Summary: 
Natallincic
Quatre fondateurs, mais une seule Helga Poufsouffle. Quels ont été les moments marquants de la naissance de Poudlard pour elle ?
Categories: Les Fondateurs,
Autres portraits de personnages Characters: Helga Poufsouffle
Genres: Autres genres
Langue: Aucun
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Vies de sorcières
Chapters: 15
Completed: Oui
Word count: 10184
Read: 3626
Published: 14/05/2020
Updated: 20/08/2020
Story Notes:
Liste de prompts fournie par Eanna !
1. Une odeur de jasmin by Ellie
2. Quelques touches de bleu by Ellie
3. Comme un piano désaccordé by Ellie
4. J'entends gronder l'orage by Ellie
5. Mille et une étoiles by Ellie
6. La page manquante by Ellie
7. L'ombre des arbres by Ellie
8. Une étrange mélodie by Ellie
9. Je rêve de l'hiver by Ellie
10. Quand la lune paraît by Ellie
11. Au cœur du monde by Ellie
12. Les boucles d'or by Ellie
13. Et vole la plume rouge by Ellie
14. Clé d'argent, serrure de bronze by Ellie
15. Sans peur et sans reproche by Ellie
Une odeur de jasmin by Ellie
Autour de la grande table de la cuisine de chez ses voisins, Helga et trois de ses amies apprenaient à confectionner la potion d’Amortentia. La voisine des Poufsouffle était la maîtresse des potions du village, fournissant tout le monde, Moldu comme sorcier, en potions de sommeil, en philtres d’amour, en poisons et en remèdes contre ces mêmes poisons.
Depuis quelques années, elle invitait quelques jeunes filles du village à venir chez elle un soir par semaine, histoire d’apprendre ses potions et son métier. À quinze ans, Helga était la plus jeune des quatre élèves, mais aussi la plus enthousiaste. Elle était la seule à savoir reconnaître toutes les plantes du jardin du premier coup d’œil, avait été la première à réussir son philtre revigorant au premier cours, et les clients sorciers de la voisine avaient même commencé à demander du Doxycide confectionné par Helga, car celui-ci fonctionnait mieux, paraissait-il.
— Mais comment tu fais ? demanda Blanche, se penchant au-dessus de la potion d’un turquoise parfait d’Helga.
— Je ne sais pas, répondit l’adolescente en haussant une épaule. Je suis les instructions, c’est tout. Tu n’as pas essayé chez toi ?
Blanche fronça le nez. À dix-neuf ans, elle était mariée depuis huit mois et son ventre s’arrondissait déjà de son premier bébé. Elle répétait souvent à qui voulait l’entendre qu’elle n’avait pas le temps de préparer les cours, et seule Helga réussissait à la convaincre, pour l’instant, de ne pas quitter. Elle savait que si Blanche cessait les cours, les deux autres étudiantes la suivraient, et que plus personne ne s’occuperait d’instruire une petite comme elle.
Au moment où elle rajoutait du bois à son feu pour faire augmenter la température, une petite voix se fit entendre derrière elle.
— Ça sent le jasmin.
Surprise, Helga se tourna et vit dans la porte la plus jeune fille des voisins, Cecily, sept ans. Elle sourit à la petite et lui fit un geste du doigt pour qu’elle s’approche. En l’aidant à grimper sur un tabouret, elle lui expliqua :
— Cette potion s’appelle l’Amortentia. Elle sent quelque chose de différent pour tout le monde, elle sent ce qu’on aime. Pour moi, c’est l’odeur du parchemin, des chandelles et de l’herbe.
— Moi je sens le jasmin, les chevaux et – elle eut un rire aigu – le miel !
— CECILY !
La fillette sursauta et faillit tomber de son tabouret. Sa mère traversa la cuisine à grands pas et l‘agrippa par le bras pour la jeter dehors.
— Et que je ne te reprenne plus à nous déranger ! Elles sont ici pour apprendre, pas pour s’occuper de petites pestes comme toi !
Entendant Cecily s’éloigner en pleurnichant, Helga se sentit outrée.
— Elle ne dérangeait pas, dit-elle d’une voix forte. Elle voulait juste apprendre, elle aussi.
— Eh bien, qu’elle attende son tour, rétorqua sa mère. Elle n’est qu’une enfant, trop jeune pour apprendre la magie.
— Selon qui ?
Les trois autres jeunes femmes avaient arrêté de travailler et regardaient l’affrontement entre Helga et l’instructrice d’un œil fasciné.
— Qui a décidé de l’âge minimum pour l’instruction de la magie ? Qui a décrété que les enfants n’avaient pas le droit d’apprendre, pas le droit même d’observer ?
La voisine d’Helga s’approcha d’elle à grands pas, le rouge aux joues, et se plaça nez à nez avec sa jeune étudiante.
— Si tu veux t’occuper d’instruire ces morveux, libre à toi de faire ce qui te chante, cracha-t-elle, lançant des postillons sur les joues de la jeune blonde. Mais ici, c’est moi qui décide, compris ?
Après un long moment de tension, Helga baissa les yeux. Le dos raide, l’instructrice fit volte-face avec un reniflement de dédain et retourna à son propre chaudron.
Mais l‘idée avait germé dans l’esprit de la jeune Poufsouffle. Une école, un endroit où tous les sorciers, peu importe leur âge, pourraient recevoir une éducation.
Pourquoi pas ?
Quelques touches de bleu by Ellie
— Tout ça, vraiment ? Tu vois les choses en grand, dis donc.
Rowena Serdaigle avait déposé son roman et s’était approchée du canevas qu’était en train de peindre sa jeune amie.
Helga et Rowena s’étaient rencontrées plusieurs années auparavant. Cette dernière était la femme d’un cousin éloigné de la mère d’Helga, et elle était venue passer quelque temps chez les Poufsouffle un été. Helga lui avait raconté son rêve d’une école de sorcellerie, et l’idée avait aussitôt plu à son esprit aiguisé. Son mari n’avait pas été aussi enthousiasmé, mais ce n’était pas grave. Elle n’avait pas besoin de lui.
— Pourquoi pas ? répondit Helga en reculant d’un pas pour admirer son œuvre. Il faut de la place pour accueillir tous les jeunes sorciers du royaume d’Angleterre ! Et une cuisine, une salle à manger, des bureaux, des dortoirs, des salles de cours…
— Et une bibliothèque, j’espère !
— Et des grands jardins pour pouvoir profiter du soleil. Des serres pour faire pousser tout ce dont on aura besoin…
Soudain, la porte s’ouvrit à toute volée.
— On a trouvé !
Le nouvel arrivé, un grand barbu blond, se laissa bruyamment tomber sur une chaise et tira à lui une chope de bière.
Godric Gryffondor avait été recruté par Rowena. Il venait de son village de naissance, et avait adhéré à l’idée d’une école de magie avec enthousiasme. Il amenait toute son énergie au projet, et celui-ci avançait à grands pas depuis qu’il s’y était joint. Parfois il n’avançait pas tout à fait dans la bonne direction, devait avouer Helga, mais c’était toujours mieux que faire du sur-place.
— J’ai trouvé, surtout. Tu as été plutôt inutile, comme toujours.
Un second homme, le plus vieux des quatre collègues, se joignit à Godric à la table. Salazar Serpentard avait été le dernier à se joindre à leur groupe. Un soir où Godric avait un peu trop bu au pub et s’était mis à parler de leur projet à qui voulait l’entendre, Salazar l’avait entendu et avait demandé à en faire partie. Helga ne parvenait pas à lui faire tout à fait confiance, mais ne pouvait nier que sa débrouillardise et sa perspicacité ne pouvaient que faire du bien.
— Vous avez trouvé ? répéta Rowena. Un endroit comme on veut, beau et grand ? Assez grand pour ça ?
Elle indiqua le canevas d’Helga de la tête. Les deux hommes se tournèrent vers celui-ci, Godric avec un large sourire et Salazar avec un regard approbateur. Avec un geste de sa baguette, il fit venir à lui sa Pensine, tira une pensée de son esprit et l’ajouta au liquide argenté, qu’il présenta ensuite à ses collègues.
— Voyez par vous-mêmes.
Rowena fut la première à plonger dans la Pensine, suivie d’Helga. Les deux femmes repérèrent rapidement Godric et Salazar de quelques heures auparavant qui déambulaient sur une plaine d’herbe verte qui s’étendait à perte de vue. Au loin, une forêt sombre. À gauche, un lac étincelant.
Helga voyait tout. Ici, le château de son imagination, même plus grand s’il le fallait ! Là, des serres où elle pourrait faire pousser tout ce qu’elle voulait. Entre les rochers, en bas, c’était parfait pour mettre une grille et créer l’entrée. Un quai sur le lac pour que les enfants puissent s’amuser, peut-être même une petite plage…
Après à peine quelques minutes, les deux jeunes femmes sortirent du souvenir. Godric et Salazar les attendaient toujours à table, des airs impatients identiques sur le visage.
— C’est parfait, trancha Rowena.
Helga hocha la tête avec enthousiasme pour marquer son approbation, avant de se lever pour aller à son canevas. Maintenant que l’école n’était plus que le fruit de son imagination, il y avait quelque chose à ajouter.
Elle plongea son pinceau dans la peinture bleue et ajouta le lac.
Comme un piano désaccordé by Ellie
La peinture d’Helga occupait toujours une place de choix contre le mur, terminée et encadrée maintenant, et elle était entourée de dizaines de parchemins. Helga avait dessiné la cuisine et la salle à manger, Godric avait dessiné l’emblème de l’école — une épée croisée d’une baguette, tous n’étaient pas d’accord —, Rowena avait dressé la liste des livres qu’elle voulait absolument acquérir pour la bibliothèque, et Salazar avait déjà commencé un plan de cours de potions.
La tâche que s’était donnée Helga aujourd’hui était de décider comment seraient organisés les dortoirs.
— Disons qu’on prend les élèves pendant cinq ans, entre dix et quinze ans, réfléchissait-elle tout haut, la plume entre les dents. Il faut qu’ils soient assez vieux pour comprendre ce qu’on leur enseigne, et qu’on ait le temps de les former avant qu’ils retournent travailler pour leur famille. Cinq ans, une trentaine de sorciers par année, donc –
— Trente ? l’interrompit Salazar. Il y a à peine tant de familles de sorciers, où crois-tu que tu vas trouver tous ces sorciers à éduquer ?
— Tu ne peux pas être si stupide que tu ne sais pas que les enfants de sorciers et de Moldus sont aussi des sorciers, dit Rowena d’un ton moqueur.
— Sans parler de ceux nés de deux parents Moldus, ajouta Helga.
Salazar lui lança un regard offensé.
— Les enfants Sang-mêlé, passe toujours, déclara-t-il. Mais il est hors de question que j’accepte des Sang-de-bourbe dans mon école !
Les deux femmes lâchèrent des exclamations offusquées, au même moment où Godric s’exclamait :
— Ton école ? Depuis quand c’est ton école ?
— Ce qu’ils ont dans le sang n’est pas important, dit Rowena. Tant qu’ils sont assez brillants pour apprendre ce qu’on leur enseigne. On devrait leur faire passer un examen d’entrée avant de les accepter chez nous.
— Donc ils devront aller à l’école avant de pouvoir aller à l’école ? se moqua Godric. Elle est idiote, ton idée. De toute façon, je suis sûr que ton examen ne détecterait pas les mauviettes, et c’est eux qu’il ne faut pas laisser entrer. Personne n’a besoin de sorciers qui ont peur de leur ombre.
Devant Helga, ses trois collègues se criaient après, se moquaient l’un de l’autre. Eux qui s’entendaient parfaitement depuis le début du projet, dont les idées se complétaient l’une l’autre, voilà qu’ils frappaient un obstacle et qu’ils commençaient à se chamailler. Il fallait trouver une solution, et vite, avant que tout ne tombe à l’eau.
— STOP !
Godric, Rowena et Salazar se turent aussitôt et se tournèrent vers Helga, les yeux écarquillés. Depuis qu’ils la connaissaient, celle-ci n’avait jamais haussé le ton, même quand son chat lui avait fait tomber une boule de cristal sur le pied, et la voilà qui les fixait, les joues rouges et les yeux qui lançaient des éclairs.
— Tous les sorciers méritent une éducation, point final. Et si vous n’êtes pas d’accord –
Quand Salazar ouvrit la bouche pour protester, elle haussa le ton en lui jetant un avertissement du regard.
— — je propose qu’on se sépare les nouveaux étudiants en quatre équipes. Rowena prendra les plus intelligents, Godric les plus courageux, et Salazar les Sang-purs.
— Et toi ? demanda Godric.
— Moi ? Moi je prendrai tous les autres.
— Tu ne peux pas dire ça, protesta Rowena. On va appeler ton équipe l’équipe-poubelle.
Helga la foudroya du regard, mais dut avouer qu’elle n’avait pas tort.
— Je prendrai les plus travailleurs, alors. Travailleurs et loyaux.
Les trois autres réfléchirent à l’idée de leur collègue. Rowena voyait déjà des clubs de lecture et d’échecs avec son équipe, Godric des longues randonnées dans la forêt voisine, et Salazar un bassin parfait pour continuer la lignée sorcière, excluant les rejetons sales des autres équipes.
— Alors, on est d’accord pour les équipes ?
— On pourrait pas appeler ça des maisons plutôt ? dit Rowena. Il me semble que ça fait plus sophistiqué.
Helga leva les yeux au ciel, mais tendit la main droite.
— Va pour les quatre maisons de notre école.
Rowena posa une main sur la sienne, puis Godric, puis Salazar.
Et ainsi naquirent les maisons de Poudlard.
J'entends gronder l'orage by Ellie
Tout était prêt.
Helga s’était levée à l’aube ; les papillons faisaient la fête dans son estomac, l’empêchant de se rendormir. Elle était montée voir le soleil se lever depuis la plus haute tour du château, celle qui accueillerait un jour des cours d’astronomie, espérait-elle. Elle baissa les yeux en sentant quelque chose se presser contre sa jambe – un des nombreux chats de Rowena qui l’avait suivie, sans doute dans l’espoir d’un bol de lait.
— Tu sais, bientôt tu vas avoir de la compagnie dans le château, dit-elle. Plus que nous. Il va falloir que tu apprennes à protéger ton territoire. Mais gentiment, hein !
Le chat grimpa lestement sur la rambarde, étirant le cou pour qu’Helga lui grattouille le menton.
— Tu viendras te promener dans le coin de la maison Poufsouffle, je suis sûre que tu trouveras des amis pour te câliner. Et pour te donner des gâteries. Après tout, c’est pas pour rien que je me suis installée à côté de la cuisine, ajouta-t-elle avec un clin d’œil.
Helga lissa d’une main sa robe, qui commençait déjà à être trop serrée. Godric avait eu une idée de génie quand il avait fait venir une demi-douzaine d’elfes de maison pour s’occuper de la cuisine du château. Jamais elle n’avait aussi bien mangé de sa vie. Une chose était certaine, les futurs élèves de Poudlard auraient l’estomac aussi bien nourri que le cerveau !
Ils n’auraient que dix-sept étudiants pour commencer ; à peine plus de dix familles avaient décidé de faire confiance à quatre étrangers se disant professeurs de magie. À la grande déception de Salazar, seules deux de celles-ci étaient de sang pur, les grandes familles préférant encore garder l’enseignement des leurs chez eux.
— Tu verras, après un an ou deux, notre réputation aura grandi et les Sang-purs se presseront aux grilles du château, avait-elle tenté de le rassurer.
Mais Rowena et elle avaient du mal à cacher leurs expressions triomphantes ; douze de leurs élèves seraient des nés-Moldus, des jeunes sorciers dont les parents ne savaient pas que faire, qui avaient presque sauté de joie à l’idée d’un endroit pour instruire leurs enfants.
— J’apprendrai à traire des vaches avec de la magie ? avait demandé un jeune garçon de douze ans avec excitation.
Godric, assis à la fenêtre de la maisonnette, avait froncé le nez, mais Helga avait répondu tout de suite avec un sourire, reconnaissant un futur Poufsouffle :
— Et plein d’autres choses encore !
Dix-sept. C’était loin des centaines de petits sorciers qu’elle voyait dans ses rêves les plus fous, pour explorer tous les recoins du château, occuper tous les bancs de toutes les salles de classe, porter sur leurs épaules la réputation de la grande école de magie de Poudlard. Mais dix-sept, c’était mieux qu’aucun élève du tout, se dit-elle.
— Ce n’est que le début, murmura-t-elle au chat qui ronronnait contre sa main. Tu verras, dans un an ou deux, notre réputation aura grandi.
Les mots qui avaient servi à rassurer Salazar lui étaient aussi utiles.
— Et tous les sorciers du royaume se presseront aux grilles du château.
Le chat descendit de son perchoir et, la queue droite dans les airs, partit vers les escaliers, probablement en quête de son premier repas de la journée. Le ventre d’Helga émit un borborygme, lui rappelant de ne pas oublier de déjeuner, mais avant de suivre le félin, elle s’appuya à la fenêtre et ferma les yeux.
Elle voyait une rentrée où des centaines d’étudiants venaient suivre des cours. Leurs rires se faisaient entendre dans tous les corridors, leur présence était palpable partout, leur magie n’attendait que d’être éduquée. Helga sentait venir ce rêve dans son futur, aussi certainement qu’elle sentait venir les orages bien avant d’entendre gronder leur tonnerre. Elle finirait par voir l’école de ses rêves.
Quand elle ouvrit les yeux, ce fut pour voir le soleil se montrer à l’horizon. Elle resta au sommet de la tour quelques minutes de plus, le sourire aux lèvres, pour admirer cet endroit qu’ils avaient construit s’illuminer petit à petit, avant de faire demi-tour pour descendre à la cuisine demander un des excellents croissants des elfes de maison.
Il fallait qu’elle fasse le plein d’énergie en ce premier septembre, la première rentrée de Poudlard.
Mille et une étoiles by Ellie
Ce matin-là, le lendemain de leur cinquième rentrée, les elfes de maison avaient préparé des crêpes légères comme tout pour le petit-déjeuner. Helga en était déjà à dévorer sa troisième quand elle remarqua que sa voisine de table, Rowena, contemplait le plafond sans bouger, sa fourchette figée à mi-chemin entre son assiette et sa bouche. Helga suivit son regard, curieuse, mais ne remarqua rien de plus que le plafond habituel. Des arches de pierre formant des ombres dansant au gré de la lumière des bougies qui flottaient au-dessus des tables. Un beau plafond, certes, mais un plafond tout ce qu’il y avait de plus normal.
Helga connaissait néanmoins assez bien son amie pour savoir que derrière ses yeux plongés dans le vague, les engrenages de son esprit tournaient à toute vitesse. Elle envoya un léger coup de coude dans les côtes de Rowena.
— À quoi tu réfléchis ?
La jeune femme brune cligna des yeux et se tourna vers son amie.
— Je me disais que tout le monde dans cette école viendrait dans cette salle et verrait le plafond tous les jours.
— En effet…
— Nous sommes une école de magie. Il doit y avoir moyen de le rendre plus intéressant, non ?
— Tu veux dire, le décorer ?
— On pourrait le peindre aux couleurs des maisons, proposa Godric, qui avait entendu les femmes.
— Ou décorer les arches de plantes magiques, dit Helga. J’en ai plein dans les serres qui pourraient servir…
Rowena fronça le nez, peu enchantée par les idées.
— Moi déjà que je trouvais idiot de faire la salle à manger sans fenêtre…, grommela Salazar, toujours négatif.
Mais Rowena tapa dans ses mains, son visage s’illuminant !
— Voilà une excellente idée ! On va faire du plafond une immense fenêtre, pour être toujours au courant du temps qu’il fait sans même avoir à sortir !
Godric et Rowena étant les meilleurs des fondateurs avec leurs baguettes, ce furent eux qui s’attelèrent à la tâche de transformer le plafond de la Grande Salle en fenêtre. Une idée qu’Helga pensait être irréalisable, mais si quelqu’un pouvait trouver une solution, c’était bien Rowena.
Tous les moments libres qu’avaient les collègues entre deux cours étaient passés sur ce projet. Ils passaient des soirées à faire des recherches dans la nouvelle bibliothèque du château, à tester leurs découvertes dans une salle de classe vide du septième étage. Après un mois, ils avaient réussi à faire exploser un des murs, à faire apparaître un énorme chandelier au plafond avant, finalement, de la faire disparaître au complet. Les quatre fondateurs se retrouvèrent un soir devant le pan de mur vide.
— Voyons le verre à moitié plein, dit Helga. Vous avez réussi à rendre toute la pièce invisible. Il faudra juste diminuer le sortilège pour qu’il ne touche que le plafond, la prochaine fois…
Salazar leva les yeux au ciel et tourna sur ses talons. Godric accrocha au mur d’en face une horrible tapisserie que lui avait donnée sa belle-mère, pour se souvenir de l’emplacement de la pièce si jamais elle décidait de réapparaître, et Rowena et lui choisirent une autre pièce cobaye.
Leur première tentative réussie fut au mois de mars. Fiers de leur accomplissement, ils n’attendirent pas un jour de plus avant d’ensorceler tout le plafond de la Grande Salle. Élèves et professeurs étaient émerveillés, si bien que les repas prirent deux fois plus longtemps qu’avant pendant quelques jours, puisqu’ils regardaient tous le grand soleil qui brillait au-dessus de leur tête et oubliaient l’assiette sous leur nez.
Malheureusement, ils se rendirent compte le quatrième jour que le plafond n’était pas imperméable quand un orage soudain, à l’heure du déjeuner, les détrempa tous des pieds à la tête. Ce fut un retour à la case départ pour Godric et Rowena.
Il s’écoula encore deux mois avant une nouvelle réussite. Cette fois, ils attendirent un jour de pluie dans la salle d’essai avant de déclarer victoire. Ils l’installèrent une fois de plus dans la Grande Salle et, au grand plaisir de tous, firent apparaître une cinquantaine de matelas et invitèrent tous les occupants du château à y dormir pour cette première nuit.
Au centre de tous ses petits Poufsouffle, bercée par leurs respirations endormies, Helga était couchée sur le dos, admirant les mille et une étoiles qui s’étendaient devant ses yeux. Jamais elle ne trouverait le sommeil devant tant de beauté, se disait-elle.
Mais à peine une demi-heure plus tard elle s’endormit paisiblement, un sourire aux lèvres.
La page manquante by Ellie
La première fois que Helga retourna dans son village natal, plus de dix ans après son départ, elle fut accueillie en héroïne. Des enfants accouraient vers elle à droite et à gauche, moldus comme sorciers. « L’année prochaine j’entre à Poudlard ! » disaient les uns. « Je peux apprendre à être sorcière ? » demandaient les autres.
Non loin de chez ses parents, elle croisa sa vieille amie Blanche. Celle-ci, le ventre arrondi par sa sixième grossesse et un enfant d’à peine deux ans posé sur la hanche, enlaça Helga de son bras libre.
— Que nous vaut votre illustre présence dans cet humble village, madame Poufsouffle ?
Helga leva les yeux au ciel.
— J’ai pas le droit de venir visiter mes parents et mes vieux amis ?
— On commençait à penser que tu nous avais oubliés.
Helga leva la tête, se demandant si son amie avait été insultée, mais celle-ci souriait de toutes ses dents.
— Pendant que tu es là, suis-moi, j’ai quelque chose à te montrer, dit Blanche.
Celle-ci fit volte-face, remontant le petit sentier de terre vers la porte ouverte de son humble demeure. Sous les yeux curieux de la fillette, qui s’était retournée pour l’observer par-dessus l’épaule de sa mère, Helga ouvrit la petite porte en bois du jardin et suivit son amie, assaillie par des souvenirs de son adolescence, lorsqu’elle venait souvent passer des après-midi chez Blanche.
À l’intérieur de la maison, le chaos régnait. Tous les enfants de Blanche étaient en train de jouer dans la cuisine, et celle-ci y déposa la petite fille de deux ans pour qu’elle rejoigne ses frères et sœurs. Elle fit ensuite un geste à Helga lui indiquant de s’asseoir à la table pendant qu’elle préparait une théière. Dès qu’elle s’assit, un blondinet de peut-être huit ou neuf ans s’approcha d’elle et lui dit fièrement :
— L’an prochain, je vais à Poudlard. Tu crois que je pourrai être dans ta maison ?
— Je t’ai expliqué qu’on était répartis en arrivant à l’école, répondit une jeune fille que Helga reconnaissait pour l’avoir croisée cette année à Poudlard. De toute façon, c’est Gryffondor la meilleure maison.
— Josie ! s’exclama sèchement Blanche, lançant une œillade noire à son aînée, mais Helga lui sourit.
— Godric sera ravi de l’apprendre.
Après un petit moment de discussions légères avec son ancienne amie et ses enfants, Blanche déposa sur la table la théière, deux tasses et une assiette de biscuits, puis disparut derrière un rideau qui cachait une autre pièce. Helga eut le temps de servir les deux tasses, en plaçant une devant une chaise libre, avant que son amie revienne et s’assoie devant. Elle tenait à la main une feuille de parchemin jaunie, qu’elle plaça devant son amie.
— Quelqu’un du village a écrit ces avis et les a accrochés à plusieurs endroits du coin le jour de l’ouverture de l’école. Ceux qui savaient lire les lisaient aux autres. Celui-ci était accroché juste en face, je l’ai gardé comme souvenir.
Helga tira à elle l’avis et commença à le lire.
La page manquante dans le livre de Knocknaree
Quand le village de Knocknaree a vu le jour, ses trois fondateurs ont eu un rêve prémonitoire : un jour, il serait célèbre. Dans le grand livre de l’histoire du village, une page a toujours été laissée vierge, en attendant la cause de cette célébrité. Aujourd’hui, finalement, nous pouvons la remplir.
Vous connaissez probablement tous Helga comme la petite dernière des Poufsouffle, la douce, la mignonne grassouillette. Je parie que personne d’entre vous n’aurait deviné que ce serait elle la première personne, Moldus et Sorciers confondus, à amener cette célébrité. Son école de sorcellerie, Poudlard, ouvre ses portes aujourd'hui. Nous espérons que vous serez nombreux à y envoyer vos petits sorciers, afin de célébrer en grande pompe la fierté de Knocknaree.
Les larmes aux yeux, Helga souriait tendrement.
— C’est bien gentil, mais ils n’ont même pas nommé mes collègues.
Blanche éclata de rire.
— Chère Helga, il n’y a bien que toi pour t’inquiéter de tes détails !
À la fin de leur thé, avant de prendre congé de son amie, Helga jeta un dernier regard à l’avis et le lui tendit. Mais plutôt que de le prendre, Blanche leva une main en secouant la tête.
— J’avais toujours espéré te revoir pour pouvoir te le donner. Affiche-le dans ton bureau, montre à tes collègues que même une Poufsouffle peut avoir de la fierté.
Helga éclata de rire et, en glissant le parchemin dans sa besace, se dit que oui, voilà exactement ce qu’elle allait faire.
L'ombre des arbres by Ellie
Helga était ravie ; au cours de l’été précédent, on avait construit une quatrième serre dans la cour de Poudlard, un peu à l’écart des trois premières. Elle comptait y faire pousser des plantes dangereuses – géraniums dentus, mandragores et autres tentaculas vénéneuses –, et n’y accueillir que ses élèves les plus doués en botanique. Elle y passait des journées entières depuis, n’en sortant que pour ses cours dans les autres serres, remontant au château seulement pour manger ou pour dormir – et ce uniquement parce que Rowena l’avait sévèrement sermonnée quand elle avait passé une nuit parmi ses protégées, lui reprochant de donner un mauvais exemple aux étudiants.
Depuis le petit bureau qu’elle s’était aménagé dans la serre quatre, elle avait une vue imprenable sur le sentier de terre qui menait à la forêt. Elle voyait Salazar y passer quelques fois par semaine, sans doute pour une cueillette d’ingrédients, ou des elfes de maison qui allaient récupérer du bois sec pour les feux.
Mais elle voyait surtout des élèves. Seuls ou en groupes, ils se rendaient dans la forêt à toute heure de la journée. Des garçons qui ressortaient avec des bouquets de fleurs pour leur douce, des groupes de filles qui couraient vers les arbres avec des rires aigus, des couples qui allaient s’y réfugier, bras dessus, bras dessous. Des fois elle apercevait des explosions de couleur entre les branches, entendait des cris et des rires. Elle aurait pu se lever, aller vérifier que personne n’était en train de s’entretuer, mais ils avaient ouvert leur école pour former des sorciers, pas pour les dorloter. Et de toute manière elle avait du travail à faire…
Jusqu’à un après-midi de début octobre. Le soleil était en train de commencer sa descente vers l’horizon quand l’attention de Helga fut attirée par le mouvement soudain de deux jeunes élèves de troisième année à l’orée de la forêt. Ils jaillirent d’entre les arbres comme si le diable était à leurs trousses, et remontèrent le sentier vers le château en courant si vite qu’on avait l’impression que leurs pieds touchaient à peine le sol. Ils passèrent à quelques mètres de la serre et elle vit leurs visages blancs comme des draps.
Maintenant inquiète, Helga se retourna vers l’orée de la forêt, juste au moment où quelqu’un en sortait. Pas un autre élève ni un professeur, ni même quelqu’un qu’elle reconnaissait, non. Un homme roux, torse nu, au corps de cheval. Un centaure.
Son travail oublié, Helga se leva, sa baguette serrée dans son poing, et sortit de la serre. En entendant la porte s’ouvrir, le centaure se tourna vers elle, soulevant son arc et sa flèche. Elle déglutit, mais continua à avancer, tenant sa baguette contre elle sans la lever.
— Je suis Helga Poufsouffle, une des directrices de l’école de Poudlard, dit-elle quand elle n’était plus qu’à quelques pas du centaure. Et vous ?
— Nous savons qui vous êtes, répondit-il d’une voix calme. Nous savons ce que vous faites ici.
Il baissa son arc, mais fit un pas vers Helga, ses sabots ne faisant presque aucun bruit sur la terre mouillée. Elle dut s’efforcer de ne pas reculer et de continuer à rencontrer son regard. Où était Godric quand on avait besoin de lui ?
— Nous vous tolérons depuis près de quatre-vingt-sept lunes. Vous entrez dans nos bois, cueillez nos plantes, coupez nos arbres. Vous faites du bruit, détruisez tout ce que vous touchez. Des colonies entières de botrucs ont été décimées, ou ont dû migrer plus profondément dans la forêt, chamboulant une écologie précaire.
— Je suis désolée, dit Helga d’une petite voix. Nous n’avions pas réalisé –
— Que la forêt appartenait déjà à quelqu’un ?
Le centaure secoua la tête.
— Les humains ne pensent toujours qu’à eux-mêmes.
— Nous pouvons faire mieux ! s’exclama Helga. Je parlerai à mes collègues, on pourra négocier, trouver une entente…
Mais le centaure secoua à nouveau la tête.
— Vous auriez dû y penser avant. Nous avons tenu un vote hier, et avons décidé de reprendre notre forêt. Le prochain humain qui y entre sera accueilli par nos armes.
Helga ouvrit la bouche pour protester, mais le centaure avait déjà disparu dans l’ombre des arbres. Elle commença donc à remonter vers le château, la tête basse, pour annoncer la mauvaise nouvelle à ses collègues et aux élèves.
Une étrange mélodie by Ellie
Helga était seule dans la salle des professeurs, corrigeant le dernier devoir de ses élèves de troisième année, quand la porte s’ouvrit sur Rowena. Avec un soupir exaspéré, celle-ci se laissa tomber sur la chaise face à sa collègue. Helga nota un « A » sur le parchemin qu’elle avait sous la main, puis posa sa plume et leva les yeux vers Rowena.
— Que se passe-t-il ?
— Helena va me rendre folle !
Helena Serdaigle avait commencé sa première année en septembre. Si Rowena n’avait pas insisté pour l’avoir dans sa maison, Helga l’aurait prise dans la sienne. Helena était tout le contraire de sa mère : douce, calme, patiente… et pas toujours particulièrement brillante.
— Elle me donne des cheveux gris ! J’en ai trouvé encore un ce matin !
Helga, qui avait des mèches grises dans ses cheveux blonds depuis le début de sa trentaine, sourit avec indulgence à son aînée. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais Rowena la devança.
— Tu entends ça ? demanda-t-elle en se tournant vers la porte.
Fermant la bouche, Helga tendit l’oreille. Dans le silence de la salle, elle n’entendait d’abord rien, puis finit par discerner comme une chanson, une étrange mélodie sifflée au loin.
— C’est la troisième fois cette semaine ! prononça Rowena avec impatience. À chaque fois que j’essaie d’en trouver l’origine, elle disparaît avant que j’arrive, mais je trouve toujours quelque chose à nettoyer. Un graffiti sur le mur, une statue maquillée… Hier matin, j’ai trouvé tout un couloir où les armures avaient été placées dans des positions obscènes ! Je suis sûre qu’un élève se paie notre tête, et je vais finir par l’attraper !
Sur ces mots fermes, elle se leva et sortit de la salle des professeurs, se tournant avec décision vers l’origine du sifflement. Helga s’empressa de remettre les devoirs dans son sac et la suivit, devant trottiner pour rattraper les grands pas de son amie.
— Je suis sûre que c’est O’Leary et ses copains, grommelait Rowena en avançant. C’est tout à fait le genre de bêtise qu’encouragerait Godric dans sa maison…
— Pourquoi es-tu si certaine qu’il s’agit d’un élève ? demanda Helga. J’ai lu que des esprits frappeurs ont tendance à apparaître là où il y a beaucoup de jeunes sorciers, alors Poudlard serait un endroit idéal…
Rowena leva les yeux au ciel sans cesser de marcher.
— Les esprits frappeurs n’apparaissent que dans des endroits sales et pauvres, on ne peut pas avoir ça ici.
Helga ne partageait pas l’avis de sa collègue, mais ne dit rien. Elles finiraient bien par découvrir le fin mot de l’histoire.
Après quelques minutes de marche, elles entendaient maintenant clairement les notes de la mélodie. Son origine était dans le prochain couloir, elles n’avaient plus qu’un coin à tourner, quand Rowena sortit sa baguette de sa poche. Helga voulut demander pourquoi elle s’armait si elle croyait seulement faire face à un groupe d’adolescents farceurs, mais avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, la brune avait contourné le coin avec une exclamation de victoire. Dans le silence qui suivit, Helga se précipita à son tour dans le couloir voisin.
La première chose qu’elle remarqua fut le premier portrait accroché à sa gauche. Quatre moines se réveillaient d’une sieste et, encore à moitié endormis, frottaient les moustaches qui avaient été peintes sur leur visage pendant leur sommeil. Des moustaches touffues, d’autre minces, de toutes les formes et les longueurs.
— Qu’est-ce que…, marmonna l’un d’eux en caressant ses nouvelles moustaches de chat.
Rowena n’avait toujours pas fait un son. Helga se tourna vers son amie, dont le visage était blanc comme un drap, et suivit son regard vers un petit homme à mi-chemin entre le plancher et le plafond. Sa peau était translucide, mais ses vêtements avaient des couleurs criardes. À ce moment, il tira la langue aux deux femmes, fit une culbute en plein air et disparut en ricanant bruyamment. Retenant avec difficulté un éclat de rire, Helga se tourna vers Rowena, dont les lèvres étaient tellement pincées qu’elles avaient presque disparu.
— Eh bien, il semble que j’avais raison !
Je rêve de l'hiver by Ellie
Aucune période de l’année n’était aussi magique à Poudlard que celle de Noël, croyait Helga. L’école presque vide d’élèves et de professeurs, la cour et la forêt couvertes de neige, le château décoré de glaçons… Tous les matins, après déjeuner, elle aimait faire une promenade autour du lac dans l’air revigorant de l’hiver, respirant profondément et préparant mentalement les cours qu’elle donnerait à la rentrée.
Ce jour-là, en rentrant au château, elle croisa deux élèves qui en sortaient, emmitouflés jusqu’aux oreilles, excités à la promesse d’une bataille de boule de neige. Stella et August, deux élèves de quatrième année de Poufsouffle, quelques-uns des rares qui étaient restés à l’école cette semaine-là.
— Où est Gwen ? demanda Helga en les saluant.
Les trois sorciers étaient inséparables, on en voyait rarement un sans les autres.
— Elle a la grippe, répondit August avec une moue. Elle a décidé de rester dans la salle commune aujourd’hui.
Après leur avoir souhaité une bonne bataille, Helga passa les grandes portes du château et descendit tout de suite dans les cachots, plaçant ses gants épais dans ses poches et dénouant son foulard. En passant devant l’entrée de la cuisine, elle ralentit. Elle pourrait s’y arrêter quelques minutes, déguster un des bons chocolats chauds des elfes de maison. Après tout, il faisait froid dehors…
Mais non. Une de ses élèves avait besoin d’elle. Elle prendrait son chocolat plus tard.
Elle se rendit donc à la pile de tonneaux, tapota le rythme prescrit sur l’un d’eux, et pénétra dans sa salle commune. Elle ne s’y était pas rendue depuis plus d’un an, et s’amusa de voir que les quelques plantes qu’elle y avait placées comme décorations avaient doublé en taille et en nombre, et dominaient maintenant la salle entière.
Helga repéra rapidement Gwen, emmitouflée dans son couvre-lit jaune et noir et reniflant piteusement sur le fauteuil devant un feu ronflant dans la cheminée. La directrice s’en approcha et, quand la jeune fille l’aperçut et tenta de se lever, Helga la pria de rester assise.
— August et Stella m’ont dit que tu étais ici, dit-elle en s’asseyant à ses côtés et en posant une main sur son front. Mais tu es brûlante !
Gwen renifla piteusement. Helga se releva.
— Je vais demander à un elfe de maison de t’apporter de la Pimentine.
Elle était presque à la porte quand une petite voix émergea du fauteuil.
— Le pire, c’est que j’adore l’hiver, et je peux même pas sortir…
Helga regarda autour d’elle. La salle reluisait d’un ensoleillement artificiel, mais il manquait quelque chose… Puis, prise d’une idée soudaine, elle sortit des tonneaux à toute vitesse. Elle s’arrêta rapidement à la cuisine pour commander la Pimentine de Gwen, mais le chocolat lui était sorti de la tête. Dès que ce fut fait, elle monta les marches quatre à quatre, suant sous son épais manteau d’hiver qu’elle n’avait toujours pas enlevé. Arrivée au bureau de Godric, le seul autre directeur qui était resté pour les fêtes, elle frappa à la porte et entra sans attendre de réponse.
— Helga ?! fit-il en sursautant. Y a-t-il un problème ?
— Peux-tu m’aider à percer des fenêtres dans la salle commune de Poufsouffle ?
Godric cligna des yeux de surprise, puis fronça les sourcils.
— Le haut de ta salle commune dépasse du sol dehors. Ça devrait être plus simple que les stupides fenêtres sous le lac de Salazar…
Il resta assis, le livre qu’il avait été en train de lire ouvert devant lui, mais Helga ne bougeait pas.
— Quoi, tout de suite ? demanda-t-il.
Elle sourit largement en hochant la tête, et il se leva avec un soupir, attrapant sa baguette au passage.
— Tu m’en dois une !
Les deux fondateurs descendirent à nouveau vers les cachots, se rendirent dans le couloir de la cuisine et de la salle commune. Arrivée aux tonneaux, Helga hésita.
— Tu pourrais te retourner ? demanda-t-elle à Godric.
Celui-ci leva les yeux au ciel mais obéit, tournant le dos à sa collègue pendant que celle-ci ouvrait le passage vers sa salle commune. À l’intérieur, Gwen était toujours sur le même fauteuil, mais maintenant profondément endormie, une bouteille de Pimentine vide sur la table devant elle. Ils sont vraiment efficaces ces elfes, se dit Helga.
— Elle est toujours vivante ? demanda Godric en indiquant Gwen du pouce.
Ce fut au tour d’Helga de lever les yeux au ciel, avant de décrire à son ami ce qu’elle voulait d’une voix basse. Des fenêtres rondes, près du plafond, qui laisseraient entrer la lumière du soleil dans toute la salle. Godric fit virevolter sa baguette, prononçant quelques mots latins, et son rêve devint réalité. Les premières fenêtres ne montraient que la neige qui s’empilait au sol, mais le sorcier les ensorcela pour qu’elles montrent toujours la surface. En été, elles seraient au ras de l’herbe, et en hiver, même s’il y avait un mètre de neige au sol, elles restaient au dessus de celle-ci.
Helga se jeta au cou de Godric pour le remercier.
— Merci mille fois ! Je t’en dois une !
— Oui je sais, répondit-il. C’est moi qui t’ai dit que tu m’en devais une.
En sortant une dernière fois de sa salle commune, Helga jeta un dernier regard vers Gwen, qui n’avait pas bougé d’un poil. Elle sourit tendrement et murmura :
— Joyeux Noël.
Quand la lune paraît by Ellie
Installée dans la cuisine, le feu ronflant à ses pieds et des biscuits que lui avaient apportés les elfes de maison un peu plus tôt à grignoter, Helga lisait la liste qu’elle avait sous les yeux, hésitant entre le fou rire et la consternation.
Quelques mois plus tôt, pendant les vacances d’été, les fondateurs avaient décidé d’ajouter des cours facultatifs à leur curriculum, qui pouvait maintenant s’étendre sur sept ans pour ceux qui le désiraient. Ils avaient cherché des professeurs d’arithmancie, d’étude des runes, d’astronomie. Et de divination, n’en déplaise à Godric et Salazar.
« Un sujet de bonnes femmes », avaient-ils pesté.
Et ils avaient pesté encore plus fort quand la personne qui avait répondu à leur annonce n’était pas une bonne femme mais un charmant jeune homme aux cheveux blonds bouclés, aux mains douces et aux yeux rieurs. Ce fut donc sans surprise que ce nouveau sujet s’était avéré très populaire chez les élèves, comme en témoignait la liste que lisait Helga, celle des Poufsouffle qui voulaient s’inscrire au cours du professeur Melvil – littéralement toutes les filles de sa maison.
Le portrait s’ouvrit derrière elle et elle sursauta.
— Oh, Professeure Poufsouffle ! Je ne voulais pas vous déranger, je reviendrai plus tard…
Tiens, quand on pense au loup !
— N’importe quoi, Melvil, venez donc vous asseoir !
Le nouveau professeur de divination sembla hésiter un instant avant de se joindre à Helga devant le feu. Aussitôt se fut-il installé qu’un elfe de maison lui apporta une tasse de thé et une assiette de biscuits.
Assis côte à côte, les deux professeurs se laissèrent envelopper d’un silence. Derrière eux, les elfes s’affairaient, les feux de la cuisine ronflaient, les ustensiles cliquetaient. Mais entre Helga et Melvil régnait un silence loin d’être confortable. De temps en temps, l’un adressait un regard en biais et un sourire à l’autre, mais le malaise était palpable.
En effet, depuis le début de l’année, une certaine tension régnait entre les deux sorciers. Le jeune Melvil s’était épris d’Helga dès leur première conversation mais, malgré les encouragements rieurs de Rowena, Helga refusait d’y répondre, même si elle en avait envie.
— J’ai presque le double de son âge ! protestait-elle chaque fois que son amie soulevait le sujet. Il mérite mieux qu’une vieille sorcière comme moi.
Au bout de près d’un quart d’heure de silence lors duquel Helga avait amèrement regretté avoir invité le professeur de divination à se joindre à elle, elle avala sa dernière gorgée de thé sans l’apprécier et s’apprêtait à s’excuser quand Melvil tendit la main.
— Vous permettez que je lise vos feuilles de thé ?
Helga cligna des yeux.
— Déformation professionnelle, répondit-il avec un sourire en coin.
Elle lui tendit sa tasse après y avoir jeté un rapide coup d’œil, curieuse malgré elle de savoir comment il interpréterait ces formes qui, pour elle, n’avaient aucun sens. Il agrippa la petite tasse de porcelaine entre ses deux grandes mains et y plongea son regard intense, les sourcils un peu froncés.
— Une échelle, annonça-t-il après un instant. Vos efforts au travail seront récompensés.
Helga sourit. Quand on était directrice d’une nouvelle école de magie, il faisait toujours plaisir d’entendre que ses efforts seraient récompensés.
— Un écran solaire, continua Melvil. Une décision se présentera à vous. Il ne faudra pas hésiter.
Au prochain signe, il rougit.
— Un collier, marmonna-t-il. Vous avez un admirateur secret.
Helga se mordit la lèvre. Il n’était pas si secret que ça, heureusement.
Quand ses yeux accrochèrent le dernier symbole au fond de la tasse d’Helga, il ouvrit la bouche sans rien dire, le visage maintenant rouge du menton jusqu’au bout des oreilles. La directrice de Poufsouffle dut l’encourager avant qu’il ne partage finalement sa dernière découverte.
— Une lune. Pleine. Une histoire d’amour, dit-il finalement sans rencontrer son regard.
Après un long moment de réflexion silencieuse, Helga posa la main sur la cuisse de Melvil.
Après tout, ne venait-il pas de déclarer qu’elle aurait une décision à prendre sans hésiter ?
Au cœur du monde by Ellie
— Tu as QUOI ?!
Helga, Rowena et Godric se tenaient face à leur collègue, l’air plus estomaqué l’un que l’autre. Salazar se répéta calmement, ne perdant ni son expression calme ni son sourire amusé :
— J’ai fait éclore un basilic et l’ai caché quelque part dans le château.
Rowena se laissa tomber lourdement sur la chaise la plus proche. Salazar la contempla un instant avant de continuer.
— Il est encore tout petit pour l’instant, mais un jour, il aura tous ses pouvoirs.
Les pouvoirs de tuer d’un seul regard. Les jambes faibles, Helga s’assit à son tour.
— Mais… pourquoi ?
Serpentard fixa son regard froid sur Godric.
— Pourquoi ? répéta-t-il. Vous croyiez vraiment que j’allais accepter de laisser des Sang-de-Bourbe entrer dans mon école sans rien dire ?
— Nous avons tous dû faire des compromis, Salazar ! explosa Rowena. Mais est-ce que je menace de mort tous les trolls qui entrent dans mes cours, moi ?
— Accepter d’empoisonner la pureté du sang sorcier n’est pas un compromis acceptable, répondit Salazar avec un calme enrageant.
Un silence estomaqué résonna quelques instants dans la salle. Aucun des trois fondateurs toujours sains d’esprit ne savait trop quoi faire de la situation devant laquelle il se trouvait. Seul Serpentard semblait parfaitement à l’aise.
— Ne vous en faites pas trop, continua-t-il. Seul un sorcier méritant pourra trouver l’antre du basilic, et ainsi connaître mes instructions. Je doute que les trolls que nous avons actuellement, comme tu le dis si bien ma chère Rowena, n’en soient capables. Vous ne verrez probablement jamais mon basilic.
— Assez joué, Salazar ! claqua Helga, ses yeux habituellement si doux crachant des étincelles. Dis-nous où tu as caché ton immondice, qu’on puisse s’en débarrasser avant qu’il ne soit trop tard.
Serpentard haussa les épaules, se baissa et agrippa d’une main une petite valise brune, que les autres n’avaient pas remarquée.
— Ça, ma petite Helga, j’ai bien peur de ne pas pouvoir vous aider. Tu vois, j’ai reçu une offre intéressante de l’étranger, que j’ai décidé d’accepter. Cette année était ma dernière dans cet humble château.
— Alors si tu t’en vas, qu’est-ce que ça peut bien te faire qu’on accepte des élèves nés-Moldus ? demanda Rowena.
— C’est une question d’honneur. Mon nom sera à jamais associé à Poudlard ; je refuse que celle-ci devienne un havre pour les Sang-de-Bourbe.
Sur ce, le grand homme posa son chapeau sur ses cheveux noirs striés de gris et fit la révérence à ses trois collègues, qui le contemplaient toujours avec choc. Il déposa des baisers sur les mains faibles des femmes, fit un signe de tête à Godric, et tourna sur ses talons.
— Adieu, mes amis, lança-t-il en s’éloignant. Qui sait, peut-être nous reverrons-nous un jour !
Helga voyait Godric triturer sa baguette. Une partie d’elle espérait qu’il la brandisse, qu’il oblige Salazar à revenir et à défaire ce qu’il avait fait, mais son côté pacifique ne désirait pas que cette soirée se termine en violence. Alors elle regarda sans rien dire leur collègue – leur ancien collègue – se rendre aux limites de leurs protections et transplaner.
Jamais plus il ne reviendrait. Elle en était certaine, et son cœur plongea dans ses talons. Elle avait été si fière de ce qu’ils avaient construit ensemble ; un monde ouvert, calme, où l’instruction et l’apprentissage régnaient. Et voilà qu’en quelques minutes, à lui seul, Salazar avait détruit tout ça. Il avait fait exploser ce monde, placé une pomme pourrie en son cœur.
Jamais plus elle ne se sentirait en sécurité dans ce lieu qu’elle aimait tant.
Les boucles d'or by Ellie
Helga était enfermée dans son bureau depuis près de deux heures, penchée sur un dossier d’élève. Goldiva Broadmoor, dix ans, sang-mêlé. Elle allait commencer Poudlard en septembre prochain, comme tous les sorciers de son âge, sauf que Goldiva n’était pas comme tous les sorciers de son âge.
Deux ans auparavant, elle s’était fait attaquer par une meute de loups sauvages, qui lui avaient arraché une jambe avant que son père ne les fasse fuir, muni d’une fourche et d’un tison. Seuls les soins de sa mère, habile soignante, lui avaient permis de survivre. Depuis, elle se déplaçait avec difficulté sur des béquilles bringuebalantes.
La veille, Helga s’était rendue chez les Broadmoor, inquiétée par le manque de réponse à la lettre d’invitation à l’école, qu’ils auraient dû recevoir trois semaines auparavant au moins. Les trois aînés de la famille étaient déjà à l’école, tous trois répartis chez Godric; elle trouvait donc ce silence pour le moins étrange.
Aussitôt était-elle entrée dans la maison qu’elle avait vu le problème. La fillette se déplaçait avec difficulté, semblait s’épuiser à un rien. Ses parents confirmèrent les soupçons d’Helga :
— Nous savons qu’elle ne pourra pas aller à l’école, dit sa mère en lui passant une main douce dans les boucles blondes. Les garçons nous ont dit que le château est immense, plein d’escaliers, trop difficile pour elle. Mais c’est pas grave, on restera ici sur la ferme et je t’enseignerai moi-même ce que je sais, pas vrai chérie ?
Goldiva hocha la tête et sourit, mais Helga voyait la déception dans ses yeux bleus. Alors elle lui avait promis de trouver un moyen pour qu’elle puisse étudier à Poudlard elle aussi, handicap ou pas. Elle était repartie une heure plus tard, suivie par le regard débordant d’espoir de la fillette et ceux pleins de doutes de ses parents. Elle avait demandé leur aide à Godric et Rowena, mais tous deux avaient reniflé et secoué la tête.
— Tu n’aurais pas dû faire cette promesse, Helga. C’est impossible, ce que tu demandes.
Et la voilà vingt-quatre heures plus tard face à ce problème épineux, toujours sans l’ombre d’un début d’une idée de solution.
Et en plus, sa tasse de thé était vide. Elle fit sonner sa petite cloche, celle qui alertait la cuisine qu’elle demandait de l’assistance, et un elfe de maison apparut presque instantanément avec un bruit presque inaudible.
— Comment Delviny peut-il vous aider ?
— Une nouvelle tasse de thé, et deux… non, trois biscuits au citron.
— Tout de suite, madame.
L’elfe s’empara de la tasse vide et, avec un claquement de doigts, disparut à nouveau. Le visage d’Helga s’éclaira d’un grand sourire; elle venait d’avoir une ombre de début d’idée.
Dès que Delviny réapparut, les mains pleines, Helga se mit à lui poser des questions.
— Les elfes de maison peuvent-ils transplaner n’importe où dans le château, incluant à l’extérieur jusqu’à l’orée de la forêt et les rives du lac ?
— Bien sûr madame, répondit l’elfe en déposant la tasse pleine et l’assiette sur le bureau.
— Et pouvez-vous transplaner accompagnés de quelqu’un d’autre ? Un élève, par exemple ?
— Delviny ne l’a jamais fait, mais c’est possible en théorie.
Après un silence de plusieurs instants, pendant lesquels Helga était perdue dans ses pensées, l’elfe demanda s’il pouvait faire autre chose. La fondatrice sursauta et le remercia, lui disant qu’elle le recontacterait si elle pensait à autre chose. Quand Delviny disparut une dernière fois, le sourire d’Helga s’élargit.
La voilà, sa solution.
End Notes:
Je suis moi-même handicapée et le handicap à Poudlard est un concept qui m'intéresse beaucoup. C'est la première fois que j'écris quelque chose à ce sujet sur une idée que j'ai eue il y a longtemps (une équipe d'elfes de maison dont le boulot serait de faire transplaner les sorciers handicapés à l'endroit où ils doivent aller, à Poudlard et pourquoi pas ailleurs ?), mais j'ai espoir d'en faire autre chose un jour.
Et vole la plume rouge by Ellie
Trois ans après le départ de Salazar, les autres Fondateurs réalisèrent qu’ils avaient un problème. Jusqu’à maintenant, ils avaient eux-mêmes choisi quels nouveaux étudiants accueillir dans chacune de leurs maisons. En l’absence de l’un d’entre eux, cependant, ils n’avaient envoyé que quatre petits nouveaux à Serpentard, et le manque commençait à se faire sentir.
— Il faudrait un moyen subjectif de répartir les étudiants, dit Helga à ses deux collègues quelques semaines avant la rentrée. Quelque chose qui ne dépend pas de nous.
— On a juste à faire plus attention, non ? répondit Godric. Mieux répartir les enfants.
— Et quand on ne sera plus là ? rétorqua Rowena. Je ne sais pas pour toi, mais moi en tout cas je n’ai pas l’intention de passer l’éternité sous forme de fantôme à m’occuper de petits sorciers morveux.
Les deux autres durent acquiescer ; ils ne désiraient pas cela non plus.
— Un jeu de pierres de quatre couleurs dans un sac ? proposa Helga après un moment de silence. Les nouveaux piochent au hasard, et…
Mais ses collègues secouaient la tête.
— On a créé les maisons justement pour avoir des valeurs communes, dit Rowena. On ne peut pas laisser la répartition au hasard.
— Et si on faisait choisir les quatre animaux qu’on a choisis pour représenter nos maisons ?
— Godric, on ne va pas faire entrer un lion dans la Grande Salle chaque année !
Rowena faisait tournoyer sa baguette dans un bol plein de vapeur argentée, les yeux dans le vague. Elle avait expliqué la Pensine avec fierté quand elle se l’était procurée, un vaisseau dans lequel elle pouvait stocker ses pensées, ses souvenirs. Sous les yeux d’Helga, une petite Helena argentée prit forme, les bras croisés sur sa poitrine et l’air orageux. Après quelques instants, elle se fondit à nouveau dans le réceptacle et fut remplacée par une scène qu’elle reconnaissait, celle du départ de Serpentard.
Soudain, Rowena sursauta.
— La Pensine ! s’exclama-t-elle. On peut y mettre nos pensées, nos désirs, ce qu’on voudrait voir chez nos étudiants, et…
— On plonge les nouveaux dedans quand ils arrivent, comme un de ces baptêmes moldus ? demanda Godric, un sourcil haussé.
— Non, bien sûr. Il faudrait quelque chose comme…
Rowena regarda autour d’elle un instant, puis s’empara du chapeau que portait Godric. Elle arracha la plume rouge qui décorait son rebord et la jeta au sol, ignorant les protestations de l’homme – « qu’est-ce que tu fais, espèce de sauvage, c’est une plume de phénix ! » – et posa le simple chapeau de sorcier noir à côté de la Pensine, les yeux étincelants.
— À quoi penses-tu, Rowena ? demanda Helga après plusieurs moments de silence dans lesquels le regard de son amie ne faisait que passer avec excitation du chapeau à la Pensine en passant par sa baguette, sans qu’elle n’y comprenne quoi que ce soit.
— Un objet qui jugerait pour nous, répondit la brune sans lever les yeux. Je crois que je serai capable de mettre nos souvenirs, nos désirs dans un objet physique, que les élèves auront à toucher pour qu’il les répartisse. Un objet comme ce chapeau…
— Est-ce qu’on va me demander mon avis avant de me voler mon chapeau ? demanda Godric, exaspéré.
Personne ne lui répondit.
— Par contre, il faudra l’aide de Salazar, sinon ce ne sera pas équitable entre les quatre maisons, ajouta Rowena. Helga, tu pourras lui écrire ?
— Pourquoi moi ?
— Tu es la seule parmi nous trois qui sera capable d’être plaisante et polie avec lui.
Helga grommela, mais se plia à sa tâche dès le lendemain.
Et c’est ainsi que fut créé le Choixpeau magique, employé pour la première fois cet automne-là et ramenant un semblant d’équilibre entre les quatre maisons.
Clé d'argent, serrure de bronze by Ellie
Author's Notes:
La première chose à laquelle j'ai pensé avec ce prompt est un Salazar/Rowena (Serpentard, argent ; Serdaigle, bronze). Mais bon, quand même pas. Puis j'ai réalisé qu'il y avait un autre "couple" Serpentard/Serdaigle, le Baron et Helena. Voilà donc pourquoi le chapitre a moyennement rapport avec le prompt, mais voici la suite de pensées qui m'a menée à cette idée.
— Tu crois qu’il va réussir ?
Helga s’approcha de son amie et lui prit la main. Les cheveux sombres mouillés de sueur de Rowena encadraient un visage aussi blanc que l’oreiller sur lequel il était posé.
— Qui va réussir quoi, ma chérie ?
— Le Baron. À ramener Helena. Il l’aime, tu sais.
Une quinte de toux submergea la malade, et son amie lui tendit un mouchoir en tissu.
Helena Serdaigle avait maintenant disparu depuis plus de sept mois, sans avoir fait ses adieux à quiconque ni avoir laissé d’explications. Rowena s’était dite aussi surprise que ses collègues par le départ de sa fille, mais Helga soupçonnait depuis le début que son amie leur mentait, qu’elle en savait plus qu’elle disait. Les relations entre sa fille et elle, bien que n’ayant jamais été au beau fixe, s’étaient détériorées dans l’année suivant la mort du mari de Rowena, une animosité qui avait culminé avec la fuite de la jeune Serdaigle. Après avoir été furieuse plusieurs semaines, Rowena, aux prises avec sa maladie, avait commencé à s’en vouloir, à dire à qui voulait l’entendre que sa fille était la seule chose qui importait à ses yeux, qu’elle voulait la revoir et lui pardonnait tout.
Même si personne ne savait ce qu’Helena avait à se faire pardonner, au juste.
— Ça fait tellement longtemps qu’Helena ne me parle plus, dit Rowena d’une petite voix. Quand elle était petite, elle était un livre ouvert, mais en grandissant elle s’est verrouillée et je n’avais pas la clé.
Elle secoua la tête faiblement et ferma les yeux.
— Tu lui diras que je lui pardonne. Tout. Même d’avoir pris… Tout. Je lui pardonne tout, et j’espère qu’elle saura me pardonner aussi…
Helga posa son autre main sur celle, blanche et maigre, de son amie, et serra de toutes ses forces.
— Tu lui diras toi-même ! dit-elle avec force, les larmes aux yeux. Quand le Baron reviendra avec Helena, vous vous direz tout ce que vous avez à vous dire !
Mais c’était peine perdue. Rowena ne vécut que six jours de plus, malgré tous les encouragements de son amie. Elle mourut et fut enterrée en grande pompe près du lac, devant une assemblée de professeurs et d’étudiants qu’elle avait touchés, mais ni sa fille ni le Baron n’étaient revenus.
La nouvelle année commença, et toujours rien. Noël passa pour la première fois sans membre de la famille Serdaigle au château. Pendant de longues nuits d’insomnie, Helga s’imaginait le retour d’Helena, ce qu’elle dirait pour justifier sa longue absence, comment Helga allait partager avec elle les derniers désirs de sa mère. Des fois elle se voyait crier, accuser Helena d’égoïsme, et d’autres fois elle s’imaginait pleurer dans les bras l’une de l’autre.
Finalement, le couple disparu réapparut à l’entrée de Poudlard le jour de la Saint-Valentin, et Helga oublia tout ce qu’elle aurait voulu, aurait dû, dire à Helena.
Car celle-ci n’était plus vivante, pas plus que sa mère.
Helga garda les derniers mots de Rowena jusqu’à sa propre mort. Helena ne sut jamais que sa mère lui avait pardonné.
Sans peur et sans reproche by Ellie
Ce soir-là, le festin de la fin de l’année scolaire, Helga mit plus de temps à se préparer que d’habitude. Elle peigna ses boucles grises avec soin, lissait sa robe de velours jaune chaque fois qu’elle bougeait, changea de collier et de boucles d’oreilles trois fois avant de sortir de son appartement.
Ce n’était pas un jour plus spécial que les autres, pourtant ; pour les élèves de l’école et tous ses autres professeurs, il s’agissait juste d’une fin d’année parmi tant d’autres, mais pour Helga, ce serait sa dernière. Lors de la prochaine rentrée, elle serait officiellement professeure retraitée.
Salazar avait disparu il y avait maintenant seize ans. Rowena était décédée sept ans auparavant. Godric, lui, s’était éteint au mois de février, après plusieurs mois d’acharnement contre une maladie mystérieuse qui le terrassait. C’était cet événement, combiné à l’insistance de ses collègues, qui avaient poussé Helga, à l’âge vénérable de cent deux ans, vers la porte.
Vers la porte de la retraite, de la fin de l’enseignement, mais pas celle du château. Jamais celle du château. Ses collègues lui avaient dit et répété, qu’elle soit professeure de botanique ou pas, son appartement continuerait à lui appartenir jusqu’à la fin de ses jours, les elfes de Poudlard continueraient à la servir, et la salle commune de sa maison continuerait à l’accueillir à bras ouverts.
« Tu ne seras peut-être plus enseignante, mais tu resteras à jamais fondatrice de la plus grande école de sorcellerie du monde », lui avait écrit son fils, aujourd’hui botaniste renommé, dans la lettre qu’il lui avait fait parvenir la semaine précédente pour s’excuser de ne pas pouvoir être présent à la fête qui lui serait dédiée.
Quand elle fut enfin prête, elle passa une dernière fois ses mains moites sur sa jupe, puis pressa son index sur la grosse pierre violette qui ornait un de ses bracelets. Après quelques secondes, l’elfe Delviny apparut devant elle et fit une petite courbette.
— Comment Delviny peut-il vous aider aujourd’hui, maîtresse Helga ?
Helga sourit. Elle avait passé des années à essayer de convaincre l’équipe d’elfes de service qu’elle avait rassemblée pour aider les élèves handicapés – et les vieillards de plus de cent ans – de cesser d’appeler tout le monde maîtresse ou maître. Au moins elle avait réussi à les faire passer de maîtresse Poufsouffle à maîtresse Helga. C’était mieux que rien, supposait-elle.
— À la Grande Salle s’il te plaît, Delviny.
La petite créature hocha la tête, prit la main de la femme dans la sienne et claqua des doigts de son autre main, les faisant instantanément réapparaître devant les grandes portes ouvertes de la salle à manger. Helga entendait les conversations sourdes venant de l’intérieur, des rires et les cliquetis de verres et d’ustensiles.
— Delviny vous souhaite une excellente soirée, maîtresse Helga, dit l’elfe avec un sourire avant de disparaître.
Helga prit une grande inspiration et lissa une fois de plus sa robe, avant de croiser les mains devant son ventre. Elle compta jusqu’à trois, puis avança, passant entre les larges battants de la porte.
La première chose qu’elle remarqua fut les banderoles jaunes et noires accrochées partout, au plafond, aux murs. Confuse, elle tourna le regard vers la table des professeurs, elle aussi décorée des couleurs de sa maison. Le nouveau directeur de la maison Serpentard, le professeur de sortilèges, fut le premier à remarquer son arrivée. Avec un large sourire, il se leva en applaudissant. Ses collègues, tous les étudiants, et même la demi-douzaine de fantômes ayant établi résidence au château le suivirent, emplissant bientôt la Grande Salle d’un vacarme assourdissant, d’applaudissements et de cris. Quelques-uns des élèves les plus âgés de sa maison s’approchèrent pour lui tendre un énorme bouquet de fleurs. Helga baissa le nez pour renifler leur parfum, profitant des larges pétales pour cacher son visage rouge d’émoi et ses larmes de joie.
En regardant tous ces gens autour d’elle, qui célébraient et représentaient tous ses rêves, tout ce qu’elle avait créé, elle débordait de fierté. De fierté, de joie et de confiance. Elle savait maintenant qu’elle pouvait prendre une retraite paisible.
Le futur était entre de bonnes mains.
End Notes:
On dirait que je n'ai plus vraiment de lecteurs pour mes Miss (ou pour rien en fait, ma publication précédente a toujours 0 review), mais j'aime trop les écrire alors je ne compte pas arrêter. La prochaine sera Miss Ombrage, parce qu'apparemment je suis un peu masochiste...
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