A great big hill of hope by Violety
Summary:

Photo by Aadesh Choudhari on Unsplash

 

« Elle avait encore rêvé. Les détails du songe lui échappaient déjà, et elle les laissa s’envoler. Son cœur battait toujours très fort, un sentiment de détresse s’apaisait doucement. Elle avait rêvé de la guerre. Elle n’avait pas besoin de se souvenir des détails pour savoir qu’ils étaient terribles – au moins autant que la réalité. »

 

Hiver 2003. Quelques semaines dans la vie de Susan Bones, qui tente de trouver sa place dans la vie après-guerre.

 

Fic de Noël 2019 pour Selket !


Categories: Romance (Slash), Après Poudlard Characters: Alicia Spinnet, Hannah Abbot, Lavande Brown, Luna Lovegood, Susan Bones
Genres: Amitié, Femslash/Yuri
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Echange de Noël 2019
Chapters: 4 Completed: Oui Word count: 15348 Read: 3236 Published: 27/07/2020 Updated: 18/01/2021
Partie 4 by Violety
Author's Notes:

Voici le dernier chapitre de cette histoire, j'espère qu'il vous plaira ! Merci mille fois aux revieweurs et revieweuses des précédents chapitres, vos retours font chaud au coeur !

Des pensées pour Selket, pour qui j'ai écrit cette fanfiction ♥ On retrouve dans ce chapitre son auberge, ou plutôt l'auberge de Dean qu'elle a créée dans ses fanfictions :)

Pour terminer : il est question de la fin d'année, d'écriture, de traumas de guerre, de famille, d'une fête sans masque avec plein d'ami-e-s (#lemondedavant) et de beaucoup, beaucoup d'amour. Warning : nostalgiques des fêtes et allergiques au fluff, s'abstenir de lire la fin !

Encore mille fois merci à Ella C., qui a relu ce dernier chapitre avec un enthousiasme qui fait chaud au coeur, et dont les messages me donnent des ailes ! :)

 

L'univers et les personnages appartiennent à la créatrice de Harry Potter."A great big hill of hope" est une référence à la chanson de 4 Non Blondes, What's up, qui correspond plutôt bien au ton de cette histoire.

La fin d'année approchait à grand pas. Alicia se préparait à prendre ses nouvelles fonctions – le changement de poste officiel ne se ferait qu’en janvier – et commençait en même temps à ralentir ses activités de briseuse de sort. Elle avait continué en indépendante, tant que le Quidditch ne lui assurait pas un revenu suffisant et lui laissait un peu de temps. En devenant capitaine adjointe, elle obtiendrait une augmentation conséquente, et elle avait intérêt à se concentrer sur le Quidditch si elle voulait pouvoir rejoindre une équipe de première division. 

Susan, de son côté, était très prise par son travail d’écrivaine publique. Il était fréquent qu’elle reste plus longtemps que d'habitude au bureau, ou qu’elle s'y rende hors des heures prévues. Heureusement, sa cheffe était très honnête et notait scrupuleusement ses heures supplémentaires. 

 

Dès qu'elle avait du temps, elle écrivait, beaucoup. Lavande lui avait renvoyé, une semaine après leur entrevue, deux parchemins avec des notes et des suggestions. Elle avait fait les corrections demandées rapidement, et s’était ensuite penchée sur les textes à réécrire. Ce travail lui plaisait, il la sortait un peu de sa zone de confort. 

Elle avait pris ses habitudes après bientôt deux ans ans à travailler pour Mon premier grimoire, et les récits qu’elle inventait pour Le Chicaneur lui venaient plutôt facilement, inspirés par ses observations des gens autour d’elle ou par les reportages du magazine. Mais son travail pour Sorcière Hebdo était différent de ses fictions. Gloria et Lavande lui faisaient travailler précisément la forme, et Susan sentait bien que les longues phrases de description dont elle était coutumière n’avaient pas leur place ici. Elle s’habituait peu à peu à faire des phrases plus brèves, à aller droit au but – elle aimait beaucoup ça. Surtout, les thèmes sur lesquels elle travaillait l’obligeaient à se concentrer sur ses émotions, ses souvenirs, à plonger au plus profond d’elle-même. Tout ceci la laissait parfois épuisée. 

 

Elle parlait beaucoup avec Lavande. Des textes en eux-même, bien sûr, mais aussi de tout ce qu’il y avait autour. Lavande s’était confiée sur la grande dépression dans laquelle elle avait plongé après la Bataille de Poudlard. A son réveil, plusieurs semaines après les blessures infligées par Greyback, elle avait appris la mort de ses parents, tués dans un attentat effectué par des Mangemorts en fuite. 

« J’étais au fond du trou, Susan, je n’aurais jamais imaginé que je pourrais sombrer à ce point. Il m’a fallu des années pour en sortir. 

- Et… Tu vas mieux, aujourd’hui ?

- Oui. Honnêtement, je n’en suis pas encore complètement remise, je pense que je ne le serai jamais vraiment… Mais je vais mieux. Seamus et Parvati, Dean aussi un peu, m’ont beaucoup aidé. Le travail m’a donné un but. Mais je ne serais rien sans ma psychomage. Elle a été formidable, elle m’a permis de mettre des mots précis sur ce que je ressentais, et d’avancer au-delà. Grâce à elle, j’ai pu puiser en moi-même une force que je ne soupçonnais pas.

- J’ai vu un psychomage, après la guerre… lui avait raconté Susan. On en a tous vus, je crois, dans les semaines qui ont suivi la bataille. Mais honnêtement, je crois que c’était surtout dans l’urgence. On sentait qu’ils voulaient nous aider, mais le ministère n’avait prévu que deux ou trois séances par personne, et il y avait tellement de choses à faire… J’ai obtenu une potion de sommeil sans rêves, et puis j’ai juste oublié d’aller le voir.

- Cela ne m’étonne pas… Beaucoup de gens s’imaginent que le but d’une consultation avec un psychomage est de recevoir les bonnes potions – ce n’est pas un jugement, c’est ce qu’on nous apprend. Mais les potions doivent s’accompagner d’une vraie thérapie, sinon ça ne sert à rien. Pire, ça peut créer des dépendances qui seront encore plus dures à résoudre. Mais dans l'urgence dans laquelle nous étions, avec tant de gens à soigner, tant de choses à reconstruire… Les soins mentaux sont passés au second plan.

- Tu penses qu’il est trop tard ?

- Non, je ne pense pas. Je pense qu’il n’est jamais trop tard. Déjà, la solidarité que je vois entre nous, notre promotion, les gens de l’AD, les résistants et résistantes… C’est génial, et ça apporte beaucoup. Mais notre société dans son ensemble a besoin d’avoir une réflexion sur la santé mentale. On a traversé trois guerres civiles en soixante ans, putain ! »

 

Après l’une de ces discussions avec Lavande, Susan avait entrepris des démarches pour trouver un ou une psychomage. Alicia l’y avait encouragée – elle-même était suivie par un médecin du club qui l’avait beaucoup aidée. Susan avait d’abord consulté le médicomage de la famille Bones, Stanislas Oborinov. C’était un sorcier un peu vieux jeu, gentil au demeurant, mais qui avait cru que sa patiente avait besoin de nouvelles potions.

Sur les conseils de Parvati Patil, qui était passée par là, Susan s’était rendue à Sainte-Mangouste. Un nouveau service, ouvert à tous, venait d'être créé. La plupart des médicomages, psychomages et infirmières qui y travaillaient étaient jeunes, certains avaient connu la guerre, d’autres avaient été recrutés hors d’Angleterre. Après des rendez-vous préliminaires, Susan fut orientée vers la section qui s’occupait spécifiquement des traumatismes de guerre. Elle avait rendez-vous en janvier avec la Dr Kumar, une sorcière d’origine indienne qui avait étudié au Japon et au Canada. 

* * *

Les fêtes n'étaient plus très loin. Le Chemin de Traverse s’était déjà paré de décorations de Noël toutes plus kitsch les unes que les autres. Le mardi précédent, Alicia avait pris une journée de congé et était venue chercher Susan après le travail ; les deux sorcières avaient entamé leurs achats de cadeaux. Susan avait trouvé des présents pour ses parents – deux places pour un spectacle de théâtre au Merlin Palladium – et s’était ensuite concentrée sur ce qu'elle allait offrir à ses amis proches. Les deux femmes participaient également à un échange de cadeaux organisé par Neville et Seamus ; chacune s’était vue attribuer l’un de leurs amis, et les présents seraient offerts lors d’une fête qui avait lieu à l’auberge de Dean Thomas pour le 31 décembre. Susan, par hasard, devait faire un cadeau à Lavande. Elle prévoyait de lui offrir un roman et un récit de voyage, écrits par une autrice qu’elle appréciait beaucoup. 

 

Le dernier vendredi avant Noël, à treize heures pétantes, Susan posa sa plume et rangea son bureau d’un coup de baguette. Elle était en vacances, enfin. Elle ne travaillait pas pendant les deux semaines suivantes, et Alicia non plus. Elle avait prévu d’écrire, de visiter sa famille, de sortir avec ses amis, et de se goinfrer de bonnes choses. 

Elle annonça à ses collègues qu’elle s’en allait, et agrafa sa cape. Sa cheffe sortit alors du bureau : « Ah Susan, très bien, je venais te dire que tu pouvais y aller ! Toi aussi, Douglas. Profitez de votre après-midi et des vacances à venir, on ferme le bureau jusqu’au 2 janvier !

- Super, merci Elvira ! », s’exclama Douglas, se dépêchant de ranger ses affaires à son tour. Dans son empressement, il fit tomber son pot d’encre, faisant rire leur collègue Margaret et la sorcière qu'elle était en train d'aider. Susan s'esclaffa à son tour.

« Bon, joyeux Noël tout le monde ! A dans deux semaines ! » Et elle s’en alla sous les « salut Susan ! » de ses collègues. 

 

Susan passa le week-end à terminer ses achats de Noël, et à cuisiner. Elle prépara trois fournées de biscuits, une pour chacun des repas où elle était conviée. Elle passait le réveillon chez ses parents, avec Alicia. Sa grand-mère maternelle serait également présente, ainsi que la sœur de sa mère et ses deux enfants, âgés de sept et dix ans. Le lendemain, Alicia et Susan étaient invitées chez la famille Spinnet, où une bonne partie des cousins et cousines d’Alicia seraient présents avec leur famille. C’était le premier Noël que les deux filles passaient complètement ensemble. 

Susan appréhendait un peu le repas chez ses parents. Certes, sa famille appréciait Alicia, et même sa grand-mère, après s’être fait à l’idée que sa petite-fille n’aimait pas les hommes, s’était détendue en sa présence. Mais son père s’était beaucoup renfermé après la mort de sa petite sœur, Amelia, pendant la guerre, et les fêtes ne manquaient pas de rappeler à Oscar que, Susan mise à part, il était le dernier des Bones. Heureusement, Susan aimait beaucoup sa tante Emily et ses cousins, et elle espérait que la présence de deux enfants apporterait un peu de gaieté au dîner. 

 

Elle ne savait pas trop à quoi s’attendre concernant le déjeuner avec la famille d’Alicia, mais elle s’entendait très bien avec sa mère, et avec les cousines de son amoureuse qu’elle avait déjà rencontrées ; elle espérait que tout le reste de la famille l’apprécierait. 

 

Une fois les réunions familiales passées, Susan se rendrait chez Justin pour sa partie préférée des fêtes : le Noël entre amis. C’était devenu une tradition de leur petite bande de Poufsouffle, depuis la quatrième année à Poudlard. Susan, Hannah, Megan, Ernie, et Justin se retrouvaient chaque année, soit le 25 au soir, soit dans les jours qui suivaient, pour fêter Noël à leur manière. Au fil du temps, d’autres personnes étaient venues rejoindre le groupe : Parvati y avait assisté deux fois depuis qu’elle vivait avec Hannah, et le copain de Justin, Thomas, venait depuis maintenant trois ans. Ernie avait plusieurs fois invité son cousin, Herbert, et Leïla accompagnait Megan une fois sur deux. Cette année, deux nouvelles personnes y participaient : Alicia, bien sûr, et Neville Londubat, amené par Hannah. Enfin, Ernie leur avait annoncé deux semaines plus tôt qu’il avait récemment repris contact avec Wayne Hopkins, un Poufsouffle de leur année. Les cinq amis n’avaient pas gardé de lien durable avec lui, mais Susan le croisait parfois à de grandes fêtes de famille ; il était un cousin au troisième degré, du côté des Bones. Ernie lui avait proposé de passer prendre un verre dans la soirée, après ses propres obligations.  

 

Ce premier Noël ensemble pour Susan et Alicia fut réussi. Le dîner chez les Bones était excellent, les deux enfants régalèrent la tablée d'histoires drôles, et Susan et Alicia racontèrent avec plaisir leurs nouveaux emplois respectifs. Le lendemain fut très joyeux, et Susan s’entendit très bien avec deux des cousins d’Alicia, Katia et Lawrence, qui suivaient ses histoires dans Le Chicaneur

Quant à la soirée du 25, elle fut aussi enthousiasmante que Susan l’avait imaginée. Hannah, Neville, Megan - sans Leïla -, Justin, Thomas, Ernie et Herbert étaient présents. Wayne les rejoignit bel et bien en fin de soirée, accompagné de sa sœur, Delilah, de trois ans plus jeune que lui. Celle-ci plut beaucoup aux deux cousins MacMillan. Susan et Hannah ne manquèrent pas d’observer en riant la manière dont leurs deux amis rivalisaient dans leurs attentions envers la nouvelle invitée. Mais Alicia fit plus tard remarquer à Susan que Delilah avait semblé fascinée par Megan.

 

Pour continuer les vacances, Susan et Alicia allèrent passer quelques jours chez la grand-mère de cette dernière, qui vivait dans un petit cottage dans la région des lacs. Mrs Spinnett était une vieille dame énergique, qui ne s’était jamais vraiment départie de son accent de Louisiane. Veuve très jeune, elle avait rejoint son fils aîné en Angleterre peu avant la naissance d’Alicia. Elle avait deux filles cadettes, qui vivaient en France pour l’une, et au Canada pour la plus jeune. 

Chez Donna Spinnet, Alicia et Susan passèrent le plus clair de leur temps à dormir, préparer des gâteaux en compagnie de leur hôte, et faire de longues balades dans la campagne. Tous les jours, Alicia s’entraînait pendant près de deux heures. Susan l’aidait parfois, en lui lançant des balles ou en se postant là où sa copine le lui demandait. Le plus souvent elle restait lire ou papoter avec Donna. Celle-ci la questionnait sur sa famille, ses amis, et sa vie avant et après Poudlard. Susan répondait de bon coeur. Elle se débrouillait toutefois pour éviter les réponses touchant de trop près à la guerre. 

 

Toute bonne chose a une fin, et celle des vacances à la campagne arriva. Les deux jeunes femmes rentrèrent à Londres après avoir promis à Donna de revenir bientôt.

* * *

On était le dernier jour de l’année 2003. Il était tôt, et Susan et se leva en prenant soin de ne pas réveiller Alicia, entortillée dans la couette dans une position dont elle seule avait le secret. 

La jeune femme se rendit dans la cuisine, prépara une cafetière, un bol de céréales, et se posta à la fenêtre en attendant que son café finisse de chauffer. Il faisait beau, dehors, une de ces journées d’hiver où l’air est froid et la vue du ciel bleu réchauffe davantage que les rayons du soleil. « C’est une belle journée pour terminer l’année », pensa Susan, avant de rire légèrement. Parfois, elle pensait comme une héroïne de roman. 

 

Dehors, la ronde des livraisons matinales avait déjà commencé, et elle vit la vieille dame aux longs cheveux qui habitait l’immeuble d’à côté marcher à petits pas, son cadis devant elle – elle revenait sans doute du marché. Sur le trottoir d’en face, un homme d’une quarantaine d’années et une petite fille sautillante, qu’elle croisait souvent dans le square voisin, marchaient dans la direction opposée. Un taxi klaxonna quand un camion tourna le coin de la rue un peu trop vite. La vieille dame sursauta, et la fillette se tourna vers l’homme qui l’accompagnait – son père, sans doute – avec de grands gestes. 

Susan sourit. Elle aimait regarder l’agitation de la rue depuis son perchoir du sixième étage. Elle appréciait particulièrement les matins de fin d’année comme celui-ci. C’était une journée normale, dont l’activité contrastait avec le calme des rues le lendemain, le premier jour de l’année. L’air vibrait d’une certaine excitation ; peut-être était-ce juste celle de Susan, à l’idée de faire la fête avec ses amis, de commencer une nouvelle année, qu’elle projetait autour d'elle. Mais peut-être était-ce quelque chose de plus, comme si le monde avait conscience que l’année se terminait, qu’une autre allait recommencer, mais qu’il fallait profiter de ces dernières heures. 

 

Alors Susan profita. Elle récupéra sans bruit l’un des textes sur lesquels elle travaillait, qu’elle avait laissé sur son bureau dans la chambre. Ce n’était pas une commande de journal, mais une ébauche de roman. Elle avait commencé à travailler dessus chez Donna Spinnet, inspirée par ses lectures et ses longues balades dans la campagne. Elle ne savait pas encore tout à fait ce qu’elle voulait raconter. Elle avait des images, des idées en tête. Elle voulait les mettre sur parchemin le plus vite possible. 

Elle s’assit à la table de la cuisine, son café et ses céréales à côté d’elle, et commença à écrire. Elle travailla ainsi pendant près d’une heure et demie, s’arrêtant parfois pour reprendre du café ou un jus de citrouille, ou simplement pour observer la rue. Elle posa sa plume quand elle sentit une douleur dans sa main. Il était 9 heures passées, et elle n’entendait aucun bruit de la chambre. Alicia dormait toujours ? 

Elle alla vérifier. Sa compagne avait profité de son absence pour s’enrouler complètement dans la couette, et elle était désormais allongée à l’horizontal, en travers du lit. Susan sourit. Elle ne tarderait pas à se réveiller, probablement une fois qu’elle serait tout à fait retournée. 

 

La sorcière s’habilla rapidement, sans bruit, attrapa un sac et son porte-monnaie moldu, et descendit ses six étages rapidement. Sortant de l’immeuble, elle se dirigea vers la petite pâtisserie qui se trouvait trois rues plus loin. Elle y acheta deux muffins, et une énorme part de carrot cake – le préféré d’Alicia. Elle passa ensuite chez l’épicier, acheta des œufs, et remonta à l’appartement. Avant qu’elles ne partent, Donna leur avait offert un énorme panier de légumes de son jardin, et trois bouteilles d’un jus de citrouille que fabriquait son voisin, un agriculteur qui, Alicia en était persuadée, en pinçait pour sa grand-mère. 

 

Alicia se réveilla un peu avant dix heures, sans doute attirée par l’odeur des œufs et des muffins grillés qui se dégageait de la cuisine. Elle débarqua dans la cuisine, se frottant les yeux, les pas encore engourdis par le sommeil. Un grand sourire vint illuminer son visage quand son regard se posa sur la table pleine d’une énorme petit déjeuner, préparé par Susan. 

« Tu es ma personne préférée, Susie », déclara Alicia avec emphase en s’asseyant à table. La cuisinière rougit. Elle allait écarter la remarque d’une boutade, mais en décida autrement. « Toi aussi, tu es ma personne préférée, Ali », répondit-elle en gratifiant sa compagne d’un regard intense. Celle-ci sursauta, parut se rendre compte de ce qu’elles venaient d'énoncer, et détourna le regard de ses œufs pour croiser celui de Susan. 

Le moment ne dura que quelques instants, mais Susan sentit son coeur battre à tout rompre – Alicia comprenait-elle ce qu’elle voulait dire ? Ressentait-elle la même chose ? Celle-ci se leva, doucement, fit le tour de la table, s’agenouilla à côté de Susan, attrapa son visage entre deux mains douces, et l’embrassa avec une telle tendresse, un tel amour, que la jeune femme crut que son coeur allait exploser. Alicia mit fin au baiser rapidement, retourna s’asseoir, et si elle ne sentait pas encore son baiser sur ses lèvres, Susan aurait pu croire qu’elle avait imaginé cet instant. Un silence légèrement gêné, mais très amoureux, présida au début de leur festin. 

L’année se terminait bien, en effet. 

 

Elle se termina encore mieux avec la douche commune qui suivit, puis avec les quelques heures que les deux femmes passèrent ensemble dans le lit, puis sur le canapé, puis dans le lit à nouveau. Elles finirent par se séparer, et se mettre « au travail », c’est à dire aux fourneaux. Elles s’étaient engagées à préparer des feuilletés à la citrouille pour l’une, un gâteau au chocolat pour l’autre, et il était plus que temps de commencer. D’autant qu’il leur fallait encore se préparer, puis transplaner dans le Yorkshire sans lâcher leurs plats. 

 

** * *

Il était 21 h 30 quand Alicia et Susan sonnèrent à la porte de l’auberge de Dean.

Le maître des lieux leur ouvrit la porte, un grand sourire aux lèvres : 

« Salut les filles ! Bienvenue, bienvenue, entrez ! Faites comme chez vous... »

Les deux jeunes femmes remercièrent leur hôte, qui attrapa gentiment leurs capes et leurs sacs. Susan prit quelques plats des mains d’Alicia, et toutes deux s’avancèrent dans l’auberge.

 

La fête battait déjà son plein. La salle principale de l’auberge avait été transformée en salle des fêtes, une piste de danse au milieu. Le bar débordait de bouteilles de toutes formes et couleurs, et quelques plats avaient déjà été entamés. Elles se dirigèrent d’abord par là, pour y déposer leur contribution et se retournèrent pour observer la pièce. 

Il y avait là une quarantaine de personnes, en grande majorité des anciens et anciennes de l’Armée de Dumbledore, et pour le reste des camarades de Poudlard des trois hôtes – une majorité de Gryffondor, donc. Il y avait aussi quelques visages que Susan ne reconnaissait pas, sans doute des personnes qui accompagnaient quelqu’un. 

Des sorciers discutaient près du bar – Susan aperçut Lee Jordan qui leur fit un signe de la main -, d’autres étaient postés près des fenêtres – elle vit Leila et Terry Boot qui se partageaient une pipe dégageant une fumée multicolore. Un petit groupe, mais pas les moins énergiques, se déhanchait déjà sur la piste. Elle identifia Ginny, Parvati et Hannah au milieu. Enfin, les garçons avaient descendus les deux sofas de leur salon, pour reformer un petit espace plus calme de l’autre côté de la pièce, près du mur coloré que Susan aimait tant regarder quand elle venait. La pièce lui paraissait différente – ils avaient dû l’agrandir pour l’occasion. 

 

Elle prit une grande inspiration, et souffla : « Il y a du monde... » Alicia lui serra la main, en signe de réconfort – Susan n’avait même pas remarqué qu’elle l’avait attrapée. Sa compagne le savait bien : Susan avait beau être une personne avenante, qui aimait passer du temps avec ses amis et adorait faire la fête, il lui fallait toujours un petit temps d’adaptation. Les situations sociales en larges groupes la rendaient un peu anxieuse, et elle sentait d’ailleurs que son rythme cardiaque s’accélérait. Elle serra en retour la main d’Alicia, et celle-ci comprit.

« Tout va bien se passer, mon amour. Ce sont tes amis, les gens que tu connais et que tu aimes, et on est là pour passer un bon moment. 

- Oui…

- On va commencer par se servir deux verres de… Hmm… Tiens, il y a de l’hydromel ouvert, je parierais même que c’est celui de Madame Rosmerta, ça te dit ?

- Oui, très bien, merci !

- On va prendre ces verres, continua Alicia en servant deux généreuses portions, et on va commencer par aller se poser un peu sur les canapés. Tiens, regarde, il y a Ernie ! »

En effet, alors que les deux femmes s’éloignaient de la piste de danse, et que Susan sentait son souffle reprendre un rythme normal, elle vit Ernie qui lui faisait de grands signes. Il était assis sur les canapés, visiblement en pleine discussion avec son cousin Herbert, Luna – Susan se détendit en peu plus en la voyant – et Harry Potter. Celui-ci leur adressa un sourire, et se leva pour étreindre Alicia. 

« Alicia ! Ça fait longtemps ! Ginny m’a dit que tu avais eu une promotion, félicitations ! Et salut Susan ! », ajouta-t-il avec un sourire chaleureux, auquel Susan répondit avant de s’asseoir entre Luna et Ernie.

« Ha, ha, les nouvelles vont vite, mais oui, en effet ! Merci beaucoup ! », répondit Alicia, en s’asseyant à son tour entre Harry et Herbert. Ce dernier embraya aussitôt en lui posant des questions sur son club, et bientôt une discussion animée sur la saison de Quidditch occupa le petit groupe. Susan prit quelques gorgées d’hydromel, se renfonça un peu dans le canapé, et se laissa porter par la conversation. Elle n’intervenait qu’occasionnellement, pour rire à une question de Luna ou renchérir sur une remarque d’Alicia, mais cela lui convenait. Elle sentait qu’elle se détendait peu à peu, entourée de gens qu’elle appréciait. 

 

Elle resta un moment sur le canapé, participant parfois à la discussion, saluant ses amis qui passaient ou s’amusant à observer les gens autour d’elle. A côté, Harry tentait d’expliquer à Ernie et Herbert ce qu’étaient une télévision et un jeu vidéo, avec les commentaires décalés de Luna. Alicia les avait quittés pour la piste de danse, après s’être assurée que Susan se sentait bien. Elle fut bientôt remplacée par Justin, qui vint en aide à Harry dans ses explications – il avait l’habitude des multiples questions d’Ernie. Celui-ci parut finalement accepter que la télévision était « comme un cinéma, mais ça tient dans ton salon et il y a plusieurs choix de programmes à regarder ». Susan se leva finalement pour se resservir un verre alors qu’Ernie demandait : « Un programme ? Quoi, comme un agenda ? »

 

Elle arriva près du bar en même temps que Megan, qui paraissait très joyeuse. 

« Susie ! Ma petite Susie ! s’exclama son amie en la serrant dans ses bras avec vigueur. Je suis tellement contente de te voir, ça fait longteeemps ! 

- Oui, ça fait une semaine, Megan, répondit Susan en riant.

- Oui mais c’est LONG une semaine, tu te rends compte ? Alors imagine quand je pars trois mois ! Vous me manquez tellement quand je suis là-bas…

- Mais tu aimes aller en France, et voyager sur le continent… Tu ne pourrais pas rester ici constamment ?

- C’est vrai… C’est vrai, tu as raison »,  répondit Megan, les yeux légèrement dans le vague. Elle se concentra et focalisa de nouveau son attention sur son amie. « Tu as raison, car tu es très in-tel-li-gen-te, Susie Susannah Suuue… C’est le génie lesbien, ça ! » Susan éclata de rire. 

 

Se sentant encore plus détendue, Susan se servit un verre de whisky-pur-feu, l’avala rapidement sous le rire enthousiaste de Megan, et se laissa entraîner par son amie sur la piste de danse. Justin et Hannah s'y livraient à un numéro de « danse » que leurs parents auraient sûrement désapprouvé. Alicia se trouvait là également, et l’attrapa par la taille pour l’emmener dans une étreinte endiablée. Les heures qui suivirent passèrent en un clin d’oeil. Susan adorait danser, même s’il lui fallait toujours un peu de temps pour s’y mettre. Elle aimait d’autant plus danser en compagnie de ses amis, dans un cadre aussi familier et chaleureux. Dans ces moments-là, tout lui paraissait possible.

 

Elle s’arrêtait parfois de danser pour observer ces gens qu’elle aimait tellement tournoyer autour d’elle. On aurait presque pu croire que toutes et tous étaient des jeunes de vingt-trois ans comme les autres, qui n’avaient pas connu une guerre déchirante et des pertes traumatisantes. Elle savait que les sourires de Justin et Hannah cachaient des blessures profondes, que les tatouages de Lavande recouvraient d'épaisses cicatrices, que Parvati avait habilement recouvert les cernes qu’elle arborait souvent… Mais elle regardait autour d’elle, et elle ne voyait que les sourires et les pas de danse, et elle n’entendait que les éclats de rire et les conversations affectueuses, et elle ne sentait que les mains d’Alicia sur sa taille, et ses propres pieds tournoyant sur le sol. 

Une nouvelle année allait commencer, et chaque petit bout de temps qui passait les éloignait un peu plus de la guerre, les emmenait vers un futur qu’elle voulait croire radieux, paisible. Elle n’était pas naïve – il y aurait d’autres problèmes, d’autres obstacles à surmonter, d’autres étapes à passer. Mais elle se sentait prête, prête à affronter ce que la vie lui présenterait, tant qu’elle avait ces gens à ses côtés, et cette joie dans sa vie. 

 

Minuit approchait et tous les invités rejoignirent celles et ceux qui dansaient, prêts à faire le décompte des dernières secondes de l'année. Susan se retourna dans les bras d’Alicia, posa ses mains sur les joues brunes de sa compagne et plongea son regard dans le sien. Elle y lut tout l’amour, toute la joie et tout l’espoir qu’elle sentait en elle. 

« Je t’aime. Je t’aime très, très, très fort, Alicia Spinnet, déclara-t-elle d’un ton solennel, posant son front contre celui de son amoureuse. 

- Moi aussi, je t’aime très, très, très fort, Susan Bones, répondit immédiatement Alicia, resserrant son étreinte autour de sa taille.

- J’ai envie de passer le reste de ma vie avec toi, à danser et à t’écouter chanter faux et à faire l’amour et à lire à côté de toi sur le canapé », continua Susan. Elle savait ceci depuis plusieurs semaines, depuis des mois si elle était tout à fait honnête avec elle-même. « J’ai besoin que tu le saches. Ce n’est pas une demande en mariage, ce n’est pas une attente, c’est juste une déclaration. Je veux que tu saches que je veux vivre avec toi toujours, et j’ai hâte qu’on soit de vieilles sorcières retraitées qui passent leur temps à espionner les voisins. J’ai hâte d’espionner les voisins avec toi. »

Face à elle, Alicia souriait, rayonnante, les yeux humides. Autour des deux femmes, leurs amis avaient entamé le décompte. « 9… 8…. 7…. » 

« J’ai hâte d’espionner les voisins avec toi aussi, Susie. Quand on sera vieilles et que tu devras m’empêcher de monter sur un balai », ajouta-t-elle, provoquant un petit rire chez Susan.

Minuit sonna. « Bonne année ! », s’exclamèrent les sorcières et sorciers qui les entouraient. 

« Bonne année, Spinnet, murmura Susan, alors que des larmes coulaient le long de ses joues.

- A nos belles vies à venir, répondit Alicia sur le même ton. J’ai hâte de les vivre avec toi », déclara-t-elle avant de poser ses lèvres contre les siennes.

Leur baiser fut de courte durée, interrompu par Hannah et Ernie qui voulaient étreindre Susan, et Lee Jordan qui avait entraîné l’ancienne équipe de Gryffondor dans un câlin collectif. L’enthousiasme général était contagieux, et Susan se trouva bientôt emportée dans le flot de la fête, qui durerait jusqu’au petit matin. Mais ce n’était pas grave. Elle avait tout le reste de sa vie pour embrasser Alicia. 

 

 

Fin

End Notes:

Encore une fois il y a pas mal de choses et de personnages que j'ai envie d'explorer plus, peut-être dans de futures histoires. Merci d'avoir suivi celle-ci en tout cas, j'espère qu'elle vous a plus et a apporté autant de de douceur dans vos vies que dans la mienne ♥

J'espère revenir bientôt avec Susan et Alicia ! (peut-être pour raconter leur rencontre...) Si vous ne l'avez pas lu, vous pouvez les retrouver dans mon PWP That's just the way you make me feel.

Sinon, j'ai d'autres fics en cours. Il y a un récit de voyage et de découverte avec Parvati Patil, Racines, et deux autres cadeaux de Noël : une histoire qui suit Hermione à Poudlard (avec des caméos de Susan) et parle de solitude, d'envie d'appartenir à un groupe, et de sororité, With a little help (from my friends), écrite pour Spiritos ; et une romance un peu angsty sur fond de Pokémon GO avec Rose et Scorpius, pour Layi, Attrapez-les tous !

Si vous avez la flemme de lire, mais le temps de laisser une petite review pour me dire ce que vous avez pensé de ce dernier chapitre, ou quels éléments/personnages vous aimeriez que je creuse, n'hésitez pas ! Et encore merci d'avoir lu :)

Cette histoire est archivée sur http://www.hpfanfiction.org/fr/viewstory.php?sid=37611