Jeff by Sifoell
Summary:

Jeff est un Moldu mais il ne le sait pas.

Par contre, les voisins de ses grands-parents sont un peu bizarres.

Et ce "bizarre" va le suivre toute sa vie, mais peut-être le cherche-t-il un peu.

 

 

Photo de Trinity Kubassek, Pexels.

 

 

Ce recueil de textes fait partie du projet inter-fan-club, imaginé par la géniale Selket et repris par la fantastique Eve.


Categories: "19 ans plus tard", Epoque Maraudeurs, Epoque de Harry Characters: Narcissa Black, Regulus Black, Theodore Nott
Genres: Angoisse/Suspense, Aventure/Action, Missing Moments
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Les Black, T'es canon, toi !, Regulus Arcturus Black, le fan-club, Projet Inter Fan Club (Challenge)
Chapters: 3 Completed: Non Word count: 8033 Read: 1101 Published: 11/05/2021 Updated: 27/10/2021
Story Notes:

Hello,

Ce recueil suit le personnage de Jeff, qui est un moldu.

Pour le moment, il compte trois textes, mais d'autres viendront s'y ajouter, au fur et à mesure de l'avancement du projet Inter Fan-Club, mené par Selket puis Eve. Ainsi, Jeff va rencontrer plusieurs sorciers.

L'ordre des OS sera sans doute bougé au bout d'un moment, afin qu'il y ait une progression chronologique (je me réserve le droit de modifier les OS ultérieurs afin de garder un ensemble cohérent, mais je vous en avertirai si les changements sont importants).

Merci de suivre l'histoire de Jeff le Moldu :)

1. Dear Granny by Sifoell

2. Leyland Princess by Sifoell

3. Les collines intérieures by Sifoell

Dear Granny by Sifoell
Author's Notes:

Cet OS répond au challenge inter-fan-club, imaginé par la géniale Selket.

J'ai pris les contraintes warrior, à savoir TOUTES, soit six contraintes, et j'ai choisi comme personnage Regulus Black.

 

Catégorie 1 (décor et personnage) : Narcissa sera un de vos personnage dans cette fic / votre récit doit se passer près d'un cour d'eau

Catégorie 2 (stylistique) : vous devez utiliser deux métaphores / vous devez écrire sous forme épistolaire


Catégorie 3 (scénaristique) : votre personnage se retrouve propulsé dans un monde de super héros  / vous devez commencer votre histoire par un journal télévisé

Je vous souhaite une bonne lecture !

Eté 1977.

Les yeux hypnotisés par la télé, Jeff regarde le journal avec Grandpa en mangeant une boîte de conserve. Depuis que Granny s'est cassé un os et est à l'hôpital, c'est Grandpa qui le garde quand c'est les vacances scolaires. Et Jeff pense que c'est les meilleurs vacances du monde, même s'il préfère quand même la cuisine de Granny. Mais Grandpa, lui, ne lui dit pas de se laver les mains avant de manger ou de se brosser les dents le matin en se levant et le soir avant de se coucher.

Dans un impeccable tailleur vieux rose, Kay Alexander présente les résultats du dernier match de foot des équipes du coin, et Jeff et Grandpa sont tellement silencieux qu'on entendrait une mouche voler. Mais après le journal, ce que Jeff préfère au monde, c'est Les Sentinelles de l'Air, qui sont rediffusés pour la énième fois, mais Jeff les adore. Mais ce qu'il adore encore plus, c'est les comics que papa achète et lui prête des fois, ou Jeff va les lire en douce. Et son préféré de préféré, c'est Spider-man.

Une fois qu'ils ont fini de manger, Jeff aide Grandpa à débarrasser la table, et quand le vieil homme l'y autorise, Jeff prend ses quelques figurines de Spiderman et du Bouffon Vert qu'il fourre dans les poches de son short, son masque rouge rayé d'une toile qu'il met sur ses yeux, et sa cape qu'il accroche autour de son cou, et fonce en bas du jardin, puis dans la garenne en contrebas, où serpente sa rivière, qui n'est en réalité qu'un filet d'eau où il y a juste des grenouilles et des têtards. Dans la tête de Jeff, le Bouffon Vert s'est constitué une véritable armée de grenouilles et de têtards, et Spider-man les combat seul, dans cette forêt composée d'arbres maigrelets, de fougères et de ronces.

Et Jeff suit le cour d'eau, qu'il a appelé la Tamise, parce que c'est la rivière qui coule à Londres, et il aime bien ce nom. Il se tourne une dernière fois vers la maison de Grandpa et Granny et fait un coucou à son grand-père qui est parti s'occuper du jardin. Jeff l'aide parfois, mais Grandpa préfère qu'il joue parce qu'il paraît qu'il fait n'importe quoi, cueille les haricots trop tôt, coupe les lys de Granny en pensant que ce sont des poireaux.

La cape flottant derrière lui, même si Spider-man n'a pas de cape, mais Jeff préfèrerait qu'il en ait une, il saute de pierre en pierre, recouvrant ses chaussures et ses chaussettes de mousse, de boue et d'eau. Maman se demande souvent comment il fait pour autant se salir, mais elle arrive toujours à avoir le vert des genoux, et reprise les trous aux coudes.

Et Jeff arrive à l'endroit qu'il préfère par-dessus tout dans tous les endroits qu'il aime au monde. Quand sa Tamise fait un coude sur la droite, qu'il dépasse cet énorme rocher qui ressemble à un hippopotame, Jeff a l'impression de s'isoler du monde, et il a fait son royaume de la petite mare, des fougères et des ronciers, des arbres plus hauts et des feuillages plus touffus. Là, son monde est sombre et sauvage. Il a même vu une fois un ragondin gros comme ça. Et surtout, Jeff ne voit plus la maison de Grandpa, ni son jardin, ni celles et ceux de ses voisins.

Il dispose autour de lui sur les pierres, dans les branches d'arbres, au pied des fougères, ses figurines dont les poches de son short débordent, et commence à jouer. Il cherche autour de lui et retrouve la boîte de conserve que Grandpa lui a donné, mais est tout déçu de voir que les têtards en sont tous partis. Ils ont du s'enfuir ou se faire bouffer par une bête. Jeff hausse les épaules et vide l'eau de la boîte de conserve par terre, et la couche ensuite par terre, parce que cela fait une super base pour Peter Parker.

Un premier CRAC sonore fait sursauter tellement Jeff qu'il en tombe du rocher et s'érafle le genou par terre. Il regarde son bobo, souffle dessus. Cela pique terriblement mais Jeff est un costaud comme le dit GrandPa, alors il ne pleure pas. Un deuxième CRAC sonore le fait de nouveau sursauter, et une femme blonde et très belle apparaît juste à côté de lui. Elle est habillée dans une belle robe noire, avec du vert et du gris. Jeff lève les yeux vers elle, et elle lui fait chut d'un geste du doigt sur ses lèvres, avant de brandir une baguette de bois et qu'une lumière en sorte et vienne toucher Jeff qui se raidit comme une planche, puis une autre lumière rouge, et il a l'impression qu'une couverture d'eau froide se répand sur lui. Allongé par terre, Jeff ne peut bouger que ses yeux, et il entend d'autres CRAC. Il entend aussi le bruit de sa Tamise qui s'écoule comme si rien d'extraordinaire ne se passait.

Jeff sent sous son corps la terre et les fougères, mais il a un gros caillou pile au milieu de son dos, et ça lui fait mal. C'est comme si son corps était endormi mais son esprit est super réveillé comme tout le temps. Jeff sent dans ses mains fermées Spider-man à droite et le Bouffon Vert à gauche. Il regarde la femme blonde qui lui tourne le dos, il a presque l'impression qu'elle le cache. Même de dos elle est belle.

Il y a une femme aux cheveux noirs qui vont dans tous les sens, habillée tout en noir, et à la voix haut perchée. Puis un homme aux cheveux blonds presque blancs, un brun barbu et nerveux, et un jeune garçon aux cheveux noirs et à l'air maladif. Mais il a l'air en meilleur santé que le monsieur aux cheveux bruns, aux yeux rouges. Ils sont tous habillés en noir. La femme blonde a l'air triste et d'avoir un peu peur. Ils ont tous l'air d'avoir peur, du peu que peut discerner Jeff, sauf le monsieur qui a une longue cape noire qui l'enveloppe comme une nuit. Non, la noirceur vient de lui. Jeff a même l'impression que le soleil s'est caché derrière un nuage par peur de ce monsieur. C'est un vrai méchant, pire que le Bouffon Vert.

« Regulus. Approche-toi, mon garçon. Bellatrix m'a dit que tu souhaitais me rejoindre. »

Jeff n'aime pas sa voix. Jeff déteste sa voix. Une voix sifflante, méchante, méchante... Un frisson de peur le secoue presque. Jeff entend les pas du garçon qui n'a pas l'air d'avoir peur. Pourtant, la peur les enveloppe tous, et elle est causée par ce super-vilain à la voix sifflante, comme s'il avait un serpent dans la gorge.

« Quelle belle réunion de famille. Tu es entouré de tes cousines qui me sont fidèles, Bellatrix et Narcissa, de Lucius et de Rodolphe. Et tu es là pour... »

Sa voix se fait hésitante, comme s'il courait après une idée et la rattrapait doucement.

« Racheter ce qu'ont fait Andromeda et Sirius à la Noble et Très Ancienne Maison des Black. »

« Des traîtres-à-leur sang ».

Jeff n'aime pas trop la voix du garçon non plus. On dirait qu'il essaie d'être plus fort, plus grand qu'il ne l'est. Mais il a peur comme tous les autres, peur du super-vilain aux yeux rouges. Jeff respire plus fort, mais la belle femme blonde qui est debout devant lui et le cache de sa robe noire, ouvre et ferme la main. Jeff se tait alors. Silencieux comme l'Araignée.

Alors, ce qu'il se passe à quelques mètres de lui se mêle dans son esprit, véritable porridge de super-héros, super-vilains et de ces étranges hommes et femmes qui ont des bâtons qui font de la lumière dans leur main. Jeff ne voit pas bien ce qu'il se passe, mais il lui semble que le garçon brun retrousse sa manche, et que de la pointe de sa baguette de bois, le méchant touche son avant-bras. Le garçon se met à respirer plus fort, puis à grogner de douleur, et tombe enfin à genou.

« Là, là, Regulus. C'est exactement là où je veux voir les Black. A mes pieds. »

Jeff voit la jeune blonde se tendre, serrer les poings, et il entend un bruit de feuilles mortes, et dans un filet de voix, le garçon répond.

« Oui, Maître. »

Le garçon reste plusieurs minutes à genoux par terre. Jeff ne voit que ses pieds dépasser, ainsi que son dos. On dirait qu'il se tient le bras. Quand il se relève, encore plus pâle et l'air encore plus malade qu'avant, le garçon regarde dans sa direction, puis regarde la femme blonde qui secoue la tête doucement.

« Tu es destiné à faire de grandes choses à mes côtés, Regulus Arcturus Black. »

Le garçon se détourne de la femme blonde et regarde l'homme sifflant, mais Jeff ne le voit pas. Il est caché entièrement par la femme blonde, il ne distingue qu'un bout de cape noire, mais sa méchanceté flotte partout comme une odeur de poubelle.

« Pourquoi avoir choisi cet endroit pour m'apposer votre Marque, Maître ? »

Le garçon demande, il a dans sa voix une assurance aussitôt démentie par les respirations qui se coupent autour d'eux.

« Tu oses questionner mes intentions, Regulus? »

« Non, Maître. Mais ce sont des terres Black. »

L'esprit de Jeff file à toute vitesse. Il ne comprend rien à ce qu'il se passe, et même s'il veut très fort que les super-héros et les super-vilains existent vraiment, il n'en a plus envie si c'est pour rester allongé, à ne pas voir grand chose de ce qu'ils font et à entendre des choses qu'il ne comprend pas. Il a l'impression d'avoir raté au moins trois épisodes.

« Ce domaine peut nous servir, Regulus. »

« C'est la maison de mes grands-parents. »

« Ce bon vieil Arcturus Black a gagné un Ordre de Merlin, il sera notre hôte. »

Et ils s'éloignent à pied, l'homme qui fait peur ayant l'air d'embrasser le jeune garçon. Ils sont rapidement suivis par les deux autres hommes et la femme brune, mais la blonde reste en arrière, le cachant de son dos. Elle se retourne vers Jeff, met son index sur ses lèvres, et deux traits de lumière l'atteignent en pleine poitrine, le deuxième, comme si une couverture chaude l'enveloppait. C'est plus agréable que la première fois.

« Tu retournes chez toi dès que tu ne nous vois plus, d'accord ? »

Elle se redresse, reste le regarder avec ce regard que lui lance parfois Granny quand elle lui demande vraiment s'il a bien brossé ses dents ? Et elle s'en va.

Spider-man et le Bouffon Vert bien serrés dans ses poings, Jeff respire rapidement quand il voit la belle femme blonde disparaître dans cet endroit qui sent tellement la poubelle que Jeff n'y va jamais, ni personne à sa connaissance. Jeff se relève alors rapidement, récupère toutes ses figurines qu'il met dans l'abri en conserve de Spider-man, et court de pierre en pierre, puis sur le chemin de terre longeant sa Tamise, avant de remonter en courant le jardin de Grandpa qui est en train d'équeuter des haricots.

« Ah ben tiens, installe-toi. »

Jeff s'assied du bout des fesses sur la chaise de jardin et soupire. C'est super long d'équeuter les haricots, et il aime pas faire ça. Grandpa lui dit toujours quand quelque chose n'est pas bien fait, et souvent, Granny passe derrière lui pour relaver la table ou refaire son lit. Jeff aimerait avoir un petit frère, parce que les filles, c'est trop nul, mais maman dit qu'elle travaille trop pour cela, et elle parle aussi de la maison qu'il reste à payer, mais il ne voit pas trop le rapport, Jeff.

« Je peux écrire à Granny après ? »

Jeff a toujours aimé écrire des lettres aux gens qu'il aime. A son père, à sa mère, à Grandpa et à Granny. Des petites attentions de petit garçon qu'il laisse, parce qu'il n'aime pas dessiner, et Jeff, il aime pas trop les bisous et les câlins, comme Grandpa. Les bisous et les câlins c'est pour les filles.

« Alors, t'as fait quoi au ru ? »

Jeff ouvre de grands yeux surpris, et raconte tout ce qu'il a vu, mélangeant à son récit Spider-man et le Bouffon Vert. Grandpa a déjà une énorme montagne de haricots équeutés devant lui, mais celle de Jeff est vraiment trop petite. Il a une petite tendance à faire très lentement ce qu'il n'aime pas faire, dans l'espoir que Grandpa le chasse et finisse d'équeuter ces haricots. En plus, il aime pas ça, les haricots. Grandpa secoue la tête.

« Je t'ai déjà dit de pas aller si loin le long du cours d'eau. Il doit y avoir une ancienne décharge enterrée. C'est trop dangereux. »

« C'est la terre Black, il a dit, le garçon. C'est la maison de son grand-père qui a gagné un Ordre de Merlin. »

Grandpa souffle bruyamment et rassemble les haricots que Jeff n'a pas encore équeuté devant lui.

« Toute façon, tu fais toujours ce que tu veux... »

Grandpa agite sa main vers la maison.

« Va écrire ta lettre à Granny. »

Jeff bondit de sa chaise, laissant avec lui les haricots, et trotte jusqu'à la maison où tout ce dont il a besoin pour écrire est rangé dans le secrétaire. Il prend les feuilles avec des fleurs dessinées dessus, parce que Granny les aime bien, et un feutre noir. Il s'installe sur la chaise de bureau, s'appuie doucement sur la planche du secrétaire et, la langue pointant entre ses lèvres, commence sa lettre, dans une écriture appliquée.

Dear Granny,

 

Les vacances avec Grandpa se passent bien mais je préfère quand c'est toi qui fais à manger.

Papa vient me chercher vendredi matin, comme ça je viendrai te voir avec lui vendredi après-midi (il a dit qu'on te ferait un triffle, même si c'est pas pratique d'emmener un saladier à l'hôpital).

J'espère que ton os va mieux et que tu pourras continuer à faire du jardin et du vélo avec la voisine quand tu rentreras à la maison.

J'ai vu un truc bizarre aujourd'hui, quand j'étais sur la Tamise près de l'endroit qui sent la poubelle. Il y a des gens qui sont apparus comme ça, crac. Une belle dame blonde m'a fait quelque chose, et c'était comme une couverture froide et je pouvais plus bouger. Et il y a un monsieur méchant qui a fait autre chose à un jeune garçon, et ils sont tous partis dans la maison de son grand-père. Le méchant était vraiment moche, pire que le Bouffon Vert. La belle dame blonde m'a refait quelque chose, et c'était comme une couverture chaude, et je pouvais bouger de nouveau. Elle m'a dit de repartir à la maison quand je ne les verrai plus. Du coup je suis rentré, et j'ai aidé Grandpa à équeuter ses haricots même si j'aime pas ça.

Je brosse bien mes dents le matin et le soir, et je me lave bien mes mains avant de manger.

A bientôt Granny qui me manque !

 

Jeff.

 

Le petit garçon fouille dans le secrétaire à la recherche d'une enveloppe sur laquelle il écrit avec application Granny. Puis il en lèche les rebords et les colle ensemble les pressant entre ses doigts.

Il espère fort que Granny rentrera bientôt. Et il se dit que demain, il retournera jouer au coude de la Tamise, là où ça sent la poubelle. Parce que c'est son endroit rien qu'à lui, celui qu'il préfère au monde, papa a même dit qu'il l'aiderait à faire une cabane. Jeff espère revoir la belle dame blonde qui a l'air gentille, mais pas les autres qui ont l'air méchants, surtout celui qui a des yeux rouges.

Et il espère que le jeune garçon se plait aussi bien dans la maison de son grand-père que Jeff chez ses grands-parents.

Parce que c'est là que se passent les meilleures vacances du monde entier

 

End Notes:

J'espère que la lecture vous a été agréable.

Ce texte peut être lu comme canonique, ou faisant partie de l'univers alternatif que je construis, au choix. Si vous voulez en savoir plus sur ma vision de Regulus, vous le retrouverez dans Chienne d'errance qui lui est consacrée (le "et si" Regulus avait pu s'échapper de la caverne), ainsi que dans deux autres fics mais je ne dirai pas lesquelles pour ne pas spoiler...

N'hésitez pas à laisser un message, ils sont toujours appréciés.

A bientôt !

Leyland Princess by Sifoell
Author's Notes:

Bonjour,

Voici très en retard, ma troisième participation au Projet Inter Fan-Club, organisé par Selket (et repris depuis par Eve).

Voici les contraintes :

Catégorie 1 (décor et personnage) : Les maraudeurs doivent être là / Votre texte doit se dérouler lors d'une après-midi d'Automne

Catégorie 2 (stylistique) : Une oxymore doit être présente dans votre texte Figure de style qui consiste à allier deux mots de sens contradictoires. (Exemple d'oxymore : « une douce violence » ) / le narrateur doit être masculin (Jeff)
Catégorie 3 (scénaristique) : A la découverte de son patronus caché / Immuable

Cette fois-ci, je suis partie sur un niveau difficile et non warrior, et je devais insérer quatre contraintes sur les six.

Nous sommes en automne 1977 (soit quelques semaines après le premier chapitre).

Il pleut tellement aujourd'hui que Jeff a l'impression que toute cette pluie est en train de laver le monde. Ils ont passé le week-end chez Granny et Grandpa. Granny est enfin revenue de l'hôpital, et son os a été réparé, et même si elle ne le dit pas, Jeff, ses parents et Grandpa savent bien qu'elle a mal à son os. Elle a été un peu plus grognon que d'habitude, et c'est maman qui a fait le repas et le ménage, et Granny n'arrêtait pas d'être derrière elle pour lui dire comment faire, ou où ranger les choses. Maman est patiente là où Granny ne l'est pas. Jeff a passé la journée à jouer dans le jardin, avec ses bottes, son ciré, ses figurines de super-héros, mais depuis ce qu'il s'est passé dans l'endroit qu'il préfère au monde, quand Jeff a vu le super-vilain aux yeux rouges, et qu'il a fait un truc à l'adolescent, et qu'il y avait tous ces autres gens, et que la jolie dame blonde l'a caché, Jeff ne va plus dans l'endroit qu'il préfère au monde. De toute façon, sa Tamise sent trop les poubelles, alors, Jeff préfère maintenant être plus sage et rester aux côtés de sa famille dans le jardin de Granny et Grandpa.

Il pleut tellement aujourd'hui que Jeff a l'impression de ne plus jamais pouvoir être sec de sa vie. Quand ses parents le rappellent, il ramène toute l'eau qu'il a sur lui dans la petite véranda donnant sur le jardin de Granny et Grandpa dans lequel il a joué toute l'après-midi. Il se débarrasse de ses bottes de caoutchouc pleines de boue, de son ciré plein de pluie, débarrasse ses figurines de toutes les saletés qui les recouvrent. C'est déjà le moment de repartir du Dorset où vivent ses grands-parents jusqu'à la maison. Une bonne heure de route, alors que le ciel est si sombre qu'on dirait qu'il fait déjà nuit. Il embrasse Grandpa puis Granny qui lui demandent d'être bien sage, avec papa et maman, parce que Jeff a une petite tendance à faire toutes les bêtises qui lui passent par la tête, et il a une telle imagination ! Comme lorsqu'il leur a raconté cette histoire invraisemblable avec le monsieur aux yeux rouges et en cape noire, aux bras et au visage si livides qu'il semblait mort.

Mais c’est déjà l’heure de partir et maman lui tend ses baskets rouges et sa doudoune, alors que papa dit au revoir. Jeff va alors faire un gros câlin à Grandpa puis à Granny une fois les baskets à ses pieds et la doudoune sur son dos.

« Tu vas me manquer, microbe, qui m’aidera à équeuter mes zaricots ? »

Jeff sourit à la moquerie de son grand-père, qui le reprend à chaque fois qu’il fait mal une liaison, et aussi, parce qu’équeuter les haricots, c’est loin d’être son activité préférée.

Granny n’arrive pas à se pencher pour lui faire un bisou, alors Jeff entoure délicatement Granny de ses bras et la serre presque pas.

« Tu travailles bien à l’école et t’es sage, hein ? »

C’est toujours ce que demande Granny, et avec ça, qu’il se lave les mains avant de manger, et qu’il enlève ses chaussures en entrant dans la maison, et d’autres trucs barbants. Mais papa, maman et Jeff finissent de dire au revoir et grimpent les uns après les autres dans la Princesse, la voiture que papa a acheté il y a quelques mois. Jeff se met au milieu de la banquette arrière et fait coucou de la main à ses grands parents qui deviennent tout petits à mesure que la voiture s’éloigne. Jeff adore aller chez ses grands-parents, parce que c’est toujours pareil, rien ne change vraiment, et il aime que Grandpa et Granny soient toujours les mêmes et qu’ils le connaissent par coeur.

La voiture file sous des trombes d’eau et ils entrent dans la forêt où Grandpa aime bien aller au champignon, dans ses coins secrets qu’il ne dit à personne – il paraît que les meilleurs champignons poussent sous les chênes, alors Grandpa a donné un de ses secrets à Jeff : « s’il y a de la pluie, et du beau temps, regarde par terre si tu vois des glands... »

Jeff joue avec ses figurines qu’il fait se poursuivre sur les dossiers des sièges de ses parents, et il jette de temps en temps un œil par la fenêtre aux arbres qu’ils dépassent tellement vite qu’il les voit à peine. La voiture commence à faire un bruit bizarre et maman râle parce que papa aurait dû la déposer au garage depuis longtemps. Jeff lève les yeux vers ses parents, puis son regard est attiré par un grand truc lumineux qui ressemble à un renne de Noël comme ceux qui sont devant les maisons, mais celui-là traverse la forêt à toute vitesse.

« Hey, vous avez vu ? »

Mais papa et maman n’écoutent pas parce que la voiture fait encore plus de bruit et papa arrête la Princesse sur le bas-côté en disant de tellement gros mots que Jeff aurait aimé fermer ses oreilles. Jeff tourne de nouveau la tête vers la forêt, mais la déco de Noël est partie.

« Y avait un grand animal avec plein de lumière qui a traversé la forêt... »

Ses parents ne l’écoutent pas, et Jeff se renfrogne. De toute façon, ils le croient jamais.

« Prends le parapluie, chérie, je vais regarder ce que c’est. »

Papa tire sur la manette pour ouvrir le capot, et ils sortent tous les deux. Jeff, lui, a mis ses figurines dans ses poches et guette le retour du renne, mais il ne voit rien… Il regarde partout dans la forêt, s’attendant à voir d’autres belles choses pleines de lumière. Mais comme rien ne vient et que c’est super long, Jeff recommence à jour avec ses figurines. Papa râle beaucoup, Jeff l’entend même si les portières et les fenêtres de la Princesse sont toutes fermées.

Le bruit pétaradant d’une grosse moto fait lever la tête des parents de Jeff du moteur de la voiture, et le petit garçon enfile sa doudoune, la ferme, et met sa capuche, parce que sinon maman va le gronder, et sort de la voiture pour regarder la moto qui ralentit et s’arrête devant la voiture. Jeff s’avance, mais la main de papa l’arrête. Maman vérifie que Jeff ait bien monté sa fermeture éclair jusqu’en haut avant qu’ils regardent tous les deux hommes descendre de la moto et du side-car. La bouche de Jeff s’agrandit en une expression admirative. Les deux hommes sont plus jeunes que papa et maman, et super grands tous les deux. Le brun a les cheveux trop longs, ce qui fait froncer des sourcils Granny, et le châtain a les cheveux en pétard.

« Waaaaaah, elle est trop belle ta moto ! »

Le conducteur de la moto lui adresse un grand sourire. Maman se met à glousser et papa se tourne vers elle. Jeff s’avance vers la moto, et le gars lui ébouriffe les cheveux.

« Je peux la toucher ? »

« Ouais, vas-y bonhomme. Vous avez besoin d’aide ? »

Papa n’aime pas dire ça, mais oui, il n’y connaît rien en mécanique.

« Je veux bien, oui. »

Papa tend sa main au brun puis au châtain.

« Henry. »

« Sirius. »

« James. »

James précise en montrant Sirius :

« Ses parents sont des happy. »

« Des hippies, James. »

Papa regarde rapidement comment Sirius et James sont habillés et hausse les épaules.

« Il faut de tout pour faire un monde. »

Jeff ne comprend pas trop ce que disent les grands, mais papa adore citer Granny quand il ne sait pas quoi dire. C’est son petit secret qu’il lui a dit rien qu’à lui. James et Sirius regardent l’intérieur du moteur, mais Sirius a l’air de plus s’y connaître.

« Vous auriez un chiffon ? »

Maman acquiesce et va chercher un chiffon dans la voiture. Jeff passe sa main sur la selle de la moto, puis en fait le tour, lit le nom de la marque, Triumph.

« Je peux m’assoir dans le side-car ? »

Avant que papa ou maman n’aient eu le temps de dire quoi que ce soir, James arrive vers Jeff, et le soulève.

« Bien sûr, bonhomme ! »

« James, j’aurai besoin de toi... »

James ébouriffe encore les cheveux de Jeff qui se demande ce qu’ils ont à lui toucher les cheveux tout le temps. Il retourne auprès de papa et maman, leur demandant.

« Vous auriez une clé à pipe ? »

« Une douze... »

Et James les entraîne vers le coffre de la Princesse où papa a toujours des outils, bien qu’il ne s’en serve pas vraiment. Jeff les suit des yeux, puis regarde Sirius qui est de dos, et prend un bâton de bois dans sa poche, en fait de la lumière. Quand Sirius se tourne vers Jeff qui ne l’a pas quitté du regard, il lui adresse un clin d’oeil. Mais ce bâton, la lumière, et le renne de lumière, tout ça lui rappelle ce qu’il a vu il y a quelques semaines dans l’endroit qu’il préférait au monde, mais dans lequel il ne retournera plus jamais parce qu’il sent trop les poubelles, et le méchant il avait fait du mal au garçon.

« Hey, j’ai déjà vu ça, à côté de chez Granny. Y avait un garçon qui te ressemblait, et un monsieur moche avec des yeux rouges, et des gens habillés en noir avec des masques, et une jolie dame blonde... »

« Arrête d’embêter le monsieur avec tes histoires, Jeff. »

« Oh, il ne m’embête pas, madame. »

« Louisa. »

« Louisa. »

Et Jeff de raconter toute son histoire, parlant autant avec sa bouche qu’avec ses mains. James et Sirius se regardent beaucoup mais ne disent rien. Deux autres gars arrivent des bois et les rejoignent. L’un est grand et a l’air malade, il est mal fagoté, l’autre est petit et rond et a un sourire niais.

« Ah, je vous présente nos amis Peter et Remus » dit Sirius.

James précise que Remus aussi est un happy. Mais Jeff, qui n’est pas né de la dernière pluie, comme dit Granny, les regarde avec curiosité. Il pleut comme vache qui pisse, pourtant, ils ne sont même pas mouillés.

Sirius désigne d’un geste de la main l’intérieur de la voiture.

« Essayez donc Henry, je pense que ça va marcher... »

Papa grimpe dans la voiture et la démarre, et elle ronronne comme si elle était toute neuve ! Sirius sourit largement et Jeff fronce les sourcils quand il voit sa maman rougir et détourner le regard.

« Hey, sinon, vous avez vu le renne de lumière ? Comme une déco de Noël mais qui courait dans les bois. »

« Jeff, arrête d’embêter les messieurs. »

James sourit.

« Oh, il ne nous embête pas, Louisa. Oui, on l’a vu courir dans les bois. Si tu fais attention, tu vas peut-être le revoir. »

On dirait que Remus fait les gros yeux à James, et Peter rigole mais il a l’air très mal à l’aise. Sirius a une lueur bizarre dans le regard. La pluie s’intensifie et maman me rouspète pour que je dis au revoir aux garçons et monte dans la voiture avant d’être trempé comme une soupe. Jeff serre la main à tous les garçons, puis maman et papa, puis ils montent dans la voiture, et Sirius va sur sa moto, et James dans le side-car, et Peter et Remus restent sur le bord de la route.

Quand la voiture repart, Jeff regarde par la vitre arrière de la voiture les quatre amis qui leur font coucou, et James sort quelque chose de sa poche, Remus se détourne d’eux, et quelque chose de lumineux sort de sa main, et c’est le renne de lumière qui se forme et se met à courir derrière la voiture, éclairant d’une lueur argentée le visage émerveillé du petit garçon qui, pour une fois, ne dit rien.

Les quatre amis ont sans doute un secret, et Jeff est bien content qu’ils l’aient partagé avec lui, et le gardera précieusement dans sa mémoire.

End Notes:

Et voilà !

Je m'attelle à l'écriture du texte pour la quatrième manche, parce que le 1re novembre arrive à grands pas !

J'espère que la lecture vous a été agréable,

A bientôt,

Sif.

Les collines intérieures by Sifoell
Author's Notes:

Hello,

Voici donc le deuxième chapitre consacré aux aventures de Jeff avec les sorciers. Attention, ce coup-ci, Jeff a pris un coup de vieux et rencontre Theodore Nott et Rhiannon Avery en Slovénie, en 2002 (j'ai bien rencontré, avec ma grand-mère, des voisins inconnus de ma grand-mère, habitant la rue derrière, dans une calèche en Tunisie : tout est pos-si-ble).

Voici les contraintes de ce deuxième tour WARRIOR de l'inter fan-club :

Catégorie 1 (décor et personnage) : Votre texte doit se passer durant une nuit d'orage / Votre texte doit se passer en Slovénie (en gras dans le texte)
Merci à @Juliette54 pour ces deux thèmes
Catégorie 2 (stylistique) : Votre texte doit être écrit dans le style romance (en gras)/ Chaque phrase de votre texte commence par le dernier mot de la phrase précédente sur dix lignes (partie en italique, et au final ce n'était pas si casse-pied que ça à faire).
Catégorie 3 (scénaristique) : Quelque chose doit être réparé à la fin de votre récit  / vous devez vous inspirez de All I Want, de Kodaline (par l'ambiance, song fic, etc)
Merci à @lilychx pour la chanson

On se retrouve en bas ?

Notranje Gorice n'a de ville que le nom. Un millier d'habitants dispersés le long des chemins séparant les champs les uns des autres. Quelques maisons, des fermes pour l'essentiel, dans ce paysage vallonné. Des champs de légumes, et quelques uns de céréales, le tout peignant un paysage vert, aux quelques arbres, surplombé par un ciel immense.

Et au bout d'un de ces semblants de route s'ouvrant sur un énième champ, la demeure des Novak. Le taxi moldu s'arrête là, et dans cette langue chantante, le chauffeur demande à ses passagers si c'est bien là qu'ils veulent s'arrêter. Parce que devant les yeux du moldu, ne s'étend qu'un champ où des vaches pourraient paître. Mais devant ceux de Theodore et Rhiannon, c'est une maison cossue au jardin envahi de ronces. Avec l'aide d'un sort de traduction, Theodore paie le chauffeur et descend du taxi, Rhiannon sortant du coffre leurs deux valises. Ils attendent tous deux que la voiture s'en aille, le chauffeur secouant la tête en regardant dans son rétroviseur cet étrange couple bras-dessus, bras-dessous, chacun ayant une valise à la main, et regardant le paysage avec ravissement.

Se rendre en Slovénie a été un véritable périple. Rhiannon a insisté pour le faire à la moldue, ils ont donc pris l'avion Londres-Ljubljana dont le vol dure un peu plus de deux heures, et ont bien cru qu'ils allaient mourir au décollage. Theodore a regardé le visage crispé de Rhiannon, ses mains fermées sur les accoudoirs et les yeux serrés, à l'image sans doute de sa propre appréhension, et il a posé sa main sur la sienne. Quand ils se sont retrouvés collés à leurs sièges, Rhiannon a éclaté de rire, et du coup, Theodore aussi.

 

Rhiannon sourit à Theodore, et il ouvre la grille d'un coup de baguette. Ils s'avancent tous les deux dans l'allée rendue invisible par les herbes folles. Le jardin doit être envahi de gnomes.

« Le notaire m'a dit que cette maison appartenait à l'arrière grand-père de mon arrière grand-père. Arkadius Novak. »

Rhiannon lui sourit.

« Je sais, Theodore. »

Theodore se renfrogne et Rhiannon lui embrasse la joue, ce qui refait naître sa fossette avec son sourire. Il la regarde avec les yeux qui pétillent, et plus il passe de temps aux côtés de Rhiannon, plus la jeune fille trouve qu'il s'humanise à son contact, et quelque part elle s'en sent fière qu'il soit de moins en moins ce garçon bizarre qui met mal à l'aise.

« Nott c'est la traduction de Novak en norrois, et il y a beaucoup de patronymes anglo-saxons qui viennent du norrois. Mais quand les Novak sont arrivés en Angleterre au XVIIIème siècle, ils ont traduit leur nom de famille pour ne pas avoir l'air d'immigrés, et dès la génération suivante, ils se sont assimilés. »

Rhiannon sourit en écoutant la voix monocorde de Theodore réciter au mot près ce qu'il lui a déjà raconté plusieurs fois. Il est passionné par la généalogie, entre autre chose. Et il est rapidement intarissable sur le sujet. Alors, ouvrant le portail de la maison d'un coup de baguette, le petit couple avance dans l'allée qu'il discerne à peine sous les herbes folles. Ils disparaissent ainsi aux yeux des moldus, tout comme les terres incartables des Novak.

Mais ce que n'ont pas remarqué Rhiannon et Theodore, c'est le petit camion blanc garé sur une route parallèle, abandonné au bord de la route depuis quelques heures. Et s'ils l'avaient remarqué, peut-être auraient-ils été moins surpris en tombant nez à nez avec un homme portant une caméra, dans l'entrée de la maison. Ils restent figés sur place, Rhiannon et Theodore, tout comme l'homme qui paraît avoir quelques années de plus qu'eux. Rhiannon et l'homme lèvent chacun leurs mains en un geste d'apaisement.

« Je ne vole rien... »

« On ne vous fera pas de mal... » disent-ils en même temps. Et quand ils se rendent compte l'un comme l'autre qu'ils parlent anglais, ils s'arrêtent pour s'observer. L'homme est plutôt petit et râblé, avec des joues rondes couvertes d'un chaume tirant sur le roux, des cheveux châtains clairs et des yeux d'une douce couleur châtaigne. Rhiannon est petite et frêle, a un visage en forme de cœur et de grands yeux noisette. Ses cheveux fins et châtains sont retenus par une petite pince. Le regard de l'homme tombe sur la main de Theodore, qui a saisi sa baguette par réflexe. L'homme s'anime alors.

« Vous... Vous existez ? C'est bien vrai ? J'en ai vu des comme vous à côté de chez mes grands-parents, dans le Dorset... Une dame m'a sauvé la vie, je crois bien. Il y avait cette sorte de monstre, pâle, les yeux rouges, qui torturait un gamin... »

« C'était quand ? » demande Theodore, d'une voix glaciale.

« Oh, j'étais gamin, j'avais huit, neuf ans. En 1976-1977, par là. »

« Vous n'êtes pas un sorcier ? »

Rhiannon met un coup de coude à Theodore, gênée.

« Theodore... Stop. »

Le regard de Theodore se déplace autour de lui.

« Il y a trop de magie ancienne ici, et c'est incartable, ils n'en sauront rien. »

Rhiannon acquiesce, nerveuse. Elle n'a pas envie de voir débarquer ici les Aurors slovènes.

« Vous vous appelez comment ? »

« Jeff. »

« Theodore. »

« Rhiannon. »

Ils se serrent les mains, Jeff ressemble à un gamin qui vient de découvrir que le père Noël existe. Puis il s'arrête, fronce les sourcils.

« Vous êtes un Novak ? »

Theodore acquiesce, et Jeff fouille dans sa veste pour en sortir une lettre cachetée au nom de Theodore Novak.

« Je l'ai trouvée là-haut, dans le secrétaire. »

Theodore attrape la lettre parcheminée que lui tend Jeff, en défait le cachet, et la lit. Il adresse un bref regard incertain vers Jeff et Rhiannon avant d'agiter sa baguette sur la lettre, ignorant l'exclamation surprise de Rhiannon.

« C'est en slovène. Et c'est anonyme. »

Il la lit après que le sort de traduction ait redessiné les lettres. C'est juste un rendez-vous que propose un sorcier notaire de Ljubljana pour ouvrir les coffres des Novak et expliquer certaines règles de succession à l'hériter, et la lettre est datée de 1997. Theodore se demande pourquoi son père, pourtant si avide, n'a pas pris la peine de venir en Slovénie. Puis il pose de nouveau ses yeux sur Jeff.

« Que faites-vous ici ? »

Jeff paraît un peu nerveux.

« Oh, moi ? Je fais de l'urbex. J'ai un compte insta. J'entre dans les maisons abandonnées, je prends des photos, des vidéos. Je ne prends rien, je ne vole pas. »

Theodore esquisse un sourire grinçant.

« Et ce que vous avez dans les poches, alors ? »

Jeff lui répond d'un ton tout aussi froid.

« J'allais l'ouvrir et la lire, et je voulais la montrer à... »

Un hurlement de terreur se fait entendre à l'étage. Rhiannon ouvre de grands yeux sur Jeff.

« Vous êtes avec un autre Moldu ici ? Vous n'avez pas idée de ce que vous pouvez trouver dans une maison sorcière abandonnée depuis des lustres ! »

Rhiannon se précipite vers l'escalier, baguette en main, laissant sur place les deux hommes. Theodore la rattrape rapidement, abandonnant ses valises.

« Touchez pas à nos affaires... » marmonne-t-il à Jeff qui lui emboîte le pas. Theodore accélère quand les cris qui retentissent de nouveau viennent de Rhiannon, cette fois, suivis par ses pleurs. Elle se tient contre une jeune femme qui doit avoir leur âge, et a autour du coup un appareil photo à l'objectif énorme. La tête grimaçante d'Antonin Dolohov émerge de rideaux entrouverts, et se transforme en rien. Absolument rien. Comme si Antonin avait disparu dans l'air. Mais quand Jeff arrive, apparaît cet homme élégant, à la peau pâle, tout habillé de noir, et aux pupilles rouges. Theodore soupire alors, brandit sa baguette et marmonne un « Ridikkulus ». Theodore regarde autour de lui et découvre une malle, qu'il fait léviter jusqu'à ses pieds, avant de l'ouvrir avec précaution. Elle est vide mais pleine de poussière et de toiles d'araignées. Il lance alors un rapide sort de nettoyage avant d'attirer l'épouvantard et de le jeter dans la malle qu'il ferme et verrouille en un mouvement du poignet. Theodore lance alors un regard à Rhiannon et la jeune femme qui se tiennent encore enlacées. La jeune blonde bégaye alors.

« J'ai... J'ai vu un rat. Il était énorme. »

Rhiannon s'extirpe des bras de la blonde et vient en deux enjambées nouer les siens autour de Theodore, et enfouir son visage dans son cou. Theodore l'enveloppe maladroitement de ses bras, il ne sait jamais comment agir, alors il l'imite. C'est ce qu'il a toujours fait. Faire comme les autres, même s'il envoyait parfois de faux signaux, et que cela a failli lui coûter la vie.

Ainsi, la plus grande peur de Rhiannon est encore Antonin Dolohov. Même si son mari est mort depuis plus de quatre ans, il ne cesse de la hanter, encore, ce qui est sans doute la raison pour laquelle elle refuse, encore, de l'épouser lui.

Mais la jeune femme accrochée à son corps comme à une bouée de sauvetage le rend de plus en plus sensible et humain chaque jour. Ils ont fini de s'apprivoiser depuis plusieurs mois, apprennent maintenant à se connaître et s'apprécier.

 

Plus tard, dans la soirée, Rhiannon a nettoyé la cuisine de la maison des Novak et entreprend de cuisiner ce que Jeff et Nancy ont acheté au village. Du poulet, des légumes, et des pommes de terre. Ils ont même ramené un gâteau qui n'a l'air constitué que de crème et de sucre. Pendant que les moldus sont partis faire les courses, Theodore a fait le tour de la maison et entamé un gros nettoyage. Il a hésité un moment à appeler un de ses elfes de maison de la Ferté, là-bas, en Angleterre, mais a douté qu'il puisse transplaner si loin. Theodore a souri à cette idée, les pouvoirs des elfes de maison sont tellement insoupçonnés, qu'ils seraient sans doute capables de transplaner sur la lune.

Et le soir, alors que le ciel se couvre de nuages épais qui viennent se rassembler au-dessus des collines les plus hautes, chargeant l'atmosphère d'humidité, Rhiannon sert le repas à la table de la cuisine, éclairé à la lueur des bougies. Les deux moldus ne semblent pas du tout effrayés à l'idée d'être en présence de sorciers. Ils n'ont rien trouvé de plus effrayant ici qu'un épouvantard qui est toujours en train de s'agiter dans sa malle.

Ils dégustent en silence le repas confectionné par Rhiannon. Rhiannon qui, tout comme les autres convives autour de la table, ne sait absolument pas que dire. Dire quoi, exactement, à des inconnus, de surcroît Moldus ? Moldus et sorciers n'ont jamais vraiment su vivre les uns à côté des autres. Autre temps, autres mœurs, même si Rhiannon et Theodore sont des sorciers de sang-pur, ils n'ont jamais vraiment côtoyé les moldus, et ne savent donc trop que faire ou que dire en leur présence. Présence qu'ils étaient bien loin de prévoir ou soupçonner, mais qui s'est imposé à eux, alors que cela aurait du être un sympathique voyage en amoureux. Amoureux, d'ailleurs, Jeff et Nancy ne semblent pas l'être, Rhiannon sent qu'il y a de la rancoeur entre eux, et cela ne l'aide pas à trouver un sujet de conversation pour rompre ce pesant silence. Silence, silence, silence, seuls les couverts font du bruit, et le vent qui fait battre les volets, et frapper les branches contre les fenêtres, et qui chante en se glissant sous les ardoises du toit.

« Alors, vous êtes mariés ? » demande Theodore.

Rhiannon avale une rasade d'eau parce qu'elle est sur le point d'avaler de travers. Par Merlin, ce qu'il peut être maladroit. De concert, Jeff et Nancy dénient férocement.

« Ah non, pas du tout. »

Un coup de tonnerre vient tous les faire sursauter. Les regards s'élèvent vers le plafond, comme s'ils s'attendaient à ce qu'il crève sous les trombes d'eau qui résonnent sur le toit. Nancy attrape un truc rectangulaire dans sa poche et le brandit au-dessus d'elle.

« Putain, y a pas de réseau. »

« C'est un téléphone ? »

« Oui, je voulais faire une story insta pour montrer tout ce qu'on a vu ici. »

Les deux sorciers l'observent sans vraiment comprendre, et Jeff explique.

« Nancy veut montrer aux gens qui sont abonnés à sa page instagram les photos qu'elle a prises ici. »

Les sourcils de Theodore se haussent, et il imagine déjà une équipe d'Oubliators débarquer dans la seconde dans le salon de la maison.

« Oh. Et toi aussi, tu veux montrer aux gens ? »

Jeff secoue la tête.

« Non, moi je prends juste des photos, et il n'y a absolument rien qui puisse identifier où elles sont prises. »

Nancy s'est levée et brandit son téléphone, et tourne sur elle-même, Rhiannon la regardant faire, fascinée, tout en lançant quelques regards inquiets à Theodore et Jeff.

« Jeff, on est bien d'accord que ce que vous avez découvert ici d'extraordinaire doit rester entre vous et nous. On s'est rencontré au village, et on vous a proposé de passer la nuit. C'est le discours que vous lui tiendrez. Je vous fais confiance. »

Sous ses cheveux châtains hirsutes, Jeff ne semble justement pas très bien comprendre. Theodore brandit alors sa baguette vers Nancy qui tourne toujours sur elle même, avant de prononcer un oubliette. Puis il sourit à Nancy qui semble regarder autour d'elle, ne sachant pas où elle est.

« Venez vous asseoir, Nancy, je vous ai dit qu'un verre de vodka était suffisant. »

La mine circonspecte de Jeff a fait place à une mine grave. Dans le fond, il s'en fiche de ce que Theodore vient de faire à Nancy, c'est une conne, de toute façon. Mais lui brûle de savoir. Depuis qu'il a vu un adolescent se faire torturer par un type à deux pas du jardin de son grand-père.

« Assieds-toi » répond-il sèchement à l'interrogation silencieuse de Nancy qui s'affale sur sa chaise avec la tête de celle qui a bien besoin de dormir. Jeff l'ignore totalement, et regarde Theodore puis Rhiannon.

« Je ne révèlerai jamais rien à personne, mais je veux savoir. »

Rhiannon désigne du regard Nancy.

« Quand elle sera couchée, nous discuterons. »

 

Jeff accompagne Nancy qui agit comme si elle s'était pris une bonne cuite, vers la deuxième chambre que les deux sorciers ont nettoyé sommairement à l'étage. Il la couche dans le lit débarrassé de ses toiles et de sa poussière, et elle enfouit son joli minois dans le gros oreiller de plume en marmonnant. Et dire qu'il l'a aimée, mais tellement, qu'il a tellement souhaité qu'elle lui donne de nouveau une chance. Mais une chance de quoi ? Jeff s'est attaché à des souvenirs, et les souvenirs ne sont plus de l'amour. Jeff aime l'avoir aimé, mais tout ça est fini. Ils sont bien trop différents.

Quand Jeff redescend à la cuisine où Rhiannon finit de faire la vaisselle à la main en chantonnant, Theodore examine le contenu d'une valise ouverte sur la table. Jeff jette un œil à l'intérieur de cette valise et découvre une espèce de marionnette de bois, dont le visage, aux traits si humains, le rend mal à l'aise.

« Alors, elle s'est endormie ? »

Jeff acquiesce. Rhiannon s'active, préparant un thé – ils ont ramené du thé anglais dans leurs bagages – et coupant des morceaux du gâteau, délicieusement sucré et crémeux, que Jeff et Nancy ont acheté au village tout à l'heure. Theodore, un instrument à la main, désigne Rhiannon puis lui-même.

« On n'est pas marié non plus. »

Rhiannon se retourne brusquement vers lui en faisant les gros yeux. Avant, c'était plus facile, quand il n'osait pas parler de peur de dire des énormités, maintenant, il ne s'embarrasse plus de tout ça et les dit quand même. Jeff le regarde d'un air perplexe, puis, alors que Rhiannon commence à lui servir un bout de gâteaux et une tasse de thé brûlant, il hausse les épaules.

« On était ensemble, mais c'est fini. J'aurai aimé qu'on soit de nouveau ensemble, mais c'est une erreur. Elle ne m'aime plus, et je pense n'aimer que son souvenir. Cela ne peut pas marcher. »

Avec un rire triste, il ajoute, les yeux perdus dans le vague.

« En fait, je crois que je suis plus amoureux de l'amour que de Nancy. C'est précieux, l'amour... »

Un ange passe, puis deux, puis trois. Rhiannon pointe discrètement de l'index Theodore pour qu'il garde sa bouche fermée.

« Bref, ce n'était pas une bonne idée de faire ce voyage avec elle, on n'a pas la même conception de l'exploration. Je suis beaucoup plus dans la philosophie du respect des lieux, de l'histoire, des habitants, même s'ils ne sont plus. Mais elle ne fait ça que pour ses followers... »

Jeff lève les yeux vers Rhiannon et Theodore.

« Les followers sont les abonnés de Nancy qui suivent ses photos, comme s'ils étaient abonnés à un magazine, en quelque sorte. Vous n'avez vraiment pas de téléphone ou de réseaux sociaux ? »

Les deux sorciers secouent la tête. Jeff acquiesce en prenant un air pensif.

« J'ai essayé, vous savez, de retourner à cet endroit dans le Dorset, à côté de chez mes grands-parents. Il y a un endroit isolé où on ne peut pas aller. C'est comme si on pensait soudainement à autre chose, et si on résiste, ça nous rend patraque... »

« Mais comment êtes-vous rentré ici alors ? »

Jeff désigne l'arrière de la maison.

« Par le jardin, il y a un portillon à l'arrière qui donne sur un chemin de terre. »

Rhiannon se tourne vers Theodore.

« Il faudra qu'on vérifie. Le taxi n'a pas vu la maison, il n'y a peut-être pas de sortilèges de repousse-moldus... »

« Moldus ? »

« Les Moldus sont les gens sans magie, nous sommes des sorciers et vivons entre nous, dans le secret. On n'a pas le droit de vous révéler notre existence. » dit Rhiannon d'une petite voix.

Theodore lui demande alors.

« C'est qui l'homme aux yeux rouges que vous avez vu dans la chambre du haut ? »

« Il est apparu avec d'autres sorciers, habillés différemment de vous, avec des robes comme de l'ancien temps. J'ai entendu des noms... Ils parlaient de terres Black. Le jeune s'appelait Regulus. Et la dame qui avait l'air folle Béatrice ou un truc comme ça. »

« Bellatrix. »

« Oui ! »

Rhiannon se laisse tomber sur sa chaise.

« Il a vu... Il a vu... »

« Vous avez vu Lord Voldemort, un des plus grands sorciers noirs qui existait au siècle dernier. Et vous êtes en vie ! »

« Une dame blonde m'a protégée. Je ne pouvais plus bouger ni parler, et elle s'est mis devant moi. »

Theodore saisit sa baguette entre son pouce et son index.

« On peut tuer avec ça, vous savez ? »

Jeff blêmit et boit une gorgée de thé qui a refroidi. Puis, une fois qu'il a récupéré de sa petite frayeur, il pose sa tasse.

« Vous savez, Theodore. J'ai toujours cru. J'ai toujours su que ce que j'avais vu ce jour, quand j'avais huit ans, existait, que ce n'était pas mon imagination... »

Jeff sourit et son visage s'illumine. Rhiannon sourit aussi, en miroir. Elle l'aime bien, ce Moldu. Theodore ne sait pas que dire, du coup il continue de triturer sa marionnette, avant de soupirer et de le sortir entièrement de sa valise. Il l'allonge doucement sur la table, et reprend dans sa main cet outil qui ressemble à une longue clé.

« Vous faites quoi ? »

« Oh, ça ? C'est un petit projet que j'ai pour les Nés-Moldus. Ce sont les enfants sorciers qui naissent dans des familles non sorcières. Ils sont souvent perdus quand ils arrivent à Poudlard, et comme les lois sorcières évoluent... »

Il est comme ça, Theodore, il parle comme si tout le monde pouvait comprendre exactement ce qu'il disait. Rhiannon soupire.

« Quand les enfants sorciers nés de familles non sorcières arrivent à l'école, ils n'ont aucune culture sorcière, et certains en souffrent. Alors Theodore invente des automates qui seront fournis par le Ministère de la Magie à ces enfants pour qu'ils puissent expérimenter la magie. Theodore a imaginé cela pour que ces enfants souffrent moins de leur singularité dans leur famille et ensuite à l'école. »

Les rouages se mettent en route à la fois dans l'automate et dans le cerveau de Jeff. Theodore s'anime soudain.

« C'est bon, j'ai réussi ! »

Theodore se recule sur sa chaise et l'air de nouveau sérieux, sous les yeux attentifs de Rhiannon et Jeff, demande, en s'adressant à l'automate.

« Twinky, assieds-toi et raconte-moi une histoire. »

Les paupières de l'automate s'agitent dans un frottement du bois contre le bois, et après quelques mouvements désordonnés, il s'assoit sur la table, et se tourne vers Theodore. Une voix désincarnée sort de sa bouche qui s'ouvre et se ferme en rythme, le tout donnant un effet plutôt effrayant.

« Je vais te raconter le conte des trois frères, Theodore. »

Rhiannon claque des mains et étreint le bras de Jeff avant de s'en excuser et d'enlacer Theodore.

 

End Notes:

Et voilà !

Le titre du chapitre est la traduction du nom du bled slovène (merci Google map et Google Trad).

Je pense m'être à peu près dépatouillée avec les contraintes (je suis en train d'écouter All I Want, d'ailleurs).

La fin me paraît, sans doute aussi à vous, un peu abrupte, mais j'ai envie de garder sous le coude ce Jeff qui discute enfin avec des sorciers (on va supposer qu'il en a croisé quelques uns depuis Voldy, et que cela a éveillé des soupçons chez lui, mais je pense que la rencontre avec Theodore et Rhiannon peut marquer sa presque entrée dans le monde sorcier. Presque. ;)

J'espère que la lecture vous a été agréable !

A bientôt !

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