Summary:
Et si Lucius Malefoy avait eu en réalité de bonnes raisons, du moins de son point de vue, d'ouvrir la Chambre des Secrets?
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Categories: Epoque de Harry,
Lucius Malfoy Characters: Albus Dumbledore, Drago Malefoy, Famille Malefoy, Harry Potter, Lucius Malefoy
Genres: Famille, Missing Moments
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Les Enfants perdus, La Guerre des Sorciers, L'illustre et noble famille Malefoy
Chapters: 13
Completed: Oui
Word count: 23236
Read: 3963
Published: 14/11/2020
Updated: 08/02/2021
Story Notes:
Un petit missing moment sur ce qui a pu pousser Lucius Malefoy à agir cette année-là et sur la manière dont il a vécu les événements. Après tout, c'est bien lui le grand méchant de ce tome!
1. Une nomination fantaisiste by bellatrix92
2. Deux leurres pour un by bellatrix92
3. Entre impatience et appréhension by bellatrix92
4. Une occasion en or by bellatrix92
5. Le trouble d'Ignacius. by bellatrix92
6. Au delà de toute espérance by bellatrix92
7. Ignacius s'offusque by bellatrix92
8. Tension palpable by bellatrix92
9. Severus fait preuve de réserve by bellatrix92
10. L'entremise d'Ignacius by bellatrix92
11. Perte de contrôle by bellatrix92
12. Démasqué: by bellatrix92
13. La renaissance by bellatrix92
Une nomination fantaisiste by bellatrix92
Lucius n’aurait jamais cru en venir à cette extrémité, surtout alors qu’il avait encore son propre fils à l’école. Mais comme ils étaient justement en train de le dire avec son père Abraxas, la situation prenait un tour si extrême qu’ils ne pouvaient plus faire autrement que d’agir :
- Je n’arrive pas à croire que Dumbledore soit assez fou pour nommer ce rigolo ! Il est si incompétent que c’est à peine si j’accepte de croire qu’il puisse s’agir d’un sorcier !
- La chose peut en effet être mise en doute, mon cher fils, répondit sombrement Abraxas.
- Quand je pense que j’ai cédé à Narcissa alors que je comptais envoyer Drago à Durmstrang. Maudit soit mon cœur trop tendre ! A présent certains enfants de moldus réussissent même mieux que lui.
- Il est clair, répondit sombrement Abaxas. Que nous aurions gagné à confier son éducation à Igor. Car il n’est pas parti pour faire un puissant sorcier au rythme où vont les choses…
Lucius ignora ce qu’il savait parfaitement être une pique, venant de son père. Il se contenta de poursuivre après avoir avalé une gorgée de Whisky :
- Quoi qu’il en soit, cette nomination fantaisiste est un fait suffisamment grave pour nous obliger à réagir. Il faut absolument que le Conseil d’administration mette un terme à cette gestion désastreuse de l’école Poudlard.
- Malheureusement, ils n’en feront rien.
Lucius sursauta et se tourna vers son frère, lequel les avait écouté jusque là sans rien dire mais qui semblait à présent avoir envie d’intervenir dans la discussion. Il esquissa un sourire car il connaissait Ignacius.
- Mon petit frère si avisé, dit-il d’une voix presque tendre en faisant tourner son verre entre ses doigts. Aurais-tu ta propre idée de la situation par hasard ?
Ignacius hocha la tête avec gravité et répondit :
- Nous ne devons pas, je pense, considérer que la nomination de Gilderoy Lockhart par Albus Dumbledore relève simplement d’un caprice ou d’un choix par défaut. Quoi que nous pensions de lui par ailleurs, le directeur de Poudlard est un sorcier puissant, intelligent et redoutable vis-à-vis de ses ennemis. Il a forcément agi pour une raison précise et je crois savoir laquelle.
- La question n’est pas de connaître ses raisons, répliqua sèchement Abraxas.
- J’aimerais tout de même connaître l’hypothèse de mon frère, Père, répondit plus doucement Lucius qui était en effet curieux de savoir quelle analyse Ignacius ferait de la chose.
Disant cela, il dardait sur son cadet un regard insistant qu’Ignacius affronta quelques secondes avant d’expliquer :
- Figurez-vous qu’Hortense s’est intéressée à cet homme dont le succès fulgurant ces derniers mois l’a beaucoup intriguée. Pour expliquer cela de manière brève, elle a décidé de lire ses livres. Et c’est là qu’elle a remarqué une chose très curieuse : la crédibilité des propos de cet homme est variable selon les ouvrages écrits.
- C’est le moins qu’on puisse dire, répliqua Abraxas. Cet homme est totalement incompétent, même ton épouse pouvait s’en rendre compte !
Lucius étouffa une exclamation horrifiée, si la conversation partait ainsi, il y avait fort à parier qu’Ignacius n’allait pas rester longtemps dans cette salle, lui qui détestait que l’on parle mal de son épouse bien-aimée, ce que leur paternel ne se privait pourtant pas de faire régulièrement, provoquant des colères énormes chez son plus jeune fils.
- Vous ne m’avez pas bien compris, Père, répondit pourtant Ignacius avec le plus grand calme.
Comme Abraxas lui lançait un regard d’avertissement, il s’empressa de poursuive avant de recevoir une autre semonce :
- Ce que je veux dire en réalité, c’est qu’Hortense a immédiatement identifié l’ouvrage de Lockhart sur la magie domestique comme un tissus d’âneries, un véritable ramassis de formules inefficaces. En fait c’est de là que tout est parti. La lecture de ce livre l’a tellement faite rire qu’elle a acheté « Vadrouille avec les goules » dans la foulée en espérant que cela la divertirait.
- Bien une occupation de femmes ça... marmonna son père.
Ignacius l’ignora et poursuivit son récit sous le regard acéré de Lucius :
- Cependant, ce second livre l’a troublée car le récit et les conseils donnés semblaient on ne peut plus pertinents. Après quelques recherches, elle en a déduit que Lockhart s’était très probablement inspiré des travaux de Norbert Dragonneau, voire l’avait interrogé avant de rédiger son ouvrage. Toujours est-il que, sa curiosité étant piquée, elle a acheté plusieurs autres livres de cet auteur et les a soigneusement lus dans l’optique de comprendre exactement quelles étaient ses sources d’inspiration, elle m’en a parlé dans le même temps. La vérité c’est qu’elle était scandalisée qu’un sorcier se vante d’exploits qu’il n’avait pas réalisés, et qu’elle espérait bien le confondre.
- Et comment comptait-elle s’y prendre ? Demanda Abraxas Malefoy sur un ton ironique.
- Comme elle connaît bien Filia Fudge, elle s’en est ouverte à elle et toutes les deux ont poursuivi cet objectif… C’est comme cela je pense que ce cher Cornelius a eu vent de la chose.
Leur père eut une nouvelle exclamation dédaigneuse :
- Je me demande bien pourquoi cet imbécile n’a pas encore fait enfermer Lockhart pour escroquerie dans ce cas ! Tempêta Abraxas. Si comprendre que ce personnage est un menteur est à la portée de n’importe quelle bonne femme…
Lucius grimaçait à présent, il reconnaissait bien là les habitudes désastreuses de son père :
- Fudge sait parfaitement, répondit Ignacius sans se démonter. Il ne doute pas un seul instant que Lockhart soir un charlatan, doublé d’un escroc et d’un homme dangereux d’ailleurs. Seulement les choses sont allées si vite qu’il craint un scandale s’il attaque de front. Il se sent totalement coincé.
- Cet homme n’a rien à faire comme ministre, c’est tout ! Répondit Abraxas qui devenait de plus en plus rouge. Si un vendeur d’ouvrages à succès lui fait peur c’est que sa place n’est pas à ce poste.
- Ceci n’est un secret pour personne, renchérit sombrement Lucius.
- Toujours est-il, répliqua Ignacius. Que tout cela explique selon moi les plans d’Albus Dumbledore, dont nous savons qu’il est proche de Cornelius Fudge.
Les deux autres le regardèrent un instant avec des yeux ronds. Le rapport n’était pas facile à établir songea Lucius.
- Je ne comprends pas bien ton raisonnement mon fils, répondit Abraxas en saisissant le verre de Whisky qu’il n’avait pas terminé.
Ignacius sourit d’un air un peu triomphant, ce qui lui arrivait rarement lorsqu’il se trouvait face à son père, et il se renfonça confortablement dans son fauteuil avant de tout expliquer d’une voix posée :
- Lorsque Hortense m’a fait part de ses interrogations, je me suis penché sur la question. Et figurez-vous que je pense avoir compris ce qui a poussé Albus Dumbledore lui-même à se mêler d’une telle affaire.
- Hé bien parle mon fils !
Ignacius savourait à présent l’impatience de leur père et Lucius comprit qu’il allait pousser le bouchon un peu plus loin :
- En me penchant sur la bibliographie de Gilderoy Lockhart, ce pour quoi le travail d’Hortense m’a beaucoup aidé d’ailleurs, je me suis rendu compte que deux personnes bien connues du directeur de Poudlard avaient probablement servi directement d’inspiration à ce charlatan. En premier lieu, il s’agit du célèbre Norbert Dragonneau…
Abraxas Malefoy eut une exclamation dédaigneuse que ses deux fils ignorèrent. Ignacius poursuivit :
- Et en second lieu, un spécialiste de la lutte contre toutes sortes de monstres nommé Remus Lupin. La marque de leur travail est très visible dans plusieurs de ses ouvrages, surtout les premiers… Or, ces deux hommes ont été internés à Sainte Mangouste à quelques mois d’intervalle il y a deux ou trois ans. Ils sont restés plusieurs semaines privés de tout souvenir et on les pensait même perdus. Cela m’a intrigué, j’ai cherché un peu plus loin et j’ai découvert en farfouillant les archives de cet hôpital que Dumbledore était intervenu dans leurs deux cas. Par la suite, ils avaient tous les deux reçu un traitement à base de potion de sang de dragon…
- La spécialité d’Albus Dumbledore, en effet, reconnut Lucius. Mais quel rapport ?
Leur père, lui, fixait Ignacius d’un air qui était ouvertement dubitatif. Celui-ci répondit pourtant :
- Selon moi, ces deux hommes ont été soumis à un puissant sortilège d’amnésie qui a bien failli les réduire à l’état de légumes. Comme il s’agit de deux proches connaissances d’Albus Dumbledore, membre de l’Ordre du phénix je suppose, le directeur est intervenu et a réussi à les soigner. De cette manière, il a identifié Lockhart comme leur ayant jeté le maléfice. Trois autres personnes au moins qui semblent avoir subi le même sort qu’eux n’ont cependant pas été soignées, du moins pas encore. On dirait que le directeur hésite dans leurs cas.
- Alors pourquoi nommer au poste de Défense contre les Forces du Mal un homme qu’il estime coupable d’usurpation ? S’emporta Abraxas. Cela n’a aucun sens.
- Selon moi si, répondit Ignacius. Dumbledore tend tout simplement un piège à Lockhart.
- Nous savons tous que ce poste est maudit, poursuivit Lucius qui pensait soudain deviner où son frère voulait en venir. Il doit espérer qu’il lui arrive malheur.
- Ou alors, encore plus probablement, répliqua Abraxas à son tour éclairé. Que son incompétence éclate aux yeux de la communauté sorcière qui verra bien que ses enfants n’apprennent rien avec lui. Ainsi il le discréditera, et Fudge pourra prendre le relai pour le faire comparaître devant la justice… C’est qu’il n’y a probablement pas que Lupin et Dragonneau qui ont été victimes des manigances de ce charlatan.
Ignacius, toujours posé sur son fauteuil, acquiesça :
- Vous avez compris où je veux en venir.
Lucius lui adressa un regard éloquent mais il n’était pas pleinement satisfait :
- Tu penses que le Conseil d’administration est au courant ? Demanda t-il à son frère.
- Certain de ses membres en tout cas, répondit Ignacius. Dumbledore ne peut pas, bien sûr, étaler ses plan à ceux qu’il considère comme des adversaires, mais je pense qu’il a prévenu ses soutiens, afin d’éviter que ceux-ci ne se désolidarisent au mauvais moment.
- C’est pour cela que, selon toi, Le Conseil d’administration ne fera pas barrage à Albus Dumbledore sur cette décision complètement irresponsable ?
- Oui, répondit Ignacius. Dumbledore a assuré ses arrières.
- La Dragoncelle l’emporte ! Ragea Abraxas Malefoy. Pour une stratégie personnelle, cet illuminé n’hésite pas à prendre en otage l’ensemble des élèves de son école. Il est la pire calamité qui soit arrivée à Poudlard depuis… Depuis…
- L’ouverture de la Chambre des Secrets ? Essaya Ignacius.
Leur père balaya sa remarque d’un revers de main :
- Non mon fils, dit-il agacé. L’ouverture de la Chambre des Secrets n’était pas, à mon sens, une calamité comparable.
- Ni une calamité tout court… Souffla Lucius dont l’esprit se mettait soudain à échafauder un plan d’action.
Car aussi naïve que puisse être la remarque de son cadet, elle venait de lui donner une idée.
Car une chose était certaine : il était hors de question de laisser Drago plus longtemps aux mains de cet… « Illuminé d’un autre temps », oui, c’était de cette manière que Skeeter avait formulé les choses.
Et en ces circonstances, il n’aurait pu trouver meilleur terme.
Deux leurres pour un by bellatrix92
Lucius ne se faisait pas la moindre illusion quant-au fait que le prétexte des fournitures de Drago trompe qui que ce soit d’un peu avisé. S’il était surveillé ainsi qu’il le craignait, le ministère saurait immanquablement que sous ce motif qui eut pu passer pour respectable, il en profitait pour revendre des objets compromettants.
La peste soit de cette enflure d’Arthur Weasley ! Et lorsqu’un Malefoy parlait de la Peste, chacun savait qu’il y avait de quoi s’inquiéter.
Mais avant d’agir contre son ennemi, Lucius avait décidé de suivre un plan bien établi afin de leurrer tout le monde sur ses véritables intentions.
Comme il n’était pas illégal de se rendre dans l’allée des embrumes, personne ne pourrait le lui reprocher et cela il le savait parfaitement. Tout au plus les aurors pourraient-ils rager de le voir braver leur autorité et pratiquer le commerce d’objets controversés. Au pire soupçonneraient-ils un trafic quelconque, mais aucun d’eux n’avait la moindre chance de saisir la mesure de ce qu’il tramait véritablement.
C’est que Lucius avait en réalité les meilleures raisons du monde de les laisser croire à ses mauvaises intentions tout en les tenant aussi éloignés des véritables tenants et aboutissants de ses plans que possible. S’ils pensaient l’avoir percé à jour et le voyant entrer chez Barjow et Beurks ils ne se méfieraient absolument pas du passage qu’il effectuerait par la suite avec son fils dans les boutiques riantes du Chemin de Traverse.
Or, c’est là précisément que Lucius avait prévu de mettre son plan à exécution, et Drago malgré sa crise d’adolescence commençante allait l’y aider. Il connaissait tous les élèves de son année et pourrait donc lui indiquer une potentielle victime.
Mais pas question cependant de le mettre dans la confidence, ce vieux tordu d’Albus Dumbledore étant un legilimens largement respectable, s’il lisait dans l’esprit de son fils… Non, il se contenterait de solliciter son avis sur tel ou tel qui passerait, et de le mettre copieusement en garde contre d’obscures fréquentations. Personne après tout n’ignorait qu’il tenait des discours traditionnels et conservateurs, quelle importance si cela devait se faire en public ?
Ce serait même une bonne occasion de dire haut et fort ce qu’il pensait.
Alors qu’ils arrivaient en vue de la boutique Barjow et Beurks avec Drago, il pouvait sentir l’excitation de son fils qui montait. Logique puisque c’était la première fois qu’il l’emmenait ici et aussi qu’ils n’étaient pas accompagnés de Narcissa laquelle était allée rendre une visite à Hortense qui était alitée depuis plusieurs jours.
Son fils devait donc se sentir devenir un homme et c’était un sentiment qu’il comptait bien mettre à profit de son côté pour le reste de la journée.
Il n’empêche que, comme Lucius le constata dès qu’il franchit le seuil de la boutique d’arts obscurs, Drago restait un gamin inexpérimenté qui n’avait aucune notion de prudence face à la Magie Noire. Il n’y avait qu’à voir ses gestes naïfs et…
- Ne touche à rien Drago ! S’empressa t-il de lui ordonner sèchement.
La réponse de l’adolescent faillit lui faire perdre le contrôle de ses nerfs :
- Je croyais que tu voulais me faire un cadeau.
Le ton de son fils était boudeur, typique de l’enfant gâté qu’en avait fait Narcissa et absolument pas digne de lui.
Lucius songea amèrement que, s’il n’avait pas cédé à son épouse, Drago serait à l’heure-même en pleine semaine de classe à Durmstrang en deuxième année, sous la garde attentive d’Igor qui n’aurait eu d’autre souci que d’en faire un homme…
Et qu’il filerait beaucoup plus droit qu’il ne le faisait à présent.
Entre impatience et appréhension by bellatrix92
Author's Notes:
Nous retrouvons donc Lucius.
Petite précision: ce chapitre est une réécriture du point de vue de Lucius d'un extrait de la Chambre des Secrets, la quasi-totalité des dialogues sont donc extrait du roman et seul le vécu de Lucius est de ma création.
Lucius était bien décidé à mener cet entretien comme il l’entendait, même si les quelques dizaines de gallions qu’il y gagnerait ne signifiaient rien pour lui.
Mais pour l’instant le vendeur se faisait désirer bien qu’il tapote sur le comptoir du bout des ongles, le signal habituel. Drago, lui, continuait à bouder tandis qu’il examinait la boutique en la balayant de regards circulaires et Lucius le sermonna :
- Je t'ai dit que j'allais t'acheter un balai de course, dit-il en pianotant toujours sur le comptoir.
Par Merlin, pourquoi commençait-il à se sentir anxieux ? Il n’avait pas peur quand-même. Et ce damné boutiquier qui les faisait attendre…
Drago ne se dérida pas le moins du monde et lui répliqua avec une mauvaise humeur dont il commençait à craindre qu’elle ne soit calculée :
- A quoi bon, si je ne suis même pas dans l'équipe du collège ? Harry Potter, lui, a eu un Nimbus 2000 l'année dernière. Par autorisation spéciale de Dumbledore pour qu'il puisse jouer dans l'équipe des Gryffondor.
Lucius pour le coup ne pouvait qu’approuver même si les jérémiades de son fils commençaient sérieusement à l’agacer. D’ailleurs, il était en train d’examiner une étagère remplie de crânes humains mais même la fascination qu’il semblait éprouver ne semblait pas capable de l’arrêter, à présent qu’il était sur sa lancée :
- Il n'est même pas si bon que ça, c'est simplement parce qu'il est célèbre... célèbre à cause de cette stupide cicatrice sur le front…
Lucius soupira, espérant que son fils comprendrait de lui-même qu’il était temps de cesser ces lamentations ridicules. En vain, le garçon poursuivit :
- Tout le monde est persuadé qu'il est tellement intelligent, le merveilleux Potter, avec sa cicatrice et son balai…
- Tu m'as déjà répété ça une bonne douzaine de fois, répliqua alors Lucius qui ne pouvait plus contenir son agacement et qui jeta à son fils un regard noir.
Drago était furieux mais il ferma néanmoins sa grande bouche et Lucius poussa la tirade autoritaire un peu plus loin, il fallait absolument que son fils comprenne :
- Et je rappelle, dit-il avec froideur. Qu'il n'est guère... prudent... de ne pas manifester la plus grande admiration pour Harry Potter, étant donné que la plupart d'entre nous le considèrent comme un héros qui a fait disparaître le Seigneur des Ténèbres…
Le bruit d’une porte qui claque l’arrêta cependant et il leva la tête. L’homme aux épaules voûtées et aux manières obséquieuses qu’il venait solliciter avait enfin daigné se montrer.
- Ah, Mr Barjow, le salua t-il d’un geste décontracté qui ne l’était qu’en apparence.
D'un geste de la main, Barjow ramena en arrière les affreux cheveux gras qui lui tombaient sur le front, ce qui était parfaitement inutile car il était d’une laideur à couper le souffle sous ce rideau protecteur, et il lui rendit son salut :
- Mr Malefoy, dit-il sur le ton affreusement obséquieux auquel il avait habitué Lucius. Quel plaisir de vous revoir. Je suis ravi, vraiment... et le jeune monsieur Malefoy est là également, j'en suis enchanté... Que puis-je faire pour vous ? Il faut absolument que je vous montre ce que je viens de recevoir aujourd'hui même, à un prix très raisonnable…
Lucius n’avait que faire de ces balivernes et il l’arrêta net, faisant du même coup disparaître son sourire ridicule.
- Cette fois, Mr Barjow, je n'achète pas, je vends.
- Vous vendez ?
Barjow était déçu, et cela pouvait se comprendre car Lucius savait bien qu’il était un de ses plus fidèles clients. Il s’expliqua d’une voix aussi hautaine que veloutée en sortant de sa poche le rouleau de parchemin qu'il destinait à Barjow et qu’il avait soigneusement rédigé la veille :
- Vous savez sûrement, dit-il. Que le ministère multiplie les perquisitions. Or, il se trouve que j'ai chez moi quelques... disons... objets qui pourraient me causer d'éventuels désagréments si jamais le ministère s'avisait de…
Il n’acheva pas, la situation était suffisamment claire pour le vendeur qui fixait à présent un pince-nez devant ses yeux et examinait la liste d’un œil professionnel.
- Le ministère, dit-il visiblement surpris. N'irait quand même pas s'en prendre à vous, Monsieur ?
La chose aurait en effet été cocasse vu la puissance de sa famille, si seulement Dumbledore et le Ministère n’avaient pas été en si bons termes depuis la nomination de cette bouse de Fudge. Aussi Lucius répondit de sa voix la plus posée et magistrale :
- Personne n'est encore venu fouiner chez moi. Le nom de Malefoy continue d'imposer un certain respect, mais le ministère se montre de plus en plus inquisiteur. On parle d'un nouvel Acte de Protection des Moldus... Il ne fait aucun doute que ce loqueteux d'Arthur Weasley se trouve derrière tout ça. Il adore les Moldus, l'imbécile…
Barjow hocha gravement la tête. Oui, imbécile était indéniablement le bon mot pour qualifier ce dégénéré qui osait parcourir les couloirs du ministère vêtu de robes dont même son damné elfe Dobby n’aurait pas voulu. S’il pouvait par sa manœuvre faire tomber celui-ci avec Albus Dumbledore, ce serait un service rendu à la communauté…
Il ajouta à l’intention de Barjow :
- ... et comme vous le voyez, certains de ces poisons pourraient laisser croire…
- Bien sûr, Monsieur, je comprends, répondit le marchant. Voyons cela…
La voix de Drago retentit alors dans son dos et Lucius crut qu’il allait se mettre en colère :
- Est-ce que je peux avoir ça ? Demandait l’adolescent en montrant du doigt la main desséchée posée sur le coussin.
- Ah ! La Main de la Gloire ! s'exclama Mr Barjow en laissant tomber la liste de Mr Malefoy pour se précipiter vers Drago, espérant sûrement provoquer une vente mais également avide d’étaler sa culture des arts obscurs si l’on en croyait la lumière qui brillait soudain dans ses yeux alors qu’il expliquait :
- Lorsqu'on met une bougie allumée entre ses doigts, seul celui qui la tient peut bénéficier de sa lumière. Les autres restent dans le noir ! Un avantage inestimable pour les voleurs et les pillards. Votre fils a beaucoup de goût, Monsieur.
- J'espère qu'il deviendra autre chose qu'un voleur ou un pillard, répliqua froidement Lucius piqué au vif.
- Je ne voulais pas être désobligeant. Monsieur, croyez-le bien, s'empressa d'ajouter Barjow extrêmement gêné.
Lucius se retint de lui répliquer sèchement qu’ils ne s’appelaient pas Fletcher. Mais au lieu de cela, il profita de l’occasion pour rabrouer Drago qui commençait à un peu trop bouger à son goût dans cette boutique.
- Mais après tout, dit-il avec froideur en jetant à son fils un regard de biais que l’adolescent essaya vainement d’affronter. C'est peut-être ce qui l'attend, s'il ne travaille pas mieux en classe
- Ce n'est pas ma faute, répliqua Drago. Les profs ont tous des chouchous, cette Hermione Granger, par exemple…
Il ne le laissa pas finir, il ne voulait tout simplement plus entendre ce genre de jérémiades ridicules :
- Je pensais, le coupa t-il sèchement. Que tu aurais honte qu'une fille qui ne vient même pas d'une famille de sorciers obtienne de meilleurs résultats que toi à chaque examen.
Drago, furieux et déconfit, baissa la tête et serra les dents, un peu plus et quelques larmes auraient même jailli. Barjow cependant crut bon d’essayer de l’adoucir, sans doute espérait-il s’attirer l’affection de la génération future après tout.
- C'est comme partout, dit-il de sa voix mielleuse. Les sorciers de souche sont de moins en moins respectés…
- Pas par moi, coupa froidement Lucius qui ne comptait pas laisser penser à son fils qu’une telle excuse serait valable si d’aventure il décrétait que la scolarité à Poudlard était trop médiocre pour lui convenir.
- Par moi non plus, Monsieur, répondit servilement Barjow en s'inclinant profondément.
- Dans ce cas, répliqua sèchement Lucius. Nous pourrions peut-être revenir à la liste que je vous ai confiée. Je dois vous avouer que je suis quelque peu pressé par le temps, Barjow. Il y a des affaires importantes qui m'attendent ailleurs.
Le ton était sans réplique et le vieil homme s’inclina avec servilité avant d’obtempérer. Ils commencèrent enfin à marchander même si Lucius jetait de temps à autre des coups d’œil prudents à Drago qui, fort heureusement, avait renoncé à toucher les objets exposés. Un rouleau de corde de pendu retint d’abord son attention, puis il lut avec un sourire narquois le carton posé devant le magnifique collier aux opales maudites :
« Ne pas toucher. Objet ensorcelé. Ce collier a provoqué la mort des 19 Moldus auxquels il a appartenu. »
Observation intéressante en effet. Et Lucius connaissait bien le dit-collier pour l’avoir fait parvenir à sa dix-huitième victime. A présent il reposait là, dans cette boutique, prêt à reprendre du service dès que les lois de protection des moldus se seraient un peu assouplies.
- Cela vaut plus de trois gallions, répliqua t-il sèchement à Barjow qui cherchait à le rouler sur le prix du venin d’accromentules.
Ils s’accordèrent sur cinq, c’était le dernier flacon.
- Marché conclu, dit alors Lucius. Viens, Drago, on s'en va.
Comme Drago revenait vers lui, à présent aussi boudeur qu’à leur entrée dans le magasin, il ajouta à l’intention du vendeur :
- Je vous souhaite le bonjour, Mr Barjow. Je vous attends demain au manoir pour venir prendre tout ça.
Lucius saisit l’épaule de Drago juste au moment où ils sortaient de la boutique. Sans qu’il ne sache bien pourquoi cette bouffée d’anxiété inexplicable l’avait reprit elle il se sentait soudain la gorge nouée. Zigzagant dans les ruelles sombres de l’Allée des Embrumes, il marcha d’un pas vif et se sentit étrangement soulagé lorsque, tournant à l’angle, il se retrouva enfin sur le Chemin de Traverses.
- Où va t-on ? Lui demanda Drago.
Lucius hésita une seconde avant de répondre :
- La boutique du Sport Magique, je veux absolument voir ces nimbus 2001 de plus près… Je me demande… Si la Maison Serpentard était équipée ainsi, ils auraient un avantage non négligeable sur les autres. Après tous notre fortune peut bien servir nos intérêts et ce serait une bonne chose de moderniser un peu cette équipe déjà excellente.
Drago acquiesça et eut la bonne idée de sourire, mais derrière sa joie feinte, Lucius sentit comme une appréhension qui faisait inexplicablement écho à la sienne.
Comme si l’idée de défier Dumbledore l’inquiétait soudain, lui où cette chose étrange blottie au fond de la poche de sa robe de sorcier.
Une occasion en or by bellatrix92
Author's Notes:
Encore une fois, ce chapitre réécrit largement un extrait de la chambre des secrets, aussi tous les dialogues échangé entre Drago, Harry, Lucius et les Weasley appartiennent à JK Rowling.
Le passage à la boutique de sport magique parvint à peine à rasséréner Lucius qui sentait le journal peser de plus en plus dans sa poche. Pourtant Drago se montra on ne peut plus coopératif et enthousiaste dès le moment où il se retrouva en face des équipements dernier cri.
C’est que son fils savait voler depuis ses sept ans et qu’il s’était toujours montré plutôt à l’aise dans les airs. D’ailleurs la semaine précédente son oncle Ignacius lui avait laissé piloter son persan pour la première fois. Drago avait superbement relevé le défi et même obtenu le droit de prendre les commandes alors qu’Hortense et Eris étaient à bord, un suprême honneur.
Lucius profita que son fils était obnubilé par les nouveaux modèles pour passer une commande de six balais supplémentaires avant de lui acheter le sien propre. Ceci fait, ils prirent la direction de la librairie Fleury et Bott et Lucius avertit Drago :
- Il va probablement y avoir de l’attroupement car ce guignol de Lockhart fait dédicacer ses livres. Je veux que tu profites de l’occasion pour m’indiquer si tu aperçois des camarades de familles… Douteuses.
- Oui, père, répondit Drago cette fois-ci de bon cœur.
Ils n'étaient en effet pas les seuls à se rendre à la librairie et déjà l’hystérie était palpable. Lucius bouscula une jeune femme qui portait un petit garçon ton en examinant de petits grimoires pour enfants. Celle-ci lui renvoya une exclamation agacée :
- Hé ! Ne vous gênez pas surtout !
En temps normal, il se serait retourné pour lui adresser une réponse dédaigneuse, d’autant que tout dans son maintien annonçait une amoureuse des moldus. Mais, concentré sur son objectif, il l’ignora totalement.
Lucius eut du mal à entrer dans la boutique malgré le fait qu’il soit encore tôt, car il y avait déjà affluence :
Une large banderole aux lettres dorées complètement ridicule était accrochée à la façade : Aujourd'hui, de 12h30 à 16h30 GILDEROY LOCKHART dédicacera son autobiographie MOI LE MAGICIEN
Lucius serra les dents, furieux que ce genre de guignol obtienne une telle presse dans le monde sorcier.
Derrière lui, la femme qu’il avait bousculée répondit d’une voix atterrée à son mari qui l’avait rejointe et qui lui demandait pourquoi la boutique était si encombrée :
- Lockhart est là Yannick, une célébrité locale qui vend des best-seller. Je sais même pas si je vais arriver à entrer pour payer le petit livre de Sebastian.
- C’est le type blond à l’air idiot qui sourit sur les photos ? Demanda le dénommé Yannick.
- Oui, répondit-elle.
- Et… s’étonna t-il. Les sorciers tombent vraiment dans le panneau ?
Lucius ne savait pas ce qui était le pire : être d’accord avec ce qui était visiblement un moldu, ou que le moldu en question possède un accent cookney à couper au couteau. Il resta stoïquement planté devant la boutique avec Drago, attendant de pouvoir rentrer et se gardant bien de se retourner.
Son fils qu’il avait attrapé par le cou fut bien obligé de faire de même. Pendant ce temps, derrière eux, le couple poursuivait sa discussion :
- Les sorciers et les moldus n’ont aucune différence dans ce domaine, répondit sombrement la femme.
L’homme éclata d’un rire sonore qui fit hausser les sourcils à Lucius et répliqua à son épouse :
- C’est pas mal ça ! Au moins, quand tu sortiras ton livre, je suis sûr qu’il y aura du monde.
- Yannick… Murmura t-elle comme si elle était gênée.
- Ben quoi ? Répondit le moldu. Si les sorciers jugent aussi les gens sur leur beauté, c’est un avantage de plus pour toi non ?
Elle ne répondit rien, le moldu poursuivit, déchiffrant la banderole :
- Moi… Le… Ma gicien, c’est pas un peu débile comme titre ?
Derrière eux, la jeune femme étouffa un rire, imitée de son compagnon. Lucius faillit les rabrouer mais la file se décongestionnait enfin et il avança avec Drago qui s’était mis à lui tirer la manche.
Devant eux, un trio d’adolescents de l’âge de Drago venait de passer sans se soucier le moins du monde de respecter une quelconque file d’attente :
- On va pouvoir le rencontrer ! S'écriait la seule fille du groupe, une brune ébouriffée. C'est lui qui a écrit à peu près tous les livres de la liste !
Lucius jeta à Drago un regard interrogateur et celui-ci murmura :
- Le roux c’est un Weasley, la fille c’est Hermione Granger… La sang-de-bourbe que tous les profs adorent… Et le brun c’est Potter.
Bonne pioche donc, pensa Lucius qui laissa Drago se glisser quelques pas devant lui, de manière à pouvoir conserver lui-même une vue d’ensemble. Comme il était plus grand que la moyenne, il jouissait d’une bonne vue sur ce qui était en train de se dérouler dans la librairie.
La foule était essentiellement composée de sorcières entre-deux âges et sans distinction qui gloussaient comme des dindes sur-excitées. Derrière lui, l’épouse au mari moldu marmonna agacée à son compagnon :
- Nous n’avons pas bien choisi notre jour Yannick… Je ne vais jamais arriver à accéder au comptoir avec tout ce monde.
- Ben écoute, lui répondit-il. Prend le petit pour aller acheter le reste, moi je fais le planton ici.
Il y eut devant eux un mouvement de foule qui força Lucius à reculer et cette fois-ci c’est involontairement qu’il bouscula légèrement la jeune femme. Il était si agacé qu’il s’excusa d’un ton bourru.
De son côté Bott, l’associé de Fleury qui se trouvait dans l’espace-vente, s’était placé à l'entrée et essayait de modérer quelque-peu l'ardeur des admiratrices.
- Du calme, Mesdames s'il vous plaît... Ne poussez pas... Attention aux livres…
Sous son air épuisé et inquiet, on sentait cependant que sa démarche avait du bon car depuis l’espace des dédicaces, une longue queue s'étirait plutôt sagement sur toute la longueur du magasin au fond duquel Gilderoy Lockhart signait ses ouvrages. Quelques autres clients comme Drago qui avaient pu braver la furie des dames pouvaient ainsi procéder à leurs achats dans une relative quiétude.
Les trois gamins que lui avait désigné Drago prirent sur une pile en tête de gondole un exemplaire de Flâneries avec le Spectre de la mort et se faufilèrent le long de la queue sans s’embarrasser de politesse, jusqu'à l'endroit où les attendaient celle qui devait être la mère Weasley à en juger par sa robe affreusement limée, ainsi qu’un couple de moldu, probablement les parents de la petite sang-de-bourbe.
- Ah, vous êtes là. Très bien, dit Mrs Weasley qui semblait sur le point de succomber d’admiration et ne cessait de se tapoter les cheveux pour les maintenir en place, précaution inutile vu son manque flagrant de beauté. On va bientôt le voir…
Lucius Malefoy parvint à s’extraire de l’embouteillage qui obsruait l’entrée et rejoignit Drago pour procéder aux achats. Derrière lui, le couple sorcière-moldu réalisa la même manœuvre et l’épouse entraîna son compagnon en direction d comptoir. Celui-ci, pas très fin, ne cessait de lui répéter tout en singeant la file de dames :
- Tu veux une dédicace ? Si tu veux je vais te la chercher !
La jeune femme qui tenait son petit garçon par la main semblait un peu gênée mais elle souriait tout de même à la plaisanterie. Lucius avait la vague impression de l’avoir déjà rencontré mais il ne s’attarda pas là-dessus, probablement une sang-mêlée travaillant au ministère.
Comme Drago tendait la main vers un livre de Gilderoy Lockhart, il l’arrêta.
- Pas question dit-il. On n’achète rien qui soit écrit par ce Guignol. Si l’école te pose problème avec ça, tu me les envoies.
Drago acquiesça mais avant qu’il n’ait pu répondre, la file aux dédicaces s’agita soudainement.
- Ma parole, ce n'est quand même pas Harry Potter ? Venait de crier Gilderoy Lockhart.
La file de dames surexcitées s’écarta dans le plus grand des désordres tandis que Gilderoy Lockhart se précipitait sur Harry Potter qui avait rougi violemment. Lucius se fit la réflexion que Drago de lui avait pas menti quant-à l’intérêt que suscitait le garçon. Manu militari, Gilderoy Lockhart l’attrapa par le bras et l'entraîna vers sa table sous des applaudissements nourris de la part des dindes sur-excitées.
Harry avait les joues si rouges lorsque Lockhart lui serra la main pour l'objectif du photographe que la couleur de ses joues était visible même à travers l’épaisse fumée violette que répandait l’appareil du reporter de la Gazette.
Si cette punaise de Rita était là, pensa Lucius, il est clair qu’elle aurait fait de cette scène l’événement de l’année. Absolument ridicule.
- Fais-nous un beau sourire, Harry, dit Lockhart à travers ses dents étincelantes largement exhibées. Toi et moi, on va faire la une.
Harry Potter tenta de profiter qu’il lui avait lâché la main pour s’éclipser discrètement mais, d’une poigne de fer, Lockhart le retint et le ramena à lui, avant de clamer d’une voix de stentor :
- Mesdames et Messieurs, voici un moment extraordinaire ! Un moment idéal pour vous annoncer quelque chose que j'avais gardé secret jusqu'à présent ! Lorsque le jeune Harry Potter est entré chez Fleury et Bott aujourd'hui, il voulait simplement acheter mon autobiographie—que je vais me faire un plaisir de lui offrir gratuitement... Mais il ne se doutait pas le moins du monde que bientôt il aurait beaucoup plus que mon livre Moi le magicien.
Gilderoy Lockhart donna à Harry une bourrade affectueuse qui manqua de faire tomber ses lunettes et poursuivit :
- En effet, lui et ses camarades de classe vont avoir le vrai magicien en chair et en os. Eh oui, Mesdames et Messieurs, j'ai le plaisir et la fierté de vous annoncer qu'à partir de la rentrée de septembre, c'est moi qui assurerai les cours de Défense contre les Forces du Mal, à l'école de sorcellerie de Poudlard !
Ce qui se passa ensuite échappa en partie à Lucius à cause de l’agitation de la foule. Mais il lui sembla que Harry Potter s’était vu offrir la collection complète des livres de Gilderoy Lockhart. Toujours aussi rouge et ployant sous le poids des volumes que Lockhart avait mis de force dans ses bras, il parvint à se glisser dans un coin de la boutique où une petite rouquine attendait à côté d’un chaudron probablement de seconde main.
Lucius s’approcha imperceptiblement en voyant Drago qui profitait de l’occasion pour aller aborder le jeune homme
- Tiens, je te les donne, dit Harry à la fillette en laissant tomber les livres dans son chaudron. J'achèterai moi-même mes propres exemplaires.
Comme mû par un instinct primaire dont il ne parvint pas vraiment à cerner l’origine, Lucius mit brusquement la main dans sa poche. Soudain, il savait exactement de quelle manière il devait mettre son plan à exécution.
D’autant que son fils lui offrait à présent une occasion en or alors qu’il abordait brutalement son camarade de classe :
- Ça a dû te faire plaisir, Potter ?
Harry Potter se retourna et se retrouva face à Drago qui le toisait avec un mépris étudié tout en poursuivant :
- Le célèbre Harry Potter. Il ne peut même pas entrer dans une librairie sans faire la une des journaux.
La fillette Weasley contre-attaqua aussitôt, les yeux lançant des éclairs :
- Laisse-le tranquille, ce n'était pas sa faute.
- Alors, Potter, tu t'es trouvé une petite amie ? ironisa Drago, la faisant ainsi rougir.
Lucius avait à présent l’esprit qui tournait à toute vitesse mais il eut tout de même la présence d’esprit de se rapprocher de son fils car les deux amis de Potter les rejoignaient en se frayant un chemin parmi la foule, les bras chargés de livres de Gilderoy Lockhart.
Le roux toisa Drago avec dédain :
- Ah, c'est toi, dit-il d’une voix agacée et étrangement accusatrice. Tu dois être surpris de voir Harry ici, non ?
- Ce qui me surprend le plus, répliqua Drago sur un ton venimeux, c'est de te voir dans une boutique, Weasley. J'imagine que tes parents n'auront plus rien à manger pendant un mois après t'avoir acheté tous ces bouquins.
Le gamin roux devint aussi rouge que sa petite sœur. A son tour, il laissa tomber ses livres dans le chaudron et s'avança vers Drago. Il lui aurait probablement sauté dessus si les deux autres ne l’avaient pas retenu par les pans de sa veste.
Lucius se porta aussitôt à leur hauteur, juste au moment où la voix d’Arthur Weasley résonnait à ses oreilles. Il se trouvait un peu plus loin et lui aussi s’avançait vers les enfants.
- Ron ! s'écria t-il noyé dans la foule en compagnie de deux garçons un peu plus grands et identiques l’un à l’autre. Qu'est-ce que tu fabriques ? Viens, on sort, c'est de la folie, ici.
- Tiens, tiens, tiens, Arthur Weasley, dit Lucius comme il arrivait à leur hauteur, tout en posant une main sur l'épaule de son fils avec le même mépris étudié.
- Lucius, dit Arthur Weasley en le saluant froidement d'un signe de tête.
Lucius sentit ses lèvres s’étirer dans un sourire venimeux tandis qu’il susurrait :
- Beaucoup de travail au ministère, à ce qu'on dit... Toutes ces perquisitions... J'espère qu'ils vous paient des heures supplémentaires, au moins ?
Sa main gantée avait saisi le journal de Riddle dans sa poche et il la plongea dans le chaudron de la fillette, parmi les gros livres neufs et ridiculement modernes de Gilderoy Lockhart pour en sortir un vieil exemplaire usé du Guide des débutants en métamorphose qu’il avait repéré quelques secondes plus tôt.
- Apparemment pas, ajouta t-il à l’intention de son ennemi. A quoi bon déshonorer la fonction de sorcier si on ne vous paie même pas bien pour ça ?
Il ne put réprimer un sourire alors que l’homme devenait encore plus rouge que ses enfants.
- Nous n'avons pas la même conception de ce que doit être l'honneur d'un sorcier, Malefoy, dit-il cependant d’une voix assez posée.
- Cela ne fait aucun doute, répliqua Lucius avec un signe de tête en direction des deux moldus qui observaient la scène avec crainte. Vous fréquentez de drôles de gens, Weasley... Je ne pensais pas que votre famille puisse tomber encore plus bas…
Dans un fracas métallique, Arthur Weasley se jeta sur lui. Lucius ne s’y attendait pas et son dos heurta de plein fouet une étagère remplie de livres. Des dizaines d'épais grimoires leur tombèrent sur la tête à tous les deux dans un fracas de chutes, de pages déchirées et de reliures qui s’entrechoquaient. Indifférent à cela, Arthur Weasley se mit à le bombarder de coups de poings. Lucius paya l’un d’eux d’un solide coup de coude qu’il envoya directement dans la figure de son adversaire.
- Vas-y, Papa ! S’écriaient plusieurs enfants d’Arthur Weasley avec enthousiasme tandis que sa femme tentait en vain de les calmer :
- Non, Arthur, non ! S'écria-t-elle.
- Messieurs, s'il vous plaît... s'il vous plaît ! s'exclama un vendeur tandis que d’autres étagères se renversaient et que le moldu qui avait fait la queue derrière lui en compagnie de sa femme s’écriait d’une voix forte et grave :
- Doucement, doucement ! Allez pas tous vous marcher dessus !
Arthur Weasley venait de lui jeter une encyclopédie dans le visage lorsqu’une voix tonnante retentit derrière eux.
- Allons, allons, Messieurs, ça suffit !
Lucius se sentit littéralement soulevé de terre et empoigné aussi fermement que lui-même avait l’habitude de le faire avec Drago. Un instant plus tard, il était séparé d’Arthur Weasley qui avait la lèvre fendue. Rubeus Hagrid en personne se tenait devant entre lui et son ennemi, visiblement décidé à ne laisser aucun d’eux se jeter à nouveau sur l’autre.
Lucius sentit la fureur l’envahir encore davantage si c’était possible. Comme il tenait toujours à la main le vieux livre usé sur la métamorphose et le journal Jedusort, il lui semblait que ces deux ouvrages pesaient sur son bras.
Fou de rage, il jeta les deux ouvrages dans les bras de la fillette.
- Tiens, jeune fille, prends ton livre, cracha t-il. Ton père ne pourra jamais rien t'offrir de mieux.
Les tempes encore battantes, il repoussa sèchement Hagrid qui le maintenait toujours à distance, fit signe à Drago de le suivre et se dépêcha de sortir du magasin.
- Quelle bande de blattes ! S’écria t-il rageusement une fois dehors, tout en passant devant le couple sorcière-moldu et leur fils qui étaient eux aussi sortis de la boutique et l’observaient avec crainte.
Le trouble d'Ignacius. by bellatrix92
Author's Notes:
Coucou à tous!
Je vous retrouve avec une petite exploration et contreverse de l'arbre généalogique des Malefoy. J'espère que cela vous plaira.
Lucius transplana depuis son manoir jusqu’à celui de Battle dès le moment où il eut remis Drago à sa mère qui venait justement d’en revenir et qui lui appris qu’Hortense avait eu un malaise.
Il n’en tint pas compte. Il voulait immédiatement faire part à Ignacius de ses exploits, espérant contre toute attente que l’avis posé de son frère l’aiderait à se rassurer.
Peut-être était-ce au fond une manière de dissiper la tension qui l’habitait depuis qu’il avait glissé le journal dans le chaudron de la fille Weasley. Drago n’avait rien vu heureusement mais il se sentait mal-à-l’aise, comme s’il avait eu à craindre d’être mis en faute à cause de cet acte ;
Arrivé au manoir de Battle, il salua Hortense qui lisait dans le salon, pâle et les jambes recouvertes d’un plaid. Puis il entreprit de trouver son frère en parcourant les étages du manoir, ce qui lui prit plusieurs minutes.
Ignacius se trouvait sans la salle aux armoiries du manoir de Battle lorsqu’il le trouva enfin, à contempler l’étendue de leur histoire familiale. Il avait sa petite fille dans les bras à qui il semblait essayer d’expliquer le fonctionnement de l’arbre, ainsi que leur généalogie entière.
Le tableau avait quelque-chose d’attendrissant et, comme à chaque fois qu’il le voyait ainsi, Lucius sentit monter en lui une bouffée d’affection pour ce frère si différent de lui.
- Elle n’a même pas deux ans, mon frère, le sermonna t-il gentiment en jetant un regard compatissant à la fillette qui semblait plus intéressée par l’attache de cape de son père que par son discours.
Ignacius se retourna et lui adressa un sourire à son tour :
- On ne commence jamais trop tôt, répondit-il. Et puis il faut bien que je m’entraîne à expliquer mes dernières découvertes. Eris est particulièrement attentive.
- Je vois ça...
Lucius soupira, contenant une exclamation exaspérée tandis que la petite tirait doucement une mèche de cheveux de son père.
Quelque-chose le retenait à présent de tout raconter à son frère mais il ne savait pas quoi, peut-être la peur soudaine de l’inquiéter ou de subir sa désapprobation. Car à présent il n’était plus sûr du tout d’être approuvé dans sa démarche. Et puis, il avait l’air étrangement triste et troublé tandis qu’il examinait l’arbre généalogique.
En fait, depuis qu’Ignacius s’était installé ici, Lucius se sentait toujours mal-à-l’aise lorsqu’il se trouvait avec lui dans cette pièce. C’était en vérité assez inexplicable mais son cadet, bien qu’il semble aimer y passer du temps à étudier, affichait souvent un air grave et mélancolique lorsqu’il le rejoignait ici.
Cette fois-là ne ferait pas exception. Tandis qu’il parcourait la tapisserie en se concentrant sur ses parties les plus hautes, Eris dans les bras, il semblait plus troublé que jamais.
- As-tu découvert quelque-chose de particulier ? Lui demanda Lucius en se rappelant que, quelques semaines plus tôt, il avait voyagé dans le Nord de la France. Notre généalogie s’éclaire t-elle au-delà d’Armand Malefoy ?
Ignacius secoua la tête, mais répondit néanmoins :
- Sur ses ancêtres, dit-il. Rien de plus même si je me suis une nouvelle fois rendu en France pour consulter des documents inédit que le Ministère vient d’ajouter à ses archives après les avoir découverts dans une église et expertisés. En revanche, j’ai du nouveau sur la Bataille de Hastings et sur celle de Stamford Bridge.
- Et ? Demanda Lucius.
Ces deux batailles s’étaient successivement déroulées en 1066, opposant le roi d’Angleterre de l’époque, Harold, aux scandinaves, puis aux troupes du Duc de Normandie. Si le souverain avait gagné la première et tué son opposant, il avait fini par céder et mourir face au duc de Normandie quelques semaines plus tard. C’était ainsi que Guillaume de Normandie avait étendu sa domination sur l’île et que leur ancêtre s’était fait un nom à son service.
Or, c’était durant cette fameuse bataille d’Hastings que leur ancêtre, Armand Malefoy, s’était probablement le plus illustré aux côtés de Guillaume le Conquérant, et après celle-ci qu’il avait reçu une grande partie des terres que la famille possédait actuellement.
Qu’est-ce qu’Ignacius pouvait donc bien avoir découvert qui le mette dans cet état ? Lucius darda sur son frère un regard interrogateur et celui-ci expliqua :
- Les archives magiques françaises ont livré un grand nombre de sources sur le duché de Normandie, notamment sur la préparation de l’expédition de Guillaume et il est à présent établi que notre ancêtre était le sorcier le plus influent dans l’entourage du duc, probablement celui qui l’a aidé à mener à bien son entreprise et assuré le succès de la traversée de la Manche.
- Nous le soupçonnions déjà, répondit Lucius avec satisfaction. A présent nous en avons la preuve, ce qui est positif.
Ignacius cependant semblait plus réservé :
- Il y a cependant des éléments nouveaux, répondit-il d’une voix prudente. Pour la première fois, une liste de l’entourage « informel » du roi Harold a été établie… Qui confirme que de puissants sorciers se trouvaient sous ses ordres, d’anciens fidèles d’Edouard le Confesseur quoiqu’ils soient peu nombreux et que certains soient passés du côté de Guillaume, mais également des descendants de Vikings comme lui.
Il ajouta sur un ton grave :
- Ce n’est pas, comme le soutient notre famille depuis bien longtemps, une bataille qui a opposé les sorciers aux moldus. Les mondes de l’époque étaient terriblement imbriqués… J’ai découvert des traces de mariages mixtes concernant de très vieilles familles qui prétendent remonter à cette époque ou plus haut…
- Et ce n’est pas tout, devina Lucius qui commençait à se sentir mal.
- Non, répondit Ignacius. Cet entourage, largement détaillé, semble montrer que les familles des 28 sacrés et leurs ancêtres n’étaient pas aussi établies à l’époque que ce que Teignous Nott l’a prétendu. Même si personne n’y croyait vraiment au fond depuis des décennies, cela va encore constituer un argument d’attaque contre le monde Sang-Pur. Il faut nous attendre, dans les mois et les années qui viennent, à de sacrées remises en cause.
Lucius hocha sombrement la tête, mais répondit à son frère d’une voix qu’il essaya de rendre désinvolte :
- Et sur notre famille, qu’as-tu découvert ? Car tu as forcément découvert quelque-chose pour te trouver à présent dans cette salle et t’entraîner à nous l’annoncer en mettant ta fille à contribution.
Un peu pâle à présent, Ignacius ramena une des mèches brunes d’Eris derrière son oreille puis désigna le haut de l’arbre, plus précisément sa première ramification où Primus Malefoy, l’héritier de la famille, était lié à une certaine Aliena Serpentard.
- Il y a de fortes chances pour que cet arbre soit considéré comme faux dans quelques mois, dit-il sombrement.
- Qu’est-ce que tu racontes ?
Lucius avait presque crié mais son frère resta calme, berçant Eris qui avait sursauté :
- Les archives françaises, dit-il. Nous offrent une version très différente de ce qui a mis fin à la lignée Serpentard. Une histoire qui ne correspond pas le moins du monde à ce que raconte notre famille depuis des siècles.
- C’est à dire ? Demanda Lucius.
- Les Malefoy toujours soutenu, expliqua Ignacius. Que Armand Malefoy s’était allié à Wilfried Serpentard peu après avoir débarqué sur l’île de Bretagne, qu’ils avaient combattu ensemble pour Guillaume à la Bataille de Hastings et marié leurs deux enfants par la suite : Primus et Aliena.
- Cela je le sais, répliqua Lucius.
- Il s’agit-là d’un récit fondateur dans l’histoire des grandes familles de Sang-Pur en Angleterre ainsi que dans le reste de l’Europe.
- Et ?
Lucius aurait voulu qu’il aille droit au but mais Ignacius répondit, aussi prudent que mesuré :
- Tu devrais t’asseoir Lucius.
- Non, répliqua t-il. Dis ce que tu as à me dire à présent, et sois direct.
Son frère cadet hocha la tête d’un air craintif et répondit :
- Voilà, premièrement les archives de Bayeux font mention de la famille Serpentard comme des « ennemis mortels et redoutables », à plusieurs reprises et avec force détails. Cela veut dire, concrètement, que cette famille n’a jamais combattu du côté de Guillaume le Conquérant, bien au contraire : ils soutenaient Harold… Et de nombreux éléments semblent montrer qu’ils n’ont pas désarmé à la fin de la bataille, que les Malefoy ont du les combattre durant de nombreuses années… Jusqu’à les exterminer complètement. Il n’y aurait, selon ces archives, jamais eu d’alliance entre les deux familles. Et je n’ai même pas réussi à trouver qui par conséquent avait pu être marié à Primus Malefoy pour fonder notre lignée...
Lucius déglutit avec peine, cela il ne l’avait pas vu venir et il répondit d’une voix sèche :
- Est-ce une simple théorie que nous pourrons écarter ? Ou bien s’agit-il de quelque-chose de solide ?
- Disons, répondit Ignacius. Qu’il s’agit d’archives sérieuses. Cela va conforter nos adversaires qui avançaient déjà, en se basant sur une documentation incomplète, que notre famille n’avait jamais été liée aux Serpentard. Et au-delà de ceci, ce qui me semble plus grave, c’est que ces archives sont très éloquentes sur le devenir de cette famille.
- Que disent-elles ? Demanda Lucius.
- Elles détaillent l’histoire des Serpentards, ou plutôt de leurs dernières générations, celle du père de Wilfried, Olaf… Fils d’un Serpentard au prénom et d’une Normande dont rien n’indique qu’elle n’ait été une sorcière… Il s’est marié avec une noble de l’entourage d’Edouard le Confesseur, une moldue c’est parfaitement avéré. Quant-à leur fille Aliena, elle aurait combattu aux côtés de son père jusqu’à ce qu’ils soient tous les deux tués, probablement plusieurs années après la bataille d’Hastings…
- Ce qui veut dire que les derniers Serpentards auraient été de sang-mêlés, et liés aux moldus…
- Cela veut dire qu’ils étaient du côté d’Edouard le Confesseur, des fidèles d’entre les fidèles sachant que ce roi n’était pas précisément connu pour sa tolérance de la Magie… Quelles que soient les raisons qui les ont poussé à le servir, puis à continuer à combattre après la mort de son successeur, ils ont affronté de très nombreux autres sorciers, quitte à se ranger aux côtés des moldus.
- Tu penses à une lutte de pouvoir ? Demanda Lucius. Tu penses qu’ils auraient pu être des traîtres vis-à-vis du monde sorcier ?
- En même temps, répondit Ignacius. La chose pouvait ce concevoir à l’époque. Les sorciers n’étaient pas unis, du moins pas autant qu’on le dit, ils ne vivaient pas cachés et s’alliaient souvent aux moldus... Notre famille elle-même a d’ailleurs lutté contre le Secret Magique…
- Ce que nous nous efforçons de garder pour nous, répliqua froidement Lucius.
- En effet, répondit sombrement Ignacius en baissant un peu la tête.
Il fit une pause et ajouta, presque craintif :
- Maintenant, il va falloir que j’annonce tout cela à Père qui attend avec impatience mes conclusions après ce voyage…
Disant cela, il contemplait sa fille comme si elle avait pu lui donner le courage de relever le défi et Lucius soupira.
Lui et son frère n’étaient décidément pas les mêmes.
Au delà de toute espérance by bellatrix92
Author's Notes:
Ou comment Lucius aurait-il pu réagir à l'annonce de l'ouverture de la chambre?
J'espère que cela vous plaira.
Et merci à Madame Mueller pour ses gentilles reviews!
Si les révélations d’Ignacius l’avaient bouleversé un temps, il se sentait à présent plus sûr de lui que jamais. Les mots écrits sur les murs de l’école Poudlard agissaient comme un baume apaisant sur sa conscience déchirée quelques semaines plus tôt.
Avec ce qui venait de se produire, c’était comme si leur arbre généalogique venait de recevoir une consécration les mettant désormais à l’abri de toute calomnie.
« LA CHAMBRE DES SECRETS A ÉTÉ OUVERTE. ENNEMIS DE L'HÉRITIER, PRENEZ GARDE. »
C’était parfait, oui, la mise en scène et la synchronisation étaient parfaites. Et Lucius savourait à présent l’effet produit par sa manigance même si rien encore n’avait été rendu public. Il se serait même senti parfaitement comblé s’il avait pu revendiquer ce coup d’éclat.
Cependant, lucide, il s’en garderait bien avant d’avoir mis ce damné directeur définitivement hors d’état de nuire. Alors seulement il prouverait son implication dans l’événement, ce qui lui permettrait indéniablement de revendiquer cet héritage qu’il craignait plus que tout qu’on ne lui arrache.
Encore plus que lui, son père Abraxas avait été bouleversé par les révélations d’Ignacius au point que sa santé en avait, encore une fois, pris un coup. Ces dernières années il devenait de plus en plus fragile à vrai dire et Lucius s’inquiétait pour lui. A vrai dire, il en aurait même beaucoup voulu à Ignacius si seulement ce n’était pas lui qui lui avait conseillé de tout révéler sans tarder à leur père…
Ceci était indéniablement une erreur. Le vieil homme n’avait pas su encaisser ce coup et Lucius, très gêné, l’avait même vu en pleurer.
Aussi ce soir d’Halloween, une fois n’est pas coutume, il avait très longuement écouté son fils, par la cheminée de la salle commune des Serpentard que le jeune garçon avait utilisée pour le joindre tard dans la soirée. Il lui avait également posé de très nombreuses question auxquelles le jeune sorcier avait répondu avec délice.
Drago lui avait ainsi tout raconté dans les moindres détails et savoir que Potter était mis en faute était jouissif, pour lui comme pour son fils.
C’est qu’ayant rencontré le garçon pour la première fois durant l’été, il s’était rangé sans peine à l’avis de Severus : arrogant, médiocre et parasite. Non, ce gamin n’avait absolument rien pour plaire, ils pouvaient largement s’accorder là-dessus.
Assis sur le sofa de son bureau personnel, un verre de Whisky pur feu à la main, Lucius savourait l’instant. Oui, il se laissait aller à savourer ce moment.
Déjà en septembre, le récit de l’humiliation du fils Weasley avec sa baguette défectueuse l’avait mis en joie. Il s’était d’ailleurs empressé de faire en sorte que tout le ministère soit au courant. Pour Arthur Weasley, c’était une seconde humiliation en moins de deux semaines et à présent il rasait les murs sous les regards narquois.
Fort à parier qu’il ne se risquerait pas à venir perquisitionner chez eux après cela. Pour l’instant la menace était écartée, et puis quand-bien même…
Qu’avait-il à craindre du Ministère, entre sa capacité à corrompre certains employés, à en intimider d’autres… Et avec les caches magiques qu’il utilisait dans ce manoir ?
De plus il s’était débarrassé de l’objet le plus encombrant qu’il possédait jusque alors, autant dire qu’il était à présent intouchable.
Mais là, avec la Chambre des Secrets, on atteignait un autre niveau de réussite et tous ses objectifs semblaient sur le point d’être atteints. Dumbledore ne pourrait jamais se relever d’un tel scandale, et il n’avait aucune chance de contenir l’incident, personne n’y était jamais arrivé avec cette pièce secrète qui avait tenu en échec les plus grands avant lui, Merlin y compris.
A présent, Lucius se sentait terriblement fier. A vrai dire, il était resté fébrile et anxieux depuis l’instant où il avait lâché le journal dans le chaudron de la fillette, craignant à tout instant une contre-attaque d’Albus Dumbledore si l’objet était découvert.
Lorsque le Seigneur des Ténèbres lui avait confié le journal, en lui expliquant qu’il comptait l’utiliser « au moment venu » pour ouvrir la Chambre des Secrets, Lucius s’était senti à la fois honoré et impatient de l’utiliser, pressentant que cela lui donnerait une place définitivement prépondérante dans l’entourage de son maître.
Puis, après le 31 octobre 1981, c’était devenu un sujet d’inquiétude permanente, d’autant qu’il hésitait à s’en servir. Il ne savait pas ce qu’était cet objet qui restait dans son manoir et il hésitait à le mettre dans le circuit de l’école pour qu’il accomplisse son objectif.
A vrai dire, jusqu’à l’année précédente où son père Abraxas avait tenu sa dernière réunion au Conseil d’administration de l’école, il avait pensé profiter de l’occasion pour glisser discrètement le journal dans un rayonnage de la bibliothèque. En effet, le Seigneur des Ténèbres lui avait précisé que l’intervention d’un élève de l’école serait nécessaire pour permettre à l’objet d’agir. Mais par la suite, Lucius avait craint d’être très rapidement identifié, et même que son plan soit étouffé dans l’œuf car Dumbledore avait des yeux partout.
Lucius était d’ailleurs persuadé que le plan initial du Seigneur des Ténèbres était de faire parvenir ce journal à Poudlard pour ouvrir la Chambre des Secrets et faire mourir Dumbledore en premier lieu. Les Sang-de-bourbe n’auraient qu’à suivre.
Mais à présent que le Seigneur des Ténèbres n’était plus, le but devait-il rester le même ? Il s’était posé la question jusqu’à cet été et la nomination de Lockhart.
A présent il en avait la certitude : Dumbledore de vait être mis hors-circuit et Lucius avait espéré sans trop y croire d’arriver à ses fins.
Inutile de dire que, ce soir, le résultat dépassait ses plus grandes espérances.
A présent cependant, comment convenait-il d’agir ?
Peut-être devait-il contacter Severus, sous prétexte d’avoir été averti de l’incident par Drago. Mais non, c’était prématuré, surtout avec le rôle qu’il souhaitait faire jouer à son ami dans la suite. Et puis il risquait de se mettre directement en ligne de mire face à Dumbledore.
Par contre, il pouvait contacter un autre membre du Conseil d’administration en faisant mine d’être interloqué par le récit de son fils, mais lequel ?
Lucius prit le temps de réfléchir froidement, ne pas précipiter les choses, laisser l’affaire prendre de l’ampleur en restant en retrait. Peut-être son père pouvait-il le conseiller…
Seule question : Devait-il le maintenir dans l’ignorance de ses plans ? Ou tout lui raconter ?
Ignacius s'offusque by bellatrix92
Lucius pestait intérieurement et se maudissait de sa bêtise à présent.
Tout raconter à son père et le mettre dans le secret de ses plans était indéniablement une erreur. La preuve ? Celui-ci s’était empressé de révéler l’ensemble du complot à son jeune frère et celui-ci, sous couvert de l’inviter pour l’après-midi, l’avait pris au piège et mis au pied du mur, activement aidé par son épouse.
- Tu n’as quand-même pas fait cela Lucius ? Lui demanda t-il à brûle-pourpoint alors que Jaody leur servait le thé après l’avoir débarrassé de sa cape (un elfe beaucoup plus dévoué que Dobby à vrai dire).
Il n’osa rien répondre devant le regard à la fois acéré et horrifié d’Ignacius. Il ne demanda même pas de quoi il lui parlait, il avait en effet compris que ce sujet serait abordé à l’instant où son cadet l’avait accueilli, la mine grave.
Hortense de son côté les observait avec gêne et murmura à l’adresse de Lucius :
- Est-ce que… Narcissa est au courant de... ?
- Non, répondit-il sèchement, agacé qu’elle prenne la parole.
Il sentit le regard de son frère se poser sur lui, chargé de reproches :
- Tu as fait cela alors que ton propre fils est élève là-bas ? Ajouta Ignacius pour enfoncer le clou. J’imagine bien en effet qu’elle n’approuverait pas si elle le savait.
- Drago est un sang-pur, répliqua faiblement Lucius. Il ne risque rien là-bas.
- Tu… Tu ne parles pas sérieusement j’espère ?
Cette fois-ci c’était Hortense qui l’avait apostrophé, haussant le ton ce qu’il ne l’avait encore jamais vu faire et il la contempla avec surprise. Son frère poursuivit, plus doucement mais son inquiétude était nettement perceptible :
- Lucius… As-tu connaissance de la créature qui vit dans cette chambre ? As-tu compris ce que c’est ?
Il secoua la tête. A présent il lui venait à l’esprit qu’il avait peut-être négligé un détail, un gros même, ce qui expliquait peut-être son anxiété lorsqu’il avait frappé et glissant cet objet dans les affaires de la fille Weasley :
- Mais la légende de la chambre est très exagérée, dit-il lentement à son frère. J’imagine que… Ce n’est pas vraiment un monstre ?
Lucius lui-même sentit que sa voix était désespérément suppliante et Ignacius lui renvoya un regard aussi grave qu’atterré. Il semblait stupéfait devant son ignorance à présent, en plus d’être catastrophé par la situation :
- Que vas-tu me dire ? Souffla Lucius à son frère avec appréhension.
- Que pourrais-je te dire ? Répondit Ignacius. Sinon que tu as été totalement inconscient de déclencher ces événements ? C’est l’ensemble des élèves en réalité que tu as mis en danger.
- L’ensemble ? Répliqua Lucius en s’insurgeant un peu. Enfin, la dernière fois que cela s’est produit, une seule élève a été tuée.
- Parce que la créature obéissait à un puissant mage, répondit Ignacius. Le Seigneur des Ténèbres, car j’imagine bien que c’est lui, avait suffisamment de pouvoirs pour la contenir. Aujourd’hui rien n’est moins sûr...
Il hésita un peu et se tourna vers Hortense, la laissant poursuivre à sa place, ce qui aurait agacé Lucius si cela avait été n’importe qui d’autre.
- Comme nous le savons tous, dit-elle d’une voix douce. L’école de Poudlard a été fondée il y a plus de mille ans, une date imprécise mais antérieure à deux de ses premiers élèves qui sont toujours restés parmi les plus illustres sorciers et qui étaient de la maison Serpentard d’ailleurs : Merlin et Morgane.
- Les quatre maisons de l'école portent le nom de leur fondateur, reprit Ignacius. Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle, Rowena Serdaigle et Salazar Serpentard ont bâti Poudlard ensemble, hors de la vue des Moldus afin que les jeunes sorciers puissent échapper aux terribles persécutions qu’ils risquaient de subir dans leurs jeunes années et apprendre à maîtriser leurs pouvoirs en toute sécurité.
- La suite je la connais, répliqua sèchement Lucius : Pendant quelques années, les fondateurs de l'école ont travaillé ensemble dans une parfaite harmonie car leurs objectifs étaient similaires. Mais peu à peu, ils finirent par se diviser sur le fond, probablement après de graves incidents avec des moldus récalcitrants. Un conflit a donc éclaté entre Salazar Serpentard et les autres. Lui pensait que le savoir magique devait être réservé aux familles de sorciers et à elles seules. Il ne voulait pas prendre d'élèves nés de parents moldus car il estimait qu'on ne pouvait pas leur faire confiance, ce que je trouve parfaitement fondé, surtout à l’époque. Le conflit a pris de telles proportions qu’il a fini par quitter l’école.
- Ce qui s’est passé autour de ce départ est très flou, répondit cependant Hortense. D’aucun parlent d’un duel entre Salazar Serpentard et Godric Griffondor, mais une hypothèse plus probable est que les deux autres fondatrices se soient définitivement rangées aux côtés de Godric, mettant ainsi Salazar Serpentard en minorité…
- Un événement, ajouta Ignacius. Qui aurait largement pu être déclenché par la mort d’Helena Serdaigle et de celui qui est devenu le baron sanglant et qui était visiblement très lié à Salazar Serpentard… Mais en fait, on n’en sait rien… Il existe tout un tas de théories autour de la chose, dont celle de la mort de Rowena Serdaigle qui aurait laissé Salazar Serpentard face aux deux autres…
- Farfelu, répliqua Lucius.
- Peut-être bien, répondit Hortense. Mais cette Chambre, car elle existe réellement, est bien la preuve que son départ ne s’est pas fait soudainement et qu’il l’avait envisagé depuis longtemps.
- Salazar Serpentard, reprit Ignacius. Aurait aménagé une salle cachée dans le château, une salle dont les autres ne connaissaient pas l'existence. Il en aurait ensuite scellé l’entrée de telle sorte que personne ne puisse l'ouvrir jusqu'à ce que son authentique héritier arrive à l'école, Même son élève, Merlin, n’a pas réussi à la trouver et la sorcière Morgane n’a pas fait mieux. Seul l'héritier de Serpentard avait le pouvoir d'ouvrir la Chambre et Je pense que c’était pour une très bonne raison : il fallait être Fourchelang.
- Ce que nous pensons savoir que Merlin n’était pas, observa Hortense. Ce qui explique que, bien qu’il se soit désolidarisé de son mentor, il n’ait jamais pu contrer ses plans.
Lucius commençait à se sentir sérieusement agacé, aussi il répondit avec une certaine froideur :
- Est-ce pour me parler mythologie que vous m’avez invité ?
- Non, répondit Ignacius. Mais n’as-tu pas fait le lien ? Un lieu secret que seul un fourchelang peut trouver, un monstre qui doit être capable de vivre extrêmement longtemps...
- Et qu’on pourrait utiliser la chose horrible qu'elle contient pour chasser Poudlard ceux qui ne sont pas dignes d'étudier la magie…
Lucius déglutit en prenant conscience de ce que cela impliquait. Il y eut un long silence pendant lequel il digéra lentement l’information. Enfin, il bredouilla :
- Un basilic ? Vous pensez vraiment que cette chambre renferme un basilic ?
Cela il ne l’avait pas vu venir en effet et à présent lui aussi se sentait horrifié.
Avait-il vraiment utilisé cette petite morveuse des Weasley pour lâcher dans l’école… Un basilic ?
Par Merlin, il était propre à présent...
Tension palpable by bellatrix92
Lucius n’arrivait pas encore à déterminer si, oui ou non, il avait bien fait de laisser son fils à Poudlard pour Noël. C’est qu’à la base il avait eu de bonnes raisons : se maintenir au courant des événements qui pourraient se produire dans le château, et ménager du temps à Narcissa qui se rendait de plus en plus souvent au chevet de sa belle-sœur.
C’est que Hortense supportait mal cet hiver et qu’elle avait du rester plusieurs semaines alitée en tout depuis le mois de novembre.
Mais lorsque Drago avait raconté à Lucius l’étrange conversation qu’il avait eu avec ces deux imbéciles de Crabbe et Goyle, il n’avait mis que quelques secondes à comprendre que les trois adolescents avaient été mystifiés. Par qui ? Il n’avait presque aucun doute et la panique s’était aussitôt emparée de lui :
Dumbledore devait le soupçonner, et avait probablement tenté de soutirer à son fils des informations. Il ne voyait que cette possibilité et à présent, il n’avait plus le choix : il devait prendre de vitesse le directeur de Poudlard et le mettre hors d’état de nuire.
Sur le moment, il avait demandé à Drago de faire preuve de la plus grande prudence, même avec ses propres amis. Le garçon avait compris (cette fois-ci).
Remis de ses émotions après un Whisky bien dosé, Lucius avait donc contacté son père, en lui interdisant cette fois-ci de dire quoi que ce soit à Ignacius.
Tous les deux étaient rapidement tombés d’accord : ils devaient agir, c’était une urgence. Et pour se faire, Lucius avait fait réunir le Conseil d’Administration de l’école à huis-clos, une réunion exceptionnelle dans laquelle il n’avait pas hésité à faire appel aux méthodes les plus extrêmes pour imposer sa volonté aux trois familles élues dans les quatre maisons.
Le vieux McMilan avait été le dernier à céder, tenant même plus longtemps que Mr Brown, Mrs McLaggen et Mrs Finnigan pourtant tous réputés pour leur courage. D’ailleurs, Mr Boot lui avait aussi opposé une certaine résistance.
Mais il avait obtenu cette suspension, et maintenant il ne restait plus qu’à la présenter à son destinataire.
Cependant, à présent qu’il se trouvait proche de son but, Lucius hésitait. Aux sentiments de puissance et de victoire, l’appréhension le disputait sérieusement et une boule se formait au creux de son estomac.
Il fallait pourtant qu’il donne le change et il prit ainsi le temps d’inspirer et de se composer une mine de circonstances.
Puis il se tourna vers la cabane du grade-chasse, bien résolu cette fois-ci à y pénétrer.
Cet endroit était encore plus méprisable qu’il ne le croyait à vrai dire. La masure qui se découpait dans la lisière de la Forêt interdite avait beau être plutôt grande, elle n’en semblait pas moins misérable et l’odeur qui se dégageait des lieux était affreusement rustique.
Cela lui fait penser aux récits de sa famille qui dataient de l’époque où les Malefoy avaient un grand nombre de métayers moldus sur lesquels ils faisaient régner la terreur, de même que sur une nombreuse domesticité. La Peste soit de Dumbledore qu’il devait venir chercher jusque ici pour le conduire hors des murs du château !
Et quand un Malefoy parlait de la Peste, c’est qu’il y avait lieu de s’inquiéter.
Lucius frappa à la porte de bois grossier, il entendit un pas léger et mesuré de l’autre côté tandis que le bourdonnement d’une conversation s’arrêtait brusquement. Lorsque la porte s’ouvrit cependant, il crut entendre un cri étouffé que rien ne pouvait expliquer mais cela ne l’empêcha pas de conserver le sourire glacial et satisfait qu’il s’était forgé au dehors.
C’était Dumbledore en personne qui lui avait ouvert et ce ramollo de Fudge était là également, tant mieux, il préférait cela à devoir affronter seul le directeur de Poudlard.
Au moment où il passait le pas de la porte, un affreux molosse baveux se mit soudain à grogner et il lui lança un regard menaçant, mettant rapidement un terme à sa résistance.
- Vous êtes déjà là, Fudge, dit-il au ministre avec satisfaction. Très bien, très bien…
Le garde-chasse cependant ne comptait pas le laisser poursuivre à sa guise et il s’emporta soudainement :
- Qu'est-ce que vous faites ici ? s'exclama t-il avec fureur. Sortez de ma maison !
- Mon cher Monsieur, répliqua Lucius en savourant d’avance le sort qui serait réservé au garde-chasse et qu’il connaissait déjà. Soyez certain que je n'ai aucun plaisir à me trouver dans votre... heu... comment appelez-vous ça ? Une maison ?
Son regard dédaigneux était parfaitement étudié et glissa imperceptiblement sur Albus Dumbledore, lui signifiant qu’il avait gagné. Pourtant le directeur resta parfaitement calme.
Lucius poussa donc plus loin l’avantage en ajoutant :
- Je suis simplement passé à l'école où l'on m'a dit que le directeur se trouvait ici.
- Et que me vouliez-vous, exactement, Lucius ? demanda Dumbledore sans manifester la moindre inquiétude, bien qu’il se doute probablement de la raison de sa visite.
Son ton était froidement poli, mais ses yeux bleus le transperçaient littéralement et, malgré son succès, Lucius dut fournir un effort pour lui faire front.
- Je suis navré pour vous, Dumbledore, répondit-il d'un ton nonchalant en sortant de sa poche le rouleau de parchemin qu’il avait obtenu à grand renforts de menaces. Mais le conseil d'administration de Poudlard estime qu'il est temps pour vous de passer la main. J'ai ici un ordre de suspension vous concernant. Vous y trouverez les douze signatures réglementaires.
Il fit une pause tandis que le directeur saisissait le rouleau et le décachetait. Puis il ajouta sur un ton plus solennel :
- Nous avons estimé que vous n'étiez plus à la hauteur de la situation, j'en suis désolé. Combien d'agressions ont eu lieu jusqu'à présent ? Il y en a eu deux de plus cet après-midi, n'est-ce pas ? A ce rythme, il ne restera bientôt plus aucun enfant de Moldus à Poudlard et nous sommes tous conscients de l'horrible perte que cela représenterait pour l'école.
Même lui perçut l’ironie de sa phrase, pourtant personne dans la cabane ne broncha. Tout le monde savait déjà ce qu’il en pensait de toute manière, alors pourquoi s’en cacher après tout ?
- Attendez, attendez, Lucius, dit cet imbécile Fudge en s’affolant soudain. Dumbledore suspendu ? Non, non, c'est la dernière des choses à faire…
Lucius balaya ses protestation avec autant de douceur que de fermeté, c’est qu’il n’avait pas le choix...
- La nomination ou la suspension du directeur relève de la décision du conseil d'administration, Fudge, répliqua t-il. Et comme Dumbledore a été incapable de mettre un terme à ces agressions…
Le ministre toutefois ne semblait pas disposé à lâcher prise et il tenta une seconde réponse :
- Voyons, Lucius, si Dumbledore ne peut pas y mettre un terme, qui donc en sera capable ?
Le pauvre était totalement ridicule et on voyait des gouttes de transpiration apparaître sur sa lèvre supérieure, quelle pitié !
- Nous verrons bien, répliqua t-il avec froideur. Mais les douze membres du conseil ont voté…
Le sous-entendu était clair. A cet instant le demi-géant se leva d'un bond, manquant de se cogner contre le plafond.
- Et quels ont été vos arguments pour les convaincre ? Rugit-il de sa voix rocailleuse. Les menaces ? Le chantage ?
- Mon cher Hagrid, lui répliqua Lucius. Votre caractère emporté vous attirera un jour de sérieux ennuis. Je vous conseille de ne pas crier comme ça lorsque vous aurez affaire aux gardiens d'Azkaban. Ils n'aimeraient pas ça du tout.
- Vous ne pouvez pas renvoyer Dumbledore ! hurla-t-il cependant, effrayant même son chien qui alla se cacher dans un coin en couinant. S'il s'en va, les enfants de Moldus sont condamnés ! La prochaine fois, il y aura des morts !
- Calmez-vous, Hagrid, dit sèchement Dumbledore.
Il se tourna vers Lucius qui soutint son regard :
- Si le conseil d'administration souhaite mon départ, Lucius, je m'en irai, bien entendu.
- Mais... balbutia le ministre avec désespoir.
- Non ! gronda le demi-géant horrifié.
Le regard bleu de Dumbledore fixait les yeux yeux de Lucius et le moins qu’on pouvait dire est que l’ambiance était polaire.
- Cependant, reprit Dumbledore en parlant très lentement comme s'il tenait à ce qu'on ne perde pas un mot de ce qu'il allait dire, ce qui l’agaça considérablement. Vous vous apercevrez que je n'aurai véritablement quitté l'école que lorsqu'il n'y aura plus personne pour me rester fidèle. Vous vous apercevrez aussi qu'à Poudlard, une aide sera toujours apportée à ceux qui la demandent.
Était-ce une menace ou un simple baroud d’honneur ? Lucius ne savait pas bien mais il se sentait terriblement mal-à-l’aise à présent. Il choisit cependant de sauver les apparences :
- Ce sont là des sentiments admirables, déclara t-il en s'inclinant mais sans ôter de sa voix un certain mépris. Nous regretterons tous votre... heu... façon très personnelle de diriger les choses. Albus, et j'espère simplement que votre successeur saura empêcher que... heu... « la prochaine fois, il y ait des morts... ».
Lucius avait volontairement prononcé ces derniers mots sur un ton légèrement moqueur et il sentit le garde-chasse se crisper. Il s'avança vers la porte, l'ouvrit, et s'inclina une nouvelle fois en faisant signe à Dumbledore de sortir. Le directeur sembla vouloir le prendre comme une politesse et obtempéra aussitôt d’un pas décontracté, s’éloignant derrière Lucius qui le suivit un instant.
Fudge, lui, attendait en tripotant son chapeau que le demi-géant passe devant lui. Mais les mots que ce dernier prononça soudain étaient si inattendus que cela suffit à l’effrayer :
- Si quelqu'un voulait découvrir quelque chose, dit Hagrid. Il lui suffirait de suivre les araignées. Elles leur indiqueraient le bon chemin ! C'est tout ce que j'ai à dire !
Lucius s’arrêta net tandis que le demi-géant marmonnait une phrase agacée à l’égard de Fudge. Les araignées, il venait de parler des araignées, c’est probablement qu’il savait beaucoup plus de choses que ce que Lucius aurait cru… Ce qui voulait dire que probablement beaucoup de monde était au courant.
Avait-il prononcé ces mots à dessein ? Le visait-il personnellement ?
Pas plus mal qu’il termine à Azkaban dans ce cas, et il fallait même espérer qu’il n’en sorte jamais.
Au moment où il allait franchir la porte, Hagrid marqua encore une pause et dit d'une voix forte :
- Il faudra que quelqu'un donne à manger à Crockdur pendant que je ne serai pas là.
La porte claqua sur ces mots et le dénommé Crockdur se mit alors à gémir en grattant à la porte. Lucius, lui, s’empressa de fuir, oubliant même de pister Dumbledore.
A présent l’angoisse le tenaillait, il était sûr que l’on venait de le menacer.
End Notes:
Alors, selon vous Lucius est-il parano? ;)
Merci à celles qui m'ont déjà reviewée.
Severus fait preuve de réserve by bellatrix92
Il accueillait toujours Severus avec un grand plaisir, et aujourd’hui ne ferait pas exception.
Il pouvait même dire que c’était un soulagement de pouvoir lui parler en privé lorsqu’il le fit pénétrer dans son bureau privé, où même Narcissa n’avait pas le droit d’entrer sans son autorisation.
C’est qu’ils avaient à parler de choses sérieuses.
Et puis, Lucius ne l’avait pas mise au courant de tout dans cette affaire, de peur qu’elle soit épiée mais également parce que son avis aurait probablement été proche de celui d’Ignacius. Comme si cela ne suffisait pas, avec le peu qu’elle en savait, elle était déjà suffisamment en colère contre lui.
La Peste soit des femmes qui s’émouvaient toujours d’un rien ! Mieux valait donc parler entre hommes.
- Ainsi, dit-il à Severus tout en leur servant un Whisky pur feu. Dumbledore a bien déserté l’école, exactement comme cela lui a été demandé ?
Le maître des potions hocha sombrement la tête et répondit d’une voix neutre :
- Exactement en effet, et il n’a laissé pour ainsi dire que son phénix, probablement parce que celui-ci est encore un poussin. Minerva McGonagall a d’ailleurs été chargée de veiller sur lui si je ne m’abuse.
- Ainsi que de garder la place, grinça Lucius qui détestait l’enseignante de métamorphose autant que le directeur. Et nous pouvons d’ores et déjà considérer qu’elle est son homme de paille.
En face de lui, Severus haussa les épaules d’un air blasé et presque indifférent :
- Minerva est une fidèle de Dumbledore, cela n’est un secret pour personne. C’est également le profil-type d’une Griffondor et tous les enseignants se sont rangés derrière elle sans hésiter.
- Et il y a de quoi être préoccupé si, maintenant, ce sont les Griffondor qui gèrent la Chambre des secrets…
Lucius avait parlé sur un ton ironique, mais il se rendit rapidement compte que Severus ne se déridait pas :
- Dans le cas présent, dit-il. Il y a de quoi être préoccupés car même Minerva n’a aucune idée de la manière dont il convient d’agir. Personne en fait ne sait comment ces agressions se produisent, quant-à les faire cesser…
- Vous devriez demander à Lockhart, répliqua Lucius avec un nouveau sourire ironique.
Severus soupira sans même le lui rendre, plus accablé que Lucius ne l’aurait pensé. Il n’en menait pas large et n’était pas d’une humeur réjouie, cela était au moins une chose sûre :
- Tu devrais remplacer Minerva McGonagall à l’intérim de direction, ajouta alors Lucius qui guettait depuis un bon moment l’occasion de placer ses pions. Je peux t’arranger cela avec le Conseil d’administration.
Severus balaya sa proposition d’un revers de main et répliqua avec réserve :
- Je ne pense pas que cela soit la chose à faire.
- Je pense le contraire, répondit Lucius qui était de plus en plus étonné par l’attitude de son ami. Il nous faut quelqu’un d’efficace dans le cas présent.
En face de lui, Severus soupira avec lassitude et répondit :
- Je n’ai moi-même aucune idée de la manière dont nous pourrions résoudre le problème. Cela me tue de le dire, mais je ne saurais faire mieux que Minerva… Personne ne sait comment ces événements se sont produits, ni pourquoi, ni comment y mettre un terme.
Ils touchaient enfin du doigt le problème et le moment était donc venu de mettre les chose au point. Lucius prit sa décision et joua sa dernière carte, la plus risquée mais il savait ne pas avoir grand-chose à craindre de la part de son ami :
- Mais moi, répondit-il d’une voix entendue. Des éléments, je peux t’en donner pour comprendre ce qui se passe et être prêt à agir quand viendra ton heure.
Severus fut surpris de sa déclaration. Il l’observa un instant entre franche inquiétude et désapprobation, avant de répondre d’une voix blanche :
- Que veux-tu dire ?
- J’ai, comment dire... Je suis en fait à l’origine de ces incidents, répondit Lucius avec un sourire fier et presque victorieux.
Et, sans attendre malgré le regard horrifié que lui avait envoyé son ami, il lui expliqua ce qu’il avait mis en œuvre avec le journal de Riddle, ses raisons, son altercation avec Arthur Weasley et la manière dont il avait glissé le journal dans le chaudron de sa fille.
Mais à sa grande surprise et pour son vif déplaisir, il comprit très vite que Severus non plus n’approuverait pas sa démarche, pas du tout même. En effet, le maître des Potions l’observait comme s’il craignait qu’il ne soit brusquement devenu fou :
- Tu ne soutiens pas non plus ma démarche, devina Lucius avec amertume. Tu penses comme mon pleutre de frère et son épouse…
Severus répondit, mobilisant visiblement tous ses efforts pour faire preuve de tact :
- Je ne peux nier que tu pouvais penser avoir de très bonnes raisons d’agir, et je suis moi-même très critique sur les choix d’Albus Dumbledore quand bien-même ton frère a adroitement deviné le sens de sa démarche… Mais là nous parlons de quelque-chose de très grave Lucius… Tu as lâché un basilic dans une école !
On aurait dit un enseignant bienveillant (ce que Lucius savait pertinemment que son ami n’était pas) expliquant à un élève qu’il avait commis une faute grave :
- Un basilic sous contrôle, répliqua Lucius de plus en plus agacé. Et jusqu’à présent il n’a attaqué que les bonnes cibles. Il n’y a même pas eu de morts… Écoute, je vais t’expliquer mon plan à présent.
- Je suis toute ouïes, répondit Severus avec un rien d’ironie.
- Voilà. Je fais exclure définitivement Dumbledore de la direction de Poudlard et je te fais nommer à sa place en écartant Minerva McGonagall. Toi, tu supprimes le basilic et tu gagnes définitivement le respect du monde magique. Après ça, plus de cours de potions à dispenser à des cornichons, le poste de directeur, et du temps pour des travaux beaucoup plus intéressants… Bref, la renommée pour toi ! Le plus dur…
- Lucius.
- Deux secondes, je disais que le plus dur serait d’écart…
- Lucius !
Severus venait de hausser le ton face à lui, pour la première fois depuis bien longtemps, et Lucius en levant la tête se rendit compte qu’il était livide :
- Qu’y a t-il ? Lui demanda t-il.
- Lucius, répondit le Maître des Potions d’une voix blanche. Est-ce que tu sais ce qu’est vraiment un basilic ?
- Un serpent géant, non ?
- Une créature faite pour tuer d’un simple regard, pratiquement indestructible et contrôlable seulement par un puissant mage noir qui l’aurait créée… Autant dire que je ne vois pas qui peut la neutraliser à présent… Comment suis-je sensé la mettre hors d’état de nuire Lucius ?
A présent il semblait véritablement fou de rage et Lucius se sentit pour la première fois mal-à-l’aise. Il tenta de l’adoucir :
- J’aurais pensé que cela était dans tes cordes, car tu es très doué… Et puis, ne dit-on pas que le chant des coqs tout simplement leur est fatal ?
- C’est ce qu’on dit oui, répondit Severus. Mais par Merlin on n’a plus vu de basilics depuis des siècles ! Autant dire qu’on ne sait rien sur eux.
Il s’interrompit cependant avant d’aller trop loin et se contenta d’ajouter après un instant de silence :
- Je vais voir ce que je peux faire. Mais, en toute franchise, tu as agi de manière totalement inconsciente !
L'entremise d'Ignacius by bellatrix92
Author's Notes:
coucou à tous!
Pour ce chapitre, nous quittons le point de vue de Lucius pour nous intéresser à celui de son frère...
Ignacius Malefoy ne savait pas vraiment si son cœur battait d’anxiété, d’impatience ou d’excitation lorsque Albus Dumbledore en personne pénétra dans le manoir de Battle en cette fin d’après-midi.
Le directeur portait la robe de velours prune avec laquelle il siégeait au Magenmagot et son habituelle figure flegmatique et assurée.
Lorsque, juste après avoir été suspendu par son propre frère Lucius, le directeur de Poudlard avait accepté son invitation, à sa grande surprise d’ailleurs, ils s’étaient demandé avec Hortense quelle idée le vieil homme pouvait avoir derrière la tête.
Car Dumbledore n’agissait pas ainsi sans bonne raison, ils en étaient tous les deux parfaitement convaincus.
Mais quel qu’en soit le prix, ils tenaient autant l’un que l’autre à avoir le fin mot de cette histoire qui les intriguait autant qu’elle les inquiétait depuis des mois. Aussi ils tiendraient ferme et tenteraient d’en apprendre le plus possible, autant que de trouver une solution avant que la situation ne vire à la tragédie comme cinquante ans auparavant.
Et puis, Ignacius pouvait prétendre agir à la demande de deux membres du Conseil d’administration qui s’étaient ouverts à lui au sujet de leurs peurs et de leurs doutes profonds quant-à toute cette affaire, surtout quant-à la suspension du directeur.
Après tout, il était un médiateur informel bien connu de tout le monde magique de Grande Bretagne, ainsi de nombreuses personnes et parfois même l’administration faisaient appel à son aura sociale pour démêler ce genre de conflits.
Cependant sur ce coup-là, c’était des motivations personnelles qui l’avaient surtout poussé à agir et il savait parfaitement que le directeur de Poudlard ne s’y tromperait pas. Peu importait les apparences et malgré ses capacités d’occulmens largement honorables.
Il n’ignorait pas non plus à quelles extrémités sont propre frère avait sans doute recouru pour obtenir l’aval du conseil, et cela le mettait d’ailleurs profondément mal-à-l’aise. Cependant, il savait également qu’il n’était pas Lucius, ni dans les actes ni même dans les idées ou au moins dans leur application.
Quoiqu’il en soit, il fit usage de ses meilleures manières pour accueillir Albus Dumbledore qu’il invita immédiatement à prendre le thé en compagnie de son épouse :
- Venez, dit-il au directeur de Poudlard. Elle nous attend au salon.
Ignacius n’avait pas prévu cependant la présence d’Eris, mais lorsque avec le directeur ils entrèrent dans le salon, Hortense s’y trouvait déjà bien installée et jouait aux cubes avec la fillette, comme si rien n’avait pu être plus normal lorsque l’on recevait des personnages officiels.
Cela aurait du être considéré comme largement gênant en présence d’une sommité comme Albus Dumbledore. Pourtant Ignacius ne dit rien, car lui-même n’aurait pu se résoudre à interrompre la partie. Son enfant était en effet ce qu’il avait de plus précieux et même une affaire d’importance comme celle-ci passait au second plan en sa présence.
Et puis surtout, il lui venait à l’esprit qu’Hortense ne s’était probablement pas laissée distraire par accident et que cette mise en scène était sans doute délibérée.
Oui. Si Eris était présente dans le salon, c’est qu’elle l’avait voulu. Et, comme d’habitude, Ignacius se perdit un court instant dans la contemplation de sa fille, un sourire béat aux lèvres.
D’ailleurs, Albus Dumbledore la salua avec un sourire malicieux qu’elle lui rendit du haut de ses deux ans et demi, avant de retourner à son jeu tandis que sa mère s’intéressait enfin aux deux hommes.
- Jaody, dit-elle d’une voix douce. Peux-tu nous apporter le thé je te prie ?
L’elfe apparut aussitôt dans un crac sonore avec son plateau tandis qu’Ignacius invitait Albus Dumbledore à s’asseoir dans un des fauteuils rembourrés du salon.
A cet instant, Eris fit tomber deux cubes qui roulèrent jusqu’au milieu de la pièce et se leva pour leur courir après, manquant de renverser l’elfe :
- Oups… Souffla Ignacius en la rattrapant juste à temps.
- Cette enfant est d’une rare vivacité, dit aimablement Dumbledore en lui jetant un regard pénétrant.
- Oh oui, répondit en souriant Hortense qui s’était levée aussi et avait ramassé l’un des cubes échappés. Vous n’imaginez pas tout ce qu’elle invente ni l’attention qu’elle réclame !
- Je peux en tout cas le constater.
Hortense sourit, fit signe à la petite de la rejoindre et celle-ci décida finalement de délaisser les cubes pour monter sur les genoux de sa mère et se blottir contre elle, un œil sur les deux hommes.
Le thé pouvait donc être enfin servi. Jaody le versa dans des tasses, donna la première à Hortense, accompagnée d’un biscuit pour Eris, puis servit Albus Dumbledore et enfin Ignacius.
- Mr Macmillan m’a longuement entretenu de votre discussion, dit alors le directeur au châtelain sans le moindre préambule.
Les choses étaient posées et Dumbledore avait lui-même abordé le sujet épineux, c’était certainement mieux ainsi et Ignacius répondit d’une voix parfaitement assurée :
- Je me doutais qu’il vous en parlerait en effet, il a d’ailleurs évoqué cette option à plusieurs reprises durant notre conversation.
- Et le but de toute cette manœuvre après tout, ajouta Hortense. C’est bien de discuter et de trouver une solution après tout. Nous savons que la situation de Poudlard est plus que précaire, que votre absence pourrait bien aggraver les choses, et surtout que la Chambre des Secrets n’est pas la seule menace qui plane cette année sur l’école.
Le temps de parler des choses sérieuses était donc venu et Ignacius soudain nerveux se dandina quelques secondes sur son fauteuil :
- Je lis sur votre visage, reprit Dumbledore. Que mes motivations vous apparaissent précisément à tous les deux, ce qui n’est guère étonnant entre votre vivacité d’esprit et votre aura sociale après-tout.
- Nous pensons en avoir une certaine idée en effet, répondit doucement Hortense.
- Vous savez donc pourquoi j’ai agi et cela n’est pas étonnant puisque c’est à la suite d’une discussion entre Mrs Malefoy ici présente et Mrs Fudge que nous nous sommes accordés avec le ministre sur la manière dont il convenait d’agir vis-à-vis de Gilderoy Lockhart.
- Vous avez donc bien décidé de confondre Lockhart, plutôt que d’avoir à l’affronter directement en justice.
Hortense le regardait avec un mélange de crainte et d’admiration :
- Oui, répondit le directeur de Poudlard. C’est que soutenu par son public, il est pratiquement impossible d’en venir à bout sans déclencher une levée de boucliers mortifère pour le monde magique.
- Je sais cependant, lui répondit Hortense en serrant instinctivement Eris dans ses bras. Que Gilderoy Lockhart est un homme dangereux, au moins autant qu’il est incompétent. Et si je peux saisir la logique de sa nomination à Poudlard, puisque vous nous confirmez que votre but était bien d’étaler son incompétence aux yeux de tous, je me demande pourquoi vous avez consenti à prendre un tel risque pour les élèves.
- Quel risque exactement ? Lui demanda Albus Dumbledore comme si cela l’étonnait.
- Et bien, répondit Hortense. Si cet homme est capable d’infliger des dégâts lourds à l’esprit d’autrui… Disons que le mettre au contact d’enfants me paraît parfaitement inconscient
- Je comprends vos réticences, Mrs Malefoy. Cependant sa notoriété est telle que l’attaquer de front serait dangereux et peut-être même contre-productif. Il bénéficie d’une aura sociale et d’un soutien médiatique tel qu’une simple convocation devant le magenmagot pourrait déclencher une révolte. De plus, il peut prétendre être défendu par les meilleurs avocats, dont certains à l’international.
- Tout ceci sans compter que, dans nombre de pays étrangers, on est persuadé de son authenticité, murmura sombrement Hortense.
- Vous craignez qu’il gagne un éventuel procès que le Ministère lui intenterait, devina alors Ignacius en prenant enfin la parole.
- Oui, répondit Dumbledore. Et à ce moment-là, il serait investi d’une légitimité sans précédent qui ruinerait toute tentative future. On en ferait une victime d’un mode de gouvernement intolérant, ses « travaux » passeraient pour complètement valables…
Ignacius hocha la tête gravement, mais Hortense n’en avait pas fini avec le directeur :
- Je comprends votre manœuvre Dumbledore, lui assura t-elle d’une voix douce. Mais si cet homme s’en prend à des élèves et leur inflige le même sortilège d’amnésie qu’à ses autres victimes, que ferez-vous ?
A sa grande surprise, le directeur lui répondit d’une voix tranquille et presque amusée :
- Nous le soignerons, tout simplement.
- Vous le soignerez ? Répliqua Ignacius sur un ton sceptique.
- Oui, répondit le directeur comme si c’était la chose la plus évidente possible. Bien entendu, nous n’avons pas exposé les élèves avant d’être sûrs de posséder un remède efficace pour les secourir en cas de problème…
Ignacius et Hortense l’observèrent avec stupéfaction :
- Que ? Que racontez-vous ? Demanda le châtelain.
- Et bien, répondit Dumbledore. Les propriétés du sang de dragon sont de mieux en mieux connues et… depuis mai 1992, nous savons les utiliser pour guérir les victimes de sortilèges d’amnésie. Remus Lupin en a été le premier bénéficiaire et plusieurs autres victimes de Gilderoy Lockhart que nous avons pu identifier sont actuellement soignées. Dans quelques semaines elles seront sur pieds et totalement guéries.
- Oh… Murmura Hortense.
Instinctivement, elle avait serré Eris un peu plus fort dans ses bras et la petite fille protesta avec un petit cri contrarié.
Ignacius, lui, répondit à Dumbledore sur un ton grave :
- Qu’attendez-vous de nous au juste ? Car je devine que vous êtes venu ici, non pour vérifier que nous avions deviné le sens de votre démarche, mais plutôt avec un but précis.
- En effet, répondit le vieux directeur sur un ton aimable. Même si le thé et les scones de ce cher Jaody sont délicieux, ce n’est pas pour eux que j’ai répondu à votre invitation si prisée… Non, je souhaite tout simplement que vous appuyiez ma démarche afin que je puisse très rapidement retourner à Poudlard.
Ignacius en resta coi : voilà qui était osé comme demande, et en même temps d’une terrible franchise.
D’un côté, il ne pouvait pas prétendre qu’il ne s’en était pas douté, cela était parfaitement logique.
- Lucius, mon frère, a menacé de mort certains membres du Conseil d’administration, dit-il honnêtement à Dumbledore. Je ne l’approuve pas le moins du monde, sachez-le, mais je n’ai aucun mot à dire sur la manière dont il gère ses affaires et ses magouilles… Et je crains qu’il ne passe à l’acte si le Conseil va soudain contre sa volonté.
- Avec tout le respect que je vous dois Ignacius, répondit le directeur de Poudlard. Je pense être un sorcier suffisamment puissant pour prémunir les douze familles concernées des agissements de Lucius. Cependant, j’ai besoin de vous pour que, au moment où je remettrai les pieds à Poudlard, le Ministère ne vienne pas entraver ma route sous les ordres du Conseil qui se serait empressé de faire appel à lui pour se couvrir face à votre frère.
Il avait prononcé le mot « Ministère » sur un ton qui laissait entendre de sa part une méfiance profonde et l’aveu de ne pas être tout-puissant face au pouvoir et à l’administration.
Ignacius avait compris, se contenta d’acquiescer en répondant :
- Cela, je peux m’en assurer, oui. D’ailleurs, je dois voir demain Mrs Finnigan à ce propos et je commencerai par lui en toucher un mot, ainsi qu’à Mr MacMilan.
- Ignacius, lui dit cependant Albus Dumbledore avec une certaine insistance.
- Qu’y a t-il ? Demanda le châtelain.
- Je ne peux me permettre d’attendre des semaines, ni même des jours. Il faut que je puisse rapidement revenir à Poudlard, avant qu’une tragédie ne se produise.
Ils s’affrontèrent du regard un instant, jusqu’à ce qu’Hortense devine soudain :
- Vous souhaitez qu’Ignacius fasse venir ici-même et maintenant le Conseil d’Administration de Poudlard, Albus ?
Le vieil homme acquiesça :
- Oui Hortense, comme toujours vous lisez presque dans l’esprit des gens. J’ai besoin de voir le Conseil d’Administration, du moins certains de ses membres, de manière aussi secrète qu’informelle pour les rassurer à propos des menaces de Lucius. Et il est impératif que j’agisse rapidement.
Ignacius et Hortense Malefoy se regardèrent un instant avec gravité avant qu’Ignacius n’appelle Jaody :
- J’ai besoin, dit-il à l’elfe. Que tu ailles rapidement porter un message aux familles que t’indiquera Albus Dumbledore.
- Tous les membres du Conseil d’Administration de Pouldard, précisa le directeur.
- C’est cela, ajouta Ignacius. Indique-leur je te prie que j’attends leur visite le plus rapidement possible pour une affaire importante.
- Oui Maître, répondit l’elfe avant de disparaître dans un crac sonore, dans un tourbillon de torchons propres et de compétence.
Perte de contrôle by bellatrix92
Lucius hésitait sincèrement sur la manière dont il devait considérer la situation : était-elle vraiment désespérée ou dépassait-elle simplement toutes ses espérances ?
Probablement un peu des deux en fait.
A présent qu’Ignacius avait reçu le Conseil à la demande d’Albus Dumbledore, il avait totalement perdu le contrôle des événements. C’est pourquoi il éprouvait le désagréable sentiment qu’il allait se retrouver coincé et pris entre deux feux.
Mais pourquoi donc fallait-il qu’il soit aussi craintif ? Après tout les choses ne faisaient que suivre leur cours et Ignacius qui avait pris les choses en main tenait simplement son rôle de négociateur, quand bien-même Lucius savait parfaitement qu’il désapprouvait…
Non, il n’aurait pas du être aussi inquiet en cette fin d’après-midi.
Paradoxalement et malgré tout ce qui pouvait les opposer, c’est presque avec soulagement qu’il vit son jeune frère entrer dans le bureau où il s’était réfugié en cette après-midi :
- Tu dois y aller Lucius, lui dit-il sans préambule. Cette fois les choses vont trop loin à Poudlard et il faut y mettre un terme, maintenant.
- Bonjour, répliqua l’aîné des Malefoy sur un ton appuyé destiné à rappeler à son cadet l’usage des bonnes manières.
- Au diable la politesse mon frère !
- Je t’en prie ?
Lucius était, pour une fois, sincèrement surpris par la brusque fureur de son cadet, qui ne semblait décidément pas décidé à s’arrêter là car il répondit sur un ton grave :
- Le monstre a tué une élève, une nouvelle fois, sachant que depuis plusieurs jours la vie de l’établissement était soumise à une drastique politique de sécurité. Il faut que tu y ailles et que tu démêles cette affaire avant qu’elle ne retombe sur notre famille ou ne fasse davantage de victimes.
- Je préfère laisser les choses se tasser, répliqua Lucius. Déjà je ne sais même pas quoi faire, et Severus encore moins, et puis ma présence pourrait être suspecte.
- Si la preuve de ton implication dans l’événement est faite Lucius, c’est ton absence qui le sera…
A ces mots, la colère commença doucement à l’envahir et il se leva, se dirigeant lentement vers Ignacius :
- Arrête un peu de faire ta lavette, répliqua froidement Lucius à son frère. La vérité c’est que tu n’es qu’un trouillard sans dignité qui se fait dessus au moindre danger.
Comme Ignacius le fixait d’un air atterré mais sans répondre, il poursuivit :
- Il fallait que ça arrive et ne t’inquiète pas, tout cela sera bien fini quand ta petite fille chérie entrera à l’école. Et à ce moment-là, tu me remercieras.
- Est-ce que tu penses vraiment que je serais assez fou pour remercier l’homme qui a lâché un monstre millénaire, capable de tuer d’un simple regard, sur des centaines d’enfants ? Pour qui tu me prends Lucius ?
- Pour un idiot peureux en ce moment-même.
Ignacius le regardait de haut à présent et il répliqua sèchement :
- Dis-moi donc honnêtement Lucius. En temps que père de famille, lequel d’entre-nous deux est le plus irresponsable ? La gamine qui a été frappée est peut-être une fille de traître, mais elle n’en est pas moins de Sang-Pur. Crois-tu toujours que ton monstre fasse la différence ?
- Il s’en est pris exactement à ceux qu’il devait viser, répondit Lucius d’un air hautain.
- Il s’en est pris, répliqua Ignacius. A l’enfant qui a détenu ce foutu journal. Et si tu avais été assez idiot pour le donner à ton propre fils plutôt qu’à un ennemi, c’est lui qui aurait été emmené dans la chambre et sacrifié, peu importe son sang…
- Comment peux-tu en être aussi sûr ? Demanda Lucius, soudain troublé par l’air sincèrement horrifié d’Ignacius.
- Pour une raison très simple, répondit son cadet. Le journal que tu as mis dans le chaudron de cette gamine fonctionne d’une manière bien précise : il possède son détenteur et le plie à ses volontés.
- En ce qui me concerne, répliqua Lucius. Je ne me risquerai à faire aucune hypothèse sur le fonctionnement de cet objet.
- En bon fils de notre père, lui répondit Ignacius d’une voix trop calme pour ne pas sous-entendre le pire. Tu aurais pourtant aisément du deviner ce qu’est réellement cet objet. Après tout ce n’était pas le seul artefact de Magie noire que tu possèdes… Si ce n’est pas lui qui t’a possédé en réalité vu la manière à la fois sotte et effroyable dont tu as agi.
Il fit une courte pause et rajouta sur un ton polaire :
- Si j’apprenais qu’Arthur Weasley t’avais tué en duel, là, après avoir appris ce que tu as donné à sa propre fille… Je ne crois pas que je te plaindrais.
La phrase porta un coup à Lucius qui s’efforça cependant de répondre sans perdre son sang-froid :
- Cela ne me fait ni chaud ni froid Ignacius, tu serais de toute manière incapable de me venger, même si tu le voulais.
Comme son cadet reculait, il le regarda avec un sourire narquois qui s’effaça immédiatement lorsque Ignacius répliqua :
- Ce serait parfaitement inutile de toute manière, tu es cuit Lucius. Le Conseil d’Administration, toi excepté bien-sûr, s’est réuni il y a quelques jours et Albus Dumbledore ainsi que moi-même et le Ministre avons été mis au courant des accusations que les membres portent contre toi.
- Serais-tu passé de leur côté ? Répliqua Lucius. Me menacerais-tu, mon frère ?
Ignacius ne lui répondit pas et poursuivit sur sa lancée :
- … Quant-à Dumbledore, il s’est remis en route pour Poudlard dès l’instant où l’enlèvement est parvenu aux oreilles des autorités.
- Qu… Comment ?
- Oui Lucius, j’ai invité Albus Dumbledore à Battle, et nous avons organisé cette rencontre ensemble. Mais cela tu le sais déjà. Par contre, tu n’es probablement pas au courant et je vais te l’apprendre : Albus Dumbledore est, en ce moment-même, déjà à Poudlard.
- Sombre crétin ! Mais tu as perdu l’esprit ?
Lucius était fou de rage et empoigna son frère par le col :
- Je n’y suis pas pour grand-chose en vérité, répondit-il calmement. Durant toute cette rencontre, je me suis efforcé de calmer le jeu en affirmant que si des propos tels que ceux qui t’avaient été attribués avait véritablement été tenus, ce dont je doutais fort, ils étaient à mettre sur le compte de la colère quant-à la situation de l’école.
Comme son frère le lâchait, Ignacius poursuivit :
- J’ai couvert tes propos Lucius, je les ai excusés et ai tranquillisé l’esprit de plusieurs familles pour t’éviter des ennuis. Pour l’instant aucune accusation ne peut être retenue contre toi.
- C’est parfait alors…
- Mais dis-toi une chose : Albus Dumbledore est de retour à Poudlard avec l’appui encore informel du Conseil d’Administration de l’école. Et si une personne dans le pays est capable de trouver la chambre, c’est lui… J’ai appris il y a quelques jours qu’il avait de solides notions de Fourchelang… Une petite intrusion dans les archives européennes et je sais qu’il l’a appris en Grèce, assez récemment et grâce à des sources antiques. Bien sûr, il ne s’agit pas des mêmes espèces de serpents que chez nous et il y a fort à parier qu’il ne soit pas aussi doué qu’un fourchelang inné natif de l’Angleterre… Mais le risque qu’il trouve la chambre est immense à présent.
- Et s’il trouve la Chambre…
Ignacius profita du trouble de son frère pour défaire la main qu’il avait laissée sur son col :
- Il y trouvera deux choses : le cadavre d’une fillette et le journal Lucius.
Celui-ci recula, sentant soudain la morsure froide de l’angoisse dans sa poitrine :
- Vas-y maintenant, souffla Ignacius. Il ne faut surtout pas que tu perdes davantage le contrôle des choses...
Il tuerait cet elfe dès le moment où ils seraient rentrés au manoir, et il ferait cela lentement. Mais avant cela il fallait qu’il ait la preuve de sa culpabilité.
Déjà en début d’année, ses punitions répétées l’avait un peu interpellé et la désapprobation croissante d’Ignacius avait achevé de l’inquiéter. Alors quand il avait surpris Dobby qui échangeait quelques mots à voix basse avec son frère Jaody, l’elfe d’Ignacius, la lumière s’était brusquement faite dans son esprit.
Ignacius n’avait décidément pas obtenu toutes ces informations seul et c’était une bien basse besogne qu’il avait confiée à ces créatures inférieures.
D’un geste rageur, il attrapa la poignée de la porte du Bureau des professeurs de Poudlard et l’ouvrit avec une telle force qu’il entendit quelqu’un de l’autre côté pousser un petit cri apeuré et sentit qu’il le heurtait.
Qu’à cela ne tienne, il fit son entrée et voir le directeur assis face à lui suffit à refaire monter la colère en lui. Si seulement il avait pu le tuer !
- Bonsoir, Lucius, lui dit Dumbledore sur ton affable qui lui fit monter la bile aux lèvres.
Il se précipita sur le bureau avec une telle brutalité qu’il faillit renverser Harry Potter qui se trouvait sur son chemin. Pourquoi diable était-il là d’ailleurs ? Il ne savait pas mais peu importait à cet instant précis.
- Alors ! Dit-il à Dumbledore sur un ton agressif, accompagné d’un regard glacial. Vous êtes à nouveau là ! Le Conseil d'Administration vous a suspendu, mais vous estimez que vous avez le droit de revenir à Poudlard !
Le directeur de Poudlard ne parut pas le moins du monde impressionné, il s’offrit même le luxe d’un insupportable sourire.
- Voyez-vous, Lucius, répondit-il. Les onze autres membres du Conseil d'Administration m'ont écrit aujourd'hui. J'ai eu l'impression d'être pris dans une véritable tempête de hiboux. Ils avaient entendu dire que la fille d'Arthur Weasley était morte et ils voulaient que je revienne immédiatement. Ils semblaient croire qu'après tout, j'étais l'homme qu'il fallait pour occuper ce poste.
Le directeur su tut une brève seconde avant de reprendre d’une voix faussement perplexe :
- Ils m'ont également raconté des histoires très étranges. Plusieurs d'entre eux affirment que vous avez menacé de jeter la malédiction sur leur famille s'ils refusaient d'approuver ma suspension.
Lucius lui-même sentit qu’il pâlissait sous l’effet de la peur qui le disputait à présent à la fureur même si il savait déjà que certains membres du Conseil avaient parlé.
Il fallait qu’il trouve quelque-chose à répondre, qu’il cloue le bec à ce vieillard insolent.
- Et alors ? Lança t-il sur un ton ricanant sans relever. Vous avez réussi à mettre un terme à ces agressions ? Vous avez capturé le coupable ?
- En effet, lui répondit Dumbledore, avec toujours le même sourire exaspérant.
Lucius dut faire un effort considérable pour ne pas céder à la panique.
- Eh bien ? Qui est-ce ? Demanda t-il froidement malgré le nœud qui lui enserrait l’estomac
- Le même que la dernière fois, Lucius, répondit avec douceur le directeur de Poudlard. Mais cette fois, Lord Voldemort a agi par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre. Au moyen de ce journal intime.
Disant cela il montrait, non sans insistance, le petit livre noir à présent percé d'un grand trou. Lucius comprit aussitôt qu’il observait sa réaction, cherchant la moindre faille qui lui permettrait de le mettre en faute.
Aussi, il fermait son esprit et cet étrange duel dura jusqu’à ce qu’il entendre de petits coups secs à côté de lui.
Et la scène qu’il aperçut du coin de l’œil le glaça tout en confirmant ses craintes.
Le jeune Harry Potter regardait Dobby avec étonnement. L'elfe, ses grands yeux fixés sur le jeune garçon, ne cessait de pointer le doigt sur le journal, puis sur lui et se donnait ensuite de grands coups de poing sur la tête. Dobby arrêta aussitôt qu’il sentit son regard sur lui mais il était trop tard pour lui.
- Je vois... dit lentement Lucius autant à son elfe qu’à Albus Dumbledore.
- C'était un plan judicieux, répondit le directeur d'une voix égale sans le quitter des yeux, ce qui donna à Lucius l’impression d’être transpercé de part en part. Car si Harry, ici présent et son ami Ron n'avaient pas découvert ce journal intime, Ginny Weasley serait sans doute apparue comme la seule coupable. Personne n'aurait jamais pu prouver qu'elle avait agi contre sa propre volonté…
Lucius ne répondit rien et se contenta de soutenir son regard, parler aurait été dangereux, il le sentait bien. Et puis, officiellement il n’était au courant de rien et Albus Dumbledore lui-même ne pouvait le menacer sans preuves.
Pourtant, à cet instant, les paroles d’Ignacius lui revenaient en tête : le journal possédait ses victimes.
Il frissonna imperceptiblement.
- Et imaginez, poursuivit le directeur, ce qui se serait produit dans ce cas... Les Weasley sont une de nos plus éminentes familles de sorciers. Imaginez les conséquences que cette affaire aurait pu avoir sur Arthur Weasley et son Acte de Protection des Moldus si on avait découvert que sa propre fille agressait et tuait des enfants de Moldus. Heureusement que ce journal a été trouvé à temps et que les souvenirs qu'il contenait ont été effacés. Qui sait ce qu'il serait advenu dans le cas contraire ?
-Heureusement, en effet, dit Lucius à contrecœur.
Aucun d’eux n’était dupe sur ce que sous-entendait exactement l’autre, et il aurait bien voulu étrangler le vieillard face à lui.
Derrière son dos, il sentait que Dobby continuait de pointer le doigt sur le journal, puis sur lui avant de se donner à nouveau des coups de poing sur la tête. Il était sur le point de se retourner pour le menacer lorsqu’une voix le coupa net dans son élan.
- Vous ne savez pas comment Ginny est entrée en possession de ce journal intime, Mr Malefoy ? demanda Harry Potter.
- Pourquoi devrais-je savoir comment cette petite idiote s'y est prise pour dénicher ce journal ? Répondit-il froidement en se tournant vers le gamin.
- Parce que c'est vous qui le lui avez donné, répliqua le garçon sur un ton accusateur. Ça s'est passé chez Fleury et Bott. Vous avez pris son vieux livre sur les métamorphoses et vous y avez glissé le journal, c'est bien cela ?
Sous l’effet de la nervosité, Lucius serra les poings.
- Il faudrait le prouver, répliqua -t-il froidement, si décontenancé par les accusations du garçon qu’il en laissa tomber son masque un bref instant.
- Oh, personne n'y arrivera, dit Dumbledore en adressant à Harry Potter un sourire apaisant. C'est impossible, maintenant que Jedusor a été effacé du journal. Mais d'un autre côté, Lucius, je vous conseille de ne plus distribuer les vieilles fournitures scolaires de Lord Voldemort. Car si certaines d'entre elles tombaient à nouveau entre des mains innocentes, je pense qu'Arthur Weasley ferait tout pour prouver qu'elles vous appartenaient…
Lucius serra les poings encore davantage, rageant sous son immobilité apparente et contenant à grand peine son envie de tirer sa baguette.
Si seulement il avait eu la moindre chance d’abattre le directeur de Poudlard d’un Avada, il l’aurait fait dans l’instant.
Mais comme il n’avait aucune chance de sortir vivant d’un tel affrontement, il se tourna vers son elfe.
- On s'en va, Dobby ! Dit-il sèchement.
Il ouvrit brutalement la porte du bureau et Dobby passa devant lui, tête baissée comme s’il pressentait quel sort funeste allait bientôt être le sien. Lucius lui renvoya trois coups de pied avant même qu’ils ne soient revenus dans le couloir et l’elfe poussa des cris pitoyables.
Le cœur plein de rage, pensant à la manière dont il allait tuer ce damné elfe et régler ses comptes avec son imbécile de frère, il avança à grands pas dans le couloir et s’apprêtait à prendre l’escalier lorsque une voix encore enfantine retentit derrière lui :
- Mr Malefoy !
Il se retourna juste à temps pour manquer de percuter le jeune Harry Potter.
- J'ai quelque chose pour vous, ajouta l’adolescent avec insolence, le regard provocateur.
Et il mit dans la main de Lucius un bout de tissus crasseux et humide qui contenait, il le devina imédiatement, le journal.
- Qu'est-ce que... Gronda Lucius avec dégoût en arrachant le journal de ce qu’il devina être une chaussette et qu'il jeta par terre sans plus de cérémonie.
Puis il lança au jeune garçon un regard furieux.
- Un de ces jours, Harry Potter, dit-il à voix basse sur un ton menaçant. Tu connaîtras le même sort lamentable que tes parents. Ces imbéciles se mêlaient de tout ce qui ne les regardait pas, eux aussi.
Et il tourna les talons pour quitter les lieux sans tarder, tout en appelant son elfe. Il n’avait plus rien à faire ici après tout.
- Viens Dobby, ordonna t-il.
Du coin de l’œil, il vit que l’elfe restait totalement immobile. Il se retourna, soudain vaguement inquiet.
- J'ai dit viens !
Mais Dobby ne bougea pas à son ordre et Lucius pâlit brusquement. Il tenait à la main la chaussette répugnante de Harry Potter et la contemplait comme s'il s'agissait d'un trésor inestimable.
- Le maître a donné à Dobby une chaussette, dit l'elfe émerveillé. Le maître l'a donnée à Dobby.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Répliqua Lucius qui refusait de l’admettre.
- Dobby a reçu une chaussette, dit l'elfe avec une expression d'incrédulité. Le maître l'a jetée et Dobby l'a attrapée. Alors, Dobby est libre.
Lucius se figea, complètement horrifié et les yeux fixés sur l'elfe qui lui adressait à présent un regard de défi. Oui, la loi était formelle puisque les elfes avaient le droit de prendre ce qui était explicitement jeté par leurs maîtres en leur présence.
La rage le submergea aussitôt et il se rua sur Harry Potter, furieux et décidé à lui faire la peau.
- Tu m'as fait perdre mon serviteur ! Rugit-il d’une voix haineuse.
Dobby s’interposa immédiatement, avec une telle rapidité qu’il ne vit rien venir :
- Vous ne ferez pas de mal à Harry Potter ! s'écria t-il.
Il y eut une détonation assourdissante et Lucius s’envola, projeté en arrière dans les airs. Il tomba dans l'escalier et se retrouva étalé par terre au bas des marches. Pendant une paire de secondes, il crut s’être sérieusement blessé.
Malgré la douleur et le choc, il se releva en sortant sa baguette magique, mais Dobby tendit un long doigt menaçant dans sa direction. Il s’arrêta net.
Car si Dobby était libre, sa magie puissante pouvait très bien se retourner contre lui.
- Allez-vous-en, maintenant, dit l’elfe sur un ton féroce, le doigt toujours pointé sur lui. Vous ne toucherez pas à Harry Potter. Partez !
Lucius n'avait pas le choix. Il leur lança un dernier regard assassin à tous les deux, puis s'enveloppa dans sa cape et s'éloigna à grands pas.
- Harry Potter a libéré Dobby ! S'écriait à présent l'elfe d'une petite voix aiguë juste derrière lui. Harry Potter a libéré Dobby !
Lucius, lui, n’osait même pas penser à ce qu’il allait raconter à Narcissa.
La renaissance by bellatrix92
Author's Notes:
Et, enfin, ce dernier chapitre qui clôt cette fic que j'ai adoré écrire.
A bientôt, et si vous voulez d'autres mangemorts n'hésitez pas à demander.
Cette affaire lui avait coûté beaucoup de choses au final : sa place au Conseil d’Administration de l’école, son emprise sur cet idiot de Fudge et même l’estime de certains de ses amis.
Oui, jusqu’au bout il resterait celui qui avait décidément joué le mauvais cheval et simplement mis l’école en péril. Le Conseil d’Administration ne lui pardonnerait pas d’avoir failli provoquer la fermeture de Poudlard, Ignacius et Hortense le considéraient déjà comme un fou inconscient, Severus essayait de lui dire avec tact à peu près la même chose et même Narcissa avait fini par être mise au courant de tout.
Elle aussi l’avait considéré comme un dérangé mais il y avait pire et, à présent, il s’en rendait pleinement compte.
Lorsque la marque était réapparue durant l’été précédent, alors qu’il se trouvait au milieu d’un groupe de fêtards dans une position qui aurait pu être compromettante s’il avait été pris, le vague sentiment d’inquiétude qu’il avait gardé de l’épisode de la Chambre des Secrets s’était mué en anxiété, puis en franche angoisse.
Tout d’abord il avait fui, éperdument sous l’effet de la panique, puis il avait eu honte de son propre comportement en même temps qu’un froid glacial pénétrait dans tout son corps alors même qu’il était toujours en train de dessoûler.
Il n’était pas prêt à ce retour qu’il savait pourtant proche. Il ne pouvait pas y faire face et remettre toute sa vie en péril après ce qui s’était passé, c’était aussi simple que cela.
Mais il avait bien fallu qu’il se rende à l’évidence : personne ne pouvait ignorer que le Seigneur des Ténèbres se faisait plus présent chaque jours.
Severus aussi savait, bien sûr, il lui avait d’ailleurs révélé que Karkaroff était terrorisé et ne songeait plus qu’à fuir. Tous les deux en avaient ricané bien sûr, jaune mais ils avaient ricané tout de même.
- Il n’a aucune chance, avait conclu Severus. Quand je pense qu’il a eu l’audace d’essayer de m’embarquer avec lui…
- Quel idiot… Avait répliqué Lucius qui n’en menait pourtant pas bien large.
Pourtant Severus lui-même ne s’était pas rendu à l’appel du Seigneur des Ténèbres, Lucius en avait été le premier étonné et le pincement de cœur qu’il avait ressenti en constatant l’absence de son ami s’était mué en poids sur l’estomac. Severus avait donc préféré la protection de Dumbledore ? En même temps c’était terriblement logique quand on y réfléchissait un peu. L’appui était de taille, peut-être même suffisant pour survivre un temps.
Et puis Harry Potter avait réussi à fuir, et même à affronter le Seigneur des Ténèbres en personne. Lucius songeait tout de même en son fort intérieur que le Seigneur des Ténèbres aurait mieux fait de le liquider sans cérémonie. Son besoin de spectaculaire s’était bel et bien retourné contre lui, générant panique et confusion dans ses rangs.
Toutefois Lucius n’était pas assez fou pour tenter le pari de Severus, même si un bref instant, l’idée de transplaner et de se réfugier à Poudlard en racontant tout l’avait effleuré… Mais cela serait revenu à sacrifier Cissy si par malheur les mangemorts la retrouvaient avant lui.
Heureusement pour le Seigneur des Ténèbres, la crainte qu’il inspirait à ses partisans l’emportait encore sur les doutes qu’ils auraient pu nourrir à son égard. Et à présent que le reste des mangemorts avait déserté la réunion, laissant derrière eux un Seigneur des Ténèbres furieux qui n’avait demandé que sa présence, Lucius devinait que, pour lui, le temps était venu de souffrir.
Car le Maître était au courant de tout, il l’avait compris dès l’instant où leurs regards s’étaient croisés pour la première fois dans ce cimetière.
Même Queudver avait pu quitter les lieux :
- Lucius, dit alors le Seigneur des Ténèbres d’une voix doucereuse.
- Maître ? Demanda t-il.
Par Merlin, sa voix tremblait, et ses pupilles s’écarquillèrent de terreur lorsque le mage noir leva sa baguette.
Lucius hurla au moment où le sortilège le frappait de plein fouet et il s’écroula au sol en se tordant de douleur, entendant à peine la réponse du Seigneur des Ténèbres :
- Ton frère est bien un homme trop délicat, lui dit le Seigneur des Ténèbres. Et cela nous l’avons toujours su. Mais pour cette affaire-là tu aurais sans aucun doute du suivre son avis, et même le requérir avant d’agir.
Le mage noir laissa le sortilèges agir plusieurs secondes et lorsqu’il le leva enfin, Lucius ne sentait plus la plupart de ses membres. Il se redressa en tremblant et murmura :
- Pardon. J’espérais un renouveau Maître, c’est vrai je me suis trompé sur votre mort... Mais ce journal représentait pour moi l’espérance de servir la cause qui nous est chère.
- Bien imprudemment ! Lui répondit rageusement le Seigneur des Ténèbres.
Lucius fut balayé, retomba lourdement à terre et il se recroquevilla, terrorisé à l’idée du maléfice qui s’apprêtait à le frapper.
A cet instant cependant, un crac sonore retentit et le Maître se retourna brusquement :
- Severus, l’entendit-il souffler d’une voix surprise, teintée d’une froideur de mauvais augure.
Lucius, lui, sentit un souffle glacial envahir sa poitrine. Son ami était-il fou pour être revenu avec deux bonnes heures de retard ? Que se passait-il ?
- C’est bien moi, Maître, répondit cependant l’enseignant de Poudlard d’une voix calme en s’inclinant avec respect.
Le Seigneur des Ténèbres se ressaisit aussitôt et répliqua à Severus d’une voix doucereuse :
- Je t’attendais certes, mais pas si tard… Où étais-tu donc ?
N’importe qui se serait liquéfié et probablement écroulé sur le sol, songea Lucius. N’importe qui mais pas Severus, malgré le teint de son visage plus pâle qu’à l’accoutumée.
- J’étais là où vous souhaitiez que je sois Maître, répondit-il. À Poudlard. Je sais que mon retard a de bonnes raisons de vous déplaire mais ce n’est pas par légèreté ou manque de respect que je me suis permis de temporiser, c’est simplement pour être assuré de garder ma place et mon rôle d’informateur à votre service…
- Voyons cela, répondit froidement le Seigneur des Ténèbres.
- Albus Dumbledore lui-même, m’a envoyé auprès de vous, ce qui fait que par conséquent, il me pense encore à son service. D’où mon retard.
- Intelligent Severus, comme à ton habitude…
Le Seigneur de Ténèbres le dévisageait, avec à présent comme une pointe d’hésitation. Soudain il se tourna vers Lucius en direction duquel il vrilla un regard digne du plus dangereux des crotales :
- Disparaît, lui ordonna t-il avec froideur.
Lucius ne se le fit pas dire deux fois, il se releva immédiatement et tourna sur lui-même.
Juste avant d’être emporté, il eut le temps de voir le Seigneur des Ténèbres lever sa baguette en direction de Severus...
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