Comme un blason à redorer by bellatrix92
Summary:

    

 

« Mr Dursley dirigeait la Grunnings, une entreprise qui fabriquait des perceuses. C'était un homme grand et massif, qui n'avait pratiquement pas de cou, mais possédait en revanche une moustache de belle taille. »

 

 

« Dans son bureau du huitième étage, Mr Dursley s'asseyait toujours dos à la fenêtre. »

 

 

« Il réprimanda vertement une demi-douzaine de ses employés, passa plusieurs coups de fil importants et poussa quelques hurlements supplémentaires. »

 

 

 

Et si Vernon Dursley n'avait pas toujours été ce type détestable que nous connaissons ?

 

Bien avant le 1er Novembre 1981, partons sur les traces du moldu le plus détesté ou presque de tout l'univers Harry Potter.

 

 

 

L'image appartient à Warner Boss


Categories: Autres portraits de personnages Characters: Dudley Dursley, Pétunia Evans, Vernon Dursley
Genres: Famille, Missing Moments, Romance/Amour
Langue: Français
Warnings: Mort violente/Meurtre, Violence sexuelle
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 5 Completed: Oui Word count: 9685 Read: 1450 Published: 15/02/2023 Updated: 18/02/2023
Story Notes:

Voici une histoire écrite dans le cadre de l'échange de Noël 2022. 

 

Je m'étais donné pour défi de faire le background d'un des personnages les plus détestés de la Saga en essayant de ne pas lui trouver que des défauts.

 

J'espère que cela vous plaira.

 

Attention: dans le premier chapitre il est fait mention d'une affaire de violences sexuelles et de suicide (d'où les warnings).

 

Bonne lecture!

Vernon Dursley by bellatrix92
Vernon Dursley comprenait bien des choses, et c’était probablement pour cette raison très simple qu’il s’était retrouvé si jeune à la tête de la Grunnings, faisant ainsi la fierté de ses parents.

Parents qui n’étaient au départ que de modestes épiciers et qui s’étaient saignés aux quatre veines pour leur assurer un avenir, à lui et à Marge.

Aujourd’hui, alors qu’il s’asseyait dans le confortable fauteuil de son bureau pour signer les papiers soigneusement préparés par sa fidèle secrétaire Mrs Herbert, il ne pouvait que leur dire merci.

Deuxième et dernier enfant de la famille Dursley, Vernon avait compris très tôt qu’il était privilégié. Ce n’était pas par sa naissance plutôt banale, mais plutôt par l’amour, la détermination et le dévouement dont sa famille avait fait preuve envers l’enfant qu’il était.
S’ils s’étaient montrés aussi exigeants envers lui qu’envers sa sœur, ils avaient eu eux-même le souci d’être des parents à la hauteur. Jamais Vernon n’avait manqué de quoi que ce soit, jamais on ne l’avait privé, négligé ou frustré volontairement, contrairement aux autres gosses du quartier dont les parents semblaient décidés à pourrir la vie en toutes circonstances, quand il ne les laissaient pas tout simplement « se débrouiller eux-mêmes ».

C’était bien face à cette situation que, pour la première fois Vernon avait eu un peu de mal à saisir : alors qu’un gouffre s’ouvrait entre lui et les autres.
Mais ce qu’il avait rapidement compris en revanche, c’était que ses privilèges et sa soi-disant attitude de « petit roi mal élevé », comme le disait son maître, lui attiraient à la fois le mépris des adultes de son quartier et la jalousie de ses pairs.

Le fait qu’il ait accès à autant de bonbons qu’il le souhaitait dans la boutique de ses parents, à condition de ne pas partager, y était sans doute aussi un peu pour quelque-chose.

C’était précisément à cette époque, à la fin de l’école primaire, qu’il avait du commencer à mettre ses premiers directs du droit dans la cour miteuse et bétonnée de son établissement public.
Et comme il s’était révélé plutôt excellent à cet exercice grâce aux leçons d’un vieil oncle entraîneur de boxe, on l’avait rapidement laissé tranquille, lui et ses sucettes. Quant-au maître, il pouvait bien dire ce qu’il voulait puisque ses parents cautionnaient le fait qu’il se défende.

Il était bien le seul du quartier à ne jamais recevoir la fameuse deuxième gifle en rentrant, après avoir été puni.

Sans compter que, malgré son naturel emporté, il n’était pas si mauvais à l’école, plutôt doué même.
Un petit enrichissement aidant, ses parents avaient fortement investi pour lui éviter le collège public et l’envoyer à Smelting, la prestigieuse école privée de leur ville qui semblait mieux adaptée à leurs ambitions naissantes.

Vernon n’y connaissait personne, mais ce n’était même pas un problème vu ce qu’il laissait derrière lui et il s’était senti terriblement fier la première fois qu’il avait enfilé le coûteux uniforme de l’établissement.

Le choc avait été un peu rude au départ, mais pas tant que cela puisque la famille avait déménagé dans le même temps et ouvert une épicerie plus grande sur une rue plus passante, avec des produits plus nombreux et parfois beaucoup plus chers.
Comme les clients étaient souvent les parents de ses condisciples, Vernon n’avait finalement pas eu tant de mal que cela à s’intégrer.
Il avait fait une scolarité presque magnifique, en tout cas pleine de réussite. De ce fait, il avait été le premier de sa famille à faire de véritables études supérieures et il était devenu ingénieur.

Plus âgée et moins douée de son côté, Marge n’avait pas eu la chance d’un collège privé et elle s’était finalement tournée vers les métiers du secrétariat, après plusieurs déconvenues sentimentales qui avaient eu raison de sa volonté de fonder une famille.
Cependant elle n’en avait conçu aucune jalousie à son égard, trop occupée à se chercher une place pour cela, et surtout comblée par la magnifique machine à écrire dernier cri, offerte par leurs parents pour récompenser son travail auprès d’eux.

Car Marge tenait les comptes de l’épicerie en attendant de trouver mieux, et surtout plus sûr.

En effet, si pour le moment elle travaillait pour leurs parents, ceux-ci ne tarderaient pas à prendre leur retraite et Vernon ne doutait pas que leur commerce soit vendu au meilleur prix possible, florissant comme il l’était. Marge devrait alors sans aucun doute trouver un autre emploi à moins de reprendre le magasin, ce à quoi elle n’aspirait guère en tant que femme seule.

C’est durant cette année-là, alors que Vernon venaient d’accéder presque par miracle au poste de directeur de la Grunnings, que la situation de Marge se révéla déterminante pour lui et de la plus inattendue des manières possibles :

Ce matin-là, Vernon la conduisait pour la première fois à ses cours de dactylographie car elle avait accidenté sa propre voiture en manquant d’écraser son chien, échappé de la maison on ne savait comment.

Un voyage inexplicablement éprouvant durant lequel Marge ne cessa pas une seule seconde de déblatérer sur ses condisciples, et sur un ton subtilement tendancieux qui le mit rapidement mal-à-l’aise :
- Je leur ai dit d’envoyer leur candidature à la Grunnings… Que je connaissais bien le directeur.
- Ah… Oui ? Tu sais que je ne décide pas forcément des recrutements…
- Ah bon ? Répliqua Marge sur un ton presque ouvertement moqueur. Je croyais qu’en temps que nouveau directeur tu tenais à appliquer ta propre politique en la matière…
- Une politique rigoureusement basée sur la compétence et le travail fourni Marge. Je ne peux me permettre de te donner des passe-droits…

Marge éclata de rire et répliqua :
- Mais je ne suis pas assez bête pour t’en demander mon cher ! Surtout avec les abrutis vicelards qui te servent de Conseil d’administration ! C’est pour mes collègues que je parle…
- D’accord, répondit Vernon.

Marge cependant n’avait pas terminé et elle ajouta soudain sur un ton méprisant :
- Enfin, je ne sais même pas si tu trouveras ton bonheur... La plupart sont d’un genre… On voit que la culture du milieu n’est pas portée seulement sur l’écrit, si tu vois ce que je veux dire… Je suis l’une des plus âgées et cette ambiance commence à devenir très pesante...

Vernon n’était pas vraiment à l’aise avec le sujet et il ne pouvait répondre que par monosyllabes, tentant vainement de faire comprendre à son aînée que la conversation s’orientait de manière très déplaisante pour lui.

C’est qu’il voyait très bien en effet, et sans doute mieux que ce que Marge pouvait soupçonner, puisque son prédécesseur s’était vu remercier à la suite d’une affaire sordide qui avait violemment ébranlé la Grunnings, quelques mois plus tôt :

Lorsque la secrétaire de direction, une jeune femme de vingt-trois ans embauchée cinq mois plus tôt sans aucune véritable expérience, s’était donné la mort dans le bureau où elle travaillait.
Officiellement, il n’y avait pas la moindre explication à son geste. C’est ce qu’avait prétendu Splinley, le directeur de l’époque.

Vernon et d’autres avaient cependant immédiatement compris ce qu’il en était vraiment, avant-même que le Conseil d’Administration ne réagisse. Car la pratique qui consistait à embaucher de jolies jeunes femmes autant pour leurs compétences de secrétaires que pour d’autres talents était courante, sans doute même encouragée au sein des cadres les plus hauts placés de la firme.
N’auraient-ils pas eu tort de se priver après tout ? Protégés depuis des années par des clans familiaux ou des réseaux d’influence capables de faire et de défaire des dizaines d’emplois d’un coup, les cadres avaient longtemps abusé de leur autorité dans la plus totale des impunités.

Une fois de trop, Vernon l’avait immédiatement compris en découvrant lui-même, par un hasard total et malheureux, le corps pendu de la jeune fille dans le bureau qu’elle occupait.
Choqué et immobile, il avait senti les feuilles qu’il était venu lui apporter glisser doucement de ses mains. Et il était resté sidéré un long moment devant cette vision d’horreur qui le hanterait jusqu’à la fin de ses jours.

Puis il avait réagi.

C’était lui qui avait appelé à l’aide sans paniquer, lui qui avait décroché le cadavre et l’avait étendu sur le sol avant de le recouvrir d’une bâche trouvée non loin, tandis que sa propre secrétaire téléphonait aux secours bien que cela ne serve plus à rien.

C’était lui aussi qui était resté muet comme une carpe durant presque deux semaines ensuite, digérant lentement ce qui s’était produit. Il travaillait toujours, son silence et sa gravité seuls attestant de son traumatisme et de sa sidération.
Il se sentait évoluer comme dans un mauvais rêve, au milieu d’images floues et désincarnées, prenant lentement conscience de sa propre fragilité dans ce milieu impitoyable et cruel.

Mrs Herbert, il le savait, n’avait eu de cesse de le seconder dans ces moments difficiles.

Pendant ce temps et presque sans qu’il ne s’en aperçoive, le jeu des chaises musicales se mettait en route au sein de l’entreprise.
Bien qu’aucune preuve ne puisse être retenue contre quiconque, pas même contre Splinley, l’affaire était tout sauf limpide et alors que les journaux reprenaient le fait divers et que les rumeurs enflaient, la Grunnings ne pouvait se permettre de laisser le scandale prendre de l’ampleur.

Le Conseil d’Administration avait vivement réagi. Une enquête de sécurité avait eu lieu, on avait vérifié les diplômes et l’expérience des employés administratifs. Puis on avait licencié à tour de bras dans tous les secteurs, un véritable nettoyage en profondeur mené d’une main de maître.

Splinley avait été le dernier à tomber, il avait reçu un parachute doré et on l’avait laissé faire sa vie ailleurs. Vernon s’était senti révolté à cette idée.

A ce moment-là cependant, il avait peur pour sa place et ajouté à son état de stress, c’était une raison de plus pour éviter de dire ce qu’il n’aurait de toute manière pas su exprimer correctement.

Il savait pourtant qu’il faisait son travail correctement et qu’il n’avait strictement rien à se reprocher quant-à ce qui s’était produit.
Mais son enfance dans une école primaire publique pouvait le faire regarder de travers, lui qui n’avait du son poste à l’époque qu’à une bonne amitié avec William Polkins, son vieux copain de Smelting.

Pourtant il était resté et avait même gravi les échelons, au contraire de plusieurs « fils de » et de quelques jeunes femmes employées depuis peu. Le Conseil d’Administration avait tout simplement décidé de revenir aux exigences officielles de la firme, gardant seulement ceux qui y correspondaient.

Vernon avait de la chance d’en être alors que deux de ses supérieurs hiérarchiques étaient congédiés à grands frais pour cause de « népotisme », étant donné qu’ils n’avaient ni les diplômes requis, ni une expérience suffisante, mais seulement un C.V. artificiellement gonflé par leur nom de famille plus que prestigieux.

Le premier n’avait jamais fait d’études d’ingénieur, le second avait menti sur une expérience en électronique.

Pendant ce temps Vernon continuait à travailler le plus sérieusement possible dans une administration presque totalement vidée. Il ne comptait ni ses heures, ni celles de sa secrétaire l’efficace Mrs Herbert pour arriver à ses objectifs. C’était ce que ses parents lui avaient toujours dit : le mérite et le mérite seul devait lui permettre de se hisser plus haut.

Il n’avait fallu que quelques mois pour qu’on lui propose le poste de directeur, d’abord à titre d’intérim, puis de manière définitive.

Vernon n’y croyait pas et cette consécration l’avait pris de court au départ. Mais il l’avait acceptée de bon cœur, bien conscient que sa compétence et son professionnalisme étaient finalement reconnus.
Mrs Herbert n’était pas en reste puisque, du moment que Vernon la conservait à ses côtés, son propre salaire connaissait une nette augmentation.

Il s’était d’ailleurs bien gardé de se séparer d’elle, conscient que ses compétences étaient aussi rares que précieuses au sein de cette administration fraîchement dépeuplée.

Quant-à s’expliquer le retournement du Conseil d’Administration, la fin de l’impunité des cadres et le ménage par le vide qui s’en était suivi, Vernon avait eu quelques difficultés mais celles-ci n’avaient pas duré longtemps.

Il savait que les choses auraient changé tôt ou tard de toute manière, au vu de la rentabilité en baisse de la Grunnings. Et outre la peur de voir l’entreprise exposée à un scandale encore plus ruineux, un détail non négligeable devait être pris en compte :

La Grunnings, une des plus vieilles entreprises d’outillage du pays, en était à sa deuxième génération d’actionnaires et celle-ci s’étoffait depuis quelques années, remplaçant bon nombre de vieux barons de l’industrie par leurs héritiers…

Ou, bien souvent, par leurs héritières qui représentaient aujourd’hui presque un tiers de l’effectif : des femmes relativement jeunes pour la plupart et parfaitement lucides quant-au coût terrible de ce laisser-aller croissant. Il fallait redresser la barre avant que l’entreprise ne coule de manière irrémédiable.
Quoi qu’il en soit, la présence féminine croissante s’était déjà ressentie de quelques manières subtiles, notamment par le rachat d’une plus petite firme fabricant de l’électroménager de luxe à des fins de diversification.

C’était à présent indéniable : les femmes faisaient leur chemin à la Grunnings, on n’y parlait sans doute plus aussi librement de certains sujets grivois et, là où les pulsions délurées de certains mâles dominants avaient pu avoir bonne presse quelques années auparavant, la tendance était aujourd’hui à la retenue.

Une sobriété qui convenait parfaitement à Vernon Dursley, l’un des seuls à n’avoir jamais changé de secrétaire, dont l’âge relativement avancé le mettait aujourd’hui à l’abri de tout soupçon.
Et si c’était ce détail qui, au final, lui avait valu son avancement ?

Bien possible, car s’il était connu pour son caractère emporté et bien moins charismatique que celui de ses pairs, il savait que sa réputation de travailleur acharné et d’homme intègre avait fait son chemin.

Sa volonté d’arriver n’était pas la seule explication au fait qu’il adopte autant que possible un comportement exemplaire : Pour dire vrai, les pratiques de harcèlement des autres cadres envers leurs subordonnées l’avaient toujours profondément rebuté.
Frère d’une femme qui s’orientait vers ce corps de métier, Vernon n’avait jamais compris en effet ce qu’il y avait de drôle ni de valorisant dans le fait de « se taper sa secrétaire ».

Même s’il n’avait pas méprisé ses collègues mieux nés que lui, ainsi que leurs mœurs et leur mode de vie (tout en les jalousant un peu, il est vrai), Vernon n’aurait jamais pu comprendre un tel humour où de tels penchants. Il était dominateur, oui. Il aimait commander comme tout homme qui se respecte.
Cependant, il aimait avoir de dernier mot de manière propre, efficace, et surtout pour les bonnes raisons.

Passer un moment aussi agréable que non-partagé avec une femme, aussi jolie soit-elle, ne l’intéressait pas le moins du monde. Quant-à ces fantasmes de parties de jambes en l’air au bureau, il les avait toujours trouvés franchement déplacés.
Depuis la mort de la jeune secrétaire de direction, c’était même devenu pour lui un véritable tabou.

Et voilà qu’aujourd’hui, dans sa propre voiture et alors qu’elle n’y connaissait rien, Marge parlait de ce sujet comme s’il était parfaitement léger ? Sans penser qu’elle-même pouvait un jour ou l’autre subir les mêmes pressions et violences que l’infortunée à qui il avait lui-même fermé les yeux ?

Tout en conduisant, Vernon avait du mal à ne pas lui renvoyer son indélicatesse à la figure. Elle aurait pu s’abstenir.
Après-tout, ne lui avait-il pas avoué à demi-mots qu’il était la personne qui avait découvert le corps ?
Avait-elle au moins compris où lui-même voulait en venir lorsqu’il lui avait fait cette révélation ?

Mais à l’entendre parler ainsi, c’était comme si elle le croyait l’ex-amant de cet infortunée et qu’elle cautionnait la chose :
- Laisse-moi te dire que certaines ont quand-même de sacrées tares… Dit-elle. Je ne serais pas étonnées que pour une paire d’entre elles cela se finisse comme chez toi à Grunnings… Avec un cervelle comme la leur…

Vernon, lui, n’osait plus rien répondre, de peur de la gifler.
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