Bill Weasley et le tombeau maudit by MadameMueller
Summary:

 

Ses ASPIC enfin en poche, Bill Weasley n’aspire qu’à une seule chose : partir à l’aventure. Quoi de mieux que d’embrasser une carrière de briseur de sort pour le compte de la banque Gringotts ?

 

Alors qu’il prend son premier poste en Égypte, le jeune Anglais va se retrouver embarqué dans l’exploration du tombeau d’un vizir oublié.

Ce qu’il ignore, c’est que ce tombeau est… maudit.

 

Participation au concours de Catie et SunonHogwarts « Les ombres du manoir »

 

Image issue du film « La Momie » de Stephen Sommers avec Brendan Fraser et Rachel Weisz, retravaillée par Guette


Categories: Après Poudlard Characters: Bill Weasley
Genres: Aventure/Action
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: [Concours] Les ombres du Manoir
Chapters: 7 Completed: Oui Word count: 12359 Read: 3847 Published: 16/11/2020 Updated: 18/03/2021
Story Notes:

 

« Bill Weasley et le tombeau maudit » est une idée qui me trottait dans la tête depuis quelques temps déjà et que le concours organisé par Catie et Sun me donne l’occasion de mettre en œuvre grâce à leur super narration et contraintes :)

 

1. Chapitre 1: Échappée matinale by MadameMueller

2. Chapitre 2: Une issue ou la mort by MadameMueller

3. Chapitre 3: Entre essences et pestilence by MadameMueller

4. Chapitre 4: Des trésors enfouis by MadameMueller

5. Chapitre 5: Influence ancestrale by MadameMueller

6. Chapitre 6: Le bout du tunnel by MadameMueller

7. Chapitre 7: La fin du commencement by MadameMueller

Chapitre 1: Échappée matinale by MadameMueller
Author's Notes:

 

Hello !

Pour ce premier chapitre je me retrouve dans la bibliothèque, c’est-à-dire avec les contraintes suivantes : le thème central doit être une « douce évasion » tandis que l’action doit se dérouler le matin, quelque part entre 6h et 12h.

Bonne lecture !

Tout commença par un matin de novembre 1990, alors que Râ, le dieu-soleil, s’étirait lentement, embrassant les toits plats de la ville du Caire de ses doux rayons lumineux. Affalé sur une table de la bibliothèque nationale d’Égypte, Bill Weasley sentit une agréable chaleur se poser sur sa large main et, sans ouvrir les yeux, plia les doigts dans l’espoir de pouvoir serrer la paume posée sur la sienne. Ne ressentant qu’un espace désespérément vide, le rouquin releva la tête, l’esprit encore embrumé par le sommeil, et eut besoin de plusieurs secondes pour se rendre compte qu’il n’était pas au Terrier, la maison de ses parents, mais bel et bien sur un autre continent.

            Bill s’était fait embaucher comme briseur de sorts chez Gringotts dès sa sortie de Poudlard, ce qui avait grandement déçu sa mère, Molly, qui aurait cent fois préféré qu’il reste au pays, se trouve une charmante épouse et lui fasse une ribambelle de petits-enfants. Le jeune homme n’avait rien contre l’idée de fonder une famille, un jour… mais certainement pas maintenant ! Il avait besoin de grand air, d’aventure, de péripéties en tous genres… Bref, d’anecdotes à pouvoir raconter un jour à sa progéniture. Or on ne vivait jamais rien de bien passionnant à Loutry-Sainte-Chaspoule – il avait donc pris la fuite et était parti le plus loin possible du cocon familial.

De toute évidence, il s’était endormi sur ses recherches, car plusieurs ouvrages poussiéreux et antiques papyrus étaient toujours étalés devant lui.

-Ce n’est pas une façon de traiter des documents vieux de quatre mille ans, le réprimanda une voix dans son dos.

Bill sursauta violemment et suivit du regard la jeune femme aux longues boucles noires qui avait parlé tandis qu’elle tirait une chaise pour s’installer auprès de lui.

-Ah, c’est toi, Leïla, constata-t-il bêtement. Quelle heure est-il ?

-Il est presque sept heures du matin, on dirait que tu as passé la nuit ici… Tu as trouvé quelque chose ? interrogea-t-elle en retour, mais Bill ne lui répondit pas tout de suite, trop perdu dans ses pensées pour saisir le sens de sa question.

Leïla Bajjali travaillait également comme briseuse de sorts pour la banque Gringotts. C’était une magnifique jeune femme au teint hâlé et aux yeux noirs en amandes qu’elle réhaussait toujours d’un épais trait de crayon khôl. Grâce à son nez aquilin et ses origines égyptiennes, elle avait rapidement gagné le surnom de Cléopâtre, mais Bill était sûr que sa beauté dépassait de loin celle de la légendaire reine.

-William ? l’interpela-t-elle encore. Tu dors encore, ou bien ?

-Hein ? balbutia le jeune anglais, soudain tiré de sa rêverie. Ah euh… Oui… Je veux dire… non… J’ai peut-être trouvé quelque chose…

Il fouilla un moment la pile de papyrus éparpillée devant lui et tira la représentation du vizir Ânkhou datant de la XIIIème dynastie.

-Là, dit-il en pointant un encart dans le coin supérieur droit de l’image. Apparemment, les égyptologues moldus n’ont jamais réussi à déchiffrer ces hiéroglyphes, mais c’est parce que…

-Ce sont des logogrammes magiques ! coupa vivement Leïla en se penchant sur le papyrus, l’air sincèrement fascinée.

Bill acquiesça d’un signe de tête, un sourire satisfait pendu à ses lèvres.

-William, reprit-elle d’une voix tremblante en relevant vers lui un regard brillant d’admiration. Tu viens de découvrir la preuve que le vizir Ânkhou était bel et bien un sorcier !

-C’est même mieux que ça, assura Bill. Tu vois ces lignes qui ressemblent aux fils qui composent le papyrus ? poursuivit-il et la jeune femme acquiesça. Elles ne te rappellent rien ?

Leïla arqua un sourcil intrigué mais le répondit pas, attendant patiemment qu’il lui dévoile sa découverte. Trop excité lui-même pour faire durer davantage le suspense, il sortit une carte de la vallée des Rois, posa le papyrus dessus puis leva les bras pour les opposer à la lumière du jour, et Leïla se pencha aussitôt vers lui.

-Oh ! s’exclama-t-elle, bouche bée.

Car les lignes que les égyptologues moldus avaient pris pour de simples défauts de fabrication du papyrus se révéla être une reproduction schématique de l’agencement des tombes dans la fameuse vallée proche de Thèbes.

-Ça veut dire que ce hiéroglyphe-là…

-… indique l’emplacement du tombeau d’Ânkhou, acheva Bill dans un souffle.

Il tourna lentement la tête vers elle et le jeune homme se rendit compte que Leïla l’observait. Leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, et Bill dut lutter de toutes ses forces contre l’envie de l’embrasser. Mais il était britannique et se devait de rester un gentleman, même si cela ne l’empêchait pas de s’évader dans ses fantasmes.

-Eh bien, qu’est-ce qu’on attend ? le questionna-t-elle en se levant de sa chaise, le tirant à nouveau de sa rêverie. Donne-moi le papyrus et la carte, le pria-t-elle d’un ton impatient, et le jeune Anglais eut besoin de quelques secondes pour reprendre ses esprits et lui tendre les documents.

Elle les attrapa d’un geste vif pour quelqu’un qui lui avait reproché plus tôt de ne pas en prendre soin, et les posa sur le plat de la table de travail.

-Gemino ! murmura-t-elle en agitant sa baguette, faisant instantanément apparaître une copie des deux parchemins. Rapporte les livres, lui conseilla-t-elle encore tandis qu’elle fourrait les copies à l’intérieur de sa sacoche en cuir brun, et Bill s’exécuta.

            Ils sortirent de la bibliothèque, qui se trouvait au sud du delta du Nil, et s’éloignèrent à grandes enjambées à la recherche d’un endroit tranquille pour transplaner.

            Cette découverte était une véritable aubaine pour les deux briseurs de sorts : non seulement elle leur promettait d’empocher une grosse prime s’ils devaient mettre la main sur un trésor, mais elle leur permettrait aussi de gagner le respect des gobelins qui les avaient embauchés. Mais pour l’aîné de la famille Weasley, c’était surtout la perspective de s’échapper du quotidien pour se lancer dans une aventure intrépide en compagnie de la charmante Leïla qui le motivait. Le trésor – si trésor il y avait – ne serait que du bonus. Et il aurait des choses à raconter dans sa prochaine lettre à sa mère, aussi.

-Ici, ça devrait aller, déclara Leïla en l’agrippant par le bras pour qu’il cesse de marcher.

Ils venaient d’arriver dans une impasse étroite et déserte. La jeune femme jeta un dernier coup d’œil à la rue principale encombrée de voitures sans lâcher le bras de Bill et le jeune homme se garda bien de lui en faire la remarque. Lorsqu’elle fut certaine que personne ne les observait, elle se tourna à nouveau vers lui, plongea ses yeux noirs au fond de ses iris bleu pâle puis resserra encore un peu son étreinte.

-Laisse-toi guider, lui susurra-t-elle. À trois. Un… deux… trois !

CRAC !

 

            Les deux jeunes gens réapparurent au sommet d’un plateau balayé par le vent et durent se couvrir le visage d’un foulard pour se protéger du sable.

-Protego ! lança Bill, et son charme du Bouclier les enveloppa bientôt.

-Pas mal, commenta Leïla dans un sourire en coin. Moi j’avais pensé au sortilège de Têtenbulle…

Le jeune homme ne sut trop quoi répondre mais cela n’avait pas d’importance car Leïla s’était déjà détournée et fouillait sa besace à la recherche des deux documents copiés.

-Le tombeau de Ramsès II se trouve là-bas, et celui de Toutankhamon, ici ! indiqua la jeune femme en élevant la voix pour tenter de couvrir le mugissement du vent.

-Ce qui veut dire que la tombe d’Ânkhou devrait se trouver dans cette direction, acquiesça Bill en tendant le bras pour désigner la gorge opposée.

-On va transplaner jusqu’à l’endroit indiqué sur le papyrus, ajouta Leïla.

Le jeune homme approuva d’un signe de tête, trop heureux d’avoir une excuse pour sentir à nouveau les doigts délicats de la jeune femme sur sa peau, puis se laissa guider.

            Ils réapparurent dans un renfoncement abrité du vent à plusieurs centaines de mètres des sites touristiques, si bien que Bill n’eut pas besoin d’invoquer un nouveau charme du Bouclier. L’endroit ressemblait à un coin de désert normal – tout du moins, aux premiers abords, car les deux briseurs de sorts ne tardèrent pas à détecter des traces d’ancienne magie.

-Il y a forcément un maléfice pour empêcher les pilleurs de tombe d’entrer, déclara Bill en cherchant la source des ondes magiques à l’aide de sa baguette.

-Ah oui, tu crois ? le taquina Leïla, et Bill ne put s’empêcher de rougir.

Essaie de dire quelque chose d’intelligent, la prochaine fois, s’énerva-t-il intérieurement. La jeune femme n’insista pas, cependant, et se concentra à son tour sur sa détection des pièges.

-Ah ! fit-elle au bout d’un moment.

De toute évidence, elle avait trouvé quelque chose et Bill se contenta de suivre ses mouvements sans se risquer à faire le moindre commentaire.

-Là, reprit la jeune femme. Tu le sens ?

Bill s’arrêta à sa hauteur et tendit un peu plus sa baguette, qui se mit à trembler entre ses doigts.

-Oui, répondit-il. Une malédiction ?

-Sûrement d’abord un sortilège du Voleur, renchérit Leïla. La malédiction viendra ensuite.

Cette fois encore, Bill acquiesça d’un hochement de tête.

-À toi l’honneur, dit-elle en se tournant brièvement vers lui.

Le jeune Anglais avala sa salive avec difficulté. Il mourait d’envie d’impressionner son adorable collègue mais savait également quels risques il encourait : s’il se trompait, il y laisserait sa vie. Tu ne vas pas te dégonfler maintenant ! C’est justement pour faire ce genre de choses que tu as quitté les jupons de ta maman, non ?

Rassemblant tout son courage, Bill leva sa baguette et s’avança d’un pas. Un tourbillon de sable apparut devant lui alors qu’il n’y avait pas le moindre vent puis se transforma en un visage émacié, comme celui d’une momie. À cette vision, le jeune homme sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque mais contre toute attente, il n’avait pas peur. Au contraire, la proximité du danger le stimulait jusque dans sa chair.

-Aguamenti ! hurla-t-il.

Des trombes d’eau se déversèrent alors sur la tête de mort, qui s’écroula alors comme un château de sable englouti par la marée.

-Tu as réussi ! s’exclama Leïla en lui assénant une petite tape dans le dos qui le fit frissonner.

Elle avait raison : le sable s’était enfoncé à l’endroit où il l’avait mouillé, dévoilant une stèle encore à moitié ensevelie. D’un coup de baguette, la jeune femme repoussa la poussière qui s’y était agglutinée au fil des millénaires et se pencha pour traduire :

 

« Gare à toi, étranger, qui entre dans ma tombe

Car tu y recevras le châtiment qui t’incombe »

 

-Drôlement réjouissant, nota Bill avec humour.

Leïla lui lança un regard de biais mais ne répondit pas. À la place, elle prit une grande inspiration et brisa la pierre à l’aide d’un sortilège, dévoilant un trou rempli de ténèbres.

-On transplane ? suggéra encore Bill.

La jeune femme acquiesça tout en se relevant et s’agrippa à nouveau au bras du rouquin. Un instant plus tard, il se retrouvèrent tout au fond du puit, dont on apercevait qu’un petit carré de lumière à la surface.

-Heureusement que nous sommes des sorciers, fit remarquer Bill en se tordant le cou. Quoi ? ajouta-t-il remarquant que les traits de Leïla s’étaient figés.

-Tu arrives à transplaner ? lui demanda-t-elle dans un souffle.

Pris d’un doute affreux, Bill se concentra sur les trois D. Rien ne se produisit.

Ils étaient pris au piège.

 

End Notes:

(1901 mots selon word / 2025 selon le compteur HPF)

 

J’espère que ça vous a plus ! N’hésitez pas à me laisser votre avis.

 

J’attends de connaître mes prochaines contraintes pour m’atteler au chapitre 2 :)

Chapitre 2: Une issue ou la mort by MadameMueller
Author's Notes:

Bonjour tout le monde !

Me revoilà avec de nouvelles embûches pour Bill et Leïla, directement tirée du concours « Le manoir des ombres » !

Cette fois-ci je me retrouve dans la chambre de la pendue avec pour thème « mortelle issue ».

Les contraintes (en gras dans le texte) : l’intrigue doit se dérouler la nuit, par un temps brumeux et je dois au moins citer l’un des personnages suivants : Aiden Nott, Esclarmonde (original), Pansy Parkinson, ou Audrey (original, pas Weasley).

Bonne lecture !

-Ne paniquons pas, dit Bill autant pour lui-même que pour Leïla. Il y a sûrement un moyen de sortir d’ici. On pourrait… essayer un sort de Lévitation, par exemple ? suggéra-t-il d’un ton aussi peu convaincu que convaincant.

-Ça vaut la peine d’essayer, acquiesça néanmoins Leïla. Vas-y, je suis prête.

Estomaqué, Billy ouvrit la bouche mais la jeune femme ne lui laissa pas le temps de protester.

-Je suis moins lourde que toi, fit-elle remarquer en le toisant de la tête aux pieds d’un air agacé.

À ces mots, Bill hocha la tête et leva sa baguette.

-Wingardium Leviosa !

La jolie Égyptienne sentit ses pieds quitter aussitôt le sol et s’éleva lentement dans les airs, sa baguette allumée éclairant les parois du puit. Bill la regardait s’éloigner avec appréhension tout en essayant de rester concentré sur son sortilège : s’il flanchait, les conséquences pourraient s’avérer dramatiques ! Leïla s’envolait toujours plus haut lorsqu’un bruit étrange semblable à celui d’un essaim d’insectes se fit soudain entendre.

-Qu’est-ce que c’est ? demanda Bill d’une voix anxieuse tout en stabilisant Leïla plusieurs mètres au-dessus de sa tête.

-Chut ! répondit-elle vivement, et le jeune homme obéit.

Le bourdonnement se faisait de plus en plus intense et Bill sentit son cœur battre à tout rompre contre ses côtes.

-Fais-moi descendre tout de suite ! hurla Leïla d’une voix aiguë, trahissant sa terreur.

Réprimant un mouvement de panique, Bill abaissa lentement sa baguette et se concentra de toutes ses forces pour faire atterrir la jeune femme le plus doucement possible. Mais avant qu’elle n’ait touché le sol, le corps frêle de Leïla fut violemment propulsé contre celui de Bill par un gigantesque nuage de sable, qui les plaqua tous les deux à terre. Ils restèrent un long moment allongés à plat ventre l’un contre l’autre, les paupières et la bouche étroitement clos pour ne pas avaler de poussière, jusqu’à ce que le bruit d’essaim se soit enfin volatilisé. Ne sachant plus guère s’il était vivant ou mort, Bill ouvrit alors prudemment les yeux.

            L’air autour d’eux était chargé de particules de sable, lui piquant désagréablement les yeux, et le jeune britannique ne put réprimer une violente quinte de toux tandis qu’il se redressait. Aucun doute, il était bien vivant – tout du moins, pour l’instant.

-De la brume de sable, commenta Leïla d’une voix étouffée par le foulard qu’elle se tenait plaqué devant la bouche. À mon avis, elle n’est pas naturelle, ça doit être le résultat d’un autre maléfice pour nous empêcher de sortir et ça va être impossible de nous en débarrasser dans cet espace confiné, commenta-t-elle. Il va falloir qu’on fasse avec, tu penses que tu vas pouvoir tenir ? lui demanda-t-elle encore avec sollicitude.

Bill, qui l’avait imitée et recouvert le bas de son visage d’un mouchoir aux initiales brodées des mains de sa mère, se sentir rougir. Si l’un d’entre eux avait dû s’inquiéter de l’autre, ça aurait dû être lui ! Il hocha cependant la tête, n’osant répondre avec des mots de peur de se mettre à nouveau à cracher ses poumons.

Les rayons du soleil en provenance de la surface peinaient à traverser l’opaque brume poussiéreuse mais les deux jeunes gens parvenaient encore à apercevoir l’ouverture par laquelle ils étaient entré quelques minutes auparavant.

-J’imagine que tu ne tiens pas à réessayer ? supposa Bill en jetant à sa collègue un regard interrogateur.

Avant que Leïla n’ait le temps de répondre quoi que ce soit, un point brillant traversa soudain le minuscule puit de lumière à la surface, passant de la couleur jaune de l’or pur à celle rouge du sang, avant de disparaître subitement, ne laissant derrière lui que le noir le plus complet.

-Lumos maxima, murmura Leïla dans l’espoir de chasser un peu les ténèbres qui les entouraient.

-Qu’est-ce que c’était ? questionna Bill d’un ton hésitant. Une éclipse de soleil ?

-J’en doute, répondit-elle, sceptique. Ce genre de phénomène est toujours annoncé dans la presse.

Elle se tut un moment et tendit sa baguette en direction du tunnel qui s’étendait, invisible, devant eux, et Bill l’imita. Il se sentait étrangement fatigué, tout à coup, mais cela venait peut-être simplement de l’air saturé de particules de sable qui enflammait ses iris.

            Les murs étaient gravés de cartouches et de logogrammes magiques, et Bill vit Leïla froncer les sourcils en s’approchant de l’un des bas-reliefs qui représentait une clepsydre dont l’eau semblait remonter dans le premier récipient et s’enfuir à la fois comme dans une boucle sans fin, avant de tirer d’un geste vif sur la chaîne dorée qui pendait à son cou gracile.

-Quelle heure dit ta montre ? demanda-t-elle d’un ton pressant.

-Je ne sais pas, répondit Bill, intrigué par son étrange comportement. Il ne doit pas être bien tard. Vers neuf heures du matin, je dirais.

-S’il te plait, William, regarde ta montre ! insista Leïla en sifflant entre ses dents avec impatience.

De plus en plus interloqué, le jeune homme capitula. Il releva la manche de sa chemise et jeta un coup d’œil à la montre que ses parents lui avaient offerte pour son dix-septième anniversaire.

-Il est midi, déclara-t-il alors. Je ne pensais pas qu’il était déjà si tard…

-Tu ne crois pas si bien dire, ironisa la jolie Égyptienne. Il n’est pas midi, comme tu le crois, il est minuit !

-Hein ?

Sa surprise était telle que Bill en laissa tomber le mouchoir qu’il tenait devant sa bouche et avala une bonne quantité de sable qu’il recracha dans un haut-de-cœur. Sa vue se brouillait dangereusement et il dut prendre appui sur le mur pour ne pas tomber. Puis, d’un geste fébrile, il jeta un nouveau coup d’œil à sa montre qui indiquait les phases de la lune et du soleil en fonction de l’heure de la journée. Or, pour le plus grand désarroi de Bill, la montre indiquait bel et bien qu’il faisait nuit.

-Bon, reprit la jolie Égyptienne d’un ton résigné, nous sommes pris dans un sortilège d’Inversion temporelle, voilà pourquoi nous nous sentons soudain si fatigués. Et comme on ne peut pas sortir par là-haut, je suppose qu’on n’a pas d’autre choix que d’avancer.

-Tu penses qu’on trouvera une autre sortie ? s’enquit Bill d’une voix rauque, la gorge toujours irritée par la poussière qu’il avait avalée.

-Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, fit remarquer la jeune femme d’un air grave.

À ces mots, elle leva un peu plus haut sa baguette en direction des abysses qui dévoraient le tunnel, prit une grande inspiration, et commença à avancer.

 

            Le couloir s’enfonçait sous terre sur une centaine de mètres et déjà Bill et Leïla pouvaient se rendre compte qu’ils n’étaient pas les premiers à s’aventurer dans ce tombeau car le sol était jonché d’ossements à moitiés grignotés par le temps et recouverts de toiles d’araignées. Ils progressaient lentement, répétant tous les quelques mètres la panoplie de charmes de Détection des pièges qu’on leur avait enseignée pendant leur formation de briseurs de sorts, dans l’espoir de survivre un peu plus longtemps que les cadavres en décomposition qui les entouraient. Pourtant, plus ils avançaient, plus Bill avait la désagréable impression qu’eux non plus n’en ressortiraient peut-être pas vivants. C’était bien la peine de vouloir partir à l’aventure si c’est pour ne pas en revenir, railla une voix désagréable dans un coin de sa tête.

            Le jeune homme vit son mauvais pressentiment se renforcer lorsqu’ils arrivèrent à la hauteur du squelette d’une femme pendue par le cou à un crochet. La sorcière portait une robe de coupe assez moderne, ce qui laissait supposer qu’elle s’était retrouvée prise au piège seulement quelques années plus tôt.

-On devrait la fouiller, murmura Leïla.

-Quoi ? s’étrangla Bill, espérant avoir mal entendu.

-Elle pourrait avoir sur elle quelque chose d’utile, insista néanmoins la jeune femme.

Elle haussa les sourcils tout en hochant la tête d’un air encourageant, si bien que Bill n’eût d’autre choix que de serrer les dents et de s’exécuter. Outre sa baguette magique et une bourse remplie d’argent sorcier, l’aventurière gardait dans ses poches une boussole magique ainsi que la photographie animée d’une petite fille d’environ cinq ans, aux cheveux foncés et au visage rappelant assez celui d’un pékinois. Sans trop savoir pourquoi, Bill retourna le cliché d’un simple geste du poignet, et put lire l'inscription notée au dos :

 

« Ta nièce, Pansy Parkinson, 11 décembre 1985 »

 

Tandis qu’il lisait ces mots, Bill sentit son sang ne faire qu’un tour. Que penserait sa mère si ce tombeau devait devenir le sien ? Elle n’apprendrait jamais ce qu’il était advenu de lui, tout comme cette fillette ne saurait jamais ce qui était arrivé à sa tante. Molly le croirait-elle vraiment mort ou viendrait-elle le chercher par la peau du cou, comme elle l’avait toujours fait lorsqu’il se mettait dans le pétrin ? Cette pensée le fit vaguement sourire, et le rassura un peu.

-Continuons, dit Leïla, le tirant soudain de sa rêverie.

            Ils arrivèrent bientôt au bout du tunnel apparemment sans issue, dont le cul-de-sac était gravé d’un immense scarabée entouré d’une demi-douzaine plus petits.

-C’est là que doit se trouver l’entrée de l’antichambre, déclara la jeune femme en détaillant le bas-relief avec attention.

-Je suppose qu’on ne l’ouvre pas avec un simple Alohomora, soupira alors Bill.

-Tu peux toujours essayer, rétorqua-t-elle, mais je doute que ça marche.

Concentrée sur l’examen de la fresque, elle n’avait même pas tourné la tête vers lui, sans parler de relever le sarcasme dans ses propos. Bill s’accorda encore deux secondes pour scruter son adorable profil avant de se remettre lui aussi au travail. Les petits scarabées placés autour du grand avaient tous une orientation différente : certains avaient la tête vers le haut, d’autre vers le bas, et d’autres encore étaient disposés en diagonale.

-Je me demande si… marmonna-t-il, les sourcils froncés par la concentration.

-William, qu’est-ce que tu fais ? demanda Leïla d’un air horrifié.

Sans tenir compte des protestations de sa collègue, il tendit la main vers le scarabée le plus proche et le fit doucement pivoter. De toute façon, qu’est-ce qu’on a à perdre ? Au point où on en est…

-Qu’est-ce que tu en penses ? demanda-t-il en se tournant vers la jeune femme. Tous dans le même sens ?

-Non, répondit-elle. Laisse-moi faire.

Ayant toute confiance en son jugement, Bill retira ses doigts du poussoir et regarda Leïla le tourner en direction du grand scarabée central. Elle renouvela l’opération avec les cinq autres, de manière à ce qu’ils aient tous la tête orientée vers lui puis, d’un geste lent – hésitant, même – elle posa la paume sur le corps du grand scarabée. Visiblement consciente que son geste scellerait sans doute leur destinée, elle échangea un regard inquiet avec Bill, qui hocha la tête en signe d’encouragement, la gorge trop nouée pour répondre avec des mots.

Une issue ou la mort.

Finalement, Leïla prit une grande inspiration et appuya sur la plaque, qui s’enfonça alors dans un cliquetis mécanique bientôt suivi d’un borborygme assourdissant.

 

La paroi de pierre se décolla soudain du sol pour disparaître à l’intérieur du plafond, dévoilant l’entrée de l’antichambre.

-Oh ! s’exclama Leïla, qui ne semblait pas en croire ces yeux.

Au moins aussi ébahi qu’elle, Bill se contenta de sourire d’émerveillement à la vue des montagnes d’objets entassés dans la pièce. Leur joie fut cependant de bien courte durée car un grognement à leur donner la chair de goule s’éleva alors du tunnel.

            Redoutant ce qu’ils allaient y trouver, Bill et Leïla échangèrent un regard terrifié puis se retournèrent lentement : le squelette de la sorcière pendue venait de se délivrer de son crochet et se dirigeait droit vers eux de sa démarche vacillante, ses orbites vides et sa robe grignotée de part et d’autre flottant autour d’elle lui donnant une allure de Spectre de la Mort.

-ARGH ! hurlèrent-ils d’une seule voix.

 

End Notes:

1980 mots selon word / 2144 selon le compte HPF

Avant que vous ne me posiez tous la question dans les commentaires, la brume de sable est un phénomène naturel qui suit une tempête de sable et courant dans certains pays, notamment en Afrique du Nord.

J’espère que vous vous êtes autant amusé à lire ce chapitre que moi à l’écrire ! À bientôt pour la suite des aventures de Bill ! :)

 

Chapitre 3: Entre essences et pestilence by MadameMueller
Author's Notes:

Salut tout le monde !

Un grand merci à celles et ceux qui ont laissé un mot au tour précédent.

Mon thème pour ce troisième tour des "Ombres du manoir" est Exquise fragrance, et les contraintes sont les suivantes : le chapitre doit se dérouler au crépuscule et par temps venteux, et je devais insérer une citation de mon choix sur le thème de la nature.

Bonne lecture !

Incendio ! cria Bill, et un tourbillon de feu s’échappa instantanément de sa baguette tendue vers le cadavre décharné.

L’Inferius ne recula pas assez vite : le sortilège le percuta de plein fouet et sa cape s’enflamma, tout comme les derniers lambeaux de peau encore accrochés à ses côtes, libérant une répugnante odeur de chair brûlée. Pourtant, le squelette continuait sa lente progression dans leur direction, auréolé de feu tel un démon des superstitions moldues.

-Incendio ! répéta Leïla, mais la charogne à moitié carbonisée avançait encore et toujours, les obligeant à battre en retraite à l’intérieur de l’antichambre – il en fallait plus que ça pour réduire des os en cendre.

Les effluves pestilentiels qui se dégageaient de l’Inferius les prenaient à la gorge et Bill dut réprimer une soudaine envie de vomir. C’est alors que le sol se mit à trembler.

-Le mur ! s’écria Leïla. Il se referme !

Elle avait raison : le passage secret qu’ils avaient réussi à ouvrir quelques minutes plus tôt étaient en train de se rabattre, mêlant une forte odeur de poussière à celle de la puanteur qui émanait de la charogne. Mais c’était leur chance de s’en débarrasser.

Sans réfléchir davantage, Bill se jeta sur le cadavre en décomposition et l’aplatit sur le sol sablonneux. Il semblât que Leïla poussait un cri d’horreur quelque part derrière lui mais Bill n’y prêta pas attention, trop occupé à maintenir l’Inferius à terre et à lutter contre sa nausée de plus en plus opprimante. Laquelle des deux tâches était la moins aisée, le jeune homme n’aurait su le dire, car l’aventurière décédée possédait une force pour ainsi dire surnaturelle.

Le pan de mur ne se trouvait plus qu’à une dizaine de centimètres au-dessus de sa tête lorsque Bill relâcha finalement prise et roula sur le côté, mordant littéralement la poussière, tandis que le squelette se faisait impitoyablement écraser dans un horrible bruit d’os brisés.

-Rien de cassé ? demanda Leïla en le tirant par le bras pour l’aider à se relever.

-Je crois que non, répondit Bill en secouant son pantalon couvert de sable. Merci.

Pour toute réponse, Leïla lui adressa un regard sévère avant de se tourner vers la nouvelle pièce qui s’offrait à eux. De toute évidence, elle ne considérait pas qu’il avait fait preuve d’héroïsme mais plutôt de bêtise – une bêtise qui aurait pu lui coûter la vie.

 

 

 

            Après les ténèbres et la mort du couloir, il régnait dans cette antichambre aux murs blanchis à la chaux une atmosphère des plus étranges : une lumière orangée inondait les lieux, allongeant les ombres des coffres, chars, instruments de musique et autres jeux de plateau éparpillés partout au sol et contre les murs nus, comme le ferait le soleil en disparaissant à l’horizon, sans qu’on puisse déterminer son origine.

Le rayonnement dans la pièce baissait rapidement, passant de l’orange au rouge, et Bill se sentit extrêmement fatigué, tout à coup.

-Je crois… marmonna-t-il en s’adossant contre un mur, l’esprit soudain embrumé par le sommeil et les immondes relents de chair brûlée. Oui, je crois… que je vais m’asseoir quelques minutes, je…

-Non, William ! s’écria Leïla en l’agrippant brusquement par le col de sa chemise pour le maintenir debout alors qu’il se laissait déjà glisser le long de la paroi rocheuse. Il ne faut surtout pas t’asseoir, sinon tu vas t’endormir !

-Hein ? marmonna-t-il d’une voix pâteuse, les yeux mi-clos.

-Tu ne comprends donc pas ? s’énerva la jolie Égyptienne. Nous venons de faire un bond de près de dix-sept heures en avant, le soleil est en train de se coucher et nous n’avons plus dormi depuis plus de vingt-quatre heures ! Enfin… c’est ce que le sortilège nous fait croire en jouant avec nos sens, mais rappelle-toi, tu dormais avachi sur une table de la bibliothèque du Caire il y a encore quelques heures. Tu n’as pas besoin de sommeil ! Si nous nous endormons, William, alors nous mourrons ! Tu as vraiment envie de finir comme cette femme ? ajouta-t-elle en désignant le squelette écrasé à leurs pieds.

Ces mots firent à Bill l’effet d’un électrochoc car il se redressa soudain.

-Tu as raison, admit-il en hochant vivement la tête dans l’espoir de se réveiller.

Et, sentant ses paupières toujours aussi lourdes de sommeil, il leva sa baguette au-dessus de lui et la pointa sur sa tête :

-Aguamenti !

L’eau fraîche qui coulait sur son visage et sur son torse réussit à chasser la fatigue, l’odeur de renfermé et le parfum de bûché qui embourbait toujours ses narines – tout du moins momentanément, car à la seconde où il dirigea le jet d’eau vers sa bouche pour boire goulument, la puanteur provenant du cadavre écrasé sous le pan de mur refit aussitôt son apparition, tout comme sa nausée. Et cette fois, Bill ne put s’empêcher de vomir pour de bon.

-Ça va mieux ? demanda alors Leïla en le regardant d’un air à la fois compatissant et dégoûté.

-Oui, répondit-il d’une voix tremblante qui ne parvint à convaincre personne.

            Son visage encore humide toujours penché au-dessus du sol, Bill sentit alors une brise tiède lui caresser le visage, et il se redressa en respirant profondément. C’est alors qu’il remarqua que le courant d’air transportait un parfum entêtant qui envahit rapidement les lieux, chassant de leurs narines les relents de chair brûlée, pourtant Bill n’était pas sûr que ces effluves-là fussent meilleurs pour son estomac tant ils étaient sucrés et pénétrants.

-Qu’est-ce que ça sent ? s’enquit-il tout en retroussant le nez avec écœurement. On dirait de la cannelle, du miel, et de la myrrhe aussi…

-C’est tout ça et bien d’autres choses encore, répondit Leïla à mi-voix. Ce que tu sens, c’est le kyphi.

-Le quoi ?

-Le kyphi, répéta la jeune Égyptienne. L’encens sacré. Celui qu’on brûle pour vénérer Râ. Enfin, c’est ce que croient les Moldus, parce qu’en vérité il s’agit d’un onguent magique qui aide à prévenir la plupart des maladies magiques du désert. Mais il est très cher et seuls les meilleurs potionnistes savent le confectionner. Inutile de préciser que c’est un produit de premier choix pour la contrefaçon bon marché…

Leïla se dirigea alors vers l’un des lits dorés à tête et pattes de phénix et passa sa baguette au-dessus des coffres qui y étaient disposés.

-Specialis revelio !

Rien ne se produisit. Les coffrets n’étaient pas ensorcelés, elle pouvait les ouvrir sans crainte.

-Alohomora, murmura-t-elle en désignant l’un d’eux.

Cette fois, Bill entendit le roulement d’un verrou et le couvercle de la plus grosse cassette s’ouvrit dans un petit rebond. Fasciné, le jeune homme s’approcha à son tour tandis que Leïla dévoilait l’intérieur du coffret. L’odeur de parfum était à présent encore plus forte, cela ne faisait aucun doute.

-Regarde, dit Leïla en sortant délicatement un tube de khôl, ce sont des objets de toilettes.

Elle reposa le khôl dans la boîte avant d’en extirper un à un les autres objets pour les examiner. Parmi les miroirs, les vases à onguent et autres cuillères à fard se trouvait un petit pot en terre cuite dont la peinture ne s’était pas écaillée malgré le temps. Leïla en souleva le couvercle puis le porta jusqu’à son nez aquilin avant de respirer l’exquise fragrance qui s’en dégageait.

-Du kyphi, confirma-t-elle dans un sourire en lui tendant le petit pot. De la meilleure qualité.

Bill s’en saisit puis renifla à son tour, laissant les essences imprégner doucement ses sens.

-Tu dis que cette pommade peut prévenir des maladies magiques du désert ? répéta Bill avec un intérêt sincère. Pas étonnant que le vizir ait voulu en emporter avec lui dans l’au-delà.

-« La nature ne fait rien en vain »*, récita Leïla. Les anciens Égyptiens l’avaient bien compris.

N’ayant rien à ajouter à ces paroles pleines de sagesse, Bill se contenta de hocher la tête, les narines pleines de ces délicieuses senteurs, l’esprit et les sens de plus en plus engourdis. Il ne faut pas… t’endormir… se rappela-t-il en piquant du nez. À cet instant, une douleur fulgurante lui traversa tout le côté gauche du visage.

-AÏE !

De toute évidence, Leïla venait de le gifler pour le réveiller et Bill dut lui attraper le poignet pour l’empêcher de recommencer.

-Qu’est-ce que je t’ai dit ? gronda la jeune femme en se délivrant de sa poigne avant de poser les poings sur les hanches d’une manière qui rappelait à Bill affreusement sa propre mère. La prochaine fois que tu t’endors, je te laisse sur place, c’est compris ? ajouta-t-elle sèchement.

-Oui, souffla Bill d’un air honteux.

Visiblement toujours furieuse contre son manque de bonne volonté – il n’y était pour rien, pourtant, si ces senteurs semblaient l’hypnotiser ! – elle lui arracha le pot des mains et le referma avant de le reposer à l’intérieur du coffre. Le lourd parfum de kyphi ne disparut pas, cependant.

-La lumière est provoquée par le sortilège d’Inversion temporelle, récapitula la jeune femme en se détournant du coffre et de son coéquipier. Mais d’où vient cette brise ? s’interrogea-t-elle.

Elle s’avança alors jusqu’au centre de l’antichambre, les yeux fermés, et tourna doucement sur elle-même comme si elle cherchait à capter le sens du vent et Bill comprit enfin où elle voulait en venir : s’il y avait courant d’air, il devait y avoir une sortie !

            Le plafond de l’antichambre était bas – Bill tenait à peine debout dessous – et parfaitement lisse, sans la moindre ouverture. À moins que ça ne soit qu’une illusion ? Pris d’un doute, Bill fit apparaître un nuage de fumée violet qui flotta un moment au-dessus de sa tête avant de se déplacer lentement vers l’une des extrémités de l’antichambre, poussé par la brise parfumée au kyphi.

-Bien joué, nota Leïla.

Elle ne souriait toujours pas mais au moins, elle ne semblait plus en colère. Les deux jeunes gens se dirigèrent alors vers le mur opposé et, après avoir repoussé une statue représentant le vizir Ânkhou vêtu de l’attribut traditionnel des vizirs égyptiens – un long pagne plissé appelé shenep – ils découvrirent une large fissure dans la chaux qui semblait fendre le mur jusque dans la pièce suivante. Leïla alluma à nouveau sa baguette et la tendit précautionneusement à l’intérieur de la lézarde.

-C’est sans doute la salle funéraire, murmura-t-elle d’une voix surexcitée, comme si elle avait peur de réveiller les morts.

Ce qui n’est vraiment pas impossible dans cet endroit maudit, pensa Bill.

-Aide-moi à déplacer les pierres, ajouta la jeune femme d’un ton soudain pressant.

            Il leur fallut une demi-heure pour dégager un passage assez large pour leur permettre à tous les deux de se faufiler hors de l’antichambre, et lorsque Bill posa le pied dans la chambre mortuaire du vizir, il ne put s’empêcher de pousser un soupir de soulagement : les effluves de kyphi lui étaient enfin sortis des narines.

End Notes:

* Aristote – « Locomotion des animaux »

 

1809 selon word / 1921 selon le compteur HPF

 

Merci d'avoir pris le temps de me lire, j'espère que ça vous a plu. On se retrouve bientôt pour explorer la salle funéraire !

Chapitre 4: Des trésors enfouis by MadameMueller
Author's Notes:

Bonjour à toutes et à tous !

Pour ce 4ème tour des "Ombres du manoir" me voilà dans les cachots avec pour thème "Souvenirs prisonniers" et les contraintes suivantes :

- votre chapitre doit se dérouler à l'aurore.
- votre chapitre doit se dérouler par un temps neigeux.
- vous devez insérer une citation de votre choix sur un thème donné (la liberté).
- les émotions suivantes sont interdites : nostalgie, tristesse, chagrin, douleur.

Bonne lecture !

La chambre funéraire ne ressemblait en rien aux autres pièces du tombeau que Bill et Leïla avaient visitées jusque-là. 

-Whoua ! souffla le jeune homme, impressionné.

Il n’arrivait pas à y croire, ils avaient réussi, ils y étaient enfin !

Les murs d’une couleur ocre rappelant celle de l’or étaient décorés de fresques et de bas-reliefs représentant le vizir et sa famille ainsi que différentes créatures magiques, tandis que le sol de pierre brute était encombré d’une multitude d’objets scintillant à la douce lueur rosée de l’aurore. Car, contrairement aux autres pièces où les deux briseurs de sorts avaient eu la sensation oppressante d’être enfermés, la chambre se tenait à ciel ouvert. Un plafond magique ! s’émerveilla Bill en scrutant le ciel violet encore parsemé d’étoiles.

L’aube était tout juste naissante et le jeune homme regarda sa montre : ils avaient encore fait un bond dans le temps mais, contrairement à l’antichambre où il s’était senti épuisé, il était parfaitement réveillé à présent, bien trop fasciné par les reflets irisés qui illuminaient les montagnes de trésors que lui et Leïla devaient être les premiers à contempler depuis des siècles pour se laisser gagner par la fatigue.

Comparée aux merveilles qui s’étendaient devant ses yeux ébahis, l’antichambre du tombeau semblait remplie du même bric-à-brac que le grenier du Terrier, la goule en moins. L’Inferius en plus.

L’air à l’intérieur de la chambre funéraire était frais et humide comme une nuit dans le désert et, frissonnant de froid et d’excitation devant les centaines d’objets en or que contenait la pièce, le jeune homme avança d’un pas avant de reculer bien vite :

-De la neige ? s’écria-t-il en soulevant son pied droit, de plus en plus stupéfait.

Décidément, cette tombe était pleine de surprises ! Le sol et les murs de la chambre étaient en effet parsemés d’une pellicule blanche qui ressemblait à s’y méprendre à de la poudreuse.

-Bien sûr que non, répliqua sèchement Leïla, c’est du salpêtre.

-Ah, dit Bill, légèrement déçu.

La jeune femme secoua la tête d’un air atterré mais ne fit aucun commentaire. Au contraire, elle leva sa baguette et fit bientôt disparaître la couche de moisissure qui emprisonnait les innombrables souvenirs que recelait la chambre.

-Heureusement que ce ne sera pas à nous de faire l’inventaire ! s’amusa Bill.

Il savait que sa coéquipière n’était pas vraiment encline à ce genre de traits d’humour mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Il se sentait tellement heureux d’être arrivé jusqu’ici sain et sauf – tellement vivant ! – qu’il avait envie de danser de joie.

-Enfin, reprit-il en souriant alors que la jeune femme tardait à répondre, on devrait peut-être quand même jeter un coup d’œil. Je ne voudrais pas faire venir les gobelins pour rien…

Bien sûr, il ne s’agissait que d’un prétexte, d’une excuse toute trouvée pour pouvoir admirer tous ces trésors enfouis et oubliés depuis des millénaires. Mais par où commencer ?

            Le centre de la pièce était occupé par une large stèle de pierre gravée d’Isis, la déesse aux ailes de phénix, et Bill s’approcha lentement.

-Le sarcophage est à l’intérieur, non ? interrogea-t-il en posant les mains à plat sur le couvercle sculpté pour donner l’illusion que le vizir dormait encastré dans la roche.

-Oui, chuchota Leïla en s’approchant à son tour.

Il y eut un moment de silence puis le jeune Anglais se redressa vivement :

-Tu ne crois pas qu’il va se réveiller, n’est-ce pas ? demanda-t-il d’une voix soudain alarmée.

-J’en doute, répondit Leïla, un sourcil arqué de scepticisme. Ceci est sa dernière demeure, là où il espère reposer en paix. Non, reprit-elle, je ne crois pas qu’il y ait de piège ici.

-Tant mieux, souffla Bill, soulagé.

Un peu rassuré mais toujours légèrement mal à l’aise, le jeune homme se détourna pour détailler le reste des objets.

            Tout près du sarcophage, sur une table en bois ouvragé, se trouvait un petit coffre en albâtre blanc dont dépassaient quatre têtes sculptées : une sorte de léopard à crinière, un rhinocéros à la corne proéminente et boursoufflée, un singe aux poils longs et un oiseau au plumage bouffant. Intrigué, Bill en souleva une pour la regarder de plus près et s’aperçut bientôt qu’il s’agissait d’un vase canope.

-C’est une tête de Nundu, non ? s’enquit-il en montrant le récipient au profil de léopard à la jeune Égyptienne.

-Oui, confirma-t-elle en s’approchant. Il contient certainement le foie.

-Et les autres ?

Il s’écarta alors pour laisser passer Leïla, qui se pencha pour les observer sans avoir à les toucher.

-Celui-là est un Éruptif, lui apprit-elle, et doit contenir l’estomac. Le Demiguise renferme sans doute les poumons, et le Focifère, les intestins.

-Et le mort est censé récupérer ses organes dans l’au-delà, c’est ça ? interrogea encore Bill.

-Oui.

Leïla n’était pas d’une nature particulièrement loquace pourtant Bill ne pouvait que remarquer qu’elle était devenue particulièrement silencieuse depuis qu’ils avaient pénétré la chambre funéraire. C’est sans doute par respect pour le mort, se dit-il, et eut soudain honte de sa propre curiosité. En même temps, c’est pour ça qu’on te paie, non ? rappela une voix dans sa tête.

            Bill reposa le vase canope dans sa boîte puis s’éloigna à nouveau du sarcophage.

Il devait bien y avoir des centaines d’objets dans cette chambre, tous plus luxueux les uns que les autres et destinés à servir le vizir dans le royaume des morts : des dagues aux fourreaux dorés, plusieurs paires de sandales en roseau, un lit à corps de sphinx, des chaises aux dossiers et accoudoirs ouvragés, des vases à parfum en albâtre, des statues en bois et stuc dorés et vernis… Tellement de choses que Bill ne savait plus où donner de la tête !

Rien que de penser à la réaction des gobelins lorsqu’ils leur rapporteraient la carte au trésor le remplissait d’un profond sentiment de fierté. Mais ce n’était pas seulement la perspective de se faire un nom comme briseur de sort qui l’emballait le plus : c’était l’idée de pouvoir ramener ces trésors à la surface et de les présenter au monde entier qui l’enthousiasmait le plus.

Légèrement étourdi par tant de richesses et d’émotions, Bill se tourna à nouveau vers Leïla qui, contrairement à lui, semblait bien plus intéressée par les murs à présent débarrassés du salpêtre que par tous ces captivants souvenirs prisonniers. Intrigué, Bill se décida à y jeter un œil à son tour.

            Maintenant qu’il y prêtait attention, il se rendait compte que les bas-reliefs colorés racontaient la vie du vizir jusqu’à son passage dans l’au-delà, et Bill eut l’étrange impression qu’Ânkhou lui-même demandait à ce qu’on se souvienne de lui.

-Heureusement qu’il y a des gens comme nous pour empêcher que les trésors du passé ne tombent dans l’oubli, commenta Bill en venant se poster aux côtés de Leïla.

Cette fois encore, la jeune femme l’ignora.

-Bon, reprit Bill, de plus en plus irrité par l’attitude de sa collègue. Maintenant qu’on a trouvé ce qu’on était venu chercher, il faudrait peut-être trouver un moyen de ressortir d’ici. Ce serait bête d’avoir le trésor et de ne pouvoir le dire à personne.

-« Quand un esclave recouvre la liberté, il veut s’asseoir sur les deux bosses du chameau » *, murmura la jeune femme, toujours sans le regarder.

-Pardon ?

-Rien, répondit-elle précipitamment en se tournant enfin vers lui. Je pensais à voix haute. Qu’est-ce que tu disais ?

-Je disais qu’il faut que nous trouvions un moyen de sortir, répéta le rouquin avec agacement.

-Ah oui, dit Leïla en hochant la tête. Je sais comment sortir.

-Vraiment ? s’étonna Bill tellement soulagé et abasourdi qu’il recula pour venir prendre appui sur le bord du sarcophage.

-Oui, assura la jeune femme en souriant d’un air serein.

-C’est fantastique ! s’écria-t-il d’une voix forte en se redressant.

Il était tellement euphorique à présent qu’il fut à deux doigts de la prendre dans ses bras mais il réussit à se retenir.

-Comment on fait ? demanda-t-il à la place.

-Comment je fais, corrigea la jolie Égyptienne.

Elle souriait toujours, pourtant Bill sentit ses cheveux se dresser subitement sur sa nuque. Quelque chose dans le regard de Leïla avait changé. Dépité, Bill ouvrit la bouche mais avant qu’aucun son n’ait pu sortir de sa gorge, Leïla leva brusquement sa baguette

-Expelliarmus ! cria-t-elle.

Pris par surprise, Bill sentit sa baguette lui échapper des doigts sans qu’il puisse faire quoi que ce soit pour la retenir.

-Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda-t-il en s’efforçant de contenir la vague de panique qui faisait légèrement trembler sa voix.

-Je suis vraiment désolée, William, déclara Leïla d’une voix ferme, sa propre baguette pointée sur la poitrine de Bill, mais ton chemin à toi s’arrête ici. Stupéfix !

 

End Notes:

* Proverbe égyptien

 

MOUHAHAHAHAHAHAHA (désolée, j'ai pas pu m'en empêcher ^^)

1459 mots sur word / 1568 sur le compteur HPF

Je tiens à remercier chaudement Sifoell pour m'avoir fait remarquer que le salpêtre ressemble à de la neige ! Ça ne valide bien sûr pas la contrainte mais l'idée était tellement brillante et comme j'avais de toute façon renoncé à faire neiger à l'intérieur du tombeau, j'ai décidé de le mettre :) Merci encore Sif' ♥

Chapitre 5: Influence ancestrale by MadameMueller
Author's Notes:

Salut la compagnie !

Me revoici donc pour le dernier tour des "Ombres du manoir".

Cette fois-ci, je me retrouve dans le salon avec pour thème : Délicate ascendance

et les contraintes suivantes : le chapitre doit

-se dérouler l'après-midi

-se dérouler par temps ensoleillé

-contenir une citation sur la famille

-exclure les émotions suivantes ; l'amour, l'affection et la tendresse

-intégrer un portrait (peinture) et un(e) ancêtre mesquin(ne) ; l'un doit avoir une place centrale et l'autre une certaine importance mais ne peut être mentionné que maximum trois fois.

 

Bonne lecture !

Ce fut la chaleur du soleil qui réveilla Bill, et il lui fallut plusieurs secondes pour se rappeler où il était et ce qui s’était passé. Il ignorait combien de temps il était resté inconscient ni où était partie Leïla. La seule chose qu’il savait, c’était qu’il était allongé sur le sol poussiéreux de la chambre funéraire, le visage presque collé à l’un des murs, les jambes et les bras entravés devant lui. Et il ne savait toujours pas comment sortir de ce maudit tombeau ! Prenant soudain conscience de la précarité de sa situation, le jeune homme se redressa vivement.


            Le soleil brillait haut dans le ciel par-dessus le plafond magique – l’après-midi devait être déjà bien avancé – et Bill aurait à cet instant échangé tous les trésors conservés dans la chambre contre une seule gorgée d’eau. La chaleur était écrasante et la sueur qui coulait le long de son front l’aveuglait. Pourtant, une silhouette se démarquait dans un coin ombragé de la pièce.


-Je croyais que tu savais comment sortir, grogna-t-il, à présent assis sur le sol dallé.


Il ne savait pas s’il était judicieux de lui parler, trahissant ainsi le fait qu’il était réveillé, mais à cet instant, Bill avait le sentiment de plus rien avoir à perdre. L’espace d’un instant, il pensa à ses parents et ses frères et sœur, au chagrin qu’ils auraient s’il devait ne pas en ressortir vivant. « Si la liberté grise, la famille rassure. »*


-Je sais comment sortir, répéta Leïla sans se retourner. Ça prend juste plus de temps que je ne le pensais.


Il y eut un moment de silence pendant lequel Bill plissa les yeux dans l’espoir de pouvoir distinguer ce qu’elle faisait, et c’est alors qu’il la vit : la clepsydre magique dessinée sur le bas-relief du couloir d’entrée.


            Leïla agitait sa baguette au-dessus de l’objet enchanté tout en tenant quelque chose dans son autre main. Et de toute évidence, son plan ne fonctionnait pas comme elle voulait.


-Il faut la détruire, déclara Bill.


C’était logique : la clepsydre était la source du sortilège d’Inversion temporelle, or il y avait fort à parier que c’était à cause de lui qu’ils ne pouvaient pas transplaner hors de son champ d’action. Agacée par son intervention, Leïla se retourna lentement.


-C’est bien une méthode d’Européen, ça, commenta-t-elle d’un ton qui se voulait courtois, les lèvres pourtant retroussées dans un sourire crispé. Détruire les choses qu’on ne comprend pas !


Vexé par cette remarque, Bill secoua la tête et laissa échapper une exclamation outrée.


-Tu veux sortir d’ici et pouvoir garder le trésor pour toi, n’est-ce pas ? devina-t-il. Tu penses que tu pourrais revendre cette clepsydre envoutée un bon prix, j’imagine ?


Cette fois, le sourire de Leïla se fit plus franc et elle secoua la tête d’un air amusé.


-Tu n’es vraiment qu’un ignare ! s’esclaffa-t-elle.


Jamais encore Bill ne l’avait entendue lui parler ainsi. Le rabrouer lorsqu’il commettait un faux pas, oui, mais pas se moquer de lui de cette façon. Elle s’approcha alors de lui, un large sourire toujours pendu aux oreilles, le jeune homme eut soudain peur pour sa vie – d’autant plus que le vizir sur le bas-relief semblait les suivre des yeux.


Elle ne ressemblait plus du tout à une pauvre petite chose fragile qu’il avait cru bon de devoir protéger, et Bill comprit alors qu’il l’avait sous-estimée depuis le début. En cinq mois de collaboration, elle ne l’avait jamais pris au sérieux et l’avait mené par le bout du nez. Mais il avait compris la leçon, à présent, et jamais plus il ne commettrait l’erreur de se prendre pour un preux chevalier ! À condition, bien sûr, qu’il sorte de là vivant. Et à en juger par l’ombre qui venait de passer sur le beau visage de la jeune femme, il avait de quoi en douter.


-Tu penses que je ne suis qu’une vulgaire voleuse, reprit-elle d’une voix à peine plus haute qu’un murmure et pourtant parfaitement audible, alors que c’est toi, le pillard ! C’est toi qui es venu dans mon pays pour dérober les richesses de mon peuple et tout ça pour quoi ? Pour les offrir aux gobelins – ces immondes escrocs cupides et pernicieux ! – contre une poignée de piécettes ? Alors que moi, William, je suis là pour protéger ces trésors des gens comme toi !


De plus en plus estomaqué, Bill ne répondit pas tout de suite. Elle disait la vérité, il pouvait le lire dans chacun de ses traits déformés par l’amertume et la rancœur, pourtant Bill avait la désagréable impression de ne pas voir l’ensemble du tableau. De toute évidence, Leïla avait dû lire son trouble dans son regard, car elle demanda :


-La Confrérie du Sphinx, ça ne te dit rien ?


Bill secoua vigoureusement la tête, sa curiosité ayant subitement pris l’ascendant sur son inquiétude. Même la fresque représentant le vizir semblait écouter avec la plus grande attention, comme captivée par la scène qui se déroulait sous ses yeux.  Leïla étouffa un ricanement ironique puis commença son récit :


-Il fut une époque où les sorciers et les Moldus égyptiens vivaient en paix, expliqua-t-elle. Les pharaons aimaient s’entourer de sorciers pour accroître leurs pouvoirs tandis que les sorciers se servaient de l’influence des pharaons pour s’enrichir. Ils partageaient leurs croyances, suivaient les mêmes traditions.


« Mais il y avait une chose qu’ils redoutaient tous : de voir leurs tombes pillées après leur mort, les privant de leurs biens dans l’au-delà. De leur vivant, les sorciers faisaient garder leurs trésors par des sphinx – tu sais ce qu’est un sphinx, n’est-ce pas ? s’enquit-elle avec condescendance.


-Bien sûr, répondit sèchement Bill.


Il n’était tout de même pas aussi stupide !


-On ne peut pas enfermer un sphinx dans un tombeau, reprit Leïla, il mourrait. C’est pourquoi la Confrérie a été fondée. Mon père, mon grand-père et mon arrière-grand-père ont consacré leurs vies à protéger les tombeaux, tout comme leurs ancêtres avant eux. Je n’ai que des sœurs, pour le grand dam de mon père ! Il aurait voulu des fils, évidemment, pour qu’à leur tour, ils rejoignent la Confrérie. Mais moi, poursuivit-elle d’une voix légèrement tremblante, moi je veux lui montrer que je suis autant capable de protéger notre patrimoine que n’importe quel homme !


« Alors j’ai décidé de travailler chez Gringotts pour pouvoir surveiller les gobelins et les mettre sur de fausses pistes lorsque c’est nécessaire. Mais toi, William, tu as réussi à découvrir l’emplacement du tombeau d’Ânkhou.


« J’avoue que je ne m’y attendais pas. Personne n’avait pu le localiser depuis quatre mille ans si bien que la Confrérie s’était même mise à douter de son existence…


Elle n’avait pas besoin d’en dire plus, Bill avait déjà compris.


-C’est pour ça que tu as tenu à m’accompagner au lieu de m’empêcher de venir, dit-il d’une voix lente. Tu voulais vérifier que ce tombeau était bien celui que tu croyais et rapporter des preuves à la Confrérie ?


-Oui, admit la jeune femme. Mais même si ce n’était pas Ânkhou qui reposait ici mais n’importe quel autre notable, sorcier ou Moldu, je ne t’aurais pas laissé sortir le moindre objet. La mission de la Confrérie est sacrée, William. Elle se doit – je me dois ! – de protéger toutes les richesses égyptiennes, magiques ou non. Et comme ça, mon père verra…


-Ce que tu as dans le ventre ? devina Bill.


Leïla hocha la tête d’un air grave. Elle était on ne peut plus sérieuse, et le jeune homme la comprenait. Oui, il pouvait comprendre son envie de faire ses preuves face à ce père qui la dénigrait alors qu’elle était loin d’être une sorcière médiocre. Pourtant, Bill ne pouvait s’empêcher de penser que quelque chose clochait.


Pourquoi, par Merlin, ne l’avait-elle pas tué à la seconde où elle avait compris qu’ils étaient au bon endroit ? Pire encore : pourquoi lui avait-elle sauvé la vie dans l’antichambre ? Si elle tenait tant à faire ses preuves, cela n’avait pas de sens. Son regard se posa à nouveau sur le portrait du vizir peint sur le mur et celui-ci sembla le toiser en retour. Alors, Bill comprit. Tout ça n’avait aucun sens, à moins que…


-Tu ne sais pas comment sortir sans détruire la clepsydre et tous les enchantements qui protègent cet endroit, j’ai raison ? demanda-t-il. J’imagine que ton père ne serait pas très content de toi, s’il venait à apprendre que tu as laissé ce tombeau sans défense par pur égoïsme…


-Je ne sais pas encore comment faire, s’écria Leïla d’une voix aiguë qui ne lui était pas habituelle. Mais je trouverai, ajouta-t-elle d’un ton aussi peu convaincu que convaincant.


À ces mots, elle esquissa un mouvement pour rejoindre l’objet magique mais Bill la retint.


-Admettons que tu y arrives, tu comptes vraiment me laisser mourir ici ?


-Et tu deviendras un Inferius qui protégera le tombeau des prochains pillards, comme les esclaves qui ont apporté le sarcophage jusqu’ici et dont nous avons vu les squelettes dans le couloir d’entrée, répondit-elle en hochant sobrement la tête.


Bill afficha un sourire douloureux. Voilà pourquoi elle ne l’avait pas laissé s’endormir dans l’antichambre : elle avait craint qu’il ne l’attaque avant qu’elle n’ait eu le temps de s’échapper. Pourtant, elle ne semblait pas particulièrement se réjouir de l’avoir condamné à mort.


-Écoute, reprit Bill d’une voix pressante, tu n’es pas obligée de m’abandonner ici. Si tu me détaches, je vais pouvoir t’aider à trouver la solution, et si tu me laisses ressortir avec toi, je te promets que je ne dirai à personne que nous avons trouvé la tombe d’Ânkhou. Je…


-Tu ne comprends vraiment rien ! s’énerva-t-elle soudain. Il ne s’agit pas seulement de ce tombeau : il s’agit de tous ceux qui sont encore enfouis et que tu as juré de retrouver pour le compte des gobelins ! Ta promesse de garder le secret ne me sert à rien. Mon rôle est de veiller à ce que tu ne recommences plus, or le seul moyen de m’en assurer – et le seul moyen de prouver à mon père à quel point je tiens à faire partie de la Confrérie – c’est de ne pas te laisser ressortir.


À ces mots, Bill sentit sa respiration se bloquer dans sa poitrine. Ce n’était bien sûr pas la réponse qu’il avait espérée et pourtant, il pouvait la comprendre.


            À la réflexion, il était même obligé d’admettre que Leïla et cette Confrérie avaient raison sur un point : « briseur de sorts » n’était qu’un nom plus présentable pour les pilleurs de tombes. Il leva vers elle un regard implorant, prêt à admettre ses torts et à promettre de quitter le pays le jour-même si elle le laissait partir ; prêt à le promettre à son père s’il le fallait ! Mais avant qu’il n’ait pu prononcer le moindre mot, Leïla leva à nouveau sa baguette.


-Je suis désolée, dit-elle, mais j’ai besoin de toute ma concentration. Stupé


Bill n’attendit pas qu’elle finisse l’incantation. Il sauta sur ses deux pieds et bondit sur elle, tête baissée, les chevilles et les poignets toujours solidement ligotés. Dans un réflexe incontrôlé pour l’empêcher de la lui arracher des mains, Leïla leva brusquement sa baguette. L’éclair de Stupéfixion manqua de peu l’oreille de Bill et alla percuter le plafond magique.


            Un grondement sourd et plus puissant que le tonnerre lors des pires nuits d’orages retentit, puis le ciel leur tomba sur la tête.

End Notes:

* Robert Choquette – « Moi, Pétrouchka »

 

1914 mots sur word / 2040 selon le compteur HPF

 

Le concours s'achève ici mais cette histoire n'est pas encore tout à fait terminée. Il reste encore deux chapitres que j'ai déjà fini d'écrire mais que je ne posterai qu'une fois le concours officiellement clôturé.

Je remercie toutes celles qui ont pris le temps de me laisser un commentaire tout au long du concours, et félicite Eejil qui avait deviné le pot-aux-roses, ainsi que Plume et Tiiki, qui n'étaient vraiment pas tombées loin :)

Bonne chance à toutes et à tous pour cette fin de partie, et pour celles et ceux d'entre vous que ça intéresse, rendez-vous dans quelques semaines pour vérifier si nos deux protagonistes ont survécu ;)

Chapitre 6: Le bout du tunnel by MadameMueller
Author's Notes:

Salut tout le monde !

Le concours du Manoir s'est officiellement terminé il y a quelques jours, et c'est donc libérée de toute contrainte que je vous mets la suite.

Bonne lecture :)

Une noirceur abyssale avait soudain englouti la chambre funéraire, dont l’air était aussitôt devenu quasi irrespirable. Les yeux et la gorge irrités par les particules de poussières en suspension dans la pièce, Bill ne put réprimer une nouvelle quinte de toux et dut s’y prendre à trois fois pour prononcer la formule :

-Lumos !

Bien que Leïla ait toujours sa baguette, un rayon de lumière apparut aussitôt, révélant l’ampleur du sinistre : le sortilège de Stupéfixion avait frappé le plafond magique, et celui-ci s’était en partie effondré, détruisant au passage ce qui se trouvait dessous. Bill avait réussi à s’en sortir qu’avec quelques égratignures, mais sa coéquipière avait été moins chanceuse.

-Leïla ! s’écria-t-il, la repérant, étendue entre les gravats.

Il voulut se précipiter vers elle mais ses poings et ses chevilles étaient toujours entravés, gênant ses mouvements. Au prix d’un effort colossal, il réussit à ramper jusqu’à sa baguette, se délivra des cordes qui le ligotaient d’un sortilège de Découpe puis se tourna vers Leïla.

La jeune femme était inconsciente et avait le visage en sang. Bill se laissa tomber à genoux à ses côtés et chercha son poignet à tâtons : son pouls pulsait encore dans ses veines, bien que très faiblement. Merlin soit loué, elle n’est pas morte ! Bill poussa un profond soupir de soulagement, pourtant la jeune Égyptienne était encore loin d’être tirée d’affaire.

Leïla portait toujours sa sacoche en bandoulière et Bill, après un bref instant d’hésitation, se pencha pour regarder ce qu’elle contenait. Avec un peu de chance, il y trouverait quelque chose qui pourrait au moins la maintenir en vie assez longtemps pour qu’il puisse la sortir de là. Il pensa au kyphi qui se trouvait encore dans l’antichambre, mais une blessure physique comme celle de Leïla n’entrait certainement pas dans la catégorie « maladies du désert ».

La jeune femme gardait tout un tas de choses dans sa besace : les parchemins qu’ils avaient copiés de la Bibliothèque Nationale du Caire, bien sûr ; une boussole et une loupe magique super-grossissante, notamment ; et, tout au fond d’une des poches intérieures, une fiole à l’étiquette écrite en arabe.

Le rouquin tira d’un coup sec sur le bouchon de liège et renifla le contenu du flacon : de l’essence de dictame ! Son cœur battant à tout rompre contre ses côtes, Bill se retourna vers sa coéquipière et tenta de contrôler le tremblement de ses mains tandis qu’il laissait tomber quelques gouttes de potion verdâtre sur la plaie. Le saignement cessa aussitôt alors qu’une fumée âcre s’élevait de la blessure. Un instant plus tard, la plaie s’était refermée, comme si elle datait déjà de plusieurs jours.

Bill laissa tomber ses fesses sur ses talons et poussa un nouveau soupir de soulagement tout en se frottant le visage d’une main poussiéreuse. Les soins qu’il avait pu apporter à Leïla étaient loin d’être suffisants – il avait peut-être guéri sa plaie à la tête mais peut-être souffrait-elle de lésions internes ? – et il fallait à tout prix qu’il l’emmène à l’hôpital sorcier du Caire.

Mais pour cela, encore fallait-il qu’il réussisse à trouver une issue ! Si seulement la jeune femme n’avait pas été aussi bornée, ils auraient pu essayer de trouver une solution ensemble et rien de tout ça ne serait arrivé ! Il était fatigué, tellement fatigué ! Pourtant, cela n’avait plus rien à voir avec le sortilège d’Inversion temporelle, il le sentait.

 

Où était cette fichue clepsydre, d’ailleurs ? Bill en était convaincu, la détruire était le seul moyen de sortir de là. Il se hissa à nouveau sur ses deux pieds et se dirigea vers l’endroit où s’était trouvé l’objet magique avant l’éboulement.

Le rayon de lumière qui s’échappait toujours de sa baguette tendue devant lui éclairait presque toute la chambre funéraire – ou du moins, ce qu’il en restait – et Bill ne put s’empêcher de ressentir un pincement au cœur en constatant l’ampleur des dégâts. C’était du gâchis. Un horrible gâchis.

Parmi les meubles écrasés par les lourdes pierres dont les morceaux de bois brisés jonchaient le sol, un fragment de poterie blanche attira bientôt le regard de Bill. Il s’accroupit et se pencha en avant pour pouvoir s’en saisir. Il s’agissait du fond d’un récipient où un trou avait été percé pour laisser le liquide qu’il contenait s’écouler. D’ailleurs, l’argile était encore humide.

Craignant de se réjouir trop vite, le jeune homme se mit à chercher frénétiquement les autres morceaux de la clepsydre et se retrouva bientôt les deux mains dans une flaque d’eau. Cette fois, le rouquin ne put se retenir de rire.

La clepsydre était détruite, cela signifiait qu’ils étaient libres. Libres de partir, libre de quitter ce maudit tombeau ! Son cœur battait si vite à présent que Bill eut l’impression qu’un pétard mouillé du Dr Flibuste venait d’exploser en plein cœur de sa cage thoracique ! Toujours hilare, le jeune Anglais se redressa à nouveau et courut rejoindre sa coéquipière encore inconsciente.

-Ne t’en fais pas, Leïla, dit-il en s’agenouillant près d’elle, je vais te sortir de là !

À ces mots, il calla sa baguette entre ses dents puis passa ses bras sous le corps inanimé de la jeune femme et la souleva.

 

            Se frayer un chemin parmi les gravats jusque dans l’antichambre ne fut pas chose aisée mais une autre difficulté leur barra bientôt la route : le passage secret qui donnait sur le couloir d’accès était toujours hermétiquement fermé, le squelette écrasé de la pendue éparpillé à ses pieds.

            Bill voulut pousser un juron mais sa baguette toujours coincée entre ses dents étouffa le son de sa voix. L’euphorie qu’il avait ressentie quelques minutes plus tôt en constatant que la clepsydre s’était brisée venait de se transformer en crise de panique.

            Ne supportant plus son poids, il se dirigea vers l’un des lits à tête et serres de phénix et y déposa délicatement Leïla avant de reprendre sa baguette en main et de s’approcher du mur coulissant pour l’instant désespérément clos, alors que l’odeur de kyphi lui montait à nouveau à la tête.

            Bon sang ! Il devait bien y avoir un moyen de l’ouvrir ! Mais les cloisons de l’antichambre étaient lisses, sans décoration ni levier, ni quoi que ce soit qui puisse actionner le mécanisme d’ouverture de la paroi. Bien sûr, on n’était pas censé ressortir vivant d’un tombeau. « Gare à toi, étranger, qui entre dans ma tombe, car tu y recevras le châtiment qui t’incombe » disait la malédiction sur la stèle du tunnel d’accès. Ils avaient été prévenus.

Au bord des larmes, Bill retourna près de Leïla et la porta jusque derrière la statue du vizir, dans le coin opposé de la pièce, puis s’agenouilla près d’elle. Le pouls et la respiration de la jeune Égyptienne étaient toujours très faibles et son teint pâlissait à vue d’œil.

-Je suis désolé, chuchota-t-il en repoussant une mèche de cheveux de son visage, mais je n’ai vraiment pas le choix.

Puis, se tournant vers le pan de mur qui masquait la sortie, il cria :

-Confringo !

            Le maléfice Explosif percuta le mur de plein fouet, faisant dangereusement trembler le plafond, et Bill s’arc-bouta au-dessus de Leïla pour la protéger d’une éventuelle chute de pierres.

            Bill attendit plusieurs minutes, le torse vouté par-dessus la tête de sa coéquipière, les paupières et la bouche fermées, osant à peine respirer. Le tremblement cessa bientôt et, lorsqu’il jugea que le danger était sans doute écarté, le jeune homme rouvrit d’abord un œil, puis l’autre, et se retourna lentement.

            Son maléfice avait creusé un trou au milieu de la paroi rocheuse et il pouvait voir la poussière s’échapper dans le couloir d’accès. Il avait réussi. Les jambes légèrement flageolantes, il prit à nouveau Leïla dans ses bras et parcourut les quelques mètres qui le séparaient encore de la sortie, trébuchant çà et là sur le sol inégal, des fragments d’os craquant sinistrement sous ses pas. Enfin, il arriva sous le puit qui menait à la surface.

            Le soleil brillait pour de vrai cette fois, et Bill leva la tête en direction du ciel. Grimaçant de soif, de douleur et d’épuisement, il laissa Râ réchauffer son visage de ses douces caresses pendant quelques secondes puis, serrant la jeune Égyptienne un peu plus fort contre lui, il ferma les yeux et se concentra de toute ses forces sur l’extérieur, à quelques centaines de mètres au-dessus de lui. Jamais encore, de toute sa vie, il n’avait été aussi déterminé à atteindre sa destination.

 

            Les deux briseurs de sorts réapparurent aussitôt à l’air libre et Bill se laissa tomber à genoux dans le sable, Leïla toujours appuyée contre son torse. Le jour commençait déjà à décliner à l’horizon, mais le jeune homme le remarqua à peine.

Maintenant qu’ils étaient hors de danger, il fallait qu’il boive ! Sans vérifier au préalable si les alentours étaient déserts, il leva sa baguette devant sa bouche et en fit couler un puissant jet d’eau qui lui éclaboussa tout le visage. Il était tellement exténué qu’il n’arrivait même plus à doser ses sortilèges !

            Il se pencha ensuite vers Leïla et écarta doucement ses lèvres pour la faire boire à son tour. La jeune femme déglutit par réflexe mais ne se réveilla pas. De plus en plus inquiet, Bill rassembla ce qui lui restait de forces pour la soulever à nouveau pour pouvoir transplaner jusqu’à l’hôpital pour sorciers du Caire. Il était sur le point de pivoter sur lui-même lorsqu’il sentit la pointe d’une baguette s’enfoncer dans sa gorge.

-Pose-la par terre, intima la voix menaçante d’un homme avec un fort accent.

Ne pouvant voir son interlocuteur, Bill hésita une fraction de seconde et sentit aussitôt la baguette appuyer un peu plus contre sa pomme d’Adam.

-Pose-la, répéta l’homme.

Bill déglutit avec difficulté mais s’exécuta finalement. Le visage de Leïla avait presque perdu toutes ses couleurs à présent.

-Maintenant, retourne-toi lentement, reprit l’homme à la voix menaçante.

Cette fois encore, le jeune Anglais capitula sans opposer de résistance, les mains levées en signe de rédemption, et il se rendit bientôt compte que l’homme qui avait parlé n’était pas seul : ils étaient une bonne demi-douzaine, montés à cheval, vêtus de longues robes blanches et la tête recouverte d’un keffieh.

-Alors comme ça, vous avez réussi à trouver la tombe d’Ânkhou ? demanda l’homme d’un air furieux.

 

Bill regarda les six hommes avec des yeux ronds. Il avait cru Leïla lorsqu’elle lui avait parlé de la Confrérie du Sphinx, mais il n’avait pas songé qu’ils seraient déjà au courant de leur découverte.

-Écoutez, commença Bill, vous pouvez garder le trésor, je m’en fiche pas mal, mais Leïla est gravement blessée, elle a besoin de soins, et je…

-Je ne souhaite pas sa mort, coupa l’homme qui semblait être le chef. Mais Leïla nous a trahis en te guidant jusqu’ici, étranger. Elle mérite ce qui lui arrive, je ne la pleurerai pas.

Abasourdi, Bill ne répondit pas tout de suite. Leïla avait certes commis une erreur, mais de là à la laisser mourir !

-Vous êtes son père, n’est-ce pas ? devina-t-il dans un souffle.

À ces mots, l’homme éclata de rire et échangea quelques mots en arabe avec ses compagnons.

-Pour ma plus grande honte, concéda l’homme avec mépris. Je lui avais bien dit qu’aucune femme n’était à la hauteur de la Confrérie du Sphinx, et voilà où nous en sommes.

À ces mots, Bill serra les poings et foudroya Bajjali du regard.

-Leïla est largement à la hauteur de la Confrérie ! s’indigna-t-il. C’est une grande briseuse de sorts, et…

-Tais-toi, l’interrompit encore Bajjali. Tu ne sais pas de quoi tu parles.

Il se retourna alors vers ses compagnons et ouvrit la bouche comme s’il s’apprêtait à leur donner un ordre mais ses traits se décomposèrent soudain.

            Avant que Bill n’ait pu comprendre ce qui se passait, les chevaux que montaient les soldats de la Confrérie commencèrent à s’agiter, leurs sabots battant le sable meuble avec nervosité, et leurs grands yeux globuleux exorbités par la terreur. Bajjali hurla quelque chose en arabe, et les six cavaliers partirent au galop sans se soucier davantage de Bill et Leïla.

            Dépité, Bill les regarda s’éloigner tandis qu’un puissant courant d’air s’engouffrait dans ses cheveux collés de sueur et de poussière. C’est alors qu’il comprit ce qui avait fait fuir la Confrérie : une tempête de sable était en train de se lever.

            Le nuage dévastateur descendait déjà la dune à une allure inquiétante et Bill, ignorant la nouvelle vague de panique qui menaçait de le submerger, saisit Leïla d’une poigne de fer et se hâta de l’emmener loin de la vallée des Rois.

 

End Notes:

C'est tout pour cette fois ! Je reviendrai dans le courant de la semaine prochaine avec l'épilogue.

D'après vous, Leïla va-t-elle survivre ? Et si oui, quelle sera sa réaction vis à vis de Bill, et vis à vis de son père ? La Confrérie va-t-elle réussir à s'emparer du trésor ?

Merci d'avoir pris le temps de me lire, n'hésitez pas à me laisser votre avis et vos théories sur la fin de l'histoire :)

Chapitre 7: La fin du commencement by MadameMueller
Author's Notes:

Bonsoir tout le monde !

Le voici, le voilà, le tout dernier chapitre des aventures de Bill au pays des momies !

Je tiens à remercier du fond du coeur Chrisjedusor et MaPlumeAPapote d'avoir pris le temps de venir lire le chapitre 6 hors concours et de me laisser en plus de si gentils commentaires ♥

Sans plus attendre, je vous laisse au dénouement de cette histoire. Bonne lecture !

Les couloirs de l’hôpital pour sorciers du Caire étaient tellement encombrés que Bill se croyait presque au souk, mais peut-être ce sentiment était-il simplement dû à l’angoisse et à l’épuisement.

            Il y avait plusieurs heures déjà que les guérisseurs avaient pris en charge Leïla mais aucun d’eux n’était venu lui donner de ses nouvelles. Et si elle ne survivait pas ? Il avait perdu un temps précieux à essayer de convaincre son père de le laisser l’emmener, et si la tempête de sable ne les avait pas faits fuir, lui et ses acolytes, la jeune femme serait sans doute déjà morte à l’heure qu’il était.

            Quand il y repensait, cela rendait Bill véritablement furieux !

            Comment un père pouvait-il prendre sur lui de ne pas secourir son propre enfant ? Pire encore, comment pouvait-il le condamner à mort ? Si le jeune Anglais avait d’abord été convaincu par les arguments de Leïla sur l’importance de protéger le patrimoine égyptien des pillards, sa confrontation avec la Confrérie du Sphinx l’avait passablement refroidi.

Il se demanda même l’espace d’un instant si la jeune femme était en sécurité dans cet hôpital, dans le cas où Bajjali déciderait d’envoyer quelqu’un assassiner sa propre fille, avant de se rappeler des paroles de ce père indigne – « Je ne souhaite pas sa mort » avait-il dit – et Bill se sentit un peu rassuré.

La nuit était tombée depuis plusieurs heures et Bill avait fini par s’assoupir sur l’une des chaises de la salle d’attente lorsqu’un guérisseur à la robe rouge sang vint enfin le trouver.

-Mr Weasley ? dit-il en le secouant doucement pour le réveiller, et Bill se redressa subitement sur son siège, les yeux encore collés par le sommeil. Vous serez sans doute soulagé d’apprendre que Anisatan* Bajjali est à présent hors de danger. Nous allons la garder encore quelques jours en observation, pour être sûrs qu’elle n’a pas de pertes de mémoire, mais nous avons bon espoir qu’elle ne garde pas la moindre séquelle de son accident.

-Tant mieux, souffla Bill, la tension dans ses épaules se relâchant d’un coup. Merci, ajouta-t-il à l’adresse du guérisseur.

-Vous devriez rentrer chez vous, conseilla encore le médicomage. Vous pourrez revenir demain lui rendre visite, si vous le souhaitez.

Bill acquiesça d’un signe de tête puis le guérisseur s’éloigna à nouveau.

 

            Un peu délesté du poids de son inquiétude pour Leïla mais pas de celui toujours aussi pesant de sa fatigue, Bill décida quand même de marcher un peu en sortant de l’hôpital avant de rentrer chez lui. La nuit était claire et le ciel étoilé – Merlin ! Ce qu’il pouvait être heureux de se retrouver à l’air libre ! Pourtant, une chose continuait de le tarauder.

            Il ne pouvait pas laisser la Confrérie du Sphinx s’en sortir aussi facilement. Le jeune homme ignorait si la tempête de sable avait fini par cesser – elles pouvaient parfois durer des jours entiers – mais il ne voulait pas courir le risque que le père de Leïla revienne et s’empare du trésor du vizir. Non, il fallait qu’il le devance.

            Ignorant ses membres douloureux et ses paupières lourdes de sommeil, le jeune homme décida d’aller réveiller la seule personne qui pourrait l’aider : son supérieur chez Gringotts.

-Tiens ! s’exclama le gobelin en lui ouvrant la porte de sa maison. Tu n’es pas mort, finalement.

-Non, confirma Bill, et j’ai une bonne nouvelle pour toi, Krewu.

Intrigué, le dénommé Krewu leva un sourcil puis agita ses doigts sertis de longs ongles acérés pour l’inviter à entrer.

            La porte s’ouvrait sur un patio bordé de palmiers et au centre duquel se trouvait un bassin décoré de mosaïques. Krewu désigna une petite table en fer forgé entourée de deux chaises installées dans un coin.

-Je préfèrerais que nous discutions à l’intérieur, déclara Bill d'une voix pressante.

Le gobelin arqua les sourcils encore un peu plus puis guida le jeune homme à l’intérieur de la pièce principale.

C’était la première fois que Bill entrait dans l'habitation d’un gobelin et il jeta un regard curieux autour de lui. À vrai dire, l’intérieur de la maison ressemblait en tout point à la maison d’un sorcier – mais d’un sorcier riche. Krewu tendit les mains vers les fenêtres ouvertes pour capter la brise nocturne, et celles-ci se refermèrent d’elles-mêmes.

-Alors ? interrogea le gobelin lorsqu’ils furent installés chacun dans fauteuil à accoudoirs.

Il ne lui avait pas offert à boire, mais cela collait parfaitement à la légendaire hospitalité des gobelins.

            Bill lui raconta alors toute l’histoire, et Krewu l’écouta d’une oreille attentive, ses longs doigts entrelacés devant lui. Lorsque le jeune sorcier eut terminé, il se leva sans prononcer le moindre mot, attrapa un cerceau de bois qui traînait posé contre un mur, puis fit signe à Bill de le suivre.

Ils sortirent à nouveau dans le patio et Krewu se dirigea jusqu’à une cloche suspendue sous l’une des arches et tira sèchement sur la corde. Le bruit de tintement était si fort qu’on devait l’entendre à des kilomètres à la ronde mais Bill comprit que c’était justement le but recherché car bientôt, une vingtaine de gobelins frappèrent à leur tour à la porte de Krewu.

-Nous avons un trésor, déclara-t-il dans un sourire tordu par la cupidité.

Cette annonce fut accueillie par une exclamation enthousiaste de la part de ses compagnons, et Krewu se tourna alors vers Bill.

-Tu peux créer un Portoloin ? lui demanda-t-il.

-O-Oui, répondit le jeune homme d’une voix hésitante. Mais c’est illégal…

-Parce que tu crois vraiment que le ministère égyptien osera nous chercher des Noises ? ricana Krewu d’un air sournois.

À ces mots, Bill s’efforça de sourire tant bien que mal puis pointa sa baguette sur le cerceau que lui tendait son patron.

-Portus, murmura-t-il.

Un instant plus tard, vingt poignes de gobelins s’étaient refermées autour du cerceau et Bill n’eut d’autre choix que de les imiter.

 

oOo

 

            La remise en état du tombeau dura plusieurs jours, et Bill veilla à ce que les morceaux de la clepsydre magique soient évacués avant que les gobelins ne commencent à réparer les dégâts causés par l’éboulement du plafond – il ne voulait pas prendre le risque de se retrouver à nouveau piégé dans ce tombeau maudit.

            Comme promis, Gringotts lui versa une grosse prime, ainsi qu’à Leïla, mais la jeune femme la repoussa avec dégoût : elle n’avait pas pardonné à Bill de lui avoir sauvé la vie.

-Tu aurais vraiment préféré que je te laisse mourir ? s’indigna-t-il un soir qu’il venait lui rendre visite, environ une semaine après leur aventure.

La jeune Égyptienne était restée inconsciente plusieurs jours et avait repris connaissance seulement la veille.

-Oui, répondit-elle d’un ton acerbe.

À cela, elle ajouta qu’elle démissionnait de Gringotts et qu’elle ne voulait plus jamais le revoir. Qu’allait-elle devenir ? Bill l’ignorait et renonça à l’interroger à ce sujet : il savait qu’elle l’aurait simplement ignoré, comme elle l’avait fait chaque fois qu’il posait une question qu’elle jugeait stupide.

-Adieu, alors, conclut-il dans un haussement d’épaules.

Et dire qu’il avait eu le béguin pour elle ! Cela lui semblait s’être déroulé dans une autre vie… Leïla lui lança un regard noir mais ne répondit pas. Leurs chemins se séparaient définitivement.

            Bill sortit de l’hôpital et rentra chez lui. Son appartement était petit mais ce n’était pas le temps qu’il y passait. Exténué par son intrépide semaine, il saisit la pile de courrier qui l’attendait et se laissa tomber sur la chaise installée sur son balcon, un verre de soda de Branchiflore à la main. Bill sourit en reconnaissant aux moins trois lettres de sa mère parmi les enveloppes, mais son attention fut bientôt attirée par un petit rouleau de parchemin cacheté d’un sphinx.

 

            « Tu as peut-être remporté cette bataille, étranger, mais tu ne remporteras pas la guerre. Où que tu cherches, tu ne trouveras que la Confrérie du Sphinx. »

 

Il s’agissait d’un avertissement plus que d’une menace, et Bill sourit bien malgré lui : l’aventure ne faisait que commencer.

 

End Notes:

* Anisatan : Mademoiselle, en arabe

 

MERCI d'avoir pris le temps de venir lire les derniers chapitres de cette petite aventure. J'espère qu'elle vous a été distrayante :)

Mais avant que vous ne me posiez la question : NON, il n'y aura pas de suite ! Je préfère vous laisser imaginer vous-même à quoi ressemblerait la future vie de Bill après ce succès, avant qu'il ne regagne l'Angleterre pour aider Fleur à améliorer son anglais ;)

Voilà... Merci encore une fois ! Surtout n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce dénouement, j'avoue attendre vos retours avec un mélange d'impatience et d'angoisse ! ;)

 

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