En voyant la maison des Weasley au loin, je me sens un peu comme chez moi. Tout est familier.
— Emy ! crie Hermione en me voyant au loin.
Nous courons l’une vers l’autre pour nous jeter dans nos bras.
— Tu m’as trop manquée ! C’est trop beau tes tresses. Tu es toute jolie.
— Merci, fait-elle un peu gênée. Bonjour profe… Remus.
— Bonjour Hermione, fait mon père avec un sourire amusé.
On va vers le Terrier où tout le monde vient nous saluer. Harry a un peu maigri, Ron lève les yeux au ciel dès que Percy me parle de son rapport sur le fond des chaudrons, George me fait un grand sourire qui me fait sourire bêtement à mon tour, puis Fred me sert dans ses bras, tout comme Mrs Weasley qui invite mon père à dîner, Mr Weasley me salue gentiment, et Ginny est heureuse de me voir.
— Voici mon frère Bill, il travaille à Gringotts et Charlie qui travaille dans une réserve de dragons en Roumanie.
— Enchantée, dis-je aux deux rouquins qui ont le même sourire bienveillant que leurs parents.
— Alors c’est toi la fameuse Emy qui a fait tourner la tête de notre petit George, fait Charlie en faisant un sourire à son frère qui lève les yeux au ciel.
— Oh ça va ! Ils m’ont sorti ce refrain depuis qu’ils sont arrivés, m’explique t-il.
Le dîner est en route, j’aide à mettre les dernières choses sur la table, la bonne humeur ici est contagieuse. C’est toujours vivant et joyeux avec les Weasley.
— Comment ça va ? dis-je à Harry en me mettant à côté de lui.
Au loin, je vois mon père rire aux éclats avec Mr Weasley, je suis contente qu’ils puissent être ensemble, si je peux réunir mes deux familles, je suis heureuse.
— Pour quelqu’un qui s’est nourri de gâteaux et des choses étranges que tu m’as envoyés, c’est le bonheur. Oui, c’est mon ventre qui parle ! fait Harry en rigolant.
— C’était trop bon, approuve Ron.
Je leur avais envoyé des naan, des pâtisseries indiennes et des fruits séchés.
— Les mangues séchées… dit Hermione. C’est ce que je préfère.
— Moi aussi. J’en ai ramené. On aura de quoi tenir pour le match de demain.
Je vois qu’on a tous envie de parler de Sirius, mais il y a encore trop de monde autour de nous. En attendant, je déguste la super cuisine de Mrs Weasley avec plaisir tout en écoutant vaguement les discussions autour de moi.
— Nous avons suffisamment de pain sur la planche au Département de la coopération magique internationale pour ne pas nous occuper en plus de retrouver les membres des autres services, dit Percy. Tu sais de quoi je veux parler, père. Celui qui est top secret.
De quoi il parle ?
Ron lève les yeux au ciel.
— Depuis qu’il a commencé à travailler, il fait tout pour qu’on lui demande quel est ce grand événement si secret. Sans doute une exposition de chaudrons à fond épais.
— Suivi de la présentation du processus de fabrication des fonds de chaudrons, dis-je.
— Oui, et bien sûr l’introduction au tout premier chaudron du monde. Pas du tout fin son fond, c’était un chaudron bien épais, poursuit Ron.
On pouffe de rire.
Le repas se poursuit agréablement. On finit par tous parler du quidditch.
— Comment va Sirius ? me souffle Harry à un moment où tout le monde est occupé à parler d’un joueur bulgare.
— Ça va.
D’ailleurs, il va falloir qu’on parle de cette cicatrice.
— Il va mieux. Il voulait retourner se cacher en Angleterre, mon père l’a dissuadé, demain, il le rejoint je-ne-sais-où.
— Pourquoi il voudrait revenir ? demande Ron. Même s’il y a la coupe, le Ministère continue de le chercher.
— Pour voir Harry.
Je vois que ça fait plaisir à celui-ci, mais je vois aussi que ça l’inquiète un peu.
— Ne t’inquiète pas, il ne reviendra pas, pas pour l’instant, mon père l’en empêchera.
— Je suis content que vous ayez passé ce temps ensemble.
Oui, moi aussi.
Mrs Weasley, se lève, signe qu’il est l’heure d’aller se coucher. On se lève tôt demain matin. Je rejoins mon père pour lui dire au revoir, il me laisse ici jusqu’à mon départ pour Poudlard.
— Amuse toi bien.
— Merci, à bientôt.
Il me serre dans ses bras, ce n’est plus maladroit et étrange entre nous. Passer plus d’un mois ensemble H24 aide à se retrouver. Puis il remercie chaleureusement Mr et Mrs Weasley et dit au revoir à tout le monde.
Quand il part, Percy, râle à propos d’un échantillon de bouse de dragon, Fred rigole et George aussi alors qu’il s’approche de moi.
— Tu viens ? fait-il en me tendant la main.
Je la prends et on part un peu plus loin dans le jardin.
— George, Emy, ne vous couchez pas trop tard ! nous crie Mrs Weasley.
— Oui, oui !
Il se moque du regard amusé de ses frères. De toute évidence, ils n’ont pas l’habitude de le voir si sentimental, et ils en profitent bien.
— Comment ça va ?
— Bien, on est rentrés il y a quelques jours, j’ai eu le temps de me remettre du décalage horaire.
— Tu as l’air apaisée. Et heureuse.
Il s’assoit dans l’herbe à côté du vieux pommier, et je fais de même. Il m’a manqué. On n’allait pas le faire devant tout le monde, c’est notre occasion de nous dire vraiment bonjour.
Oui, par là, j’entends l’embrasser.
George et moi, ça fait tellement longtemps que j’ai l’impression qu’on a toujours été ensemble. Nos lèvres, nos corps se connaissent. Il a ses habitudes, j’ai les miennes. Quand il m’embrasse, il passe toujours une main sous mes cheveux. Moi, je passe toujours une main sur son torse ou son bras, ses épaules…
Il a grandi, il s’est aussi musclé, je le sens sous mes doigts.
Ok, répond Emy avant de perdre tous tes neurones.
— C’est parce que je le suis.
— Je suis content pour toi. Tu semblais vraiment contente dans tes lettres de passer ce temps avec ton père et ton oncle. Vous avez pu vous retrouver.
— Oui, on a beaucoup parlé, et la pleine lune s’est très bien passée.
Je lui raconte un peu l’Inde, la Calédonie, nos longues discussions…
— J’ai l’impression de te redécouvrir.
— Je suis la même.
Il secoue la tête en souriant doucement.
— Non, il y a quelque chose de différent, ça ne m’embête pas, au contraire…
Il se penche et m’embrasse doucement. J’ai des frissons partout.
— Toi aussi, tu as changé.
— Ah oui ? fait-il en haussant un sourcil.
— Tu es différent avec toute ta famille.
— Petit du milieu.
— Oui, il y a de ça… C’est juste que… Je te découvre sous une autre facette.
— Et ça va ? Ça te plait toujours ce que tu découvres ?
Ça me fait rire.
— Oui.
Je l’embrasse, j’espère que c’est moi maintenant qui lui mets le cœur à l’envers.
— Tu as fait quoi alors cet été ? J’ai l’impression que les projets secrets, c’est commun chez les Weasley.
— Tu as parlé à Percy toi.
— C’est probable oui.
— Rien à voir avec son projet méga top secret de fonds de chaudrons où que sais-je, non, avec Fred, on a commencé à développer nos propres farces et attrapes.
— Sérieux ? Mais c’est génial !
Il sort de sa poche plein de petits objets.
— Pour l’instant, le truc qui fonctionne bien, c’est ça, tiens.
Oui, bien sûr. Je ne suis pas naïve à ce point.
— T’inquiète, c’est rien de méchant, fait-il en lisant dans mes pensées.
Ok, bon, je prends la baguette qu’il me tend, immédiatement, elle se change en souris en caoutchouc. C’est plus fort que moi, la surprise me fait éclater de rire.
— Ça te plait ?
— Oui bien sûr !
— Ça me rassure. On a d’autres idées, on pensait à quelque chose qui a l’apparence, l’odeur, le goût, tout d’un bonbon et en fait ça te fait grandir la langue.
— Ça aussi, c’est drôle.
— On est encore en train de faire les tests avec Fred. C’est loin d’être au point, on galère sur les dosages. On s’appuie sur des potions existantes qui donnent des effets similaires, mais au niveau des calculs pour transformer une potion en petite pastille appétissante et dont les effets peuvent être stoppés, c’est loin d’être évident. On a fait de l’ar… Ah mais ! Tu sais faire des calculs toi !
— Heu oui. C’est exact.
— Viens, on va voir Fred.
Tout content, il se lève et m'entraîne à sa suite vers le Terrier. On monte dans leur chambre et je découvre un bazar encore plus grand que les années précédentes. Mais surtout, je découvre plein de parchemins, de notes, de trucs qui trainent partout. Je me méfie, je sais que je peux avoir des surprises. Pendant que George parle à Fred tout excité, je prends un parchemin de calculs qui traîne.
Il y a une erreur. Je reconnais une règle élémentaire de calculs, mais ils l’ont mal appliquée, ils ont inversé deux variables. Je prends une plume, la trempe dans de l’encre, trouve un bout de parchemin vierge et commence à reprendre le calcul.
— Emy ?
Les deux garçons se penchent vers moi et regardent avec curiosité la suite de chiffres et inconnues qui se dresse devant moi.
— C’est comme un puzzle logique avec des variations à l’infini. L’arithmancie, ce sont des énigmes où on sait qu’il y a une solution. Même si elle ne nous convient pas parfois. Là, ça part d’une découverte d’Euclide vers l’an 300 avant JC qui énonce qu’un nombre parfait est toujours un multiple de deux nombres dont l’un est une puissance de 2 et l’autre le même nombre à la puissance suivante de 2 moins 1. En gros, c’est une amélioration du théorème de Phytagore.
— Dans un triangle rectangle, le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des côtés de l’angle droit.
— Voilà, dis-je à George. Donc Euclide ouvre à bien plus de possibilités.
— Mais le truc que tu as dit avant…
— Je vous montre des exemples.
Je cherche un autre bout de parchemin.
— Tu peux prendre ce côté, le calcul est faux de toute manière, me dit George en me tendant un parchemin raturé.
— Merci.
Je commence à écrire, puis leur tourne la feuille.
2p-1(2p - 1) est parfait si p et (2p - 1) sont premiers.
6 = 2i x (22-1)
28 = 22 x (23-1)
496 = 24 x (25 -1)
8128 = 26 x (27-1)
— Vous comprenez où je veux en venir ?
Leurs yeux brillent d’excitation.
— Oui, on doit garder 1, sinon on fausse tout. C’est une sorte de produit en croix, plus complexe.
— Mais plus utile dans votre cas.
Ils prennent le parchemin où j’écrivais et poursuivent le calcul. Je ne dis rien, les laisse faire et finalement, ils trouvent le résultat que je pensais obtenir.
— Putain, mais Emy ça fait des jours qu’on perd notre temps sur ça !
Fred me donne une tape dans le dos.
— Tu veux te joindre à nous dans Weasley & Weasley Farces et Attrapes pour Sorciers Facétieux ?
— J’accepte volontiers d’être votre consultante ! dis-je en rigolant devant son ton cérémonieux.
George me fait un grand sourire, heureux, et voilà comment commence ma contribution à leur merveilleux projet.
*****
Ginny et Hermione émergent doucement du sommeil. Moi, j’ai trop hâte, entre l’excitation d’hier soir et l’idée de voir la finale de la coupe du monde de quidditch, j’ai eu du mal à m’endormir.
Après avoir aidé hier soir Fred et George, nous sommes chacun parti nous coucher, ils ont libéré leur chambre pour Bill et Charlie (en entassant tout dans des cartons poussés sous le lit), puis on rejoint Harry et Ron.
Comme la dernière fois, j’ai dormi dans la chambre de Ginny, je l’aime bien, une fois qu’on la connait, elle est vraiment sympa, pleine de vie et drôle aussi.
J’enfile un short noir que j’ai trimbalé tout l’été, puis le t-shirt Pink Floyd de ma mère ainsi que ses Dr Martens. Le matin, il fait toujours un peu froid, je prends mon gros sweat Gryffondor avec un LUPIN dans le dos. Oui un sweat de quidditch pour un événement de quidditch, je fais dans l’originalité.
— Bonjour, bonjour.
— Bonjour Emy, tu as la forme, se réjouit Mr Weasley.
— J’ai trop hâte !
— Tu as bonne mine. Ça m’a fait plaisir de connaître un peu ton père hier.
— Merci, c’était chouette ces vacances ensemble.
Mrs Weasley arrive à ce moment-là, elle semble un peu surprise de me voir déjà en bas.
— Bien, ça en fait une. Tu veux du thé avec ton porridge ?
— Oui, merci, ne vous embêtez pas, je vais me servir.
Elle me remercie d’un sourire, puis les garçons descendent tels des zombies pour manger leur petit-déjeuner.
— Ah, Emy, Harry, tu vas aussi pouvoir répondre. Qu’est-ce que vous en pensez de cette tenue ? Il ne faut surtout pas qu’on se fasse remarquer. Est-ce que j’ai l’air d’un moldu ?
J’ai toujours trouvé ça drôle les différences vestimentaires entre sorciers et moldus. Croisez une personne comme monsieur Weasley dans la rue, et vous savez que c’est un sorcier. Ils sont nombreux à continuer de porter la robe traditionnelle sorcière. Ou alors ils ont un chapeau pointu, bref, c’est très différent des moldus. Et si jamais ils tentent de s’habiller en moldus, ils vont avoir des difficultés à comprendre leurs codes.
Ce qui peut donner des résultats… Surprenants, je dirais.
J’ai l’impression que les nouvelles générations ont laissé tomber ces vieux codes, qu’ils se mêlent plus aux moldus en s’adaptant aux modes. Ron a toujours des tenues basiques, t-shirt, pantalon, je l’ai rarement vu en robe. Mon père qui a été élevé avec une moldue, maîtrise les deux codes. Et préfère nettement les tenues moldues.
Dans le cas de Mr Weasley aujourd’hui, il porte un chandail de golf, il me semble, avec un jean un peu grand et une grosse ceinture de cuir.
— Oui, c’est très bien.
— Parfait, dis-je en échangeant un sourire avec Harry.
Mrs Weasley me donne un bol de porridge que je déguste en sirotant mon thé.
J’ai trop hâte…
À quoi ressemble un match de joueurs professionnels ? Ça doit être extraordinaire. Je devrais peut-être prendre des notes ? Et l’ambiance… Ça va être fou.
Bon, faut que je me calme, c’est à 14h le début du match.
— Tu as déjà transplané ? me demande Harry à un moment, me tirant de ma rêverie.
— Oui, plusieurs fois depuis petite.
— Ça fait quoi ?
— Bah, pas grand chose. C’est normal quoi.
Mon explication ne semble pas lui convenir.
— Pardon, oui, normal pour moi, bah, écoute, ça fait comme si tu sentais que tu disparaissais. Désolée j’ai pas mieux.
Il est songeur. C’est comme si je lui demandais ce que ça fait de respirer. C’est difficile à dire, non ?
*****
Je reviens vers le petit groupe en galopant. Je me suis défoulée à courir dans la longue étendue d’herbe devant moi. Plus personne n’est surpris en me voyant me retransformer. Ils ont l’habitude maintenant.
Je vais vers George, prends sa main et marche un moment à ses côtés sans rien dire.
— Désolé, grogne-t-il. Ma mère me saoule à ne pas comprendre que c’est sérieux WW. Pour elle, on est juste deux crétins qui ne pensons qu’à nous amuser.
Je ne dis rien, s’il commence à parler, autant qu’il vide son sac.
— C’est sérieux tout ça. C’est pas juste pour nous amuser. On a vraiment de grandes idées. Retourner à Poudlard et revenir à la monotonie des cours, ça me fout le cafard. J’ai pas envie de faire ce qu’elle me dit de faire, juste pour lui faire plaisir. Pourquoi elle ne peut pas comprendre que tout va bien se passer pour nous sans avoir plein de BUSES comme Percy ?
Il se tait, il attend une réponse.
— Elle s’inquiète. Ce que vous faites, elle ne le comprend pas et du coup elle…
— Mais elle ne cherche même pas à comprendre ! s'emporte-t-il. Pardon, reprend-il plus doucement. Pardon, continue.
— Elle ne comprend pas, du coup, elle a peur pour votre avenir. Ce n’est pas un chemin connu d’elle, et elle souhaite juste le meilleur pour vous deux parce qu’elle vous aime.
Il relève la tête et pour la première fois depuis qu’ils se sont fait confisquer toutes leurs Pralines Longues Langues un nuage noir quitte ses yeux.
— Oui, tu as raison, pardon de me plaindre de ma mère…
— C’est normal, aucun de vous n’aime vous disputer.
Il dépose un bref baiser sur ma joue puis nous reprenons notre marche. Le soleil se lève et il fait moins froid quand nous arrivons sur la colline où se situe notre portoloin. Deux sorciers viennent vers nous, nous parlons un peu puisque le père est un collègue de Mr Weasley. Son fils est Cedric Diggory, l’attrapeur de Poufsouffle. Il est sympa, l’année dernière, il avait demandé à annuler la fin de match quand il avait pris le vif d’or alors qu’Harry s’était évanoui à cause des détraqueurs. Fred et George ne l’aiment pas trop, ils lui en veulent.
Ah… Les garçons…
Je rejoins Hermione un peu à l’écart avec Ginny pendant que les autres parlent.
— Je suis épuisée, baille Ginny. Je pense que l’animation va me réveiller, mais là, c’est dur…
— Oui, moi aussi, approuve Hermione.
— Alors vos vacances ?
— Très sympa, Charlie et Bill sont venus, ça faisait un moment que nous ne nous étions pas réunis tous ensemble. Maman était contente.
— Sauf pour la boucle d’oreille de Bill, remarque Hermione, ce qui nous fait toutes rire.
— Et ses cheveux, ajoutés-je, nous faisant rire à nouveau.
— Les filles ! nous appelle Mr Weasley.
On le rejoint et je pose mon doigt sur la botte qu’il tient. Puis nous disparaissons.
*****
Je fixe le visage de ce joueur dont Ron ne cesse de répéter le nom.
Krum.
Devant moi, ce visage est représenté sur absolument toutes les tentes bulgares.
— Il a vraiment l'air grognon.
Ron lève les yeux au ciel en entendant la remarque d’Hermione.
— L'air grognon ? Qu'est-ce que ça peut faire, l'air qu'il a ? C'est un joueur incroyable. En plus, il est très jeune. À peine plus de dix-huit ans. C'est un génie. Tu verras, ce soir.
— C’est quoi son prénom ?
— Viktor. Viktor Krum. Bon sang Emy, il faut que tu te renseignes sur les joueurs professionnels un minimum ! C’est le meilleur joueur de cette saison, un génie du quidditch. Il paraît qu’il a commencé jeune.
Ah oui ? Il me dit quelque chose. Vraiment. Mais le Viktor que j’ai connu… Il a pu grandir depuis le temps bien sûr…
— C’est drôle, tu passes ton temps le nez dans des bouquins d’analyses de jeux, mais tu ne connais pas les joueurs.
— Non, c’est vrai… Je connais plus les joueurs d’échecs que de quidditch.
Ron rigole.
— Je vais te faire un cours en express.
Il me parle de Troy, Quigley, Morane, de Lynch bien sûr, et enfin et surtout, de Krum avec lequel il nous baratine les oreilles depuis hier.
En revenant du point d’eau, on croise plein de gens de Poudlard.
— Emy ! Harry ! Comment vous allez ?
Dubois nous salue d’un geste de la main. On le rejoint et salue ceux que je devine être ses parents derrière lui. C’est le portrait craché de son père. Sa mère a un doux sourire rassurant, ils ont l’air très sympathiques.
— Voici deux des célèbres membres de l’équipe de Gryffondor. Nous avons beaucoup entendu parler de vous. Olivier ne cesse de tarir d’éloges depuis que vous avez rejoint l’équipe.
L’intéressé rougit un peu.
— Oui, bon…
— C’était un excellent coach, dis-je avec un grand sourire. C’était une victoire d’équipe, et cette équipe existait grâce à lui.
— Merci…
Il est encore plus gêné et change rapidement de sujet.
— Vous savez qui sera le ou la nouvelle capitaine ?
— Aucune idée, dit Harry.
— Je pense que ce sera Angelina, elle est organisée et saura se faire entendre.
Oui, des jumeaux surtout.
— Oh, et je viens de signer avec l’équipe du Club de Flaquemare, j’ai fait quelques tests et j’ai été pris pour être gardien réserviste !
— Oh, mais c’est génial !
On se réjouit vraiment pour lui avec Harry. Puis nous les saluons et reprenons notre chemin. Je marche avec Hermione un peu derrière les garçons.
— Tu n’as pas cessé de sourire depuis que tu es arrivée.
Ça me fait encore plus sourire.
— Je suis tellement contente pour toi, ton père aussi avait l’air content.
— Oui, c’était vraiment chouette.
— Tu avais des étoiles dans les yeux quand Olivier a parlé de son contrat de joueur pro…
Elle me fait un clin d'œil. Je dois y réfléchir encore un peu avant de concrétiser mes projets de carrière.
— Comment vont tes parents ? Et ta grand-mère ?
Elle me fait un débriefing le temps que nous rejoignons la tente. Quand nous arrivons, Mr Weasley galère un peu avec le feu. Hermione lui montre alors avec patience comment utiliser des allumettes.
La matinée est très agréable, Mr Wealsey nous présente ses collègues qui passent notamment Ludo Verpey et Barty Croupton qui reste un instant à nous regarder Harry et moi.
— La fille Black, oui… marmonne t-il. Une famille de sorciers…
Passé ce commentaire étrange, le reste du temps, je le passe à observer les sorciers qui viennent du monde entier passer devant nous. Parfois, je comprends un peu du russe ou du français. Tout est nouveau, c’est passionnant de juste rester assis à grignoter des petits snacks en observant les gens qui passent.
Oui, il m’en faut peu pour être heureuse.
Avant le match, nous faisons un petit tour des commerces qui proposent un peu de tout et n’importe quoi. Je prends une Multiplette et partage avec Hermione un programme. On peut avoir des commentaires de personnalités du quidditch pour quelques gallions et même s’asseoir avec eux ! Incroyable, tout se vend.
— Tu en doutais ? rigole Hermione.
J’ai déjà dit que j’étais parfois un peu naïve ?
*****
— « Les mascottes des deux équipes présenteront un spectacle avant le match », ça a l’air bien, tu ne trouves pas ? me demande Hermione.
— Oui, je me demande ce qu’ils vont faire…
— Tu n’as jamais été à une manifestation sorcière ?
— Non. On vivait parmi les moldus. Et un événement comme ça, c’est vraiment énorme… Même cet été, nous sommes restés loin du monde sorcier, tu sais…
Elle hoche de la tête. Oui, pour éviter que quelqu’un reconnaisse Sirius. Le Ministère de la Magie anglais est suffisamment influent pour pouvoir demander aux autorités de tous les pays de garder l'œil ouvert.
Fudge arrive, j’évite son regard, nous ne sommes pas dans les meilleurs termes, on va dire… Il est accompagné du ministre bulgare.
— Harry Potter, vous savez… Harry Potter, voyons, je suis sûr que vous savez qui c'est... Le garçon qui a survécu à Vous- Savez-Qui... Vous savez forcément qui c'est...
Le ministre regarde Harry puis son regard s’illumine.
— Ah el chico que a sobrevido al mago tenebro ! Si reconozco su cicatriz !
** Le garçon qui a survécu au mage noir ! Oui, je reconnais sa cicatrice ! **
— Je savais que ça finirait comme ça, dit Fudge à Harry qu’il prend subitement comme son meilleur ami. Je ne suis pas très doué pour les langues étrangères, j'ai besoin de Barty Croupton dans ces cas-là. Ah, je vois que son elfe de maison lui a gardé une chaise... C'est une bonne chose, ces zigotos de Bulgares ont essayé de quémander toutes les meilleures places... Ah, voici Lucius !
Le ministre bulgare a un mouvement presque imperceptible de froncement de sourcil quand Fudge prononce le mot « zigoto ». Mais l’arrivée des Malefoy me distrait, je croise un instant le regard de Narcissa qui se tourne alors vers le Ministre.
— Ah, Fudge. Comment allez-vous ? Je crois que vous ne connaissez pas mon épouse, Narcissa ? Ni notre fils, Drago ?
–- Mes hommages, madame. Permettez-moi de vous présenter Mr Oblansk... Obalonsk... Mr... enfin bref, le ministre bulgare de la Magie. De toute façon, il est incapable de comprendre un traître mot de ce que je dis, alors peu importe.
Encore cette mini réaction.
— Et, voyons, qui y a-t-il encore ? Vous connaissez Arthur Weasley, j'imagine ?
La tension entre les deux hommes est palpable. Narcissa s’interpose et se place devant moi.
— Bonjour Emilynn. Comment vas-tu ?
Un flash back me frappe de plein fouet. Elle, en dehors de la maison, et Severus qui me porte jusqu’aux Médicomages. Elle veut se la jouer toute gentille, toute polie. Mais je ne peux pas oublier qui elle est. Je me souviens toutefois qu’elle m’a pris la main quand j’ai de nouveau perdu connaissance. Le seul geste qu’elle a eu envers moi en presque deux ans. Elle m’a pris la main.
— Ça va.
Elle peut rêver pour avoir une meilleure réponse. Walburga m’aurait punie pour un tel affront. Mais Narcissa est reine dans l’art de maîtriser ses émotions. Si elle est choquée de mon comportement, elle n’en montre rien.
Tandis que Fudge parle de Lucius à Mr Weasley, je me penche vers le Ministère bulgare et décide d’en avoir le cœur net.
— Habla inglès ?
** Vous parlez l’anglais ? **
Il sourit en me voyant balbutier mon russe que je puise dans ma mémoire. Ça fait un moment que je ne l’ai pas parlé.
— Si, pero, no lo dicés. Es mucho mas divertido de mirarlo intentar de comunicar con mi.
** Si, mais ne le dis pas. C’est bien plus drôle de le regarder essayer de me parler. **
J’esquisse un sourire auquel il répond par un clin d'œil.
— No diré nada, tranquila.
** Je ne dirai rien. **
— No dudo de eso, gracias.
** Je n’en doutais pas, merci. **
C’est lunaire cette conversation. On parle d’un ministre qui fait une blague à un autre ministre. J’aimerais voir la tête de Fudge quand il va comprendre qu’il s’est fait flouer en beauté.
Ludo Verpey arrive, ce qui enclenche le début du match. Hermione se penche vers moi alors que la voix amplifiée du directeur des sports couvre nos voix.
— Ça va ?
— Oui.
Elle n’insiste pas, mais qu’elle me le demande me touche. C’est une vraie amie.
Le spectacle qui se déroule sous nos yeux est fascinant et me fait oublier rapidement les Malefoy. Après les Vélanes (et la réaction de Ron et Harry qui me fait beaucoup rire) ce sont les farfadets irlandais qui nous en mettent plein les yeux. Puis le match commence.
Et là, je découvre ce que c’est de vraiment jouer au quidditch.
*****
Le sourire de George est contagieux. Ils sont tellement contents avec Fred d’avoir pris le risque de parier toutes leurs économies, et ça a payé. Ils ont plus que triplé leur mise. C’était un coup de maître !
— Je peux vous donner de l’argent, tu sais, dis-je alors qu’on marche vers notre tente.
Il secoue la tête.
— Hors de question que tu nous donnes de l’argent.
— Alors je vous la prête. J’investis.
Il secoue à nouveau la tête.
— Non. On ne peut pas prendre ton argent.
— Et pourquoi pas ? Ça se fait d’investir dans de jeunes entreprises.
— Pas quand c’est toi, tu es ma copine, c’est… Non. On ne mélange pas.
Il est buté, mais moi aussi. Je ne comprends pas pourquoi il refuse à ce point.
— George, je m’en fous de cet argent. C’est celui de mon héritage.
— Mais moi, je ne m’en fous pas de l’argent.
Son ton est un peu dur, mais il s’adoucit en me prenant ma main.
— Je sais que… Tu as les moyens, on va dire. Mais ma famille, tu sais très bien que non. Et ça me dérange, je n’ai pas envie que tu me fasses de la charité, je ne veux pas que des histoires d’argent se mettent entre nous.
Ok, je comprends.
— D’accord.
— Merci.
Il me prend la main et on poursuit derrière les autres qui échangent sur les meilleurs moments du match. Mr Weasley nous prépare un chocolat chaud qui nous fait du bien avant d’aller dormir. Pour être honnête, je ne suis pas très fatiguée, tout le monde est détendu et bavarde joyeusement. George finit par se détendre face à ses frères, et il passe un bras autour de mes épaules. J’en profite pour poser ma tête sur son épaule. Personne n’y fait attention, ce qui semble le rassurer. Je devrais lui en parler quand on sera tous les deux.
Quand Ginny finit par s’endormir, c’est le signal pour Mr Weasley de tous nous envoyer au lit. Je n’ai pas sommeil, je proteste un peu, mais il reste ferme et je m’allonge à contre cœur dans mon lit. Dans ma tête défile plein d’images des joueurs réalisant des prouesses que j’ai hâte de tester. Il faudrait que je les note pour être sûre de ne rien oublier. Voyons où est-ce qu’il y a une lampe et un bout de papier dans cette tente…
Un cri me fait sursauter. J’abandonne ma recherche d’un bout de parchemin et sors pour tenter de voir ce qui se passe. L’atmosphère dehors est différente. Je ne saurais pas dire en quoi, mais c’est évident. J’allais entrer dans la tente des garçons pour parler à Mr Weasley quand je le vois revenir du chemin.
— Tu as entendu ? Tu ne dormais pas ?
— Non, et oui j’ai entendu. C’était quoi ? Il se passe quelque chose ?
Des sorciers passent en courant, baguette à la main. Se dissimuler auprès des moldus semble être de l’histoire ancienne. Puis un hurlement déchire la nuit.
— Ça alors ! Ne bouge pas d’ici.
Il part, sa baguette elle aussi à la main. Je ne vais pas attendre ici à ne rien faire. Je pars dans la tente des garçons et réveille George. Au passage, je réveille Bill et Charlie qui se redressent sur leur couchette.
— Il se passe quelque chose. Votre père est parti voir, mais il m’a demandé de rester ici.
— On va aller voir, fait Bill en se levant.
Ses frères font de même et attendent avec moi devant les tentes.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? me demande Charlie.
— Il y a eu un cri, puis des hurlements. Et il y a un truc…
C’est une odeur ! Je me transforme immédiatement, ignorant le sursaut de Charlie visiblement au courant puisqu’il ne panique pas, mais toutefois pas du tout habitué.
— Il y a une odeur de feu, dis-je en reprenant forme humaine.
— Merde, c’est pas bon ça.
— Je vais chercher ma baguette, fait George. Même si je n’ai officiellement pas le droit de l’utiliser, on sait jamais.
— Oui, tu fais bien, approuve Charlie. Emy, tu devrais la chercher aussi, même si je me doute que sous ta forme de loup, tu as un sacré avantage face à un sorcier.
Je cours dans ma tente chercher ma baguette et reviens au moment où Mr Weasley et Bill parlent avec Charlie.
— Emy, va réveiller les filles. Il faut s’éloigner le temps que le Ministère règle le problème.
Je n’y vais pas dans la demi-mesure.
— Les filles, réveillez-vous, dis-je en les secouant à l’épaule.
— Hein ? fait Ginny.
— Tiens mets ça, on y va. Hermione ?
— Je suis debout. Il se passe quoi ?
Elle a aussi pris une veste. Je prends mon sweat de quidditch, lace mes docs et sors accompagnée des filles.
— Je ne sais pas.
Une lumière verte illumine le ciel. C’est pire que tout à l’heure, il y a des cris, des rires, des exclamations moqueuses, mais aussi des détonations qui ressemblent à des coups de feu.
Je m’approche dans le chemin, toujours accompagnée des filles alors que les garçons sortent de leur tente à leur tour.
La scène qui se déroule devant moi est horrible. La famille moldue qui tient le camping flotte dans les airs comme si ce n’était que des jouets.
— C’est répugnant… murmure Ron à mes côtés.
Je me retourne vers George qui a les traits tendus. Ce n’est pas bon signe.
— On va aider les gens du ministère, nous crie Mr Weasley accompagné de Bill, Charlie et Percy.
— Viens, dit Fred en prenant Ginny par la main.
Je les suis vers le bois. C’est la cohue. Des sorciers partent en courant pour aider, comme Mr Weasley et ses fils, le ministère, tandis que d’autres courent se réfugier dans les bois. Ça crie, ça pleure, les hurlements de la famille Roberts, les moldus, n’aident pas à garder le calme. Pour la première fois depuis de longs mois, je ressens la Bête surgir au fond de moi. Je dois lui donner raison, moi aussi, je suis furieuse, et j’ai aussi très envie de me battre pour aider les moldus.
— Emy, regarde, me dit Hermione.
Je me retourne et avec la lumière des sortilèges qui éclaire la scène, j’aperçois des silhouettes encapuchonnées. Mon cœur bat la chamade. J’ai une idée de qui ça peut bien être.
J’allais me retourner vers Hermione pour lui dire mes doutes quand Ron pousse un cri de douleur. Dans le noir, je le distingue mal, il est étendu par terre.
— Ça va ? dis-je en lui tendant la main pour qu’il se relève.
Toutes les lanternes sont éteintes, je puise sur ma lycanthropie pour voir les formes autour de moi. Mis à part ça, c’est la nuit noire. En face de nous, il y a une silhouette que je reconnais bien. Ce qui confirme mes doutes. Il faut qu’on parte d’ici rapidement.
— Oh, c’est idiot… Lumos ! fait Hermione.
— J’ai trébuché sur une racine.
— Avec des pieds de cette taille, c'est difficile de faire autrement, dit Drago.
— Va te faire foutre Malefoy.
— Surveille un peu ton langage, Weasley. Vous feriez peut-être mieux de vous dépêcher. J'imagine que vous n'avez pas envie qu'elle se fasse repérer.
Il montre d’un coup de tête Hermione.
— Tu la menaces Drago ? dis-je en me plaçant entre elle et lui.
— Ne fais pas l’idiote Emy, tu sais très bien ce qui se passe. Ils ont décidé de s’en prendre aux moldus.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? fait Hermione.
Son air suffisant, bras croisés, tout ça m’énerve tellement. Ils se prennent pour qui bon sang !
— Tu as envie de montrer ta culotte en te promenant dans les airs ? Si c'est ça que tu veux, tu n'as qu'à rester où tu es... Ils viennent par ici et je suis sûr que ça nous ferait tous bien rire.
— Hermione est une sorcière.
Harry est tout aussi énervé que moi.
— Pense ce que tu voudras, Potter. Si tu crois qu'ils ne sont pas capables de repérer une Sang-de-Bourbe, restez donc ici, tous les quatre.
— Fais attention à ce que tu dis !
— Laisse tomber, Ron, dit Hermione en le retenant par le bras.
— Venez, on s’en va, dis-je en fusillant Drago du regard.
— C’est ça, barre toi Emy, le sang-pur de ta mère ne suffira pas pour te protéger, comme il ne l’a pas protégée elle.
Il n’a pas osé ! Je m’approche, mais Harry est plus rapide et me retient fermement.
— Il n’en vaut pas la peine.
— T’es qu’une pourriture, tout comme ta saleté de famille !
Je crache les mots vers Drago qui a cessé de sourire. Le sang pulse dans mes tempes, je tremble, j’ai envie de me transformer et…
Non.
— C’est parce que ta mère était déçue que je ne lui serve pas toutes les conneries Sang-Pur que Walburga m’a apprises que tu balances ces horreurs ? Parce que ta petite maman était triste alors petit Drago prend sa défense ? Elle est lâche, tu le sais ça ? Elle peut rêver pour que je la respecte. Toi et toute ta famille méritez de croupir en prison à la place de Sirius !
— Je t’interdis d’insulter ma mère !
— Emy, viens, coupe Hermione en me tirant aidée des garçons.
— Tu te comportes comme une gamine Emy, tu fais pitié ! Tu es tombée bien bas ! continue Drago qui reste à son arbre.
— Emy ! me coupe Hermione avant que je ne lui réponde. Viens, on s’en va. On doit rejoindre les autres.
Je me dégage de leur poigne et marche devant, m’éloignant de Drago et de ma colère. Je bous à l’intérieur et il faut que je me calme sinon je vais faire une bêtise.
— Emy ? Ça va ?
— Oui !
Je leur réponds très sèchement, mais je suis tellement furieuse…
— T’as le droit d’être en colère, dit Harry qui me rejoint.
Il passe un bras autour de mes épaules et me serre contre lui. Ça me fait du bien, j’ai un peu envie de pleurer, mais je me retiens. Drago n’en vaut pas la peine.
— Je te parie ce que tu veux que son père est là-bas, avec une cagoule sur la tête ! me dit Ron avec la colère qui transperce dans sa voix.
— C’était vraiment petit de s’en prendre à ta mère, ajoute Hermione.
Leur soutien me remonte un peu le moral, on reprend notre marche pour tenter de retrouver les autres. Partout autour de nous, l’agitation ne cesse d’augmenter. Je prends aussi ma baguette et prononce un fort Lumos qui éclair un peu notre chemin. Ron fait de même, mais je vois Harry qui ne cesse de tâter ses poches.
— Oh, non ! C'est incroyable !... J'ai perdu ma baguette !
— Tu plaisantes ?
On fouille le sol qui a été piétiné pendant des heures, c’est impossible de la retrouver ici. Il doit exister un sort pour appeler un objet à soit… Mince, je ne le connais pas, il faudra que je regarde, c’est rudement utile. Harry tente de se rappeler la dernière fois où il l’a vue, mais c’est peine perdue. Je détesterais être sans baguette, c’est être dans un tel état de vulnérabilité…
Winky, passe alors, elle est très perturbée.
— Qu’est-ce qu'elle a ? dit Ron en la suivant des yeux. Pourquoi n'arrive-t-elle
pas à courir normalement ?
— Elle n'a sans doute pas demandé la permission d'aller se cacher, répond Harry.
— Tu sais, les elfes de maison n'ont pas la vie facile ! En fait, c'est de l'esclavage, rien d'autre ! Ce Mr Croupton l'a obligée à monter tout en haut du stade alors qu'elle avait le vertige et il l'a ensorcelée au point qu'elle n'arrive même plus à courir quand les tentes sont piétinées ! Pourquoi est-ce que personne ne fait rien contre ça ?
Je lui dis quand que chez Walburga, les têtes d’elfes, on les encadre dans l’escalier ?
— Bah, les elfes sont heureux de leur sort, non ? Tu as entendu Winky avant le match... « Les elfes de maison n'ont pas à s'amuser »... C'est ça qui lui plaît, obéir...
— C’est à cause de gens comme toi, Ron, que des systèmes injustes et révoltants continuent d'exister, simplement parce qu'ils sont trop paresseux...
Une nouvelle explosion retentit. Je coupe court à leur discussion et tire Hermione derrière moi pour mettre un maximum de distance entre elle et les autres sorciers. Ils seraient capables de s’en prendre à elle, c’est sûr et certain.
En chemin, on croise un groupe de vélanes et leurs admirateurs, on empêche Ron de les rejoindre, puis Ludo Verpey apparaît et disparaît aussitôt une fois que Ron lui a expliqué la situation au camping.
Nous sommes dans un coin plus calme de la forêt. Si quelqu’un arrive, on l’entendra arriver. Je m’assois au pied d’un arbre, ma main étroitement serrée sur ma baguette. Je n’hésiterai pas à m’en servir plus si besoin. Il y a tellement de monde au même endroit, le ministère ne pourra pas m’envoyer de lettre pour usage abusif de la magie.
Les autres parlent un peu, moi, je suis du regard la petite figurine de Krum que Ron s’amuse à faire marcher. J’ai à nouveau un sentiment de déjà vu, mais rien ne me vient. En tout cas, il est plus impressionnant en vrai qu’en figurine.
— C’est vraiment fou de faire une chose pareille alors que tous les gens du ministère sont là ! dit Hermione qui surveille au loin que personne n’arrive. Ils ne s'imaginent quand même pas qu'ils vont pouvoir s'en tirer comme ça ? Tu crois qu'ils ont trop bu ou simplement que... ?
« Crac »
Je me relève aussitôt et tends ma baguette devant moi vers la forêt noire. Je ne vois personne, absolument personne. Pourtant, je jurerais qu’il y a quelqu’un dans ces fourrés. Les pas sont irréguliers, puis ils s’arrêtent brutalement.
— Il y a quelqu'un ? tente Harry.
Je me transforme, prête à y aller le plus silencieusement possible et surprendre cet intrus. Quelqu’un qui s’approche sans se manifester ne peut que nous vouloir du mal. J’avance alors sans bruit malgré les feuilles mortes et les brindilles quand Harry tente à nouveau.
— Qui est là ?
Pas de réponse dans l’immédiat. Puis un cri déchire le ciel.
— MORSMORDRE !