. Il regagna sa place, décidé à finir la bouteille de champagne avec Minerva et Horace. Hagrid était avec eux, mais avec sa bouteille personnelle de Whisky Pur Feu.
Les maraudeurs feraient exception à la règle, ils ne seraient pas dans le Poudlard Express, pour rentrer chez eux.
La pleine lune tombait le lendemain soir et ils avaient demandé exceptionnellement à rentrer le surlendemain, Remus au motif de pouvoir enfermer le loup dans la cabane et ses amis pour ne pas le laisser seul, à angoisser face à l'épreuve qui l'attendait : deux horribles transformations et une nuit à s'automutiler.
Les gryffondors se regardèrent, sourires aux lèvres.
- On reste ici ou on bifurque ailleurs ? questionna Sirius.
Mais il n'eut pas le temps d'obtenir une réponse à sa question, quand des pas se firent entendre. Peter arriva, main dans la main avec une jolie blonde.
- Nous revoilà, on peut se joindre vous ?
Il s'installa aux côtés d'Erin, la poussant un peu plus contre Sirius, qui captura la jeune fille dans ses bras. Le préfet grogna légèrement, sans trop de discrétion, tous les regards se tournant vers lui. Il saisit sa coupe de champagne, gêné.
- Toujours rien !
On se justifiait comme on pouvait…
- Alors ? Vous voulez aller faire la fête où ?
Lily relança la conversation et tous s'observèrent, sans rien dire.
Remus finit la coupe de Sirius, histoire de chasser la vision d'Erin, limite installée sur les genoux du brun. Un geste qui n’échappa pas à ce dernier.
- Bonsoir et Joyeux Noel !!!
Tous levèrent les yeux vers le propriétaire de la voix bourrue. Lily sourit, ravie.
- Bonsoir Hagrid, bon Noël à vous aussi.
Les filles surenchérirent avec bon cœur. Le demi-géant rougit, flatté de cette attention.
- Est-ce que ça vous dit de venir prendre un petit verre chez moi ? Ni vu ni connu, bien sûr. Les professeurs n'ont pas besoin d'être au courant, murmura-t-il vers Lily.
Sirius fronça les sourcils, choqué. Se rendait-il compte qu'il disait ça à la miss Préfète 1975, 1976 et sans doute future miss Prétentieuse-en-Chef 1977. Les filles se levèrent, ravies.
- Avec joie, Hagrid. Vous venez ?
Elles observèrent les garçons, ainsi que Julia, la petite amie de Peter. Erin prit la main de Sirius.
- Aller, motivé les gars ! On se lève et on avance. - Elle jeta un regard Lily. - Et après, ils disent que c'est nous qui sommes bourrées.
Remus emboîta le pas aux jeunes filles, James et Sirius s'observant, perplexes, avant de hausser les épaules et de suivre le mouvement. Une bonne fin de soirée, ce n’était pas chez le garde-chasse... Ils ne lui parlaient pas particulièrement, sauf pendant les retenues. Et même si Hagrid semblait fort sympathique, il leur faisait quand même penser aux heures de colle. Mais soit !
... Un After chez Hagrid ...Et tous quittèrent la grande salle, Erin au bras de Sirius, Lily à celui de Remus, Peter tenant la main de sa petite amie, un peu déçu. Il aurait bien aimé finir dans un endroit plus cool que la cabane du garde-chasse, comme leur salle commune, ou mieux leur dortoir, mais non... Il n'avait pas eu son mot à dire. En fait, personne n'avait choisi ! Lily avait imposé son choix. Pourquoi la suivaient-ils d’ailleurs ? Sarah et Mary fermaient la marche.
Ils arrivèrent dans la cabane au bout de quelques minutes. Hagrid semblait ravi d'avoir autant de monde pour sa petite fête. Il avait prévu les filles, mais pas les Maraudeurs en personne.
- Entrez ! Entrez et installez-vous, faite comme chez vous, je sors le Whisky Pur Feu et les tasses.
Lily se tourna brusquement vers Sirius et James, les faisant se stopper net.
- Ce ne sont pas des tasses, mais des barils. Mais chuuut, ne lui faites pas remarquer surtout. Tout est surdimensionné chez Hagrid, mais faite comme si de rien n’était ! Ça risquerait de le vexer.
Et elle s'installa sur un tonneau. Les deux frères de cœur se regardèrent, étonnés. Sirius sourit, ravi.
- Des barils de whisky pur feu ? Ça commence à devenir intéressant !
Ils s'installèrent autour de la table, Erin se lovant sur les cuisses de Sirius, pour faire de la place, un sourire malicieux aux lèvres. Remus bouillonna de rage. Et Hagrid posa des chopes à sa taille de demi-géant, devant ses invités.
- Je suis ravi de vous avoir pour ma petite soirée. C'est beaucoup d'honneurs pour moi.
- Hagrid, vous devez nous dire où vous achetez vos choppes. J'adore ! - Sirius attrapa la sienne, observant sa contenance. - Qui se met au défi de boire cuit sec ?
La préfète le foudroya du regard. Elle venait de dire quoi ? Quel terme n’avait-il pas compris dans la phrase : ne lui faites pas remarquer surtout ?
- Allons, allons, pas de cuit sec. Et puis, vous n'aurez que le fond. Je ne veux pas qu'on m'accuse de soûler les élèves, moi.
Zuuut ! C’était trop beau. Hagrid versa alors un peu plus que le fond dans les choppes. Ils seraient tous majeurs dans l'année. Ils avaient donc le droit, enfin presque. Mais qui irait le dire ? Pas lui en tout cas.
Tous trinquèrent avec plaisir, dans la petite cabane du garde-chasse. Une étrange soirée, mais au final, les maraudeurs n’étaient pas mécontents d’être venu. Les deux leaders du groupe avaient été privés de boissons alcoolisées, n'aimant pas particulièrement le champagne, mais ils avaient largement de quoi se rattraper.
Un verre, deux verres ! Hagrid était bien éméché lui aussi, mais ravi. Il était aux anges de ne pas être rentré tout seul dans sa petite maison de bois. Il aimait la compagnie des élèves, mais les élèves fuyaient la sienne. Rares étaient les personnes, comme Lily et ses camarades, qui venaient lui rendre visite. Il avait appris à connaître la préfète dès sa première année d’études. Elle aimait son potager et venait souvent s'y reposer, lire ou juste s'y balader. Ils avaient vite sympathisé.
Le garde-chasse n’était pas idiot. Ils savaient que les élèves le trouvaient un peu lourdaud, à cause de sa carrure. Pourtant, il était la bonté incarnée. Il n'aurait jamais fait de mal à une mouche. Alors, ce soir, il était juste heureux d'avoir autant de monde dans sa petite maison.
Au fond, la seule chose qui terrifiait le demi-géant, ce n’était ni la forêt interdite qu'il connaissait comme sa poche, ni les fantômes, mais la solitude.
Le whisky coula, ils trinquèrent, ils s'amusèrent, ils parlèrent, jusqu’à tard dans la nuit. Des conversations de tout et de rien, mais surtout des rires. Hagrid s'endormit sur son fauteuil, bercé par l'alcool et ce flot de paroles. Les élèves décidèrent alors de s’éclipser, le laissant tranquille, direction leur salle commune.
Une fois arrivé dans le hall de l’école, le silence régnait. Combien de temps étaient-ils restés chez le garde-chasse ? Bonne question, mais la fête dans la grande salle semblait terminée depuis un moment.
- Il vaut mieux se séparer non ? conseilla le préfet. On va faire un boucan monstre et attirer Rusard. Je n'ai pas particulièrement envie de me prendre une retenue.
Il jeta un coup d'œil à ses camarades, attendant leur avis. Le couvre-feu était passé et le concierge devait être à l’aguet, près à leur bondir dessus.
James clignait fortement des paupières, l'alcool faisant son effet. Il avait chaud à l’intérieur mais froid à l’extérieur. Le bout de ses pieds commençait à geler, mais son cerveau était en ébullition. Hagrid était fou de soûler les élèves comme ça, mais quelle bonne fin de soirée !
- Bonne idée ! approuva Lily.
Elle n'avait jamais eu de retenues et elle n'avait pas envie que ça commence aujourd'hui, surtout pour vagabondage après le couvre-feu en état d'ébriété.
Sirius, lui, haussa les épaules.
- Ça fait longtemps qu'on n'a pas eu affaire à ce bon vieux Rusard. J'irai bien le faire tourner en bourrique, moi.
Un sourire noir apparut sur ses lèvres. James acquiesça, ravi de la tournure que prenaient les événements. De l’alcool et une maraude ! Parfait comme programme.
- On peut aller l'occuper le temps que les autres rentrent sains et saufs. Mais on n'a pas notre matériel.
Un air hautain apparut dans les iris grisé du jeune Black.
- Si, bien sûr que si !
Non, mais il croyait quoi, le Cornedrue ? Qu'ils sortaient sans protection ? Jamais de la vie ! Il en oubliait la base de leurs règles de vie. Sirius s’approcha de Remus, un petit sourire aux lèvres, rivant son regard dans les iris de miel. Il tendit la main vers le jeune homme, ce dernier plongea la sienne dans sa cape, sortant un parchemin.
Un parchemin qui lui échappa aussitôt des doigts, arraché... volé... subtilisé ! Le précieux bien était maintenant dans les mains de la benjamine des McKinnon, qui l'observait, perplexe, le tournant et le retournant, sans comprendre.
- Ce truc ? Ce bout de parchemin miteux ? Votre matériel ? Vous plaisantez, là ?
Lily observait aussi ledit parchemin, tout aussi peu convaincue que son amie.
- Miteux ? - Sirius souffla, agacé, le lui arrachant quasiment des mains. - Si tu savais... Pfff !
Mais jamais elle ne saurait ! Il s’éloigna, loin des filles, suivit de James. Une formule, une recherche plus tard, ils revinrent près du groupe.
Remus aurait bien échangé sa place. Un petit tête-à-tête avec Sirius... Il n'aurait pas dit non. Cette façon que son homme avait eu de plonger dans son regard, le foudroyant presque dans son âme et dans son cœur, ce sourire sur ses lèvres, les rendant appétissantes. Une scène de trois secondes qui avait suffi à éveiller son désir.
- OK, finalement, on va prendre un passage, c'est plus simple.
Et ils entraînèrent les filles vers les cuisines, découvrant un passage derrière une tapisserie qui menait au septième étage. Il était minuit passé et Rusard était en train de faire la fête dans ses appartements. Une pièce minable qui lui servait de chambre.
Les filles les suivirent, ravies de découvrir ce passage très pratique pour se rendre un cours de potion. Commentaire astucieux de Lily, mais jugé totalement inutile par Sirius.
... Fin de soirée dans l’antre des Lions ...Et les voilà au septième étage, dans la salle commune des Gryffondors. La soirée battait son plein. Sur une table, biéraubeurres, biscuits et gâteaux étaient servis à volonté.
Sirius se laissa tomber sur le canapé, près du feu. Remus s'installa à ses côtés, lui tendant une bièraubeurre, bien chaude. Les couloirs de l’école étaient gelés en cette période. Le froid avait envahi les élèves durant leur ascension des étages. Le brun sourit, ravi que le jeune homme ait pensé à lui. Il prit la boisson avec plaisir, sa chaleur se propageant aussitôt entre ses doigts.
- Merci, yeux d'or !
Il aimait les petites attentions de son petit loup. Et il aimait quand ces petites attentions n’étaient destinées qu’à lui.
Le petit loup jeta un regard sur Erin qui avait rejoint la piste de danse improvisée, délaissant enfin son homme. James arriva à son tour, las, fatigué rêvant de son lit et de sa belle. Lily était tout simplement divine. Cette distance entre eux ne faisait que renforcer ses sentiments. Il avait l’impression que cela faisait des mois qu’il était contraint au silence, que son cœur était emmuré, bâillonné, ligoté. Mais en fait, cela ne faisait que quatre semaines, un peu plus d’un mois. Il devait tenir jusqu’en septembre. Neuf long mois... il soupira, mélancolique. Il en était amoureux et c’était un triste constat, car il n'arriverait sans doute jamais à la séduire. Elle mettait son veto… Cette phrase voulait tout dire et avait anéanti ses espoirs. Elle l’avait dit en plaisantant mais elle était malgré cela pleine de vérité. Il ne réussirait jamais à la séduire !
Sirius posa ses pieds sur l'accoudoir du fauteuil de son capitaine, un triste sourire aux lèvres.
- Qu'est-ce qui t'arrive, mon Corn' ?
Le capitaine souffla, sans sourire.
- Rien, juste fatigué. On monte ?
Son frère acquiesça, se levant, un sourire pour le couple, installé face à eux, qui roucoulaient.
- Bonne fin de soirée, les amoureux !
Peter et Julia rougirent violemment.
Remus suivit le mouvement, ayant qu’une envie : s’éloigner de la foule et retrouver une intimité propre aux maraudeurs. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent dans le dortoir. Sirius se laissa tomber sur son lit, Remus venant s'installer sur le sien, rivant un regard agacé sur le brun. L’heure était à la mise au point !
- Tu joues à quoi avec Erin ? demanda-t-il froidement.
L'accusé cilla des paupières, tournant lentement la tête vers l'accusateur, sans comprendre.
- Plaît-il ? demanda-t-il sur un ton faussement innocent, un petit sourire aux lèvres.
- Pourquoi tu la dragues comme ça ? Du moins, tu fais semblant, j'espère. Mais elle va se faire des films.
Elle devait déjà s’en faire un paquet, ce baiser en était la preuve. Les mêmes que lui, sauf que lui, n’avait pas droit à cette mascarade de la part de son homme, et il ne pourrait jamais lui voler un baiser de la sorte... James se posa sur le lit de son frère, lui jetant un coup d'œil.
- Bah... Erin, elle sait non ?
Sirius n'avait pas quitté Remus des yeux, amusé. Il était jaloux, le petit loup ?
- Bien sûr ! Elle sait que les filles ne m’intéressent pas. Je ne joue à rien avec elle. C'est elle qui joue, je ne fais qu'entrer dans son jeu. Et je tiens à préciser que c’est elle qui m’a embrassé. Elle abuse, je le reconnais et je lui ai dit, mais là, je n’y peux rien. Mais rassures-toi, Moony, l'honneur est sauf, elle sait que ça ne mènera nulle part. Et moi, ça m'arrange si le reste des élèves pensent qu'il y a encore quelque chose entre nous. Les filles me laissent tranquille comme ça, et je n’éveille aucun soupçon.
Le cœur du lycan se gela, face à l'abominable vérité que la révélation de Sirius entraînait.
- Tu lui as dit ? Mais quand ?
Lui-même n’était au courant que depuis une semaine et la jeune fille savait ?! Mais depuis quand ? Il était vraiment le dernier mis dans cette confidence ?
- Non ! Je ne lui ai rien dit. - Sirius grogna très énervé. - C'est sa sœur qui lui a dit, cette balance !
Le châtain fronça les sourcils, vraiment perdu. En quoi Marlène entrait-elle en jeu dans cette histoire ?
James sourit, amusé.
- Tu sais que sa sœur tient une boîte de nuit, à Londres ?
Remus tourna lentement les yeux vers ce dernier.
- Non.
Il n'en savait rien. Pourquoi devrait-il le savoir ? James le regarda, incrédule. Remus devrait s'intéresser à autre chose qu’aux études.
- Bon bah, elle tient une boîte de nuit, à Londres. Devine laquelle...
Sirius grogna, mécontent. Remus réfléchit, essayant de faire le lien, avant que la lumière ne se fasse dans son esprit.
- le San Farmin ?
Sirius grimaça, rivant son regard sur lui.
- Et on a un gagnant ! Elle nous y a vite repérés et elle l'a dit à Erin. Il devrait exister un secret professionnel dans ce genre d'endroit. Bref, je ne joue pas avec elle.
Le San Farmin était un nigth-club gay de Londres où deux des maraudeurs avaient passé leurs soirées d’été. Sirius y avait sans doute rencontré ce O. Cooper. Le lycanthrope le savait car leur projet commun était d’aller y passer le réveillon du nouvel an. Lui-même avait lancé l’idée d’aller danser, idée approuvée par son homme qui avait alors proposé ce lieu.
Et déjà, dans sa tête, il se faisait des films. Sirius et lui dans un lieu où les romances entre les hommes étaient permises. Il se faisait violence pour ne pas trop y croire, mais après tout, pourquoi ne tenterait-il pas quelque chose ? Une musique douce, une danse à deux, sans honte du regard des autres… Mais James serait là, témoin de la scène…
Il chassa ses pensées, revenant dans ce présent.
- J’en déduis donc que Marlène est gay ? questionna le préfet sous l’acquiescement des deux autres.
Voilà donc le terme que Lily n’avait pas osé prononcer.
- Mais alors… pourquoi tu dis que tu es tombé sous son charme ? Remus était vraiment perdu dans ce jeu de faux semblant.
- Je ne le dis pas, se défendit l’animagus chien, je le prétends. C’est ce que j’ai fait croire à Erin pour justifier notre rupture. C’était plus simple à l’époque. En revanche, j’ai été charmé par ce que Marlène était en train de faire.
Le préfet haussa un sourcil sans comprendre, son homme poursuivant :
- Elle embrassait sa petite amie du moment, au vu et su de tous, sans honte. Comme si c’était tout à fait normal.
- Il n’y a rien d’anormal dans le fait d’embrasser une personne qui nous plaît, approuva le préfet, un sourire d’envie aux lèvres. Fille ou garçon, tout ce qui compte, c’est ce que l’on ressent.
Sirius approuva. Le châtain sourit, rassuré. Il avait été jaloux pour rien. Même s'il n'y avait aucune raison logique, puisque Sirius était gay. Mais malgré ça, il ne pouvait s’empêcher de jalouser la jeune fille. Il lui enviait le droit se lover dans les bras de son homme. Il voulait les mêmes droits ! Pas en public non… En privé, dans leur antre. Il ne put empêcher son cœur de soupirer, face à cette injustice.
James sourit, amusé, décidant de jouer un petit peu. Il avait envie de commencer à faire tomber les masques entre ses deux amis. Maintenant que Remus était dans toutes les confidences, tout allait prendre de l’ampleur.
- C'est qu'il nous ferait presque une crise de jalousie, le petit loup !
L’accusé blêmit, inspirant, posant un regard sur son ami.
- N'importe quoi ! Je... je m'inquiétais pour Erin, c'est tout.
- Elle te plaît ?
Le préfet cilla, de plus en plus incrédule. Sirius posa son regard sur l'accusateur, devenu accusé, un peu étonné.
- Sérieux ? Erin, c'est ton genre ?
Le regard de l’accusé passait de l'un à l'autre de ses amis, perdu. Non mais... Ils avaient trop bu là, ils déliraient, les deux autres.
- Mais enfin... pas du tout... N'importe quoi !
Il rougit, assez violemment. Non pas à cause d'Erin, mais à cause du sous-entendu, du champagne, du whisky pur feu et de sa tête qui commençait à tourner. C’était peut-être lui qui avait trop bu...
- Non, elle ne me plaît pas ! conclu-t-il pour mettre un terme à la conversation.
James sourit un peu plus, très ironique, pas décidé à lâcher l’affaire.
- Allons, Moony, y a aucune honte à avoir. Elle est très mignonne, Erin, sublime même. Vous formeriez un très joli couple. Enfin, si Patmol te donne son accord. Elle fait partie de ses exs. C’est une clause de notre charte.
L’ex de la demoiselle inspira et but une bonne gorgée de sa bouteille, se détournant de la conversation. Remus et Erin ? Ce qu'il ne fallait pas entendre. Il posa sa boisson sur sa table de nuit, avant s’allonger sur son lit, les yeux rivés sur le plafonnier, les mains sous la tête.
- Arrête ! s‘agaça aussitôt Remus. Elle ne me plaît pas, OK ! Je n’ai besoin d’aucun accord. Je m'inquiétais pour elle, en tant qu'ami, c'est tout ! Alors, arrête tes films.
James haussa les épaules, prenant un air peu convaincu.
- Mouais, tu dis ça, mais je suis sûr qu'il y a un scrout à pétard sur le chaudron.
Le préfet rougit un peu plus, se calant contre sa tête de lit. Pour chasser son malaise, il but une bonne gorgée sa boisson. L'alcool s’était fini pour lui, plus jamais ! Surtout que oui ! Le scrout à pétard était bien là, mais c’était Sirius qui lui plaisait, pas Erin ! Un comportement qui n’échappa pas à l'œil du cabot, qui tourna la tête vers lui, sans sourire. Il se redressa, attrapa sa bouteille, agacé, la vidant d’une traite, avant de la jeter dans la corbeille, dans un geste adroit et précis.
Le lycan chassa ce bout de conversation de son esprit, reposant les yeux sur Sirius, le cœur battant. Ainsi donc Erin savait, mais quand même...
- J’aimerais comprendre. Pourquoi tu continues à jouer à ça ? Avec elle ?
Les iris grisés si fascinants de son ami se posèrent sur lui.
- De temps en temps, je ne suis pas contre un peu de tendresse et de réconfort. Ce n'est pas parce qu'elle ne m'attire pas que je ne prends pas un certain plaisir dans cette séduction.
- Mais pourquoi tu ne cherches pas du réconfort auprès de quelqu'un qui te plaît ?
Sirius pouffa face à l'absurdité de la question.
- Un mec ? À Poudlard ?
- Bah oui...
- Jamais de la vie ! Même si je me faisais ouvertement draguer par un serpent brûlant du désert, jamais de la vie. Je n'aurais aucune confiance. Si c'est pour vivre avec la peur qu’il balance tout à la première dispute, d’être surpris à chaque rendez-vous, non ! Je préfère rester avec ma frustration, ou me contenter d’Erin.
James posa un regard sur un point dans le vide, réfléchissant.
- Ce qu'il te faudrait, c'est un mec en qui tu as entièrement confiance.
- Oui et ça réduit considérablement les choix, tu ne crois pas ?
Le regard métallique alla de l'un à l'autre de ses amis, se posant en premier sur son frère.
- Intéressé ? demanda-t-il, très moqueur.
- Non, tu n'es pas assez rousse à mon goût, répliqua le capitaine, dans un éclat de rire. Demande à Moony plutôt.
Le préfet cilla. Le regard de son homme se posa sur lui, avec envie, une lueur de désir se logeant dans ses prunelles, les allumant de nuances bleutées. Un regard qui le brûla de l’intérieur.
- Alors, petit loup, intéressé ?
Le petit loup inspira, entrouvrant les lèvres, sans savoir quoi répondre. Mais que répondre ? Son cœur et son esprit hurlait oui, mais ses lèvres se refusèrent à prononcer le moindre son. Son seul réflexe fut de boire de sa Bièraubeurre, pour se donner du temps. Oui, il était intéressé ! Oui, il en rêvait ! Mais de là à le proclamer haut et fort… Il blêmit, mal à l’aise.
Sirius se redressa, amusé.
- On plaisante, Rem, souffla-t-il, un sourire d’excuse aux lèvres.
De la plaisanterie… Encore et toujours ! Le châtain détourna les yeux. Pourquoi n’avait-il pas eu l’audace de répondre oui ? Pourquoi n’avait-il pas saisi cette occasion ? Parce que ce n’était que de la plaisanterie.
James ne le quitta pas des yeux, voyant cette ombre passer dans son regard, l’assombrir, comme déçu.
- Tu ne réponds pas ?
Une lueur de malice se logea dans les prunelles noisette du jeune homme.
Remus déglutit face à ce regard et ce sourire. Il blêmit un peu plus. James savait ! Une évidence qui s'imposa à lui, mais... Non... C'était impossible. Pourtant… Il s'était dévoilé face au jeune homme un peu trop souvent. Et il ne doutait nullement des capacités de déduction de ce dernier.
Le regard de Sirius passa sur chacun de ses amis sans trop comprendre. James se releva, toujours ce petit sourire de connivence aux lèvres.
- Bon aller, moi je vais me coucher, je suis mort. La soirée a été longue. Mais dites... - Il stoppa son mouvement, se retournant vers ses amis. - Vous saviez que Lily était une alcoolique, adepte de champagne ?
Sirius rigola, amusé.
- Pas si parfaite que ça, la préfète !
Le regard du capitaine brilla, plein d’envie et de désir.
- Tu plaisantes ! Plus parfaite que la perfection même ! Je sens qu'elle a l'âme d'une maraudeuse.
Il leur adressa un clin d'œil avant de filer dans la salle de bain. Sirius le suivit des yeux, désespéré.
- Sérieux, à ce stade-là, il est irrécupérable…
Remus rigola, amusé et ravi que la conversation ne soit plus centrée sur lui. Il croisa le regard métallique qui le fascinait tant, son propriétaire se redressant, prenant appui sur son coude, un sourire aux lèvres, ravi d'entendre ce son si cristallin.
- Tu ne rigoles pas assez, mon ange.
Remus rougit légèrement. Mon ange... Des mots qui le faisaient frissonner.
- Tu sais Siri', je ne crois pas que tu aies réellement un droit de veto.
Le brun haussa les épaules, capitulant.
- J'en doute aussi fortement !
Mais soit, si Lily Evans devait devenir une maraudeuse... eh bien, Lily Evans, il accepterait dans le groupe. Rester plus qu'à espérer qu'elle ne se laisse jamais séduire.
Il s'allongea sur son lit, fermant les yeux, dans un soupire. Lui aussi commençait à fatiguer. Remus se leva, cédant à son désir, en s'installant aux côtés de son homme, qui ne se fit pas prier pour lui faire une petite place, rivant son regard dans les iris dorés du jeune homme.
- Étrange soirée, non ? Il est plutôt sympa le Hagrid, du moins quand il n'assure pas les heures de colle.
Remus acquiesça, cédant de nouveau à son envie. Il glissa ses doigts dans la chevelure de son homme, dans une douce caresse. Ce dernier ferma les yeux, profitant de ce geste, une nouvelle petite attention.
Depuis plusieurs jours, ils s’étaient un peu éloignés, mais la faute à qui ? Le brun n'aurait pas accusé son ami. Lui aussi avait pris ses distances, malgré tout, vexé par sa réaction, quand il lui avait annoncé qu'il était gay. Mais là, il n'avait aucune envie de le repousser, ou de faire la tête. Il profitait juste.
- Ça t'embêterait vraiment si James réussissait à séduire Lily ?
Remus détaillait chaque trait de ce visage si parfait, un sourire aux lèvres, son cœur battant de cette proximité. Un regard qui s’arrêta quelques secondes sur ses lèvres. Ce fut comme si des dizaines de dragons venaient de se loger dans son bas-ventre, propageant en lui un désir, une envie. Capturer ses lèvres, un tendre baiser… Son premier baiser.
Sirius grogna, sans ouvrir les yeux.
- Disons que j'avais espéré ne plus avoir à la supporter une fois Poudlard fini.
Evans n’était pas une personne qu'il aurait revue à sa sortie de l’école. Remus sourit, compatissant.
- Je vais te décevoir, mais elle va postuler au cursus des Aurors.
Le brun grogna un peu plus. Aller ! Il allait devoir se la supporter encore trois ans minimums... Génial ! Il adorait la vie et les petits coups de poignards qu'elle leur mettait dans le dos, surtout avec lui. Remus inspira, s'enivrant de l'odeur de son homme, son regard glissant de nouveau sur ses lèvres. Ce désir, cette envie ne firent que grandir en lui, les dragons recommençant leur danse. Ces mots que Sirius avait prononcés et qui raisonnait encore en lui.
« Tes lèvres, douces, fines, pulpeuses. Et cette cicatrice qui les entrecoupent et qui doit donner à tes baisers une saveur des plus exceptionnelles, unique au monde. »
Le préfet inspira, essayant de canaliser ces pulsions qui se propageaient en lui telle la lave d'un volcan en éruption sur les flancs d’une montagne. Les lèvres de Sirius étaient si tentantes, si présentes dans ses rêves de plus en plus brûlants ; ce regard gris argenté, nuancé d’éclats bleutés, une lueur d’envie s’y logeant ; ce sourire plein de désir, la même scène que celle de la salle de bain de la cabane, mais qui finissait par un baiser brûlant, Sirius l’embrassant avec passion pour mettre en pratique sa théorie.
Il inspira bruyamment, avant de revenir à la réalité juste à temps, grâce à un bruit de la porte et un James qui revenait dans la chambre. Il se leva d’un coup, délaissant son homme, pour passer sous la douche. Une bonne douche bien fraîche pour lui remettre les idées en place et enfouir son désir et ses envies avant de déraper. Une seconde de plus et il se serait perdu.
Sirius entrouvrit les yeux, suivant son ami jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision, perplexe.
Remus était de plus en plus bizarre en période de pré-pleines lunes... Était-ce à cause d'Erin ? La jeune fille plaisait-elle au préfet ?
Quelques minutes plus tard, le châtain revenait dans la pièce. James avait déjà sombré dans les bras de Morphée, non sans avoir tiré les rideaux de son lit à baldaquin, s’isolant du monde.
Sirius observa son ami, son cœur se mettant à battre très désagréablement. Le lycan s’allongea, fatigué, sentant aussitôt ce regard pesant sur lui. L’or croisa l’argent, celui-ci se détournant aussitôt. Sirius inspira.
- Demain c’est la pleine lune. Est-ce que… est-ce-que tu veux que dimanche matin ce soit Pomfresh qui vienne s’occuper de toi ?
Le cœur du lycan s’arrêta net, étonné par cette question. Il se redressa d'un coup, rivant son regard sur son homme.
- Non ! Pourquoi ? Tu ne seras pas là ?
Le brun sourit, le battement de son cœur se faisant plus doux, croisant ce regard ambré si fascinant.
- Si, bien sûr ! Si tu veux que ce soit moi, pas de soucis.
- Qui d’autre ? souffla le lycan, sans comprendre.
- Ok. Je serais là, se disant, il se leva pour passer dans la salle de douche à son tour, le cœur plus léger.
Remus fronça les sourcils, comprenant enfin toute la portée de la question du jeune homme.
- Siri, la balle est dans ton camp maintenant. J’espère que dimanche matin, rien n’aurait changé entre nous.
Sirius se tourna vers lui, un divin sourire aux lèvres, une étrange lueur dans le regard.
- Bien reçu, Yeux d’Or.
Le préfet inspira, se rallongeant sur son lit, posant son regard sur le plafonnier.
Son homme avait voulu savoir s’il acceptait qu’il le voie nu, malgré ses préférences affichées pour les hommes. Bien sûr, ça ne changeait rien pour lui. Il était loin d’être attirant ou sexy juste après sa métamorphose : blessé, gelé, meurtri. Maintenant, il espérait juste se réveiller dans les bras de son ami, contre la chaleur de son corps, le battement de son cœur résonnant dans le creux de son oreille. Pour lui, les préférences du jeune Black ne changeaient rien !
Il espérait que ça ne change rien non plus pour son homme. Il avait mal réagi, il le savait bien. Sirius s’était éloigné ces derniers jours, il le sentait bien.
Mais ce moment-là, celui où il reprenait conscience, se sentant protéger, à l’abri de tout, c’était la seule raison pour laquelle il supportait sa condition, le seul moment où Sirius était tout à lui, rien qu’à lui. Le seul moment où il pouvait profiter réellement de sa présence. Avant, il mettait plusieurs jours à reprendre goût à la vie, mais maintenant qu’il se réveillait dans ses bras, c’était quasiment instantané. La protection et les attentions de son homme ne lui faisaient pas oublier sa souffrance, mais elle le faisait revivre. Il ne voulait pas perdre ça.
Sirius n’avait pas le droit de le priver de ça !
End Notes:
Et voila un chapitre festif. J'espère qu'il vous a plu et que vous ne l'avez pas trouver trop long. Je vous remercie de suivre ma fan fic et pour vos commentaires. C'est toujours un plaisir d'avoir un retour.
Un Noël à Godric Hollow by Crepuscule64
Author's Notes:
Le soir du réveillon de Noël, les Potter ont fait les choses en grand : grand repas, beaucoup d'invité. Trois des maraudeurs se retrouvent avec plaisir, entouré de leur famille.
Remus Lupin se tenait devant le miroir de sa chambre, s'observant de moins en moins convaincu par sa tenue. Il n'était pas du tout à l'aise, ce n'était pas lui. En plus, il avait demandé à sa mère de lui couper les cheveux, ceux-ci devenant trop long, lui donnant un air négligé qu'il n'aimait pas. Sauf qu'elle les avait coupés un peu trop court, en particulier au niveau de la frange. Il aimait pouvoir cacher son regard derrière de longues mèches, mais là… Il ne pouvait plus !
Il secoua la tête, à deux doigts de se changer, d’enfiler une tenue plus à son goût, plus ample. Mais les conseils de sa meilleure amie raisonnèrent dans sa tête : « ça te va bien, croire moi, il va craquer, te trouver très séduisant. »
Car oui, si pour l’heure, il avait adopté un nouveau style, c’était uniquement pour que son homme voie au-delà de l’ami qu’il était… Sirius lui avait dit qu’il pouvait être sexy quand il y mettait du sien. Et selon une certaine rousse, y mettre du sien revenait à ne plus se cacher derrière des vêtements trop grand pour lui.
Il soupira las, chassant ce combat mental. Un appel résonna dans la maison. C’était l’heure ! Il passa dans le salon où sa mère enfilait son manteau, un sourire illuminant son visage en voyant son fils.
- Eh bien, ça te change de tes pulls trop grands. Ça te va à ravir.
Son fils était magnifique, réellement beau. Ce dernier sourit, sans grande conviction. Il s’accroupit, caressant son chien.
- Socrate, on rentre demain, tu as de quoi te nourrir, te reposer et te de balader. Soit sage !
Une dernière caresse pour lui dire au revoir avant de transplaner à Godric's Hollow, avec ses parents.
Ils réapparurent dans la petite rue, juste devant le cottage. Hope tenait fermement la main de son époux, prise d’un haut-le-cœur. Elle n’aimait pas transplaner, elle n’aimait pas les moyens de transport sorcier. Elle avait pris une fois un Magicobus et elle avait cru mourir quatre fois en moins de dix minutes. Sa moitié posa délicatement sa main sur la sienne, l’invitant à rouvrir les yeux. La mère de famille s’exécuta, une grimace aux lèvres.
- La prochaine fois, on part plus tôt et en voiture.
Remus et Lyall échangèrent le même regard, amusés. Pourquoi subir trois heures en voiture alors qu’en deux secondes, c’était fait par transplanage ? Les moldus… Les hommes de la famille Lupin ne comprenaient pas toujours la femme.
Ils posèrent les yeux sur le cottage. De la lumière, de la musique et des conversations leur laissaient présumer qu'ils n’étaient pas les premiers. Ils frappèrent, Euphémia venant aussitôt leur ouvrir.
- Bonsoir les Lupin et bienvenus !
- Joyeux Noël !
Lyall lui tendit deux bouteilles d'un excellent champagne, comme le voulait la tradition : on n'arrive pas les mains vides à un dîner.
Euphemia saisit les bouteilles qu'elle confia aussitôt à son mari, ce dernier acquiesçant de la tête, ravi.
- Délicieux ! Merci, mais il ne fallait pas ! Joyeux Noël à vous aussi !
La tradition voulait qu'on joue la fausse modestie, alors que Fléamont aurait râlé contre le manque de savoir-vivre des Lupins, s'ils étaient arrivés les mains vides.
Les trois Lupins entèrent dans le grand salon, posant les yeux sur les personnes présentes : James, Sirius et les Tonks. Mais aussi Alastor Maugrey. Le regard de Sirius se posa sur les nouveaux venus. Les Lupin saluèrent l'assemblée et le jeune homme rejoignit ses amis, installés sur le sol, près du feu de la cheminée. Sirius avait une petite fille de quatre ans sur ses genoux, celle-ci fixant avidement le feu.
- Salut ! Le lycan se laissa tomber à côté d'eux, Sirius le détaillant, un sourire aux lèvres.
- Eh bien, tu t'es mis sur ton trente et un !
Remus sourit, gêné, détournant les yeux sur l'enfant.
- Oui... Lily m'a obligée à faire du shopping. Enfin, je trouve que c'est trop... mais bon…
Il n'avait pas eu le choix. Le regard de Sirius courait sur son corps, détaillant ses formes que sa nouvelle garde de robe mettait en valeur. Les épaules du jeune homme étaient parfaitement dessinées par une veste en daim que Remus ôta, pour découvrir un pull près du corps. Son torse était mis en valeur, ses muscles se devinaient sous le tissu. Un jean noir serré dessinait aussi parfaitement les courbes de ses hanches et de ses fesses. En un mot, le jeune homme était tout simplement canon.
- Alors, pas du tout, bien au contraire. Ça te va très bien. Cette tenue te met en valeur.
La petite fille, dont la chevelure était parsemée de mèches roses, tourna lentement les yeux vers le nouveau venu. Remus cilla, étonné. Elle avait les mêmes iris que Sirius. La marque de fabrique des Black ! L’enfant cilla, incrédule, avant d’inspirer, prise d’une fascination soudaine.
- Joli !!!
Et le préfet fronça les sourcils face à ce qui suivit : les iris de la petite Nymphadora changèrent de couleur virant sur le jaune, puis l'ambré et enfin doré... comme les siens.
- Comment elle fait ça ? questionna le préfet, réellement intrigué par cette capacité. Lui, il aurait bien aimé changé la sienne pour paraître plus normal… reprendre ses iris bleutés d'avant sa malédiction.
- Elle est métamorphage. Je te rassure, ce n’est pas Andy qui lui a teint les cheveux en rose, et ce n’est pas de naissance… enfin les mèches roses, mais elle est née métamorphage. - Il posa les yeux sur sa cousine. - Andy, ça vient d’où cette capacité ?
- Bonne question ! Logiquement, ça se transmet de génération en génération… C’est héréditaire. Mais Ted est-né moldus… Et nous… Tu as entendu parler d’un ancêtre qui savait faire ça ?
Le jeune Black fronça les sourcils, cherchant parmi les légendes que les adultes leur racontaient enfant mais…
- Non ! Rien de semblable. On avait une tante qui dansait nue sous la pluie… un oncle qui savait retourner ses yeux avec ses paupières… Mais aucun rapport.
- Chaque hérédité doit bien commencer un jour avec quelqu’un, conclu alors Euphémia Potter, sous l’acquiescement de la mère de l’enfant.
Sirius reposa les yeux sur la petite qui fixait le lycanthrope, intensément.
- Dora, je te présente Remus, mon meilleur ami.
James rigola face au manque total de réaction de la gamine. Elle semblait déconnectée de leur monde à eux.
- Elle me fait trop délirer. Ne te vexe pas de son intérêt Moony, elle fait ça dès qu'elle voit des iris inhabituels et fascinants.
Sirius acquiesça de la tête, avant de jeter un regard ironique à son frère.
- Tu remarqueras que toi, elle ne t'a accordé aucune attention.
Celui-ci lui jeta un regard noir en réponse.
- Elle ne sait pas ce qu'elle rate !
- Pas grand-chose, des yeux noisette, c’est d'une banalité affligeante, railla le brun.
- Ce n’est pas noisette, c’est couleur bronze !
- Sans blague ?
Remus sourit, amusé, prenant alors le verre que la propriétaire des lieux lui tendit.
- Merci madame Potter.
Donc la petite avait pris les mêmes iris que Sirius. Rien à voir avec la marque de fabrique des premiers nés de la famille Black. Mais quelle était sa couleur naturelle ? Quelle importance au fond ?
Il croisa alors le regard de Sirius, qui le détaillait toujours, presque avec envie.
Note pour lui-même : toujours écouter les conseils avisés de Lily.
La petite fille se leva alors, courant près de sa mère pour lui montrer ses nouveaux iris. Andromeda la félicita, amusée.
Elle avait accepté avec plaisir l'invitation des Potter. Tout d’abord, pour être avec son cousin, pour avoir une légère impression d’être en famille. Et ensuite, parce qu’elle ne voulait pas se retrouver à trois, dans leur maison, pour le réveillon de Noël. Elle avait toujours été habituée aux grandes soirées, aux grands bals organisés chez les Blacks et leur entourage proche. Mais aujourd’hui, elle n'attendait plus aucune invitation de sa famille. Elle avait tenté de renouer avec eux, à la naissance de sa fille. Mais sans aucun retour…
Aujourd’hui, elle préférait se concentrer sur du réel, sur sa fille, son cousin. Son oncle… Alphard qui avait pris contact avec elle quand elle avait fui pour épouser Ted. Alphard qui avait été banni, et qui aujourd’hui n’était plus…
Androméda posa les yeux sur son cousin, le cœur meurtrit. Sirius avait eu le courage de fuir les Black avant l’heure, avant sa majorité. Elle lui avait proposé de l’héberger, de l’accueillir chez eux, mais le jeune homme avait préféré rester auprès des Potter, sa famille d’adoption. Ce qu’elle avait parfaitement compris.
Mais au moins, ce soir, ils étaient tous ensemble… enfin presque tous. Elle reposa son attention sur Hope Lupin, qu’elle ne connaissait pas, un sourire aux lèvres, décidé à élargir son cercle d’amies.
Sirius posa son regard sur Remus, un sourire aux lèvres, le trouvant particulièrement séduisant.
- Alors, Evans t'a traîné dans les boutiques ? Même si ça m’écorche de le reconnaître, elle a bon goût.
- Ça dépend du sujet… répliqua James avant de siroter son punch fait maison.
Ils avaient suivi la recette à lettre, sauf pour les quantités d'alcool, qu'ils avaient un peu corsées.
- Tu dis ça parce qu'elle refuse de sortir avec toi ? demanda Remus légèrement ironique, bien plus confiant sur sa nouvelle garde-robe et son effet, depuis que Sirius ne le quittait pas des yeux.
- Tout à fait ! Mais ce n'est qu'une question de temps !
Il n’abandonnait pas. Elle mettait son veto aujourd’hui, mais lui dirait oui, un jour !
Le préfet fronça légèrement les sourcils. Son ami avait-il oublié son engagement de ne pas demander à la jeune fille de sortir avec lui ? Il sourit alors, se penchant vers Sirius pour lui murmurer quelque chose dans le creux de l'oreille.
- Tu es sérieux là ? L'animagus chien le regarda, presque choqué.
- Oui ! Ça m'a aussi très étonné.
- C'est de moi que vous parlez ? s'enquit James, plein de méfiance. Des messes basses contre lui ?
Mais de qui d'autre ? Pour comploter dans leur coin comme ça. Remus sourit, acquiesçant de la tête.
- Oui, mais je ne te le dis pas, tu vas m'embêter toute la soirée pour l'avoir.
Pour l'avoir ? Pour avoir quoi ? Pourquoi je t'embêterai ?
Il observa les deux garçons, soupçonneux. Un truc qu'il ne pouvait dire qu'à Sirius et pas à lui ? Ça le concernait directement. Vu l'étonnement dans le regard de son frère, ça devait vraiment être inhabituelle.
- Dis-lui ! Juste pour le faire languir jusqu'à minuit... ou même mieux, jusqu'à demain matin ! Sirius sourit, une voix narquoise, pleine de délectation. James Potter allait souffrir et lui il adorait ça.
- Non... Demain matin, c'est cruel, désapprouva le préfet.
- C'est un cadeau ?
Ça ne pouvait être que ça, vu les échéances. Ils se donnaient leurs cadeaux à minuit, mais c'est vrai que logiquement, ils devraient attendre le lendemain matin.
- Un cadeau de qui ? - Il voulait savoir ! Ils en avaient trop dit ! Et l’évidence le frappa, tel un cognard, ou plutôt, telle une brise du matin au parfum fleuri. Les parfums des Lys. - De Lily ?!?
Il les regarda tour à tour, quand ils s'esclaffèrent.
- Lily ? Elle m'a fait un cadeau ? Il cilla, incrédule face à cette réalité. La préfète avait pensé à lui, elle avait été faire les boutiques juste pour lui, pour lui faire un cadeau.
Remus acquiesça lentement de la tête.
- Oui, elle m'a chargé de te le donner.
- Et bien, donne !
Il tendit la main vers le messager, attendant que le précieux bien vienne s’y loger. Il ordonnait et le monde se devait de s’exécuter. C’était la règle, sa règle, le monde entier devait s’y plier, même Remus John Lupin, Préfet et Lycanthrope ! Mais aucune réaction de la part de ce dernier, qui haussa juste un sourcil. Où avait-il pu le cacher ? Pas sur lui, en tout cas, pas assez de place dans les poches, sauf si c'était un caillou... Allez savoir avec la jolie rousse.
- Allez, donne-le-moi !
- Non, tu l'auras à minuit ! répliqua Remus, ne comptant pas se laisser faire, ni impressionner.
- Ou demain matin ! la voix de Sirius se fit toute mielleuse. La torture pour le capitaine venait tout juste de commencer.
- Minuit ! James se renfrogna, hors de question pour lui d'attendre demain matin, surtout pour un cadeau de sa belle.
- Ou demain matin, ce n'est pas toi qui choisis ! déclara Sirius, narquois.
Fléamont toussota, mettant fin pour l'heure à leur conversation. Il leva son verre, sous les yeux de la petite assemblée.
- Alors, je vais faire court, afin que la fête commence. Je vous remercie d'avoir répondu présent pour venir égayer notre petite soirée. C'est avec plaisir que l'on vous reçoit dans notre petite demeure. Je vous souhaite à tous un très joyeux réveillon de Noël, alors Santé !
Ils trinquèrent à la paix dans le monde, faisant raisonner les verres entre eux.
Fléamont posa les yeux sur l'Auror, ami de longue date, qui but son verre pour moitié en une gorgée.
- Alors, Alastor, cette nouvelle coéquipière, elle donne quoi ?
Les garçons s'approchèrent, écoutant avec attention la conversation des deux adultes, toujours à l’affût de ce qui se passait dans le monde des sorciers, la gazette relayant très peu d'informations.
L’Auror grogna, grimaça.
- Elle est douée, mais tu sais, moi, les coéquipiers, qui plus est, les femmes...
- Alastor ! Une femme est aussi capable qu'un homme. s'insurgea aussitôt Androméda, soutenue par l’assemblée féminine.
- Je sais, je sais... Mais pas avec moi ! Enfin elle, si ! Elle est redoutable avec une baguette. Elle a une sacrée fougue et une détermination à toute épreuve. Elle fera une excellente recrue pour l'ordre. -Tous approuvèrent de la tête. - Mais bon... Elle est un peu une tête brûlée, du genre à se jeter dans la gueule du loup. Prête à mordre à la première occasion. Il faut que je la surveille de près. Et moi, je ne suis pas là pour jouer les mamans !
Il grogna de nouveau, provoquant une petite hilarité dans l'assemblée.
- Il me semble que tu as été à l'école avec elle, Andromeda.
Celle-ci l'observa, étonnée. Il poursuivit :
- Dorcas Meadowes !
Elle sourit, revoyant très bien la jeune fille qu'elle avait connue.
- Bien sûr ! Quelques années plus jeunes que moi, deux classes en dessous si je me souviens bien... Cheveux courts, toujours vêtue de façon moldue provoquant l'agacement des profs et entraînant de nombreuses heures de colle. Je crois qu’elle détient le record de points perdu pour sa maison. J’ai souvent essayé de la raisonner en tant que Préfète en Chef, mais en vain… Déterminée, sûre d'elle. Assez solitaire.
Alastor acquiesça lentement de la tête. Une description qui était encore toujours d’actualité.
- Tout à fait elle. Un danger public ! Première de sa promotion des Aurors, mais première à mourir en cas de guet-apens.
- Allons Alastor, elle va se calmer avec l'expérience.
- Si elle ne meurt pas avant ! répliqua le sorcier.
- A vous de la garder en vie, dit Hope, amusée, en portant son verre à ses lèvres. Elle avait appris avec le temps et les connaissances de son fils à découvrir le monde de la magie. Même si les Lupins avaient adopté un mode de vie moldu, ils n’en étaient pas pour autant coupés des sorciers. Du moins, il avait appris à se réconcilier avec lui.
La petite assemblée rigola face à la triste mine de l'Auror.
- Je ne suis pas un Baby-sitter... bougonna-t-il.
James frappa l'épaule de ses camarades, leur intimant l'ordre de le suivre. Ils quittèrent le salon pour passer dans le jardin. Et les voilà dans la tente, loin des conversations trop sérieuses des adultes. Remus observa attentivement le lieu de vie de ses amis. En arrivant dans le jardin, il avait posé les yeux sur une tente assez haute pour tenir debout mais il ne s’était pas imaginé atterrir dans un petit appartement.
- Sympa ! J'adore le monde de la magie. Ça réserve toujours des surprises.
James s'installa au petit salon, un saladier de punch, préparé spécialement pour eux, les attendait. Lui, il voulait son cadeau, celui de Lily. Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Connaissant la jolie rousse, rien concernant le Quidditch. Un livre sans doute... Un livre moldu ?
Sirius et Remus revenaient de la visite des chambres. James jeta un regard à son frère, un sourire malsain se formant sur ses lèvres, lui intimant l'ordre tacite de lancer leur petit jeu. Un petit jeu où ils allaient tester leur ami.
... Quelques heures plus tôt ...
- Je te dis-moi que ça ne va rien changer. Sauf peut-être qu'il risque d'entrer dans tes petits jeux malsains.
James posait une carte sur le sol, observant son frère de cœur. Sirius grogna, pas convaincu pour un noize.
- Et tu en as tout aussi peur. La preuve... De toute la semaine dernière, tu ne l'as pas approché.
Sirius cilla des yeux, incrédule.
- Tu plaisantes ?
- Pas du tout, tu as évité soigneusement tout contact avec lui. Tu as peur qu'il n'entre dans ton jeu ou qu'il te repousse. C'est facile comme ça, tu n'auras jamais la réponse à tes questions.
Sirius secoua la tête. Il grimaça, prenant sa Bièraubeurre.
- ça n'a rien à voir. L'occasion ne s'est simplement pas présentée...
Bon, il devait avouer qu'il n'avait jamais eu besoin d'occasion pour se rapprocher de Remus, mais là, il avait quand même du mal à les trouver. Même si le vendredi précédent, une porte s'était ouverte entre eux.
- Depuis quand tu as besoin d'occasions ? Tu n'oses pas, c'est tout !
Sirius haussa les épaules. Oui, son frère avait raison. Il pouvait mentir à tout le monde, sauf au fils Potter. Il devait avouer qu’il avait peur que Remus le repousse, que le jeune homme n'accepte plus leur intimité, leur tendresse. La preuve, le lendemain de la pleine lune, s'il s’était allongé sur le lit, il ne s’était pas plu à caresser sa peau, à dessiner ses cicatrices, il n’avait pas osé. Mais Remus aussi avait pris ses distances. Du moins, c'était ce dont il s'était convaincu.
Les choses semblaient s'arranger, même si le jeune homme était un peu étrange ces derniers temps.
- Tu sais quoi, on va le tester, on va lui tendre des pièges, lui donner des choix à faire et on va voir s'il va faire les bons.
Le capitaine sourit plein d’envie. Il s'ennuyait un peu dans sa vie, en ce moment. Sans sa course au cœur de Lily, sans embêter Severus, sans leurs maraudes... ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas enfreint le règlement de Poudlard... Ils n’y avaient plus beaucoup de clause à enfreindre pour eux. Et en plus, leurs faits et gestes étaient limités pour les vacances. Ils pouvaient sortir en journée, mais le soir non...
Sirius observa son frère, très méfiant sur ce coup. C'était de Remus dont il s'agissait, pas d'une fille quelconque avec qui son capitaine avait décidé de s'amuser.
- Quel genre de pièges ?
Il ne le laisserait pas faire n'importe quoi. Hors de question !
James joua, gagna, un sourire aux lèvres. Il réfléchit alors. Des petits tests pour Remus... Qu'est-ce qu'il pourrait bien inventer pour tester le lycanthrope ?
- Déjà, il va falloir savoir où il va dormir pour le réveillon. Il n'y a que deux chambres. Donc, il aura le choix entre... le canapé ou ton lit !
Une lueur malsaine se logea le regard de James. Son frère le regarda, choqué. Dans son lit à lui ? Non mais...
- Quoi ? Tu n'es pas sérieux, là ? Pourquoi il ne dormirait pas avoir toi ?
- Parce que je ne partage pas, répliqua le capitaine, en releva son regard de son jeu. Donc c’est soit ton lit, soit ce canapé minable.
Sirius inspira, sans trop savoir quoi penser. James était un pur génie, sauf qu'il le mettait au profit du mal. Et lui, il n'avait pas très envie de jouer avec le lycan. D'un autre côté, ce ne serait pas vraiment un jeu. S'ils étaient pour l'heure installés sur le sol de la tente, c'était bien parce que le canapé était vieux et miteux. Il devait le changer, mais ce n'était pas dans ses priorités.
Sirius joua, pensif. Laisser Remus dormir sur le canapé était inconcevable. Il allait finir courbaturer de partout. Et après, il ne restait pas beaucoup de solutions pour loger son ami. Installer un lit de camp dans un coin ?
- Non... En effet ! OK, pour ça... Mais quand même, je veux être consulté avant que tu ne lui proposes des choix ou que tu tentes quoi que ce soit.
James sourit, ravi. Ils allaient enfin s'amuser.
- Naturellement, mon vieux pad'. Je ne ferai rien sans ton accord.
Donc le premier test était décidé. Le sourire de James se fit légèrement narquois, entraînant la suspicion de son frère.
- Quoi ? Une réplique plutôt glaciale de l'animagus chien.
- Non rien... Enfin, ça ne te dérange pas beaucoup de dormir avec Remus.
Le cabot haussa les épaules, sans sourire, mine de rien.
- Pas vraiment non. Le lit est grand. Ce ne serait pas la première fois qu'on se retrouve dans le même lit, en tout bien, tout honneur. Je ne vais pas le violer dans son sommeil.
James rigola légèrement.
- Je suis sûr qu'il n'attend que ça, moi !
Sirius lui en doutait beaucoup. Remus n'était pas attiré par les mecs. Pourtant, quand ils s'étaient expliqués et qu'il lui avait demandé s'il avait peur qu'il ne l'embrasse en lui avouant qu'il était gay... Cette lueur dans le regard de son ami ! Une lueur vivante, vibrante, qui s'était propagée en lui... Et son comportement, durant la dernière soirée à Poudlard ? Face à Erin ?
- Je croyais que c'était Erin qui lui plaisait.
James leva les yeux de son jeu, pensif.
- Et bien, si ce n'est pas Erin, c'est toi ! Mais en tout cas, c'était bien une crise de jalousie que Moony nous a fait.
Sirius n'y croyait pas. Lui ? Plaire à Remus ? Le jeune homme avait fui quand il lui avait dit n'être intéressé que par les mecs. Il aurait eu une autre réaction... C'est incohérent ! Alors ça voulait dire que c'était Erin qui lui plaisait... Une idée qui ne l'enchantait pas du tout ! Remus et Erin ?
Et le moment du test était arrivé. James leur servit un verre de punch, appuyant son regard sur Sirius. Ce dernier leva le sien sur Remus.
- Ah oui... Comme tu l'as vu, il n'y a que deux chambres. James en a pris une et moi l'autre. Donc en fait, tu as le choix entre ce canapé...
L'intéressé grimaça, il était justement assis sur ce canapé et il sentait déjà les ressorts lui rentrer dans les fesses.
- Ou mon lit. - Le propriétaire des lieux sourit, alors, tentateur. - Je partage avec plaisir.
James porta son verre à ses lèvres, sirotant ce délicieux mélange de fruit et d'alcool.
Le châtain déglutit, son cœur se mettant à battre lourdement. Non pas à la proposition de son ami, ce n’était pas la première fois qu’il partagerait le même lit.
Mais à cause de ce sourire, ce regard… une invitation à la tentation.
- Et bien...
Est-ce qu'il y avait vraiment un choix à faire ? Non, mais il fallait faire comme si. Il voulait retrouver leur complicité, ils s'étaient trop éloignés.
- Au choix, je préfère partager ton lit.
Il rougit, face à l’ambiguïté qu'aurait pu présenter cette proposition. Sirius jeta un regard à James, qui souriait satisfait. Ils trinquèrent, à eux, à l'avenir, à la fin de l'année et la nouvelle année qui approchait à grands pas.
... Vingt minutes plus tard...
- Bon Remus, tu commences à m'énerver, c'est mon cadeau, donne-le-moi !
Les trois amis réapparaissaient dans le salon où la table était dressée, l’heure du dîner avait sonné. Euphémia observa les jeunes gens, un tendre regard pour son fils.
- Te donner quoi, mon cœur ?
Le châtain s'installa à une des trois places vides. James prit celle tout au bout, futur mètre de maison oblige et Sirius la dernière de libre.
- Un cadeau... mon cadeau d'une amie de Gryffondor, maugréa le brun.
Remus allait protester, mais Euphémisa le prit de cours, son regard se faisant aussitôt sévère.
- Ça suffit ! Les cadeaux, ce n'est pas avant minuit, alors cesse ton caprice.
Elle posa un doux regard sur le jeune Lupin.
- D'ailleurs, tu peux le mettre sous le sapin si tu veux.
Et elle retourna à sa place, Fléamont entreprit alors de découper la grosse dinde avec des ustensiles moldus. Ted lui expliquait comment faire. Né-moldu, il aimait leurs traditions. Fléamont les aimait parce qu'elles étaient en complète contradiction avec les siennes, avec la magie, tout était trop faciles à son goût...
Remus prit son verre de punch, le portant à ses lèvres. James poursuivit.
- Enfin, je suis sûr que c'est un livre. Je connais ma belle Lily. Un livre moldu, je dirai.
Sirius haussa un sourcil, grimaçant.
- Et bah... trop sympa les cadeaux de la Evans...
Si c'était des livres, il passait son tour. Et les conversations commencèrent, plusieurs autours de la table. Les hommes étaient plongés dans un exposé sur une invention moldue, les dames parlaient du dernier livre à la mode et nos amis, sur le prochain match de Gryffondor.
Le repas prit fin et ils passèrent dans le salon, pour profiter du feu dans la cheminée. Nymphadora s'était endormie et avait été installée dans la chambre de James. Les maraudeurs s'installèrent près du feu, sur le tapis confortable. Minuit approchait et le fils Potter avait réussi à penser à autre chose qu'au cadeau de sa belle. Il s'approcha de ses amis.
- Bon, il faudrait aussi parler de notre vengeance envers les filles et leur affreux réveil à la boule de glace. Il nous faut des idées brillantes, prodigieuses, dignes de nous.
Sirius acquiesça lentement de la tête.
- Déjà, il faudrait arriver à s'introduire dans leur dortoir.
Une interdiction qui faisait enrager les co leader des Maraudeurs. Une véritable injustice.
Remus les écoutait d'une oreille discrète et lointain. Les vengeances, les coups bas, ça ne l'avaient jamais vraiment passionné. Pour l'heure, une coupe de champagne à la main, il la savourait. Il adorait le champagne. Il devait faire attention. Cette nuit, il allait dormir avec Sirius, dans son lit. Il allait avoir toute une nuit pour l'observer, pour détailler chaque trait de son visage.
Les yeux rivés sur le feu, un sourire aux lèvres, il avait envie d'y être.
Sans doute discuteraient-ils un peu avant de s'endormir. Son homme avait toujours du mal à trouver le sommeil, parfois plus que lui. Et ces derniers jours, Remus avait très mal dormi.
Il avait cru qu'en s'éloignant de l'objet de ses désirs, il aurait pu se donner un peu de répit, mais non ! Loin de là. Loin des yeux, loin du cœur… Le proverbe moldu ne s’appliquait pas à son cas. Bien au contraire ! Il ne cessait de penser à lui et surtout, ses rêves... Ses doux rêves étaient devenus bien plus passionnés, bien plus enivrants. Sirius, son corps... Sa chaleur... Ses lèvres et sa peau. Son odeur ! Tout l'entourait ! Il se réveillait en sueur, le cœur battant, connaissant de nouvelles sensations.
Il rougit légèrement, passant sa langue sur ses lèvres, essayant de chasser ses pensées, mais elles avaient comme pris possession de lui.
- Eh bien, à quoi tu penses ?
Le lycan détourna lentement son regard du feu pour croiser un magnifique regard argenté. Le même que dans ses rêves, mais moins brûlant que celui qui l'embrassait alors avec passion. Il cligna des paupières, pour revenir dans cette réalité , observant autour de lui.
- Pardon ?
James n'était plus là. Il ne l'avait même pas vu se lever et partir.
- A quoi tu pensais ? à L'instant ? Ce sourire d’envie... ce regard ce léger rouge sur tes joues.
Le préfet porta sa coupe de champagne à ses lèvres, la vidant, pour chasser cette conversation. Il grimaça sous le flot de liquide qui glissa en lui, inspirant et soufflant.
- Non, à rien ! C'est personnel !
L’animagus sourit, un peu plus, réellement intrigué par le comportement du châtain. Ce dernier était différent depuis quelque temps, mais pas le genre de différence qu'il avait craint. Il avait cru qu’il prendrait ses distances, deviendrait froid. Mais non, loin de là, bien au contraire. Il semblait plus vivant, plus énigmatique, plus lointain et pourtant étrangement proche. Et lui, ça lui plaisait !
- Allez, dis-moi. On n'a pas de secret à avoir l'un pour l'autre.
- Si ! répliqua le préfet d’un ton ferme et catégorique. Hors de question de lui de confier ses pensées les plus intimes, surtout celles qui le concernaient directement. - Tu as bien mis six mois pour m'avouer un de tes secrets, alors maintenant, je garde les miens, pour un même laps de temps.
Sirius s’apprêtait à protester, mais il n'en fit rien. Il sourit, avec envie. Oui, Remus avait quelque chose de différent. Un quelque chose qu'il commençait à bien apprécier.
- Très bien... Mais je vous ferais parler, Monsieur Lupin.
Le châtain n'y croyait pas. S'il y avait bien une chose qu'il ne lui avouerait jamais, c'était bien ça. Il jeta un coup d'œil du côté des adultes qui discutaient toujours. Leurs sujets de conversation semblaient intarissables. Mais toujours du boulot ou des chiffons.
OoOoOo
Les trois Gryffondors se trouvaient maintenant dans leur nouvel antre : la tente d’Alphard.
- Allez, c'est minuit passé ! Remus, je veux mon cadeau !
Le jeune Black grogna alors, de plus en plus agacé.
- Tu commences à nous soûler, Corn’. A croire que le cadeau d'Evans a plus de valeur que les nôtres.
- Oh fait pas ta jalouse, Patmol. Tu sais bien que tu es et que tu resteras le premier amour de ma vie, mais c'est de Lily qu'il s'agit. Allez ! Moony !
Le capitaine regardait le lycanthrope, suppliant. Celui-ci soupira.
- OK, OK ! ça va, je te le donne.
Il passa dans la chambre de Sirius où il avait déposé son sac. Il prit alors trois cadeaux, posant les yeux sur le grand lit, un petit sourire aux lèvres. Il ne se faisait aucune idée. Ce ne serait pas la première fois qu'ils se retrouveraient dans le même lit. Mais l'idée de pouvoir s'imprégner de son odeur, de dormir à ses côtés, de sentir sa respiration, de s’endormir bercé par elle, un souffle chaud qui émanait de celui qu’il aimait.
Une ombre passa alors dans ses yeux. Et s'il rêvait ? Si ses rêves le poursuivaient jusqu'ici ? Et si son corps parlait alors pour lui, si au réveil cette partie si intime de son corps le trahissait...
Il rougit violemment avant de faire demi-tour et de revenir dans le salon. C'était décidé, il ne fermerait pas l'œil de la nuit ! Dernièrement, ses rêves étaient trop brûlants et bien trop visibles au réveil. Il n'osait même pas prononcer ce mot, cette chose, ce phénomène physique que son ami ne devait absolument pas découvrir !
- Et voilà !
Il posa les cadeaux sur la table basse, James observa les paquets. Tous différents, lequel était celui de Lily ? Sirius avait aussi été chercher les siens.
- Bon alors qui commence ? demanda Sirius.
- Remus !
Le préfet fut désigné d’office par le capitaine, ce dernier n’ayant qu'une envie : avoir le cadeau de sa belle dans ses mains. Le lycanthrope sourit amusé, dépité, avant de lui tendre un paquet carré.
- Voilà, Corn'.
James le saisit délicatement, avec envie, l'observant sous toutes les coutures. Il avait du mal à y croire. Sa belle, sa douce, sa chère et tendre avait pensé à lui, celui qu'elle ignorait depuis maintenant six ans, sauf pour s'opposer à lui. Il n'osait même pas l'ouvrir pour ne pas mettre fin à ce moment magique. Au vu du poids et de la taille, il avait vu juste : un livre. Lui qui n'en était pas fan, il deviendrait quand même son livre préféré.
- Bon, tu l'ouvres !
Sirius commençait à s'impatienter. Lui aussi avait du mal à croire que la rousse ait pu penser au fils Potter. Depuis quand elle lui faisait des cadeaux ? A Remus, OK, c'était son ami, mais ce rapprochement avec James... Ils les savaient un peu plus amis, mais au point de s'offrir des cadeaux... Un pas avait été franchi et il n'appréciait que très moyennement. Lily Evans succomberait-elle au charme de James Potter ? Une réalité qu'il n'était pas prêt à admettre, qu’il refuserait jusqu’au bout.
- Ça va, tu as deux minutes ? Je profite.
Sirius grogna, souffla, agacé. La fête prenait une mauvaise tournure. En attendant que monsieur Potter se décide à ouvrir son cadeau, il se leva pour remplir les verres de punch.
- Au fait, ne lui écrit pas ! Elle te l'interdit formellement ! précisa alors le préfet, ce détail ayant failli lui échapper.
- Mais pourquoi ? Je comptais lui écrire une longue lettre de remerciements, moi.
- Parce qu'ils ont des invités moldus jusqu'à demain soir. Et un hibou qui joue les facteurs, ils ne vont pas comprendre. Et sa sœur fait des crises à chaque fois qu’un hibou débarque chez eux. Donc évite de lui écrire pendant toutes les vacances.
Le châtain ne savait pas grand-chose des liens qui unissaient Lily et sa sœur. Mais il savait qu'aucune magie ne devait venir interférer dans leur soirée, au risque de déclencher une guerre entre les deux jeunes filles.
- Bon...
Le capitaine se résigna. Si Lily ne voulait pas de hiboux, OK… Il devait trouver un moyen de la remercier sans user de magie. Entrer en contact avec elle de manière moldu ? Mais comment ?
- Tu l'ouvres ou tu comptes passer la soirée à le regarder ?
Sirius s'agaçait vraiment. Il voulait aussi ses cadeaux, mais pas tant que son frère serait aussi idiot devant ce paquet.
Quand Lily Evans était dans l’histoire, James Potter était un parfait abruti et Sirius détestait ça !
- Ça va, ça va !
Et délicatement, avec une certaine douceur, il défie le paquet-cadeau que Lily avait amoureusement fait pour emballer son présent. Et il en retira un livre moldu. Il avait vu juste. Il était vraiment doué, beaucoup trop même, il s’en étonnait tout seul. Il observa la couverture du livre. Il sourit alors radieux, en découvrant le titre. Elle n'aurait pas pu lui faire un cadeau plus significatif dans leur relation naissante.
Sirius se pencha pour observer le livre ! Quelle idée ! Son frère n'aimait pas les livres, cette fille ne le connaissait vraiment pas. Le mariage n’était vraiment pas pour demain, ce qui le rassura un peu et calma sa colère.
Et pourtant, ce sourire sur son visage, cette satisfaction. Pourquoi ? James n'aimait pas lire, sauf quand ça concernait le Quidditch. Il n'avait même pas commencé le livre pour le cours d'étude des moldus, option littérature.
- Don Quichotte ? C'est quoi ça ? cracha-t-il, plein de mépris.
James détacha son regard de la couverture, le posant sur son frère.
- L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche. Un héros moldu qui se bat contre des moulins à vents.
Le cabot fronça les sourcils, de plus en plus perdu. Des moulins à vents ? Quel intérêt de se battre contre des moulins à vents ? Un bouquin idiot... Oh... Bah, ça lui était égal.
- Bonne lecture, maintenant on passe aux autres, déclara-t-il, pressé d’offrir ses cadeaux.
James ouvrit le livre à la première page, sans prendre en compte la réflexion de son frère. Il posa un regard ravi et surpris sur un mot que lui avait écrit sa belle, une écriture fine, délicate, à l’image de sa propriétaire. Il referma le livre, décidant d'y revenir plus tard, quand il serait seul. Le jaloux serait curieux et voudrait savoir, il voudrait lire ce mot. Et lui, il voulait le garder pour lui. Un message de sa belle ! Son cœur se mit à battre tendrement à cette pensée. Cet éloignement entre eux les avait étrangement rapprochés. Il n’aurait jamais imaginé, il y a quelques mois que la jeune fille puisse avoir eu une attention de ce genre envers lui.
Sirius posa son regard sur le châtain, un sourire espiègle aux lèvres.
- Alors, Rem, on s'est mis ensemble pour toi, le "on" désignant les maraudeurs, mais aussi tes parents.
Le préfet les observa, très étonné. Un cadeau à plusieurs ? Avec ses parents qui plus est ? Et Sirius sortit un gros paquet de sous la table, le posant devant le préfet.
- Et bien...
Un gros colis rien que pour lui ! Il l'ouvrit avec envie, ne comptant pas tourner autour comme James, avec celui de Lily. Il était bien trop curieux pour ça. Et ce gros paquet avait largement suffi à aiguiser sa curiosité. Il découvrit une boite très particulière. L'image dessus ne laissait aucun doute sur la contenance du carton. Il cilla, incrédule, n’y croyant pas.
- Vous êtes complètement fou !
Il ne quittait pas l'image des yeux, ayant réellement du mal à y croire. Une caméra, un engin à la dernière mode. Une de ces grosses machines qui permettaient de faire des petits films moldus. Pas des photos sorcières, rien à voir. On pouvait entendre, capturer le son, les images, les mouvements sur des centaines de minutes. Il en avait rêvé. Il avait un temps pensé à économiser pour s'en offrir une, mais il n'avait jamais eu l'occasion. Il avait tenté l'été précédent de trouver un travail, mais en vain ! Et là, il l'avait devant ses yeux. Il ouvrit la boite, aussi pressé qu'un enfant de six ans qui découvrait son premier vélo sous le sapin.
Il en oublia ses amis, qui attendaient pour ouvrir leurs cadeaux. Il ne voyait que son rêve. Une véritable caméra !
- Magnifique !
Il venait d'ouvrir l'étui pour découvrir une caméra en métal givré, grise et noire équipé d'une sangle pour une meilleure prise en main et d'une poignée revolver, un chargeur pour quinze mètres de film, trois objectifs pour des zooms différents.
Il apprendrait tous ses mots et comment utiliser la caméra en lisant une dizaine de fois la notice. Mais pour l'heure, il la regardait comme s'il avait devant lui la huitième merveille du monde. Face à un cadeau pareil, que dire ?
Il leva les yeux sur ses amis, un sourire rayonnant aux lèvres.
- Merci ! Franchement, je ne sais pas quoi dire d'autre. C'est le plus beau des cadeaux. Je n'aurais même pas osé en rêver.
- Mais de rien, Moony ! C'est avec plaisir ! répliqua James, ravi.
Le châtain se leva et quitta la tente pour aller aussi remercier ses parents, son précieux cadeau dans les mains. Sirius le regarda s'en aller, un sourire aux lèvres, détaillant avec envie des courbes que le jean du lycanthrope mettait en valeur.
Les deux autres maraudeurs s'échangèrent leur cadeau, une mallette pour bichonner son balai pour James et un pull à capuche avec poche kangourou sur le devant, des Faucons pour Sirius. Le préfet revint, un sourire jusqu’aux oreilles.
- Sérieux, vous êtes fou. J'ai hâte de l'utiliser.
Il se rassit à sa place, donnant leur cadeau à ses amis. Il en aurait presque oublié que lui n’était pas encore passé par cette case-là.
Et il entreprit de savoir comment fonctionnait sa machine, le regard brillant d’envie. Il venait de vivre son premier coup de foudre amoureux pour une machine.
Il délaissa son cadeau au bout de quelques minutes, pour se joindre à la conversation. Il aurait tout le temps d’apprivoiser cette machine les jours prochains.
Pour l’heure, il allait profiter de ses deux amis.
- On pourra faire plein de films, garder des souvenirs de tout ! ça va être super, déclara le préfet, ayant encore du mal à y croire.
- Surtout, faudra filmer le prochain match de Quidditch. Et surtout moi !
James avait le regard qui pétillait d'alcool.
Remus acquiesça, plus pour ne pas le vexer que par réel désir de filmer son ami.
- Hum... oui ! Filmer des matchs de Quidditch. Ça va être passionnant…
- Tout à fait, Moony ! renchérit le capitaine, ne décelant pas l’ironie dans la réplique du lycan. On pourra apprendre en direct, revoir les actions de chacun, voir les failles et ainsi s’améliorer !
Le fils Potter s'allongea sur le canapé, commençant légèrement à fatiguer.
Sirius posa les yeux sur la caméra de Remus, un sourire aux lèvres.
- Ravi que ça te plaise.
- Tu plaisantes ? Je n'aurais jamais ne serait-ce qu'espérer un tel cadeau. C'est... magnifique.
Il prit la caméra, mettant son œil dans l'objectif, la braquant sur Sirius, le plus délicieux des modèles, son cœur se mettant à battre avec envie.
- Demain, on fera notre premier film.
Mais pas là, pas dans leur état. C'était un coup à faire tomber la caméra et à la casser. Jamais de la vie. Il posa les doigts sur la précieuse machine, la caressant doucement. Ils pourraient conserver des traces de leur vie d'adulte... Mais pas des matchs de Quidditch. Car tout allait commencer à devenir sérieux. Leur vie d'adulte allait commencer. Et lui, il serait là pour immortaliser les grands moments, il aurait son rôle à jouer.
Sirius jeta un regard à l'horloge qui indiquait maintenant une heure du matin. Il s'allongea sur le sol, le regard légèrement hagard. Le saladier de punch était presque vide. Il prit le cadeau de Remus, un sourire aux lèvres. Un livre de partition vierge, pour quand il avait envie de se lancer dans la composition de mélodie, mais aussi, plusieurs partitions des grands classiques actuels. Les Doors, Queen, The Rolling Stones. Il avait hâte de reprendre la guitare. La musique lui manquait.
- On va se coucher ?
James ronflait déjà sur le canapé, mal installé. Remus jeta un coup d'œil à son homme, acquiesçant. Le laisser aller dormir tout seul ? Jamais ! Il voulait être là, juste pour discuter un peu avant de sombrer dans les bras de Morphée.
- Bonne nuit Corn' ! railla Sirius, narquois.
Demain, le brun à lunettes allait râler d'avoir mal dormi. Mais ça lui apprendra à ne pas s'endormir n'importe où et à être aussi idiot.
OoOoOo
Dans la chambre, Remus se laissa tomber sur le lit, se déchaussant. Il était fatigué, il avait chaud. Il avait du mal à garder l'esprit clair. Entre le champagne et le punch... C'était la première fois qu’il en buvait, découvrant un délicieux mélange de fruit et d’alcool. Et s’il n'avait pas beaucoup senti l'alcool, il était bien là.
Il avait passé le meilleur réveillon de noël de sa vie. Ses amis et ses parents étaient fous, leur cadeau irréel.
Son regard se posa sur Sirius et il se mordit aussitôt la lèvre inférieure, son esprit se perdant face à cette vision : le jeune homme avait commencé à déboutonner sa chemise. Une chemise très près du corps qui dessinait harmonieusement ses formes. Sirius était musclé et il savait se mettre en valeur. Il avait toujours beaucoup de goût et de style dans ses tenues, qu’elles soient d’origine moldu ou sorcière.
Il suivit avec attention la progression de ses gestes. Un bouton, deux boutons... et le dernier tomba aussi, la chemise suivant le mouvement, libérant les épaules et le torse musclé du jeune lion.
Son cœur se mit aussitôt à tambouriner dans sa poitrine, plein de désir. Il inspira avec envie, se mordant un peu plus la lèvre. Son homme était si beau, si canon ! Trop ! Comment ne pas craquer ? Comment n'arriver à voir qu'un simple ami en lui, quand on le côtoyait au quotidien ? Il n'avait pas réussi. Depuis bien longtemps, il se délectait de cette vision de ce corps un peu trop parfait.
La première fois, c'était l'an passé. Sirius était sous la douche, après un match de Quidditch. Le brun avait pris du retard, s'attardant pour discuter avec lui. Gryffondor avait gagné et ils en étaient plus qu'heureux. Poufsouffle avait alors une bonne équipe, mais ils avaient quand même réussi à les battre, grâce à Erin qui avait capturé le Vif d’Or.
Les autres joueurs étaient déjà prêts et prenaient la direction de la salle commune. Le vestiaire était vide, il n’y avaient qu’eux. Il tournait en rond, en attendant le jeune homme, faisant les cent pas, ayant du mal à rester en place.
Il s'était à peine approché des douches, pour voir ou en était son ami, mais cela avait suffi à ce que son regard soit captivé par cette vision : le corps du jeune homme, nu, ruisselant d’eau chaude, entourée de vapeurs brûlantes. Et tout avait basculé ! Absolument tout !
Il avait rougi, violemment avant de détourner les yeux et de s’asseoir. Mais l’image de ce corps musclé, sexy, canon dansait devant ses yeux, son cœur tambourinant désagréablement. Quand Sirius était sorti de la douche, juste vêtu d’une serviette, il en avait été encore plus gêné.
Il n’avait pas compris de suite, il avait mis du temps.
Il posa les yeux sur le plafond. Sirius était maintenant en caleçon et il se laissa tomber sur le lit dans un profond soupire.
Ça faisait plus d'un an. Et aujourd'hui tout commençait à lui peser, ça devenait réellement invivable. Il avait cru pouvoir vivre une vie entière avec ses sentiments, les faire taire, les mettre de côté, dans un tiroir, au fin fond de son âme, mais son cœur criait de plus en plus fort, il hurlait. Et il en avait assez de souffrir !
Il se leva à son tour, prenant son sac et en sortant un t-shirt pour la nuit. Le brun fronça des sourcils. Le jogging suivi et Remus posa le tout sur le lit.
- Rem... Tu ne vas pas dormir avec ça ?
Le lycanthrope observa son ami, sans trop comprendre.
- Tu as été particulièrement canon toute la soirée, tu ne vas pas cacher la féerie de Noël avec ces trucs.
Sirius attrapa le t-shirt trop grand, dans une grimace. Remus sourit alors. Particulièrement canon... Voilà un charmant compliment. Mais de là, à dormir tout nu...
- Je ne vais pas dormir tout nu...
- Non en caleçon, ça suffira.
Le brun grimaça. Il ne comprenait pas pourquoi son ami faisait autant de complexes sur son physique. Même la nuit, il ne s'autorisait pas le moindre répit dans son mal-être.
- Tu sais que tu n'as pas à te cacher devant moi, murmura-t-il, d'une voix douce.
Le préfet observait son vis-à-vis, sans bouger. Dormir en caleçon ? Il n'en avait pas envie. Rien qu'à cette idée de nudité partielle, il ne se sentait pas bien, mal à l'aise, pas en confiance. Pourtant, Sirius avait raison, il n'avait pas à se cacher devant lui. Mais il n'y arrivait pas. Il détourna les yeux, fautif.
- Je n'aime pas dormir sans rien. Je dors très mal...
Il avait besoin d'avoir quelque chose sur sa peau, pour se cacher. Une armure, une carapace pour se soustraire à l'œil du monde, même la nuit.
- Prends un de mes t-shirts alors.
Le brun sourit un peu. Il pouvait comprendre que le jeune homme veille être un peu à l'aise. Mais ce t-shirt légèrement miteux... Non ! Et pas le jogging.
Le préfet releva les yeux sur son homme. Voilà une proposition qu'il ne fallait pas lui faire deux fois. Il sourit avec envie.
- Bon d'accord, mais c'est bien parce que tu insistes. Je prends lequel ?
- Celui que tu veux.
Et Remus se dirigea vers l'armoire, l'ouvrant pour chercher un vêtement bien précis. Il le trouva, le prit entre les doigts, revenant ensuite près du jeune homme. Sirius cilla des yeux, étonné, mais peu ravi.
- Ah non ! Pas celui-là. C'est mon t-shirt préféré.
Remus entreprit de se déshabiller, retirant son pull et son t-shirt dans un même mouvement. Il observa alors son ami, perplexe.
- Tu m'as dit de prendre celui que je voulais...
Pourquoi ce revirement de situation ? Sirius n'avait-il pas qu'une seule parole ? Le brun grimaça. En effet mais... Son regard s'attarda alors sur ce torse couvert de cicatrices, le rendant réellement magnifique. Il se ressaisit, reprenant le fils de ses pensées, tandis que Remus retirait son jean.
- C'est mon t-shirt préféré. Je le porte à tous les matchs de Quidditch depuis que tu me l'as offert et il m'a toujours porté chance.
Le lycanthrope, vêtu d'un caleçon, s'installa sur le lit, perplexe, un sourire amusé aux lèvres. Lui, il ne voulait que ce t-shirt et il aurait gain de cause.
- Et si je dors avec, je vais lui enlever tout son pouvoir sur la bonne chance ?
Le regard de Sirius se perdit sur le torse et les épaules du jeune homme, comme envoûté par ce qu'il voyait. Remus était réellement canon. Quand il ne se cachait pas sous des vêtements trop grands, quand il osait assumer son corps, comme à l'instant, il était réellement sexy.
Pourquoi autant de complexes ? Il ne le comprendrait jamais.
Il posa son regard sur celui du préfet, ce dernier avayant bien remarqué l'insistance avec laquelle il était dévisagé. Il en rougit légèrement, réellement mal à l'aise, mais surtout flatté. Il plaisait vraiment à Sirius, il en eut la certitude à ce moment précis.
- Non. Tu as raison, tu peux le prendre, souffla l'animagus, capitulant.
Il s'allongea sur le lit, tandis que Remus enfilait enfin son armure face au reste du monde, recouvrant son torse d’un tissu appartenant à son homme. Son t-shirt préféré. Il le savait bien, il ne l'avait pas choisi au hasard. Un T-shirt aux couleurs des Faucons qu'il avait offert à son homme pour son premier match de Quidditch, avec inscrit dans le dos, à la place du nom du joueur : les initiale S.O.B.
Il s’allongea sur le lit, abandonnant le jogging, coupant ainsi la poire en deux.
Un sourire aux lèvres, il tourna la tête vers l'amour de sa vie, croisant ce regard argenté unique au monde.
- Bonne nuit, beau gosse, murmura Sirius, avant de fermer les yeux, fatigué.
- Bonne nuit Siri'. Fais de beaux rêves.
L'animagus ferma les yeux, dans un léger soupire. Il était épuisé. La journée avait été longue, la soirée aussi. Le repas avait été copieux et l'alcool avait un peu trop coulé dans ses veines.
Il sombra dans les bras de Morphée, le cœur léger, des notes de musique dansant devant ses yeux, rapidement remplacées par le torse musclé, couvert de cicatrices d'un certain lycanthrope, un regard de miel brûlant, habité d'une étrange lueur, vivante, vibrante, se propageant dans son sourire.
Remus resta alors à l'observer, avant de sombrer lui aussi, malgré sa résolution de ne pas dormir.
End Notes:
A la saint valentin, le chapitre de noël, et a pâques, celui de la saint valentin ? ^^
Un chapitre tout en famille, entre joie de vivre et agacement, entre alcool et cadeaux.
Un Remus qui s'assume, un Sirius séduit, Un James idiot mais amoureux.
Merci pour vos lectures et vos reviws.
Au prochain chapitre, on va se balader chez les Lupin.
Une Virée Chez Les Lupin by Crepuscule64
Author's Notes:
Les fêtes de Noël sont finies et chacun à regagner son chez soi. Remus pense passer une simple journée au coeur de la forêt de Sherwood, mais la vie réserve souvent de bonnes surprises.
Remus était confortablement installé sur le canapé du salon, le nez dans un livre. Socrate dormait à ses pieds. Le feu de cheminée réchauffait la pièce. Tout allait pour le mieux. Il avait passé un excellent réveillon de Noël et le lendemain avait été encore plus délicieux. Ça faisait bien cinq bonnes minutes qu’il ne lisait plus un seul mot. Son esprit était ailleurs, encore dans ce Noël un peu trop parfait à son goût.
Le réveillon d’abord, ce cadeau irréel ensuite, et enfin le réveil. Il posa les yeux sur sa caméra, un sourire d’envie aux lèvres. Il s’était fait le plaisir de visionner son premier essai en tant que cameraman et le rendu était parfait, son sujet encore plus. Le réveil de ce 25 décembre avait été très particulier...
~ Trois, deux, un ! Action ! ~
Ses lèvres étaient douces, chaudes, délicieuses. Il les savourait... chaque contact... chaque baiser. Une saveur exceptionnelle. Il l’embrassait avec passion, sombrant un peu plus dans cet abîme délectable. Son regard était si brûlant. Il aimait ses yeux, cette couleur argent, métal qui lui était totalement interdit de part sa condition. Elle le faisait tellement chavirer. Juste en plongeant dans ses abîmes grisés, tout prenait une autre ampleur. Ses caresses sur sa peau... Ses doigts dessinaient ses cicatrices avec tant de douceur, tant d’envie, créant en lui mille frissons, tous plus divins les uns que les autres.
Ses doigts à lui couraient avec envie sur le dos de son amant, dessinant ses courbes, descendant lentement sur ses hanches, ralentissant quand il caressa ses fesses, pour profiter un peu plus de ce contact. Il riva son regard dans les abîmes grisés de son homme quand sa main se logea sur sa nuque l’attirant à lui pour un tendre baiser
Remus entrouvrit les yeux, avant de les refermer, prolongeant un peu plus cet instant. Ce rêve si passionné, il en voulait encore, juste un peu plus. Sirius, son parfum, sa douceur, son regard brûlant de désir. Il inspira, cette douce odeur se faisant réellement présente en lui... autour de lui. Il ouvrit les yeux d’un coup, le cœur battant, le regard brûlant, posé dans le vide. Il sentit une respiration juste à ses côtés et tourna lentement la tête vers le jeune homme dont il partageait le lit. Sirius semblait dormir profondément.
Il déglutit avec envie, observant ce visage si parfait, ses lèvres si douces, si fines. Il inspira, sentant un désir se propager en lui et s’écouler dans ses veines jusqu’à une partie très intime de son anatomie. Son membre se durcit instantanément.
Il s'assit aussitôt sur le bord du lit, se prenant la tête dans les mains, en nage. Il avait chaud. Trop chaud. Il avait besoin d'une douche. Il devait s'éloigner de ce lit, de cet homme... son homme. Ce rêve ! Il s'évaporait si vite. Il n'arrivait pas à savoir quel effet faisait réellement ces sensations. Il les oubliait, elles lui échappaient. Elles n'étaient pas réelles. C'était juste le fruit de son délire, de ses sentiments. Mais rien en soi-même n'était réel. Il posa les yeux sur le jeune homme, son cœur ne cessant de battre avec envie. Il se plut à l’admirer, quelques secondes… des secondes qui s’éternisèrent. Ses lèvres étaient si fines et semblaient si douces. Des lèvres tellement tentantes. Sirius dormait. Est-ce qu’un baiser pouvait réveiller un homme ? Si jamais il osait… Sirius se rendrait-il compte de quelque chose ? Son premier baiser... Pouvait-il le voler impunément ?
Le brun bougea, se mettant sur le dos, la couverture glissant lentement, découvrant son torse. Remus posa délicatement sa main sur le tissu, remontant doucement pour effleurer cette peau si parfaite. Une peau chaude et si douce. Il inspira, repositionnant la couverture avant de se lever et de quitter la chambre. Fuir avant de commettre l’irréparable.
S’éloigner pour ne pas se perdre !
Il était maintenant installé dans le salon, observant sa caméra, un sourire aux lèvres. Il avait positionné la bande, il ne lui restait plus qu'à filmer. Il repassa dans la chambre, où Sirius dormait toujours profondément. Onze heures du matin. Il était l'heure de se lever. Il poussa le petit bouton pour activer la caméra. Un petit bruit de rotation se fit alors entendre. Et il la braqua sur le jeune homme, un sourire d’envie aux lèvres. Son sujet était divin.
Le brun était allongé sur le lit, la couverture ne le recouvrant qu'à moitié. Il avait une vue magnifique sur son torse. Il remonta lentement au niveau de son visage pour voir ses pupilles frémir doucement et une petite grimace apparaître sur ses lèvres, signe que le bel aux bois dormant émergeait. Sans doute le bruit du petit moteur de la machine qui le réveillait.
- Permettez-moi de vous présenter Sirius Orion Black, troisième du nom. Seize ans, bientôt dix-sept. Né un 23 février de l’an 1960. Gryffondor et membre de l'équipe de Quidditch de notre maison. Élu le garçon le plus mignon de sa promotion.
Remus parlait à la caméra, pour enregistrer sa voix, voir l'effet que ça donnait quand il commentait. Il voulait capturer l'image, mais aussi le son. Il sourit, faisant un petit signe de la main à l'œil de son ami qui venait de s'ouvrir et l'observait, perdu dans le vague.
- Rem ? Une voix rauque, endormie, sexy.
- Dit bonjour à la caméra.
Sa voix était aussi joyeuse que celle d'un enfant. Ce film-là, il le conserverait jalousement, juste pour lui, juste pour conserver cette image de son homme au réveil.
- Rem ! L'autre voix se fit bien plus agacée - Sérieux, ne filme pas au réveil !
Sirius attrapa la couverture, la rabattant sur sa tête pour se soustraire à l'objectif.
- Aller Siri, laisses-toi faire. Faut conserver des souvenirs et je dois apprendre à filmer.
Le cameraman supplia son modèle d’une une voix enfantine. Il voulait le filmer !
- Va filmer Corn’ !
Se faire capturer son image alors qu'il dormait... Il en avait de drôles de manières le Lupin. Il ne voulait pas, il était moche au réveil.
- Je ne suis pas présentable au réveil. Sérieux...
Il grogna, agacé. Remus sourit avec envie, sa voix se fit plus douce, plus tendre.
- Allons, tu sais bien que tu es sexy et canon en toutes circonstances. En particulier au réveil.
- Sort d'ici avant que je t'arrache cette machine des mains ! cracha la victime, réellement mécontente.
Remus rigola alors, coupant le moteur, arrêtant le filmer.
- D'accord, mais tu n'es pas drôle, limite rabat-joie.
Le bruit du moteur cessa et Sirius abaissa à peine un peu la couverture, pour bien vérifier que son ami avait posé sa fichue machine.
- Merci pour le réveil...
Le brun se redressa sur le lit, posant un regard noir sur le châtain. Ce dernier sourit, amusé, ravi de pouvoir l’admirer un peu plus.
- Allons, fais pas ta mauvaise tête. Je voulais essayer la caméra et tu es le modèle parfait, sexy et canon même au réveil, grognon et pas coiffé. Tu ne devrais jamais douter de ton charme.
Sirius fixait son ami, un peu étonné par ses paroles, mais elles suffirent à lui arracher un sourire et à chasser sa mauvaise humeur et ce réveil de ses pensées. Il ne pouvait que reconnaître que le jeune homme savait si prendre pour se faire pardonner. Avec le brun, tout passait plus facilement par la flatterie.
OoOoO
Son modèle n’était pas resté fâché et il ne lui avait pas demandé d’effacer le film. Chose qu’il n’aurait pas faite de toute façon. À l’image, Sirius était tout simplement canon. Mais il était loin d’être un réalisateur objectif. Il lui donnait d’avance tous les premiers rôles dans les films de sa vie.
Si seulement il pouvait aussi avoir le premier rôle dans ceux du brun. Le nouvel an… La soirée au San Farmin était actée. Les Potter avait donné leur accord, les Lupin aussi.
Une boîte de nuit réservait aux romances entre personnes du même sexe. Sirius et lui ? Une danse lente à deux... Il allait tenter quelque chose, essayer de lui parler. Ce serait le lieu parfait ! Il sourit avec envie.
Ce fut Socrate le premier qui leva la tête, le faisant sortir de ses pensées. L’animal observait la porte, fixement. Comme si quelqu'un était là. Le propriétaire du chien tourna la tête vers ladite porte, mais rien, ni personne, aucun bruit. Sauf que le chien ne la quittait pas des yeux. Ils étaient seuls à la maison. Ses parents étaient partis faire des courses.
- Eh bien, mon vieux Socrate, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu commences à me faire peur là...
Mais l’animal ne réagit pas à sa caresse sur la tête, observant toujours cette porte, à l'aguet, comme prêt à attaquer. Il en était réellement angoissant. Le chien se leva d'un bond, aboyant bruyamment. La seconde d'après, Remus entendit un bruit de moteur et souffla, soulagé. Les animaux percevaient les vibrations avant les hommes. Socrate était doué par voir l'invisible. Il avait toujours été d'une aide précieuse dans le travail de garde forestier de Lyall Lupin. Remus se leva. Qui pouvait venir jusqu’ici ? Un égaré sans doute.
Le lycanthrope sortit sur le perron, intrigué. Dès sa première année à Poudlard, il s'était réconcilié avec les humains et il avait commencé à se montrer au reste du monde. Avant ça, il avait passé cinq ans à n'être qu'un prénom pour les amis de ses parents, ne s'étant jamais montré.
Le jeune homme aperçut enfin la source du bruit. Une moto s'approchait à vive allure avant de venir se stopper juste devant chez lui, dans un léger dérapage habilement contrôlé. Une moto noire, belle, assez imposante. Il s'approcha, prêt à indiquer son chemin à ce jeune égaré. La personne était vêtue d'un jean et d'un blouson noir assez chaud, des gants épais, mais il portait toujours son casque. Il abaissa la béquille d'un geste rapide, posant un pied-à-terre.
- Bonjour, je peux vous aider ?
- Je pense.
Le motard releva alors la visière de son casque, dévoilant son regard et son sourire. Le châtain se stoppa net, son cœur s’arrêtant de battre. Ce regard, il ne reconnaîtrait entre mille, jamais il ne pourrait le confondre avec un autre. Ce gris métallique et ce sourire qui le faisait littéralement fondre.
- Sirius ?
Le motard enleva son casque, le posant devant lui, sur la selle. Remus cilla face à cette vision. Il avait imaginé Sirius dans toutes les situations possibles et inimaginables, mais la vie venait de lui offrir une de plus. Jamais il n’aurait pu aller jusqu’à cette scène idyllique de l’amour de sa vie, terriblement sexy sur une moto. Son cœur reprit son battement, plus rapide, plus lourd. Sirius était à tomber ! Et lui ne sombrait qu’un peu plus dans cette démence que créait le jeune homme en lui. Sirius était à se damner ! Et lui était perdu à jamais !
- Bravo, tu as gagné le droit de venir faire un tour en moto !
Socrate tournait déjà autour de l'engin, reniflant le nouveau venu.
- Tu as une moto ?
Le brun acquiesça de la tête, un petit sourire aux lèvres.
- Alors tu veux ton prix maintenant ou après ?
- Maintenant ! Je vais chercher une veste, j'arrive.
Il n'allait certainement pas se faire prier. Une fois à l'intérieur, il attrapa sa nouvelle cape de sorcier. Un cadeau de ses parents pour la Noël, un de plus. Comme si la caméra ne suffisait pas... D'un autre côté, elle ne serait pas pratique pour faire de la moto. Il opta alors pour un blouson en daim marron, assez chaud. Il était sexy dedans selon Lily. Des gants, une écharpe. Ça ferait largement l'affaire.
Il revint à l'extérieur, croisant le regard de Sirius. Ce dernier le détailla sans honte de la tête aux pieds. Le châtain prenait un peu plus soin de son apparence. Un changement non négligeable et très agréable même.
- Il te faut un casque, ordre de maman Potter.
- Je reviens. Il entra dans la réserve des Lupin revenant avec le casque qu'il utilisait pour faire du quad avec son père.
Le port du casque était une exigence d’Euphémia Potter, qui avait refusé qu'ils remontent sur cet instrument de mort sans des protections. Remus grimpa sur l’engin métallique, passant ses bras autour de la taille de son ami, prêt pour sa première balade à moto, un baptême mécanique.
- Accroches-toi comme sur un balai.
Un ordre que son homme ne lui donnerait pas deux fois ! Remus serra un peu plus son étreinte autour du jeune Black. Ce dernier démarrant. Socrate les suivit, mais que sur quelques mètres, avant de s'allonger sur le chemin dégagé de neige, attendant le retour de son maître. On lui avait piqué son humain... Il posa sa tête sur ses pattes avant, ne pouvant plus rien faire, sauf attendre.
La moto fila comme le vent, aussi vite qu'un balai si ce n'est plus vite encore. Remus put largement profiter de la vitesse, de la vue, du paysage qu'il connaissait si bien, mais qu'il découvrait sous un autre angle, de part la vitesse.
Sirius tourna, suivant le panneau indiquant la ville de Nottingham. Il avait toujours voulu aller visiter cette ville, depuis qu'il avait lu Robin des bois en étude des moldus, en quatrième année. Remus resserra son étreinte, savourant cette balade, presque dans les bras de son homme. Lui qui n'avait rien prévu de particulier aujourd'hui, il se retrouvait sur une moto, filant à vive allure.
Ils atteignirent la ville, Sirius ralentissant l'allure de son engin. La vitesse était réglementée par les moldus. En cas d'infraction, il aurait une amende, ou même pire, une confiscation de sa moto. Fléamont l'avait bien mis en garde. Alors, il repérait tous les panneaux indiquant une vitesse.
« C'est la vitesse maximale autorisée, surtout pas la vitesse recommandée et encore moins la vitesse minimale. Soit prudent ! »
Pauvres parents Potter, une raison de plus de se faire des cheveux blancs. Comme si leur âge et le Quidditch ne suffisaient pas pour ça. Sirius repéra un café ouvert et gara sa moto. Le préfet sourit, desserrant son étreinte, mais dans une douce caresse, dessinant la taille de son ami. Il retira son casque, aux anges.
- C'était génial ! J'adore la moto. C'est celle d'Alphard ?
Sirius retira aussi son casque, soufflant, un sourire aux lèvres. Cette caresse sur la taille, douce légère ne lui avait pas échappé, bien au contraire. Elle l'avait fait très agréablement frissonner.
- Oui. Elle est terrible ! Je l'ai fait repeinte par un carrossier. Je l'aime comme ça !
Il descendit de la moto, mettant la béquille, direction un bon chocolat chaud.
Une fois installé dans le petit café de quartier, Sirius raconta en détail toute l'histoire de sa moto. De Fléamont qui les avait déposés chez Alphard, décrivant la ville d’Avonlea, située au cœur du comté du Prince Edouart, sur Île de Wight, retrouvant les Tonks pour vider le garde-meuble.
Il lui décrivit la ville, ses maisons blanches aux volets rouges, les rues propres, son port, son nouvel amour pour les voiliers.
Son nouveau projet d’avenir était de vivre sur un voilier, d’avoir cette liberté de quitter le monde terrestre pour les eaux maritimes, d’échapper à la vie par des longues balades en mer.
Il lui décrit le garde-meuble... les différents objets qui s’y entassaient, tels des détritus attendant de finir à la poubelle, une batterie qui avait été donné à une école de musique du comté voisin, Androméda ayant refusé catégoriquement que son époux la ramène chez eux. Des cartons, des livres des photos… Les déchets de toute la vie d’Alphard.
Et enfin, le meilleur : la découverte de la moto, les différents travaux qu’ils avaient fait avec James : la selle de changer, la vidange du réservoir pour la remettre à neuf, de nouvelles roues, un dégraissage du moteur et enfin le petit détour par le carrossier pour une peinture flambant neuve.
Remus l'écouta, juste pour savourer cet éclat de malice et de bonheur dans les yeux de son homme. Il regrettait que Sirius ne lui ait pas demandé d'être là, remarque qu'il garda pour lui, ne voulant pas gâcher ce moment. Et surtout, la scène d'un Sirius débarquant sur sa moto, tel un chevalier noir, pour le kidnapper, le soustraire à sa solitude, aurait eu beaucoup moins d'impact.
Le café avalé, ils se retrouvaient devant la moto. Sirius lui sourit avec envie.
- Tu veux conduire ? Il fit tourner la clef de contact entre ses doigts, tentateur.
Le préfet riva son regard sur lui, étonné de cette proposition. Sirius Black n'était pas préteur, mais là, il voulait bien faire une exception pour lui ? Il posa les yeux sur le bolide. Il n'avait jamais conduit un tel engin. Quoique cela ne devait pas changer du quad de son père.
- Avec plaisir.
Là encore, il ne fallait pas lui dire deux fois. Il s'installa à l'avant, posant ses mains sur le guidon. Sirius s'installa aussi, posant ses mains sur celles de son ami, pour une petite leçon de conduite. Il lui exposa alors en détail comment manipuler l'engin. Le frein, l'accélérateur, passer les vitesses, rétrograder. Durant cette explication, il garda ses mains sur celles du préfet, l'entourant de ses bras, de son odeur, de sa présence. Tout ce que le lycanthrope aimait. Il avait même l'impression de sentir le cœur de son ami battre, de l'entendre, tellement ils étaient proches l'un de l'autre. Remus dû se faire violence pour rester concentré, et rester avec lui sur cette moto, sans partir dans ses pensées les plus brûlantes. Cette attraction devenait réellement incontrôlable, presque indécente.
Les premiers mètres se firent sans casque, pour que Sirius puisse lui donner des instructions de dernières minutes.
Remus maîtrisa assez rapidement l'engin dont le fonctionnement ne différait pas beaucoup de celui du quad de son père, qu'il avait appris à conduire depuis ses quatorze ans pour aller se balader en forêt.
Les casques sur leur tête, les voilà repartis pour un tour de la ville, Sirius voulant au moins la visiter rapidement. Du coup, de la place passager, il pouvait profiter du paysage, du décor, des monuments, sans avoir à se concentrer sur la route, les panneaux, les piétons. La conduite nécessité une attention de chaque seconde.
Ils firent une halte au château de Nottingham. Ils l’avaient déjà visité en troisième année quand James et Sirius étaient venus passer deux jours chez Remus, mais ce fut avec plaisir et un regard plus mature et moins indiscipliné qu’ils suivirent la visite guidée.
Un après-midi réellement agréable pour les deux jeunes hommes.
Remus et son baptême de moto, les bras de Sirius autour de sa taille, les mains presque posées sur ses cuisses... Sirius qui visitait une jolie ville pleine d'histoire.
Le préfet eut même l'honneur de les ramener, pour une conduite plus sportive et plus rapide sur les petites routes de campagne.
- Tu veux venir te réchauffer un peu dedans ?
Le brun descendit de la moto, posant son casque sur le siège, acceptant avec plaisir. Après avoir salué Hope Lupin, les deux jeunes gens se rendirent dans la chambre du lycanthrope. Une petite chambre, un lit double, sans trop de décoration. Un bureau basique. Rien de bien exubérant, en contradiction totale avec la chambre de James. Mais la chambre de Remus n'était que le reflet de la fortune des Lupin.
Sirius ne s'était jamais vraiment penché sur le sujet, mais Lyall ne devait pas gagner beaucoup avec son métier. Hope ne travaillait pas donc un salaire pour faire vivre une famille, ce n'était pas beaucoup.
Dire que lui avait hérité d'une petite fortune, d'une tente appartement, d'une moto et d'une maison juste parce que son oncle était mort. La vie était parfois étrange. Beaucoup trop étrange et injuste.
Le brun s'installa sur le lit, Remus lançant son gramophone.
« I Wanna Be Your Man » des Rolling Stones résonna dans la pièce. Un message subliminal, mais qui n'avait rien de discret. Une chanson comme une autre. Il savait que Sirius l'aimait bien. Il comprenait pourquoi.
Sirius observait le jeune homme faire, un petit sourire aux lèvres.
- Ça m'étonne de ne pas te voir avec un long pull, cachant tes mains dedans.
Le préfet sourit, venant aussi s'installer sur le lit.
- Disons que j'ai décidé de soigner un peu mon apparence. Et là, on ne voit pas mes cicatrices. Donc ça me va.
Le brun approuva d'un léger mouvement de la tête. Les cicatrices étaient toujours invisibles aux yeux sur reste du monde, mais les épaules et le torse de son ami étaient bien dessinés. Lui-même n'avait découvert ce côté du physique du lycanthrope que la première fois où il avait été le chercher à la cabane. Car malgré les apparences, Remus était quand même musclé. Frêle et fragile, mais musclé. Finalement, ce n'était peut-être pas la force du loup qu'il lui arrivait parfois d'utiliser.
- Ça te va très bien en cas !
Le châtain sourit. Il avait Sirius pour lui tout seul mais le temps s’écoula trop vite.
Le brun jeta un œil au réveil avant de se lever.
- Bon je vais y aller, j'ai de la route qui m’attend.
- Tu es sûr ? Ce n’est pas trop tard…
- Non, ça va aller.
Le châtain fronça les sourcils, sans insister, mais peu rassuré.
Ils se rendirent dans la cuisine où Hope Lupin avait déjà lancé la préparation du dîner.
- Au revoir madame Lupin.
La femme se tourna alors vers lui, étonnée.
- Je peux savoir où tu vas ?
- Je rentre ! Il commence à se faire tard...
- C'est hors de question, Sirius ! Tu as conduit toute la journée, tu es fatigué, épuisé et la nuit va bientôt tomber. Je ne te laisse pas repartir maintenant, surtout au vu de la route qui t’attend.
- Mais...
- Pas de mais, si jamais il t’arrivait quelque chose... soit tu passes la nuit ici, soit tu attends Lyall qui pourra te ramener par transplanage.
- Mais ma moto…
- Et bien, demain Fléamont devra te ramener ici pour la récupérer. Mais si tu choisis de dormir ici, tu dérangeras beaucoup moins le monde qui t’entoure.
Remus fronça les sourcils. Voilà exactement ce qu’il aurait dû dire avec fermeté à son ami. Mais non… Il n’avait pas osé… Face aux autres, il savait s'imposer, il était un bon préfet. Mais face à James et Sirius, il se mettait toujours en retrait ! Mais sa mère avait entièrement raison. C’était dangereux, la route était longue et le jeune homme sans doute pas en état de conduire.
Il sourit alors, se mordant la joue intérieure avec envie. La perspective d'avoir Sirius pour lui toute la nuit était plus que charmante. Il croisa le regard du jeune homme, haussant légèrement les épaules, l’invitant à capituler. Il ne gagnerait pas face à Hope Lupin. Bon soit…
- Bon... À vos ordres, Madame Lupin. Je vais éviter de trop déranger le monde qui m’entoure en passant la nuit ici… souffla le brun, légèrement amusé.
Elle n’avait pas la langue dans sa poche la maman Lupin.
Remus se prit à détailler les expressions du visage de son ami. Une étrange lueur s'y glissa. Sirius s'était perdu dans quelque chose de plus lointain qu'eux, avant de reporter son attention sur lui, un doux sourire aux lèvres.
- En fait, il y a que ma maman à moi qui ne m'aime pas.
Le sourire de Remus se fit plus sincère et amusé, acquiesçant doucement de la tête.
Hope revint dans la cuisine, posant un triste regard sur son invité.
- Ah ça... Mais Sirius ne doute jamais de toi, tu es un garçon charmant.
Elle se remit aux fourneaux, l'odeur qui se dégageait dans la cuisine suffisait à donner faim.
- Un jour, quand tu seras amoureux, tes beaux-parents seront comblé de t'avoir pour gendre.
Sirius se mordit la lèvre. Ah si la maman Lupin savait... Il croisa le regard amusé de Remus.
- Ou pas...
L'amour non merci et le mariage... Avec une femme ! Sans façon.
- Allons ne dis pas ça. N'importe quel parent serait heureux que tu partages la vie de leur enfant.
Sirius sourit de plus en plus amusé, s'appuyant sur le bord de la table. Il n’avait jamais vraiment eu le plaisir de discuter avec la mère de son ami et elle semblait être un personnage bien particulier. Il savait qu'elle me manquait pas de courage. Elle avait été d'une loyauté sans égal envers son fils après qu'il ait été mordu. Elle avait tout accepté par amour pour lui. S'exiler du monde des humains pour le protéger, accepter sa condition, tout faire pour le sauver, en vain... Rien ne pouvait vaincre sa malédiction.
Et là, elle employait des termes bien particuliers, sans notion de genre masculin ou féminin. C’était étrange et ça donnait bien envie de jouer un peu.
- Attention Madame Lupin, je vais vous prendre au mot et je vais séduire votre fils !
Remus cilla, son cœur manquant trois battements. Hope Lupin posa aussitôt un regard choqué sur lui.
- Je parlais d'une femme, Sirius !
Mais bien sûr... Le regard de Sirius se fit désolé, mais charmeur.
- Et zut... C'était trop beau.
Il ne quittait pas la femme des yeux, celle-ci fronçant légèrement les sourcils, semblant partir dans ses pensées.
- D'un autre côté...
Le préfet inspira, observant sa mère, s'attendant au pire. Sirius fronça légèrement les sourcils.
- Si ça permet à Remus de s'ouvrir à un autre sentiment que celui de l'amitié, fais-toi plaisir !
Sur le coup, ce fut les deux sorciers qui furent choqués par la réplique de la mère de famille. Le cœur de Remus s’autorisa à battre de nouveau, mais là... Il se mordit la joue intérieure. Elle jouait à quoi sa mère ? Elle n’était pas sérieuse quand même ?!? Celle-ci passa dans la salle à manger, laissant les deux jeunes hommes, apportant les entrées sur la table.
Remus inspira. Il connaissait Sirius et ce regard prédateur qu’il posa lentement sur lui. Le jeune homme avait commencé une partie de provocation, jouant comme à l'accoutumée avec son monde, se plaisant à le tourner en dérision... Et sa mère avait largement répondu à ses attentes.
Il allait jouer, mais à ses dépens… Et en effet, le brun s'approcha de lui, très tentateur, rivant son regard dans ses abîmes ambrés, un sourire des plus exquis aux lèvres. Le châtain cessa de respirer, craignant le pire... pour lui, pour sa vie, pour son cœur. Et les mains de son homme se posèrent délicatement sur sa taille. Ses rêves les plus brûlants commençaient toujours comme ça. Que ce soit dans les vestiaires, après un match, dans leur dortoir, dans la cabane, et plus récemment dans la salle de bain de la cabane hanté... Sirius s'approchait avec ce regard, posait ses mains sur sa taille et l'attirait à lui pour l'embrasser avec passion.
Cette voix suave, sensuelle... La même que dans son imagination la plus osée.
- Alors Moony, tu as envie de t'ouvrir à un autre sentiment que celui de l'amitié ?
Remus déglutit, cherchant la raison nécessaire pour bien réagir. Comment résister ? Sauf que ce n'était qu'un jeu pour Sirius, là où lui jouait son cœur !
- Qu’est-ce que tu veux que je répondre à ça ? souffla-t-il alors, sans dire réellement non et laissant espérer un oui.
- Oui, réponds-lui oui ! La voix de Hope sonnait comme un ordre.
Remus inspira, posant les yeux sur sa mère, puis sur le brun. Sirius était littéralement choqué par la femme, sa façon de réagir. Remus détacha son regard de son homme, le posant, plein de supplice sur la femme qui passa à côté d'eux.
- Ne l'encourage pas, maman, s'il te plaît !
Si son ami ne reculait pas maintenant, il ne répondrait plus de rien !
- Il faut toujours écouter sa petite maman, souffla Sirius, dans un murmure chaud, plein de désir. Le brun se délectait.
- En effet ! renchérit Hope, amusée malgré elle par le comportement du jeune Black. L’idée de séduire son fils ne semblait vraiment pas lui déplaire.
- Maman ! gronda alors Remus.
- D'un autre côté... reprit le brun, je n'ai jamais écouté la mienne. - Il se recula, détachant ses mains de la taille du jeune lupin dans une caresse bien trop exquise. - Preuve que je ferai un mauvais gendre !
Hope Lupin se remit devant les fourneaux, fronçant les sourcils. Remus respirait de nouveau. Sa torture était finie.
- Et bien... je n'ai jamais rencontré ta mère, Sirius, mais d’après la description que m’en a fait Euphémia Potter, elle a l’air… comment dire…
Sirius s’assit sur une partie inoccupée du plan de travail de la cuisine, piquant un bout de pain, commençant à grignoter. Il haussa un sourcil, cherchant lui aussi les mots.
- Froide ? méprisante ? glaçante ? Sans cœur ? Cruelle ? Démoniaque ?
Il sourit, il en avait trouvé plus qu’il ne voulait. Il possédait un vocabulaire très fourni.
- Oui… laissa échapper Hope. Elle jeta un regard au jeune homme. - Alors, disons que le fait de ne jamais avoir écouté cette femme tend vers la théorie du gendre idéal, car avec Euphemia, tu es un vrai petit ange.
Sirius sourit un peu plus. Oui, il avait choisi son allégeance et elle n’allait pas aux Black, et surtout pas à sa mère. Le regard de la mère de famille se posa sur son fils, puis sur son ami.
- Alors comme je te dis, fais-toi plaisir !
Elle lui adressa un petit clin d’œil avant de saisir la panière à pain pour la poser sur la table. Elle s’arrêta devant son fils, un sourire aux lèvres, un petit signe de la tête vers Sirius pour lui signifier : “Va y ! fonce !”
Remus posa son regard devant lui, perdu sur son coup. La vie toute entière, chaque moment, ne faisait que le rapprocher un peu plus de son homme, ne faisait qu’amplifier ses sentiments… Cette phrase résonnait encore en lui : “Alors Moony, tu as envie de t'ouvrir à un autre sentiment que celui de l'amitié ? »
S’il avait dit oui ? Ou juste un : fais-toi plaisir que sa mère avait prononcé deux fois… Fais-toi plaisir… comment Sirius le prendrait-il ? Comment se ferait-il plaisir ? Ou si au lieu de parler, il l’avait embrassé !
Non ! Pas en plein milieu de la cuisine, sous le regard de sa mère. Il n’aurait jamais osé. Mais encore une fois, la vie lui avait tendu une perche et il n’avait pas osé la saisir ! Il était lâche dans ses sentiments, il voulait les assumer, mais à chaque occasion, il n’osait pas !
Il se mordit la lèvre. Le monde entier le poussait à aimer Sirius et même sa mère s’y mettait ! Maintenant, c’était à lui de s’y mettre ! Au nouvel an ! Sa décision était prise !
Il revint dans leur présent, dans sa cuisine, sentant le regard de Sirius sur lui. Il déglutit chassant ses pensées, croisant ce regard métallique si fascinant.
- Elle plaisante ? demanda le brun, sans savoir si Hope Lupin était sérieuse ou s'il avait trouvé son maître dans l’art de provoquer son monde.
Remus détourna les yeux sur la fenêtre, la neige recommençant à tomber.
- Je ne pense pas…
Sirius fronça les sourcils, réellement perturbé.
La mère de famille réapparut :
- Tu préviens les Potter que tu passes la nuit ici ? – Sirius acquiesça de la tête - Je ne veux pas voir débarquer des Aurors… quoi que si c’est Maugrey, il est le bienvenu. Il a l’air bourru et très impressionnant au premier abord, mais au fond, il est adorable. Ils forment un étrange duo avec cette jeune fille.
- Je vais chercher mes affaires dans la moto.
Et il quitta la cuisine, laissant un peu de répit à son ami. Remus se mordit la lèvre, avec envie. Sirius était à lui pour toute la nuit, il n’en avait pas espéré tant. Il sentit un regard… le regard scrutateur de sa mère. Il haussa un sourcil.
- Quoi ?
- Non, rien… Je n'ai rien dit…
Et Remus suivit son ami dans la chambre. Le jeune homme avait un sac en toile léger dans les mains, qu’il posa sur le bureau, en sortant sa baguette – indispensable pour un sorcier, même mineur – et un objet que Remus reconnu aussitôt : le miroir à double à sens. Le châtain s’installa sur son lit, le brun sur une chaise, ôtant ses chaussures pour poser ses pieds sur le bureau, se balançant légèrement sur les pieds arrière de la chaise, dans une posture jugée semi-divine par le lycan. Mais qu’est-ce qui ne résultait pas du divin chez le jeune homme ? Rien…
- James Potter ! déclara-t-il, avant de froncer les sourcils. Sirius avait une vue magnifique sur le plafond de la chambre de James... mais pas de James Potter en vue. Une tête ébouriffée apparut, sortant de sur son lit. Le jeune homme y était installé, son miroir posé sur le sol.
- Oui ?
- Madame Lupin ne veut pas que je rentre maintenant. Il fait soi-disant trop nuit, je suis soi-disant trop fatigué… Du coup je passe la nuit chez Moony.
Sirius vit son frère froncer les sourcils.
- Tu es séquestré ?
- Oui.
- Tu es consentant ?
- Oui. - Sirius sourit, amusé - Oui parfaitement consentant.
- OK, je préviens les parents.
Et le miroir s’effaça, Sirius le glissant dans son sac, avant de reposer les yeux sur Remus. Le jeune homme semblait reparti dans ses pensées, assez lointaines. Comme dans la cuisine. Il avait mis quelques secondes avant de capter l’attention du jeune loup, comme le soir de Noël, quand il avait refusé de lui avouer ses pensées.
Et il croisa de nouveau son regard, un sourire aux lèvres.
- Ta mère est vraiment sérieuse ? Ça ne la choquerait pas que tu sois en couple avec un mec ?
Le lycan haussa légèrement les épaules, sans trop savoir quel était la part de vérité dans la joute verbale qu’elle avait eue avec son ami, et qu’elle avait remporté haut la main.
- Ce qui la choquerait et la peinerait vraiment, c’est que je finisse ma vie tout seul.
L’animagus se leva, venant s’installer à ses côtés sur le lit, le préfet se retrouvant aussitôt entouré de tous ce qu’il aimait : cette odeur douce et délicate de pain épicé, chaud à souhait, juste sorti du four. Sirius lui donnait faim.
- Tu ne finiras jamais ta vie tout seul, mon petit loup. On sera toujours là pour toi.
Le petit loup sourit un peu plus, le cœur léger de cette promesse.
- Vous avez intérêt !
Le regard de Sirius se posa sur la pièce, peu meublé.
- Je dors où ?
Remus sourit alors, avec envie.
- Au choix… sur le sol ou avec moi, dans le lit. Je partage avec plaisir.
Sirius sourit un peu plus, en entendant cette phrase qu’il avait lui-même prononcée au cours d’un certain test que le préfet avait remporté haut la main.
- Et bien avec toi, dans le lit. Mais je prends le côté du mur.
- Comme toujours… souffla le lycanthrope.
Un bruit dans le salon, la voix de son père. Le repas allait être servi.
Un repas animé autour de plats bien chauds. Une soirée agréable, Sirius animant sans se faire prier l’ambiance : Quidditch, Poudlard, Pré-Au-Lard… La mère de Remus se plut à le questionner sur la vie de lycéen de son fils, sur l'école qu'elle ne connaissait pas, sur les cours, sur le rôle des préfets vu par un autre élève.
Cette nuit-là, Remus s'endormit bercé par la respiration de son homme.
Il se retrouva dans la cuisine du chalet des Lupin. Il entendait un écho résonnait dans la pièce. Fais-toi plaisir... Des mots qui se répétaient et il s'entendait répondre ce qu'il n'avait pas osé quand Sirius prononça ces mots, cette proposition pour s'ouvrir à d'autres émotions. Il s'entendit répondre oui ! Un oui brûlant d'envie et de désir. Et Sirius l'embrassa avec passion, glissant sa main sous son pull, dessinant ses cicatrices avec envie, comme il l'avait fait dans la cabane. Elles sont belles, elles parlent pour toi, pour ton courage, une force intérieure incroyable. Des mots qui résonnaient dans l'espace vide au-dessus d'eux. La seconde d'après, ils tombaient sur son lit, la passion les dévorant de l'intérieur. Des images dansèrent, le corps nu de Sirius, une douche brûlante, des effluves de vapeur. Et enfin, ils filèrent à vive allure dans un lendemain incertain. L'ivresse de la vitesse, des paysages filant devant leurs yeux...
Le lendemain matin, Sirius se leva le premier, quittant la chambre sans bruit pour laisser son ami se reposer. Il rejoignit Hope sur le perron, installé sur son jardin d’été, malgré le froid hivernale, bien emmitouflé dans un manteau et des bottes de neige.
- Bonjour Madame Lupin, vous n’avez pas trop froid ?
- Bonjour Sirius, non bien au contraire. Il n’y a rien de plus délicieux qu’un café dans ce froid polaire, au milieu de ce calme. Tu veux un chocolat chaud ?
- Un café serait plus approprié !
Il n’était plus un enfant quand même…
Elle sourit et se leva, Sirius s’installa sur le canapé d’osier, prenant la tasse brûlante entre ses mains. Il est vrai que tout ce calme, ça changeait de ce qu’il connaissait.
- Alors, Remus s’est ouvert à de nouveaux sentiments ? demanda-t-elle, un petit sourire aux lèvres.
Sirius fit lentement non de la tête.
- Non, il a décliné la proposition.
- Bon… dommage. Mais Rome ne s’est pas construit en un jour. Il a raison de prendre son temps.
- Rome, en Italie ?
La femme acquiesça de la tête.
- Non, en effet… il faut même plusieurs décennies pour construire une telle ville…
- C’est une expression de mon monde, qui veut dire qu’il faut du temps pour accomplir un projet aussi important qu’ouvrir Remus aux effets de l’amour.
- Les moldus, vous avez des expressions étranges…
- Voilà bien l’hôpital qui se moque de la charité. Mais dis-moi, Sirius, est-ce que tu es gay ?
Le brun déglutit difficilement, avalant presque de travers son café. Elle lui avait posé la question de but en blanc, sans prendre de gant. Cette femme… Il ne la connaissait pas, il n’avait jamais vraiment eu l’occasion de la côtoyer, mais elle était pleine de surprise. Il inspira, sans répondre.
- Oh d’accord… Très bien !
Sirius expira, rivant son regard sur elle.
- Comment ça ? Je n’ai rien dit…
- Mais qui ne dit mot, consent. Tu connais ce proverbe ?
Il reposa les yeux sur son café, de plus en plus mal.
- Oui, celui-là, je le connais bien.
Et comment qu’il le connaissait. C’était grâce à lui qu’en troisième année, il avait pu aller passer les vacances de noël chez les Potter.
- Mais attention Sirius, il est strictement interdit de briser le cœur de mon fils.
Il lui jeta un regard, sans vraiment comprendre. La mère de famille semblait réellement ne s’offusquer de rien. Il sourit, acquiesçant doucement de la tête.
- C’est bien noté. Mais rassurez-vous, Remus n’est qu’un ami… mon meilleur ami et je ne lui veux aucun mal.
- Bon… alors j’espère quand même que quelqu’un verra un jour en lui plus qu’un simple ami. Il le mérite.
Quelqu’un… pas une fille... quelqu’un ! Toujours cette absence de genre masculin ou féminin dans ses propos. Remus en couple ? Cela paraissait si étrange. Et pourtant il le méritait le petit loup. Le regard de Sirius se fronça légèrement, une angoisse naissant dans ses entrailles, les broyant. Pourquoi alors, si Remus le méritait, cette perspective ne lui plaisait pas ?
- Mais ça ne vous choquerait pas que Remus soit en couple avec un homme ?
Il releva les yeux sur Hope, quand même perplexe sur ce coup.
La femme sourit, inspira l'air frais, fermant les yeux pour savourer la caresse de l’hiver sur son visage.
- Non. Ce qui me dérangerait, ce serait que Remus ne tombe jamais amoureux, ne ressente jamais ce sentiment. Ou même pire, qu'il le soit et qu'il ne l'assume jamais, qu'il refoule ses sentiments, les enfouissent au plus profond de lui-même à cause de ce qu'il est. Alors homme ou femme, tant qu'il est heureux, c'est tout ce que je demande. Qu'il ne finisse pas sa vie seul.
Sirius posa son regard sur la forêt de Sherwood acquiesçant intérieurement aux paroles de Hope Lupin.
- Tu sais qu'il se croit laid... souffla-t-elle, l’âme en peine.
Cette fois, il acquiesça de la tête, une douleur dans le regard.
- J'ai beau lui dire qu'il est mignon, mais il ne me croit pas. Je ne suis pas objectif selon lui...
- Selon moi, tu es celui qui est le plus objectif pour juger de la beauté d'un homme.
Le brun sourit, acquiesçant de nouveau de la tête. Remus était ouvert d'esprit, toujours prêt à aider les autres, très empathique. Il savait d’où son ami tenait son caractère. C'était ce qui les avait séduit, à leur rencontre. Avec James, ils étaient exubérants, pleins de vie et de malice et entourés de bêtises. Remus était plus posé, plus calme, craintif au début et ensuite, toujours là pour eux.
Sans lui, il devait reconnaître qu'ils n'auraient même pas pris la peine d'apprendre à connaître Peter Pettigrow. Trop empoté, trop craintif, il avait peur d'eux. Ils s'étaient même demandé ce que l'enfant faisait à Gryffondor. Il avait passé plus de cinq minutes avec le choixpeau sur la tête. Ça avait été étrangement long. Et quand le choixpeau avait hurlé "Gryffondor", les applaudissements avaient été mitigé. Pour prendre autant de temps, la caractéristique du courage ne devait pas être très présente en lui, mais il n'en avait aucune autre qui correspondait aux autres maisons.
Mais Remus avait été vers le petit rat, apprenant à le connaître, l'incluant dans leur jeu. Aujourd'hui, ils formaient un groupe soudé principalement grâce au préfet.
- Il ne finira jamais sa vie tout seul, on sera là pour lui. N'en doutais pas madame Lupin.
La femme sourit ravie.
- Je sais, mais l'amitié ne fait pas tout dans la vie. Vous êtes un groupe exceptionnel pour l'avoir accepté comme il est. Malgré sa condition. Ça ne vous a pas choqué de partager votre dortoir avec un lycanthrope ?
- Pas du tout. Au contraire, ça nous a soulagé de le savoir. Vous imaginiez pas les films qu'on se faisait sur lui. Ses absences une fois par mois... Il revenait toujours blessé de chez vous. On a cru que vous le maltraitiez.
Hope cilla choqué. Elle ? Frapper son fils ?
- Il était toujours recouvert de bandage et extrêmement fatigué. Même s'il se cachait sous des pulls amples, dans le dortoir, on le voyait bien. On était à deux doigts de vous dénoncer à notre directrice de maison.
- Je peux comprendre.
- Et il n'y peut rien. Il restait le petit premier de la classe, avide de connaissances. On a aussi compris pourquoi on a eu tellement de mal à l'approcher en première année, pourquoi il nous fuyait.
- Vous l'avez réconcilié avec la race humaine. Rien que pour ça, merci !
La porte s'ouvrit sur le fils de famille, habillé chaudement. Remus posa les yeux sur son ami, un léger rouge aux joues, chassant aussitôt sa gêne. Il les observa, un peu étonné de trouver le brun et sa mère dans le froid polaire.
Ils regagnèrent la cuisine pour un petit déjeuner copieux. Une fois dans la chambre, le brun posa les yeux sur son ami.
- Tu as prévu quoi aujourd'hui ?
- Rien de particulier. Tu va prendre la route ?
- Oui. Ça te dit de m'accompagner ? Une petite virée pour la journée ? On pourrait prendre notre temps, rejoindre la côte et redescendre sur Godric Hollow. Et tu rentres ce soir, par la poudre de cheminée ?
Remus sourit, étonné et ravi de cette proposition. Une journée en tête-à-tête avec son homme sur les routes d'Angleterre, il ne disait pas non. Sirius était tout aussi ravi. Le chemin allé avait été un peu long, et il n'avait pas particulièrement envie de le refaire dans le sens inverse. Seul, sur les routes d’Angleterre, il n'avait pas vraiment profité du voyage. Mais à deux, ça serait beaucoup plus plaisant.
End Notes:
On en sait très peu sur les parents de Remus et voila comment je m'imagine Hope Lupin. Douce, chaleureuse, pleine de bonnes attentions, très inquiète pour son fils et son avenir. Remus tiens beaucoup d'elle. J'espère que ce personnage vous a plu, tout comme le chapitre.
Un chapitre en tête à tête entre mes personnages préférés, une promesse d'avenir qui ne sera pas tenu :'(
Prochain chapitre : le réveillon du Nouvel An.
N'hésitez pas a me laisser un petit commentaire =)
Que le Cauchemar Commence ! by Crepuscule64
Author's Notes:
En cette célébration du réveillon du nouvel an, Remus a pris une décision : ce soir, il avoue ses sentiments à l'homme de sa vie.
Mais... Car malheureusement pour le jeune lycanthrope, dans la vie, il y a toujours un mais.
… Dernier jour de l’année 1976 …
Le monde de la magie, comme celui des moldus s’apprêtait à fêter l’évènement.
Les maraudeurs ne faisaient pas exception. Bien au contraire, cette année, ils allaient faire la fête jusqu’au bout de la nuit, dans un lieu bien particulier, un lieu qui ravissait au plus haut point un jeune lycanthrope. Celui-ci avait adopté un style vestimentaire qui commençait à lui plaire. Même si la robe ne faisait pas le sorcier, il devait reconnaître que ses nouvelles tenues le mettaient un peu en valeur. Il se trouvait toujours laid, mais sa laideur s’en trouvait amoindrie.
Ce soir, il avait opté pour la veste en daim noir, l'aimant beaucoup et une chemise près du corps. Mais il sentait ses cicatrices à travers le tissu et il détestait ça. Il avait toujours besoin de mettre de la distance avec elles grâce à des vêtements plus amples. Là, elles lui collaient à la peau… Sauf qu’il était hors de question de se changer. Il allait devoir apprendre à assumer son corps, dans l'espoir de séduire le brun le plus canon de son école, ou du moins, à défaut de le séduire, de lui faire comprendre qu'il pouvait être digne de lui.
Son père avait même accepté de le déposer par transplanage pour éviter d'être couvert de suie à cause du voyage à travers le réseau des cheminées. Il avait fait tant d'effort pour bien s'habiller, il ne voulait rien gâcher. Et pour entrer dans une boite de nuit moldue, c'était une obligation, un dress-code à respecter. Surtout qu'il était bien décidé à passer à l'action. Ce soir, il aurait une conversation avec son homme, il allait tenter de le séduire. Le lieu était idéal, l’événement exceptionnel : au douze coup de minuit, une bonne année, un baiser. Et il comptait bien réserver le sien à son homme.
Les deux hommes de la famille Lupin apparurent sur le chemin de Traverse et le plus jeune quitta son père direction le Chaudron Baveur, lieu de rendez-vous des maraudeurs, avant de prendre la direction du Londres moldu. Il espérait réellement passer une bonne soirée, même s’il savait qu'il ne devait pas se faire trop de films. Il ne devait pas trop espérer, et pourtant, il comptait bien assumer ce qu'il ressentait, rien ni personne ne l’empêcherait de passer à l’action.
Mais une autre part de lui-même douter tout aussi fortement : ce n'était pas parce qu'ils seraient dans un milieu gay que Sirius allait le draguer lui. Il y aurait des centaines de mecs prêts à bondir sur le brun. Il ne devait rien espérer.
Le jeune homme entra dans le bar, étrangement plein en ce début de soirée. Certains sorciers s'étaient donné rendez-vous, d'autres n'avaient rien de prévu et espéraient trouver de la compagnie. Il fit quelques pas dans la salle, cherchant ses amis. Il aperçut une tignasse ébouriffée lui faisant des signes de la main. Il se faufila entre les rangées pour arriver à la hauteur de James Potter.
- Rem, on attendait plus que toi !
- Et me voilà ! Je ne suis pas en retard ?
Le lycanthrope se tourna vers les deux autres personnes présentes autour de la table. S'il avait cru un temps que la troisième était Peter, que le jeune homme avait pu se libérer pour venir fêter la nouvelle année avec eux, il déchanta très vite, trop vite... D'un coup ! Une lourde chute bien trop violente à son goût.
Son regard se posa d'abord sur Sirius, tout simplement canon dans son habit de soirée, puis sur le troisième. Un jeune homme qu'il ne connaissait pas, mais qui ne lui était pas totalement inconnu. Un jeune homme qu'il aurait reconnu entre mille, même s'il ignorait totalement son prénom, à part sa première lettre : "O".
- Salut Rem’, Sirius le détailla, un sourire aux lèvres, avant de recroiser ses prunelles dorées. Tu... tu te souviens d'Olivier. Olivier, je te présente Remus Lupin.
Le blond aux yeux verts se leva pour lui tendre la main, mais le préfet ne bougea pas, le cœur serré, brisé. Olivier ? C'était donc ça, son prénom ? Olivier Cooper était face à lui et la présence à leur table laissait présager la pire des soirées pour lui. Loin des rêves idylliques qu'il s'était fait, il allait vivre un véritable cauchemar.
- Professeur Cooper, se contenta-t-il de répondre, sans un geste.
Il posa un regard froid sur Sirius. Celui-ci fronça légèrement les sourcils face à cette froideur. Il inspira, une culpabilité l’envahissant alors.
Il aurait pu essayer de faire comme si Olivier et Remus ne s'étaient jamais rencontrés, mais ça aurait été prendre son ami pour cracmol. Et pour preuve, Remus avait parfaitement retenu le nom de famille de leur invité surprise. Ce dernier se rassit, face au refus du nouvel arrivé de lui serrer la main. Il jeta un regard vers le brun, sans comprendre.
- Enchanté Remus, se hasarda-t-il quand même.
Le lycanthrope s'assit à la table, sans comprendre la raison de la présence de l’autre. Pourquoi venait-il passer les fêtes avec eux ? Cette soirée aurait dû être leur soirée, à Sirius et lui... et pas avec un autre type.
- Alors, finalement, vous vous connaissez depuis longtemps ? demanda-t-il froidement.
Car au fond, Sirius lui avait menti. Il lui avait affirmé qu'il ne l'avait jamais rencontré, que ce jeune professeur n'était pas un de ses amis. Pourtant, il avait posé clairement la question. Un pur mensonge !
- Cet été, répondit alors l'invité surprise.
Remus décela ce petit accent qui avait dû charmer son homme. "Un parfum d'exotisme et un délicieux petit accent". Les termes que Sirius avait employés pour décrire ce qui l’avait séduit chez cet intrus.
Olivier jeta un œil au jeune Black, sans comprendre pourquoi d'un coup, l'ambiance venait de se plomber. Pourtant, juste avant, tout allait bien. Sirius détourna les yeux de Remus, reportant son attention sur son ami, un sourire aux lèvres.
- Oui. Olivier est à Londres pour quelques jours et comme il passait le Nouvel An tout seul, je me suis permis de l'inviter.
- Dans tous les cas, on se serait retrouvé au San Farmin.
Le jeune professeur sourit au brun. Sous la table, leurs doigts s'entrelacèrent discrètement.
James inspira, toussa, se trouvant au milieu d'une étrange scène. Au moins, il était ravi que Remus soit là. Il ne se retrouverait pas tout seul, pendant que son frère passerait son temps à flirter. Le préfet détourna les yeux sur le bar, pour ne pas voir leurs regards pleins de tendresse et cette lueur de désir illuminer les prunelles de son homme. Des iris comme il n’en avait jamais vu, magnifiques, irréels mais qui n’étaient pas pour lui.
- On y va ? se disant, Sirius se leva, suivi de l'Américain, de James et enfin du préfet.
Ce dernier regrettait profondément d'être venu. S'il avait su que l'intrus serait là, il serait resté chez lui. Là, il allait passer la soirée à les regarder s'embrasser. Il en était sûr ! Adieu tous ses plans. Il s'était décidé et la vie le poignardait dans le dos, encore une fois ! À croire qu'il était la victime préférée de la malchance, ou que le bonheur n’était vraiment pas pour lui.
Et en effet, une heure plus tard, James et Remus étaient installés à une banquette du "San Farmin", une bouteille de champagne trônait sur la table, devant eux. Le préfet avait sa coupe dans les mains, le regard noir. Son regard ne quittait pas le petit couple sur la piste de danse. Il fulminait, il enrageait. Il n'avait qu'une envie : rentrer chez lui. Mais il n'arrivait pas à se décider. Et James lui avait demandé de rester, de ne pas l'abandonner face à eux, ne voulant pas se retrouver à faire la fête tout seul.
Alors il était là, à vivre un cauchemar éveillé, à observer le petit couple sur la piste de danse, collé l'un à l'autre, s'embrassant, flirtant, les bras de l'américain entourant la taille de l'anglais, le dévorant des yeux sans honte, s'enivrant de son odeur, se délectant de sa douceur. Ça aurait dû être lui ! Lui dans les bras de Sirius, lui capturant ses lèvres avec passion ! Mais non !
James finit sa coupe, avant de la reposer, d'attraper la bouteille de champagne et de la remplir de nouveau, faisant de même avec celle de son compagnon de fortune, presque vide. Entre galériens, fallait s'entraider ! Le lycan remarqua à peine le geste de son ami, mais il porta la coupe nouvellement remplie à ses lèvres, la vidant pour moitié.
- C'était prévu qu'il soit là ? cracha-t-il, ne parvenant pas à dissimuler sa colère.
- Non ! Il est arrivé hier matin, pour une réunion au Ministère. Un problème, il n'a pas pu trop en dire. Alors, Sirius l'a invité à venir faire la fête avec nous. Enfin... avec lui ! Santé !
Il fit tinter sa flûte avec celle du lycanthrope. Remus but une nouvelle gorgée, vidant la sienne pour moitié, dans une grimace. James le regarda faire, étonné et amusé. Il saisit de nouveau la bouteille pour la remplir pour la troisième fois. Sa mission pour la soirée était de s'assurer que le petit loup n’ait jamais soif. Il reposa la bouteille, reprenant son verre.
Il jeta un coup d’œil sur la piste que le préfet ne quittait pas des yeux, fronçant aussitôt les sourcils, face à la scène. Sirius et Olivier qui s'embrassaient encore... Ils s'embrassaient tout le temps en fait. Le capitaine jeta un regard vers son ami. Cette soirée était une excellente occasion, et il n’allait pas la manquer.
- Dire que ça aurait pu être toi !
- Pardon ? Remus posa son regard sur son ami, sans comprendre, quittant la piste de danse des yeux.
- En train de glisser ta langue dans la bouche de Sirius. Breuuuk ! Faut leur dire qu'il y a des hôtels pour ça... sérieux !
Le préfet blêmit, son cœur et ses entrailles se resserrant instantanément.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi tu dis ça ?
Le brun sourit, légèrement ironique. Remus n’avait-il donc pas encore compris qu’il savait tout ? Ou bien faisait-il comme avec les préférences du jeune Black ? Il faisait comme si ça n’existait pas. Mais ce n’était pas en niant un fait qu’il cessait d’exister.
- Parce que tu donnerais ta vie pour être à la place de cet américain. Avoue !
Il vit son interlocuteur inspirer et expirer difficilement, son regard se voiler et se poser dans le vide.
- N'importe quoi ! Arrête avec tes idioties. Pourquoi je voudrais la place de cet abruti ? Je ne suis pas gay !
Le préfet but alors de sa coupe, espérant avoir mis fin à la conversation. Mais c'était sans compter le fait que James n'attendait qu'une seule occasion pour lui signifier qu'il connaissait son secret.
Le capitaine sourit alors, une lueur dans le regard. On ne jouait pas comme ça avec lui. Il était le maître de ce jeu, et Remus n'allait pas nier très longtemps.
- Je ne dis pas que tu es gay, mais que tu es amoureux de Patmol. Oses-le nier en me regardant droit dans les yeux, Moony.
Chaque mot avait résonné en Remus comme un terrible couperet. Il tourna lentement la tête vers le capitaine des gryffondors, le cœur lourd. James savait ! Il avait deviné ses sentiments profonds pour le jeune Black ! Non... mais quand ? Comment ? Est-ce qu'il l'avait dit à Sirius ? Il ne répliqua rien, ne pouvant rien dire. Nier en regardant dans les yeux ? Il n'en avait pas la force. Déjà parce que contrairement à ce traître sur la piste de danse, il n'avait jamais menti.
Il fit taire la petite voix qui lui rappela qu'avant que les maraudeurs ne découvrent son secret, il leur avait menti pendant un an et demi, il fit taire cette même petite voix qui lui rappela qu’il avait non seulement menti mais aussi violé l’intimité du jeune Black en fouillant dans ses affaires. Satanée conscience ! Ne pouvait-elle pas prendre de vacances ?
- Et oui ! Je sais tout, Rem'. On ne peut rien me cacher.
- N'importe quoi ! siffla alors le lycanthrope, en posant les yeux sur sa coupe et en la finissant.
- Arrête Remus, ou dit moi haut et fort : je ne suis pas amoureux de Sirius.
Le préfet attrapa la bouteille de champagne pour remplir sa coupe sans rien dire, à deux doigts de quitter la soirée. Fuir pour mieux nier, partir pour mieux respirer !
- Ne t'inquiète pas, petit loup. Avec moi, ton secret est bien gardé.
La bouteille de champagne fut reposée sur la table, dans un bruit sec, Remus rivant son regard sur son ami.
- Tu n'as rien dit à Sirius ?
- Bien sûr que non !
Le brun fronça les sourcils, face aux doutes du châtain. Je me suis dit que tu n'apprécierais pas qu'il l'apprenne par moi et puis, il ne m'aurait pas cru.
Remus ne comprenait rien. Son ami savait ? Mais il n'avait rien dit ? Sirius ignorait donc tout de ses sentiments ? En un sens, il aurait été si simple qu’il balance tout, mais son interlocuteur souleva un point intéressant : l’intéressé ne l'aurait pas cru.
- Depuis quand tu le sais ? souffla-t-il, capitulant.
Il n'avait pas envie de se battre. Si James savait, il n'arriverait jamais à le convaincre du contraire. Il n'en avait pas la force.
- Fin octobre, par là... Si tu savais tous les indices que tu sèmes… Je n’ai eu qu’à les interpréter. Mes doutes sont devenus des certitudes quand je vous ai appris que Sirius avait eu une conquête, l'été passé. Tu aurais vu ta tête... Là, ce n’était même plus un indice, c’était limite inscrit en lettres capitales sur ton front : Jalousie !
La vue de Remus se brouilla quand il entendit des pas à côté de lui. Il releva les yeux sur le couple qui revenait de la piste de danse.
- Vous ne dansez pas ? Sirius les observait tour à tour.
Le lycan ne vit que leurs doigts entrelacés, que cette envie sur les lèvres des deux hommes et le pire de tout, celles de Sirius, légèrement rougies d'avoir trop capturé celles de l'intrus.
- Non !
Il but de sa coupe, la vidant. Il n'avait aucune envie de danser. Sirius fronça les sourcils.
- Pourtant, tu avais lancé l'idée parce que tu aimais danser.
Le préfet jeta un regard noir à l'intrus.
- Il y a que les cracmols qui ne changent pas d'avis.
Le professeur sentait bien un malaise. Il murmura quelques mots à l'oreille de son anglais préféré, un sourire aux lèvres, avant de se lever et de quitter la table. Sirius lui jeta un regard avant de fixer le boudeur, face à lui.
- Rem !
Ce dernier avait le regard posé sur la piste de danse, ne voulant pas le voir. Il détestait le jeune homme face à lui, le Sirius amoureux, épris d’un autre.
- Je sais que je t'ai menti, j'en suis désolé. Faut que tu comprennes que ce soir-là, tu m'as pris au dépourvu avec ta question. Je ne pouvais pas te dire oui, parce que tu m'aurais alors demandé pourquoi on avait fait semblant de ne pas se connaître devant le directeur. C’était trop compliqué à t’expliquer à ce moment-là.
Le châtain but de sa coupe, écoutant à peine ce plaidoyer. Il pouvait comprendre. Il savait d'ailleurs que Sirius mentait sur le moment, mais il n'avait pas pu le dire. Il aurait dû avouer qu'il avait lu son courrier, ou du moins, le nom de l'expéditeur.
- Ça te plaît de sortir avec un menteur ?
Il riva son regard dans celui du brun, le voyant ciller des yeux, presque choqué par sa question. Et oui ! Son Olivier n'était qu'un menteur !
- Ce n'est pas un menteur, la situation était compliquée, répliqua Sirius, sans comprendre une telle réaction de la part de son ami.
Mais en revanche, il comprenait parfaitement que le jeune américain n'ait pas eu envie de devoir expliquer d'où ils se connaissaient. Même si le directeur n'aurait sans doute même pas cherché à savoir, le risque était trop grand.
Remus haussa les épaules, peu convaincu.
- Pourtant, en faisant semblant de ne pas te connaître, il a menti non ?
- On a tous les deux mentis. - Sirius serra les poings, de plus en plus agacé - De toute façon, tu ne peux pas comprendre, tu ne sais pas ce que c’est toi, de devoir mentir pour cacher un secret !
Il jeta un regard à son frère, se demandant combien de verres avaient bu Remus pour réagir ainsi.
Le préfet tiqua, comprenant sans peine toute l’ironie de la réplique de son homme. Car oui, il savait et son mensonge à lui était plus grand, avait duré plus longtemps. Il était sans doute le plus amène de comprendre la nécessité de mentir pour cacher ce genre de vérité, il aurait sans doute dû être plus coulant, moins en colère, pardonner. Sauf qu’il n’en avait pas envie.
Il vida sa coupe, sans répliquer, le cœur lourd. Sirius se leva, quittant la table, mal à l'aise. Ils n’étaient pas des menteurs, la situation était juste compliquée. Le préfet secoua la tête, las. Il se sentait coupable de sa réaction, il en faisait trop, il le savait. Mais il était plein de rancœur et de jalousie à ce moment précis et c’était bien plus facile de s’offusquer d’avoir été pris pour un cracmol.
Il reposa les yeux sur James, perdu.
- Mais alors tu le sais depuis longtemps...
Fin octobre ? Ça datait de deux mois. Deux mois pendant lesquels... il fronça les sourcils, très agacé.
- Pourquoi tu as fait croire qu'Erin me plaisait ?
Le capitaine sourit, ravi.
- Parce qu’il ne me reste plus grand-chose pour m'amuser et que je suis un homme faible. Et puis parce que tu étais si jaloux. Et c'était tellement marrant, sachant qu’il n’y a rien entre Erin et Sirius. Vous passez votre temps à vous moquer de ma jalousie envers ceux qui approchent Lily… Vous ne valez pas mieux ! Et pour mettre un peu de piment dans vos vies. Et puis parce que j'en avais envie, tout simplement. - Il but une petite gorgée de sa coupe. Remus souffla, meurtri. - Donc comme je disais... dire que ça pourrait être toi, la place de cet Olivier.
Le châtain ricana alors.
- Mais oui, bien sûr ! J'ai toutes mes chances. Tu as vu cet Apollon ? Je suis un monstre de la nature en comparaison...
- Rem’, arrête avec ça ! souffla James, dépité. Je ne sais pas ce que tu vois dans le miroir, mais tu n’es pas laid. Je ne sais pas ce que tu as vécu enfant, ce que tu vis au quotidien. Je sais que la nature humaine peut être cruelle envers ceux qui sont différents. Je n’imagine même pas ce que tu as dû subir pour que tes parents décident de s’exiler dans une forêt, loin de tout, des sorciers comme des moldus. Mais il faut que tu arrêtes de te dénigrer de la sorte. Que tu commences à te voir avec nos yeux, ceux de tes amis. Et je peux te dire une chose : Sirius te trouve très mignon et sexy.
Remus but de sa coupe. Ça, il le savait, même s'il avait du mal à y croire.
- Si c'est vraiment le cas, pourquoi ce n'est pas moi dans ses bras, hein ?
Le capitaine haussa les épaules. Pensait-il que les choses se produisaient sans être provoquer ? Qu'il suffisait de claquer des doigts pour que le vif d'or vienne se loger dans sa main ? Et s'il attendait que le cabot fasse le premier pas, le match n'était pas près d'être fini.
- Pour plusieurs raisons, selon moi. Tout d’abord, Sirius ignore qu'il a ses chances avec toi. Tu fais semblant de ne pas t'intéresser aux choses de l'amour, de ne rien éprouver, donc il ne risque pas de venir vers toi. Surtout que, comme il est totalement aveugle concernant ce domaine, il ne va pas le deviner tout seul. Exemple flagrant : tu es plein de jalousie en ce moment précis, et toi, tu le fais passer pour de la colère parce qu'il t'a menti. Tu joues mal Remus, tu abats les mauvaises cartes.
L’animagus but de sa coupe de champagne, laissant quelques secondes au lycan pour réfléchir à ses paroles. Ce dernier inspira. Il ne pouvait pas lui faire comprendre ouvertement qu'il était jaloux ! C'était au-dessus de ses forces. Il préférait mentir, cacher les choses. Il était plus doué pour dissimuler que pour assumer ce qu'il ressentait réellement.
- Rem, c'est à toi de faire le premier pas, et tu le sais bien. Sans compter que la tâche ne sera pas facile. Ce n'est pas en lui avouant tes sentiments qu'il va t'embrasser avec passion.
Remus posa les yeux sur la piste de danse. James venait d'anéantir tous les films qu'il s'était fait de cette soirée. Minuit moins cinq... Il prenait Sirius à part, l’entraînant à l'écart. Un endroit empli de bougie et romantique à souhait. Et il avouait tous à Sirius qui ne répondait rien, qui l'embrassait juste.
- Il te faudra non seulement le séduire, mais aussi le convaincre que votre amitié ne va pas en pâtir, qu’il va gagner quelque chose et ne rien perdre, et qu’il ne risque pas de détruire le groupe. Il a failli te perdre une fois, après l'histoire avec Rogue, il ne voudra pas reprendre de risque. Et enfin, tu n'as sans doute pas posé les bonnes questions, au bon moment.
- Les bonnes questions ?
- Oui. Sur lui, sur comment il a découvert ce côté de sa personnalité, sur pourquoi il est parfois si doux, si tendre avec toi, pourquoi votre amitié est parfois si particulière, un peu trop même, sur pourquoi il a mis tant de temps à t'avouer qu’il était gay. Je suis sûr que vous n’avez même pas reparlé de ça depuis qu’il te l’a dit.
Le préfet acquiesça de la tête. Non, il n’en avait jamais reparlé depuis leur explication dans la cabane. Ils s’étaient expliqués sur sa fuite, mais c’est tout… Ça ne le regardait pas et il n’avait pas très envie d’entendre son homme parlait de sa conquête précédente.
Est-ce qu'il était à ce point à côté de la plaque ? Avait-il manqué le coche ? James avait un sacré argumentaire. Beaucoup de raisons... Il semblait réellement avoir réfléchi à tout ça. Il but de sa coupe, la finissant. Il jeta un coup d'œil à sa montre. Vingt-trois heures. La nouvelle année n'était pas encore là... James remplit les verres.
- Pourquoi tu passes ton temps à remplir mon verre ?
Le brun sourit alors, une lueur malsaine se logeant dans ses yeux.
- Pour passer le temps, on s’occupe comme on peut.
Et il leva son verre pour trinquer. Le préfet n'y comprenait rien. James savait qu'il nourrissait des sentiments pour son frère de cœur et ça ne le choquait pas. Au contraire, il semblait approuvé. Avant, cette peur qu'ils ne l'acceptent pas était basée sur le fait qu'il pensait que ses amis n'accepteraient jamais son homosexualité limitée. Limitée, car quand il regardait les autres hommes, il ne ressentait rien. Il n'y avait vraiment que Sirius. Un constat qui lui brisait encore plus le cœur. Justement, l'amour de sa vie était de nouveau sur la piste de danse avec son pseudo petit-ami. Vivement qu'il soit débarrassé de ce type.
- Tu dis que Sirius est aveugle en matière d'amour, pourtant ce type a réussi à le séduire.
- Parce qu'il l'a dragué ouvertement, ici même. On était venu ici pour savoir si Sirius était réellement gay. Et ce lieu a confirmé ses doutes. Surtout quand Olivier a commencé à le séduire. Sirius l'a trouvé mignon, très à son goût pour s'initier à certains plaisirs entre hommes, mais ça s'arrête là. Il ne ressent aucun sentiment pour lui, crois-moi. Je le connais très bien, le cabot. - Le brun riva un regard brillant sur son voisin. - Je te parie que tu l'évinces d'un claquement de doigts.
Le châtain n'était pas aussi convaincu. Loin de là même. Son homme semblait réellement accroché à son Olivier. Un prénom banal ! Ça ne sonnait même pas américain. Plus français... Bref ! Pour l'heure, il avait une magnifique vue sur son avenir, si jamais il ne se décidait pas à agir. Un véritable cauchemar !
Sirius dans les bras d'un autre... Sirius heureux, savourant les lèvres d'un autre. Il ne pouvait pas. Il n'y arriverait pas. Soit il se décidait à prendre en main sa vie et son cœur, soit il partait. Il quitterait les maraudeurs, couperait définitivement les ponts. Mais là, encore, il n'imaginait pas sa vie sans eux, sans ses amis, une famille pour lui. Il était réellement pris entre deux feux. Deux solutions et aucunes ne lui plaisaient.
Mais se décider à séduire Sirius, n'était-ce pas aussi risquer de se prendre le plus grand vent de sa vie, de voir son cœur être brisé ?
- Tu sais, Rem, l'amour c'est bien le domaine le plus dangereux au monde. Rien n'est jamais plus difficile que de s'ouvrir aux autres. C'est toujours un long combat. J'en suis l'exemple le plus concret. Je suis amoureux de la seule fille que je n’arriverai jamais à séduire. Malgré ça, je ne désespère pas, car si je ne mets pas tout en œuvre pour l'avoir, je suis sûr que je ne pourrai jamais être heureux, jamais tourner la page le moment venu. Je me demanderai toujours si je n'aurai pas pu faire un petit truc en plus pour réussir à conquérir son cœur. Mais au final, l'enjeu en vaut largement la peine, non ?
Le préfet lui jeta un regard, un petit sourire se dessinant sur ses lèvres, ne pouvant qu’approuver ces paroles. Si on ne se battait pas pour l'amour, pourquoi se battre au final ?
Il finit sa coupe, celle-ci se remplissant aussitôt. Ils n'étaient pas majeurs. Ni dans le monde moldu ni dans celui des sorciers. C'était l’américain qui avait commandé la bouteille et Remus s'en délectait. Fallait bien que cette présence si indésirable soit un minimum utile. Les États-Unis les envahissaient. Ils venaient voler le cœur des petits anglais et des plus mignons, en plus. James avait raison, il le savait. Mais là, le champagne commençait à un peu trop faire effet. Il ferma les yeux quand il vit son homme s'installer face à lui, pas très ravi.
- Tu es calmé ?
Remus détourna les yeux. Non, il n'était pas calmé ! Il en avait fait quoi de l'Olivier ? Le nom d'un arbre. C'était vraiment banal comme prénom. Il vit le jeune professeur discuter avec des amis.
- Je reviens.
James s’éclipsa, les laissant en tête-à-tête.
Sirius prit aussitôt la place de son frère, près du châtain.
- Moony, arrête de faire la tête. Je suis désolé de t'avoir menti, mais je n'ai pas pu faire autrement.
Le boudeur porta son verre à ses lèvres, avant de hausser des épaules.
- Ça m'est égal. Tu n'es pas obligé de me raconter ta vie non plus. Ça, je l'ai bien compris le mois dernier.
- Rem'...
Sirius s'approcha encore un peu du jeune homme, sincèrement navré. Il s'en voulait. Cette nuit-là, il n'avait pas trouvé le sommeil, tellement son cœur se maudissait de cette trahison. Remus l'avait même rejoint dans la salle commune.
- Pardon. Je ne voulais pas te vexer. Je ne voulais pas te mentir...
- Ça va. Je peux comprendre que tu n'aies pas eu envie de me dire que c'était ton mec. Il n'y a pas grand mal là-dedans.
Le préfet but de sa coupe. Il ne pouvait pas non plus faire le mec super vexé, car il savait que Sirius lui mentait à ce moment-là. Mais le reconnaître reviendrait à avouer son crime. Et là, il n'en avait pas envie.
- Qu'est-ce qu'il y a alors ? La voix de Sirius se fit plus douce, il glissa sa main dans les cheveux du lycanthrope, dans une douce caresse.
Le châtain frissonna à ce contact, fermant les yeux. Un geste trop rare ses derniers temps. Son homme s'éloignait, il le perdait. Cette soirée en était la preuve. Il rouvrit lentement les yeux, rivant son regard dans celui du brun, sans sourire. Commencer à être sincère, à assumer ce qu'il ressentait ? Et bien soit ! Il allait s'y mettre.
- Il y a que j'avais pensé passer la soirée autrement qu'à te regarder de bécoter avec un mec. Voilà !
Le brun stoppa le mouvement de sa main, un peu étonné, avant de le reprendre, l’accentuant un peu plus, ses doigts glissant lentement jusqu’à sa nuque. Il n'avait pas prévenu Remus qu’Olivier serait de la soirée. Mais il ne passait pas la soirée exclusivement avec le jeune américain. Son cœur se gela face à l’évidence. Si !
- Tu passes une mauvaise soirée ?
Son vis-à-vis sourit, très narquois.
- On peut dire que tu sais lire entre les lignes quand on te parle.
Oui, il passait la pire soirée de sa vie. Il en voulait à Sirius, à ce type. Il s'en voulait de ne rien avoir tenté avant. Il ne voulait pas finir l'année comme ça. Et encore moins commencer la suivante en matant l’homme de sa vie flirter avec un autre. Partir pour mieux respirer, car là, il étouffait ! Il voulait mourir !
- Je vais rentrer.
C'était son seul désir. Les caresses du jeune homme dans ses cheveux, l'attention qu'il lui portait depuis deux minutes n'y changeaient rien. Il passait une mauvaise soirée et plus tôt il l'écourterait, mieux il se porterait.
Le jeune Black se sentit aussitôt coupable : coupable d'avoir délaissé ses amis, coupable de ne pas avoir remarqué qu'il était le seul à s'amuser, coupable d'égoïsme. Il n'avait consacré son temps qu'à sa conquête. Et il se détesta pour ça. Rien ne devrait passer avant l'amitié.
- Non ! Attends... On peut aller ailleurs. Où tu veux ! Si tu ne t'amuses pas ici.
Remus haussa les épaules, finissant sa coupe et la reposant sur la table.
- Ce n'est pas le lieu le problème.
Un sourire se dessina sur les lèvres du brun.
- Ça je l'avais bien compris. On peut y aller tous les trois.
Le châtain ricana alors, tournant lentement la tête vers son interlocuteur.
- Et tu abandonnerais ton mec le soir du nouvel an ?
- Alors, déjà... Olivier n'est pas mon mec. On aime certaines activités qui ne se pratiquent qu'à deux et on aime les pratiquer ensemble. Ensuite, il trouvera à s'occuper, je ne m'en fais pas pour lui et enfin, il n'y a rien de plus important que l'amitié. Je vous ai délaissé, Corn’ et toi et je m'en excuse. Mais je vais me rattraper. On va où tu veux.
- Vous voulez bouger ?
Ils levèrent les yeux dans un même mouvement vers le propriétaire de la voix. James s'installait à côté d'eux.
- Oui. Le petit loup passe une mauvaise soirée.
Sirius sourit, accentuant un peu plus ses caresses dans les cheveux du jeune homme, qui en frissonna encore plus.
- S'il n'y avait que lui. Tu es un expert du French-Kiss, dis-moi...
Sirius rougit alors violemment avant de foudroyer son frère du regard.
- Très drôle. La prochaine fois, regarde ailleurs.
- J'ai passé l'été à regarder ailleurs...
Il l'avait mauvaise. Lui non plus n'était pas ravi de l'intrusion du mec de son frère dans leur réveillon entre potes, même si la situation lui avait permis de discuter avec le lycanthrope. Toujours voir le bon côté des choses, le verre à moitié plein.
- Et si on allait à la fête foraine McKinnon ? proposa-t-il, innocemment.
Remus écoutait à peine la conversation. Le French-Kiss. Le baiser français. Avec la langue et toutes les émotions qui allaient avec. Le monde de la magie était assez reculé, en particulier en matière de relation amoureuse aussi. Tandis que le monde des moldus connaissait une révolution culturelle et sexuelle, les sorciers en étaient encore à prohiber le sexe en dehors des liens sacrés du mariage.
Bien sûr, les gardiens de la morale ignoraient ce qui se passait réellement dans les fêtes de leur chère progéniture. Mais quand même... Ici c'était réellement différent. Dans cette boite de nuit, le plaisir ne semblait en aucun cas tabou.
- Celle des parents d'Erin ? Pourquoi pas. Ça te tente ?
Sirius posa les yeux sur Remus, qui sortait à peine de ses pensées.
- Euh oui... Pourquoi pas… Lily réveillonne là-bas.
Le brun cilla, peu ravi de cette confidence. Il fusilla son frère du regard. Celui-ci prit alors l'air le plus faussement innocent qui ait existé.
- Vraiment ? Je l'ignorais.
- Moi, ça me va très bien. Ils sont à Londres en ce moment. À Hype Park.
Remus était décidé à éloigner son homme de l'envahisseur. Il en avait assez de cette boîte, de cette musique. Il voulait s'amuser autrement qu'en regardant l'homme de sa vie flirter avec un autre.
- OK... Je vais dire au revoir.
Le fils Black se leva, un peu déçu de partir, mais rien n'était plus important que les amis. Même pas le jeune professeur aux lèvres si douces et si sensuelles. Et puis il avait eu sa dose. Maintenant il pouvait se consacrer aux deux jeunes hommes.
Remus le regarda s'éloigner n'imaginant même pas les adieux qui allaient sans doute durer deux heures. Il jeta un regard vers James, celui-ci semblait très satisfait.
- Ton plan est meilleur que le mien, déclara le capitaine.
- Quel plan ?
- En route !
Remus releva les yeux vers Sirius, déjà revenu. Les adieux n'avaient pas duré très longtemps, trente secondes tout au plus... Tant mieux ! Et ils quittaient la boîte de nuit, se retrouvant dans les rues froides de Londres.
Ce n'était pas au programme. Ils auraient dû passer la soirée dans le nigth-club, ne pas sortir. C'était ce qu'ils avaient dit à leurs parents. Mais bon... Ils espéraient ne pas être consignés. D'un autre côté, c'était bientôt le retour à Poudlard, la punition serait de courte durée.
Tout ce qu'ils avaient à espérer, c'était d'arriver sain et sauf « Aux Pays des Merveilles ».
Et une chance pour eux, ils y arrivèrent sans rencontrer le moindre mangemort.
OoOoOo
En arrivant, leur première mission avait été de repérer Erin. La jeune fille assurait la gérance du manège des auto-tamponneuses. Les deux bruns se lancèrent alors dans un combat sans relâche pour savoir qui arrivait à secouer le plus l'autre, enchaînant plusieurs parties. Remus s'éclipsa, sans attendre, sans participer, sans assister au spectacle, sans annonce, plein de rancœur.
Il rejoignit sa meilleure amie au stand des Candy Floss, occupé à servir des barbes-à-papa à une file interminable d’enfants. Ils discutaient maintenant depuis dix minutes.
- En tout cas, maintenant tu ne peux plus nier qu'il faut que tu passes à l'action. Tu as eu un léger aperçu de ton avenir si tu ne fais rien.
- Je sais, répliqua le préfet, toujours fortement agacé.
L'image de son homme dans les bras d'un autre... Il était persuadé que tous ces rêves pleins d'érotisme allaient se transformer en cauchemar, cette scène allait le hanter longtemps. Il lui avait fait un rapide résumé du pourquoi leur soirée en boite avait été écourté.
La jeune fille compatissait. Mais il fallait que cette soirée le pousse à agir, à s'assumer.
- Donc James est au courant, et il te l’apprend que maintenant...
Le préfet haussa les épaules. Lui, ça ne l'étonnait pas. Pour James Potter, le monde n'était qu'une vaste pièce de théâtre dont il avait le premier rôle.
- Au moins, il ne désapprouve pas.
- Il manquerait plus que ça, railla la jeune femme. Comme si ça le concernait.
Remus soupira. Lily ne pouvait pas comprendre, mais oui. Avoir l'assentiment du fils Potter était indispensable pour lui. Il était plus qu’un ami, les maraudeurs étaient sa famille. Et si James avait désapprouvé, s'était moqué de ses sentiments, les avait dénigré, pas sûr qu'il aurait été prêt à agir. James et Sirius avaient une réelle influence sur lui, il aurait aimé s'en défaire, mais il en était totalement incapable. Ils avaient réparé un lien brisé par les hommes, en l’acceptant comme il était, en lui prouvant que l’amitié existait, et aujourd’hui, il était presque dépendant d’eux.
Justement quand on parlait du cerf et du cabot... Les deux jeunes hommes venaient de les rejoindre.
Le regard du brun brilla derrière ses lunettes, ravi de croiser enfin sa belle. Elle était sublime. Sur le coup, il eut très faim.
- Bonsoir Lily, dit-il, un sourire plein d'envie. - Tu as besoin d’aide ?
La rousse tendit une énorme barbe à un enfant qui partit aussitôt son bulletin en main.
- De l'aide pourquoi ? demanda-t-elle alors.
- Pour goûter ce que tu prépares. Ça a l’air délicieux. Tu m'en prépares une ? S'il te plaît ?
Un petit regard de chien battu, une petite moue sur les lèvres qui aurait fait fondre n’importe quelle fille. Mais elle, elle y resta totalement insensible. Bien au contraire, elle haussa un sourcil, légèrement contrariée.
- À la queue, comme tout le monde, Potter ! ordonna-t-elle, aussitôt. Vous avez vu les enfants ? Le méchant monsieur veut passer devant vous !
Les enfants huèrent aussitôt le capitaine de Quidditch. Le fan-club anti-James Potter venaient d’acquérir une dizaine de membres en moins d’une seconde.
- Bon... bon...
Et le brun obéit, sans protester, se plaçant tout au bout de la file d'attente, patientant sous le regard très amusé de la jolie rousse.
Sirius profita de ce moment pour entraîner son ami à l'écart.
- Tu me fais la tête ?
Remus prit quelques filaments de sa barbe-à-papa, se demandant pourquoi on les appelait ainsi. Lui n’avait pas eu besoin de faire la queue, lui avait eu droit à la sienne immédiatement, sans rien demander en plus.
- Non pourquoi ?
Une réplique froide, mais oui ! Il faisait la tête. Hors de question pour lui d'accorder la moindre attention à son interlocuteur. Il était loin, distant, il ne voulait pas être là, avec lui. Il ne voulait pas de tête-à-tête. Et surtout pas un baiser et surtout pas aux douze coups de minuit. Sirius avait tout gâché !
- Je ne sais pas... C’est un ressenti que j’ai. Tu sais bien que tu ne peux rien me cacher.
Le brun sourit, une lueur pleine de charme dans les yeux, décidé à se faire pardonner.
Le châtain s'adossa à une des caravanes, pas convaincu pour un noize. Il lui cachait tellement de choses. Sirius était réellement aveugle concernant certains sujets. Selon James, il semait plein d’indices, il était un livre ouvert. Mais Sirius ne voyait rien, ou il ne voulait pas voir.
Il continua de déguster son met, le brun posant un regard d'envie sur l'énorme boule bleue en piquant un bout.
- Eh mais ! - Remus protesta aussitôt, reprenant son bien - À la queue, comme tout le monde, si tu en veux une.
Il ne comptait pas partager, pas ce soir, pas avec le sale cabot. Ce dernier cilla, étonné, choqué. Remus Lupin osait jouer les égoïstes ? Lui qui lui avait outrageusement subtilisé une barre de chocolat la dernière fois ? Il se permettait de lui dire non ?
- Tu ne partages pas ? demanda-t-il d'une voix un peu trop doucereuse au goût du lycanthrope. Mais tout sonnait faux pour ce dernier : chaque parole, chaque geste de son interlocuteur le ramenait vers l’envahisseur.
Il lui jeta un regard plein d’indifférence.
- Non ! Et il porta les filaments que son homme avait touchés du bout de des doigts à ses lèvres, les dégustant, malgré lui avec plus de plaisir que les précédents. Et il s'en maudit aussitôt.
- Remus John Lupin, vous jouez les égoïstes ?
Celui-ci fit mine de rien, continuant à déguster sa délicieuse confiserie, observant James progresser dans la file d'attente. Un sourire plein de machiavélisme se forma sur ses lèvres, une lueur vengeresse apparaissant dans ses prunelles dorées. Et s'il allait la remplacer juste quand ce serait à son tour ? Histoire de lui faire payer ce qu'il lui avait fait subir avec ses accusations envers Erin. Ça le tentait bien. Lui aussi pouvait avoir un esprit mesquin, manipulateur et vengeur. Lui aussi pouvait décider de jouer avec les autres ! Les co-leaders des maraudeurs n’en avaient pas le monopole.
Il sentit Sirius s'approcher un peu plus de lui, mais cette odeur... Celle de cet Olivier. Il la sentait sur lui, sur ses lèvres, sur ses vêtements. Il y avait aussi une odeur de cigarette qui lui donnait la nausée.
- Allez, soit sympa, mon ange, juste un petit peu. Elle a l'air délicieuse en plus.
Remus inspira, tourna lentement la tête vers son homme, un petit sourire aux lèvres. Ça chasserait peut-être l'odeur de l'autre. La barbe à papa était fortement parfumée.
- Bon, d'accord.
L’animagus sourit, détestant qu’on lui dise non, tendant aussitôt la main vers l’énorme boule sucrée, mais le lycan la déroba à son emprise, rivant un regard froid sur lui.
- Pas touche avec tes sales pattes qui empestent la cigarette.
Le brun cilla, sans comprendre. Mais oh... oui... Olivier avait fumé... et lui aussi, mais... Remus et son satané odorat ! Il attendit alors. Remus décrocha un petit bout du nuage de sucre et le porta aux lèvres de son ami. Ce dernier le regarda faire, légèrement surpris, avant d'entrouvrir les lèvres, accueillant le met si sucré, coloré de bleu. Et il sentit les doigts de son ami sur ses lèvres, dans une douce caresse.
Le préfet ne quitta pas des yeux ces lèvres si douces, si appétissantes, recouvertes de sucre. Une fois le filament bleu avalé, Sirius s'y passa la langue dessus, un geste qui l’enivra un peu plus, mais l’ivresse fut rapidement chassée par le dégoût provoqué par cette odeur de nicotine.
Il inspira, se raclant la gorge et détournant les yeux sur le stand de confiserie, portant ses doigts à ses lèvres, pour goûter à ce sucre qui s'était attardé sur les lèvres de son homme et qu'il avait recueilli. Il ferma les yeux, sentant les effets du champagne se propager dans son esprit.
Sirius avait tout gâché. Il n'en voulait plus de son baiser. Capturer des lèvres qui n'avaient cessé d'embrasser un autre... non merci ! Tout était fichu. Il ne voulait pas se dire qu'il n'était qu'un numéro deux au cours d'une même soirée. Non ! Il embrasserait Lily, sur la joue bien sûr... au moment des douze coups de minuit.
Il bouillonnait, il fulminait. Il avait une telle rage en lui. Une rage qu'il ne contiendrait pas longtemps, pas toute une vie.
- Je peux en avoir encore ? C'est la première fois que j'en mange, c'est délicieux.
L’aîné des Black n’était venu qu’une fois ici, quand il sortait avec Erin. Elle lui avait fait visiter et essayer tous les manèges mais aucune spécialité culinaire.
Remus fronça les sourcils, sans y croire.
- La première fois ? C'était possible ça ?
- Eh bien, tu penses que mes parents m'ont souvent emmené dans une fête foraine ?
- Hum... – Le lycan fronça les sourcils, indécis. - Non.
Sans doute pas. Oh ! Ce qu'il n'aimait pas quand le brun faisait ça. Lui rappeler sa vie misérable chez les Black pour l'attendrir... ça marchait à chaque fois ! Il détourna les yeux, prenant un bout de barbe-à-papa et le portant à ses lèvres.
La main de Sirius se glissa dans ses cheveux, dans une douce caresse, comme pour mieux le faire céder, comme pour mieux chasser cette colère qui était en lui, bien qu'il le nie. Sirius le connaissait. S'il n'y avait pas eu cette odeur de cigarettes... Et même pas !
Il ne la sentait plus. Il ne sentit que les effluves du parfum de son homme, la cigarette et l'odeur de l'autre idiot étaient comme chassées. Comme s'il réussit à faire la part des choses. Il se concentra sur cette odeur douce et sucrée, épicée, s'enivrant d'elle.
Si seulement Sirius n'avait pas tout gâché...
- Tu agis comme cela avec beaucoup de tes amis ? demanda-t-il alors.
S'il devait poser des questions et bien, il allait s'y mettre.
Sirius cilla, un peu étonné.
- Comment ça ?
- Des caresses dans les cheveux, cette douceur, cette tendresse ?
Le cabot riva son regard dans les iris dorés du jeune homme, un petit sourire se formant sur ses lèvres, son cœur se mettant à battre étrangement. Il cessa de lui caresser les cheveux, prenant lentement des filaments bleus entre ses doigts, avant d'en mordre un morceau, rendant ses lèvres encore plus appétissantes, du moins, selon Remus.
- Alors ? s'enquit le lycanthrope, attendant une réponse à sa question.
Le brun sourit un peu plus, avant de porter le morceau de barbe-à-papa qui lui restait aux lèvres du châtain, qui s'entrouvrirent, sans se faire prier. Il le déposa dessus. Remus l'avala alors, se laissant tout simplement hypnotiser par les gestes du jeune homme, son cœur battant de plus en plus rapidement, envoûté, séduit. Une vraie groupie ! Il s’en désolait, mais il n’y pouvait rien. L’amour rendait idiot et avait une mémoire de poisson rouge.
- Je n'ai pas beaucoup d'amis. Alors, je répondrais que non.
En effet, il avait trois amis. Il les comptait sur les doigts d'une seule main. Selon lui, ce n'était pas la quantité, mais la qualité qui importait. Et parmi ses trois amis, il y avait James, un frère pour lui, donc non, il n'était pas tendre avec son frère, puis Peter... qu'il ne supportait que moyennement, il lui attribuait le qualificatif d’ami car malgré son côté empoté et maladroit, il était un maraudeur, un membre du groupe... et enfin le jeune homme à ses côtés.
Celui-ci inspira, peu satisfait de cette réponse, mais soit ! Pour l'heure, ça lui suffirait, il n’avait pas vraiment le choix. Il savourait tout simplement ce petit morceau de barbe-à-papa offert par son homme, encore meilleur que les précédents.
Une fusée décolla quelque part sur le site, dans un long sifflement pour exploser en mille morceaux de lumière dans le ciel.
- Minuit moins dix ! murmura alors Remus. Une fusée toutes les minutes à partir de 23h50, avant le feu d'artifice final... précisa le lycanthrope. - Et les douze coups de minuit.
Le jeune homme glissa sa barbe à papa dans la main de Sirius, avant de se détacher de la caravane où il était adossé, pour retourner au stand Candy Floss. James arrivait à la hauteur de la machine.
- Tu veux que je te remplace Lily ?
La jeune fille avait suivi la lente progression du brun dans la file d'attente, au milieu des enfants. Certains lui avaient même demandé s'ils pouvaient passer devant lui et il n'avait jamais osé dire non, pas devant sa belle. Il n'avait pas voulu passer pour un ogre. Non ! Lui, il était le prince charmant qui venait délivrer la princesse. Alors, ça lui avait pris plus de temps que prévu. Et il y était parvenu. Elle servait le dernier enfant devant lui quand la voix de Remus retentit.
Elle tourna la tête vers son ami, un grand sourire aux lèvres, avant de partir dans un éclat de rire si cristallin que James en eut le cœur totalement charmé.
- Avec plaisir ! Je vais aller boire quelque chose.
Et elle lui laissa le contrôle de la machine, sous le regard douloureux, offusqué, meurtri, agacé, énervé du capitaine de Quidditch.
- Mais euhhh....
James souffrait, il ne savait pas comment réagir. Il avait attendu dix minutes pour être servi par sa princesse de Lys et Remus venait mettre son grain de sel. De quel droit ?
- Non, attend ! Je veux une barbe-à-papa... Son regard était larmoyant, son âme meurtrie, son cœur brisé.
- Quel parfum ? demanda alors le lycanthrope, plein d’ironie. - Nous avons vanille, citron, chocolat et amende.
Une seconde fusée décolla, explosant dans le ciel en une immense pluie d'étoiles vertes. James regarda la jeune fille s'éloigner, se retourner vers eux, rigolant toujours, amusée, belle, sexy... Et lui... il se retrouvait face à Remus !
- Rem ! Je voulais que ce soit Lily qui me serve.
- On n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie. Alors, le parfum ?
- Amande ! grogna-t-il, très mécontent.
Comme la forme des yeux de sa princesse. Mais Remus le lui paierait. Il lui prépara sa confiserie et James la saisit, agacé.
- Tu n'es pas le seul à t'amuser aux dépens des autres, Corn', déclara simplement le préfet, un sourire aux lèvres.
Ce dernier tourna les talons, laissant Remus face aux enfants. Sirius avait observé la scène, un sourire narquois aux lèvres. James le rejoignit, très agacé.
- Il me le paiera !
Il s'adossa à la caravane, Sirius ne quittait pas le châtain des yeux. Le jeune homme avait une façon si sexy d'agir. Un changement de comportement qu'il ne s'expliquait pas, mais qui était loin de lui déplaire.
Une troisième fusée...
Plus que sept minutes avant la nouvelle année.
End Notes:
Bonjour à vous, encore merci de suivre ma fan fic et pour vos retours. C'est toujours un plaisir de vous lire.
Un chapitre plein de colère, de plaisir, de culpabilité et de confidences. Mais il faut bien tous ca pour célébrer la nouvelle année !
Pauvre Remus, mais il ne fait que reculer pour mieux sauter... et atterrir dans les bras de mon brun préféré (oui je préfère Sirius à James ^^ mais juste un peu)
Prochain chapitre, on rentre à Poudlard.
Une Disparition Inquiétante by Crepuscule64
Author's Notes:
Les élèves sont de retour à Poudlard après les vacances de Noel. Mais tout le monde n'est pas au rendez-vous de cette nouvelle année... Malgré ca, la vie suit son cours.
Le repas dans la grande salle allait commencer. Chaque élève était à sa place, mais une table était étrangement vide : celle des professeurs de Poudlard.
- On attend quoi pour commencer le repas ? questionna Peter, un peu étonné de ce retard. Car tant que le directeur ne lançait pas son éternel "bon appétit", les tables restaient désespérément vides.
La porte au fond de la salle, menant à l'antichambre, s'ouvrit enfin pour laisser entrer le corps enseignant. Tous avaient des visages sombres, graves. Albus adressa un petit sourire à ses élèves.
- Bon retour à Poudlard et bon appétit.
Sans plus de cérémonie, il lança le début du repas, prenant place à table. Tous les plats apparurent alors, le regard du petit rat s’allumant enfin. Remus observa la table des professeurs :
- Où est le professeur Vadius ?
Une remarque entendue par plusieurs élèves, qui posèrent leur attention sur la table des professeurs. Et en effet, la chaise de leur professeur de défense contre les forces du mal était vide.
Et la rumeur s'amplifia, le préfet des rouges et ors n'étant pas le seul à avoir constaté l'absence de leur professeur. Un professeur très apprécié des élèves. Sa matière, en elle-même, était une des plus passionnantes. Mais surtout, c'était un professeur proche d'eux. Toujours à l'écoute, toujours prêt à aider. Et son absence ne passait pas inaperçue.
Les maraudeurs s’observèrent, haussant les épaules. Sans doute était-il juste souffrant, il n’y avait rien de particulièrement alarmant à son absence. Il pouvait aussi arriver pendant la nuit, ou le lendemain. Même si c’était peu commun, il n'y avait là pas de quoi en offenser un hyppogriffe. Pourtant, l'air grave du professeur Dumbledore était loin d'apaiser les consciences.
- Alors Rem, ça t’as plus cette virée à moto ?
James posa les yeux sur le préfet, un sourire aux lèvres. Ce dernier acquiesça de la tête, ravi. La journée qu’il avait passée sur les routes d’Angleterre avec Sirius avait été sublime. Malgré le froid, le soleil était là, la balade bien agréable. Ils avaient regagné la côte et suivi l’océan. Il ne se lassait pas de cette vue et approuvait le désir de son homme de vivre un jour sur un voilier.
- Et comment ! J’ai adoré la balade, les paysages et surtout, la conduire.
Le brun releva un regard choqué sur lui, sa fourchette retombant brusquement dans son assiette. Il cilla, ayant sans doute mal entendu et surtout mal compris.
- Tu plaisantes, là ? Tu la conduites ?
- Bien sûr... Pourquoi…
Mais le regard noir du capitaine se posa aussitôt sur le propriétaire de la moto.
- Tu l’as laissé la conduire ? Tu as refusé que je prenne le volant !
Sirius sourit, alors, narquois.
- Alors déjà, c’est le guidon ! Les volants, c’est pour les voitures. Rien que pour cette erreur de vocabulaire, tu perds le droit de l’essayer. Remus s’y connaît lui, il a son permis.
- Son permis de quoi ? cracha l’autre brun.
- Il conduit des quads depuis qu’il a neuf ans. Il s’y connaît un minimum.
- Un quad, ça a quatre roues, ta moto en possède deux. Il ne sait même pas tenir sur un balai !
- Hey, s’offusqua le préfet, sans comprendre.
Leur entourage observait les deux bruns, choqué par cette scène de ménage. Sirius sourit, un peu plus narquois, supérieur. C’était sa moto, et il la prêtait à qui il voulait. Et en l’occurrence, son frère n’avait pas eu ce passe-droit, contrairement au petit loup.
- C’est qu’il nous ferait presque une crise de jalousie, le petit Bambi ! railla-t-il.
Lily posa son regard sur eux, intriguée.
- Bambi ? Pourquoi tu l’appelles Bambi ?
- Mêles-toi de ta vie Evans, cracha aussitôt le brun aux yeux gris.
- Je vois, Remus possède des droits que nous, nous n’avons pas ? répliqua le capitaine de Quidditch, ignorant la réplique de la préfète, ignorant le reste du monde.
Il serra les poings, le regard noir, vraiment peu ravi des préférences de ce faux frère.
- Vous ? Sirius haussa un sourcil hautain.
- Que
je n’ai pas ! rectifia aussitôt le capitaine de Quiditch.
Oui, pourquoi inclure le reste du monde dans sa réplique ? Il n’y avait que lui comptait. Mais non ! Lui n’avait pas eu ce droit. Il détourna la tête, fortement agacé. Ça lui était égal de toute façon.
- Pourquoi tu l’as appelé Bambi ? réitéra la préfète, intriguée.
Un indice de plus dans le surnom des maraudeurs ? Bambi était son livre préféré, un jeune faon avec une bien triste histoire. Et depuis quand Sirius Black connaissait-il des histoires moldues ? Ce dernier posa son regard sur elle, et sourit, parlant d’une voix très courtoise, étrangement polie au vu de la réplique.
- Dis-moi Evans, elle est où l’époque où tu n’en avais rien à faire de nous et où tu ne prenais pas part à nos conversations ?
La jeune fille fronça les sourcils, faisant mine de réfléchir à cette question. Elle avait presque oublié à qui elle parlait. Mais par chance, cette personne ne se gênait pour le lui rappeler.
- En effet…
Elle secoua la tête, malgré tout intriguée, mettant cette information dans un coin de sa mémoire, se joignant à la conversation de ses amies.
Mary Mcdonald et Alice Woodhouse leur relataient le bal de Noël du Ministère de la Magie, événement où aucune des autres lionnes de sixièmes années n’avaient été conviées. Elles détaillaient les décorations, le festin, les robes d’une autre époque, la musique, les danses.
Le repas se déroula dans une ambiance étrange. James ne parla qu’à Peter, mais quelques minutes, pas plus, la conversation du petit rat n’était pas des plus variées. Il se joignit rapidement à celle de ses amis, le regard noir. Il n’avait pas dit son dernier mot dans cette histoire. Sirius lui payerait cet affront ! Vengeance hurlait son esprit ! Et vengeance, son âme obtiendrait afin d’être apaisée.
Une fois dans leur dortoir, les deux bruns se retrouvèrent en tête-à-tête. Le premier riva un regard noir sur le second, n’ayant toujours pas digéré ce passe-droit qu'il avait octroyé au préfet du groupe. Il n’aimait pas être laissé pour compte, il n’aimait pas avoir moins que les autres, il méritait plus et il obtenait toujours plus. Sauf avec le sale cabot face à lui. Mais chaque règle avait son exception ! Quoique, dans sa vie, Lily Evans, déesse descendue parmi les hommes, était aussi une exception ! Mais la plus charmante de toutes.
- Ça va, fais pas la gueule, je prête ma moto à qui je veux, déclara Sirius, amusé.
- Oh t’inquiète, j’ai bien compris qu’il fallait te faire bander pour avoir le droit de la conduire.
Un sourire en coin s’afficha sur les lèvres du cabot, qui secoua légèrement la tête, désapprouvant ses propos.
- Oh que ces mots sont laids. La jalousie et le mépris ne te vont pas au teint, Corn’. Tu mériterais que je te lave la bouche avec un "récurvite". Bien que je reconnaisse que Rem’ est beaucoup plus sexy que toi, ça n’a aucun rapport.
- Alors vas-y, explique-moi pourquoi tu ne me l’as pas laissé conduire ?
Le sale cabot avait intérêt à s’expliquer. Ce dernier l’observait, toujours un air supérieur dans les yeux, plein d’arrogance. C’était sa moto et il la prêtait à qui il voulait. Mais il devait reconnaître qu’il avait un ou deux reproches à faire au jeune homme face à lui. Un furoncle à percer !
- Pourquoi tu as dit à ta mère que j’étais gay ?
Le capitaine cilla incrédule face au changement de sujet. Il sourit, comprenant que son petit frère avait dû avoir une charmante conversation avec la maman Potter.
- Alors, pour ta culture personnelle, sache que je n’ai rien dit. J’ai juste affirmé sur l’honneur que j’étais hétéro, malgré notre désir de faire la fête dans une boîte de nuit gay. Elle en a déduit le reste toute seule. Et depuis quand ce n’est plus ta mère à toi ?
Depuis quand Euphemia Potter n’était plus
leur mère ? Une question que le fils Black ignora.
- Tu aurais pu lui dire que la seule raison pour laquelle on voulait aller au San Farmin, c’était parce que la musique était top, répliqua-t-il, froidement, l’ayant réellement mauvaise.
Il se leva, ne voulant même pas entendre les justifications de son frère.
- Mais oui, pourquoi dire la vérité quand on peut mentir ? Qu’est-ce que ça fait qu’elle soit au courant ? Ça n’a pas à être un secret, Patmol. C’est un fait ! Un fait entièrement lié à ta personne. Tu n’y peux rien, tu ne pourras jamais rien contre ça. C’est à nous de t’accepter comme tu es. Tu n’as pas à en avoir honte ou à le cacher, pas devant ta famille. Et vu que l’ambiance ne s’est pas détériorée au cours des vacances, j’en déduis qu’elle l’a très bien pris.
Sirius se laissa tomber sur son lit, quand la porte s’ouvrit, sur les deux autres maraudeurs mettant fin à cette conversation. Il inspira, le regard dans le vide. Non en effet… Euphémia Potter n’avait vu aucun mal dans ce fait… Juste un fait... un fait indépendant de sa personnalité. Sauf que lui n’était pas prêt à l’assumer devant les Potter.
OoOoOoOoFin décembre 1976… Euphémia Potter était dans sa cuisine. Le four chauffait depuis son retour des courses. Elle avait eu besoin d'ingrédients. Il en fallait pour cuisiner. Et là, elle était en plein dans son œuvre. Elle entendit une porte, mais n'y prêta pas attention, plongée dans ses pensées.
- Nom d'un dragon en furie, maman !
James observa les dizaines d’assiettes, recouverte chacune de dizaines de biscuits de Noël. Il semblait y en avoir pour tous les goûts. Des pères Noël, des sapins, des rennes... La cuisine était envahie par les talents culinaires de la propriétaire des lieux.
- Qu'est-ce qui se passe ?
Il posa les yeux sur la femme de soixante ans passé, mais celle-ci ne réagit pas.
- Maman ?
Quand Euphémia faisait des boulimies de pâtisserie, c'était qu'il se passait quelque chose de grave. Celle-ci tourna la tête vers son fils, le jeune homme magnifique qu'était devenu son bébé, son unique enfant. Un enfant qu'elle semblait ne plus connaître.
- Rien, je prépare les étrennes de Noël. Il n'y a rien d'étonnant à ça.
Elle haussa les épaules, remuant la pâte qui servirait à faire des biscuits en forme de... Elle posa son regard sur les différents moules, prenant celui d'une étoile.
- Tu comptes en offrir à tout le village ?
Le jeune homme était légèrement ironique, mais il connaissait très bien sa mère. Il ne se passait rien de grave, elle lui en aurait déjà parlé. Mais il se passait bien quelque chose.
- Maman, la dernière fois que tu as fait autant de gâteaux, c'était la semaine avant ma première rentrée à Poudlard.
Il prit un bonhomme et lui croqua la tête. Euphemia leva son regard sur la fenêtre, avant de regarder autour d'elle. Elle devait reconnaître que depuis qu'elle était rentrée, elle n'avait pas quitté son fourneau. Mais ça la détendait. Elle toussota, gênée.
- Très bien. J'ai parlé à Marlène McKinnon aujourd'hui.
James avait maintenant démembré le bonhomme en pain d'épice, ouvrant de grands yeux, ne quittant pas sa mère des yeux. Ils avaient pour projet d’aller passer le réveillon au San Farmin, mais les Potter avaient restreint les possibilités de mouvements des deux adolescents. Ils ne voulaient pas prendre le risque d’une attaque contre eux. Après Alphard, ils craignaient que Sirius ne soit la prochaine victime de ces mages adeptes de magie noire.
- Et ?
- Eh bien, elle m’a parlé un peu de sa boîte de nuit. C’est un lieu de fête assez particulier. Très particulier même…
- Oui, je sais.
- Marlène est… comment dire…
- Gay ? Attirée par les femmes ?
Euphémia cilla, reprenant sa préparation culinaire. Elle jeta un regard peiné à son fils, un regard où se mêlait aussi une profonde inquiétude. Et quand James acquiesça lentement de la tête, approuvant lui-même ses propos tout en avalant le torse du bonhomme, il y lut aussi une profonde déception. Elle poussa le plus profond des soupirs qui n'ait jamais existé. Elle ne serait jamais grand-mère… Elle ne pourrait jamais faire de délicieux petits biscuits pour ses petits-enfants… Son fils était gay – un terme qu’elle avait appris avec Marlène ! Son James, le premier amour de sa vie était homosexuel. Il aimait les hommes !
- Très bien ! On t'aime comme tu es, j'aurai juste aimé apprendre autrement que tu étais...
Elle ne prononça pas ce mot. Elle ne pouvait pas l’admettre, ni l’accepter. Son fils ne pouvait pas l’être !
James sourit alors, amusé.
- Je ne suis pas gay, maman. Je suis même tout ce qu'il y a de plus hétérosexuel.
Euphémia se retourna vers lui, l'espoir d'entendre un jour de petits pas et des cris d'enfants dans cette maison revenant en elle comme un boomerang qui ne s'était jamais vraiment éloigné. Elle y croirait jusqu'au jour où son fils lui ramènerait un autre homme pour lui présenter son "mec".
- Vraiment ? Tu me le jures ? Sur la tombe de tous tes ancêtres ?
Il se leva, s'approchant de sa mère.
- Je te le jure sur la tête de mes futurs enfants. Et promis, j’en aurais tout un tas. Six, histoire d’avoir mon équipe de Quidditch rien qu’à moi. Potter 1, Potter 2… et ainsi de suite. Je serai Potter en Chef !
Euphémia sourit, rayonnante.
- Tu me le promets ? Tu veux des enfants ? Tu veux te marier ?
Le brun acquiesça lentement de la tête, ses lunettes glissant légèrement sur son nez, un petit sourire aux lèvres, un peu étonné que, pour sa mère, les enfants viennent avant le mariage.
- C'est dans mes projets, rassures-toi, tu seras, un jour, une merveilleuse grand-mère.
Il prit alors sa mère dans ses bras, pour un câlin.
- Quand ?
Il la relâcha, fronçant les sourcils.
- Quand ... ?
- Quand est-ce que je serai grand-mère ? On parle en années, mais combien ? Un an ? Deux ans ? Tu sais, avec ton père, on a déjà l’âge d'être tes grands-parents, ne nous fait pas trop attendre...
Le jeune homme sourit un peu plus, repoussant les lunettes sur son nez, amusé.
- Promis.
- Mais tu l'as rencontré ? La future madame Potter ?
Il se détacha de sa mère. C'était du Euphémia Potter tout craché. Elle aurait pu relancer la conversation sur le fait que c'était Sirius et pas lui, qui était attiré par les mecs, mais non ! Ça repartait sur lui et son potentiel mariage.
- Je ne fréquente personne pour le moment, se contenta-t-il de répondre.
Le regard de sa mère brilla.
- Mais tu l'as rencontré ? Tu es amoureux ?
Son fils piqua un autre biscuit, quittant la cuisine en adressant un petit au revoir de la main, sans répondre. Ah les enfants ! Bon... Elle se remit au fourneau. Ce serait sa dernière tournée de biscuits. Son ange prodige n'était pas gay. Une bonne nouvelle pour la pérennité de la famille Potter. James ne serait pas le dernier du nom. Six petits Potter allaient suivre, voire plus s‘il voulait des remplaçants dans son équipe de Quidditch.
Elle fronça les sourcils. Alors, c'était Sirius... Elle riva son regard dans la vitre, observant son reflet. Sirius était attiré par les hommes ? Le nom des Black s'éteindrait avec lui... Enfin il y avait toujours Regulus ! Mais bref, peu importe ! Tant que ce n’était pas James, c’était tout ce qui comptait.
Et en un sens, ça ne l'étonnait pas vraiment. Elle avait souvent croisé Walburga dans les soirées organisées par le ministère. Cette femme était froide et austère. Elle n'avait pas dû couver ses enfants de beaucoup d'amour. Elle revoyait encore la méfiance de Sirius dans son regard, la première fois qu'il était venu passer les vacances ici. Il était étonné par elle, par sa façon d'être. Douce et aimante ? Sans doute. En tout cas, au vu du caractère de Walburga, ça ne l'étonnait pas que l'ainé de ses fils n'ait éprouvé aucun intérêt envers l'espèce féminine. Enfin, le petit Sirius pouvait être ce qu'il voulait, elle l'aimait comme il était. Tant que James lui donnait des petits-enfants. Même si elle aurait aimé être aussi une grand-mère d’adoption. Tant pis ! Elle avait accepté le jeune homme comme il était. Légèrement mesquin, taquin, parfois cruel. Mais quand on ouvre son cœur de maman à un enfant âgé de treize ans, on ne peut pas faire autrement.
Un peu plus tard…
Elle passa la tête dans le salon. Sirius était seul, installé sur le canapé. Elle avait demandé à son fils d'aller faire quelques courses pour pouvoir parler en tête-à-tête avec le jeune homme. Elle attrapa un lait chaud, avec une cuillère de miel et toute une assiette de biscuits noix de coco&chocolat. Un sourire aux lèvres, elle passa dans le salon.
- Et le goûter est servi.
Elle posa le tout sur la petite table basse, sous le regard un peu surpris, mais ravi du jeune homme. Ce petit encas avait l'air délicieux. La mère de famille sourit. Elle savait très bien comment amadouer un homme. Elle avait l'expérience de son mari. Elle l'avait supporté si longtemps avant que James ne vienne remplir leur vie de ses sourires et ses rires.
- J'ai pensé qu'on pourrait profiter d'être seuls à la maison pour avoir une petite conversation.
Sirius croquait déjà dans un biscuit : noix de coco & chocolat. Ses préférés ! Un vrai délice quand ils étaient préparés maison par la maman Potter.
- Bien sûr. De quoi tu veux parler ?
Au vu des moyens mis en œuvre, il commençait presque à avoir peur. Il saisit le verre de lait, en buvant une délicieuse gorgée. Au miel ! Son préféré ! C'était un guet-apens...
- Et bien...
Elle inspira, toujours ce petit sourire aux lèvres qui ne laissaient rien présager de bons.
- J'avais pensé à deux sujets en particulier. Je te laisse choisir.
Sirius reposa le verre de lait, levant un regard de plus en plus suspicieux, sur sa mère de cœur.
- Je t'écoute.
Une voix pleine de méfiance, il s’attendait au pire.
Euphemia sourit, se lançant.
- Alors, au choix...
Elle marqua un temps de pause, pour donner un peu plus de dramatique à sa phrase, car elle savait que Sirius allait virer au blanc dans quelques secondes. James avait hérité d'elle cette passion pour le théâtrale, pour la dramaturgie.
- On peut parler du fait que Marlène McKinnon tient une boîte de nuit gay et que, comme James m'a certifié sur l'honneur qu'il était hétérosexuel, que c'est toi qui es attiré par les hommes.
Et Sirius se sentit comme guillotiné. La lame tomba et lui trancha la gorge de la plus violente des manières. Il ne se sentait pas prêt à en parler aux Potter, à assumer devant ceux qu’il considérait quasiment comme ses parents de cœur. Il blanchit, déglutit, mais toutes les gouttes de salive avaient quitté sa gorge, le laissant encore plus meurtri qu'il ne l'était. Elle avait dit tout ça si simplement. Comme si elle lui faisait la liste des courses, comme si ça n'avait aucune incidence sur elle, sur lui et sur la vie, leur vie de famille. Sirius inspira, se sentant coupable d'être ce qu'il était.
- Oui... Je me suis dit aussi que c'était un sujet un peu trop personnel. Et qu'au fond, il n'y avait pas grand-chose à en dire. Quand tu auras un petit-ami, on sera ravi de le rencontrer, mais en attendant, ça ne regarde que toi.
Il cilla, sa vision désormais trouble redevenant normale. Ses mots... il avait du mal à les croire. Celle qu'il considérait comme sa mère le prenait si légèrement. Il n'aurait qu'à leur présenter son mec quand il en aurait un ? Mais... Il était totalement perdu dans un labyrinthe sans fond, un vrai gouffre et il ne trouvait plus le chemin de la raison.
- Alors, j'avais pensé qu'on pourrait plutôt parler de James.
Euphemia enchaîna. Il ne fallait jamais laisser un homme réfléchir plus de deux minutes entre deux attaques.
- De James ? À quel sujet ?
Si c'était un choix à faire, il le faisait. Il prit son verre de lait, en buvant une bonne gorgée. Un whisky pur feu n'aurait pas été de trop à ce moment précis, même à quatre heures de l'après-midi.
- En fait, j'aimerais parler du cadeau qu'il a reçu à Noël, de son amie gryffondor.
Sirius cilla, avalant pour moitié son verre de lait, le reposant dans un bruit sourd. Le cadeau ?
- Celui d’Evans ? demanda-t-il alors, légèrement étonné et ennuyé.
- Evans... C’est un prénom de garçon ça…
- Non, c’est son nom de famille. Elle s’appelle Lily.
- Lily ? Ah oui, je préfère. C’est un très joli prénom.
Euphémia répéta ce prénom avec envie.
- Mouais… Faut aimer le fleuri et l’orangé.
- C'est la petite-amie de James ? demanda-t-elle avec curiosité.
Sirius cilla, incrédule.
- NON ! Bien sûr que non ! Et ce n'est pas prêt d'arriver. Que Gryffondor nous en préserve.
Du moins, il ne fallait pas que cela arrive. La mère de famille fronça les sourcils, sans comprendre.
- Ah bon ? Pourtant, James m'a semblé très amoureux quand il m'a parlé d'elle, mentit-elle, effrontément.
Son intuition était que son fils était très épris d’une demoiselle. Et à la Noel, il avait limite fait un caprice pour avoir ce cadeau-là. Les deux faits étaient liés, elle en était sûr. Sirius sourit, très amusé, devenant légèrement suspicieux.
- Vraiment ? Il t'a parlé d'elle, sans même te citer son nom. Quand ça ?
Le regard d’Euphémia se fit légèrement moqueur.
- Quand il m'a juré sur l'honneur qu'il n'était pas gay et qu'il comptait me donner des petits-enfants.
Sirius déglutit, le malaise le reprenant. Elle avait de la repartie la maman Potter quand elle ne voulait pas dévier d'un sujet de conversation.
- Et bien... Disons que ce n'est pas réciproque.
Pas réciproque ? Comment une jeune fille avec un tant soit peu de bon sens pouvait-elle ne pas trouver son fils irrésistible ?
- Pourtant, James est parfait. Qu'est-ce qu'elle lui reproche ?
Sa voix se fit plus froide. Non mais ! Son fils était l'homme idéal. Il lui fallait quoi de plus à cette miss Lily ?
Sirius haussa les épaules.
- Bah justement... Elle trouve qu'il se trouve trop parfait, trop imbu de sa personne, trop nombriliste, trop arrogant. Trop doué en tout. Elle ne nous apprécie pas vraiment, mais je me charge de lui rendre la monnaie de sa pièce.
Enfin, ces derniers temps, ça semblait avoir évolué… Et pas dans le bon sens pour le fils Black. Depuis quand la préfète offrait-elle un cadeau à son frère à noël ? Un cadeau qui semblait avoir une signification bien particulière pour lui… Un secret entre la préfète et le capitaine… Et lui, il n’aimait pas ça.
Euphemia posa son regard sur les biscuits, en prenant un. Cette Lily était bien étrange. Et pourquoi James s'était-il amouraché d'une jeune fille qui le méprisait ? C'était bizarre.
- Et malgré ça, James est amoureux... C'est étrange tout ça...
Elle croqua la tête du renne en biscuit. Sirius haussa les épaules.
- Il pense qu'en changeant de comportement, il pourra la séduire. D'un autre côté, depuis le début d'année, elle nous laisse tranquille.
La mère de famille fronça un peu plus les sourcils, le regard rivé sur son cadet.
- Comment ça ?
- Depuis qu'on s’en prend plus aux serpentards et en particulier son ex meilleur ami, un adepte de magie noire, depuis qu'on ne joue plus de mauvais tours aux autres et tout ça... Elle est plus sympa, enfin à peine.
Le brouillard de l'incompréhension commençait à se dissiper peu à peu, la logique commençant à faire le ménage dans l'esprit d’Euphemia.
- Elle est préfète des gryffondors, alors elle s'érige en justicière de l’opprimé, précisa-t-il, ironique.
- D'accord. Tu veux dire que quand vous ne faites pas les insupportables arrogants qui se croient tout permis envers les autres, elle est plutôt sympa ?
Sirius acquiesça de la tête, avalant son biscuit.
- Tout à fait. Même si je n'apprécie pas trop ta formulation. On dirait que l'on est entièrement responsable de son animosité. On ne fait rien de mal, nous. Toutes nos actions ont toujours été justifiées, en particulier face à Lestrange et sa clique. Et contre les autres, on avait toujours une raison valable d’agir.
Euphémia leva les yeux au ciel.
- Si tu le dis…
Mais soit, elle y voyait tout en couleur, tout était clair dans son esprit. Cette jeune fille lui plaisait beaucoup. Une demoiselle qui osait tenir tête à James et Sirius. Une préfète qui aime les responsabilités et qui tient un rôle dans la petite communauté de Poudlard.
- Et qu'est-ce que tu peux me dire d'autre sur elle ?
Sirius haussa les épaules, la conversation commençant réellement à l'ennuyer. Il parlait suffisamment d’Evans avec son amoureux transi pour ne pas aborder le sujet avec leur mère. Mais bon... Il fallait toujours faire plaisir à sa maman. Mais que dire... Hum...
- Elle est née-moldue.
Euphemia cilla, face à cette révélation. Une née-moldue ? Voilà qui coupait court à la tradition des Potter de ne trouver l'amour que dans des jeunes lionnes de sangs purs. Elle garda le silence, pensive, avant d’inspirer longuement, semblant se mettre d'accord avec elle-même, au cours d'une conversation qui se déroulait dans sa tête.
- Hum... Il sera sans doute préférable de faire un mariage moldu. Pour que ses parents puissent inviter leurs amis proches et la famille qui ignorent tout de notre monde.
Elle acquiesça de la tête, un sourire aux lèvres. Oui, c'était décidé ! Ce sera un mariage moldu. Elle allait se renseigner pour savoir comment se déroulaient les mariages moldus.
- Merci mon cœur, je te laisse retourner à ta lecture.
Elle se leva, quittant le salon pour repasser dans la cuisine. Sirius l’observa. Un mariage moldu ? Elle se voyait déjà au mariage ? Et bah... bon courage.
OoOoOoCette conversation, Sirius avait eu du mal à la digérer. C’était à lui seul de décider quand il voulait annoncer ce fait aux Potter. James s’était octroyé un passe-droit et aujourd’hui il en payait le prix. Car non ! Jamais le jeune homme ne conduirait sa moto.
Il riva son regard sur ce dernier, son cœur s’apaisant un peu, malgré tout. Le jeune homme n’avait pas totalement tort non plus. Il faisait un secret d’état d’un fait… Mais là où le capitaine ne semblait voir qu’un détail sur lui, lui il y voyait le plus sombre secret de sa personnalité. Il soupira avant de passer dans la salle de bain.
Le lendemain, l’absence du professeur Viadus était confirmée. Les cours de défense contre les forces du Mal des secondes et quatrièmes années avaient été annulés, entraînant la désapprobation des élèves. Mais quand on leur expliquait que le professeur était absent, ils évitaient d'en rajouter. Surtout après le conseil du professeur McGonagall d'aller réviser le début de leur programme à la bibliothèque.
La rumeur enfla, partant du fait que le professeur Vadius avait attrapé un petit rhume et ne pouvait assurer ses cours pendant quelques jours, au fait qu'il avait été attaqué pendant les vacances... qu'il était mort, que la gazette avait étouffé l'affaire, que même Dumbledore avait participé au combat les opposant aux mangemorts, mais que le professeur Vadius n'avait pas survécu. Pour certains, il avait attrapé la dragoncelle et était en isolement à Saint Mangouste.
Des mots, des phrases, des suppositions. Mais tout ce que les élèves savaient réellement, c'était que leur professeur n'avait pas remis les pieds à Poudlard. Lily leur avait aussi confié que le ministre de la magie était venu à Poudlard le lundi précédent. Elle le tenait de Hagrid, le garde chasse, et pour elle, l'information était fiable à cent pour cent
La préfète n'aimait pas colporter les ragots. Elle n'avait donné l'information qu'à ses camarades de gryffondors, ce qui incluait les maraudeurs, et plus particulièrement Remus.
Mais cela ne présageait rien de bon.
Au dîner du soir, la rumeur ne fit que s'amplifier. À la fin du repas, le directeur se leva. Il devait expliquer aux élèves ce qui se passait exactement. Il avait déjà reçu des lettres de parents inquiets qui craignaient que le professeur Vadius n'ait attrapé la Dragoncelle, maladie extrêmement contagieuse. Des parents paniqués à l'idée que leur progéniture ne court le moindre risque.
- Bonsoir à tous. Je sais qu'à l'heure actuelle, beaucoup de rumeurs circulent parmi vous au sujet de l'absence du professeur Vadius. J'aimerais pouvoir vous éclairer, vous expliquer ce qui est arrivé à votre professeur. Mais je ne le peux pas. Non pas que je veille vous tenir à l'écart de cette histoire. Loin de moi cette idée. Mais tout simplement parce que je n'en sais pas plus que vous ou que le bureau des Aurors. Tout ce que l'on sait, à l'heure actuelle, c'est que votre professeur a quitté Poudlard en même temps que vous, mais qu'il n'a jamais mis les pieds à son domicile. Voilà où en est l'enquête.
Le directeur marqua un temps de pause, observant la grande salle.
- Je ne vais pas vous mentir. Je pense qu'il est arrivé quelque chose de grave à votre professeur. L'Angleterre vit actuellement des heures sombres. Il n'est pas besoin de vous parler des mangemorts. Même si la gazette des sorciers relaye assez peu l'information, je sais que leur nom ne vous est pas inconnu. Un terrible mage noir commence à se faire connaître, à faire connaître ses idées, rassemblant des adeptes. Là, aussi, je doute que je vous apprenne quoi que ce soit.
Le regard d'Albus parcourait lentement la grande salle et il arriva au niveau de la table des Serpentards. La future génération de mangemorts ? Non ! Il refusait d'en arriver à ce triste constat. Ce n'était pas parce qu'ils prônaient aussi ses idéaux absurdes sur la valeur du sang, qu'ils sombreraient pour autant dans cette folie. Il voulait croire en l'espoir que tout n'était pas aussi simple. C'était comme croire qu'aucun Gryffondor ne pourrait rejoindre ce mage noir. Il parcourut la salle dans l'autre sens.
- Face à ce mage noir et à ses adeptes, ces mangemorts, sachez que la communauté magique s'organise. On ne laissera pas un régime de terreur s'installait. Les idéaux véhiculés par ces sorciers, la suprématie de la race des sangs purs, je les combattrai jusqu'à mon dernier souffle. Je suis moi-même sang-mêlé. Ma mère était née-moldue. Et elle en était très fière. Elle m'a appris à être fier de mes origines, de ce monde d'où elle venait. J'ai tous les droits de porter une baguette et de pratiquer la magie. Chacun d'entre vous possède ces droits et personne ne peut leur enlever. Combien peuvent ici se prévaloir d'être réellement sang-pur ? Une dizaine, même pas ? Sans le monde moldu, celui de la magie aurait été amené à disparaître. Grâce à ce mélange, grâce aux né-moldus, grâce aux sangs mêlés, il a réussi à survivre, à se développer, à s’agrandir. Ne doutez jamais que vous avez tous le droit d’être ici.
Albus leur adressa un petit signe de tête, les portes de la grande salle s'ouvrant en même temps, leur signifiant qu'ils étaient libres. Le directeur quitta le lieu par la porte de derrière. Aucun élève ne bougea, tous s'observant, perplexe. Leur professeur avait disparu.... La gazette n'avait relayé aucune information. Absolument rien !
Et maintenant ?
Tous les élèves s'observaient, indécis et inquiets. Les deux Préfets-en-Chef lancèrent le mouvement, en se levant et en invitant leurs camarades à regagner leur salle commune.
Les jours suivants, l'atmosphère était lourde dans l'école. Le cours de défense contre les forces du mal était annulé. Chaque jour, les élèves observaient le tableau d'affichage de leur salle commune espérant y voir des nouvelles.
Quelques jours plus tard, dans l'antre des Gryffondors…
Les maraudeurs étaient installés à leur place habituelle. Ils avaient été rejoints par Julia, la petite amie officielle de Peter. Elle semblait pleine de fierté d’être assise parmi eux, observant autour d’elle, un sourire aux lèvres. Lily était installé aux côtés de Remus, près du feu, Mary, Sarah et Erin assises à même le sol, autour de la table basse, dos à la cheminée.
- Il faut quand même trouver une solution. On ne peut pas manquer trop de cours... déclara la préfète.
Elle ne voulait pas passer pour une sans-cœur. Elle regrettait leur professeur, elle espérait sincèrement que tout allait bien pour lui, qu'il serait retrouvé sain et sauf. Mais malgré tout ça, elle pensait aussi aux études, au programme et à leur examen.
- Et tu veux faire quoi ? Trouver un professeur ? Je pense que Dumbledore met tout en œuvre pour ça... répliqua Erin. Si la fin d'année 1976 avait été merveilleuse, la nouvelle commençait très mal.
Les deux préfets échangèrent un regard, perplexe. Non, ils ne pourraient pas trouver de professeur. Mais il fallait que Dumbledore trouve une solution.
- Tu sais faire ton patronus ?
Les regards se posèrent sur Sirius, qui observait la rousse, du coin de l'œil. Celle-ci fronça les sourcils, acquiesçant. Elle avait appris seule à le faire. Elle le lui avait confié quand ils avaient parlé du petit daguet qu'elle avait eu la chance de croiser et de caresser.
- Tu pourrais nous expliquer comment faire et on pourrait avancer au moins sur cette partie-là du programme.
Lily garda le silence, face à cette idée. Elle, en tant que professeur ? Elle ne savait pas enseigner, même si elle aidait souvent les petites classes. C'était autre chose de montrer à ses camarades comment produire un Patronus.
- Je ne suis pas sûr de savoir comment faire. Je veux dire, j'ai eu vraiment du mal à réussir à créer le mien. J'ai appris dans les livres, mais vous le montrez... vous l'expliquez...
Elle était vraiment sceptique sur ce coup. James lui jeta un coup d'œil, un sourire aux lèvres.
- On peut toujours essayer. Au moins aborder la théorie en attendant le retour du prof ou d'un remplaçant.
Ils pouvaient prendre les cours en main. Même si ça concernait principalement la théorie, ils avanceraient plus vite quand un remplaçant prendrait la relève de leur prof. Le capitaine de Quidditch savait qu'ils ne reverraient pas vivant leur professeur. On aurait pu le qualifier de pessimiste, mais non, juste réaliste. Au vu de ce qui était arrivé à l'oncle de Sirius, il savait que son prof n'était plus de ce monde.
- Oui, c'est une bonne idée, renchérit Remus. Lundi, on aurait dû avoir deux heures de défenses contre les forces du mal. On pourrait passer le mot aux autres élèves de la classe, leur dire de commencer à faire des recherches sur les Patronus et nous rejoindre pour étudier ensemble. On pourra utiliser une salle de classe vide.
La solution était entendue. Ils allaient passer le mot, le rendez-vous était pris le lendemain, après les cours pour commencer à faire les recherches sur les Patronus. À défaut d'avoir un professeur, ils auraient au moins les connaissances.
Peter et Julia étaient lovés dans les bras l'un de l'autre. Le petit rat ne se sentait pas concerné par les préoccupations de ses amis puisque lui n'avait pas pu prendre les Défenses contre les Forces du Mal pour ses ASPIC. Il n'avait obtenu qu'un « Acceptable », et pas un « Effort Exceptionnel »...
Une carrière d'Auror s'était fermée à lui, et à cause de cela, il n'aimait pas le professeur Vadius. La conversation ne l'avait nullement intéressée, bien qu'il ait tendu l'oreille. Il verrait bien si on allait lui proposer de venir assister au cours. Il aimerait bien apprendre à créer un patronus, mais il souhaitait encore plus que sa présence soit demandée par ses amis.
- J'apporterai mes notes.
Lily sourit, ravie qu'ils ne se laissent pas abattre. Même si ce n'était pas grand-chose, absolument rien dans le combat qu'allait bientôt menait le monde de la magie, c'était une petite lumière dans l'obscurité qui s'amoncelait au-dessus de leur tête.
Durant l'été, elle avait fait beaucoup de recherches. Elle avait eu du temps à elle. Une fois qu'elle eut fini de rassembler tout ce qui pouvait exister sur les lycanthropes, elle avait dû se trouver un autre sujet à étudier. Et les Patronus l'attiraient beaucoup. Elle savait qu'elle n'avait pas le droit de faire de la magie en dehors de l'école. Elle n'était pas majeure. Aussi avait-elle attendu de revenir à Poudlard pour passer à la pratique.
Le temps libre, ce n'était pas ce qui lui avait manqué l'été précédent, l'absence de Severus ayant laissé un grand vide dans sa vie. Mais c'était un temps qu'elle avait mis à profit, refusant de perdre un été à se morfondre dans sa chambre. Et elle avait aussi fui sa sœur et son regard froid, méchant, mesquin.
Sa sœur... Dire qu'elle était amoureuse. Pétunia avait trouvé l'amour. Elle parlait déjà mariage. Lily grimaça à cette idée. Mais étrangement, elle avait trouvé que ce Vernon correspondait très bien à son aînée. Ils allaient bien ensemble. Une chance que tout se soit bien passé pour la Noël.
Elle sourit, repensant à une étrange mais belle surprise. James... Elle jeta un regard vers le jeune homme, avant de reposer les yeux sur le feu.
James lui avait écrit. Mais ce n'était pas sa lettre de remerciements qui l'avait étonné. C'était de la recevoir par la poste moldue. Ce qui lui avait évité une crise de nerfs de la part de sa sœur qui ne supportait pas de voir un hibou ou une chouette jouer le rôle de facteur. Mais c'était bien le nom du jeune homme qui complétait la case de l'expéditeur. Une simple lettre de remerciements pour son cadeau. Il lui avait confirmé que Remus avait bien joué les hiboux et qu'il avait déjà commencé à lire le livre. Il lui expliquait qu'il allait se rendre pour la première fois dans un bureau de poste moldu et il espérait que leur système ne serait pas trop compliqué. Il y en avait une dans son village, mais il n'y avait jamais mis les pieds. Une grande première pour lui. Une lettre des plus banales, comme n'importe lequel de ses amis auraient pu lui écrire. Et sans trop savoir pourquoi, ça la mettait d'une excellente humeur quand elle y pensait.
Une chose l'avait quand même intrigué. La ville de départ de la lettre. Godric's Hollow. Elle devait faire des recherches sur cette ville. Y avait-il un rapport avec Godric Gryffondor ?
Lily détacha son regard du feu, le posant sur la petite assemblée. Elle, Lily Evans, installée avec les maraudeurs. Elle qui était censée les détester... beaucoup d'élèves pensaient qu'elle haïssait Sirius et James, ce qui était totalement faux. Du moins... Ce n'était plus le cas. Oui, elle les avait détesté, oui elle les avait hais pour se croire meilleurs que les autres, pour martyriser les plus faibles et surtout Severus.
Mais aujourd'hui, ce n'était plus le cas. Même si elle ne parlait plus au serpentard, ils ne l'embêtaient plus. Du moins, plus devant elle. Sans doute le fait que Severus connaisse le secret de Remus y faisait aussi.
Jamais elle ne leur avouerait qu'elle le tenait, que jamais le vert et argent ne parlerait au risque de vivre le pire des enfers dans sa propre maison. C'était son secret et il était bien gardé. Son ancien meilleur ami pouvait encore avoir confiance en elle sur ce point. Elle ne le trahirait pas. Même s'ils n'étaient plus amis, elle ne le détestait pas pour autant. Ils avaient fait des choix différents. Mais malgré ça, son amitié resterait toujours importante à ses yeux. Il avait été son meilleur ami pendant un peu moins de dix ans. Ça ne s'oubliait pas, ça ne se trahissait pas. Même si lui avait fait en l'insultant, elle pouvait comprendre qu'il ait parlé par rancœur, qu'il était vexé dans le plus profond de son âme. Elle pouvait comprendre, mais pas pardonner.
Si jamais elle surprenait les maraudeurs en train de s’en prendre à lui, elle ne savait pas du tout comment elle réagirait : s’interposer ou ignorer la scène ?
Quand il l’avait insulté en public, après leur épreuve de BUSES, elle s’était détournée, profondément blessée. Et le jeune homme avait eu droit à la pire humiliation de sa vie. Elle avait entendu les bruits de couloir, les moqueries blessantes contre le vert et argent, mais ça ne lui avait rien fait. C’était comme si son besoin de le protéger était mort quand il avait franchi ce point de non-retour.
Elle inspira. Serevus… Il était le neuf janvier. Le jeune homme avait fêté sa majorité. Elle n’y avait même pas songé. Elle n’avait pas envie d’y penser. Ça ne la concernait plus. Elle espérait juste qu’il n’avait pas passé sa journée tout seul.
Quand elle sortit de ses pensées, elle sentit un regard sur elle. Elle tourna lentement ses yeux en amande d'un vert éclatant vers le regard en question, pour croiser un regard noisette qui se détourna aussitôt sur le feu.
Oui... Tout était différent. Sa vie l'était, ses amis aussi. Ou du moins, son entourage. Mais aujourd'hui ne faisait-elle pas des choix décisifs pour demain ? Elle avait choisi la lumière. Et les maraudeurs faisaient partie de cette lumière.
Le regard James se posa sur le feu, essayant de ne pas rougir quand il croisa ces amandes émeraude qui le fascinait tant. C'était absurde. Ce n'était pas parce qu'il croisait son regard qu'il devait s'en sentir gêné, et pourtant il l'était. Il avait l'impression d'être comme ses midinettes qui viraient aux pivoines quand il posait les yeux sur elle. Il se faisait littéralement violence pour ne pas se passer la main dans les cheveux. C'était une de ses techniques pour séduire : s'ébouriffer les cheveux, comme s'il descendait de son balai. Mais elle n'avait jamais marché avec Lily.
Elle était belle. Il aurait tant aimé pouvoir l'impressionner. Mais il avait compris que tout ce qui marchait avec le reste de la population féminine de Poudlard ne marcherait pas avec elle. Ce n'était pas par des prouesses acrobatiques au cours du prochain match de Quidditch qu'il arriverait à attirer son attention. Elle ne viendrait pas vanter ses mérites, juste par pur plaisir de discuter avec lui. Ce n'était pas avec un sourire, une main qui passaient négligemment dans sa chevelure indomptable, qu'il arriverait à la faire tomber un peu plus sous son charme.
Non... Lily Evans n'était pas une femme comme les autres. Et c'était ça qui lui plaisait. Elle n'était pas un simple challenge, une conquête qu'il voulait mettre à son actif. Non ! Elle avait toujours été indomptable, rien ne pouvait l'impressionner. Les facéties ne faisaient que l'énerver. Elle s'était très vite érigée en défenseur des opprimés contre lui. Elle était rapidement devenue une ennemie, prenant le parti des mauvais, celui de Severus Rogue, le petit servilus, l'adepte de magie noire, la laideur en puissance, le gringalet gras.
Mais aujourd'hui, tout était différent. Aujourd'hui c'était avec lui qu'elle parlait, à lui qu'elle envoyait des cadeaux sur le monde des moldus, avec lui qu'elle avait prévu de faire une balade en balai. Il avait mis de la distance entre eux, mais étrangement, ça les rapprochait. Pour elle, ça ne changeait pas grand-chose, il le savait bien, puisqu'il était le seul à espérer attirer ses regards. Ce n'était pas réciproque. Il essayait de prendre de la distance, et pourtant, ils en était plus proches.
Ne plus essayer de la conquérir était un challenge en lui-même et il le relevait avec brio. Comme tout ce qu'il faisait. Alors, il avait du temps et il allait le mettre à profit pour étudier les Patronus.
Tiens... Pour la première fois de sa vie, il allait mettre les pieds à la bibliothèque dans le seul but d'étudier. Mais soit ! Ça le changerait un peu. D'habitude, il y allait pour.... Hum... Une ride apparut entre ses sourcils, témoignant d'une profonde réflexion. En fait... depuis leurs recherches sur comment aider un lycanthrope pendant les pleines lunes, il n'y avait pas remis les pieds