Summary:
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modifiée par mes soins
Marlène McKinnon est de retour à Poudlard pour enquêter sur la mystérieuse disparition d'un élève, et elle est à toutes les raisons de croire qu'un membre de L'Ordre du Phénix est dans le coup. Pour résoudre cette affaire, Marlène est prête à se servir de son don de voyance et même de ses poings, si nécessaire.
Suite de " Confession d'une championne hors norme"
Categories: Romance (Het),
Résistance Characters: Les Maraudeurs, Lily Evans, Marlene McKinnon, Ordre du Phénix
Genres: Aventure/Action, Comédie/Humour, Polar/enquête
Langue: Français
Warnings: Lime
Challenges: Aucun
Series: McKinnon en folie !
Chapters: 14
Completed: Non
Word count: 55120
Read: 15168
Published: 09/01/2021
Updated: 08/01/2024
Story Notes:
Bonjour à tous !
Et voilà, je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire une dernière suite des aventures de Marlène. Je n'ai tout simplement pas eu le coeur de la laisser partir xD
Il n'est pas nécessaire d'avoir lu mes deux fictions precedantes avant de commencer celle-ci (mais je vous les conseille si vous souhaitez en apprendre plus sur les persos).
WARNING : Cette fiction est déconseillée au moins de 16 ans. Des thèmes difficiles seront abordées telles que la mort, la dépression ou l'alcoolisme, et le langage sera parfois familier. Mais pour ceux qui me connaissent déjà, vous savez que l'humour sera prédominant xD
Comme toujours, l'univers, les lieux et une bonne partie des personnages appartiennent à J.K Rowling.
1. Prologue by jalea
2. Un Auror expérimenté by jalea
3. Agent de l'élite spéciale by jalea
4. Révélations en tous genres by jalea
5. L'Ordre du Phénix (partie 1) by jalea
6. L'Ordre du Phénix (partie 2) by jalea
7. Un stage rémuneré by jalea
8. Mise en garde by jalea
9. Un ancien camarade by jalea
10. Retour en force by jalea
11. Farafosset et le blanc furet ( Partie 1) by jalea
12. Farafosset et le blanc furet ( Partie 2) by jalea
13. Rappel à la Loi by jalea
14. Point commun by jalea
Author's Notes:
Ce premier chapitre est un Prologue du point de vue de Sirius Black. Les chapitres suivants seront seulement du point de vue de Marlène.
Merci à SumiShann pour sa correction.
Bonne lecture.
Prologue
****POV SIRIUS BLACK***
— Excusez-moi, cette place est libre ?
Je soupire et lève les yeux à contrecœur. Une sorcière au visage avenant se tient debout devant moi. Elle porte une robe à fleurs trop voyante, ainsi qu'un chapeau pointu. Son maquillage est prononcé, notamment autour des yeux. Des bijoux agrémentent le tout.
Je me contente de hausser les épaules. Elle doit prendre cela pour une invitation car elle tire une chaise, s’assoit près de moi et, les mains jointes sur les genoux, prend un air soucieux.
— Puis-je me permettre de vous poser une question ?
Je porte ma chope à mes lèvres et termine ma bière d'un trait. J'en suis déjà à mon troisième verre. J'observe distraitement les autres clients du bar, quand mon regard s'arrête sur une jeune femme blonde, au comptoir. Sa silhouette est élancée et son allure élégante. Ses longs cheveux ondulés tombent en cascade sur ses épaules. Je me surprends à fixer son dos en espérant qu'elle tourne la tête dans ma direction. Son visage est-il aussi attrayant que le reste ?
Mon silence ne décourage pas l'inconnue assise à ma table. Elle se penche dans ma direction, m'offrant une vue imprenable sur son décolleté. Je détourne immédiatement le regard ; cette femme a probablement le double de mon âge.
— Pourquoi un jeune homme aussi séduisant est-il triste un soir de fête ?
Je me tourne vers la sorcière en arquant un sourcil étonné.
— Un soir de fête ?
— Sortez le nez de votre verre et regardez un peu autour de vous ! s'exclame-t-elle soudain, en levant les yeux au ciel.
J'obéis sans grand enthousiasme et me rend brusquement compte de l'effervescence qui m'entoure ; les clients rient, chantent, parlent fort... sûrement en raison d'un match de Quidditch.
Je hausse de nouveau les épaules. La sorcière me considère d'un air peiné. Elle a dû être d'une rare beauté, mais à présent son visage ovale est lourd et strié de profondes rides autour des yeux.
— Rupture difficile, hein ? Je suis passée par là, moi aussi. Cinq fois.
J'esquisse un sourire qui finit en rictus ; un de ces sourires fugaces qui n'ont le temps d'éclairer ni le regard ni les traits du visage.
— Vous n'y êtes pas du tout, madame.
— Mademoiselle, rectifie-t-elle immédiatement en m'adressant un sourire qui se veut charmeur.
— Mon meilleur ami va se marier, je lâche de but en blanc.
Voilà que je me confie à une parfaite étrangère. Je lève mon verre, avant de me rendre compte qu'il est vide. Je me redresse sur ma chaise, le dos droit contre le dossier. Il faut que je me reprenne ! Je n'aime pas être dans cet état, c'est désagréable. Et déprimant.
— Et vous êtes amoureux de la future mariée, c'est ça ?
Je fronce les sourcils. Moi, amoureux de Lily ?
— Non. Absolument pas.
— Du futur marié, alors ? suppose la sorcière d'un air à la fois curieux et déçu.
J'éclate de rire, bien que mon cœur se serre un peu. Dire que je m'attendais à cette annonce serait mentir ; la nouvelle m'a fait l'effet d'une bombe. C'est pourtant dans l'ordre des choses que James et Lily veulent se marier et même fonder une famille, mais je ne pensais pas que cela arriverait si... rapidement. Je devrais être heureux, me réjouir de leur bonheur, cependant... une part de moi a du mal à accepter la situation. Je considère James comme mon frère, ma seule famille. Quelle place aurai-je dans sa nouvelle vie ?
Ai-je peur de la solitude, de me retrouver face à face avec mes démons ? La réponse est oui. Et c'est sans doute pour cette raison que je bois un peu trop souvent et que je m'abrutis dans des occupations sans intérêt, jusqu'à ce que je ne ressente plus cette impression. Même lorsque je partage mon lit avec une femme, il n'y a ni intimité, ni joie, ni passion dans l'acte mais simplement le besoin d'oublier ma vie réelle qui est insignifiante et vide de sens.
— J'habite pas loin. Vous voulez venir boire un verre chez moi et me conter vos malheurs ?
— Non, merci.
Ma réponse serait sans doute différente si cette proposition avait été faite par une ravissante jeune femme. Mon regard se tourne à nouveau vers la sorcière blonde, au comptoir. Je l'observe à la dérobée. Elle est vêtue d'un tailleur gris clair, une jupe étroite qui met en valeur ses jambes et porte des talons hauts. Il ne m'en faut pas plus. Bien que je n'ai pas encore eu le loisir d'apercevoir son visage, je cherche déjà un moyen pour pouvoir l'aborder.
« Tu peux me dire ce que ces relations sans lendemains t’apportent, Sirius ? Concrètement ? » m'a demandé sans détour Lily, la dernière fois qu'on s'est vus. Je me suis contenté de hausser les sourcils à plusieurs reprises d'un air suggestif. Que pouvais-je lui répondre ? Que je déteste me retrouver seul dans ma propre maison ? Que la simple idée d'y mettre les pieds me donne envie de me pendre ?
— Te fous pas de moi, Miller ! s'emporte la blonde qui me plaît, pour je ne sais quelle raison.
La jeune femme fait face à un homme très grand. Les poings sur les hanches, elle se plante devant lui pour l'empêcher de passer.
— Mais puisque je te dis que je ne l'ai pas vu, tu entends ? PAS VU ! s'emporte à son tour le sorcier.
La blonde se penche pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Il devient livide.
— … et je te ferai passer l'envie de me mentir, pigé ? s'égosille-t-elle, attirant le regard de quelques curieux.
Son tempérament de feu m'émoustille. J'esquisse un sourire, de plus en plus intéressé. Cette demoiselle ne sera peut-être pas aussi facile à séduire que les autres, et cela me réjouit d'avance. Ça tombe bien, je commençais à m'ennuyer.
Je m'excuse auprès de ma voisine (dont j'ignore toujours le nom) et me lève de table. Cette dernière semble légèrement désappointée ; je sens son regard posé sur moi tandis que je me dirige vers le comptoir.
Je m'arrête à seulement quelques mètres de la jeune femme blonde. Je distingue son profil ; ses pommettes sont hautes et son nez est légèrement retroussé. Elle passe une main dans ses cheveux dorés pour les discipliner un peu. Ce geste m'est familier ; je la reconnais immédiatement. Ma bouche s'entrouvre sous le choc.
Je m'avance lentement, comme dans un état second.
— Marlène ? Marlène McKinnon ? fais-je à voix haute, médusé.
— La seule et l'unique, répond la concernée sans même m'accorder un regard. Qu'est-ce que vous me voulez ?
Je souris. C'est bien elle. Lorsque ses yeux bleu-gris se posent enfin sur moi, ils se plissent un instant avant de s'ouvrir en grand.
— Sirius Black ? souffle-t-elle, l'air aussi surprise que moi.
— Le seul et l'unique, je rétorque sur le même ton.
Il y a un moment de flottement pendant lequel personne ne sait vraiment quelle attitude adopter. Doit-on se serrer la main ? S'étreindre ? Un ange passe.
Finalement, je reprends la parole :
— Je suis surpris de tomber sur toi ici. Combien de temps ça fait ? Trois mois ?
Marlène me considère longuement, la tête penchée sur le côté. Un sourire mi-moqueur, mi-sceptique se joue sur ses lèvres.
— Presque un an en réalité.
Oh. Je crois que je n'ai plus vraiment la notion du temps. Depuis que j'ai quitté Poudlard, tous les jours se suivent et se ressemblent. Ils sont pluvieux, tristes et ennuyants.
Marlène continue de me dévisager d'un œil étrange. Elle n'a plus rien de l'adolescente gauche et gaffeuse que j'ai connue autrefois. Elle est devenue très belle et (jamais je n'aurais pensé cela un jour) distinguée. Je suis légèrement intimidé par sa beauté. Non pas que je la trouvais laide avant, disons juste que... elle est différente. Et très féminine, ce qui est assez déstabilisant. Cette fille était un véritable garçon manqué lorsque nous étions à Poudlard.
Je fourre mes mains dans mes poches de blouson pour me donner une contenance.
— Alors...qu'est-ce que tu deviens ? James m'a dit que tu suivais une formation d'Auror ?
Quelques têtes se tournent dans notre direction. Marlène m'adresse aussitôt un regard noir.
— Quoi ? Non, je ne suis pas Auror ! Je suis herboriste, moi. Herboriste !
— Herboriste ? je répète, sans pouvoir m'empêcher de rire.
— Oui, confirme-t-elle en souriant. Les plantes m'ont toujours fascinée...
Je m’appuie contre le comptoir et la dévisage à mon tour.
— Si je me souviens bien, tu séchais les cours de botanique, non ?
La blonde soulève puis repose violemment son verre, m'éclaboussant la main de bièraubeure. Son regard me vrille de la tête aux pieds. Elle rougit légèrement, mais ne se détourne pas. Je meurs d'envie de m'asseoir sur le tabouret de libre à sa gauche, afin de rattraper le temps perdu.
— Bon et toi, Patmoche, qu'est-ce que tu deviens ? lance-t-elle brusquement, me prenant au dépourvu.
Le surnom dont elle m'affuble me fait me sentir étrange. L'espace d'une seconde, j'ai l'impression de redevenir l'adolescent que j'étais, inconscient et insouciant. Malheureusement, ce n'est plus le cas. On me répète assez souvent comme ça que je suis un adulte. Et que font les adultes ? Ils travaillent.
— Sirius, je corrige machinalement. Je suis... dans l'immobilier.
Mon mensonge est ridicule, j'en ai conscience. La vérité, c'est que je suis un adulte complètement paumé qui n'a aucune idée de quoi faire de sa vie. Je n'ai aucun projet, aucun but. Et le pire, c'est que je suis trop fier pour l'admettre ouvertement. Alors à l'occasion, je m'invente un job. Une carrière professionnelle, même.
Les yeux de Marlène s'illuminent soudain comme un sapin de Noël.
— Chouette ! Ça tombe bien, je suis à la recherche d'un appartement: un cinq pièces avec un balcon, une jolie vue et une place à balai pour un loyer mensuel n’excédant pas cinquante Gallions. Tu penses pouvoir me trouver quelque chose ?
— Parfaitement, je réponds, amusé par son enthousiasme débordant.
— Vraiment, où ça ?
— Dans une charmante benne à ordure, juste au coin de la rue. Jamais tu ne trouveras un appartement à ce prix-là, Marlène ! je reprends sérieusement, si ce n'est dans les quartiers mal famés...
Elle fait la moue, l'air de réfléchir.
— Tu ne penses pas sérieusement t'installer dans l'un de ces quartiers ?
— Tu n'es pas un très bon agent immobilier, tu sais ? rétorque la blonde en esquissant un sourire railleur.
Je me penche vers elle pour mieux la contempler. Mon regard glisse sur ses lèvres peintes en rose vif.
— Et toi, tu n'es pas herboriste, je souffle près de son oreille.
Je me recule ensuite pour guetter sa réaction.
Ça m'amusait beaucoup lorsque nous étions à l'école ; il suffisait que je m'approche un peu pour qu'elle devienne cramoisie. Au départ, ce n'était qu'un jeu, mais je suis bien vite devenu prisonnier de la force de mes sentiments. Marlène McKinnon m'a blessé comme jamais aucune femme ne l'a fait. Je ne lui en tiens cependant pas rigueur car une relation entre nous aurait été vouée à l'échec. J'étais trop têtu, possessif et égoïste. Je le suis toujours, d'ailleurs.
Nous nous sommes perdus de vue il y a bien longtemps. J'ai tout simplement cessé de lui parler, et n'ai plus donné de nouvelles. C'était trop difficile d'être seulement son ami.
La grande blonde m'observe en haussant les sourcils, pour signifier son agacement, j'imagine. Aujourd'hui, elle semble moins troublée par ma présence. Je ne sais pas si c'est une bonne chose ou non.
— J'ai été ravie de te revoir, vraiment, conclut-elle sur un ton sec et cassant. Mais j'attends un ami alors si tu pouvais mettre les voiles, ce serait sympa.
Sans plus de cérémonie, elle se détourne de moi et pivote sur son tabouret pour regarder par la baie vitrée. Comme si Merlin l'avait entendue, un homme imposant aux cheveux mi-longs entre alors dans le bar. Il balaye du regard la salle, et quand ses yeux s'arrêtent sur Marlène, il se passe aussitôt quelque chose d'étrange : le sorcier s'immobilise en la voyant, marche à reculons vers la porte, avant de quitter le bar, l'air totalement paniqué.
Je fronce les sourcils, tandis que Marlène laisse échapper un soupir de frustration. Elle se tourne brusquement dans ma direction pour me décocher un regard noir.
— Mon ami a pris peur à cause de toi, c'est malin !
— Tu plaisantes ? Il a fait demi-tour à la seconde même où il t'a aperçue ! Tu es sûre que c’était un ami à toi ?
— Je sais encore qui sont mes amis ! s'indigne la jeune femme en levant fièrement le menton.
Son regard s'assombrit légèrement et je crois voir passer dans ses yeux une lueur de tristesse mêlée à la déception. Je devrais sans doute m'excuser d'avoir en quelque sorte couper les ponts juste après Poudlard, mais les mots me manquent.
— Tu n'es donc pas censée ignorer que Lily et James vont se marier ?
J'esquisse un sourire crispé qui ne fait pas vraiment illusion. Les yeux de Marlène s'ouvrent comme des soucoupes. Je fais signe au barman ; j'ai besoin d'un autre verre.
— Tu ne devrais pas tarder à recevoir leur joli petit carton d'invitation...
— Woah, c'est... un peu précipité, non ?
— Pas vraiment, je soupire. Ils sortent ensemble depuis le collège.
Marlène garde le silence un moment. Je baisse les yeux dans sa direction et constate que son regard est vague, comme égaré. Puis soudain, elle cligne des yeux et s'exclame en se redressant :
— Je suis très heureuse pour eux ! Ils vont être des parents géniaux.
— Des parents ? Lily n'est pas enceinte.
Pourquoi tout le monde suppose cela ? Parce qu'ils sont trop jeunes pour se marier ?
— Non, bien sûr que non ! se reprend immédiatement la blonde, l'air un peu mal à l'aise. Je disais ça comme ça, dans le futur...
La chope remplie que m'apporte le serveur est plus que bienvenue. Je bois une longue gorgée, avant de rétorquer en riant :
— Tu es toujours aussi bizarre. Ça m'a fait plaisir de te revoir, Marlène.
Il faut que je m'en aille avant de commettre une terrible erreur ; celle de tenter de la séduire. Marlène se lève d'un bond, et me décoche un sourire étrange que je ne parviens pas à interpréter.
— Oui, moi aussi. Salue les autres Maraudeurs et Lily de ma part.
La jeune femme m'adresse un dernier sourire avant de me tourner le dos et de s'éloigner de moi. Je le regarde avec la soudaine envie de crier. Mais quoi ? La supplier de revenir ? Lui interdire de s'en aller ?
— Marlène, attend ! je m'entends hurler, malgré moi.
La blonde se retourne, l'air interrogateur.
— On se rejoint ici presque chaque vendredi soir avec Lily, James, Remus et Peter. Tu pourrais passer nous... les voir, à l'occasion ? Je suis sûr que ça leur ferait plaisir.
Elle fronce les sourcils comme si elle était face à un balai et qu'elle n'était pas tout à fait certaine de vouloir l'acheter.
— Je suis très occupée, Sirius.
La déception doit se lire sur mes traits, car elle ajoute immédiatement :
— Mais je suppose que l'on se verra tous au mariage.
— Quoi ? fais-je, interloqué.
— De Lily et James.
— Ah, oui. Le mariage.
La simple prononciation de ce mot me rend irritable. Je ravale mon amertume, mon envie de la garder près de moi et lui souhaite une bonne soirée. Marlène ne s'en va pas. Elle s'approche de quelques pas et pose une main sur mon épaule, me dévisageant d'un air inquiet.
— Tu es sûr que tout va bien ? me demande-t-elle d'une voix anormalement douce.
— Pourquoi, tu ne me trouves pas en forme ? je rétorque, la gratifiant d'un sourire lascif. Ressers-moi, Tom !
— Tout de suite, répond ce dernier en faisant glisser sur le comptoir une nouvelle chope.
Je tends la main pour l'attraper mais Marlène me devance, saisissant mon verre avec agilité.
— Je crois que tu as assez bu comme ça.
Son ton réprobateur me fait arquer un sourcil dédaigneux. En quoi ça la regarde ? Qu'elle se mêle de ses affaires. Et qu'elle s'en aille puisqu'elle est si occupée !
— Rends-moi mon verre, j'ordonne sèchement.
— Non.
— Si !
— Non !
Nous tirons la chope chacun de notre côté, jusqu'à ce que se produise l'inévitable : le contenu se déverse presque entièrement sur Marlène.
— Tu as vu ce que tu as fait ?! nous nous écrions d'une même voix, parfaitement synchrone.
Marlène McKinnon, trempée de whisky Pur Feu. Ne serait-ce pas un vieux rêve d'adolescent qui se réalise ?
— De quoi ai-je l'air moi, maintenant ? ronchonne cette dernière.
— Une serviette, mademoiselle ? s'enquiert un jeune homme, apparaissant comme par enchantement à sa droite.
— Merci, répond-t-elle, sans prendre la peine de lever les yeux vers lui.
— Bob Rendson, se présente le sorcier en souriant de toutes ses dents. N’hésitez pas, si vous avez besoin d'un coup de main...
Je le considère en arquant un sourcil méprisant. Ma main se referme sur mon verre. Le sang afflue dans mes veines comme un torrent incontrôlable. Je m’apprête à envoyer paître l'intrus avec sa technique de drague à deux noises, mais encore une fois Marlène me devance : elle fait face au séducteur de pacotille, affiche un joli sourire hypocrite que je reconnais sans mal pour y avoir eu droit un nombre incalculable de fois lorsque nous étions à Poudlard, puis rétorque sèchement :
— Si tu ne veux pas que je te brise les deux mains, je te conseille de retourner gentiment à ta place.
Le sourire du type s'efface lentement ; il lève aussitôt les bras en signe de reddition.
« Gros lourd. » marmonne Marlène, une fois le client parti. Elle fronce les sourcils lorsqu'elle capte mon regard qui est dirigé beaucoup trop au sud, là où son chemisier colle à sa peau, laissant apparaître la forme de sa poitrine. La chaleur qui m'envahit tempère ma colère. La jolie blonde toussote pour attirer mon attention. Je relève les yeux vers son visage. Elle prend une mine outrée et semble avoir du mal à contenir sa rage.
Eh bien, je n'ai pas pu m'en empêcher. Et je ne m'en sens pas coupable.
— Ça ira ou tu as besoin que quelqu'un te transplane chez toi ? me demande-t-elle, presque à contre-cœur.
Elle ne cesse de regarder sa montre comme si on l’attendait ailleurs. A-t-elle un fiancé ? Non, quelle drôle d'idée ! Marlène ne peut pas avoir de fiancé, elle est bien trop... indépendante. Un petit ami, alors ? Un homme d'un ennui mortel, qui l'attend sagement à la maison ? Cette idée me révulse et me retourne l'estomac.
— Oh là ! fais-je en prétextant le tournis.
Marlène me saisit immédiatement par le bras et me fait asseoir sur un tabouret.
— Ça ne va pas ?
— Je crois que tu as raison, il vaut mieux qu'on me ramène chez moi...
Elle lâche un long soupir, comme si cela contrariait affreusement son emploi du temps.
— Tom ! Tu pourras raccompagner Sirius Black chez lui, s'il te plaît ? Il n'est pas en état de rentrer seul.
— Ouais, aucun problème ! Je le ramène à la fermeture, répond le concerné en haussant le ton pour se faire entendre parmi le brouhaha.
— Problème réglé, dit Marlène à mon attention. Je dois vraiment y aller, maintenant. A un de ces quatre, Black.
Ce n'est plus « Sirius » ? Sans que je ne comprenne vraiment pourquoi, une peur panique s'empare de moi. Je la retiens par le bras comme on s'accroche à une bouée de sauvetage.
— Je commence à avoir la nausée, Lily.
Elle baisse les yeux vers moi, m'observant avec scepticisme.
— Moi, c'est Marlène.
— Tu n'es plus rousse ?
J'entremêle mes doigts dans ses mèches, jouant le rôle de l'homme saoul à la perfection. Fort heureusement, j'ai la chance d'avoir un bon métabolisme : je tiens très bien l'alcool.
— C'est pas vrai ! grogne la jeune femme, avant d’interpeller à nouveau le barman. Laisse tomber, Tom ! Je vais m'occuper de Black.
— Tu ne serais pas la première ! ricane ce dernier.
« Sans déconner ? » grommelle en retour Marlène, avec humeur. Je jette un regard assassin au barman ; il ne pouvait pas fermer son clapet ?
— Sortons de là, je n'arrive pas à transplaner quand il y a trop de bruit.
Marlène m'aide à me lever, je m'appuie sur elle jusqu'à la porte et me débrouille tant bien que mal pour garder mes mains dans les poches. Une fois à l’extérieur, je respire un grand bol d'air frais. La nuit est un peu fraîche mais agréable.
— Alors, tu as finalement réussi à avoir ton permis ? dis-je pour briser le silence.
— Ouais, à la vingtième tentative ! râle la blonde en réajustant la veste de son tailleur.
Je ris à gorge déployée. J'avais presque oublié à quel point il était agréable de me moquer -gentiment, bien sûr - de Marlène McKinnon.
— Ça me surprend que tu n'aies pas essayé de soudoyer ton moniteur...
— Qui te dit que je n'ai pas essayé ? Je suis malheureusement tombée sur le plus honnête des moniteurs. Prend ma main.
— Quoi ?
— Pour transplaner, explique-t-elle avec impatience.
— Tu ne veux pas connaître mon adresse avant ?
— Si, bien sûr. J'allais justement te poser la question, assure-t-elle en prenant un air hautain.
— 12, square Grimmaurd, j'annonce d'un air morne.
La grande blonde arque un sourcil, me toisant soudain avec une attention toute particulière.
— Je te trouve plutôt cohérent pour quelqu'un qui est censé avoir trop bu, fait-elle remarquer, sans me lâcher un seul instant du regard.
Je sens mes joues virer à l'écarlate. C'est assez étrange car en règle général, je rougis uniquement lorsque je suis en colère.
— Oui, hum... l'air frais m'a fait du bien.
La blonde saisit ma main sans plus tergiverser. Sa chaleur irradie ma paume. Je n'ai pas le temps d'apprécier cette sensation qu'elle la relâche brusquement. Je regarde autour de moi écarquille les yeux ; nous nous trouvons dans une ruelle sombre au pavé humide.
— Où est-ce qu'on est ? j’interroge, ne reconnaissant pas l'endroit.
Ses sourcils se froncent de contrariété.
— Je n'en sais rien. J'ai pensé à quelqu'un et notre destination a changé.
— Tu as pensé à quelqu'un ? je m'entends répéter d'une voix que j'ai du mal à reconnaître.
Il ne manquerait plus que je sois jaloux ! C'est bon, j'ai assez donné de ces sentiments mielleux à Poudlard. Une chose est sûre : je ne retomberai pas amoureux de Marlène McKinnon. Je m'y refuse catégoriquement.
Je reviens à la réalité lorsqu'un petit bonhomme sort d'une maison en ruine, envahie par la végétation. Le sorcier remonte la ruelle à toute vitesse sans ralentir ou se retourner. A côté de moi, Marlène affiche un sourire radieux.
— C'est parfait, je vais faire d'une pierre deux coups ! Attends-moi ici.
Elle m'abandonne pour aller suivre l'homme. Je marche sur ses talons, accélérant le pas. Après trois bifurcations, je découvre que le chemin se termine en impasse, au bout de laquelle se trouve un mur grillagé.
— Bonsoir, Travis ! chantonne Marlène, aussi joyeuse que si elle venait de gagner trois cent chocogrenouilles.
Pour une raison qui m'échappe, le petit sorcier tente de s'échapper en escaladant le mur. Il finit par glisser et tomber au sol. La blonde secoue la tête de droite à gauche en soupirant.
— Un autre ami à toi, je présume ? je lui souffle à l'oreille, sarcastique.
Marlène ne semble pas surprise de me voir juste à côté d'elle. Elle esquisse un rictus narquois.
— Comment t'as deviné ?
— N'approchez pas, je suis armé ! s'écrit le sorcier en se relevant difficilement.
Il braque sa baguette dans notre direction en essayant de prendre un air menaçant qui ne trompe personne. Les poings sur les hanches, Marlène le foudroie du regard.
— J'ai quelques questions à te poser, Travis. Tu vas m'accompagner au poste sans faire d'histoires, c'est compris ? Sois gentil, maintenant : donne-moi ta baguette.
— J'irais nulle part avec vous, je ne suis pas fou !
— Permets-moi d'en douter, riposte la blonde en faisant quelques pas dans sa direction.
Je tente de la retenir en sifflant un « Marlène ! » qui n'a pas le moindre effet sur elle. Je dégaine aussitôt ma baguette, mais cela ne fait qu'angoisser le sorcier davantage, qui commence à suer à grosses gouttes.
— Écoute, Travis... poursuit calmement l'Auror, je peux utiliser la manière douce ou la manière forte. A toi de choisir.
En guise de réponse, le sorcier ouvre la bouche pour lui lancer un sortilège. Je n'ai pas le temps de riposter que Marlène s'empare d'une planche qui traîne là pour l’assommer d'un énorme coup à la tête.
L'homme s'étale de tout son long sur le sol mouillé.
— La manière forte, donc.
Je respire lentement pour faire redescendre la pression qui fait méchamment battre mon cœur dans ma poitrine. Je ressens du soulagement en même temps qu'une colère absolue. Je n'arrive pas à croire que Marlène, soi-disant Auror, ait interpellé un homme sans même avoir recours à sa baguette magique ! Non, mais qu'est-ce qu'on leur apprend à leur formation ? A se jeter dans la gueule du dragon sans réfléchir ?!
— Tu peux m'expliquer ? je tonne, la main encore tremblante.
Marlène ramasse la baguette de l'homme, avant de me répondre :
— Travis a rendu un service à un Mangemort : Gordon Wilkes. Ce nom te dit quelque chose ?
— Évidemment, ce crétin était dans notre classe à Poudlard, je crache littéralement.
— Tout juste, dit la blonde en frottant l'amulette autour de son cou. On peut y aller, une brigade sera là dans moins d'une minute.
« Pff, je vais encore avoir des problèmes, moi. Je n'ai pas le droit d'interpeller qui que ce soit tant je suis en formation... » grommelle-t-elle dans sa barbe.
Elle m’emboîte le pas avec sa nonchalance et sa légèreté, comme si tout cela était parfaitement anodin. Je suis incapable de bouger, ni de trouver les mots susceptibles de traduire l'impuissance que je ressens. En cet instant, je me sens inutile et pathétique. Même si Marlène avait semble-t-il le contrôle de la situation, j'aurais moi aussi dû faire quelque chose, n'importe quoi !
Voyant que je reste immobile, la blonde revient sur ses pas.
— Sirius ?
— Tout compte fait, je pense que je vais pouvoir rentrer seul.
Ma voix est neutre, dénuée d'émotion. Je ne dis rien d'autre. Marlène me couve d'un regard emprunt de sollicitude, ne faisant qu'accentuer ma colère et mon malaise.
— Tu es sûr ?
— Oui. Te voir assommer cet homme m'a fait reprendre mes esprits.
Je tente un sourire qui doit davantage ressembler à une grimace. Marlène se plante devant moi, le visage contracté en une expression confuse.
— Pardon ! Je.. c'est ma faute. Un Auror n'est pas censé emmener des civils avec lui en patrouille. Je n'avais pas du tout prévu de t'embarquer là-dedans, crois-moi.
Son air désolé me laisse croire qu'elle ne m'en veut pas et que j'ai réagi comme il le fallait. Alors pourquoi ma colère ne désemplit pas ?
— Je suis un civil ? je ne peux m'empêcher de vociférer à mi-voix.
Marlène m'adresse son habituel sourire moqueur.
— Tu préfères le terme d'agent immobilier ? Je sais que tu n'en es pas un. Pourquoi m'as-tu menti ?
— Tu as bien prétexté être herboriste, je grince entre mes dents.
— C'est ma couverture. Et toi, quelle est ton excuse ?
« Vouloir t'impressionner » Ce qui est totalement ridicule à présent, je me rends compte. Je connais suffisamment Marlène McKinnon pour savoir qu'il lui en faut bien plus pour être impressionnée.
J'élude sa question par une autre :
— Pourquoi on ne te voit plus au Chaudron Baveur ? Je t'y croisais souvent, à une époque.
— Parce que je suis très...
— Occupée, je termine pour elle.
Je m'avance jusqu'à la dominer de toute ma hauteur. Elle n'esquisse aucun mouvement de recul. Son regard est cependant plus scrutateur, il réfléchit. Je laisse mes yeux vagabonder impunément sur son corps, appréciant chaque courbe. Elle est si près que je pourrais la toucher. Je n'en fais rien. Je me contente de l'admirer, en silence.
Après de longues secondes, je murmure faiblement :
— Qui aurait pu croire que Marlène McKinnon puisse devenir si importante un jour, hein ? Et pourtant, regarde-toi : une Auror...
Mon regard descend le long de ses jambes interminables, jusqu'à ses chevilles.
— En talons aiguilles, qui plus est, j'ajoute sur un ton moqueur.
Une pointe de jalousie est très clairement perceptible dans le timbre de ma voix. A côté d'elle, j'ai l'impression d'avoir raté ma vie, de n'avoir aucune issue... aucun moyen de revenir en arrière pour prendre les bonnes décisions.
— C'est par obligation et non par choix, réplique froidement la blonde. Je te ramène chez toi, oui ou non ?
Marlène relève le menton dans une attitude de défi. Ainsi, nous faisons à peu près la même taille. Elle rayonne de passion et d'intensité, et je n'arrive pas à m'empêcher de l'imaginer dans mon lit. C'est une pensée bien trop attirante – et bien trop dangereuse. Je secoue la tête pour me reprendre.
— Je peux très bien me débrouiller tout seul, merci ! je cingle.
Marlène a toujours exacerbé ma fierté mal placée. Elle se moquait de moi à Poudlard, remettant constamment en cause ma virilité rien que pour épater la galerie. Cela a dû laisser quelques traces...
— Parfait, je ne te retiens pas !
— Bien !
— Bien ! répète-t-elle, rien que pour avoir le dernier mot.
Je rebrousse chemin, en proie à une immense déception. Ce n'est pas comme ça que j'imaginais nos retrouvailles. Peut-être que j'ai romancé l'affaire durant toutes ces années, mais je pensais que la scène serait beaucoup plus forte. Je l'imaginais bien plus émue, et non l'air presque... indifférente.
Quel idiot je fais. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
— Attends, Sirius !
Je me fige net. Elle me rattrape en quelques enjambées. Je suis traversé par des sentiments contraires. Une partie de moi souhaite qu'elle reste à mes côtés, que son besoin d'être avec moi soit plus fort que tout, tandis que l'autre partie veut qu'elle s'en aille, qu'elle disparaisse de ma vue et de mon cœur, devenu trop faible par sa faute.
Marlène ne sourit pas, mais me dévisage d'un air bienveillant. Son visage a quelque chose de solennel.
— Je n'ai pas le droit de te laisser partir, désolée.
— Tu plaisantes, j’espère ? je proteste vivement.
Pour qui me prend-t-elle au juste, un gamin de douze ans ?
— Face à la crise actuelle, tout civil ayant assisté à une scène de violence ou de meurtre doit être escorté jusqu'à son domicile par un Auror assermenté. Mesure de sécurité. Je te raccompagne chez toi, décrète-t-elle sur un ton autoritaire.
Je me contente de la dévisager, totalement abasourdi. Je pourrais répondre qu'elle n'est pas un Auror "assermenté" puisqu'elle est toujours en formation, mais mon souffle se bloque dans ma gorge et m'empêche de prononcer le moindre mot.
Décidément, Marlène McKinnon a bien changé.
End Notes:
Voilà pour ce premier chapitre, j’espère qu'il vous a plu ! Sirius est devenu un peu plus "dark" mais je vous rassure, c'est juste une mauvaise période pour lui... n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et ce que vous attendez de la suite.
On retrouve Marlène au prochain chapitre !
A bientôt :)
Un Auror expérimenté by jalea
Author's Notes:
Bonjour :)
Voila enfin le retour de Marlène, j’espère qu'elle ne vous a pas trop manqué xD
L'ambiance est quelque peu différente puisqu'on est plus à Poudlard et je fais l'introduction de nouveaux personnages, n'hesitez pas à me dire ce que vous en pensez :)
un grand MERCI à Wapa, marlyse, Sifoell, Maloux, Elowl, Enireves Lechemin pour leurs reviews très encourageantes et aussi SumiShann pour sa correction.
Bonne lecture.
Chapitre 1 : Un Auror expérimenté.
— Chef Caldwell ?
Mes talons claquent le sol à toute vitesse, tandis que j'essaie de rattraper le sorcier devant moi. Mes cheveux gigotent dans mon dos, mon souffle est court, et mes pieds sont en feu. J'ignore qui est le créateur de ses instruments de torture, mais une chose est sûre : il devait haïr passionnément les femmes. J’accélère le pas, courant presque, en esquivant les personnes se trouvant sur mon passage.
— Chef Caldwell ! Chef... CALDWEEEELL ?!
Le vieil Auror s'arrête subitement et se retourne pour me faire face. Lorsque son regard bleu acier se pose sur moi, ses épaules s'affaissent et il pousse un soupir à fendre l'âme. Puis, il poursuit tranquillement sa route, m'ignorant royalement. Il croit vraiment pouvoir se débarrasser de moi comme ça, l'ancêtre ? Je le rattrape en quelques enjambées : il ne va pas vite, avec les varices que l'âge et le temps lui ont infligées. « Chef Caldwell ! » je lance une énième fois, alors que nous atteignons le bureau des Aurors.
Le concerné ôte sa lourde veste et l'accroche à un vieux portemanteau en bois sombre, avant de se tourner vers moi, l'air extrêmement irrité.
— Miss McKinnon... seriez-vous, par le plus grand des hasards, rémunérée à chaque fois que vous hurlez mon nom dans les couloirs ?
Je fais mine de réfléchir.
— Non. Mais si c'était le cas, ma vie serait bien plus confortable, je rétorque en lui adressant un sourire éblouissant.
J’espère qu'il a saisi l'allusion, hein ? Un Auror gagne à peine le salaire minimum. Et un Auror en devenir (qui est en formation, j'entends) gagne que dalle. Rien du tout ! Pas même un Gallion symbolique. C'est pour cette raison que je vis toujours chez mes parents, à dix-neuf ans. Je me console en me disant que ça pourrait être pire : je pourrais habiter dans un appartement miteux, en ayant pour seul compagnie un chat de gouttière.
— J'aimerais interroger Travis, Chef.
— Qui ça ? grogne-t-il, perdant déjà patience.
— John Travis. L'homme que j'ai interpellé hier soir.
— Hors de question !
— Mais c'est moi qui l'ai...
— Interpellé, je sais ! me coupe-t-il sur un ton bourru. Vous n'aviez pas à le faire, vous êtes toujours en formation, McKinnon.
— Je veux seulement cinq minutes avec lui, Chef.
— N'êtes-vous pas censée être en formation ? insiste-t-il en me faisant les gros yeux.
J'ouvre la bouche pour répondre, quand un toussotement se fait entendre à ma droite. Un homme très élégant, au visage avenant et à l'allure impeccable tend un dossier au Chef. Je salue Marcus Denworth d'un bref hochement de tête, un peu ennuyée d'être interrompue de la sorte.
— C'est le dossier Bellingham ? Bien. J'ai besoin de tes comptes-rendus avant demain matin, Marcus. Penses-tu avoir le temps de t'en occuper ?
— Oui, sans problème. Il vous faut aussi le dossier sur l'affaire Atkinson ?
J'observe leur échange en silence, avant de plonger la main dans l'horrible sac à main fleurie de ma mère, pour en saisir un paquet de gomme à mâcher. Au bout de quelques minutes, je commence à trouver le temps long, et reviens à la charge :
— Et pour Travis, alors ? Je me permets d'insister, Chef Caldwell.
Étincelant d'un éclat féroce, ses yeux se braquent à nouveau dans ma direction.
— Ma réponse est toujours NON, McKinnon ! Marcus Denworth va l'interroger. Marcus, qui est un Auror expérimenté, contrairement à vous. Me suis-je bien fait comprendre ? ajoute-t-il d'un ton sans appel.
— Oui. Est-ce que je peux assister à l’interrogatoire ?
— Par Merlin, McKinnon ! gronde-t-il à nouveau, attirant l'attention du reste de l'équipe. Vous êtes la pire tête de mule qu'il m'a été donné de rencontrer !
Ses cris ne m'impressionne pas. Xiphias Caldwell aime hurler sur ses employés, je crois que c'est son hobby préféré ; il m'arrive parfois de l'entendre depuis l'étage du dessous.
Je le regarde sans ciller, en mâchant mon chewing-gum.
— Ça veut dire non ?
Il ne répond rien, mais ses joues deviennent violacées. Je patiente en faisant une bulle avec mon chewing-gum, ce qui parait l'agacer davantage. Marcus m’entraîne aussitôt à l'écart.
— Tu ferais bien de retourner en classe, Marlène, me souffle-t-il à l'oreille. Caldwell est sur le point d'exploser, là...
— Des paroles, toujours des paroles, je nargue. Tu me raconteras comment ça s'est passé, avec Travis ?
Il sait probablement où se cache Gordon Wilkes, il suffit juste de lui cuisiner un peu...
— Comme si tu me laissais le choix, soupire Marcus. Si je garde ça pour moi, tu vas me harceler pendant des jours. Comment ça se passe, les cours ? enchaîne-t-il immédiatement, pour clore cette conversation.
Je me contente de hausser les épaules.
— Pas trop mal.
Je le suis, tandis qu'il se dirige vers son bureau. Il griffonne quelque chose sur un morceau de parchemin, avant de lever les yeux vers moi. Un sourire illumine son beau visage, creusant ses fossettes. Je le trouve toujours aussi séduisant, mais je ne me sens plus du tout attirée par lui. Mon petit béguin d'adolescente a totalement disparu.
A mon arrivée, Marcus m'a prise sous son aile. Il m'a parlé, m'a écoutée quand j'ai eu besoin de vider mon sac, et il m'a même aidée à faire mes devoirs les deux premiers mois de ma formation. J'éprouve une amitié sincère à son égard et une grande admiration pour ses connaissances ; Marcus possède une mémoire étonnante, il retient absolument tout, et il est très fin et perspicace dans ses analyses.
— Pas trop mal ? Il paraît que tu es la première de ta promotion, rétorque-t-il en riant.
Je sens mes joues s'empourprer. Je ne pense pas mériter cette distinction. Le niveau est certes élevée, mais la plupart de mes camarades ont de mauvaises notes parce qu'ils ne travaillent pas assez.
Nous étions une vingtaine au départ. Une dizaine de personnes ont abandonné la formation en cours de route. Certains avaient surestimé leurs capacités physiques, ou manquaient de force mental. D'autres étaient seulement à la recherche du prestige social ; ils ont pris la tangente à la seconde même où ils ont compris que le salaire minimum d'un Auror était moins élevé, voire inexistant en temps de crise.
Je m'assieds sur le bureau de Marcus, qui est parfaitement rangé.
— C'est bien la première fois que je suis la numéro un.
Mes anciens professeurs de Poudlard en ferait une syncope, s'ils venaient à l'apprendre !
— Pour être totalement honnête avec toi, je trouve certains cours ennuyants...
— Laisse-moi deviner : celui sur les créatures magiques ?
Je manque d'en avaler mon chewing-gum ; lui aussi n'aimait pas cette matière ? Je pensais être la seule, mes camarades attendent tous le mardi matin avec impatience !
— C'est encore plus barbant que l'Histoire ! Et je ne vois vraiment pas à quoi ça va nous servir... tu savais que le Grapcorne était animal extrêmement agressif à la peau particulièrement résistante ? Parce que moi, non.
Mais je suppose que c'est utile de le savoir, dès fois qu'on se perdrait en forêt, qu'on croiserait un Grapcorne et qu'il nous viendrait comme idée de le bouffer.
— Je trouvais ce cours très reposant, sourit Marcus.
Ça, pour être reposant, il est reposant. Et d'un ennui mortel.
— Bon, je ferais mieux d'y aller. Je suis en retard.
— Pour changer...
Je me lève d'un bond, et lui donne une grosse tape à l'épaule en guise de vengeance.
Je me faufile entre les bureaux, ce qui n'est pas une mince affaire : la pièce est petite, et encombrée de dossiers, journaux, caisses et cartons. Il y fait sombre alors qu'il est neuf heures passée. L'air sent la poussière et le tabac froid. Cette odeur m'est désagréable, je suis plus que ravie de quitter les lieux. Rien qu'à l'idée de savoir que cet endroit est mon futur environnement de travail, j'en ai des sueurs froides.
Je me demande si le bureau des Aurors a un syndicat ? Il faudrait que je me renseigne car j'ai déjà plusieurs revendications. Comme avoir une fenêtre à côté de mon bureau, une chaise ergonomique, et une machine à café en état de marche.
Alors que j'atteins la porte, une sorcière blonde me percute de plein fouet. D'environ vingt-cinq ans, elle est d'une grande beauté, avec son teint de porcelaine et ses yeux couleur ambre. Il n'est pas difficile de la remarquer, c'est la seule femme travaillant dans ce service (du moins, pour l'instant). Dayla Winters est assez petite ; elle doit lever le menton pour croiser mon regard.
La blonde me fustige et me toise avec animosité, les poings plantés sur ses hanches.
— Je peux savoir ce qui ne tourne pas rond, chez toi ? assène-t-elle enfin, l'air furieuse.
Je soupire, m'attendant au pire. Je l'évite depuis des jours ; il fallait bien qu'on se croise à un moment ou à un autre.
— Bonjour, Dayla. Comment vas-tu aujourd'hui ?
Ses yeux triplent de volume. Elle fait un pas dans ma direction, menaçante.
— Tu oses me demander comment je vais ? Peux-tu m'expliquer... (elle ferme les yeux un instant comme pour essayer de se contenir) ce qui s'est passé dans mon restaurant préféré, samedi dernier ? Je t'écoute.
Je sens mes joues s'empourprer contre ma volonté.
— Hum, alors voilà... je suis bien allée à ce rendez-vous arrangé que tu m'as organisé avec ton meilleur ami. J'ai aussi porté cette horrible robe rouge que tu m'as obligée à acheter...
— Incité, rectifie-t-elle sèchement. Jusque-là tout va bien ! Et puis ?
C'est là que les choses se corsent. Je force un grand sourire, gênée. Je ne peux pas lui dire ce qui s'est réellement passé dans ce restaurant ! Elle me tuerait.
— Et il se trouve que j'ai passé une excellente soirée, je t'en remercie. Maintenant si tu veux bien m'excuser, j'ai un cours sur les créatures magiques de la plus haute importance...
Je fais un pas de côté pour la contourner, mais Dayla fait de même et me bloque le passage.
— Une excellente soirée ? répète-t-elle d'un air à la fois désabusé et ironique. Mon meilleur ami, qui est un jeune homme tout ce qu'il y a de plus équilibré, s'est pointé chez moi à trois heures du matin en pleurant comme un bébé et tu me dis avoir passé une excellente soirée ?
Pff, quelle chochotte ! Je savais bien que j'aurais dû me méfier d'un garçon se prénommant Edwin ; c'est clair qu'avec un nom pareil, il doit avoir des problèmes à régler avec sa mère et les femmes en général. Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ce rendez-vous arrangé ? J'admets que ma solitude me pèse parfois, mais de là à sortir avec le premier venu...
— Ah, je... j'ai peut-être omis deux ou trois détails insignifiants.
— Ben tiens !
— Nous étions tranquillement attablés, quand j'ai repéré un individu suspect parmi les clients. Je me suis donc excusée auprès de ton ami et je suis allée voir cet individu louche qui se trouvait être un vendeur de potions douteuses, recherché par nos services.
Dayla me regarde en arquant un sourcil.
— Comment pouvais-tu savoir qu'il était recherché par nos services ?
— Il m'arrive de lire votre tableau d'affichage. Il y a une tonne d'avis de recherches, d'ailleurs... où en étais-je ?
La blonde me lorgne, en croisant les bras sur sa poitrine.
— Je vais poursuivre, si cela ne te dérange pas. Tu as voulu procéder à une arrestation bien que tu n'en avais pas le droit, alors que tu te trouvais en plein rencard avec MON meilleur ami, et comme ton suspect chéri n'a pas obtempéré, tu lui as fichu la raclée de sa vie, juste avant de foutre le feu à mon restaurant préféré ! énonce-t-elle d'une traite, sans même reprendre sa respiration. Espèce de pyromane ! ajoute Dayla, en haussant le ton.
Je lève les bras en l'air pour tenter de la calmer.
— Je dis oui pour la raclée mais je ne suis pas responsable de cette incendie.
C'est de la faute de ce vendeur louche, il a balancé une fiole qui a provoqué une explosion.
Dayla pousse un soupir d'exaspération.
— Crois-tu que cela serait arrivé si tu t'étais simplement contentée de dîner comme une jeune femme normale ? me demande-t-elle, sur un ton découragé.
— Peut-être pas, mais... enfin Dayla, que voulais-tu que je fasse, laisser filer ce dealer ?
— Oui Marlène, cent fois oui ! Sérieusement, tu es encore en formation ! Combien de fois va-t-on devoir te le répéter ?
Je lève les yeux au ciel. Je ne comprends pas ce qu'on me reproche. Ce n'est pas parce que je suis en formation que je suis inutile et incompétente ! Qu'est-ce que le Chef et les autres attendent de moi, exactement ? Que je ne lève pas le petit doigt lorsque je croise un dealer ou un Mangemort ?
— Comment va ton ami Edwin ? j'élude en soupirant.
— Il s'appelle Marvin !
Ah ouais ? Ben c'est encore pire qu'Edwin.
— Il est traumatisé, le pauvre chéri, répond Dayla sur un ton accusateur.
— Tu exagères un peu, non ?
Une lueur meurtrière passe dans son regard.
— Il envisage de faire une thérapie, Marlène. Je te rappelle que son bras a pris feu comme une banane flambée !
A ce souvenir, mon cœur manque un battement.
— Je suis allée à sa rescousse dès que je m'en suis aperçue !
— Alors ça, c'est vraiment trop d'honneur mademoiselle l'Auror ! riposte-t-elle, sarcastique.
Sans plus de cérémonie, elle retourne s'asseoir à son bureau. Son visage est dissimulé par une pile de dossiers. Plutôt que de s'occuper de toute cette paperasse, Dayla préfère siroter son café en feuilletant un magasine féminin. J'éprouve une pointe de culpabilité pour son ami Darwin. Juste une pointe.
— Est-ce que ça veut dire que tu ne vas plus m'arranger de rendez-vous avec des inconnus ? je lance sur un ton léger, dans l'espoir qu'elle me pardonne.
La blonde jette un coup d’œil dans ma direction, sans pouvoir retenir un petit sourire.
— Tu peux toujours courir. Il faut juste que je te trouve quelqu'un de plus... viril, disons. Un homme avec de l'assurance et un tel charisme que tu ne songeras pas une seconde à l'abandonner pour arrêter des malfrats.
Je roule des yeux.
— Fais-moi signe quand tu l'auras trouvé, j'ironise.
En regardant ma montre, je constate que je suis vraiment en retard.
Tant pis ! C'est pas comme si c'était une nouveauté.
******
— Qu'est-ce que j'ai manqué ? je demande à mon voisin.
Joe Burnett se tourne dans ma direction en baillant à s'en décrocher la mâchoire. Comme moi, il est vêtu d'un costume gris clair, d'une chemise bleu pâle et d'une cravate marine : la tenue réglementaire pour les employés du ministère en formation. Ma tenue n'est pas exactement la même que mes homologues masculins, cependant. J'ai la chance de porter une jupe fendue sur le côté, ainsi qu'une paire de talons hauts. Je déteste cette uniforme, il est pire que celui que j'avais à Poudlard. Pourquoi suis-je obligée de porter une jupe ? Ce n'est pas pratique, et en plus de ça, j'ai l'air tout droit sortie d'une école juridique !
Je jette un bref coup d’œil à notre enseignante, Miss Sullivan, qui est perdue dans la contemplation et la description d'un petit animal se trouvant sur son bureau. C'est quoi, ce machin, un raton laveur ?
Joe se penche, pour répondre d'une voix fatiguée :
— Le Sautereton est un insecte magique particulièrement laid...
— Quelle connerie ! je marmonne pour moi-même.
J'ouvre mon pupitre, et attrape le cahier sur lequel j'ai l'habitude de prendre des notes.
— Où étais-tu passée, hier soir ? Je t'ai attendue comme un idiot à la librairie.
— J'avais un rendez-vous, dis-je simplement.
— Avec qui ?
Je lève les yeux vers le plafond. Joe est un tantinet trop curieux ; il veut tout savoir de moi, de ma vie, alors qu'il n'y a vraiment rien d'intéressant à en dire.
— Avec Morphée. J'étais épuisée...
Notre formation est intensive, tant physiquement que psychologiquement. J'ai l'impression que les profs veulent mettre nos nerfs à rude épreuve, nous forcer à regarder par-dessus notre épaule, toujours en alerte, de sorte que nous sursautions à la seule pensée de réussir nos examens de fin d'année.
En ce qui me concerne, cette pensée ne m’effraie pas, bien au contraire : je suis impatiente de terminer ma formation afin de pouvoir aller sur le terrain et contrôler les sorciers au faciès. Ça va, je plaisante. On peut bien rigoler un peu, non ? C'est pas comme si le délit de sale tronche existait réellement... quoique pour certains, ça devrait.
Le sourire niais que m'adresse Joe me laisse perplexe.
— Ce n'est pas ce que j'ai entendu dire, claironne-t-il à mi-voix. Pierson t'as vue au Chaudron Baveur.
— Ah oui, c'est vrai. Je m'y suis arrêtée pour boire un verre avant de rentrer chez moi.
J'avais donné à rendez-vous à... mince, comment s'appelle-t-il déjà ? Erwin ? Je crois que c'est ça. Je comptais lui présenter mes excuses pour la soirée désastreuse que nous avons passé ensemble. Malheureusement, je n'en ai pas eu l'occasion car à peine arrivé, le meilleur ami de Dayla a fait demi-tour et a quitté le bar à toute vitesse, comme si sa vie était menacée.
Je me demande bien ce qui l’a tant effrayé...
— Tu étais donc seule ? me demande Joe en arquant un sourcil dubitatif.
— Oui. Pourquoi cette question ?
— Parce que Pierson t'as vue t'en aller bras dessus bras dessous avec un type.... De dos, il a cru reconnaître Denworth.
Je tourne si vite la tête dans sa direction que je manque de me faire un torticolis. Je n'aime pas son insinuation et le fusille du regard.
— Non, mais vous êtes pas bien, tous les deux ? Pour qui vous me prenez ? Marcus Denworth est un homme marié ! je siffle à son attention, à la fois vexée et blessée que mon ami puisse s'imaginer que je puisse faire une chose pareille.
Joe n'a même pas la décence d'afficher une mine coupable. Il fronce les sourcils, l'air pensif.
— Ce n'était pas Denworth, alors ?
— Non.
Le jeune homme semble presque déçu. Il espérait sans doute que je lui raconte ma « folle nuit d'amour », pour passer le temps en classe.
— Tu comptes me dire qui c'était ? continue-t-il, brisant le silence entre nous.
— Rêve !
Un crissement de chaise se fait entendre et Joe se retrouve soudain tout près de moi, si près que je peux sentir sa tension, voir qu'il semble agacé. Ses cheveux châtains caresse mon front. Il pose sur moi ses grands yeux vert-doré, me mettant presque mal à l'aise. Euh, la notion d'espace personnel, il ne connaît pas ?
— Bon écoute Marlène, je ne vais pas y aller par quatre chemins : Pierson est intéressé par toi.
Cette drôle de révélation me laisse dans un premier temps sans voix. Puis, j'éclate de rire. Littéralement.
— Sans blague ? je ricane.
— Tu crois que s'il t'invitait à sortir, tu pourrais envisager... d'accepter ?
Ma réponse ne se fait pas attendre :
— Plutôt crever la bouche ouverte.
Matthew Pierson est... comment dire ? Un gros vantard qui casse pas trois pattes à un canard (et ouais, je suis de retour avec mes rimes !). Question vantardise et arrogance, je peux vous assurer que même les Maraudeurs au complet ne lui arrivent à la cheville. Je n'ai jamais rencontré un garçon aussi imbus de sa personne. Et pourtant hier soir, j'étais en compagnie de Sirius Black !
Oh, bon sang. Sirius Black. Je ne m'attendais franchement pas à le croiser au Chaudron Baveur. C'était une vraie surprise, à tel point que je n'ai pas su immédiatement comment réagir. Il a créé un tel raz-de-marée en moi que le simple fait de le revoir m'a toute chamboulée.
Un an plus tard, j'en suis toujours à me poser les même questions à son sujet : pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi a-t-il brisé notre amitié au moment où j'étais enfin prête à lui révéler mes sentiments ? Tout cela me parait si loin, et pourtant, la douleur qu'il m'a infligée est toujours présente. Du jour au lendemain, je n'existais plus pour lui. Il ne m'a plus donné de nouvelles. Quand je pense que je me suis inquiétée pour ce... ce clébard trisomique et que James et Lily m'ont servi d'intermédiaire jusqu'à ce que je comprenne finalement que Sirius Black se fichait complètement de moi !
Je m'étais sentie si... ridicule. Et tous ces sentiments sont remontés à la surface, au moment où je m'y attendais le moins.
Pourquoi a-t-il fallu que je donne rendez-vous à Baldwin au Chaudron Baveur ?!
Et Black, franchement, il n'aurait pas pu faire un effort de présentation pour préserver mon pauvre petit cœur de la crise cardiaque ? Je ne demandais pas grand chose, juste une calvitie précoce, un ventre bedonnant ou une poussée d’acné tardive. Mais non, il n'avait rien de tout ça : Sirius était plus séduisant que jamais, encore plus beau que lorsque je l'avais vu pour la dernière fois. J'ai noté malgré moi quelques différences : il portait les cheveux plus courts et une barbe de quelques jours.
A son souvenir, je me mordille la lèvre inférieure. Mon cœur se met à battre violemment. Une onde de chaleur et de désir me traverse de la tête aux pieds, alors qu'il n'est même pas là.
Je suis vraiment pathétique.
— Un verre n'engage à rien, Marlène...
Mon corps se refroidit d'un coup, comme si on avait rempli mes organes d'eau glacée. Mon rictus moqueur s'évapore, laissant place à une expression méprisante.
— Pierson est odieux avec moi, Joe. Il l'est avec tout le monde !
Je ne suis pas désespérée à ce point, merci bien. Mon voisin soupire. Comment fait-il pour supporter Matthew Pierson ? Pour lui parler, l'écouter, sans avoir envie de lui foutre son poing dans la figure ? C'est une véritable énigme pour moi.
Le jeune homme s'agite sur son siège.
— Oui, je sais... mais c'est parce que tu l'impressionnes beaucoup. Il est intimidé, c'est tout.
Moi, j'impressionne ce gros tas de muscles imbécile, qui se croit plus intelligent que tout le monde ? J'hésite entre rire et m'énerver. De qui se moque-t-on, là ? Pierson passe son temps à me faire des réflexions désobligeantes et à me dénigrer. Je suis loin d’être une experte, mais comme technique de drague, il y a mieux.
— Nous parlons bien de cet abruti ?
Je pivote sur ma chaise pour pointer du doigt le concerné. Matthew Pierson, la petite vingtaine est déjà très grand et imposant ; il occupe une table à lui tout seul. Ses cheveux sont bruns foncés et ses yeux presque noirs lui donnent un air sûr de lui que renforce un menton légèrement en avant. Ses lèvres fines sont serrées en un rictus de défiance et d'arrogance. Cette moue-là, celle qu'il arbore dès lors qu'il se sait observé m'est parfaitement insupportable.
— Matt se montre parfois prétentieux, mais ce n'est qu'une façade, je t'assure. Si tu te donnais la peine de le connaître un peu, je suis sûr que...
— Pourquoi vous cherchez tous à me caser ? je l'interromps brutalement, courroucée. Je suis très bien toute seule !
— Qui d'autre essaie de te caser ?
— Dayla. La secrétaire du chef, je précise face à son regard interrogateur.
Ses yeux s'écarquillent comme ceux d'un enfant qui s'apprête à mordre dans une chocogrenouille surdimensionnée. Un petit sourire en coin se dessine sur ses lèvres.
— La blonde sexy de l'accueil ? Celle qui me déshabille du regard chaque fois qu'on se croise dans les couloirs ?
— Non, celle qui t'a regardé une fois dans l’ascenseur, quand tu lui as écrasé le pied.
Mon voisin rougit légèrement mais ne se laisse pas démonter.
— C'était intentionnel, répond-t-il en m'adressant un clin d’œil.
Je secoue la tête de droite à gauche. Il est pas croyable.
— Bon, et pour Pierson ? reprend Joe après quelques minutes de silence, tu ne m'as pas répondu.
Je pensais pourtant avoir été claire en disant que je préférais crever la bouche ouverte. Son insistance me rend soupçonneuse ; Joe Burnett n'a pas pour habitude de jouer les entremetteurs.
— Qu'as-tu à y gagner ?
— Qu'est-ce qui te fait croire que j'ai quelque chose à y gagner ? s'offusque faussement le brun, la main sur le cœur.
Je le dévisage longuement, la tête penchée sur le côté. Mon regard inquisiteur finit par avoir raison de lui ; ses épaules s'affaissent en signe de reddition.
— Si tu acceptes, Matt a promis de me filer deux places pour la Coupe du monde de Quidditch.
Ma bouche s'entrouvre sous l'effet de la surprise. J'ai bien entendu ?! Ce crétin a deux places pour la Coupe du monde de Quidditch ? Pincez-moi, je rêve ! Ça fait des semaines que j'essaie d'obtenir des tickets, sans succès ! Cette nouvelle me réjouit tellement que j'ai du mal à tenir en place. Un franc sourire éclaire mon visage.
— Tu aurais dû commencer par ça, Joe !
Je me retourne à une vitesse ahurissante et émet un petit sifflement pour attirer l'attention de monsieur « Grosses chevilles ».
— Eh, Pierson ! je l'interpelle à voix basse, rendez-vous au café du coin après les cours.
Ses yeux se posent sur moi. Ses sourcils se froncent. Ses traits se durcissent. Non, ne me dites pas que... Burnett ne m'aurait quand même pas fait ce coup-là ? Je sais qu'il aime plaisanter, mais ce serait aller trop loin ! Je lui jette un regard en biais, m'attendant à un sourire railleur mais je ne décèle aucune trace de moquerie sur son visage ; il parait simplement ravi de ma prise d'initiative.
Je me tourne à nouveau vers Pierson, craignant le pire. Vais-je avoir droit à des railleries, des insultes ? Étrangement, il garde le silence. Les yeux et la bouche ouverts, son visage pâle reste figé dans une expression embarrassée. Plus étrange encore : ses joues prennent une teinte rosée quand il plante son regard dans le mien.
— Qu...quoi ? bredouille-t-il, l'air interdit.
Eh, merde. Au fond de moi, j’espérais vraiment que ce n'était qu'une blague. Je le considère avec un mélange de répulsion et d'impatience.
— Ne me fais surtout pas répéter ce que je viens de dire !
Je me tourne ensuite vers mon voisin, qui me décoche un grand sourire satisfait.
— La deuxième place est pour moi, compris ? je l'avertis immédiatement, avant qu'il n'ait dans l'idée d'inviter quelqu'un d'autre.
End Notes:
Voilà pour ce chapitre, j’espère qu'il vous a plu :)
On démarre en légèreté mais il y aura quelques petites explosions dans les chapitres à venir... on est guerre, il ne faut pas l'oublier xD
A bientôt !
Agent de l'élite spéciale by jalea
Author's Notes:
Bonsoir !
Voici le chapitre 2, j’espère qu'il vous plaira, même si l'ambiance est un peu différente.
Un grand Merci à Ophelie725, Purplepink, Sifoell, Elowl pour leurs adorables reviews et à SumiShann pour sa correction.
Bonne lecture.
Chapitre 2 : Agent de l'élite spéciale.
— … C'est pour cette raison que j'ai voulu devenir Auror. Et toi, McKinnon ?
Je détourne les yeux de la vitrine pour regarder le jeune homme assis face à moi. Bon sang, ce qu'il bavasse ! C'est un vrai moulin à paroles ; je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui aime autant s'écouter parler.
Matthew Pierson est chiant comme la pluie, si ennuyeux que même les pendules s'arrêtent. Cela doit bien faire une bonne vingtaine de minutes que j'ai droit à son monologue élogieux sur sa propre personne. Serait-ce trop culotté de ma part de lui demander tout de suite les deux places de la Coupe du monde de Quidditch qu'il a promises à Burnett ?
— McKinnon ? insiste-t-il, face à mon silence.
— Euh...
C'était quoi déjà sa question ?
— Non, je n'ai pas de chat. Seulement un hibou nommé Papyrus qui refuse de claquer...
Papyrus est l'ancien piaf de mon frère, il n'arrête pas de me donner des coups de bec dès que j'ai le malheur de m'approcher de lui. J'ai essayé de m'en débarrasser à plusieurs reprises, mais il finit toujours par retrouver le chemin de la maison.
Pierson demeure figé, sa tasse dans la main droite. Ses yeux marron foncé expriment successivement l'agacement, puis une froideur détachée.
— Tu ne m'as pas écouté, me reproche-t-il.
— Ne le prends pas mal, Pierson, mais la vie de ma voisine est plus passionnante que la tienne. Et elle a quatre-vingts ans bien sonnés, je précise sur un ton moqueur.
Franchement, qu'est-ce que j'en ai à faire de savoir qu'il collectionnait des balais-jouets lorsqu'il était môme ? Pfff, gosse de riche, va ! Dire qu'Andrew et moi n'avions même pas de balai-jouet... on s’entraînait à voler sur un vieux tronc d'arbre tout desséché.
Pierson esquisse un rictus à mi-chemin entre le sourire et le mépris.
— J'apprécie ton honnêteté, McKinnon. C'est plutôt rafraîchissant.
Je lui sers un autre sourire forcé, avant de jeter un énième regard à ma montre. Oh, non ! Je ne pensais pas cela possible, mais Pierson est tellement barbant que je n'ai pas vu le temps passer, il est presque dix-sept heures !
Mon cœur se met à cogner. À cet instant précis, rien qu'en regardant par la vitrine du café, je sais ce qui va fatalement arriver.
— TOUT LE MONDE A TERRE ! je hurle à m'en casser la voix.
Trois, deux, un...
BOOM !
Un bruit fort et profond, comme le bruit d'une explosion, résonne autour de nous. Les clients sursautent, paniquent, fuient, comme je l'ai vu un peu plus tôt dans ma vision. Je me retourne et aperçois la boutique d'en face, d'où s'échappent des flammes et des tourbillons d'épaisse fumée noire.
Je me dirige en courant vers la sortie pour aller voir ce qui se passe, bien que j'ai déjà ma petite idée : un attentat.
— Allez, Pierson, bouge-toi ! je crie derrière moi.
— Où crois-tu aller, McKinnon ? m'arrête-t-il en m'attrapant brutalement le bras. Nous n'avons pas le droit d'intervenir ! J'ai prévenu une brigade, les Aurors seront bientôt là.
Je me dégage d'un mouvement d'épaule.
— Tu veux laisser aux Mangemorts le temps de s'échapper, c'est ça ?! je vocifère en lui décochant un regard assassin.
Je n'attends pas de réponse et pousse la porte pour émerger à l’extérieur.
J'entends des hurlements d'horreur.
Les passants courent dans tous les sens, les boutiquiers abaissant précipitamment les rideaux de fer... exactement comme dans ma prémonition. Je cours aussi vite que me le permettent ma jupe crayon et mes talons hauts, et me dirige vers l'immeuble en flammes. Sur le trottoir bondé, je slalome en pestant contre les sorciers qui restent sur place sans bouger, à contempler le ciel, hagards.
Arrivée devant la bâtisse, je lance un sort pour maîtriser les flammes, quand une seconde explosion détonne dans la boutique adjacente. Deux personnes cagoulées et vêtues entièrement de noir en sortent, complètement hilares.
Des Mangemorts.
En me voyant, ils s'arrêtent brusquement de rire et s'immobilisent. Je brandis aussitôt ma baguette dans leur direction pour leur demander de se rendre. Les deux hommes partagent un regard lourd de sous-entendus, avant de s'esclaffer lourdement. Puis, l'un d'eux retire son capuchon, dévoilant son visage. C'est un jeune homme aux sourcils tellement broussailleux qu'il semble n'avoir qu'un mono-sourcil au dessus de son regard noir et brillant d'une sauvagerie toute primitive.
« Merlin de merde. Je te tiens enfin, Wilkes ! » je songe, le cœur battant à la chamade.
— Eh bien, eh bien.... regarde qui voilà, Evan, claironne ce dernier, un rictus malfaisant aux lèvres.
Le second homme se découvre, et je le reconnais aussitôt : Evan Rosier. Lui aussi était dans ma classe, à Poudlard. Et déjà à l'époque, il présentait le tableau classique de la personnalité psychopathe. Il lui arrivait de parler tout seul et fort, d'être très agité ou encore d'agresser les gens sans raison (né-moldus ou non).
— J'ignorais que c'était la réunion des anciens élèves, raille Gordon Wilkes.
Son sourire mauvais s'élargit tandis qu'il dégaine à son tour sa baguette magique. Mon cœur s'emballe, signe d'une légère appréhension. Ce n'est pas tous les jours que je croise la route des Mangemorts. Je suis néanmoins rassurée d'être tombée sur ces deux crétins.
— Alors, qu'est-ce que tu deviens ? lance Wilkes, sur un ton badin.
— Je suis une formation pour devenir Auror, je réponds sur le même ton.
— Ça a l'air sympa, ironise-t-il.
— Pas vraiment. C'est très mal payé...
— Dur, McKinnon. Mais que veux-tu, nous devons tous démarrer au plus bas de l'échelle.
— A qui le dis-tu ! ris-je faussement. Et toi, Wilkes ? Torturer des sorciers, c'est seulement un passe temps ou ton métier ?
Ses traits se tendent brusquement et sa mâchoire se crispe.
— Je ne torture pas des sorciers. Seulement des moldus qui se prennent pour des sorciers, rectifie le concerné, sa bouche se tordant en une moue méprisante.
— J’espère que ça rapporte au moins, je poursuis calmement.
J'en profite pour faire quelques pas dans sa direction. Ma main se resserre autour de ma baguette.
— Pas des masses. C'est à peine si j'ai de quoi m'offrir une bouteille de whisky Pur Feu !
— A quoi tu joues, Gordy ?! intervient froidement Rosier en nous regardant tour à tour d'un air ébahi. Tue-là, cette traîtresse à son sang !
— Tu permets ? rétorque sèchement ce dernier, j'aime faire durer le plaisir...
Eh bien moi, je préfère aller droit au but sans m'éterniser. Ces retrouvailles sont charmantes, mais il est temps de passer à l'action. Je me prépare mentalement à la confrontation, quand une voix grave s’élève derrière moi : « Matthew Pierson, agent de l'élite spéciale des Aurors !» . Je tourne la tête vers le jeune homme, les yeux ronds comme des soucoupes. Parce qu'il existe une « élite spéciale » ? Première nouvelle !
— Je vous soupçonne d'être des Mangemorts, Messieurs, et d'avoir commandité cet attentat, déclare-t-il d'une voix forte et atrocement guindée. Je vous ordonne de me remettre vos baguettes afin que je puisse procéder à un contrôle, enchaîne-t-il sur un ton pompeux. A défaut, ma charmante collègue et moi seront contraints de vous passer les menottes et vous mettre en garde à vue pour refus d’obtempérer !
Je le dévisage, la bouche légèrement entre-ouverte. Merde, mais où est-il allé pêcher un truc pareil ? Dans le manuel du parfait petit Auror de l'élite spéciale bidon ? Je me sens rougir de honte pendant que (c'était à prévoir) Rosier et Wilkes se bidonnent comme deux baleines.
— Merci, Pierson. Je vais prendre le relais, je siffle à son attention. Bon, assez joué ! Je vous donne trois secondes pour vous rendre si vous ne voulez pas que je vous explose la tronche ! j'assène dans leur direction.
— Ce n'est pas très orthodoxe, comme approche... commente Pierson à mi-voix.
— Rien à cirer ! je gronde, de plus en plus exaspérée par son numéro de bon flic raté.
Bien évidement, mes anciens camarades de classe ne semblent pas mesurer la gravité de leurs actes. Cependant, lorsque je leur lance un puissant sortilège qui les propulsent en arrière, ils comprennent que je suis on ne peut plus sérieuse. Une violente dispute s'engage, un combat sans ordre s'ensuit, donnant l'occasion à Rosier de nous désarmer Pierson et moi.
Sans réfléchir, je saisis le bras de mon collègue et l’entraîne à ma suite. Nous courrons nous réfugier derrière des bennes à ordures. Je reste accroupie, la respiration haletante. Mes talons me font un mal de chien et je crois que je me suis foulée la cheville.
— Ils ne veulent pas obtempérer, on dirait.
— Ta perspicacité est impressionnante, Pierson !
J'ai droit à un regard noir.
— Garde tes sarcasmes pour plus tard, tu veux ?
Je prends soudain conscience que la situation est critique : cet abri de fortune offre une couverture à peine suffisante, et de plus, nous sommes désarmés. Je me mords la lèvre jusqu'au sang lorsqu'un sortilège me frôle le bras. J'ai le souffle coupé, tellement la douleur est fulgurante. Je n'en parle pas ; mes petits bobos attendront, il faut que je nous sorte de là !
La colère l'emporte vite sur la douleur.
Ces crétins vont me le payer ! Je vais leur coller un procès au cul et les envoyer faire une petite cure de santé à la prison d'Azkaban !
J'attrape le couvercle d'une benne, puis l'utilise comme bouclier. Le brun m'imite, non sans me jeter un énième regard furieux, comme s'il m'en voulait de nous avoir entraînés là-dedans. Eh, ça va, je ne lui ai pas demandé de me coller au train, que je sache !
Dès qu'une accalmie le permet, Pierson tente de jeter un coup d’œil vers les Mangemorts.
— Je m'occupe du plus costaud, annonce-t-il.
Je le regarde en fronçant les sourcils. Il veut que nous les prenions par surprise ? Pourquoi pas, ce n'est pas comme si nous avions d'autres options. Et puis, ça me va très bien : Wilkes est une vraie armoire à glace ! En revanche, je sais que je n'aurais aucun mal à maîtriser Rosier.
Je me protège la tête quand un autre sortilège ricoche sur le couvercle en métal usé, avant de jeter un regard à Pierson :
— D'accord, maintenant !
Au mépris du danger, Pierson court en direction de... Evan Rosier ? J'écarquille les yeux d'étonnement. C'est une blague, je croyais qu'il voulait se charger du plus baraqué ? Rosier est aussi chétif qu'une plume d'oie !
Pierson reçoit un maléfice à l'épaule, mais cela ne l'empêche de se jeter sur le Mangemort pour le plaquer au sol.
Sans plus tergiverser, je sors à mon tour de ma cachette pour aller récupérer ma baguette magique, qui se trouve à seulement quelques mètres de moi. Je me mets à courir. D'accord, soyons honnête : je boite, je claudique comme une mémère en raison de ma cheville droite qui me fait souffrir.
Je me penche en avant pour la ramasser, avant que la monstruosité ne me tombe dessus : Gordon Wilkes est soudain devant moi. Rosier l'appel à l'aide, mais ce dernier semble se ficher royalement de son acolyte. Son regard noir de menaces ne me lâche pas. Un fin sourire se dessine sur ses lèvres.
— Comme on se retrouve, McKinnon, lance-t-il d'une voix chantante.
Je baisse le regard vers ma baguette, avant de relever les yeux vers lui. Wilkes me détaille de haut en bas, avec une affreuse grimace.
— Nouveau look ?
— Oui. Tu aimes ? je minaude en battant des paupières.
— Beaucoup. Et encore plus lorsque tu seras entièrement couverte de sang.
Je l'étudie un moment. Il pourrait me jeter un sort, mais il n'en fait rien. Je comprends alors que Wilkes veut me battre à la loyale, probablement pour se prouver quelque chose à lui-même.
Je récupère ma baguette, avant de la pointer sur le jeune homme. Je hausse les sourcils, en voyant qu'il n'esquisse pas le moindre mouvement. J'étais pourtant persuadée qu'il ouvrirait les hostilités.
— J'en ai un peu marre des préliminaires, Wilkes, dis-je en soupirant. C'est quand tu veux, j'ai pas toute la journée.
Le Mangemort amorce un pas dans ma direction, le visage déformé par la haine.
— Tu n'as pas changé, McKinnon. Tu te crois toujours aussi forte et puissante, mais je vais te dire moi : tu n'es qu'une faible femme, crache-t-il entre ses dents.
Il s'approche encore de moi, me dominant de toute sa hauteur.
— Sans ta baguette magique, tu n'es rien du tout.
Je soutiens son regard froid et hautain, avant de lui adresser mon plus beau sourire.
— Tu veux parier là-dessus ? fais-je sur un ton léger, presque amusée.
Son gros défaut, à Wilkes, hormis son machisme évident, c'est qu'il pense être invincible, intouchable par les Aurors, au point de se permettre toutes sortes de conneries plus ou moins graves. Des vols à l'étalage, du trafic de potions, de la torture, des meurtres...et tout ça pourquoi ? Pas pour satisfaire son égo bancal, non, mais pour se faire bien voir auprès d'un seul homme : Voldemort.
Qui est Voldemort ? Selon moi, un gros frustré de la vie qui n'a trouvé rien d'autre à faire que d'emmerder le monde. Et le pire, c'est que de plus en plus d'adeptes le soutiennent, le confortent dans son délire. Sans déconner, j'ai même entendu dire que certains l'appelaient « Maître ».
C'est d'un pathétique, franchement !
Il se prend carrément pour un gourou, ce taré.
Le premier réflexe que j'ai, lorsque Wilkes ouvre la bouche pour me lancer un sortilège impardonnable, c'est de poser mes mains sur ses épaules pour lui décocher un magistral coup de genou dans les parties. Il se recule en titubant, les yeux agrandis de stupeur. Pendant un moment, je touche la victoire du doigt, mais ma joie est de courte durée car le jeune homme transplane. Au lieu de disparaître, il m'encercle ; une épaisse fumée noire m'entoure, m'empêchant de voir ou de m'échapper.
je reçois plusieurs coups, dont un à l'estomac qui me coupe le souffle. Je me défends comme je peux, bien qu'il soit difficile de se battre contre un nuage noir. Puis, il se passe quelque chose d'étonnant : la fumée s’élève avec rapidité vers le ciel.
Je n'arrive pas à le croire. Ce crétin est entrain de s'enfuir ! Je le suis du regard et le vois atterrir sur le toit d'un immeuble.
— Si tu crois que je ne peux pas transplaner en talons... je grommelle avec rage, avant de disparaître à mon tour.
En l'espace de quelques secondes seulement, je me retrouve en haut du bâtiment. Cette fois, Wilkes ne prend pas le temps de faire un brin de causette.
— Dolori...
— Protego !
Le Mangemort pousse un hurlement de rage, avant de se jeter littéralement sur moi. Je tombe à la renverse et me retrouve écrasée par une centaine de kilos. Wilkes est penché au dessus-moi. Ses yeux noirs brillent d'une lueur meurtrière. Sa baguette s'enfonce durement sur ma nuque.
— Je veux que tu me supplies de t'épargner, McKinnon, souffle-t-il près de mon visage.
Cela sonne comme un ordre. Malgré ma mauvaise posture, je ne peux pas m'empêcher de ricaner. Et puis quoi, encore ? Ma réaction parait l'agacer au plus point. Il se recule un peu pour mieux m'observer, l'air incrédule.
Je profite de l'occasion pour tendre la main sur ma gauche. Je saisis une brique et m'en sers pour lui donner un coup à la tête. Wilkes laisse échapper un cri de douleur. Je me dégage de son emprise et prend appui sur mes jambes pour me relever.
Wilkes s'est aussi remit debout ; le coup n'a pas été assez violent pour l’assommer. Le jeune homme porte la main à son visage et constate qu'il saigne abandonnement. Ses traits se crispent en un masque de douleur et de rage. Je lui jette immédiatement un sort pour le désarmer.
— C'est terminé, Wilkes.
Contre toute attente, un sourire se dessine sur ses lèvres. Un sourire inquiétant et sinistre.
— Au contraire, McKinnon. Ça ne fait que commencer.
Je n'ai pas le temps de l'appréhender qu'il s'évapore déjà dans les airs. « Merlin de merde ! » je hurle, furieuse contre moi-même. Wilkes a transplané, mais cette fois, sans passer par la case « fumée noire », il a complètement disparu.
Dire que j'étais à deux doigts de le coincer !
Je fulmine encore un bon moment ; j'ai l'impression d'avoir fait n'importe quoi, de ne pas avoir été à la hauteur. Non, mais c'est quoi mon problème ? Pourquoi je n'arrive jamais à suivre le protocole ? Si je n'avais pas perdu mon temps à me battre comme un vulgaire Moldu et que j'avais un peu plus utilisé ma baguette magique, Wilkes serait déjà en train de croupir en prison !
Une fois en bas de l'immeuble, j'ai la mauvaise surprise de trouver le Chef Caldwell, accompagné de sa brigade. Oh oh, ça sent mauvais. Caldwell ne se déplace pas pour rien, la situation doit être grave.
— Où sont les responsables ? s'enquiert-il, dès que j'arrive à sa hauteur.
Mon regard se tourne vers Pierson. Bon sang, je l'avais complètement oublié ! Il est décoiffé et ses vêtements sont dans un piteux état. De plus, Rosier n'est pas dans les parages. Alors ça, c'est juste... génial. Le Chef va nous descendre.
— Envolés, je réponds d'une toute petite voix.
La honte et la culpabilité que je ressens me paralyse, je suis incapable de bouger. Caldwell se tourne immédiatement vers son équipe :
— Retrouvez-les moi. Tout de suite !
La dizaine d'Aurors présents se volatilisent à leur tour, excepté Marcus Denworth, le bras droit du Chef. Ce dernier me regarde en tournant la tête de droite à gauche, l'air de penser : « Qu'est-ce que t'as encore fichu ? ».
— Que faites-vous là tous les deux ?! tempête Caldwell, nous faisant sursauter.
Son manque d'égards me porte sur les nerfs.
« On va très bien Pierson et moi, c'est gentil de demander ! » je me retiens de lui balancer à la figure.
Rappelez-moi pourquoi je me sentais coupable ? Après tout, je n'ai fait que mon job, n'en déplaise au Chef Caldwell.
J'affiche mon habituel masque d'insolence, avant de répondre sur un ton ironique :
— Nos emplettes, Chef. Pierson a besoin d'une nouvelle plume, et moi d'un pot d'encre.
Ses yeux s'assombrissent et brillent de fureur. Je m'attends à des remontrances, mais Caldwell se contente de soupirer.
— Je veux une description détaillée de ces individus, Marcus. Prend leur déposition, lui ordonne-t-il.
Son regard, tranchant comme de l'acier, se braque ensuite dans notre direction. Il nous dévisage tour à tour avec sévérité.
— Si vous teniez tant à vous rendre utile, vous n'aviez qu'à éteindre cet incendie ! explose-t-il enfin, en pointant du doigt la boutique dont les fondations menacent de s’effondrer.
Encore une fois, je m'abstiens de tout commentaire, bien que j'ai envie de rétorquer qu'on était déjà assez occupés comme ça avec les Mangemorts.
Je baisse la tête, admettant volontiers mon erreur ; dire que je n'ai même pas sécurisé la zone ! J'ai vraiment fait du travail d'amateur...
— Savez-vous que je pourrais vous renvoyez, si je le voulais ? Des Aurors qui ne suivent pas les règles, je n'en veux pas dans mon service !
Je relève aussitôt la tête et échange un regard paniqué avec Pierson. Mon sentiment de culpabilité refait surface.
— C'est de ma faute, Chef. Pierson n'y est pour rien, il a tenté de m'empêcher d'intervenir, dis-je timidement.
Le vieux sorcier lève les yeux au ciel.
— Vous croyez peut-être m'apprendre quelque chose, McKinnon ? Il paraît que vous êtes la première de votre promotion, alors montrez donc un peu l'exemple par Merlin, et cessez d'influencer vos camarades !
— En aucune manière je n'estime avoir été influencé, Chef Caldwell, objecte Pierson, l'air un peu vexé.
Ce dernier se contente de le lorgner d'un mauvais œil pour mettre fin à toute discussion. Puis, il rebrousse chemin, laissant soin à Marcus de nous interroger.
J’exhale un soupir pour évacuer la tension accumulée, lorsque je surprends le rictus en coin de Pierson.
— Pourquoi ce sourire ? je questionne, étonnée.
— Tu as pris ma défense. Je savais bien que je te plaisais, répond-t-il avec arrogance.
Mes yeux s'écarquillent d'horreur, tandis que Marcus tente de dissimuler son rire derrière une quinte de toux. Oh là, il est grand temps de remettre le Dragon dans sa cage :
— Rêve pas, mon pauvre vieux ! Tout ce qui m’intéresse, c'est tes places pour la Coupe du monde.
End Notes:
Voilà pour ce chapitre. On retrouve Sirius très bientôt ;) Et Pierson aussi, pour ceux que ça intéresse xD
A bientôt !
Révélations en tous genres by jalea
Author's Notes:
Bonjour :)
Voici le chapitre 3, j’espère qu'il vous plaira !
Merci à SumiShann pour sa correction.
Bonne lecture.
Chapitre 3 : Révélations en tous genres.
— Un avertissement ? Encore ?
Je me jette à terre pour éviter une autre boule d'énergie bleutée. Ce matin, Joe Burnett n'est vraiment pas tendre avec moi. Maintenant que j'y pense, la douceur, il ne connaît pas. C'est pour cette raison que je le choisis toujours pour partenaire ; mes autres camarades sont trop sensibles, ils refusent de s'en prendre à une « femme » même si cette femme se trouve être une future Auror et qu'elle les bat tous sans exception, lors de duels.
Je me relève tant bien que mal et m'appuie sur mes genoux pour reprendre ma respiration. Mes cheveux me collent au visage et au cou. Je refais ma queue de cheval, avant de me remettre en position de combat. Burnett prépare une nouvelle boule d'énergie, qu'il garde au bout de sa baguette.
— Ça t'en fait combien ?
— C'est mon douzième, je soupire.
Ses yeux s'écarquillent comme des Gallions.
— De l'année ?
— De ce mois-ci...
Sans que je ne m'y attende, il lance la sphère lumineuse que j'évite en exécutant une double roue digne d'une gymnaste olympique. Des sifflements se font entendre autour de moi, agrémentés de quelques compliments : « Joli ! Impressionnant ! »
Je me retourne et adresse un sourire un peu forcé à mes camarades. Parfois, c'est vraiment agaçant d'être la seule fille du groupe. Je doute que Burnett aurait eu droit à de telles éloges, s'il avait lui aussi fait une satanée roue ! J'aimerais simplement qu'ils me considèrent comme l'une des leurs, mais malgré tous mes efforts, mon « excessive virilité » n'a rien donné. Le fait que je porte une jupe doit sûrement y être pour quelque chose...et les talons hauts ne doivent pas aider non plus.
Bon là, tout de suite, je ne suis clairement pas à mon avantage : je porte une tenue de sport et je dégouline de sueur. Cela n'empêche pas Matthew Pierson de me faire les yeux doux à distance.
J'ai pourtant mis les points sur les i lors de notre dernière sortie en lui disant que tout ce qui m’intéressait chez lui était ses places de la coupe du monde de Quidditch ! N'importe quel homme se serait senti outré, mais pas Pierson. Cela n'a pas calmé ses ardeurs, au contraire, il m'a proposé d'aller au match avec lui.
Une autre femme aurait sans doute refuser, mais étant une grande fan de Quidditch... ça va, ne me jugez pas ! Par les temps qui courent, on se distrait comme un peu. Et puis, Pierson est plutôt pas mal dans son genre. Physiquement parlant, j'entends. Parce que niveau personnalité, il a encore pas mal de boulot à faire !
Mon regard se tourne vers mon ami Joe, qui a fière allure dans sa tenue sportive. Le pauvre, il l'ignore, mais le premier jour de formation, c'est sur lui que j'avais jeté mon dévolu. Je l'ai tout de suite trouvé très beau avec ses cheveux châtains, ses yeux vert mordoré et son sourire irrésistible et profondément rassurant.
Mon cerveau avait immédiatement validé l'image du jeune homme que j'avais devant moi. Bien évidemment, je n'ai pas attendu qu'il fasse le premier pas. Pas le temps pour ces conneries, je suis une femme d'action, moi ! D'emblée, je suis allée me présenter: « Salut, je m'appelle Marlène McKinnon, j'ai dix-huit ans, sang-mêlée, je vis dans un quartier moldu avec mes parents, je suis toujours en retard, je suis fan de Quidditch mais j'aime pas les chats. Maintenant, bouge tes fesses de là, je veux m’asseoir à côté de la fenêtre. »
Je n'ai jamais aimé mentir sur la marchandise, je ne vois pas l’intérêt, les hommes finissent toujours par découvrir nos pire défauts, non ?
Je me souviens encore de la réaction de Burnett : il a explosé de rire et dit qu'on allait sûrement bien s'entendre. Je ne sais pas pourquoi, mais l'attirance que j'éprouvais pour lui s'est dissipée à la seconde même où nous avons commencé à parler Quidditch.
Joe Burnett me rappelle beaucoup James Potter, par son attitude positive et quelque peu vantarde.
— C'est quoi ton secret, Marlène ? me demande-t-il avec un sourire en coin. Si c'était quelqu'un d'autre que toi, il serait déjà renvoyé !
Je suis épuisée, j'arrête les frais pour aujourd'hui. Je me dirige vers le banc où se trouve mes affaires, Joe sur mes talons.
— Je n'en sais rien. Peut-être que Caldwell m'aime bien ? je réponds sans trop y croire, avant de prendre ma bouteille d'eau dans mon sac.
Le jeune homme s'esclaffe lourdement.
— Tu rigoles, il n'aime personne !
— Moi, je sais pourquoi le Chef te laisse tout passer, lance une voix féminine dans mon dos.
Je fais volte-face et découvre une ravissante blonde aux courbes généreuses, qui me regarde de ses yeux rieurs. Sa subite apparition dans notre salle d’entraînement perturbe certains de mes camarades, qui émettent quelques commentaires graveleux et des sifflements appréciateurs. Dayla Winters n'en tient pas compte. Elle doit être habituée aux réactions qu'elle provoquent sans le vouloir.
— Qu'est-ce que tu fais là, Dayla ? je m'étonne.
La petite blonde quitte rarement son poste, si ce n'est pour se rendre à la salle de pause.
— Albus Dumbledore souhaite s'entretenir avec toi. Il t'attend dans le bureau de Caldwell.
— Pardon, qui ça ?
J'ai dû mal entendre.
— Le directeur de Poudlard ? sourit Joe. C'est un ami de Caldwell, dit-il en se tournant dans ma direction, il veut certainement te dire bonjour. Et moi, il n'a pas demandé à me voir ? s'enquiert-il, une lueur d'espoir dans la voix.
— Non, juste Marlène, répond Dayla.
Leurs regards se croisent, puis se fixent. Burnett semble en admiration devant la jolie blonde.
— Je m'appelle Joe Burnett, au fait, se présente-t-il enfin, en lui tendant la main.
Il lui décoche son sourire le plus charmeur. La jeune femme ne lui sert pas la main. Ses yeux se plissent comme ceux d'une chouette devant une lumière trop forte. Elle doit probablement se remémorer leur première rencontre, lorsque Joe lui a écrasé le pied dans l'ascenseur sans prendre la peine de s'excuser.
Une chose que vous devez savoir à propos de Dayla Winters, c'est qu'elle a la rancune tenace. Je lui ai emprunté une plume que j'ai eu le malheur de perdre. Eh bien, il n'y a pas un jour où elle ne m'en parle pas, de la plume héritée de sa grand-mère Bégonie. Ou serait-ce Bégotie ? Je ne sais plus, mais son prénom ressemblait à « Bigoudie ». Et que dire alors de son meilleur ami Marvin avec qui j'ai eu le malheur de sortir UNE seule fois ? J'ai droit à un rapport détaillé de chacune de ses consultations avec son thérapeute. Bon d'accord son bras à prit feu un tout petit peu à cause de moi, mais je suis certaine qu'il avait d'autres raisons d'aller consulter un psychomage.
Dayla considère mon collègue avec avec une petite moue de condescendance, avant de se détourner, l'ignorant royalement. Ce pauvre Joe laisse retomber sa main, l'air incrédule. Joe Burnett n'est pas ce que l'on peut appeler un coureur de jupons, mais en règle général, il n'a aucun mal à séduire les femmes.
— Comme je le disais, je sais pourquoi le Chef t'a dans le Choixpeau, reprend la blonde avec enthousiasme.
Je m'essuie le visage avec une serviette, attendant la suite qui ne vient pas.
— Eh bien vas-y éclaire-moi, fais-je, exaspérée.
— Ça ne va pas te plaire, prévient-elle d'un sourire railleur.
Elle est vraiment énervante, parfois.
— Tu meurs d'envie de me le dire, Dayla, alors accouche !
— D'accord. Tu sais que ta tante a travaillé quelque temps comme consultante au bureau des Aurors, il y a de cela une vingtaine d'années ?
— Quoi ? Tu ne m'as jamais raconté ça ! s'exclame Joe, l'air sincèrement surpris.
Je me contente de hausser des épaules.
— C'est jamais venu dans la conversation. Et puis ? je lance à Dayla.
Son sourire s'élargit. Elle semble faire tout son possible pour se retenir de ire.
— Eh bien, la rumeur dit que le Chef et ta tante ont...
Je fronce les sourcils. Je n'aime pas la tournure que prend cette discussion.
— Ont quoi ?
— Ils auraient eu une brève relation. Une relation intense et passionnée.
Une relation intense et... passionnée ? Face à mes amis, je ne sais pas quelle attitude adopter et me mets à ricaner lourdement.
— Où as-tu entendu une chose pareille ? C'est parfaitement ridicule !
A l'époque des soi-disant faits, Griselda avait mon âge et le Chef Caldwell, une dizaine d'années de plus qu'elle. C'est impossible. Même en allant au-delà de leur différence d'âge ! Marcus m'a déjà raconté la nature de leur relation : ils se détestaient cordialement. Griselda avait la fâcheuse manie de n'en faire qu'à sa tête et de se rendre sur les lieux des crimes avant les Aurors (évidemment, puisqu'elle est aussi voyante) et Xiphias Caldwell ne supportait pas que ma tante fourre sans nez partout sans prendre conscience du danger.
Il ne s'est absolument rien passé entre eux.
— La rumeur est vraie, affirme Dayla. J'ai vu des photos de Caldwell lorsqu'il était jeune. Il était à tomber ! Et ta tante était pas mal non plus. Elle te ressemble beaucoup, d'ailleurs.
— Comment peux-tu le savoir ? Tu ne l'as jamais rencontrée ! je riposte, sentant la moutarde me monter au nez.
— Caldwell a une photo dans son bureau.
Je blêmis.
— Tu plaisantes ?
— Jamais avec l'amour, Marlène chérie.
— Tu parles d'un scoop ! ricane Burnett, mort de rire.
Je me sens rougir de honte. Si c'est la vérité, c'est peut-être pour cette raison que le chef Caldwell me traite différemment des autres étudiants ? J'essaie d'imaginer la chose (Caldwell et ma tante) mais j'ai franchement du mal. C'est dégoûtant !
— Je n'y crois pas. Et toi, si tu racontes ça à quelqu'un, t'es mort ! dis-je à mon voisin, en levant un doigt menaçant dans sa direction.
Le concerné porte aussitôt une main à son cœur, l'air de dire : « Moi ? Mais je n'oserais jamais ! »Tu parles, Burnett est une vraie pipelette.
— Tu vas avoir l'occasion de vérifier ça tout de suite, Marlène : Dumbledore t'attend dans le bureau du Chef, me rappelle la petite blonde, sans se dépareiller de son sourire moqueur.
******
Je suis à cran. Et cela n'a rien avoir avec le fait que mon ventre crie famine depuis dix heures ce matin. La nouvelle de Dayla m'a tellement atterrée que je n'ai pas osé demander d'autres détails. « C'est des conneries ! » j'essaie de me rassurer, avant d'entrer dans le bureau du Chef.
Son regard bleu acier se pose immédiatement sur moi. Il n'a pas l'air content.
— Ah, vous voilà enfin, Miss McKinnon.
Je comprends tout de suite au ton de sa voix qu'il me reproche mon retard.
— Le professeur Dumbledore souhaite s'entretenir avec vous, dit-il en se levant. Je vous laisse mon bureau, Albus.
— Ne vous donnez pas cette peine Xiphias, nous pouvons très bien aller ailleurs...
Je me tourne vers le professeur Dumbledore. Les goûts vestimentaires du vieil homme n'ont pas changé ; il porte une ravissante robe violette aux motifs étoilés. Quant à sa longue barbe, elle a encore poussé, et toucherait presque le sol !
Caldwell récupère sa veste posée sur le dos de sa chaise.
— C'est inutile. Je suis de toute manière attendu pour le déjeuner.
— Vraiment ? Vous déjeunez avec qui ?
Je me mords aussitôt la langue. Les mots sont sortis tout seul, je n'ai pas réussi à les retenir. Caldwell me toise en arquant un de ses sourcils broussailleux.
— Je veux dire... bon appétit, je grommelle entre mes dents serrés.
Il quitte son bureau sans plus de cérémonie, en me jetant un dernier regard sévère au passage. Je suis tentée de le suivre pour savoir s'il a toujours gardé contact avec ma tante.
— J'ai grand plaisir à vous revoir, Miss McKinnon. Comment allez-vous ?
Je sursaute légèrement, me rappelant soudain la présence de mon ancien directeur. Ce dernier s'assied avec aisance sur le fauteuil de Caldwell.
— Bien, merci...
Je fais mine de refaire mon lacet, et en profite pour mener mon enquête : je me tords le cou pour essayer d'apercevoir les photos disposées sur le bureau du Chef. De là où je suis, je ne distingue qu'un simple portrait de famille.
Je me redresse d'un bond en remarquant le regard intrigué de Dumbledore, et esquisse un sourire qui se veut chaleureux.
— Et vous, professeur ?
— Je me trouve malheureusement dans une situation plus que délicate, soupire-t-il. Un étudiant de Poudlard a disparu.
Mon sourire se dissipe instantanément. Décidément, c'est la journée des annonces étranges.
— Comment ?
— Troy Dickson, élève de la maison Serpentard. Le jour de sa disparition, personne ne l’a vu. Personne ne lui a parlé. Il s'est tout simplement volatilisé, dit Dumbledore, le regard dans le vague.
Je m'assieds face à lui et le contemple, bouche bée.
— C'est impossible, professeur Dumbledore. Aucun élève ne peut quitter Poulard, l'école est protégée par des enchantements, de puissants sortilèges qui empêche quiconque d'entrer ou sortir sans votre permission, ou celle d'un enseignant.
Un sourire sans joie éclaire ses traits.
— Et les passages secrets ?
— Quels passages secrets ? fais-je en prenant un air faussement étonné.
Dumbledore n'est pas dupe ; il se carre contre le dossier de son siège et me considère avec un rictus moqueur.
— Je ne vous apprends rien, Miss McKinnon. Vous avez maintes fois utilisé celui qui mène à Pré-au-Lard lorsque vous étiez à Poudlard...
Merde, comment peut-il être au courant de ça ? C'est la faute de Sirius Black et James Potter, d'accord ? C'est eux qui m'ont poussée à faire un petit tour nocturne au village, histoire de décompresser un peu avant de passer nos examens ! Quand aux autres fois, je ne suis pas responsable non plus : Chris Kelllerman avait insisté pour que je lui montre le passage secret. Ainsi que Franck Londubat et Eric Doyle... vraiment, je n’y suis pour rien si je suis d'une gentillesse rare.
— Je... j'ai été contrainte et forcée ! je lâche soudain, me sentant mal à l'aise sous son regard pénétrant. J'ignorais que l'on pouvait sortir de Poudlard, professeur, je vous en donne ma parole.
Mon mensonge est aussi gros qu'un dragon. Le vieux sorcier me dévisage avec un rictus narquois, avant de poursuivre :
— Allons, je ne suis pas venu là pour vous sermonner sur les bêtises que vous avez pu faire quand vous étiez adolescente, Miss McKinnon.
— Oh, je souffle, à la fois soulagée et embarrassée. Concernant l'élève disparu, je ne pense pas pouvoir vous aider...
Troy Dickson.
Son nom de famille me dit vaguement quelque chose. Peut-être avait-il une sœur ou un frère plus âgé, qui était à Poudlard en même temps que moi ? Même si c'était le cas, je ne vois pas en quoi cette information serait utile à Dumbledore.
Ce dernier m'adresse un petit sourire conciliant.
— Évidemment que non, vous êtes encore en formation. J'ai déjà informé Xiphias de la situation, une brigade a été envoyée sur place pour enquêter.
Dans ce cas, qu'est-ce que je fais là, moi ? Je me tortille sur mon siège. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment.
— Alors, hum... que me vaut l'honneur de votre visite ?
— Comment allez-vous ?
Je le considère longuement, en plissant le front. Dis-donc, il ne deviendrait pas un peu sénile, Dumbledore ? Il m'a déjà posé cette question.
— Bien, merci.
Dumbledore prend une expression sérieuse.
— Bien ? Malgré la situation dans laquelle nous nous trouvons ?
— Vous faites allusion à Voldemort ?
— Et à son armée de Mangemort, oui.
Puis en homme habitué à passer du coq à l'âne, il ajoute :
— Avez-vous eu l'occasion de discuter avec vos anciens camarades de classe ? Je pense notamment à James Potter, Lily Evans ou encore Mary McDonald ?
Euh, non. Nous avons gardé le contact, je prends de temps en temps de leurs nouvelles, mais ça s'arrête là.
— Pas récemment. Je suis très occupée par mon travail.
Je ne sais pourquoi je ressens le besoin de me justifier. Peut-être parce que je culpabilise un peu : cela fait des mois que je n'ai pas revu mes amis.
— C'est tout naturel, dit le vieil homme avec un demi-sourire.
— Puis-je savoir quelle est la raison de cette entrevue, professeur Dumbledore ?
— J'y viens, Miss McKinnon.
Son sourire énigmatique s'élargit lentement. Ce sourire, je l'ai déjà vu : il a eu le même quand il a annoncé le tournoi des quatre maisons lors de ma septième année à Poudlard. Je m'appuie contre le dossier de mon siège, perplexe.
Qu'est-ce qu'il a encore été inventer, ce vieux fou ?
End Notes:
Voilà pour ce chapitre ! Je ne sais pas si Griselda a autant de fans que Marlène, alors dites-moi, est-ce que vous voulez la revoir ? xD
On retrouve Sirius au prochain chapitre ;)
A bientôt !
L'Ordre du Phénix (partie 1) by jalea
Author's Notes:
Bonsoir :)
voici le chapitre 4 avec le retour tant attendu de Sirius, j’espère qu'il vous plaira ! Un grand merci à Sifoell, la vache, lilteenmary, Elowl, Maloux pour leurs reviews au précédant chapitre et aussi à SumiShann pour sa correction :D
Bonne lecture,
à bientôt.
Chapitre 4 : L'Ordre du Phénix (partie 1)
L'Ordre du Phénix.
C'est la raison de la visite de mon ancien directeur à mon travail.
Je vous fais le résumé : Albus Dumbledore a créé une association à but non lucratif afin de tenter de garder le contrôle face à la tyrannie de Voldemort et sa tripoté de Mangemorts. Les plus puissants citoyens du monde magique ont déjà rejoint l'Ordre, selon Dumbledore, et il a essayé de me faire acheter une carte d’adhérent en m’assommant de compliments. J'étais plus que sceptique.
Pour faire pencher la balance, il a précisé que nombreux de mes camarades font partie de l'organisation dont : Lily Evans, Mary McDonald, James Potter, Remus Lupin, Peter Pettigrow, Sirius Black et même Dorcas Meadowes, la fille la plus discrète de notre classe à l'époque. Il a spécifié que cette liste était non exhaustive, puis il m'a demandé si j’avais gardé contact avec mes autres amis : Kiara Perks et Chris Kellerman.
Ouais, c'est carrément du racolage !
Dumbledore était plutôt déçu d'apprendre que ma meilleure amie ne vivait plus à Londres (Kiara s'est installée dans le sud de la France il y a un an de ça, et s'est offert une librairie) et que Chris Kellerman était indisponible pour le moment, étant en déplacement professionnel.
Plus j'en apprenais sur cette organisation du dimanche, plus je finissais par croire que c'était la pire idée que Dumbledore avait jamais eue. J'ai demandé plus de précisions à Dumbledore, quelles seraient les missions des personnes de l'Ordre ? Sans grande surprise, il a été très vague sur le sujet, ce qui a achevé de me convaincre que son idée était non seulement mauvaise, mais aussi dangereuse.
Vous savez pourquoi il faut trois années de formations intensives avant de devenir Auror ? Pour éviter de crever comme un con sur un trottoir, en sortant d'un bar, tout ça parce qu'un Mangemort qui se trouvait là et que vous n'aviez pas repéré vous a avada-kedavrisé avant de rentrer chez lui peinard, pour aller se pieuter. Histoire véridique, je n'invente rien ! Je vous invite à consulter la rubrique faits divers de la Gazette du Sorcier pour preuve.
— Où vas-tu, habillée comme ça ?
Je me fige en bas des escaliers, alors que ma mère penche la tête pour me regarder depuis la cuisine. Je n'envisage même pas une seconde de lui dire la vérité et invente un bobard :
— Hum... retrouver des amis au Chaudron Baveur.
Ce n'est pas à proprement parlé un mensonge : je vais effectivement retrouver des amis. Mais pas au Chaudron Baveur...
Ma mère arque un sourcil, loin d'être dupe.
— Quels amis ?
— Maman, je soupire, tu es courant que je suis adulte ?
Un petit sourire éclaire ses traits.
— Je le sais très bien, ma chérie.
— Tant mieux.
Je me dirige vers la porte d'un pas léger, quand sa voix me parvient encore une fois aux oreilles : « Quels amis ? ». Il est vraiment temps que je me trouve un appartement. Cohabiter avec mes parents est très... comment dire ? Éprouvant. Et surtout : infantilisant ! J'ai beau la dépasser d'une tête et demi, ma mère me voit toujours comme une petite fille. Elle prend soin de me réveiller chaque matin, prépare mes repas, s'occupe de mon linge, de mon hibou, de ma paperasse... et elle refuse catégoriquement que je participe aux frais tant que je suis en formation.
Euh, attendez voir, pourquoi je veux déménager déjà ? Je mène la grande vie !
Je vérifie mon reflet dans le miroir de l'entrée, avant de répondre :
— Lily Evans, James Potter, Mary McDonald... Sirius Black.
Mon cœur rate un battement, mes mains deviennent moites, ma gorge s'assèche. Une réaction qui était bien habituelle avant, lorsque le nom de Black était prononcé. Je pensais avoir réussi à dépasser tout ça. Bon sang, ça s'annonce mal.
« Sirius Black ? » fait la voix étonnée de ma mère. J'entends ses petits pas résonner dans le couloir et la voilà soudain devant moi, tout sourire. Elle porte son tablier à fleurs et tient dans ses mains un énorme saladier.
— Le charmant jeune homme qui est venu dîner à la maison il y a un an, six mois et... vingt-trois jours ? demande-t-elle en braquant son fouet dégoulinant de pâte dans ma direction.
Du coin de l’œil, je vois mon père se détourner du poste de télévision pour la toiser avec incrédulité.
— C'est étonnement précis, fait-il remarquer d'une voix un peu sèche.
Mon père n'a vu Sirius Black qu'une fois (à l'occasion de ce dîner) et ce qui est certain, c'est qu'il lui a immédiatement déplu. Probablement en raison de sa jalousie : Black avait une moto volante !
— Parce que je m’intéresse à la vie de ma fille, moi ! tonne-t-elle en se tournant dans sa direction. Amuse-toi bien, mais ne rentre pas trop tard, ajoute ma mère à mon attention.
— Maman...
— Quoi ? Je ne t'ai pas donné de couvre-feu. Et fais attention !
Je soupire lourdement.
— A quoi, M'man ?
Son expression devient gave et sérieuse.
— Eh bien, à tous ces rôdeurs qui... rôdent !
— Tu veux dire les Mangemorts ?
— C'est ça, n'accepte rien de leur part.
— Surtout pas de sucreries, raille mon père.
Je pouffe de rire, on peut toujours compter sur lui pour dédramatiser la situation. Oui, le monde magique est en guerre, mais pour y faire face et se blinder émotionnellement, certaines personnes, comme mon père et moi, préfèrent prendre cela avec humour (dans la mesure du possible).
— Et si tu en croises un dans ce bar, tu rentres illico presto à la maison. Ton père a jeté plusieurs sorts de protection. Tu seras en sécurité, ici.
— Tu sais, maman, pour l'instant je suis en formation...
— N'essaie pas de me rassurer, Marlène, je sais bien que ton travail est dangereux ! Être Auror équivaut à être inspecteur de police. Tu as un gilet par balle ? Marlène ? MARLENE ?!
— Bonne soirée ! je crie, claquant la porte derrière moi.
Une fois à l'extérieur, j'inspire un gros bol d'air frais. J'hésite un instant à faire demi-tour. Depuis que j'ai revu le professeur Dumbledore, un mauvais pressentiment ne me quitte pas. Mais je lui ai donné ma parole, alors... je soupire, avant d'enfouir ma main dans la poche de ma veste pour en sortir un morceau de parchemin. Je le déplie pour lire l'adresse l'adresse du lieu où se tiennent les réunions.
« Ordre du Phénix,
12 Square Grimmaurd. »
******
Non mais c'est quoi, cette blague ?
Je regarde à nouveau les maisons autour de moi. Je me trouve devant le numéro 11. À gauche, je vois le numéro 10, à droite, le numéro 13. Le numéro 12 n'existe tout simplement pas ! Ce qui est très étrange, puisque j'ai souvenir d'avoir déposé Sirius Black à cette adresse même, pas plus tard que la semaine dernière. Je relis la note, il est bien écrit noir sur blanc « 12, Square Grimmaurd. »
Je recule d'un pas lorsqu’une vieille porte délabrée surgit de nulle part entre les numéros 11 et 13. Des murs décrépis aux fenêtres crasseuses apparaissent à leur tour.
— Qu'est-ce que... ?
Une maison apparaît comme par enchantement sous mes yeux médusés. Voilà qui est... original. Je monte les marches du perron usé, avant de me figer devant la porte d'entrée. Elle est noire, éraflée par endroit et sa poignée est en forme de serpent.
Cette maison a l'air abandonnée. Et flippante.
Bon, quand faut y aller...
Je lève la main pour frapper à la porte. J'attends quelque minutes avant que quelqu'un ne consente à m'ouvrir.
— Ah, ben enfin ! Ce n'est pas trop...
Mes yeux rencontrent deux prunelles argentées, et le reste de ma phrase reste coincé au fond de ma gorge.
Sirius Black me gratifie d'un immense sourire. Il est soigneusement coiffé et rasé de près. Son allure est impeccable, ce qui me fait pleinement prendre conscience de ma propre apparence, qui est on ne peut plus... négligée. Je porte un treillis noir bardé de poches, un pull à col roulé de la même couleur, et une veste trop grande, empruntée à mon grand frère.
Je repousse une mèche de cheveux derrière mon oreille, me maudissant intérieurement de ne pas avoir appliqué ma potion anti-frisottis.
— Salut, Marlène, dit le bellâtre, ouvrant la porte en grand.
Je réponds en balbutiant, comme une pauvre fille qui n'a jamais parlé à un garçon. OK, il faut que je me reprenne, là ! Je n'ai plus quinze ans. Et puis, ce n'est que Sirius Black, pas Bart Endriks (le joueur de Quidditch mondialement connu dont je rêve en secret).
— Nous n'attentions plus que toi. Entre, je t'en prie, ajoute-t-il en s'écartant.
— Merci...
Le hall est éclairé par des lampes à gaz à l'ancienne et par un lustre de la forme de serpents. Les murs au papier à moitié décollé portent des portraits de sorciers et sorcières ainsi que... je plisse les yeux, ce sont des elfes de maisons ?
« Encore une autre traîtresse à son sang ! Toutes ces personnes, ici, dans ma maison... c'est une véritable honte ! »
Quoi, qui a dit ça ?! Je regarde Sirius, qui se contente de hausser les épaules.
Je pivote sur mes talons et vais écarter les épais rideaux miteux, d'où semble provenir cette voix. Je m'attends à découvrir une personne cachée là, mais il n'y a que le portrait d'une vieille femme. Elle est coiffée d'un haut chignon et porte une robe démodée. Son visage est creusé et elle arbore une moue des plus méprisantes.
— Traîtresse ! hurle-t-elle à mon attention, me faisant sursauter. Comment oses-tu mettre tes pieds crasseux dans ma maison ?
Je baisse le regard vers mes tennis boueuses, avant d'exploser de rire. Je capte le regard surpris de Sirius. Il a l'air de me prendre pour une folle.
— J'aime beaucoup ce tableau, je déclare, une fois ma crise de fou rire passée.
Les traits du jeune homme se crispe. Il me dévisage, la mâchoire serrée.
— Tu n'es pas sérieuse ? s'indigne-t-il.
— Bien sûr que si. Moi aussi, j'adorerais avoir une peinture qui insulte mes invités.
C'est carrément dément, comme idée ! Il me tarde de rencontrer le propriétaire de cette demeure, cela doit être un personnage haut en couleur.
— C'est ma mère.
— Pardon ?
Je virevolte vers la droite. Sirius a le regard fixé sur le tableau, pendant que la sorcière continue de nous servir de copieuses insultes.
— Cette femme est ma mère, Walburga Black. Et cette maison est la mienne, mon oncle Alphard me l'a léguée à la mort de mes parents.
Oh, la boulette. Je reste silencieuse un long moment, ne sachant quoi dire pour me rattraper.
— Elle devait être... charmante.
« Alors là, bravo Marlène. Tu n'as rien trouvé de mieux ? » je songe, me giflant mentalement.
— C'est le cas de le dire, rit Sirius.
Son ton est sarcastique, mais au moins, il a trouvé ma remarque drôle. Je contemple à nouveau la toile, pensive. Elle n'avait pas l'air très commode, la mère Black...
— Tu crois que je pourrais me faire tirer le portrait moi aussi, et balancer des grossièretés aux gens ? je demande sérieusement.
Vous imaginez un peu ? Cela ferait sensation dans mon futur appartement ! Le jeune homme se tourne brusquement vers moi. Ses yeux gris pâle parcourt mon visage. Il semble sur le point de dire quelque chose, mais il se ravise. A la place, un sourire illumine son beau visage.
— Quoi ? je bredouille, ne supportant plus son silence.
— Tu m'as manqué, Marlène.
La sincérité de sa voix me surprend, si bien que je deviens soudain toute intimidée. L'intensité de son regard me brûle. Et est-ce une impression, ou son visage se rapproche dangereusement du mien ?
— Et moi, est-ce que je t'ai manqué ? souffle-t-il près de ma joue.
Je ressens comme une décharge électrique, mais ne m'éloigne pas pour autant ; je croise les bras sur ma poitrine et soutiens son regard avec animosité. Qu'est-ce qu'il croit, Black, qu'il peut jouer aux abonnés absents puis revenir tout chambouler dans ma vie ? En faisant comme si rien ne s'était passé ?
— Pour qu'une personne me manque, je dois la voir de temps en temps. Et rappelle-moi, ça fait combien de temps qu'on s'est perdus de vue ?
Je regrette immédiatement mes paroles en voyant Sirius froncer les sourcils. Je m'étais pourtant promis de ne pas chercher d'explications à ses agissements, de ne pas lui montrer à quel point son comportement m'a fait souffrir.
Aujourd'hui, Sirius Black n'est plus rien pour moi, si ce n'est un ancien camarade de classe. Et je n'ai aucune raison d'en vouloir à un ancien camarade, n'est-ce pas ?
Je lui adresse un grand sourire forcé, puis le gratifie d'une petite tape sur l'épaule.
— Oublie. Ça n'a aucune importance.
Le Maraudeur me considère d'une drôle de façon, avec une lueur étrange dans le regard, avant de me retourner mon sourire.
— La réunion est sur le point de commencer, annonce-t-il, me ramenant brusquement sur terre.
L'Ordre du Phénix (partie 2) by jalea
Author's Notes:
Bonsoir :)
Me revoilà enfin après une longue période d'absence dû a des examens.
Il était grand temps que je me remette à écrire les aventures de cette pauvre Marlène, que j'ai délaissé ces derniers temps xD
J’espère que ce chapitre vous plaira, même si ça devient un peu plus sombre... désolée s'il reste quelques fautes, je crois que ma beta-reader est en vacances xD
Bonne lecture,
à bientôt !
Chapitre 6 : L'Ordre du Phénix (partie 2)
— Alors... c'est quoi exactement le but de ces réunions ?
Lily et James échangent un regard lourd de sous-entendus. Puis, ils se lancent dans une discussion silencieuse qui me laisse perplexe. Je les observe tour à tour, en fronçant les sourcils. Pourquoi j'ai comme l'impression de m'être encore fait avoir, moi ?
— Dumbledore t'expliquera cela mieux que nous, me dit le brun à lunettes.
Je fais la moue.
J'en doute sérieusement. Le vieux vire un peu sénile, la maison de retraite le guette. J'ouvre la bouche pour poser d'autres questions lorsque mon regard se pose sur l'un des convives. J'hallucine. Mes poings se serrent.
Le sale petit rat.
Je détourne les yeux et affiche un sourire de circonstance (celui que je réserve à mes collègues et qui me donne l'air polie).
— Excusez-moi, je reviens tout de suite.
J'abandonne le couple pour me diriger droit sur un petit bonhomme trapu. Très entouré, le sorcier rit, un verre à la main. Je me positionne derrière lui et je tousse pour signaler ma présence. Il ne me remarque pas, alors je lance d'une voix forte :
— Salut, Moding !
Modingus Fletcher se tourne dans ma direction, et son rire se meurt dans sa gorge. Les bras croisés sur ma poitrine, je le toise du haut de mon mètre soixante-quinze. Il répand une forte odeur d'alcool mêlée de vieux tabac.
— Ça alors, McKinnon ! s'exclame-t-il une fois la surprise passée, que fais-tu ici ?
Je le considère longuement, en arquant un sourcil méprisant.
— Je suis en pleine reconversion spirituelle et suis la recherche d'un gourou, je rétorque sur un ton sarcastique.
Le sorcier a petit rire gêné, et regarde partout sauf dans ma direction. Il rêve, s'il croit pouvoir encore une fois s' en tirer !
— Et toi ? fais-je d'une voix mielleuse.
— Moi ? Je suis là pour les petits-fours.
Je retrouve immédiatement mon sérieux.
— Attends, un peu : il y a de la nourriture quelque part ici ? Dans ce vieux taudis ?
Fletcher me décoche un ravissant sourire, dévoilant quelques dents en or.
— La petite McDonald est un vrai cordon-bleu, tu devrais goûter sa tarte à la mélasse.
De la tarte ? J'en salive d'avance et mon ventre se met à gargouiller. Cela fait des semaines que je n'ai pas pris un repas digne de ce nom. Je suis trop occupée par ma formation et les entraînements.
L'air de rien, Moding fait un pas vers la droite pour me contourner, mais je lui barre aussitôt le passage pour l'empêcher de passer.
— Où crois-tu aller comme ça ? Je te rappelle que tu me dois pas mal de gallions !
— Ne t'inquiètes pas, McKinnon, je ne t'ai pas oublié. Je...
— Tu ?
Il grimace.
— Je suis à sec, en ce moment.
Ben tiens !
— Comme c'est surprenant, j'ironise.
— Mais je peux quand même payer ma dette, affirme le sorcier. J'ai là un magnifique œuf de dragon qui n'attend plus qu'un heureux propriétaire !
Il ouvre son veston pour en sortir... un véritable œuf de dragon. Pincez-moi je rêve. Là-dessous, c'est la caverne d'Ali-Baba. Son long manteau contient une vingtaine de poches intérieures, comportant des babioles en tout genre.
Je le gratifie d'un regard dédaigneux. Il se fout carrément de ma tronche.
— Que veux-tu que je fasse d'un œuf de dragon, Moding ?
Il se contente de hausser les épaules.
— Je ne sais pas. Tu pourrais le dresser, en faire un animal de compagnie...
Et puis quoi, encore ? Je n'ai même pas le temps de m'occuper d'un poisson rouge !
— Un animal de compagnie ? je répète, dubitative.
— Oui, il pourrait même t'accompagner lors de tes futures missions, pourquoi pas ?
Je n'arrive pas à m'empêcher de sourire ; Moding est prêt à inventer n'importe quoi pour éviter de régler ses dettes. Malheureusement pour lui, moi aussi, je suis à sec. Je n'ai même plus de quoi m'offrir une Chocogrenouille. Je pourrais demander de l'argent à mes parents, mais je m'y refuse parce que... parce que je suis une adulte, à présent. C'est un peu gênant de se faire entretenir, surtout en sachant que tous mes amis ont déjà pris leur envol. Même le boulet de notre classe à son propre appart' ! Peter Pettigrow s'est vanté toute à l'heure de vivre dans un charmant trois pièces au rez-de-chaussée, avec un jardin d'agrément, en plein centre ville.
Génial. Je suis une Auror en devenir qui n'a pas un rond en poche, et qui envisage d'adopter un Dragon pour oublier sa solitude.
Je lâche un soupir à fendre l'âme.
— Non, merci. Je préfère récupérer mes gallions.
— Je n'ai pas ton argent ! gronde le sorcier.
Je serre le poing. Non seulement je crève de faim mais en plus, je manque de sommeil.
— Je veux mon pognon, Moding ! Bon sang, je ne jouerai plus jamais aux cartes avec toi, t'es un voleur.
— Et toi, une tricheuse ! riposte-t-il en haussant le ton.
Il ne faudrait quand même pas trop abuser de ma patience, hein ! Je m'élance aussitôt sur lui, et je le saisi par le col de sa chemise hideuse. Pour qui il se prend, ce nabot ?
— Comment oses-tu, espèce de misérable...
Je m'interromps brusquement en captant le regard du maître des lieux. Sirius Black nous dévisage tous les deux avec un mélange de surprise et de mécontentement. Bon, c'est vrai : ce n'est peut-être pas l'endroit pour ça. Je lui adresse un grand sourire forcé, avant de relâcher Fletcher.
— Joli cravate, je minaude en la réajustant.
— Merci.
— Tu l'as volé a qui ? je raille à mi-voix, sans cesser de sourire.
Moding me retourne mon sourire mauvais, puis il m'évalue du regard à son tour.
— Je l'ai acheté. Probablement dans la même friperie où tu as trouvé cet horrible pantalon.
Pff, je me passerai des conseils mode d'un petit bonhomme sapé comme un mafieux ! Et d'abord, que reproche-t-il à mon pantalon ? C'est un treillis noir tout ce qu'il y a de plus discret et pratique.
Mon regard retombe sur quelque chose dépassant de la poche du sorcier.
— C'est quoi ça ? je questionne, intriguée.
— Oh, c'est juste une fiole de veritaserum...
Il fait un vague geste de la main, comme si cette potion n'avait pas la moindre importance pour lui.
— Je prends ! dis-je aussitôt.
On ne sait jamais, ça pourrait me servir. Son visage rond et bouffi se fend d'un énorme sourire ; il me tend immédiatement la fiole et me serre la main.
— Parfait, nous sommes quittes. décrète-t-il.
— Dans tes rêves, Moding.
— Ah, la réunion est sur le point de commencer...
En voilà, une façon habile de détourner la conversation. Je le suis, tandis qu'il traverse le couloir pour entrer dans une vaste pièce. La salle à manger est immense, dallée de marbre, avec une cheminée monumentale et un magnifique plafond ornée de charmantes toiles d’araignées.
Visiblement, Sirius Black et le ménage, ça fait deux.
Je prends place à côté de Remus Lupin, qui me salue chaleureusement en se levant de sa chaise. Nous échangeons quelques banalités, mais j'avoue avoir énormément de mal à me concentrer car de la nourriture est disposée sur la table ; une dizaine de plats qui dégagent une odeur alléchante. J'observe à la dérobée les autres invités. Personne ne semble décider à se servir, pas même Pettigrow ! Je patiente en tordant nerveusement mes mains posées sur mes genoux. Je ne veux pas passer pour une malpolie.
Je pousse un long soupir et, pour passer le temps, j'admire la vaisselle en porcelaine arborant les armoiries et la devise des Black.
— Ça tient toujours pour mercredi soir ? murmure Moding à mon intention, Dedalus Diggle sera de la partie.
Je grimace. Quand va-t-il me rembourser, à la fin ? Est-ce qu'au moins, je reverrai un jour la couleur de mon argent ?
— Et alors ? je grogne, exaspérée.
Je ne le connais même pas, ce type. Moding me désigne le sorcier d'un simple mouvement de tête. C'est un homme d'une trentaine d'années, très bien habillé et un peu précieux.
— Il apportera de la gnôle, me glisse mon voisin à l'oreille.
Ah, ben fallait le dire tout de suite : Diggle est mon nouveau meilleur ami. Va pour un jeu de carte, ce mercredi ! A cette pensée, je retrouve immédiatement le sourire. J'ai travaillé ma technique, les gars ne vont pas en revenir ! Je suis presque certaine de pouvoir récupérer entièrement ma mise.
— Garde moi une place, je chuchote à Moding, tandis que Dumbledore déclare la réunion ouverte.
— Comme toujours, rit le petit sorcier.
Certaines femmes s'endettent en faisant du shopping, moi j'ai comme qui dirait un problème de jeu.
Mon ancien directeur adresse un large sourire à l'assemblée, avant d'énoncer d'une voix forte :
— Merci à tous d'être présents, ce soir. Pour commencer, je souhaiterai aborder quelques points concernant...
Je décroche instantanément en voyant Pettigrow se jeter sur une cuisse de poulet. Ah, enfin ! Je me penche et saisis une assiette.
— Dis, Lupin, tu veux bien faire passer le plat de pommes de terre ?
— Qu'en est-il de la situation au bureau des Aurors, Miss McKinnon ?
De quoi ? Je m'immobilise, le plat entre les mains, et me rends compte que tous les regards sont braqués sur moi. Merde ! Je n'ai rien suivi de la conversation, je suis totalement larguée.
Je me redresse sur ma chaise, les épaules en arrière. Je prends ensuite un air intelligent et hoche doucement la tête. C'est la méthode de Joe Burnett ; elle est très efficace en cours.
Dumbledore me regarde en arquant le sourcil comme en point d'interrogation.
— Miss McKinnon ?
Je déglutis.
— La situation ? je répète bêtement.
Le vieux sorcier hoche la tête par l'affirmative.
— J'ai cru comprendre que vous aviez interrogé John Travis ?
J'observe le professeur Dumbledore par dessus mon assiette, la mine interdite. Décidément, les nouvelles vont vite !
John Travis est impliqué dans une affaire d'homicide ; une famille a été retrouvé assassiné il y a quelques semaines de cela. Marcus Denworth est sur l'affaire, c'est lui qui a été chargé d'interroger Travis. Il n'a rien voulu me raconter de cet entretien (secret professionnel oblige) mais je suis presque sûre qu'un de mes anciens « camarades » de classe est dans le coup. Malheureusement, Gordon Wilkes se fait de plus en plus discret. Il est tout bonnement introuvable, selon Marcus.
— C'est exact, dis-je enfin.
C'est étrange, la tension dans la salle est palpable, comme si tous les invités avaient anticipé cette question et qu'ils attendaient impatiemment ma réponse.
— Pourriez-vous nous en dire un peu plus ? s'obstine Dumbledore, munie de son habituel sourire énigmatique.
Une dizaine de paires d'yeux me fixent. Mon cœur s'emballe lorsque je comprends finalement la raison de ma présence ici. Comment ai-je pu être si naïve, si crédule ?
Si Dumbledore voulait tant que je rejoigne son petit « club privée », c'était uniquement pour obtenir des informations confidentielles.
Ma mâchoire se contracte et je serre les dents. Dis-donc, il ne faudrait quand même pas me prendre pour une abrutie ! Je ne suis pas aussi facilement manipulable ; j'ai tout de même été formée aux différentes techniques d'interrogatoire et d'audition.
J'affiche mon sourire le plus professionnel, puis réponds d'un ton ferme :
— Navrée, mais je n'ai pas le droit de divulguer des informations aux civils.
J'insiste bien sur ce mot « civils », ce qui ne semble pas du tout plaire à Sirius Black, vu le regard assassin qu'il me lance. C'est pourtant la vérité.
Cela part peut-être d'une bonne intention, mais apparemment, les membres de cette drôle d'organisation n'ont aucune conscience du danger véritable que représente Voldemort et son armée de Mangemorts. J’espère qu'ils n'attendent pas de moi que je partage des informations sensibles, qui pourraient leur coûter leurs vies !
Même si, techniquement... je ne suis au courant de rien.
— Je comprends, Miss McKinnon, mais les membres de l'Ordre ne sont pas à proprement parler des civils...
Mon ancien Directeur se lance alors dans un monologue elliptique (eh ouais, j'apprends un tas de mots en formation), abordant un tas de sujets apparemment sans rapport avec Voldemort. Si ce n'est pas évident pour tout le monde : il essaie de m'embrouiller et même de m'endormir l'esprit. C'est une tentative de manipulation tout ce qu'il y a de plus classique, que j'ai étudiée en début d'année. J'admire la maîtrise et l’expérience de Dumbledore. Je devrais prendre exemple sur lui, il sait y faire !
— Est-ce la raison de ma présence ici, Professeur ? je le coupe brutalement, sans réussir à dissimuler mon agacement. Vous donner des informations auxquelles vous n'avez pas accès ?
— Bien sûr que non, Marlène, intervient aussitôt Lily.
— Cette question s'adressait au Professeur Dumbledore, fais-je plus sèchement que je ne l'aurais voulu.
— Qu'en pensez-vous ? riposte calmement ce dernier.
Je sens un mal de tête poindre.
— Comment ?
— Pourquoi êtes-vous là, Miss McKinnon ?
Je suis tentée de répondre « pour la nourriture » mais je doute que mon honnêteté soit appréciée.
— Je suis curieuse. J'aimerai en apprendre plus sur votre organisation.
— Association, corrige-t-il.
— Si vous voulez. Que faites-vous, exactement ? Quel est votre rôle à chacun ?
Je me tourne pour regarder un à un les autres membres de l'Ordre, qui sont restés jusque là silencieux.
— Nous sommes assignés de plusieurs missions, répond James.
— Certains d'entre nous ont réussi à infiltrer des réseaux de famille sang-pur, ajoute Black, avec un peu trop d'entrain à mon goût.
Je le toise en arquant un sourcil, perplexe.
— Dans quel but ?
— Nous essayons de savoir où se trouve Voldemort, explique patiemment Lupin.
Je me masse les tempes pour faire passer cette migraine subite. Je me doute déjà que la suite de cette conversation ne va pas me plaire.
— Pourquoi ?
— Eh bien, pour le vaincre ! lance Pettigrow, en me regardant comme si j'étais une attardée.
Bien sûr, ça tombe sous le sens.
Des troupes d' Aurors préparés psychologiquement et sur-entraînés sont morts au combat, mais cette joyeuse bande de lurons civils pense sincèrement pouvoir tuer le plus grand Mage noire de tous les temps ?
Il faut arrêter la buvette, le gars !
La discussion se poursuit et j'apprends qu'un des membres de l'Ordre a découvert un repère de Mangemort, la nuit dernière.
— ... il faudrait le démanteler et en capturer au moins un pour lui poser des questions. Des volontaires ?
James et Sirius lèvent aussitôt la main, très vite imité par Lupin, Pettigrow et Franck Londubat. Mes yeux s'écarquillent comme deux grosses billes lorsque je vois Dumbledore hocher la tête en signe d'approbation. Je me tourne alors vers les autres membres, qui ne branchent pas.
Attendez, c'est une blague ?
— Oh là, une seconde !
Je me lève d'un bond, attirant l'attention de tous.
— Vous ne songez pas sérieusement à envoyer des civils au casse-pipe ?!
J'aime bien Dumbledore, vraiment. Je pense que c'est un grand sorcier. Mais parfois (pour ne pas dire souvent) il déraisonne complètement !
Le vieux sorcier ouvre la bouche pour dire quelque chose, quand un homme imposant que je reconnais immédiatement, fait irruption dans la pièce. Munie d'une jambe de bois, il se déplace péniblement.
— Excusez mon retard... grommelle-t-il en soufflant comme un bœuf.
— Ah, vous tombez bien, Maugrey ! je m'exclame avec soulagement.
Alastor Maugrey est un véritable combattant. Il est rentré au Ministère en tant qu'Auror et il a rempli la moitié des geôles d'Azkaban à lui seul. Nul doute que sa parole aura plus de poids que celle d'une jeune femme en formation. Je lui explique rapidement la situation, me doutant que sa réaction sera similaire à la mienne. Entre Aurors, on se soutient.
— Je vous en prie, dites leur que c'est de la folie.
Maugrey me contemple un instant, en silence.
— Qui es-tu, toi ? demande-t-il enfin, d'un ton bourru.
Quoi ? Mon sourire confiant se fane sur mes lèvres.
— Marlène McKinnon, Auror en formation... Nous nous sommes croisés au Ministère plus d'une fois, je lui rappelle, en sentant le rouge me monter aux joues.
— Vraiment ? dit-il, me lorgnant avec son œil magique. Oui, peut-être... tu as une tête très quelconque.
« Ce qui n'est clairement pas votre cas » me fais-je la réflexion, vexée.
Attendez une minute : si Alastor Maugrey, qui est un Auror aguerri, fait partie de l'Ordre, pourquoi Dumbledore a-t-il tant insisté pour que j'assiste à cette réunion ?
— Vous ne pouvez pas cautionner cela, Maugrey ! je reprends à voix haute. Envoyez des civils démanteler un repère de Mangemorts... c'est insensé !
Il prend place à côté de Dumbledore, en faisant un boucan pas possible. Le sorcier sort une flasque de sa poche, en boit une lampée, puis répond :
— Je n'y vois aucun inconvénient du moment que les gamins sont adultes et volontaires. Toute aide est la bienvenue.
Sous le choc, ma mâchoire s'ouvre en grand alors que le sang afflue dans mes veines.
— Mais... vous êtes Auror ! Et vous êtes censé savoir que notre premier devoir envers la société magique, c'est de protéger les civils. C'est dans le Code de conduite que vous avez signé, fais-je remarquer sur un ton glacial.
Cette fois encore, je parle dans le vide : Maugray ne se préoccupe plus de moi, son regard est posé sur Mary McDonald : « Il n'y a pas de tarte, ce soir, Mary ? »
J’espère pour lui que non, ou il risque de s'en prendre une en pleine figure ! Dire que j'admirai ce crétin... Je fusille du regard ce type qui, à l'évidence, se fiche royalement du Code des Aurors. Quant à Dumbledore, il est en grande discussion avec Dedalus Diggle : « En voilà, de jolis napperons... ». J'observe la scène, la mine totalement interdite.
Euh... j'ai atterri dans un univers parallèle ?
— Depuis quand tu te soucies autant du règlement, Marlène ?
Loin de m'apaiser, cette voix charmeuse et rocailleuse me porte sur les nerfs. Je virevolte vers la droite et mon regard rencontre deux prunelles grises à l'expression amusée. Mon exaspération monte d'un cran.
— Ça n'a rien d'un jeu, Sirius. Si vous vous rendez là-bas tous les cinq, vous risquez de vous faire tuer.
J'articule ces mots distinctement pour qu'ils s'impriment dans son cerveau. Le sourire du jeune homme se fige en un rictus.
— Certainement pas. Nous nous préparons à cette éventualité depuis des semaines, riposte-t-il avec aplomb.
— Tu n'as vraiment pas à t’inquiéter, Marlène. renchérit James, l'air confiant.
Je le fixe avec l'envie de hurler.
Ils se préparent depuis des semaines ? C'est juste... pas croyable ! C'est pas croyable que des hommes à peine sortis de l'adolescence pensent être assez puissant pour démanteler un repère de Mangemorts. Même moi, qui suis une future Auror, je ne m'y risquerai pas sans être accompagnée par une brigade.
— Lily, s'il te plaît ? Tu ne vas pas laisser ton fiancé faire ça ?
Lily Evans est la personne la plus réfléchie que je connaisse, il est impossible qu'elle autorise une chose pareille. A ma grande surprise, la rouquine semble être partagée.
— James ne sera pas seul, et je vais l'accompagner.
— Moi aussi, dit Alice en posant sa main sur celle de Franck.
Je les dévisage tour à tour, comme si elles avaient toutes les deux perdues l'esprit.
— De mieux en mieux ! je gronde, hors de moi. Parfait ! Faites ce que bon vous semble, ça m'est égal.
Je décide de m'en aller, refusant d'être mêlée à tous cela. Je dois cependant agir ; je vais envoyer une missive au Chef. Peut-être que Xiphias Caldwell pourra faire entendre raison à Dumbledore, ce sont des amis de longue date.
— Tu es juste jalouse, McKinnon.
Je m'immobilise sur le pas de la porte, puis me retourne lentement pour fixer Peter Pettigrow.
Je me fais immédiatement la réflexion que quelque chose a changé chez lui.
Je l'examine avec soin : il a perdu quelques kilos et semble avoir vieilli d'une dizaine d'années d'un coup. Non, ce n'est pas ça. C'est... son regard. Il semble différent. Ses yeux brillent d'une étrange lueur et son teint est devenu plus pâle, mais peut-être est-ce le fruit de mon imagination ? Je suis épuisée.
— Pardon ? je grince entre mes dents.
Je n'ai jamais vraiment apprécié ce garçon. A Poudlard, il suivait bêtement les autres Maraudeurs, non pas parce qu'ils étaient ses amis, mais uniquement pour faire partie d'un groupe d'élèves « populaire ».
— Nous, on est dans l'action, on fait quelque chose de concret. Alors que toi, tu es toujours en formation.
— Peter... intervient Lupin, l'air à la fois surpris et réprobateur.
Je lève aussitôt une main dans sa direction pour lui demander de rester en dehors ça. Je rejoins Pettigrow en quelques enjambées et m’appuie sur la table, pour être à sa hauteur. Ce n'était pas mon imagination : quelque chose a vraiment changé chez lui. Les secondes défilent, et cet enfoiré persiste à me toiser sans ciller.
Certes, nous n'avons jamais été proches, mais n'est-ce pas évident que je m'inquiète tout simplement pour mes amis et (en ce qui concerne Pettigrow) mon ancien camarade de classe ? Je veux dire... James, Lily, Sirius, Mary, Alice, Franck et Peter... nous nous sommes côtoyés pendant sept longues années. Sept années, bordel ! Comment l'un d'entre eux peut-il croire que je suis, je cite : « jalouse » ?
Tout ce que je veux, c'est leur éviter une mort douloureuse et certaine !
Je sens la colère monter en moi comme une traînée de poudre. Je vois rouge, et les mots s'échappent de ma bouche avant que je puisse les retenir :
— Tu sais quoi, Pettigrow ? J’espère que tu seras le premier à mourir.
Un stage rémuneré by jalea
Author's Notes:
Salut :)
J’espère que vous allez bien.
Je me suis enfin décidée à écrire la suite de cette histoire. Pauvre Marlène, je l'ai complétement zappée depuis juillet xD
Voici le chapitre 7, j'espere qu'il vous plaira :)
Bonne lecture,
à bientôt !
Chapitre 7 : Un stage rémunéré.
« Tu sais quoi, Pettigrow ? J’espère que tu seras le premier à mourir. »
Les mots défilent dans ma tête, encore et encore. Le regard dans le vide, j'avale une autre gorgée de ma bière. Merde, mais qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ? Je ne le pensais pas ; je ne souhaite la mort de personne ! La culpabilité me ronge et quand ça me ronge , je fuis. Après ça, je ne pouvais pas rester, ni même m'excuser. Cela n'aurait servi à rien, car j'ai bien vu dans le regard de Peter Pettigrow qu'il me croyait sincère.
— Un bel homme vient de me demander mon numéro, annonce gaiement Dayla en s'affalant sur un tabouret. Je lui en ai donné un : le quatorze. Mon chiffre porte bonheur ! explique-t-elle face à mon regard sceptique. Ensuite, je n'ai pas compris ce qu'il s'est passé... il m'a dit que si je ne voulais pas lui donner mon numéro, je n'avais que le lui dire au lieu de me moquer de lui. Tu peux m'expliquer, Marlène ?
Je lâche un petit rire moqueur. Nous nous trouvons dans un bar branché Moldu, fréquenté par une population assez jeune. La déco, à mi-chemin entre le pub de sport et la taverne, est un peu dépassée mais la première consommation est gratuite. Et comme je n'ai un pas un Gallion en poche, j'ai réussi à attirer mes collègues dans cet endroit.
— Il voulait ton numéro de téléphone. Les moldus utilisent le téléphone pour se contacter.
La petite blonde esquisse une grimace.
— Ah, zut. Je peux lui donner le tien ?
Je porte mon verre à mes lèves, pensive.
— Tu veux dire celui de mes parents ? Bien sûr, ma mère serait sûrement ravie qu'un homme autre que mon frère appelle à la maison...
Il est grand temps que je déménage. J'adore ma mère mais elle met mes nerfs à rude épreuve, surtout en ce moment. Elle fourre constamment son nez dans mes affaires et elle se mêle de ma vie amoureuse.
Cela fait des semaines qu'elle essaie de me caser avec le fils de son amie Abigail Hamilton. Mme Hamilton habite à deux pas de chez nous et à chaque fois que j'ai le malheur de la croiser, elle n'a de cesse de vanter les mérites de son rejeton, un jeune homme « bien sous tout rapport » d'un mètre quatre-vingt quinze, qui fait des études en médecine.
« En médeciiiine ?! » s'était extasiée ma mère lorsqu'elle fit semblant d'apprendre la nouvelle, en me regardant comme si j'avais coché tous les bons numéros à la super cagnotte du Loto.
Il faut vraiment que quelqu'un m’explique d’où vient cette drôle de fascination qu'ont les mères pour les médecins.
— Qu'est-ce que tu as, ce soir ? demande ma collègue, remarquant mon air morose.
— Rien, je soupire. J'ai revue d'anciens amis, c'est tout.
Des amis, des amis... c'est vite dit ! Je n'avais pas revue la bande depuis des mois. Et je n'ai même pas reçue l'invitation du mariage de Lily et James. Cela fait des semaines que je surveille ma boite aux lettres, ma cheminée et que je râle après les hiboux qui passent au dessus de notre maison sans s'arrêter.
Ce qui m'agace, c'est que je sais de source sûre que Mary McDonald a déjà reçue la sienne. Même que c'est James Potter qui lui a remise en personne ! Mes doigts se serrent si fort autour de mon verre que je pourrais le briser.
Pourquoi n'ai-je toujours pas reçu leur fichu carton d'invitation, hein ? Je veux dire... Mary et James n'étaient même pas si proches que ça, à Poudlard. Et Lily, alors ? Il semble qu'elle m'ait aussi oubliée. Nous n'étions pas les meilleures amies du monde, mais tout de même. Nous nous sommes côtoyés pendant sept ans... Sept ans, bordel !
— Tu veux en parler ? insiste Dayla, me dévisageant longuement.
Je me contente de hausser les épaules. Lorsque je relève la tête, j'aperçois un séduisant jeune homme approcher dans notre direction. Ma bouche se fend d'un sourire à cette vision, je lève aussitôt mon verre dans sa direction.
— Ah, te voilà enfin, Burnett !
Ma voisine se renfrogne immédiatement, croisant les bras sur sa poitrine.
— Qu'est-ce qu'il fait là, lui ? chuchote-t-elle à mon intention.
— Je l'ai invité, dis-je innocemment.
— Je ne l'aime pas.
Elle est sérieuse ? Je lève les yeux aux ciel.
— Tu ne le connais même pas, Dayla.
— Bien sûr que je le connais ! s'insurge cette dernière, c'est le type qui m'a écrasé le pied dans l'ascenseur ! J'attends toujours ses excuses, d'ailleurs.
Elle est pas croyable, ce petit incident s'est produit il y a plus d'un an. C'est bon, il y a prescription ! Je tire la chaise à côté de moi pour inviter mon ami à s'assoir.
— Bonsoir, les filles.
— Salut, Joe. Tu te souviens de Dayla Winters ? fais-je d'un ton excessivement enjoué.
La concernée me décoche un regard noir, tandis que Burnett pose le regard sur elle. Un sourire charmeur éclaire ses traits.
— Comment l'oublier ? J'ai une nouvelle qui devrait t’intéresser, Marlène. enchaîne-t-il, retrouvant son sérieux.
Je lui accorde toute mon attention ; cela concerne sûrement Gordon Wilkes. Je n'arrive toujours pas à croire que ce Mangemort ait réussi à m'échapper aussi facilement !
— Si tu vas au bar, tu peux m'apporter une bière ? demande Joe, en voyant notre collègue se lever.
Les joues de la jeune femme s'empourprent aussitôt de colère. Elle passe une main dans ses cheveux blond, signe chez elle d'un agacement croissant.
— Il n'y a pas écrit serveuse sur mon front ! s'emporte-t-elle, attirant le regard des clients alentour.
La blonde lui lance un regard de profond mépris, puis elle tourne les talons et disparaît de notre champ de vision.
Burnett émet un sifflement d'admiration incrédule.
— Joli minois mais sale caractère, observe-t-il en riant.
Oui, Dayla Winters est sujette à des « crises de colère » déraisonnables. Je crois que c'est depuis qu'elle est au régime ; le manque de sucre la rend plutôt irritable. Et violente.
— Tu disais que tu avais une bonne nouvelle ?
— Ah, oui ! s'enthousiasme le jeune homme, Matt m'a dit que le bureau des Aurors comptait embaucher deux stagiaires pour enquêter sur l'affaire du gamin disparu à Poudlard.
Mes yeux s'écarquillent au maximum et ma bouche s'ouvre si grand que je pourrais gober des mouches.
— Sans déconner ?!
Pour une fois que ce crétin de Matthew Pierson sert à quelque chose.
— Attends de connaître la bonne nouvelle avant de sauter de joie : c'est un stage rémunéré !
Mon cœur rate un battement. Je m'imagine déjà prendre un bain de pièces d'or... ben quoi ? Chacun ses fantasmes.
— Tu veux dire qu'on va enfin pouvoir travailler en échange de Gallions ?!
L'excitation me gagne, ma voix devient suraiguë. Joe hoche vigoureusement la tête.
— Je nous ai inscrit tous le deux aux sélections qui auront lieu demain matin, à huit heures précises. Alors...
Il s'empare de mon verre, se fichant de mes protestations.
— Rentre chez toi, Marlène. Et pionce assez pour être fraiche demain matin.
**********
Lily et James,
J’espère que la mission s'est bien déroulée et que vous êtes tous sains et saufs. J'avais espéré croiser Maugrey pour avoir des nouvelles mais il est souvent absent du bureau, en ce moment.
Merci de me renvoyer un hibou dès que possible pour me confirmer que vos corps ne pourrissent pas dans une forêt lugubre.
Votre amie qui s'inquiète beaucoup,
Marlène.
*****
Pettigrow,
Je ne pensais pas ce que je t'ai dit à la réunion, l'autre soir. Mais si jamais tu es mort, serais-tu d'accord pour que j'occupe ton appartement gratuitement ? Je te promets d’arroser tes plantes. Si tu en as.
Marlène McKinnon.
*****
Lupin,
Je n'ai aucune nouvelles de Lily et James... ou même de Pettigrow ! Est-ce que vous vous en êtes TOUS sortis, oui ou merde ?!
PS : désolée pour mon langage, je suis à cran.
Marlène McKinnon.
*****
Sirius,
Tu as plutôt intérêt d'être en vie parce que je viens de me souvenir d'un truc hyper important : tu m'as emprunté une plume en sixième année et tu ne me l'as jamais rendue. Pourrais-tu me l'apporter à l'accueil du service des Aurors, s'il te plaît ?
Je t'en serais extrêmement reconnaissante.
Marlène.
PS : j'ai un examen très important aujourd'hui et sans plume, je ne peux PAS écrire !
PPS : tu dois sûrement te demander comment j'écris, là... j'ai emprunté une plume à mon collègue Joe Burnett.
*********
— Du courrier pour moi ?
Je plaque un large sourire angélique sur mon visage, tandis que Dayla me regarde comme si j'étais une vilaine grosse mouche voletant au-dessus de sa tête.
— Pour la sixième fois de la journée : non ! rouspète-t-elle.
Je lâche un soupir d’exaspération. Si ça trouve, mes amis sont morts et tout le monde s'en fiche ! J'observe distraitement les piles de dossiers entreposés autour de moi. Puis, je contourne le bureau de l'accueil pour lui demander, à mi-voix :
— Le Chef a pris sa décision concernant les stagiaires ?
La petite blonde pousse un énorme soupir.
— Pour la douzième fois de la journée : NON ! Va-t'en, Marlène. Tu perturbes mon travail.
— Quel travail ? je raille.
Dayla se contente de siroter son chocolat chaud tout en feuilletant des magazines d'art déco.
En guise de représailles, la blonde me montre son majeur. Très classe.
Mon regard se tourne vers le bureau du Chef Caldwell. Je me mords la lèvre inférieure, mon stress monte à son paroxysme. Merde ! Si j'avais su que des stagiaires seraient recrutés cette année, j'aurai fait tout mon possible pour garder mon sérieux, éviter les retards et les avertissements...
Okay, il est temps de passer à l'action ! Je ne vais pas rester plantée là, à attendre que les choses se passent. Je ferme les yeux très fort et je me concentre.
Je veux voir James ou Lily. Pettigrow, Lupin, Sirius... Alice, Franck ! N'importe lequel d'entre eux fera l'affaire. J'ai besoin de savoir s'ils vont bien.
La brume que je distingue se change en brouillard dense, oppressant, au point que j'ai du mal à percevoir une image. Je dois insister ; aujourd'hui, j'arrive à obtenir des visions sur demande. Cela m'a prit plusieurs mois de dur labeur, mais j'ai (enfin) réussi à développer mon don de voyance. Pas de la manière dont je le souhaitais, c'est vrai. Mais avoir des visions sur commande, par la pensée, c'est aussi bien, voire mieux que d'en avoir en touchant les gens, non ? Moi, ça m'arrange : je ne suis pas particulièrement tactile.
Après quelques secondes, le brouillard se dissipe totalement et je distingue une forme, comme une grande bâtisse. Je n'en vois que les contours mais l'édifice semble grand. Gigantesque, même. Deux hommes discutent derrière une fenêtre. J'ai beau me concentrer, leurs voix me parviennent à peine. Je fixe le dos du second homme, dont l'allure me paraît familière. Les cheveux mi-longs, le dos légèrement voûté... Soudain, son visage se tourne vers moi, ou plutôt, vers la fenêtre. Ses traits sont durs, son regard tranchant comme une lame de poignard. Je... je crois le reconnaitre.
Severus Rogue ?
Je rouvre brusquement les yeux, me sentant sur le point de vaciller. Rogue, sérieusement ? Ce n'est pas du tout celui que j’espérais voir, même si je suis contente d'apprendre qu'il mène la grande vie dans un palace cinq étoiles !
Si ce n'est pas encore évident : j'ai développé mon don de voyance, mais il n'est toujours pas au point. La plupart du temps, mes visions ne me servent à rien.
Je cligne des yeux en remarquant que Dayla me fixe comme si j'étais une extraterrestre.
— Quelqu'un a trop bu hier soir... les alcooliques anonymes se réunissent tous les vendredis, nous partageons la même salle.
C'est pas vrai, voilà qu'elle remet ça ! Dayla n'a de cesse d'essayer de m'attirer à l'une de ses réunions "anti-sucres, anti-graisses". Et je n'ai de cesse de lui répéter que je ne suis pas intéressée. La raison est simple : si je n'ai pas ma dose quotidienne de chocolat, il y a moyen que je butte quelqu'un. Ah, et aussi :
— Je n'ai aucun problème de boisson !
La blonde me considère en faisant la moue.
— C'est exactement ce que dirait un alcoolique.
Bien sûr. Je décide de l'ignorer en espérant qu'elle finira par renoncer. Mon regard se tourne vers le bureau de Caldwell, et je lâche un soupir à fendre l'âme.
— Je ne serai pas prise. Je sais que je ne serai pas prise.
Ma collègue roule des yeux, alors qu'un petit sourire en coin se dessine sur ses lèvres.
— Ne t'inquiète pas, tu seras sûrement sélectionnée. Après tout, le Chef a eu une relation avec ta tante...
— Parait même que c'était plutôt torride, ajoute joyeusement Joe Burnett, apparaissant derrière mon épaule.
Pardon ?
— C'est une rumeur infondée ! je m'emporte en haussant le ton.
Mes deux collègues échangent un bref regard, avant d'éclater de rire. Pourquoi ils insistent avec ça ? Et puis : « une relation torride » ? C'est bon, faut pas exagérer.
Génial, voilà maintenant que j'imagine ma tante et le Chef entrain de... Beuuurk ! Pour me venger, je m'empare de la pomme de Burnett, et mords à pleines dents dedans.
— Eh, ne te gêne surtout pas !
Son expression change brusquement en voyant Xyphias Caldwell quitter son bureau. Je me redresse d'un coup et affiche mon plus beau sourire.
— Bonjour, Chef Caldwell. Belle journée, n'est-ce pas ?
Bon d'accord, il pleut. Mais il pleut les trois quarts de l'année ici, alors...
— Miss McKinnon, Monsieur Burnett.
Le vieil homme lève soudain les yeux du dossier qu'il consulte pour nous jeter un regard étrange.
— Dites-moi, est-ce que cet endroit ressemble à une cafétéria ?
Je zieute Burnett du coin de l'oeil, qui s'empresse de ranger sa barre chocolatée dans sa poche. Je pose alors ma pomme sur le bureau de Dayla, en rougissant légèrement de honte.
— Euh, non...
— Alors pourquoi passez-vous tout votre temps libre ici ? Nous avons une cour extérieure réservée aux employés, nous rappelle-t-il d'un ton ennuyé.
Je retiens un ricanement. Il ose appeler ça une "cour extérieure", vraiment ? C'est un minuscule espace abrité par un toit en tôle qui menace de s'écrouler. On y trouve un banc et une poubelle munie d'un cendrier. Rien de plus, rien de moins.
— Ils attendent leurs résultats, Chef. l'informe Dayla en roulant des yeux une énième fois.
Tout juste ! J'ouvre la bouche pour demander si nous sommes sélectionnés, mais je me ravise en remarquant Matthew Pierson : il nous rejoint en courant, provoquant un véritable raz de marée sur son passage.
— AHA ! s'exclame ce dernier, lorsqu'il arrive à notre hauteur. Vous avez cru pouvoir me semer, mais je suis plus rapide que j'en ai l'air !
Le jeune homme respire vite, halète, comme s'il venait juste de courir un marathon, le visage en feu, le torse en sueur. Son sourire triomphant se fane lorsqu'il remarque la présence du Chef. Caldwell le contemple en arquant un sourcil, l'air incrédule.
En le voyant, Pierson se met immédiatement au garde-à-vous, droit comme un piquet.
— Bonjour, Chef Caldwell.
Les épaules rejetées en arrière, la tête haute, on dirait un soldat. Merlin, il en fait des caisses ! Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi lèche-bottes. Le Chef lui-même semble partagé entre le rire et l’exaspération. Un mince rictus déride le pli qui lui sert de bouche.
— Repos, mon garçon. J'ai un rendez-vous à l’extérieur, merci de prendre mes messages, Dayla.
Sans plus de cérémonie, le sorcier pivote sur ses talons. Il revient cependant sur ses pas, pour nous dire à tous les trois :
— Patienter devant mon bureau est une perte de temps, jeunes gens. La décision concernant les stagiaires ne me revient pas, j'ai attribué l’enquête à Marcus Denworth.
Non, c'est vrai ?! Cette nouvelle me ravit, je ne peux pas m'empêcher de sourire. Marcus est un Auror expérimenté, je suis convaincue que j'apprendrais beaucoup auprès de lui. De plus, il n'est pas aussi autoritaire que Caldwell ; il me laissera une certaine liberté d'action. A cette idée, mon cœur s'emballe d'excitation et d'impatience.
— Oh, la chance ! Pourquoi je ne suis jamais sur le coup, moi ? se lamente Dayla.
Malgré sa voix basse, Joe et moi l'avons parfaitement entendu.
— Qu'est-ce que vous lui trouvait toutes, à ce Marcus machin ? la questionne Joe, le visage empreint d'un mélange d'agacement et de perplexité.
— Denworth, nous le corrigeons d'une même voix.
Que répondre à cela ? Marcus Denworth, au-delà de son expérience, est doté d'un grand charisme, d'un physique avantageux et d'un charme ravageur. Il illustre un fantasme féminin type : il incarne à la fois le héros brave et attentionné, mais aussi l'homme parfait, celui avec lequel n'importe quelle fille rêverait de s'installer et fonder une famille (Selon Dayla). En ce qui me concerne, je n'ai plus le béguin, et depuis longtemps. Mais je ne suis pas insensible pour autant...
Comme pour illustrer mes propos intérieurs, Marcus apparaît subitement devant nous. Il porte un ensemble marron avec une chemise blanche. Je note qu'il n'est pas tiré à quatre épingles comme d'habitude. Vu de près il semble fatigué, des cernes sont visibles sous ses yeux. Une expression préoccupée traverse son beau visage.
— Je voulais justement vous parler de ça, Chef. L'affaire Travis prend tout mon temps, je ne peux pas m'absenter pour le moment.
Caldwell hoche la tête, l'air conciliant. Il se tourne ensuite vers son équipe, pour demander à voix haute : « Messieurs, j'ai besoin d'un Auror qualifié pour enquêter sur la disparition d'un adolescent à Poudlard. Deux stagiaires lui seront assignés.» Un lourd silence suit ses paroles. Sur les dizaines de visages tournés vers Caldwell, pas un n’élève la voix. Puis l'agitation reprend soudain, tout le monde se remet au travail, comme si de rien n'était.
— Désolé, Chef : occupé ! répond finalement un Auror.
— Moi aussi ! lance un autre en se mettant à taper frénétiquement sur sa machine a écrire.
— Inutile d'envoyer quelqu'un pour un cas classique de fugue ! râle un sorcier rondouillard.
Les refus continuent de pleuvoir :
— J'ai pas une seule minute à moi, je suis débordé. J'exige une augmentation !
— Et des congés payés !
— Tant qu'on y est, il n'y a plus de filtre à café, fait remarquer un autre en agitant son gobelet en l'air.
Ennuyé, Caldwell met rapidement fin à la discussion :
— Nous verrons plus tard pour les revendications, merci !
Lorsqu'il se tourne dans notre direction, je lui décoche le grand sourire bidon que j'utilise pour obtenir ce que je souhaite. J'ai besoin de travailler en échange de Gallions. Et j'ai envie d'être sur le terrain, pour une fois. Les cours théorique, ça va bien deux minutes. Ce n'est pas en restant les fesses clouées à une chaise pendant sept heures chaque jour que je vais devenir une Auror "expérimentée" !
— Dans mon bureau, Marcus. Nous devons clarifier cela avant mon départ...
Je suis les deux hommes du regard, tout comme mes camarades. Matthew Pierson me donne une bourrade dans le dos et fait de même avec Joe. Il nous colle son sourire suffisant sous le nez.
— Alors, vous pensez que je suis sélectionné ? demande-t-il d'un air hautain. Ha, c'est évident que je le suis ! ajoute le jeune homme en bombant fièrement le torse.
Je partage un regard désabusé avec Joe.
Oh, pitié. Si ce crétin est sélectionné, faites que je ne le sois pas.
Author's Notes:
Bonsoir,
J’espère que vous allez bien :)
Il était grand temps que je publie la suite des aventures de Marlène, la pauvre, je l'ai complétement délaissée ces derniers temps xD
Merci pour vos reviews au dernier chapitre, ça fait toujours plaisir =)
Bonne lecture,
à bientôt.
Chapitre 8 : Mise en garde.
— Matthew Pierson ? Tu te fiches de moi ?!
Ma colère ne désemplit pas, je n'arrive toujours pas à croire ce qui vient de me tomber dessus. J'étais persuadée que Joe Burnett serait sélectionné ; après tout, c'est le premier de la classe en cours avancé de Défense contre les forces du mal. C'est le seul élève qui arrive à me désarmer avec agilité lors de nos duels, le SEUL ! Et c'est Matthew Pierson qu'on désigne à sa place ? C'est forcément une mauvaise blague !
Je fulmine, littéralement. Je ne sais pas ce qui me retient de quitter ce bureau pour aller lui arracher son sourire suffisant, à Pierson. Non, mais regardez-le : il fanfaronne comme s'il venait de gagner une foutue médaille du mérite. A côté de lui, Joe arrive à garder son calme. Il lui serre même la main pour le féliciter alors que sa victoire n'est pas justifiée !
— Du calme, Marlène...
Marcus soupire lourdement en se passant une main sur le visage.
Voilà ce qui a été décidé derrière porte close : un Auror assermenté va nous encadrer à distance. Aucune décision ne pourra être prise sans l'aval de Marcus Denworth, et il se rendra sur les lieux deux fois par semaine pour s'assurer de l'évolution de l'enquête.
Si au départ, j'étais aux anges que l'on me confie cette mission, je suis vite descendue de mon petit nuage dès lors que j'ai entendu le nom de Pierson.
— Je suis parfaitement CALME ! Seulement, j'aimerais que tu m'expliques : pourquoi lui au lieu de Burnett ?
Ou quelqu’un autre ? Il y avait deux autres candidats qui se sont pas mal débrouillés, je trouve.
— J'ai mes raisons Marlène et je ne suis pas obligé de te les dires.
— Tu parles ! Quand je pense que je vais aller en mission avec cet insupportable raseur...
— Ça suffit !
Marcus n'a pas haussé le ton, mais sa voix me fait néanmoins reculer. Il semble commencer à perdre patience. Le sorcier se redresse de toute sa hauteur et son regard s'assombrit. C'est la première fois qu'il fait preuve d'autorité à mon égard. Je ne sais pas comment réagir, alors je me contente de le toiser en gardant le silence.
— Tu dépasses les bornes. Je te rappelle que tu n'es qu'une stagiaire et qu'à ce titre, tu es sous mes ordres le temps de cette mission.
Mes yeux s'écarquillent d'incrédulité. Je ne suis qu'une stagiaire ? Et je dois obéir à ses ordres ? Ma bouche s'entrouvre d'elle-même sous le choc.
— Très bien, monsieur l'Auror ! Je suis à vos ordres, je minaude faussement en battant des paupières.
Je croise les bras sur ma poitrine et le fusille du regard.
— Souhaitez-vous que je vous apporte un café, m'sieur l'Auror ?
Marcus hausse les yeux au ciel, l'air a la fois exaspéré et épuisé. Je sais que je me comporte en gamine capricieuse, mais sérieusement... Matthew Pierson !
— Cesse donc tes enfantillages, soupire-t-il. Joe Burnett est ton ami, n'est-ce pas ?
Je renifle dédaigneusement.
— Ouais, et alors ?
Il secoue la tête, puis plante son regard dans le mien. Ses prunelles sombres deviennent plus dures encore.
— Tu crois vraiment que lorsque tu seras Auror, tu pourras aller en mission avec ton ami ? Si c'est le cas, laisse-moi te dire que tu te berces d'illusions. La première année, tu sera assignée à un vieux croûton râleur alors autant te préparer tout de suite au pire.
Je grimace. Un vieux croûton râleur dans le genre de... Alastor Maugrey ?
Ma colère retombe comme uns soufflet. Je réalise soudain qu'il a raison. Le problème, c'est que je culpabilise. Et je me pose des questions aussi : pourquoi moi ? Serait-ce parce que ma tante a... aurait eu une soi-disant relation avec le Chef ? Caldwell aurait-il influencé sa décision ?
— Ce n'est pas juste pour Burnett, je marmonne dans ma barbe, il mérite d'aller en mission autant que moi...
Marcus esquisse un sourire.
— Je le sais. C'est pour cette raison que je vais lui demander de m'assister sur l'affaire Travis.
— Vraiment ? je m'exclame, aux anges.
C'est une super nouvelle, ça ! J'en serais presque jalouse ; Travis est le complice d'un Mangemort que j'ai interpellé.
Minute, il ne faut quand même pas oublier une chose importante :
— Est-ce que Burnett sera rémunéré ? Parce qu'il a un loyer à payer, des tas de frais et un hibou à nourrir.
Mon collègue se contente de soupirer en me regardant comme si j'étais une enfant en demande de friandises.
— Est-ce qu'il t'arrive de penser à autre chose qu'à l'argent, Marlène ?
— Évidemment !
Les paniers-repas sont fournis, j’espère ?
******
— S'il n'arrête pas de me regarder, je te jure que je vais lui enfoncer ma plume dans l’œil !
Je me détourne de Matthew Pierson en soupirant. Je ne supporte plus son regard insistant, son sourire conquérant. Qu'est-ce qu'il s'imagine à la fin, qu'on va partager un dortoir ensemble à Poudlard ? Il rêve !
— Faut croire que tu lui plais, raille mon voisin.
Je lève les yeux au ciel, exaspérée.
— Tes valises sont prêtes ? enchaine-t-il, dans l'espoir de changer de sujet.
— Non, j'ai encore le temps.
— Tu t'en vas demain, je te rappelle. Essaie d'être à l'heure pour une fois et de ne pas rater ton train, se moque sans vergogne Burnett.
En guise de réponse, je lui tire la langue.
— Ça va me faire bizarre de retourner à Poudlard. Avec Pierson, je reprends après quelques secondes de silence.
Apparemment, j'ai dû faire quelque chose d'horrible dans mes vies antérieures pour que l'on me colle ce crétin durant trois mois dans les pattes.
— Le Château est assez grand pour que tu puisses l'éviter, non ?
— Impossible, je vais devoir bosser avec lui ! Désolée de t'ennuyer avec ça, Joe...
Mon voisin lâche un faible soupir. Je sais, je suis d'une humeur exécrable, je n'arrête pas de me plaindre.
— Et toi alors, tu as des nouvelles ?
Un franc sourire étire les lèvres du jeune homme.
— Denworth va procéder a des interrogatoires cet après-midi et j'ai le droit d'y assister, m'apprend-t-il à mi-voix.
— Génial ! J’espère qu'il te laissera poser quelques questions aux suspects.
Joe ouvre la bouche pour me répondre, quand la porte de la classe s'ouvre soudain à la volée.
Une jolie petite blonde se tient dans l'embrasure, la mine rayonnante. Mon voisin qui était affalé, se redresse brutalement, le dos droit comme un piquet. La surprise, laisse place à la joie de revoir Dayla Winters : son visage se fend d'un sourire et ses yeux pétillent de plaisir.
Je roule des yeux, néanmoins avec un sourire. Quand va-t-il enfin se décider à l'inviter ?
— Pardonnez- moi de vous interrompre Miss Sullivan, Marlène McKinnon est demandée à l'accueil.
A l'entente de mon nom, je bondis de mon siège et me dirige vers la sortie. Merlin merci ! Le cours sur les Créatures magiques est soporifique. A tel point que je suis presque nostalgique des leçons d'Histoire du Professeur Binns... une fois dehors, j'exhale un long soupir.
— Pourquoi ce sourire ? je m'enquiers en arquant un sourcil interrogateur.
Le visage de Dayla s'éclaire et elle m'agrippe le bras, l'air aussi excitée que si un camion de beignets s'était déversé sur la route. Prions pour que ce soit le cas parce que j'ai la dalle.
— Un homme incroyablement beau t'attend à l'accueil, annonce-t-elle avec un haussement de sourcil.
Je me contente de la fixer d'un air mi-amusée, mi-sceptique.
— Tu te moques de moi ?
La jeune femme secoue la tête de droite à gauche. Puis, elle me tire par le bras pour me trainer vers l’ascenseur. Je marche aussi vite que mes chaussures à talons me le permettent ; ma collègue à l'air très pressée de retourner à à son poste. Je me mets à rire, tandis qu'elle râle pour me faire avancer plus rapidement.
Une fois entrées dans l'ascenseur, Dayla appuie frénétiquement sur un bouton comme s'il y avait une urgence.
— Quel est son nom ? je questionne, vaguement intéressée.
Là, tout de suite, je ferais bien une pause café. Avec une, non deux (soyons fous, trois !) parts de gâteaux au chocolat. Et si j'allais à la pâtisserie du coin, histoire de calmer les gargouillis de mon ventre ? Je fouille mes poches qui sont désespérément vides.
Marre, marre, marre, d’être une stagiaire exploitée ! Je suis tout le temps à sec alors que je trime nuit et jour. Bon d'accord, surtout le jour. Environ six heures ; quatre si on supprime le cours des créatures magiques (où je passe mon temps à roupiller).
Le bruit de l'ascenseur me fait redescendre sur terre, et je me tourne vers Dayla, dont le sourire s'est figé.
— J'ai oublié de lui demander, se lamente-t-elle.
— Qu'est-ce qu'il me veut ?
Cette fois, ses yeux s'écarquillent et elle ouvre grand la bouche.
— J'ai aussi oublié de lui demander !
— Bon... je vais devoir m'en charger moi-même.
Et merde, j’espère que c'est pas Thadeus Arkin ! J'ai des dettes de jeu, des dettes idiotes. J'ai pas mal gagné au début, et puis j'ai tout perdu aux cartes. Je comptais sur le fait qu'Arkin ne se montrerait pas au Ministère, mais peut-être qu'il s'en fiche ? L'argent peut rendre les gens violents, j'en sais quelque chose ! Mon pouls s’accélère puis se calme pour se rapprocher du rythme normal. Arkin n'est pas ce que l'on peut appeler "un homme incroyablement beau" c'est même tout le contraire : il ferait fuir un troll.
— A quoi ressemble-t-il ?
— Il est grand, brun, bien habillé... et il a le sens de l'humour, chuchote la blonde, alors qu'un employé portant une pile de dossiers entre dans l’ascenseur.
Cette description me fait sourire.
— Tout à fait mon genre d'hommes, fais-je remarquer.
— Le mien aussi.
— Je veux bien m'effacer s'il te fait tant d'effet, dis-je en riant.
Dayla rosit légèrement. Ça alors, c'est bien la première fois que je la vois rougir ! C'est qui ce type, Bart Endricks ? Non, bien sûr que non. Que viendrait faire un joueur de Quidditch mondialement connu au service des Aurors ?
— Je ne suis pas la seule, tu sais. En le voyant Miss Bolland, du service comptabilité, était à la limite de l'hyperventilation !
— Rien que ça.
Je m'esclaffe, bien que je doute sincèrement de la véracité de cette histoire. Miss Bolland est une femme d'un certain âge ; elle est souvent sujette à des bouffées de chaleur, ou étourdissements. Son hyperventilation était surement dû à tout autre chose...
— Quant à Robert Tilman, il en est littéralement tombé de sa chaise, tu avais donc raison à son sujet : il est gay.
— Je te l'avait dit. J'ai un radar pour ces choses là.
Ou plutôt : un don de voyance.
En tout cas, Tilman à bon goût, je l'ai souvent vu reluquer Marcus du coin de l'oeil. En passant devant un bureau, je croise mon image dans le reflet d'une porte vitrée. Je réajuste ma jupe, boutonne ma veste, et passe une main dans mes cheveux pour remettre en place mes boucles. Je dois avoir "belle allure" car selon notre enseignante, Miss Sullivan :
" Un Auror ne peut pas avoir l'air d’être tombé du lit, Miss McKinnon ! De plus, rien ne sert d'avoir une tenue impeccable si c'est pour arborer une peau acnéique et une coiffure d’hippogriffe. "
Ouais, je sais. Dans le genre siphonnée, elle est pas mal. Plus sérieusement : elle pense vraiment que je vais réussir à capturer des mangemorts de cette manière ? J'imagine la scène :
" Eh, youhou, les gars ! Vous avez vu ma belle peau aussi lisse que le derrière d'un phoque ? Et mes boucles soyeuses nourries à l'huile de ricin, jolies, hein ? Allez, suivez-moi, la prison d'Azkaban c'est par là ! "
Quoi que... ça fonctionnerait peut-être si j'étais une vélane.
Arrivées à l’accueil, Dayla pointe du doigt l'homme en question avec autant de discrétion qu'un mioche de cinq ans. "Celui-là, tu n'as pas intérêt à le laisser filer ! " me glisse-t-elle à l'oreille sur un ton autoritaire. Je hausse les yeux au ciel. Bon sang, qu'elle arrête d'essayer de me caser ! Je suis surchargée de travail en ce moment, je n'ai même pas le temps de nourrir mon chat. Bon, c'est vrai que j'ai pas de chat mais ça ne change rien au fait que je n'ai pas une minute à moi.
Tandis que je m'approche du bel inconnu, je contemple son dos aux larges épaules. Ses mains croisés tiennent un petit paquet. Je m'immobilise soudain, lorsque j'aperçois son profil. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine.
— Sirius ? fais-je, estomaquée.
Le concerné se retourne pour me faire face. Un sourire amical éclaire ses traits. Je remarque immédiatement quelque chose de différent chez lui. Contre son habitude, il a l'air négligé. Ses cheveux sombres sont en batailles et il est simplement vêtu 'un blouson, d'un pull en V et d'une chemise à col ouvert. Il n'est pas rasé et il a l'air épuisé.
Malgré ça, son allure lui donne un air décontracté parfaitement étudié.
— Bonjour, Marlène.
Dans un premier temps je le regarde bêtement, comme s'il était un mirage. J'ai du mal à croire qu'il se tient debout, devant moi.
— Qu'est-ce... qu'est-ce que tu fais ici ?
— J'ai reçu ta lettre aujourd'hui. Tu voulais récupérer ta plume, je crois ?
Il me tend un petit paquet dorée soigneusement enveloppé. Je l'ouvre fébrilement et reste bouche bée devant la beauté de la plume argentée qu'il contient. Ce cadeau à dû lui coûter cher. Je reste interdite un instant, ne sachant comment réagir. Au lieu de remerciements, je lance un faible : " Ce n'est pas ma plume".
— Je sais. J'ai perdu la tienne il y a des années de ça. J’espère que tu ne m'en veux pas ?
Je me contente de hausser les épaules. Sirius Black m'a acheté une plume. Une foutue plume ! Il n'a clairement pas saisi le véritable sens de ma lettre. Et curieusement, ça m'agace.
Je relève les yeux pour le regarder, croisant les bras sur ma poitrine.
— Tu es en vie, je réplique d'un ton sec sans le vouloir vraiment.
— Et tu as l'air presque heureuse que je le sois, ironise-t-il à peine, un petit rictus au coin des lèvres.
Je roule des yeux. Je n'ai pas envie de plaisanter.
— Tout le monde va bien ?
Je vois sa mâchoire se crisper, ses yeux se plisser légèrement.
— Oui, tout le monde va bien. Même Peter.
Le jeune homme s'approche de quelques pas dans ma direction, pour me dévisager sans retenue." Désolé de te décevoir " siffle-t-il entre ses dents serrées. Je ne soutiens pas son regard, un peu gênée d'avoir était si méchante avec Pettigrow, la dernière fois.
— Mais non... je lui ai envoyé une lettre d'excuse.
Sirius m'observe longuement, en arquant un sourcil.
— « Si jamais tu crèves, je pourrais occuper ton appart' gratuitement ? » ce n'est pas exactement ce que j'appelle une lettre d'excuse.
Mal à l'aise, je tente de me défendre :
— Je n'ai pas utilisé le mot « crever »...
Le brun me regarde, et nos yeux se rencontrent pendant un moment inconfortable. Puis, je remarque qu'il arbore au front une petite plaie qui semble avoir été mal désinfectée.
— Tu es blessé ?
Instinctivement, je m'approche et lève la main vers son visage.
— C'est juste une égratignure, répond-t-il aussitôt en s'écartant.
— Nous disposons d'une infirmerie, je vais t'y conduire.
Je saisis son bras mais il se dégage d'un simple mouvement.
— Non, ça va ! C'est qu'une égratignure.
— Bien ! je réplique sur le même ton.
Je me mords les lèvres pour m'empêcher de lui hurler des insanités. Après tout, c'est de sa faute s'il est blessé ! Il n'avait pas qu'à aller en mission suicide juste pour se donner bonne conscience. C'était très stupide de sa part.
— Les autres se demandent si tu fais partie de l'Ordre ou non ? Si tu seras présente à la prochaine réunion, reprend Sirius après quelques instants de silence.
Le brun est plus détendue à présent, bien qu'il semble masquer la tension dans sa voix.
Si je fais partie de l'Ordre, moi ? Je me retiens de lui rire au visage. Cette organisation n'est pas mauvaise en soi, mais elle est dirigée par un fou furieux : Albus Dumbledore. Ne vous méprenez pas, j'admire mon ancien Directeur. Il faut néanmoins avouer qu'il lui manque une case ou deux !
Je comprends quand même l'implication de Sirius et celle de mes anciens camarades de classe. Ils veulent se rendre utiles. Ils en ont besoin.
— Je ne pense pas. Je pars en mission demain, à Poudlard.
La nouvelle parait désarçonner Sirius, ses sourcils se froncent.
— Comment est-ce possible ? Tu n'es pas encore Auror.
Trop sympa de me le rappeler.
— C'est un stage. Je serai encadrée par un Auror assermenté, rassure-toi.
Mon ton est sarcastique. C'est toujours pareil ! A chaque fois que je croise d'anciens copains de classe, dès que je leur dit être en formation d' Auror, ils affichent tous une mine désabusée, signifiant clairement : " Non, toi ? Mais tu n'étais même pas bonne élève ! ". Je suis sûre que Sirius Black pense comme eux, bien qu'il ne le montre pas.
— Tu te souviens de Marcus Denworth ?
— Pas vraiment.
— L'Auror qui a enquêté sur mon agresseur, en septième année.
Je pointe du doigt le concerné, qui est assis à son bureau. Puis, je me tourne vers Sirius, mais aussitôt son visage se ferme à double tour, devient totalement inexpressif.
— Ah, oui. Son nom me dit vaguement quelque chose.
Il fourre ses mains dans ses poches et m'observe à travers ses longs cils.
— Donc... on ne va pas te revoir avant un long moment ?
— J'en ai bien peur.
Il a l'air de vouloir ajouter quelque chose mais garde le silence. Pressentant que la conversation touche à sa fin, je me demande si dois lui rendre son cadeau ? C'est un objet bien trop... précieux. Connaissant Sirius, il pourrait (très) mal le prendre, ou alors s'en ficher royalement. Mieux vaut ne pas tenter le diable ; j'opte pour un sourire et je lui adresse une tape amicale au bras.
— Merci pour la plume, Patmoche.
Son regard glisse sur son épaule, là où je l'ai touché. Puis, il relève les yeux vers moi, l'air à la fois exaspéré et légèrement narquois.
— Pour quelle raison retournes-tu à Poudlard, demande-t-il subitement, me prenant au dépourvue.
— Un gosse a disparu.
— Vraiment ? s'étonne le brun, les yeux ronds comme des billes. Tu crois qu'il aurait pu emprunter l'un des passages secrets pour fuguer ?
— Désolée, je n'ai pas le droit d'en parler avec un...
— Un civil, m'interrompt-il sèchement.
Le regard qu'il darde sur moi me rend nerveuse. J'essaie alors de détendre l'atmosphère pour retrouver mes moyens :
— Je suis impatiente de voir si Poudlard à changé !
Je le gratifie d'un large sourire, sans doute trop enjoué pour être honnête.
— Et toi, tu n'aimerais pas y retourner ? Revoir les lieux, nos anciens professeurs...
Lorsque je suis mal à l'aise, je me laisse aller à trop parler, avec trop de vivacité. Sirius semble s'en rendre conte car son sourire se transforme en un rictus moqueur.
— Pourquoi pas ? répond-il simplement, sans s'étendre.
Avant de rebrousser chemin, le jeune homme pose brièvement sa main sur mon épaule en exerçant une légère pression, comme pour m'encourager. Cela attire mon attention car c'est exactement l'attitude que pourrait avoir... mon supérieur hiérarchique ! C'est une blague ou quoi ?
Je le regarde s'éloigner, la mine ahurie. C'est tout ? Je n'ai même pas le droit à un petit câlin ? Alors que je pourrais mourir en mission ? C'est vrai, quoi.
Je pourrais, par exemple, me fracasser le crane dans les escaliers, ou je ne sais pas... être empoisonnée par un élève de Serpentard ! Ou encore, chopper une intoxication alimentaire en mangeant du porridge. Tout est possible, à Poudlard ! Sans le savoir, je vis peut-être mes derniers instants.
— Sirius !
Le concerné se retourne, l'air surpris, comme la moitié des employés présents. Hum, ouais. J'ai pratiquement hurlé son prénom.
Son air moqueur ne le quitte pas alors que je sens mes joues chauffer.
— Fais bien attention à toi, d'accord ? dis-je en utilisant un timbre de voix normal.
Ses lèvres s'étirent en un mince sourire, tandis que je rougis de plus belle. Oh, ça va ! J'ai bien le droit de m’inquiéter pour un vieil ami qui se découvre une soudaine passion pour la chasse aux mangemorts, non ?
— Si je ne te connaissais pas, Marlène, je dirais que tu t'inquiètes pour moi.
Son ton est moqueur, mais je décèle dans son attitude quelque chose de tendu, de contraint... sa voix n'a pas sa gaieté habituelle, on dirait qu'il se force.
— Et si je ne te connaissais pas aussi bien, Sirius, je dirais que ça te fait plaisir.
Il me considère, sourcils haussés, une drôle de lueur dans l'argent de ses prunelles. Son regard se voile un instant. Ce passage rapide de la légèreté au sérieux me bouleverse, et je recule inconsciemment d'un pas.
J'ai l'impression qu'il m'en veut. Oui, qu'il m'en veut beaucoup.
Ce n'est pas possible, je dois me faire idées. On ne s'est vu que trois fois en l'espace d'un an, alors de quoi pourrait-il m'en vouloir ? Contre toute attente, Sirius m'adresse son fameux sourire charmeur. Un sourire un peu crispé, qui ne remonte pas jusqu'à ses yeux.
— Ce qui me ferait plaisir, c'est que tu penses à m'écrire. Oh, et... (il revient sur ses pas pour me décocher un autre sourire ravageur) inutile d'inventer de prétexte, cette fois. Comme une soi-disant plume que j'aurai oublié de te rendre il y a des années...
J'en reste bouche-bée, alors qu'il me gratifie d'un dernier sourire narquois.
— Je... c'était pas une excuse, j'avais réellement besoin de cette plume. C'était MA plume ! je m'écris bêtement, attirant à nouveau le regard de mes collègues.
Le jeune homme m'ignore superbement et me tourne le dos, sans plus de cérémonie. Son comportant est... bizarre. Je ne sais pas quoi en penser. Il y avait quelque chose de vraiment étrange dans cette conversation.
Cela me frappe soudain :
C'était ses yeux.
Il n'y avait pas une once de chaleur dans ses prunelles argentées, même lorsqu'il me souriait. Cette constatation me procure un sentiment de malaise. S'il m'en veut réellement, pourquoi avoir prit la peine de me rendre visite pour m'offrir un cadeau ? Et encore une fois : de quoi pourrait-il m'en vouloir ? D'un coup, mon cœur se serre. Oui, sans attitude à mon égard était carrément louche.
Un peu chamboulée, je décide de m'octroyer une pause bien méritée, quand une main s'abat sur mon épaule pour me tirer sans ménagement en arrière.
Mes yeux s'écarquillent de surprise.
— Qu'est-ce qui te prend, Marcus ?
Il a l'air complétement incrédule.
— Tu as été approchée par un membre de l'Ordre du Phénix ? Ce jeune homme fait partie de l'Ordre, non ?
Marcus jette un regard par dessus mon épaule, en direction de Sirius, qui patiente près de l'ascenseur.
— Oui. Et alors ?
— Tu ne peux pas refuser une telle opportunité, Marlène.
Je le considère en arquant un sourcil désabusée. Il semble que Marcus ait épié notre conversation, ce qui n'est pas du tout son genre. Je devrais être en colère mais à la place, j'éclate d'un rire jaune.
— Une opportunité ? J'ai assisté à l'une de leurs réunions.
Je lui fais un rapide résumé, lui explique que Dumbledore est totalement barge, qu'il envoie des civils en missions suicides.
Marcus grimace et prend immédiatement la défense du vieil homme :
— C'est plus compliqué que ça.
Ben tiens ! Je ne ne peux pas m'empêcher de lever les yeux au ciel.
— Ne me dis que tu es aussi de l'avis de Maugray, que « toute aide est bienvenue » !
— Marlène...
Il médite quelques pensées secrètes, exhale un soupir, avant de poursuivre :
— Dans toute organisation, il y a des espions.
— Où veux-tu en venir ?
— Si Maugray fait partie de l'Ordre, c'est parce qu'il pense qu'un ou plusieurs mangemorts ont réussi à l'infiltrer. Ils tentent de les débusquer.
Je garde un moment le silence, le temps de méditer ses paroles. Débusquer les Mangemorts ? Mouais. De mon point de vue, Maugray semblait plus intéressé par la tarte à la mélasse de Mary...
— Et Dumbledore, il est au courant ?
— Sûrement. Cet homme a deux trains d'avance sur tout le monde.
— Tu veux donc que j'intègre l'Ordre ? Mais dans quel but ?
— Le même que celui de Maugray : débusquer les traîtres.
Je lâche un faible soupir. Cette affaire ne m'arrange pas du tout, je ne vois pas comment je pourrais gérer deux missions à la fois, depuis un seul endroit. Sans compter que je suis toujours en formation ! Et cet air si grave qu'arbore Marcus ne me dit rien qui vaille.
— Pourquoi tu n'envoies pas quelqu'un d'autre ? je questionne en faisant la moue.
Comme un Auror expérimenté, par exemple ?
— On entre pas comme ça dans l'Ordre, Marlène. Il faut y être cordialement invité, ce qui a été ton cas. En dehors de Maugray et toi, aucun autre Auror n'a été approché par l'Ordre. Sûrement parce que nous avons aussi des espions, ici...
Ma bouche s'ouvre si grand que je pourrais gober des mouches.
— Tu penses sérieusement ce que tu dis ?
Le brun se contente de hocher doucement la tête.
— Mais je m'en vais demain matin ! Comment veux-tu que je trouve le temps de...
— Tu vas devoir le trouver, décrète sèchement mon mentor, parce que le père du gamin disparu fait aussi partie de l'Ordre.
Il me tend sa pochette bleu du bout des doigts, comme s'il s'agissait d'une bombe à retardement.
— Tiens, lis attentivement ce dossier. Et évite que ton équipier tombe dessus, s'il te plaît.
Je l'observe un instant, médusée.
— Pourquoi, tu penses que Pierson est un espion ? je ricane nerveusement.
Je n'y crois pas un seul instant mais l'expression lugubre de Marcus me met mal à l'aise. Il me dévisage un court moment, et me répond d'une voix basse et sérieuse :
— Nous sommes en temps de guerre, Marlène. Méfie-toi de tes ennemis...
Il jette un regard par dessus mon épaule. Je me retourne et mon cœur exécute un bon dans ma poitrine. Sirius est toujours là. Dayla est à ses côtés, et n'a pas l'air de vouloir le laisser s'en aller si facilement. Elle rit, elle discute joyeusement avec lui, comme s'ils étaient de vieilles connaissances.
— Et encore plus de tes amis, me souffle Marcus à l'oreille.
Un frisson me parcourt la nuque, qui se raidit, comme si une main invisible enserrerait mes cervicales pour m'empêcher de me détourner.
J'ai soudain un très mauvais pressentiment.
Un ancien camarade by jalea
Author's Notes:
Bonsoir :)
Voilà un petit moment que je délaisse cette pauvre Marlène, j'espère que de votre côté, vous ne l'avez pas oublié xD
Bonne lecture !
Chapitre 9 : Un ancien camarade.
— Ce maillot de bain n'est pas à moi.
Je jette au visage de Dayla un bikini outrageusement révélateur, de couleur rouge. J'ai toujours eu une sainte horreur de faire mes valises et encore plus de les vider. C'est la seule chose pour laquelle je procrastine totalement. Bon d'accord, je suis une menteuse ! Il y a des tas de choses que je remets au lendemain... ou à l'an prochain.
Ma collègue me lance un regard en coin, avec plus d’espièglerie que de méfiance.
— Je sais, c'est l'un des miens. J'ai pensé que tu pourrais en avoir besoin...
Je ne peux pas m'empêcher de lever les yeux au ciel, tout en fourrant des vêtements en vrac dans le fond de ma malle.
— Je ne vais pas en vacances au bord de la plage, Dayla. Je pars en mission.
La blonde lâche un petit soupir de dépit. Elle me trouve trop "sérieuse". Moi, Marlène McKinnon.
Je sais, c'est complètement dingue ! Si Dayla m'avait connu lorsque j'étais étudiante, ce mot ne lui aurait sûrement jamais traversé l'esprit.
— Tu auras bien un peu de temps libre pour te détendre, non ?
— Non. Je veux résoudre cette affaire le plus rapidement possible.
Je m'assieds sur ma valise pour tenter de la boucler. Je n'y arrive pas, alors je grimpe sur mon lit pour sauter dessus à pieds joints.
— Pourquoi ?
Je me fige net, la bouche entrouverte. Comment ça, pourquoi ?
— Ben... pour retrouver le mioche qui a disparu ! fais-je sur le ton de l'évidence.
La jolie blonde se contente de hocher doucement la tête, l'air pensive.
— Ma baguette au feu qu'il a fugué pour retrouver sa petite-amie de dix ans son aînée. Peut-être qu'il vit une idylle secrète avec l'une de ses Professeurs ? Merlin, ce serait tellement romantique et tragique...
Je ricane lourdement, c'est plus fort que moi.
— Si tu veux mon avis, tu lis beaucoup trop la presse à scandale.
— Si tu veux mon avis, tu devrais plier tes vêtements avant de les mettre dans ta valise, rétorque la jeune femme sur le même ton railleur.
Ah, ben heureusement qu'elle est là ! Elle m'est d'une grande utilité, comme toujours. Je retire quelques potions anti-frisottis et, miracle ! J'arrive enfin à fermer ma valise. Je la dépose au pied de mon lit et lâche un soupir fatigué. Dire que je dois encore me préparer et m'habiller...
— Tu m'écriras ? me demande Dayla, passant en revue le contenu de ma penderie.
— Non.
— Et à monsieur le tombeur, tu lui écriras ?
Je m'immobilise, ma brosse à cheveux dans la main. Après une expression amusée, son visage tourné vers moi devient attentif. Elle me dévisage, me scrute, m'étudie, me jauge.
Ma voix n'est pas aussi assurée que je le voudrais. Je toussote :
— Qui ça ?
Je me compose une attitude innocente qui ne trompe pas la petite blonde. Cette dernière roule des yeux.
— Le beau brun ténébreux dont tu as totalement oublié de me parler ! Dire que j'ai essayé de te brancher avec mon meilleur ami, alors que tu avais ce type sous la main, me blâme-t-elle aussitôt.
Ma collègue me considère les yeux plissés, les mains sur les hanches, la poitrine moulée dans un chemisier couleur crème.
— Sirius n'est qu'un...
Je m'interromps subitement. Qu'est-il au juste, un ami ? Non, je ne le vois pas assez souvent pour qu'il en soit un. Un ex petit-ami, alors ? Non plus, nous ne sommes sortis ensemble qu'une fois et notre relation n'est jamais allée bien loin.
— Un ancien camarade de classe.
En prononçant ces mots, j'ai l'impression que mon sang se glace dans mes veines. Mais comment pourrais-je le qualifier autrement ? Oui, c'est bien ce qu'est Sirius Black pour moi : un ancien camarade de classe.
— Mon œil ! se moque la blonde, riant à gorge déployée.
Face au miroir, je défais mes cheveux d'un geste brusque et commence à me coiffer.
— C'est la vérité.
Dayla cesse de rire et me fixe de manière directe à travers mon reflet.
— Donc, il ne sait jamais rien passé entre vous ?
— Et bien...
— Ha, j'en étais sûre ! s'écrit-elle en brandissant le poing en l'air, victorieuse.
Je la laisse exulter un petit moment, avant de calmer ses ardeurs :
— On s'est embrassés une fois ou deux lorsqu'on était adolescents. C'était une erreur.
— Oh. Donc... il ne t’intéresse pas ?
J'ignore le soudain pincement au cœur qui me prend, car je ne peux pas me laisser aller aux souvenirs. Ça ne m'apporterait rien de bon.
— Pas le moins du monde.
— Le champ est libre, alors ? insiste Dayla, de façon curieuse.
Surprise, je me retourne vivement vers elle. La blonde est entrain de triturer mon vieil ours en peluche, osant à peine me regarder. Cette attitude embarrassée, presque craintive, même, ne lui ressemble pas du tout.
— Parce que... il m'a invitée à sortir.
Ses paroles me font l'effet d'une bombe, d'un couteau qu'on me plante au travers du cœur.
Le flot de sentiments que j'éprouve est si violent qu'il me submerge totalement, je n'arrive plus à bouger. Mes yeux sont grands ouverts, fixés sur la jolie blonde.
— Excuse-moi ? je m'entends dire d'une voix blanche.
Je suis tout bonnement abasourdie. Et vexée aussi, il faut bien l'admettre.
— Je n'ai pas encore accepté, je voulais d'abord m'assurer que tu étais d'accord, s'empresse d'ajouter ma collègue.
Malgré la panique qui m'étreint, je reprends contenance et réponds le plus calmement possible :
— C'est ridicule, tu n'as pas besoin de ma permission. Je te l'ai dit, Black n'est qu'un ancien camarade.
Je me force à sourire pour la rassurer. Ses épaules s'affaissent et ses muscles finissent par se détendre.
— Génial, je suis soulagée !
Je serre si fort le manche de ma brosse à cheveux que je pourrais le briser en deux. Bon sang, il faut que je me calme ! Je n'ai aucune raison d'être en colère, pas vrai ? Je continue à lui sourire car, à bien y réfléchir, elle n'a rien fait de mal.
— Mais je dois te prévenir, Dayla : Sir... Black n'est pas ce que l'on peut appeler un garçon sérieux.
Merlin, voilà que je n'arrive même plus à le nommer par son prénom !
— Ça tombe bien. Je ne suis pas ce que l'on peut appeler une fille sérieuse, lance la jeune femme avec un clin d'oeil.
Mes yeux s'écarquillent légèrement, tandis que des images dégoûtantes me traversent l'esprit. Mon cœur bat la chamade, un goût de bile me remonte le long de la trachée. J'ai envie de vomir. Je ferme les yeux pendant quelques secondes, avant de les ouvrir à nouveau. Dayla se trouve près de la porte, son sac à la main.
— Je dois filer. Fais bien attention à toi, Marlène. Et promets-moi de ne pas étrangler Pierson, d'accord ?
Merlin, j'avais presque oublié ce crétin que l'on m'a assignée ! Je me contente de lui répondre un grand" NON ", impossible pour moi de lui promettre une telle chose. Ma collègue secoue la tête de droite à gauche, avant de m'envoyer un baiser de la main.
Puis, je me retrouve seule, dans le silence. J'inspire et j'expire profondément. Une, deux, trois fois... ça ne fonctionne pas, alors, je finis par exploser : je jette violemment ma brosse à cheveux contre le miroir, et balance tout ce qui me tombe sous la main à l'extrémité de la pièce : livres, coussins, chaussures... je hurle littéralement de rage.
Alertée par mes cris, ma mère accourt dans ma chambre, et me voit au beau milieu d'un capharnaüm indescriptible.
— Mon dieu, Marlène ! Que t'arrive-t-il ?!
Cette intrusion dans ce moment de désarroi me fait redescendre sur terre. Je jette un coup d'oeil autour de moi, un peu penaude.
— Rien. Je suis juste... entrain de réorganiser ma chambre.
Mon ton est calme, résigné. Loin de refléter la tornade intérieure qui me balaie et me broie. De toute façon, il est trop tard. Je ne peux pas aller voir Dayla pour lui dire que la situation me dérange. Pas après lui avoir assurer qu'elle n'avait pas besoin de ma permission !
Ma mère me toise longuement, les poings sur les hanches. Étrangement, elle a l'air plus inquiète qu’énervée.
— Vraiment ? Pendant un instant, j'ai cru qu'un astéroïde s'était écrasé sur notre maison !
Je me mords les joues pour éviter de crier, mais c'est peine perdue ; je n'apprécie pas son ton infantilisant. Pourquoi faut-il toujours qu'elle s'adresse à moi comme si j'avais cinq ans ?!
— JE RÉORGANISE MA CHAMBRE !
— JE TE PRIE DE ME PARLER SUR UN AUTRE TON, MARLÈNE MARGUERITE MCKINNON ! s'emporte-t-elle en s'égosillant plus fort que moi.
Craignant sans doute un massacre dans sa propre maison, mon père finit par montrer le bout de son nez en passant la tête par l’entrebâillement de la porte.
— Qu'est-ce qui se passe, ici ? Tout va bien ?!
Ma mère lève les yeux au ciel. Son chignon est défait, des mèches rebelles s'échappent tout autour de son front. Et son tablier de cuisine est tâchée. Je me sens aussitôt coupable ; je sais qu'elle s'est levée aux aurores pour me préparer mes gâteaux préférés.
— Ta fille est légèrement contrariée, comme tu peux le voir. Et elle refuse de me dire pourquoi.
— Qu'est-ce qui ne va pas, mon ange ?
Mon ange ?! Une nouvelle bouffée de colère me submerge.
— Ce qui ne va pas, c'est que vous me traitez encore comme si j'étais une enfant. Je suis une adulte !
Bon, c'est vrai que là, tout de suite, ça ne saute pas aux yeux. Je porte un pyjama rose bonbon, des pantoufles à oreilles de lapin et je me tiens debout sur mon lit, les poings sur les hanches.
Je suis injuste à l'égard de mes parents, je le sais, mais je n'arrive pas à me calmer. J'ai besoin d'une bonne dispute pour évacuer ma rage et ma frustration. Maman semble hésiter entre l'envie de ricaner et celle de me réprimander. Sans grande surprise, elle choisit la seconde option :
— Vraiment, Marlène ? Crois-tu qu'une adulte saccagerait sa chambre sous le coup de la colère ?
Devant son air consternée, ma fureur retombe quelque peu, et je me contente de hausser les épaules.
— Papa a bien saccagé le salon pas plus tard qu'hier matin.
— Il y avait une horrible bête, se défend-t-il aussitôt.
Je roule des yeux à mon tour. Il ne faut pas exagérer, non plus.
— C'était une petite souris.
— Non, un rat monstrueux.
— Une petite souris ! je corrige, agacée.
Il me regarde d'un air de surprise scandalisée et feinte :
— Un rat énorme, gigantesque !
— Décidément, il y en a pas un pour rattraper l'autre ! râle ma mère, quittant la pièce en trombe.
Je m'assieds lourdement sur mon lit, en lâchant un soupir à fendre l'âme. Mon père m'imite, et ses grands yeux marron scrutent un moment son visage.
— Qu'est-ce qui ne va pas, Marlène ? C'est ta mission qui te préoccupe ?
— Oui, un peu... Dis, tu te souviens de Sirius Black ?
Ça a toujours été plus facile pour moi de parler avec mon père. Il fait preuve d'une grande capacité d'écoute et d'une totale disponibilité. Ma question le fait tiquer, il ne s'attendait visiblement pas à ce que je lui demande ça.
— Le gamin à moto ?
Je hoche la tête, bien que Sirius n'a plus rien d'un "gamin", il est devenu un homme. Ses traits qui frôlaient déjà la perfection, semblent encore plus ciselés, ses pommettes plus aiguës, sa mâchoire plus carrée, plus dure. Ce sale cabot est encore plus séduisant, si c'est possible, alors que de mon coté, je ressemble toujours à une adolescente de seize ans.
— Il a invité l'une de mes amis à sortir. Des milliers de femmes dans cette ville et il invite MON amie ! Comment a-t-il pu me faire ça ?
Je saisi mon vieil ours en peluche et le serre contre ma poitrine. Une consolation amère me vient de cette constatation : je considère vraiment Dayla comme une amie. Elle est joyeuse, aimable et loyale envers ceux à qui elle tient. Elle me rappelle un peu Kiara...
Kiara, qui vit maintenant dans un autre pays. Je suis incapable de me souvenir de quand date sa dernière lettre. Elle doit être vraiment occupée pour avoir totalement oublier l'existence de sa meilleure amie. Travailler dans une librairie Moldue en France doit être une aventure des plus palpitantes ! Dépoussiérer les étagères, classer des romans par ordre alphabétique, tenir la caisse... ça doit en faire rêver plus d'un.
Mon Dieu, quelle langue de vipère je suis ! Je ne devrais pas avoir ce genre de pensées, le principal c'est que Kiara soit heureuse, et je sais qu'elle l'est.
C'est tout ce qui compte.
— Je ne l'ai jamais aimé celui-là, répond mon père, me ramenant brusquement sur terre. Je lui trouve un air sournois...
Je roule des yeux.
— Tu dis pareil de Joe Burnett.
— Pas du tout, j'ai dit qu'il avait l'air louche !
Rappelez-moi pourquoi je raconte ma vie amoureuse à mon père ? Il est très protecteur, parfois à l’excès. A chaque fois que je sors avec un homme, il a droit à interrogatoire digne de l'inquisition. Non pas que cela arrive très souvent...
— Si ça te perturbe autant, tu devrais le dire à ton ami à l'air si sournois.
Je pique un fard :
— Ça ne me perturbe pas ! C'est juste que... ce n'est pas correct de sa part. Tu n'es pas d'accord, Pa' ?
Mon regard se fait suppliant. J'ai besoin qu'il aille dans mon sens, besoin qu'il me donne raison, ou ce serait la preuve que je réagis de manière excessive et absurde.
Mon père esquisse un sourire et passe un bras autour de mes épaules.
— Bien sûr que si, Marlène. Mais souviens-toi d'une chose : aucun homme ne mérite que tu saccages ta chambre pour lui.
Je lui rends son sourire.
— Tu as raison, fais-je en riant. Je n'ai pas terminé de me préparer.
Il se lève d'un bond et avance à pas fermes vers la porte, avant de virevolter dans ma direction.
— N'oublie surtout pas ton planning, ta mère te tuerais.
— Oui, ne t'inquiète pas.
Je viens de penser à un truc hyper important : j'ai oublié ma réserve de chocolat et je n'ai plus aucune place dans ma valise ! Misère.
— Si tu t'avises de manquer un seul repas de famille...
— Je sais, elle me tuera.
Où ai-je posé ce fichu planning, déjà ? Ah, ici, sur mon bureau ! J'y jette un coup d'oeil et aussitôt un grand sourire se dessine sur mes lèvres. Chouette, Andrew sera là, la prochaine fois ! Et aussi...
— Tante Griselda ? Je croyais qu'elle était en voyage ?
— Oui, elle l'était. Malheureusement, elle est revenue.
Mon père affiche une moue boudeuse, mais dans le fond, je suis sûre qu'il est impatient de revoir sa sœur.
— Tant mieux, parce qu'elle n'a répondu à aucune de mes lettres. J'ai une question de la plus haute importance à lui poser !
Est-ce que oui ou non, tu as eu une relation TORRIDE avec mon supérieur hiérarchique, Xyphias Caldwell ?!
— Quelle question ?
Je le regarde, moqueuse.
— Laisse tomber, j'ai pas envie de traumatiser mon vieux père.
— Pour commencer, je ne suis pas « vieux » et en ce qui concerne ma sœur, plus rien ne m'étonne. Tu vas manquer ton train, ajoute-t-il en jetant un bref coup d'oeil à sa montre.
— Non, j'ai encore le temps.
Je me regarde dans le miroir en grimaçant : peut-être que si je me faisais un chignon comme Maman, j'aurai l'air plus âgée ?
— Ton train est à dix heures, et... il est moins dix. insiste mon père.
Ouais, c'est bien ce que je dis : je serai largement en avance.
*******
— J'ai bien cru que tu n'allais pas venir, McKinnon.
Je lance un regard assassin à Matthew Pierson. Je suis essoufflée, en sueur, et je ne sens plus des muscles dont j'ignorais même l'existence. Je m'avance tant bien que mal dans le compartiment exigu, avant de m'immobiliser devant lui.
— Pourtant, je suis là. Bouge !
— Pardon ? s'offusque-t-il, la mine choquée.
Je tape du pied avec impatience, serrant la mâchoire à l'idée de devoir le supporter pendant plusieurs semaines.
— Je veux m'assoir près de la fenêtre.
— Je suis déjà installé, comme tu vois. réplique le jeune homme, inflexible, caché derrière son journal.
Je l'ignore royalement et me positionne face à lui pour ranger ma malle dans le compartiment à bagages. Dans ma manœuvre, je tape légèrement mon genou contre le sien. Il relève les yeux vers moi et un petit sourire se dessine aussitôt sur ses lèvres. Ah, non ! Qu'il n'aille surtout pas s'imaginer des choses.
Toutefois, avant que j'aie pu m'excuser de ma maladresse, le principal intéressé reprend la parole :
— Tu peux t'asseoir sur mes genoux, ça ne me dérange pas.
Ben voyons ! Je m'affale sur la banquette opposée, me tenant le plus loin possible de lui. Puis, je lui décoche un regard noir. Pendant presque un an, je n'ai eu droit qu'à des insultes et moqueries. Alors franchement, comment peut-il croire avoir une chance avec moi ?
Une piqure de rappel s'impose :
— La dernière fois, j'ai été assez clair, il me semble. Toi et moi, ça n'arrivera jamais.
Ma voix est sèche et dénuée de sympathie. Ses épais sourcils se froncent. Si quelqu'un passait devant nous, il lui paraîtrait en colère. Mais en fait, je crois qu'il est juste surpris.
— Donc.... on ne va plus à la coupe du monde ensemble ?
Il est fou, ou quoi ? Hors de question que je manque la coupe du monde.
— Bien sûr que si ! fais-je d'une voix suraiguë.
Pierson se gratte la tête, l'air perdu. Puis, il finit par hausser les épaules, un léger rictus se dessinant sur son visage.
— Tu es plutôt étrange comme fille... j'aime ça.
Ce type n'est pas net. Sa mère à dû le faire tomber une paire de fois lorsqu'il était petit. Je m'efforce de prendre mon air le plus menaçant, et vocifère :
— J’espère que tu aimes aussi mon poing parce que tu risques de le recevoir en pleine tronche si tu continues de me regarder de cette façon ! On est ici, ensemble, pour travailler. Je prends cette mission au sérieux et si ce n'est pas ton cas, alors...
— C'est aussi mon cas ! s'insurge mon collègue, retrouvant son habituel air hautain.
— Parfait.
Nous avons au moins un point en commun.
Je positionne mon sac derrière ma nuque afin de m'en servir comme oreiller. Après toutes ces émotions ( notamment ce crétin de Black qui a invité l'une de mes amies à sortir), une petite sieste me fera le plus grand bien.
— Réveille-moi quand on sera arrivés à Poudlard. Et ne me confond surtout pas avec la belle au bois au dormant, hein ! je l'avertis, le doigt en l'air.
Le jeune homme me dévisage les yeux plissés, aussi paumé que s'il était arrivé dans un pays dont la langue lui serait inconnue. Ah, j'avais oublié : Pierson est de sang pur... Il est frustré, je le sens. On dirait qu'il se retient de me balancer une réplique cinglante.
Le jeune homme arbore une drôle de moue, puis, son regard glisse sur mes longues jambes, qu'il reluque sans vergogne.
— C'est une chance que tu sois sexy, McKinnon, parce que la plupart du temps je ne comprends rien à ce que tu racontes.
Sa voix est si désagréable que son compliment ne me touche absolument pas. Ma riposte ne se fait pas attendre :
— J'aimerais pouvoir en dire autant de toi, Pierson.
Le sourire arrogant qu'il me jette me provoque un peu plus. Âgé d'une vingtaine d'années, Pierson est grand, brun et de forte carrure. Il sait qu'il est séduisant, il n'a clairement pas besoin de mon assentiment. Ça m'agace. En toute franchise, j'aurais préféré qu'il ressemble à un troll. Je décide de l'ignorer car son air suffisant me donne envie de le baffer.
Je tourne la tête vers la fenêtre et regarde le paysage défiler, avant de me sentir sombrer. Un sifflement se fait entendre lorsque nous arrivons enfin à destination. Je me lève d'un bond comme si quelqu'un m'avait enfoncé une aiguille dans le derrière, et je me dépêche de quitter le train, Pierson sur mes talons.
Une carriole de petite taille nous attend à l’extérieur. Alors que je me débats avec ma valise, Pierson la soulève sans la moindre difficulté pour la déposer à l'intérieur.
— Merci, je grince entre mes dents serrés.
Je fulmine intérieurement. Trois entrainements intensifs par semaine et je ne suis même pas capable de porter mes propres bagages ? La vie est parfois cruellement injuste.
A mesure que nous approchons de Poudlard, mon cœur s'emballe. Revenir ici aujourd'hui me fait un drôle d'effet. La dernière fois, j'étais encore pleine de doutes concernant mon avenir, je déambulais dans cet immense château presque sans remarquer sa beauté. Situé sur les collines d'Écosse, le bâtiment possède plusieurs hautes tours, ainsi qu'un parc comprenant un lac, une forêt et plusieurs serres à des fins botaniques. Et il ne faut pas oublier le terrain de Quidditch ! J'ai trop hâte d'aller y donner quelques coups de batte...
— Nous y voilà, souffle Pierson.
— Oui.
— Et il n'y a personne pour nous accueillir, déplore-t-il.
— Allez, viens. je soupire.
Nous marchons quelques centaines de mètres, lorsqu'une petite femme rondelette avec des cheveux gris en désordre nous interpelle.
— Monsieur Pierson, Miss McKinnon ! Quel immense...
Elle se penche en avant et prend appui sur ses genoux pour essayer de reprendre son souffle.
— ...plaisir de vous voir. Comment allez-vous ?
— Merveilleusement bien, Professeur Chourave. Le voyage s'est fort bien passé, le train est entré en gare à l'heure dite et Marlène McKinnon a pris le temps de faire un petit somme.
Je me tourne vers mon collègue, le dévisageant avec effarement. Qu'est-ce que c'est que cet horrible accent guindé ?! Et il avait vraiment besoin de lui dire que j'ai roupillé dans le train ? Ça ne fait pas du tout professionnel.
— Bien, bien ! s'exclame Chourave en se pinçant les lèvres, comme pour se retenir de rire. C'est moi qui vais vous conduire à vos appartements respectifs. Si vous voulez bien me suivre...
Un vieil homme apparait subitement derrière son épaule, soufflant comme un bœuf. Des yeux pâles et furieux, des joues creuses aux veines apparentes et des cheveux gris ? Pas de doute, c'est bien Argus Rusard !
Ce dernier s'empresse de venir prendre ma valise. Instinctivement, je serre la poignée.
— Non, ça va aller, je peux...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'il me donne une grosse tape sur le dos de la main pour me faire lâcher prise. Je suis tellement choquée que je n'ai aucune réaction, je me contente de le regarder avec des yeux ronds.
Nous traversons la cour en silence. Tout ce qu'on entend, c'est le bruit de mes talons aiguilles, semblable à des coups de fouet contre le béton.
Au bout d'un moment, je m'éclaircis la gorge.
— C'est plutôt calme, aujourd'hui. fais-je remarquer.
La grande cour est désespérément vide. C'est surprenant car il fait un temps magnifique.
— Oui, les élèves passent leurs examens de fin de trimestre.
— Ah...
Les examens de fin de trimestre ? Voilà quelque chose qui ne me manque pas.
Notre arrivée dans le Hall est très remarquée, les têtes se tournent dans notre direction et des regards curieux apparaissent sur les visages. J'en reconnais certains et lance un clin d'oeil appuyé à un Gryffondor qui me dévisage avec la mâchoire décrochée. Après avoir monté l'escalier de marbre, nous nous rendons au premier étage. Le Professeur Chourave s'arrête devant une porte en bois et sort un trousseau de clefs de sa poche.
— Je vous laisse vous installer, Miss McKinnon. Vous avez rendez-vous avec le Professeur McGonagall et le Professeur Slughorn dans une heure.
— Très bien, dis-je en me tournant vers le concierge.
Il est en sueur et lâche un peu brutalement ma valise, manquant de peu d'écraser le pied de mon collègue.
— Où se trouve mes appartements ? demande Pierson, toujours sur ce ton pompeux détestable.
— Au Septième étage, je vais vous y conduire.
Moi, au première étage et lui au septième ? Je ne peux pas m'empêcher de sourire.
— La preuve que Merlin tout puissant existe ! je marmonne d'une voix parfaitement audible.
Le jeune homme me fusille littéralement du regard, avant de rebrousser chemin avec le Professeur Chourave.
— Oui ? je lance, en remarquant que Rusard est toujours planté devant moi.
— Pas de chat, de chien, d'hibou, crapaud ou pigeon ! Et surtout : interdiction d'apporter de la nourriture dans vos appartements. Je suis concierge, moi, pas la bonne à tout faire !
Sur ces paroles bienveillantes, il se détourne et se met à courir en zigzaguant n'importe comment pour rattraper le professeur Chourave. N'y tenant plus, j'éclate de rire. Ce n'est peut-être pas intentionel, mais il est vraiment trop comique !
Titillée par ma curiosité grandissante, je mets la clé dans la serrure, je tourne la clé, j'appuie sur la poignée, j'ouvre la porte, j'entre... et ma bouche s'ouvre en grand.
Qu'est-ce que... ?
Je m'attendais à découvrir une somptueuse chambre munie d'un lit à baldaquin avec des tapisseries, dorures et sculptures, ainsi qu'une immense salle de bain où j'aurais pu me prélasser après une dure journée de boulot. Mais non, il n'y a rien de tout ça.
La pièce est petite, poussiéreuse et sombre. Au centre, trône un lit une place. Au sol, il y a un vieux tapis à fleurs, avec quelques auréoles laissant penser qu'un animal (ou quelqu'un) s'est soulagé ici une ou deux fois. Et, pire que tout : ce que je pensais être la salle de bain est en réalité, un ridicule petit placard.
Sous le choc, je laisse tomber ma valise, qui heurte lourdement le parquet massif.
Dites-moi que c'est une blague ?!
Author's Notes:
Bonjour =D
J’espère que vous allez bien.
Je suis désolée pour cette loooongue attente, j'avais fait une pause dans mes écrits, mais j'ai très envie de m'y remettre :D
Voici donc la suite des aventures de Marlène, en espérant que vous ne l'avez pas oubliée xD
Bonne lecture,
à bientôt.
Chapitre 10 : Retour en force.
— Je vous en prie, asseyez-vous, dit froidement le professeur McGonagall.
J'obtempère, de mauvaise grave. Bonjour l'accueil !
Le nez plongé dans sa paperasse, c'est à peine si elle nous accorde un regard. Matthew Pierson, ça se comprend, mais moi... je suis tout de même l'une de ses anciennes élèves. Et je n'ai même pas droit à des salutations en règles ?
Même pas un petit : " Vous suivez une formation d'Auror, Miss McKinnon ? Toutes mes félicitations pour avoir réussi à passer les sélections, vous êtes incroyablement douée ! " ou un truc dans le genre...
Lorsqu’elle relève la tête, un mince sourire – de circonstance, semble-t-il- étire ses lèvres.
— Vos appartements sont-ils à votre convenance ?
Mes yeux s'écarquillent en grand, quel toupet de nous demander une chose pareille ! J'ouvre la bouche, prête à lui rétorquer que nos appartements craignent et que je préférerais encore squatter la cabane hurlante, mais mon charmant collègue (notez l'ironie) me devance :
— La chambre est immense et décorée avec soin. De plus, la salle de bains est plus grande que celles des préfets, répond-il pompeusement, me faisant décrocher la mâchoire.
La chambre est immense ? Et... de quel salle de bains parle-t-il, par Merlin ?! "Tu es sérieux ?" Je souffle à l'intention de Pierson, les yeux ronds comme des gallions.
— Merveilleux, dit McGonagall. Horace, je vous laisse exposer la situation à nos deux jeunes Aurors.
En disant cela, elle m'adresse un drôle de regard, empli de fierté. Ah, ce n'est pas trôt ! C'est gentil de sa part de se souvenir de son ancienne élève la plus intelligente et assidue. Ça va, hein, j'ai bien le droit de me lancer quelques fleurs au passage.
— Quel plaisir de vous revoir, Miss McKinnon, vous semblez en grande forme.
Je décoche un grand sourire au Professeur Slughorn, non sans jeter un regard en biais à la vieille McGo. Il y en a au moins un ici qui n'a pas honte de montrer son enthousiasme.
— Merci, professeur.
— Vous êtes un petit chanceux, Monsieur Pierson, lance-t-il en décochant un clin d'oeil au concerné.
— Pourquoi ?
Je roule des yeux ; c'est pas évident ?
— Parce que tu travailles avec moi, je murmure en retour.
J'ai droit à un regard peu amène, qui en dit long.
— Ces retrouvailles sont charmantes, Horace, mais vous voulez bien... ?
— Oh, pardonnez-moi, Minerva, vous avez raison. toussote le sorcier en retrouvant son air grave et sérieux. L'un de nos élèves a disparu il y a bientôt quatre semaines. Son nom est Troy Dickson et c'était assurément l'un de mes meilleurs élèves de cinquième année ! Son père est un homme d'affaires qui a fait fortune en inventant la potion Picnicdouille, une potion à propriété médicinale à base de...
— Venez en aux faits, Horace, le prie la vieille McGo sur un ton sec.
— Hum, oui... le jeune monsieur Dickson s'est volatilisé du jour au lendemain. Nous avons d'abord cru à une fugue, mais après réflexion... ce jeune homme n'a jamais manqué ne serait-ce qu'un cours en six ans, et ses amis nous ont assurés qu'il n'avait aucun problème personnel ou d'ordre familial.
— Il est évident que l'un de ses amis en sait beaucoup plus qu'il ne le dit.
— Vous n'allez pas revenir là-dessus, Minerva ! Ces pauvres enfants ne sont au courant de rien.
Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. A ce que je vois, le professeur Slughorn protège toujours farouchement ses élèves. McGo laisse échapper un faible soupir, l'air peur convaincue.
— Peut-être avez-vous raison, mais juste au cas où... voici leurs noms.
Elle nous tend un parchemin que Pierson s'empresse de récupérer, comme un chien se jetant sur un plat de vieux restes.
— Merci, Professeur. Nous allons nous pencher là-dessus. N'est-ce pas, Pierson ?
— Oui. Nous les interrogerons individuellement, dès demain matin.
Le professeur McGonagall se contente de le dévisager avec scepticisme.
— Individuellement ? Vous devez savoir que c'est impossible car...
— Ils sont mineurs. L’interrogatoire doit se faire en présence d'un parent, tuteur ou Professeur.
Je jette un regard noir à mon collègue, comment a-t-il pu oublier une chose aussi importante ?! Le brun me fustige du regard, tandis que ses joues se colorent instantanément.
— Merci, McKinnon. J'allais y venir, ment-il pour sauver la face.
*******
— Tu aurais pu t'abstenir de me faire passer pour un idiot, persifle Pierson si tôt notre entretien terminé.
Mes talons vertigineux claquent sur le sol tandis que j'accélère en longeant le couloir. A notre passage, les élèves s'arrêtent, s'écartent largement, chuchotent entre eux.
— Et tu aurais pu t'abstenir de nous faire passer pour des débutants.
Cette mission me stresse plus que ce que je ne veux l'avouer. C'est ma toute première mission, je ne veux surtout pas commettre d'erreur. J'y pense constamment et j'ai une boule dans le ventre à l'idée de me planter.
Oh, non ! Nous avons oublié de demander à McGonagall de parler aux parents de l'élève disparu. C'est pourtant l'une des premières choses à faire ! Comment ai-je pu oublier ça ? Je retiens un juron : j'ai déjà épuisé ma liste pour la journée, rien qu'avec Pierson.
J'essaie de le semer, en vain, il me suit :
— Mais nous sommes des débutants !
Je me retourne brusquement, manquant de lui rentrer dedans. Il est très grand, et me dépasse largement. Je me dresse de toute ma hauteur, la voix forte et ferme :
— Pour autant, nous avons tous les deux appris les rudiments du métier.
Pierson me toise avec mépris. Son regard s'assombrit, devient noir comme le charbon.
— Je te rappelle qu'on est encore en formation, McKinnon, alors arrête avec tes grands airs !
Mes grands airs ? Je suis écarlate de colère, prête à exploser :
— C'est Sainte-Mangouste qui se fout de la charité ! Depuis qu'on est arrivé ici tu bombes le torse comme un culturiste dopé aux amphétamines !
Le visage de mon collègue demeure un instant dépourvu d'expression puis l'incompréhension s'y dessine.
— Comme un... un quoi ? Ça t'ennuierait de m'insulter en langage sorcier pour changer ? Je suis sûre que tu le fais exprès pour que je ne comprenne rien !
Un sourire sardonique se dessine aussitôt sur mes lèvres. Mais bien sûr, c'est si gentiment demandé.
— Très bien, Pierson : va te faire cuire une bouse d’hippogriffe et tant que t'y es, relis le guide pratique des interrogatoires parce que tu es à la ramasse.
Le jeune homme recule d'un pas, comme si je l'avais giflé. Mon sourire s’élargit. Oh, comme j'adore rabattre le caquet de ce petit prétentieux sans cervelle !
Contre toute attente, Pierson me retourne un sourire mauvais, presque victorieux.
— Bien, je vais faire ça. Et toi, McKinnon, écris donc le manuel de la parfaite petite emmerdeuse, tu as de quoi remplir des centaines de pages.
Puis, sans plus de cérémonie, le brun me plante là.
Je le suis un instant du regard, la bouche grande ouverte. Sa réplique me surprend (j'ignorais qu'il avait du répondant) et je ne trouve rien de mieux à lui balancer qu'un :
— Ton sens de la répartie est à chier, Pierson !
Ou alors, c'est le mien.
Mes épaules s'affaissent et je laisse exhaler un long soupir. Pierson n'a pas tort, je suis une vraie peste avec lui. Mais franchement... il le mérite, non ?
******
J'ai passée une sale nuit.
J'ai fait un cauchemar qui m'a laissée au réveil la certitude angoissante que mon imagination était la réalité. J'y ai vu Sirius et Dayla lors de leur rendez-vous amoureux. Pour je ne sais quelle raison, ils se trouvaient tout deux sous le porche de la maison de mes parents, et étaient très proches de l'un de l'autre, comme s'ils étaient sur le point de s'embrasser. Beurk !
— Tu es sûre que ça ne te dérange pas ? a minaudé mon amie.
— Qu'est-ce qui devrait me déranger ? a répliqué Sirius, de son sourire le plus enjôleur.
La jolie blonde l'a regardé en battant des cils.
— Eh bien... je suis une amie de Marlène.
— Oh, ça ! a ricané Sirius, comme si je n'avais pas plus d'importance a ses yeux qu'une vielle paire de pantoufle. Non ça ne me dérange pas. Tu sais pourquoi ?
Le bellâtre s'est alors approché de la blonde pour poser ses mains sur ses hanches, et a ajouté, le plus sérieusement du monde :
— Parce que Marlène n'est pas mon amie.
Je suis gentille, je vous épargne la suite répugnante qui m'a donnée envie de vomir si tôt réveillée ! Il faut croire que leur petit rencard me perturbe plus que je ne veux bien l'admettre. Pour être totalement honnête, je désapprouve. Il est hors de question que Sirius Black entretienne une relation avec ma collègue et amie ! Non, non, non... même pas dans ses rêves et encore moins dans mes cauchemars. C'est décidé, la prochaine fois que je le vois, je le met au courant. Il y a des milliers de femmes dans ce foutue pays alors qu'il s'en trouve une autre et qu'il laisse mon amie tranquille !
Pff, don Juan à la noix. Voilà, maintenant j'ai envie de lui foutre mon poing dans la tronche, et ce crétin n'est même pas là. A la place, j'enfourne dans ma bouche un morceau de pancake, avant de relever la tête et froncer les sourcils en captant quelques regards.
Je me touche le visage pour le dixième fois, puis je vérifie mon reflet dans le dos d'une petite cuillère. Non, je n'ai rien de particulier. Pas de bouton, de tache sur le nez ou de nourriture coincée entre les dents... Alors pourquoi tous ces gamins me fixent, hein ? Je mords dans un petit pain beurré en jetant des regards noirs aux gryffondor qui me dévisagent.
Rha, pas moyen de prendre le petit-déjeuner en paix !
— Tu vas vraiment manger tout ça ? demande le gosse de première année assis face à moi.
Il zieute mon assiette débordante ,la mine ébahie.
— Ben ouais, dis-je en vidant la bouteille de sirop d’érable sur mes pancakes.
Ses yeux s'arrondissent comme des billes, tandis qu'un sourire incrédule se dessine sur ses lèvres.
— Je ne te crois pas !
— Regarde-moi faire. Je te parie que j'avale tous ça en moins de trente secondes.
— Je peux te chronométrer ?
— Tu as plutôt intérêt, je rétorque, fourchette et couteau en mains.
Tandis que je m'apprête à gagner mon pari sous les yeux ébahis du gosse, Un long soupir de mécontentement se fait entendre derrière moi. Je me retourne et croise le regard d'une grande sorcière mince portant des lunettes carrés : le professeur McGonagall.
Eh, merde. Faut toujours qu'elle se pointe au mauvais moment, celle-là.
— Bonjour, Marlène.
Je force un grand sourire en prenant mon air professionnel.
— Bonjour, Minevra.
— Minerva, me corrige-t-elle d'un air pincé.
Je la regarde sans comprendre.
— C'est ce que j'ai dit.
La vieille dame ignore ma remarque.
— Avez-vous bien dormi ?
Alors là, l'occasion est trop belle. J'imite le ton affreusement pompeux et mielleux de mon collègue Matthew Pierson :
— Merveilleusement bien, Professeur ! Ce fut une nuit paisible où, après une bonne tasse de thé, je me suis effondrée dans un lit confortable aux draps satinés.
Autour de moi, quelques petits rires fusent, à peine retenus. Cela ne déride pas McGonagall d'un iota ; elle se contente de me toiser d'une moue désapprobatrice.
— Puis-je savoir ce que vous faites là ? demande-t-elle, avec un mélange de fatigue et de contrariété.
— Ben... je prends le petit-déjeuner. Vous en voulez ? Oups, pardon !
Je fais malencontreusement tomber du sirop sur le bas de sa robe et l'une de ses chaussures. Elle réagit à peine ; ses lèvres fines se pincent sur la gauche dans un rictus.
— Non, je veux dire : que faites-vous ici, à la table des Gryffondor ?
— Euh...
Comment ça ? Lorsque j'étais à Poudlard, je m'asseyais toujours à cette place.
— Il y a un problème ? je m'étonne devant son air ennuyée.
— Oui, vous n'êtes plus étudiante, Marlène. Pourquoi ne pas m'accompagner à la table des Professeurs ?
La table des Professeurs ? Je n'arrive pas à retenir une grimace. C'est juste que... j'aime bien manger tranquille, moi. Bon sang, j'imagine déjà leurs conversations : ennuyantes à mourir.
Néanmoins, je me lève d'un bond en forçant un sourire. Et puis, ce sera l'occasion de commencer notre enquête, que Pierson soit là ou non.
— Hum, oui. Avec plaisir.
Je prends mon verre, et empile trois pancakes supplémentaires dans mon assiette, avant de capter le regard incrédule de mon ancien Professeur.
— Inutile d'emporter tout ça, s'agace-t-elle, il y a aussi de la nourriture à notre table.
Elle fronce les sourcils et je me sens idiote. J'abandonne donc mon assiette, avec réticence. Je ne doute pas qu'il y ait de la nourriture à la table des profs, mais je doute qu'il y ait du sirop d'érable et des pancakes.
— Je vous suis, Minevra.
J'ai l'impression que tout mon visage se fige, je me force à garder un sourire qui ne doit pas être moins effrayant que celui d'un psychopathe en cavale.
— Minerva, me reprend-elle une nouvelle fois, l'air courroucée.
Je la toise en arquant un sourcil, perplexe.
— Oui, c'est ce que j'ai dit.
Alors que je traverse la Grande Salle en sa compagnie, je rejette les épaules en arrière et me redresse de toute ma hauteur. Je dois changer d'attitude et montrer à McGonagall ( ainsi qu'à tous les autres) que je ne suis plus une enfant et que je prends cette mission très au sérieux. Avec Pierson, nous avons dors et déjà convoquer tous les élèves que nous souhaitons interroger, et nous sommes censés rencontrer les parents de Troy Dickson la semaine prochaine. Obtenir un entretien plus tôt était impossible, car tous deux se trouvent en voyage d'affaires.
C'est étrange, d'ailleurs... Moi, si j'avais un gosse et qu'il disparaissait, j'écourterais mon voyage. Quoi que... en fait, non. j'en profiterais pour prendre quelques mois de vacances.
Mais revenant plutôt à mon collègue attardé (bon d'accord, il ne l'est pas tant que ça) : je suis surprise de constater qu'il manque à l'appel, ce matin. En ce qui me concerne, je me suis levée aux aurores. Impossible de dormir dans un petit lit inconfortable qui grince. Mais Pierson, lui... il doit avoir dormi comme un bébé et doit sûrement se prélasser dans son immense salle de bains plus grande que celle des Préfets !
Je secoue la tête pour oublier mes petits soucis plus qu'insignifiants. Si je suis là, c'est pour enquêter sur la disparition d'un élève.
— Miss McKinnon, me salue le Professeur Slughorn en se levant pour m'accueillir.
Il est très vite imité par les autres hommes présents, dont Hagrid qui percute violemment la table.
— Euh, bonjour, fais-je incertaine et légèrement intimidée.
Je prends place à coté du Garde-Chasse qui n'a de cesse de sourire comme s'il venait d’être l'heureux gagnant du Loto.
— Marlène, je vous présente le professeur Garidot, énonce McGonagall.
Je me tourne vers un petit homme âgé munie d'un chapeau haut de forme qui me salue d'un simple hochement de tête.
— Oh, hum... Enchantée !
Je lui tends ma paluche collante de sirop d’érable qu'il serre rapidement, avec réticence.
— De même, dit-il en s'essuyant la main sur une serviette.
— Qu'enseignez-vous ?
— Défense contre les forces du mal.
Quoi ?! Je me retourne vivement vers le professeur McGonagall, manquant de me faire un torticolis.
— Qu'est devenu le professeur Moretti ?
Je l'adorais, moi, ce prof ! Il était gentil, drôle, patient avec ses élèves... et surtout, physiquement parlant, il était pas mal du tout.
— Il a pris sa retraite.
— Mais il n'avait que trente-neuf ans !
Un silence s'abat sur la table et tous les regards se tournent dans ma direction.
Bravo, Marlène, bonjour la midinette !
Je sens mes joues se mettre à rougir violemment, et je détourne le regard, mal à l'aise.
— Enfin, je crois...
Les conversations reprennent, tandis que je décide de me concentrer sur mon petit-déjeuner. Alors, qu'est-ce qu'on a là ? Je balaye la table des yeux, et oui, il y a bien de la nourriture : du porridge et du pain sec.
Ça craint, mais j'ai trop faim pour jouer les difficiles.
— Ça ne va pas durer, Marlène, me dit discrètement Hagrid en se penchant vers moi.
Je me fige net, totalement paniquée. Je me jette comme une misérable affamée sur la nourriture et j'avale n'importe quoi avant que cela ne disparaisse de la table, attirant quelques regards surpris et dégoutés au passage.
Hagrid m'observe d'un air un peu gêné tandis que je m’étouffe à moitié.
— Non, je... je parlais du nouvel enseignant de Défense.
Oh ! Je me calme en mâchant lentement, me sentant (encore une fois) vraiment stupide.
— C'est le troisième qui occupe ce poste depuis la rentrée. Parait qu'il est maudit.
J'avale difficilement avant de répondre :
— Le nouveau prof ?
— Non, le poste. Personne ne reste plus d'un an, Moretti était l'exception, faut croire. Hum... comment vas-tu, Marlène ? s'enquiert-il avec embarras, je ne t'ai pas vu depuis un bon bout de temps.
Je le gratifie d'un grand sourire enjouée.
— Ça va, merci. Et vous, Hagrid ?
— Bien, très bien même. Je crois avoir retrouvé de la famille. Un cousin éloigné du côté de mon père.
Mes yeux s’arrondissent de stupeur.
— Vous avez un père ?! Enfin, je veux dire... Ah, du coté de votre père ? je me reprends en rosissant légèrement.
Je l'aime bien le Garde-Chasse, mais il faut avouer qu'il a la carrure d'un troll, alors l'imaginer avec ses parents, c'est un peu... difficile. Ce dernier hoche vigoureusement la tête. Ben dis-donc ! Il a l'air aussi excité que si une dizaine de vélanes venait de toquer à sa porte. Non, mauvaise image : remplacez les vélanes par des dragons monstrueux.
— Nous correspondons depuis plusieurs semaines, maintenant.
La vieille McGo me regarde de travers parce que je n'utilise pas de couverts. Je soupire, et prends ma fourchette. Sympa, l'ambiance, à la table des profs !
— Comment l'avez-vous retrouvé ? je demande, vaguement intéressée.
— C'est lui qui m'a retrouvé ! Il m'a envoyé une lettre avec une photo... attends, regarde, le voilà.
Il sort une photographie de la poche intérieur de sa veste en daim, et me la tends, le sourire fendue jusqu'aux oreilles.
Oh, là ! J'ai un mouvement de recul involontaire. L'homme est grand avec un ventre énorme et une forte pilosité. Me sentant observée par Hagrid, je force un grand sourire.
— Il est très... beau. Et barbu.
Mon voisin rougit atrocement, pour une raison qui m'échappe.
— Il me ressemble, tu ne trouves pas ? Et en plus, c'est un amoureux des animaux rares, comme moi !
Hagrid se met soudain à sangloter bruyamment, son corps est secoué de spasmes. Je m'écarte, sors un mouchoir de ma poche et le lui tends.
— Qu'est-ce que... qu'est-ce qui ne va pas ? je bafouille en lui tapotant le dos maladroitement.
Il se mouche avec grand bruit. J'ai le droit à un autre regard pleins de reproches de McGo, comme si elle me croyait responsable de la crise d'Hagrid.
— Merchi... désolé, c'est l'émotion. Robeus a des soucis personnels.
— Robeus ?
— Oui, c'est ainsi qu'il s'appelle. Robeus Hograd.
Je me recule contre le dossier de ma chaise, la mine incrédule. Je lâche brutalement, sans une once de tact :
— C'est une blague ?
Mon voisin fronce légèrement les yeux.
— Nous avons des noms presque similaires, c'est vrai ! Je n'y avais jamais fait attention... Eh bien, Robeus a de graves soucis personnels : il y a eu un incendie, et il a tout perdu, le pauvre.
Un cousin éloigné... un incendie... il a tout perdu.
Pourquoi cette histoire m'a l'air si familière ? Comme si je l'avais déjà entendue.
— C'est effroyable.
— Horrible, oui, renifle Hagrid.
— Et à présent, il est sans le sou, je suppose ?
— Je lui ai envoyé deux cent gallions pas plus tard que la semaine dernière.
Mes yeux s'écarquillent et ma bouche s'ouvre en grand O.
— Vous plaisantez ?!
Ma voix devient aiguë. Tout de même, deux cent Gallions, ce n'est pas rien ! Hagrid semble surpris de ma réaction.
— C'est la famille, Marlène. Un incendie horrible, Robeus a tout perdu, il n'a plus rien ! Si ce n'est l'amour de sa femme Rosalinda. Regarde, c'est elle, dit-il en me faisant passer une deuxième photo qui manque de me faire recracher mon porridge.
Il s'agit du même bonhomme ! Sauf qu'il a troqué sa barbe et son chapeau contre une perruque blonde, une robe taille XXL et un collier de perles de pacotille.
— Joli brin de femme, non ?
Je m'étouffe en avalant ma salive, et tousse bruyamment, totalement embarrassée. Je bois une gorgée d'eau avant de répondre positivement, en hochant la tête.
Franchement, ça m'a tout l'air d'une arnaque.
Néanmoins, devant la joie et l'enthousiasme d'Hagrid, je n'ai pas le cœur à briser ses espoirs.
— Je sais que c'est personnel, mais... pourrais-je à l'occasion, lire les lettres de votre cousin ?
— Pourquoi ? demande-t-il, étonné.
Pendant quelques secondes, je réfléchis à la réponse que je vais lui donner, pour qu'elle soit la plus douce et sincère possible.
— Hum... juste pour m'assurer que ce n'est pas une plaisanterie.
le Garde-Chasse s’esclaffe, comme si je venais de lui raconter la meilleure blague de l'année.
— C'est ridicule, enfin ! Qui serait assez fou pour inventer une histoire pareille ?
« Un escroc » je songe en mordant les lèvres si fort que j'en ai mal.
Farafosset et le blanc furet ( Partie 1) by jalea
Author's Notes:
Bonjour :)
j'espere que vous allez bien !
Voici le chapitre 11, j'espere qu'il vous plaira. Je ne sais pas encore exactement comment va se dérouler l'histoire, mais je pense que l'humour surplombera sur le côté drame/guerre xD
Pour info, il y a une scène assez violente dans ce chapitre, d'où le rating...
Bonne lecture,
à bientôt !
Chapitre 11 : Farafosset et le blanc furet ( Partie 1).
— Bonsoir, McKinnon.
Eh, merde.
Je m'immobilise avec une huître à la main.
Un dilemme se pose : je continue de manger ou je me retourne pour constater dans quel pétrin je me suis encore fourrée ? Je crois que la seconde solution est plus raisonnable. Je pivote donc sur mes hauts talons, en affichant mon plus beau sourire hypocrite. Devant moi, se tient un jeune homme de grande stature. Il porte un sublime costume trois-pièces qui lui donne l'air d'un haltérophile gonflé aux stéroïdes.
Ce dernier me lance un regard noir sous un front saillant et un mono sourcil des plus affreux.
Mon sourire se crispe. Franchement, pour une voyante... j'aurais pu le voir venir, non ? A quoi ça sert, d'avoir un pouvoir qui ne fonctionne qu'une fois sur deux, hein ? J'ai pourtant tout essayé pour développer mon troisième œil ! L'an dernier, j'ai même fait appel à un pseudo professeur en voyance et plein d'autres trucs. Sa plaque en jetait un max :
" Mr. Andreas Gundersen, professeur-guérisseur norvégien spécialiste en prophéties ancestrales, en divination et pratiques tibétaines transgénérationnelles. "
Pendant deux semaines, j'ai suivi un enseignement spirituel basé sur la méditation. Sans déconner, j'ai même accepté de faire un voyage chamanique au cœur de la nature, afin de "régénérer mes forces intérieures et accueillir une énergie transformatrice", dixit le gourou déjanté. Résultat ? J'ai perdu cent cinquante gallions et je me suis foulée la cheville en forêt, en trébuchant sur un gros tronc d'arbre.
" — Vos cours ne fonctionne pas, Gundersen ! Mes visions sont toujours irrégulières ! " lui ai-je balancé un jour, à la fin d'un de ses cours loufoques.
Sa réponse ne s'était pas fait attendre :
— Cela est dû à votre négativité, mon enfant. Elle brouille votre sagesse intérieure. "
Ouais, ma sagesse intérieure, qu'il a dit ! Ce type était surtout un charlatan. Bref, tout ça pour rien. J'ai décidé d'arrêter les frais ; je ne cherche plus à provoquer mes visions, je vis simplement avec mon don.
— Tiens, Wilkes ! Quelle surprise... comment ça va?
Le ton de ma voix trahit ma nervosité, ça ne fait pas de doute. Je suis dans le caca d'hippogriffe jusqu'au cou et ça, mon ancien « camarade » de classe le sait pertinemment. J'essaie de sourire pour donner l'impression que je n'ai pas peur et que je gère parfaitement la situation, certainement pour me rassurer moi-même.
Je jette un regard autour de moi afin de comptabiliser les ennemis et trouver la sortie la plus proche. Pendant ce temps, Gordon Wilkes me décoche un sourire qui se veut ravageur mais qui ressemble à celui d'un évadé de prison.
Il saisit une coupe de champagne sur le plateau que lui tend un serveur avant d'ajouter :
— Je savais que tu étais cinglée mais pas au point de venir seule à une soirée remplie de Mangemorts.
Maudites visions.
Si je m'étais vu rencontrer Wilkes à cette fête, jamais je ne m'y serai pointée. Je suis courageuse, pas débile. Je comptais simplement me mêler aux invités et tendre l'oreille, afin de savoir si un mangemort était au courant de la disparition de Troy Dickson, à Poudlard.
Poudlard. Quand je pense que McGonagall a tenté de me retenir, sous prétexte que j'allais rater le couvre-feu ! Dis-donc, je ne suis plus une élève, j'ai le droit d'aller et venir comme bon me semble. Même si... j'aurais mieux fait de l'écouter et rester bien sagement au Château, dans ma piaule pourrie.
A mon tour, j'esquisse un rictus mauvais :
— Qu'est-ce qui te fais dire que je suis seule ?
Son mono sourcil se met à danser sur son front. Son sourire s'élargit, et il me regarde de haut en bas. c'est la première fois que je décèle une lueur d’intérêt dans son regard. Ça me flanque la nausée et m'enrage.
— Danse avec moi, ordonne-t-il d'un ton sans appel.
— Danser ? Avec toi ? je répète bêtement, comme si je ne comprenais pas la signification de ces mots. Non, sans façon, je réponds finalement avec un haut le cœur.
Son sourire hypocrite s'efface, son visage se ferme, s'assombrit. A présent, le jeune homme affiche un masque de défi.
— Tu sais que je pourrais te dénoncer ? Il me suffirait de te pointer du doigt et hurler qu'une saloperie d'Auror est parmi nous.
— Eh bien...
J'avance d'un pas et me redresse de toute ma hauteur pour lui faire face. Je tiens à lui démontrer que sa tentative d'intimidation n'a aucun effet sur moi.
— Ne te vexe surtout pas, mais me faire torturer et tuer par tout ce beau monde me paraît être une meilleure option que de danser avec toi.
Je lui décoche mon sourire le plus éblouissant et le plus mondain. Wilkes renifle.
— Comment va ton frère ? Et sa charmante petite femme ? Et leur si joli... bébé ? murmure-t-il tout bas, le regard noir de menaces.
De terreur mon sang se glace, mettant un frein à mon audace. Mon cœur se met à tambouriner à toute allure dans ma poitrine. Il a enquêté sur ma famille. Évidement. Il sait probablement où vivent mes parents, mon frère, et même ma tante Griselda.
Je ne me laisse pas impressionner pour autant. Ma famille est en parfaite sécurité, je le sais. Impossible pour quiconque de les localiser, même avec leur adresse. A part, peut-être... tante Griselda. C'est la seule qui a refusé de lancer des sortilèges de sécurité sur sa maison.
" Le premier Mangemort qui ose s'introduire dans MA maison, il n'est pas prêt d'en ressortir !" n'a-t-elle de cesse de répéter.
— Alors, cette danse ?
Je serre les dents de rage, pour ne pas prononcer le sortilège impardonnable qui me brûle les lèvres. Je hoche difficilement la tête, et nous nous dirigeons tout deux vers la piste. Le Mangemort en devenir me tend la main. Je la saisis avec des gestes d'automates, tandis que la musique recommence : l'intro au piano, puis la basse avec un rythme bien trop sensuel à mon goût.
— Qu'est-ce que tu veux, Wilkes ? je demande, sans cacher ma répulsion.
Il sourit.
— De l'argent. Beaucoup d'argent.
Merlin, qu'il est idiot. Il ne connait donc pas le salaire moyen d'un Auror en formation ? Zéro plus zéro, ça fait combien déjà ?
— Ça tombe mal, je n'ai même pas un gallion en poche.
Il me fait tourner si brusquement que je manque de tomber à la renverse. Je le repousse violemment, tandis qu'il se met à ricaner comme un phoque asthmatique. Puis, son regard descend et il scrute ma tenue.
— Je ne vois pas de poche...
Qu'il cesse de me regarder de cette manière ou je jure que je vais vomir mes tripes là, sur cette piste de danse.
— Tu sais, McKinnon....continue-t-il d'une voix lente et faussement aimable, tu n'étais vraiment pas terrible à Poudlard mais tu es devenue pas mal du tout.
Je ne souris plus et suis incapable de rire ou de ressentir la moindre émotion, si ce n'est un profond dégoût de me trouver en présence de pareils individus.
Ma mâchoire est crispée et ma voix devient cassante :
— J'aimerais te retourner le compliment, Wilkes. Malheureusement, tu es toujours aussi dégueulasse à regarder.
Un bref silence suit mes paroles, pendant lequel le jeune homme se contente de me dévisager avec mépris.
— Et si on allait discuter dans un coin plus tranquille ? propose-t-il finalement.
L'idée d'un duel me plait bien plus que de me trémousser avec lui sur la piste de danse. Je lui retourne mon sourire hypocrite, pour qu'il comprenne que j'ai bien saisi le message sous-jacent.
— J'en serai ravie.
Intérieurement, je me questionne : pourquoi ne pas me dénoncer ? Peut-être veut-il me garder pour lui tout seul et m'attirer dans un piège où je subirais les pires tortures... Cela ne m'étonnerait pas car une expression sadique inonde son visage.
— On se retrouve dans le jardin dans une dizaine de minutes ?
— Avec plaisir. L'attente va être insoutenable.
Son sourire disparaît pour laisser place à son habituel regard calculateur et glacial." Je te le fais pas dire " grogne-t-il avant de disparaitre dans la foule.
Mes muscles se détendent enfin et je laisse échapper un petit soupir de soulagement.
Ouf, c'était moins une !
Je quitte la piste de danse et m'éloigne à grandes enjambées, courant presque vers la porte. Tu parles, que je vais le rejoindre dans les jardins ! Je vais surtout me tirer de là, et vite fait.
Je traverse un long couloir feutré, puis un deuxième, et un troisième. Ce manoir est un foutu labyrinthe !
J’accélère le pas, le souffle court. Fuir est la meilleure solution pour sauver ma peau. Je dois vraiment arrêter les missions en solo ou je vais finir par me faire tuer. Ou pire encore, me faire renvoyer du bureau des Aurors. Euh, attendez avoir : mon ordre de priorité craint. Je crois que j'ai besoin de vacances...
Alors que j'atteins les escaliers, un cri guttural sort de ma gorge tandis que mon dos percute violemment contre le mur froid. Lorsque je rouvre les yeux, je vois le visage de Gordon Wilkes tout près du mien.
Sa baguette magique est enfoncée sur ma nuque et sa main m'enserre la gorge, si fort que j'ai du mal a respirer. Je me débats comme une lionne pour me dégager de sa prise, en vain. Il a une poigne de fer.
Physiquement, je n'ai aucune chance contre lui : Wilkes doit faire le double de mon poids et il a la carrure d'un troll.
— Désolé, susurre-t-il en souriant, j'étais trop impatient de démarrer les hostilités.
Le brun desserre légèrement son emprise afin de me laisser m'exprimer.
— Tu crois vraiment que je suis venue seule, Wilkes ? Tes copains et toi allaient adorer la prise d'Azkaban. Les Détraqueurs réservent un traitement spécial aux mangemorts, tu le sais ?
Le jeune homme blêmit, mais ne perd pas contenance.
— Tu bluffes, McKinnon ! Tu es ici, toute seule. Prise au piège comme un petit lapin acculé par le blanc furet.
J'émets un ricanement qui se répercute dans le grand couloir vide.
— Effectivement, ta ressemblance avec un furet est frappante...
Je n'ai pas le temps de comprendre ce qui m'arrive qu'il me pousse à nouveau violemment contre le mur et m'attrape par les épaules en me secouant. Ma tête heurte le mur.
— Tu ne la fermes donc jamais ? Toujours à jouer la maligne !
Puis, sans que je n'ai le temps de réaliser, sa bouche s'empare de la mienne. Durement, nos dents s'entrechoquent. Je suis si surprise que j'en oublie le fil de ma pensée et reste stoïque, incapable de le repousser. Sa paume se rétracte soudain violemment contre ma hanche, manquant d'en broyer l'os.
Ce n'est pas un simple baiser ; d'ailleurs, je doute que Wilkes y prenne un quelconque plaisir. C'est un acte de pure domination. Il veut se prouver à lui-même ainsi qu'à sa communauté de mages noirs qu'il a les moyens de faire plier une Auror. Il veut me soumettre, me détruire. Je reprends aussitôt mes esprits lorsque ce connard enfonce sa langue dans ma bouche : Je mords aussi fort que le peux, le faisant saigner.
Mon agresseur s'écarte aussitôt de moi, m'insultant de tous les noms d'oiseaux possible. J'en profite pour lui décocher un coup de pied magistral dans les tibias avec mes souliers à talons aiguilles si inconfortable.
— C'était sympa de te revoir, Wilkes. A la prochaine !
Je ne m'attarde pas plus et prend la tangente, en titubant sur mes talons. Je dévale les escaliers à toute vitesse et passe devant un major d'homme, sans me soucier de son air totalement abasourdi.
Lorsque je quitte enfin ce manoir et dépasse le jardin obscur, je pousse un immense soupir de soulagement, en relâchant légèrement ma surveillance.
Je transplane enfin, atterrissant en plein centre ville.
Bravo, Marlène ! Coté discrétion, tu repasseras.
Par chance, les passants sont tellement centrés sur leurs préoccupations que personne n'a fait attention à moi. Merci, ma bonne étoile ! J'aurai eu du mal a expliquer un transplanage d'urgence au milieu de Moldus au Chef Caldwell.
Ma gorge me brûle et ma tête me fait mal. En plus, je meurs de faim ! Je sais, ça n'a rien avoir mais la nourriture c'est tout de même un besoin primaire, non ? Ça tombe bien, c'est l'heure du diner ; maman a dû préparer un festin comme toujours. Je m'apprête donc à rentrer chez moi quand je me souviens que j'ai rendez-vous quelque part.
Je jette un coup d'oeil à ma montre et grimace : je n'ai pas le temps de me doucher ni de me changer.
— La barbe ! je grommelle entre mes dents.
Pas moyen d'échapper à ces foutues réunions de l'Ordre, j'ai promis à mon collègue Marcus Denworth de mener l’enquête : il est persuadé qu'un mangemort s'y est infiltré pour jouer les indics.
*******
— Marlène ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?!
James Potter me regarde de haut en bas, avec effarement, comme si un Dragon venait de se soulager sur ma tête.
— Hum...
Une quinzaine de paires d'yeux me dévisagent, attendent que j'explique ma tenue qui semble tant les choquer. Je porte une sublime robe rouge qui épouse parfaitement mes formes, ainsi qu'une paire de talons hauts scintillants.
C'est quoi leur problème, à tous ces bouseux ? Ils n'ont jamais vu une nana sur son trente-et-un ?
— Pardonnez mon retard, je reviens de... d'une soirée au Ministère.
Alastor Maugrey se penche pour mieux me toiser en arquant un sourcil dubitatif. Zut, je ne l'avais pas vu... il doit savoir qu'aucune fête n'a lieu au Ministère.
— Non, je veux dire un anniversaire. Oui, voilà, j'étais à un anniversaire ! je me reprends de justesse, toute fière de mon bobard.
— Marlène, tu as la bouche couverte de sang et des bleus au bras, me fait remarquer Lily, le visage grave et inquiet.
— Oh ! fais-je bêtement. Un accident stupide, vraiment.... je dansais, et je suis tombée malencontreusement. Ce n'est rien, plus de peur que de mal.
Personne ne semble me croire, mais je m'en contre fiche. J'ai les pieds en feu à cause de ces maudits talons, et le sang séché de Wilkes (Beuuurk !) commence à se craqueler sur mon visage.
— Il y a un endroit où je peux me rafraîchir ?
— La salle de bains est au fond du couloir, annonce platement Black sans même m'accorder un regard.
Cela me rend immédiatement suspicieuse ; se serait-il passer quelque chose entre Dayla et lui ?
— Merci, je grince entre mes dents.
Je vais m'enfermer dans la salle de bains.
En me regardant dans le miroir, j'ai un sursaut de frayeur. Oh mon Dieu.. j'ai une tête effroyable. Sérieusement, a coté de moi, Voldemort pourrait passer pour un mannequin haute couture. Je commence par me laver le visage et me remaquille ensuite pour tenter de faire bonne figure.
Je me remets une couche de rouge à lèvres en grimaçant. J'ai l'horrible impression de sentir encore les lèvres gercées de Wilkes sur les miennes ! Je suis traumatisée, bordel. Pour oublier ça, je vais sans doute devoir suivre une thérapie sur plusieurs années.
J'inspire et j'expire lentement. Puis, je me regarde dans le miroir. J'ai meilleure allure, malgré le fait que mon visage exprime un mélange de fureur, d'inquiétude et de fatigue.
Avant de quitter la pièce pour rejoindre les autres membres de l'Ordre, je force un sourire et prend une attitude enjouée.
Tout va bien.
Quelques minutes plus tard, je suis attablée à côté Mary McDonald qui me verse une tasse de thé bien fumante avec une assiette de biscuits aux chocolats fait maison. Je l'aime, cette fille. Vraiment. Si j'étais un homme ou lesbienne, je lui ferais une déclaration d'amour et l'épouserais sur le champ.
— Tu es un ange, Mary, je commente en enfournant dans ma bouche trois petits biscuits.
Elle me rend mon sourire. Puis, son regard descend vers mon décolleté.
— Tu es incroyable dans cette robe.
— Oui, le rouge est définitivement ta couleur, renchérit Lily. Tu t'es bien amusée à la fête ?
— Quelle fête ?
Les deux jeunes femmes échangent un regard en biais.
— Tu reviens d'un anniversaire, non ? questionne la rouquine d'un ton laissant sous-entendre clairement qu'elle me suspecte d'avoir menti.
— Oh, oui ! C'était l'anniversaire de mon amie Dayla Winters, fais-je en haussant volontairement la voix.
Cela attire aussitôt l'attention de Sirius Black qui cesse de discuter avec ses amis pour me jeter un drôle de regard.
— Je ne crois pas la connaître. Elle travaille au Ministère ?
— Oui, c'est la secrétaire du Chef.
— Comment est elle ?
— Tu n'as qu'a demander ça à Black ! je cingle en adressant à ce dernier un regard meurtrier.
— Oh, je vois... marmonne Lily, l'air à présent franchement mal à l'aise.
— Bien sûr que tu vois, je grogne en retour.
J'ai entendu Lily et Mary discuter de cela, pensant qu'elles étaient seules. Il parait que Sirius Black enchaine les conquêtes, en ce moment. Lily, Miss je-suis-une-feministe-mais-pas-trop s'inquiète beaucoup pour lui. Et bien moi, je m'inquiète surtout pour ces pauvres filles qui ont eu le malheur de le rencontrer et tomber amoureuse ! Pour ensuite se faire briser le cœur sans la moindre délicatesse.
Je ne veux surtout pas que ça arrive à Dayla.
— Farafosset ! lance soudain Mary en me pointant du doigt.
— A tes souhaits.
— Non, rit-elle en secouant la tête. Avec cette robe et cette coiffure, tu me rappelles Farrah Fawcett.
Le visage de Lily s'éclaire soudain.
— L'actrice de la série « Drôles de dames » ?
Mary hoche vigoureusement la tête.
— Je ne manque jamais un épisode.
— Moi non plus ! déclare la rousse avec enthousiasme. C'est vrai que tu lui ressembles beaucoup, je n'avais jamais fait le rapprochement...
Je me sens rougir jusqu'aux oreilles. Que l'on puisse me comparer à une femme aussi magnifique me laisse sans voix.
— Faut pas exagérer... je marmonne en me tortillant sur ma chaise.
— Mise à part la couleur de cheveux, je ne vois aucune ressemblance, moi.
Cette voix grave me hérisse le poil. Je me retourne vivement vers Sirius Black, le fusillant du regard.
— Parce que tu sais qui est Farrah Fawcett, peut-être ? je tonne.
— Bien sûr, s'indigne-t-il. D'ailleurs, je crois que j'ai toujours un poster d'elle dans ma chambre.
— C'est lequel ? demande James, pensif.
— Celui qui est accroché au dessus de son lit, une jeune femme blonde en maillot de bain rouge, répond aussitôt Lupin. Enfin, je crois... bredouille-t-il misérablement en captant notre regard surpris à Mary, Lily et moi.
— Ah, ouiii... souffle James l'air rêveur, avant de se prendre un coup de coude par Lupin.
Sa fiancée lève les yeux au ciel tandis que je commence à perdre patience. La soirée a été difficile , je n'ai qu'une envie à présent : rentrer chez moi et m'affaler sur mon lit douillet, avant de retourner à Poudlard.
— Bon ! Je croyais qu'on était là pour parler de choses sérieuses. Quand est-ce qu'elle commence, la réunion ? Et où est-ce qu'il est encore passé, Dumbledore ?
Le vieux est jamais là, alors que ces réunions au départ, c'était son idée. Il n'y a que moi que ça dérange ?
— Nous ne parlons pas uniquement de choses sérieuses en réunion, McKinnon. C'est aussi l'occasion de nous retrouver ensemble pour passer un bon moment, rétorque le maitre des lieux sur un ton méprisant.
Je le toise longuement, l'air assassin.
— Ouais, ben il y a certaines personnes que je n'avais pas spécialement envie de retrouver, je rétorque du tac au tac.
— A qui le dites-vous ! lance Maugrey, apparaissant à ma droite.
Son œil valide passe de mon visage à mon assiette.
— Vous avez pris la dernière part de tarte, jeune fille ! me reproche-t-il.
Sans plus de cérémonie, il tire l'assiette de son coté et s'empare de ma fourchette. Ma mâchoire manque de se décrocher.
— Eh ! Vous faites quoi, là ?! je m'offusque.
— La dernière part de tarte me revient de droit, décrète le sorcier, mon voyage m'a épuisé.
Ma bouche s'ouvre en grand d'indignation.
— Et moi, alors, vous croyez que je ne suis pas épuisée par ma mission ?!
Maugrey ricane lourdement, attirant tous les regards sur nous. Puis, son expression devient sérieuse et il pointe férocement sa fourchette sur moi.
— Tu es bien stupide, si tu penses que Caldwell a envoyé deux stagiaires novices en mission !
Je sens la colère me gagner et vu la chaleur qui me monte aux joues, je dois probablement être rouge écarlate.
Je m'entends lui rétorquer, piquante et amère :
— C'est pourtant le cas. Matthew Pierson et moi sommes chargé d'une affaire de disparition ! Et vous, que faites-vous, au juste, Maugray ? A part vous goinfrer de tarte ?
Le concerné ne perd pas de sa superbe et réagit au quart de tour :
— Moi, ma petite, je traque les mangemorts. Et je les envoie par le premier train à la prison d'Azkaban !
— Ça n'a rien d'un concours, intervient timidement Lily.
Maugrey se tourne vivement dans sa direction, la faisant légèrement sursauter.
— Bien sûr, que c'en est un. Et c'est moi, qui remporte la dernière part de tarte.
Pour le prouver, il enfourne dans sa bouche un gros morceau, qu'il peine à mastiquer. En cet instant, sa tête est tellement drôle que je me surprends à éclater rire, ce qui détend aussitôt atmosphère.
— Vous êtes franchement pas net comme bonhomme, on vous l'a déjà dit ?
Mon collègue me gratifie, pour la toute première fois, d'un grand sourire qui laisse apparaître des dents étonnement régulières pour un homme aussi... peu soigneux de sa personne.
— Tout le temps !
Farafosset et le blanc furet ( Partie 2) by jalea
Author's Notes:
Bonjour :)
Voici le chapitre 12, j'espere qu'il vous plaira.
Concernant l'histoire... je ne pense pas suivre à cent pour cent la version de JK, donc ne vous étonnez pas si vous trouvez quelques incohérences, c'est normal xD
Bonne lecture,
à bientôt !
Chapitre 12 : Farafosset et le blanc furet (Partie 2).
— Qu'est-ce qui t'es réellement arrivé ?
J'avale d'une traite mon verre, avant de me retourner vers Remus Lupin.
Tandis que je réfléchis à ma réponse, le jeune homme saisis mon verre pour le remplir de jus de citrouille (j'aurais préféré du whisky). Son visage est marqué par la fatigue, cernes sous les yeux, traits tirés... Je sais qu'il a la santé fragile, mais il ne semble pas malade, juste épuisé. De plus, ses mains sont rêches et rouges, comme usées par le travail. Je suppose donc qu'il occupe un poste de travail manuel très contraignant. Sa tenue me saute également aux yeux : il porte une veste en tweed usées aux manches, un pantalon marron de piètre qualité et une paire de chaussure abîmée sur le devant.
Lui aussi, ne doit pas avoir beaucoup de gallions en poche.... En ce qui me concerne, j'ai de la chance : mes parents peuvent subvenir à mes besoins le temps que je termine mes études.
C’est assez déroutant. je connais Remus Lupin depuis plusieurs années, pourtant, c'est la première fois que je remarque autant de détails sur sa personne.
La raison est simple et s'explique par ma formation d'Auror, j'y ai acquis certains réflexes de travail. On appelle ça « ODD »
Observer, Détailler, Déduire.
Je me plante une fois sur deux.
Si ça se trouve, j'ai faux sur toute la ligne. Peut-être qu'en réalité, Lupin est danseur de cabaret de nuit et qu'il est plein aux as mais qu'il préfère le cacher pour ne pas attiser la jalousie de ses amis.
Quoi ? Ça pourrait être vrai.
— Bon, d'accord : je suis tombée en poussant la chansonnette sous ma douche. C'est trop humiliant alors s'il te plaît, Lupin... garde ça pour toi.
Je force un sourire jovial qui me coûte énormément. Qu'est-ce que je fiche encore ici, moi ? La réunion de L'Ordre est terminée depuis belle lurette. Lupin ne dit rien pendant un long moment ; il se contente de m'observer en silence, muni d'un léger sourire bienveillant.
— Tu n'en as peut-être pas conscience, Marlène... mais on est tous dans le même bateau. Tu penses sûrement protéger tes proches en ne leur disant pas toute la vérité, mais tu te trompes. Crois-moi.
Nous nous dévisageons longuement, aucun des deux ne voulant rien lâcher.
Il ne comprend pas. Comment le pourrait-il ? Il m'est tout simplement impossible de partager des informations sensibles à des civils. C'est une mesure de sécurité à laquelle je ne peux déroger, ou ça pourrait les mettre en danger.
Je refuse d'avoir cette conversation avec lui et préfère changer de sujet :
— Pettigrow n'est pas là, ce soir ?
— Il a eu un empêchement.
— Quel genre d'empêchement ?
— En quoi ça te regarde ? m'aboie littéralement dessus le maître des lieux.
Ce dernier nous bouscule sans ménagement pour s'emparer de la bouteille de whisky pur feu trônant sur la table.
— Sirius, s'il te plaît... soupire Lupin en me jetant un regard d’excuse.
— Je m'interroge, c'est tout. Depuis quand Marlène McKinnon s’intéresse au sort de notre cher ami Peter ?
Son petit rictus narquois me donne envie de le gifler. Je n'ai aucune envie de rire, la situation est trop grave. Je réponds, me montrant honnête :
— Je m'inquiète pour lui, comme pour vous tous. Au cas où tu l'aurais oublié, nous sommes en guerre.
Le bellâtre ricane.
— Bien sûr, tu t'inquiètes pour Peter ! Et moi, je prends souvent des nouvelles de Rogue.
— Vraiment, tu sais ce qu'il est devenu ?
La dernière fois que je l'ai vu, c'était dans l'une de mes visions et ce pauvre Rogue n'avait pas l'air au top de sa forme... eh, une minute : il tirait la tronche comme à son habitude. Rectification : Severus Rogue pétait la santé !
— C'était de l'ironie, râle Sirius en levant les yeux au ciel.
Je rougis de colère, mais je préfère l'ignorer. Il semble attendre une réaction virulente de ma part, je ne vais certes pas lui faire ce plaisir. Et d'abord, pourquoi Sirius Black m'en veut autant, hein ? Ce n'est pas moi qui ai invité à sortir l'un de ses amis, que je sache.
— Alice et Franck manquent aussi à l'appel, je déplore en soupirant. J'aurais adoré papoter avec eux plutôt qu'avec... (je pointe du doigt le dos de Black, faisant rire Lupin)
— Ils manquent pas mal de séances, en ce moment. Ils s'entrainent pour les sélections.
— Quelles sélections ?
— Pour l'entrée en formation d'Auror.
— Mais la prochaine session n'est pas avant six mois ! fais-je remarquer, les yeux ronds comme des soucoupes.
Lupin m'observe d'un air à la fois amusé et incrédule.
— Combien de temps t'as-t-il fallu pour te préparer, toi ? Un mois ?
— Oui, c'est ça... à deux ou trois semaines près.
Il m'a fallu précisément trois jours d'entraînements intensifs. Mes journées se déroulaient comme suit : un jogging matinal, un petit-déjeuner, une séance d'abdos de cinq minutes, déjeuner et dîner. Un programme digne d'un sportif de haut niveau !
— Comment se passe ta mission, au fait ? Tu as revue nos anciens professeurs ?
J'explique à Lupin ma mission sans trop entrer dans les détails. Je me plains surtout de mon collègue Matthew Pierson : « il est imbuvable ! » et du Professeur McGonagall : « Elle m'infantilise comme si j'étais toujours l'une de ses élèves ! ».
De mon coté, je n'ai pas réussi à savoir pourquoi Pettigrow était absent, mais Lupin m'a quand même avoué qu'il était inquiet pour son ami. Son comportement a quelque peu changé, paraît-il. Peter aurait perdu pas mal de poids suite à un régime très strict et serait plus irritable. Ce que je trouve normal, s'il ne mange pas à sa faim. Rien d'alarmant.
J'enfourne un autre feuilleté au saumon dans ma bouche, m'étouffant à moitié. On peut reprocher pas mal de choses à Sirius Black mais il sait recevoir ses invités : le buffet est chargé de bonne nourriture. C'est bien la seule raison pour laquelle je viens à ces fichues réunions ! Ah, et aussi : je suis censée enquêter sur les membres de l'Ordre afin de découvrir qui espionne pour le camp adverse.
Je peux déjà exclure de la liste des suspects : James Potter, Remus Lupin, Lily Evans, Mary McDonald, Alice Fortescue et Frank Londubat. Sirius Black et Peter Pettigrow aussi, même si, bon... ils m'agacent par moment.
Franchement, je m'impressionne moi-même : j'ai grave avancé sur l'affaire. Je me félicite en me jetant sur le dernier morceau de gâteau au chocolat.
Lorsque je relève la tête, j'ai la mauvaise surprise de constater que Remus Lupin a disparu, il ne reste plus que Sirius et moi dans la salle à manger.
Nous nous fixons un moment, sans rien dire. Puis, le Maraudeur finit par ouvrir la bouche :
— Tu as quelque chose à me demander, Marlène ?
Je me retiens d'aborder le sujet « Dayla », non que ma curiosité ne me titille pas, c'est seulement que, dans le fond, je n'ai pas mon mot à dire là-dessus. Sirius ne m'appartient pas et ma collègue est une jeune femme adulte, capable de prendre ses propres décisions.
L'ambiance entre nous est lourde. Je lui pose alors la première question qui me vient à l'esprit :
— Comment vont les affaires ?
Le jeune homme se contente de hausser les épaules, avalant une gorgée de whisky à même la bouteille.
— Je n'ai pas trop à me plaindre.
— C'est vrai que le marché immobilier est très porteur...
Immédiatement le visage de Sirius se transforme. Son rictus s'efface et ses traits se durcissent. J'esquisse un petit sourire narquois ; je n'ai pas pu m'en empêcher, c'était trop tentant.
— Tout comme l'herboristerie, grince-t-il sur un ton condescendant.
Mes sourcils se froncent. Moi, contrairement à lui, je ne mens pas : il s'agit de ma couverture. J'ai envie de lui demander pourquoi il s'invente un métier, mais le jeune homme me contourne pour aller rejoindre le reste du groupe, dans le petit salon.
Je lui barre aussitôt le passage et positionne mes mains devant son torse pour l’empêcher de fuir.
Je prends mon air le plus menaçant :
— Pas si vite ! Si tu fais du mal à mon amie Dayla Winters, tu auras affaire à moi.
Son regard gris pâle plonge dans le mien et il me considère d'une drôle de manière, en arquant un sourcil dubitatif.
Puis, je ne comprends pas ce qui lui arrive : il avance d'un pas dans ma direction. Machinalement, je m'éloigne à reculons, jusqu'à ce que mon dos rencontre la table. Sans un mot, son regard descend et scrute ma tenue. Je sens mes joues brûler, ma robe rouge me semble encore plus inappropriée. J'aurai vraiment dû prendre le temps de me changer.
A mon inverse (et c'est bien la première fois), la tenue de Black est assez décontractée. Il porte un simple jean bleu foncé avec une chemise dont les manches sont relevées jusqu'aux coudes. Sa barbe de trois jours et sa chevelure brune épaisse lui donnent un charme troublant. Je secoue la tête, me sermonnant intérieurement. Bon sang ! Il faut que j'apprenne à ignorer mon attirance pour lui, que je la refoule, afin de ne plus jamais y songer.
— Je suis véritablement effrayé, susurre le jeune homme, muni de son habituel sourire en coin si détestable.
La chaleur que je ressens au creux de l'estomac se dissipe instantanément. Je rougis de colère à l'idée qu'il se moque de moi.
— Tu ferais bien d'avoir peur ! j'avertis, les poings sur les hanches. Je te rappelle que dans le cadre de ma formation, je participe à des cours de combats intensif.
Confiante, j'ajoute :
— Si je le voulais, je pourrais te mettre KO. Sans le moindre effort.
Le bellâtre se contente de m'observer en souriant légèrement, comme s'il se retenait d'éclater de rire. Ça me fout en rogne. Ni une, ni deux, je me mets en position de combat, les poings devant le visage.
— Tu ne me crois pas ? Vas-y, essaye de me frapper.
Il perd soudain son sourire, me regardant comme si j'avais totalement perdu la raison.
— Je n'ai pas l'intention de te frapper, Marlène ! s'insurge-t-il.
— Pourquoi pas ? Tu as peur d’abîmer ta jolie manucure ?
Je lui donne un léger coup au ventre, qui le surprend à peine.
— Arrête ça, m'intime-t-il d'une voix basse et grave.
Sirius Black n'a vraiment pas changé ! Il se croit toujours sorti de la cuisse de de jupiter, et il continue de me sous-estimer, même après tout ce temps. Et bien, je vais lui prouver de quoi je suis capable !
Je lui donne un autre coup, plus violent cette fois. Il tente de me saisir le bras mais, plus habile et entraînée, je l'esquive avec agilité.
— Il va falloir faire mieux que ça, Patmoche ! je raille.
Je retire mes talons, et m'échauffe en sautillant autour de lui, le défiant du regard. Le jeune homme affiche un rictus, mélange entre le sourire et l'agacement.
— Et si tu t'approchais un peu au lieu de me prendre en traître, McKinnon ?
En traître ? Mon sourire s'efface instantanément.
Ça remarque me vexe, aussi, je ne tarde pas à répliquer : je lui assène plusieurs coups de poing qu'il contre à l'aide de ses avants-bras. A présent, je suis en colère. Je lui porte un coup stratégique dans le tibia – ma marque de fabrique semble-t-il- lui arrachant un petit cri de douleur.
Croyant la partie gagnée, je tente de le maitriser comme on me l'a appris, mais à ma grande surprise, il réussit à me plaquer un bras derrière le dos. J'essaie de me dégager, en vain. Sirius serre plus fort, ce qui déclenche une douleur lancinante à mon épaule. Puis, il me relâche soudain et avant que j'aie le temps de réaliser ce qui se passe, je tombe à terre.
Je me contente de lever la tête pour le dévisager avec incrédulité. Sirius Black sait se battre ? C'est à la fois surprenant et... excitant. Je bloque mes pensées qui dérivent avant qu'elles ne se développent davantage. Je vais mettre ça sur le compte de la fatigue, et le fait que je n'ai pas eu de petit-ami depuis un long (très long) moment.
Épouvanté, le Maraudeur s’élance aussitôt vers moi.
— Pardon ! Je ne voulais pas...
— Tu te défends pas trop mal, j'admets en me relevant seule.
J'étouffe mon ressentiment. Si j'étais totalement honnête envers moi-même, je dirais que ma « défaite » face à Gordon Wilkes m'afflige fortement, et que je rejette ma frustration sur Sirius Black, comme si il en était fautif. C'est injuste.
J'adopte une attitude professionnelle et lui tend la main. Le brun a une brève hésitation, avant de la serrer. Un sourire mauvais se dessine alors sur mes lèvres. Trop facile . Je l'attire brusquement vers moi tout en levant mon genou pour le frapper, puis le repousse vivement à l'aide de mes deux mains. Sirius Black bascule en arrière et finit à son tour, les fesses par terre.
— C'est.... c'est de la triche ! bredouille-t-il, les yeux ronds d'étonnement.
Les poings sur les hanches, je le toise, victorieuse.
— Règle numéro 1, Black : « Tout les coups son permis pour battre son adversaire. »
Contre toute attente, il rit. Sa réaction me désarme et bien sûr, je m'empresse de lui tendre la main comme une pauvre midinette en mal d'amour. Sirius se retrouve soudain tout proche de moi. Ma main est toujours dans la sienne, comme un rempart au vertige qui me saisit, alors que sa voix douce et magnétique murmure :
— Attention, Marlène... tu n'es pas aussi forte que tu le penses.
Du bout des doigts, il caresse l'un des bleus que j'arbore au bras. J'ignore les frissons qui me parcourent et mon cœur qui bat la chamade. Je grimace et le repousse doucement. Je connais mes limites. Pourquoi tout le monde me rappelle sans cesse que mon métier est dangereux, comme si j'étais une petit fille dépourvue de bon sens ?
Je prends un ton léger pour dissiper la tension :
— J'ai pourtant réussi à te mettre K.O, non ?
Je m'attends à ce qu'il insiste et que ça dégénère, mais non. Le bellâtre me dévisage un instant, son regard couleur argent s'illuminant d'une lueur malicieuse.
— Si ça te fait tant plaisir de le croire.
Sans plus de cérémonie, il me plante là, seule face à moi-même. Il me faut un petit moment, le temps que ça monte au cerveau.
Non, ne me dites pas que... je me retourne pour le suivre du regard, la bouche grande ouverte de stupéfaction.
Ne me dites pas qu'il insinue m'avoir laisser gagner ?!
******
— Oh mon Dieu, Marlène, tu as l'air d'une sorcière !
Ma mère me dévisage avec de grands yeux tandis que je baille à m'en décrocher la mâchoire.
— Je suis une sorcière, M'man.
— Je veux dire une sorcière comme dans les contes Moldus : cheveux en pagaille, regard effrayant...
Je hausse des épaules. J'ai toujours cette tête avant de boire mon café, c'est pas de ma faute, non plus ! Je m'installe à table et me prépare un bol de corn-flakes, m'attirant les foudres de ma mère :
— Ta tante Griselda ne devrait pas tarder à arriver, prévient-elle en lorgnant mon pyjama.
Je laisse échapper un soupir d'agacement.
— Quelle idée aussi, de l'inviter a huit heures du matin.
— Il est onze heures, Marlène ! Tu ne veux pas aller te coiffer, au moins ?
Je soupire à mon tour, lassée, pendant que ma mère s'active autour de la table comme une abeille autour de sa ruche. Rien que de la regarder, ça me fatigue.
— Tu es rentrée bien tard, hier soir. Tu étais avec un ami ? lance-t-elle l'air de rien, en me servant gentiment une tasse de café fumante.
Je l'observe en haussant un sourcil, loin d'être dupe. Sa mission du jour : enquêter sur la vie amoureuse de sa fille chérie.
— Avec des amis au pluriel, Maman.
— Les amis imaginaires ne comptent pas, Marlène. Ce ne sont pas de vraies personnes.
Je me fige net à l'entente de cette voix, et me retourne si vivement que je manque de me faire un torticolis.
— Tante Griselda !
Après quelques secondes de surprise, je me jette dans ses bras en manquant de nous faire tomber toutes les deux au sol. Elle m’étreint en retour avant de me repousser gentiment pour m'observer. Je fais de même. Griselda a perdu quelques kilos, ce qui affine sa silhouette et les traits de son visage. Sa longue chevelure est tressée et dressée en chignon. Notre ressemblance est encore plus frappante, si c'est possible.
— Tu as une tête affreuse, ma nièce.
Je lève les yeux au ciel avec un sourire.
— Toi aussi, tu m'as manquée. Et ma tête n'es pas si affreuse, mes amis trouvent que je ressemble a l'actrice Farrah Fawcett ! j'ajoute avec fierté.
— Fard à quoi ? grimace Griselda.
— Ha ha ha ! Ils doivent être complètement myopes ! lance mon frère Andrew, mort de rire.
Il est arrivé hier soir et je ne sais pas pourquoi... il n’arrête pas de m’embêter. On ne s'est pas vu depuis plusieurs mois, je présume qu'il a un quota de vacheries à dire à sa petite sœur. Je roule des yeux en remarquant qu'il est fraîchement habillé et chaussé, comme s'il s’apprêtait à se rendre au travail. Pour rappel, on est dimanche.
— Ne sois pas méchant, Andy, intervient son épouse alias miss monde. Ta sœur est très jo...
Sa phrase reste en suspens lorsqu'elle pose ses yeux sur moi. Oui, bon... je ne suis pas vraiment à mon avantage, ce matin. Je porte un vieux pyjama rayé et j'ai les cheveux tellement en pétard qu'on dirait que j'ai été électrocutée.
— Comment ça va, Marlène ? reprend la brune d'un petit sourire gêné.
Je lui rend son sourire. Je n'étais pas vraiment fan d'Elena au début de leur relation, et je le regrette sincèrement. C'est une fille géniale qui prend toujours mon partie même lorsque j'ai tort. Vive la solidarité féminine !
— Ses amis ne sont pas myopes, ils sont juste imaginaires, se moque ma tante. Comment vas-tu mon beau ? enchaine-t-elle en posant ses mains sur les joues d'Andrew. Elena, toujours aussi ravissante ! Et où est donc, hum... votre charmante fille ?
— Chez mes parents, répond la jeune femme.
— Elle s'appelle Milana, je lui rappelle aussi discrètement que possible.
J'ai le droit un regard meurtrier.
— Je sais très bien comment se prénomme ma petite nièce ! glapit Griselda.
Ouais, mon œil. C'est à peine si elle se souvient de mon prénom.
— Mais dites-moi c'est un prénom russe, non ?
— Oui, confirme Elena en souriant.
Griselda fronce le nez comme si elle reniflait quelque chose de mauvais.
— Pourquoi donner un prénom russe à son enfant quand on est bulgare ?
Je me tape le front d'une main. Bon sang, la voilà repartie ! Pour je ne sais quelle raison, Griselda est persuadée qu'Elena Podavsky est d'origine bulgare.
— Bien, qui veut une tasse de café ? Griselda, je t'en prie laisse-moi prendre ton manteau et assieds-toi, intervient ma mère en souriant d'un air crispé.
— Mais il y a de si jolis prénoms bulgare, insiste ma tante en prenant place à ma droite. Nikolina, Petia, Stefania...
— Tu sais qu'on a confié sa première mission à Marlène ? la coupe encore une fois ma mère.
— Vraiment ? sourit ma tante, l'air sincèrement ravie pour moi.
Je hoche la tête, prête à passer à l'action. Il y a une question que je meurs d'envie de lui poser depuis des semaines : "dans ta jeunesse, as-tu eu une relation avec le chef du département des Aurors Xiphias Caldwell ?! "
Au bout de quelques minutes de conversation, Griselda semble comprendre que j'ai une idée derrière la tête ; ses sourcils se froncent légèrement et elle lâche un soupir d'agacement.
— Et t'ai-je parlée de mon chef de service Xiphias Caldwell ?
Ma tante détourne la tête.
— Une dizaine de fois, oui... où est mon cher frère ?
C'est ça, essaie donc de changer de conversation !
— Chez le garagiste.
— Un dimanche ?
— Oui, c'est un ami de la famille. Et donc, j'ai appris que chef Caldwell...
— Il préfère s'occuper d'un engin moldu défectueux plutôt que de voir sa sœur qui est venue de loin ?! s'offusque ma tante en haussant le ton.
Je lui décoche un grand sourire moqueur.
— Que veux-tu que je te dise ? Papa vient de fêter ses quarante-quatre ans et il rêve toujours de se faire adopter pour ne plus avoir à te côtoyer.
— Vilaine ! grogne Griselda en me donnant une petite tape au bras.
Mon sourire s'élargit.
— Où est-ce que j'en étais ? Ah, oui : chef Caldwell...
— Dis-moi, tu es amoureuse de cet homme ?
Je manque de m'étouffer avec ma salive, alors que ma tante me dévisage sans retenue.
— Pardon ?
Elle hausse les yeux au ciel.
— Chef Caldwell par ci, chef Caldwell par là... tu m'as donnée la migraine.
— Je ne suis pas amoureuse de lui, il doit avoir une cinquantaine d'années ! Ce dont tu dois être parfaitement au courant, tante Griselda. Il paraît que vous avez travaillé ensemble quand tu avais mon âge...
Voilà, la bombe est lâchée. Je m'attends à ce qu'elle nie tout en bloc, mais elle se contente de lâcher un soupir étouffé.
— Nous n'avons pas travaillé ensemble. Je l'ai seulement aidé à régler quelques affaires grâce à mon... tu sais quoi.
Mes yeux s'écarquillent en grand. Je me penche vers elle, pour lui chuchoter à l'oreille :
— Tu lui as donc avoué que tu avais un don de voyance ?
Ma tante lève encore les yeux au ciel.
— Que tu aies réussi à intégrer une formation d'Auror avec un QI si limité, ça me dépasse. J'aimerais un peu de lait dans mon café, Felicia !
Je ne relève pas l'insulte et préfère me concentrer sur l'attitude de Griselda que je trouve très étrange : son regard est anormalement fuyant.
J'en rajoute une couche dans l'espoir de la voir flancher :
— Chef Caldwell est un homme doué et intelligent...
— Trouve-toi donc un garçon de ton âge, m'arrête-t-elle, l'air exaspérée. J'en connais un très bien, d'origine bulgare.
Je la dévisage en faisant la moue. Qu'est-ce que c'est que cette fascination pour les bulgares ? Et merci bien, j'ai déjà ma mère sur le dos, je n'ai pas besoin que ma tante se mêle également de ma vie amoureuse !
— Il ne parle pas notre langue, mais il est robuste et travailleur. De plus, il n'est pas trop laid à regarder. Il est vrai qu'il est légèrement bossu...
— Ça suffit, je sais ce que tu essaies de faire ! je m’emporte à voix basse, lassée de son petit jeu.
— Et qu'est-ce que j’essaie de faire, ma nièce ?
J'ouvre la bouche pour répondre, mais elle reprend en élevant la voix :
— Tu as besoin d'aide, Felicia ?
Je roule des yeux. Bien sûr que non ! Maman ne supporte pas que l'on soit derrière son dos lorsqu'elle est aux fourneaux.
— Non, merci !
Qu'est-ce que je disais ?
— J'arrive, déclare Griselda, ne lui laissant pas le choix. Ne me dis pas que tu comptes nous servir un poulet aux abricots ? Les fruits sont la seule nourriture que mon estomac ne puisse supporter...
Je fixe ma tante, sans pouvoir m'empêcher de froncer les sourcils. Elle me cache quelque chose, c'est certain... Pensive, j'avale une gorgée de café, enfourne une autre cuillère de corn-flakes, et cligne des yeux en remarquant le sourire goguenard de mon frangin.
— Quoi ?
— Farrah Fawcett ? Je n'arrive pas à m'en remettre, s'esclaffe Andrew.
— Et oui, tu n'es plus le seul beau gosse de la famille, va falloir t'y faire. Je dirais même...
Je lui décoche un sourire éclatant, léchant la moustache de lait sur ma lèvre supérieure pour faire mon petit effet.
— Que j'ai fini par te surpasser !
Author's Notes:
Bonjour :D
Ca fait longtemps que je n'ai pas mis à jour cette histoire, je suis désolée. J’espère que vous n'avez pas oublié Marlène et que cette suite vous plaira !
Bonne lecture,
A bientôt :)
Chapitre 13 : Rappel à la Loi.
Miss McKinnon,
J'ai appris par l'une de mes sources les plus fiables que vous vous êtes rendue à une soirée remplie de Mangemort, pas plus tard que la semaine dernière.
Seule.
Une question me taraude : AVEZ-VOUS PERDU L'ESPRIT ?!
Je vous rappelle, pour la cent-cinquante deuxième fois, que vous êtes encore en formation et qu'à ce titre il vous est formellement interdit de mener des enquêtes SEULE sans informer au préalable votre supérieur hiérarchique : MOI.
Avant toute décision, toute action, toute initiative, vous devez m'avertir et vous conformer à mes instructions. Je dois être tenu informé de tous vos faits et gestes afin d' appréhender les risques encourus !
Xiphias Caldwell,
Chef du département du bureau des Aurors.
********************
Cher Chef Caldwell,
Je prends bonne note de votre beuglante et penserai à vous tenir informer de mes futurs agissements afin que vous puissiez, comme vous dites, appréhender les risques encourus.
D'ailleurs, pour votre information : ce matin, j'ai englouti un porridge pleins de grumeaux et à présent, j'ai des crampes d'estomac. Je pense aller à l'infirmerie pour demander à Madame Pomfresh une potion calmante. Avec votre permission, bien sûr...
Votre sincère subordonnée,
Marlène McKinnon
********************
Miss McKinnon,
Je ne goûte guère à vos plaisanteries et vous le savez très bien.
Vous n’êtes pas censée ignorer que votre carrière est entre mes mains ? Je vous somme d'adopter une conduite professionnelle appropriée et responsable, si vous ne voulez pas terminer au conseil de discipline !
Je suis lasse de vos pitreries.
C'est mon dernier avertissement avant sanction, McKinnon !
********************
Chef Caldwell,
J'ai agi, selon vous, de manière irresponsable quand d'autres y verraient une forme de courage.
J'admets avoir commis une erreur en me rendant seule à cette soirée. Pour autant, je ne vous permets pas de remettre en cause mon investissement professionnel. Je pense vous l'avoir prouvé à maintes reprises.
********************
Miss McKinnon,
Le courage est certes une qualité indéniable pour être un bon Auror mais vous battre, même bravement, pour mourir aussi bêtement ne servirait à rien car l'essentiel de votre travail repose sur l’éradication total du mal qui habite le monde sorcier.
Pourquoi cherchez-vous constamment le conflit avec votre supérieur hiérarchique ?
J'ordonne, vous obéissez.
POINT.
********************
Chef Caldwell,
Je trouve vos méthodes totalement dépassées. J’essaierai néanmoins de les appliquer car je suis encore en formation et votre subordonnée.
Sachez cependant que j'ai toujours eu un problème avec l'autorité et le conformisme.
********************
Miss McKinnon,
En voilà, une véritable surprise ! Sûrement un trait de famille...
A présent, cessez de n’importuner. Vous me dérangez en pleine réunion de service.
********************
Chef Caldwell,
Je vous dérange ? MOI ?
Dis-donc, c'est vous qui m'avez envoyé une beuglante qui m'a explosée en plein visage devant une centaine d'élèves !
Dois-je vous rappeler que les adolescents sont des petits êtres remplis de méchancetés et de moqueries ?! Ces sales gamins n’arrêtent pas de me vanner, maintenant.
Je vous préviens à l'avance : des claques risquent de se perdre.
********************
Miss McKinnon,
Il est strictement défendu aux Membres du personnel – et cela inclus les stagiaires- de gifler un mineur ou de le mettre au cachot sans qu'au préalable, une plainte a été déposée auprès du procureur et que les tribunaux civils aient déclaré un jugement à l'encontre du mineur.
Xiphias Caldwell,
Chef du département du bureau des Aurors.
********************
Chef Caldwell,
Merci pour ce rappel à la Loi. Je vous promets de ne gifler que les élèves majeurs.
Votre humble employée,
Marlène McKinnon.
**************************
— Ça suffit !
Je tape du poing sur la table, faisant à peine sursauter le gosse assis face à moi. Non mais regardez-moi ce drôle de look, sérieusement : une coiffure mi- longue style mulet, un pull informe à motifs géométriques par-dessus sa chemise blanche réglementaire, et un semblant de moustache dont il semble très fier.
Et dire que McGonagall se plaignait de mon « manque de conformisme vestimentaire » lorsque j'étais à Poudlard. Je vous parie qu'aujourd'hui, elle regrette ce bon vieux temps !
Mes sourcils se froncent , je prends mon air le plus terrible pour intimider le gryffondor.
— Maintenant, tu vas tout nous avouer.
— Je ne sais pas de quoi vous parlez.
Je renifle dédaigneusement. C'est inutile de me mentir, j'ai eu une vision la nuit dernière et je sais que c'est LUI le coupable !
— C'est la vérité, M'dame...
— M'dame ? je m'offusque en grimaçant.
Je n'ai quand même pas l'air si vieille !
« Oh, l'erreur... » grommelle mon collègue en se tapant le front d'une main. Mes joues s'empourprent, mes poings se serrent et ma mâchoire se crispe sous une colère légitime.
— Hum... Mademoiselle ? tente à nouveau le petit malpoli, en esquissant un faible sourire contrit.
Je l'ignore délibérément, revenant au sujet principal :
— Qui d'autre est dans le coup ?
— Ben... personne, repond-il, mastiquant bruyamment son chewing-gum.
— Je suis sûr que le grand chevelu est au courant ! intervient mon collègue.
Je me tourne dans sa direction, un peu surprise.
— Tu parles du Garde-Chasse ?
— Ouais, je te parie qu'il le protège.
J'étudie cette possibilité ; il est vrai que Hagrid a pour habitude de venir en aide aux élèves...
— Non, il n'a rien avoir dans cette histoire M'da...moiselle.
J'observe à nouveau le môme ; mes yeux se rétrécissent comme ceux de la vipère sur le point de mordre.
— Tu admets donc avoir une part de responsabilité là-dedans, Billy ?
— Mon prénom à moi, c'est Henry.
— N’essaie pas de changer de sujet et dis-nous tout ce que tu sais sur cette affaire !
Je donne un autre coup à la table, renversant à moitié le café de mon collègue. Ce gamin me pousse à bout. Mais il ne bouge pas et réagit à peine.
— Ben, pas grand chose. Ce matin, j'ai pris mon petit-déjeuner, comme d'habitude. J'ai commencé par un toast beurré et...
— Epargne-nous les détails de ton régime alimentaire et accouche ! je l'interromps, à bout de nerfs.
— D'accord, grommelle-t-il, tête baissée. Une fois terminé, j'avais encore faim, alors...
— Oui ?
— J'ai remarqué qu'il y avait encore pleins de choses à manger à la table des professeurs, alors je me suis levé...
Ah, on y arrive ! La pression est trop forte, le mioche va passer aux aveux.
— Et ? je le presse, le cœur battant à la chamade.
Il baisse à nouveau la tête, en marmonnant, à peine audible :
— Et j'ai... je vous ai subtilisé une part de pudding.
Un lourd silence suit cette révélation.
— Quel parfum ?
L’adolescent me regarde avec incompréhension avant de se renifler vulgairement les aisselles.
— Je n'en porte pas.
— Je parle du pudding que tu m'as volé, crétin !
— À la vanille. Je peux retourner en cours, maintenant ?
— Et puis quoi, encore !
Je sens le rouge me monter aux joues.
— Est-ce qu'elle va bien ? demande le gryffondor à Pierson.
Je darde mon regard sur lui.
— Non, je ne vais pas bien ! Je suis en hypoglycémie par ta faute ! Allez, sors d'ici. Et que je ne t'y reprennes plus ou je t'envoie en garde à vue !
Le gosse ne se fait pas prier : il bondit de sa chaise et quitte la pièce dans la seconde.
— Quoi ?! je gronde, en remarquant que Matthew Pierson me dévisage.
— T'es complétement barrée, McKinnon. C'était vraiment nécessaire de te défouler sur ce pauvre gamin juste parce que le Chef t'a collé la honte ?
— Arrête de sourire comme ça, je préviens d'une œillade assassine.
Mon collègue s'esclaffe.
— Tu dois admettre que c'était drôle...
J'aperçois le coin de ses lèvres se retrousser, ce qui m'agace encore plus. Drôle ? Qu'une beuglante de mon supérieur hiérarchique m'explose en pleine tronche dans la Grande Salle ?
Ouais, je suis morte de rire.
— Eh, ça va, tu l'as quand même bien mérité, non ? enchaine le brun face à mon expression grognon. Qu'est-ce qui t'as pris aussi, de te rendre seule à cette soirée ?
Je relève la tête dans sa direction pour le fusiller du regard. Qu'est-ce qui m'a pris ? C'est la question que je me pose encore aujourd'hui. J'ai agi de manière instinctive, sans réfléchir aux conséquences et j'ai commis une erreur, je le reconnais. Seulement, voilà : je suis comme ça, mon impulsivité fait partie intégrante de ma personnalité. Je ne pourrais pas changer ça, même si je le voulais. Et puis, j'ai déjà essayé...
— Lâche-moi la baguette, le Chef m'a déjà fait la leçon.
Mon collègue me regarde un instant sans rien dire, avant de rétorquer :
— Tu devrais sérieusement songer à consulter un psychomage. Tu n'es pas une fille très net.
Le pire, c'est qu'il a l'air sérieux. Ça n'a rien d'une blague, visiblement. Je m'apprête donc à l'insulter copieusement lorsque la porte de la salle s'ouvre à la volée, laissant apparaître le Professeur McGonagall. Ses traits sont tirés et sont chignon tellement serré que la peau de son front est lissée.
— Miss McKinnon, Monsieur Pierson, nous salue-telle froidement. Puis-je savoir pourquoi vous convoquez à tour de bras des élèves de MA maison sans ma permission ? Tout cela pour enquêter sur une ridicule affaire de pudding ?!
Nous partageons un regard en biais avec mon collègue, nullement impressionné l'un l'autre. C'est bon, on est plus des élèves. Je me contente de hausser les épaules.
— Il faut bien qu'on s'occupe le temps de recevoir les autorisations parentales des élèves que nous souhaitons interroger sur l'affaire qui nous intéresse, je réponds nonchalamment.
La vielle McGo se tourne vers mon voisin, qui opine du chef. Notre attitude paraît la scandaliser : ses lèvres minces se serrent et le regard de ses yeux très bleus se durcit.
— Si vous vous ennuyez tellement, tous les deux, je peux aisément vous trouver une occupation.
— Non, ça ira. Merci quand même, fais-je en souriant.
D'accord, mon comportement n'est peut-être pas très professionnel et a la limite de l'insolence, mais la tête que tire McGonagall en ce moment vaut des milliers de Gallions !
— Le Professeur de Vol est en congé maladie.
— Quel dommage. Souhaitez-lui un prompt rétablissement de notre part, dit Pierson sur son habituel air pompeux.
La vieille sorcière l'ignore délibérément et poursuit :
— Vous êtes tous les deux en capacité de le remplacer, non ?
Pierson manque de lui recracher son café à la figure.
— Pardon ?
— Hein ? fais-je à mon tour, grimaçant de surprise.
McGonagall acquiesce en secouant la tête de haut en bas, elle affiche un mince sourire au coin.
— Les élèves de première année ne peuvent pas manquer leur cours de Vol.
Son ton devient presque enjouée, comme si cette situation l'amusait grandement.
— Mais....
— Ils vous attendent tous sur le terrain de Quidditch.
— Mais, Professeur ! Nous ne sommes pas... professeurs !
Oh, super, voilà que Pierson se met à pleurnicher. Ce n'est pas au goût de la vieille sorcière : son visage se crispe, son ton devient autoritaire :
— Vous préférez allez astiquez des trophées ? Ou aider le concierge dans ses tâches ménagères ?
Je la considère en arquant un sourcil dubitatif.
— Ça ressemble a une punition et vous ne pouvez pas nous punir.
Faut pas pousser l'elfe de maison du haut de la tour, non plus !
— Oui, avec tout le respect que nous vous devons, nous ne sommes plus des élèves, renchérit Pierson en bombant fièrement le torse.
Pour la toute première fois, nous partageons un regard entendu. De vrais petits Aurors en herbes ! Le regard de mon ancien professeur s'assombrit dangereusement tandis qu'elle appuie les paumes de ses mains sur la table, nous toisons sévèrement par dessus la monture de ses lunettes carrés.
— Il serait regrettable que Xiphias Caldwell apprenne cette odieuse affaire de pudding, n'est-ce pas ? grince-t-elle entre ses dents serrés. Que pensera-t-il donc de ses deux stagiaires favoris ? Tout simplement qu'ils préfèrent s'amuser au lieu de se rendre utile !
— Nous sommes ses deux stagiaires favoris ? Vraiment ? couine Pierson, aussi heureux qu'un gagnant du Loto.
Je lève les yeux au ciel en même temps que McGonagall. Parfois, il me fait vraiment honte.
— Rendez-vous immédiatement sur le terrain de Quidditch. Vos élèves vous attendent.
Je lâche un énorme soupir, résignée.
— Mais nous n'avons même pas nos...
— Balais ? termine mon ancien professeur tyrannique, en désignant de la main deux balais neufs posés contre le mur de l'entrée.
Eh, merde. A croire qu'elle avait prévu son coup !
*************
— Le cours de Vol s'est plutôt bien passé, non ?
Je pousse la porte du bar et une forte odeur de bacon et de bièraubeurre m'agresse les narines.
Il y fait une chaleur étouffante. Je retire ma veste de costume d'un geste énervé, adressant à peine un regard à Matthew Pierson.
— Bien passé ? Un gosse s'est écrasé la tronche contre le bitume ! je lui rappelle froidement.
Pauvre gamin. Son visage était couvert de sang, c'était franchement répugnant.
— Il était sous ta surveillance.
Je me fige net, manquant de lui rentrer dedans.
— Sous ta surveillance ! je corrige avec véhémence.
— La tienne !
— Non, Pierson : LA TIENNE !
La salle se fait soudain silencieuse et tous les regards se braquent instantanément sur nous. Il faut dire que je viens de hurler comme une marchande de poissons. Nous nous forçons tous les deux à sourire, un peu embarrassés, avant d'avancer vers le comptoir, tandis que les conversations reprennent tranquillement.
— Vois le bon coté des choses, McKinnon. Le Professeur McGonagall ne nous demandera plus jamais de jouer les profs remplaçants....
C'est effectivement le bon côté de la situation mais je ne vais certes pas lui avouer que je suis d'accord avec lui. Plutôt avaler du verre pillée.
— Je peux savoir pourquoi tu me suis ?
Le jeune homme me regarde avec une froide incompréhension.
— Je ne te suis pas. Il se trouve juste que nous nous rendons au même endroit. Ce sont des amies à toi ? ajoute-t-il avec un bref signe de tête.
Je me retourne et aperçois Lily Evans et Mary McDonald, assises à une table à l'autre bout de la pièce. Elles me font des signes de mains enthousiastes. « J'arrive dans une minute, les filles ! » je braille en retour, faisant grimacer mon collègue.
— A demain, Pierson.
— Tu ne veux pas faire les présentations ? me retient-t-il par le bras, me gratifiant d'un sourire enjôleur.
— Dans tes rêves.
Son sourire de beau gosse prétentieux s'élargit.
— C'est inutile d’être jalouse. Tu restes ma préférée.
Cet idiot l'audace de me décocher un clin d'oeil. Je perds aussitôt patience :
— Écoute, crétin : si tu ne veux pas avoir d'ennuis, je te déconseille de t'approcher de mes amies. Et que t'ai-je dit, en ce qui me concernait ?
Le brun roule des yeux, avant de fourrer les mains dans ses poches. Puis, son regard marron presque noir plonge dans le mien.
— Pas de plan drague à deux noises.
— Pourquoi ça ?
— Parce que la simple idée d'être avec moi te répugnes, repond-il en grimaçant.
Je lui adresse un grand et franc sourire pour la première fois de la journée.
— Tu voix, quand tu veux : tu sais écouter.
Pierson semble légèrement vexé de son insuccès, mais n'a pas l'air de m'en vouloir pour autant.
J'enjolive un peu la réalité, je l'admets. Matthew Pierson est loin d’être repoussant : il est grand, ses traits sont plutôt réguliers et il est doté d'immenses yeux marrons foncés ourlés de longs cils noirs qui lui conférent un air de détermination farouche. Ça m'arrange pas des masses, j'aurai préféré qu'il soit aussi laid qu'un bébé troll. Fort heureusement, Pierson possède une affreuse personnalité, ce qui m'empêche d'avoir quelques pensées déplacées à son égard...
Le jeune homme me rend mon sourire. Le sien est un peu forcé et sarcastique.
— Bon, j'ai un rendez-vous de la plus haute importance. A plus tard, McKinnon.
« Ouais, c'est pas trop tôt » je grogne dans ma barbe.
Pierson rejoint un homme bien plus âgé que lui, qui lui ressemble étrangement : probablement son père. Un rendez-vous de la plus haute importance, mon œil ! Toujours à vouloir faire son intéressant, celui-là...
Je m’affale sur un tabouret de libre et commande un verre. Oh, ces talons hauts ! Je meurs d'envie de retirer mes escarpins, mes pieds souffrent atrocement compressés dans ses petits instruments de tortures... Mon verre tarde à arriver, alors pour oublier ma douleur, je tapote mes doigts sur le comptoir et mon regard erre dans la salle déjà bien pleine. Un couple retient aussitôt mon attention. Cet homme... je le connais. Et la sorcière qui l'accompagne, pas du tout.
Non, mais je rêve !
Je me lève d'un bond, furibonde, pour m'approcher de ce charmant petit couple qui se bécote. Puis, je me mets à tousser comme un cheval. La jeune femme (grande, blonde et sublime au passage) me dévisage avec surprise. Son compagnon, lui, laisse échapper un soupir à fendre l'âme en me remarquant.
Je leur décoche à tous les deux mon sourire le plus commercial et hypocrite.
— Bonsoir, Sirius. Quel joie de te voir !
Author's Notes:
Bonsoir :)
Je vous souhaite mes meilleurs vœux pour cette année !
J'ai pris de bonnes résolutions : poster plus souvent, mais pas sûr que j'y arrive xD
Voici le chapitre 14, j'espere qu'il vous plaira !
Bonne lecture,
à bientôt :)
Jalea.
Chapitre 14 : Point commun.
— Bonsoir, Sirius. Quel joie de te voir !
Je lui adresse un sourire crispé, me retenant de lui décocher une droite bien méritée. La jolie inconnue fronce immédiatement les sourcils, tandis que je me force à ignorer l'élan de jalousie qui me traverse en les regardant. Contrairement à moi, elle porte une tenue simple qui la met en valeur : jean et pull en cachemire. Je la dépasse d'une bonne dizaine de centimètres, ce qui l'oblige à lever le menton pour me regarder dans les yeux.
— C'est une amie à toi ?
Sirius ouvre la bouche, mais je le devance :
— Disons plutôt une ancienne camarade de classe. Je m'appelle Marlène McKinnon.
Je lui tends la main qu'elle serre brièvement.
— Maria Dobley, enchantée. Woah, tu es une Auror ? ajoute la jolie blonde, admirative, en lorgnant mon uniforme.
Nous devons avoir le même âge et son visage avenant m'est vaguement familier ; je crois qu'elle était la maison Poufsouffle. Ou Serdaigle.
— Pas encore mais c'est pour bientôt, je réponds en lui adressant un petit clin d’œil.
Un silence plutôt pesant s'installe. Je me tourne alors vers Black, espérant qu'il ouvre enfin la bouche. Ce dernier se contente de me toiser d'un drôle d'air.
— Je ferais mieux de rejoindre ma sœur, dit Maria, mettant fin à ce moment plus que gênant. J'ai été ravie de te rencontrer, Marlène. A toute à l'heure, Sirius.
Comment ça, à toute à l'heure ? Ces petits mots suffisent à me faire bouillonner. Je suis la jeune femme des yeux et lorsqu'elle est assez loin, mon sourire s’évanouit et je frappe violemment l'épaule du Maraudeur pour le faire réagir.
— On profite bien de la soirée, Black ?
Toujours aucune réaction. Il est devenu muet ou quoi ? Son regard gris acier glisse alors sur ma tenue d'un air moqueur. Puis, il ouvre enfin la bouche :
— Que fais-tu ici, Marlène ?
C'est étrange, il n'a pas l'air étonné de me voir. Je suis d'autant plus surprise car je m'attendais à des reproches, à son ton froid et distant, surtout après avoir fait fuir sa conquête du jour. C'est tout le contraire : son timbre de voix, calme et grave, ne contient aucune animosité. Cela déclenche en moi un frisson qui prend naissance dans mon dos pour venir mourir à la racine de mes cheveux.
Merlin de merde, c'est mauvais signe ! Si mon corps ne m'écoute pas, je suis mal barrée.
— Je suis venue me détendre après une dure journée de travail. Et toi ?
— Disons que je me détendais... jusqu'à ton arrivée.
J'avais remarqué ! Je fulmine intérieurement, partagée entre la jalousie parce qu'il a embrassé sous mes yeux une autre femme, et la colère car il est supposé entretenir une relation avec l'une de mes amies.
Je décide de me concentrer sur mon sens de l'amitié : et dire que mon amie Dayla Winters doit probablement s'imaginer que c'est sérieux entre eux ! D'accord, on parle de Sirius Black, mais tout de même ! Agir de cette manière, c'est franchement immorale et abjecte. Etait-il déjà ainsi au collège ? Je ne crois pas. Je me souviens qu'il a eu plusieurs petites-amies, mais pas en même temps... pas vrai ?
Le jeune homme se détourne de moi pour commander deux verres de whisky.
— C'est pour elle, lance-t-il lorsque le barman le sert.
— Pardon ? je m'offusque.
— Tu a fais fuir mon rencard. Tu me dois un verre.
— Il y en a deux.
— Le second est pour toi.
Je pose quelques pièces sur le comptoir, la mine rageuse (c'était mes dernières pièces !).
— Où est le reste de la bande ?
Je m'étonne moi-même, pourquoi lui fais-je la conversation ?
« Rien à foutre, Marlène. Il trompe ton amie, qu'est-ce que tu attends pour lui jeter un sort ?! »
Le bellâtre se contente d'hausser les épaules.
— J'en ai pas la moindre idée.
— J'ai vu Lily et Mary, là-bas...
Sauf qu'elles ne sont plus à leur table. Où sont-elles passées ? Elles ne seraient quand même pas parties sans me dire au revoir ?
Je tourne la tête vers Black et suis happée par l'intensité de son regard gris acier. Bon sang... ça devrait être interdit d'avoir des yeux pareils ! Je me concentre plutôt sur son visage, mais c'est encore pire : il est d'un équilibre parfait et sculptural. chaque détail me semble si régulier que ça me laisse admirative. Ce qui est totalement ridicule, j'en conviens !
J'avale une gorgée de mon verre pour reprendre contenance. Mauvaise idée : j'ai la gorge qui brûle, à présent. D’où vient ce whisky, par Merlin ? C'est le plus fort que j'ai jamais bu !
Je grimace, puis revient au sujet qui m’intéresse :
— J'ai une question à te poser, Sirius : à quoi joues-tu avec mon amie Dayla ?
Ses sourcils se froncent d'incompréhension.
— Qui ?
Il se moque de moi ? Ma bouche s'ouvre de stupéfaction et de rage.
— Dayla Winters ! je m'écrie littéralement, la jeune femme blonde qui travaille dans mon service et que tu as invité à sortir, espèce de misérable...
— Inutile d’élever la voix, me coupe-t-il brutalement.
J'attends la suite mais il ne dit rien de plus. Le brun se contente de me toiser de longues secondes, impassible.
— C'est quoi ton problème ? Tu es incapable de te souvenir d'une fille avec laquelle tu as... tu es sorti ? je me rattrape juste à temps, le rouge aux joues.
J'ai enfin droit à une réaction : un haussement de sourcil désabusé.
— Tu lui as parlé, récemment, à ton amie ?
— Non, mais...
— Eh bien, si tu l'avais fait, tu aurais appris qu'il ne s'est rien passé entre nous. Nous sommes seulement aller boire un verre ensemble. Et elle n'a parlé que de toi...
— Quoi ?
Un sourire railleur s'épanouit sur les lèvres du jeune homme.
Oh, misère.
Je me rejoue les conversations que j'ai eu avec Dayla, à propos de Sirius, et... cela fait soudain tilt.
— Elle n'a eu de cesse de me vanter tes mérites : « Marlène est une fille fantastique, c'est vraiment la meilleure. Elle est aussi tellement intelligente ! Oui, je sais, ça ne saute pas aux yeux... »
Je sens le rouge me monter aux joues et je balbutie :
— Dayla ne dirait jamais une chose pareille !
— Tu as raison, mais tout le reste est vrai. Pour être tout à fait franc, j'ai eu la sensation d'avoir été piégé, poursuit le bellâtre.
— Piégé ? Comment ça ?
— J'ai eu la curieuse impression qu'elle voulait me jeter dans tes bras.
Je reste un long moment silencieuse, méditant ses paroles. Comment ai-je pu être aussi naïve ? Dayla Winters n'a de cesse de vouloir me caser et ce, depuis le premier jour de notre rencontre. « C'est pas normal qu'une fille aussi jolie soit célibataire » me répète-t-elle chaque jour. J'aurai du le voir venir.
En même temps... j'étais persuadée que Dayla en pinçait pour Sirius Black, je n'ai pas pensé une seule seconde qu'elle pouvait manigancer quelque chose ! Je ressens un curieux mélange d'embarras et de soulagement. Oui je l'admets : je suis soulagée qu'il ne se soit rien passé entre eux, à tel point que j'ai l'impression qu'un poids énorme vient de quitter mes épaules. Tout les muscles de mon corps se détendent et lorsque je croise à nouveau le regard de Sirius, mon cœur loupe un battement.
Oh, non. Je n'avais vraiment pas besoin de ressentir tout ça maintenant. Je me passe une main dans les cheveux et toussote pour dissimuler ma gêne.
— Dayla est parfois pire que ma mère, fais-je sur un ton d'excuse.
Je culpabilise un peu, là. Sirius a du passer la pire soirée de sa vie avec la secrétaire du Chef !
— Ne t'inquiète pas, je lui ai dit qu'elle perdait son temps. Que toi et moi, nous ne sommes que d'anciens camarades de classe.
— Uniquement les bons jours.
Un étrange sourire se joue un instant sur ses lèvres. Mon regard dévie lorsque qu'il relève ses manches de chemise, dévoilant les muscles de ses avant-bras. Je m'oblige à détourner les yeux et m'efforce de respirer régulièrement. Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais apprendre que Sirius et Dayla ne sortent pas ensemble à comme qui dirait décoincer un blocage intérieur.
— Et c'est un bon jour, n'est-ce pas ? rétorque à mi-voix mon voisin, en m'adressant un petit sourire amical.
— Je suppose...
Je dois vraiment commencer à être pompette parce que l'envie de le séduire me vient subitement et je me mets à jouer avec mes cheveux en battant des paupières. Loin de moi l'idée d'être prétentieuse, mais généralement il n'en faut pas plus que pour qu'un homme m'offre un verre. Mais là, que dalle. Le temps passe et rien ! Sirius Black se contente de m'observer comme il l'a toujours fait.
« C'est une mauvaise idée » prévient ma petite voix intérieure que j'envoie balader.
C'est bon, je sais que ce n'est pas l'idée du siècle de tenter de séduire un ancien ami... ou camarade de classe. Ce n'est pas de ma faute si Sirius Black est incroyablement attirant. Je ne comprends ce qui m'arrive car généralement en sa présence, j'arrive à me maitriser. En toute circonstance.
Ce soir, c'est différent. Il est a coupé le souffle dans sa chemise immaculée et son pantalon noir. Au lieu de lui donnée un air guindé, cela accentue son charme et son élégance. Et si je ne l'ai pas remarqué plus tôt c'est uniquement à cause de la colère que j'ai éprouvé en le voyant flirter avec cette Maria machin.
— Je suis désolée d'avoir fait fuir ton rencard. Elle avait l'air gentille.
Sans cesser de sourire amicalement, je m'installe sur le tabouret voisin que je fais pivoter pour lui faire face. Je croise ensuite les jambes l'une sur l'autre, geste calculé pour que ma jupe remonte légèrement, puis je scrute sa réaction.
Je dois dérailler complétement. Ou me sentir très seule. Peut-être bien les deux. Et je suis visiblement entrain de perdre mon temps car Sirius se contente de me toiser avec scepticisme. Il ne me regarderait pas différemment si j'étais une vendeuse de potions en rabais.
— Comment je peux me rattraper ?
Ma voix est anormalement douce, ce qui attire l'attention du Maraudeur. Il finit par arquer un sourcil interrogateur. Puis son regard descend sur ma jupe, et mes jambes avant de revenir à mes yeux. Je me sens rougir de honte, mais j'arrive a soutenir son regard, bien plus que lorsque nous étions au collège. A cette époque, j'avais du mal à gérer mes émotions... j'avais tendance à prendre la fuite. Très souvent. Des lors qu'il posait le regard sur moi un peu trop longtemps. Ou bien, je commençais une dispute, ainsi c'était plus facile à gérer.
D'accord, je n'ai pas énormément changé avec le temps : j'ai toujours sale caractère. Mais aujourd'hui, je bien plus confiance en moi.
Sirius repousse son verre vide, sans me lâcher du regard, une lueur nouvelle s'allumant dans son regard gris pale. Nos genoux se touchent presque. Si je bougeais un tout petit peu... je m’exécute, tandis que les battements de mon cœur s’accélèrent. Son contact m'électrise et diffuse une chaleur dans tout mon corps.
L'espace d'un instant, un seul, je lui fait perdre ses moyens. Je le vois déglutir.
— Je n'en sais rien, répond-il finalement d'une voix rauque.
Le bar est remplie de monde, mais c'est comme si nous étions seuls ici .
— Tu dois bien avoir une petite idée, non ? je souffle en retour, choquée par ma propre audace.
Sirius se mure à nouveau dans le silence, me fixant en plissant légèrement les yeux, l'air de ne pas en croire ses oreilles.
Nous nous jaugeons en silence, un long moment, puis... le revoilà enfin. Le Sirius Black confiant, emprunt d'assurance et parfaitement arrogant. Tout à coup, un sourire enjôleur se dessine sur son beau visage. Je suis en train de me liquéfier de l'intérieur. Jamais un homme ne m'a fait cet effet.
Je le regarde, immobile. Je commence à avoir chaud, a suffoquer même. Tous mes membres semblent s'être pétrifiés, et quand sa main se pose sur mon genou, je suis inapte à réagir.
Nous y voilà : le point de non retour. Sirius semble se faire la même réflexion car il continue de m'examiner, l'air d'attendre un quelconque mouvement de recul de ma part. Je n'en fais rien. Il se penche alors lentement vers moi.
J'essaie de me remémorer mon dernier baiser avec homme et je me raidis soudain. C'était avec cet enfoiré de Gordon Wilkes ! Ce mauvais souvenir me fait remonter un goût de bile au fond de ma gorge. Quand je pense que ce sale Mangemort a osé me toucher et même fourrer sa langue de vil serpent dans ma bouche... mon poing se serre inconsciemment, sur le comptoir.
Mon « ancien camarade » approche ses lèvres de mon oreille, me ramenant brutalement au moment présent, pour mon plus grand bonheur :
— J'en ai plusieurs, en réalité.
Sa réponse me surprends à peine. J'ai la gorge serrée et soudain si sèche que je déglutis péniblement.
— Je n'en doute pas une seule seconde.
Ma voix n'est plus qu'un murmure. La tension entre nous n'a jamais été autant aussi insoutenable.
— Si je ne te connaissais pas aussi bien, Marlène.... je croirais que tu me fais des avances, susurre le Maraudeur en se rapprochant plus près de moi.
Mon regard dévie vers ses lèvres. J'essaie de me remémorer notre premier baiser. Notre seul baiser. C'était il y a presque deux ans. Nous étions en septième année, je me trouvais dans son dortoir... je ne me souviens plus du tout pour quelle raison. Les détails sont flous, mais son odeur enivrante, la douceur de ses caresses, sa main enfouit dans mes cheveux... je n'ai rien oublié de tout cela, comme si ça c'était produit la veille.
Un détail me turlupine : pourquoi n'avons-nous jamais recommencé ? Il y a bien eu ce petit moment juste avant la troisième tâche du Tournoi, mais c'était plus un bisou d'encouragement qu'autre chose... Ses yeux se fixent sur ma bouche alors que je m'humecte les lèvres. Je jurerai qu'il se pose la même question que moi.
Nous nous regardons longuement. Le temps semble s'arrêter et se figer, jusqu'à ce qu'une voix désagréable s'exclame :
— Nous ferions mieux de retourner au Château, McKinnon. Si on tarde trop, la vieille McGo risque de nous faire une syncope !
Je me recule d'un bond et virevolte vers Matthew Pierson pour le fusiller du regard. Mon collègue nous dévisage tour à tour, Sirius et moi.
Son air professionnel se mue en une grimace.
— Oh, désolé.
Il braque ensuite son regard marron foncé dans ma direction, arborant un sourire hautement narquois.
— J'interromps quelque chose, peut-être ?
******
La nuit a été longue.
Je n'ai pas réussi à m'enlever Sirius de la tête, pensant à ce qui aurait pu se passer entre nous si ce crétin de Matthew Pierson ne nous avez pas interrompu de la pire manière qui soit.
Je me sers une autre tasse de café fumante, tâchant de me concentrer sur ma mission. Je ne dois plus me laisser le distraire, la situation est trop grave.
Bien. Résumons les faits que j'ai en ma possession, même si ce n'est pas grand chose :
1er fait : Les parents de Troy Dickson, le gamin disparu, semblent esquiver nos demandes d'entretiens. C'est étrange, non ? Ne devraient-ils pas au contraire se montrer coopératifs s'ils souhaitaient réellement retrouver leurs fils au plus vite ?
2eme fait : Le père du gosse fait partie de l'Ordre du Phénix mais il n'y est que rarement présent. Je dois faire en sorte d'assister à toutes les réunions afin d’espérer pouvoir le rencontrer.
En parlant de L'Ordre, je trouve que Peter Pettigrow a un comportement étrange, en ce moment. Il semble avoir définitivement perdu son air d'imbécile heureux. Suis-je la seule à l'avoir remarqué ? Peut-être a-t-il des problèmes personnels ? Ou est-ce son régime basse calorie qui le rend irritable ? A creuser.
3eme fait : Si je me rends à toutes les réunions, j'aurai l’occasion de voir Sirius, discuter avec lui et aussi... eh, une seconde ! Quel est le rapport avec l'affaire qui m’intéresse ?!
Je secoue la tête pour me reprendre, ce n'est vraiment pas le moment !
3eme fait (correction) : Eric Tilman, le meilleur ami de Troy Dickson cache quelque chose. J'en ai la certitude car j'ai eu une vision le concernant, où il faisait promettre l'un de ses camarades de classe de ne rien dire : "à ces deux Aurors trop bizarres".
— Salut, McKinnon. Bien dormi ?
Je me crispe en voyant mon collègue me rejoindre à la table des Professeurs. Il est fraichement habillé, les cheveux encore humides. Étant toujours en colère contre lui, mon ton est à peine poli :
— Comment pourrais-je bien dormir dans un lit qui grince à chaque mouvement ?
Il se contente de hausser les épaules.
— Tu n'as qu'à demander à changer de chambre.
— Déjà fait. Il parait qu'il n'y en a plus aucune de disponible.
Le Professeur McGonagall se fout de ma tronche.
Il y a des centaines de pièces dans ce maudit Château et elle veut me faire croire qu'elles sont toutes occupées ? Mon œil ! Elle est surtout contrariée par le fait que Pierson et moi soyons sortis sans son autorisation, la nuit dernière. Comme si on avait besoin d'une fichue autorisation. Nous sommes des adultes, de futurs Aurors, plus des gosses de première année !
— Je t'avais prévenu que McGo risquait de mal prendre notre petit escapade... mais tu t'es bien amusée, non ?
Je relève brusquement la tête pour le regarder droit dans les yeux. Je n'aime pas son ton, ni ses insinuations.
— C'était ton petit-ami ?
— Pardon ?
— Le garçon avec qui tu étais au bar, hier soir.
Sa voix un tantinet trop mielleuse me rend aussitôt suspicieuse.
— Mêle-toi de ce qui te regardes, Pierson.
Le jeune homme lâche un faible soupir.
— Écoute, nous sommes collègues, reprend-il avec plus de sérieux. Et ce n'est pas parce que notre histoire n'a pas fonctionné que tu n'as pas le droit de me parler de ta vie amoureuse...
Je m'immobilise net, une tartine dégoulinante de café à la main.
— Notre histoire ? je répète avec une totale incrédulité.
Il a fumé quoi ce matin, de la racine de Mandragore ?!
— Ce que je veux dire, c'est que ça ne me gêne pas si tu as envie de me parler de ces choses là. D'ailleurs, si tu as besoin de conseils : je suis là.
C'est trop. J'hésite entre le fou rire, la stupeur hébétée ou l'indignation. Ce mec est totalement barge !
— Pourquoi j'aurais besoin de conseils venant de toi ? j'articule en gonflant les joues pour ne pas m'esclaffer.
— Parce que je connais ce genre de type : je suis exactement comme lui.
Je doute sérieusement que Matthew Pierson est quoi que ce soit en commun avec Sirius Black, mais je me laisse prendre au jeu : ça pourrait être drôle.
— C'est à dire ?
Son regard se lève vers le plafond et il devient distant.
— Sombre, l'âme torturé. Ne souhaitant n'avoir que des conquêtes, ne voulant plus aucune attache avec qui que ce soit...
Dans un premier temps, j'observe son visage sans rien dire, trop abasourdie pour réagir. J'essaie ensuite de me contenir et j'y arrive un instant, la main plaquée contre ma bouche mais c'est de plus en plus difficile. Et soudain j'explose, attirant les regards surpris de quelques professeurs à table.
— Qu'est-ce qui te fais rire ? demande froidement mon collègue.
Je pense à un truc sérieux pour me reprendre : Voldemort en tutu. Non, mais qu'est-ce que je raconte ? Voldemort qui tue, pas en tutu ! Oups, trop tard. J'imagine déjà dans ma tête celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom vêtu d'un tutu rose ; je le vois maintenant se dresser sur la pointe de ses chaussons et se mettre à tourner sur lui-même.
J'explose de rire et ris si fort que je peux à peine respirer.
Quand enfin, je parviens à me calmer, je saisis l'occasion pour sortir une réplique amusante :
— Ne le prend pas mal, Pierson... mais j'ai rencontré une acromentule, un jour, qui avait l'âme plus tourmentée que toi !
Mon collègue croise les bras sur son torse massif et se renfrogne comme un petit garçon vexé.
— Oublie ce que je viens de te dire.
Je lui adresse un grand sourire, moqueuse.
— Ce ne sera pas difficile.
Derrière son air guindé et hautain, Mattew Pierson est plutôt marrant, en fait. Sans le faire exprès.
— Plus sérieusement, on est dans la mouise. Marcus nous rend visite la semaine prochaine et nous n'avons aucun élément, aucune piste à lui présenter. Ça craint !
Marcus Denworth est le chargé principal de cette mission et notre tuteur de stage. Mon estomac se tord rien qu'en imaginant l'air déçu sur son visage.
— Nous devrions encore interroger le petit Eric Tilman, je poursuis.
Pierson esquisse une moue contrariée.
— Le temps que tu envoies un hibou pour aviser ses parents de l'entretien et qu'ils fassent le déplacement, Denworth sera déjà là.
— Ce n'est pas l'arrivée de Denworth qui m'inquiète, contrairement à toi.
J'ai droit à un regard noir.
— Tu feras moins la maligne lorsque ton copain -il appuie lourdement sur le mot- transmettra son compte rendu au Chef Caldwell et qu'on se fera virer de la promo. Ça fait trois semaines qu'on est là et nous n'avons pas avancé d'un iota sur l'affaire !
Il croit peut-être que je l'ignore ?
Je secoue les mains devant son visage pour lui faire signe de baisser d'un ton. Son attitude commence à me taper sur les nerfs. Je suis frustrée autant que lui, mais que pouvons-nous y faire ?
— Qu'est-ce que tu proposes, Pierson ?
La tension redescend un peu. Il semble un peu surpris que je lui demande son avis. C'est une première, c'est vrai. J'ai toujours préféré travailler seule plutôt qu'en équipe. Je crois que c'est en partie dû à mon don de voyance qui m'a quelque peu isolée des autres.
— Interroger à nouveau le petit Tilman est une bonne idée, reconnait finalement mon collègue après un court moment de réflexion.
J'esquisse un demi-sourire. Matthew Pierson n'est peut-être pas le coéquipier que j'aurai choisi, mais je respecte son implication au travail et son engagement professionnel.
Ça nous fait un point commun.
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