II - grey clouds, wolf story. (fr) by Winter
Summary:

Le brief pour les âmes soeurs ? Ok, alors ce sont deux âmes qui se sont perdues de vues. On ne leur souhaite que de se retrouver bien sûr.

Mais ceci n’est pas une histoire d’amour.

Ou pas. 

 

"Impossibility is a kiss away from reality."   - sense8.

image par @sirtook sur unsplash

Partie 2 de black story.


Categories: Romance (Het), Epoque de Harry, Personnage original (OC) Characters: Famille Weasley, George Weasley, Le Trio, Personnage original (OC), Remus Lupin
Genres: Amitié, Aventure/Action, Romance/Amour
Langue: Anglais, Espagnol, Français
Warnings: Lemon soft, Lime, Relation toxique / abusive, Violence physique, Violence psychologique
Challenges: Aucun
Series: black story.
Chapters: 116 Completed: Oui Word count: 652413 Read: 61593 Published: 16/04/2022 Updated: 30/12/2023
Partie 7 - Chapitre 19 by Winter
Author's Notes:

ϟ. Ben Caplan - What Love Can Heartbreak Allow?

Certains dialogues sont tirés du tome 7, Harry Potter et les Reliques de la Mort par J.K. Rowling.

 

TRIGGER WARNING : scène violente.

Au petit matin, c’est Harry qui monte la garde. Je le rejoins avec une tasse d’infusion fumante. Le sentiment d’apaisement de la veille ne m’a pas quittée, j’ai réussi à dormir, ça m’a fait beaucoup de bien, et c’est avec le sourire que je le rejoins.


 


— Bonjour.


— Bonjour, répond-il avec le même sourire. 


 


Il semble agréablement surpris de mon humeur, mais ne dit rien. 


 


— Merci.


— Ron a raison ? C’est aussi dur que ça de détruire un horcruxe ?


— On peut dire que tu attaques fort avec les sujets sensibles…


 


Oui, j’avoue que le sujet m’a travaillée cette nuit. 


 


— Des ombres ont surgi quand il s’est approché. Elles ont dit des choses, beaucoup de choses dures qui semblaient refléter des peurs profondes de Ron.


 


Je fronce les sourcils, ça ne me plaît pas. C’est le genre de chose qui est instable et imprévisible, impossible à anticiper. Qui sait comment je réagirais face à ça ? Saurais-je reprendre le dessus sur mes émotions ?


 


— Si je te dis quelque chose, tu me promets que tu ne le répéteras pas à Hermione ? chuchote-t-il.


 


J’hésite. Je n’aime pas lui cacher des choses. Mais on vit aussi en huit clos, et il est important, je trouve, de savoir tous les tenants et aboutissants de tout le monde pour anticiper les prochains événements. Je réfléchis donc un instant avant d’acquiescer.


 


— Il avait peur que quelque chose se soit passé entre elle et moi.


 


Je fronce les sourcils, c’est ridicule. 


 


— Tu lui as dit pour la carte de Poudlard que tu regardes tout le temps ?


— Non. Je l’ai rassuré, dis que c’était comme une sœur, jamais rien de plus. Mais il sait que c’est infondé, il n’a juste pas confiance en lui…


— Et ne se rend pas compte qu’elle est exactement comme lui, je finis. 


— Voilà.


 


Le soleil commence à réchauffer la terre, de la neige fond et je dois dire que ça fait du bien de sentir un peu de chaleur, je suis gelée.


 


— Au fait, tu as vu Ginny récemment ?


 


Il secoue la tête. 


 


— Vacances. 


 


Ah oui, j’avais oublié. J’ai l’impression que ce qu’on vit nous a plongés hors du temps. Ça me manque d’être normale, d’aller en cours, de voir mon copain, rigoler avec mes amis, jouer au quidditch… C’est si dur…


 


Harry ne dit plus rien, il sent peut-être que je ne pense pas à des choses joyeuses.


 


— Ça va, dis-je avant de me lever pour partir chasser.


 


Je reviens quelques heures plus tard avec de quoi dîner. L’ambiance dans la tente ne s’est pas améliorée par rapport à hier. J’ai l’impression d’être à un enterrement sans même avoir été prévenue. Hermione ne parle pas à Ron, Ron évite Hermione et il y a Harry et moi au milieu. La perspective de manger de la viande pour le repas fait tout de même plaisir. 


 


— Merci Emy. Tu n’as vu personne dans les bois ? me demande Ron en chuchotant. 


— Non.


— Quelqu’un nous a aidés, il reviendra peut-être encore.


 


J’en doute. Pourquoi se cacher s’il nous aidait ?


 


— Tu te rends compte ? On a un horcruxe en moins !


 


Sa joie est contenue, ça me donne le sourire et je me rends compte à quel point sa présence m’avait manquée.


 


— Tu m’as manquée.


— Toi aussi Emy.


 


On échange un sourire, puis je me mets au travail. Il observe ce que je fais et apprend à faire de même. C’est un travail difficile, mais on s’habitue et il s’agit de survie alors…


 


Ron a raison de se réjouir. On a un horcruxe en moins, et une manière de les détruire. Je sens qu’Harry est porté par la même confiance que moi. On est atteints d’un second souffle. Même les regards hostiles ne peuvent atteindre mon moral. Harry et moi échangeons quelques sourires, notre confiance ne peut s’ébrécher. 


 


— Et au fait, comment avez-vous découvert l’existence du Tabou ? demande Ron dans l’après-midi alors que nous sommes en train de ramasser des champignons. 


— Du quoi ?


— Vous avez cessé de prononcer le nom de Tu-Sais-Qui. Ce matin Harry quand tu m’as raconté ce qui s’était passé pour vous, tu ne l’as pas dit une seule fois.


— Ah, oui. C’est simplement une mauvaise habitude qu’on a prise, répond Harry. Mais je n’ai toujours aucun problème à l’appeler V... 


— NON ! 


 


On sursaute tous les deux, surpris par le cri.


 


— Désolé, dit Ron, mais son nom a été frappé d’un maléfice, c’est comme ça qu’ils retrouvent les opposants ! Prononcer son nom brise les sortilèges de Protection, ça produit une sorte de perturbation magique... C’est ce qui leur a permis de nous retrouver à Tottenham Court Road ! 


— Parce qu’on avait dit son nom ? 


— Exactement ! Il faut leur reconnaître que c’était bien pensé. Seuls ceux qui le combattent sérieusement, comme Dumbledore, osaient l’appeler par son nom. Maintenant qu’ils ont mis un Tabou, quiconque prononce ce nom est aussitôt repéré... un moyen rapide et efficace de découvrir les membres de l’Ordre ! Ils ont failli avoir Kingsley... 


— Tu plaisantes ? 


— Pas du tout, Bill m’a raconté qu’il a été cerné par une bande de Mangemorts, mais il a réussi à les repousser et à s’échapper. Il est en fuite, maintenant, comme nous. 


 


Effectivement, ça ne doit pas être facile pour les membres de l’ordre. Plus les troupes de Voldemort nous cherchent sans nous trouver, plus la tension doit monter… 


 


Quand on a fini, je repars rejoindre Hermione qui lit le livre de Skeeter. 


 


— C’est bien ?


— C’est surprenant, reprend-elle. Je sais que c’est Rita Skeeter qui l’a écrit, elle sait bien manier la vérité, mais là, elle met des preuves qui sont difficiles à contrer. 


— Dumbledore était un sorcier jeune, prometteur qui était un peu laissé seul, sans structure familiale. Harry est dur avec l’argument « il était jeune » parce qu’il n’a rien décidé de sa vie à lui et a gardé la notion de devoir en tête. 


— Oui, il fait la comparaison…


— Voilà. Sauf que pour moi, Harry est l’exception. Pas la règle. 


— Tu as sans doute raison… murmure-t-elle en regardant la couverture. 


 


Au loin, Harry teste maintenant sa nouvelle baguette. 


 


— Je pense aussi que Dumbledore a trouvé la force de remettre en question ses erreurs de jeunesse. Il a consacré sa vie adulte à sa rédemption.


— Oui, tu as raison…


 


On décide de rester sur ce campement pour la prochaine nuit. Il n’y a vraiment personne et on a repéré plusieurs endroits pour de la nourriture. 


 


 


*****


 


Je suis assise à côté de Ron, le repas est fini, Hermione est repartie lire, mais nous trois, on reste assis, à prolonger ce moment. 


 


— Tu parlais d’émission hier… dis-je enfin, l’émotion déjà présente dans ma voix rien qu’en pensant à George.


— Oui, approuve-t-il avec un franc sourire. C’est une émission qui donne de vraies nouvelles. Toutes les autres soutiennent Tu-Sais-Qui et sont alignées sur la position du ministère, mais celle-ci... Attendez un peu d’écouter ça, c’est formidable. Malheureusement, ils ne peuvent pas la diffuser chaque soir, ils doivent changer sans cesse d’endroit, au cas où il y aurait une descente de police. Et il faut un mot de passe pour arriver à la capter... L’ennui, c’est que j’ai raté la dernière... 


 


Je contiens mon excitation. J’ai envie d’en savoir plus, de poser des questions, mais le voilà qui tapote sa radio avec sa baguette en prononçant des mots au hasard. Harry a repris ses entraînements de baguette, ses résultats sont mitigés. Je suis seule avec mes pensées, je n’aime pas ça. Il faut que je m’occupe, alors je récupère un livre sur les plantes comestibles et le feuillète. 


 


À un moment, Hermione relève la tête de son livre, ce qui inquiète tout de suite Ron.


 


— Si ça t’agace, j’arrête !


 


Elle ne répond pas, mais vient à notre table.


 


— Il faut qu’on parle.


— De quoi ? demande Harry. 


— Je veux aller voir Xenophilius Lovegood. 


— Pardon ? je demande.


 


Ce serait la dernière personne à laquelle je penserai.


 


— Xenophilius Lovegood. Le père de Luna. Je veux aller lui parler !


— Heu... commence Harry tout aussi surpris que moi. Pourquoi ?


— À cause de la marque, la marque dans Beedle le Barde. Regardez ça ! 


 


Elle tend le livre de Skeeter où on voit une reproduction de la lettre originale que Dumbledore avait écrite à Grindelwald. Et la signature en bas de page…


 


— Ça alors ! je m’exclame.


 


C’est la même marque que dans le livre de conte de Beedle le Barde, la tombe et aussi le collier de Xenophilius.


 


— Elle n’arrête pas d’apparaître, reprend-elle. Je sais que d’après Viktor, c’était la marque de Grindelwald, mais je suis sûre que c’est aussi celle qu’on a vue au cimetière de Godric’s Hollow. Or, les dates inscrites sur la pierre tombale étaient bien antérieures à l’arrivée de Grindelwald ! Et la voilà à nouveau ! On ne peut plus demander à Dumbledore ou à Grindelwald ce qu’elle signifie – je ne sais même pas si Grindelwald est toujours vivant – mais on peut le demander à Mr Lovegood. Il portait ce symbole au mariage, et je suis certaine que c’est important ! 


— Tu as raison, dis-je convaincue, allons-y. Dumbledore a ajouté cette marque lui-même dans le livre. Il veut nous faire comprendre quelque chose !


 


On se tourne vers Harry qui lui ne semble pas du tout convaincu.


 


— Nous n’avons pas besoin d’un nouveau Godric’s Hollow. Nous avions décidé d’aller là-bas après en avoir parlé tous les trois et... 


— Mais cette marque revient sans cesse, Harry !


— Nous essayons de nous convaincre que Dumbledore nous a laissé des signes, des indices secrets... 


— Le Déluminateur s’est révélé très utile, intervient Ron. Je crois qu’Hermione a raison. Nous devrions aller voir Lovegood. 


 


Est-il honnêtement convaincu que c’est une bonne idée, ou souhaite-t-il se racheter auprès d’Hermione ?


 


— Ce ne sera pas comme à Godric’s Hollow, ajoute t-il. Lovegood est de ton côté, Harry. Le Chicaneur a toujours été pour toi, il continue de dire à tout le monde qu’il faut t’aider. 


 


On discute encore un peu puis on se met d’accord pour y aller dans les prochains jours. Le Terrier n’est pas loin de la maison des Lovegood, ça ne devrait pas être difficile à trouver. 


 


 


*****


 


 


Un peu sonnée par toutes les révélations de Xenophilius, l’attaque et notre échappée à un cheveu, je fixe le vide devant moi, l’histoire des trois frères encore dans ma tête. Je ne suis pas la seule, les trois autres sont autour de moi dans le même état.


 


— Ce qui me perturbe, dis-je enfin, c’est qu’on part d’un conte pour enfants. Un truc que j’ai toujours connu et maintenant, je découvre un nouveau penchant, c’est perturbant…


— Assez d’accord avec toi, approuve Ron.


— C’est comme si tu connaissais le monde d’une manière, et finalement, il est totalement différent…


— Bienvenue dans notre monde, réplique Hermione.


 


Je la regarde avant de réaliser ce que je viens de dire. Oui, elle a raison, elle ne savait pas que la magie existait. C’est fou quand je me pose deux minutes sur le sujet. Elle ne savait pas. Tout comme Harry. Un truc qui fait autant partie d’eux, totalement inconnu. 


 


— Pardon, oui, tu as raison, c’était maladroit. 


— Ne sois pas désolée, c’était une erreur d’y aller, une totale perte de temps ! Les Reliques de la Mort... Quelle idiotie... Mais finalement… Peut-être qu’il a inventé tout ça lui-même ? Il ne croit sans doute pas du tout aux Reliques de la Mort, il voulait simplement nous retenir jusqu’à l’arrivée des Mangemorts ! 


— Je ne crois pas, dit Ron. Il est sacrément plus difficile qu’on ne pourrait le penser d’inventer des trucs quand on est en plein stress. Je m’en suis rendu compte au moment où les Rafleurs me sont tombés dessus. Il m’a été beaucoup plus facile de faire semblant d’être Stan, parce que je savais des choses sur lui, que d’inventer entièrement un personnage imaginaire. Le vieux Lovegood était sous pression, il essayait de tout faire pour nous garder chez lui. À mon avis, il nous a dit la vérité, ou ce qu’il croit être la vérité, simplement pour qu’on continue à parler. 


 


Je pense aussi que ça peut être vrai. Je regarde Harry qui est étrangement bien silencieux depuis que nous sommes rentrés. Est-il lui aussi secoué par la peinture dans la chambre de Luna ? Ou alors l’explosion et cette histoire folle que nous a raconté Lovegood ?


 


— De toute façon, je ne crois pas que ce soit très important, soupire Hermione. Même s’il était sincère, je n’ai jamais entendu de telles absurdités de toute ma vie. 


— Oui, mais attends. La Chambre des Secrets aussi était censée être un mythe, non ? 


— Les Reliques de la Mort ne peuvent pas exister, Ron ! 


— Tu n’arrêtes pas de le répéter, mais il y en a au moins une qui existe. La cape d’invisibilité de Harry... 


— Le Conte des trois frères n’est qu’une histoire. Une histoire sur la peur que la mort inspire aux humains. Si survivre était aussi simple que se cacher sous la cape d’invisibilité, nous aurions déjà tout ce qu’il nous faut ! 


— Pas sûr. Une baguette invincible ne nous ferait pas de mal, dit enfin Harry.


— Ces choses-là n’existent pas, Harry ! 


— Tu as dit qu’il y avait plein de baguettes – le Bâton de la Mort et je ne sais quoi... 


— D’accord, si ça t’amuse, tu peux toujours croire que la Baguette de Sureau est bien réelle, mais la Pierre de Résurrection ? 


 


Elle n’y croit pas, et l’histoire raconte que ça ne fonctionne pas vraiment. Oui mais… Et si elle fonctionnait ? J’aimerais y croire, tout le monde voudrait ça… Revoir ses proches disparus…


 


— Aucune magie ne peut ressusciter les morts, et c’est tout ! 


— Quand ma baguette s’est connectée à celle de Tu-Sais-Qui, ma mère et mon père sont apparus... Lyra… Et Cedric... 


— Ils n’étaient pas ressuscités. Ce genre de... de pâle imitation n’a rien à voir avec une véritable résurrection. 


— La fille, dans le conte, n’est pas vraiment revenue. L’histoire dit qu’après leur mort, les gens appartiennent au monde des morts. Mais le deuxième frère peut quand même la voir et lui parler. Il a même vécu avec elle pendant un moment... 


 


Ça serait fou… Harry doit penser la même chose que moi puisqu’il fait une courte pause avant de reprendre. Nous avons les mêmes personnes en tête. 


 


— Et ce Peverell enterré à Godric’s Hollow, tu ne sais rien sur lui ? 


 


Elle secoue la tête. 


 


— Toi non plus Emy ?


— C’était une famille de Sang-Pur, en absence d’héritiers mâles, le nom a disparu il y a des siècles. 


— Comment tu sais ça toi ? demande Ron.


 


Je secoue mon collier ou le médaillon de ma mère se trouve. Ils comprennent tous.


 


— Et toi, tu en penses quoi ? reprend Hermione. Tu es bien silencieuse depuis le début. 


 


Je prends le temps de bien choisir mes mots avant de répondre. C’est un sujet délicat. 


 


— Je pense que dans toute histoire, il y a une part de vérité. La cape, ok, peut-être que nous l’avons déjà. La baguette, je n’y crois pas tellement. Pour moi, le sorcier et la baguette sont ensemble et forment un duo. J’ai du mal à imaginer qu’une baguette pourrait transformer un sorcier médiocre en un excellent.


— Et la pierre ? demande Harry. 


— La pire des trois selon moi. Est-ce que le conte dit vrai ? Est-ce qu’on peut faire revenir les morts ? Ça touche à quelque chose que je préfère ne pas penser. 


— Mais… commence-t-il avant que je le coupe. 


— Je pense comme toi Harry, vraiment, les mêmes idées m’ont traversé l’esprit. Mais non, tu le sais comme moi que les lois de la nature ne peuvent pas être transgressées sans en payer le prix. 


 


Il pince les lèvres, mais n’ajoute rien. Puis il se relève d’un coup comme frappé par un éclat de génie. 


 


— Marvolo Gaunt ! 


— Pardon ?


— Elvis Marvolo Gaunt ! Le grand-père de Vous-Savez-Qui ! Dans la Pensine ! Avec Dumbledore ! Marvolo Gaunt a dit qu’il descendait des Peverell ! 


 


Marvolo Gaunt aurait brandi sa bague devant le type du ministère. Les armoiries ressemblaient à quelques traits… Et il y avait une pierre sur la bague. 


 


— Si c’était la Pierre de Résurrection ?


— Nom de nom ! Mais est-ce qu’elle pourrait encore marcher après avoir été fendue par Dumbledore ? 


— Marcher ? Marcher ? Ron, elle n’a jamais marché ! s’énerve Hermione. Il n’existe pas de Pierre de Résurrection ! Harry, tu essayes de faire tout concorder avec l’histoire des reliques…


— De faire tout concorder ? Hermione, ça concorde tout seul ! Je sais maintenant que le signe des Reliques de la Mort était gravé sur cette pierre ! Et Gaunt a dit qu’il était un descendant des Peverell ! 


— Il y a une minute, tu nous disais que tu n’avais jamais vu exactement la marque qui figurait sur la pierre ! 


— Harry.


 


Tous se tournent vers moi.


 


— Ton père avait cette cape. Tu sais d’où il la tenait ?


 


Harry qui voit où je veux en venir creuse dans sa mémoire.


 


— De son père, je crois… Il l’a eu jeune pour faire les quatre cents coups à Poudlard. 


— Qu’est-ce que tu sais d’autre sur cette cape ?


— Dumbledore avait la cape le soir où mes parents sont morts ! Dans sa lettre, ma mère a dit à Sirius que Dumbledore avait emprunté la cape ! C’était pour ça ! Il voulait l’examiner parce qu’il pensait qu’il s’agissait de la troisième relique ! Ignotus Peverell est enterré à Godric’s Hollow... C’est mon ancêtre ! Je descends du troisième frère ! Tout se tient ! 


 


Et si tous les signes de Dumbledore ne nous menaient pas sur la simple piste des horcruxes, mais aussi de celle des reliques de la mort ? « Aucun d’eux ne peut vivre tant que l’autre survit… » Est-ce que c’est ça que ça veut dire ? Qu’Harry doit combattre lui aussi la mort pour vaincre Voldemort ? Je suis un peu perdue, je ne sais plus trop quoi croire.


 


Maintenant Harry tend le vif d’or légué par Dumbledore persuadé que la pierre s’y cache. Si on a la pierre et la cape, où est la baguette ? Et pourquoi lier tout ça à Voldemort ? La prophétie et uniquement la prophétie ? 


 


— Dumbledore a utilisé ce signe dans sa lettre. C’est lié à Grindelwald, est-ce qu’ils voulaient à l’époque être les maîtres de la mort ? C’est ce que recherche Vous-savez-qui ?


 


Harry repose son vif d’or sur la table le visage soudain bien grave. 


 


— C’est cela qu’il veut. Vous-Savez-Qui veut la Baguette de Sureau. C’est sûr.


— On a une longueur d’avance sur lui, dis-je en reprenant les bases. On a une relique sur trois. Et peut-être même une troisième, encore faut-il qu’on trouve le terme. 


— ... et Vous-Savez-Qui court après la troisième, mais il ne s’en rend pas compte… complète Harry. Il pense simplement qu’il s’agit d’une baguette particulièrement puissante... 


— Voilà, dis-je convaincue que nous avons fait une grande avancée.


 


On échange un sourire. En quelques minutes, on a fait un bon de géant. C’est complexe et truffé de « si », mais on a sûrement les bons fils !


 


— Harry, Emy, nous coupe Hermione. Je suis désolée, mais je crois que vous vous trompez, que vous vous trompez entièrement. 


 


De quoi elle parle ?


 


— Tu ne vois donc pas ? dit Harry. Tout s’enchaîne... 


— Non. Pas du tout, Harry, tu te laisses simplement emporter. S’il te plaît, alors qu’il s’apprêtait à parler, s’il te plaît, réponds à cette simple question. Si les Reliques de la Mort existaient vraiment, et que Dumbledore l’ait su, qu’il ait su que la personne qui les posséderait toutes les trois serait le maître de la Mort... Harry, pourquoi ne te l’aurait-il pas révélé ? Pourquoi ? 


— Tu as été la première à le dire, Hermione ! Il faut le découvrir par soi-même ! C’est une quête ! 


— J’ai simplement dit ça pour essayer de te convaincre d’aller chez les Lovegood ! Je n’y croyais pas vraiment ! 


— C’est de Dumbledore dont on parle, rappelés-je. Depuis quand nous donne-t-il des messages clairs et précis ? Il invite plutôt à faire des découvertes par soi-même.


— Il a donné un message précis, réplique t-elle. Trouver et détruire les Horcruxes !


 


Nous ne sommes pas d’accord. Elle demande donc son avis à Ron qui est très partagé. Qu’importe ce qu’il pense, je suis sûre que les choses sont liées. Les Reliques trompent la mort, les Horcruxes aussi.


 


Harry continue de murmurer des mots de code au vif d’or, espérant trouver le bon qui l’ouvrira. C’est un peu comme Ron et sa radio. Je feuillette nos notes, tente de trouver quelque chose qui nous aurait échappé. Je fais ça presque tous les jours, et aujourd’hui ne fait pas exception. Je ne trouve rien.


 


Les jours s’enchainent, j’ai l’impression qu’il a deux camps. Le camps reliques, le camps horcruxes. Ron me surprend, il prend beaucoup de choses en main. Sûrement pour se racheter, mais je sens aussi qu’il a une vision plus claire que nous trois de ce qu’il faut faire. À son initiative, on part visiter un village, repasse des documents en revue, ou tente de nouvelles théories. 


 


Entre Hermione et Harry, c’est tendu. Je fais un peu tampon, mais on est tous à cran, c’est difficile de ne pas non plus s’énerver soi-même. Un jour, suite à une énième répétition de leur dispute, Harry dit une nouvelle chose.


 


— « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort…».


 


Pense-t-il comme moi ? Que « Aucun d’eux ne peut vivre tant que l’autre survit… » et que le Maître de la mort sont liés ? Je décide de lui en parler alors que son tour de garde est au début de la nuit. De toute manière, c’est la pleine lune, j’aurais été incapable de dormir.


 


— Oui, je suis convaincu que c’est lié. Que c’est pour ça que Dumbledore nous a donné tous ces signes.


 


Ça me soulage de voir que je ne suis pas à côté de la plaque.


 


— Oui mais maintenant, on se concentre sur quoi ?


— Les reliques.


— Tu me dis ça parce que tu n’aimes pas la baguette que tu as ?


— Emy, oui je suis moins fort avec cette baguette, mais tant que je ne suis pas maître de la mort, je n’aurais pas toutes les chances de mon côté pour vaincre Tu-Sais-Qui.


— Et pourquoi pas trouver tous les horcruxes, puis trouver les reliques…


— La relique, me corrige t-il.


 


Il pense avoir la pierre. 


 


— La relique, je reprends. Puis on détruit les horcruxes et on en finit ?


— Tu penses que détruire les horcruxes l’alerte ?


— Peut-être, oui.


 


Il est pensif. 


 


— Tu n’as pas tort. Il a peut-être rien ressenti jusque-là parce que son âme était trop déchirée…


— C’est une possibilité à garder en tête. 


 


Il hoche de la tête. 


 


— Et les visions ? je demande plus bas. Tu en as toujours ?


— Rien de bien intéressant. C’est souvent flou, instable…


— Tu sembles inquiet, c’est pourtant une bonne chose.


 


Je ne dis rien de plus, laissant Harry se dévoiler à son rythme. J’ai peur de le brusquer et qu’il se rétracte sur lui-même. Ce sujet est toujours délicat. Mais il sait aussi qu’il peut me faire confiance, je ne dis jamais rien aux autres.


 


— Je suis surtout désorienté. J’ai l’habitude de les avoir, elles donnent de grandes informations à chaque fois…


 


Il ne me dit pas tout, je sens qu’il se retient. Je ne demande pas plus. S’il ne veut pas, il n’en fera rien. 


 


Le temps passe, ça fait un moment qu’on n'a plus de nouvelle piste ou théorie. La routine entre nous me donne envie d’hurler de frustration. Je déteste ça, le temps se réchauffe, signe que le temps passe et qu’on n’avance pas plus depuis des semaines. 


 


Ron ne lâche pas son idée de trouver une émission de Potterveille. C’est devenu une habitude de le regarder dire des mots incompréhensibles en tapotant sa radio. Ça semble mission impossible de dire le bon mot au bon moment et pourtant… Un jour de mars, il y parvient. 


 


— Ça y est, je l’ai, je l’ai ! Le mot de passe, c’était Albus ! Emy ! Emy, viens vite, Harry ! 


 


Harry revient de son tour de garde pour nous rejoindre autour de la petite radio posée à même le sol. 


 


— ... nos excuses pour avoir été momentanément absents des ondes en raison des visites que nous ont rendues quelques charmants Mangemorts. 


 


Mon cœur bat la chamade en reconnaissant la voix de Lee. S’il est là, les jumeaux ne sont pas loin. Je me sens fébrile rien qu’à l’idée d’entendre la voix de George. 


 


— Mais c’est Lee Jordan ! s’exclame Hermione.


— Je le sais bien ! dit Ron avec un sourire contagieux. Super, non ? 


— ... avons maintenant trouvé un endroit sûr, et j’ai le plaisir de vous annoncer que deux de nos collaborateurs réguliers se sont joints à moi, ce soir. Bonsoir, les amis ! 


— Salut.


 


Une larme d’excitation et de joie à la fois coule le long de ma joue. C’est mon père, c’est lui, il est vivant ! Tous les trois passent une main dans mon dos en devinant les émotions que je ressens. C’est incroyable, je ne parviens pas à croire que c’est réel !


 


— Bonsoir, Rivière.


— Rivière, c’est Lee. Ils ont tous un surnom, mais généralement, on sait... 


— Chut ! l’interrompt Hermione. 


— Cependant, avant d’écouter Royal et Romulus, nous allons consacrer quelques instants à vous parler des morts que Sorcellerie-Info et La Gazette du sorcier n’ont pas jugées suffisamment importantes pour les mentionner. C’est avec beaucoup de tristesse que nous informons nos auditeurs des meurtres de Ted Tonks et de Dirk Cresswell. 


— Non…


 


Le mot m’a échappé. Aux larmes de joie, se joignent des larmes de tristesse. Lee enchaîne tout de suite, je tente de me reconcentrer sur ses paroles.


 


— … Si Dean nous écoute, ou si quelqu’un sait où il se trouve, je signale que ses parents et ses sœurs attendent désespérément de ses nouvelles. 


 


Dean est vivant. Mais Ted a été tué, que s’est-il passé ? Est-ce que Dora et Andromeda vont bien ? Par Merlin, elle doit avoir un gros ventre à l’heure actuelle… Peut-être même que j’ai déjà un frère ou une sœur…


 


— … Enfin, nous avons le regret d’annoncer à nos auditeurs que les restes de Bathilda Tourdesac ont été découverts à Godric’s Hollow. Les premières constatations laissent penser que sa mort remonte à plusieurs mois. L’Ordre du Phénix nous informe que son corps portait des marques caractéristiques de blessures infligées par la magie noire. 


 


Oui, on confirme.


 


— Je voudrais maintenant demander à tous nos auditeurs de se joindre à nous pour observer une minute de silence à la mémoire de Ted Tonks, de Dirk Cresswell, de Bathilda Tourdesac, de Gornuk et des Moldus dont nous ne connaissons pas le nom mais dont nous regrettons profondément le meurtre par des Mangemorts. 


 


Le silence s’installe et aucun de nous trois l’interrompt. Je sens un tel mélange d’émotions entre nous. Je suis maintenant pétrifiée par l’impatience et l’inquiétude. Peut-on survivre à un tel mélange d’émotions en aussi peu de temps ?


 


— Merci, reprit la voix de Lee. Maintenant, nous allons nous tourner vers Royal, un habitué de notre émission, qui va nous apporter les dernières informations sur les conséquences que le nouvel ordre de la sorcellerie a entraînées pour le monde des Moldus. 


— Merci, Rivière. 


 


Kingsley. Sa voix rassurante et familière me fait un bien fou.


 


— Les Moldus ne connaissent toujours pas l’origine de leurs malheurs mais ils continuent de subir de lourdes pertes. Nous entendons toujours, cependant, des histoires exemplaires sur des sorcières et des sorciers qui risquent leur propre vie pour protéger des amis ou des voisins moldus, souvent à l’insu de ces derniers. Je voudrais lancer un appel à nos auditeurs pour qu’ils les imitent, par exemple en jetant un sortilège de Protection sur toutes les maisons de Moldus situées dans leur rue. De nombreuses vies pourraient être sauvées en prenant quelques mesures aussi simples. 


— Et que répondriez-vous, Royal, à ceux de nos auditeurs qui nous disent qu’en cette époque périlleuse, on devrait penser aux sorciers d’abord ?


— Je leur répondrais qu’il n’y a qu’un pas entre « les sorciers d’abord » et « les Sang-Pur d’abord ». Ensuite, on passe directement aux Mangemorts. Nous sommes tous des êtres humains, n’est-ce pas ? Chaque vie humaine a la même valeur et vaut la peine d’être sauvée. 


 


On échange tous les trois un sourire. 


 


— Voilà qui est bien dit et je voterai pour vous comme ministre de la Magie si nous sortons un jour de ce gâchis. Maintenant, je passe la parole à Romulus pour notre rubrique très populaire : « Les Copains de Potter ». 


— Merci, Rivière.


 


Hermione me prend la main et la serre fort alors que nous entendons la voix de mon père sortir de la petite radio.


 


— Romulus, continuez-vous d’affirmer comme chaque fois que vous avez participé à notre émission que Harry Potter est toujours vivant ? 


— Je l’affirme. Lui et tous ceux qui l’entourent sont vivants. Pour moi, il ne fait aucun doute que sa mort, si elle survenait, serait annoncée aussi largement que possible par les Mangemorts, car elle porterait un coup mortel au moral de ceux qui s’opposent au nouveau régime. Le Survivant reste le symbole de tout ce pour quoi nous combattons, le triomphe du bien, le pouvoir de l’innocence, le besoin de résister. 


 


La dernière fois que nous nous sommes vus, on s’est dit tellement de choses horribles. Sa confiance me fait un bien fou, je me remets à pleurer. Et pour une fois, je ne le cache même pas. Je suis trop fatiguée pour tenter quoi que ce soit.


 


— Pensez-vous qu’Emilynn est toujours avec lui ?


— Bien sûr ! dit-il en rigolant. Ils ne se quittaient pas en couche-culotte, où qu’ils soient, ils sont ensemble, j’en suis certain.


 


Harry me serre brièvement l’épaule. Autour de cette petite radio, c’est un enchevêtrement de mains serrées et de regards plein d’émotions. 


 


— Et quel message voudriez-vous transmettre à Harry et Emy si vous étiez sûr qu’ils nous écoutent, Romulus ? 


— Je voudrais leur assurer que nous sommes de tout cœur avec eux. Je leur conseillerais aussi de suivre son instinct, qui est excellent et qui leur indique presque toujours la bonne voie. 


 


Hermione répète ces dernières paroles, les larmes aux yeux. 


 


— Merci pour ces encouragements qui doivent les toucher s’ils nous entendent. À présent nos dernières nouvelles sur les amis de Harry Potter qui ont eu à souffrir de leur loyauté.


— Eh bien, comme le savent déjà nos plus fidèles auditeurs, plusieurs partisans déclarés de Harry Potter ont été emprisonnés, notamment Xenophilius Lovegood, ancien directeur du magazine Le Chicaneur…


— Au moins, il est toujours vivant, marmonne Ron. 


— Nous avons également entendu dire au cours de ces dernières heures que Rubeus Hagrid…


 


On se tend tous.


 


— … garde-chasse bien connu de Poudlard, a échappé de peu à une arrestation sur le territoire même de l’école où, selon la rumeur, il aurait organisé dans sa maison une fête sur le thème : Soutien à Harry Potter. Hagrid n’a cependant pas été capturé et serait, croit-on, en fuite. 


 


Non mais Hagrid… Ha ha il est génial !


 


— Quand on veut échapper aux Mangemorts, j’imagine que ça doit aider d’avoir un demi-frère de cinq mètres de hauteur ?


— En effet, ça donne un certain avantage. Puis-je simplement ajouter que bien que nous approuvions tous, ici, à Potterveille, l’état d’esprit de Hagrid, nous conseillons malgré tout aux partisans les plus fervents de Harry Potter de ne pas imiter son exemple. Dans le climat actuel, donner une fête pour un soutien à Harry Potter n’est peut-être pas la chose la plus sage. 


— Vous avez raison, Romulus, nous vous suggérons donc de manifester votre ferveur envers l’homme à la cicatrice en forme d’éclair en écoutant plutôt Potterveille ! Et maintenant, passons aux nouvelles concernant l’autre sorcier aussi insaisissable que Harry Potter. Nous avons coutume de l’appeler le Chef Mangemort et voici, pour nous donner son point de vue sur les rumeurs les plus démentes qui circulent au sujet de ce personnage, un nouvel invité que je suis heureux de vous présenter : Rongeur. 


— Rongeur ? 


 


Mon cœur loupe un battement. 


 


— C’est lequel ? demande Ron avec une excitation retenue.


— Fred, dis-je sans hésitation. 


 


Je serre les poings en priant pour que George soit là lui aussi.


 


— Je refuse d’être Rongeur, il n’en est pas question, je vous ai dit que je voulais être appelé Rapière ! 


 


Juste d’entendre sa voix me fait sourire.


 


— Très bien. Alors, Rapière, pouvez-vous nous donner votre sentiment sur les diverses histoires qu’on entend circuler à propos du Chef Mangemort ? 


— Oui, Rivière, je le peux. Comme tous nos auditeurs le savent sûrement, à moins qu’ils ne soient cachés dans une mare au fond de leur jardin ou dans un endroit semblable, la stratégie de Vous-Savez-Qui, consistant à rester dans l’ombre, crée un agréable petit climat de panique. Si tous les témoins qui affirment l’avoir vu quelque part disaient vrai, nous aurions au moins dix-neuf Vous- Savez-Qui en train de se promener un peu partout. 


— Ce qui est bien pratique pour lui, bien sûr, fait remarquer Kingsley. En laissant planer le mystère, il répand une plus grande terreur que s’il se montrait au grand jour. 


— Tout à fait d’accord. Alors, essayons de retrouver un peu notre calme. La situation est suffisamment détestable pour qu’il ne soit pas nécessaire d’ajouter de nouvelles inventions. Par exemple, l’idée que Vous-Savez-Qui serait désormais capable de tuer quelqu’un d’un simple coup d’œil. Rappelons aux auditeurs que ce sont les Basilics qui possèdent ce pouvoir. Voici un test très simple : vérifiez si la chose qui vous observe est pourvue de jambes. Si oui, vous pouvez la regarder dans les yeux. Mais s’il s’agit vraiment de Vous-Savez-Qui, il y a de fortes chances pour que ce soit la dernière chose que vous aurez l’occasion de faire dans votre vie. 


 


On éclate tous les quatre de rire. Ça n’était pas arrivé depuis des semaines, c’est fou comme ça fait du bien. Je me sens déjà un peu plus légère. 


 


— Et les rumeurs selon lesquelles on le verrait souvent à l’étranger ?


— Qui ne souhaiterait pas partir un peu en vacances après avoir accompli un si dur travail ? Mais ce qu’il faut surtout, c’est ne pas se laisser bercer par une fausse sensation de sécurité sous prétexte qu’il aurait quitté le pays. Peut-être est-ce vrai, peut-être pas, mais un fait demeure : quand il le veut, il est capable de filer plus vite que Severus Rogue confronté à une bouteille de shampooing, alors ce n’est pas parce qu’il est loin qu’il faut vous croire à l’abri, si vous avez l’intention de prendre des risques. Je n’aurais jamais pensé dire un jour une chose pareille, mais la sécurité d’abord ! 


— Merci beaucoup pour ces paroles de grande sagesse, Rapière, conclut Lee. Et voilà, nous arrivons à la fin d’une nouvelle émission de Potterveille. Nous ne savons pas quand il nous sera possible d’émettre à nouveau mais vous pouvez être sûrs que nous reviendrons. Continuez à chercher la fréquence, le prochain mot de passe sera Fol Œil. Protégez-vous les uns les autres et gardez confiance. Bonne nuit. 


 


Et l’émission disparaît aussi vite qu’elle est apparue. Je suis figée face au poste, incapable de me rendre à l’évidence que c’est bel et bien fini. George n’a pas parlé, ça m’inquiète et en même temps, je me dis que Fred ne serait jamais aussi joyeux et insouciant si son frère allait mal. J’ai aussi entendu mon père et j’ai mille questions qui s’entrechoquent dans ma tête. 


 


Une vague de nostalgie me frappe de plein fouet. Les autres autour de moi sortent de leur torpeur alors que je suis toujours assise au sol, face à cette radio. 


 


— Ça va Emy ? s’inquiète Hermione en me serrant dans les bras.


— Oui, oui…


— Tu as aimé ? demande Ron. C’est pas mal, hein ?


— Formidable, murmure Harry. 


— C’est tellement courageux de leur part, soupire Hermione. S’ils étaient découverts... 


— Ils n’arrêtent pas de bouger. Comme nous.


 


Je ne parle pas trop, je me sens un peu submergée par toutes ces émotions. Partagée entre une joie immense ou une profonde tristesse.


 


— Vous avez entendu ce que disait Fred ? Il est à l’étranger ! Il continue à chercher la baguette, je le savais !


— Harry…


— Enfin, quoi, Hermione, pourquoi refuses-tu de l’admettre ? Vol…


— HARRY, NON !


— ... demort cherche la Baguette de Sureau ! 


— Le nom est tabou ! s’exclame Ron qui se lève d’un bond. Je te l’avais dit, Harry, je te l’avais dit, on ne peut plus le prononcer... 


— On peut renouveler les sortilèges de Protection, propose Hermione.


— Non il faut partir !


 


Il nous tire tous, et sonnés, on sort de la tente. Je crois entendre un crac de transplanage. C’est ça qui me fait réaliser ce qui se passe. Je m’apprête à prendre leur main pour transplaner, mais un sort nous vise et on se recule tous d’un bond. On est maintenant séparés et j’entends des bruits de pas s’approcher.


 


— Courrez !


 


C’est la seule solution. On court, on les sème, on se retrouve et on transplane.


 


— Accio, sacs ! j’hurle récupérant les deux sacs qui recueillent notre précieuse vie.


 


Je vois que les autres ont obéi, des sorts ont commencé à fuser un peu partout. 


 


— Les mains en l’air, jette ta baguette au sol ! me crie quelqu’un.


 


Je me transforme et bondis sur lui. Surpris il pousse un cri et tombe à la renverse, ce qui me permet d’avoir une ouverture pour m’échapper. C’était peut-être pas la meilleure idée de me transformer et de me trahir comme ça. Mais avec mes yeux, ma marque et mon médaillon, difficile de rester dissimulée.


 


Commence une course effrénée. Je sens que des personnes m’ont prise en chasse. Des sorts volent autour de moi ce qui m’oblige à changer beaucoup de trajectoire. Je dois retrouver les autres. Au moins Harry et le protéger en le faisant partir d’ici. J’ai un avantage, les Rafleurs ne sauront pas comment se battre avec un loup.


 


J’entends aussi un cri et ça me fait peur, je suis terrifiée à l’idée qu’ils aient l’un d’entre nous. Normalement je devrais le laisser derrière, sauf si c’est Harry, mais je sais bien que j’en suis incapable. Je me dirige vers le cri et découvre qu’ils sont tous les trois en joue des Rafleurs.


 


— Courir comme ça, c’est pitoyable…


 


Merde. Cette voix je la connais. Il hausse soudain la voix.


 


— Fille-loup ! Sors de ta cachette ou je commence à en torturer un au hasard !


 


Je déteste l’admettre, mais je n’ai pas le choix. Je ne peux pas les laisser. Et je sais qu’il n’hésitera pas à faire bien pire que ça si je ne viens pas. Je m’approche doucement, il a sa main serrée autour du cou d’Hermione.


 


— Lâchez-la ! s’énerve Ron, retenu par deux des Rafleurs. 


 


Harry est au sol, le visage gonflé.


 


— Sous ta forme humaine, et ta baguette au sol, ordonne Greyback.


 


Je m’exécute et immédiatement deux hommes se jettent sur moi et me forcent à me mettre à genoux.


 


— Ça faisait longtemps…


— Pas assez.


— Épargne-moi ton insolence. Qu’est-ce que tu fais ici et qui sont tes amis ?


— On fait du camping, je commence à répondre. C’est à ça que servent les tentes.


 


Il lâche Hermione et s’approche pour me frapper au visage.


 


— Tu as la tête dure. Qu’est-ce que tu fais ici et qui sont-ils ? Donne moi une autre de tes réponses à la con et c’est lui que je frappe.


 


Il désigne Ron qui se redresse dignement, prêt à prendre les coups.


 


— Ce sont des sangs mêlés, je finis par répondre. Sauf lui, j’ajoute en désignant Ron du menton. C’est un Weasley.


— Que faites-vous dans les bois ?


— Je les aide à quitter le pays et le régime de merde que ton patron est en train de faire.


 


Ma réponse franche semble lui plaire, il se penche vers Harry.


 


— Comment tu t’appelles ?


— Dudley. 


— Et ton prénom ? 


— Je... Vernon. Vernon Dudley. 


— Vérifie la liste, Scabior, ordonne Greyback.


 


Puis il s’approche de Ron.


 


— Comment il s’appelle ?


 


Je creuse dans ma mémoire. J’ai appris des généalogies entières de sorciers. Mais les Weasley, c’était plus anecdotique, pas assez purs, pas assez riches…


 


— Barny. Barny Weasley.


 


Je prie pour ne pas m’être trompée. 


 


— Très bien, Barny, qui sont tes parents ?


— Oliber et Aba Weasley.


 


Il a la bouche en sang, mais il suit le mouvement, je suis soulagée et tente de ne rien montrer tandis que Greyback demande à un de ses larbins de vérifier.


 


— Et toi, qui es-tu, fillette ? 


— Pénélope Deauclaire.


 


Sa voix était terrifiée mais convaincante.


 


— Quel est ton Statut du sang ?


— Sang-mêlé. 


— Facile à vérifier, répond Scabior, mais toute cette bande a encore l’âge d’être à Poudlard. 


— C’est vrai ça, ajoute Greyback en revenant vers moi. Alors, on sèche l’école ?


— On est partis de toute évidence…


 


Il me frappe à nouveau. 


 


— Vous êtes très téméraires pour des gamins qui ont tout juste quitté l’école, dit-il furieux. Prononcer le nom du Seigneur des Ténèbres c’était un pari pour jouer au plus malin, ou vous êtes juste des idiots ?


— Ça m’a échappé, je réplique sèchement. J’étais fatiguée et à bout, c’est moi qui l’ai dit, eux ils n’ont rien fait. 


 


Il me fixe un moment, j’essaie de ne pas réagir à son regard. Quand il recule enfin, j’inspire une grande bouffée d’air. 


 


— Ligotez ces trois-là aux autres, elle aussi mais gardez lui la tête à découvert. Faites attention à bien serrer les liens qu’elle ne se transforme pas.


 


C’est à ce moment-là que je réalise qu’ils ont d’autres prisonniers avec eux. Il y a un humain et un Gobelin.


 


— Bonne récolte pour une seule soirée, se réjouit Greyback. 


 


Je regarde comment ils fonctionnent. Toutes nos baguettes sont sûrement dans l’un de leur sac. Je ne pense pas qu’ils les aient cassées, c’est trop précieux de nos jours. 


 


— Un Sang-de-Bourbe, un Gobelin en fuite, trois élèves échappés de l’école et Emilynn Lupin. Tu as vérifié leurs noms sur la liste, Scabior ? 


 


Ils ne sont pas tous des loups-garous. Sur neuf, je dirai que cinq d’entre eux le sont, dont Greyback. Les quatre autres sont des sorciers. 


 


— Ouais. Il n’y a aucun Vernon Dudley. 


 


Évidemment. C’est quoi ce nom inventé Harry ?


 


— Intéressant. Très intéressant, dit Greyback en s’approchant des prisonniers. Alors, tu n’es pas recherché, Vernon ? Ou bien tu figures sur la liste sous un autre nom ? Tu étais dans quelle maison, à Poudlard ? 


— Serpentard.


— Marrant, ils croient tous que c’est ça qu’on veut entendre, lance Scabior. Sauf qu’il n’y en a pas un seul qui sait où est la salle commune. 


 


Ha ha abruti, tu ne sais pas à qui tu parles.


 


— Elle se trouve dans les cachots. On y entre en traversant le mur. Elle est pleine de crânes et de choses comme ça et elle est sous le lac, si bien que la lumière y est toujours verte. 


 


Je ne peux m’empêcher de ricaner, ce qui agace encore plus Greyback.


 


— Tiens, tiens, on dirait qu’on a vraiment attrapé un petit Serpentard, s’étonne Scabior. C’est une bonne chose pour toi, Vernon, parce qu’il n’y a pas beaucoup de Sang-de-Bourbe, à Serpentard. Qui est ton père ? 


— Il travaille au ministère. Au Département des accidents et catastrophes magiques.


 


Son mensonge ne va pas tenir longtemps… Et que s’est-il passé à son visage ? Pratique parce qu’ils ne peuvent pas le reconnaître, mais ça va bien finir par dégonfler.


 


— Tu sais quoi, Greyback ? dit Scabior. Je crois bien qu’il y a un Dudley, là-bas. 


 


Quoi ? Vraiment ? La chance va-t-elle nous sourire un peu ?


 


— Je vois, je vois… marmonne Greyback en revenant vers moi. Tu les connais d’où ?


— Je ne les connais pas. Je fais juste le voyage jusqu’à ce qu’ils sortent du territoire.


— Comment ils sortent ? Portoloin ?


— Oui. Et laisse tomber, je ne sais pas où il est. Ils me contactent quand ils sont prêts, je ne peux pas savoir à l’avance.


 


C’est assez plausible pour qu’il y croie. Et ça semble marcher. Peut-être aussi que d’avoir le fils d’un gars du ministère l’inquiète. Si c’est vrai, et qu’il ne l’a pas ramené à sa famille, il sera en très mauvaise position. 


 


— Si tu dis la vérité, l’horrible, tu n’as rien à craindre d’un petit voyage au ministère. Je pense que ton père nous récompensera pour t’avoir retrouvé. 


— Mais si vous nous laissiez simplement... 


— Hé ! Regarde ça, Greyback ! 


 


Un Rafleur revient de la tente, il a l’épée de Gryffondor à la main. Je n’ai pas eu le temps de l’appeler tout à l’heure. Avec un peu de chance, Greyback sera juste intéressé par la valeur monétaire de l’épée. Je doute qu’il sache ce qu’elle est.


 


— Maaaagnifique ! Vraiment magnifique. On dirait un travail de Gobelin. Où as-tu trouvé ça ? 


— C’est pas à moi, les gens ramènent ce qu’ils peuvent pour pouvoir payer le portoloin.


— C’est à mon père, ment Harry.


— ’Tends un peu, Greyback ! 


 


Un des Rafleurs a un journal à la main. J’appréhende la suite.


 


— Tu as vu ça dans La Gazette ? Ils parlent de Potter. Ils disent que deux personnes au moins l’accompagnent. Emilynn Lupin, hautement probable. Et aussi ’Ermione Grangère, une Sang-de-Bourbe. Regarde la photo.


 


Je sens comme si un seau d’eau glacée venait de me tomber dessus. Greyback se tourne vers moi et me prend le visage entre ses doigts crasseux. Il sent fort la sueur, la boue et le sang. 


 


— C’est vrai que tu es copine avec Potter. Sais-tu où il est ?


— Vas crever.


 


Il me donne un coup de pied dans le ventre qui me fait tousser. 


 


— Tu sais quoi, fillette ? Cette photo te ressemble beaucoup.


— Pas du tout ! Ce n’est pas moi !


— ... qui voyage avec Harry Potter, répète Greyback à mi-voix. 


 


Je tente de me redresser, mais on me retient au sol. Finalement Greyback revient vers moi.


 


— Toi tu vaux cher, quoiqu’il en soit. Mais s’il s’avère que tu es bien avec Potter, voilà qui change tout, n’est-ce pas ? 


 


Je ne réponds pas. Son murmure me glace le sang. Où vont-ils nous emmener ?


 


— Eh bien, il est temps de partir, dit Greyback en se relevant. 


 


J’ai le cœur qui bat fort dans ma poitrine quand ils nous font transplaner. J’ai beau réfléchir, je ne trouve pas d’issue. Et j’ai peur, putain j'ai si peur. Est-ce que je vais mourir ?


 


Je veux vivre.


 

End Notes:

Hey, j’ai pris un peu du film car la course poursuite est vraiment bien faite et ajoute un élément que je trouve intéressant pour la suite. Je pars du principe que ça prend un peu de temps une fois que le V-mot est prononcé pour que les sorciers/raffleurs arrivent. Et que ce n’est pas précis, précis, ils arrivent proche du lieu et ils doivent s’approcher avant d’arrêter tout le monde.

 

Merci à MissArty pour sa relecture ♥︎

Et merci pour votre lecture,

winter

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