Il y avait un monstre au-dessus de sa tête : un vrai.
Percy remonta la couette sur sa tête. Rien ne devait dépasser… Parce que si quelque chose dépassait de sous la couette, le monstre le verrait. Et si le monstre le voyait, il le tuerait. C’était comme ça que fonctionnaient les monstres.
D’ailleurs comment tuait-on les monstres ? Comme les loups-garous, surement… En arrêtant le cœur ou en mordant à la gorge. Son cœur… Il faisait froid, alors Percy avait mis un pull pour dormir. En comptant son pyjama et la couverture, ça faisait trois couches pour le protéger des crocs du monstre. Et pour son cou… ça faisait un couche. Juste la couverture.
Percy s’empressa de remonter le col de son pull sur son menton, juste au cas où. Avec un monstre pareil, une protection supplémentaire ne pouvait pas faire de mal.
Un grognement lui parvint de très loin et un sanglot lui échappa. Il plaqua une main sur sa bouche, pour étouffer les suivants : si on l’entendait…
Il n’avait pas le droit d’aller dans le grenier. Ah ça, il le savait bien… sa mère et son père le lui avaient suffisamment répété. Mais depuis la naissance des bébés, ils n’avaient plus de temps pour eux alors lorsque Bill et Charlie lui avait dit que c’était un peureux et qu’il était incapable de monter dans le grenier sans se faire pipi dessus, Percy s’était dit qu’en tant que tout nouveau grand frère, il pouvait bien prouver son courage.
Et il l’avait vu. Le monstre. Coincé entre plusieurs malles dans le grenier de la maison, énorme et laid. Il avait grogné et Percy s’était fait pipi dessus.
Charlie et Bill avaient bien rigolés, mais Percy s’en fichait… sa chambre était au premier étage, loin en dessous du grenier, mais maintenant que le monstre l’avait vu…
La porte s’entrouvrit, projetant un faisceau de lumière à travers la couverture et le garçonnet gémit. Le monstre était là, il était venu le chercher. Il allait le dévorer et-
« Percy ? »
La voix de son père le fit sursauter et il se redressa d’un seul coup, rejetant la couverture pour tendre les bras vers son père. Il dégoulinait de sueurs, ça cachait un peu ses larmes.
« Alors, mon garçon… souffla Arthur en s’asseyant sur le lit et en prenant son fils sur ses genoux. Pourquoi pleures-tu au lieu de dormir ? Il est bien tard pour être encore éveillé.
- J’ai peur…
- De quoi as-tu peur ?
- Du monstre…
- De quel monstre parles-tu ? »
Percy ne pouvait rien dire… Si son père apprenait qu’il était allé dans le grenier, il aurait la punition de sa vie !
Arthur Weasley soupira bruyamment, passant une main sur son visage épuisé.
« Ecoute, Perce… Je sais que les monstres, c’est vraiment effrayant. Mais tant que moi et Maman sommes là, je te promets que tu ne risques rien.
- Mais depuis que les bébés sont nés, vous êtes toujours avec les bébés. »
Arthur ne pouvait pas donner tort à son fils… Les jumeaux accaparaient tout leur temps depuis un an et ses trois ainés étaient un peu livrés à eux-mêmes. Mais entre son travail, ses enfants… Il était épuisé.
« Excuse-moi… Avec Maman, on fait notre possible.
- Mais les monstres- »
Percy gémit à nouveau, plongeant le visage contre le torse de son père. Arthur laissa malgré lui échapper un sourire et frotta le dos de son garçon pour le rassurer.
« Tu sais, il y a pleins de manière de vaincre les monstres.
- Comment on fait ?
- Oh ça, c’est très compliqué ! Il faut être très intelligent… Il faut avoir lu pleins de livres. Tu verras : lorsque tu seras grand, tu seras suffisamment intelligent pour vaincre les monstres.
- Mais c’est ce soir qu’il faut vaincre les monstres !
- Ce soir, Maman et moi te protégeons, Perce. Je sais que ce n’est pas facile pour toi… Mais les jumeaux vont grandir et même si nous nous occupons beaucoup d’eux, nous vous aimons très fort, toi et tes frères. Et nous vous protégeons. Tu nous fais confiance ?
Percy ne répondit pas, plongé dans ses pensées. Lire des livres… Être intelligent. Ce n’était pas idiot. Lorsqu’il saurait lire, il pourrait apprendre les différentes manière de tuer les monstres ! Mais comme il ne savait pas lire…
Arthur Weasley essuya les larmes sur les joues de son fils, borda la couette et embrassa son front. Le petit cœur de Percy battait à toute allure… Mais à peine la porte fut-elle fermée qu’il se jeta sur sa table de chevet, soufflant sur sa bougie magique pour l’allumer.
La nuit durant, il ouvrit chaque livre de sa petite bibliothèque, observant chaque image à la recherche d’une arme ou d’un piège à installer à l’entrée de sa chambre. Et il accomplit avec tant de dévotion et de perfection sa tâche que finalement, il en oubliant jusqu’aux grognements du monstre du grenier.