Quod CURAM demonstrandum by Spiritos
Summary:

PARTIE UNE: Un Potter à Serdaigle (terminée)

Tout indiquait que James Sirius Potter finirait à Gryffondor. Son courage, son espièglerie, ses nobles ancêtres... Mais bon. Sa ruse et son ambition lui aurait également donné sa place à Serpentard. Non plus ? Il est vrai que sa gentillesse et sa loyauté aurait fait de lui un bon Poufsouffle. Toujours pas ? Mais alors... Quoi ?! Un Potter à Serdaigle?!

PARTIE DEUX: À la croisée des mondes

C’est enthousiastes et déterminés que James, Shayda et Fred entament leur deuxième année à Poudlard. Entre amitiés, inimités et liaisons nouvelles, la vie au château est plus mouvementée que jamais. Mais hors des murs de l’école, un climat inquiétant s’instaure peu à peu, qui pourrait bien aboutir à l’effondrement du pilier majeur de la société sorcière...

 

HISTOIRE EN PAUSE => NOUVELLE VERSION EN LIGNE 


Categories: Durant Poudlard, "19 ans plus tard" Characters: Fred II Weasley, James S. Potter, Personnage original (OC)
Genres: Amitié, Aventure/Action
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 19 Completed: Non Word count: 47569 Read: 6022 Published: 31/05/2019 Updated: 01/11/2019

1. Répartition, Désillusions et Déception by Spiritos

2. Des nuances de bleu by Spiritos

3. Révélations et stupéfaction by Spiritos

4. Première leçon de vol by Spiritos

5. Impro de Quidditch en Do mineur by Spiritos

6. Que l'excentricité soit avec toi by Spiritos

7. Joyeux anniversaire James by Spiritos

8. Chez les Potter Noël by Spiritos

9. Le Maraudeur by Spiritos

10. Ce qu’il fallait démontrer by Spiritos

11. Holidays partie une by Spiritos

12. Holidays partie deux by Spiritos

13. Holidays partie trois by Spiritos

14. Holidays partie quatre by Spiritos

15. Holidays partie cinq by Spiritos

16. Réformes et préjugés by Spiritos

17. Rentrée de rêves by Spiritos

18. Ballade au clair de lune by Spiritos

19. Sélections flamboyantes by Spiritos

Répartition, Désillusions et Déception by Spiritos
Author's Notes:

Voilà, on y est! Mon tout premier texte sur hpfanfiction! L'émotion...

Plus sérieusement, je compte faire 7 parties correspondant aux 7 années à Poudlard de mes personnages. Ce chapitre est le premier chapitre de la partie 1 qui s'intitule Quod Erat Demonstratum.

Sur ce, bonne lecture !

La haute silhouette de son père retrécissait au fur et à mesure que le Poudlard Express s’éloignait, entouré d’une épaisse vapeur.

James Potter, nonchalemment accoudé à la fenêtre, respirait l’air vif qui lui fouettait le visage en agitant la main à l’attention de sa famille.

Lorsque le quai de la gare n’était devenu qu’un simple point au loin, le jeune garcon referma la vitre et se tourna, un sourire au lèvres, vers ses compagnons. Il faisait face à deux garçons de son âge, son cousin Fred et leur ami Horcan. Le premier était un garçon mince mais bien bâti, à la peau mate avec laquelle ses cheveux frisés d’un roux éclatant détonnaient. Horcan, quant à lui, était maigrichon, blond, l’air timide.

James les dépassa tous deux d’un pas assuré et ils lui emboîtèrent le pas, presque par automatisme. Les trois enfants entrèrent en trombe dans un compartiment et entreprirent de s’y établir en riant bruyamment, sans se soucier du jeune première année qui s’y était installé avant eux. Celui-ci, un garcon pâle aux yeux bleu-vert et aux cheveux bruns légèrement bouclés, les fusilla du regard avant de se tasser contre sa banquette, comme pour éviter tout contact avec la bande. Sans même un regard pour son camarade, James prit place près de son cousin en lançant avec force: “ J’ai hâte de découvrir notre salle commune! Papa m’a dit que Gryffondor est la plus confortable des maisons! On y dispose de poufs près du feu, d’immenses fauteuils et apparemment, les lits à baldaquins sont si douillets ! énuméra le jeune Potter d’un air rêveur.

Il s’étendit sans aucune gêne sur la banquette tandis que Fred ricannait et que Horcan levait discrètement les yeux au ciel, agacé par le comportement puéril du jeune garcon. Leur voisin, de son côté, luttait pour garder le silence, scandalisé.

James, sans remarquer le trouble de ses camarades, reprit: “Enfin, toi, Horcan, tu iras au mieux à Pouffsouffle. Ou pire, chez ces intellos coincés de Serdaigle! ” Et il partit d’un grand rire condescendant, suivi plus tardivement par Fred qui se forçait un peu. Le principal concerné ne répondit même pas, habitué aux piques de son “ami” d’enfance, qui le martyrisait depuis longtemps. Il haussa humblement ses épaules et reprit son journal, le Chicaneur, que sa mère dirigeait dans son temps libre. Sa lecture fut ponctuée tout au long du trajet par les incessantes piques de son ami, les ricannements gênés de Fred et les longs soupirs difficilemment contenus de leur camarade.

 

Au bout d’un voyage de plusieurs heures mais qui sembla en durer beaucoup plus, le train s’immobilisa enfin sur le quai brumeux de Pré-au-Lard.

James, son uniforme revêtu depuis bien longtemps, contemplait, rêveur, le carré de tissu où, bientôt, il arborrait fièrement le blazon de la maison de ses rêves. Gryffondor…

Il fut brutalemment tiré de ses pensées par le première année au nom encore inconnu qui le bouscula pour quitter le compartiment, en le fusillant du regard. Il lui répondit par une grimace qui lui valut un autre regard noir. Encore un futur intello coincé de Serdaigle…

Il ne comprenait pas vraiment pourquoi cette maison lui inspirait une telle aversion. Ce n’était pas tant les études qui le rebutaient, bien au contraire: malgré les airs désinvoltes qu’il aimait prendre, James nourrissait curieusement une profonde passion pour la literature et était impatient d’expérimenter les cours de Poudlard. Non, c’était plutôt le fait qu’à ses yeux, aucune figure de la grande guerre, aucun élève qui s’était démarqué n’était sortie de cette maison de “lâches” selon lui. Il y avait bien la mère d’Horcan, Luna, qui était une ancienne Serdaigle et héroïne de la Grande Guerre. Cependant, le jeune garçon savait combien l’étrangeté et la légère folie de celle-ci lui avaient coûté beaucoup d’amis, de sorte que Luna ne semblait avoir personne sur qui compter dans sa propre maison.

James secoua la tête pour se sortir ses sombres pensées de la tête. Il se dirigea plutôt vers la sortie du train, se frayant à grande peine un chemin parmi le flot d’élèves qui encombrait les couloirs. Suivi comme toujours de Fred et Horcan, le jeune Potter se dirigea d’un pas rapide vers une silhouette massive, facilement repérable dans la brume. Le visage rond et à moitié caché par une barbe broussailleuse d’Hagrid se fendit en un énorme sourire dont lui seul avait le secret tandis qu’il les saluait gaiemment.

“James, Freddy ! s’écria le demi-géant en serrant les deux garcons dans ses bras puissants. Horcan, salua-t-il plus sobrement le dernier qui était resté en retrait.”

James se détacha le premier du garde-chasse pour observer, émerveillé, les dizaines de petites barques posées délicatement sur l’eau limpide du lac, sans que le moindre remous ne vienne troubler sa surface paisible. Autour de lui s’étaient agglutinés les dizaines d’autres premières années qui dévisageaient comme lui les rives sombres du lac, où se profilait au loin le château de Poudlard qui se devinait dans la pénombre. “Pas plus de quatre par barque, tonna la voix forte d’Hagrid. Évidemment, je serai seul dans la mienne, ajouta-t-il avec un clin d’oeil à l’attention de Fred et James.

Celui-ci sourit et prit place avec son cousin dans la barque la plus proche, où ils furent rejoints par deux autres garcons. Les petits bateaux se mirent à glisser doucemment sur l’eau, laissant derrière eux des sillons qui brillaient à la lueur blafarde de la lune.

Tandis qu’ils se rapprochaient du chateau, le demi-géant s’écria: “Baissez-la tête!” Ils s’exécutèrent et passèrent à travers un long rideau de lierre qui effleura les cheveux de Fred, assez grand pour son âge.

Les feuilles cachaient une large ouverture taillée dans le roc dans laquelle ils s’engouffrèrent, pour finalement être emportés le long d’un tunnel sombre qui semblait les mener sous l’édifice.

Après quelques minutes passées dans la pénombre, ils débouchèrent dans une petite crique souterraine et débarquèrent, chancelants, sur un sol recouvert de galets.

Hagrid inspecta les barques, puis guida les premières années à l’aide de sa lampe le long d’un sentier qu’ils grimpèrent péniblement, pour enfin arriver sur une vaste pelouse qui s’étirait devant le château, qu’ils pouvaient désormais admirer à leur guise.

“Allez, ne trainez-pas, lança Hagrid d’un ton impérieux alors qu’ils lui emboîtaient le pas pour monter une volée de marches en pierre. D’un air plus qu’important qui fit sourire James, le garde-chasse leva son point massif et frappa trois coups secs à l’énorme porte d’entrée en chêne.

Celle-ci s’ouvrit immédiatement et James se retrouva nez à nez – ou plutôt cou à nez - avec un minuscule sorcier au visage ridé et au sourire accueillant. Il se tourna vers Hagrid qui, bombant le torse, lui déclara: “Les voici, professeur. Nous avons dû contourner le centre du lac, le calamar géant faisait encore des siennes.”

Le professeur en question hocha la tête sous les murmures anxieux des élèves. Un calamar géant? Le garde-chasse repartit et le petit homme les fit traverser une immense salle au sol dallé et au torches enflammées accrochées au mur. Ils gravirent, essoufflés, un majestueux escalier de marbre pour finalement se poser dans une petite salle aux murs blancs. On pouvait discerner à travers la fine cloison le bruit étouffé des conversations et des rires qui régnaient dans la salle d’à côté.

James sentit son coeur battre à tout rompre tandis qu’il écoutait d’une oreille distraite les explications du professeur Flitwick – tel était son nom- sur les différentes maisons de Poudlard.

Le minuscule directeur-adjoint les introduisit dans une immense salle qui laissa le jeune garçon bouche-bée. Des centaines de bougies étaient suspendues dans les airs et illuminaient quatre tables rectangulaires disposées tout au long de la pièce. Dispersés parmi les élèves qui occupaient chaque table, des fantômes brillaient d’une lueur nacrée, se confondant avec les chandelles scintillantes.

James vit que devant chaque élève étaient placés gobelets, assiettes et couverts en or. Vides, lui fit remarquer son estomac en gargouillant. Il leva la tête pour découvrir un plafond étoilé, aussi noir que le ciel de cette belle nuit d’été.

Entre temps, le professeur Flitwick avait posé sur un tabouret un morceau de tissu rapiécé, que le jeune Potter savait être le célèbre Choixpeau magique. Il ne comprenait pas cependant comment un simple chapeau, sale et usé qui-plus-est pourrait les assigner sans faillir dans leur maison.

Alors que James s’interrogeait, perplexe, le Choixpeau ouvrit la déchirure qui lui servait de bouche et commença à chanter:

 

Je suis le Choixpeau

Vous conseiller c’est mon boulot

Je ne suis pas très beau

Mais moi je suis bien plus costaud

Que ces chapeaux vernis

Qui, de leurs dents blanches, rient,

De me voir se crasseux, si miteux, si petit.

Mais moi je dois vous assigner

Dans votre maison, où vous resterez,

Jusqu’à la fin de votre scolarité.

Celles-ci sont au nombre de quatre:

Gryffondor, Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle.

Ces quatre sorciers choisissaient

Infailliblement, jusqu’à leur dernier souffle

Les élèves que dignent d’eux ils jugeaient.

Mais se sentant vieux et fatigués

À moi le Choixpeau ils ont chargé

De vous dire si vous devez aller

Chez Gryffondor le hardi, Serpentard le ruse

Poufsouffle la loyale, Serdaigle la cultivée

Et votre choix, grâce à moi, jamais vous ne regretterez !

 

Des applaudissements retentirent suite au chant du chapeau, et la Répartition débuta.

Flitwick sortit une longue liste et se prépara à appeler les premières années. Ceux-ci se trémoussaient, inquiets, n’osant regarder le Choixpeau qui semblait désormais devoir causer leur perte.

James était un des rares élèves à garder son calme, bien qu’une légère appréhension lui tordait les entrailles.

Le professeur appela de sa voix fluette: “Adel, Shayda”. Une frêle jeune fille aux longs cheveux d’un noir d’ébène se détacha du groupe des premières années et s’avança calmement vers le tabouret, sur lequel elle s’assit avec grâce, croisant les jambes avec élégance tandis que Flitwick lui posait le Choixpeau sur la tête. La fillette avait une peau pâle et de grands yeux d’un violet éclatant qui parcouraient la salle d’un air émerveillé. Ils étaient bordés de longs cils noirs, assortis à sa chevelure.

Shayda dégageait un tel calme que beaucoup d’élèves ne la quittait pas des yeux, impatients de savoir dans quelle maison elle se retrouverait.

Les secondes passèrent. Puis les minutes. Des chuchotement commencèrent à retentirent dans la Grande Salle, auxquels la première année était parfaitement indifférente. Enfin, sortant de ce qui semblait être une très longue réflexion, le Choixpeau s’écria: “GRY… SERDAIGLE !”

Des applaudissements fusèrent de la table des bleus et bronzes tandis que la jeune fille alla s’y asseoir.

James, comme beaucoup n’avait pas manqué l’hésitation du Choixpeau qui, jusqu’au moment même de l’annonce de la maison, avait ocillé entre Gryffondor et Serdaigle. “Dommage pour elle, songea le jeune garçon en reportant son attention sur les premières années qui défilaient à présent.”

Horcan fut appelé et, avant que celui-ci ne parte, Fred se pencha vers James pour lui murmurer: “ 5 gallions Poufsouffle”. Avant que le jeune Potter ne réponde, Horcan qui les avait entendu, se tourna vers eux, un sourire mauvais qu’on ne lui connaissait pas sur le visage. “10 gallions Serpentard”.

Et, sans plus attendre, le frêle garçonnet se dirigea prestemment vers le tabouret et enfourna seul le Choixpeau. À la seconde, ou presque, où le couvre-chef effleura ses cheveux blonds, celui-ci déclara: “SERPENTARD”. Le même sourire carnassier étira les traits d’Horcan alors qu’il se dirigeait, satisfait vers la table des serpents où ceux-ci l’accueillirent en l’acclamant. Son père, Neville Londubat, partagea un regard surpris avec ses collègues, stupéfait que son fils se retrouve dans une maison qui avait accueilli presque tous les mages noirs des derniers siècles. James et Fred échangèrent eux-aussi un regard étonné.

“Et bien… tu viens de perdre 5 gallions mon pauvre, commenta le premier. Avant que Fred ne puisse répondre, le jeune Potter fut appelé.

Il inspira un grand coup avant de se diriger avec assurance sur le tabouret, gonflé de fierté par les murmures qui avaient suivis l’appel du nom illustre des Potter. Il enfila le chapeau sur ses mèches châtains et entendit la voix de celui-ci résonner dans sa tête.

"Alors, comme ça, tu es le fils d’Harry et Ginny ? fit le Choixpeau d’un air pensif.

- Oui, répondit fièrement James, et je compte bien suivre leur trace. Alors, vous savez où me mettre…

- Oh, gloussa son interlocuteur –et le jeune garçon pensa qu’il était décidemment bien étrange de converser avec un couvre-chef, tu ne manques pas de toupet. Mais tu dois te démarquer et suivre ta propre voix. Aussi, je ne pense pas que Gryffondor soit la maison idéale pour toi.

- Que…?! balbutia James, stupéfait. Mais…

- J’ai une meilleure proposition à te faire, le coupa le Choixpeau. Tu seras parfaitement à ta place à… SERDAIGLE !”

Le choix du chapeau en étonna plus d’un, mais les Serdaigles se firent une joie d’acclamer le fils de l’Élu. James, quant à lui, resta debout, déconcerté, peinant à comprendre la situation.

Il avait pourtant rêvé tant de fois de ce moment… Il rejoignait, victorieux et fier, la table de sa nouvelle maison qui l’applaudissait à tout rompre. La situation actuelle n’était pas si différente après tout, en oubliant un gros detail. Les acclamations de bienvenue qui lui parvenait aux oreilles ne provenait pas de Gryffondors heureux, mais bien d’élèves en bleu et bronze. Le jeune garçon prit alors conscience de ce qui se passait.

Il était… à Serdaigle. À Serdaigle. Il poussa un cri de rage et, sentant les larmes poindre dans ses yeux, s’élança hors de la Grande Salle.

Un préfet de Serdaigle se leva en soupirant et, sous le regard approbateur de la directrice, s’élança à la poursuite de son jeune camarade.

 

James courait, les joues ruisselantes, désireux de se perdre dans le dédale des couloirs de Poudlard, désireux de se réveiller de ce long cauchemar incessant, désireux de retrouver les bras accueillants de sa mère, l’odeur rassurante de son père. Il devait rêver, c’était impossible. Il ne pouvait pas, c’était un Potter, un Weasley. Il ne pouvait pas…

James s’arrêta net et tomba à genoux, maculant le sol immaculé du couloir où il se trouvait de ses larmes. Derrière lui, le préfet s’approcha, essoufflé de l’avoir coursé si longtemps, et s’agenouilla auprès du garçon. Il lui prit délicatement le bras pour l’entraîner à sa suite et ce dernier se laissa heureusement faire, à bout de souffle.

L’étudiant conduisit son cadet à travers le château, gravissant des escaliers, traversant passages cachés. Ils arrivèrent enfin devant porte incrustée de saphir, en bois finement ciselé. Une petite sculpture en forme d’aigle y était accrochée. Son bec s’ouvrit et l’oiseau demanda d’une voix mélodieuse:

Je suis pire qu’un strangulot, plus pure qu’un licorne. Les pauvres en ont à foison et les riches en manquent. Qui suis-je?

-      - Hum, réfléchit le préfet. Je dirais…. rien ! Rien n’est pire qu’un strangulot- et je m’y connais- rien n’est plus pure qu’une licorne, les pauvres n’ont malheureusement rien et les riches ne manquent… de rien?

-     Belle intuition, approuva le heurtoir.”

La porte pivota et ils entrèrent dans la pièce ainsi dévoilée.

La salle commune des Serdaigles était une vaste pièce circulaire très aérée. D’élégantes fenêtres en arcades étaient incrustées dans les murs tapissés de soie bleue et bronze. Dans la journée, on devait y avoir une vue magnifique des montagnes non loin de là , qui se dessinaient dans la nuit noire. Le plafond en dome était parsemé d’étoiles peintes assorties aux motifs de la moquette bleu nuit. Il y avait des tables plutôt luxueuses, des fauteuils à l’air confortables ainsi que plusieurs bibliothèques remplies d’ouvrages différents. Dans une niche, une haute statue de marbre était clouée au sol. On pouvait y lire des mots délicatement gravés sur le célèbre diadème: “Tout homme s’enrichit quand abonde l’esprit”.

En somme, Serdaigle était une maison accueillante, dôtée d’une magnifique salle commune et d’un préfet prévenant.

Et pourtant James pleurait toujours, de rage, de tristesse, de frustration.

Il remercia à peine le jeune homme de 6eme année qui lui avait montré le chemin de son dortoir et gravit, presque en transe, les marches en marbre blanc.

Dans une pièce rectangulaire où quatre lits à baldaquins avaient été disposés, James prit place auprès du lit où il trouva ses affaires. Il sécha ses larmes et sortit de sa malle un miroir soigneusement rangé dans un étui. Le jeune garçon l’approcha de ses lèvres et soufflé: “Harry Potter”.

Aussitôt, la glace s’illumina et le visage fin aux traits caractéristiques de son père se présenta à lui. Sa mère, en arrière-plan, lui souriait tendrement, les cheveux flottant sur ses épaule.

“Alors, Jamesie, lui lança Harry avec ce sourire que ses enfants aimaient tant, tu aimes bien ton dortoir? La salle commune de Gryffondor est top, pas vrai?”

James eu un pincement au coeur et se retint à grande peine de soupirer.

“À vrai dire, Papa, lui avoua-t-il d’une voix tremblante, j’ai été réparti à Serdaigle”

Harry ne put retenir une exclamation de surprise.

“Serdaigle ? Toi ? déclara-t-il, confus. Et bien… je suis surpris. C’est-à-dire que… encore Serpentard… mais Serdaigle… AÏE ! GINNY ! s’écria son père alors que sa femme lui donnait un puissant coup de coude. Désolé, Jamesie, se reprit-il alors sous le regard noir de Ginny. Nous sommes fiers de toi, vraiment, bra…”

James n’attendit même pas la fin de la phrase de son père, mettant brutalement fin à la conversation. Il s’allongea sur son lit, les larmes aux yeux, ignorant le miroir qui luisait sur son chevet. La déception qu’il avait pû lire dans les yeux émeraudes de son père l’avait anéanti. Et, fatigué et affamé, il sombra peu à peu dans un sommeil agité.

 

 

End Notes:

Voilà ! Désolée s'il y a des fautes d'orthographe, je dois batailler avec mon ordi qui est en anglais. 

N'hésiter pas à me dire ce que vous en pensez :)

À bientôt !

Des nuances de bleu by Spiritos
Author's Notes:

Je tiens juste à préciser que les personnages de mon histoire sont : James S. Potter ; Fred II Weasley et Personnage original (OC).

Je n'arrive pas à mettre plus d'un personnage dans le résumé (oui je sais je ne suis pas douée).

 

Bonne lecture!

Bleu. Ce fut la première pensée qui traversa l’esprit endormi de James alors qu’il se réveillait lentement, entortillé dans des draps sombres. D’un bleu sombre.

Il s’étira, le cerveau enbrumé tandis que les évènement de la veille lui revenaient peu à peu en mémoire.  

Le jeune garçon se redressa et parcoura son dortoir où trois autres élèves étaient encore assoupis. Il reconnut le camarade avec qui il avait partagé un compartiment la veille. Sans surprise, celui-ci avait été envoyé à Serdaigle.

James poussa un grognement et entreprit d’enfiler son uniforme, posé sur sa table de chevet. Il tâtat les rebords bleus de sa cape, les rayures azures de sa cravate.

Sans attendre ses compagnons de dortoir, le garçon  rassembla ses fourniture dans son sac à bandoulière – bleu – et descendit dans la salle commune.

Il croisa le préfet qui l’avait aidé la veille et lui sourit timidement, comme pour le remercier silencieusement de son aide précieuse. Lui tournant le dos, il se dirigea vers la Grande Salle, évitant à grande peine les marches escamotables et mémorisant à chaque pas les passages à emprunter.

Après un pénible trajet, James se laissa tomber à bout de souffle à la table des Serdaigles, éloigné des autres élèves qui formaient une masse informe, bleue et noire. Il se servit un verre de jus de citrouille et se beurra un toast, impatient de goûter à la cuisine de Poudlard dont son oncle Ron lui avait tant vanté les bienfaits. Cependant, le pain grillé avait un goût amer dans sa bouche. Aurait-il était meilleur s’il l’avait dégusté attablé à la table des Gryffondors, entouré de son cousin et de leurs nouveaux amis?

James soupira, et se versa un nouveau verre de jus. Alors qu’il allait le porter à ses lèvres, il vit s’approcher Horcan, accompagné d’un garçon brun grassouillet, arborant fièrement les couleurs de Serpentard.

“Alors, Jamesie, l’aborda le garçon d’un air mauvais, je croyais que tu avais horreur des intellos coincés de Serdaigle? C’est vraiment dommage que tu en sois en alors…”

James releva la tête, abasourdi. Sa désastreuse Répartition lui avait fait oublié que le jeune Londubat avait lui été envoyé à Serpentard.

Horcan avait bien caché son jeu: sous ses apparence de faible enfant maigrichon, il était en réalité bien plus fort – et mauvais- que l’on pourrait le croire. Fred et James s’étaient bien trompé sur son compte.

En pensant à son cousin, le jeune Serdaigle se tourna vers la table des Gryffondors pour apercevoir ce dernier qui riait aux éclats avec un garçon brun. Il avait donc été envoyé à Gryffondor…

Horcan, qui semblait avoir suivi le regard de James, ne manqua pas de le tourmenter

"Et oui, Freddy est Gryffondor, lui, ironisa le Serpentard. Jaloux ? Il faut dire que vous ne boxer plus dans la même catégorie…”

James ne répondit même pas et baissa la tête. Il n’avait pas l’habitude de laisser passer un tel affront, surtout de la part du frêle Horcan dont il s’était tant moqué. Mais son nouvel ennemi disait vrai. Il était désormais un Serdaigle…

Alors que le jeune garçon allait quitter la table sous le regard inhabituellemnt goguenard du jeune Londubat, une voix retentit.

“Tu sais, Horcanou – c’est bien comme ça que tu t’appelles? Tu m’as semblé aimé les surnoms – quand on a été envoyé à Serpentard, on ne devrait pas se la ramener.”

L’interpellé tourna la tête en même tant que James.

Shayda Adel, la première année qui avait été repartie en premier la veille, s’était avancé vers eux et dévisageait Horcan de son air impassible, un brin dégoutée.

"Tu as quelque chose contre les Serpentards, Adel ? se reprit bien vite son interlocuteur en lui montrant la table des verts et argent qui regardaient la fillette d’un air mauvais.

-  Absolument pas, nia Shayda en faisant un signe de paix aux élèves. Simplement, il y en a de plusieurs types: de fiers serpents – disant cela, elle désigna la table des Serpentards qui affichèrent une moue soulagée – et de… petits vermiseaux nuisibles, ajouta la jeune fille en toisant Horcan d’un air méprisant. Inutile de préciser que tu appartiens à cette deuxième catégorie, wormy.”

Et elle s’éloigna d’un air digne pour se rasseoir à la table des Serdaigles, sous les regards admiratifs et les rires de plusieurs élèves qui avaient suivi l’échange avec attention.

Le Serpentard serra les points et, ne trouvant rien à répliquer, sortit de la Grande Salle accompagné de plusieurs de ses camarades qui ricannaient discrètement.

James, quant à lui, n’avaient pas apprécié l’aide généreuse de Shayda. De quoi se mêlait cette fille ? Il aurait très bien pu remettre Horcan à sa place seul, songea-t-il avec mauvaise foi.

Alors qu’il se levait pour assister à son premier cours de la journée – sortilège avec les Gryffondors, s’il en croyait son emploi du temps – il passa devant Shayda et vit avec étonnement  que son cousin avait abordé cette dernière.

“Pas mal tes répliques de toute à l’heure, la complimenta Fred. Enfin, rectifia-t-il, pour une intello coincée de Serdaigle dans ton genre!”

James leva les yeux aux ciel. Qu’il avait horreur de ce sobriquet – qu’il avait lui même inventé d’ailleurs ! Il savait que son Gryffondor de cousin tâchait de provoquer Shayda pour voir sa réaction. Et il ne fut pas déçu.

Le garçon remarqua avec stupéfaction que les iris violets de la jeune fille étaient devenus rouge pâle. Celle-ci sourit et empoigna le pichet de jus de citrouille qui se trouvait près d’elle pour le renverser soudainement sur la tête de Fred, qui poussa un cri strident quand le liquide glacial s’infiltra dans ses vêtements.

James éclata de rire en voyant le visage de son cousin dégoulinant de jus orangé tandis que les yeux de Shayda avaient pris une teinte dorée.

“Pas très courageux pour un crétin téméraire de Gryffondor ! Ou plutôt un crétin téméraire tout court !”

Et elle sortit de la Grande Salle en ayant déclenché une nouvelle fois l’hilarité générale.

La jeune fille parut se raviser et attendit dans le couloir. Lorsque James sortit à son tour de la pièce, elle lui emboîta le pas et enclencha la conversation.

“Salut, je m’appelle Shayda ! Tu es James, pas vrai?”

Si tu le sais, pourquoi me poser la question, songea son interlocuteur, agacé. Il lui demanda cependant avec curiosité:

“ Pourquoi tes yeux changent sans cesse de couleur? Je veux dire, un instant tu les as violets, puis rouges et enfin dorés ! C’est à ne rien y comprendre. Serais-tu Métamorphomage?”

Shayda rit.

“J’aurais préféré! Non, j’ai seulement les yeux d’Athéna.”

Voyant l’air confus de James, elle se lança dans de tortueuses explications.

“Vois-tu, j’ai les yeux violets à la base. Cependant, selon mes émotions, mes iris varient en permanence. C’est assez agaçant, vu que je ne peux empêcher les transformations. On peut lire en moi comme en un grimoire ouvert! Un de mes ancêtres étaient suremment Métamorphomage, mais le gêne a muté de sorte que je ne peux  désormais transformer que mes yeux. C’est dommage, j’aurais bien aimé changé la couleur de mes cheveux aussi!”

Au fur et à mesure qu’ils approchaient de la salle de Flitwick, James découvraient que Shayda était une personne enjouée, vive et assez bavarde aussi.

À se demander ce qu’elle faisait à Serdaigle! À se demander ce qu’ils faisaient tous deux parmi les bleus…  

 

 

End Notes:

J'espère que vous avez apprécié!

On se retrouve bientôt pour la première semaine de cours!

(J'aime bien parler à un public imaginaire...)

À bientôt!

Révélations et stupéfaction by Spiritos
Author's Notes:

Me revoilà !

C'est donc le troisième chapitre.

Bonne lecture!

Dès la fin du premier cours de la journée, James avait sa réponse. Il était évident que Shayda méritait sa place à Serdaigle…

Alors que le jeune garçon s’était assis au deuxième rang, sa camarade prit place à ses côtés en ignorant le regard agacé qu’il lui jeta.

Il avait passé à peine dix minutes avec elle et la trouvait déjà insupportable.  Et dire qu’il allait devoir passer encore 7 ans à la cotôyer…

Un éclat de rire le fit se retourner.

Shayda ricannait tandis que Fred, qui avait changé d’uniforme mais avait encore des traces orangées dans les cheveux, menaçait la jeune fille.

“Tu vas me le payer, articula-t-il, outré par l’hilarité de son agresseuse qui ne le prenait pas du tout au sérieux.”

Il se dépêcha de rejoindre sa place, trois rangs plus loin, non sans gratifier sa nouvelle ennemie d’un regard meurtrier.

Le minuscule professeur Flitwick – qui était aussi son directeur de maison, se rappella James avec un pincement au coeur – commença par faire l’appel, perché sur une pile de grimoires.

Alors qu’il répondait présent, le garçon sentit le regard de celui-ci s’attarder sur sa nuque. Une conséquence de la notoriété de ses parents, sans doute. Le cours débuta et Flitwick leur expliqua les bases de l’étude des sortilèges.

James sentait à ses côtés la main de sa voisine se brandir pour donner à chaque fois la bonne réponse, apportant des points à leur maison.

Une vraie Serdaigle, aurait-il maugréé quelques heures plus tôt, mais il commençait à comprendre malgré lui que les maisons ne semblaient pas être des cases qui définissaient la personnalité d’un élève. Après tout, il en était l’exemple parfait…

Au premier sort qu’il lancèrent, le Lumos, Shayda excella sans surprise, de même que James qui se découvrit une habilité qu’il ne soupçonnait pas. Fred lui aussi s’en sortit étonnament bien, ainis que beaucoup d’autres élèves, Serdaigles comme Gryffondors.

À la sortie, James se sentit plutôt apaisé et discuta même gaiement avec sa camarade qui parut ravie du brusque changement de mentalité de son voisin.

Le cours suivant était une leçon de Métamorphose avec les Serpentards, et le jeune Potter sentit son moral redescendre en flêche. Il aurait à affronter Horcan et ses piques…

Il se ragallardit presque aussitôt. Depuis quand avait-il peur de ce petit garçonnet?

C’est donc la tête haute que James entra dans la salle de métamorphose, où un vieil homme mince doté d’une barbe argentée coupée en pointe les attendait. Il semblait familier au jeune garçon, mais il n’arrivait plus à se remémorer où il l’avait vu…

Après que tous les élèves soient  enfin entrés, le professeur referma la porte avec sa baguette. Il dégageait une aura menaçante et austère qui fit déglutir les premières années.

“Je suis le professeur Dumbledore, annonça-t-il d’un ton bourru. Abelforth Dumbledore, précisa-t-il en fusillant du regard une élève de Serpentard qui avait poussé un cri perçant, croyant avoir devant elle l’illustre Albus Dumbledore.”

James se rappella alors avoir  déjà apercu Abelforth chez lui, sûrement dans le cadre du métier d’Auror de son père. Il ne se serait cependant jamais doûté ce jour là avoir devant lui son futur professeur de Métamorphose.

Professeur qui n’avait d’ailleurs pas l’air bien commode.

En effet, Dumbledore, qui s’était lancé dans une longue explication de l’art subtil qu’était la Métamorphose, avait fondu vers deux élèves qu’il avait surpris à bavarder et les exhortaient à présent à parler à sa place.

Les deux enfants, terrorisés, n’osaient ouvrirent la bouche sous le regard orageux du vieillard et celui-ci continua alors sa démonstration.

Les élèves buvaient désormais ses paroles, plus par peur que par réel intérèt.

Ils sursautèrent, stupéfaits, lorsque le vieil homme changea le garçon qui avait parlé en une petite chèvre au pelage pouilleux qui bêla d’un air affolé.

Abelforth Dumbledore rendit forme humaine au pauvre élève, à contrecoeur d’après ses dires, et libéra les premières années en leur souhaitant une bonne journée de sa voix rauque.

James et ses camarades se précipitèrent dehors, inquiets de la manie de leur professeur à appliquer ses sorts sur les élèves eux-même. Le jeune garçon espérait que ce n’était qu’une petite expérience isolée pour les impressionner.

Mais, alors qu’il se rendait au cours de Botanique – en commun avec les Poufsouffles cette fois – accompagné de Shayda qui parlait toujours autant, James se surprit à espérer qu’au prochain cours, Dumbledore métamorphose Horcan à son tour.

“En vermisseau, lui suggéra sa camarade d’un ton malicieux”

Et ils éclatèrent de rire en choeur, imaginant la scène.

Peinant à reprendre son sérieux, le jeune Potter se dit que, finalement, il y avait des avantages à être à Serdaigle.  

 

 

End Notes:

Alors?

Shayda est super hein ? Cest juste le début parce qu'on se rendra compte après que c'est un personnage complexe avec une réelle histoire. D'ailleurs la partie deux sera d'après son point de vue.

Le titre QUOD ERAT DEMONSTRANDUM signifie " Ce qu'il fallait démontrer "en latin. Merci à Pierre de Lune de m'avoir fait remarquer qu'il fallait que je le précise :)

À bientôt!

Première leçon de vol by Spiritos
Author's Notes:

Hey !

Voici le quatrième chapitre, très originalement intitulé " Première leçon de vol".

Initialement, il regroupait deux chapitres mais sur les conseils d'Artemiss j'ai décidé de le scinder en deux.

J'ai également essayé de faire une nouvelle mise en page sur les conseils de wonderfulluck98. 

On verra ce que ça donne !

Bonne lecture !


Les semaines passaient lentement à Poudlard, et James se sentait désormais à sa place chez les Serdaigles, bien qu’il n’ait pas encore tout à fait digéré sa Répartition.

Le jeune garçon s’était fait plusieurs amis parmi ses camarades de maison, mais aussi chez les Gryffondors, les Pouffsoufles et même chez les Serpentards. Il avait cependant du mal à aller vers Élias Oston, son camarade de dortoir avec qui il avait partagé son compartiment le premier jour. Une sorte d’antipathie commune s’était créée des deux côtés, rendant certaines situations tendues. En effet, Shayda avait pris en amitié Élias, obligeant les deux garçons à se cotôyer.

La relation de James avec cette dernière s’était beaucoup améliorée et, même s’il ne l’avouerait certainement jamais, il considérait la jeune fille comme sa plus proche amie à Poudlard. Il était d’ailleurs aux premières loges pour assister à la bataille féroce qui se livrait entre Shayda et Fred. Depuis que celle-ci l’avait humilié dans la Grande Salle, son cousin avait enchainé les farces à son encontre pour s’en venger. Grâce à Hagrid, le jeune Weasley avait glissé dans le sac à bandoulière turquoise de la fillette une dizaine de limaces gluantes sans qu’elle ne s’en apperçoive. Shayda avait alors cherché à prendre un livre dans sa sacoche et, sentant le contact humide des mollusques sur sa peau, avait poussé un cri strident sous le regard vengeur de son ennemi. La riposte de la Serdaigle avait été terrible: elle avait remplacé la nourriture de Fred par de l’herbe trouvée dans la serre numéro deux du cours de botanique, qui avait des propriétées qu’elle ignorait alors. Après quelques bouchées, le garçon deviant subitemment vert pomme et garda cette teinte pendant deux jours entiers. Poudlard était ainsi devenu le théâtre des farces de Fred et Shayda, et James, partagé entre son amie et son cousin, se plaisait à jouer les arbitres. La vie au chateau était donc devenue assez paisible, voire même monotone.

 

OoooooooooooooooooO

 

Aussi, James ne fut pas mécontent lorsque l’on annonça aux premières années que les premiers cours de vol allaient avoir lieu. Il tenait cette passion de ses parents et, dès son plus jeune âge, avait été habitué à la sensation fantastique du vent contre sa joue lorsqu’il qu’il évoluait avec grâce dans les airs. Le jeune garçon fut cependant assez mécontent d’apprendre que le cours serait commun aux Serdaigles et aux Serpentards. Il n’avait plus reparlé à Horcan – qu’il appellait désormais Londubat – depuis leur altercation et redoutait secrètement leur prochaine rencontre. Mais James était plutôt confiant: le Quidditch était son élément et il battait le Serpentard à plâte couture.

 

Il se présenta donc un matin brumeux sur la pelouse avant du château, accompagné de deux de ses camarades de dortoir et de Shayda. Le garçon adressa un sourire au professeur Dubois, qu’il savait avoir été un coéquipier de sa mère alors qu’ils jouaient tous deux dans l’équipe nationale d’Angleterre. Plusieurs élèves regardaient d’un air ébahi et admirateur l’ancien gardien virtuose du Club de Flaquemare qui enseignait désormais les cours de vol à Poudlard et arbitrait les machs de Quidditch. Dubois, un homme bien bâti au regard sévère, leur intima d’invoquer les balais qui se trouvaient devant eux. James regarda son balai en piteux état et déclara d’une voix forte “Debout!”. Alors qu’il s’attendait à ce que l’engin lui saute dans sa paume ouverte, il resta au sol et les répétitions de plus en plus affolées du Serdaigle n’y firent rien. Le professeur Dubois regardait le fils de son ancien attrapeur talentueux d’un air effaré, se disant que le malheureux Potter n’avait décidemment pas hérité du talent de son père. Les ricannements commençaient à fuser du côté des Serpentards et Horcan et ses amis étaient pliés de rire.

Humilié, James comprit soudainement: le balai qu’il tentait désespérement d’invoquer n’était qu’un simple ustensile de ménage, que son ennemi avait sûrement placé devant lui par vengeance! Le jeune garçon s’avança rageusement vers Londubat qui riait toujours et lui arracha violemment le balai qu’il tenait pour l’enfourcher et décoller, sans se soucier des cris de Dubois, content malgré tout de voir que James savait parfaitement voler.

 

OoooooooooooooooooO

 

Ce dernier virvoltait dans les airs, grisé par cette sensation qui lui avait manquée. Il  tournoyait sur le vieux balai, près de la plus haute tour du château, avant d’effectuer une descente plutôt spectaculaire jusqu’au lac, dont il effleura l’eau claire pour la faire retomber en une pluie de fines goutelettes.

James se souvint soudainement du calamar géant qui y vivait et s’éloigna précipitament de la surface que l’immense pieuvre pouvait venir troubler à tout moment.

Le jeune garçon slalomma gaiement entre les clochers pour enfin venir attérir aux pieds d’Horcan qui le toisa d’un air mauvais.

James se tourna vers ses camarades et tomba, surprise, sur le professeur Flitwick qui, réprobateur, lui intima de venir dans son bureau.

 Voyant que son élève ne comptait pas redescendre de sitôt, Dubois avait en effet decidé d’appeller le directeur de maison du garçon qui lui exposait en ce moment un long discours sur le respect des consignes de sa petite voix aigue. Après quelques minutes à subir les injonctions scandalisées du minuscule professeur, James fut enfin libéré avec la perspective réjouissante de passer un soir de retenue en compagnie de son mentor de sortilège.

Il répondit plutôt facilemment à la question du heurtoir des Serdaigles et se retrouva dans sa salle commune Le jeune garçon fut aussitôt abordé par ses camarades l’avaient attendu.

“ Mais que t’est-il passé par la tête, enfin? lui demanda Shayda la première.” James leva les yeux au ciel sans répondre. Son amie pouvait bien parler, avec le nombre de retenues qu’elle avait reçues depuis le début de l’année!

“Le Quidditch me manque tant… marmonna-t-il en montant les escaliers menant à son dortoir sans regarder la réaction de Shayda.”

 

 

Il ne remarqua donc pas que les yeux de la jeune fille, pensifs, étaient passé au lilas clair tandis qu’une idée brillante s’était présentée à elle…

End Notes:

Voilà!

Alors?

On se retrouve bientôt pour le cinquième chapitre!

Spiritos

Impro de Quidditch en Do mineur by Spiritos
Author's Notes:

Hey!

Ne me demandez pas pourquoi ce chapitre s'intitule comme cela, je l'ignore moi-même...

J'ai juste une petite question: j'ai posté le chapitre 4 près de deux semaines avant qu'il soit validé, et j'aimerais savoir qui valide les fics et comment.

Si vous pourriez me renseigner, ça serait bien!

Sur ce, bonne lecture!

James rêvait qu’il parcourait le monde à dos d’un vieux balai à moitié brisé qui était en réalité une serpillère sale. Il chuta  soudainement et s’écrasa sur une étoile verte, tandis que la voix lointaine de Shayda criait: “ Non, James! James! JAMES!”.

 

Il se réveilla en sursaut pour se retrouver nez à nez avec une paire d’yeux violets qui l’observait dans la pénombre. Le garçon poussa un cri et les iris devinrent dorés tandis qu’un mince éclat de rire retentissait.

 

 “Shay’ ?! s’écria-t-il, stupéfait.

 

-       Chut, lui fit-elle, réprobatrice tandis qu’Élias s’agitait dans son sommeil. Habis-toi sans faire de bruit et rejoins-moi dans la salle commune. Et ne réveille pas les garçons, lui intima-t-elle, impérieuse.”

 

Et elle descendit rapidement pour laisser James enfiler un gros pull en laine par dessus son pyjama et lacer ses bottines. Il prit sa baguette magique avant de descendre à son tour dans leur salle commune, plongée dans l’obscurité, pour retrouver son amie confortablement installée dans un gros pouf moelleux au coin du feu.

La lune, pleine, éclairait la pièce d’une lueur blafarde, dessinant des ombres mouvantes sur les murs.

 

Shayda sourit en le voyant arriver et se leva d’un bond.

Son visage fin était à moitié caché dans la pénombre, lui donnant un air presque lugubre qui allait mal avec son sourire éclatant.

Sa longue chevelure d’un noir de jais, mal coiffée comme à son habitude, retombait avec grâce sur ses épaules.

Seuls scintillaient dans la prénombre ses deux yeux ameéthystes, tels deux pierres précieuses dans la nuit sombre.

 

La jeune fille était vêtue d’un large sweat à capuche noir qui lui descendait jusqu’au genoux, ainsi que d’un jean bleu assorti à ses éternelles Converses sombres dont elle ne se séparait jamais.

 

“ Des habits moldus, remarqua James ”

 

Il prit soudainement conscience qu’il ne connaissait presque rien de son amie, aussi bavarde soit cette dernière. Venait-elle d’une famille de Moldus? De sorciers? Était-elle orpheline?

James frémit à cette idée.

Pour combattre la vague de culpbilité qui l’avait assailli, il demanda à Shayda d’une voix qu’il tenta de faire paraître assurée:

 

“Où allons-nous? Pourquoi m’avoir réveillé en pleine nuit?”

 

Le sourire de son amie s’élargit et, sans un mot, elle lui fit signe de la suivre.  

Ils sortirent en silence de la salle commune et s’engouffrèrent dans les couloirs obscurs et vides du château, guidés par la faible lueur de leurs deux baguettes.

 

OoooooooooooooooooO

 

 

James pressait le pas en suivant Shayda, sa curiosité ayant dissipé son appréhension première.

 

“ Où allons-nous? répéta encore le jeune garçon qui commençait à s’impatienter.”

 

Son amie s’arrêta enfin, non pour lui faire face mais pour se tourner vers une vieille porte en bois.

 

“Alohomora” murmura-t-elle, et le verrou sauta.

 

James s’engouffra à sa suite dans la pièce qui se révéla être un local.

À la faible lumière qui émanait de sa baguette, le Serdaigle vit que celui-ci était rempli de…

 

“Balais! s’écria fièrement Shayda en en brandissant un, qui s’apparentait d’ailleurs davantage à un frêle assemblage de brindilles qu’à un engin de course. Prends-en un et rejoins-moi dehors!”

 

Et elle sortit, laissant un James ébahi. Son amie avait-elle vraiment fait tout cela pour lui?

 

Il choisit rapidement le mieux portant des vieux balais et rejoignit la jeune fille.

 

Les deux premières années se dirigèrent en discutant gaiement vers le terrain de Quidditch, éclairé par la lueur vacillante de la pleine lune.

 

Sous le regard étonné de James, Shayda enfourna son vieux balai et décolla avec aisance en exortant son ami de la rejoindre.

 

Souriant malgré lui, le jeune garçon décolla pour se retouver à la hauteur de la Serdaigle, qui lui désigna le Souaffle qu’elle tenait dans les mains.

 

“ Je te parie deux Chocogrenouilles que tu ne pourra pas m’empêcher de marquer, Potter, le nargua-t-elle en virvoltant avec agilité vers les buts

- À tes risques et périls, Adel, rétorqua James en se plaçant près des annaux.”

 

Et les deux amis commençèrent une partie de Quidditch improvisée qui dura toute la nuit, avant d’entamer une course-poursuite en balais dans les couloirs du château.

 

En tête, James, sous leurs éclats de rire communs, ne put s’empêcher de songer qu’il n’avait pas été aussi heureux depuis longtemps.

End Notes:

Et voilà!

Dites moi ce que vous en pensez :)

D'ailleurs, j'ai recherché la définition du mot review dans mon dictionnaire et j'ai trouvé ceci: 

REVIEW, n.f.  ( du latin revio, is ire, ivi, itum; reviewer ): petit mot gentil laissé par des lecteurs à l'attention d'un auteur.  Dans l'Antiquité, certains lui attribuaient des vertus balsamiques et réparatrices. 

Synonymes: bonté, gentillesse, encouragement

Antonymes: méchanceté, mort, maladie, faim

Alors, qu'attendez-vous? À vos claviers!

:D

 

Que l'excentricité soit avec toi by Spiritos
Author's Notes:

Hey!

On se retrouve pour le sixième chapitre!

Déjà....

Trève de bavardages, bonne lecture!

“ Londubat, ne cessait de maugréer Shayda alors qu’ils rejoignaient leur salle commune. De tous les profs de ce château, il fallait que l’on tombe sur Londubat

      - Le professeur Londubat, la corrigea machinalement James qui la suivait. Un peu de respect.    C’est quand même de mon parrain qu’il s’a….

        Le jeune garçon laissa sa phrase en suspens devant le regard mauvais que lui jetta son amie.

       Alerté par le tapage que les deux premières années faisaient dans les couloirs – il faut dire qu’ils n’étaient pas des plus discrets, leur professeur de botanique avait en effet accouru, en  robe de chambre et en pantouffles.

       Son visage rond déformé par la colère, il avait littéralement traîné les jeunes gens dans son bureau, pour leur administrer une sévère punition.

       Manque de chance, les relations entre le directeur des Gryffondors et l’impertinente Shayda n’étaient pas des plus cordiales – l’humiliation que cette dernière avait fait subir à son fils unique le matin de la rentrée y était surement pour quelque chose.

Aussi, dès le premier cours de botanique, la confrontation avait commencée.

Neville, d’ordinaire sympathique et jovial, faisait preuve d’une rigidité extrème et d’une profonde injustice envers la jeune Serdaigle, qui le lui rendait bien.

En effet, même si Shayda possédait un réel talent dans cette matière comme dans toutes les autres, accidents et explosions avaient la malencontreuse habitude de survenir à tout moment du cours, souvent à proximité du mentor.

C’était sans doute pour cette raison que la jeune fille avait écopé d’un long mois de retenues pour leur excursion, là où James n’avait fait perdre que 20 points à Serdaigle.

 

Lassé d’entendre la jeune fille se plaindre, James lâcha, exaspéré:

“ Ça aurait pu être bien pire… Imagine, nous aurions pu tomber sur Dumbledore! Tu aurais préférée être transformée en furet?”

Si le vieux professeur de métamorphose n’avait pas refait des siennes, le souvenir du premier cours restait dans les esprits, et personne ne s’essayait désormais à le contrarier.

Shayda cessa aussitôt ses jérémiade, pour le plus grand bonheur des oreilles meurties de son ami.

 

OoooooooooooooooooO

La fin du mois d’octobre approchait tandis que Poudlard se couvrait doucemment d’une fiche couche de givre.

Il n’était désormais plus rare d’apercevoir dans les couloirs des élèves emmitoufflés dans d’épaisses écharpes aux couleurs de leur maison, et l’infirmerie était pleine de malchanceux ayant contracté un rhume.

Mais l’excitation à Poudlard ne s’était pas tarie, bien au contraire. Le premier match de la saison, Gryffondor – Serdaigle approchait.

James était partagé entre sa maison et Gryffondor, d’autant plus que Teddy, le filleul de son père, était le capitaine des lions.

Son homologue chez les Serdaigles était Elisha Cooper, une étudiante de cinquième année, bien moins expérimentée que lui. C’était une jeune fille noire, massive, aux cheveux courts. Si discrète que James ne pensait pas l’avoir  déjà entendue parler, on n’aurait jamais soupçonnée qu’elle puisse occuper un poste aussi important, en tant que batteuse qui plus est.

Cooper avait complètement réorganisé l’équipe, aussi presque tout Poudlard était impatient de savoir si cette nouvelle formation allait enfin triompher des redoutables Gryffondors. 

Les paris allaient à bon train, notamment entre Shayda et Fred, tous deux fervents supporteurs de leur équipe.

“ Si Gryffondor gagne – ce qui arrivera- tu devras changer ton uniforme en rose vif et le porter pendant une semaine, disait Fred d’un air narquois”

En effet, le Gryffondor savait que son ennemie abhorrait cette couleur.

“ Pari tenu, rétorqua la jeune fille. Et si Serdaigle gagne, tu devras te dessiner sur le front un aigle à l’Encre Perpétuelle.”

James, qui avait suivi leur échange avec attention, ricanna.

Shayda n’avait toujours pas digéré une des farces de Fred où ce dernier, on ne savait comment, avait réussi à dessiner sur la joue de la jeune Serdaigle un Boursouf miniature, avec un produit du magasin de son père. La fillette, furieuse, avait dû garder l’inscription pendant près d’une semaine avant que celle-ci ne s’efface complètement.

Les deux jeunes gens échangèrent des oeillades meutrières pour sceller leur pari avant de se tourner le dos sous le regard mi-amusé mi-exaspéré de James.

 

OoooooooooooooooooO

 

Le match arriva enfin, et c’est sous un ciel noir et menaçant que James et Shayda, serrant leur écharpes épaisses, prirent place dans les gradins de Serdaigle pour acclamer les équipes.

Les joueurs firent leurs entrées, ballottés par le vent violent tandis que  Martin O’Brien, un Serpentard de quatrième année, s’époumonnait:

“ Mesdames, messieurs, professeurs et élèves, bienvenue au premier match de la saison de Quidditch!”

 

Il fut acclamé par les gradins. Shayda hurlait si fort que James ne put s’empêcher de sourire.

O’Brien reprit:

“ Une étrange équipe que celle de Serdaigle cette année! La capitaine, Elisha Cooper, batteuse, et son partenaire Vincent Gandini sont dans l’équipe depuis assez longtemps – pas de changement sur ce point là. On aurait pû penser qu’après sa performance minable de l’année dernière, Corelle Finnigan aurait été renvoyée de l’équipe, mais j’imagine que des liens plus qu’étroits avec la capitaine ont arrangé les choses, si vous voyez ce que je veux dire…”

   Il fut sifflé par les Serdaigles furieux et acclamé par les Gryffondors.

    “ Enfin, continua le Serpentard, là n’est pas la question. La formation la plus surprenante est celle des poursuiveurs. Au lieu d’en avoir trois comme dans une équipe ordinaire, Stan Lorens et Lise Araban sont les seuls poursuiveurs. Je sais que vous aurez aimé avoir le terrain pour vous pour faire des choses que je ne nommerais pas, les gars, mais pensez encore à votre pauvre maison!”

Cette fois encore, O’Brien fut hué. James, dégoûté par l’humour salace du présentateur, redoutait d’avance les blagues de mauvais gout qu’il allait faire sur les Gryffondors.

Celui-ci s’abstint cependant de commentaire sur l’équipe adverse et se borna à présenter sa composition seulement.

Dubois incita les capitaines à se serrer la main et James vit Teddy sourier à Cooper, qui restait impassible. Le jeune Serdaigle soupira: son presque-frère voulait-il aggrandir son énorme liste de conquête avec la jeune batteuse (fort jolie il fallait l’avouer)?

 

Le match débuta et Lorens s’empara soudainement du Souaffle, sous les cris d’O’Briens qui peinait à decrire tous ses mouvements tant l’action allait vite.

 

Le poursuiveur passa la balle à Araban qui fila vers les buts et marqua promptemment, sans que Dominique Weasley, gardienne des Gryffondors, n’ait eu le temps d’esquisser le moindre geste. Lorens reprit presque aussitôt le souaffle des mains de la poursuiveuse adverse pour le passer à sa congénère qui marqua un deuxième but.

 

Alors qu’il criait avec les Serdaigles en liesse, James comprit la formation de son équipe.

Cooper avait joué sur la complémentarité entre les poursuiveurs et les batteurs, au risque de donner une place moindre à l’attrapeur ou au gardien.

Lorens analysait le terrain pour s’emparer du Souaffle pour le passer à Araban qui, agile, se faufilait pour marquer au plus vite. À trois, cette stratégie n’aurait pas été possible.

Les batteurs, eux, frappaient les Cognards d’une manière bien précise, pour que celui-ci décrive une courbe vers les poursuiveurs adverses qui n’avaient pas le temps de l’éviter.

James rit. Cette fois-ci, l’exentricité des Serdaigles avaient été leur force.

 

Sa maison menait désormais 160 à 20 et les Gryffondors commençait à s’inquiéter.

Teddy, qui cherchait activement le vif d’or depuis désormais une dizaine de minutes, demanda un temps mort pour son équipe, le temps d’élaborer une stratégie.

Lorsque, quelques minutes plus tard, les Gryffonors revinrent sur le terrain, le jeu devint de plus en plus dur. Si les Serdaigles conservaient leur avantage extraordinaire, la gardienne des lions ne laissait plus passer un seul but.

Le score était désormais de 190 à 50.

Le vif d’or commençait à se montrer et la virtuosité d’attrapeur de Teddy était incomparable au piètre vol de Finnigan.

Après près de une heure de jeu, le Gryffondor attrapa la petite balle ailée.

Sa maison l’acclama comme un héros tandis que les Serdaigles arborraient une mine déconfite.

James applaudit néanmoins les Gryffondors, conscient de la beauté du match qu’ils venaient de voir. Il n’en avait que plus hâte d’entrer dans l’équipe l’année prochaine!

 

Et le jeune homme ne pu s’empêcher d’éclater de rire devant la mine rageuse de Shayda lorsque Fred, tout sourire et baguette en main, vint lui rappeller l’objet de leur pari.

 

 

 

 

End Notes:

Alors?

C'était un petit chapitre de transition, dans le prochain nous aurons des réponses....sur Shayda!

Je prends les paris: vous pensez que Shayda est:

1. Une sang-Pur

2. Une Sang-Mêlée

3. Une Née-Moldue

4. Une orpheline

La réponse dans le prochain chapitre!

Et n'oubliez pas,

Postez une review protège de la canicule ( car en fait, une review = un ventilateur)

Si si.

Joyeux anniversaire James by Spiritos
Author's Notes:

Coucou, me revoilà !

Je tiens tout d'abord à vous remercier pour vos reviews. Qu'est-ce que ça fait plaisir, sincèrement !

On se retrouve pour le septième chapitre :) 

Je me rends compte que je ne suis PAS DU TOUT  logique dans la longueur de mes chapitres: certains sont minuscules et d'autres énormes !

Celui-ci fait sept pages Word ( SEPT !) donc j'espère que vous l'apprécirez!

Bonne lecture!

Un matin brumeux, lors du petit déjeuner, Shayda se laissa tomber près de James en se servant d’un geste las un toast beurré.

C’était le dernier jour de son pari, et son uniforme rose bonbon, frippé, lui valait encore plusieurs remarques narquoises qu’elle aurait préféré éviter.

Des centaines d’hiboux penêtrèrent soudain dans la Grande Salle, déversant lettres et colis sur les élèves endormis.

James remarqua, à la table des Gryffondors, un élève de toisième année s’approcher d’un pas vif de leur table. C’était un jeune homme brun, aux yeux d’un noir d’ébène, que le Serdaigle était sûr d’avoir déjà vu en compagnie son cousin Louis. Il tenait au poignet un étrange oiseau, qui s’apparentait à un perroquet coloré.

L’inconnu accosta Shayda, qui leva vers lui un regard interrogateur.

“ Les parents, se justifia-t-il en lui tendant une lettre tandis que le volatile vola se blottir contre la jeune fille qui le caressa gaiement.

Le Gyffondor ébourifia les cheveux de sa cadette en riant, laissant James bouche bée:

personne ne touchait jamais aux cheveux de celle-ci – et surtout pas un peigne.

- C’est mon frère Ash, ajouta Shayda à l’attention de ses amis, en gratifiant l’intéréssé d’un regard noir.”

C’était inutile: hormis leur chevelure et leurs yeux de couleur différente, le frère et la soeur partageaient les mêmes traits.”

James, lui, était plus intrigué par l’étrange oiseau qui voletait gaiement autour de sa maîtresse.

“C’est Rainbow, l’informa Shayda, toute sourire. Mes parents me l’ont raporté du Brésil alors que j’avais cinq ans. Ils me le renvoient avant qu’il ne fasse trop froid.”

Elle regarda son oiseau d’un air pensif, sans cesser de le caresser, et reprit:

“Je pense qu’il est issu d’un croisement entre un ara et un Focifère. Quand j’étais petite, il m’aidait à m’endormir. Son chant est très beau.”

Elle déchacheta sa lettre d’un geste adroit avant de la parcourir d’un œil alerte.

James, rêveur, ne remarqua pas que les iris de son amie s’assombrissaient au fur et à mesure de sa lecture.

Son regard était fixé sur Ash qui avait rejoint sa maison et discutait gaiement avec son cousin. Le jeune homme lâcha sans réfléchir:

“Ton frère est à Gryffondor... Quelle chance.....”

Shayda eut une réaction surprenante. Elle se leva, tremblante, et s’approcha de son ami pour lui administrer une gifle magistrale du revers de la paume.

James hoqueta, stupéfait et porta sa main à sa joue meutrie tandis que la jeune fille vociférait:

“ Tu vas arrêter de te plaindre pour un rien, oui ? Il existe des choses bien plus importantes dans la vie que ta stupide maison ! Tiens, tu devrais y aller, chez tes Gryffondors, on aura en fin la paix!”

- Eh bien, tu sais quoi? C’est ce que je vais faire , lui cria James en retour, fou de rage. Plutôt me jeter dans le lac que de rester une seconde de plus avec une folle comme toi!”

Shayda s’éloigna en serrant les poings, Rainbow sur son épaule et tenant toujours sa lettre dépliée.

James se tourna vers ses amis, le regard noir. Dans la Grande Salle, le silence s’était fait et on entendait quelques élèves murmurer.

À la table des lions, Fred levait les yeux aux ciel en qualifiant la Serdaigle de “sauvage”.

“ Et, Potter !”

Le jeune Sedaigle se retourna en entendant son nom.

Horcan s’était approché, entouré de sa clique habituelle.

“Alors, Potter, le provoqua-t-il de son sourire carnassier. On a été largué par sa petite amie?”

Mais James, l’esprit aveuglé par la colère, ne laissa pas passer cet affront.

“ Savoure bien ce mot, petite amie, rétoqua-t-il, car tu n’auras pas souvent l’occasion de l’employer, encore moins pour parler de toi. Franchement, qui voudrait d’un troll comme copain?”

Les amis du jeune Londubat restèrent bouche bée devant la répartie du garçon tandis qu’Horcan grimaça, mécontent de voir que James retrouvait son caractère d’antan.

 

La dispute avec Shayda lui avait en effet ouvert les yeux. Il était temps de se retrouver. Pas besoin d’une fillette arrogante pour lui dicter sa vie!

 

Pourtant, alors qu’il sortait rageusement de la Grande Salle, les Serdaigles de première année échangèrent un regard désolé. Eux avaient remarqué un détail important, qui avait échapé au regard noir de James:  lorsqu’elle criait sur son ami, les iris de Shayda n’était pas rouges. Mais d’un bleu pâle.

Et emplis de larmes.

OoooooooooooooooooO

 

Une semaine était passée et le mois de novembre était déjà bien avancé.

James et Shayda ne se reparlaient plus, bien que le jeune garçon sentait au fond de lui que son amie lui manquait. Mais sa fierté, leur fierté à tous les deux les empêchaient de faire le premier pas.

L’anniversaire de James approchait lui aussi, et le jeune Potter trépignait d’impatience à l’idée de recevoir les lettres de sa famille. Un élément assombrissait pourtant le tableau: il aurait souhaité fêter l’arrivée de sa douzième année avec Shayda, mais leur dispute l’en en empêchait…

 

OoooooooooooooooooO

 

Le matin du jour tant attendu, James se retournait dans son immense lit à baldaquin, empêtré dans ses draps bleu nuit. Il était tard, presque dix heures.

Le jeune garçon s’étira, l’esprit encore embrumé. Il s’habilla rapidement et remarqua que les lits de ses camarades étaient vides. Ils étaient sûrement déjà en bas.

James grommela et descendit à son tour, avec l’intention de se rendre à la voilière.

À sa grande surprise, le jeune garçon trouva sa salle commune plongée dans l’obscurité.

Avant qu’il n’ait pu esquisser le moindre geste, les chandeliers s’allumèrent et des tronitruants “ Joyeux anniversaire James !” retentirent de toutes parts.

L’intéressé, stupéfait, se retrouva devant tous les Serdaigles de sa connaissance qui, un grand sourire au lèvres, le saluait gaiement.

La pièce avait été décorée pour l’occasion: une banderole bleu et rouge était accrochée au plafond et des lettres luisantes s’agitaient pour former “ BON ANNIVERSAIRE JAMES SIRIUS POTTER !”. 

Cadeaux et cartes de vœux s’amoncellaient dans tous les coins.

Un gros gâteau au chocolat trônait sur la table, et James eut l’impression étrange que les dragées qui dessinaient un manche de balai changeaient imperceptiblement de forme.

Il s’approcha de la patisserie et vit, stupéfait, qu’elles s’étaient déplacées pour former un nouveau motif. Le garçon contemplait désormais son proper visage tracé dans la crème, sur la surface moelleuse du gateau.

“ C’est moi qui l’ai cuisiné.”

James se retourna pour se retrouver nez-à-nez avec Viviana Ollivander, une Serdaigle de sa promotion.

C’était une fillette blonde aux cheveux mi-longs, constamment noués en deux tresses qui lui descendaient jusqu’à la nuque. Grande, elle avait un air noble et hautain, assorti à son port altier et son regard méprisant.

Curieusement, c’était la meilleure amie de Shayda et son unique camarade de dortoir.

James ne l’aimait pas beaucoup et ne comprenait pas comment son impertinente et turbulente amie pouvait supporter la froide Viviana, seule héritière de la fortune considérable du fabricant de baguettes.

Lorsqu’il avait exposé ses doutes à Shayda, celle-ci s’était mise en colère et lui avait conseillé de ne pas juger les autres sans connaître.

Et, encore une fois, la jeune fille avait eu raison: James n’aurait jamais imaginé Viviana Ollivander cuisiner, et surtout pas pour l’anniversaire d’un de ses camarades.

“ C’est toi qui as ensorcelé les dragées? lui demanda le jeune garçon en désigant la crème qui formait désormais une fleur.”

Viviana secoua la tête, ses boucles blondes s’agitant autour de son cou.

“ Remercie Shayda pour ça, lui déclara-t-elle d’une voix glaciale. C’est elle qui a tout organisé”.

Et, sur ce, la Serdaigle remis à un James penaud un parchemin et une boîte rouge et bleue, avant de s’éloigner avec élégance.

Resté seul, le jeune garçon déplia la lettre sur laquelle il reconnut l’écriture fine et penchée de son amie.

 Alors, toujours dégouté d’être à Serdaigle ?

La jeune fille avait ponctué la lettre d’un geste rageur, trouant le parchemin.

James sentit la culpabilité lui tordre les entrailles.

Il ouvrit la petite boîte et découvrit à l’intérieur une écharpe bleu nuit et or.

Il sentit son cœur faire un bond et prit délicatement l’accessoire dans ses mains.

Les deux couleurs de Serdaigle et Gryffondor.

Une lettre se trouvait au fond de la boîte.

 

Joyeux anniversaire, Jamesie!

Douze ans, ce n’est pas rien !

Je t’offre ce cadeau pour te rappeler que les maisons n’ont pas une si grande importance. Tu as le droit d’être courageux, d’être drôle, d’être farceur, d’être téméraire, de même que tu as le droit de porter cette magnifique écharpe. Et surtout, tu as le droit d’être mon meilleur ami, que tu sois à Serdaigle, Gryffondor, Poufousffle ou Serpentard.

N’oublie jamais ça, Potter, même avec ta mémoire de Veracrasse, tu devrais t’en rappeler.

Et encore une fois, je te souhaite une très joyeux anniversaire !

Shayda, la fille magnifique que vous adorez tous.

PS: Prends soin de l’écharpe, elle est en cachemire, un truc Moldu que mes parents ont spécialement importé d’Inde. D’ailleurs, il y a quelque chose marqué dessus !

 

Après avoir terminé la lettre, James était ému aux larmes. Il la plia soigneusement et la rangea dans la boîte, avant de tourner l’écharpe pour découvrir une inscription en bronze. À James, mon meilleur ami.

Le jeune garçon caressa ces mots, sentant un fort sentiment de culpabilité monter en lui. Au diable sa fierté, par Merlin! Il devait s’excuser auprès de son amie, de sa meilleure amie. Il s’était trop longtemps voilé la face. Son amitié avec Shayda importait bien plus que n’importe quelle dispute futile ou autre caprice. Il lui fallait s’excuser.

 

OoooooooooooooooooO

 

James sortit en trombe de la pièce, déterminé à trouver son amie, où qu’elle se trouve.

Une voix familière le fit se retourner.

“ Hé, James, attends !”

Le jeune garçon leva les yeux au ciel pour se retrouver face à Élias Oston, un de ses camarades de dortoir.

“ Qu’est-ce que tu veux, Oston, lui demanda James avec une aggressivité non disimulée.

- Demande à la salle, lui souffla le Serdaigle.

- Pardon, rétorqua le jeune garçon, mais si tu ne peux pas être clair, ne m’aide pas.

- Demande à la salle, repéta encore une fois Élias.”

James s’apprêtait à continuer son chemin en maugréant contre la bêtise de son camarade mais se retourna brusquement.

“ Tu veux parler de la Salle sur Demande? s’écria James.”

Il se rappelait que son père lui avait parlé d’un étrange salle qui excauçait tous les souhaits, située dans le couloir du sepitième étage en face d’un étrange tapisserie.

Élias ne répondit pas et s’éloigna, laissant un James fébrile.

En quelques jours, Shayda avait on-ne-sait comment réussit à connaître tous les passages secrets du château, et il ne serait pas étonnant qu’elle connaisse l’existence de la mystérieuse Pièce Va-et-Vient.

Le Serdaigle s’élança en direction du septième étage, déterminé à trouver son amie.

Essouflé, il arriva devant une tapisserie très laide représantant des trolls en tutu valsant avec un sorcier petit, l’air très mal en point.

James s’arrêta devant un mur lisse. Que lui avait dit son père déjà?

Il fit trois allers-retours devant le mur, pensant très fort à sa demande.

“ Fais apparaître l’endroit où est Shayda. Il fait que je trouve Shayda. Montre moi Shayda!”

Le garçon ouvrit les yeux, mais aucune porte n’était apparue. Il recommença, sans succès.
James sentit la moutarde lui monter au nez.

“Ouvre toi, par Merlin! cria-t-il, tout en sachant très bien qu’il devait avoir l’air parfaitement stupide.”

Par miracle, une porte en bois verni apparut soudainement sur le mur.

Décidemment, la magie de cette salle était vraiment étrange, se dit James en tournant doucement la poignée ronde.

La porte s’ouvrit dans un grincement et se referma soudainement dès qu’il entra dans… i

Il ne saurait dire ce qu’était exactement l’endroit où il se trouvait.

Le jeune garçon marchait désormais sur une pelouse aux herbes hautes et désordonnées, au couleurs étranges. Le ciel, quant à lui, n’en était pas vraiment un: des remous constants l’agitaient, comme une tempête dans un océan déchainé.

James déglutit et s’avança prudemment dans cet espace irréel, scrutant les alentours dans l’espoir d’apercevoir son amie.

“ Shayda !” hasarda-t-il, mais seul le bruissement des épis qui s’agitaient dans le vent lui répondit.

Il fit encore quelques pas et aperçut au loin une mince silhouette, accroupie.

Le Serdaigle s’élança, mais, à mesure qu’il avançait, il avait l’impression que le champs s’allongeait, de sorte qu’il ne parvenait jamais à son but.

En sueur, il cria une nouvelle fois le nom de son amie. Cette fois ci, la silhouette tourna la tête vers lui.

Avant que James n’ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, il se retrouva au bord d’un lac sombre, à la surface lisse. Il tourna la tête, désorienté et vit avec stupéfaction Shayda, assise près de lui. Elle le regardait d’un air impassible, les cheveux en travers de son visage.

“ Shay’ ! s’écria-t-il en s’approchant d’elle. Je… je suis désolé, vraiment. J’ai été stupide. Tu es aussi ma meilleure amie. Pardon.”

La jeune fille émit un bruit rauque, que James identifia comme étant un ricannement.

“ Ta meilleure amie, James? Comment peux-tu affirmer ça? Tu ne sais rien de moi, égoïste et égocentrique comme tu es.”

Le garçon accusa le coup et repensa au sentiment de culpabilité qui lui avait tordu les entrailles. Shayda avait raison.

Il plongea son regard dans les iris de son amie, d’une couleur grisâtre.

 

“On peut lire en moi comme en un grimoire ouvert !” s’était-elle exclamé lors de leur première rencontre. James ne pensait pas cela. La plupart du temps, Shayda affichait un air impassible et impénetrable.

Il semblait qu’elle s’était forgée une armure infranchissable, pour se prémunir d’un danger inconnu. Seuls ses yeux en amande, de couleur changeante, laissaient voir ses véritables émotions.

Mais, pour lire en elle, il fallait la connaître à la perfection.

Et James désirait cela. Il voulait savoir quand elle était triste, quand elle avait peur. Il voulait la voir rire, pleurer, crier, pour de vrai. Il voulait avoir accès à ses véritables pensées, à ses états d’âme. Il voulait tout simplement être son ami.

Aussi le garçon s’assit en tailleur et détailla d’un air sérieux Shayda, qui le fixait.

Ses longs cheveux sombres étaient agités par une légère brise et lui fouettaient le visage. Ses yeux gris lui donnaient un air dur qui lui siégeait mal.

“ Alors apprends-moi à te connaître.”

La fillette eut un movement d’étonnement et ses iris virèrent au jaune pâle.

James retint cette couleur. Étonnement léger: jaune pâle.

“ Parle-moi de toi, reprit-il. Dis-moi qui tu es. Indique-moi comment lire en toi comme en un grimoire ouvert. Je veux te connaître. Je veux connaître ma meilleure amie.”

Shayda eut l’air surprise, mais esquissa un léger sourire et ses iris redevinrent violets.

“ D’accord, dit-elle d’une voix tremblotante. Mais alors, parle moi de toi aussi.

James hocha la tête et déclara gaiement:

“ Quoi de mieux qu’un Action ou Véritasérium pour apprendre à se connaître !”

Les yeux de la jeune fille redevinrent jaune. Le retour de la surprise.

“ Heu… si tu veux, ria-t-elle.”

- Alors commence. Action ou Véritasérium ?

- Véritsérium.”

Elle prit une profonde inspiration et, sans attendre la question de James, se lança.

“ Je suis Shayda Lyra Adel. J’ai onze ans et je suis née le 18 juin 2005. Je suis à Serdaigle.”

La jeune fille s’interrompit sous les ricannements de son ami.

“ Quoi? Je sais, c’est ridicule mais laisse moi finir.”

Ses iris étaient devenus rose. Rose pâle: gêne, nota James, goguenard. Pas étonnement que son amie déteste cette couleur!

Elle reprit:

“ Je suis née et ai grandi aux États-Unis d’Amérique. Ne m’interromps pas James, siffla-t-elle au garçon qui avait poussé une exclamation de surprise. Mes parents sont Pandora et Merlin Adel. Je sais, le prénom de mon père est ridicule, il vient d’une grande famille de Sang-Purs américains. Ma mère, elle, est Née-Moldue. Ça a un peu fait sensation quand il l’a épousé, mais, aux États-Unis, nous sommes beaucoup plus ouverts sur ces questions là. Mes deux parents sont archéologues sorciers. Ils ont aussi une thèse en magizoologie, ça leur est utile vu qu’ils rencontrent pas mal de bêtes sauvages dans leur travail. Je les aime beaucoup, mais ils voyagent souvent et…”

Les iris de Shayda s’assombrirent et devinrent bleu foncé. Serait-ce parce qu’elle était triste?

Elle continua:

“J’ai reçu une lettre de mes parents qui me dit qu’ils ne pourront pas se libérer pour Noël. En ce moment, ils sont quelque part en Amérique du Sud, entre la Colombie et le Brésil. Je ne sais même pas où ! C’est pour cela que je t’ai giflé, l’autre jour. Je ne supportais pas que tu te plaignes sans arrêt alors que tu avais famille et amis avec qui passer les fêtes. Pardonnes-moi, James”

Une vague de culpabilité assaillit à nouveau son ami. Il se sentait si honteux de l’avoir embêté avec ses plaintes idiotes! Mais, avant qu’il n’ait pu s’excuser, Shayda reprit:

“ Enfin bref. J’ai quitté mon pays à huit ans pour aller en Angleterre et me voilà!

- Et pourquoi avoir quitté l’Amérique? demanda curieusement James.”

Cette fois-ci, les yeux de la jeune fille se changèrent franchement en bleu pâle, comme assaillis par un chagrin immense.

“ Ça ne te regarde pas, lâcha-t-elle d’une voix tremblante en détournant le regard.”

James grimaça devant le chagrin évident de Shayda.

Bleu sombre: mélancolie, tristesse moindre. Bleu pâle: grand chagrin.

“ Désolé, murmura-t-il en s’approchant pour la prendre dans ses bras.”

Celle-ci hoqueta, surprise, mais s’accrocha à l’étreinte de son ami qui la berçait maladroitement.

“ Je ne sais pas pourquoi tu es triste, mais je suis là, tentait de la consoler le jeune homme.”

Shayda sourit d’un air chagriné et se soustraya doucement à l’étreinte de James.

“ Alors, Jamesie, lui sourit-elle d’un air crispé dans une pitoyable tentative de changement de sujet. Action ou Véritasérium?”

Le Serdaigle préféra ne pas insister. Son amie lui raconterait son histoire d’elle même quand elle se sentirait prête. Il préféra répondre: Action !

Le sourire de la fillette s’élargit et ses iris devinrent dorés.

Dorés: espiègle, joueuse.

James déglutit devant l’air sadique de son amie. Il avait oublié l’espièglerie et l’inventivité terrifiante de Shayda! Par Merlin, qu’il allait souffrir!

 

OoooooooooooooooooO

 

James et Shayda sortirent de la pièce tout en discutant gaiement.

“ Dépêche toi, lui intima-t-elle. Retournons dans la salle commune. Il ne faudrait pas que le travail de tout le monde soit vain, surtout si le chef du jour est le grand James Potter !”

Mais le garçon n’arrivait pas à quitter la salle des yeux.

“ Dis-moi, Shay’, comment as-tu fait pour transformer la pièce en un immense champ? Papa m’avait bien dit que l’on pouvait transformer la Salle sur Demande à notre guise, mais il ne m’a jamais semblé qu’elle pouvait être aussi…. extraordinaire!”

Shayda sourit d’un air mystérieux.

“ Tu sais, James, vous autres mortels n’avaient pas les mêmes capacités que la  sublime déesse que je suis!”

Devant le regard mauvais que lui jeta son ami, elle soupira.

“ Tu n’es pas drôle, Potter. La Salle sur Demande, ou Pièce Va-et-Vient, agit comme une gigantesque pensine. Demande quelque chose, et tu l’auras. Mais si tu ne recherches rien de précis et laisse simplement vagabonder ton esprit, tu peux modeler à ta guise l’endroit pour en faire le reflet de tes sentiments ou de tes pensées les plus secrètes. C’est fascinant de voir que ce château, vieux de plusieurs millénaires, renferme malgré tout des secrets que personne n’aurait soupçonnés. Souviens-toi en, Potter”.

Et sur ce elle avança, laissant un James grommelant. Qu’il détestait quand son amie lui donnait des leçons!

Pourtant, alors qu’il la rattrapait, il ne put s’empêcher de penser à ce qu’elle lui avait dit.

Poudlard était un peu comme Shayda, finalement: fascinant.

Pour les deux, il était si facile de se laisser berner par les apparences et de ne pas voir au delà de la carapace qu’ils s’étaient forgés. Mais la réalité dépassait de loin les espérances.

James sourit, exaspéré et amusé. Son amie lui faisait même la morale contre son gré!

Elle était vraiment incroyable.

Aussi, avant de souffler ses bougies, le jeune garçon sut quoi faire. Il regarda la fillette qui se défendait avec véhémence face à un préfet qui l’accusait d’avoir teint le pelage de Miss Teigne en bleu, et sourit en pensant avec émotion aux milles facettes de son amie.  De sa meilleure amie.

Alors, tout en éteigant les petites flammes qui luisaient dans la pénombre de la salle commune de Serdaigle, James fit un vœu qui lui semblait évident. Celui de préserver leur amitié si précieuse. Quoi qu’il arrive.

 

 

End Notes:

Voilà!

Qu'en avait vous pensé? 

J'aimerais bien que vous me donniez votre avis, c'est le chapitre le plus important de la première partie.

J'espère vraiment que vous avez aimé !

À bientôt !

Spiritos ;)

Chez les Potter Noël by Spiritos
Author's Notes:

Hey!

Pas de bavardages cette fois-ci, bonne lecture!

Cher James,

Pour la millième fois, je vais bien, inutile de t’inquièter. Tu devrais plutôt poser la question à ce bon vieux Rusard et à sa sale bête, je leur en fais voir de toutes les couleurs! Que veux-tu, en l’absence de ton imbécile de cousin, il faut bien que je trouve de quoi m’occuper, pour le plus grand malheur de ce pauvre concierge! Dans le genre souffre-douleur, Jessica Smith, cette fille idiote de Poufsouffle, n’est pas mal non plus. Je ne l’aime pas beaucoup mais je dois avouer que son visage est une mine inépuisable d’inspiration. J’essaye toujours de l’améliorer avec des sortilèges nombreux et variés, mais, curieusement, Smith ne trouve jamais sa nouvelle apparence à son goût et on ne peut pas dire qu’elle me porte dans son cœur. Mais ça devrait s’arranger avec le temps. Me connaître, c’est m’aimer, non?

Bref, je m’ennuie. Heureusement que mon frère adoré Ash est là pour me battre aux échecs et me jetter de la neige en pleine figure. T’ai-je déjà dit combien je l’aimais?

Le côté positif, c’est qu’il m’a montré la salle commune des Gryffondors et je connais désormais son mot de passe! Weasley ne perd rien pour attendre… Franchement, je ne vois pas pourquoi tu voulais être à Gryffondor. Notre salle commune est mille fois plus belle et confortable! En plus, tu allais devoir te coltiner le troll- j’ai nommé Weasley- toute la journée.

Et bien, toi, j’espère que tu profites bien de ta famille et surtout que tu n’as pas ouvert mon cadeau avant l’heure. J’ai lancé un sort dont j’ignore les effets sur le paquet qui agira si tu ignores mes ordres. Donc, je ne te conseille pas de t’y risquer!

Joyeux Noël en avance!

                           Shayda.

P-S: Tu ne devrais pas nourrir l’oiseau que j’ai choisi pour te porter cette lettre et mon cadeau. Il est déjà tellement gros que j’ignore comment ses ailes font pour le soulever. Hiboule, on pourrait l’appeler – admire mon humour spirituel et fin.

 

James éclata de rire en se disant que, décidément, son amie était encore plus bavarde à l’écrit qu’en temps normal.

Il se tourna vers le rapace désigné qui picorait avidemment la nourriture de sa chouette Iris qui le regardait d’un air méprisant. C’était en effet un oiseau énorme, dodu et gras, dôté d’ailes étonnamment minuscules qui le portaient cependant sans effort. Il évoquait vaguement au jeune garçon un gros Vif d’or, blanc et gris.

James s’étendit sur son lit en parcourant du regard sa grande chambre, spacieuse et aérée. La neige ne cessait de tomber derrière la haute fenêtre masquée par de longs rideaux en velours noir. Les murs étaient d’un blanc immaculé et recouverts de nombreuses affiches et photos représentant tantôt l’équipe de Quidditch favorite de James, les Pies de Montrose, tantôt des clichés de sa famille. Au dessus du grand lit au cadre de bois sculpté, des étagères débordaient de biblos inutiles tel que des Scrutoscopes rapportés par son père, ou des lettres que le jeune garçon n’avait pas eu le cœur de jetter.

James sortit un petit cahier pourpre, à la devanture en cuir de dragon, offert par son oncle Charlie. C’était là qu’il avait entrepris de noter les différentes couleurs d’yeux de Shayda qui se rapportaient toutes à un tempérament différent. La liste qu’il avait dressée depuis quelques semaines, non exhaustive, était toute fois déjà bien remplie.

Cependant, les sentiments de son amie étaient toujours aussi difficiles à cerner et la couleur de ses iris changeait imperceptiblement à chacune de ses pensées.

Alors que le Serdaigle s’interrogeait, songeur, sur la signification exacte de la teinte marron clair, on frappa à la porte.

Un homme fin, le nez surmonté d’une légère monture ronde, aux cheveux d’un noir de jais en bataille et aux yeux d’un vert émeraude, pénétra dans la pièce d’un pas souple.

“ Papa! s’écria James en lui sautant dans les bras. Tu es enfin rentré!”

Harry Potter caressa la tête de son aîné avec tendresse et s’assit au rebord du lit.

Ainsi côte à côte, la ressemblance entre les deux Potter était flagrante. Hormis ses cheveux châtains et ses iris d’un marron éclatant que lui avait légué sa mère, James était en effet une copie presque exacte de son père.

“ Depuis que tu es arrivé à la maison, dit Harry d’une voix douce et joyeuse, tu ne m’as pas beaucoup parlé de Poudlard. J’étais sans doute trop occupé, soupira-t-il. Alors, maintenant, raconte moi ton expérience!”

Son fils sourit et commença à narrer à son père ses aventures au château, sa rencontre avec Shayda, les disputes entre Fred et cette dernière, les matchs de Quiditch, en somme, sa vie d’étudiant.

James appréciait particulièrement ces moments privilégiés avec Harry.

Père de trois enfants et directeur du bureau des Aurors, son père arrivait néanmoins à partager avec sa famille des moments précieux et à leur donner à chacun d’entre eux beaucoup d’attention. Peut-être le fait de grandir orphelin et mal-aimé avait-il poussé l’ancien Élu à manifester le plus d’amour possible envers ses enfants et à toujours être présent pour eux.

Quoiqu’il en soit, James, Albus et Lily adoraient leur père et menaient auprès de lui une enfance heureuse et comblée.

La nuit était déjà bien avancée et la neige qui tombait toujours au dehors donnait à Londres une apparence de boule à neige, petite et douillette.

La chambre de James était baignée d’une lumière vacillante et le jeune garçon bailla sous le regard attendri d’Harry. Ce dernier, malgré les protestations de son aîné, le borda et éteignit la lumière, le regardant sombrer dans un sommeil profond.

 

OoooooooooooooooooO

 

“ James! James, réveille-toi!”

Le jeune garçon émergea de son sommeil en se retrouvant nez-à-nez avec une fillette rousse qui le secouait énergiquement.

“ Lily, maugréa-t-il en s’étirant, fatigué. Je te l’ai déjà dit plusieurs fois, ne me réveille pas comme ça. Maintenant, pousse-toi de mon lit et laisse-moi dormir.”

Sa sœur eut une moue angélique qui ne trompa pas James. Du haut de ses sept ans, la jeune Potter maîtrisait parfaitement son rôle de benjamine insupportable.

“Mais c’est Noël, geint Lily d’un air faussement peiné. Le père Noël est passé, j’ai vu son traineau tiré par des hippogriffes. Allez James, debout!”

La fillette tira la couverture de son grand frère, achevant de réveiller ce dernier.

James se leva en grognant.

“Laisse moi m’habiller au moins, supplia-t-il.

- Pas le temps, décida sa sœur d’un ton catégorique. On doit réveiller Al.

- Tu ne l’as pas encore appelé? se redressa le jeune garçon, l’esprit désormais dénudé de toute fatigue.”

Le même air machiavélique se peignit sur le visage des deux enfants. Albus allait souffrir!

OoooooooooooooooooO

 

Un saut d’eau renversé, quelques cris échangés et une bataille de coussins plus tard, les trois enfants Potter descendirent dans le grand salon en se disputant gaiement. Ils s’arrêtèrent net devant l’immense sapin décoré de boules scintillantes et de guirlandes colorées. Au sommet, une magnifique étoile dorée luisait avec force et il émanait d’elle une douce mélodie de Noël.

“ C’est moi qui l’ai mise, déclara fièrement Lily en désignant l’astre. Papa m’a portée sur ses épaules et j’ai réussi à atteindre le sommet.

- Heureusement qu’il t’a porté, ironisa Albus. Petite comme tu es, tu n’aurais jamais atteint la deuxième branche du sapin sans aide.”

Pendant que ses cadets se taquinaient ainsi, James s’approcha de l’arbre.

Sous ses branches déployées avec grace s’amoncellaient des dizaines de paquets aux couleurs chatoyantes. Il allait en prendre un lorsqu’une voix amusée retentit derrière son dos:

“ Alors comme ça, Jamesie, tu ne nous attends pas? ”

Le jeune garçon se retourna immédiatement pour enlacer sa mère qui le contemplait, narquoise.

La beauté de la célèbre Ginny Potter née Weasley n’avait fait que s’accentuer avec le temps. Ses longs cheveux flambloyants flottaient avec grâce sur ses épaules, aurélant son visage de feu. Sa fine taille était drapée d’une robe de chambre en soie blanche, un peu éliminée vers les bords. Si quelques rides d’anxiété striaient parfois son visage parsemé encore de tâches de rousseur, l’ancienne poursuiveuse vedette des Harpies de Holyhead n’avait presque rien perdu de sa vitalité.

Elle ébourifia avec tendresse les cheveux de James et réceptionna tant bien que mal Lily qui lui avait sauté au cou.

“Où est Papa? demanda Albus, impatient d’ouvrir les cadeaux.”

Ginny leva les yeux au ciel, pas dupe pour une Noise de la raison de l’empressement de son fils.

L’arrivée de son époux la dispensa de répondre à la question d’Albus.

Harry, les cheveux en bataille et les lunettes de travers, emmitoufflé dans un grand pull en laine, les avait rejoint.

Les cinq Potter s’agglutinèrent autour du sapin et, avec l’approbation amusé de leurs parents, les enfants se jettèrent sur les paquets.

Bientôt, papiers-cadeaux et rubans parsemaient le tapis soyeux du salon.

Lily, en liesse, sautillait partout, le coffret collector des Harpies de Holyhead en main.

Albus souriait en tenant un exemplaire à la couverture dorée du Quidditch à travers les âges.

Mais le plus gâté était James: il avait reçu de ses parents un jeu de société sorcier Jeu de sorciété, une gerboise bleu vif de son oncle Ron qui provenait des Farces pour sorciers facétieux, une petite plante violette sensée porter bonheur de son parrain Neville, un grimoire 1001 sorts pour faire fuir son entourage de Shayda ainsi que des friandises et des livres de la part de ses nombreux cousins, cousines et amis.

Le jeune garçon allait remercier ses parents quand il aperçut un paquet fin de la taille d’une lettre, caché derrière le sapin. Il alla le ramasser et, alors qu’il s’apprêtait à l’ouvrir, en fut dissuadé par le regard de son père, qui lui intima de le suivre.

Tandis que Ginny s’extasiait devant le collier que lui avait offert son mari, surmonté d’un cristal qui refletait ses émotions – James eut une brève pensée pour les iris de Shayda, le père et le fils s’éclipsèrent dans le bureau d’Harry.

C’était une pièce ronde et spacieuse, une sorte de sanctuaire dans lequel les enfants n’avaient pas le droit de se rendre et qu’Harry appelait pompeusement “bureau ovale”, une réference sans doute moldue que seule leur tante Hermione arrivait à comprendre.

Sous le regard amuse et faussement mystérieux de son père, James déballa l’objet pour trouver un vieux parchemin vierge et froissé par endroits.

“ Un… parchemin, fit le jeune garçon en se demandant si son père se moquait de lui. Merci Papa.”

Harry ne put contenir son hilarité face à la mine déconfite qu’arborrait son aîné.

“ Passe le moi, lui dit-il, entre deux éclats de rire.”

Il s’éclaircit la gorge et déclara d’une voix faussement mystérieuse:

“ Je jure solonellement que mes intentions sont mauvaises”.

Aussitôt, James observa avec stupéfaction l’encre se répandre sur le parchemin qui présenta aussitôt un plan de Poudlard où de petites étiquettes portaient le nom des quelques élèves qui étaient restés au château. Avec ravissement, le jeune garçon repéra presque immédiatemment Shayda, assise dans la salle commune de Gryffondors avec son frère.

“ Ceci, déclara Harry d’un air important, est la Carte du Maraudeur. Ce sont mon père et ses amis, messires Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue, lut-il, qui l’ont créée.”

Devant l’air ébahi qui se peignait encore sur le visage de son fils, le père sourit.

“ Ta mère m’avait déconseillé de te le donner en début de d’année, préférant que tu te concentres sur tes études et ta découverte du château. Mais maintenant, plus rien ne m’empêche de te la donner!”

Harry ébourrifia la chevelure indomptable du jeune Potter, avant d’ajouter:

“ Après tout, Jamesie, tu portes à toi seul les prénoms de deux Maraudeurs, et pas des moindres!”

 

Alors qu’il tenait la carte dans les mains, James sourit d’un air espiègle. James Sirius Potter, le Maraudeur. Ça sonnait bien!

End Notes:

Voilà!

Une review? :)

À bientôt!

Le Maraudeur by Spiritos
Author's Notes:

Me revoilà!

L'avant-dernier chapitre de cette partie...

Bonne lecture!

“Laissez-moi m’en occuper.”

Fred et Shayda coupèrent court à leur dispute et se retournèrent, étonnés, pour faire face à un James suppliant.

C’était la fin du mois de mars et, dans le parc du château balayé par un vent violent qui faisait tournoyer les dernières feuilles mortes, les deux ennemis se livraient à une énième dispute sous le regard franchement exaspéré de leur ami commun.

L’enjeu était de déterminer qui serait le plus apte à s’occuper des farces lors de la journée du premier avril qui aurait lieu la semaine suivante.

Shayda affirmait que son niveau en sortilèges, en potions et en métamorphose lui permettrait de faire vivre à Poudlard une journée mémorable tandis que Fred au contraire prétendait que, son père étant le gérant du plus grand magasin de farces et attrapes sorcier, il était sans aucun doute le mieux placé pour faire du premier avril une véritable fête.

“ Laissez-moi m’en occuper.”

C’était un cri du cœur, une supplication de James qui n’en pouvait plus de leurs disputes.

Depuis le début de l’année, il s’était sentit exclut des farces de Shayda et de Fred, et les observait de loin avec une jalousie qui, petit à petit, le rongeait.

Roi déchu d’un trône trop longtemps occupé, c’était pour lui comme regarder son propre territoire pris d’assaut par une horde de barbares dont il devait bien reconnaître la supériorité.

Mais le premier avril était sans conteste son domaine, et il allait le prouver.

“ Laissez-moi m’en occuper.”

Shayda et Fred échangèrent un regard qui, pour la première fois, n’était pas meurtier.

“ D’accord, fit son amie la première. Cela évitera à Weasley d’admettre publiquement sa défaite face à mon incroyable génie.

- Et ton incroyable modestie aussi, ricanna ce dernier. Et mais, attend, c’est toi qui aurait dû te prosterner devant ma supériorité.”

Pendant que ses amis vociféraient, James eut un large sourire, indifférent à leurs cris.

Place au Maraudeur!

 

OoooooooooooooooooO

 

 

Le jour J, James se réveilla d’un bond. Son réveil indiquait sept heures moins quart, quelques minutes avant l’heure où ses camarades se levaient habituellement.

D’un pas feutré, le jeune garçon s’habilla en silence et vérifia que son matériel était à sa place au fond de son sac de cours.

Il vérifia sa montre. Sept heure moins un. Il sourit.

À sept heures, les lits à baldaquins des trois garçons se redressèrent subitement, les projetant soudainement hors de leur lit.

Leurs cris perçants et horrifiés firent éclater de rire James, mais il ne s’arrêta pas là.

Alors que ses camarades se redressaient péniblement, ils remarquèrent avec horreur que leurs pieds étaient enduits d’un substance jaunâtre. Ils essayèrent alors de les lever… sans succès.

“ Glu Semi-Perpétuelle, récita James avec un grand sourire. Beaucoup moins puissante que la Glu Perpétuelle, on peut choisir sa durée d’action, ainsi que l’heure à laquelle elle doit agir. Pour vous, c’est une trentaine de minutes. J’ai recouvert les pieds de chaque élève, dans chaque maison. Sur ce, je vous laisse, j’ai d’autres préparatifs à mener! les salua-t-il avec un éclat de rire mauvais.”

Le cri rageur d’Élias Oston lui mit du baume au cœur.

Grâce à la Carte du Maraudeur, James avait en effet réussi à s’introduire dans tous les dortoirs de toutes les maisons, même ceux des filles, ainsi que dans les appartements des professeurs.

Il se dépêcha de rejoindre la Grande Salle pour mettre en place la seconde partie de son plan.

Il parcourut les couloirs déserts d’un pas leste et rapide et s’apperçut avec délectation que le petit-déjeuner avait déjà été servi.

Le jeune Serdaigle fouilla dans sa sacoche et en sortit plusieurs élixirs aux couleurs chatoyantes qu’il versa dans chaque pichet de jus de citrouilles, d’eau ou autre.

Il saupoudra ensuite chaque toast, petit pain et tartine de Piment du Pérou, une épice presque invisible mais extrèmement forte qu’il s’était fait livré d’Amérique du Sud.

James fit apparaître d’un coup de baguette la Carte et, ayant repérer un cagibi à proximité, s’y cacha en attendant qu’élèves et professeurs arrivent.

L’espace à l’intérieur était minuscule et James dut se compresser au maximum pour pouvoir respirer. Il laissa la porte entrouverte pour avoir une vue sur toute la Grande Salle.

Une foule furieuse d’étudiants en bleu, vert, rouge et jaune s’assit bientôt aux quatres tables tandis que les professeurs, en rage, prenaient place à leur table attitrée.
“ Sachez, chers élèves, tonna la directrice d’une voix vibrante de colère, que nos malheurs de ce matins sont dûs à Potter, un première année de Serdaigle.”

James dut se maitriser pour ne pas éclater de rire. Il avait en effet laissé dans chaque chambre  un mot pour expliquer les effets de la Glu et se vanter de ses talents de farceur.

Il comptait bien écoper de longs mois de retenues pour ses actes.

“ Potter, siffla McGonagall en s’adressant au garçon, vous allez regretter vos actes!”

L’intéréssé leva les yeux au ciel en pouffant discrètement. Pourquoi la vieille McGo lui en voulait tant? Il n’avait fait que la retarder un peu… Ainsi que d’ensorceler son miroir pour que celui-ci lui reflète son image en plus gros et un peu déformé… Puis il avait glissé un élixir dans son shampoing parfumé à la rose qui avait transformé son chignon sévère en une magnifique crète rose vif…

Effectivement, reconnut-il, il y avait de quoi être en colère.

James parcourut d’un regard avide l’ensemble des élèves attablés qui pestaient. Dreadlocks, crètes et chevelures colorées et fantaisistes parsemaient les crânes.

Le jeune garçon, se doutant bien que beaucoup d’élèves n’allaient pas se laver les cheveux aussi tôt le matin, avait ensorcelé brosse et peigne de chacun, de sorte que presque la totalité des étudiants avait subie la transformation.

Malheureusement, quelques uns avaient réussi à éviter l’humiliation.

Shayda avait gardé ses habituels cheveux noirs en bataille- James aurait dû se douter que son amie ne se peignerait sûrement pas- et se moquait ouvertement de Fred qui arborrait des dreadlocks rouges vifs qui lui donnaient un air de caïd.

Teddy, son presque-frère, avait lui aussi gardé ses habituels cheveux d’un bleu éclatant. James ne savait pas si le jeune homme ne s’était pas peigné ou s’il masquait tout simplement ses cheveux transformés grâce à ses talents de Métamorphomage.

Son cousin Louis avait fier allure avec sa crète vert pomme qui s’accordait parfaitement avec ses magnifiques iris de la même couleur. À ses côtés, Ash, une longue crinière bleu turquoise lui arrivant au chevilles, riait aux éclats.

James sortit en silence de sa cachette et emprunta un passage secret pour se rendre près de la salle de potions. Il vérifia avec munitie que tout était bien prêt, avant de régler le CamRon pour être bien sûr de ne rien rater de la scène.

Ce gadget était une invention de son oncle Ron. Inspiré d’un objet moldu, il enregistrait et filmait les actions, avant de les envoyer à l’autre CamRon avec lequel il était relié.

Le jeune garçon, ne pouvant être à tous les endroits à la fois et bien décidé à tout superviser, remerciait intérieurement son oncle de lui avoir fourni de tells appareils.

Il se rendit dans la Salle sur Demande et s’installa confortablement sur un grand pouf rouge, impatient de voir la scène qui allait se produire.

Sa classe entra dans la salle de potion, salua le professeur Huguette Arsenic- dôtée d’une sublime coupe au bol violette, remarqua James avec un sourire- qui leur dit de sa voix froide et morne:

“ Aujourd’hui nous allons constituer des binômes pour travailler à la création de la potion contre les furoncles. Je vous prierais d’être parfaitement attentifs et sérieux. En effet, mal exécutée, cette potion à l’effet inverse.”

Elle se racla la gorge et appela: “Adel, Shayda”

La fillette leva la main et s’avança.

Le professeur parcouru la liste. “ Vous serez avec… Potter, James”

Arsenic parcourut la pièce pour voir que personne ne lui répondait.

“ Je vois que monsieur Potter n’est pas là… Et bien, Miss, vous serez alors avec Weasley, Fred.”

James éclata franchement de rire devant la tête que firent simultanément son amie et son cousin.
“ Mais, professeur, tenta de négocier Shayda, en attendant que James revienne, je pourrais faire la potion seule!

- Elle a raison, madame, renchérit Fred.

- Je ne doute pas, Miss Adel, de votre niveau en potion et sais parfaitement que vous êtes tout à fait capable de vous débrouiller seule, concéda Arsenic avec un souire aimable à l’attention de sa meilleure élève. Cependant, je doute que monsieur Weasley y arrive, lui. Et puis, votre talent lui sera peut être profitable.”

Shayda n’eut d’autre choix que d’abdiquer mais, dès qu’Arsenic eut le dos tourné, la jeune fille se dirigea vers l’endroit exact où était situé la CamRon et chuchota:

“Tu es mort, Potter.”

Pardonne-moi, Shayda, songea James, hilare.

Une fois les binômes formés, le jeune garçon sentit son excitation monter.

Il avait place un pétard dans le chaudron de Luce Corner, une élève de Gryffondor qui arborrait une crète jaune et était sans doute la plus mauvaise élève en potion de la classe. Lorsque le feu sera à un certain niveau, le pétard s’enclencherait, déclenchant ainsi une explosion énorme qui toucherait toute la classe.

James remarqua que les braises du chaudron de Corner étaient de plus en plus flambloyantes. Bientôt, se répétait-il.

Pour son plus grand bonheur, le professeur Arsenic s’approcha de la concoction de la jeune fille qui, en sueur, remuait désespérément sa potion d’où s’échappait une fumée verdâtre. Huguette Arsenic se pencha vers le chaudron, un sourire méprisant aux lèvres.

3…2…1…

James entendit disctinctement le bruit de l’explosion. Il eut une brève pensée pour le pauvre professeur, entre deux éclats de rire. Il avait entendu dire que le premier avril  était le jour de sa fête. Pauvre Huguette, ricanna-t-il.

Shayda, à peine touchée par l’explosion- cette fille avait décidemment un instinct extraordinaire pour éviter les farces- s’avança au milieu de la panique générale.

Tandis que la mentor de potions, le visage pululant d’énormes furoncles, vociférait en jurant, la jeune Serdaigle dit tout haut, d’un air teinté d’admiration:

“James, pour tout te dire, je ne te croyais pas capable de réussir à semer la zizanie le premier avril. Mais, dès la première heure de cours, tu as réussi à blesser toute la classe, à transformer l’école entire et à mettre la directrice hors d’elle. Le premier avril est vraiment le fête nationale de James Potter, conclut-elle.”

Et elle s’approcha du tableau à craie pour écrire en énorme:

“ Célébrez James Sirius Potter, le Maraudeur!”

Et en se tordant de rire, seul sur la moquette soyeuse de la Salle sur Demande, James se dit que son amie avait bien raison.

End Notes:

J'espère que vous avez aimé!

On se retrouve bientôt pour le dernier chapitre ( de la partie un ).

À bientôt!

Ce qu’il fallait démontrer by Spiritos
Author's Notes:

Yo!

Et voici le dernier chapitre de la première partie !

Je tiens à m’excuser pour la piètre qualité des derniers chapitres ( bel euphémisme).

Ils n’étaient pas  très bien écrits et franchement pas très intéressants je le reconnaîs.....

En fait j’ai envie de terminer cette partie pour que commence ENFIN l’action... je suis trop impatiente donc désolée :/

Pomis l’action arrivera bientôt :)

En espérant toutefois que vous continuerez à me lire... bonne lecture :D

La fin de l’année approchait tandis que l’été dardait ses rayons sur le parc luxuriant du château. 

Derniers obstacles avant les vacances tant convoitées, les examens plongeaient les premières années dans un état de fébrilité et c’est la peur au ventre qu’ils passèrent leurs contrôles, avec brio pour la plupart.

Shayda en particulier réussit si bien examens pratiques et théoriques que le minuscule professeur de sortilège ne cessait de s’extasier sur ses talents.

« Depuis Hermione Granger, couinait-t-il, émotif, à qui voulait l’entendre, je n’ai jamais vu ça ! »

Lorsque le jour vint enfin de quitter Poudlard, James, pensif, jetta un dernier regard au magnifique château qu’il s’était habitué à considérer comme son foyer. 

Impatient de revoir sa famille mais triste à l’idée de se séparer de ses amis, le jeune garçon monta dans le Poudlard Express et entreprit de chercher un compartiment, accompagné de ses habituels camarades.

En les scrutant un à un, James songea presque avec émotion aux différentes facettes  de la personnalité de chacun.

Luck Brian était un garçon à la peau mate et aux yeux vert bouteille, constamment flanqué d’un étrange appareil photo qui produisait une vapeur violette lorsque l’on le déclenchait. Doué pour la photographie comme pour beaucoup d’autres formes d’art, il était de nature extravertie, excentrique et bavard. Il s’était peu à peu fait une réputation de photographe confirmé et, malgré sa fâcheuse tendance à prendre des clichés à des moments plutôt inopportuns, James était admiratif devant certaines de ses magnifiques œuvres.

Son meilleur ami, Dan Messenger, était un Né-Moldu blond, au nez allongé et au teint hâlé. Timide et introverti, il était doté d’une logique désarmante et d’une stratégie à toute épreuve qui faisaient de lui un adversaire imbattable aux échecs.

La troisième n’était autre que Viviana Ollivander, la froide et presque mystérieuse meilleure amie de Shayda. Si James l’avait souvent fréquentée cette année, il ne pouvait en rien s’enorgueillir de la connaître. La jeune fille restait souvent à l’ecart, ne se déridant que quand elle parlait avec Shayda, sa seule amie.

Et enfin, Shayda elle-même, cette fillette en apparence impassible et dédaigneuse, mais qui était tellement plus que cela! Sa personnalité aussi changeante que les milles et une couleurs que prenaient ses iris ne laissait jamais personne  indifférent, et James était fier de pouvoir affirmer être son ami.

Mais, au milieu des rires et des exclamations dont résonnait leur compartiment, le jeune garçon s’interrogeait. Depuis des mois, une question le tiraillait. Poursuoi être allé vers lui ? Pourquoi Shayda, indépendante et rebelle, ayant tout pour être heureuse, avait-elle décidé de le prendre en amitié, lui, Serdaigle à contrecœur ?

Alors, lorsque tout le monde était déjà sorti du compartiment, James retint son amie par la manche et prit une profonde inspiration. Il devait lui poser la question.

 « Shayda, commença-t-il en s’en concentrant sur le tourbillon coloré qui agitait le regard de la jeune fille. Pourquoi ? Pourquoi m’avoir aidé, le premier jour ? Pourquoi m’avoir pris en amitié alors que je vous méprisais tous, vous les Sedaiges ? Pourquoi... »

Il ne termina pas sa phrase, ôtant doucement sa paume du bras de son interlocutrice sans la regarder. Il n’aimait pas monter des signes de faiblesse, craignait de voir de la pitié ou de l’amusement dans les pupilles des gens. 

« J’aime les défis »

James releva la tête pour fixer Shayda, dont les yeux avaient pris une teinte ôcre mêlée d’éclats dorés.

 «  Alors, quand je t’ai vu seul, désarmé, désespéré, perdu dans la Grande Salle le jour de la répartition, continua-t-elle, j’ai pensé : impossible. Impossible que tu te fasses à cette maison d’intellos coincés. Impossible que tu aies des amis. Impossible que tu sois heureux. 

- Et donc tu.... intervint James, suspendu à ses levres.

- Et donc j’ai parié, lui lança-t-elle avec un sourire fier. Je me suis défiée moi même de te rendre heureux. De voir si toi, James Sirius Potter, pouvait être heureux à Sedaigle. À toi de me dire si ça a marché, conclut elle avec un sourire malicieux en quittant le compartiment d’un pas léger. »

James réfléchit à ses paroles et se hâta de la rejoindre. Dehors, il plissa les yeux, tentant d’apercevoir de parents parmi la foule dense de sorciers pressés.

Il repéra Shayda, adossée contre un mur poussiéreux de la gare, le regard vague fixé vers un point lointain quel son ami savait irréel. Il eut un pincement au cœur et la rejoignit. 

« Tu es sure que tu ne veux pas venir chez moi, lui demanda-t-il pour la centième fois. Mes parents se feraient une joie de t’accueillir

- Non James, soupira la fillette, je ne veux pas déranger. Et puis je ne serai pas seule, ajouta-t-elle devant le regard désolé du Serdaigle. Même si mes parents ne sont pas là, il me reste Ash ! »

James soupira mais ne dit rien. Il parviendrait à convaincre convaincre son amie de ne pas rester seule pendant tout l’été.

Pour l’instant, le garçon préféra prendre Shayda dans ses bras pour une étreinte chaleureuse. D’abord surprise, la fillette se laissa faire en riant, ses doigts freles agrippant son ami.

 « J’ai la réponse, lui glissa James à l’oreille. James Sirius Potter peut être parfaitement  heureux à Serdaigle.

-  CDFD, ria Shayda »

Et, alors qu’il serrait avec force sa meilleure amie dans le brouillard épais de la gare, les longs cheveux de celle-ci lui chatouillant le visage, James songea qu’il avait en effet de quoi être heureux à Sedaigle. 

End Notes:

Spiritos: Et voilà ! J’aimerais vraiment que vous me disiez ce que vous en pensez, vu que c’est la fin de la première partie et...

Shayda: Non mais t’as pas honte de marchander des reviews ? Surtout que tu t’y prends mal.

Spiritos: Mais....

Shayda: Dites-vous, chers lecteurs, que plus vous postez de reviews, plus vite arrivera la suite ! Car dans la suite il y a... ma partie!

Fred: C’est pas plus ta partie que la mienne. Toujours à vouloir ramener tout à toi.

Shayda: Bah si, c’est de mon point de vue.

Spiritos: Et de celui de Fred parfois.

Shayda: Toi, l’auteure, on t’a pas sonnée. Bref, postez des reviews ! 

Fred: Et, pour info, il un texte sur moi qui est sorti, il s’appelle numéro deux. Ça parle de mon malaise face à ma ressemblance avec mon oncle et...

Shayda: Comme si ça intéressait quelqu’un ici.... Surtout n’oubliez pas: REVIEWS!

Spititos: Et après on ose me dire que je marchande des reviews.... 

Shayda: LA FERME toi ! Tu ferais mieux d’aller écrire la suite au lieu d’écrire ce dialogue déjanté et bizarre.

Spiritos: Snif. 

Postez une review donne un regain d’autorité à l’auteure.

Holidays partie une by Spiritos
Author's Notes:

Hey !

 

Me voilà de retour pour le premier chapitre de la deuxième partie À la croisée des mondes  ( oui comme la fantastique série de Pullman )

 

Désolée pour ce titre de chapitre vraiment pas terrible, en espérant que le texte rattrapera un peu :)

 

Bonne lecture !

De délicates plumes bleutées virevoltaient dans les airs, plongées dans une obscurité quasi-totale. Seuls la faible lumière qui émanait de chaque détail, de chacune des milles nuances de bleu luisait dans la pénombre.

 

Lentement mais sûrement, les plumes semblaient évoluer avec grâce dans un goufffe infini, sans jamais en devoir toucher le fond, indifférentes à toute forme de pesanteur.

 

Mais, soudainement, elles prirent feu dans un ensemble parfait, consumées par un brasier inexorable qui déchirait les ténèbres. Au loin retentissait un hurlement strident, mélange de râle animal et de pleurs humains.

 

Et Shayda Adel se réveilla.

 

Haletante et en sueur, elle se débarrassa de ses draps mauves et blancs pour se rouler en boule contre son oreiller, la respiration saccadé et le cœur battant. Son perroquet Rainbow vint se blottir contre elle et la jeune fille le caressa lentement tandis que ses iris verdâtres reprenaient peu à peu leur teinte habituelle. 

 

Lorsque qu’elle se fut enfin calmée, Shayda s’assit en tailleur sur son lit et parcourut du regard sa chambre. 

 

C’était une pièce ovale, aux murs crèmes et aux rideaux de velours. Des posters de joueurs de Quidditch et de groupes de musiques se distinguaient dans la pénombre. En face de son lit, un grand mur était tapissé de nombreuses photographies sorcières, qui créaient dans le noir des mouvements furtifs, jouant avec les ombres de la pièce. Deux élégantes bibliothèques incrustés étaient disposées de part et d’autre de ce mur, et des poufs confortables jonchaient le sol, non loin d’un bureau précieux en bois sculpté où s’entassaient livres et affaires scolaires.

 

La chambre était plongée dans la pénombre, bien qu’une faible lueur perçait déjà à travers les rideaux.

 

Shayda secoua la tête une dernière fois pour dissiper son cauchemar et se dirigea d’un pas traînant vers sa salle de bain. Elle y prit une douche rapide et s’habilla en silence, désireuse de refouler les souvenirs dont son habituel rêve la submergeait à chaque fois.

 

La jeune fille jeta un œil à l’heure. Il était tôt, trop tôt pour cette matinée de début de vacances. Mais pas question de se recoucher pour se retrouver à la merci de de son vieux cauchemar qui s’attaquait à des blessures encore béantes.  

 

Aussi elle soupira et descendit dans le salon, avec le maigre espoir d’y trouver son frère. Bien entendu, il dormait encore.

 

Shayda soupira de plus belle. 

 

Pour s’occuper, la fillette décida de s’adonner à la préparation du petit déjeuner, tâche qui lui était très ardue. Si tout le monde reconnaissait volontiers sa dextérité en magie, la cuisine n’était pas vraiment son fort...

 

Après plusieurs essais fastidieux, Shayda se retrouva avec des œufs plus poivrés que prévu, un bacon pas cuit et des toasts cramés dégoulinants de beurre à moitié fondu.

 

Ash, désormais réveillé, passa une tête aux yeux bouffis et aux cheveux en bataille par l’embrasure de la porte et grimaça en voyant les plats de sa sœur.

 

 «  Heu, Shay, hasarda-t-il avec prudence, je n’ai pas vraiment faim...Pas que ça n’ait pas l’air bon, au contraire, mais... »

 

L’intéressée assena un regard noir à son frère et porta le petit déjeuner sur la grand table en bois massif du salon. Elle le servit par défiance et il leva les yeux aux ciels.

 

Les deux Adel s’attablèrent en silence, attendant chacun que l’autre goute en premier la mixture peu ragoûtante qu’étaient devenus les œufs au plat. 

 

Ash, courageux, s’y essaya. À la première bouchée, il déglutit.

 

 «  Je sais que c’est à ton tour de préparer le déjeuner aujourd’hui mais j’en crois qu’il serait préférable pour toi et pour moi que je cuisine. »

 

Et il se leva avec une moue dégoûté. 

 

Avec humeur, Shayda goûta un œuf du bout de sa fourchette et le recracha presque aussitôt, avec toute l’élégance dont elle était possible. 

 

« Ce n’est pas si mauvais que ça, fit elle à l’attention d’Ash, avec une mauvaise fois si flagrante que ce dernier ne put s’empêcher de sourire. »

 

Sa petite sœur repoussa son assiette et lui demanda, son amertume disparue:

 

« Nous pourrions faire du Quidditch aujourd’hui ! Je serais poursuiveuse et toi gardien, proposa-t-elle, enthousiaste »

 

Le jeune homme prit une moue embêtée. 

 

- Heu, c’est-à-dire que..., commença-il.

 

- On pourra inverser si tu veux, lui promis-t-elle sans l’écouter.

 

- Non. »

 

La fillette le regarda, étonnée, puis reprit:

 

 «  On pourra jouer au Quod, si tu préfères aussi.

 

- Ce n’est pas une question de préférence le, dit fermement Ash. Je suis invité à passer les vacances avec Louis et sa famille en France. »

 

Cette information mit du temps à arriver jusqu’au cerveau endormi de Shayda.

 

 « Pardon, fit-elle, sûre d’avoir mal compris. Tu vas partir pendant tout l’été ? »

 

Elle espérait qu’il allait rire, que son grand frère n’allait pas la laisser seule dans cette grande maison vide, loin de sa famille et de ses amis. Elle espérait que, ses parents au bout du monde, elle pourrait toujours compter sur son frère.

 

Elle l’espérait.

 

Mais Ash acquiesça, et le visage de Shayda se décomposa.

 

Elle sortit sans un mot, sombre, indifférente aux explications gênées du garçon. 

 

Leur foyer était une grande maison de construction originale, où se mêlaient briques, bois et verre. De grandes baies vitrées, masquées par des rideaux, se trouvaient dans chaque chambre et donnaient sur l’extérieur. Le salon était un grand espace soutenu par des piliers délicatement sculptés qui donnaient au tout une impression de grandeur. 

 

Toute la maison était décorée de bibelots, meubles, sculptures et objets magiques rapportés par les parents de leurs expédition. 

 

Parfois, Shayda avait l’impression de vivre dans un somptueux musée, avec ces couloirs vides et ce silence permanent. 

 

Alors elle se réfugiait dans la forêt qui entourait son foyer, pour se loger dans les branches d’un chêne touffu, à l’abri des regards. Elle se délectait du bruissement du vent dans le feuillage, des bruits furtifs des écureuils et autre petits rongeurs, du clapotis paisible qui retentissait parfois à la surface du lac non loin de là.

 

Juchée sur sa branche comme sur un piédestal, la fillette surplombait la forêt.

 

L’esprit sombre, les iris gris, Shayda tournait lentement les pages d’un livre Moldu qu’elle affectionnait particulièrement. 

 

D’ordinaire, la jeune fille aurait pris le Magicobus pour aller se promener dans les rues Moldues. Elle aimait dévisager un à un les piétons, leur mode de vie et leurs gadgets si étonnant. Dès fois, Shayda se perdait dans le métro bondé, se laissant porter le long des rames par les énormes wagons de métal rouillé. 

 

Les passants se demandaient souvent, étonnés, qui était cette fillette, seule, qui leur souriait gentiment et jetait autour d’elle des regards émerveillés.

 

Shayda pensait que le monde moldu avait tant à offrir ! Chaque rue qu’elle parcourait, chaque pavé qu’elle foulait de son pas leste avait sa propre histoire qui méritait d’être respectée.

 

Lorsque, petite, elle avait appris par sa mère les atrocités commises par les pires mages noirs de son temps, qui dénigraient Non-Mages et Sorciers et encourageaient la violence, la jeune fille avait eu une réaction surprenante: elle avait éclaté de rire. Devant le regard alarmé de ses parents, elle avait bien vite compris que ces choses là n’étaient pas à prendre à la légère. Cependant, Shayda ne comprenait pas et ne pouvait pas comprendre comment on pouvait prôner la supériorité des « Sang-purs » et baptiser les sorciers d’origine plus modeste de « Sang-de-bourbe », de sang souillé. 

 

Au contraire, Shayda pensait sincèrement que la culture moldu était passionnante et que les sorciers gagneraient à y connaître. Du haut de ses douze ans, la jeune fille s’égarait souvent à fantasmer d’une société parfaite, où Non-Mages et sorciers vivraient en harmonie et partageraient, ensemble, les meilleurs aspects de leurs cultures respectives.

 

                        OoOoOoO

 

Lorsque Shayda descendit enfin de son confortable perchoir pour regagner sa chambre, la journée était déjà bien avancée.

 

Elle ne vit pas de trace de son frère, ni dans le salon, ni dans dans la forêt.

 

La jeune fille soupira. Il était donc déjà parti. 

 

Shayda s’enferma dans sa chambre et s’étendit sur son lit. Une multitude de cousisns aux couleurs chatoyantes l’accueillit et elle se laissa bercer par le chant de Rainbow, rassurant et réconfortant. 

 

La fillette fut tirée de son hébétude par le hululement réprobateur d’un majestueux hibou. 

 

Son plumage moucheté, lisse et impeccable frémit tandis qu’il lui lançait une œillade meurtrière en hululant de plus belle. Rainbow lui assena un regard noir qui le fit faire aussitôt et Shayda éclata de rire tandis que l’imprudent oiseau se murait dans un silence gêné.

 

Elle s’approcha de son bureau pour commencer à rédiger la réponse à la lettre de Viviana, qui lui avait écrit il y avait maintenant trois jours. 

 

Salut Shay’,


J’espère que tu vas bien. Les vacances ont à peine débuté que je m’ennuie déjà à mourir. Alors j’enchaîne pâtisserie sur pâtisserie. J’ai même inventée une nouvelle recette de meringue !


Tu es sûre que tu ne veux pas venir chez moi ? Je serais tellement heureuse de ta présence mais surtout j’aurais un peu de compagnie dans le grand manoir vide qui me sert de foyer. Tu gênerais peut être mes parents qui n’apprécieraient sûrement pas tes manières, mais ça n’en serait que plus drôle ! 


Ton amie,


Viviana Ollivander.

 

La Serdaigle avait signé sa lettre d’une signature complexe à l’encre verte, accompagnée du seau officiel des Ollivander.

 

Shayda réprima un sourire et entreprit de rédiger sa réponse. 

 

Elle déclinait poliment l’invitation de son amie, expliquant ne pas vouloir déranger ses parents lors des réceptions mondaines qu’ils donnnaient habituellement. Elle écrivait être impatiente de goûter sa nouvelle recette et se plaignait enfin de devoir passer tout son été seule, sans sa famille.

 

Alors qu’elle allait signer, une chouette blanche tachetée de gris s’engouffra dans sa chambre. Shayda sourit en reconnaissant Isis, l’animal de son meilleur ami.

 

La jeune fille posa sa plume et défit la lettre accrochée aux frêles serres de oiseau. 

 

Shayda,


Comme je sais très bien que tu es en train de passer des vacances bien solitaires, j’ai demandé à mes parents si tu pouvais venir chez nous. Verdict: ils sont d’accord!


Tu nous rejoindras vendredi dans notre maison de vacances à Godric Hollows pour quelques jours, puis nous nous en irons au Terrier pour passer le reste de l’été avec ma famille.


Alors, heureuse ? 


À bientôt !


Le fantastique James Potter.

 

Shayda prit un air gêné et, alors qu’elle s’apprêtait à décliner encore une fois l’invitation, elle aperçu un seconde missive nouée à la serre droite d’Isis.

 

James y avait écrit une simple phrase:

 

En fait je ne te demande pas ton avis, tu es obligée de venir chez moi, que ça te plaise ou non.

 

Shayda éclata franchement de rire. Décidément son ami la connaissait trop bien!

 

Amusée, elle répondit un simple Puisqu’il le faut et regarda la chouette emporter sa réponse. 

 

Ses yeux se posèrent sur le parchemin qui gisait sur son bureau. 

 

La jeune fille le signa puis, après un instant de réflexion, griffonna hâtivement:

 

PS: Si tu veux me joindre, je serais chez James, puis chez ses grands-parents pendant toutes les vacances.

 

Shayda confia la missive au hibou grand-duc de Viviana qui hulula avec fierté sous le regard exaspéré de Rainbow et s’envola gracieusement.

 

La jeune fille passa le reste de la journée à lire, assise au bord du lac et à admirer le soleil déclinant.

 

Le soir venu, elle se glissa dans ses couvertures en satin, Rainbow blotti contre elle qui la berçait de son chant mélodieux. Alors que la douce mélodie s’infiltrait dans son esprit pour tenter d’y instaurer paix et calme, la fillette s’assoupissait lentement.

 

Demain, les démons qui la tourmentaient lui feraient faire un nouveau cauchemar et elle se réveillerait en hurlant. Demain, il lui faudrait maintenir à nouveau son masque d’impassibilité pour cacher ses souvenirs qui la rongeaient peu à peu. Mais, demain, elle pourrait passer des vacances heureuses, entourés de son meilleur ami.

 

Aussi, paisible et l’esprit habité par une joie sincère, Shayda Adel s’endormit.

 

 

 

 

End Notes:

En écrivant la fin de ce chapitre, je n’ai pas arrêté d’entendre dans la tête les voix de mes profs de français de ces dernières année me faire: « Dans un récit au passé, on dit le lendemain et pas demain! C’est la concordance des temps ! »

 

En espérant que vous avez aimé et que je n’ai pas défier mes redoutables mentors pour rien ;)

 

Review ? :)

Holidays partie deux by Spiritos
Author's Notes:

Croyez-y ou non, j’ai réussi à faire un titre encore plus original que celui du dernier chapitre.

Pendant quelques semaines, je vais essayer de poster chaque jour ( ou plutôt chaque nuit ) pour être bien avancée avant de partir en vacances. Ça ne sera sûrement pas publié avec exactement un jour d’intervalle mais bon c’est l’intention qui compte hein^^

( d’ailleurs merci aux modérateurs qui prennent le temps de valider nos histoires une à une alors que vous avez sûrement mieux à faire :)

Bon, après avoir raconté ma vie si passionnante, je vous laisse avec celle de notre amie Shayda qui je l’espère vous intéressera plus que la mienne ;)

Bonne lecture !

Shayda balaya d’un dernier regard le hall d’entrée de sa maison. Aussi vide et dépeuplée soit-il, son foyer allait presque lui manquer. Presque.

 

La jeune fille ferma la porte en bois d’ébène et murmura « Colloporta » en agitant sa baguette. 

 

Depuis plusieurs années, les sortilèges mineurs étaient autorisés pour les sorciers de premier cycle, dans un environnement contrôlé et loin des regards indiscrets. Cette réforme avait rendue bien plus pratique leur vie quotidienne, et Shayda était bien contente de pouvoir pratiquer la magie dans ses heures perdues.

 

Elle se dirigea rapidement vers la route, à quelques mètre de son perron, en trainant derrière elle sa lourde malle. 

 

Une fois arrivée sur la chaussée irrégulière , la fillette pris une inspiration et donna un coup sec de baguette dans le vide. Tandis que le bois fendait l’air dans un sifflement, un bruit sourd se fit entendre.

 

Un énorme bus violet s’engageait dans la rue dans un vrombissement de moteur assourdissant pour s’arrêter juste devant Shayda.

 

Une jeune femme en uniforme, une casquette vissée sur ses cheveux gras, descendit du véhicule. Grande, maigre, elle avait un visage boutonneux où s’étendit malgré tout un large sourie lorsqu’elle reconnut la voyageuse.

 

« Shay’, fit la contrôleuse d’une voix enjouée en lui tapant dans la main. Comment vas tu depuis la dernière fois ? »

 

Shayda lui répondit de bon cœur et les deux amies montèrent dans le bus en papotant gaiement. 

 

« Coucou Ernie, ça va ? s’enquit la jeune fille en risquant un regard vers l’avant du véhicule. »

 

Vieux, sale et mal coiffé, le chauffeur était dans un état épouvantable et marmonna une réponse vague à la passagère.

 

« Bon, où veux-tu aller cette fois ? Londres, Manchester ? »

 

Sally Rocade était une jeune femme sympathique et bavarde, que Shayda connaissait depuis bien longtemps. Lorsque qu’elle avait pris pour la première fois le véhicule de transport sorcier, la fillette avait été impressionnée. Cela avait flatté l’égo de Sally, alors simple étudiante qui faisait du Magicobus un petit job d’été.

 

Depuis, elles étaient devenues amies et échangeaient ensemble régulièrement durant les trajets presque quotidiens qu’effectuait Shayda pour visiter le monde Moldu. 

 

Après Poudlard, Sally avait décidé de se consacrer à plein temps au développement du Magicobus. Miteux, crasseux et peu confortable, la quête semblait perdue d’avance. Mais la jeune Rocade s’était accrochée pour satisfaire son rêve. 

 

« C’est un truc de famille, avait-elle expliqué pompeusement à son amie. » 

 

À l’époque, Shayda avait été tentée de lui demander si les boutons étaient également un truc de famille.

 

Mais elle aimait bien Sally, avec ses gestes brusques, sa franchise maladroite et son rire contagieux.

 

« Non, lui répondit-elle, cette fois-ci je me rends à Godric Hollows. »

 

Sally prit un air d’experte. 

 

« Nous y serons en un rien de temps, mademoiselle ! Je dépose d’abord Madame McAllister qui attend depuis des heures. Je croyais qu’elle souhaitait se rendre en Écosse, puis au pays de Galle mais finalement elle veut aller en Irlande ! Si tu veux mon avis, l’accent irlandais est vraiment le pire de tous, lui confia-t-elle dans un murmure amusé. »

 

Shayda ricana mais dut bientôt se retenir à l’accoudoir des fauteuils violets qui glissaient dans tout le bus suite à un dérapage particulièrement brusque d’Ernie. Elle se plaqua contre le mur, face à la vitre et tenta de s’agripper à une barre de fer. 

 

Dans le verre se découpait son portrait qu’elle dévisagea, curieuse.

 

La vitre lui reflétait une fillette frêle, pâle, aux longs cheveux d’un noir de jais qui lui arrivaient aux cuisses.  Elle portait un T-shirt coloré aux couleurs des Aras de Macusaw*, son équipe de Quidditch favorite, ainsi qu’un jean sombre assorti à ses habituelles Converses éliminées.

 

Shayda passa une main dans la masse de noeuds qui lui servait de chevelure, gênée. C’était le style qu’elle arborait tous les jours et elle n’avait jamais porté d’attention ni à son apparence ni à ces « futilités » comme elles les appelait. Cependant, elle allait dans quelques minutes se présenter chez les héros du monde de la sorcellerie - et les parents de son meilleur ami, accessoirement.

 

Elle tenta désespérément d’aplatir sa crinière indomptable, en vain.

 

Finalement, la jeune fille laissa tomber. A quoi bon ? Et puis, si James la voyait arrivée trop apprêtée, elle était sûre d’en entendre parler jusqu’à la fin de sa vie.

 

Aussi elle continua de discuter de tout et de rien avec Sally qui lui demandait des nouvelles de sa vie d’étudiante.

 

Enfin, le bus se cabra dans un derrière arrêt spectaculaire où Ernie manqua d’écraser une classe Moldue qui se promenait.

 

« Godric Hollows, annonça fièrement la contrôleuse. »

 

Shayda paya et descendit du véhicule en saluant Sally. Sitôt arrivée sur la chaussée, elle posa une main sur son cœur. Ce trajet avait été particulièrement éprouvant et elle se félicita de ne pas avoir touché à ses pancakes cramées du matin.

 

La jeune file déambula dans la rue, précédée du grincement de sa malle sur le sol, serrant dans son point l’adresse de la maison des Potter.

 

« Pas ici, pas encore, plus loin, se répétait-elle. »

 

Elle tourna au coin d’une avenue, comptant mentalement ses pas.

 

« Presque, non, dans une maison et... »

 

Shayda s’arrêta en poussant une exclamation admirative. 

 

La maison de vacances de son ami était un grand cottage de plusieurs étages. Plusieurs balcons agrémentaient chaque palier et du lierre s’enroulait autour des pliliers, parsemé d’une multitude de fleurs colorées. Le jardin de devant était propre, bien entretenu, tandis qu’on devinait à l’arrière une véritable jungle à la végétation luxuriante.

 

La fillette s’avança vers la porte blanche et déclencha la sonnette. Une douce mélodie retentit dans les airs.

 

Presque aussitôt, la porte s’ouvrit et Shayda eut à peine le temps d’admirer le tapis soyeux, les meubles sculptés avec soin et les fenêtre en arcades qu’une tornade rousse lui sauta dessus, masquant sa vue. Chancelante, elle la réceptionna tant bien que mal, déconcertée, tandis qu’une voix douce mais ferme s’écria, agacée:

 

« Lily, combien de fois t’ai-je dit de ne pas sauter sur les invités !

 

-Pas assez, visiblement, fit une autre voix que Shayda connaissait bien. »

 

L’étreinte se relâcha et elle se retrouva nez à nez avec une petite fille aux cheveux auburns noués en deux couettes souples, aux yeux noisettes étincelants de malice, qui arborait une moue boudeuse.

 

« Désolée, fit-t-elle, penaude. James nous a déjà tellement parlé de toi que c’est comme si je te connaissais déjà ! »

 

Shayda eut un sourire attendri. Cette petite lui plaisait déjà! 

 

Elle posa une main rassurante sur son épaule, ce qui rendit immédiatement le sourire à la fillette, et se tourna vers le reste de ses hôtes. 

 

James, adossé contre un mur, secouait la tête d’un air faussement affligé, le regard pétillant derrière ses lunettes rondes.

 

Devant lui se tenait une belle femme rousse, d’un toux plus éclatante que celui de Lily mais qui donnait à son visage oval un aspect presque flamboyant.

 

Derrière eux, un petit garçon fin, aux cheveux noirs et aux yeux verts émeraude était assis sur la moquette. Il adressa à Shayda un sourire timide.

 

Et, enfin, debout dans l’encadrure de la porte, Harry Potter la dévisageait en souriant d’un air bienveillant. Son visage fin était creusé de quelques rides, ses cheveux sombres dressés en épis sur son crâne et ses yeux d’un vert profond débordaient d’un on-ne-sait-quoi indéfinissable qui lui certifiait qu’elle se trouvait bien devant le célèbre Survivant. La jeune fille comprit tout de suite qu’elle se trouvait devant un homme qui avait vécu, qui avait vu les atrocités du monde et les avait combattu..

 

Le regard d’Harry était aussi expressif que le sien, et elle se sentit tout à coup intimidé devant l’expérience d’une vie entière qui s’y reflétait.

 

Elle s’éclaircit la gorge et adressa un grand sourire à chacun des Potter.

 

« Pas de problème, fit-elle en s’adressant à la benjamine. Je suis surtout contente de voir que James vous a parlé de moi et que je ne dois pas me présenter comme une parfaite étrangère. »

 

Ginny Potter sourit, amusée.

 

« Oh oui, il nous a parlé de toi, fit-elle en désignant son fils qui détourna le regard, gêné. Je déplore seulement que, alors qu’on te rencontre pour la première fois, notre Lily t’agresse en plein milieu de l’entrée. »

 

L’intéressée se mit à protester et Harry vint à la rescousse de sa fille.

 

« Gin, dis-toi que devant le meilleur ami de leur frère, certains lui sautent dessus et d’autre partent en courant, railla-t-il. »

 

Ginny leva les yeux au ciel, pas décontenancée pour une Noise, et James se glissa vers son amie en murmurant: 

 

« Bon, on a quelques secondes pour s’éclipser dans le salon avant que mes parents ne se lancent dans un récit détaillé de leur première rencontre. »

 

La fillette, ébahie, tenant toujours la main de Lily, se laissa guider hors du hall tandis que la mère de son ami rétorquait: 

 

« Tu aurais préféré que je te saute dessus toute suite ? Remarque, ça aurait accéléré les choses. »

 

James fit s’asseoir son amie sur un confortable canapé en cuir et s’avachit a son tour à ses côtés. 

 

« Tu vas passer de supers vacances! lui promit-il, aux anges. »

 

Et Shayda, devant les visages pleins de joie de Lily et de son frère, le sourire d’Albus, et les éclats de rire qui lui parvenaient de l’entrée, acquiesça. Elle en était convaincue.

 

 

 

 

 

 

 

* D’après le livre Le Quidditch à travers les âges, les Aras de Macusaw sont une équipe de Quidditch new zélandaise à la robe colorée et dont la mascotte est un phénix. Pour des raisons de...préférence, je dirai que les Aras sont une équipe américaine. Pourquoi ? Parce que la petite Shayda est des États-Unis, pas de New Zeland. Pourquoi ne pas avoir choisi une autre équipe américaine dans ce cas ? Parce que je vous assure que ce détail a son importance ( ou alors c’est juste parce que c’était le nom le plus stylé du livre , qui sait ^^ ).

End Notes:

Et voilà ?

Qu’en pensez-vous ?

Sachez que, plus que jamais, les reviews sont notre seule protection contre le découragement, le manque d’inspiration et la tristesse. 

:D

Holidays partie trois by Spiritos
Author's Notes:

Yo!

Voici le treizième chapitre! Il est particulièrement long mais je m’explique: une partie importante de l’intrigue se déroule pendant les vacances et si je continue comme ça je vais me retrouver avec « Holidays partie 26 » donc... j’abrège au maximum ^^

Comme d’hab, j’arrête mon blabla et vous souhaite une agréable lecture :)

Après quelques jours passés près des Potter, Shayda avait presque entièrement assimilé leurs habitudes et se fondait désormais dans le décor de la petite famille.


Harry la suppliait de l’appeler par son prénom, Ginny l’encourageait à la tutoyer et Lily et Albus la considéraient presque comme une grande sœur. Quant à James... il restait égal à lui même. Toujours là pour lui balancer des oreillers à la figure, pour déclencher une bataille d’eau dans la chaleur de l’après-midi ou tout simplement pour la faire rire.


La vie à Godric Hollows était très diffférente de celle que la jeune fille connaissait.


Enfants et parents formaient un groupe uni, se partageaient les tâches et agissaient ensemble.


Shayda avait perdu l’habitude d’agir en famille, de demander la permission pour aller se promener ou même d’attendre tout le monde pour se lever de table.


Au côté de ses hôtes, elle se reconstruisait doucement, petit à petit.


Ces règles avaient également pour conséquence de rendre les enfants Potter beaucoup moins autonomes qu’elle ou son frère.


La fillette avait manqué mourir de rire lorsque, alors qu’ils essayaient une nouvelle recette de Viviana, James avait avoué ne pas savoir allumer le four. Elle l’avait taquiné pendant des heures jusqu’à ce que le jeune garçon lui fasse remarquer, excédé, que si elle savait utiliser une cuisine, le résultat obtenu n’en était pas meilleur, au contraire.


Shayda avait également remarqué qu’Harry et Ginny ne laissaient pas leur enfants se promener sans leur accord et vérifiaient scrupuleusement chacune de leur destination. Pour la jeune fille qui avait l’habitude d’aller explorer les environs à tout heure du jour et de la nuit, ces mesures étaient étranges et inutiles.


Mais elle devait admettre que, si les enfants Potter étaient moins libres qu’elle, ils étaient beaucoup plus heureux.


                          OoOoOoO


C’était une soirée chaude d’été. Dans le jardin arrière des Potter, on avait dressé une belle table en bois et tous s’étaient attablé, riant et discutant gaiement.


La nuit tombait et, on apercevait déjà la lune, pleine, qui projetait sur les convives sa lueur blafarde. Les plantes grimpantes qui ornaient une façade de la maison se fondaient dans la pénombre, et, en tendant l’oreille, on distinguait les bruissements furtifs du vent dans le feuillage, le chant léger des grillons d’été.


Shayda se sentait apaisée et calme. 


Après avoir mangé, elle s’était allongée dans l’herbe sèche qui lui chatouillait la nuque, au côté de Lily et non loin de James et Albus, assis en tailleur.


Au dessus d’eux, les étoiles scintillaient et le ciel d’un noir d’encre ressemblait à une immense passoire trouée de petits points lumineux.


La fillette aurait voulu que ce moment dure à jamais.


Hélas, Albus parla:


« Profitons bien du calme, plaisanta-t-il, car demain, avec nos milliers de cousins, impossible de s’entendre parler!


-S’ils sont aussi gentils que vous, aucune raison de s’inquiéter, fit Shayda, déconnectée de la conversation »


Les enfants échangèrent un regard.


« Heu, Shay’, commença James, prudent. Tu sais que j’ai beaucoup de cousins?


-Hum, acquiesça l’intéressée, l’esprit ailleurs.


-D’ailleurs tu en connais au moins un, continua-t-il. Il est à Poudlard. À Gryffondor. »


Shayda réfléchit un instants


« Tu parles de Louis? Oui je le connais, c’est le meilleur ami de mon frère. »


James leva les yeux au ciel, agacé, tandis que Lily pouffait.


« Un Gryffondor de notre année! Mon cousin ! Ça ne te dit rien? »


La jeune fille prit un air horrifié. Elle venait de comprendre.


« Attends... je vais passer la plus grande partie de mes vacances... avec Weasley ! »


Elle s’était levée en fonçant les sourcils, tandis qu’Albus compatissait et que James et Lily ricanaient.


Shayda leur tourna le dos, les poings serrés et inspira. Après tout, ce n’était pas si grave. En présence de toute la famille Weasley, les deux ennemis n’allaient sûrement pas continuer leur guerre.


La jeune fille sourit d’un air déterminé.


Pas question de laisser ce troll lui gâcher ses vacances !


                        OoOoOoO


Pourtant, alors que les Potter se présentaient à la porte du Terrier, Shayda n’en menait pas large.


Elle parcourut du regard la maison, grande construction bancale de plusieurs étages. Autour, un jardin aux herbes folles accueillait plusieurs plantes étranges et la jeune fille aperçut même quelques gnomes qui s’y promenaient. 


Au moment où elle se demandait, perplexe, comment ils allaient tous tenir dans cette édifice qui semblait bien trop petit pour les accueillir tous, la porte s’ouvrit.


Une petite femme rondelette, aux cheveux roux parsemés ça et là de quelques fils blancs les accueillit. Elle portait une élégante robe de sorcière rouge par dessus laquelle elle avait noué un tablier tâché de gras. Son visage ridé par endroits s’illumina. 


« Harry, Ginny ! »


Madame Weasley embrassa sa fille et son gendre avec tendresse. Si Shayda avait bien compris ce que James lui avait expliqué, leur grand mère connaissait leur père depuis les onze ans de ce dernier et ça n’avait pas été une véritable surprise de voir ce dernier épouser la benjamine des Weasley.


Molly ouvrit grand les bras et Lily courut l’enlacer - la jeune fille se demanda, songeuse, si c’était son mode de salutation spécifique - puis embrassa ses petits-fils un à un.


Le regard de la femme s’arrêta sur Shayda. Celle-ci lui offrit un sourire gêné et s’apprêtait à lui serrer la main lorsque Molly éclata de rire et la serra dans ses bras. 


« Sois la bienvenue au Terrier, lui fit-elle dans un clin d’oeil. »


Et elle les exhorta à la suivre.


À peine franchi le seuil de la porte, Shayda resta bouché bée. 


Le Terrier de l’intérieur se révéla être une immense maison d’une dizaine de pièces, douillette et confortable. 


« Après la guerre, les parents et tous les enfants de Grand-mère Molly ont agrandit par magie la petite maison, lui confia James. »


La fillette allait lui répondre, ébahie, lorsqu’une voix narquoise se fit entendre.


« Ferme la bouche, Adel, tu vas finir par gober une mouche et ce serait bien dommage - pour la mouche, j’entends. »


Shayda se retourna, furieuse.


Fred Weasley était nonchalamment adossé contre le dossier d’un fauteuil moelleux, ses cheveux auburns en bataille, le regard méprisant.


« Ne sois pas jaloux, répondit du tac au tac la jeune fille, je me ferai un plaisir de t’en refiler un peu en te crachant au visage. »


Weasley grimaça et elle sourit, triomphante. Elle était ravie de voir qu’elle avait conservé sa supériorité en matière de répliques.


Molly promena un regard surpris vers les deux ennemis.


« Vous vous connaissez ? s’enquit-elle.


-Vaguement, répondit Fred.


-À peine, fit Shayda.


-Étant donné qu’elle est une amie de James, nous nous...


-Côtoyons, termina la jeune fille dans une grimace. »


Fred laissa passer un instant, le regard de sa grand mère pesant sur lui et proposa à contrecœur:


« Trêve?


-Trêve, admit Shayda. »


Elle se détourna enfin de Weasley qui en fit de même pour jeter un regard noir à James, qui ricanait.


Molly la conduisit à sa chambre qu’elle partageait avec Lily et Rose. 


Shayda ne connaissait pas cette dernière et était légèrement inquiète a l’idée de dormir avec des inconnus. Si ses cauchemars avaient singulièrement diminué depuis qu’elle était chez les Potter, ils n’avaient pas disparus pour autant et elle craignait d’exposer les deux fillettes à une menace incontrôlable.


Mais elle sourit à la maîtresse de maison d’un air reconnaissant, cachant avec brio les tourments qui l’agitaient.


« Viens dans le salon, fit Molly, gentiment. Je vais te présenter à Arthur et aux autres. »


Et Shayda suivit docilement la vieille femme, slalomant dans les couloirs pour finalement arriver dans une grande pièce douillette. C’était une salle très différente du reste de la maison. Une longue table était disposée au centre, des fauteuils et des poufs confortables y siégeait et une gigantesque horloge était accrochée au mur. C’était un curieux instrument: y étaient inscrits tous les noms de la famille Weasley. La fillette y reconnut ceux des Potter, mais aussi celui de Fred, de Molly et des autres cousins. Presque tous portaient la mention: « Heureux. »


Shayda se demanda, troublée, ce que l’aiguille indiquerait pour elle. Serait-elle désignée comme « Heureuse »? Elle en doutait.


Molly lui présenta un vieil homme mince, au crâne presque complètement chauve d’où s’échappait des cheveux d’un roux éclatant. 


« Je suis Arthur Weasley, lui sourit-il. »


Shayda allait se présenter à son tour lorsque son regard fut attiré par les objets étranges qui gisaient en petit tas au pieds d’Arthur. Elle en prit un et l’observa d’un air émerveillé.


« M.Weasley... ce sont des ampoules non ? »


Le vieil homme resta bouché bée.


« Tu connais ?


-Bien sûr, s’exclama la jeune fille qui commençait à s’exciter. Ce sont des gadgets Moldus qui marche grâce à la helektricité! »


Arthur prit un air béat avant demander:


« Tu es Née-Moldue?


- Non, fit Shayda en secouant la tête, mais j’adore me promener dans le monde des Non-Mages. Leur culture me passionne! »


Le grand-père de James semblait sur le point de fondre en larmes, ému de voir quelqu’un partager sa passion.


Molly grommela et retourna dans l’entrée pour accueillir des nouveaux venus.


La Serdaigle et Arthur discutaient avec animation des inventions Moldues, indifférents au salon qui se remplissait peu à peu. La voix de la maîtresse de maison les arracha à leur débat, les exhortant à venir manger.


La table en bois croulait désormais sous les plats délicieux préparés par Molly.


Shayda, assise entre James et un homme roux - comme la grande majorité des convives - se servit avec délice d’un délicieux ragoût et en savoura chaque bouchée. Elle n’avait rien mangé d’aussi bon depuis longtemps. 


« Délicieux, n’est-ce pas ? lui glissa son voisin de droite qui mangeait avec appétit. »


La jeune fille le détailla avec plus d’attention. C’était un homme mûr, aux cheveux roux coupés courts et au menton parsemé de quelques poils roux désordonnés. Il avait des yeux bleu ciel où luisaient un éclat de malice, un long nez fin et des taches de rousseurs lui parcouraient les joues. Devant elle se tenait Ron Weasley en personne, le meilleur ami du Survivant et un des directeurs du plus grand magasin de farces et attrapes sorciers.


« Vous êtes Ron Weasley ? Le directeur de Farces pour sorcier facétieux ? s’enquit-elle, bien que la réponse lui paraissait désormais évidente. »


L’oncle de James lui sourit et ses joues s’étirent en deux fossettes tandis que des rides se plissaient au coin de ses yeux. 


« Et oui, c’est moi en personne, plaisanta-t-il. As-tu eu l’occasion de rencontrer quelque uns de nos produits ? demanda-t-il avec bienveillance, sans la rigueur d’un homme d’affaire.»


Shayda grogna. Et comment qu’elle en avait rencontrés!


« Disons, répondit-elle en choisissant ses mots avec soin, que certains- elle jeta un regard appuyé à Fred qui se trouvait à l’autre bout de la table- voient en ma personne un cobaye parfait pour tester vos marchandises. J’ai fait les frais de toutes sortes d’élixirs farfelus, de baumes odorants ou de vos célèbres Feux Fuseboum, se plaignit-elle. D’ailleurs, il est de mon devoir de vous annoncer que l’Encre Perpétuelle s’efface lorsque que l’on verse de l’eau glaciale dessus. »


Ron éclata d’un rire bruyant qui passa inaperçu parmi les convives, occupés à bavarder gaiment.


« J’en prends note, dit-il, soudain sérieux. À combien de degré, l’eau ?


-Heu... froide ? tenta Shayda. »


Le sorcier la dévisagea, amusé.


« Si je comprends bien, tu as testé tous nos produits ? »


Contre mon gré, oui, marmonna-t-elle, mais elle répondit:


« C’est ça.


-Alors sache que, durant les vacances, les enfants Weasley sont continuellement sollicités pour essayer les nouvelles marchandises. Nous aurions bien besoin de l’aide d’une cobaye professionnelle! »


Et il lui fit un clin d’œil amical avant de se tourner vers sa voisine, une femme noire aux longues tresses brunes.


Restée seule, Shayda ne parvint pas à déterminer si Ron plaisantait ou non.


Quoi qu’il en soit, elle ferait mieux de se tenir sur ses gardes, songea-t-elle.


Elle jeta un œil au reste de la tablée. James, entre deux bouchées, lui indiquait qui était qui, lui permettant de se retrouver parmi la multitude de têtes flamboyantes.


Elle en reconnaissait quelque uns pour les avoir aperçus brièvement à Poudlard, d’autres pour les avoir côtoyés durant son séjour à Godric Hollows mais la plupart lui étaient tout à fait inconnus.


Lily était en grande conversation avec son cousin Hugo, un petit roux maigrichon.


James plaisantait avec Teddy, le Métamorphomage tandis qu’une magnifique fille blonde adressait à ce dernier des regards énamourés.


Roxanne, la sœur de Fred, parlait avec des gesticulations inutiles à une petite brune aux reflets roux qui se trouvaient être Lucy. 


Malgré la bonne humeur ambiante, Shayda ne pouvait que constater les blessures de la guerre, invisibles mais bien  présentes, qui pesaient toujours sur les anciens. Le visage mutilé de Bill. La plaie béante à l’oreille de George. Le souvenir de Fred, palpable, presque matériel. Et les yeux d’Harry qui englobaient le tout, surplombaient leur tristesse, débordaient d’émotion. 


Les Weasley avaient soufferts, elle s’en rendait compte. Loin, derrière les sourires et les rires, leur souffrance était bien présente, enfouie sous un amas de souvenirs. Et pourtant ils étaient heureux. La nouvelle génération avait supplanté la première, de nouvelles graines avaient éclôt sur les corps fanés des anciennes fleurs. Une germinaison perpétuelle. Une renaissance infinie. C’était ça, la vie, finalement. Un cycle sans fin. 


Assise à la table des Weasley, Shayda assimilait ce bonheur, s’imprégnait de cette combativité. Elle devait laisser ses souvenirs d’antan derrière elle, et battir son avenir sur les ruines fûmantes de son passé. Elle devait lutter.


La fillette perdit complètement le fil de ses pensées lorsque Molly revint dans la salle manger en transportant, triomphante, une gigantesque tarte à la mélasse.


                         OoOoOoO


Les jours défilaient à vive allure au Terrier, dans la petite bulle de bonheur dans laquelle ils nageaient tous.


Shayda partageait toujours sa chambre avec Lily, avec laquelle elle se sentait de plus en plus proche au fil du temps, et Rose Weasley-Granger, une fillette menue à l’air sévère, au visage constellés de taches de rousseur. La jeune fille entretenait des rapports cordiaux avec elle, sans que les deux filles soient particulièrement proches. Rose bien sûr était rousse, d’une teinte aussi éclatante que celle de sa tante Ginny. 


Shayda se demandait chaque jour par quel miracle les enfants Weasley, aussi différents soient-ils, arboraient presque tous le même duvet vif en haut de leur crâne. Il y avait bien Albus, qui avait hérité des cheveux noirs de son père, James, qui était châtain - d’un châtain tout de même parsemé de reflets auburns - et Victoire, la magnifique jeune fille de septième année, dotée d’une incroyable chevelure blonde aux reflets argentés qui descendaient en cascade sur ses frêles épaules, lui drapant élégamment la taille et auréolant son beau visage de lumière. Shayda était d’ailleurs profondément exaspérée de voir les œillades énamourées que se lançaient à tout instant Victoire et Teddy, le presque-frère de James. Son naturel impatient lui soufflait chaque jour d’accélérer les choses et, du haut de ses douze ans, la fillette mourait d’envie de jouer les Cupidons.


L’occasion se présenta bientôt lorsque Ron Weasley, en rentrant du magasin, se dirigea à grandes enjambées vers le salon et réclama une « réunion special cousins Weasley/Teddy/Shayda ».


La jeune fille avait tout d’abord été flattée que son nom ait été rajouté, avant de se souvenir, soupçonneuse, de sa conversation avec le sorcier lors de son premier repas au Terrier. Étaient-ils là pour jouer les cobayes ? 


Ses craintes furent confirmées lorsque Ron, après avoir demandé aux jeunes gens de s’asseoir sur la moquette à poils longs, avait sortit de son sac une boîte circulaire rouge vif parsemée de taches noires.


Il avait pris un air de magicien pour déclarer d’une voix faussement mystérieuse:


« Ceci, fit-il, est une toute nouvelle invention de Georges et moi-même que vous aller avoir le grand honneur, non, l’immense honneur de tester. »


Les plus petits se trépignaient d’impatience tandis que les plus âgés levaient ostensiblement les yeux au ciel, sans pouvoir cacher pourtant leur curiosité.


Ron expliqua que ce jeu était baptisé les Loups-garous de Pré-au-lard. Inspiré d’une idée Moldue française très populaire, ce jeu de société revisité avait pour but de sensibiliser la population magique au sort des loups-garous, qui étaient tout de même des sorciers comme les autres.


« Le principe du jeu est clair, expliqua Ron. Les villageois de Pré-au-lard sont des Moldus qui...


-Imossible, Papa, fit Rose, catégorique. Il n’y a que des sorciers à Pré-au-lard, pas de Moldus. »


Ron réfléchit un instant.


« Hum... tu as raison. Nous règlerons ce détail plus tard. »


Le sorcier s’éclaircit la gorge et reprit sa voix mystérieuse.


« À Pré-au-lard, un mystère pèse sur le village. Chaque nuit, des Moldus sont retrouvés tués, deux étranges morsures incrustées dans le coup.


-Il est glauque, ton jeu, Oncle Ron, l’interrompit Molly, qui allait rentrer en quatrième année.


-C’est l’œuvre des Loups-Garous, continua Ron sans lui répondre, des créatures hybrides cachées parmi les Moldus.


-Mais, Oncle Ron, demanda Lily, perplexe, les Loups-Garous mordent mais ne tuent pas, non? »


Le regard de son oncle se voilà et il fit d’une voix tremblante :


« Parfois, ils tuent, dit-il avec gravité, le teint pâle, les yeux fous. »


Sa déclaration jeta un froid sur l’assemblée et beaucoup, dont Shayda, frémirent.


Ron, troublé, appuya sans un mot sur la boîte qui, à leur grande surprise, se mit à parler d’une voix synthétique.


La boîte leur raconta le but du jeu. Des Moldus mouraient chaque nuit, tués par des Loups. Parmi ces villageois, certains avaient des compétences spéciales qui les aidaient à survivre. 


« Vous allez avaler ces bonbons, fit la voix métallique de l’objet tandis que Ron leur distribuait chacun une pastille colorée que Shayda soupesa, intriguée.»


La boîte expliqua que ces friandises allaient les transporter dans le monde du jeu.


« Mais alors, s’inquiéta la petite Lucy, nous sentiront la douleur si nous nous faisons déchiqueter par les loups ? »


Ron éclata de rire et lui ébouriffa les cheveux.


« Ce n’est qu’une simulation, promit-il, ce qui n’empêcha pas la fillette de trembler. »


Au moment du départ, Shayda croqua prudemment dans sa propre pastille. Celle-ci avait un goût sucré et s’effritait lentement sur sa langue. Avant qu’elle n’ait eu le temps d’en savourer la deuxième moitié, des yeux se voilèrent et elle fut projetée dans un endroit sombre. Tout lui paraissait démesurément grand, des arbres immenses aux roc énormes. 


La fillette frissonna, et pressa ses bras contre son corps. Avec surprise, elle s’aperçut qu’elle était vêtue d’une longue robe violette. Pieds nus, elle portait sur ses cheveux une longue couronne de fleurs qui scintillaient. Dans son dos, deux ailes transparentes luisaient faiblement dans la pénombre. Elle transportait également un carquois mauve rempli de flèches en forme de cœur. Avec stupeur, elle aperçut un bracelet brillant à son poignet. Au dos était incrusté un parchemin, qu’elle déplia.


« Vous êtes L’Amour personnifié. Votre rôle est de créer chaque nuit un couple d’amoureux qui devront lutter pour leur survie. Décochez vos flèches et viser le cœur de chacun des deux amants. »


La jeune fille jura tout bas. Elle devait sans conteste avoir héritée du pire rôle. Et les autres joueurs étaient tous cousins, en plus! Elle manqua trébucher dans sa longue robe ridicule et réfléchit. Qui pourrait-elle faire tomber amoureux? La réponse était évidente. Shayda eut un sourire machiavélique. 


Avec prudence, elle fit battre ses deux ailes et, à sa grande surprise, parvint à s’envoler. 


C’était aussi agréable que de voler en balai. Ses cheveux flottaient dans le vent tandis qu’elle virevoltait dans les airs, heureuse. Le rôle de Cupidon n’était pas si mal finalement. Shayda jeta un regard vers la terre. Ce qu’elle avait pris au départ pour des rochers étaient en réalité des pâtés de maisons de paille, toutes semblables. À la lisière de la forêt, des ombres se mouvaient. Sans doute des Loup-Garous. 


Elle se posa sur une petite branche. De là, la fillette décrocha deux flèche puis murmura: « Teddy Lupin » à l’une et « Victoire Weasley » à l’autre.


Elle regarda ses armes filer à toute vitesse vers les deux amis. Voilà qui allait accélérer les choses, songea-t-elle, satisfaite. Alors qu’elle allait continuer sa route, un gong retentissant se fit entendre et Shayda se sentit comme aspirée. 


Lorsque qu’elle rouvrit les yeux, elle se trouvait assise en tailleur sur le tapis soyeux du salon des Weasley. Shayda se palpa le dos mais ses ailes avaient disparues. Les autres joueurs eux aussi paraissaient déboussolés de leur transformation. La voix grinçante de la boîte les arracha une fois de plus à leurs interrogations.


« Cette nuit là, une personne est morte. »


Lucy ouvrit de grands yeux apeurés tandis que sa sœur Molly la rassurait: « C’est pour de faux, ne t’inquiète pas. »


« Cette personne, continua l’objet, imperturbable, est Albus. Albus, veuillez dire votre rôle.


-J’étais un simple Moldu, fit tristement Albus. »


Il se leva et alla s’asseoir de l’autre côté de la pièce en faisant un clin d’œil aux autres joueurs.


« Maintenant, disait toujours la boîte, nous allons procéder au vote. Qui...


-Elle! s’écria Fred en pointant un doigt accusateur sur Shayda. Je suis sûr que c’est un loup.


-Un louve, du coup, fit remarquer James.


-Chers villageois, dit l’intéressée, très calme. Son empressement à me dénoncer parle de lui même. Un loup-garou ferait de même pour éviter les soupçons. Qui pense comme moi que Weasley est un loup ? »


Tous levèrent la main tandis que le garçon, estomaqué, balbutiait.


-Mais, enfin, je ne suis pas un loup...


-Tu es mort, Fred, le coupa Roxanne. Quel était ton rôle?. »


Il serra les poings. 


« J’étais villageois! »


Il adressa un regard meurtrier à Shayda tandis que celle-ci haussait les épaules. Elle avait des bonnes chances d’être tuée au prochain vote pour avoir accusé un innocent. Alors, durant la nuit, elle ne fit rien, se contentant juste de voleter de branches en branches, éclairée par la pleine lune. Le jeu de Ron était très bien fait, ne cessait-elle de songer, émerveillée.


Sans surprise, elle découvrit le matin qu’elle était morte.


« J’étais l’Amour, dit-elle en haussant les épaules. »


Elle partit s’asseoir avec les perdants, suivie des regards reconnaissant de Teddy et Victoire, enchantés d’avoir être mis ensemble.


Tandis que les joueurs restant se replongeaient dans la nuit, Shayda les dévisagea un à un et manqua d’éclater de rire. Leur visage était plissés de concentration, et certains arboraient des expressions bien définies. Elle remarqua que Victoire avait un air maléfique, que James semblait jubiler et que Lucy souriait tellement qu’elle en faisait presque peur. Le gong de la boîte se fit entendre, ramenant les enfants à la vie. 


Un à un, partie par partie, le nombre de joueurs diminuait jusqu’à ce qu’il ne reste plus que Teddy, Victoire et la petite Lucy. 


Shayda sourit. Elle savait qui allait gagner. Les amoureux allaient voter contre Lucy pour remporter la partie. Les trois joueurs se plongèrent dans la nuit, tous les perdants retenaient leur souffle. Ron, dans un coin, souriait. 


Lorsque la boîte les rappela, Shayda remarqua que Lucy avait un grand sourire aux lèvres. Victoire et Teddy, sûrs de leur coup, sursautèrent en entendant leur nom.


« Victoire, Teddy, morts. Vous étiez ? »


-Louve, maugréa la jeune fille.


-Salvateur, fit Teddy.


-Et amoureux, compléta Shayda de l’autre bout de la pièce en leur faisant un clin d’œil. »


Les deux amis rougirent jusqu’aux oreilles, les cheveux de Teddy devinrent même rose vifs.


 «Et donc, continuait la boîte, inlassablement, c’est Lucy qui remporte la partie. Et Lucy était...


-Louve Albinos, termina l’intéressée d’un air diabolique.»


Un grand silence se fit dans le salon tandis que la fillette savourait son effet.


Sa sœur Molly parla la première. 


« Et bien, tu nous as bien eu en jouant les petites filles fragiles ! 


-Ouias, renchérit Hugo, tu seras une vraie Serpentard! »


Lucy commença à voir rouge et à se défendre avec véhémence.


Ron la calma et se tourna vers les enfants.


« Alors, ça vous a plut ? »


Ils nièrent en bloc, de mauvaise foi, mais Shayda devait bien admettre que le sorcier avait effectué un travail gigantesque. 


« Je n’ai plus qu’à le mettre sur le marché Georges, maintenant. Il aura une mention spécial: « Testé par les enfants Weasley et Teddy.


-Et Shayda, lui glissa cette dernière, malicieuse.


-Et Shayda, concéda-t-il. »


Ils allaient quitter le salon lorsque la boîte qui gisait sur le parquet commença à disjoncter.


« Le village s’endort, beuglait-elle de son horrible voix. Loups garous tués. Le village se réveille! »


Et elle enclencha son gong tonitruant, le répétant en boucle. 


Alors que Ron tentait de l’éteindre, en vain, l’objet explosa en une pluie de débris, saupoudrant la salle de déchets.


Le sorcier regarda, atterré, le désastre.


« Maman va me tuer, marmonna-t-il. »


Il jeta un regard à James et Shayda qui s’étaient avancés, alertés par l’explosion.


Ron leva sa baguette et fit apparaître deux balais.


« J’ai un rendez-vous important dans quelques minutes, dit-il. J’aurais impérativement besoin que vous deux me nettoyiez ce bazar.


-Pardon? fit James, outré. Hors de question que l’on nettoie tes bêtises. Ça nous prendrait toute la soirée! »


Shayda acquiesça vigoureusement.


Ron réfléchit un instant et son visage se fendit d’un grand sourire qui alerta les deux enfants.


« Bon, fit-il en haussant les épaules. Tant pis. En même temps, ce serait vraiment dommage que Ginny apprenne que tu as cassé sa photo de mariage préférée.


-Je l’ai réparée! s’exclama le garçon, révoltée.


-Et ça serait encore plus dommage que ta mère sache que ton sortilège a mal tourné et que sa photo est désormais irrécupérable. » 


James devient cramoisi.


« Ça va, je vais t’aider, maugréa-t-il.


-Merci mon neveu préféré, ironisa son oncle en lui ébouriffant les cheveux, goguenard. »


Le sorcier allait quitter la pièce lorsque Shayda se planta devant lui, les bras croisés.


« Et moi? fit elle. Pourquoi devrais-je t’aider? »


Il réfléchit un instant.


« Si tu le fais, je promets de te livrer gratuitement une vingtaine de marchandises de ton choix. Ça te va ? »


Elle sourit et acquiesça tandis que Ron quittait enfin le salon, l’œil rivé sur sa montre en or.


La jeune fille pivota vers James qui s’était déjà saisi de l’ustensile et entreprenant de dégager les débris en jurant. En silence, elle le rejoint et ils nettoyèrent la pièce de fond en combe, utilisant parfois leur baguette pour se débarrasser de déchets particulièrement récalcitrants.


Lorsque qu’ils eurent enfin fini, la nuit était déjà bien avancée. Shayda s’essuya le froid et baya, exténuée. Le canapé-lit en plein milieu de la salle l’attirait. James jeta un coup d’œil à l’horloge et jura.


« À cette heure-ci, Fred aura déjà fermé la porte de notre chambre. Je pourrais aller dormir avec Albus mais il ronfle.


-Et moi, renchérit la jeune fille, je ne peux pas me permettre de réveiller Lily et Rose. »


Leur regard se posa sur le sofa moelleux et ils sourirent de concert.


Shayda et James s’installèrent confortablement sur leur lit improvisé, chacun en occupant une moitié.


La fillette aurait pu se sentir gênée de dormir à quelques mètres à peine du jeune Potter, mais ne l’était nullement. Ce n’était après tout qu’une nuit comme les autres, passées aux côtés de son meilleur ami. Elle espérait seulement que cette proximité allait l’aider à vaincre ses cauchemars.


Et, en effet, lorsque Shayda s’endormit enfin, aucun mauvais démon ne vint troubler ses rêves. 


 


 

End Notes:

Et voilà ? Qu’en pensez-vous?

Je suis légèrement partie dans un délire avec les Loups-garous mais j’aime trop ce jeu :)

A bientôt pour un chapitre que j’affectionne particulièrement.

Au programme : une magnifique teinture bleutée, le retour de Cupidon ( le vrai, cette fois ) et un titre toujours aussi original.

Tchao ;)

Holidays partie quatre by Spiritos
Author's Notes:

Oyez oyez braves gens!

Voici le *cherche dans ses notes* quatorzième chapitre de ma petite fic longue.

Je suis fière d’affirmer poster régulièrement, mais je sais que ça va pas durer alors à quoi bon m’en vanter ?

Bref, ce chapitre se déroulera en grande partie autour de Fred.

Trève de bavardages, ça commence (enfin) à devenir un peu plus intéressant !

Bonne lecture ;)

 

Fred ouvrit brusquement les yeux. Il venait de faire un étrange rêve.

 

Des plumes rouges vifs flottaient sur l’eau limpide d’une petite rivière, gracieuses, avant d’être soudainement emportées dans une cascade et noyées dans les flots tumultueux.

 

Le garçon se redressa sur son lit, parfaitement éveillé. Il jeta un coup d’œil au lit vide de James, en se demandant où celui-ci pouvait bien être.

 

Fred se tourna et se retourna sur son matelas, mais il lui fut impossible de se rendormir. Alors il jeta ses draps de côté et, sur la pointe des pieds, traversa la pièce pour se retrouver dans le couloir sombre. De là, il tâtonna en silence, éclairé seulement par la lueur du croissant de lune qui perçait à travers les volets.

 

Le garçon descendit lentement vers la cuisine, décidé à se servir un verre d’eau. Alors qu’il traversait le salon, un détail retint son intention. Shayda Adel était profondément endormie sur le sofa, non loin de James dont la poitrine était soulevée de légers ronflements.

 

Fred regarda la jeune fille un instant, avant de sourire, machiavélique. Malgré leur trêve, l’occasion était trop belle. 

 

Il se précipita, excité, vers sa chambre, ne se souciant plus cette fois d’être entendu, et revint quelques minutes plus tard avec un élixir de couleur turquoise qui projetait dans la pénombre sa lueur colorée. 

 

Le garçon versa d’une traite la lotion sur les cheveux noirs de son ennemie et éclata d’un rire discret. Il payerait sans doute au centuple ce qu’il lui faisait, mais, pour l’instant, seule l’impression de puissance qui lui traversait le corps, parcourant ses bras jusqu’au but de sa nuque, l’importait.

 

Fred tira un fauteuil et s’assit près du canapé pour observer, curieux, la transformation. Le liquide, visqueux, mettait du temps à pénétrer dans la chevelure emmêlée de Shayda. 

 

Le Gryffondor observa un instant le visage  de la jeune fille. Elle n’était pas particulièrement jolie, nota-il. Ses cheveux trop longs, ébouriffés en une crinière hirsute, lui donnaient un air de sauvage. Elle était frêle, et ses bras maigres croisés contre sa poitrine et qui retombaient nonchalamment contre l’accoudoir du sofa la faisait ressembler à un oisillon. Son corps de fillette n’avait aucune forme et conservait une allure enfantine. 

 

Mais son visage pâle, éclairée par la lueur étrange qui régnait dans la pièce, avait quelque chose de fascinant. Son nez harmonieux, ses lèvres fines, ses yeux clots bordés de longs sourcils noirs exerçaient une attraction indescriptible sur Fred, qui sentit une curieuse sensation au creux de son estomac. Elle était belle, pensa-il, troublé. Son visage détendu, ses traits relâchés, elle était belle. 

 

Au fur et à mesure que l’élixir pénétrait plus profondément sur l’épaisse chevelure de Shayda, le jeune garçon sentait quelque chose monter au fond de lui, au même rythme que la teinture qu’absorbaient les cheveux de la fillette. Que lui arrivait-il?

 

Son regard se posa sur James, à l’autre bout du canapé, et Fred ressentit une autre sensation étonnante, une colère sourde, froide, qui s’apparentait à... de la jalousie ? 

 

Le jeune homme avait souvent été jaloux de Shayda, qui avait su tisser avec son cousin des liens que lui-même n’avait jamais réussi à créer. Mais, cette fois-ci, en regardant la tête de la jeune fille délicatement posée contre le sofa, les bras des deux enfants innocemment posés les uns sur les autres, Fred n’était pas jaloux pour James, mais de James. Il aurait souhaité être celui à qui Shayda souriait, celui qui la faisait sourire. 

 

Que lui arrivait-il?

 

Troublé, chancelant, il regarda une dernière fois la fillette, dont la chevelure était désormais d’une teinte turquoise vive. Mais il n’arrivait désormais plus à se réjouir de voir l’expression de son visage, de son beau visage, déformé par la colère. 

 

Que lui arrivait-il?

 

Fred remonta lentement dans sa chambre et se hissa sur son lit, les yeux grands ouverts. Il tenta de fermer les yeux, de se réfugier dans un sommeil réparateur et de découvrir le matin que les événements de la veille n’avait été qu’un mauvais rêve.

 

Le garçon s’endormit enfin, agité, l’esprit hanté par le visage d’une certaine Serdaigle...

 

                          OoOoOoO

 

Un soleil radieux filtrait à travers les volets à moitié clôts. Shayda, titillée par la lumière pâle, émergea lentement d’un sommeil sans rêve. À ses côtés, James, parfaitement coiffé et bien réveillé, lui adressa un sourire éclatant. Elle grogna: la perfection à toute épreuve de son ami commençait à l’agacer.

 

La fillette se redressa, endormie, sans que le garçon ne cesse de la dévisager. Elle s’en alarma un instant, craignant d’avoir fait une cauchemar dont elle ne se rappelait pas, mais qui aurait choqué James. Mais son ami la regardait d’un air amusé.

 

« Tu as vraiment une tête horrible le matin, tu le sais ? se moqua-t-il.

 

-Tu as vu ton reflet dans mes beaux yeux et tu en as déduis que c’était moi ? répliqua mollement Shayda, l’esprit encore embrumé. »

 

Le garçon éclata de rire.

 

« Ma pauvre, tes répliques sont vraiment nulles le matin. J’ose espérer que c’est à cause de la fatigue.

 

-On va dire ça, admit la Serdaigle en se redressant complètement, se frottant les yeux. » 

 

James la dévisageait toujours, narquois, et elle commençait sérieusement à s’inquiéter.

 

« Bon, pourquoi tu me regardes comme ça depuis toute à l’heure? s’énerva-t-elle. »

 

Sans lui répondre, souriant toujours, le garçon lui tendit un miroir de poche, goguenard.

 

« Tu te balades toujours avec un miroir sur toi ou...»

 

Les mots de Shayda moururent sur ses lèvres tandis qu’elle observait, stupéfaite, son reflet dans la glace. De longues mèches turquoises encadraient désormais son visage fin: ses cheveux étaient devenus bleu vif. 

 

Elle porta une main à sa bouche, horrifiée et pivota vers James qui se mordillait la lèvre pour ne pas hurler de rire. Le garçon leva les mains devant lui en signe de paix. 

 

«Je n’ai rien à voir avec ça, se défendit-il. »

 

Shayda réfléchit à toute vitesse. Il ne pouvait alors s’agir que d’une personne. Un certain individu roux à la peau mate et au sourire méprisant. 

 

Elle hurla, hors d’elle:

 

« WEAAAAAAAAASLEEEEEEEEEY !»

 

                             OoOoOoO

 

Une masse s’abattit sur le matelas moelleux et Fred se réveilla en sursaut.

 

Deux yeux rouges qu’il aurait reconnu entre mille le fixaient, luisant d’une lueur meurtrière.

 

Le garçon eut à peine le temps de comprendre ce qui lui arrivait qu’un puissant oreiller s’abattit sur lui, martelant à grands coups son visage.

 

« On avait fait une trêve, hurlait Shayda, furibonde. Espèce de fils de corgnard! Sale troll! Une TRÊVE! »

 

Fred leva les bras pour parer sans mal l’attaque de la fillette et se redressa.

 

Les cheveux bleu vifs plus hirsutes que jamais, le visage tordu de colère, Shayda fixait son ennemi avec une expression de haine intense. James, dans l’encadrure de la porte se tordait de rire, les mains sur les hanches, et Fred ressentit une nouvelle bouffée de jalousie à son encontre.

 

La jeune fille le regarda une dernière fois, méprisante, et sortit de la pièce d’un pas digne. Son cousin se tourna vers lui, hilare.

 

« Ce n’était peut être pas une bonne idée de s’en prendre à ses cheveux, fit-il remarquer. Mais j’imagine que tu dois en être fier. »

 

Non, Fred n’en tirait aucune satisfaction. Il ne ressentait qu’un vide profond au fond de lui, une blessure béante causée par la haine que lui avait manifestée Shayda. Pourrait-elle un jour le regarder d’une autre façon ? Il en doutait. 

 

Le garçon suivit son cousin jusqu’au salon où toute la famille était déjà attablée pour le petit déjeuner. C’était un des rares moments où parents et enfants partageaient un moment ensemble, loin des tracas de leur vie au travail. 

 

Fred s’installa près de James et remarqua avec stupeur que Shayda venait s’asseoir près de lui. Il aurait plutôt pensé qu’elle aurait tendance à le fuir.

 

« Combien de temps? fit-elle d’une voix dure.

 

-Combien de temps quoi? demanda-il sans comprendre. 

 

-Combien de temps ton horrible teinture va mettre pour disparaître, siffla-t-elle, méprisante. »

 

Le garçon redouta la réponse qu’il allait lui donner.

 

« Six à sept, commença-t-il, prudent...

 

-Jours? termina la fillette, rassurée.

 

-Non, six à sept...

 

-Semaines? s’inquiéta Shayda.

 

-Plus, certifia Fred. Six à sept...

 

-ANNÉES? hurla-t-elle.

 

-Mais laisse moi finir, enfin, s’agaça le Gryffondor. Ta magnifique teinture bleue va rester six à sept mois.

 

-Pardon?! s’offusqua-elle, horrifiée. Je vais devoir me coltiner ces horribles cheveux pendant presque toute l’année?

 

-Ça ne changera pas de d’habitude, intervient James. Tes cheveux sont toujours horribles de toutes façons, alors colorés ou pas... »

 

Si les regards pouvaient tuer, James Sirius Potter serait définitivement rayé de la surface de la terre.

 

Un hibou grand-duc, majestueux, rentra par la fenêtre entrouverte du Terrier et se posa avec grâce près de Shayda. Celle-ci déplia la missive qu’il transportait et la lut, son meilleur ami penché au dessus de son épaule. 

 

Fred vit avec stupéfaction les iris rouges de la jeune fille passer aux jaune vif, puis à l’orange , avant de prendre une teinte lilas clair.

 

« Tes yeux, hoqueta-il. Ils ont changé de couleur! »

 

Ce fut James qui répondit.

 

« Shayda change de couleur d’iris selon ses émotions. 

 

-Et le rouge, ça veut dire quoi ? »

 

Son cousin ricana.

 

« La colère. Ou la haine. »

 

Oh. Alors, quand la jeune fille le regardait, elle n’éprouvait rien d’autre qu’une colère sourde, mêlée de haine. Cette information le blessait, lui déchirait les entrailles juqu’à lui couper le souffle. 

 

Que lui arrivait-il?

 

                      OoOoOoO

 

« Je m’ennuie, geignait Roxanne. »

 

C’était l’après-midi, et tous les adultes étaient sortis, travaillant ou faisant quelques achats. Les cousins Weasley étaient seuls dans le grand salon et cherchaient désespérément une occupation.

 

Fred leva les yeux aux ciels. Du haut de ses neuf ans, sa petite sœur était insupportable. 

 

« Et si on faisait un Action ou Véritasérium? »

 

Shayda venait d’arriver dans le salon, suivie par Lily, dont elle tenait la main. Le garçon fixa leurs doigts entrelacés. Il n’allait quand même pas être jaloux de sa petite cousine, tout de même? Fred serra les poings. Apparemment, si.

 

La proposition fut tout de suite adoptée et les enfants se mirent en cercle. James lança à sa meilleure amie un regard complice - qui brûla encore une fois les entrailles de son cousin - et commença. 

 

« Shay’, Action ou Véritasérium ?

 

-Véritasérium, répondit tranquillement celle-ci. »

 

Fred aurait juré que l’intrépide Shayda allait choisir action, mais James ne fut pas surpris.

 

« Très bien. Si tu devais causer le renvoi de trois personnes à Poudlard, qui seraient-elles ? »

 

La fillette haussa un sourcil.

 

« Je ne te l’avais pas déjà faite, celle-là ? 

 

-Non, la dernière fois c’était d’une seule personne. »

 

Ainsi, James et Shayda avenir déjà joué à ce jeu auparavant. Tous les deux. Fred ricana mentalement. Le retour de la jalousie.

 

La jeune fille réfléchit.

 

« Weasley, fit elle en pointant son doigt vers le Gryffondor qui s’efforça de rire avec les autres malgré la pointe qui lui transperça le cœur, Rusard - des hochements frénétiques retentirent dans l’assemblée - et... Londubat.

 

-Père ou fils ? demanda James.

 

-Père. Je hais ce prof. »

 

Son ami arbora une mine horrifiée mais s’abstînt de tout commentaires.

 

« À moi. »

 

Shayda se tourna vers Victoire avec un grand sourire aux lèvres.

 

« Action ou Véritasérium, Victoire ?

 

-Véritasérium, balbutia celle-ci. »

 

L’air diabolique de la fillette la fit déglutir.

 

« Victoire, demanda-t-elle, pesant chacun de ses mots, es-tu amoureuse de de quelqu’un ici? »

 

La jeune femme vira au rouge vif. Fred la dévisageait, amusé. C’était assez drôle de voir leur sévère cousine, l’aînée des Weasley, bredouiller comme une enfant de douze ans. À l’autre bout de la salle, Teddy Lupin était suspendu à ses lèvres, anxieux.

 

« O-oui, dit finalement Victoire. Mais je ne vous dirai pas qui. »

 

Le Gyffondor leva les yeux aux ciel. Tout le monde dans la pièce devait avoir compris que sa cousine était folle amoureuse de Teddy, et inversement. Sauf James, peut-être. Et Lucy visiblement, qui demanda:

 

« Comment tu sais quand tu es amoureuse? »

 

Victoire réfléchit, songeuse, en secouant ses belles boucles argentées.

 

« Tu peux ne pas forcément le savoir dès le début, ou l’admettre. Mais il y a des signes qui ne trompent pas. Le cœur qui bat plus fort lorsque l’on se trouve près de l’être aimé. Des rougissements incontrôlables quand on le voit. On se comporte parfois comme des imbéciles lui et on le regrette après. Si il nous rejette, on pleure, on crie, on se sent seul. Mais au fond de soi, on veut rester près de celui ou celle dont on est tombé amoureux, parce qu’on l’aime. »

 

Des sifflements amusés accueillirent la fin de son discours. James avait pris un air dégouté, Shayda faisait des clins d’œil à Teddy qui réfléchissait, et les plus âgés souriaient en repensant à ce sentiment qu’ils avaient déjà ressenti.

 

Mais Fred, lui, ne riait pas. Sa cousine avait décrit à la perfection ce qui lui  arrivait depuis la veille lorsqu’il dévisageait une certaine jeune fille, de ses rougissements soudains à ses battements de cœur incontrôlables. Et le jeune garçon comprit soudainement ce qui lui arrivait depuis quelques temps, la dure réalité se présenta à lui dans une prise de conscience presque douloureuse.

 

Il était amoureux. De Shayda. 

 

Et il n’aurait su dire ce qui était le pire.

 

 

 

 

End Notes:

Spiritos: Voili voilou, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et...

Fred: Alors là, non, je proteste. Il est hors de question que je tombe amoureux de ça.

Shayda: Pour une fois je suis d’accord avec ce troll. Nous deux amoureux ? Quand les phénix auront des crocs, oui.

Fred: Surtout que c’est tellement cliché, deux ados qui se détestent et qui finissent ensemble.

Shayda: Je confirme.

Spiritos: Vous avez fini ?

Shayda: En plus tu avais dis toi même que tu es incapable d’écrire des romances.

Fred: On dirait une parodie.

Shayda: Ce que t’es nulle quand même!

Spiritos: Vous avez fini ?

Fred: Et pourquoi ne pas la mettre avec James? Ils s’entendent tellement bien. 

Shayda: Bonne idée!

Spiritos: Vous avez... hé mais c’est pas bête. Je pourrais écrire un triangle amoureux entre vous trois, qui durerait pendant tout Poudlard et se solverait à la fin par le sucide tragique d’un d’entre vous. Pas mal...

Shayda: Finalement ça va aller. Je suis très bien avec Weasley.

Fred: Quel beau couple nous formons.

Shayda: Merci notre auteure préférée!

Spiritos: Je vous en prie.

^^*

Holidays partie cinq by Spiritos
Author's Notes:

Voilà la dernière partie des vacances, un chapitre long mais sans réelle action.

En espérant qu’il vous plaira, bonne lecture :)

 Le soleil brûlant tapait sur la nuque du cortège bruyant qui avançait joyeusement, indifférent à la chaleur étouffante de cette fin d’après-midi d’été. C’était le dernier jour passé au Terrier et les adultes avaient organisé une excursion vers un petit point d’eau à la lisière du bois qui bordait le village. 

 

Ils débouchèrent enfin sur une magnifique crique ombragée. Des roseaux aux racines en partie immergées dans l’eau se dressaient sur la rive, bordant la plage au sable épais où de petits poissons sombres  nageaient gaiement, dessinant dans l’eau de remous imperceptibles. Le soleil projetait sur la surface limpide des motifs lumineux, et les enfants Weasley trépignaient d’impatience à l’idée de se jeter à l’eau.

 

Les parents s’installèrent patiemment sur la petite grève, et posèrent sur le sol des nappes colorées où trônaient de délicieuses victuailles. Un après-midi de jeu et de détente s’annonçait, bien loin des tracas de la rentrée prochaine et de la reprise du travail.

 

James glissa à Shayda, malicieux: « Je te parie que tu n’es pas capable de te jeter dans l’eau. »

 

Et il désigna à son amie un rocher abrupt qui s’élevait d’une certaine hauteur, surplombant le point d’eau. 

 

La jeune fille sourit et songea que c’était bien mal la connaître. Elle escalada avec agilité le roc et s’élança de celui-ci pour atterrir toute habillée dans l’eau. 

 

Shayda releva sa chevelure mouillée, des gouttelettes dégoulinant sur ses joues. et ria aux éclats. Elle ne s’était pas baignée depuis bien longtemps et en avait presque oublié la sensation fantastique du liquide fluide sur sa peau, de la fraîcheur de l’eau contre elle. 

 

James la rejoignit, prudent, et fit à son amie:

 

« Je ne pensais pas que tu allais le faire. Franchement, tu ne sais même pas ce qu’il y a sous la surface ! Ça aurait pu être dangereux, s’inquiéta-t-il, le front plissé. »

 

La fillette mit fin à ses interrogations en l’éclaboussant.

 

« L’eau n’est jamais dangereuse, déclara-t-elle, catégorique. »

 

Le jeune garçon haussa un sourcil.

 

« Et les cas de noyade ? Les dragons des mers ? Les requins ? Les tempêtes? 

 

-Ils n’ont juste pas su apprivoiser leur environnement, c’est tout. »

 

James esquissa un sourire narquois.

 

« Parce que toi, tu le sais ? se moqua-t-il. »

 

Shayda haussa les épaules. De toute façon, il ne comprendrait pas. Et elle non plus n’était pas sûre de comprendre ce qui  l’attirait tant dans cet élément. 

 

La fillette pris un peu d’eau au creux de sa paume et la laissa retomber en une pluie de fines gouttelettes. L’eau la fascinait. Sa couleur changeante au fil du temps. Sa texture fluide. Sa délicieuse teinte bleutée, sa lumière rassurante.

 

« Et elle protège du feu, murmura-t-elle pour elle même, l’esprit assailli de souvenirs sombres. »

 

Une balle reçue en pleine tête la tira de ses pensées. Heureusement que Weasley était là pour lui changer les idées.

 

« Alors, Adel, on peine à garder la tête hors de l’eau, se moqua-t-il, en faisant mine de visée une nouvelle fois sa figure. »

 

Shayda, que le choc avait fait basculer dans l’eau, se redressa et le toisa d’un air mauvais.

 

« Non, rétorqua-t-elle, méprisante. J’essayais seulement de me débarrasser de ton affreuse teinture. Malheureusement, elle ne semble pas partir à l’eau. »

 

Curieusement, le visage du garçon s’assombrit et il siffla:

 

« Tu ne peux pas arrêter de te plaindre sans arrêt ?

 

-Pardon?! , s’écria la jeune fille. Je te signale que c’est à cause de toi que j’arbore cette horrible couleur alors encore heureux que je me plaigne.

 

-Moi, je trouve que ça te vas bien alors cesse tes jérémiades ! »

 

Sur le point de rétorquer, elle se stoppa net. Son pire ennemi venait-il de lui faire une compliment?

 

« Bah oui, expliqua-t-il d’un air évident, comme toute l’attention se porte sur cette affreuse couleur vive, on voit beaucoup moins ton visage laid. »

 

Shayda lui adressa un rictus en marmonnant: «  Tu sais ce qu’il te dit, mon visage laid? » et se détourna pour continuer sa nage tranquille. 

 

Mais Fred la rappela: « Je te parie qu’avant la fin de l’année, tu te vanteras de cette couleur.

 

-Pari tenu, fit Shayda, sûre d’elle.

 

-Si je gagne, tu me devras une faveur. N’importe laquelle. »

 

La fillette réfléchit, mais elle savait déjà qu’elle allait accepter.

 

« D’accord. Mais si je gagne, tu devras te teindre à ton tour les cheveux en la couleur de mon choix. »

 

Le jeune homme acquiesça sans la quitter des yeux, narquois, et elle se détourna enfin, furieuse.

 

Shayda se hissa sur la plage, dans un coin à l’abri des regards pour se sécher un peu, protégée par l’ombre du feuillage qui filtrait la lumière éclatante du soleil brûlant. Alors qu’elle marchait, concentrée sur la sensation de l’herbe douce sous ses  pieds nus, elle s’arrêta net devant une vision surprenante.

 

Victoire et Teddy s’embrassaient furieusement, leur visage collé l’un contre l’autre, dans un amour si évident que Shayda ne pu s’empêcher de sourire. Elle les laissa faire un moment puis s’éclaircit la gorge, gênée. Les deux amants s’écartèrent aussitôt, tétanisés, avant de voir qu’il ne s’agissait que de leur amie. 

 

Ils lui sourirent en cœur, la main de Teddy entrelacée dans celle de Victoire et la Serdaigle, malgré son dégoût, devait bien avouer qu’ils étaient mignons.

 

« Alors... ça y est ! s’exclama-t-elle, sans contenir l’excitation qui montait en elle. Vous êtes enfin ensemble ? »

 

Le long baiser, plus prude, qu’échangèrent  les amoureux devant ses yeux était la plus éloquente des réponses.

 

« Je veux des explications, déclara Shayda en se laissant tomber sur les herbes désordonnées et humides. »

 

Victoire sourit, amusée, et entreprit de raconter qu’après l’Action ou Véritasérium organisée, Teddy avait entraîné la jeune femme dans un couloir et lui avait demander, insistant, qui était le garçon dont elle parlait. La Gryffondor n’avait pas voulu lui répondre et le jeune homme lui avait alors glissé: « Est-ce moi ? ». Victoire avait réfléchit puis l’avait embrassé du bout des lèvres avant de déclarer: « Voilà qui répond à ta question. » Depuis, ils sortaient ensemble.

 

Shayda n’avait pu s’empêcher de lever les yeux aux ciel, un peu dégoûtée par le romantisme de ses aînés

 

Mais elle n’avait pu s’empêcher d’applaudir à la fin du discours de la préfète.

 

« Et... vous ne l’avez pas encore annoncé à votre famille? »

 

Teddy et Victoire échangèrent un regard, anxieux.

 

« En fait, avoua le jeune homme, on ne sait pas très bien comment ils vont réagir. Tu sais comment est la famille... surtout que je suis plus vieux que Vic’.»

 

La jeune femme leva les yeux au ciel.

 

« On a un an de différence, Teddy ! Et on a pratiquement grandi ensemble. »

 

Shayda se racla une nouvelle fois la gorge. 

 

« Et pourquoi me l’annoncez-vous, à moi ? Parce que je ne suis pas de votre famille ?

 

-Non, fit Victoire en secouant la tête. Parce que c’est grâce à toi que nous sommes ensembles.

 

-Ah oui ? s’étonna la fillette.

 

-Dans le jeu de Ron, enchaîna Teddy, tu nous as mis ensemble.

 

-Puis tu nous as rapprochés durant toutes les vacances, continua Victoire.

 

-Avant de poser à Vic’ cette fameuse question qui a tout enclenché. »

 

Shayda sourit. Effectivement, elle avait sa part de responsabilité dans le couple.

 

« Si on se marie, promit la jeune femme, tu seras une des demoiselles d’honneur.»

 

Teddy prit un air stupéfait et béat.

 

« On va se marier ?

 

-C’est un peu tôt, rougit Victoire, mais... »

 

Elle ne finit pas sa phrase et attira son copain dans un baiser, oubliant complètement la pauvre fillette qui ferma les yeux, écœurée.

 

À pas feutrés, elle s’éloigna pour retourner à la crique où elle se jeta à nouveau dans l’eau, heureuse.

 

Au côté de son meilleur ami et de ses cousins, Shayda riait aux éclats, le visage détendu, trempée, joyeuse. 

 

Bientôt, ce serait la rentrée et les cours et les études allaient les submerger. Les plus jeunes allaient retourner à la monotonie de leur vie tranquille tandis que leurs parents auraient à travailler dans les tracas du quotidien. Mais, pour l’instant, seul le bruit léger des remous à la surface limpide venait troubler leur bonheur.

 

                         OoOoOoO

 

Le lendemain, les Potter et Shayda étaient de retour à Godric Hollows et s’affairaient aux préparatifs de la rentrée. 

 

Harry et Ginny s’étaient libérés pour les accompagner sur le chemin de Traverse faire leurs achats. James et Shayda étaient tous deux enchantés par la perspective de retourner au château, de même qu’Albus qui allait s’y rendre pour la première fois. 

 

« Dans quelle maison souhaiterais-tu te retrouver, Al’? s’enquit la fillette alors qu’ils s’apprêtaient à utiliser la poudre de chemisette. »

 

Avant que son jeune frère n’ait le temps de répondre, James ricana.

 

« À Serpentard. Al’ sera un parfait serpent. »

 

Ce dernier pris un air offusqué.

 

« Je n’irais pas à Serpentard! 

 

-Bien sûr que si, se moqua le Serdaigle. Tu es fourbe, méchant, lâche...

 

-Les Serpentard ne sont pas comme ça, le coupa Shayda en prenant la défense d’Albus. Ce sont des préjugés stupides. Comme ceux qui disent que les Serdaigles sont des intellos. »

 

La jeune fille sentit qu’elle avait touché juste car son ami se tut. 

 

Sans un mot, Albus avança vers l’élégante cheminée du salon des Potter et lança: « Chemin de Traverse ! »

 

Il disparut et Shayda s’avança à son tour.

 

« Chemin de Traverse ! s’écria-t-elle d’une voix forte. »

 

Elle fut comme aspirée et elle serra les dents. Elle n’avait jamais aimé la poudre de cheminette. 

 

Un à un, les Potter débouchèrent au coin d’une rue aux pavés irréguliers, bordée de magasins colorés. 

 

La jeune fille, suivie de près par Lily, se rappela l’émerveillement qui l’avait saisie la première fois qu’elle avait foulé les rues étroites de l’allée. Aux États-Unis, sa famille et elle avait l’habitude de faire leurs achats à New York, sur la Grande Avenue. Les vitrines étaient énormes et lumineuses et les magasins majestueux, mais le charme des petites boutiques du Chemin de Traverse avait tout de suite séduit Shayda lors de son arrivée en Grande-Bretagne. 

 

Les petites échoppes étaient agglutinées les unes contre les autres, charmantes et attirantes, aux vitrines colorées. Seuls deux magasins se démarquaient de cet ensemble unis et attiraient irrésistiblement le regard.

 

Le premier était le célèbre Farces pour sorciers facétieux, incontournable pour tout élève qui se respectait. La vitrine colorée de magasin était rempli d’objets en mouvement, bizarre et farfelus. Shayda se promis de repasser plus tard pour aller réclamer à Ron les produits de Farces et attrapes qui lui étaient dus. Weasley allait souffrir!

 

Le deuxième magasin qui détonnait dans la rue n’était d’autre que le marchand de baguette, Ollivander. La boutique arborait une devanture dorée, fastueuse et impressionnante. Dans la vitrine était disposées des centaines de boites, arrangées de façon ingénieuse en cercle ou en motifs compliqués. En haut, des lettres bleus sombres, gravées à la main, montraient le nom de l’échoppe.

 

Shayda n’avait pas acheté sa baguette chez le célèbre marchand anglais. La sienne avait été conçue en Amérique, par un de ses grands oncles.

 

La famille de son père était une des rares familles restantes de Sang-purs américains. Ces derniers n’avaient rien à voir avec les aristocrates arrogants et guindés que la fillette avait parfois eut l’occasion de côtoyer en Angleterre. Les sorciers américains « de pure souche »  étaient les descendants des natifs du continent. Lorsque les Moldus avaient découverts le nouveau monde, les sorciers amérindiens s’étaient cachés tandis que les nouveaux venus trouvaient les rares Non-mages qui peuplaient le continent. Les colonisateurs avaient rapidement peuplé le continent et instauré leur autorité illégitime, à l’écart des Sangs-purs qui continuaient de vivre avec leur propre culture.

 

Avec les temps, les pionniers avaient eu des enfants sorciers qui fondèrent la société magique des États-Unis et dénigrèrent peu à peu leurs ancêtres Moldus. C’était assez triste de voir des prétendus Sang-purs renier leurs aïeux et imposer des lois de ségrégation sévères, que les amérindiens regardaient d’un œil inquiet. Ces derniers ne faisaient pas vraiment de distinction entre Non-mages et sorciers qui vivaient en harmonie dans leur cité et partageaient les mêmes principes. 

 

Aussi, lorsque Merlin Adel avait décidé d’épouser une Née-Moldue, la famille du jeune homme n’y avait trouvé aucun inconvénient et Pandora était devenue un membre à part entière de la communauté.

 

Le jour de son inscription à Poudlard, les parents de Shayda l’avait amenée auprès de la famille paternelle qui l’avait présentée à un vieillard maladif. L’homme, apparemment le grand-oncle préféré de son père, avait observé la fillette, mal à l’aise, pour déterminer de quoi sa baguette serait faite. Il avait ensuite coupé le bois d’un chêne sacré et gravé des inscriptions dans l’écorce sensées protéger sa propriétaire. Le vieil homme avait également pris un cheveu de sa nièce, un plume de Rainbow qu’elle avait décidé d’ajouter à l’instrument ainsi que des ingrédients mystérieux dont elle ignorait l’utilité. Enfin, il avait pointé le bout de bois vers son cœur et un oiseau de fumée en était sorti, rejoignant la baguette qui avait luit d’une lueur bleutée, signe qu’elle était prête. 

 

Shayda, curieuse, avait demandé à l’artisan ce que signifiait l’oiseau qui était sortit d’elle. Le vieillard lui avait simplement répondu que c’était elle. Devant l’air déboussolé de la fillette, il avait ajouté que les baguettes ordinaires avaient pour vocation de canaliser les pouvoirs de leurs propriétaires. Les siennes, au contraire, étaient une extension de la magie du sorcier, ne faisant qu’un avec elle. Il avait entendu parler de la devise « C’est la baguette qui choisit le sorcier. ». Sottises, s’était-t-il écrié. Ce n’était d’après lui que des racontars d’hommes d’affaires malhonnêtes. Des baguettes crées en série n’avaient aucune âme, et ne pouvait un aucun cas penser d’elles même. Seules des baguettes fabriquées avec soin à l’image de leur possesseur étaient dignes d’être utilisés, affirmait-t-il. Lui ne désirait pas d’argent, seulement permettre à sa nièce de « mettre son âme » dans sa baguette.

 

Shayda avait été très troublée par cette expérience et, une une fois revenue en Angleterre, s’était empressée d’essayer son nouvel outil. Le vieil homme avait eu raison: tenir sa baguette lui ouvrait des possibilités nouvelles, comme si quelqu’un la complétait. Son écorce délicate, ses motifs magnifiques et son maniement plus qu’agréable étaient devenus comme une extension du corps de la fillette, un ami indispensable dont il serait impensable de se séparer.

 

Alors qu’elle attendait Albus qui choisissait son instrument, Shayda se dit qu’il était impossible qu’une baguette déjà créée sommeille en attendant de trouver son âme sœur. 

 

Mais lorsque que le jeune garçon revint, en extase, tenant à la main une boîte enveloppée de soie verte et racontant à qui voulait l’entendre que sa baguette était faite pour lui, la fillette s’autorisa à revoir ses opinions.

 

Contrairement à son fils, Harry, lui, marmonnait, agacé.

 

« Ça a encore changé, maugréa-t-il a l’adresse de Ginny. La boutique est gigantesque et ils te demandent désormais de remplir un formulaire long de dix pages indiquant tes goûts, ta couleur de yeux et si tu préfères le sucré au salé. 

 

-L’avantage, c’est que ça va beaucoup plus vite, fit remarquer James. L’année dernière, je n’ai même pas eu à essayer trois baguettes avant de trouver la mienne. 

 

-Pourquoi dites-vous que ça a changé? questionna Shayda, curieuse. Ollivander n’as pas toujours été comme ça ?

 

-Pendant la guerre, expliqua Harry, M.Ollivander, le plus grand artisan de baguette de son temps, a été enlevé par les Mangemorts. À la fin de la bataille, ses tortionnaires ont été condamnés et le Ministère lui a payé un dédommagement gigantesque qui s’élevait à plusieurs milliards de gallions. Ollivander, déjà aisé, a acquis une situation plus que confortable et à choisi de développer sa boîte.

 

-Je ne vois pas où est le problème, s’enquit la fillette.

 

-J’y viens. À cause des tortures infligées pendant la guerre, le vieil homme n’a pas été jugé capable de reprendre son poste et c’est son fils et sa belle-fille qui ont repris l’entreprise, faisant du petit commerce une gigantesque fibre internationale devenue la plus importante au monde.

 

-Rien que ça, fit Shayda, ébahie.

 

-Et le pire, intervint Ginny, est que les directeurs actuels n’ont aucune passion pour ça. Ils se contentent d’offrir des produits d’une qualité extraordinaire, j’en conviens, sans prendre en compte la beauté de l’art des baguettes qu’aimait tant Ollivander. Ça me fend le cœur de voir le pauvre vieillard assis dans un coin sombre, tentant d’intervenir sous les regards noirs de ses enfants, étranger dans sa propre boîte, grimaça-t-elle. »

 

Tous se turent et continuèrent à marcher en silence, les paroles de Ginny résonnant dans la tête de chacun tandis que la fillette  se promettait d’avoir une discussions sérieuse avec Viviana. Ce fut James qui dérida l’ambiance. « Alors, glissa-t-il, mesquin, à Albus, je vois que ton cadeau est soigneusement emballé dans de la soie verte. Un hommage à Serpentard? »

 

Shayda n’attendit pas la réponse du pauvre garçon et éclata de rire, rejetant ses boucles bleues en arrière pour ricaner avec insouciance, plus que la blague ne le méritait vraiment.

 

                           OoOoOoO

 

La voiture noire glissait sur la route en béton, faisant craquelé les feuilles mortes sous son poids. L’automne était arrivée vite, cette année, et le parfum de la rentrée était plus que présent dans l’air vif et doré du matin brumeux.

 

Harry gara le véhicule et Ginny le verrouilla d’un discret coup de baguette. Les Potter et Shayda se faufilèrent dans la grande rue couverte de passants qui regardaient passer, stupéfait, les chariots bringuebalant chargés de bagages et d’énormes oiseaux qui hululaient d’un air mauvais.

 

Shayda, Rainbow sur son épaule, faisait avancer à grande peine son gigantesque chariot. Elle leva les yeux vers la grande gare, aux murs noircis par la fumée des trains, où flottait une odeur de suie qui s’insinuait dans les recoins. 

 

Au milieu des reniflements de Lily, de la dispute entre James et Albus, de plus en plus violente, et du sifflement incessant des trains, l’atmosphère était étouffante et la jeune fille avait hâte de passer la barrière.

 

« Je n’irai pas ! Je n’irai pas à Serpentard! »

 

Shayda leva les yeux au ciel. Bien sûr qu’Albus n’irait pas à Serpentard. Il semblait montrer une telle répulsion pour cette maison qu’il aurait été imossible que le Choixpeau l’affecte là-bas.

 

« Tu iras peut-être à Serpentard, le taquinait son frère. Il n’y a pas de mal à ça. »

 

Devant le regard furibond de Ginny, James se tut un instant et franchit la barrière avec l’air supérieur de l’aîné.

 

La Serdaigle pouffa, amusée, et courut à son tour contre le mur en briques. Il n’y eut aucun choc et elle se retrouva de l’autre côté, dans un monde nouveau. 

 

Une locomotive rouge vif était garée sur le quai, près d’une foule compacte et colorée. Au dessus d’elle, une pancarte en bois indiquait: « Quai neuf trois-quarts. »

 

Shayda vit James s’éloigner et elle partit à son tour à la recherche de son frère. 

 

Ash était seul, assis sur son chariot et caressait tranquillement un chat rose bonbon qui s’était faufilé entre ses jambes. En voyant sa sœur arriver, il fronça les sourcils.

 

« Shay’? Que t’es t-il arrivé? »

 

L’intéressée tira sur une de ses mèches bleues en soupirant.

 

« T’occupe, grand frère. Quelques... mésaventures. »

 

Elle s’assit à côté du jeune homme qui lui adressa un sourire sincère.

 

« Ça te va plutôt bien, en vrai. »

 

Shayda leva les yeux au ciel, mais ne répondit pas.

 

Son frère lui avait manqué, elle en prenait désormais conscience. Alors elle posa sa tête contre son épaules, sa masse de cheveux turquoises lui chatouillant le visage et ils restèrent ainsi, dans la brume et le vacarme de la gare. Unis dans leurs souvenirs. Unis par les démons qui les agitaient tous deux.

 

Et c’est lorsque le sifflement strident du train se fit entendre, traversant l’épais brouillard et les séparant brutalement, que Shayda sut que les vacances étaient terminées.

End Notes:

Voilà !

Qu’en avez vous pensé? 

Le chapitre prochain se déroule à Poudlard et un nouveau personnage sera introduit, un personnage plutôt important dans l’histoire.

Je n’en dis pas plus, à bientôt !

Et n’oubliez pas:

Poster une review protège des moustiques.

Réformes et préjugés by Spiritos
Author's Notes:

Hey!


Pas d’inspiration pour le titre du tout ( pour changer un peu )


Ce chapitre sera sûrement le denier que je poste aussi régulièrement. Et oui, fini les bonnes habitudes ! ( ça aura duré une semaine xD )


Bonne lecture !

Shayda se détacha de son frère pour aller saluer la famille Potter qui l’avait si gentiment accueillie. Elle éteignit brièvement Ginny, adressa un poignée de main reconnaissante à Harry et partagea une longue étreinte avec Lily, qui refoulait à grande peine ses larmes. La jeune fille eut un pincement au cœur en pensant que  la petite fille allait rester seule pendant toute une année, loin de ses deux frère et de la plupart de ses cousins.

 

« Ne t’en fait pas, ça ne sera pas long, promit Shayda en essuyant les pleurs qui coulaient désormais sur son visage poupin.

 

-Deux ans, renifla Lily. Tu vas m’oublier en attendant.

 

-Mais non, dit-elle en levant les yeux au au ciel. Est-ce que l’on oublie ses amis ? Si tu veux, je peux même te rapporter l’objet de ton choix de Poudlard. »

 

La fillette cessa immédiatement de gémir.

 

« Celui que je veux? fit-elle, intéressée. Alors je veux que tu me rapportes Miss Teigne. »

 

La Serdaigle déglutit. Rusard l’avait déjà dans le collimateur et si elle s’amusait à voler sa précieuse compagne, il fallait s’attendre à ce que le concierge réactive les chaînes rien que pour elle.  Elle avait expérimenté une teinture sur son pelage l’année passée et Rusard avait été de si mauvaise humeur que les punitions  avaient plut par centaine jusqu’à que Miss Teigne retrouve sa teinte originale. C’était absolument impossible de toucher à un poil de la chatte sacrée. Lily allait être déçue.

 

« Tu l’auras, acquiesça cependant Shayda, sûre de son coup.»

 

La fillette l’étreignit une dernière fois et laissa son amie se diriger vers le Poudlard Express qui semblait sur le point de partir, fumant, crachotant, expulsant un nuage de suie sur le quai.

 

La jeune fille hissa à grande peine son énorme malle dans le train, tandis que celui ci avait déjà commencé à s’éloigner. Elle vit, au loin, un jeune homme au cheveux bleus faire des grands gestes en direction d’un des wagons. Que faisait-Teddy ici? 

 

Shayda le comprit bien vite en repérant James qui discutait avec animation avec Albus, en plein milieu d’un couloir bondé.

 

Il lui fit signe et elle se dirigea vers lui en jouant des coudes pas passer à travers le flot des élèves. Elle arriva enfin à leur hauteur et remarqua le visage profondément choqué de son meilleur ami.

 

« Qui y a t-il? s’enquit-elle, inquiète.

 

-C’est Teddy, grimaça le garçon. 

 

-Teddy quoi? demanda-elle, de plus en plus anxieuse.

 

-Il embrassait Victoire ! »

 

Shayda ne pu se retenir: elle éclata de rire.

 

« Et alors?

 

-Victoire, insista James. Notre cousine! Avec Teddy! »

 

Il entra en trombe dans un compartiment, sans un regard pour son amie qui le suivit en riant, avant de s’arrêter net. 

 

Le compartiment était rempli des cousins Weasley en âge d’aller à Poudlard, de ceux qu’elle avait longuement côtoyé au Terrier aux quelques uns à qui elle n’avait jamais parlé. 

 

Le jeune Potter grimpa sur un banquette vide et déclara, grave: « Chers cousins, chers cousines, membres de la famille Weasley, j’ai une nouvelle importante à vous annoncer. »

 

Il prit une profonde inspiration et lança comme une bombe: « Notre cousine Victoire sort avec Teddy. »

 

L’information ne provoqua pas la réaction qu’il aurait espérée.

 

« Enfin! s’écria Dominique, la jeune sœur de la jeune femme que Shayda n’avait pas eu l’occasion de croiser durant ses vacances. DepuIs le temps qu’ils se tournaient autour!

 

-On doit en parler, s’indignait toujours James.

 

-Où est Vic, d’ailleurs? fit Fred en parcourant du regard l’assemblée. »

 

Il s’arrêta sur la Serdaigle et rougit- de fureur, sûrement.

 

« Qu’est-ce qu’elle fait là, elle ? maugréa-t-il. C’est une réunion de famille, elle n’a rien à faire là.

 

-J’approuve, fit Molly. Je t’aime bien, Shayda, mais c’est une affaire qui ne te concerne pas. »

 

Tous les cousins acquiescèrent et elle adressa un regard implorant à James. Son ami secoua la tête et elle sortit, dépitée. 

 

Avant de refermer la porte, elle glissa à travers celle-ci, mesquine: « Vous ne saurez donc jamais que c’est moi qui ai mis Teddy et Victoire en couple, les circonstances de leurs premiers baisers et que je serai leur demoiselle d’honneur. Bonne journée! »

 

Et elle claqua la porte, savourant les « Pardon?! » stupéfaits qui fusaient dans le compartiment.

 

Shayda se mit à la recherche d’un wagon, passant la tête à travers la vitre de chacun d’entre eux et trimballant toujours sa lourde malle à travers les couloirs désormais presque vides du train. Elle aurait aimé tomber sur Viviana, mais c’est un petit garçon blond, aux traits harmonieux et au port altier, assit seul dans le dernier compartiment, qui attira son attention.

 

« Scorp’? murmura-t-elle, ébahie. »

 

Le première année tourna précipitamment la tête et la dévisagea un court instant, avant de se lever pour lui sauter dans les bras. Shayda le serra de toutes ses forces, heureuse.

 

« Tu n’as pas grandi depuis l’année dernière, le nargua-t-elle. »

 

Son presque frère leva les yeux au ciel.

 

« Toi, par contre, tu as changée. Navré de te dire que les cheveux bleus ne te vont pas du tout.

 

-Enfin quelqu’un qui est d’accord avec moi, dit-elle, ravie. Cette teinture est absolument affreuse.

 

-Pourquoi te l’avoir faite, alors ? fit-il, déconcerté.

 

-Longue histoire, soupira Shayda. Allons nous asseoir, ma malle pèse plus lourd qu’un Éructif. »

 

Les deux amis s’assirent l’un en face de l’autre et entreprirent de raconter leurs vacances.

 

Shayda connaissait Scorpius Malefoy depuis...toujours. Quelques années après la guerre, le père du garçon, Drago Malefoy, avait fuit l’Angleterre pour s’installer aux États-Unis, las, disait-il, d’être sans cesse poursuivit par son nom et son passé ténébreux. Il acquit un emploi à la Banque Mage Centrale, la maison mère des banques internationales sorcières qui contrôlait les entreprises nationales comme Gringotts. Loin de son histoire laissée derrière lui, Drago devint un banquier renommé et parvînt à reconstituer peu à peu l’ancienne fortune dilapidée des Malefoy. Il triompha surtout grâce à un prêt particulièrement judicieux. 

 

Pour un voyage, le jeune couple Adel avait eu besoin d’un prêt important que tout le monde leur refusait. Mais Drago, lui, sut voir leur véritable potentiel et fit d’eux les plus célèbres archéologues sorciers. Après le succès de leur expédition, les parents de Shayda rendirent à la banque près d’une dizaine de fois l’argent offert, permettant à M.Malefoy de s’enrichir considérablement. Les deux familles étaient alors devenues alliées et s’installèrent dans le même quartier.

 

Scorpius vint au monde un an après Shayda, qui se souvenait, du haut de son unique année, avoir été enchanté de la naissance de ce petit être qu’elle avait pris sous son aile. Benjamine d’une fratrie de trois enfants, la fillette aurait été ravie d’avoir un petit frère, et considéra dès lors Scorpius comme tel. C’était d’ailleurs le fils de son parrain Drago et le filleul de son propre père, aussi ils étaient pratiquement de la même famille.

 

Les deux enfants étaient rapidement devenus inséparables et se définissaient eux-mêmes comme deux frères et sœurs.

 

Lorsque le moment fut venu pour les Adel de quitter leur pays natal, il n’avait pas été question de séparer les enfants et Drago et Astoria Malefoy, qui prévoyaient depuis longtemps de retourner en Grande-Bretagne, suivirent leurs voisins jusque dans le sud de l’Angleterre. Là, ils reprirent l’ancien manoir Malefoy et Scorpius et Shayda furent enfin séparés. 

 

Du moins, par la distance, car la fillette n’avait pas oublié son petit frère qui lui rendait régulièrement visite. Car, s’ils ne partageaient pas le même sang, Scorpius n’en restait pas moins sa famille.

 

                    OoOoOoO

 

La porte s’ouvrit brutalement et James entra, essoufflé, suivit de près par une Viviana tirée aux quatre épingles. 

 

Shayda adressa un sourire rayonnant à sa  meilleure amie et la prit dans ses bras, heureuse. Le jeune garçon balbutiait, à bout de souffle: « Je t’ai cherché partout! Puis j’ai rencontré Ollivander dans les couloirs, qui te cherchait aussi. Maintenant, dis-moi ce que tu entendais par... »

 

James s’arrêta net en remarquant la présence de Scorpius qui lui sourit nerveusement.

 

« Qu’est-ce que le fils Malefoy fait ici ? s’enquit-il, sur la défensive. Qu’il aille dans un autre compartiment. »

 

Le première année ouvrit la bouche, choqué, mais Shayda le coupa, furieuse.

 

« Scorpius va rester ici car il y était avant nous, siffla-t- elle, et le fils Potter va se calmer tout de suite s’il ne veut pas que je l’éjecte du wagon. »

 

Ce fut au tour du Serdaigle de chanceler, comme si son amie lui avait donné un gifle. Derrière eux, Viviana sourit imperceptiblement et adressa une salutation respectueuse à Scorpius qui la lui rendit, crispé. Shayda savait que les deux se connaissaient vaguement pour avoir assisté tous deux aux réceptions mondaines Sangs-Pures. La jeune fille aussi avait assisté à quelques uns de ces dîners fastueux, et n’y avait trouvé aucun intérêt - hormis la nourriture, délicieuse. Mais elle avait pour l’instant d’autres Fléreurs à fouetter, avec James qui semblait sur le point d’éclater.

 

« Tu es amie avec Malefoy, cria-t-il presque en grinçant si fort des dents qu’il devait s’en être cassé quelques unes.

 

-C’est mon presque frère, répondit son amie, sur la défensive. Je le connais depuis que je suis née, quasiment. »

 

Le jeune garçon serrait les poings, atterré par cette révélation. Scorpius se tassait contre sa banquette, redoutant l’explosion tandis que Viviana suivait tranquillement l’échange, vaguement intéressée.

 

« Que vas tu faire? continua Shayda. Me délaisser ? Me renier? le narguait-t-elle. Tu n’as aucune tolérance, James. 

 

-Bien sur que non! s’exclama son interlocuteur, profondément choqué. Bien sûr que je ne vais pas t’ignorer! 

 

-Bien, fit Shayda, irritée. Maintenant que cela est clair, tu pourrais nous laisser terminer tranquillement notre discussion ? »

 

Et elle se retourna vers le jeune Malefoy comme si de rien n’était. 

 

Mais Scorpius était livide.

 

« Je vais changer de compartiment, déclara-t-il dans un simulacre de sourire. »

 

Shayda tenta en vain de retenir son presque frère et le regarda partir d’un air peiné, puis croisa les bras en fusillant James du regard. Celui-ci était toujours debout au milieu du wagon, les bras balant, déconcerté. Viviana quant à elle était en apparence parfaitement indifférente à la scène, mais avait esquissé un maigre sourire, amusée. Lorsque le chariot de friandises arriva, poussé par une vieille sorcière au dos voûté, elle commanda de sa voix froide:

 

« Deux paquets de Chocogrenouilles et trois gnomes au poivre, s’il vous plaît. »

 

Elle jeta un œil à Shayda qui boudait toujours et à un James muet, puis rectifia:

 

« Six paquets de Chocogrenouilles, un sachet de dragées Bertie Crochues, deux gnomes au poivre et trois Fiwsbiz, finalement. »

 

La Serdaigle paya et retourna s’asseoir avec élégance, éparpillant sur la table les multiples friandises.

 

Shayda sembla sortir de sa léthargie et croqua avec appétit dans une grenouille chocolatée.

 

« Merchi, Vivi, mâcha-t-elle avec délectation. »

 

Viviana lui adressa un sourire sincère avant de couper avec grâce son propre chocolat.

 

« Tu es amie avec Malefoy, alors ? »

 

La jeune fille leva les yeux au ciel, agacé. Il mettait du temps à comprendre!

 

« C’est mon presque frère et le filleul de mon père, fit-elle, irritée. Comme toi avec Teddy. Simplement, mon presque frère a moi est le petit-fils d’un ancien Mangemort. Et alors?

 

-Son père aussi était un Mangemort, rectifia son ami. Et le pire ennemi de mon père.

 

-Drago n’était pas un vrai Mangemort, gronda-t-elle. Il a été influencé par les idéaux malsains de ses parents. Mais, dans tous les cas, ce n’est parce que la famille de Scorp’ est bizarre que lui l’est. Comme ce n’est pas parce que ton père est un héros que tu l’es. »

 

James ne parut pas convaincu mais se tut. 

 

Un silence pesant s’installa dans le compartiment, seulement troublé par les mastications de enfants.

 

Shayda n’avait jamais été particulièrement poche de Drago, même s’il était son parrain. C’était un homme froid, pas très doué pour les relations humaines et qui avait du mal avec les enfants. S’il adorait son fils et portait une réelle affection à sa filleule, l’homme d’affaire n’était jamais été très présent pour eux et il lui arrivait d’être très sévère. Mais Scorpius craignait surtout son grand-père Lucius, ancien serviteur du Seigneur des Ténèbres qui était sorti de prison depuis peu. Il imposait une discipline de fer à son petit-fils et ne tolérait pas les écarts de celui ci qu’il jugeait « indignes de son sang ». Côtoyer une Sang-Mêlée en faisait partie, et Shayda frissonnait encore devant le souvenir du regard grisâtre du vieil homme, empli de dégoût à son égard. 

 

Son frère de cœur ne croyait pas à la prétendue pureté du sang et se rebellait en cachette contres les principes idiots de sa famille. Le fillette était fière de lui et avait la conviction qu’il allait être envoyé à Gryffondor, loin de la tradition familiale.

 

Elle espérait que le Choixpeau allait lui donner raison.

 

                       OoOoOoO

 

Le train s’immobilisa enfin et James, Viviana et Shayda s’élancèrent presque hors du compartiment, impatients de retrouver leur école. 

 

James retrouva Luck et Dan dans les couloirs et délaissa les deux fillettes qui se dirigèrent rapidement vers les diligences, suivant le flot continu des élèves vêtus de noir. 

 

Ils débouchent enfin sur une route sombre, où luisaient dans la pénombre des chevaux d’une pâleur fantomatique, sombres et décharnés. Shayda s’arrêta net et déglutit profondément. Elle détestait les chevaux, encore plus ceux-ci qui lui rappelait à chaque regard de leur robe brumeuse qu’elle avait vu la mort. 

 

Une main se pressa contre son épaules. Ash l’avait rejointe et l’étreignait, le regard fixé dans le vide. Lui ne pouvait pas les voir, mais leur présence oppressante flottait dans l’air, rappelant à chacun le triste pouvoir des Sombrals.

 

Sans un mot, son frère s’éloigna avec son groupe d’ami et elle-même grimpa dans une diligence, fermant les yeux pour ne pas voir les monstres, sous le regard anxieux de sa meilleure amie.

 

« Tu les vois, n’est-ce pas? s’enquit-elle en l’étreignant doucement. »

 

Shayda ne répondit pas, mais ses mains tremblantes et la couleurs translucides des ses iris constituaient des preuves plus que suffisantes.

 

                        OoOoOoO

 

Les diligence s’arrêtèrent enfin et les étudiants se dirigèrent en bavardant avec animation jusque dans la Grande Salle, pour s’assoir d’un même mouvement à leur tables respectives. 

 

James se glissa près de Shayda en lui adressant un sourire éclatant empreint de culpabilité, que son amie lui rendit sans hésiter. Elle pardonnait sans problème au garçon, mais craignait seulement que la répulsion de celui-ci pour Scorp’ soit représentative des préjugés que le reste de l’école pouvait avoir à son égard. 

 

Elle fixa son assiette en or vide dans un grognement. La soirée d’automne était chaude, aucun vent ne pouvait gêner les barques, que faisaient donc les premières années ?

 

Dès qu’elle eut cette pensée, les porte en bois massif de la Grande Salle s’ouvrirent et les petits nouveaux défilèrent sagement derrière le minuscule Flitwick, anxieux. 

 

Shayda repéra Scorpius, Albus et Rose dans la file et croisa des doigts sous la table pour que chaque répartition se passe bien.

 

Un à un, chaque enfant défilait sous le Choixpeau. Ils semblaient tous être au bord de l’évanouissement, nota la fillette, amusée. Elle au moins était sûre d’avoir eu l’air parfaitement décontractée lors de sa propre Répartition, se moquant pas mal du résultat de la cérémonie.

 

« Malefoy, Scorpius » fut appelé et le petit  garçon s’avança à grands pas vers le tabouret, dans une salle silencieuse. Tout le monde gardait les yeux fixés sur lui, chuchotant parfois et des rumeurs parvenaient aux oreilles de Shayda.

 

« Fils de Mangemort »

 

Elle serra les poings. Où qu’il aille, son «petit frère » serait hué. Les Sepentards évitaient désormais au maximum les Sang-purs racistes qui avaient déshonoré leur maison et les autres élèves en avait peur. Scorp serait donc condamné par son ascendance. Si autrefois le ségrégation s’était faite pour les Nés-Moldus, c’étaient désormais les Sang-purs qui étaient tenus à l’écart.

 

Enfin, le Choixpeau cria: « GRYFFONDOR! ».

 

Shayda poussa un cri, heureuse, tandis que James marmonnait.

 

La salle s’était emplie de murmures et personne ne songeait à applaudir. 

 

La fillette vit le nouveau Gryffondor poser le couvre-chef sur le tabouret, hésitant, et se diriger vers sa table où la plupart de ses nouveaux camardes gardaient résolument les bras croisés, le narguant du regard tandis que des ricanements fusaient. 

 

Shayda se sentit rougir de fureur à la vue du visage livide de Scorpius, dont la lèvre tremblotait tandis qu’il relevait la tête, arrogant, l’air de rien. Alors elle se leva sur la table et s’écria, ouvertement défiante: « Bravo Scorpius Malefoy, le nouveau Gryffondor! »

 

Et elle applaudit à tout rompre, se mains la brûlant mais refusant de s’arrêter, indifférente aux regards outrés des professeurs et des élèves.

 

Ash la rejoignit sur la table des Gryffondors, amplifiant ses faibles applaudissements qui étaient passés inaperçus par un sortilège. 

 

Viviana frappa elle aussi lentement dans ses mains, élégante, acclamant le jeune Malefoy qui souriait désormais de toutes ses dents.

 

James les avait rejoint à contrecœur, forcé par le regard mauvais de sa meilleure amie, de même que la plupart des cousins Weasley et des Serdaigles de leur connaissance.

 

Bientôt, les quelques personnes qui applaudissaient le garçon produisaient des bruits magiquement amplifiés qui faisaient résonner la Grande Salle tandis que certains chantaient: « Bienvenue Scorpius! », dans un fond d’assiettes brisées que se balançaient Shayda et Fred dans la cacophonie totale.

 

La directrice McGonagall lança un sortilège de mutisme sur le vacarme ambiant et s’éclaircit la voix.

 

« Miss Adel, M. Weasley, ça vous fera deux jours de retenue, déclama-t-elle, sévère, sans cacher pour autant son amusement. » 

 

Elle dévisagea Scorpius de son regard insistant.

 

« Et bienvenue à vous, M. Malefoy, lui sourit-elle. J’espère que vous vous plairez à Gryffondor. »

 

Scorpius la remercia, en extase, et la Répartition continua. 

 

Lorsqu’Albus fut appelé, Shayda surprit James à croiser les doigts sous la table. Après quelques secondes de réflexion, le jeune Potter fit envoyé à Gryffondor.

 

Son frère applaudit, ravi, tandis que la nouvelle maison d’Albus lui faisait une véritable ovation. Le garçon était précédé de son nom, tout comme Scorpius avait été précédé du sien.

 

La fillette vit son presque frère accueillirent chaleureusement Albus qui, mal à l’aise, s’assit le plus loin possible de lui. Elle soupira. Elle allait devoir remettre de l’ordre dans cette famille.

 

Lorsque Rose fit appelée, clôturant ainsi la Répartition, la fillette demanda à James:

 

« Dans quelle maison sera-t-elle envoyée, à ton avis? »

 

Son ami réfléchit.

 

« C’est dur à affirmer. Rose est une artiste dans l’âme, excentrique, douée et intelligente. Elle pourrait aller à Serdaigle. Mais elle est également dotée d’un caractère de feu qui lui donnerait sa place à Gryffondor. Comme toi, en fait. Vous vous ressemblez beaucoup sur certains aspects. »

 

La jeune Weasley resta longtemps sous le Choixpeau, jusqu’à ce que ce dernier ne se décide à crier: « GRYFFONDOR! »

 

Shayda se tourna vers James, tandis qu’ils commençaient à manger.

 

« Le Choixpeau a mis vraiment du temps à se décider. Elle devait être très difficile à repartir.

 

-Ça as mis beaucoup plus du temps pour toi, raconta le jeune garçon. Tu ne pouvais pas t’en rendre compte mais tu es restée une quinzaine de minutes sous le Choixpeau.

 

-C’était agréable de converser avec lui, fit la fillette en haussant les épaules. Et puis, ce n’est presque rien: j’ai lu dans l’Histoire de Poudlard que la personne la plus longue à repartir fut une certaine Jane Amentown, au XVIe siècle. Elle serait restée deux jours et deux heures dix sous le Choixpeau, qui lui a finalement indiqué Poufsouffle. Tout ça pour ça, ricana-t-elle.

 

-Et le temps le plus court? demanda James, la bouche pleine de pommes de terres. »

 

Elle s’en servit à son tour, savourant leur jus sur sa langue, et répondit:

 

« Hum... je ne sais pas exactement. On raconte que, lorsque le Choixpeau magique avait à peine effleuré le crâne de votre mage noir, à une distance de plus de cinq centimètres, il a immédiatement déclaré: « SERPENTARD! »

 

-Notre mage noir ? releva son ami en fronçant les sourcils.

 

-Oui, le pire mage noir anglais... j’oublie toujours son nom... 

 

-Tu parles de Voldemort! s’écria James, stupéfait. Tu ne connais pas Voldemort?

 

-Si, mais son nom est compliqué à retenir. Surtout qu’en Amérique, Voldemoche n’est pas tellement connu... On apprend plutôt Grindelwad. 

 

-Voldemort, corrigea le garçon. Ce n’est pas plus difficile à retenir que Grindelwad, au contraire.

 

-Oui, concéda Shayda, mais c’est plus beau. Grindelwad, ça en jette, alors que Voldemôme...

 

-Voldemort. Ce n’était pas son vrai nom, mais un pseudonyme.

 

-En plus, c’était un nom inventé ! Il aurait pu trouvé mieux que Voldemomie quand même.

 

-Voldemort, s’agaça James. On ne vous apprend rien aux États-Unis?

 

-Ce n’est pas de notre faute si votre Voldemorse était trop nationaliste. Il ne pensait qu’à asservir la Grande-Bretagne, délaissant le reste du monde. Grindelwad, lui, a essayé de conquérir le monde entier.

 

-Tu dis n’importe quoi, s’irrita son ami, renonçant à la corriger. »

 

Et il s’enferma dans un silence agacé, seulement troublé par ses mastications appliquées et le raclement de ses couverts.

 

Shayda haussa les épaules. Bien sûr qu’elle disait n’importe quoi. Parfois, il était plus facile d’aborder par l’humour des sujets sensibles, pour décrédibiliser des cauchemars terribles et vaincre par le rire des démons tenaces.

 

La fillette joua quelques instant avec sa côte de bœuf, puis se leva en poussant son banc.

 

« On n’a pas le droit de se lever en plein banquet, gronda James.

 

-Tiens, tu ne boudes plus, toi? se moqua son amie. Tu devrais y retourner, le silence te réunissait. »

 

Le Serdaigle se tourna vers Dan, vexé, et Shayda se dirigea vers la table des Gryffondors, un sourire satisfait aux lèvres. Son ami commençait sérieusement à l’agacer et elle ne supporterait pas qu’il lui fasse la leçon.

 

La fillette se glissa entre Scorpius et Albus qui se tenaient à une distance respectable l’un de l’autre, mal à l’aise. Elle les prit tout deux par les épaules et s’écria:

 

« Comment ça va, Scorp ? Et toi, Albus? Contents de votre Répartition ? 

 

-Tu le connais ? s’exclamèrent en cœur les deux enfants, ébahis, avant de sourire d’un air gêné. »

 

Shayda ricana intérieurement. 

 

« Pour toi, Scorp, Albus est le petit frère de mon meilleur ami James Potter que tu as rencontré et qui me fais actuellement la tête parce que j’ai eu le malheur de taquiner son Voldy chéri. »

 

Albus prit un tel air d’incompréhension si drôle que la fillette ne put s’empêcher d’éclater de rire.

 

« Et pour Albus, continua-t-elle, Scorp est mon petit frère adoré.

 

-Tu es une Malefoy ? s’exclama le jeune Potter, stupéfait. »

 

Shayda soupira. Ce garçon lui avait pourtant parut intelligent au premier abord.

 

« Tout fait, ironisa-t-elle. C’est pour ça que j’ai les cheveux aussi noirs qu’il les a blonds, que nous ne nous ressemblons pas du tout et que mon nom est Adel. Tu es perspicace, toi! 

 

-Ce n’est pas vraiment ma sœur, rectifia Scorpius qui parlait pour la première fois. Nous avons simplement grandi ensemble. »

 

Albus hocha la tête, sceptique, et le jeune Malefoy soupira.

 

La fillette avait envie de secouer violemment le Gryffondor, de lui dire s’ouvrir les yeux. Scorpius n’était en rien responsable de actes passés de ses parents, tout comme Albus ne devrait pas être acclamé comme un héros par ce que sa famille l’avait été. 

 

Shayda ébouriffa tristement la chevelure blonde du garçon qui lui sourit, sincère, et retourna à sa table sans un regard pour Albus pour aller engloutir les desserts qui y étaient apparus. Elle se servit une assiette entière de gâteaux crémeux, et les dégusta un à un, se léchant les lèvres de plaisir. 

 

James la dévisageait d’un air mauvais, son regard fixé tour à tour sur elle et la table des Gryffondors.

 

« Qu’est-ce que tu as été faire là-bas?

 

-Tu es jaloux ? le taquina la Serdaigle entre deux bouchées, tout en sachant pertinemment que ça ne lui avait même ps traversé l’esprit. Je peux te faire un câlin à toi aussi, si tu veux. »

 

Et elle fit mine de le prendre dans ses bras tandis qu’il la repoussait mollement, un sourire amusé aux lèvres.

 

« Ne t’avise pas de me faire la leçon, le prévint la fillette. Tu ne serais pas crédible, tu es presque aussi chahuteur que moi.

 

-Pas faux, admit James. »

 

Ils terminèrent leurs desserts en riant.

 

Lorsque tout le monde eut ingurgité plus de pâtisseries qu’il n’en était humainement possible, la directrice remit son chapeau émeraude et se redressa de toute sa hauteur.

 

« Avant de vous laisser rejoindre la quiétude de vos dortoirs... 

 

-Ou la contrainte de vos rondes, maugréa quelqu’un, et Shayda eut un brève instant pitié des préfets.

 

-Certaines informations doivent vous être communiquées, continua McGonagall. Je vais laisser la parole à Miss Wanderston, une envoyée du ministère. »

 

Ils virent s’avancer une jeune femme brune, aux cheveux courts et aux joues si rondes qu’elle évoquait fortement un petit écureuil, mignon et dodu. La nouvelle venue était jeune et semblait tout juste sortie de Poudlard. Elle adressa un regard radieux à la table des Pouffsouffles et certains de leurs membres les plus âgés lui adressèrent un signe de main.

 

Miss Écureuil se présenta: 

 

« Bonjour tout le monde, commença-t-elle d’une voix mal assurée. Je suis Ellie Wandserton. »

 

Ellie quoi ? Shayda décida de continuer à l’appeler Miss Écureuil.

 

« Je suis du Département de la Culture Magique, continua-t-elle, et suis venue  vous faire part de certaines réformes de l’éducation. »

 

La jeune femme s’arrêta, plus pour chercher ses mots que pour ménager un suspens. On voyait qu’elle parlait pour la première fois en public, et qu’elle était nerveuse. La fillette se demandait pourquoi leur avoir envoyé quelqu’un d’aussi incompétent. Le Ministère n’avait sans doute pas voulu se déplacer pour une bande de gamins.

 

« Le monde a changé, continua-t-elle. La société a changé. Les emplois et les qualifications requises ont elles aussi évoluées. Mais Poudlard, lui, est resté le même au fil des siècles. »

 

Au fur et à mesure qu’elle rentrait dans le vif du sujet, son débit était plus fluide, sa voix plus assurée, et Shayda se surprit à trouver intéressant ce qu’elle racontait.

 

« Alors nous vous proposons de nouvelles matières. Le ministère et moi-même - elle eut un sourire fier en disant cela, gonflant ses joues, ce qui la fit ressembler plus que jamais à un rongeur- avons décidé d’introduire trois matières nouvelles pour les premières, deuxièmes et troisièmes années. »

 

L’attention retomba considérablement chez la plupart des élèves, pas concernés, et Miss Écureuil luttait pour se faire entendre.

 

« La première est les Sciences physiques et Magiques, enseignées par M.Davidson. »

 

Un professeur inconnu s’avança vers l’estrade. C’était un homme entre deux âges, au teint cireux, pâle, décharné. Ses lèvres, fines, semblaient ne jamais devoir esquisser le moindre sourire. En haut de sa tête anguleuse, un fin duvet lui retombait jusqu’aux oreilles, parsemé ça et là de petits trous grisâtres qui dévoilaient son crâne chauve par endroit.

 

Avec sympathie, Miss Écureuil invita le professeur à présenter sa matière. Sa réponse fut déroutante.

 

« Je le ferai en classe, trancha-t-il d’une voix grinçante qui provoqua des frissons dans l’assemblée. Inutile de retenir trop longtemps ces jeunes gens. »

 

Ce que disait Davidson était vrai, mais le nouveau professeur inspirait soudainement tant d’antipathie que personne n’acquiesça. Ash adressa à sa sœur un regard empli de pitié, mais elle même resta parfaitement indifférente.

 

Déconcertée, Miss Écureuil se racla la gorge et passa à la présentation de autres matières. 

 

Il y aurait dès la rentrée des cours d’Arts et Culture Magique. Cette information provoqua chez la plupart des étudiants, surtout chez les jeunes filles, une surprise inattendue. Le professeur d’Arts et Culture Magiques n’était autre que Luth Bailey, le célèbre bassiste-chanteur du groupe des Bizzar Sisters qui avait pris sa retraite depuis peu. La quarantaine, charismatique et doté d’une abondante chevelure violette, Bailey déclara d’une voix voluptueuse vouloir transmettre sa magnifique expérience de la musique à des élèves qui n’avaient « pas plus d’expérience en la matière qu’un Doxys. »

 

Shayda partagea un regard indigné avec Viviana tandis que leur nouveau professeur leur lançait un clin d’œil  général qui fit rougir d’aise les demoiselles de l’assemblée.

 

« Et enfin, s’exclama Miss Écureuil qui s’empoupra à son tour lorsque Blailey la salua, l’Étude du monde sorcier contemporain sera enseigné par... Ellie Wandserton! »

 

Elle marqua une pose tandis que les élèves mettaient du temps à comprendre qu’il s’agissait d’elle même.

 

« Ma matière a pour but de sensibiliser les jeunes sorciers que vous êtes à la société contemporaine qui vous accueillera toute votre vie, de vous apprendre à penser par vous même ainsi qu’à imaginer des projets pour rendre le monde meilleur. »

 

Pour la première fois de son discours, Shayda était suspendue aux lèvres de la jeune femme. Elle était impatiente de commencer cette matière nouvelle et adorerait sans nul doute, malgré l’incompétence apparente de leur mentor. Réformer la société était quelque chose qui la faisait rêver depuis toute petite, et la fillette était convaincue qu’aborder le sujet en cours le concrétiserait pour lui permettre un jour de l’appliquer, qui sait ?

 

« La réforme permettra également de consolider la cohésion entre les niveaux et les maisons, expliqua la nouvelle professeure. Dans vos cours respectifs, vous aurez à travailler en groupe de plusieurs niveaux et de maisons différentes pour développer la tolérance et vous apprendre à vous écouter. »

 

Shayda ricana. Si on la mettait avec Weasley, Londubat ou Smith, avec toute la tolérance du monde, elle ne pourrait s’empêcher de commettre un meurtre. De préférence celui de Weasley.

 

Miss Écureuil se rassit enfin et la directrice continua en énumérant les règles à respecter, les habituels laïus sur la Coupe des Maisons et les dates des sélections des équipes de Quidditch. 

 

Hormis le dernier point, la fillette n’écouta absolument rien, fatiguée. Ses paupières étaient lourdes et elle était impatiente de retrouver son confortable lit à baldaquin, trop longtemps délaissé.

 

Avec Viviana, James et les autres Serdaigles, elle suivit le flot des élèves en bleus et bronze pour se retrouver enfin devant leur salle commune. Le préfet répondit sans peine à la question du heurtoir- toujours d’une simplicité affligeante le premier soir pour ne pas effrayer les nouveaux qui déchantaient bien vite- et Shayda pénétra avec bonheur dans la pièce.

 

« Bonjour, fauteuil, clama-t-elle en étreignant un à un chaque objet qui lui avait manqué. Bonjour, coussin où James a renversé de l’encre, l’année dernière. Bonjour, Rowena. »

 

Elle s’arrêta devant la statue et s’inclina bien bas, devant les regards affolés des premières années.

 

« Et oui, leur fit-elle avec une grimace de folle. Ici, chez les Serdaigles, nous sommes des excentriques. Des fous, quoi, expliqua-t-elle dans un rictus. »

 

Et elle s’approcha d’eux, un grand sourire aux lèvres tandis que James riait aux éclats. Elle devait être particulièrement convaincante avec ses cheveux bleus hirsutes et ses iris sans doute dorés. Les nouveaux reculèrent, apeurés, mais Viviana arrêta la plaisanterie.

 

« Assez, Shay’, fit-elle de sa voix sévère, et Shayda s’arrêta instantanément. »

 

Quand Viviana prenait ce ton, mieux valait obéir.

 

« Shayda est très équilibrée, fit la jeune fille de sa voix froide, comme tout le monde ici. »

 

On décelait une trace d’ironie dans sa voix  qui ne rassura pas les petits, qui s’empressèrent de monter dans leurs dortoirs.

 

« On ferait mieux de les imiter, bailla James. Et ne t’inquiète pas, Shay’, lorsque que nous serons des septièmes années craints et respectés, ta blague aura plus d’effet. Pour l’instant, tu es aussi petite que les premières années. Patience! »

 

Son amie acquiesça, le regard brillant et monta à la suite de Viviana dans leur chambre.

 

Sitôt arrivée, la jeune Ollivander se jeta sans grâce sur son immense lit à baldaquin.

 

« Qu’est-ce que la chambre m’a manquée, soupira-t-elle, ses tresses blondes à moitié défaites. »

 

Shayda sourit de toutes ses dents et s’assit à côté de sa meilleure amie qui la chassa d’un coup d’oreiller. Une bataille de polochons féroce s’enclencha alors entre les deux amies, toute fatigue envolé.

 

La fillette appréciait particulièrement ces moments avec sa meilleure amie, où cette dernière pouvait enfin être elle même. Elle se départissait à l’entrée de son masque de glace et laissait entrevoir sa véritable personnalité. C’était une Viviana légère, joyeuse et taquine que Shayda connaissait bien et adorait. Elle se souvenait encore de leur première rencontre.

 

Les fillettes avaient voyagé dans des compartiments différents et ne s’étaient retrouvée ensembles qu’une fois reparties. La jeune fille avait tout de suite été attirée par la petite blonde muette, au port altier, qui coupait avec élégance son morceau de rôti. En quelques phrases, elles avaient sympathisé, Viviana à contrecœur, réticente à l’idée de  se dévoiler. Lorsqu’elles avaient découverts leurs chambre, la Serdaigle, habituée au luxe, n’avait cependant pu s’empêcher de lâcher: « Quelle chambre morne et impersonnelle! »

 

Elle avait ensuite rougi de son impair mais Shayda avait eu une idée brillante. Dos à dos, les fillettes avaient essayé d’embellir leur dortoir, baguettes en main et malgré le peu de sortilèges qu’elles connaissaient. Elles avaient manqué de brûler la chambre à plusieurs reprises et s’étaient finalement endormis dans un taudis, mais Viviana avait ensuite confié à la jeune fille ne s’être jamais autant amusée de toute sa vie. Elle s’était également excusée de sa conduite désinvolte de la veille, ce à quoi Shayda avait répondu, amusée: « Pas de quoi, nous sommes amies, non? » La petite blonde avait réfléchit, avant de sourire. « Évidemment. »

 

La jeune Adel était désormais sa meilleure amie- et sa seule amie, aussi. 

 

Mais il ne lui en fallait pas beaucoup plus, et, au milieu de la chambre qui s’embellissait à chaque nouveau sortilège appris, les deux amies partageaient des moments formidables, heureuses et insouciantes.

 

                       OoOoOoO

 

À des kilomètres du dortoir paisible, l’ambiance était toute autre. 

 

Henry Traîner était tapi près d’un buisson touffu, arme en main. L’homme d’une trentaine, mal rasé, dégageait des effluves d’alcool, mais c’est d’une voix ferme et parfaitement lucide qu’il s’adressa à ses trois compagnons, cachés à ses côtés.

 

« Dans cette maison, siffla-t-il d’une voix rauque, emplie de haine, une voix qui n’était pas la sienne, se trouvent les monstres qui nous ont tout pris. »

 

Les hommes grognèrent, bêtes féroces affamées qui réclamaient leurs proies. Mais ce n’était pas pour le goût du sang que Traîner s’enfonçait dans l’allée brumeuse,  qu’il défonça la porte de l’entrée et leva son arme vers les occupants endormis. Ni par désir de  vengeance. Une sorte de force invisible le poussait à obéir, contrôlant ses membres, irradiant son corps d’une folie meurtrière qui n’était pas la sienne. Ces sorciersallaient payer, sifflait la voix au fond de lui.

 

Il pointa son pistolet sur la tempe de la plus jeune, et hésita. Ce n’était qu’une enfant, une fillette au visage poupin et au boucles blondes, paisiblement endormie, innocente. Mais la voix  lui envoya une nouvelle bouffée de haine . Tue, faisait-elle, insistante. Tue là.

 

Traîner leva son arme et tira, regardant le liquide vermeil s’écouler lentement de la plaie de l’enfant. Aucun sentiment ne s’éveilla en lui, ni satisfaction, ni même culpabilité. Seule la voix au fond de lui fixait ses pas, et il obéissait. 

 

L’homme entendit des détonations dans une autre pièces. Ses compagnons avaient réussi. 

 

Le regard hagard, les yeux vagues, les meurtriers se rassemblèrent dans l’entrée. Ils auraient voulu franchir le pas de la porte, mais leur corps ne voulut pas coopérer. La force invisible qui les possédaient semblait ricaner en eux, et Traîner sentit ses entrailles se glacer. Un « crac » sinistre retentit dans la pièce. Des silhouettes sombres apparurent de nul part et levèrent des bâtons fins devant eux. L’homme vit tour à tour ses compagnons s’effondrer, anéantis par la lumière rouge qui s’échappait des bouts de bois. Le gamin avait donc raison, pensa-t-il, et il eut une curieuse envie de rire. La voix l’avait quitté et ne lui restait plus qu’un sentiment d’incompréhension totale, mêlée à une forte culpabilité. Il avait tué. Et il ne savait pas pourquoi. Il ne comprenait pas pourquoi ses mains étaient imbibées de sang poisseux, pourquoi il se sentait si démuni alors qu’un instant auparavant, il était si cruellement indifférent. 

 

La voix l’avait quittée, mais une haine bien réelle était désormais encrée en lui. Sa haine. La haine des sorciers. 

 

Juste avant de s’effondrer, frappé à son tour par l’éclair rouge, Traîner éclata de rire, d’un rire dément de meurtrier, lâchant  son arme devenue vermeille.

 

De la sorcellerie.

End Notes:

Et voilà !


Vos théories ? Vous attendiez-vous à ce que je case Scorpius?


D’ailleurs, petite anecdote:


Alors que je relis pour la mille et unième fois HP et l’ordre du Phénix, je fixe mon regard sur « les sombrals » et me rends ainsi compte qu’on dit « les sombrals » et pas « les sombraux ». OR la règle qu’on a tous apprise en CP nous stipule clairement que les noms se terminant par -al se terminent en -aux au pluriel SAUF les chacals, les bals, etc ( dsl si il y des professeurs qui lisent cette piètre énonciation de la règle :/). 


DONC j’en conclus que Sombrals est une exception de la règle.


Ainsi, lorsque les petits sorciers français ( et non anglais vu que y pas cette règle en anglais) apprennent la grammaire, ils apprennent chacals, bals, carnavals, aval, emmental,(etc) ET Sombrals ! ^^


Si vous avez trouvé cette anectode aussi stupide qu’inutile, postez une review.


Si vous vous vous étiez déjà fait la reflexion, postez une review !


Sinon, postez une review pour parler du chapitre !


Si ni l’une ne l’autre ne vous a intéressé...j’en suis navrée :/


Bonne vacances ( oui je souhaite bonne vacances aux gens en août ^^)

Rentrée de rêves by Spiritos
Author's Notes:

Hey!

Vous vous souvenez de moi? 

Désolée pour l’attente, j’ai pour habitude de poster ( assez ) régulièrement mes chapitres. Pour me faire pardonner, j’en posterai au moins deux presque simultanément.

Petit résumé du chapitre précédent parce que ça commence à dater: Shayda et James rentrent à Poudlard, Shayda retrouve son presque-frère Scorpius Malefoy, détesté par les Potter. Durant la répartition, trois nouvelles matières sont annoncées par une femme-rongeur et Shayda, Viviana et James vont tranquillement se coucher. Entre temps, on assiste à un meurtre bizarre, sans aucune information...

Bon, après ce résumé que je nomme Pire Résumé de l’histoire, je vous laisse lire mon chapitre avec un titre toujours aussi génial.

Bonne lecture ! ( ça m’avait manqué :)

MEURTRES À LA MOLDUE

 

       par Gerald Fury, reporter à l’Augurey

 

 

 

Dans la petite ville écossaise de Dumfries, durant la nuit du 31 août au 1er septembre, un groupe de cinq Non-Mages a pénétré la résidence d’une famille de sorciers. Il étaient équipés de larmes à feu. « Des fistolets, affirme notre envoyée spéciale Grace Shiftuel. » 

 

Ces hommes de trente à quarante ans ont orchestré l’assassinat d’un vieux couple écossais qui vivait seul avec leur petite-fille de huit ans. La Brigade des Aurors Écossais, arrivés trop tard pour empêcher le crime, a pu nous faire part de ses ressentis par rapport à cette sombre affaire. William Noah, homme mûr de cinquante ans au visage strié de grandes cicatrices boursouflées, chef de la brigade, a bien voulu répondre à nos questions. Il déclare que le meurtre « est une affaire mystérieuse qui ne demande qu’à être élucidée. »

 

À peine quelques minutes avant le meurtre, Noah et son équipe reçoivent une étrange missive anonyme qui les préviens de l’endroit. Perplexes, les Aurors foncent tout de même tête baissée dans l’espoir de sauver les victimes. Arrivés trop tard, ils parviennent néanmoins à arrêter les criminels. En découvrant que ces derniers sont Moldus, la première réaction de l’équipe est de leur effacer la mémoire. Cependant, l’histoire s’est avérée trop compliquée pour se régler d’un simple Oubliettes. 

 

Le Non-Mage Henry Traîner, chef de la bande de meurtriers et à l’origine du meurtre, présente une confusion d’esprit étonnante pour un assassin. S’il ne nie pas ses actes, le Moldu ne comprend vraiment pas ce qui l’a poussé à les effectuer. « C’était comme si une voix au fond de moi me poussait à effectuer ces actions horribles, se confessa-t-il, semblant éprouver un véritable répulsion à son égard. Je ne maîtrisait rien. Pas même mon propre corps. »

 

Ce que décrit le Non-Mage ressemble traits pour traits aux effets du sortilège de l’’Impérium.

 

Après quelques discussions acharnées, Noah nous affirme vouloir effacer la mémoire des Moldus, tant pour préserver le secret magique que pour éviter aux Moldus des nuits de cauchemars.

 

Mais l’opération est encore complexifiée par l’arrivée d’une nouvelle donne. On ne sait comment, la mission des Aurors et leur arrivée sur les lieux du crime a été filmée et postée sur des « faisceaux sociaux », où des millions de Moldus partagent des informations et des images importantes. « D’après notre experte infiltrée en milieu moldu, s’explique Noah, le front plissé, notre intervention et surtout notre utilisation de la sorcellerie a déjà fait le tour de plusieurs foyers. Nos baguettes sont bien visibles et il nous sera compliqué de modifier la mémoire de milliers de Non-Mages. Espérons que ces derniers croient plus tôt à une supercherie. Notre combat sera sûrement difficile. »

 

Impossible serait plutôt le mot, mais notre Auror ne s’avoue pas vaincu. 

 

Le sorcier ou la sorcière derrière ce meurtre n’a pas encore été découvert, et ne risque pas de l’être de sitôt. Ses intentions sont à élucidées, et les événements de la nuit dernière et la rapide propagation de ceux-ci en milieu Moldu laissent à croire qu’une crise peut éclater d’un moment à un autre. »

 

 

 

Shayda repoussa son assiette où gisaient deux toasts intacts, l’appétit coupé par ce qu’elle venait de lire. 

 

Dans la Grande Salle, les murmures se muaient en franches exclamation indignées tandis les hiboux tournoyaient au dessus de leur têtes, déposant ça et là journaux ou lettres de parents prévenants, et que chacun découvrait la triste nouvelle.

 

Plutôt que de s’inquiéter seule, Shayda chercha à repérer les réactions diverses de ses camardes. 

 

À la table des Serdaigles, Viviana relisait pour la centième fois l’article de son journal Sorciers et Société, les sourcils froncés et ses doigts fins crispant le parchemin jauni. James, à ses côtés, semblait perdu dans ses pensées, son exemplaire de la Gazette du Sorcier trempant négligemment dans sa tasse de jus de citrouille. 

 

Tout autour d’eux, les plus jeunes avaient des sursauts apeurés tandis que les préfets tentaient en vain de les rassurer.

 

Chez les Pouffsouffle, la tension était forte. Le petite groupe de pimbêches constituées de Jessica Smith et de ses amies jetaient autour d’elles des regards effrayés et Shayda crut entendre une première année fondre en larmes.

 

La Serdaigle leva les yeux au ciel, agacé. Et après, on osait parler de flegme britannique....

 

La fillette reporta son attention sur le journal que la majorité des élèves parcouraient d’un œil inquiet. C’était la Gazette du Sorcier, le plus grand journal d’actualité de Grande-Bretagne. Shayda, elle, lisait toujours l’Augurey, un média américain surnommé ainsi en raison de la capacité de l’oiseau fantastique à prédire la météo. Comme ce phénix noir, l’Augurey informait ses lecteurs des événements de la société, et la jeune fille était très attachée à ce journal. 

 

Cependant, les quelques informations glanées par le média à l’autre bout de l’Atlantique devaient être bien moins importantes que celles dont disposait la Gazette. À en juger par l’air exagérément inquiet de nombre de ses camarades, Shayda ne savait pas tout.

 

A ses côtés, James s’agita et elle se retourna vers lui. Le jeune Potter fronçait les sourcils et paraissait anxieux.

 

« D’après mon père - il agita la lettre fripée qu’il tenait en main, le sorcier derrière tout ça a un but bien précis, et c’est cela qui inquiète les Aurors.

 

-Ton père enquête déjà sur l’affaire? s’étonna son amie. »

 

Elle savait que M.Potter était le chef du bureau des Aurors et que sa présence aurait été requise vu l’ampleur de l’événement, mais la fillette ne pensait pas que les Aurors britanniques seraient déjà sur le coup quelques heures après le crime.

 

James acquiesça.

 

« L’organisateur de tout ça aurait lui-même écrit la lettre pour avertir les Aurors, continua-t-il. Son but était donc que les secours découvrent le meurtre et arrêtent les Moldus. 

 

-Mais pourquoi ? fit Shayda, déconcertée.

 

-Parce qu’il voulait que les Aurors utilisent la magie pour pouvoir avoir des preuves de l’existence de notre monde, expliqua le Serdaigle, le petit doigt levé. »

 

Il ressemblait vraiment à son père lorsqu’il élaborait des théories, les sourcils froncés, concentré et sérieux.

 

« Mais pourquoi voudrait-il des preuves de l’existence des sorciers si il ou elle appartient déjà à notre monde? demanda la fillette, complètement perdue. »

 

James leva les yeux au ciel.

 

« Enfin, Shay’? Tu es une Serdaigle ou pas ? »

 

Oui, Shayda l’était assurément, mais son esprit était embrumé de sommeil et elle n’écoutait son ami que d’une oreille discrète.

 

« Il est évident que celui qui est derrière tout ça veut que les Moldus découvrent notre existence. »

 

La jeune fille ne trouvait pas ça évident du tout, mais elle demanda plutôt:

 

« Mais pourquoi ? »

 

Le garçon fit un geste d’ignorance et reprit:

 

« Il faut faire quelque chose pour l’arrêter. »

 

Shayda allait acquiescer, distraite, avant de se rendre compte de ce que son ami venait d’affirmer.

 

« Tu veux dire que les Aurors doivent l’arrêter ? reformula-t-elle.

 

-Et on devrait les aider, termina James, déterminé. »

 

La fillette failli s’étrangler dans son jus de citrouille, sous le regard inquiet du Serdaigle et celui moqueur de Viviana.

 

« Les aider ? fit Shayda en adressant un regard noir à sa meilleure amie qui ricanait de sa maladresse. Et comment? Tu comptes te lancer à leur poursuite ? ironisa-t-elle. »

 

Au regard blessé que lui jeta le jeune garçon, elle vit que c’était exactement ce qu’il avait imaginé.

 

Ce fut à son tour de lever les yeux au ciel.

 

« James, expliqua la fillette en tentant de rester calme. Tu ne peux pas sérieusement envisager que des élèves de douze puisse pourchasser des criminels, n’est-ce pas ?

 

-Pas les pourchasser, fit son ami, agacé. Mais les aider de l’intérieur, en glanant des informations ou autre. Quand ils avaient douze ans, mon père et ses amis avaient déjà eu autant d’aventures que beaucoup d’Aurors. 

 

-James! s’énerva Shayda devant sa puérilité. A ton âge, M.Potter vivait dans un monde en guerre qu’il devait protéger. Nous ne sommes pas dans son cas, et heureusement !

 

-Tu ne voudrais pas enquêter sur cette affaire ? Tu ne juges pas que découvrir qui est derrière tout ça est important. A notre âge, comme tu dis, mon père...

 

-James! éclata enfin son amie, exaspérée. Je ne sais pas si tu t’en ai rendu compte, mais tu n’es pas ton père, malheureusement pour toi. »

 

Le visage du jeune garçon s’assombrit tandis que Shayda se rendait progressivement compte de l’ampleur de ses paroles.

 

« C’est dans ces moments, fit lentement James d’une voix métallique qui lui siégeait mal, que je regrette de ne pas être dans une autre maison. À Gryffondor où à Serpentard, ils ont de l’ambition et du courage.

 

-James, tenta la jeune fille.

 

-Et à Pouffsouffle, au moins, continua-t-il, imperturbable, on peut compter sur ses amis. »

 

Le jeune garçon se leva dignement pour se rasseoir à l’autre bout de la tablée pendant que Shayda se morigénait de sa maladresse. A ses côtés, Viviana soupirait, secouant ses boucles blondes.

 

« Tu l’as vraiment blessé, fit-elle remarquer. Tu aurais pu été plus tendre.

 

-Je sais, marmonna la Serdaigle.

 

-En plus, continua son amie, sa relation avec son père est vraiment une de ses plus grande fierté. Tu auras du mal à rattraper ça.

 

-Je sais, répéta son amie, agacée. Si c’est pour me dire de choses aussi inutiles, tu peux te taire. »

 

Le visage de Viviana s’assombrit.

 

« Très bien, dit-elle en se relevant, lissant sa jupe impeccable. On ne peut vraiment bien te dire. »

 

Elle s’éloigna avec grâce, laissant une Shayda fulminante devant son assiette remplie de pains délaissés. 

 

La fillette soupira: dès la première heure de la journée, elle avait réussi l’exploit de se brouiller avec ses deux meilleurs amis. L’année commençait mal...

 

Et alors qu’elle se dirigeait seule vers le grand escalier, elle n’avait pas idée à quel point elle avait raison.

 

                         OoOoOoO

 

Au fil des jours suivants, l’impression de Shayda se confirma et sa joie habituelle disparaissait au fur et à mesure des heures de cours qu’elle subissait.

 

La fillette commençait à se rendre contre malgré elle de la difficulté de la deuxième année. Les cours étaient devenus plus intéressants, plus longs et nécessitaient à son grand malheur beaucoup plus de travail. Elle qui s’enorgueillissait auparavant de ne jamais travailler se retrouvait ensevelie sous des piles de devoirs, sous le regard goguenard des préfets, soulagés de ne plus avoir à la réprimander autant.

 

En potion, Shayda avait perdu depuis longtemps son titre pompeux de première de la classe et se retrouvait désormais avec les bons élèves, sans plus. Le rang revenait désormais à la froide Viviana, qui parsemait les potions verdâtres de portions précises et bien choisies, là où la maladresse de son amie l’handicapait énormément. 

 

La Serdaigle peinait également en botanique, matière dont elle avait complètement perdu l’envie d’approfondir. Elle se contentait de rester seule au fond de la salle, provoquant par un curieux hasard explosions et catastrophes à proximité de Londubat, qui la regardait à chaque fois d’un œil accusateur et ne manquait pas de lui administrer retenues sur retenues.

 

Aussi, la fillette était particulièrement ravie lorsque venaient les heures de sortilèges, sa matière de prédilection. Dans ce cours, rien n’avait changé: il y avait un énorme gouffre en elle et la masse informe des élèves ignares, comme elle se plaisait à les appeler en son fort intérieur. Ne faisant qu’un avec sa baguette en bois d’ébène, Shayda sentait presque le flux de magie s’écouler le long de l’ustensile mordoré. Elle adorait le professeur Flitwick, son directeur de maison, et avait une relation particulière avec lui. La fillette aimait à penser qu’il la considérerait peut-être un jour comme son « apprentie », occultant les dizaines d’autres élèves qui ne comprenaient rien à l’art subtil des sortileges.

 

Concernant les trois nouvelles matières introduites depuis peu par le ministère, Shayda ne savait que penser. 

 

Le première cours d’Arts et Culture magique avait été pour le moins... déroutant.

 

Leur professeur, M.Bailey, était un ancien membre des Bizarr’sisters et déclencha dès son arrivée en classe un concert de gloussements qui écorcha les oreilles d’une Shayda agacée. Seule au premier rang, elle dut se résigner à suivre les récits exagérément flatteurs du professeur, qui racontait ses « exploits » à force de gesticulations inutiles, sous les regards admiratifs des fillettes. 

 

Le cours de Sciences Physiques et Magiques avait lui aussi provoqué des remous, de tout autre nature cependant. 

 

Dans une salle désaffectée du troisième étage, nue, morne, aux fenêtres sans tain et sales, le professeur rentra en trombe et se planta devant l’assemblée des élèves curieux. 

 

Son crâne chauve luisait à la lueur blafarde des chandelles, et M.Davidson parla d’une voix sifflante:

 

« Pour vous, qu’est-ce que la magie ? »

 

La question fit naître des murmures étonnés. La question, évidente au premier abord, fit froncer les sourcils à Shayda. Elle réfléchit un instant puis leva une main entraînée, sous le regard blasé du professeur. 

 

« La magie, affirma-t-elle, est un flux d’énergie qui coule en tout sorcier. »

 

Le visage blême de Davidson se tordit en un rictus; il souriait. 

 

« Faux, fit il calmement. Complètement faux. Vous êtes Miss...

 

-Adel, répondit la fillette, piquée au vif que sa réponse n’ait pas été acceptée.

 

-Miss Adel, donc, reprit la voix traînante du professeur en s’adressant aux élèves, a confondu mon cours avec un album d’initiation pour Moldus de deux ans. Ici, on parle science, pas conte de fée. »

 

Shayda, acquiesça, le visage dénué de tout émotion, mais ses yeux flamboyaient sûrement de colère. Des ricanements se faisaient entendre, et Weasley lui jeta un regard moqueur. Elle surprit sur elle le sourire désolé de James, le premier depuis des jours, et celui cynique de Viviana. 

 

Davidson calma les murmures d’une œillade noire, et s’approcha du tableau d’ébène d’une démarche pesante, où il inscrit d’une écriture penchée La magie, leçon 1. 

 

Tourné vers les élèves qui le regardaient toujours, déboussolés, il commença:

 

« La magie est un phénomène scientifique, démontré au IIIème siècle avant notre ère par le mathématicien grec Eparken de Syracuse. »

 

Devant les deuxième années qui le dévisageaient toujours, Davidson articula avec mépris : « On ne vous a jamais appris à prendre des notes ? »

 

Aussitôt, ce fut un concert de bruissements de parchemins tandis que les enfants se hâtaient de sortir leur plume. En serrant la sienne, Shayda pensa avec colère que leur professeur commençait sérieusement à l’agacer.

 

L’homme maigre reprit, en les toisant du regard:

 

« La magie, comme je le disais, est un phénomène scientifique de nature un peu particulière. »

 

Davidson prit une craie entière et la plaça dans sa paume. La blancheur immaculée de l’objet se distinguait à peine sur sa peau blanchâtre.

 

« Si je lance cette craie, reprit-il, quelle est la probabilité qu’elle tombe ? »

 

Il scruta l’assemblée qui n’osait pas intervenir, puis jeta un regard narquois à Shayda.

 

« Et bien, je vois que Miss Adel n’ose plus intervenir? Cela nous épargnera des réponses stupides.

 

-Cent pour-cent, lança l’intéressée, les iris écarlates. En laissant tomber cette craie, la probabilité que celle ci touche le sol est totale. »

 

Davidson plissa ses yeux noirauds, et sourit une fois encore, dévoilant des dents jaunâtres.

 

« Ainsi, si je laisse tomber cette craie, la probabilité que celle-ci tombe est totale, comme nous l’a si bien dit Miss Adel, ironisa-t-il. »

 

Le professeur marqua une pause.

 

« Avec la magie, on peut altérer le champ de probabilité lié à l’événement « que la craie touche le sol » pour le rendre proche voire égal à zéro. »

 

Davison dévisagea ses élèves perdus de toute sa hauteur, bombant le torse.

 

« Ma matière, les Sciences Physiques et Magiques, abordera l’étude de ces altérations et étudiera la capacité des sorciers à défier les lois scientifiques moldues avec leur magie. »

 

La cloche sonna tout à coup, et les deuxièmes années déconcertés s’échappèrent en un flot apeuré. 

 

Avant de quitter la salle, Shayda échangea un regard meurtrier avec son professeur. Alors qu’elle sortait en trombe, les dents serrées, la fillette sentit s’attarder sur elle les iris glaciaux de Davidson. 

 

                     OoOoOoO

 

Allongée sur son lit, Shayda attendait patiemment que Viviana libère leur salle de bain commune. Le plafond de leur dortoir était parsemé de magnifiques étoiles et la fillette sourit en fixant la voûte sombre. Son sourire se dissipa lorsque la jeune Ollivander sortit de la pièce et passa sans un mot devant elle. 

 

Viviana n’avait plus reparlé à Shayda depuis la remarque maladroite de cette dernière. Aussi la jeune fille fut surprise lorsque la Serdaigle l’aborda, plantant ses iris verts dans les siens grisâtres.

 

« Tu as fait un cauchemar, cette nuit ? s’enquit-elle froidement. »

 

Pas de bonjour, ni de salutation. La fillette allait droit au but.

 

Shayda garda le silence, refusant de répondre. Elle désirait réellement se réconcilier avec sa meilleure amie, mais ne voulait pas non plus livrer tous ses secrets.

 

Viviana lui jeta un dernier regard méprisant et sortit élégamment de leur chambre tandis que la jeune fille s’enfermait à regret dans la sale de bain, croisant avec dépit son reflet maussade, ses cheveux cyan hirsutes et ses tristes yeux étain.

 

                      OoOoOoO

 

Shayda s’arrêta à l’angle du couloir du septième étage, haletante. Elle contourna sans la voir devant l’hideuse tapisserie de Barnabas le Follet et couru jusqu’à la salle de son cours de sortilège. Là, elle poussa la porte en bois de chêne et entra sans frapper, inspirant pour se donner du courage. 

 

Arriver en retard à son premier cours d’Etude de la société sorcière contemporaine, ou autre matière étrange dont elle avait oublié le nom, n’était vraiment pas prévu, et ses yeux carmin cherchèrent Weasley des yeux pour l’assassiner du regard. Le Gryffondor avait ensorcelé la porte de sa chambre pour que la fillette y reste bloquée. Shayda avait attendu une dizaine de minute, impuissante, avant de finalement se résoudre à défoncer le battant avec une sortilège de son invention. 

 

La jeune Serdaigle avança entre les tables et balbutia des excuses sincères devant sa nouvelle professeur, tout en l’observant avec curiosité.

 

Miss Écureuil, ainsi qu’elle l’avait surnommé le soir de la rentrée, était une jeune femme replète aux courts cheveux châtains et aux joues extraordinairement rondes qui la faisait ressembler à un rongeur, d’où son surnom. Son regard vif plana sur Shayda quelque seconde avant qu’elle ne déclare:

 

« 5 points en moins pour Serdaigle. »

 

Et, alors que son élève allait s’asseoir, la professeur ajouta avec un sourire badin:

 

« J’ai toujours rêvé de dire ça ! Maintenant, je suis une vraie professeur! »

 

La plupart des élevées pouffèrent tandis que d’autres levaient les yeux au ciel. 

 

Shayda, après un rire poli, chercha une place du regard et remarqua que ses camardes étaient presque tous disposés en binôme. Elle leva un regard interrogateur vers Miss Écureuil.

 

« Ah, lui expliqua celle-ci, comme je l’expliquait à tes camarades avant que tu n’arrive, vous allez régulièrement travailler en binôme. Ma matière nécessite le débat et l’écoute des autres. »

 

Shayda acquiesça distraitement, cherchant par réflexe Viviana du regard. La trouvant déjà assise, glacée par le regard froid qu’elle lui jetait, la fillette resta près du bureau du professeur, les bras ballants. 

 

« Ah, répéta bêtement Miss Écureuil, tu ne sais pas où t’asseoir. »

 

De son petit bras potelé, elle désigna une place vacante.

 

« Tu n’as qu’à prendre place à côté de ce charmant garçon roux, qui est tout seul ! »

 

Et elle battit des mains, comme fière de sa brillante idée.

 

Shayda haussa un sourcil, inquiète désormais pour la santé mentale de sa mentor et se dirigea machinalement vers la place désignée. Mais elle s’arrêta vie en comprenant que le « charmant garçon roux » en question était en réalité un Weasley furieux qui la regardait de travers. 

 

La fillette regarda une dernière fois les tables environnantes pour vérifier si elle n’avait pas d’autre échappatoire et, ravalant son dépit, s’assit à sa place, déplaçant sa chaise au maximum pour éviter Fred, qui semblait dans le même état d’esprit.

 

« Toi, siffla-t-il, furieux. Va t’asseoir loin de moi.

 

-Ne t’inquiète pas, rétorqua-t-elle, tu n’étais pas mon premier choix, loin de là. Et c’est de ta faute si je suis là, assise à côté d’un attardé aux cheveux oranges.

 

-En en attendant, ironisa le jeune garçon, c’est moi qui me retrouve assis près d’une attardée au cheveux bleus. »

 

Il jeta un regard narquois sur la chevelure azur de sa voisine, qui lui lança une œillade meurtrière.

 

« Ne me relance pas sur ce sujet, grogna Shayda, ou tu risquerais gros.

 

-De gagner mon pari, peut-être ? la provoqua Fred. »

 

Les deux rivaux s’interrompirentt pendant que Miss Écureuil expliquait avec enthousiasme le programme.

 

« Ça n’arrivera pas, reprit la fillette, méprisante. Tu crois vraiment que je me vanterai un jour de cette hideuse couleur ? »

 

Pendant l’été, Weasley l’avait en effet nargué, disant qu’elle finirait par admettre aimer la teinture bleutée qu’il lui avait lui même administrer traîtreusement. 

 

D’ailleurs, Shayda trouvait que son ennemi agissait de plus en plus en cachette, au lieu de la défier ouvertement. Des potions versées en secret, des sorts lancés en son dos... Ces actions étaient bien loin du prétendu courage des Gryffondors.

 

Sous la cacophonie des conversations, ne prêtant pas la moindre attention au professeur affolée, la jeune fille lança à Fred avec un air de défi:

 

« Ça fait longtemps que l’on ne s’est pas fait un défi, un vrai, pas un de tes coups de Serpentard qui ratent à chaque fois.

 

-Pardon ? Et toi, tes sortilèges lancés à l’improviste, c’est quoi ?

 

-Donc, reprit Shayda sans un regard pour la face soudainement écarlate de son voisin. Je te propose un vrai défi, où on pourra s’affronter. Un duel, ça te va ? 

 

-Tu ne supporterais pas mes extraordinaires coups, fanfaronna Fred, de mauvaise foi. »

 

La jeune Serdaigle éclata d’un rire cristallin, amusée. Les deux ennemis savaient très bien qu’elle le terrassait sans problème en la matière.

 

Weasley rit avec elle et pendant quelques instants et Shayda pensa inconsciemment que rire avec le jeune garçon était bien plus agréable que leur continuelles disputes. 

 

Lorsque qu’ils se calmèrent, le Gryffondor dévisagea la fillette, et sa peau halée pris subitement une teinte écarlate, sous le regard étonné de sa voisine.

 

« Rire doit être pour toi un effort physique très conséquent si ça te fait ressembler à un Strangulot congestionné, se moqua Shayda, égale à elle-même. Encore heureux que tu n’aies pas mes yeux, on aurait dit une flamme. »

 

Weasley, les joues brûlantes, reprit d’une voix qu’il tentait de rendre digne:

 

« Donc, toussota-t-il, pas de duel. Plutôt quelque chose où on serait à égalité.

 

-Tu reconnais donc ma supériorité, le taquina Shayda, amusée.

 

-Je ne reconnais aucune supériorité, rétorqua Fred brusquement, mais je ne veux pas, point barre. »

 

Cela refroidit la Serdaigle, qui avait presque oublié avec qui elle parlait. 

 

« Effectivement, approuva-t-elle avec une froideur digne de Viviana. Que proposes-tu? À moins que tu ne préfères continuer tes coups bas de Serpentard. 

 

-Je suis un Gryffondor, répondit le jeune garçon, piqué au vif. Et j’ai une idée, peut-être même trop téméraire pour une petite intello de Serdaigle. »

 

Il l’a provoquait en connaissance de cause, et c’est les yeux flamboyants qu’elle attendit qu’il continue.

 

« Ce soir, neuves heures, près de la cabane d’Hagrid. On va faire une petite balade dans la Forêt Interdite. »

 

Weasley rougit encore légèrement pour une raison connue de lui seul, mais Shayda ne fit pas attention à ses joues cramoisies.

 

« Ce soir, neuves heures, répéta-t-elle d’un air de défi. À moins que sortir après le couvre-feu te gêne ?

 

-Certainement pas, se défendit Fred, l’œil noir. Le premier qui crie dans la forêt aura perdu et écopera d’un gage.

 

-Je dirais même plus: le premier qui montre un signe de peur sera perdant, ajouta la Serdaigle. J’espère pour toi que rougir n’est pas un signe de faiblesse, parce que sinon c’est gagné d’avance. »

 

La cloche sonna, dispensant le jeune garçon de répondre.

 

Alors qu’elle quittait la salle sans un regard pour la professeure déconcertée, songeant que ce cours avait été bien étrange, elle entendit Fred lui crier: « Ne te défile pas! », accompagné d’un regard méprisant dont lui seul avait le secret.

 

Shayda serra les poings: elle prouverait à tous ces Gryffondors stupides qu’elle n’avait rien d’une première de la classe effarouchée, s’il ne s’en étaient pas déjà rendus compte.

End Notes:

Spiritos: Alors? Qu’en avait vous pensé ?

Shayda: C’était franchement pas terrible. Trop de Weasley. Et comme on dit en Moldu, trop de Fred, tue le Fred. En même temps ça ne serait pas une bien grande perte.

Fred: Tu sembles oublier que cette deuxième partie est à la fois la mienne que la tienne. Donc un peu de respect. Remarque, je me serais bien passé de toi...

Shayda: Et moi donc... Et n’oublie pas que c’est MOI le personnage principal de l’histoire. Alors ferme-la et joue ton petite rôle de personnage secondaire pendant que je brille au premier plan.

Spiritos: Pour l’instant, ce sont MES notes de fin, donc je vous prierais bien de dégager d’ici avant que je ne vous invente une mort atroce dont moi seule aie le secret.

Fred: C’est qu’elle s’est endurcie notre petite auteure.

Spiritos: Deux mois d’étude, ça vous forme. 

Bon, loin de mes délires d’auteure, n’hésitez pas à me mettre une review :)

À bientôt !

Ballade au clair de lune by Spiritos
Author's Notes:

Hey!

Comme je vous l'avais promis, voilà un chapitre qui arrive très vite, du point de vue de... Fred!

Et oui, notre Freddy est de retour!

Bonne lecture !

Fred, accoudé au lavabo de sa salle de bain, tentait désespérément d’ordonner ses cheveux bouclés qui partaient dans tous les sens. Il jeta un regard maussade au miroir opaque qui lui reflétait l’image d’un garçon mince, aux grands iris noisette et à la peau halée qui s’accordait peu avec sa chevelure de feu.                                                                 

 

« Si j’étais vous, conseilla le miroir, je laisserais tomber. Vu votre tête, c’est perdu d’avance. »  

 

Fred lança un regard assassin à la glace, mais décida de suivre son conseil. 

 

Il pénétra dans son dortoir vide et descendit prestement dans sa salle commune.          Alors que le jeune garçon se dirigeait sans un bruit vers le trou du portrait, l’accès lui en fut barré par un Gryffondor maigrichon qui le regarda d’un air soupçonneux. 

 

« Où vas-tu ? s’enquit-il, curieux. »   

 

Enzo Chen était un deuxième année de petite taille, aux épais cheveux de jais et dotés de petits yeux en amande qui scrutaient Fred avec amusement.

 

Né-Moldu, c’était un des meilleurs amis du jeune garçon, qui s’entendait à merveille avec son ami au caractère aussi flamboyant que le sien. 

 

« Un pari, avoua-t-il à demi-mot, sachant que son ami le comprendrait. »

 

Celui ci ricana, passant une main dans ses mèches d’ébène.

 

« Encore! Ces derniers temps, tu te démènes de plus en plus pour de simples gages. C’est si important que ça ? »

 

Fred resta silencieux tandis qu’Enzo le regardait fixement.

 

Le jeune garçon ne pouvait dire à son ami pourquoi il se donnait tant de mal pour ces disputes avec Shayda, qui avait prises depuis la rentrée des proportions encore plus importante. À vrai dire, il espérait ne pas le savoir lui même, même si la réponse était évidente. Il se savait amoureux de la Serdaigle depuis l’été, et avait tenté de réfuter cette idée, en vain. Le matin encore, alors qu’ils riaient ensemble pour la première fois, Fred avait croisé les iris dorés de la fillette et en avait eu le souffle coupé. Les reflets d’or dans les yeux de Shayda était si différents de l’habituelle teinte écarlate qu’elle lui réservait que le Gryffondor en était resté bouché bée. 

 

« Hé, réitéra Enzo. Tu m’écoutes? »

 

Fred secoua la tête d’un air goguenard, aussi bien pour narguer son ami que pour se débarrasser de ses pensées.

 

Laissant un Enzo agacé derrière lui, il enjamba le trou, salua la Grosse Dame d’un clin d’œil et s’élança d’un pas rapide dans le couloir sombre. Habitué des sorties nocturnes, il avançait prudemment, contournant habilement les endroits à risques. 

 

Le jeune garçon se retrouva rapidement dans le parc noir, et s’orienta sans peine vers la cabane d’Hagrid. La nuit sans lune engloutissait le parc, et on distinguait à peine les quelques arbres immenses qui se dressaient d’ordinaire sur les rives du lac. Seule une faible lueur se dégageait des fenêtres sales de la maisonnette du garde-chasse. 

 

Fred jeta un regard envieux aux volutes de fumée qui s’échappaient de la cabane, tirant sur son propre pull aux manches duveteuses pour se réchauffer. 

 

Il jeta un œil à sa montre, dont les aiguilles se distinguaient difficilement dans la pénombre. Il lut : neuves heures deux.

 

Il attendit. 

 

Une fine silhouette se détacha de la brume noire pour s’avancer vers lui d’un pas qu’il devinait furieux. Bientôt, Shayda se dressait devant lui, le regard furibond, ses longs cheveux bleutés retombant avec grâce sur ses frêles épaules. Elle ouvrit la bouche avec empressement, mais Fred la devança:

 

« Trois minutes de retard, constata-t-il, faussement désolé. Je suis déçu. »

 

Les iris de la fillette s’éclaircirent tandis qu’elle ricanait sans joie.

 

« Dis ça à celui qui a eu la bonne idée de lacher Peeves juste devant la salle commune des Serdaigles. 

 

-Et alors, demanda le jeune garçon, cachant son intérêt par un sourire narquois. Tu lui as échappé comment, mademoiselle la génie?

 

-Et bien justement, avoua Shayda, je ne lui ai pas échappé. Il m’a couru après dans les couloirs pendant trois étages, mais heureusement je lui avais déjà administré un sortilège de mutisme. C’était la plus grande course de toute ma vie. »

 

Le Gryffondor éclata d’un rire sincère,mais qui dû sonner moqueur aux oreilles de la jeune fille qui le gratifia d’une œillade méprisante. Fred soupira et lui rendit à contrecœur son regard noir.

 

« Bon, je propose qu’on y aille, dit Shayda après un silence. On n’a pas tout la nuit et je brûle d’envie d’aller me reposer après t’avoir battu à plate couture.

 

-Dans tes rêves, ricana Fred. »

 

Il désirait vraiment gagner ce pari, pour monter à Shayda qu’il était un vrai Gryffondor. Mais au regard déterminé que lui lança sa rivale, il comprit qu’elle était au moins aussi résignée que lui à le battre. 

 

Alors que les deux deuxième année s’approchaient en silence de la sombre forêt aux arbres touffus, Fred songeait que la fillette aurait parfaitement eu sa place à Gryffondor. Depuis cet été, il avait souvent regretté qu’ils ne soient pas dans la même maison. Ils auraient sûrement été amis, voire plus. Fred soupira encore une fois, sous le regard interrogateur de Shayda. 

 

« Est-ce un signe de peur ? se moqua-t-elle, et le jeune garçon remarqua que ses iris avaient pris une teinte orangée, qui rappelait un peu la couleur dorée du matin.

 

-Avant même de rentrer dans la forêt ? rétorqua-t-il, reprenant contenance. Absolument pas. »

 

Elle sourit et Fred garda les yeux fixés sur elle un instant, avant de les détourner. Son simple sourire avait provoqué un curieux remous dans l’estomac du garçon, et celui-ci dut inspirer brutalement pour retrouver ces esprits. 

 

Allumant leur baguette d’un même geste, ils pénétrèrent en silence dans la Forêt interdite. 

 

Un sentier tapissé de feuilles mortes crissait sous leurs pas, et Fred sentit Shayda se tendre alors qu’elle marchait sur une brindille qui émit un craquement sinistre. Leurs yeux s’habituaient peu à peu à l’obscurité et le jeune garçon en profita pour dévisager la fillette.

 

Ses longs cheveux bleus luisaient presque dans la pénombre, et ses iris avaient pris une délicieuse teinte lilas tendit qu’elle fixait le sentier, pensive. Fred, la regardant toujours, se demanda en son for intérieur à quoi elle pensait. 

 

« Sha...Adel? »

 

Il avait parlé presque inconsciemment pour combler le vide qui lui pesait, et peut-être aussi dans l’espoir de voir les beaux yeux violets de Shayda tournés vers elle. Dans sa précipitation, il avait même failli l’appeler par son prénom, et il priait pour qu’elle ne s’en soit pas rendue compte.

 

L’intéressée leva un regard interrogateur vers lui, ses yeux en amande devenus d’une curieuse couleur canari qui coupa encore une fois le souffle à Fred. Il se gifla mentalement, tentant d’ignorer le trouble qu’un simple coup d’œil avait provoqué.

 

Le jeune garçon tenta une question innocente au premier abord, mais qui lui brûla les entrailles lorsqu’il l’a prononça:

 

« Tes yeux... pourquoi changent-ils de couleur à chaque mouvement?

 

-Tu m’avais déjà posé la question cet été, non ? fit-elle surprise. »

 

Fred devint cramoisi et pria encore une fois pour que la pénombre camoufle ses joues brûlantes.

 

« Si tu crois que j’allais me rappeler de ta réponse, fit-il dans une piêtre tentative de mépris, que Shayda ne releva pas.

 

-Tu as raison, ironisa-t-elle, ça serait trop en demander à tes capacités intellectuelles limitées. »

 

Le jeune garçon serra les poings. Elle marquait un point. 

 

Il la dévisagea un instant, habitué désormais à la posture arrogante qu’elle prenait en lui parlant, les yeux fixés sur son sourire espiègle. Et la question qu’il se posait à lui-même rejaillit par hasard sur ses lèvres:

 

« Pourquoi tu n’es pas à Gryffondor ? »

 

Shayda prit un air surprit et ses iris passèrent de l’orangé à l’ambre, pour se stabiliser à un jaune blé.

 

« Parce que je ne suis qu’une intello coincée de Serdaigle, rappelle toi, ironisa-t-elle, mais Fred comprit que le cœur n’y était pas. »

 

Il n’insista pas et ils continuèrent leur marche silencieuse, troublée seulement par les hululements des chouettes et le crissement des feuilles fanées.

 

Le jeune garçon fit soudainement volte-face. 

 

« On s’est éloigné du sentier ! s’écria-t-il, devant le regard devenu inquiet de la fillette. »

 

Elle murmura un Lumos Maxima et une boule de lumière blafarde s’éleva au-dessus de leur tête, éclairant l’endroit où ils se trouvaient. 

 

Fred constata qu’ils s’étaient perdus dans une sorte de clairière sombre, au sol entièrement recouvert de racines pullulantes qui se tordaient à leurs pieds. De grands arbres aux larges troncs bordaient l’endroit, et Fred ne vit nul sentier près d’eux. 

 

« Nous devons rebrousser chemin, conseilla le jeune garçon. »

 

Shayda acquiesça et, annulant son sortilège, s’élança à sa suite pour retrouver le sentier. 

 

Ils tournèrent en rond pendant une dizaine de minutes, sans succès.

 

Fred avait le visage et les mains écorchés par les branches biscornues des arbres, de même que Shayda, dont la chevelure azur était plus hirsute que jamais. 

 

« Je propose qu’on abandonne ce pari, hasarda cette dernière. »

 

Exténué, les mains en sang et songeant avec délice à son lit aux draps carmin, Fred acquiesça. Mais le sentier ne se montrait toujours pas, et le jeune garçon commençait à s’inquiéter. Il allait se résoudre à demander à sa rivale si elle connaissait un sort d’orientation qui leur serait bien utile, lorsqu’il sentit quelque chose approcher.

 

Un bruit de sabot martelait la terre et quelques secondes après, deux centaures s’approchèrent d’eux au trot. Fred, frissonnant, dévisagea avec anxiété leur buste enduit de terre qui se prolongeait en un corps de cheval, l’un à la magnifique robe alezan, l’autre d’une couleur rouille.

 

Le premier était un vieil individu aux cheveux d’or, tandis que le second, plus jeune, la mine sévère, avait des mèches couleur plomb.

 

Un silence s’installa tandis que les deux centaures toisaient les élèves, silence bientôt rompu par un gémissement.

 

Alerté, Fred tourna la tête vers Shayda, et eut la surprise de la voir agenouillée, une main plaquée sur la bouche, livide. Sans réfléchir, il se précipita vers elle et se mit à son niveau.

 

« Shayda, s’enquit–il, anxieux, sans se soucier désormais de l’appeler par son prénom. Ça va ? »

 

La fillette ne répondit pas et leva vers lui un regard terrifié, où il croisa deux iris émeraude emplis de terreur.

 

Le jeune garçon ne comprenait pas ce qui l’effrayait à ce point lorsque un des deux centaures tapa de son sabot droit sur l’herbe. Obnubilé par la Serdaigle, il avait complètement oublié les deux êtres qui les dévisageaient, agacés.

 

« Jeunes poulains, commença le vieux centaure d’un voix rauque. Que faites-vous dans notre Forêt ? »

 

Le second hennit comme pour appuyer les propos de son aîné.

 

Fred remarqua alors que Shayda n’osait pas regarder leurs interlocuteurs, et un éclair de lucidité le traversa. La jeune fille avait peur des centaures ! Peur n’était surement pas le mot : elle était recroquevillée sur elle-même, fuyant le regard des hybrides, semblant en proie à des tourments intérieurs.

 

Posant une main réconfortante sur son épaule, une hardiesse qui l’étonna lui-même, le jeune garçon se promit de les faire sortir sains et saufs de cette forêt. Il commençait à comprendre pourquoi celle-ci était interdite…

 

« Nous nous sommes perdus, fit il d’une voix mal assurée en s’adressant aux centaures. Nous voulons repartir mais ne connaissons pas le chemin. »

 

Il chercha une approbation, une pitié ou une compassion sur le visage de ses interlocuteurs, en vain. Il retenta :

 

« Pouvez-vous nous montrer le chemin ?

 

-Et pourquoi ferions nous ça ? s’enquit le jeune centaure brun. Plutôt mourir que d’aider des humains. »

 

Par désespoir, Fred se tourna vers l’aîné, qui s’adressa à son compagnon :

 

« Leur vie est importante, Syron. J’ai lu le destin dans les planètes. Trois fois, Saturne m’est apparue lumineuse. » 

 

Syron eut un mouvement de recul. 

 

« Enfin ? questionna-t-il avidement. »

 

Le vieux centaure hocha sereinement la tête, indifférent à Fred, perdu.

 

« Saturne est enfin retombée dans la lumière, après toutes ces années dans l’ombre. Et, d’après les décrets du destin, les signes astrologiques de ces deux là dissiperont les ténèbres. »

 

Fred se retint à grande peine de lever les yeux au ciel, et ouvrit la bouche pour supplier une nouvelle fois les centaures.

 

« Montrez-nous le chemin, l’en dispensa une voix ferme. »

 

Shayda s’était levée et se tenait face aux deux centaures qui la dévisageaient désormais avec curiosité. Ses iris désormais translucides luisaient de terreur, mais c’est avec courage qu’elle parla. 

 

« Montrez-nous le chemin, réitéra-t-elle, et nous ne reviendrons plus dans votre forêt.

 

-D’autres viendront ! tonna le centaure brun en martelant le sol de ses puissants sabots. »

 

La fillette ferma les yeux, livides. Avant que Fred ne puisse intervenir, elle reprit d’une voix assurée :

 

« Nous les en empêcherons. Je vous le promets. »

 

Le regard perçant du vieux centaure scruta la jeune fille qui semblait à deux doigts de s’évanouir. La réponse qu’il apporta surprit Fred. 

 

« Soit. Montez sur son dos. 

 

-Pardon ? protesta violemment Syron. Les transporter comme un vulgaire canasson ? »

 

Fred s’approcha de Shayda qui s’était mise à trembler.

 

«  Syron, fit l’ainé. »

 

Il murmura une phrase à l’oreille de son compagnon, qui cessa immédiatement de se plaindre. Vaincu, il abaissa un genou pour permettre aux enfants de monter. 

 

Fred tout d’abord se cramponna à sa croupe, inquiet du regard meurtrier que le centaure lui lançait.

 

Shayda ne semblait pas plus encline à monter que Syron à les porter, mais elle se dirigea à contrecœur vers leur monture qui serrait les dents. 

 

Lorsqu’elle fut enfin prête,  l’hybride démarra, sous le regard sage du vieux centaure, resté dans la clairière. Sans un bruit, la fillette s’agrippa par réflexe à Fred, la tête contre son dos et les bras autour de sa taille, et celui-ci ne dit rien, se contentant d’essayer de réguler les battements de son propre cœur affolé, sûrement perceptibles malgré le fracas des sabots sur le sentier retrouvé.

 

Syron les mena à la lisière de la Forêt, près de la cabane d’Hagrid. Ils descendirent en titubant, trop tôt au goût du jeune Gryffondor.

 

Sans un regard pour les enfants, le centaure s’élança avec grâce dans la forêt, disparaissant parmi les arbres touffus.

 

Un bruit fit tressaillir Fred. Shayda s’était écroulée dans l’herbe, le visage entre ses frêles mains. Il s’agenouilla à côté d’elle, inquiet. 

 

La fillette arborait un visage livide et il fut frappé par ses magnifiques iris bleu pâle emplis de tristesse. Il s’avança vers elle pour la prendre dans ses bras, presque inconsciemment, mais fut stoppé par l’arrivée soudaine d’Hagrid. 

 

Un fusil à la main, vêtu d’un énorme robe de chambre, le demi-géant resta interdit un moment avant de reconnaître Fred et Shayda.

 

« Nom de dieu, s’écria-t-il maladroitement. Que faites-vous ici à une heure pareille ? Le couvre-feu est passé depuis des heures. »

 

Il bailla soudainement et se frotta les yeux de ses énormes mains, avant de renchérir :

 

« J’ai vu un centaure passer devant ma fenêtre, avec vous deux sur le dos. Que s’est-il passé ? »

 

Le jeune garçon n’eut pas le cœur de lui répondre, préoccupé par l’état de la Serdaigle. 

 

Mais celle-ci se releva presque aussitôt, et tourna vers Hagrid un visage souriant. Fred fut frappé par son brusque changement d’expression. Seuls ses yeux cyan subsistaient encore, qu’elle ne pouvait cacher.

 

«  Un centaure ? Avec nous sur son dos ? Impossible, fit-elle d’une voix douce. »

 

Hagrid se renfrogna devant l’air faussement angélique de la fillette. 

 

« J’ai peut-être rêvé … Mais qu’est-ce que vous fichez là, alors ? »

 

Shayda sourit, d’un sourire que Fred devina parfaitement hypocrite. 

 

« Un pari. Nous devions nous promener dans le parc après le couvre-feu. »

 

Elle lança un regard perçant au jeune garçon, qui rentra dans le jeu en hochant gravement la tête. Il savait qu’Hagrid s’amusait beaucoup de leurs paris et l’aidait presque à chaque fois à gagner, provoquant la fureur de sa rivale.

 

Hagrid hocha la tête et bougonna, indécis :

 

« En tant que professeur, je devrais vous dénoncer… »

 

Fred savait alors que c’était gagné d’avance.

 

« Bon, filez, mais que je ne vous y reprenne plus. Et ne vous faites pas prendre par Rusard ! »

 

Les deux élèves s’élancèrent en courant vers le château, tandis que le garde-chasse rentrait chez lui en maugréant : « Toujours pas mort, ni lui ni son horrible bestiole. »

 

En montant les escaliers en marbre immaculé, le jeune garçon jeta un regard à Shayda.

 

Son visage était redevenu neutre, et elle en aurait paru presque sereine si ses yeux toujours turquoise n’étaient pas aussi tristes.

 

Fred n’osa pas lui poser la question qui le taraudait depuis qu’ils avaient quitté la forêt. 

 

Pourquoi avait-elle aussi peur des centaures ? Il ne comprenait pas comment la téméraire Shayda pouvait trembler devant ces créatures, à moins de cacher un traumatisme éprouvant.

 

Shayda brisa la première le silence pesant qui s’était établit.

 

« Tu as gagné, murmura-t-elle d’une voix faussement assurée. »

 

Fred resta abasourdie un instant, avant de comprendre de quoi elle parlait. Comment ? Elle pensait encore à ce stupide pari alors qu’elle venait visiblement de vivre un moment terrible. D’une voix qu’il tachait de maitriser, il répondit :

 

« Non, personne n’a gagné. On avait arrêté le pari avant de tomber sur les centaures, tu te souviens. ? C’est une égalité. »

 

Shayda secoua ses mèches bleutées, et Fred dut fixer le sol pour s’arracher à sa contemplation. 

 

« Dans tous les cas, ça revient au même, fit-elle en baissant la tête. On voulait voir qui était le plus courageux. La réponse est évidente désormais. »

 

Le jeune garçon resta interloqué. La fillette venait d’avouer être moins courageuse que lui. Une chose qui d’ordinaire l’aurait emplie de fierté, mais qu’il ne pouvait désormais pas savourer. 

 

« Adel, rétorqua-t-il d’une voix ferme. J’ai demandé à ce qu’on soit tous deux à égalité avant de faire ce pari, tu te rappelles ? Mais tu es tombé sur ta phobie, bien sûr que tu as eu peur. Cela ne veut pas dire que tu n’es pas courageuse. »

 

Et comme l’intéressée le regardait avec surprise, il rougit légèrement et reprit son habituel ton goguenard :

 

« Malheureusement, je n’ai pas eu la confirmation que tu étais une peureuse, vu que ça ne compte pas. Dommage. »

 

Il vit avec soulagement les iris de Shayda s’assombrirent légèrement pour donner un curieux mélange d’orangé et de cyan. 

 

« Je pense que tu peux toujours la chercher, ta confirmation, car tu ne l’auras jamais. »

 

Elle se redressa fièrement et lança un dernier regard méprisant à Fred, qui le lui rendit avec bonheur. Comme il était bon de la retrouver ! 

 

Ils se chamaillèrent gaiement tout le reste du chemin, et le jeune garçon tentait de masquer le sourire niais qui lui montait aux lèvres à chaque fois qu’il apercevait les iris dorés de la Serdaigle.

 

Ils s’arrêtèrent aux environs de la Grande Salle, et un silence léger s’installa, bientôt brisé par Shayda :

 

« Si tu racontes ça à qui que ce soit… menaça-t-elle, les iris en feu. »

 

Fred s’insurgea, regrettant qu’elle le prenne pour un tel goujat. Il savait en son fort intérieur qu’il ne raconterait à personne le souvenir de cette nuit, préférant garder pour lui la sensation de douceur qui l’avait envahi lorsque, de peur, la fillette s’était blottie contre lui. Le jeune garçon sourit en songeant aux rêves pleins de guimauves qui l’attendaient dans son lit à baldaquin écarlate.

 

Après une dernière œillade meurtrière, sincère pour Shayda, feinte pour Fred,  ils se dirigèrent tous deux vers leur salle commune respective. 

 

Alors que la Serdaigle tournait au coin d’un couloir, il l’entendit murmurer d’une voix brisée : « Et je n’ai pas peur des centaures, Weasley… »

 

 

 

 

 

 

 

 

End Notes:

Alors ? Qu'en avait vous pensé?

Et un petit bonus ;)

Chroniques d’un centaure ado

Allongé dans de confortables herbes perlées de rosée, j’hennis de bonheur, heureux. Aujourd’hui, c’est mon jour de congé. Pas de galop à travers la forêt pour nourrir les poulains voraces, pas de cours d’astronomie barbants avec mon non-moins-barbant mentor, Chiron. Cette nuit, moi, Syron, je suis libre.

Je fais virevolter ma queue derrière moi pour chasser des mouches imaginaires, tout en pensant à ce que je pourrais faire. Aller causer avec quelques licornes ? Défoncer quelques arbres avec mon pote Euripe ? Ou tout simplement rester étendu là, dans ce tas de feuilles odorantes, à respirer le doux parfum des sous-bois. Oui, j’aime bien cette idée-là. 

Mon doux repos se voit soudainement troublé lorsque mon prof Chiron débarque à l’improviste au galop, haletant. Il est vieux, Chiron, avec sa robe rousse et ses cheveux blonds parsemés de traînées grisâtres. Pourtant, il attire toujours les juments, allez savoir pourquoi. Avec Euripe, on est allé lui demander mais il nous a donné des techniques de séduction nulles, et on est devenus la risée de la tribu. Il s’est bien fichu de nous, le vieux. 

Bref, mon prof s’approche de moi et je sens tout de suite que ma soirée de repos va tout de suite être ruinée.  

« Syron ! J’ai ressenti une perturbation dans le mouvement des planètes. Les étoiles m’indiquent que la clairière désaffectée est sujette à des signes astrologiques inconnus. »

Traduction : il y a des intrus dans la clairière la plus glauque, pleine de racine, celle qu’on doit nettoyer quand on est de corvée.

Chiron me regarde avec des yeux suppliants. Mais qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? Deux ou trois cervidés n’ont jamais fait de mal à personne.

« De plus, continue-t-il devant mon regard ennuyé, les signes astrologiques sont clairs : il s’agit de deux humains ! »

À ces mots, je m’hérisse. Tout le monde ici déteste les humains depuis que, après que nous ayons eu des pertes à leur bataille où nous avons vaillamment combattu – enfin, moi j’étais pas né mais bon, le ministère a refusé de nous accorder plus de terres. Nous voilà restés dans cette minuscule forêt, que l’on doit en plus partager avec des êtres stupides qui la souillent. À un moment, on a même eu des géants, non mais vous vous rendez compte ?

Je me calme en pensant au repos qui m’attend. Qu’est-ce qui est plus important, mon congé ou ces deux humains ? Au pire, ils se feront dévorer par une Acromentule, ça ne sera pas une bien grande perte.

Mais Chiron ne le voit pas de cet œil là. Il hennit, se cabre et me supplie si bien que je me redresse en maugréant, agacé. Et voilà que je vais aller jouer les gendarmes avec le centaure le plus ennuyeux de la tribu pour me débarrasser de ces intrus. Génial.

Je suis mon prof au galop, laissant à regret mon petit nid moelleux. Nous arrivons très vite à la clairière et je m’arrête près de Chiron. 

Devant nous se tiennent deux poulains humains, l’un mâle à la crinière rouge, et l’autre femelle à la chevelure bleue. Ces humains ont vraiment de ces goûts…

Je les foudroie du regard en martelant le sol de mes puissants sabots, le regard noir. Ces mioches ont gâché mon repos, alors je ne vais pas leur faire de cadeau.

La petite jument s’effondre sur le sol, et j’aperçois ses iris changer de couleur. Que…?

Le poulain mâle qui jusque là avait l’air effrayé se précipite pour l’aider, nous oubliant totalement. Je le regarde avec mépris rassurer sa dulcinée qui l’écoute à peine, morte de peur. 

N’empêche, je suis un peu vexé. D’habitude, les gens me trouvent plutôt beau et ne se mettent pas à gémir à mon approche. Sympa, ces humains. 

Chiron parla, m’évitant ainsi de le faire :

« Jeunes poulains, fit-il avec sévérité, que faites-vous dans notre forêt ? »

Bonne question, que fichez vous là ?  Vous n’avez pas compris que cette forêt s’appelle « Forêt Interdite » parce qu’il est défendu d’y aller, justement. Vraiment stupides ces humains.

Le poulain mâle ouvre la bouche : 

« Nous nous sommes perdus, balbutia-t-il. Nous voulons partir mais ne connaissons pas le chemin. »

Ah ouais ? Et comment vous êtes entrés ? Vous avez confondu notre Forêt avec votre château? Vraiment stupides ces humains, je l’ai déjà dit ?

« Pouvez-vous nous montrez le chemin ? termine le petit en bredouillant. »

Mais oui ! On va vous faire asseoir sur notre dos et vous ramener tranquillement chez vous en vous faisant visiter la forêt en même temps.

« Et pourquoi ferions nous ça ? Plutôt mourir que d’aider des humains. »

Là, c’est moi qui ai parlé avec fougue, secouant ma crinière brune. J’ai la classe hein ?

« Leur vie est importante, Syron, me dit alors le vieux.  J’ai lu le destin des planètes. »

Pardon ? Et les planètes t’ont dit quoi ? Qu’aider des humains rétabliraient l’ordre de l’univers ?

« Trois fois, Saturne m’est apparue lumineuse. »

J’ai un mouvement de recul.

« Enfin ? je m’écrie, oubliant les deux poulains qui doivent être totalement perdus. » »

Depuis l’enfance, on nous répète que les planètes sont devenus sombres et que les étoiles ne luiseront seulement si deux élus enlèvent les ténèbres ou un truc dans le genre. 

Du coup, j’ai toujours cru que les élus étaient des centaures, pas des poulains maigrichons qui nous regardent en frissonant. 

« Saturne est enfin retombée dans la lumière, après toutes ces années dans l’ombre. Et, d’après les décrets du destin, les signes astrologiques de ces deux là dissiperont les ténèbres. »

N’empêche, c’est beau ce qu’il dit. Une voix fluette nous interpelle.

« Montrez nous le chemin. »

La petite jument s’est relevée et nous fixe désormais avec défi. Je remarque que ses yeux ont encore changé.

« Montrez-nous le chemin, répète-elle, et nous ne reviendrons jamais ici.

-D’autres viendront ! je crie, en martelant mes sabots pour bien l’effrayer. »

Effectivement, elle a l’air au bout de sa vie. Non mais pour qui se prend-t-elle ?

« Nous les en empêcherons. Je vous le promets. »

C’est ça oui. J’ouvre la bouche pour parler, mais Chiron l’en empêche :

« Soit. Montez sur son dos. »

Et il me désigne du regard.

Je reste bouche bée. Non mais il se fiche de moi ?

« Pardon ? je proteste violemment. Les transporter comme un vulgaire canasson ? »

J’aurais voulu ajouter « Plutôt crever » mais pas sûr que ça plaise au vieux. 

« Syron, me dit-il de son air faussement sage. »

Ça marche pas avec moi ça, mon vieux. 

Il se penche vers moi et m’assassine du regard, en murmurant : « Les planètes seront contre toi. »

Traduction : Pas de congé jusqu’à la prochaine lune.

À contrecœur, je m’agenouille pour laisser passer le poulain roux. La jument ensuite monte en tremblant sur moi. Je me retiens de les éjecter de mon dos en cabrant et m’élance hors de la clairière.

J’assassine du regard mon prof qui a l’air de bien se marrer, et je galope de toutes mes forces pour que personne ne me voie.  

Non mais vous imaginez ?

Si Silveny ou Euripide me remarquaient, je perdrais le peu de crédibilité et de popularité qu’il me reste. 

Je dépose enfin les poulains près du parc et repars sans un mot, trottant avec grâce et exhibant mes magnifiques cheveux.

Sales mioches, on ne vous a jamais appris à dire merci ?

De retour sur mon tas de feuille qui s’est aplati et m’apparaît beaucoup moins confortable, je boude. Je me sens impur maintenant, vu que j’ai aidé des humains.

Je vous ai déjà dit que ma vie est nulle ? 

Qu’il est difficile d’être un centaure en pleine l’adolescence…

 

Sélections flamboyantes by Spiritos

"Shay'!"


La voix de Viviana, inquiète, interpela Shayda depuis la mince cloison qui la séparait de sa chambre.


Adossée à la porte de la petite salle de bain, la fillette arborait d'énormes cernes violacés sous ses iris pâles. Elle s'empressa d'ouvrir à sa meilleure amie et eut la surprise de la voir se jeter dans ses bras.


"Pardonne-moi, Shay', murmura Viviana en la serrant plus fort. Ça va ?"


La jeune Ollivander n'aimait pas les effusions débordantes de guimauve, aussi son geste toucha profondément Shayda qui lui rendit son étreinte, éludant volontairement sa dernière question.


Viviana se détacha d'elle et scruta son visage fatigué avec anxiété.


"Tu n'as pas dormi."


Ce n'était pas une question, et l'intéressée secoua la tête, exténuée.


La nuit dernière, en rentrant de son escapade qui avait tournée au désastre, elle s'était enfermée dans la salle de bain  et avait adopté une position volontairement inconfortable. Là, les paupières ouvertes, la fillette avait veillé des heures pour ne pas succomber aux cauchemars qui, elle le savait, l'assailliraient si elle ne fermait ne serait-ce qu'un œil. 


Sa meilleure amie continua de la dévisager, inquiète.


"On est samedi. Les sélections ont lieu tout à l'heure. Tu es sûre que tu es en état de y aller ?"


Shayda acquiesça, soudainement déterminée. Elle attendait depuis près d'un an de pouvoir se présenter au poste de poursuiveuse. James, lui, oscillait entre attrapeur et poursuiveur, résolu à la fois de suivre les traces de son père et d'expérimenter un genre nouveau.


Avec un pincement au cœur, elle se rappela qu'elle ne lui parlait plus, et soupira, maussade.


Accompagnée de Viviana, la fillette descendit dans sa salle commune et tomba presque aussitôt sur James, qui semblait l'avoir attendue.


Dès qu'il la vit, le jeune garçon fondit vers elle pour la prendre dans ses bras. D'abord surprise, elle se laissa aller à cette étreinte chaleureuse.


James, visiblement heureux, ouvrit la bouche pour déclarer:


"Pardon, Shayda! Je n'aurais pas dû m'emporter de la sorte.


-Non, cette fois, c'est moi qui ai eu tord, avoua la jeune fille, penaude. Je n'aurais pas dû...


-Ça ira, on a compris, les interrompit Viviana en levant ses yeux émeraudes au ciel. Les sélections sont dans à peine une heure, hâtez-vous."


Les trois Serdaigles se dirigèrent vers la Grande Salle en bavardant gaiement, faisant fi de Peeves qui grimaçait au heurtoir impassible. 


Alors qu'ils s'asseyaient parmi leurs camardes attablés, Shayda sentit le regard inquiet de James sur son dos.


"Shay', s'enquit-il à voix basse. Que s'est-il passé?"


L'intéressée lui adressa un sourire rassurant, qui ne dupa pourtant pas son meilleur ami. Ses iris devaient toujours être d'un vert opaque et parlaient d'eux même. La fillette savait son ami capable de discerner nombre de ses émotions grâce à la couleur changeante de ses maudits iris. Il était pourtant hors de question qu'elle lui raconte ce qui s'était passé la nuit précédente. 


Shayda était déjà terriblement mal à l'aise que Weasley, son pire ennemi, ai été témoin de l'évènement. S'il avait été surprenamment effacé durant sa "crise", elle n'était pas convaincue qu'il garde le secret et avait médité toute la nuit sur son étrange comportement de la veille. 


Croiser un simple centaure avait déclenché chez la fillette la réminiscence d'un souvenir atroce qu'elle tentait d'oublier depuis des années, en vain. Comme si elle avait besoin de ça pour que cette plaie sanglante, encore béante, vienne la hanter chaque nuit...


Shayda fut tirée de ses sombres pensées par l'arrivée à leur table d'un première année qui lui était bien familier.


Scorpius Malefoy, ses cheveux platine légèrement ébouriffés, les joues pâles creusées de deux adorables fossettes, avait pris place aux côtés de sa presque sœur.


Shayda l'accueillit avec effusion, sans prêter attention à l'air pincé de James qui s'abstint cependant du moindre commentaire.


"Alors, Scorp', s'enquit-elle, curieuse. Comment s'est passée ta première semaine?"


Le visage du Gryffondor s'assombrit et il murmura à l'oreille de Shayda:


"Je te raconterai à midi. Trouve un endroit où on sera seuls."


Son amie hocha la tête et il ajouta en désignant ses iris, toujours à vois basse:


"Et toi aussi, tu dois m'en avoir des choses à me dire."


La fillette ne tenta même pas de protester. Scorpius savait tout d'elle et il comprendrait mieux qui personne.


Le première année reprit la parole à intelligible voix: 


"Vos sélections ont lieu tout à l'heure, non ? Je viendrai vous encourager."


Shayda sourit mais son meilleur ami ne put s'empêcher d'intervenir:


"Hors de question, tu nous porterais malheur, gronda-t-il."


Scorpius se renfrogna tandis que la Serdaigle s'écriait, furieuse:


"On accepte bien ta présence à toi, James, alors arrêtes de dire n'importe quoi !"


Les deux amis s'affrontèrent du regard, avant de se radoucir d'un mouvement commun. Ils venaient de se disputer et ne désiraient pas recommencer, aussi James baissa la tête et adressa un sourire crispé au garçon, qui le fusilla du regard.


Repoussant son assiette intacte, Shayda se leva pour échapper à la tension palpable entre les deux élèves.


"On y va? proposa-t-elle d'une voix faussement enjouée."


Les trois Serdaigles et le Gryffondor se levèrent de concert et se dirigèrent en silence vers le stade de Quidditch, silence bientôt rompu par Shayda qui demanda:


"Alors, James, tu te présentes à quel poste, finalement ?"


L'intéressé se tourna vers elle et répondit d'une voix sérieuse, ses iris noisette solidement planté dans les siens:


"J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit sur mon père et moi...et je crois qu'attrapeur est un poste que je convoitais pour rester dans ses traces. Alors je vais me présenter en tant que poursuiveur."


Shayda s'apprêta à ouvrir la bouche, déconcertée, mais James reprit:


"Surtout que tu te présentes aussi à ce poste... avec la stratégie spéciale de notre maison, je ne vois pas avec quel autre partenaire que moi tu pourrais faire équipe, termina-t-il en souriant timidement."


Sa meilleure amie le dévisagea, touchée.


L'année précédente, au premier match de la saison, tout Poudlard avait été saisi devant la curieuse tactique des Serdaigles: les poursuiveurs, au lieu d'être trois, n'étaient qu'un binôme. Cependant, sans que cela ne pénalise l'équipe, ils formaient au contraire une symbiose remarquable et, avec les batteurs, représentaient le plus grand atout de l'équipe. 


Avouer vouloir être son coéquipier dans cette formation particulière représentait beaucoup pour Shayda, dont les iris se teintèrent d'un mélange d'or et d'incarnat tandis qu'elle serrait son ami contre elle. 


Il avait raison. Les deux poursuiveurs précédents avaient quitté l'équipe et la fillette savait au fond d'elle même que James et elle en seraient de dignes successeurs. S'ils étaient pris...


Son ami et elle se dirigèrent vers les vestiaires, délaissant Viviana et Scorpius qui prenaient place dans les gradins. Leurs pouces levés en signe d'encouragement mirent du baume au cœur de la fillette.


Une fois changée et descendue sur le terrain, Shayda sentit une boule se former dans son estomac devant l'impressionnante file de participants. Ses iris prirent une légère teinte noisette tandis que son anxiété grandissait, et elle croisa le regard tout aussi inquiet de James.


Il posa toutefois une main rassurante sur son épaule, et c'est ainsi qu'ils firent face à Ella Cooper, la redoutable capitaine des bleus et bronze.


Cooper s'adressa à eux d'une voix neutre, sa tenue de l'équipe déjà endossée, son Nimbus 2026 dans la main.


Parmi l'assemblée, Shayda reconnut d'anciens membres de l'équipe, l'attrapeuse Corine Finnigan, en sixième année, et le gardien Justin Patinson, un dernière année maussade.


"Ces sélections sont un peu particulières, et auront pour objectif une réorganisation totale de l'équipe."


La sixième année ignora les regards affolés des ses deux anciens coéquipiers, et reprit, glaciale:


"L'année précédente, notre stratégie avaient de nombreuses failles. C'est pour cela que je serais d'une totale impartialité, faisant passer la sélection pour tout les postes, y compris ceux déjà occupés."


Finnigan lui adressa un regard furieux mais Cooper continua tranquillement:


"Tout d'abord, je voudrais que vous effectuiez deux tours de terrain."


Shayda pensa en son for intérieur que c'était une bonne chose. Il fallait avouer que la jeune capitaine était particulièrement belle, avec sa délicate peau d'ébène et ses courts cheveux sombres, coupés au carré, et que certains pourraient profiter des sélections pour l'approcher, elle d'ordinaire si réservée.


Cependant, tout le monde effectua sans efforts la tâche, sous le regard blasé de  la jeune femme.


"Maintenant, les véritables sélections vont commencer, fit-elle en s'autorisant un mince sourire ironique."


D'une voix sévère, elle poursuivit:


"Les candidats poursuiveurs, approchez."


Shayda prit une grande inspiration et s'avança avec James, suivie de la dizaine d'autres candidats.


Si Cooper parut surprise de leur nombre, elle n'en laissa rien paraître et, organisée, commença à appeler les candidats par ordre alphabétique.


Au grand dam de Shayda, celle-ci fut appelé la première et elle s'avança d'un pas faussement assuré, pestant en silence contre son patronyme.


Les beaux yeux de la capitaine la scrutaient avec professionnalisme et elle lui ordonna:


"C'est simple. Tu vas prendre ce Souafle - elle lui lança la balle écarlate que la fillette attrapa habilement - et marquer dans les deux anneaux centraux."


C'était si facile? Comme si elle lisait dans ses pensées, Cooper ajouta:


"Évidemment, je garderai les buts."


Shayda acquiesça, curieuse de voir la batteuse dans un autre rôle qu’à l’ordinaire.


Dès qu'elle s'envola, la jeune fille oublia son appréhension première, bien vite remplacée par la sensation de légèreté que lui procurait le vol. 


Elle se plaça devant les anneaux et rendit son regard de défi à Cooper.


Souafle en main, elle virevolta avec habilité vers les buts et, feintant, marqua avec facilité.


Elle enchaîna ainsi quatre buts virtuoses, sentant sur elle le regard ravi de James.


La capitaine siffla et descendit avec grâce au sol, de même que Shayda qui atterit près d'elle.


Sans admiration aucune, elle appela le suivant.


La jeune fille fut un peu déçue de son manque de réaction, mais ravala son dépit et se contenta de regarder les autres candidats, assise sur la pelouse perlée de rosée.


Un moment, elle avait craint que sa performance n'ait été due qu'à la médiocrité de Cooper à un poste qui n'était pas le sien, mais ce qu'elle vit la rassura.


Le premier candidat ne marqua aucun but, le second tomba carrément de son balai et le dernier se cogna violement à l'anneau. On dut s'arrêter pour le transporter à l'infirmerie.


Cooper gardait bien les buts, sans talent particulier mais avec une réelle férocité, faisant d'elle une assez bonne gardienne.


Pas un n'arriva à lui faire encaisser tous ses tirs après Shayda. Deux d'entre eux atteignirent les quatre, ratant lamentablement le dernier.


Ce fut bientôt au tour de James qui décolla fièrement, arrogant. 


Shayda ne le quittait pas des yeux, l'applaudissant mentalement au fil des buts qu'il marquait avec talent. Cooper en encaissa cinq et le jeune Potter descendit fièrement, s'asseyant près de sa meilleure amie qui l'accueillit avec amusement. 


Il ne restait que deux candidats après le garçon, qui firent une performance plutôt médiocre.


Quelques instants plus tard, Cooper redescendit dans l'herbe et fixa son regard perçant sur Shayda et James.


"Vous deux, fit-elle avec autorité."


Shayda faillit sauter de joie, croyant qu'ils étaient pris, mais la sixième année continua.


"Montez sur vos balais."


Échangeant un regard perplexe, les deux amis s'exécutèrent et volèrent jusqu'aux anneaux, bientôt rejoints par la jeune femme. Elle s'adressa à eux de sa voix froide:


"Vous êtes ceux qui avez le mieux réussi les sélections, et de loin."


Elle marqua une pause pour observer leur visage impassible, et reprit:


"Cependant, il me reste une dernière chose à vérifier."


La capitaine virevolta adroitement vers les buts.


"Vous l'avez sans doute remarqué l'année dernière, continua-t-elle, notre stratégie est basée sur la symbiose entre les deux poursuiveurs. Si votre jeu est trop incompatible avec celui de votre partenaire, quelque soit votre talent, cela ne me convient pas."


Elle les dévisagea une instant.


"Je suis gardienne, et vous êtes à deux contre moi. Vous ne devez pas laisser l'autre marquer seul, ni jouer en solitaire. Impressionnez-moi, conclut-elle calmement."


Shayda en resta un moment déconcertée. Le discours de la jeune femme l'avait étonnée, et elle comprenait soudainement d'où venait l'excentricité de cette tactique. Seule une Serdaigle pourrait avoir des idées pareilles, et son cœur se gonfla subitement de fierté pour sa maison. 


La fillette se tourna vers James, aussi déterminé qu'elle, et lui adressa un sourire éclatant. Les deux amis avaient souvent joué comme adversaires, mais jamais dans le même camp. Elle savait cependant qu'ils allaient s'en sortir parfaitement.


Ils se placèrent de par et d'autre du terrain et démarrèrent au coup de sifflet de Cooper.


Shayda réceptionna le Souafle que lui envoya avec habilité James et fila vers les buts. Au lieu de marquer seule, elle lança la balle à son ami qui l'envoya avec virtuosité dans l'anneau. Ils reprirent leur position et continuèrent à marquer presque inlassablement, ne se décourageant pas face aux quelques tirs bloqués par Cooper, qui avait singulièrement renforcé son jeu. 


Au bout d'une dizaine de minutes, la capitaine siffla et voleta vers les enfants essoufflés, un sourire fier aux lèvres.


"Bienvenue dans l'équipe! leur annonça-t-elle, rayonnante, et ils furent frappés par le changement d'expression sur son beau visage."


Souriant devant leurs mines emplies de bonheurs, elle ajouta:


"Votre jeu était presque excellent, et, avec un peu d'entraînement, vous pourriez même dépasser le niveau de vos prédécesseurs."


Cooper leur adressa un clin d'œil et Shayda, une fois redescendue sur l'herbe fraîche, tapa joyeusement dans la paume ouverte que lui tendait James, empli de fierté.


En riant gaiement, heureux, ils s'assirent sur la pelouse encore humide et répondirent par un sourire éclatant aux acclamations de Viviana et Scorpius depuis les gradins.


Mais les sélections étaient loin d’être terminées : Cooper avait repris sa mine neutre et choisissait désormais son gardien. La fillette se sentit mal à l'aise devant les yeux embués de larmes de l'ancien gardien qui protesta avec véhémence lorsqu'il fut évincé par Ken Adams, un troisième année blond qui le dévisageait d'un air désolé.


"Je suis dans l'équipe depuis plus longtemps que toi! accusa-t-il en s'adressant à la capitaine impassible. Tu ne peux pas me renvoyer ainsi!


-Pourtant, c'est ce que je viens de faire, rétorqua froidement la jeune femme. Tu ne t'es jamais demandé pourquoi Serdaigle n'a pas gagné la coupe depuis des lustres ?"


Le septième année chancela sous le coup et s'éloigna à grands pas du terrain, sous le regard légèrement ironique de Cooper et les légers rires nerveux qui secouaient l'assemblée.


Une des seules à ne pas rire étaient Finnigan, qui suivit des yeux son ancien coéquipier jusqu'à ce que celui-ci disparaisse dans la brume naissante de mi-septembre, et tressaillit quand Cooper appela les attrapeurs.


Shayda se souvenait que la sixième année était considérée comme une piètre joueuse et accusée d'être resté au poste uniquement grâce à l'amitié, ou plus, que sa capitaine éprouverait pour elle.


Mais cette dernière resta de marbre face au regard suppliant que son amie lui lança et fit mine de ne pas remarquer que celle-ci décollait en tapant le sol avec humeur. 


Le vif d'or fut lâché et celle qui le trouva le plus vite fut une quatrième année du nom d'Estelle Chang, qui l'attrapa en moins d'une trentaine de seconde. 


Sans surprise, Cooper la choisit comme attrapeuse et la jeune fille poussa un petit cri heureux, ses grands yeux noirs étincelants de joie sous son chignon haut d'où s'échappaient quelques mèches d'ébène.


James et Shayda étaient désormais assis près leurs deux nouveaux coéquipiers et faisaient connaissance avec ces derniers en discutant gaiement. 


Il se turent néanmoins sous le regard sévère de leur capitaine qui appelait désormais les candidats au poste de batteur.


À ces mots, seul un garçon fin s'avança vers elle, tremblant. C'était un quatrième année timide que Shayda ne pensait pas avoir déjà remarqué. Brun, au teint hâlé, il fuyait le regard sceptique de Cooper. Il ne restait plus que l'équipe sur le terrain, qui avait les yeux fixés sur le Serdaigle craintif.


La capitaine reprit très vite son air impassible et ordonna au jeune homme de décoller.


Celui-ci la rejoignit au milieu du terrain, parfaitement à l'aise sur son balai.


Elle lui demanda d'une voix ferme:


"Ton nom?


-Émeric Johnson, balbutia-t-il, au bord de la syncope.’’


Aux côtés de Shayda, James s’agitait, perplexe.


« Jonhson ? souffla-t-il à son amie. Comme la mère de Fred ? Ça doit être un de ses cousins éloigné.


-C’est un nom assez répandu, non ? fit la fillette, sceptique. »


Elle ne pouvait croire que le jeune homme tremblant était apparenté à la flamboyante Angelina ou à l’arrogant Weasley.


Cependant, alors que Jonhson commençait à se mouvoir dans les airs, déviant sans problème les cognards qui l’assaillaient, Shayda fut surprise. Le quatrième année volait avec virtuosité et agitait sa lourde batte comme s’il s’agissait d’un poids plume. Il paraissait totalement métamorphosé, renvoyant les balles sombres avec élégance, et ne cilla pas lorsque sa capitaine le rejoignit sur le terrain. Ensembles, ils dévièrent les derniers cognards récalcitrants, se mouvant en parfaite synchronisation, unis.


Les deux Serdaigles atterrirent enfin, sous les applaudissements de l’équipe. Cooper sourit au batteur, qui, redevenu craintif, eut tout de même un rire nerveux.


Promenant ses yeux profonds sur sa nouvelle équipe, fière, la jeune femme les raccompagna vers les vestiaires en discutant avec animation.  Ils se séparèrent bien plus tard, heureux, souriant à la promesse de fêter leur union dans la Salle Commune.


Un peu à l’écart, les deux nouveaux poursuiveurs ne parlaient pas et marchaient d’une même démarche joyeuse, gonflés de joie et fiers. Shayda, les iris d’une magnifique teinte or, dévisageait un à un ses nouveaux coéquipiers et sourit. 


Avec une équipe pareille, la coupe était d’ors et déjà aux bleus et bronze, elle en était convaincue. 


                                                                  OoOoO


À des kilomètres de là, une pluie sale s’infiltrait sur les toits en ardoise d’un petit village, faisant déborder ses gouttières fatiguées de gouttelettes d’eau grisâtre.


Dans un salon vétuste aux murs décrépis d’où se décollait un papier peint jauni, une curieuse scène se déroulait. Un homme fin, au visage noyé dans la pénombre, tournait lentement autour d’un fauteuil au dossier en velours, une longue baguette ornée de runes à la main. Il contournait trois hommes aux yeux vitreux, assis au pied du siège, leur face rougeaude dénuée de toute expression. Sa baguette décrivait dans sa main des courbes gracieuses tandis qu’il murmurait des instructions de sa voix ferme.


« Vous oublierez toute cette scène. Vous m’oublierez aussi. Ne doit vous rester que votre haine. Vous êtes des êtres de colère. »


L’homme, le visage toujours caché, marqua une pose et continua à tourner sur la moquette à moitié arrachée. Ses pas souples faisaient crisser les lattes du parquet. 


« Vous allez tuer, reprit-il, et sa voix se fit chevrotante un court instant. Vous allez tuer sans les voir les habitants de cette maison, votre propre famille. Et vous oublierez que vous l’avez fait. Vous penserez que les sorciers vous ont rendus fous. Et vous les haïrez. »


Les hommes, esclaves de ses paroles, hochaient leur lourde tête à intervalles réguliers, le regard vide.


« Vous n’êtes que des bêtes féroces. Vous avez tout oublié. Seule subsiste encore votre haine. »


L’homme s’arrêta enfin et sa baguette se fit immobile dans sa paume pâle. Il sortit à pas feutré de la maison, foulant les pavés boueux d’une démarche vive, puis se mit à courir. Il traversa en courant le village désormais maudit, croyant entendre les hurlements de détresse des personnes qu’il avait lui-même condamnées. Leurs cris raisonnaient dans son esprit et il courait toujours sur les dalles irrégulières, jusqu’à s’enfoncer dans une forêt sombre aux arbres touffus. 


Il s’arrêta enfin, haletant, et se laissa tomber dans l’herbe humide, hanté par les hurlements de ses victimes. Ses yeux d’un noir profond étaient emplis d’un éclat fou, mais il se redressa bientôt pour scruter avec émotion sa baguette, aux curieux motifs gravés. De sa main libre, il effleura les traits calligraphiés qui formaient un T et un A entrelacés, et retrouva un visage neutre, malgré la colère qui bouillonnait en lui. Au souvenir de son beau visage et du Moldu qui l’avait tué, il ne douta plus.


De sa baguette, il fit apparaître un magnifique cheval bleuté, à la crinière immatérielle qui vint se frotter contre sa paume tendu. Il tira de la poche de sa cape une deuxième baguette en bois plus fin et fit apparaître un filet cyan qui toucha l’animal de plein fouet. Les yeux clôts, l’homme façonna son patronus en un loup à l’air féroce qui grogna, carnassier. Celui-ci fixa son museau sanglant vers son maître, puis disparu dans une volute de fumée. 


Le sorcier dévisagea sans les voir les arbres au feuillage agité d’une brise violente, effleura les initiales sur sa première baguette, puis composa un sourire éclatant sur son visage jeune. Il transplana, laissant derrière lui la forêt agitée par les cris glaçants qui s’élevaient du village maudit.  

End Notes:

Je vous remets la composition de l'équipe de Serdaigle :

James Potter: poursuiveur, 2ème année.

Shayda Adel: poursuiveuse, 2ème année

Ken Adams: gardien, 3ème année

Estelle Chang: attrapeuse, 4ème année

Émeric Jonhson: batteur, 4ème année

Ella Cooper: batteuse, capitaine, 6ème année

Voilà :)

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