La Ruse de Godric's Hollow by Padfooot
Summary:
Photos : Ben Barnes (© ITV Studio) et Emma Watson (© Abaca) / Montage : S & A


Alors que le monde sorcier s'écroule, Hermione ne voit plus qu'une seule solution et qu'importe ce qu'il lui en coûtera : tenter de duper le plus grand mage noir de tous les temps.

Mais les répercussions de son plan vont s'avérer imprévisibles. Saura-t-elle en maîtriser les conséquences ?


UA de type "Et si...".
Respect du canon (à part le léger point de divergence à l'origine de l'histoire) et des perso.


Categories: Voyages temporels, Epoque de Harry, Sirmione (Sirius/Hermione) Characters: Famille Potter, Hermione Granger, Sirius Black
Genres: Aventure/Action, Romance/Amour
Langue: Français
Warnings: Lime
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 41 Completed: Non Word count: 164324 Read: 18092 Published: 03/02/2022 Updated: 25/02/2023
Story Notes:
Hello hello !

Bienvenue dans cette histoire dont les deux premiers chapitres ont été écrits il y a près de dix ans et que j'ai décidé de faire revivre il y a quelques mois.

J'espère que vous aurez autant de plaisir et d'émotions en lisant cette histoire que je n'en ai éprouvés lors de l'écriture.

Cette histoire commence à la fin du tome 7, après que Harry soit parti pour se sacrifier. Le point de divergence vs le canon est juste le fait que Harry ait regardé Nagini un peu plus longtemps. Et les conséquences sont assez... conséquentes ;)

J'essaye de m'appuyer un maximum sur les sept tomes pour être au plus proche de l'histoire de JK et de ses personnages. J'espère que cela vous plaira.
Je tiens à respecter le canon, je peux me tromper, mais dans l'ensemble si vous voyez une incohérence, il est très probable que l'explication vienne juste plus tard, parfois même beaucoup plus tard ;)
D'ailleurs, je vous conseille d'avoir bien les livres en tête sans quoi il est possible que certains passages vous paraissent un peu flous. Pour info : certaines phrases ou dialogues de cette fic reprendront mot pour mot le texte de JKR.

Je poste cette histoire par envie de partager et je serais ravie d'avoir l'occasion de connaître vos ressentis sur cette histoire. Alors, n'hésitez pas à reviewer, merci.

Merci à Cécilia, Julie et Arnaud pour leurs avis et relectures.
Merci à Simon et Arnaud pour le montage.

Sur ce : Bonne Lecture ! :D

1. Le siège de Poudlard by Padfooot

2. Poudlard en flammes by Padfooot

3. Au delà du portail by Padfooot

4. Le cas d'Eloïse Mintumble by Padfooot

5. Godric's Hollow by Padfooot

6. Fuite chez Sirius by Padfooot

7. Le retour de Dumbledore by Padfooot

8. Escapade au Terrier by Padfooot

9. Fidelitas by Padfooot

10. L'incompréhension de Remus by Padfooot

11. Sur la piste de Croutard by Padfooot

12. Mangemorts en liberté by Padfooot

13. La baguette de l'oncle Alphard by Padfooot

14. Sang-de-Bourbe et Sang-Pur by Padfooot

15. La cachette des Lestrange by Padfooot

16. Médicomagie by Padfooot

17. Récit des Etats-Unis by Padfooot

18. Course dans Poudlard by Padfooot

19. Le Chemin de Traverse by Padfooot

20. Enquête à Gringotts by Padfooot

21. La Pierre Philosophale by Padfooot

22. Nouvelles de Poudlard by Padfooot

23. Retrouvailles by Padfooot

24. La Chambre des Secrets by Padfooot

25. La Loterie du Galion by Padfooot

26. Edouard de Bonnivet by Padfooot

27. La Traque by Padfooot

28. Padfoot et Pattenrond by Padfooot

29. Animagi sous la lune by Padfooot

30. Le Prisonnier d'Azkaban by Padfooot

31. La Coupe du Monde de Quidditch by Padfooot

32. La Coupe de Feu by Padfooot

33. Le Tournoi des Trois Sorciers by Padfooot

34. L'erreur d'Hermione by Padfooot

35. L'Ordre du Phénix by Padfooot

36. Le 12, square Grimmaurd by Padfooot

37. L'avertissement by Padfooot

38. Le Prince de Sang-Mêlé by Padfooot

39. La tentative pour tout changer by Padfooot

40. Hors du voile by Padfooot

41. Le Bureau des Aurors by Padfooot

Le siège de Poudlard by Padfooot
Author's Notes:
Hello

Alors, le premier chapitre s'appelle le siège de Poudlard

Juste pour vous situer : on est à la fin du tome 7, au moment où Harry est parti se sacrifier auprès de Voldemort. Et pour rappel (parce qu'avec le film, ça peut embrouiller), Hermione et Ron ne savent pas où Harry est parti et ils ne savent pas non plus que Harry est un Horcruxe.

Maintenant que le contexte est posé, je vous souhaite une bonne lecture !


Hermione se réveilla en sursaut, la baguette à la main. Attentive aux moindres sons, elle vérifia rapidement que personne ne s’était introduit dans la pièce sombre. Rassurée de savoir la porte toujours verrouillée, elle étira rapidement son dos endolori. Dormir sur les dalles de pierre d’une salle de classe désaffectée ne l’avait pas aidée à se reposer. Continuant ses étirements, elle regarda Ron toujours allongé près d’elle, enviant presque son apparente tranquillité.

BOOM !

Le cœur d’Hermione se serra.

Elle ne supportait plus les bruits de cette guerre qui régnait autour d’eux. L’assaut de Poudlard avait commencé depuis déjà deux jours… Voldemort se plaisait à faire durer la bataille pour terrifier la communauté sorcière repliée dans l’enceinte du château.

Hermione cacha son visage dans les paumes de ses mains, essayant de faire abstraction de ce qui se déroulait à Poudlard. La pression sur son épaule lui fit cependant relever la tête. Ses prunelles se perdirent dans celles de Ron qui la prit dans ses bras dans un geste maladroit.

BOOM !

— Ils nous ont laissé dormir combien de temps cette fois ?

— Deux heures. Même pas, répondit Hermione.

— Vivement qu’on soit dans un bon lit. Après toutes ces histoires, me faire réveiller par les grommellements de Kreattur me paraîtrait presque agréable. Tu ne trouves pas ? demanda Ron dans une tentative d’humour.

Hermione esquissa un faible sourire, mais le cœur n’y était pas.

— Je ne suis pas sûre qu’on retourne à Square Grimmaurd un jour Ron.

— Je sais, admit-il en resserrant son étreinte autour des épaules de la jeune femme.

— Harry me manque.

— Moi aussi. Tu crois qu’il est… Enfin il était quand même parti voir Voldemort, non ?

— Je ne sais pas. Il est parti il y a si longtemps maintenant… Je ne comprends pas. Si Voldemort l’avait tué, tu ne crois pas qu’il nous l’aurait fait savoir ?

Ron hocha légèrement de la tête.

— Oui, tu as raison, mais s’il va bien, pourquoi ne nous rejoint-il pas ?

— Aucune idée Ron. Peut-être qu’il est blessé. 

Ron grimaça à cette idée.

— Dommage qu’il ne nous ait pas laissé la cape d’invisibilité. S’il est dans la forêt interdite, nous n’avons aucune chance de le retrouver sans nous faire repérer.

Hermione laissa échapper un soupir. Harry lui manquait beaucoup. Il était parti avant le lever du jour, le premier soir de la bataille, sans rien leur dire. Tout le monde en avait d’abord conclu que Harry était parti se rendre à Voldemort… Elle se rassurait aujourd’hui en se disant que si c'était le cas, Harry avait dû changer de plan. Il n’était sûrement pas arrivé jusqu’à Voldemort, sans quoi ce dernier se serait fait un plaisir de jeter un nouvel élan de désespoir en leur apprenant sa mort. A moins que…

Hermione réprima un nouveau frisson. Voldemort attendait-il le dernier moment pour leur annoncer la mort du Survivant ? Attendait-il que l’Ordre et le reste des résistants soient suffisamment anéantis pour que cette annonce soit le coup de grâce ? Rassemblant ses dernières forces, Hermione s’efforça de ne pas y penser. Si telle était la stratégie de Voldemort, alors elle savait qu’elle s’effondrerait, mais pour l’instant, elle se devait de tenir.

BOOOOOOM !

L’explosion était plus proche cette fois et les deux sorciers se relevèrent en un même mouvement.

Sans même se concerter, ils sortirent de la pièce et se mirent à courir. Les armures, habituellement placées de part et d’autre du couloir, avaient été appelées à se battre. Les tableaux, eux, étaient vides depuis que leurs occupants avaient fui, terrifiés par les évènements.

Ils ne tardèrent pas à découvrir le lieu de la bataille, retrouvant Ginny, Georges, Percy, Neville et Luna, qui avaient tenté de trouver le sommeil dans une des salles un peu plus loin. Depuis la nuit précédente, des groupes de six sorciers, constitués de Rafleurs guidés par un Mangemort, parcouraient les couloirs, cherchant à déloger les sorciers cachés dans Poudlard.

Ron et Hermione se lancèrent dans la bataille, Ron se dépêcha de rejoindre ses frères qui se battaient tant bien que mal contre trois adversaires. Ginny brandissait sa baguette vers le Mangemort tandis que Neville et Luna affrontaient les derniers membres de la patrouille.

Convaincus de leur prochaine victoire, plus aucun Mangemort ne prenait la peine de revêtir sa cagoule. Hermione se joignit donc à Ginny en reconnaissant le visage de Yaxley.

— Stupéfix !

Le Mangemort n’eut aucun mal à éviter le sortilège.

— Contente de te voir, lui sourit Ginny.

— Moi de même.

— Que dirais-tu de faire de la purée de Mangemort ? ajouta-t-elle avant de lancer à son tour un sortilège de stupéfixion.

— Avec joie ! répondit Hermione.

Le sarcasme était leur seule arme pour donner le change car Ginny souffrait au moins autant qu’Hermione. Son frère ainé, Fred, était mort au début de la bataille et avait été rejoint le lendemain par Bill, assassiné par Dolohov, du même sortilège qui avait failli avoir raison de Hermione au Département des Mystères deux ans plus tôt.

Yaxley ne se laissa pas perturber par l’échange entre les deux jeunes femmes et attaqua.

La vitesse du sortilège prit Hermione au dépourvu et elle sentit une douleur aigüe se propager dans sa cuisse, comme si une flèche venait de se planter dans son corps. Elle étouffa tant bien que mal un gémissement et riposta. Redoublant d’efforts suite à la blessure d’Hermione, les deux jeunes femmes finirent par prendre l’avantage sur le Mangemort.

— Ahhhh !

Hermione fit volte-face en entendant le hurlement de Luna. Elle venait de s’écrouler, le bras ensanglanté et la baguette à terre, un mètre plus loin. Ginny s’était retournée elle aussi et accourait vers sa camarade de classe. Hermione n’eut pas le temps de reprendre le combat qu’un jet de lumière la frappa en pleine poitrine.

Elle sentit son esprit s’embrumer, mais eut le temps de reconnaître la sensation que lui procurait le sort. On le lui avait jeté à plusieurs reprises lors de sa quatrième année, mais, pas une fois, elle n’avait été capable de repousser le sortilège. En un instant, elle sentit ses soucis s’envoler et son corps se détendre.

— Tue-la ! Tue la rousse.

L’ordre était simple et clair. Juste un sort à lancer, pas de questions à se poser. Alors pourquoi avait-elle senti son coeur se tordre à cette idée ?

Son esprit semblait lutter, comprenant enfin la portée de l’ordre que la voix lui répétait sans cesse. Mais c’était inutile. L’Imperium agissait trop fort pour qu’elle puisse le contrer. Hermione obéit et commença à lever sa baguette, doucement. Il fallait qu’elle le repousse, c’était vital. Harry en avait été capable. Elle devait en faire autant…

Malgré sa volonté, sa baguette était maintenant pointée vers sa meilleure amie. Hermione se mit à trembler, mais elle n’arrivait toujours pas à faire abstraction de la voix dans sa tête qui continuait de répéter  « tue-la ».

Elle s’apprêtait à formuler l’incantation lorsqu’elle sentit une larme couler le long de sa joue. Hermione profita de l’instant de lucidité que cela lui apporta et hurla :

— Ron !

La bataille les avaient forcés, lui et ses frères, à se déplacer. Ils étaient maintenant à une vingtaine de mètres de leurs amis et n’affrontaient plus que deux adversaires.

Hermione luttait toujours pour ne pas succomber aux ordres, mais elle n’avait plus le choix. Son instant de lucidité n’avait pas duré et la voix lui semblait de plus en plus forte.

— Tue-la ! Maintenant ! 

Elle vit Ginny se retourner et croisa son regard. Malgré la chaleur rassurante qu’elle ressentait d’habitude en se noyant dans les pupilles de sa meilleure amie, elle savait qu’il était trop tard pour repousser l’Imperium.

— Ava… 

Le coup qu’elle reçut sur la tête l’empêcha de finir.








— Je sais bien qu’elle n’y est pour rien. N’empêche qu’elle aurait pu la tuer !

— Georges, elle était sous l’influence de l’Imperium. Estimons-nous déjà heureux qu’elle ait eu la force de vous prévenir. 

Hermione connaissait cette voix, mais n’était pas capable d’y mettre un nom. Si seulement elle avait moins mal à la tête. Elle essaya d’ouvrir les yeux, mais la douleur dans ses tempes lui intima la patience.

— Tu aurais quand même pu lui envoyer un sort plutôt que de l’assommer. 

Alors c’était ça. Georges l’avait frappée pour qu’elle ne tue pas Ginny. Malgré la douleur, elle lui en était reconnaissante. Mais comment la bataille s’était-elle terminée ? Est-ce que tous ses camarades avaient survécu ?

— Ron, tenta-t-elle dans un souffle.

En une poignée de secondes, il fut à ses côtés.

— Hermione, comment vas-tu ?

— Mal à la tête.

— Désolée Hermione, dit Georges, penaud.

— Tu… tu as fait ce qu’il fallait, réussit-elle à murmurer. 

Hermione entendit Ron émettre un grognement.

— Comment vont les autres ? demanda Hermione.

— Ne t’inquiète pas, ils vont bien, lui répondit la troisième voix. 

Hermione se redressa rapidement, lui causant un léger étourdissement, et remarqua que la troisième interlocutrice n’était autre que Mme Weasley. Ainsi Arthur et Molly avaient reçu leur message par Patronus et avaient pu les rejoindre, permettant aux Weasley survivants d’être enfin réunis. Il ne manquait que Charlie, qui était parti chercher des renforts avec le professeur Slughorn peu après le départ de Harry. Sans nouvelles de lui, ils craignaient tous le pire.

Hermione se força à ne pas y penser et se concentra sur l’instant présent. Elle adressa un regard interrogateur à Ron, qui lui fit part des derniers évènements.

— Lorsque tu m’as appelé, Georges, Percy et moi venions de mettre à terre deux de nos adversaires. Nous avons donc laissé Percy finir le travail et t’avons rejoint. Pendant que j’occupais le Mangemort, Georges t’a assommé. Mes parents sont arrivés à ce moment-là, mais Neville et Ginny s’étaient aussi bien battus de leur côté et il ne restait plus grand chose à faire. Yaxley s’est enfui, suivi par l’adversaire de Percy.

— Et Luna ? demanda Hermione, inquiète.

— Elle n’est pas dans un état terrible, mais, grâce à l’essence de dictame, ses blessures se sont refermées. Neville l’a fait sortir de Poudlard pour la mettre à l’abri, elle pourra s’y reposer.

— Sortir de Poudlard ? Comment ?

— Le passage secret de la Tête de Sanglier. Neville le connaît comme sa poche et je ne doute pas qu’il réussisse à l’y faire passer pour la mettre en lieu sûr. 

Hermione hocha la tête de soulagement, ce qui eut pour effet de déclencher à nouveau les lancinements dans son crâne. Elle posa doucement la tête sur le sol froid, espérant pouvoir s’assoupir de nouveau, mais elle sentit une main s’enrouler autour de son poignet.

— Merci d’avoir résisté Hermione. Repose-toi maintenant.

Les paroles rassurantes de Mrs Weasley l’accompagnèrent jusqu’à ce qu’elle trouve le sommeil.

Trois heures plus tard, Hermione se réveilla en voyant les lueurs du soleil percer à travers la fenêtre. Comment avait-elle pu dormir malgré la dureté du sol et les bruits de la bataille qui résonnaient toujours autour d’elle ?

— Potion de sommeil, lui indiqua Mrs Weasley comme si elle avait lu dans ses pensées.

Mrs Weasley avait dû la lui administrer par magie une fois endormie car elle ne s’en rappelait pas et n’aurait de toute manière jamais accepté de la boire. Leurs réserves de potion étaient minces et Hermione se doutait que la fiole était maintenant vide ou presque. Elle lui adressa cependant un sourire reconnaissant et se leva. 

— Hermione ! J’ai eu si peur !

La tornade rousse qui avait parlé l’enlaçait à présent.

— Oui, excuse-moi Ginny, dit Hermione en baissant les yeux. L’Imperium n’est pas une excuse, je suis désolée.

— Tu rigoles j’espère ! C’est vrai, tu aurais pu me tuer, mais tu ne l’as pas fait.

— Grâce à Georges !

— Non Hermione, pas que. Tu ne t’en es peut-être pas aperçu, mais tes mouvements étaient extrêmement lents. Tu luttais contre l’Imperium ! Vraiment ! C’est pour ça que j’avais si peur. Papa m’a dit que repousser ce sortilège est extrêmement éreintant, au point même que cela peut endommager ton cerveau si tu forces trop. Je suis rassurée que tu ne sois pas devenue un légume, ajouta-t-elle avec un grand sourire.

— Tout de même Ginny, j’étais sur le point de lancer le sortilège.

— A cette vitesse, je n’aurais eu aucun mal à l’éviter tu sais, rit-elle.

— Alors pourquoi Georges a-t-il agi ? demanda Hermione avec sarcasme.

Malgré les paroles de sa meilleure amie, Hermione ne pouvait taire sa culpabilité.

— Au cas où, répondit-elle simplement.

Hermione fit une moue dubitative.

— De toute façon, même si le sort m’avait atteint, je doute qu’il m’aurait tué.

— Pourquoi ?

— Le sort de la mort est trop puissant pour être lancé dans cet état. Enfin, je pense que ça fonctionne un peu comme le Doloris, non ? Si tu ne veux pas vraiment faire de mal, les douleurs sont moins importantes. La haine est le vecteur principal de ces sortilèges.

— Tu as sûrement raison, dut admettre Hermione bien que moyennement convaincue. Mais si c’est vrai, alors Yaxley ne m’aurait pas demandé de te tuer. Il devait savoir que je n’y arriverai pas.

— Ne cherche pas à comprendre les Mangemorts ma chérie, les coupa Mrs Weasley.

— Il a dû trouver très amusant de te voir souffrir, expliqua Mr Weasley. Et rassure-toi, je pense que Ginny a raison : ton sortilège n’aurait sûrement pas eu l’effet escompté. Il aurait fait pas mal de dégâts certes, mais… n’y pense plus, d’accord ? Tu n’as rien à te reprocher.

— Merci, je… je vais essayer.

Hermione demanda à nouveau des nouvelles de Luna dont le transfert s’était effectué sans encombres. Ils en avaient été informés par le Patronus de Neville, qui avait promis de revenir avant dix heures. Ron, Percy et Georges, chargés de l’attendre au septième étage, ne devraient plus tarder à arriver

Et en effet, quelques minutes plus tard, le silence qui s’était installé dans la pièce sombre fut brisé par un cri.

— Hermione, Ginny ! Hermione ! 

La voix de Ron résonnait dans le couloir et se rapprochait un peu plus à chaque appel. Lorsqu’il entra, un grand sourire s’étendait sur son visage.

Alors que Hermione s’apprêtait à réprimander Ron pour son manque de discrétion, celui-ci prit la parole.

— Venez ! Vite ! 

Les jeunes femmes sortirent, accompagnées des parents Weasley.

— Où est-ce que tu nous amènes Ron ? demanda Mrs Weasley, soucieuse.

— Vous verrez.

Arrivés au bout du couloir, Ron s’arrêta net et fixa le tableau. Georges, Percy et Neville se trouvaient quelques mètres plus loin, vérifiant de tous les côtés qu’aucun Mangemort ne se trouvait dans le périmètre.

— Et qu’est-ce qu’on doit voir ? se moqua Ginny en regardant le tableau vide.

— Mais je ne comprends pas, il était là tout à l’heure.

A peine Ron eut-il dit ces quelques mots qu’un homme recouvert d’une armure apparut lentement sur les bords du tableau. Une fois sûr d’être en sécurité, le chevalier du Catogan se mit au centre de la toile, bomba le torse et s’exclama.

— Quelle noble quête ! s’écria-t-il, espérant capter l’attention de son public.

— Quelle quête ? demandèrent Hermione et Ginny d’une même voix.

— Une quête importante, demoiselles, qui m’a été confiée cette nuit par un jeune homme brun aux yeux d’émeraude.

Hermione et Ginny échangèrent des regards où l’incompréhension fut très vite remplacée par une lueur d’espoir.

— Harry ? Que vous a-t-il demandé ?

— De parcourir les tableaux à votre recherche pour vous faire parvenir un message. J’ai sauté de toile en toile, risquant ma vie pour vous apercevoir, devant abandonner mon fidèle destrier au détour d’une rivière, perdant mon heaume en passant le tableau du troll au deuxième étage. Je me suis finalement restauré dans la toile du mariage de Germaine la Démente, essayant de me cacher de ses invités peu recommandables. Le gâteau n’était d’ailleurs…

— Abrège tableau ! Quel est le message ? le pressa Ginny.

— Quelle honte demoiselle de me parler de la sorte. Je suis…

— Pardonnez-la chevalier, s’il vous plaît, l’interrompit Hermione. Mon amie est pressée car la personne qui vous a confié ce message nous est chère et nous n’avons pas de ses nouvelles depuis deux jours.

— Soit, je vous confierai le message et achèverai ainsi ma quête. Mais votre attitude me déçoit... Après tout ce que j’ai subi pour vous retrouver. Et encore je ne vous ai pas tout dit : le gâteau était particulièrement infect…

Ginny réprima un soupir d’impatience, mais le chevalier continua.

— Toujours est-il que votre ami m’a demandé de vous informer qu’il est vivant. Il recherche en ce moment le serpent qui a disparu et sera de retour cet après-midi, à la lisière de la forêt.

— Merci monsieur le chevalier. Vous a-t-il dit autre chose ? questionna Hermione.

— Non demoiselle, ma quête s’achève ici. Je vais maintenant retrouver ma monture si vous le voulez bien.

A peine le chevalier eut-il disparu que Percy, Georges et Neville arrivaient en courant.

— Vite, une patrouille arrive, les pressa Georges dans un murmure. Ils ne nous ont pas repéré pour l’instant, alors restez discrets.

Le groupe qui n’avait même pas eu le temps de discuter de la nouvelle annoncée par le chevalier, courrait à présent à la recherche d’une salle de classe plus éloignée où ils pourraient se mettre à l’abri.

Hermione essayait de courir aussi vite que possible tout en restant discrète, mais elle avait du mal à tenir l’allure. Le sortilège qu’elle avait reçu quelques heures plus tôt lui était complètement sorti de l’esprit. A présent, elle ne pouvait l’ignorer car sa cuisse la brûlait énormément. Heureusement, elle vit Arthur Weasley bifurquer brusquement pour entrer dans la salle de métamorphose.

Etant la dernière à entrer, Hermione referma rapidement derrière elle et se laissa glisser le long de la porte en soupirant. Ils étaient en sécurité pour l’instant, mais la course-poursuite reprendrait bientôt et elle ne pouvait s’empêcher de penser que, un par un, chacun des sorciers dans la salle allait périr. La seule lueur d’espoir était le message de Harry. Il était vivant, mais que pouvaient-ils faire si Nagini, le dernier des Horcruxe, avait été mis en sécurité ?

— J’irai rejoindre Harry cet après-midi, déclara Ginny pour briser le silence qui s’était installé.

— Non ! cria sa mère. Je t’interdis de faire ça. 

Alors que Ginny allait répliquer, son père prit la parole calmement.

— Ginny, je… nous nous sommes enfin tous retrouvés et nous aimerions rester en famille, aussi longtemps que possible. Comprends que ta mère ne veuille pas être séparée de toi. 

— Je comprends. Moi aussi j’aimerais rester avec vous, mais il faut qu’on retrouve Harry ! On ne peut pas le laisser seul et il ne pourra jamais nous rejoindre au château sans aide. Il ne sait même pas pour les nouvelles protections !

Hermione se crispa, se remémorant les quelques personnes qui s’étaient vues désintégrer simplement en essayant de quitter le château. Une idée de Bellatrix Lestrange… Seule la porte principale n’était pas concernée par le maléfice, mais les Mangemorts et les géants qui la gardaient risquaient de donner l’idée à Harry d’essayer de passer par derrière. Hermione frissonna. Et pas question de le prévenir en lui envoyant un Patronus alors qu’il était dans le parc. Ils risqueraient d’attirer l’attention sur Harry si un Mangemort apercevait la lueur argentée. Ils n’avaient pas le choix. Quelqu’un devait y aller !

Hermione sortit de ses pensées pour remarquer que Ginny tentait toujours de convaincre sa mère, qui semblait elle-même en proie à un énorme dilemme.

— Et même une fois dans le château, il n’a pas la moindre idée d’où on peut se cacher. Alors que si je suis avec lui et qu’on a un point de rendez-vous, je pourrais le ramener. Je vous rejoindrai dès que possible, je vous le jure, ajouta-t-elle d’un air suppliant en direction de ses parents.

Les yeux de Mrs Weasley brillaient des larmes qu’elle retenait.

— Je ne veux pas te perdre Ginny, s’il te plaît, murmura-t-elle. Ma petite fille…

Ginny vint se blottir contre sa mère et lui prit la main.

— J’irai, annonça Hermione 

Tous les visages se tournèrent vers la jeune femme.

— Je viens avec toi, dit Ron, sans la moindre hésitation.

Mr et Mrs Weasley se tendirent immédiatement. Ginny aussi. Hermione savait qu’elle s’apprêtait à dire que si Ron y allait, rien ne l’empêcherait de les suivre.

— Non Ron, j’irai seule. Tu dois rester avec ta famille. Je ne serai pas longue, je t’assure, lui confirma Hermione en le fixant des yeux. Et une fois que j’aurai retrouvé Harry, avec la cape, on ne risquera rien. A deux, on tient très bien dessous.

Elle n’était pas sûre que cela suffise à convaincre Ron. Cependant, après un moment de réflexion qui lui parut durer une éternité, parsemé de regards en coin vers sa mère, Ron prit la parole.

— D’accord, mais tu reviendras après, n’est-ce pas ? Quoi qu’il arrive ? Vous ne partirez pas à la recherche de Nagini sans moi ?

— Non, je te le promets. Je ramènerai Harry dans un premier temps et on décidera après. Ensemble. 

Ron acquiesça et la serra dans ses bras une nouvelle fois. L’étreinte chaleureuse que lui adressait le garçon lui donna le courage de relever la tête.

— Hermione, murmura Mrs Weasley en s’approchant d’elle. Je… Je ne sais pas quoi te dire. J’aimerais te dire de rester avec nous. Je… Mais…  

— Mais il faut que quelqu’un retrouve Harry. Ne vous inquiétez pas Mrs Weasley, c’est ma décision et uniquement la mienne. J’y serais allée, dans tous les cas. 

Mrs Weasley fut sur elle en deux pas et la prit dans ses bras comme une mère l’aurait fait. Elle murmura à son oreille un remerciement étouffé par l’émotion puis s’écarta en serrant une dernière fois son épaule pour lui apporter du réconfort.

— Quand comptes-tu partir ? demanda Percy

— Le plus tôt sera le mieux. Le chevalier n’a pas précisé à quelle heure Harry sera là et s’il arrive en début d’après-midi, je veux y être. Si je suis ralentie en chemin, il veut mieux ne pas perdre de temps.

— Je t’accompagnerai, mais seulement jusqu’au bas des escaliers, dit Georges en jetant un coup d’oeil rassurant à sa mère, qui finit par acquiescer à contre-coeur. Percy ?

— J’en serai aussi. 

— Moi de même, ajouta Neville, qui était resté silencieux jusque-là.

Mrs Weasley avait de plus en plus de mal à retenir ses larmes et ni Ginny ni Ron n’ajoutèrent un mot, bien qu’il était évident qu’ils voulaient accompagner leurs frères et amis.

Hermione respira un grand coup et se contenta de faire un signe de la main pour dire « au revoir » aux Weasley. Elle ne voulait pas sembler défaitiste en partageant de grandes accolades. Si tout se passait bien, ils se reverraient bientôt.

— Fais attention à toi, lui dit Ginny en se forçant à afficher un sourire rassurant.

Elle acquiesça, mais, avant de se détourner, elle croisa le regard de Ron. Il lui attrapa la main, la serra fort dans la sienne quelques instants avant de laisser la jeune femme libre de franchir la porte.

— Reviens-moi vite…

End Notes:
Alors, qu'avez-vous pensé de ce premier chapitre ?
Poudlard en flammes by Padfooot
Author's Notes:
Voici le deuxième chapitre : Poudlard en flammes J'espère qu'il vous plaira.
Si vous avez un peu de temps à la fin de votre lecture, pensez à laisser une petite review. J'apprécierais avoir quelques retours sur ce début d'histoire ;)

— On te laisse là, déclara Percy. Tu es sûre que ça ira ?

— Oui, ne vous en faites pas. Je serai vite de retour. 

Georges acquiesça gravement.

— Bonne chance… 

Avant qu’elle ne puisse répondre, les deux frères et Neville étaient déjà partis. Elle leur en était reconnaissante. Quitter Ron avait déjà été éprouvant et elle n’était pas prête à voir l’inquiétude sur les visages des frères Weasley et de Neville.

La bataille avait déréglé les habitudes des escaliers et l’un d’eux avait changé de direction au mauvais moment, les ralentissant légèrement, mais, en dehors de cela, descendre les escaliers de Poudlard n’avait pas posé de problèmes. Ils avaient procédé par étapes, s’arrêtant à chaque étage pour ne pas tenter la chance trop longtemps. Attentifs au moindre bruit, ils avaient réussi à se faufiler jusqu’au rez-de-chaussée sans encombre, bien que cela ait tout de même pris près d’une demi-heure.

La partie délicate commençait maintenant. Après que Harry soit parti, Voldemort avait fait une annonce, comme quoi toute personne se trouvant dans le château resterait enfermée jusqu’à ce qu’elle décide de se rendre. La nouvelle de la « disparition » de Harry s’était répandue comme une trainée de poudre et les sorciers avaient commencé à paniquer. Certains s’étaient sentis trahis, imaginant que Harry avait fui pour sauver sa peau. Puis, petit à petit, les sorciers s’étaient séparés en petits groupes et Hermione n’avait aucune idée de ce qui s’était passé ensuite pour ses camarades.

La guerre ouverte avait alors cessé tandis que le siège de Poudlard commençait.

Les géants gardaient l’entrée de Poudlard, la seule porte qui n’était pas soumise au sortilège foudroyant proposé par Bellatrix, et il était quasiment impossible de duper leur vigilance en pleine journée. Lorsque les frères Weasley avaient essayé de retrouver la trace de Charlie la veille, ils avaient réussi à passer grâce à la poudre d’obscurité instantanée du Pérou. Mais elle doutait que leurs ennemis se laissent duper une seconde fois.

Hermione se lança un sortilège de Désillusion. Elle ne l’avait jamais effectué jusque-là, mais elle connaissait la théorie sur le bout des doigts et n’eut aucun mal à la mettre en pratique. Pour une première, le résultat était parfait, elle se confondait avec les murs de pierre. Bien que les reflets du soleil laissaient clairement percevoir les contours de son corps, les géants se laisseraient sûrement berner. Mais, pour ce qui était des acolytes de Voldemort qui guettaient plus loin, c’était moins sûr. Une personne attentive n’aurait aucun mal à la repérer…

Longeant les murs de pierre, Hermione avançait doucement. Elle passa devant un géant assoupi contre le château et sentit son cœur se serrer. Les Mangemorts commençaient à s’agiter quelques mètres plus loin et ils se rapprochaient dangereusement. Se dirigeant vers la porte du château, le groupe poussait des exclamations de joie.

— Ah, enfin un peu d’action ! 

Un rire aïgu, qu’elle n’eut aucun mal à reconnaître, s’éleva alors. Bellatrix Lestrange n’était qu’à quelques mètres d’elle.

— Je commençais à m’ennuyer…

— Ne te réjouis pas trop vite Bella. Le Maître n’a pas encore donné le signal.

La concernée étouffa un grognement. Hermione la voyait parfaitement maintenant et son expression la dégoûtait. Derrière son apparente frustration, elle semblait tellement ravie…

— Cette situation ne lui convient pas non plus, répliqua-t-elle froidement. Le Maître s’impatiente et je te parie que nous pourrons y aller avant la nuit tombée.

Ils passèrent devant elle, sans même remarquer sa présence, bien trop occupés par leur conversation. Si cette soudaine activité ne l’avait pas autant inquiétée, elle aurait remercié le ciel de la distraction que cela avait apporté. Pourquoi abandonnaient-t-ils le siège ? Que préparaient-ils ?

Hermione n’avait même pas remarqué qu’elle s’était mise à trembler de la tête aux pieds. Elle se ressaisit tant bien que mal et continua sa route, accélérant le pas jusqu’à ce qu’elle arrive à la lisière de la forêt interdite. Pour une fois, elle s’y sentit en sécurité.

Assise sur une souche, Hermione guettait l’arrivée de son meilleur ami.

Depuis maintenant près de trois heures, elle attendait, réactualisant son sortilège de Désillusion lorsque nécessaire et luttant contre le besoin de se reposer. Elle n’avait rien entendu jusque-là qui puisse l’effrayer. La forêt semblait déserte, presque calme. Cette ambiance apaisante et presque rassurante eut raison de sa fatigue


Assise dans l’herbe, Hermione caressait les pâquerettes fraîches du printemps. La pelouse s’étendait à perte de vue. Tout était calme. Ron, allongé à ses côtés, se leva sans dire un mot.

— Que fais-tu ?

Devant le manque de réponse, Hermione se redressa à son tour et le regarda dans les yeux.

— Ron ? Réponds-moi, tu m’inquiètes.

Le garçon, gardant un visage impassible, ne répondit toujours pas, mais tendit le bras vers le visage d’Hermione. Ses doigts touchaient presque sa joue. Rassurée, Hermione ferma les yeux et se pencha en avant pour sentir le contact des doigts de Ron sur son visage. Au désarroi de la jeune femme, rien ne se produisit.

Hermione ouvrit les yeux pour découvrir avec stupeur que Ron s’était éloigné. Elle tendit le bras à son tour, avec force, pour rattraper le garçon qui reculait sans cesse, comme si le sol s’étirait entre eux. N’arrivant pas à l’attraper, elle fit un pas en avant, puis un autre, jusqu’à se mettre à courir. Mais rien à faire, la distance entre eux ne faisait que croître et Hermione s’arrêta, portant la main à sa poche. Elle était vide et, sans baguette, Hermione n’eut d’autre choix que de regarder Ron s’éloigner encore, impuissante.

Jetant un coup d’œil aux alentours, Hermione remarqua que l’herbe verte et accueillante avait disparu. A la place, s’étendait une étendue rocheuse et désertique qui ne lui inspirait rien de bon. Puis la brume s’installa, recouvrant rapidement le sol avant de s’épaissir autour d’elle, l’emprisonnant à jamais, loin de Ron.

Elle ne distinguait plus rien. Rien à part deux yeux jaunes ambre qui venaient de se dessiner dans les ténèbres.


Elle avait finalement dû s’assoupir quelques instants puisqu’elle fut ramenée à la réalité lorsqu’on lui secoua l’épaule. Hermione se massa un instant les tempes, essayant de sortir de cette impression de vide brumeux qu’avait laissé son sommeil. Relevant enfin la tête, elle aperçut son meilleur ami qui la dévisageait.

— Harry ! s’exclama Hermione en se jetant dans ses bras.

Harry lui fit signe de faire moins de bruit en posant un doigt sur sa bouche puis lui adressa un sourire qui s’effaça rapidement.

—  Non, mais tu es folle ! Rester assise ici, dormir à la vue de tous… 

Hermione se rendit compte que son sortilège de Désillusion avait disparu lorsqu’elle s’était endormie. Réprimant un frisson, elle se dit qu’elle avait eu de la chance que personne ne passe avant Harry.

— Tu n’aurais pas dû venir, reprit Harry.

— Et qu’est-ce que tu voulais que je fasse d’autre ?

— Je vous ai fait passer ce message seulement pour vous rassurer. Pas pour que tu risques ta vie en me rejoignant !

— Alors pourquoi prendre le risque d’entrer au château et dire au chevalier du Catogan que tu serais de retour à la lisière de la forêt si ce n’est pour qu’on sache où te trouver ?

Harry grommela.

— Quel idiot ! Je lui ai dit de vous dire que je passerai par la forêt pour ne pas me faire repérer. C’était pour vous rassurer, pas pour…

Hermione s’apprêtait à répliquer, mais Harry fut plus rapide.

— Bon, l’important c’est que tu ailles bien. Et les autres ? 

Après une longue hésitation, Hermione se lança dans un récapitulatif très court des évènements. Elle n’était pas prête à donner de détails.

— Bill est… mort, Charlie introuvable, Luna blessée, mais hors de portée. Et les autres… Disons qu’ils survivent.

— Désolé de vous avoir laissés. Vraiment, je…

— Harry, ne t’inquiète pas pour ça. On se doute bien que tu n’es pas parti pour le plaisir ! Dis-moi plutôt ce qu’il s’est passé de ton côté.

— D’accord. Comme tu dois t’en douter, j’étais parti pour rejoindre Voldemort dans la forêt interdite. Je l’ai retrouvé, lui, ses Mangemorts et Hagrid, dans une clairière.

— Hagrid ? Mais, pourquoi ? Comment va-t-il ? s’écria Hermione, alarmée.

— Ils ont réussi à le capturer, je ne sais pas comment. Je ne pouvais pas l’aider directement, il était entouré de Mangemorts. J’étais sur le point de me sacrifier, mais, alors que je m’apprêtais à me rendre, j’ai entendu le serpent s’approcher. Voldemort s’est rendu compte que je regardais le serpent attentivement et il a parlé en Fourchelangue pour dire à Nagini de quitter Poudlard. Notre plan tombait à l’eau encore une fois. En vous quittant, je vous avais chargé de vous occuper du serpent. J’en avais même parlé à Neville, mais s’il quittait Poudlard, c’était impossible. J’ai décidé d’improviser.

— De toute façon, nos plans ne fonctionnent jamais comme prévu… coupa Hermione, résignée. Qu’est-ce que tu as fait ?

— J’ai essayé de détourner l’attention le temps de mettre la cape d’invisibilité et j’ai voulu suivre le serpent. C’est pour cela que je suis parti, j’espérais pouvoir le retrouver et le tuer au plus vite. Je serais revenu bien sûr. Je ne cherchais pas à me défiler…

— Je sais Harry. Avec Ron, on avait peur qu’il te soit arrivé quelque chose. On n’a jamais pensé que tu nous avais abandonné. Rassure-toi. Mais, ajouta Hermione d’une voix hésitante, si j’ai bien compris, tu n’as pas réussi à suivre le serpent ?

Harry fit « non » de la tête, dépité.

— Je suis désolé Hermione, je vous ai laissé pour rien au final. J’espérais juste le rendre mortel au plus vite. Une fois le serpent retrouvé, je serais revenu…

Hermione s’étonna un instant en voyant passer sur le visage de Harry un air à la fois défaitiste et déterminé, mais elle n’eut pas le temps de s’y attarder.

— J’ai perdu sa trace dans la forêt interdite. Nagini est introuvable. J’ai cherché partout, retournant même chez les Malefoy… 

A l’évocation du manoir Malefoy, Hermione ne put réprimer un frisson.

— Je ne sais pas du tout où est ce fichu serpent, conclut Harry, la mine basse.

— On finira bien par y arriver, il ne faut pas qu’on se décourage, d’accord ? Pour l’instant, il faut qu’on retrouve les autres. Ils nous attendent à l’intérieur du château.

— D’accord, admit Harry. Tiens, mets-toi là-dessous.

Joignant le geste à la parole, Harry fit passer la cape d’invisibilité par dessus leurs têtes et les deux sorciers disparurent sous l’étoffe.

Sans les Mangemorts aux portes du château et cachés sous la cape, Harry et Hermione n’eurent aucun mal à atteindre la porte principale et à s’introduire à l’intérieur du château.

Le vacarme y était impressionnant. La guerre avait repris de plein fouet. Hermione se rendit compte à quel point ils avaient été chanceux jusque-là d’avoir été confrontés à de simples patrouilles constituées majoritairement de rafleurs. A présent, les Mangemorts s’étaient tous rassemblés dans le château et explosaient les portes de toutes les salles, délogeant au passage les sorciers qui s’y terraient.

Hermione eut un haut-le-cœur en entendant plusieurs Mangemorts hurler « Endoloris » et en voyant le nombre de sorciers qui se débattaient sur le sol. Harry serra la main d’Hermione et lui jeta un regard douloureux. Ils ne pouvaient rien faire pour l’instant, ils étaient en sous-effectif et ils devaient rejoindre les Weasley au plus vite. Peut-être les Mangemorts n’avaient-ils pas encore atteint le cinquième étage…

Ils accélérèrent le pas tant bien que mal, prenant le risque de laisser leurs chevilles apparaître par moments. Atteindre les escaliers ne leur avait pas posé de soucis, mais, arrivés sur les marches, ils durent redoubler d’attention. Les combats qui se déroulaient autour d’eux entravaient leurs mouvements et ralentissaient leur progression.

Alors qu’ils avaient atteint le haut de l’escalier et se pensaient presque en sécurité, Hermione se sentit bousculée vers l’avant. Heureusement, Harry l’avait retenue avant qu’elle ne bascule hors de la cape d’invisibilité. Le problème était que l’homme qui l’avait cognée en essayant de s’enfuir s’était arrêté et tournait la tête dans toutes les directions. De peur que l’attention se porte sur le lieu où ils se trouvaient et que quelqu’un ne les découvre, Harry tira sur le poignet d’Hermione et la força à accélérer.

Sans plus rencontrer d’obstacle notable sur leur chemin, les deux jeunes sorciers arrivèrent au cinquième étage. Celui-ci semblait désert, ce qui était bon signe. Ils profitèrent de l’absence de danger pour presser le pas encore plus, courant presque pour atteindre la salle de métamorphose.

Mais, arrivés au point de rendez-vous, Hermione se figea. La porte de la salle avait été enfoncée et l’intérieur était entièrement ravagé.

— Hermione, commença Harry en tremblant, dis-moi que ce n’est pas ici qu’on devait se retrouver.

— Si. 

La jeune femme tomba à genoux et fondit en pleurs, prise de convulsions. Harry s’agenouilla en face d’elle et la serra dans ses bras, ne pouvant empêcher ses propres larmes de couler le long de ses joues.

Les pensées de Hermione se tournèrent vers Ron. Elle revoyait son sourire, ses fossettes,… Ron…

Et Ginny… Sa meilleure amie, si forte, si belle,…

Non ! Ils ne pouvaient pas être morts. Ils étaient sept, ils avaient dû se défendre et étaient partis se réfugier plus loin. Oui, c’est ça. Il y avait forcément une explication valable.

Les Weasley étaient en vie ! Elle devait y croire.

Ayant plus ou moins réussi à se rassurer, Hermione ne quitta pas pour autant l’étreinte de Harry. Ils restèrent ainsi un bon moment avant de retrouver leurs esprits. Harry se redressa et tendit la main à Hermione pour l’aider à se relever à son tour puis, toujours main dans la main, ils reprirent leur route.

— S’ils ne sont… Enfin je veux dire s’ils ont pu… Nous avions prévu un deuxième point de rendez-vous, au cas où. Peut-être que… 

Hermione ne finit pas sa phrase et étouffa un nouveau sanglot. La pression sur ses doigts lui donna du courage. Elle allait presser le pas, mais fut retenue en arrière par Harry qui venait de s’arrêter.

— Où ?

— Viens, je vais te montrer.

— Où ? insista Harry.

— Aussi bizarre que cela puisse te paraître, on a choisi de se cacher dans les cachots si besoin. Mais viens, je vais te montrer je te dis.

— Non, Hermione attends. Laisse-moi réfléchir.

— D’habitude, c’est moi qui dit ça, fit remarquer la jeune femme.

Pour toute réponse, Harry lui lança un regard de travers. Après un moment de silence, Harry secoua la tête et soupira.

—  Qu’est-ce qu’il y a ?

— Je ne pense pas que tu devrais venir.

— Et je peux savoir pourquoi ?

— La pièce a été ravagée Hermione ! Même s’ils sont vivants, ils se sont battus et je ne doute pas que les Mangemorts les cherchent activement.

— Justement ! s’exclama Hermione. 

Harry soupira d’autant plus.

— Je ne comprends pas pourquoi tu veux me laisser à l’écart ! Si effectivement ils sont en danger, je veux être là pour les aider. Il faut qu’on se dépêche.

— Exactement. Et à deux, on avance lentement. Les étages inférieurs sont remplis de Mangemorts. Si on accélère dans la foule, on se fera forcément repérer.

— Oui, mais…

— Suis-moi, dit-il en agrippant de nouveau sa main et la forçant à avancer.

— Non, attends. S’ils sont effectivement en danger, une personne de plus pour se battre ne sera pas de refus. Je veux en être !

— Encore faudrait-il qu’on arrive à temps. Alors, c’est non, conclut-il en tirant de nouveau sur sa main.

— Mais où tu m’amènes ? s’indigna Hermione.

— Au passage secret derrière le miroir, au quatrième étage. Ce n’est pas loin. Il est impraticable, mais tu pourras y rester caché.

— Je ne veux pas rester derrière Harry !

— Tu n’y risqueras rien, je te promets de revenir vite ! Mais je refuse de perdre plus de temps. Les Mangemorts ne rigolent pas et les Weasley doivent être en tête de leur liste depuis que j’ai disparu. S’ils sont en vie, alors je dois faire tout ce que je peux pour les aider. 

Hermione s’apprêtait à répliquer, mais se figea, la bouche ouverte. Harry avait raison. Elle savait bien que l’idée d’être séparés ne plaisait pas beaucoup plus à Harry qu’à elle. Mais elle savait aussi que le germe d’espoir qu’Hermione avait déclenché en évoquant l’éventuelle survie des Weasley ne ferait que grandir en Harry. Elle n’avait aucune chance de lui faire entendre raison…

Résignée, la jeune femme ferma la bouche et se laissa guider.

Ils arrivèrent rapidement à l’étage inférieur. Harry ouvrit le passage et s’écarta pour laisser passer Hermione, qui se glissa derrière le miroir. Les éboulis jonchant le sol et bloquant le passage ne lui laissaient pas beaucoup de place, mais elle n’avait pas le choix. Et, normalement, Harry ne serait pas long. Essayant de ne pas montrer son inquiétude pour ne pas le retarder, elle afficha un petit sourire à son ami dont seule la tête dépassait de la cape d’invisibilité.

—  Je reviens dès que possible Hermione, je t’assure !

— Fais attention Harry. Et… retrouve-les. 

Harry acquiesça et afficha un visage rassurant avant de rabattre le miroir devant sa camarade.

Hermione vit le mur se refermer sur elle.

— Lumos.

En poussant un soupir, Hermione s’affaissa contre le mur et attendit, loin de s’imaginer les horreurs qui l’attendaient encore.








Fermant les yeux, Hermione se remémora le rêve qu’elle avait fait peu avant dans la forêt interdite. L’absence de Ron lui pesait énormément et elle avait de plus en plus de mal à calmer les battements de son cœur et à faire cesser ses tremblements incessants. La peur de le perdre était bien trop présente.

De la fumée passa sous la porte et commença à s’installer dans la petite grotte qui avait autrefois été un passage secret. « Comme la brume de mon rêve », se dit Hermione, pensive. Ce fut l’odeur de brûlé qui la fit sortir de ses pensées et revenir à la réalité.

Se relevant instantanément, Hermione sortit sa baguette et hésita à pousser la porte. Elle devait attendre Harry ici. Il n’était parti que depuis une demi-heure, peut-être n’allait-il pas tarder à revenir... Mais l’odeur se fit plus forte et un cri se fit entendre à l’extérieur. N’ayant plus le choix, Hermione sortit de sa cachette.

Ce qu’elle vit à l’extérieur l’horrifia. Le couloir était en feu. Les rideaux tombaient en lambeaux tandis que les tableaux s’enflammaient, répandant une odeur âcre de peinture qui venait s’ajouter à celle du brûlé. Puis Hermione aperçut une fille, à peine plus âgée qu’elle, qui se roulait par terre quelques mètres plus loin, les jambes en feu.

— Aguamenti, hurla Hermione. 

Un jet d’eau apparut au bout de la baguette de Hermione et vint atterrir sur les jambes de la jeune femme qui gémit au contact de l’eau. Hermione s’approcha et s’agenouilla à ses côtés.

— Ça va ? demanda-t-elle, faute d’inspiration.

— Merci, mais sauve-toi. Tu ne peux pas rester là.

— Non, je vais t’aider, on va s’éloigner un peu.

— Non, la corrigea la jeune inconnue. Tout Poudlard est en feu, pas que cette partie. Les Mangemorts courent en jetant des sortilèges pour enflammer tout le château. 

Devant l’air ahuri et choqué qu’afficha Hermione, la jeune femme reprit.

— Dépêche-toi, mets-toi à l’abri.

— Non, je ne partirai pas sans toi. 

Voyant que la jeune femme allait protester, Hermione leva la paume pour la faire taire. De son autre main, elle jeta un sortilège d’attraction pour faire sortir de son sac une fiole contenant une potion visqueuse et verte. Elle versa ce qu’il restait du flacon sur les jambes de sa camarade. Hermione lança ensuite un sortilège de tête en bulle sur chacune d’elles, ce sortilège servait à respirer dans l’eau normalement, mais il servirait de barrière à la fumée, du moins partiellement.

—  Est-ce que tu peux te lever ?

— Oui, je pense. Merci. Mais même si j’arrive à marcher, je ne pourrai pas aller très vite.

— Ne t’inquiète pas, dit Hermione d’une voix qu’elle espérait rassurante.

Tout en aidant la jeune femme à se relever, Hermione lui demanda son nom.

— Kaytlin, Kaytlin Dawns. J’étais à Serdaigle, j’ai quitté Poudlard il y a deux ans. 

A ce moment-là, un tableau se trouvant à quelques mètres d’elles, tomba sur le sol. Le feu avait eu raison de lui et, sentant la température monter, Hermione décida qu’il était temps d’y aller. Elle passa le bras droit de Kaytlin sur ses épaules et la tint fermement par la taille pour l’aider à avancer.

— Prend ta baguette si tu l’as toujours et aide-moi, lui intima Hermione. Aguamenti. Aguamenti ! 

Les deux jeunes femmes se mirent donc à avancer petit à petit tandis que leurs sortilèges leur permettaient de garder le feu à distance raisonnable. Mais, rapidement, elles montrèrent des signes de fatigue. Elles peinaient à trouver leur chemin tant elles ne reconnaissaient pas le château sous les flammes. La chaleur se faisait de plus en plus pesante au fur et à mesure de leur avancée et l’air ne tarderait pas à être irrespirable.

Le poids de Kaytlin se faisait plus lourd sur son épaule et Hermione dût y mettre toutes ses forces pour continuer à avancer. Kaytlin avait arrêté de lancer des sortilèges, ses tentatives se finissant toujours par des toux incontrôlables qui les handicapaient dans leur avancée. Hermione continuait tant bien que mal à sécuriser leur chemin, en favorisant les informulés pour ne pas inhaler plus de fumée que nécessaire.

Alors que Hermione commençait à désespérer, Kaytlin émit un léger cri de joie. Les escaliers se trouvaient devant elles.

Elles descendirent plus d’un étage avant de flancher. Elles s’affalèrent sur le sol, incapables d’avancer plus longtemps. N’ayant plus la force ni le temps de descendre les escaliers, Hermione eut une idée.

— Kaytlin, fais-moi confiance s’il te plaît et assieds-toi sur la rambarde. 

Effrayée, Kaytlin se laissa cependant aider par Hermione et quelques secondes plus tard, les deux jeunes femmes étaient assises côte à côte sur la rampe de l’escalier, les pieds dans le vide.

— J’ai peur de comprendre ce que tu veux faire.

— Pour tout te dire, moi aussi, avoua Hermione, la voix tremblante. 

D’un signe de la tête, Hermione fit signe à Kaytlin d’y aller et les deux jeunes femmes se laissèrent tomber dans le vide.

La chute, bien que rapide, parut durer une éternité dans la tête d’Hermione qui restait concentrée pour ne pas rater le moment d’agir.

— ARRESTO MOMENTUM !

Le sortilège permit aux deux jeunes femmes d’éviter une grande partie du choc, mais Hermione hurla tout de même lorsqu’elle tomba de tout son poids sur son bras gauche.

— Hermione. Hermione, ça va ? demanda Kaytlin.

— Ça pourrait être pire, marmonna la jeune femme. Et toi ?

— Toujours mieux qu’il y a quelques secondes. Au moins, on peut respirer ici. 

C’est seulement suite à ces quelques mots que Hermione réalisa que l’air était plus pur ici.

— Mais oui bien sûr. La fumée a tendance à monter ! 

Quelques peu rassurées, les deux camarades échangèrent un sourire. Celui-ci ne fut hélas que de courte durée... Car ici ou ailleurs, elles n’étaient pas en sécurité. Et, après l’incendie, quelle autre épreuve les attendait ?

La réponse leur fut apportée peu après, lorsqu’ils entendirent des cris horribles. Hermione y reconnut là les effets du Doloris et en conclut qu’il y avait un Mangemort pas loin, peut-être même plusieurs. Elle fit signe à sa camarade de ramper pour se mettre en retrait. Elles se traînèrent difficilement à l’écart puis, une fois hors du passage, Hermione lança deux sortilèges de désillusion. Entre la fumée et l’effervescence qui régnait chez les Mangemorts, Hermione ne doutait pas que cela suffirait.

Et, en effet, lorsque les Mangemorts passèrent devant eux quelques secondes plus tard, elles ne furent pas repérées. Un Mangemort s’arrêta au milieu du hall, semblant attendre quelque chose. Peu de temps après, son acolyte arriva.

— Mission accomplie. J’ai mis le feu dans les cachots. Dommage que même la Salle Commune des Serpentard y soit passée, j’aimais bien cet endroit, dit le deuxième Mangemort, mélancolique.

— Allez, dépêche-toi. On n’a pas le temps d’évoquer de vieux souvenirs. Le ménage est fini dans les étages aussi et on vient de vérifier le rez-de-chaussée. Tout le monde est dehors pour le spectacle. 

Hermione tremblait de la tête aux pieds. Le ménage ? Un spectacle ? Elle se sentait prête à défaillir. Son bras la lancinait, la douleur dans sa cuisse avait reprit, sa tête tournait, ses poumons la brûlaient. Elle aurait voulu mourir en cet instant, mourir pour ne plus ressentir de douleur, mourir pour ne pas s’admettre que le « ménage » n’était que la mort pure et simple de tous ceux qu’ils n’avaient pu sortir du château. Mais surtout, elle aurait voulu mourir pour ne pas voir le spectacle.

Elle n’avait évidemment aucune idée de ce qu’était ce spectacle, mais Hermione se doutait que ce serait le coup de grâce pour la communauté sorcière. Avant même qu’il n’ait lieu, elle savait que ce serait le point de rupture pour elle, le moment où tout s’effondrerait et où elle perdrait pied. Et puis il y avait ce mauvais pressentiment…

End Notes:
Alors ? Des pronostics sur ce qui va se passer dans le chapitre suivant ?
Au delà du portail by Padfooot
Author's Notes:
Hello hello !

Voici le chapitre 3 : Au delà du portail. On est toujours en plein coeur de la bataille, mais la fin devrait vous orienter ce qui va se passer dans la suite de l'histoire.

Merci beaucoup à liame xerwake d'avoir pris le temps de me laisser une review !

Bonne lecture.


Les deux Mangemorts venaient de sortir. Il ne restait plus qu’elles. Kaytlin tira Hermione vers les portes pour gagner l’extérieur, mais Hermione résista un instant. Elle se retourna et leva la tête pour contempler le sinistre spectacle qui avait lieu sous ses yeux. Les escaliers étaient nimbés de flammes, certains morceaux s’étaient déjà effondrés, ajoutant une poussière épaisse à la fumée qui formait un tapis sombre au dessus d’elles. Le couloir qui menait à la Grande Salle et dont venaient les deux Mangemorts semblait être le seul endroit restant à ne pas être en flamme, mais les débris de statue qui jonchaient le sol ne laissaient pas de doute : l’école était détruite.

Cette fois-ci, lorsque Kaytlin tira une Hermione nauséeuse par son bras non cassé, cette dernière se laisse faire. Elle n’arrivait plus à penser clairement. Elle ne se dit même pas que son sort de désillusion ne serait pas suffisant. Malgré tout ce qu’elle avait vécu, toute la force dont elle avait fait preuve dans les différentes épreuves qui avaient jalonné son parcours, cette fois-ci, elle était à bout. Ses nerfs lâchaient et elle suivait, sans prendre vraiment conscience de rien.

Lorsqu’elles furent à l’extérieur, les yeux de Hermione furent frappés par la luminosité ambiante. Le feu à l’intérieur de Poudlard avait fait oublier à la jeune femme qu’il faisait encore jour. Hermione regarda autour d’elle. Le château brûlait et de fines particules de poussière voletaient dans l’air vicié, se mêlant aux larmes qui commençaient à couler sur les joues d’Hermione.

— Hermione ! Ressaisis-toi, lui souffla Kaytlin. 

Hermione reprit en un instant conscience de ce qui se passait. Son sortilège de désillusion ne suffirait pas, elle devait redoubler de prudence. Des Mangemorts encerclaient tous les rescapés, qui, agglutinés les uns sur les autres, leur tournaient tous le dos, le regard rivé vers un même point.

Hermione et Kaytlin profitèrent de cette attention commune pour avancer doucement sur leur gauche. Hermione était distraite, cherchant des yeux des têtes rousses au sein de la foule, alors que Kaytlin semblait viser le portail, prête à accélérer autant que sa jambe le lui permettrait pour quitter les lieux. Hermione tremblait de peur à l’idée de découvrir ce qui se tramait. Une fois décalées suffisamment sur le côté, les jeunes femmes découvrirent ce que tout le monde regardait.

Voldemort se tenait sur une sorte d’estrade qui avait dû être érigée magiquement. Derrière lui, un grand voile rouge était suspendu cachant le « spectacle » que tout le monde attendait. Sa face de serpent était souriante alors qu’il parlait. Mais Hermione ne voulait pas se concentrer sur ses paroles, son mauvais pressentiment augmentant en même temps que sa nausée.

Hermione se retint de toutes ses forces à sa camarade lorsqu’elle aperçut Neville en bas de l’estrade, tenu en joue par Bellatrix Lestrange. Elle tenait à peine debout. Si Neville était là… Alors où étaient les Weasley ?

Ses tremblements se firent plus intenses alors que ses pensées s’affolaient et que la voix de Voldemort semblait de plus en plus excitée, prêt à lever le suspense.

Le rideau tomba et Hermione s’effondra au sol.

Les corps de tous les Weasley étaient pendus dans les airs, sans vie. Hermione devinait à la crispation de leurs visages l’angoisse qui se lisait chez Mr Weasley et la rage chez Mrs Weasley. Ils avaient sans doute été tués en dernier, forcés à assister à la mort de leur progéniture. Le regard d’Hermione s’attarda sur celui de Ginny, belle et forte même dans la mort, avec ses cheveux roux qui encadraient son visage devenu si pâle. Elle se força à regarder Ron, mais en découvrant son visage crispé et griffé, elle détourna immédiatement le regard, luttant tant bien que mal contre sa nausée. Elle devinait sans mal les tortures qu’il avait subis et y reconnut l’oeuvre de Bellatrix : le Doloris et la torture physique.

Les réactions furent intenses. Des sorciers attroupés au milieu s’élevèrent des hurlements, des cris de rage et des sanglots, couvrant péniblement les mouvements de panique. Les sortilèges commencèrent à fuser de tous les côtés, mais les Mangemorts avaient clairement l’avantage. Observant la foule, Hermione repéra le professeur McGonagall à seulement quelques mètres d’elle. Elle venait d’éviter un sortilège de justesse et en avait perdu l’équilibre. Hermione s’approcha et l’aida à se relever. Au contact de son professeur, le sortilège de désillusion prit fin et la jeune femme devint visible aux yeux de tous.

Le professeur McGonagall avait l’air exténué, tous ses traits étaient tirés. Elle ne tiendrait plus longtemps si elle continuait ainsi. Mais, pour autant, Hermione savait qu’elle ne se rendrait jamais.

— Miss Granger, je suis si soulagée de vous voir en vie, dit-elle le souffle court. Vous devez partir. Trouvez Mr Potter et allez-vous en.

— Mais c’est fini, professeur. Nous avons perdu, nous ne pouvons plus rien faire. Nous sommes si peu… ajouta-t-elle la voix rendue plus aigüe par l’émotion qu’elle tentait tant bien que mal de retenir. Et puis, Voldemort a eu vent de notre plan pour le détruire et nous a contré. Il nous sera quasiment impossible de le battre maintenant.

— Tout n’est pas perdu, Miss Granger. Vous devez garder espoir. Il reste toujours un moyen. Pour une fois, Miss je vous en prie, faites fi des règlements et des lois magiques. Il y a un temps pour tout !

C’était bien une des premières fois que Hermione ne comprenait pas ce qu’un de ses professeurs lui disait, mais elle n’eut pas le temps de poser la moindre question car une main la saisit par le bras gauche. Hermione réprima un cri de douleur.

— Hermione ! Tu es folle, cache-toi. Viens avec moi sous la cape.

— Harry !

— Mr Potter, prenez miss Granger avec vous et partez d’ici au plus vite.

— Mais Professeur, nous ne pouvons pas vous abandonner…

— Oh si, vous le pouvez et vous le ferez. Vous avez une mission à accomplir avec Miss Granger.

Hermione s’apprêtait enfin à poser des questions quand elle entendit une variation dans le brouhaha autour d’elle.

— C’est la sang-de-bourbe, l’amie de Potter !

— Oui, attrapez-la ! Elle nous dira peut-être ce que le rouquin ne nous a pas révélé.

Deux Mangemorts s’approchaient d’eux à toute vitesse. Harry la saisit encore par le bras et tira. Cette fois Hermione laissa échapper un cri en sentant la douleur envahir son bras cassé et courut pour suivre Harry qui se dirigeait vers l’entrée du parc. Elle n’eut que le temps de voir le professeur McGonagall lui faire un signe d’encouragement. Dans son regard, elle y lisait une sorte de pacte dont elle ne comprenait pas la portée.

Le professeur McGonagall, bien que fatiguée et à bout de souffle quelques instants auparavant, engagea le combat, bien décidée à tout faire pour protéger ses deux anciens élèves.

Harry avait finalement enlevé sa cape pour pouvoir courir et se protéger au besoin sans que celle-ci n’entrave ses mouvements. Il fut vite aperçu et leur fuite fut accompagnée de dizaines d’éclairs de lumière. Les sortilèges des Mangemorts filaient aussi vite que les sortilèges de bouclier que leurs anciens camarades et professeurs envoyaient pour les protéger. Au début du siège, nombre d’entre eux avaient donné l’impression de tourner le dos à Harry, pensant que ce dernier avait fui en les laissant derrière. Aujourd’hui, en voyant que leur héros était toujours là, ils se liguaient pour lui donner une dernière chance. Hermione entendait des « Couvrez Potter ! » et des « Pour le survivant ! » s’élever dans la foule, alors que Harry et elle couraient vers la grille. Et au milieu de ces gens prêts à tout pour les aider, Hermione vit le professeur McGonagall s’écrouler après avoir touché un dernier adversaire au détriment de sa propre protection.

Hermione trébucha, mais Harry la rattrapa tout en jetant des sortilèges de stupéfixion par dessus son épaule. Un Mangemort tomba au contact d’un jet de lumière rouge. Derrière, Voldemort apparut. Le sourire qui se dessinait sur son visage de serpent lui fit froid dans le dos. Il avait gagné. Il ne lui restait qu’une chose à faire pour que sa victoire soit complète : tuer Harry. Il leva sa baguette dans un geste lent, presque théâtral.

— Avada Kedavra !

Expelliarmus !

Hermione s’arrêta net, en sentant Harry qui s’était figé à ses côtés pour lancer son dernier sortilège. Le jet de lumière verte vint rencontrer celui de lumière rouge. Mais rien ne se passa comme prévu. Le jet de lumière verte fut dévié par le rouge.

Tout se passa alors très vite. Voldemort hurla de rage en évitant son propre sortilège de justesse, tandis que Bellatrix lançait son sortilège préféré dans leur direction. Hermione le vit approcher à une vitesse telle qu’elle savait qu’elle ne pourrait l’éviter. Mais un puissant bouclier se dressa devant elle à la dernière minute. Harry la tira de nouveau par le bras, il ne leur restait que trois mètres à parcourir. Elle n’eut que le temps d’apercevoir le visage de son sauveur avant que Neville ne s’effondre, les yeux vides de toute expression. Puis Poudlard en flamme disparut. Ils avaient dépassé la grille, leur permettant de transplaner.








Hermione tomba à genoux et observa les alentours, ne pouvant croire que Harry les avait menés ici.

— Pourquoi cette forêt Harry ? murmura-t-elle la voix éteinte, tout en s’asseyant au pied d’un chêne.

— Je n’ai pas réfléchi, c’est le premier lieu qui m’est venu à l’esprit, lui répondit-il, l’air désolé. 

Hermione fit un petit signe pour montrer qu’elle ne lui en voulait pas. Après tout, il avait dû réfléchir vite pour choisir un lieu dans lequel ils seraient en sécurité. Bien qu’une sécurité toute relative… Elle savait que même s’ils avaient réussi à passer le portail et à transplaner, jamais plus ils ne seraient tranquilles. La forêt était ce qui les abritait le plus, mais cette forêt regorgeait de trop de souvenirs. C’était ici que Ron était réapparu. Et jamais plus il n’apparaîtrait.

Les larmes commencèrent à couler sur les joues de Hermione. Harry, après avoir mis en place les quelques sortilèges essentiels à leur protection vint s’asseoir à ses côtés et la prit dans ses bras.
 Ils restèrent ainsi un long moment sans parler, juste à laisser leur chagrin se tarir un peu. Harry ne pleurait pas, mais, aux tremblements que Hermione ressentait, elle savait qu’il était en proie à de fortes émotions lui aussi.

—  Tu étais là quand… ? Quand ils… ? Je veux dire quand le rideau… commença Hermione sans réussir à finir sa phrase.

Harry répondit par l’affirmative en hochant la tête. Quelques minutes s’écoulèrent encore sans qu’aucun des deux ne prononce un mot.

— J’ai cru que je devenais fou ! Les voir comme ça… Ma baguette était pointée sur Bellatrix, tu sais. Je voulais tellement lui faire du mal. Ça m’a rappelé la mort de Sirius avec une telle force… grogna Harry avec rage. Mais c’est le discours de Vol… de Tu-Sais-Qui qui m’a retenu.

— Je n’ai pas écouté, qu’a-t-il dit ?

— Comment se fait-il que tu n’aies pas écouté ? demanda Harry étonné.

— Je suis arrivée très peu avant le… leur spectacle. J’étais terrorisée, mes oreilles bourdonnaient. Je crois que mon corps voulait me protéger. 

Harry souffla et posa sa tête contre le large tronc derrière lui. Il inspira profondément puis se mit à parler.

— Je suis désolé de t’avoir abandonnée Hermione. Si j’avais su que je n’arriverais plus à te rejoindre… Crois-moi, jamais je ne t’aurais laissée. Je voulais juste aller le plus vite possible, avoir une chance de les retrouver. Mais je suis arrivé trop tard. Je n’ai jamais couru aussi vite sous la cape je crois, mais lorsque je suis arrivé dans les cachots, c’était trop tard. Toutes les portes étaient grandes ouvertes. J’ai fait le tour de l’étage, mais je n’ai trouvé personne, à part des Mangemorts bien sûr. J’ai failli me faire repérer à un moment et je me suis caché dans le bureau de Rogue. J’ai volé quelques potions et ingrédients, d’ailleurs.

En même temps qu’il racontait, Harry sortit de sa poche divers ingrédients et petites fioles. Hermione jeta un coup d’oeil rapide, mais ne s’attarda pas.

— Il n’y avait plus grand chose, certaines étagères avaient été entièrement vidées. Je ne suis pas resté longtemps. Dès que les Mangemorts se sont éloignés, je suis reparti. J’ai voulu remonter les escaliers pour aller te chercher puis j’ai vu les flammes. Les Rafleurs ont mit le feu dans tout Poudlard. J’ai couru vers toi pour te prévenir, t’aider, qu’on sorte de là tous les deux. Mais rien ne s’est passé comme prévu, j’ai aperçu Mrs Pomfresh lutter contre des Mangemorts qui voulaient la faire sortir de la salle où elle avait trouvé refuge avec quelques élèves. Je l’ai aidée comme j’ai pu sans me faire remarquer, mais, au final, je n’ai rien pu faire.

Harry poussa un soupir désolé avant de reprendre.
— Je n’arrivais pas à monter les escaliers, la fumée était trop épaisse et j’ai été vite bloqué. J’ai laissé tomber. Depuis le temps que j’étais parti et, vu la hauteur des flammes, je doutais que tu sois encore dans ta cachette. Alors, je suis sorti et j’ai observé dehors. Tu-Sais-Qui était là, attendant que tout le monde soit regroupé et attentif. C’est là qu’il a commencé son discours.

Harry semblait fatigué émotionnellement. Il inspira et tout dans son visage indiquait la douleur qu’il ressentait.

— Il a été assez bref. Il a essayé de convaincre les derniers survivants de ne pas lutter. Puis il a dit que toute résistance mènerait à une punition bien trop horrible pour qu’il soit ne serait-ce qu’envisageable de résister. En disant cela, il montrait le rideau, précisa Harry, la voix tremblante de rage. Il a précisé que ce qu’il voulait, c’était me trouver et que celui qui me dénoncerait serait récompensé. C’est à peu près là qu’il a baissé le rideau… 

Hermione laissa Harry reprendre un peu ses esprits. La rage, la tristesse et la douleur se mêlaient dans son regard.

— Il me voulait. C’était uniquement cela que Tu-Sais-Qui désirait. C’était ce pour quoi Ron avait souffert, je ne pouvais pas gâcher ça. Alors j’ai baissé ma baguette. Mais j’ai laissé Bellatrix s’en tirer. Elle tenait Neville en joue, j’aurais pu l’aider.

— Harry, tu as bien fait !

— Tu es sûre, Hermione ? Alors, pourquoi mon coeur me crie que j’aurais dû les venger ? Que j’aurais dû aider Neville ?

— Parce que c’est ce que tu aurais fait il n’y a encore pas si longtemps. Tu as toujours eu tendance à foncer tête baissée. Je suis d’ailleurs étonné que tu ne l’aies pas fait. Mais tant mieux, je t’assure. Ils ont donné leur vie pour un combat que tu représentes Harry. Et tu as respecté ça, ce n’est peut-être pas ce que ton coeur criait, mais tu as écouté ta raison. Que se serait-il passé si tu t’étais montré à visage découvert ? Tu serais mort ! Toi en vie, le combat perdure.

— Mais quel combat, Hermione ? Pour quoi est-ce qu’on se battrait maintenant ? A l’heure qu’il est, ils sont sûrement tous morts. Ce que tu appelles « le siège de Poudlard » s’est transformé en massacre. Que reste-t-il à sauver ? Il ne me reste que toi ! Si tu n’avais pas été là, je serais mort au combat, mort à leurs côtés.

— Je sais, Harry, lâcha Hermione dans un soupir de lassitude. Mais nous devons continuer à nous battre. Pour les générations de sorciers à suivre. Pour les moldus aussi. Nous devons trouver un moyen. Nous devons trouver la force de poursuivre.

Harry se leva et fit deux pas lents avant de se retourner.

— Tu as probablement raison, Hermione. Comme toujours. Mais j’ai besoin de temps. C’est un luxe que l’on a pas vraiment, je sais, mais là je ne peux plus avancer…

Harry s’éloigna sans plus rien dire et Hermione regarda son meilleur ami disparaitre derrière les grands chênes. Elle comprenait son besoin de s’isoler pendant un temps. Sûrement irait-il près de la mare où il avait reçu l’épée de Gryffondor et où Ron l’avait retrouvé et lui avait sauvé la vie. Cela leur semblait si loin maintenant. Et pourtant, cela ne faisait que quelques mois.

La jeune femme laissa ses pensées dériver un instant. Puis elle se concentra sur le paysage et frissonna. Il y a près de trois mois, elle était ici avec Ron. Et il y a quelques années, elle était là avec ses parents. Cette forêt les abritait, mais lui rappelait tous ceux qu’elle avait perdus. Elle n’avais plus rien dans ce monde. A part Harry. Mais combien de temps encore allaient-ils survivre ? Quelques jours ? Des mois ?

— Le temps ! s’exclama soudain Hermione, en se redressant. 

Hermione se mit alors à faire les cent pas, essayant de dompter ses pensées. « Il y a un temps pour tout ! » C’était ce que le professeur McGonagall lui avait dit. Et juste avant, elle avait parlé de ne pas tenir compte des règlements et des lois. Sur le coup, elle n’avait pas fait attention, mais jamais le professeur ne lui avait parlé de lois si ce n’est une fois : le jour où elle avait reçu le Retourneur de Temps… Hermione se revit, des années plus tôt, à tourner inlassablement son petit sablier, lui permettant de se déplacer dans le temps pour suivre plus de cours qu’un emploi du temps ne le lui permettait. Elle était déjà repartie en arrière pour défaire ce qui avait été fait lorsqu’avec Harry, ils avaient sauvé Sirius et Buck la même nuit. Pourrait-elle recommencer ?

— Non, c’est impossible, marmonna-t-elle. Tous les Retourneurs de Temps ont été détruits quand nous sommes allés au Département des Mystères il y a deux ans. 

Hermione se rassit un instant, mais, trop accaparée par ses pensées, elle se releva rapidement et recommença à faire les cent pas. Deux questions se posaient : comment et quand ? Alors qu’elle réfléchissait, elle n’entendit pas les pas se rapprocher d’elle.

— Désolé Hermione d’être parti comme ça, il fallait que je m’éloigne un peu. 

Mais la jeune femme ne l’entendait pas, trop perdue dans ses pensées.

— Hermione ? demanda Harry, mi inquiet, mi étonné. Hermione ? A quoi tu penses ? 

— Laisse-moi réfléchir, répondit-elle songeuse.

— Si la situation n’était pas ce qu’elle était, je suis sûre que je te verrais partir vers la bibliothèque d’ici peu, grommela Harry, presque amusé de revoir cette facette de la personnalité de la jeune femme.

— Harry, est-ce que tu sais où on pourrait trouver une bibliothèque sorcière ? demanda Hermione qui n’avait rien entendu de la remarque de son ami. A moins que toutes les informations ne se trouvent au Ministère…

Harry éclata de rire. Non pas un rire franc et entier comme il pouvait avoir par le passé car teinté des émotions vécues récemment, mais tout de même assez fort pour ramener une once de gaieté et d’espoir.

— Tu es vraiment incroyable, Hermione. Dis-moi à quoi tu penses.

— Je pense que le professeur McGonagall m’a fait passer un message plus important que de seulement continuer la bataille.

— Ça me semble déjà bien important, interrompit Harry, ironique.

— Je veux dire qu’il y avait plus dans son message J’interprète peut-être trop… Après tout, c’était plutôt le genre de Dumbledore de donner des informations pleines de mystère et de nous laisser faire le reste. Mais peut-être qu’elle ne voulait pas me forcer à faire ça, peut-être qu’elle voulait que je fasse ce choix seule. Oui, c’est tellement fou et risqué que jamais elle n’aurait…

— Hermione ! Peux-tu m’expliquer simplement s’il te plaît ?

— Pardon, je,… Je pense que le professeur McGonagall m’a donné un indice sur une manière de changer cette situation.

— Et comment ? Sans savoir où est le serpent, cela me semble impossible.

— Hé bien, peut-être devons-nous changer le passé pour changer notre présent. 

Un grand blanc suivit ses paroles. Harry dévisageait Hermione bouche bée tandis que celle-ci guettait les réactions du jeune homme, inquiète de savoir ce qu’il penserait de ce plan improbable. Harry se décida alors à briser le silence.

— Tu penses que nous devons revenir en arrière pour sauver les Weasley ! Mais comment ?

— Oh Harry, je pense que nous ne devons pas seulement sauver les Weasley. J’y ai pensé pendant ta promenade, mais chaque fois je… Enfin, je veux dire, si nous retournons à ce matin et sauvons les Weasley, qu’y gagnerons nous ? Nos amours respectifs et des alliés supplémentaires ! Mais cela ne nous fera pas gagner la guerre.

— Alors, il faut retourner juste avant que Tu-Sais-Qui ne mette Nagini en sécurité ! Il y a deux jours ? Comment comptes-tu faire ça ?

— Je ne sais pas, Harry. C’est pour ça que je rêverais d’une bibliothèque.

— Une bibliothèque ne suffirait pas…

— Certes, fit Hermione, agacée. Mais ce n’est pas le souci pour l’instant, nous trouverons un moyen. J’y passerai la vie entière s’il le faut ! Harry, plus j’y pense et plus je suis sûre que ce voyage dans le temps est possible et que c’est la seule solution. Et de toute manière, retourner en arrière de deux jours ne me semble pas suffisant.

— Comment ça ?

— Tu te souviens quand et pourquoi tu as décidé de te rendre à Tu-Sais-Qui ?

Les traits de Harry se fermèrent un instant. Oui, il se rappelait. Les corps de Fred, et un peu plus loin de Remus et de Tonks, main dans la main. Harry acquiesça, mais ne dit rien de peur que sa voix ne trahisse son émotion.

—  Peut-être qu’on pourrait éviter ça aussi… Nous pouvons peut-être les sauver, Harry, mais, pour ça, nous devons remonter plus loin. Bien plus loin.

— La mort de Dumbledore ? C’est là que tout a commencé ! Sans lui, nous étions sans défenses.

— Non, je ne pense pas. Dumbledore avait choisi de mourir de cette façon. Sauver Dumbledore ne changerait rien. Je lui fais confiance là-dessus. S’il avait fait ce choix, c’est qu’il s’imposait compte tenu de la situation. Alors, c’est cette situation qu’il faut changer.

— Alors quoi ? Le retour de Tu-Sais-Qui ? Tu penses qu’il faut l’empêcher de revenir ? Peut-être en capturant Croutard… On pourrait revenir en 3ème année cette nuit-là pour l’empêcher de s’enfuir.

— C’est une date clé, je suis d’accord, et il est possible que cette action ait suffisamment d’impact, mais il y a un problème de taille sur cette date.

— Lequel ? s’enquit Harry, persuadé que s’occuper de Croutard était pourtant une bonne solution.

— Nous avons déjà deux versions de nous-même qui se baladent près de la cabane hurlante cette nuit-là. McGonagall nous a dit d’enfreindre les règles, pas de risquer de détruire le cours du temps. Et puis, la probabilité d’attraper un rat dans le noir alors qu’on doit être discret est bien trop faible. Non, cette date serait très bien pour notre guerre Harry, mais la mission me semble impossible à réaliser.

— Alors quoi ? Pourquoi pas la naissance de Tu-Sais-Qui pendant qu’on y est ? demanda Harry, ironiquement.

— Et pourquoi pas ? Non, je suis sérieuse Harry, ajouta-t-elle face à son air perplexe. Je ne dis pas qu’il faut forcément aller si loin. Je dis juste qu’il nous faut prendre le temps de réfléchir au meilleur moment, même si cela nous semble loin ! Il nous faut trouver l’action qui aura le plus d’impact.

Harry ne répondit pas et observa sa meilleur amie, partagé entre le désarroi face à la folie de ce plan et l’espoir qu’il lui apportait.

Ils pourraient sauver Ginny, Ron, tous les Weasley, toutes les victimes de la bataille Poudlard. Mais pas que… En allant si loin, ils sauveraient aussi Dumbledore, son parrain, Cédric Diggory. Sa poitrine s’emplit soudain d’un espoir plus fou et plus intense qu’il ne lui semblait possible.

—  Hermione, mes parents. Est-ce que tu… ?

— Oui, Harry, c’est ce que je me demande. Plus j’y pense et plus je pense que c’est là le moment clé de l’Histoire. Avant et nous risquons de changer trop de choses. Si nous allions combattre Tu-Sais-Qui avant son ascension, que ce soit à sa naissance ou pendant ses études, nous risquons de rentrer en collision avec d’autres évènements importants. La défaite de Grindelwald date de 1945. Il ne faut surtout pas prendre de risque vis-à-vis de cette date. Et les années suivantes, Tu-Sais-Qui est occupé à monter en puissance entre ses Horcruxes et sa recherche de partisans. C’est trop dangereux, nous ne saurions pas comment l’atteindre, certains Horcruxes seraient peut-être déjà là, d’autres non. Et puis, il n’existe à ce moment-là aucun moyen sûr de le battre.

— Comment ça ?

— La prophétie. Je pense que nous devons attendre qu’elle soit énoncée.

— C’est toi qui dit ça ? Vu comme tu es une fan de divination, c’est assez étonnant.

Hermione se contenta de répondre par un regard de travers.

— Ok, donc tu penses qu’il faut attendre 1980 ? On pourrait empêcher Rogue d’entendre la prophétie et donc de la rapporter à… de la lui rapporter.

— Ce ne serait peut-être pas suffisant non plus. Si Tu-Sais-Qui n’est pas au courant, il ne te marquera pas comme son égal… Non, je pense qu’il faut agir le 31 octobre. C'est là que tout a commencé.

End Notes:
Et voilà, on rentre dans le vif du sujet. Une idée de comment ils vont faire pour remonter près de vingt ans en arrière ? :)
Le cas d'Eloïse Mintumble by Padfooot
Author's Notes:
Nous voici au chapitre 4 : Le cas d'Eloïse Mintumble



L'idée folle de Hermione de remonter le temps a fait son chemin, mais encore faut-il trouver un moyen de le faire.



L'histoire d'Eloïse vient des archives de JKR, je n'ai fait que la lui emprunter et broder autour.



Bonne lecture !

Harry se réveilla le dos endolori d’avoir dormi à même le sol. Malgré ses émotions fortes et la conversation avec Hermione qui l'avait tant chamboulé, il s’était endormi rapidement et avait eu le sommeil lourd. La veille, ils avaient discuté longuement de leur plan. Il regarda à côté de lui. Hermione était déjà levée et elle ne tarda d’ailleurs pas à réapparaître de derrière les buissons qui délimitaient une partie de leur campement. Elle était extrêmement pâle, encore plus que la veille et semblait tendue.

— Ça va Hermione ?

— On fait aller, lui répondit-elle avec un léger sourire qu’elle voulait encourageant.

— Non, je veux dire, physiquement ? demanda Harry, l’air soudain plus sombre.

Hermione se réprimanda intérieurement. Evidemment, Harry ne lui aurait pas demandé ça dans ce sens. Il savait très bien que son moral ne remonterait pas facilement, il était bien placé pour le savoir, il vivait la même situation.

— Je crois que je me suis cassé le bras hier, finit-elle par répondre, d’une voix qu’elle voulait forte, mais qui trahissait sa douleur.

— Pourquoi tu n’as rien dit ?
— Je n’y ai pas pensé.

— Tu es sûre que ce n’est pas pour éviter que je te soigne ? plaisanta-t-il. Je sais que je ne suis pas le meilleur en la matière, mais je peux soulager un peu la douleur et il reste un peu d’onguent je crois. 

Hermione secoua la tête, légèrement amusée et lui tendit le bras en grimaçant. La douleur s’était accentuée pendant la nuit. Harry lui jeta un sortilège pour atténuer la sensation que lui causait sa blessure.

— Tu as dormi au moins ?

— Un peu. J’ai surtout réfléchi.

— Tu restes convaincu que c’est ce que nous devons faire ?

— Oui, bien qu’on ne puisse pas en prédire les conséquences, je me dis qu’il n’y a pas d’évènement plus important que l’on puisse éviter. Nous devons sauver tes parents et espérer que les changements induits sur le cours du temps joueront en notre faveur.

— Et si ça ne suffisait pas ?

Un instant, Hermione ne sut quoi répondre.

— Je n’ai pas mieux à proposer…

Harry acquiesça gravement.

— Alors, par quoi on commence ?

— Nous allons devoir réunir les ingrédients pour le Polynectar et assez de nourriture pour quelques semaines. Ensuite, nous irons au ministère. En espérant que les notes au Département des Mystères nous permettent de trouver un moyen de remonter près de vingt années en arrière.

— Je m’occupe de cette première étape, pendant que tu peaufines notre plan. Avec la cape, ça ne devrait pas poser trop de problèmes de récupérer quelques ingrédients. Tu peux me rappeler ce qu’il faut ?

— J’ai repéré des Chrysopes dans ce que tu as récupéré dans le bureau de Rogue. Trouver du Sisymbre et du Polygonum ne devrait pas poser de souci. Pour la corne de bicorne et la peau de serpent d’arbre du cap, ça risque d’être plus compliqué. Ces ingrédients sont sûrement rangés dans les réserves. Et encore, pas dans n’importe quelle boutique de potions !

— Ne t’inquiète pas, je trouverai.

— Ah et j’oubliais, il faudra aussi des sangsues. 

Harry acquiesça.

— Il ne manquera plus que l’échantillon d’ADN. Nous les récupèrerons en 1981.








Hermione était absorbée dans les notes dénichées au Département des Mystères. Pénétrer au ministère dans la soirée suivant leur fuite de Poudlard n’avait pas été bien difficile. La cape d’invisibilité et la connaissance des lieux leur donnaient un avantage certain.

Hermione et Harry avaient récupéré tous les échantillons qu’ils avaient pu dans la salle. L’endroit avait quelque peu changé. L’étagère qui s’était brisée avec les Retourneurs du Temps avait été réparée et contenaient maintenant des brisures de ces objets. Ils en avaient pris des échantillons, ainsi que de tout ce qu’ils avaient pu y trouver. Ensuite, ils avaient forcé les portes des bureaux de tous les Langues de Plomb et fait une copie de toutes les notes qu’ils y avaient dénichées, quitte à utiliser des sortilèges pour désamorcer les blocages de certains dossiers et les remettre tant bien que mal.

Harry avait eu l’idée de forcer également les bureaux de plusieurs étages et des dossiers associés, afin de ne pas attirer l’attention sur les voyages temporels si jamais leur passage ne passait pas inaperçu. Cela leur avait pris beaucoup de temps, mais au moins, leurs traces étaient couvertes.

Cela faisait maintenant près de trois mois qu’ils avaient trouvé refuge dans la forêt. Harry s’occupait de toute l’intendance et des sortilèges de protection à chaque fois qu’ils changeaient de lieu, afin de laisser à Hermione tout le temps possible pour qu’elle arrive à déchiffrer les notes des Langues-de-Plomb et expérimenter divers sortilèges sur les échantillons de Retourneurs de Temps. Mais la jeune femme avait beau y passer des nuits entières, elle n’avait toujours pas trouvé ne serait-ce qu’une ébauche de solution tangible.

— Je suis inquiète… Ils n’ont jamais réussi un tel voyage, avait fait remarquer Hermione après avoir lu les différentes notes trouvées au ministère.

— Tu veux dire que c’est impossible ? avait demandé Harry.

— Non, il y en a eu par le passé, mais soit les sorciers qui s’y sont risqués en sont morts, soit ça s’est mal passé et le temps en a été impacté fortement. Si tu prends le cas de Eloïse Mintumble, elle a remonté le temps de 1899 à 1402 et lorsqu’elle est revenue à son époque, elle a vieilli de cinq-cent ans d’un coup. Mais les conséquences de son voyage étaient catastrophiques. Vingt quatre de ses descendants ont disparu, ils ne sont même pas nés dans ce nouveau cours du temps que son voyage a créé. Et après, l’espace-temps a été chamboulé pendant plusieurs jours. Le mardi après son retour a duré plus de deux jours et le jeudi seulement quatre heures. 

Cette conversation datait déjà de plusieurs semaines et Hermione n’avait pour l’instant donné aucune nouvelle positive à Harry, qui commençait à se demander ce qu’ils allaient bien pouvoir faire si cette mission tombait à l’eau. La dernière fois que Harry en avait émis la possibilité, Hermione avait répliqué sèchement qu’elle n’avait plus d’autre raison de vivre et qu’elle y passerait sa vie s’il le fallait, mais qu’elle rendrait ce déplacement possible.

Harry était assis sur une souche près de leur campement de fortune. Il regarda autour de lui. Il était temps de changer d’endroit. Il se redressa et s’approcha d'Hermione, dont les cernes noircissaient de jour en jour. Il l’entendait parfois gémir de sa blessure à la cuisse, mais aucun des deux ne savait quoi faire et la jeune femme se renfrognait dès que Harry abordait le sujet. Elle était obnubilée par sa nouvelle mission.

— Hermione, nous devons…

— J’ai trouvé, le coupa-t-elle dans un souffle, en levant vers son ami des yeux emplis d’un nouvel espoir. 

Harry s’agenouilla à côté de la jeune femme et la serra dans ses bras.

— Tu es un génie, Hermione ! Tu en es sûre ? Comment as-tu fait ?

— En fait, c’est assez simple quand on y réfléchit. La logique qu’ils ont utilisée pour les grands voyages dans le temps est la même que dans les Retourneurs de Temps, à ceci près qu’il faut prendre en compte la stabilité physiologique du voyageur.

— Hein ?

— Un voyage dans le temps de quelques heures n’aura aucun impact physiologique. Au pire, tu es un peu fatigué, mais rien de bien grave. Mais si tu retournes en arrière de vingt ans, tu te doutes bien que ton corps ne peut supporter un tel voyage. Tu mourrais de soif et de faim. Et ton esprit deviendrait fou. C’est la différence principale qui se retrouve entre les Sabliers du Temps, ceux qui permettent un long voyage, et les Retourneurs de Temps comme celui que j’avais en troisième année. Tu me suis ?

— Jusque là, ça va. Mais comment ça marche alors ?

— Tout se joue dans la composition du sable. Certains minéraux permettent de guider le voyageur à travers le temps et d’autres, propres aux Sabliers du Temps, nourrissent le corps et l’esprit. Ne me demande pas le détail, c’est bien trop compliqué à expliquer et je ne suis pas sûre d’en comprendre toutes les subtilités.

— D’accord. Mais je croyais que ça ne fonctionnait pas… Ta Elodie Mytable là, elle avait également utilisé ce genre de sablier, non ?

— Eloïse Mintumble ! le corrigea Hermione.

Harry leva les yeux au ciel.

— Oui, mais j’ai repéré une différence fondamentale entre les gens qui sont simplement morts et Eloïse, pour qui le voyage a fonctionné. C’est comme ça que j’ai compris ce qui avait nourri Eloïse. C’était une Langue-de-Plomb dont les travaux portaient sur le temps. Les autres n’étaient que des cobayes. Eloïse a mis plus que son savoir dans la construction du sablier qui l’a menée en 1402 : elle a aussi mis son sang.

— Je ne suis pas sûr de comprendre.

Hermione s’éloigna un instant avant de revenir avec un écrin en fer ancien. Harry l’avait vue régulièrement analyser le sable qu’il contenait.

— Ce sable a servi au voyage dans le temps d’Eloïse. Et quand on l’analyse, on remarque qu’il contient du sang. Eloïse a dû se blesser en le construisant et du sang a contaminé l’objet. Ou alors elle l’a utilisé sciemment, je ne sais pas. Mais je suis persuadée que c’est ce qui a rendu son voyage efficace !

— Donc il manquait un ingrédient dans la composition… Et quoi, il suffit de mettre une goutte de son sang dans le sablier ?

— C’est plus compliqué que ça. La proportion des minéraux utilisés dépend de deux calculs assez complexes. Les Langues de Plomb ont utilisé la rune du Temps dans leurs calculs. Mais je suis persuadée qu'ils auraient dû prendre le Sang. Dans la représentation de la Vie, les runes du Temps et du Sang ont la même valeur arithmantique, mais ce n’est pas le cas quand on s’intéresse à l’Espace et cela change tout.

— Je ne saisis pas tout à tes histoires de runes tu sais…

— D’accord, je vais essayer de résumer. Il y a deux aspects dans le déplacement temporel : l’individu et la stabilité du temps. Le premier aspect assure le déplacement et la santé de l’individu. C’est la Vie. Ici, le seul souci, c’est qu’il manquait du sang, ce qui est essentiel pour que le voyageur survive, mais la proportion des autres minéraux était bonne.

Harry acquiesça, encourageant Hermione à continuer.

— Pour ce qui est de la stabilité du temps, c’est à dire l’Espace, leur calcul était faux puisqu’ils n'ont pas utilisé le Sang. L’impact est invisible sur les Retourneurs de Temps, mais énorme sur une longue durée. En corrigeant ce calcul, je dois pouvoir trouver la bonne composition des grains. 

Hermione et Harry se regardèrent, l’excitation palpable dans leurs yeux.

— C’est possible, Harry ! Tu te rends compte ?

— Pas vraiment je crois, avoua-t-il secoué. Que doit-on faire maintenant ?

— Avec les échantillons que j’ai là, je n’aurai pas trop de mal à recréer des sabliers similaires à celui d’Eloïse. En parallèle, il faudra préparer le Polynectar et je dois refaire quelques calculs pour s’assurer de bien arriver le 29 octobre 1981 comme prévu. Cela nous laissera deux jours pour trouver Peter et lui soutirer le secret pour être capable de voir tes parents à Godric’s Hollow.








— Hermione, ça va ? demanda Harry inquiet.

L’état d’Hermione ne s’améliorait pas. A force de ne presque pas dormir, sa fatigue s’accentuait et elle semblait à deux pas de tomber dans les pommes. Sa cuisse la faisait de plus en plus souffrir, mais elle refusait toujours d’en parler.

— Harry, tu sais que nous ne pourrons pas revenir, n’est-ce pas ? lui demanda-t-elle une énième fois, dans le but de changer de sujet. Quoi qu’il arrive, tu ne pourras pas retourner à cette époque. Les études des Langues-De-Plomb ne sont pas très fournies sur les retours et je refuse que l’un de nous en fasse l’expérience. Les conséquences pourraient être catastrophiques.

— Je sais, Hermione. Tu me l’as déjà dit. Ne t’inquiète pas. Tout est prêt. Nous avons plusieurs doses individuelles de Polynectar. Les Sabliers sont prêts et tu as refait tes calculs bien assez de fois pour que j’aie le moindre doute sur leur efficacité.

— Mais je pourrais très bien m’être trompée Harry. Tant de Langues-De-Plomb ont pensé avoir trouvé avant moi. Pourquoi moi j’aurais trouvé ?

— Parce que tu es brillante et que tu as eu accès à une quantité incroyable de notes de sorciers extrêmement intelligents eux-aussi. Aie confiance en toi, Hermione ! De toute façon, nous n’avons pas le choix. 

Hermione serra une dernière fois contre elle le petit sac ensorcelé qui contenait toutes ses affaires. D’une main, elle prit la main de Harry puis tous deux tournèrent leurs sabliers respectifs au même moment.

C’est le regard rivé l’un dans l’autre qu’ils quittèrent le 16 septembre 1998 pour se retrouver le 29 octobre 1981.

Harry et Hermione se retrouvèrent main dans la main dans une forêt qui ressemblait en tout point à celle qu’ils venaient de quitter, mais dont les feuilles étaient rougis par l’automne.

— Nous avons réussi ! s’exclama Harry. Hermione, tu es vraiment une sorcière incroyable.

— Merci Harry, mais je ne dirais pas non à voir un journal pour s’assurer qu’on ne se soit pas trompé quelque part.

— Ne bouge pas, je vais nous chercher ça. Repose toi en attendant. 

Avant de partir, Harry installa le campement et prononça quelques incantations bien qu’il ne savait pas si c’était nécessaire à cette époque.

Quelques minutes plus tard, le jeune homme revint, triomphant, un journal moldu à la main.

— J’ai déniché un journal. Tu as réussi ! Nous sommes bien en 1981. Hermione, ça ne va pas ? ajouta-t-il en la voyant haleter, assise les jambes en tailleur.

— Je crois que voyager dans le temps n’aide pas à se remettre en forme, ce n’est rien.

— Tu es extrêmement pâle. Tu devrais t’allonger.

— Non, nous devons trouver Peter. Nous avons peu de temps.

— Je vais m’en occuper seul, Hermione. Tu en as fait bien assez. Je t’enverrai un Patronus si j’ai besoin.

— Mais…

— Non ! Nous avions un plan et je commencerai par là. Et puis, c’est plus pratique d’être seul sous la cape. Je te promets de revenir Hermione. Et cette fois, je tiendrai ma promesse, assura-t-il en lui saisissant maladroitement l'épaule. Je reviens vite, repose-toi.

Hermione ne vit pas le temps passer. Elle s’était allongée sur son lit de fortune et s’était endormie en un rien de temps. Il lui arrivait de se réveiller, pensant qu’on l’appelait, mais elle se rendormait sans cesse. Il faisait froid puis chaud puis encore froid et elle avait si soif. Etait-ce lié au voyage dans le temps ? Depuis combien de temps était-elle allongée là ?

— Hermione ! Hermione, réveille-toi ! Par Merlin, tu es brûlante. 

La jeune femme ouvrit les yeux un instant, mais c’était trop demander, elle les referma aussitôt. Peu après, elle ressentit un apaisement au fur et à mesure que la chaleur imprégnait son corps. Harry avait allumé un feu juste à côté d’elle et lui appliquait un onguent sur le visage.

— Tu te moquais des potions que j’avais récupérées chez Rogue, mais j’ai bien fait de prendre celle-ci. Ta fièvre devrait vite baisser. Tiens, bois un peu, dit-il en amenant un verre d’eau à sa bouche et en lui redressant la tête.

Hermione sentait son corps s’alléger au fur et à mesure des soins que lui prodiguait son ami. Elle s’endormit malgré tout, cette fois d’un sommeil moins agité.

— Hermione ! Tu vas mieux ? 

Cette fois-ci, la jeune femme n’eut pas de mal à ouvrir les yeux. Elle acquiesça pour seule réponse.

— Tu m’as fait une de ces peurs. Je t’interdis de voyager dans le temps de sitôt, c’est clair ?

Hermione haussa le sourcil et sourit à la blague de Harry.

—  J’ai réussi, Hermione. J’ai trouvé Peter et j’ai l’adresse.

— Raconte-moi, lui intima-t-elle en se redressant doucement.

— Je suis allée devant chez mes parents. Tu avais raison, je pouvais entrer dans la maison sans encombre, le Fidelitas ne couvrait pas l’adresse elle-même, mais la présence de mes parents à l’intérieur. Je suppose qu’il y avait des charmes de protection pour empêcher des intrus d’entrer, mais ils ne devaient pas s’appliquer à un Potter. Je ne voyais pas mes parents mais j’ai aperçu Sirius. Il avait l’air si jeune, mais il était inquiet, il disait qu’il n’aurait peut-être pas dû changer de Gardien du Secret. Il avait peur qu’il arrive quelque chose à Peter. Il est parti quelques minutes plus tard pour vérifier qu’il allait toujours bien. Je l’ai suivi jusque chez Peter, il habite dans la rue du Chaudron Baveur. Plutôt pratique. De ce que j’ai compris, Peter était Gardien du Secret depuis seulement quelques jours.

— Tu as pu obtenir le Secret ? Et une version sur papier pour moi ?

— Oui. J’ai pris l’apparence d’un Moldu et j’ai approché Peter, je lui ai dit que je savais qu’il avait vendu la mèche. Je lui ai assuré que je ne dirai rien s’il me donnait l’adresse sur un papier. Je lui ai dit que je comptais essayer d’aider les Potter, mais de ne rien dire à Voldemort sur son implication. Mais je l’ai menacé, s’il ne me disait rien, d’aller voir Voldemort et de lui dire qu’il jouait un double jeu et donnait plein d’informations à l’Ordre du Phénix. Il a eu tellement peur qu’il n’a pas vraiment hésité, conclut-il avec dégoût. 

Hermione soupira de soulagement.

— Bien joué, Harry. Ce n’était pas gagné !

— Je suis étonné que ça n’ait pas été plus compliqué. Mais c’est un tel lâche… Allez, il faut se préparer Hermione. Il ne nous reste pas beaucoup de temps. Je t’ai laissé te reposer, mais nous sommes déjà en début d’après-midi.

— Nous sommes le 31 ?

— Oui. Tu as passé un certain temps à dormir, mais ta fièvre a fini par tomber.

— Alors, allons-y ! Il faut qu’on révise notre plan, au cas où.

End Notes:
Ce chapitre est celui qui m'a posé le plus de soucis à l'écriture je pense.

Je tenais à ce que voyager dans le temps ne paraisse pas TROP facile, mais ça m'obligeait à me lancer dans des explications à rallonge.
J'espère avoir trouvé un juste milieu pour expliquer clairement sans être lourde. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.
Godric's Hollow by Padfooot
Author's Notes:
Hello hello !

Voici le chapitre 5 : Godric's Hollow. .

Un grand merci à Elsa-FFM pour sa super review qui m'a fait chaud au coeur !

Bonne lecture.



EDIT : Suite aux reviews eues sur ce chapitre, je précise que oui c'est "normal" si vous trouvez ce chapitre un peu "bancal". L'explication viendra plus tard, mais non, je n'ai pas décidé d'arranger le canon à ma sauce sans raison.

— Tu es prête Hermione ? 

Harry et Hermione se trouvaient devant la maison des Potter. La jeune femme acquiesça et prit le papier que Harry lui tendait.


Après avoir lu ces quelques mots, Hermione brûla le papier.

— C’est bon, je devrais être capable de voir tes parents.

— Alors, c’est parti. Tu as la potion ?

— Oui, tiens. L’effet n’est pas immédiat pour être sûr qu’ils aient tous les deux le temps d’en boire. Ils devraient s’assoupir une bonne demi-heure après. 

Hermione tendit à Harry la fiole contenant le sédatif. Ils avaient décidé de ne pas tenter de se battre directement contre les parents de Harry, ne voulant pas prendre le risque de perdre ou de les blesser.

Harry se redressa, laissant Hermione sans la protection de la cape d’invisibilité. Hermione attendit son retour, passant en revue encore et encore leur plan. Il était simple : mettre la potion dans la boisson des Potter avant qu’ils ne passent à table, venir un peu plus tard pour les ligoter et les mettre à l’abri sous la cape, leur prendre un cheveu à chacun pour prendre leurs apparences, affronter Voldemort et mourir pour donner une protection au petit Harry à la place de Lily.

Harry revint quelques minutes plus tard, l’air absent. Hermione posa sa main dans la sienne, comprenant que de voir ses parents d’aussi près sans pouvoir leur parler n’avait pas dû être facile. Harry secoua la tête avant d’expliquer la situation d’une voix faussement assurée.

— C’est bon. Mon père a ouvert une bouteille pour le dîner, j’y ai ajouté ta potion. D’ici la fin du repas, ils devraient tous les deux être inconscients.

— Parfait ! Allez, viens, éloignons-nous pendant ce temps. Pas la peine de traîner devant, nous reviendrons tout à l’heure.








Hermione et Harry pénétrèrent dans la maison, tous deux sous la cape. Harry guida Hermione vers la salle à manger où ils découvrirent non pas deux sorciers, mais trois. James Potter était tombé en avant, la tête sur la table, tandis que Lily reposait sur l’épaule de James. Le troisième, lui, avait basculé sur le côté, et était tombé de sa chaise. D’ici, Hermione ne discernait pas son visage, mais la noirceur de ses cheveux, même courts, ne laissait aucun doute sur son identité.


— Par Merlin ! C’est Sirius ! Mais qu’est-ce qu’il fait là ?

— Il n’était pas là tout à l’heure ! Il a dû passer quand nous n’étions plus devant la maison. Têtu comme il est, il fallait bien s’attendre à ce qu’il nous complique la tâche, non ? blagua Harry.

— Ce n’est pas drôle Harry. Il n’est pas censé être là. Sans la potion qu’on a mis dans le vin, il serait déjà reparti. Si nous échouons et que tes parents meurent, ce serait horrible certes, mais l’impact sur le futur que l’on a connu serait moindre. Si Sirius meurt ce soir, je ne peux pas en dire autant. Il est impossible de prévoir les impacts que cela pourrait avoir.

— Ne t’inquiète pas, Hermione, nous n’échouerons pas.

— Nous ferions mieux de le mettre plus loin tout de même, au cas où.

— Il y a une cave, proposa Harry. Mon père en revenait quand il est parti prendre la bouteille.

Hermione sortit les cordes qu’ils avaient préparées pour ligoter les parents de Harry. Ils ne voulaient pas utiliser la magie car ils mourraient probablement tous les deux et leur mort annulerait les effets des sorts. Il fallait que Voldemort ait le temps d’essayer de tuer Harry bébé avant que les Potter ne soient en état de combattre. Ils arriveraient bien à défaire leurs liens, mais cela leur prendrait un peu de temps.

Petrificus Totalus ! lança Harry à trois reprises.

— Tiens, prends une corde et occupe toi de Sirius, je m’occupe d’attacher tes parents. Prends lui sa baguette également.

Hermione se pencha sur la jeune femme. Elle lui lança un sortilège de mutisme et s’apprêtait à la ligoter quand elle vit que les yeux de Lily bougeaient.

— Heureusement qu’on n’est pas venu plus tard. Ils reprennent déjà connaissance. La potion a dû perdre de son effet à cause du voyage temporel. J’espère que le Polynectar sera plus efficace.

— Mon père et Sirius n’ont pas encore repris connaissance, commenta Harry en regardant attentivement les deux hommes. Ils ont sûrement bu plus que ma mère.

— Oui, ça peut expliquer un léger décalage, mais ils ne devraient pas tarder à se réveiller également je pense. Dépêche-toi de descendre Sirius à la cave. 

Pendant que Harry lançait à son tour un sort de mutisme et faisait léviter son parrain jusque dans la cave, Hermione redressa Lily, dont la tête était toujours penchée contre James, dans une position moins inconfortable.

— Désolée, murmura-t-elle en voyant l’inquiétude dans les yeux de Lily.

Elle termina d’attacher les poignets et les chevilles de Lily. Puis elle fit subir le même sort au père de Harry qui n’avait pas encore totalement repris ses esprits, mais dont les paupières commençaient à s’agiter.

Lorsque Harry revint quelques minutes plus tard, Hermione lui demanda de l’aide pour déplacer ses parents.

— Attends, on a un souci, si on utilise ma cape pour couvrir mes parents, je ne peux pas protéger Sirius. Il nous faudrait aussi celle de mon père. Tu m’aides à la chercher ?

— Autant demander.

La jeune femme s’approcha de James et le regarda dans les yeux. Il avait fini par reprendre entièrement conscience. Son regard était chargé d’émotions : de la colère, de la peur aussi pour sa femme et son fils et de l’incompréhension.

— James, ne t’inquiète pas. Nous ne vous voulons pas de mal. C’est un peu délicat, mais nous sommes là pour vous aider. Peter n’a pas gardé votre secret. Vous-Savez-Qui arrive.

A ces mots, les yeux de James et de Lily s’emplirent de panique. Harry s’approcha et prit la main de sa mère pour la calmer.

— Ça ira, murmura-t-il, en laissant pour la première fois ses parents l’apercevoir. 

Tant d’expressions passèrent dans les yeux des Potter… Ils avaient compris. Partiellement, du moins.

— James, reprit Hermione, il faut que tu nous aides. Nous nous occuperons de tout. Votre bébé ne craint rien. Mais il faut qu’on vous cache tous les deux. Où est ta cape ? 

James sembla hésiter puis finit par écarquiller les yeux, d’un air désolé.

— Hermione ! s’exclama soudain Harry. C’est Dumbledore qui a la cape !

— Quoi ?

— Rappelle toi ! C’est lui qui me l’a donnée pour Noël en première année.

— Mais alors, pour Sirius, comment on fait ?

— Si nous réussissons, il n’y a aucune raison pour qu’il courre le moindre danger là où il est. Même sans cape.

— Mais si…

Hermione souffla, mais laissa tomber. Harry était probablement plus inquiet qu’elle pour son parrain. Elle se devait d’avoir confiance en leur plan, c’était la seule solution, ils n’avaient pas le temps de déplacer Sirius en sécurité. Elle acquiesça donc puis se retourna vers James et Lily.

— Je mets vos baguettes là, vous pourrez les récupérer dès que ce sera fini, dit-elle en déposant les baguettes de James, Lily et Sirius dans le tiroir de la console à leur gauche. Harry, prends leur des cheveux et prépare les Polynectar.

Harry fit un sourire contrit à ses parents et leur arracha un cheveu chacun qu’il fit tomber dans les deux fioles qu'Hermione avait tirées de son sac. Celle marquée d’un ruban rouge pour lui, la bleue pour Hermione.

— La version officielle de ce soir est simple. Vous étiez dans la cuisine, Voldemort s’est précipité sur l’enfant. Il était trop préoccupé par Harry pour s’occuper de vous. Son sortilège s’est retourné contre lui. Vous l’avez suivi à l’étage, mais il avait déjà disparu, d’accord ? 

Hermione attendit que James et Lily fassent un signe de tête pour montrer qu’ils avaient compris.

— Allez, Harry, aide-moi, il ne faut pas qu’ils soient dans le passage.

Ils déplacèrent alors les parents de Harry puis ce dernier prit le temps d’échanger des regards emplis d’un amour qu’il n’avait jamais pu partager avant de les cacher sous la cape.

Harry rejoignit Hermione et prit sa fiole. Il enlaça son ami de toutes ses forces puis ils trinquèrent pour la dernière fois, se regardant avec intensité sans pour autant être capable de prononcer un mot.

En voyant Harry prendre la forme de son père, Hermione eut d’abord l’impression que la potion n’avait pas eu d’effet. Puis, en apercevant ses yeux, elle comprit qu’il avait bel et bien changé de forme. Maintenant qu’elle regardait attentivement, elle remarqua qu’il était même un tout petit peu plus grand et que les traits de son visage étaient légèrement différents.

— Tu t’es trompé quand tu as mis les cheveux ! Tu devais prendre l’apparence de ta mère.

— Non, Hermione, je ne me suis pas trompé.

— Tu l’as fait exprès ! s’exclama-t-elle, incrédule, en contemplant ses cheveux qui étaient devenus roux. Mais Harry, pourquoi ? Ma mort devait protéger le petit Harry, mais la tienne n’était pas nécessaire. 

Hermione et Harry avaient longuement débattu de cette partie. Hermione était persuadée que la mort du grand Harry ne pouvait protéger sa version bébé. Il fallait donc que ce soit sa mort à elle qui le protège. Elle devait mourir, elle n’avait pas le choix, mais, sous la forme de Lily, Harry n’avait pas à mourir. Voldemort n’avait pas prévu de la tuer elle.

— Mais je ne voulais pas survivre Hermione. Si toi, tu n’as pas le choix et doit te sacrifier pour moi alors il n’y a plus aucun intérêt. Si tu pars, je pars avec toi. De toute façon, nous n’avons pas de plan pour après ce soir. Que ferais-je moi à cette époque seul ? Tout sera pour le mieux ainsi, Hermione. Voldemort me tuera, me prenant pour mon père. Puis si tu te mets sur son chemin, il te tuera toi, pensant que tu es ma mère et ta mort me protégera bébé.

— Harry, non…

— Hermione, je t’en prie, ne pleure pas. C’est la fin de notre combat ce soir. Espérons que ce changement que nous faisons aura assez d’impact sur le futur. Je suis fier de mourir à tes côtés Hermione.

— Moi aussi, Harry, mais… commença Hermione, la voix tremblante d’émotion.

— Allez, prépare-toi, la coupa-t-il. Il ne devrait plus tarder. Rappelle-toi, je dois l’attendre ici pendant que toi tu cours à l’étage avec… moi.








Quand Voldemort arriva peu après, ils étaient prêts. Harry s’approcha de la porte, toujours sous la forme de James tandis qu'Hermione s’apprêtait à attraper le petit Harry qui dormait un peu plus loin et courir à l’étage.

La porte s’ouvrit à la volée et Harry s’interposa, mais ne leva même pas sa baguette. Il se sacrifiait. Hermione eut juste le temps de voir le jet de lumière verte atteindre son meilleur ami. Elle cria, mais ne s’attarda pas et courut en direction de la chambre du bébé. Elle déposa Harry dans son lit à barreaux. Son coeur battait à tout rompre, mais elle savait ce qui lui restait à faire.

Peu après, il était là, devant elle. Ses yeux rouges la regardaient, mais Hermione ne paniqua pas et se mit entre lui et le bébé.

— Pousse-toi de là.

— Non.

— C’est mon dernier avertissement.

— Je ne bougerai pas.

— Tant pis pour toi. Ava…

Hermione ferma les yeux, pour accueillir la mort. Mais en entendant Voldemort buter sur le sortilège, elle ouvrit les yeux et vit le visage du sorcier se teinter de fureur. Elle remarqua alors que ses cheveux avaient repris leur couleur habituelle. Le Polynectar avait duré bien moins longtemps que prévu.

Voldemort essaya de la contourner pour s’avancer vers le bébé, toujours furieux. Il semblait se demander s’il avait aussi été dupé sur l’identité de l’enfant. Hermione hurla et se colla au plus près du lit à barreaux. Si Voldemort attaquait l’enfant sans l’avoir tuée, Harry ne bénéficierait pas de la protection.

Mais la réaction d'Hermione avait donné à Voldemort la réponse à sa question : c’était bien Harry. Pressé d’en finir, il ne prit pas le temps de s’intéresser à la jeune femme et lui lança un sortilège qui la projeta sur le sol. Hermione affalée aux pieds du mage noir, n’eut pas le temps de réagir ; le jet de lumière verte se dirigeait déjà vers Harry.

Par réflexe, Hermione ferma les yeux. Elle entendit une explosion énorme et sentit sur son visage un vent violent accompagné de poussières et de fins débris. En ouvrant les yeux, elle vit que l’étage était en ruines. Voldemort avait disparu.

Elle se releva avec difficultés et s’avança vers le bébé, paniquée, mais s’aperçut avec soulagement qu’il semblait aller bien. Il pleurait et s’agitait, mais était encore en vie et n’avait pas été touché par les gravats. Elle regarda autour d’elle et fit rapidement le tour de l’étage, incrédule. Voldemort avait bel et bien disparu. Elle revint vers le berceau et observa Harry plus attentivement. Une cicatrice en forme d’éclair barrait son front.

Hermione ne comprenait pas ce qui avait pu se passer, mais elle ne s’attarda pas. Le petit Harry allait bien, c’était l’essentiel. Elle descendit l’escalier à toute vitesse pour retrouver son ami. Elle croisa James et Lily, qui courraient à l’étage, leurs baguettes à la main.

Elle passa à côté d’eux sans un mot et sans même leur lancer un regard. Elle continua son chemin vers Harry, les larmes commençant à emplir ses yeux à la vue de son ami étendu sur le sol. Hermione s’agenouilla à côté de son ami, toujours sous les traits de James, et laissa les larmes couler.

Elle entendit alors des bruits de pas derrière elle, mais elle n’y fit pas attention. Un instant plus tard, elle se retrouva soulevée du sol, une main serrée autour de sa gorge. Elle n’eut aucun mal à reconnaître son agresseur, bien qu’elle voyait son visage pour la première fois depuis son arrivée en 1981. Il était beau, encore plus qu’il ne l’était à son époque, malgré le mélange de douleur et de haine qui peignait ses traits.

— Sirius, non, laisse-la !

Les doigts de Sirius s’ouvrirent et la jeune femme retomba sur le sol. Il ne l’avait soulevée que de quelques centimètres, mais l’impact avec le sol se répercuta dans sa cuisse blessée et Hermione hurla puis tomba en avant. Sirius la rattrapa à temps et la remit d’aplomb, sans décrocher son regard du sien. Hermione s’y raccrocha un instant et le fixa intensément, comme si ce regard à la fois connu et si différent pouvait lui ôter un peu de sa peine.

Sirius avait agrippé Hermione sans réfléchir, mais il avait tout de suite compris son erreur. Les émotions dans ses yeux n’étaient pas celles d’un Mangemort, mais celles d’une femme qui avait tout perdu.

Il interrompit presque à regret le contact visuel et se retourna pour découvrir son ami, qui venait de le rejoindre, Lily à ses côtés avec Harry dans les bras. James lança le contre-sort du sortilège de mutisme à Sirius puis lui tendit sa baguette. Sirius le dévisagea incrédule puis regarda l’homme étendu au sol sans comprendre.

— Tu es… tu es vivant ! Mais alors… ? 

Hermione, elle, se retourna et s’affaissa aux côtés de Harry. Mais elle n’eut même pas le temps de toucher son visage. Harry, sous les traits de James, devint tout flou, comme un fantôme, puis disparut entièrement. Il n’était plus là. Au même moment, elle entendait des voix derrière elle, mais elle n’y faisait pas attention. Son corps se mit à trembler fortement.

— James, ta cape vient de disparaitre. Tu la tenais à la main, elle… Elle a…

— Ce n’est pas ma cape ! répondit-il rapidement tout en se baissant sur Hermione qui était en état de choc.

— Non, Harry, non… NOOON !

Hermione se cramponnait aux bras de James qui la tenait solidement. Son monde venait de s’effondrer. Ils était tous morts, disparus. Et elle était toujours là. Elle aurait tant voulu partir aussi Pourquoi avait-elle survécu ?

— Ne me laisse pas… Harry !

— Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qui se passe ? demanda Sirius, frappé par le désespoir de l’inconnue.

— Allons nous asseoir au salon, Sirius.

— Hermione ? C’est bien ça ? Hermione ? demanda James avec douceur. 

Cette voix ressemblait tellement à celle de Harry. Peut-être légèrement plus grave. Hermione se détendit immédiatement. Ses nerfs avaient lâché, son cerveau ne fonctionnait plus, tout s’était effondré autour d’elle. Elle se laissa guider vers le salon, où James l’assit délicatement, puis elle ferma les yeux. Comme si en les fermant, elle pouvait tourner la dernière page de sa vie et se laisser aller au néant.

— Hermione ? 

Cette fois, c’était la voix de Lily. Si douce. Hermione rouvrit les yeux. Ils étaient brillants, mais les larmes ne coulaient pas.

— Hermione, je sais que ça doit être difficile, mais il faut que tu nous en dises plus. 

La jeune femme ne répondit pas. Elle n’avait pas la force de raconter quoi que ce soit. Devait-elle seulement le faire ? Son coeur allait exploser si elle parlait. Elle savait que si elle s’aventurait sur ce chemin, ses émotions allaient prendre le dessus et elle n’osait imaginer le résultat. Non, elle préférait cette léthargie dans laquelle la voix de James l’avait plongée.

Sirius s’impatientait et commença à s’agiter. Il ne savait pas du tout ce qui s’était passé. Il s’était réveillé à la cave, ensorcelé, ligoté, sans sa baguette et ne pouvant plus parler. Il avait entendu une explosion et avait senti la maison trembler. En remontant, il avait cru voir James étendu par terre avec une femme qu’il ne connaissait pas agenouillée près de lui. Il avait pensé que c’était elle qui lui avait fait du mal. Il était perdu et aurait voulu qu’on lui explique tout. Maintenant ! Mais à peine eut-il ouvert la bouche que Lily lui avait déjà intimé le silence d’une main ferme.

— Hermione, je te propose quelque chose. Je parle, je dis ce que j’ai compris et tu ne fais que des signes de tête pour voir si j’ai bon. D’accord ? 

La jeune femme sembla hésiter un instant puis hocha la tête.

— Le jeune garçon, c’était notre fils, Harry, n’est-ce pas ?

Hermione acquiesça. Sirius, lui, se redressa d’un coup, mais James l’arrêta d’un geste et lui murmura d’être patient.

— Vous avez remonté le temps ?

Un nouvel hochement de tête vint confirmer la demande de Lily.

— James et moi devions mourir ce soir, mais vous avez choisi de vous sacrifier à notre place. Jusque-là, j’ai bon ? demanda Lily d’une voix tremblante, avant de continuer encouragée par le mouvement de tête d'Hermione. Et Harry… Il… il est reparti à votre époque, tu crois ? 

Hermione trembla. Les derniers mots de Lily avaient ravivé sa douleur. Oui, il était reparti, mort, son corps à la merci de Voldemort. Mais elle n’eut pas le temps de répondre car Sirius en avait compris suffisamment.

— Il vous a trahi. Peter ! Quel sale rat ! Je dois le retrouver. 

Sur ces paroles, Sirius se leva d’un bond et commença à se diriger vers la porte. Hermione, qui, jusque là, n’avait pas dit un mot, hurla dans un étrange mélange de peine et d’autorité.

— NON ! 

Tout le monde autour d’elle la fixa, étonnés de la voir enfin ouvrir la bouche, mais également étonnés par les émotions qui se dégageaient de cette intervention. Sa réaction avait été si vive.

— Tu ne franchiras pas cette porte. Je t’interdis de retrouver Peter, ordonna-t-elle d’une voix forte.

— Ah oui ? Et pourquoi ?

— Peu importe.

— Je ne suis pas d’accord, ça importe au contraire, interrompit James, toujours d’une voix calme.

— Mais peut-être serait-il bien qu’on parle de tout ça plus tard, proposa Lily pour calmer le jeu. Nous en savons suffisamment pour l’instant et je pense qu'Hermione a besoin de repos. Et nous, nous aurions bien besoin de nous abriter ailleurs vu l’état de l’étage. 

Sirius sembla hésiter. Il regardait toujours la nouvelle venue. Son instinct lui disait d’aller voir Peter. Il fit un pas dans ce sens, mais Hermione se redressa d’un bond et le menaça de sa baguette.

— Je ne plaisante pas, Black. 

Sirius se raidit. Un instant auparavant, cette jeune femme avait l’air d’un bébé Croup apeuré. Maintenant, elle le regardait comme une lionne. Il était rapide, mais sûrement pas assez pour sortir sa baguette avant que son adversaire ne réagisse.

Sa main s’approchait doucement de sa poche, toujours hésitant à faire une tentative, mais il s’immobilisa soudain. Etait-ce de la pitié qu’il venait de voir passer dans son regard ? Sous son regard féroce, la lionne avait peur. Peur pour lui ? Sirius releva ses mains pour montrer pattes blanches.

— Je n’irai pas. Pour le moment. Mais tu me devras une explication.

Sirius se détourna de son objectif puis, alors que ses pensées se bousculaient dans sa tête, il voulut savoir au moins une chose. Il regarda Hermione, dans un mélange d’espoir et de crainte.

— Et Remus ? 

Hermione comprit immédiatement le sens de la question.

— Il ne vous trahira jamais.

End Notes:
Et voilà, enfin on voit Sirius, James et Lily !



Voilà, je n'ai jamais lu de fic qui explore l'idée de faire bifurquer le cours du temps à cette date, mais j'aimais le principe de voir Harry grandir avec ses parents. Et pour ceux qui craignent que je parte juste sur de la vie de famille toute rose et mimi, je vous rassure tout de suite, je n'ai pas mis ma fic dans la catégorie Aventure/Action pour rien :)
Fuite chez Sirius by Padfooot
Author's Notes:
Hello tout le monde!

Me voici de retour avec le chapitre 6 : Fuite chez Sirius.
Je ne peux toujours pas passer des heures derrière l'écran sinon les maux de tête reviennent, mais je suis suffisamment remise pour reprendre le rythme pour poster régulièrement.

Merci beaucoup Miss Delavergne pour ta review :D

A partir de maintenant, on va jongler entre deux points de vue : celui de Hermione et celui de Sirius. Mais toujours en narrateur externe, donc ça ne devrait pas être perturbant.

Ayant surtout lu les livres (et des fics) en VO, je suis plus habituée aux surnoms des Maraudeurs en anglais. Je n'aime pas écrire avec leurs noms français. Vous aurez donc droit à Prongs, Padfoot et Moony dans le rôle des Maraudeurs ;)
Bizarrement, pour Queudver, c'est le nom français qui reste incrusté dans ma tête.
Désolée pour ce mix de noms.

Bonne lecture!

Sirius transplana directement chez lui après avoir proposé qu’ils y trouvent tous refuge. James, Lily et Harry ne devaient pas tarder à suivre avec quelques affaires. Sirius tenait Hermione fermement par la taille. Il l’avait escortée dans son transplanage puisqu’elle ne connaissait pas le chemin et que sa maison était sous Fidelitas, mais, dès les premiers instants, il avait senti la jeune femme s’affaisser. La violence du transplanage l’avait, semblait-il, vidée de ses dernières forces.

Il la prit dans ses bras et la porta délicatement jusqu’à l’étage où il la déposa dans une chambre. Ses traits semblaient plus détendus maintenant que le sommeil l’avait emportée et elle ne semblait pas souffrir d’un mal en particulier. Des bruits se firent entendre en bas. Sirius jeta un dernier regard sur la jeune femme puis descendit rejoindre ses amis.

— Je l’ai installée en haut dans la chambre de droite. Elle s’est assoupie pendant le trajet. Je vous laisse poser vos affaires en face. Faites comme chez vous. 

Sirius se servit un verre de Whisky-Pur-Feu et s’installa dans son fauteuil en face de la cheminée. Il alluma le feu d’un coup de baguette et savoura la douce brûlure de l’alcool, ressassant ce qui venait de se passer. Il n’y comprenait pas grand chose pour le moment. Le voyage dans le temps lui semblait si inconcevable… Tout ce dont il était sûr aujourd’hui, c’était la trahison de l’un de ses meilleurs amis. Et ça lui faisait terriblement mal. Il avait envie de passer ses nerfs sur quelque chose. L’angoisse de ce qui aurait pu se passer, d’avoir failli perdre James et Lily, lui tordait les entrailles.

— Sirius, ça va ? 

La voix douce de Lily le sortit de sa torpeur.

— Je ne comprends rien à tout ça Lily. Je suis perdu. Je ne fais que me répéter que j’aurais pu vous perdre ce soir.

— On est là Padfoot !

Sirius sourit en entendant James. Qu’aurait-il fait s’il n’avait jamais plus entendu cette voix ?

— Grâce à Hermione et… et à Harry, précisa Lily en tremblant.

— Lily, est-ce vraiment possible ?

— C’était lui, fit James sans appel. Nous avons été sauvé ce soir, mais, d’une certaine façon, nous avons perdu notre fils. 

Sirius n’avait que rarement vu James avec un air si sérieux et affligé. Sirius jeta un coup d’oeil vers Lily et découvrit la même peine sur son visage. Compte tenu de leurs réactions, Sirius n’avait plus de raison de douter que c’était vraiment Harry, il ne pourrait pas mettre en doute leur instinct parental.

James se servit un whisky également et se posa à côté de son ami. Un silence s’ensuivit quelques minutes avant que Lily ne le brise.
 — Je vais essayer de me coucher. Bonne nuit les gars. 

Elle s’en alla après avoir passé une main sur la tête de Sirius, ébouriffant légèrement ses cheveux, et fait un baiser rapide à James.

—  Comment est-ce possible ? demanda Sirius une fois Lily partie. Je pensais que les voyages dans le temps de plus de quelques heures étaient interdits car beaucoup trop dangereux et presque irréalisables.

— Je ne sais pas. J’espère qu'Hermione nous apportera quelques réponses.

— Oui, murmura Sirius songeur. Mais pourquoi faire ça ?

— Pour nous sauver… hasarda James.

— James ! Tu y crois vraiment ? Tu penses que quelqu’un prendrait de tels risques pour sauver ses parents ? Uniquement pour ça ?

— Je ne sais pas. Ce n’est pas parce que tu n’as jamais aimé tes parents qu’il n’est pas possible de les aimer à ce point.

— Mmmh, marmonna Sirius. Sauver ses parents d’accord, mais changer d’époque pour le faire… Ils ont dû remonter près de vingt ans. Et après tant d’années, désolé de te le dire, mais il s’était probablement habitué à ce que vous soyez morts. Et tu te rends compte les risques qu’ils ont pris ? Vis-à-vis de l’espace temps, mais vis-à-vis d’eux même également.

— Je ne sais pas pourquoi ils l’ont fait, mais ils savaient ce qu’ils risquaient, ils comptaient mourir tous les deux, dit simplement James, comme s’il n’avait pas vraiment écouté ce qui lui disait son ami.

— Quoi ?

— C’était leur plan. Enfin, non. Pas vraiment. Hermione espérait que Harry survive, mais Harry n’a pas voulu…. C’est un peu compliqué et je ne suis pas sûr d’avoir tout compris.

— Alors explique-moi. 

James raconta à Sirius tout ce qui s’était passé. Du moment où il avait repris ses esprits jusqu’à la disparition de Harry.

— Alors la cape d’invisibilité était la sienne ? C’était donc vraiment ton fils…

— Oui. 

— Mais comment Harry, enfin, le petit Harry, précisa Sirius encore un peu désorienté, a-t-il survécu ?

— Je ne sais pas.

— Et Voldemort ? Il a vraiment disparu ?

— Il semblerait…

— J’ai vraiment du mal à réaliser. Un voyage dans le temps…

— Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’intuition que tu vas te renseigner sur la magie temporelle. Après le Fidelitas et les âmes, il te fallait bien une nouvelle lubie, le taquina James. Si je ne te connaissais pas si bien, je croirais presque que tu es quelqu’un de studieux.

Sirius eut un sourire en coin. Il n’était pas studieux, non, plutôt farceur et effronté. Ses années à Poudlard l’avaient bien montré, ce qui ne l’avait pas empêché d’avoir d’excellents résultats, tout comme James.

— Je suis un peu obstiné quand le sujet me plait, c’est tout, grommela Sirius pour la forme.

— Certains diraient « cabochard ».

Les deux amis éclatèrent de rire.

— Ah Prongs, je n’arrête pas de me demander ce qui se serait passé si Lily et toi étiez vraiment morts ce soir…

— Hé bien moi, je préfère ne pas y penser. Tu sais, je me suis vu mourir ce soir. C’était mon corps qui s’est pris le sortilège et s’est écrasé au sol. Et c’était celui de ma Lily qui courait dans l’escalier en tenant mon fils, suivie peu après de Voldemort. J’ai vu la scène exactement comme elle se serait passée si… sans leur intervention. Grâce à… à Harry … et à Hermione, nous n’avons pas à nous en soucier. Cette version de mon fils n’est plus là pour que je l’en remercie, mais je ferai tout pour élever du mieux que je le pourrai celui qui dort là haut. Mais cette fille, elle, est toujours avec nous et je… je lui serai éternellement reconnaissant de ce qu’elle a fait. 

La voix de James s’était cassée en prononçant le nom de son fils. Sirius ne pouvait imaginer ce que James ressentait.

Les deux hommes se turent et se contentèrent de déguster tranquillement leur whisky. Sirius posa son verre vide, hésitant à le remplir de nouveau lorsqu’un hurlement s’éleva de l’étage. En un instant, James et lui furent sur leurs pieds et, guidés par les bruits, ils arrivèrent la baguette à la main dans la chambre d'Hermione. Mais ils n’y découvrirent rien d’autre que la jeune femme agitée par des cauchemars et couverte de sueur.

Lily les rejoignit presque aussitôt et demanda à Sirius de trouver une potion calmante. Il descendit à la cuisine, réussit à en dénicher un fond de fiole au fond d’un placard, puis remonta les escaliers à grandes enjambées.

James s’était assis à côté d'Hermione, la main sur son front et lui parlait pour la détendre. L’effet n’était pas suffisant, mais la jeune femme était moins agitée, bien que toujours prise de convulsions. Dès que Sirius lui donna la potion, Lily administra tout le contenu de la fiole à Hermione, qui se détendit immédiatement.

— Soit la vue de Voldemort l’a vraiment terrorisée, soit elle en a vu d’autres et ce n’est pas que cette soirée qu’ils espéraient changer, commenta James d’un ton grave en regardant Sirius. 

Sirius encaissa le commentaire de son ami. Il avait sa réponse : ils n’étaient pas venus que pour sauver James et Lily. Ils avaient dû connaître la guerre eux aussi et ça ne se terminait pas bien. Assez mal pour vouloir prendre le risque de tout changer.

Dans un murmure teinté d’inquiétude et de fatigue, Lily appela James. En un instant, il fut à ses côtés.

— Oui Lily chérie, on y va. 

James la prit par les épaules et l’éloigna, comme si en faisant cela, il pouvait effacer toutes les horreurs de la soirée, toutes les questions qui apportaient une peur du futur. Quel monde avaient-ils pu laisser à la nouvelle génération ?

— Je vais veiller un peu sur elle, proposa Sirius, même si ses amis étaient déjà sortis.

Sirius s’approcha de la jeune femme et remit derrière son oreille une de ses mèches collée par la sueur.

— Moi aussi, je t’en serai éternellement reconnaissant, Hermione, murmura Sirius. 








Sirius fut réveillé par les rayons du soleil. En ouvrant les yeux, il aperçut une jeune femme dans le lit devant lui. Il s’était assis dans le fauteuil au fond de la chambre pour veiller sur elle quelques minutes, mais il avait dû s’endormir. Il cligna des yeux, le temps que tous les évènements de la veille, lui reviennent en mémoire. Il soupira puis se leva et s’assura qu'Hermione allait bien. Son front était encore un peu chaud, mais elle était calme. Il la regarda attentivement. Son visage était noirci par la poussière de l’explosion à Godric’s Hollow, mais même cela ne suffisait pas à cacher ses cernes. Ses traits étaient détendus, mais laissaient voir la fatigue profonde de la jeune femme. Malgré les épreuves qui se lisaient sur son visage, elle était jolie.

Sirius se leva et descendit à la cuisine où il trouva James et Lily.

— Harry ne t’a pas réveillé ce matin ?

— Non, pas du tout.

— Il s’est agité très tôt ce matin. Comment va Hermione ?

— Elle a l’air d’aller, mais je trouve qu’elle a le front chaud. Tu pourras passer la voir ?

Dès qu’elle eut fini son petit déjeuner, Lily monta à l’étage au chevet de la jeune femme, laissant Sirius seul avec James et Harry. Ce dernier gigotait et essayait d’attraper la baguette de son père, posée un peu plus loin sur la table, faisant sourire les deux hommes.

— Comment va Lily ? demanda Sirius, se souvenant de la tension dans sa voix après l’épisode dans la chambre d'Hermione.

— Pas trop mal. Elle est chamboulée par ce qui s’est passé hier. Elle s’en veut je crois. Elle considère qu’elle n’a pas su protéger Harry. J’ai beau lui dire que ce n’est pas de sa faute, elle a eu du mal à trouver le sommeil.

— Et toi, tu en penses quoi ?

— Je n’en pense rien pour l’instant. J’ai hâte de pouvoir poser quelques questions à Hermione, mais Lily a insisté pour que nous y allions doucement avec elle. A défaut d’avoir pu sauver le Harry du futur, elle tient à ce qu’on fasse les choses biens avec sa potentielle belle-fille.

— Tu crois que c’est sa petite amie ?

— Vu sa réaction, elle l’aimait beaucoup c’est sûr. Mais nous allons devoir être patients pour en savoir plus. Et puis, si elle ne nous en apprend pas plus, tant pis, on attendra une quinzaine d’années avant d’être présentés officiellement. Hein, petit coquin ? conclut-il en gratouillant le ventre de son fils jusqu’à ce qu’il éclate de rire.

La matinée se déroula tranquillement, ce qui était bienvenu après la soirée mouvementée de la veille. James avait passé beaucoup de temps à jouer avec son fils tandis que Lily s’était occupée d’installer leurs affaires à l’étage, Sirius les ayant invités à rester aussi longtemps qu’ils le souhaitaient.

En fin de matinée, Sirius s’affairait dans la cuisine pour le repas du midi.

— Mmm, ça sent bon, commenta Lily en passant avec Harry dans les bras. Je suis toujours impressionnée par ta cuisine.

— Arrête, Lily, ma cuisine n’a rien d’exceptionnel.

— Non. Sauf si tu compares à celle de James…

Sirius esquissa un sourire.

— … qui est inexistante ! finit Sirius. Quand on a été habitué toute sa vie à de la bonne cuisine et qu’il n’y a plus personne pour te faire à manger, il n’y a pas le choix. Apprendre à cuisiner soi-même ou moins bien manger. J’aurais aussi pu squatter chez vous à chaque repas pour profiter de ta cuisine, mais James ne m’aurait jamais pardonné de t’avoir fait fuir.

Lily éclata de rire et mit la table avant de revenir voir Sirius.

— Je pense qu'Hermione ne descendra pas ce midi. Elle a repris un peu connaissance tout à l’heure, mais elle était toujours chaude et je lui ai dit que je lui monterai un petit quelque chose.

— Pas de souci. Prends ce que tu veux.

Sirius était un peu déçu. Il espérait revoir la jeune femme le plus tôt possible pour pouvoir lui poser des questions. Mais il attendrait. Au moins, il avait déjà eu une réponse et pas des moindres : la fidélité de Remus.

— Lily, je vais proposer à Moony de passer ici dès qu’il rentre de mission. 

Lily sourit mais ne dit rien. Sirius n’avait pas besoin de réponse pour savoir ce qu’elle pensait. Il avait pris petit à petit ses distances avec Remus depuis qu’il avait accepté d’être Gardien du Secret des Potter. Les problèmes que l’Ordre du Phénix rencontraient étaient trop récurrents pour qu’il n’y ait pas une taupe dans leur bande. Sirius avait fini par suspecter Remus. La vie n’avait pas été tendre avec lui, compte tenu de sa condition de loup-garou et la tentation pouvait être grande.

Sirius n’avait pas eu peur d’être le Gardien du Secret. Il aurait défendu le Secret jusqu’à la mort, mais, ces derniers temps, il s’était toujours demandé ce qui adviendrait s’il mourrait poursuivi par des Mangemorts. Le Secret serait alors réparti entre toutes les personnes mises au courant, dont Remus. Sirius n’avait pas voulu prendre ce risque et avait demandé à Peter de prendre le relais. Changer de Gardien du Secret avait été une tâche complexe car la magie du Fidelitas n’était pas simple à maîtriser. L’aide de Dumbledore aurait été la bienvenue, mais Sirius avait écarté l’idée. Il tenait à ce que tout le monde pense qu’il était toujours le Gardien du Secret pour éviter que quelqu’un ne s’acharne sur Peter. Sirius haussa les sourcils à ce souvenir. Quel idiot il avait été… Par amitié pour Peter, il avait failli mener James et Lily à leur perte.

— Spero Patronum.

Un Patronus imposant représentant un magnifique chien sortit de sa baguette. Sirius lui confia un court message pour Remus. Le Patronus s’éloigna et Sirius sourit, ayant hâte de retrouver son ami.








Sirius s’assit dans son fauteuil fétiche. James et Lily venaient de sortir sous la cape d’invisibilité pour faire prendre l’air à Harry. Ils avaient promis de faire vite pour limiter les risques, mais ils semblaient avoir vraiment besoin d’un peu d’intimité et d’air frais. Sirius n’avait pas eu de nouvelles de Remus de la journée, il était déçu, mais supposa que son ami n’était pas encore rentré de la mission à laquelle Dumbledore l’avait affecté dans le nord de l’Angleterre. Peut-être n’était-il même pas encore au courant des récents évènements concernant Voldemort…

Des bruits de pas légers derrière lui le firent se redresser. Il se retourna et découvrit Hermione en bas des escaliers.

— Hermione, tu vas bien ?

— Oui, merci. Où sont les autres ?

— Ils sont partis prendre l’air, mais ils ne devraient pas tarder.

— D’accord. C’est très beau chez toi.

De la tristesse passa sur son visage en même temps qu’elle prononçait ces quelques mots. Cela ne passa pas inaperçu aux yeux de Sirius. Mais il fut d’autant plus étonné lorsque Hermione, après avoir fini de regarder autour d’elle d’un air curieux, leva vers Sirius un regard presque empli de pitié.

Sirius s’apprêtait à lui poser une question lorsque la porte s’ouvrit. James et Lily étaient de retour.

— Ah Hermione, tu es réveillée ! s’écria Lily. Tu vas mieux ? 

En même temps qu’elle posait la question, Lily s’approcha de la jeune femme et posa sa main sur son front.

— Tu es toujours un peu chaude, mais tu sembles plutôt en forme. J’avais peur que tu sois encore trop patraque pour venir dîner avec nous.

— Je suis content que tu sois descendue, Hermione, lança James. Tu vas pouvoir goûter les petits plats de Sirius.

— Ce soir, on mange des restes, marmonna l’intéressé, froissé de ne pas avoir eu l’occasion de demander à Hermione pourquoi elle l’avait dévisagé ainsi.

Lily et James échangèrent un regard surpris, mais ne dirent rien, habitué aux sautes d’humeur de leur ami.

— Si ça ne dérange pas, j’aurais bien pris le temps de me laver avant.

— La salle de bains est tout de suite en face après l’escalier, indiqua Sirius à son invitée.

— Tu veux peut-être des affaires pour te changer ? proposa Lily, chaleureusement.

— Merci, j’ai tout ce qu’il me faut.

En prononçant ces mots, Hermione resserra son emprise sur son petit sac qu’elle n’avait jamais quitté depuis son arrivée en 1981.

— Dans ce tout petit sac ? s’étonna Lily. 

— Oh, il n’est pas si petit, la corrigea Hermione en rosissant légèrement.

James et Sirius échangèrent un regard malicieux.

— Charme d’extension ? demanda James avec un sourire en coin.

— Vous savez que c’est illégal, mademoiselle ? la taquina Sirius. 

Les joues d'Hermione rougirent encore davantage.

— Ne les écoute pas, ils sont assez taquins, mais pour respecter les règles, ce sont eux les derniers.

— Oh ça, j’en ai entendu parler. 

Elle sourit puis remonta en direction de la salle de bain, laissant les deux amis se regarder, mi-étonnés, mi-ravis que leur réputation ait perduré. Hermione n’eut aucun mal à trouver la pièce. C’était spacieux et agencé avec goût. Elle se déshabilla et observa son reflet dans le miroir pour la première fois depuis des mois.

Elle avait perdu beaucoup de poids, un peu trop d’ailleurs. Elle s’attarda un instant sur la cicatrice laissée par le sortilège de Dolohov au Département des Mystères. Mais elle fut surtout choquée par sa blessure à la cuisse. Le sortilège que lui avait lancé le Mangemort dans le couloir de Poudlard avait eu pour effet de laisser un léger rond noir sur sa cuisse. Mais au fil du temps, il avait grandi. La douleur s’était faite plus forte également et la blessure était froide.

Elle n’avait pas voulu en parler à Harry bien qu’il avait fait des remarques à plusieurs reprises quand la douleur était trop forte et qu'Hermione boitait ou avait parfois du mal à s’asseoir. Mais elle avait refusé de répondre à ses questions. Après tout, elle avait prévu de se sacrifier en 1981, et trouver un moyen de guérir une blessure dont elle ne connaissait rien aurait été une perte de temps. Elle n’avait pas prévu de survivre…

Heureusement, dans les ingrédients récupérés par Harry chez Rogue, Hermione avait trouvé de quoi inventer des potions peu efficaces, mais suffisantes. Chaque jour depuis sa blessure, elle appliquait un onguent qui atténuait la douleur. Elle s’était également confectionné quelques potions calmantes pour s’aider à dormir quand sa tête était pleine des images des morts de ses amis et professeurs.

Hermione regarda encore sa blessure. Alors qu’elle ne faisait que quelques centimètres trois jours avant, la marque noire avait presque doublé et était devenue particulièrement douloureuse au toucher.

Qu’allait-elle pouvoir faire ? Elle ne voulait pas inquiéter les Potter et Sirius avec cela. Et au fond, Hermione n’était toujours pas convaincue qu’elle allait vivre. Oh bien sûr, elle ne pouvait pas rentrer chez elle, mais peut-être pourrait-elle donner à Dumbledore quelques informations pour les aider dans la guerre contre Voldemort. Et une fois cela fait, sa présence ne serait plus nécessaire. Hermione soupira et, ne voulant plus penser à cela pour l’instant, elle passa sous la douche, appréciant la caresse de l’eau chaude sur son corps.








Un peu plus tard, ils passèrent à table et bien que les Maraudeurs faisaient attention à ne pas brusquer Hermione, ils ne purent tenir bien longtemps sans lui poser des questions.

— Hermione, qu’est-ce qui est arrivé à Harry à ton époque ? Je veux dire après notre mort à Lily et moi.

— Oh. Il a été confié à son oncle et sa tante.

Lily manqua de s’étouffer avec son verre d’eau.

— Tu veux dire avec ma soeur ? Pétunia ? Et avec Vernon ?

— C’est une blague ? demanda James, presque inquiet.

— Non… Le Harry que je connais a été élevé par eux.

— Pourquoi je n’en ai pas eu la garde ? Je suis son parrain ! s’exclama Sirius, non sans une once de fierté. 

Pour toute réponse, l’expression de tristesse que Sirius avait repérée sur le visage d'Hermione plus tôt dans la soirée, venait de réapparaître. Hermione baissa le visage un instant, cherchant ses mots.

— Dumbledore a pensé que c’était plus adapté. 

Sirius grommela quelques paroles inintelligibles, dont Hermione discerna seulement que Dumbledore était un vieux fou gâteux. Lily s’empressa de changer de sujet.

— Et sinon, Hermione, tu as quel âge ?

— Euh… Je dois avoir 19 ans maintenant. Je suppose qu’on continue à compter même dans le passé.

— Comment ça ? demanda James, confus. Tu es née fin octobre ?

— Non, mais j’ai quitté mon époque trois jours avant mon anniversaire. Et nous sommes arrivés ici il y a trois jours. Je suppose donc que j’ai 19 ans maintenant…

— Euh, bon anniversaire alors, dit Sirius, la voix peu assurée, compte tenu de la situation un peu inédite.

— Et bien, nous allons noter ta nouvelle date d’anniversaire alors. Le premier novembre ! s’exclama James. Sirius, tu n’as pas une bouteille sympa à ouvrir pour notre invitée ?

— Non, ce n’est vraiment pas la peine, répliqua immédiatement Hermione. Je ne souhaite pas le fêter.

— Si, j’ai quelque chose. Je reviens, répondit Sirius sans prêter attention à la réponse d'Hermione.

— Empêcher un Maraudeur de faire la fête est un sacrilège Hermione, lui précisa Lily avec un sourire en coin. 

Sirius revint quelques instants plus tard avec deux bouteilles à la main.

— Une pour tes 19 ans, fit Sirius avec un clin d’oeil. Et une à l’amitié. 

— Alors, du coup tu as déjà passé tes ASPIC ? demanda Lily avide de connaître les résultats de la jeune femme.

— Euh, non pas vraiment. Je… Nous…

Tandis qu'Hermione ne savait pas comment finir sa phrase et que Sirius débouchait la première bouteille, des bruits se firent entendre à la porte. Les quatre fêtards se levèrent d’un bon et se retrouvèrent la baguette en main en un instant. Sirius prit les devants et s’approcha de la porte.

End Notes:
Pour info, je pense poster le chapitre 7 à la fin du week-end.
Le retour de Dumbledore by Padfooot
Author's Notes:
Salut à tous ! 



Voici, comme prévu, le chapitre 7 : Le retour de Dumbledore.

L’action se déroule le 1er novembre 1981.


Comme je l’ai dit en notes de début d’histoire, je vais parfois reprendre quelques phrases telles quelles des livres de JKR. Ce chapitre est le premier concerné, mais, pour ne pas casser la lecture, j’ai choisi de ne pas les mettre en évidence.

Alors êtes-vous assez fan de HP pour la repérer ?



Bonne lecture!

— Qui est-ce ?

— Albus Dumbledore. 

Sirius ouvrit la porte à la volée.

— Alastor ne serait pas ravi, Sirius, fit le vieux sorcier d’un ton dur. N’êtes-vous pas censé vérifier l’identité de vos… 

Dumbledore se coupa dans son élan en apercevant les Potter. L’aura menaçante qui enveloppait la silhouette du directeur se dissipa immédiatement.

— Alors là, vous allez devoir m’expliquer. J’espérais trouver Harry ici, mais pas vous. Tout le monde vous croit morts.

James et Lily se regardèrent puis jetèrent un coup d’oeil vers Hermione. De toute évidence, ils ne savaient pas ce qu’ils devaient révéler.

L’attention de Dumbledore se porta aussitôt sur la jeune femme qu’il ne connaissait pas.

— Miss ?

— Granger. Hermione Granger, Professeur.

Sirius et James ne purent s’empêcher de sourire devant le respect qu’affichait Hermione face à un membre du corps professoral. Hermione, elle, avait le souffle coupé.

Voyant qu'Hermione ne semblait pas apte à en dire plus pour le moment, Dumbledore reprit la parole.

— J’aimerais bien comprendre comment deux de mes anciens élèves, dont la rumeur dit qu’ils ont été désintégrés par Voldemort, sont en fait on ne peut plus vivants. 

En disant cela, il fixa Hermione, lui indiquant qu’il n’était pas dupe et qu’il se doutait qu’elle avait beaucoup de choses à lui raconter.

— C’est assez compliqué, professeur.

— Je vous en prie, j’ai tout mon temps. Sirius, je prendrais bien un verre de cette bouteille que vous alliez ouvrir.

— Bien sûr !

Sirius accompagna sa réponse d’un léger mouvement de la tête que Dumbledore ne pouvait pas voir d’où il était. Il marmonna en même temps et Hermione faillit rire en se doutant qu’il avait sûrement de nouveau marmonné « vieux fou gâteux ». Ce n’était pourtant pas son genre de se moquer d’un professeur, mais la mimique de Sirius l’avait faite sourire, ce qui ne passa d’ailleurs pas inaperçu de ce dernier. Sirius la regarda d’un air amusé puis lui fit un clin d’oeil.

— Quand vous aurez fini de draguer, Sirius, peut-être pourrez-vous m’apporter mon verre ? 

Sirius rosit légèrement et Hermione devint cramoisie. Elle, se faire draguer par Sirius ? Hermione reprit ses esprits et s’assit en face du professeur.

— C’est compliqué, mais je pense pouvoir résumer la complexité de la situation assez facilement, proposa Hermione, tendue.

— Je vous écoute.

— Je suis née le 19 septembre 1979.

— Effectivement, cela me semble plutôt complexe. Continuez.

— Vous me croyez ? demanda Hermione étonnée.

— J’aurais eu tendance à affirmer qu’un tel voyage n’était pas possible. Du moins, le ministère de notre époque l’aurait affirmé sans hésitation, mais, pour ma part, je suis assez ouvert. Alors les Langues-De-Plomb ont fini par trouver un moyen d’étendre la portée d’un Retourneur de Temps ?

— Euh non, Professeur, pas exactement. Harry et moi, nous… C’est que… je n’ai pas voyagé seule. Je suis arrivée avec mon meilleur ami, Harry Potter. Nous avons choisi cette date parce que… enfin, elle nous semblait clé pour…

— Doucement Miss Granger. Vous en étiez au voyage dans le temps. Je suis assez curieux de savoir comment vous avez trouvé un moyen de remonter le temps de… d’au moins quinze ans je suppose, conclut-il en la détaillant du regard.

— Presque 17 ans pour être exacte. Harry et moi avons pénétré au ministère et avons récupéré des échantillons de tout ce que nous pouvions trouver dans la Salle du Temps du Département des Mystères. Nous, euh… nous avons également dû forcer les bureaux et dossiers de plusieurs Langues-De-Plomb, admit-elle, un peu honteuse.

— Ne vous inquiétez pas de ce que je peux penser, Miss Granger.

— Ensuite, j’ai étudié les documents et analysé les échantillons. J’ai remarqué une erreur dans un des calculs d’arithmancie…

— Vraiment ? fit Dumbledore, amusé.

— Je ne suis pas sûre que je doive en dire plus à ce sujet, Professeur. J’ai confiance en vous tous bien sûr, mais nous n’avons voyagé dans le temps qu’en dernier recours. Je ne voudrais pas que les résultats de mes recherches puissent aboutir à d’autres voyages.

— Effectivement, c’est très avisé de votre part. Je suis impressionné par vos compétences logiques, Miss. 

Hermione rougit encore plus que lorsque le professeur avait taquiné Sirius quelques instants auparavant. James, Sirius et Lily ne purent s’empêcher de sourire, attendris devant l’intelligence et la modestie de la jeune femme.

— Puis-je demander où est votre ami ? 

Hermione paniqua et se mit à trembler. Sirius eut le réflexe de s’approcher pour apporter son soutien, mais il s’arrêta soudainement, étonné de sa réaction et conscient qu’il ne pouvait rien lui apporter. Lily et James s’avancèrent également et se postèrent de chaque côté de la jeune femme.

James posa un regard rassurant sur Hermione puis prit la parole.

— Ils sont venus nous rejoindre à Godric’s Hollow. Ils nous ont mis… Ils nous… Disons qu’ils se sont assurés qu’on ne les dérange pas. Avec du Polynectar, ils ont pris nos apparences respectives pour berner Voldemort. Harry… Harry s’est…

— Il s’est sacrifié, poursuivit Lily dans un souffle. Ensuite… Voldemort est monté pour rejoindre Hermione sous mon apparence.

Lily s’arrêta et regarda Hermione. La jeune femme n’avait plus le choix de poursuivre. Elle seule avait été présente.

— Je me suis mise entre le bébé… Enfin, entre Harry et Vous-Savez-Qui.

— Vous savez, Miss, la peur d’un nom ne fait qu’accroître la peur de la chose elle même.

— Mais je n’ai pas peur ! réagit immédiatement Hermione, d’un air de défi. C’est juste une habitude que j’ai prise depuis que son nom est soumis au Tabou. 

Cette dernière révélation lança un froid dans la pièce. Hermione se mordit la lèvre, elle n’aurait pas dû parler du Tabou.

— C’était malin de sa part, commenta finalement Dumbledore. Mais continuez, je vous prie.

— Voldemort s’apprêtait à me lancer le sortilège de la Mort. Je pensais mourir, Professeur. C’est ce que nous avions prévu. Ma mort devait protéger le jeune Harry, comme la mort de Lily a protégé Harry à mon époque.

— L’amour ? Intéressant…

Dumbledore fit un aparté pour expliquer à James et Lily la portée de cet acte et la protection que Lily aurait conféré à son enfant en mourant. Il invita ensuite Hermione à poursuivre son récit.

— Donc Vous-Savez… Voldemort était face à moi, mais… le Polynectar a cessé de faire effet à cet instant. Le voyage dans le Temps a dû atténuer la force de la potion.

— C’est une potion très difficile à réaliser, voulut la rassurer Dumbledore.

— Je sais très bien la faire, et depuis longtemps ! répliqua Hermione, vexée.

Elle s’arrêta net, consciente d’avoir encore fait une erreur en disant cela. James, Lily et Sirius la regardaient tous trois, les sourcils froncés, cherchant à comprendre comment une étudiante de Poudlard pouvait avoir appris une telle potion aussi tôt. Dumbledore, lui, haussa simplement un sourcil derrière ses lunettes en demi-lune.

— En s’apercevant que je n’étais pas Lily, Voldemort semblait furieux de s’être fait duper, reprit Hermione avant que sa gaffe ne donne lieu à des questions auxquelles elle ne souhaitait pas répondre. 

Hermione raconta alors la suite des évènements et expliqua comment Voldemort avait compris que c’était bien Harry et l’avait repoussée pour s’attaquer au bébé.

—  Je ne comprends pas pourquoi, mais le sortilège s’est retourné contre Voldemort. Il a disparu. Même sans la protection de Lily. Pourquoi ?

— On ne peut faire que des suppositions, répondit Dumbledore. On ne saura peut-être jamais. Et à votre époque, que s’était-il passé cette fameuse nuit ? 

Hermione se tendit subitement. Et cette fois, aucune des personnes dans la salle ne pouvait lui venir en aide. Sirius se raidit également. Même s’il en connaissait la réponse, il redoutait de l’entendre, son coeur se contractant douloureusement rien qu’à cette idée.

— James et Lily sont… ils sont morts tous les deux. Comme je le disais tout à l’heure, la protection de Lily a sauvé Harry, il a survécu lorsque Voldemort lui a lancé le sortilège. Il a été marqué par le sortilège, compléta-t-elle en portant une main à son front.

James et Lily se tendirent à l’évocation de la cicatrice qui était apparue sur le front de leur fils. Ils n’avaient pas encore osé en parler avec Hermione de peur de la brusquer.

— Professeur, que signifie sa cicatrice ?

— Je l’ignore. C’est la première fois que j’entends parler de survivre au sortilège de la Mort. Ce dont je suis sûr, c’est qu’il gardera cette cicatrice à tout jamais.

— Vous ne pourriez pas arranger ça ? demanda Lily.

— Même si je le pouvais, je ne le ferais pas. Les cicatrices sont parfois utiles. Moi-même, j’en ai une au dessus du genou gauche, qui représente le plan exact du métro de Londres. 

James et Lily se regardèrent, mais ne dirent rien, acceptant le fait que leur fils avait été marqué par le sortilège. Dumbledore se tourna vers Hermione et lui demanda ce qui s’était passé ensuite.

— La maison était en ruines. Vous avez envoyé Hagrid récupérer Harry et vous retrouver ensuite à Privet Drive, où vous avez confié Harry à son oncle et sa tante. Vous vouliez qu’il soit mis à l’écart du monde magique pour grandir au calme. A mon époque, Harry est l’un des sorciers les plus célèbres du siècle, tout le monde le connaît comme le Survivant.

— Il le sera également dans cette époque. Tout le monde pense que James et Lily sont morts et que Harry a survécu et nous a débarrassé de Voldemort. Allez savoir comment…

Pendant quelques secondes, personne ne parla, essayant d’intégrer tout ce qui venait d’être révélé et ce que cela allait impliquer.

— Bien, Miss Granger. J’aimerais cependant comprendre pourquoi vous avez fait un tel voyage. Je ne pense pas me tromper en disant que vous étiez bien conscients de ce que vous risquiez. Vous auriez pu vous tromper dans vos calculs et périr tous les deux sans même arriver à destination. Votre voyage aurait été inutile. 

— J’en étais consciente oui.

— Alors, pourquoi ?

Hermione inspira fortement. C’était là la question qu’elle craignait le plus. Non seulement, elle ne pensait pas que c’était une bonne idée de trop en dire sur la raison de leur voyage, mais, en plus, elle savait ses émotions à fleur de peau. Tremblante, elle se força à reprendre d’une voix qu’elle voulait la plus calme et posée possible.

— Nous n’avions plus le choix Professeur. Nous avions perdu. Nous ne risquions rien de plus à essayer.

— Mais vous avez probablement pris un risque énorme pour toutes les personnes qui restaient à votre époque. Il y avait sûrement quelque chose d’autre de possible, quelque chose de moins risqué. Vos changements pourraient avoir des conséquences catastrophiques sur leurs vies.

Cette foi-ci, Hermione ne put empêcher ses yeux de s’emplir de larmes.

— Justement. Ils… Ils ne… Ils étaient… Tous… 

Hermione essaya de trouver les mots, mais elle ne put pas. Admettre qu’ils étaient tous morts, qu’elle avait tout perdu, même l’amour de sa vie, était trop pour Hermione. Elle éclata en sanglots.

Sirius s’approcha d’un coup pour essayer de réconforter la jeune femme autant que possible, mais Lily, qui était déjà sur place, fut plus rapide. Elle demande à Sirius s’il lui restait une potion. Celui-ci comprit immédiatement qu’elle voulait la même potion que la veille, mais il avait déjà été étonné d’en trouver une dans ses placards, alors deux…

Hermione était déconnectée de la réalité. Elle avait l’impression que son cerveau ne répondait plus et que son coeur était à deux doigts d’exploser. Des flashs de tous les morts lui revenaient en mémoire. Et entre deux flashs, elle revoyait toujours cette scène où le rideau tombait et où les Weasley apparaissaient. Morts. Tous morts.

— Ça va aller, Hermione, murmurait la voix de James tout en lui massant l’épaule. 

Encore cette voix, si similaire à celle de Harry. Elle apaisa un instant Hermione, mais pas suffisamment. Et les spasmes induits par ses pleurs réveillèrent sa douleur à la cuisse. Elle s’efforça de ne pas hurler, mais sa réaction ne sembla pas passer inaperçu.

— Sirius, tu la trouves cette potion ?

— Je n’en ai plus ! s’excusa ce dernier, paniqué. 

Entre deux spasmes, Hermione montra son sac, posé au pied de sa chaise. Sirius comprit aussitôt et rapporta le petit sac en tissu. En l’ouvrant, il fut étonné par sa taille. Il aperçut une collection de livres, trois tas de vêtements distincts, un nécessaire à potions complet et beaucoup de fioles de formes et couleurs variées, des documents manuscrits en vrac et plusieurs boîtes au contenu inconnu. Sirius était impressionné, elle avait réussi un magnifique charme d’extension… Mais même si l’ensemble était plutôt rangé, il risquait de mettre trop de temps à trouver la bonne potion.

— Accio, potion calmante.

La potion lui sauta dans la main et il la tendit immédiatement à Lily qui l’administra à Hermione. La jeune femme se détendit immédiatement. La potion était peu dosée et ne lui donnerait qu’un court répit sur ses émotions, mais suffisamment pour s’éclipser.

— Excusez-moi, Professeur, mais je voudrais aller me reposer. 

Dumbledore hocha la tête d’un air rassurant. Hermione se leva tant bien que mal, ayant des difficultés à s’appuyer sur sa jambe blessée. Elle ne jeta pas un coup d’oeil vers James, Lily ou Sirius, elle ne s’en sentait pas la force. Avant d’atteindre l’escalier, elle se retourna.

— Professeur, je…

— Je reviendrai demain, Miss Granger. Nous discuterons de la suite. 

Hermione lui adressa un semblant de sourire poli et monta l’escalier. Elle se dirigea vers sa chambre. Avant de se coucher, elle se changea rapidement et, exceptionnellement, mit une deuxième dose d’onguent sur sa cuisse. Elle lança des sortilèges sur la porte et sur les quatre murs, pour s’assurer que personne n’entende ce qui se passe à l’intérieur, où cas où sa nuit soit agitée.








Le professeur Dumbledore s’était levé, prêt à partir.

— Une dernière chose avant de partir. Pourquoi le Fidelitas n’a-t-il pas fonctionné ? 

Sirius se tendit à l’évocation du sortilège, il se sentait tellement coupable. Et il en voulait tant à Peter. Lui serait mort plutôt que de trahir ses amis. Sirius expliqua le changement de gardien à Dumbledore ainsi que les raisons qui l’y avait poussé. Dumbledore ne fit aucun commentaire puis posa sa main sur la poignée.

— Albus, l’interrompit Lily. Que pensez-vous de tout cela ?

— Je ne sais pas trop pour le moment. Tout ce que je vois, c’est que votre fils saura s’entourer d’amis exceptionnels. J’aurais adoré voir ses calculs d’arithmancie, dit-il d’un air malicieux. Prenez bien soin d’elle. Je dois réfléchir à ce qu’il convient de faire. En attendant, il serait bien que tout le monde continue à vous croire morts. J’essaierai de passer dans la matinée. Que cette information ne vous empêche pas de vérifier mon identité ! ajouta-t-il à l’attention de Sirius.

Sirius promit et referma la porte derrière l’homme. Il lança un sortilège de protection sur la porte et retourna vers ses amis. Ils s’installèrent tous trois au salon.

— Bon, déjà, ce n’est pas notre future belle-fille, commença James, d’un ton blagueur afin de détendre l’atmosphère. Elle a dit que Harry était son meilleur ami. 

Sirius émit un faible sourire par réflexe au ton utilisé par James, mais le sourire ne s’étendit pas à ses yeux. Lily, elle, semblait songeuse.

— Cette histoire de Tabou, c’est horrible, finit par dire Lily. Parfait pour piéger des membres de l’Ordre. Et sa dernière phrase. Je… Vous pensez que la situation était si catastrophique ?

— Je ne sais pas, marmonna Sirius, songeur.

— Et moi, je crois que je préfère ne pas savoir, dit James. Ce futur est déjà sûrement modifié. Et, comme l’a dit Dumbledore, je préfère penser au fait que Harry aura de supers amis. C’est vrai, elle est absolument brillante ! Enfin, je n’y connais rien en arithmancie et en voyage dans le temps, mais ça doit être extrêmement complexe comme calculs. Hein Pads ? 

Sirius était le seul du groupe à avoir pris l’arithmancie pendant ses études. Il avait hésité avec l’études des Moldus — quoi de mieux pour faire enrager davantage sa famille ? — mais il avait préféré choisir ce qui l’intéressait le plus.

—  Moi aussi, j’aurais bien voulu voir ces calculs, admit Sirius, avec admiration. 

Lily esquissa un sourire. James avait le don pour ne pas se faire de soucis plus que nécessaire. Et pour cela, Sirius et lui faisaient la paire. Si l’un virait sur un sujet plus positif, l’autre suivait quasiment toujours. Ils avaient raison, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter pour le moment. Et Dumbledore avait raison aussi, ils prendraient soin de cette jeune femme, belle-fille ou pas

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End Notes:
Un chapitre bien calme et assez court, qui donnera matière à réfléchir à notre cher Dumbledore.


Mais on sait tous que quand Dumbledore réfléchit, ce n’est pas toujours pour le (plus grand) bien de notre cher trio. A moins que… Seul l’avenir vous le dira ^^
Escapade au Terrier by Padfooot
Author's Notes:
Hello everyone ! 



Nous voici au chapitre 8 avec une petite : Escapade au Terrier.

L’action se déroule le 2 novembre 1981.


Encore une petite phrase issue de Harry Potter et la Pierre Philosophale à repérer dans ce chapitre :) 



Sur ce, je vous laisse découvrir ce que cette escapade nous réserve.

Bonne lecture!

Lorsque Hermione se leva ce matin là, elle était anxieuse, ne sachant pas de quoi la journée serait faite. Elle attendait avec impatience de voir Dumbledore et de pouvoir avoir son avis sur la suite. Elle n’avait pas prévu qu’il y en ait une. Harry et elle s’étaient simplement dit que le 31 octobre 1981 était une date clé et qu’en modifier les évènements amènerait forcément à un meilleur futur, bien qu’ils n’aurait pu prédire lequel.

Mais la visite de Dumbledore risquait aussi de la confronter à bien plus que ce à quoi elle était préparée. Hermione enfila ses vêtements et descendit l’escalier.

— Bonjour Hermione ! lança James qui semblait en pleine forme. Tu as bien dormi ? 

Hermione acquiesça avec un sourire. Elle n’avait pas trop mal dormi en tout cas.

— Viens prendre le petit déjeuner avec moi. Je suis un peu du genre lève-tard. Sirius et Lily sont déjà prêts depuis longtemps. Tu dors beaucoup toi aussi ?

— D’habitude, non, j’ai plutôt tendance à me lever tôt. Mais je dois avoir un peu de sommeil en retard je crois.

— C’est probable oui. Allez viens, c’est pas les banquets de Poudlard, mais il y a quand même de quoi faire. Tu devrais goûter ça, lui proposa James en tendant un plateau avec des muffins et de la confiture. 

Hermione s’assit et mangea tranquillement pendant que James semblait prendre à coeur de la distraire en parlant de choses et d’autres, toutes plus inutiles les unes que les autres. Hermione se détendait au fur et à mesure que James parlait.

— Bonjour vous deux, fit Sirius en entrant dans la pièce. Bien dormi ? 

Il s’avança lentement et jeta un coup d’oeil aux cheveux de James.

— On dirait que toi oui. Je t’ai rarement vu aussi décoiffé. Tu veux quelque chose Hermione ?

— Non, merci, ça va. J’ai fini.

— Je m’occupe de la vaisselle, proposa James en jetant un sort qui fit voler tous les couverts, le suivant jusqu’à la cuisine. 

Sirius lança également un sort sur la table. Et la nourriture qui restait disparut immédiatement. Il s’approcha ensuite du petit Harry qui babillait dans son couffin un peu plus loin. Il le prit dans ses bras et lui fit un grand sourire que son filleul lui rendit. Harry agita ses petits bras potelés et avança sa main pour tenter d’agripper une mèche de cheveux.

Sirius éclata de son rire si semblable à un aboiement. Hermione n’avait pas entendu ce son depuis des années et un sourire vint se dessiner sur ses lèvres.

Harry émit quelques sons joyeux tout en regardant son parrain. Sirius décala sa tête pour éviter une nouvelle attaque de son filleul et regarda Hermione.

— Tu veux que je te fasse visiter la maison ? Après tout, tu vas probablement rester un certain temps et on n’a pas vraiment eu l’occasion jusque là. 

Hermione accepta avec plaisir. Sirius reposa Harry avec douceur, le laissant aux soins de James qui était de retour, et commença la visite.

Le rez-de-chaussée comportait la cuisine, où James avait presque fini de laver et ranger la vaisselle, le salon, la salle à manger et une entrée assez spacieuse. L’ensemble était bien agencé et plutôt bien décoré, même si Hermione trouvait l’ensemble un peu vieillot, elle qui était habituée à une décoration d’un autre temps. L’entrée comportait quatre portes : celle donnant sur l’extérieur, celle menant au salon, une vers un point d’eau et une derrière que Sirius ne lui avait pas montrée.

— Et derrière cette porte ?

— Oh, c’est mon garage. Je ne suis pas sûre que ça te passionne. 

Hermione l’encouragea de la tête et Sirius lui ouvrit la porte. Elle y découvrit un atelier de bricolage et au milieu une moto moldue. Hermione sourit. Elle connaissait cette moto, c’était celle que Hagrid et Harry avaient utilisé pour ramener Harry auprès d’eux avant son dix-septième anniversaire.

— C’est un peu bizarre je sais. Mais à force de m’intéresser aux Moldus pour faire enrager mes parents, je me suis mis à apprécier un certain nombre de choses.

— C’est génial, elle est très belle.

— Tu trouves ? Elle vole, tu sais ? s’exclama-t-il, heureux et fier.

— Je sais, admit-elle avec un sourire. Mais ce n’est pas très discret, par contre.

— J’ai encore quelques modifications à faire pour qu’elle soit parfaite. Il faudrait qu’elle puisse devenir invisible sur demande, que je la rende plus silencieuse et… 

Sirius s’arrêta soudainement, conscient de s’être laissé emporter par sa passion alors qu'Hermione ne se montrait probablement intéressée que par politesse.

— Viens, je te montre la suite. 

A l’étage, il y avait trois chambres : la sienne, celle que partageait Lily et James et celle de Sirius. Cette dernière ressemblait très peu à celle du square Grimmaurd. Pas de posters sur les murs, ni de bannières de Gryffondor, ni de photos de Moldues en petite tenue. La chambre était spacieuse, bien agencée, élégante et plutôt bien rangée par rapport à ce qu'Hermione aurait imaginé.

L’étage contenait également deux salles de bain et une autre pièce que Sirius lui fit voir en dernier. La pièce était spacieuse et il y régnait une ambiance qui plut immédiatement à Hermione. Au milieu, trônait un imposant bureau légèrement orienté vers la droite de la pièce où on trouvait deux fauteuils en velours vert sapin et une cheminée en pierre. Au fond de la pièce étaient exposés de nombreux objets anciens et magiques.

Mais ce qui intéressa le plus Hermione se trouvait à sa gauche. Le mur entier était recouvert d’une élégante bibliothèque sur mesure remplie de livres aux reliures de cuir. Hermione sourit immédiatement.

— C’est magnifique !

— C’est la collection de mon oncle Alphard, précisa Sirius qui avait bien remarqué ce qui avait attiré son attention. Cette maison était la sienne. J’y ai fait quelques aménagements pour moderniser les autres pièces, mais cette pièce me semblait parfaite telle qu’elle était.

— Je suis bien d’accord, admit Hermione, enthousiaste.

— Tu peux venir ici autant que tu veux tu sais. Fais comme chez toi. Evite juste l’étagère en haut à droite, je n’ai aucune confiance en ces livres, fit-il avec une grimace avant de se laisser tomber dans l’un des deux fauteuils avec une élégance désinvolte et de reprendre d’un ton enjoué. Et on est très bien dans ces vieux fauteuils…

Hermione sourit encore plus. Elle avait une envie folle de prendre un bouquin et de se poser dans le deuxième fauteuil. Elle n’avait pas eu l’occasion de lire depuis si longtemps.

Mais Hermione ne put assouvir cette envie car la voix de Lily se fit entendre dans l’escalier.

— Sirius ! Hermione ! Le Professeur Dumbledore est arrivé.

— Timing parfait. Si j’avais été en bas, j’aurais été obligé de faire le questionnaire pour vérifier son identité. Je t’assure qu’au bout d’un moment, c’est barbant, marmonna Sirius d’un ton faussement boudeur. 

Hermione sourit, attendrie par la légèreté enfantine que Sirius prenait soin de prendre pour la détendre.

Arrivés au rez-de-chaussée, Hermione et Sirius saluèrent le professeur qui, après leur avoir rendu leur salut, demanda à Sirius de leur trouver un endroit tranquille pour discuter seul à seule. Ce dernier leur répondit que le bureau serait sûrement parfaitement à leur convenance. Il fit un clin d’oeil à Hermione, sachant qu’elle s’y sentirait à son aise. Elle le remercia d’un sourire.

— Miss Granger, j’ai beaucoup réfléchi à votre problématique. Je ne vous poserai que peu de questions aujourd’hui, j’ai eu suffisamment de réponses hier. Je voudrais simplement savoir ce que vous avez prévu pour la suite.

— Justement, professeur, c’est là le problème. Je n’avais pas prévu qu’il y ait une suite, pas pour moi du moins. J’espérais juste que ce changement serait suffisant pour que ce qu’on a vécu ne se reproduise pas. Je crois que je ne voulais pas voir plus loin. Je… Je suis fatiguée de tout ça. Et quel rôle pourrais-je jouer dans ce futur qui sera sûrement si différent de mon passé ?

— Je comprends votre sentiment, Miss Granger. Vous en avez sûrement vu déjà beaucoup, mais j’ai un service à vous demander. Je vous demande de m’écouter, après vous serez libre d’y réfléchir tranquillement et de choisir ou non de continuer.

Hermione acquiesça, fixant son attention sur Dumbledore, et attendit.

— En venant ici, vous avez fait une modification plus que conséquente dans l’Histoire telle que vous la connaissez. Je pense cependant que trop la modifier est dangereux, que ce soit parce qu’on ne connaît pas l’impact que cela pourrait avoir sur l’univers et sur l’espace-temps, mais aussi parce qu’il est plus simple de contrôler une situation que l’on peut prévoir.

— Que voulez-vous dire professeur ?

— J’ai besoin de vous pour vous assurer que les évènements à suivre ne dévient pas trop de ce que vous avez connu.

— Mais… C’était le but ! Nous…

— Je comprends, mais il est plus facile de modifier des petits éléments d’un tout que l’on connait plutôt que de partir de zéro, ne pensez-vous pas ?

— Oui, admit Hermione. Oui, bien sûr. Mais j’ai déjà fait des changements importants…

— Des changements merveilleux dont vous pouvez être fière. Sauver des êtres vivants n’est pas un changement à négliger, tant que l’Histoire ne change pas.

— Mais, professeur. Si à partir d’aujourd’hui, je dois m’assurer que rien ne change. Alors le résultat sera le même.

— Ce n’est pas ce que j’ai dit. Ce sera à vous de déterminer ce qui peut être changé ou ce qui, hélas, fait partie de l’Histoire. Je parle bien de l’Histoire avec un H majuscule, miss Granger, je suppose que vous saisissez la nuance. Mais je vous mets en garde. Certains gestes du quotidien peuvent avoir un impact non négligeable sur le monde alors que des évènements majeurs pourront n’avoir que de très légères conséquences. Le destin suit son cours d’une étrange manière et il peut s’avérer compliqué de le contrecarrer. Pourtant, parfois, un battement d’aile de papillon imprévu peut tout changer.

— Là, je ne suis pas sûre de vous suivre.

— Pour changer le dénouement que vous voulez éviter, il est probable que seul un tout petit élément modifie l’issue que vous connaissez.

— Un tout petit ? s’étonna Hermione. Mais quoi ?

— Je n’en ai aucune idée. Mais, en temps voulu, vous le saurez, j’en suis sûr. 

Dumbledore laissa quelques minutes de silence, le temps que la jeune femme enregistre tout ce qu’elle avait entendu et ce que cela impliquait.

— Alors, je dois faire tout mon possible pour que les évènements importants de mon passé se reproduisent, malgré tout ce que j’ai déjà changé. Et je suppose que je ne pourrai pas partager la vérité sur mon époque afin d’éviter certains évènements ? demanda Hermione.

Hermione avait posé cette question en pensant à tous ceux qu’elle aimerait sauver de leur sort, mais elle n’avait aucun doute sur la réponse qui allait suivre. Si elle voulait les sauver, elle devrait trouver un moyen moins direct que de les prévenir.

— Ah la vérité… Elle est toujours belle et terrible. C’est pourquoi il faut l’aborder avec beaucoup de précautions. Non, miss Granger, vous allez devoir faire preuve d’astuce et de subtilité pour arriver à vos fins. Je ne dis pas que quelques informations bien choisies à des moments précis et à des personnes bien placées soient inenvisageables, mais il faudra faire preuve d’une extrême prudence. 

Hermione acquiesça. Elle allait devoir faire attention à tout ce qu’elle disait.

— Professeur, il y a quelque chose d’autre qui me tracasse à l’idée de rester. Cette tâche que vous me confiez, protéger l’Histoire, impliquerait de rester à cette époque pendant au moins dix-sept années. Mais comment faire avec moi-même âgée de deux ans dans cette époque ? On pourrait me reconnaître ou ma présence pourrait avoir de gros impacts si mon moi jeune l’apprenait.

— Très bonne question, commenta Dumbledore, la fixant par dessus ses lunettes en demi-lune. J’ai justement une suggestion à vous faire à ce propos. Après, comme je vous l’ai dit au début, vous prendrez le temps que vous voulez pour réfléchir à ma proposition. 








Hermione venait de sortir de la maison de Sirius. La conversation et la proposition de Dumbledore lui avaient donné de quoi réfléchir. Dumbledore avait prévu de s’entretenir avec James et Lily après leur discussion. Hermione, elle, avait eu besoin de prendre l’air pour réfléchir tranquillement et avait simplement prévenu son hôte avant de quitter la maison sans lui laisser le temps de demander où elle allait.

Dans un premier temps, elle transplana vers Godric’s Hollow. La maison des Potter était partiellement détruite et, si on faisait abstraction de la végétation qui n’avait pas encore repris sa place, elle ressemblait maintenant beaucoup plus à ce qu'Hermione avait découvert en décembre 1997.

Hermione se dirigea vers le cimetière, refaisant le même chemin que celui qu’elle avait emprunté avec son ami quelques mois plus tôt. Hermione ne réfléchissait pas vraiment. Elle laissait ses pas la guider et se retrouva à l’endroit où, à son époque, s’élevaient les tombes de James et Lily. La jeune femme s’assit et laissa ses pensées dévier vers son meilleur ami.

Étonnamment, se poser ici lui fit un bien fou. C’était la première fois qu’elle prenait l’air sans crainte d’une attaque depuis plusieurs mois. Et elle se sentait en connexion avec Harry comme si son âme s’était attardée quelques temps pour lui dire au revoir… Hermione savait pourtant que ce n’était pas le cas. Elle avait lu suffisamment sur les voyages dans le temps pour savoir que tout ce qui n’avait rien à faire dans une époque en disparaissait dès que le voyage s’achevait. En repensant à la disparition de Harry et de sa cape, Hermione avait compris que le voyage prenait fin quand le sorcier rentrait à son époque ou s’il décédait lors de son voyage.

Si Hermione décidait de ne pas accepter la mission de Dumbledore et de terminer son voyage, alors personne ne retrouverait jamais son corps et tout ce qu’elle avait amené avec elle disparaitrait. Dumbledore lui avait laissé le choix, mais l’avait-elle vraiment ? Pouvait-elle mettre fin à ses jours ?

Hermione se redressa et, sans vraiment l’avoir prémédité, transplana pour se matérialiser devant la maison de ses parents. Elle se posta derrière la barrière et observa ses parents installés dans le salon. Son père se tenait sur le canapé et regardait la télé, tout en grattant leur chat derrière les oreilles. Sa mère mettait la table un peu plus loin.

Hermione n’avait même pas remarqué qu’elle était restée aussi longtemps assise au cimetière, mais la faim ne semblait pas la gêner. Elle regarda encore et finit par voir sa mère venir s’asseoir à côté de son mari, une petite fille dans les bras. Le chat était descendu du canapé, laissant de la place pour que sa mère y pose la fillette.

Hermione s’observa. Elle avait déjà des cheveux plutôt longs pour son âge et, même de loin, Hermione distingua son regard vif et curieux. Ses parents avaient l’air si heureux.

Non… Plus Hermione y songeait et plus elle sentait que la réponse à sa question était non. Elle serait incapable de mettre fin à ses jours. Alors devait-elle accepter la mission de Dumbledore ?Mais comment faire ? L’Histoire devait se répéter, mais à quel point. Pour assurer l’Histoire, qui devait-elle laisser mourir ? Cédric Diggory ? Sirius ? Alastor Maugrey ? Remus ? Tonks ?…

Hermione se redressa soudain, coupant court à la liste de victimes ; son père venait de remarquer que quelqu’un était accoudé à la barrière. Hermione recula et s’éloigna rapidement, avant que son père ne puisse la regarder attentivement. Il lui aurait été bien impossible de la reconnaître, mais Hermione ne voulait pas prendre le risque.

Hermione reprit le cours de ses pensées. Elle allait devoir prendre une décision, malgré son incertitude et sa peine. Elle chercha un endroit discret pour pouvoir transplaner sans être aperçue et arriver devant le Terrier. Elle avait besoin de l’apercevoir, ne serait-ce que quelques secondes…

Lorsqu’elle arriva au Terrier, il n’y avait personne de visible et Hermione n’osait pas trop s’approcher de peur de se faire repérer. Elle aurait eu bien du mal à expliquer sa présence.

Elle décida de s’éloigner un peu, mais de rester assez proche, dans l’espoir d’entendre de la vie à un moment. S’asseyant auprès d’un buisson, Hermione se remémora la deuxième partie de sa discussion avec Dumbledore.

Lorsque Hermione s’était inquiétée de l’impossibilité de vivre dans ce monde avec une autre Hermione Granger qui y évoluait, Dumbledore lui avait proposé une solution : le sortilège de Fidelitas.

— Si votre présence dans cette époque est soumise au sortilège de Fidelitas, alors personne ne pourra faire le rapprochement entre votre apparence ou votre nom et la Hermione Granger de cette époque. Seules les personnes mises dans le Secret verront en vous deux la même personne.

— Vous voulez dire que mon apparence n’aurait pas besoin d’être modifiée ? avait demandé Hermione, pas sûre de comprendre.

— Non. Je pense même que vous pourrez garder votre prénom. Bien que par mesure de sécurité, il me semble plus raisonnable de changer de nom. Votre Gardien du Secret saura exactement qui vous êtes et pourquoi vous êtes là et s’il communique cette information à quelqu’un, alors cette personne saura faire le rapprochement entre les deux Hermione. Mais plus que votre apparence, si quelqu’un parmi les fidèles de Voldemort apprenait votre existence…

— Je comprends. Mais êtes-vous sûr que cela suffira ? Je veux dire… C’est quand même tout autre chose que de cacher une adresse. Il serait vraiment impossible de faire le lien entre moi et mon alter ego ?

— Je ne dirais pas impossible, mais hautement improbable. Le sortilège de Fidelitas peut prendre bien des formes. Cacher une adresse est déjà une magie bien délicate, mais il est possible d’aller beaucoup plus loin avec ce sortilège. C’est complexe, mais je veux bien me proposer comme votre Gardien, miss Granger. Vous devez cependant savoir qu’avoir un Gardien du Secret protègera votre identité, dans les grandes lignes du moins, mais risquera de compliquer vos impacts sur l’Histoire. Si vous estimiez avoir besoin de donner une information qui nécessite de connaître la vérité, alors vous ne pourriez le faire sans l’aval et l’aide de votre Gardien. Avez-vous bien compris ?

— Oui, professeur. Cette protection est indispensable si je choisis d’accepter votre mission. Je vais y réfléchir, mais il me reste une question. Qu’en est-il de ceux qui connaissent déjà mon existence ?

— Ils se rappelleront de vous, mais ne pourront ni parler entre eux ni avec vous de qui vous êtes et d’où, je devrais plutôt dire de quand, vous venez. Evidemment, même aux quelques personnes au courant, il faudra dire le moins de choses possibles.

Plus Hermione y pensait et plus elle était convaincue qu’en étant son Gardien du Secret, Dumbledore aurait un moyen de contrôle sur elle qu’elle préfèrerait éviter, car bien qu’elle avait entièrement confiance dans les intentions de son ancien directeur, Hermione savait aussi qu’il avait une manière bien à lui de guider les choses. La question était de savoir si elle voulait l’avoir comme guide ou si elle voulait prendre les rênes de cette nouvelle aventure.

Au bout d’un certain temps à réfléchir seule au pied de son buisson, Hermione se rendit compte que des bruits s’élevaient du jardin des Weasley. Elle se releva et s’approcha pour observer ce qui s’y passait.

Molly Weasley était dehors en train d’étendre le linge. D’une main, elle tenait Ginny contre sa poitrine et de l’autre, elle maniait sa baguette pour étendre les draps et autres tissus. Un jeune garçon se tenait à côté d’elle et essayait de l’aider. Hermione reconnut Percy. Charlie était assis sur un banc un peu plus loin et semblait être occupé à polir son balai. « Déjà fan de Quidditch celui-ci », pensa Hermione amusée

Près de Charlie, deux garçons assis en tailleur et bien emmitouflés jouaient avec de la boue. A côté, un bambin à la chevelure déjà bien fournie se baladait à quatre pattes, les mains et les genoux pleins de boue.

— Fred, George, arrêtez ça tout de suite, vous allez être dégoutants ! Et Charlie, ton balai peut attendre, regarde l’état dans lequel est ton jeune frère, dit madame Weasley, qui venait de finir d’étendre le linge. 

Elle rangea sa baguette pour libérer sa main droite puis prit la petite main de Ron dans la sienne et marcha lentement avec lui jusqu’à l’entrée du Terrier, Ginny toujours contre elle.

— Allez, les garçons, on rentre. 

Les larmes étaient montées aux yeux d'Hermione pendant qu’elle observait la scène. Elle les aimait tous, elle ne pouvait pas les laisser mourir. Aucun d’eux…

Hermione essuya ses larmes d’un mouvement sec, prête à prendre un nouveau départ. Elle allait rester et faire de son mieux pour changer ce futur. Happée par les émotions, elle n’avait pas entendu les pas s’approcher d’elle.

— Il est temps de rentrer, tu ne crois pas ? 

Paniquée, Hermione se retourna d’un bond, prête à sortir sa baguette. Elle se retint en reconnaissant l’homme qui se tenait devant elle et reprit son souffle, haletante.

Sirius lui offrit un sourire désolé en constatant son état et Hermione se surprit à le regarder un peu plus longtemps que nécessaire, observant encore une fois les différences physiques entre l’homme qu’elle avait connu et celui-ci. Il était déjà bien séduisant à son époque malgré les conséquences d’Azkaban sur ses traits et ses expressions, mais, aujourd’hui, il l’était beaucoup plus.

Sirius se laissa happer un instant par cet échange de regard, pour une fois qu’il n’y lisait pas de tristesse ou de pitié. Mais il reprit vite ses esprits.

— Tu comptais revenir un jour ? lui demanda-t-il, partagé entre la colère et l’inquiétude.

— Pardon, je n’ai pas vu le temps passer. J’avais besoin de réfléchir. Comment m’as-tu retrouvée ?

— C’est probable que ma méthode ne te plaise pas, la prévint Sirius.

— Dis toujours.

— J’ai fouillé dans ton sac. Tu ne revenais pas manger, se justifia Sirius, alors au bout d’un moment, on s’est inquiété. Nous n’avions aucune idée de l’endroit où tu était allée. Je me suis rappelé avoir aperçu trois tas de vêtements dans ton sac en cherchant la fiole. Alors, j’ai regardé à qui était le troisième tas de vêtements. C’est pratique que le règlement de Poudlard impose d’indiquer le nom de l’élève sur les vêtements. Je n’étais pas sûre de te trouver là, mais ça se tentait. Vu l’âge, je suppose que le troisième de la bande est Ron.

— Etait, ne put s’empêcher de le corriger Hermione, une peine immense dans les yeux.

— Désolé. 

Sirius s’assit à même le sol puis tapota l’herbe à côté de lui, faisant signe à Hermione de s’asseoir également. Ils ne dirent rien pendant un moment puis Sirius reprit la parole.

— Si tu as encore besoin de temps pour réfléchir, je t’en prie, vas-y. Mais je préfère rester si ça ne te dérange pas.

— Oh… J’ai déjà pris ma décision.

— Et… C’est trop indiscret de te demander ce que c’est ? tenta Sirius faiblement, essayant de ne pas être trop intrusif.

— Disons pour simplifier que Dumbledore m’a demandé de rester pour m’assurer que notre voyage aura un impact positif.

— Alors tu vas rester ?

— Oui. Oui, je ferai tout ce que je pourrai pour changer les choses au mieux, répondit-elle, déterminée.

— Je ne suis pas étonné, commenta Sirius avec un sourire. 

— Mais si tu n’es pas trop pressé, il me reste encore une petite chose à décider…

— Prends ton temps. 

Ils se turent de nouveau, toujours assis côté à côté sur l’herbe humide. La pluie se mit à tomber par fines gouttelettes, mais ni Hermione ni Sirius ne lancèrent de sort pour s’en abriter. Hermione réfléchissait à la deuxième partie de la conversation avec Dumbledore.

Au bout d’un long moment, elle se tourna vers l’homme à ses côtés qui, assis par terre, patientait sans un bruit, les traits détendus et les yeux fermés, semblant profiter de la douceur de ce milieu de journée et de la sensation de la pluie sur sa peau. Il aurait tout aussi bien pu être sous sa forme de chien, humant l’air frais, que l’impression aurait été la même. En le voyant ainsi, Hermione sut ce qu’elle devait faire.

— Sirius ? demanda Hermione d’une voix douce et hésitante.

Le jeune homme ouvrit les yeux et tourna la tête vers elle, l’encourageant à continuer.

— Accepterais-tu d’être mon Gardien du Secret ?

Sirius la regarda sans comprendre.

— Dumbledore pense que c’est le seul moyen d’assurer ma sécurité et d’éviter qu’une personne mal intentionnée ne fasse le rapprochement avec la « vraie » Hermione. Tu vois ce que je veux dire ?

— Je pense qu’à force de m’être documenté sur ce sortilège, je suis bien informé sur la portée du Fidelitas… Donc oui, je vois. C’est une bonne idée. Mais je suis étonné qu’il ne t’aie pas proposé d’être lui même ton Gardien.

La pluie commençait à tomber plus fort, mais ils n’y firent pas attention.

— Oh, il l’a proposé. Mais… je préfèrerais que ce soit toi.

Le visage de Sirius se teinta d’étonnement et Hermione se sentit mal d’avoir osé faire cette proposition à un homme qui ne la connaissait quasiment pas.

— Enfin, tu n’y es pas obligé bien sûr ! C’était une idée comme ça.

— Non, Hermione, j’en serais honoré. Tu as sauvé mes meilleurs amis. C’est le moins que je puisse faire pour t’aider. Mais, j’aimerais juste comprendre pourquoi moi.

— J’ai confiance en toi. 

— Et pas en Dumbledore ? demanda Sirius, presque méfiant.

— Si, évidemment ! Mais c’est différent. Si tu n’acceptais pas, je comprendrais et demanderais à Dumbledore. Mais j’ai vraiment confiance en toi, Sirius, plus que je ne saurais l’expliquer.

— D’accord, répondit simplement Sirius, avec un sérieux qui marquait son accord de manière permanente. 

Hermione lui adressa le plus beau sourire qui se soit dessiné sur son visage depuis son arrivée en 1981. Sirius le lui rendit, heureux de la voir ainsi.

— Par contre, si ça te va, ça attendra qu’on soit à la maison parce que là il commence à pleuvoir un peu trop. 

Hermione hocha la tête en souriant. Sirius se leva, trempé et lui tendit la main pour l’aider à se redresser. Puis ils transplanèrent, toujours main dans la main.

End Notes:
Petite anecdote sur la rédaction de la fic si ça vous intéresse :)

Il y a un petit détail qui m’a beaucoup fait cogiter : la longueur des cheveux de Sirius ^^

Il a rarement les cheveux courts dans le livre et jamais dans les films. Mais d’après JKR, quand Sirius va « bien », ses cheveux sont courts. Or, en 1981, il a ses amis auprès de lui donc il va « bien », mais en même temps, avec la prophétie, il aurait eu de quoi s’angoisser et donc se laisser pousser les cheveux ^^


Du coup, pour bien faire, j’ai même voulu vérifier en relisant des passages de Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban pour voir comment Sirius était dans le passé, mais la photo dans le journal (où il a les cheveux longs) a forcément été prise bien après son incarcération puisqu’il a le visage émacié, donc ça ne m’éclairait pas sur 1981.

Et quand Harry voit la photo de Sirius au mariage de ses parents, on ne nous dit rien sur ses cheveux. On apprend juste qu’il est "souriant, charmeur et séduisant !" :D


Bref, après moults aller-retours, j’ai finalement décidé qu’en 1981, il avait les cheveux courts. Après, si ça ne vous plait pas et que vous voulez l’imaginer avec ses cheveux longs et bouclés, libre à vous évidemment ;)

Et voilà, je vous ai exposé mon dilemme ô combien important ^^

Au passage, merci JKR d’avoir créé Sirius Black ! — oui, je sais, je suis une groupie !

Fidelitas by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour à tous ! 



Voilà le chapitre 9 qui s’intitule : Fidelitas.

L’action se déroule toujours le 2 novembre 1981.


    Dans les épisodes précédents :

    Hermione a remonté le temps pour sauver James et Lily dans la nuit du 31 octobre. Hermione et les Potter se sont ensuite réfugiés chez Sirius.
    Dans la matinée, Hermione a discuté avec Dumbledore de sa "mission" dans le passé et il lui a proposé d'avoir recours au Fidelitas pour protéger son identité. Afin de réfléchir tranquillement, elle est partie se promener au Terrier où Sirius l'a rejointe.
    Hermione a demandé à Sirius d'être son gardien du Secret. 




Les chapitres 6 et 7 avaient été postés à très peu d’intervalles et, vu le nombre de lectures par chapitre, j’ai l’impression que certains d’entre vous ont raté le chapitre 6.
Donc pour ceux qui sont passé directement de Godric’s Hollow à la visite de Dumbledore sans comprendre comment ils sont arrivés chez Sirius, je vous conseille d’aller lire le chapitre 6 ^^

Dans ce chapitre, c’est une phrase issue de Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban que j’ai empruntée à JK. Enfin que Hermione a empruntée à Flitwick grâce à sa mémoire impressionnante :)



Bonne lecture!

Lorsque Hermione et Sirius atterrirent dans l’entrée, Sirius relâcha la main de la jeune femme et leur lança tous deux un sort de séchage avant d’entrer dans le salon.

Ils y trouvèrent Lily assise, un livre à la main, et James en train de poursuivre le petit Harry qui faisait des tours de salon sur son balai magique.

— Ah, contents de te revoir, Hermione. On s’inquiétait, fit Lily dès qu’ils entrèrent dans la pièce.

— Où étais-tu ? s’enquit James.

— Je me suis baladée.

— Je l’ai trouvée devant chez les Weasley, précisa Sirius.

— Ce n’est pas par là que tu devais commencer ? demanda James, ne comprenant pas pourquoi son meilleur ami était parti aussi longtemps dans ce cas.

— Si, répondit Sirius.

— Et c’est normal que vous ayez mis autant de temps à revenir ? insista James, étonné de la réponse courte de son ami.

— Oui. 

James le regarda incrédule puis, sans réaction de la part de Sirius, regarda sa femme qui avait observé la scène sans comprendre non plus. Cette dernière haussa les épaules et se replongea dans son livre. A ce moment-là, Harry passa à toute vitesse entre les fauteuils et James le poursuivit, prêt à le rattraper au cas où.

— Je parie qu’il sera super fort au Quidditch. Hein, Hermione ? Il fera partie de son équipe à Poudlard ? 

Hermione se raidit un instant, ne sachant que répondre à une question si innocente. Quel était l’équilibre à trouver entre ce qu’elle pouvait dire et ce qu’elle devait taire ?

Sirius surprit le questionnement dans les yeux d'Hermione et intervint.

— James, tu veux bien t’occuper du repas ce midi ?

— Euh, oui, bien sûr, répondit-il, étonné de l’enchainement. 

— Hermione, tu viens ? demanda Sirius en lui montrant l’étage. 

Hermione suivit Sirius dans l’escalier sans un mot, sous les regards interrogateurs des Potter. Elle le suivit jusque dans le bureau, où il referma derrière elle et jeta des sortilèges de silence autour d’eux.

— Je veux juste vérifier une petite chose avant, ce ne sera pas long. 

Sirius s’avança vers la bibliothèque, la parcourut rapidement du regard puis sortit un grimoire dont la reliure de cuir était légèrement écornée sur les angles. Il le déposa sur le bureau et feuilleta un instant l’ouvrage avant de s’arrêter sur une page et de prendre le temps de relire quelques lignes, en guidant sa lecture de son doigt.

Hermione l’observait sans rien dire. Quand elle lui avait demandé d’être son Gardien du Secret, elle avait pensé que ce serait Dumbledore qui aurait fait le sortilège. Elle ne s’était pas imaginé un instant que Sirius le lancerait lui-même et encore moins aussi rapidement après. Il semblait prendre son rôle très au sérieux et la question innocente de James avait probablement confirmé la nécessité de faire vite.

— Sirius, es-tu sûr de…

Sirius arrêta sa lecture et se tourna vers elle.

— Tu as des doutes ? Tu peux prendre le temps d’y réfléchir davantage avant de choisir ton Gardien si tu préfères.

— Non, ce n’est pas ça. Mais es-tu sûr de la réalisation ? 

Sirius sembla un instant heurté par la question de la jeune femme.

— Tu crois que je ne suis pas capable de lancer ce sortilège ? demanda-t-il, un peu vexé.

— Non, ce n’est pas ça, balbutia Hermione, bien consciente que Sirius était un des sorciers les plus brillants de son époque. Mais il faut peut-être un peu plus de préparation, non ? 

Sirius la dévisagea en détail, semblant réfléchir à ce qu’elle avait dit.

— Je parie que tu es plus souvent du côté de celui qui sait que l’inverse, non ? C’est ça qui t’inquiète ? Ne pas connaître le sortilège que nous allons pratiquer ? 

Hermione le regarda, légèrement ébahie d’avoir été aussi vite percée à jour alors qu’elle-même n’avait pas vraiment eu conscience de la raison avant que Sirius ne la devine. Sirius la regardait avec un sourire en coin et elle acquiesça, un peu honteuse.

— D’accord, je vais prendre le temps de t’expliquer. 

Il prit le livre et le déposa, toujours ouvert à la même page, sur le petit guéridon qui se trouvait entre les deux fauteuils. Il s’installa ensuite dans l’un deux et invita Hermione à faire de même.

—  Que sais-tu sur le Fidelitas ?

— Le Fidelitas est un procédé magique destiné à cacher un secret au coeur d'un être unique. L'information est dissimulée à l'intérieur même de la personne choisie, qu’on appelle le Gardien du Secret. Le Secret devient alors impossible à découvrir, sauf bien sûr si le Gardien décide de le divulguer

— Magnifique. On croirait entendre Flitwick. Tu apprends souvent les livres par coeur ? se moqua gentiment Sirius. 

Pour toute réponse, Hermione lui jeta un regard noir et Sirius éclata de rire.

— Ce que tu as dit est vrai, mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Tu parles de cacher le Secret au coeur d’un être alors qu’en réalité, il s’agit plutôt de graver le Secret dans l’âme du Gardien. Une sorte de tatouage, mais dans l’âme, si tu préfères. C’est très complexe car on touche à l’âme.

Devant l’air effaré d'Hermione, Sirius s’empressa de la rassurer.

— Ne t’inquiète pas, ce n’est pas la première fois que je lance ce sortilège. Et ça ne fait pas mal. Bien que dans ton cas, ce sera d’autant plus complexe que ce n’est pas seulement une adresse ou une information que l’on veut cacher, mais quelque chose de bien plus abstrait. C’est un lien entre deux personnes, entre deux âmes identiques, un lien que n’importe qui pourrait faire juste en vous voyant, ton double et toi. C’est pour ça que j’ai besoin de relire ce passage, je voudrais être sûr de bien comprendre la subtilité et les implications.

Sirius termina de lire le passage qu’il avait commencé pendant qu'Hermione encaissait les informations qu’il venait de lui divulguer. Elle regrettait de ne jamais avoir pris le temps de s’intéresser davantage à ce sortilège. Mais Sirius lui ayant proposé l’accès à sa bibliothèque, elle aurait sûrement l’occasion de se documenter plus tard. Hermione observa Sirius qui continuait à lire avec application. Elle crut remarquer un froncement de sourcils sur son visage, mais cela ne dura qu’un instant et Hermione se demanda si elle n’avait pas mal interprété. D’autant que quand il releva finalement la tête, il paraissait très assuré.

— Est-ce que tu sais ce qui arrive à un secret si le Gardien meurt ?

— Oui. Si le Gardien du Secret décède, toutes les personnes auxquelles ce secret a été divulgué deviendront Gardien du Secret, qu'elles le veuillent ou non. 

Sirius s’efforça de ne pas paraître trop amusé devant la réponse de la jeune femme, qui semblait elle aussi tout droit sortie d’un livre.

— Et l’information se transmet…

— …uniquement oralement ou sous forme écrite de la part du Gardien lui-même.

— Exactement. Tu en sais déjà beaucoup. Il est également impossible de prendre l’information par la force. Seule la volonté du Gardien est garante du Secret.

— Même par l’Imperium ou la torture ? demanda Hermione, avide d’en savoir plus.

— Oui. Bien que si la volonté du Gardien n’est pas totale, la torture pourrait en venir à bout. Mais pour un Gardien consciencieux, s’il a décidé que le Secret ne devait pas être divulgué à une personne, celle-ci aura beau faire tout ce qu’elle veut, quitte même à rendre le Gardien fou, cela n’y changerait rien. La volonté du Gardien est la clé qui permet d’accéder à l’information.

Hermione prit le temps de digérer les informations. Elle était elle-même Gardienne du Secret involontaire de l’adresse du Square Grimmaurd. Son âme était donc marquée ?

— Si j’ai bien suivi, quand un Gardien meurt, les nouveaux Gardiens sont donc marqués dans leur âme également, mais comment cela marche s’ils ne sont pas directement soumis au sortilège ? 

Sirius sourit, content de discuter d’un sortilège qui le passionnait avec une sorcière brillante qui posait des questions intéressantes. Je pourrais passer des heures à discuter de magie avec elle, pensa-t-il.

— L’information est transmise de la même manière qu’elle a été donnée au Gardien, c’est à dire qu’elle se grave également dans l’âme réceptrice, mais l’information reste soumise à la volonté du Gardien qui est communiquée en même temps. Les personnes à qui le Secret a été divulgué ne pourront donc pas donner l’information puisque seule la volonté du Gardien peut libérer le Secret. Elle ne peut pas non plus être prise par la force.

Hermione regardait Sirius avec attention et buvait ses paroles. Sirius lui sourit, attendri et amusé.

— Tu as tout ce qu’il te faut ? Ou tu veux aussi que je t’apprenne comment lancer ce sort ? Parce que là, on risque d’y passer quelques heures… la taquina Sirius. 

Hermione rosit et, d’un signe de tête, indiqua à Sirius que ce ne serait pas nécessaire.

— Ok, alors c’est parti. Dans ton cas, le Secret implique d’empêcher quiconque de reconnaître ton âme. Nos âmes doivent donc être liées par le Fidelitas. Pour atteindre une âme, il est nécessaire de faire une légère entaille dans l’enveloppe charnelle.

— N’y a-t-il pas un autre moyen ? demanda Hermione, non par peur, mais par curiosité.

— Pas vraiment. L’autre moyen d’atteindre une âme serait d’impliquer un Détraqueur. Un peu risqué, non ? Je préfère avoir une cicatrice de plus, commenta Sirius, semblant prendre plaisir à taquiner la jeune femme.

— Euh oui, va pour une cicatrice, répondit Hermione qui avait baissé la tête pour masquer son émotion face à l’évocation des Détraqueurs de la bouche même de Sirius, l’homme qui avait tant subi aux côtés de ces créatures.

Sirius ne releva pas l’émoi d'Hermione, l’associant à ses taquineries, et se mit debout, invitant la jeune femme à faire de même. Il se dirigea ensuite vers le fond de la pièce, d’où il revint avec une dague dont le manche était orné d’arabesques dorées et, avec, il s’entailla légèrement la paume puis regarda Hermione, qui lui tendit la main. Sirius la prit avec beaucoup de douceur et y fit la même chose. Hermione sentit la lame lui piquer la peau, mais la douleur fut légère.

Sirius posa la dague de laquelle pendait une goutte de sang. Il prit la main d'Hermione sans toucher sa blessure, lui indiquant la position à conserver, droite, la paume vers le haut. Il vint placer sa main gauche à côté, à même hauteur tandis que sa main droite, qui tenait sa baguette, s’agitait en un ballet harmonieux et précis. On aurait dit qu’il écrivait.

En regardant leurs mains, Hermione vit une lueur bleutée s’échapper des deux entailles. Leurs âmes. De la baguette de Sirius s’échappait une lumière, telle un léger fil doré qui se dirigea d’abord vers l’âme d'Hermione, passant simplement dedans comme on aurait passé un fil dans un tissu, puis rejoignant celle de Sirius où le fil passa et repassa, suivant les mouvements de la baguette de Sirius et gravant son âme.

Le procédé ne dura qu’une poignée de minutes puis la lumière dorée s’éteignit, comme si un fil avait été coupé. Les âmes, n’étant plus attirées par la magie de Sirius, rentrèrent de nouveau dans leurs enveloppes respectives.

— Sana Dermis, prononça Sirius en pointant sa baguette vers la paume de la jeune femme. 

Il fit ensuite de même pour lui. En prononçant le sortilège de jonction des chairs, sa voix était douce, comme ses gestes l’avaient été en prenant sa main pour l’entailler. Hermione découvrit une facette qu’elle ne connaissait pas chez cet homme. La douceur dans sa voix n’était pas seulement apaisante, mais posée et sensuelle. Elle frémit, étonnée de l’effet que cela avait eu sur elle.

Hermione leva le regard puis se perdit dans les yeux de Sirius qui la fixait. Il semblait en proie à des émotions fortes lui aussi. Etait-ce le fait d’avoir lié leurs âmes qui les avait mis à fleur de peau ?

Ils sursautèrent tous les deux quand quelqu’un frappa à la porte. Sirius ouvrit la porte d’un coup de baguette et James entra. Il les observa un instant, debout, face à face, puis remarqua le couteau dont la lame était tâchée de sang.

— Le repas est prêt. Vous en avez encore pour longtemps ? 

— On descend dans quelques minutes. 

James s’en alla sans faire de commentaire. Sirius n’avait aucun doute sur le fait que son meilleur ami avait très bien compris ce qu’ils venaient de faire. Il avait déjà assisté à deux sortilège de Fidelitas. Il savait que James ne lui poserait pas de questions, respectant l’importance des secrets cachés par ce sortilège, mais cela coûtait à Sirius.

— Tu peux le leur dire. 

Sirius fixa Hermione, étonné. C’était comme si elle avait lu dans ses pensées.

— Tu es sûre ? 

Il aurait tant voulu le leur dire, mais ce Secret ne lui appartenait pas et en acceptant d’être son Gardien, il avait donné sa parole de respecter son secret. Si Sirius avait une qualité, c’était bien la fidélité. Le Fidelitas était la plus importante des promesses aux yeux de Sirius et il s’en montrerait digne.

— Je t’assure, insista Hermione. Je n’ai jamais imaginé une seconde que vous trois seriez mis à l’écart du secret. C’est aussi une des raisons pour laquelle je ne voulais pas que Dumbledore soit mon Gardien. Je ne suis pas sûr qu’il aurait accepté de vous dévoiler le Secret. Et que vous soyez au courant, mais sans jamais pouvoir en parler entre vous, je… Cela me semblait inconcevable.

— Mais… Et si James te pose encore une question comme celle de tout à l’heure ? Sur le futur de Harry ?

— Ce sera à moi de faire attention aux réponses que je vous apporterai, ou ne vous apporterai pas en l’occurence.

— Ça risque de ne pas être simple. Tu es vraiment sûre ?

— Oui. Vous méritez tous les trois de savoir. Bien que je ne vous en dirai pas plus à moins que ce ne soit nécessaire, vous en savez déjà bien assez !

Un superbe sourire se dessina sur le visage de Sirius. On aurait dit Noël avant l’heure. Il avait le droit de partager ce Secret avec son meilleur ami…

Avant de descendre, Sirius prit le temps de nettoyer et ranger son couteau ainsi que de remettre le livre dans la Bibliothèque. Hermione repéra bien le titre du bouquin, Les nuances de l’âme, espérant en faire sa prochaine lecture.

Une fois en bas, Sirius demanda à ses amis de s’installer au salon un instant avant de se mettre à table.

James, qui venait de monter Harry à l’étage pour sa sieste, choisit le fauteuil à côté de celui où Lily lisait toujours. Sirius et Hermione prirent donc place dans le canapé en face d’eux.

— Hermione et moi venons de pratiquer un Fidelitas.

— J’ai cru comprendre, répondit James. Rien ne vous oblige à nous en dire plus.

— Merci, mais il semblerait que j’ai l’autorisation de vous partager ce Secret, répondit Sirius en jetant un regard plein de gratitude à la jeune femme assise à côté.

James, qui, depuis qu’ils étaient descendus, adoptait une attitude désintéressée, se redressa d’un coup avec un sourire. Il n’aurait jamais insisté pour que son meilleur ami lui révèle ce secret, mais il aurait été déçu de ne pas pouvoir tout partager avec celui qu’il considérait comme son frère.

— James, Lily, je vous présente Hermione Granger, qui nous vient de dix-sept ans dans le futur, annonça Sirius, fier. 

C’était étrange de la présenter ainsi, mais c’était le jeu avec ce sort. Le Secret venait d’être passé et Hermione essayait de visualiser l’âme de Sirius communiquant avec celles de James et Lily.

— Dumbledore a conseillé à Hermione de se soumettre au Fidelitas, expliqua Sirius, afin d’éviter que quiconque soit au courant de ce voyage temporel. Personne ne pourra faire le lien entre les deux Hermione, même s’il avait sous les yeux la preuve formelle qu’elles forment une seule et même personne. 

Ils abordèrent le sujet de long en large et James et Lily leur posèrent des questions. Oui, Dumbledore serait mis dans la confidence. Non, Hermione ne pourrait en parler à personne, à part à eux. Non, Hermione n’avait pas prévu de leur en dire plus que ce qu’ils savaient déjà. Les Potter n’insistèrent donc pas, malgré toutes les questions qu’ils auraient aimé poser à la jeune voyageuse temporelle. 








Après le repas, Sirius et James se retrouvèrent seuls au salon. Sirius vint s’asseoir dans le fauteuil à côté de celui dans lequel James avait pris place.

— Alors, tu deviens un expert du Fidelitas ? Il faudra que tu ajoutes ça sur ton CV.

Sirius acquiesça, souriant, mais songeur.

— A propos de CV, maintenant que Voldemort n’est plus là et que l’Ordre n’a plus de raison d’être, il serait peut-être temps de se trouver un boulot, tu ne crois pas ?

— Je n’en ai pas plus besoin que ça, répondit James, d’un ton laconique en pensant au contenu de son coffre à Gringotts. Mais rester enfermé pendant un an à ne rien faire, c’est bien assez long, il va bien falloir que j’occupe mes journées, c’est vrai.

— Ça m’allait bien de les occuper pour l’Ordre…

— Auror, ça ne te dit pas ? proposa James.

— Et passer ses journées avec Fol-Oeil ? Je ne suis pas sûr…

— Parce qu’il y a autre chose qui t’attire, toi ?

— Non, pas vraiment, admit Sirius, songeur.

— Moi non plus. J’irai me renseigner sur la formation d’Auror.

— Ok, tu me diras. 

Les deux amis restèrent silencieux un moment, savourant leur whisky. 

— Dis, tout à l’heure, quand je suis venu dans ton bureau, tu avais un air bizarre.

— Ouais, répondit Sirius, le regard perdu dans le vide, se remémorant la scène. On venait juste de finir le Fidelitas. Mais je… Ce que j’ai ressenti m’a… troublé, je dirais.

— Comment ça ?

— Ce Fidelitas était différent. Pour Lily et toi, la connexion ne se faisait qu’en vous frôlant. Là, elle devait transpercer son âme. Je ne sais pas si c’est pour ça, mais quand son âme a touché la mienne, j’ai ressenti… un… une sorte de plénitude. Je ne sais pas comment expliquer.

James le regarda, intrigué, mais ne fit pas de commentaire.

— Pourquoi n’a-t-elle pas choisi Dumbledore ?

— Je me suis posé la même question. Elle a dit que, comme ça, nous pourrons être tous trois au courant, mais je ne crois pas que c’était la vraie raison de son choix… Elle a dit qu’elle avait… confiance en moi.

— Peut-être qu’elle te pense gentil, le taquina James. C’est vrai, elle n’a pas encore eu l’occasion de voir ton côté ténébreux !

— Je l’ai quand même agrippée par le cou lors de notre rencontre, rappela Sirius avec une grimace.

— Le contexte l’expliquait. Non, je pensais plutôt à ton sale caractère. Tu sais, quand tu perds patience et que tu t’emportes, par exemple. 

Sirius attrapa un des coussins et le lança sur son ami, qui, habitué à éviter des cognards, l’esquiva sans difficulté.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit Sirius, faussement grognon. 

Les deux amis éclatèrent de rire.

End Notes:
Et voilà, nos deux héros sont liés par un puissant sortilège.
Maintenant, ils sont inséparables ahah ! Quoi que… ;)


Je sais bien que vous ne me devez rien en tant que lecteurs, mais je poste cette histoire dans le but de partager alors si vous avez un peu de temps à la fin de vos lectures, j’apprécierais bien quelques reviews pour savoir ce que vous pensez de mon histoire :D

A bientôt !
L'incompréhension de Remus by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour! 



Nous retrouvons enfin le Maraudeur manquant dans ce chapitre 10 : L’incompréhension de Remus.

L’action se déroule toujours le 2 novembre 1981.

    Dans les épisodes précédents :

    Hermione a remonté le temps pour sauver James et Lily dans la nuit du 31 octobre. Hermione et les Potter se sont ensuite réfugiés chez Sirius.
    Dans la matinée, Hermione a discuté avec Dumbledore de sa "mission" dans le passé et il lui a proposé d'avoir recours au Fidelitas pour protéger son identité. Hermione a choisi de faire de Sirius son gardien du Secret.



Merci beaucoup Rozenn Selwynn pour ta review ! 



Bonne lecture !

Après le repas, Hermione avait pris congé pour se placer sur un des fauteuils verts dans le bureau de Sirius, le livre sur les âmes dans les mains. Elle l’ouvrit et parcourut la table des matières avec plaisir, découvrant au passage que le livre serait encore plus intéressant qu’elle ne l’aurait pensé. Elle feuilleta rapidement les chapitres qui l’intéressaient et s’aperçut notamment qu’une partie du bouquin concernait la séparation de l’âme : les Horcruxes. Hermione retint sa respiration. Sirius avait dit que c’était la collection de son oncle, elle devait avoir déjà traversé plusieurs générations de Black, famille réputée pour son usage de la magie noire.

Malgré son envie d’en apprendre sur le sujet, Hermione se força à revenir au début du livre, elle préférait les lire du début à la fin lorsqu’elle avait le temps. Elle s’installa donc confortablement et entama sa lecture, surveillant régulièrement l’heure. Dumbledore avait proposé à Hermione de repasser en fin d’après-midi.

Plus tard, Hermione redescendit donc au salon pour attendre l’arrivée du directeur en compagnie de James et Sirius, qui s’étaient lancés dans une bataille explosive. James avait une partie du visage noircie par la fumée, signe qu’il avait perdu la première manche.

Hermione les regardait d’un oeil distrait, quand Dumbledore frappa à la porte. Sirius se leva en hâte pour aller lui ouvrir.

— Sauvé par le gong, hein ? l’interpella James, rieur. Un peu plus et c’était ton tour de finir tout noir.

James se tourna vers Hermione et lui fit un clin d’oeil. Amusée, la jeune femme observa Sirius revenir accompagné de Dumbledore et adresser un sourire moqueur à James, confirmant qu’il aurait effectivement perdu la manche.

— Ah, je vous interromps dans une partie intéressante on dirait, commenta Dumbledore en observant le visage noir de James et les cartes vibrer intensément sur la table avant d’exploser sans pouvoir atteindre leur cible, occupée à accueillir leur hôte.

Albus prit place là où Sirius le lui indiquait et tandis qu’ils se saluaient, Lily monta Harry à l’étage puis les rejoignit et s’assit à côté de James.

—  Alors, miss, avez-vous pris votre décision par rapport à votre vo… ? 

La voix du professeur se coupa net. Il n’arrivait pas à finir sa phrase. Un instant, ses interlocuteurs s’étonnèrent de sa réaction, mais Sirius réagit rapidement.

— Ah oui. Professeur, je vous présente Hermione Granger, qui nous vient de dix-sept ans dans le futur. 

Dumbledore masqua vite son étonnement et — Hermione l’aurait juré — sa déception.

— Bien ! Je vois que vous avez pris au sérieux le fait de réfléchir à ma proposition pour protéger votre identité. Je ne m’attendais pas à cela, mais c’est très bien. J’en conclus que vous avez décidé d’accepter la mission que je vous ai confiée.

— Oui, professeur. J’essaierai de faire au mieux.

— Très bien. Je suppose que vous aviez déjà partagé le Secret avec James et Lily ? demanda Dumbledore à Sirius.

— Hermione m’y a autorisé, répondit Sirius. 

— Miss Granger, nous devons également définir votre nom d’emprunt? Y avez-vous réfléchi ?

— Je pensais prendre le nom de jeune fille de ma mère.

— Bien ! Il ne nous reste qu’à décider ce qu’il faut faire par rapport à James et Lily. Si nous voulons que l’Histoire ne dévie pas trop de sa ligne initiale pour le moment, que pensez-vous que nous devions faire concernant Harry ? 

Hermione se figea nette, estomaquée. Elle n’avait pas pensé à ça. James et Lily étaient censés être morts et si elle devait respecter la courbe du temps, alors Harry était devrait probablement grandir avec son oncle et sa tante. Elle ne pouvait pas faire ça à James et Lily. Elle leva les yeux vers eux et, à son expression, Lily comprit aussitôt.

— Vous ne pouvez pas nous prendre Harry ! s’exclama Lily, affrontant Dumbledore du regard. 

James et Sirius, qui n’avaient pas compris tout de suite réagirent rapidement et un véritable brouhaha s’installa. Hermione n’écoutait pas, essayant de réfléchir le plus vite possible aux conséquences d’un tel changement. Il y en aurait plein, évidemment. Mais elle ne pouvait pas infliger cela au jeune Harry et c’était une insulte au Harry qu’elle avait connu. Il avait perdu la vie pour sauver ses parents, elle ne pouvait pas le remercier en conseillant à Dumbledore de confier le petit Harry aux Dursley.

Hermione interrompit la discussion animée qui avait toujours lieu en levant le bras.

— Harry doit rester avec James et Lily. Les conséquences risquent d’être imprévisibles, c’est vrai. Mais j’ai déjà changé trop de choses dont je ne comprends pas la portée. Je trouverai un moyen de conserver les évènements importants. 

Hermione n’observa pas les réactions de James, Lily et Sirius, mais sentit la tension baisser sensiblement. Dumbledore regarda Hermione.

— Vous êtes sûre ?

— Oui, assura Hermione avec force.

Un instant, Dumbledore sembla dépassé par les évènements. Hermione le connaissait suffisamment pour savoir qu’il aimait avoir le contrôle sur la situation et celle-ci lui échappait complètement. Les conséquences du voyage d'Hermione pouvaient être catastrophiques, mais il n’avait aucun moyen de les prévoir. Hermione était la seule à connaître le futur, c’était à elle de manipuler les cartes et il devait lui faire confiance, aveuglément. Dumbledore soupira.

— La situation est sérieuse, Miss ! Je crains que vous ayez vraiment pris trop de risques en effectuant ce voyage dans le temps…

— Je ne pouvais pas faire autrement. Je…

— Que la situation était désespérée je peux comprendre, mais pourquoi si longtemps en arrière ? Un si long voyage augmente les risques de manière exponentielle. Harry a seulement un an aujourd’hui. Qui sait si le Harry que vous avez connu et dont parle la prophétie n’est pas complètement différent du Harry que votre voyage aura engendré ?

— Je ne… Je… J’ai confiance en Harry. 

La pression sur ses épaules était trop forte. Oui, elle ne savait rien des conséquences de son voyage, mais qu’aurait-elle pu faire d’autre ? Elle n’avait pas le choix et Dumbledore ne semblait pas vouloir le comprendre. Il n’avait pas été là, il les avait abandonnés, leur laissant tout le poids de la mission des Horcruxes sur les épaules.

Les émotions d'Hermione étaient toujours à fleur de peau depuis la bataille de Poudlard. Elle en avait trop vécu et pourtant, il était là, tranquillement, face à elle, la réprimandant sans savoir. Hermione s’efforça de garder son calme, se concentrant sur sa respiration.

— Voyons, Miss, vous êtes assez intelligente pour comprendre les impacts de votre voyage. 

Dumbledore avait dit ces derniers mots d’une voix douce et conciliante, mais Hermione, poussée à bout, réagit au quart de tour et se leva.

— Je ne vous permets pas d’en appeler à mon intelligence comme si j’étais encore une enfant, Professeur ! Vous ne savez pas, vous n’avez aucune idée ! Vous êtes juste perdu face à une situation que vous ne contrôlez pas, vous qui avez l’habitude de tirer les ficelles. Vous avez fait de moi un pion, tout comme Harry. Mais je refuse de continuer à être un pion dans votre jeu. Vous nous vouliez auprès de Harry, moi pour mon intelligence et Ron pour son soutien et sa fidélité. Mais vous nous avez laissés seuls, nous donnant juste le minimum d’informations et nous laissant nous débrouiller ! Trois adolescents contre Voldemort… Quelle stratégie ! Vous nous avez envoyés en guerre. James, Lily, Sirius, Remus, les Weasley, Rogue, McGonagall, tous les membres de l’Ordre ! Nous n’étions que des pions et les pions sont tous tombés, les uns après les autres. Cette partie d’échec que vous avez commencée il y a des années avec Tom Jedusor, vous l’avez perdue ! Alors permettez-moi Professeur, même si je n’en maîtrise pas toutes les conséquences, d’essayer de ramasser vos pions avant qu’ils ne tombent. Cette guerre que vous venez de vivre n’est rien à côté du monde que j’ai quitté. Je ne minimise pas ce que vous avez vécu ces dernières années, j’ai lu bien assez sur cette guerre pour la comprendre. Mais notre guerre, vous ne l’avez pas vécue, vous n’étiez pas là Professeur ! L’Ordre, Poudlard, la communauté sorcière, les Moldus… Vous ne savez pas…

Pendant tout le discours d'Hermione, Dumbledore ne fit aucun mouvement, ne laissa apparaître aucune émotion. Il resta calme et encaissa. Un lourd silence, que seule la respiration tendue de colère d'Hermione venait perturber, s’installa avant que Dumbledore ne reprenne la parole.

— Pardonnez-moi, miss Granger, si je vous ai offensée. Vous avez raison, je suis perdu face à cette situation, admit-il en soupirant. Je vous laisserai donc prendre les décisions qui vous sembleront bonnes et n’interviendrai pas. Je resterai à votre disposition si vous avez besoin de mes conseils. Je vais vous laisser pour aujourd’hui. 

Il se tourna vers James et Lily avant d’ajouter qu’il allait prévenir le ministère qu’ils étaient tous deux vivants et leur conseilla de rester cachés un temps pour éviter de croiser des Mangemorts qui en voudraient à Harry. Ils se mirent rapidement d’accord sur la version officielle à donner par rapport à la nuit du 31 octobre. Il sortit ensuite de sa poche une grande cape aux reflets argentés qu'Hermione n’eut aucun mal à reconnaitre et la rendit à son propriétaire.

Dumbledore s’éloignait vers la porte quand il se retourna vers Hermione. La peine sembla se teinter sur son visage, mais cela ne dura qu’un instant.

— Miss Granger, je vous autorise chaleureusement à ramasser mes pions. Je vous assure que j’y tiens plus que vous ne semblez le penser. 

Après le départ de Dumbledore, les quatre sorciers se mirent à table, mais le repas fut majoritairement silencieux. Même James, qui jusque-là avait toujours su trouver les mots pour détendre l’atmosphère, ne semblait pas inspiré. Les révélations d'Hermione lorsqu’elle s’était énervée contre le directeur de Poudlard n’avaient fait que confirmé ce que les trois autres avaient cru comprendre jusqu’alors. Voldemort avait trouvé un moyen de revenir et l’Ordre avait échoué. Pire. Il ne restait aucun membre de l’Ordre… Sirius et Remus avaient aussi trouvé la mort. C’était cette dernière information qui avait le plus touché James.

Hermione se sentait vraiment mal. Elle n’aurait jamais dû perdre ses moyens ainsi et en dévoiler autant.

— Je suis désolée, je…

— Oh, Hermione, non, tu n’as pas à… commença Lily.

— Et de quoi es-tu désolée ? demanda James, d’une voix cassante. 

Hermione, étonnée de sa réaction, se figea.

— Alors ?

— Euh..

— Tu vois ! Tu n’as rien à te reprocher, tout ce que tu as fait aujourd’hui, c’est t’exprimer. Tu en as dit plus que prévu, c’est vrai, mais personne ne t’en veut. Au contraire, jusque-là, nous devions lire entre les lignes et essayer de deviner le monde que tu avais quitté et les raisons de ton voyage. Et même si au fond, on avait déjà compris, te l’entendre dire c’est… Hé bien, ça ne laisse plus de doute.

James déglutit avec difficultés puis se rapprocha d'Hermione, assise en diagonale à sa droite. Il lui prit sa main entre les siennes et la regarda dans les yeux.

— Alors, ne sois pas désolée, Hermione. Au contraire. Je ne te l’ai pas encore dit, mais merci pour tout ce que tu as déjà fait. Merci.

Heureusement pour Hermione, dont les joues avaient rosi et qui ne voyait pas comment réagir à la déclaration de James, Harry choisit ce moment pour réclamer ses parents.

Lily se leva et James lâcha la main d'Hermione. Alors que Lily revenait du premier étage avec son fils, James reprit la parole.

— Enfin, je dis que personne ne t’en veut, mais peut-être que tu as un peu vexé Dumbledore quand même ! Je n’avais jamais vu quelqu’un lui parler comme ça. Merci pour le divertissement ! conclut-il avec un clin d’oeil. 

Et voilà, James avait déjà repris son humeur farceuse, qui même si elle n’était que de façade, suffit pour que Sirius se déride un peu. Les deux amis entreprirent alors de détendre l’atmosphère et racontèrent des anecdotes de leurs mauvais tours à Poudlard et des réactions des professeurs.








James et Lily avait souhaité prendre l’air après le dîner et Hermione avait profité du calme de la soirée pour filer à l’étage. Alors qu'Hermione avançait dans sa lecture, elle entendit quelqu’un frapper à la porte. Elle descendit immédiatement pensant que Dumbledore était peut-être de retour.

Alors qu’elle arrivait au milieu des escaliers, elle vit Remus entrer dans la salle, la baguette à la main. Sirius s’avança vers lui, les bras ouverts.

— Dumbledore m’a dit que je ferais mieux de passer…

— Remus ! Entre, je suis si heureux de te voir. 

Remus ne répondit pas et jeta un regard noir à Sirius. Celui-ci s’arrêta net. Remus leva sa baguette vers son ami. Sirius, qui n’avait pas la sienne releva les bras en signe de paix.

— Non ! 

Hermione s’était approchée et avait hurlé en voyant Remus menacer Sirius. Remus jeta un regard sur la jeune femme qui venait vers eux et eut un rictus de dégoût.

— Hé bien ça va, tu ne perds pas de temps toi ! A peine la guerre terminée, tu choppes la première fille qui passe. Tu n’auras pas pleuré James et Lily bien longtemps. 

Sirius parut un instant blessé et étonné de la réaction sèche de son ami, mais se reprit rapidement, choisissant d’ignorer sa remarque pour aller à l’essentiel.

— James et Lily sont toujours en vie. 

Remus ne répondit pas, partagé entre l’envie d’y croire et la méfiance qu’il éprouvait envers Sirius.

— Je t’assure, ils sont juste partis se promener. Regarde, il y a le balai de Harry juste là. Allez, assieds-toi, Remus, je pense qu’on a beaucoup de choses à se dire. Dumbledore aurait pu t’en dire un peu plus… grommela Sirius avant d’insister de nouveau pour que son ami s’asseye. Installe-toi. Hermione, rejoins-nous. 

Sirius s’absenta un instant et revint avec des verres et diverses boissons. Il en tendit un à Remus qui refusa, la main toujours crispée sur sa baguette.

— Tu les as trahis ! l’accusa Remus avec douleur.

— Non. Je n’étais plus le Gardien du Secret.

— Tu mens ! 

La voix de Remus était toujours forte et agressive, mais semblait aussi cacher une lueur d’espoir.

— Je t’ai vu faire le Fidelitas, j’étais là ! Dumbledore et Peter aussi !

— J’ai recommencé. J’ai transféré le Secret à Peter.

— C’est impossible.

— Compliqué. Pas impossible…

— Pourquoi ? 

Sirius sembla chercher ses mots. Comment dire à l’un de ses meilleurs amis qu’il n’avait pas eu assez confiance en lui ? Mais il n’eut pas besoin d’exprimer ses pensées. Remus en avait compris assez…

— Tu pensais que j’étais un traitre ? 

Au moment où il réalisa que c’était vraiment ce qu’avait pensé son ami, Remus abaissa sa baguette, passa sa main sur son visage et s’assit.

— Je… Je suis désolé, Remus. J’avais un doute. Depuis des mois déjà, on pensait qu’il y avait un espion dans nos rangs. J’ai pensé que ça ne pouvait pas être Peter, je le pensais trop insignifiant pour Voldemort. J’ai eu tort. En lui donnant le Secret, je pensais protéger James et Lily, mais je n’ai fait que les mettre en danger.

— Pourquoi n’es-tu pas simplement resté le Gardien ?

— En tant que Gardien du Secret, je savais que les Mangemorts me poursuivraient et iraient jusqu’à me tuer pour obtenir le Secret. Je ne le leur aurais pas donné, mais je craignais ce qui arriverait à ma mort, quand le Secret serait réparti entre Dumbledore, Peter et toi. Je suis désolé Remus d’avoir douté de toi. Je…

— J’en aurais probablement fait autant à ta place, concéda Remus, le visage crispé.

— J’étais persuadé que les Mangemorts ne penseraient pas que Peter pouvait avoir l’information. Samedi, je suis allé voir James et Lily pour leur dire au revoir. J’avais prévu de m’éloigner pour protéger le Secret. En fait, j’espérais surtout attirer les Mangemorts et les détourner de Peter. A aucun moment, je n’ai pensé qu’il allait les trahir. Il agissait bizarrement, mais j’imaginais plutôt que tout ça lui faisait peur, je pensais même lui rendre visite une dernière fois en partant de Godric’s Hollow pour m’assurer qu’il allait bien. Sauf que je n’ai pas pu partir de chez James et Lily comme prévu. 

— Raconte moi tout.

A ce moment-là, Sirius se tourna vers Hermione, l’interrogeant du regard.

— J’ai confiance en lui. Tu peux lui dire, dit-elle simplement. Mais je pense que ce sera plus simple si je vous laisse. 

Sirius la remercia du regard. Alors qu'Hermione montait l’escalier, elle entendit Sirius commencer son récit.

— Remus, voici Hermione Granger. Elle vient du futur et a remonté le temps. C’est une camarade de Poudlard de Harry. 








James et Lily étaient revenus de leur balade peu après et les retrouvailles avaient été chaleureuses. Remus avait eu les larmes aux yeux en serrant dans ses bras ses amis qu’il avait cru morts.

Lorsque Hermione les rejoignit au salon, Remus l’accueillit avec un sourire contrit.

— Je suis vraiment désolé Hermione, je n’aurais pas dû réagir comme ça en te voyant. J’étais énervé contre Sirius, mais ça ne m’excuse en rien. 

Hermione se remémora le commentaire de Remus, reprochant à Sirius de chopper la première fille qui passait au lieu de pleurer James et Lily. Hermione rosit à ce souvenir.

— Ce n’est pas grave, Remus, ne t’inquiète pas.

— Si tu n’avais pas été persuadé que James et Lily étaient morts, tu te serais probablement pris un poing, marmonna Sirius, qui n’avait pas l’air d’avoir apprécié le commentaire de Remus.

— N’empêche, commenta Lily, ça aurait été plus simple si nous avions été là, ça aurait évité un énorme quiproquo. 

Remus prit deux verres sur la table et en tendit un à Hermione.

— A Hermione ! Merci pour tout ! Sans toi, Sirius et moi serions deux âmes en peine, noyant notre chagrin dans le whisky.

Hermione accepta le toast de Remus, esquissa un faible sourire puis baissa la tête, ne voulant pas montrer le trouble qu’avait provoqué ses paroles. Ses émotions restaient à fleur de peau depuis les pertes qu’elle avait subies et imaginer la douleur de Sirius après une perte similaire, ressassée encore et encore dans les mains des Détraqueurs, la fit frissonner.

Les Maraudeurs et Lily avaient les yeux rivés sur Hermione et constatèrent, étonnés, la tristesse et l’embarras teinter son visage. Le silence se fit et quand Hermione releva la tête, déconcertée par le silence pesant, elle remarqua l’attention portée sur elle. Son malaise s’accentua alors qu’elle croisait les regards posés sur elle, mais, surtout, elle ne put empêcher ses yeux de s’embuer en croisant celui de Sirius. Hermione baissa la tête aussi vite que possible, mais trop tard.

—  Hermione, qu’est-ce que… commença à demander Lily d’une voix douce.

— Pourquoi ? l’interrompit Sirius. 

Mais Hermione ne répondit pas, elle n’esquissa même pas un geste, la tête toujours basse.

— Hermione… tenta James, hésitant. Chez toi, on est mort tous les quatre, non ? Alors pourquoi il n’y a que Sirius que tu regardes comme ça ?

— Et ne nie pas, ce n’est pas la première fois que tu le fais ! renchérit Sirius.

— Sirius… fit James pour tenter de calmer son ami avant que son caractère sanguin ne prenne le dessus.

— Tu n’as pas à le savoir, rétorqua la jeune femme d’une voix qu’elle voulait forte et assurée, mais teintée d’une tristesse qui n’échappa à personne.

— Dis-moi pourquoi !

— Laisse tomber Sirius, n’insistons pas, intervint James. Hermione ne peut pas tout nous dire.

— Alors qu’elle arrête de me regarder avec pitié ! répliqua Sirius en fixant Hermione, le regard sombre et scrutateur. 

Hermione essaya de taire ses émotions avant de soutenir le regard de Sirius, mais cela n’eut que pour effet de l’inciter à demander encore :

— Pourquoi ? 

La voix de Sirius s’était faite plus forte encore et il s’approcha de la jeune femme, menaçant. Ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre et Hermione frémit un instant sous le regard insistant de Sirius. Cet homme n’était pas celui qu’elle avait sauvé par le passé en lui évitant le baiser du Détraqueur, il n’avait pas traversé les épreuves du deuil et d’Azkaban. Dans son regard, elle vit une flamme qu’elle n’avait jamais vue auparavant, chaude et intense, alors que jusque-là, elle n’avait connu que l’ombre de cette flamme noyée dans le whisky. Ne supportant plus cette intensité qui la mettait mal à l’aise, Hermione se détourna.

— Pourquoi chercherais-tu à connaître un futur qui n’a déjà plus lieu d’être ? finit-elle par répondre à mi voix.

— De quoi tu parles ? Ce que tu as changé samedi ne me concernait pas directement. Je m’apprêtais à partir quand tu es arrivée avec Harry. Je n’aurais pas dû être là donc Voldemort n’aurait pas eu l’occasion de me tuer. Tu n’as rien changé pour moi. Pas directement.

Hermione ne réagissant pas, Sirius se rapprocha encore un peu et força la jeune femme à relever le visage en lui prenant le menton.

— N’est-ce pas ? insista-t-il. 

Hermione baissa les yeux et répondit seulement par un léger hochement de tête.

— Alors quoi ? Qu’as-tu changé d’autre ? demanda Sirius tout en la tenant fermement.

Hermione plongea de nouveau ses yeux dans ceux de Sirius, ne sachant pas ce qu’elle pouvait lui dire.

— Peter, finit par murmurer la jeune femme dans un souffle.

Sirius la relâcha immédiatement comme s’il s’était brûlé et recula d’un pas, incrédule, sans pour autant quitter son regard. Remus et James observaient la scène sans un bruit, mais leurs sourcils se haussèrent d’incompréhension.

— Comment ça, Peter ? 

La voix de Sirius était moins forte cette fois et était teintée de dégoût. Il se tourna un instant, cherchant les regards des autres Maraudeurs, aussi étonnés que lui. Hermione ne répondit pas. Elle en avait déjà dit bien assez.

— Peter m’aurait tué ? Moi ? C’est une blague !

— Je te savais arrogant, mais quand même, s’énerva Hermione, les larmes lui venant aux yeux au souvenir de son attitude, enfermé à Square Grimmaurd, et dont la seule sortie l'avait conduit à sa mort. 

Sirius eut un rictus sous l’insulte, mais se ressaisit et prit de nouveau Hermione par le menton pour observer les larmes emplir ses yeux.

—  Non, si tu m’avais laissé y aller, je ne serais pas mort, dit-il d’une voix ferme, mais douce et apaisante. J’en suis sûr. Alors quoi ? Pourquoi m’en avoir empêché ?

— Il ne fallait pas que tu y ailles, assura simplement Hermione, une larme coulant sur ses joues.

— Mais je n’en serais pas mort…

— Tu aurais sûrement préféré ! conclut-elle en haussant le ton et en ôtant d’un coup sec la main de Sirius de sous son menton. 

Hermione sortit de la pièce sans jeter un regard en arrière. Sirius déglutit avec difficulté et observa la jeune femme s’en aller en silence.

Au bout d’un moment où personne n’osa parler, Sirius vint s’asseoir sur le fauteuil, pensif. Lily et Remus prirent place en face de lui tandis que James s’installait près de son meilleur ami et rompit le silence.

— Finalement, s’amusa James, tu n’auras pas mis si longtemps à lui montrer cette facette ô combien charmante de ta personnalité.

Sirius releva la tête étonné de la remarque de son ami et du rappel de leur conversation du début d’après-midi. Oui, il avait manqué de tact, c’était évident, mais lire cette peine dans les yeux d'Hermione l’avait rendu fou.

— James ! Ce n’est pas drôle, le réprimanda Lily.

— Non, c’est vrai ! Ce futur qu’elle a quitté ne semble pas drôle, pas du tout même. Mais il n’est déjà, en partie du moins, plus d’actualité. Hermione ne nous racontera pas son passé et c’est probablement mieux ainsi. Elle nous a déjà sauvé la vie à toi et moi et elle a, semble-t-il, sauvé Sirius d’on ne sait trop quoi. Alors moi je choisis de lui faire confiance et de ne pas me stresser pour ça. 

Le silence se fit de nouveau.

— Je ne vois pas ce que Peter aurait pu me faire… réfléchit Sirius à voix haute.

— Peut-être que sous le coup de l’émotion, tu aurais été moins performant et que Peter aurait eu le dessus.

Sirius grommela. Il en doutait sérieusement, mais il ne releva pas car le ton de Remus indiquait qu’il en doutait également.

— Peut-être qu’à deux, nous aurions plus de chances. Toi et moi, on pourrait aller voir Peter, proposa Remus. 

Sirius releva la tête, soudain très intéressé. James, lui, se redressa, inquiet et perplexe. Mais c’est la voix de Lily qui répondit à la remarque de Remus.

— Vous n’irez pas ! Je comprends votre envie de vengeance, mais Peter ne peut plus rien contre nous aujourd’hui. Voldemort a disparu. Et même si ce n’était pas le cas, il n’a pas d’informations sur nous. Sirius étant le Gardien du Secret de sa propre adresse, il ne peut rien nous arriver ici. Je refuse de vous voir courir les rues à sa recherche, au risque de le trouver avec d’autres Mangemorts. La guerre se termine, laissons les Aurors y mettre un terme.

End Notes:
Maintenant que nos Maraudeurs sont au complet, on va pouvoir retrouver un peu d'action.
Une idée de ce qui attend nos personnages dans les chapitres suivants ? :)
Sur la piste de Croutard by Padfooot
Author's Notes:
Hello à tous! 



Désolée pour ce retard. En faisant ma dernière relecture avant de publier, j'ai eu un idée d'un petit élément à rajouter et, finalement, j'ai tellement étoffé ce chapitre que je l'ai splitté en deux. L'action promise au dernier chapitre attendra un peu plus longtemps du coup ^^


Voici donc le chapitre 11 : Sur la piste de Croutard.

L’action se déroule le 3 novembre 1981.

    Dans les épisodes précédents :

    Hermione a remonté le temps pour sauver James et Lily dans la nuit du 31 octobre. Hermione et les Potter se sont ensuite réfugiés chez Sirius.
    Dumbledore a confié à Hermione la "mission" de limiter les conséquences de son voyage pour mieux contrôler l'histoire. Sirius est devenu le gardien du Secret d'Hermione pour protéger son identité.

    Remus est rentré de sa mission et a été mis au courant de tout. Il a passé la soirée chez Sirius mais celle-ci e a été riche en émotions pour Hermione qui, poussée à bout par Sirius, a laissé entendre que Peter aurait "eu raison" de lui.



Bonne lecture !

Sa décision était prise. Ce matin, elle partirait à la recherche de Peter Pettigrow. La discussion de la veille avait au moins eu pour avantage de lui remettre les idées en place. Hermione n’avait pas pris le temps de réfléchir à la mission de Dumbledore, songeant qu’elle commencerait une fois que Harry ferait son entrée à Poudlard, mais elle n’avait pas pensé à toutes les conséquences directes de la nuit du 31 octobre.

Perturbée par le cas de Peter et appréhendant légèrement les retrouvailles avec les Maraudeurs — et particulièrement avec Sirius —, Hermione avait peu dormi et s’était levée tôt, espérant ne croiser personne.

La veille, Hermione s’était réfugiée dans le bureau et n’était pas redescendue. Lily l’avait rejointe peu après en lui portant une tisane.

— Je suis désolée pour la réaction de Sirius. Ne lui en veux pas trop, il est parfois un peu impulsif, mais il ne mord pas.

Hermione n’avait pu réprimer un rictus amusé au choix des mots de Lily, mais l’avait assurée qu’elle ne lui en voulait pas. Lily avait passé un peu de temps avec elle, essayant de lui changer les idées puis l’avait laissée à sa lecture.

Alors qu’elle se remémorait leur conversation, Hermione se dit que si elle avait été à Poudlard à leur époque, elle aurait été ravie d’avoir une personne comme Lily à ses côtés.

Ce jour, lorsque Hermione descendit, elle ne vit personne à la cuisine et prit son petit déjeuner seule. Elle monta ensuite à l’étage pour prendre son sac magiquement expansé et redescendit tout en fouillant pour récupérer un rouleau de parchemin et une plume. Hermione s’appuya sur la table de la salle à manger pour gribouiller rapidement le petit mot qu’elle avait prévu de laisser à son hôte.



    Partie me balader, je serai de retour dans l’après-midi.
    Hermione



— Salut, fit Sirius en s’approchant doucement derrière Hermione qui sursauta au son de sa voix rendue rauque par son réveil récent.

— Oh, bonjour Sirius.

Elle ne l’avait pas entendu descendre les escaliers. Il n’avait pas encore l’air bien réveillé mais semblait de bonne humeur. Vu ses cheveux trempés et les gouttes d’eau qui perlaient dans son cou, Sirius sortait de la douche et s’était séché très sommairement.

— Bien dormi ?

Hermione hocha timidement la tête alors que Sirius s’emparait du petit bout de parchemin. Il pinça légèrement les lèvres mais ne fit pas de commentaire et se servit son petit déjeuner pendant que Hermione rangeait sa plume et son encre consciencieusement dans son sac en perles. Sirius attrapa la Gazette du Sorcier du jour qu’un hibou avait dû déposer là à l’aube et l’ouvrit machinalement à une page bien précise sans s’intéresser au titre accrocheur en première page : « Nuit du 31 octobre : comment les Potter ont survécu ! ». Il s’assit puis, d’un informulé, il fit venir un porte-mine jusqu’à lui avant de se pencher sur la page des jeux.

— Tu ne le lis pas ? s’étonna Hermione.

— Je préfère commencer par les mots croisés.

Hermione se remémora alors les paroles de Fudge des années plus tôt lorsqu'il avait raconté sa visite à Azkaban, relatant les paroles de Sirius qui avait exprimé son regret de ne plus pouvoir faire de mots croisés. Hermione sourit et observa avec un certain amusement l’expression concentrée du jeune homme alors qu’il traçait avec rapidité les lettres au fur et à mesure qu’il trouvait les mots manquants.

— Je ne savais pas que les sorciers utilisaient des Critérium, dit Hermione, amusée.

Sirius mit un instant à comprendre de quoi elle parlait puis il esquissa un sourire.

— C’est grâce à Lily, dit-il en agitant le crayon avec fierté. Il n’y a pas mieux pour les mots croisés.

Sirius fronça légèrement les sourcils, songeur, avant de lui demander si elle aussi était Née-Moldue. Il n’y avait aucun a priori derrière la question de Sirius, elle le savait, mais, encore hantée par ses souvenirs, Hermione frémit et sa main se porta inconsciemment à son avant-bras. Elle se reprit rapidement et répondit par l’affirmative.

— Alors tu vas pouvoir m’aider ! fit Sirius, radieux. Il y a parfois des mots d’origine moldue à trouver et, puisque Lily dort encore, aujourd’hui c’est toi ma partenaire de mots croisés.

Le sourire de Sirius était contagieux et Hermione le lui rendit avant de se placer juste derrière lui pour regarder le mot qu’il lui désignait du doigt. « Transport moldu » en sept lettres. Une goutte d’eau vint s’écraser sur un coin du journal, mais Sirius semblait n’en avoir rien à faire.

— Ce pourrait être autobus, non ? demanda-t-il en tournant la tête pour croiser le regard d’Hermione derrière son épaule.

Hermione prit le temps d’observer la grille dans son ensemble et secoua la tête doucement.

— Non, je pense que c’est tramway. Le « T » se croise avec « être de l’eau », ce doit être un strangulot. Et le « W » pour le cheval correspond à la rune « Ehwaz ».

— Hé ! s’exclama Sirius en riant. Je ne t’ai pas demandé de tout remplir d’un coup !

— Désolée, dit Hermione en grimaçant.

Hermione passa alors son petit sac par dessus son épaule puis s’éloigna sous le regard amusé de Sirius. Elle s’apprêtait à ouvrir la porte lorsque la voix de Sirius l’interpella.

— Hermione, attends !

Hermione se retourna mal à l’aise, craignant qu’il ne la questionne sur ce qu’elle avait prévu de faire. Mais Sirius, dont la conversation de la veille était encore fraîche dans sa mémoire, n’avait pas du tout l’intention de se montrer trop intrusif.

— Tu en veux un dernier pour la route ? proposa-t-il tout en désignant le journal.

Un grand sourire se dessina sur le visage d’Hermione.

— Animal pointu en six lettres.

Hermione se concentra, figeant son expression en une moue adorable.

— Tu n’as rien pour m’aider ? demanda-t-elle finalement.

— Non, non. C’est trop facile si je te dis, la taquina Sirius.

Devant sa mine faussement indignée, Sirius se laissa convaincre.

— D’accord. Il y a un « Y » en quatre.

Hermione ne mit pas longtemps à trouver et annonça fièrement « Magyar ».

Après que Sirius lui ait souhaité une bonne promenade, Hermione s’éclipsa et sa bonne humeur s’évanouit à peine le seuil dépassé. Maintenant, elle devait trouver Peter et c’était loin d’être gagné… Elle n’avait aucune idée de combien de temps Sirius avait mis à le traquer à son époque. Et pourtant, lui avait commencé sa traque la nuit du 31 octobre, il n’avait pas laissé deux jours d’avance à son adversaire.

Hermione transplana devant le Chaudron Baveur. Harry avait dit que Peter habitait dans cette rue et c’était la meilleure piste en sa possession pour commencer. Elle regretta de ne pas avoir emprunté la cape d’invisibilité de James, mais elle aurait eu du mal à le faire sans attirer l’attention sur sa sortie.

Lancer des sortilèges sur chacun des bâtiments de la rue à la recherche de traces de magie était d’autant plus long qu’elle devait faire très attention à ne pas alerter les Moldus. Heureusement pour elle, il n’y avait pas tant d’habitations de sorciers que cela dans la rue. Elle élimina facilement les deux premières habitations sorcières qu’elle identifia, s’aidant d’un sortilège pour mieux entendre ce qui se passait derrière les murs. Dans l’une, Celestina Moldubec chantait à la radio et dans l’autre, des enfants se chamaillaient. Ce n’était sûrement pas chez Peter.

Aucun bruit à l’intérieur n’avait permis d’écarter la troisième habitation qu’elle repéra et, d’un simple Alohomora, Hermione put pénétrer dans l’appartement. Elle y découvrit un salon modestement meublé et n’eut pas à chercher longtemps pour en déterminer le propriétaire. Sur le mur d’en face, elle aperçut une photo représentant Peter adolescent, accompagné d’une femme un peu ronde, probablement sa mère. Une deuxième photo de quatre garçons était accrochée au dessus du buffet. Les Maraudeurs riaient en se tenant bras dessus bras dessous.

Partagée entre le dégoût et la pitié que lui inspirait Pettigrow, Hermione commença à fouiller l’appartement à la recherche de quelque chose qui aurait pu l’aider à dénicher le propriétaire. Il lui avait déjà fallu près de deux heures pour trouver le bon appartement et ce n’était que la partie la plus simple.

L’appartement comportait simplement trois pièces : une chambre, une salle de bain et la pièce par laquelle elle était entrée qui faisait office de cuisine et de salon. Hermione commença par la pièce principale, mais au bout d’une heure et demie, elle dut admettre qu’elle n’y trouverait rien d’utile.

Elle s’attaqua ensuite à la chambre, mais ne trouva rien d’intéressant non plus. Elle remarqua seulement que les placards semblaient avoir été partiellement vidés. Peter avait donc probablement pris la fuite, comme elle le redoutait.

Hermione était dépitée, il ne restait que le salle de bain, mais elle doutait d’y trouver quoi que ce soit. En empruntant le petit couloir qui desservait la chambre et la salle de bain, Hermione remarqua quelque chose qu’elle n’avait pas vu plus tôt. Le plafond du couloir était beaucoup plus bas que dans les autres pièces et, en regardant de plus près, elle s’aperçut que le faux plafond servait de rangement.

A l’intérieur, Hermione découvrit une grande malle marquée des lettres PP : la malle de Poudlard de Peter. En fouillant à l’intérieur, Hermione découvrit une petite boite contenant de nombreuses lettres. Mais Hermione ne s’attarda pas sur la correspondance que Peter avait eue avec James, Sirius et Remus pendant les étés. Elle remarqua plutôt la quatrième écriture. La mère de Peter semblait lui avoir écrit très régulièrement pendant ses années à Poudlard. Hermione feuilleta quelques-unes des lettres, juste assez pour savoir que le lien entre Peter et sa mère était probablement suffisamment fort pour que Peter ait prévenu sa mère avant de fuir.

Il lui fallait donc trouver Mrs Pettigrow, mais Hermione eut beau chercher sur les lettres des autres Maraudeurs, aucun d’eux n’écrivait jamais l’adresse de Peter et donc de sa mère. Seuls ses nom et prénom étaient écrits au dos des parchemins. A force de fouiller dans les lettres, Hermione en remarqua une différente des autres. Elle la reconnut aussitôt, ayant reçu quasiment la même lorsqu’elle avait onze ans.

L’adresse de Peter se trouvait sous ses yeux, écrite à l’encre émeraude usuelle des lettres officielles de Poudlard. Hermione croisa les doigts, espérant que Mrs Pettigrow n’ait pas déménagé depuis, remit de l’ordre dans l’appartement pour masquer son passage puis transplana.

A la porte de la maison, Hermione prit une grande inspiration. Ce qu’elle s’apprêtait à faire ne lui plaisait guère, mais elle n’avait pas vraiment d’autre option. Elle frappa et attendit, la baguette à la main.

La femme qu’elle avait vue sur la photo ouvrit doucement la porte et Hermione, bien que mal à l’aise, n’hésita pas.

— Impero !

Le visage de la femme sembla se vider de toute expression.

— Dites-moi où se trouve Peter.

Hermione se dégoûtait elle même. La mère de Peter lui raconta tout ce qu’elle voulait savoir. Ne pouvant la quitter sans rien lui dire, Peter lui avait confié que Sirius avait changé de camp, et qu’il devait se cacher. Peter lui avait également dit où il comptait aller, espérant ensuite cacher cette information sous Fidelitas et empêcher sa mère de révéler son secret sous la contrainte, mais ses tentatives pour lancer le sortilège avaient été infructueuses.

Lorsque Hermione eut obtenu toutes les informations qu’elle désirait, elle arracha un cheveu à la femme et lui lança un Oubliettes, s’appliquant à ne lui faire oublier que les dernières minutes.








Il était maintenant quinze heures passées. La fouille dans l’appartement lui avait pris beaucoup de temps, mais le passage chez la mère de Pettigrow avait heureusement été efficace. Elle pensa à Sirius et se demanda comment il avait réussi à traquer Peter à son époque. Sûrement pas comme ça, pensa Hermione, dégoûtée de sa propre méthode.

Hermione n’avait rien mangé depuis le matin, mais la faim ne se faisait pas ressentir ; elle avait pris l’habitude pendant l’année écoulée de sauter des repas. Par contre, elle commençait à fatiguer et sa cuisse la tiraillait de plus en plus, la matinée ayant été éprouvante pour elle.

Elle transplana encore une fois, cette fois-ci à la recherche de la cachette de Peter. Il était parti se terrer dans les bois. Heureusement, outre les informations de sa mère, l’expérience qu'Hermione avait accumulée ces derniers mois lui donnait l’avantage pour le retrouver et venir à bout de ses éventuelles protections magiques. Mais normalement, son plan ne nécessiterait pas de faire appel à ces compétences.

Hermione sortit une fiole de Polynectar qui restait. La potion n’était plus très efficace, comme elle l’avait découvert à ses dépends quelques jours plus tôt, mais cela ferait l’affaire. Elle y plaça le cheveu arraché à la mère de Peter et but la potion. La mixture avait un goût acre qu’elle n’avait pas eue quand elle avait pris l’apparence de Lily.

Sous l’apparence de la mère de Peter, Hermione s’approcha du lieu où Peter était censé se cacher.

— Peter ! Peter ? 

Hermione criait le nom de Peter, s’efforçant de paraître inquiète.

Peu après, Peter apparut. Hermione essaya de masquer son étonnement en le voyant en chair et en os. Son apparence n’avait pas grand chose à voir avec ce qu’elle était en 1994 après avoir passé douze ans dans la peau d’un rat…

— Oh Peter !

— Que se passe-t-il ? s’inquiéta Peter devant l’air paniqué qu’Hermione s’était forcée à adopter.

Hermione grimaça, mal à l’aise dans son rôle, mais s’efforça d’aller au bout de son plan. Peu importe comment, mais elle devait trouver un moyen de pousser Peter à reprendre le rôle de Croutard.

— Ton ami Sirius ! Il est passé.

— Tu… tu ne lui as rien dit, n’est-ce pas ?

— Non. Non, bien sûr. Je voulais simplement m’assurer que tu allais bien.

Peter soupira de soulagement.

— Ne t’inquiète pas par rapport à Sirius, maman. J’y ai bien réfléchi et je… Même s'il me trouvait, je le sentirais arriver, et alors… Je… j’ai un plan au cas où.

Hermione resta un instant interdite, tentant de masquer le dégoût et la colère qui l’emplissaient en réalisant que Peter n’avait pas simplement agi par désespoir le jour où il avait condamné Sirius à Azkaban. Faire passer son ami pour un traître si jamais il essayait de s’en prendre à lui n’était pas un dernier recours, c’était prémédité.

— Tout va bien, maman ?

Malgré les efforts d’Hermione pour rester impassible, ses émotions avaient dû teinter son visage. Hermione essaya de réfléchir le plus rapidement possible à la stratégie à adopter. Puisque Peter avait déjà en tête l’idée de se cacher sous la forme de rat, le convaincre serait peut-être plus simple que ce qu’elle avait imaginé…

— Pardon, mon chéri, dit Hermione en se forçant à paraître aussi maternelle que possible. C'est juste que je suis si nerveuse. Ne pourrais-tu pas demander de l’aide aux Potter ?

Le visage de Peter se crispa immédiatement et les quelques couleurs qui teintaient son visage disparurent.

— James et Lily sont en vie ? dit Peter en forçant un sourire alors que ses mains tremblaient.

Intérieurement, Hermione souriait. Le rat semblait prêt à mordre à l’appât.

— Oui, c’était dans la Gazette ce matin. Ils vont pouvoir te soutenir, dit Hermione en feignant un sourire rassurant. Il faut que tu leur demandes de l’aide.

— Je… je n’ai pas assez d’éléments pour prouver que Sirius est un Mangemort, maman. Et Sirius est comme un frère pour James, il ne me croirait probablement pas, expliqua Peter en tremblant. Heureusement que Sirius ne peut plus rien contre eux maintenant que son maître a disparu, ajouta Peter avec un soupir qui paraissait presque sincère.

Hermione acquiesça tout en bouillant intérieurement. Elle n’avait aucune idée que Peter était aussi bon acteur, mais, en même temps, il avait réussi à duper l’Ordre pendant près d’un an alors ce n’était pas vraiment étonnant.

— Et ton plan si Sirius te retrouvait, il te permettrait d’être en sécurité ? Ne peux-tu pas le mettre en place plus tôt ?

Peter hésita, semblant peser le pour et le contre, puis murmura faiblement :

— Si, je pourrais.

— Alors essaye, n’attends pas qu’il te tombe dessus. Si tu as un moyen de rester en sécurité mon chéri, il faut que tu essayes !

Hermione avait peur d’en avoir trop fait. Elle ne connaissait rien du caractère de Mrs Pettigrow et peut-être n’était-elle pas du genre à être aussi directe. Hermione était crispée dans l’attente d’une réaction de Peter puis, après de longues secondes de réflexion, il acquiesça avant d’expliquer à sa mère d’une voix faible qu’ils ne devraient plus jamais se voir.

Hermione sentit son coeur se tordre, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine forme de pitié face au tourment de Peter.

— Tu le feras, n’est-ce pas ? insista Hermione en profitant de son désarroi face à la tristesse de Peter pour feindre celle qu’aurait dû afficher Mrs Pettigrow. Tu me promets ? Il faut que tu sois en sécurité !

— Oui, Maman, répondit Peter en sanglotant. 

Hermione était tellement à fleur de peau qu’elle réussit même à laisser couler quelques larmes en disant au revoir à Peter. Elle le prit dans ses bras, masquant tant bien que mal son dégoût, puis prit congé aussi rapidement que possible de peur de faire une gaffe ou de peur de voir les effets du Polynectar se dissiper.

Hermione transplana plus loin dans la forêt et se posa pour reprendre ses esprits et son apparence. Cette dernière ne tarda pas à revenir et Hermione soupira de soulagement en repensant à sa mission qui s’était étonnamment bien déroulée malgré l’improvisation. Elle n’avait plus qu’à espérer que Peter tienne parole et reprenne le rôle de Croutard.

Pour reprendre ses esprits, Hermione voulut se balader un peu, mais sa cuisse la faisait souffrir et la vision de la forêt ne l’aidait pas vraiment à se détendre, lui rappelant sans cesse Harry et Ron. Elle n’avait plus qu’à rentrer et espérer que Lily, James et Sirius ne lui posent pas trop de questions sur son excursion.








De son côté, Sirius avait passé un excellent début de journée d’anniversaire. Après un réveil au calme et un mot croisé en agréable compagnie, il avait profité de l’absence d’Hermione pour jouer avec Harry sous sa forme Animagus. Comme prévu, la jeune femme n’était pas revenue pour le déjeuner, mais Remus les avait rejoints et, à part l’absence de Peter et la rancoeur causée par sa trahison, ils avaient eu l’impression de retrouver leur insouciance de l’avant-guerre.

Alors que l’après-midi était déjà bien entamé et que les trois amis discutaient avec plaisir de leurs frasques, Harry se manifesta avec un « Pa’oute » sonore.

Les trois amis éclatèrent de rire.

— C’est Padfoot que tu veux mon bonhomme ? fit Sirius.

— Pa’oute !

— Désolé, Harry. Hermione ne va probablement pas tarder à rentrer et je ne sais pas ce que tu as raconté sur moi à ton amie dans le futur, mais je préfèrerais qu’en ouvrant la porte, elle ne tombe pas sur un gros chien.

— Pa’oute, Pa’oute !

— Bon courage pour lui faire penser à autre chose maintenant, Pads, dit Remus en souriant.

Sirius observa ses deux meilleurs amis qui semblaient beaucoup s’amuser de la situation. Harry commençait à s’agiter sérieusement, mais Sirius avait d’autres tours dans son sac. Il fit un clin d’oeil malicieux à James et Remus puis prit Harry sur ses genoux avant de sortir sa baguette magique et de la lui tendre. Sirius rit en voyant James ouvrir des yeux ronds.

— Tu es fou ! Si Lily descend maintenant, on est foutu.

Sirius éclata de rire. Même après des années en couple, James avait toujours peur des fureurs de Lily.

— Que veux-tu qu’il se passe ? Il ne va pas faire exploser la maison ! dit Sirius au moment où de grosses étincelles colorées sortaient de la baguette et faisaient joyeusement babiller Harry.

Remus avait adopté son expression usuelle de Poudlard : un air légèrement découragé par le comportement de ses amis mais presque complètement occulté par un franc sourire.

— Et au moins, Crapouille ne risque rien cette fois, fit remarquer Sirius en se remémorant la fois où Harry s’était amusé à bombarder le chat des Potter de gerbes d’étincelles et l’avait fait enfler jusqu’à ce qu’il double de volume.

— Qu’est-ce que vous avez fait de Crapouille ? s’étonna Remus. Il est resté à Godric’s Hollow ?

— Oui, expliqua James. Il n’était pas là quand on est parti. Je pense qu’il s’est réfugié chez Batilda. De toute façon, il n’aurait pas aimé qu’on l’amène chez Sirius. L’odeur de chien, tu comprends, ajouta James avec un sourire narquois.

Sirius éclata à nouveau de rire puis fit une moue faussement vexée. Grâce à son odorat aiguisé, il était bien placé pour savoir que l’odeur de chien n’imprégnait pas sa maison ou ses robes, mais il était vrai que, sous sa forme animale, il lui était possible de discerner un léger parfum qui, clairement, ne plaisait pas aux chats.

— Tant pis pour eux, dit Sirius en haussant les épaules et en récupérant sa baguette juste le temps de réparer le coin de table que les étincelles de Harry avaient légèrement brûlé.

— Tant mieux pour toi, tu veux dire, plaisanta Remus. Tu n’as jamais été un grand fan des chats.

— Si, j’aime bien les chats, le contredit Sirius d’un air distrait, toujours concentré sur la magie de son filleul.

— Depuis quand ? demanda James en riant.

— Depuis que j’ai réalisé que les chats mangent les rats.

La réplique de Sirius lança un léger froid, mais ils n’eurent pas le temps de poursuivre la conversation car des bruits de pas se firent entendre en haut de l’escalier. Sirius arracha sa baguette des mains de Harry et dissipa rapidement la légère fumée créée par son filleul qui se mit à pleurer. Sirius avait moins peur de Lily que James, mais il n’était pas assez fou pour lui donner une raison de s’échauffer.

James, n’ayant aucune envie de subir les foudres de Lily et de dormir sur le canapé, s’était pétrifié. Sirius lui sourit d'un air roublard. Il se leva en serrant dans ses bras Harry, qui pleurait de plus en plus fort, et contourna le fauteuil pour venir à la rencontre de Lily.

— Ah Lily, tu tombes bien ! Je ne sais pas ce qu’a Harry, mais, de toute évidence, il a besoin de sa mère.

Lily jeta un coup d’oeil suspicieux à Sirius, mais se contenta de prendre Harry dans ses bras et d’essayer de le calmer.

End Notes:
Et voilà ! Alors qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? L'histoire avec Peter vous a paru plausible ?


Et que pensez-vous de Sirius dans son rôle de parrain ? ;)
Mangemorts en liberté by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour! 



Voilà un peu d'action pour ce chapitre 12 : Mangemorts en liberté.

L’action se déroule toujours le 3 novembre 1981.

    Dans les épisodes précédents :

    Hermione a remonté le temps pour sauver James et Lily dans la nuit du 31 octobre. Hermione et les Potter se sont ensuite réfugiés chez Sirius.
    Hermione a choisi de faire de Sirius son gardien du Secret pour protéger son identité à cette époque.
    Hermione a retrouvé Peter pour s'assurer qu'il reprendrait la place de Croutard afin de ne pas trop dévier de l'histoire qu'elle connait. 



Merci encore Rozenn Selwynn de prendre le temps de reviewer ! ♥ 



Bonne lecture !

Lorsque Hermione était revenue de son excursion à la recherche de Peter, le reste des Maraudeurs et Lily étaient assis au salon à discuter. Heureusement, aucun d’eux n’avait insisté pour savoir à quoi elle avait occupé sa journée et l’explication de la balade en forêt pour prendre du temps seule et réfléchir semblait leur avoir suffi. Après la soirée mouvementée de la veille, ils voulaient sûrement éviter de se faire trop pressants. Elle avait donc rapidement pris congé dans le bureau de Sirius pour poursuivre sa lecture passionnante laissée en suspens.

Alors que l’après-midi touchait à sa fin, Lily vint la rejoindre et prit place en face d’elle.

—  Tu vas bien ? s’inquiéta Lily.

— Oui, bien. Pourquoi ?

— Tu es vite montée après ton retour. Tu es sûre que tu ne nous en veux pas pour hier soir ? Avec Sirius ?

— Non, ne t’inquiète pas. Vraiment. J’étais juste un peu fatiguée de ma promenade.

— D’accord. Mais j’espère que tu t’es bien ressourcée parce c’est l’anniversaire de Sirius aujourd’hui et on ne va probablement pas se coucher très tôt !

— Ah… Je… je devrais probablement vous laisser tranquille. Je ne voudrais pas déranger et… il vaut mieux que j’évite de croiser trop de monde.

— Mais non, ne t’inquiète pas, il n’y aura que nous et Remus de toute façon. On voulait inviter Franck et Alice, mais ils sont occupés. Tu connais peut-être leur fils, Neville. Ils ont été confinés chez eux pendant des mois comme nous et ils ont prévu de sortir aujourd’hui pour la première fois depuis la naissance de leur fils pour rendre visite à sa grand-mère. 

Hermione sursauta tellement que son livre tomba sur le sol dans un grand fracas. Elle qui était si soigneuse ne prit même pas le temps de le ramasser et se leva, affolée, avant de demander :

— Les Londubat ? Ils vont chez Augusta ? Ce soir ?

— Euh… Oui, répondit Lily, perplexe.

— Mais quelle idiote ! Non… marmonna Hermione sans plus se soucier de la présence de Lily. Comment ai-je pu oublier ? Oh non… Bellatrix…

Pas un seul instant depuis son arrivée en 1981, Hermione n’avait pensé au destin tragique des parents de Neville. Et pourtant, c’était dans les jours suivant la disparition de Voldemort, que Bellatrix Lestrange et ses acolytes s’en étaient pris aux Londubat. Les parents de Neville quittaient leur domicile aujourd’hui pour la première fois. Est-ce que les Mangemorts leur était tombé dessus à la première occasion ?

Hermione faisait les cent pas avec agitation. Elle était tellement concentrée qu’elle n’entendit même pas Lily lui poser une question d’un ton inquiet. Ah si au moins, elle avait eu accès à des journaux sur l’époque avant de voyager dans le temps, elle aurait su quel jour l’attaque s’était produit exactement ! Mais pourquoi se serait-elle renseigné alors qu’elle n’avait pas prévu de survivre après Hallowen ?

Hermione soupira. Tout ce qu’elle savait c’était que l’incident était arrivé peu après la chute de Voldemort. Il était probable qu’elle se précipite pour rien, mais elle ne pouvait prendre aucun risque. Hermione ne prit même pas le temps d’aller jusqu’à l’entrée et transplana directement, sans donner la moindre explication à Lily, qui resta un instant effarée avant de sortir du bureau d’un pas précipité.

Sirius, Remus et James étaient assis dans le salon, profitant du plaisir simple de se retrouver entre amis et commençant la fête en l’honneur de l’anniversaire de Sirius avec un peu d’avance.

— James ! Elle est partie, s’écria Lily en descendant l’escalier à toute vitesse, paniquée.

— Qui ça, Lily chérie ?

— Mais vous avez bu ? remarqua Lily, exaspérée.

— Oh, on a juste pris un peu d’avance, précisa Sirius, légèrement alcoolisé.

— Mais on a encore plein de marge pour ce soir ! s’exclama James en riant et en déclenchant le même effet sur ses deux meilleurs amis.

— Hermione est partie ! insista Lily. Elle m’a posé des questions sur les Londubat et elle est partie.

— Elle avait sûrement envie de voir un ancien camarade, comme l’autre jour avec Ron, répondit James. Neville a le même âge que Harry, ils devaient être à Poudlard ensemble, c’est tout.

— Ah oui, alors pourquoi semblait-elle affolée ? Elle a même prononcé le nom de Bellatrix bon sang ! 

Il n’en suffit pas plus pour que les trois amis comprennent l’urgence de la situation et que Sirius bondisse de son fauteuil.

— Où est-elle partie ? lança Sirius.

— Je n’en sais rien, je lui parlais des Londubat. Je lui ai dit qu’ils comptaient aller voir Augusta, que c’était leur première sortie depuis qu’ils sont enfermés sous Fidelitas. 

— Augusta… murmura Sirius, songeur, avant de disparaître.

— Lily, tu gardes Harry, lâcha James en transplanant à la suite de son ami, lui-même suivi de peu par Remus. 








Heureusement, Hermione savait très bien où habitait Augusta. Neville y avait passé toute son enfance et il avait souvent parlé à Hermione de la maison de sa grand-mère et de ce qu’il faisait aux alentours, suffisamment pour qu’elle soit capable de la localiser.

Et en effet, une fois dans le quartier où Neville avait grandi, elle n’eut aucun mal à repérer la demeure d’Augusta. La maison était imposante, mais ce qui attira l’oeil d’Hermione fut l’immense eucalyptus arc-en-ciel qui dominait le paysage et qui avait donné à Neville sa passion pour la botanique.

Hermione courut pour rejoindre la porte et son coeur se serra en entendant un hurlement s’élever à l’intérieur. Elle resta un instant pétrifiée. Ils étaient là. Derrière cette porte se trouvait la sorcière qui hantait ses pensées nuit et jour… Mais derrière cette porte se trouvait aussi l’un de ses plus chers amis, celui qui avait donné sa vie pour lui permettre de fuir et il était impensable qu’elle reste là alors que cet ami et sa famille avaient besoin d’aide.

Hermione prit une grande inspiration et pénétra à l’intérieur. Elle découvrit Augusta étendue sur le sol et s’accroupit immédiatement à son côté pour vérifier l’état de la vieille femme, mais, voyant qu’elle avait simplement été stupéfixée, Hermione poursuivit son chemin et se précipita au bout du couloir en se laissant guider par les hurlements.

Neville pleurait dans son lit d’appoint tandis que ses parents étaient étendus au sol. Frank se tenait sur le côté en position foetale, le souffle rauque, tandis qu’Alice hurlait sous les effets du Doloris. Les Lestrange observaient avec un air satisfait tandis que Barty Croupton gardait sa baguette braquée sur Alice.

Hermione déglutit avec difficulté, dégoûtée par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Etait-elle arrivée trop tard ?

— Arrête. On va leur demander encore une fois. Et s’ils ne disent toujours rien, je m’en occuperai moi-même. 

A l’annonce de Bellatrix, les trois autres Mangemorts eurent un rictus méprisant. Hermione était tétanisée, mais il n’y avait pas d’autre solution. Elle sortit sa baguette, prête à intervenir. Mais la baguette en sa possession était celle de Bellatrix et l’utiliser face à elle, alors que Bellatrix en était maître et possédait son double était du suicide. Elle retourna auprès d’Augusta, fouilla dans sa poche pour en sortir une baguette courte et souple et se dépêcha de rejoindre les Londubat.

— Alors, je vous demande une dernière fois. Où est le Seigneur des Ténèbres ?

— Si tu tiens à le savoir, pourquoi t’acharnes-tu sur quelqu’un qui n’a pas l’information ? Le plaisir de torturer peut-être ? lança Hermione d’un air de défi en pénétrant dans le salon.

Hermione espérait masquer sa peur derrière son ton assuré. Elle savait bien qu’affronter à elle seule quatre Mangemorts en même temps était impossible, mais elle était arrivée trop tard et elle n’avait plus le choix. Peut-être son intervention empêcherait Bellatrix de donner le coup de grâce aux Londubat, si ce n’était pas déjà fait…

Elle pouvait bien mourir ce soir s’il le fallait. Elle était prête. Mourir ne lui faisait pas peur, mais l’idée de la torture qui précèderait sa mort lui était insupportable. Au moins, elle savait qu’elle ne donnerait aucune information compromettante. Remerciant le Fidelitas qui la protégeait, Hermione raffermit son étreinte sur la baguette d’Augusta.

— Oh une nouvelle ! Jeune comme ça, tu dois être un nouveau membre de l’Ordre ? Si inexpérimentée et déjà sur de telles missions… On va devoir t’apprendre les fondamentaux, annonça Bellatrix, avec un rictus évocateur. Ce n’est vraiment pas très malin de leur part d’envoyer un de leur membre tout seul.

— Elle n’est pas seule ! 

La voix puissante de Sirius Black résonna à ses oreilles comme la plus réconfortante des mélodies et son coeur s’accéléra.

— Ah, un peu de compagnie ! fit Bellatrix en voyant Sirius, James et Remus s’avancer au salon d’un pas menaçant. Vous m’excuserez, mais je venais de proposer à votre nouvelle recrue un petit cours sur les Impardonnables. Rodolphus, mon cher…

Impero ! lança son mari d’une voix forte. 

Hermione évita le sort de justesse.

— Mettez les Londubat à l’abri. 

Les Maraudeurs échangèrent des regards étonnés tandis que Bellatrix éclatait de son rire froid et aigu.

— Voyez-vous ça, c’est la nouvelle recrue qui mène la danse. Vous êtes tombés bien bas. Impero ! lança Bellatrix à son tour. 

Cette fois, le sortilège arriva plus rapidement et Hermione ne s’y attendait pas. Elle se prit le sortilège de plein fouet. La voix lui disait de se retourner contre ses alliés. La voix était forte, plus forte que quand elle avait été soumise à l’Imperium pendant la bataille de Poudlard. Mais même si l’ordre résonnait avec une vive intensité, Hermione savait, pour l’avoir déjà vécu avec Ginny, qu’elle avait la possibilité de résister. Elle rassembla toute sa volonté puis leva sa baguette et la pointa en direction de Bellatrix.

— Stupéfix !

Le jet de lumière rouge manqua de peu sa cible, qui regardait son adversaire avec hargne et un léger ébahissement. L’action avait à peine duré une poignée de secondes, mais avait déclaré le combat ouvert. Tandis que James et Sirius entamaient un duel avec les trois autres Mangemorts, Hermione resta face à Bellatrix et Remus se précipita vers Franck et Alice avant de transplaner en les emmenant avec lui.

Hermione enchaînait les sortilèges aussi vite que possible. Bellatrix semblait étonnée de la fougue de son adversaire, mais ce n’était pas suffisant pour la mettre en réelle difficulté. Elle contrecarrait quasiment tous les sorts de la jeune sorcière et esquivait les autres. Hermione savait qu’elle n’avait pas le niveau contre une duelliste de cette envergure, mais elle donnerait tout ce qu’elle pouvait.

— Pas mal pour une nouvelle recrue ! Très belle résistance à l’Imperium, j’en serais presque impressionnée, railla-t-elle entre deux sortilèges contrés. 

Remus réapparut à leurs côtés et, cette fois-ci, prit Neville dans les bras, avant de repartir dans l’entrée, sûrement pour escorter également Augusta.

— Et un peu déçue aussi. J’aime tellement participer à l’apprentissage des jeunes… 

Les jets de lumière fusaient de part et d’autre. Bellatrix ne se contentait plus de repousser ses sortilèges et commençait à vraiment se battre. Hermione, elle, fatiguait et sentait sa jambe l’élancer. Mais elle évitait de trop penser à son état physique qui l’handicapait car l’activité grandissante de Bellatrix la forçait à se concentrer davantage et à baisser la cadence de ses sortilèges.

— Mais si tu connais déjà l’Imperium, peut-être pourrais-je t’enseigner le Doloris…

Un « pop » annonçant le retour de Remus se fit entendre dans la pièce, mais Hermione ne le remarqua même pas, trop absorbée par l’annonce de son adversaire. La fatigue et la peur lui firent perdre ses moyens. Elle s’était presque figée. Elle savait ce qui allait venir. Cette douleur intense que Bellatrix lui avait infligée encore et encore lorsqu’ils étaient chez les Malefoy.

— Endoloris ! 

Hermione se crispa, prête à sentir son corps se déchirer de toutes parts, mais le sortilège ne la toucha pas. Il fut interrompu par Sirius qui s’était jeté entre elle et Bellatrix.

Sirius hurla de douleur et se retrouva au sol, mais, surprise par le cours des évènements, Bellatrix avait légèrement relâché son attention, suffisamment pour que Sirius se relève rapidement et reprenne une position de combat.

Plus loin, Remus s’était joint à la bataille et, avec James, ils s’occupaient ensemble des deux Lestrange. Barty Croupton Jr. était étendu à terre, stupéfixé.

Hermione peinait à se remettre de ses émotions et son souffle était saccadé suite à l’effort qu’elle avait fourni alors que sa jambe la faisait atrocement souffrir. A côté d’elle, Sirius tenait à distance sa cousine tout en lui jetant quelques sarcasmes à la figure. Hermione s’apprêta à venir lui prêter main forte quand l’un des Lestrange fut désarmé par un « Expelliarmus ! » lancé par James. Les Mangemorts avaient perdu trop de terrain pour espérer reprendre l’avantage. Rodolphus rattrapa la baguette de son frère à l’aide d’un sortilège d’attraction.

— Bella ! prévint ce dernier avant de rendre la baguette à Rabastan et de transplaner en emportant Croupton avec lui. 

Rabastan s’éclipsa à son tour. Avant de les suivre, Bellatrix lança à Hermione un regard plein de haine. Face à la promesse silencieuse de son adversaire, Hermione fut parcourue d’un violent spasme et la regarda disparaître, pétrifiée.

— Tout le monde va bien ? demanda Remus

— C’est bon pour moi, répondit James, légèrement essoufflé.

— Mais tu es complètement inconsciente ! 

La voix de Sirius, dure et autoritaire, la prit de court.

— Tu es folle ! Tu espérais quoi ? Tenir quatre Mangemorts en respect à toi toute seule ? 

En disant cela, Sirius s’était placé face à Hermione, qui peinait toujours à calmer ses tremblements. Elle le fixa, essayant de prendre un air assuré, mais pour la première fois, ses yeux gris, qu’elle avait, jusque-là trouvés si beaux et doux, avaient pris une teinte presque noire sous l’effet de la colère.

— Sirius, tenta de l’apaiser Remus.

— Partir toute seule ! Mais à quoi pensais-tu ?

Hermione réussit à prendre assez sur elle pour redresser le menton et soutenir le regard de Sirius.

— Je ne pouvais pas laisser les Londubat. Je ne savais pas que j’arriverai aussi tard. Je… Je n’ai pas eu le temps de réfléchir.

— Ah, ça pour ne pas avoir réfléchi, ça me semble évident ! Etre assez arrogante pour affronter quatre Mangemorts ! Et partir seule sans prévenir les autres…

— Tu peux parler niveau arrogance ! lança Hermione par réflexe.

Sirius la fixa d’autant plus intensément et sa colère s’intensifia.

— Ne me parle pas de ce que tu crois savoir sur moi. Ce n’est pas parce que tu connais mon futur que tu peux me juger. Jamais je n’aurais mis mes amis en danger comme tu l’as fait !

— Je ne comptais pas vous mettre en danger puisque je ne vous ai pas demandé de m’accompagner ! 

Les narines de Sirius frémirent, mais, même si Hermione savait que la colère de Sirius était légitime, elle ne démordait pas que si elle était arrivée quelques secondes plus tard, les Londubat n’auraient eu aucune chance.

James intervint à son tour et posa la main sur l’épaule de Sirius, avant qu’il ne réagisse.

— On ferait mieux d’y aller. 

Sirius sembla hésiter. Il n’avait toujours pas détourné le regard et fixait Hermione, en fulminant. Au bout d’un certain temps, il fit volte face et transplana.

Remus s’approcha d'Hermione, qui était très pâle, et lui tendit la main pour la guider dans le transplanage. Hermione le remercia d’un sourire et accepta sa main tendue.

End Notes:
Alors qu'avez-vous pensé de cette scène d'action ?
La baguette de l'oncle Alphard by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour! 



Après un peu d'action, retour au calme dans ce chapitre 13 : La baguette de l'oncle Alphard.

L’action se déroule les 3 et 4 novembre 1981.

    Dans l'épisode précédent :

    Hermione vient de se jeter tête baissée chez les Londubat pour les sauver de Bellatrix. Heureusement, les Maraudeurs sont venus l'aider et ils ont pu mettre les Londubat à l'abri et les Mangemorts en fuite. 



Bonne lecture !

En atterrissant devant chez Sirius, Hermione chancela sous le choc qui se répercuta dans sa cuisse. Remus la retint fermement et lui jeta un coup d’oeil soucieux.

Hermione observa Sirius souffler quelque chose à l’oreille d’Augusta qui se tenait sur une chaise de fortune sur le pas de la porte. Lily à ses côtés tenait Neville dans les bras. Une fois le Fidelitas contré, Augusta rentra pour s’asseoir au salon acceptant avec plaisir une tasse de thé fumante. Lily déposa Neville à terre à côté de Harry et vint s’asseoir face à Augusta.

— Comment vont-ils ? demanda James en s’asseyant à côté de sa femme.

— Ils devraient s’en remettre. Ils ont été transféré à Ste Mangouste, mais ça devrait aller. Avant de partir, Alice était consciente et a demandé après Neville. 

Hermione poussa un grand soupir de soulagement. Elle n’avait même pas remarqué qu’elle avait retenu sa respiration. Au moins Alice n’avait pas perdu la raison.

La réaction d'Hermione ne passa pas inaperçue. Sirius, voyant le soulagement de la jeune femme, se calma un peu. Elle avait pris des risques, mais ils semblaient avoir payé. Il s’assit sur son fauteuil habituel, laissant Hermione et Remus s’installer sur le canapé restant.

— Merci ! Merci à vous tous. Sans vous, mon fils et ma belle-fille seraient sûrement morts. Heureusement ils n’ont pas touché à mon petit Neville. Je devrais les rejoindre à Ste Mangouste maintenant. Je peux vous laisser Neville quelques temps ?

Lily se retourna pour observer avec un sourire les deux bambins jouer tranquillement sur le tapis et accepta sans hésitation. Augusta s’apprêta à prendre congé, mais en fouillant dans sa robe de sorcier, sa main ressortit vide.

— Ils m’ont pris ma baguette ! 

Hermione se tortilla, mal à l’aise, et tendit sa baguette à Augusta.

— Euh désolée, j’ai dû vous l’emprunter. J’ai… J’avais perdu la mienne dans le transplanage. Mais c’est bon, je l’ai retrouvée après. 

Augusta observa un instant la jeune femme. Elle n’avait pas l’air d’apprécier qu’on ait utilisé sa baguette, mais vu ce qu’elle avait permis de faire, Augusta ne fit pas de remarque et la reprit avant de filer à Ste Mangouste.

— Pourquoi lui as-tu emprunté sa baguette ? Tu avais vraiment perdu la tienne ? s’étonna James.

— On verra ça après, l’interrompit Lily. Vous, vous allez bien ?

— Ça va, mais Hermione est blessée, répondit Remus.

— Ça va, mais Sirius s’est pris un Doloris, dit James au même moment. 

Tous les regards se tournèrent alternativement vers Hermione et Sirius.

— Moi, c’est bon, je n’ai rien, commença Hermione.

— Mais en arrivant, tu as failli tomber. Tu n’as rien à la jambe ?

— Non, ça va. Je suis juste fatiguée, assura Hermione, ne voulant pas parler de sa cuisse blessée depuis des mois.

Remus fronça les sourcils, peu convaincu, mais ne dit rien.

— Et toi, Sirius, ça va ? s’enquit Lily.

— Oui. Juste une égratignure. 

Son vêtement était déchiré sur le torse et l’étoffe morcelée laissait apparaître une estafilade ensanglantée. Lily lança immédiatement un sortilège d’attractions pour faire venir son nécessaire à potions. Alors qu’elle ouvrait une première fiole, Lily insista.

— Et le Doloris, ça va ?

— Oui oui, je vais bien, grimaça Sirius au souvenir du sortilège. Mais heureusement qu’il n’a pas duré longtemps. Elle doit être vraiment dans tous ses états…

— Qui ? demanda Remus, sans comprendre.

— Bellatrix. La disparition de Voldemort l’a rendue encore plus folle et dangereuse. 

Alors que Lily faisait signe à Sirius d’enlever sa chemise, Remus revint sur le sujet abordé chez les Londubat.

— Hermione, je suis désolé d’insister, mais Sirius a raison, tu n’aurais pas dû y aller toute seule. Tu dois nous faire confiance et nous demander de l’aide dans des moments comme celui-là.

— Je… Je ne savais pas quand ça devait se passer, j’ai juste voulu m’assurer qu’ils ne se faisaient pas attaquer ce soir. Je ne pensais pas arriver alors qu’ils étaient déjà là. Mais je ne suis pas désolée, précisa-t-elle en toisant Sirius d’un air de défi. Si j’étais arrivée un tout petit peu plus tard, elle… Elle aurait eu le temps de leur faire du mal.

— Ils étaient censés mourir eux aussi ? interrogea James d’une voix douce.

Hermione réfléchit un instant puis s’autorisa à répondre à cette question. L’impact lui semblait négligeable.

— Non. Ils sont devenus fous et ne sont jamais sortis de Ste Mangouste. Tu as bien dit qu’Alice était consciente ? vérifia Hermione, toujours inquiète.

Lily rassura Hermione : Alice n’était pas devenue folle. Et d’après les Médicomages, bien qu’inconscient, l’état de Franck ne semblait pas pire que celui de Alice. Tout en donnant ces informations, Lily s’activait au dessus de ses fioles.

Hermione observa Lily nettoyer la plaie de Sirius. Il était torse nu et, pour ne pas paraître impolie, Hermione s’apprêtait à détourner le regard, mais il fut un instant happé par celui de Sirius. Il avait les yeux rivés sur elle et semblait ne pas avoir complètement décoléré.

— Et ta baguette alors ? se rappela James.

— Oh, c’est que ma baguette n’est… pas vraiment à moi, la mienne… s’est cassée et j’ai dû en emprunter une vieille qui ne fonctionne plus très bien, mentit Hermione, mal à l’aise. Pour combattre, je préférais en avoir une autre. 

La réponse, bien qu’étrange et appelant d’autres questions, sembla suffire aux Maraudeurs. Mais Lily, curieuse, demanda à Hermione d’examiner sa baguette dans un but purement académique.

Hermione, n’y voyant pas d’inconvénient, sortit alors la baguette de Bellatrix et la tendit à Lily. Sirius se leva alors brusquement, manquant de faire tomber Lily, toujours à ses côtés. Il agrippa la baguette et l’observa, incrédule.

— Comment as-tu eu ça ? 

Hermione le regarda, désorientée.

— Tu… Tu sais…

— Oui, je sais à qui est cette baguette ! l’interrompit Sirius, furieux. J’ai vu ma cousine s’en servir suffisamment de fois pour la reconnaître. Comment l’as-tu eue ? 

Alors que James, Remus et Lily se jetaient des coups d’oeil étonnés, Sirius observait Hermione avec insistance. Ayant bien compris le caractère entêté de Sirius, Hermione estima qu’il serait plus simple d’en dire davantage.

— Harry la lui a volée. Je n’avais plus de baguette, alors il me l’a donnée, je m’en sers depuis plusieurs mois maintenant. Je n’en dirai pas plus à ce sujet. Et si tu veux tout savoir, je déteste devoir l’utiliser, admit-elle avec colère. Je n’en suis pas maître et je ne pouvais pas utiliser cette baguette contre son propriétaire. Voilà pourquoi j’ai emprunté celle de Mrs Londubat.

Sirius ne fit pas de remarque, il réfléchit un temps, posa la baguette de Bellatrix sur la table basse puis s’éloigna et monta les marches trois par trois. Il revint quelques instants plus tard avec une baguette à la main, rompant le silence qui s’était installé.

— C’était celle de mon oncle Alphard. Tu peux l’utiliser si tu préfères.

Hermione se figea un instant, étonnée. Elle remercia Sirius du regard et prit la baguette.

— Merci, murmura Hermione, la voix éteinte à l’idée de pouvoir quitter cette baguette qu’elle haïssait tant.

Elle contempla l’objet, émue et soulagée. Elle ne ressentait pas la chaleur rassurante que la sienne lui procurait, mais se sentait bien plus à l’aise qu’avec la baguette sombre et rigide de Bellatrix. Hermione y jeta un regard écoeuré puis se pencha pour la récupérer. Sous les regards attentifs et compréhensifs de ses nouveaux camarades, elle plaça la baguette en noyer au fond de son sac en un mouvement précipité comme si elle voulait s’en débarrasser au plus vite. Elle ressentit alors un soulagement intense et esquissa un sourire. Devoir utiliser la baguette qui l’avait torturée et mutilée avait été un supplice. Elle se sentit un instant libre et détendue, comme à l’époque où elle enlevait le Horcruxe après une journée à le porter.

Soulagée, Hermione porta de nouveau son attention sur le cadeau de Sirius.

— Avis !

Elle accompagna la formule d’un mouvement fluide du poignet et des petits oiseaux colorés sortirent de sa baguette. Hermione sourit, ravie. Cette baguette lui convenait bien mieux.

— Oh merci ! Merci beaucoup Sirius. 

Sirius lui fit un clin d’oeil.

— Superbes oiseaux, commenta Remus. 

Hermione rosit et regarda avec plaisir sa nouvelle baguette.

La pression relâchée, Hermione sentit la fatigue prendre le dessus. Même s’il était encore un peu tôt pour prendre congé, Hermione avait besoin de se reposer et de se retrouver un peu seule. Elle s’excusa, leur souhaita une bonne nuit et se leva.

— Bonne nuit, lui répondirent quatre voix à l’unisson.

Alors qu’elle commençait à s’éloigner, Hermione effleura l’épaule de Sirius des doigts.

— Bon anniversaire au fait, dit-elle, timidement. Désolée d’avoir tout gâché…

Sirius posa sa main sur son épaule, trop tard pour sentir les doigts de la jeune femme. Il la regarda partir, songeur.

— Hum hum, fit James, une fois qu'Hermione fut hors de portée. 

Sirius se reprit et, croisant ses bras sur le torse, fixa son meilleur ami.

— Quoi ?

— Non, rien, répliqua James, railleur.

Sirius haussa les épaules, ne voulant pas rentrer dans le jeu de son meilleur ami. Remus les observait comme on observe un match de tennis, attendant de voir qui allait renvoyer la balle. Lily préféra ne pas intervenir et commença à ranger ses potions, la blessure de Sirius ayant arrêté de saigner.

— La plaie est propre, tu peux remettre ta chemise.

— Oh quel dommage. C’est pourtant pratique d’être torse nu pour attirer l’attention. Après… C’est vrai qu’Hermione n’est plus là, alors… 

James esquiva le coussin que Sirius lui lança avec force.

— Ne dis pas n’importe quoi !

— Comme si tu ne réagissais pas au quart de tour quand elle est là.

— Je ne le fais pas qu’avec elle, fit remarquer Sirius. Tu disais toi même l’autre jour que j’avais un sale caractère. 

Le visage de Sirius se tordit en un rictus triomphant et Remus tourna la tête vers James, guettant sa réaction.

— Allons, je te connais par coeur Pads. Etre exaspérant tu maîtrises, d’accord. Mais là c’est différent. Tu étais vraiment inquiet pour elle !

— Ah parce que toi, tu n’étais pas inquiet peut-être ? répliqua Sirius avec un sourire satisfait. 

James sembla à court d’idées. Il se tourna vers sa femme, qui venait seulement de finir de ranger son matériel à potions.

— Lily ? 

Un silence se fit.

—  Quoi ? Vous êtes sérieux ? Je pensais que vous aviez fini de me prendre à parti dans vos gamineries. 

Mais, malgré sa remarque, les trois regards étaient toujours tournés vers elle, attendant une réponse. Lily soupira, essayant de masquer son amusement, et se rassit à côté de James.

— D’accord… Je pense que la situation a de quoi troubler n’importe qui. Le voyage dans le temps, tout ce qu’elle sait sur nos futurs, l’attaque contre les Londubat… Sirius y est sensible différemment que toi et moi, James. Cela ne veut pas forcément dire ce que tu t’imagines.

— Ah ! fit Sirius, triomphant.

— Mais tu ne vas pas me dire que tu n’as pas remarqué comment Sirius la regarde ? insista James, comme un enfant qui ne veut pas être contredit.

— C’est uniquement parce qu’elle m’intrigue !

— Et c’est pour ça que tu aimes te perdre dans ses beaux yeux noisette ? le charria James.

— C’est juste parce que je ne comprends pas ce que j’y lis, répliqua l’intéressé en défiant son ami du regard.

— Si tu le dis… 

Mais James ne semblait pas convaincu.








Hermione se réveilla au milieu de la nuit en hurlant. Elle n’avait jamais vraiment arrêté de faire des cauchemars depuis sa détention chez les Malefoy, mais là, c’était pire. Revoir Bellatrix et la menace du Doloris avait réveillé ses démons. Elle était en nage et avait chaud. Sa douleur à la cuisse ne s’atténuait plus et la fièvre était de retour.

Elle entendit la porte s’ouvrir, mais la fièvre la faisait délirer et elle n’y fit pas plus attention que ça, remarquant simplement qu’elle avait du oublier de lancer un Assurdiato sur la porte avant de dormir.

— Hermione ! Hermione, ça va ? 

Elle reconnut la voix de Sirius, mais elle lui semblait lointaine. La tête d’Hermione tomba sur le côté, alors qu’une main se posait sur son front.

— Lily ! 

La jeune femme rousse arriva immédiatement à l’appel de Sirius.

— Ses cris ont réveillé Harry, James s’occupe de lui. Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Elle a dû faire un cauchemar, murmura Sirius, dépassé. Et elle a de la fièvre. 

Lily, alertée par l’inquiétude dans la voix de Sirius, posa sa main à son tour sur le front d'Hermione. Elle s’absenta et revint avec un linge mouillé.

— Mets lui ça sur le front, occupe-toi d’elle. Je vais faire une potion pour sa fièvre. 

Sirius s’assit au bord du lit et tint le linge fermement sur le front de la jeune femme qui continuait de bouger, agitée par des spasmes. La fièvre semblait lui faire revivre une partie de son rêve.

De sa main libre, il caressa le bras d'Hermione et essaya maladroitement de la calmer en lui parlant.

Lily revint une dizaine de minutes plus tard et fit boire à Hermione le contenu de la potion. Elle lui fit ensuite boire une potion violette pour un sommeil sans rêves. Hermione se détendit immédiatement.

— Sa fièvre devrait tomber rapidement, précisa Lily.

— Heureusement que tu es une experte en potions. J’aurais mis plus de temps que toi à la faire. Qu’est-ce qu’elle a tu crois ?

— Je ne sais pas. Probablement juste qu’elle est fatiguée, faible et qu’elle fait des cauchemars. Mais cette fièvre qui s’en va et qui revient sans autre symptôme, c’est bizarre, il faudra qu’on lui en parle.

— Que tu lui en parles ! répliqua Sirius. Avec moi, ça risque encore de partir en vrille.

— J’attendrai un peu, pas la peine de la brusquer. Par contre, je ferai attention à ce qu’elle ne saute plus de repas. Elle n’a rien mangé de la journée ! Tu m’étonnes qu’elle soit si faible après. 

Lily observa encore un peu sa patiente puis estima qu’elle pouvait partir sans crainte.

— Viens, laissons-la se reposer. 

Sirius, dont la main était toujours posée sur le bras d'Hermione, s’éloigna d’elle doucement et suivit Lily avant de fermer délicatement la porte derrière eux.








A son réveil, Hermione n’avait qu’un souvenir flou de ses moments de fièvre. Elle se rappelait seulement s’être réveillée en sursaut et avoir déliré. Ne se souvenant pas des potions de Lily, elle fut surprise de se sentir aussi reposée. Elle se redressa et remarqua un plateau avec un petit déjeuner de roi. Elle serait bien incapable de manger autant. Elle engloutit cependant une bonne moitié de la nourriture, puis se prépara et descendit les restes de son petit déjeuner. Sa cuisse lui faisait toujours aussi mal, mais elle s’appliqua pour marcher normalement.

James lui prit le plateau des mains, ne lui laissant pas une chance de s’approcher elle-même de la cuisine et débarrassa pour elle.

— Merci James. C’était très bon.

— Ah pour ça, il faut remercier Lily et Sirius. Ils se sont levé tôt ce matin je crois.

— Il ne fallait pas…

— Après tout ce que tu as fait, tu ne crois pas que tu mérites qu’on s’occupe de toi ? fit remarquer James sans attendre de réponse. Allez, va donc lire un peu. Aujourd’hui, c’est repos.

Hermione, que le programme inspirait beaucoup, ne se fit pas prier et monta à l’étage reprendre sa place dans l’un des fauteuils verts face à la cheminée.

Un peu plus tard, quelqu’un frappa à la porte.

— Tu n’es pas contre un peu de compagnie ?

— Non, bien sûr. Je te laisse même la place si tu veux, proposa-t-elle, gênée de monopoliser le bureau de Sirius.

— Tu ne me déranges pas, répondit-il simplement. 

Il s’assit derrière son bureau, prit un parchemin et plongea sa plume dans l’encre. Hermione l’observa un instant, curieuse.

— Qu’est-ce que tu fais ? 

Sirius releva la tête, amusé.

— J’écris un rapport pour l’Ordre. Sur ce qui s’est passé hier, précisa-t-il. 

Hermione sembla un instant mal à l’aise.

— Je ne dis rien d’important sur toi, rassure-toi. J’explique simplement que nous étions passés chercher Alice et Franck pour faire la fête avec nous.

— Mais Mrs Londubat… ?

— Augusta ? Elle sait juste que tu étais avec nous, elle ne sait rien de plus sur toi, même pas que tu es arrivée avant nous. Du coup, facile d’inventer. Je t’ai rebaptisée Ellen pour l’occasion au fait, indiqua Sirius avec un sourire malicieux. 

Hermione fit semblant de faire une grimace, mais ne put s’empêcher de sourire. Sirius semblait de bonne humeur.

— Vous êtes incroyables James et toi. Toujours l’envie de plaisanter... dit Hermione, pensive.

Sirius, qui s’était remis à écrire suspendit son geste et reposa sa plume. Il se leva et vint s’asseoir sur le deuxième fauteuil, il s’affala et croisa les jambes d’un air désinvolte.

— J’ai de la chance d’avoir un ami comme lui. Pour être honnête, c’est surtout lui qui a déteint sur moi niveau bonne humeur. Tu veux que je te raconte comment nous sommes devenus amis ? 

Hermione hocha la tête, impatiente.

— Nous nous sommes rencontrés dans le train en allant à Poudlard. Il avait l’air sympa, mais j’étais plutôt sur mes gardes à ce moment-là. Ma famille était… Enfin… J’étais moins heureux avant Poudlard disons. Dans le train, à un moment, James avait parlé de Serpentard. En mal, évidemment. J’avais si peur de m’y retrouver que j’ai eu du mal à me laisser complètement aller en sa présence. Même une fois à Gryffondor, j’ai gardé cette distance quelques temps.

— Vraiment ? J’aurais plutôt pensé que vous aviez été proches directement, comme Harry et Ron. 

Sirius ne releva pas l’information qu’avait donnée Hermione. Pour une fois qu’elle disait quelque chose sans faire attention, il ne comptait pas lui faire remarquer qu’elle en avait trop dit. Et puis, ce n’était pas une information importante.

— Oui et non. On s'entendait bien, mais nous ne sommes devenus vraiment inséparables qu’une semaine plus tard. C’était pendant notre premier cours de Quidditch. Madame Bibine était notre professeur. Peeves avait encore fait des siennes et s’était amusé à mélanger les balais de Quidditch avec les balais du placard de Rusard. Sur le coup, James avait un air blasé, comme s’il n’approuvait pas la blague. Le Quidditch était déjà sacré pour lui. C’est un très bon joueur de Quidditch, un Poursuiveur, précisa-t-il fièrement. Mais moi, j’étais mort de rire. Quand James m’a regardé et que nos regards se sont croisés, il a éclaté de rire lui aussi. C’est dès ce moment là que nous sommes devenus complices. Surtout pour les farces. Qui se sont vite orientées contre les Serpentard ! 

Hermione sourit en imaginant la scène. Un instant, elle se remémora leur premier cours de Quidditch aussi. Malefoy, le Rapeltout de Neville, l’arrivée de McGonagall… Elle aurait bien voulu en parler à Sirius, mais elle ne pouvait pas partager cette anecdote.

— Et toi, comment es-tu devenue l’amie de Harry ?

— Oh… hésita Hermione, avant d’opter pour une version simplifiée. Hé bien disons que ce n’a pas été immédiat. Harry et Ron ne m’aimaient pas vraiment. Et puis… Un jour ça a changé. On a eu… une aide inattendue, finit par dire Hermione d’un air malicieux en pensant au troll. C’est tout ce que je peux te dire.

— Allez, donne-moi au moins un indice, la poussa gentiment Sirius. 

Hermione hésita puis elle afficha un sourire espiègle.

— Tu l’auras voulu. Si tu tiens à savoir quelque chose, sache que nous sommes devenus amis dans les toilettes des filles ! 

En voyant la tête choquée de Sirius, Hermione éclata de rire.

— Tu verrais ta tête !

— C’était une blague ? interrogea Sirius.

— Non, répondit Hermione, toujours en riant. Mais je te déconseille de chercher à comprendre. Tu ne risques pas de trouver. Tu vas être obligé de patienter quelques années. 

Sirius dévisagea Hermione, un sourire en coin. Elle soutint son regard, s’efforçant de ne pas rire.

— Bien. Puisque tu le prends comme ça, je retourne à mon rapport.

Derrière son air faussement vexé, Sirius continuait à sourire à la jeune femme, amusé. Il retourna s’asseoir derrière son bureau et continua l’écriture de son rapport. Hermione l’observa quelques instants, le sourire toujours aux lèvres, puis reprit son livre. En quelques secondes, elle était déjà de nouveau complètement captivée par sa lecture.

— Tu lis quoi ? 

Hermione n’avait pas remarqué le temps passer et n’avait pas vu Sirius se lever. Il était en train de rouler le parchemin sur lequel il venait de finaliser le rapport pour l’Ordre. Elle montra simplement la couverture du livre à Sirius.

— Très bon choix. Vous êtes une élève studieuse, Miss Granger, commenta-t-il d’un air malicieux. Vous saurez bientôt tout sur le Fidelitas, on dirait. 

Hermione lui sourit et alors que Sirius s’apprêtait à la laisser lire tranquillement, elle se rappela de quelque chose.

— Merci pour le petit déjeuner ce matin au fait. C’était vraiment gentil. 

Sirius lui sourit et, d’un air espiègle, fit une révérence.

— A votre service ! 

Hermione leva les yeux au ciel, mais ne put s’empêcher de sourire, amusée.

End Notes:
Bon je n'ai pas résisté à dénuder un peu Sirius pour son anniversaire ^^

Alors, d'après vous, qui a raison : Sirius ou James ? Est-ce que Sirius a déjà un petit faible pour notre voyageuse temporelle ?



Je n'ai pas eu de retour depuis un certain temps. Est-ce que cette histoire vous plait ?
Sang-de-Bourbe et Sang-Pur by Padfooot
Author's Notes:
Hello tout le monde! 



Désolée, j'ai eu une période un peu chargée donc j'ai un peu de retard pour ce chapitre 14 qui s'intitule : Sang-de-Bourbe et Sang-Pur.

L’action se déroule le 4 novembre 1981.

    Dans l'épisode précédent :

    Après la bataille pour sauver les Londubat, Sirius a offert à Hermione la baguette de son oncle décédé pour remplacer celle qu'elle utilisait (celle de Bellatrix).
    L'état de santé de Hermione ne s'améliore pas, mais elle commence à se trouver plus à l'aise avec ses hôtes. 



Merci beaucoup à Nameho, Elsa FFM et Male pour leurs reviews ! ♥ 



Bonne lecture !

Ce jour-là, Remus les avait rejoints pour le déjeuner, il avait donné des nouvelles d’Alice et Franck, qu’il était passé voir rapidement avant de venir chez Sirius. Les Médicomages semblaient optimistes sur leur état de santé bien qu’il leur faudrait encore un peu de repos. Augusta était passée tard la veille récupérer Neville et avait déjà partagé des nouvelles similaires.

Ils s’étaient mis à table en trinquant à la santé des Londubat. Pendant le repas, Lily avait fait bien attention à ce qu'Hermione mange à sa faim. Elle avait également prévu de lui parler seule à seule après le repas pour comprendre d’où venaient ses accès de fièvre.

Mais après le repas, ils furent dérangés par un hibou. Sirius se leva pour récupérer le parchemin accroché à sa pâte.

— C’est Fol-Oeil. 

James et Remus furent à ses côtés en un instant et ils lurent la lettre en même temps. Lily et Hermione s’étaient tendues, dans l’attente de l’information.

— Ils ont trouvé là où se cachent les Lestrange et Croupton Junior. Il propose qu’on attaque demain matin. Diggle et Podmore seront avec lui, expliqua James.

— Vous irez tous les trois ? demanda Lily, soucieuse. 

Sirius acquiesça et sortit sa baguette.

— Spero Patronum.

Un magnifique chien argenté sortit de la baguette de Sirius. Hermione écarquilla les yeux devant la taille du Patronus. Elle avait déjà vu Sirius sous sa forme de chien, mais son Patronus était au moins aussi impressionnant. Avait-il seulement été capable de le faire encore apparaître après Azkaban ?

Sirius confia un message court pour Fol-Oeil. « Nous serons là. » En se retournant, il surprit le regard pensif d'Hermione, les yeux fixés sur le chien, mais elle se ressaisit rapidement et leva la tête vers lui.

— Je veux en être aussi.

Les quatre regards se tournèrent vers Hermione.

— Hermione, tu es sûre ? C’est dangereux, commença Lily, avec douceur.

— Je ne sais pas si c’est une bonne idée, ajouta Remus. Tu avais l’air plutôt secouée hier.

— Tu n’iras pas, trancha Sirius sans hausser le ton. 

Hermione, affligée par les paroles de Sirius, se mit en colère.

— Je sais me battre !

— On le sait Hermione, tenta de l’apaiser James.

— Oui, on a vu ça ! s’exclama Sirius avec sarcasme. Tu sais suffisamment te battre pour repousser un Imperium rapidement et pourtant tu te pétrifies devant ma cousine. Très fiable comme combattante… 

Hermione aurait voulu riposter, mais Sirius avait raison. Sans lui, elle n’aurait pas fait long feu. Mais il ne pouvait pas comprendre, elle avait besoin de participer, elle ne voulait pas rester derrière.

— Tu ne peux pas m’empêcher de venir, répliqua Hermione, la tête haute.

— En l’occurence si, puisque tu ne sais même pas où c’est ! objecta Sirius avec un rictus, en montrant la lettre qu’il tenait toujours à la main. 

Hermione fulminait en voyant Sirius la manipuler de la sorte.

— Et puis, ça n’a pas de sens. Elle t’effraie mais tu veux venir. Tu veux quoi ? Te suicider ?

— Sirius ! tenta de le raisonner Lily, sans résultat.

— Tu as peur d’elle, admets-le.
Hermione aurait voulu dire « non » de la tête, mais elle tremblait, de rage contre Sirius, mais également au souvenir de sa captivité chez les Malefoy.

— Elle t’a déjà lancé un Doloris, c’est ça ? C’est pour ça que tu t’es paralysée face à elle quand elle l’a évoqué… 

La voix de Sirius s’était faite plus douce. Hermione acquiesça, mais son visage restait fermé. Elle aurait voulu qu’il ne devine pas, mais, surtout, elle aurait voulu qu’il ne l’évoque pas. Elle ne voulait pas en parler. Elle frissonna. Elle ne voulait même pas y penser.

—  Elle n’en a pas lancé qu’un, n’est-ce pas ? Combien de temps ça a duré ?

Hermione tenta de rester impassible, mais elle tressaillit à ce souvenir. Elle s’efforça de ne pas faire attention aux réactions d’effroi des trois autres et se contenta de maintenir le contact visuel avec Sirius. Elle le voyait frémir de rage.

— Mais alors pourquoi ? Pourquoi tiens-tu tant à te retrouver en face d’elle ? 

La rage dans sa voix avait beau être tournée vers sa cousine, Hermione était mal à l’aise. Et elle ne savait pas trop quelle réponse donner, elle ne voulait pas être laissée derrière, elle voulait la voir arrêtée pour tout ce qu’elle avait fait, toutes les vies qu’elle avait détruites. Franck et Alice, Sirius, Tonks, Ron, Neville. Elle avait fait trop de victimes.

— Je veux qu’elle paye… Je veux qu’elle soit arrêtée.

— Elle le sera, lui promit James, avec hargne. On ne la laissera pas s’échapper.

— J’ai besoin de voir par moi-même. Ça m’aiderait, admit-elle d’une voix faible, en pensant à ses cauchemars.

— Dis-moi ce qu’elle t’a fait, Hermione, s’il te plaît.

La voix de Sirius était devenue si douce, presque suppliante, mais Hermione secoua la tête. Elle ne pouvait pas.

— Hermione, s’il te plaît.

Hermione posa les yeux dans les siens. Elle savait qu’elle ne devrait pas, mais, devant son regard implorant, elle se laissa convaincre et remonta sa manche révélant son bras. L’inscription « Sang de Bourbe » gravée dans l’intérieur de son bras était toujours rouge sang.

Lily recula et plaça les mains sur sa bouche, horrifiée. James prit sa femme par les épaules et la serra contre lui. Remus pâlit.

— Mais quel monde on vous a laissé ? gémit Remus.

Sirius, affligé, fit un pas vers Hermione. Un instant, elle crut qu’il allait la prendre dans ses bras, mais il recula. Son visage se crispa et se teinta de rage. Il se retourna et sortit en claquant la porte avec colère.

Hermione se figea, déstabilisée par la réaction de Sirius. Elle fixait toujours la porte d’entrée. Remus s’approcha et la prit par l’épaule, la guidant vers le salon.

— Viens Hermione, assieds-toi. 

Alors qu'Hermione s’asseyait, James et Lily semblaient hésiter entre les rejoindre au salon et partir à la recherche de Sirius. Remus croisa le regard de James et lui fit signe d’y aller. James le remercia, jeta un coup d’oeil désolé à Hermione et s’en alla, suivi de Lily.

—  Il faut que je te raconte quelque chose sur Sirius. 

Hermione acquiesça. Elle ne comprenait pas sa réaction. Il l’avait poussée à bout, l’amenant à se dévoiler plus qu’elle ne l’aurait voulu, et il l’avait laissée plantée là avec ses émotions.

— Il y a bientôt deux ans je crois, nous avons eu une mission pour l’Ordre, Sirius et moi. Nous nous sommes retrouvés face à des Mangemorts, dont Bellatrix. Sirius est bon duelliste, il s’est chargé de Bellatrix, qui est plutôt réputée chez les Mangemorts. Il a eu l’occasion d’en finir avec elle, mais il a eu un moment d’hésitation. Comme tu le sais, même si Sirius la hait, elle reste sa cousine. Ces quelques secondes de flottement ont failli lui être fatales. Nous avons pu nous échapper, mais, depuis, Sirius se maudit régulièrement de ne pas l’avoir tuée quand il en a eu l’occasion. Je pense que ta… Savoir qu’elle t’a torturée a dû être dur pour lui. Il se sent responsable de tous les méfaits de sa cousine depuis ce jour… 

Hermione, qui essayait de retenir ses larmes depuis quelques minutes maintenant, ne put les contenir davantage.

— Je suis désolée, murmura-t-elle entre deux sanglots.

— Ce n’est rien. Parfois, il faut que ça sorte. 

Remus s’approcha d’elle et la prit maladroitement dans ses bras, la laissant pleurer sur son épaule.








Sirius avait transplané derrière un buisson. Ce parc de Londres était assez peu fréquenté, surtout en cette période. Il ne risquait donc pas de se faire repérer par un Moldu. Il sortit de la zone sombre où il était apparu et commença à errer dans le parc.

C’était là qu’il avait toujours trouvé refuge lorsqu’il habitait encore au square Grimmaurd et avait besoin de s’éloigner de sa famille.

Sa famille… Sirius donna un coup de pied rageur dans un caillou un peu plus gros que les autres. Il observa son projectile rouler sur quelques mètres et venir se perdre un peu plus loin dans le sentier. Il les avait toujours haïs… Son frère était le seul membre qu’il ait apprécié, jusqu’à ce qu’il tourne mal. En partie à cause de Bellatrix d’ailleurs. Sirius serra les poings. Il ne haïssait personne autant qu’elle, mais aujourd’hui c’était encore pire.

La vision des mots « Sang de Bourbe » sur le bras d’Hermione s’imposa à lui. Imaginer sa cousine graver ses mots sur le bras de la jeune femme l’emplissait de rage. Mais, surtout, il la connaissait assez pour imaginer le plaisir que cette garce y avait pris et cela lui donnait envie de vomir

Sirius s’efforça de se reprendre et se posa sous un arbre. Il y avait plein de bancs libres, mais il préférait être au plus près de la nature. Sûrement son côté canin…

Il inspira un grand coup. Prendre l’air lui faisait du bien après ces quelques jours infernaux. La veille, Sirius avait cru pouvoir se détendre et fêter ses vingt-deux ans tranquillement avec ses meilleurs amis, mais rien ne s’était passé comme prévu. Sirius se repassa le film des derniers jours. Il repensa à Hermione, à son courage, à ses traits fins, à son intelligence, à ses regards tristes, à sa cicatrice… Sirius grimaça. Il haïssait les Sang Pur, lui y compris parfois. Il avait l’impression d’avoir trahi sa nouvelle famille en ayant laissé sa cousine en vie. Ce jour-là, il s’était rangé inconsciemment du côté des Sang Pur. Sirius eut un rictus de dégoût. Malgré les beaux discours de son père sur la famille, à peine envoyé à Gryffondor, il était devenu un paria à ses yeux. Non, aujourd’hui, sa famille c’était James, Lily, Harry et Remus. Et Hermione ? Allait-elle rester avec eux ?

— J’ai eu du mal à te trouver, il est grand ton parc… 

Sirius releva la tête et aperçut James, qui avançait vers lui, suivi de près par Lily.

— Tu veux qu’on parle d’elle ?

— Bellatrix ? Sûrement pas ! grogna Sirius.

— Je pensais plutôt à Hermione… fit remarquer James.

Sirius lança un regard mauvais à son ami.

— Si c’est pour me ressortir ta théorie d’hier sur je ne sais quels sentiments, tu ferais mieux de repartir… 

James leva les bras pour montrer patte blanche, mais Sirius avait déjà baissé la tête. Connaissant le caractère de son meilleur ami, James choisit de le laisser tranquille. Sirius l’entendit juste murmurer « Je te le laisse. » avant qu’il ne disparaisse.

Oh le malin, pensa Sirius en sentant Lily s’asseoir à côté de lui. James connaissait assez Sirius pour savoir qu’une confrontation directe était inutile. Autant Sirius n’avait pas de scrupules à être désagréable avec James quand il était énervé, autant la présence de Lily avait plutôt tendance à l’apaiser.

— Tu n’es pas responsable. 

Sirius grogna. Encore une fois, elle avait vu juste, devinant ce qui se jouait dans son esprit. Il releva la tête et croisa le regard de Lily.

— Tu es chiante, tu sais ?

— Oui, je sais. Tu me le disais souvent quand on était à Poudlard. Toi aussi tu es chiant, tu sais ? 

Sirius esquissa un sourire. Ils ne s’étaient pas toujours entendus lorsqu’ils étaient élèves. A tel point que Sirius avait pensé que la relation de James et Lily allait être compliquée pour lui, mais, au contraire, Sirius avait découvert en Lily une amie extraordinaire.

— J’aurais dû la tuer quand j’en ai eu l’occasion… Je hais cette famille, râla Sirius.

— Tu n’as pas hésité parce que c’est ta cousine. 

Ne s’attendant pas à cette remarque, Sirius se tourna vers Lily, confus.

— Tu as hésité parce que c’est un être humain et que tu respectes la vie. Nous en aurions tous fait autant. 

Sirius y songea un instant. Il n’avait jamais vu les choses sous cet angle. Sirius se remémora la scène. Sa cousine s’était pris un sortilège qui l’avait légèrement sonnée, il l’avait eue un court instant à sa merci, mais il n’en avait pas profité et un instant après, elle lui lançait un Doloris en lui disant « Alors, tu ne veux pas faire de mal à ta cousine chérie ? Que c’est mignon. » Sans Remus, qui était intervenu pour déconcentrer Bellatrix, il aurait eu du mal à se ressaisir. Après tout, Lily avait peut-être raison, il s’était peut-être laissé influencer par le commentaire de sa cousine…

— Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle tu as réagi aussi vivement, n’est-ce pas ?

— Hein ? demanda Sirius, encore perdu dans ses pensées.

— Hermione… précisa Lily. 

Sirius sentit un poids dans son coeur au moment où il repensa à la jeune femme et à sa torture. Il se refit la scène de la veille, quand il l’avait vue se battre, il avait admiré son ardeur tout en essayant de se concentrer sur son propre combat. Quand elle s’était figée face à son adversaire, il n’avait pas hésité une seule seconde.

— Je ne supporte pas l’idée qu’elle soit blessée, admit Sirius dans un soupir.

— Et tu sais pourquoi ?

— Sûrement parce qu’elle vous a sauvé la vie et que je lui en serai éternellement reconnaissant, avança-t-il en haussant les épaules.

Lily ne répondit pas immédiatement, laissant quelques instants à Sirius pour repenser à ses paroles.

— Vraiment ? insista-t-elle. Et pourquoi tu ne supportes pas de voir de la peine dans ses yeux quand elle te regarde ? 

Sirius regarda Lily de travers. Il avait envie de l’envoyer paître, comme il l’aurait fait avec James, mais il n’y avait pas une once de moquerie dans la voix de Lily. Elle voulait juste l’aider.

— Je ne sais pas, mais ça me rend fou. J’ai l’impression de lui causer de la peine et je ne sais même pas pourquoi. Elle a déjà bien assez de raisons d’être triste, je ne veux pas qu’elle le soit juste en me voyant.

Lily posa sa main sur celle de Sirius, qui leva les yeux vers elle, implorant.

— Pourquoi ça me rend fou comme ça ? 

Lily haussa les sourcils, comme pour lui signifier que ça lui paraissait évident, mais Sirius secoua la tête.

— N’importe quoi. Je ne la connais que depuis trois jours.

— Trois jours assez intenses. Et comme tu l’as dit, elle est entrée dans ta vie en nous sauvant, ça accélère sûrement un peu les choses. 

Sirius soupira. Il repensa à tout ce qui s’était passé ces derniers jours : leur rencontre où il avait manqué de l’étrangler, les moments de complicité quand ils avaient parlé ou même ri, la force avec laquelle il réagissait à sa peine ou à sa douleur, l’intimité du tissage de leurs âmes…

— Elle ne me laisse peut-être pas insensible, c’est vrai, finit-il par admettre, n’en prenant réellement conscience qu’en disant ces mots. 

Sirius s’étonnait lui-même de ce qu’il venait de dire. C’était bien la première fois qu’il avouait apprécier une fille. Même qu’il en appréciait une tout court d’ailleurs. D’habitude, elles lui couraient toutes après et il ne s’intéressait à elles qu’un temps puis, une fois la passion des premiers moments passés, il se désintéressait complètement.

Ici, c’était tout l’opposé. Hermione ne demandait pas après lui et lui ne cherchait pas seulement la chaleur de son corps. Sirius repoussa l’image d'Hermione dans ses bras, ce n’était pas ce qu’il recherchait. Non pas qu’il serait contre, mais ce n’était pas le sujet et, de toute façon, il n’aurait jamais ni son corps, ni son coeur. Elle lui était inaccessible.

— Sauf que celle-là, elle ne me courra pas après, précisa Sirius.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que pour elle, je suis un vieux de vingt ans son aîné ! Et aussi… Avec James, vous avez pensé que c’était la petite amie de Harry, mais je crois que c’était celle de Ron. Elle m’a dit qu’il était mort. Tu l’aurais vue au Terrier…

Lily resta silencieuse un instant, puis posa la tête sur l’épaule de Sirius.

— Tu devras être patient.

Sirius soupira, mais esquissa un léger sourire en pensant à James. S’il avait été là, la phrase de Lily aurait probablement été suivie d’un « Ce n’est pas comme si c’était sa qualité première… ».








Sirius et Lily rentrèrent peu après. Lorsqu’ils arrivèrent, ils découvrirent Hermione et Remus dans le canapé. La jeune femme releva la tête, toujours posée sur l’épaule de Remus, elle avait les yeux rougis, mais semblait s’être calmée.

Remus se releva et informa Lily que James était monté jouer à l’étage avec Harry. Cette dernière fila le rejoindre après un dernier regard encourageant vers Sirius.

— Je vais rentrer, déclara Remus. Tu me donneras l’heure pour demain ?

Sirius acquiesça.

Quelques instants après, il se retrouva seul avec Hermione, qui se leva en le voyant s’approcher. Sirius, comme avant de partir, aurait voulu la prendre dans ses bras, mais il se retint.

— Si tu tiens à venir demain, je ne m’y opposerai pas.

Hermione l’observa, curieuse.

— J’aimerais juste que tu me promettes de faire attention. Evite-la au maximum. Et si tu dois te retrouver face à elle, je serai à tes côtés. Si tu perds tes moyens, je veux que tu transplanes directement ici, sans un regard en arrière. D’accord ?

Hermione acquiesça, toujours sans dire un mot. Sirius se perdit dans ses yeux et, pendant un instant, son regard descendit sur ses lèvres. Il se ressaisit rapidement et remarqua avec soulagement que son moment d’égarement était passé inaperçu.

Sirius aurait voulu lui dire qu’il était désolé pour tous les moments où il s’était énervé depuis qu’il la connaissait, il aurait voulu poser la main sur sa joue et la caresser du pouce, il aurait voulu la prendre par la main et la mener à l’étage, dans son bureau, où ils auraient discuté pendant des heures.

Mais il se contenta d’esquisser un sourire maladroit et monta à l’étage s’enfermer dans sa chambre.

End Notes:
Et voilà, Sirius admet que l'arrivée d'Hermione l'a un peu chamboulé ^^

Qu'est-ce que vous pensez de ce passage ?
La cachette des Lestrange by Padfooot
Author's Notes:
Hello! 



De nouveau un peu d'action dans ce chapitre 15 : La cachette des Lestrange.

L’action se déroule le 5 novembre 1981.

    Dans l'épisode précédent :

    L'Ordre a découvert où se cachaient les Lestrange. Hermione voulait accompagner les Maraudeurs. Après qu'Hermione lui ait fait part d'une partie de son secret concernant Bellatrix et le manoir Malefoy, Sirius a fini par accepter sous conditions. 



Je pensais poster hier, mais j'était complètement happée par ma lecture du moment. Désolée pour ce jour de retard.
Bonne lecture !

Une fois Sirius parti, Hermione se retrouva seule. Elle s’avança vers l’escalier, mais, en posant le pied sur la première marche, elle manqua de tomber. La douleur de sa cuisse, qui s’était atténuée ce matin, s’était réveillée, plus intense qu’elle n’avait jamais été. Hermione monta l’escalier avec difficultés, essayant de ne pas faire de bruit pour ne pas attirer l’attention. Elle s’installa dans son lit, espérant qu’une bonne sieste viendrait à bout de la douleur, toujours plus lancinante.

Hermione fut réveillée par des coups à sa porte.

— Tu viens dîner avec nous ? demanda Lily, la tête dans l’entrebâillement de la porte.

— Oh, désolée. Je n’ai pas vu l’heure passer, répondit Hermione, encore à moitié endormie. Je préfèrerais continuer à me reposer pour être en forme demain.

— D’accord, je t’apporte quelque chose à manger alors.

Hermione commença à refuser, mais Lily insista. Il n’était pas question qu’elle se couche encore une fois sans n’avoir rien mangé.

Après un repas rapide dans sa chambre, Hermione passa à la salle de bain avant d’aller se coucher. En se voyant dans le miroir, Hermione eut un moment de panique. La tâche noire s’était encore étendue. Alors qu’elle ne mesurait encore que quelques centimètres de diamètre à son arrivée, elle recouvrait maintenant presque la totalité de sa cuisse et atteignait presque sa hanche.

Hermione se lava rapidement puis alla se coucher, se promettant de s’occuper de sa blessure dès qu’ils reviendraient de leur attaque contre les Lestrange.

Une fois qu’elle eut trouvé une position dans laquelle sa cuisse ne la faisait pas trop souffrir, Hermione s’endormit. Mais son sommeil fut de courte durée. Pour une fois, elle ne fut pas réveillée par des cauchemars, mais par l’élancement déchirant dans sa cuisse. Elle se sentait un peu fiévreuse. Hermione trouva dans son sac un fond d’onguent qu’elle appliqua sur sa cuisse, sans trop y croire, la douleur étant trop forte pour être atténuée par un onguent déjà peu dosé qui avait perdu une bonne partie de ses pouvoirs apaisants lors du voyage dans le temps. Elle but également le contenu d’une fiole, dans l’espoir de contenir sa fièvre.

Sachant d’avance que retrouver le sommeil était peine perdue, Hermione se faufila en silence jusqu’au bureau et commença à parcourir la bibliothèque de Sirius dans l’espoir de trouver de quoi l’aider.








Sirius soupira. C’était loin d’être sa première mission pour l’Ordre, mais il avait rarement été aussi soucieux.

Pourtant, il savait que si leurs adversaires n’étaient restés que tous les quatre, comme cela semblait être confirmé, ils seraient assez nombreux et n’auraient pas trop de mal à les maîtriser. Non, ce qui le mettait mal à l’aise, c’était de savoir Hermione parmi eux. Elle était capable de se battre, il en avait eu la preuve, mais il craignait qu’elle ne perde pied face à son ex-bourreau, surtout après avoir ravivé les souvenirs de sa torture.

En sortant de sa chambre, Sirius avait entendu des bruits dans la bibliothèque et en avait déduit qu'Hermione était déjà levée. Il n’avait pas voulu la déranger, préférant attendre la dernière minute. Mais, maintenant que Remus les avait rejoints, Sirius se décida à aller la chercher, espérant sans trop y croire qu’elle aurait changé d’avis et qu’elle les laisserait partir sans elle.

— Tout se passera bien, tenta de le rassurer Remus, qui avait remarqué son inquiétude.

Remus et James avaient tous deux décidé que c’était à Sirius de prévenir Hermione lorsqu’il serait temps, puisque c’était lui qui avait mis des conditions à sa venue. Sirius monta donc à l’étage et s’efforça de paraître détendu lorsqu’il ouvrit la porte de la bibliothèque.

En découvrant l’intérieur de la pièce, il fut surpris. Au lieu de trouver Hermione sagement assise dans un fauteuil vert, comme elle avait pris l’habitude de le faire depuis son arrivée ici, il la trouva assise par terre, au pied de la bibliothèque, des piles de livres étalés à côté d’elle.

— Qu’est-ce que tu fais ?

— Oh, je cherche un truc. Mais ne t’inquiète pas, je rangerai tout.

— Ce n’est pas ça qui m’inquiète, rétorqua Sirius en voyant les yeux brillants de la jeune femme. Tu vas bien ? ajouta-t-il, se demandant si elle avait de nouveau de la fièvre.

— Oui oui, très bien.

Sirius n’était pas complètement convaincu, mais il n’insista pas.

— Tu viens toujours avec nous ?

— Oh, je… je préfèrerais rester ici finalement. Vous êtes suffisamment nombreux, n’est-ce pas ? demanda Hermione, soudain mal à l’aise.

— Ne t’inquiète pas pour ça. Nous serons six contre quatre.

Hermione esquissa un sourire, rassurée, puis baissa de nouveau la tête vers le livre qu’elle tenait sur les genoux.

— Qu’est-ce que tu cherches ? Je peux peut-être t’aider.

— Non, c’est bon, merci.

Sirius, qui, en entrant dans la pièce, avait espéré voir Hermione changer d’avis et ne pas venir, s’apprêta à en sortir presque plus inquiet que si elle l’avait suivi. Mais il n’avait pas le temps de chercher à comprendre et il se promit d’insister à son retour.

— Faites bien attention à vous.

Sirius se retourna pour croiser le regard inquiet d'Hermione. Il lui sourit, se voulant rassurant, puis ferma la porte derrière lui et se dirigea vers le salon.

— Alors, elle arrive ? l’interrogea James.

— Non, elle reste finalement.

— Super, commenta Remus, soulagé.

— Ouais.

Devant le ton utilisé par Sirius, James et Remus furent déconcertés.

— Ce n’est pas ce que tu espérais ? demanda James.

— Si, mais… Je ne sais pas trop. Je verrai ça tout à l’heure. Allez, on y va. Vous êtes prêts ?

James et Remus n’insistèrent pas et tous trois s’éclipsèrent.








— Enfin vous voilà !

A peine eurent-ils mis le pied à terre que Fol-Oeil s’avança vers eux. Sturgis Podmore et Dedalus Diggle le suivaient de près.

Diggle se précipita vers James et lui serra la main vigoureusement.

— Ah Potter ! Il faut que vous nous racontiez tout. Vous-Savez-Qui disparu ! C’est…

— On n’a pas le temps pour ça, maugréa Fol-Oeil.

Diggle ne masqua pas sa déception, mais se détourna de James et se concentra sur l’Auror. Les Maraudeurs se sourirent, amusés.

— Alors, le plan est simple. Il ne faut pas qu’ils s’échappent, sinon rien ne garantit qu’on les retrouve aussi facilement la prochaine fois. Est-ce bien clair ? insista Maugrey.

De son oeil magique, il passa sur chacun des cinq sorciers, s’assurant que le message était bien passé.

— Bien. Vous trois, vous rentrerez en premier, reprit-il en se tournant vers les Maraudeurs. Si on rentre tous les six, on peut être sûr qu’ils vont fuir. Black, toi, tu t’occupes de distraire ta cousine.

Sirius acquiesça, grimaçant à l’évocation de son lien de parenté.

— On pourrait conjurer une barrière anti-transplanage, non ? proposa Remus.

— Non, j’ai observé leurs protections. Ils s'en rendraient compte immédiatement et disparaîtraient avant que l’anti-transplanage ne soit efficace. Il va donc falloir la jouer autrement. Mais si ta cousine reste concentrée sur toi, Black, le reste devrait bien se passer. Son mari ne partira pas sans elle et le dernier Lestrange, pas sans son frère. Et pour ce qui est du petit Croupton, même s’il fuyait tout seul, ce n’est pas trop grave, c’est un plus petit poisson que les autres.

— J’ai encore du mal à croire que Croupton se soit laissé corrompre ainsi. Vu son père, on aurait pu penser…

Podmore se coupa net en voyant le regard noir de Maugrey braqué sur lui.

— Pas le temps, on a dit. Donc Black, occupe-la, c’est l’élément principal du plan. Si tu la joues offensif, elle se concentrera vite sur toi, surtout si la provoques avec tes habituels sarcasmes à deux mornilles.

Sirius eut un rictus vexé tandis que James toussait pour masquer son amusement.

— Nous attendrons un peu avant de vous rejoindre, pour être sûrs qu’elle soit suffisamment distraite avant de nous voir débarquer. Potter, Lupin, vous vous occupez des trois autres en attendant qu’on arrive. Ne prenez pas de risques, vous serez en sous-nombre. Vigilance constante ! Alors concentrez-vous au maximum sur la défense. Si l’un de vous tombe avant qu’on n’arrive, ils se mettront à deux contre Black et on est foutu. Podmore, Diggle, ajouta-t-il se tournant cette fois vers les intéressés, nous arriverons par derrière. Tant qu’on n’a pas capturé au moins les deux Lestrange, personne ne va aider Black. Sinon, elle se sentira menacée et si elle prend la fuite, les autres suivront. Des questions ?

Le plan était clair, mais James avait l’air mal à l’aise. Remus et lui avaient pour mission de laisser leur meilleur ami se débrouiller seul avec une des meilleures combattantes du camp adverse.

— Combien de temps ?

— Comment ça ?

— Vous arriverez longtemps après ? insista James.

— Ça dépendra de Black. De là où on sera, on pourra vous observer sans se faire repérer et, dès qu’elle semble assez distraite, on vous rejoint. A Black de trouver le juste milieu pour capter son attention sans trop la provoquer. Comme vous nous l’avez fait remarquer dans votre rapport, elle est désespérée sans son maître et en est encore plus dangereuse.

James ne répondit pas, inquiet ; les mots de Maugrey avaient eu l’effet inverse de ce qu’il espérait. Sirius tenta de le rassurer d’un regard. Tout se passerait bien. Du moins, Sirius l’espérait… Bellatrix n’était pas un adversaire à sous-estimer.

— Allez-vous mettre en position. Vous entrerez à neuf heures précises.








Les trois Maraudeurs entrèrent dans le bâtiment discrètement. Lorsqu’ils se retrouvèrent face aux Mangemorts, ceux-ci eurent un mouvement de recul, mais Bellatrix les arrêta d’un geste.

— C’est bon, ils ne sont que trois, ricana Bellatrix.

Les trois autres Mangemorts se mirent en position de combat, mais n’attaquèrent pas.

— Vous n’êtes pas venus avec votre nouveau membre. Dommage, elle me plaisait bien. J’avais encore tant de choses à lui apprendre.

Les narines de Sirius frémirent de rage.

— Ce Doloris lui était destiné tu sais, je suis déçue que tu te sois mis en travers de mon chemin. Je suis sûre qu’elle aurait adoré ça.

Cette fois, Sirius ne put contenir la colère qui l’envahissait et attaqua. Bellatrix évita le sortilège et éclata de rire.

Rodolphus Lestrange réagit immédiatement et lança un sortilège que Sirius se serait pris de plein fouet si James n’avait pas conjuré un puissant bouclier entre Sirius et son agresseur.

Alors que Rodolphus reportait son attention sur James et que Rabastan Lestrange et Barty Croupton Junior se joignaient au mouvement, James et Remus se mirent côte à côte, prêts à se défendre mutuellement contre leurs trois adversaires.

Sirius et Bellatrix s’étaient lancés dans le combat, enchaînant les sortilèges. Les rôles avaient été échangés, c’était Bellatrix qui avait provoqué son cousin et la colère qu’éprouvait Sirius ne l’aidait pas à se concentrer.

Sirius manqua de peu un sort de stupéfixion, ce qui lui fit perdre l’équilibre un court instant, l’empêchant d’éviter le sort qui suivait.

Protego !

Le bouclier diminua largement la force du sortilège, mais pas suffisamment et, sous l’impact, Sirius recula, légèrement étourdi.

— Alors cousin, on ne sait plus se battre ? railla Bellatrix, en jetant un nouveau maléfice.

Sirius l’évita sans mal tandis que son adversaire se rapprochait. Voyant que leur combat s’éloignait de celui de James et Remus, Sirius eut une idée. Il s’évertua à reculer légèrement à chaque fois qu’il évitait un sortilège. Bellatrix le suivait, inconsciente du manège de Sirius et imaginant, au contraire, que l’attitude de Sirius présageait qu’il était dans une mauvaise passe.

Peu après, ils se trouvaient à quelques mètres du groupe de combattants et Maugrey, Podmore et Diggle profitèrent de la situation pour venir prêter main forte à James et Remus. Les trois Mangemorts étaient pris en étau entre cinq adversaires. Bellatrix semblait suffisamment concentrée sur son combat avec Sirius, mais ce dernier ne voulait pas prendre le risque qu’elle remarque ce qui se passait derrière.

— Alors Bella ! Ton cher maître ne te manque pas trop ?

Sirius était bien conscient du danger. Ce sarcasme risquait de mettre sa cousine dans un état de fureur qu’il aurait probablement du mal à contenir. Et en effet, peu après, il dut redoubler de concentration pour éviter les maléfices qui pleuvaient sur lui.

Les sortilèges gagnaient en intensité et Sirius avait de plus en plus de mal à les parer. Obligé de les éviter en se déplaçant, Sirius fatiguait. Il essaya de contre-attaquer, mais le rythme imposé par sa cousine ne lui en laissait pas la possibilité. Sirius évita un sortilège avec difficulté. Le suivant l’effleura. Le troisième le frappa de plein fouet.

Sirius se tordit sous l’impact du sortilège, le souffle coupé. Bellatrix observa un instant son cousin, ravie, et Sirius profita de son moment d’inattention pour lancer un informulé qu’il maîtrisait sur le bout des doigts.

En un instant, Bellatrix fut soulevée dans les airs, suspendue par la cheville. D’un coup de baguette, elle annula l’effet du sortilège et reprit place devant Sirius, qui avait pu profiter de ce répit pour reprendre partiellement ses esprits. Mais le maléfice qu’il avait reçu l’avait sonné et il ne se sentait plus la force de tenir tête efficacement à son adversaire.

Heureusement, James, Remus et Alastor accouraient à ses côtés et, en peu de temps, Bellatrix fut maîtrisée et ligotée à côté des autres Mangemorts.

— Ça va ? s’inquiéta James en voyant Sirius, le dos courbé.

— Tu t’es bien battu, mon garçon, le félicita Maugrey en lui donnant une tape dans le dos.

Sirius grimaça sous le coup.

— Je vais amener ces quatre marioles au quartier général des Aurors. Ils prendront le relais. Je vous rejoins dans quelques minutes.

Alors que Maugrey s’approchait de Bellatrix et Rodolphus, Sirius croisa le regard noir de sa cousine.

— Traître à ton sang, cracha-t-elle, avant de disparaître avec l’Auror.

Sirius ne releva pas. Il avait pris l’habitude d’entendre ça toute son adolescence.

— Ça va ? demanda à nouveau James.

Sirius acquiesça. Le sortilège lui avait fait l’effet d’un violent poing dans le ventre, mais il commençait déjà à se sentir mieux.

— Et vous ? Tout s’est bien passé ?

— Oui, ça va. Il était temps qu’ils arrivent, admit Remus. On n’aurait pas tenu longtemps à deux contre trois.

— Tu as été bien avisé de t’éloigner, fit remarquer Podmore à Sirius. Je pense que Maugrey aurait attendu encore sinon.

— Mais la provoquer comme ça aurait pu t’être fatal, intervint Remus. Tu es complètement fou…

— Elle est complètement folle, surtout ! corrigea James.

— Ce doit être un trait de famille alors, maugréa Sirius.

Peu après, Maugrey revint après avoir livré les Mangemorts à ses collègues Aurors et les six sorciers sortirent du bâtiment.

— Une petite Bièraubeurre, ça vous tente ? proposa Diggle.

Le sorcier n’attendit même pas de réponse et fit apparaître une table et six boissons. Les chaises ne tardèrent pas à suivre.

— Alors, Potter, que s’est-il passé l’autre nuit ? s’enquit Diggle.

Maugrey leva les yeux au ciel, mais ne commenta pas. James raconta alors le déroulé de la nuit en se conformant à la version qu’ils avaient retravaillée avec Dumbledore et qui correspondait également à ce qu'Hermione et le grand Harry leur avait dit de dire : « Voldemort est entré dans la maison alors qu’il était à la cuisine avec Lily. Il est monté directement à l’étage à la recherche de Harry. Alertés par les bruits de pas, ils se sont précipités derrière lui, mais le temps qu’ils arrivent, Voldemort avait déjà lancé le sortilège de la mort à Harry. Voldemort a disparu et leur maison était en ruines. Ils ont rassemblé leurs affaires et ont fui chez Sirius. »

— Mais comment est-ce possible ? Comment votre fils a-t-il pu survivre ? Et pourquoi Vous-Savez-Qui a disparu ?

— On ne sait pas, répondit simplement James.

La discussion sur Harry et Voldemort se prolongea quelques minutes et Sirius commença à réaliser ce qu'Hermione avait voulu dire en parlant de Harry comme « l’un des sorciers les plus célèbres du siècle ». Il allait probablement falloir que James et Lily le préservent de l’extérieur s’ils voulaient le laisser grandir normalement.

La conversation finit par dévier et Podmore s’intéressa aux projets qu’avaient les Maraudeurs pour leur avenir. James confia qu’ils s’interrogeaient sur le métier d’Auror.

— Le ministère n’accepte normalement de nouveaux Aurors qu’en sortie de Poudlard, expliqua Maugrey. Mais, vu la situation des dernières années et si je parle de vos capacités en duel, je pense que ça ne devrait pas poser trop de problèmes. Par contre, pour toi, Lupin, je suis désolé, mais je ne peux rien pour t’aider dans cette voie. Le chef du bureau des Aurors prêt à engager un loup-garou n’est pas encore né…

— Pas de souci, je ne cherchais pas à être Auror, répliqua Remus, mal à l’aise.

— Et du coup, ça se passe comment ? demanda James afin que la conversation ne s’oriente pas vers le métier de Remus, pour qui le sujet était sensible.

— Auror ? Oh, il y a trois années de formation, en équipe avec un Auror confirmé. Et deux fois par an, vous avez des examens, écrits et pratiques. La formation est très intensive et vous devrez vous investir à fond, précisa Maugrey d’un ton autoritaire.

Alors que l’Auror expliquait les différentes matières que contenait la formation, une biche argentée se matérialisa à côté d’eux. Lily ! Au grand étonnement de tout le monde, elle ne se dirigea pas vers James, mais vers Sirius.

Rentre dès que possible.

End Notes:
Alors, contents de savoir Bellatrix hors d'état de nuire pendant quelques temps ?


Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais après des jours enfermés dans l'appartement de Sirius, j'étais bien contente de mettre d'autres membres de l'Ordre en scène, particulièrement Maugrey.


A bientôt pour le chapitre 16 ;)
Médicomagie by Padfooot
Author's Notes:
Hello tout le monde! 



Voici le chapitre 16 (pour lequel je n'étais pas très inspirée pour le titre) : Médicomagie.

L’action se déroule du 5 au 12 novembre 1981.

    Dans l'épisode précédent :

    Les Maraudeurs ont rejoint Fol-Oeil et ont arrêté les Lestrange. Après la bataille, Sirius reçoit un patronus de Lily qui lui demande de revenir au plus vite. 



Merci Rozenn Selwyn, pour ta review ! 



Bonne lecture !

Après le message de Lily, les trois Maraudeurs transplanèrent directement chez Sirius. Lily se précipita vers eux.

— C’est Hermione ! Je suis passée la voir dans la Bibliothèque, mais elle s’était évanouie. Je n’arrive pas à la ranimer. J’hésitais à appeler un Médicomage, mais avec le Secret sur ton adresse, je ne savais pas quoi faire, expliqua Lily, paniquée.

— Qu’est-ce qu’elle a ? l’interrogea Sirius.

— Je ne sais pas trop… J’ai voulu voir par moi même ce qu’elle avait. J’ai regardé si elle n’avait pas de blessure qui pouvait expliquer ça et je… Elle…

Lily s’arrêta, au bord des larmes.

— Oh, je ne sais pas quoi faire. Elle…

— Il nous faut un Médicomage, tant pis pour le Fidelitas, l’interrompit Sirius, trop inquiet pour perdre davantage de temps.

D’un « Accio », il fit venir un parchemin et une plume puis gribouilla rapidement son adresse.

— Je m’en occupe, proposa Remus en lui arrachant des doigts le parchemin dès qu’il eut fini d’écrire l’adresse.

A peine Remus eut-il transplané vers Ste Mangouste que James proposa de gérer Harry pendant que Lily montait à l’étage avec Sirius.

Sirius s’approcha doucement d'Hermione. Elle était très pâle. Lily suivait Sirius de près.

— Elle a beaucoup de fièvre, comme l’autre nuit. Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est ça, dit-elle en relevant le drap sur la jambe d'Hermione.

Lily avait dû déshabiller Hermione pour chercher une éventuelle blessure. Elle l’avait ensuite rhabillée avec un short léger pour laisser sa blessure apparente. Sirius écarquilla les yeux en la découvrant. La tâche noire était impressionnante.

Sirius se tourna vers Lily, alarmé, mais il ne croisa qu’un regard désemparé. Il se noya un instant dans son regard, espérant qu’elle puisse le rassurer. Dans le groupe c’était elle qui avait les meilleures connaissances en médicomagie et potions. Elle avait commencé une formation avant d’arrêter pour dédier son temps à l’Ordre et, plus tard, à Harry.

— Je suis désolée, murmura-t-elle, impuissante.

Des coups sur la porte les interrompirent.

Remus se tenait à la porte, le souffle court. Il fit signe à l’homme qui le suivait d’entrer puis redescendit. L’homme, grand et brun, était âgé d’une petite trentaine d’années et affichait un air hautain.

— Alanus Brown, enchanté, se présenta le Médicomage d’un ton mécanique.

Lily lui exposa rapidement la situation. L’homme s’assit sur le bord du lit et regarda la blessure.

— Impressionnant ! commenta-t-il.

Le ton utilisé par le guérisseur déplut à Sirius, qui émit un léger grognement à peine différent de s’il avait été sous sa forme canine. Lily lui donna une légère tape sur le bras pour le faire taire.

— Comment s’est-elle fait ça ?

— Je ne sais pas, répondit Lily, désolée.

— Nous allons devoir la ranimer pour le lui demander.

Le guérisseur dut essayer plusieurs méthodes, mais finit par réussir à ranimer Hermione. La jeune femme mit quelques instants à reprendre ses esprits. Son visage pâle était crispé par la douleur.

— Mademoiselle, je suis Alanus Brown, votre Médicomage. Comment vous êtes-vous fait cette blessure ?

— Un sortilège, marmonna Hermione, les lèvres crispées.

— Quand l’avez-vous reçu ?

Hermione sembla réfléchir quelques temps avant de répondre. Mais la fièvre ne l’aidait pas à se concentrer. Elle voulait se laisser aller et dormir encore.

— Il y a un peu plus de quatre mois, dit-elle finalement.

— Etait-elle aussi grosse au départ ?

— Non. Elle a grossi. Doucement au début. Puis très vite.

— Comment ça très vite ? l’interrogea le guérisseur.

— Elle ne faisait encore que quelques centimètres quand je suis arrivée.

— Comment ça quand vous êtes arrivée ?

— Arrivée ici, elle était en voyage, précisa Sirius pour rattraper l’erreur qu’avait failli faire Hermione. Il y a à peine une semaine.

— Bien. Je vais regarder ça.

Le Médicomage se détourna alors de la jeune femme et se concentra sur sa cuisse. Il appuya sur la blessure pour l’ausculter, mais à peine avait-il posé la main sur la tâche noire qu'Hermione hurla à pleins poumons.

En un instant, Sirius fut à ses côtés.

— Mais vous êtes fou ! rugit Sirius.

— Je dois bien l’ausculter, se défendit Brown.

Sirius grogna, mais ne dit rien. Il se contenta de prendre la main d'Hermione et de la regarder dans les yeux. Elle plongea son regard dans le sien. Lily s’assit de l’autre côté du lit et posa un linge humide sur le front d'Hermione.

— Ça va aller, tenta de la rassurer Sirius.

— Je n’avais jamais vu ça, c’est vraiment impressionnant, commenta le Médicomage avant de poser doucement sa main sur la blessure.

Hermione serra la main de Sirius de toutes ses forces, essayant de ne pas hurler. Sirius soutint son regard, désemparé de la voir tant souffrir.

Mais bientôt, Hermione cria de nouveau. Sirius se tourna vers le Médicomage et le vit ausculter la blessure de la jeune femme sans grande délicatesse.

Sirius se releva d’un bond, agrippa Brown par la veste et le força à reculer.

— Mais enfin, je dois bien comprendre ce que c’est ! Je n’ai jamais vu ça…

Mais le ton d’Alanus Brown démontrait plus sa curiosité pour la blessure que de la conscience professionnelle.

Lily s’approcha et intervint. Elle repoussa Sirius doucement, qui finit par lâcher le col de Brown, laissant Lily gérer la situation. Il s’approcha de nouveau d'Hermione et lui reprit la main. Elle soufflait avec difficulté et avait les yeux fermés.

— Peut-être pourriez-vous nous orienter vers un Médicomage du service de pathologie des sortilèges, si possible quelqu’un de spécialisé en magie noire ? demanda Lily d’un ton à la fois poli et autoritaire.

Le guérisseur promit de s’en charger, mais il ne garantissait pas qu’un spécialiste soit disponible tout de suite. Lily proposa de le raccompagner. Brown avait à peine eut le temps d’accepter que Lily l’entraînait déjà à l’extérieur de la pièce. Le guérisseur tenta d’apercevoir une derrière fois la blessure avant d’être mis dehors.

Lily revint quelques instants plus tard.

— Quel idiot celui-là ! s’exclama-t-elle en revenant dans la chambre. Comment va-t-elle ?

Sirius secoua la tête. Elle souffrait toujours. Il pressa la main d’Hermione, qui se força à ouvrir les yeux à nouveau.

— Hermione, je suis désolé. On doit te poser d’autres questions.

Hermione hocha la tête.

— Tu ne sais pas quel sortilège c’était je suppose ?

La jeune femme secoua la tête, désolée.

— Est-ce que tu sais pourquoi ta blessure a évolué une fois arrivé à notre époque ?

Sirius menait l’interrogatoire d’une voix douce, assis sur le lit à côté d’elle tandis que Lily avait repris sa place de l’autre côté du lit.

— Je crois que oui. Je pense que mes potions ont perdu en puissance, comme le Polynectar.

— Quelles potions ?

Hermione tendit le doigt vers son sac en perles. Sirius sourit, attendri à la vue de l’objet sur lequel il l’avait taquinée trois jours plus tôt. Il se leva et revint avec le fameux sac. Avec l’accord d'Hermione, il fouilla dedans et en ressortit plusieurs fioles. La jeune femme indiqua deux d’entre elles, expliquant qu’elle s’appliquait l’onguent dès qu’elle avait mal et qu’elle buvait quotidiennement quelques gouttes de la deuxième fiole.

Lily demanda ce qu’étaient les potions et quels en étaient le contenu, mais Hermione ne sut pas lui répondre précisément.

— Je ne sais pas trop. Harry avait piqué quelques ingrédients et potions à Rogue. Je me suis débrouillée avec ce que j’ai trouvé.

Sirius tiqua au nom de Rogue et regarda Lily, mais celle-ci haussa les épaules, n’ayant pas plus d’informations. Hermione ne semblait pas avoir remarqué l’échange de regards, la fièvre la laissant inconsciente d’en avoir encore une fois trop dit.

— Je vais les analyser et j’essaierai de refaire quelque chose de similaire pour t’aider, expliqua Lily. En attendant, bois déjà ça, ça devrait faire baisser ta fièvre.

Hermione esquissa un sourire, reconnaissante, et but le contenu de la fiole que lui tendait Lily.

— Hermione, l’interpella doucement Sirius.

La jeune femme tourna de nouveau la tête vers Sirius.

— Ce que tu cherchais ce matin, dans la bibliothèque, c’était lié à ça ?

Hermione acquiesça.

— Tu aurais dû nous en parler.

— Je ne voulais pas vous inquiéter. Et puis il s’est passé tellement de choses…

Sirius n’insista pas.

— Et tu as trouvé quelque chose ? Dans la bibliothèque ? ajouta-t-il voyant que la jeune femme commençait à perdre le fil de la conversation.

— Non. Pas vraiment.

Sirius se mordit les lèvres. Il releva la tête, réfléchissant à ce qu’ils pouvaient faire. Ils ne savaient pas quand ils auraient affaire à un Médicomage compétent.

Posant les yeux sur sa blessure, Sirius se demanda s’il serait capable d’en comprendre la nature. Tout sortilège laisse une trace, parfois détectable même longtemps après.

Il replongea ses yeux dans ceux d’Hermione, qui peinait à rester consciente. Il tendit la main gauche vers sa jambe.

— Je peux ?

Hermione l’autorisa du regard, tremblante.

Sirius lâcha alors la main d'Hermione et se redressa avant de poser sa main délicatement au coeur de la tâche noire. Le contact de Sirius sur sa cuisse fit frémir la jeune femme, mais il agissait avec douceur, rien à voir avec le Médicomage quelques minutes plus tôt.

Sirius fronça les sourcils, inquiet de sentir la blessure aussi froide. Il se concentra sur la magie qui s’en dégageait. Ce qu’il ressentit était infime, il resta ainsi quelques instants pour confirmer ses sensations. Il ôta sa main, mais ne dit rien de son ressenti et se contenta de rabattre la couette sur la jambe d'Hermione avant de remettre une de ses mèches derrière son oreille.

— On va trouver, ne t’inquiète pas. Repose-toi.

A peine sortie de la chambre, Lily proposa de se mettre directement à son analyse des potions ramenées par Hermione.

— Elle a parlé de Rogue, qu’est-ce que…

— Je ne sais pas, le coupa Lily, mais si c’est Severus qui avait fait les bases des potions et qu’elle les a en plus modifiées pour s’adapter à ses besoins, je risque de passer un certain temps à y comprendre quelque chose.

— Tu es la meilleure en potions, lui assura Sirius.

— Severus était au moins aussi bon que moi et tu le sais.

Sirius ne tiqua pas, mais il n’appréciait pas d’entendre le prénom de son ennemi d’enfance dans sa propre maison.

— Tu as besoin d’aide ?

— Non, ça devrait aller. Si j’ai besoin, je vous appellerai James et toi.

Sirius s’approcha de son bureau et ouvrit la porte.

— Tu seras mieux ici pour travailler tranquille.

Alors qu’il regardait Lily entrer, il vit le bazar au sol dans sa bibliothèque. Sirius comptait continuer les recherches qu’avait commencées la jeune femme, mais avant il avait d’abord besoin de tenir ses meilleurs amis informés.

Il laissa Lily s’installer, puis il redescendit au salon. Il y trouva James et Remus en train de jouer avec Harry. Lorsqu’ils l’aperçurent, ses deux amis levèrent les yeux vers lui, inquiets.

Sirius leur raconta tout, son récit fut parfois coupé par les réactions de ses amis. Remus s’en voulait d’avoir ramené un incapable, c’était le seul Médicomage disponible au moment où il était arrivé. « Ah si j’avais su, je l’aurais fait sortir avec un coup de pied aux fesses », s’était exclamé James.

Ni Remus, ni James n’avaient idée de ce que Rogue pouvait bien avoir affaire là-dedans, mais ils ne s’éternisèrent pas sur ce sujet, intéressés par ce que Sirius avait découvert de la blessure d'Hermione.

— C’était bizarre, c’était froid comme si cette partie de sa cuisse était morte. De la magie noire, clairement. Mais surtout, j’avais l’impression d’un trou noir qui absorbait tout, je ne sais pas comment expliquer. Je vais voir si je trouve quelque chose là-dessus dans mes bouquins.

Les deux hommes offrirent de l’aider et bientôt ils se retrouvèrent tous dans le bureau.








Un peu plus tard dans la journée, un deuxième Médicomage arriva. Il s’était annoncé plus tôt par hibou afin que Sirius puisse le rejoindre à un endroit précis et lui communiquer son adresse. L’homme avait les cheveux grisonnants bien qu’il était à peine plus âgé que le Médicomage précédent.

Lorsqu’il ausculta Hermione, il n’eut pas à la réveiller, se contentant des réponses apportées par Sirius et Lily. Sa fièvre avait baissé grâce à la potion de Lily. Il ausculta ensuite sa cuisse avec bien plus de douceur que son collègue. Il masquait bien son intérêt pour l’originalité de la blessure et semblait vraiment soucieux de l’état de la jeune femme.

— Je me sens impuissant. Je ne sais pas ce que c’est. Si vous étiez venus plus tôt, nous aurions pu contenir la blessure encore longtemps. Mais là, je crains que ce soit compliqué. Il faudrait trouver quelque chose d’efficace pour contenir sa douleur et limiter l’étendue du maléfice, mais ce ne peut pas être une solution durable, expliqua le guérisseur.

Lily montra les deux potions d'Hermione et les analyses qu’elle avait commencé à en faire. Le guérisseur examina un instant les potions et se pencha sur les documents quelques minutes.

— Cela me semble un bon début. Pour la poudre de pieuvre, je vous conseille de vous fournir chez Murphy&Lewis sur le Chemin de Traverse. Ils en font une de très bonne qualité, l’effet de la potion devrait être d’autant plus puissant.

Lily prit note du conseil du Médicomage.

— Je vais voir avec mes collègues si certains ont entendu parler d’un tel maléfice, mais nous sommes en sous-nombre depuis la guerre. Mon mentor aurait certainement su vous aider. Hélas, il a disparu il y a quelques mois. Je suis désolé, mais tant que nous ne saurons pas ce que c’est, la blessure va continuer à se répandre, nous ne pouvons qu’essayer de repousser l’inévitable.

Sirius s’efforça de ne pas réagir, mais il sentit un poids dans sa poitrine. Il se concentra sur les paroles du guérisseur, ne voulant pas croiser le regard de Lily.

— Je passerai chaque jour pour suivre son évolution. Dès que j’ai une information qui pourrait nous aider, je vous en ferai part. Je pense que le traitement que vous êtes en train de préparer sera très bien, ajouta-t-il exclusivement pour Lily, mais si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas. Je vous enverrai quelqu’un deux fois par jour pour prendre soin de notre patiente.

— Tant que ce n’est pas l’autre truffe de toute à l’heure, maugréa Sirius, menaçant.

— Non, je vous enverrai mon apprentie. Elle s’appelle Miriam Strout, elle n’est pas là depuis longtemps, mais elle est très prometteuse et a un bon contact avec les patients en général.

Sur ce, il prit congé, laissant Sirius et Lily, songeurs.

— Je retourne à mes potions, finit par dire Lily, qui, tout comme Sirius, n’avais pas envie de reparler de cet échange pessimiste.








Une semaine après, Hermione ne s’était toujours pas levée. Elle était inconsciente la plupart du temps. Lily avait réussi à faire des potions similaires à celle d'Hermione et en avait même accru l’efficacité, mais la blessure continuait à s’étendre, bien que plus lentement, et la fièvre revenait de plus en plus vite même après les potions de Lily.

La Médicomage passait deux fois dans la journée pour s’occuper de soins basiques et pour faire la toilette de la jeune femme. Elle était très douce et prenait vraiment soin d'Hermione.

Ce jour, alors que Miriam Strout venait de repartir, Sirius se rendit dans la chambre d'Hermione et s’assit au bord de son lit. Il passait généralement ses journées à chercher dans la bibliothèque de son oncle, mais il n’avait encore rien trouvé. Remus et James l’aidaient régulièrement. James s’était même proposé de partir à la recherche du Médicomage disparu dont avait parlé son collègue guérisseur. Il avait réussi à retrouver sa trace deux jours auparavant, mais il avait découvert qu’il avait été assassiné par les Mangemorts. Cette nouvelle avait vraiment mis un coup au moral de Sirius qui ne savait plus à quoi se raccrocher. Ils avaient demandé de l’aide à Dumbledore, mais le vieux sorcier n’avait rien trouvé qui puisse changer la donne.

— Sirius ?

Sirius se retourna et fixa Hermione. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas dit un mot. Elle semblait toujours aussi fiévreuse.

— C’est bien toi ?

— Oui, c’est moi.

— Oh, tu es vivant ! murmura-t-elle, soulagée.

Sirius s’efforça de ne pas montrer son étonnement. Parlait-elle de leur escapade contre les Lestrange ? Il lui avait pourtant parlé depuis.

— Harry va être si heureux. On te croyait mort.

Cette fois, Sirius ne put cacher son air stupéfait. La fièvre semblait la faire délirer.

— Tout va bien Hermione, tu ferais mieux de te rendormir.

— Je suis désolée, Sirius, murmura Hermione, presque en pleurs. Je me doutais que c’était un piège, mais Harry ne voulait pas m’écouter. Il ne voulait pas prendre le risque de te perdre, il tient tant à toi.

La jeune femme s’exprimait avec difficulté.

— Ce n’est rien, la rassura Sirius, sans vraiment comprendre.

— J’aurais dû insister, pardonne-moi. On t’a mis en danger. Pardon, pardon…

Sirius essaya de la faire taire en posant doucement un doigt sur ses lèvres, mais Hermione insista.

— Sirius, je sais que tu détestes rester caché, mais il le faut. Fais-le pour Harry. Il t’aime tant. S’il te plaît, supplia Hermione.

Sirius hocha la tête, jouant le jeu, alors qu’il ne comprenait rien aux paroles de la jeune femme.

Hermione tendit alors la main vers Sirius, essayant d’atteindre son visage.

— Tu as changé, commenta-t-elle, pensive.

Sirius observait Hermione avec tendresse. Elle n’était qu’à quelques centimètres, mais l’effort de lever le bras semblait lui coûter. Il lui prit la main et la reposa doucement sur le lit.

— Repose-toi.

Sirius se leva et observa du bout de la pièce la jeune femme se rendormir. Puis il alla dans son bureau et fit part de la conversation étrange qui venait d’avoir lieu à ses amis, toujours occupés à chercher dans les livres.

— Tu en sais un peu plus sur pourquoi elle te regarde avec tristesse, dit Lily.

— Comment ça ? demanda Sirius.

— Elle semble penser que tu es mort par sa faute.

Les quatre amis ne commentèrent pas davantage l’échange entre Sirius et Hermione, mais Sirius eut du mal à se concentrer sur ses recherches. Lily avait peut-être raison, mais il n’y avait pas que de la culpabilité dans les yeux d'Hermione, il y voyait aussi une forme de pitié et de la peine, beaucoup de peine.

Mais ce n’était pas le moment d’y penser ! Pour l’instant, ils devaient continuer leurs recherches et trouver un remède pour Hermione.

End Notes:
Encore merci à celles qui ont commenté jusque-là et encore plus à celles qui commentent régulièrement. ♥



Pour les autres, n'hésitez pas, je ne mords pas et j'adore les reviews :)
Récit des Etats-Unis by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour bonjour! 



Désolée, ce chapitre était prévu pour jeudi, mais j'ai eu un petit contretemps.
Voici donc le chapitre 17 : Récit des Etats-Unis.

L’action se déroule entre le 16 et le 19 novembre 1981.

    Dans l'épisode précédent :

    L'état de santé d'Hermione s'est clairement dégradé. Elle est alitée depuis des jours et ses moments de conscience sont de plus en plus rares. Les Maraudeurs et Lily cherchent un moyen dans la guérir, mais la tâche s'avère compliquée. 



Un grand merci à Miss Delavergne pour ta review. ♥ 



Bonne lecture !

Quelques jours plus tard, la situation semblait désespérée. Alors que Sirius et James continuaient à éplucher la collection de Sirius, Remus et Lily s’étaient proposés, avec l’accord de Dumbledore, de chercher dans la réserve de la bibliothèque de Poudlard. Les bibliothèques classiques ne leur auraient été d’aucune utilité puisqu’ils étaient au moins sûrs que seul un ouvrage lié à la magie noire pouvait les aider.

Alors qu’ils avaient passé la journée à chercher sans résultat, le Médicomage, qui était passé voir Hermione, comme chaque soir, avait tenu à leur parler. A deux reprises, il avait cru trouver l’origine du maléfice à force de chercher et d’en discuter avec ses collègues, mais les traitements essayés n’avaient eu aucun effet.

— Je suis inquiet. Elle est de moins en moins consciente. Nous n’avons aucune nouvelle piste et la tâche ne fait que de grossir. D’ici deux jours, trois au mieux, la blessure risque de s’étendre aux organes digestifs et génitaux. Autant, les cellules de sa jambe pourraient se régénérer si on trouvait une solution rapidement, mais si les organes sont touchés, il n’y a aucun espoir. Non seulement, les organes abîmés le seraient à jamais, mais, en plus, la tâche risque de se développer encore plus vite. Elle souffre de plus en plus. Je suis désolé, mais je pense qu’il va falloir commencer à réfléchir à mettre fin à sa souffrance.

Sirius avait refusé d’en entendre davantage et était parti s’enfermer dans le bureau.

James lui avait laissé un peu de temps avant de venir le rejoindre.

— Sirius, il va falloir qu’on en parle.

Sirius fit semblant d’être trop occupé par sa lecture, mais, puisque James n’avait pas l’air de vouloir le laisser, il finit par relever la tête.

— Je refuse d’y croire, dit-il simplement d’un air à la fois entêté et affligé.

— Je comprends ce que tu ressens. Nous nous sommes tous attachés à elle, elle nous a sauvé la vie. Mais nous ne pouvons pas la laisser souffrir indéfiniment.

Sirius soupira. Il ne voulait pas qu’elle souffre, mais il ne voulait pas laisser tomber. Après tout ce qu’elle avait fait pour eux, elle ne méritait pas qu’ils baissent les bras.

— Sirius, que… insista James.

— Non, le coupa Sirius. Je refuse qu’on prenne une telle décision tant qu’il reste de l’espoir.

— Tu as entendu le Médicomage, tenta de le raisonner James.

— Justement. Il nous reste deux jours, peut-être trois !

— Et après ? répliqua James, presque avec colère.

Sirius ne répondit pas.

— Pads, je sais que tu tiens à elle. Je suis désolé. Mais peut-être que rester ici ne devait pas se faire. Ce n’est pas vraiment sa place.

Sirius lança un regard noir à James. Il y avait pensé aussi. Mais il en voulait à son ami de le lui dire.

— Elle n’est pas censé exister en deux exemplaires. Normalement, elle n’a que deux ans, insista James, s’inquiétant de la réaction de son ami.

— Je sais, admit finalement Sirius dans un soupir. Je sais bien. Tu ne crois pas que ça me rend fou de m’être attaché à la seule personne qui non seulement ne me courre pas après, mais en plus ne devrait même pas faire partie de ma vie ! Mais pourtant c’est le cas et je… J’aurais au moins aimé la protéger. Je lui dois au moins ça, conclut Sirius, la voix rendue rauque par l’émotion. J’essaierai jusqu’au bout. Laisse-moi encore ces trois jours. S’il te plaît.

— Va pour trois jours. Et je t’aiderai jusqu’à la dernière minute.








Le lendemain, Sirius s’était levé très tôt, incapable de dormir plus longtemps. Il se hâta de se préparer pour pouvoir commencer ses recherches au plus tôt.

Sirius ouvrit le grimoire personnel de son grand-père, Pollux Black. Il y avait écrit de nombreuses anecdotes sur ce qu’il avait découvert pendant ses voyages. Il y avait peu de chances qu’il soit tombé sur un maléfice similaire, mais, au point où ils en étaient, cela valait le coup d’essayer.

Après deux heures passées sur le livre, Sirius entama la lecture du récit qu’avait fait son grand-père d’un voyage aux Etats-Unis, dans les années 1920.



Sirius se promit de montrer le contenu du journal à James, dont le grand père était cité. Il continua sa lecture, apprenant que Pollux avait passé près de deux semaines aux côtés de Percival Graves et de ses Aurors. Son grand-père avait même pu participer au raid organisé pour arrêter les Courseurs responsables du trafic et Sirius en lut tout le récit avec attention.



Sirius arrêta net sa lecture. Un maléfice signature ? De nombreuses familles enseignaient des maléfices assez spécifiques à leurs descendants. Les Black en avaient un certain nombre, mais Sirius ne s’y était jamais intéressé. Se pourrait-il que le maléfice qui avait frappé Hermione et que personne ne semblait connaître soit justement ce genre de sortilège que l’on passe de génération en génération ?

Plus il y pensait et plus il trouvait cela plausible.

Il sortit dans le couloir en courant et tambourina à la porte de James et Lily. Il ne prit pas le temps d’attendre qu’ils lui ouvrent et se précipita vers la chambre d'Hermione.

Il s’assit au bord du lit, comme il avait pris l’habitude de le faire quand il venait rendre visite à la jeune femme. Lily le rejoignit très vite, toujours en chemise de nuit et s’assit de l’autre côté du lit en regardant Sirius, étonné. James suivit et posa les mains sur les épaules de sa femme.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il essayant de masquer l’espoir qu’avait fait naître l’attitude de Sirius.

— J’ai peut-être une idée. Lily, tu peux essayer de la ranimer ?

Lily, qui avait pris conseil auprès de Miriam Strout pour réveiller Hermione en douceur afin de lui faire ingurgiter ses potions à heures fixes, sortit sa baguette.

Hermione mit pas mal de temps à émerger, mais finit par entrouvrir les yeux avec difficultés

— Hermione, commença Sirius d’une voix douce. J’ai besoin de ton aide.

Il attendit qu'Hermione se concentre sur lui avant de reprendre.

— Ce sortilège, c’est un Mangemort qui te l’a lancé n’est-ce pas ?

Hermione fit un très léger signe de tête vers le bas. Sirius prit ça pour un « oui ».

— Tu as pu voir son visage ? Tu saurais nous dire qui c’était ?

Hermione ne répondit pas. Elle semblait à deux doigts de se rendormir. Sirius la prit par l’épaule et la secoua légèrement.

— Hermione, reste avec nous. C’était qui ?

— Ya… commença à dire Hermione, mais sa voix s’éteignit et ses yeux se fermèrent.

Sirius secoua Hermione un peu plus fort.

— Désolé Hermione, mais il faut vraiment que tu nous dises, insista Sirius, la voix brisée de la voir si faible.

— Yaxley, finit par murmurer Hermione.

— Quelle ordure, grommela James.

Sirius, lui, esquissa un sourire. Les Yaxley apparaissaient sur le registre des sang-pur, ils avaient probablement des sortilèges propres à leur famille depuis des générations. Il remercia Hermione et la laissa aux mains de Lily pour prendre ses potions avec un peu d’avance. Il sortit, suivi de James, mais attendit que Lily les rejoigne pour exposer son idée.

Il raconta alors ce qu’il avait lu dans le journal de Pollus Black. L’hypothèse du sortilège signature plut immédiatement aux Potter, qui, comme Sirius, étaient prêts à se raccrocher à la moindre piste.

— Mais comment avoir accès à la bibliothèque des Yaxley ? Ni toi ni moi ne pouvons jouer la carte du sang-pur pour socialiser avec ces gens-là, fit remarquer James, qui ayant épousé une née-Moldu passait au moins autant pour un traître à son sang que Sirius depuis qu’il avait fui de chez lui.

— Et si vous demandiez à Fol-Oeil ? proposa Lily. Ils sont toujours à la recherche de Mangemorts, ils n’ont aucune preuve contre les Yaxley à ma connaissance. Mais je ne pense pas que ça les arrête quand il s’agit de perquisitionner une maison à la recherche d’indices. Depuis Croupton, les Aurors ont presque carte blanche.

— Mais, en faisant ça, les Aurors risquent de se mettre les Yaxley à dos, fit remarquer James, pas complètement convaincu par l’idée de Lily. Et puis, nous ne sommes pas Aurors et nous n’aurions pas le temps de fouiller toute une bibliothèque.

— Ça ne coûte rien de lui demander. Si ce n’est pas possible, nous trouverons une autre solution, insista Lily.

A la fin de la discussion, les trois amis avaient décidé de contacter Maugrey. C’était leur meilleur plan jusque-là.








Le soir même, James et Sirius pénétraient chez les Yaxley accompagnés de Maugrey. La femme de Yaxley n’avait pas apprécié qu’ils fassent irruption chez elle, mais la réputation de l’Auror n’était plus à faire et elle avait finalement dû accepter de les laisser entrer, même en l’absence de son mari, qui devait rentrer plus tard dans la soirée. Bien que réticente, elle les mena vers un petit salon, au fond duquel étaient installées des étagères. Il y avait beaucoup moins de livres que chez Sirius, mais ils risquaient tout de même d’avoir du mal à en faire le tour, même s’ils restaient quelques heures.

James et Sirius avaient expliqué à Maugrey le souci d'Hermione sans en dire trop sur la jeune femme. Il n’avait pas demandé plus de détails et avait accepté de les aider, cherchant avec eux dans les livres, pour le moment sans résultat.

Après deux heures de recherche, ils furent dérangés par Yaxley qui revenait chez lui. Il ouvrit la porte d’un coup sec.

— Que faites-vous chez moi ? lança-t-il, énervé.

Maugrey s’avança vers et lui répondit d’un ton sec, mais professionnel.

— On perquisitionne votre bibliothèque. Nous avons reçu un message anonyme comme quoi vous étiez un espion dans le camp des Mangemorts. Notre informateur semblait penser que des courriers compromettants étaient cachés par ici, expliqua-t-il en secouant un livre comme s’il espérait faire tomber des lettres d’entre les pages.

— Ça n’a pas de sens ! rugit Yaxley.

— Peut-être, mais c’est mon métier de vérifier, répliqua Maugrey d’un ton sans appel.

Yaxley grimaça, les doigts crispés sur sa baguette magique, mais il ne contredit pas l’Auror, voyant qu’il n’avait pas le choix. Les Aurors étaient presque tout permis en cette période d’après-guerre et Yaxley n’avait aucun intérêt à ne pas coopérer avec Maugrey.

— Et eux, que font-ils là ? Ils ne sont même pas Aurors !

— Eux, ils travaillent avec moi. Ils veulent postuler, je vérifie leur efficacité sur une mission désagréable et inutile. Mais ça ne vous regarde pas Yaxley, alors laissez-nous faire notre travail. Je vous tiendrai au courant quand on aura fini. Et j’espère pour vous qu’on ne trouvera rien de compromettant, ajouta-t-il en fixant sur lui son oeil magique.

Yaxley sortit en grommelant.

Sirius, James et Fol-Oeil se remirent à leurs recherches, qui restèrent longuement infructueuses.

Au bout d’un moment, James sortit un petit carnet, qu’il avait trouvé coincé derrière une rangée de gros grimoires. Il le feuilleta et le tendit à Sirius, assis par terre, un livre poussiéreux sur les genoux.

— Regarde !

Sirius jeta un coup d’oeil tandis que Fol-Oeil s’était approché pour regarder par dessus son épaule. Sirius feuilleta rapidement le livret. Sur chaque page était écrit soit un sortilège et ses caractéristiques, soit le détail d’une potion.

Sirius ressentit un fol espoir l’envahir. Il parcourut rapidement le carnet et, aux deux-tiers, tomba sur une page qui pouvait correspondre.




En dessous des explications était dessiné un symbole expliquant le geste à faire avec la baguette, mais Sirius ne s’y intéressa pas et tourna la page. Au dos, la page de droite indiquait « Potion pour limiter l’action du Sagitta Venerum » tandis que la page de droite contenait la recette de la « Potion pour guérir du Sagitta Venerum ».

— On a trouvé ! s’exclama Sirius.

Il en aurait presque hurlé de joie, mais Maugrey lui donna une tape sur la tête.

— Pas la peine d’ameuter les Yaxley, maugréa l’Auror.

— Passe, je vais recopier, offrit James en tendant la main vers le carnet.

James s’appliqua à tout recopier sans rien omettre. Il regarda également les pages suivantes pour s’assurer qu’elles n’aient pas de lien avec le maléfice qui les intéressait.

— Allez, rangez tout ça. Ensuite, on y va.

Ils sortirent de la pièce quelques minutes plus tard. Yaxley vint à leur rencontre.

— C’est bon Yaxley, vous vous en tirez bien. On n’a rien trouvé, mais j’espère pour vous que je n’aurai pas d’autre message anonyme sur votre compte, sinon ce ne sera pas que vos sales bouquins qu’on fouillera ! gronda Maugrey, l’air menaçant.

Une fois assez loins de la demeure des Yaxley, Sirius et James remercièrent chaleureusement l’Auror pour son aide et ils se séparèrent.

A peine arrivés chez Sirius, Lily se jeta sur eux. Vu les regards pleins d’espoir de James et Sirius, Lily comprit qu’ils avaient une piste sérieuse et des larmes de soulagement perlèrent au coin de ses yeux. James la serra dans ses bras, souriant à son meilleur ami par dessus les épaules de sa femme.

— Il nous reste encore du boulot. Ma Lily, tu as une potion à faire, précisa James, le sourire aux lèvres.

Lily se ressaisit rapidement et regarda avec attention le parchemin que lui tendait James.

— Ça devrait aller, il faut être très précis, mais il n’y a pas de difficulté particulière. Il me manque juste deux ingrédients : des ailes de fée et des fragments de tourmaline. J’irai le chercher demain dès l’ouverture des magasins. La potion demande pas mal de temps de repos, mais elle devrait être prête dans l’après-midi.

Sirius s’étala sur son fauteuil habituel dans le salon. Demain après-midi… L’attente allait être longue. Ces derniers jours avaient été pesants, mais il n’avait pas vu le temps passer, occupé à chercher un moyen de sauver Hermione. Maintenant qu’ils avaient une piste sérieuse, il ne savait pas quoi faire. Devait-il continuer à chercher ?

— Je vais tout de même préparer l’autre potion, on ne sait jamais, ajouta Lily, qui semblait aussi s’inquiéter du résultat. Elle doit également reposer quelques heures, mais si je m’y mets ce soir, on pourra lui faire boire au matin.

Elle monta à l’étage pour se mettre au travail et Sirius se leva pour la suivre, prêt à se plonger dans la bibliothèque jusqu’à la dernière minute, au cas où.








La veille, Lily avait administré les potions réalisées à partir des instructions trouvées chez les Yaxley et cela semblait faire effet. Non seulement, la tâche ne s’était plus étendue depuis, mais en plus, les contours s’étaient éclaircis et la peau y était jaunie, comme un hématome en train de guérir.

Hermione n’avait pas encore montré de réelle amélioration lors de ses courts moments d’éveil et ses accès de fièvre étaient toujours aussi forts et récurrents, mais cela ne semblait pas inquiéter le Médicomage.

Il avait promis de passer le lendemain matin pour suivre l’évolution. Lily était partie avec James prendre l’air avec Harry, qui commençait à trouver le temps long, ses parents lui ayant montré moins d’attention ces derniers jours, et avait laissé Hermione aux soins de Sirius.

Lorsque le Médicomage arriva, Sirius l’accompagna dans la chambre d'Hermione. Il prit sa place habituelle assis sur le lit à la gauche d'Hermione tandis que le guérisseur se plaçait à droite. Il ausculta un moment la blessure.

— C’est déjà beaucoup mieux. La tâche a vraiment arrêté de grossir. Peut-être mettra-t-elle du temps à retrouver toute sa mobilité et une couleur normale, mais je pense qu’elle est hors de danger. Maintenant, voyons voir comment elle se sent.

Le guérisseur ranima Hermione. Elle semblait toujours désorientée, mais sa fièvre était déjà un peu moins forte que la veille. Hermione finit par ouvrir les yeux et croisa le regard de Sirius.

— Bien, mademoiselle. Regardez-moi, demanda-t-il en plaçant son visage bien au dessus du sien.

Mais Hermione ne bougea pas et continua de fixer Sirius.

— Mademoiselle, s’il vous plait, je dois vérifier vos fonctions cognitives. Mettez la tête bien droite et regardez-moi.

Hermione s’exécuta.

— Bien ! Maintenant, regardez à droite.

Mais à peine eut-il dit « bien » qu'Hermione avait de nouveau détourné le regard, se calant dans celui de Sirius.

Sirius lui sourit tandis que le médecin insistait pour qu'Hermione regarde sur sa droite.

Hermione tourna la tête à droite.

— Juste le regard, mademoiselle, la corrigea le guérisseur, commençant à perdre patience. Remettez-vous bien face à moi et regardez à droite.

Hermione remit sa tête au centre sans lâcher Sirius du regard, qui lui souriait toujours, amusé.

— Regardez à droite, s’impatienta le Médicomage.

Hermione s’exécuta, mais à peine eut-elle regardé à droite qu’elle se détourna de nouveau en direction de Sirius. Ce dernier semblait beaucoup s’amuser en voyant la jeune femme désorientée ancrer son regard dans le sien.

Le Médicomage lui demanda ensuite de regarder en haut, puis en bas, ce qu'Hermione finit par faire avec les mêmes difficultés.

— On va dire que ça ira, soupira le guérisseur.

Son soupir cachait une certaine forme d’amusement également.

Sirius quitta à regret le regard d'Hermione et lui caressa la joue du bout des doigts avant de suivre le Médicomage à l’extérieur de la pièce. Ils rejoignirent Lily en bas.

— Je pense qu’il va falloir adapter son traitement, il me semble un peu fort. Sa fièvre a baissé, mais elle reste désorientée, commenta le Médicomage en jetant un regard en coin à Sirius qui souriait ouvertement, nullement embarrassé. Elle devrait rapidement se remettre. Je passerai la voir une dernière fois demain, mais, à mon avis, dans deux jours maximum, elle est sur pieds.

End Notes:
Et voilà ! Hermione est sauvée :) Je ne pouvais quand même pas la tuer ^^

L'histoire de Percival Graves s'inspire des notes de JKR sur le MACUSA du site WizardingWorld.

J'ai du mal à suivre mon rythme initial de parution car, suite à ma commotion, j'ai toujours des difficultés à être longtemps sur l'écran et j'ai en parallèle la dernière ligne droite du concours "Effraction au Ministère". Pour ceux qu'une courte romance au XIXème siècle intéresse, n'hésitez pas à aller jeter un coup d'oeil : le troisième et dernier chapitre sera posté d'ici la fin de la semaine.
Course dans Poudlard by Padfooot
Author's Notes:
Hello ! 


Et voilà, je reviens sur un meilleur rythme de parution avec le chapitre 18 : Course dans Poudlard.

L’action se déroule les 20 et 21 novembre 1981.

    Dans l'épisode précédent :

    L'état de santé d'Hermione s'est clairement dégradé, mais Sirius a eu une idée et, avec l'aide Maugrey, ils ont récupéré la recette d'une potions qui semble avoir tiré Hermione hors de danger. 



J'espère que ce chapitre vous plaira. C'est un de ceux que j'ai pris le plus de plaisir à écrire. 



Bonne lecture !

Pour la première fois depuis plusieurs jours, Hermione se réveilla consciente de son entourage. Elle avait l’impression d’avoir vécu un étrange rêve dont elle n’arrivait jamais vraiment à se réveiller, comme si elle avait eu la tête dans un épais nuage. Elle se redressa, les muscles ankylosés d’avoir aussi peu bougé ces derniers jours.

Hermione repoussa la couette et regarda sa cuisse. La tâche était toujours là, mais elle semblait plus claire et les contours en étaient moins distincts. En la touchant, elle ne ressentit ni la douleur ni le froid habituels.

Sur son chevet, Hermione découvrit le livre qu’elle avait déjà bien entamé. Elle le prit et l’ouvrit à hauteur de son marque-page. Dedans, elle trouva une lettre et un document plié en quatre, qui semblait être un article de journal soigneusement découpé.

Elle commença par la lettre et reconnut cette écriture élégante si caractéristique de Sirius qu’elle n’avait pas vue depuis sa cinquième année.



Hermione sourit, attendrie, mais ne s’attarda pas et déplia l’article de journal.



Une photo des quatre Mangemorts accompagnait l’article qu'Hermione lut rapidement, à la recherche d’une information en particulier.

Elle ne tarda pas à trouver ce qui l’intéressait vraiment : Alice et Franck Londubat ne garderont pas de séquelles de cette attaque. Hermione laissa ses pensées dériver vers Neville quelques instants puis reprit la lecture du livre sur les âmes.

Après un long moment de lecture, Hermione décida d’essayer de se lever. Les muscles ankylosés, elle mit un peu de temps à se mettre debout, mais elle fut étonnée de voir que poser son pied par terre ne lui causait plus de douleur dans la cuisse.

Elle s’aventura jusqu’à la salle de bain sans croiser personne puis prit une douche chaude, appréciant le contact de l’eau sur sa peau.

Elle prit ensuite le chemin du salon, mais, à peine avait-elle descendu quelques marches qu’elle fut interpellée par une voix familière.

— Hermione !

James semblait étonné et ravi de la voir là.

— Sirius ! Lily ! les appela James avec enthousiasme.

Lily, qui était à la cuisine, arriva immédiatement, le petit Harry effectuant quelques pas incertains à ses côtés.

— Oh Hermione, ça me fait si plaisir de te voir debout ! On ne s’attendait pas à ce que tu te remettes si vite !

— Vite ? demanda Hermione, incertaine.

Elle avait pourtant eu l’impression d’être restée allongée pendant des jours.

— Oui, enfin, plus vite que ne le pensait le Médicomage.

— Je suis restée couchée combien de temps ? Qu’est-ce qui s’est passé exactement ?

— Je vais t’expliquer tout ça, viens assieds-toi.

— Non merci, je préfère rester un peu debout. J’ai été suffisamment allongée je crois.

— Ne te fatigue pas trop quand même, lui conseilla Lily. James, tu veux bien aller prévenir Sirius ? Je crois qu’il est en train de bricoler sa moto.

Alors que James s’éloignait, Lily expliqua à Hermione les points principaux de ces derniers jours.

— Nous sommes le 20 novembre ? s’étonna Hermione, qui calcula rapidement qu’elle s’était évanouie il y a déjà quatorze jours.

— Hermione ! Comment vas-tu ?

Sirius s’avançait vers elle, les mains noircies par son travail sur sa moto. Il semblait aussi étonné que James ne l’avait été quelques minutes plus tôt, mais son sourire trahissait plus encore sa joie que sa stupéfaction.

Il s’arrêta à quelques pas d’elle. Encore une fois, il avait eu envie de la prendre dans ses bras, mais cette fois, il ne s’était retenu que parce qu’il était couvert de cambouis. Hermione lui rendit son sourire, les joues légèrement roses. Elle ne se rappelait pas bien de tout ce qu’il s’était passé pendant ses moments de semi-consciente, mais elle ressentit une gêne qu’elle n’avait, jusque-là, jamais sentie en sa présence.

— Tu devrais t’asseoir, finit par dire Sirius.

Cette fois, Hermione n’insista pas et ils s’installèrent tous au salon.

— Tu veux manger quelque chose Hermione ? demanda Lily. Nous ne pensions pas t’avoir avec nous ce midi, nous avons déjà mangé.

Hermione accepta avec plaisir. Pendant quatorze jours, elle avait été nourrie magiquement par la Médicomage et elle avait hâte de pouvoir manger normalement.

Hermione se régala pendant que James, Lily et Sirius lui parlaient de tout et de rien. Lily raconta les progrès que Harry avait fait pour marcher. « Il prend de plus en plus confiance. A mon avis, encore deux-trois jours et il va nous falloir le surveiller sans cesse », avait commenté James, ravi. Sirius expliqua les modifications qu’il était en train d’apporter à sa moto, il s’évertuait à la rendre ultra silencieuse. « Ensuite, je m’occuperai de l’invisibilité » avait-il dit, passionné par son nouveau projet.

Ils expliquèrent également à Hermione toutes les péripéties qui avaient amené à la découverte du remède pour sa blessure. Hermione avait été touchée de voir qu’ils s’étaient tous donné beaucoup de mal pour elle, Remus y compris.

— D’ailleurs Remus devrait venir dîner avec nous ce soir, précisa Lily. Mais si tu préfères, on peut décaler.

— Non, au contraire, c’est très bien ! assura Hermione.

— Si tu es trop fatiguée, on peut ne faire ce dîner que demain tu sais.

— Non, vraiment Lily, je t’assure, je me sens en pleine forme.

— Tu es sûre ? demanda Sirius. Parce que si tu es aussi en forme que tu le dis, j’aimerais te montrer quelque chose.

Hermione le dévisagea intriguée.

— Qu’est-ce que c’est ?

— C’est une surprise, précisa Sirius avec un sourire taquin.

— Hé bien d’accord, répondit-elle comme si elle acceptait un défi.

— Tu es sûre ? On peut faire ça demain. Ce serait peut-être plus raisonnable.

— Non je t’assure, je me sens étonnamment bien.

— Super ! Alors je te laisse te préparer. Nous partirons vers seize heures.

Hermione acquiesça et partit se préparer.








Lorsqu’ils sortirent plus tard dans l'après-midi, Sirius tendit sa main à Hermione.

— Je te guide ?

Hermione acquiesça, un petit sourire en coin, et posa sa main dans celle de Sirius.

Lorsqu’ils atteignirent leur destination, Hermione se figea et arrêta net de sourire. Sirius l’avaient emmenée à Poudlard. Ils se trouvaient exactement devant la grille de l’école, là où Harry et elle avaient fui pour pouvoir transplaner, là d’où elle avait vu Neville tomber pour lui sauver la vie, là où elle avait abandonné les corps des Weasley, là où elle avait laissé tant de sorciers se battre à leur place.

Depuis son réveil ce matin, elle n’avait pas pensé à tout ça, son époque, la guerre… Pendant un court instant, elle avait été juste Hermione. Mais là, elle était de nouveau une voyageuse temporelle, condamnée à vivre dans ce monde où elle ne devait pas exister. Du moins pas cette version d’elle-même…

Hermione déglutit difficilement. Son coeur s’affolait. Elle observa le château de Poudlard, intact. Aucune flamme. Aucun débris. Aucune tour cassée.

Sirius observait les réactions d'Hermione, incertain. Il avait pensé lui faire plaisir en l’amenant ici.

— Hermione, je…

— Ça va, le coupa Hermione d’un ton sec.

Elle ne pouvait pas en parler avec Sirius. Et puis elle ne le voulait pas. C’était trop dur.

— Que voulais-tu me montrer ?

Hermione avait essayé de poser la question sans émotions, mais son ton dur blessa un instant Sirius. Il ne savait plus comment réagir.

— Euh je… je… Dumbledore nous attend.

Hermione et Sirius se mirent en marche vers le château. Mais lorsqu’ils s’approchèrent de l’entrée, Hermione fixa son regard vers un point précis, évitant autant que possible de revoir le théâtre de la mort des Weasley.

Ils arrivèrent peu après devant les gargouilles du bureau de Dumbledore, mais aucun d’eux n’avait osé prononcer un mot. Ils s’annoncèrent et les gargouilles leur laissèrent le passage à la demande du directeur.

— Miss Williams, je suis ravi de vous voir aussi en forme.

Hermione tiqua à l’usage de son nom d’emprunt, elle ne s’y était pas encore habituée. Elle salua le professeur et observa autour d’elle. Contrairement à Harry et Ron, elle n’avait jamais eu l’occasion de se trouver dans ce bureau. L’ambiance qui y régnait et sa curiosité naturelle contribuèrent à détendre Hermione, qui commençait à se remettre de ses émotions.

— Je vais vous laisser. Sirius, je vous ai mis à disposition ce que vous souhaitiez, précisa le directeur en montrant un récipient en pierre et une fiole en verre.

Dumbledore leur dit au revoir et les laissa seuls.

— Je ne comprends pas, s’étonna Hermione.

— J’ai pensé que tu aurais envie de voir quelques souvenirs. Je… Tu semblais tenir à voir Bellatrix se faire arrêter et je n’étais pas sûre que l’article de la Gazette suffirait à éloigner tes cauchemars. Alors, j’ai demandé à Dumbledore s’il était d’accord pour me prêter sa Pensine.

La voix de Sirius était tendue. Il avait été sûr de son idée, mais, depuis leur arrivée à Poudlard, il doutait de la réaction qu’aurait Hermione.

— Je voudrais te montrer le jour où nous l’avons arrêté. Dumbledore m’a également laissé le souvenir de son procès.

Hermione, sentant le désarroi de Sirius, s’approcha de lui et posa sa main sur son bras.

— Merci, dit-elle simplement en lui souriant.

Sirius, rassuré, sortit sa baguette, la colla à sa tempe pour en extraire un filet d’une lueur argentée et le déposer dans la Pensine. Il fit signe à Hermione et ils s’engouffrèrent dans le souvenir.

Hermione écouta attentivement les explications de Fol-Oeil et suivit les Maraudeurs à l’intérieur. Elle observait la scène comme si elle y était. Lorsque le Sirius du souvenir se prit le premier sortilège, Hermione se tendit soudainement et ne put réprimer un pas en avant. Sirius posa alors la main sur son épaule et murmura « ce n’est rien ».

Après avoir vu les deux souvenirs, Hermione se sentit plus légère. Elle remercia chaleureusement Sirius de les lui avoir montrés. Ce dernier, profitant que la jeune femme soit plus détendue qu’en arrivant à Poudlard, la taquina sur sa réaction dans le premier souvenir. Hermione fit semblant de se vexer, un sourire en coin, mais elle n’eut pas le temps de répondre car c’est le moment que choisit son ventre pour manifester sa faim.

— Quatorze jours sans vraie nourriture, quelle torture ! Ça te dit un tour dans les cuisines ? demanda Sirius, l’air malicieux.

Hermione sourit. Le repas de ce midi ne l’avait pas calée longtemps et elle était déjà affamée, mais, bien que la proposition était tentante, elle pouvait attendre le soir.

— On ne peut pas, on n’est même pas censé être là.

— Dumbledore nous a invités.

— Dans son bureau ! Il ne nous a pas proposés de se trimballer dans tout le château, rétorqua Hermione.

Sirius ne put cacher son amusement. Il serait prêt à parier qu’elle avait arboré fièrement un badge de préfet dès la cinquième année.

— Quoi ? Tu as peur de faire perdre des points à Gryffondor ?

Hermione fit semblant de jeter un regard noir à Sirius.

— Et qui te dit que j’étais à Gryffondor, d’abord ? répliqua-t-elle finalement.

— Courageuse comme tu es, je n’ai aucun doute.

Hermione rosit devant l’assurance et le sourire de Sirius.

— Allez viens ! la pressa Sirius, qui trouvait décidément la situation très divertissante. Je connais Poudlard comme ma poche.

Hermione se laissa aller au jeu de Sirius.

— D’accord, mais on ne doit pas se faire repérer, dit Hermione d’un air malicieux, mettant Sirius au défi.

Sirius éclata de rire.

— Pari tenu. Et si tu es sage, je te montrerai l’un des passages secrets, ajouta Sirius avec un clin d’oeil.

— Parce que tu crois que je ne les connais pas ?

L’air d'Hermione amusa Sirius autant qu’il l’étonna.

— Au cas où tu ne le savais pas, mon meilleur ami est le filleul du grand Sirius Black, l’un des célèbres Maraudeurs, précisa la jeune femme, taquine.

Sirius adressa un sourire éclatant à Hermione, se rapprocha d’elle puis lui murmura à l’oreille :

— Ne me flatte pas trop, Hermione. Sinon, je ne réponds plus de rien.

Hermione rougit devant l’insinuation de Sirius, mais elle n’eut pas le temps d’y penser car il lui prit la main et l’entraîna à l’extérieur. Le couloir du deuxième étage était vide et ils coururent aussi silencieusement que possible. Arrivés à l’angle, Sirius lâcha la main d'Hermione, s’arrêta net en levant son bras devant elle pour qu’elle s’arrête également et passa la tête par delà le mur, pour voir s’ils pouvaient continuer sans risque.

Il fit signe à Hermione qu’ils pouvaient y aller. Mais à peine eurent-ils atteint le milieu du couloir qu’ils entendirent des bruits de pas trainants s’approcher. Sirius adressa un air malicieux à Hermione et la poussa vers une porte sur leur gauche. Il les fit pénétrer dans un placard à balais où le peu de place les força à se trouver très proches, face à face. Ils se regardèrent, amusés. Alors que les bruits de pas se faisaient plus forts, Hermione reconnut une voix familière. Rusard s’adressait à sa chatte. Hermione, que la situation amusait vraiment, manqua d’éclater de rire, mais Sirius posa son doigt sur ses lèvres. Hermione se perdit un instant dans ses yeux, qui riaient aussi. Ils étaient si proches qu'Hermione en eut un instant le vertige.

Sirius aurait voulu profiter de l’instant pour l’embrasser, mais il avait trop peur de gâcher le moment et il se contenta de lui faire un clin d’oeil avant d’entrouvrir la porte tout doucement. Il observa Rusard s’éloigner puis invita Hermione à le suivre à l’extérieur. Ils reprirent leur chemin en trottinant silencieusement jusqu’aux escaliers mouvants. Sirius regarda sa montre, esquissa un sourire et entraîna Hermione sur l’un des petits escaliers qu’elle n’utilisait pas souvent. Ils attendirent seulement quelques secondes et l’escalier se mit en mouvement, les amenant pile au couloir qui menait à l’escalier principal. Hermione observa Sirius, impressionnée par sa connaissance des lieux. Le Maraudeur lui répondit par un nouveau clin d’oeil puis ils descendirent deux autres étages sans problème avant d’entendre des bruits s’élever de toutes parts. Les cours devaient s’être juste terminés et les escaliers allaient bientôt être remplis d’élèves.

Sirius reprit la main d’Hermione et ils accélèrent, tout en riant. Ils sautèrent les dernières marches et se retrouvèrent au sous-sol. Ils passèrent la première porte à droite de l’escalier et reprirent leur course effrénée au milieu d’un couloir aux murs de pierre décorés de tableaux de victuailles aux couleurs éclatantes. Ils s’arrêtèrent devant celui représentant une immense coupe en argent débordante de fruits.

Hermione prit les devants et chatouilla la poire en riant.

— Tu vois, moi aussi je connais bien les secrets de ce château !

Sirius souriait franchement et regardait maintenant Hermione avec insistance. Il avait envie de poser ses lèvres sur les siennes. Hermione se grandit, se tendant plus ou moins consciemment vers lui. Mais alors que Sirius s’apprêtait à embrasser la jeune femme, la porte des cuisines s’ouvrit et un petit elfe demanda poliment aux deux sorciers rouges d’embarras ce qu’il pouvait faire pour eux.

Ils ressortirent quelques minutes plus tard avec suffisamment de parts de tarte à la citrouille pour faire leur repas du soir. Sirius en mit deux de côté et fit disparaître les autres.

Ils passèrent leur presque baiser sous silence, mais rirent en commentant leur aventure. Malgré les rires, Hermione était un peu mal à l’aise. Elle avait failli se laisser embrasser par le parrain de son meilleur ami. Il était censé avoir vingt ans de plus qu’elle, bon sang ! Et elle aimait Ron… Le ventre d'Hermione se contracta et les dernières bouchées de tarte eurent du mal à passer. ils reprirent leur chemin et Sirius, remarquant le changement d’attitude d'Hermione, parla peu. En passant devant la Grande Salle, ils croisèrent deux filles de Gryffondor qui semblaient être en septième année.

— Oh Sirius ! Qu’est-ce que tu fais là ? l’intercepta la brune.

Sirius dévisagea un instant la fille qui l’avait abordé.

— Michelle O’Connor ! Tu te souviens ? J’étais en troisième année quand tu passais tes ASPIC. Et voici Shella Martin, elle était entrée comme Poursuiveuse cette même année.

La deuxième fille était grande avec de magnifiques cheveux blonds vénitiens. Bien que moins aguicheuse que sa copine, elle adressa un grand sourire charmeur à Sirius.

— Pourquoi es-tu ici ? insista Michelle.

— Un rendez-vous avec Dumbledore, répondit simplement Sirius, qui n’avait pas envie de s’attarder.

— Oh ! J’espère que c’est pour remplacer notre professeur de Défenses contre les Forces du Mal. Il est tellement nul.

— Non, pas vraiment. Je dois y aller, désolé.

— Dommage. A bientôt j’espère !

Sirius leur adressa un dernier regard par politesse puis se détourna. Ni Hermione ni lui ne firent de commentaire et ils se dirigèrent vers l’extérieur.

Hermione, dont les pensées s’étaient tournées vers Ron depuis leur départ des cuisines, eut du mal à ne pas laisser ses larmes couler en revoyant l’extérieur de Poudlard. Sirius hésita à lui prendre la main, mais il n’en fit rien, se doutant que l’attitude d'Hermione était cette fois partiellement liée à ce qui avait failli se passer entre eux. Ils rentrèrent en silence et Sirius espéra que l’ambiance de la soirée avec Remus allait de nouveau permettre à Hermione de se détendre.

Lorsqu’ils arrivèrent chez Sirius, Remus était déjà présent et ils les attendaient tous trois avec impatience. Les tartes envoyées par Sirius avaient atterri sur la table et ils voulaient tous savoir ce qui les avait emmenés dans les cuisines de Poudlard.

Ils se mirent à table et Sirius raconta ce qui s’était passé, passant sous silence les moments plus intimes et insistant sur les rires que leur avait procurés leur petite aventure. Sirius fut soulagé de voir que le récit avait ramené un peu de bonne humeur sur le visage d'Hermione.

— Mais tu n’as pas eu mal à ta cuisse ? s’étonna Lily en apprenant qu'Hermione avait couru dans les couloirs de Poudlard.

Hermione haussa les épaules et se mit à rire.

— Non. J’avais même complètement oublié.

Elle adressa un grand sourire à Sirius. Elle s’en voulait toujours d’avoir failli se laisser embrasser, vis-à-vis de Ron, mais aussi vis-à-vis de son statut de voyageuse temporelle. Mais ce n’était pas parce qu’elle n’avait pas ce droit qu’elle ne pouvait pas profiter de son amitié et de sa joie de vivre.

Sirius lui rendit son sourire, ravi de voir le changement d’attitude de la jeune femme.

— Et après les cuisines, vous avez fait quoi ? demanda James, avide de revivre une aventure à Poudlard, même si c’était seulement au travers des récits de son meilleur ami.

Sirius lui raconta alors leur rencontre avec Michelle et Shella.

— Ah oui, je me rappelle de Shella ! Elle était Poursuiveuse aussi, se souvint James. Une fille sympa. Ce n’était pas la meilleure joueuse de Quidditch de l’équipe, mais on rigolait bien.

— Sa copine, elle, est plutôt collante ! grommela Sirius.

— Alors Hermione, quelle chanceuse tu es, taquina James que les souvenirs de Poudlard enthousiasmaient, tu as pu voir à quel point Sirius était adulé par la gent féminine. Il faut dire qu’il est plus agréable à regarder que le Médicomage…

Hermione rougit, consciente de ce à quoi James faisait allusion. Elle n’avait pas vraiment contrôlé ce qui s’était passé ce jour là, mais elle s’en rappelait suffisamment bien et aurait préféré que ce sujet ne revienne pas sur le tapis.

Lily donna une tape sur l’épaule de James, qui s’efforça de ne pas rire. Remus, à qui l’histoire avait également été relatée, souriait.

Sirius lança un regard d’avertissement à son meilleur ami, mais James le connaissait bien assez pour savoir qu’au fond il trouvait ça drôle aussi.

— D’ailleurs ça me rappelle une anecdote ! Tu te souviens quand Penny t’avait offert des bonbons avec un philtre d’amour ? reprit-il en s’adressant à Sirius. Ah ! C’était trop drôle ! Tu l’avais suivie partout pendant près de trois heures. Elle avait surdosé ce philtre, tu en étais devenu si collant qu’elle n’en pouvait plus à la fin et qu’elle t’avait demandé de la laisser tranquille. Tu te souviens ? Tu étais revenu à la tour de Gryffondor la queue entre les pattes.

Sirius grommela pour la forme, mais l’air espiègle sur son visage témoignait de son amusement.

Hermione, emportée par l’ambiance joyeuse, prit la parole.

— Ça me rappelle un jour où une fille avait offert des chocolats à Harry pour la St Valentin. Ron lui en avait piqué un et…

Sa voix s’éteignit soudainement. Tous les visages étaient tournés vers elle, étonnés. C’était la première fois qu’elle se laissait aller à une telle anecdote sur sa vie, la première fois qu’elle laissait échapper ce genre d’informations sur son passé, sur le futur de leur fils.

—  Pardon, je… je n’aurais pas dû, je ne sais pas ce qui m’a pris. 

La suite du repas fut bien moins drôle. Hermione n’osait plus parler. Elle s’était rendue compte de l’impossibilité de se lier d’amitié avec Sirius, James, Remus et Lily. Elle aurait eu envie de pleurer en se rendant compte que cette page de sa vie devait se terminer.

James et Remus tentèrent de remettre un peu d’ambiance avec quelques anecdotes, mais Hermione se refusait à se laisser aller. Sirius, même s’il n’imaginait pas la portée des pensées d'Hermione, sentait que quelque chose allait se passer et il la regardait, impuissant. Lily, elle, devinait sans trop de mal l’ampleur du problème ; elle pressentait que cela arriverait un jour ou l’autre.








Le lendemain, Hermione avait pris une décision importante. Aujourd’hui, elle partirait. Où exactement, elle ne savait pas. Chez les Moldus, probablement. Il y serait plus simple de se créer une fausse existence.

Lorsqu’elle se retrouva avec James, Sirius et Lily, elle prit une grande inspiration et se lança.

— Je vais partir.

— Quoi ? Comment ça ? demanda James.

Lily semblait mal à l’aise, mais n’avait pas l’air aussi étonné que son mari. Sirius ne dit rien, se contentant de dévisager Hermione, blessé.

— Je pense que ce n’est pas une bonne chose que je reste avec vous, commença Hermione.

— Mais enfin, tu dis n’importe quoi ! Ta place est avec nous. Je… Tu… Lily, dis-lui toi !

James regardait Lily, impuissant. Lily aurait voulu qu'Hermione reste — elle s’était vraiment attachée à elle — mais elle comprenait aussi les raisons pour lesquelles elle voulait les quitter. Lily regarda James et secoua la tête d’un air désolé.

— Mais… Lily… Non, Hermione, tu dois rester avec nous. Sirius, dis quelque chose.

Mais Sirius fixait toujours Hermione sans un mot. Il la regardait sans vraiment la voir, ne voulant pas croire à ce qui allait se passer. James se sentait dépassé, seul à essayer de convaincre Hermione.

— Il faut que tu restes avec nous.

— Je ne peux pas. Il y a trop de risques. J’en sais trop.

— Mais même si tu pars, on continuera à se voir n’est-ce pas ? insista James.

Hermione inspira difficilement.

— Je suis désolée. Non.

James semblait atterré. Lily lui prit la main. Hermione leva les yeux vers Sirius, mais ce dernier eut un rictus amer et quitta la salle.

Hermione hésita un instant puis le suivit. Elle frappa à la porte de sa chambre et n’attendit pas qu’il l’invite à entrer. Sirius était assis au bord de son lit, la tête dans les mains. Elle pénétra dans la salle pour la première fois depuis la visite que lui avait faite Sirius au début de son séjour ici.

— Pourquoi tu pars ?

— Tu sais pourquoi.

Sirius se leva et vint se placer juste en face d'Hermione.

— A cause de moi ?

Hermione hésita.

— C’est à cause de ce qui s’est passé hier hein ?

— Non, Sirius. Ce n’est pas ça. Pas que, corrigea Hermione.

Sirius déglutit. Alors c’était bien en partie sa faute.

— Sirius, je… Plus je me sens proche de vous et plus je risque de dire des choses que je ne dois pas dire. Regarde ce que j’ai dit hier soir au dîner.

— Mais ce n’est pas grave ça ! rétorqua Sirius.

— Si, ça l’est ! Imagine si chaque moment important de la vie de Harry vous était révélé. Vous n’auriez pas le même plaisir à le voir grandir.

Sirius ne sut que répondre. Elle disait vrai, mais ce n’était pas une raison suffisante à ses yeux.

— Et je pourrais dire des choses qui auraient des conséquences que je refuse même d’imaginer, ajouta Hermione.

Un instant, Sirius revit dans le regard d'Hermione la douleur qu’il avait souvent vu les premières fois qu’elle l’avait regardé.

— Saurais-je un jour pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Pourquoi continues-tu à essayer de connaître ce futur qui n’est plus le tien ? Tu dois bien être conscient que ça ne t’apportera rien.

— J’aimerais simplement comprendre ce que tu ressens quand tu me regardes, expliqua Sirius.

Hermione se perdit un instant dans les iris gris de Sirius.

— Je ne veux pas que tu partes, insista-t-il avec douceur.

— Je ne peux pas prendre le risque de devenir proche de vous et de vous en dire trop !

— Proche de nous… répéta Sirius, pensif.

Hermione savait que Sirius pensait en particulier à la manière dont ils avaient failli être proches la veille.

— Je ne peux pas. Je pars ce matin, Sirius. Ma décision est prise.

Sirius acquiesça, mais sa moue dédaigneuse montrait sa contrariété. Hermione s’apprêta à laisser Sirius seul, mais il l’arrêta.

— Comment est-ce qu’on saura que tu vas bien ?

Hermione esquissa un faible sourire.

— Attends un instant.

Elle revint un instant plus tard en tenant son petit sac. Elle en sortit son livre préféré, L’Histoire de Poudlard, et le tendit à Sirius.

Il la regarda sans comprendre.

— Lorsqu’un voyageur temporel meurt ou retourne dans son temps, tout ce qu’il a amené avec lui disparaît, expliqua Hermione.

Elle montra alors le livre des yeux.

— Je suis née de parents moldus et c’est le premier livre que j’ai lu sur le monde magique. J’y tiens beaucoup. Si ce livre venait à disparaître, alors c’est que je… suis retournée à mon époque. Ainsi, tu sauras si je vais bien.

— C’est tout. Tu ne nous écriras même pas ? Jamais ?

— Non.

— Mais la mission que t’a confié Dumbledore ?

— Il vaut mieux que je fasse ça de loin.

Sirius fit de nouveau la moue, mais accepta finalement le livre que lui tendait Hermione. Il le garderait précieusement.

— Tu vas me manquer, soupira Sirius alors qu'Hermione s’apprêtait à sortir.

— Vous aussi, vous allez me manquer. Merci. Pour tout.

Hermione sortit alors et partit dans sa chambre ranger ses affaires.

Lorsqu’elle fut prête, elle sortit avec le livre sur les âmes qu’elle n’avait pas eu le temps de finir et alla le ranger à sa place dans la bibliothèque. Elle n’y était pas revenue depuis qu’elle s’était évanouie. Hermione soupira. Tout était allé si vite. Elle avait passé à peine trois semaines avec eux, dont deux allongée et majoritairement inconsciente, et pourtant elle avait l’impression qu’elle était restée bien plus que ça.

Hermione observa un instant la porte de la chambre de Sirius, mais elle n’eut pas le courage de retourner le voir. Elle considéra que sa dernière phrase servirait d’adieu.

Elle descendit l’escalier et tomba sur James et Lily.

— Nous avons quelque chose pour toi, dit Lily en tendant un Hermione une enveloppe épaisse.

Hermione regarda l’intérieur de l’enveloppe et y découvrit une liasse de billets moldus.

— Qu’est-ce que…, commença Hermione.

— On s’est dit que tu aurais besoin d’un petit coup de pouce au début. On vient de faire un aller-retour chez Gringotts.

— Vous n’avez pas à…

— Oh si ! l’interrompit James.

— Au moins comme ça, tu auras un peu de temps devant toi pour te trouver une situation stable.

Hermione les remercia chaleureusement, les larmes aux yeux.

— Vous allez vraiment me manquer, mais je n’ai pas le choix.

— Je comprends, répondit simplement Lily.

James, lui, ne répondit pas. Il ne voulait pas comprendre, mais il savait qu’il ne pouvait pas la faire changer d’avis. Il prit simplement Hermione dans les bras et la serra fort.

— Prends bien soin de toi.

Lily enlaça également Hermione et ils la regardèrent s’éloigner.

Avant de passer la porte, Hermione se retourna, jetant un dernier regard sur le petit Harry.

— Je ne peux pas rester près de toi sans tout gâcher, murmura-t-elle pour elle seule.

End Notes:
Alors, qu'avez-vous pensé de cette fin ? A quoi vous attendez-vous pour le chapitre suivant ? :D



Pour ceux qui sont intéressés, je viens de poster le dernier chapitre de ma fic sur mon OC Addison Griffith (invention du Magicobus et romance au XIXème siècle).
N'hésitez pas à y jeter un coup d'oeil ! ;)
Le Chemin de Traverse by Padfooot
Author's Notes:
Hola hola ! 



Voilà le chapitre 19 : Le Chemin de Traverse.

L’action se déroule les 30 et 31 juillet 1991.

    Dans l'épisode précédent :

    Hermione s'est complètement rétablie. Sirius en a profité pour lui faire une surprise en l'amenant à Poudlard pour utiliser la Pensine de Dumbledore et lui montrer l'arrestation de Bellatrix.
    La sortie a été assez émotive. Suite à ça et à une gaffe faite pendant le dîner, Hermione a décidé de prendre ses distances et de partir vivre dans le monde moldu pour veiller sur Harry de loin. 



Un grand merci à Rogirls pour sa review.


Bonne lecture !

Sirius s’étala sur le canapé dans le salon, les muscles endoloris. Déjà neuf ans qu’il était entré chez les Aurors et les entraînements lui semblaient toujours aussi intensifs.

Après la chute de Voldemort, James et lui avaient réfléchi à ce choix de carrière et, quelques mois après, Maugrey les avait présentés à Rufus Scrimgeour en appuyant leur candidature. Le chef du bureau des Aurors n’avait pas mis longtemps à accepter qu’ils entrent dans l’équipe à la rentrée 1982, en même temps qu’une autre recrue directement issue de Poudlard.

Pendant trois ans, ils avaient dû redoubler d’efforts pour passer toutes les épreuves, tant écrites que pratiques. Et enfin, en 1985, ils prononçaient leur serment d’Auror, officialisant leur statut.

Régulièrement, ils faisaient des duels d’entraînement avec les collègues et Sirius en ressortait toujours ravi, mais éreinté.

— Je ne comprends pas pourquoi vous vous entraînez autant.

Sirius releva la tête vers la jeune femme blonde qui s’assit à ses côtés. Shella caressa distraitement ses cheveux d’ébène, coupés courts, et le regarda d’un air déçu, sachant qu’il irait probablement se coucher tôt.

— C’est mon métier, répliqua Sirius, tendu à l’idée du commentaire qui ne manquerait pas de suivre.

— Avec Tu-Sais-Qui disparu, il n’y a plus de raisons de s’entraîner à ce point. Il n’y a pas des mages noirs à chaque coin de rue, fit remarquer Shella.

Sirius s’efforça de ne pas grimacer et haussa les épaules. Il ne voulais pas revenir sur le sujet. Il avait déjà essayé de lui expliquer que Voldemort pourrait revenir et qu’il restait encore plein de Mangemorts en liberté, mais Shella refusait d’entendre cette version de l’histoire. Comme une majorité de sorciers, elle chérissait trop ce temps de paix pour accepter qu’il puisse lui être enlevé.

— Tu veux faire quoi ce soir ?

— Rien, désolé. Je suis crevé, répondit Sirius tout en étalant ses longues jambes sur le fauteuil d’en face.

— Mais tu as pris ta journée demain, non ? insista la jeune femme, déçue. Tu pourras toujours faire la grasse matinée.

Sirius secoua la tête. Il n’avait aucune envie de faire la grasse matinée. Tout ce qu’il voulait, c’était se coucher au moment où il était fatigué. Et ce soir, il l’était.

— Et puis, je dois rejoindre James demain matin, lui rappela Sirius. C’est l’anniversaire de Harry et on a prévu de passer la journée sur le Chemin de Traverse pour faire ses courses pour Poudlard.

Shella ne dit rien. Elle avait parfois l’impression de passer au second plan face à James, Lily et Harry, mais la jeune femme n’était pas assez bête pour critiquer leur amitié. En plus, James aimait bien Shella, ce qui, elle le savait, était un avantage non négligeable pour elle.

— Bon, je vais aller voir Michelle ce soir alors. On se voit demain soir ?

— Oui, super. Amuse-toi bien, répondit Sirius tout en attirant la jeune femme contre lui pour un dernier baiser.

Une fois Shella partie, Sirius s'en voulut d’avoir annulé leur soirée comme ça, mais il savait que, rincé comme il l'était, il ne serait pas de très bonne compagnie. Shella s'amuserait bien plus avec Michelle qu'avec lui.

Et en effet, sa soirée fut vite terminée : il se prépara rapidement à manger, se posa un court moment avec un livre puis alla se coucher.








Hermione appuya sur son réveil à l’instant même où il sonna. Elle avait peu dormi, se réveillant sans cesse avec la peur que le réveil ne sonne pas et qu’elle soit en retard.

Aujourd’hui était une journée importante pour elle. Elle avait posé des jours de vacances autour de cette date depuis des mois ; elle voulait être sûre d’être opérationnelle.

Hermione prit une grande inspiration, elle avait beau avoir réfléchi au déroulé de cette journée des milliers de fois, s’imaginant tous les scénarios possibles, elle avait peur que quelque chose se passe mal. Puis elle se leva, alla vers la cuisine et mit la bouilloire en marche. Elle prépara son petit déjeuner et le dégusta tranquillement, essayant de ne pas penser encore et encore à la journée qui allait se dérouler.

Hermione coiffa rapidement sa tignasse épaisse maintenant coupée au carré, enfila une cape ample à capuche puis agrippa le petit sac qu’elle traînait depuis des années. Il commençait à être vraiment usé, mais Hermione ne pouvait se résoudre à s’en séparer.

Hermione l’ouvrit et regarda à l’intérieur s’assurant qu’elle avait tout ce qu’il lui fallait. Aujourd’hui, le sac n’abritait que très peu d’objets, mais, grâce à son charme d’extension, il pouvait contenir au moins autant qu’une grande valise. Evidemment, elle avait jeté plusieurs sorts pour qu’aucun Moldu ne puisse découvrir la particularité de ce sac.

Il ne lui manquait plus qu’une chose. Hermione traversa le salon et se dirigea vers la bibliothèque qui recouvrait entièrement le mur du fond et qui contenait exclusivement des ouvrages moldus. Hermione s’approcha de sa collection et passa le doigt délicatement sur la tranche de son roman préféré.

A peine eut-elle ôté son doigt que la bibliothèque s’écarta en deux, comme si les étagères disparaissaient dans les murs perpendiculaires. Derrière la bibliothèque se trouvait une petite pièce dont la lumière était artificielle.
 A l’intérieur, Hermione y avait rangé toutes ses affaires liées à la magie. Pour s’intégrer entièrement aux Moldus, elle avait dû mettre de côté tout ce qui la reliait à son statut de sorcière. Hermione ouvrit une petite boite posée sur l’étagère à gauche en entrant et en sortit sa baguette magique.

Elle ressortit de la pièce, sans s’intéresser aux quelques ouvrages magiques qu’elle avait ramenée avec elle lors de son voyage dans le passé. La bibliothèque se referma automatiquement derrière elle et le salon apparut de nouveau comme il se devait d’être face à d’éventuels visiteurs moldus.

Hermione inspira profondément et s’apprêta à faire quelque chose qu’elle n’avait pas fait depuis bientôt dix ans. Elle se concentra sur les mots clés qu’on lui avait répété inlassablement quand elle avait dix-sept ans.

Destination, Détermination, Décision.

En ce 31 juillet 1991, Hermione transplana.








Sirius attendait devant le Chaudron Baveur. Aujourd’hui était un grand jour pour Harry. Son filleul n’avait encore jamais été sur le Chemin de Traverse. James et Lily, inquiets de l’attention démesurée portée à leur fils, avaient préféré le tenir au maximum à l’écart du monde Sorcier, restreignant le nombre de sorciers que Harry avait le droit de rencontrer.

Ils avaient donc prévu de montrer à Harry l’entrée officielle du Chemin de Traverse. Sirius reconnut immédiatement James, Lily et Harry lorsque leurs silhouettes se dessinèrent au coin de la rue. Ils avaient tous revêtu des tenues moldues pour l’occasion, sous les conseils avisés de Lily. Sirius avait également fait un effort et portait un pantalon et une chemise.

— Joyeux anniversaire Harry ! s’exclama Sirius en le voyant arriver.

Son filleul le remercia, tout excité par la journée qui arrivait. Ils ne tardèrent pas à rentrer dans le Chaudron Baveur et à peine eurent-ils passé le seuil du pub que la rumeur des conversations s’interrompit.

— Par le ciel, murmura Tom. Harry Potter. Quel honneur !

Il se hâta de contourner le comptoir et se précipita sur Harry pour lui serrer la main. Il avait les larmes aux yeux.

James jeta un regard dur au barman, qui n’en dit pas davantage et se recula. James ne voulait pas que son fils soit dévisagé comme une bête de foire et il se plaça contre Harry tandis que Sirius se mettait de l’autre côté. Ils firent des salutations générales, mais ne s’éternisèrent pas et pénétrèrent dans la petite cour entourée de murs où il n’y avait que des poubelles et quelques mauvaises herbes.

James et Lily avaient préféré attendre que son entrée dans le monde magique approche pour annoncer à Harry qu’il était célèbre. Jusque-là, il n’avait pas compris à quel point…

James, Sirius et Lily firent tous trois apparaître une robe de sorciers et l’enfilèrent par dessus leur tenue moldue.

James compta les briques sur le mur, au-dessus des poubelles, puis il tapota trois fois à un endroit précis avec la pointe de sa baguette. La brique se mit alors à trembloter et un petit trou apparut en son milieu. Le trou s’élargit de plus en plus et se transforma bientôt en une arcade suffisamment grande pour les laisser passer. Au-delà, une rue pavée serpentait devant eux à perte de vue.

— Voici le Chemin de Traverse, expliqua Lily, émue d’y amener enfin son fils.

Harry observait stupéfait pendant qu’ils avançaient tous les quatre dans la rue pavée. Ils commencèrent par le premier magasin qui les intéressait pour les fournitures de Harry. Une pancarte annonçait: « Chaudrons—toutes tailles—cuivre, étain, argent—touillage automatique modèles pliables. » La boutique était bondée et Lily entra donc seule avec Harry, pendant que James et Sirius attendaient à l’extérieur.

— Pas trop de courbatures après l’entraînement d’hier ? demanda James.

— Non, ça va. Toi ?

— Pas trop. Et Shella ? Elle ne t'en as pas trop voulu d’avoir eu un entraînement improvisé alors que vous deviez passer la soirée ensemble ?

— Disons qu’elle a préféré aller voir Michelle.

— Ah ! Michelle… commenta James avec sarcasmes.

Autant James appréciait Shella, autant il ne supportait pas sa meilleure amie. Sirius haussa les sourcils, amusé. Il avait également du mal, mais il se forçait à faire un effort pour Shella.

Sirius et James revinrent sur le sujet de conversation initiale et commentèrent longuement leur dernier entraînement. C’était souvent Fol-Oeil qui s’en chargeait et il n’était jamais tendre avec eux.

Lorsque Lily et Harry sortirent de la boutique, le garçon avait les yeux qui pétillaient.

— Alors, tu as hâte de faire tes premières potions ? demanda Sirius en voyant l’air ravi de son filleul.

— Oui, mais je n’ai pas eu le droit de prendre le chaudron en or, commenta Harry.

James et Lily s’étaient appliqué à ne pas faire de Harry un enfant trop gâté et, dans l’ensemble, ils avaient plutôt bien réussi, mais comme tout enfant de onze ans, quand il voulait quelque chose, il avait tendance à essayer par différents moyens.

— Si ta mère a dit non, ne compte pas sur moi pour t’en prendre un, répondit Sirius.

— Mais c’est mon anniversaire, tenta Harry.

Sirius éclata de rire et ébouriffa les cheveux de son filleul.

— Je trouverai quelque chose d’utile à t’offrir. Mais pas ça.

Harry n’insista pas, habitué à ce que ni ses parents ni son parrain ne se plient à toutes ses envies.

Alors qu’ils avançaient dans la rue, Sirius fut percuté par une personne encapuchonnée. Cette dernière s’excusa, sans pour autant se retourner, et Sirius la regarda un instant s’éloigner sans vraiment y prêter attention. Cette rue était souvent bondée, particulièrement l’été.

Un instant plus tard, Sirius ressentit une légère brûlure sur sa jambe droite. Il passa sa main et remarqua avec étonnement que la brûlure provenait de la poche de sa robe. Il y découvrit une petite lettre pliée en deux.



Il l’ouvrit et son coeur manqua un battement.



A peine eut-il fini de lire la lettre qu’elle s’enflamma dans ses mains, sans pour autant lui causer la moindre brûlure. Les Potter le dévisageaient avec étonnement, mais Sirius n’y fit pas attention. Il se retourna et repensa à la silhouette qui l’avait bousculé quelques instant avant.

— C’était elle, murmura Sirius.

— De quoi tu parles ? demanda James.

— Sirius ! Qu’est-ce qui se passe ? insista Harry.

Mais Sirius ne les écoutait pas et continuait à observer la foule, un sourire en coin. Il n’aperçut pas celle qu’il cherchait, mais distingua sans difficulté un demi-géant se déplacer au milieu de la foule.

— Hagrid !

Sirius fit signe au garde-chasse qui tourna la tête vers lui et leur adressa un grand sourire. Alors qu’il s’avançait dans leur direction, Sirius s’adressa à son filleul.

— Harry, tu vas pouvoir rencontrer Hagrid, il travaille à Poudlard.

Lily et James se regardèrent, stupéfaits de la tournure des évènements, mais ne firent pas de commentaire. Pendant ce temps, Harry observait le demi-géant approcher d’un air incrédule. Hagrid fut vite près d’eux et il salua avec plaisir les trois sorciers avant de se tourner vers Harry.

— Ah, Harry ! Je suis ravi de te rencontrer ! Je me présente, je suis Rubeus Hagrid, Gardien des Clés et des Lieux à Poudlard.

Harry le salua timidement.

— Alors Hagrid, qu’est-ce qui t’amène sur le Chemin de Traverse ?

— Oh, je suis là pour une mission pour Dumbledore, répondit-il à Sirius en bombant le torse.

— Tu viens un peu avec nous ?

— Je ne peux pas. Je dois me rendre à Gringotts.

— Super ! Tu ne voudrais pas y aller avec Harry ? Ce serait sympa qu’il apprenne à te connaître avant Poudlard ! Et puis ça lui fera découvrir la banque. Il n’y est encore jamais allé.

Hagrid avait l’air stupéfait par la demande de Sirius, mais sourit, ravi. James et Lily échangèrent des regards étonnés. Sirius leur adressa un coup d’oeil rapide qu’il voulait rassurant.

— Ce serait un plaisir. Tu viens avec moi, Harry ?

— Euh…

Sirius encouragea Lily du regard.

— Oui, mon chéri, vas-y. Ce sera intéressant.

— Merci Hagrid ! A tout à l’heure alors, s’exclama Sirius.

Ils laissèrent un moment à Hagrid et à Harry pour s’éloigner puis James et Lily interrogèrent Sirius.

— A quoi tu joues ? demanda James.

— La lettre, c’était elle.

— Elle ? s’enquirent James et Lily d’une même voix.

— Hermione.

C’était la première fois qu’il prononçait son prénom depuis très longtemps. Devant l’air effaré de ses meilleurs amis, Sirius leur explique ce qui s’était passé.

— Mais pourquoi Harry doit-il aller à Gringotts avec Hagrid ? se demanda James à voix haute.

— Parce que tu crois que c’est son genre de donner des explications peut-être, fit remarquer Sirius, sarcastique.

— Vous pensez qu’elle reviendra vraiment vers nous maintenant que Harry entre à Poudlard ? interrogea James, avec espoir.

Lily secoua la tête. Elle n’y croyait pas une seconde. Sirius, lui, préféra ignorer la question, se contentant de regarder autour de lui dans l’espoir de l’apercevoir après toutes ces années.








Hermione observa encore un dernier instant James, Lily, Sirius et Harry avant de se décider à rentrer chez elle. Tout s’était déroulé au mieux.

Elle avait attendu cette journée avec tant d’impatience et de stress, comme si sa vie ne se résumait qu’à s’assurer que Harry commencerait ses études dans des conditions similaires. Hermione était rassurée de voir que Harry semblait être le même garçon que celui qu’elle avait connue tant d’années auparavant. Le même en plus heureux.

Aujourd’hui, elle avait rempli ses trois objectifs, grâce à Sirius qui avait joué le jeu à la perfection. Hermione avait hésité à faire appel à lui, ne sachant pas s’il lui en voudrait toujours de son départ. Mais il était son Gardien du Secret et elle n’était pas sûre que James et Lily aient pu lire des informations liées à son passé sans qu’elles ne passent par Sirius.

Elle n’avait donc pas eu le choix, soit elle se débrouillait seule, soit elle faisait appel à Sirius.

Finalement tout s’était bien passé. Harry avait pu apercevoir le paquet avec la Pierre Philosophale et avait reçu Hedwige en cadeau. Hermione sourit en revoyant l’expression de joie immense qu’avait eue Harry quand Sirius lui avait mis la cage d’Hedwige dans les bras. Elle avait même été suffisamment proche pour entendre Hagrid féliciter Sirius pour son choix « je n’aurais pas mieux choisi moi-même ». Hagrid avait accompagné ces quelques mots d’une grande tape dans le dos de Sirius, lui arrachant une grimace douloureuse qui avait fait rire James.

Avec émotion, Hermione les avait observés encore, faisant attention à ne pas se faire remarquer et attendant que le troisième objectif soit validé. C’était probablement le plus important, mais ni elle, ni Sirius, ni qui que ce soit d’autre ne pourrait influencer ce choix.

Ainsi Hermione avait attendu que les membres du petit groupe fassent leurs emplettes jusque chez Ollivander et, à la tête qu’ils avaient affichée en sortant, Hermione s’était enfin sentie soulagée. Ainsi la baguette à la Plume de Phénix avait de nouveau choisi d’appartenir au Survivant. Harry serait donc protégé par le Priori Incantatum lorsqu’il affronterait Voldemort.








Ce qui était un élément rassurant pour Hermione ne l’était pas le moins du monde pour les parents du Survivant.

Sirius se tenait face à la fenêtre de chez James et Lily. Il regardait à l’extérieur sans y prêter attention. Harry était monté ranger ses affaires, tout excité de contempler encore son matériel et ses livres, et les adultes en avaient profité pour se regrouper dans le bureau de James.

Savoir que Harry utilisait la baguette jumelle de Voldemort leur avait mis un coup. Ils avaient écrit directement à Dumbledore pour lui demander son avis, mais, inquiets que sa réponse ne leur suffise pas, James avait également proposé d’écrire à Hermione pour lui demander si ça avait été pareil à son époque. Sirius avait alors haussé les épaules et s’était concentré sur la pluie d’orage qui tombait au dehors, refusant de se joindre au débat lancé par l’idée de James.

— Sirius, le coupa finalement Lily après avoir arrêté leur décision. Nous allons écrire à Hermione.

— Elle ne vous dira rien, grommela Sirius.

Il ne voulait pas écrire à Hermione. Elle les avait laissés des années plus tôt et s’était servie de lui aujourd’hui sans pour autant donner de nouvelles ou d’explications. Passés l’étonnement et la joie de la savoir près d’eux, Sirius l’avait cherchée du regard toute la journée puis s’était renfrogné, sachant qu’elle était capable de retomber dans le silence pendant des années.

— Sirius, on a besoin de ton aide. Avec le Fidelitas, tu es le seul à qui elle peut raconter des informations sur son passé.

Sirius soupira. James avait raison. Hermione ne pouvait écrire ou dire des choses qu’à lui ou qu’en sa présence.

— Je t’ai dit qu’elle ne vous dira rien.

James planta un regard dur dans celui de Sirius.

— Sirius ! insista James. Il s’agit de Harry. Arrête de bouder.

Sirius s’apprêtait à répondre, mais James avait vu clair en lui. Il boudait. Sirius culpabilisa immédiatement. C’était à Hermione qu’il en voulait, pas à eux.

— Sirius, nous ne voulons que lui demander si, à son époque aussi, Harry possédait cette baguette.

Lily avait l’air si inquiète que Sirius n’eut pas le choix.

— D’accord, donne moi un parchemin.

Lily sauta au cou de Sirius et le remercia. Sirius grommela puis s’installa derrière le bureau de James. Il inspira, mais les mots ne vinrent pas.

Sirius releva la tête et regarda James. Comment écrire à une femme qui avait tant compté neuf ans plus tôt et qu’il ne reverrait probablement jamais ? James posa sa main sur son épaule pour lui donner du courage et prit congé, accompagné de Lily.

Sirius se concentra et, après quelques tentatives maladroites, il finit par poser les mots sur le papier.



Il relut sa missive, partiellement satisfait. Il aurait voulu insister, lui montrer qu’il lui en voulait, mais il ne pouvait pas prendre le risque de la braquer. Il roula le parchemin et rejoignit James et Lily. Il leur tendit la lettre, leur laissant le soin de l’envoyer. Lily l’accrocha à la pâte du hibou familial et laissa l’animal prendre son envol. Bien qu’invité à partager le repas avec eux, Sirius préféra rentrer chez lui.

Arrivé chez lui, il laissa ses pas le mener jusqu’à son bureau et prit l’exemplaire de L’Histoire de Poudlard que lui avait offert Hermione des années auparavant. Il redescendit au salon et s’affala dans son fauteuil fétiche. Il feuilleta distraitement l’ouvrage sans vraiment le lire.

Après le départ d'Hermione, il avait eu du mal à lui pardonner de partir ainsi. Du mal à se pardonner à lui même aussi. S’il n’avait pas essayé de l’embrasser, serait-elle partie ? Puis le temps avait fait son travail et il avait arrêté d’y penser. Jusqu’à aujourd’hui…

D’abord heureux de savoir qu’elle était auprès d’eux et qu’elle veillait sur Harry, il lui en avait ensuite voulu de ne pas être venue les voir, même après que Harry se soit absenté avec Hagrid. Elle s’était contenté d’une lettre… Si courte. Sirius serra le poing. Si la lettre n’avait pas brûlé, il aurait probablement fini par la déchirer en petits morceaux.

Shella rentra de sa journée de travail, coupant court aux pensées de Sirius. Travaillant comme botaniste, elle fournissait de nombreuses boutiques de potions en ingrédients divers et avait des horaires variables en fonction des livraisons à effectuer. Sirius referma le livre, le posa à côté de lui et se releva pour l’accueillir.

Sirius et Shella passèrent la soirée tranquillement et Sirius se détendit en l’écoutant lui raconter sa journée. Se plonger dans la routine quotidienne de sa petite amie lui fit un moment oublier les péripéties de la journée.

Shella et lui s’étaient retrouvés trois ans auparavant sur une affaire où le jeune Auror avait dû enquêter sur un trafic de potions dont les ingrédients entrant dans la composition l’avaient mené dans les serres ou travaillait Shella. Sirius avait mis du temps à se défaire de l’image qu’il avait de la jeune femme jusque-là, ne l’ayant encore jamais vue sans sa meilleure amie, Michelle. Cette dernière travaillait au ministère et s’était longuement obstinée à courir après Sirius, malgré ses refus répétés. Cette histoire avait tellement dérangé Sirius qu’il avait longuement associé Shella à Michelle. James, qui voyait Shella comme une camarade de Quidditch sympathique, avait encouragé Sirius à prendre le temps de la connaître et il s’était alors rendu compte que la jeune femme n’était pas seulement belle, mais aussi dynamique et agréable.

— Tu veux aller te balader ce soir ?

La proposition de Sirius n’obtint pas de réponse car Shella choisit ce moment pour se coller contre lui et l’embrasser.

Sirius s’apprêta à la repousser du bout des doigts. Un instant, le visage d'Hermione s’était imposé à lui. Sirius en chassa rapidement l’image et répondit finalement au baiser de Shella avec fougue. Il n’allait pas s’empêcher de vivre pour elle !

End Notes:
Je suis assez inquiète de vos réactions j'avoue. Que pensez-vous de cette loooongue ellipse ?


J'avais toujours eu dans l'idée de faire un UA de l'histoire de Harry qu'on connaît par coeur où Harry est entouré de sa famille. Donc voilà, on rentre vraiment dans le vif du sujet ^^


Je vous rassure, l'idée n'est pas de réécrire la même histoire seulement d'un autre point de vue avec une romance en plus, hein ^^ Je tiens à garder de l'action ! Après tout, la présence d'Hermione va évidemment avoir des conséquences ;)
D'ailleurs, si vous avez encore bien en tête l'histoire des livres, vous pouvez vous amuser à chercher les petites différences en amont pour prévoir ce qui va se passer ;) Parfois j'ai un peu brouillé les pistes, parfois moins ahah


Et pour ceux qui se demandent quel est l'impact sur Harry:
J'ai considéré que Harry, même aimé et choyé, restait Harry : curieux, courageux, etc... Donc effectivement, si je devais réécrire cette histoire du point de vue de Harry, il serait probablement bien différent dans les détails vs ce qu'on connaît : moins timide, conversations différentes, plus de cadeaux à Noël, etc... (pour ne citer que ça ^^)
Mais bref, j'aime bien Harry comme il est, avec ses qualités et ses défauts. Et j'ai donc décidé de garder Harry tel qu'on le connaît. Na ! ^^

Evidemment, quand l'histoire a des raisons d'être impactée, j'ai pris en compte sa nouvelle situation. Car, même si c'est un UA, je tiens à respecter un maximum le canon et ses personnages et pour ça, j'essaye de garder le plus de cohérence possible. Bref, j'espère que mon pari sera réussi et que cet UA vous plaira :)


Et, si vous ne l'avez pas compris à cette (trop longue) note de fin de chapitre, oui l'auteur est un peu en stress là ^^ donc si vous avez le temps de donner votre ressenti, j'apprécierais particulièrement à ce stade de l'histoire.
Enquête à Gringotts by Padfooot
Author's Notes:
Hello tout le monde 


Un passage chez les Aurors aujourd'hui dans ce chapitre 20 : Enquête à Gringotts.

L’action se déroule entre le 1er août et le 18 novembre 1991.

    Dans l'épisode précédent :

    Presque dix ans ont passé depuis le départ d'Hermione. Chacun a repris sa vie de son côté.
    Hermione a quitté son quotidien moldu le temps d'une journée sur le Chemin de Traverse où elle a aperçu Sirius et les Potter. 



Merci beaucoup à Miss Delavergne et à Bigoudie pour leur review sur le chapitre précédent. J'étais contente d'avoir des retours à ce stade de l'histoire ♥

Merci également à Caroliloonette
 et Alena Aeterna d'être venues découvrir cette histoire dans le cadre des Journées Review.


Bonne lecture !

Ce matin, Sirius arriva au quartier général des Aurors avec un peu d’avance. Il salua les quelques collègues déjà présents et n’eut pas le temps de prendre place à son bureau que déjà Rufus Scrimgeour s’avançait vers lui.

— Black, dès que Potter arrive, je vous veux dans mon bureau. J’ai une mission pour vous.

— Quel genre de mission ? demanda-t-il étonné du ton dur utilisé par son responsable.

— Un cambriolage à Gringotts, se contenta-t-il de répondre avant de faire demi-tour et de retourner dans son bureau.

Sirius resta immobile un instant, perdu dans ses pensées. Gringotts était réputée pour être inviolable. Seul un mage noir pouvait en être à l’origine. Sirius ne mit pas longtemps à faire le lien entre ce cambriolage et la demande d'Hermione la veille. « Non, ce n’est probablement rien, » tenta de se convaincre Sirius. Mais ce ne pouvait pas être une coïncidence. Et si elle tenait à ce que Harry aille à Gringotts, est-ce que cela voulait dire que Voldemort avait un lien avec tout ça ?

— Hé bien, tu en fais une tête ! Qu’est-ce qui t’arrives ? Tu t’es rendu compte qu’il te restait de la paperasse à faire, c’est ça ? Je te préviens, si tu es à la bourre sur tes papiers, je ne t’aide pas. Coéquipiers d’accord, mais il ne faut pas exagérer.

Le ton espiègle de James fit sortir Sirius de ses pensées, mais ne le dérida pas.

— Sirius ? insista James, inquiet cette fois-ci. Qu’est-ce qui se passe ?

— Scrimgeour nous attend dans son bureau, répondit seulement Sirius.

James fronça les sourcils, mais suivit Sirius en silence vers le bureau de Scrimgeour, qui ouvrit la porte à la volée en les entendant arriver. Il ne prit même pas le temps de les inviter à s’asseoir.

— Il y a eu un cambriolage à Gringotts hier, nous n’en savons pas plus pour le moment. Vous êtes les seuls à ne pas être sur une mission actuellement. Je veux que vous alliez enquêter sur place. Au plus vite.

Sirius et James sortirent rapidement du bureau de leur supérieur, qui n’avait pas eu beaucoup d’informations complémentaires à leur apporter.

— C’est quoi ce bazar ? demanda James, à peine eurent-ils fermé la porte de leur bureau derrière eux. Tu crois que ça a un rapport avec Harry ? Ce serait lui ? Voldemort ? C’est pour ça qu'Hermione voulait que Harry y aille ? Tu crois…

— Je n’en sais rien, le coupa Sirius. Je me pose les mêmes questions que toi ! J’essaye de me dire que ce n’est rien, mais j’ai du mal à croire à une coïncidence.

— Alors allons-y ! On en apprendra peut-être plus sur place.

Quelques minutes plus tard, les deux amis se trouvaient aux portes de la banque, couverts de leurs longs manteaux. Ce style élégant courant chez les Aurors leur apportait une prestance qui pouvait parfois se révéler utile en imposant un certain respect à leurs interlocuteurs. Hélas, ce n’est pas ce qui les aiderait auprès des gobelins. Cambriolage ou non, ces derniers ne collaboreraient probablement pas facilement.

Ils poussèrent les grandes portes en argent sous les yeux perçants des gobelins postés de chaque côté. Ils s’avancèrent au fond du vaste hall en marbre, longeant le long comptoir où travaillait les gardiens de la banque. Ils se dirigèrent avec assurance vers un gobelin qui gardait une porte non accessible au public et demandèrent à voir Gripsec, comme Scrimgeour le leur avait précisé.

Lorsque le gobelin vint à leur rencontre, il les salua froidement et les invita à le suivre dans une salle à l’écart.

— Que voulez-vous ?

James et Sirius s’efforcèrent de ne pas réagir face au ton sec et désagréable du dénommé Gripsec. Certes, ils se doutaient que les gobelins ne se montreraient pas très coopératifs, mais de là à se faire recevoir comme s’ils étaient une nuisance quelconque…

— Que pouvez-vous nous dire sur le cambriolage qui a eu lieu cette nuit ? commença James.

— Rien ne nous a été volé.

Cette fois, ni Sirius ni James ne purent masquer leurs émotions et un air stupéfait se dessina sur leurs visages.

— Vous n’avez pas été cambriolé ? s'étonna Sirius.

— Ce n’est pas ce que j’ai dit.

S’efforçant de rester stoïque face au comportement du gobelin, Sirius réprima un rictus impatient et se contenta de répéter la question.

— La chambre forte était vide, expliqua finalement Gripsec. Elle avait été vidée le jour même.

— Et à qui appartient cette chambre forte ? demanda Sirius.

— C’est une de nos chambres de haute sécurité. Elle n’appartient à personne, elle est utilisée pour des demandes particulières. Je ne peux vous en dire plus, précisa le gobelin d’un ton sec.

— J’en conclus qu’elle ne contenait pas de l’or, supposa James.

Le gobelin haussa les épaules.

— Si vous ne voulez rien nous dire, vous comprenez bien que notre enquête ne risque pas d’aboutir, fit remarquer Sirius.

Gripsec les dévisagea un instant d’un oeil mauvais.

— Nous sommes tenus au secret. Débrouillez-vous sans.

Sirius ravala une remarque acerbe.

— Alors que pouvez-vous nous dire ? s’impatienta James.

— Je ne vous dirai rien sur le contenu, mais je peux vous montrer la chambre forte.

Quelques minutes plus tard, James et Sirius se retrouvèrent face à la chambre forte numéro 713. Elle ne possédait pas de serrure. Gripsec fit signe aux deux Aurors de se reculer puis, du bout des doigts, caressa la porte, qui disparut soudain comme si elle s’était volatilisée.

L’intérieur était effectivement vide.

— Comment fonctionne-t-elle ? s’enquit Sirius.

— Je ne peux pas vous le dire, mais si quiconque d’autre qu’un gobelin essayait d’ouvrir cette porte, il se retrouverait aspiré au travers et deviendrait prisonnier de la chambre forte.

— En théorie… fit remarquer Sirius d’un ton narquois en jetant un regard amusé dans la chambre immanquablement vide.

Les narines de Gripsec se dilatèrent sous la colère.

— Je suppose qu’aucun gobelin n’est à l’origine de ce cambriolage, n’est-ce pas ?

Gripsec regarda James d’un air mauvais, mais lui répondit finalement d’un léger hochement de tête.

— Donc ce n’était pas un gobelin et, pourtant, je ne vois personne enfermé dans votre coffre, se moqua Sirius.

— Comment savez-vous que quelqu’un a essayé d’entrer puisque personne ne s’est retrouvé bloqué ? se dépêcha de demander James en voyant le gobelin s’échauffer sérieusement suite à la remarque de Sirius.

Gripsec expliqua rapidement le fonctionnement des protections magiques leur ayant permis de détecter l’intrusion.

— Seul un mage noir puissant aurait pu arriver jusqu’ici, ouvrir cette porte et repartir sans encombres, conclut Gripsec.








Inspecter les alentours de la chambre forte à la recherche de traces de magie noire avait pris beaucoup de temps, mais ils n’avaient rien trouvé de probant. Quelques traces de magie avaient été trouvées et mèneraient peut-être à une piste, mais ni James ni Sirius n’y croyaient vraiment. Après avoir fait leur rapport à Scrimgeour, la journée de travail était déjà presque terminée. Avant de rentrer chez eux, Sirius et James revinrent sur les quelques éléments qu’ils détenaient.

— Ce serait Voldemort tu penses ?

L’inquiétude de James était palpable. Si Voldemort était de retour, sa famille était en danger.

— Oui. Ou un Mangemort, supposa Sirius.

— Tu crois qu’il y a un lien avec Harry ?

— Je ne sais pas trop, répondit Sirius. Probablement. Sinon pourquoi Hermione aurait-elle voulu qu’il aille sur place ce même jour ? Et à propos d’Hermione, ne compte pas sur moi pour lui écrire une nouvelle lettre dans l’espoir d’obtenir des infos !

Mais la réaction de James ne fut pas celle à laquelle s’attendait Sirius. Il fronça soudain les sourcils en voyant James faire la moue, mal à l’aise.

— Sirius, je n’ai pas eu le temps de t’en parler ce matin, mais la lettre nous est revenue intacte.

— Elle ne l’a pas reçue ? s’étonna Sirius.

— Non, admit James, inquiet. Zonko est revenu avec la lettre à l’aube.

Sirius sentit un poids tomber dans sa poitrine. Il aurait voulu remettre la faute sur le hibou, mais il savait que si Zonko était revenu aussi rapidement, c’est que quelque chose l'avait empêché de trouver son interlocuteur.

Est-ce que ça avait un lien avec le cambriolage ? Est-ce qu'Hermione était sur le Chemin de Traverse pour une autre raison que pour la lettre ? Avait-elle essayé d’empêcher Voldemort de cambrioler la banque ? Avait-elle essayé de s’introduire elle-même chez Gringotts, quelle qu’en soit la raison ? Etait-elle toujours en vie ?

— Je dois vérifier un truc.

Sirius courut vers la sortie, James sur ses talons. Les quelques collègues qui étaient encore là leur jetèrent des coups d’oeil intrigués. Le chemin jusqu’à l’entrée du ministère lui parut particulièrement long et à peine eut-il la possibilité de transplaner qu’il se rendit chez lui.

Il commença à se diriger vers l’escalier, mais se rappela qu’il avait feuilleté L’Histoire de Poudlard la veille. Il se retourna et regarda au salon pour constater, horrifié que le livre avait disparu.

Peut-être que Shella l’avait rangé. Il se précipita à l’étage et fouilla dans la bibliothèque. Rien. Sirius croisa le regard de James, qui semblait complètement perdu, ne sachant comment aider son meilleur ami.

Le coeur de Sirius battait à toute vitesse. Si le livre avait disparu alors… Sirius secoua la tête, ne pouvant se résoudre à aller au bout de cette pensée.

— Sirius…

La voix de James était comme un souffle. Sirius n’y fit pas attention, il avait l’impression de revenir des années auparavant, lorsqu’il s’était senti si impuissant face à l’état de santé d'Hermione.

Le bruit de la porte d’entrée qui tournait sur ses gonds sortit Sirius de sa torpeur. James et lui descendirent à toute vitesse.

— Shella ! l’interpella Sirius.

— Oui ? Oh bonjour James. Tu vas bien ?

— Est-ce que tu as vu un livre sur l’Histoire de Poudlard ? insista Sirius sans laisser le temps à James de répondre.

Shella regarda Sirius, interloquée.

— Oui, bien sûr. Tu l’as laissé trainer là hier soir. Je l’ai mis dans la chambre de James et Lily. Accio L’Histoire de Poudlard !

Sirius s’étonna de ne même pas avoir pensé à lancer ce sortilège pourtant basique. Le livre apparut un instant plus tard et vint se placer dans la main de Shella. Elle le tendit à James.

— J’ai supposé que c’était un cadeau pour Harry.

Sirius arracha le livre des mains de Shella.

— Non, c’est à moi, grogna-t-il.

Shella leva les yeux au ciel.

— Tu es vraiment bizarre des fois, fit seulement remarquer Shella, les sourcils froncés. Tu restes avec nous ce soir James ?

— Euh non, merci, pas ce soir.

— D’accord. Je vous laisse tous les deux, j’ai bien besoin d’une douche, dit-elle en montrant son uniforme tâché de pus et de terre.

Avant de monter l’escalier, Shella regarda Sirius de travers, mais il ne s’en rendit pas compte et alla s’asseoir, tremblant.

— Elle est en vie, souffla Sirius.

James posa la main sur son épaule, mais ne dit mot, également soulagé de la tournure des évènements.








Les quelques jours de congé qu'Hermione avait posés autour de l’anniversaire de Harry touchaient à leur fin. Hermione éteignit son réveil et soupira en pensant au travail qu’elle devait reprendre.

Après la sortie sur le chemin de Traverse, qui lui avait occupé l’esprit pendant des mois, Hermione s’était sentie libérée d’un poids. Le temps pouvait suivre son cours. Harry n’aurait pas besoin d’elle avant longtemps. Mais alors qu’Hermione aurait dû être heureuse de ce temps de tranquillité, cela ne faisait qu’accroître le malaise qu’elle avait nié pendant toutes ses années de vie chez les Moldus.

La magie lui avait tant manquée et retourner à cette vie après une journée entourée de magie était tout sauf réjouissant. Hermione se prépara donc sans réelle motivation et sortit pour prendre son bus. Cette coupure dans sa vie monotone de Moldue lui avait fait plus de mal que de bien. Pendant neuf ans, elle avait essayé de se convaincre qu’elle allait s’habituer à sa nouvelle vie, mais revoir le monde qui était le sien n’avait fait que lui confirmer qu’elle n’était pas à sa place ici.

Lorsqu’elle s’assit derrière son bureau, ses collègues lui tombèrent aussitôt dessus pour lui demander de raconter ses vacances. Hermione inventa un voyage en France, se remémorant là où elle était partie avec ses parents quand elle était plus jeune.

Une fois ses collègues désintéressées de son sort, elle s’installa derrière son ordinateur et essaya de se concentrer sur son fichier. A son retour dans le monde moldu, Hermione avait repris ses études pendant quelques années, alternant avec un job le soir pour payer les factures. Elle était ensuite devenue comptable, avait rapidement trouvé un poste dans ce domaine et n’en avait pas changé depuis. Elle s’ennuyait, mais ne cherchait pas à évoluer, ne se sentant pas à sa place.

Hermione eut du mal à se concentrer, repensant sans cesse à ce qui s’était passé sur le Chemin de Traverse. Elle ne savait pas si son intervention était vraiment nécessaire. Harry, Ron et la jeune Hermione auraient probablement réussi à comprendre l’histoire de la Pierre Philosophale sans le passage à Gringotts… Mais Hermione se sentait soulagée à l’idée que Harry s’était déjà lié avec Hagrid, qu’il avait aperçu la Pierre et qu’il aurait Hedwige à ses côtés.

Et puis, pour être vraiment honnête avec elle-même, Hermione savait qu’elle était intervenue en grande partie parce qu’elle était nostalgique de ce monde. Elle avait eu envie de les revoir…

— Hermione, tu vas bien ?

La voix de sa collègue la tira de ses rêveries.

— Tu as l’air songeuse, insista Maryse.

Hermione rougit, mal à l’aise de s’être fait prendre à rêvasser au lieu de travailler.

— On peut savoir à qui tu rêvasses ? demanda Karine qui avait tout entendu.

— A personne ! répliqua Hermione.

— Oh, fit Karine, déçue.

— Tu devrais commencer à y songer. Depuis combien de temps es-tu célibataire ?

Hermione rougit à la question de Maryse. Elle n’avait que peu d’expériences à ce niveau là. A la fin de ses études, elle avait rencontré quelqu’un avec qui elle avait passé un peu de temps, mais elle n’avait jamais vraiment réussi à s’attacher à lui. Depuis, c’était le calme plat.

— Tu sais que Richard s’intéresse à toi ?

— Hein ?

Maryse hocha la tête avec insistance pour montrer qu’elle aussi était au courant. Hermione n’avait jamais vraiment fait attention aux hommes qui travaillaient avec elle. Richard avait une bonne trentaine d’années et était arrivé récemment dans l’entreprise en tant que commercial. Il était plutôt bel homme, assez sympathique et, maintenant qu'Hermione repensait aux quelques courtes entrevues qu’ils avaient eues, elle devait bien admettre que ses collègues semblaient avoir raison. Hermione rougit et ses collègues échangèrent un regard satisfait.

Après tout, quitte à être condamnée à vivre avec les Moldus, peut-être pouvait-elle se permettre de profiter de la vie elle aussi.








L’automne était déjà bien installé maintenant et James et Sirius n’avaient pas trouvé de piste probante.

Avec l’aide d’autres Aurors, des enquêtes avaient été menées sur les Mangemorts connus ou présumés encore en liberté. Tous les dossiers de l’époque avaient été ressortis et croisés en tous sens et des interrogatoires avaient été organisés pour savoir ce qu’ils faisaient le jour et la nuit du cambriolage. Rien hélas n’allait dans le sens de l’enquête et l’hypothèse de l’implication de Voldemort lui-même leur semblait donc la plus probable.

Sirius et James se dirigeaient vers la banque des sorciers dans laquelle ils n’étaient pas retournés depuis plusieurs semaines. Les quelques traces de magie effectuée par une baguette qu’ils avaient pu trouver sur place ne leur avaient servi à rien. Malgré l’avis contraire de Sirius, James avait insisté pour retourner à la banque voir s’ils n’avaient pas manqué quelque chose.

Gripsec accepta de les faire pénétrer de nouveau dans la chambre forte, mais, malgré leurs sortilèges de détection, ils ne trouvèrent aucun nouveau résidu de magie supplémentaire.

— Tu vois ? fit Sirius, excédé. J’étais sûr qu’on n’avait rien raté la dernière fois.

Avant de venir ici, James avait émit l’idée que Sirius pourrait s’y transformer en chien pour user de son flair et s’assurer que rien n’avait échappé à leurs sortilèges. Sirius avait immédiatement refusé. En voyant l’expression de James, Sirius comprit qu’il qu’il s’apprêtait à reposer la question et prit les devants :

— N’y compte même pas ! Ce serait inutile, on a déjà repéré toutes les traces de magie ! Et puis, c’est trop poussiéreux ici. Je vais m’irriter la truffe, grommela Sirius tout en jetant un oeil dégoûté sur le sol qui aurait bien mérité un peu de ménage.

Soudain, un élément attira le regard de l’Animagus. Ils avaient rapidement regardé que rien ne traînait sur le sol, mais à défaut d’élément évident, ils avaient ensuite concentré leurs efforts sur d’éventuels résidus de magie. Sirius s’avança et se baissa pour récupérer un morceau de feuille séché qu’il observa attentivement. Il la huma du bout du nez, mais ne fut pas capable d’en déterminer la nature. Il connaissait cette odeur, mais son odorat n’était pas suffisamment amplifié sous forme humaine pour en savoir davantage.

— Qu’est-ce que c’est ? s’enquit James, qui avait observé la scène avec attention.

Sirius secoua la tête.

— Je ne sais pas. Probablement rien. Je demanderai à Shella s’il y a quelque chose à en tirer.

Avant de quitter les lieux, James et Sirius passèrent la chambre forte au peigne fin, mais ils ne trouvèrent rien de plus que ce petit morceau de feuille et ressortirent de la banque, dépités. Leur nouvel indice avait peu de chance de les mener nulle part.

L’échoppe où travaillait Shella se trouvait sur une allée perpendiculaire au chemin de Traverse et les Aurors en prirent le chemin sans échanger un mot. En tournant dans l’Allée des Broussailles, ils tombèrent nez à nez avec Mrs Pettigrow. James la salua poliment, mais Sirius s’abstint car, comme les quelques autres fois où ils s’étaient aperçus depuis la disparition de Peter, Mrs Pettigrow ne put détourner son regard de Sirius, le dévisageant comme s’il était le diable en personne. Lorsqu’elle se fut éloignée, Sirius grommela, se demandant une énième fois ce qu’était devenu Peter après la guerre et ce qu’il avait bien pu raconter à sa mère sur son compte. James posa sa main sur l’épaule de son meilleur ami pour lui redonner un peu d’entrain.

Ils s’arrêtèrent peu après, arrivés à destination.

La boutique était petite et, à travers la vitrine, on ne discernait que du vert, mélange de feuilles aux formes variées qui se battaient pour récupérer un maximum de lumière. Un écriteau terreux annonçait « Botting Hemsley - Botaniste ».

End Notes:
Je sais pas vous, mais moi je trouve les Aurors trop classes :)
Du coup, ça m'amuse beaucoup d'écrire sur James et Sirius en tant qu'Aurors !


A bientôt !



PS : J'ai emprunté quelques passages à JK concernant Gringotts. Donc c'est normal si les mots de Gripsec vous rappellent quelque chose :)
La Pierre Philosophale by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour bonjour ! 



Voici le chapitre 21 au titre très original de : La Pierre Philsophale.

L’action se déroule entre le 18 novembre 1991 et le 5 juin 1992.

    Dans l'épisode précédent :

    James et Sirius sont chargés d'enquêter sur le cambriolage à Gringotts.
    A défaut de pistes, ils rentrent dans l'échoppe où travaille Shella, botaniste, pour lui demander si le bout de feuille séchée dans la chambre forte a quelque chose de particulier. 



Bonne lecture !

Salvia Officinalis.

— De la sauge ? demanda Sirius, déçu.

Clairement, ils ne tireraient rien d’une telle information ! Malgré ses nombreuses vertus, ils pouvaient difficilement trouver plante plus banale.

— Oui. On l’utilise dans beaucoup de potions médicinales, elle soulage notamment l’inconfort digestif et diminue les bouffées de chaleurs ou la transpiration excessive.

— Merci Shella, dit James, mais j’ai l’impression que cette piste ne nous mènera nulle part. Cette plante est trop commune.

— Et vu l’état de notre suspect, je doute qu’il ait des soucis digestifs, fit remarquer Sirius en haussant un sourcil amusé à l’idée de la forme fantomatique de Voldemort.

Cette remarque fit sourire James, mais Shella préféra l’ignorer, sachant très bien de qui voulait parler Sirius et refusant de se joindre à ces théories absurdes que les Aurors prêtaient au Seigneur des Ténèbres.

— Si la feuille était entière et qu’elle n’était pas aussi séchée, j’aurais peut-être pu vous en dire plus sur la qualité de cet échantillon. Au moins, cela aurait pu vous restreindre à certains magasins.

— Que veux-tu dire ?

— La sauge aime les sols calcaires et rocailleux. On arrive à en faire pousser partout car c’est une plante très rustique, mais celle de meilleure qualité provient de latitudes plus au sud. En Italie, par exemple. Toutes les échoppes de botanique ne se donnent pas la peine de vendre de la qualité. Nous, chez Botting Hemsley, on la fait venir d’Albanie, c’est le plus gros producteur de sauge. Mais celle de Sardaigne est également très réputée. On en trouve…

Mais Sirius ne l’écoutait plus. Il croisa le regard de James. Ils n’avaient pas eu besoin de dire un mot pour savoir qu’ils avaient pensé à la même chose. Les rumeurs disaient que Voldemort avait trouvé refuge au coeur d’une forêt d’Albanie, mais, malgré les recherches effectuées par certains Aurors, ils n’avaient jamais trouvé de preuve tangible que le mage noir s’y terrait. Pouvaient-ils se contenter d’un morceau de sauge desséché pour justifier de poursuivre l’enquête en Albanie ? Et quel était le rapport entre l’Albanie et l’intervention d’Hermione sur le Chemin de Traverse ?

Le soir même, James et Sirius profitèrent d’un dîner avec Remus et Lily pour leur demander leur avis sur la question. Leur théorie ne reçut hélas pas l’accueil qu’ils avaient espéré.

— On trouve de la sauge partout ! Quelle est la probabilité pour que ce soit Voldemort qui l’ait ramenée immédiatement d’Albanie, hein ?

James et Sirius haussèrent les épaules, peu désireux de se plier aux paroles pleines de sens de Lily. Si mince que fut leur piste, ils étaient si excités d’en avoir une qu’ils la tenaient aussi fermement qu’un chien gardait son os.

— Vous êtes conscients qu’elle est probablement simplement tombée du fond de la poche d’un visiteur ? fit remarquer Remus.

Cette phrase avait pour but de ramener les Aurors à la réalité, mais au lieu de calmer l’ardeur et l’imagination des deux Aurors, ces quelques mots ne firent que les motiver d’avantage.

— Je connais quelqu’un qui se balade avec toujours tout et n’importe quoi dans les poches de son manteau, dit James avec ce petit ton de conspirateur qu’il adorait utiliser avec Sirius. Ce quelqu’un aurait très bien pu vider cette fameuse chambre forte…

— Parlerais-tu de ce cher Hagrid ? demanda Sirius, amusé.

Du fauteuil opposé s’éleva le soupir désabusé de Lily.

— Vous avez trop d’imagination ! dit Remus pour renchérir sur la réaction de Lily.

Mais Sirius et James ne l’écoutaient déjà plus, se demandant s’il valait mieux suivre la piste de Hagrid ou celle de l’Albanie.

— Et même s’il y avait un lien, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de prendre en compte l’intervention d’Hermione, lâcha finalement Remus. Sans cela, vous n’auriez jamais fait ce rapprochement avec Hagrid. D’ailleurs, elle n’a t’a peut-être parlé de Gringotts que pour que Harry rencontre Hagrid avant sa rentrée. Il avait dû l’accompagner au Chemin de Traverse à l’époque d’Hermione et elle ne voulait pas que leur lien se perde.

— Hmm, fit Sirius, peu convaincu.

— D’accord, il y a probablement d’avantage, admit Remus, qui rechignait à donner à ses amis une raison supplémentaire de poursuivre cette idée. Hermione ne t’aurait pas contacté pour si peu, mais écoutez, je sais bien que cette affaire est intrigante et est peut-être liée à Voldemort et donc à Harry, mais…

— Mais quoi ? gronda James.

— Pourquoi ne veux-tu pas qu’on poursuive cette piste ?

— Parce que j’ai confiance en Hermione, répliqua Remus avec sagesse avant que James ne s’emporte. S’il y avait un danger, elle serait intervenue.

— James, ne t’inquiète pas, fit Lily d’une voix calme. Avec Dumbledore comme directeur, je suis sûre que Harry ne craint rien. Et s’il se passait réellement quelque chose à Poudlard, Harry nous en informerait.

— Tu penses vraiment que Harry nous en parlerait ? demanda James en haussant les sourcils. Moi, j’aurais gardé ça pour moi.

— Harry n’est pas toi. Preuve en est qu'il n’a pas eu la moindre retenue pour l’instant !

— Oui, enfin… il a quand même affronté un troll à peine deux mois après être arrivé à Poudlard… fit remarquer Sirius avec un sourire en coin.

Lily lui jeta une œillade irritée, mais finit par soupirer.

— Il nous en parlerait, répéta-t-elle, comme pour s’en convaincre elle-même.

— Le mieux serait peut-être de prendre les devants. On pourrait lui demander de nous prévenir s’il remarque quoi que ce soit de bizarre, proposa Remus. Et lui demander si quelque chose s’est passé à Gringotts quand il était avec Hagrid.

— Très mauvaise idée, railla Sirius.

James affichait un rictus amusé.

— Pourquoi ? demanda Lily en observant les airs conspirateurs des deux Aurors.

— Parce que si Harry est comme son père, tu peux être sûr qu’en apprenant ça, il va fourrer son nez partout !

— Et s’il y a vraiment Voldemort derrière toute cette histoire, poursuivit James, évitons de lui donner l’idée de le faire.

Lily et Remus échangèrent un regard puis haussèrent les épaules avant d’acquiescer, convaincus par les paroles de James et Sirius.

— Il n’empêche que, sans l’intervention d’Hermione, vous n’auriez jamais pensé à Hagrid, ajouta finalement Remus pour briser le silence qui s’était installé et pour rappeler le dilemme initial. Et même si Hagrid a vidé le coffre, celui qui importe est celui qui est venu après pour tenter de le cambrioler, non ?

Sirius regarda James avec un léger haussement d’épaules résigné. La remarque de Remus était logique et ne leur laissait pas vraiment le choix.

— Alors, va pour l’Albanie ! confirma James.








Quelques jours après leur découverte, James et Sirius avaient quitté le ministère sous le regard avide et curieux de la jeune Tonks, entrée chez les Aurors un an auparavant. A cette vue, Sirius avait adressé un clin d’oeil espiègle à cette jeune cousine qui, toujours sous la tutelle de son mentor et encore trop peu expérimentée, était déçue de ne pouvoir les accompagner et enquêter sur les traces de Voldemort lui-même.

La mission s’était prolongée pour de nombreux voyages infructueux, au grand dam de Shella qui n’appréciait pas ses séparations fréquentes et prolongées avec Sirius. Lors de leurs déplacements, Sirius et James avaient parcouru les paysages variés d’Albanie à la recherche d’un indice attestant de la présence du mage noir. Hélas, le lieu précédemment repéré par les Aurors qui avaient enquête à l’époque de la disparition de Voldemort semblait avoir été déserté et Sirius et James mirent beaucoup de temps à retrouver des traces convaincantes de son passage.

Jusque-là, si la crainte d’une menace pour Harry ne les avait pas habités, la mission des deux Aurors auraient pu s’apparenter à de sympathiques vacances remplies de randonnée au grand air. Souvent, Sirius et James utilisaient leur forme Animagus pour parcourir plus de terrain rapidement et pour bénéficier de leur sens plus aiguisés. C’est justement grâce à son odorat développé que Sirius découvrit les premières traces assez récentes attestant de la présence de Voldemort.

Alors que les deux Animagus parcouraient le parc national de Prespa, à proximité de la frontière avec la Grèce, Padfoot avait soudainement marqué l’arrêt, la truffe à l’affut. Prongs, qui le suivait de près, avait dû se décaler brusquement pour ne pas lui foncer dedans et s’était accroché le bois dans une branche basse. L’odeur de magie noire qui avait interpelé Padfoot laissait une sensation acre et amère qui lui fit hérisser le poil.

Padfoot se laissa guider par l’odeur, suivant la piste jusqu’à l’endroit où elle était le plus présente.

— Il n’est pas venu ici depuis quelques temps, dit finalement Sirius en reprenant sa forme humaine.

— Combien à ton avis ? demanda James en se frottant la tête là où son bois s’était bloqué.

— Quelques mois je dirais.

— Mais c’était avant ou après le cambriolage ?

— C’est une truffe, pas une frise chronologique, grommela Sirius dont l’odeur semblait avoir eu pour effet secondaire de le mettre sur les nerfs.

James s’étonna un instant de la réaction exagérée de son ami, mais celui-ci s’était déjà partiellement calmé et reprit :

— La question est surtout de savoir où il est maintenant… Plus loin dans cette forêt, ailleurs en Albanie ou…

— … en Angleterre.

Sirius soupira. Chercher une forme fantomatique uniquement repérable à son odeur était bien pire que de chercher une aiguille dans une botte de foin.

— Tu crois qu’on devrait se rabattre sur l’idée d’aller voir Hagrid ? demanda finalement Sirius.

— Remus avait raison. On ne doit pas tenir compte des informations déduites du passage d’Hermione, répondit James avec un bon sens qu’il n’avait pourtant pas envie de suivre.

Sirius poussa un nouveau soupir et reprit sa forme canine pour continuer ses recherches, sans trop y croire.








Sirius s’assit derrière son bureau, l'esprit ailleurs, encore bouche bée de la conclusion enfin obtenue à l’affaire qui les narguait depuis des mois. Il revenait tout juste de Poudlard où il avait laissé James à l’infirmerie avec Lily et Harry.

Incrédule, Sirius repensa au drôle de trio que formait Harry, Ron et Hermione. A onze ans, ils avaient fait preuve d’un courage et d’un sang-froid impressionnants ! Sirius était particulièrement fier de son filleul, mais il ne pouvait s’empêcher d’être également épaté par l’intelligence dont avait fait preuve son amie.

Après avoir laissé les Potter à l’infirmerie, il était tombé nez à nez avec un garçon roux et une fille aux épais cheveux bruns ébouriffés. Voir le visage de la jeune Hermione et savoir ce qu'elle avait vécu cette année avait ravivé le souvenir de celle qui lui avait tant manqué et cela ne l'aidait pas à se concentrer sur son rapport. Ces derniers mois s’étaient déroulés sans la moindre nouvelle d'Hermione, mais Sirius n’en avait pas été étonné, il n’avait jamais cru qu’elle reprendrait réellement contact après l'épisode sur le Chemin de Traverse.

Très peu présents en Angleterre pendant l’année scolaire, James et Sirius s’étaient contentés de suivre les aventures de Harry à Poudlard à travers ses lettres ou les quelques missives de McGonagall. Harry n'ayant eu qu'une seule retenue pendant l'année, Lily en avait conclu que Harry avait hérité de son côté sage. James, persuadé du contraire, supposait que Harry avait profité de son cadeau de Noël — la cape d’Invisibilité — pour explorer le château discrètement. Les derniers évènements concernant la Pierre Philosophale semblaient faire pencher la balance du côté de James, au grand dam de Lily, qui espérait profiter de l'été pour contrebalancer l’influence de James et Sirius sur le non respect des règlements.

Malgré ses difficultés à se concentrer, Sirius finit par boucler son rapport pour le Bureau des Aurors et rentra chez lui où il raconta avec enthousiasme les aventures de son filleul à Shella.

— J’espère que Harry se remettra vite, compatit Shella suite au récit de Sirius. Ce Quirrell, quel sale type ! Tout ça pour de l’or et l’immortalité.

— Shella, c’était Voldemort, pas Quirrell.

Shella eut un frisson incontrôlé au nom du mage noir.

— Sirius, je t’ai déjà dit de ne pas prononcer son nom. Et tu sais bien que tout ça n’a aucun sens ! Tu-Sais-Qui a disparu il y a dix ans ! Il ne reviendra pas.

— Avec la Pierre, crois-moi, il serait revenu ! répliqua Sirius, que l’attitude bornée de Shella commençait à énerver.

— Ce n’est qu’une supposition de Dumbledore. Vous n’avez aucune preuve que Tu-Sais-Qui ait un rapport avec tout ça.

— Attends que Harry se réveille et tu verras ! Il pourra nous le confirmer.

— Mais Sirius, c’est un enfant ! Tu ne vas quand même pas croire tout ce qu’il dit.

Sirius grimaça de rage, mais s’efforça de prendre une grande respiration pour se calmer avant de répondre.

— Pourquoi mentirait-il ?

— Je ne sais pas moi ! Pour se donner de l’importance. Ou parce qu’il a été berné par Quirrell. Si ça se trouve, Quirrell était fou et il était lui-même persuadé de faire ça pour Tu-Sais-Qui. Mais IL ne peut pas être derrière tout ça. C’est tout bonnement impossible, Sirius ! Pourquoi t’obstines-tu à vouloir qu’il revienne ?

Sirius sentit la colère monter, mais il se força à se contenir. Depuis des mois, Shella lui avait régulièrement montré son mécontentement sur le fait qu'il ait passé autant de temps en Albanie à poursuivre d'infimes traces de magie liées à Voldemort.

— Je ne veux pas qu’il revienne ! la contredit Sirius, désabusé. Mais contrairement à toi, je ne m’obstine pas à penser que c’est impossible. Je ne fais pas l’autruche moi ! ajouta-t-il, d’un ton dur.

— Tu me traites d’autruche maintenant ? s’exclama Shella au bord de l’hystérie.

— Prends ça comme tu veux, grogna Sirius, ne se donnant même pas la peine d'expliquer cette expression moldue qu'il avait souvent entendue de la bouche de Lily.

— Tu es vraiment une truffe Black ! Michelle l’a toujours dit, j’aurais mieux fait de l’écouter.

— Tu parles ! Elle ne disait pas ça quand elle voulait me mettre dans son lit, railla Sirius.

— Et arrogant avec ça !

— Oh arrête je t’en prie.

Shella lui lança un regard noir.

— Il est temps que tu grandisses Black !

— Arrête de m’appeler Black, s’énerva Sirius.

— Tu agis comme un enfant, tu t’énerves juste parce que j’ai mis en doute la parole d’un Potter. Tu es pathétique Sirius, tu ne vis qu’à travers eux.

— Mais de quoi tu parles ? s’étonna Sirius, voyant la conversation dévier.

— J’en ai marre Sirius. C’est toujours pareil avec toi. James par-ci, Lily par-là, Harry ceci. Et moi, Sirius ?

— Mais quel est le rapport avec Voldemort ? répliqua Sirius, partagé entre l’incompréhension et la colère.

— Tu-Sais-Qui ! Fais au moins l’effort de ne pas dire son nom devant moi. Tu t’obstines à croire des absurdités juste parce que ça vient des Potter !

Sirius resta un instant bouche bée. La tournure de la conversation lui paraissait tellement incohérente qu’il n’arrivait plus à suivre.

— Alors ? insista Shella. Tu penses vraiment que Tu-Sais-Qui y est pour quelque chose dans cette affaire ? Ou tu dis cela seulement parce que les Potter le disent ?

Shella avait presque craché le nom des Potter en levant les yeux au ciel et Sirius n’apprécia pas du tout.

— Voldemort a essayé de revenir ! Cela n’a rien à voir avec James, Lily ou Harry !

— Bien ! Si tu n’es pas capable de te ranger de mon côté pour des choses aussi importantes, je préfère encore partir. Je passerai plus tard récupérer mes affaires.

Et sur ce, Shella tourna les talons et sortit. Sirius la regarda partir, déconcerté.

End Notes:
Heureusement que Remus était là pour aider Hermione à garder le cours du temps hein ;)


Je vous avoue que c'était très tentant de faire arriver James et Sirius à Poudlard et de remettre l'histoire qu'on connaît en question, quitte à faire revenir Voldy beaucoup plus tôt héhé.
Mais, même si j'imagine James et Sirius du genre à mettre leur nez partout, je pense que l'argument de Remus de faire confiance à Hermione et de ne pas suivre Hagrid aurait fait mouche.
Alors j'ai résisté à la tentation... et le temps suit son cours !


Mais est-ce que ça va durer ? ^^ Et que devient Hermione ?


A bientôt pour le chapitre 22 :)
Nouvelles de Poudlard by Padfooot
Author's Notes:
Salut tout le monde! 



Voici donc le chapitre 22 : Nouvelles de Poudlard.

L’action se déroule entre le 12 septembre 1992 et le 16 avril 1993.

    Dans l'épisode précédent :

    L'enquête de la Pierre Philosophale s'est terminée sans réelle modification vs l'histoire qu'on connaît de JK. Harry rentre en deuxième année. 




Bonne lecture !

Pour une journée de septembre, il faisait encore très chaud et, dans leurs uniformes d’Aurors, James et Sirius trouvaient la température pénible. L’affaire du cambriolage à Gringotts s’était officiellement terminée et ils étaient maintenant affectés à une surveillance autour d’objets de magie noire, mais leurs passages réguliers à l’Allée des Embrumes n’avaient pas abouti à grand chose.

— J’en ai marre, grommela Sirius en quittant leur poste d’observation.

James et lui venaient de passer plusieurs heures à observer les allées et venues autour de Barjow & Burke, mais sans résultat. Sirius épousseta son manteau pour ôter la poussière et les toiles d’araignée récupérées au fond de leur planque de l’Allée des Embrumes.

James s’approcha de lui et tira une grosse araignée qui se baladait dans les cheveux de son ami. Sirius grimaça.

— Toujours peur des araignées ? se moqua James.

— Je n’aime pas ça, c’est tout.

— Padfoot n’a pas peur lui.

— Moi non plus et tu le sais. Je préfère juste quand elles se baladent ailleurs que sur moi.

Sirius secoua la tête dans une imitation parfaite d’un chien sortant de l’eau, ce qui fit sourire James.

— Rappelle-moi pourquoi on se coltine cette saleté de mission… grommela Sirius.

— Parce que le ministère multiplie les perquisitions. Allez, remotive-toi, on finira bien par tomber sur un sale Mangemort en train de se débarrasser de quelque chose de vraiment compromettant. Malefoy avait toute une liste d’objets à vendre l’autre jour, rappela James.

Sirius eut un rictus amer.

— Rien de bien compromettant en l’occurence. Pas assez pour qu’on puisse l’accuser d’être un Mangemort.

Le jour où Lily et Harry avaient rejoint les Weasley et la jeune Hermione sur le Chemin de Traverse pour leurs emplettes de rentrée, James et Sirius avaient passé leur journée dans l'Allée des Embrumes. Ils y avaient croisé les Malefoy alors qu'ils ressortaient de chez Barjow & Burke, mais ce que Lucius avait vendu était trop insignifiant pour intéresser les Aurors. Même la contravention d’Arthur Weasley n’avait pas abouti : Malefoy s'en était tiré sans difficulté, clamant qu’il s’était justement débarrassé de ces vieux articles traînant dans son grenier dans le but de se conformer au nouvel Acte de Protection des Moldus. Vu son influence au ministère, cette justification avait suffi.

Les seules avancées des Aurors dans cette affaire étaient d’avoir confisqué quelques objets qui leur avaient semblé particulièrement dangereux ou mystérieux. Parmi eux, un miroir capable d’ordonner à quiconque s'y regarde de commettre des actes funestes, une amulette consumant l’âme de son porteur et une armoire à disparaître dont l’aura magique leur avait paru trop puissante pour être simplement ce que l’objet semblait être à première vue. Malgré les nombreux objets confisqués, Sirius était persuadé que Mr Barjow avait eu le temps de cacher un ou deux objets de valeur et potentiellement maléfiques avant que les Aurors ne mettent la main dessus.

James et Sirius s’éloignèrent de la vitrine noircie du magasin, mais, alors qu’ils se rapprochaient du bout de l’allée, un mouvement dans un renfoncement sombre de la rue attira leur attention. James et Sirius se concertèrent du regard et conjurèrent une protection anti-transplanage avant de s'avancer discrètement, mettant à profit leur formation en filature et tapinois. Ils laissèrent les deux sorciers encapuchonnés effectuer leur transaction avant d’intervenir.

Le combat fut rapide et les deux inconnus maîtrisés en seulement quelques coups de baguette. La cape de l’un d’eux était tombée en même temps que son propriétaire, laissant apparaître le visage d’Edmund Selwyn. Alors que James redressait le jeune homme stupéfixé, Sirius s’approchait de leur deuxième victime, simplement désarmée, pour découvrir son identité.

— Ding… Évidemment ! railla Sirius en soulevant la capuche.

— Sirius ! James ! les salua l’escroc comme s’il s’adressait à de vieux amis.

— Que t’a-t-il vendu ? le questionna Sirius avec froideur.

Mondingus Fletcher sembla hésiter, mais la baguette de Sirius se redressa dans une attitude offensive et l’escroc ne se fit pas prier. Il lui tendit à regrets une petite boîte en fer noir et les Aurors y découvrirent une fine poudre anthracite. Sirius renifla prudemment le contenu de la boîte et secoua la tête, légèrement sonné. Il n’avait pas besoin de la truffe de Padfoot pour savoir qu’il ne valait mieux pas entrer en contact direct avec cette substance.

James s’approcha, lui prit la boîte des mains et la referma dans un claquement avant d’adresser à Mondingus un regard dur, qui mit immédiatement l’escroc mal à l’aise.

— Allons, vous savez ce que c’est ! Vous ne pouvez tout de même pas reprocher à un honnête citoyen dans le besoin de profiter d’une telle situation. Avec cette nouvelle loi, on gère comme on peut, hé !

Sirius haussa un sourcil puis jeta une oeillade amusée à James. Les lèvres de son ami étaient étirées en un rictus mi-espiègle, mi-conspirateur.

— Loin de nous l’idée de t’empêcher de faire des affaires de manière aussi honnête, Ding, lâcha James d’un ton narquois. Mais tu ne pourras pas nous reprocher de profiter également d’une telle situation.

Mondingus les regarda sans comprendre.

— Allons, Ding, tu sais ce que c’est ! renchérit Sirius en reprenant à son tour les mots de l’escroc. Tu ne peux pas demander à un Auror de fermer les yeux si tu n’as pas quelque chose à lui offrir en échange.

Mondingus regarda sa bourse bien remplie d’un air dépité. Sirius leva les yeux au ciel.

— Pas ton or ! soupira James, excédé.

Mondingus parut soulagé et James précisa leur pensée :

— Si quelqu’un d’autre t’appelle pour un échange de ce genre, tu sais comment nous joindre.

— On compte sur toi, Ding, renchérit Sirius. Sans nouvelles de toi, on se sentirait obligé de revenir sur notre décision.

Les deux Aurors s’éclipsèrent en emportant la boîte en fer et le corps toujours inanimé d’Edmund Selwyn. La boîte rejoignit les autres objets confisqués au fond de la salle close et sécurisée du Bureau des Aurors. Hélas, malgré l’objet compromettant en sa possession, Selwyn ne fut pas inquiété. L’interrogatoire de Selwyn ne leur permirent pas d’attester que l’homme était un Mangemort ou qu’il baignait dans un trafic particulier et ils durent le relâcher, se contentant de transférer l’affaire à Arthur Weasley, dans le cadre de son Acte de Protection des Moldus.

Après la conclusion décevante du cas de Selwyn, James et Sirius prirent la direction de la maison des Potter. Ils s’étaient acheté une maison dans une banlieue moldue, se refusant à retourner à Godric’s Hollow après l’attaque de Voldemort dix années auparavant.

Depuis sa rupture avec Shella, Sirius avait repris l’habitude de passer plus de temps avec son meilleur ami et il n’était pas rare qu’ils se retrouvent tous les quatre avec Remus. Alors que les quatre amis profitaient joyeusement de leur soirée, une magnifique chouette blanche passa par la fenêtre ouverte pour venir déposer une lettre sur la table basse. Hedwige vint ensuite se poser affectueusement sur le bras de James, réclamant qu’il s’occupe d’elle. James lui donna de quoi grignoter pendant que Lily ouvrait la lettre. Elle la lut puis la fit passer à James. Remus et Sirius vinrent immédiatement se mettre de chaque côté de leur meilleur ami et lurent par dessus son épaule.



Sirius grimaça. Cette histoire de voix était étrange, mais la fin de la lettre l’avait marqué au moins autant. La Hermione qu’il connaissait avait-elle vécu ce moment elle aussi ? L’image de la cicatrice sur le bras de la jeune femme lui revint en tête et Sirius s’efforça de se joindre à la conversation pour ne plus y penser.








La journée se terminait, mais Sirius était toujours au bureau. Leur enquête n’avançait pas vraiment. Arthur Weasley était arrivé un jour avec une information qui leur avait donné un peu d’espoir : d’après les informations — obtenues Merlin seul sait comment — de Ron, les Malefoy avaient une pièce secrète sous le parquet du salon. Hélas, la perquisition effectuée par Arthur n’avait pas donné suite au point d’intéresser les Aurors. Face à cette nouvelle déception, Scrimgeour avait demandé à James et Sirius d’espacer leurs recherches et de se concentrer sur d’autres sujets. Mais ce n’était pas la raison pour laquelle ils se trouvaient toujours au travail à une heure aussi tardive. Ce soir, le bureau des Aurors fêtait le départ en retraite d’un des leurs.

— Il va me manquer.

Sirius fut distrait par la voix féminine qui s’était élevée à côté de lui. Il eut un sourire amusé. Elle était probablement la seule à penser cela. Sirius appréciait les qualités techniques de Fol-Oeil, mais, même s’il avait eu l’occasion de le côtoyer longuement, il ne s’était jamais vraiment habitué au côté rustre du vieil Auror. Il observa un instant la jeune femme à côté de lui. Ce soir, elle arborait ses pétillants cheveux roses.

— Comment fais-tu pour l’apprécier à ce point ? la taquina Sirius.

Pour toute réponse, Nymphadora lui tira la langue. Maugrey était son mentor depuis qu’elle était entrée chez les Aurors et, alors qu’il avait toujours eu du mal à se lier avec les autres, Maugrey avait pris Tonks sous son aile et l’avait guidée avec patience.

— J’aurais bien voulu qu’il puisse rester jusqu’à ce que je sois officiellement Auror, précisa Tonks.

Sirius appréciait beaucoup la présence de Tonks au ministère et avait trouvé en la jeune femme une amie à la fois sensible et espiègle. Cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu de nouveau membre au bureau des Aurors et les maladresses de Tonks ne l’avaient pas aidée à s’intégrer, mais James et Sirius s’étaient rangés de son côté, l’aidant à trouver sa place.

— On n’est pas près de partir à la retraite, nous, fit remarquer Sirius en posant nonchalamment son bras sur ses épaules.

La remarque arracha un sourire à Tonks. Elle donna un léger coup de coude à Sirius, qui resserra son étreinte sur les épaules de Tonks. James revint vers eux à ce moment-là.

— Vous devriez arrêter ça tous les deux, sinon va y avoir des ragots.

Sirius grommela, mais lâcha la jeune femme. Il ne voulait pas que Tonks fasse l’objet de ragots. De son côté, il en avait eu bien assez à Poudlard pour y être devenu insensible. Il était proche de Tonks et il n’y avait aucune ambiguïté entre eux, mais ce n’était pas aussi clair pour tout le monde et sa rupture avec Shella, qui avait déjà fait le tour du ministère, jouait en sa défaveur à ce sujet.

— Lily et toi deviez êtres contents de retrouver Harry pour les vacances, dit Tonks. C’était bien ?

— Oh, il est resté à Poudlard finalement, répondit James.

— Ah bon ! Pourquoi ? Avec tout ce qui s’y passe en ce moment, il aurait été mieux avec vous, non ?

James haussa les épaules comme si ça ne lui importait pas, mais Sirius savait qu’il était soucieux. Le nombre de victimes de l’héritier de Serpentard se portait maintenant à quatre, mais ce qui dérangeait le plus James était de savoir que Harry parlait Fourchelangue et que tout le monde pensait qu’il était responsable de l’ouverture de la Chambre des Secrets.

James et Lily auraient voulu avoir Harry avec eux pour Noël pour discuter de tout cela avec lui. Mais celui-ci avait refusé de revenir prétextant utiliser ses vacances pour profiter de l’accès à la bibliothèque et de l’aide d'Hermione pour ne pas prendre trop de retard dans ses leçons. Ses parents n’étaient pas dupes. Harry leur cachait quelque chose, mais quoi ?

— Harry viendra à Pâques. C’est bien aussi, répondit simplement James.

Deux collègues s’approchèrent d’eux à ce moment-là et, entendant James parler de Harry, ils demandèrent des nouvelles de son fils.

— Il est dans l’équipe de Quidditch, n’est-ce pas ? demanda l’un deux.

— Oui, comme Attrapeur, répondit James avec fierté.

La lettre de McGonagall pendant la première année avant rendu James si fier qu'il s’était précipité sur le Chemin de Traverse pour offrir un Nimbus 2000 à son fils. Depuis, il suivait avec attention les récits des matchs et entraînements. La conversation se prolongea un temps sur le dernier match de Quidditch de Harry, mais James ne tarda pas à donner à la conversation une tournure plus professionnelle, ne voulant pas insister sur le Cognard fou envoyé par Dobby.

Sirius avait beau essayer d’assembler les pièces du puzzle, il n’arrivait pas à démêler cette histoire de Chambre des Secrets et ne voyait pas comment aider son filleul ou rassurer son meilleur ami. Si au moins il savait à qui appartenait cet elfe de maison et pourquoi il semblait tant s’intéresser à Harry depuis l’été…








Pour la première fois de sa vie, Sirius n’était pas à l’aise à l’idée de passer un moment chez les Potter. A l’occasion des vacances de Pâques, James avait posé quelques jours de congé et Sirius, en tant que coéquipier, avait suivi, mais il regrettait de ne pas utiliser ce temps pour prendre sa moto et parcourir les routes et le ciel de Grande Bretagne. Au moins, il aurait eu une bonne excuse pour ne pas aller chez James.

Sirius observa un instant la cheminée, se remémorant l’apparition de Lily la veille.

— Allez Sirius, il faut que tu viennes, avait dit Lily.

Sirius avait grommelé, mais Lily avait su trouver les mots pour le convaincre de venir au moins quelques temps.

— Au pire, viens après le repas. Comme ça si ça ne va pas, tu ne seras pas obligé de leur parler et tu t’enfermeras avec James dans son bureau. Allez, Harry ne comprendrait pas si tu ne venais pas de la semaine. Viens, s’il te plaît !

Il n’avait finalement pas eu le choix et avait promis de venir en début d’après-midi.

Sirius poussa un gros soupir puis sortit de chez lui avant de transplaner. Lily vint l'accueillir au moment-même où il arrivait devant la maison.

— Tu verras, tout va bien se passer, le rassura-t-elle avant de le pousser à l’intérieur.

A peine eut-il passé la porte que Harry se rua sur lui.

— Sirius ! Je suis content de te voir ! Viens, il faut que je te présente à Ron et Hermione.

Sirius s’efforça de sourire le plus normalement possible pendant que Harry lui présentait ses amis. Sirius évitait de regarder Hermione pendant que les trois amis parlaient de leurs derniers cours, de Quidditch et de diverses anecdotes.

Assis à côté de ses meilleurs amis et écoutant les dernières nouvelles de Poudlard, Sirius finit par se détendre, reprenant son rôle de parrain et oubliant un instant que ce qu’il entendait était aussi le passé de la Hermione qu’il avait connue.

— Harry, est-ce que je peux utiliser Hedwige pour écrire à mes parents ? demanda Hermione après que le récit du dernier entraînement de Quidditch ait été commenté jusqu’à épuisement du sujet.

— Elle est partie se dégourdir les ailes, mais tu peux utiliser Zonko si tu veux, proposa chaleureusement Lily.

Alors qu'Hermione remerciait Lily, Ron marmonna d’un air songeur :

— J’espère que ma soeur aura réussi à retrouver Croutard.

— Croutard ? l’interrogea Sirius, n’en ayant encore jamais entendu parler.

— Oui, c’est mon rat. Impossible de le retrouver avant de partir, je n’ai pas pu l’emmener.

— Pas plus mal, grommela Sirius entre ses dents. Je n’aime pas les rats.

Depuis la trahison de Peter, il ne supportait plus d’apercevoir un rat. Malgré les tentations, il n’avait jamais cherché à retrouver sa trace, même après le départ d'Hermione, mais il détestait tout ce qui pouvait lui rappeler que Peter était en liberté quelque part dans le monde.

— Allez vous trois, la pause est finie, dit soudain James en voyant le visage de son ami s’assombrir. Vous aviez prévu de travailler un peu cet après-midi, non ? Sirius, tu viens avec moi ?

Sirius eut un demi-sourire et suivit James dans son bureau.

— Dis donc, tu travaillais pendant les vacances toi peut-être ? le charria Sirius, laissant de côté le souvenir de Queudver.

— Non, mais moi, je n’avais pas Hermione comme amie. Elle est un peu tyrannique là-dessus, c’est assez drôle à voir. Ça va d’ailleurs ? Pas trop dur de la voir enfant ?

— Si. Mais j’essaye de me dire que ce n’est pas elle. Et ce n’est pas elle ! Elles partagent juste le même passé.

— Alors, tu repasseras dans la semaine ? tenta James, optimiste.

— N’exagérons rien, grommela Sirius.

James n’insista pas et changea de sujet de conversation, conscient que Sirius faisait déjà un effort suffisant en venant passer du temps chez eux. Il se sentait déjà assez coupable du départ d'Hermione dix ans plus tôt, pas la peine d’en rajouter encore une couche en parlant d’elle plus que nécessaire.

Plus tard dans l’après-midi, les deux Aurors retournèrent au salon où ils trouvèrent les trois enfants très concentrés.

— Ah Papa, tu tombes bien ! On réfléchissait aux options qu’on veut prendre l’année prochaine.

— Super, vous avez déjà une idée ?

— Pas vraiment, marmonnèrent Ron et Harry.

— Et toi, Hermione ? demanda James.

— Oui, j’aimerais toutes les prendre.

Sirius la regarda avec des yeux ronds.

— Toutes ? Mais ça ne passera jamais dans un seul emploi du temps ! fit-il remarquer.

C’était la première fois qu’il s’adressait directement à la jeune fille et il se sentit soudain mal à l’aise.

— Enfin, tu verras bien ce que te diras le professeur McGonagall, ajouta Sirius rapidement, espérant couper court à la conversation.

— Moi, tout ce que je veux, c’est abandonner les cours de potions, dit Harry.

Sirius échangea un regard amusé avec James. Lui aussi aurait probablement voulu arrêter les potions s’il avait eu Rogue comme professeur.

— Impossible, dit Ron d’un air sombre. On est obligé de garder les matières fondamentales, sinon j’aurais laissé tomber la Défense contre les Forces du Mal.

— Mais c’est très important ! protesta Hermione, ulcérée.

— Pas de la façon dont l’enseigne Lockhart, dit Ron. La seule chose qu’il m’ait apprise, c’est qu’il ne faut pas libérer des lutins en cage.

Hermione lui jeta un regard noir et Sirius éclata de rire, s’attirant à son tour les foudres de la jeune fille.

— Si vous aviez lu ses livres, vous vous rendriez compte que c’est un sorcier remarquable. Il a accompli de véritables exploits ! Dans « Flâneries avec le Spectre de la Mort », il a même…

— C’est juste un con, la coupa Sirius.

Harry et Ron s’efforçaient de se retenir de rire, tandis qu'Hermione dévisageait Sirius, choquée et clairement offusquée.

— Sirius, tu ne… commença James, conciliant.

— Quoi ? C’est vrai. C’est un con ! trancha Sirius avec force.

James prit Sirius par le coude et l’attira de nouveau vers son bureau tandis que Sirius lâchait un rire méprisant au souvenir du jeune freluquet arrogant et ambitieux qu’était Lockhart et qui les jalousait lorsqu’ils étaient à Poudlard.

— Non, mais tu es sérieux, là ?

— Quoi ? Parce que j’ai dit un gros mot ? Prongs, Harry n’a plus cinq ans…

— Je ne parlais pas de ça et tu le sais très bien.

Sirius grogna.

— Mais quelle idée aussi de s’aguicher d’un cornichon pareil ? Elle qui est si intelligente ! C’est absolument ridicule.

— Mais Sirius, elle a treize ans !

— Et alors ? Harry ne fantasme pas sur ses profs, que je sache ?

— Ah parce que tu voudrais qu’il fantasme sur qui ? rétorqua James, amusé. McGonagall ou Chourave ?

— Celle qu’il voudra ! C’est toujours mieux que cet idiot.

— Sirius, commença James, désabusé.

— C’est stupide je sais, le coupa Sirius en soupirant. Ce n’est pas elle, et pourtant c’est elle. Les mêmes cheveux, la même odeur, les mêmes yeux, le même regard noir aussi d’ailleurs…

Sirius eut un sourire en coin en pensant à ce dernier détail puis s’immobilisa soudainement, repensant à ce qu’il venait de dire.

— Je sais comment la retrouver.

— De quoi tu parles ?

— Si elle est à Londres, je la retrouverai, affirma Sirius.

End Notes:
Voilà encore un chapitre sans Hermione. Mais ne vous inquiétez pas, Sirius a l'air décidé à la chercher. Ahah ;)



A bientôt !
Retrouvailles by Padfooot
Author's Notes:
Helloooo! 


Voici le chapitre 23 : Retrouvailles.

L’action se déroule entre le 1 et le 6 mai 1993.

    Dans l'épisode précédent :

    Les nouvelles de Poudlard semblent montrer que la deuxième année de Harry se déroule sensiblement comme celle qu'on connaît.
    Sirius rencontre la jeune Hermione à l'occasion des vacances de Pâques. Suite à ça, Sirius est décidé à retrouver la jeune femme que ça lui plaise ou non. 



Il y a eu une petite baisse de reviews depuis quelques chapitres, mais j'espère que ce n'est pas parce que ça ne plaît plus ^^ Les quelques ajouts en favoris qu'il vient d'y avoir me confortent un peu dans ce sens. Merci à vous ;)


Bonne lecture !

Hermione sortait du cinéma, main dans la main avec Richard. Elle portait une robe bleue marine légèrement décolletée et tenait sa veste sur son bras, profitant de la douce chaleur printanière qui, étonnamment, persistait encore malgré la nuit tombée.

— Alors, ça t’a plu ? demanda Richard

— Oui, beaucoup.

— C’était vraiment un super film.

Hermione sourit, mais n’écouta que d’une oreille distraite les commentaires de Richard. Elle avait déjà vu cet opus de L’Arme Fatale plusieurs fois, c’était un des films préférés de son père et faire semblant de le voir pour la première fois n’était pas évident, elle préférait donc ne pas encourager l’échange sur le film et laissa la conversation s’étioler rapidement.

— Oh qu’il est beau !

— C’est irresponsable de laisser un aussi gros chien en liberté !

— Il devrait être à la fourrière…

Les conversations animées de l’autre côté de la rue attirèrent l’attention d'Hermione, qui repéra rapidement la raison de cette animation. Un imposant chien noir se promenait entre les passants, la truffe collée au sol.

Hermione s’arrêta net, tirant inconsciemment Richard vers l’arrière.

— Qu’est-ce que tu fais ? s’étonna-t-il.

Hermione ne répondit pas. Elle avait reconnu le chien et ne réfléchit pas un seul instant avant de crier « Padfoot ! ».

L’animal se tendit automatiquement, les oreilles redressées. Il observa autour de lui, cherchant d’où provenait le cri. Son regard se posa sur la jeune femme de l’autre côté de la rue et il s’élança vers elle.

Richard eut le réflexe de se mettre entre le chien et Hermione en faisant de grands gestes.

— Oust ! Sale bête !

— Arrête Richard, je le connais. C’est… C’est le chien de ma voisine, mentit-elle en tendant le bras pour caresser la tête du grand chien noir, qui se mit à remuer la queue frénétiquement.

— Et c’est une raison pour qu’il te saute dessus ?

Padfoot s’assit alors sagement aux pieds d'Hermione, observant son échange avec Richard.

— Ecoute, je ferais mieux de le ramener à ma voisine. Je suis désolée.

— Mais… Tu devais venir chez moi ce soir. On… Préviens ta voisine, c’est plus simple, non ?

Padfoot émit un léger grognement et Richard se recula, regardant le chien avec crainte.

— Il a l’air dangereux.

— Je t’assure que non, répliqua Hermione, tout en donnant une petite tape sur l’épaule du chien pour le faire taire. Richard, je suis désolée, mais il… euh il risque d’aller à la fourrière si je le laisse ici, ce ne serait pas sympa pour ma voisine. On se refera une soirée une autre fois.

Richard ne sembla pas ravi, mais Hermione ne lui laissa pas le choix. Elle s’excusa encore puis s’éloigna, suivie par Padfoot, qui marchait sagement à ses pieds. Hermione l’observait alors qu’elle se dirigeait vers chez elle. Pourquoi Sirius était-il là ? Y avait-il un souci avec Harry ? Le coeur d'Hermione s’affolait. Elle n’avait pas imaginé que quelque chose ait pu changer lors de leur deuxième année. L’ouverture de la Chambre des Secrets et tout ce qui s’était passé cette année ne pouvait pas avoir été impacté par son voyage dans le temps… Mais soudain Hermione n’en était plus si sûre. Au lieu d’essayer en vain de vivre normalement parmi les Moldus pendant ces deux dernières années, elle aurait mieux fait de surveiller Harry de loin ! Qu’elle avait été égoïste !

Hermione aurait voulu que Sirius se transforme maintenant pour lui raconter tout, mais avec tout ce monde qui profitait de la météo clémente de ce printemps, les rues étaient bien trop chargées pour prendre le risque.

Hermione accéléra le pas, pressée d’arriver chez elle afin de pouvoir enfin demander à Sirius la raison de sa présence. Elle ne pouvait pas prendre le bus avec un aussi gros chien, alors, pour aller au plus vite, Hermione coupa par les petites rues, ne se souciant pas du risque d’y faire des mauvaises rencontres.

Alors qu’elle s’approchait de chez elle, Hermione tourna sur sa gauche, dans une ruelle mal éclairée. Trop concentrée sur ses inquiétudes, elle ne remarqua pas un groupe de quatre personnes s’avancer vers elle.

Un aboiement à ses côtés la tira de ses pensées, lui permettant de réaliser la présence des quatre hommes. Hermione recula, mais l’un des hommes s’approcha rapidement d’elle, une odeur d’alcool montant aux narines de la jeune femme. Les trois autres n’avaient pas l’air dans un meilleur état.

Padfoot à ses côtés grognait et montrait les crocs.

— Alors ma jolie, on promène son chien ? Tu veux peut-être un peu de compagnie ?

Hermione essaya de reculer de nouveau, mais l’homme lui agrippa le bras. Padfoot regarda Hermione et aboya. Elle crut deviner dans son regard de l’incompréhension, mais ne s’attarda pas dessus. Son coeur s’emballait. Pourquoi avait-elle été assez bête pour venir dans cette ruelle ?

Le chien fit demi-tour et s’éloigna, laissant Hermione seule avec les quatre Moldus.

L’homme qui la tenait par le bras l’attira à elle. Hermione essaya de résister, mais l’homme était bien plus fort qu’elle et elle sentait déjà sur elle l’haleine chargée de relents d’alcool de son agresseur. Soudain, les quelques éclairages de la rue furent masqués par de gros nuages noirs, plongeant les lieux dans la pénombre. Trois rayons d’une lumière intense s’enchaînèrent devant elle et les trois complices de son agresseur s’effondrèrent brutalement. Ce dernier relâcha son étreinte pour se reculer et observer, perplexe, les corps immobiles. Mais, à peine avait-il mis quelques centimètres entre lui et Hermione qu’un nouveau rayon lumineux vint le cueillir en pleine tête. Hermione sursauta, le coeur battant, puis se retourna et aperçut la silhouette de Sirius s’avancer dans sa longue robe noire de sorcier.

Hermione sentit ses muscles se détendre automatiquement. Elle parcourut en courant les quelques mètres qui la séparait de Sirius et se jeta contre lui. Sirius, surpris, resserra autour de ses épaules son bras qui ne tenait pas la baguette, mais la relâcha presque aussitôt.

Il s’éloigna et vérifia l’état des quatre hommes.

— Ils ne devraient pas tarder à reprendre connaissance, ils ne se rappelleront de rien.

Hermione observa les nuages noirs au-dessus d’eux, s’étonnant de la vitesse à laquelle Sirius avait réagi. Elle ouvrit la bouche, mais Sirius la coupa.

— Entraînement d’Auror, expliqua Sirius, sèchement. Au cas où on ait besoin d’agir rapidement dans une zone moldue.

— Oh, répondit simplement Hermione.

Ainsi, il était devenu Auror. Hermione aurait voulu lui poser des milliers de questions sur Harry, sur lui, sur sa vie, mais Sirius revenait vers elle avec une moue irritée.

— Tu habites encore loin ?

Le ton sec de Sirius ne laissait aucun doute sur son humeur. Il était énervé. Hermione secoua juste la tête et montra le chemin jusque chez elle, sans dire un mot. Sirius dissipa les nuages noirs d’un coup de baguette et marcha à ses côtés.

Peu après, Hermione tournait la clé dans la serrure et laissait entrer Sirius chez elle. Sirius observa un instant les lieux sans un mot, mais ne s’assit pas quand Hermione lui désigna le canapé.

— Comment va Harry ? demanda enfin Hermione.

— Ça va, répondit simplement Sirius d’un ton sec.

Hermione soupira de soulagement.

— Mais alors qu’est-ce que tu fais là ? s’étonna Hermione.

Sirius la dévisagea avec colère.

—A ton avis ! Je voulais savoir comment tu allais.

Hermione ne sut pas comment réagir. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Elle finit par se ressaisir et, pour masquer son étonnement, s’exprima d’une voix plus dure qu’elle ne l’aurait voulu.

— Je vais bien, tu n’as pas à t’en inquiéter. Et tu ne devrais pas être là… J’ai eu si peur, j’ai pensé que quelque chose n’allait pas, qu’il était arrivé quelque chose à Harry. J’ai cru que c’était une urgence.

Sirius eut un rictus ironique.

— Une urgence ? Hermione, ça fait des jours que je passe mes soirées à me balader dans les rues de Londres à ta recherche ! Heureusement que ce n’était pas une urgence ! Tu ne donnes pas de nouvelles, on ne sait pas où tu te caches et quand on t’envoie un hibou, il revient avec la lettre. Et après ça, on ne doit pas s’inquiéter ? Je suis le Gardien de ton Secret ! J’ai bien le droit de savoir si ce secret est toujours en vie, non ?

Hermione n’osa pas rappeler à Sirius qu’elle lui avait justement laissé le livre pour ça. Mais la savoir vivante ne semblait pas lui suffire et il était suffisamment énervé comme cela, pas la peine d’en rajouter.

— Je suis désolée, je ne peux pas me permettre d’avoir des hiboux qui se baladent partout autour de chez moi. J’ai lancé un maléfice pour les empêcher de me trouver.

— Ravi de voir que tu sais encore te servir d’une baguette. La prochaine fois, tu pourras t’en servir quand tu te fais agresser par des Moldus !

— Je ne l’avais pas avec moi, se défendit Hermione, comprenant enfin la vraie cause de l’humeur de Sirius.

— Tu m’étonnes. Ça ne rentrait pas dans ta robe, c’est ça ?railla-t-il en l
laissant son regard s’attarder sur la tenue de la jeune femme.

Hermione lança un regard noir à Sirius. Sirius l’observa un instant. Il aimait cette expression furieuse et, étonnamment, cela eut pour effet de le détendre. Il en oublia presque l’incident avec les Moldus et releva légèrement la lèvre, amusé de revoir cette expression sur le visage de la jeune femme. Il s’avança doucement avec un sourire en coin, mais Hermione se tendit automatiquement, trop énervée par son commentaire pour laisser couler. Sirius s’arrêta net et retint une moue vexée en réalisant que la situation n’avait pas changée.

— Il vaut mieux que je te laisse.

Hermione n’eut pas le temps de réagir. Sirius était déjà sorti de chez elle et avait transplané.








Sirius ne s’étonna pas lorsque Lily débarqua chez lui sans s’être annoncée.

— James m’a raconté.

Sirius leva les yeux au ciel, exaspéré, mais invita tout de même Lily à s’asseoir au salon.

— Alors tu l’as retrouvée ?

— Oui. Enfin, c’est elle qui m’a reconnu.

— James m’a dit, oui. Tu lui avais déjà montré ta forme Animagus ? s’étonna Lily.

— Non. Elle devait l’avoir déjà vue avant. Elle connaissait même mon surnom…

— Ce n’est pas plus mal. Si tu avais dû la retrouver juste avec son odeur, ce n’est pas sûr que tu aurais réussi.

— J’ai un très bon odorat sous ma forme canine, répliqua Sirius avec un clin d’oeil. Mais c’est vrai, ça a simplifié les choses.

— Et après ? le pressa Lily. James m’a raconté l’histoire des Moldus. Heureusement que tu étais là !

— Sans moi, elle ne les aurait pas croisés, la corrigea Sirius, d’un ton morne.

Lily le dévisagea sans comprendre.

— Elle devait passer la nuit avec un certain Richard, grogna Sirius en grimaçant.

— Ah…

— Ce n’est rien, la rassura Sirius. Après tout, c’est stupide de m’attacher à elle. Je ne l’ai connue qu’à peine un mois, et encore, elle était inconsciente la majeure partie du temps. Et puis ça fait plus de dix ans…

Sirius sentit Lily l’observer, il releva les yeux vers elle pour découvrir qu’elle le dévisageait avec un air affligé qu’elle n’avait pas affiché depuis très longtemps.

— Lily, tu ne m’as pas regardé comme ça depuis Poudlard !

— Parce que tu réagis de manière si stupide qu’on dirait que tu as de nouveau quinze ans.

Sirius fronça les sourcils, mais ne releva pas.

— Sirius ! Peu importe que ça fasse dix ans. Peu importe si tu ressens réellement quelque chose pour elle ou non. Et même, peu importe si elle a refait sa vie. Ce qui importe, c’est que tu as passé presque toutes tes soirées pendant près de trois semaines pour la retrouver et que tu as réussi. Et à ce que je sache, elle ne t’avait pas mis dehors, tu es parti de toi même, alors laisse lui quelques jours et retourne la voir.

Sirius ne s’attendait pas à cette réaction. Il détourna le regard, réfléchissant aux paroles de son amie.

Lorsqu’il releva la tête, Lily le dévisageait avec un air de défi. Et Sirius n’avait jamais refusé un défi.








Richard n’avait pas attendu longtemps avant de lui proposer de dîner à nouveau avec elle. Elle avait pensé qu’il lui en voudrait de l’avoir abandonné après le cinéma, mais il était passé la voir à son bureau le lendemain et l’avait invitée en semaine.

Hermione avait immédiatement accepté, bien que les récents évènements tournaient en boucle dans sa tête et qu’elle avait peur de ne pas être très présente. Elle n’avait aucune raison de refuser et ne voulait pas risquer de vexer Richard.

Richard et elle sortaient ensemble depuis seulement quelques mois. Ses collègues avaient longuement essayé de la pousser dans ses bras, mais Hermione avait préféré prendre son temps. Richard avait plein de qualités et leur relation se développait tranquillement, mais une question taraudait Hermione depuis quelques temps. Pourrait-elle un jour lui avouer qu’elle était une sorcière ?

Ils passaient de bons moments, mais Hermione avait souvent l’impression de ne pas être elle-même. Refaire sa vie du côté moldu était une chose, abandonner entièrement ses origines en était une autre.

Richard et elle étaient sortis du restaurant depuis quelques minutes déjà et marchaient tranquillement en direction de chez elle. La météo était moins clémente que lors de sa dernière sortie avec Richard et la soirée était bien plus fraîche, mais Hermione appréciait de pouvoir marcher de nuit, sous les lumières de la ville. Cette fois, elle avait choisi de suivre son chemin habituel, ne passant que par des rues fréquentées.

La soirée s’était plutôt bien déroulée, mais Hermione avait passé une bonne partie de la soirée à essayer de trouver un moyen d’aborder le sujet de la magie pour voir si Richard pourrait un jour être réceptif à entendre la vérité sur elle. Enfin, une partie de la vérité…

Hermione soupira.

— Ca va ?

— Euh, oui, très bien. Ce n’est rien, je repensais à un truc au boulot, mentit Hermione. Ce n’est pas important.

Richard haussa les épaules. Hermione prit alors son courage à deux mains, se remémorant la phrase à laquelle elle avait pensé toute la soirée pour aborder le sujet et se lança.

— J’ai croisé un vieil ami qui était allé voir un spectacle de magie récemment, inventa Hermione. Tu aimes bien ce genre d’évènements ?

— Non, pas vraiment. Je ne vois pas l’intérêt, ce ne sont que des trucages, avait-il dit.

Hermione grimaça. La conversation s’annonçait mal. Mais tant pis, elle se devait d’insister. Même si sa tentative n’était pas fluide et naturelle, il fallait qu’elle aborde le sujet.

— Oui, mais je veux dire, est-ce que tu aimes le côté fascinant, mystérieux…

— Quoi, tu crois à ce genre de trucs ? le coupa Richard.

— Non… Enfin je veux dire, je sais bien qu’il y a des explications derrière les tours de magie. Evidemment. Mais disons… Si un jour, tu te retrouvais face à quelque chose d’inexplicable, est-ce que…

— Du type paranormal ? demanda Richard en haussant un sourcil sévère.

— Par exemple.

— Pff ! Hermione, voyons ! Bien sûr que je ne crois pas à ce genre de choses. J’espère bien que toi non plus.

— Oh… Euh oui bien sûr. Je… Tout à fait, c’était juste par curiosité.

Hermione se tut et prit une grande inspiration, essayant de masquer ses émotions. Elle aurait pu en pleurer tellement la réaction de Richard était décevante.

— Encore ce chien !

Le commentaire de Richard lui fit relever la tête. Ils arrivaient devant chez elle et, sur son perron, le grand chien noir attendait sagement. Hermione accéléra le pas et s’avança vers la porte, un léger sourire aux lèvres. Elle ouvrit la porte et fit signe à l’Animagus d’entrer.

— Tu n’es pas sérieuse ! Je croyais qu’il était à ta voisine ce chien.

— Euh oui, balbutia Hermione en réalisant l’incongruité de la situation, mais elle en vacances en fait en ce moment. Je le garde en attendant du coup.

Hermione espéra que son mensonge passerait inaperçu.

— Hermione, tu ne devrais pas te laisser envahir par un chien, c’est sale. Et c’est probablement un bâtard, ajouta-t-il avec une grimace.

— Mais non, il est très propre, le contredit Hermione en grattant derrière les oreilles du chien. Et puis, je suis persuadée que ce n’est pas un bâtard. Un vrai sang-pur, ce chien, hein Padfoot ?

Le chien remua la queue et aboya, de cet aboiement si caractéristique qu’on devinait dans les rires de Sirius.

Richard grommela, s’avouant vaincu sur la présence du canidé mais bien décidé à ne pas laisser cet imprévu contrarier sa soirée et, avant qu'Hermione n’entre à la suite du chien, Richard l’attrapa par le poignet et la tira vers lui pour l’embrasser. Hermione se tendit et essaya de se libérer de l’étreinte de Richard. Elle n’avait pas réfléchi en invitant Padfoot à entrer, mais elle n’avait aucune envie d’afficher sa relation devant lui.

— Ecoute, je… commença Hermione, mal à l’aise.

— Quoi ? grogna Richard en se penchant pour l’embrasser encore.

— Richard, s’il te plait !

Hermione repoussa alors Richard de toutes ses forces. Il la dévisageait, mi-énervé, mi-confus. Hermione tira la porte derrière eux, les laissant dehors alors que Padfoot était toujours à l’intérieur. Elle ne voulait pas se trouver en compagnie des deux en même temps.

— Tu ne veux pas que je rentre ? lâcha Richard en voyant la porte se refermer. Tu veux rompre, c’est ça ?

— Non. Non, ce n’est pas ça.

Richard secoua la tête, désabusé.

— Ecoute, on peut en parler demain ? S’il te plait.

Richard la dévisagea un instant avant de fixer la porte close, comme si elle était un signe évident du statut de leur relation.

— Laisse tomber, ce n’est pas nécessaire, répliqua-t-il finalement avant de faire demi-tour et de s’éloigner.

Hermione le regarda partir, atterrée. Même si elle avait douté de l’issue de leur relation quelques instants plus tôt, elle n’avait pas prévu d’y mettre fin si vite et encore moins de cette manière.

Les yeux humides, Hermione se retourna et ouvrit la porte pour rentrer chez elle. Le chien s’approcha d’elle et frotta son museau contre sa jambe, penaud. Hermione baissa les yeux et les plongea dans les yeux gris du chien.

— Je n’ai pas envie d’en parler.

Elle se dirigea alors vers la cuisine et sortit deux verres et une bouteille.

— Tu veux un verre ? Ou tu préfères une gamelle ?

Les babines du chien se relevèrent légèrement comme dans un sourire et, quelques instants plus tard, Sirius se tenait devant elle.

— Je peux te laisser tranquille si tu préfères, proposa Sirius d’une voix douce.

Hermione haussa les épaules, remplit les deux verres et en tendit un à Sirius avant de se diriger vers le canapé.

— Comment m’as-tu retrouvée ?

— J’ai du flair, dit simplement Sirius en souriant.

Hermione acquiesça avec une moue dubitative.

— Dix ans après ?

— Disons que j’ai croisé ta version plus jeune.

— Oh…

Hermione but une gorgée de vin, masquant ainsi sa réaction.

— C’était bizarre, admit Sirius.

— J’imagine.

Sirius but à son tour, cachant son malaise devant le manque de réceptivité de la jeune femme.

— Ça me fait bizarre aussi de te revoir, avoua finalement Hermione.

— Et pourtant moi, je ressemble au Sirius que tu as déjà connu dans ton passé ! rit Sirius, pensant détendre l’atmosphère.

Hermione l’observa, confuse.

Ses cheveux noirs coupés courts encadraient élégamment son visage séduisant aux traits nobles et détendus et ses yeux étaient toujours animés de la malice qu’elle y avait découverte en 1981, loin de l’angoisse que les Détraqueurs auraient dû incruster dans chacun de ses traits.

— Pas vraiment, non.

Sirius la regarda sans comprendre.

— Un jour, je t’expliquerai.

Les deux sorciers ne dirent plus rien, se concentrant sur leurs verres de vin. Mais même une fois les verres terminés, aucun des deux ne fit l’effort de relancer la conversation.

— Je vais te laisser.

Sirius posa le verre sur la table et se leva.

— Désolé de t’avoir dérangée. Et désolé pour ce qui s’est passé avec… euh…

— Tu n’y es pour rien ! le coupa Hermione. Ce n’est pas grave je t’assure, c’est même mieux ainsi.

Hermione afficha un rictus désappointé. Elle n’avait jamais pu être complètement elle-même avec Richard. Obligée de lui cacher ce qu’elle était vraiment et obligée de masquer les cicatrices de son passé à chaque moment d’intimité. C’était bien plus simple comme ça.

— Tu reviendras ? demanda finalement Hermione.

— Si tu veux.

La réponse de Sirius sonnait plus comme une question et Hermione hésita avant de répondre.

D’un côté elle avait coupé les ponts avec le monde sorcier pour une bonne raison. Elle avait une mission et elle ne pouvait pas se permettre de risquer de la compromettre. D’un autre, le monde sorcier lui manquait. Et cela faisait dix ans qu’elle était partie, elle avait fait son deuil et n’avait plus les émotions à fleur de peau comme à l’époque. Tenir sa langue serait bien plus facile.

— Oui, répondit simplement Hermione.

Sirius hocha doucement la tête, les lèvres étirées dans un demi-sourire, puis prit congé.

End Notes:
Bon j'avoue j'ai un peu triché sur les dates. Techniquement l'Arme Fatale 3 est sorti au cinéma le 15 mai 1992. Mais qui sait, les conséquences du voyage dans le temps d'Hermione peuvent avoir eu un impact sur la vie d'un Moldu et retarder la diffusion du film ;) Héhé



Alors, contents de voir Sirius et Hermione de nouveau "réunis" ?
La Chambre des Secrets by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour bonjour! 


Voici donc le chapitre 24 : La Chambre des Secrets.

L’action se déroule entre le 10 et le 31 mai 1993.

    Dans l'épisode précédent :

    Harry est en deuxième année.
    Sirius a retrouvé Hermione. 



Merci beaucoup à Momo pour sa review :D 



Bonne lecture !

Le lundi matin, Sirius et James se retrouvèrent au travail. Alors que James était parti pour le week-end avec Lily, Sirius avait hésité à retourner voir Hermione, mais il avait finalement préféré lui laisser un peu plus de temps et n’avait rien fait de particulier, passant du temps à bidouiller sa moto ou aidant Remus à se préparer pour un entretien d’assistant préparateur de potions.

Ils discutaient du cas de Remus et de leur inquiétude pour sa situation, lorsque Dawlish passa la tête dans leur bureau.

— Oui, John ? demanda James.

— Vous êtes au courant de ce qui s’est passé à Poudlard samedi ?

— Non. De quoi ?

— Avec ton fils à Poudlard, j’aurais pourtant pensé que tu savais déjà James.

— Qu’est-ce qu’il y a ? s’impatienta James.

— Il y a eu une nouvelle attaque.

Sirius et James se tendirent.

— Qui ?

— Deux filles d’origine moldue. Pénélope Deauclaire et Hermione… Granger je crois.

Sirius se figea, le souffle court.

— Et elles… Elles… s’apprêta à demander James.

— Juste pétrifiées heureusement, compléta l’Auror sans remarquer l’émoi de ces collègues. Le ministère a dû agir. Hagrid a été envoyé Azkaban.

— Hagrid ? Pourquoi ? firent James et Sirius d’une même voix.

— Il paraît que c’est lui qui a ouvert la Chambre des Secrets la dernière fois. Et Dumbledore a été suspendu.

— Suspendu ! Mais ça n’a aucun sens ! s’énerva Sirius.

— Qui a pu décider une chose pareille ? demanda James avec colère.

— Le conseil d’administration. Au complet. Leur décision était unanime.

Après ces nouvelles, James et Sirius eurent beaucoup de mal à se concentrer sur leur travail et la journée passa très lentement. En fin de journée, Sirius ne traîna pas et prit congé de James pour se rendre chez Hermione. Il craignait qu’elle n’apprécie pas qu’il vienne la voir pour lui poser des questions, mais la présence de Dumbledore à Poudlard était bien la seule chose qui leur donnait de l’espoir sur la situation. Maintenant qu’il n’était plus là, il risquait d’y avoir beaucoup plus d’attaques et rien ne garantissait que les victimes soient simplement pétrifiées. Maintenant, seule Hermione pouvait le rassurer… Il savait qu’il aurait probablement dû laisser faire le cours du temps et attendre de voir comment la situation allait évoluer, mais Sirius n’avait jamais été très patient.

Sirius sortit du ministère et transplana donc devant chez Hermione. Il attendit, faisant les cent pas dans son allée pendant près d’une heure avant qu’elle n’arrive.

Sirius s’approcha d’elle, le visage tendu.

— Ça ne va pas ? s’inquiéta Hermione.

— A toi de me le dire. Tu sais ce qui s’est passé à Poudlard aujourd’hui ?

Hermione réfléchit quelques instants, mais ne mit pas longtemps à faire le lien entre la date et les évènements à Poudlard.

— Ah… Oui bien sûr. Rien d’inquiétant je te le promets.

— Mais… Tu as été pétrifiée ! Et Dumbledore a été suspendu.

— Ne t’inquiète pas, je te dis, dit-elle en ouvrant la porte pour laisser Sirius entrer.

Sirius rentra, mais la dévisagea toujours, avec défiance.

— Sirius, je t’assure qu’il n’y aura plus d’attaque.

— Pourtant je suis sûr que ça ne peut pas être Hagrid !

— Bien sûr que ce n’est pas Hagrid !

Les lèvres de Sirius s’étirèrent en voyant la jeune femme défendre Hagrid avant tant de ferveur.

— Mais… Tu as dit qu’il n’y aurait plus d’attaque… la contredit Sirius, incrédule.

— Il n’y aura plus d’attaque. Mais l’arrestation de Hagrid n’est qu’une coïncidence.

Sirius ne sut pas quoi répondre. Il regardait Hermione bouche bée, pas sûr de pouvoir la croire.

— Fais moi confiance, s’il te plaît. Hagrid reviendra bientôt et cette histoire se résoudra sans ton aide et sans victimes, alors ne t’en mêle pas.

Sirius hocha finalement la tête.

— Désolée Sirius, mais je dois repartir. J’ai une soirée avec mes collègues ce soir. Est-ce que tu… tu veux venir dîner vendredi ?

Sirius sourit, prêt à accepter.

— Oh… On a un entraînement ce vendredi au bureau. Je suis rarement de bonne compagnie après, s’excusa Sirius.

— Le vendredi d’après ?

— Parfait ! répondit Sirius avec un grand sourire.

Sirius repartit alors, laissant la jeune femme se préparer pour sa soirée, et se matérialisa devant chez James pour le tenir informé des quelques informations données par Hermione.








Hermione était tendue. Sirius était censé venir ce soir. Certes, elle l’avait déjà vu trois fois depuis le début du mois, mais, cette fois, c’était différent. Cette fois, elle ne serait pas prise au dépourvue. Cette fois, il ne partirait pas au bout de dix minutes.

Hermione enfourna le gratin qu’elle avait préparé et souffla bruyamment. De quoi allaient-ils bien pouvoir parler pendant une soirée entière ? Serait-ce aussi naturel qu’il y a dix ans ? Lui pardonnerait-il d’avoir pris ses distances aussi longtemps ? Ressentirait-elle encore quelque chose à son côté ?

Hermione repensa à la dernière visite de Sirius. Il portait un long manteau de laine gris anthracite, qui le mettait particulièrement en valeur. Hermione n’avait jamais remarqué l’élégance et la prestance de la tenue des Aurors avant de voir Sirius la revêtir. Alors qu'Hermione essayait de penser à autre chose, des coups sur la porte la firent sursauter.

Hermione se ressaisit. Tout se passerait bien. Après tout, elle était bien plus maîtresse de ses émotions qu’il y a dix ans ! Hermione ouvrit la porte à la volée sur Sirius, habillé d’une simple chemise blanche et d’un pantalon de flanelle noire. Il tenait à la main une bouteille de vin qu’il tendit à Hermione en la saluant. Hermione l’emporta à la cuisine et invita Sirius à le suivre.

— Magnifique tenue moldue, commenta finalement Hermione.

— L’entraînement d’Auror est assez complet, répondit Sirius. On ne doit pas toujours enquêter dans des zones sorcières et c’est mieux de pouvoir se fondre dans le décor.

— C’est super que tu sois devenu Auror, dit Hermione, repensant au Sirius de son époque qui n’en avait pas eu l'occasion.

Sirius remarqua un instant l’émoi dans les yeux d'Hermione, comme un léger et lointain écho de ce qu’il lisait parfois dans son regard dix ans auparavant. Il ne fit pas de commentaire et regarda Hermione ouvrir le tiroir et en sortir un tire-bouchon. Sirius s’avança et l’effleura pour lui prendre l’objet des mains et le reposer sur le plan de travail. Il sortit sa baguette et déboucha la bouteille de vin d’un simple mouvement du poignet.

Le petit sourire taquin que Sirius affichait en lui tendant la bouteille débouchée mit Hermione légèrement mal à l’aise. Elle s’était tellement habituée à sa vie de moldue qu’elle n’avait même pas pensé que ce soir elle pourrait être elle-même : une sorcière. Sa baguette était toujours rangée dans sa cachette, alors qu’elle aurait pu être à sa place, dans sa poche.

Sirius et Hermione s’installèrent au salon et burent un verre de vin tout en discutant du métier d’Auror. Hermione posa beaucoup de questions à Sirius sur la formation et sur les missions qu’il effectuait pour le ministère. Hermione ne fut pas étonnée de voir que James était son partenaire au quotidien et la pensée de les savoir toujours fourrés ensemble lui réchauffait le coeur.

Au bout d’un moment, Hermione abandonna Sirius pour aller surveiller la cuisson de son gratin et préparer les derniers détails de son dîner. Lorsqu’elle retourna au salon peu après, elle fut étonnée de voir Sirius observer sa bibliothèque avec curiosité.

En l’entendant arriver, il se tourna vers elle et afficha un sourire en coin. Il tendit sa main vers l’étagère où trônait son livre préféré, mais la laissa planer devant les ouvrages, le sourire aux lèvres. Hermione sourit à son tour et s’approcha jusque’à ce qu’ils ne soient qu’à quelques centimètres. Elle tendit sa main gauche, frôlant celle de Sirius, et caressa la tranche de son roman fétiche.

La bibliothèque s’écarta en deux, laissant Sirius et Hermione à l’entrée de la pièce secrète que la sorcière avait créée lorsqu’elle avait emménagé quelques années plus tôt.

Sirius observait toujours Hermione, amusé.

— Comment as-tu deviné ? demanda-t-elle.

— La magie laisse des traces, répondit simplement Sirius.

Il dévisagea Hermione, interrogateur, s’assurant qu’il pouvait entrer et explorer. Hermione haussa les épaules, l’invitant à faire comme chez lui.

Sirius s’avança dans la pièce et observa les alentours. Une petite bibliothèque sur la droite contenait tous les livres de magie qu'Hermione avait ramenés avec elle lors de son voyage dans le temps. A gauche, seule une petite boite toute en longueur trônait sur une étagère, mais Sirius n’y fit pas attention. Il se dirigea vers le fond et observa le mannequin en fer marqué d’impacts de sortilège.

— Tu t’entraînes ici ?

Hermione haussa les épaules.

— A dire vrai, ça fait très longtemps que je n’y suis pas venue, avoua Hermione, pensive.

Elle se dirigea sur la gauche et sortit la baguette que lui avait offerte Sirius dix ans plus tôt. Elle l’avait rangée là en revenant du Chemin de Traverse il y a presque deux ans et ne l’avait pas touchée depuis. Une douce chaleur envahit la jeune femme lorsqu’elle la prit, la laissant prendre conscience du vide que l’absence de magie avait causé. Ses yeux s’embuèrent légèrement, mais Hermione ne se laissa pas aller à ses émotions. Elle avait essayé de s’intégrer chez les Moldus, mais sans résultat. Sa place n’était pas avec eux. Elle serra sa baguette avec ferveur et se retourna pour s’apercevoir que Sirius la dévisageait avec compassion.

— Désolé.

Hermione fronça les sourcils d’incompréhension.

— De ?

— De t’avoir reproché de ne pas t’être défendue, l’autre soir dans la ruelle. Je ne me rendais pas compte.

Hermione secoua la tête pour signifier que ce n’était rien. Elle s’était sentie impuissante ce soir-là et pouvait très bien comprendre ce que Sirius avait dû ressentir en découvrant qu’elle était sans défense.

— Je t’aiderai si tu veux.

Hermione regarda Sirius sans comprendre.

— A t’entraîner, précisa-t-il.

Hermione hocha la tête et le remercia avec un sourire.

— Mais je te préviens, je suis très exigeant, ajouta-t-il, espiègle.

— Je te rassure, j’ai eu de très bons professeurs de Défense contre les Forces du Mal, répliqua Hermione en pensant à Remus et à Harry.

Sirius ouvrit grand les yeux et afficha une moue amusée.

— Quoi ?

— Oui, bien sûr, j’oubliais ton admiration pour Gilderoy Lockhart.

Les joues d'Hermione se teintèrent immédiatement et Sirius éclata de rire.

— Qui t’a raconté ça ? demanda Hermione, embarrassée.

— Tu oublies que j’ai rencontré ton alter ego. Oh, vous devriez lire ces livres, il a fait des choses incroyables, dit-t-il en prenant une voix digne d’une adolescente amourachée.

Hermione rougit encore plus.

— Il est si merveilleux, ajouta Sirius, qui riait maintenant tellement qu’il n’arrivait plus à garder la voix ridicule qu’il avait prise plus tôt.

— Arrête, gémit Hermione en donnant une tape sur l’épaule de Sirius.

Sirius agrippa son poignet pour l’empêcher de l’atteindre une deuxième fois. Il sourit, noyant son regard dans celui d'Hermione. Puis il se ressaisit et se détourna, la lâchant précipitamment. Son instant d’égarement n’avait pas duré longtemps, mais suffisamment pour que Sirius se remémore la dernière fois qu’il avait été trop proche de la jeune femme. Elle avait pris ses distances de manière si drastique qu’il ne voulait pas prendre le moindre risque.

Hermione, trop déconcentrée par ses propres émotions, n’avait pas relevé la gêne de Sirius. Il y eut un silence, un peu trop long au goût d’Hermione, qu’elle combla en invitant Sirius à revenir dans la pièce principale pour se mettre à table.

— Tu avais l’air très intéressée par le métier d’Auror tout à l’heure. C’est une carrière qui t’aurait plu ? demanda finalement Sirius pour rompre le silence qui s’était installé.

— Je… Je ne peux pas te parler de ça.

Sirius eut une moue désolée.

— Oui, pardon. Tu risquerais de dire des choses liées au futur ou à Harry, c’est ça ?

Hermione acquiesça.

— Bien, j’attendrai.

Les lèvres de Sirius s’étirèrent en un grand sourire.

— Par contre, tu peux me raconter ta première année à Poudlard. Il y a prescription pour ça maintenant, non ?

Hermione se retint de rire, n’affichant qu’un sourire amusé.

— Harry t’a déjà sûrement tout raconté !

— Mais je n’ai pas eu ton point de vue, rétorqua Sirius avec un sourire charmeur. Enfin, à part ce petit aperçu sur ta capacité à lier des amitiés dans les toilettes des filles.

Hermione rit franchement cette fois-ci. Elle raconta à Sirius tout de sa première année, de la lecture de sa lettre pour Poudlard à l’histoire de la Pierre Philosophale en passant par ses cours préférés et son amitié avec Harry et Ron. Parler de ses meilleurs amis qui lui manquaient tant restait difficile, même dix ans après, mais Sirius se montra patient et l’aida de son mieux en la taquinant souvent, lui faisant surmonter momentanément sa peine.

— Tu n’as jamais pensé à intervenir ? Eviter que vous viviez cette épreuve tous les trois ? Vous n’aviez que onze ans…

— Non, répondit Hermione, catégorique. Non seulement parce que ce sont de très bons souvenirs ! Mais surtout, parce que ça fait partie de notre apprentissage. Sirius, tu dois comprendre que Harry aura encore beaucoup d’épreuves. Et je n’interviendrai pas. Il se construit, il devient le sorcier qu’il doit être, celui capable de vaincre Voldemort. A mon époque, tu étais un des rares à ne pas traiter Harry comme un enfant, à comprendre de quoi il était capable, même s’il était jeune et que les épreuves le faisait grandir plus vite que prévu. Ne change pas cela.

Sirius écouta attentivement Hermione et acquiesça, conscient de l’importance de ces mots.

— J’essaierai de m’en rappeler. Et je suis désolé pour mes questions sur la Chambre des Secrets l’autre soir, je…

— Ne t’inquiète pas, c’est compréhensible.

— Merci.

Sirius sembla hésiter puis reprit :

— Je… je repense souvent à Peter, je crains qu’il trouve un moyen de nous nuire.

Hermione posa sa main sur celle de Sirius et secoua la tête avec douceur.

— N’y pense pas. Pas pour le moment. Je te promets qu’un jour, tu pourras le traquer comme un rat.

Sirius haussa les sourcils.

— Alors tu sais ça aussi ? Est-ce que les Maraudeurs ont encore des secrets pour toi ?

— J’espère bien ! Sinon, votre réputation serait grandement surestimée.

Sirius rit de bon coeur.

La conversation vira sur les compétences d’Animagus de Sirius, ce qui intéressa énormément Hermione, à tel point que quand ils eurent épuisé le sujet, la soirée était déjà bien avancée.

— Je m’occupe de la vaisselle.

Hermione eut le réflexe de s’y opposer, mais elle n’eut même pas le temps de contester que déjà Sirius remuait sa baguette sous le nez d'Hermione, lui rappelant que c’était loin d’être une corvée insurmontable pour un sorcier.

Quelques minutes plus tard, tout était rangé. Alors que Sirius s’apprêtait à prendre congé, il se tourna vers Hermione une dernière fois.

— Tu serais d’accord pour enlever ta protection anti-hibou ? Je promets de ne pas en abuser.

Hermione sembla hésiter puis, finalement, elle acquiesça et promit de s’en occuper.

Sirius dévisagea un instant la jeune femme, hésitant à l’enlacer avant de partir, mais il lui fit simplement un clin d’oeil et disparut dans la nuit.








La semaine avait été à la fois très chargée et ennuyeuse et Sirius et James, désespérés par la quantité de paperasse qui les attendait, se distrayaient en enchantant des dossiers pour qu’ils se poursuivent à travers le bureau en une course effrénée.

Quelques coups sur la porte les interrompirent dans leur pause et Sirius se leva pour entrouvrir la porte. Il passa uniquement sa tête dans le but de masquer leurs activités puériles, mais voyant que c’était seulement Tonks, Sirius l’invita à entrer.

— Vous êtes vraiment des enfants, les réprimanda Tonks en observant la course-poursuite.

Sirius la défia du regard.

— Ne fais pas ta rabat-joie, on peut te prêter un dossier aussi si tu veux participer.

Tonks sourit, percée à jour.

— Je serais bien tentée, mais pas aujourd’hui. Je venais vous partager une nouvelle.

— Quoi, encore une mission passionnante à nous partager ? marmonna James, ironique. On n’a que ça en ce moment !

— J’aurais préféré…

James et Sirius se rendirent compte en même temps de la tension dans la voix de Tonks et reprirent leur sérieux. Sirius leva le bras et attrapa distraitement l’un des dossiers au vol pour le reposer sur son bureau, le regard toujours fixé sur Tonks. L’autre dossier vint immédiatement s’écraser à côté.

— Il y a eu des nouveautés dans l’affaire de la Chambre des Secrets.

Sirius se crispa. Hermione lui avait promis qu’il n’y aurait plus d’attaques. Y avait-il eu un changement par rapport à son époque ?

— Ginny Weasley a disparu. Elle a été capturée par le monstre et emmenée dans la chambre. Et il y a eu un deuxième message : Son squelette reposera à jamais dans la Chambre.

James porta la main à son menton et jeta un coup d’oeil à Sirius, aussi horrifié que lui.

— Merci Tonks, la congédia James avec douceur. Tu crois qu’on devrait aller voir Hermione ? demanda-t-il une fois la porte refermée derrière Tonks. Elle t’a dit de laisser l’affaire se dérouler, mais…

— Mais elle a aussi dit qu’il n’y aurait plus d’attaque !

— Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On va la voir ?

Sirius hésita. Hermione lui avait demandé de lui faire confiance, mais si jamais l’histoire se déroulait différemment d’à son époque, il fallait absolument qu’elle intervienne.

Ils débarquèrent devant chez Hermione peu après et patientèrent, assis sur le perron. Les deux amis ne parlèrent quasiment pas, trop tendus et impatients.

Au bout d’une longue attente, la silhouette d'Hermione se dessina devant eux.

— Hermione, je sais que tu m’as dit d’attendre, mais il faut absolument qu’on te parle de la Chambre des Secrets, lâcha Sirius dès qu’elle s’approcha.

Hermione lui lança un regard de reproche et se dépêcha d’ouvrir la porte.

— Pas dehors. Entrez.

Hermione posa son manteau et son sac dans la penderie à l’entrée, prenant délibérément son temps pour montrer son mécontentement et ignorant avec soin la tension qui se dégageait des deux Aurors.

— Je suis ravie de te revoir James. Même si je suis déçue que tu ne sois pas là juste pour le plaisir de me voir.

— Désolé, s’excusa James, mal à l’aise.

Dans n’importe quelle autre circonstance, il aurait été ravi de revoir la jeune femme dont il avait sincèrement apprécié la compagnie des années plus tôt. Hermione fit un signe de la main, montrant à James qu’elle ne s’en formalisait pas.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle finalement, excédée.

— C’est à cause de Ginny, expliqua Sirius. Tu avais dit qu’il n’y aurait plus d’attaques. Et pourtant, Ginny a disparu.

— Je t’avais demandé de me faire confiance, Sirius, répliqua Hermione, déçue.

— Tu avais dit qu’il n’y aurait plus d’attaque, lui reprocha Sirius.

— Elle n’a pas été attaquée.

— Ne joue pas sur les mots ! tempêta Sirius.

Hermione s’apprêtait à répliquer sèchement, mais James les interrompit.

— Alors tu savais pour Ginny ? Ce n’est pas un changement par rapport à ton époque ? Mais enfin, on ne peut quand même pas la laisser mourir !

— Tu crois que je la laisserais mourir ? s’exclama Hermione outrée. C’était ma meilleure amie ! Elle…

Un instant, Hermione revit la scène qui l’avait tant hantée quelques années plus tôt. La chute du rideau, les Weasley, les cheveux roux de sa meilleure amie qui encadraient son visage pâle, les traits torturés de Ron. Cela faisait si longtemps que ce souvenir ne l’avait pas hanté. Les larmes montèrent aux yeux d'Hermione qui se contint, les lèvres pincées.

Si… Elle l’avait laissée mourir.

— Elle ne craint rien ce soir, finit par répondre Hermione, maîtrisant de justesse ses émotions.

Sirius et James ne surent plus où se mettre, embarrassés de la réaction de la jeune femme.

— Hermione… commença Sirius.

Hermione le fit taire d’un regard.

— Je te demande juste de me faire confiance. C’est si compliqué ?

Sirius ouvrit la bouche, mais ne dit rien.

— Tout se passe comme prévu, insista Hermione.

— Mais…

— Non ! Pas de, mais, rétorqua-t-elle. Et si vraiment vous avez la bougeotte, vous n’avez qu’à vous rendre chez McGonagall ce soir. Les parents de Ginny y seront aussi. Mais pas avant 22h ! Maintenant, sortez.

Le ton d'Hermione était sans appel. Sirius hésita, il n’était toujours pas vraiment rassuré. Il aurait voulu lui parler. Pour en demander davantage ou pour s’excuser, il ne savait pas. Mais la main de James sur son épaule le rappela à l’ordre et il quitta les lieux à la suite de son ami sans un mot.

Les deux Maraudeurs transplanèrent chez Sirius, préférant attendre la dernière minute pour prévenir Lily, ne voulant pas l’inquiéter également.

Ils se dirigèrent donc vers Poudlard après avoir récupéré Lily et après lui avoir expliqué tout ce qu’ils savaient. Arrivés au château, ils prirent la direction du bureau de McGonagall. Même après des années, ils connaissaient le chemin par coeur. Lily frappa à la porte et le professeur de métamorphose ouvrit, étonnée.

— Nous avons appris pour Ginny. Est-ce qu’on peut se rendre utiles ? demanda Lily d’une voix douce.

McGonagall secoua la tête, affligée. Elle hésita puis les laissa entrer.

— Toujours impossible de vous séparer, vous deux, commenta-t-elle en voyant Sirius suivre James à l’intérieur.

Les Potter et Sirius saluèrent Arthur, Molly et Dumbledore, qui se tenaient près de la cheminée. La tension était palpable et personne ne savait vraiment quoi dire pour rassurer Molly, qui pleurait toutes les larmes de son corps.

Heureusement, peu après leur arrivée, quelqu’un frappa à la porte. Harry poussa la porte, suivi de Ginny, Ron et Lockhart. Molly poussa un grand cri et tout se passa très vite. Mr et Mrs Weasley se précipitèrent vers leur fille pendant que Fumseck fondait vers Dumbledore et se posait sur son épaule. James, Lily et Sirius eurent à peine le temps de constater, ébahis, l’état de la robe de Harry, boueuse et ensanglantée, avant que ce dernier et Ron ne disparaissent dans les bras de Mrs Weasley.

— Vous lui avez sauvé la vie ! Vous lui avez sauvé la vie ! Comment avez-vous fait ?

— C’est ce que nous aimerions tous savoir, dit le professeur McGonagall d’une voix faible.

Mrs Weasley libéra Harry de son étreinte. Il hésita un instant, observa ses parents qui le dévisageaient bouches bées, puis s’approcha du bureau et y posa le Choixpeau magique, l’épée incrustée de rubis et ce qui restait du journal intime de Jedusor. Il s’approcha ensuite de sa mère, plaçant sa main dans la sienne tandis que son père posait sa main sur son épaule.

Harry raconta alors toute l’histoire sous les regards affectueux et préoccupés de ses parents. Sirius s’étonna du récit incroyable de son filleul. Il avait du mal à réaliser… Comment un jeune garçon de douze ans pouvait-il tuer un basilic avec une épée et en ressortir vivant ?

— Ce qui est le plus intéressant à mes yeux, fit la voix douce de Dumbledore à la fin du récit de Harry, c’est de savoir comment Lord Voldemort a réussi à envoûter Ginny, alors que, d’après les informations qu’on m’a données, il se cache à l’heure actuelle dans les forêts d’Albanie.

James et Sirius échangèrent un regard perplexe en apprenant l’implication de Voldemort. Car, effectivement, après son échec l’année dernière, les Aurors avaient affirmé que la forme fantomatique du Seigneur des Ténèbres avait bien regagné l’Albanie où il se terrait depuis sans que les Aurors n’arrivent à le localiser précisément.

— Tout est arrivé à cause de ce journal intime, expliqua Harry. Il appartenait à Jedusor quand il avait seize ans.

Dumbledore en contempla longuement les pages humides et brûlées sous l’oeil intrigué de Sirius.

— Remarquable, murmura Dumbledore tout en déposant le journal dans la main que Sirius avait tendu une fois que Dumbledore ait eu fini son inspection.

Sirius n’écouta que d’une oreille distraite les explications sur la jeunesse de Voldemort à Poudlard et ne remarqua même pas le regard curieux que son partenaire lui portait. Sirius huma le journal et plissa le nez en découvrant la même odeur pestilentielle de magie noire qu’ils avaient poursuivie en Albanie l’année précédente. Le fonctionnement de ce journal faisait écho à de très vieux souvenirs datant de son éducation entre les murs froids du Square Grimmaurd, mais Sirius repoussa cette idée et le frisson qui l’accompagnait. Cela n’aurait eu aucun sens. Comme l’avait dit Dumbledore, Jedusor était brillant, bien trop pour laisser traîner un objet aussi précieux que ce qu’il avait un instant imaginé.

Sirius remarqua à peine les départs de McGonagall, de Ginny et de ses parents pour l’infirmerie et sourit par réflexe mais sans vraiment réaliser lorsque Dumbledore attribua à Harry et à Ron la Récompense Spéciale pour Services rendus à l’Ecole ainsi que quatre cents points pour Gryffondor. Lily était si fière qu’elle en avait presque les larmes aux yeux tandis que James serrait l’épaule de son fils avec plus de ferveur qu’au début et que Sirius s’efforçait de sortir le journal de ses pensées.

Ron raconta ensuite ce qui s’était passé avec Lockhart puis prit congé avec lui, l’amenant à l’infirmerie. Comprenant que Dumbledore voulait passer un moment seul avec Harry, James, Sirius et Lily s’apprêtèrent à suivre Ron à l’extérieur, mais Harry resserra la main de sa mère, l’empêchant de partir. Elle se retira tout de même de l’emprise de son fils et déposa un baiser sur sa joue avec un sourire d’encouragement.

— Tu peux être fier, dit James en lui ébouriffant les cheveux.

Sirius fit simplement un clin d’oeil à son filleul et tous trois sortirent, laissant Harry seul avec Dumbledore.

Une fois sortis, James se plaça entre Sirius et Lily et posa ses bras sur leurs épaules, les éloignant du bureau.

— Quelle histoire de dingues, fit-il le sourire aux lèvres.

Ils pénétrèrent dans une salle de classe et Lily vint s’asseoir tout contre James, posant sa tête sur son épaule. Sirius, plus détendu maintenant qu’il s’était convaincu que le journal ne pouvait pas être l’une de ses horreurs dont il avait entendu les légendes étant petit, prit place derrière un bureau et fit apparaître une plume et un parchemin. Il sourit, la situation lui rappelant l’époque où il était élève ici, puis se mit à écrire.








Lorsque Hermione se réveilla le lendemain matin, elle eut la surprise de découvrir une magnifique chouette blanche sur la table de son salon.

— Bonjour Hedwige.

La chouette tourna sa tête vers elle et la dévisagea d’un oeil vif. Hermione ouvrit un tiroir et en sortit de quoi récompenser la chouette. Elle grattouilla affectueusement le dessus de sa tête et s’empara de l’enveloppe déposée à ses pattes.



Hermione sourit en repliant la lettre. La réaction de Sirius l’avait énervée la veille, mais elle s’était vite calmée, comprenant très bien les raisons de son angoisse. D’autant plus qu’elle n’était elle même pas aussi à l’aise qu’elle le montrait. Et si effectivement, quelque chose avait changé et qu’elle ne s’en était pas rendu compte ? Et si les conséquences avaient été catastrophiques ?

Heureusement, tout s’était bien déroulé jusque-là et elle n’avait pas eu à intervenir. Mais Hermione savait que cela ne durerait pas. Les évènements de la troisième année de Harry seraient forcément différents vu ce qu’elle avait changé en venant dans le passé. Pas de fuite d’Azkaban, pas de Détraqueurs, pas de Carte des Maraudeurs…

Hermione inspira fortement, essayant de trouver du réconfort dans la présence de la lettre dans sa main. Avoir repris contact avec Sirius était un avantage considérable pour préparer cette troisième année. Oui, Hermione allait venir au dîner chez les Potter. Et elle continuerait de voir Sirius. Au moins pendant un temps... Hermione grimaça. Elle lui avait demandé de lui faire confiance et, pourtant, elle savait que sous peu, elle allait le trahir.

End Notes:
Voilà, la deuxième année est finie.



Une idée de ce qui va se passer en troisième année ? :)
La Loterie du Galion by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour ! 


Sorry, j'ai mis du temps entre ces deux chapitres, la période était un peu chargée.
Voici donc le chapitre 25 : La Loterie du Galion.

L’action se déroule entre le 18 juin et le 15 juillet 1993.

    Dans l'épisode précédent :

    La deuxième année de Harry s'est terminée avec sensiblement les mêmes actions que dans l'histoire de base.
    Hermione est invitée à dîner chez les Potter avant que Harry ne revienne de Poudlard. Elle a accepté de se rapprocher un temps de Sirius et compagnie. 



Merci beaucoup rogirls et momo201093 pour vos reviews. ♥ 



Bonne lecture !

Hermione et Sirius se tenaient devant la porte de chez les Potter. Sirius était venu chercher la jeune femme chez elle pour l’accompagner dans son transplanage vu qu’elle ne connaissait pas l’adresse.

— Prête ? demanda-t-il, la main sur la poignée.

Hermione hocha la tête fébrilement. Elle avait hâte de les revoir. Sirius sourit et ouvrit la porte, entrant comme s’il était chez lui. Il n’eut même pas à s’annoncer que Lily arrivait déjà. Elle arborait un sourire radieux. Lily courut vers Hermione et la prit dans ses bras. Hermione sourit à son tour, sentant la tension accumulée se dissoudre immédiatement.

— Tu nous as tant manquée.

James les rejoignit dans la foulée et accueillit Hermione avec presque autant d’enthousiasme que sa femme ne l’avait fait. Sirius observait la scène avec amusement, mais également avec un petit pincement au coeur. Il aurait aimé faire preuve d’aussi peu de retenue que ses amis avec Hermione, mais le souvenir de son départ il y a dix ans était encore trop amer.

Les quatre amis s’installèrent au salon et Lily mena la conversation, posant une multitude de questions, notamment sur son intégration au monde moldu.

— Tu n’as pas eu trop de mal à t’installer ?

— J’ai dû falsifier quelques documents pour me forger une identité, mais rien d’insurmontable.

— Et tu as cherché du travail tout de suite ?

— Grâce à vous, je n’étais pas trop pressée heureusement. Merci encore, les remercia-t-elle à nouveau pour l’argent qu’ils lui avaient donnés à l’époque. J’ai repris des études du coup et j’ai trouvé un petit boulot à côté.

— Tu as fait quoi comme études ?

L’engouement de Lily pour son passé divertissait Hermione.

— De la comptabilité. C’est loin d’être aussi passionnant que l’arithmancie, commenta-t-elle avec malice. Mais, grâce à ça, j’ai pu trouver du travail rapidement en sortant.

Lily continua à poser des questions à Hermione sur sa vie chez les Moldus : en quoi consistait son travail, comment était sa maison, ses relations avec ses collègues… Ils parlèrent également de ce qui s’était passé dans la vie des Maraudeurs et de Lily. Hermione apprit ainsi que les difficultés de Remus pour trouver un boulot restaient aussi présentes qu’à son époque, mais, à travers le récit de Lily, Hermione crut comprendre que la présence de ses amis rendait la situation bien plus tolérable pour le lycanthrope.

Hermione interrogea à son tour Lily sur ce qu’elle avait fait ces dernières années. Lorsque James et Sirius avaient été engagés au ministère, Lily avait préféré rester à la maison auprès de Harry. Afin d’occuper les quelques moments de temps libre que lui laissait son fils, elle avait choisi de suivre une formation de Médicomagie élémentaire bien qu’elle n’ait jamais réellement envisagé travailler à Ste Mangouste. Hermione n’insista pas sur ce point, mais, en lisant entre les lignes, elle réalisa que Lily ne s’était jamais vraiment remise de l’inquiétude que représentait la menace de Voldemort sur son fils. Il n’était pas étonnant qu’elle n’ait pas voulu s’en éloigner avant son départ pour Poudlard. Hélas, Hermione savait — vu toutes les épreuves qui attendaient encore Harry — que cette préoccupation n’était pas prête de se dissiper.

Lily changea finalement de sujet, revenant sur Hermione et sa vie au sein des Moldus. Au bout d’un moment, elle sembla hésiter à poser une question puis s’adressa finalement à James et Sirius.

— Les gars, vous voulez bien aller vérifier que le rôti ne brûle pas ? Et mettre la table aussi ? Merci, ajouta-t-elle avec un sourire entendu.

Hermione regarda avec amusement les deux hommes se jeter un coup d’oeil résolu et s’exécuter. Lily les regarda s’éloigner le sourire aux lèvres.

— Alors Hermione. Raconte-moi tout. C’est qui ce Richard ?

— Euh… Je… je ne suis plus avec Richard, admit finalement Hermione, peu sûre de vouloir discuter de tout cela avec Lily.

— Oh…

Lily l’observait avec une moue frustrée comme si elle espérait en savoir plus et Hermione finit par lui raconter en version accélérée sa relation et sa rupture, que la présence de Sirius chez elle avait hâtée.

— Je n’arrive pas à être vraiment moi-même avec des Moldus, conclut simplement Hermione, résignée.

Lily n’insista pas, bien consciente que la situation ne devait pas être simple pour Hermione, qui avait passé dix ans à masquer sa vraie nature à tous ceux qu’elle rencontrait.

Alors que Lily la menait vers la salle à manger, Hermione s’étonna de ne voir que quatre couverts.

— Sirius m’avait dit que Remus serait là aussi…

— Il ne nous rejoindra que plus tard, expliqua James en arrivant, faisant léviter le plat devant lui. Il a un entretien demain.

— Un entretien important, précisa Sirius, l’oeil pétillant.

— Très important, renchérit James sur le même ton.

— Tellement important qu’il refuse de nous en parler…

James fit une moue offensée, très vite reprise par Sirius. Lily éclata de rire devant leur comportement.

— Ils sont juste vexés parce que Remus n’a pas voulu leur en dire plus, dit Lily en riant. Il a l’air vraiment très excité par cet entretien. J’espère que ça marchera pour lui.

Lily leva la main et croisa les doigts. James et Sirius l’imitèrent d’un même geste, oubliant de faire semblant d’être vexés. Les lèvres d'Hermione s’étirèrent légèrement. L’entretien de Remus était probablement avec Dumbledore, et Hermione savait bien qu’il n’était pas nécessaire de croiser les doigts pour apporter de la chance à Remus. Il s’en tirerait très bien tout seul.

Tout au long de la soirée, les discussions allaient bon train, variant de l’enfance de Harry aux missions de James et Sirius en passant aussi bien par le quotidien de Lily que par les potins au ministère. Hermione n’avait pas passé une aussi bonne soirée depuis très longtemps et s’étonnait de l’aisance naturelle qu’elle ressentait avec les Potter et Sirius.

Remus les rejoignit un peu plus tard pour partager le dessert avec eux. Effectivement, la présence de ses amis à cette époque semblait lui faire beaucoup de bien car il avait l’air bien plus jeune et reposé que lorsqu’elle l’avait rencontré dans le Poudlard Express. Remus, ravi de retrouver Hermione, vint immédiatement s’installer à ses côtés pour lui poser plein de questions, au risque de la faire se répéter par rapport au début de soirée.

A la fin du repas, les cinq amis retournèrent au salon pour partager une tisane et Hermione repéra un journal sur le petit guéridon au bout du canapé. Le désignant du doigt, elle demanda :

— Je peux ?

— Bien sûr, répondit James.

Hermione prit la Gazette du Sorcier et l’observa avec attention. C’était l’édition du jour, elle n’avait jamais reçu ce numéro là dans le passé, n’ayant commencé son abonnement que début juillet après sa deuxième année. Mais Hermione savait où regarder. Elle feuilleta rapidement le journal, faisant semblant de s’arrêter sur un article ou deux pour ne pas montrer ce qui l’intéressait vraiment. Elle trouva ensuite sans difficulté le petit encart qu’elle cherchait.


— Vous êtes abonnés aussi ? demanda alors Hermione à Remus et Sirius, espérant que sa question n’attirerait pas de soupçons.

Les deux hommes hochèrent la tête et Hermione prit note de l’information. Elle reposa ensuite le journal et, lorsqu’elle releva la tête, elle croisa le regard de Lily.

— Désolée Hermione de te poser la question, mais… On avait essayé de t’envoyer un hibou il y a deux ans. Par rapport à la baguette de Harry. Il a…

— La baguette jumelle de Voldemort ? termina Hermione.

Lily hocha la tête.

— Ne t’inquiète pas Lily. Pas sur ce point, vraiment.

James posa sa main sur celle de Lily et le couple échangea un regard. Hermione n’était pas sûre que sa réponse les ait vraiment rassurés, mais elle ne pouvait pas faire mieux.

Remus mit fin au silence qu’avait causé le dernier sujet de conversation en annonçant qu’il allait y aller

— Je vais vous laisser aussi, dit Hermione en se levant.

— Déjà ? s’étonna James.

— Moi j’ai l’excuse d’avoir un entretien demain, la charria Remus.

Hermione sourit et tout le monde se leva alors pour se dire au revoir. Chacun donna une accolade à Remus, lui souhaitant bonne chance. Hermione fut la dernière à saluer Remus et elle le prit dans ses bras, approchant ses lèvres de son oreille pour lui murmurer « Tu seras formidable. » assez doucement pour que personne n’entende. Les joues de Remus prirent une légère teinte rosée et Hermione lui adressa un grand sourire tandis que Sirius observait la scène, les sourcils froncés.








Hermione évita le sortilège avec difficultés. Son adversaire la regardait avec un sourire taquin, mais Hermione essaya de ne pas se laisser distraire et répliqua d’un « Expelliarmus ! » que Sirius évita sans encombre. Ils avaient commencé leur duel il y a déjà quelques minutes et même si Sirius ne se donnait pas à fond, Hermione avait du mal à suivre. Elle n’enchaînait pas les sortilèges aussi naturellement que par le passé, laissant des temps morts qui donneraient l’avantage à n’importe quel adversaire.

Sirius finit par baisser sa baguette.

— Je n’y arrive plus, se plaignit Hermione, dépitée.

— Ça reviendra, la rassura Sirius.

Hermione fit une moue boudeuse, mais charmante. Sirius s’approcha d’elle et la força à relever le visage en lui effleurant le menton de ses doigts.

— C’est normal, Hermione. Tu n’as quasiment pas pratiqué la magie pendant des années.

Hermione haussa les épaules mais garda son petit air vexé. Elle avait l’habitude d’être la meilleure de la classe et elle n’appréciait pas d’avoir tant régressé. Mais elle ne s’avouerait pas vaincue.

— Alors il faut que je m’entraîne davantage, fit-elle en se remettant en position de combat.

Sirius éclata de rire devant la fougue de la jeune femme.

— Quoi ? se vexa Hermione.

— Rien, répondit-il en essayant de masquer son amusement.

Hermione ne lâchant pas sa position, Sirius reprit ses distances et se mit face à elle, prêt à se battre.

Il laissa Hermione entamer le duel et para le premier sort avec aisance. Hermione enchaînait les sortilèges, s’évertuant à agir avec rapidité pour se prouver qu’elle en était encore capable. Sirius parait, évitait ou renvoyait chacun de ses sortilèges sans effort tandis qu'Hermione haletait sous le rythme qu’elle s’imposait. Ils tinrent cette cadence effrénée quelques temps puis Hermione, fatiguée, changea de stratégie. Elle conjura des oiseaux qu’elle envoya sur Sirius, espérant le distraire le temps d’enchaîner avec un « Stupéfix ! », mais, avant même que les oiseaux n’aient atteint leur cible, Sirius les avaient déjà faits disparaître d’un mouvement ample mais rapide. Il para sans difficulté le rayon de lumière qui suivait de près et riposta avec agilité. Le rayon rouge qui s’échappa de sa baguette atteignit Hermione de plein fouet et sa baguette s’envola dans les airs. Sirius la rattrapa d’une main habile.

Hermione grommela et se dirigea vers le salon pour s’affaler sur le canapé, le souffle court.

Sirius la suivit, amusé, et lui rendit sa baguette.

— Sois patiente, Hermione.

Hermione soupira bruyamment. Elle se donna encore quelques secondes pour reprendre son souffle avant de se redresser et de regarder Sirius avec insistance, attendant son verdict.

— C’était déjà un peu mieux, lui assura Sirius.

Hermione le regarda, dubitative.

— Si, je t’assure. Mais il ne faut pas que tu t’imposes un rythme qui n’est pas le tien. Tu te fatigues beaucoup trop vite. Et si tu n’as plus d’énergie, comment veux-tu espérer éviter le moindre sortilège ?

Hermione accepta la critique avec une moue déçue.

— Ce n’est peut-être pas ce que tu as envie d’entendre, mais je pense surtout que tu manques de condition physique. Un peu de sport ne te ferait pas de mal, conclut Sirius.

— Du sport ? s’étonna Hermione.

Elle n’avait jamais vraiment considéré le sport comme faisant partie du quotidien des sorciers. A part quand il s’agissait de Quidditch, ce n’était pas un mot qui revenait souvent dans la communauté sorcière. Lorsqu’elle fit cette remarque à Sirius, il sourit.

— Ce n’est pas parce qu’on parle presque uniquement de Quidditch que les sorciers ne font pas de sport, rétorqua Sirius, amusé. A une époque, il y avait même quelques sorciers qui essayaient de participer aux compétitions officielles des Moldus, mais le ministère a interdit cette pratique, jugeant que ça risquait de mettre en péril le secret de notre existence. Une potion de vigueur est vite ingérée. Depuis, les sports moldus n’ont plus autant la côte, mais ça ne veut pas dire que les sorciers les ont complètement abandonnés.

Hermione écouta les informations de Sirius, abasourdie de ne jamais avoir entendu parler de cela malgré toutes ses lectures. En même temps elle ne s’était jamais vraiment intéressée au sport, pas même au Quidditch.

— Je pense qu’il faudrait que tu coures.

Hermione fut tirée de ses pensées et dévisagea Sirius, avec un mélange d’effroi et de dédain. Courir ? Sûrement pas !

Elle commença par refuser, mais Sirius finit par la convaincre, prétextant le besoin d’avoir plus d’endurance en duel. Elle accepta donc à contrecoeur et promit de se procurer l’équipement adapté d’ici la prochaine venue de Sirius qu’ils avaient programmée le dimanche suivant.

La semaine suivante, l’entraînement ne fut pas beaucoup plus probant et Hermione termina sa matinée éreintée et légèrement grincheuse. Sirius était reparti en lui laissant un planning chargé. Elle devait courir un jour sur deux. Des petites distances, mais régulièrement.

C’était bien la première fois qu’elle rechignait autant à l’idée d’un devoir à faire. Pestant contre Sirius, elle se promit cependant de faire l’effort nécessaire pour y arriver.








Le 15 juillet, le réveil d'Hermione sonna aux aurores. Elle était tendue à l’idée de ce qu’elle devait faire aujourd’hui. Hermione se leva et grimaça en sentant les courbatures toujours présentes dans ses cuisses. Cela faisait presque deux semaines qu’elle courrait selon le programme que lui avait confectionné Sirius. Il devait la rejoindre le soir même après le travail pour courir avec elle et constater ses progrès, mais ce n’était pas cette partie de la journée qui inquiétait le plus Hermione.

Non, ce qui l’inquiétait, c’était que ce matin, elle devait se débrouiller pour intercepter la Gazette du Sorcier chez Sirius et chez James. Et ce sans se faire repérer. Hermione avait choisi de ne pas s’inquiéter du cas de Remus puisqu’à son époque, il n’avait pas repéré Queudver sur la photo. Mais Sirius ne le manquerait assurément pas ! Et elle ne pouvait pas non plus prendre le risque avec James.

Hermione se prépara en hâte et transplana devant chez Sirius. Elle n’y était pas allée depuis son départ bientôt onze ans auparavant et cela lui fit tout drôle. Elle ouvrit la porte sans difficulté, entra silencieusement et attendit sagement l’arrivée du hibou. Hermione tendait l’oreille au cas où des bruits se feraient entendre à l’étage, mais Sirius dormait toujours et rien ne vint la déranger. Elle observa les lieux, presque apaisée de constater de les voir inchangés depuis son dernier passage. Lorsque le hibou arriva et déposa la Gazette, il repartit aussitôt et Hermione attrapa le journal et sortit à son tour, se dirigeant en hâte chez James pour réitérer le procédé avec d’autant plus d’angoisse qu’il y aurait trois fois plus de chances de se faire repérer chez les Potter.

Hermione n’eut heureusement pas de réelles difficultés non plus à récupérer l’exemplaire de James. Elle rentra chez elle et cacha les deux journaux au fond d’un placard. A la une du quotidien, une photo représentait une famille de sorciers, heureux vainqueurs de la Loterie du Gallion.

Au moment où la porte du placard se refermait sur la Gazette du Sorcier chez Hermione, à l’autre bout de la ville, Sirius se levait, prêt pour une nouvelle journée de travail.

Arrivé au salon, Sirius ne remarqua même pas l’absence du journal, trop concentré sur un grand hibou noir qui l’observait d’un oeil vif, niché sur le dossier d’une chaise. Sirius lui donna de quoi grignoter et récupéra la lettre attachée à sa patte. Sirius sourit en lisant la lettre de son ami.

Il fit un détour avant de se rendre au ministère et se retrouva chez Remus. En voyant le visage ravi de son ami, Sirius ne put retenir un grand sourire en montrant la lettre qu’il tenait toujours à la main.

— Alors cette grande nouvelle ?

— J’ai eu le poste !

— Et on peut savoir ce que c’est, maintenant ? rit Sirius.

— Je vous le dirai plus tard.

— Pourquoi tant de cachotteries ?

— Tu verras ! Ce soir, à dîner ?

— Oui, sup… Oh, je devais voir Hermione, se rappela Sirius, embêté.

— Invite-la aussi !

Les deux amis se mirent donc d’accord pour que le dîner se fasse chez Sirius avec James, Lily et Hermione. Sirius fonça au ministère, trop joyeux pour s’inquiéter de son retard. Il croisa James qui sortait de leur bureau au moment-même où il arrivait.

— Ah te voilà !

— Je suis passé voir Remus. Lily et toi venez dîner chez moi ce soir, annonça Sirius d’un air guilleret.

— Super. Je vais prévenir Lily. Et après, tu me raconteras ce qu’il y avait dans la Gazette aujourd’hui. Je ne l’ai pas reçue ce matin.

— Tiens, moi non plus, remarqua soudain Sirius, songeur. Il ont dû avoir des problèmes dans la livraison aujourd’hui.

— Viens alors. Avant que tu n’arrives, j’étais parti pour demander à Robards et Thornley s’il y avait quelque chose d’important dans l’édition du jour. Je n’ai pas envie que Scrimgeour nous tombe dessus avec une nouvelle mission sans être au courant de ce qui se passe.

Sirius suivit James et ils demandèrent à leurs collègues s’il y avait des choses intéressantes dans la Gazette. Ils furent ravis d’apprendre qu’Arthur Weasley avait gagné le Grand Prix de la Loterie du Gallion, mais n’apprirent rien de plus intéressant.

Sirius emprunta un hibou du ministère et écrivit à Hermione, expliquant bien au hibou d’amener la lettre chez elle et de ne pas la chercher en personne. Elle serait bien embêtée si un hibou débarquait dans son open space… Dans sa courte lettre, Sirius s’excusait de ne pouvoir aller courir avec elle le soir même et lui proposait de le rejoindre chez lui à la place pour fêter le nouveau travail mystère de Remus.

Sirius avait attendu avec plaisir la fin de la journée et n’avait pas douté un instant que la jeune femme lui donnerait une réponse positive. Il fut donc très déçu en lisant les quelques mots que le hibou déposa chez lui dans la soirée.


Alors qu’il s’interrogeait sur la lettre qu’il tenait toujours à la main, James et Lily s’annoncèrent en frappant à la porte et entrèrent sans attendre que Sirius leur ouvre.

James alla directement s’installer sur le canapé, comme à son habitude lorsqu’il rendait visite à Sirius. Pendant ce temps, Lily s’avança vers Sirius et déposa une bise sur sa joue avant de rejoindre James.

— Tu en fais une tête, remarqua James, étonné du manque de réaction de Sirius suite à leur arrivée.

— C’est Hermione, répondit-il en montrant la lettre.

Lily tendit la main, curieuse, et Sirius y déposa la missive. Il observa son amie parcourir les quelques mots d'Hermione.

— Je pensais que ça se passait mieux entre nous, fit-il, cachant mal sa déception.

— N’en tire pas de conclusions hâtives. Elle a dit que tu comprendrais. Attends, tenta de le raisonner Lily en tendant la lettre à James pour qu’il lise à son tour.

Remus arriva à ce moment-là et s’étonna de la légère tension. James lui tendit alors la lettre et Remus comprit immédiatement, ses lèvres s’étirant en une moue joyeuse.

— Je n’avais pas pensé à ça, effectivement je comprends qu’elle n’ait pas voulu être là…

Remus afficha un grand sourire et annonça fièrement :

— J’ai eu le poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal.

Les éclats de joie remplirent la pièce et les quatre amis s’enlacèrent et fêtèrent la bonne nouvelle.

— Je comprends pourquoi tu étais si stressé ! réalisa soudain Lily. C’est vraiment une super nouvelle ! Oh, je suis sûre que tu te débrouilleras à merveille.

— Pour tout te dire, je n’étais pas si stressé que ça. Du moins pas lors de l’entretien. Après le dîner la dernière fois, Hermione m’a dit que je m’en sortirai très bien.

Les sourires de ses amis s’agrandirent d’autant plus.

— Ça met encore plus en confiance qu’une boule de cristal, rit Remus. Mais elle m’a un peu mis la pression pour la suite.

— Comment ça ? demanda James.

— Elle a dit que je serai formidable, expliqua Remus, les joues légèrement teintées.

La poitrine de Sirius se contracta légèrement en voyant l’émotion se dessiner sur les joues de Remus au souvenir de ce que lui avait dit Hermione. Sirius s’en voulut automatiquement et se força à afficher un grand sourire.

— Maintenant, je vais être obligé de vraiment m’appliquer dans la préparation de mes cours.

— Tu te serais appliqué dans tous les cas ! le taquina Lily.

Alors que Remus souriait, ravi, James déboucha une bouteille bruyamment et Sirius donna une tape affectueuse dans le dos de son ami.

End Notes:
Je ne sais pas vous, mais moi j'aimerais bien un petit entraînement au duel avec Sirius :D
Edouard de Bonnivet by Padfooot
Author's Notes:
Hello tout le monde ! 


Je suis vraiment désolée pour ce long délai avant de poster ce chapitre. A part quelques modifs de dernière minute, le chapitre était prêt depuis longtemps, mais disons que j'avais la tête ailleurs. Disons que j'étais perdue dans une galaxie lointaine, très lointaine... Et j'avais du mal à repasser dans l'univers d'Harry alors que j'étais à fond dans Star Wars.

Voici donc le chapitre 26 : Edouard de Bonnivet.

L’action se déroule entre le 17 juillet et le 31 août 1993.

    Dans l'épisode précédent :

    La deuxième année de Harry est terminée.
    Sirius a commencé à entraîner Hermione, ce qui est une bonne excuse pour passer plus de temps avec elle.
    Remus a obtenu le poste de professeur de DCFM. 



Merci beaucoup à momo201093, nadra et lbvpog pour vos reviews sur le dernier chapitre.
Et merci Chrisjedusor même si tu as encore pas mal de chapitres à découvrir avant de lire ces remerciements ^^ 



Bonne lecture !



PS : Les dialogues en italique correspondent à un dialogue en français.

Les foulées d'Hermione se resserraient alors qu’elle essayait de se concentrer sur son souffle. Sirius courrait à côté d’elle et lui parlait de tout et de rien, espérant lui occuper suffisamment l’esprit pour faciliter sa course.

Le paysage de Hyde Park défilait bien trop lentement, rappelant sans cesse à Hermione les difficultés qu’elle éprouvait.

— Besoin d’une pause ? demanda finalement Sirius en voyant sa partenaire peiner.

Hermione hocha la tête précipitamment.

— Alors on court encore un kilomètre puis là, on fera une pause.

Hermione le dévisagea, indignée, et Sirius éclata de rire devant l’expression d'Hermione.

— Allez, je sais que tu peux le faire, l’encouragea Sirius.

Hermione se força donc et tint bon, essayant de caler son rythme dans celui que Sirius leur imposait. Mais à peine Sirius lui eut-il donné le feu vert pour faire une pause qu'Hermione s’arrêta net et se pencha, les mains posées sur les cuisses.

Sirius laissa Hermione reprendre son souffle.

— Tu cours trop vite aussi ! lui reprocha finalement Hermione, le souffle toujours court.

— Je n’allais pas vite, la contredit Sirius, un sourire charmeur en coin.

Hermione aurait voulu lui tirer la langue, mais elle se retint. Et elle s’en félicita car, à ce moment, une silhouette élancée s’approcha d’eux avec un grand sourire. Hermione se redressa immédiatement en apercevant sa collègue de travail dont les cheveux bruns et lisses étaient relevés en une longue queue de cheval. Malgré son jogging, le visage de Karine restait gracieux et n’arborait qu’une légère teinte rosée.

— Oh Hermione ! Je ne savais pas que tu courrais.

Hermione la salua, s’efforçant de masquer son air essoufflé. Heureusement, elle ne discutèrent pas longtemps et Hermione fit semblant de ne pas remarquer les coups d’oeil incessants que jetait sa collègue à Sirius. Si elle n’avait pas déjà eu les joues colorées par sa course, elle aurait probablement rougi devant l’air malicieux que lui adressa sa collègue avant de partir en une foulée bien plus sportive que la sienne.

— Super, maugréa Hermione quand ils furent de nouveau seuls.

— Quoi ? demanda Sirius, qui, bien qu’il avait remarqué le comportement de sa collègue, n’y voyait pas de souci.

— Je vais en entendre parler demain, crois-moi.

Et effectivement, le lendemain, lorsque Hermione s’assit à son bureau, elle fut immédiatement apostrophée par Karine qui la regardait avec un air de commère à l’affut.

— Tu as bien fait de larguer Richard pour ce beau gosse !

Hermione ne savait plus où se mettre. Elle avait toujours détesté ce genre de conversations.

— Nous ne sommes qu’amis, la contredit Hermione.

— Tu n’es pas sérieuse ?

— De qui vous parlez ? s’incrusta Maryse qui écoutait la conversation depuis le début.

— Du mec sexy avec qui Hermione courrait hier.

— Tu cours toi ? s’étonna Maryse.

Hermione lança un regard vexé à sa collègue puis confirma à Karine que ce n’était qu’un ami.

— Vraiment ?

Hermione acquiesça avec force, espérant que Karine la laisserait tranquille.

— Alors tu ne vois pas d’inconvénient à me le présenter ? La prochaine fois que tu vas courir, par exemple.

Hermione ne s’était pas attendue à cela et en fut bouche bée. Ne sachant pas quoi répondre, Hermione se promit simplement de demander à Sirius de ne plus l’accompagner, mais c’était sans compter le fait que Sirius était têtu comme une mule.

— Sirius, je ne veux plus croiser mes collègues avec toi à côté !

— Pourquoi ? Tu as si honte de moi ? rétorqua Sirius, taquin.

— Ce n’est pas ça et tu le sais ! Je n’ai juste pas envie de faire l’objet de ragots ou de me faire harceler par ma collègue pour que je vous arrange un coup.

— Elle est plutôt jolie, fit remarquer Sirius.

Hermione resta un instant interdite devant la réaction de Sirius. Etait-il vraiment sérieux ?

Sirius éclata de rire.

— Allez Hermione, on s’en fout. J’ai dit que je venais avec toi une fois par semaine pour t’aider à te motiver, je ne vais pas te laisser tomber. Viens, on y va.

Mais Hermione refusa tout net et Sirius finit par proposer une alternative.

Ainsi, Hermione se retrouva à parcourir les chemins de Hyde Park accompagnée d’un grand chien noir. A défaut de pouvoir la déconcentrer en parlant, Padfoot essayait de divertir la jeune femme à sa manière. Il poursuivait parfois les écureuils en aboyant ou prenait de l’avance et s’arrêtait quelques mètres devant elle pour tournoyer sur lui-même à la poursuite de sa queue, attendant qu’elle revienne à sa hauteur.

Hermione espérait qu’elle pourrait plus facilement ralentir ou s’arrêter sans la présence de Sirius à ses côtés, mais Padfoot était encore moins tendre avec elle et prenait son rôle à coeur, faisant semblant de lui croquer les mollets si elle tentait de s’arrêter et venant régulièrement la pousser du bout de la truffe pour la forcer à ne pas ralentir.

Hermione eut finalement le droit de prendre une pause et une fois qu’elle eut repris son souffle, elle gratta Padfoot derrière les oreilles.

— Je me suis bien amusée, merci.

— Ah tu es là !

Hermione se retourna et aperçut Karine.

— Alors, où est ton ami sexy ?

Hermione s’efforça de ne pas observer le chien assis à ses côtés qui suivait la conversation avec amusement.

— Je ne cours plus avec lui. J’ai promis à ma voisine de m’occuper un peu de son chien et… il n’aime pas les chiens, improvisa Hermione en réprimant un sourire face à l’absurdité de ses mots.

— Oh… fit simplement Karine, clairement déçue.

Lorsque Karine se fut éloignée, Hermione regarda le chien en souriant et celui-ci se mit à aboyer joyeusement.

Hermione s’était tant amusée pendant cette sortie qu’elle eut même le courage de rentrer en courant, motivée par Padfoot qui s’était élancé devant, l’invitant à reprendre l’allure.








Sirius et James étaient passés voir Remus après leur journée au Ministère. Depuis qu’il savait qu’il serait professeur à la rentrée, Remus n’avait passé que très peu de temps avec eux afin de préparer ses cours consciencieusement. Ses amis comprenaient l’implication de Remus, mais, lorsque ce dernier annonça à Sirius qu’il ne l’accompagnerait pas en vacances, comme initialement prévu, Sirius ne put s’empêcher d’adopter un air déçu.

— Je suis désolé. Je veux vraiment prendre le temps de préparer mes cours. C’est une telle opportunité pour quelqu’un comme moi.

— Tu peux venir avec nous si tu le souhaites, proposa James.

— Non, refusa catégoriquement Sirius.

Sirius appréciait que James lui fasse cette proposition, mais il ne voulait pas s’immiscer dans ses vacances en famille. Il était déjà bien trop présent et s’étonnait de la chance qu’il avait que James ait trouvé une femme aussi tolérante que Lily.

— Alors prends ta moto et explore, l’encouragea James.

— C’est ce que je fais à chaque fois pendant mes vacances, grommela Sirius. Je voulais changer un peu.

— Désolé, répéta Remus.

— Non, c’est bon, je comprends.

— Pourquoi n’irais-tu pas avec Hermione ? le taquina Remus.

James afficha un grand sourire, mais Sirius fronça les sourcils. Au moins, cela prouvait qu’il n’avait pas de raison d’éprouver de jalousie vis-à-vis de Remus, mais il se serait bien passé de ce commentaire. Ses amis l’avaient toujours taquiné sans retenue sur ses relations avec la gent féminine et cela ne l’avait jusque-là jamais dérangé.

— Quoi ? Vous vous voyez toutes les semaines ! Ne me dis pas qu’il n’y a toujours rien, le charria James.

— Hé bien si, justement, rétorqua Sirius.

— Aurais-tu perdu la main, Pads ?

Sirius jeta un regard noir à son meilleur ami, ce qui n’eut pour effet que d’agrandir le sourire moqueur qui ornait son visage.

— Qu’est-ce que tu risques à lui demander de passer quelques jours avec toi ? questionna Remus.

— Qu’elle se barre et se cache pendant dix ans ! répliqua Sirius, que l’idée préoccupait réellement.

— Elle ne fera plus ça, lui assura James, soudain plus sérieux.

— Et qu’est-ce que tu en sais ?

James haussa les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre ; il n’aurait pas su dire pourquoi, mais il sentait qu'Hermione ne réagirait pas de la même manière aujourd’hui. Sirius, décontenancé par la réaction de James, chercha l’avis de Remus, mais, lorsqu’il croisa le regard de son ami, il se heurta à un nouvel haussement d’épaules, le laissant démuni.

— Essaie ! dirent finalement les deux hommes d’une même voix.

Plus tard dans la semaine, Sirius se retrouva chez Hermione pour un nouvel entraînement au duel. La jeune femme avait retrouvé un peu d’endurance et s’était entraîné de son côté à lancer des sortilèges sur le mannequin en fer. Elle avait hâte de travailler de nouveau avec un adversaire pour mettre en pratique ses entraînements, bien qu’elle n’avait aucunement la présomption que son niveau lui permettrait de battre Sirius.

Et pourtant, peu après, alors qu’elle n’aurait jamais parié sur cette issue, Hermione désarma Sirius. Sa baguette s’éleva avec force et retomba dans un un bruit sec, arrachant un sourire victorieux à Hermione. Sirius s’avança d’un pas distrait pour récupérer sa baguette et regarda Hermione, songeur.

— Je peux te poser une question ?

Hermione ne put retenir une moue boudeuse en réalisant que sa victoire n’était due qu’au manque de concentration de son adversaire.

— C’est pour ça que j’ai réussi à te désarmer ? s’exclama Hermione, vexée.

— Euh… hésita Sirius. Désolé.

Hermione leva les yeux au ciel, exaspérée, puis soupira.

— Au moins je peux me débrouiller face à un adversaire distrait. Super, marmonna Hermione, frustrée.

Sirius afficha un air à la fois taquin et navré.

— Bon, quelle est ta question ?

Sirius hésita, ne sachant trop comment poser la question.

— Je suis en vacances la semaine prochaine. Je devais partir avec Remus, mais avec son boulot il préfère rester et préparer ses cours. Du coup…

— Décale tes vacances, proposa Hermione avant qu’il n’ait pu finir sa phrase.

Sirius fut pris au dépourvu par la réaction d'Hermione, le coupant dans son élan.

— Euh… Je ne peux pas. James part avec Lily et Harry. Et c’est mon coéquipier. On est censé poser nos jours en même temps, expliqua Sirius. Enfin bref, j’avais réservé des chambres d’hôtel en France pour Remus et moi et du coup, je voulais savoir si tu voulais venir avec moi. Juste quelques jours. Après si tu ne veux pas, ce n’est pas grave, mais je ne peux pas annuler les réservations alors je m’étais dit, autant en profiter, non ?

Sirius s’était imaginé plusieurs fois cette scène, se demandant quelle serait la réaction de la jeune femme, mais à aucun moment, il n’aurait imaginé qu’elle éclaterait de rire.

Il la dévisagea, vexé de sa réaction.

— Désolée Sirius. Mais tu dis ça comme si tu me demandais la lune ! le charria Hermione, toujours en riant.

— Il n’y a pas si longtemps, tu ne voulais même pas échanger par hibou ! Excuse-moi d’avoir eu peur que tu te refermes comme une huitre si je te proposais ça, s’énerva Sirius.

Hermione s’arrêta net de rire, comprenant le dilemme derrière la question de Sirius.

— Désolée. Ok, je… je vais voir si je peux poser un ou deux jours autour du week-end.

Sirius acquiesça, ravi et soulagé, tandis qu'Hermione reprenait déjà une position de combat.

— Maintenant, je veux ma revanche.

Sirius éclata de rire.

— Mais tu as gagné… contesta Sirius, un sourire en coin.

— On sait tous les deux que non.

Sirius releva alors sa baguette et ses lèvres s’étirèrent en un sourire charmeur. Si elle le voulait au maximum de ses performances, elle ne serait pas déçue.








Hermione observait autour d’elle avec curiosité. Elle était déjà allée en France, mais jamais dans cette région et les paysages étaient sensiblement différents de là où elle avait séjourné avec ses parents plus jeune. Sirius l’avait rejointe chez elle plus tôt dans la journée et l’avait fait transplaner directement au Nord-Ouest de la France, région suffisamment proche pour ne pas nécessiter l’usage d’un Portoloin.

Après avoir posé leurs affaires dans leurs chambres d’hôtel respectives, Sirius lui avait proposé d’aller marcher. Hermione n’avait pas voyagé depuis très longtemps et apprécia particulièrement la balade et l’évasion que lui procurait de sortir de Londres. Sirius et elle ne parlèrent pas beaucoup, profitant simplement du plaisir de marcher en bord de mer. La soirée était déjà bien avancée et l’air était frais.

A un moment, Sirius sortit du sentier, parcourant une étendue d’herbes hautes et de ronces pour venir s’asseoir face à la mer en bordure de la falaise. Lorsque Hermione le rejoignit, elle observa le bas du pantalon de Sirius, amusée. Sirius portait le même pantalon de flanelle et la même chemise blanche qu’il avait quand il était venu dîner chez Hermione la première fois. L’étoffe était griffée et quelques fils ressortaient, ayant accroché des herbes séchées au passage.

— Tu sais que ta tenue n’est pas vraiment adaptée pour la randonnée, n’est-ce pas ?

Sirius regarda Hermione, perplexe, puis observa sa propre tenue et haussa les épaules, inconscient du problème.

Hermione sortit sa baguette et répara le tissu, qui reprit un aspect lisse et net.

— Je croyais que l’entraînement d’Auror était très complet, le taquina Hermione.

— Complet, mais enseigné par des sorciers… Il est donc possible que j’ai quelques lacunes sur la mode moldue, admit Sirius avec un sourire en coin.

— On arrangera cela demain, assura Hermione avant de s’asseoir à côté de Sirius.

Sirius s’assura qu’aucun Moldu ne se trouvait dans les parages et fit apparaître un pique-nique qu’il avait préparé avant de partir.

Le lendemain, Hermione emmena Sirius faire les magasins. Sirius se laissa guider avec plaisir dans cette découverte de la mode moldue et s’équipa de vêtements plus adaptés pour l’été et la randonnée. Alors qu’ils avaient presque fini leur shopping, l’oeil de Sirius fut attiré par un chapeau informe semblable à ce qu’il avait vu sur les têtes de nombreux Moldus la veille en se promenant.

— Comment on appelle ces trucs ? demanda Sirius.

— Des bobs, dit Hermione avec une grimace alors que Sirius enfilait l’objet sur sa tête.

— Quoi ? s’offusqua Sirius en voyant l’expression de Hermione. Ils en portent tous !

— Aujourd’hui, oui. Mais crois-moi, ça ne restera pas à la mode longtemps.

Sirius haussa les épaules, mais n’en démordit pas. Cette pièce serait l’élément clé de son déguisement de Moldu. Et effectivement, lorsqu’il ressortit quelques minutes plus tard, il avait adopté un look qui se fondait parfaitement dans la masse.

Ils passèrent le reste de la journée à explorer les alentours, marchant pendant des heures, discutant parfois de choses et d’autres ou profitant simplement du paysage.

Le soir, Hermione proposa à Sirius de passer la soirée au restaurant et elle l’encouragea à essayer les spécialités locales, comme ses parents le lui avaient conseillé des années plus tôt, lui faisant découvrir la bouillabaisse et autres plats provençaux. Ils passèrent la soirée à discuter de tout et à sourire d’un rien, bien que la présence de Moldus aux alentours les empêchèrent de creuser la plupart des sujets.

Sirius avait proposé à Hermione d’aller courir le lendemain matin, ce qu’elle n’avait accepté qu’en contrepartie de profiter de la plage l’après-midi. Sirius, qui s’était bien renseigné sur les lieux, avant de venir, comptait l’emmener sur une petite crique bien connue des touristes sorciers car très peu accessible. Il repéra attentivement les environs et une fois qu’il fut sûr qu’il n’y avait personne, il prit Hermione par la main et la fit transplaner directement dans la crique.

Hermione observa les lieux, émerveillée. Quelques mètres carré de plage de sable fin s’étalaient dans le creux d’une falaise. Hermione posa le petit sac qu’elle amenait toujours avec elle, même s’il commençait à être franchement usé, et en sortit une grande serviette avant de s’y allonger, ravie de pouvoir profiter de cette douce alliance de vent et de soleil sur son visage.

Sirius vint s’installer à ses côtés, s’asseyant à même le sable. Hermione relança un sujet de discussion qu’ils n’avaient pu aborder tranquillement la veille au restaurant et Sirius raconta à Hermione le meilleur des aventures des Maraudeurs lorsqu’ils étaient à Poudlard. Hermione s’amusa des anecdotes de Sirius, remarquant cependant que Sirius, bien qu’il n’hésitait pas à parler de la cape d’invisibilité de James, ne mentionna pas une seule fois la Carte des Maraudeurs.

Au bout d’un moment, Sirius ôta ses vêtements, ne gardant que son caleçon, et partit se baigner, après s’être lancé un sortilège de Tétenbulle. Il ressortit quelques minutes plus tard, faisant éclater la bulle autour de lui et revint vers Hermione, radieux.

— Viens, les fonds marins sont magnifiques.

Hermione refusa. Sirius, qui commençait à bien connaître la jeune femme, comprit qu’il y avait un malaise derrière ce refus.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Hermione eut d’abord le réflexe de hausser les épaules, comme si ce n’était pas important, mais, devant le regard insistant de Sirius et vu qu’il connaissait déjà cette partie de lui, elle finit par lui expliquer qu’elle n’était pas très à l’aise avec ses cicatrices.

Sirius fronça les sourcils et vint s’accroupir à côté d'Hermione.

— Si tu veux parler de celle… Enfin… Je l’ai déjà vue, lui rappela-t-il d’une voix douce.

Hermione regarda autour d’elle pour éviter le regard de Sirius. Elle ne s’était pas mise en maillot de bain une seule fois pendant ces années parmi les Moldus. Elle n’en avait même pas. Elle avait toujours refusé les invitations à la piscine ou les vacances avec ses camarades d’études, au cas où.

— Il n’y a personne d’autre que moi, la rassura Sirius.

Hermione hésita et secoua la tête, pas prête à suivre Sirius dans l’eau. Sirius fronça les sourcils au souvenir des mots sur son avant-bras.

— Excuse ma question, mais je suppose que ce n’était pas facile à expliquer… A Richard par exemple ? demanda Sirius, mal à l’aise.

Hermione rougit violemment, embarrassée par la question de Sirius.

— Je ne les lui ai jamais montrées. Je… je préférais… rester dans le noir. Et je… me rhabillais vite, dit-elle, les yeux fixés sur le sable fin.

Sirius l’observa avec des yeux ronds, regrettant d’avoir posé une question qui avait mené à une révélation aussi personnelle. Hermione haussa les épaules puis, après une intense réflexion, elle inspira finalement un grand coup.

— Ok, je te rejoins.

Elle fit signe à Sirius de l’attendre dans l’eau. Sirius ne se fit pas prier et retourna dans l’eau, une bulle toute neuve sur le nez.

Hermione se déshabilla lentement, se mettant en sous-vêtements. Elle se lança à son tour un sortilège de Tétenbulle, reposa sa baguette et parcourut en hâte les deux mètres qui la séparait de la mer. Elle fut frappée par la fraîcheur de l’eau et s’arrêta net, l’eau lui arrivant seulement aux genoux. Sirius rit en voyant sa réaction. Il remonta son bras à la surface, dévoilant la baguette qu’il tenait toujours à la main et lança un sortilège à Hermione qui se réchauffa instantanément, soudain insensible à la température. Hermione sourit et rentra dans l’eau entièrement, passant la tête sous l’eau et mouillant ses épais cheveux bruns.

Sirius l’observa, essayant de repousser l’envie qu’il avait de la serrer contre lui. Il s’approcha d’elle en souriant et lui attrapa juste le poignet, l’attirant avec lui pour lui faire voir un recoin peuplé de magnifiques coraux qu’il avait déniché lors de sa première immersion. Hermione fit d’abord quelques mouvements de brasse maladroits, n’ayant pas nagé pendant des années, mais elle retrouva vite de l’aisance, et se lança finalement avec joie dans l’observation des fonds marins que lui montrait Sirius.

Ils restèrent près d’une heure à barboter ainsi au fond de l’eau avant de remonter à la surface, faisant éclater leurs bulles respectives. S’étant un peu éloignés de leur point de départ, Sirius et Hermione nagèrent vers le petit bout de plage où il s’étaient installés.

Mais leur crique n’était plus aussi tranquille qu’ils l’avaient laissée. Un couple, fraîchement arrivé, se tenait debout, au milieu de la plage. Hermione jeta un regard inquiet à Sirius, mais celui-ci n’y fit même pas attention, trop occupé à réfléchir à ce qu’il allait faire. Il prit Hermione par la main, la gardant près de lui, et sortit de l’eau en se positionnant presque devant elle pour masquer un maximum sa presque nudité aux yeux des deux personnes leur faisant face. Sirius plaça son autre main derrière lui de manière à cacher sa baguette.

Pas la peine de cacher votre baguette, Monsieur.

L’apprentissage du français avait fait partie de l’enseignement de Sirius lorsqu’il était encore destiné à être l’héritier de la noble maison des Black. Sirius comprit donc immédiatement et laissa sa main tomber naturellement sur le côté, sa baguette visible. Il lâcha Hermione et hâta le pas vers leurs affaires. Il récupéra la serviette de plage d'Hermione et fit demi-tour pour la poser délicatement sur ses épaules, couvrant le corps de la jeune femme et masquant habilement ses cicatrices avant que les regards de leurs interlocuteurs n’aient eu l’occasion de s’y poser.

Sirius passa son bras autour des épaules d'Hermione dans une attitude protectrice puis ils s’approchèrent des deux sorciers. L’homme était séduisant, grand, châtain et avait les traits nobles. La femme blonde qui l’accompagnait affichait un air suffisant qui gâchait les traits de son visage, pourtant joli.

Enchanté, dit Sirius dans un parfait français.

Edouard de Bonnivet, se présenta l’homme. Et voici ma femme, Anne.

Sirius se tendit, assez légèrement pour que cela passe inaperçu pour les deux inconnus, mais Hermione, en contact direct avec le bras de Sirius, sentit la tension envahir ses muscles.

Sirius Black, se présenta à son tour Sirius.

Sirius hésita un court instant sur la conduite à tenir, mais l’intérêt que son nom avait suscité dans le regard du français était la preuve que son interlocuteur était lui aussi conscient de leur lien. Il n’avait pas le choix que d’improviser.

Je vous présente ma femme, Hermione.

Black, répéta le sorcier avec enthousiasme. Toujours pur.

Le français avait prononcé ces deux mots comme si c’était une question et dévisageait Hermione avec insistance. Sirius se crispa en devinant l’interrogation derrière le commentaire et resserra sa main sur l’épaule de la jeune femme. Mais Hermione, même si elle ne comprenait pas le français, avait passé suffisamment de temps dans la demeure des Black pour en avoir reconnu la devise.

Toujours pur, affirma Hermione d’un air assuré, même si son accent était loin d’égaler celui de Sirius.

L’homme eut alors un mouvement de tête appréciatif. Il gratifia Sirius d’un sourire large mais sans chaleur et lui fit un signe pour le mener à l’écart.

Sirius lâcha Hermione à regrets, lui jetant un coup d’oeil rapide qu’il voulait rassurant et suivit l’homme. Hermione les regarda s’éloigner puis se retourna et se força à sourire à la française, qui la dévisageait toujours, avant de rejoindre le petit coin où Sirius et elle avaient posé leurs affaires. Hermione se jeta un sortilège pour se sécher et se rhabilla en hâte, faisant attention à ne surtout pas laisser apparaître l’inscription sur son bras. Elle n’attendit pas longtemps avant que Sirius ne la rejoigne.

— On rentre, murmura Sirius.

Sirius se rhabilla rapidement pendant qu'Hermione finissait de rassembler ses affaires. Hermione dévisageait Sirius avec inquiétude, mais il ne prit pas le temps de lui expliquer. Il lui prit la main et ils transplanèrent sur le sentier.

— C’était quoi ça ? demanda Hermione, le coeur battant.

— Les De Bonnivet sont une famille de sang-pur très réputée en France.

— Comment sais-tu cela ? l’interrogea Hermione.

— Un bon sang-pur se doit d’être capable de reconnaître ses semblables, lâcha Sirius avec ironie. Connaître les liens entre les différentes familles de sang-pur fait partie de l’apprentissage des Black, tout comme la maîtrise du français. Les De Bonnivet ne sont pas réputés pour leur bienveillance envers les nés-Moldus. Ils ne valent pas mieux qu’un Lestrange, précisa Sirius avec dégoût. Je ne serais pas étonné s’il était du genre à se cacher sous un masque aux côtés de Voldemort. Je pense qu’il vaut mieux écourter notre séjour, je n’ai pas envie de risquer de les croiser à nouveau.

Hermione acquiesça. Ils retournèrent à l’hôtel sans un mot, récupèrent leurs affaires dans leurs chambres respectives puis marchèrent jusqu’à un endroit abrité d’où ils pourraient transplaner tranquillement.

Un instant plus tard, Sirius et Hermione se matérialisèrent devant la porte de la jeune femme. De retour à Londres, Sirius se détendit immédiatement.

— Qu’est-ce qu’il te voulait ? demanda finalement Hermione.

— Nous inviter à passer un moment avec eux. J’ai dû faire preuve de diplomatie pour refuser le plus poliment possible.

— Pourquoi voulaient-ils passer du temps avec nous ?

— Les sang-pur ont des règles Hermione. Majoritairement stupides et désuètes, mais des règles. Comme le fait de considérer comme un devoir de socialiser avec tout autre sang-pur. Ou encore ne pas s’afficher avec une femme hors mariage et de n’épouser qu’une sang-pur…

—Tu m’as fait passer pour ta femme ? demanda Hermione, saisissant à l’oeillade que lui lançait Sirius ce qui lui avait manqué pour comprendre ce qui s’était passé plus tôt.

Sirius acquiesça, mal à l’aise.

— Donner son statut de sang fait partie des présentations pour les gens comme eux. Etant né Black, je n’ai pas besoin de préciser, dit Sirius en grimaçant. J’ai pensé qu’en te prêtant mon nom de famille cela suffirait à couvrir le sujet de tes origines. Mais ça ne lui a pas suffi. Heureusement que tu as eu un bon réflexe…

Toujours Pur, murmura Hermione, songeuse.

Sirius grimaça.

— Je ne comprends rien en français, mais j’ai tout de même reconnu la devise de ta famille, expliqua Hermione sur le même ton songeur. Et à son ton, j’ai compris qu’il avait besoin d’être… rassuré. Même si je n’avais pas saisi toute la conversation.

La vivacité d’esprit d'Hermione leur avait empêché une situation fort désagréable. Digérant le fait qu'Hermione en savait tant sur sa famille, Sirius repensa à la manière dont elle l’avait reconnu sous sa forme de chien puis sourit faiblement.

— Je suis étonné par tout ce que tu sais sur moi, dit finalement Sirius, songeur.

— Je te connais plus que tu ne le penses, répliqua Hermione, espiègle.

Sirius, attendrie par l’expression de la jeune femme, en oublia les récents évènements. Il s’approcha et caressa sa joue du bout des doigts. Hermione se tendit et noya son regard dans celui de Sirius, qui repensait aux moments qu’ils avaient passés tous les deux dans l’eau, visualisant le corps d'Hermione à ses côtés.

Sirius hésita à l’embrasser, mais, trop habituée à réfréner ses ardeurs face à Hermione, il se recula finalement avec douceur pour observer ses iris noisette qui le fixaient avec intensité.

Non, il ne l’embrasserait pas là. Pas maintenant.

Sirius étira cependant ses lèvres en un sourire séducteur, rien que pour le plaisir de sentir Hermione frémir sous ses doigts. James pouvait bien rire, mais Sirius n’avait pas perdu la main. Il déposa un baiser sur sa joue et s’approcha de son oreille, lui annonçant d’une voix sensuelle et pleine de promesses qu’il repasserait la voir bientôt.

End Notes:
Alors qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?


Petite anecdote concernant le bob que Sirius achète. J'ai entendu dire que Dior était en train de remettre le bob à la mode et vu que ce chapeau était très courant au début des années 90, j'ai eu envie d'ajouter un petit détail mode pour le fun.

Mais je suis persuadée que Sirius serait canon même avec un bob. Pas vous ? ;)
La Traque by Padfooot
Author's Notes:
Hola !

Me voici avec le chapitre 27 : La Traque.

L’action se déroule entre le 5 septembre et le 1er novembre 1993.

    Dans l'épisode précédent :

    Hermione et Sirius ont fait une mauvaise rencontre qui leur a fait écourter leurs vacances, mais ils se sont beaucoup rapprochés pendant l'été et Sirius a hâte de revoir Hermione et de faire évoluer leur relation ;)


Merci merci momo201093 et nadra pour vos reviews. Ca me fait vraiment plaisir d'avoir des retours !



Bonne lecture !



La semaine de reprise de Sirius s’était très bien déroulée et il avait retrouvé James avec plaisir. Les Potter avaient bien profité de leurs vacances et étaient rentrés juste à temps pour préparer la rentrée de Harry et le mettre dans le Poudlard Express avec ses amis. De son côté, Sirius était de très bonne humeur depuis ses quelques jours de vacances avec Hermione. Il avait senti sa relation avec la jeune femme devenir encore plus naturelle et, enfin, Sirius était prêt à surmonter sa crainte qu’elle fuît de nouveau, le laissant sans nouvelles. Ils avaient prévu de passer la journée ensemble et Sirius se préparait, enthousiaste. Il se perdit quelques instants dans le souvenir de ce dernier moment passé ensemble à leur retour de vacances, pressé de reprendre là où ils s’étaient arrêtés.

Des coups sur la porte vinrent sortir Sirius de sa rêverie, qui se demanda qui pouvait venir le voir un dimanche matin. Ce ne pouvait pas être Remus, il était à Poudlard. Et James, à qui il racontait tout, savait qu’il avait prévu de passer la journée avec Hermione. Il ne l’aurait pas dérangé. A moins qu’il y ait une urgence… Sirius descendit l’escalier en quatrième vitesse et ouvrit la porte, le souffle court.

Mais ce n’était pas James. Le visage de Sirius se fendit d’un grand sourire en découvrant la silhouette familière d'Hermione.

— On n’était pas censé se voir chez toi ? demanda Sirius, radieux.

Sirius se décala pour lui laisser le passage et Hermione répondit avec un demi-sourire mal à l’aise avant d’entrer.

— J’ai quelque chose à te montrer, déclara la jeune femme, nerveuse.

Sirius, déstabilisé par sa réaction, la regarda sortir un journal de son petit sac usé. Elle le tendit à Sirius qui le saisit sans comprendre.

Sirius regarda la date et réalisa que c’était l’édition que James et lui n’avaient jamais reçue.

— Tu m’as volé mon journal ? demanda Sirius, hésitant.

Hermione acquiesça, mal à l’aise.

— Mais pourquoi ? Il n’y avait rien d’intéressant dans cette édition. James et moi avons même demandé à nos collègues. Il n’y avait rien.

Hermione déglutit avec peine.

— Regarde de plus près, dit-elle finalement d’une voix faible.

Sirius regarda la une, mais haussa les épaules. Il dévisagea Hermione, sans comprendre. Il se doutait qu’il se passait quelque chose d’important, mais il ne saisissait pas quoi.

— Hermione, je ne comprends pas. Je suis ravi pour Arthur et Molly, mais c’est sans intérêt. Je m’en fous.

Le malaise d'Hermione semblait s’accroître avec chaque seconde qui passait. D’un coup d’oeil, elle encouragea Sirius à regarder plus attentivement.

Sirius s’exécuta, confus. Il lut l’article, mais rien ne lui parut intéressant. Et la photo représentait simplement les Weasley au complet. Ils avaient l’air tous heureux. Molly et Arthur semblaient ravis, les jumeaux avaient une lueur de malice au coin de l’oeil et Ron enlaçait sa petite soeur, qui arborait un sourire radieux. Sirius s’apprêta à hausser les épaules puis son regard se porta sur l’épaule de Ron et la colère enfla aussitôt dans sa poitrine.

— Tu le savais ! Comment as-tu pu me cacher ça ? Je te faisais confiance ! Tu m’avais même dit que… que bientôt je pourrai le… le traquer comme un rat, cracha Sirius, se concentrant pour se rappeler les paroles exactes. Pourquoi ? Pourquoi m’avoir menti ?

La déception dans le ton de Sirius était si forte qu'Hermione se retrouva incapable de répondre.

— Tu as attendu qu’il parte à Poudlard pour me le dire ! Et comment je fais maintenant qu’il est en sécurité là-bas ? Avec Harry ! s’énerva Sirius. Tu ne voulais pas que je m’en charge c’est ça ?

— Juste pas avant septembre, essaya de se défendre Hermione, la voix tremblante. Il ne fallait pas, pas avant septembre. Cela aurait pu tout changer.

— Tu aurais pu me le dire.

— Tu n’aurais pas voulu attendre, riposta Hermione d’une voix faible.

— Pour toi, si. Je t’aurais fait confiance, j’aurais accepté ta condition. Mais tu m’as menti tout l’été.

Le son de la trahison était maintenant si fort que les larmes montèrent aux yeux d'Hermione.

— Je ne voulais pas prendre le risque.

— Alors tu as préféré me manipuler ! conclut Sirius, amer.

Hermione ouvrit la bouche, accablée, mais ne trouva rien à dire.

— Vas-t’en.

— Sirius, l’implora Hermione, en larmes.

— Vas-t’en ! insista Sirius.








Sirius soupira. La journée lui avait semblé si longue. La semaine entière, même. En fait, cela faisait bien deux mois maintenant que Sirius ne voyait pas le bout de ses journées de travail. Depuis qu’il savait pour Peter, Sirius n’arrivait pas à agir normalement avec James et encore moins à se concentrer sur son travail.

Mais après ce week-end, tout serait fini. Il avait un plan. Enfin, une partie de plan. Pour la deuxième partie, il allait devoir improviser et croiser les doigts. Mais Sirius était confiant. Le lendemain, il aurait Peter entre ses mains et il pourrait enfin dire à James ce qui l’avait tant tracassé ces derniers temps.

Sirius avait longuement hésité à en discuter avec ses meilleurs amis. Il n’était pas allé travailler le lendemain du passage d'Hermione pour prendre le temps de peser le pour et le contre. Finalement, il avait tranché et avait choisi de se débrouiller seul pour traquer Peter. Et pour être honnête, s’il ne leur avait rien dit, c’était surtout pour ne pas prendre le risque que l’un d’eux essaye de le dissuader d’assouvir sa vengeance.

Il aurait aussi tout simplement pu en parler à Dumbledore pour avoir accès à Poudlard ou pour qu’il prenne lui-même l’affaire en mains, mais Sirius ressentait le besoin de gérer la situation lui-même et, de plus, il redoutait de devoir avouer à Dumbledore leurs capacités d’Animagus. Les Maraudeurs avaient appris à se transformer pour accompagner Remus les soirs de pleine lune, trahissant ainsi la confiance que Dumbledore avait placée en Remus en l’acceptant à Poudlard malgré sa condition. Et maintenant que Remus était professeur de Défense contre les Forces du Mal grâce à Dumbledore, Sirius ne pouvait prendre le risque de lui donner cette information. Si Dumbledore licenciait Remus par sa faute, Sirius ne se le pardonnerait jamais.

Sirius alla se coucher, à la fois excité et soulagé. Demain, il profiterait de la soirée d’Halloween pour entrer à Poudlard. Et ensuite, enfin, il pourrait tout raconter à James. Du moins si tout se passait comme il l’espérait…

Le lendemain, Sirius trouva le temps long. Il ne servait à rien qu’il y aille trop tôt, mais l’attente lui mettait les nerfs en pelote. Lorsqu’enfin, l’après-midi arriva, Sirius transplana et se matérialisa juste à l’extérieur de Pré-Au-Lard. Il s’avança alors dans les rues remplies d’élèves, espérant simplement ne pas croiser Harry, à qui il n’avait pas envie d’expliquer sa présence ici.

Sirius se dirigea vers Honeydukes et entra dans la boutique. Il y avait tant d’élèves de Poudlard que Sirius savait que personne ne ferait attention à lui. Il fit semblant de flâner dans la boutique, regardant les étals de sucrerie avec un sourire nostalgique puis il s’avança vers le comptoir, observant discrètement les propriétaires du lieu et guettant le bon moment pour se faufiler dans l’entrebâillement de la porte. Lorsque le moment vint, Sirius pénétra dans la réserve sans hésitation et se dirigea vers la trappe. Elle se fondait si parfaitement dans la poussière qu’il était impossible de la remarquer. Mais Sirius savait parfaitement où elle se trouvait. Un sourire se dessina sur ses lèvres au souvenir de leurs quelques excursions à Pré-Au-Lard en dehors des week-end autorisés. Sirius se faufila dans la trappe, remarquant au passage qu’il s’était étoffé depuis ses années à Poudlard. La trappe lui semblait moins large qu’à l’époque, mais Sirius passa sans réelle difficulté, descendit le vieil escalier de pierre et commença à suivre le passage en direction du château, éclairant la voie avec sa baguette pour pouvoir distinguer les irrégularités du sol.

Il fallut près d’une heure à Sirius pour arriver au bout du passage secret. Avant de sortir, Sirius se lança un sortilège de Désillusion. Même si l’entraînement des Aurors avait porté ses fruits et que Sirius maîtrisait très bien le sort, c’était loin d’être aussi efficace que la cape d’Invisibilité de James. Sirius se glissa derrière la statue de la sorcière borgne, vérifia que personne ne se trouvait dans les parages et parcourut le couloir du deuxième étage en direction des escaliers.

La Carte du Maraudeur aurait été très utile pour simplifier son ascension, mais Sirius avait eu l’habitude d’arpenter le château en toute discrétion et il réussit à ne croiser personne. Cette partie de cache-cache lui rappela la fois où il était venu avec Hermione des années auparavant, mais Sirius repoussa ce souvenir avec force.

Une fois au septième étage, Sirius se trouva une petite cachette proche de l’entrée de la salle commune de Gryffondor et attendit. Entre les élèves trop jeunes pour aller à Pré-Au-Lard et ceux qui avaient choisi de ne pas s’y rendre, la salle commune était encore bien trop remplie. Sirius regarda sa montre. Heureusement, les autres élèves n’allaient pas tarder à revenir de Pré-Au-Lard et cela marquerait officiellement le début de la soirée d’Halloween. Sirius s’assit donc au sol, dos contre un mur et étala ses longues jambes devant lui. Comme le lui faisait souvent remarquer James, la patience n’était pas son point fort, mais la situation l’exigeait et Sirius attendit.

Lorsqu’enfin, les bruits dans le couloir confirmèrent que la descente vers la Grande Salle était bien amorcée, Sirius se redressa. Il guetta les bruits à l’extérieur à la recherche du bon moment, puis sortit et se rapprocha de la Salle Commune. Il se cacha proche de l’entrée, derrière une armure. Quelqu’un de très attentif aurait probablement pu le repérer, mais les élèves n’avaient pas de raison de tourner de ce côté là en sortant de la Salle Commune et son sortilège de Désillusion suffisait amplement dans ces conditions.

Profitant d’un petit groupe qui sortait de la Salle Commune en hâte, Sirius se faufila derrière eux et pénétra à l’intérieur pour se cacher cette fois derrière l’un des fauteuils moelleux. La Salle s’était déjà presque vidée et les quelques élèves présents ne remarquèrent pas la silhouette désillusionnée. Sirius inspira avec soulagement ; le plus dur était fait.

Les derniers élèves sortirent de la salle et, peu après, Sirius se retrouva seul dans la pièce. Il patienta encore un peu par précaution puis se releva et s’avança vers l’escalier qui montait au dortoir des garçons. Après quelques marches, Sirius s’arrêta devant la porte intitulée « 3ème année ». Mais il n’eut pas l’occasion de pousser la porte car un gros chat roux se dressa sur son passage. Sirius essaya de l’écarter d’un geste, mais le chat ne se laissa pas impressionner, ce qui amusa Sirius. Ce n’était pas un chat qui allait l’empêcher d’atteindre son but ! Alors que Sirius s’apprêtait à forcer le passage, des bruits de pas se firent entendre dans les étages supérieurs, trop proches pour avoir le temps de retourner se cacher derrière un fauteuil. Sirius hésita. Son sortilège de Désillusion ne lui servirait à rien. Les élèves passeraient bien trop près pour ne pas s’apercevoir de sa présence.

— Allez, dépêche-toi ! On va être les derniers !

Sirius n’avait plus le choix. Il se transforma en gros chien noir juste à temps pour que les deux Gryffondor ne puissent distinguer sa forme humaine. Leurs regards étonnés se posèrent sur le gros chien noir et sur le chat.

— Ahhh ! Le Sinistros ! s’exclama l’un d’eux, apeuré.

— Arrête tes bêtises, c’est juste un chien, marmonna l’autre. Il a dû poursuivre ce pauvre chat…

Alors que le premier se détendait, le deuxième fit un pas menaçant et agita les bras.

— Allez ouste ! Sors d’ici. Laisse ce chat tranquille.

Sirius ne put faire autrement que de faire demi-tour. Mais les marches de l’escalier en colimaçon n’étaient pas adaptées pour ses grandes pattes et le chien glissa, dévalant les dernières marches bien plus vite qu’il ne l’aurait voulu. Les garçons suivirent et le forcèrent à sortir de la Salle Commune. Sirius s’éloigna alors dans le Château, humilié. Il se métamorphosa dès qu’il fut sûr que les deux élèves étaient partis vers la Grande Salle.

Sirius se laissa tomber, le dos glissant contre un mur. Sa hanche le faisait souffrir suite à sa chute dans les escaliers, mais il n’y fit pas vraiment attention, ses pensées tournées vers Peter. Il avait été si près de son but. L’odeur du rat lui avait titillé la truffe, réveillant avec plus de force encore son envie de vengeance. Hélas, maintenant que les derniers élèves étaient sortis, le portrait de la Grosse Dame ne se rouvrirait plus avant le retour des élèves après le buffet. Et à ce moment-là, il y aurait bien trop de monde pour tenter de nouveau sa chance.

Dépité, Sirius finit par accepter sa défaite et après s’être lancé un sortilège pour atténuer sa douleur, il se dirigea vers le passage secret du deuxième étage. Il fit le chemin inverse de celui de l’après-midi, trop contrarié pour vraiment faire attention à ce qui l’entourait.

Ce soir-là, Sirius mit longtemps à trouver le sommeil, ressassant sa défaite avec aigreur. Et son irritation ne le quitta pas de la nuit puisque, même au réveil, Sirius était d’une humeur noire. Il essaya de se distraire, mais aucun livre, aucune occupation ne lui permit de penser à autre chose bien longtemps. Après une journée à traîner les pieds d’un air maussade, Sirius décida finalement d’aller prendre l’air. Il revêtit rapidement une tenue moldue et sortit. Tandis que ses pensées continuaient de tourner autour de Peter, les pas de Sirius le guidèrent à travers la ville.

Sirius hésitait. Il n’avait jamais vraiment envisagé de repartir sans Peter la nuit dernière. Devait-il en parler à James maintenant ? Ne pas partager cette information avec son meilleur ami lui pesait. Que pouvait-il faire ? Attendre Noël que la Salle Commune soit presque vide ? Et mentir à son ami pendant encore deux mois ? Et s’il ratait encore à Noël, aucune autre occasion ne se présenterait… Attendre que Ron rentre chez lui pour l’été n’était pas une possibilité que Sirius était prêt à envisager. Il manquait bien trop de patience pour cela.

Sirius soupira. Ses pas l’avaient amené à Hyde Park, là où il courait avec Hermione il n’y avait encore pas si longtemps. Avec elle, il avait essayé d’être patient. Et qu’avait-il récolté pour sa patience ? Rien, si ce n’est se faire manipuler. Sirius grimaça. Il avait une autre raison pour ne pas en parler à James. Il en voulait énormément à Hermione, mais au fond Sirius avait toujours confiance en elle. Et elle avait voulu que Sirius reconnaisse Peter, sinon elle ne lui aurait pas montré la une de la Gazette. Pourquoi à cet instant précis il ne savait pas, mais Sirius n’avait aucun doute sur un point : elle voulait qu’il traque Peter. Et Sirius le ferait, seul, comme il l’avait probablement fait à l’époque d'Hermione. Rien que pour cela, Sirius ne pouvait envisager d’impliquer James.

Sirius s’assit finalement au pied d’un tronc. Sa hanche était encore douloureuse, mais c’était bien le dernier de ses problèmes. La nuit était tombée depuis un long moment déjà et quelques passants se promenaient encore, souvent avec leurs chiens. En les observant, Sirius se fit la réflexion que s’il avait pu se transformer en chat, il aurait été beaucoup plus simple de récupérer Peter. Il aurait pu rentrer dans la Salle Commune sans s’inquiéter d’attirer l’attention. Il repensa soudainement au chat roux de la veille et quelque chose l’intrigua. Maintenant qu’il y repensait, le chat l’avait regardé avec insistance. Etait-ce seulement une impression ou avait-il reconnu le sorcier en lui malgré son apparence canine ? Serait-il capable de comprendre que Croutard n’était pas un rat comme les autres ? Sirius esquissa un sourire. Peut-être avait-il la base d’un nouveau plan en fin de compte. Sirius se releva alors. Bien que toujours aussi contrarié, il se sentait déjà mieux.

— Bonjour.

Sirius se retourna brusquement, étonné d’être apostrophé ici. Peu de sorciers se promenaient dans les parcs de Londres et encore moins l’auraient reconnu ici, à la nuit tombante et dans des vêtements moldus. Le visage qui l’observait avec un grand sourire n’était pas celui d’une sorcière de sa connaissance, mais celui de la Moldue qu’ils avaient croisée avec Hermione. Sirius la salua à son tour. Elle lui offrit un grand sourire en réponse et se présenta, rappelant à Sirius le prénom de son interlocutrice.

Karine lui proposa ensuite d’aller boire un verre. Sirius, étonné de son assurance, hésita un instant, mais accepta finalement, ayant bien besoin de penser à autre chose.

Sirius découvrit avec plaisir que discuter avec cette Moldue lui faisait plus de bien qu’il n’aurait pu le penser. C’était surtout elle qui parlait d’ailleurs car Sirius ne fournissant que des réponses approximatives aux quelques questions de son interlocutrice. Karine était plutôt séduisante et ne se gênait pas pour montrer son attirance pour Sirius. Les minutes passèrent et, au bout d’un moment, Peter s’envola de ses pensées et Sirius se détendit, d’autant qu’il avait déjà bu suffisamment de verres pour ne plus savoir combien il en avait pris.

Karine posa sa main sur la sienne et le caressa du bout des doigts. Sirius se perdit un instant dans les yeux verts de la femme en face de lui. Il lui décocha un sourire charmeur puis sortit quelques billets moldus de sa poche. Ils sortirent tous deux, éméchés et souriants. Dès qu’il furent à l’extérieur du bar, Karine lui prit la main pour l’attirer un peu plus loin, dans un coin isolé. Elle adressa un sourire coquin à Sirius qui la tira vers lui, réduisant la distance qui les séparait. Il l’embrassa avec fougue puis, voyant qu’elle répondait avec la même ardeur, il la plaqua contre le mur. Sirius agrippa les mains de sa partenaire et les releva au dessus de sa tête, les bloquant d’une main contre le mur. De sa main libre, il la caressa, suivant les contours de son corps.

Sirius sentit le désir monter alors qu’ils continuaient à s’embrasser avidement. Il n’avait jamais ramené de coup d’un soir chez lui, pour éviter de partager le Secret de son adresse. Mais avec une Moldue, il ne prenait pas de risque. Juste besoin d’enlever son sortilège Repousse Moldus le temps d’une nuit….

Sirius libéra les mains de Karine qui les plaqua alors dans son dos pour attirer Sirius davantage contre elle. Sirius grogna de plaisir à l’idée de poursuivre chez lui ce qu’ils venaient de commencer.

Hélas, il habitait trop loin pour l’y mener à pieds et transplaner n’était pas envisageable.

Par contre, ils étaient juste à côté du Square Grimmaurd… Il n’y était pas retourné depuis sa fuite lorsqu’il avait quinze ans, mais les lieux — bien que particulièrement glauques — étaient vides et l’idée d’y amener une Moldue pour la nuit serait une belle manière de narguer le souvenir de ses parents. Les lèvres de Sirius s’étirèrent dans un sourire. Il lâcha celles de sa partenaire pour venir déposer des baisers ardents dans son cou. Empêcher Karine de voir les différentes bizarreries du Square Grimmaurd ne serait pas facile. Alors que leur désir montait encore, Sirius repoussa cette contrainte dans un grognement rauque qui fit frémir la jeune femme. Il se débrouillerait.

Restait un dernier souci… Sa mère avait-elle mis à exécution son projet d’accrocher son tableau ? L’image de sa mère qui se projeta dans la tête de Sirius lui coupa tout désir et, un instant, l’effet de l’alcool sembla se dissiper. Sirius se redressa vivement et se recula, laissant sa partenaire pantelante.

— Qu’est-ce qu’il y a ? geignit Karine.

— Tu devrais rentrer chez toi, souffla Sirius.

Karine observa Sirius, confuse et vexée. Elle lui adressa finalement un sourire aguicheur, choisissant d’interpréter ses mots comme une invitation, et essaya de combler les quelques centimètres de distance qu’il avait pris, mais Sirius la repoussa immédiatement d’une main ferme.

— Seule, trancha Sirius.

End Notes:
Si à la fin du dernier chapitre, vous vous attendiez à un bisou, bah voilà il y a en a eu un héhé ;) Même si ce n'était pas forcément celui auquel on s'attendait. Je comprends si vous êtes déçus, mais dites-vous que Karine doit l'être encore plus xD


J'espère que mon interprétation de la traque de Croutard par un Sirius qui a une baguette et l'esprit plus clair que dans le tome 3 de JK vous aura paru plausible. Je ne le voyais pas trop attaquer la Grosse Dame et, avec sa baguette, c'était plus facile de passer inaperçu. Mais décidément, ce n'est pas simple d'attraper ce rat.


Pour les fans de Pattenrond, ne vous inquiétez pas, on le retrouvera au prochaine chapitre :D J'adore ce chat ^^
Padfoot et Pattenrond by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour tout le monde !

Je suis vraiment désolée pour le délai clairement excessif par rapport à ce que j'avais annoncé entre le chapitre 27 et celui-ci. Suite à un problème de santé, je n'avais pas beaucoup d'énergie (et pas trop le moral non plus). Je commence à sortir la tête de l'eau doucement et j'espère sincèrement pouvoir reprendre la publication (et l'écriture) au même rythme qu'avant.

Donc me voici (enfin...) avec le chapitre 28 : Padfoot et Pattenrond.

L’action se déroule entre le 2 novembre 1993 et le 16 avril 1994.

    Dans les épisodes précédents :

    (Résumé bien plus détaillé que d'habitude pour vous aider un peu à vous replacer dans l'histoire)
    Suite à la défaite à la bataille de Poudlard en 1998, Hermione et Harry ont remonté le temps pour sauver James et Lily à Godric's Hollow. Après un court mois mouvementé en compagnie des Maraudeurs, Hermione, chargée par Dumbledore de veiller à ce que le court du temps ne dévie pas trop afin d'avoir une meilleure connaissances des évènements à venir et ainsi être plus à même d'intervenir au bon moment, a décidé qu'il était moins risqué de modifier le cours du temps de loin et s'est exilé dans le monde des Moldus. De leur côté, Sirius et James sont devenus Aurors et suivent les aventures de Harry à Poudlard de loin. Les 1ère et 2ème année de Harry se sont passés sensiblement pareil à ce que l'on connaît. Sirius a retrouvé la trace d'Hermione en fin de deuxième année.
    Ils se sont beaucoup rapprochés pendant l'été, mais le retour de Queudver qu'Hermione a caché à Sirius a réveillé le caractère impulsif de Sirius, qui a rompu tout lien avec elle. Sirius s'est lancé seul à la poursuite du rat. Sa tentative à Halloween a échoué et Sirius, amer, s'est retrouvé à errer dans les rues de Londres où il a croisé Karine, la séduisante collègue de Hermione. Quelques verres de trop et l'esprit embrumé par ses récentes déceptions, Sirius s'est laissé guider par ses pulsions avant de finalement repousser la jeune femme. 



Merci momo201093, lbvpog et audreyals pour vos reviews. Je vais y répondre de ce pas !



Bonne lecture !



Lorsque Hermione rentra ce jour, elle était excédée. Karine leur avait raconté sa soirée encore et encore. Maryse, avide de ragots, l’y avait encouragée et Karine ne s’était pas faite prier. Hermione s’était efforcée de se concentrer sur son travail, mais cela ne l’avait pas empêchée d’entendre. Et bien qu’elle ait assuré maintes fois à Karine que cela ne la dérangeait pas, qu’il n’y avait jamais rien eu entre Sirius et elle, Hermione aurait préféré ne pas avoir à entendre les détails de leurs baisers.

Hermione ne savait pas contre qui elle était le plus en colère. Contre Karine, pour avoir vanté les mérites de Sirius sans la moindre pudeur. Contre Sirius, pour avoir choisi sa collègue, alors qu’il n’avait que l’embarras du choix. Ou contre elle-même, pour avoir été si soulagée de savoir que Karine avait finalement passé la nuit seule et pour s’être rendue compte que Sirius comptait bien plus qu’elle ne le pensait, bien plus que ce qu’elle pouvait se permettre.

Hermione s’affala sur le canapé, dépitée. Avait-elle vraiment des sentiments pour Sirius ? Non, cela n’avait pas de sens. Ils étaient amis, c’est tout. Un ami proche et séduisant, certes, mais…

Elle soupira. Il ne servait à rien d’essayer de se convaincre que Sirius la laissait indifférente. Elle était trop intelligente pour ne pas s’en être aperçu. Autant dix ans avant, Hermione avait pu expliquer son attirance par ses émotions exacerbées d’avoir tout perdu. Aujourd’hui, elle n’avait plus cette excuse. Oui, Sirius l’attirait. Mais Hermione était résolue. Peu importaient ses sentiments. Elle n’avait pas le droit. C’était le parrain de son meilleur ami. Il était censé être de vingt ans son aîné et, surtout, elle n’avait pas remonté dix sept années pour profiter de la vie, mais pour changer le cours du temps. Une amourette avec Sirius n’était pas au programme !

Hermione se releva, décidée, et alla se préparer pour aller faire un jogging. Cela ne lui changerait peut-être pas les idées, mais au moins elle pourrait se défouler un peu.

Alors qu'Hermione s’asseyait pour enfiler ses baskets, quelqu’un sonna à la porte. Hermione abandonna ses chaussures sur le sol et alla ouvrir.

Passée la surprise en découvrant l’identité de son visiteur, Hermione se décala pour lui permettre d’entrer. Lily ne se fit pas prier et se laissa mener au salon, où Hermione ne tarda pas à la rejoindre avec des verres de citronnade.

— Désolée de te déranger Hermione, mais James et moi sommes assez inquiets et j’aimerais te poser quelques questions.

Hermione dévisagea Lily, étonnée, se demandant ce qui pouvait bien l’inquiéter à ce point. Sans l’évasion de Sirius et sans Détraqueurs à Poudlard, rien n’aurait dû empêcher Harry d’avoir une troisième année classique.

— Cela concerne Sirius, précisa Lily.

— Ah, répondit simplement Hermione, troublée.

— C’est joli chez toi, tenta Lily pour détendre l’atmosphère avant d’attaquer le réel sujet de sa venue.

— Oh merci.

— J’ai eu un peu de mal à trouver, je suis venue en bus.
 — Pourquoi n’as-tu pas transplané ? s’étonna Hermione.

— Je ne maîtrise pas aussi bien le transplanage en zone moldue que James et Sirius.

Hermione acquiesça, songeuse, se remémorant leurs cours de transplanage lors de leur sixième année. Tycross leur avait expliqué que de nombreux sorciers n’étaient pas capables de transplaner, mais que même parmi ceux qui savaient bien le faire, beaucoup évitaient d’utiliser cette méthode en zone moldue puisque cela nécessitait une maîtrise parfaite du procédé. Afin d’éviter d’attirer l’attention, les sorciers devaient freiner leur transplanage à l’arrivée, pour avoir le temps d’observer les alentours avant de se matérialiser à l'abri des regards. Mais la partie la plus complexe était de devoir modifier sa destination à la dernière seconde si la situation le nécessitait.

Hermione se remémora la seule fois où elle avait changé de destination en plein milieu d’un transplanage et grimaça en repensant à l’épaule désartibulée de Ron.

— Ils sont bien entraînés en tant qu’Aurors, mais pas moi et je n’avais aucune envie de perdre un sourcil au passage, reprit Lily. Et le bus m’a laissé le temps de réfléchir à ce que j’allais te dire.

Hermione inspira, mal à l’aise.

— Ecoute, nous sommes inquiets pour Sirius. Il n’est pas comme d’habitude. Il est distant, il ne vient quasiment plus à la maison. Je suis parfois trop curieuse et je sais que j’ai tendance à me mêler de ce qui ne me regarde pas, alors j’ai d’abord cru que c’était à cause de moi, mais il est pareil avec James. Il ne lui parle quasiment plus d’autre chose que du travail. Et encore, au travail, ce n’est pas mieux. Il arrive parfois en retard, alors que ça ne lui arrivait jamais. Souvent, il a tellement la tête ailleurs en remplissant sa paperasse que James doit repasser derrière dès que Sirius a le dos tourné. James doit gérer pour deux afin que Scrimgeour ne remarque pas que Sirius est à côté de la plaque.

Hermione s’étonnait du discours de Lily. Ainsi, Sirius n’avait pas parlé à James de l’histoire de Croutard ? Il avait choisi de gérer cela seul, comme à son époque.

— Et ce matin, reprit Lily, James m’a raconté que Sirius est arrivé en retard, avec une forte gueule de bois et en boitant. James a eu beau le questionner, Sirius n’a rien voulu dire. Tonks a essayé aussi de savoir ce qui se passait. Je ne sais pas si tu connais Tonks, c’est une…

Hermione hocha simplement la tête, signifiant à Lily qu’elle en savait suffisamment.

— Bref, Tonks est très proche de Sirius, mais il n’a rien voulu lui dire à elle non plus. J’ai essayé d’aller le voir chez lui ce soir, mais il m’a fait comprendre qu’il était inutile d’insister et il ne m’a même pas laissé entrer. Du coup j’ai pensé à toi. Je… j’espérais que tu pourrais m’aider à comprendre ce qui se passe.

— Et qu’est-ce qui te fait croire que je le sais ?

Lily sembla un instant mal à l’aise.

— Sirius est bizarre depuis début septembre. Depuis le week-end où il devait te voir. Il avait même posé son lundi à la dernière minute, ce qui n’arrive jamais. Ils se concertent toujours avec James. Pour tout te dire, James et moi étions d’abord ravis, on… on pensait que Sirius avait posé sa journée pour passer plus de temps avec toi…

Hermione rosit, comprenant le sous-entendu. Mais ce n’était pas du tout ce qu’il s’était passé. Hermione imagina sans peine Sirius poser sa journée pour assimiler tout ce qu’impliquait la présence de Peter dans le dortoir de Harry.

— Hermione, qu’est-ce qui s’est passé ce week-end ? Pourquoi Sirius et toi ne vous êtes pas revus depuis ? Pourquoi Sirius est bizarre même avec James ? Ils se sont toujours tout raconté…

Lily semblait vraiment déstabilisée par l’attitude de Sirius. James ne devait pas être dans un meilleur état, en voyant son meilleur ami prendre ses distances sans raison apparente.

Hermione eut une moue désolée. Elle ne pouvait pas donner de réponse satisfaisante à Lily.

— Bien, ne me dis rien, dit Lily, vexée. Mais, même si tu ne veux pas m’en parler à moi, peut-être qu’au moins, tu pourrais aller voir Sirius. James et moi n’arrivons pas à lui faire entendre raison, mais peut-être que toi tu pourrais…

— Je suis désolée, Lily. Crois-moi, cela n’arrangerait rien. Il… il reviendra vers vous quand cette histoire sera terminée. Soyez patients.

Lily ouvrit la bouche, mais, finalement, ne commenta pas et esquissa un sourire contrit.

— Combien de temps cela va durer ? dit-elle finalement.

Hermione resta un instant interdite. Cette fois-ci, le présent était bien trop différent de son passé pour qu'Hermione ait la moindre assurance sur ce qui allait se passer.

— Si tout se passe comme à mon époque, alors cette histoire sera terminée d’ici l’été, lui assura Hermione.








Sirius reprit son apparence humaine au milieu de la forêt interdite. Depuis Halloween, il passait presque toutes ses soirées à Poudlard sous sa forme de chien. C’était toute une organisation et ce rythme commençait à le fatiguer. Il quittait le boulot le plus tôt possible pour passer sa soirée, voire une partie de la nuit, dans le parc de Poudlard avant de rentrer chez lui. Sirius savait que James n’était pas dupe et que son attitude l’inquiétait, mais Sirius continuait de taire le retour de Queudver.

Le lundi suivant Halloween avait été le moment le plus compliqué. James avait insisté longuement et Sirius avait été mal à l’aise de repousser son ami avec autant de ferveur alors que celui-ci était sincèrement préoccupé par son attitude. Le passage de Lily chez lui le soir-même ne l’avait pas aidé à taire sa culpabilité.

Mais heureusement, depuis ce moment-là, James et Lily avaient tous deux changé d’attitude. Ils ne lui posaient plus de questions, semblant simplement attendre que tout revienne à la normale. Sirius leur en était reconnaissant bien qu’il ne le leur disait pas, de peur de relancer le sujet. James prenait soin de masquer les écarts de Sirius au travail et, même s’il le faisait avec discrétion, Sirius avait fini par remarquer les modifications dans sa paperasse, prenant conscience de tout ce que son meilleur ami faisait pour lui.

Sirius se lança un sortilège pour sécher ses cheveux ruisselants, espérant également atténuer la légère odeur de chien mouillé qui s’en dégageait. A force de passer ses nuits sous sa forme canine à attendre un chat, Sirius commençait à trouver l’expérience longue et presque désagréable. Il se gratta derrière l’oreille avec hargne. S’il continuait ainsi, il allait finir par attraper des puces.

Sirius avait espéré profiter de Noël pour récupérer Peter au Terrier, mais une conversation avec Harry, rentré pour les vacances, avait réduit les espoirs de Sirius à néant. Depuis Halloween, Croutard semblait très stressé.

— Croutard s’est caché on ne sait où et Ron a dû rentrer au Terrier sans lui. Il est tout stressé et a perdu beaucoup de poids, avait expliqué Harry. Ron pense que c’est à cause de Pattenrond, le chat d'Hermione. Il n’arrête pas de lui tourner autour !

Sirius avait manqué s’étouffer. Evidemment, il fallait que son partenaire félin soit le chat d'Hermione… 

Mais si l’attitude de Croutard datait de Halloween, alors Sirius ne savait que trop bien quelle était la raison de son stress. Les rats ont un odorat très développé et Sirius se doutait que Peter avait reconnu l’odeur de Padfoot devant la porte du dortoir.

Depuis Halloween, Sirius avait passé des nuits entières à parcourir Poudlard et son parc dans l’espoir de retrouver le chat roux qu’il avait croisé dans la Salle Commune. Mais son plan de récupérer Croutard avec l’aide du félin avait mis du temps à se mettre en place. Au bout de longues soirées, Sirius avait fini par croiser l’animal au pelage roux. Il avait mis encore plus de temps à l’apprivoiser, mais, finalement, il avait pu s’attirer ses bonnes grâces. Et depuis, il l’attendait patiemment à chacune de ses visites, espérant toujours le voir apparaître avec le rat dans la gueule. Mais, bien que très intelligent, Pattenrond n’avait toujours pas réussi à lui ramener Peter.

Ce soir, Sirius avait attendu sous la pluie. Il n’avait pas pu venir plusieurs soirs d’affilée et espérait particulièrement que les nouvelles seraient bonnes. Mais elles avaient été plus que décevantes. Pattenrond avait appris à Sirius que Croutard avait disparu, feignant sa mort en laissant quelques gouttes de sang sur les draps de Ron.

Cette nuit, Sirius rentra passablement énervé, mais plus tôt qu’à l’habitude. Compte tenu de la fatigue accumulée ces derniers mois, il trouva facilement le sommeil malgré le dénouement de sa virée à Poudlard.

Le lendemain, Sirius, un peu plus reposé que d’habitude, réussit à se lever suffisamment tôt pour arriver avant James au boulot, pour la première fois depuis le mois de septembre. Lorsque James entra dans le bureau, il ne masqua pas son étonnement en voyant que son ami était déjà là, mais ne fit aucun commentaire.

Sirius s’efforça d’être attentif à son travail, mais l’image de Peter sous sa forme de rat lui revenait sans cesse à l’esprit. C’était devenu une obsession.

Sirius fut tiré de ses pensées par un grand soupir. Il releva la tête et croisa le regard de James qui le dévisageait.

— Je te demandais si tu comptes venir nous voir à Pâques…

— Harry rentre finalement ?

— Oui.

Sirius s’efforça de ne pas demander si Ron rentrait également. De toute manière, avec Croutard en fuite, il n’y avait aucune chance pour que Sirius puisse profiter des vacances pour le récupérer au Terrier.

— Je croyais qu’il voulait rester à Poudlard pour réviser et s’entraîner pour le match contre Serpentard.

James regarda Sirius, étonné.

— Tu m’écoutais ?

Sirius fut soudain mal à l’aise. Effectivement, ces derniers temps, il était souvent distrait quand James lui racontait des choses. Mais ce jour-là, il avait écouté.

— Tiens, dit finalement James en tendant à Sirius une lettre.



Sirius rendit la lettre à James en souriant. Cela faisait longtemps que James n’avait pas partagé une lettre de Harry, Sirius ne s’étant pas montré très réceptif. Mais se plonger dans les mots de Harry et dans son quotidien à Poudlard lui avait fait du bien. Sirius se rendit alors compte qu’il avait vraiment besoin de retrouver son meilleur ami et de profiter de la présence de son filleul, quitte à retarder d’une semaine sa traque.

— Je viendrai, promit Sirius.

— Et tu seras vraiment avec nous ou la tête ailleurs comme le soir de Noël ? demanda James, méfiant.

— Promis, je serai avec vous, insista Sirius.

James haussa les épaules d'un air peu convaincu et se remit à son travail, espérant que la lueur dans les yeux de Sirius n'était pas qu'un effet de son imagination et que son meilleur ami revenait réellement vers lui. Pendant la journée, Sirius ne se laissa presque pas distraire par ses pensées. La seule fois où cela arriva, Sirius repensa à la lettre, regrettant de ne plus avoir de contacts avec Hermione pour s’enquérir de comment elle avait vécu cette période de sa vie. Il se demandait toujours comment elle avait pu caler autant de matières dans son emploi du temps.

Les vacances arrivèrent très vite. James avait pris la totalité de sa semaine, ce qui convenait très bien à Sirius, qui en profita pour se reposer. Il passait presque tout son temps libre chez les Potter, retrouvant sa complicité avec James, aidant Harry avec la montagne de devoirs qu’ils avaient à faire pendant les vacances. Lily, de son côté, essayait de trouver des éléments utiles à donner à Hagrid pour préparer la défense de Buck lors de l’appel. Elle observait parfois Sirius du coin de l’oeil, mais ni elle, ni James, ne lui firent de remarque sur son comportement des mois passés.

Sirius occupa même plusieurs de ces après-midi à faire du Quidditch avec James et Harry dans une clairière, loin de la vue des Moldus. Ils utilisaient le Vif d’Or que James avait gardé de ses années à Poudlard. Sirius n’avait pas le talent inné des Potter et n’arriva pas à ravir la petite balle dorée sous le nez des deux autres, mais il appréciait la sensation de voler sur un balai et s’amusa beaucoup lors de ces entraînements improvisés.

Sirius passa une très bonne semaine en compagnie de ses amis et de son filleul, lui permettant de mettre un peu de côté son obsession pour Peter. Bien qu’il n’était pas encore prêt à en parler avec James, leur relation avait repris un cours presque normal. Et une semaine après le départ de Harry, Sirius profita d'une soirée chez les Potter pour fêter la victoire de la coupe de Quidditch.

End Notes:
Encore désolée pour ce retard dans la publication. Je pensais vraiment avoir terminé l'écriture de la fiction pendant l'été et continuer sur mon rythme de 1 ou 2 chapitres par semaine, mais bon...


Je ne mérite probablement pas particulièrement de review après vous avoir abandonné aussi longtemps, mais si vous avez un peu de temps, j'avoue que ça me ferait du bien au moral d'avoir des avis sur mon histoire.


Normalement à bientôt pour la suite ! :D
Animagi sous la lune by Padfooot
Author's Notes:
Hello à tous ! 


Allez on repart sur un rythme plus habituel et j'admets que ça me fait bien plaisir de partager de nouveau cette histoire avec vous.
C'est parti pour le chapitre 29 : Animagi sous la lune.

L’action se déroule 6 juin 1994.

    Dans l'épisode précédent :

    Sirius est toujours à la poursuite de Queudver... 



Merci merci à momo201093 et nadra pour leurs reviews. ♥ 



Bonne lecture !

Lorsque Remus revint de sa session d’examens avec les troisièmes années, il fut étonné de découvrir Sirius qui l’attendait dans son bureau, confortablement installé sur sa chaise et se balançant nonchalamment en arrière.

— Qu’est-ce que tu fais ici ?

— Je voulais voir comment tu t’en étais sorti pour ta dernière journée.

— Et tu veux aussi savoir comment s’en est sorti Harry je suppose ? demanda Remus amusé.

Sirius rit.

— Je suis persuadé qu’il s’en est très bien sorti.

— Effectivement. Il a eu le maximum de points.

— C’était quoi l’examen ? J’espérais te voir revenir avec des copies à corriger. J’aurais bien aimé les feuilleter, commenta Sirius avec un air malicieux.

— Je leur ai fait une sorte de course d’obstacles avec les créatures qu’on a étudiées cette année.

— Super. N’empêche que si tu avais aussi pu faire une épreuve théorique, ça m’aurait bien amusé.

— Qui te dit que je t’aurais laissé lire les copies ? fit remarquer Remus, avec un air qu’il voulait sévère.

Mais Sirius sourit. Il savait que Remus l’aurait laissé les lire.

— C’est pour ça que tu es venu ?

— Non, je voulais juste profiter que tu sois enfin un peu libre pour venir te voir.

Sirius avait essayé de paraître le plus sincère possible en disant cela, mais ce n’était qu’une demi vérité car, en plus de vouloir réellement voir son ami, il espérait profiter de sa présence à Poudlard pour pister Queudver de l’intérieur. Avec la dernière après-midi d’examens, il pourrait probablement profiter du calme régnant dans le château pour explorer tranquillement. Remus connaissait suffisamment Sirius pour savoir quand il avait quelque chose derrière la tête et il ne le crut pas entièrement. Remus afficha donc une moue dubitative pour faire comprendre à son ami qu’il ne le croyait pas.

— Si je t’assure. Je voulais te voir.

— Bien. Si tu le prends comme ça. J’avais quelque chose à te dire aussi, mais du coup je ne te le dirai pas.

Sirius eut un sourire désabusé. Remus le connaissait bien. Si le sujet avait été d’une importance moindre, Sirius se serait laissé allé au chantage de son ami, mais là il ne pouvait pas se le permettre.

— Allez, dis moi ! insista Sirius.

Mais malgré les yeux de chien battu de Sirius, Remus ne se laissa pas attendrir.

— Dis-moi d’abord ce que tu fais vraiment là.

Sirius fronça les sourcils puis secoua la tête.

— Alors tant pis pour toi !

Sirius grimaça, déçu, mais n’insista plus. Il demanda des nouvelles des examens de Remus, pour savoir s’il était content de ses élèves. Les sixième et quatrième années avaient aussi eu droit à des épreuves pratiques tandis que les première et deuxième années s’étaient contentés d’épreuves théoriques. Il n’avait pas fini de corriger la théorie.

Sirius s’amusa donc à feuilleter quelques copies, mais, ne connaissant pas les élèves, il s’arrêta vite. Il aurait bien préféré lire les copies de personnes dont Harry lui avait parlé. Il en fit part à Remus, revenant sur le sujet abordé plus tôt.

— Heureusement qu’ils n’ont pas eu de théorie. Tu aurais fouiné dans les copies et te serais probablement acharné sur chaque faute faite par Malefoy, Crabbe ou Goyle !

Sirius eut un sourire malicieux et Remus éclata de rire.

— Et alors, dis-moi. Ses deux acolytes sont-ils vraiment aussi stupides que le disent Harry et Ron ? demanda Sirius.

Remus sembla hésiter, partagé entre l’envie de rire avec son ami et son statut de professeur qui l’empêchait de se moquer d’un élève.

— Ils ne sont pas très malins, finit par admettre Remus.

— Raconte-moi leurs épreuves pratiques.

Remus s’exécuta, racontant les erreurs, souvent grossières, de Crabbe et Goyle. Il passa ensuite sur l’épreuve de Harry, relatant avec fierté le parcours du jeune sorcier.

— Et puis il y a eu le passage d'Hermione… tenta Remus, soudain plus tendu. Tu veux que je te raconte ?

Sirius hésita un instant puis hocha la tête.

— Je parie qu’elle a tout réussi.

— Même pas, le corrigea Remus, amusé.

— Qu’est-ce qu’elle a bien pu rater ? s’étonna Sirius.

Remus rit et raconta alors la mésaventure avec l’Épouvantard qui avait pris l’apparence du professeur McGonagall et lui avait annoncé qu’elle avait raté tous ses examens. Sirius ne put s’empêcher d’éclater de rire, mais sa joie fut de courte durée en réalisant qu’il ne partagerait probablement jamais cette anecdote avec la principale intéressée.

— Elle te manque ? demanda Remus, qui avait remarqué le désarroi de son ami.

— Ouais, répondit simplement Sirius.

Plus le temps passait et plus Hermione lui manquait. Malgré leur altercation autour de Peter, Sirius aurait voulu la revoir. Peut-être quand cette histoire de rat serait terminée…

Sirius changea de sujet et profita de bons moments avec son ami, discutant de choses et d’autres, mais, en milieu d’après-midi, il le laissa finalement, sous prétexte de lui laisser le temps de corriger ses copies tranquillement.

Sirius sortit donc de la salle, s’éloigna et se transforma en chien pour explorer le château, sa truffe collée au sol à la recherche de Queudver. Ce qu’il ignorait, c’est que, un peu plus loin, Remus observait sa progression sur la Carte du Maraudeur.








Le soleil était maintenant presque couché et Sirius n’avait toujours pas trouvé la moindre odeur qui pouvait le conduire vers Peter. En fin d’après-midi, il était sorti du château, ne pouvant plus explorer sans risque. Il avait bien croisé quelques élèves qui l’avaient regardé avec étonnement, mais Padfoot n’y avait pas prêté attention et personne ne s’était approché de lui. A présent, il frottait sa truffe contre l’herbe dans le parc de Poudlard, excédé que ses recherches n’aboutissent toujours pas.

Sirius s’arrêta net et releva la truffe. Le vent lui portait une odeur qu’il connaissait parfaitement maintenant. Pattenrond ne devait pas se trouver bien loin. Padfoot huma l’air, cherchant à savoir où il était, mais il s’arrêta net en sentant une odeur se mêler à celle du félin. Le chien s’élança en reconnaissant l’effluve musquée et chargée de stress du rat.

La traque commença et l’instinct de Padfoot prit le dessus sur le côté humain de Sirius. Padfoot reconnut à peine les trois enfants qui courraient après le rat, trop concentré sur la silhouette de Queudver. Le garçon roux le ramassa et le fourra dans sa poche.

— Ron… Reviens sous… la cape… haleta Hermione.

Padfoot ne leur laissa pas le temps de se cacher, il accéléra l’allure et se précipita vers le groupe. Voyant Harry sortir sa baguette, Padfoot fit un bond gigantesque et atterrit sur sa poitrine. Emporté par son élan, le chien roula sur plusieurs mètres. Padfoot grogna en faisant demi-tour puis repartit à l’assaut. Il s’élança et ses mâchoires se refermèrent sur le bras de Ron. Padfoot traîna le garçon vers l’entrée du souterrain sous le Saule Cogneur. Alors qu’il le tirait à l’intérieur, Padfoot sentit une résistance et insista. Un horrible craquement retentit et Padfoot gémit, penaud d’avoir été si obnubilé par sa traque qu’il en avait fait mal au garçon. Le chien le tira alors avec plus de délicatesse et l’emmena doucement vers la pièce qui contenait un lit à baldaquin. Il le posa là et se recula. Le chat roux arriva peu après et vint se poser tranquillement sur le lit.

Harry et Hermione se précipitèrent à sa suite.

— Ron… Comment tu te sens ?

— Où est le chien ?

Ron tendit le bras, désignant le grand chien noir. Sirius choisit ce moment pour se métamorphoser et reprendre sa forme humaine.

— Sirius ? s’exclama Harry, stupéfait.

Hermione émit un petit cri à la fois incrédule et effrayé.

— Je suis désolé. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Je suis plutôt gentil comme chien d’habitude.

Sirius s’approcha de Ron, qui se pétrifia. Il sortit sa baguette, observa le bras de Ron, satisfait de voir que ses crocs n’avaient pas laissé de traces. Il aurait simplement un bleu. Par contre, sa jambe était dans un mauvais état.

— Ferula, dit Sirius en tapotant la jambe du garçon d’un coup de baguette.

Des bandages s’enroulèrent autour de la jambe de Ron en la fixant étroitement à une attelle.

— Sirius, explique-moi, l’implora Harry.

Sirius prit une grande inspiration. Il aurait voulu en finir avec Peter en premier et en venir aux explications après, mais il devait bien ça à Harry.

— Ok, asseyez-vous. Cela risque de prendre du temps.

Sirius tendit la main à Ron, qui hésita avant de l’accepter. Sirius l’aida à se relever et Ron posa prudemment sa jambe par terre. Ne ressentant aucune douleur, il remercia Sirius du regard, bien qu’il semblait toujours sous le choc. Il s’assit sur le lit avec Harry et Hermione, mais ne dit rien.

— Pourquoi avoir attaqué Ron ? insista Harry, qui n’était décidément pas beaucoup plus patient que son parrain.

— Ce n’est pas Ron que je voulais attaquer. Ce qui m’intéresse, c’est son rat.

— Croutard ? Pourquoi ? demanda son propriétaire.

Le rat se mit alors à gesticuler avec force et Ron dut le forcer à rester dans le fond de sa poche. Hermione et Harry échangèrent des regards médusés, avant de se tourner de nouveau vers Sirius, qui ne semblait pas savoir par où commencer.

A ce moment, des bruits de pas étouffés se firent entendre au rez-de-chaussée. Sirius se tendit et se plaça face à la porte, prêt à neutraliser son adversaire si la situation le nécessitait. Mais Sirius fut étonné de voir une silhouette bien connue se dessiner.

— Remus !

— Alors c’est ça que tu nous cachais ? demanda Remus avec un air de reproche.

— Que veux-tu dire par « ça » ? s’étonna Sirius, ne comprenant pas comment Remus aurait pu deviner pour le rat.

Remus sortit alors la Carte du Maraudeur.

Sirius sourit en apercevant le bout de parchemin qu’il avait si souvent eu dans la poche des années auparavant.

— Tu l’as retrouvée ?

— C’est ce que je voulais te raconter tout à l’heure, expliqua Remus.

— Tu as vu le nom de Peter… comprit alors Sirius.

Remus acquiesça.

— Pourquoi ne nous as-tu rien dit ? lui reprocha Remus.

Sirius haussa les épaules.

— Vous allez nous expliquer ce qui se passe ? s’énerva alors Harry, dont Remus et Sirius avaient un instant oublié la présence.

Remus sembla hésiter, comme Sirius l’avait fait plus tôt. Il se tourna vers son ami, mais l’air perdu de Sirius lui indiqua que ce serait probablement à lui de faire les explications.

— C’est toi le professeur, marmonna Sirius avec un sourire contrit.

— D’accord, j’explique, accepta Remus, légèrement irrité. Mais je ne connais pas toute l’histoire. Tu devras parfois compléter.

Remus se lança alors dans les explications. Il raconta l’histoire des quatre Maraudeurs et de leur Carte, comment ils avaient créé cette carte quand ils étaient jeunes avant de se la faire confisquer par Rusard lors de leur dernière année. Il expliqua, surtout pour Sirius cette fois, comment il avait récupéré la carte cette année, lorsque les jumeaux Weasley s’étaient faits repérer par Rusard alors qu’ils surveillaient les accès à la cuisine pour s’assurer que Lee n’ait pas d’ennuis.

— Je suis arrivé au moment où Rusard allait leur confisquer la carte. Je suis intervenu et ai confisqué moi-même la carte, prétextant auprès de Rusard que c’était probablement un objet de magie noire. Je l’ai récupérée peu avant les examens. Aujourd’hui, après que Sirius m’ait rendu visite, j’ai observé la carte pour suivre sa progression. Je me doutais qu’il avait une idée derrière la tête. Finalement, je suis sorti dans le parc pour le retrouver et lui demander de m’expliquer pourquoi il se baladait partout dans Poudlard. Mais lorsque j’ai ressorti la carte dans le parc, j’ai repéré vos noms à tous les trois et celui de Peter Pettigrow à vos côtés.

— Il n’y avait personne avec nous ! s’exclama Harry.

— Pourquoi recherchez-vous cet homme ? Peter Pettigrow ? Vous disiez que c’était un des Maraudeurs… C’est votre ami, non ? demanda Hermione en s’adressant directement à Sirius.

Sirius redoutait cette partie et c'est avec un rictus à peine voilé qu'il se lança dans les explications les plus importantes de la soirée. Il s’adressa en particulier à Harry, lui racontant comment James et Lily avaient fait de Peter leur Gardien du Secret, parce qu’il le leur avait conseillé. Il expliqua que ses parents auraient pu mourir cette nuit-là, s’ils n’avaient reçu une aide extérieure à la dernière minute. Sirius n’insista pas sur les évènements de cette soirée, ne pouvant se permettre de leur parler du voyage dans le temps. Il se contenta de dire qu’après ce jour, ils n’avaient jamais revu Peter.

— Ron, est-ce que je peux voir ton rat ? demanda Remus, coupant court à toute question.

— Mais pourquoi ? lança Ron, effaré, en serrant Croutard contre lui. Qu’est-ce que mon rat vient faire là dedans ?

— Tout, répondit Remus.

— Ce n’est pas un rat, expliqua Sirius.

— Bien sûr que si, c’est un rat, répliqua Ron.

— Non, dit Remus à voix basse. C’est un sorcier.

— Un Animagus, précisa Sirius. C’est Peter Pettigrow.

Au début, les trois jeunes sorciers refusèrent d’y croire. Hermione s’opposa en expliquant qu’elle avait consulté le registre des Animagi et qu’aucun Peter Pettigrow n’y figurait.

— Moi non plus, je ne suis pas dans cette liste, fit remarquer Sirius, les sourcils relevés.

Hermione rosit, ne sachant pas quoi répondre. Sirius jeta un regard interrogatif à Remus qui hocha gravement la tête avant de se lancer dans les explications concernant sa condition de loup-garou. Les garçons furent étonnés, mais l’information ne sembla pas choquer Hermione, ce qui fit sourire Sirius. Bien entendu, elle avait déjà deviné. Remus expliqua ensuite comment Peter, James et Sirius étaient devenus des Animagi non répertoriés.

— Admettons que ce Pettigrow ait la faculté de se changer en rat. Il y a des millions de rats… La Carte a pu se tromper. Comment pouvez-vous être sûr que c’est celui-là ? demanda Ron.

— La Carte ne se trompe jamais, répliqua Sirius.

— Mais c’est une bonne question, Sirius. Comment as-tu su où il se trouvait sans la Carte ?

Sirius sortit alors de sa poche un morceau de papier chiffonné qu’il défroissa pour le montrer aux autres. Remus lui prit la photo des mains, laissant juste le temps aux trois jeunes sorciers de comprendre de quelle photo il s’agissait.

— Je n’avais pas remarqué, fit Remus, hébété.

Sirius prit alors le relais, expliquant qu’il avait compris qui était Croutard en voyant la photo. Il raconta comment il avait essayé de récupérer le rat à Halloween et comment il s’était lié avec Pattenrond pour qu’il l’aide dans son entreprise.

Ron jeta alors un regard noir au chat qui se leva et vint se frotter contre les mollets de Sirius.

— C’est le chat le plus intelligent que j’ai jamais rencontré, conclut Sirius après avoir fini son histoire. Mais il n’a pas réussi à me ramener Peter. Et Peter, se sentant en danger, a fait croire à sa mort. Depuis, je suis venu régulièrement à Poudlard pour essayer de le chercher par moi-même. Je n’avais pas eu la moindre piste sérieuse avant ce soir.

Le récit de Sirius finit de convaincre Hermione et Harry, mais Ron avait encore des doutes, ne pouvant accepter que son rat n’était pas celui qu’il croyait. Remus insista alors et, avec l’accord de Ron, il lança à Croutard le sort qui devait lui rendre sa forme humaine.

Peu après, Peter Pettigrow apparaissait devant eux. Sirius sentit la colère monter en lui en voyant devant lui l’homme qui avait vendu ses meilleurs amis à Voldemort.

— Bonjour Peter, dit Remus d’un ton joyeux, dans lequel seul Sirius perçut l’air sarcastique. Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus.

— S… Sirius… R… Remus…

Pendant un instant, ses yeux se tournèrent vers la porte, mais Sirius tenait fermement sa baguette. Il n’avait aucune chance de s’échapper.

— Mes amis… Mes chers vieux amis…

La colère grondait maintenant trop fort dans la poitrine de Sirius. Comment osait-il dire qu’ils étaient amis après ce qu’il avait fait ? Sirius leva sa baguette, mais Remus lui attrapa le poignet en lui lançant un regard d’avertissement.

— Nous avons eu une petite conversation, Peter, au sujet de ce qui s’est passé la nuit où Voldemort est entré chez James et Lily. Il est possible que quelques détails t’aient échappé pendant que tu poussais tes petits cris en essayant de t’enfuir.

— Remus, dit Pettigrow d’une voix haletante tandis que des gouttes de sueur perlaient à son front. Tu ne vas pas le croire quand même ! C’était lui le Gardien du Secret, tu le sais bien. C’est lui le traître.

Sirius leva de nouveau sa baguette d’un air menaçant, mais Remus se plaça entre les deux sorciers.

— Peter, penses-tu vraiment qu’il y ait la moindre chance pour que je te croie ? Je sais qu’il t’a transmis le Secret. James et Lily l’ont confirmé.

— Non, non ! C’est vrai, il a changé de Gardien, mais il les avait déjà trahis, juste avant de me transmettre le Secret ! A ce moment là, je ne savais pas. Je n’ai rien fait ! C’était une ruse. C’est lui qui les a trahis.

Sirius éclata d’un rire froid.

— J’aurais préféré mourir plutôt que de les trahir, répliqua simplement Sirius, la voix rauque.

Peter jeta des regards apeurés autour de lui, cherchant du soutien, mais personne ne semblait prêt à lui accorder le bénéfice du doute. Harry, en particulier, l’observait avec un dégoût évident.

— Non ! Remus, nous sommes amis, supplia Peter en se tourna vers son ancien ami. Ne le laisse pas me tuer !

Les traits de Remus se contractèrent en un rictus.

— Nous n’allons pas te tuer, Peter. Au cas où tu ne le saurais pas, Sirius est Auror maintenant. Livrer d’anciens Mangemorts au ministère est une de ses activités favorites.

Sirius esquissa un sourire mauvais en voyant l’effroi teinter le visage de Peter. La petite troupe se regroupa alors, accrochant Peter à Remus et Ron pour s’assurer qu’il ne s’échappe pas. Ils parcoururent le passage secret, guidés par Pattenrond. Mais, lorsqu’ils furent à l’extérieur, Sirius se figea avec horreur, tendant le bras pour empêcher Harry et Hermione d’avancer.

— Fuyez ! murmura Sirius. Fuyez ! Immédiatement !

Harry insista et s’avança pour aider Ron, mais Sirius le saisit par les épaules et le rejeta en arrière.

— Laisse-moi faire… COURS !

Un terrible grognement retentit tandis que Remus achevait sa transformation. Sirius se métamorphosa et, un instant plus tard, l’énorme chien noir se précipita d’un bond, attrapant le loup-garou par le cou pour le tirer en arrière, loin de Ron et de Peter. Padfoot mettait toute son énergie dans son combat, essayant de faire abstraction des griffes qui lui déchiraient les flancs. Padfoot se relevait à chaque coup reçu et repartait sans cesse à l’attaque, essayant de garder l’attention de son adversaire sur lui. A force d’attaques répétées, il réussit à faire fuir le loup-garou qui s’éloigna en direction de la forêt dans un hurlement sinistre.

— Sirius, il s’est échappé ! Pettigrow s’est transformé !

La voix de Harry résonna à ses oreilles avec force. Il ne pouvait pas le laisser partir. Malgré ses nombreuses plaies et le sang qui coulait de son flanc, Padfoot s’élança à la suite du rat.

End Notes:
Alors à votre avis, est-ce que sans Détraqueur, Sirius arrivera à rattraper Croutard ou pas ? ;)


Pour la scène de l'examen de DCFM où Hermione voit l'Epouvantard prendre la forme de McGo, je ne sais pas vous mais moi je ne l'avais pas dans mon édition de HP3, je ne l'ai découverte qu'en lisant le roman en langue étrangère.

Je la trouve tellement géniale que j'ai pas pu m'empêcher d'en parler. J'ai bien aimé écrire ce passage dans le bureau de Remus, j'espère qu'il vous aura plus aussi :)


A bientôt pour la fin de la 3ème année !
Le Prisonnier d'Azkaban by Padfooot
Author's Notes:
Salut tout le monde! 



Voici donc le chapitre 30 pour clore la 3ème année avec des retrouvailles très attendues et un titre très orignal (oui je compte reprendre les 7 titres ^^) : Le prisonnier d'Azkaban.

L’action se déroule toujours le 6 juin 1994.

    Dans l'épisode précédent :

    Sirius a retrouvé Peter lors d'une soirée très similaire à ce que l'on connaît dans le tome 3 de JKR. Alors que le trio retournait au château pour amener Ron à l'infirmerie, Sirius est parti à la poursuite de Peter. 



Merci aux revieweurs du dernier chapitre : Mlle Mylou, popoff, Zelinara et nadra. ♥ 



Bonne lecture !

Hermione avait emprunté le passage secret de la Cabane Hurlante pour pénétrer dans le parc de Poudlard puis avait attendu sagement à la lisière de la forêt interdite, observant la cabane de Hagrid comme elle l’avait fait dix sept années plus tôt. Sauf que cette fois, elle n’avait pas Harry pour lui tenir compagnie.

Elle se rappela alors avec une précision effrayante ce qu’elle avait dit à Harry à l’époque « Personne n’a le droit de changer le cours du temps ! Personne ! ». Hermione grimaça devant l’ironie de la situation.

Les jeunes Harry, Ron et Hermione sortirent finalement par la porte arrière de la cabane de Hagrid. Hermione observa la scène, regardant avec un pincement au coeur les lumières de chez Hagrid éclairer le visage de Ron.

Les membres du ministère rentrèrent alors dans la cabane et, comme elle l’avait fait à l’époque, Hermione guetta le visage de McNair à travers la fenêtre. Dès que celui-ci eut disparu, elle courut à toutes jambes, sauta pas dessus la clôture qui entourait le potager et se précipita sur Buck. Hermione s’inclina devant l’hippogriffe, se forçant à ne pas ciller. Buck s’agenouilla finalement, permettant à Hermione de tirer sur la corde qu’elle venait de détacher. Avec quelques encouragements, l’hippogriffe finit par la suivre jusqu’à la forêt et Hermione le guida un peu plus loin avant de l’arrêter à temps pour qu’aucun son ne puisse trahir leur présence. Elle entendit les membres du ministère, Dumbledore et Hagrid sortir de la cabane et répéter mot pour mot la conversation tendue qu’elle avait entendue dix-sept année auparavant.

Elle attendit que tout le monde s’éloigne puis elle guida l’hippogriffe plus loin dans la forêt. Elle l’attacha à un arbre et s’assit un peu à l’écart, observant de loin d’éventuels mouvements sur le lac.

Hermione patienta longuement. Puis, finalement, elle vit un gros chien noir s’approcher du lac en boitillant. Peu après, la silhouette canine se transforma et Sirius s’assit au bord du lac, se tenant la tête dans les mains.

Hermione détacha Buck et le fit avancer vers le lac. Alerté par les bruits de sabots sur le sol sec, Sirius releva la tête et les regarda s’approcher sans rien dire. Hermione accrocha Buck à un arbre à quelques mètres de Sirius avant de le rejoindre. Elle prit place juste à côté, toujours sans un mot.

— Peter s’est échappé, dit finalement Sirius, la voix cassée.

— A mon époque aussi, répondit Hermione dans un souffle. Ne t’en veux pas, c’était censé arriver.

Sirius releva la tête et dévisagea un instant la femme à ses côtés, sans trop savoir comment réagir. Il secoua finalement la tête d’un air désabusé et fixa l’autre rive du lac. D’un côté, il était soulagé de la voir, mais d’un autre, il était furieux. Ainsi, elle savait que Peter allait s’échapper. Elle l’avait encore manipulé, le laissant passer une année à traquer Peter pour rien, et il s’était fait berner.

Son altercation avec la forme lupine de Remus avait laissé des plaies douloureuses et le soudain contact des doigts d'Hermione sur sa joue le fit grimacer. Sirius se retourna brusquement et l’observa alors qu’elle sortait de son petit sac de l’essence de dictame et des compresses. Hermione appliqua avec douceur le précieux liquide sur toutes les plaies qui couvraient son visage, puis commença à s’attaquer à celles près des côtes.

— Tu penses vraiment à tout… grommela Sirius.

— Disons que j’ai une longueur d’avance. A mon époque aussi, tu nous avais protégé.

Sirius dévisagea Hermione, l’air amer. Hermione ne dit plus rien le temps de terminer ses soins puis elle referma sa fiole et posa son regard dans celui de Sirius.

— Tu te souviens, l’an dernier, quand tu m’as retrouvée ? Je t’avais promis une explication.

— Sur Peter ? grogna Sirirus, avec amertume.

— Sur toi.

Sirius se souvint alors du moment auquel elle faisait allusion, lorsqu’elle lui avait dit qu’il ne ressemblait pas au Sirius qu’elle avait connue. Il acquiesça, les lèvres tordues en un rictus.

— Et tu penses que tes révélations compenseront le fait de m'avoir manipulé ? demanda Sirius sèchement.

— Probablement pas, mais au moins tu comprendras pourquoi je l’ai fait.

Sirius haussa les sourcils, mais ne dit rien, laissant Hermione commencer son récit.

— La nuit de la disparition de Voldemort, je ne t’ai pas laissé poursuivre Peter, tu te souviens ?

— Comment oublier ? répliqua Sirius, avec hargne.

Hermione ne releva pas et continua son histoire.

— A mon époque, tu es revenu à Godric’s Hollow peu après… le passage de Voldemort, expliqua Hermione avec douceur. Hagrid t’y a rejoint et est reparti avec Harry pour le déposer chez son oncle et sa tante. De ton côté, tu t’es mis à traquer Peter.

Sirius dévisageait maintenant Hermione avec insistance, buvant ses paroles.

— Je ne connais pas les détails, mais tu as réussi à le coincer dans une rue moldue. Peter était probablement bien conscient qu’il n’avait aucune chance en duel, mais il a été plus malin. Il t’a accusé d’avoir trahi James et Lily assez fort pour avoir des témoins avant de faire exploser la rue, tuant de nombreux Moldus. Il s’est coupé un doigt et s’est transformé pour devenir Croutard. Tout le monde l’a cru mort… Et toi, tu as été accusé du meurtre de Peter et des Moldus décédés ce jour là.

Hermione prit une grande inspiration.

— Tu as été condamné à Azkaban à perpétuité.

Sirius la regarda, effaré, il ouvrit la bouche, mais se retint et Hermione lui fut reconnaissante de ne pas interrompre son récit.

— Il y a douze ans, je n’ai pas voulu que tu poursuives Peter. Avec James et Lily vivants, ils auraient sûrement réussi à prendre ta défense, mais…

Hermione sembla chercher ses mots un instant.

— A mon époque, tu n’as même pas eu de procès, expliqua Hermione, la voix cassée par l’émotion et l’amertume. Tu as été condamné en hâte parce que Barty Croupron voulait faire de toi un exemple. Je ne pouvais pas prendre le risque que cela se reproduise.

Hermione se pinça les lèvres, mal à l’aise. Sirius semblait avoir du mal à encaisser.

— A Azkaban ! Mais… Mais alors comment je… ? Tu me connaissais avant de voyager dans le temps, non ? C’est donc que j’ai finalement été libéré. Pourquoi ?

— Non, tu n’as pas été libéré. Tu t’es échappé.

— On ne s’échappe pas d’Azkaban, objecta Sirius par réflexe.

— Toi, tu as réussi.

Sirius dévisagea Hermione, ébahi.

— Comment ?

— Un jour où Cornelius Fudge visitait la prison, tu lui as demandé s’il pouvait te passer son journal. C’était le jour de l’article sur les Weasley.

Sirius fronça les sourcils, semblant comprendre où elle voulait en venir.

— Tu as reconnu immédiatement Peter sur la photo. A partir de ce moment-là, retrouver Peter est devenu une obsession, d’autant que tu savais qu’il se trouvait à Poudlard avec Harry. Tu as réussi à te faufiler à travers les grilles sous ta forme de chien et tu as nagé jusqu’à la côte. Rejoindre Poudlard t'a probablement pris tout l'été.

— C’est pour ça que tu ne voulais pas que je le poursuive cet été ? Tu voulais t’assurer que ce serait aussi proche que possible de ta réalité ?

Hermione hocha la tête.

— Mais ce n’aurait pas été mieux que je l’attrape ? s’enquit Sirius d'un ton à la fois dur et implorant, toujours aussi frustré d’avoir laissé Peter partir.

— Non. Il fallait qu’il s’échappe. Je suis désolée, Sirius, je ne peux pas t’en dire plus à ce sujet.

— Je ne comprends pas pourquoi tu tiens tant à répéter l’histoire alors que tu es justement venue ici pour la changer.

— Il est plus simple de changer des éléments d’une histoire connue plutôt que de partir d’une page blanche.

— Du Dumbledore tout craché je parie… J’espère que tu sais ce que tu fais, répondit Sirius dans un soupir.

— Moi aussi…

— Et ce soir ? demanda Sirius. A ton époque, qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Hermione raconta alors les détails de cette soirée, décrivant comment Harry s’était battu contre lui et avait essayé de le tuer, persuadé qu’il était responsable de la mort de ses parents. Sirius se crispa à ses mots et Hermione se dépêcha de raconter la suite, expliquant comment Lupin était entré en possession de la Carte du Maraudeur et comment il les avait suivis jusqu’à la Cabane Hurlante.

Sirius arrêta Hermione d’un geste, réfléchissant à ce qu’elle venait de dire.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle.

— A ton époque, Remus a confisqué la Carte à Harry. Mais là, Remus l’a confisquée aux jumeaux Weasley. Comment est-ce que Harry l’avait obtenue ?

Hermione répondit à Sirius, lui racontant l’impossibilité pour Harry de se rendre à Pré-Au-Lard et le cadeau que lui avait fait les jumeaux. Sirius s’offusqua de ce que les Dursley avaient fait subir à Harry, mais Hermione le rassura en lui disant qu’il s’était lui-même arrangé pour que Harry puisse aller à Pré-Au-Lard les années suivantes. Hermione raconta aussi les excursions de Harry au village malgré l’interdiction, ce qui amusa beaucoup Sirius.

— D’ailleurs, il est très important que Harry récupère la Carte du Maraudeur ! Elle lui sera très utile pour les années à venir.

— Je passerai le message à Remus, lui assura Sirius avec un sourire. Mais je ne comprends pas. Pourquoi avait-il besoin de la Carte ? Il aurait très bien pu y aller sous la cape d’Invisibilité en prenant le même chemin que Ron et toi.

— Ah ! J’ai oublié de préciser que le château était entouré de Détraqueurs cette année-là.

— Des Détraqueurs à Poudlard ? s’exclama Sirius, sidéré. Ils étaient là… pour moi ?

Hermione précisa alors tout ce qui concernait les Détraqueurs. Elle en profita pour parler de l’effet qu’ils avaient sur Harry à son époque et du match de Quidditch qui avait conduit à ce que Sirius offre un Eclair de Feu à Harry.

— J’ai dénoncé Harry à McGonagall, avoua Hermione d’une voix coupable. J’étais persuadée que ça venait de toi. Mais j’étais aussi persuadée que tu voulais le tuer, alors…

Sirius sourit et posa sa main sur celle d'Hermione pour la rassurer. Hermione continua alors son histoire, racontant tout ce qui s’était passé pendant l’année : l’attaque de la grosse dame, les mots de passe subtilisés par Pattenrond, la nuit où Sirius avait pénétré dans la Salle Commune et avait terrifié Ron. Elle revint finalement sur la soirée dans la Cabane Hurlante et décrivit le cours de la soirée, y compris le passage concernant Rogue. Elle expliqua ensuite comment ils avaient rejoint Sirius près du lac après l’avoir entendu aboyer et gémir. Lorsqu’elle expliqua l’histoire des Détraqueurs, Hermione frémit avec une telle force que Sirius serra la main de la jeune femme pour lui donner assez de courage pour poursuivre jusqu’au moment où ils avaient atterri à l’infirmerie.

Hermione poursuivit avec la dernière partie de l’histoire en commençant par le plus important : le Retourneur de Temps.

— Alors tu avais déjà remonté le temps ? C’est comme ça que tu as pu suivre tous tes cours ?

— Je te rassure, j’ai rendu le Retourneur de Temps à la fin de ma troisième année, je n’avais pas du tout envie de vivre une autre année aussi folle que celle-là.

Hermione raconta ensuite tout ce que Harry et elle avaient fait lorsqu’ils avaient remonté le temps en troisième année, du sauvetage de Buck au sauvetage de Sirius à dos d’hippogriffe.

— Merci de m’avoir sauvé la vie à ton époque, commenta Sirius avec un sourire taquin. Je suis impressionné que Harry ait réussi à repousser autant de Détraqueurs…

Hermione esquissa un sourire qui n’atteignit pas ses yeux. C’était le moment d’avouer autre chose à Sirius. Elle inspira un grand coup.

— Tu te rappelles quand j’ai vu ton Patronus la première fois ? demanda Hermione dans un souffle.

— Oui, répondit simplement Sirius, se remémorant son expression songeuse lorsqu’elle l’avait fixé.

— A mon époque, je ne t’avais jamais vu lancer un Patronus. Aujourd’hui, je comprends que tu ne pouvais sûrement plus. Alors le voir… Si gros… Cela me rappelait à quel point tu avais été brisé à mon époque.

— Par Azkaban ?

— Non. Pas que. Je ne comprenais pas à l’époque. Quand je t’ai rencontré, je pensais qu’Azkaban t’avait rendu comme tu étais. Emacié, triste, presque alcoolique.

Sirius grimaça à la description que faisait Hermione de lui.

— Mais je me trompais… Tu ne souriais jamais. Ou alors seulement en présence de Harry. Mais, même quand il y avait Harry, tu semblais incomplet. Je comprends maintenant, précisa-t-elle avec un petit sourire triste. En Harry, tu voyais James. Je t’en voulais de cette morosité que tu n’arrivais pas à cacher et que nous étions forcés de partager. Mais je ne comprenais pas vraiment. Je n’ai compris que plus tard. Azkaban n’a probablement pas aidé, mais ce n’était pas la raison. D’une certaine manière, tu es mort le 31 octobre 1981, Sirius. Quand tu as tout perdu. Tout comme moi je me suis perdue en mai 1998…

Sirius hésita à prendre Hermione dans ses bras. Il comprenait sans mal ce qu’elle voulait dire. Si James et Lily étaient morts ce soir-là…

— C’est pour ça que tu me regardais comme ça quand nous nous sommes rencontrés ? demanda finalement Sirius.

— Oui, admit Hermione dans un souffle. Quand je te voyais, je voyais celui que tu étais à mon époque, celui dont je n’avais pas réellement compris la douleur avant de la vivre moi-même.

Sirius posa son bras sur l’épaule d'Hermione et l’attira contre lui. Hermione posa sa tête sur lui, cherchant du réconfort dans cette étreinte.

— Merci de m’en avoir parlé, murmura Sirirus

Il posa sa tête contre celle d'Hermione et ils restèrent là un instant observant en silence le lac faiblement éclairé par la lumière de la lune.

Au bout d’un moment, Hermione se redressa, se libérant de l’étreinte de Sirius. Elle se leva et vint à la rencontre de Buck. Elle caressa la tête de l’animal. Un craquement de brindille derrière elle lui indiqua que Sirius l’avait suivie. Il se positionna à côté d’elle et s’inclina pour apprivoiser Buck. Un instant plus tard, il caressait également l’animal.

— Tu comptes en faire quoi ? demanda finalement Sirius.

— Te l’offrir, répondit Hermione, comme si c’était évident.

Sirius éclata de rire.

— Je ne suis pas en cavale ici, tu sais… Que veux-tu que je fasse d’un hipprogriffe ?

Hermione lui adressa un air désespéré.

— Tu ne peux pas le laisser. Il risquerait de retourner voir Hagrid et… ils l’exécuteraient. Oh s’il te plaît ! On ne peut pas laisser Buck… l’implora Hermione.

Les lèvres de Sirius s’étirèrent en un magnifique sourire. Il acquiesça finalement et Hermione sourit à son tour.

— Tu entends ça, Buck ? s’extasia Hermione en grattant affectueusement le plumage de l’animal entre les deux yeux.

Lorsqu’elle se retourna, Hermione se rendit compte que Sirius l’observait toujours avec un grand sourire et son coeur se mit à battre plus fort. Sirius prit la main d'Hermione, sans la quitter des yeux. De ses doigts experts, il caressa les siens avec délicatesse. Hermione déglutit, se concentrant sur les sensations que lui procuraient les caresses de Sirius. Elle le quitta un instant des yeux pour observer sa main sur la sienne. Lorsqu’elle releva le regard pour le poser dans le sien, Hermione sentit son coeur s’affoler.

Sirius s’approcha et posa son autre main derrière sa nuque. D’une douce pression, il invita Hermione à combler le vide entre leurs deux corps. Hermione se rapprocha et se perdit dans ses yeux gris tandis que les caresses dans le creux de sa main s’intensifiaient. Hermione sentit le souffle chaud de Sirius sur ses lèvres, elle se tendit et se mit sur la pointe des pieds. Mais, alors que Sirius s’apprêtait à poser ses lèvres sur les siennes, Hermione eut un moment de lucidité et posa sa main libre sur le torse de Sirius, l’arrêtant fermement.

— Hermione, gémit Sirius d’une voix rauque. J’ai envie d’être avec toi.

— Je ne peux pas, dit-elle dans un souffle.

Sirius lâcha Hermione, mais continua à la fixer avec intensité. Il ne comprenait pas.

— Pourquoi ?

Hermione inspira avec difficulté. Son coeur battait encore à toute vitesse dans sa poitrine.

— Je ne suis pas venue dans le passé pour ça, commença Hermione en secouant la tête.

— Et alors ?

— Alors, je suis venu ici dans un but précis. Je ne peux pas me détourner de cela.

— Je pourrais t’aider… fit remarquer Sirius, implorant.

— Sirius, ce ne serait pas sain ! Je ne suis pas censée exister. Du moins pas autrement qu’en tant qu’élève en troisième année à Poudlard… Tu es le parrain de Harry ! De mon meilleur ami… Tu es censé avoir vingt ans de plus que moi… Je… Ce n’est pas censé se faire Sirius !

— Mais on s’en fout de ça. Tu n’étais peut-être pas censée être là, mais tu l’es maintenant ! C’est tout ce qui importe.

Hermione soupira.

— De toute façon, je ne peux pas rester près de toi ! répliqua-t-elle d’un ton sans appel.

Sirius fronça les sourcils, attendant la suite.

— Tu m’en as voulu de te manipuler une fois. Je ne pense pas que tu apprécieras d’être près de moi le jour où tu en comprendras les conséquences.

Les traits de Sirius se tordirent en une grimace. Compte tenu de ce qu’il savait déjà du futur, Hermione n’avait pas eu besoin de lui dire ces quelques mots pour qu’il se fasse une idée ce que représentait la fuite de Peter. Effectivement, le jour où Voldemort reviendrait, Sirius n’était pas sûr de pouvoir lui pardonner d’avoir laissé faire.

— Alors, c’est fini ? demanda Sirius, masquant avec peine son air morose.

— Ça n’a jamais commencé, rétorqua Hermione dans un murmure.

Sirius soupira avec amertume. Il croisa le regard d'Hermione une dernière fois avant de hausser les sourcils, désabusé.

En deux pas, il rejoignit l’arbre auquel était attaché Buck. Il détacha l’animal, accrocha la longe autour de Buck pour se faire des rênes puis il monta sur le dos de l’hippogriffe. Sirius croisa une dernière fois le regard d'Hermione, il la salua d’un léger signe de tête et se força même à esquisser un sourire pour lui montrer qu’il comprenait sa décision. Puis d’une légère pression dans les flancs de l’animal, il lui intima de s’envoler.

Hermione observa les silhouettes de Buck et Sirius s’éloigner à la lumière du clair de lune.

End Notes:
Et voilà, Sirius est enfin au courant pour Azkaban.


Désolée (ou pas ahah) pour ceux qui espéraient un bisou, mais il va falloir attendre encore. Je préfère amener leur histoire doucement. Je pense que vu l'histoire traumatisante d'Hermione et son besoin de suivre les règles, c'est plus "normal" comme ça.


J'espère que la 3ème année ne vous a paru trop longue. Avec la coupure de plusieurs mois dans la lecture, ça en a rajouté une couche en plus ^^ Mais je pense que l'aspect "poursuite de Peter" était importante à suivre pour le personnage de Sirius.


Pour ce qui est des points communs avec les bouquins de JKR, je vous rassure, je ne compte pas toujours coller aux livres. Bout à bout les petits éléments de différence que vous avez peut-être repérés par ci par là vont finir par faire un effet boule de neige. Un jour...
Après je vous avoue que j'aime bien aussi garder plein de points communs afin de pouvoir explorer les réactions qu'auraient été celles de James, Lily et Sirius face à la vie de Harry.

A bientôt pour la 4ème année !
La Coupe du Monde de Quidditch by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour bonjour! 



C'est parti pour la quatrième année de Harry avec le chapitre 31 : La Coupe du Monde de Quidditch.

L’action se déroule entre le 23 et le 26 août 1994.

    Dans l'épisode précédent :

    La troisième année s'est terminée avec la fuite de Croutard et un moment Sirius/Hermione (quelques révélations supplémentaires sur le futur qu'Hermione a empêché et un Sirius un peu vexé de se faire repousser par Hermione).
    Nous on sait tous ce qu'implique la fuite du rat, mais avec deux Maraudeurs en plus dans les rangs des Aurors, est-ce que la donne va changer par rapport à l'histoire telle qu'on la connaît ? ;) 



Quelques phrases/dialogues proviennent du tome 4 de JKR.

Merci beaucoup à nadra et momo201093 si fidèles en review ;)



Bonne lecture !

En ces derniers jours des vacances d'été, les membres du ministère travaillaient d'arrache-pied pour terminer les préparatifs de la finale de la Coupe du Monde de Quidditch. James et Sirius venaient de passer la journée à aider à la mise en place de la sécurité du Stade et les jours suivants ne s'annonçaient pas moins chargés pour les deux Aurors, qui faisaient tous deux partie des membres désignés à la surveillance des lieux le jour du match.

C'était le dernier soir de Harry chez ses parents avant qu'il ne rejoigne les Weasley avec qui il irait voir le match et Harry avait exprimé le besoin de discuter avec Sirius avant de partir. Depuis la soirée dans la Cabane Hurlante, Sirius et Harry avaient développé une relation différente. Il n’était plus seulement le parrain attentionné et farceur, il était devenu son confident.

Au début des vacances, Harry lui avait notamment rapporté la prophétie que Trelawney avait faite en fin d’année ainsi que la réponse de Dumbledore quand il lui en avait parlé : « Voilà qui porte le nombre de ses prédictions vérifiées à un total de deux. »

— Tu as une idée ce qu’il voulait dire par là ? avait alors demandé Harry.

Sirius s’était arrangé pour ne pas répondre directement à cette question. Bien sûr qu’il savait de quelle autre prophétie Dumbledore parlait… Bientôt, ils allaient devoir tout lui raconter. Harry n’était plus aussi jeune et innocent qu’ils voulaient le croire, mais Lily insistait pour qu’ils le laissent tranquille encore un peu, sans ce fardeau sur les épaules.

Sirius s’était donc concentré sur la deuxième prophétie de Trelawney dont le contenu ne l’avait pas étonné. Même sans prophétie et même sans les allusions d'Hermione, il aurait pu parier sur ce qu’allait faire Peter. Effrayé par la menace que représentaient Sirius et Remus, le lâche était à coup sûr parti chercher la protection de son maître.

— Harry, nous avons toujours pressenti que Voldemort reviendrait un jour. Même sans l’aide de Peter, il finirait bien par trouver un moyen. Ne t’inquiète pas pour l’instant. Si tu as besoin d’en parler, je serai toujours là, avait promis Sirius.

Ainsi, quelques semaines plus tard, Harry n’avait pas hésité à faire appel à Sirius pour lui raconter sa vision nocturne. Harry ne se souvenait pas de grand chose, ayant peiné à se rappeler son rêve au réveil, comme si les détails s’échappaient à mesure qu’il essayait de les saisir. Mais il avait tout de même pu raconter à son parrain que Peter se trouvait avec Voldemort, qu’ils avaient tué quelqu’un et qu’ils projetaient de le tuer… lui.

Pendant un moment, Sirius ne sut pas trop quoi répondre. Il ne voulait ni inquiéter son filleul, ni minimiser l’importance de ce rêve en lui conseillant bêtement de ne pas s’inquiéter.

— Bientôt, tu seras à Poudlard, répondit finalement Sirius. Là-bas, tu seras sous la protection de Dumbledore et tu ne risqueras rien.

— Je sais, mais… Si ma cicatrice me fait mal, c’est que Voldemort n’est pas loin, non ? Quand j’avais mal en première année, c’était parce qu’il se trouvait à Poudlard.

— J’ignore pourquoi elle te fait mal maintenant, Harry. Mais je ne pense pas que Voldemort soit dans les parages. D’après les dernières rumeurs, il se trouve toujours en Albanie.

— Comment est-ce que tu sais ça ? s’étonna Harry.

Sirius ne répondit pas, pensant à la disparition de Bertha Jorkins, qui, pour l’instant, ne semblait pas émouvoir grand monde au ministère. Etait-ce lié ? Bertha était-elle la victime de Voldemort dont parlait Harry ? Ou allait-elle revenir au travail du jour au lendemain comme semblaient le penser beaucoup de ses collègues ?

— Ne t’inquiète pas de Voldemort pour l’instant. Dans une semaine, tu seras à Poudlard. Tu y seras en sécurité.

Harry hocha la tête.

— Et moi, je serai très attentif aux rumeurs. Elles transitent généralement vite par le bureau des Aurors. Si j’apprends quoi que ce soit d’important, je te tiendrai au courant, promit Sirius.

Peu après, Sirius sortit de la chambre de Harry et referma la porte, soucieux. Que devait-il raconter à James et Lily ? Il n’avait aucune envie de leur cacher quoi que ce soit, pas après l’année de folie qu’il venait de vivre.

Après la fuite de Queudver à Poudlard, Sirius s’était envolé vers le sud, mettant plusieurs heures à revenir à proximité de Londres à dos d’hippogriffe. Il avait prévenu James par Patronus de ne pas s’inquiéter de ne pas le voir au travail. James l’avait donc couvert pendant que Sirius attendait la nuit suivante, caché dans un bois en bordure de Londres. A la nuit tombée, il avait pu ramener Buck chez lui et lui avait installé un petit coin dans son garage.

Il avait ensuite filé chez James et Lily qui l’avaient accueilli les yeux écarquillés. Trop pressé de partager avant ses aventures avec son meilleur ami, Sirius n’avait pas pris le temps de se changer ou de panser ses blessures suite à son combat contre le loup-garou et Lily s’était précipitée vers son nécessaire à potions pour terminer le travail commencé par Hermione. Sirius leur avait alors tout raconté, ne leur épargnant aucun détail. James avait compris la raison du silence de Sirius et ne lui en avait pas voulu bien longtemps, d’autant plus que Lily et lui avaient été effarés d’apprendre le destin qui aurait été le sien sans l’intervention de Harry et Hermione à Godric’s Hollow en 1981.

Depuis, leur amitié était redevenue aussi forte et naturelle qu’elle l’était avant. Et Sirius ne comptait pas mettre un nouveau secret entre son meilleur ami et lui. Harry n'avait pas souhaité en parler lui-même à ses parents de crainte de les inquiéter, mais il ne lui avait pas intimé le silence sur ce sujet pour autant et Sirius décida donc sans la moindre hésitation de partager ces informations avec James et Lily.








Sirius et James patrouillaient dans le troisième camping prévu à l’accueil des sorciers pour la Coupe du Monde de Quidditch. C’était celui le plus éloigné du stade et, par conséquent, celui qui attirait le moins d’agitation. Des bruits lointains s’élevaient du camping de Mr Roberts, mais autour d’eux, l’ambiance était bien plus calme. Des chansons et des exclamations de joie s’élevaient encore parfois de certaines tentes, mais la plupart des sorciers présents étaient maintenant couchés ou pas encore rentrés, faisant la fête au camping principal où se trouvaient les camps des Irlandais et des Bulgares.

— J’aurais bien aimé en profiter aussi, marmonna James.

Sirius sourit, amusé.

— Tu n’es pas trop déçu de ne pas avoir pu voir le match avec Harry ? demanda Sirius.

Attiré par un bruit, Sirius pointa sa baguette illuminée par un « Lumos » vers un coin sombre. Un chat au pelage gris sortit d’un buisson et s’éloigna en courant. Tout était calme.

James haussa les épaules. Bien sûr qu’il aurait voulu passer ce moment avec son fils, mais le bureau des Aurors en avait décidé autrement et les deux amis, comme la majorité de leurs collègues, avaient été assignés à la sécurité des lieux. Les festivités avaient commencé plusieurs jours avant le match et ils avaient hâte que ce soit terminé pour pouvoir prendre un peu de repos. Mais, en attendant, James et Sirius, tous deux vêtus de tenues typiquement moldues — l’une choisie par Lily, l’autre achetée un an auparavant avec Hermione lors de leurs vacances sur les côtes bretonnes — continuaient à patrouiller dans ce calme peu motivant pour leurs caractères aventureux.

Soudain, Sirius tendit l’oreille et James en fit autant, aux aguets. Grâce à leurs formes Animagi, ils avaient développé une ouïe plus fine que la moyenne, mais, tant qu’ils étaient sous forme humaine, ils n’étaient pas au maximum de leurs capacités auditives. Le vacarme qui se faisait entendre au loin semblait avoir changé d’intensité. Pendant quelques secondes, la variation ne fut pas suffisante pour qu’ils en aient le coeur net, mais bientôt des hurlements étouffés déchirèrent le ciel.

Les deux sorciers transplantèrent immédiatement.

Ce qu’ils découvrirent en se matérialisant dans le camping principal leur glaça le sang. Une foule serrée de sorciers dont les têtes étaient recouvertes de cagoules, traversait lentement le pré, la baguette magique pointée en l’air. De nombreux sorciers se joignaient à la troupe masquée, riant à la vue des quatre corps flottant dans les airs. Sirius eut un rictus de dégoût. La femme avait la tête en bas et se débattait furieusement pour essayer de se couvrir, tandis que le plus jeune tournoyait comme une toupie.

Des sorciers du ministère s’affairaient de tous côtés, tentant de se frayer un chemin parmi la cohue, mais leurs efforts restaient vains. Les partisans de Voldemort étaient trop bien organisés et il était impossible de s’attaquer à l’un d’eux sans prendre le risque de voir l’un des quatre Moldus s’étaler dangereusement sur le sol.

Sirius et James se regardèrent, dépassés. Ils s’élancèrent cependant vers la foule, essayant de repousser les sorciers qui suivaient le cortège de Mangemorts. Mais aucun des deux Aurors n’avait de réel espoir sur l’issue de leur tentative. Sirius finit donc par attraper James par l’épaule et ils s’éloignèrent de la foule.

— Il faut qu’on trouve une idée, on n’arrivera à rien comme ça, s’exclama Sirius en montrant du doigt les autres membres du ministère dont les tentatives de percée n’étaient pas plus fructueuses que la leur.

James observait la scène attentivement, réfléchissant à ce qu’ils pouvaient faire, mais, d’un coup, l’ambiance changea.

Au loin, la Marque des Ténèbres s’éleva dans le ciel, verte et brillante, ressortant parfaitement dans l’obscurité. Un mouvement de panique suivit alors et tous les Mangemorts transplanèrent immédiatement, laissant là leurs victimes. James et Sirius, tout comme plusieurs autres sorciers, eurent le réflexe de lancer des sortilèges sur les Moldus pour amortir leurs chutes. A peine eurent-il été posés sur le sol en douceur que James et Sirius transplanaient déjà en direction du bois, juste en dessous de la Marque des Ténèbres.

Une vingtaine d’autres sorciers s’étaient matérialisés en même temps, entourant un groupe de trois jeunes sorciers que Sirius et James reconnurent aussitôt.

Protego ! rugirent les deux Aurors pour contrer les sortilèges de Stupéfixion qu’avaient lancés leurs collègues du ministère.

Les jets de lumière vinrent s’écraser sur les boucliers de James et Sirius, mais ce n’était pas nécessaire car Harry avait eu le réflexe de se baisser, entraînant ses deux amis à sa suite.

— Arrêtez ! ARRÊTEZ ! C’est mon fils !

La voix de Arthur s’éleva soudain et les jets de lumière s’arrêtèrent aussitôt.

James et Arthur se précipitèrent vers les trois adolescents, s’assurant qu’ils allaient bien. Sirius suivit, plus lentement, laissant son regard balayer les alentours à la recherche du responsable de l’apparition de la Marque.

— Ecartez-vous, dit la voix sèche et glaciale de Barty Croupton.

Sirius pivota et observa avec un rictus féroce la silhouette de Barty s’avancer vers Harry, Ron et Hermione. Depuis qu’il savait que cet homme l’aurait envoyé à Azkaban sans procès, Sirius lui vouait une forte animosité.

Sirius se mit aux côtés de James, tandis que Mr Croupton accusait les jeunes sorciers d’avoir conjuré la Marque des Ténèbres. Alors que Sirius s’apprêtait à le contredire avec force, une sorcière qu’il ne connaissait pas, objecta que Harry, Ron et Hermione étaient bien trop jeunes pour cela.

— D’où est sortie la Marque ? demandèrent alors James et Arthur d’une même voix.

Hermione désigna l’endroit, expliquant qu’ils avaient entendu quelqu’un prononcer une incantation derrière les arbres.

— Quelqu’un qui se trouvait là-bas ? Vraiment ? dit Mr Croupton en tournant ses yeux exorbités vers Hermione, avec une expression de totale incrédulité. Et il a prononcé une incantation, c’est bien cela ? Vous me semblez très bien informée sur la façon de faire apparaître la Marque, mademoiselle…

— C’est insensé, grogna Sirius en s’approchant, furieux.

Mais apparemment, personne d’autre ne sembla s’intéresser aux paroles de Croupton et tous les sorciers avaient déjà pointé leurs baguettes dans la direction indiquée par Hermione.

— Nous sommes arrivés trop tard, ils ont tous transplané.

— Si nos éclairs de stupéfixion n’avaient pas été bloqués par vos boucliers, nous aurions eu de bonnes chances d’en toucher un.

Amos Diggory avait jeté un regard lourd de reproches à James en disant ses mots, mais James lui répondit par une oeillade furieuse et posa sa main sur l’épaule de Harry. Amos traversa la clairière d’un pas décidé et revint en poussant du pied une elfe de maison, terrorisée et tremblante.

Tous les regards se tournèrent vers Mr Croupton en réalisant que c’était son elfe de maison.

— Ce… n’est… pas… possible, dit-il d’une voix hachée. Non.

Il contourna Mr Diggory et s’avança à grand pas vers l’endroit où il avait découvert Winky. Amos lui fit remarquer que c’était inutile, mais cela n’arrêta pas Mr Croupton.

— Amos, commença James, ce ne peut pas être elle. Une elfe de maison ne peut pas faire apparaître la Marque des Ténèbres.

— Oui, il faut une baguette magique, renchérit Arthur.

— Et elle en avait une, dit Mr Diggory.

Sirius n’écoutait que d’une oreille distraite ce qu’Amos racontait sur l’utilisation des baguettes chez les elfes. Il ne fit pas non plus attention à Ludo Verpey qui venait de transplaner auprès d’eux. Il concentrait toute son attention sur Barty Croupton, dont le comportement lui déplaisait. Bien sûr, il ne voulait pas que son elfe — et donc lui par la même occasion — soit associée à la Marque des Ténèbres. Mais il y avait quelque chose dans son regard qui avait intrigué Sirius.

Sirius observa Mr Croupton revenir, le visage toujours aussi pâle, mais rien dans son attitude lorsqu’il expliqua la situation à Ludo ne justifia l’intuition que Sirius avait eue un peu plus tôt.

Bien que l’elfe ait éclaté en sanglots terrifiés avant son interrogatoire, Amos ne se laissa pas émouvoir et, peu après, il brandit une baguette magique devant l’elfe. La lumière verte qui émanait de la Marque éclaira alors la baguette et James et Sirius écarquillèrent les yeux en la reconnaissant.

— Hé ! Mais c’est la mienne ! s’exclama Harry.

— Pardon ? dit Mr Diggory, incrédule.

— C’est ma baguette, assura Harry. Elle était tombée de ma poche !

— Tombée de ta poche ? répéta Mr Diggory, stupéfait. S’agit-il d’un aveu ? Tu l’as jetée après avoir fait apparaître la Marque ?

— AMOS ! gronda James avec force. Penses-tu vraiment que mon fils ferait apparaître la Marque des Ténèbres ?

— Heu… Non, bien sûr, marmonna Amos en baissant les yeux face au regard assassin de James. Désolé… Je me suis laissé emporter.

— De toute façon, ce n’est pas là que je l’ai perdue, reprit Harry. Je me suis aperçu de sa disparition juste après être entré dans le bois.

Amos accusa alors l’elfe d’avoir ramassé la baguette pour s’amuser, ce à quoi Hermione, Harry et Ron réagirent immédiatement, expliquant que ce ne pouvait être elle puisqu’ils avaient entendu une voix d’homme. Amos utilisa alors le sortilège « Prior Incantato ! » et ils eurent la confirmation que la baguette de Harry avait servi à invoquer la Marque des Ténèbres. Amos accusa l’elfe avec encore plus de force, ce qui déplut à Mr Croupton. Il se défendit avec ferveur auprès de Mr Diggory et proposa finalement de s’occuper lui-même de l’interrogatoire de son elfe. Etonné de ce revirement de situation, Sirius observa Mr Croupton avec d'autant plus de défiance, mais ce dernier remarqua le regard de l’Auror sur lui et se contenta de ramener son attention sur son elfe avant de la menacer de lui offrir des vêtements.

— Non ! hurla Winky de sa petite voix suraiguë, en se prosternant aux pieds de son maître. Non, maître ! Pas de vêtements ! Pas de vêtements !

— Elle a eu peur ! s’écria alors Hermione avec colère. C’est pour ça qu’elle est partie !

Sirius s’approcha et posa la main sur l’épaule d'Hermione, essayant de la calmer et de l’empêcher de continuer sa diatribe. Il n’était pas judicieux qu’elle se mette un haut fonctionnaire du ministère à dos.

— Votre elfe a le vertige, continua-t-elle tout de même du même ton sec, et ces sorciers masqués faisaient léviter leurs victimes ! Vous ne pouvez pas lui reprocher d’avoir voulu s’enfuir !

— Je n’ai pas besoin d’un elfe de maison qui me désobéit, dit-il avec froideur en tournant son regard vers Hermione.

Face à l’attitude de Barty Croupton, Sirius s’avança, se plaçant devant Hermione pour la soustraite à la vue de Mr Croupton. Ce dernier lança un regard noir à Sirius, qui ne sourcilla même pas.

Le silence très désagréable qui suivit n’était entrecoupé que des sanglots de Winky qui résonnaient dans la clairière et fut finalement rompu par Mr Weasley proposant de ramener les enfants au campement. Il interrogea James du regard, qui acquiesça. Le danger était passé et il avait confiance en Arthur.

— Si tu voulais bien rendre sa baguette à Harry…

Amos tendit alors la baguette au jeune sorcier en jetant un dernier regard gêné à James.

— Venez, tous les trois, dit Mr Weasley.

Mais Hermione n’avait pas l’air de vouloir bouger. Elle n’arrivait pas à détacher son regard de l’elfe qui continuait à sangloter. Sirius la poussa alors vers Arthur avec douceur. Hermione releva la tête et Sirius put voir la détresse et la colère dans son regard. Il lui fit un petit signe de tête, l’encourageant à suivre Mr Weasley et, quelques instants plus tard, les trois jeunes sorciers et Arthur étaient hors de vue.

James et Sirius restèrent avec les autres sorciers le temps que la situation se décante, mais cela ne prit pas longtemps et, quelques minutes plus tard, James et Sirius avaient rejoint le camping dans lequel ils étaient censés patrouiller. A l'opposé de l'agitation effrénée qui avait marqué le premier camping peu avant, il régnait ici un calme étonnant et contrastant avec les deux Aurors qui fulminaient.

James ne s’était toujours pas complètement calmé depuis qu’Amos avait accusé son fils. Sirius, lui, était soucieux. A quoi jouait Mr Croupton ? Etait-ce seulement une impression ou avait-il réellement vu de la panique dans les yeux de l’homme ? Sirius se tourna vers James pour lui faire part de ses doutes, mais James le regardait déjà, prêt à parler.

— Pas trop dur de voir Hermione ?

Sirius eut un moment d’arrêt, ne s’attendant pas à cette question.

— Ce n’est pas la même Hermione, marmonna Sirius.

— Je sais, mais…

— Non, je ne suis pas sûr que tu saches, le contredit Sirius d’une voix qu'il s'efforça de paraître posée. Quand je vois ou entends parler de la jeune Hermione, je découvre son passé à elle. Mais cette Hermione est une enfant.

— Mais elle ne restera pas une enfant. Tu es sûr de… de toujours pouvoir les… distinguer ?

— Oui ! répondit Sirius, sans la moindre hésitation. Certain. C’est un peu comme si c’était sa petite soeur. Je la protègerais de ma vie s’il le fallait, mais je ne ressentirai jamais pour elle ce que…

— Je comprends, interrompit James en voyant son ami buter sur la fin de sa phrase.

Sirius grimaça et haussa les épaules.

— De toute façon, elle a été très claire, alors pas la peine de penser à elle de cette manière.

— Sois patient, on ne sait jamais, tenta James, mal à l’aise.

Sirius retint un rire sarcastique. A la place, il reprit d’une voix froide :

— J’ai déjà essayé la patience, ça n’a pas été très efficace. Je préfèrerais qu’on ne parle plus d’elle si ça te va.

— Tu vas aller de l’avant alors ? s’étonna James.

Sirius hésita un instant, ne s’étant pas vraiment posé la question, mais acquiesça finalement. Puis, ne voulant pas poursuivre cette conversation, il relança le sujet sur ce qui le tracassait vraiment ce soir : les Mangemorts et la Marque des Ténèbres.

End Notes:
J'ai essayé de faire la scène en plus accéléré que dans le livre histoire que ce ne soit pas trop lourd. Mais j'avais envie de montrer les changements avec nos deux Aurors préférés ;) Et puis j'aimais l'idée de montrer les côtés protecteur de James envers son fils et de Sirius envers la petite Hermione.


A bientôt pour la suite :)
La Coupe de Feu by Padfooot
Author's Notes:
Salut tout le monde ! 



Sorry pour ce retard. Je savais que je n'aurais pas beaucoup de temps pour poster pendant les semaines de vacances scolaires, mais je pensais avoir le temps avant et vous prévenir de la pause à venir. Et bah c'est raté, mais j'espère que ce chapitre vous plaira et compensera un peu ^^.
Voici le chapitre 32 : La Coupe de Feu.

L’action se déroule le 1er novembre 1994.

    Dans l'épisode précédent :

    La troisième année de Harry est terminée avec Croutard en fuite. Hermione et Sirius s'était retrouvés à cette occasion, mais Hermione a choisi de prendre ses distances. La présence de Mangemorts à la Coupe du Monde de Quidditch cause quelques nuits blanches à nos amis Aurors... 



Merci Zelinara et nadra pour vos reviews. ♥ 



Bonne lecture !

En cette fin de nuit du 31 octobre, Hermione transplana devant chez les Potter. Elle s’assit sur le muret à l’entrée, attentive. Harry allait probablement leur apprendre la nouvelle dès que possible. A son époque, il n’avait écrit à Sirius que le lendemain pour ne pas inquiéter son parrain, mais c’était parce qu’il était en cavale et que Harry ne voulait pas lui attirer d’ennuis. Hermione était persuadé que, sans cette contrainte, Harry n'atteindrait certainement pas le matin pour prévenir ses parents . Hermione attendit alors, guettant le bruissement d’ailes d’un hibou. Peu importait le temps que mettrait Harry a rédiger sa lettre et Hedwige à la porter, Hermione patienterait, quitte à rester toute la nuit.

Au bout d’un moment qui lui sembla durer une éternité, une forme blanche passa devant elle à toute vitesse. Hedwige ressortit de la maison seulement quelques secondes plus tard et repartit comme une fusée. Hermione se leva, mais attendit encore afin de laisser quelques minutes à James et Lily pour digérer l’information avant de se précipiter chez eux.

Alors qu'Hermione prenait une grande inspiration, prête à s’annoncer chez les Potter, un bruit de transplanage se fit entendre derrière elle. Hermione se retourna, soudain tendue, la baguette à la main. Elle l’abaissa immédiatement en découvrant l’identité du visiteur.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

Sa voix était dure et teintée d’amertume, mais Hermione le connaissait suffisamment pour deviner qu’il était soulagé de la savoir ici. Il avait autant besoin de réponses que James et Lily.

— Tu sais pourquoi, sinon tu ne serais pas là toi aussi. Alors c’est chez toi que Hedwige se précipitait ?

Sirius acquiesça. Il se dirigea vers la porte, frappa et entra avant même d’avoir été invité à le faire.

— James ! Lily !

La voix de Sirius résonna dans la maison et les Potter arrivèrent aussitôt. James avait pris le temps de se changer, comme s’il s’apprêtait à sortir, mais Lily était encore en chemise de nuit.

— Hermione ? s’étonna Lily, d’une voix presque éteinte par l’angoisse qui marquait ses traits.

Lily parcourut les quelques mètres qui les séparait en courant et la prit dans ses bras.

— Oh pitié, dis-moi qu’il ne va pas concourir.

Hermione repoussa Lily en la tenant par les deux épaules.

— On devrait s’asseoir.

Lily hocha la tête, tremblante. Elle alla s’installer au salon. James, qui n’avait toujours pas dit un mot, la rejoignit, prenant place à ses côtés sur le canapé tandis que Sirius choisissait un fauteuil à côté. Hermione se plaça en face d’eux et commença d’une voix douce :

— A mon époque aussi, le nom de Harry est sorti de la Coupe de Feu. Je suis désolée Lily, mais oui, il fait partie de la compétition.

— Pourquoi ? Il est trop jeune, fit Lily, suppliante.

— Il est obligé de concourir… Les règles indiquent clairement que les candidats dont les noms sortent de la Coupe de Feu doivent participer au tournoi. Harry n’a pas le choix.

Lily ne put retenir un hoquet d’effroi et James resserra son étreinte autour des épaules de sa femme.

— Qui a mis son nom dans la coupe ? demanda James.

Hermione secoua la tête, une seule fois, catégorique. Elle ne pouvait pas donner cette information.

— Ne vous inquiétez pas…

Lily étouffa un soupir qui s’apparentait plus à un grognement tandis que James retenait avec peine une moue ironique. Sirius, lui, ne se gêna pas pour lever les yeux au ciel.

— Je comprends votre inquiétude, rétorqua Hermione, bien consciente de leurs réactions. Mais je vous assure qu’il s’en sortira très bien !

— Ce n’est pas une raison pour qu’il vive tout ça ! Et qui te dit qu’il n’y aura pas de changements par rapport à ton époque, hein ? Les risques sont trop grands ! s’énerva Lily.

Hermione, qui jusque-là, avait toujours eu affaire au tempérament doux et amical de Lily, fut un instant déroutée par sa réaction enflammée.

— Faites-moi confiance, implora Hermione avant que Lily ne puisse continuer. Il s’en sortira sans votre aide, je vous assure. D’ailleurs, il vaudrait même mieux que vous n’essayiez pas de l’aider…

— Parce que tu penses que je vais laisser mon fils de quatorze ans participer à cette compétition sans lui donner de conseils ? la coupa James, cassant.

— Il le faut ! rétorqua Hermione. A mon époque, Harry a été bien conseillé, mais pas par vous. Vous n’étiez pas là pour le faire. Sirius était en cavale et n’a pas pu le faire non plus. En aidant Harry vous-même, cela impacterait la manière dont il aborde les épreuves et rien ne garantirait qu’il s’en sorte aussi bien que dans ma version de l’histoire.

Un silence suivit et Lily et James échangèrent un regard. Lily, bien que toujours rouge de colère, semblait s’être laissée convaincre par les arguments d'Hermione et James chercha ensuite son meilleur ami du regard pour savoir ce qu’il en pensait. Sirius prit une grande inspiration puis hocha la tête.

— D’accord. Nous le laisserons aborder les épreuves sans aide, approuva finalement James, amer. Mais je suis sûr que tu aurais pu empêcher tout cela ! lui reprocha-t-il avec force.

Hermione fut un instant mal à l’aise. Elle commença à secouer la tête, mais s’arrêta dans son geste, réalisant la portée des mots de James. Oui… James avait raison. Elle aurait pu empêcher cela.

Si elle n’avait pas volé le journal, Sirius se serait chargé de Peter avant que Ron n’emmène Croutard à Poudlard. Sans les protections des murs du château, il n’aurait eu aucune chance face à la soif de vengeance de l’Auror et Queudver n’aurait jamais rejoint Voldemort. Il n’aurait jamais échafaudé de plan pour que Harry participe au tournoi. Aurait-il été mieux pour tout le monde que cela se passe ainsi ? Hermione visualisa Harry sur les tribunes avec ses camarades, observant tranquillement les épreuves. Voldemort ne serait pas revenu. Pas si tôt en tout cas…

Hermione fut ramenée à la réalité par un rire sec et sarcastique. Sirius semblait avoir lu en elle comme dans un livre ouvert.

— Tu nous dis de te faire confiance, mais tu n’as même pas confiance en ton propre plan !

— Il FAUT que ça arrive ! répliqua Hermione d’un ton qu’elle voulait assuré.

Mais Sirius la connaissait trop bien.

— Arrête ! Tu n’es pas sûre de toi !

— Comment veux-tu que je le sois ? s’énerva alors Hermione, sentant la pression sur ses épaules lui peser encore davantage que d’habitude. Tu ne te rends pas compte de ce que tout cela représente ! De savoir, mais de devoir attendre et d’observer, impuissante.

— Tu n’es pas impuissante ! rugit alors Sirius. Tu aurais pu tout changer… C’est toi qui a choisi d’observer. Pourquoi ? Pourquoi laisser Harry revivre tout ça ? Affronter Quirrell à onze ans ? Le Basilic à douze ans ? Cela ne t’a pas suffi ? Non… Bien sûr que non, il doit aussi participer à ce fichu tournoi !

— Sirius ! lança Hermione, comme un avertissement. Tu oublies que c’est mon meilleur ami ! Je l’aime autant que tu aimes James. Tu crois que cela m’amuse de savoir qu’il passe par tout ça ? Il a besoin de ces épreuves pour se construire !

— Peut-être que tu te plais à lui faire vivre les mêmes épreuves qu’à ton époque pour te sentir plus proche de lui ! Pour avoir l’impression que c’est le même Harry que celui que tu aimais.

— Je t’interdis de dire ça ! répliqua Hermione avec rage. Ces épreuves qu’il subit ne sont rien à côté de ce qu’il a vécu à mon époque. Au moins, ici, il est entouré d’une famille, il a du soutien et de l’amour. Imagine ce que c’était pour lui avant de juger !

Les mots d'Hermione furent suivis d’un silence gênant.

— A travers ces épreuves, il devient plus fort, insista Hermione d’une voix plus douce, presque suppliante.

— Plus fort ? répéta Sirius, dubitatif. Pourtant, si j’ai bien compris ce qu’il s’est passé à votre arrivée en 1981, c’est lui qui a choisi d’affronter Voldemort à ta place ! Il ne savait pas qu’il te sauverait en faisant cela… Il aurait pu choisir de vivre, mais ces épreuves ont fini par le pousser à bout. Il a choisi de mourir parce qu’il n’en pouvait plus !

Les larmes montèrent aux yeux d'Hermione, alors que Lily émettait un bruit étouffé, choquée par les paroles de Sirius.

— Je ne te permets pas, Sirius, répondit Hermione, tremblante. Aucun de vous n’était là pour Harry et il s’en est sorti aussi bien que possible. Ce n’était pas… pas un… 

Mais Hermione ne put prononcer le mot « suicide ». Cela aurait été un mensonge. La scène qui l’avait tant hantée se dessina de nouveau dans son esprit. La mort des Weasley avait été l’épreuve de trop pour Harry. Pour elle également… Si elle avait eu le même choix que Harry, elle n’aurait pas hésité. Elle avait voulu se sacrifier aussi, mais le destin en avait décidé autrement. Parfois, elle s’étonnait encore d’avoir trouvé la force pour continuer à se battre après cette soirée…

Les narines d'Hermione frémissaient sous le coup de ses émotions, elle prit une grande inspiration et lança un regard noir à Sirius, masquant son désarroi derrière la colère.

— Parfois je me demande si je ne te préfère pas sous ta forme de chien…

— Peut-être que tu devrais en prendre un alors, si tu préfères la compagnie des chiens à celle des hommes.

— Sirius ! intervint Lily, dans l’espoir de calmer le jeu.

Mais Hermione était maintenant si furieuse que rien de ce que pourrait dire Lily n’y changerait quoi que ce soit.

— Vous en savez assez sur le tournoi. Je n’ai plus rien à faire ici, dit Hermione avant de quitter la maison sans un regard en arrière.








Après l’annonce de Harry quant à sa participation au Tournoi des Trois Sorciers, Sirius avait passé le reste du week-end dans son bureau. Il était rentré chez lui peu après Hermione. Lily lui avait reproché d’avoir été trop dur avec elle et Sirius, bien que conscient que son amie avait raison, n’avait pas voulu l’admettre.

Les journées au ministère étaient éreintantes depuis la Coupe du Monde, surtout pour les Aurors qui avaient été invités à rechercher activement toute trace pouvant amener à découvrir l’identité des Mangemorts responsables. Mais ils n’avaient trouvé aucun indice valable sur les lieux et leurs enquêtes n’avançaient pas. Les rumeurs que Rita Skeeter avaient lancées en affirmant que des corps avaient été retrouvés dans le bois n’avaient pas aidé le ministère à garder la tête haute dans cette affaire.

Dans ces conditions, Sirius n’avait pas beaucoup de temps libre, mais, dès qu’il trouvait un moment, il s’enfermait dans son bureau et feuilletait frénétiquement les vieux journaux qu’il avait récupéré à la Gazette du Sorcier. Sirius avait en effet profité de son statut d’Auror pour demander aux employés de la Gazette du Sorcier d’extraire des archives tout ce qu’ils pouvaient trouver entre 1977 et 1982 et de lui en faire des copies.

Ce matin, Sirius s’était levé tôt pour pouvoir avancer sur ses recherches. Il referma un journal d’un air rageur, l’ajoutant à l’énorme pile de journaux dont le contenu était inutile. La pile était maintenant tellement grande et branlante qu’il était évident qu’elle ne tenait en place que grâce à la magie. Sirius prit un autre journal et regarda la date. Il soupira. Si au moins, les employés de la Gazette avaient pu les lui donner dans l’ordre chronologique, cela aurait simplifié son travail…

Sirius constata avec soulagement que cette édition contenait enfin un article intéressant.


Un peu plus loin dans le même journal, un autre article attira l’attention de Sirius.


Sirius hésita, mais jugea finalement l’article inutile pour sa recherche actuelle : Rookwood était toujours en prison. Il revint quelques pages en arrière, s’arrêtant de nouveau sur l’article concernant Karkarof et, du bout de sa baguette, il découpa minutieusement l’article, qu’il fit léviter à côté des autres. Sirius observa un instant le résultat de ses recherches. Des articles et des photos s’étalaient dans les airs de manière ordonnée.

L’article sur la libération de Karkaroff avait trouvé sa place juste à côté de celui sorti quelques temps avant annonçant son arrestation. Un peu plus loin, différents articles concernant Croupton et son fils avaient été regroupés. L’article qu’il avait un jour laissé sur la table de nuit d'Hermione et qui relatait l’arrestation de Barty Croupton Junior et des Lestrange en faisait partie, mais d’autres complétaient l’histoire de la famille.



Un fil rouge tenu par la magie reliait les articles sur Barty Croupton Sr. à l’une des lettres que Harry lui avait envoyées. Il y avait surligné quelques mots : « Winky, l’elfe de Mr Croupton ».


La partie concernant Maugrey était également surlignée et était reliée à l’article que Rita Skeeter avait écrit sur Arthur Weasley lorsqu’il avait aidé à couvrir la mésaventure du vieil Auror. Le ministère semblait penser que Maugrey était fou, mais Sirius l’avait bien assez côtoyé pour savoir que, bien que légèrement paranoïaque, Maugrey n’avait pas, contrairement à ce que disait l’article, « déclenché une fausse alerte ». Sirius était persuadé que quelqu’un avait voulu empêcher l’ancien Auror de se rendre à Poudlard et cette intuition s’était confirmée depuis que Harry participait au tournoi. Hélas, le vieil Auror avait dit avoir reçu un coup sur la tête et ne se rappelait pas les détails de son agression. Au moins, qui que soit la personne qui ait mis le nom de Harry dans la coupe, Maugrey serait là pour lui mettre des bâtons dans les roues.

Sirius avait également surligné le nom de Rogue dans la lettre de Harry, mais il n’avait trouvé aucun article ou aucun élément tangible à y associer. Dumbledore lui faisait confiance, mais Sirius restait sceptique sur la raison de ce jugement.

Quelques autres articles venaient agrandir la collection de Sirius. Il avait notamment inséré l’article sur la disparition de Bertha Jorkins ainsi que tout ce que la Gazette avait pu publier sur l’affaire de la Coupe du Monde ou sur l’apparition de la Marque des Ténèbres ce soir là. Un autre article concernant Ludo Verpey lévitait un peu plus loin.


Sirius avait trouvé l’article d’un intérêt limité, mais avait tout de même décidé de l’ajouter à sa collection. Après tout, Ludo Verpey était membre du jury du Tournoi des Trois Sorciers. S’il avait été interrogé dans une période aussi sombre que la fin de la la guerre, c’était probablement pour une bonne raison.

Une carte d’Albanie accompagnait tous les éléments recueillis par Sirius, mais ce document lui apparaissait plus frustrant et inquiétant qu’utile. Sirius aurait voulu être dépêché sur place pour enquêter sur la présence éventuelle de Peter en Albanie, mais la tâche en avait incombé à d’autres. Ils avaient concentré leurs recherches sur la forêt qu’avaient identifiée James et Sirius en 1992 et dont des rumeurs locales avaient depuis confirmé l’importance pour leur enquête, mais, hélas, les récentes recherches n’avaient pas abouti. Il semblerait même que rien ne confirmait plus la présence de Voldemort à cet endroit-là. Etait-il toujours en Albanie ou avait-il pris la direction du Royaume Uni ?

Un petit hibou aux plumes ébouriffés entra dans la pièce et déposa la Gazette du jour avant de s’éclipser. Sirius se saisit de l’édition du jour et y découvrit un article sur le Tournoi des Trois Sorciers.


Sirius grimaça. Il détestait Skeeter. Elle avait vraiment un talent incroyable quand il s’agissait d’écrire n’importe quoi. Sirius ne put s’empêcher de lire une deuxième fois le passage sur Hermione puis il froissa le journal en une boule et le lança dans la cheminée à l’autre bout de la pièce.

Vu l’heure, Sirius dût quitter à regrets ses recherches et espéra vivement que ni James ni lui ne croiseraient Amos Diggory au ministère. L’ambiance entre James et Amos, déjà tendue depuis la nuit après la Coupe du Monde, s’était encore dégradée quand il avait appris que Harry participait au Tournoi. Après avoir lu cet article, qui taisait clairement le nom de Cédric, Amos risquerait d’être encore plus froid qu’à l’accoutumée.

End Notes:
Alors, est-ce que cette petite dispute vous a plu ? J'admets m'être bien amusée pour l'écriture de cette partie-là ^^



J'ai eu un gros dilemme sur le temps que mettait Hedwige à parcourir le chemin Poudlard-Londres (13h pour un hibou en vitesse de pointe tout du long). Autant dire qu'avec Hedwige qui arrive en pleine nuit, ça passe pas. Mais bon, avec la magie, qui peut vraiment affirmer quelle est la vraie vitesse d'un hibou ? ;)



Je n'ai pas remis l'article complet de Rita Skeeter parce que ça faisait trop doublon avec l'histoire de base même en changeant les quelques éléments sur sa famille, mais n'hésitez pas à le relire si vous voulez vous rappeler à quel point cette femme est une BIIIP**** ;)


A bientôt ! (oui, oui, normalement, cette fois-ci, y a pas de raisons pour qu'y ait un délai ^^)
Le Tournoi des Trois Sorciers by Padfooot
Author's Notes:
Hello ! 


Me voici avec le chapitre 33 : Le Tournoi des Trois Sorciers.

L’action se déroule entre le 1et et le 6 mars 1995.

    Dans l'épisode précédent :

    Harry a été nommé quatrième champion, au grand déplaisir de James, Lily et Sirius. Sirius a ressorti plein de journaux du passé dans l'espoir de récolter assez d'indices pour trouver qui est derrière tous les récents évènements inquiétants. 




Bonne lecture !

— Vivement ce week-end… marmonna James, qui avait du mal à se concentrer sur son travail.

James et lui avaient prévu de rejoindre Harry, Ron et Hermione à Pré-Au-Lard pour discuter des derniers évènements inquiétants dont Harry leur avait fait part par lettre. Harry avait vu le nom de Barty Croupton sur la Carte du Maraudeur. Sirius ne comprenait pas ce qui avait poussé Croupton, trop malade pour venir travailler, à aller fouiller dans le bureau de Rogue. Harry n’avait hélas plus la Carte, mais Sirius se rassurait en la sachant en possession de Maugrey. Si Barty Croupton ou n’importe quel intrus venait fouiner, il ne risquait pas de s’en aller sans être appréhendé par le vieil Auror.

Comme Hermione le leur avait promis, Harry avait passé les deux premières épreuves du Tournoi avec succès.

— Il a même magnifiquement survolé la première ! avait clamé James avec fierté.

L’inquiétude de Sirius ne se portait donc pas tant sur la troisième épreuve que sur ce qui pouvait se passer avant ou ce qui se passerait quand il en sortirait indemne. Quelqu’un à Poudlard semblait en vouloir à la vie de Harry au point de l’inscrire à ce satané tournoi et Sirius aurait donné cher pour savoir qui c’était.

Une agitation inattendue s’éleva soudain à l’extérieur de leur bureau. Sirius releva la tête, croisant le regard également étonné de James. Ils sortirent et découvrirent Tonks et Dawlish dans une conversation animée.

— Tu ne vas quand même pas lui donner ce torchon ? s’écria Tonks.

— Si c’était mon fils, j’aimerais savoir ce qu’on écrit sur lui !

Sirius comprit immédiatement que Rita Skeeter avait dû écrire un nouvel article désobligeant sur Harry. Au visage dur de James, il semblait évident qu’il en était venu à la même conclusion. D’autres collègues s’avancèrent, attirés par les éclats de voix. Sirius regretta presque que Scrimgeour soit en réunion avec Cornelius Fudge ce matin. Au moins, il aurait rapidement mis fin à cette agitation et aurait renvoyé chacun dans son bureau respectif.

— James, je pense que tu devrais lire ça. J’ai l’impression que la copine de ton fils s’est mise Rita Skeeter à dos.

James haussa les sourcils, étonné, et prit le journal des mains de Dawlish. Sirius, lui, les fronça se remémorant les mots de Harry dans sa dernière lettre « On a croisé Skeeter à Pré-Au-Lard, elle met Hermione dans un tel état de rage que ça me rappelle quand elle avait giflé Malefoy l’an dernier ». Vu le caractère emporté dont avait fait preuve la jeune fille face à Barty Croupton, Sirius se demanda ce qu’elle avait bien pu dire à la journaliste, grimaçant d’avance en imaginant ce que contenait l’article.

James semblait furieux lorsqu’il tendit le journal à Sirius.


— Ma femme est devenue folle en lisant ça, commenta l’Auror qui avait donné le magazine à James. Si je ne l’avais pas arrêtée, elle lui aurait écrit une lettre de menace sur le champ.

Sirius bouillait de rage. Nombre de sorciers n’étaient pas très malins et Sirius ne doutait pas qu'Hermione recevrait effectivement plusieurs lettres de ce type, voire pire.

— Hé bien, tu devrais dire à ta femme de ne pas croire ce ramassis d’âneries ! rétorqua Tonks.

— Je croyais que tu étais abonnée à Sorcière-Hebdo, la taquina Kingsley, qui était devenu son mentor puis son coéquipier après le départ en retraite de Maugrey.

— Ce n’est pas pour autant que je crois tout ce qui est écrit dedans ! objecta la jeune femme, dont les cheveux virèrent au violet.

Les cheveux de Tonks étaient généralement une bonne indication de son humeur et, quand on la taquinait, comme se plaisaient beaucoup à le faire Kingsley, James ou Sirius, ses cheveux se paraient de reflets brillants ou prenaient une teinte plus vive.

— C’est vrai que ce sont des âneries ! commenta la sorcière qui avait pris le magazine des mains de Sirius après sa lecture, l’empêchant au passage de le mettre en pièces. Déjà, Rita se contredit ! Elle dit qu’elle est laide ici, alors qu’elle disait qu’elle était très belle je crois la dernière fois.

James poussa un soupir exaspéré devant la tournure immature que prenait la conversation. Depuis le début du Tournoi, la vie médiatique de son fils avait plusieurs fois fait débat et il se contentait généralement d’écouter d’un air dépité.

— Moi je la trouve jolie, commenta Tonks, sans faire attention à la réaction de James.

— Parce que tu l’as déjà rencontrée ?

Tonks lança alors un sortilège d’Attraction et un ancien numéro de Sorcière-Hebdo s’envola de son bureau pour atterrir dans ses mains. Tonks ouvrit le magazine et montra un article que Sirius n’avait jamais vu. Une grande photo occupait les trois quarts de la page et représentait les quatre champions avec leurs cavaliers pour le bal de Noël.

Sirius savait, grâce aux lettres de Harry, qu'Hermione avait été la cavalière du champion de Durmstrang, mais il n’avait pas vu de photo jusque-là. La jeune fille portait une élégante robe bleue qui lui allait à merveille. Ses cheveux étaient lisses, soyeux et élégamment relevés sur la nuque, ce qui faisait ressortir les traits de son visage, illuminé par un sourire timide.

— Ce n’est pas Skeeter qui a écrit cet article. Il n’y avait que quelques annotations factuelles et aucun ragot. Sinon ça aurait fait beaucoup plus de bruit, expliqua Tonks.

Lorsque la jeune Auror referma le magazine, Sirius se rendit compte qu’il n’avait pas cessé de regarder la photo. Il eut un léger pincement au coeur en voyant à quel point la jeune Hermione s’était appliquée pour sa soirée avec Krum. La Hermione qu’il n’arrivait pas à oublier avait-elle aussi eu un faible pour l’Attrapeur bulgare ? Sirius s’en voulut immédiatement de s’être posé la question, cela n’avait aucune importance ! Déjà, c’était une vieille histoire, mais, en plus, Hermione avait été très claire sur la nature de leur relation, et vu le dénouement de leur dernière conversation, il doutait qu’elle ait un jour envie de le revoir…

James dissipa la foule en expliquant d’un ton dur qu'Hermione n’était que l’amie de Harry et qu’ils feraient bien de se remettre au boulot plutôt que de partager des ragots sur des adolescents ! Pour ne pas décrédibiliser son ami, Sirius s’efforça de ne pas paraître trop amusé par l’attitude autoritaire de James et le suivit dans le bureau pour les quelques heures qui restaient avant la fin de la journée.

Plus aucun élément ne vint perturber la journée jusqu’au soir où Sirius fut surpris de croiser Shella, un dossier à la main, seule dans l’espace exiguë de l’ascenseur.

— J’étais passé déposer un document à la Confédération du Commerce Magique, expliqua-t-elle en lui adressant un sourire timide.

Il l’avait aperçue quelques fois depuis leur rupture, mais ils ne s’étaient jamais vraiment reparlé. Sirius lui répondit par un sourire avant d'engager la conversation.








James et Sirius attendaient à l’extérieur de Pré-Au-Lard que les élèves de Poudlard arrivent. Les dernières nouvelles de Harry les avaient intrigués et ils avaient prévu de retrouver le trio puis de s’éloigner pour discuter à l’abri d’éventuelles oreilles indiscrètes.

Mais Sirius avait fait l’erreur de profiter du temps d’attente pour parler de Shella à James.

— Sérieusement ? Je croyais que tu voulais aller de l’avant ! Pas faire marche-arrière !

Sirius grimaça. Il n’avait pas envie que James lui fasse la leçon. Shella lui avait proposé de faire quelques pas avec elle lorsqu’il s’étaient croisés dans la semaine. Il n’avait juste pas prévu que la soirée se passerait si bien…

— Je n’arrive pas à croire que tu aies passé la nuit avec.

— Ce n’était que pour une nuit. Je n’ai pas prévu de me remettre avec, objecta Sirius, agacé.

Sirius pensait que sa remarque rassurerait James, mais elle n’eut pas du tout l’effet escompté.

— Que tu aies abandonné tout espoir avec Hermione alors que tu es amoureux, déjà j’ai du mal ! Mais au moins que ce soit pour quelque chose de sérieux, pas pour des coups d’un soir.

Sirius répondit par un regard furieux.

— Je n’ai pas laissé tomber de gaieté de coeur. Elle m’a fait comprendre que ce n’était pas possible.

James n’essaya même pas de retenir le grommellement désappointé que lui inspira la réponse de Sirius.

— Pour quelqu’un qui aime les défis, tu abandonnes vite !

Sirius n’eut pas le temps de répondre car, à ce moment là, ils furent interrompus par des pas juste derrière eux.

— On peut revenir plus tard si vous préférez, proposa la voix douce d'Hermione.

Le coeur de Sirius manqua un battement en entendant la voix de la jeune fille. Il avait été tellement happé par sa conversation avec James qu’il en avait oublié qu’ils étaient à Pré-Au-Lard en train d’attendre Ron, Harry et… Hermione.

Sirius reprit ses esprits rapidement, se rassurant en se disant qu’ils ne devaient pas avoir été là depuis assez longtemps pour les avoir entendu dire le prénom « Hermione » ou parler de « coups d’un soir ».

— Non, c’est bon. Venez, lança James avant de les mener vers le petit endroit qu’ils avaient repéré un peu plus tôt.

Sirius lança un dernier regard noir à James avant de le suivre également vers une étendue d’herbe derrière le village. Mais à peine les deux Aurors se furent-ils assis auprès des trois jeunes sorciers que la rancoeur de Sirius disparut aussitôt.

— Raconte-nous exactement ce qui s’est passé la nuit où tu as vu le nom de Croupton sur la carte, Harry, demanda James.

Harry s’exécuta, détaillant tout ce qui s’était passé après être sorti de la salle de bain des préfets avec l’oeuf d’or.

—C’est incompréhensible, commenta Sirius en cherchant l’avis de James du regard.

— Effectivement, pourquoi Barty Croupton serait-il venu spécialement pour fouiller le bureau de Rogue ?

— Peut-être parce qu’il pense que Rogue est un Mangemort ! proposa Ron d’un air triomphant.

Hermione soupira.

— Cela n’a rigoureusement aucun sens, objecta Sirius.

— Ah, tu vois ! s’exclama Hermione, ravie que Sirius se range de son côté. Je savais que ce n’était pas un Mangemort.

— Je n’ai pas dit que ce n’en était pas un, la contredit Sirius.

Cette fois, ce fut Ron qui semblait ravi et qui adressa à sa camarade un regard triomphant. Sirius leva les yeux au ciel en remarquant le manège des deux adolescents.

— Je n’ai pas non plus dit que c’en était un ! Bon écoutez-moi, vous deux…

Sirius et James expliquèrent alors ce qu’ils pensaient de Rogue et, bien qu’il était réputé pour sa fascination pour la magie noire, il n’avait, à leur connaissance, jamais été accusé d’être un Mangemort. En plus, même si cela peinait Sirius de l’admettre, Rogue avait essayé de sauver la vie de Harry lors de son premier match de Quidditch et Dumbledore lui faisait confiance.

Ron, peu convaincu, objecta que Rogue et Karkaroff étaient très proches. Harry raconta donc le cours de potions où Rogue l’avait menacé de lui faire boire du Véritasérum ainsi que ce qui s’était passé avec le directeur de Durmstrang. James et Sirius, se regardèrent, déconcertés. Si Karkaroff avait montré la Marque des Ténèbres à Rogue, c’était probablement que Rogue était déjà au courant. Etait-ce un Mangemort également ? Si oui, dans quelles circonstances, Rogue s’était-il attiré les faveurs de Dumbledore ? Sirius se remémora alors le contexte autour de la Prophétie des années auparavant. Rogue était-il ce fameux Mangemort qui avait rapporté la Prophétie à l’ennemi ? Celui qui avait finalement changé de camp et espionné pour l’Ordre ? Celui dont Dumbledore avait toujours souhaité taire le nom ?

Sirius leva un regard interrogateur vers James, qui semblait perdu sans des pensées similaires, mais James se reprit vite en voyant les airs inquisiteurs des trois adolescents. Ils n’avaient pas prévu de leur parler ni de la Marque des Ténèbres ni de l’Ordre.

— Si Dumbledore fait confiance à Rogue, nous n’avons pas de raison de penser que Rogue ait été au service de Voldemort.

— Dans ce cas, pourquoi Maugrey et Croupton tiennent-ils tant à fouiller son bureau ? s’entêta Ron.

— Maugrey serait bien capable d’avoir fouillé le bureau de tous les professeurs dès son arrivée à Poudlard, dit lentement Sirius.

— Ce ne serait effectivement pas étonnant de la part de Maugrey, mais je ne comprends toujours pas pour Croupton, le coupa James. Je croyais qu’il était trop malade pour aller travailler.

Sirius repensa aux récents articles de la Gazette du Sorcier qui étaient venus étoffer sa collection. Effectivement d’après ce qu’il avait lu, Barty Croupton aurait été bien incapable de se rendre jusqu’à Poudlard pour fouiller le bureau de Rogue. Il semblait avoir déserté sa maison pour aller se reposer dans un lieu inconnu. Sirius se demanda un instant si James et lui ne devraient pas aller eux-même mettre le nez dans les affaires de Croupton.

— Il a eu ce qu’il méritait pour avoir renvoyé Winky, non ? dit froidement Hermione. Je suis sûre qu’il le regrette… Il doit voir la différence maintenant qu’elle n’est plus là.

— Hermione, tu vas nous laisser un peu tranquilles avec tes histoires d’elfe ? s’exclama Ron.

— Elle a beaucoup mieux compris que toi qui était Croupton, Ron, objecta Sirius. Si tu veux savoir ce que vaut un homme, regarde donc comment il traite ses inférieurs, pas ses égaux.

Sirius dévisagea alors James.


— Le comportement de Croupton n’a pas de sens. Toutes ces absences… Il prend la peine de demander à son elfe de lui garder une place pour la finale de la Coupe du Monde de Quidditch, mais il ne vient pas regarder le match. Il travaille avec acharnement pour faire renaître le Tournoi des Trois Sorciers, mais il ne vient pas non plus y assister… Ça ne ressemble pas à Croupton.

James hocha la tête, plongé dans une profonde réflexion.

— Si, au cours de sa carrière, Croupton a manqué une seule journée de travail pour cause de maladie, je suis prêt à manger Buck !

Harry, Ron et Hermione ne furent pas étonnés d’entendre Sirius parler de Buck puisque Sirius avait raconté à Harry qu’après avoir fait fuir la forme lupine de Remus l’année précédente, il avait retrouvé Buck errant dans la forêt interdite et qu’il était parti avec pour lui éviter de prendre le risque qu'il se fasse exécuter.

— Vous connaissez bien Croupton ? demanda Harry.

Le visage de Sirius s’assombrit en repensant à ce qu'Hermione lui avait dit ; Croupton l’aurait envoyé à Azkaban sans procès.

— Barty Croupton était directeur du Département de la justice magique à l’époque, commença James.

James expliqua ensuite l’histoire de Barty Croupton, parfois relayé par Sirius. Ils le décrivirent comme un homme avide de pouvoir, qui avait profité de la terreur de la guerre pour acquérir une forte notoriété auprès de la communauté magique. Mais ses méthodes implacables pour contrer les Mangemorts étaient violentes voire cruelles. James raconta ensuite comment Barty Croupton avait perdu en notoriété lorsque son fils avait été accusé d’être un Mangemort.

— Son fils était vraiment un Mangemort ? demanda Harry.

— Oh oui, répondit Sirius avec un rictus.

James et Sirius passèrent sous silence le seul crime connu de Barty Croupton Jr dont les Londubat avaient heureusement bien récupéré, mais racontèrent que le jeune homme avait été enfermé à Azkaban et était mort là bas une année plus tard, entachant la réputation de son père de manière permanente.

— Rien que cela justifierait que Croupton veuille fouiller le bureau de Rogue, à la recherche d’une preuve que c’est bien un Mangemort, fit alors remarquer Sirius. En en arrêtant un, il aurait peut-être l’espoir de retrouver son ancien prestige…

— Mais cette version ne colle pas du tout avec sa maladie, compléta James.

— Pas du tout, non, renchérit Sirius. S’il voulait à ce point enquêter sur Rogue, il aurait occupé sa place de juge pendant le tournoi.

— Cela aurait été la couverture parfaite… conclut James.

James et Sirius se dévisagèrent un instant. Tout cela n’avait vraiment aucun sens…

— Ron, ton frère est l’assistant de Croupton, non ? s’enquit James. Tu pourrais lui demander s’il l’a vu récemment ?

Sirius, qui ne connaissait pas ce détail sur le frère de Ron, approuva l’idée de James. Ron se promit d’essayer.

— Mais j’y pense, dit soudain Sirius en se refaisant le fil de la conversation depuis le début de l’après-midi. Harry, qu’est-ce que tu as dit que Rogue s’était fait voler, à part la Branchiflore ?

— De la peau de serpent d’arbre du cap.

— Etrange, commenta James. Vous avez déjà vu en classe à quoi sert cet ingrédient ?

Hermione se tendit alors subitement, surexcitée comme si elle était en classe et qu’on venait de lui poser une question.

— C’est un ingrédient très rare, dit-elle fièrement. Il est notamment utilisé dans la préparation du Polynectar.

Sirius dévisagea Hermione, à la fois amusé et intrigué, puis se remémorant une conversation, treize années plus tôt, lorsque la Hermione du passé avait affirmé être tout fait capable de préparer du Polynectar…

— Vous avez peut-être quelque chose à nous avouer, non ?

La question de Sirius lança un léger froid parmi les adolescents.

— Hermione, grommela Ron d’un ton de reproche.

Les deux Aurors les regardèrent avec un air entendu, attendant le récit concernant le Polynectar. Harry raconta donc les évènements de deuxième année dont ils n’avaient encore jamais parlé, à la grande stupéfaction des deux Aurors. Au grand soulagement d’Hermione, Harry tut la partie concernant la transformation ratée de la jeune fille.

« En deuxième année ? » s’étonna Sirius.

— Moi qui croyais que vous ne pouviez pas avoir enfreint plus de règles en une seule année…

La voix de James semblait sévère, mais Sirius connaissait suffisamment son meilleur ami pour savoir qu’il était en réalité très fier du trio. Le silence se fit un instant puis Sirius y mit fin en demandant l’heure.

— Vous feriez bien de retourner à l’école, conseilla James en se levant. Et interdiction de quitter le château en cachette, quelle qu’en soit la raison ! C’est bien clair ?

— Sortir de Poudlard sans permission serait le meilleur moyen de vous faire attaquer, renchérit Sirius.

— Jusqu’ici, personne n’a essayé de m’attaquer à part un dragon et quelques Strangulots, dit Harry.

Sirius fronça simplement les sourcils, mais James prit un air si sévère que Harry grimaça et promit de ne pas faire de bêtises.

End Notes:
J'espère que vous n'en avez pas trop marre que ce soit aussi similaire aux bouquins. J'ai essayé de condenser un maximum la quatrième année pour rappeler les éléments d'enquête pour que même les moins calés sur le contenu des livres puissent comprendre. J'espère que le dosage convient.

Au prochain chapitre, on devrait avoir un peu d'action, promis ;) J'ai assez hâte de vous le partager d'ailleurs.

A bientôt !
L'erreur d'Hermione by Padfooot
Author's Notes:
Salut tout le monde ! 


Et voilà le chapitre 34 : L'erreur d'Hermione.

L’action se déroule le 24 juin 1995.

    Dans l'épisode précédent :

    Sirius et James ont rejoint le trio à Pré-Au-Lard pour discuter des derniers évènements à Poudlard (présence de Barty Croupton à Poudlard alors qu'il est censé être en arrêt maladie). Les deux Aurors n'ont toujours pas élucidé le mystère derrière la participation de Harry au tournoi. 



Merci beaucoup Zelinara et kaii pour vos reviews. ♥

J'aime beaucoup ce chapitre alors j'espère qu'il vous plaira aussi :)
Bonne lecture !

Sirius était soucieux. Il observait d’un oeil vif les documents qu’il avait rassemblés pour l’aider à résoudre le mystère de la Coupe de Feu. Depuis l’hiver, plusieurs éléments s’étaient ajoutés. Des photos de toutes les personnes concernées lévitaient maintenant à côté des articles. La dernière lettre de Harry lui expliquant les derniers mots de Croutpon avant sa disparition ainsi que son rêve où il avait vu Voldemort et Queudver avait trouvé une place de choix. Un fil avait été tendu magiquement entre les photos de Barty Croupton Sr. et Bertha Jorkins, elle même reliée à la carte de Jordanie où la photo de Queudver avait été rajoutée pour visualiser sa probable présence auprès de Voldemort.

Après la lettre vide d’informations que Percy avait envoyé à Ron à Pâques, James et Sirius s’étaient évertués à convaincre leur patron d’enquêter plus en profondeur sur Barty Croupton. Ils avaient fini par le convaincre et s’étaient rendu chez le haut fonctionnaire. Croupton avait bel et bien disparu, mais ce qui inquiétait surtout les deux Aurors était l’odeur de rat que Padfoot avait réussi à capter sur les lieux. Depuis, un fil rouge reliait la photo de Queudver à celle de Barty Croupton Sr.

Sirius avait également affiché la recette du Polynectar bien qu’il n’avait encore aucune idée de ce que venait faire la potion ici. Toute hypothèse lui semblait trop farfelue pour qu’il y ait un intérêt à la creuser, mais, par mesure de sécurité, Sirius s’était rendu à Poudlard pour informer Maugrey de ces derniers éléments. Le vieil Auror avait immédiatement promis de le tenir informé s’il voyait le nom de « Peter Pettigrow » ou n’importe quel autre nom suspect sur la Carte du Maraudeur et Sirius était rentré rassuré de savoir son ancien mentor à l’affut.

Un article moldu expliquant la mort d’un dénommé Franck Bryce avait également trouvé sa place dans la collection de Sirius. Sur une année entière de journaux moldus récupérés, c’était le seul élément auquel Sirius avait porté de l’intérêt. L’article reliait la mort de Franck Bryce aux assassinats de trois Jedusor des années plus tôt. Cette information, doublée d’une visite sur les lieux, ne laissait plus de doute sur l’implication de Voldemort, mais les suspects restaient introuvables et la méthode, toujours aussi floue.

Et ne pas savoir inquiétait particulièrement Sirius.


Parfois, il songeait rageusement qu’Hermione avait toutes les réponses à cette énigme. Hélas, son expérience autour de la Chambre des Secrets avait prouvé que l’interroger serait inutile.

Laissant là ses réflexions, il se prépara à rejoindre James et Lily à Poudlard pour tenir compagnie à Harry avant le début de la troisième tâche. Remus, hélas, ne pourrait pas venir. Il avait décroché son premier entretien depuis la loi anti-loup-garous qu’avait récemment fait passer Dolores Ombrage et n’avait pas osé demandé à le décaler.

Sirius n’était pas vraiment inquiet pour l’épreuve. Après tout ce que Harry avait vécu ces dernières années et l’entraînement intensif qu'Hermione et Ron lui avait prescrit, Sirius était assez confiant sur sa sécurité pendant l’épreuve.

Mais qu’arriverait-il quand Harry sortirait indemne du Tournoi ? Comment réagirait la personne qui avait mis le nom de Harry dans la coupe en voyant qu’il avait survécu aux trois épreuves ? Quel serait leur prochain plan pour atteindre Harry ?








Hermione se faufila derrière le comptoir de Honeydukes sans être vue. Elle n’avait jamais utilisé ce passage secret et eut du mal à distinguer la trappe sur le sol poussiéreux de la réserve. Elle entra finalement dans le passage et parcourut le tunnel jusqu’à la statue de la sorcière borgne.

Son plan pour sauver Cédric Diggory était assez simple. Dès que l’épreuve aurait commencé, Hermione pourrait se faufiler jusqu’à la Salle Commune de Gryffondor sans crainte d’être repérée puisque tout le monde se trouverait sur le terrain de Quidditch pour regarder l’épreuve. Hermione avait mis du temps à se remémorer les mots de passe qu’elle avait utilisés lors de sa scolarité à Poudlard pour entrer dans la Salle Commune. Il en manquait encore probablement un bon nombre, mais elle était sûre d’avoir retrouvé celui qui l’intéressait et qui correspondait à cette période. Une fois à l’intérieur, récupérer la cape d’invisibilité serait d’une simplicité enfantine.

Hermione regarda sa montre. Ça y est, l’épreuve avait commencé ! Hermione se remémora encore une fois son plan avant de s’élancer.

D’abord, elle devait récupérer la cape. Ensuite, elle filerait au stade et arpenterait les alentours du labyrinthe pour neutraliser Cédric afin qu’il n’atteigne pas la Coupe en même temps que Harry. C’était simple, mais cela serait suffisant. Et, en plus de sauver un innocent, Harry n’aurait pas à subir la culpabilité d’avoir entraîné Cédric à la mort en saisissant la Coupe ensemble.

Hermione passa la statue de la sorcière borgne et se mit en chemin, rassurée à l’idée que ce Harry ne serait pas tourmenté par la mort de Cédric. Hermione se remémora avec tristesse l’expression de son meilleur ami lorsqu’il lui avait rapporté la requête du fantôme de Cédric sorti de la baguette de Voldemort.

Hermione s’immobilisa soudain, tremblante, en y repensant plus en détail. Les fantômes du Priori Incantatem… James et Lily n’en feraient pas partie. Son Harry en ferait-il partie lui ? « Oh mon Dieu… » pensa Hermione.

Comment avait-elle pu ne pas y penser ? C’était l’écho de James qui s’était assuré qu’ils donneraient assez de temps à Harry pour fuir jusqu’au Portoloin. Hermione déglutit avec difficultés. Si elle continuait son plan, elle sauverait Cédric, mais ne risquait-elle pas de condamner Harry à mort ? Si elle faisait demi-tour, elle pourrait se rendre au cimetière, quitte à risquer sa vie pour assurer la sécurité de Harry, mais elle abandonnerait Cédric à une mort certaine. Elle devait faire un choix, le timing serré ne lui permettant pas de faire les deux…

Tremblante, Hermione fit demi-tour et courut aussi vite qu’elle le pouvait. Elle ouvrit le passage secret en hâte et se rua à l’intérieur, glissant sur le toboggan en pierre. Elle essaya de parcourir le tunnel en sens inverse le plus rapidement possible. Le chemin aller lui avait bien pris une heure et les lieux ne lui permettaient pas d’aller beaucoup plus vite. Hermione essaya tout de même d’accélérer, mais, dans sa précipitation, elle se cogna la tête, laissant une estafilade ensanglantée au-dessus de son oeil gauche. Hermione se concentra donc davantage sur sa progression et, lorsqu’elle sortit en fin du tunnel, il s’était tout de même écoulé bien trop de temps. L’épreuve avait commencée depuis plus de cinquante minutes.

Hermione se rua jusque chez elle où elle utilisa Internet pour trouver une carte de Little Hangleton afin de savoir où transplaner. Hermione maudit sa connexion, particulièrement lente. Elle profita du temps de chargement pour enfiler des vêtements noirs puis revint vers son ordinateur et, enfin, la carte s’afficha sur son écran. Hermione transplana.








Sirius observait le labyrinthe sans rien voir de ce qui se passait à l’intérieur. L’épreuve avait commencé et la tension était palpable, attendant de savoir qui sortirait en premier, le trophée à la main. Fleur était hors jeu depuis quelques minutes maintenant et Krum était à son tour hors compétition. Ils se tenaient sur le bord du stade avec leurs directeurs respectifs. La victoire serait pour Poudlard. La question était de savoir qui de Harry ou de Cédric sortirait le premier.

Sirius parcourut les gradins du regard, cherchant à épier les réactions des uns et des autres. Tous semblaient tendus dans l’attente de la suite. Rogue… Amos… Ludo Verpey… Karkaroff... Même Maugrey semblait anormalement stressé, particulièrement depuis que Krum était sorti du labyrinthe. Sirius était étonné par l’attitude de l’ancien Auror. Alors que James avait eu la chance d’avoir Robards comme mentor, un vieil Auror qui avait une fibre paternelle bien plus développée que Fol-Oeil, Sirius avait passé ses trois années de formation avec Maugrey. Sirius s’était souvent plaint de devoir passer tout son temps avec un sorcier bougon, mais, au moins, il pouvait se vanter de bien connaître le vieil homme. Et Sirius n’avait jamais vu cet air tendu sur le visage de Maugrey. Est-ce que voir Krum rapatrié hors du labyrinthe avait fait réaliser à Maugrey les dangers que représentait l’épreuve pour ses deux élèves ? Sirius fut coupé dans ses pensées par la main de Lily qui se posa fermement sur sa cuisse, arrêtant net les tressaillements nerveux qui l’animaient et dont il ne s’était pas rendu compte.

— Sirius, arrête de bouger, tu me rends nerveuse.

La voix de Lily était marquée par l’angoisse et Sirius s’efforça de ne plus bouger pour ne pas accroître la tension de Lily. James, assis de l’autre côté de sa femme, ne semblait pas beaucoup plus à l’aise. Sirius reporta son attention sur Maugrey au moment où le vieil homme repartait sur le terrain, probablement pour reprendre ses rondes au cas où Harry ou Cédric enverraient des étincelles rouges.

Sirius écarquilla soudain les yeux alors qu’ils se fixaient sur la flasque qui pendait à la ceinture de Maugrey. Quel meilleur moyen de cacher du Polynectar ? Tous les éléments étranges lui revinrent en mémoire en un instant : l’agression de son mentor avant la rentrée, sa soi-disant amnésie concernant l’attaque, son absence de résultats alors qu’il avait accès à la Carte du Mauraudeur et même le fait qu’il ait appelé Sirius par son prénom quand il était venu lui parler de Peter. Jamais Maugrey ne l’avait appelé autrement que Black… Comment avait-il pu mettre cela simplement sur le compte du fait que ce n’était plus son supérieur hiérarchique ?

Sirius déglutit péniblement en réalisant que l’homme était un imposteur Mais alors pourquoi ce faux Maugrey avait-il tant accompagné Harry dans sa réussite des épreuves ? A moins que le plan n’ait justement été que Harry ne gagne le tournoi… Mais pourquoi ?

L’idée qu’ils s’étaient faits berner à ce point lui étreignit le coeur et Sirius frémit d’un mélange de crainte et de rage, en pensant aux risques que couraient Harry et au fait que quelqu’un s’en était pris au vieil Auror qu’il affectionnait bien plus qu’il ne le laissait voir. Sirius se ressaisit rapidement, ramenant son attention sur l’instant. « Vigilance constante ! »

— James, viens avec moi.

Le ton dur et professionnel de Sirius capta immédiatement toute l’attention de son coéquipier. Sirius se leva, sa baguette en main, et James le suivit immédiatement. Lily observa, interdite, les deux Aurors quitter les gradins, une lueur menaçante au fond des yeux.

Sirius profita de leur descente dans les escaliers étroits pour tenir James informé de sa théorie. Arrivés sur le terrain, leur présence ne passa pas inaperçue et Sirius eut un rictus amer en pensant qu’à défaut de voir ce qui se passait dans le labyrinthe, les spectateurs auraient au moins droit à un peu d’action. Si l’homme qui se cachait sous les traits de Maugrey était Peter, Sirius et James n’auraient aucun mal à le maîtriser, mais ils n’en avaient aucune certitude et préférèrent rester sur leurs gardes.

Maugrey observait à travers les haies, les traits tendus.

— Besoin d’aide ? demanda Sirius, l’air de rien.

— Oh ! James, Sirius, fit le faux Maugrey de sa voix bourrue. Non, non, je n’ai besoin de rien.

— Je suis curieux… Quand as-tu décidé de ne plus m’appeler Black ?

En comprenant qu’il avait été démasqué, le regard de l’imposteur se teinta d’effroi avant de se porter sur la baguette de Sirius qui venait de se pointer sur lui. L’expression sur le visage de son ancien mentor suffit à Sirius pour comprendre qu’il avait vu juste. Le faux Maugrey réagit rapidement et lança un sortilège offensif en direction de Sirius, mais l’Auror avait déjà conjuré un puissant bouclier et son partenaire lui avait coupé tout retraite en créant une muraille invisible. L’imposteur, confronté aux deux Aurors et sans aucune chance de fuite, tenta de se défendre face aux attaques des deux sorciers, mais se retrouva vite acculé, le forçant à tenter le tout pour le tout :

Avada Kedavra !

Stupéfix !

Expelliarmus !








Hermione se matérialisa à l’entrée du cimetière. Elle se laissa guider par la lueur brillante qui provenait du Trophée des Trois Sorciers. Un peu plus loin, le corps de Cédric était étendu, les bras en croix. A la lueur du trophée, on distinguait bien son visage, mais Hermione détourna le regard, réprimant un hoquet d’effroi. Elle se plaça de manière à bien voir Harry, solidement attaché à la pierre tombale de Tom Jedusor Senior. Il se tenait à cinq ou six mètres de Cédric et, de l’autre côté, se tenait un énorme chaudron dont s’élevait un nuage de vapeur.

Hermione, tremblante, se mit à genoux, cachée par une stèle en marbre au moment où la silhouette de Lord Voldemort s’élevait du chaudron.

Peu après, Voldemort prit le bras de Queudver et appuya sur la marque noire pour appeler ses fidèles à le rejoindre. Il s’approcha de Harry avec un sourire féroce.

— Harry Potter, tu te tiens sur les restes de mon père, dit-il d’une voix sifflante. C’était un Moldu et un imbécile… très semblable à ta chère mère. Mais regarde comme il m’a été utile dans la mort…

Voldemort éclata de rire et fit les cent pas, parlant de son père homonyme à Harry le temps pour les Mangemorts de transplaner aux côtés du mage noir.

Hermione observa avec dégoût l’accueil que Voldemort fit à ses Mangemorts, jetant un Doloris sur Avery, accordant à Queudver la main d’argent qui causerait sa mort et louant la fidélité des Lestrange. Au bout d’un moment, Voldemort commença le récit de la nuit où il avait perdu ses pouvoirs et Hermione se tendit, attentive à ce que Voldemort avait perçu de la nuit où Harry s’était sacrifié à la place de James.

— Bien entendu, vous savez qu’on attribue ma chute à ce garçon. Vous savez tous que, la nuit où j’ai perdu mes pouvoirs et mon corps, j’avais essayé de le tuer. Mais l’Ordre était bien préparé. Ils m’avaient tendu un piège dont Queudver, ici présent, n’avait pas idée lorsqu’il m’a fait part du Secret des Potter. Ce n’était pas James et Lily Potter qui m’attendaient dans la maison, mais deux personnes qui avaient pris leur apparence. J’ai tué le premier, mais la deuxième a repris son apparence devant moi. Elle ne méritait pas mon attention, alors je me suis occupé d’abord de l’enfant. Mais j’aurais dû comprendre qu’il y avait autre chose. Je ne sais pas comment ils ont fait, mais ils ont assuré au garçon une protection que je n’avais pas prévue, je le reconnais… Il m’était impossible de toucher ce garçon.

Voldemort leva un de ses longs doigts et l’approcha tout près de la joue de Harry.

— Mais ça ne fait rien, maintenant, je peux le toucher.

Voldemort expliqua ensuite ce qui s’était passé après Godric’s Hollow, rappelant notamment la péripétie de la Pierre Philosophale. Bien que Harry lui ait rapporté tout ce qui s’était passé dans le cimetière à leur époque, Hermione écouta attentivement le récit de Voldemort sur le retour de Queudver et l’importance des informations apportées par Bertha Jorkins.

— Et le voici… ce garçon dont vous pensiez tous qu’il avait eu raison de moi… conclut Voldemort.

Il s’avança lentement et se tourna pour faire face à Harry. Hermione mit sa main devant sa bouche pour étouffer sa réaction d’effroi lorsque, sans préambule, Voldemort lança à Harry un sortilège Doloris.

Peu après, Voldemort commençait son duel avec Harry et Hermione observa, effarée. Elle savait qu'elle ne devait surtout pas intervenir pour le moment, mais regarder son meilleur ami affronter Voldemort alors qu’il tenait à peine debout était une expérience épouvantable.

Lorsque Harry hurla finalement « Expelliarmus ! » au moment même où Voldemort lançait un sortilège mortel, Hermione se redressa, les yeux grands ouverts face à ce qui se déroulait devant elle. A chaque extrémité du fil d’or qui s’était matérialisé entre eux, les baguettes vibraient avec une intensité incroyable. Harry et Voldemort s’élevèrent dans les airs et un dôme doré se forma autour d’eux. De grosses perles de lumière glissèrent sur le fil doré et Hermione retint sa respiration. Comme à son époque, Harry eut suffisamment de volonté pour repousser les perles vers la baguette de son adversaire, qui se mit à émettre des hurlements de douleur.

Le fantôme de la main de Queudver s’éleva, suivi de près par celui de Cédric Diggory. Hermione sentit son coeur se tordre de n’avoir pu empêcher cela. Les silhouettes de Franck Bryce et Bertha Jorkins suivirent.

Le corps entier d'Hermione était tendu, attendant de voir ce qui allait se passer. La silhouette qui suivit fut celle de James, bien que seule Hermione savait qui se cachait derrière cette apparence. Contrairement aux autres échos sortis de la baguette de Voldemort, celui du faux James ne bougeait pas.

Le fil d’or vibrait de plus en plus fort et Hermione savait qu’il allait bientôt se rompre. Alors, Hermione se leva et se concentra pour rassembler toute son énergie et la mettre dans le sortilège. Au moment où le fil se brisa, projetant Harry et Voldemort sur le sol, elle hurla :

PROTEGO !

Un puissant bouclier se matérialisa entre Harry et ses agresseurs.

— Retourne au Portoloin, Harry !

Le hurlement de rage que poussa Voldemort retentit dans la nuit. Hermione n’eut que le temps d’apercevoir le regard de Harry dévier légèrement vers elle avant de voir des sortilèges pleuvoir sur elle. Elle essaya de parer ou d’éviter les jets de lumière, tout en s’assurant du coin de l’oeil que Harry avait bien profité de son bouclier pour rejoindre le trophée.

Cela ne dura même pas une poignée de secondes. Hermione s’effondra en évitant de justesse un sortilège de mort.

— Je la veux vivante ! hurla Voldemort.

Profitant de la pause qu’avait causée les mots de Voldemort, Hermione se redressa rapidement, croisant au passage son regard de serpent. Un sortilège vint la cueillir en pleine poitrine au moment même où elle transplanait.

Hermione se matérialisa chez elle et s’effondra dans une mare de sang.








Les rayons de lumière rouge conjurés par les deux Aurors atteignirent leur cible en pleine poitrine. James, trop concentré sur le jet de lumière verte qui filait à vive allure vers son meilleur ami, ne prit pas la peine de rattraper la baguette qui volait vers lui.

Sirius se jeta à terre, évitant de justesse le sortilège de la mort. Il roula immédiatement sur le côté, prêt à continuer le combat, mais il se détendit à la vue de son ennemi à terre, stupéfixé.

Sirius se releva et nettoya nonchalamment les tâches vertes que l’herbe avait causées sur son vêtement pendant que Dumbledore, le ministre et d’autres sorciers accouraient vers eux.

— Expliquez donc ce désordre ! lâcha le ministre alors que Dumbledore observait l’homme au sol en fronçant les sourcils.

Sirius se pencha simplement vers l’imposteur, arracha la flasque à sa ceinture et l’ouvrit pour laisser s’échapper le fumet aigre de la potion.

— Du Polynectar.

James et Sirius ne s’attardèrent pas sur la réaction de Fudge, regardant plutôt le directeur. Son expression avait perdu tout sourire bienveillant.

— Severus, s’il vous plaît, allez me chercher la potion de vérité la plus puissante que vous possédiez. Minerva, veuillez avoir l’obligeance de vous rendre aux cuisines et de ramener l’elfe de maison qui s’appelle Winky.

Tous deux tournèrent immédiatement les talons et s’éloignèrent du terrain pendant que le directeur — ignorant avec soin les protestations du ministre lui rappelant que l’utilisation des potions de vérité était soumise à une législation stricte — pointait sa baguette vers le ciel. Dumbledore fit un mouvement souple et complexe avec sa baguette. Un halo bleuté vint se dessiner autour de Fleur Delacour tandis qu’une aura gris anthracite venait entourer la puissante carrure de Victor Krum, qui, dans l’agitation, avait perdu de vue son directeur. Le regard de Dumbledore se porta sur le labyrinthe mais aucune lueur ne vint teinter les haies massives. Son sort de localisation n’avait pas fonctionné sur les champions de Poudlard.

— Où est Harry ? demanda James en voyant l’inquiétude gagner un instant les traits du directeur.

— Tant que nous n’avons pas la potion de vérité, je doute que nous ayons la réponse, répondit Dumbledore en jetant un regard mauvais à l’imposteur, toujours inconscient.

Dumbledore dirigea sa baguette vers sa gorge et annonça de sa voix magiquement amplifiée que les Préfets devaient ramener les élèves dans leurs dortoirs respectifs. Mais, alors qu’un mouvement de foule commençait à se créer dans les gradins, un bruit sec s’éleva vers l’entrée du labyrinthe. Tous se retournèrent pour découvrir les corps de Harry et Cédric étalés sur le sol, inertes, la main de Harry serrée sur le Trophée des Trois Sorciers. Des hurlements retentirent de tous côtés. Certains cris avaient d’abord résonné d'un air victorieux avant de s’étouffer en constatant que les deux adolescents restaient étrangement immobiles.

Tout était confus.

Tout, sauf le regard vide de Cédric, qui ne laissait aucun doute. Il était mort.

End Notes:
Qu'avez-vous pensé de l'intervention de James et Sirius ?

Alors oui, toujours pas de gros changement, mais on voit que la situation commence à échapper à Hermione. Et ça va aller crescendo ;)


Bon pour l'utilisation d'Internet, je suis peut-être un peu optimiste, c'était très peu développé en Europe encore en 1995, mais on va dire qu'Hermione ayant vécu plus loin dans le temps savait déjà bien s'en servir. Alors certes, y avait pas Google Maps à l'époque mais on va dire qu'il y avait un équivalent hein ^^

Excellent week-end à tous !
L'Ordre du Phénix by Padfooot
Author's Notes:
Hello tout le monde ! 


Et voici le chapitre 35 : L'Ordre du Phénix.

L’action se déroule entre le 24 et 28 juin 1995.

    Dans l'épisode précédent :

    Sirius a fini par démasquer l'Imposteur, mais trop tard. Harry avait déjà pris le Portoloin.
    Hermione a rejoint Harry à Little Hangleton pour prendre le relai sur les fantômes de James et Lily dans la protection de Harry. Elle a réussi à transplaner chez elle inextremis mais pas sans se prendre un sortilège.
    Harry revient à Poudlard avec le corps de Cédric.



Quoi 0 review sur le dernier chapitre alors que je vous offre un duel d'Aurors, Harry qui voit sa protectrice pour la première fois et que je finis le chapitre avec Hermione étendue dans une mare de sang? Hé bah, vous êtes des lecteurs exigeants ^^
Je rigole bien sûr, je ne l'ai pas mal pris. J'aime les reviews mais si vous n'avez pas le temps d'en laisser, je comprends très bien ;)

Pas de coeurs à distribuer pour les reviews du coup.
Hé bah ce sera ♥ pour tous les lecteurs, même ceux de l'ombre :D


Bonne lecture !

Après avoir mené en comité plus réduit l’interrogatoire du faux Maugrey qui s’était révélé être Barty Croupton, Dumbledore avait invité James, Lily et Sirius à le suivre dans son bureau avec Harry. Malgré la réticence de ses parents qui ne voulaient pas fatiguer Harry davantage, Dumbledore lui demanda de tout lui raconter. James et Lily s’assirent de chaque côté de Harry. James avait posé la main sur son épaule tandis que Lily tenait la main de son fils. Sirius s’installa de l’autre côté de James et ils écoutèrent attentivement le récit de la soirée, essayant d’interrompre Harry le moins possible. Finalement, Harry en arriva à ce qui s’était passé entre la baguette de Voldemort et la sienne, donnant enfin aux Potter un semblant d’explication sur l’histoire des baguettes jumelles.

— Cédric, un vieil homme, énuméra Harry, la gorge nouée. Bertha Jorkins et…

— Ton père ? demanda Dumbledore à voix basse.

Harry hocha la tête, sans comprendre.

— Les derniers meurtres accomplis par la baguette de Voldemort. Mais évidemment, ce n’était pas ton père.

— Je ne comprends pas.

James et Lily se regardèrent mal à l’aise, mais Sirius, le seul à ne pas être tenu au Secret par le Fidelitas, n’avait aucune intention de raconter exactement ce qui s’était passé cette nuit là.

— C’est assez compliqué, expliqua Dumbledore. Deux personnes avaient eu vent du plan de Voldemort cette nuit-là, ils ont bu du Polynectar pour prendre l’apparence de tes parents et se sacrifier à leur place. Ne me demande pas qui ni pourquoi, c’est quelque chose que je ne peux pas te dire. Sache juste que cet homme s’est sacrifié à la place de ton père. La femme, elle, a survécu, comme Voldemort l’a expliqué à ses Mangemorts en leur décrivant cette fameuse nuit à Godric’s Hollow.

Harry hocha la tête. Lorsqu’il avait relaté le récit de Voldemort un peu plus tôt, il n’avait pas posé de questions sur ce qu’avait dit le mage noir sur la nuit de sa mort, les gardant pour plus tard.

— Maintenant dis-nous… Qu’ont-elles fait ces ombres ?

Harry rapporta la requête de Cédric et les encouragements de Bertha, mais quelque chose semblait le perturber.

— L’écho de mon père… Il… Il ne bougeait pas. Pourquoi ?

Un silence se fit.

— Je suppose que les circonstances de cette mort en sont à l’origine, répondit simplement Dumbledore d’un ton mystérieux.

— Parce qu’il avait bu du Polynectar ?

— C’est possible…

Harry fronça les sourcils, mais n’insista pas. Sirius croisa les regards de James et Lily, qui semblaient en être venus à la même conclusion : l’écho n’avait pas bougé parce que Harry et son âme étaient retournés à son époque.

— Que s’est-il passé ensuite ?

— Je… je n’arrivais plus à tenir, le fil s’est brisé. Le dôme s’est effondré et les ombres sont retournées dans la baguette de Voldemort. Une femme se trouvait dans le cimetière également. Personne ne l’avait remarquée jusque-là. Elle a érigé un bouclier entre Voldemort et moi, puis m’a dit de courir jusqu’au Portoloin.

— Décris-la moi, demanda soudain Dumbledore en se levant.

Harry s’exécuta et le coeur de Sirius s’affola en entendant la description que faisait son filleul.

— Et bien, il semble que la femme dont nous parlions tout à l’heure continue à veiller sur toi, dit Dumbledore.

— La femme de Godric’s Hollow ? C’était elle ? Mais pourquoi ? Ils se sont tous attaqués à elle ! précisa soudain Harry, atterré. Elle… Pourquoi se sacrifierait-elle pour moi ?

Sirius n’écoutait plus. Le poids dans sa poitrine était tel que si sa présence ici ne concernait pas Harry, il aurait déjà filé sans un regard en arrière. Il évita de lever les yeux vers James et Lily dont il sentait les regards braqués sur lui. Etait-il possible qu’Hermione ait survécu ?

— Je ne sais pas trop Harry, mentit Dumbledore. Je suppose que, pour elle, tu représentes l’espoir face à Voldemort.

Harry hocha la tête, songeur et moyennement convaincu, mais ne dit plus rien. Alors que Fumseck laissait des larmes couler sur la jambe blessée de Harry, Dumbledore le félicita pour sa bravoure et lui proposa de l’emmener à l’infirmerie, où ses parents et Sirius pourraient rester à ses côtés.

Bien entendu, James et Lily acceptèrent immédiatement l’invitation à rester à Poudlard, mais Sirius hésita et Lily le prit par le poignet.

— Vas-y.

Sirius esquissa un sourire maladroit pour remercier Lily tandis que Harry regardait la scène sans comprendre.

— Ton parrain doit s’absenter pour vérifier quelque chose d’important, expliqua Lily avec douceur. Il reviendra te voir dès qu’il le pourra.

Sirius fit un signe de tête désolé à son filleul et sortit du bureau du directeur en premier, dévalant les marches trois par trois et courant aussi vite que lui permettait ses longues jambes. Par où devait-il commencer ? Aller chez lui pour vérifier que le livre était toujours là, signe qu’elle avait survécu ? Ou devait-il se rendre directement chez elle ? A moins qu’elle ne soit toujours au cimetière de Little Hangleton ?

Il atteignit la grille en courant et, ayant finalement pris sa décision, il transplana directement chez elle. Il se matérialisa au pied de sa porte et entra sans même frapper, ouvrant la porte de sa baguette. Il s’arrêta net et réprima un haut le coeur en découvrant la mare de sang qui s’étendait sous ses yeux.

Mais Hermione n’était pas là.

Sirius se força à ne pas paniquer et observa la trainée de sang qui menait à l’escalier. Il suivit la piste jusqu’à l’étage où il n’était jamais monté, le guidant jusqu’à la salle de bain dont la porte était grande ouverte. A l’intérieur, Hermione était assise à même le sol, adossée contre la baignoire et les vêtements pleins de sang, elle se tenait la tête dans les mains et pleurait.

— Hermione, murmura Sirius en s’agenouillant face à elle.

Hermione ôta ses mains et croisa le regard de Sirius. Mais, au grand étonnement de Sirius, les pleurs d'Hermione redoublèrent d’intensité en le voyant.

Il la serra contre lui, mais cela ne sembla pas la calmer.

— Tu avais raison ! lança Hermione entre deux sanglots. Mon plan… J’ai… tout raté. Cédric… Je n’ai pas pu le sauver. Il est… J’ai…

— Chut… Respire.

Sirius serra Hermione contre lui en disant ses mots, mais Hermione était trop bouleversée et il fallut un long moment pour que Sirius arrive à la calmer.

— Hermione, dis-moi où tu es blessée, souffla finalement Sirius en posant délicatement ses doigts près de la plaie qu’elle avait sur l’arcade.

— Je me suis désartibulée. J’ai reçu un maléfice d’Entrave pile quand j’ai transplané, mais ça va. A part m’empêcher de transplaner correctement, ça m’a juste coupé le souffle quelques instants.

Sirius grimaça. Vu la quantité de sang qui jonchait le sol du rez-de-chaussée, elle ne s’était pas ratée. Il demanda à Hermione de lui montrer sa blessure et Hermione étendit sa jambe. Le bas de son pantalon avait été grossièrement découpé et une grande estafilade barrait l’intérieur de son mollet, remontant jusqu’au bord de son genou. Ce n’était pas beau à voir, mais, au moins, l’entaille était refermée.

Hermione était extrêmement pâle et Sirius imaginait sans peine l’état de sa plaie un peu plus tôt ainsi que la douleur qu’elle avait dû ressentir. Il avait déjà vu des victimes de désartibulement et Sirius s’étonnait qu'Hermione ait réussi à se soigner sans s’évanouir.

— Tu dois te reposer, fit remarquer Sirius.

Hermione acquiesça, mais pas avant de se laver. Sirius sortit pour lui laisser l’intimité nécéssaire, bien qu’il resta à proximité jusqu’à ce qu'Hermione soit prête. Elle s’était débrouillée dans la salle de bain, mais elle en sortit en se traînant avec difficultés et Sirius la souleva en douceur pour la porter jusqu’à son lit, où il l’observa quelques instants avant de se forcer à partir.

— Je dois retourner à Poudlard, je reviendrai te voir.

Il déposa un baiser sur sa tempe non blessée avant de s’éloigner, soucieux. Une fois Sirius sorti, Hermione s’endormit presque aussitôt.








Lorsque Hermione rouvrit les yeux, elle fut surprise de voir Lily aux pieds de son lit.

— Lily ? s’étonna Hermione, la voix encore à moitié endormie.

— Oh Hermione ! Tu es réveillée ! Comment vas-tu ?

— Ça ira, grimaça Hermione. Mais qu’est-ce que tu fais là ?

— Sirius nous a prévenu. Je… je voulais m’assurer que tu allais bien et… te remercier… de ce que tu as fait pour Harry.

Hermione grommela. Elle aurait voulu faire plus. Si elle avait mieux réfléchi, elle aurait peut-être trouvé une solution pour sauver Cédric également.

— Il n’y a que moi. Sirius et James ont été envoyés en mission par Dumbledore. Ils doivent retrouver les anciens membres de l’Ordre….

— Je me doute, la coupa Hermione.

— Oui, bien sûr.

Un silence s’installa entre les deux femmes. Chacune était mal à l’aise pour des raisons différentes. Hermione se sentait coupable de la mort de Cédric et de la peine et de la culpabilité que cela allait causer à Harry. Lily, elle, avait l’impression d’avoir trahie Hermione lorsqu’elle l’avait laissée quitter sa maison après l’annonce de la participation de Harry au Tournoi.

— Je suis vraiment désolée, Hermione, dit finalement Lily.

— De quoi ? s’étonna Hermione.

— La dernière fois que je t’ai vue. Tu étais venue exprès pour nous rassurer alors que rien ne t’y obligeait. J’ai été dure avec toi. Et quand Sirius… Quand tu es partie, je n’ai même pas essayé de te retenir. J’aurais au moins dû revenir vers toi, pour voir comment tu allais.

— Lily, l’interrompit Hermione, c’est mieux que tu ne sois pas venue.

Lily dévisagea Hermione d’un air triste. Hermione lui répondit par un petit sourire puis elle se redressa avec difficultés. Elle émit l’envie de descendre et Lily lui servit d’appui jusqu’en bas.

Arrivées au rez-de-chaussée, Hermione reprit la parole.

— Si tu étais venue me voir, ça aurait été plus compliqué encore. Tu te rappelles pourquoi je me suis éloignée à l’époque ?

Lily répondit par l’affirmative.

— Mais il y a deux ans, tu t’étais rapprochée de nous pourtant. Et ça se passait bien. Tu arrivais à ne pas te parler de ton époque. On respectait ton silence. Tu semblais heureuse de nous avoir retrouvés, non ?

Hermione sourit en se rappelant ces quelques mois d’été passés avec Sirius et, bien que plus rarement, avec James, Lily et Remus.

— Oui… souffla Hermione. Mais c’était trop compliqué. Comment voulais-tu que je reste à vos côtés ? Et qu’aurais-je dû faire ? Encourager Sirius à poursuivre Peter alors que je ne voulais pas qu’il y arrive pour respecter le cours du temps ? Vous apporter mon soutien cette année alors que vous mourriez probablement d’inquiétude pour Harry ? Vous dire que tout irait bien alors que je savais que Voldemort reviendrait ? J’aurais eu encore plus l’impression de vous trahir.

Lily soupira. Elle comprenait.

— Mais maintenant que Voldemort est revenu, on va pouvoir se revoir, non ? Tu vas te battre à nos côtés ?

Hermione aurait tant voulu pouvoir répondre par l’affirmative à la question de Lily. A part Ginny, Hermione n’avait jamais eu d’amie. Elle n’était pas douée pour les amitiés entre filles et pourtant, se lier d’amitié avec Lily aurait été d’une simplicité incroyable, mais Hermione était résolue et secoua la tête, émue.

— Pourquoi ? demanda Lily, désappointée. Je comprends que, jusqu’à aujourd’hui, cela aurait été compliqué. C’est vrai, on n’aurait jamais accepté de te suivre aveuglément en sachant que, d’une certaine manière, tu visais le retour de Voldemort. Mais maintenant que c’est fait, on est du même côté. On peut se battre ensemble, non ?

Hermione était tendue. Bien sûr qu’ils étaient du même côté ! Mais il restait une étape importante, une étape à laquelle elle avait refusé de penser pour le moment, tant l’issue l'inquiétait… Avec un espoir fou, Hermione posa la question dont la réponse pourrait tout changer :

— Est-ce que Fudge a cru Harry ?

A cette époque, Harry n’était pas orphelin, il y avait une chance pour que Rita Skeeter l’ait un peu moins décrédibilisé sachant qu’elle ne pouvait pas utiliser sa peine pour expliquer sa soi-disant folie. Mais Lily répondit en secouant la tête d’un air triste. Malgré l’arrestation de l’imposteur sous ses yeux, l’entêtement sans bornes de Fudge n’avait pas d’égal.

— Mais je suis sûre qu’il comprendra vite qu’il a eu tort, tenta de la rassurer Lily.

— Désolée de te décevoir, mais non. Pas sans perte…

Le regard d'Hermione se perdit dans le vide en repensant à la soirée au département des Mystères. Cette soirée avait été essentielle pour la communauté sorcière. Le ministre avait enfin accepté de voir la réalité en face, mais Sirius y avait perdu la vie… Y avait-il un moyen autre que de laisser Voldemort pénétrer au Ministère pour que Fudge comprenne enfin ?

— Hermione ?

Hermione redressa la tête et essaya de masquer ses émotions, même si elle savait que c’était peine perdue.

— Je suis désolée Lily. Il reste une étape importante à laquelle je ne peux pas réfléchir si je reste avec vous.

— Hermione, j’aimerais tant pouvoir t’aider, gémit Lily d’une voix suppliante. Je ne peux qu’imaginer à quel point ce poids doit être lourd à porter. Dis-moi ce que je peux faire.

— Tu ne peux rien faire. Je dois prendre une décision et choisir d’intervenir ou non. Si j’interviens, je risque de tous nous condamner. Mais si je n’interviens pas, vous allez tous me haïr.

« Et je me haïrais moi-même… » pensa Hermione.

Lily resta sans voix, le sentiment d’impuissance lisible sur son visage.

— Je suis ravie que tu sois venue voir comment j’allais, reprit Hermione. Est-ce que tu pourras remercier Sirius pour moi ? D’être venu hier…

— Il s’en veut tu sais ? De ce qu’il t’a dit fin octobre.

Hermione esquissa un faible sourire. Elle s’en doutait. Elle connaissait bien le comportement emporté de Sirius maintenant. Mais au fond, tout ce qu’il avait dit ce soir-là était vrai. Elle aurait probablement préféré ne pas l’entendre, mais il avait vu juste.

— Je me doute. Oh Lily… Je… je suis désolée, mais… Je ne peux vraiment pas vous avoir à mes côtés. Il ne faut plus qu’on se voit. Du tout. Pas tant que je n’ai pas trouvé une solution. Et je dois le faire l’esprit libre. Promets-moi que tu ne reviendras pas. Et que tu ne laisseras pas Sirius venir me voir.

Lily ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Elle déglutit finalement et hocha la tête fébrilement.

— Je comprends… Je… Je te promets de ne pas revenir. Mais toi, quand tu le pourras, tu me promets que tu reviendras, hein ?

Hermione sourit devant la réaction de Lily.

— Je te le promets.

Lily et Hermione s’enlacèrent avec force. Elles se séparèrent, les regards chargés d’émotions. Elles ne savaient pas quand elles se reverraient, mais Hermione espérait qu’elle trouverait une solution pour que, lorsque leurs chemins se croiseraient de nouveau, Lily n’ait pas de raison de la haïr.








Sirius, allongé sur son lit, avait les yeux rivés sur le plafond sombre de sa chambre du 12 square Grimmaurd, cette maison qu’il avait tant haïe et qui allait voir renaître l’Ordre du Phénix. Sirius s’était réinstallé dans son ancienne chambre et il se maudissait régulièrement d’avoir eu l’idée de proposer ce lieu comme quartier général. Mais la demeure des Black, en plus d’être grande, avait l’avantage d’être à la fois bien cachée et bien placée dans le centre de Londres. Sirius n’avait juste pas anticipé que Dumbledore lui demanderait d’y rester au maximum pour assurer une présence régulière sur les lieux.

Après le retour de Voldemort, James et lui avaient rendu visite aux anciens membres de l’Ordre et tous avaient répondu présents, même Franck et Alice Londubat, qui, bien qu’ils avaient refusé de reprendre leurs postes d’Aurors après l’incident avec Bellatrix, étaient prêts à rejoindre les rangs de l’Ordre. Certains nouveaux éléments s’étaient ajoutés à l’ancienne équipe, comme Tonks, Kingsley, les Weasley ou encore Rogue, au grand malheur de Sirius. La lumière avait été faite sur son rôle d’espion lors de la dernière guerre, mais, malgré ce point et l’importance du rôle de l’ancien Mangemort, Sirius n’arrivait pas à passer outre sa haine pour son ancien camarade et savoir qu’il allait passer régulièrement chez lui ne lui faisait guère plaisir.

— Sirius ? Tu viens ?

La voix de Lily apporta un peu de chaleur dans cette ambiance froide qui régnait dans la demeure des Black. Sirius se releva immédiatement, prêt à rejoindre James et Lily pour aller accueillir Harry à King’s Cross. Sous conseil de Dumbledore, il avait été décidé que Harry resterait autant que possible chez lui, pour bénéficier de la protection que lui apportait la maison de Lily et James. Dumbledore était persuadé que le Harry qui s’était sacrifié à Godric’s Hollow avait transmis au petit Harry la protection que lui avait donnée sa mère à sa mort. Ainsi Harry était plus en sécurité chez Lily que nulle part ailleurs. Molly avait prévu de venir rapidement au quartier général avec tous ses enfants, voulant aider à faire de l’endroit un lieu plus chaleureux.

« Bon courage ! » avait marmonné Sirius.

La petite Hermione les rejoindrait probablement assez vite pendant les vacances. Sirius n’était pas ravi de devoir passer autant de temps à ses côtés alors que la Hermione qui lui importait vraiment avait bien fait comprendre à Lily qu’elle ne voulait pas les voir.

Sirius avait hésité à aller la voir quand même, ne serait-ce qu’une dernière fois, mais Lily avait été catégorique. Ils se disputaient rarement et, lorsque c’était le cas, James se gardait généralement bien de prendre parti, mais, cette fois, James s’était rangé du côté de Lily avec force et Sirius, bien qu’il n’avait toujours pas digéré qu’elle ait pris un risque aussi important en se retrouvant seule face à une dizaine de Mangemorts et Voldemort, avait finalement accepté à contre-coeur de ne pas se mêler de ce que faisait Hermione.

End Notes:
Ne me tapez pas, ne me tapez pas ! Laissez moi le temps de vous rassurer : ce n'est pas parce qu'Hermione a décidé de ne plus jamais voir Sirius que l'auteur va la laisser faire ^^

Bonne soirée et à bientôt !
Le 12, square Grimmaurd by Padfooot
Author's Notes:
Salut tout le monde ! 


Et voilà le chapitre 36 : Le 12, square Grimmaurd.

L’action se déroule entre les 4 et 6 août 1995.

    Dans l'épisode précédent :

    Voldemort est de retour. L'Ordre du Phénix vient d'être remis en place et Hermione a demandé, via Lily, à ce qu'ils ne cherchent pas à reprendre contact avec elle. Elle espère pouvoir trouver un moyen de faire ouvrir les yeux au Ministère quant au retour de Voldemort. 



Merci merci merci à Zelinara, ZoeyZweig, momo201093 et lbvpog pour vos reviews. ♥
Bonne lecture !

Hermione avait mis un peu de temps à se remettre de son accident de transplanage et à retrouver une aisance à marcher, mais cela ne l’avait pas empêchée de se dédier à la protection de Harry. Depuis que Harry était revenu de Poudlard, Hermione le filait régulièrement en gardant ses distances au maximum pour ne pas se faire elle-même repérer par les membres de l’Ordre qui devaient probablement suivre Harry, puisque James et Lily n’auraient jamais laissé Harry errer dans le quartier sans protection après le retour de Voldemort.

Hermione, assise sur un banc au bout de la rue des Potter, guettait patiemment, prête à suivre discrètement Harry s’il sortait seul de la maison. Mais même lorsqu’il en sortait, rien ne se produisait jamais. Les Mangemorts et Voldemort semblaient avoir adopté la même stratégie qu’à son époque et restaient dans l’ombre. Harry ne risquait donc probablement rien, mais Hermione restait attentive, au cas où.

Il lui avait semblé plus qu’improbable que l’attaque des Détraqueurs se répète. L’Ordre actuel comptait cinq membres actifs de plus que celui de son époque et, avec les Potter, les Londubat et Sirius en renforts, la probabilité pour que le tour de garde de Mondingus tombe pile le jour où les Détraqueurs seraient envoyés par Ombrage était vraiment faible. D’ailleurs, le 2 août était déjà passé et Harry n’avait pas été inquiété le moins du monde. Alors Hermione continuait à suivre Harry par principe, mais elle n’était vraiment pas soucieuse et profitait plutôt de ces moments d’inactivité pour penser à la suite.

Elle réfléchissait sans relâche à un plan pour convaincre le ministère de la Magie du retour de Voldemort sans pour autant devoir faire revivre la soirée au Département des Mystères, mais, jusque-là, elle n’avait rien trouvé, pas même une piste à explorer.

Un bruit familier tira Hermione de ses pensées. Elle tourna la tête vers la maison des Potter, attirée par le craquement caractéristique d’un transplanage. Le bruit était léger, bien assez pour qu’un Moldu ne puisse l’entendre, mais Hermione était trop attentive à toute trace de magie pour ne pas l’avoir remarqué. Hermione observa les alentours, mais ne vit rien. Comme toujours, la personne de garde devait être cachée sous une cape d’invisibilité. Hermione avait ses propres techniques pour ne pas se faire repérer. Régulièrement, elle changeait d’apparence grâce à du Polynectar qu’elle avait concoctée pour l’occasion, utilisant ses derniers galions ramenés du futur pour acheter les ingrédients nécessaires. Mais lorsque venait l’obscurité, elle ne se donnait pas toujours la peine de se déguiser.

Hermione se releva en voyant Harry sortir de chez lui et commença sa filature, gardant une distance importante pour ne pas se faire remarquer par le membre de l’Ordre qui suivait probablement Harry en ce moment même.

Harry avait pris son chemin habituel, ce qui permit à Hermione de le suivre sans difficulté malgré la nuit tombée. Elle avait fait ce chemin derrière lui tant de fois déjà qu’elle aurait pu marcher les yeux fermés.

Mais soudain, tout changea. Le ciel parsemé d’étoiles était devenu d’un noir d’encre. L’atmosphère douce et parfumée avait laissé place à un froid mordant et pénétrant. Hermione frissonna. Alors finalement, Ombrage avait bel et bien envoyé des Détraqueurs à cette époque aussi. Hermione se tendit, angoissée… Elle doutait être capable de s’occuper des Détraqueurs, mais, heureusement, Harry et elle n’étaient pas seuls. Hermione attendit en retenant son souffle que le membre de l’Ordre censé suivre Harry réagisse. Quelques secondes passèrent, mais personne n’intervint.

Hermione réalisa alors avec angoisse que le bruit de transplanage qu’elle avait entendu un peu plus tôt n’était pas un membre du Phénix qui arrivait, mais un qui repartait. Et personne ne semblait avoir pris la relève. Quelle était la probabilité pour que cette attaque se reproduise, à une date différente, encore une fois en l’absence de renfort ? Hermione se maudit intérieurement en se rappelant les paroles de Dumbledore ; le cours du temps avait une étrange tendance à se répéter…

Hermione sortit sa baguette et courut en direction de Harry, allumant au passage le bout de sa baguette d’un informulé. La douce lueur lui permit d’apercevoir Harry au moment où deux Détraqueurs s’approchaient de lui.

— Harry ! hurla-t-elle. Par ici, vite !

Le jeune sorcier la dévisagea un instant, étonné, avant de se précipiter dans sa direction. Hermione hésita. Elle n’était pas sûre d’être capable de repousser les Détraqueurs, mais elle était absolument certaine qu’ils seraient incapables de les distancer tous les deux.

— Harry, cria Hermione alors qu’il s’approchait d’elle. Tu dois rentrer chez toi, cours aussi vite que…

Mais Hermione ne put continuer sa phrase. L’un des Détraqueurs était déjà presque sur Harry et Hermione plongea en avant, se dressant entre la créature et le garçon.

Spero Patronum ! lança Hermione.

Un très léger volute de fumée s’éleva de sa baguette. Les créatures s’arrêtèrent un instant face à la lueur argentée, qui disparut immédiatement. Hermione recommença, mais sa tentative ne fut pas plus fructueuse, éclairant juste assez la scène pour remarquer que Harry s’était arrêté à côté d’elle au lieu de poursuivre jusqu’à chez lui.

— Cours !

Hermione savait que son ordre ne servirait à rien, elle connaissait bien trop Harry pour savoir qu’il ne l’écouterait pas. Elle se concentra. Elle devait tout faire pour le sauver.

Spero Pat…

Elle sentit les souvenirs noirs déferler en elle. Ils se dessinèrent tous sous ses yeux, l’un après l’autre : la torture aux mains de Bellatrix, la disparition de Harry sous l’apparence de James, les corps des Weasley flottant côte à côte…

— Harry, souffla Hermione avec difficultés. Aide-moi. Pense à un souvenir heureux. Un moment avec tes parents ou avec ton parrain. Quand tu as gagné la coupe de Quidditch. Celui que tu veux. Le plus heureux que tu aies…

Hermione prit une inspiration, essayant de faire abstraction de ses émotions qui prenaient le dessus. Elle trembla des pieds à la tête, revivant ces moments horribles avec une force incroyable. La douleur, l’angoisse, la peine… Elle aurait pu en hurler. Le désespoir l’emplissait entièrement, si fort qu’elle ne sentit pas la douleur lorsque ses genoux heurtèrent le sol.

Spero Patronum… tenta-t-elle encore.

Mais rien n’y faisait. Elle n’était plus capable de conjurer son Patronus. La loutre argentée ne viendrait pas les sauver.








Hermione entrouvrit les yeux en sentant des bras la saisir et la redresser. Tout était si sombre. Il faisait si froid. Elle ferma les yeux et se laissa traîner, essayant tant bien que mal de ne pas basculer vers l’avant. Ses forces l’avaient quittée, ses muscles ne répondaient plus. Elle n’avait pas conscience du temps écoulé.

— Mon Dieu, Harry ! Que s’est-il passé ?

Cette voix… Si douce… Elle connaissait cette femme. Elle aimait cette voix. Un court instant, le nuage de désespoir qui l’étouffait sembla se dissiper partiellement. Le soutien sous ses épaules s’effaça et quelqu’un la prit dans ses bras. Elle se laissa porter, incapable de faire autrement, incapable de comprendre ce qui se passait.

— Des Détraqueurs. Ils nous…

Cette voix aussi, elle la connaissait, mais on l’en éloignait. Elle aurait voulu rester à côté. Cette voix lui faisait du bien. Mais on l’en éloignait encore et, l’instant d’après, on la déposait sur une surface moelleuse. Aux bruits de pas, Hermione comprit que l’homme qui l’avait portée repartait, la laissant seule.

Et pourtant, peu après, une main se posa sur son front et Hermione frissonna. Ou du moins il lui semblait que c’était peu après… Combien de temps s’était-il écoulé depuis qu’on l’avait posée là ? Hermione sentit l’humidité sur ses joues avant même de prendre conscience de ses larmes. Elle essaya de les retenir, mais les scènes qui la hantaient se rejouaient dans ses pensées, l’empêchant de contrôler quoi que ce soit.

Elle sursauta lorsque la porte se ferma dans un léger claquement.

— Comment va-t-elle ?

Encore une voix connue, si semblable à celle dont on l’avait éloignée… Mais elle n’arrivait toujours pas à les associer à des visages, l’esprit encore bloqué sur cette scène qu’elle voulait oublier, la ramenant sans cesse face à un Poudlard en ruines.

— Elle est plutôt secouée.

— Tu penses qu’on devrait prévenir Sirius ?

— Non. Elle a été très claire et je lui ai fait une promesse. En plus, il est en mission pour l’Ordre cette nuit, non ?

Le coeur d'Hermione s’emballa. Elle essaya d’ouvrir les yeux, mais elle n’y arrivait pas, la laissant dans l’ombre. Ces voix l’attiraient. Comme si elles la guidaient loin de ses pensées noires. Elle voulait les rejoindre. Elle voulait ouvrir les yeux. Mais le désespoir était toujours là, trop ancré en elle, trop fort… Et ses yeux restèrent clos.

— Bois ça, ça ira mieux.

Hermione se laissa faire. Le liquide avait un goût amer, mais ce fut sa dernière pensée avant que l’obscurité ne l’emporte.








— Ah Lily, te voilà !

Lily venait d’arriver au Square Grimmaurd, elle n’était encore jamais venue puisqu’elle avait passé le mois de juillet chez elle, en compagnie de Harry et de James, lorsqu’il n’était pas en mission pour l’Ordre. Elle observait les murs sombres, mal à l’aise.

— Bonjour Sirius ! Harry et James sont partis avec Remus et les autres il y a un certain temps maintenant. Ils ne devraient plus tarder je pense.

Sirius s’était proposé comme volontaire pour l’expédition, mais ils étaient déjà assez nombreux et, en tant que propriétaire de la maison, sa présence au quartier général était souvent appréciée pour l’organisation des réunions. Sirius avait été déçu de ne pouvoir les accompagner, mais, au moins, il n’aurait pas à subir les lubies de Maugrey.

— A moins qu’Alastor ne les fassent passer par le Groenland, marmonna Sirius, amusé.

Des pas résonnèrent derrière eux. Sirius se retourna, toujours le sourire aux lèvres, mais sa bonne humeur retomba aussitôt.

— Bonjour Lily.

Sirius émit un faible grognement. Rogue devait faire son rapport ce soir, ils n’attendaient plus que les membres de la garde rapprochée de Harry pour commencer la réunion. Lily et Rogue s’étaient revus à Poudlard en fin d’année dernière, après la troisième tâche et Sirius avait découvert avec étonnement et dégoût que son vieil ennemi semblait toujours attaché à Lily. Sirius laissa à peine le temps à Lily de saluer Rogue puis il passa son bras par dessus ses épaules et la guida vers les étages pour lui faire découvrir les lieux. Lily avait prévu de passer le reste de l’été au quartier général pour rester avec Harry jusqu’à la rentrée.

Sirius n’avait même pas fini de faire le tour de la demeure avec Lily que Bill les rejoignit pour leur annoncer que la réunion allait pouvoir commencer. James, Harry et les autres étaient arrivés sains et saufs. Sirius referma la porte de l’ancienne chambre de sa mère, qu’il avait aménagée pour y installer Buck, et descendit en compagnie de Bill et Lily pour se rendre à la réunion. Ils croisèrent Molly qui redescendait après avoir accompagné Harry jusqu’à sa chambre, où l’attendaient Ron et Hermione.

Ils devraient attendre la fin de la réunion pour avoir le récit du jeune homme sur l’attaque des Détraqueurs qui avait eue lieu seulement deux jours avant. Sirius n’avait pas voulu interroger Lily dès son arrivée et attendait avec impatience de savoir ce qui s’était réellement passé et comment Harry avait pu s’en tirer face à des Détraqueurs alors qu’il n’avait jamais appris à lancer le sortilège que le ministère l’accusait d’avoir fait.

Heureusement la réunion ne s’éternisa pas et les différents membres de l’Ordre se dispersèrent. Sirius resta à l’intérieur de la cuisine, discutant avec James, en attendant l’arrivée des enfants que Molly était partie chercher.

— CRACBOUM !

Sirius soupira en entendant le bruit sec en provenance du hall. Les vociférations de sa mère ne tardèrent pas et Sirius se leva en hâte, se précipitant vers le tableau et lui ordonnant de se taire. La vieille femme du portrait pâlit en le voyant arriver.

Oouuuuu ! hurla-t-elle. Traître, abomination, honte de ma chair et de mon sang !

— Je t’ai dit de te TAIRE ! gronda Sirius, parvenant à refermer le rideau avec l’aide de Remus.

Le silence revint et Sirius se retourna, faisant face à Harry pour la première fois depuis fin juin.

— Salut, Harry ! Je vois que tu as déjà fait connaissance avec ma mère. Elle est charmante, n’est-ce pas ? fit Sirius, sarcastique.

Tout le monde se regroupa alors dans la cuisine, s’installant autour de la table. Pendant que certains s’affairaient en cuisine et que Bill et Arthur rangeaient un plan du ministère que Molly leur reprocha de ne pas avoir rangé avant l’arrivée des enfants, Sirius présenta à Harry la seule personne qu’il ne connaissait pas encore : Mondingus Fletcher.

Ils avaient hésité à accepter la présence de Mondingus ce soir vu qu’il avait abandonné son poste deux jours avant pour l’une de ses magouilles, laissant le champ libre pour les Détraqueurs, mais la colère de Dumbledore avait été si forte que tout le monde avait eu assez pitié de lui pour ne pas en rajouter une couche. Et puis ils avaient besoin de lui dans l’Ordre.

Sirius prit place en bout de table et Pattenrond vint aussitôt se blottir sur ses genoux en ronronnant. Sirius le gratta derrière les oreilles d’un air distrait tout en expliquant à James, Lily et Harry le quotidien au 12, square Grimmaurd, les informant de leur avancée dans le grand ménage qui avait commencé sous les directives de Molly et que Sirius supervisait quand il n’était pas au ministère ou en mission pour l’Ordre.

— Fred ! George ! NON ! PORTEZ LES NORMALEMENT !

En entendant la voix de Molly, Sirius se retourna. Il plongea sous la table en même temps que les Potter et Mondingus, évitant de peu de se prendre le contenu du grand chaudron de ragoût.

En se relevant, Sirius remarqua le couteau planté pile à l’endroit où sa main se trouvait quelques instants plus tôt. Il n’écouta pas la diatribe de Molly, trop amusé par ce qu’avaient fait les jumeaux.

— Désolé Sirius, mon vieux… s’excusa Fred en reprenant le couteau. Je n’avait pas l’intention de…

Sirius et les Potter éclatèrent de rire. Le dîner se déroula tranquillement et aucun sujet fâcheux ne fut abordé, Sirius se contentant pour l’instant de parler de sujets basiques avec Harry et ses parents, qui avaient pris place à sa gauche. Tonks s’était assise face aux Potter et amusait Hermione et Ginny avec ses talents de Métamorphomage. Molly, qui s’était positionnée près de Lily, discutait avec elle de l’aide qu’elle pourrait lui apporter pour nettoyer les lieux et Sirius comptait bien profiter de la présence de Lily pour lui donner carte blanche sur ce qui devait être jeté et ainsi prendre ses distances de cette tâche au profit de ses missions pour l’Ordre. Arthur, Bill et Remus étaient plongés dans une grande discussion sur les gobelins. Mondingus était parti s’asseoir à l’autre bout de la table avec Ron et les jumeaux et, vu leurs rires, il était plus que probable que le récit de Mondingus ne concernait pas une de ses actions les plus honnêtes.

— Alors Harry, tu n’es pas trop inquiet pour ton audience au ministère ? demanda Arthur alors que le dîner prenait fin.

— Non, ça va, répondit Harry, la voix légèrement plus rauque qu’à l’ordinaire.

— Ne t’inquiète pas, Harry ! intervint Hermione. Je te l’ai dit tout à l’heure, ils ne peuvent pas te renvoyer. Tu as agi ainsi pour te défendre…

— Et nous serons avec toi, rassura Lily.

Harry hocha la tête. Il releva la tête vers Sirius.

— Tu m’accompagneras aussi ?

— Je ne peux pas, s’excusa Sirius. Il ne vaut mieux pas qu’un membre du ministère me voit avec ton père et toi.

— Pourquoi ?

Après le retour de Voldemort, Fudge était passé dans les bureaux du ministère pour s’assurer que personne n’avait de contact avec Dumbledore. Ses alliés pouvaient tout de suite prendre la porte. James n’avait pas supporté de voir Fudge insinuer devant tous ses collègues que son fils était un menteur et avait posé sa démission immédiatement.

Sirius avait eu beaucoup de mal à garder son sang-froid et à ne pas en faire autant, mais la présence de membres de l’Ordre au sein du ministère était un vrai atout et il s’était efforcé de ne pas suivre les traces de son meilleur ami. Scrimgeour avait convoqué Sirius pour voir ce qu’il comptait faire, suivre James ou rester, et Sirius avait été obligé de faire semblant de renier son ami en face de son patron. Il doutait que Scrimgeour ait réellement été dupe, mais Sirius avait tout de même eu le droit de conserver son poste.

— C’est important que l’Ordre conserve un maximum de membres au sein du ministère. Si on me voyait avec James, cela confirmerait de quel côté je suis. Depuis son départ, j’essaye de me comporter comme un employé modèle, ajouta Sirius avec un clin d’oeil en direction de James

— Ce qui n’est pas évident sans ton fidèle partenaire pour vérifier ta paperasse, fit remarquer James en lui donnant un tape dans le dos.

Sirius rit de bon coeur.

— Et du coup, raconte-nous, dit Georges.

— Oui ! C’était vraiment des Détraqueurs ? demanda Fred.

Harry s’exécuta, racontant ce qu’il avait ressenti avec la présence des Détraqueurs.

— Il faisait sombre, je ne voyais vraiment rien. Et d’un coup, il y avait de la lumière. J’ai aperçu deux Détraqueurs qui s’avançaient vers moi.

— Qui a lancé le Lumos si ce n’est pas toi ? l’interrogea Ginny.

— Il y avait une femme derrière moi.

Sirius se crispa, soudain encore plus attentif.

— La même que celle qui m’a aidée en juin, expliqua Harry à l’attention de Ron et Hermione.

Sirius dévisagea James avec colère. Comment avait-il pu lui cacher cela ? Ils ne s’étaient pas vus depuis que c’était arrivé, mais il aurait tout de même pu trouver un moyen de le prévenir.

— J’ai couru vers elle. Elle voulait que je courre jusqu’à la maison, mais les Détraqueurs étaient déjà sur nous, alors je suis resté. Elle essayait de conjurer un Patronus, mais elle n’a pas réussi. Alors elle m’a dit de penser à un souvenir heureux et d’essayer à mon tour.

— A quoi as-tu pensé ? s’enquit Remus, très intéressé.

— A la coupe de Quidditch en troisième année.

— Et tu as réussi avec ça ? s’étonna Remus.

— Non, je n’arrivais à rien. Il faisait de plus en plus froid. La femme est tombée, elle était inconsciente. L’un des Détraqueurs s’est penché sur elle.

Sirius était tendu, observant James et Lily dans l’espoir qu’ils lui disent quelque chose, mais ses amis évitaient son regard, se focalisant sur le récit de leur fils.

— Et je ne sais pas pourquoi, poursuivit Harry, mais le visage d'Hermione m’est apparu. Puis celui de Ron. J’ai réessayé en pensant à eux et un cerf argenté est sorti de ma baguette.

— Impressionnant, fit remarquer Bill, songeur.

Les commentaires sur la performance de Harry fusèrent, mais Sirius n’y fit pas attention. Il ne remarqua pas non plus la question de Ginny portant sur l’identité de l’ange gardien de Harry. Sirius était trop inquiet pour faire attention à cela. Il donna un coup de pied à James sous la table pour le faire réagir. Son meilleur ami grimaça suite au coup sec sur son tibia et se tourna vers lui, mal à l’aise.

— Elle va bien, lui confia James à voix basse.

Sirius poussa un soupir rassuré et releva la tête, prêt à suivre les conversations, mais il remarqua le regard d'Hermione braqué sur lui. Sirius se figea.

— Vous la connaissez ? réalisa Hermione, intriguée.

Tout le monde se tourna vers Hermione, puis vers Sirius. Sirius se sentit dépassé. Il croisa les regards de Remus, James et Lily, espérant y trouver un soutien.

— Oui, nous la connaissons, répondit finalement Lily.

— Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé ? s’enquit Harry, irrité.

— Parce que je n’en ai pas le droit.

— Mais si ça me concerne ? insista Harry. J’ai tout de même bien le droit de savoir pourquoi cette femme est prête à se sacrifier pour moi !

— Tout ce que tu as à savoir c’est ce que t’a dit Dumbledore l’an dernier. Elle veille sur toi pour ce que tu représentes dans la guerre contre Voldemort.

Harry ouvrit la bouche, la réponse ne semblant pas lui suffire.

— Je ne te dirai rien d’autre, fit remarquer Lily, sévère.

— Dites moi au moins qui c’est, supplia Harry en s’adressant à James et Sirius.

— Non, Harry. Tu en sais bien assez, répliqua James d’un ton sans appel.

Devant le regard insistant de son filleul, Sirius fronça les sourcils d’un air sévère qu’il n’avait encore jamais pris face à lui. Molly vint au secours de Sirius en insistant pour que tout le monde aille se coucher. Un peu plus tard, Sirius, Remus, James et Lily se retrouvèrent seulement tous les quatre dans la cuisine.

— N’oublie pas de jeter un sort d’impassibilité sur la porte, fit remarquer Remus alors que Sirius fermait la porte derrière lui.

Sirius s’exécuta et vint s’asseoir à côté de ses amis.

— Sirius, tu aurais dû faire plus attention ! reprocha Lily.

— Et vous auriez dû m’en parler avant ! Comment avez-vous pu me cacher ça ?

— Sirius, tu te doutes bien que si ça n’allait pas, on t’aurait prévenu !

— Mais c’était des Détraqueurs Lily, s’énerva Sirius. Elle ne peut pas lancer de Patronus. Pas après tout ce qu’elle a vécu ! Tu… Elle a dû avoir si… Comment pouvais-tu penser que je ne réagirais pas en apprenant ça ? Tu aurais dû m’en parler !

— Et quand est-ce que tu voulais que je t’en parle ? On a eu à peine dix minutes entre mon arrivée et celle de Harry. Tu voulais que je te raconte ça dans les couloirs ? railla Lily. Pour le coup, avec les jumeaux et leurs Oreilles à Rallonge, ce n’aurait pas été plus discret que ton commentaire à table !

— Tu aurais pu m’écrire ou utiliser le miroir ou…

— Arrêtez tous les deux ! intervint Remus. La situation n’était simple pour personne. Mais au final, qu’est-ce que ça change ?

— Comment ça ? s’étonna James.

— D’accord, Hermione a compris que Sirius connaissait… Hermione, hésita Remus, butant sur l’incongruité de la situation. Mais on commence à les connaître ces trois là, ils aiment bien jouer les détectives. Et ils ont suffisamment d’indices. Tout d’abord, elle était avec vous à Godric’s Hollow en 1981. L’an dernier, quand on a appris qu’elle était blessée, Sirius a dû partir en urgence. Et là, elle débarque au milieu de nulle part et vous l’accueillez chez vous le temps qu’elle aille mieux. Pas besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre que vous en savez plus que vous n’en dites. C’est évident qu’ils auraient posé des questions, même sans la gaffe de tout à l’heure.

— Oui, sûrement, admit Lily, mal à l’aise.

— On peut au moins s’estimer heureux que Sirius ait lancé un Fidelitas, continua Remus. Sinon, ils auraient tout compris. Sans le Fidelitas, Harry aurait clairement reconnu Hermione. La preuve, son inconscient a compris lui. C’est le sentiment d’amitié qu’il a éprouvé en voyant Hermione en danger qui lui a permis de conjurer un Patronus aussi puissant alors qu’il n’en avait jamais lancé jusque-là.

End Notes:
Oui, je sais, j'aurais pu ne pas mettre de Détraqueurs, mais j'aime le drame alors je les ai mis quand même :) Et puis comme ça Harry aura "appris" à jeter un Patronus. Je pense qu'Harry est du genre à apprendre sur le tas quand la situation le nécessite donc voilà ! Après c'est sûr qu'un petit stage Patronus avec tonton Remus ne ferait pas de mal ;)


Promis, on retrouvera bientôt du Sirmione (grande Mione, pas petite cette fois ^^)
L'avertissement by Padfooot
Author's Notes:
Hello hello ! 


Me voici avec le chapitre 37, qui a pris un peu de retard avec les fêtes : L'avertissement.

L’action se déroule entre le 7 septembre et le 19 décembre 1995.

    Dans l'épisode précédent :

    Hermione a aidé Harry face aux Détraqueurs, mais elle commence à attirer l'attention du trio qui ne dit jamais non à percer un nouveau mystère. 




Bonne lecture !

— Mais quelle garce celle-là !

Sirius fronça les sourcils en entendant la voix de James résonner au bout de la pièce. Alors que son meilleur ami s’approchait d’un pas rageur, Sirius bailla, éreinté. Il venait encore de passer une nuit au ministère à garder la prophétie et il n’avait que quelques minutes devant lui avant de retourner travailler.

— Tiens, lis ça.

Sirius prit la lettre que James lui agitait sous le nez.

— Qui est une garce ? demanda Remus en entrant dans la cuisine.

— Ombrage, maugréa James.

— Ah…

Remus n’avait pas besoin d’en dire davantage, ses traits tendus parlaient pour lui. Il la détestait. Ombrage était à l’origine des textes de loi anti loup-garous parus bientôt deux ans auparavant et, à cause de cela, Remus n’avait pas été capable de retrouver un travail décent depuis sa démission de Poudlard.

La lettre provenait de Harry. Sirius comprit très vite la réaction de son meilleur ami en lisant le récit de Harry sur ses retenues avec Ombrage et sa punition avec une plume à sang. Harry parlait également de son inquiétude d’avoir eu mal à sa cicatrice en sa présence. Une fois sa lecture terminée, Sirius la replia et la rendit à James sans un mot.

— Il faut que je trouve un moyen de lui parler, fit James, soucieux.

— Attends la sortie à Pré-Au-Lard, proposa Remus.

— Non, le plus tôt serait le mieux.

— Il y a toujours la cheminée… dit Sirius, songeur.

Le visage de James s’illumina. Un instant, Sirius eut une sensation de déjà vu en voyant l’expression espiègle de James et la réaction dépitée mais résignée de Remus. Sirius éclata de rire. Un peu plus et il se serait cru à Poudlard après avoir proposé de faire une farce aux Serpentard.

— Je ferai ça ce soir avec toi si tu veux, proposa Sirius.

— Je ne sais pas ce que vous avez prévu tous les trois ce soir, mais je pense que tu ferais mieux de dormir un peu Sirius.

Lily venait d’entrer dans la cuisine également. Ils n’étaient plus que quatre membres permanents au 12, square Grimmaurd, Molly étant retournée au Terrier après le départ de ses enfants pour Poudlard. Elle revenait de temps en temps en journée pour aider Lily à rendre la maison plus présentable, mais ne dormait plus au quartier général. James et Lily repartaient parfois chez eux quelques jours, mais passaient la majorité de leur temps ici, probablement pour soutenir Sirius, obligé de rester au quartier général. Les autres visiteurs ne venaient que pour faire leurs rapports ou pour les réunions.

Remus partait régulièrement pour quelques jours, essayant de se lier avec les loups-garous pour les convaincre de se rallier à Dumbledore. James passait ses journées à essayer de rallier des sorciers à leur cause tout en passant ses soirées à suivre des Mangemorts, mais rien d’intéressant ne se passait jamais. Malefoy, par exemple, rentrait toujours directement chez lui après ses journées au ministère sans plus en sortir — du moins pas par le portail du manoir, seul moyen qu’ils pouvaient surveiller efficacement — et les autres ne semblaient pas plus actifs. Sirius, quant à lui, avait conservé son poste d’Auror, suivait de près l’organisation des réunions ou les rapports et passait au moins une nuit par semaine à garder la prophétie.

— Lily a raison, admit Remus. Tu devrais te reposer un peu. Tes cernes sont presque aussi belles que les miennes.

Sirius émit un rire semblable à un aboiement.

— J’en suis encore loin, le taquina Sirius.

— N’empêche que tu devrais te reposer, renchérit Lily. Tonks est beaucoup trop fatiguée aussi. D’ailleurs, j’ai réussi à la convaincre de venir passer le week-end avec nous.

— Elle n’aurait pas été plus tranquille chez elle pour se reposer plutôt ? s’étonna Remus.

La remarque de Remus avait du sens, mais Sirius savait très bien pourquoi Lily avait invité Tonks. Remus faisait semblant de ne pas le remarquer, mais Tonks semblait beaucoup apprécier la compagnie de leur ami et Lily ne comptait pas laisser Remus saborder cette possibilité de relation à cause de sa lycanthropie.

Sirius ne se joignit pas à la conversation sur Tonks. Il n’avait pas vu le temps passer, mais, en regardant sa montre, il remarqua qu’il allait être en retard s’il ne se dépêchait pas. Il termina son petit déjeuner en hâte avant de se précipiter au ministère.








Un mois après l’apparition de James dans la cheminée des Gryffondor, ils eurent des nouvelles intéressantes en provenance de Poudlard. La sortie à Pré-Au-Lard avait eu lieu ce week-end, mais ni James, ni Sirius n’avait pris le risque de les y rejoindre, ne voulant pas donner de raisons supplémentaires à Ombrage de s’en prendre à Harry.

Ce soir, en ouvrant la porte du square Grimmaurd, Sirius avait été étonné à la vue de son visiteur impromptu : une étrange sorcière enveloppée d’un voile noir et épais, de laquelle émanait une forte odeur d’alcool rance. Sirius plissa le nez et la sorcière retira son voile, laissant apparaître le visage de Mondingus Fletcher.

— Il s’est passé quelque chose, dit Mondingus en se dirigeant vers la cuisine.

— Que se passe-t-il ? Tu n’étais même pas censé travailler pour l’Ordre aujourd’hui, commenta Sirius, les sourcils froncés.

— Si. J’ai échangé avec Diggle pour surveiller Harry à Pré-Au-Lard. Je l’ai suivi à la Tête de Sanglier. Ils…

Comprenant que la présence de Mondingus était liée à Harry, Sirius l’arrêta net en levant une main autoritaire et appela James et Lily — les seuls membres de l’Ordre actuellement présents — à les rejoindre à la cuisine.

— Ah James ! fit l’escroc en le voyant arriver. Ton fils est dans de beaux draps. C’est la petite qui a eu l’idée, la fille là… Hermione.

— Quelle idée ? demanda Lily.

Mondingus raconta alors tout ce qui s’était passé.

— Un groupe de défense ? répéta Sirius en souriant.

James adoptait le même sourire fier que son ami.

— Ils sont complètement fous, se lamenta Lily. Ils vont s’attirer des ennuis.

— Et alors ? firent James et Sirius d’une même voix.

Lily poussa un soupir dépité.

— Lily, je ne vois pas où est le problème. Harry n’est déjà pas en bons termes avec le ministère de toute façon, fit remarquer James. Et par conséquent ses amis non plus. Et ils n’ont rien fait de mal par rapport aux règlements, non ? Je suis sûre qu'Hermione a été très attentive à ça…

Sirius eut un rictus amusé.

— Allez Lily. C’est une super initiative, insista James.

Lily finit par admettre qu’elle était fière également, même si elle restait mal à l’aise.

— Je suis assez curieux de savoir ce qui se passerait si l’un d’eux ne tenait pas sa langue après voir signé ce document, lança Sirius avec un sourire malicieux.

— A mon avis, Hermione ne les raterait pas, renchérit James en riant.

James et Sirius décidèrent de retrouver Harry dans la cheminée de leur salle commune le lendemain. James envoya donc un message à son fils pour le prévenir en indiquant le moins d’éléments possibles au cas où la lettre serait interceptée.

Le lendemain soir, à la même heure où James avait parlé aux jeunes Gryffondor un mois plus tôt, James et Sirius s’agenouillèrent face à la cheminée. Un instant plus tard, leurs têtes apparaissaient à Poudlard devant Harry, Ron et Hermione.

Ils transmirent à Ron le message de Molly, lui interdisant de participer à ce groupe de défense, mais l’avertissement manquait de conviction puisque James et Sirius félicitèrent chaleureusement les trois jeunes élèves pour leur initiative. Le champ de vision de Sirius était parfois dérangé par la patte de Pattenrond qui semblait essayer de la poser sur sa tête en un geste affectueux. Après que Sirius ait tenté de l’éloigner sans succès, Hermione le saisit et le mit sur ses genoux, empêchant l’animal de se brûler les pattes.
Alors que le petit groupe essayait de décider du lieu qui pourrait servir à accueillir ses réunions, Sirius proposa la Cabane Hurlante, ce à quoi Hermione s’opposa en émettant un grognement sceptique, qui vexa Sirius. Mais les arguments de la jeune sorcière étaient cohérents, ils étaient bien trop nombreux pour la Cabane Hurlante.

— Tu as raison, répondit Sirius, un peu dépité. Mais je suis sûr que vous trouverez un endroit. Il y avait un passage secret assez spacieux derrière le grand miroir du quatrième étage, vous auriez peut-être assez de place pour y pratiquer des maléfices.

— Non, je suis allé voir, il y a eu un éboulement, il y a très peu de place maintenant, répondit Harry en secouant la tête.

— Ah… murmura Sirius avec un froncement de sourcils.

Mais il s’arrêta soudain, alerté par un léger bruit. Il tourna la tête vers James, qui s’était tendu également. Ils disparurent, retournant au Square Grimmaurd en hâte, mais c’était probablement trop tard. Ils avaient été aperçus à partir d’une autre cheminée de Poudlard et il y avait de bonnes chances pour que ce soit par Ombrage.

Et effectivement, le lendemain matin, Sirius fut convoqué dans le bureau de Scrimgeour qui lui annonça que le ministre avait eu confirmation que Sirius était fidèle à Potter et donc à Dumbledore et que, par conséquent, il était renvoyé. Sirius savait que le ministère n’avait aucune preuve et qu’il aurait pu se battre pour garder son poste, mais il avait mieux à faire de son temps. Il rangea ses affaires et repartit au square Grimmaurd. Il serait probablement mis sur des missions de surveillance de Mangemorts connus, comme James. Son seul vrai souci était de ne plus pouvoir participer aux gardes de nuit sur la prophétie. Ces tâches étaient lourdes et fatigantes et il était déjà compliqué de passer la nuit entière sans s’endormir, mais, maintenant, entre Podmore et lui en moins sur le roulement, ses camarades allaient avoir d’autant plus de mal à assurer la surveillance dans de bonnes conditions.








Les derniers mois d'Hermione avaient été chargés, passés à réfléchir inlassablement et chercher une solution pour que le ministère ouvre les yeux sur le retour de Voldemort et ainsi empêcher la nécessité de revivre les évènements au Département des Mystères. Hermione avait fini par démissionner de son emploi moldu pour pouvoir prendre son rôle au sérieux, mais, malgré le temps qu’elle avait à sa disposition et les réflexions sans fin, elle n’avait pas trouvé la moindre piste. Tout ce dont elle se rappelait sur le futur avait été noté et étudié en profondeur, essayant de trouver un point dans l’histoire qui lui permettrait de changer le cours du temps sans risque. Mais rien n’y faisait. Le ministère était bien trop obstiné, décidé à fermer les yeux sur le moindre élément qui pourrait confirmer le retour de Voldemort.

Finalement, Hermione avait pris une décision. Après des mois sans trouver de solution, elle n’avait pas eu le choix. Il était temps d’agir. Le lendemain, Mr Weasley serait attaqué par Nagini et tout allait s’enchaîner. Harry et les Weasley arriveraient au square Grimmaurd, entraînant un moment la colère de Sirius sur Kreattur et la fuite de l’elfe chez Bellatrix Lestange. Et quelques mois après, la soirée au Département des Mystères suivrait. Hermione ne pouvait prendre le risque de voir cet évènement arriver.

Peut-être que rien ne se passerait comme à son époque. Peut-être que, avec James et Lily en renforts, Sirius n’aurait pas à craindre pour sa vie. Peut-être que sans son passé sombre à Azkaban, Sirius ne s’énerverait pas contre l’elfe. Peut-être que la relation de Harry et Sirius serait moins flagrante qu’à son époque et que Voldemort n’aurait pas l’idée d’attirer Harry de cette manière. Peut-être même qu’il choisirait un tout autre moyen d’attirer Harry dans la salle des prophéties. Probablement même, mais Hermione était incapable de savoir ce qui allait se passer, et la seule chose dont elle était sûre, c’était que la discussion entre Kreattur et Bellatrix avait été à l’origine du plan de la soirée qu’elle voulait éviter.

Quoi qu’il arrive, Hermione ne pouvait pas prendre le risque de laisser Sirius courir à sa mort. Il ne méritait pas qu’elle le laisse mourir juste pour préserver l’Histoire. James, Lily et Remus ne lui pardonneraient jamais. Et surtout, elle ne se le pardonnerait jamais… Elle avait beau tout faire pour garder ses distances avec lui, elle ne pouvait pas nier ses sentiments.

Alors tant pis si elle devait passer les prochains mois à suivre des Mangemorts à la recherche de preuves, et tant pis si elle devait risquer sa vie chaque jour pour compenser et essayer de convaincre le ministère autrement. Sa décision était prise. Ce soir, elle irait prévenir Sirius.

Hermione avait marché jusqu’au Square Grimmaurd, trop tendue pour y transplaner directement et préférant profiter de la fraicheur nocturne pour reprendre ses esprits et se préparer mentalement. Lorsque Hermione arriva au square, elle observa les numéro 11 et 13 puis pensa au 12 jusqu’à ce que le perron du quartier général se matérialise sous ses yeux.

Hermione regarda la cloche du coin de l’oeil, mais ne l’actionna pas, sachant très bien le capharnaüm que cela engendrerait à l’intérieur. Elle entra en silence.

Hominum Revelio, murmura Hermione.

Grâce à ce sortilège, Hermione remarqua qu’il n’y avait qu’une seule personne dans la maison. Elle entra donc et parcourut le hall le plus silencieusement possible pour ne pas risquer de réveiller la mère de Sirius dont les ronflements sonores faisaient vibrer le rideau qui la recouvrait.

Hermione descendit à la cuisine, toujours sans un bruit. La porte était ouverte. Sirius ne la vit pas tout de suite, trop absorbé par les documents qu’il étudiait et elle en profita pour l’observer un instant, le sourire aux lèvres. A son époque, Sirius était tellement amer de passer du temps dans la demeure des Black qu’il était devenu presque aussi lugubre que les murs autour de lui. Mais cet homme face à elle n’était pas le même.

Après ces derniers mois à angoisser sur le département des Mystères et le sort de Sirius, Hermione ressentit un élan de bonheur en le découvrant en vie et en forme malgré sa présence dans la maison de son enfance. Hermione s’avança dans la pièce et Sirius releva la tête en l’entendant entrer. L’étonnement teinta son visage. Il se leva en hâte, inquiet et contourna la table.

— Hermione… Tout va bien ?

Hermione le rassura d’un simple hochement de tête, fébrile. Elle n’avait pas pensé que le revoir lui ferait autant d’effet. Elle se perdit immédiatement dans le regard gris acier de Sirius et son coeur s’affola.

— Tu m’as manqué, souffla Sirius avec émotions.

Hermione afficha un sourire timide en voyant que Sirius semblait aussi en proie à de fortes émotions. Il lui avait tant manqué et il était là, si proche d’elle. Mais elle devait reprendre ses esprits ! Elle devait lui dire que rien n’avait changé et qu’elle était juste venue lui donner une information importante.

Elle s’apprêta à ouvrir la bouche pour le lui dire, mais les lèvres de Sirius se plaquèrent sur les siennes. Elle se recula, surprise, et regarda Sirius qui la dévisageait dans l’attente d’une réaction, un léger sourire en coin.

En un instant, tous ses soucis autour du département des Mystères s’envolèrent. Il n’y avait que Sirius.

Hermione combla les quelques centimètres qui les séparait et rendit son baiser à Sirius, d’abord timidement, puis en plaquant ses mains derrière sa nuque, l’attirant à elle. Sirius la serra dans ses bras au même moment et Hermione sentit son coeur s’affoler encore davantage. Sirius desserra légèrement son emprise pour l’observer avec un sourire charmeur. Puis il l’embrassa passionnément, lui faisant complètement oublier où elle était et pourquoi. Seules comptaient les délicieuses sensations qui naissaient de cette étreinte et la chaleur qui déferlait en elle. Alors que ses doigts remontaient pour caresser sa nuque et que ses baisers se faisaient plus ardents encore, Sirius plaça fermement sa main libre contre sa hanche et la plaqua contre lui de plus belle.

— Hum hum.

Hermione et Sirius mirent immédiatement fin à leur baiser. Hermione lâcha Sirius en hâte, ayant trop souvent entendu ce son lors de sa scolarité pour ne pas reconnaître l’identité de l’intrus. Sirius, lui, ne relâcha complètement son étreinte qu’en découvrant le visage blafard de leur visiteur.

— Pitié Black. Te supporter est déjà bien suffisant, te voir dans l’intimité serait trop demander. Pourrais-tu au moins faire tes cabrioles dans ta chambre ?

— Je suis chez moi à ce que je sache, Servilus ! s’énerva Sirius. Tu aurais pu prévenir de ton arrivée.

Les deux sorciers s’affrontèrent du regard avec haine.

— On a un point urgent à voir. A moins que tu n’aies besoin d’un moment pour te… ressaisir, fit Rogue avec un rictus moqueur.

— Ça ira merci, ton apparition est plus efficace qu’une douche froide, gronda Sirius.

Le rictus de Rogue s’agrandit davantage encore face à la réaction de son ennemi d’enfance.

— Tu peux m’attendre là-haut ? demanda Sirius à Hermione, forçant sa voix à retrouver un peu de de douceur.

Encore un peu choquée par l’intrusion de son ancien professeur, Hermione acquiesça sans réfléchir et sortit. Rogue claqua la porte derrière elle, la laissant reprendre ses esprits, haletante et le coeur battant.








Rogue était venu prévenir Sirius que Ombrage était bien trop attentive au moindre mouvement de Harry et de ses proches camarades pour prendre le risque de le voir rentrer directement au quartier général pour les vacances. Sirius était donc chargé d’organiser une réunion avec l’Ordre pour voir comment gérer le transfert de Harry entre la maison des Potter et le quartier général si vraiment ils tenaient à y passer les vacances.

Après le départ de Rogue, Sirius aurait dû directement s’occuper de contacter les membres de l’Ordre, mais il était encore trop énervé de l’intrusion de son vieil ennemi. Sirius avait dû faire un gros effort pour contenir sa colère après que Rogue ait claqué la porte derrière Hermione comme si elle n’avait été qu’un contretemps désagréable.

Il se précipita vers les étages pour la retrouver, mais elle n’était ni au salon, ni dans sa chambre, ni dans celle de de Harry, ni dans celle de la petite Hermione. Elle était partie. Sirius retourna donc dans sa chambre, dépité. Alors qu’il s’apprêtait à s’étaler sur son lit avec colère, Sirius remarqua que l’exemplaire de L’Histoire de Poudlard qui, depuis la nuit au cimetière de Little Hangleton, ne quittait pas sa table de nuit avait été déplacé sur le lit. Sirius le prit et en sortit un petit morceau de parchemin qui dépassait.


Contrarié, Sirius froissa le parchemin et jeta la boule de papier à l’autre bout de la pièce avec colère. Il retourna à la cuisine et s’occupa de la mission que lui avait confiée Rogue. Il lui fallut un certain temps pour contacter tout le monde et avoir les réponses des différents membres de l’Ordre concernés, mais Sirius finit par y arriver et la réunion fut prévue pour le surlendemain tôt le matin, le jour même des vacances de Noël.

Sirius passa la journée du lendemain sur des rapports pour l’Ordre et la soirée à suivre Yaxley, mais rien de particulier ne se déroula et il passa la fin de soirée seul au Square Grimmaurd, ressassant avec colère les évènements de la veille. Remus était actuellement en mission auprès des loups-garous, bien qu’il espérait pouvoir les rejoindre pour les fêtes, et James et Lily passaient quelques jours chez eux avant les vacances qu’ils avaient prévues de faire au Square Grimmaurd.

Alors qu’il profitait du calme, Sirius fut cependant interrompu par l’habituel capharnaüm des tableaux. Pourtant personne n’avait actionné la cloche… Sirius se dirigea vers le hall pour comprendre ce qui se passait et il fut étonné de voir son arrière-arrière grand-père se déplacer dans les tableaux.

— J’ai un message de Dumbledore, dit Phineas d’une voix lasse. Arthur Weasley a été gravement blessé. Sa femme, ses enfants et Harry Potter vont arriver.

— Aucun problème, je serai ravi de les accueillir.

Son ancêtre avait déjà disparu et Sirius attendit, tendu. Qu’était-il arrivé à Arthur ? Depuis l’incident de Podmore, les gardes au Département des Mystères s’étaient toutes déroulées sans encombre. Sirius avait tout juste eu le temps de faire taire les tableaux et de retourner à la cuisine quand une bouilloire tomba à terre dans un bruit de ferraille et cinq adolescents atterrirent brutalement sur le sol.

— De retour, les sales petits gamins traîtres à leur sang. Est-il vrai que leur père est à l’agonie ?

Trop préoccupé par le cas de Arthur, Sirius n’avait même pas remarqué la présence de Kreattur et son commentaire haineux le prit de court.

— DEHORS ! rugit Sirius.

Sirius regretta aussitôt son accès de colère en se rappelant le message d'Hermione, mais il repoussa cette pensée, se promettant de se rattraper à la première occasion. Sirius se précipita vers les jeunes sorciers et aida Ginny à se relever tout en demandant des explications.

End Notes:
Le voilà le bisou ! Interrompu par Rogue héhé. Je suis vraiment sadique je sais ^^


Avec tout ce qui se passe dans le tome 5, ce n'est pas toujours simple de condenser.
Au programme pour la prochaine fois, un peu de potions ;) Et après, on va retrouver de l'action :D
Le Prince de Sang-Mêlé by Padfooot
Author's Notes:
Salut tout le monde. Et très belle année à tous ! 


Voici le chapitre 38 (Décidément, encore une fois, j'ai du mal à garder mon rythme, désolée. Je vous promets pas de réussir à reprendre le rythme rapide du début, mais je vais essayer de m'activer dans l'écriture pour finir cette fic) : Le Prince de Sang-Mêlé.

L’action se déroule entre le 4 janvier et le 17 juin 1996.

    Dans l'épisode précédent :

    Hermione s'est rendue Square Grimmaurd pour essayer d'empêcher les évènements du Département des Mystères en demandant à Sirius d'être plus gentil avec Kreattur. Et enfin, enfin, il y a eu le premier bisou entre Hermione et Sirius ! Interrompu par Rogue... A la fin du chapitre, malgré l'avertissement de Hermione, Sirius a quand même le réflexe de hurler sur Kreattur. 




Merci à momo201093 pour sa review.

Non, je ne me suis pas trompée de chapitre et fait un saut temporel en 6ème année, j'ai juste utilisé le titre du tome 6 avec un peu d'avance, c'est tout ^^
Au programme sur ce chapitre, une version très accélérée du tome 5 (tellement de choses qui se passent dans ce tome, c'est galère de rappeler les éléments sans traîner en longueur) et Hermione qui commence à fourrer son nez partout.

Bonne lecture !

Sirius s’était d’abord inquiété en ne voyant pas Kreattur les jours suivants, mais en le retrouvant finalement au grenier, couvert de poussière à la rechercher d’autres reliques de la famille Black, Sirius fut soulagé. Il fit un effort pour paraître plus gentil auprès de l’elfe et s’étonna de voir qu’en retour, Kreattur paraissait de meilleure humeur. Ses marmonnements acerbes s’étaient un peu calmés et il obéissait aux ordres plus docilement qu’à l’ordinaire.

Grâce au travail acharné de Lily, les pièces de vie de la demeure des Black avaient fini par devenir plus chaleureuses et les vacances avec les Potter, les Weasley et la jeune Hermione se déroulèrent dans une bonne ambiance. Les craintes pour la santé de Arthur étaient vite passées, son guérisseur à Ste Mangouste ayant l’air confiant. Le seul élément négatif fut l’angoisse qu’avait ressentie Harry à l’idée d’être possédé par Voldemort. Mais Hermione et Ginny avaient réussi à le rassurer.

Sirius observait parfois Ginny à la dérobée, remarquant que Harry serait bien mieux assorti avec elle qu’avec cette Cho Chang dont il avait laissé échapper le nom une fois ou deux, provoquant au passage les taquineries de son père et de son parrain. Lily avait levé les yeux au ciel et reproché à James et Sirius leur approche intrusive et leur manque de tact, ce qui n’avait pourtant pas empêché Harry de venir se confier à son parrain, dans l’espoir de quelques conseils utiles.

Alors que les vacances touchaient à leur fin, Rogue vint leur rendre visite au Square Grimmaurd. Sirius envoya James l’accueillir, voulant éviter de le croiser s’il pouvait l’éviter. Il tendit l’oreille et apprit que Rogue avait besoin de parler à Harry. James insista pour assister à la conversation, ce qui déplut à Rogue, mais en voyant Lily se mettre aux côtés de James, le professeur de Potions capitula et accepta la présence des parents du Survivant.

Lorsque Molly revint de l’hôpital avec Arthur, l’échange entre les Potter et Rogue n’était pas encore terminé. Sirius descendit avec les enfants Weasley et Hermione pour accueillir chaleureusement le sorcier. Il se décala rapidement sur le côté pour observer les retrouvailles, un sourire aux lèvres.

Mais son enthousiasme fut de courte durée. Rogue venait de sortir de la cuisine et remontait l’escalier, suivi des Potter.

— Alors Black, pas de compagnie féminine aujourd’hui ? lança Rogue de sa voix doucereuse. Je l’ai faite fuir, peut-être ? Elle ne devait pas être très attachée à toi.

Sirius rougit de colère et son poing se crispa sur sa baguette magique au fond de sa poche. Il se contint avec difficultés, les narines frémissant de rage, mais réussit à garder sa baguette dans sa poche, se contentant de regarder avec hargne son ennemi d’enfance quitter la maison, un rictus satisfait sur le visage.

Sirius ramena son attention sur le reste de la salle et remarqua que tout le monde le dévisageait, intrigué. Il croisa notamment les regards des jumeaux qui s’efforçaient de ne pas rire.

— Quoi ? dit-il d’un sec.

— On est juste étonné, fit Fred, les bras levés en signe de paix.

— On ne t’avait encore jamais entendu parler d’être avec une fille jusque-là, ajouta Georges avec un petit sourire.

— Et quoi ? Vous pensiez que j’étais chaste ? grogna Sirius.

Sirius fit semblant de ne pas remarquer l’air outré de Molly et fit demi-tour, se dirigeant vers les escaliers.

Il entendit Ron demander qui pouvait bien être cette fille et la voix d'Hermione lui répondre.

— Ça parait évident, non ?

Sirius grommela, entra dans le salon et s’affala dans un canapé où Pattenrond le rejoignit immédiatement en ronronnant.

— Toi au moins tu me comprends, hein ? fit Sirius en caressant l’épais pelage de l’animal.

— Peut-être que si tu nous en avais parlé, on aurait pu comprendre aussi…

Sirius releva la tête et découvrit Lily et James qui s’approchaient. Ils prirent place dans deux fauteuils confortables, que Lily avait récemment fait ajouter dans la pièce pour remplacer les assises poussiéreuses héritées des Black.

— C’était Hermione ?

— Comment as-tu deviné ? grommela Sirius en repensant au commentaire de la petite Hermione, qui elle aussi semblait avoir compris.

— Qui d’autre aurait pu entrer dans le quartier général ? fit remarquer Lily.

Sirius haussa les sourcils. Elle marquait un point. Sirius essaya de se calmer puis raconta la visite d'Hermione.

— Tu l’as embrassée ? s’étonna James.

— Alors qu’on avait promis de lui laisser le temps de faire ce qu’elle avait à faire avant d’envisager un rapprochement ?

— Que TU lui avais promis, répliqua Sirius.

Lily lui lança un regard de reproche.

— J’étais soulagé de la voir, je n’ai pas vraiment réfléchi, expliqua finalement Sirius.

Mais Sirius ne regrettait pas son geste. Il l’avait prise de court, certes, mais au moins il ne lui avait pas laissé le temps de se reculer, contrairement aux fois précédentes.

— Et elle ne semblait pas contre, ajouta Sirius avec un petit air malicieux.

— C’était comment ? s’enquit James avec un grand sourire.

Lily poussa un soupir face à la réaction de James, mais Sirius la connaissait trop bien pour savoir qu’elle était en réalité aussi intéressée que son mari.

— Super, fit Sirius en relâchant sa tête en arrière avec un sourire. Enfin, jusqu’à ce que Servilus ne débarque…

— Toujours là quand il ne faut pas, celui-là ! lâcha James.

Lily ne s’offusqua même pas.

— Et après ? Quand Sev est reparti ? interrogea Lily.

— Elle avait déjà disparu. Elle n’était là que pour me demander d’être gentil avec Kreattur, fit Sirius d’un ton sec.

— Sérieusement ? lâcha James, déconcerté.

— Et donc ?

— Et donc j’essaye d’être gentil avec cette saleté d’elfe, grogna Sirius.

— Par rapport à Hermione, idiot ! insista Lily.

— Est-ce que j’ai le choix ? répliqua-t-il amer, sans relever l’insulte. Je vais continuer à tenir TA promesse et attendre qu’elle revienne. Pour de vrai cette fois, j’espère.








Hermione étala sur le sol de sa pièce secrète les vingt petits chaudrons en or de qualité optimale qu’elle venait d’acheter sur le Chemin de Traverse et les nombreux ingrédients récupérés dans une petite échoppe d’apothicaire bien achalandée qu’elle avait découvert dans l’Allée des embrumes et qui était réputée pour ne pas poser de questions, quelles que soient les envies de ses clients.

Au pied de chaque chaudron, elle installa un parchemin, une plume et de l’encre afin de pouvoir noter ses observations le plus efficacement possible. Hermione ouvrit son tout nouveau livre de Potions à la couverture rutilante et le déposa au sol au milieu de son laboratoire improvisé. Toutes ses économies venaient d’y passer, mais c’était bien le dernier de ses soucis.

Hermione prit une grande inspiration et se mit au travail. Elle avait moins de sept mois pour réussir.








Le lendemain, les jeunes sorciers durent repartir à Poudlard et il fut décidé d’avoir recours à une escorte restreinte pour ne pas attirer l’attention. Tonks et Remus furent désignés pour cette mission et, en les voyant sortir tous les deux, accompagnés des élèves de Poudlard, Sirius et Lily échangèrent des regards complices. Le rapprochement entre la jeune Auror et leur meilleur ami se faisait lentement, mais Remus commençait à s’ouvrir petit à petit au contact de la jeune femme.

Le retour à Poudlard s’était déroulé sans problème, mais, le lendemain, une nouvelle vint ébranler l’Ordre du Phénix lorsque Kingsley et Tonks débarquèrent trempés au quartier général, annonçant une évasion massive à Azkaban. Ils revenaient de la prison et avaient fait un détour par le quartier général, mais ne pouvaient pas rester, les Aurors ayant été appelés à se rassembler au ministère pour enquêter.

— Peut-être que le ministère comprendra enfin ce qui se passe, dit James, amer.

A l’autre bout de Londres, Hermione tournait en rond dans son logement moldu avec le même espoir fou. A son époque, le ministère avait remis la faute sur Sirius Black, première personne ayant réussi à s’évader. Allaient-ils trouver une autre raison improbable pour expliquer cette évasion ou allaient-ils enfin admettre la réalité ?

Le lendemain, l’article parut et les espoirs d'Hermione et des membres de l’Ordre furent réduits à néant. Le ministère continuait de faire l’autruche et explorait en vain la piste des Mangemorts qui avaient semé la panique lors de la Coupe du Monde de Quidditch. D’après la Gazette, il auraient mis des années à peaufiner leur plan et auraient profité de la terreur qu’essayait de provoquer Dumbledore pour se montrer de nouveau au grand jour. Il n’y avait aucune allusion à Voldemort.

— C’est ridicule, marmonna Sirius en lâchant le journal avec colère. Comment peuvent-ils encore nier qu’il est de retour ?

Les missions de l’Ordre se diversifièrent, ajoutant aux habituelles surveillances des Mangemorts connus une enquête sur le lieu où pouvaient bien se cacher les prisonniers évadés. James et Sirius, en tant qu’anciens Aurors, avaient été spécifiquement chargés de ce dernier point, mais malgré leur tenacité, ils ne trouvaient rien de bien probant. Ils exploraient l’idée que l’une des demeures des Mangemorts jamais condamnés servait d’asile — ou au moins de quartier général — à ceux évadés, mais leurs ennemis restaient discrets et aucun élément concluant ne vint corroborer leurs soupçons. Les deux Maraudeurs auraient bien fait fouiller le manoir des Malefoy, mais ils n’étaient plus Aurors et une action directe pour le faire eux-même était trop risquée vis-à-vis de leur position déjà précaire au ministère.

Sirius devenait fou de ne pouvoir agir et faire entendre raison à Cornelius Fudge jusqu’à ce que, fin février, Tonks vienne déposer au quartier général la dernière édition du Chicaneur. Elle lança l’exemplaire sur la table, alors que James et Sirius échangeaient avec dépit sur l’avancée de leur mission.

— Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse de ce torchon ? marmonna James, l’air renfrogné.

— Je n’ai pas vraiment envie de lire les aventures de Lovegood au pays merveilleux des Ronflak’s cornus, lança Sirius avec mépris.

— Dommage pour toi, fit Tonks avec un air malicieux. Pour une fois que Skeeter écrit un bon article.

— Ne me parle pas de celle-là ! grogna James.

— Oh que vous êtes bougons aujourd'hui, les taquina Tonks.

— On n’en serait pas là si elle n’avait pas fait passer Harry pour un illuminé… renchérit Sirius sur le même ton.

— Et pourtant, peut-être que cet article pourrait changer la donne…

James et Sirius échangèrent un regard surpris devant l’air ravi de leur ancienne collègue et se précipitèrent sur le magazine.

— Ne le déchirez pas, plaisanta Tonks en les voyant s’arracher le magazine. Cette édition risque d’être vite épuisée.


James et Sirius lurent l’article avec attention. Tout y était, exactement comme Harry le leur avait raconté fin juin. Peut-être même qu’il y avait plus de détails encore. Skeeter avait vraiment bien fait son boulot pour une fois.

— Génial ! souffla James, abasourdi.

— Comment est-ce possible ? s’étonna Sirius

— Ça date de la dernière sortie à Pré-Au-Lard, expliqua Tonks. Diggle surveillait Harry ce jour-là. C’était la St Valentin d’ailleurs.

Sirius haussa les sourcils, peu intéressé par ce genre de commentaires. Il avait toujours détesté les St Valentin à Poudlard. Et si Harry avait quelque chose à lui raconter, il le ferait lui-même.

— Ton fils avait un rencard, continua Tonks avec amusement à l’attention de James. Avec une jeune Serdaigle. Il parait que ça n’a pas duré bien longtemps. Il l’a emmenée chez…

Tonks avait toujours eu une tendance marquée pour les potins et Sirius fit un moulinet impatient de la main. Elle lui jeta un regard vexé sous l’oeil amusé de James.

— Enfin bref… Après son rencard raté, Harry a rejoint Hermione aux Trois Balais. Et devine avec qui elle était ? Luna Lovegood et… Rita Skeeter. Cette Hermione Granger en a vraiment sous le chapeau. Je ne sais pas comment elle a fait pour convaincre Skeeter, mais elle peut être fière d’elle. L’article est vraiment réussi ! Et il paraît qu’Ombrage a fait interdire la lecture du Chicaneur. Autant dire qu’à l’heure qu’il est, tout Poudlard connaît déjà l’article par coeur, ajouta Tonks avec un petit rire.

Sirius sourit. Sa cousine avait peut-être raison. Parfois les potins avaient du bon.








Hermione observait ses chaudrons dorés avec dépit. Déjà trois de ses tentatives de potion avaient échoué. Sans compter les deux premiers ratés survenus suffisamment tôt pour pouvoir les recommencer à zéro sans souci du délai.

L’un des chaudrons abandonnés contenait une potion qui était devenue un brin trop pâteuse au moment où elle avait ajouté les tentacules de Murlap.

— Tu aurais dû hacher plus finement, Hermione ! avait-elle grommelé en voyant le résultat.

Les deux autres potions inutiles s’étaient vues gâcher à l’ajout du jus de bulbe de Scille. L’une avait dégagé une odeur forte de jacinthe parce qu’elle n’avait pas remué assez vigoureusement tandis que l’autre avait pris une légère teinte violacée rappelant la couleur des pétales. A l’opposé de la couleur transparente que la potion devait garder pendant encore plusieurs étapes.

Même si elle rechignait à l’admettre, Hermione avait beaucoup appris du Prince et elle décida de ne pas suivre aveuglément la recette du livre, prenant l’initiative de faire blanchir le bulbe dans l’eau bouillante avant d’en extraire le jus.

Le contenu des dix-sept autres chaudrons — au contenu transparent grâce à son initiative — mijotait tranquillement sous l’oeil attentif mais peu assuré d’Hermione. Déjà cinq ratés et elle n’avait fait qu’un tiers des étapes…








Alors que le quotidien de l’Ordre restait sensiblement le même, la fin du mois d’avril apporta des nouvelles bien moins plaisantes que celle du Chicaneur. Malgré les quelques lettres positives que James et Lily avaient reçues suite à l’interview de leur fils, de nombreux sorciers les prenaient encore pour des illuminés et le récent scoop de la Gazette n’aida pas à convaincre la communauté sorcière. Ce dernier article expliquait que Dumbledore avait conspiré contre le ministère en voulant créer sa propre armée, recrutée au sein même de l’école. Kingsley était venu raconter ce qui s’était passé dans le bureau de Dumbledore, avant que la Gazette du Sorcier ne fasse paraître sa propre version des faits.

Heureusement, le ministère avait été si ravi de coincer Dumbledore que Harry n’avait pas été inquiété, mais Dumbledore avait dû fuir Poudlard et cela ne rassurait pas du tout James et Lily. Sans le vieux sorcier pour protéger le château, les lieux étaient bien moins sécurisés pour les élèves et l’Ordre avait dû se mobiliser pour patrouiller régulièrement autour de Pré-Au-Lard afin de s’assurer qu’ils n’y croisaient pas de Mangemorts en repérage pour une attaque. Dans ces conditions, à l’approche de Pâques, aucun des jeunes sorciers n’avait profité des vacances pour retourner voir sa famille. Il n’était pas nécessaire de prendre de risques sur les trajets. De plus, avec les BUSE qui se rapprochaient, Harry, Ron et Hermione avaient probablement passé la semaine entière à réviser pour leurs examens.

Une réunion de l’Ordre au complet avait été programmée avant la rentrée pour faire le point sur les priorités dans ce contexte particulier. Rogue, qui n’avait que peu de contacts avec les Mangemorts et Voldemort pendant l’année, avait profité de la semaine de vacances pour se tenir informé de ce qui se passait dans le camp ennemi et en donner les nouvelles à l’Ordre. Mais ils n’apprirent pas grand chose de plus : Voldemort cherchait toujours à obtenir la prophétie et faisait profil bas, profitant de l’aveuglement du ministère. La fuite du directeur le réjouissait, mais il se concentrait pleinement sur la prophétie et n’avait pas prévu d’attaquer Poudlard. Rogue pressentait que Voldemort avait un plan, mais il n’avait pas pu en apprendre davantage.

A la fin de la réunion, tout le monde s’en alla, laissant seulement les Maraudeurs, Lily et Rogue, qui, étonnamment, semblait avoir pris son temps à la fin de la réunion.

— Sev, comment se passent les cours de Harry ?

Les narines de Rogue se dilatèrent de colère, mais il se reprit. Sirius s’interrogea sur la raison de la réaction de Rogue.

— Il ne se concentre pas et ne fait aucun effort. Normal puisqu’il est aussi arrogant que son père, fit Rogue avec un rictus.

Lily lui lança un regard dur et le rictus de Rogue s’effaça aussitôt. James ne releva même pas, mais fronça les sourcils sans quitter son vieil ennemi des yeux.

— Il rêve du couloir du Département des Mystères depuis des mois, admit finalement Rogue en ne s’adressant qu’à Lily. Et il a surpris une conversation entre le Seigneur des Ténèbres et Rookwood. Autant dire qu’il ne fait pas beaucoup de progrès, conclut-il finalement d’un ton cassant.

Les Maraudeurs échangèrent des regards soucieux, bien conscients de l’importance de voir Harry réussir à fermer son esprit. Lily et James avaient décidé, d’un commun accord avec Dumbledore, de tenir Harry informés du contenu de la prophétie dès son retour à la maison pour les vacances d’été. Ils ne voulaient pas l’embêter avec ça avant ses BUSE, mais il devenait déraisonnable de laisser traîner plus longtemps.

— Merci Severus, dit Lily avec douceur.

Rogue eut une moue mal à l’aise comme s’il se sentait coupable. Mais là encore, sa réaction passa rapidement et il reprit vite son habituel air doucereux et narquois.

— Au fait Black, ajouta Rogue avec un rictus mauvais. Cette fille, là…

Sirius se tendit soudain, sentant la colère monter.

— Si tu tiens à elle, je te conseille de la surveiller d’un peu plus près. Elle commence à déranger certains Mangemorts.

— De quoi parles-tu ? demanda Lily, inquiète.

— Il semblerait qu’elle ait un peu trop attiré l’attention. Les Mangemorts pensent qu’elle cherche à recueillir des informations sur eux pour donner au ministère des preuves du retour du Seigneur des Ténèbres. Et plus le temps passe, plus elle prend de risques.

Sirius se remémora alors ce que lui avaient dit Kingsley et Tonks. Depuis janvier, ils recevaient régulièrement des lettres ou de petits éléments, comme des photos par exemples, visant à incriminer des Mangemorts connus de l’Ordre. Mais hélas, rien de bien probant pour l’instant. Jusque-là, Sirius n’avait pas fait le lien avec Hermione…

Elle qui avait jusqu’ici tout fait pour préserver le futur semblait décidée à intervenir et ouvrir les yeux de Fudge, quitte à risquer sa vie. A quoi jouait-elle ? Vu l’entêtement du ministre, sa mission semblait vouée à l’échec.

—Pourquoi ? murmura Sirius, presque plus pour lui même.

— A toi de me le dire, répliqua Rogue d’un ton sec.

— Tu es sûr que c’est elle ? s’inquiéta Lily.

— Pas totalement. Elle utilise généralement un sortilège de Désillusion, mais Avery pense l’avoir reconnue et, vu sa description, je pense, oui.

— Que leur as-tu dit ? interrogea Sirius, crispé.

— Seulement ce que je savais, à savoir qu’elle n’est pas un membre de l’Ordre. Je n’ai fait aucun commentaire sur tes ébats amoureux, si c’est ce qui t’inquiète, ajouta-t-il avec un rictus.

Sirius jeta un regard haineux à Rogue qui le dévisageait toujours avec son rictus presque amusé. James toisait également Rogue avec colère, mais posa sa main sur l’épaule de son ami pour l’empêcher de riposter.

— Et que savent-ils exactement ? poursuivit Lily sans se préoccuper de la haine opposant les trois sorciers.

— Pas grand chose, je crois. La prophétie est la priorité du Seigneur des Ténèbres pour le moment. Mais je ne donne pas cher de sa peau quand ce ne sera plus le cas.

Sur ces mots, Rogue fit volte face et s’éloigna vers la sortie, sa cape volant derrière lui.








Après des semaines de repos et de mijotage à feu doux en alternance, Hermione avait pu passer à l’étape de l’alcoolature de thym qui lui avait causé pas mal de soucis. Le premier chaudron dans lequel elle l’avait ajoutée s’était mis à bouillir violemment, projetant dans les airs quelques gouttes du précieux liquide et contaminant au passage le chaudron voisin dont le contenu s’était immédiatement solidifié. Ses lectures annexes lui avaient permis de comprendre que la température et l’hygrométrie de la pièce étaient parfois cruciales lors de l’ajout — même d’une quantité aussi infime qu’une goutte — de cet ingrédient capricieux. Il lui fallut encore trois essais malheureux avant d’obtenir les bonnes conditions et pouvoir passer à l’étape suivante.

Hélas, Hermione avait cru s’arracher les cheveux en lisant la nouvelle consigne qui, compte tenu de la complexité de la potion dont la réussite résidait dans les nuances, manquait cruellement de détails :


Hermione observa sa collection d’oeufs, dépitée. Ils ne faisaient pas du tout la même taille… Elle cassa donc chacun des oeufs, n’en conservant que les coquilles et les faisant sécher pour ôter tout résidu d’albumen. Elle pesa ensuite séparément chacune des coquilles ainsi obtenues pour en calculer le poids moyen. Hermione commença donc à réduire en poudre une coquille dont le poids s’en approchait et l’ajouta délicatement à l’un de ses précieux chaudrons dorés. A défaut d’obtenir l’effet qu’elle attendait, Hermione alla à tâtons, ajoutant petit à petit plus de poudre. Hermione se rendit compte qu’elle en avait trop mis lorsque le liquide prit une très légère teinte bleutée.

La tentative suivante fut plus convaincante, permettant à Hermione de déterminer le poids exact requis. Hélas, la manière d’ajouter l’ingrédient avait au moins autant d’importance que la quantité et Hermione dut s’y reprendre à plusieurs fois pour déterminer le bon procédé.

Enfin, après avoir compris qu’il fallait prélever une partie de la potion pour y ajouter la coquille en poudre à l’aide d’un tamis et remettre ensuite le liquide transparent ainsi obtenu dans le chaudron doré, Hermione obtint enfin les reflets irisés tant attendus.

Hermione enchanta les six chaudrons restants pour que le contenu se mélange doucement et en autonomie. Il lui restait encore quatre étapes déterminantes dont la réduction lente et maîtrisée du liquide lui permettant d’avoir une potion plus concentrée, l’ajout de poudre de Ruta qui devait donner à la potion sa couleur finale si spécifique et l’incantation qui devait en révéler toutes les caractéristiques.








Après le renvoi de Dumbledore, les choses semblaient avoir dégénéré à Poudlard. Ils avaient peu d’informations en direct par Harry, mais, dès la reprise des cours après les vacances de Pâques, les jumeaux Weasley avaient été renvoyés et ils avaient pu avoir des nouvelles de première fraicheur.

Entre la création de la brigade inquisitoriale, la journée aux couleurs des Feux Fuseboom, l’autorisation pour Rusard de fouetter les élèves, l’enchantement d’un marécage impressionnant dans le couloir de Grégory le Hautain et la mission de Peeves de rendre la vie insupportable à Ombrage, il était évident que la grande Inquisitrice avait déclaré à Poudlard une guerre que le château lui rendait bien.

— Qu’est-ce que j’aurais aimé voir ça ! s’étaient exclamés James et Sirius d’une même voix en entendant le récit des jumeaux.

Quelques semaines plus tard, la période des BUSE arriva et la nouvelle qui leur provint de Poudlard ne fut pas des meilleures. Le professeur McGonagall avait essayé d’empêcher Ombrage et cinq autre sorciers de renvoyer Hagrid. Le garde-chasse était maintenant en fuite et la directrice de Gryffondor avait été envoyée à Ste Mangouste. Rogue était donc le seul membre de l’Ordre restant à fouler le sol de Poudlard.

Ce jour-là, seul Sirius était présent au square Grimmaurd. Suite aux dernières nouvelles du château, il avait été décidé que quelqu’un devait rester en permanence au quartier général au cas où il y ait des nouvelles en provenance de l’école. Kingsley, Alastor, Tonks, Remus, James et Lily devaient le rejoindre durant la soirée pour discuter des derniers évènements.

Dans la journée, Sirius s’aperçut que Buck s’était blessé. Il monta tout le matériel nécessaire pour le soigner et passa toute sa fin d’après-midi auprès de l’hippogriffe, se demandant comment l’animal avait réussi à se blesser de la sorte dans une pièce close. Il devait en avoir marre d’être enfermé. Peut-être pourrait-il un jour le rendre à son véritable propriétaire…

Remus le rejoignit peu après et, à ce moment-là, une biche argentée se matérialisa devant eux, prenant la voix de Rogue et demandant confirmation que Sirius était au quartier général et en vie. Sirius renvoya immédiatement son Patronus pour le lui confirmer avant de dévisager Remus, sans comprendre.

Quelques heures après, Sirius et les autres membres de l’Ordre présents se préparaient à s’installer à la cuisine en attendant James et Lily pour leur réunion, lorsqu’ils furent interrompus par la même forme argentée qui était apparue un peu plus tôt.

— Black, commença la voix de Rogue. Potter semble persuadé que tu es retenu contre ton gré. Lui et plusieurs élèves ont disparu. Ils se dirigent vers le Département des Mystères. Allez sur place. Je me charge de prévenir Dumbledore.

Alors que tout le monde se levait en hâte, faisant racler bruyamment leurs chaises sur le sol, les paroles d’une Hermione fiévreuse et délirante lui revinrent en mémoire. C’était il y a presque quinze ans maintenant, mais Sirius se souvenait encore parfaitement de son étonnement à le voir en vie.

« Je me doutais que c’était un piège, mais Harry ne voulait pas m’écouter. Il ne voulait pas prendre le risque de te perdre, il tient tant à toi. »

Ainsi il courait à sa perte. Tant pis… Sous aucun prétexte, il ne laisserait Harry ou Hermione sans défense.

Sirius prit juste le temps d’ordonner à Kreattur de prévenir où ils étaient si un membre de l’Ordre venait, puis il transplana au ministère, accompagné de Remus, Tonks, Kingsley et Alastor.

End Notes:
Alors, avez-vous une idée de ce qu'Hermione peut bien mijoter avec tous ces chaudrons ?


Beaucoup d'entre vous vont peut-être trouver étrange que j'ai repris le fait que Voldemort utilise la relation Sirius/Harry alors qu'à cette époque, Harry a ses parents.
J'ai longuement hésité et, au final, en réfléchissant à quelles possibilités avaient Voldy pour faire croire à Harry que ses parents étaient en danger, je trouvais que le seul moyen évident (sans rajouter plein de sous-actions) pour Voldy restait d'utiliser Kreattur. Or, Kreattur n'a pas moyen de rendre James, Lily ET Sirius injoignables pour que Harry croit à cette histoire de torture au ministère. Sirius restant majoritairement seul au QG, c'était le plus simple pour Kreattur. Et même avec les parents de Harry dans le coin, Sirius reste suffisamment important aux yeux de Harry pour qu'il fonce à Londres sans réfléchir.
Donc voilà. Moi je trouve que le raisonnement se tient, j'espère que ça vous parlera aussi ^^
La tentative pour tout changer by Padfooot
Author's Notes:
Hello !

Hou là, j'ai pris du retard sur ce chapitre 39. Au moment de le poster, je l'ai retravaillé un peu et bref, le voilà seulement maintenant : La tentative pour tout changer.

L’action se déroule le 17 juin 1996.

    Dans l'épisode précédent :

    La cinquième année de Harry s'est déroulé sensiblement comme on la connaît. Sirius a été très occupée avec l'Ordre. Rogue le nargue concernant Hermione et Sirius apprend notamment que Hermione s'est fait repéré par les Mangemorts.
    A la fin du chapitre, Sirius apprend via un Patronus de Rogue que Harry est en danger au Ministère. Se rappelant ce que Hermione lui avait dit des années auparavant, il sait qu'il risque de ne pas revenir mais y va quand même, incapable de laisser Harry.
    En parallèle, Hermione s'arrache les cheveux avec une potion très difficile à préparer. 




Merci à momo201093 et Zelinara pour leurs reviews !

Pas mal d'action pour ce chapitre ;)

Bonne lecture !

Hermione inspira lentement, rassemblant tout le courage qu’elle était capable de puiser malgré les circonstances. Vu l’agitation fébrile qui l’animait, il semblait évident que son projet fou n’avait pas fonctionné. Elle avait voulu mettre toutes les chances de son côté, mais elle allait devoir se débrouiller sans.

«  Allez Hermione, tu peux le faire ! »

Mais ses encouragements internes ne l’aidaient pas à apaiser ses angoisses. Ce soir, Hermione prenait un gros risque, mais ses escapades précédentes n’avaient rien donné de concluant et le temps pressait. Cette même nuit, à son époque, Cornelius Fudge avait admis le retour de Voldemort en le voyant au ministère mais, cette fois, suite à son avertissement concernant Kreattur, la bataille n’aurait pas lieu. Et pour limiter l’impact sur le futur, Hermione devait se dépêcher de trouver une preuve irréfutable et convaincre le ministre.

Hermione n’était pourtant pas restée inactive ces derniers mois, les passant à suivre des Mangemorts, masquée par un sortilège de Désillusion, espérant récolter des informations importantes et prenant des photos lorsqu’elle repérait des Mangemorts ensemble. Ce n’était pas suffisant évidemment, mais Hermione espérait que, petit à petit, il soit possible de constituer un dossier qui convaincrait Fudge. Au fur et à mesure qu’elle récoltait des indices, aussi infimes soient-ils, Hermione les avait envoyés à Nymphadora Tonks, mais ces lettres anonymes ne contenaient rien de suffisamment flagrant pour permettre à la jeune Auror de faire pencher la balance.

Hermione avait donc choisi de suivre les Mangemorts de plus près, au détriment des risques. Mais même en sortant de l’ombre dans l’espoir d’un résultat convaincant, elle n’avait réussi à glaner qu’une petite information par-ci par-là, rien de vraiment utile. Heureusement pour elle, les quelques fois où ces imprudences l’avaient menée à se faire repérer, elle avait toujours réussi à partir — parfois in extremis — avant que la situation ne dégénère vraiment.

Deux semaines plus tôt, elle avait eu l’impression que quelqu’un avait réussi à la traquer jusque chez elle. Elle s’était barricadée chez elle, complètement paniquée, et avait immédiatement lancé de nombreux sortilèges de protection sur sa maison, mais personne ne s’en était pris à elle et l’impression d’être observée s’était tassée. Après des jours de tension grandissante, Hermione s’était rendue à l’évidence : cette inquiétude n’était que le fruit de son imagination et d’un reste de paranoïa acquis en 1998… S’ils l’avaient réellement suivie, ils lui seraient déjà tombés dessus.

Malgré sa peur, Hermione était prête à revenir à la charge. Elle craignait trop ce qui arriverait une fois Harry en dehors de Poudlard. Quel plan Voldemort mettrait-il en place pour s’emparer de la prophétie ? Quels membres de l’Ordre paierait de leur vie l’obsession de Voldemort ? Hermione n’avait pas grande confiance en Fudge et le Ministère en général, mais mettre fin à leur aveuglement rebattrait certainement les cartes en leur faveur.

Alors que le mois de juin touchait à sa fin, il devenait impératif de trouver une preuve irréfutable. Consciente que le temps était compté, Hermione était décidée à forcer le destin, quitte à aller chercher les informations au coeur même du territoire ennemi.

Hermione prit une grande inspiration et releva la tête, maîtrisant tant bien que mal les tremblements qui l’avaient immédiatement prise à la vue de ce lieu qui hantait ses cauchemars. Le manoir Malefoy se dressait devant elle, aussi imposant que dans son souvenir.

Désillusionnée, elle attendait que Lucius Malefoy, dont elle avait bien observé la routine, se matérialise devant le portail en fer forgé. A force de pratique, son sortilège de Désillusion s’était perfectionné et, bien qu’elle manquait de puissance pour devenir totalement invisible, une personne peu attentive ne risquait pas de la repérer. Lorsque Lucius arriva enfin, il semblait trop perdu dans ses pensées pour faire attention à ce qui se passait alentour et passa donc le portail sans remarquer qu’une silhouette presque invisible s’était faufilée à sa suite.

Profitant de son aubaine d’avoir pu rentrer si facilement, Hermione attendit que le père de Drago s’éloigne puis parcourut la longue allée en longeant l’une des hautes haies qui la bordaient. Le soleil était déjà bas dans le ciel, faisant scintiller les contours de son corps désillusionné d’un léger halo et Hermione dut faire preuve d’un maximum de discrétion pour monter les larges marches de pierre du perron, longeant les murs du manoir pour minimiser les risques d’être aperçue.

Une fois en haut, elle fut étonnée de pouvoir pousser la porte de la demeure sans difficulté. Pourtant, lors de ses repérages, elle avait eu l’occasion de voir quelques visiteurs s’annoncer à la porte d’une manière qui laissait présager un quelconque blocage. Elle avait observé ce phénomène de derrière le lourd portail en fer et peut-être avait-elle mal interprété. Etait-ce parce que la protection ne s’était pas encore réactivée après le passage de Malefoy ? A moins que la sécurité n’ait été abaissée ce soir ? Et si oui, pourquoi ? Hermione repoussa ces questions. L’important était d’avoir réussi à rentrer.

Hermione marcha délicatement sur le parquet noueux du grand hall bordé d’une série de portraits. Au bout du hall, Hermione passa la tête par la porte entrouverte menant au grand salon et réprima un haut le coeur en redécouvrant l’endroit où Bellatrix l’avait torturée.

Après l’obscurité du hall, Hermione mit un peu de temps à adapter sa vision à la lumière éblouissante qui inondait le salon. Il n’y avait personne. Elle soupira d’un soulagement, hélas éphémère alors qu’elle se força à continuer son chemin, découvrant petit à petit les autres pièces du rez-de-chaussée. Plus le temps passait et plus son inquiétude grandissait car plus elle s’enfonçait dans le manoir et plus il serait compliqué d’en sortir sans encombres.

Prise d’un spasme plus fort que les autres alors qu’elle découvrait le passage menant aux cachots, Hermione préféra faire confiance à son instinct et faire demi-tour. Elle revint au salon, évitant de laisser son regard errer dans la pièce qui hantait ses cauchemars, et monta les escaliers qui se trouvaient un peu plus loin. Arrivée en haut, elle hésita. A droite ou à gauche ? Hermione se maudit, pour la énième fois depuis son arrivée dans le manoir, d’avoir raté son projet. Tout aurait été tellement plus simple si elle avait réussi. Elle choisit finalement d’explorer sur sa droite, sans résultat.

Les lieux étaient luxueusement décorés et de nombreux objets magiques se trouvaient ça et là, mais Hermione était bien trop préoccupée pour s’en soucier. Même si elle trouvait des artefacts de magie noire, cela ne l’aideraient pas à prouver que Voldemort était de retour. Ce dont elle avait besoin, c’était une preuve tangible. Mais quoi ? Soudain, Hermione entendit des bruits s’élever derrière elle. Elle fit demi-tour le plus discrètement possible et se dirigea finalement à gauche en haut des escaliers. Hermione se figea en reconnaissant la voix de Lucius Malefoy.

Toujours désillusionnée, Hermione se rapprocha à pas feutrés et se positionna face à la porte. Elle prépara son appareil photo priant sa bonne étoile pour que le père de Drago ne soit pas simplement en compagnie de sa femme, mais avec quelqu’un de plus compromettant, comme l’un des Mangemorts évadés, arrivé avant les autres.

« Allez Hermione, ce n’est pas la première fois que tu vois un Mangemort. Courage ! »

Mais Hermione avait peu pratiqué la magie ses dernières années, à part les quelques séances de duel avec Sirius trois an plus tôt. Elle manquait d’entraînement et ses dernières expériences, notamment sa crainte d’avoir été suivie chez elle, semblaient avoir eu raison de son caractère de Gryffondor.

« Oh qu’est-ce que j’aimerais avoir Harry et Ron à mes côtés. »

Non. Hermione repoussa cette pensée immédiatement. Ils n’étaient plus là et ce n’était pas le moment de repenser à la peine que causait leur absence.

— Nous ferions mieux de descendre, fit la voix froide et arrogante de Lucius Malefoy. J’ai abaissé la protection de l’entrée pour les laisser passer, mais je n’ai pas envie de les voir traîner sans surveillance dans mon salon. Et il est temps de les appeler.

Hermione se figea un instant. Une réunion de Mangemorts prévue ce soir ? C’était une chance inespérée. Hermione secoua la tête. Non, c’était trop dangereux et elle n’avait aucun espoir de sortir en vie d’ici si elle traînait trop longtemps. Mais en même temps, avait-elle le choix ? Pouvait-elle se permettre de laisser passer cette occasion ? Tout ce qu’elle avait à faire était descendre au salon, prendre des photos d’un rassemblement de Mangemorts, espérer que les évadés d’Azkaban seraient également présents si elle voulait convaincre le ministère et… ressortir sans se faire repérer. Avec une multitude d’éléments qui pouvaient mal tourner. Malefoy réactivant ses protections étant une probabilité non négligeable et la présence de Voldemort une possibilité si effrayante qu’elle refusait de la concevoir.

Hermione grimaça. Une mission suicide en somme.

— La perspective de cette soirée semble t’enchanter, Bella, dit Lucius, une pointe d’amusement modulant le timbre habituellement sec du Mangemort.

Hermione écarquilla les yeux, paniquée, se figeant en entendant le le léger rire sadique qui suivit les mots de Lucius. Bellatrix Lestrange était à l’intérieur… Ses tremblements se firent plus durs à contenir. Celle qui hantait ses nuits était juste derrière la porte. Oui, mais si elle arrivait à se ressaissir… Elle ne pouvait pas laisser passer une telle opportunité. Malefoy en compagnie de Bellatrix Lestrange ! Elle tenait enfin sa preuve !

Mais Hermione était trop tétanisée pour saisir cette chance. Elle souffla profondément, son corps crispé par l’angoisse.

« Tu es une Gryffondor, par Merlin ! Allez ! »

Elle se répéta cet encouragement plusieurs fois à toute vitesse. Et finalement, elle réussit à se ressaisir et, du pied, elle poussa la porte d’un coup sec, le doigt posé sur le déclencheur de son appareil.

Lucius Malefoy faisait face à Bellatrix, deux doigts posés sur son avant-bras découvert, appelant leur collègues Mangemorts via la Marque des Ténèbres. Hermione eut tout juste le temps d’actionner l’appareil avant que les Mangemorts ne réagissent. Elle n’attendit pas de voir leurs réactions et courut aussi vite qu’elle le pouvait vers l’escalier, l’appareil photo dans sa main gauche et sa baguette dans la droite.

Les bruits de pas derrière elle lui indiquèrent qu’ils la suivaient de près, mais Hermione était déjà presque en bas des escaliers lorsque le premier jet de lumière éclaira les lieux d’un halo rouge. Hermione sentit ses cheveux se redresser légèrement, happés par la force du sortilège qui était passé si près au dessus de sa tête. Mesurant sa chance d’y avoir échappé de justesse, Hermione sauta les dernières marches de l’escalier tout en s’appuyant sur la longue rampe pour ne pas perdre l’équilibre à la réception. Elle accéléra et atteignit le salon alors que les bruits de pas lui indiquaient que ses adversaires avaient déjà descendu une bonne partie des marches.

La traversée du salon fut facilitée par les meubles imposants entre lesquelles Hermione slalomait, se baissant ça et là pour s’abriter derrière. Elle évita ainsi sans réelle difficulté les sortilèges que lancèrent ses adversaires lorsqu’ils la suivirent au salon, mais bien que le mobilier l’ait protégée des attaques, cela l’avait aussi forcé à ralentir la cadence et les Mangemorts en avait profité pour combler une bonne partie de la distance qui les séparait.

Arrivée dans le long hall, Hermione accéléra, ce qui ne l’empêcha pas de sentir un jet de lumière lui lécher la joue. Hermione pensa avec sarcasme qu’au moins, ses tremblements s’étaient atténués avec l’adrénaline de la course-poursuite. Elle se retourna sans ralentir l’allure et para un sortilège. Elle n’avait parcouru que la moitié de la distance et ses adversaires étaient bien trop proches. Elle en esquiva un autre avec difficulté en se décalant sur le côté à la dernière minute, mais glissa, manquant de peu de basculer. Elle se ressaisit rapidement en s’appuyant au pan de mur. D’un coup de baguette magique, elle poussa la porte violemment pour s’ouvrir le passage, réussissant de justesse à atteindre l’extérieur et à sauter les trois marches du perron pour atterrir sur l’allée gravillonnée avant qu’un sortilège ne passe juste au dessus d’elle. Un instant plus tard et elle se le serait pris en pleine tête.

L’allée qui s’étendait devant elle lui semblait soudain bien trop longue et ses ennemis bien trop proches… Hermione paniqua, repensant avec reconnaissance à l’insistance de Sirius pour l’entraîner à la course. Hélas, même en courant aussi vite qu’elle le pouvait, elle doutait que cela suffise.

Elle repensa alors au cliché montrant Lucius Malefoy, manche retroussée et Marque des Ténèbres apparente, en compagnie de Bellatrix Lestrange qui n’attendait que d’être développé. Elle avait eu une chance folle d’obtenir enfin un résultat. Maintenant, il lui en faudrait encore plus pour survivre et partager sa trouvaille… Avec une telle preuve, Fudge serait bien obligé de demander une enquête sur Malefoy et sur ses récentes fréquentations dont elle avait récolté les preuves : Avery, McNair, Crabbe… Mais pour que cela se réalise, elle devait s’en sortir ! L’idée d’avoir enfin réussi à obtenir une preuve tangible à envoyer à Tonks lui donna une lueur d’espoir.

Redoublant d’efforts, Hermione accéléra encore, ignorant la tension dans ses cuisses et son essoufflement grandissant pour se focaliser sur le portail qui l’attendait au bout de l’allée illuminée par le flot de sortilèges des Mangemorts. Elle essayait de varier légèrement sa trajectoire pour éviter les sortilèges, sautant à droite ou à gauche, poussée par un instinct presque enivrant. En plus, la lumière rasante du soleil en fin de course aveuglait Bellatrix et Lucius et, combinée à son sortilège de Désillusion toujours actif, les empêchait de viser aussi efficacement qu’à leur habitude. Si Hermione avait été moins préoccupée, elle aurait ri de sa chance. Le timing du soleil était parfait. Peut-être que son plan était une réussite finalement.

Mais sa bonne étoile n’était pas infaillible et un sortilège vint cueillir Hermione, la déséquilibrant un instant. Hermione continua cependant à courir essayant de ne pas porter attention au sang qui coulait de son flanc. L’entaille ne semblait pas très profonde, mais il pourrait lui être fatal puisque la douleur l’avait forcée à ralentir. Et la sensation la rappela à la réalité, sa peur reprenant le dessus. Hermione jeta un coup d’oeil affolé derrière elle. La bouche de Bellatrix se tordit en un rictus victorieux à la vue de son air paniqué. Mais l’expression de son ennemie renouvela sa détermination presque autant que sa peur. Elle devait réagir ! Ou elle n’atteindrait jamais le portail…

Le ciel enflammé lui donna le coup de pouce qui lui manquait, inspirant la jeune sorcière. Hermione pointa alors sa baguette sur le sol, embrasant la pelouse de grandes flammes bleues, les mêmes que celles qu’elle avait utilisées contre Rogue pendant le premier match de Quidditch de Harry. Rien de bien effrayant pour deux Mangemorts aguerris, mais suffisamment bloquant pour ralentir légèrement ses adversaires et reprendre un peu de l’avance qu’elle avait perdue.

Un grognement mécontent résonna derrière elle et un nouveau sortilège effleura son visage alors qu'Hermione effectuait les dernières foulées jusqu’à la grille. D’après ses observations, le portail n’avait pas de protection à la sortie, mais il représentait tout de même un obstacle dans sa course, la laissant à la merci de ses ennemis le temps de pousser le lourd battant en fer forgé. Elle regarda par dessus son épaule, parcourut en deux enjambées la distance qui la séparait du portail et le poussa avec force. Elle para un sortilège in extremis puis en évita un autre en se jetant sur le côté accentuant la douleur dans son flanc blessé. Un nouveau maléfice se dirigeait droit sur elle, mais Hermione avait passé la grille. Elle eut le temps d’apercevoir les visages furieux des deux Mangemorts avant de transplaner.

Une fois matérialisée chez elle, Hermione s’affaissa contre le mur, tremblante, et émit un rire nerveux, à la fois soulagée et grisée par cette aventure. Il lui fallut quelques minutes pour reprendre son souffle.

Elle observa ensuite soigneusement l’étendue de sa blessure. La coupure avait été causée par de la magie noire et ne se refermerait pas facilement. Hermione déposa l’appareil photo sur le bord de la table de la cuisine et se dépêcha de rejoindre le salon où elle caressa un livre du doigt, laissant une légère traînée de sang sur la tranche du roman qui ouvrait sa pièce secrète. Les chaudrons dorés étaient entassés en tas dans un coin de la pièce, maintenant inutiles. Elle sortit son matériel plus classique de potions et prit un manuel à la recherche de la recette qu’elle cherchait. Elle ne tarda pas à la trouver, mais remarqua avec horreur qu’il fallait plusieurs heures de repos avant qu’elle ne soit efficace.

En attendant une meilleure solution, Hermione soigna donc sa plaie avec ce qu’elle avait sous la main. Elle appliqua l’essence de dictame en grimaçant sous la brûlure de l’onguent. Ce ne serait pas suffisant pour que cela guérisse, mais au moins la plaie était partiellement refermée et ne saignerait plus si elle ne forçait pas. Elle se mit ensuite à la préparation de la potion avec application. Les étapes étaient longues et précises, mais rien de réellement compliqué pour l’élève appliquée qu’avait été Hermione, surtout après son projet fou… Après une bonne heure, elle put enfin laisser la potion reposer. Hermione s’occupa du développement de la photo, tout en repensant à sa folle escapade.

La photo était exactement ce qu’il lui fallait. Bellatrix Lestrange et Lucius Malefoy se tournaient vers le photographe avec étonnement et colère puis levaient leur baguette dans une attitude offensive, la Marque des Ténèbres clairement visible sur le bras tendu du sorcier. Hermione était si contente du résultat de sa virée au manoir Malefoy qu’elle en riait presque.

Un sourire incrédule aux lèvres, Hermione se releva, décidant qu’il était temps de laisser tomber les barrières qu’elle avait érigées face aux Maraudeurs. Le lendemain, elle transplanerait à la poste de Pré-Au-Lard pour envoyer la photo à Tonks, mais ce soir, tout ce que voulait Hermione, c’était aller au square Grimmaurd. Sa preuve durement gagnée allait enfin pouvoir changer la donne et, maintenant, rien ne l’empêchait d’aller rejoindre les Maraudeurs pour se battre à leurs côtés et peut-être aussi s’autoriser à profiter de la vie.

Bien qu’elle s’était autrefois promis de ne pas tomber dans les bras de Sirius alors qu'elle en avait envie, elle n’avait aujourd’hui plus l’intention de tenir cette promesse. Grisée par les événements et sa récente décision, Hermione aurait été bien incapable de s’arrêter de sourire. Après des années et des années de sacrifice, elle s’autorisait enfin à penser à elle.

Hermione se sentait légère lorsqu’elle sortit donc de chez elle et transplana au Square Grimmaurd. Son sortilège de révélation de présence humaine lui indiqua que la maison était vide, mais sa déception n’entachait pas son sentiment profond d’allégresse. Il valait mieux ça que de rentrer au quartier général alors qu’il était rempli de membres de l’Ordre à qui elle n’était pas censée se montrer. Elle aurait au moins espéré que Sirius, Remus, James ou Lily soit présent, mais elle pouvait toujours revenir.

Elle commença à se retourner, prête à rentrer chez elle, mais, poussée par une pulsion irrépressible, elle se dirigea vers la cuisine. Hermione sourit. S’était-elle à ce point là privée qu’elle se sentait incapable de faire demi-tour maintenant ? Après tout, les membres de l’Ordre faisaient souvent leurs rapports dans la cuisine, Hermione aurait peut-être la chance d’y trouver un indice sur l’endroit où se trouvait Sirius.

Une fois au sous-sol, elle croisa Kreattur. Hermione s’arrêta net en voyant le comportement étrange de l’elfe, son enthousiasme immédiatement envolé. Il semblait en proie à des émotions contraires et se tapait violemment la tête contre la table à intervalles réguliers.

— Kreattur, qu’est-ce que tu as ? Où est Sirius ?

La question n’arrangea pas l’état de l’elfe qui se tapa avec d’autant plus de ferveur.

— Kreattur, dis-moi !

— Non ! Kreattur… ne peut… dire où… est le maître… qu’aux membres… de l’Ordre.

Hermione hésita à essayer d’empêcher l’elfe de continuer à se faire du mal, mais elle savait qu’elle n’arriverait probablement pas à faire entendre raison à Kreattur et le pressentiment qui pesait dans sa poitrine se faisait trop pesant. Hermione grimaça à l’idée d’abandonner l’elfe dans cet état, mais fit demi-tour et courut à l’étage, se précipitant dans la chambre où Buck était installé. Elle ouvrit la porte avec tant de force qu’elle fit peur à Buck qui agita ses grandes ailes en la voyant arriver. Hermione recula immédiatement, son regard se portant sur les pattes de l’animal, dont l’une d’elles était recouverte d’un bandage.

Hermione referma derrière elle et se laissa tomber sur le sol, laissant son dos glisser le long de la porte. Elle aurait pu en pleurer. De peur, de rage, de culpabilité. Pourquoi avait-elle pensé que son message suffirait ? Pourtant Hermione était persuadée que Sirius aurait respecté sa demande et aurait bien traité l’elfe si elle lui en faisait comprendre l’importance. Elle avait confiance en Sirius, il aurait fait ce qu’il fallait. Et pourtant… N’avait-elle pas été assez claire ?

Hermione se releva et fonça vers l’extérieur. En dévalant l’escalier, elle sentit sa blessure sur le flanc se rouvrir légèrement, mais elle en fit abstraction et transplana vers le ministère.

Le chemin vers le Département des Mystères sembla durer une éternité. Lorsqu’elle atteignit la pièce circulaire, Hermione se souvint de la manière dont Harry s’était débrouillé pour trouver son chemin plus rapidement. Hermione demanda donc la salle de la Mort d’une voix forte et autoritaire malgré son angoisse constante. La pièce s’arrêta immédiatement de tourner et la porte s’ouvrit à la volée. Hermione se précipita et découvrit une scène parfaitement semblable à ce qu’on lui avait décrit des années plus tôt.

Elle repéra le corps immobile de Tonks en bas des gradins. Un peu plus loin, Maugrey ne semblait pas dans un meilleur état, allongé sur le flanc, la tête ensanglantée. Elle aperçut également des corps de Mangemots : dont celui de Dolohov au sol près de Harry et Neville qui se déplaçaient avec difficulté. Lucius Malefoy courait vers eux, mais Hermione n’y fit pas attention.

De là où elle était, elle n’arrivait pas à voir où était Sirius. Hermione aperçut finalement des éclairs de lumière s’élever d’un endroit précis et tendit le cou dans l’espoir de l’apercevoir. Mais, lorsque les jets de lumière s’arrêtèrent brusquement, ce ne fut pas Sirius mais Remus qui sortait victorieux de ce combat dont elle n’avait rien vu.

Remus se dirigeait vers Harry et Hermione courut pour les rejoindre. Au passage, elle glissa légèrement et sentit sa blessure s’ouvrir complètement, le sang chaud coulant doucement le long de sa peau.

— Harry, rassemble les autres et PARTEZ TOUS !

La voix de Remus avait résonné juste à côté d’elle. Hermione fit semblant de ne pas remarquer l’air étonné de Harry lorsqu’elle passa devant lui.

— Remus !

Remus, qui était déjà reparti en courant, s’arrêta net et se retourna, stupéfait.

— Où est Sirius ? lança Hermione d’une voix pressante.

— Herm… ! Mais… Que ?

— OU EST-IL ?

— Je ne sais pas. Il se battait contre Bellatrix.

Hermione tressaillit, cherchant toujours Sirius des yeux.

— James et Lily sont là, fit remarquer Remus.

Hermione se tourna et vit effectivement les Potter se précipiter vers Harry. Dumbledore arrivait également, mais cela ne rassura pas Hermione, bien au contraire. Si Dumbledore était déjà là, alors Sirius n’allait pas tarder à mourir.

— Non, murmura Hermione d’un air désespéré.

Elle ne fit pas attention à la réaction étonnée et inquiète de Remus et courut en direction de l’arche. Si tout se passait comme à son époque, c’était là qu’il devait se trouver… Et effectivement, un instant après, Sirius et Bellatrix s’étaient décalés, entrant dans son champ de vision, juste à côté de l’Arche.

Hermione courut vers lui à toute vitesse et le vit éviter un jet de lumière rouge avant d’éclater de rire.

— Allons, tu peux faire mieux que ça !

Sa voix résonna en écho dans la vaste salle.

Le deuxième jet de lumière le frappa en pleine poitrine. Son corps se courba avec grâce et bascula en arrière.

— NON !!! hurla Hermione en se figeant et tombant sur les genoux.

Elle leva sa baguette et envoya un jet de lumière argentée sur Sirius qui fit voler son corps quelques mètres plus loin, l’empêchant au moins de traverser le voile.

Tout se déroula très vite. Le regard de Dumbledore se porta sur elle puis sur le socle de pierre et, finalement, se troubla à la vue du corps de Sirius étendu sur le sol. Bellatrix poussa un cri triomphant, mais Kingsley était déjà sur elle. Harry lâcha Neville sans même s’en apercevoir, courant vers son parrain. Remus l’attrapa et le retint alors qu’il criait le nom de son parrain avec le même désespoir étouffant qu'Hermione ressentait. Lily se figea, observant la scène avec un air effaré tandis que James se précipitait vers Sirius.

James n’était qu’à quelques pas de Sirius lorsqu’il se figea en entendant le hurlement de douleur de Kingsley qui tomba à genoux. Bellatrix tourna les talons et prit la fuite, déviant le sortilège que Dumbledore lui lança. Harry, qui s’était libéré de l’étreinte de Remus, lui emboîtait déjà le pas. Dumbledore, qui était à proximité, le suivit immédiatement. James courut à leur suite, refusant de laisser son fils avec la Mangemort. Hermione se releva et courut à son tour. Elle avait l’avantage de partir de moins loin que James et réussit à l’intercepter juste au moment où il passait la porte.

Elle lui sauta dessus et ils tombèrent brutalement, roulant dans la pièce circulaire que Dumbledore venait de quitter.

— Laisse-moi ! fit James avec colère en se relevant.

— Non ! Laisse Dumbledore faire. Ne change pas la seule partie de la soirée qui ne soit pas du gâchis !

— Tu savais ! lui reprocha James. Et tu as laissé faire.

La douleur de James était telle qu’il ne remarqua même pas qu'Hermione était en proie aux mêmes émotions.

— A vouloir toujours protéger ton passé, tu… Tu l’as sacrifié !

— J’ai tout fait pour éviter cette soirée, sanglota Hermione. J’étais prête à tout changer ! J’étais persuadée que vous étiez en sécurité !

— Tu l’as laissé mourir ! cracha James avant de s’approcher des portes à la recherche de la sortie.

— NON ! hurla Hermione dont les larmes coulaient abondamment sur ses joues. N’y va pas. Je t’en supplie James !

— Je dois aider Harry.

— Dumbledore est avec lui. Je te promets qu’il ira bien !

James la regardait d’un air dur. A ses yeux, ses promesses ne semblaient plus valoir grand chose. Il pivota pour lui tourner le dos et se concentrer sur les portes pour trouver la bonne, mais se figea en soupirant. Ses épaules s’affaissèrent soudain et il se retourna à nouveau, faisant face à Hermione avec une expression de douleur intense que rien ne saurait atténuer à part le temps. James fronça les sourcils en remarquant la tâche de sang sur le sol puis tendit la main et aida Hermione à se relever.

— Tu es blessée ? demanda-t-il d’un ton un peu moins dur.

— Ça ira, marmonna Hermione.

James dévisageait toujours Hermione. Elle savait qu’il attendait des explications, mais elle ne pouvait pas les lui donner. Elle n’en avait ni le temps ni la force.

— Pardon James, pardon, gémit Hermione. Je t’assure que j’ai voulu éviter tout ça. Je… Il faut que j’y aille. Je suis désolée, je ne peux pas risquer qu’un membre du ministère me voit ici…

— Il n’y a personne à cette heure là, répliqua James sèchement, sans comprendre l’inquiétude d’Hermione

— Les Aurors ont été prévenus, expliqua Hermione d’une voix qu’elle essayait de garder posée malgré ses larmes et la douleur. Ils arrivent. Fudge aussi. Je ne peux pas prendre le risque qu’ils m’interrogent sur mon rôle ce soir. Je dois y aller.

— Attends ici.

Hermione fronça les sourcils. N’avait-il pas compris ?

— Deux secondes, ajouta James d’un ton autoritaire.

Il fit demi-tour et retourna à l’intérieur.

— Alastor ! Donne-moi ta cape.

Suite aux paroles de James, Hermione entendit un grognement mécontent et, quelques instants plus tard, James était de retour à ses côtés avec une cape d’invisibilité à la main.

— Elle n’est pas aussi bien que celle de Harry, mais ce sera suffisant pour passer inaperçue.

Hermione prit l’étoffe et remercia James dans un souffle.

— File. Et prends soin de toi, ajouta-t-il en montrant sa blessure du regard.

Hermione se perdit un instant dans les yeux remplis de peine de James, reflétant ses propres émotions, et partit en essayant de repousser l’image du corps de Sirius se courbant sous le choc du sortilège.

End Notes:
Et voilà ! Pauvre Hermione. Elle en enfin décidé de chambouler le cours du temps et il se répète quand même ;)


J'essaierai de ne pas vous laisser trop longtemps avant le prochain chapitre. Normalement, je n'aurai pas trop de modifications à faire dessus donc à moins que mon quotidien soit méga chargé, il devrait venir vite.
Hors du voile by Padfooot
Author's Notes:
Hello tout le monde !

Voici le chapitre 40 (sans retard pour une fois !) : Hors du voile.

L’action se déroule les 17 et 18 juin 1996.

    Dans l'épisode précédent :

    Hermione tente le tout pour le tout et va au manoir Malefoy dans l'espoir de recueillir une preuve convaincante pour le ministère. Elle arrive à prendre une photo de Bellatrix et Lucius qui pourrait changer la donne.
    Elle décide enfin de se rapprocher de Sirius, mais quand elle arrive au square Grimmaurd, elle se rend compte que les évènements au Département des Mystères ont lieu malgré ses changements. Elle arrive trop tard pour sauver Sirius. 




Merci à ZooeyZweig pour sa review !

J'ai augmenté le rating en "déconseillé -16ans" car les prochains chapitres seront un peu plus sensibles que les précédents et je ne suis pas sûre que le -12 suffise. Mais au cas où il y en ait que cette modifications inquiète, je vous rassure : il n'y aura pas d'éléments particulièrement gores ou de scènes de sexe explicites (sinon ce serait en -18).

Bonne lecture !

— James !

Le cri de Lily résonna juste à côté de ses oreilles et Sirius fronça les sourcils. Il avait si mal à la tête.

— James, il est vivant !

Des bruits de pas se rapprochèrent rapidement.

— Tu es sûre ! Mais… Pourtant… Sirius ! Sirius ?

Sirius entrouvrit les yeux avec difficulté pour apercevoir les visages inquiets de James, Lily et Remus au dessus de lui.

— Tu nous as fait si peur, murmura Lily.

— Ouais, moi aussi je vous aime les gars, dit Sirius avec difficultés. Mais de quoi vous parlez ?

James éclata d’un rire nerveux tandis que Remus et Lily le regardaient avec des sourires attendris et amusés.

— On est au Département des Mystères, tu ne te souviens pas ? demanda Remus avec un fond d’inquiétude dans la voix.

Soudain tout lui revint en mémoire. Harry en danger. Le piège. La bataille. Bellatrix.

— Que… Où est Harry ? fit immédiatement Sirius en essayant de se relever.

— Dumbledore est avec lui. Il ne risque rien, le rassura James, posant une main sur l’épaule de son meilleur ami pour le forcer à rester tranquille.

— Tu es vraiment sûr ? demanda Lily, inquiète.

— Oui ! affirma James

L’assurance de James était telle que personne ne posa de questions, l’observant simplement avec attention.

— Elle me l’a dit, précisa tout de même James.

Sirius se souvint alors d’un cri de désespoir au moment où il tombait.

— Elle… Elle était là ? Hermione ?

— Oui. Elle t’a cru mort, expliqua Lily d’un air triste.

— Mais pourquoi ? s’étonna Remus.

Lily haussa les épaules, interdite.

— Tu crois qu’à son époque, Bellatrix aurait lancé un sortilège de la mort à la place ? proposa James Ce serait étrange… Il n’y a pas de raisons que ce point ait changé entre nos deux époques, si ? D’ailleurs, c’était quoi comme sortilège ?

— Maléfice d’entrave, répondit Sirius, le souffle toujours court. Rien de bien méchant. Mais c’était bizarre, je me suis senti tomber et… C’était comme si on essayait d’arracher mon âme.

— Tu as touché le voile, fit remarquer Remus, songeur, en observant l’arche qui se trouvait devant eux.

— Tu crois que… commença James.

— Ce que je crois, coupa Remus, c'est que si Hermione ne l’avait pas fait valdinguer à l’autre bout de la pièce, Sirius serait effectivement mort, oui…

Les mots de Remus furent suivis d’un long silence que seuls vinrent troubler des bruits de pas effrénés s’avançant dans la pièce. James, Lily et Remus se relevèrent en hâte et levèrent leurs baguettes, mais ils les abaissèrent aussitôt en voyant des membres du ministère avancer.








Hermione était prostrée dans sa pièce secrète où elle s’était hâtée pour soigner sa blessure. La potion avait suffisamment reposé et avait été très efficace pour refermer la plaie. Le sang avait cessé de couler, mais ses larmes refusaient de se tarir. Aucune potion ne serait assez efficace pour guérir sa peine et ôter de son esprit le souvenir de la mort de Sirius.

Hermione jeta un regard dépité au livre de Potions qui l’avait guidée ces derniers mois. La chance l’avait abandonnée ce soir.

Dumbledore l’avait prévenue que le temps avait ses mystères et que certains éléments risquaient de se reproduire malgré ses efforts. Etait-elle condamnée à voir se dérouler tout ce qu’elle avait déjà vécu à son époque ? Hermione trembla à cette idée. Elle n’en aurait jamais la force.

Un bruit strident résonna dans sa maison. L’alarme anti-transplanage qu’avait installée Hermione semblait fonctionner, mais la sorcière releva à peine la tête. Si les Mangemorts l’avaient effectivement retrouvée, qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Qu’ils viennent… Elle n’avait plus rien à perdre.

En entendant la sonnette retentir et la voix de James prononcer son nom derrière la porte, Hermione se redressa finalement. Qu’allait-elle pouvoir lui dire ? Comment pouvait-elle expliquer ses actions ? Elle n’était même pas sûre d’en être capable. Elle ne voulait pas parler de Sirius.

Hermione essaya d’essuyer ses larmes et ouvrit la porte les yeux rougis. James la dévisageait avec un demi-sourire mystérieux qui lui fit froncer les sourcils, ne comprenant pas la réaction de l’Auror. Il se décala pour lui permettre de voir qui l’accompagnait. Lily lui adressait un grand sourire et Remus la regardait avec le même air radieux, tout en soutenant un homme qu'Hermione n’eut aucun mal à reconnaître même si elle n’arrivait pas y croire.

Sirius la regardait avec un sourire en coin.

Hermione porta les mains à sa bouche et ses larmes coulèrent de nouveau.

— C’est impossible, murmura Hermione en tremblant.

Elle s’avança malgré tout et, en quelques pas, elle fit face à Sirius, qui souriait toujours. Elle tendit la main et la posa contre sa joue. Hermione esquissa finalement un sourire, noyé par les larmes, et se jeta au cou de Sirius, qui la serra contre lui de son bras libre, l’autre toujours posé sur Remus qui le soutenait avec force.

Hermione se laissa retomber, se perdit un instant dans les yeux gris de Sirius et l’embrassa. Sirius répondit à son baiser, à peine gêné d’avoir un public. Il la repoussa cependant avec douceur, coupant court à leur baiser, mais la tint serrée contre lui de son bras libre.

— On va vous laisser je crois, fit Lily de sa voix douce.

— Ça ira ? demanda Remus.

Sirius acquiesça et Remus le lâcha en douceur. Ils décochèrent un dernier sourire à Hermione puis s’éloignèrent. James les suivit après avoir adressé un léger signe de tête à Hermione et un clin d’oeil complice à son meilleur ami. Un instant après, les trois amis avaient transplané, les laissant seuls.

Sirius caressa ses joues du bout des doigts avec douceur, ôtant les larmes qui perlaient encore au coin de ses yeux. Il déposa un baiser sur son front avant de faire un signe de tête vers la maison. Il prit légèrement appui sur son épaule et ils se mirent à l’abri.

— Je ne comprends pas, murmura Hermione alors qu’elle prenait place sur le canapé à ses côtés. Tu… tu… Bellatrix… Elle…

— …m’a lancé un sortilège d’Entrave, termina Sirius en prenant place à côté d’elle.

— Mais à mon époque, tu… Oh, comprit finalement Hermione. C’était à cause du voile. J’ai toujours pensé que…

Hermione souffla, estomaquée.

— Et… tu… tu vas bien ?

— Ça va, la rassura Sirius en souriant. Juste un peu secoué et j’aurai probablement quelques bleus parce que quelqu’un m’a fait voler à l’autre bout de la pièce, mais sinon ça va.

Hermione émit un petit rire nerveux.

Sirius lui sourit puis posa sa main derrière la nuque d'Hermione et accola ses lèvres aux siennes, l’embrassant avec douceur. Ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps et avaient probablement bien des choses dont ils devaient parler, mais ni l’un ni l’autre n’en avait envie après les évènements de ce soir. Les émotions à fleur de peau, ils n’avaient aucune envie de réprimer leur besoin de chercher du réconfort dans les bras de l’autre.

Sirius accentua l’intensité de leur baiser et l’attira à lui, guidant les jambes d'Hermione pour les passer par dessus ses genoux. La jeune femme se tendit immédiatement, cherchant à combler l’espace entre les deux corps et se plaquant contre lui. Sentant le désir monter au creux de ses reins, il l’embrassa avec plus de fougue, ce qui la fit gémir d’anticipation. Les lèvres de Sirius s’étirent dans un sourire contagieux et les deux amants se reculèrent légèrement pour s’observer, le sourire aux lèvres.

Sirius se pencha de nouveau sur Hermione pour reprendre où ils s’étaient arrêtés, mais il se figea soudain en remarquant la photo posée sur le guéridon au bord du canapé.

Hermione ressentit le malaise de Sirius et se retourna. Sur la photo, Bellatrix et Lucius les dévisageaient avec colère.

Sirius grimaça. Finalement, ils feraient peut-être mieux de parler pour l’instant. Dans quoi s’était-elle fourrée cette fois ?

— Je crois que tu as des choses à me dire, non ?

La tension dans la voix de Sirius était palpable et Hermione fit une moue gênée. Elle s’écarta, mal à l’aise, sachant qu’il n’appréciera pas ce qu’elle s’apprêtait à lui raconter.

Elle expliqua tout ce qu’elle avait fait au cours de l’année, comment elle avait suivi Harry au cas où sans imaginer que l’épisode des Détraqueurs se répéterait, comment elle avait cherché une solution pour éviter la soirée au Département des Mystères, comment elle avait décidé de l’empêcher même si elle n’avait pas trouvé le moyen de convaincre le ministère sans cette soirée, comment elle avait pensé que le changement de comportement envers Kreattur aurait suffi.

— C’est de ma faute, l’interrompit Sirius à ce moment de l’histoire. Après l’incident avec Arthur, je lui ai dit « Dehors ! ». Je t’assure que j’ai fait des efforts avec Kreattur, je tenais à me rattraper, mais je ne savais pas que c’était déjà trop tard, je n’avais pas idée qu’il était allé voir Bellatrix à Noël. James et Lily m’ont tout expliqué ce soir. Ils étaient là quand Dumbledore l’a interrogé.

Hermione comprenait mieux. Ainsi, Sirius avait bel et bien fait des efforts, mais un réflexe malheureux avait suffi à ce que le temps suive son cours. Elle devrait faire plus attention à l’avenir si elle voulait avoir une réelle incidence sur le cours du temps.

— Continue, fit Sirius, la ramenant à la réalité.

Hermione exposa ensuite ce à quoi elle avait passé les derniers mois, essayant de récolter des preuves qu’elle envoyait à Tonks. Constatant les risques qu’elle avait pris, Sirius se crispa parfois, mais il ne la coupa pas, la laissant continuer le récit de ses aventures. Lorsque Hermione raconta finalement son escapade au manoir Malefoy, qui lui semblait déjà dater d’une éternité alors qu’elle n’avait eue lieu que quelques heures plus tôt, Sirius dut prendre sur lui pour ne pas réagir avant qu’elle n’ait fini.

— Tu es complètement folle ! Tu aurais pu te faire tuer… Tu as eu une chance incroyable d’éviter tous leurs maléfices.

— On peut dire ça, dit Hermione avec un petit air mutin.

Sirius contracta les sourcils sans comprendre sa réaction et Hermione lui tendit la fiole dont le contenu, bu juste avant de se rendre au manoir Malefoy, avait teinté le verre d’une légère nuance dorée très caractéristique.

— Felix Felicis, souffla Sirius, ébahi.

Hermione hocha la tête, fière d’avoir devant elle la preuve vivante que son projet fou avait finalement fonctionné. Tant d’efforts pour une seule minuscule fiole. Une potion qu’elle avait pourtant cru avoir raté tant son angoisse avait masqué les effets enivrants et rassurants du Felix Felicis. Une minuscule dose de chance liquide qui l’avait guidée maintes fois pendant la soirée, la maintenant en vie et la réunissant enfin avec Sirius.

— C’est incroyable ce que cette potion peut faire, murmura Sirius en caressant doucement la légère marque de brûlure laissée par le sortilège qui n’avait fait qu’effleurer la joue d’Hermione lors de sa course-poursuite.

— Elle n’est pas infaillible. Je me suis quand même pris un sortilège. Mais ce n’est rien, ajouta rapidement Hermione en voyant l’air soudain soucieux et les sourcils froncés de Sirius. Je m’en suis occupée.

Devant l’expression interrogatrice de Sirius, Hermione remonta son tee-shirt pour exposer la blessure sur son flanc. La plaie était encore rouge et gonflée, mais elle s’était refermée proprement. Sirius l’observa un instant puis releva la tête pour dévisager Hermione, les traits tirés en une moue irritée.

— Que voulais-tu que je fasse d’autre ? s’emporta Hermione en rabaissant le vêtement sur sa plaie. J’ai fait ça pensant éviter cette soirée, qui était censée mener à ta mort je te rappelle !

Sirius posa sa main sur le bras d'Hermione pour la calmer.

— Je sais, dit Sirius d’une voix douce. Mais j’aimerais que tu me promettes de ne plus jamais prendre ce genre de risques. Pas toute seule, ajouta-t-il en plaçant quelques mèches de cheveux derrière l’oreille d'Hermione avec une extrême douceur.

Hermione se noya dans ses yeux gris.

— Laisse moi être à tes côtés…

Hermione acquiesça, toujours perdue dans le regard de Sirius. Un instant plus tard, Sirius posa ses lèvres contre les siennes et l’embrassa avec force, bien conscient qu’il avait failli la perdre aujourd’hui. Hermione répondit à son baiser avec autant de ferveur, toujours ébahie de le voir vivant à ses côtés alors qu’elle l’imaginait mort encore quelques minutes plus tôt.

Encouragé par l’ardeur de sa partenaire, Sirius la fit basculer sur le canapé et se pencha au-dessus d’elle, collant son corps contre le sien. Il l’embrassa encore, passionnément, et fit glisser sa main le long de sa cuisse pour remonter jusqu’à sa taille en une douce pression. Hermione frémit à ce contact. Sirius sourit contre ses lèvres et s’attaqua à son cou. Sous les chatouilles causés par ses baisers, elle se contracta instinctivement, lui bloquant l’accès. Sirius sourit de plus belle, amusé de la réaction de sa partenaire. D’une main douce, mais ferme, il lui caressa la joue et lui maintint la tête sur le côté, laissant le champ libre pour déposer de nouveaux baisers au creux de son cou particulièrement sensible. Hermione gémit et Sirius la relâcha finalement pour venir l’embrasser à nouveau, forçant l’entrée du bout de sa langue. Hermione plaqua ses mains contre sa nuque pour intensifier le baiser. Puis, sentant sa partenaire se cambrer sous les caresses de leurs langues, il se retira et lui mordilla la lèvre inférieure avant d’ancrer son regard dans le sien, lui communiquant son désir.

Hermione posa sa main contre son torse et le repoussa du bout des doigts. Sirius se laissa faire sans la quitter des yeux. Elle se releva, le coeur battant et, d’un signe de tête, elle l’invita à la suivre à l’étage. Sirius se leva à son tour. Hermione se pencha pour le soutenir, mais Sirius secoua la tête.

— Ça va, la rassura-t-il. Le transplanage m’avait un peu secoué, mais c’est passé. Et j’ai bien assez de force pour ça !

Il accompagna ses derniers mots d’un sourire séducteur et lui attrapa la main pour la ramener contre lui et déposer un nouveau baiser contre ses lèvres.

Hermione sourit, mais s’écarta de nouveau et se dirigea vers l’escalier. Sirius la rattrapa et la fit basculer pour la prendre dans ses bras. Hermione émit un petit rire et laissa son regard se perdre dans ses iris gris chargés de désir. Il la porta jusqu’à sa chambre et la déposa sur le lit. Il ôta sa veste avant de se positionner au-dessus d’elle et reprit où ils s’étaient arrêtés, s’embrassant avec passion.

Hermione croisa ses bras derrière son dos, l’attirant au plus près d’elle. Sirius fit courir sa main le long du corps de sa partenaire, découvrant ses courbes à travers ses vêtements. Hermione se cambra de désir sous les caresses de Sirius. Elle ramena ses mains sur les côtés et attrapa son haut. Sirius se redressa pour laisser passer le vêtement par dessus ses épaules. Il laissa à peine le temps à Hermione de parcourir du regard son torse nu avant de reprendre son exploration. Ses mains s’attardèrent sur la courbe de ses seins avant de descendre le long de ses hanches et de ses fesses. Hermione frissonna d’impatience sous le contact ferme de son amant. La passion dans leurs baisers s’était encore accrue et Sirius fit courir ses doigts sur la hanche d'Hermione avant de venir au contact direct de sa peau, soulevant son chemisier.

Hermione frémit, à la fois fiévreuse sous les caresses de Sirius et embarrassée à l’idée de montrer son corps.

Jetant un coup d’oeil derrière elle, elle mit fin au baiser et se cambra pour atteindre l’interrupteur tandis que Sirius s’attaquait de nouveau à son cou. La lumière principale s’éteignit, mais la main de Sirius se refermait déjà sur le poignet d'Hermione, la forçant à revenir vers l’interrupteur et à appuyer sur le bouton adjacent. La lumière de la table de chevet s’alluma, baignant la pièce d’une lumière plus douce, et Sirius abandonna la peau tendre de son cou pour dévisager Hermione d’un air espiègle, mais rassurant.

— Non, murmura-t-il dans un souffle. Pas avec moi.

Sirius se pencha de nouveau et embrassa Hermione avec plus de douceur, comprenant le malaise de sa partenaire. Il reprit ses caresses sur ses hanches d’une main experte et ôta son haut en douceur. Sirius observa le corps à moitié nu de son amante et caressa du bout des doigts la cicatrice violacée qui courait entre ses seins.

— Avec moi, tu n’as pas à cacher qui tu es, souffla-t-il au creux de son oreille.








Ce matin là, une douce chaleur habitait le coeur d'Hermione au souvenir de la nuit passée avec Sirius. Elle se tourna sur le côté, mais Sirius n’était pas là. Elle tendit l’oreille pour découvrir qu’il était simplement à la salle de bain. Au pied du lit, un tas de vêtements délicatement pliés attendait le retour de son propriétaire, qui les avait probablement invoqués avant d’aller à la douche.

Quelques secondes plus tard, la silhouette de son amant se dessina à l’entrebâillement de la porte, vêtu d’un simple caleçon. Sirius jeta un coup d’oeil amusé en voyant Hermione l’observer avec un sourire timide. Il s’habilla sans la quitter du regard.

— Je dois aller au ministère. Après la soirée d’hier, ils seront sûrement contents que je reprenne mon poste.

— Tu n’étais plus Auror ? s’étonna Hermione.

— Non. Trop proche de James. Ils m’ont viré, expliqua Sirius en haussant les épaules.

Sirius boutonna sa robe de sorcier tout en regardant Hermione qui l’observait attentivement. Son visage se crispa un instant et Sirius comprit qu’elle était inquiète. Etre Auror en temps de guerre ouverte n’était pas vraiment la position la plus sûre.

— Ne t’inquiète pas. Scrimgeour est un peu grognon, mais il ne mord pas, blagua Sirius pour la détendre.

Hermione fit une moue peu convaincue, mais amusée.

— Et toi, qu’as-tu prévu aujourd’hui? demanda Sirius d’un air affable.

— Absolument rien puisque j’ai démissionné, répondit Hermione avec un sourire.

Devant l’air intrigué de Sirius, Hermione poursuivit :

— Je ne pouvais pas tout faire à la fois. J’ai définitivement tiré un trait sur ma vie de moldue. Ma place est auprès des sorciers…

— Ce qui veut dire que… tu ne t’enfuiras plus en courant ? demanda Sirius, dévoilant enfin sa crainte à l’idée de voir Hermione regretter ce qui venait de se passer entre eux.

Hermione secoua doucement la tête, les lèvres étirées en un sourire malicieux et charmeur.

— Il faut croire que Felix m’a ouvert les yeux.

Sirius la dévisagea longuement, l’air étonné, prenant le temps d’assimiler la nouvelle. Il avait du mal à réaliser, mais son caractère séducteur prit le dessus sur le sérieux de leur conversation.

— Je ne pensais pas un jour avoir besoin des effets d’un potion pour conclure, fit Sirius, un sourire au coin des lèvres.

Hermione ouvrit la bouche, amusée et étonnée, un souffle amusé s’échappant de ses lèvres. Elle lui répondit finalement par un sourire espiègle et Sirius la rejoignit sur le lit et s’allongea au-dessus d’elle. Avec un regard taquin, il les fit rouler sur le côté, plaçant Hermione sur lui, le corps emmitouflé dans les draps. Ils s’embrassèrent en riant et Sirius décida qu’il valait mieux arrêter les choses maintenant au risque de se laisser emporter et d’être en retard. Il embrassa une dernière fois Hermione puis la repoussa doucement.

— Je dois vraiment y aller, dit Sirius, la voix rauque de désir.

Hermione se décala à regret et roula sur le côté.

Sirius se leva et attrapa l’élégant manteau d’Auror qu’il n’avait pas revêtu depuis de longs mois. Il surprit la réaction d'Hermione lorsqu’il mit le vêtement sur ses épaules et l’interrogea du regard.

— Il te va très bien, fit Hermione en se mordant la lèvre.

Sirius lui répondit par un sourire charmeur.

— Je te vois ce soir ? lança Sirius d’une voix suave et pleine de promesses.

Hermione hocha la tête, les joues légèrement rosies par l’envie et Sirius s’éclipsa, laissant Hermione pantelante et heureuse.

Après le départ de Sirius, elle resta allongée quelques instants avant de finir par se lever et, motivée par les évènements récents, elle décida de profiter de son entrain pour aller courir. Il lui semblait que cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas pris le temps de profiter avec simplicité d’une sortie au parc.

Hermione enfila ses baskets, rayonnante et l’esprit ailleurs. Elle aurait été bien incapable de se défaire de cette sensation de joie et de ce petit sourire épinglé sur son visage. Et cette fois, Felix Felicis, dont les effets étaient maintenant dissipés, n’était pas la cause de son allégresse. Elle sortit et se retourna pour fermer la porte à clé derrière elle. Trop concentrée sur ses émotions, Hermione ne remarqua même pas les bruits de pas qui se rapprochaient dans son allée. Le contact au creux de son dos la ramena immédiatement à la réalité. Hermione déglutit en sentant la pointe d’une baguette magique braquée entre ses omoplates.

— Après toutes ces années, on se retrouve enfin…

Et après toutes ces années, Hermione aurait toujours pu reconnaître cette voix entre mille.

End Notes:
Et voilà ! Enfin ensemble ces deux là. Merci Felix Felicis, non ? ;)

D'ailleurs, qui avait deviné que c'était du Felix Felicis qu'Hermione préparait ?


Et à votre avis, qui attaque Hermione à la fin ?
Le Bureau des Aurors by Padfooot
Author's Notes:
Bonjour !

Voici le chapitre 41 : Le Bureau des Aurors.

L’action se déroule les 18 juin 1996.

    Dans l'épisode précédent :

    Sirius a survécu au Département des Mystères puisqu'il n'a pas traversé le voile. Il est allée voir Hermione chez elle et... enfin voilà le Sirmione !
    Après une nuit ensemble, Sirius part au ministère reprendre son poste d'Aurors (il avait été viré car trop proche de James et Dumbledore) en promettant à Hermione de venir la voir le soir. Hermione sort de chez elle et tombe sur... quelqu'un :) 




Merci à momo201093 pour sa review !

Bonne lecture !

Lorsque Sirius arriva au ministère, il s’arrêta un instant pour étudié les changements dans le patio. Le combat entre Dumbledore et Voldemort avait laissé ses traces. Les débris de la fontaine, entièrement détruite, avaient été évacués et le sol avait été balayé, mais l’air semblait encore chargé d’une magie puissante qui lui fit froid dans le dos.

Sirius observait les dégâts, imaginant ce que Harry avait dû ressentir en tant que spectateur du duel entre les deux mages les plus puissants de leur époque. Lorsqu’ils s’étaient dirigés vers la sortie, ils avaient croisé Dumbledore qui venait de renvoyer Harry à Poudlard et avait rassuré James et Lily sur l’état de santé de leur fils. En voyant Sirius debout, bien que soutenu par Remus car encore sonné par le sortilège d’Entrave et le contact du voile, le vieil homme avait souri sincèrement.

— Au moins, je n’aurai pas que des mauvaises nouvelles à lui annoncer, avait-il dit avant de s’éloigner en compagnie du ministre.

Car il était plus que temps de dire à Harry ce que contenait la prophétie détruite la veille. Et cette mauvaise nouvelle serait bien assez accablante, sans y ajouter en plus la mort d’un de ses proches.

Sirius repensa à tout ce qui s’était passé la veille après le message inquiétant de Rogue et leur départ précipité vers le ministère. Ils avaient parcouru plusieurs salles du Département des Mystères avant de retrouver enfin Harry et Neville dans la Salle de la Mort. Au passage, ils avaient croisé les quatre autres jeunes, arrachant Ron de justesse aux tentacules agressives du cerveau s’assurant que les trois sorcières, bien que blessées, n’étaient pas en danger immédiat.

— Ah, je commençais à me demander si tu allais venir !

Sirius se retourna et découvrit James qui semblait avoir décidé de le rejoindre au patio et non au bureau des Aurors, comme ils avaient eu l’habitude de le faire pendant tant d’années.

— Je n’allais quand même pas rater les excuses officielles de Fudge, répliqua Sirius avec un sourire malicieux.

James accueillit Sirius en passant son bras par dessus son épaule avec une oeillade complice, comme lorsqu’ils étaient adolescents et que Sirius revenait d’une nuit à l’extérieur. Mais cette fois, c’était différent.

Cette fois, elle comptait vraiment.

— Je suis heureux pour toi.

Sirius répondit simplement par un sourire.

— Tiens, lis ça.

Sirius prit la lettre que lui tendait James et découvrit rapidement qu’elle provenait de Mrs Pomfresh. Sirius se hâta de la parcourir des yeux, remarquant avec soulagement que les camarades de Harry n’auraient pas de graves séquelles. Ginny, Luna et Neville étaient déjà sur pieds tandis que Ron et Hermione se remettraient doucement. Sirius fronça les sourcils en lisant le commentaire de l’infirmière sur la blessure qui avait failli avoir raison de la jeune Hermione, faisant le rapprochement entre le sortilège de Dolohov et la cicatrice violacée qu’il avait caressée sur le corps de son amante quelques heures plus tôt.

— Et les nôtres ? Maugrey, Kingsley et Tonks ?

— Maugrey s’est remis rapidement. La blessure de Kings n’était pas très profonde, il va probablement devoir faire attention quelques jours, mais rien de grave. Et pour ce qui est de Tonks, elle est bien amochée, mais elle devrait s’en tirer sans séquelles. Il va lui falloir passer quelques jours à Ste Mangouste, mais quel Auror n’y a pas déjà fait un petit séjour, hein ? D’ailleurs, à propos de Tonks, ajouta James avec un ton de conspirateur. Peut-être que Remus va finir par se laisser convaincre finalement…

— Sérieusement ? Il y a eu du nouveau ?

James hocha la tête, amusé.

— Pourquoi ne suis-je pas au courant ?

— Cela ne risquait pas. Il nous a raconté ça hier soir et tu étais… plutôt occupé, précisa James avec un sourire en coin.

Sirius rendit son sourire à James.

— Tu veux que je te raconte ou je laisse Remus t’en parler ce soir ? Enfin, à moins que…

James laissa sa phrase en suspens en regardant Sirius d’un petit air espiègle.

— A moins que je ne sois encore occupé ce soir, tu veux dire ? termina Sirius en riant. C’est probable, oui. Alors je pense que tu vas être obligé de me raconter ça maintenant.

James rit.

— J’ai l’impression qu’on va moins te voir dans les prochains jours. Mais n’oublie pas que Lily adore Hermione. Il ne faudrait pas que tu la monopolises trop longtemps si tu ne veux pas t’attirer les foudres de Lily.

— Ta femme ne me fait pas peur, James. Quoique si, un peu… admit Sirius avec un clin d’oeil. Mais là, je suis sûre qu’elle me pardonnera de garder un peu Hermione pour moi. Je n’ai clairement pas prévu de la partager pour le moment…

— Tu m’étonnes, répondit James en donnant une tape dans le dos de Sirius.

— Et donc, pour Remus ? rappela Sirius.

— Ah oui, se remémora James. Tu sais qu’ils suivaient Avery de près l’autre soir ? Juste Tonks et lui.

Sirius hocha la tête, attendant la suite.

— Hé bien, disons que Tonks a parlé de toi.

— De moi ? s’étonna Sirius sans voir comment parler de lui avait pu avoir le moindre impact positif sur la relation entre Tonks et Remus.

— Tonks a vanté tes qualités physiques.

— Hein ?

James riait franchement maintenant.

— J’exagère un peu. Elle a juste dit que même avec les années, tu restais très bel homme.

James avait insisté sur les derniers mots avec un air railleur et Sirius fronça les sourcils, ne voyant pas où la conversation allait mener.

— Evidemment, Remus n’était pas ravi. Il a grommelé un truc comme quoi c’était logique qu’elle ait craqué sur toi puisque c’est toujours toi qui plait aux femmes.

Sirius grimaça, se sentant de plus en plus mal à l’aise alors que James semblait beaucoup s’