POV Selwina Serpentard
Passé
Anno domini 986, 12 novembre, près de de Godrinco Hollows
Selwina Serpentard détestait - non : haïssait - les Moldus. L'odeur du bois qu'on allumait, afin de chauffer le bûcher pour assassiner ses parents, parvenait encore à ses narines malgré le fait que son jumeau et elle-même avaient réussi à s'échapper bien loin du village. Leur mère venait de donner sa vie pour qu'eux puissent échapper à leur funeste destin. À quinze ans, la jeune héritière de cette sombre famille espérait la destruction de ses être inférieurs et de ses traîtres à leur sang qui aidaient ces êtres méprisables. Certains de ceux-ci venaient de sceller le destin de leurs parents en s'affiliant entre eux sans que les premiers ne le sachent forcément. Il était effectivement clair que c'était grâce à la Magie qu'ils avaient tous été capturés et maîtrisés car de simples Moldus n'auraient jamais pu réaliser un tel exploit.
Elle se fichait de son père suite au peu d'intérêt qu'il avait toujours accordé à ses enfants. Pour lui, seul le pouvoir, la notoriété et cette magie noire comptaient et avaient son importance. Sa perte ne lui faisait donc ni chaud ni froid à proprement parlé. De lui, elle ne retiendrait seulement que les valeurs respectables qu'il leur avait inculquées. Ils étaient des Sang-purs. Des sorciers. Et donc supérieurs à tous. Les sortilèges de douleurs et de tortures faisaient partie de leur quotidien. Tout cela dans le but qu'ils apprennent à la dure, disait Eddard Serpentard. Quant à leur mère, Emeline Blackwell, qui avait subi un mariage arrangé, elle leur avait toujours accordé de l'intérêt et des soins. Certes, son penchant pour les arts sombres eut à certaines occasions l'art de lui faire perdre l'esprit, mais à sa façon, elle les avait aimés. Les jumeaux avaient toujours compris qu'ils étaient les seuls pour lesquels elle se déridait un tant soit peu de toute froideur dans ce monde.
En Angleterre, ils seraient désormais les derniers héritiers survivant de la noble maison Serpentard. Cependant, les jumeaux savaient qu'ils leurs restaient une tante et une cousine vivantes du côté paternel de leur famille. Ces dernières avaient immigré en France il y avait de cela des années quand une maladie sorcière extrêmement contagieuse avait décimé l'ensemble de leurs ascendants vivants sur les terres britanniques.
Par-dessus son épaule, Selwina maintenait Salazar, son frère blessé à la suite de multiple sortilèges Incendio qu'avaient utilisés ces traîtres sur eux lors de leur détention commune en cellule. Ces flammes magiques, qui avaient momentanément léchés leurs visages et leurs corps lors de la torture que leur avaient fait subir les Moldus, n'avaient été qu'un avant-goût de la sensation prochaine de leur chair ne devenant plus que des cendres, avaient-ils tous dit narquoisement. Son jumeau en avait également pris pour son grade en essayant de la protéger. Et Selwina pestait intérieurement car s'ils avaient été plus attentifs en Mercie, jamais leur nouvel animal de compagnie, un bébé Basilic - l'une des créations de son frère et d'elle-même - n'aurait fait peur et terrorisé les Moldus suite à sa forme inhabituelle pour un serpent. Oui, si leur créature ne s'était pas momentanément échappée dans la nature, les deux enfants ne seraient pas dans cette situation.
Les deux jeunes héritiers ne se seraient également bêtement pas fait pourchasser par ces mercenaires sorciers depuis la Mercie. Ces traîtres qui se faisaient passer pour des sorciers avaient une première fois essayés de les attraper alors qu'ils s'étaient mis à découvert pour récupérer la petite créature. Les jumeaux l'avaient retrouvée, certes, mais ils avaient dû fuir avec leurs parents en comprenant qu'ils étaient traqués depuis que les deux adolescents s'étaient mis en danger en dehors de leur château. Là fut tout le problème d'avoir perdu le Basilic dans le monde moldu.
Après-tout, détruire les Serpentard devait également être le désir de certains sorciers avares de gloire et de pouvoirs qui pouvaient amasser une belle fortune par l'intermédiaire du monde non sorcier.
Le fait que leurs parents soient de puissants sorciers et donc aient réussi à utiliser plusieurs moyens de transports sorciers pour se rendre jusqu'à cette contrée - dont le nom leur était encore inconnu - n'avait pas suffi face à ces partisans des Moldus. Et le résultat était là, ils allaient devenir des orphelins.
- Selwina, nous avons besoin de reprendre momentanément nos forces, car il en va de même pour vous, vous êtes également blessée.
Une main positionnée sur ses côtes, Salazar lui fit signe de s'arrêter dans son élan. Les bruits des villageois enragés qui étaient à leurs trousses se faisaient désormais de plus en plus lointains. Et même si frère et sœur avaient perdu leurs baguettes magiques après leur capture - contrairement à leur mère qui avait ingénieusement cachée la sienne pour les sauver - ils se devaient de prendre quelques minutes de répit. Essoufflé, le jeune garçon se laissa tomber contre un tronc d'arbre à la suite de sa sœur qui l'aida à s'asseoir.
Doucement, il enleva la besace qu'il portait par-dessus son épaule. Et, alors qu'elle se mouvait étrangement, une petite tête difforme avec des petites écailles vertes sortit sa gueule grâce à une infime ouverture que laissait entrevoir le sac. « Bébé Mistral », comme ils l'appelaient, semblait anxieuse et cherchait ses maîtres via leur aura magique. Ils avaient réussi à la sauver des mains d'un religieux très excité à l'idée qu'ils puissent tous être immolés sur le bûcher. L'homme d'Église n'avait rien compris quand Salazar, dans un dernier effort, avait utilisé la magie sans baguette afin de récupérer leur animal de ce sale Moldu qui s'était emparé de la petite créature lors de leur arrestation et leur condamnation à mort. Certainement afin de l'étudier à des fins scientifiques avant de l'abattre sans aucun scrupule une fois que cela serait fait. Mais ils avaient fait souffrir quelques-uns de ces hommes avant de disparaître, et de fuir. Et même si cela leur procurait à tous deux une certaine satisfaction, il n'en restait pas moins que cette journée était des plus noires et funestes.
Le petit animal était né d'un œuf de serpent expérimental et sur lequel ils avaient travaillés. Ce dernier avait été ensuite couvé de longs mois par le biais d'une poule dans l'environnement humide qu'avait été les petits marécages se situant non loin du château Serpentard - un endroit reculé et caché à la vue de tous.
Mistral se nicha contre la poitrine de la jeune femme qui tapota d'une main couverte de terre le haut du crâne du Basilic afin de lui faire comprendre qu'ils étaient tous trois en sécurité. Ils ne savaient pas à quelle vitesse elle grandirait, mais ils avaient tout fait pour lui donner les caractéristiques d'une prédatrice féroce qui pourrait purger le monde de ces êtres sans Magie. Ainsi, le bébé n'avait pas encore ses yeux totalement formés et ceux-ci étaient fermés. Et si leur expérimentation effectuée en cachette dans le laboratoire de leur père afin de le rendre fier d'eux avait fonctionnée, la bête devrait un jour réussir à tuer d'un seul et unique regard quand elle croiserait de potentielles victimes.
Pour l'instant, la créature pouvait être tenue dans le creux d'une main, mais grâce à la Magie, elle deviendrait d'une taille monstrueuse. Sans compter ses futurs crocs extrêmement venimeux qui détruiraient sous leurs ordres facilement tout ceux qu'ils désiraient. Les Moldus seraient tués en masse. Et tout cela grâce aux prémices de réponses trouvées dans des documents appartenant autrefois à Herpo l'Infâme, un autre sorcier noir qui avait un jour travaillé sur le sujet sans en trouver la solution.
Des parchemins d'études que leur père gardait dans leur bien « sombre » bibliothèque familiale et qu'ils avaient cru pouvoir s'approprier en toute impunité.
Via leurs yeux d'enfants, et sachant à quels points leur ancêtres avaient inventé et créé des choses extraordinaires dans le but de devenir puissants, les jumeaux avaient espéré se hisser à la hauteur de leurs ascendants. Cela dans le but de rendre fiers leurs parents en travaillant sur un potentiel sujet innovateur et créatif. Mais tout avait basculé, et leur expérience secrète qui n'avait pu être expliquée brièvement que le matin même alors que leurs parents venaient à leur rescousse, auraient certainement susciter l'attention et l'intérêt de leur père. Les jumeaux avaient souhaité obtenir l'estime de leurs ascendants pour avoir pris l'initiative de travailler seuls, et à leur insu, sur ce projet malgré leur jeune âge. Et ils l'avaient payé au prix fort en voulant simplement être digne de leur rang et de leur nom de famille.
- Ce ne sont que des égratignures bénignes grâce à vous, Salazar. Je n'en dirais pas moins de votre jambe qui me semble brûlée au troisième degré.
- Vous êtes trop fière, vous le savez ? Vous êtes bien plus blessée que vous le prétendez et il me semble que je suis votre aîn...
- Autant que vous je présume, siffla Selwina, agacée. Cessez de jouer au frère protecteur, dois-je vous rappeler que vous n'êtes né... que peu avant moi ?
La caractéristique la plus particulière des membres de leur famille étaient des iris bleu sombre où un cercle rouge entouraient constamment leurs pupilles, signe de l'imprégnation naturelle de la magie noire sur leurs cellules magiques et qui pouvait faire perdre le contrôle de l'esprit des membres de la famille Serpentard. Alors, quand tous les deux se jaugèrent fièrement et particulièrement agacés par la situation - leur dignité et leur éducation les empêchant de ressentir des émotions telles que la tristesse -, ils ressentirent malgré eux une étrange oppression au creux de leur poitrine. Et les jumeaux savaient qu'ils cherchaient surtout à se soutenir mutuellement afin de contrôler leur magie respective qui les piquait à l'instant jusqu'au bout des doigts.
Ceci était un signe de leur fébrilité et de leur frustration actuelle face à ces événements qui, intérieurement, les dévastaient malgré l'expression impassible qu'ils abordaient tous deux sur leurs visages. La faiblesse était un mot qui n'existait pas dans le vocabulaire de leurs ascendants et les jumeaux avaient appris très jeunes à contrôler leurs émotions grâce à des professeurs en la matière. Être froids, dignes de leur nom. Encore une fois, ils n'avaient jamais eu le choix. Leur nom de famille devait être honoré et leur destin était tracé dès leur naissance afin de préserver leur héritage. Faire en sorte que les Moldus soient détruits était l'un de ces objectifs que leurs ancêtres poursuivaient noblement depuis la nuit des temps.
Selwina et Salazar n'avaient connus que cela. Et jamais il ne leur aurait été permis de penser autrement. C'était ainsi qu'ils avaient été éduqués, et cela leur semblait donc être des causes normales à soutenir et à exécuter de toutes les manières possibles et imaginables sans qu'ils ne puissent remettre en cause les actes de leurs prédécesseurs.
- Mes excuses, mon frère, lâcha Selwina en se permettant de soupirer. Je suis à cran. Ces Moldus ne méritent que de souffrir, et ne parlons guère de ces trai...
La jeune femme s'arrêta dans son élan car au loin, derrière les arbres et les végétaux, s'élevait une intense fumée noire qui devait être visible sur des kilomètres à la ronde. Et ils surent d'où cela venait, et ce qui en résultait. Selwina eut l'étrange impression que son estomac se retournait dans ses entrailles, mais elle ne pouvait se permettre de défaillir. Ils se devaient d'être digne de leur sang et de leur rang social. Fidèles à la réputation de leur famille.
- Nous sommes officiellement orphelins, déclara platement son frère après un long moment de silence. C'est à nous de préserver notre héritage maintenant, ils souffriront tous. Et nous utiliserons la citation préférée de mère pour cela « La ruse et la roublardise sont le pouvoir ».
Les Serpentard purgeraient le monde de toute impureté.
~*~
Selwina et Salazar s'étaient entre-temps remis debout en se tenant, bras dessous, bras dessous afin d'obtenir plus de stabilité sur leurs pieds. En guise de dernier hommage, les jumeaux avaient longuement et silencieusement regardé la fumée noire qui assombrissait de plus en plus le ciel dénué de nuages. Pendant de longues secondes durant lesquelles ils avaient été hypnotisés dans leurs pensées, ils n'entendirent ni l'un ni l'autre les craquements de morceaux de bois et de feuilles se faire dangereusement écraser autour d'eux. Ce fut Mistral qui avait à nouveau sorti sa petite tête de la besace - toujours portée par-dessus l'épaule du jeune homme - qui les prévint d'un danger imminent grâce à son ouïe surdéveloppée.
Ils furent surpris car les voix des villageois s'étaient pourtant éloignées de leur position. Les enfants n'eurent pas le temps de songer à un moyen de s'enfuir efficacement car deux silhouettes firent soudainement leur apparition devant eux et, dans un geste protecteur et certainement suite à un instinct de survie qui pourtant leur aurait été inutile si on devait les attaquer, Salazar les fit tout deux courir puis sauter dans la petite rivière qui se trouvait à quelques mètres d'eux. Et tout en s'assurant que la besace était bien refermée, le jeune garçon avait espéré qu'ils se feraient emporter par les courants de la rivière en toute sécurité.
- Eh, mais non, attendez ! On ne vous veut aucu... MOBILICORPUS !
En plus de potentiellement subir une hypothermie à cause d'une eau glacée, Selwina pataugeait avec sa robe en soie bien alourdie par l'humidité qui l'imprégnait. La jeune femme peina à rester avec le visage en surface. Plusieurs fois, et malgré l'aide de son jumeau, elle ravala plusieurs goulées d'eau. Le courant était bien trop fort et était accompagné d'un vent qui n'allait définitivement pas dans le sens où ils essayaient de nager. Les adolescents étaient bien trop épuisés et blessés pour s'essayer à la Magie sans baguette afin de se sauver. Alors quand ils perçurent la prononciation d'un sortilège résonner dans la nature, ils ne surent s'ils avaient bien entendu ou s'ils étaient en train de se noyer à leur insu et imaginait donc des voix en désespoir de cause.
Pourtant, ils ressentirent une traction s'exercer sur leur corps qui les tira vers l'arrière. Et aussi vite qu'ils n'avaient sauté sans réfléchir, les deux Serpentard se retrouvèrent à cracher de l'eau sur le sol boueux en espérant ne pas paraître faibles et stupides devant les deux nouveaux venus.
- Eh bien c'est cela deux héritiers de la noble maison des Serpentard ? lâcha une voix taquine. Oh la rumeur disait vraie, lâcha-t-il un peu mal à l'aise, un cercle écarlate entoure vraiment leurs iris bleues.
- Godric, ce n'est pas le moment de blaguer. Ils viennent de perdre leurs parents et sont blessés, Merlin. Et arrête de les analyser comme des créatures magiques à étudier, tu veux ?
- Oh je t'en prie, Helg... Ouch - ça fait mal ! Tiens ça...
- Ouch, Merlin... Godric, ce n'est pas le moment d'essayer de détendre l'atmosphère de la sorte, ce n'est pas approprié !
Éberluée, Selwina s'était redressée sur ses deux coudes, et tenta de se remettre debout avec le peu de dignité qui lui restait mais la Sang-pur perçut vite à l'instar de son frère qu'ils n'en pouvaient plus et étaient lessivés de toutes forces physiques. Elle eut donc pour seul loisir de toiser de haut les deux adolescents les plus surprenants qui soit. Ces derniers venaient puérilement de se rendre mutuellement un coup de coude entre leurs côtes respectives et cela la perturba au plus haut point. Quelle rustrerie pour une jeune fille ! songea-t-elle écœurée. L'enfant qui était certainement plus jeune qu'elle, était habillée avec un chemisier moulant et un pantalon... Un pantalon, se répéta son esprit, alors qu'elle était de plus en plus ahurie.
L'adolescente au visage légèrement arrondie portait autour de sa taille - à l'instar de son comparse - une ceinture pouvant contenir à la fois une épée et une baguette magique. Et elle semblait disposer d'une musculature bien ferme pour une enfant qui ne devait pas encore avoir quatorze ans, signe qu'elle devait régulièrement pratiquer le combat à l'épée à l'image de son ami. C'est d'ailleurs cette dernière qui, avec une main tendue vers son frère, s'avança d'abord vers eux après avoir rangé ses armes. Selwina se retint de ricaner face à cette énergumène aux cheveux blonds qui partaient dans tous les sens et dont les iris vert forêt les toisaient pourtant avec respect et gentillesse. Mais qu'est-ce que faisait cette sorcière vêtue de la sorte ? Et... est-ce que le rouquin, dont les tâches de rousseurs se contaient par dizaines sur son visage allongé, avait vraiment tutoyé l'autre fille et vice versa ?
- Je suis Helga Alazais Poufsouffle, et ce blagueur qui ne sait jamais où est la limite - bien que je vous rassure, s'il agit de la sorte c'est qu'il est surtout très nerveux en votre présence - est Godric Edmond Gryffondor. Nous nous rendions justement à Godrinco Hollows afin de prévenir d'autres sorciers de la situation en nous rendant au château Gryffondor, mais finalement, ils se trouvent que vous étiez sur notre chemin... - et heureusement, termina-elle la main toujours tendue. Nous voulons vous aider.
- Et vous croyez, siffla son frère en intervenant finalement, que nous voulons de l'aide des Gryffondor, ces amoureux de moldus ? Il fallait qu'on arrive à atterrir auprès de ces ignares, lui lança-il fiévreusement avant de se retourner à nouveau vers cette fille. Et quant à vous, ma Demoiselle qui semblez si rustre, je ne pense pas reconnaître votre nom dans la société sorcière.... Vous devez être une Sang-de-Bourbe... Croyez-vous sincèrement que je vais toucher votre sale main d'impure ? Vous vous prenez qui plus est pour un gentilhomme ?
Bam. Avec surprise, et alors qu'elle s'apprêtait à sourire en coin face à cette réplique, c'est de la main de cette petite blonde que Selwina vit son frère se ramasser un coup de poing au visage pour ensuite littéralement perdre connaissance à ses côtés, certainement suite à son précédent état de faiblesse. Godric Gryffondor, cet héritier benêt des traîtres à leur sang, comme l'appelait Eddard Serpentard, était positionné derrière son amie, et avait dégainé sa baguette et son épée à la suite des propos qui venaient d'être énoncés. Et Selwina qui se rendit compte qu'elle ne pouvait garder aussi longtemps cette moue de pure stupéfaction qu'elle venait d'aborder sur son visage, fusilla la fille du regard face à tant d'audace et d'imprudence à leur égard.
- Je suis une née-Moldue, certes, fit fièrement Helga en bombant légèrement le torse. Mais m'insulter de Sang-de-Bourbe revient à insulter mes parents et mes ancêtres et cela, je ne le tolérerai guère. Ne vous avisez plus - qui plus est - de parler de la sorte des Gryffondor. Car la prochaine fois, messire Serpentard, cela ne sera pas mon poing sale qui vous atteindra, mais bien ma baguette magique ou mon épée que vous aurez entre les deux yeux, termina-t-elle en parlant au corps évanoui. Et, je suis heureuse de qui j'ai choisi d'être pour votre information, monsieur le Sang-pur conservateur !
Selwina vit cette Helga enjamber le corps endormi de son jumeau afin de rejoindre son ami dont la bouche légèrement entrouverte s'ouvrit et se referma à plusieurs reprises. C'est avec dégout qu'elle remarqua à quel point les yeux noisette du garçon au cheveux mi-longs étaient rempli de fierté et de respect à l'égard de cette Sang-de-Bourbe. La jeune femme ressentit sa magie bouillir intérieurement et, incapable de riposter correctement par le biais de la sorcellerie suite à son propre épuisement, déclara froidement :
- Comment osez-vous parler de la sorte à vos supérieurs ? commença Selwina en vérifiant l'état de son frère en même temps qu'elle regardait si la besace était bien fermée d'éventuelles regards curieux. Comment osez-vous... vous... adress... siffla-elle alors que de la terre et des cailloux s'élevaient légèrement dans l'air et autour d'elle suite à la colère qu'elle commença fortement à ressentir au creux de son estomac, vous...
- Immobilus, lui lança à nouveau rapidement l'adolescente légèrement plus jeune, qui osait lui jeter un sortilège au visage. Ils sont aussi vaniteux que ta mère le prétendait. Valait mieux la neutraliser elle aussi, car si ça... ça se trouve, ce qu'on dit sur leurs pouvoirs est très vrai... Nous allons les emmener au château Gryffondor et voir ce que les adultes vont faire suite à cette situation. Nous, on ne s'en mêle plus. Nous ne sommes pas des meurtriers et nous avons fait ce qu'il fallait faire à leur égard. Mais... je pense qu'ils peuvent être dangereux au final, tu avais raison. C'est triste...
Selwina Serpentard songea, et alors qu'elle se trouvait paralysée à terre et privée de tout mouvement sur le sol, à quel point elle ferait souffrir cette sorcière de pacotille une fois remise sur ses deux jambes.
Car oui, cette Helga Poufsouffle pourrait éventuellement subir les conséquences d'un sortilège de Magie noire tout droit sortir de l'imagination de ses ancêtres.
Quant à Helga et Godric, ils n'étaient certainement pas préparés à ce qu'ils allaient trouver dans la besace des Serpentard.
~*~
POV Robin
Présent
Anno domini 1009, 21 août, Poudlard, Ecosse
- Est-ce que père et vous... avez... avez fait du mal à Maman, après cela ? s'angoissa Robin en omettant facilement le fait que ses grands-parents paternels étaient des sorciers noirs qui avaient terminés sur le bûcher car il n'arrivait pas à être triste pour eux, ils lui semblaient si méchants et si... froids. Alors ?
Le petit garçon n'avait pu se taire plus longtemps car à partir du moment où il avait écouté son aînée lui expliquer que sa mère avait potentiellement subi le courroux des deux jumeaux, il imaginait les potentielles tortures que sa génitrice avait pu endurer après avoir eu tant d'audace malgré les rumeurs qui entouraient ses ancêtres. Et il en venait à se demander comment sa mère, une personne si gentille, altruiste, et ouverte aux autres, avait pu courtiser avec son père. Car savoir qu'il avait autrefois traité sa Maman de la sorte le rendait malade. Que lui avait-il fait par la suite ? Elle l'avait quand même eu lui comme bébé !
Le petit garçon venait également de se faire la réflexion que si un jour il croisait son père, il lui dirait sa façon de penser... car sa maman était une née-Moldue, et lui un Sang-Mêlé et alors ? Helga Poufsouffle était tout de même une puissante sorcière qui avait appris la Magie grâce à la mère de l'oncle Godric - elle-même issue d'une grande famille. Et sa maman à lui en était ressortie grandie et forte.
- Je ne suis guère fière de ce que j'étais enfant, Robin, donc oui, j'ai essayé de la maudire et à plusieurs reprises, vous n'avez pas besoin d'en savoir plus, murmura Selwina d'une voix incroyablement douce comme si elle craignait de lui faire d'autant plus peur. Et oui, vous pouvez le dire mon enfant, j'étais - hum - eh bien, je suppose monstrueuse et imbue de moi-même. Je me complaisais de cette sombre Magie qui m'habitait, cela me paraissait normal à l'époque - et j'avais évidemment tort... Tout a changé avec le temps, grâce à Guenièvre Gryffondor qui m'a montré que je - que nous pouvions, votre père et moi-même, choisir notre destinée, et cela commençait par dompter cette... Eh bien, murmura-t-elle doucement en plaçant une de ses longues mains sur la jeune poitrine de Robin, magie noire qui compose malheureusement nos propres cellules magiques, elle peut être utilisée pour le bien. Nous ne sommes pas responsables des folies de nos ancêtres, retenez-le, Robin.
Sur la petite table, les objets tremblaient très légèrement, signe que sa tante, malgré le fait qu'elle se remémorait à l'instant ces souvenirs qu'elle devait mépriser, se contrôlait. Réaliser des potions l'avait toujours aidé, et la sorcière avait indéniablement eu raison de le faire. De plus, la femme plus âgée prenait toujours un très grand plaisir à enseigner cette matière à ses étudiants. Et Robin adorait toujours la regarder agir méthodiquement et avec agilité. Cette matière merveilleuse était si complexe !
- Est-ce pour cela qu'avant... vous aviez constamment un cercle rougeâtre autour de vos iris ? demanda-t-il à mi-voix. Maman me reprend toujours quand les miennes deviennent toutes rouges.
- Effectivement, en plus d'avoir naturellement cela dans le corps, nous l'étudions d'où cet... effet secondaire. En la manipulant, la domptant, elle apparait désormais qu'en cas de colère et de frustration. Je suis affreusement navrée pour cette génétique dont vous avez hérité, mon garçon. Vous n'avez pas été gâté, vous voyez donc que nos cours particuliers sur le contrôle de soi sont des plus importants. J'espère que vous ne râlerez plus quand je vous demanderai de faire le vide dans votre esprit, ou tout autre exercice qui s'y rapporte. C'est pour votre bien, et Helga a raison de vous reprendre. Hum, croyez-moi, j'ai beaucoup appris quand votre père et moi-même avons été obligés d'aller vivre chez les Poufsouffle, qui étaient plus que ravis de rendre service à Lady Gryffondor car elle avait prise des années auparavant votre mère sous son aile... comme pupille et élève.
- Est-ce que Lady Gryffondor a voulu que vous viviez momentanément chez Maman pour que vous soyez plus ouverte d'esprit, tante Selwina ? interrogea l'enfant avec curiosité. Je vous le promets, ma tante, que je ne rechignerais plus.
L'enfant n'avait aucune envie de mal tourner, et voulait continuer de ressembler à sa Maman pour la rendre fière de lui.
- Une fois que l'on sut se contrôler, oui... Cela fit partie de nos exercices. Et à leur façon, vos... grands-parents nous ont sauvé en nous donnant cette chance d'apprendre ce qu'était réellement la vie.
Il y eut un long moment de silence dans cet endroit annexé à la Chambre des Secrets. Un moment de calme durant lequel le garçonnet en profita pour se remettre les idées en place face au récit et aux explications bien éclairantes de sa tante. Même les râles provoqués par ces Détraqueurs derrière lui ne parvinrent pas à le déconcentrer alors qu'il réfléchissait à vive allure. Puis, il fronça son nez arrondi d'un air pensif et jeta brièvement un œil à Selwina qui continuait de braser cette potion, l'air tracassé. L'enfant savait que sa tante lui laissait le temps d'assimiler ses paroles mais l'air torturé qu'elle abordait lui fit de la peine et Robin lui déclara alors sagement :
- Vous n'êtes plus cette personne ma Tante, vous avez saisi votre chance, murmura brusquement Robin avec gentillesse. Maman vous aime comme tous les autres ici, affirma-t-il. Et je t'aim... vous aime d'autant plus, termina-t-il cette fois en fourchelangue.
Timidement, il descendit du tabouret après avoir soigneusement déposé sur la table une des tiges de Branchiflore[1] que sa tante lui avait entre-temps demandé de couper durant son récit car elle en aurait besoin par la suite de la composition de la mixture. Robin contourna rapidement le meuble et alla entourer ses deux petits bras autour du ventre de la sorcière, là où il arrivait à l'atteindre.
Cette dernière soupira de soulagement et déposa sa baguette avec laquelle elle faisait tournoyer la mixture dans le sens contraire du coucher du soleil afin de répondre doucement à son étreinte tout en lui déclarant d'un air sérieux :
- Inutile de vous reprendre, Robin. Je suppose que votre mère a raison sur la façon innovatrice dont elle vous éduque, finalement. Vous pouvez le faire quand nous sommes strictement seuls et non accompagnés. Cela restera entre nous. Je vous y autori... je t'y autorise. Je ne voudrais pas que Rowena pense que l'éducation de cette chère Helga soit une sorte de contagion, déclara-t-elle un brin amusé. Mais... moi aussi, je vou... je t'aime.
- Maman adorerait le savoir pourtant, lâcha sournoisement l'enfant.
- N'y pensez même pas mon garçon, je tiens à ma réputation.
- Ma mère vous a mis mon père et toi hors service et... autant à la façon moldue que à la façon sorcière, alors je crois que ta réputation a déjà dû en prendre un coup ce jour où tu l'as rencontrée, se moqua timidement l'enfant.
- Vous passez... Tu passes bien trop de temps avec Helga et Godric, ce ton farceur est reconnaissable entre mille. Je déteste tes blagues, mais je t'aime malgré tout... et dans tous les cas, sache-le.
- Je te surprends toujours avec mes farces et... c'est ce qui t'énerve, se vanta Robin. Mais oui, même si je m'amuse bien à t'embêter, je t'aime, répéta-t-il.
Le sourire qu'abordait Robin Serpentard, la tête posée contre la robe de sa tante, valait certainement tous les « je t'aime » du monde.
L'espoir était l'une des plus puissantes formes de Magie.