James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1 by Portus
Summary:

Vingt-cinq ans après la bataille de Poudlard, James Sirius Potter, entouré de ses cousins Weasley et de ses amis Gryffondor se prépare à rentrer en septième année à Poudlard.

 

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Crédit photo : image générée par IA - Dall E

Mais des événements qui surviennent durant l'été laissent présager un retour des tensions dans la société sorcière. Après un quart de siècle à se reposer sur les lauriers de sa victoire contre Lord Voldemort, la communauté magique saura-t-elle s'organiser pour lutter contre une menace, peut-être plus terrible encore ?

Il sera question de magie noire, de sectes manipulant des arts magiques anciens, et de textes médiévaux pouvant mener à un chamboulement profond du monde qu'ils ont connu ...

 

Notre nouvelle génération sera-t-elle prête à entrer en guerre ?

 

Saison 1 : Terminée

Saison 2 : en cours d'écriture

 

Ne laissez pas mourir l'œuvre, reviewez si vous appréciez, c'est mon seul salaire !

 

 

 


Categories: "19 ans plus tard" Characters: Albus S. Potter, James S. Potter, Le Trio, Les Gryffondor, Les Serpentard, Lily L. Potter
Genres: Angoisse/Suspense, Aventure/Action
Langue: Français
Warnings: Conduites addictives, Discrimination, Mort violente/Meurtre, Scène(s) gore(s), Violence physique, Violence psychologique
Challenges: Aucun
Series: A New Shadow - Harry Potter VIII
Chapters: 27 Completed: Oui Word count: 162126 Read: 13654 Published: 24/02/2023 Updated: 11/01/2024
Story Notes:

James Sirius Potter : 7 ème année - Gryffondor

Fred Weasley : 7 ème année - Gryffondor

Roxane Weasley : 7 ème année - Gryffondor

Lucy Weasley : 7 ème année - Serdaigle

Albus Severus Potter : 6 ème année - Gryffondor

Rose Weasley : 6 ème année - Gryffondor

Hugo Weasley : 4 ème année - Gryffondor

Lily Luna Potter : 4 ème année - Gryffondor

Louis Weasley : 2 ème année - Poufsouffle

1. Chapitre I. Célébration by Portus

2. Chapitre II. Deux Aurors sur le dos by Portus

3. Chapitre III. La nouvelle Allée des Embrumes by Portus

4. Chapitre IV. Contre-enquête by Portus

5. Chapitre V. Bureaucratie by Portus

6. Chapitre VI. Langue-de-Plomb et deuxième tête by Portus

7. Chapitre VII. Vénérable by Portus

8. Chapitre VIII. Le Baraquement by Portus

9. Chapitre IX. La Brume by Portus

10. Chapitre X. Cinq coups frappés à la porte by Portus

11. Chapitre XI. La Weasley lunaire by Portus

12. Chapitre XII. La rage d'Iggy by Portus

13. Chapitre XIII. Rentrée des classes by Portus

14. Chapitre XIV. Propagande et jurons by Portus

15. Chapitre XV. Hamish, Zeller et la furie by Portus

16. Chapitre XVI. Mauvaise foi by Portus

17. Chapitre XVII. Diplomatie by Portus

18. Chapitre XVIII. Levicorpus by Portus

19. Chapitre XIX. Les cernes des Weasley by Portus

20. Chapitre XX. La patience des Poufsouffle by Portus

21. Chapitre XXI. Le paradoxe du Choixpeau by Portus

22. Chapitre XXII. La lionne blessée by Portus

23. Chapitre XXIII. Le chevalier blanc by Portus

24. Chapitre XXIV. Astres et psyché by Portus

25. Chapitre XXV. La roue de la vengeance by Portus

26. Chapitre XXVI. Halloween by Portus

27. Chapitre XXVII. Nouvel ordre by Portus

Chapitre I. Célébration by Portus
Author's Notes:

 

 

-JAMES, ALBUS, LILY ! Dépêchez-vous, nous allons être en retard. Grand-mère va encore nous piquer une crise, cria Ginny depuis le hall du 12, Square Grimmaurd.


Il était dix-huit heures trente et Molly Weasley avait donné rendez-vous à toute la famille pour dix-neuf heures au Terrier. Certes, les Potter avaient encore vingt-cinq bonnes minutes devant eux avant de pouvoir prendre le temps d’emprunter le réseau de Cheminées vers le Terrier, mais Ginny en avait assez de voir arriver sa famille en retard aux réunions de famille dominicales au Terrier. D’autant plus qu’aujourd’hui, elle se devait d’arriver avant son frère Ron (qui arrivait toujours une poignée de minutes avant la famille Potter, grâce aux efforts répétés d’Hermione et de Rose pour mettre la pression aux deux hommes de la famille Weasley-Granger). En effet, aujourd’hui, le repas était donné en l’honneur de Harry qui fêtait aujourd’hui ses quarante-deux ans (Ah ! Le temps est passé si vite …). Bien qu’il avançait dans l’âge, Harry n’avait pas vraiment changé, il avait fort heureusement gardé sa silhouette fine, ses cheveux avaient gardés la même densité et le même éclat noir de jais. Seule ombre au tableau, les nombreuses cicatrices qui parcouraient son corps (celle sur son front ne lui avait pas suffi visiblement), traces des nombreux duels qu’il avait mené par la suite dans sa carrière d’Auror.

Parmi les blessures les plus sévères, il y avait tout d’abord cette immense cicatrice blafarde en forme de croix qui couvrait désormais son torse. Cette blessure avait été infligée par un Mangemort en fuite, Yaxley, rendu fou par la défaite de Voldemort, avait longtemps couru dans la nature avant que Harry ne le retrouve dans une grotte au Nord du Pays de Galles. Le mage noir brisé, bien qu’ayant été fortement diminué par sa fuite, avait réussi à jeter un Sectumsempra à Harry avant d’être immobilisé par Neville Londubat, qui officiait également comme Auror, avant de se voir proposer le poste d’enseignant de Botanique à la retraite de Pomona Chourave.

 

Ginny tressaillit rien qu’en repensant aux deux semaines passées au chevet de Harry à Sainte-Mangouste. Il avait perdu énormément de sang et avait été mis sous Potion de Sommeil pour faire le moins d’efforts possibles le temps de la cicatrisation de sa blessure (Severus Rogue n’avait hélas pas transmis le contre-sort au Sectumsempra qu’il avait lancé sur Malefoy, et les Mangemorts désormais aux mains du Ministère furent bien trop aveuglés par leur haine et violence pour s’intéresser au contre-sort de leur maléfice favori).


Au niveau de ses autres “blessures de guerre”, Harry avait, entre autres, une longue balafre parcourant toute sa cuisse gauche, infligée par un contrebandier de produits interdit qui, pour pouvoir fuir, avait fait s’écrouler un plafond sur l’aspirant Auror qu’était Harry à l’époque. Sa jambe était restée coincée de longues heures dans les ruines de ce squat miteux de l’allée des Embrumes avant que Benjamin Harper*, son collègue Auror, alerté par le Patronus de Harry ne vienne le sortir de là. Ginny sourit à ce souvenir, elle se souvint d’avoir vu Harry revenir avec une longue canne à pommeau ornée d’un lion doré. Harry arborait alors la démarche d’un Maugrey Fol Œil combinée aux goûts pompeux d’un Lucius Malefoy à l’apogée du Ministère corrompu de l’ère Fudge.


Mais Le corps de Ginny non plus n’avait pas été épargné par les blessures : un nez légèrement aplati par un Cognard lors d’une demi-finale du championnat de Quidditch opposant son équipe des Harpies de Holyhead aux Crécelles du Kenmare, certains doigts légèrement tordus après de mauvais contacts avec un Souaffle, une épaule fragilisée par une chute de quinze mètres, un genou fatigué par des multiples sortilèges de soin sur les nombreuses entorses qu’elle s’est faite, la liste est longue, aussi longue que les trophées que Ginny a pu glaner en tant que Poursuiveuse vedette des Harpies et de l’équipe d’Angleterre. Mais contrairement à Harry, elle a tourné la page il y a bien longtemps avec son métier à risques, désormais, elle travaille depuis leur demeure du 12, Square Grimmaurd et écrit des articles concernant le Quidditch pour la Gazette du Sorcier. Ce même journal qui avait longtemps conspué Harry et avait même dévoilé les premières rumeurs les annonçant en couple elle et Harry. Mais lorsque son corps put assumer difficilement les brisures d’une carrière de sportive de haut niveau, combiné au désir de fonder une famille avec l’amour de sa vie, Harry Potter, Ginny fit un choix pour pouvoir tout d’abord, fonder et s’occuper de sa famille, rester active,  mais surtout, pour prouver à son époux qu’elle avait à cœur de rapporter de l’argent au foyer, bien qu’avec un salaire d’Auror, puis de chef des Aurors, doublé par l’héritage d’une des plus riches familles de Sang-Pur, Harry avait de quoi donner un train de vie très aisé à sa famille. 


Car Ginny ne s’était imaginée rester mère au foyer et avait eu à coeur de toujours chercher à s’accomplir autrement que par sa vie de couple. Tout d’abord après sa dernière année à Poudlard, alors qu’elle avait été « draftée (1) » par les Harpies, la presse ne parlait d’elle que pour sa relation avec le Survivant. A partir de ce moment là, Ginny s’était jurée de se faire un nom dans le Quidditch pour, tout d’abord, arrêter d’être appelée « l’Epouse-De-L’Elu », mais aussi pour faire baver toutes les chipies telles que Romilda Vane qui s’égosilleraient devant ce couple constitué de personnalités si « prodigieuses » (elle n’oubliait pas ses années à Poudlard, où les « gourgandines », comme elle les appelait, s’extasiaient devant celui qu’elles appelaient L’Elu après avoir passé un an entier à le traiter de malade mental, et traitaient Ginny de « moins-que-rien », « dernière d’une famille pauvre », « n’ayant pas le panache, le charme, la richesse et l’intelligence suffisante pour être avec L’Elu », après tant d’années à se faire insulter, devenir un sujet d’extase pour ces prêtresses de la vacuité était un juste retour de bâton, purement orgueilleux, certes, mais terriblement apaisant pour la benjamine des Weasley).



Ginny fut rappelée à la réalité par les bruits de pas précipités de Lily qui descendait les marches. Sa petite dernière venait visiblement de se disputer avec James puisque ses joues étaient devenues presque aussi écarlates que ses cheveux. Lily avait désormais quatorze ans et s’il y a encore trois ans, celle-ci venait souvent chercher sa mère ou son père pour mettre fin aux habituelles pitreries de ses frères aînés (citons entre autre la métamorphose d’un ours en peluche en araignée géante, idée soufflée par leur oncle Georges. Les bousculades dans les escaliers qui conduisaient à d’affreux bobos, les multiples vols de journaux intimes dont les meilleurs passages étaient lus par James lors des réunions familiales au Terrier, et bien d’autres farces qui transformaient à chaque fois le Square Grimmaurd en vaste champ de bataille et obligeait l’un des deux parents à sévir…), la puinée des Potter se débrouillait désormais très bien, elle manipulait parfaitement l’art de la répartie et n’hésitait pas à rabrouer ses deux aînés par des phrases assassines, ou bien, parfois, elle en venait à leur jeter un puissant maléfice de Chauve Furie en plein visage jusqu’à ce que des excuses soient faites. Ginny sourit à sa fille, elle avait hérité du même caractère qu’elle, et ça, pour Ginny c’était une très belle réussite.


-Que t’ont-ils fait ? demanda Ginny, son sourire toujours sur le bord des lèvres.


-Albus raconte encore que je suis amoureuse de Gary Londubat et James adhère à sa théorie ! lui répondit Lily exaspérée.


-Et comment as-tu fait pour leur expliquer de se mêler de leurs propres histoires ? Pas de chauves furies j’espère ?! Tu n’as pas le droit de faire de la magie ici !


-Le Ministère ne m’aurait pas vu si c’est moi qui avais fait de la magie (2), dit calmement Lily. Pour les familles de sorciers, ils font bêtement confiance aux parents, je connais déjà les failles des lois !


-Je te rappelle que ton père est un représentant du Ministère et il n’aime pas voir ses enfants enfreindre les règles, avança Ginny sur un ton de reproche.


-Dans tous les cas, pas de Chauves Furies aujourd’hui, j’ai juste demandé à Albus ce que lui inspirait d’obéir au doigt et à l’œil à Orlane Boot.


-Qui ça ? demanda Ginny d’une voix toute excitée.


-Orlane Boot, Préfète des Serdaigle, de l’année d’Al. Il est toujours en train de la suivre partout, que ce soit lors des repas, ou à la bibliothèque, il lui propose même de faire les rondes ensemble, et du coup, c’est notre cousine Rosie qui doit faire des rondes avec Roger Davies Jr., l’autre Préfet des Serdaigle, fier comme un paon et avec le QI digne de celui d’une huître, lui détailla Lily. En tous les cas, son affaire ne semble pas vraiment avancer, il est plutôt dans le rôle du chien-chien qui tient son sac en échange de quoi elle lui donne les restes de son déjeuner.



Ginny réflechissait à présent. L’évocation du nom de celle qui faisait battre le cœur de son cadet lui avait mis un doute, mais la description que lui avait faite Lily l’avait confortée dans sa première intuition. Elle reprit donc la parole, encore toute heureuse de savoir que ses enfants sociabilisaient à Poudlard et n’avaient pas les mêmes problèmes qu’elle à son époque (bien qu’il faudrait qu’elle s’assure que l’histoire avec Orlane ne fasse pas trop souffrir Albus) :



-Orlane Boot ! C’est la fille de Terry Boot et de Padma Patil. Nous connaissons bien leurs parents, ta tante Hermione travaille avec Terry au Département de la Justice Magique et …, sa voix se fit un peu plus tremblante comme à chaque fois qu’elle abordait cette époque, et … Ils étaient tous les deux membres de l’Armée de Dumbledore et se sont battus avec nous, à Poudlard.


-Dans tous les cas, je ne l’aime pas vraiment, avoua Lily, c’est une vraie pimbêche et …



Elle fut interrompue par un hurlement qui venait de l’étage. A en juger par ce que disaient les cris, Albus venait de faire apparaître d’énormes verrues sur la photo de Nancy Frobisher, la petite amie actuelle de James. Bien sûr Albus prétendait avoir réagi en réponse à la dernière farce de James qui avait consisté à ensorceler tous les livres d’Albus de façon à ce que ceux-ci lui lancent des injures à chaque fois qu’il les ouvrirait. En fait, chacun des enfants Potter utilisait toujours le prétexte d’une représaille d’une précédente farce. La boucle durait depuis de nombreuses années ainsi et il était impossible de remonter à la source de ces bêtises pour savoir qui avait commencé en premier (bien que la logique voudrait que ce soit James).


Et justement, James descendait les marches de l’escalier quatre à quatre. Ses joues écarlates étaient désormais assorties aux reflets de sa chevelure châtain. Il était légèrement plus grand que son père et plus tracé musculairement. Cela s’expliquait par une pratique intensive du Quidditch depuis son plus jeune âge (Ginny soupira en repensant au nombre de vases que James a cassé lors de « matchs » avec ses cousins) et par une enfance et une adolescence où il pouvait manger à sa faim. Chance que n’avait pas forcément eue son père. Il était suivi de près par Albus qui riait encore aux éclats de sa blague. Albus était de loin celui qui ressemblait le plus à son père d’un point de vue physique. Même yeux, même silhouette petite et fine, même cheveux noirs en bataille. Les seules différences entre lui et son père étaient minimes, certains rares traits de son visage s’apparentaient aux Weasley (les fossettes, et l’air malicieux), il ne portait fort heureusement pas de lunettes, sa vue était encore bonne et Albus n’avait pas non plus de cicatrice en forme d’éclair sur le front. Sa simple ressemblance avec son père suffisait cependant à lui valoir de se faire arrêter fréquemment dans la rue.


-C’est bon ? Tout le monde est prêt ? demanda une voix depuis la cuisine.


Harry Potter se tenait dans l’embrasure de la porte et observait d’un œil amusé sa petite famille. A en juger par leurs mines, les enfants s’étaient encore disputés. Mais ce n’était jamais des disputes bien méchantes, Harry avait eu peur d’une escalade au moment où Albus allait rentrer à Poudlard, mais il s’est vite aperçu que James stressait, au fond, autant que son cadet. Albus avait depuis été envoyé à Gryffondor, auprès d’une grande partie de ses cousins. Avec eux, il a appris à avoir une meilleure confiance en lui, il s’est affirmé comme étant un élève brillant, tout en n’oubliant pas d’accompagner son frère dans ses multiples entorses au règlement. Il était cependant bien plus discret que son aîné puisque Harry n’avait jamais reçu de lettres de Poudlard le concernant, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’Albus a été nommé Préfet lors de sa Cinquième année.


Ginny tira Harry de son inspection en le prenant par le bras :


-18 h 47 ! On est tous prêts, et on va sûrement arriver avant Ron. Une première ! Je suis fière de vous les enfants.


Elle s’avança la première dans la cheminée du salon du Square Grimmaurd, jeta une pincée de Poudre de Cheminette et prononça distinctement : « Le Terrier ». Chacun de ses enfants fit de même puis ce fut son mari qui conclut le défilé des Potter.


Quand il arriva enfin au Terrier, il put affirmer qu’il ne s’était jamais attendu à voir ce qu’il était en train de voir …



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Tous les amis de Harry se tenaient dans le salon du Terrier et attendaient son arrivée. Lorsque la cheminée du salon crépita après avoir vu arriver les quatre autres membres de la famille Potter, tous les convives se mirent à chantonner le traditionnel refrain pour accueillir leur ami désormais âgé de 42 ans. Ils étaient tous là à la plus grande joie d'Harry :

 

Neville et Hannah Londubat avec leurs deux enfants, le benjamin, Gary, en cinquième année à Poufsouffle,et leur fille aînée, Alice qui était dans la même classe que James, et aussi à Gryffondor. Son protecteur et vieil ami, Hagrid,était là aussi, puis, bien entendu, la famille Weasley au grand complet, même Charlie était là, ce qui était assez rare depuis qu'il travaillait dans une réserve de dragons dans les Hébrides. Harry remarqua également ses anciens camarades de poudlard, Seamus Finnigan, son épouse, Lavande Brown, Lee Jordan, son épouse, Parvati Patil-Jordan, Terry Boot et son épouse Padma Patil-Boot, Olivier Dubois, son épouse June Tierney, Alicia Spinnet... Tous avaient répondu présent. Mais il y avait également Andromeda Tonks, la grand-mère de Teddy Lupin qui était ici, lui aussi, avec Victoire. Harry aperçut aussi ses collègues du bureau des Aurors, Dean Thomas, Benjamin Harper, Jimmy Coote, Demelza Robins et Steven Cornfoot, d’abord eux-aussi amis de Poudlard, et pour certains de l’AD, puis une relation qui s’intensifia par leur collaboration au sein du Bureau des Aurors. Il y avait bien sûr les autres Aurors, ceux qui étaient là avant eux, la déterminée Vicky Vale, le pugnace Fairbanks et le grognon au grand cœur : Valiant. Il y avait également Luna Lovegood, son époux Rolf Scamander, ainsi que les deux jumeaux Lorcan et Lysander qui allaient entrer en première année à Poudlard. La famille Scamander-Lovegood avait chanté l'air de « Bon anniversaire » plus lentement que les autres et ils s'affairaient maintenant à exécuter une chorégraphie faite de mouvements rapides des deux bras visant sans doute  à éloigner les Nargoles et autres Joncheruines.

Puis, comble du bonheur pour Harry : certains de ses anciens enseignants de Poudlard s'étaient déplacés : Minerva McGonagall, Filius Flitwick et Pomona Chourave, à présent considérablement vieillis mais rendus sereins par leur éloignement de Poudlard depuis leurs retraites. Harry voyait rarement ses anciens enseignants, mais c'était toujours un plaisir pour lui de les voir. Il n'oubliait pas tout ce qu'ils lui avaient appris ni leur engagement dans la bataille de Poudlard qui, décidément, avait fini par créer de solides liens entre les protagonistes du camp victorieux.

Après que Harry ait fait le tour de tous les convives et échangé des nouvelles avec eux, Mrs Weasley demanda à ce que les invités se rendent dans le jardin. La matriarche Weasley y avait fait installer une immense table afin de profiter un maximum du beau temps qui fut assez rare au cours de cet été.

Afin d'être à l'abri en cas d'averse de pluie, fait assez fréquent dans la région de Loustry Ste Chaspoule, Arthur, Bill, Ron et Hagrid, toujours muni de son parapluie rose, s'affairaient à faire tenir un immense chapiteau, autour de cette table. Hagrid s'empressa d'ôter les toiles latérales du chapiteau à l'aide de ses mains gigantesques pour ne pas donner un sentiment de confinement aux invités. Molly Weasley proposa aux invités des rafraîchissements et fit venir un long bar, rempli de toutes sortes de boissons, alcoolisées (Bièraubeurre, Whisky Pur-Feu, Cognac, Gin, Hydromel, ...) ou non (Cola Sorcier, Smoothies du Père Fortescue, ...).

Harry s'avança près du bar où étaient disposés les rafraîchissements. Ses collègues Aurors se tenaient non loin du Whisky Pur-Feu et riaient à une blague de Steven Cornfoot. A l'issue de la guerre contre Voldemort, de nombreux jeunes étudiants tout droit sortis de Poudlard et ayant participé à la bataille ont été acceptés au sein du Bureau des Aurors. En effet, durant la guerre, celui-ci avait été largement infiltré et c'est au cœur même du Bureau que s'est joué le putsch ayant mené à la mort de Scrimgeour.  De nombreux Aurors furent jugés pour haute trahison et l'une des premières mesures de Kingsley fut d'essayer de recruter tous les membres de l'AD ayant terminé leurs études, ainsi Steven Cornfoot, Benjamin Harper, Dean Thomas  et Neville Londubat rejoignirent Harry au Bureau des Aurors. Tous les membres de l'AD n'ont pas accepté, bien entendu, la plupart voulaient prendre de la distance avec cette guerre qui les avait détruits ainsi qu'avec la lutte contre la magie noire en général. Certains comme Terry Boot ont simplement pensé que maintenant que Voldemort avait été vaincu, les Aurors ne seraient plus d'une grande utilité, mais la période qui suivit démontra qu’ils se trompaient.

En effet, les deux années qui ont suivi la guerre ont été ponctuées par beaucoup de combats à mener pour les Aurors. Tout d'abord, au sein du Ministère, les Aurors durent enquêter sur les activités de fonctionnaires soupçonnés de trahison. Ce ne fut pas tâche facile, certains agissaient de leur plein gré et adhéraient aux idées des Mangemorts, d'autres étaient victimes de chantage et d'autres encore étaient sous Imperium. Les Aurors durent donc démêler le vrai du faux et fournir leurs constatations au Magenmagot qui délibérait ensuite. L'autre volet important du travail des Aurors était la poursuite des Mangemorts en fuite. Certains des plus redoutables cavalaient encore dans la nature, bien souvent conscients d'avoir tout perdu depuis la chute de leur Maître et prêts à tout pour le venger.

Les deux premières années étaient aussi celles de la formation des jeunes Aurors, or, de nombreux Aurors furent arrêtés après la guerre et ne furent réintégrés que ceux qui avaient fui le gouvernement Thicknesse ou qui avaient participé à la bataille de Poudlard du côté victorieux. Le Bureau était donc en effectif restreint puisqu'un Auror en formation devait obligatoirement faire équipe avec un Auror confirmé. Valiant, Fairbanks et Vale sont les derniers rescapés de cette génération d'Aurors. Tous ont pris leur retraite ou sont malheureusement tombés au combat.

En fait, c'est le cas d'un seul de ces Aurors : Cyan Kahill, le mentor d'Harry. Alors que la formation d'Harry allait être terminée, Cyan et son apprenti furent envoyés dans une masure abandonnée dans une forêt de l'Ouest du Yorkshire. Là-bas, les Moldus se plaignaient d'une force maléfique qui tuait les animaux tournant autour de cette masure. De nombreux lapins, pigeons et autres corbeaux étaient retrouvés morts sans que l'autopsie ne révèle une cause quelconque à leur mort. Lorsque les deux Aurors s'y rendirent, ils eurent la surprise de retrouver Travers, vivant à la dure dans la masure en ruine, parlant seul et jetant des sortilèges sur la nature environnante pour « ne pas perdre la main ». A la vue des deux Aurors et notamment de Harry Potter et de sa cicatrice encore visible, Travers se mit à hurler comme un fou et lança des sortilèges à la volée. Il contrait tous les sortilèges jetés par les deux Aurors à une vitesse prodigieuse. Et effectivement, il n'avait pas « perdu la main » … Quand tout à coup, tout se passa si vite, un éclair vert aveuglant sortit de sa baguette. Harry se mit à hurler, mais il était trop tard. Kahill gisait sur le sol. Etonné par le sort qu'il avait réussi, Travers fut momentanément distrait et contemplait la bouche bée le corps sans vie du grand chasseur de Mages Noirs. Harry en profita pour le désarmer et lui jeter un Maléfice du Saucisson. 

Puis, à l'aide d’un Galion ensorcelé qu'avaient tous les Aurors, il donna l'alerte et les membres du Bureau disponibles le rejoignirent. Tout fut flou pour lui ensuite, il se souvient avoir été conduit à Sainte-Mangouste, mis sous Potion de Sommeil. Et il se souvient d'avoir passé de longues heures avec une Médicomage Psychologue qui mit tout en oeuvre pour lui prouver qu'il n'était pour rien dans la mort de son coéquipier. Ce souvenir était encore amer pour Harry. Il était persuadé que Travers n'aurait pas été si furieux s'il ne l'avait pas reconnu. Mais malheureusement, rien ne pourrait leur faire recommencer la mission …

A l'issue de ce drame, Harry fut nommé, par la force des choses, Auror confirmé et il prit un “petit nouveau” sous son aile : Ronald Weasley. En effet, Ron avait d'abord rejeté l'offre de Kingsley pour pouvoir veiller sur son frère Georges, rongé par la mort de son jumeau Fred. Au bout de deux années passées à gérer et à faire fructifier la boutique de farces et attrapes et après s'être assuré que Georges, qui venait de se marier avec Angelina, allait mieux, Ron insista pour passer les tests (il aurait pu s'en passer, mais lui aussi voulait être sûr de ne pas avoir perdu la main). Étant donné que Harry était désormais le seul Auror confirmé sans apprenti, Ron fut son aspirant. Mais cette relation n'était visible que sur le papier. Harry montra surtout à Ron la fonction administrative de l'Auror mais ils menaient toutes leurs missions comme un seul homme. Se comprenant parfaitement, ils réussirent à accomplir de réelles prouesses ensemble. Si bien que rapidement après son intégration, Ron pouvait se targuer d'avoir enfermé quatre contrebandiers de produits de Magie Noire, démantelé la boutique Barjow et Beurk en prouvant que leurs produits étaient importés illégalement d'Egypte et résolu une quantité non négligeable d'actes de Magies Noires. Pour la plus grande fierté du Bureau, et de son épouse, la Haute-fonctionnaire Hermione Granger-Weasley.

Quelques mois après avoir commencé à faire équipe avec Harry, les aspirants (tous arrivés en même temps que Harry) virent leur formation terminée. Pour parfaire la formation de Ron, le chef du Bureau de l'époque Edwin  Benson suggéra que Ron finisse sa formation auprès d'un Auror plus expérimenté en la personne d'Herbert Valiant. Cet Auror quinquagénaire était un homme très peu loquace, fixant toujours les jeunes Aspirants d'un regard qui paraissait agressif, mais au bout de plusieurs mois, les jeunes apprentis s'étaient aperçus que malgré l'exigence du vieil Auror, celui-ci aimait profondément et sincèrement la relève. Ils se souviennent tous de son air affolé lorsqu'il a déboulé dans Sainte Mangouste pour voir Harry qui venait d'être hospitalisé pour une blessure au torse lors de son duel face à Yaxley. Harry était encore sous Potion de Sommeil et sa joie fut communicative quand il vit que tout allait bien. Il continua ainsi d'apprendre les rudiments du métier à Ron. Le corrigeant maintes et maintes fois, en lui reprochant toujours sa maladresse. Cependant, lorsque Ron reçut son badge d'Auror confirmé, il regardait d'un air si fier son « petit protégé » que des larmes en vinrent même à couler sur ses joues.

Deux autres Aurors avaient contribué à la formation des jeunes, Vicky Vale, âgée de cinq ans de plus qu'Harry et rentrée en même temps que Tonks avec qui elle était amie. Vicky était une grande femme élancée, d'une très grande beauté. Elle portait sa crinière de cheveux blonds attachés en une longue natte et ses deux grands yeux bleus scrutaient sans cesse les alentours à l'affût du moindre danger. Ses robes de couleur criarde, son sac à main jaune moutarde et son vernis à ongles impeccablement déposé sur ses longs ongles lui donnaient l'air d'être une sorcière superficielle. Ce n'était qu'une apparence, n'en déplaise aux nombreux contrebandiers, Mages Noirs et autres bandits qu'elle a pu interpeller durant sa longue carrière. En bonne sorcière issue de la Maison Serpentard, Vicky n’hésitait jamais à user de sa ruse pour arriver à effectuer ses missions de chasseuse de mages noirs.

Le dernier était Douglas Fairbanks, le doyen du Bureau des Aurors. L'Irlandais allait sur ses 70 ans mais arborait toujours une épaisse tignasse rousse et un regard noir perçant. Sa rapidité baguette en main était légendaire au sein du Ministère. Dans sa jeunesse, le jeune Douglas fut un grand champion de Duel et tenait tête à des duellistes renommés tels Filius Flitwick pourtant âgé d’une vingtaine d'années de plus que lui. D'ailleurs, après avoir souri amicalement à Harry, Fairbanks rejoignit le Professeur Flitwick avec qui il était resté en bon termes et se mit à parler du bon vieux temps avec lui.

Harry se déplaçait parmi ses invités au rythme des « Joyeux anniversaire Harry ! ». Il ne manqua pas d'embrasser pour la énième fois de la soirée sa femme et sa fille avant de filer voir Arthur qui discutait avec Albus.

-Et donc, tu vois, les Moldus en Finlande, ils mettent les canettes dans une machine et la machine leur rend des pièces ! Tu crois que ce ne serait pas une super idée ? Une machine qui donne quelque chose en échange d’autre chose. Et puis, avec toutes les bouteilles de Bièraubeurre qui trainent au Chemin de Traverse, mon invention serait utile ... A croire que Molly ... Oh bonjour Harry ! lança Arthur d'un ton chaleureux, j'expliquais justement à Albus les machines dont je t'ai parlé la dernière fois. Je lui demandais de se renseigner sur le mécanisme en étude des Moldus. Oh bien sûr, c'est simplement par pure curiosité. Rien de plus !

-Très honnêtement Arthur, je pense que c'est une bonne idée qui rendrait les sorciers un peu plus responsables, lui répondit Harry dans un sourire. Il ajouta ensuite dans un murmure : et je préfère vous voir travailler sur ça plutôt que sur une voiture ou une moto volante.

Arthur sourit d'un air gêné et lui murmura à son tour :

-Une moto volante en excellent état de marche et se trouvant actuellement au 12 Square Grimmaurd. Nous parlons de la même n'est-ce pas ? ajouta-t-il avec un clin d'œil complice.

-C'est bien ça, du vrai travail de mécanicien professionnel, et pour ça encore, je ne vous remercierai jamais assez. Sur ce, je vous laisse réfléchir à d'autres projets, je viens d'apercevoir le Professeur Londubat, dit-il en prenant un faux ton grandiloquent, il est avec Rosie. Je crois qu'elle n'est pas certaine que son Optimal en Botanique soit mérité puisqu'elle n'a pas cité le nom latin de la Mandragore dans son BUSE écrit. Je vais le sortir de ce mauvais pas.

Il leur sourit et se retira. Albus et Arthur étaient très liés, ils étaient tous les deux de fervents passionnés de Moldus. Persuadés que même sans magie, ceux-ci n'étaient pas vraiment différents des sorciers. Il leur arrivait d'aller se promener ensemble côté Moldu et de s'émerveiller de toutes les richesses que ce monde pouvait apporter. Ainsi, les Moldus devaient avoir pris l'habitude de voir le vieil homme dégarni et le petit garçon aux yeux verts et aux cheveux noirs en bataille contempler pendant une après-midi entière un objet aussi banal que pouvait l'être un « doggy bag » ou un horodateur.

Alors que Harry s'avançait vers Neville, il vit toute la foule se retourner vers l'opposée du chapiteau, un nouvel invité était arrivé et celui-ci fit encore plus plaisir à Harry. Un homme noir avec une haute silhouette élancée et une robe violette à motifs argentés se tenait à l'entrée. Il lui adressait un de ses plus beaux sourires du coin de ses lèvres ridées. Kingsley Shacklebolt, l'ancien Ministre de la Magie, l'homme de la paix, l'homme de la réconciliation, le grand homme aimé de tous lui avait fait l'honneur de venir à son anniversaire. Bien que la plupart du temps, celui-ci déteste les bains de foule. Harry se précipita sur lui pour lui serrer la main :

-Kingsley, c'est formidable que vous soyez venus, cela nous fait tous plaisir. Nous sommes conscients de l'effort que vous faites.

 

-Un effort ? Tu penses vraiment que l'on peut parler d'effort quand un homme rejoint ses amis ? répondit-il avec un sourire franc et sincère.

*Benjamin Harper est un personnage appartenant à Alixe (bien qu'elle l'ait prénommé Owen) dans sa fiction Les survivants. Son histoire reste la même : Serpentard et Sang-Pur, il est Auror aux côtés de Harry et devient un de ses amis proches. Il offre une nouvelle vision des Serpentards. Il est ambitieux mais est un atout précieux pour le bureau des Aurors car il est brillant et est un acharné de travail. Il sait également user de sa roublardise à bon escient pour faire avancer les enquêtes. Plus tard dans la fic, ce personnage très intéressant interviendra, donc je ne vous en dirai pas plus.

(1)Au Quidditch, Mme Bibine convoque à l'issue de leur dernière année les joueurs de Poudlard souhaitant faire carrière pour qu'ils fassent des tests en présence des recruteurs de toutes les équipes de Quidditch. La meilleure équipe de Quidditch de la Ligue Professionnelle choisit en premier le ou les joueurs qui l'intéresse(ent) suivie par la deuxième équipe et ainsi de suite. Une rumeur prétend que les Canons de Chudley n'ont pas recruté un seul joueur lors des drafts depuis 1895.

(2) Comme précisé dans le tome 6, le Ministère de la Magie ne peut pas voir si un acte de magie a été pratiqué par un sorcier de moins de 17 ans. En effet, le Ministère ne voit que le sortilège utilisé dans la zone ou se situe le sorcier mineur. De ce fait, un sorcier mineur vivant dans une famille de sorcier n'est jamais arrêté par le Ministère puisqu'ils ne peuvent savoir si l'acte magique a été réalisé par un parent du sorcier ou par le sorcier lui même.

 

 

 

Chapitre II. Deux Aurors sur le dos by Portus

Harry sourit chaleureusement en retour à l'hôte de marque qui venait d'arriver. Bien qu'il soit encore jeune pour un sorcier, en effet, Kinsley n'était âgé que de 65 ans, on pouvait constater que son visage était sillonné de nombreuses rides notamment autour de ses yeux et de son front. Kingsley était devenu Ministre de la Magie à titre provisoire à l'issue de la Seconde Guerre. Sa tâche fût, dans un premier temps, d'assurer la transition et de restaurer la démocratie dans un Ministère de la Magie qui était déjà en crise bien avant le gouvernement Thicknesse. Kingsley avait donc réussi à faire juger les fonctionnaires ayant collaboré activement avec les Mangemorts. Il n'avait cependant pas voulu reproduire les erreurs et la justice expéditive de l'ère Croupton et avait donné à chacun un procès. Le premier de ces procès concernait Dolorès Ombrage, ancienne haut placée de l'exécutif magique qui s'était particulièrement démarquée par sa cruauté envers toutes les personnes qu'elle qualifiait d'hybride. Malheureusement, ce que Kingsley n'avait pas prévu, c'était que la vague de procès qui s'annonçait passionnait intensément la population magique ... Et continuait de la diviser ... Certains prenaient part pour Ombrage et continuaient de dire qu'elle avait raison, d'autres demandait un rétablissement de la peine capitale : le baiser du Détraqueur.


Ainsi à travers toute l'Irlande et la Grande-Bretagne, des mouvements politiques étaient nés. Deux mouvements majeurs ressortaient du lot : le premier d'entre eux s'appelait «L'Honneur Sorcier», il était présidé par Iggy Greengrass, un sorcier de Sang-Pur mais n'ayant jamais été Mangemort, bien qu'il croyait en une nécessaire prédominance des sorciers “de souche”. Ce parti voulait défendre ces mêmes idéaux en version plus souple. Dans ses discours, Iggy Greengrass partait d'un constat simple : 

« Les Moldus se sont mis à croire de plus en plus fortement en leurs religions au Moyen-Age. Les sorciers étaient devenus des parias païens qu'il fallait exécuter. Les sorciers se sont donc retranchés dans un monde auquel les Moldus ne pouvaient pas avoir accès. Ils ont mis en place leur propre culture, écrit leur propre histoire, inventé leurs propres lois, leurs propres jeux et sport magiques. La culture sorcière est riche et les vieilles familles de sorcier se doivent de la défendre. Or, toujours selon Greengrass, l'augmentation du nombre de sorcier au Sang-Mêlé et Nés-Moldus, a, il ne le nie pas, permis d'éviter l'extinction de la population sorcière, mais a surtout fait disparaître certaines coutumes auxquels les sorciers étaient très attachés. Pire encore, les légendes et témoignages historiques semblent conforter les idéologues favorables aux Sang-Pur, que, la magie était plus puissante au Moyen Âge, comme en atteste les talents des Fondateurs de Poudlard, ou de Merlin . Greengrass et ses partisans soutenaient  donc une théorie nébuleuse, qui servit longtemps de prétexte, d’abord à Salazar Serpentard, plus tard à Grindelwald et Voldemort, qu’une magie qui se dilue dans le sang Moldu et l’absence de rites traditionnels, finit par s’éteindre. » Le Parti de Greengrass cherchait donc à conserver une identité sorcière tout en s’autoproclamant comme sauveurs d’un monde magique voué à disparaître. Et l'idée était simple. Les sorciers issus du monde moldu devraient effectuer, dès leurs 11 ans, deux années à Poudlard dites « préparatoires ». Durant ces deux années, ils seraient initiés à la culture sorcière et pourraient ensuite commencer leur cursus normal. L'autre idée de Greengrass était de pardonner les Mangemorts ou sympathisants du régime pour lesquels il était prouvé qu'aucun crime n'avait été commis. Il s'opposait aux procès qui ne faisaient qu'intensifier la haine anti Sang-Pur. Les faits lui donnaient raison. De nombreuses familles de Sang-Pur avaient été agressées au sortir de la guerre, des demeures furent ravagées et la Brigade de Police Magique dût effectuer des surveillances des familles de Sang-Pur concernées par la guerre, le tout afin d'assurer leur sécurité. 

Iggy Greengrass fut aussi l'avocat de certains anciens Mangemorts ou fonctionnaires zélés et il réussit à faire acquitter des familles pour qui la potence était réclamée unanimement par l’opinion. Ainsi, la famille Malefoy, qui s'était repentie lors de la bataille de Poudlard, fut acquittée grâce à ses services. Cependant, il ne put rien faire pour négocier la caution importante demandée par le Magenmagot et il fut obligé de voir Lucius Malefoy se séparer de tous ses biens pour compenser les horreurs qu'il avait commises lors des deux guerres. 

En opposition à ce mouvement consevateur, un mouvement Pro-Moldu s'intitulant simplement «Collectif pour la Justice », vit le jour. Il était présidé par un jeune sorcier. Tout juste sorti de Poudlard : Justin Finch-Fletchley. Ce jeune homme, qui avait vu nombre de ses amis mourir lors de la Bataille de Poudlard et qui avait dû vivre dans des conditions déplorables pendant l'année de la Terreur, demandait une Justice expéditive et dénuée de tout sentiments pour les Mangemorts et collaborateurs de Voldemort. Il appelait à une refonte totale du système magique, à la suppression de toutes les lois pro Sang-Pur, à la confiscation des biens de ceux qui avaient permis un tel système de se mettre en place... Il voulait que les punitions infligées aux partisans de Voldemort soient exemplaires et il interpellait régulièrement le pouvoir sur la lenteur des procédures. Il se fit notamment remarquer du grand public lors du procès Ombrage. Il fit un discours qui fit trembler jusqu'au plus rigide des jurés du Magenmagot. Il parla d'abord des années d'Ombrage à Poudlard. Il demanda à Harry Potter de le rejoindre et montra au Magenmagot les marques présentes sur la main droite du désormais jeune Auror. Ombrage l'avait torturé en l'obligeant à écrire « Je ne dois pas mentir » avec son propre sang, lui et tant d’autres élèves ayant osé contester son autorité. Il raconta ensuite comment Ombrage l'avait auditionné à lui, Sorcier Né-Moldu, ayant renoncé à des études à Eton pour embrasser le monde magique, pour finalement terminer, cerclé de Détraqueur et accusé de vol de baguette par une vieille sorcière sadique et raciste. Il souligna la cruauté du personnage, le plaisir qu’elle prenait à abuser de son pouvoir, et la mission, presque divine, qu’elle s’était auto-attribuée, de persécuter les hybrides et autres Nés-Moldus. Il cita ensuite une longue liste de noms. Cette liste recensait toutes les personnes qu'Ombrage avait conduites à Azkaban et qui en étaient mortes. Il termina son discours en défiant Ombrage du regard et en se désolant qu'elle n'ait pas eu les Détraqueurs autour d'elle. 

Kingsley était bien conscient que ces deux mouvements représentaient maintenant les opinions majoritaires de la société sorcière. Ainsi, dès les premiers mois de sa gouvernance provisoire, en politicien sage et avisé, il décida de former un gouvernement d'union nationale. Les deux mouvements seraient représentés à égalité au Magenmagot (qui votait les lois) et auraient plusieurs postes de chef de département. Il veilla également à ce que les artisans de la victoire : l'Ordre du Phénix puissent veiller, eux aussi, à la reconstruction du monde sorcier. Ainsi, Arthur Weasley devint Directeur du Département des Accidents et Catastrophes Magiques, Perceval Weasley devint son Premier Secrétaire d'Etat tandis que Sturgis Podmore prit en charge le Département de la Coopération Magique Internationale. Il fit également appel à Gawain Robards, l'ancien Directeur du Bureau des Aurors qui s'était illustré par sa résistance lors de l'année noire (il avait organisé des réseaux permettant de récupérer les Nés-Moldus envoyé à Azkaban et avait permis leur exil vers la France), pour prendre en charge le Département de la Justice Magique que Kingsley voulait indépendant des querelles politiciennes. Les autres départements furent partagés entre les membres des deux Partis. Ainsi, Greengrass prit en charge le Département des créatures magiques tandis qu'Howard MacMillan, second de Finch-Fletchley, père d'Ernie et Langue de Plomb de son état (Finch-Fletchley était trop jeune pour être chef de département) fut nommé au département des Mystères. Les jeux et sports magiques furent confiés à Archibald Fawley, membre de « L'Honneur Sorcier » et ancien joueur international de Quidditch, tandis que les transports magiques furent donnés à un sympathisant du «Collectif pour la Justice » : Irvin Livingrock, ancien responsable des liaisons du Magicobus. 


Tous les observateurs voyaient le gouvernement de Kingsley voué à l'échec. Les premiers procès avaient apporté leur lot de conflits et d’émeutes. La société sorcière semblait vouée à se déchirer autour de la mémoire de la guerre. Kingsley décida alors de changer de stratégie. Les procès seraient désormais fermés au public. Harry Potter à qui Kingsley avait laissé l'été pour se reposer de son année de lutte, fut nommé Auror avec plusieurs autres membres de l'Armée de Dumbledore. Kingsley surexposa cette jeunesse qui avait apporté la paix. Il annonçait dans ses discours qu'une fois de plus, la jeunesse ferait en sorte de reconstruire efficacement le monde en ruine que leurs prédécesseurs ont laissé. Et lors des conseils de chef de département, il réussissait toujours à obtenir ce qu'il désirait, même auprès des membres des deux partis politiques les plus virulents. Ainsi, les Elfes de Maison furent affranchis (ce fut grâce à Hermione Granger qu'il imposa comme collaboratrice auprès de Greengrass), il faudrait désormais leur donner un salaire et un logis décent. La mention de « pureté du sang » avait été bannie sur tous les documents officiels, les petits fonctionnaires ayant cherché de l'avancement en collaborant lors de la guerre furent relaxés en échange de fortes amendes aux familles des victimes, les Détraqueurs furent chassés de Grande-Bretagne et confinés dans une île au large de l'Écosse désormais incartable et protégée par le sortilège de Fidélitas et seul Kingsley, le Gardien du Secret, pouvait avoir accès au lieu exact de détention de ces horribles créatures.


Au bout d'un an de gouvernance, les journalistes reprirent la forme du Patronus du Kingsley pour le surnommer « Le Lynx ». C'est ainsi que le Lynx fut réélu sans discontinuer tous les quatre ans. Ce n'est qu’à un an de la fin de son sixième mandat, que Kingsley annonça sa retraite à l’issue de celui-ci, et à la surprise générale. Depuis la fin de son mandat l’année passée, Kingsley se faisait désormais rare. Il restait chez lui, à profiter paisiblement de sa retraite. D'après la carte de vœux qu'il avait envoyée à la famille Potter, Kingsley en profitait aussi pour voyager aux quatre coins du monde. Le fait qu'il soit toujours resté célibataire depuis la mort de sa bien-aimée Dorcas Meadowes, lors de la première Guerre, lui permettait par la force des choses, d’être seul décisionnaire quant à ses envies de voyage et d’activité. Harry observa son ami Kingsley qui venait de voir défiler devant lui la totalité des convives. Tous tenaient à le saluer. Kingsley, en bon politicien, avait réussi à avoir un mot pour chacun. Demandant des nouvelles de la tante, ou du fils, complimentant la dame sur sa robe, Kingsley arrivait toujours à personnaliser ces moments. Mais après tout, il n'était pas dans l'hypocrisie que pouvait parfois demander la politique. Il était avec “ses amis.”

 -Comment se passe cette retraite Kingsley ? demanda Ginny qui venait de les rejoindre lui et Harry. 

-N'emploie pas trop ce mot Ginny, j'ai l'impression d'être un vieux croulant quand on me décrit comme ça, lui répondit Kingsley avec un léger sourire. A vrai dire, j'arrive d'un voyage en Egypte. Les Pyramides sont magnifiques, il y en avait même une qui renfermait des momies vivantes. C'était vraiment impressionnant. 

-J'ai failli les voir les momies, mais mes parents ont refusé que j'y aille, avoua Ginny d'un air bougon.

-Harry pourrait t'y emmener. Il a moins de travail au Ministère en ce moment, de ce que j’ai compris, dit Kingsley en jetant un coup d'œil appuyé à Harry.

-Disons que l'ancien Ministre n'a pas préparé sa succession, et on se retrouve avec un incapable à notre tête, lui rétorqua Harry sur un ton de reproche. 

-Ecoute Harry, j'ai voulu former un successeur, mais Percy Weasley a été trop orgueilleux. Il aurait dû écouter Hermione et tâcher de s’associer avec l’un des deux partis politiques … Je l’ai conseillé en ce sens aussi … Il fallait tâcher de maintenir l’union. Même vingt-cinq ans après, se diviser est toujours mauvais signe dans notre communauté … Quant à moi, quelque chose me disait que je me devais de me retirer. J'ai passé presque 25 ans à la tête du Ministère. C'est beaucoup. Et pour nombre de mes collaborateurs directs, c'en était trop. Mes chefs de Département commençaient à se lasser de moi et me critiquaient sans cesse. J'en ai eu assez Harry, lui avoua Kingsley d'un air las, ils allaient jusqu'à inventer des choses que j'avais faites, jusqu'à critiquer la moindre de mes mesures. 

-Mais Fawley démontre qu'il est facile de détruire 25 ans de reconstruction en même pas un an. Tous ses fidèles ont été bombardés chef de Département. Arthur vous a sûrement raconté qu'ils lui avaient offert un beau sac d'or pour qu'il annonce sa retraite ... 

-Papa l'a refusé et a préféré démissionner, coupa Ginny en regardant fièrement en direction d'Arthur qui continuait de discuter avec Albus. Les Weasley ne sont pas des corrompus.

-On se croirait revenu au temps de Fudge, reprit Harry. Les riches familles de sorcier se font de nouveau voter des privilèges et les échanges de sac d'or sont devenus monnaie courantes. Il ne peut pas se permettre de toucher au Bureau des Aurors qui est devenu un symbole de la reconstruction du Ministère. Alors il nous enlève de plus en plus de fonctions et les donne à la Brigade de Police Magique. Maintenant, ils s'occupent de contrôler la contrebande des produits de Magie Noire, de la sécurité du Ministre et de donner les preuves au Magenmagot en vue des procès. Nous n'intervenons plus que sur les meurtres et délits de magie noire majeurs. Donc nous sommes en sureffectif pour peu de tâches. Il veut pousser les anciens, Fairbanks, Vale et Valiant à la retraite. Déjà que nous n'avons plus recruté d'aspirants depuis vingt ans, le sang neuf que je voulais apporter n'est pas prêt d'arriver.


Kingsley observa Harry d'un air désolé. Il lui tapota l'épaule et lui dit : 

-Je suis désolé Harry, mais j'y ai laissé énormément d'énergie. Je me sentais mourir à petit feu. Je ne pensais pas que l’élection se passerait ainsi … Mais après tout, notre société repose dorénavant sur des bases solides, puis, “L'Élu” et ses amis sont là pour s'assurer que notre monde reste le plus juste possible. D'ailleurs, je suis désolé, mais j'ai quelques mots à dire à Hermione. Profite de ta soirée Harry. Il lui adressa un sourire et se dirigea vers Hermione qui était en grande conversation avec Hannah Londubat et Fleur Weasley. 


-Hermione ! Puis-je t'importuner une minute ? lui demanda Kingsley en souriant aimablement à Hannah et Fleur. Vous pouvez rester bien sûr, mais je pense que l'actualité du département de la Justice Magique ne vous intéresse guère. 


En effet, Hannah et Fleur n'étaient que trop contentes de pouvoir échapper à une Hermione folle de rage commentant tous les amendements de loi adoptés au cours de l'année écoulée.

-Kingsley, ravie de voir que vous occupez votre retraite … demanda-t-elle avec une once de reproche dans la voix.

-Je m’occupe, en effet, mais là n'est pas la question. J'ai appris que tu faisais beaucoup parler de toi au Département de la Justice Magique. 

-Oui, admit Hermione. Ce vieux fou d'Iggy Greengrass (qui avait été nommé chef du Département de la Justice Magique) aimerait faire abroger les lois que nous avons mises en place durant toutes ces années. Harry t'a sûrement expliqué que la Police Magique avait désormais tous les pouvoirs. Il a essayé de réintroduire dans les documents officiels les statuts du sang, il a fait publier le Traité de Teignous Nott (1) au titre d'ouvrage de référence à forte valeur historique. Il veut aussi créer une école primaire pour sorciers où ils apprendront qu'ils ne sont pas Moldus et que ces derniers ont fait d'eux des parias et vont diluer leur magie. Kingsley … Tu as fait une grossière erreur en quittant ton siège. 

-Je sais Hermione, tu n'es qu'une des nombreuses personnes à me le rappeler. Mais je vous fais confiance, je sais par exemple que Greengrass te craint beaucoup et les lois que tu m'as cité ne passeront pas tant que tu seras là. Et, gardes en mémoire que si le candidat pour me succéder … avait été moins … orgueilleux politiquement … Tes conseils auraient fait mouche … Tu dois donc comprendre ce qu’il TE reste à faire pour les prochaines élections !


Percy Weasley était justement en train de disserter sur les  réfections du réseau de cheminée du Ministère auprès des anciens enseignants de Poudlard visiblement très ennuyés. Il ne s’aperçut pas que Hermione s’était tournée vers lui = alors que Le Lynx observait la juriste magique d’un regard appuyé.


 -En fait, j'hésite plutôt à démissionner, avoua Hermione. Les blagues douteuses sur les Moldus refont leur apparition au Bureau. Les membres de «L'Honneur Magique» sont infects. 

-Tu ne démissionneras pas. Tu as bien rendu leur liberté aux Elfes de Maison, supprimé la discrimination anti loup-garou et sur les statuts du sang en passant outre Greengrass qui était déjà ton chef de Département. Tu es une battante Hermione, et tu dois apporter tes grandes qualités à la société magique, l'encouragea Kingsley.


Il se pencha vers elle pour lui ajouter à voix basse : 

-Je n’ai constaté que trop tard que tu était la mieux qualifiée pour me succéder … J’en suis désolé … Je te voyais encore comme la jeune femme idéaliste qui a causé un sacré remue-ménage en faisant enchainer les votes au Magenmagot …


Hermione devint écarlate à l’écoute des louanges de l’Ancien Ministre. Mais Kingsley avait raison. Elle ne nourrissait pas vraiment cette ambition d’occuper le siège du pouvoir de la société sorcière. Elle n’aurait pas supporté la presse, les quolibets, les roueries. Mais elle n'eut pas le temps de répondre en ce sens, car Mrs Weasley demanda aux convives de passer à table. Elle s'installa auprès de Ron, à qui les verres de Whisky Pur-Feu avaient donné son sourire niais. Il sourit à sa femme, lui déposa un baiser sur la joue, lui murmura que tout finirait par s'arranger et se concentra sur son assiette de Quiche-Lorraine, une recette enseignée par Fleur à Molly Weasley. Hermione sourit à son mari, le simple fait de le savoir avec elle, aussi calme et toujours prêt à la protéger ne pouvait que lui ôter tous ses doutes. Lui aussi, l’avait encouragée à candidater à la place de Percy, mais Hermione avait privilégié sa loyauté, son sens du devoir, à ce qu’elle voyait alors comme une folie. Mais souhaitant oublier toutes ces problématiques sociétales, elle se servit elle aussi une part de quiche et se mit en tête de faire la fête pour son meilleur ami.


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Les assiettes de plat chaud : un gratin façon Weasley, venaient d'être terminées. Hagrid pleurait maintenant à chaudes larmes en se remémorant comment 31 ans plus tôt, il était allé tirer Harry de chez les Dursley. James, qui était placé à côté de lui à table, ne pouvait s'empêcher de sourire. Hagrid racontait toujours les mêmes histoires lors des réunions de famille où il était toujours convié. Il faisait partie de ses nombreux «oncles et tantes d'adoption» avec entre autres Neville Londubat, Dean Thomas, Luna Lovegood, ou encore Andromeda Tonks. James les appréciait tous beaucoup, mais l'avantage avec Hagrid, c'est qu'il pouvait compter sur lui à Poudlard. Neville était bien trop sévère avec les Potter. Il en venait même à retirer des points à Albus et Rose, ce qui, en comparaison, montre à quel degré de sévérité les bêtises de James peuvent être réprimandées (des semaines entières de retenue, des visites au 12 Square Grimmaurd, des masses de points enlevés). Hagrid était plus souple, beaucoup plus. James se rendait régulièrement dans sa cabane avec ses amis Alice Londubat (la fille de Neville, qui malheureusement bénéficie, par Neville, du même traitement que James, voire pire) et Scott Hattaway (1). Là-bas, ils étaient toujours reçus comme des rois et n'avaient rien à craindre de leurs multiples entorses au règlement. Il n'était pas rare que Hagrid les gronde après les avoir retrouvés à errer dans la Forêt Interdite, mais la colère du demi-géant ne durait jamais bien longtemps. Il finissait toujours par se remémorer leurs parents à leurs âges et il plongeait toujours dans une nostalgie salvatrice. 

« Dès que je t'ai vu, je savais que ... que ... Tu ... tu deviendrais un grand homme ! Plus ... grand encore que Dumbla.. DUMBLEDORE ! Je suis fier de toi Harry » disait le géant d'une voix tremblante déformée par ses sanglots et les bouteilles de Whisky Pur-Feu qu'il avait enchaînées. En face de lui, Neville était en grande discussion avec Rose et Albus qui étaient situés à sa droite. Ils s'inquiétaient de la charge de travail qu'ils auraient en 6ème année. Les deux élèves venaient d'obtenir leurs BUSEs. Rose avait eu un Optimal dans toutes les matières battant ainsi le score de sa mère qui était de 10 Optimal, Albus avait reçu un Optimal dans toutes les matières sauf en Astronomie où il s'en sortait avec un Acceptable (l'Astronomie était une matière qui ne l'intéressait pas vraiment). James du temps de ses BUSEs en avait reçu 6 : La Botanique, les Potions, les Sortilèges, la Défense Contre les Forces du Mal, la Métamorphose et les Soins aux Créatures Magiques. Harry, qui avait obtenu l'Astronomie en plus de James, était cependant très fier de lui. Il lui avait soufflé que James avait désormais la possibilité de suivre le cursus pour devenir Auror avec un clin d'œil appuyé. Mais James n'avait pas osé lui dire qu'il hésitait de plus en plus à s'engager dans cette voie. Il est vrai que, depuis tout petit, le fils aîné de Harry avait toujours fait part de son désir de devenir Auror avec son père. Mais, plus les années passaient, plus les gens dans la rue, la famille, les amis de la famille le comparaient à son père. Puis, ce fut le tour des professeurs à Poudlard, puis même celui des autres élèves. James devait sans cesse vivre dans l'ombre de son illustre père. Tous ses faits et gestes étaient commentés et mis en compétition avec les exploits passés de son père. Albus, de son côté, souffrait moins la comparaison. Certes, dès son arrivée à Poudlard, élèves et professeurs ont largement commenté la ressemblance physique avec son père, mais rapidement, Albus s'est illustré dans des domaines autres que ceux de son père. En effet, Albus était désormais en compétition avec sa cousine, Rose Weasley, pour savoir qui des deux serait le meilleur élève de leur année. Ils bluffaient sans cesse les professeurs qui ne tarissaient pas d'éloges sur eux. Albus était plus calme et posé que son aîné, il préférait les longues soirées de révision silencieuses dans la salle commune plutôt que les farces faisant s'esclaffer tous leurs camarades Gryffondor. Il ne s'intéressait également que très peu au Quidditch et, contrairement au reste de sa famille, Albus n'était pas un casse-cou. Il réfléchissait longuement avant d'agir, usait souvent de ruse pour arriver à ses fins et ne rêvait pas de passer sa vie à combattre comme son père l'avait fait. Non, Albus avait une passion, c'était les Moldus. Il rêvait d'ailleurs de voir les relations entre le monde sorcier et Moldu s'améliorer. Son objectif était d'ailleurs de devenir un haut-fonctionnaire du Ministère chargé des relations avec les Moldus. Il prenait souvent conseil auprès de son parrain et enseignant favori : le professeur Londubat.


Neville était leur enseignant de botanique, et, bien qu'il soit le parrain d'Albus et l'équivalent d'un oncle pour Rose, il n'a jamais pris en compte l'affection qu'il avait pour eux dans sa notation. Au contraire même ... Neville ne voulait que personne ne crie au scandale et il veillait à être particulièrement strict avec les enfants de ses amis (et les élèves de sa maison en général). Depuis la retraite d'Aurora Sinistra il y a cinq ans, le nouveau Directeur Quintilius Everett (2) l'avait nommé Directeur de la Maison Gryffondor (Neville étant également le directeur-adjoint de Poudlard). Il s’arrangea pour avoir quand même le temps de retrouver son épouse Hannah au Chaudron Baveur et ne bénéficiait donc pas pleinement du logement auquel il avait droit à Poudlard. Neville était un enseignant très apprécié par ses élèves, et James appréciait ses cours. Il avait réussi à rendre passionnante une matière, somme toute assez ridicule. Il lui arrivait parfois de montrer comment des Filets du Diable ou des Tentaculas Vénéneuses avaient permis de tenir à distance les Mangemorts lors de la bataille de Poudlard. Il prenait souvent exemple sur son passé de combattant en tant que membre de l'AD et Auror, et il n'était pas rare qu'il montre à ses élèves son Gallion de l'AD. James savait qu'il avait, tout comme son père, ses galons d'Auror ainsi qu'un Ordre de Merlin 1ère classe gagné à l'issue de la guerre, mais ce genre de récompense officielle l'intéressait moins car jugé trop "pompeux" par l'intéressé. Il chérissait surtout son Gallion de l'AD et les élèves étaient souvent admiratifs de leur légendaire professeur. James fut tiré de sa rêverie par son cousin qui lui tapait sur l'épaule : Fred Weasley. Il était le fils aîné de Georges et Angelina. Lui et sa sœur jumelle : Roxane, étaient de la même année que James. Celui-ci était très proche de ses deux cousins qui avaient hérité du même penchant que lui pour les farces. Il n'était pas rare que leur groupe d'amis sorte en douce du dortoir de Gryffondor pour aller voler de la nourriture dans les cuisines où se balader dans la Forêt Interdite. Fred et James étaient sans doute ceux qui avaient le plus d'imagination pour monter des plans, souvent extrêmement risqués, mais qui leur apportaient à chaque fois une bonne dose de rigolade. Fred avait justement l'expression avide sur son visage du garçon qui avait trouvé une bonne blague à faire. Et c'est tout excité qu'il s'adressa à James :


 -Regarde ce que mon père m'a donné, dit-il en montrant un paquet dans sa main.


 James n'en croyait pas ses yeux, Fred avait dans sa main le premier modèle, pas encore commercialisé, des Réglisses d'Eurk le Crasseux. L'emballage représentait un gobelin très laid qui laissait dégager un filet de fumée verte à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Ces horribles réglisses donnaient à celui-qui le mangeait une haleine ignoble pendant 2 heures.

 -C'est merveilleux, lui chuchota James. Tu as une idée pour réussir la blague ? 

-Mon père m'a dit que Grand-Mère allait disposer des friandises en même temps que le gâteau, on pourrait en glisser quelques-unes avec.

 -Excellente idée, faisons semblant d'aller au petit coin, lui souffla James dans un murmure.

Et les deux garçons se levèrent et se dirigèrent vers l'intérieur de la maison. Cependant, au lieu de tourner à droite de suite après l'entrée, ils continuèrent et se rendirent dans la cuisine. Une dizaine d'assiettes contenait toutes sortes de petites friandises caramélisées en forme de balai, et toutes faites maison. Molly y tenait !

 -Grand-Mère va nous tuer …

 -Oui, elle déteste voir notre famille transformée en cobaye pour les produits d'oncle Georges. Mais ça fera bien rire mon père. Il aime toujours les imprévus, le rassura James. 


Fred lui sourit et commença à disposer des réglisses dans chaque assiette. Alors qu'il avait bientôt terminé son paquet, il fut interrompu par un bruit de flammes. Dans le salon, la cheminée venait de crépiter. Une fois que les flammes vertes avaient disparu, James eut du mal à déglutir. Un homme massif, de taille moyenne, au visage rond cerné par de longs favoris bruns, de la même couleur que sa tignasse ébouriffée, les remarqua immédiatement et leur sourit de bon coeur. L’homme épousseta brièvement sa robe ocre brodée de motifs astronomiques blancs, puis sortit de l’âtre de la cheminée. C’était le Directeur de Poudlard, Quintilius Everett. 


-Potter, Weasley ! Qu'êtes-vous encore en train de manigancer ? demanda-il en accentuant fortement le « encore ». 

-Bonsoir Professeur, salua James en essayant de prendre un ton dégagé. Notre Grand-Mère vient de finir ces délicieuses friandises et elle nous a demandé de les goûter pour voir si elles ne collaient pas trop aux dents. Grand-Père déteste ça. 


Le Directeur les regarda chacun leur tour dans les yeux. Il semblait les passer au rayon X et James détestait quand le Directeur faisait ça. Il se sentait comme nu face au regard inquisiteur du vénérable Professeur. Mais, celui qui était aussi leur enseignant de Défense Contre les Forces du Mal était un homme bon qui punissait rarement. Il respectait profondément tous ses élèves et il préférait laisser la discipline au Professeur Londubat, qu'il avait nommé Directeur-Adjoint.

 

-Je me doute que vous me mentez, dit-il lentement, un sourire se dessinant sur son visage. Cependant, je ne peux pas pousser le zèle en vous punissant chez vous, qui plus est, lorsque vous êtes en vacances. En fait, je désirais simplement m'entretenir avec votre père, Monsieur Potter. Pourriez-vous m'indiquer ... 


Mais il fut interrompu par l'arrivée de Molly Weasley, suivie de Harry qui la forçait à recevoir son aide.


-Molly ! Vous avez fait assez de travail, comme ça. Je peux au moins vous aider à apporter le dessert à …


Mais Harry s'interrompit en voyant le nouvel arrivant.

 

-Professeur Everett ? Que nous vaut cet honneur ? 


-Bonsoir Monsieur Potter, je suis désolé d'arriver de la sorte à l'improviste. Mais Neville m'avait promis que je ne vous gênerais pas. En fait, je souhaiterais m'entretenir avec vous. 

-Bien sûr que non, Professeur, c’est même un plaisir de vous voir ! 


Il jeta un coup d'œil à James et Fred : 


-Les enfants, vous n'avez qu'à aider grand-Mère à porter les desserts à table. Je ne serai pas long. 


James et Fred s'exécutèrent. Pendant que Molly faisait léviter les assiettes contenant les friandises, ils prirent le gâteau d'anniversaire à deux. Fred avait sorti sa baguette pour faire léviter l'immense pièce montée garnie de crème et de chouquettes caramélisées, mais le coup d'œil désapprobateur de Molly le fit se résigner à porter le gâteau « à la Moldue ». Les deux garnements portèrent le gâteau jusqu’à la table où il fut accueilli par des rugissements approbateurs des convives. Certains, et surtout les femmes, prétendaient que Molly avait prévu beaucoup trop de nourriture et que le gâteau allait les faire exploser. Mais James avait une autre idée en tête que celle de manger paisiblement une part de gâteau. Il tira Fred par le bras, sortit de sa poche une paire d'Oreilles à Rallonges, en tendit une à Fred. Et tous deux repartirent en direction du Terrier, prétextant un nouvel arrêt aux toilettes, sans tenir compte du regard mi-inquisiteur, mi-mamusé de l’Oncle Georges. 


Arrivés devant la porte de la cuisine désormais fermée, ils déplièrent leurs oreilles à rallonge et entendirent la voix chaleureuse du Directeur de Poudlard :


 -Voilà bien longtemps que vous n'avez pas recruté d'Auror. Il faut admettre que le niveau que vous exigez ne sera sûrement jamais plus atteint. Vous vous êtes entouré de personnes ayant vécu une sombre période, et qui, par la force des évènements, ont acquis des compétences qu'aucun élève de Poudlard ne peut prétendre posséder. 

-Je n'ai jamais remis en cause votre enseignement, Professeur, vous savez sans doute que nous avons de moins en moins de missions et que le Ministère fait tout pour que nous ne devenions qu'une institution symbolique. Mais je suis conscient du vieillissement de mes troupes. Et je vais penser à un renouvellement des aspirants dans les prochaines années, à condition que l’administration me laisse y procéder, énonça la voix de Harry. 

-Je n'ai cependant pas la prétention d'en savoir autant que vous, Monsieur Potter. Je pense, modestement, être assez pédagogue et avoir assez de connaissances pour guider les élèves jusqu'aux BUSEs, mais je pense qu'arrivé au niveau ASPIC, un sorcier de votre trempe pourrait apporter un développement beaucoup plus intense des bases que j'aurai développées.

 -Le Professeur Londubat pourrait vous seconder pour ce cours, dit lentement Harry. Je doute que je puisse assumer à la fois le Bureau des Aurors, et à la fois un poste d'enseignant. 

-C'est le Professeur Londubat qui m'a soufflé l'idée de vous recruter lorsque je lui ai proposé de prendre en charge les ASPICs dans cette matière. Il m'a alors raconté que vous vous plaignez que votre Bureau ne soit plus au feu de l'action. Il m'a aussi fait part du plaisir que vous aviez pris lorsque vous meniez l'Armée de Dumbledore, que vous aviez formée pour enseigner cette même matière et commencer à unifier la résistance des jeunes. Je suis persuadé que vous êtes resté un enseignant compétent, assura le Directeur de Poudlard. 

-Il est vrai que j'ai pensé à enseigner. Notamment après certaines blessures … Dans ces moments-là, mon épouse voulait que je quitte immédiatement mon poste actuel, mais même sans ça, j'avais déjà envisagé de candidater d'ici quelques années. Après avoir pris ma retraite au Bureau des Aurors … Cependant, je doute de pouvoir concilier les deux. 

-Je vais une fois de plus, prendre mon modeste exemple, continua Everett. Personne ne croyait que je réussirais à assumer et la fonction de Directeur, et la fonction d'enseignant. Aussi bizarre que cela puisse paraître, c'est une chose inédite à Poudlard. Pourtant, huit années ont passées, et j'arrive à concilier gestion de l'école et cours avec mes élèves. Et mon objectif de rester proche d'eux est atteint. 

-Il y a beaucoup de choses inédites à Poudlard depuis la direction de Minerva, puis la votre, Professeur. James me dit souvent que, hormis pour les banquets d’évènements, les Maisons se mélangent pour les repas quotidiens. Vos groupes de travail où des élèves de plusieurs Maisons sont mélangés pour s'entraider sont aussi une excellente idée. Pour tout vous dire, je pense que le concept de Maison est quelque peu dépassé désormais. La guerre nous a montré que des Poufsouffle pouvaient être aussi courageux que des Gryffondor, tandis que certains Gryffondor pouvaient s'avérer être de redoutables lâches. 

-Je suis assez d'accord avec vous sur le concept des Maisons, confia Everett. Néanmoins, cela fait partie d'une certaine culture que l'on se doit de préserver puisqu'elle fait l'identité de Poudlard. Ce qui est sûr, c’est que ce serait un honneur pour moi de vous compter dans notre équipe pédagogique. Vous pourriez m'aider à combler de mieux en mieux ce fossé qui sépare les Maisons. Ah ! Et vous me parliez également de votre emploi du temps, je vous garantis que je m'arrangerai pour que vos classes se déroulent toutes sur le même jour, il faut compter deux classes par niveau et 2 heures par semaine en ASPIC. Nous ferons donc tenir tout ça sur la journée qui vous arrange. 


James entendait Harry qui semblait taper frénétiquement du pied en signe de défaite, face aux arguments implacables d’Everett.


 -Très bien, j'accepte. Il est vrai que j'ai moins de travail et collaborer avec vous sera un honneur pour moi, Professeur. 

-Harry, je vous en prie. Appelez-moi Quintilius, vous faites partie de la famille maintenant. J'attends votre hibou pour m'indiquer le jour de la semaine qui vous arrange le mieux pour vos cours. Nous devrons également nous rencontrer pour que je vous explique les savoirs que j'estime acquis par mes élèves en BUSE.


-Très bien, Pro... Heu, Quintilius, dit Harry d'une voix enjouée. Mais je vous en prie, joignez-vous à nous, nous attaquons le dessert. 


James et Fred se dépêchèrent de replier leurs Oreilles à Rallonge et de sortir dans le chapiteau du jardin du Terrier. Ils retournèrent s'asseoir à table, les convives n'avaient pas encore attaqué le dessert et attendaient Harry pour souffler les bougies. James était horrifié. Son père allait enseigner a Poudlard, il pourrait avoir un contact hebdomadaire avec ses autres enseignants qui se feront un plaisir de lui détailler les bêtises qu'il aura faites. Et puis, les autres élèves n'auront pas fini de le comparer à son illustre père. En plus, la Défense Contre les Forces du Mal était sa matière préférée. Mais maintenant ... Son père allait exiger de lui un niveau élevé. Il deviendrait aussi strict que Neville et James sait très bien comment cela se passe lorsqu'un enseignant veut le surcharger de travail : l'aîné des Potter finit par abandonner. Face à eux, Rose les regardait d'un air inquisiteur. Elle leur parla à voix basse : 

-Le gratin de Grand-Mère a dû vous rendre malade ... Vous avez passé tellement de temps aux toilettes. Et deux fois d'affilée ! 

-Rosie ... commença James. 

-Ne me prenez pas pour une idiote, je sais que vous avez préparé un sale coup et ... 


Mais elle fut interrompue par plusieurs cris de dégoût. Gary Londubat n'avait pas pu s'empêcher de goûter aux friandises et, visiblement, la Réglisse d'Eurk le Crasseux avait eu son effet, une fumée verte sortait à présent de sa bouche. Rapidement, une odeur pestilentielle d'œuf pourri mêlée à l'odeur de la bouse de dragon embauma tout le chapiteau. James vit que son oncle Georges regardait dans leur direction d'un air amusé. Il se leva de sa chaise et annonça : 


-Réglisses d'Eurk le Crasseux, 50 Noises l'Unité, 3 Mornilles le paquet de 40. Elles vous donneront l'haleine d'Eurk pendant deux heures. Et c'est une invention des Farces pour Sorciers Facétieux ! 


La foule applaudissait gaiement tandis que sa mère allait exploser de rage. Harry et le Professeur Everett qui venaient de rejoindre la foule se joignirent aux rires. James ne put s'empêcher de remarquer que Everett regardait dans sa direction d'un air amusé. 


-Désolé M'man, reprit Georges. Quelqu'un a dû en glisser malencontreusement dans les friandises. Heureusement, j'ai le contre-sort à ça. 


Il pointa sa baguette sur Gary qui ne crachait plus de fumée verte et agita sa baguette en direction du chapiteau pour enlever toute odeur. On oublie ça d'accord M'man ? demanda Georges d'une voix légèrement suppliante. 


Voyant que la blague venait d'être réparée et que tous les invités avaient bien ri, Molly sourit également à son tour et commença à placer les bougies sur le gâteau. Elle les alluma d’un couop de baguette magique et tout le monde se mit à chanter le traditionnel refrain. Harry eut du mal à toutes les souffler d'un coup et c'est sous couvert des applaudissements que James s'adressa à Rose. 


-Tu vois Rosie, c'est aussi bête que ça. Nous préparions cette stupide blague. 

-Vous avez utilisé des Oreilles à Rallonge quand ton père était avec Everett dans la cuisine. Je vous ai vu les sortir, affirma Rose. 

-En effet, et il faudra être gentil avec Fred et moi pour savoir ce qu'il s'est dit. En tout cas, il va y avoir du changement à Poudlard, annonça James d'un air mystérieux. 


Et dès lors, pour le reste de la soirée, Rose avait convaincu Albus de l'aider à tirer les vers du nez de James. Puis Lily vint s'en mêler, puis les Londubat, puis Roxanne, puis Dominique, Molly (ces deux dernières ayant pourtant quitté Poudlard) et Louis. Même Lucy Weasley, la benjamine des deux filles de Percy se demanda ce que James et Fred cachaient. Molly avait fini ses études à Poudlard et Lucy était de la même année que James, en septième année à Serdaigle.

Ne supportant plus les questions envahissantes de leur famille et amis, ils préférèrent se réfugier auprès des Jumeaux Scamander, Lorcan et Lysander, qui s'amusaient avec un Gnome de Jardin. Ils passèrent une bonne partie de la soirée, en marge des invités, à plaisanter avec les jumeaux, souvent en se moquant de leur côté « lunaire » et ne retournèrent au chapiteau que pour boire et danser au rythme de la radio branchée sur la rediffusion d'un concert des Rebel Garewolves, le groupe en vogue du moment. 


En effet, la soirée battait désormais son plein. La table avait été rangée et des chaises étaient disposées tout autour du chapiteau. Albus et Arthur menaient les invités en leur enseignant une chorégraphie qu'ils avaient apprise durant leurs visites côté Moldu : la Macarena. Hagrid s'enfilait encore des Whisky Pur Feu aux côtés de l'Oncle Charlie et, James n'en crut pas ses yeux, du Professeur Everett. Celui-ci semblait d'ailleurs raconter une anecdote hilarante. Percy était en grande conversation avec Hannah Londubat, Fleur Delacour et Kingsley Shacklebolt, -ce dernier semblait légèrement s'ennuyer en présence du pompeux Percy-. Les amis Aurors d'Harry étaient, de leur côté, en grande conversation avec les anciens Professeurs de Poudlard. Ernie McMillan et Susan McMillan-Bones, son épouse, qui venaient d'arriver car ils sont tous deux Médicomages et travaillaient de nuit, discutaient de la grossesse de la cousine Victoire. En effet, celle-ci, mariée depuis un an avec Teddy devait accoucher en Novembre. Teddy quant à lui animait le traditionnel jeu des soirées. Il tentait de transformer son visage en celui d'un sorcier célèbre (du moins, il essayait d’en adopter les traits les plus remarquables) ou d'un membre de la famille, il  l'imitait, et les enfants, souvent aidés de Ron qui adorait ce jeu, devaient deviner de qui il s'agissait. Hermione les regardait d'un air outré (Teddy venait justement de l'imiter à elle en train de crier sur Hugo et Ron) et elle préféra se retourner dignement et continuer à discuter avec Harry, Ginny et Andromeda. 

James fut tiré de sa rêverie par Alice Londubat qui dansait avec Owen Finnigan, le fils de Seamus et Lavande (des anciens camarades de classe de Harry, Ron et Hermione), de la même année que James, Fred, Roxanne et Alice, mais qui ne comptait pas vraiment parmi les amis de James. En effet, le jeune garçon à la silhouette frêle et à la tignasse de cheveux blonds avait peu apprécié une blague de James en début de première année. James lui avait mis des œufs de crapaud dans son lit et depuis, les deux garçons s'ignoraient mutuellement. Il observa ensuite la silhouette élancée d'Alice se mouvoir avec grâce au milieu de la foule. James connaissait Alice depuis toujours, c'était un véritable garçon manqué lorsqu'elle était enfant. James et elle se disputaient souvent pour des âneries et Alice l'emportait souvent quelle que soit la manière dont ils réglaient leurs comptes : Quidditch, bagarre à la Moldue, ou duel sorcier. Alice était sûrement l'amie la plus proche de James. Mais James s'aperçut, qu'au fil des années, Alice était devenue très belle. Elle avait encore grandi. Et était désormais presque aussi élancée que l'ainé des Potter. Son teint pâle s'accordait parfaitement avec sa longue chevelure blonde et ses yeux bleus, hérités de sa mère. Enfin, pour parfaire le tout, ses lèvres pulpeuses cachaient un sourire rayonnant qui enchantait toujours les personnes qui se voyaient gratifiées d’un de ses sourires. Quand elle vit que James l’observait, elle sembla repousser légèrement Owen Finnigan. Elle adressa un de ces sourires rayonnant dont elle avait le secret à James, puis, à la fin de la chanson, vint le rejoindre. Elle se mit à danser avec lui. James était un piètre danseur et préférait donc la laisser conduire. Elle approcha d'abord son corps de lui, puis approcha sa tête de la sienne. Et elle lui murmura à voix basse :


 -Alors qu'as-tu surpris ? Je vous ai vu partir avec Fred, mais je n'aurais pas été discrète si je vous avais rejoint. 


-Mon père va nous enseigner la Défense Contre les Forces du Mal à la rentrée dit-il d'un air dépité.


Elle se retira brusquement de son étreinte et le regarda avec des yeux ronds :


 -Tu veux dire qu'on va maintenant avoir deux Aurors sur le dos ?

 -Oui, confirma James. Et ils vont se sentir obligés de nous punir deux fois plus sévèrement que les autres pour éviter que les Malefoy et autre crétins de Flint crient au favoritisme. 

-C'est horrible, se lamenta Alice. Tu penses qu'ils nous en voudraient si on arrêtait l'école et qu'on demandait à Hagrid de nous former comme garde-chasse ? 


(1) Scott Hattaway est inspiré de Sean Hattaway, personnage de la merveilleuse fanfic d'Owlie Wood : June Tierney's diary. Scott serait le fils du Sang-Pur Sean Hattaway, meilleur ami d'Olivier Dubois,et de Dorys.

 

(2) Quintilius Everett : Personnage massif aux longs favoris bruns, il est âgé de 75 ans, il est père de deux filles et grand-père de quatre petits enfants. Marié à une Moldue, il vivait dans un village du Lancashire et a oeuvré, pendant la guerre, à protéger toutes les habitations Moldues à proximité de sa demeure. A l’appel de la bataille de Poudlard, il rejoignit la bataille en même temps que les habitants de Pré-Au-Lard. Il fut nommé Professeur de Défense Contre les Forces du Mal après la guerre et est devenu Directeur de Poudlard suite au départ à la retraite de Minerva McGonagall il y a 8 ans. Il a continué d'enseigner la Défense Contre les Forces du Mal en parallèle de sa fonction de Directeur. Il apprécie énormément la proximité avec les élèves, il est perçu comme un professeur extrêmement juste et pédagogue mais qui a tendance à parfois être un peu trop souple sur la discipline.

Chapitre III. La nouvelle Allée des Embrumes by Portus

Une semaine avait passé depuis la fête d'anniversaire de Harry au Terrier. Depuis, James en avait profité pour passer quelques jours chez ses grands-parents. En effet, lui, Albus, Lily, Rose, Lucy, Hugo, Fred, Roxane et Louis avaient occupé ce que furent jadis les chambres de leurs parents et oncles. Les cousins Weasley adoraient se retrouver. Au cours de cette folle semaine, les adolescents en avaient profité pour se baigner dans la mare près du jardin des Weasley ou pour jouer au Quidditch sur la colline entourée de pommiers les cachant à la vue du moindre passant curieux. Mais depuis deux jours, le séjour était fini et tous les cousins étaient retournés à leurs occupations de l'été. Fred, qui avait l'ambition de reprendre la boutique de son père, était retourné travailler dans celle-ci où ses méthodes de vente et ses idées d'inventions de farces et attrapes faisaient le bonheur des affaires du commerçant, et la fierté du père. Roxane, qui ambitionnait de devenir Médicomage, avait pu obtenir d'Ernie McMillan, un ami de la famille, de faire un stage de trois semaines à ses côtés à Sainte-Mangouste. Albus, était resté chez son grand-père car ils avaient planifié d'aller visiter Paris en empruntant l'Eurostar. Les deux étaient surexcités à l'idée de prendre un "train Moldu qui passait sous la mer". Lily avait invité au 12 Square Grimmaurd sa meilleure amie, Laurie Filmore, une Né-Moldue, et Hugo Weasley. Ensemble, ils avaient pris l'habitude d'aller se promener dans le Londres Moldu. Louis Weasley, quant à lui, était parti chez ses grands-parents maternels en France.


Ainsi, ce matin-là, James était le seul à ne pas avoir de projet particulier. Son ami, Scott Hattaway, lui avait bien proposé de venir dans son manoir en Ecosse, mais James n'y tenait pas particulièrement. Le temps était particulièrement maussade en Ecosse et il comptait bien profiter du soleil radieux qu'il y avait sur Londres avant de passer un an à Poudlard où la pluie, puis la neige seraient son lot quotidien d'octobre à avril. James avait beau chercher, mais le climat, c'était vraiment un des rares points noirs qu'il avait beau trouver en pensant à Poudlard. En effet, même en avançant dans les années, l'école semblait se renouveler sans cesse à ses yeux. Il ne se passait pas un mois sans qu'il ne découvre une salle de classe à l'abandon, un passage secret oublié ou un carré d'herbe confortable au bord du lac. De plus, James était en famille à Poudlard. Bien que Teddy, Dominique, Victoire et Molly avaient déjà quitté Poudlard. Le reste de la famille Weasley y était, donc James ne s'était jamais trop senti dépaysé à Poudlard. La famille Potter-Weasley y était largement représentée et James savait qu'il pouvait compter sur eux. Il sourit nostalgiquement en repensant à ses premiers jours à Poudlard et à son altercation avec Leroy Flint. 


C’était un Serpentard rentré à l’école la même année que James. Il était issu d'une famille de Sang-Pur, son grand-père était un Mangemort, mais son père, ancien joueur professionnel de Quidditch au sein des Tornades de Tutshill, s'était détourné peu à peu de sa famille et n'avait pas participé à la deuxième guerre des sorciers. Flint conservait cependant une haine profonde pour les « Sang-de-Bourbe », « Sang-Mêlé », tous les hybrides et surtout envers les Gryffondor. Dès leur premier cours commun, Sortilèges, le Professeur Flitwick (qui prit sa retraite à la fin de leur première année) fit l'appel. Lorsqu'il appela le nom de Potter, il eut un petit couinement réjoui et James leva la main paisiblement, mais il entendit ricaner sarcastiquement quelques rangées devant lui. C'était Leroy Flint. Lorsqu'ils durent faire des groupes pour s'exercer au Wingardium Leviosa, Flitwick appliqua les consignes du Professeur Everett et demanda à ce que les Maisons se mélangent. Flint bouscula tous les Serpentard en attente d'un binôme et se mit avec James. Au bout d'un quart d'heure, ses remarques sarcastiques sur sa famille poussèrent James à bout. Celui-ci donna un coup de genou très bien placé à Flint qui se recroquevilla et lui jeta par réflexe un maléfice cuisant. Le Professeur Flitwick donna ainsi leur première retenue aux deux élèves. Ils passèrent la soirée à astiquer les trophées et entamèrent une relation de haine qui durait encore. Un peu après leur retenue, Leroy Flint jeta un sort au balai de James lors du cours de vol. James n'avait pas de preuves sur la culpabilité de Flint, mais son sourire narquois après sa chute de près de dix mètres et son évacuation vers l'infirmerie avec l'épaule cassée ne fit pas douter James. Il en parla donc à Teddy lorsque celui-ci vint lui rendre visite à l'infirmerie. Teddy rassembla alors les cousins Weasley les plus âgés, à savoir Victoire -alors en 6ème année- et Molly -5ème année-.


Les deux cousines Weasley et Teddy préparèrent donc le courroux de la famille Weasley. James, qui sortait de l'infirmerie après une journée d'observation revenait paisiblement s'installer dans la Grande Salle pour le dîner. A l'autre bout de la salle, Flint était en train de dîner avec ses amis Serpentards : Jens Mulciber, Théophilius Nott et William Warrington qui était en troisième année. Tout semblait se passer normalement lorsque Leroy Flint se leva paniqué en jetant la crème qu'il venait de manger. Il se mit alors à caqueter et faire le poulet debout sur la table. Toute la Grande Salle se mit à désigner le Serpentard du doigt et à hurler de rire. Puis, pour couronner le tout, Leroy se transforma réellement en poulet géant, il se préparait à sortir de la Grande Salle, mais il fut pris en charge par le Professeur Londubat, visiblement très énervé et cherchant les responsables à la table des Gryffondor. Mais la lettre que Leroy avait reçu de Teddy pendant sa convalescence était lourde de sens. Teddy lui expliqua qu'il venait de subir l'une des expériences des Farces pour Sorciers Facétieux, qu'à chaque fois que Leroy se comporterait de manière lâche avec James, la famille Weasley serait présente pour venger leur cousin. Leroy voulut montrer la lettre de Teddy au Professeur Pritchard, qui enseignait la Métamorphose et était Directeur des Serpentard, mais Pritchard n'y lut qu'une lettre écrite par Leroy lui-même expliquant qu'il était fou, paranoïaque et qu'il faisait tout pour se rendre intéressant. Pritchard estima que cette curieuse lettre était due au choc qu'avait subi Leroy et ne le sanctionna pas.


Cependant, James, fort de la protection que lui accordaient Teddy et ses cousines, continua de lancer des remarques cinglantes à Flint chaque fois qu'il en avait l'occasion. Les deux élèves se détestaient et cherchaient toujours à nuire à l'autre. Au fil des années, leur rivalité avait augmenté en intensité, notamment à cause du Quidditch. Dès leur deuxième année, les deux ennemis avaient été acceptés dans l'équipe de Quidditch de leur maison. James au poste de Poursuiveur. Flint au poste de Gardien. Et dès leur 6ème année, les deux furent nommés capitaine de leur équipe. Pour sa première année de capitanat, James avait vaincu les Serpentard contre qui il n'avait perdu qu'en 4ème année, mais s'était incliné de peu face à Serdaigle qui remportait la coupe pour la 9ème fois d'affilée. Il avait notamment raté le pénalty de l'égalisation pour Gryffondor et s'en voulait encore. Depuis, il s'était promis de gagner la Coupe pour sa dernière année. Il prévoyait déjà des plans de jeux sophistiqués sur des parchemins éparpillés partout sur son bureau. Cette année de Quidditch serait difficile, il devait faire face au départ de son attrapeur : Andrew Higgins, qui venait de terminer ses études et était très doué. Il ignorait qui il allait sélectionner, bien que son meilleur ami, Scott Hattaway se soit déjà montré intéressé par la place. 


Mais, une fois de plus, James constata qu'il s'était trop vite perdu dans ses pensées. Il réfléchit alors à quelque chose à faire du reste de son été. Son regard s'attarda alors sur une photo posée sur sa table de nuit. La personne qu'elle représentait essayait maintenant de se cacher du cadre, depuis qu’Albus avait ensorcelé la photo pour faire apparaitre des furoncles sur le modèle, mais on distinguait toujours une grande partie de ses longs cheveux bruns. C'était la petite amie de James, depuis la fin de l'année scolaire précédente : Nancy Frobisher. C'était une Poufsouffle de la même année que James. Ils s'étaient rencontrés lors de la Chasse aux Œufs Géante que le Professeur Everett avait organisée pour Pâques. Tous les élèves souhaitant y participer devaient mettre leur nom dans une vieille coupe en bois. Et la Coupe de Feu faisait sortir les morceaux de parchemin, deux par deux. James s'était donc retrouvé en binôme avec Nancy. Ensemble, ils avaient parcouru le parc de Poudlard, résolu les énigmes pour trouver les douze œufs dorés avant les autres. Lassés, ils avaient fini par abandonner la course au sixième œuf. Rose qui était en binôme avec un Serdaigle avait déjà réussi à trouver les cinq premiers. James passa donc le reste de l'après-midi à faire le tour du lac avec Nancy. Et à la fin de la journée, lors du Bal récompensant les vainqueurs qui n'étaient autres que Rose et le Serdaigle, qui gagnèrent quasiment leur poids en chocolat de chez Honeydukes, il fut tout logique pour James de se pencher vers elle lors des slows et d'embrasser la jolie brune.


En repensant à elle, James eut une idée. Nancy vivait au Sud de Londres avec sa mère sorcière et son père Moldu. Il saisit donc sa plume et un morceau de parchemin et se mit à écrire frénétiquement. 


Ma chérie, 

Je sais que tu t'ennuies tout autant que moi chez tes parents. Pour ce qui sera peut-être nos dernières vacances, avoues que ça ne le fait pas du tout. Si tu me rejoins dès le 10 août au Chaudron Baveur où je compte passer une semaine, je te promets qu'on se souviendra de notre dernier été en tant qu'élèves de Poudlard. J'attends ta réponse avec impatience. Tu me manques énormément. 

James


 Il glissa le parchemin dans une enveloppe qu'il attacha à la patte de Zazou, son hibou grand-duc fauve. Il avait été baptisé ainsi par Albus et Lily qui étaient allés voir un dessin animé côté Moldu avec la tante Hermione, pendant la première année de James à Poudlard. Les enfants en avaient été enchantés et ne cessaient de maudire Scar le tyran et avaient chanté les chansons du dessin animé pendant de longs mois, si bien que Ginny écrivait à James qu’elle songeait sérieusement à “oublietter” ses deux cadets. Et c’est tout naturellement que, lorsque Harry et Ginny récompensèrent James de son passage en deuxième année à Poudlard, en lui faisant cadeau d’un hibou, les deux cadets proposèrent instantanément Zazou comme nom de baptême. James regarda le hibou s’envoler par sa fenêtre. Elle donnait sur la rue Moldue, il pouvait les observer déambuler, mais ceux-ci ne pouvaient le voir. Sa maison n'était visible de la rue que par les personnes à qui Harry avait donné l'adresse. Il descendit donc dans la cuisine en espérant pouvoir se passer les nerfs sur son frère ou sa sœur en attendant la réponse de sa dulcinée. Et en arrivant dans la cuisine, il tomba sur Lily, Hugo et Laurie Filmore qui se faisaient préparer le goûter par Cosy, leur elfe de maison. Ils levèrent tous les yeux vers James. Hugo lui sourit aimablement (il avait toujours voué un culte à James) :


-James ! Cosy nous prépare des pancakes ! Tu te joins à nous ? 


James acquiesça d'un geste de la tête et se tourna vers sa sœur. Au cours de l'été, elle avait encore considérablement changé. Son village s'était allongé, ses taches de rousseur s'étaient légèrement estompées, elle avait pris cinq bons centimètres et était désormais à peine un peu moins grande que James. Son corps avait également encore pris des formes, et il comprenait désormais pourquoi beaucoup de garçons à Poudlard tournaient la tête lorsqu'ils la croisaient. A la vue du sourire rayonnant qu'elle lui envoya, il oublia son idée de lui faire une farce et il s'assit à côté d'elle. Ce fut Laurie, qui d'habitude était peu bavarde qui prit la parole en premier. C'était une jeune fille métisse -sa mère est originaire d'Inde- joliment potelée avec une crinière de cheveux noirs bouclés. En contraste avec sa peau mate, on pouvait discerner deux grands yeux gris qui lui donnaient un air à la fois mystérieux et inquiétant. Malgré le teint mat de ses joues, James ne put s'empêcher de les voir rougir lorsqu'elle s'adressa à lui :


-Dis James, tu as une idée du futur attrapeur pour l'année prochaine ?


-Oui, répondit celui-ci, mon pote Scott, tu le connais ? Il pense qu'il va passer les tests, je l'ai déjà vu jouer et je peux te dire qu'il est impressionnant sur son balai.

 -Tu ne sais pas si d'autres personnes vont faire les tests ? demanda Laurie en rougissant de plus belle, tandis que Lily semblait plus concentrée que jamais sur la conversation.

-Oh non, je ne sais pas. Mais j'espère qu'il y en aura d'autres. Il faut que Scott soit mis en compétition. Et je préfère sélectionner mon meilleur ami à la loyale. Je n'ai pas envie que l'on crie au scandale. 

-Ce que tu es parano James ! lança précipitamment Lily. Alors pour toi, si un proche rentre dans ton équipe, tu penses vraiment que les gens crieront au scandale ? 

-Vous, je sais très bien que non. Vous avez toujours été nos meilleurs supporters, ajouta James avec un sourire aimable. Mais vous savez tous de quoi sont capables les Serpentard, ou même les Serdaigle. 

-C'est bizarre que lorsqu'on parle de Quidditch, les Poufsouffle soient toujours oubliés, remarqua Hugo en pouffant de rire.

-Cette Maison, c'est le vide incarné au Quidditch, ricana Lily. 

-Je ne les ai jamais vus marquer le moindre but, surenchérit Laurie. 


James se joignit à leurs rires et ils passèrent un bon quart d'heure à se remémorer des plus beaux ratés de l'équipe de Poufsouffle dont la dernière victoire de la Coupe datait de la troisième année de Teddy et qui peinait à se reconstruire depuis. Bientôt, Cosy leur apporta un plat rempli de pancakes, accompagnés d'une assiette de bacon, de tomates cerise et de sirop d’érable et autres confitures pour ceux qui préféraient les sucrer. Il commençait à disposer le tout dans des assiettes. Hugo, qui était aussi glouton que son père, s'en léchait déjà les babines. Il se jeta immédiatement sur l'assiette que lui tendait Cosy, le remercia et plongea la tête dedans mettant fin à toute conversation. Lily le regardait avec dégoût, tandis que Laurie le regardait avec un petit sourire en coin. James savait que Laurie était très maternelle avec Hugo, qui manquait très souvent de tact et avait souvent l'innocence d'un enfant de huit ans, même dans des situations risquées. Ainsi, lors de sa première année, Hugo avait voulu suivre James qu'il avait vu sortir de la salle commune un soir. Il se retrouva alors nez à nez avec Peeves qui lui «proposa gentiment de l'aider». Hugo accepta et Peeves le mena tranquillement dans plusieurs couloirs, jusqu'à l'emmener ... Devant les appartements personnels du Professeur Londubat, le seul Professeur qui semblait pouvoir contrôler Peeves pour une raison inconnue. Hugo reçut alors une retenue atroce. Le professeur de botanique lui avait demandé de déverser de l'engrais dans l'immense plantation de Minbulus Mimbletonia de Poudlard. L'odeur de la bouse de dragon, combinée à l'Empestine jetée régulièrement par les plantes avaient privé Hugo d'odorat pendant une semaine. Il s'était également attiré les railleries de tous les Gryffondor, surpris par sa naïveté à suivre Peeves. James sourit à son tour en regardant son cousin se goinfrer, puis il termina son assiette et remonta dans le salon. 


Là-haut, sa mère terminait un article pour la Gazette. En entendant James rentrer, elle leva les yeux vers lui :

 

-Ah, c'est toi ! Papa devrait nous le confirmer ce soir, mais apparemment Benjamin ne voit pas d'inconvénient à t'emmener avec lui en mission ce mois-ci. 

-Wouah super ! s'exclama James. 


Il avait parlé en prenant un air faussement enjoué, que Ginny -à qui rien n'échappait- remarqua. Elle haussa le sourcil pour que James en dise plus.


-Heu ... Ben ... bafouilla celui-ci. Tu sais, avec tout ce que raconte Papa sur son travail, je me demande si Auror est vraiment un métier d'avenir. 

-Lorsque ton père avait l'ambition de devenir Auror, le Ministère était aux mains d'incompétents qui le traitaient de fou. Désormais, il est aux mains d'incompétents, mais pour qui le nom de Potter a encore une signification, lança Ginny d'un ton cassant. 

-Je n'ai jamais manifesté le désir d'être pistonné ... Et puis, j'en ai assez d'être comparé à Papa, j'hésite de plus en plus à suivre une autre voie, il ajouta dans un souffle : et j'ai demandé à Nancy de passer le reste de l'été avec moi au Chemin de Traverse. Je voudrais aller au Chaudron Baveur la semaine prochaine, et après, je ne sais pas ce que je lui proposerai. 


Ginny lui sourit à l'évocation de sa petite amie puis reprit un ton sérieux : 


-Tu sais James, personne n'aime être comparé. Encore moins avec un sorcier tel que ton père. Mais Auror est la voie qui t'as toujours plu. Je ne me trompe pas n'est-ce pas ? 

James acquiesça.


 -Moi aussi, à ton âge, on me présentait comme : « la petite amie de l'Elu » ou « la dernière Weasley », alors j'ai percé. Dans une autre voie que celle de ton père, mais je me suis faite un nom. Alors qu'à la base, je ressentais un peu la même chose que toi. Je pense que du moment qu'une voie te plait, tu dois foncer, les gens parleront toujours. C'est malheureusement le propre de l'être humain. Et puis, je vais encore te bassiner avec ça, les gênes que tu as reçu de tes parents, feront que tu donneras toujours le maximum pour te faire ton propre nom. Même si dans ton cas, c'est un prénom que tu dois te faire, ajouta-t-elle avec un sourire narquois. 


-Un second prénom plutôt, ironisa James qui souriait désormais, Grand-Père aussi était connu. Malgré lui, malheureusement.

Le sourire de Ginny s'abaissa, et elle continua : 


-Nous aussi, on aime t'avoir pendant les vacances. Même si te voir tourner comme un Botruc à la recherche d'une bouse de dragon m'inquiète un peu. Si tu veux, tu peux passer ta semaine au Chaudron Baveur avec Nancy. Et ensuite, tu peux revenir ici avec elle, jusqu'à la fin de l'été. Tu peux même faire venir Scott et Alice. Alice et Nancy pourront dormir dans la chambre d'amis et Scott partagera la chambre avec toi. Parfaitement James, chambre à part pour toi et Nancy ! conclut-elle d'un ton sévère. 


James sourit d'un air dégoûté, la proposition de sa mère était tout de même assez alléchante, mais un problème subsistait :

-mais M'man, mon stage ... 

-Si tu tiens vraiment à le faire, répondit-elle, je pense que ça arrangerait encore plus Benjamin de ne te prendre qu'à mi-temps à ton retour du Chemin de Traverse. J'en parlerai à ton père ce soir. 


James lui promit de réfléchir à cette éventualité, il allait partager le reste de son été entre sa petite amie (si elle daignait répondre), ses meilleurs amis, et le métier qu’il avait ambitionné jusqu’à il y a peu de temps encore, ce serait l’occasion parfaite de se faire une idée de ce qu’il souhaiterait faire après ses ASPIC. Il laissa Ginny terminer son article et remonta vers sa chambre. Il s'allongea sur son lit et attendit patiemment, réfléchissant aux endroits où il pourrait emmener Nancy. Vers 17 heures, Zazou était revenu et claquait du bec à la fenêtre de James. Il ouvrit précipitamment l'enveloppe en oubliant de donner des graines au pauvre hibou qui se mit à hulluler bruyamment sur un ton de reproche. James lui lança un Maléfice de Mutisme et celui-ci vint se poser sur son épaule et lui donna un grand coup de bec dans la tempe. 


-Zazou ! Espèce d'idiot, tiens, prends en autant que tu veux ! Mais ne refais plus jamais ça, ordonna James.


Le hibou se posa à côté du tas de graines que James lui avait versé sur son bureau, hulula joyeusement et se mit à picorer en silence. James put enfin lire la lettre :


Mon ange,

Quelle superbe idée tu as eue ! Je serai au Chaudron Baveur, le 10 août à 9 heures pour prendre le petit-déjeuner avec toi. Tu m'as manqué énormément. Je suis partie en France avec mes parents. Nous avons visité la Charente, je peux te dire que j'ai compté les jours qui nous séparaient. Je ne connais pas d'endroit plus barbant. J'ai tout de même pensé à te rapporter un petit quelque chose ! A part la semaine au Chaudron Baveur, quelles sont les idées que tu proposes ??

Je t'aime, 

Ta Nancy


A la vue de la réponse de Nancy, James explosa de joie. Dans trois jours, il la retrouverait pour une semaine qui s'annonçait exceptionnelle. Il commença donc à songer aux affaires qu'il prendrait et passa les trois jours restants à rêvasser dans le vide, indifférent aux sourires narquois de ses parents, de sa sœur, de son cousin et de leur amie. 



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Il était neuf heures moins le quart. James attendait, assis à une table dans la salle du Chaudron Baveur. Pour l'été, Hannah Londubat avait mis le paquet sur la décoration. La sol de la salle était recouvert de gazon et le tour du long bar était recouvert de sable. L'ambiance sonore rappelait le bruit des vagues, chaque table était munie de parasols, et plusieurs chaises longues étaient placées dans toute la salle.


 James était assis à une table et discutait avec Hannah et Neville Londubat, qui aidait sa femme pendant l'été. Alice et Franck étaient partis en vacances chez le cousin irlandais de leur mère : Ciaran Abbott. D’ordinaire, quand ils étaient au Chaudron Baveur, les enfants Londubat avaient pris l'habitude de quitter l'auberge au petit matin et de passer la journée à déambuler dans le Chemin de Traverse. Le magasin Weasley était un de leurs points d'attaches et ils avaient leurs habitudes dans l'arrière salle. 


James écoutait Neville qui, depuis une demie heure (James était arrivé en avance pour pouvoir discuter avec Neville et Hannah avant que Nancy ne le rejoigne), racontait des anecdotes hilarantes sur la famille de James qu'il avait fréquenté à Poudlard. Neville était vraiment un autre homme en dehors de son métier. 


-Et ton oncle avait fini par arrêter tous les tirs des Serdaigle ! expliquait Neville, qui parlait avec nostalgie de la carrière de joueur de Ron.


Apparemment, Ron s'avérait être un excellent joueur, mais sa pression lui faisait rater tout ce qu'il entreprenait. Mais lorsqu'il se reprenait, il était l'un des meilleurs gardiens que le Professeur Londubat ait vu à l'œuvre.


-Moi, je me souviens que Poufsouffle avait gagné Gryffondor lors de notre troisième année, remarqua Hannah avec un sourire ravi. 

-Harry était tombé de son balai pendant que Diggory avait attrapé le Vif d'Or. Les Détraqueurs étaient rentrés sur le terrain, rétorqua Neville. 

-Oui ... Diggory, le seul qui apportait un peu de gloire à notre modeste maison, dit Hannah dans un souffle. 

-J'ai entendu cette histoire, avoua James. Ça avait l'air d'être un sorcier très doué.

-Oui, immensément doué même. Il a été l'un des premiers morts de la deuxième guerre. Il a été un exemple pour beaucoup d'entre nous qui se sont lancés dans la résistance à Voldemort, affirma Neville. 

-C'est fou tout ce que ce Voldemort à détruit, remarqua James. Je ne sais pas si c'est à cause de mon entourage qui, dans sa totalité, l'a combattu, mais même lorsqu'on parle de Quidditch, on en revient à parler de ses méfaits. 

-C'est vrai, concéda Hannah, mais je pense qu'en parler permettra d'oublier le plus tard possible. Mais on finira toujours par oublier, et l'histoire se répétera. Elle se répéte un peu déjà. Il n'est pas rare que quelques piliers de comptoir se traitent de « Sang-de-Bourbe » où m'insultent de stupide "Sang-Mêlé écervelée". Heureusement, ta mère m'a appris une technique infaillible : Le Chauve-Furie.


James sourit à l'évocation du sortilège signature de sa mère, qu'elle avait également transmis à la petite Lily qui se plaisait parfois à lui jeter. 

-Il est vrai que c'est un sort redoutable ! confessa Neville. J'en ai malheureusement fait l'expérience avec une tenancière de bar capricieuse, confessa-t-il avec un sourire, il jeta un coup d'œil vers la cheminée du bar et continua à s'adresser à James en souriant :  -Ah, nous allons te laisser, je crois que ton « amie » vient d'arriver. Je n'en reviens toujours pas que tu ne viennes jamais pour nous voir à NOUS, dit-il en feintant un air boudeur. 


Et il se retira. Hannah le suivit, mais avant de se retirer avec Neville, elle se tourna vers James :


 -Au fait, pour la chambre double, c'est cadeau. C'est assez calme en ce moment, et puis ton père m'a rendu service en venant séparer une bagarre l'autre soir. Depuis, la peur des Aurors fait que les piliers de bar se font plus discrets.

 -Non, Tante Hannah ! Je t'ai déjà dit que c'était normal pour moi de payer, insista James. 

-Tu n'auras qu'à régler les repas et les boissons que vous prendrez ici, les premières sont offertes, par contre, lui dit-elle avec un clin d'œil. Ah, et Alice rentre de chez mon cousin irlandais la semaine prochaine. Elle en a profité pour aller voir un certain Owen, dit-elle en faisant semblant de glousser. 


Elle se retira et James, bizarrement, ne trouva pas cette anecdote si drôle. Il n'appréciait pas Owen Finnigan. Il se tourna vers l'autre bout de la salle. Nancy avançait en traînant derrière elle une grosse valise. James se leva, se précipita vers elle et l'enlaça, celle-ci surprise par la force de James lâcha sa valise et lui offrit un baiser très langoureux. 


-La semaine commençait très bien, pensa James.


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Trois jours étaient déjà passés très vite. James s'était réveillé chaque matin aux côtés de Nancy. Tous les matins, il répétait le même rituel. Il se réveillait discrètement, marchait sur la pointe des pieds jusqu'à la salle de bain, faisait couler lentement l'eau et se brossait les dents en silence. Puis, il se glissait à nouveau dans le lit, et commençait à caresser les cheveux de sa dulcinée. Une fois que celle-ci se réveillait, ils s'échangeaient un baiser passionné et se préparaient pour la journée qui les attendait. Durant ces trois jours, James et Nancy déjeunaient au Chaudron Baveur, puis ils partaient sur le Chemin de Traverse. En trois jours, ils avaient déjà fait le tour de toutes les boutiques et dépensé de nombreux Gallions pour acheter toutes sortes de choses aussi futiles les unes que les autres. Cela allait des paires de chaussettes avec leurs visages brodés dessus, en passant par une séance de shooting photo, ou bien une virée dans une calèche tirée par des licornes. 


Mais désormais, James n'avait plus d'inspiration concernant ce qu'ils feraient le reste de leur semaine. Plongé dans ses réflexions pour savoir ce qu'il ferait aujourd'hui, il fut surpris par Nancy qui venait de se réveiller et qui se tournait vers lui. James fut paniqué à l'idée de voir la tête de sa petite amie lorsqu'elle sentirait l'haleine de James de bon matin. Lily en avait d'ailleurs plaisanté récemment en disant que l'oncle Georges s'était inspiré de l'haleine de James au réveil pour inventer les Réglisses d'Eurk le Crasseux. James repoussa alors instinctivement sa petite amie qui poussa un petit gémissement de surprise. Cependant, au grand soulagement de James, elle n'insista pas et se dirigea vers la salle de bain pour se préparer. James la suivit et se brossa les dents, puis il attendit que son amie finisse de se les brosser à son tour. Et il l'embrassa. Celle-ci se mit à éclater de rire au beau milieu de leur baiser. James la regarda d'un air outré.


-C'est pour ça que tu m'as repoussé ce matin ? demanda Nancy.

-Pour ça quoi ? demanda James à son tour. 

-Mon haleine matinale, je te trouvais très courageux d'affronter ça, avoua Nancy.


James éclata de rire à son tour, tandis que Nancy se reprenait.

-Mais c'était ça alors ? Je suis désolée de t'avoir imposé ça

 -Non, pas du tout, en fait, Nancy, il faut que je te dise, chaque matin, j'ai pour habitude de me réveiller avant toi, pour me laver les dents avant de te réveiller. Et ce matin, je ne l'avais pas fait, je ne voulais pas que toi tu affrontes ça ... Sinon, je n'ai aucun problème avec ton haleine matinale. Même à ce niveau-là, tu es irréprochable ! assura James.


Nancy riait désormais aux éclats. Elle se jeta alors sur James et l'embrassa. James ignorait combien de temps ils restèrent dans la salle de bain. Mais lorsqu'ils descendirent, Hannah les regardait avec un sourire narquois. James rougit en croisant le regard d'Hannah et prit d'une main le plateau de petit déjeuner qu'elle lui tendait. De l'autre main, il lui tendit un Gallion et se dépêcha de partir rejoindre Nancy avant que Hannah ne lui rende la monnaie. Le déjeuner se passa paisiblement, et lorsqu'ils eurent terminé. James fixa Nancy et lui dit :


-Chérie, très honnêtement, je ne sais pas ce qu'on pourrait faire. Je crois qu'on a fait le tour du Chemin de Traverse, se désola James. 

-Hum, en fait, j'ai ma petite idée depuis le début, mais tu semblais avoir tellement bien prévu ton emploi du temps, que je me disais que je n'avais pas trop mon mot à dire. Cela me rassure de voir James Potter faiblir, lui dit Nancy d'un air narquois. 

-Faiblir ? Moi ? Tu es bien placée pour savoir que ce mot n'existe pas dans mon vocabulaire -elle devint écarlate-. Mais quelle est ton idée ? 

-L'Allée des Embrumes, ton père et ton oncle ont fait fermer la plupart des boutiques douteuses. Ils se sont aperçus que la plupart des produits étaient des produits de contrebande importés illégalement d'Egypte. Il y a peu, l'Allée des Embrumes est redevenue vivable, et une connaissance de ma mère a ouvert un centre de bien-être magique. On peut passer la journée à se prélasser dans des bains d'eau de source magique avec toutes sortes de vertus : lutte contre l'âge, redynamisation des articulations, bronzage, c'est toi qui choisis ce que tu veux que ton bain t'apporte. Et puis, il y a toutes sortes de bains moussants, de jets d'eau et de bulles relaxantes, énonça Nancy toute excitée.

-Le genre de centre où ma Grand-Mère va, remarqua James d'un ton bougon.

-Au moins, tu n'auras d'yeux que pour moi, lui dit Nancy en lui faisant un clin d'œil. A moins que les sorcières d'âge mur, toutes fripées ne t'attirent. 


James se résigna et accepta. Après tout, ça ne coûtait rien d'essayer. Bien que sa bourse de Gallions avait considérablement diminué, il bénissait d'ailleurs Hannah de lui avoir offert la chambre pour la semaine, sinon il ne serait jamais rentré dans son budget. James et Nancy se dirigèrent donc vers l'Allée des Embrumes, immédiatement après être entré dans la rue, James vit que celle-ci avait beaucoup changé. Il se souvient s'y être aventuré alors qu'il avait huit ans, il avait pris Albus et Lily dans son aventure. La rue était très glauque, les bâtiments avaient des devantures s'étendant quasiment sur toute la largeur de la rue, ce qui donnait au passant un fort sentiment d'oppression et l'impression que même les rayons du soleil ne venaient jamais s'aventurer dans cette allée. Toutes sortes de sorciers peu communs déambulaient dans cette rue à la recherche de produits aussi douteux que leur apparence. Une sorcière édentée leur avait même tendu un plateau rempli de ce qui semblait être des ongles humains. Désormais, l'Allée des Embrumes s'était séparée des larges devantures, ce qui faisait que la rue profitait désormais des rayons du soleil sur toute sa largeur. Des plantes avaient été disposées tout le long de la rue, et cette rue semblait maintenant un repaire pour les jeunes sorciers stylés et chics. De nombreux bars aux couleurs criardes avaient ouvert. Ils se distinguaient du classicisme du Chemin de Traverse par leurs enseignes aux couleurs éclatantes, jusqu'au mobilier en terrasse qui était de toutes les couleurs. De nombreux sorciers occupaient d'ailleurs ces tables en terrasses. Ils étaient tous d'une propreté et d'un goût vestimentaire irréprochable, ce qui contrastait avec les précédents occupants de cette rue. Ils avaient tous un verre à portée d'eux, rempli de liquide de couleurs aussi improbables que le mobilier de ces bars. Des cocktails qui semblaient aussi compliqués que les clients. James, trop occupé à contempler les occupants du bar « L'indigo » qu'ils venaient de dépasser, faillit se renverser contre un de ces sorciers sophistiqués. Celui-ci était jeune, il devait avoir seulement un ou deux ans de plus que James, mais il était vêtu d'une robe habillée à rayures bleu marine et blanche, d'un chapeau couleur saumon et sous son nez se dessinait une fine moustache tentant de le faire vieillir considérablement. James se répandit en excuse, le sorcier hocha la tête pour montrer qu'il les acceptait, mais ne lui adressa pas l'ombre d'un sourire et il continua sa route. 


-Le seul ennui, c'est que les nouveaux occupants de l'Allée des Embrumes sont ... prétentieux, avoua Nancy.

-J'ai remarqué ça. Qui sont-ils ? 

-Des jeunes sorciers actifs. J'ai lu un article sur leur groupe social dans la Gazette. Ils ont, pour la plupart, décroché des postes très bien payés au Ministère, à Gringotts, où ont ouvert leur bar. Ils en ont marre du classicisme du Chemin de Traverse et se démarquent par leur style et leur art de vivre qui diffère des canons de la société sorcière. Ils sont assez détestables face à ceux qu'ils considèrent comme ringards, expliqua Nancy. 

-Promets-moi de me soumettre à l'Imperium si je deviens comme ça, dit James en souriant. 

Nancy pouffa à son tour. Arrivés au milieu de l'allée, ils se tenaient devant un grand bâtiment de granite rose où était écrit en lettre d'or : 


Bains-Douches de Didier Célestin 

Le savoir-faire français au service de votre corps


-WOUAAAH ça a l'air magnifique ! S'extasia Nancy. 

-Un peu trop efféminé le bâtiment, non ? remarqua James.

-C'est à l'image du quartier, contra Nancy. Allez, on y va, je te paye même l'entrée.

-Hors de question, rétorqua James, c'est moi qui t'ai  invitée à venir passer cette semaine. Mais Nancy ne lui laissa pas le choix et James ne put s'empêcher de constater avec culpabilité, que ça arrangeait fortement ses affaires. James et Nancy se hâtèrent donc de se mettre en maillot de bain et James suivit Nancy qui lui indiquait la direction : SAUNA. Nancy le guida vers une petite salle où était disposé un chaudron rempli de pierres incandescentes. Elle lui fit signe de s'asseoir sur une sorte de banc surélevé. Elle s'assit près de lui et se tourna vers lui :


-Fais attention, il va faire chaud !


James n'eut pas le temps de rétorquer en posant une question qu'elle lança un faible Aguamenti dans le chaudron. Immédiatement, une fumée violette -de la vapeur, pensa James- s'échappa du chaudron et une chaleur intense envahit toute la pièce. James transpirait en abondance, et il sentit d'innombrables gouttes de sueur perler tout le long de son corps. Il avait du mal à respirer et ne pouvait plus parler. Il voulait crier sur Nancy, lui demander si elle voulait le tuer. Pourtant, elle semblait très à l'aise. Elle lui souriait paisiblement, bien qu'elle soit en sueur elle aussi, elle n'avait pas de mal à respirer et pouvait lui parler : 


-C'est impressionnant au début, mais ça détend ! Les Moldus adorent ça, Papa nous y a amené un jour avec Maman, côté Moldu, c’est le même principe.

 

Et James dut admettre qu'au bout de plusieurs Aguamenti, le sauna paraissait plus agréable. Il put enfin respirer pendant que la vapeur emplissait remarquait la pièce, et il remarqua qu'à chaque Aguamenti, une odeur différente était vaporisée dans la salle. Il y avait des parfums de fleurs dont James ignorait les noms, mais il put discerner un parfum de lavande, de fraise, d'ananas, ou même de pêche. Et il dut admettre que c'était agréable. Au bout d'une bonne demie heure, Nancy le prit par la main et l'entraîna dehors, il transpirait toujours abondamment et elle le conduisit devant une petite baignoire pour deux personnes, creusée dans le sol. Elle le poussa dedans sans ménagement et James hurla sans s'arrêter tant l'eau était glacée. Mais lorsqu'il eut fini d'hurler, il s'aperçut que c'était réellement vivifiant. Et il observait Nancy se prélasser tranquillement dans l'eau.


Ils passèrent le reste de l'après-midi à alterner entre des massages relaxants et des bains aux vertus diverses. James voulut un bain -soit disant plébiscité par les sportifs- rendant les muscles plus toniques, il en demanda un aux vertus cicatrisantes -le Quidditch laissait des traces- et enfin, il en prit un avec Nancy qui avait des vertus euphorisantes. Et en effet, cela faisait de l'effet. Ils passèrent une heure sans s'arrêter de rire et le sorcier de l'accueil qui était venu les chercher car le centre allait fermer, et qui pour le coup riait moins, leur avait cependant assuré qu'une heure de rire était le plus intense des sports de la journée. Mais James songea qu'avec son air d'éternel pincé, il n'avait pas dû souvent rire dans sa vie. Lorsqu'une fois sortis, il exposa son anecdote à Nancy, celle-ci hurla de rire -les eaux magiques continuaient de faire effet jusqu'à deux heures après le bain-, et c'est dans la joie et la bonne humeur qu'ils se rendirent au magasin de Georges Weasley où ils devaient partager un dîner avec Angelina, Georges, Fred et Roxane, qui les rejoindrait en sortant de son stage à Sainte-Mangouste. Ils sonnèrent donc à la porte de la maison adjacente à la boutique Weasley Ils furent d'abord accueillis par Angelina qui sortait de la douche et portait sur sa tête des bigoudis pour faire friser ses cheveux crépus. Les deux hôtes éclatèrent de rire à la vue de la tante de James et celle-ci les regarda d'un air défait : 


-Que ... James, Nancy ! Vous avez bu ? demanda-t-elle. 

Mais James avait le souffle trop coupé à force de rire et il ne put se résoudre qu'à lui faire la bise pour la saluer en guise de réponse. Nancy se contenta de serrer une main rendue tremblante par ses éclats de rire à Angelina. La bise n'était pas très courante en Angleterre, mais chez les Weasley, elle avait été popularisée par la tante Fleur qui saluait toujours de cette façon si affectueuse. Angelina les mena jusqu'à l'escalier qui menait à l'étage de la salle à manger. Arrivés au pied de l'escalier, elle se tourna vers eux et leur lança d'un ton empli de reproches : 


-Vous savez, nous avons du Whisky Pur-Feu ici, vous n'aviez pas besoin de dépenser vos Gallions et de vous ridiculiser devant les passants.

-M...M...Mais Tante... Angelina, balbutia James, encore secoué par des éclats de rire, Nous n'avons pas ... bu ... 

-NOUS ... SOMMES ... ALLES ... AUX BAINS ... DOUCHES ... ET ... ON ... A ... PRIS ... UN BAIN EUPHORISANT ! coupa Nancy qui parlait d'une voix forte et hachée pour ne pas se laisser emporter par ses éclats de rire. 


Le visage d'Angelina s'éclaira de nouveau, elle adressa à ses hôtes un sourire de résignation. Elle commença à monter les escaliers mais fut interrompue dans sa marche par Georges qui avait observé la scène du haut de l'escalier. 


-Un bain euphorisant ? Aux nouveaux bains douches de l'Allée des Embrumes ? Il faut que j'aille y jeter un coup d'œil. Tu as vu ça Fred ? demanda-t-il à son fils qui était sur ses talons. Ça a l'air plus efficace que les sortilèges d'Allégresse que nous mettons dans notre Elixir du Niais. 


Fred approuva d'un hochement de tête et souriait à son cousin. Ils montèrent s'installer dans la salle à manger où l'apéritif était déjà servi. Georges leur amena une potion qui visait à limiter les effets de l'euphorie. 


-L'avantage quand on tient une boutique comme la nôtre, c'est qu'on a à peu près les remèdes à tous les maux, avoua Fred avec un sourire. 

-Comment se passe ton stage, Fred ? lui demanda Nancy. 

-C'est super. En fait, je ne peux pas vraiment parler de stage, c'est vraiment un plaisir. Je baigne dans la boutique depuis tout petit. Papa m'a appris les méthodes de vente, je connais déjà les produits donc c'est beaucoup plus facile, et puis j'essaie de donner de nouvelles idées concernant les produits. Je suis en train de chercher à étendre le rayon de la Poudre d'Obscurité Instantanée du Pérou pour pouvoir l'utiliser en extérieur, par exemple. Enfin, je ne chôme pas, ajouta-t-il avec un sourire. 

-Tu as une haute opinion de toi Freddy, lui lança son père avec un sourire moqueur. En tout cas, tu as intérêt à maîtriser la gestion d'une boutique du bout des doigts, je commence à me faire vieux -un sourire se dessina sur son visage-, et puis ... Avant, enfin tu sais, ton oncle -son visage s'était rembruni et il baissait les yeux-, avant tout ça, on prévoyait d'ouvrir un magasin à Pré-Au-Lard. En plus, Zonko va bientôt arrêter. Tu pourras peut-être gérer le magasin de Pré-Au-Lard, mais il faudra encore faire des progrès. 


Fred sourit à l'idée de cette perspective. C'était son rêve depuis tout petit d'accompagner son père dans ses affaires. Angelina regardait son mari et son fils avec un sourire attendri. Mais sa voix était plus tranchante lorsqu'elle prit la parole : 


-Tu ne penses pas vouloir faire un travail plus utile à la société ? demanda-t-elle à son fils. Je ne critique pas ce choix, mais avec tes capacités, tu pourrais apporter tellement plus, ton oncle Harry, par exemple ... 

-Serait ravi de me voir rejoindre le Bureau des Aurors, je sais M'man, tu me le dis tout le temps, ça ne m'intéresse pas et je veux faire quelque chose qui me plait, la coupa Fred. 

-Mon père a toujours trouvé que la Boutique de Georges et l’Oncle Fred -James se glaça en évoquant le Weasley qu’il n’avait pas eu la chance de connaître, il savait que son oncle avait toujours eu du mal à parler de son jumeau décédé, et en effet, lorsqu'il l'observa, Georges avait serré ses paupières très fort, comme pour encaisser un choc très violent-, avait fait un travail très important pendant et après la guerre. Mon père dit que donner du rire aux gens est l'une des choses les plus importantes dans toute période, guerre ou non, ajouta-t-il d'une voix égale.


Georges lui sourit : 


-Ton père a toujours été mon beau-frère préféré !

-Normal, c'est le seul, répliqua James avec un sourire. 

-Tu te trompes, il y a aussi Hermione, persifla Georges.


Et cette fois, nul besoin de bain euphorisant, toute la table éclata de rire. Lorsqu'ils s'arrêtèrent de pouffer, ils entendirent des bruits de pas dans les escaliers. Roxane semblait être revenue de son stage. Elle rentra dans la salle à manger. Elle était encore vêtue de sa tenue de Médicomage stagiaire : une longue robe blanche avec une baguette et un os entrecroisés.

-Je suis épuisée, dit celle-ci, et j'ai très faim, rajouta-t-elle alors que ses gargouillements d'estomacs avaient résonné dans toute la vaste salle à manger. 

-Va te changer, lui ordonna sa mère. Nous t'attendons ! 


Roxane s'exécuta, lorsqu'elle revint, elle s'était vêtue d'un short Moldu en jean et d'un débardeur rose avec un motif des Rebel Warewolves. Malgré son visage métisse, on pouvait lire de profonds cernes et ses yeux bleus semblaient comme devenus ternes. James lui demanda alors si son stage se passait bien. 


-Comme tu le vois, je fais des horaires pas possibles, mais Ernie est très gentil avec moi. Vendredi, je vais même être avec lui pour le match de championnat entre les Canons de Chudley et les Flèches d'Appleby. Ernie y est Médicomage de garde. 

-C'est génial ! s'exclama James heureux pour sa cousine. 

-Je m'aperçois que je veux vraiment faire ce métier, mais je dois vraiment m'améliorer dans quasiment toutes les matières. J'ai simplement le niveau requis en botanique. Et encore, je soupçonne Neville d'être indulgent avec moi. 

-Neville, indulgent ? Tu parles comme Rose, s'insurgea James. Comptes le nombre de retenues et de points qu'il m'a retirés ... Il fait tout pour que personne ne crie au scandale justement. 

-Et toi, James ? Ton père m'a dit que tu irais sûrement faire un stage chez les Aurors ! Ça aussi, c'est super, lui dit sa cousine.

Nancy regardait James d'un regard étonné, il ne lui avait pas parlé de son stage chez les Aurors. L'intéressé s'empressa alors de répondre :


-J'ai l'impression que Papa ne veut pas me lâcher, il a peur que je le quitte après Poudlard. A vrai dire, je ne suis plus très sûr de vouloir être Auror, je n'ai pas encore accepté pour le stage. 

-C'est l'occasion de savoir ce que tu veux vraiment, remarqua Georges d'une voix égale -James faillit s'étouffer, c'était l'une des premières fois où son oncle parlait sérieusement-, regardes Fred, il a essayé de vraiment travailler avec moi. Je lui ai imposé les choses les plus dégradantes à faire, mais il a eu la confirmation de ce qu'il voulait faire. Tu devrais faire pareil.


-J'en ai assez qu'on me compare à lui, confessa James d'une voix blanche. Depuis que je suis tout petit, mes actes sont commentés. On me parle de mon père à Poudlard, mon père au Quidditch, mon père en classe, mon père avec ses amis, mon père contre Voldemort, mon père met ses chaussettes, et j'en passe. 

-Ce n'est pas forcément mauvais, James, assura Georges. Moi, dans ma jeunesse, j'étais comparé à mon père qui était pauvre, pas du tout ambitieux et raillé par tous les fonctionnaires du Ministère de l'époque. Toi, tu portes un nom respecté, c'est vrai que les gens attendent beaucoup de toi, mais je sais très bien que quoi que tu choisisses, tu feras de ton mieux. Et puis, tu auras une idée de la façon dont ton père te traitera au travail quand il te donnera des cours cette année -James releva la tête, comment savait-il ?- ... Georges comprit l'expression de James et expliqua :


-J'ai utilisé toute ma jeunesse des Oreilles à Rallonge et je pense avoir fait deux fois plus de farces que vous. Vous voir suivre ton père et Everett dans la cuisine m'a rappelé une certaine fratrie, avoua-t-il d'un nom nostalgique. 

-Papa, montre les lui, l'implora Fred, le regard avide. 

-Vous, les jeunes, vous aurez toujours un temps de retard-Il sortit alors une sorte de tout petit grain de maïs ainsi que ce qui ressemblait au combiné d'un téléphone Moldu-, Oreilles à Rallonge sans fil, expliqua-t-il. J'ai glissé ça dans la poche de ton père quand il s'est absenté et j'ai pu écouter la conversation. Bref, ce que je voulais dire, ajouta Georges, c'est que je suis persuadé que ton père vous traitera comme Neville vous traite. Ce sont des hommes droits, et ils sont très exigeants de leurs proches dans le milieu professionnel. Les gens ne pourront pas dire que tu es pistonné, James. Du moins, pas ceux qui vous connaissent toi et ton père, et c'est leur avis à eux qui importe. Pas l'avis du petit Serpentard jaloux. 

-Pourquoi forcément un Serpentard ? demanda Nancy d'un ton qui se voulait calme, alors qu'il maquillait un ton de révolte. 


Georges l'observa en haussant un sourcil et lui expliqua : 


-Le propre du Serpentard basique est d'être jaloux, envieux et de tout faire pour arriver à ses fins. Je croyais qu'en tant que Gryffondor, tu le savais. 

-Je suis à Poufsouffle, répliqua Nancy outrée. 

-Ton attitude est compréhensible alors, ricana narquoisement Georges. Sentant l'atmosphère se glacer, Angelina affirma qu'il était l'heure de passer à table et l'apparition des entrées à savoir, salade verte aux toasts de chèvre-chaud, relança grandement l'ambiance qui s'était alors tendue. _________________________________________________________________________ 


Il était désormais plus de minuit et ils buvaient un dernier thé dans le salon. James constata l'heure tardive et vit Nancy dodeliner de la tête sur son fauteuil. Il se résigna donc à relever Nancy de son fauteuil, et ils entreprirent de saluer leurs hôtes qui les raccompagnèrent jusqu’au perron de la maison. Sur le Chemin de Traverse, toutes les enseignes étaient désormais fermées, on ne distinguait qu'une faible lumière et un léger brouhaha venant de l'Allée des Embrumes et de ses bars animés. James alluma sa baguette à l'aide d'un Lumos pour ne pas être dans le noir complet et il prit la main de Nancy. Ils commencèrent à remonter le Chemin de Traverse pour aller bénéficier d'une nuit de repos bien mérité au Chaudron Baveur. Ils passèrent devant la vitrine de Florian Fortescue, le glacier. La boutique portait le nom de l'ancien propriétaire qui avait été porté disparu pendant la guerre, mais le propriétaire était désormais son neveu, Guilhem Fortescue. James s'arrêta net devant le glacier. 


Une des vitrines était complètement brisée, du verre s'était répandu sur toute la terrasse du glacier. James se retourna pour voir si les voleurs n'étaient pas toujours dans le coin, la rue était vide. Mais bientôt, James entendit une série de craquements sonores et lui et Nancy furent encerclés par cinq silhouettes encapuchonnées. Lorsqu'elles allumèrent leurs baguettes, James put mieux distinguer leur uniforme. Ils portaient une longue tunique blanche surmontée d'une capuche pointue, en dessous de laquelle, on pouvait distinguer une cagoule rouge sang, assortie aux mitaines qu'ils avaient à chaque main. James ne connaissait pas cet uniforme, il distingua un symbole sur la poitrine de l’un d'entre eux : plusieurs taches rouges surmontées d'un œil stylisé doré. Le plus massif d'entre eux s'avança vers James, qui tenait de plus en plus fermement Nancy de sa main gauche. 


-La belle affaire ! s'exclama-t-il, c'est l'aîné de Potter.

 

Et les autres membres du groupe se mirent à éclater à l'unisson d'un inquiétant rire sadique.

Chapitre IV. Contre-enquête by Portus

-Et elle ? Qui est-ce ? demanda l'une des cinq silhouettes encapuchonnées.


L'un d'entre eux, au physique plus trapu, se dirigea vers l'homme massif qui avait identifié James. Ce dernier semblait être le chef du groupe. Il lui chuchota quelque chose à l'oreille. Le chef du groupe releva alors la tête et annonça :


-Nancy Frobisher, élève de Poudlard à la maison Poufsouffle.


Les cinq agresseurs se mirent à éclater tous en même temps d'un rire tonitruant. James sentait Nancy trembler de colère à ses côtés. Elle retira sa main de celle de James et

s'avança vers l'homme massif.


-Et vous ? Vous ne vous êtes pas présentés ! C'est super courageux d'encercler deux jeunes en pleine nuit sous des masques, lança-t-elle d'un ton hargneux.


Aucun ne répondit, le chef du groupe se contenta juste d'avancer d'un pas vers elle en brandissant sa baguette d'un air un peu plus menaçant. James contourna alors Nancy et se posta entre elle et l'agresseur.


-Que voulez-vous ? demanda-t-il. De l'or ? Nous en avons, si c'est ça le problème.


Un rire féminin, glacial, sadique, qui n'avait rien d'humain lui répondit à sa droite.


-Tu nous prends pour de simples brigands ! s'exclama la femme, outrée. Non, ce n'est pas de l'or que nous voulons, nous avons de l'or. Pas besoin de s'appeler Potter pour ça. Pauvre

petit crétin arrogant !


Sa baguette crachait maintenant des étincelles rouges menaçantes.


-Du calme ! tempéra une voix d’homme à sa droite -James tourna donc la tête, l’homme avait une silhouette frêle-. Nous n'étions pas là pour nous faire remarquer.

-Avouez que ce serait frapper un grand coup, remarqua la femme qui reprit la parole. Le fils Potter et une bien fougueuse Poufsouffle.


Mais c'en était trop pour Nancy, elle bouscula James sur le côté et s'avança vers la femme :


-Expelliarmus ! vociféra la Poufsouffle


Mais le Charme du Bouclier informulé de la femme avait été exécuté très rapidement. Sa baguette ne lui glissa même pas des mains. James profita de l'étonnement des hommes

encapuchonnés pour lancer un Sortilège de Stupéfixion dans le tas, à en juger par le bruit étouffé qui accompagna son sortilège, il sut qu'il avait fait mouche, cependant, il fut

rapidement désarmé par l'homme à la silhouette frêle, alors que Nancy venait de parer un sortilège de Désarmement lancé par la femme. Mais James était désormais sans baguette,

tandis que les quatre silhouettes blanches demeurées debout pointaient les deux jeunes amoureux et se préparaient à déverser une pluie de sortilèges dont ils n'échapperaient sûrement pas.


-STOP ! hurla cependant la voix du meneur. Nous l'avons dit, nous ne sommes pas ici pour ça. Toi ! ajouta-t-il à l'adresse de l'agresseur situé derrière James, un homme à la silhouette

voûtée. Réanime-le !


L'homme s'approcha de celui que James avait stupéfixé et murmura d'une voix sifflante :


-Enervatum !


L'agresseur à la silhouette légèrement trapue se releva et observa le chef du groupe.


-Sa baguette ! Rends la-lui, ordonna le meneur. Nous ne devions pas nous faire remarquer. Vous irez lui expliquer, maintenant, pourquoi nous sommes revenus ici !


Encore sonné, l'homme trapu s'exécuta, il alla chercher la baguette de James qui avait sauté derrière lui et la lui ramena. Lorsque James croisa son regard, il put le regarder dans les yeux à travers les fentes de la cagoule. L'expression hautaine, présente dans ses yeux gris, sa silhouette musclée, disproportionnée à sa taille, lui donnant une démarche pesante, James ne pouvait pas se tromper. Il était face à Leroy Flint. Et l'éclair de fureur qui passa dans le regard du Gryffondor fut, visiblement remarqué par le Serpentard, qui cligna des yeux précipitamment et se hâta de reculer, l'air paniqué.


-Lâches ! murmura James entre ses dents, n'ayant qu'une envie : pouvoir triompher de ces cinq agresseurs qui profitaient de l'inexpérience de deux jeunes étudiants pour les terroriser.


La femme s'approcha alors de Nancy, sa baguette toujours pointée vers elle, elle en frotta le bout contre sa joue et dit d'une voix horriblement doucereuse :


-Mes jolis, vous avez de la chance aujourd'hui que nous ayons mieux à faire que de …

-Nous ne sommes pas ici en ennemis, coupa leur chef. Il va maintenant falloir vous ôter ce souvenir de la tête.

L’homme voûté à la voix sifflante s’approcha, sa baguette tendue. James sentit Nancy, dos à lui, se serrer contre lui. C’était leur chance. Bien qu’il ait son permis de transplanage depuis le mois de mai, l'aîné des Potter ne se sentait jamais très à l’aise à l’idée d’utiliser ce moyen de transport. Alors que leur assaillant pointait maintenant sa baguette, James se concentra sur leur destination, une fois déterminé, il agrippa dans son dos l’avant-bras de sa petite amie et ils disparurent tous deux dans un craquement sonore.


_________________________________________________________________________


-A part les vitres cassées, rien n'a été volé chez Florian Fortescue. Nous pouvons donc être sûrs que les voleurs recherchaient quelque chose en particulier et que ceux-ci n'ont rien

trouvé.


Cela faisait maintenant une heure que James et Nancy avaient transplané au 12, Square Grimmaurd. Harry les avait alors emmenés au Bureau des Aurors et il récupérait leur

témoignage. Benjamin Harper s'était rendu sur les lieux du cambriolage et avait fait les premières constatations avec le propriétaire. Il reprit :

-Ils étaient donc cinq. Une femme qui semblait se délecter de votre peur, un homme massif à la voix grave qui menait le groupe et semblait vouloir se concentrer sur leur objectif initial, un autre à la silhouette voutée et une voix sifflante, et un autre avec une silhouette très frêle ... Comment était le dernier ? demanda Harry.


James savait pertinemment que le dernier membre du groupe n'était autre que Leroy Flint, son rival à Poudlard. Dès le début des questions d'Harry, il avait tout fait pour contourner la

question. Il voulait en faire une affaire personnelle, il n'avait qu'une envie, le faire payer à Poudlard.


-C'était un homme assez trapu, nous n'avons pas entendu sa voix. Mais il semblait nous connaître, puisqu'il nous a immédiatement identifiés. Enfin, il a surtout réussi à m'identifier à

moi. James a été identifié par leur chef. Mais c’est sans doute parce que votre famille est connue.


C'était Nancy qui avait répondu. Elle tremblait encore de rage, ses joues étaient encore écarlates, et il arrivait que de temps à autre, elle jette des regards frénétiques derrière elle,

comme si elle s'attendait à une nouvelle attaque des cinq lâches.

Harry les observa tous les deux d'un air pensif et s'attarda un moment sur James. Il détestait quand son père le sondait de cette façon. Mais Harry sembla avoir compris puisqu'il se tourna vers Nancy.


-C'est toi qui a commencé à leur jeter un sort ?

-Oui, j'ai essayé de désarmer la femme, mais elle m'a contrée immédiatement. James a ensuite stupéfixé le trapu, mais moi je n'ai rien pu faire.


Elle parlait d'une voix tremblante, comme si elle était au bord des larmes, effondrée par son incapacité à se défendre.


-Leur nombre aurait rendu plus d'un Auror incapable de leur tenir tête. Tu as fait preuve d'un grand courage en cherchant à la désarmer, lui assura Harry. Je n'ai aucune idée de qui

sont ces personnes, mais je dois admettre que des personnes encagoulées et réunies autour d'un symbole commun : un œil doré, cela ne me rappelle pas forcément de bons

souvenirs. Je vais tout faire pour que nous sachions de qui il s'agit le plus rapidement possible. Mais je vous conseille de rester prudents tant que nous n'en saurons pas plus. Vous avez de la chance qu'ils ne voulaient pas que l'on parle d'eux dès cette nuit. Et que James ait su maîtriser avec brio le transplanage d’escorte.


James hocha la tête et souriait à son père. Il lui faisait confiance, ses Aurors étaient très doués dans leurs enquêtes. James allait demander à son père si lui et Nancy pouvaient aller

dormir au Square Grimmaurd vu qu'ils n'avaient plus aucune envie de se promener seuls avant que l'affaire soit résolue. Mais alors qu'il ouvrait la bouche pour commencer sa phrase, il fut interrompu par son oncle Ron qui rentrait à pas précipités dans le bureau, l'air visiblement très inquiet. Il était suivi de près par un vieil homme extrêmement ridé et avec une chevelure blanche très clairsemée, il était vêtu d'une robe gris anthracite et d'une cape noire très élégante avec des attaches en argent massif et en forme de balances sur le devant. Il marchait à l'aide d'une canne à pommeau ornée de saphirs majestueux.


 -James ! Comment ça va ? demanda un Ron visiblement inquiet à son filleul.

 -Weasley, si vous avez vos dimanches, c'est bien pour pouvoir discuter avec votre famille, le coupa le vieil homme d'une voix glaciale. Potter ! Pouvez-vous m'expliquer ce

que vous faites ? demanda-t-il d'un ton impérieux.


Ron et Harry regardèrent l'homme d'un air dégouté et James eut l'impression que son père et son parrain étaient prêts à bondir à l’unisson au cou du vieil homme.


 -Mr Greengrass -James comprit alors qu'il avait affaire au Directeur du Département de la Justice Magique, en conflit ouvert avec les anciens fidèles de Kingsley-, quelqu'un a

pénétré chez Fortescue au Chemin de Traverse et ces jeunes gens ont été agressés par ceux qui semblaient être les malfaiteurs, répondit Harry en s'efforçant de garder son calme.

 -Mr Potter, lisez-vous les notes de service ? aboya Greengrass.

 -Tout à fait monsieur, et je ne fais qu'appliquer les consignes que vous donnez. J'ai envoyé une équipe sur les lieux du délit, j'ai interrogé les témoins, et ...

 -Et depuis quand les Aurors se déplacent-ils pour une simple affaire de violation de domicile ? coupa de nouveau le vieil aigri.


James ne tenait plus, ce vieil homme et ses manières pompeuses privilégiait ses vendetta personnelles plutôt que la sécurité de ses concitoyens. Il répondit alors au vieil homme qu'il détestait déjà :


-Depuis qu'on les demande. Après notre agression, je suis allé voir mon père et il a pu intervenir plus rapidement que si j’étais allé voir la Police Magique.


Greengrass semblait outré que James ait répondu à la place d'Harry. Il déglutit avec difficulté et se tourna lentement vers James, le visage rubicond.


 -Visiblement, intervenir là où ne les attend pas est une habitude chez les Potter, cracha-t-il entre ses dents. Potter père, vous n'avez pas à intervenir sur un cambriolage, transmettez le dossier à la Brigade de Police qui se chargera d'enquêter. Quant à vous, jeune Potter, j’ai donné mon feu vert pour vous prendre comme Auror-stagiaire ce mois-ci, par magnanimité envers votre père, ne me poussez pas à revenir sur ma décision.

 -Monsieur, j'ai de bonnes raisons de penser que James a été attaqué par un groupuscule lié à la Magie noire. Ils portaient des cagoules et arboraient tous un même symbole. Je suis persuadé que c'est une secte de magie noire et que James a aperçu leur premier fait d'armes public.

 -Soit, alors votre équipe a repéré des traces de magie noire sur les lieux du délit ? demanda froidement Greengrass. 


Ce fut Ron qui répondit :


 -Je viens d'aller récupérer le rapport de Harper. Aucune trace de magie noire, lut-il en se renfrognant.


-Dans ce cas, votre intuition était sûrement fausse, Potter. Il semble que nous ayons simplement affaire à une bande de voleurs organisée. Ce n'est pas de votre ressort. Mais je reconnais que cela demeure suspect.

 -Monsieur ... commença Harry.

 - Allons Potter, jadis, vous vous plaigniez vous-même de la corruption et du manque d'indépendance des fonctionnaires du Ministère. Votre fils a été attaqué dans une affaire qui ne dépend pas de votre bureau. Vous ne pourriez être que partial dans votre enquête. Je mets donc sur l'affaire l'autorité la plus indépendante et que j'estime donc, la plus compétente. Au fond je ne fais qu'appliquer vos principes, trancha Greengrass en arborant désormais un horrible rictus mauvais.


 C'en était trop pour James, il voulait apporter des preuves à ce vieil aigri que les hommes qu'il avait vu étaient dangereux, et il savait comment il pourrait en savoir plus.


 -Envoyez votre Brigade chez Leroy Flint. Il faisait partie des agresseurs, assura James.


 Greengrass le fixa avec un regard perçant, il sembla légèrement étonné par la remarque de James puisqu'il fixa le bureau autour de lui avec un léger air paniqué. Mais

lorsqu'il reprit, ce fut toujours avec cette même voix hachée et glaciale :


 -Vous osez en plus accuser le fils d'un haut-fonctionnaire du Ministère ? Comment osez-vous ? De plus, vous seriez étonné de savoir que la famille Flint est en ce moment

même en vacances en Egypte. Je vous serai donc gré de travailler sur vos mensonges avant de les lancer à n'importe qui, une attaque en diffamation, de nos jours, cela peut coûter très cher.


C'était un mensonge de toute évidence, Greengrass avait hésité à répondre. Il ne voulait surtout pas que son gouvernement soit mêlé à une quelconque affaire, même d'un

banal cambriolage. Il venait d'enfreindre la loi qu'il se faisait un malin plaisir à faire respecter juste pour éviter une crise qui le mettrait dans l'embarras. Mais James n'eut pas l'occasion

de répondre, son père le regardait avec un air lui signifiant de se taire, et Greengrass ordonnait désormais à Ron de transmettre le dossier du cambriolage et de l'attaque à la Police Magique. Greengrass prit alors congé sans saluer personne, bientôt suivi par Ron, un dossier à la main. Il adressa un léger sourire d'encouragement à James et Nancy et sortit.

 D'un coup de baguette magique, Harry referma la porte de son bureau et se tourna vers James.


 -Leroy Flint ? Tu es sûr, James ?


Nancy le regardait également avec un air perplexe, puis elle s'illumina.


 -Celui qui nous a reconnu et qui t'a rendu ta baguette ? demanda-t-elle.

 -Exactement, j'ai croisé son regard, et, sa silhouette, ses yeux et son expression lorsqu'il a vu que je l'avais reconnu ne me laissent pas de doutes. C'était lui.


 Le visage d'Harry s'illumina. Il regarda alors James et lui demanda avec un sourire conspirateur :


 -Que dirais-tu de commencer ton stage plus tôt que prévu ?

__________________________________________________________________________________

James venait de prendre le bras de Benjamin Harper qui connaissait leur point d'arrivée. Après le tournis habituel et très désagréable, James rouvrit les yeux et aperçut un vieux panneau indiquant :

Terre-En-Lande


James discerna alors un village typique du Nord de l'Angleterre, délimité par une vallée et couvert de verdure, ce village semblait être ce qu'il y avait de plus banal avec ses

vieilles habitations qui semblaient chaleureuses. Harper fit un signe invitant le jeune homme à le suivre le long de la route menant à l'intérieur du village. James put constater que le

village était un village Moldu en raison du terrain de football -un sport Moldu qui lui avait été expliqué par Albus et l'ami de la famille : Dean Thomas- qui se situait non loin de l'entrée

du village, il fut cependant certain d'avoir aperçu un gnome déguisé en Père Noël déambuler dans le jardin d'une vieille maison en pierres. Ils progressèrent ainsi dans le village désert,

traversèrent une grande place où se regroupaient une église, un bureau de poste et un bar-tabac, avant de sortir de nouveau du village et de remonter vers le versant opposé de la

vallée dans laquelle se tenait le village. Arrivés au sommet, Harper invita James à s'aventurer dans le bois épais qui se dessinait devant eux et dont un écriteau à la lisière indiquait :


Terrain de chasse privé-Accès INTERDIT

Coups de feu fréquents

Danger de mort


-C'est l'une des maisons les mieux cachées de Grande-Bretagne, expliqua l'Auror. Des milliers de Repousse-Moldu l'entourent, on ne peut pas transplaner dans le bois, et encore, le plus drôle, c'est pour passer le portail. A une époque, on racontait même que le visiteur devait prouver que son sang était pur en s'ouvrant la main et en la frottant sur les grilles. Mais, c'est le genre d'anecdotes que raconte une grand-mère sénile vous expliquant que votre famille est quand même assez tolérante par rapport à des familles amies.


Harper racontait l’anecdote avec un sourire amer, mais il riait jaune. Il se plaignait assez souvent que sa famille était pro-Sang-Pur et James comprenait tout à fait comment la

vieille grand-mère de l’Auror pouvait inventer ce genre d'histoires abracadabrantes pour se donner bonne conscience lorsque sa dernière blague vaseuse sur les Moldus venait de

choquer lors d'un repas de famille. Il adressa un sourire de compassion à Benjamin qui transforma instantanément son sourire amer en sourire franc.


Ils avancèrent encore cinq bonnes minutes sur le sentier dégagé avant d'arriver à l'entrée d'une vaste clairière, qui cachait en son centre, un manoir majestueux avec un parc immense aux multiples fontaines dorées dépassant les hautes grilles interdisant l'accès à tout curieux ayant pu résister aux nombreuses protections naturelles et magiques du manoir. En marchant dans la forêt, James n'avait pas vraiment remarqué que celle-ci était en pente, il n'avait pas non plus remarqué, depuis la lisière de la forêt, qu'en son centre, un grand manoir en marbre se dressait en surplombant cette forêt. James se demandait comment il était possible de cacher un tel édifice, mais ce fut Benjamin qui lui répondit :


-La forêt est en réalité située autour d'une colline, le manoir est au sommet de la colline, et un sortilège très puissant a été jeté, il donne l'impression que les arbres sont plus hauts et

denses autour du manoir. Les Moldus même en défiant le panneau d'interdiction se souviennent d'avoir oublié quelque chose d'urgent peu après avoir pénétré la forêt et quand bien même ces sortilèges ne fonctionneraient pas, ils ne verraient qu'un manoir en ruines impossible d'accès. En fait, les mêmes sortilèges que pour Poudlard ont été utilisés. Etonnant, n'est-ce pas ?


Ils avancèrent alors devant le portail en fer forgé au centre duquel était fixée une immense plaque circulaire en marbre sur laquelle étaient représentés un “F” stylisé avec une barre

verticale en forme de pointe de flèche et les barres horizontales représentant les ailerons d'une flèche tandis qu'une baguette et une épée entrechoquées venaient se loger derrière le

“F”. En dessous, de la plaque de marbre, une plaque de la même matière indiquait en lettres d'or :

Manoir Flint

Maison fondée en 1689 par Amadeus Flint

Devise :

«Le Sang, fait notre longévité,

Sa Pureté, notre fierté. »


James lut plusieurs fois, stupéfait, la devise de la famille Flint, Benjamin remarqua son air dégoûté puisqu'il prit la parole :


-La famille Flint n'a pas été embêtée après la deuxième guerre puisqu'elle n'y a pas pris part. Le grand-père de Leroy Flint était un ancien Mangemort, mais il est mort d'une longue

maladie juste avant le retour de Jedusor, son père s'est concentré sur sa carrière de Poursuiveur vedette aux Tornades de Tutshill et n'a jamais fréquenté le cercle de Voldemort, il est même entré au Ministère après sa carrière, c'était le secrétaire de Fawley aux Jeux et Sports Magiques. Il en est même devenu directeur lorsque Fawley a été nommé Ministre. Ainsi, le Ministère n'a jamais été trop tatillon avec eux.


James hocha la tête d'un air compréhensif et Benjamin pointa sa baguette vers une clochette située sur l'un des piliers qui soutenaient le portail. C'est alors que les barreaux de fer du portail s'étirèrent et s'entortillèrent pour venir s'approcher des visages des deux visiteurs. James s'aperçut alors que les barreaux animés avaient la forme d'une tête de serpent à leur extrémité. Les serpents faisaient maintenant face à James et Harper et ils s'adressaient à eux d'une voix sifflante, en se dandinant :


-Quel est l'objet de votre visite au Manoir Flint ?

-Nous sommes James Potter et Benjamin Harper, Aurors au sein du Ministère de la Magie, nous désirons nous entretenir avec Marcus Flint.


Le serpent métallique le plus massif, situé au centre, acquiesça d'un signe de tête, et sortit littéralement de l'armature du portail pour ramper sur le sol en direction du manoir. 


-Original comme accueil, n'est-ce pas ? lança Harper, visiblement amusé.


James admit que “original” était bien le mot, et il aurait même pu apprécier et trouver drôle cet accueil si ce manoir n'était pas la propriété de son pire ennemi à Poudlard doublé d'un bandit masqué l'ayant attaqué alors qu'il était en compagnie de sa petite amie. 

Quelques minutes plus tard, le serpent revint prendre place sur le portail qui s'ouvrit instantanément sur un elfe de maison grassouillet à la mine revêche. Celui-ci les regardait d'un air intrigué et il leur annonça d'une voix nasillarde : 


-Les maîtres sont absents, messieurs. Karinky en est désolé. 

-Elfe, où sont partis tes maîtres ? Sont-ils tous partis ? demanda Harper. Leroy est-il resté ? -Oui, monsieur l'Auror, le jeune maître Leroy est resté ici, il n'avait pas aimé son premier séjour en Egypte, il y a 4 ans. Il est allé passer quelques jours chez des amis. 


James et Benjamin se regardèrent avec une expression de triomphe. Ainsi, Leroy Flint était toujours en Angleterre. 

-Qui sont ces amis ? demanda Harper précipitamment.

 -Le jeune maître m'a donné l'ordre de ne jamais parler de ce qu’il fait à des étrangers, répondit l'elfe vivement embarrassé. 

-Monsieur Karinky ? 


C'était James qui venait d'interpeller l'elfe, qui, visiblement, n'avait pas l'habitude d'être interpellé de la sorte. Ce dernier se tourna vers James avec d'énormes yeux ronds. James profita de son hébêtement pour enchaîner : 


-Les amis de Leroy, avaient-ils une robe blanche ? L'elfe commença à acquiescer en hochant la tête, quand, tout à coup, une lueur apeurée passa dans ses yeux et il commença à se cogner contre le portail. Benjamin le saisit alors des deux mains et lui ordonna d'arrêter, rien n'y faisait, l'elfe hurlait qu'il avait commis une erreur. Benjamin le regarda alors d'un air médusé grimper au portail et essayer de se percer la main avec les pointes de fer forgé en forme de serpent. 


-Lashlabask ! murmura Benjamin.


L'elfe retomba au sol dans un bruit sourd. Il réessaya de se cogner la tête au portail, mais Harper leva une nouvelle fois sa baguette : 


-Oubliettes !


Cette fois, le regard apeuré de l'elfe disparut pour laisser place à un regard étonné, il n'eut même pas le temps de demander ce que désiraient les deux hôtes que Harper lui annonça : 


-Toutes nos excuses cher elfe, nous désirions rencontrer Mr Flint concernant une affaire au Ministère, il n'est visiblement pas là. Désolé de t'avoir dérangé. 


Benjamin salua l'elfe d'un signe de tête, James fit de même et les deux hommes se retirèrent. Alors qu'ils rebroussaient chemin dans le bois, James posa la question qui lui brûlait les lèvres : 


-Qu'allons-nous faire ? Nous avons la preuve que Flint était avec ces types en robe blanche. Il faut alerter la Brigade de Police Magique.


Benjamin regarda James d'un air médusé et lorsqu'il prit la parole, c'était d'une voix éteinte : 

-Ton père a réussi à faire évoluer les mœurs. Ta tante également. Les elfes ont maintenant un salaire et un logement décent dans les familles qu'ils servent, mais ils sont toujours considérés par la quasi-totalité des sorciers comme des parias et des sous-êtres. De ce fait, le témoignage d'un elfe ne sera jamais écouté par la Brigade de Police Magique remplie de fidèles de Greengrass. 


-Donc nous ne pouvons rien faire de cette information ? demanda James. Peut-être qu'en utilisant la Légilimancie, nous pourrions savoir qui étaient les autres personnes. L'elfe doit savoir. 


-Lorsqu'un maître ordonne à son elfe de garder un secret, il est impossible pour quiconque de percer ce secret sans la complicité de l'elfe. Pas même en utilisant la légilimancie. L'elfe peut oublier ce souvenir au besoin. 

-Ingénieux, la magie entre un maître et son elfe ... avoua James d'un ton amer. 

-Ne t'inquiètes pas, maintenant que nous savons que Leroy Flint est en Angleterre, j'ai un plan pour le débusquer et le traquer jusqu'à ce qu'on sache qui sont ces lâches qui t'ont ... 


Mais Benjamin fut interrompu par un immense cerf argenté qui perça les ténèbres de la forêt. Il s'arrêta devant eux et la voix de Harry résonna en écho depuis le Patronus : 


-Assassinat près de Newcastle, morceau d'étoffe blanche trouvée, arrachée par la victime sur son assaillant. Revenez vite au bureau. 


James eu l'impression que le sol s'écroulait sous ses pieds "Un assassinat ? Qui celà pouvait bien être ? Et si c'était quelqu'un qu'il connaissait ?" L'Auror avait pris aussi une mine déconfite, mais c'est d'un ton dur qu'il s'adressa à James : 

 

-Pas besoin de plan alors ! Sortons de cette forêt et filons au Bureau !

Chapitre V. Bureaucratie by Portus

-Grégory Goyle, 43 ans, fils d'Andrius Goyle et de Fiona Goyle. Mangemorts de leur état. Il a été retrouvé mort en début de matinée, aux alentours de 7 h 30 dans la masure qu'il occupait dans la banlieue de Newcastle. Il occupait cette maison depuis la fin de la guerre, puisque sa famille avait été dépouillée de sa fortune à l'issue de la guerre. Il vivait seul, ses parents sont morts, il ne s'est jamais marié et n'a jamais vraiment eu d'amis depuis sa sortie de Poudlard. Nous avons été alertés par sa cousine par alliance, Elvire Goyle, qui avait cheminé chez lui, comme tous les matins, pour lui apporter son exemplaire de la Gazette du Sorcier. Selon Elvire, il était trop pauvre pour se payer lui-même un abonnement au journal.


Vicky Vale détaillait ainsi la biographie de Gregory Goyle, le reste du Bureau des Aurors était amassé autour de la table ronde et observait le dernier cliché représentant la victime. La photo datait de près de trois ans, d’après la date inscrite à la plume en bas à gauche, elle fut prise à l’occasion de l'anniversaire de la fille d'Elvire Goyle. Grégory Goyle était un homme de l'âge de Harry d’après le portrait dressé par Vale, mais d'immenses cernes entouraient ses paupières, sa robe mangée aux mites lui donnait un air encore plus négligé. De larges rides sillonnaient son visage encore jeune et de la peau pendait à son menton et à ses joues, signe d'un amaigrissement soudain et intensif. A la vue de cette photo, James constata à quel point la description que son père faisait de son ennemi de Poudlard était désormais obsolète.


-Grégory Goyle a été retrouvé mort dans son salon, victime d'un sortilège de la mort, mais son corps était mutilé par, vraisemblablement, des Sectumsempra, et la seule pièce de sa masure était sens dessus-dessous, signe d'une lutte intense. La maison n'a cependant pas été forcée, ce qui prouve qu'il a laissé entrer son meurtrier. Sans doute le connaissait-il déjà. La lutte a laissé bien trop d'empreintes magiques qu'il nous est impossible de détecter. Nous avons simplement trouvé un morceau d'étoffe blanche ensanglanté. Ce morceau d'étoffe a été arraché par Goyle, d’après l’analyse de sa baguette, il aurait jeté un Sectumsempra, lui aussi, et a dû agripper son agresseur, ce qui expliquerait que le morceau d’étoffe se soit retrouvé dans sa main.


Vale continuait de décrire la scène du crime et tous les Aurors prenaient des notes en hochant la tête frénétiquement. Une fois que tout le monde eut relevé la tête, montrant qu'ils avaient noté tout ce qu'il était important de noter, ce fut Harry qui se leva et fit le tour de la grande table ronde. 


-Iggy Greengrass lui -même a fini par admettre qu'il y avait très certainement un lien entre cette attaque et celle qu'a subi James la nuit dernière. Dans ce cas, si même les aveugles se mettent à voir, nous pouvons aisément faire le parallèle entre ces deux enquêtes. En accord avec Greengrass, j'ai placé toutes les familles ayant compté des Mangemorts dans leurs rangs sous la protection de la Brigade de Police ... 

-Mais si Flint était dans le coup, ça vient forcément des Sang-Pur ! coupa Ron.

-Le seul mort que nous avons est un Sang-Pur, nous devons donc redoubler d'effort et protéger cette communauté qui a été beaucoup trop exposée ces derniers temps, répondit Seamus Finnigan -le père d'Owen, pensa James avec dédain- à la place d'Harry. Je suis d'accord avec la décision de Harry. 


Ron lui adressa un regard médusé et se renfrogna. Harry reprit : 


-Ron n'a cependant pas tout à fait tort, et celui-ci releva la tête et adressa un regard de défi à ses collègues autour de la table, nous avons un début de piste.  Le fait que James ait échappé au Sortilège d’Amnésie cette nuit est une victoire capitale, c’est d’ailleurs pour ça que je souhaite que James, durant son stage, s’intègre pleinement à l’enquête. Nous avons pu commencer à enquêter sur ce groupe. Mon hypothèse est que, l’attaque sur Goyle vient d’un autre groupuscule, qui n’a pas nécessairement su que leurs camarades ont été vus par James chez Fortescue. De plus, James a vraisemblablement identifié un membre de l’équipe qui cambriolait Fortescue. Leroy Flint. La preuve que nous avons est minime, mais nous pouvons suivre Flint jusqu'à l'attraper sur le fait. Je doute cependant qu’il ose remettre le nez dehors. Flint a vu que James l’avait identifié, et malgré le sortilège d’amnésie lancé par Harper sur l’elfe, si Flint junior se cachait au manoir, il a vu qu’il avait eu de la visite. Cependant, ce serait bête de laisser passer cette piste. Fairbanks et Finnigan, vous serez chargé de retrouver sa trace et de surveiller Leroy Flint. Ne vous faites surtout pas prendre, autrement, Greengrass fermerait le service et vous vous retrouverez concierge chez Madame Piedoddu.


Les deux Aurors hochèrent la tête, rassemblèrent leurs notes et sortirent à pas feutrés. 


-Devons-nous mettre en garde la population par le biais de la Gazette, Potter ? demanda Valiant, le mentor de Ron. 

-Ce serait en effet judicieux, mais j'ai eu une entrevue avec le Ministre. Ce cher Archibald Fawley a déjà donné une interview dans la Gazette expliquant que la piste privilégiée est un fanatique anti sang-pur souhaitant se venger de sévices commis durant la guerre. Il explique que Goyle avait souvent violenté ses anciens camarades de Poudlard. En clair, Fawley ne veut pas que des Sang-Pur soient associés à ces attaques, puisque son parti serait automatiquement mêlé. 


Tous hochèrent la tête d'un air dégoûté. 


-Ron et Steven ? interpella Harry. Je vais vous demander d'aller à la Tête de Sanglier et d'interroger Salvator Lacrass (c'était le patron de la Tête de Sanglier depuis la mort d'Abelforth il y a dix ans). Tous les gens douteux se regroupent dans son bar, il a peut-être remarqué des tuniques blanches. S'il fait monter les enchères, arrêtez-vous à trente Gallions, rappelez-lui que la Brigade d'hygiène serait ravie de venir faire un tour dans son bar.


Ron et Steven Cornfoot se levèrent et se dirigèrent vers la sortie du Bureau pour filer vers le lieu de leur mission. 


-Vale, tu as déjà constaté le lieu du crime, je te demanderai de faire le tour de la famille de Goyle et de les interroger. Peut-être qu'ils savaient si Goyle avait changé de comportement, avait parlé d’éventuels ennemis ces derniers temps. Dean, tu vas avec elle. Valiant, s'il y a eu lutte, il y a peut-être eu des blessés, peut-être qu'ils croupissent encore dans la forêt, je te demanderai de la fouiller. Coote, Robins, je vais vous demander de vous rendre au siège social du Collectif pour la Justice Sorcière et d'interroger Justin Finch-Fletchley, il ne faut pas non plus écarter cette piste. Benjamin, je pense que James doit être initié à la paperasserie, prenez le compte-rendu de l'enquête sur la scène de crime et faites les documents nécessaires pour le Magenmagot. Moi, je me charge d'aller détailler toutes nos pistes -sauf celle de Flint qui doit rester secrète- à ce cher Greengrass. Tous s'exécutèrent et James ne put s'empêcher d'être déçu. Son père ne le jugeait-il pas apte pour aller sur le terrain ? Pensait-il qu'il ne ferait pas l'affaire si on lui demandait de fouiller la forêt par exemple ? Lui qui avait toujours eu un sens de l'observation très développé.


James adressa un regard déçu à son père qui ne le remarqua pas puisqu'au même moment, il tournait les talons pour suivre les Aurors qui s'apprêtaient à partir en enquête. Les Aurors tenaient là leur premier dossier brûlant depuis de longs mois, et voilà que James devait se contenter de jouer les gratte-papiers. Benjamin remarqua l'air désespéré de James, il lui tapota amicalement l'épaule et l'invita à le suivre. Ils entrèrent dans un long couloir où étaient présentes une dizaine de portes, chacune avec le nom de l'Auror à qui le box appartenait. Au fond à gauche, ils s'arrêtèrent devant le Box qui indiquait Benjamin Harper, juste en face de Vicky Vale. James entra alors dans un vaste bureau, qui, il en était certain, avait été agrandi par magie. Les murs étaient recouverts d'affiches représentant les effets des sortilèges les plus néfastes sur des croquis animés d'humains. Il y avait également des affiches de sorciers recherchés par le passé, tous des anciens mangemorts, et James était satisfait de voir que tous les portraits portaient désormais l'inscription : Capturé ou même parfois Décédé. 


Benjamin remarqua ce que James observait et il s'adressa à lui d'un air nostalgique : -Oui, la période des poursuites est terminée. Ils sont tous décédés en cavale ou ont pu être attrapés. C'était encore une sombre période, mais c'est l'une des dernières fois où j'ai eu l'impression que mon métier servait à quelque chose.


Outre ces affiches professionnelles, James remarqua qu'Benjamin avait personnalisé son bureau en y disposant des photos de son épouse, Katie Bell, une amie Gryffondor de Harry qui était devenue la première femme arbitre professionnelle de Quidditch. Les murs étaient aussi jalonnés de photos de Suzanna, leur fille, désormais âgée de neuf ans. Et enfin, la porte du bureau était recouverte d'un grand poster représentant Vinnie Brent, le chanteur préféré de Benjamin. Ce dernier s'assit sur son fauteuil et fit venir un fauteuil similaire du bureau d'en face. Le fauteuil s'engouffra par la porte qui s'ouvrit avec fracas, vint frapper James derrière les genoux et l'obligea à s'asseoir face à Benjamin qui sortit la pile de dossier de sa besace en cuir.


-Tu vois James, lorsqu'un Auror est sur le terrain, il a pris la fâcheuse habitude d'utiliser une Plume à Papote. Au moins, il peut analyser la scène du crime, tout en dictant à sa plume ce qu'il est intéressant de noter. L'ennui, c'est qu'on se retrouve avec des pavés pas toujours lisibles pour ces vieux croutons du Magenmagot. Ils nous ont donc contraints à remplir toutes sortes de formulaires où il suffit de cocher et remplir certaines informations pour qu'ils puissent avoir un dossier lisible. 

-Cela ne leur est pas venu à l'idée de prendre cinq minutes pour lire ? demanda James d'un ton écoeuré. 

-Nous avions eu la même réflexion ici, mais à l'époque des procès des Mangemorts, Greengrass, qui était l'avocat de la majeure partie d'entre eux avait demandé à une uniformisation des dossiers pour faciliter le travail de ceux qui viendraient à les consulter. C'est comme ça qu'il a pu déceler un vice de forme dans le dossier du père Goyle justement. Greengrass a fait innocenter la plupart des anciens Mangemort considérés comme les moins dangereux, d'où l'importance de ce travail. Si nous ne le faisons pas correctement, un avocat véreux de la trempe de Greengrass pourra faire annuler le procès.


James hocha la tête, conscient que malgré tout, il devrait être rigoureux dans son travail. Il éplucha donc les compte-rendu de Vale et des Aurors lors de la réunion à la table ronde et il commença donc à remplir les cases : 


Heure de découverte du corps : il écrivit 7 h 30

Rigidité artérielle : Oui Non (il raya le non, le cadavre était déjà rigide d'après les notes de Vale)


Il continua donc à détailler ainsi le meurtre et l'enquête en cours. C'était extrêmement long puisque les formulaires demandaient à ce que tous les détails soient remplis et James devait relire sans arrêts les trois pages qu'avaient dicté Vale à sa Plume à Papote, Benjamin regardait par-dessus son bureau et l'arrêtait lorsqu'il voyait que James allait se tromper, de temps en temps, il lançait une plaisanterie ou une remarque acide à propos de Greengrass, du Magenmagot, des femmes, ou parfois, même des trolls. Au bout d'une heure, James avait fini et Benjamin le regardait d'un air satisfait. 


-Très bien, j'avais eu plus de mal que ça lors de mes premiers pas dans la bureaucratie. Si tu veux bien me suivre, je te donne un indice sur notre destination : nous allons voir quelqu'un de ta famille. 

-L'ennuyeux c'est qu'ils sont partout, concéda James dans un sourire. 


Les deux éclatèrent de rire et sortirent des locaux des Aurors. Ils avancèrent dans le large couloir du Département de la Justice Magique et s'arrêtèrent devant une porte dorée ornée d'une plaque indiquant : 


Hermione Weasley 

Secrétariat général du Département de la Justice Magique 

Coordinatrice des différents services du département 

Chargée des liaisons avec le Magenmagot


James sourit instantanément à la vue de la plaque de sa tante et marraine. Elle était une femme brillante, sans cesse occupée par un travail prenant qu'elle exerçait toujours avec justice et conscience. James admirait beaucoup sa tante, d'abord, parce qu'elle arrivait à supporter le côté farceur de Ron, Hugo et Rose, mais surtout, parce que malgré ses postes à responsabilités, elle restait toujours très simple, accessible et juste. Au moment où Kingsley avait décidé de ne plus se présenter au poste de ministre de la Magie, les membres du clan Potter-Weasley, les anciens de l’Ordre du Phénix, soutinrent le candidat désigné pour succéder à Kingsley : l’Oncle Percy. Mais James faisait partie de ceux qui, silencieusement, espéraient voir Hermione briguer le poste, mais l’histoire fut toute autre. Percy ne s’allia ni avec l’Honneur Magique, ni avec le Collectif pour la Justice, et la présence de trois candidats permit à Archibald Fawley de remporter l’élection. Hermione, qui était Secrétaire d’Etat de Kingsley revint en poste au Département de la Justice Magique, et Percy réussit, par sa connaissance des dossiers à demeurer en poste au Département des Transports Magiques. 


Content de croiser sa tante, James donna donc trois coups à la porte du bureau et la meilleure amie de ses parents lui ouvrit, sa tignasse ébouriffée, le front plissé signifiant qu'elle devait surement être en train de se concentrer sur quelque chose, elle sourit à la vue de James et Benjamin et leur fit signe d'entrer. Elle les guida dans un immense bureau, sans doute lui aussi magiquement agrandi, Hermione avait, semble-t-il, enchanté le plafond de la même manière que la Grande Salle de Poudlard, et sur les contours de la pièce, des immenses bibliothèques, remplies de toutes sortes de livres, grimoires, anciens ou contemporains s’étendaient à une hauteur vertigineuse. Elle les fit s'installer confortablement sur deux gros fauteuils en schintz face à son bureau et s'adressa à eux d'un air grave : 


-Le meurtre de Goyle, c'est ça ? Ron m'a prévenu avant de partir ...  Et toi, James ? Comment ça va ? Tu as eu une chance inouïe …


James et Benjamin hochèrent la tête en même temps d'un air aussi grave que Hermione.

 

-Il se passe des choses très étranges en ce moment, souffla-t-elle. Des agressions, des cambriolages, des meurtres, le retour d'une haine entre sang-pur et sang-mêlé … Greengrass et Fawley ne le reconnaîtront jamais, mais tout cela n'est pas bon signe. En seulement deux jours, nous retrouvons tous les signes de l'ère Voldemort. 


Harper frissonna à l'évocation de ce nom, mais James resta impassible, il avait toujours été habitué à entendre et prononcer ce nom qui était devenu plus courant depuis que son père l'avait vaincu. 


-Tu t'alarmes peut-être trop vite, Hermione, lança Harper. Goyle était faible, ils n'ont rien volé chez Fortescue et d'après nos sources, le profil type de cette bande semble être des jeunes en manque de sensations fortes. Je pense que l'affaire sera vite bouclée et que le Bureau des Aurors pourra replonger dans sa léthargie. 


Hermione le toisa un moment du regard puis avoua : 

-Je prie pour que tu aies raison, Benjamin. Mais trêve de bavardages, vous étiez venus pour me dire bonjour ou parce que vous aviez besoin de moi ? 

-Moi pour dire bonjour, dit Benjamin aimablement, mais l'aspirant Potter a quelque chose pour toi, annonça-t-il en prenant un ton faussement pompeux. 

-Nous avons rédigé les formulaires pour le Magenmagot, nous avons détaillé la scène du crime et les pistes de l'enquête, si tu veux en savoir plus sur l'enquête tu n'as qu'à y jeter un coup d'œil, suggéra James.

 -J'en suis obligée, je dois vérifier avant de transmettre à l'Assemblée. 


Elle commença à parcourir le document du regard et leva un sourcil : 


-Justin Finch-Fletchley va être interrogé ? demanda-t-elle très étonnée. 

-Oui, répondit Benjamin, Greengrass et Fawley pensent que c'est une vengeance de la guerre. Ils font tout pour éloigner les sang-pur de l'affaire et ils ont privilégié cette piste auprès de la presse. Nous sommes donc obligés de la suivre un minimum. 

-Ce n'est pas totalement idiot non plus, reconnut-elle. Bien que la manière d'agir ne laisse pas de doutes sur l'identité des malfaiteurs, Sectumsempra, uniformes, symboles, …


James et Benjamin hochèrent la tête. 


-Il y a autre chose qui n’est pas sur le dossier, tante Hermione, commença James. Fair …

-Tu veux parler de la piste que suivent Fairbanks et Finnigan ? coupa Hermione amusée. Ron et Harry m’ont prévenue, oui. Il faut que cela reste confidentiel. Si les membres de “L’Honneur Magique” l’apprennent, je ne donne pas cher de notre peau … Tu es sûr de toi, James ?

-Certain, il s’est approché de moi pour me rendre ma baguette.

-C’était une erreur de leur part de s’être montré à toi, et, James, je dois dire que je suis agréablement surprise que tu aies su utiliser le transplanage d’escorte dans de telles circonstances et sans expérience. 


Elle gratifia son neveu d’un sourire, resta un moment silencieuse en l’observant, puis reprit la parole :


-Sur ce, je suis désolée, mais Norbert Dragonneau vient en audience au Magenmagot demain matin et je serai Rapporteuse, je dois donc préparer les Ordres du jour pour l’assemblée.

-Le … L’auteur des Animaux Fantastiques ? demanda Harper étonné

-Lui-même, répondit Hermione. Nous sommes amis avec son petit-fils et son épouse, Luna, j’échangeais moi même quelques hiboux avec lui lorsque je travaillais pour le Département des Créatures Magiques.

-Je le croyais mort, remarqua Harper.

-Oh, Norbert a fêté ses 126 ans cette année, mais malgré l’âge, il est d’une rare vivacité pour ce qui concerne son domaine, répondit Hermione. Dans tous les cas, il est très inquiet, et vu que McLaggen refusait toutes ses demandes de rendez-vous, il m’a écrit personnellement. Le Magenmagot est tenu de se déplacer, mais je doute qu’on lui prête une oreille attentive …

-Qui est McLaggen ? demanda James, il connaissait bien entendu, bien qu’il ne l’ait jamais rencontré, l’arrière grand-père des jumeaux Dragonneau, les enfants de Luna et Rolf, des amis de sa famille.

-Cormac McLaggen, Chef du Département des Créatures Magiques. Un Gryffondor, imbu de sa personne, inculte et flagorneur.

-Tu as bien résumé, Benjamin, pouffa Hermione. McLaggen ne respecte pas grand monde. Malgré son poste, je crois qu’il n’a jamais, ne serait-ce que feuilleté le livre de Mr Dragonneau qui demeure pourtant une référence …

-Tu vois James, persifla l’Auror, même chez les Gryffondor on peut trouver des gens tordus.


Et tandis que sa tante expliquait, qu’effectivement, juger sur la seule maison de poudlard était assez dépassé, Benjamin annonça alors à Hermione qu'il était temps pour eux d'y aller, il la remercia, James embrassa sa tante et ils retournèrent en silence au Bureau des Aurors. Ils se dirigèrent vers la salle de pause car James, qui n'avait pas dormi, commençait à lutter pour ne pas s’effondrer immédiatement. Benjamin lui recommanda le café du bureau des Aurors qui selon lui, réveillerait « un rat piétiné par un géant ». Benjamin laissa James devant la salle de pause et lui annonça qu'il avait un dossier à rédiger sur une affaire précédente et qu'il profiterait de la pause de James pour s'exécuter. James ouvrit donc la porte de la salle de réunion et il tomba sur Harry, le regard concentré sur le contenu de sa tasse, la jambe convulsive, il pianotait sur la table d'un air stressé. James claqua un peu la porte pour signaler sa présence et Harry releva instantanément la tête :

 

-Ah c'est toi ! Je ne t'avais pas vu entrer. 

-Comment s'est passé l'entretien avec Greengrass ? demanda James. 

-Très mal, il a critiqué mes méthodes une fois de plus, répondit Harry d'un air las. D'après lui, l'enquête ne devrait s'orienter que sur les membres du parti de Finch-Fletchley. Et encore, je ne lui ai pas dit que Fairbanks et Finnigan pistaient le fils de Flint. 


James hocha la tête d'un air compréhensif. Son père rentrait souvent énervé du travail depuis que Greengrass était devenu le chef du département. Il comprenait pourquoi. Cet homme savait se rendre détestable en l'espace de dix secondes, James lui tapota donc l'épaule d'un air compréhensif et murmura à son père : 


-Ne t'inquiètes pas, c'est un crétin et tout le monde le déteste, toi aux yeux des sorciers, tu demeures “l’Elu”. 


Harry pouffa et adressa un sourire reconnaissant à son fils, il l'observa quelques secondes comme s'il le passait aux rayons X, puis son sourire s'évanouit : 


-Tu m'en as voulu toute à l'heure James. 


Ce n'était pas une question, mais une remarque à laquelle James ne préféra pas répondre en raison de l'état de stress avancé de son père. 


-Tu sais, je savais que tu aurais fait du bon travail sur le terrain, mais les missions de ce genre deviennent rares, les Aurors confirmés s'ennuient et je ne pouvais pas te laisser leur prendre le peu d'action qu'ils pouvaient rencontrer alors que tu n'es pas encore des leurs. Et puis, malheureusement, Benjamin a dû t'expliquer que la paperasse, c'est devenu le lot quotidien d'un Auror. Tu as donc vu une part importante du métier, lui confia-t-il avec un sourire sans joie. 


James ne savait pas si son père était sincère, en tout cas, les raisons qu'ils lui avaient exposées étaient crédibles. Il décida de ne plus tenir rigueur de la décision de son père, qui, après tout, savait ce qu'il faisait. James allait se lever pour se servir un café quand ils furent interrompus par Benjamin qui rentra à pas précipités dans la pièce.


-Harry, quelqu'un veut te voir, il dit qu'il a des renseignements de la plus haute importance sur l'affaire Goyle. Il est là, je l'ai installé dans la salle d'interrogatoire. 

-James, tu voulais que je te prouve ma confiance ? Suis Harper. 


James suivit Benjamin et sortit de la salle de pause, ils atteignirent le hall du bureau des Aurors, mais au lieu de tourner à droite de suite après la salle de pause pour aller vers les bureaux et la salle de réunion, il continua tout droit pour descendre un vieil escalier de pierre. James le suivit et ils arrivèrent dans de vieux cachots ancestraux où de vieilles cellules délabrées et sentant la moisissure s'alignaient. Benjamin attendit James et lui fit signe d'aller droit devant. Ils arrivèrent devant un pan de mur vide et une porte à sa droite. Benjamin retint James par l'épaule, passa devant lui, et tâtonna sur le mur vide à gauche de la porte. James entendit alors un cliquetis, et une porte secrète apparut et s'ouvrit. James et Benjamin rentrèrent, ils se retrouvèrent dans une vieille salle exiguë et confinée dont un pan de mur entier -un miroir sans teint, sans doute, pensa James- donnait sur une petite salle toute aussi exiguë et confinée mais disposant d'un pupitre et de deux chaises. Assis devant le pupitre, un homme à la silhouette élancée et au visage pâle se tenait. Il était richement vêtu d'habits noirs de l'ancienne mode mais dont les finitions et les boutons ou fermetures dorées ou argentées ne faisaient aucun doute sur la valeur du vêtement. Sur son visage, on pouvait distinguer un air hautain et ses cheveux d'un blond blanc étaient moins denses que lorsque son père lui avait montré une photo de lui lors de son procès après la guerre. 


Mais malgré les signes de l'âge qui envahissaient son visage, James reconnut en Drago Malefoy le portrait craché de son fils, Scorpius, qui était de la même année qu'Albus, mais à Serpentard. Néanmoins, James n'arrivait pas à comprendre pourquoi Drago Malefoy souhaitait parler à Harry. Benjamin semblait être aussi déboussolé que James, mais il saisit une plume, un bloc-notes et lui expliqua qu'il était chargé de noter le déroulé de l'entretien qui serait lui aussi transmis au Magenmagot. Harry entra alors dans la salle et il sembla lui aussi surpris de voir son ancien rival de Poudlard installé devant le pupitre. Il se reprit en lui adressant un sourire crispé et lui tendit une main que Drago serra après un moment d'hésitation.


-Malefoy ! ça pour une surprise ... 

-Ce qui est surtout surprenant, c'est d'avoir droit au même traitement que les criminels, la salle d'interrogatoire, les cachots, le miroir sans teint, ... le coupa Malefoy d'un ton glacial. -Je ne fais qu'appliquer les principes édictés par ton beau-père, lui répondit Harry du tac au tac. 


James ouvrit la bouche en signe d'incompréhension : 


-Son beau-père ? Greengrass ? 

-Oui, répondit Benjamin d'un air sombre, Malefoy s'est marié avec la fille de Greengrass, il la courtisait pendant que le vieil Iggy préparait sa défense lors des procès. Quand les Malefoy ont été innocentés, l'amende qu'ils devaient payer était lourde, et tout le monde se félicitait de ne bientôt plus les voir se pavaner et exhiber leur fortune. Mais Drago, une fois innocenté, assurait son avenir en se mariant avec l'héritière de l'une des seules familles pouvant prétendre égaler la fortune des Malefoy.


James écouta d'un air dégoûté la réponse de Benjamin et se retourna vers son père et Malefoy qu'il voyait de l'autre côté du miroir. 


-Mariage d'amour ? Tu parles ! lança Harper avec sarcasme. 


Mais après avoir observé un instant Harry d'un air mauvais, décontenancé par sa pique sur son beau-père, Malefoy se reprit et demanda : 

-Sommes-nous seuls ? 

-Le vieil Iggy a été clair, c'est nous qui posons les questions. Mais je t'accorde la réponse à celle-ci, non, nous ne sommes pas seuls, deux Aurors relèvent le contenu de l'entretien pour le transmettre au Magenmagot, répondit calmement Harry. 

-La mention de « vieil Iggy » y sera ? demanda Malefoy une once de mépris dans la voix. -Je pense qu'ils oublieront cette intervention puérile de la part de leur directeur, se reprit Harry avec un sourire et James aurait juré que les lèvres de Malefoy avaient également tressailli.

-Je veux que mon témoignage reste anonyme, c'est important, je ne veux pas que moi et ma famille soyons mêlés à ça. 

-C'est ton droit, toujours grâce à cette sacro-sainte procédure. Alors maintenant, sois rassuré, sur nos rapports, tu seras Mr X., tu peux parler sans crainte. Tu étais ami avec Grégory Goyle, c'est bien ça ? *

-Oui, répondit Malefoy, enfin ... C'est plus compliqué que ça. Nous nous sommes perdus de vue pendant de longues années.

-Perdu de vue ? 

-Oui, après Poudlard, enfin, après tout ça ... Tu vois ce que je veux dire. Goyle était devenu un vrai fanatique, « mon retournement de veste », comme ils disaient avec Crabbe, leur 

avait moyennement plu. 

-Mais Grégory Goyle n'a jamais été un Mangemort, contrairement à toi ... remarqua Harry.


Le Directeur des Aurors parlait d’un ton très calme, et pourtant, la façon dont il remettait Malefoy face à ses erreurs passées était terriblement glacial. Et cela faisait son effet. Malefoy devint écarlate, à l'expression de son visage, James ne put savoir s'il s'agissait de colère ou de honte, mais le Mangemort repenti en revint au sujet :

-Il comptait le devenir, il voulait te livrer à ... à ... à lui, pendant la bataille. 

-Vous étiez trois à le vouloir, remarqua de nouveau Harry. 

-Je connais moi aussi la procédure Potter ! s'exclama Malefoy hors de lui. J'ai déjà été jugé pour ça et innocenté, tu m'as même appuyé, tu avais témoigné ! 

-Je suis désolé, mais j'ai du mal à comprendre en quoi Goyle était plus mauvais que toi à cette époque. Enfin, je ne vois pas la raison de votre rupture, dit-il en accentuant le dernier mot ironiquement. 

-Goyle voulait ma place auprès des Mangemorts alors que je n'en voulais plus. Quand Tu-Sais-Qui a disparu, Goyle m'a tourné le dos, il a estimé que je n'avais pas servi correctement Tu-Sais-Qui et que ma famille y était pour beaucoup dans sa disparition. Il a ensuite vu sa famille se ruiner pour payer les amendes aux victimes, il a dû vivre dans une pauvre masure en forêt, pendant que moi, je me mariais et songeais à fonder une famille. J'avais des nouvelles de lui par sa cousine Elvire, qui le voyait régulièrement. Mais il ne voulait plus entendre parler de moi. Bien qu'au bout d'un certain temps, surtout après la mort de ses parents, il se soit mis à regretter ses positions et ses agissements. 

-As-tu revu Goyle un jour ? 

-Oui, il y a environ une semaine. Je sortais de mon bureau à Gringotts, où je travaille comme conseiller en placements financiers, et je devais faire un saut sur le Chemin de Traverse pour m'acheter des plumes, les gobelins sont très pingres en ce qui concerne le matériel de bureau, dit Malefoy en reprenant contenance et esquissant même un sourire à sa remarque sur les gobelins. 


Harry hocha la tête et lui fit signe de continuer. 


-J'ai alors vu Goyle, de loin, il était méconnaissable je ne l'avais pas reconnu au début, je ne l'avais jamais vu aussi maigre, alors je l'ai regardé et je l'ai interpellé. Il semblait paniqué lorsqu'il m'a entendu crier son nom et puis il m'a vu, il m'a reconnu et il m'a rejoint. Je l'ai invité à boire un verre dans un bar de l'Allée des Embrumes. Il semblait pressé et j'avais l'impression qu'il ne voulait pas être vu en public. Je lui ai demandé ce qui n'allait pas, et après avoir insisté, il a fini par me le dire. Il m'a avoué que depuis peu, il était suivi par des hommes en blanc. James et Benjamin s'approchèrent un peu plus du miroir, ne voulant pas perdre une miette de ce que dirait Malefoy. 

-Je pensais qu'il devenait fou, continua Malefoy. Il m'a dit que pour leur échapper, il comptait trouver du Polynectar en quantité suffisante, prendre l'apparence d'un autre et s'enfuir loin d'ici en prenant un Portoloin international. Il avait l'air sérieux. Alors je lui ai demandé qui étaient ces hommes en blanc, il m'a dit qu'il n'en savait rien, ils venaient le voir toujours masqué. Ils avaient de grands projets, mais ils ne pouvaient pas lui dire quoi puisqu'il n'était pas encore des leurs. Ils venaient le voir régulièrement et se faisaient de plus en plus insistants. Il se doutait, d'après ce qu'il m'a dit, que l'organisation ressemblait aux Mangemorts. Mais il ne voulait plus être mêlé à des histoires pareilles. Il a alors refusé, et ils lui ont ramené le chef de l'organisation qui lui, avait présenté sa vraie identité. Il s'agirait d'un certain Marek Shafiq. 

-Marek Shafiq ? demanda Harry, ne connaissant visiblement pas ce nom. 

James était tout aussi perdu que son père, seul Benjamin réfléchissait à grande vitesse. Il marmonnait : 

-Déjà entendu ce nom, mais où ? 

-Pas étonnant que tu ne le connaisses pas, la famille est sensée s’être éteinte après la première guerre. C'était une famille de Mangemorts, le plus important d'entre eux, Tarik Shafiq était un fidèle bras-droit de Tu-Sais-Qui. Il était présent, entre autres, lors de l'attaque du Manoir McKinnon et de la mort des Frères Prewett. C'était un destructeur, et son nom faisait presque autant trembler que celui de Tu-Sais-Qui. Mais ce qui est étrange, c'est que Tarik Shafiq était le dernier de sa lignée, une lignée de Sang-Pur très noble. Lui et son épouse n'avaient pas d'enfants et Tarek Shafiq a été tué par un Auror alors qu'il tentait de fuir. Le dernier Shafiq était alors mort. 

-Alors comment un Shafiq pourrait réapparaître, puisque nous parlons d’un certain Marek ? -Là est la question, Goyle ne lui a pas demandé, il n'a jamais été très vif d'esprit et il n'a pas fait le rapprochement entre lui et le terrifiant bras-droit de Tu-Sais-Qui, répondit simplement Malefoy. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il cherche en ce moment même des serviteurs au sein des héritiers des familles de Sang-Pur, mais j'ignore dans quel but. Il semble être ambitieux et on a vu qu'il était prêt à tout pour arriver à ses fins. Il faut les protéger. Goyle a été tué parce qu'il refusait son offre, il ne voulait plus être mêlé à ça. 

-Ce n'est quand même pas très malin de leur part, ils auraient pu se faire plus discrets pour commencer. Sont-ils venus te voir à toi Malefoy ? demanda Harry.

-Non, et je ne pense pas qu'ils viendront, mon nom de famille a désormais la même résonnance que celui des Weasley dans leur milieu.


Harry le regarda d'un air las, pendant que James voulait traverser le miroir pour gifler ce crétin de Malefoy.

-Tu n'as pas renouvelé ton stock de blagues Malefoy, c'est fâcheux, on m'avait dit que tu étais devenu presque fréquentable. 


Malefoy ne releva pas la remarque d'Harry et continua : 

-Si je peux me permettre un conseil, je te dirais d'envoyer des enquêteurs en Egypte. L'épouse de Tarik Shafiq était allée vivre au Caire après la mort de son époux. Si un héritier de Shafiq existe vraiment, c'est bien de là-bas qu'il doit venir, la question est de savoir, comment ? 

-Merci, mais nous autres ici, savons comment faire notre travail. Maintenant, permets-moi, à mon tour, de te donner un conseil, tu as pris d'énormes risques en venant nous dire ce que tu savais. Et je t'en remercie. Ce que tu m'as dit m'inquiète fortement et cela rappelle une certaine époque sombre. Je t'annonce que toi et toutes les autres familles liées de près ou de loin à Voldemort par le passé seront placées sous protection. Ne commets pas d'imprudences avec ces hommes en blanc s’ils venaient à t’approcher. Et pour ceux qui seront là pour assurer ta protection, ce sera positif, la Brigade de Police Magique se fera un plaisir de lécher les bottes au gendre de leur patron. 

-Merci, Potter ! remercia simplement Malefoy.

-Il y a autre chose, Drago … reprit Harry.

James fut étonné, pour la première fois, Harry appelait l’ancien Mangemort par son prénom. Celui-ci lui fit signe qu’il l’écoutait, et Harry continua :


-Est-ce que … ton beau-père a été mis au courant ?

-Je sais que votre relation est … tumultueuse … Je lui ai simplement dit que j’avais la certitude que les affaires étaient liées à la magie noire. Ce qui explique qu’il vous ait laissé enquêter. Mais, à vrai dire, j’attendais de connaître ta position …

-C’est noble de ta part … remarqua Harry. Je pense que tu peux lui en témoigner directement, oui. Cela nous économisera de mobiliser des enquêteurs sur les sympathisants du Parti de Finch-Fletchley.


Sans tenir compte de l’expression de révulsion de Malefoy lorsque Harry prononça le nom de Finch-Fletchley, Harry remercia de nouveau Malefoy pour son témoignage et le raccompagna vers la sortie. Les deux hommes se serrèrent une nouvelle fois la main, et Malefoy marmonna un bref : “Merci, Harry …” avant de prendre congé. Benjamin, de l’autre côté du miroir, terminait de retranscrire le résumé du compte-rendu et ricana, plus pour lui-même : 

 

-Qui l’aurait cru ? Potter et Malefoy qui coopèrent …

Chapitre VI. Langue-de-Plomb et deuxième tête by Portus

James observa Benjamin. Après avoir prononcé cette phrase, l'Auror s'était tu, son regard perplexe fixant le vide. 


James ne savait quoi penser de l'entretien. Le nom du supposé chef du groupuscule de mages noirs ne lui disait rien. Beaucoup de noms de famille parmi les sorciers revenaient. Après tout, c'était une petite communauté. Il n'était pas rare que lorsqu'on lui parlait d'une nouvelle personne, il lui était facile de faire le rapprochement avec un élève de Poudlard, un enseignant, ou voire même une carte de Chocogrenouille. Mais dans ce cas-là, il n'avait jamais entendu le nom de Shafiq. Peut-être pourrait-il demander à Hugo, qui se vantait de posséder la quasi-totalité des innombrables cartes de Chocogrenouille, à quoi s'attendre avec le nom Shafiq. 


James fut sorti de ses pensées par le cliquetis signalant l'ouverture de la salle d'observation d'interrogatoire, où il se trouvait avec Harper. C'était Harry, il venait vraisemblablement de donner congé à Malefoy et il observait désormais son fils et son collègue d'un air grave.


-Décidément, Malefoy vient de faire considérablement avancer l'enquête. Il est désormais acquis que nous devons nous focaliser sur la piste des nostalgiques du régime de Voldemort. Et plus encore, nous devons retrouver ce Shafiq, lança-t-il. 


Benjamin acquiesça. 


-Harry, peut-être faudrait-t-il rappeler les groupes d'Auror qui sont sur des pistes qui ne nous intéressent plus. Peut-être même devrions-nous en laisser certains se reposer, je sens que les jours à venir vont être éprouvants. Shafiq, tu n'imagines même pas ce que ce nom représente chez ceux qui ont connu la première guerre ! avança Benjamin en baillant. 


-Tu as raison, mais je vais rester ici pour la nuit, je dormirai une heure ou deux dans mon bureau. James ? Nancy, Lily, Albus et ta mère doivent se faire un sang d'encre. Je te laisse retourner à la maison. Dis leur que tout va bien, mais tu ne pourras pas trop en dire sur l’enquête en cours …


Harry retroussa ses manches, et d’un geste sec, il pointe sa baguette en bois de houx sur le visage de James.


-Qu’est ce que ? s’indigna James, surpris.


-Je t’ai soumis à un sortilège de Langue-de-Plomb. Même si tu souhaites répondre aux questions de la tribu à la maison, tu en seras incapable. Benjamin ? Tu devrais aller dormir toi aussi, demain matin à la première heure, je te veux sur le pied de guerre.


 Les deux hochèrent la tête en signe d'acceptation et entreprirent de quitter la salle. 


-James, interpella Harry dans son dos. Tu as eu une nuit et une journée intenses. N'hésites pas à rester au lit demain matin. Nous allons passer la matinée à débattre sur la tournure à donner à l'enquête, et surtout, je vais rédiger les formulaires ce soir, voire même toute la nuit pour que Greengrass nous donne tout le champ de compétences nécessaire pour l'enquête. Il viendra au Bureau demain matin et nous allons passer du temps à essayer de le convaincre. Je passerai te récupérer à la maison quand tout sera bouclé, j'en profiterai pour déjeuner avec vous et je t'expliquerai ce qui aura été décidé demain. Bonne nuit James, embrasse tout le monde pour moi. 


Bien qu'il souhaitait rester avec son père, discuter encore et encore de ce qu'il avait entendu de l'interrogatoire, bien qu'il voulait plus que tout courir au département des archives pour effectuer toutes les recherches possibles sur Shafiq, James dut se résoudre à écouter son père. Voilà bientôt quarante-huit heures qu'il n'avait pas dormi, sa nuque était raide, ses paupières se fermaient d'elles même dès qu'il restait inactif et il avait de plus en plus l'impression que les pièces dans lesquelles ils se trouvaient n'avaient pas des murs « d'équerre » et que ceux-ci semblaient se refermer sur lui. Inquiet et conscient de ses impressions, il admit qu'il était bien trop fatigué et se retira vers l'atrium du Ministère, talonnant Benjamin Harper.


Il était vingt heures et le grand hall était quasiment désert. Seul le sorcier de garde à la loge des concierges était présent, il avait les yeux rivés sur un livre à la couverture vert criard. Il leva les yeux vers James et Harper et ne répondit pas au signe de tête poli que le jeune Potter lui avait adressé. 


-A homme aigri, job aigri, ricana Harper en voyant que le salut de James était resté sans réponse.


Puis ils se dirigèrent chacun vers une des cheminées de l'atrium, James jeta une pincée de Poudre de Cheminette dans la sienneet prononça d'une voix claire : « 12 Square Grimmaurd ». Il atterrit dans la cuisine, à son grand bonheur,il vit que sa famille et Nancy étaient installés à table dans la salle à manger voisine et ils attaquaient le déssert : des tartelettes au citron confectionnées par Cosy, leur elfe. Le ventre de James gargouilla de plus belle à la vue des desserts toujours excellents de leur fidèle serviteur. 


Lorsque les flammes vertes disparurent de la cheminée, toute la famille sursauta et leurs regards pointèrent tous en même temps sur James. Lorsque sa sœur Lily, ouvrit la bouche en premier pour bombarder James de questions, celui-ci la coupa avant même qu'elle ne commence. 


-Bonjour à tous, moi aussi je suis content de vous voir. Mais ne m'en voulez pas, je suis super fatigué et je meurs de faim, alors laissez-moi m'installer et me restaurer avant de m'inonder de questions. 


Il agrémenta sa requête d'un sourire aimable, Lily leva les yeux au ciel, mais Albus, Ginny et Nancy lui répondirent par un signe de tête approbateur. 


-Je suis quand même heureuse de voir que tout va bien pour toi, lui souffla Ginny en lui serrant l'avant-bras. J’allais justement envoyer Cosy vous emmener de quoi dîner décemment à ton père et toi. D'ailleurs il n'est pas avec toi ? 


James prit le temps de répondre, il avait la bouche remplie de tartelette au citron (il n'avait même pas pris la peine d’attendre que Cosy lui apporte du plat chaud, il s'était jeté sur les tartelettes et les enfournaient une à une dans sa bouche sous le regard écoeuré de Nancy et Lily). Après avoir dégluti, il répondit à sa mère : 


-Comme tu te doutes, il a énormément de travail au bureau. Il ne rentrera sûrement pas cette nuit. Il dormira une ou deux heures dans son bureau. Il viendra me chercher pour aller au bureau demain en fin de matinée, il compte prendre le petit déjeuner avec nous tous.


-Vers quelle heure viendra-t-il ? demanda Albus.

 -Voilà qu'il va falloir se lever tôt pour voir notre père ! s'indigna Lily. 

-J'en sais rien, en tout cas, vous avez intérêt d'être levés. Greengrass n'arrête pas de venir nous rendre des petites visites au bureau. Papa est sur les nerfs, ça lui fera du bien de tous nous voir. 


Ginny acquiesça, visualisant instantanément l’état émotionnel dans lequel devait se trouver son époux, elle pointa sa baguette sur l'horloge de la cuisine, marmonna des formules incompréhensibles et annonça : 


-Voilà, l'horloge est réglée sur huit heures. Lily, tu pourras en profiter pour ranger ta chambre maintenant que Laurie et Hugo sont partis. C'est dingue le bazar que vous avez mis là-dedans. Même tarif pour toi, Albus. J'ai refusé d'envoyer Cosy pour nettoyer ta chambre pendant ton escapade à Paris avec Grand-Père. Elle a l'odeur d'une habitation de troll, et on dirait que tu as essayé d’y élever des Grapcornes. Tout est sens dessus-dessous. 

-Tu exagères ... chuchota sous cape Albus en esquissant un vague sourire coupable.


Ginny ajouta :


-James, Nancy chérie, la sonnerie ne retentira pas dans vos chambres respectives (elle accentua bien ces trois derniers mots), je viendrai vous réveiller quand Harry arrivera. 


James continuait d'ingurgiter à grande vitesse les tartelettes au citron, bientôt le plateau était vide et il eut l'impression que le reste de sa famille n'avait que très peu touché aux desserts. Il ne put s'empêcher de remarquer que l'avantage d'être Auror, c'est qu'il pouvait manger ce qu'il souhaitait sans que sa mère ne lui fasse de remarques désobligeantes, et surtout, il pouvait désormais éviter à loisir toutes les questions qu'il souhaitait. Bizarrement (Ginny avait dû les briefer, et il n’eut même pas besoin d’expliquer qu’il avait été soumis au sortilège de Langue-de-Plomb), personne ne posa de questions sur son premier jour de stage. 


En fait, Albus venait de rentrer de son escapade à Paris avec Grand-Père Weasley, et James préféra lui demander comment ça c'était passé. 


-Paris est une ville magnifique ! s'exclamait Albus. Il y a le côté Moldu, d'abord. Je n'ai jamais vu autant de bâtiments historiques, de musées, de mémoriaux rassemblés en un seul lieu. Il y a aussi bien des bâtiments de la Renaissance, que des constructions modernes et audacieuses. On a passé une après-midi avec Grand-Père à observer le bâtiment de la fondation Louis Vuitton. Grand-Père est persuadé qu'il tient par magie. 

-Etes-vous au moins allés visiter du côté sorcier ? demanda Ginny d'un ton moqueur. 

-Oh oui, répondit vaguement Albus. Le quartier Sorcier de Paris vaut aussi le coup d'œil. Un peu glauque quand on n'a pas l'habitude. Il se situe dans les catacombes, mais il est vraiment immense. Mais vu qu'il a été rasé sous l'ère de Grindelwald, il y a peu d'éléments historiques. Globalement, le même type de boutiques que sur le Chemin de Traverse et de nombreux « bistrots » comme ils disent. Bon sang, ce que les français boivent ! 

-Tu n'as pas visité le laboratoire de Flamel dans les catacombes ? demanda Nancy visiblement très intéressée. On dit que la Pierre Philosophale y est toujours cachée ! 


Tous les Potter se regardèrent et éclatèrent de rire. Le visage de la jeune fille brune vira instantanément à l’écarlate au vu de leur réaction. Elle se renfrogna et leur lança :


-Ben quoi ? Tous les touristes vont là-bas pour essayer de la trouver ! 

-Nancy, ricana Lily, la Pierre Philosophale a été détruite à l'issue de la première année de mon père. Flamel avait demandé à Dumbledore de la cacher à Poudlard parce que Voldemort voulait la lui subtiliser pour pouvoir reprendre forme humaine. Malheureusement, mon père, mon oncle Ron et ma tante Hermionne se sont mis en travers de son chemin. Voldemort n'a pas récupéré la Pierre, il n'a pas pu reprendre forme humaine cette fois-là et la Pierre a été détruite sur conseil de Dumbledore. 

-Et les responsables du musée qu'est devenu le laboratoire de Flamel font courir cette rumeur pour essayer d'appâter des touristes, continua Albus. Et pour répondre à ta question, non, on n'y est pas allés. C'était prévu dans notre programme, mais on a passé plus de temps que prévu au musée de l'aéronautique. Grand-Père a passé la journée à demander au guide de lui expliquer en détail le fonctionnement d'un avion. 


Tout le monde ricana de l'anecdote, et Nancy, reprit d'un faux air bougon : 


-Je n'étais pas au courant pour la Pierre. J'en apprendrai toujours un peu plus sur les exploits de votre famille. 

-Toutes les familles de sorciers nous rappellent les exploits d'Harry en temps normal, remarqua Ginny. Certains les racontent même avec plus de précision que Harry. Les déformant affreusement au passage. Si tu posais directement la question à Harry, il soupirerait et balaierait le sujet de la Pierre en invoquant qu’il a eu énormément de chance et que Ron et Hermione ont fait tout le boulot pour l’aider. D’ailleurs, si tu ne connais pas cette histoire, c’est parce que tes parents sont Moldus, Nancy ?

-Moitié-moitié, répondit Nancy. Ma mère est sorcière, mais elle est française justement. Et mon père est Moldu. Il était en voyage d'affaires à Paris quand il a vu ma mère rentrer dans les catacombes. Il l'a suivi en pensant qu'elle avait perdu quelque chose et lui a proposé son aide. Ma mère ne parlait presque pas un mot d'anglais, et mon père presque pas un mot de français. Finalement, ils ont réussi à s'entendre et ma mère est venue vivre en Angleterre. Mais du coup, même si ma mère connaît les exploits de votre famille, elle ne les connaît pas avec autant de précision qu'une famille anglaise. 


Ginny sourit à l'anecdote et se tourna vers James et prit un air grave : 

-Je comprends mieux. Un Potter et une sang-mêlée, du pain béni pour vos agresseurs. J'étais morte d'inquiétude, heureusement, Nancy m'a rassurée quand elle a cheminé ici. Ton père nous a envoyé un Patronus aussi. Je suppose que ta première journée de stage a été consacrée à l'enquête sur cette agression. 

-C'est pas faux, répondit James d'un ton mystérieux. 


Tout le monde était à présent tourné vers lui et attendait d'en savoir plus. Lily sursautait sur sa chaise, Albus regardait James sans ciller, le front plissé, et l'air concentré, et Nancy pianotait machinalement un clavier imaginaire sur la table. Seule Ginny, adopta un air dégagé. 


-L'air mystérieux des Aurors Potter, soupira-t-elle narquoisement. La question est donc, que peux-tu nous dire ?


James hésita. Il leva les yeux au plafond d'un air absent et réfléchit. Il ne voulait pas trop en dire, mais d'un autre côté, il voulait les rassurer et leur prouver que l'affaire avait avancé et serait probablement bouclée dans les jours qui viennent. Et après tout, s’il en disait trop, le sortilège de Langue-de-Plomb l’empêcherait d’aller plus loin.


-Déjà, je vous préviens, mais Papa m’a lancé un Sortilège de Langue-de-Plomb … Donc je vais essayer de vous dire ce qu’il s’est passé, mais si j’arrête mon discours, ne vous étonnez pas … Bien, donc après l'agression, tous les Aurors ont été envoyés sur le terrain pour étudier différentes pistes. Toutes les pistes possibles ont été épluchées, raconta James. Un groupe de jeunes voyous, les Pro Sang-Pur, ... Nancy a dû vous en parler. Vous savez que j'ai reconnu un des agresseurs.


Tout le monde hocha la tête. 


-Donc, reprit James, avec Benjamin Harper nous avons rendu une visite à …


Mais il fut incapable de prolonger le récit de la visite de Flint dans son manoir, ni de leur rencontre avec l’elfe de maison.


-Désolé, marmonna James, en faisant fi de l’air profondément contrarié de Lily. Nous avons enquêté sur celui que j’ai reconnu … Les choses n’ont pas très bien tourné, mais Benjamin a fait en sorte que nous nous en sortions bien. Il a oublietté notre interlocuteur. Et dans le même temps, Papa nous demandait de revenir au Bureau en urgence.


James hésita de plus belle, étaient-ils au courant de la mort de Grégory Goyle ? Il savait qu'il leur ferait peur en disant que les hommes en blanc avaient fini par tuer. Il préféra rester vague alors que tout le monde buvait ses paroles.


 -Et donc, branlebas de combat ! (Lily sursauta, excitée comme une puce) Une autre « agression » (il accentua le mot), venait d'avoir lieu dans une maison perdue dans la forêt. Les agresseurs avaient laissé des traces d'étoffe blanche. On a donc compris que c'était lié.

Vu que la cible était un sang pur (il calculait à présent chacun des mots qu'il employait) et que la magie noire a été employée, Greengrass nous a donné officiellement l'enquête, on n'avait aucun mandat officiel pour enquêter précédemment, mais il a demandé à ce qu'elle soit orienté sur les membres du « Collectif pour la Justice ». 


James ne fit pas attention aux yeux ronds d'Albus et reprit :


-Avec Benjamin, j'ai passé la journée à faire des paperasses pour le Magenmagot.C’est d’ailleurs Tante Hermione qui a traité nos dossiers.

-Comment allait-elle ? demanda Ginny.

-Elle semblait fatiguée, mais plutôt positive. Elle préparait une audience exceptionnelle que donnait le Magenmagot à Norbert Dragonneau, l’arrière grand-père de Lorcan et Lysander.

-Wouah ! s’exclama Albus, tu sais si l’audience est publique ?

-J’en sais rien, répondit James, à la base, il voulait seulement s’entretenir avec le chef du Département des Créatures Magiques, mais il a ignoré tous ses courriers visiblement …

-Ce crétin, marmonna Ginny sous cape.

-Ses apparitions publiques sont extrêmement rares, ce qu’il a à dire doit être important, remarqua Nancy …

-Bref, Alb, tu peux prendre contact avec Rosie par cheminée, elle doit sûrement en savoir plus que moi, et si l’audience est publique, tu n’auras qu’à venir avec Papa et moi au Ministère demain matin.


Nancy affirma que s’il était possible d’assister à l’audience, elle aimerait beaucoup en être. La jeune Poufsouffle était d’ailleurs l’une des rares connaissances de James, avec la cousine Lucy, à avoir continué les Cours de Soins aux Créatures Magiques avec Hagrid en ASPIC. Tandis que Lily ne voyait pas d’objection à les accompagner à la condition qu’il ne faille pas se réveiller encore plutôt, Mais Ginny demanda à ce que James reprenne son récit.


-Oui, M’man, je reprends. A la fin de la journée, un informateur anonyme est venu. Il nous a expliqué qu'il savait des choses sur les agresseurs. On a désormais des noms et un mobile. L'enquête commencera vraiment demain. Papa prépare le compte rendu de l'interrogatoire de l'informateur et va tout faire pour que Greengrass nous laisse les pleins pouvoirs sur l'enquête. Je pense que c’est fort probable que l’enquête soit bouclée dans les jours qui viennent. 


La famille Potter et Nancy hochaient la tête lentement, et semblaient se remémorer du récit pour mieux s'en souvenir, James en avait dit beaucoup, sans toutefois en dire trop et être bloqué par le sort de Langue-de-Plomb. Il était content de son récit. Mais ce fut Albus, qui brisa le silence et demanda lentement : 


-L'autre agression ? Que s'est-il passé ? 


Après tout, il devait tenter de dire la vérité et ils finiraient par savoir. Quand il fut décidé à parler, il vit que rien ne viendrait l’empêcher d’articuler. Cet élément n’était pas confidentiel.


-Ils l'ont tué. Grégory Goyle. Il était à Poudlard avec Papa. Sang Pur, Serpentard, et pro Voldemort. 


Ginny parut horrifiée, Albus resta impassible et Lily et Nancy paraissaient contenir une certaine panique.


 -Tu t'imagines qu'ils auraient pu faire de même avec vous deux ? remarqua Lily paniquée. -Mais ce n'est pas le cas, répondit Nancy. Ils l'ont dit eux même. Ils ne voulaient pas se faire remarquer et disaient ne pas être leurs ennemis. Ils voulaient juste nous oublietter. Et ce fut un échec. La mort de cet homme doit être leur deuxième. Vous connaissez le mobile donc ? 

Mais James sourit tristement. Cette fois encore, il ne put ouvrir la bouche pour parler, une force magique lui retenant sa mâchoire. Alors, sans plus attendre, il se leva, souhaita bonne nuit à tout le monde et se dirigea vers sa chambre. Malgré son état de fatigue avancé, James ne dormait pas. 


Les questions fusaient toujours dans sa tête à une vitesse inouie. « Qui pouvait être les partisans de Shafiq ? Flint était-il le seul élève de Poudlard à l'avoir rejoint ? Quel était leur projet ? Allaient-ils commettre d'autres meurtres ? » Il trembla à cette dernière idée. D'autant plus que sa famille, de par la fonction de son père et de son oncle au bureau des Aurors, et par le symbole anti magie noire que les Weasley, Potter et affiliés représentaient, serait sûrement dans les cibles privilégiées.  Minuit approchait et James ne dormait toujours pas. D'un air coupable, il se dit qu'il aurait pu passer la soirée avec Nancy, mais il ne voulait pas discuter à nouveau de leur agression. Il savait que celle-ci avait choqué Nancy et il ne pouvait se résoudre à lui dire que tout comme elle, il ignorait pourquoi les hommes en blancs étaient là et pourquoi ils les avaient laissés partir. James changea une nouvelle fois de position dans son lit quand il sentit de la lumière pointer sur ses yeux clos. La porte de sa chambre venait de s'ouvrir, rapidement, il tâtonna sur sa table de nuit pour se saisir de sa baguette et la pointa vers les nouveaux venus. 


-Du calme, vieil Auror parano, ce n'est que nous ! lança la voix d'Albus qui alluma la lumière au même moment d’un coup de baguette. En effet, Albus, Lily et Nancy se tenaient devant la porte. James soupira de soulagement, reposa sa baguette et se dit que, décidément, sa réaction avait été démesurée. Digne d'un ami de ses parents dont Harry parlait souvent. Un certain Maugrey Fol Œil.


-Devant M'man je veux bien que tu joues les mystérieux. Elle irait répéter à Papa que tu ne respectes pas le « secret professionnel », mais à nous, tu peux nous faire confiance ! Et un sort de Langue-de-Plomb, ça peut se contourner, commença Albus. 


James réfléchit, tous les trois le regardaient avec un air déterminé, il dût saluer leur patience d'avoir attendu calmement minuit pour monter sans que Ginny ne se doute qu'ils iraient bombarder James de questions. Après tout, Albus et Lily étaient son petit frère et sa petite sœur. Toujours là pour lui dans les moments difficiles, Albus avait plusieurs fois joué de son rôle de préfet pour couvrir James lorsqu'il était dans de sales draps après une mauvaise blague ou une escapade nocturne. Lily avait envoyé une Beuglante lorsqu'en première année, Leroy Flint avait fait tomber James de son balai. Et Nancy avait vécu l'agression avec lui, elle avait fait preuve d'une hargne et d'un courage considérables pour faire face aux agresseurs en blanc. James hocha la tête en signe de défaite et décida qu’il essaierait de tout leur expliquer tout en détail. Notamment concernant l'entrevue de Harry avec Malefoy sur l'identité du chef du groupe.


-Si je veux parler de l’informateur anonyme, ma langue en est incapable … expliqua James.

-Le connait-on ? coupa Albus.


James leva le pouce pour indiquer que c’était le cas. Puis à tour de rôle, Lily, Nancy et Albus lui posaient des questions fermées. Albus était particulièrement doué pour resserrer le sujet. Il réussit à faire dire à James que l’informateur était de l’âge de Harry, de la maison Serpentard, ce qui lui fit trouver le nom de Drago Malefoy, qu’il ne connaissait que trop bien car son fils, Scorpius était de l’année d’Albus et Rose. Ils avaient d’ailleurs essayé d‘intégrer à leur binôme le jeune homme hautain, il fut un temps. 


-Ok, donc Malefoy père avait des pistes pour le meurtre de Goyle, récapitula Albus. Avait-il des noms en tête ? A-t-il confirmé pour Flint ?


James leva le pouce pour la première question, il le baissa pour la seconde.


-Ok, est-ce qu’il a donné des noms connus ? demanda à son tour Lily, visiblement amusée par l’exercice.


James remua la main, comme pour signifier que c’était ni l’un, ni l’autre.


Albus mit beaucoup de temps à trouver le nom de Shafiq. Il dut citer tous les noms de famille de Sang-Pur qu’il avait trouvé dans la bibliothèque de la maison et qui contenait encore certains livres ayant appartenu à la famille Black.


-Croupton ?

James baissa le pouce.

-Bullstrode ?

Même réponse.

-Pas Shackelbolt tout de même ?

Pouce baissé.

-Shafiq ?

Pouce levé.


-C’est quand même dingue qu’un sortilège de Langue-de-Plomb soit si difficilement contourné, s’esclaffa James.

-Pas si étonnant que ça, réfléchit à voix haute Nancy. Le Professeur Hamish en avait parlé l’an dernier …

-Certainement, expliqua Albus. Le sortilège de Langue-de-Plomb a été inventé pour les fonctionnaires du Département des Mystères. L’idée n’était pas de les faire taire purement et simplement, il aurait fallu les oublietter chaque soir pour arriver à ce résultat. En fait, le sort sert plutôt à informer celui qui l’a subi que certains éléments ne doivent pas être répétés. Le lanceur fait appel au sens des responsabilités du receveur. Donc, un Shafiq est à l’origine des agressions …


Tous se mirent à réfléchir en silence. Une fois n'est pas coutume, ce fut Albus qui prit la parole en premier : 


-Shafiq, ce nom-là me dit quelque chose. Je suis persuadé de l'avoir entendu autre part que dans le “Traité du Sang-Pur” de Teignous Nott, mais je n'arrive pas à me souvenir où et quand. 


-D'après Benjamin, la personne porte le même nom qu’un ancien lieutenant de Voldemort très connu pour ses crimes pendant la première guerre. Mais il est sensé être mort sans descendance à la fin de la première mort de son maître.

-Peut-être qu'il s'agit d'un lointain cousin, suggéra Nancy. 

-Ou de quelqu'un qui se fait passer pour son descendant en son hommage, proposa Lily, à son tour. Après tout, si c'était un Mangemort craint et respecté, peut-être qu'il a inspiré un fou furieux qui passait par là. 


Les autres hochèrent la tête et gardèrent un air inquiet. Le reste de la conversation déboucha sur l'exposition de théories de plus en plus poussées sur les moyens qu'allaient mettre en place le Ministère. 


-Peut-être qu'ils vont lancer les Détraqueurs à leur poursuite. 

-Lily, les Détraqueurs ont été bouclés sur une île dont seul Kingsley connaît l'emplacement, et le Secret est bien mieux protégé qu’avec un sort de Langue-de-Plomb, persifla Albus. De plus, le Professeur Everett nous a montré qu'ils étaient liés de manière intrinsèque à la magie noire. 

-Ce serait du suicide, complèta James. 

-En tout cas, je préfère les savoir le plus loin possible, avoua Nancy. 


Et c'est sur cette dernière phrase que tous se retirèrent, alertés par les bâillements de plus en plus réguliers de James. Albus sortit en dernier, il observa James et lui dit : 


-Je trouverai où j'ai entendu parler du nom de Shafiq. Tu me donnes la permission de demander à Rosie ? Elle a toujours eu meilleure mémoire que moi. 


James sourit à Albus et lui fit un signe de tête affirmatif. Rose était une jeune fille brillante, et sa loyauté était peut-être encore plus importante chez elle que chez tous les autres cousins Weasley. Il lui arrivait aussi de jouer de son rôle de Préfète pour tirer ses cousins d'un sale coup. Et James savait que dès qu'Albus lui poserait la question, Rose plongerait la tête dans ses livres jusqu'à avoir toutes les informations possibles sur la famille Shafiq. Albus commençait à sortir quand James lui lança : 


-Si le Ministère ne veut plus d'Auror, on pourrait monter un cabinet privé avec tous les cousins Weasley. 


Albus pouffa de l'idée, puis sortit de la chambre à pas feutrés. Le lendemain matin, Harry était arrivé au 12 Square Grimmaurd aux alentours de neuf heures. Ginny avait tenu sa promesse et n'avait pas réveillé James, mais les gloussements de Lily, toute heureuse de voir son père eurent raison du sommeil fragile de James. Celui-ci se réveilla, enfila ses chaussons et rejoignit sa famille dans la cuisine. Les yeux cernés, le teint pâle, Harry croquait à pleines dents dans un toast au bout de la table. Il sourit quand il vit James et s'adressa à lui sur un ton apaisant : 

-Tu aurais pu dormir James, nous ne partirons pas tout de suite. Greengrass ne sera disponible qu’en fin de matinée pour nous attribuer officiellement l’enquête. Il doit assister à l’audience du Magenmagot d’abord.

-J'étais réveillé, mentit James. Du coup, le vieil Iggy n’a encore rien validé ?

 -Seulement verbalement, il doit encore me transmettre les mandats de perquisition et les accréditations, pour ces dernières, c’est si nous voulons accéder aux archives ou à Azkaban, répondit Harry avec un sourire. Ça a été difficile, mais ce matin à la première heure, il a eu droit à tous les formulaires de compte-rendu remplis. Ils étaient conformes à la virgule près. 


James fit des yeux ronds, il savait que son père n'était pas très doué pour la paperasse, en temps normal. 


-Je mentirai si je disais que je n'avais pas envoyé un Patronus désespéré à Hermione. C'est elle qui les a remplis, confia Harry avec un sourire gêné. Enfin passons, Iggy Greengrass s'est résigné. La piste des fanatiques Sang-Pur est la seule retenue grâce à notre témoin. Depuis ce matin, des enquêteurs prennent en filature les principaux sorciers susceptibles de rejoindre un groupe de nostalgiques de Voldemort, pour à la fois protéger, et surveiller. 

 

James sourit face au progrès considérable que constituait ce point. Désormais, les Aurors étaient libres de mener l'enquête comme ils l'entendaient. Peut-être même qu'ils pourraient aller faire une perquisition chez Flint. James ignorait ce que Harry avait expliqué officiellement à la famille. Il n'osait pas demander pour Shafiq, peut-être que cela devait rester secret. Mais le Directeur du Bureau des Aurors sembla lire dans les pensées de son fils et il reprit : 


-Nous enquêtons aussi sur leur leader présumé. Un certain Marek Shafiq. 


De surprise, Ginny (qui était la seule à ne pas être au courant) renversa son verre de jus d'orange. 


-Shafiq ? souffla-t-elle. Tu veux dire, comme Tarik Shafiq ? 

-Le lien entre les deux hommes n'est pas prouvé, trancha Harry. Peut-être que ce n'est qu'un pseudonyme. En tous les cas, certains d'entre nous vont voyager, Valiant et Vale partent en Egypte. Là où la veuve de Tarik Shafiq a trouvé refuge à la fin de la première guerre. 

-L'Egypte ? demanda Albus les yeux brillants. Le rêve ! il y a tellement de choses à voir là-bas. On devrait y aller un été. Pas vrai ? 

-Ce ne sera pas une visite touristique, Albus. L'Egypte est aussi connue pour ses nombreux adeptes de la magie noire. Vale et Valiant seront au beau milieu de nos pires ennemis. Surtout qu'ils sont remontés après les anglais depuis que Ron a démantelé leur réseau d'exportation. 


Les trois enfants Potter eurent un sourire satisfait, fiers du grand coup qu'avait frappé leur oncle. 


-D'ailleurs, quand nous aurons les mandats et accréditations, tu feras équipe avec lui, aujourd'hui. Mais je t’en dirai plus en chemin. En attendant, l’audience de Norbert Dragonneau commence à dix heures trente. Qui d’autre qu’Al’ souhaite y assister ?


Nancy affirma son intention d’écouter le célèbre magizoologiste, Ginny trouva là une bonne occasion de croiser leur amie Luna, puis de se rendre au Ministère pour ensuite aller interroger des fonctionnaires des Jeux et Sports Magiques pour les nouvelles règles de sécurité à venir sur la Ligue professionnelle de Quidditch, James estima qu’il n’y avait pas d’inconvénient à écouter une voix qui comptait autant dans son milieu, et Lily, estimant qu’elle était désormais suffisamment réveillée accepta d’accompagner la tribu Potter à l’audience.


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Hermione Weasley-Granger se tenait déjà au pied de la Fontaine de la Fraternité Magique de l’atrium du Ministère quand la tribu Potter fit irruption. La haut-fonctionnaire s’était penchée pour écouter un très vieux sorcier installé sur un fauteuil roulant poussé par un homme de haute taille, aux cheveux auburns en bataille et vêtu d’un costume trois pièces d’une coupe qui devait sans doute être à la mode au siècle dernier. Rolf Dragonneau était accompagné de son épouse, Luna, marraine de Lily, qui avait troqué son collier en bouchons de Bièraubeurre contre un en perle un peu plus discret. A l’image de sa robe-tailleurs couleur bronze des plus sobres et distinguées, dénotant avec les tenues criardes dont elle s’affublait habituellement. Elle fut la première à apercevoir la tribu Potter et à s’avancer vers eux pour les saluer.


-Tu as un air de tête de droite, Harry, remarqua Luna en saluant l’Auror.

-Un air de quoi ? demanda Albus décontenancé.

-Et toi, tu as un air de tête du milieu, rajouta Lily hilare.

-Les trois têtes du Runespoor, expliqua Luna. Sa troisième tête est celle qui est toujours prête à bondir à la première menace. La seconde …

-Est toujours dans la lune, compléta Lily en souriant à sa marraine.

-Je sais ce qu’est un Runespoor ! Mais QUI utilise ces expressions ? s’indigna Albus

-Moi, je les utilise, souffla une voix derrière Luna.


Rolf s’affairait désormais à pivoter le fauteuil roulant de son grand-père, l’illustre Norbert Dragonneau. Le vieil homme installé sur son fauteuil, était vêtu d'un pardessus de laine bleu roi qui couvrait une chemise brune. Il avait ses jambes recouvertes par un plaid en laine aux motifs de la maison Poufsouffle, ce qui fit rayonner de fierté Nancy. Son visage était constellé d’un mélange de tâches de rousseurs et de rides si profondes qu’on avait l'impression que son visage était grêlé et constitué d'une couche de protection en toiles d’araignées. Ses yeux, voilés par la cataracte, étaient similaires à deux sphères blanches complètement opaques, tandis que sa chevelure, que James s'imaginait jadis similaire à celle auburn et en bataille de son petit-fils, n’était plus qu’un pauvre hamas de touffes argentées clairsemées ça et là autour de son crâne grêlé.


Harry s’approcha pour saluer le vénérable magizoologiste, et lui expliquer qu’il devait aussitôt prendre congé pour s’occuper des affaires du Bureau, et bien que Harry se soit suffisamment approché de lui pour que le vieil homme puisse ressentir sa présence et l’emplacement de son visage, il lui répondait d’une voix très basse, son regard d’aveugle fixé sur sa couverture jaune et noire.


-Albus Potter, sourit le vieil homme lorsque le cadet des Potter s’approcha de lui et s’annonça à haute-voix. Je suis heureux de vous rencontrer. Tina n’a pas trop perdu au niveau de la vue. Elle me lit encore vos lettres à vous et votre cousine Rose, c’est aussi elle qui me sert de plume pour vous répondre, désormais …


Il leva ses mains crispées de rhumatismes pour expliquer son propos et eut un léger sourire gêné.

-C’est l’un des effets secondaires d’un contact trop prolongé avec des Murlaps, rajouta le savant.


Il gardait la même posture, regard fixé sur sa couverture, et voix très basse, comme s’il n’était pas du tout à l’aise en société. Surtout quand il sentait tant de regards braqués sur lui.


-Rose n’est pas là, d’ailleurs ? demanda Ginny.

Hermione qui s’était approchée et avait fini de saluer les Potter lui répondit :


-Tu parles, elle a cheminé avec moi depuis six heures ce matin, elle est excitée comme une puce. Elle nous a déjà gardé des sièges dans la salle d’audience.

-Il va y avoir foule ?

-Hmmm, Nancy, c’est bien ça ? présuma Hermione. (elle baissa la voix) C’est l’été … Et rares sont ceux qui se déplacent encore pour … écouter un vieil homme parler de créatures dont pas grand monde se soucie … C’est bien dommage …


Et tandis que Hermione soupirait, James observait son frère. Il était littéralement pendu aux lèvres de Norbert Dragonneau. Il tâchait désormais de lui poser des questions sur les résultats des récentes tentatives de réintroduction du Vivet Doré dans les forêts françaises. C’était assez troublant de voir que, lorsqu’il parlait d’animaux fantastiques, le vénérable magizoologiste semblait soudain reprendre consistance. Il parlait toujours d’une voix très douce, mais sa nuque se redressait pour tenter de fixer son interlocuteur, et il semblait entamer une longue explication du processus et des résultats de l’opération.


Ils furent bientôt tous coupés dans leurs discussions par Hermione qui leur intima de se mettre en chemin pour l’audience, James put ainsi échapper à l’interrogatoire de Luna et Rolf, qui avaient, bien évidemment été informés de l’attaque sur James et Nancy, puis l’assassinat de Grégory Goyle, et voulaient connaître plus de détails. 

 

Ainsi, ils se dirigèrent tous vers l’ascenseur qui les descendrait au neuvième niveau, celui qui accueillait le Département des Mystères et la salle d’audience du Magenmagot où le magizoologiste devait s’exprimer.

Chapitre VII. Vénérable by Portus

Luna et Rolf - qui poussait toujours le fauteuil de son grand-père, Norbert-, précédaient les Potter pour entrer dans la grande salle circulaire aux murs sombres, faiblement éclairés par des torches.


Ils stationnèrent Norbert à côté d’un siège à haut-dossier pourvu de chaînes sur ses accoudoirs.


Face à celle-ci, une cinquantaine de sorcières et sorciers en robe couleur prune sur lesquelles un M était savamment dessinées, étaient déjà installés sur des sièges surélevés. Hermione (qui d’un coup de baguette avait revêtu sa robe du Magenmagot) alla s’installer sur un fauteuil, au centre des auditeurs, elle n’accorda pas un regard à l’homme qui occupait le fauteuil à plus haut dossier à ses côtés. Un homme massif, aux cheveux drus, sans doute du même âge que Harry.


Dos à Norbert Dragonneau, les gradins pour le public étaient quasiment vides. Seule la silhouette massive de Rubeus Hagrid donnait une impression de remplissage. Il occupait la moitié d’une travée à lui seul. Il était assis entre le Directeur de Poudlard, Quintilius Everett, et Rose Weasley, avec qui il était en grande conversation. Quand les Potter pénétrèrent à leur tour dans la salle d’audience, Hagrid s’interrompit et fit de grands gestes avec ses mains, de la taille d’un couvercle de poubelle, pour saluer les Potter et signifier sa présence. Une exubérance qui sembla exaspérer quelques sorciers du Magenmagot, à en juger par les moues de réprobation qu’ils arboraient en observant le garde-chasse de Poudlard.


Rolf demeura debout aux côtés de son grand-père, quand Luna suivit les Potter et vint s’installer dans les gradins, à côté et devant Hagrid. James ne put s’empêcher de remarquer que, hormis Hermione et son voisin, qui vraisemblablement présiderait l’audience, l’assemblée magique était plutôt constituée de sorciers et sorcières encore plus âgés qu’Iggy Greengrass. Celui-ci s’était installé sur un des sièges du fond et il griffonait des notes sur un morceau de parchemin, l’air absent.


-Les Potter ! rugit Hagrid quand ils furent installés. Comment allez-vous ? En particulier toi, James ! Je suis allé voir Harry au Bureau ce matin …


Mais Ginny fit signe à Hagrid qu’ils discuteraient plus tard, l’audience allait démarrer.


L’homme massif aux cheveux drus lut un parchemin d’une voix placide :


-Audience de doléance au Magenmagot, nous sommes ici à la demande de Mr Norbert Artemis Fido Dragonneau, magizoologiste, résidant dans l’Ecrin des Niffleurs dans le Dorset.

Président de l’audience, moi même, Cormac Edwin Tiberius McLaggen, Directeur du Département de Contrôle et Régulation des Créatures Magiques, Mr Dragonneau …

-Rapportrice de la session, coupa la voix de la marraine de James, Hermione Jean Weasley-Granger.

-Oui, oui, approuva McLaggen, visiblement agacé, donc, Mr Dragonneau, vous avez envoyé plusieurs courriers à mes services ces derniers mois, mais, jugeant que vos affaires ne pouvaient attendre que mes services étudient vos demandes et vous formulent une réponse, vous avez donc demandé, ce qui est votre droit, une audience en présence du Magenmagot. Est-ce bien juste ?


Les mains, crispées par les rhumatismes de Norbert Dragonneau exerçaient une forte pression sur les accoudoirs de son fauteuil roulant. Rolf, toujours à ses côtés, posa une main sur son épaule pour encourager son grand-père.


-Oui, acquiesça à voix basse le magizoologiste.

-Et vous vous doutez, enchaîna McLaggen, que notre Département se doit de hiérarchiser l’urgence, et que, dans le cas de votre affaire des Augurey de Grande-Bretagne, nous n’avons peut-être pas jugé cet incident d’une importance capitale …


A l’évocation des Augurey, certains membres de la cour, dont un vieux sorcier moustachu hochèrent la tête d’un air désemparé. Certains ricanaient en observant le vieillard. Des bavardages s’élevaient même dans l’assistance, James fut soulagé de voir que Greengrass restait placide, tandis que McLaggen continuait :

-Mr Dragonneau, vous vous imaginez sans doute, qu’il n’est pas commode pour le Magenmagot de se réunir, au beau milieu du mois d’août, pour entendre parler d’Augureys …


-McLaggen ! interrompit Hermione. Que je sache, le Magenmagot n’a pas été réuni pour vous entendre passer un savon des plus malvenus à Mr Dragonneau. Il conviendrait plutôt de connaître l’objet de sa requête …

-Hein … Euh … Oui Mrs Granger …

-Weasley-Granger !

-Mrs Weasley-Granger (McLaggen était rubicond, fulminant de rage sur sa voisine), voilà; Donc, Mr Dragonneau, pouvez-vous rappeler à la Cour l’objet de votre requête ?


Toujours la tête baissée sur son fauteuil, Norbert Dragonneau commença à parler à voix basse, mais la taille de la salle, cumulée aux bavardages et ricanements de certains auditeurs rendaient le tout inaudible. Rolf tapota alors le bras de son grand-père, pointa sa baguette sur sa gorge, et prononça :

-Sonorus !


Bien que magiquement amplifiée, la voix de Norbert Dragonneau demeurait basse.Mais sa voix était douce, pas éraillée en raison de l’âge, il émanait de celle-ci une immense sagesse, cumulée à une modestie et une bienveillance qui donnaient à James l’envie d’écouter le vieux savant.


-Je vous ai en fait signalé, Mr McLaggen, le braconnage de plus en plus fréquent des colonies d’Augurey recensées sur le territoire de Grande-Bretagne et d’Irlande. Le braconnage semblait avoir cessé depuis le nouveau siècle. Les réserves de créatures magiques permettaient de protéger les plus vulnérables d’entre elle. Mais l’Augurey fait exception depuis peu. Il semble être prisé par une nouvelle génération de braconniers … Ces deux dernières années, nous déplorons plus de cinquante colonies ravagées. Les oiseaux sont capturés, et probablement vendus sur le marché noir, où que sais-je d’autre ... La situation aujourd’hui est que, parmi les mille deux cents individus protégés dans nos réserves ….


Les membres du Magenmagot continuaient de ricaner, une vieille sorcière vêtue d’épaisses lunettes en écaille s’exclama même à voix haute “un Augurey ? Cet oiseau de malheur !”, un autre sorcier, chauve et portant un monocle s’écria : “on ne peut même pas écrire avec leur plumes”.


-Je … Je sais que l’Augurey ne jouit pas d’une bonne réputation, reprit Norbert Dragonneau. Il est souvent associé à la mort à cause de son chant. Même de nos jours, alors que dès 1824, Gulliver Pockeby a démontré que leur chant annonce en fait… la pluie …Ils ont aussi un important rôle de régulation en se nourrissant de nuisibles, comme des gros insectes, et des fées …


Bien qu’une bonne partie des auditeurs ne l’écoutaient pas, Norbert continuait bravement son exposé. James sentit dans son dos, Rosie qui tapait violemment du pied contre le sol, tandis qu’Albus soufflait d’un air indigné chaque fois que Norbert devait s’arrêter de parler et attendre que le silence revienne.


-J’ai demandé à un de mes contacts du Bureau des Aurors, ce qu’il en était des dispositions prises pour lutter contre ce braconnage des Augurey, …

-Les Aurors ? s’interrogea McLaggen étonné. Mais, Mr Dragonneau, ils ne sont pas garde-chasse !


L’assemblée éclata d’un rire tonitruant à l'unisson. Le vieux sorcier moustachu s’écria d’un air narquois : “Pas encore !”, ce qui fit redoubler les rires, même Greengrass détacha ses yeux de son parchemin pour esquisser un vague sourire amusé. James entendit derrière lui Hagrid marmonner un juron, Luna observait la cour d’un air absent, et Ginny, Lily et Albus semblaient lancer des éclairs de leurs yeux vers McLaggen.


-Non, non, reconnut Norbert Dragonneau d’un air plus gêné que jamais. Mais, je n’ai pas trouvé ailleurs une oreille attentive à ce problème … Pardonnez-moi, mais j’ai l’impression que rien n’a été encore fait pour protéger les Augurey … Ce serait dommage que ce soit simplement dû à leur mauvaise réputation. Comme je l’ai expliqué, ils sont utiles …

-Nous savons, bien entendu, que les Augurey sont utiles. Nous connaissons notre domaine, Mr Dragonneau, maugréa McLaggen.

-Dans ce cas, coupa Norbert, pouvez-vous me détailler les mesures que vous allez prendre ?


Les mains toujours crispées sur ses accoudoirs, il semblait avoir repris consistance, et Rolf hochait la tête d’un air approbateur à ses côtés.


-Eh bien, Mr Dragonneau, nous avons énormément de dossiers sur le feu, quand viendra le tour du votre, nous allons prendre des mesures, mais nous devons étudier lesquelles …


James entendit le bruit de quelqu’un qui prenait appui pour se relever derrière lui. Et la voix du Professeur Everett retentit dans la salle :

-Mesdames, Messieurs les membres du Magenmagot, si je puis me permettre. Dans les correspondances que Mr Dragonneau a adressées à Mr McLaggen, il y faisait mention d’une possibilité que nous avions étudiée ensemble, et, qui pourrait, offrir une protection encore meilleure à cette espèce menacée …

-Ah, Professeur Everett, grogna McLaggen. Oui, dites-nous.

-En fait, j’ai proposé à Mr Dragonneau de me porter garant de ces spécimens restants. Je lui ai proposé de transférer les dix colonies restantes dans la Forêt jouxtant Poudlard, où, les Augurey seront confiés aux bons soins de notre Professeur Hagrid. Rolf et son épouse se chargeront eux-mêmes d’organiser la capture et le transfert des colonies. La mesure ne demande que votre aval !


Rolf souriait timidement au Professeur Everett, tandis que McLaggen semblait abasourdi. Sans doute outré que pendant son immobilisme, d’autres avaient fait son travail à sa place. Il tenta de reprendre la parole pour reprendre consistance :


-Hmm, eh bien … C’est quand même un sujet qui mérite que j’étudie votre solution …

-Allons, au diable McLaggen rugit le sorcier chauve au monocle, laissons-les faire. Qu’ils les prennent tous ces corbeaux de malheur !


Hermione se tourna vers le grossier sorcier, elle sembla vouloir le fusiller du regard,, puis elle aperçut Greengrass, au fond qui lui adressait un signe de tête approbateur, elle reprit donc la parole en se retournant à nouveau vers le vénérable savant :


-Bien, je pense donc que la cour va se proposer en faveur de la solution proposée par Messieurs Dragonneau, Everett et Hagrid. Mais je ne doute pas, Mr McLaggen, qu’en parallèle, vous allez mobiliser des enquêteurs pour tirer au clair cette histoire de braconnage …

-Oui, assurément, Mrs Gran … Weasley-Granger !

-Bien, conclut celle-ci. La séance est levée, merci Mr Dragonneau.


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Tandis que Norbert Dragonneau remerciait de sa douce voix Hagrid, Everett et Hermione dans l’atrium du Ministère, plus loin d’eux, Rose faisait les cent pas autour de James, Nancy, Lily et Albus.


-Ils sont infects, fulminait Rose. Vous avez vu comme ils ont traité Norbert Dragonneau ?

-C’est fou ce que ce McLaggen était hautain, et visiblement incompétant … compléta Albus.

-Les créatures n’intéressent pas ces haut-fonctionnaires … marmonna Lily.

-Des Augurey en plus ! s’exclama Nancy. Ils restent fixés sur leurs principes.

-Ce qui m'intrigue surtout, tenta James, c’est pourquoi les braconniers ciblent particulièrement les Augurey … Alb’, Rosie, vous avez une idée de pourquoi les Augurey sont ciblés ? Aussi massivement, ce ne peut pas être seulement à cause de leur mauvaise réputation …

-Leurs plumes n’acceptent pas l’encre, expliqua Rose. Je n’ai pas connaissance d’un pouvoir particulier qui leur soit propre … Il y a juste leur chant qui est particulièrement désagréable. Il était associé à un présage de mort au Moyen-Age, et s’y exposer longtemps peut rendre fou …

-C’est ça …approuva Albus dans sa barbe. Et je n’ai pas non plus connaissance de potions qui auraient besoin d’Augurey.  J’écrirai à la cousine Lucy. Peut-être qu’elle aura une idée. Elle est parfois plus au fait de certaines pratiques farfelues qui nous auraient échappé.


“Farfelues” était un bon mot pour décrire les connaissances de Lucy Weasley. La dernière née de Percy et Audrey était à Serdaigle, de l’année de James. Il appréciait énormément sa cousine, elle était brillante,loyale et très douce avec ceux qu’elle aimait, mais tellement … lunaire. Il la croisait souvent le nez plongé dans ses livres. Elle était d'un caractère assez solitaire et froid au premier abord, mais c’était une armure à travers laquelle seulement sa famille et quelques rares chanceux pouvaient voir. Elle n'en était pas moins très intelligente, mais la jeune fille avait une faille. Elle avait du mal à saisir certains des concepts les plus simples, alors que les plus ardues théories d'Arithmancie n'avaient aucun secret pour elle. Elle avait du mal à comprendre le comportement de nombre de ses camarades, car elle partageait finalement si peu avec eux. Elle menait sa vie, lisait ses livres, et ne se souciait guère des ragots et autres évènements sociaux qui jalonnaient une année à Poudlard. Elle ignorait qui étaient les Rebel Werewolves, ne s'informait pas de l'actualité, avait du mal à comprendre quand un garçon lui tournait autour, et surtout, elle avait un don pour être désagréable sans le vouloir en société. 


Elle réussissait toujours à aborder, sans s’en apercevoir, les sujets qui pouvaient fâcher, par exemple, son sens de l'observation surdéveloppé fait que lorsqu'elle se retrouve face à quelqu'un, elle devine immédiatement ce qu'il cache, ce qui le complexe, ce qu'il pense vraiment. Et elle n'hésite pas à le lui faire remarquer. De son point de vue, c’est une manière naturelle d’entamer une conversation. James se souviendrait toujours du jour où elle fit remarquer à Alice qu'elle trouvait sa poitrine tout à fait normale et qu'elle ne comprenait pas pourquoi Scott ne faisait que la regarder. Et ce, en présence de l'intéressé bien sûr. Mais c'est justement pour ça que James appréciait tellement sa cousine. Elle avait le don pour mettre le doigt sur le moindre détail qui clochait, où qui échappait aux autres. Et en ça, James approuva l’idée d’Albus de lui parler de cette affaire des Augurey..


Après avoir dit au-revoir à Rolf, Luna et Norbert Dragonneau, Ginny raccompagna Albus, Lily et Nancy à l’une des cheminées de l’Atrium d’où ils retrourneraient au Square Grimmaurd, tandis que leur mère accompagnerait James jusqu’au Bureau des Aurors avant d’aller s’affaire à récolter les informations pour la Gazette au Département des Jeux et Sports Magiques.


-Ce sera rapide, Marcus Flint est en vacances, estima Ginny. D’habitude, si mes récents articles ne lui ont pas plu, il demande à ses collaborateurs de ne pas me partager d’informations.

-Comment peut-il être vexé par des articles sur le Quidditch ?

-Oh, il est supporter de son ancien club, les Tornades de Tutshill, et s’il considère que j’ai été injustement critique, il boude, refuse mes interviews et fait de la rétention d’informations.

-Pourtant, les Tornades sont sacrément à la peine ces dernières années, remarqua James.

-Pour le plus grand plaisir de ton Oncle Ron, il les déteste, compléta Ginny.

-Il faut qu’il se calme, ajouta James narquoisement. C’est quoi le dernier classement des Canons de Chudley, déjà ?


Ils ricanaient encore des “exploits” du club de coeur de Ron Weasley quand ils tombèrent justement nez à nez avec celui-ci à l’entrée du couloir du Bureau des Aurors.


-Ah Ginny, James ! Vous tombez à pic. Greengrass vient … Pourquoi vous riez ?


Quand Ginny lui expliqua leur conversation, les oreilles de Ron prirent une douce teinte écarlate, et quand Ginny prit congé, il s’adressa à James.


-Tu as tout ce qu’il te faut ? Greengrass nous a donné les accréditations. Nous pouvons partir interroger un témoin.

-Il y en a un autre ?

-Pas vraiment. En fait, l'année dernière, le Bureau était inquiet de l'ampleur que prenaient des produits de magie noire. Des mains de gloire, des restes humains, des momies,ainsi que toutes sortes d'ingrédients permettant de confectionner des potions proscrites. Ces produits se trouvaient de plus en plus facilement sous la veste. Pourtant, nous étions sûrs que plus personne n'en produisait en Angleterre. Au fil de mon enquête, je me suis aperçu que les détenteurs de ces produits de magie noire parlaient tous d'une organisation : La Secte de Rame Tep. 


Ron détaillait son enquête d'une voix claire, le regard légèrement absent, concentré sur les faits de l'époque. 


-Après une longue enquête, j'ai pu remonter jusqu’à une filière égyptienne. Ceux-ci fournissaient à grande échelle les sorciers du monde entier désireux de pratiquer la magie dans ses recoins les plus sombres. Bien sûr, je n'avais pas le moindre pouvoir pour enquêter et arrêter la branche égyptienne des Rame Tep. Cependant, ils ont fait une erreur. Une grossière erreur même. Après m'avoir vu fouiner dans leurs affaires, ils m'ont envoyé un de leurs tueurs. Il m'attendait paisiblement dans l'atrium du Ministère, un soir où j'ai terminé très tard. Heureusement, j'étais allé saluer Harry en partant. Et j'avais vu le blanc des yeux des silhouettes qui apparaissaient sur sa Glace à l'Ennemi. J'étais donc sur le qui-vive en passant devant la conciergerie. Quand j'ai vu cet homme qui lisait le journal sous la Fontaine, j'ai immédiatement saisi ma baguette et j'ai pu contrer son sort. Il a essayé de fuir quand il a vu que le concierge se joignait à moi, mais j'ai réussi à l'arrêter. Une fois sous Veritaserum, il nous a donné le nom de l'acheteur anglais. Il n'y en avait qu'un seul, il se chargeait ensuite de fournir l'Allée des Embrumes et son important carnet d'adresses client. C'était un certain Bill Ethar. Un sorcier d'origine américaine qui avait trouvé là un moyen de faire fortune. Le tueur des Rame Tep n'a pas pu nous en dire plus ... 

-Il s'est échappé ? demanda James. S'il est encore emprisonné, peut-être qu'il sait quelque chose sur Shafiq.

 -Non James, continua Ron. Quand il s'est aperçu qu'il avait parlé sous l'effet du Veritaserum, il a blêmit. Lorsqu'il est revenu dans sa cellule, nous ne l'avions pas fouillé assez attentivement. Il cachait dans sa bague une fléchette imbibée d'un poison mortel. Le poison l'a fait délirer pendant cinq bonnes minutes. Il s'est mis à hurler en prétextant qu'il était attaqué par un vautour géant. Puis il a fini par rendre l'âme. S'il y avait bien une chose à savoir des Rame Tep. C'est qu'ils étaient jusqu'au boutiste. Plus tard, nous avons arrêté Bill Ethar, il nous a fourni la liste de tous ses clients. Un par un nous avons saisi les marchandises, fait fermer les boutiques et fait enfermer les propriétaires. Les autorités égyptiennes étaient aussi venues interroger Bill Ethar et elles nous ont assuré plus tard avoir démantelé les Rame Tep. Et ainsi se terminait l'une des affaires les plus importantes sur laquelle le Bureau avait travaillé ces dernières années, ajouta Ron d'un ton amer.

-Ce Bill Ethar, où est-il actuellement ? demanda James. 

-Comme tu t'en doutes, il est toujours enfermé à Azkaban. Aussi, si je t'ai raconté tout ça en détail, c'est bien pour que tu comprennes le contexte. Le gardien-chef de la prison nous autorise à interroger l'américain. 


James n'en crut pas ses yeux, il allait visiter la mythique prison des sorciers. Il n'était cependant pas totalement rassuré tant la prison avait mauvaise réputation. Bien que les Détraqueurs aient disparu, on racontait que cette prison était, plus que jamais, la représentation même de l'Enfer. Peu d'informations filtraient sur Azkaban. Hormis le fait qu'elle était désormais gardée par des sorciers et des créatures très puissantes ? James avait hâte de voir comment les Détraqueurs avaient été remplacés. L'oncle et son neveu arrivèrent rapidement devant l'une des cheminées de l'Atrium. James essayait de contenir son excitation, mais Ron avait très bien compris l'impatience de son neveu. Celui-ci avait été prêt à partir en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Il claquait la langue avec impatience en regardant Ronvérifier s’il avait pris toutes les affaires dont il avait besoin. 


-Azkaban est accessible par le réseau de cheminées ? demanda James en comprenant au moment où il termina sa question que celle-ci était complétement stupide. 


Ron sourit d'un air sinistre.


 -Oh, tu te doutes bien que non James. Quelle heure est-il ? Midis ? J’espère que tu as pris quelque chose à grignoter, si nous jouons de malchance en chemin, nous risquons de ne même pas rentrer à temps pour dîner.


Puis Ron s'avança dans l'atrium et s'écria : -Docks 13 ¾, Liverpool ! avant de disparaître, emporté par les flammes vertes. 


James fit de même et fut projeté dans le traditionnel tourbillon désagréable. Il atterrit à l'intérieur de ce qui semblait être une vieille maison en bois. La décoration autour ne laissait aucun doute sur sa proximité avec la mer. Mouettes empaillées, filets de pêche, harpons, marinières, cirets jaunes, rien ne manquait à l'attirail du parfait pêcheur. Ron l'attendait devant la cheminée. Il était en compagnie d'un vieil homme édenté que le poids des années avait fini par voûter considérablement.


-James, je te présente Alfie. Alfie, je te présente James. 

-Ne serait-ce pas le fils de Potter ? demanda le vieil homme d'une voix ridiculement aiguë.

-Lui-même, assura Ron. Nous aurions besoin d'un bâteau pour Azkaban. 


Alfie n'écoutait pas l'oncle Ron. Il s'évertuait à saluer James bien bas (ce qui était un exploit tant il était déjà voûté).

 -Quel honneur de vous rencontrer. Vous ressemblez à votre père, à part vos yeux. Vous n'avez pas de lunettes non plus, ni de cicatrice, et le cheveu plus clair ! Je le connais très bien, j'étais là lors de ses premiers malaises en mer. 


Ron sourit nostalgiquement à l'évocation de ce souvenir. 


-Il est vrai que le trajet est toujours éprouvant la première fois, concéda Ron. 

-Génial, persifla James. Et moi qui me suis servie deux fois du porridge au déjeuner.

 -Ne t'inquiète pas, James. Alfie est le meilleur navigateur de Liverpool. Nous sommes entre de bonnes mains. 


Le dénommé Alfie lui adressa un horrible rictus édenté, savoir que le vieillard allait être le capitaine de leur bateau n'était pas pour rassurer James. Malheureusement, il n'avait visiblement plus le choix. Alfie leur proposa un café en leur indiquant des tasses à la propreté douteuse, avant de se retirer pour aller préparer le bateau. 


-Ne t'en fais pas, rassura Ron. Alfie est impressionnant dès qu'il est sur la mer. J'avais la même sensation que toi au début. Alfie est un sorcier qui a choisi de vivre parmi les Moldus. Il vit de la pêche, mais il rend service aux sorciers lorsqu'ils ont besoin de ses services. Tu verras que l'accès à Azkaban se fait par des eaux tumultueuses, accessibles à aucun navire Moldu. Quel qu'il soit. Les bâteaux sorciers possèdent des coques ensorcelées qui les rendent plus maniables en eaux agitées, et surtout, ils éloignent les monstres marins qui hantent les eaux proches d'Azkaban. 


Ron indiqua à James la sortie de la cabane, quand il mit le nez dehors, il s'aperçut que la maison était en fait une vieille bicoque sur pilotis qui tenait quelque part entre les quais 13 et 14. Cette partie des docks rassemblait visiblement de nombreuses cabanes de pêcheurs similaires à celle d'Alfie. Bien que la sienne était de loin celle à l'aspect le plus misérable, James se doutait même que la magie permettait à l'ensemble de tenir tant le tout paraissait instable et prêt à s'effondrer dans la mer. Ils avancèrent le long du quai. Et à ce moment-là, la panique de James ne fit que s'intensifier. Leur bateau serait un ridicule petit esquif à voile, pourvu de deux pauvres rames. Le manque d'uniformité du bois sur la coque laissait penser qu'il avait été raffistolé au fil du temps avec du bois de récupération tandis que la voile était déchirée par lambeaux entiers. Pour couronner le tout, le ciel s'assombrissait, des nuages noirs envahissaient l'horizon. Une tempête se préparait. 


Ron aida James à se hisser à l'intérieur du navire, avant d'y grimper lui-même, le faisant tanguer dangereusement. Il ne restait qu'une place minuscule pour le vieil Alfie. Celui-ci arrivait d'ailleurs, il venait d'enfiler un ciret jaune, des bottes et il portait une longue canne à pêche artisanale sur l'épaule. Malgré l'aide de Ron, celui-ci se hissa difficilement à l'intérieur -le bateau tanguait de plus belle-, et après s'être assuré que tout le monde était bien installé, il tapota les rames de sa baguette et celles-ci se mirent à tournoyer toutes seules, très lentement. James observa les docks de Liverpool s'éloigner. Peut-être était-ce parce qu'il n'avait aucune confiance en Alfie, mais il avait l'impression que le port restait toujours à la même distance d'eux, et ce depuis dix bonnes minutes. 


-On ne serait pas en train de faire du sur-place ? demanda-t-il à Ron. 

-Plus ou moins, je dois te l'avouer, on va très lentement. Mais attends quelques minutes.


James ricana narquoisement à l'idée que son père avait été malade à l'issue de son premier trajet, soit Alfie avait bien vieilli, soit son père était une vraie petite nature. Pressentant la longueur du trajet, James sortit une plume et un parchemin de sa sacoche. Les récents événements lui avaient fait oublier la proposition de sa mère. Scott et Alice, ses meilleurs amis à Poudlard, pourraient venir passer les deux dernières semaines des vacances. Bien sûr, James avait totalement oublié de leur proposer. De plus, il se devait de leur donner des nouvelles de son stage comme il leur avait promis. 


Chers Alice et Scott,

Je dupliquerai ce courrier en deux exemplaires. Vous recevrez donc exactement le même, je ne pense pas avoir le temps de vous personnaliser à chacun un courrier. Si vous me lisez, c'est que j'ai pu rentrer chez moi sain et sauf. En effet, je suis actuellement bloqué au beau milieu de la mer sur un espèce de morceau de bois tout moisi piloté par un vieillard qui l’est tout autant. Cela fait partie de mon stage chez les Aurors en fait. Je ne peux pas trop vous en dire. Mais comme vous l'avez peut-être su par vos familles qui sont toujours bien informées, un bien étrange groupuscule de mage noirs (habillés en blanc) a fait son apparition. Le Bureau des Aurors est sur le qui-vive pour une fois. A croire que Merlin a souhaité que je m'amuse bien pendant mon stage. Pour vous expliquer ceci de vive-voix, mes parents sont d'accord pour que vous veniez passer le reste des vacances au Square Grimmaurd. Je pourrai m'arranger avec mon père pour avoir des horaires plus souples. Nancy est déjà là et Albus et Lily seront ravis de vous tenir compagnie pendant que je serai au travail. 


Tenez-moi vite informés,


Votre James qui prie pour vous revoir un jour. 

P.S : De l'eau s'infiltre de plus en plus dans le bateau !! On va couler ! 


James leva le nez de son parchemin. Il ne sut expliquer pourquoi, mais quand il voulut se saisir de sa sacoche, il dut tendre plus largement le bras. Sans doute avait-elle bougée quand l'eau s'était infiltrée. Il regarde de nouveau vers le port, celui-ci ne s'était que trop peu éloigné. Cependant quelque chose avait changé, Alfie s'était levé. Il se tenait debout à l'arrière du bateau. « Il va tomber, pensa James. ». Il semblait humer à plein nez l'air ambiant. Mais maintenant que James y faisait plus attention, le vieux avait un aspect bien moins voûté que lorsqu'ils s'étaient salués. James voulut demander à Ron s'il rêvait, mais un autre détail le frappa. La voile, auparavant en lambeaux, était à présent intacte. Celle-ci attrapait désormais le vent à la perfection. Et le port commençait à s'éloigner plus distinctement. Ron souriait. 


-Et encore, ce n'est que le début, chuchota-t-il à James. 


A mesure que le bateau s'avançait dans la mer, celui-ci semblait offrir plus d'espace à ses occupants. Ses planches rafistolées se mêlaient désormais à la totalité de la coque qui commençait même à briller comme si le bateau sortait juste du chantier naval. Le vieil homme se tenait désormais parfaitement droit, son regard, auparavant absent, était désormais vif et déterminé, ses cheveux paraissaient moins clairsemés et, -miracle-, ses dents étaient réapparues. 


-C'est impossible, jura James. 

-Fiston, le vieux parlait désormais d'une voix grave, comme venue des profondeurs de la mer. La mer est notre poumon, tu vois là la raison pour laquelle tous les grands navigateurs ont dépéri une fois rentrés dans leur soit-disant chez eux. Itaque n'était pas la demeure d'Ulysse, c'était la mer ! Magellan n'aurait jamais dû s'arrêter dans les Philippines, Barbe Noire n'aurait jamais dû s'approcher des rivages Caribéens. Tant que nous sommes en mer, la mort nous oublie. Ainsi sont fait les marins, fiston. Vos moyens de transport rapides vous l'ont fait oublier. 


James était impressionné. Jamais il n'avait vu de telle magie. Ron souriait lui aussi. Appréciant ce moment, probablement l'un des plus prodigieux qu'il lui ait été donné de voir à lui aussi. Alfie observa un moment le ciel. 


-Je vais avoir besoin d'aide pour garder le cap, expliqua-t-il.


Il s'approcha encore plus dangereusement du bord de la barque, joignit son pouce et son index, et les porta à sa bouche. Il en sortit un long sifflement strident, qui semblait, lui aussi, sortir du plus profond de la mer. Alfie répéta cette action trois fois. Puis il contempla de nouveau le ciel.


Une immense silhouette perça les ténèbres du ciel liverpuldien et s'approcha de l'embarcation. James et Ron se levèrent pour l'observer de plus près. C'était un immense oiseau, mi-aigle, mi-cormoran. Il restait en vol stationnaire près d'Alfie, son plumage blanc étincelant semblant éclairer à lui seul toute leur zone, du port, jusqu'à l'horizon. 


-Le Liver Bird, murmura Ron. L'emblème de Liverpool. Ils sont deux. Ces oiseaux indomptables sont les gardiens de Liverpool. Je croyais que c'était un conte de fées pour Moldus … Hermione me l’avait raconté quand nous étions venus visiter.


Alfie étouffa un rire méprisant et s'approcha de l'oiseau. 


-Ma belle, ces messieurs sont pressés, je compte sur toi pour nous montrer le chemin et nous épargner de la tempête. 


L'oiseau poussa un doux rugissement, qui, James le savait, retentit jusqu'à des kilomètres à la ronde.


 -Messieurs, je vous conseille de vous asseoir, annonça Alfie. La rigolade commence. 


Les rames se mirent à tourner à toute vitesse, la voile se gonfla de plus belle, le bateau accélérait et tanguait de plus en plus, mais Alfie, impassible continuait de tenir le gouvernail en suivant le gigantesque oiseau. La tête de James commençait à tourner, au creux de son estomac, il sentait son petit-déjeuner pas encore digéré qui tournoyait à toute vitesse, le vent glacial venait le frapper en plein visage et surtout, il entendait Ron et Alfie ricaner. C'était sûr qu'ils se moquaient de lui. Ron, lui, paraissait tout à fait serein. 


-Ca se voit que tu n'as jamais eu à voyager à bord de la Ford Anglia Volante de ton grand-père, James. Les sensations étaient encore plus extrêmes. 


James voulut répondre, mais à peine eut-il ouvert la bouche qu'il sentit que le porridge menaçait dangereusement de remonter. Pris de nausée, il s'empressa de refermer la bouche et tenta de fixer le point le moins mobile de son champ de vision : l'horizon. 


-Dis Alfie, reprit Ron. Comment as-tu réussi à nouer relation avec un tel animal ? 

-Longue histoire fiston, dans ma jeunesse, j'étais mousse sur un chalutier. Un soir, nous avions décidé de faire la fête, sauf qu'après que nous eûmes bu toutes nos provisions de whisky, une tempête s'est déclenchée. Bien sûr, on faisait n'importe quoi. Le capitaine a tombé son compas dans la mer, et j'avais déchiré la voile en tentant de la replier. Et bien évidemment, je n'avais pas jugé utile de prendre ma baguette. Je ne m'en servais jamais au fond. Sur ce genre de chalutier, c'était plus drôle de naviguer à la Moldue, avec des Moldus. Mais quoi qu'il en soit, on était foutus. Quand on a désaoulé, on s'est mis à déprimer. Le capitaine voulait se jeter à la mer. Et puis, ma belle est arrivée. On a d'abord entendu son cri, et on a cru au Kraken. Mais elle s'est pointée devant nous, et on savait qu'on devait la suivre. On a rafistolé la voile avec nos propres vêtements, et on l'a suivie. On crevait de froid, faut dire que le vent du Nord en sous-vêtement, il faut pouvoir le supporter, mais on s'accrochait. Et après plusieurs heures de navigation. On amarrait à Liverpool. Depuis, elle vient souvent me saluer lorsque j'embarque. Et je sais que tant qu'elle est là, je ne risque rien. Pas sur la mer en tout cas.


-C'est une très belle histoire, remarqua Ron. Tiens, je crois qu'on tient là le digne fils de son père. 


James s'était concentré sur le récit d'Alfie. Au cours du récit, il avait voulu tourner la tête pour observer Alfie. Ce mouvement était celui de trop pour son estomac. Voilà qu'il avait désormais penché la tête par-dessus le côté de l'embarcation et vomissait tout son saoul. Le tout sous l'hilarité de ses deux camarades.


-Le plus gênant dans tout ça, c'est que tu rates le panorama. Si Azkaban gagne à être vue, c'est bien de loin, dit Ron en se reprenant de son fou rire. 


Tant bien que mal, James releva la tête vers l'horizon. A présent, il voyait se dessiner une tour majestueuse en forme de prisme à base triangulaire. Malgré la réputation qu'il connaissait de la prison, la vue de l'îlot et de sa tour, perdus au milieu de la mer, rendirent James admiratif de l'endroit. Et de son roulis, il comptait bien en faire abstraction, tant il ne voulait rien manquer de cet endroit, sinistre, certes, mais légendaire. 


(1) Le Liver Bird est une vraie référence culturelle. Selon la légende, deux Liver Bird gardent Liverpool. Si les deux s'envolent, on dit que le malheur frappera la cité. D'ailleurs, je vous conseille de visiter Liverpool, c'est une ville magnifique. Surtout pour qui aime le foot, les Beatles et le poisson.

Chapitre VIII. Le Baraquement by Portus

La tour était encerclée en son sommet par d'épais nuages noirs. Aucune lumière ne semblait filtrer à travers ceux-ci. De ce que James pouvait apercevoir, les quelques arbres disposés autour n'avaient pas la moindre feuille, et, hormis le gris, aucune autre couleur ne semblait vouloir venir offrir ses contrastes en ce lieu désolé. Alfie ralentissait l'allure, afin de permettre à James d'admirer plus en détail l'île dévastée. 


L’édifice d’Azkaban occupait la majeure partie du sol immergé. Sur les flancs, et l’arrière du bâtiment, les murs semblaient même être stabilisés magiquement au-dessus des eaux, tant ils flirtaient dangereusement avec les flots déchaînés. Les vagues, sinistres rouleaux compresseurs venaient s’y abattre à un rythme effréné,déposant avec fracas, sel, écume, et coquillages sur les murs de pierre noire immaculés. La tour comportait de nombreuses ouvertures, minuscules, semblables aux meurtrières d’un château fort médiéval. Celles-ci se répartissaient sur neuf niveaux, si les yeux de James ne le trompaient pas. Et il ne put s’empêcher d’imaginer que les niveaux inférieurs devaient régulièrement être inondés au vu de la violence des vagues.


Le bateau avançait de plus en plus et James arrivait à distinguer la petite partie de terre immergée, à l’avant de la tour. Un baraquement métallique avait été installé entre deux miradors qui cerclaient le seul accès terrestre à la tour,  et l’aspirant Auror put également distinguer qu’un grillage faisait le tour de l’île reliant le baraquement et les deux miradors,  venant frôler la tour sur les côtés à fleur de mer avec, tout son long, de solides barbelés qui ornaient ce grillage. De plus loin, il aurait été impossible de distinguer la clôture, tant elle se confondait avec la noirceur de la pierre. Il vit également se dessiner des formes imposantes, au bas de la tour, masquées en partie par le baraquement qui lui faisait face, les formes jaunâtres, lui évoquaient des sortes de dunes imposantes. Probablement du sable ramené par le vent qui soufflait si fort. De chaque côté de ces dunes, et dans le champ laissé libre à sa vision, entre les miradors et le baraquement, il distinguait également des formes géométriques, minuscules en raison de la distance, et grises elles-aussi, elles dépassaient du sol dépourvu de la moindre végétation. 


-Les tombes des prisonniers dont personne n'a jamais réclamé le corps, pensa James. 


Le bateau approchait d'un embarcadère bancal, en bois, permettant d’accéder directement au baraquement. Quatre silhouettes se dressaient devant celui-ci et s’approchaient d’eux. James, se sentant épié, distingua également le sommet des miradors. Sur chacun des deux, un sorcier observait les nouveau venus en pointant leurs baguettes vers eux. 


-Les fameux gardiens d'Azkaban, expliqua Ron avec un sourire amer. Ils sont très ... chaleureux.


 Alfie s'attelait désormais à amarrer le bateau. Il stabilisa le bateau en bloquant une rame sur l'embarcadère. Ron descendit le premier et fit signe à James de le suivre. 


-Je reste dans le coin, annonça Alfie. Le temps est à la pêche. Je pense que je vais ferrer suffisamment pour pouvoir vous garder à dîner. Tu n'auras qu'à jeter des étincelles vers le ciel quand tu souhaiteras que je revienne, fiston. 


Et il leur adressa un dernier sourire aimable. Et James jura de nouveau que certaines de ses dents recommençaient à pourrir. Ron acquiesça d'un signe de tête, puis se tourna vers James. 


-Maintenant, sois très prudent James. Reste toujours très près de moi, et surtout, fais bien tout ce que les gardiens te demanderont de faire. 


Ron avait l'air stressé, ce qui était rare chez lui. Ceci contribua à rendre James de plus en plus anxieux. Son oncle, quant à lui, se dirigeait désormais vers les quatre gardes qui les attendaient sur le seuil du baraquement. Ils étaient tous vêtus du même uniforme. Une tunique entièrement noire constituée de bottes en cuir, d'un pantalon, d'un long manteau en fourrure, et un chapeau à large bord descendant très bas sur leur tête. Leur visage était lui complètement caché par un foulard anthracite remonté jusqu'à leur nez et par des lunettes noires à large monture entièrement opaques. L’un d’entre eux s’avança vers Ron. James restait en retrait, non loin du ponton de l’embarcadère.


-Noms, Prénoms, Motifs de la visite, énonça le garde d'une voix de Stentor. 

-Ronald Weasley, Auror et James Potter (il fit signe à James de venir à sa hauteur), apprenti Auror. Nous sommes ici pour interroger Bill Ethar, qui est emprisonné au Premier Niveau, si mes souvenirs sont exacts. 


Il se mit à tourner autour d'eux et à les observer attentivement de la tête aux pieds. 


-Pièces d'identité, demanda-t-il en tendant la main. 


Ron lui tendit sa baguette, le garde l'examina, puis sortit sa propre baguette qu'il pointa sur celle de Ron. Il murmura des paroles incompréhensibles, la baguette se mit à tournoyer dans ses mains, puis émettre des volutes de fumée multicolores. Sans le moindre signe positif ou négatif, il tendit la baguette à Ron. Puis fit de même avec celle de James. Après avoir de nouveau tourné autour d'eux, il énonça : 


-James Potter ne figure pas sur nos registres. Il n'a pas d'autorisation de laisser-passer. Et vous devez aviser de vos visites, quarante-huit heures à l’avance, ce n’est pas votre cas. Ronald Weasley. 

-Le Bureau des Aurors avait prévu, annonça Ron avec un léger ton narquois. J'ai une accréditation signée de la main de Iggy Greengrass, Directeur du Département de la Justice Magique. Nous pouvons accéder au détenu Ethar.


Le garde s'en saisit, l'observa quelques secondes, puis d'un coup de baguette magique la réduit en cendres. Ron prit une teinte écarlate, on voyait sa veine cogner contre sa tempe et sa main se crisper sur sa baguette. Selon James, il était évident que le garde venait de manquer de respect à Ron, mais avant tout, il voulait savoir pourquoi le garde s'était comporté de la sorte. 


-Le Commandement a été clair, Ronald Weasley, dit le garde. Pas d'autorisation d'entrée si elle n’est pas demandée à l’avance, même avec une accréditation, sauf en présence d'un haut-fonctionnaire du Ministère. Vous ne l’êtes pas, que je sache …

-Attendez, il y a urgence. Un meurtre a été perpétré et le prisonnier Ethar pourrait détenir des informations qui nous mettraient sur une piste … Ce n’était pas comme ça du temps …

-Où les Aurors supervisaient la garde de cette enceinte, coupa une voix rauque avec un accent d’Europe de l’Est.


Un autre gardien venait de sortir du baraquement métallique.  L'homme était vêtu du même uniforme que ses collègues, les seules différences  résidaient dans le fait qu’il ne portait ni lunettes, ni chapeau, ni foulard, et sur son épaule gauche étaient brodées des lanières de tissus dorées symbolisant sans doute ses galons. Il était beaucoup plus grand que les autres gardes et plus massif également. Il avait de longs cheveux bruns lui descendant jusqu'à la taille, un visage couvert de cicatrices, un nez en trompette, de grands yeux gris perçants et un collier de barbe encadrait sa mâchoire carrée. Il souriait d’un air froid en observant les deux Aurors.


-A chaque visite d’un Auror, nous y avons droit, continua-t-il. Néanmoins, nous sommes désormais tenus d’obéir au chef de la Brigade de Police Magique et le Commandant Smith a été très clair … Même avec une accréditation, un visiteur doit figurer sur nos registres, et s’annoncer quarante-huit heures à l’avance …Sauf si, bien sûr, Monsieur le Ministre ou un de ses collaborateurs directs venait en personne …


Ron se renfrogna, et observa tour à tour James et le chef des gardiens. Son regard venant de perdre toute détermination, il semblait encaisser le coup.


-Capitaine Manyabal, implora Ron. Interroger Bill Ethar est capital pour notre enquête … Il y a eu un meurtre …

-Et donc ? Vous pensez que Bill Ethar l’a commis ? Vous insinuez que nous ne faisons pas notre travail ! Nous nous relayons nuit et jour ici, nous renouvelons chaque jour les maléfices qui entourent l’île, nos sph …


Le Capitaine donnait l’impression de vouloir sauter à la gorge de Ron. Outré par ce qu’il croyait comprendre de l’affirmation de l’Auror.


-Non, Capitaine, tempéra Ron. Ce n’est pas ce que j’insinue, mais il semble que les suspects aient pu avoir été en affaire avec Ethar par le passé …

-Soit, mais nous avons pour consigne de ne laisser entrer personne. J’en suis navré, Weasley …

-Capitaine, tenta James. A aucun moment, Ron n’a précisé que nous souhaitions “entrer” … Nous souhaitons juste “interroger” Bill Ethar.

-Vous ne figurez pas sur mes registres, petit garçon …


Désormais, c’était James qui fulminait sur place, surveiller la prison des sorciers était certes une responsabilité, mais ce n’était pas non plus, selon lui, un prétexte pour être ainsi piqué de zèle.


-Non, James a raison, soutint Ron. Nous souhaitons juste interroger Ethar, que ce soit dans sa cellule, ou dans la mangeoire des … Enfin … Peu importe …


Le sorcier chargé de la surveillance d’Azkaban semblait jauger ses interlocuteurs à travers ses yeux gris. Après s’être passé la main sur son collier de barbe, il hocha la tête, fit un signe aux quatre autres gardiens et annonça :

-Sachez, Mr Weasley, qu’aucune ligne du protocole ne m’y oblige. Disons, que je suis nostalgique du temps où nous partagions le même pudding de fin d’année …

-Nous apprécions beaucoup travailler avec vous tous, dans le même service. Harry regrette d’ailleurs souvent cette période, affirma Ron d’une voix de fausset.


Et sans un mot, le Capitaine se retira dans le baraquement pour laisser le relais à ses quatre collègues.


-Si vous voulez bien me donner vos baguettes, lança l’un d’eux.


Ron s’exécuta, et fit signe à James de faire de même, puis, il leur fut indiqué de les suivre à l’intérieur du baraquement. Comme James s’y attendait, celui-ci avait été étendu magiquement à l’intérieur, d’aspect misérable et minuscule à l’extérieur, l’intérieur, quant à lui était composé d’un très long couloir tellement illuminé, que les dalles de marbre blanc en faisaient mal aux yeux de James tant la lumière s’y reflétait. Au loin, Manyabal était d’ailleurs en train de progresser vers une grande ouverture vitrée sur la tour, son cimetière, et ses dunes.


De chaque côté du couloir, des minuscules box avaient été aménagés, séparés par une mince cloison, et y accédant par une simple porte battante, des gardes, vêtus du même uniforme fixaient des sortes de morceaux de parchemin. disposés sur un pupitre.


-Tu n’as pas idée de ce qu’il y a sur ces parchemins ? lui murmura Ron avec un sourire complice.

-Des dossiers pour Greengrass ? tenta James, maintenant au fait des pratiques bureaucratiques du Ministère.


Mais Ron se contenta simplement d’éclater de rire.


Arrivés au centre du couloir, les gardiens qui les guidaient pivotèrent sur leur droite. Entrant dans une immense salle, dallée de marbre également et qui se prolongeait jusqu’au bout du couloir central, au milieu de la salle, une petite table ronde trônait. Sur le mur face à eux, un immense morceau de parchemin était accroché, affichant un plan de coupe de la tour. Mais ce n’était pas un plan ordinaire. Plusieurs dizaines de petits points étaient en mouvement sur les différents niveaux. Et une petite étiquette accompagnait chacun, avec le nom de celui ou celle qui était représenté par ce point.



-C’est une Carte du Maraudeur … murmura James.


Et Ron, qui entendit la remarque de son neveu, ne put s’empêcher d’éclater de rire.


-Ton père a beaucoup inspiré Kingsley, quand il a été question de remplacer les Détraqueurs. Il y a neuf box de gardes chacun ayant vue sur un plan de chacun des neuf niveaux de la tour. Et ici, au bureau principal, ils ont une vue d’ensemble. Et en effet, toute la surveillance repose sur les même sortilèges que la Carte …


L’un des quatre gardiens tapota d’ailleurs sur la carte affichée au mur, pour ne faire apparaître que le “Neuvième Niveau”, d’après la légende. James eut simplement le temps de voir un point immobile représentant “Dolorès Jane Ombrage” avant que l'un des trois autres gardiens ne jette un sort de fumée pour que les visiteurs n’aient pas accès aux informations de la prison. Ce qui permit à James de s’attarder sur le mur gauche de la pièce et de voir que le bureau principal disposait également d’une immense fenêtre donnant sur la tour, son cimetière, et son entrée. La silhouette de Manyabal se tenait désormais au pied des dunes, et, chose incompréhensible pour James, il jetait sur la plus massive des quatre une pluie d’étincelles rouges..


Mais avant que James n’ait pu poser la question, les trois autres gardes, longèrent l’écran de fumée, et se postèrent à la vitre.


-C’est toujours impressionnant, marmonna l’un d’eux.

-Mouais, c’est quand même pas pratique pour celui qui est de corvée des repas …

 


Et pour être impressionnant, ça l’était ! pensa James. Car la dune que Manyabal arrosait d’étincelles se mit à bouger, James commença par distinguer une patte, puis deux, puis une troisième et enfin une quatrième. Enfin, la créature, qui sûrement dormait, blottie en boule à l'entrée de la tour laissa sortir sa tête qui était auparavant lovée entre ses pattes avant. La créature avait en fait un corps de lion et une tête humaine. Jamais James ne pensait en voir un jour, tant ces animaux étaient rares et indomptables. Le Sphinx s'assit sur ses pattes arrière, poussa un hurlement guttural, résonnant sur toute la surface de l’île et qui entraîna le réveil des trois autres Sphinx qui dormaient en boule et ressemblaient jusqu’alors à des amas de sables. Ils contemplaient alors le Capitaine avec un air de détermination féroce. Le premier à s'être réveillé se lança dans une tirade, qui résonna comme si sa voix grave et gutturale venait des profondeurs de l’île :


-Mon premier a des plumes et pas de poils. 

Mon deuxième a des poils et pas de plumes. 

Mon troisième a des plumes et pas de poils. 

Mon quatrième a des poils et pas de plumes. 

Mon tout n'a ni plumes ni poils. 


James avait oublié que les Sphinx étaient avant tout des créatures férues d'énigmes. Peut-être après tout, que même Manyabal n'avait aucun contrôle sur eux, et, qu'en trouvant une réponse, il leur serait possible d'éviter un duel sanglant. Car, tel était le propre du Sphinx. Capable de rentrer dans une rage pouvant même terrasser un dragon. Mais la silhouette du gardien en chef agita de nouveau sa baguette et s'écria, avec, lui aussi une voix magiquement amplifiée : 


-Nous n'avons pas le temps pour des charades stupides, Noble Sphinx. En tant que chef de la prison d'Azkaban, je te demande à toi gardien des clefs, de nous donner accès à la tour et au premier niveau.


Celui-ci hocha la tête, ferma les yeux, les rouvrit, puis se mit à les cligner précipitamment. Au même moment, une chaîne en or apparut autour de son cou. Un trousseau d'immenses clefs en fer blanc faisait office de médaillon. La Sphinx agita la tête et deux clefs se détachèrent du collier et lévitèrent gracieusement vers Manyabal. Elles semblaient ouvragées, mais à une telle distance, James ne pouvait en distinguer les détails. Le Capitaine de la garde s’en saisit, et disparut après avoir ouvert l’immense porte en fer forgé que gardaient les Sphinx. 


Les gardes du bureau principal continuaient d’ignorer royalement Ron et James. Ils discutaient entre eux des heures de nuit mal payées ces derniers temps, du retard du Portoloin de relève, et des résultats du Quidditch.


Au bout d’un bon quart d’heure, James aperçut la porte de la tour se rouvrir, et une silhouette, ligotée par des liens magiques la franchit le premier en lévitant, tandis que Manyabal sur ses talons, le guidait en effectuant des gestes de chef d’orchestre.


Lorsqu’il fit pénétrer le prisonnier dans la salle, James put le détailler pendant que Manyabal levait son maléfice anti-transplanage. Il était vêtu d’une tenue noire et blanche rayée horizontalement et mangée aux mites.  James constata que ses favoris châtains étaient parfaitement délimités au rasoir, sa houpe parfaitement fixée par de la laque, laissait apparaître un front bombé et prématurément ridé. Lorsqu’il aperçut Ron, il laissa découvrir ses dents blanches dans un rictus amer.


-Monsieur Weasley, je n'aurai jamais cru que vous viendriez m'apporter des oranges !

-Je suis désolé, Mr Ethar. Le poste de sécurité m'a confisqué vos oranges. Je me présente donc à vous les mains vides, ironisa Ron d'un air mauvais.


Et tandis que Bill Ethar observait désormais James d’un oeil interrogateur, Manyabal fit s’installer l’américain sur un siège autour de la table ronde, face à Ron et James, puis invoqua, d’un coup de baguette magique, un cercle de fumée garantissant la confidentialité de l’échange aux deux Aurors et au prisonnier.


-Serait-ce mon futur compagnon de cellule ? demanda l'américain en montrant James d'un signe de tête. 

-Oh pardon, je ne vous ai pas présentés, s'excusa Ron ironiquement. James Potter (et il insista bien sur le nom de famille), est ici pour sa formation d'Auror. Croyez-moi que nous tenons là un élément encore plus coriace que tout le reste de sa famille. 

-Dans ce cas, je devrais quitter l'Angleterre au plus vite à la fin de ma peine, répondit Ethar en conservant son air sournois et sarcastique que James commençait à sérieusement détester. 

 -Oui, continua Ron d'un air mauvais. Il vaut mieux pour vous, en effet. Pourquoi ne pas rejoindre l'Egypte ? Vous y avez sûrement de nombreux amis grâce à vos petites manigances. Un groupe de fanatiques égyptiens du nom de Rame Tep, si je ne m’abuse …

-D'après vos journaux, ici, en Angleterre, ils ont tous été arrêtés. 

-Donc vous confirmez que vous étiez amis ? demanda Ron en n'arrivant guère à masquer son air intéressé. 

-En réalité non, pas vraiment, confessa Ethar d'un air vague. 

-Pas vraiment ? répéta Ron, en lui faisant signe de continuer. 

-Tous mes interlocuteurs étaient masqués. La seule chose qui les intéressait chez moi, c'était la taille de mon porte-monnaie, on ne peut pas dire que j’ai eu avec eux des relations, autres que commerciales .... 

-Tout ce qui intéressait les Rame Tep était donc l'argent que vous leur fournissiez pour écouler leur stock de produits de magie noire. C'est bien ça ? reformula l'Auror. 

-Pourquoi venez-vous me poser ces questions maintenant, Mr Weasley ? Travaillez-vous pour le gouvernement égyptien désormais ? Les Rame Tep n’agissaient vraiment qu’en Egypte. Et d’après les correspondants de la Gazette du Sorcier, ils ont vraisemblablement tous été arrêtés.

-Cette affaire n'intéresse que le bureau des Aurors, Mr Ethar, et je ne pense pas qu'il soit dans votre intérêt de vous mettre les  Aurors à dos. 

-Vous souvenez-vous de ce que je vous avais dit, à l'issue de mon procès, Mr Weasley ? demanda le prisonnier, un grand sourire plaqué sur son visage. 

-Quelque chose à propos d'atouts à garder dans sa manche, il me semble, répondit Ron, pensif. Et alors ? 

-Je vous avais aussi dit que je demeurais, un excellent négociateur. Dans quatre ans, quand je sortirai, ma fortune aura encore plus fructifié sans que je ne fasse rien. Je sais toujours où je dois placer mes billes. A qui je peux faire confiance ou non, ce que je dois concéder ou ne jamais céder dans une négociation.


Ron devint lentement livide, il jeta un coup d'œil paniqué à James puis à Ethar qui reprit son monologue d’un air plus déterminé que jamais. 


-Vous ne fermez pas votre esprit, Mr Weasley, annonça l'homme d'affaires d'un air encore plus mauvais. Et vous savez que désormais, c'est moi qui mène la négociation. Parce que maintenant, vous savez d'où viennent mes talents pour la chose. 

-Un légilimens, murmura Ron entre ses dents. 


James comprit instantanément. L'homme était si sûr de lui. C'était pourtant évident, voilà qu'il savait lire dans les pensées, sans doute devait-il savoir pour le meurtre de Goyle et pour Shafiq l'égyptien. 


-Donc à moi de reformuler, reprit le prisonnier. Il y a eu un meurtre récemment. Vous enquêtez dessus et apparemment vous vous demandez s'il n'y a pas un lien avec un de mes fournisseurs égyptiens. C'est bien ça ?


 Ron le fixa d'un air mauvais, sa main se crispant de plus en plus sur la table. Il semblait se poser un millier de questions en même temps, tandis que sa veine cognait très fort sur sa tempe. Lentement, il inspira un bon coup, puis hocha la tête d'un signe affirmatif.


 -Si je vous dis que je crois avoir un début de piste pour vous, est-ce que cela vous intéresse ? questionna le négociateur. 


Ron le fixait toujours sans ciller, et cette fois, il ne consentit même pas à hocher la tête. Et le prisonnier reprit aussi sec : 


-J'ai quelque chose qui vous intéresse, et vous avez quelque chose qui m'intéresse.Faisons du gagnant gagnant. Cinq ans de prison pour avoir simplement fait fructifier mes affaires, avouez que c'est cher payé. Je n’ai jamais été un aspirant mage noir. Vous le savez très bien … 

-Vous n'aurez rien, pas de ma part en tout cas, Ethar. 


Le détenu sourit de plus belle à l'écoute du ton catégorique de l'Auror. Il fit mine de réfléchir un instant, les yeux levés au plafond, puis il observa de nouveau son interlocuteur, et reprit la parole en faisant mine de fouiller dans sa mémoire.


 -Oui, j'avais souvent affaire à un drôle de type. Votre âge à peu près. Il parlait un anglais impeccable. Sans fioritures. Il me demandait souvent des numéros de la Gazette du Sorcier. Sans cesse, il voulait savoir comment cela se passait chez nous. La paix, la chute de Vous-Savez-Qui. La fin du règne des Sang-Pur, ce que valait vraiment Potter. Il disait que tout ça, c'était une belle mascarade. Que viendrait un jour, où les Sang-Pur reprendraient ce qui leur était acquis de droit. Je vous ai donné l’eau à la bouche, n’est-ce pas ?


Ron l'observait d'un œil avide,tandis que  James sentit son cœur manquer un battement, sans doute tenaient-ils quelque chose, mais l’américain ne semblait pas vouloir le lâcher facilement. 


-Nous sommes coincés, reprit Ron d’un air exagérément défaitiste. Vous avez réussi à rendre vos renseignements indispensables pour nous. Combien en voulez-vous ? Une diminution de moitié de votre peine, c'est bien ça ? Vous avez déjà purgé un peu plus d’un an. Si on examine la bonne conduite, vous pourrez sortir d’ici l’été prochain  ..


Le détenu l'observait désormais d'un air avide, ses grand yeux se plongèrent dans ceux de Ron, qui avait le front plissé de concentration, certainement pour enregistrer les informations déjà grapillées, et Ethar lui répondit instantanément dans l'affirmative. Sans avoir réussi à percevoir l'éclair de triomphe dans les yeux de Ron. 


-C'est donc ça ! s'exclama Ron. Vous vous fichez d'être ici, parce que vous avez investi la quasi-totalité de votre fortune juste avant le procès. Un montage financier sûr, qui vous rapportera le double de votre mise d'ici un an. Un excellent conseiller en placements, ce Drago Malefoy ! 


Au vu de l'air paniqué de l'homme d'affaires, James comprit que Ron avait visé juste. Et James ne put qu'être surpris par la soudaine perspicacité de son oncle. 


-Vous êtes un excellent légilimens, Mr Ethar. Mais vous êtes un bien piètre occlumens, remarqua Ron en adoptant le même ton amer qu'utilisait auparavant l'américain. Vous n'êtes pas sans savoir, que dans le cadre de condamnations pour acte de magie noire ou recel de produits de magie noire, et dans votre cas, nous pouvons tabler sur les deux. Le Ministère est en droit de confisquer les biens des condamnés. Et Mr Malefoy, qui voit sa famille menacée par votre ami l'égyptien, se fera un plaisir de nous montrer où vous avez caché votre fortune. 


Le détenu donnait désormais l'impression d'avoir avalé quelque chose de particulièrement volumineux et de l'avoir coincé au milieu de la gorge. Il déglutit avec difficulté et plaida : 


-Je n'ai jamais eu d'attrait particulier pour la magie noire. Vous devez comprendre que tout ce qui est interdit est rare. Et donc, ce qui est rare est cher. Je ne suis pas un mage noir, je suis simplement un négociateur, Mr Weasley. Tout ce qui m’intéressait dans les articles douteux, c’était leur capacité à m’enrichir. J’aurais pu tout aussi bien faire du commerce de Boursoufs, pour peu que cela se vende bien …


Désormais, il adoptait un ton presque implorant, toute amertume et ironie avaient à présent disparu. 


Ron menait désormais le dialogue, son air satisfait montrait que l'Auror le savait bien. Il reprit donc : 


-Vous connaissez peut-être des informations capitales sur un mage noir qui erre en Angleterre. Et un refus d'obtempérer vous coûterait bien plus cher que les cinq ans que vous purgez actuellement. De plus, vous venez d'utiliser la légilimancie, qui est interdite, sur un fonctionnaire du Ministère et vous avez caché votre argent en sachant que vous allez être condamné à de la prison et avoir des dettes à rembourser. Si vous me dites, tout ce que vous savez, je fermerai les yeux sur la légilimancie et l'argent caché. Et, si vos renseignements s'avèrent être de premier ordre, je m'engage également à réviser votre dossier. Alors, je vous écoute, Bill Ethar. 

-Bien, très bien, concéda le prisonnier. Parmi mes nombreux interlocuteurs, je vous l'ai dit, il y en avait un qui se démarquait des autres. Anglais parfait, intérêt pour notre société. 


Ron acquiesça d'un signe de tête et l'incita à continuer d'un geste de la main. 


-Il se fichait des Rame Tep, et n'était jamais très regardant sur le prix que je lui donnais pour sa marchandise. Vous savez, dans les années 2010, les Rame Tep étaient dangereux. Ils avaient manipulé les moldus de pays nord africains et avaient mené des guerres civiles un peu partout sur ces territoires. Leur idéologie première, c'était le chaos, bien sûr, leurs chefs se sont fait prendre un par un, et la nouvelle génération utilisait désormais ce nom si craint pour faire du profit et s'assurer une vie de rentier confortable. 

-Et lui dans tout ça ? demanda Ron. Savez-vous au moins son nom ? 

-Je vous ai dit qu'il était masqué, une robe noire avec un capuchon qui couvrait toute sa tête. Les Rame Tep cultivent, entre autres choses, le culte du secret. Mais il se fichait d’eux, on le sentait, enfin, JE le sentais grâce à mes dons. Je descendais les prix un maximum, il acceptait toujours en dénigrant ses supérieurs. Au fil de nos rencontres, il a fini par m'expliquer que les Rame Tep avaient oublié tous leurs idéaux et qu'il en était très déçu. Il se préparait à quitter le groupe et à "voler selon ses propres ailes", disait-il. C'est là qu'il a commencé à aborder le fait que les Sang-Pur étaient désormais des parias alors que des siècles durant, ils ont maintenu la société magique à flot pendant que les Moldus cherchaient à les mettre sur un bûcher. Il détestait les Moldus et les Sang-Mêlé. Moi-même, je ne lui ai jamais avoué que je suis né-Moldu, on ne sait jamais comment il l’aurait pris ... 

-Mais encore ? demanda Ron. Nombreux sont les sorciers à détester les Moldus. Mais pensez-vous que cet homme soit venu en Angleterre ? Et pourquoi l'Angleterre l'intéressait tant ? 

-Mon contact égyptien, reprit l'américain. Peut-être qu'après tout, il n'y est pour rien dans le meurtre pour lequel vous enquêtez. Peut-être qu'il a été arrêté avec les autres Rame Tep. Mais soyez surs d'une chose, c'est que quoi qu’il arrive, un jour, il viendra en Angleterre. 

-Et pourquoi devrions-nous en être si sûrs ? reprit l'Auror.

-Eh bien, figurez-vous qu'au détour d'une conversation. Mon homologue m'a expliqué que ses parents étaient anglais. Ils sont, certes, une vieille famille égyptienne, il prétend descendre de Ptolémée. Mais sa famille au Sang-Pur immigra en Angleterre au Moyen-Âge et ils y ont tous vécu jusqu’à ce que ses parents fassent le chemin inverse. Il m’a aussi soutenu que son nom de famille me ferait dresser les cheveux sur la tête tant celui-ci inspirait la crainte aux sorciers britanniques. Je lui ai dit que ça m'importait peu puisque j'étais américain et que j'étais arrivé à Londres après la chute de Vous-Savez-Qui. Mais j'ai jugé utile de le questionner un peu plus sur son intérêt pour l'Angleterre. Pourquoi vouloir y revenir alors que sa famille était désormais établi en Egypte ? C'est là qu'il m'a expliqué que lors de la Deuxième guerre des Sorciers, il était trop jeune pour voyager jusqu'en Angleterre. Et Vous-Savez-Qui est mort juste avant sa majorité. Il m'a raconté que sa famille avait toujours rêvé de le voir triompher et que lui, même s'il n'avait à l’époque que quinze ans, était plus que jamais prêt à l'aider. Alors il s'était engagé chez les Rame Tep, il a appris leurs techniques de combat, leurs moyens de semer le chaos. Et au moment où il me rencontrait pour affaires, il attendait patiemment dans l'ombre que son heure vienne. Car il me l'avait avoué, Vous-Savez-Qui n'était plus, certes, mais il lui demeurait un serviteur dévoué à sa cause et qui perpétuerait sa volonté. En plus de tout ça, il essayait de me questionner sur mes clients en Grande-Bretagne et Irlande, il me disait qu'il avait besoin de nostalgiques des anciennes coutumes, bien sûr, je ne lui disais rien … Secret professionnel. 


Perdu dans ses pensées, Ron fixa un instant dans le vide et James ne put s'empêcher de constater que nerveusement, ses sourcils tressaillaient à l'évocation de l'égyptien par le prisonnier américain. 


-Très bien, conclut Ron. Et vous ne savez rien d'autre sur lui ? Pourquoi avait-il migré en Egypte par exemple, enfin, ses parents ? 

-Oh, ça bien sûr, il ne me l'a pas dit. Mais il ne se méfiait pas de mes talents de légilimens. Son esprit s'ouvrait un peu plus chaque fois que je lui parlais de l'Angleterre. J'arrivais chaque fois à sonder son esprit un peu plus profondément. Je voyais un homme avec un long catogan brun et un bouc. Il lui manquait une main et il hurlait : «Je n'aurai jamais dû laisser John Dawlish me la prendre !». Dans un autre de ses souvenirs, l'homme expliquait : « Je suis trop diminué. Pour pouvoir fuir, j'ai dû y laisser une main, même le Seigneur des Ténèbres y a cru. Ce serait une erreur d'y retourner. Si un gars comme Fol Œil me retrouve, je n'ose pas imaginer ce qu'il ferait de moi, j'ai massacré des dizaines de ses petits protégés. Ce serait de la pure folie d'y retourner. ». C'est tout ce que je sais de lui, termina l'américain. 


Ron le remercia d'un air assez froid, et il interpella Manyabal à travers la brume. Celui-ci dissipa aussitôt les effets de son sort, ligota de nouveau Ethar, puis prit congé des Aurors pour raccompagner l’américain dans sa cellule. Ron et James, furent quant à eux escortés par l’un des autres gardes du bureau principal, il leur rendit leurs baguettes à l’entrée du baraquement. Arrivés au bord de l'eau, Ron jeta une pluie d'étincelles rouges dans le ciel ombragé. 


-Oncle Ron, que faut-il conclure de tout ça ? demanda James. 

-Que tout ce que nous craignions se confirme. Shafiq père semble avoir simulé sa propre mort, ensuite, il a fui en Egypte, et a fondé une famille. Et son rejeton, baigné, à la fois des idéaux de Voldemort, et des techniques de combat des Rame Tep, veut tenter de s’imposer ici. Il faut qu'Alfie se dépêche. Je sais que ça te fera une longue journée, mais il est primordial d’aller interroger Dawlish. C'est un ancien Auror complétement stupide et d'après Ethar, il y serait pour quelque chose dans le perte de la main de Shafiq père. 

-Dawlish ? Je n’ai jamais entendu parler de lui, remarqua James. 

-Il était Auror avant que ton père n’entre au Bureau, il était totalement incompétent. Chaque fois qu'il avait à intervenir quelque part, il se faisait laminer. Quand j'étais en cinquième année, Dumbledore l'a terrassé d'un seul coup. Puis en septième année, il était bien sûr complètement dévoué au nouveau Ministre fantoche contrôlé par Voldemort. Il a donc voulu obéir bêtement aux ordres en s'attaquant à la grand-mère de Neville. Depuis, il est complètement gaga. 

-Au fait, je ne savais pas que tu étais un légilimens, remarqua James. Tu as vraiment bien retourné la situation ! 


Ron sourit et agita une nouvelle fois sa baguette magique. Un Jack Russel Terrier argenté se manifesta, et Ron s'exclama : 


-Récoltés infos de la plus haute importance. Arrivons d'ici deux heures. Devons voir John Dawlish avant le dîner.

 

Il agita de nouveau sa baguette et le Patronus se rua vers l'horizon et disparut. Au même moment, du même horizon où avait disparu le chien argenté, surgissait la voile du frêle esquif d'Alfie qui s'approchait d'eux à toute vitesse.

End Notes:

Nous avançons donc dans notre histoire, et j'aimerais vraiment avoir vos retours, concernant l'écriture, les choix de situation.

 

L'irruption de Mr Dragonneau dans l'intrigue, ce que vous inspire ce Marek Shafiq, etc ...

 

A l'origine, les gardiens d'Azkaban n'étaient pas vraiment identifiés, mais j'ai appris que JKR avait expliqué que la tour était désormais gardée par des Aurors. Or, je n'avais pas prévu cette éventualité, c'est pour cela que je souligne que le changement de Ministre les a fait basculer du côté Police Magique.

Chapitre IX. La Brume by Portus

Il était environ dix-sept heures quand James et Ron posèrent pied sur les docks de Liverpool. Alfie le dingue les avait gratifiés du même spectacle qu'à l'aller. Son pouvoir s'était accru au fil de leur progression en mer avant de redevenir le vieil homme édenté sur la terre ferme. Le vieil homme insista pour leur offrir une collation avant de partir, mais Ron refusa catégoriquement. Arguant du fait qu'ils étaient pressés et ils cheminèrent jusqu'au Ministère, mais c’est aussi sans doute la vision des asticots qui parsemaient le morceau de fromage qu’il leur proposait qui.fit fuir l’Auror et son stagiaire aussi hâtivement. 

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En cette fin de journée, tous les fonctionnaires commençaient à cheminer vers l'extérieur du Ministère, tous, sauf les Aurors qui convergeaient vers le Bureau, à l'exception bien sûr de Vale et Valiant qui étaient toujours en mission en Egypte, afin d'enquêter sur le parcours de Shafiq au sein des Rame Tep. La réunion se tint dans un calme et une gravité extrême. Chacun détailla rapidement les faits et gestes des principaux sorciers observés. Les vieilles familles de Sang-Pur ayant eu des Mangemorts en leur sein, étaient suivies par des binômes d'Auror. Les Nott, Avery, Flint, Yaxley, Malefoy, Mulciber, Wilkes et Lestrange (la branche de Rabastan), entre autres, étaient étroitement surveillées. Bien évidemment, leurs membres les plus dangereux avaient été soit tués durant leur cavale, ou croupissaient encore dans les niveaux supérieurs d'Azkaban. Visiblement, chaque binôme était rentré de leurs rondes de filatures sans la moindre information croustillante, et durant une petite demie-heure, chacun se contenta de détailler que les Sang-Pur se faisaient discrets et menaient un train de vie tout à fait normal. Harry avait réussi à obtenir une surveillance permanente, en alternance avec la Police Magique. Il avait réussi à faire accepter à Greengrass que c'était avant tout pour protéger les familles sorcières, et l’irritable Directeur du Département de la Justice Magique avait accepté la requête, surtout en sachant que son propre gendre, Drago Malefoy pouvait lui même être approché par cet étrange groupuscule.


Alors que Steven Cornfoot, terminait d'expliquer que Leroy Flint était revenu au Manoir de ses Parents et qu'il avait passé la journée à s'atteler à l'entretien du jardin, ce fut au tour de Ron de se lever. Et, tout en marchant autour de la table ronde où étaient les Aurors, il détailla rapidement son entretien avec Bill Ethar. Il expliqua comment l'américain avait réussi à sonder l'esprit d'un de ses interlocuteurs égyptiens. Que celui-ci se montrait nostalgique de la dictature Sang-Pur et qu'il s'intéressait de plus en plus à l'Angleterre. Il expliqua qu'il irait dans la foulée avec James interroger Dawlish. Tous écoutaient avec gravité, dépit, voire stupeur. Comme s'ils n'osaient pas croire à l'ampleur des évènements. Certains, comme Dean Thomas ou Benjamin Harper affichaient une mine déconfite, d'autres comme Demelza Robins ou Douglas Fairbanks, le doyen du Bureau, affichaient un air à la fois sombre et déterminé. James les détailla un à un, la tension autour de la table était palpable, mais il savait que tous étaient prêts à affronter ce qui allait arriver. Il se doutait même que certains ressentaient comme un plaisir coupable de voir revenir un peu d'action dans leur vie professionnelle restée si longtemps monotone. Harry, après avoir marqué un long temps d’arrêt à la fin du compte-rendu de Ron, reprit la parole, en gardant un oeil sur ses notes.


-Donc, nous avons un groupuscule, visiblement pro Sang-Pur, mené par un certain Marek Shafiq. Fils de Tarik, supposément tué lors d’une intervention par l’ex-Auror John Dawlish. Shafiq fils, nostalgique de l’apogée de Voldemort, est revenu en Angleterre, il a essayé de rassembler des partisans. Grégory Goyle était ciblé. Mais l’entrevue a mal tourné. Il y a eu lutte. Le morceau d’étoffe et les traces de sang autres que celles de Goyle sur les lieux du crime, démontrent que Goyle s’est défendu. Dans le même temps, le groupe a forcé le domicile et la boutique de Guilhem Fortescue. Rien n’a été volé. Pour une raison inconnue, le groupe chargé du cambriolage est revenu sur les lieux du crime et est tombé sur James et son amie. Mais, ils n’ont pas été vindicatifs, et voulaient juste se faire oublier. Le réflexe de James d’user du transplanage d’escorte les a surpris.


Harry griffonnait des notes sur son parchemin, tout en détaillant le fil des évènements. Il continua :


-Pourquoi revenir chez Fortescue ? Avaient-ils oublié de vérifier quelque chose ? Est-ce que rien n’a vraiment été volé ? Est-ce que Fortescue ne gardait pas quelque chose en secret qui pouvait intéresser le groupe de Shafiq ? Et donc, en revenant, ils tombent sur James et sont surpris de son réflexe. Il fuit, et nous informe de l’existence d’un tel groupe. C’est leur première erreur.


Les autres Aurors approuvèrent l’hypothèse de leur directeur. Il s’éclaircit la gorge et but une gorgée de thé avant de reprendre :


-Ensuite, je ne pense pas que leur objectif premier soit de tuer Grégory Goyle. Ceux qui le connaissaient expliquaient qu’il était devenu extrêmement paranoïaque, et très mal en point d’un point de vue psychologique. Goyle a dû vouloir leur échapper quand ils sont venus le visiter. Il leur a sans doute jeté un sort en premier. Les mages noirs ont répliqué et la situation a dégénéré. C’était une bavure. Deuxième erreur. Reste qu’aujourd’hui, nous devons savoir ce que le groupe cherchait à faire chez Fortescue, j’assignerai des enquêteurs, il faudra éplucher les relations de Guilhem Fortescue, le questionner en ce sens, et perquisitionner son domicile s’il n’est pas coopératif. Et enfin, il faut d’urgence questionner John Dawlish. A l’origine de tout ça, nous devons savoir comment un Shafiq peut refaire surface.


 Les autres Aurors approuvaient d’un signe de tête les premières conclusions de l’enquête, et les prochaines tâches qui leur seraient confiées. Ce fut Fairbanks qui se leva en premier et observa Harry et Ron d'un air grave. 


-Si Potter me le permet, j'irai avec Weasley et Potter Junior (James sourit nerveusement à l'évocation de ce surnom, mais ne put s'empêcher de se sentir passablement irrité). J'ai travaillé plusieurs années avec John Dawlish. Même si j'ai toujours trouvé qu'il manquait de jugeote, je pense qu'il me respectait. Peut-être qu'il sera plus facile d'avoir les informations que nous souhaitons en m’intégrant dans l'équipe. 


Harry approuva et Ron sourit aimablement à Fairbanks. Bien que James ne lui ait jamais vraiment parlé, tous les Aurors s'accordaient à dire que le doyen était d'excellente compagnie. Toujours en train de remotiver les jeunes et de raconter des bonnes blagues.


 -Soit, reprit Harry. Vous autres, -il tourna la tête vers les Aurors toujours attablés-, les brigades de la Police Magique vous remplaceront en filature. Je vous communiquerai l'horaire de relève de garde sur vos Gallions. les Aurors avaient tous un Gallion relié à celui de Harry qui changeait les chiffres pour indiquer horaires et messages urgents, Harry pouvait ainsi communiquer avec eux de façon rapide et ultra-sécurisée, une idée reprise d'Hermione qui avait imaginé ce procédé pour l'Armée de Dumbledore, du temps de leurs études.


Depuis son arrivée à la tête du Bureau des Aurors, Harry avait également développé le moyen de communication via Miroirs à Double Sens, où il suffisait de prononcer le nom de l'interlocuteur voulu pour le voir apparaître. C'est l'oncle George, via sa boutique qui avait fabriqué et développé le produit, néanmoins, ce système n’était pas dénué de failles. Tout d’abord, il n’était pas pratique de communiquer une information collective, il était difficile de lier plusieurs miroirs dans une même communication. Mais surtout, il était facile d’intercepter la communication, en jetant un sortilège Protéiforme au miroir de la personne ciblée, ou en utilisant un troisième miroir, qui, par une série de sortilèges complexes, pouvait vampiriser la transmission. Ainsi, ce moyen demeurait une solution d’appoint, pour transmettre des informations non essentielles, le Patronus restant le meilleur moyen pour transmettre rapidement un message, notamment une localisation et une demande d’assistance.


 -J'aurai simplement besoin de vous avoir vous, Coote et Robins, les « jeunots » du Bureau, annonça Harry, c'est à vous d'être de garde cette nuit. Je vous demande d'être sur le qui-vive si la Police Magique vous signale quoi que ce soit. Les deux Aurors hochèrent la tête. Bien qu'ils n'aient que quelques années de moins qu'Harry, c'était un fait que Robins et Coote étaient les derniers Aurors recrutés au Bureau. La vocation n'attirait plus vraiment, le Bureau était en sureffectif car tous les mages noirs étaient à Azkaban, puis Fawley et Greengrass avaient verrouillé tous les budgets. 


-Peut-être finiront-ils par le regretter, songea James, pressentant une grande pagaille pour les jours, voire même les mois à venir. 


Il se décida ensuite à suivre Fairbanks et Ron, ce dernier claquant la langue d'un air impatient, souhaitant interroger l’ancien Auror avant le dîner.

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Les trois Aurors venaient de transplaner depuis l'Atrium du Ministère vers le Devonshire, aux dires de Fairbanks. James, qui ignorait la destination exacte, s'était contenté de saisir le bras de son oncle. Ils arrivèrent au milieu d'un champ situé non loin de ce qui semblait être une station balnéaire Moldue. Les dernières lueurs du soleil d'août se reflétaient sur les façades nacrées des charmants pavillons disposés autour d'une petite crique. Ron et James suivirent Fairbanks qui se dirigeait vers ces habitations. A l'intérieur du village, on pouvait humer des bonnes odeurs de viande ou poissons grillés, signe que les autochtones allaient bientôt passer à table. Ça et là, on entendait des cris d'enfants qui jouaient dans les jardins des pavillons ainsi que d'autres voix, plus graves, mais tout autant enjouées qui laissaient entendre que de nombreux parents étaient réunis autour d'un apéritif convivial. Ils marchèrent jusqu'à l'opposé du village, et James sentit son ventre gargouiller avec intensité, réveillé par les bonnes odeurs de nourriture grillée. Le jeune Auror se demanda avec consternation, pourquoi ils ne pouvaient simplement pas transplaner directement devant la maison où ils devaient se rendre. Mais il se souvint instantanément de ses leçons de transplanage où on lui expliqua que chaque ville avait une aire d'arrivée conseillée pour les transplaneurs afin d'éviter d'être vus par des Moldus. Il se souvint également de son père lui expliquant que c'était également plus poli d'arriver paisiblement à pied chez les personnes que l'on souhaitait visiter, plutôt que de transplaner dans leur salon ou sur leur perron. Ils cheminèrent ainsi jusqu'à arriver devant une coquette maison attenante à une falaise.


 Fairbanks s'approcha du Portillon, situé à côté d'une boîte aux lettres indiquant : DAWLISH John et Cynthia. D'un coup de baguette magique, le vieil Auror fit tinter la sonnette. Ils attendirent un petit moment avant qu'une femme assez âgée ne vienne à leur rencontre. Lorsqu'elle reconnut le vieil Auror au catogan roux, son visage ridé s'éclaira d'un sourire bienveillant : 


-Douglas, quelle bonne surprise ! Vous venez rendre visite à John ? demanda-t-elle. Et vous avez emmené des amis ! Il en sera ravi. 

-Cynthia, vous avez l'air en forme ! s'exclama Fairbanks. En effet, je viens ici avec Weasley, inutile de vous le présenter -elle serra avec bienveillance la main de Ron- et le jeune James Potter -à l'évocation du nom, ses yeux s'illuminèrent, et elle saisit la main que James lui tendit avec les deux siennes et lui adressa un sourire encore plus éclatant qu'aux autres-, les jeunes Aurors ont besoin de recevoir des conseils de ceux qui ont fait la gloire du service, expliqua Fairbanks d'un ton faussement enjoué. 


Elle les invita à entrer et les fit s'installer à l'arrière de la maison, sur une terrasse à l'ombre de la falaise. 


-John écrit ses mémoires actuellement, annonça-t-elle fièrement, je vais le chercher. Il est dans son bureau. 


Lorsqu'elle se retira, James et Ron lancèrent en même temps de grands yeux ronds à Fairbanks. Celui-ci eut un sourire gêné et expliqua : 


-Quand Voldemort est tombé, cet incapable était à Sainte-Mangouste, rendu zinzin par la vieille Londubat. La pauvre Cynthia était dévastée, en plus on voulait se débarrasser de ce crétin. Alors Kingsley a eu l'idée de le faire passer pour un héros, pour ne pas lui faire de peine, enfin, surtout à sa pauvre épouse. Kingsley a alors monté un char en racontant qu'après son arrestation de Shafiq Père pendant la Première guerre, Dawlish s'était rendu indispensable dans la Seconde guerre en protégeant Augusta Londubat, il a inventé une histoire abracadabrante où Dawlish l'avait en fait protégée de Mangemorts cachés dans sa maison au péril de sa vie. Alors, il a reçu un second Ordre de Merlin, le premier, pour Shafiq, était un Première Classe, le second, pour la pseudo histoire avec Londubat, était un Troisième classe qui sonnait comme un « Dernier de la classe ». Et ça a été moins difficile de le mettre à la retraite, conclut-il avec un sourire amer.


 Cynthia Dawlish revint sur la terrasse, accompagnée d'un homme de grande taille, ayant un visage aussi ridé qu'elle et de grands yeux bleus, bien ronds, lui donnant un air perpétuellement surpris, rappelant en cela à James, sa tante Luna Lovegood. Le vieil homme passa une main ridée dans ses cheveux blancs clairsemés et salua aimablement ses hôtes. Il s'installa avec eux autour du salon de jardin, pendant que sa femme allait leur chercher des rafraîchissements. 


-Comment vas-tu mon cher John ? demanda Dawlish avec un grand sourire. 

-Oh, plutôt pas mal Doug', on profite avec Cynthia. Depuis qu'on s'est installés ici, l'air marin, le fait d'être éloigné du monde sorcier, c'est une deuxième jeunesse. 

-Je peux te comprendre John, surtout après une carrière héroïque comme la tienne, continua Fairbanks en lançant un clin d'œil appuyé à l'Auror retraité. 

-Oh tu sais bien, les gens en font souvent des caisses pour si peu. J'ai juste eu la chance d'être au bon endroit au bon moment, répondit Dawlish d'un air faussement modeste. Et puis, ça n'a pas que des avantages, une vie de combat. Depuis ma retraite, je suis un vrai étourdi. Quand Cynthia m'envoie chercher un litre de lait, je reviens systématiquement avec un litre de vin, et vice-versa. J'ai voulu passer mon permis de conduire Moldu, je ne suis même pas fichu de discerner ma droite de ma gauche. Du temps de l'apogée des mages noirs, les sorts qu'on recevait faisaient des dégâts, j’en paie le prix maintenant … Et vous alors ? Je n’ai pas l’impression que vous avez beaucoup de travail d’après les racontars. Rien à voir avec la grande époque, pas vrai Doug ?

 -Je te le fais pas dire ! s'exclama Fairbanks d'un air narquois. C’était la grande époque, on avait de sacrés dégénérés à traquer, les Wilkes, Rosier, Lestrange … Shafiq ! C’étaient des durs à cuire.

-Justement Shafiq ! rebondit Dawlish. Celui-là, c’était une vraie saleté. Figures-toi que quand je te parle des séquelles de ma vie de combat, je pense que je dois une bonne moitié d’entre elle à celui-ci !

-Ah j’en doute pas John. Votre duel est mythique. Un Ordre de Merlin Première Classe, c’était un minimum pour ce que tu as accompli ce jour-là.

-J'écris actuellement mes mémoires d'Auror confirmé …


L’Auror retraité s’interrompit lorsqu’il entendit Ron ricaner nerveusement mais il réussit à dignement transformer son pouffement de rire en un hoquet. Dawlish continua donc son annonce :

-Vous seriez étonnés de savoir qu’un bon paquet d’éditeurs m’ont déjà fait de belles offres. Mais à chaque fois que j'essaie d'écrire le chapitre sur Shafiq, des éléments viennent toujours brouiller ma mémoire, des choses que j'oublie, d'autres qui s'ajoutent, certaines qui s'enlèvent. C'est vraiment inquiétant. Ma femme craint que je n'attrape une maladie Moldue. El Sheymer, quelque chose comme ça. 

-Alzheimer, corrigea Ron du bout des dents. 

-Oui, c'est ça. Son oncle, un Cracmol, -et James ne put que remarquer le ton dédaigneux que l'Auror zinzin avait employé- l'avait eu. Le pauvre homme, il était persuadé que Churchill était encore Premier Ministre côté Moldu. 

-Je ne m'y connais pas assez en maladie Moldue, reprit Fairbanks, mais je peux sûrement t'aider pour ... hum ... L'écriture de tes mémoires. 

-Ah oui ? Vraiment ? Mais tu n'étais pas là toi, si ? 

-Non, j'étais à Sainte-Mangouste, ce foutu Evan Rosier m'avait fichu une raclée avant que Fol Œil ne se charge de lui. Mais au Bureau, nous avons une Pensine, peut-être que si tu nous donnais ton souvenir, Harry Potter, lui-même pourrait le consulter. Tu sais bien, toute l'admiration qu'il a pour toi. Peut-être même qu'il pourrait écrire lui-même le chapitre sur ton arrestation. Un chapitre écrit par Potter, ça t'assurerait un joli best-seller, tu ne penses pas John ? lança Fairbanks avec un clin d'œil complice. 

-Tu n'es pas sérieux Doug' ? Harry Potter ferait ça ?


Dawlish jubilait à présent, ses yeux bleus lançaient des éclairs avides, conscient d'être sur une très bonne affaire. Immédiatement, il s'empressa de saisir sa baguette, la pointa sur sa tête et il sembla se concentrer un moment sur quelque chose, puis, un mince filament argenté sortit de sa tempe. 


-J'ai un flacon, s'empressa d'annoncer Ron en sortant un petit récipient vide de la poche intérieure de sa cape. 


Dawlish s'en saisit et inséra minutieusement le filament argenté dans le flacon. James, qui avait eu l'occasion de voir un de ces souvenirs en flacon durant un cours de Défense Contre les Forces du Mal portant sur les sortilèges de modification de la mémoire remarqua que celui-ci n'avait pas la même consistance que celui que le Professeur Everett leur avait montré. En effet, le souvenir de Dawlish avait une couleur moins étincelante que celui vu en classe. De plus, il semblait également que le liquide se mouvait dans le flacon, comme s'il essayait d’en sortir. L'Auror retraité n'en tint pas compte et tendit le flacon à Ron, en le remerciant aimablement. Fairbanks s'empressa de vider son verre de Whisky Pur-Feu, se leva et lança d'un ton énergique : 


-C'est pas tout, mais on a du travail. Merci de nous avoir reçu John, on passe te revoir bientôt. 


Et il invita les deux autres Aurors à le suivre, ils passèrent saluer la femme de John, puis se hâtèrent de sortir de la résidence. 


-Quel crétin, murmura Fairbanks, tout en marchant. 

-Il ne s'est douté de rien, et il croit vraiment que Harry va contribuer à ses stupides mémoires alors qu'il détestait l'Auror zélé qu'il était, s'esclaffa Ron. Joli coup, Douglas ! 

-J'en reviens pas qu'il ait mordu comme ça, rajouta James. 


Les trois s'esclaffèrent et se hâtèrent de revenir au pas de course vers le champ où ils avaient transplané.


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-Potter, sors la Pensine !


 Les trois avaient fait irruption dans le bureau du chef des Aurors qui rédigeait un rapport. Celui-ci leva la tête d'un air surpris et à la vue de leur air pressé, se résigna à donner un coup de baguette vers son placard. Il en sortit une bassine peu profonde en pierre qui vint se poser sur la petite table située à côté du bureau. Les quatre se mirent autour, et regardèrent Ron verser minutieusement le souvenir dans la bassine. Harry fit tournoyer la substance de sa baguette et ils penchèrent leur tête au-dessus de la Pensine. 


Un homme d'environ une trentaine d'années était assoupi sur un banc en face de la gare de King's Cross. L'homme était vêtu de lunettes noires, d'un imperméable gris, et tenait un journal Moldu qu'il devait être en train de lire avant de s'endormir. Les minutes passaient, et certains passants observaient l'homme endormi et se moquaient de lui silencieusement. Un couple de touristes asiatiques vint même le prendre en photo. Le bruit de l'appareil et le flash éblouissant ne contribuèrent en rien à tirer l'homme de sa sieste. En observant autour, James vit une silhouette se dessiner non loin du banc. A l'ombre d'un arbre. Un homme de haute taille, aux épaules massives, vêtu d’une robe noire, observait le dormeur avec un sourire narquois. Les Moldus qui passaient près de lui faisaient tout pour l'éviter, tant son allure et son air de psychopathe inspiraient peu la confiance.


 -C'est Shafiq Père  ! s'exclama Fairbanks en montrant l'homme au loin. 


Shafiq s'avança vers l'homme qui dormait. Il s'assit à côté de lui sur le banc, celui-ci ne réagit même pas. Le Mangemort détailla un moment l’Auror endormi de ses yeux perçants. Ils semblaient avoir une étrange teinte jaunâtre, similaire aux dents que son rictus arborait. Ses longs cheveux étaient bruns, emmêlés et coiffés en catogan. De ses longs doigts filasses, il entortillait son bouc et semblait réfléchir en observant l’Auror. Il finit par soupirer et leva la voix :


-Vous dormiez, Dawlish ? Voilà une bien piètre manière de me surveiller au beau milieu d'une rue remplie de Moldus, remarqua Shafiq en tapotant l'épaule de l'Auror. 


Celui-ci sursauta, laissant tomber son journal Moldue, dans le sursaut causé par Shafiq, ses lunettes, s'était mises de travers, il s'empressa de les remettre droites et de tenter de parler avec aplomb :

 

-Oh bien sûr que non Shafiq, je faisais semblant. Je … Je … J'étais sûr que vous préféreriez vous concentrer sur moi qui paraissait si vulnérable pour ne pas toucher aux Moldus. 


James trouva le flegme de l’Auror exemplaire. Débiter sans sourciller un mensonge si grossier était signe d’un immense talent en la matière. Talent qu’aurait aimé posséder l’aîné des Potter lorsqu’il se faisait prendre par Hagrid ou Neville dans la Forêt Interdite..


-Ils ne m'intéressent plus guère, ces sous-êtres, avoua le mage noir d'un air dédaigneux. Je finis par en être lassé, vous voyez ? 


Et sans se contenter d'écouter la remarque de Dawlish, il s'agrippa à son bras et les deux hommes disparurent dans un craquement sonore. Les quatre témoins invisibles qu'étaient James, son père, son oncle et Fairbanks se retrouvèrent désormais au milieu d'une clairière sombre. 


-Qu'avez-vous fait ? demanda Dawlish paniqué. Où m'avez-vous emmené ?

-Taisez-vous Dawlish ! ordonna Shafiq. Ne prononcez plus un mot, avant que je ne change d'avis. Il pointa sa baguette sur Dawlish et aussitôt une brume grise envahit le décor. Les quatre témoins ne purent plus rien discerner de la scène.  Ils entendirent des crépitements, comme si on jetait des volées de sorts, et au bout d'un moment, une voix, celle de Dawlish retentit : 


 -Vous êtes cernés Shafiq ! Jetez votre baguette, ou mourrez ! 

-Vous n'aviez pas prévu celui-là Dawlish ! 

-PROTEGO HORRIBLIS, hurla la voix de l’Auror. 


Une explosion retentit, la brume opaque s'estompa et l'on pouvait désormais discerner Dawlish, seul face à un tas de cendres au-dessus duquel trônait une main humaine. Harry tira les trois autres de leur torpeur et ils se sentirent s'envoler très haut, avant de revenir dans le bureau. 

-Je n'ai pas besoin d'en voir plus, annonça Harry. J'ai déjà vu un souvenir semblable, et il a été modifié. Dawlish n'a pas vaincu Shafiq, c'est désormais certain. 

-Vous voulez dire qu'il s'est volontairement tranché une main pour faire croire à sa mort ? demanda Fairbanks, circonspect. 

-On a déjà vu ça chez les Mangemorts, répondit Harry. Le souvenir a été modifié. Shafiq a sans aucun doute simulé sa propre mort pour pouvoir tranquillement fuir vers l'Egypte. L’ennui, c’est que j’ignore comment recomposer un souvenir altéré …


Il semblait que ni Ron, ni Fairbanks n’aient de réponses à apporter. Mais une fois de plus, le parrain de James fit parler de sa perspicacité.


-Hermione, dit-il soudain à mi-voix. Sûrement qu’elle aura une idée …

-Oui, sans doute s’exclama Harry ! Douglas ? Je ne vous retiens pas plus longtemps, vous étiez censé avoir terminé votre service il y a trois heures. Miriam va finir par m’envoyer une Beuglante !


L’Auror vétéran ricana à l’évocation de son épouse, remercia Harry, le rassura sur le fait que ce fut un plaisir d’avoir pu faire avancer l’enquête et observa ses collègues enquêteurs d’un oeil pétillant :

-A demain, les gars, et en forme ! tonna-t-il, plus motivé que jamais.


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-Tu vois Hermione, il a la même consistance que le souvenir que m’avait montré Dumbledore. Tu sais, celui qui avait été modifié, au sujet des Tu-sais-quoi, quand j’avais dû récupérer le vrai souvenir grâce au Félix Felicis …

-Je vois très bien, oui, approuva Hermione, le front légèrement plissé tandis qu’elle maintenait la fiole renfermant le souvenir de Dawlish à hauteur de ses yeux.


Elle semblait désormais l’agiter délicatement tout en y apposant sa main gauche dessus et en marmonnant des incantations vraisemblablement très complexes.


-Mais, ajouta-t-elle. Le souvenir que tu as en tête, et celui-ci, sont différents. Le premier, avait été modifié par le sorcier auquel il appartenait. Le second, a été modifié par Shafiq père. Donc, le vrai souvenir était en sa possession à lui seul. De ce que tu m’as montré dans la Pensine, je pense que la brume représente un sortilège de Confusion très puissant.

-Il semble que depuis, Dawlish n’ait jamais été très alerte, remarqua Ron.

-Sans doute une conséquence du sortilège, en effet, valida Hermione. Mais ce genre de séquelles … Déjà, je ne pense pas qu’il y ait de solutions pour les guérir. Et quand bien même, si on y arrivait, je ne suis pas sûre que sa mémoire lui revienne …

-Y’a-t-il un autre moyen ? Tu crois que du Felix Felicis marcherait à nouveau, Papa ? demanda James, qui, il fallait l’admettre, avait toujours rêvé d’essayer la potion miraculeuse.

-James ! rit de bon coeur sa marraine, le Felix Felicis ne fait qu’apporter un peu plus de chances. Cela aurait été possible de s’en servir si nous avions un début de piste ! Et cette potion n’est pas si miraculeuse. Elle ne fait que booster la confiance en soi, et peut aider à trancher lors de quelques choix hasardeux. En plus, elle peut être dangereuse. 

-Allons Hermione, cette potion est géniale ! Souviens-toi à la tour d’Astronomie ! Et au match contre les Serpentard en sixième année !

-Pour l’amour du ciel, Ron. Harry avait fait semblant de t’en verser. Tu n’en as pas eu besoin pour battre les Serpent …


Mais Hermione s’interrompit soudain, comme éclairée d’une idée, tandis que Ron exposait très clairement que la différence entre en avoir ingurgité, ou penser que l’on en avait ingurgité était minime, Hermione s’exclama :


-Harry, il faut que j’envoie quelques hiboux ! Laisse moi quelques jours, j’aurais peut-être quelque chose pour ce souvenir. Ron, tu me raccompagne à mon bureau, je prends mes affaires et on rentre ensemble ?

 

Harry et son meilleur ami échangèrent un sourire résigné, habitués aux éclairs de génie de Hermione. Et Ron suivit sa brillante épouse, tandis que Harry et James prenaient leurs affaires pour rentrer eux aussi au 12 Square Grimmaurd.


Chapitre X. Cinq coups frappés à la porte by Portus

-Vous savez qu'Albus a envoyé une carte postale à Orlane Boot quand il était en France ? 


C'était la voix de Lily qui venait de briser la quiétude du repas, ce soir-là au 12 Square Grimmaurd. Harry et James étaient rentrés alors que le reste de la famille passait à table. Et, sans parler immédiatement de leur journée éprouvante et riche de nouvelles informations, les deux Aurors s’étaient détendus en famille. Cosy avait confectionné d'excellentes escalopes de dinde à la milanaise, et c’est en silence qu’ils les dégustèrent. Mais, au moment de passer au dessert -une tarte à la mélasse-, Harry avait répondu aux interrogations de Lily sur l’enquête. Bien que tout le monde s’accordait à dire que la résolution de l’affaire avançait, la perspective d’un Marek Shafiq revanchard et venu en Angleterre, terrifiait tout le monde. C’est ainsi que tous se réfugièrent dans un mutisme lourd de réflexions individuelles jusqu’à ce qu’ils aient fini leur dessert. Mais Lily avait repris la parole en premier, ayant visiblement patienté toute la journée pour réussir le moment où elle ferait son effet d’annonce. Albus, quant à lui, avait désormais les oreilles écarlates, il tentait de se justifier auprès de sa sœur, et jetait des coups d’oeil désespérés à sa famille, en quête d’un soutien :


 -Et alors ? Tu n'en envoies jamais à tes amis, des lettres ? Et puis comment le sais-tu ? 

-Tu écris un brouillon de ta lettre avant d'écrire à tes « amis », toi ? demanda Lily, les yeux pétillants de malice. Tu n’aurais jamais dû le laisser traîner, ce brouillon …

-Tu as encore fouillé dans mes affaires ! s'exclama Albus piégé. 

-Je voulais simplement t'emprunter une plume, si tu rangeais plus souvent ta chambre, ce ne serait pas arrivé. Ça n'a pas l'air de trop avancer ton affaire ! Et ça ne risque pas d'être mieux si tu as laissé la dernière phrase dans ton jet final. 


Albus, qui avait ouvert la bouche pour couper sa sœur, la referma instantanément, ses joues rosirent de plus belle et il baissa les yeux sur Lily, celle-ci, choquée d’avoir ainsi fait mouche, prit plus que jamais consistance et, d'une voix qu’elle rendit volontairement suraiguë, elle cita : 


-Une seule personne vous manque et tout est ... 

-ASSEZ ! vociféra Albus en se levant. Il observa un moment sa petite sœur d'un air furieux, puis adressa un regard de défi au reste de la tablée qui demeurait silencieuse. Explosant d’une rage intérieure, il sortit de la cuisine en claquant la porte. 


-Lily ! Tu es contente ? souffla Ginny d'un ton lourd de reproches. Ne viens pas te plaindre quand ils viendront t'embêter ? 


James, jusqu'ici perdu dans ses pensées releva instantanément la tête : 


-« Ils viendront » ? répéta-t-il interloqué. Je n'ai rien dit, moi. 

-Oh voyons, James, relaya Harry. Tu n’es pas un saint. Tu n’es jamais le dernier pour embêter ta sœur non plus.

 -C'est vrai, rajouta Nancy. Ta sœur m'a raconté les "blagues" que tu lui fais subir, c'est pas un super exemple venant d'un grand frère. 

-Alors, maintenant on me dresse mon procès ? Après la longue journée que je viens de passer ? Sur ce coup, c’est Lily qui a commencé. Et c’était vexant … Tu devrais laisser Albus tranquille avec ça. Il n'a pas besoin que l'on se moque de lui.

 -Laisser Albus tranquille ? Tu es sérieux James ? demanda Lily, le teint écarlate et les narines frémissantes. Tu es toujours le premier à lui casser les pieds. 

-Pas pour ça, Lily, je sais où sont les limites. 


Lorsqu'elle fit mine de s'éclaircir la gorge d'un air narquois, James ne tint plus. Et en un éclair, il se leva, et, comme son frère, se retira de la cuisine. Alors qu'il marchait en direction de sa chambre, et qu’il entendait les voix de Harry et Ginny gronder de plus en plus fort sur Lily, désormais, il s'attarda un instant sur le palier du deuxième étage. Par l'embrasure de la porte, il vit qu'Albus avait laissé la lumière allumée. Saisi d'une idée soudaine, et il faut le dire, inquiet pour son frère cadet. Il s'approcha et cogna cinq coups à la porte. Les cinq coups avaient été instaurés dans leur enfance. James dormait au troisième étage,juste au-dessus d'Albus qui dormait au second. Les deux enfants avaient l'habitude de se retrouver dans la cuisine et de commander une collation tard dans la nuit à Kreattur, leur vieil elfe de l'époque qui était particulièrement attentionné envers eux. Un jour, peu avant la première année de James, ils s'étaient aventurés jusqu'au bureau de Harry au quatrième étage, non loin de la chambre qu'il partageait avec Ginny. Cette expédition s'était révélée fructueuse, les deux enfants avaient découvert un bien étrange morceau de parchemin ainsi qu'une mystérieuse étoffe de tissu. Lorsque James passa l'étoffe sur ses épaules, Albus avait blêmi avant de comprendre que la disparition du corps de son frère s'expliquait par le morceau de tissu qui était en fait une cape d'invisibilité. James avait également souhaité garder le morceau de parchemin, car, malgré son aspect des plus banals, celui-ci l'intriguait. Et quelques minutes plus tard, il eut confirmation qu’il avait bien fait de garder ce parchemin. En effet, lorsqu'il écrivit son nom : « James Potter », un message de réponse apparut : 


« Messieurs Lunards, Queudver et Patmol saluent Monsieur Cornedrue, 

Monsieur Lunard espère que son utilisation de la carte sera pétrie de "mauvaises intentions", 

Monsieur Patmol prie pour qu’il "jure" d'écouter la suggestion de Monsieur Lunard,

Monsieur Queudver suggère qu'il pense qu'il vaudrait mieux confirmer "solennellement" tout ça, juste pour être sûr. »


James avait mit un moment à comprendre, mais lorsqu'il prononça la phrase : « Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises », ce qu'il devina être une carte de Poudlard apparut. Indiquant par des points accompagnés d’une étiquette à leur nom, la position des personnes présentes à Poudlard. James tenait là un bien d'une valeur inestimable, qui lui permettrait de réussir de bien belles blagues à Poudlard, le tout sans jamais se faire attraper. Bien sûr, Harry s'était aperçu de la disparition de sa carte et de sa cape. Il infligea de sévères remontrances à ses deux fils, récupéra la cape qui lui était utile dans son travail, mais accepta, à la condition que James et Albus ne dirent rien à Ginny, de laisser la Carte du Maraudeur à James. Lorsqu'Albus entra à Poudlard, une autre condition fut fixée par Harry, les deux frères devraient se partager la carte, de même que lorsque Lily arriva à son tour à Poudlard.

 

Bien sûr, des trois Potter, c'était James, l'aîné, qui organisait le plus souvent des excursions nocturnes, et qui, par conséquent,  gardait le plus souvent la carte. Mais, soucieux d'obéir aux conditions fixées par son père, il acceptait volontiers de la partager avec son frère et sa sœur. Albus, qui était un élève exemplaire ne lui avait demandé qu’une poignée de fois la carte pour lui et Rose Weasley, et James présumait qu’ils en avaient besoin, plus pour en étudier les sortilèges qui l’animait, que pour semer du grabuge. Conformément au code établi entre les Potter, James ne devait jamais savoir ce que son frère ou sa sœur feraient de la carte. Et, si Lily s’était montrée hésitante quant à l’utilisation de la carte lors de sa première année, elle se mettait, depuis deux ans, à lui demander de plus en plus souvent, presque toutes les semaines. Une récurrence qui intriguait James, mais à laquelle l’espiègle benjamine des Potter refusait toujours catégoriquement de donner des réponses. Et, comme, Lily n’avait, du moins, à la connaissance de James, jamais fait parler d’elle en accumulant les retenues pour expédition nocturne, il présuma que ses sorties nocturnes régulières devaient se résumer à une excursion vers les cuisines, ou la bibliothèque.


 James attendait toujours devant la chambre de son frère, malgré les cinq coups (deux coups espacés, trois coups rapprochés), Albus ne répondit pas. C'était pourtant leur signe de reconnaissance. Chaque fois que l'un d'eux avait envie de discuter ou semer la pagaille, il venait frapper cinq coups. Prouvant que ce n'étaient pas les parents qui venaient vérifier si l'enfant dormait bien. Malgré l'absence de réponse d'Albus, James poussa lentement la porte. Par l'entrebâillement, il vit que son frère était allongé sur son lit, habillé, les yeux fixant vaguement le plafond. 


-Je ne t'ai pas invité à entrer, lui dit Albus sans quitter le plafond des yeux. 

-Hé Al', calme toi, tempéra James. Promis, je ne viens pas pour t'embêter. 


Albus fixa alors son aîné, d'un faible sourire, il l'invita à approcher. Lorsque James s'assit sur le bord de son lit, le petit brun aux yeux verts se redressa et s'assit.

 

-Lily ne sait pas ce que ça te fait, lui expliqua James. Elle n'a que quatorze ans, elle ne comprend pas encore ce que c'est d'être amoureux. Parce que c'est le cas, tu aimes cette fille, n’est-ce pas ? 


Et le plus jeune des deux frères, l'air dépité, hocha la tête d'un signe affirmatif. James parlait d'une voix lente et dure. Comme s'il lisait dans l'esprit de son frère. Parce que c'était un peu le cas, il comprenait Albus. James, même si c'était difficile à croire, avait connu la même chose. Durant toute sa cinquième année, il courut après une Serdaigle de sixième année. Leanne Gatwick. C'était une Né-Moldue, elle avait de longs cheveux noirs, indomptables, lui tombant derrière les épaules, des grands yeux noirs insondables, un perpétuel air mystérieux et surtout, chose que James appréciait, celle-ci inondait de charisme chaque endroit dans lequel elle rentrait en laissant virevolter sa masse de cheveux sauvages. James l'avait remarquée depuis sa première année, mais lors de son année de BUSE, James avait vu ses prouesses dans l'Équipe de Quidditch de Gryffondor, fortement remarquées lors d'un match contre Serpentard où il marqua vingt buts à lui seul et Leanne venait d'être choisie pour être la capitaine de l'équipe des Serdaigles. Ils s'étaient donc quelques fois retrouvés à discuter de Quidditch ensemble, au détour d'un couloir ou à la sortie de la Grande Salle. Parfois, Leanne adressait même à James l'un de ses rares sourires inondant instantanément de bonheur et de réconfort les quelques privilégiés qui avaient droit à l'un d’eux. Mais bien sûr, le charisme de la jeune fille ainsi que l'affection qu'il lui portait rendaient James, pourtant si sûr de lui en temps normal, extrêmement gêné devant la jeune fille. Il rougissait, lui souriait bêtement, tentait toujours de l'impressionner en vantant sa dernière prouesse à l'entraînement de Quidditch, lui racontait une blague qu'il regrettait d'avoir raconté dans la seconde où les mots étaient sortis de sa bouche, ou simplement, lançait des remarques assassines à un Serpentard (ses cibles favorites) suffisamment fort pour que la belle Leanne puisse l'entendre. Mais à la fin de sa cinquième année, une double désillusion le frappa. Tout d'abord, Leanne fut étincelante lors du dernier match de la saison : Gryffondor contre Serdaigle. Ce match allait déterminer la Maison qui gagnerait la Coupe de Quidditch des Quatre Maisons. Bien sûr, en pièce maîtresse de son équipe, James montra l'exemple et scora le premier but dès l'entame de match, rapidement, ses coéquipiers suivirent, et bientôt Gryffondor menait par cent vingt points à quarante. Le Capitaine d'alors, Wayne Urquhart voyait la sa dernière opportunité de remporter la Coupe. Il quitterait Poudlard ensuite. Jamais le trio de Poursuiveurs, mené par James, et soutenu par Fred Weasley n'avait été si efficace. Monopolisant le Souafle, les Gryffondor détruisirent tout sur leur passage. Et avec Andrew Higgins à la baguette pour attraper le Vif d'Or, la victoire serait leur. Après que Domnall Sloper, leur batteur, ait envoyé un Cognard droit dans la figure de Roger Davies Jr, le gardien des Serdaigle, le but était plus que jamais ouvert. Bientôt, Gryffondor menait cent quatre-vingt dix à cinquante, plus que deux petits buts et les Gryffondor seraient à l'abri du Vif d'Or. James tenait le Souaffle entre ses mains à ce moment-là, et Leanne Gatwick s'approcha de lui en lui affirmant qu'il avait réalisé de nouveau un grand match et que c'était désormais acté, Gryffondor mettrait fin aux sept années de victoires consécutives de Serdaigle. Celle-ci volait lentement vers James, dont la peau devint vite assortie à sa robe écarlate. Mais au dernier moment, Leanne accéléra et fonça quelque part, sous le balai de James. Lorsque le Poursuiveur vedette des Gryffondor observa en dessous de lui, il vit la ravissante jeune fille se saisir du Vif d'Or. Serdaigle l'emportait par deux cents à cent quatre-vingt-dix. Mais pire encore, peu après que Leanne Gatwick ait soulevé la coupe et l'ait présentée à sa maison, elle s'approcha d'Andrew Higgins ('Attrapeur des Gryffondor qui était de la même année que la joueuse de Quidditch), rayonnante, et descendant du podium des champions, elle se jeta dans les bras de l’Attrapeur de la maison du lion. Et les deux s’embrassèrent langoureusement. Et aux dernières nouvelles, les deux joueurs de Quidditch étaient encore ensemble. 


-Je sais ce que ça fait, répéta James d'un ton amer. 

-Non, tu ne sais pas James. Tu as Nancy, et puis, tu as toujours été doué avec les filles. 


Albus était désormais sur le point d'éclater en sanglots. Mais James lui passa une main sur l'épaule, ce qui sembla le radoucir un peu. 


-J'ai travaillé pour ça Al', crois-moi. Alors dis m'en plus sur cette fameuse Orlane, peut-être que je pourrai t'aider. 

-On est de la même année, elle et moi. Elle est Préfète pour Serdaigle. 

-Je vois qui c'est. Ses parents sont déjà venus à la maison. Tu ne t'en souviens pas ? Terry et Padma Boot. 


Albus acquiesça puis continua son récit : 


-On a toujours eu des relations plus ou moins cordiales, comme on n'est pas dans la même maison, on ne se voit qu'à quelques cours et, bien souvent à la bibliothèque. James eut un sourire narquois, contrairement à son frère, lui ne passait que très peu de temps à la bibliothèque, donc il était très loin d'imaginer faire des rencontres là-bas. 


-L'an dernier, tout s'est accéléré, poursuivit Albus. On a été nommés préfets de nos maisons respectives, et puis, en vue des BUSE, Everett avait mis en place des groupes de travail pour les élèves volontaires, autour de certaines matières. C'était mon binôme en potions, j'étais meilleur qu'elle, tandis qu'elle me donnait un coup de main en Métamorphose. 

-Super ça ! s'exclama James. Du coup, tu as pu en profiter pour te rapprocher d'elle !

 -Surtout que combiné à ça, j'ai négocié avec Rose. Et elle a accepté de faire les rondes hebdomadaires qu'on doit effectuer en tant que Préfet avec Roger Davies Junior, l'homologue masculin d'Orlane. Officiellement, je pouvais ainsi poser des questions à Orlane sur les cours de Métamorphose.

 -Et ? Tu as réussi à aborder autre chose que ça ? 

-Oh non, répondit Albus déconfit. Hormis les cours et les banalités du quotidien, on dirait qu'elle se fiche de tout ce que je lui dis. Elle n'a pas l'air d'être trop dérangée par ma présence ... 

-C'est déjà un bon point ! coupa James. 

-Mais c'est tout. Elle ne se confie pas à moi, elle parle très peu, elle se contente d'être là. 

-Peut-être qu'elle est timide, remarqua James. 

-Elle n'a pas l'air de l'être avec ses amis de Serdaigle. 

-Lily a cependant raison sur un point, Al' ! Tu es à ses pieds. Tu devrais montrer un peu plus de détachement, peut-être te montrer avec d'autres filles que Rose. Je peux par exemple demander à Alice de venir te saluer d'un air enjoué quand tu es là. 


Albus observait James droit dans les yeux, l'air pensif.


 -Oui, peut-être qu'en m'en détachant un peu … Mais ce n’est pas un peu puéril de tomber dans ce genre de combines ?

 -Elle ressentira le manque, coupa James. C'est certain même ! Essaie de lui parler d'autre chose que de Métamorphose Alb'. Est-ce qu'elle a des passions, par exemple ? 

-J'en sais rien, regretta Albus. Je crois qu'elle écoute beaucoup de musique ... 

-Alors parles-lui de musique ! 

-Mais je n'en écoute pas ! Les groupes à la mode me font saigner des oreilles ! Les Rebel Warewolves, les Bizarr’Sisters, tous m’exaspèrent ! s'exclama Albus. 

-Alors tu vas forcer un peu le trait, au diable tes oreilles ! Tu sais quel genre de musique elle écoute ? 

-De la musique Moldue, répondit une voix aiguë derrière la porte.


Les deux frères sursautèrent, c'était Lily, qui entrait désormais dans la chambre, toute penaude, le teint écarlate assorti à sa crinière de cheveux indomptables. Elle s'approcha du lit du plus jeune des deux frères et se jeta dans les bras d'Albus. Des larmes perlant sur son visage. 


-Je suis une horrible fouine qui se mêle de tout, sanglota-t-elle. 

-Et une horrible pleurnicheuse aussi, lui lança Albus d'un ton narquois. 


Elle fit mine de se vexer, se saisit d'un coussin et frappa Albus avec. 


-Elle parlait de musique avec une amie à elle dans les couloirs, un jour. Elle lui parlait des Beatles. 


Les yeux d'Albus s'ouvrirent en grand. 


-Je ne savais pas qu'elle aimait les Moldus, s’étonna-t-il. 

-J'ai pris mon lecteur MP3 Alb' ! Et j'ai pas mal de musique des Beatles. 


Cette fois, c'était la voix de Nancy qui résonnait dans la pièce. Celle-ci entra à son tour dans la chambre d'Albus et s'installa sur les genoux de son petit ami. 


-Est-ce qu'un jour on pourra avoir une discussion privée dans cette maison ? demanda Albus d'un ton bourru. 


Les quatre adolescents explosèrent de rire et passèrent leur soirée à plaisanter à propos de Poudlard, ses professeurs, ses élèves. Il était presque une heure du matin et les adolescents étaient en train d'éclater de rire suite à une anecdote de Lily. Celle-ci expliquait qu'un Serpentard de son année, Victorius Montague était apparemment aussi idiot qu'un troll. Celui-ci, en cours de botanique, avait ôté ses cache-oreilles alors qu'il rempôtait des mandragores. Lorsqu'il s'est réveillé plusieurs heures plus tard, il a expliqué que la plante avait parlé et qu'il voulait écouter ce qu'elle lui disait. Mais James commençait à se sentir fatigué, et il prit congé de sa famille, suivi par Nancy, qui dormait au premier étage, et qu’il raccompagna jusqu'à sa chambre.


-Mon père m’a dit qu’il viendrait me chercher vers neuf heures pour aller au bureau, annonça James. Tu te lèveras pour déjeuner avec moi ?


Nancy le serra tendrement dans ses bras et acquiesça avant de lui souhaiter bonne nuit. Ce n'est que lorsque James remonta dans sa chambre qu'il réalisa qu'il avait une fois de plus oublié quelque chose d'important. Sur son lit l'attendait une lettre, que Zazou avait probablement déposée. A en croire par l'écriture dans l'emplacement du destinataire de l'enveloppe, celle-ci avait été écrite par Scott. James se saisit de la lettre et déchiffra à travers les gribouillis désordonnés de son ami : 


James,

Je viens d'avoir Alice via Cheminée. C'est ok pour nous deux. On arrive demain soir vers 21 h. A demain mon pote ! 

Scott


__________________________________


 Lorsque James se réveilla ce matin-là, il mit du temps à émerger. Son réveil indiquait huit heures, et visiblement, le soleil irradiait déjà de tous ses rayons la ville de Londres. Après avoir un instant refermé les yeux en grognant de plaisir tant son lit était confortable, James se redressa sur ses coudes, ouvrit les volets d'un coup de baguette pour se réveiller plus rapidement et s'approcher de son armoire pour prendre ses affaires afin d’aller à son stage chez les Aurors.


Le fait que le Bureau se mette à revivre dans l’action faisait quelque peu douter et culpabiliser James. Il fallait admettre que la diversité des enquêtes terrain, la sensation d’être utile, et l’adrénaline de se sentir obligé de puiser dans ses ressources pour faire avancer l’enquête avant que les mages noirs ne commettent une autre forfaiture, offraient à l’ainé des Potter une source d’énergie inouïe. Mais dans le même temps, était-ce bien moral de rechercher ce genre de menaces pesant sur la société sorcière pour se sentir exister ? Il se promit d’essayer d’en toucher deux mots à Benjamin Harper s’il le croisait dans la journée, l’Auror était toujours agréable dans ses conversations, et avait l’avantage d’être toujours sincère et franc avec James, tout en étant assez distancié. James ne s’imaginait pas oser faire part de ce genre de questionnements à son parrain ou à son père. Peut-être pourraient-ils être déçus par l’approche de James, et ne pas trouver cette source de motivation comme saine.


Alors qu’il descendait les marches à pas feutrés pour aller prendre son déjeuner, il fut tiré de sa béatitude par la lettre qu'il avait reçue la veille. Elle était brève et annonçait la venue imminente de ses meilleurs amis. A qui allait-il le dire en premier ? A sa mère, qui, tout comme lui, avait sûrement oublié la proposition qu'elle lui avait faite au début du mois ? A son père, qui empêtré dans l’affaire Marek Shafiq, ne verrait sans doute pas d’un très bon œil sa maison héberger encore plus de monde ? Beaucoup de choses étaient arrivées depuis, James et Nancy avaient été agressés, l'aîné des Potter avait entamé son stage chez les Aurors où il faisait énormément d'heures pour enquêter sur ce groupe de sorciers fauteurs de troubles. La venue d'Alice et Scott n'avait pas été abordée depuis et James se voyait mal mettre sa mère devant le fait accompli. Mais il le devait, tout d'abord parce que ses amis étaient ce qu'il avait de plus important, mais aussi parce que c'était leur dernier été en tant qu'étudiants. Ils se devaient de le passer tous ensemble. Et la maison était assez spacieuse pour tous les recevoir. Mais il y avait Nancy à qui il devait également annoncer ça. Nancy, qu'il a négligée depuis le début de son stage. Nancy, avec qui il a passé si peu de temps, il l'avait senti dans son regard, commençait à lui en vouloir, tant il était loin d'être le James de leur séjour au Chemin de Traverse. Hélas, le jeune homme, perdu dans ses pensées, fut rapidement mis devant le fait accompli, et ce, dès l'instant où il ouvrit la porte de la cuisine. En effet, il se retrouva nez à nez avec la jeune brune. Elle semblait vouloir aider Cosy à préparer le petit déjeuner parfait pour son petit-ami. Lorsqu’elle le vit entrer dans la cuisine, elle  lui sauta dans les bras et lui demanda :

 -Alors, le plus sexy des Aurors, tu as bien dormi ? 

Amusé par la remarque de l'impétueuse Poufsouffle, mais surtout, soucieux de jouer la montre, le temps de se décider comment aborder le sujet de la venue d’Alice et Scott, le jeune Gryffondor saisit sa petite amie par la taille et l'embrassa une nouvelle fois. 


-Hum, hum ! 


Surpris par le toussotement, James rouvrit immédiatement les yeux et s'éloigna instantanément de Nancy, qui, elle, saisie par le baiser, ne semblait pas s'être aperçue qu'une nouvelle personne venait de les rejoindre sur l’entrée de la cuisine. Et pour la plus grande détresse de James, c’était sa mère qui se tenait devant lui, les mains sur les hanches, le regard à la fois amusé et désespéré. 


-Bonjour Nancy ! s'exclama la matriarche du 12 Square Grimmaurd. 

-Bonjour Mrs Potter, répondit Nancy, gênée. Bien dormi ?

 -Ça va, répondit-elle vaguement. Harry est reparti aux aurores, sans mauvais jeu de mot. Et bon sang, il n’a jamais su quitter la chambre à pas feutrés. Je me demande ce que ça doit donner pendant ses filatures. Il doit revenir te chercher pour neuf heures, James. Il est très content du travail que tu as fourni, et de la variété des tâches que tu as vues. Il va sûrement te proposer de lever le pied sur les horaires de travail pour que tu puisses aussi profiter de ton dernier été “libre”.

-Justement,ça tombe bien, en plus, tant que vous êtes là toutes les deux, commença James. 


Sa mère semblait de bonne humeur, malgré une certaine inquiétude pour son mari, elle conseillait même à James d'apprécier ses vacances. C’était la fenêtre de tir parfaite. Et Nancy comprendrait, elle voyait très bien que James avait vu ses pensées monopolisées par le Bureau des Aurors et elle verrait sûrement d'un très bon œil le fait de voir que James souhaitait passer deux dernières semaines de vacances plus détendues. Il reprit : 


-Tu te souviens M'man ? Tu m'avais donné ton accord pour que je propose à Alice et Scott de venir pour la fin de l'été.

 

Les yeux de sa mère s'écarquillèrent, tandis que Nancy continuait d'écouter patiemment la conversation, son sourire semblant s'être légèrement affaissé.

 

-Bien sûr, continua James. Avec les affaires au Bureau des Aurors, j'avais complètement oublié de vous en reparler, je ne t'en avais même pas parlé à toi, Nancy. Mais Scott et Alice t'adorent et ce sera toujours plus sympa d'aller zoner avec eux les moments où je serai au bureau. 


Sa mère les contempla un moment d'un regard profond. Puis elle reconnut :


 -Je t'avais donné mon accord, c'est vrai. Tu aurais simplement pu me rappeler qu'ils venaient. Quand doivent-ils arriver ? 

-Heu, hésita James. Scott m'a confirmé qu'ils arriveraient tous les deux ce soir.


Il essaya de fuir  le regard de Ginny dont les ailes du nez se mettaient légèrement à rougir.


-Dans ce cas, soupira-t-elle, il faudra que Grand-Mère ajoute deux couverts dimanche. Nous sommes invités chez mes parents, ajouta-t-elle à l'adresse de Nancy. Ils sont déjà enchantés de faire ta connaissance !


Nancy reprit son sourire rayonnant et saisit de nouveau le bras de James, mais celui-ci sentait bien que ses doigts étaient crispés.

 

-Heu ... Bah ... Bien, balbutia la Poufsouffle. J'ai hâte d'y être ! 


Ginny hocha la tête d’un air approbateur et commença à prendre une tasse et une soucoupe pour se faire couler un thé, quand elle se ravisa et se tourna de nouveau vers les deux jeunes gens. 


-Si vous n'avez rien prévu ce soir, je dirai à Neville et Hannah de venir pour dîner. 

-Le Professeur Londubat qui vient dîner ici ? demanda Nancy paniquée. 

-Hors de l'école, c'est Neville ! pouffa Ginny. Tu verras, il est bien moins strict qu'à l’école. 


Et la mère de James, sans même s’être servie sa tasse de thé, prétexta avoir oublié quelque chose dans son bureau. Elle avait visiblement vu la volonté de Nancy d’échanger quelques mots avec son petit ami.


 Le jeune Gryffondor, l'air penaud observa sa petite amie et lui dit à voix basse : 


-Nancy, Je ... 

-Tu es désolé, je sais James. Une fois de plus, tu as oublié mon existence. 

-Mais voyons, c'est faux ! C'est juste que j'ai trop pris à cœur mon stage. Si tu veux, j'annule pour Scott et Alice et on reste tous les deux, tenta au bluff, l’aspirant Auror. 

-Pour que tes deux amis se mettent à me détester ? Ils m'adorent, selon toi, répliqua Nancy d'un air sarcastique. Ce serait dommage qu’ils changent d’avis …

 -Oui, c'est vrai qu’ils t’apprécient ! répondit le Gryffondor révolté. Ils t'ont déjà dit qu'ils aimaient rire avec toi, et ils adorent ton tempérament.

 -Oui, oui, admit Nancy, visiblement peu convaincue et toujours énervée. C’est vrai qu’à leurs yeux, je suis la Poufsouffle qui tient tête à James Sirius Potter. Mais en tout cas, même si je te tiens tête, même si je ne te laisse pas le dernier mot, je n'oublie jamais ton existence moi ! Tu es ma priorité. 


James tenta de répliquer, mais il fut coupé par les flammes vertes de la cheminée. Harry se matérialisa dans l’âtre de celle-ci. Bien qu’il soit très pâle et arborait des cernes, chose qui, n’était plus devenue habituelle au vu du calme auquel étaient astreints les Aurors jusqu’alors, Harry semblait décontracté quand il s’installa à table et se servit un café. Bientôt rejoint par Ginny qui était redescendue en observant intensément son fils et sa fille.


-Qu’avons-nous au programme, aujourd’hui, Papa ? demanda James

-Moins de mouvement qu’hier. Tu as passé de longues heures au Bureau, même Iggy Greengrass a remarqué ton dévouement. Tu repartiras en binôme avec Harper. Il n’est pas très à l’aise pour l’administratif et il a quelques dossiers en retard. Et puis, ça te permettra de faire une journée normale en termes d’horaires. Nous ne voudrions pas t’écoeurer du métier. 


James se souvint de la réflexion de son père lors de son premier jour, sans doute que Harry voulait aussi offrir des sorties et des enquêtes de premier plan à d’autres Aurors qui étaient au fond d’eux, bien heureux de voir enfin leur service s’agiter. Il ne put qu'acquiescer d’un signe de tête au programme donné par son père car c’est Ginny qui reprit la parole :


-Harry, il ne te faudrait pas trop tarder ce soir, si c’est possible bien sûr, suggéra-t-elle. Je vais proposer à Neville et Hannah de rester dîner. Ils nous emmènent Alice pour le reste de l’été.


Surpris, mais pas contre l’idée, Harry promit de se débrouiller pour être là. Il prit aussi avec bonne humeur le fait que Scott viendrait aussi.


-C’est une colonie de vacances que nous devrions ouvrir, ricana Harry. 


_______________________


-Iggy Greengrass ne considère pas que le souvenir de Dawlish soit une preuve suffisante de la survie de la lignée Shafiq. Il n'a, bien sûr, pas été force de propositions pour reconstituer le souvenir.


Harry avait gardé son vrai briefing pour le moment où ils seraient dans la salle de pause du bureau, Ron et Benjamin Harper à ses côtés. Il expliquait à James les derniers éléments.


-Nous sommes donc obligés d’attendre que Hermione nous en dise plus sur les solutions qu’elle a imaginées. Mais, pour l’instant, l’enquête stagne. Où se cache-t-il ? Où le groupe compte intervenir ? Et quels buts poursuivent-ils ? Nous n’en savons rien. Et nos seules pistes demeurent les familles Sang-Pur ayant pu soutenir des idéologies telles que celle de Voldemort, compléta Ron.

-C’est aussi pour ça que ton père a jugé qu’il ne serait pas opportun de t’envoyer sur le terrain, James. Il y a un équilibre subtil à maintenir. Officiellement, nous sommes censés protéger les idéologues Sang-Pur, et leur donner cette impression. Mais officieusement, nous devons aussi récupérer des informations. Et en sachant qu’ils ont tous possibilité d’écrire directement à l’une des huiles du Ministère, le moindre faux-pas nous serait fatal.


Comprenant bien la problématique, James acquiesça. Et alors que Harry et Ron allaient relayer d’autres Aurors en filature, Harper indiqua à James qu’il était temps de le suivre pour se rendre à son bureau où une pile de dossiers à réécrire les attendaient.


La tâche était usante mentalement, répétitive, pas franchement intéressante. Mais après avoir vu le Magenmagot en audience, James comprenait plus que jamais, qu’avec ces gens-là, il fallait rigoureusement respecter les procédures pour avoir une chance de pouvoir échapper à leur zèle et leur arrogance. Heureusement, Benjamin, qui avait revêtu des lunettes en demi-lune sur son nez en trompette, réussissait à agrémenter l’archivage d’anecdotes :


-Tiens, l’affaire Coltorn ! Un client de la Tête de Sanglier a ensorcelé la cape d’un de ses copains de beuverie. Les passants ont cru à un Moremplis (1), expliquait l’Auror en ricanant. Et le Magenmagot nous demande un rapport même pour ce type d’interventions.


Mais au bout d’un moment, James se décida à poser la question qui le taraudait, il eut l’idée de commencer ainsi :


-Tu n’es pas déçu de ne pas être sur le terrain ?


l’Auror leva un sourcil tandis qu’il continuait de griffonner un dossier avec sa plume vert criard.


-J’y étais hier, avant-hier … Chacun son tour, opposa aimablement l’Auror.

-C’était quand même devenu sacrément calme ces derniers temps …

-Un peu trop calme aux goûts de tous, approuva Harper. C’est sûr qu’une telle affaire, cela redynamise … Pour ma part, je n’ai jamais trop apprécié les rondes de filature. J’ai toujours préféré l’action. Etonnant pour un Serpentard, tu ne crois pas ?


James ne put s’empêcher de suivre Harper dans son éclat de rire. Il est vrai que l’Auror, très réfléchi dans chacune de ses actions, avait, aux dires de Harry, et par son tempérament, surtout montré une appétence pour les affaires qui se réglaient à coups de sortilèges et d’adrénaline.


-Je me pose une question, Benjamin, reprit James. Depuis que je suis ici, je suis à la fois effrayé qu’un groupe de mages noirs renaisse, mais, inconsciemment, c’est comme si j’étais heureux de vivre avec cette peur. Cette adrénaline. Comme si je me sentais utile. Qu’en penses-tu, de ton côté ? Est-ce que ça te faisait ça quand tu as intégré le Bureau ?


L’Auror pince-sans-rire détailla James de ses yeux perçants. Il le gratifia d’un demi-sourire, il reposa ses lunettes qui lui servaient à lire ses dossiers de près et se passa une main dans ses denses cheveux blonds.


-Il n’y a rien, “d’anormal”, quant à avoir de telles interrogations, James. Tu aspires à un métier dangereux, exposé. Je pense qu’il existe en effet, une sorte d’adrénaline, de petit plaisir coupable lorsqu’un Auror sait qu’il va être amené à enquêter et empêcher d’importantes sources de chaos potentielles de s’étendre. C’est d’ailleurs, très “Gryffondesque” de raisonner comme ça. Vouloir lutter contre un danger, mais espérer secrètement que ce danger survienne pour s’illustrer en bravant ce danger. C’est tout de même assez égoïste, intime. Mais tant que l’Auror reste fidèle à son vœu de lutter contre la magie noire et l’obscurité, et que ce plaisir coupable se mue en réel moteur, qu’il permet de se surpasser, et ne donne en aucun cas la tentation de laisser le mal s’installer pour venir l’éradiquer, alors, je pense que c’est une bonne chose. Et il est présent chez quasiment chacun d’entre nous, ici, de manière positive …

-C’est une impression qui m’a sauté aux yeux, avoua James. Et je m’en voulais de ressentir ça.

-Ton père t’a déjà parlé de Maugrey Fol Oeil ?

-Quelques fois, oui. C’était un de ses amis. Un Auror légendaire !

-Tout à fait, Maugrey Fol Oeil est probablement le meilleur d’entre nous. Nombre de Mangemorts ont été mis derrière les barreaux grâce à sa bravoure et son habileté baguette en main. Mais Alastor Maugrey avait à la fois une force, et un défaut. Il ne vivait que pour l’action. Il est arrivé au Bureau à l’apogée de Grindelwald. Il a enchaîné avec la montée en puissance de Tu-Sais-Qui. Puis, quand Tu-Sais-Qui a disparu une première fois. La situation était plus calme dans notre communauté … Maugrey, qui avait toujours eu pour habitude d’intervenir pour arrêter des Mages noirs ayant commis atrocités sur atrocités, s’est retrouvé à intervenir sur des rixes de bar, ou des blagues entre poivrots. Une cape ensorcelée par exemple. Et tu te doutes de la façon dont il a géré ces situations ?

-Vaguement … Il fonçait tête baissée ?

-Exactement. Il débaroulait au Chaudron Baveur en faisant pleuvoir des maléfices sur tout ce qui bougeait. Et ça se terminait souvent par des soiffards apeurés qui demandaient au Bureau des Aurors des indemnités de compensation du préjudice subi -la peur bleue, car Maugrey essayait toujours de ramener ses cibles vivantes-. En conclusion, même si tu souhaites ardemment de l’action pour pouvoir t’accomplir, tu n’as pas à culpabiliser, c’est humain. Gardes tout d’abord en tête que, s’il n’y a pas d’action, c’est que tu as bien fait ton travail auparavant. Et si jamais, tu as eu l’habitude d’enchaîner les interventions difficiles et dangereuses, n’oublies pas non plus de prendre des tâches moins exposées pour ce qu’elles sont et tu les aborderas ainsi, comme elles doivent l’être. C’est aussi pour ça que ton père tient à ce que tu approches le métier dans ces deux facettes. Et la période est parfaite pour ça. 

 

James avait écouté avec attention l’exposé de l’Auror. Il parlait d’une voix grave et apaisante, et les interrogations du stagiaire avaient ici trouvé quelques réponses rassurantes. Et la journée se poursuivit au rythme des anecdotes et des protestations de Harper après le Magenmagot.

End Notes:

1. Le Moremplis, aussi appelé Suaire Vivant est un monstre qui a l'apparence d'une cape ou d'un tapis sombre qui se traine sur le sol. Il approche ses proies la nuit, se pose sur eux, et les dévore sans en laisser de traces. C'est une créature emplie de magie noire qui ne peut être repoussée que grâce à un Patronus.

Chapitre XI. La Weasley lunaire by Portus

Il régnait une odeur de transpiration mêlée à celle du tabac froid, dans le studio glauque des bas-fonds du Chemin de Traverse qu'occupait Andy. L'unique pièce de son appartement était dans un tel désordre, des brochures publicitaires s'amoncelaient sur sa table basse, celles reçues avec la Gazette du Sorcier, ce fameux journal dont il avait dû suspendre son abonnement. 


Quatre Noises par jour, cela représentait un budget pour quelqu'un qui n'avait pas de travail. Sur le sol incrusté de crasse, on distinguait pêle-mêle des chaussettes et des sous-vêtements usagés, sur les quelques meubles de rangement à sa disposition dans ce taudis, une épaisse couche de poussière commençait à s'incruster. Les rideaux de son unique fenêtre étaient tirés, et la poubelle à l'angle de la pièce commençait à déborder sérieusement. Quelques sortilèges de nettoyage auraient pu suffire à rendre cet appartement à nouveau viable, mais Andy n'excellait pas dans ceux-ci, et surtout, Andy était un immense procrastinateur. Il remettait sans cesse les choses au lendemain. 


Ce matin-là, ou faudrait-il dire, ce début d'après-midi-là, il se réveilla de son habituel long sommeil sans rêves. Comme d'habitude, il ne prit pas la peine d'ouvrir les volets, qui demeuraient clos depuis trois semaines. Trois semaines, trois semaines horribles, trois semaines de solitude, trois semaines à essayer d'exister seul, sans emploi, mais surtout ... Sans elle. Elle, c'était la petite amie d'Andy, il l'avait rencontrée à Poudlard, ils s'étaient mis en couple, l'amour fou, ils ne se quittaient jamais. Malheureusement, tout est allé de travers rapidement, après la fin de leurs études. Elle, elle avait des projets d'avenir, l'envie de faire de grandes choses, de faire ses preuves au Ministère. Elle avait été acceptée au Département de la Justice Magique, un poste d'assistante pour la grande Hermione Granger, probablement sa sorcière préférée. Une Née-Moldue, comme elle, brillante, comme elle, belle, comme elle, et qui, de par ses fonctions, par son courage, son abnégation, a su rendre des choses impossibles, possibles. La chute de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, l'affranchissement des elfes de maison, l'accès pour tous les loups-garous à une potion Tue-Loup pour chaque pleine lune, la fin de leur stigmatisation, ... Hermione Granger, c'était son modèle, et, Andy en était persuadée, elle ferait d'aussi grandes choses qu'Hermione Granger. Elle en avait les capacités. Lui, il n'était pas un élève doué, mais il n'était pas non plus un cancre. Il se contentait d'assister aux cours, d'essayer d'être discret, pendant qu'il se plaisait à rêver de voyages, d'aventures, de tout sauf de travail en fait. A dix-huit ans, comment pouvait-il décider de ce qu'il voulait faire ? Elle ne le comprenait pas. Elle avait ses plans, son projet de vie bien rangée, pendant que lui fumait ses cigarettes sur son fauteuil, écoutait de la musique, et rêvait. 


Ça, des rêves, il en avait, à revendre même. Faire le tour du monde à balai, visiter les pyramides d'Egypte, combattre des vampires en Transylvanie, chaque jour, Andy rêvait. Bientôt, ses rêves ont laissé place à la mélancolie, au désespoir : Elle était partie. Envolée, du jour au lendemain, par une belle soirée de juillet, après sa journée de travail, alors qu'elle était venue rendre visite à son petit ami dans son modeste studio. Le garçon lui avait préparé un dîner aux chandelles, d'habitude, elle adorait ce minuscule nid d'amour, elle se fichait d'y être à l'étroit, puisqu'elle était plus qu'heureuse, selon ses dires, de se serrer contre Andy. Entre le fromage et le dessert, elle lui avoua qu'un homme au bureau lui faisait des avances, un sorcier d'âge mur, qui travaillait au sein du cabinet personnel du Directeur, Iggy Greengrass. Comment réagir dans ces situations ? Fallait-il ignorer, paraître détaché ? Andy était un piètre menteur, et pourquoi diable en venait-t-elle à aborder ce sujet ? Il ne le saura jamais. Bientôt, la conversation s'envenima, Andy, jaloux, se mit à insinuer qu'après même pas un mois au Ministère, elle en venait à être vénale et trop ambitieuse, et c'est ainsi qu'elle emmena le sujet qui les fâchait depuis le début de l'été : qu'allait donc faire Andy de sa vie ?


 Il aurait pu broder, tenter de promettre qu'il chercherait « vraiment » un travail stable, mais c'était un fait. Andy était un mauvais menteur. Elle ne tint plus, et estimant désormais que ses projets ne colleraient jamais avec ceux, inexistants, d'Andy, elle claqua définitivement la porte de l'appartement, laissant le jeune homme seul, dans la pénombre, avec ses cigarettes, ses brochures publicitaires et ses chaussettes usagées. Même ses rêves, ses précieux rêves avaient préféré la suivre à elle, depuis, il broyait du noir, et la seule vision claire qu'il avait à l'esprit, c'était elle qui enfilait sa veste, et quittait l'appartement en larmes. Depuis, exit les vampires transylvaniens, exit le tour du monde à balai, exit les pyramides, Andy n'avait même plus la force de rêver. 

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James avait pu cheminer vers le 12 Square Grimmaurd vers dix-sept heures, après avoir passé la journée à travailler sur les dossiers de Benjamin Harper. Et Harry lui avait annoncé qu’en tant qu’Auror stagiaire, il n’avait pas besoin de tenir des astreintes, le week-end. Il pourrait donc profiter pleinement de Scott et Alice qui devaient arriver le soir. Bien que la dispute du matin avec Nancy semblait avoir été désamorcée, l’ainé des Potter considéra qu’il était important de passer plus de temps avec elle, avant la venue de ses amis. Ils étaient donc allés se promener dans le Londres côté Moldu et ils venaient de rentrer. La pendule de l'entrée indiquait neuf heures moins dix et tous les Potter se tenaient prêts dans la cuisine. 


Albus, qui semblait avoir retrouvé le moral, adressa un sourire rayonnant aux deux tourtereaux. Lily se tenait près de son frère et trépignait d'impatience de revoir son ami, Gary Londubat ainsi qu'Alice à qui Lily avouait avoir toujours voulu ressembler. Ginny, anxieuse, s'affairait à aider Cosy à préparer les derniers détails du repas de ministre que l'elfe leur avait préparé. Harry quant à lui, se tenait de façon très raide sur sa chaise en bout de table, de larges cernes étaient apparus sous ses yeux. Il était rentré, selon Albus, quelques instants plus tôt, et James n'avait jamais vu son père dans un tel état de fatigue et de stress. Lorsqu'il vit son fils aîné accompagné de sa petite amie arriver dans la cuisine, le visage d'Harry s'éclaira faiblement, il leur lança un sourire chaleureux : 


-Mr Potter, vous allez bien ? demanda timidement Nancy. 

-Oh très bien, répondit Harry d'un air vague. Comme tu le sais déjà, nous n'avons jamais eu autant de travail.


 Mais avant qu’ils n’aient eu le temps de répondre, des flammes apparurent dans la cheminée de la cuisine. Scott épousseta la poussière qui s'était répandue sur sa robe avant de sortir de l'âtre et de se jeter sur son meilleur ami. Après avoir lâché son étreinte, il salua chaleureusement tour à tour les autres membres de la famille Potter. Scott Hattaway était un peu plus petit que James. Contrairement à son meilleur ami, il n'avait jamais été accepté dans l'équipe de Gryffondor. Son manque de pratique sportive faisait qu'il avait une silhouette plus frêle que celle de son ami, mais c'était idéal pour le poste qu'il convoitait, celui d'Attrapeur. D'ailleurs, c'est précisément parce qu'il souhaitait jouer ce poste qu'il ne réussit jamais à franchir le cap des sélections. L'Attrapeur en place, Andrew Higgins était un excellent joueur, désormais, il avait quitté Poudlard et Scott aurait donc toutes ses chances. 

 

Cependant, le fait de n'avoir jamais réussi en Quidditch n'empêchait pas Scott d'être aussi populaire que son ami à Poudlard. Nombre de filles rêvaient de sortir avec lui, tant le Gryffondor avait un humour et un sourire ravageur. Scott était toujours richement et élégamment vêtu, son père, Sean Hattaway était un animateur très célèbre sur la RITM, il animait un talk-show humoristique, tandis que sa mère, Doris Hattaway travaillait pour une boutique de prêt à porter sorcier. L'élégant jeune homme arborait d'ailleurs une robe grise avec un col rouge bordeaux stylisé, ce que James analysa comme étant une création de sa mère. Alors que le jeune homme recoiffait ses cheveux bruns coupés au bol, il se retourna quand il entendit l'âtre de la cheminée crépiter de nouveau. Neville apparut dans l'âtre, accompagné de son plus jeune fils, Gary, qui allait rentrer en cinquième année à Poudlard, il fut rapidement suivi par sa femme Hannah, et enfin, par Alice qui, à la manière de Scott, se jeta sur James alors que Nancy se renfrognait.

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Les Potter et leurs amis venaient de terminer le plat chaud quand Neville prit la parole d'un air solennel : 


-Les enfants ne sont sûrement pas au courant, Harry. 


Jusqu'à présent, les conversations avaient porté sur les banalités du quotidien. Bien sûr, Harry avait résumé la situation au Ministère à Neville qui l'observait d'un air interdit. Il semblait lui aussi connaître la réputation de Shafiq et semblait des plus inquiets. Mais sur demande de Ginny et Hannah, les conversations avaient embrayé sur des sujets plus légers. Néanmoins, James se doutait de ce qui allait être annoncé. A vrai dire, il n'avait pas eu le temps d'y repenser depuis son agression et son stage chez les Aurors. Ainsi, il n’en avait même pas parlé à Albus, Lily, ou Nancy. Le rythme des évènements lui ayant sorti l’information de sa mémoire. James avait surpris, en compagnie de Fred, la conversation entre son père et le Directeur de Poudlard au Terrier. Ils avaient immédiatement avertis Alice, mais pas les autres. Harry interviendrait en Défense Contre les Forces du Mal pour les ASPIC. Cependant, une question lui vint à l'esprit. Et si son père déclinait face au danger que représentait Shafiq ? Après tout, le Bureau des Aurors ne pouvait pas se permettre de voir son Directeur s'absenter un jour par semaine. 


-Ils ne le sont pas, répondit simplement Harry légèrement tendu. 


Ginny souriait fièrement, tandis que les enfants (sauf James et Alice) regardaient les adultes d'un air incrédule. 


-Harry,reprit Neville, tu peux le leur dire, tu sais. Ce n'est pas un secret d'état. A moins que tu n'aies changé d'avis. 

-J'avais changé d'avis, justement. Au vu de la situation actuelle … avoua Harry d'un air interdit. Mais Everett est revenu me voir. Il est vrai que les élèves auront peut-être besoin de ces cours. Plus que jamais au vu de … Tout ça …

-Des cours ? Qu'est-ce que cela signifie Papa ? demanda Albus interloqué.

-J'interviendrai chaque semaine à Poudlard pour un cours de Défense Contre les Forces du Mal. 

Lily poussa un cri de joie, visiblement, elle n'avait pas compris la leçon avec Neville. Albus était particulièrement heureux d’apprendre la nouvelle, tandis que Nancy et Scott jetaient des regards admiratifs à leur futur enseignant. James et Alice semblaient être les seuls à comprendre que Harry ferait de ces cours une épreuve tant il serait strict avec les membres de sa famille ou ses amis. 


-Le cours ne sera que pour les ASPIC, expliqua Harry. Lily, tu continueras à avoir cours avec le Professeur Everett qui est un excellent enseignant. Les cours d'ASPIC seront plus orientés vers le duel et les techniques de combat que nous apprenons chez les Aurors. Et il est vrai qu'il y a de grandes chances que les élèves aient besoin de cet apprentissage pour la suite .... 


Il avait conclu d'une voix extrêmement tendue et s’était arrêté en se plongeant dans ses réflexions. 


-Cela ne posera pas de problèmes au Bureau des Aurors ? demanda Hannah. 

-Au contraire, Greengrass sera content de me voir débarrasser le plancher un jour par semaine. J'en ai parlé à Ron. C'est lui qui dirigera le Bureau en mon absence. Benjamin lui donnera aussi un coup de main. Ce n'est pas un problème pour ça. Nous avons une bonne équipe au Bureau.


Neville acquiesça avec un sourire. 


-Parfois, la vie d'Auror me manque, avoua-t-il. C'est si calme à Poudlard. Sauf bien sûr quand je dois courir après des petits garnements qui partent en excursion dans la Forêt Interdite de nuit, ajouta-t-il en lançant un regard narquois à James, Alice et Scott. 


Les trois adolescents rougirent, tandis que Harry et Hannah les regardaient d'un air moqueur, et Ginny les fusillait du regard, l'air dépité. 


-Avec deux Aurors sur le dos maintenant, ils risquent de ne plus pouvoir semer autant la panique, rajouta Nancy avec un sourire. 

-Oh, je ne serai pas souvent là pour leurs expéditions, confessa Harry. Je ne resterai qu'une journée par semaine à Poudlard et je n’y dormirai pas. D'ailleurs, peu d'élèves le savent, mais Neville ne dort que très rarement à Poudlard. 

-Je ne “dors” jamais à Poudlard, avoua Neville. Je suis sensé y dormir une ou deux nuits par semaine et assurer des rondes de surveillance. Et les rares fois où je suis de garde de nuit, je passe le plus clair de celle-ci à poursuivre ces mêmes garnements de ma Maison. 

-Les enseignants ne vivent pas à Poudlard, Professeur Londubat ? demanda Scott, intéressé. 

-Je vous ai dit à toi et Nancy, qu'ici, c'était Neville. Et si, les enseignants vivent à Poudlard. C'est le cas de la quasi-totalité d'entre-eux. Ils ont des appartements personnels répartis dans un peu tout le château. Ils peuvent y recevoir des amis, certains y vivent en famille, dans la plus stricte intimité. Moi, j'ai opté pour le Chaudron Baveur, en plus, maintenant que nos deux enfants sont à Poudlard, Hannah s'ennuierait. Mais en tant que Directeur de Maison, je dois montrer l'exemple en participant aux rondes de surveillance de nuit. Heureusement, mon duo de Préfet de Gryffondor m'aide bien dans ma tâche. 


Et il lança un clin d'œil à Albus, son filleul. Les conversations bifurquèrent alors sur les projets de chacun des septième année après Poudlard. Scott voulait voyager à l'étranger avant de prendre une réelle décision. Neville lui proposa de demander une bourse de voyage (bien que les parents de Scott pourraient aisément assumer les dépenses engendrées par le voyage de leur fils unique) auprès d'un organisme du Ministère qui finançait les sorciers globe-trotters. Nancy quant à elle souhaitait intégrer le Département de la Justice Magique, elle expliquait que sa loyauté et son impartialité lui laissaient penser qu'elle pourrait faire une bonne magistrate, mais elle savait qu'elle devait travailler pour calmer son impulsivité qui lui posait parfois problème. Alice quant à elle, bien qu'elle ait d'excellentes notes, n'avait aucune idée de ce qu'elle ferait après Poudlard. Elle expliqua qu'elle préférait voir la fin de sa septième année comme un événement aussi lointain que possible car elle redoutait de ne plus voir ses amis et de ne plus avoir ses habitudes qu'elle aimait tant à Poudlard. Elle expliqua qu'elle tenterait, par défaut, le concours de Médicomage étant donné que c'était la seule voix qui l'attirait à peu près. Elle et Roxanne avaient déjà commencé à se renseigner dès leur cinquième année. Mais seule Roxanne avait franchi le pas d'aller demander un stage à Ernie McMillan, un ami de la famille, Médicomage à Sainte-Mangouste. 


-Moi, j'aimerai vraiment travailler au Département de la Coopération Magique Internationale, avoua Albus. J'aimerais correspondre avec les Moldus, même si c'est utopique. Peut-être que dans un premier temps, je devrai m'assurer simplement de faire respecter le Code du Secret et de les protéger. 

-Le Département de la Justice Magique peut-être un bon tremplin, conseilla Neville. Je ne crois pas qu'il existe une fonction en rapport avec les Moldus au Département de la Coopération. 

-Et puis, d'ici deux ans, Hermione aura sûrement pris la place de Greengrass, lança Ginny d'un ton enjoué. A ce moment-là, tu pourras sûrement faire entendre tes idées.


Albus rayonna. Au contact de son grand-père, Arthur Weasley, il avait développé la même passion que celui-ci pour les Moldus. Depuis son enfance, la communauté non magique lui tenait à cœur. Il adorait en apprendre plus sur leurs coutumes, leur façon de vivre quotidiennement. Lorsqu'il fut en âge de comprendre ce que représentait l'idéologie de Voldemort et le rôle que son père avait joué, Albus en était d'abord fier, mais aussi, très inquiet et alarmé, il s'était juré qu'il perpétuerait ce qu’il voyait comme une tradition familiale en protégeant les Moldus qui, au fond, n'étaient pas si différents d'eux, les sorciers. Bien qu'il ait de nombreuses qualités pouvant faire de lui un Serpentard, en effet, Albus est rusé, très réfléchi, il préfère analyser attentivement toutes les situations avant de se lancer tête baissée. Autant de qualités à des années lumières d'un véritable Gryffondor, à première vue. Mais Albus, avait toujours eu le courage d'assumer sa passion, de l'afficher, et parfois de faire changer les mentalités aux côtés de sa cousine Rose. Par pur respect envers sa famille et de ses idéaux, et bien qu'il était persuadé que la Maison Serpentard méritait une seconde chance, Albus avait fermement demandé au Choixpeau de ne pas l'envoyer à Serpentard. Et celui-ci avait daigné l'envoyer rejoindre son frère chez les lions, à la plus grande joie des deux frères, qui, malgré leurs chamailleries, restaient très proches. 


-Au final, pensa James. Albus aurait pu aussi bien aller à Serdaigle pour son intelligence, voire à Poufsouffle pour sa loyauté envers sa famille et ses valeurs. 


A la fin du repas, James saisit la main de Nancy et l'entraîna avec lui. Il it signe à ses deux amis de les suivre, et les quatre futurs étudiants de septième année s'enfermèrent dans la chambre de James. 


-Wouah ! Harry Potter qui va nous enseigner la Défense Contre les Forces du Mal ! s'exclama Nancy toute secouée. 

-Tu es ridicule Nancy, maugréa James. Tu ressembles à une de ces groupies, tu sais que ma mère les déteste ? 

-Je dois donc éviter de lui demander un autographe en sa présence ? persiffla-t-elle.

Les quatre adolescents éclatèrent de rire. Mais c'est Alice qui partagea la première ses craintes. En effet, elle savait comme James que Harry suivrait sûrement la doctrine de Neville et qu'il serait intraitable avec James et ses amis, tout ça pour que les Serpentards ne crient pas au scandale. 

-Peut-être qu'il sera pareil avec vous qu'avec tous les autres, tenta Nancy. 

-Harry et mon père sont exactement pareil, répliqua Alice. Ils vont nous mener une vie d'enfer, il n'y a vraiment qu'à Poufsouffle qu'on fait confiance naïvement. 


Les joues de Nancy virèrent au rubicond et celle-ci ouvrit la bouche pour répliquer, mais James, dans un réflexe digne d'un de ses meilleurs matchs de Quidditch fondit sur Nancy, la saisit par la taille, la plaqua sur son lit et fit mine de vouloir lui faire des chatouilles. La tentative était pathétique, et elle fit blêmir face à tant de mièvrerie Alice et Scott. Mais elle eut le mérite de diminuer les tremblements de rage de la Poufsouffle.


-Et ce Shafiq ? Tu penses qu'ils l'auront rattrapé avant la rentrée ? demanda soudainement Scott pour changer de sujet. 


James et Nancy se séparèrent de leur étreinte, et ils regardèrent, pensifs, face à l'élégant ami de James à la coupe au bol. 


-Je l'espère, pria James. 

-Le Ministère met des bâtons dans les roues de l'enquête, ils ne peuvent pas interroger les Sang-Pur comme ils voudraient, si Mr Potter avait les pleins pouvoirs, je suis sûr que l'affaire serait bouclée.


C'était Nancy qui venait de parler, et cette fois, Alice la regarda hésitante avant d'acquiescer. Puis, James prolongea l’exposé de sa petite amie : 

-Le Ministère est tenu par quelques vieux croutons pro Sang-Pur. Ils persistent à penser que Shafiq n’est pas en vie, et ils voudraient que les Aurors continuent d’enquêter sur le membre du parti de Finch–Fletchley.

-Ce crétin, marmonna Alice.


Justin Finch-Fletchley était un politicien qui s’était radicalisé pendant la guerre contre Voldemort. Lui, l’enfant Né-Moldu n’avait jamais pu pardonner le fait d’avoir été traqué par des fonctionnaires collaborationnistes. Il en avait acquis une haine viscérale des Sang-Pur, et il estimait qu’il fallait mettre à bas une fois pour toute la vieille société sorcière conservatrice pour la survie de tous. Finch-Fletchley était un excellent orateur, qui entraînait avec lui des partisans tout aussi extrémistes que pouvaient l’être des fanatiques du sang. Certains de ses alliés, pouvaient utiliser les discours qu’utilisaient les Mangemorts, mais en parlant des Sang-Pur. Il était donc devenu un personnage très clivant chez les sorciers, y compris chez ceux qui avaient combattu les Mangemorts, ou étaient restés neutres. Car certains se sentaient insultés d’être associés à de tels discours radicaux. Et bien que ses tribunes à la Gazette du Sorcier, ses manifestations et interventions à la RITM étaient très nombreuses, il ne réussit à capitaliser que 15 % lors de la dernière élection du Ministre de la Magie. 15 % qui manquèrent cependant à Percy Weasley, et qui permit précisément l’ascension de ceux que Finch-Fletchley ne voulait, pour rien au monde, revoir au pouvoir.


-Ce n'est quand même pas tout à fait faux, remarqua Scott. 


Lorsqu'il vit que les trois autres l’observaient d’un oeil interrogateur, il se renfrogna légèrement mais reprit : 


-C'est pas tout à fait faux. Quand on voit Finch-Fletchley et sa bande, on peut décemment penser qu’ils pourraient être capables de passer à l’action violente. Et Shacklebolt n'a pas vraiment préparé de succession. Il a laissé faire les deux extrêmes, Sang-Mêlés et Sang-Pur se déchirer. 


Tous le regardèrent d'un air pensif, et Alice reprit lentement : 

-C'est vrai, il y a eu des sanctions démesurées, de ce que l’on m’a dit, on n'a peut-être pas tendu la main à ceux qui voulaient se racheter une conduite. Mais le fait est qu'aujourd'hui, les Sang-Pur ont le pouvoir. Je ne pense pas qu’ils soutiennent tous la violence. Finch-Fletchley au pouvoir, ce serait peut-être une autre histoire, mais les politiciens de nos jours, ils s'accrochent à leur place et sont dans le déni constant des problèmes que la société rencontre. Je pense que c’est facile, pour Fawley et Greengrass de chercher à mouiller Finch-Fletchley et de nier l’évidence d’un danger. C'est une façon d'endormir la douleur et d'avoir un règne long et paisible. Nos parents ont déjà connu ça à leur époque ...


Puis, la jeune Gryffondor passa une main dans ses cheveux blonds et continua d'une voix hachée : 


-Je suis allée voir mes grands-parents hier. 


James savait qu'Alice s'adressait surtout à lui. Aucun des deux autres n'étaient au courant. Les derniers grands-parents vivants d'Alice, si vivant est le mot, s'appellent Alice et Franck Londubat. Neville a d'ailleurs nommé sa fille en l’honneur de sa mère. Gary étant le père d'Hannah, décédé pendant le Deuxième Guerre. Alice et Franck Londubat, premiers du nom, étaient deux Aurors redoutables et très respectés. Ils ont subi un sort pire que la mort. Des Mangemorts les ont torturés jusqu'à leur faire perdre l'esprit. Aujourd'hui, ils errent dans une salle spéciale à Sainte-Mangouste, ne reconnaissent plus personne et sont totalement dépendant des Médicomage qui gardent la salle. James se sentit désolé pour Alice, il approcha sa main de son épaule, sans tenir compte du regard noir que lui lança Nancy, il saisit son amie par l’épaule.


-En bonne Gryffondor, je me dis parfois que ça ne chauffe pas assez. Qu'on ne prend pas assez de risques, qu'on ne s'amuse pas. Et puis, je vais les voir, et je comprends à quel point je peux être stupide. Parce que justement, eux, ils auraient voulu vivre en paix. Ils auraient rêvé de la vie que nous avons aujourd'hui. Au lieu de ça, dès leur sortie de l'école, ils se sont battus, ils ont lutté pour leur survie, et regardes ce qu'ils sont maintenant. Je ne veux pas vivre la même période qu'eux. 


Et la jeune fille se mit à sangloter en se jetant dans les bras de James. Cette fois, James vit à travers l'épaule d'Alice, Nancy et Scott, interloqués. Ceux-ci s'approchèrent et vinrent joindre leur étreinte à celle de James. Ils restèrent ainsi un moment, à regarder chacun dans le vide et à réfléchir aux paroles d'Alice, sans trop comprendre pourquoi elle avait parlé de ses grands-parents.

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Dimanche arriva très vite. Ce matin-là, James se réveilla avec l'horrible sensation que ses cheveux poussaient à l'intérieur de sa tête. La veille, James, Nancy, Scott, Alice et Albus étaient allés dans un pub Moldu à Bricks Lane. Ils y avaient bu plus que de raison et étaient rentrés aux aurores. James s'empressa de se rendre à la salle de bain de son palier pour se débarbouiller et boire beaucoup d'eau, tant sa gorge le brûlait. Lorsqu'il rentra d'un pas décidé, il s'aperçut que la salle de bain était déjà occupée. C'était Nancy qui se tenait là. Le jeune homme ignorait depuis combien de temps elle se préparait, mais à en juger par son allure, il jugea que cela faisait plusieurs heures. Personne n’aurait pu croire qu’elle avait veillé si tard la veille, son beau visage était rayonnant, maquillé discrètement, elle avait mis un peu de fond de teint sur ses joues cette fois, pour leur donner quelques couleurs. Elle avait troqué son rouge à lèvres carmin contre un plus discret, rose pâle, s'accordant parfaitement avec sa peau claire et sa chevelure châtain. Elle avait d'ailleurs noué ceux-ci en une longue natte qu'elle avait ensuite enroulée autour d'un chignon impeccablement tiré. La jeune fille s'était habillée modestement, mais élégamment, comme à son habitude. Elle avait revêtu une robe légère d'été bleu marine, ornée de quelques rubans rouges discrets. La robe lui descendait jusqu'au milieu de ses cuisses et laissait voir ses jambes pâles magnifiquement sculptées. Elle portait également des chaussures ouvertes à talons compensés assorties à sa robe. 


James, malgré son état vaseux, laissa échapper un “Wahou” à la vue de sa ravissante petite amie, mais celle-ci semblait tendue. Après avoir lancé un regard inquiet à James, elle lui tendit un flacon contenant un étrange liquide fumant. 


-C'est une potion « anti-gueule de bois », expliqua-t-elle. Fabrication George Weasley. J'en ai donné à Albus, il se chargera d'en distribuer à Alice et Scott. Tu ferais mieux de te dépêcher, nous allons être en retard ! 


James s'exécuta et but la potion. Il devait l'admettre, l'effet était impressionnant. Dès le moment où le liquide avait pénétré dans les entrailles de James, sa gorge s'hydrata instantanément, au même moment, son mal de tête et ses douleurs au ventre disparurent. Cependant, le Gryffondor ne put que constater que la potion miraculeuse de l’oncle George n'influait en rien sur la fatigue, qui, elle, était toujours bien présente. Pendant qu'il se débarbouillait et se lavait le visage, il entendit Nancy s'affairer derrière lui, lorsqu'elle se retourna, elle lui tendit une chemise bleu ciel avec un pantalon chino vert kaki et une paire de derbys marron. James trouva l'assortiment du plus bel effet. 


-J’étais allée t’acheter cet ensemble du côté Moldu pendant que tu étais au travail. Lorsque je l’ai vu en vitrine, j'ai immédiatement craqué. 


James lui caressa les cheveux et lui embrassa le front. Il ne put que constater, lorsqu'il enfila sa nouvelle tenue que son amie avait l'œil tant ses nouveaux vêtements lui étaient saillants. 


Lors des réunions dominicales au Terrier, personne n'était très regardant sur la tenue des uns et des autres. Certains s'habillaient avec leurs robes habituelles du monde sorcier. Mais il était courant que les Potter où les Weasley-Granger viennent vêtus d'habits décontractés Moldus, parfois, bien plus agréables à porter que les longues robes sorcières. Surtout l'été. 


-On va les éblouir ! s'exclama Nancy, rayonnante. 

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  -Tout le monde est prêt ? Albus, passe en premier. James, Nancy, vous arriverez en dernier. Grand-Mère sera ravie de vous voir aussi magnifiques. 


C'est Ginny qui indiquait l'ordre de passage à la cheminée. Ils étaient tous réunis dans la cuisine du 12 Square Grimmaurd. Harry était là, et bien qu'il n'était pas de la sortie au pub la veille, celui-ci paraissait aussi fatigué que ses deux fils et leurs amis. Les autres s'étaient faits beau également. Scott portait une robe sorcière rouge bordeaux avec des losanges noirs au niveau des flancs. Albus s'était contenté d'enfiler un polo vert, assorti à ses yeux avec un pantacourt marron. Alice quant à elle, était vêtue d'un gilet vert kaki, d'un jean, et d'une longue paire de bottes marron. L'ensemble accentuait ses formes généreuses et lui donnait un aspect garçon manqué des plus attirants. Les quatre jeunes étudiants tentaient tous de faire bonne figure, mais Ginny s'était aperçue de leurs bâillements fréquents et des larges cernes qui obstruaient leurs visages (pour les garçons seulement, les filles avaient astucieusement pu les masquer avec un peu de maquillage). Tous s'exécutèrent, et passèrent chacun leur tour dans la cheminée. Lorsque Harry disparut dans un tourbillon de flammes. James saisit la main de Nancy qu'il sentit se crisper. 


-Ça va aller, lui susurra-t-il tendrement à l'oreille. Tu verras, mes grands-parents sont adorables, et toi tu es géniale. Ils seront enchantés de faire ta connaissance. 


Il se plaça alors dans l'âtre de la cheminée et aida Nancy à se placer à côté de lui. Nancy s'empressa de sortir sa baguette, et lança un Impervius sur elle et son petit ami.

 

-Astucieux, pour éviter les cendres ! Dix points pour Poufsouffle, Miss Frobisher. 


Elle sourit nerveusement et s'agrippa au bras du jeune homme. James de son bras valide, jeta une pincée de Poudre de Cheminette et prononça d'une voix audible : 


-Le Terrier. 


Et le jeune couple disparut dans un tourbillon de flammes vertes.

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 Lorsqu'ils arrivèrent dans le salon du Terrier, la famille Potter et Scott et Alice les attendaient déjà. Mais il y avait également Arthur et Molly Weasley, trépignant d'impatience et ne quittant pas des yeux l'âtre de la cheminée. L'homme avait le dessus du crâne dégarni et quelques reflets blancs dans ses rares cheveux roux restants. Sa femme était une petite femme replète, dont le visage ridé laissait apparaître une profonde expression de bienveillance. Lorsque leur petit-fils apparut dans l'âtre avec sa petite amie, Molly fut la première à se jeter dans les bras de son petit-fils. Elle réserva une accolade aussi chaleureuse à la nouvelle venue. 

-Evidemment tu es Nancy. Je suis si heureuse de te rencontrer. Tu es rayonnante ma chérie ! 

-Merci, Mrs Weasley, répondit la jeune brune qui semblait peu à peu se détendre.


 -Percy et Audrey viendront prendre le thé. Lucy sera avec eux. Molly n'a pas pu se libérer, expliqua Molly, première du nom, tandis qu'Arthur serrait chaleureusement la main de Nancy. 


Percy Weasley était un haut fonctionnaire important du Ministère. Il fut longtemps Premier Sous-Secrétaire d'Etat auprès du Ministre, lorsque Kingsley était en exercice. Lorsque le Lynx se retira, Percy était le candidat soutenu par Kingsley. Il était bien évidemment soutenu par l’ensemble de la famille Weasley élargie et de tous leurs amis. Mais Percy, pourtant conseillé dans sa campagne par Hermione, ne jugea pas opportun de chercher à s’allier avec Finch-Fletchley ou Fawley. Et la division profita à Fawley qui arriva en tête. Néanmoins conscient de la capacité de travail de Percy, il daigna lui laisser son poste de Directeur du Département des Transports Magiques. James l'appréciait un peu moins que le reste de ses oncles. Il avait toujours le don pour discourir sur tout et n'importe quoi et avait un don pour rendre barbant n'importe quel sujet de conversation. Sa fille aînée, Molly, avait terminé ses études à Poudlard il y a cinq ans. Elle travaillait désormais comme Briseuse de Sorts chez Gringotts auprès de l'oncle Bill, elle avait passé quatre ans au Mexique, où elle avait épousé une collègue de travail, Ornella. James s'entendait bien avec Molly, il se souvient que lors de sa première année, elle avait contribué à effrayer Leroy Flint aux côtés de Teddy, Victoire et Dominique lorsque le Serpentard avait ensorcelé le balai de James.


Et puis, il y avait Lucy. La Weasley lunaire. Brillante en histoire de la magie, et en concepts d’arithmancie des plus ardus. Mais tellement inadaptée à la vie en communauté. Elle analysait et lisait l’âme de ses interlocuteurs comme elle lisait un livre de Runes Anciennes, et n’hésitait pas à leur balancer au visage les vérités les plus gênantes. Mais James adorait sa cousine, non seulement, parce qu’elle pouvait être à l’origine de situations des plus cocasses en société, mais aussi parce qu’elle était un joyau de loyauté et de dévouement envers ceux qu’elle aimait. C'est Lucy qui lui fit comprendre l'étendue des sentiments qu'il éprouvait pour Leanne Gatwick, la Capitaine de l'équipe de Quidditch de Serdaigle. Et sa cousine avait été d'un grand soutien et de bons conseils pour aider James à, d'abord, essayer de montrer ses sentiments, puis oublier sa désillusion quand Gatwick commença à sortir avec Andrew Higgins. Il n'y avait pas à dire, James était content de revoir sa cousine. 


-George est dans une période faste pour sa boutique, il ne peut pas se permettre de la quitter. Bill et Fleur sont en vacances en France, Charlie travaille, Ron et Hermione seront là par contre. Je suppose que c'est encore Ron qui les a mis en retard, continuait de détailler Molly.

 

James se tourna vers Nancy, sa petite amie. Arthur se tenait toujours près d'elle. 


-James, ta petite amie est charmante ! Regarde cet étrange objet, s'exclama le grand-père enthousiaste. 


Nancy venait de tendre à Arthur un petit appareil rectangulaire, jaune criard, orné de ce qui semblait être le dessin d'une pomme blanche. Du haut du rectangle, un fil blanc sortait, celui-ci se séparait en deux sur la fin et formait ce qui semblait être deux sphères surmontées d'une sorte de grille grise.


-C'est un lecteur MP3, de la musique sort par les écouteurs, expliqua Nancy. Il suffit de les mettre dans votre oreille, -elle montra à Arthur la sphère grillagée-, et la musique résonne dans votre tête. 


-C'est fascinant, murmura Arthur enchanté. Est-ce de la musique Moldue ? 


Nancy approuva d'un signe de tête et les yeux d'Arthur s'illuminèrent de plus belle, tandis qu’Albus, qui avait eu loisir de s’éduquer à la musique moldue du même lecteur, se joignit à eux pour expliquer à Arthur les fonctionnalités de l’appareil. 


Les flammes de l'âtre devinrent de nouveau vertes, et la silhouette de Rose Weasley apparut dans l'âtre. Celle-ci s'exécutait à enlacer chaque membre de sa famille quand Hugo, Hermione, puis Ron apparurent tour à tour dans l'âtre. 


-JE DIS : BONJOUR GRAND-PERE, répéta Rose d'une voix forte. 


Arthur qui avait inséré les écouteurs dans ses oreilles semblait envouté par la musique, lorsqu'il vit que la fille de Ron se tenait devant lui, il s'empressa de les ôter, l'air gêné et salua avec entrain la tribu Weasley-Granger. 


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Les Weasley, Potter et Weasley-Granger venaient de sortir dans le jardin du Terrier où les attendaient une longue table remplie de rafraîchissements et d'amuse-bouche. Alors que James, Alice, Nancy et Scott se servaient du Cola Sorcier bien frais, ils furent rejoints par Rose et Albus.


-Alors Rose, qu'as-tu fait de ton été ? demanda poliment Nancy à la jeune Gryffondor.

 -Oh, pas grand-chose, répondit celle-ci. Je suis allée rendre visite à mes autres grands-parents, et j'ai révisé. La rentrée approche à grands pas et Neville nous a expliqué que la sixième année était capitale, c'est là que se jouaient les ASPIC. 

-Il a tenu le même discours à Alb' hier, admit James. Tu sais, on vient d'en sortir de la sixième année. Et ce n'est pas si terrible que ça. 

-C'est bien vrai, rajouta Scott. Il suffit juste de savoir être efficace dans l'urgence.

-Etre efficace dans l'urgence ? demanda Alice interloquée. Tu plaisantes Scott ? Vous veniez toujours copier sur moi. 

-Sachant que tu copiais toi-même sur Tobias Thowler, renchérit Scott. On peut dire qu'on venait boucler la boucle. 


Alice devint écarlate. Tobias Thowler était un élève de leur année à Serdaigle. C'était un élève brillant, mais son physique n’était malheureusement pas des plus engageants. Il avait attrapé une maladie de la peau, dérivée de la Dragoncelle, depuis sa deuxième année et sa peau était recouverte de crevasses et d’énormes furoncles blancs purulents. Le dénommé Tobias semblait avoir un faible pour Alice qui, surprise par la charge de travail qui incombait aux élèves de sixième année, avait fini par se rapprocher du Serdaigle pour pouvoir copier sur lui. Ainsi, dès qu'Alice avait besoin de s'avancer dans ses devoirs, elle allait déjeuner aux côtés de Tobias à la table des Serdaigle et revenait avec un parchemin rempli de bonnes réponses. James et Scott se contentaient ensuite de copier les réponses en faisant parfois semblant de se tromper sur une ou deux, et leurs notes demeuraient dans la moyenne. 

-J'ai l'impression que tous les Serdaigle se laissent marcher sur les pieds, reprit Rose exaspérée. 

-Tu ne confondrais pas avec les Pouf ... commença Scott, mais il se ravisa en voyant le regard noir lancé conjointement par James et Nancy. 

-Non, je parle bien des Serdaigle. Roger Davies Jr., avec qui je me vois obligée de faire les tours de garde -elle adressa un regard noir à Albus qui se tenait à côté d'elle et qui lui répondit par un sourire gêné-, il me propose à chaque fois de me donner un coup de main en Métamorphose ou en Sortilèges. Il n'a sûrement pas dû comprendre que j'ai de bien meilleures notes que lui, ce crétin ! 


Albus renifla d'un air dédaigneux, mais Nancy se mit à ouvrir la bouche, visiblement étonnée. 


-Quel ringard ! s'exclama la petite amie de James. Il faisait pareil avec une de mes amies de Poufsouffle, Anita Catchlove. Bien sûr, elle n'était pas du genre bonne élève, alors elle ne refusait pas un petit coup de main. Évidemment, lorsqu'elle lui a ramené ses devoirs de cinquième année, alors qu'il était une classe en dessous, le petit Roger les lui a brillamment remplis, mais il voulait un peu plus qu'un simple remerciement ... 

-Plus qu'un simple remerciement ? demanda lentement Rose. 

-Hé bien, il voulait qu'Anita devienne sa petite amie. Rosie ! Je crois que tu l'intéresses. Il essaie de se rendre indispensable auprès de toutes les filles qu'il convoite, donc c'est certain qu'il a des arrières pensées, c'est génial ! 


C’est James qui avait parlé, d’un ton amer. Mais Rose avait tout de même légèrement rougi lorsque Nancy expliqua qu’il avait plutôt l’air de tenter de séduire la fille ainée des Weasley-Granger. Elle réussit tout de même à se reprendre, elle pinça son nez, haussa le regard et dit :


-Ce crétin ? Tu plaisantes ? Il est imbuvable. Il est toujours en train de parler de lui, la dernière fois, il me racontait son plus bel arrêt au Quidditch en parlant de lui à la troisième personne. 


James pouffa de rire. Il connaissait Davies du Quidditch. Bien qu'il était un élève doué, il était également un personnage détestable. Très arrogant, toujours en train de chercher à conquérir une nouvelle cible féminine, la laisser s'attacher à lui, puis la jeter comme une vieille chaussette. Décidément, James devait surveiller ce Davies. Qu'il fasse du mal à cette Anita Catchlove, il s'en fichait. C'était , à ses yeux, une pauvre greluche, toujours en train de glousser et d'éponger le col de son chemisier qui, à cause de la quantité astronomique de maquillage qu'elle se mettait, finissait par devenir orange. James avait pour habitude d'appeler Catchlove le “pot de peinture”. En tout cas, il se fichait bien que Davies joue avec elle. Mais jamais il ne jouerait avec les nerfs de Rosie. Foi de Potter !


-Catchlove est sortie avec Davies ? questionna soudainement Scott. 

-A vrai dire ... hésita Nancy, c'était il y a deux ans. Et Anita était plutôt intéressée par quelqu'un d'autre. 


Elle lança un regard gêné à James, et Scott se resservit un verre de Cola Sorcier, en en renversant un peu sur la nappe blanche. 


-Je l'intéressais ? demanda James scandalisé, en comprenant ce que signifiait le regard de Nancy. 

-Elle t'a apprécié pendant longtemps, oui, avoua Nancy à voix basse.

-Je l'ai toujours détestée, expliqua simplement James. Elle s'est toujours bien trop maquillée, sa voix est juste horrible, on s'aperçoit de suite qu'elle est stupide, et ... 

-Tu n'es plus amie avec Catchlove, remarqua simplement Alice en coupant James.

 -En effet, admit Nancy. J'ai commencé à m'éloigner d'elle l'an dernier. Je me faisais un peu le même avis que James. Puis quand j'ai commencé à sortir avec lui, elle a retourné toutes mes affaires dans notre dortoir. Elle était folle de rage. 

-Tu aurais dû t'éloigner plus tôt de Catchlove, expliqua Alice. James t'aurait remarquée bien plus tôt. Pour lui, les amis de Catchlove ne valaient pas mieux qu'elle en traînant avec cette idiote. Ça explique aussi pourquoi on a eu pendant longtemps une mauvaise image des Poufsouffle. Je me trompe James ? 


James approuva d'un signe de tête, il revint vers la table pour se resservir à son tour en Cola Sorcier. Scott était en train d'essayer divers sortilèges pour faire disparaître la tâche qu'il avait faite sur la nappe. 


-Tu n'as pas quelque chose pour la faire partir ? demanda le garçon à la coupe au bol à son meilleur ami. 


Celui-ci sortit sa baguette magique, mais par-dessous son bras, un jet de lumière rose jaillit et la tâche s'évapora. Rose les regarda d'un air narquois et rangea sa baguette dans sa poche. 


-Tu fais peut-être très bien de la magie, Rosie, concéda James. Mais fais gaffe à toi, ce Davies est une pourriture. Je serai là pour te protéger s'il te fait quoi que ce soit. 


Mais Rose leva les yeux au ciel, lassée du paternalisme dont faisait preuve son cousin envers elle.

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-En tout cas, si on m'avait dit que Harry deviendrait mon gendre, la première fois où il est venu ici. Je crois que j'aurai téléphoné à un Médicomage pour consulter la personne qui aurait fait cette folle analyse. 

Tous les convives étaient attablés autour d'un gros gigot d'agneau. Arthur avait pris la parole depuis le bout de la table, Harry et Ron de chaque côté de lui, chacun assis à côté de leurs femmes respectives. Ginny Weasley semblait absorbée par le contenu de son assiette et le teint de son visage était assorti à sa chevelure. 


-Il est d’abord venu en tant qu'ami de Ron, continua-t-il à expliquer aux plus jeunes. Une histoire démentielle, ils étaient allés le tirer de l'endroit où il vivait avec une voiture volante ... Une Ford Anglia. Encore une idée des jumeaux. 


Comme d'habitude, à la prononciation du mot « jumeaux », tous les visages s'assombrirent. Arthur s'arrêta momentanément dans son discours, reprit sa respiration puis continua. 


-Ginny a passé au moins deux ans à se cacher chaque fois qu'elle était en présence de Harry. 

-P'pa ! J'étais jeune, pesta la benjamine des Weasley en souriant d'un air gêné. Et puis, c'était le « célèbre Harry Potter » quand même. 

-En tout cas, c'est bien ce que je dis, reprit Arthur. Je croyais que la Ginny bavarde, caractérielle et fouineuse ne referait jamais son apparition tant que Harry serait dans les parages. 

-En tout cas, elle nous fichait la paix pendant ce temps-là, grommela Ron.


Elle donna l’impression de vouloir lancer des éclairs avec ses yeux sur son frère dont les ailes du nez devinrent livides à la vue du regard assassin de sa soeur.


-Arthur, ne vous en faites pas, la Ginny colérique a vite repris le dessus, plaisanta Harry en observant son épouse d'un air narquois, qui détourna ainsi son regard assassin de Ron.

-A toi, elle ne t'a jamais lancé de Chauve-Furies au moins, ajouta Ron. Merlin maudisse celui qui a inventé ce sort. 

-Tu peux parler toi ! rétorqua Ginny. Qui aurait cru que tu finirais par avoir le courage et la lucidité de comprendre pour Hermione ? 


Les époux Weasley-Granger s'observèrent tendrement, tandis que les jeunes adolescents, surtout Alice et Nancy à vrai dire, les regardaient d'un air envieux. 


-On ne sait jamais de quoi est fait l'avenir, conclut sagement Arthur. Bientôt, qui sait, on racontera aux enfants de James et Nancy comment leur mère était anxieuse lorsqu'elle nous a rencontrés la première fois. 


Nancy et James eurent le même rire gêné tandis que le reste des convives pouffa de rire. Le rythme habituel des conversations reprit, et James, tout en dévorant son gigot d'agneau, écouta vaguement sa petite amie raconter au reste de l'assemblée, enchantée, comment elle et James s'étaient rencontrés. Lorsque le pantalon de James commença à lui serrer atrocement au niveau de la ceinture, il estima qu'il était plus que raisonnable de ne pas se resservir une deuxième fois du fraisier concocté par Molly. 


Bientôt, les convives furent rejoints par Percy Weasley, qui, sa calvitie aidant, ressemblait de plus en plus à son père. Il était accompagné de sa femme, Audrey et de leur deuxième fille, Lucy. Celle-ci avait hérité de nombreux traits du visage et des longs cheveux bruns de sa mère. Derrière ses lunettes en écaille, on apercevait sur le visage de la jeune fille deux grands yeux bleus (hérités de son père) et bien ronds. Elle vint s'installer du côté des jeunes, et engagea la conversation aimablement avec Rose. Alors que le rythme de conversation des personnes autour de la table s'estompait, la digestion rendant somnolent, James saisit la main de Nancy et lui fit signe de s'approcher de Lucy, sa cousine. D'un coup de baguette, il fit venir deux chaises et les deux tourtereaux s'assirent à côté de la Weasley lunaire qui était en train de discuter avec Albus et Rose. 


-Alors Lu' ? Tu as passé un bon été ? demanda James pour engager la conversation.


Celle-ci observa attentivement la petite amie de James, elle la fixa un moment pendant plusieurs secondes, puis se tourna lentement vers son cousin. 


-Ma foi, oui ! J'ai beaucoup travaillé, j'ai acheté un ouvrage sur les légendes arthuriennes, pour avancer le programme d'Histoire de la Magie. 

-Tu es vraiment la seule élève de l'histoire de Poudlard à suivre avec passion ces cours là ! s'exclama James. 

-Je ne pense pas être la seule, répliqua Lucy Weasley d'un ton lunaire. C'est juste que les gens pensent que c'est bien vu de dire qu'on n'aime pas. Tu serais étonné du nombre de personnes qui viennent me voir pour regarder mes notes et me poser des questions sur le cours. Je ne comprendrai jamais pourquoi les gens ne réfléchissent pas et ne vivent pas par eux-mêmes. 

-Binns est juste barbant, insista la petite amie de James. Il fait son cours, comme s'il n'y avait aucun élève dans la salle. 

-Ça, c'est parce que personne ne s'intéresse à lui, donc lui ne s'intéresse à personne. Il a son caractère, le Binns. Au fait, Al', lança Lucy à l'adresse d'Albus, j'ai bien reçu ton hibou et je suis en mesure de te répondre. 

-Vraiment ? demanda Albus qui se rapprocha. Tu as des infos sur la famille Shafiq ?  Et sur les Augurey ?


James culpabilisa. Bien qu’il ait été scandalisé du traitement infligé par le Magenmagot et McLaggen à Norbert Dragonneau, l’affaire des Augurey lui était complètement sortie de la tête. Comme s’il rejoignait en ça les vieillards qui avaient ri au nez du magizoologiste et passaient sous la jambe la problématique des Augurey.


-Oui, pour les deux, mais j’ai peur de ne rien avoir de bien croustillant. Pour Shafiq, je pense que tu as bel et bien entendu le nom en Histoire de la Magie, mais peu d’intérêt. 

-Dis toujours !


Et James et Nancy avancèrent leurs chaises pour ne pas perdre une miette du récit de la fille de Percy. 


-C'est une vieille famille de sorciers qui ont migré depuis l’Egypte au Moyen Âge. Dans les années quarante, un certain Teignous Nott a publié un Traité recensant les «Vingt-Huit Sacrés». La famille Shafiq est une de ces familles, qui peut se targuer d'avoir su conserver un Sang-Pur jusqu'à cette période. La famille Shafiq n’a jamais trop fait parler d’elle en termes d’idéologie pro Sang-Pur. Les membres étaient répartis aléatoirement dans les quatre maisons. Sauf Tarik, un Serpentard qui était un des premiers lieutenants de Vous-Savez-Qui. Il était leur dernier descendant et il est mort pendant la Première Guerre. 

-C'est inexact, rectifia James. 


Et il entreprit de lui expliquer ce qu'ils avaient découvert au Bureau des Aurors. Sa cousine l'écoutait d'un air distrait, mais lorsqu'elle reprit la parole, c'était d'une voix un peu plus rauque. 


-En tout cas, les Shafiq étaient jusqu’à Tarik, une vieille famille sans histoires, mais bien intégrée à la communauté. Il n'est pas étonnant qu'Alb' ait eu l'impression d'entendre souvent ce nom. Un des membres de cette famille a même été directeur de Poudlard. Un certain Jacobus Shafiq. Il a été Directeur de Poudlard pendant dix ans. Juste avant Phineas Nigellus Black. 

-J'y prêterai attention la prochaine fois que je serai convoqué chez Everett, j'essaierai de discuter avec son portrait, promit James avec un sourire. 

-Ce n'est quand même pas une raison pour t'y faire convoquer ! s'exclama Nancy paniquée.

-Et pour les Augurey ? coupa Rose.

-C’est vrai que c’est alarmant que les braconniers s’acharnent sur eux. Je n’ai aucune idée d’une utilisation de l’Augurey pour un rituel, ou une potion. Il y a bien leur cri, mais il est juste désagréable, il n’est pas attesté qu’il soit présage de mort … Et quand bien même, je ne vois pas l’intérêt de les chasser ainsi …


_________________________________________ 


Le soleil commençait à descendre dans l'horizon quand Ginny, après avoir tout rangé avec Hermione, malgré les supplications de Molly, annonça qu'il était temps de rentrer chez eux. James salua donc ses grands-parents, ses oncles, ses tantes, et ses cousins, en terminant par Lucy Weasley. Sa petite amie qui l'avait suivi fit une bise à la fille de Percy quand celle-ci attrapa James par la manche de sa chemise. 


-Elle est amoureuse de toi, James. Ne la néglige pas. 

 

C'était là le don, à la fois utile et détestable qu'avait sa cousine. Elle décrivait tout ce qu'elle voyait, sans aucun ménagement pour ses auditeurs. Après avoir agité le fil de leurs pensées, elle les laissait là, perdus à l'intérieur de celles-ci, sans se soucier le moins du monde de savoir ce qu'ils avaient à répondre de ses affirmations. Nancy Frobisher, avait le teint écarlate, James pariait intérieurement qu'on aurait pu faire cuire un œuf sur ses joues tant celles-ci avaient rougi. Lui aussi avait senti ses joues rougir. Scott et Alice lui avaient déjà fait remarquer que Nancy s'était très vite attachée au jeune garçon, ce, dès les premières semaines de leur relation, et le fait que sa cousine, Lucy Weasley, lunaire, certes, mais clairvoyante, lui dise elle-même que sa petite amie était amoureuse de lui, cela assurait à James que ce n'était que la pure vérité. Alors qu'ils retournaient vers le salon du Terrier, main dans la main avec sa petite amie, James la détailla attentivement. C'était une fille magnifique, probablement, l'une des plus belles de Poudlard. Elle n'était pas de celles que l'on remarque en premier, elle s'était toujours contentée de suivre dans l'ombre,ses amies, qui accordaient plus d'importance à leur image qu'elle, alors, elle les laissait briller. James avait mis longtemps à la remarquer, mais alors qu'il se relevait péniblement de sa désillusion avec Leanne Gatwick, ce jeu de piste autour de la recherche des œufs de Pâques, effectué en binôme avec sa future petite amie, avait été pour lui une grande source de réconfort. Sortir avec Nancy avait été une évidence, il ne l'avait pas regretté une seule seconde depuis le début de leur relation. Au fil du temps, il avait même appris à découvrir Nancy. Il avait vu que ce n'était pas qu'une fille extrêmement belle et sympathique. Elle avait aussi du tempérament, elle n'hésitait pas à défendre ce qui lui était cher, sa maison à Poudlard, ses amis, sa famille, son petit ami. Elle avait tenu tête aux sbires de Shafiq sur le Chemin de Traverse, elle n'hésitait pas, malgré son anxiété, à nouer des conversations avec des adultes. Y compris avec Harry Potter, le célèbre Harry Potter, son beau-père dont elle admirait tant le parcours. La jeune fille avait du tempérament, et ça, James aimait le voir par-dessus tout chez ses petites amies. Alors, oui, peut-être que Lucy Weasley avait raison, sûrement même qu'il l'aimait en retour, mais à y repenser, sa cousine n'avait pas affirmé que l'amour allait dans ce sens. Pire encore, lorsque sa petite amie annonça à Arthur Weasley qu'elle lui offrait son MP3 jaune criard car c'était un vieux modèle et qu'elle en avait d'autres, elle avait une petite voix aigüe, comme absente. Et lorsqu'ils passèrent dans l'âtre de la cheminée pour rentrer à la maison des Potter, sa petite amie se crispa en étreignant le bras de son ami, encore plus qu'à leur arrivée au Terrier.

Chapitre XII. La rage d'Iggy by Portus

-En l’état, rien ne permettrait de reconstituer le souvenir de Dawlish …


Tandis que Harry, Ron et James observaient la haut-fonctionnaire d’un air déçu, celle-ci continuait d’agiter le contenu instable de la fiole renfermant le souvenir de l’Auror qui avait prétendument tué Tarik Shafiq.


-Pourtant, hier au Terrier, tu m’avais dit que tu avais des pistes … avança Harry sur un ton déçu.


Hermione l’observa avec un sourire malicieux, puis reprit : 

-J’ai dit, en l’état, Harry. C’est toi et Ron, qui m’avez mis sur la piste. Vous avez parlé de Serpentard …

-Oui, pour le Quidditch, marmonna Ron. Et alors ?

-Je ne sais pas pourquoi, j’ai pensé aux Gaunt. Morfin Gaunt pensait avoir tué la famille Jedusor, car sa mémoire avait été modifiée par Voldemort. Or, Dumbledore avait pu récupérer le vrai souvenir, où Morfin voit Voldemort à Little Hangleton.

-C’est vrai … approuva Harry.

-Alors, j’ai demandé au Professeur Everett d’accéder aux archives de Dumbledore ! Il t’avait dit qu’il avait récupéré ce souvenir peu avant la mort de Morfin. J’ai vérifié dans les registres, c’était en 1972. J’ai donc cherché les lettres de cette période-là …

-C’était donc ça tout ce tas de vieilles paperasses dans ton bureau à la maison ? demanda Ron.

-Oui ! Et j’ai trouvé quelque chose ! Dumbledore avait demandé l’aide de nulle autre que Norbert Dragonneau ! Et il m’a gentiment répondu par retour de hibou. Il se souvient très bien de ce qu’ils avaient fait.

-Tu es géniale, Hermione ! Alors comment s’y sont-ils pris ? s’impatienta Harry.

-Le Démonzémerveille !

-Le quoi ? interrogèrent les trois Aurors en chœur.


James n’avait jamais entendu nulle part ce nom. Bien que, pour faire plaisir à Hagrid, il s’évertuait à suivre en cours de Soins aux Créatures Magiques, brosser des Boursoufs ou des Veaudelunes n’avait jamais été son activité magique favorite. Mais malgré son manque d’intérêt pour la matière, il n’avait pas souvenir d’entre parler d’un Démonzémerveille. Hermione, quant-à-elle, avait l’air de beaucoup s’amuser de détailler toutes ses découvertes au trio d’Auror incrédules. Elle expliqua : 

-C’est une créature peu connue qui avait été étudiée par Norbert. Mi-Chauve-souris, mi-papillon. On en trouve quelques spécimens en Afrique. Elle a la faculté d’absorber les souvenirs et elle recrache un sérum qui a pour propriété d’effacer les mauvais souvenirs …

-Intéressant … répondit lentement Harry, visiblement plongé en pleine analyse des paroles de sa meilleure amie et belle-sœur. Et tu penses que ce sérum pourrait effacer les traces du sortilège de Confusion sur le souvenir ?

-Il semble que ça ait fonctionné pour Morfin Gaunt, en tout cas.

-Alors, fonçons chez Dragonneau et récupérons un de ces sérums !

-Du calme, Ron, tempéra son épouse. Norbert n’a plus en sa possession de Démonzémerveille depuis belle lurette. Et l’utilisation du sérum est strictement réglementée dans notre pays. L’importation est interdite, et Rolf et Luna, n’ont pas non plus de Démonzémerveilles en leur possession dans leur réserve. Non, la solution ce serait … Harry ? Vous avez toujours un binôme en mission en Egypte ?

-Vale et Valiant, oui, confirma le directeur du Bureau. Tu penses qu’ils pourraient en trouver là-bas ?

-Luna et Rolf m’ont confié les coordonnées d’un élevage de Démonzémerveilles sûr. Vos collègues pourraient en récupérer. Une fois que vous aurez le sérum, revenez vers moi. Nous ferons la manipulation, et nous serons fixés …

-Tu es géniale, tante Hermione ! ne put s’empêcher de souffler James à la vue de sa marraine qui avait monopolisé toutes les ressources en sa possession pour faire avancer toute l’enquête.

Celle-ci lui sourit modestement, et prit congé des Aurors, tandis que Harry se ruait vers son bureau pour récupérer un Miroir à Double Sens et demander une communication avec ses Aurors détachés en Egypte.


-Ron ? Je vais prendre contact avec Vale et Valiant. Il faudrait rédiger un rapport d’interrogatoire en mettant Hermione en témoin anonyme. Manière de nous couvrir si Greengrass nous cherche des Noises parce que nous introduisons un sérum interdit …


Il était un peu plus de midi, quand Ron et James eurent terminé de rédiger le rapport d’interrogatoire. Ils l’avaient déposé au bureau de Greengrass pour qu’il donne son aval à l’introduction de sérum. D’après Harry, Vale et Valiant pourraient transplaner rapidement vers l’élevage de créatures et pourraient utiliser un Portoloin pour le lui ramener. Percy -qui avait la charge des Transports au Ministère- avait donné son accord pour un tel dispositif.


-Plus qu’à attendre que ce vieux grigou nous gratte du papier, marmonnait Ron, alors que Harry leur expliquait la procédure en déjeunant dans la salle de pause du Bureau des Aurors. 


Cet après-midi là, Ron irait relayer Seamus Finnigan à la surveillance du Manoir Flint, et James resterait au Bureau avec Harry, qui avait, lui aussi, besoin de mains pour classer différents dossiers. 


-Tu fais beaucoup d’administratif, mais il te faut comprendre que c’est une partie importante du travail d’Auror …

-Je sais, P’pa, marmonna James alors qu’il repassait à la plume le titre d’une pile de parchemins qui contenaient un dossier concernant une affaire de recel de têtes réduites.

-Tu as quand même pu voir du pays. Et quelques enquêtes terrain intéressantes. Tu es un peu plus sûr de vouloir poursuivre cette voie ?


Ce coup-ci, James n’eut pas à hésiter plus longtemps. Il est vrai que la monotonie qui s’était installée dans le Bureau l’avait un peu refroidi. Mais voir le Bureau à l'œuvre, dans un moment de tension intense, avait revigoré la motivation de l'aîné des Potter. Il était désormais certain de sa réponse : 


-Je n’ai plus aucune hésitation. Je sais que c’est une période de stress qui peut être assez effrayante. Mais bon sang, j’ai l’impression de servir à quelque chose. Je veux travailler dans cette équipe, utiliser divers stratagèmes pour faire avancer une enquête … C’est ce que j’ai toujours voulu faire. Bon, OK, l’administratif pour le Magenmagot, ce n’est pas ce qui me botte le plus, mais je m’y conformerai …


Harry semblait satisfait de la réponse de son fils. Il le détailla un instant, James sentit la fierté et la détermination poindre dans le regard de son père, avant que celui-ci n’annonce se remettre à classer et réécrire les en-têtes de dossiers trop vieillies. Ils ne furent interrompus que vers seize heures, par Iggy Greengrass qui entra dans le bureau sans prendre la peine de frapper.


-Potter, Potter, salua sans aucune chaleur le haut-fonctionnaire.


Il tenait un morceau de parchemin à la main. Il ne s’assit pas quand Harry l’invita à le faire.


-J’ai bien reçu votre demande d’importation de sérum de Démonzémerveille. En voici la validation. Mais, j’ai cru comprendre, en lisant le rapport d’interrogatoire de votre témoin anonyme, que vous étiez toujours fixés sur cette histoire de souvenir nébuleux. Me trompe-je ?

-Tout à fait, Mr Greengrass. Nous avons là une solution pour reconstituer ce souvenir et confirmer que Shafiq a simulé sa propre mort.


Le Directeur du Département de la Justice Magique secoua la tête comme s’il était importuné par des insectes nuisibles. Il soupira en observant les deux Potter, puis se laissa finalement tomber sur un siège.


-Mon cher ami, Cornelius Fudge, était Directeur du Département des Accidents et Catastrophes Magiques lorsque Tarik Shafiq a été tué par l’Auror John Dawlish. La clairière, où ils ont combattu, a senti le soufre pendant trois mois. Les agents du Ministère ont mis une semaine à remettre en état la zone. Cornelius a lui-même inhumé la main qu’il restait de Shafiq. Archibald Fawley doit dîner avec moi ce soir, Potter. Il va me demander des informations sur ces enquêtes. C’est donc ce que je dois lui répondre ? Que les Aurors travaillent depuis une semaine à résoudre une affaire déjà classée depuis plus de quarante ans ?

-Je ne vois pas ce qui cloche. Vous pourrez dire au Ministre que tous les éléments de notre enquête nous conduisent à un supposé descendant de Tarik Shafiq !

-Tous les éléments ? tonna Greengrass. Tous vos éléments se résument au témoignage d’un voyou. Un traîne savate américain qui a vu là une aubaine pour monnayer une libération conditionnelle. Savez-vous que l’avocat de Bill Ethar a déjà écrit à Archibald Fawley ?

-J’imagine, répondit Harry circonspect. Mais nous trouvons que son témoignage concorde avec ce que nous avions constaté sur le terrain. Vous n’êtes pas sans savoir qu’un témoin anonyme -il lança un coup d'œil appuyé à Greengrass, ce témoin étant son gendre, Drago Malefoy- a lui aussi cité Shafiq comme piste.

-Je connais les dossiers, Potter. Ce que je veux simplement vous dire, c’est que vous auriez meilleur compte à chercher sur le terrain ce sinistre groupuscule, et celui qui dit être Marek Shafiq, que diable de savoir si son père est mort il y a quarante ans ou pas ! Les familles de sorciers sous protection commencent à être lassées de sentir la présence des Aurors et des policiers autour de leurs domiciles. Beaucoup ont écrit au Ministre pour se plaindre …

-Nous les protégeons, répondit du tac au tac Harry, bien que James savait que les Aurors avaient aussi pour consigne d’espionner les agissements des Sang-Pur.

-Et je doute qu’ils se sentent protégés, s’ils apprennent que “l’Elu” (James ne put s’empêcher de remarquer que Greengrass avait adopté un ton narquois en prononçant ce surnom), préfère enquêter sur des affaires classées plutôt que sur ce qui menace ces familles. Archibald est aussi très courroucé de voir qu’aucun des partisans de Justin Finch-Fletchley n’est ciblé. Il est revenu à la charge …


C’était le point central de l’intervention de Greengrass. James le savait, d’abord l’aval pour le sérum, puis toutes ces remontrances, pour finir par une requête. C’était un savant dosage de bienveillance, puis de management par la peur. Greengrass avait l’air d’être de ceux qui abusaient de ce type de management. Mais Harry, les lèvres pincées, l’observait avec une expression de dégoût derrière ses lunettes. 


-Je ne serai pas un instrument de votre politique, Mr Greengrass, trancha-t-il d’un ton sec. Le “Collectif pour la Justice” ne revient dans aucune de nos constatations. Et je ne les espionnerai pas pour votre bon plaisir …

-Je suis différent d’Archibald … commença Greengrass rendu livide par une rage froide.

-Oui, persifla Harry. Il a gagné les élections à sa première candidature, tandis que vous, vous les aviez perdues quatre fois …

-IL SUFFIT, POTTER ! hurla Greengrass. Je pensais que nous pourrions construire une relation de travail constructive, mais je vois que vous persistez à vous comporter en adolescent capricieux. Croyez-vous que vous êtes le seul à subir les foudres d’un supérieur ? J’ai pris des risques pour vous aider à mener votre enquête. J’ai fait entendre raison à Archibald pour que vous puissiez faire suivre les vieilles familles de sorciers. Et je me doute bien que vous faites plus que les surveiller. Mais soit ! Si vous vous mettiez un minimum de plomb dans la cervelle, vous comprendriez que moi aussi, je dois m’adapter aux instructions que je reçois …

-Dites au Ministre, qu’il n’y a aucun intérêt dans l’enquête à faire suivre Finch-Fletchley et ses partisans, répéta Harry d’une voix calme, presque dégagée, mais émanant tellement de froideur que James ne reconnut pas là son père.

-Je ne dirai rien au Ministre, Mr Potter.


La voix d’Iggy Greengrass s’était abaissée au niveau d’un murmure, nimbé de colère froide. Il reprit : 


-Car je vous ordonne de faire suivre Finch-Fletchley et de me remettre chaque jour les rapports de filature de lui et des principaux dirigeants du Collectif pour la Justice.

-Vous n’avez pas le droit d’interférer dans une enquête ! mugit James qui ne pouvait plus se contenir devant le vieux fonctionnaire.

-J’ai tous les droits, Potter junior, susurra Greengrass. Et je trouve, qu’une fois de plus, vous vous illustrez par votre don à intervenir là où on ne vous a rien demandé. Vous êtes sous ma responsabilité, votre Bureau dépend de mon Département.

-Stop, James, tempéra Harry. Mr Greengrass, si tel est votre volonté, nous ferons suivre des membres du Collectif pour la Justice … Mais je vous répète qu’il n’y a aucun intérêt à ce stade de l’enquête.

-Archibald se sentira plus à l’aise, si tel est le cas. Et si, je juge, que vos équipes ne mettent pas le cœur nécessaire à l’ouvrage, je vous retire l’enquête dans son intégralité. Et je la confie à la Brigade de Police Magique. Est-ce bien noté, Potter ?

-C’est bien noté, marmonna Harry, tandis que Greengrass se levait pour prendre congé du bureau du Directeur des Aurors.


Alors qu’il était dos à Harry et James qui fulminaient tous deux sur place, il ajouta, juste avant de se retirer : 


-Ah, Archibald n’était pas non plus certain de la pertinence d’avoir un enfant, tout juste majeur, qui assiste à une telle enquête. Après avoir vu comment il réagissait, je pense qu’il a raison. Veuillez-donc mettre fin à la mission de votre stagiaire …

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Jamais James n’avait connu une ambiance aussi pesante au 12 Square Grimmaurd. Il était rentré vers dix-sept heures, lorsqu’il était apparu dans la cheminée, Albus, Nancy, Lily, Alice et Scott, qui étaient en train de goûter dans la cuisine l’avaient assailli de questions sur sa journée, mais se renfrognèrent quand ils constatèrent son air défait.


Le désormais ex-Auror leur avait raconté, vaguement, le soufflon qu’avait pris son père et la façon dont Greengrass avait fait jouer de son autorité en mettant fin à son stage. James avait voulu rester seul dans sa chambre pour le reste de la fin d’après-midi. Il avait pris soin de verrouiller magiquement la porte pour que personne ne vienne le déranger. Il s’était habitué à son petit quotidien d’Auror. A voir avancer sous ses yeux l’enquête sur ses agresseurs au Chemin de Traverse. A passer du temps avec son père, avec Ron, aller boire un thé au bureau de Hermione et voir à l'œuvre la sorcière la plus brillante de sa génération. Et James s’était projeté, il se voyait terminer ses études à Poudlard et embrayer sur le métier d’Auror. Son expérience l’ayant conforté dans son voeu de carrière. Mais désormais, il s’était grillé auprès de Greengrass.


Il finit par accepter de sortir de sa chambre pour dîner. Harry n’était pas rentré. Et personne n’osait aborder l’expérience du jour de James au Bureau. Tous se concentraient sur des banalités, Albus essaya de taquiner Lily, mais même la benjamine des Potter ne semblait pas être d’humeur à plaisanter. Ce fut finalement Scott qui réussit à insuffler un peu de vie dans le repas en parlant des derniers résultats du Quidditch avec Ginny. 

-Les Pies de Monrose ont fait un sacré recrutement, je pense que cette saison est la leur, pariait Scott.

-Je ne suis peut-être pas crédible en disant ça, persifla Ginny. Mais j’ai bon espoir pour les Harpies.


Ginny avait été la Poursuiveuse vedette de ce club mythique composé exclusivement de femmes. Elle avait gagné la Ligue sept fois, et avait eu l’honneur de représenter l’équipe d’Angleterre à soixante douze reprises. Mais il fallait reconnaître qu’elle avait certainement raison. Les Harpies avaient fait forte impression lors du précédent championnat. Leurs joueuses étaient encore jeunes, pour la plupart, et semblaient atteindre leur pic de forme pour la saison à venir.


-Oui, les Harpies vont gagner cette année ! s’extasia Lily. J’ai misé cinq Gallions avec Laurie.

-Et où trouveras-tu ces Gallions ? demanda sa mère, mi-interloquée, mi-amusée.

-Je n’aurais pas à les trouver ! Je vais les gagner, gagea Lily d’un air dégagé, tandis que les convives éclataient d’un fou rire devant la confiance immodérée de la jeune Gryffondor.


Lily était un phare pour son entourage. Elle arrivait toujours à détendre la plus sombre des atmosphères, elle avait toujours le bon mot pour faire oublier les tracas de son audience. Elle pouvait parfois déraper, et se muer en petite fouineuse, comme quand elle avait raillé Albus pour Orlane Boot, mais ce n’était que des maladresses. Lily était très appréciée dans la famille élargie, et James ne pouvait que se féliciter de voir sa petite sœur s’accomplir ainsi. Et elle passa d’ailleurs le reste de la soirée à leur raconter des anecdotes de Poudlard, -elle en avait décidément un stock infini !-, bientôt rejointe par Ginny, qui, de son côté, racontait aux jeunes comment Ron avait essayé de rafistoler sa vieille robe de soirée. Et c’est ponctué de ricanements, qu’ils prirent leur dernier thé avant d’aller se coucher.

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James, qui partageait sa chambre avec Scott, avait décidé de se lever à l’aube. Il espérait croiser Harry, s’il était rentré dormir dans la nuit, il serait sûrement en train de prendre son déjeuner. Il prit donc soin de sortir de la chambre à pas feutrés, et il tomba effectivement sur Harry, en train de lire la Gazette du Sorcier, Ginny à ses côtés.


-Tu es bien matinal, James, remarqua sa mère tandis que Harry abaissait son journal pour observer son fils aîné.

-Oui, M’man, j’avais du mal à dormir.

-Tu n’as pas à t’en vouloir, James. C’est après moi que Greengrass en avait, rassura Harry.

-Je suis désolé d’avoir ouvert ma …

-Tu es emporté, c’est quelque chose qu’il faudra tempérer. Mais ça ne fait rien … Greengrass n’a jamais été très agréable.

-Comment ça se passe au Bureau ?

-Je suis rentré très tard, Vale et Valiant ont pu me ramener le sérum de Démonzémerveille. Et Hermione a une fois fait des miracles. Le souvenir de Dawlish a été reconstitué. Nous avons désormais la preuve que Shafiq père a simulé sa mort. Mais Greengrass et Fawley s’en fichent. Ils maintiennent que le Collectif pour la Justice doit aussi figurer parmis les suspects.

-C’est complétement idiot, pesta Ginny. Mais pour Shafiq, vous avez une idée d’où il se cache ?

-Aucune, répondit Harry. Et nous ne trouvons pas trace d’hommes en blancs … L’enquête stagne dans tous les cas, et elle n’est pas prête d’avancer si nous devons aussi surveiller Finch-Fletchley et ses partisans.


Tous trois se terrèrent dans leurs propres réflexions intérieures, avant que Ginny ne brise le silence qui s’était installé.


-Nous avons déjà reçu les listes de fourniture pour la rentrée. Scott, Alice et Nancy aussi. Everett doit savoir qu’ils sont ici … Nous irons les récupérer cette après-midi si vous n’avez rien d’autre de prévu.

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Comme à chaque fin d'été, le Chemin de Traverse était bondé, toutes les familles de sorciers se précipitant pour effectuer leurs achats de rentrée. Pour James, Alice, Scott, Albus, Lily et Nancy, accompagnés par Ginny, il y eu l’arrêt obligatoire pour aller acheter toutes sortes de Farces et Attrapes dans la célèbre boutique de George Weasley. Ils en sortirent tous -sauf Ginny-, les bras remplis de toutes sortes d'objets qui s'avèreraient bien utiles pour se payer de bonnes tranches de rire à Poudlard. Même Albus s’était laissé tenter par les tous nouveaux modèles de Leurres Explosifs et de kit de magie Moldue. 


Les murs du Chemin de Traverse étaient recouverts de photos d'Archibald Fawley, le Ministre de la Magie. Sur certaines photos, il était accompagné de ses chefs de département, James remarqua que l'on distinguait à peine Percy, caché dans un coin de l'image. La photo affichait des slogans tels que : « Période faste : faites allégeance au Ministère pour qu'elle dure ! », « Un Ministère au service de notre grandeur », toutes sortes de messages propagandistes cachant le fait qu'il persistait bel et bien un danger dans la société sorcière. 


Alors qu'ils venaient de sortir de chez Fleury & Bott, pour acheter les nouveaux livres de Défense Contre les Forces du Mal qu'on leur demandait : la série Défense magique appliquée et son usage contre les forces du Mal. James en déduisit que les trois livres avaient été demandés par son père, étant donné que Lily n'avait pas à les acheter, cela ne pouvait être que parce que cela avait été demandé par l'enseignant en ASPIC qui n'était autre qu'Harry. A sa grande joie, il vit en feuilletant rapidement les livres qu'il s'agissait avant tout d'une anthologie des meilleurs sortilèges et postures à adopter en combat, avec de nombreuses illustrations et conseils. Ce qui laissait supposer que les cours contiendraient énormément de pratique. Les membres du groupe songèrent à aller profiter encore un peu plus du soleil radieux en allant dévorer une glace sur la terrasse de Fortescue. Ginny, souhaitant discuter avec Hannah, s’avança au Chaudron Baveur, où le groupe devrait la rejoindre quand ils voudraient retourner au 12 Square Grimmaurd. Ils se dirigeaient vers la devanture du glacier, quand Alice, songeuse, prétexta avoir oublié de s'acheter des plumes et se retira dans la direction opposée. 


-Des plumes ? Je l’ai vu en acheter un stock qui lui tiendra toute l'année ! s'exclama Scott soupçonneux. 

-Elle était vraiment bizarre aujourd'hui, remarqua Nancy. Elle n'a pas cessé de jeter des regards autour d'elle, comme si elle n'avait pas envie de voir quelqu'un. 

-Je l'ai remarqué aussi, affirma Lily. Elle a reçu pas mal de courrier ces derniers jours ... 

-Tu as même tenté de venir me demander comment ouvrir et refermer une enveloppe sans laisser de traces, coupa Albus. Mais je te répète que ce ne sont pas nos affaires. 


James n'avait pas remarqué le comportement étrange de sa meilleure amie. Elle paraissait toujours aussi souriante que d'habitude, elle avait même été d'un grand secours dans la boutique de Georges Weasley. Celle-ci ayant réfléchi à beaucoup de blagues, elle aida James à choisir les objets les plus appropriés pour les mettre en œuvre. Ainsi, James avait passé moins de temps que prévu dans la boutique, et il avait pu sortir rapidement du bourbier que l'échoppe devenait en cette période de vacances scolaires. Mais très rapidement, il percuta ce qui inquiétait Alice. En effet, il l'aperçut. Un garçon de leur âge, petit de taille, et aux cheveux d'un blond presque blanc. Son long nez frémissait d'impatience tandis qu'il remontait le Chemin de Traverse dans le même sens qu'Alice. James ne supportait pas la tête de fouine d'Owen Finnigan. Cela faisait sept ans que les deux garçons partageaient le même dortoir. Ils ne s'étaient jamais réellement entendus, se saluant cordialement durant leurs premiers mois à l'école, leur routine polie fut brisée par une blague de James. Les deux garçons s'ignoraient depuis, mais James n'avait jamais fait d'effort pour se réconcilier et entamer une relation courtoise avec Finnigan, tant il détestait ce qu'il voyait du jeune garçon. 


Owen Finnigan ne cessait de vanter les exploits de son père Auror, il était arrogant, toujours en train de cracher son venin dans le dos des autres, mais au fil des années, il avait réussi à gagner en popularité. Visiblement, sa tête de fouine plaisait aux filles, et il avait réussit à se maintenir au niveau dans les différentes matières où il comptait présenter des ASPIC. Selon ses dires, il comptait voyager un peu pour se faire la main avant d'intégrer l'élite des Aurors, comme son vaillant père. C'était aussi une des raisons qui faisait que James n'était pas sûr de vouloir finir Auror. Tant son camarade de Poudlard lui était insupportable. Alice et Owen entretenaient une relation, c'était sûr. Elle et lui avaient dansé ensemble lors de la soirée d'anniversaire de son père, puis Alice, de l'aveu de Hannah avait passé beaucoup de temps avec Owen en Irlande. Et si l'aînée des Londubat semblait si anxieuse, c'était bien parce qu'elle craignait de voir Finnigan débarquer et de lire la colère dans les yeux de son meilleur ami. Elle ne lui avait même pas parlé d'Owen, tant elle devait se douter que James serait dépité de voir sa meilleure amie sortir avec ce garçon qu'il considérait comme minable. Après tout, si Alice avait choisi de vivre sa relation cachée, James se doutait qu'elle ne durerait pas bien longtemps. Et dans tous les cas, Alice semblait avoir compris qu'elle ne pourrait imposer la présence du garçon à la tête de fouine à James.


 -Laissons-la respirer, soupira James en s'installant à la terrasse du glacier. 


Nancy s'assit à ses côtés et l'observa un instant. Ils n'avaient pas discuté de la remarque qu'avait faite la fille de Percy sur l'amour que Nancy portait à James. Le Gryffondor savait que la Poufsouffle avait assez de tempérament pour ne pas tenir compte des élucubrations d'une jeune fille étrange. Si elle avait semblé troublée le temps du retour au 12 Square Grimmaurd, Nancy était redevenue la petite amie aimante à fort tempérament de James. Elle avait continué à lui prendre la main lors de ses excursions, à essayer de coiffer sa tignasse de cheveux indomptables, et elle n'avait cessé de l'embrasser tendrement dès que l'occasion se présentait, y compris devant Alice et Scott, ce qui mettait James quelque peu mal à l’aise. Alors, quand il vit sa petite amie, vêtue de son chemisier blanc, légèrement déboutonné à cause de la chaleur, dévoilant une poitrine au galbe parfait, lorsqu'il s'attarda sur son visage doux et bienveillant et ses longs cheveux bruns, qui s'éclaircissaient au soleil, James dut reconnaître que la vision lui était fort agréable. Il aurait pu lui susurrer à l’oreille un ‘Je t’aime”, mais il n’y arrivait pas, sans doute aveuglé par la perspective de voir Finnigan approcher dangereusement de son cercle intime. Nancy, quant à elle, voyant que James l’observait, lui adressa un sourire radieux. Elle se jeta sur lui et lui donna un baiser des plus fougueux. En entendant les expressions de dégoût des frère et soeur de James et de son meilleur ami, la jeune fille desserra son étreinte, se redressa, se posta face à eux, et resta ainsi assise sur les genoux de son petit ami. Les discussions reprirent alors tranquillement leur cours, et lorsqu'Alice revint, une heure plus tard, souriante, elle observa un instant Nancy assise sur les genoux de James puis décida de s'installer à côté d'eux, sur la chaise que la Poufsouffle avait laissée libre, sans dire un mot pour expliquer la vraie raison de son absence. Elle refusa de prendre une glace, et Scott proposa de payer les consommations du groupe, mais il prétendit n’avoir plus d’or dans sa bourse.


-Il me restait pourtant cinq Gallions, marmonna le Gryffondor à la coupe au bol.

-Tu as du les perdre, rassura James. T’occupes, je prends les glaces, tu me le revaudras !

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Le mois d’août avançait inexorablement, et Andy demeurait confiné dans son taudis du Chemin de Traverse. Il était toujours seul dans son appartement crasseux et sans âme. Il n’avait eu aucune nouvelle d’elle. Elle n’avait pas daigné revenir vers son ancien petit ami. Il n’avait plus la force de rien. Même la magie semblait lui échapper. Il aurait voulu, attirer de la nourriture à lui, ou faire disparaître les déchets qui dépassaient de sa poubelle. Mais il n’y avait rien à faire, c’est comme si la magie se refusait à lui. Alors, faible et affamé, il se décida à sortir, par instinct de survie. Il n’avait pas remarqué que l’artère principale du monde sorcier britannique était bondée en ce moment. Les élèves qui allaient rentrer à Poudlard y effectuaient leurs achats de fournitures.


Il aurait tellement voulu se jeter un sortilège de Désillusion pour passer inaperçu, mais il n’en avait pas la force … Et puis, qui donc pourrait le reconnaître ? Lui qui était pourtant toujours bien mis, arborait désormais des cheveux longs et hirsutes lui descendant jusqu’aux épaules, et une barbe qui pourrait faire pâlir de jalousie le garde chasse de Poudlard, Rubeus Hagrid. Il décida de profiter de la foule pour, vêtu d’une cape à capuchon, se faufiler parmi celle-ci et essayer de faire les poches des passants. C’était sa seule chance de pouvoir se procurer de quoi le nourrir.


C’étaient sans doute les quelques restes qu’il avait de ses années de Quidditch à Poudlard, mais il n’eut pas de difficultés à bousculer un passant, et pendant qu’il s’excusait, avec habileté, glisser une main dans la besace du passant et délester sa bourse des quelques Gallions qui restaient. Pour la première fois depuis bien longtemps, Andy eut de quoi s’auto-satisfaire. Il ne sut combien de jours il enchaîna cette routine. Il avait tellement ressassé d’idées noires et de pensées négatives, que la perspective de voler à la tire de sorciers peu soupçonneux lui procuraient une source d’extase qu’il ne s’expliquait pas.


Il se réveillait désormais de bonne heure, il n’avait plus que cette idée en tête. La joie de compter les fruits de ses larcins lui prodiguait une fierté qui l’avait auparavant fui comme le Filet du Diable fuyait la lumière. Andy se sentait de nouveau exister, et personne ne prêtait attention à lui sur le Chemin de Traverse surfréquenté. Il avait pu s’acheter une quantité conséquente de nourriture, et il projetait même de se rendre à l’agence de Services pour Magiciens, pour louer un elfe de maison qui lui ferait le ménage de son appartement toujours aussi sale.


Ses victimes étaient pour lui des silhouettes sans visage, il ne se concentrait pas sur celles-ci, juste sur l’endroit où elles cachaient leur bourse, et la façon dont il allait subtiliser celle-ci. Mais ce jour-là, il se souvint du visage de sa dernière victime de la journée. Les boutiques commençaient à fermer, et il distingua un sorcier d’une trentaine d’années, richement vêtu d’une robe verte ornée de broderies dorées. Il avait le teint hâlé et des cheveux blonds, presque blancs attachés en catogan qui lui tombait jusqu’aux omoplates. 


-Un touriste, sans doute, pensa Andy.

Il avança à proximité de l’homme et lui donna un coup d’épaule.

-Excusez-moi, lui dit Andy en lui tapotant l’épaule de sa main gauche, et en commençant à triturer la poche avant de sa robe de l’autre.


Mais l’homme arbora un rictus dépité à la vue du bandit en herbe. D’une main ferme, il lui agrippa l’avant-bras qui fouillait dans sa robe, et le repoussa violemment. Andy s’enfuit à toutes jambes, mais l’homme n’avait pas l’air disposé à le poursuivre. C’était la première fois qu’il se faisait attraper. L’incident aurait pu être sans conséquence, mais alors qu’il repensait à cet incident dans son studio miteux, il entendit quelqu’un tambouriner à la porte. Son coeur manqua un battement, était-ce elle ? Serait-il possible qu’elle ait senti qu’Andy était sorti de sa léthargie, et qu’elle voulait le rencontrer ? Il se précipita vers sa porte. Par le judas, il ne put rien discerner. Comme si la personne qui tambourinait à sa porte avait placé sa main sur la lucarne. Andy hésita : elle ne ferait jamais ça … Il voulut retourner s’allonger sur son fauteuil, mais la personne tambourina de plus belle. Ce n’est qu’au bout de quatre séries de tambourinades qu’Andy se décida à ouvrir. Après tout, c’était peut-être son propriétaire, mais il avait désormais assez d’or pour payer plusieurs mois de loyer d’avance. Il ouvrit. Mais il ne s’agissait pas de son propriétaire … C’était l’homme au catogan blond qu’il avait essayé de détrousser plus tôt dans la journée. Il était cette fois vêtu d’une longue robe blanche, ornée de symboles rouge sang. Il observait le pickpocket avec un bien étrange sourire sur son visage.

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Les derniers jours de vacances de James se passèrent à merveille. Le temps était radieux, ses amis, sa petite amie, son frère et sa sœur étaient toujours partants pour diverses activités. Ils adoraient par-dessus tout cheminer jusqu'au Terrier avant de grimper en haut d'une colline avoisinante à la maison des Weasley. Là-haut, des pommiers très hauts et très denses leur permettaient de jouer au Quidditch sans être vus par les Moldus. Les Potter et leurs amis jouaient à trois contre trois. Les trois remplissaient le poste de Poursuiveur, l'un d'entre eux s'occupait également de défendre les buts, tandis que l'un des deux autres devait aussi s'occuper du Vif d'Or quand il serait lâché. Sur avis de James, au vu du nombre de joueurs débutants, ils décidèrent de ne pas sortir les Cognards. En effet, Alice, Nancy, Albus et Lily n'avaient jamais joué au Quidditch. James menait une équipe composée de lui-même, d'Albus et de Nancy, tous deux très mauvais, tandis que Scott menait l'équipe qui comprenait lui-même, Alice et Lily. Alice, de par son tempérament casse-cou, arrivait à bien se débrouiller, et bien qu'elle soit très maladroite avec le Souafle, elle réussissait souvent à attraper le Vif d'Or avant Albus qui était très mauvais. Lily quant à elle, devait obligatoirement rester dans ses buts pour respecter la stratégie défensive mise en place par Scott. Elle prenait énormément de but, mais lorsque, lassée des railleries de son frère aîné, son visage devenait alors rubicond de fureur et la jeune fille sortait des arrêts improbables laissant ses frères et leurs amis pantois. Scott se contentait de jouer Poursuiveur, mais il manquait de technique comparé à James, heureusement, il avait de la chance que Nancy soit gardienne pour l'équipe des Potter et laisse tout passer. Malgré ces écarts de niveau flagrants, les jeunes adolescents s'amusaient beaucoup, et James ne pouvait que constater que ses amis progressaient au fil des jours. Lors de leur dernière journée au Terrier, James et Scott décidèrent de s'affronter en jouant tous les deux Attrapeurs de leur équipe. Scott réussit à prendre de vitesse James et au terme d'une course épique leur faisant côtoyer de près la cîme des pommiers, Scott saisit le Vif d'Or au nez et à la barbe de James. Après avoir réussi à encaisser cette défaite humiliante, James ne pouvait que constater que celui qui deviendrait probablement l'Attrapeur des Gryffondor ferait des ravages dans le championnat de Poudlard. Ils auraient d’ailleurs bientôt tout le loisir de jouer tous les deux ensemble au Quidditch, car les jours avaient inexorablement passé, et la rentrée à Poudlard se ferait le lendemain matin.


Ce soir-là, Ginny avait invité Ron et Hermione ainsi que les Londubat pour le dîner. Il avait été convenu que Rose et Hugo dormiraient au Terrier, en effet Harry se devait d'être à Poudlard pour le jour de la rentrée. Ron devrait donc travailler très tôt pour remplacer son ami et beau-frère au Bureau des Aurors, tandis que Hermione serait retenue par une audience du Magenmagot. Ginny se chargerait donc d'accompagner tous les enfants à l'école. Les Londubat étaient simplement venus dire au revoir à leur fille Alice avant la rentrée. Bien que celle-ci retrouverait très rapidement son père qui continuait de leur enseigner la botanique. 


Déçu de devoir reprendre si rapidement les cours, après l'été de rêve qu'il venait de passer en compagnie des êtres qui lui étaient les plus chers. James écoutait vaguement le brouhaha des conversations autour de lui. Les adultes étaient en train de se lancer dans des diatribes sur leurs problèmes du quotidien. Harry expliquait que Greengrass s'était installé dans le bureau à côté du sien, qu'aucun Auror ne pouvait vraiment enquêter sur Shafiq et que les ordres pouvaient être interprétés ainsi : « Il fallait nier tout danger car la société sorcière n'avait pas à être inquiétée, autrement, elle se rendrait compte qu'elle était gouvernée par des incapables. ». Hermione approuvait l'analyse de son beau-frère, tandis qu'elle expliquait qu'elle était horrifiée par le miel que servait la Gazette du Sorcier à ses lecteurs. « A les écouter, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. » résumait-elle. Ginny expliquait qu'elle s'était fait rembarrer sévèrement par le directeur de la publication lorsqu'elle lui avait envoyé un hibou lui demandant s'il comptait parler de l'affaire Shafiq dans ses colonnes. Enfin, Hannah expliquait que l'atmosphère se faisait de plus en plus glauque au Chaudron Baveur, nombreux étaient les sorciers qui recommençaient à s'insulter en raison de leur Statut du Sang ou de leur positionnement politique. 


Doublement déprimé par les nouvelles rapportées par les adultes, et par l'imminence de la rentrée, James se leva, l'air hagard et se dirigea vers la sortie. Il s'installa paisiblement sur le perron du 12 Square Grimmaurd, et observa la placette sur laquelle la nuit venait de tomber. Il décida alors de faire quelque chose qu'il n'avait que très peu l'habitude de faire, mais qui, il le pensait, pouvait le détendre, il passa le haut de son corps à travers l'entrebâillement de la porte puis murmura : 


-Accio cigarettes. 


Du haut du troisième étage, un petit paquet en carton, rouge vif, descendit jusqu'à sa main tendue. James ne fumait que très rarement. C'est Scott qui lui avait présenté pour la première fois un paquet de cigarettes, lors d'une soirée à son manoir, l'été avant leur sixième année. Pour ainsi dire, le paquet rouge vif était toujours celui que lui avait donné Scott un an auparavant. Il restait dix-huit cigarettes. La première que James avait fumée, c'était avec Scott, pour découvrir. Il n’avait que très peu apprécié. Croyant s'étouffer à chaque bouffée. Puis, des mois plus tard, il croisa Andrew Higgins et Leanne Gatwick dans les couloirs. Ils semblaient paisibles et heureux d'être ensemble. Troublé de voir la fille qu'il aimait dans les bras d'Andrew, James remonta dans son dortoir, il ignora pourquoi, mais il voulait se détendre. Il pensait passer la soirée à relire son Cours de Défense Contre les Forces du Mal, mais lorsqu'il fouilla dans sa malle, il comprit la stupidité de sa démarche. Jamais il n'avait relu ses cours, et il savait pertinemment que, à aucun moment, les relire le détendrait. Au lieu de ça, il aperçut le paquet rouge au fond de sa malle, et il se rappela que Scott lui avait expliqué combien il était relaxant de fumer une cigarette, seul, les soirs de déprime, en regardant la lune. Alors James s'exécuta, et il monta se fumer une cigarette en haut de la tour d'Astronomie. Il n'aurait su dire s'il en avait été vraiment détendu, mais il dut admettre qu'il fut apaisé en voyant la beauté de la nuit du haut de la plus haute tour de Poudlard. Peut-être que la troisième cigarette de sa vie, l'aiderait à déterminer si, oui ou non, fumer détendait. Il alluma sa cigarette d'un coup de baguette magique, et inspira une grande bouffée. La tête lui tournait légèrement, mais pour les instants où il avalait et recrachait la fumée, il sentait que son esprit ne se concentrait sur nulle autre chose. Alors qu'il était au milieu de sa cigarette, il entendit la porte grincer derrière lui, et il s'empressa de jeter la cigarette loin devant lui. Lorsqu'il se retourna, il vit que ce n'était qu'Alice, l'air extrêmement pâle qui l'observait d'un air soupçonneux. 


-Je me demandais si tu allais bien, expliqua-t-elle. 

-Tu m'as fait peur, il faudra vraiment que je t'apprenne notre code des cinq coups à moi et Albus. 


La jeune fille s'assit sur le perron, juste à côté de son meilleur ami. 


-Toi non plus, tu n'es pas enchanté de rentrer, remarqua-t-elle. 


James approuva, tout en continuant de fixer la place déserte, devant lui. Puis, il réfléchit un instant, cela lui était sorti de la tête ces derniers jours. 


-Toi par contre, tu devrais être contente de rentrer. 


Elle le regarda d'un air surpris, ne semblant pas comprendre où il voulait en venir. 


-Ta mère m'avait dit que tu avais vu Owen cet été. Et je l'ai vu venir dans la même direction que toi lorsqu'on était au Chemin de Traverse et que tu nous as quittés pour, soi-disant, acheter des plumes. 


Alice le fusilla du regard, mi-furieuse, mi-dépitée. Elle prit une profonde inspiration puis se lança : 


-On se voit avec Owen, c'est vrai. On s'écrit depuis le début de l'été. A la fête d'anniversaire de ton père, on a discuté. Je lui ai dit que j'irai passer quelques jours chez un cousin de ma mère en Irlande. Il m'a donc proposé de passer le voir. J'y suis allée, et ça c'est fait, je ne sais pas trop quoi penser de notre relation encore. 

-Et tu comptes essayer de l'intégrer avec nous ? demanda James d'une voix amère.

-Il sait que tu ne l'aimes pas. Il ne comprend pas vraiment pourquoi d'ailleurs …

-C''est lui qui me déteste, Alice, n'inverse pas les rôles, je te prie. 

-Je sais que vous n'êtes pas encore faits pour vous entendre, admit Alice. Je ne veux pas savoir qui est fautif. En tout cas, je fais tout pour ne pas trop précipiter les choses, tu es la première personne à qui je l'annonce. Je voulais le faire plus tôt, mais tu ne t'es pas détaché de Nancy. 

-On est en couple, elle et moi ! répliqua James. 

-Tout comme je semble être en couple avec Owen, rétorqua Alice. Alors, oui, peut-être que dans un avenir proche, si, après avoir passé du temps avec lui à Poudlard, j’estime que cela doit durer, tu devras t'habituer à sa présence. Je te le dis maintenant pour pas te brusquer, je ne sais combien de temps Owen acceptera encore de me laisser te ménager, mais viendra un jour, ou il sera lassé. Et je ne veux pas le perdre pour ça. 


James resta silencieux. Ce qu'il craignait allait arriver. Il allait devoir supporter Finnigan. Il le voyait déjà arriver, utilisant son ton le plus mielleux pour séduire James. Il allait lui parler de Harry, de sa prétendue amitié avec son propre père. De l'ambition commune des deux fils de rejoindre leurs pères au Bureau des Aurors, il allait prendre sa figure la plus hypocrite possible. Probablement celle qu'il avait adoptée pour séduire Alice. Elle n'avait jamais vraiment eu d'expérience avec les garçons, bien qu'elle fasse tourner la tête à nombre d'entre eux, elle n'avait jamais accordé aucune importance à ceux-ci. Elle préférait chahuter dans les couloirs, aller se promener la nuit, et jouer des mauvais tours aux Serpentards. Alice ne pouvait pas abandonner James, pas maintenant. Ils étaient amis depuis l'enfance, et elle venait de lui annoncer que s'il voulait passer du temps avec elle, il allait devoir s'accommoder de Finnigan. 


Certes, c'était peut-être démesuré de rejeter autant quelqu'un. Qui plus est, un élève de Gryffondor, mais dans le cœur de James, toutes les places étaient prises. Ses journées à Poudlard se résumaient à quelques personnes. En premier lieu, Scott, Alice, et maintenant, Nancy. Puis, il y avait Albus, Rose, Fred et Roxane, qui passaient aussi énormément de temps avec eux. Il n'y avait pas de place pour Finnigan l'arrogant. 


-Je ne veux pas te perdre James. Je sais que toi non plus. Alors on fera des efforts d'accord ? 


La voix d'Alice venait de briser le silence. Il l'observa un instant, elle avait l'air triste. Comme si elle se doutait de ce à quoi son meilleur ami réfléchissait. En fait, elle savait ce qu'il pensait. Elle avait toujours su ce que le jeune homme avait derrière la tête. Elle savait qu'il n'arrivait pas à comprendre qu'il devrait supporter la présence de Finnigan. C'est pour ça qu'elle était triste, elle savait que, plus que jamais, elle était sur le point de perdre James. Elle finit par renifler tristement, puis appuya sa tête contre l'épaule de James avant de sursauter : 


-Hey, mais tu sens la cigarette ! s'exclama-t-elle. 


James lui montra le paquet rouge vif qu'il avait fait venir de sa chambre. 


-Toujours le paquet de Scott ? demanda-t-elle en le tenant entre ses mains. 


James acquiesça avec un sourire, Alice lui rendit son sourire et sortit une autre cigarette. Elle en porta une à ses lèvres pulpeuses avant de donner l'autre à James qui écarquilla les yeux. Le soir où Scott leur avait proposé des cigarettes, Alice avait refusé catégoriquement. 


-Ben quoi ? Tu crois pas qu'on a besoin de décompresser un peu ? 

 

James lui sourit, et les deux fumèrent leur cigarette en silence, tout en contemplant le ciel étoilé. Une fois encore, le seul fait de contempler les astres aurait suffit pour rasséréner James. Il ne sut donc pas si la cigarette l'avait vraiment aidé à se détendre. Une chose était sûre, c'est qu'il serait sûrement moins détendu s'il savait que quelqu'un l'observait d'un air furieux depuis le premier étage du 12 Square Grimmaurd. 

Chapitre XIII. Rentrée des classes by Portus

Le lendemain matin, James dut se réveiller aux aurores. Il n'avait bien sûr pas préparé la moindre affaire en vue de sa rentrée à Poudlard. A en juger par les bruits de pas précipités et les bruits sourds émis par des objets que l'on jetait pêle-mêle dans un contenant, James comprit qu'il en était de même pour son frère, Albus qui dormait dans la chambre du dessous. Scott, qui avait préparé ses affaires la veille au soir, dormait paisiblement et pouvait s'octroyer le luxe d’une nuit plus longue que son compère. Pour ne pas lui gâcher ce plaisir, James s'empressa de lui jeter un Assurdiato, s'assurant que le brouhaha de James faisant ses valises ne réveillerait pas son ami. L'aîné des Potter commença par ranger ses différentes tenues de Poudlard au fond de sa malle, au début, il prenait soin de plier robes, chaussettes et capes, mais bientôt, il les jeta l'une après l'autre de façon désordonnée dans sa malle. Il scruta un instant sa chambre, il vit un morceau de parchemin posé sur son bureau. Il plia donc, soigneusement, la carte du Maraudeur et la rangea à l'intérieur d'un de ses nouveaux livres de Défense contre les Forces du Mal. Il récupéra également sa boîte de produits des Sorciers Facétieux, puis s'employa à ranger son balai dans son étui de voyage.


Depuis sa deuxième année, James volait sur le même balai, un Éclair de Feu Édition 2015. L'un des meilleurs balais mis sur le marché. Bien sûr, la société Nimbus, et désormais, la compagnie Brossdur avaient récemment sorti des modèles plus poussés, mais l'Éclair de Feu n'avait jamais trahi James. Il existait comme une connexion entre le sorcier et son balai. Il savait qu'il pouvait tout lui demander, des changements de direction les plus obtus, jusqu'aux accélérations rapides les plus intenses. Flint, qui avait rapidement fait l'acquisition d'un Nimbus 3005 possédait un balai plus rapide, mais cela ne lui était pas d'une grande utilité lorsqu'il gardait les buts des Serpentards. Et James s'y connaissait assez pour savoir que la connexion entre Flint et son balai n'était pas aussi intense que celle que James possédait avec le sien, tant les trajectoires prises par le Serpentard manquaient de fluidité. James compensait, quant à lui, ce léger manque de vitesse par l'agilité de son balai, il savait qu'il pouvait se faufiler aisément à travers un troupeau de joueurs, il savait également qu'il pourrait toujours effectuer au dernier moment une roulade du paresseux pour éviter un Cognard sans que son balai ne fasse des embardées. Alors, conscient de la valeur inestimable de l'objet, et fermement décidé à enfin gagner la Coupe avec celui-ci, James l'enveloppa soigneusement et l'attacha à sa malle où il termina de ranger ses affaires de Quidditch ainsi que son insigne de Capitaine. 


Alors qu'il était dans la salle de bain de son étage pour se laver avant d'aller déjeuner, il déduisit que Nancy était déjà réveillée. En effet, les produits de beauté qui trônaient au-dessus du lavabo avaient disparu. La jeune fille avait dû faire preuve de beaucoup de discrétion, puisque James n'avait pas entendu la jeune fille, d'habitude si bruyante lorsqu'elle prenait sa douche. Il resta un bon moment sous le jet d'eau chaude, perdu dans ses pensées. La discussion qu'il avait eue, la veille avec Alice, lui revenait sans cesse à l'esprit. Il devrait s'accommoder de la présence d'Owen Finnigan tout au long de sa dernière année à Poudlard. Parfois, James pensait qu'il était excessif de raisonner autant dans l'absolu en ce qui concernait son camarade de Gryffondor. Il se disait qu'il pourrait très bien continuer d'ignorer Finnigan lorsqu'il viendrait se joindre à Scott, Roxane, Fred et lui, quand ils seraient avec Alice. Bien sûr, ce ne seraient pas des moments agréables, mais au moins, ils resteraient paisibles. Mais d'autres fois, James réalisait qu'il tenait plus que tout à son cercle d'amis et de cousins. D'autant plus que dorénavant, il serait en septième année, comme Teddy lorsque James était arrivé à Poudlard. Ce serait lui qui défendrait ses cousins, lui avec Alice et Scott qui mènerait les Weasley, lui et ses amis qui formeraient la relève, sûrement Hugo et Lily, peut-être Louis Weasley, voire même Gary Londubat, ainsi que les jumeaux Dragonneau qui allaient entrer en première année, c'est eux qui donneraient des pistes à la nouvelle génération pour faire les meilleures blagues possibles à Poudlard. Et James ne se voyait pas faire ceci aux côtés de l'arrogant Finnigan. 


Bientôt, James réalisa que cela faisait bien une demi-heure qu'il était sous la douche, par la persienne de sa salle de bain, il distingua que le jour s'était levé. Il s'habilla donc à la hâte, et descendit prendre son petit déjeuner. Hugo, Lily, Rose et Nancy prenaient encore leur petit déjeuner dans la cuisine, la mine fatiguée. James les salua amicalement, puis s'installa à côté de sa petite amie. Il se pencha vers elle pour l'embrasser, mais celle-ci détourna la tête et James l'embrassa donc sur la joue. 


-Alors, on est de mauvaise humeur ? demanda James d'un air narquois, conscient que sa petite amie devait être, elle aussi, très déçue de voir ce bel été arriver à sa fin.


Celle-ci acquiesça brièvement d'un signe de tête, puis se leva d'un bond, et sortit de la cuisine en laissant la moitié de son déjeuner derrière elle. 


-Elle était d'humeur massacrante, ce matin, remarqua Rose tout en bâillant à s'en décrocher la mâchoire. 

-Elle est venue se doucher à notre étage, ajouta Hugo. Elle a fait un boucan terrible.


James comprit donc pourquoi sa petite amie ne l'avait pas réveillé ce matin. Elle n'était pas venue se doucher à l'étage de James, mais au second étage, là où Albus, Rose et Hugo partageaient leur chambre pour la nuit. L'aîné des Potter aurait pu simplement penser que la jeune fille faisait attention au sommeil de son petit ami, mais lorsqu'il s'attarda un moment sur les faits exposés par Rose et Hugo, il comprit que quelque chose ne tournait pas rond. Tout d'abord, la veille au soir, lorsque James et Alice étaient revenus se joindre aux parents qui terminaient de dîner, Nancy était déjà allée se coucher, en premier, le tout sans venir souhaiter bonne nuit à James, comme elle en avait pourtant l'habitude. Ce matin, elle semblait s'être levée aux aurores, était venue chercher ses affaires de toilette, puis était allée se doucher au second étage, avant de ranger ses affaires de toilette dans la malle. N'importe qui, pour gagner un peu de temps le matin, se serait préparé dans la salle de bain où il avait ses affaires, pour ensuite les ranger. A moins de ne pas avoir envie de rencontrer une personne à cet endroit précis. C'était donc un fait, Nancy l'évitait. D'une voix mal assurée, James annonça alors : 


-On n'est pas vraiment contents de rentrer, pour vous dire toute la vérité. 


Hugo, Rose et Lily semblèrent se formaliser de cette explication et approuvaient d'un signe de tête. James, laissant lui aussi une bonne partie de son déjeuner, sortit de la cuisine et se dirigea vers la chambre que Nancy partageait avec Lily au premier étage, alors qu'il s'engouffrait dans la cage d'escalier, il tomba nez à nez avec Alice. La jeune fille était déjà habillée, elle tirait derrière elle son énorme malle de Poudlard. James redescendit pour la laisser passer, et elle vint poser sa malle dans le hall. 


-Salut, dit simplement la jeune fille, la mine aussi fatiguée que tous les occupants du 12 Square Grimmaurd. 

-Salut, marmonna James. Bien dormi ? 

-Ça va. J'espère que je n'ai rien oublié. C'est dingue le foutoir que j'avais mis dans notre chambre. Nancy n'en revenait pas hier soir, elle était furieuse. 

-Elle a quand même attendu sacrément longtemps pour criser, remarqua James. 

Alice haussa les épaules et répondit d'un ton narquois : 

-La patience des Poufsouffle sûrement. 

-Attends, elle ne dormait pas hier soir ? interrogea précipitamment James, venant de réaliser ce détail. Elle était censée être allée se coucher lorsqu'on est revenus dans la cuisine. Tu te souviens ? 

-Visiblement, elle ne dormait pas. Elle avait commencé à rassembler ses affaires et elle n'en trouvait pas la moitié à cause du désordre que j'avais mis. 

-Etrange, remarqua James, songeur. 

-Tu ne penses pas qu'il y a quelque chose qui cloche ? 

James agita ses bras en levant ses paumes vers le ciel. Il ignorait ce qui pouvait clocher chez Nancy. Il prit donc congé de sa meilleure amie, bien décidé à aller s'enquérir de ce qui n'allait pas avec la Poufsouffle. ____________________________________________


-Je te dis que ça va, James, lui répétait-elle pour la centième fois. 

-Je vois que quelque chose ne va pas, Nancy. Tu peux m'en parler tu sais. 

-Je pense que ce qui ne va pas chez moi, c'est la même chose pour toi. Les vacances sont terminées, c'est notre dernière année à Poudlard ... 

-On n'est pas dans la même Maison, tu te dis qu'on passera un peu moins de temps ensemble, coupa James. Ce n'est que ça ? 


La jeune fille hésita un moment, puis acquiesça d'un signe de tête. Elle était assise sur le rebord de son lit, elle regardait son petit ami, comme si elle était sur le point de sangloter. James s'assit près d'elle, et lui passa un bras autour de l'épaule. La jeune Poufsouffle se blottit contre la poitrine de son petit ami qui resta là, à contempler la masse de ses beaux cheveux rendus plus sombres par le manque de lumière. 


-Et, reprit James, si je te promets qu'hormis les cours que l'on n'a pas en commun, je ferai mon maximum pour être avec toi. Tu me fais confiance ? 


La jeune fille releva la tête et regarda son petit ami d'un air absent. 


-Oui, sûrement, répondit simplement celle-ci. ______________________________________________________ 


Des voitures du Ministère venaient d'amener les jeunes gens à la gare de King's Cross. Arrivés sur la voie 9 ¾, ils écoutèrent Ginny leur demander d'être prudents, puis la saluèrent chacun leur tour. 


-Veille bien sur eux, dit-elle alors qu'elle venait d'enlacer James en dernier. 

-Faites attention à vous, P'pa et toi, répondit simplement James. 


Et ils montèrent tous dans le train. Pour la première fois en sept ans, James réussit à rapidement trouver un compartiment vide dans l'un des wagons du fond. Il s'y installa, avec Nancy, qui malgré leur conversation matinale était restée extrêmement distante, Alice et Scott suivirent, puis Albus et Rose vinrent s'installer alors que Hugo et Lily allaient rejoindre Laurie Fillmore et d’autres amis à l'avant du train. Bientôt, les adolescents de sixième et septième année, furent rejoints par Roxane et Fred. Le compartiment était désormais bondé, et James dut même ouvrir les fenêtres d'un coup de baguette magique, pour se sentir respirer. Alors que le train allait démarrer, la porte du compartiment s'ouvrit une nouvelle fois, et la haute silhouette de Lucy Weasley se dessina. Elle observait ses cousins et leurs amis d'un air hagard, puis, après plusieurs secondes d'observation, se décida à les saluer avant de marmonner qu'elle irait chercher un autre compartiment, celui-ci semblant bondé. 


-Attends, Lucy, lança la voix de Nancy Frobisher. Je peux m'asseoir sur les genoux de James, s'il n'y voit pas d'inconvénient, tu n'auras qu'à prendre ma place. 


Elle fit cette proposition en regardant étrangement Alice qui était face à elle et James. La Weasley lunaire sourit aimablement, et après avoir constaté que, James, trop content d'accueillir sa cousine, et surtout, de voir que sa petite amie était decidée à redevenir proche de lui, accédait favorablement d'un signe de tête à la requête de la Poufsouffle, Lucy s'exécuta donc et s'installa à côté de James. Ils étaient tous extrêmement serrés en ce début de trajet, lorsque Fred voulut se rendre aux toilettes, cela déclencha un mouvement de panique, puisqu'il réussit l'exploit d'écraser les pieds de plus de la moitié des personnes se tenant dans le compartiment. La première partie du trajet se déroula sans encombre, hormis ce manque de confort évident. James écoutait la clameur des conversations tout en caressant les cheveux détachés de sa petite amie, toujours assise sur lui. James n'osa pas lui faire la remarque que ses jambes étaient désormais parcourues d'intenses fourmillements et qu'il mettrait sûrement deux bonnes minutes avant de les voir retrouver une circulation sanguine normale. 


Tandis que Lucy Weasley racontait à Albus et Rose les meilleurs passages de son livre sur les légendes arthuriennes, Fred Weasley et Roxane racontaient leurs différents stages, Fred dans la boutique de son père, et Roxane à Sainte-Mangouste. Celle-ci n'était en fait écoutée que d'Alice, qui songeait vaguement à cette vocation, et recherchait un maximum d'informations pour être sûre de faire le bon choix. 


Puis, en début d'après-midi, Alice annonça qu'elle devait voir quelqu'un dans l'un des wagons à l'avant du train. Lassée par les interrogations de Scott, elle finit par se lever et annonça d'une voix blanche : 


-Je vais voir Owen Finnigan, ce qui se rapproche d’un petit ami, désormais. 


Aussitôt, Rose et Albus arborèrent un sourire rayonnant et félicitaient Alice. 


-Moi qui pensais que tu ne réussirais jamais à te caser, tu as bien caché ton jeu ! rugit Fred. 


Roxane, surprise, mais heureuse pour son amie souriait aimablement, tandis que Scott était interloqué, James, qui était déjà au courant, ne tiqua pas, tandis que Lucy continuait d'observer le paysage l'air absent. Lorsqu'Alice sortit, tous s'empressèrent de commenter leur surprise et cherchèrent à détailler les signes qui auraient pu les interpeler sur une relation entre les deux Gryffondor. Nancy, qui avait pris la place d'Alice face à James, participait désormais avec entrain à la conversation, et alors que son petit ami se levait pour aller acheter des friandises, elle lui saisit la main et se décida d'elle-même à l'accompagner. 


-Il y avait autre chose qui n'allait pas, ce matin, annonça Nancy à son petit ami alors qu'ils venaient de passer devant le compartiment des Serpentard. 


Leroy Flint était avec une partie de sa bande, Jens Mulciber, Theophilius Nott, et deux gorilles de sixième année dont James ignorait le nom. C'est l'un des gorilles qui vit, à travers la vitre, James passer devant leur compartiment, il fit signe aux autres Serpentards qui levèrent la tête en même temps, et Theopilius Nott, un garçon efflanqué avec des lunettes trop grandes pour son petit visage lui adressa même un geste obscène. James sourit narquoisement, mais préféra tracer sa route en tenant toujours la main de sa petite amie. 


-Dis-moi, reprit simplement le garçon. 

-Je t'ai vu avec Alice hier soir à travers ma fenêtre. Et je croyais que vous flirtiez. 


James sentit quelque chose se figer dans son estomac, ainsi Nancy les avait observés. Elle avait vu leur moment d'intimité sur le perron de la maison des Potter. Et c'était pour ça qu'elle avait été furieuse après James. En d'autres circonstances, James aurait voulu éclater de rire, mais quelque chose l'en empêcha. Peut-être était-ce parce qu'il repensait à ce que lui avait dit Alice à propos de Finnigan qu'il allait devoir se coltiner. Peut-être était-ce aussi parce qu'il mesura en un instant l'intensité de la colère qu'avait été celle de Nancy à la vue de ce moment de complicité entre James et sa meilleure amie, qui serait forcément passé pour quelque chose de malsain si Alice n'était pas, précisément, la meilleure amie du garçon. Il préféra donc être honnête et expliqua à sa petite amie qu'Alice lui avait annoncé pour elle et Finnigan, et il ajouta qu'il n'appréciait que trop peu le garçon à la tête de fouine. 


-Tu ne vas pas te fâcher avec Alice simplement parce toi seul doit décider de qui doit intégrer ton petit cercle de confiance ? répliqua Nancy interloquée, mais rassérénée. 

-On verra, répondit simplement James. 

-Je ne savais pas que tu fumais aussi, lança Nancy sur un nouveau ton de reproche. 


James entreprit donc de lui expliquer l'histoire du paquet de Scott. Nancy l'écouta et parut surprise, mais après lui avoir conseillé de ne jamais se mettre à fumer, ils continuèrent d'avancer main dans la main, saluant au passage leurs connaissances de Poudlard. Et lorsqu'ils revinrent dans leur compartiment les bras chargés de friandises, c'était une Nancy rassurée qui regardait d'un œil énamouré son petit ami. Ils dévorèrent la quantité astronomique de Chocogrenouilles, Patacitrouilles, Fizwizbiz, Nids de Cafard et autres Dragées Surprise de Bertie Crochue quand Alice revint, la mine réjouie, mais refusant de répondre aux questions incessantes de Scott, elle leur annonça qu'ils allaient bientôt arriver et tous se hâtèrent de mettre leurs robes de sorcier avant d'arriver à la gare. 


Alors que le temps avait été radieux tout au long de leur parcours, le village de Pré-Au-Lard était inondé par des pluies torrentielles. Alors que les élèves s'empressaient de déposer leurs malles sur le quai, ils entendirent le traditionnel appel d'Hagrid : « Les première année, par ici s'il vous plait. ». Le groupe d'adolescents s'approcha du géant à la silhouette impressionnante mais qui cachait une gentillesse aussi hors-norme que son physique. 


-Salut, les jeunes ! lança-t-il avec conviction à l'adresse du groupe de James. Je sens qu'on va s'amuser pour traverser le lac, espérons que la pluie n’innonde pas nos barques.


Les jeunes étudiants lui souhaitèrent bon courage et continuèrent de se hâter vers l'entrée de la gare où les attendaient les calèches tirées par des chevaux invisibles. Au détour d'un cours de Soin aux Créatures Magiques, James avait appris qu'il s'agissait en fait de Sombrals. Des chevaux que seuls ceux qui avaient vu la mort pouvaient voir. James espérait intérieurement ne jamais les voir. Ils se séparèrent en deux groupes, Scott, Albus, Rose et Alice s'étaient rués vers une première calèche, tandis que James, Nancy, Fred, Lucy et Roxane se précipitaient vers une autre. La foudre commençait à tomber non loin d'eux, à en juger par l'ampleur du grondement. Nancy, toute tremblante, se blottit dans les bras de son petit ami tandis que Lucy Weasley jetait distraitement des Impervius tout autour d'eux. 


Alors qu'ils traversaient l'Allée Principale de Pré-Au-Lard, désert, James aperçut non loin de la devanture de chez Zonko, une silhouette vêtue de blanc, et son cœur manqua un battement. Lorsqu'il s'attarda un peu plus sur l'individu, il vit que celui-ci était paisiblement appuyé contre un bâton de marche en bois. Il observait les calèches passer devant lui. A travers la pluie, James distingua que l'œil doré stylisé et les tâches rouges autour de celui-ci étaient bien présentes sur la tunique blanche. L'homme n'avait pas de cagoule, un simple chèche gris entourait son cou, il avait la peau légèrement hâlée, de longs cheveux d'un blond presque blanc noués en catogan derrière sa nuque, et deux grands yeux sombres qui s'agitaient dans leur orbite, observant attentivement chacun des occupants des charrettes. Lorsque l'homme vit que James l'avait vu et s'était attardé sur sa silhouette, il lui lança un sourire mauvais, dévoilant des dents jaunâtres. Et de sa main gauche, qui ne tenait pas son baton, il porta son index et son majeur à sa tempe, puis les dirigea vers James en guise de salut narquois. 


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-On vient juste d'arriver et voilà que tu n'arrêtes pas de jeter un coup d'œil à la table des Serpentard. Poses toi un peu, on s'occupera d'eux demain. 


C'était Alice qui sommait James de revenir parmi eux. Les Gryffondor étaient assis à leur table, ils attendaient patiemment les premières années, qui mettaient plus de temps que prévu dans leur traversée du lac. Les Professeurs, sauf Neville, qui s'occupait de la Répartition et Hagrid -qui s'occupait de faire traverser le lac aux premières années, donc-, étaient installés. Harry était là aussi, en grande conversion avec le Professeur Pritchard, qui enseignait la Métamorphose et était le directeur des Serpentard. Les Serpentard que James surveillait, justement, étaient assis au bout de leur table, Leroy Flint, entouré de Theophilius Nott, Jens Mulciber, des deux gorilles du train et de Judith Bulstrode qui expliquait quelque chose avec animation au groupe, penché vers le milieu de la table pour que personne n'entende. Le reste du groupe semblait à la fois paniqué et excité, James voyait dans les yeux des deux gorilles, qui étaient face à lui, que quelque chose clochait. Les Serpentard avaient l'habitude de conspirer et de préparer un mauvais coup, mais il n'avait jamais lu cette intensité dans le regard. Sûrement avaient-ils vus eux aussi l'homme en blanc. C'est alors que, n'écoutant que son instinct, James se leva de la table des Gryffondor, ignorant les regards de tous les élèves présents dans la salle et se dirigea vers la table des Professeurs. 


-Voyons Mr Potter, votre père vous manque déjà ? demanda Pritchard d'un ton narquois. 

-Désolé de vous interrompre, Professeur, je dois parler d'urgence à mon père. 


Harry regarda son fils avec des yeux ronds, mais se leva et lui fit signe de le suivre à l'extérieur de la Grande Salle, ils traversèrent le hall d'entrée, puis entrèrent dans une salle de classe vide, juste à côté de l'entrée des cachots. 


-Qu'y a-t-il ? Je te sens inquiet, demanda Harry à son fils. 

-En venant en calèche, j'ai vu un sbire de Shafiq. J'en suis sûr. 


Harry observa un instant son fils, l'air inquiet, puis il lui demanda : 


-En es-tu sûr ? Comment était-il ? Où était-il ? 


James expliqua à son père qu'il avait reconnu l'œil doré et les tâches rouges sur sa tunique blanche. Le même symbole que portaient ceux qui l'avaient agressé sur le Chemin de Traverse. Harry l'écouta attentivement, mais la description physique que lui avait faite James ne lui rappelait aucun des suspects que ses Aurors surveillaient. Cependant, l'Auror se saisit d'un Gallion dans sa poche, d'un coup de baguette magique, il modifia les caractères, et James se douta que tous ses coéquipiers avaient reçu le message. 


-Ron enverra quelqu'un enquêter, expliqua-t-il. Après le repas, j'irai aussi jeter un œil à Pré-Au-Lard, peut-être même que je demanderai au Professeur Everett de passer la nuit ici. Ne t'inquiètes pas, et tâches de profiter de la soirée. 


Lorsque le père et le fils revinrent dans la Grande Salle, Neville se tenait à côté d'un tabouret sur lequel trônait un chapeau usé et rapiécé. La Répartition n’avait pas encore commencé, Neville venait juste d’annoncer que le Choixpeau allait répartir les élèves, c’est donc au rythme de sa traditionnelle chanson que James revint s’installer parmi ses camarades de Gryffondor : 


Avance toi, quand je t'annonce,

Car tu vas entendre ma prose,

Ne t'en fais pas, c'est dans ta tête,

Car J'y vois tout ce qui t'inquiète.


Comme chaque année, je vais chanter,

Les raisons qui ont mené,

Les Fondateurs à m'animer,

Pour a leur suite, sélectionner :


Quand Gryffondor, fort et hardi,

De son couvre chef, se dédouana.

Des instructions, de ses amis,

Promptement, il m'informa,

Ainsi je choisis, selon leurs dires,

Tout comme jadis eux ils firent.


Ceux d'entre vous, qui trompent la mort,

J'les envoie vers Gryffondor,


Pour les plus sages, une seule règle,

Vous finirez, tous à Serdaigle,


Passionnés, par l'égalité,

Poufsouffle vous est destinés,


Toi, Débrouillard, sorcier roublard,

Nulle autre choix que Serpentard.


Et mon devoir, je l'accomplis,

Car c'est ce pourquoi je suis,

Mais n'est-ce pas, un poil bancal,

De juger si tôt de votre morale ?


Car bon sang, soyons tous francs,

On change tous au fil des ans,

Et ne vous croyez pas arrivés,

Car la suite va vous etonner !


On a tous vu, au moins un jour,

De fiers Poufsouffles, Mener leurs troupes,

Avec vigueur et bravoure,


On tous su, qu'il existait,

De fiers Serdaigles, Piqués de zèle,

Prêts à ruser pour l'emporter,



Car bon sang, soyons tous francs,

On change tous au fil des ans,

Et ne vous croyez pas arrivés,

Car la suite va vous etonner !


On le sait bien, chers compagnons,

Qu'il existe des Gryffondors,

Qui érigent l'érudition,

En piédestal et règle d'or.


On connaît tous, des Serpentards,

Qui voudraient que l'équité,

Soit la seule, priorité,

Et tant pis pour Salazar !



On se retrouve donc bien étonnés,

Quand sur mon choix on s'est figés,

Alors avant de comparer,

Tout ce qui peut vous diviser,

Trouvez plutôt meilleur moyen,

D'entre vous, nouer des liens.


James s’était de nouveau installé à la table, quand il applaudit avec le reste de ses camarades de l’école.

-Surprenante, la chanson, cette année ! s’étonna Alice.

-Tu trouves, chaque fois il nous fait la leçon j’ai li’mpression, répliqua Scott. Rester unis même avec les Serpentard.

-Ce coup-ci, il a bien souligné la futilité du système des maisons … remarqua Rose tandis que Joseph Addams était envoyé à Serdaigle.

-Au fait, James, tu vas nous dire pourquoi tu es allé voir Harry ?


Mais James interrompit Fred qui lui posait cette question pour leur faire signe d’écouter la cérémonie de répartition. Parmi le cortège des premières années, les jumeaux Dragonneau détonnaient quelque peu. Ils semblaient s’émerveiller de  tout ce qui les entourait. Ils s’étaient déjà fait remarquer en saluant avec entrain Harry, quand il était retourné s’asseoir à la table des Professeurs entre Hagrid et le Professeur Pritchard. D’ailleurs, lorsque Norah Clarke fut envoyée à Serpentard, ils surent que ce serait bientôt à leur tour d’être répartis, et ils regardaient désormais les quatre tables d’élèves avec appréhension.


-Vas-tu enfin nous dire ce qu'il t'arrive ? demanda de nouveau Alice qui était assise face à James entre Scott et Albus. 


James leur expliqua alors à voix basse la silhouette qu'il avait vue dans Pré-Au-Lard et qu'il était quasiment sûr qu'il s'agissait d'un des sbires de Shafiq. Rose, assise à côté de lui le regardait d'un air surpris, tandis que Fred, Roxane, Alice et Albus avaient le regard perdu dans le vide, semblant réfléchir à tout vitesse au récit de James. 


-Je l'ai vu moi aussi ! s'exclama Rose. Je me demandais ce que faisait quelqu'un dehors avec cette pluie. Ainsi, cet œil doré, c'est leur symbole ? 


James acquiesça d'un signe de tête tandis que Zach Deng venait d'être envoyé à Gryffondor. Scott ouvrit la bouche pour relancer la conversation, mais il se tut quand il vit que tous ses voisins de table observaient de nouveau avec attention la répartition. En effet, la voix de Neville venait d'appeler Lorcan Dragonneau. Le petit blond s'approcha du tabouret en sautillant, il observa un instant de ses yeux ronds les différentes attablées qui se tenait face à lui, puis s'assit sur le tabouret tandis que Neville lui mettait le Choixpeau sur la tête. Le petit garçon donnait l'impression d'écouter paisiblement ce que lui disait le Choixpeau. Cependant, James finit par penser que la répartition de Lorcan Dragonneau mettait énormément de temps. Rapidement, il vit que tout le monde semblait penser la même chose que lui, tant les élèves autour de lui avaient un regard surpris et interloqué. 


-Il faut changer le Choixpeau, il ne fait plus son boulot ! lança une voix à la table des Poufsouffle. 

-Que se passe-t-il ? demanda une voix depuis la table des Serdaigle. 


Les Professeurs, eux, observaient la scène en souriant. Neville lui-même faisait signe à l'audience de se taire et de garder son calme. Finalement, au bout de cinq bonnes minutes, le Choixpeau cria : 


-SERDAIGLE ! 


Et le petit Lorcan Dragonneau fut accueilli à la table des Serdaigle par de nombreux applaudissements, la maison où sa mère avait étudié. Avant que Neville ne reprenne la parole, le Professeur Everett tapa sur son verre à l'aide de sa cuillère. Il se leva, montrant l'étendue de sa silhouette massive, vêtue d'une longue robe anthracite avec des motifs lunaires blancs, et annonça : 


-Mesdemoiselles et messieurs, Bonsoir à tous. Vous venez d'assister à un moment qui est toujours historique à Poudlard : un Chapeauflou. Il arrive parfois que notre humble serviteur, le Choixpeau, ne soit pas en mesure de se décider sur une maison à attribuer. De ce fait, il hésite longuement entre plusieurs maisons et si le choix est rendu après cinq minutes, nous appelons ça un Chapeauflou. Je tiens à dire que nombre de Chapeauflous sont devenus célèbres après avoir accompli de grandes choses. Monsieur Dragonneau, nous suivrons donc votre parcours avec grand intérêt. 


Et après avoir éclairé les interrogations des élèves les plus curieux, le vénérable Directeur se rassit au centre de la table des professeurs. Neville appela donc le second jumeau, Lysander Dragonneau. Ressemblant en tous points à son jumeau, avec les mêmes yeux clairs, les mêmes cheveux blonds ébouriffés, et le même air émerveillé. Il s'assit sur le tabouret en souriant à son frère à la table des Serdaigle. Et à la surprise générale, le Choixpeau mit autant de temps pour se décider pour son jumeau. Cette fois, certains élèves se mirent à chronométrer avec leurs montres et lorsque les cinq minutes furent atteintes, certains crièrent : « Chapeauflou ! ». Finalement, au bout de huit minutes, et sous les applaudissements tonitruants de la Grande Salle, Lysander Dragonneau fut envoyé à Gryffondor où il vint s'asseoir à côté des autres premières années que Nick Quasi-Sans-Tête venait saluer. 

-C'est dingue ! s'exclama Albus. Deux Chapeauflou en une seule répartition, ça doit être du jamais vu. 

-Ce que je trouve surtout bizarre, c'est que les jumeaux, qui sont parfaitement semblables, ont été envoyés dans deux maisons différentes, remarqua Scott. 

-Ils n'ont sûrement pas les mêmes qualités à l'intérieur, suggéra Rose. 

-Pourtant, mon père était dans la même maison que son jumeau, et Roxane et moi pareil. Ça doit être rare de voir deux jumeaux séparés, non ? demanda Fred. 


Tous se mirent à tenter de donner des explications à cette bien étrange répartition, mais ils s'accordèrent tous que les jumeaux tenaient de leurs parents, Luna Lovegood et Rolf Dragonneau, et que ceux-ci n'en finiraient pas de les surprendre. Finalement, la dernière élève qu'il restait à répartir, Deborah Wors fut envoyée à Serdaigle, tandis que Everett annonçait le début du festin. 


Tous les élèves, affamés par cette répartition plus longue que prévue se jetèrent sur les opulents plateaux de victuailles qui se tenaient désormais devant eux. Lorsque les plats furent vidés de leur contenu et après que Scott se soit resservi pour la cinquième fois de la tarte aux poires sous l'œil désapprobateur d'Alice, le Professeur Everett se leva pour énoncer son habituel discours de début d'année. 


-Chères étudiantes, chers étudiants. Bienvenue à tous pour une nouvelle année à Poudlard. Après cette cérémonie de répartition un peu folle -il jeta un coup d'œil appuyé aux tables de Serdaigle, puis des Gryffondor-, ce qui fait toute la magie et le charme de l'école, je souhaite aux premières années, au nom de tous mes collègues enseignants et des élèves plus âgés, une merveilleuse première année à Poudlard. Cette école sera votre foyer pendant sept ans, et l’ensemble du corps éducatif se tient à votre disposition pour que vous vous y sentez réellement chez vous. 


Tous les élèves ainsi que les enseignants se joignirent aux voeux de bienvenue du Professeur Everett. 


-Je dois également, reprit le Directeur, vous annoncer plusieurs changements intervenus dans l'équipe pédagogique. Tout d'abord, j'ai l'honneur de vous présenter Mrs Rosemary Zeller, qui enseignera une nouvelle matière : La Littérature Magique. 


Une très belle femme, âgée d'environ une trentaine d'années, au visage angevin et aux cheveux sombres se leva de sa place sur la gauche de la table des Professeurs. Elle sourit aimablement aux élèves qui l'applaudissaient poliment. 


-C'est une nouvelle option, expliqua Rose, pour la première année d'enseignement, tous les niveaux seront mélangés. Le premier cours sera obligatoire et chacun pourra décider de poursuivre ou pas. 

-Littérature Magique ? Ça doit être vraiment intéressant ! s'exclama Albus, alors que les septième année le regardaient d'un air sceptique. 

-Enfin, je souhaite également la bienvenue à Mr Harry Potter qui a gentiment accepté de prendre en charge les cours de Défense Contre les Forces du Mal en ASPIC. Mr Potter vous fera part de sa légendaire expérience pour vous former dans cette matière qui demande, je vous l'ai assez dit, rigueur et sérieux. 


Harry se leva également et sourit d'un air gêné aux applaudissements qui s'étaient fait beaucoup plus tonitruants pour lui que pour Mrs Zeller. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'une telle célébrité venait enseigner à Poudlard. Cependant, James constata que quelques élèves de Serpentard ne s'étaient pas joints aux applaudissements. Leroy Flint et sa bande regardaient d'un air écoeuré en direction de la table des Professeurs. 


-Pourquoi rien qu'en ASPIC ? demanda un élève de troisième année à la table des Gryffondor. 

-Il doit avoir trop de travail au Bureau des Aurors, répondit une de ses camarades. Et puis, je préfère le savoir en train de nous protéger qu'en train de nous donner des cours. 

-De plus, Mr Napier, notre concierge, m'a demandé de vous rappeler qu'il était formellement interdit de pratiquer la magie dans les couloirs de l'école, il vous rappelle également que tous les produits venant de la Boutique Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux sont interdits. De même que cent vingt-deux autres produits, la liste complète étant consultable à tout moment dans son bureau. De plus, j'invite les Capitaine des équipes de Quidditch à se rapprocher de leur Directeur de Maison pour fixer une date pour les sélections. Enfin, je vous rappelle que l’accès à la Forêt Interdite est strictement défendu pour tous les élèves, à toute heure, et en toute circonstances.


James eut la sensation que le Directeur jetait justement un oeil en direction de lui et de ses amis.


-D’autant plus, reprit le Directeur, que Poudlard accueille, au sein de la Forêt, des colonies d’Augurey qui étaient menacées de braconnage dans leurs colonies précédentes. Ces oiseaux nécessitent d’être au calme, et seront confiés aux bons soins du Professeur Hagrid.


James constata que beaucoup d’élèves avaient eu la même réaction écoeurée que les membres du Magenmagot, les Augurey souffraient de leur mauvaise réputation.


-Je pense avoir fait le tour des informations que je devais vous transmettre, poursuivit Everett, je n’ai plus qu’à vous souhaiter une bonne nuit, et une merveilleuse année scolaire.

Tous les élèves applaudirent, tandis que les Préfets se levaient et rassemblaient les premières années de leur maison. Rose et Albus marchaient à présent en tête du cortège des nouveaux Gryffondor, à qui ils allaient montrer le chemin pour la Salle Commune ainsi que le mot de passe. 


-Merlin ! jura Alice. On n'a pas pensé à demander à Albus et Rose le mot de passe de la salle commune. 

-Rattrape-les, vite ! ordonna Scott à l'adresse de James. 


James se précipita vers le groupe des Gryffondor, mais dans sa course, il heurta un jeune garçon brun de haute taille. 


-Oups pardon ! s'excusa James. 


Il reconnut le visage souriant d'un camarade de son année, appartenant à la maison Poufsouffle. 


-Hey ! Michael ! Je ne t'ai pas vu dans le train. 


Le Poufsouffle remit ses lunettes droites, puis fit un sourire franc à son camarade. -C'est normal, j'ai dû passer tout le trajet dans le wagon des Préfets. 


-Des Préfets ? s'étonna James. Mais à Poufsouffle, les Préfets étaient May Xiong et Joe Calhoun, non ? 

-C'est bien ça, admit Michael. Mais j'ai eu une belle surprise cet été. Et il lui montra du doigt l'insigne qui trônait sur sa poitrine. 

-Wouah ! Félicitations ! Préfet-En-Chef, ça alors ! Michael Walker, Préfet-En-Chef, qui l'aurait cru ? 

-C'est ce que mon père m'a dit, avoua Walker avec un grand sourire. 

-Et qui est ton homologue féminin ? demanda James. 


Le visage de Michael Walker s'assombrit. Il fit un signe de tête en direction de la table des Serpentard. 


-Judith Bulstrode, répondit le Préfet-En-Chef d'un air sombre. 

-Oh mince, compatit James écoeuré. 


Judith Bullstrode faisait partie de la bande d'amis de Flint. C'était une fille de haute taille aux cheveux mi-longs et au regard sournois. Elle jouait Batteuse dans l'équipe de Serpentard et sa force et sa hargne étaient sans commune mesure. James ne l'appréciait pas, il savait qu'elle partageait les idées de Flint sur les statuts du sang, mais elle était aussi suffisamment rusée pour bien se faire voir des enseignants. En effet, la jeune fille était toujours en train de minauder en présence des professeurs, de poser des questions dont elle savait déjà les réponses, et ceux-ci l'avaient récompensée en la nommant Préfète En Chef. Michael Walker était quant à lui un Poufsouffle. James appréciait sa fiabilité. Lorsqu'ils étaient en première année, James s'était battu en duel avec Leroy Flint parce que ce dernier avait tenu des propos insultants envers la famille de James. Bien sûr, Neville Londubat, lassé de voir les jeunes gens se disputer, était venu les séparer et il les avait conduits au bureau de Everett. Mais au moment où Neville et les deux jeunes sorciers attendaient devant le Bureau de Everett, un petit garçon de Poufsouffle arriva vers eux en courant. Michael Walker avait observé l'altercation entre les deux et il fit tout pour défendre le comportement de James, y compris quand Everett les autorisa à entrer dans son bureau. James et Flint avaient bel et bien pris une retenue, mais depuis ce jour-là, James, qui avait apprécié la façon dont Walker s'était acharné à le défendre, continuait d'avoir des relations amicales avec lui, se saluant avec ferveur et discutant ça et là au détour d'un couloir. 


-Hey mais attends ! s'exclama James qui venait d'oublier qu'à la base il poursuivait Albus et Rose qui s'éloignaient de plus en plus avec le flot d'élèves de première année. Tu dois sûrement savoir le mot de passe des Gryffondor ? 


-Pour sûr, répondit le Préfet-En-Chef. Pour vous, c'est Corne d'Abondance. 

-Merci Mike ! A la prochaine, et encore félicitations. Le Poufsouffle le remercia sincèrement, puis reprit le cours de son chemin vers l'extérieur de la Grande Salle. 

-C'est bon, annonça James en allant retrouver Scott, Alice, Fred et Roxane. Le mot de passe est Corne d'Abondance. 

-C'est Walker qui te l'a dit ? demanda Roxane d'un air intrigué. 

-Ouais, répondit James. Il a été nommé Préfet-En-Chef. 


Surpris de l'annonce de James, mais content pour le paisible Poufsouffle, les cinq étudiants de septième année montèrent tranquillement jusqu'à la Tour de Gryffondor et lorsqu'ils pénétrèrent dans la salle commune, déjà bondée, ils réussirent à se faufiler au fond de celle-ci sur des fauteuils libres, près des fenêtres. Ils restèrent un moment à discuter, se demandant par quel cours ils commenceraient le lendemain. Bien sûr, ils ne le sauraient qu'au petit déjeuner, lorsque Neville leur aura distribué les emplois du temps. Il était désormais presque minuit lorsque James et Scott entamaient une énième partie de Bataille Explosive. Alice les avait laissés pour aller passer du temps avec Owen Finnigan, à l'opposé de la salle commune, Roxane lisait un roman à l'eau de rose, tandis que Fred essayait d'ensorceler une plume pour que lorsque quelqu'un la prendrait par inadvertance, celle-ci se transforme en oiseau. La soirée avançait paisiblement lorsqu'un bruit sourd se fit entendre. Les quatre adolescents sursautèrent, et à en juger par les quelques bruits autour d'eux, les rares adolescents encore présents dans la Grande Salle avaient été surpris du bruit d'explosion. James avait d'abord cru que c'était une expérience de Fred qui avait mal tourné, mais le bruit venait de l'extérieur, et sûrement d'assez loin. Il regarda par la fenêtre, au loin, il voyait une lumière vive rougeâtre. Le feu embrasait toute la colline voisine de Pré-Au-Lard. Lysander Dragonneau, qui était encore éveillé et était en train de faire connaissance avec ses camarades de première année, s'approcha de la fenêtre. 


-C'est peut-être la foudre, suggéra le petit garçon. 


En effet, c'était sûrement la foudre. C'était certain même. Il fallait voir comme celle-ci s'était abattue près de la gare de Pré-Au-Lard, elle avait sûrement embrasé un arbre sur la colline. 


-Il y a beaucoup de feu, pour seulement de la foudre, remarqua Alice qui s’était elle aussi approchée de la fenêtre. 


C'était vrai, le feu embrasait toute la colline, il semblait s'étendre sur plusieurs hectares. Il fallait l'admettre, ce n'était sûrement pas naturel. James ne voulait pas penser à cette éventualité, il ne pouvait pas admettre qu'il avait vu la silhouette de l'homme en blanc et que celui-ci avait pu semer la panique impunément. C'était impossible. Harry et d'autres Aurors patrouillaient à Pré-Au-Lard, le sbire de Shafiq n'aurait rien pu faire, et si les sbires de Shafiq avaient réussi à vaincre les Aurors ? C'était inconcevable, James ne devait pas penser à ça. Alertés par les cris venant de la salle commune, la quasi-totalité des élèves de Gryffondor descendit de leur dortoir. Rose et Albus rejoignirent le groupe de James à la fenêtre, les deux en pyjama et la mine endormie. Ils affichaient une expression horrifiée.


 -C'est le cimetière de Pré-Au-Lard sur cette colline, expliqua Albus sombrement.


 James se retira de son poste à la fenêtre, et vint s'asseoir dans un fauteuil, la mine déconfite. Alice vint se poster face à lui : 


-Il faut aller alerter les professeurs, lui dit-elle. 


James admit cette éventualité, il s'apprêtait à lui répondre par l'affirmative quand la voix d'un troisième année se fit entendre : 


-Regardez, qu'est-ce que c'est que cette forme argentée ? James se releva et vint voir à la fenêtre. A travers le parc de Poudlard, un cerf argenté galopait vers le château. Il s'éleva un moment dans les airs, et rentra quelque part dans un des étages inférieurs. 


-C'est le Patronus de papa, murmura James, soulagé, à Albus qui se tenait à côté de lui en tenant une Lily toute tremblante dans ses bras. 


Son petit frère semblait s'être posé les mêmes questions mortifères, puisqu'il accueillit avec un soupir de soulagement la remarque de James tout en caressant les cheveux de sa petite sœur. Un rapide instant après que le Patronus ait pénétré à l'intérieur du château, une voix se fit entendre à travers les murs, c'était comme si ces derniers parlaient, comme si la voix résonnait depuis les profondeurs du château, mais la voix du Directeur avait un ton bienveillant, rassurant, malgré la tension engendrée par la situation :

 

 -Attaque suspecte à Pré-Au-Lard, pour des raisons de sécurité, les Directeurs de Maison viendront évacuer les dortoirs, je demande aux préfets de rassembler les élèves de leur maison dans leur salle commune et d'attendre leurs enseignants. La nuit se terminera dans la Grande Salle. Je précise également, qu'il n'y a pour l'instant, aucune victime à déplorer lors de l'attaque. Je vous appelle donc au calme et à la vigilance.

Chapitre XIV. Propagande et jurons by Portus

Le cortège des Gryffondor venait d'arriver dans la Grande Salle, la mine fatiguée et inquiète, chacun murmurant ses questions et théories sur ce qu'il venait d'arriver. Ils étaient menés par leur Directeur, Neville Londubat, et leurs deux Préfets, Rose et Albus. Les Gryffondor étaient les derniers à pénétrer dans la salle au plafond magique, celui-ci affichait un ciel noir, nuageux et sans la moindre étoile. Everett avait fait disparaître les tables de la salle à manger de Poudlard pour les remplacer par de nombreuses rangées d'épais duvets violets portant le symbole de l’école. Autour de la Grande Salle, les silhouettes nacrées des fantômes de Poudlard se dessinaient, Nick Quasi-Sans-Tête descendit vers le groupe des Gryffondor et vint voir si ses premières années n'étaient pas trop choqués par ce qu'il venait d'arriver. Non loin des Gryffondor, le flot des Poufsouffle était mené par leurs Préfets de septième année, May Xiong et Joe Calhoun, celui-ci, lorsqu'il vit entrer les Gryffondor, tapa sur l'épaule d'une jeune fille de sa promotion, en montrant le contingent sang et or à cette étudiante aux cheveux bruns et à l'air paniqué. 


Aussitôt, Nancy Frobisher, le teint pâle, se rua vers le groupe des Gryffondor et vint se blottir dans les bras de son petit ami. 


-Nous ne voyions pas l'incendie depuis notre salle commune, mais j'ai eu si peur en entendant le message d”Everett, s'écria-t-elle. Tu crois que c'est eux ? 


James, qui caressait lentement les cheveux de sa petite amie, la regarda dans les yeux et approuva d'un signe de tête sombre, alors que la jeune fille se blottit de plus belle dans les bras de l'aîné des Potter. Celui-ci observa un instant le fond de la salle, le groupe des Serpentard, menés par leurs préfets, Scorpius Malefoy et Esther Gamp, affichait, lui aussi un air sombre, voire horrifié pour certains, à la grande surprise de James. Un peu à l'écart du contingent vert et argent, Leroy Flint et sa bande discutaient avec animation mais ne semblaient pas arborer quelconque jubilation. Ils étaient même vaguement inquiets à en juger par leurs mines.


L'attention de James revint un instant sur Michael Walker et Judith Bulstrode, les Préfets-En-Chef. Les deux se tenaient à une distance respectable l'un de l'autre pour écouter le Directeur qui était en grande conversation avec Jane Fauntleroy, la directrice des Poufsouffle qui enseignait les potions, ainsi qu'avec Jaime Pritchard et Nasser Hamish, ce dernier enseignait les Enchantements et était Directeur de Serdaigle. Neville fit signe aux Gryffondor de l'attendre en rang à l'entrée de la salle. Et il s'approcha du Directeur, la mine assombrie. Comme ses trois collègues, il écoutait attentivement Quintilius Everett en hochant la tête régulièrement. Puis, dans le dos du contingent rouge et or, les portes de la Grande Salle s'ouvrirent à nouveau, et Harry Potter, accompagné de Hagrid, armé de son arbalète, et de Benjamin Harper, l'air inquiet, fit son entrée. Ils s'approchèrent du Directeur et semblèrent lui apporter de nouveaux éléments, que celui-ci accueillit avec des hochements de la tête et frappa dans ses mains en demandant aux élèves d'approcher. 


-Cette nuit, le cimetière de Pré-Au-Lard a été frappé par des sortilèges de magie noire, annonça celui-ci alors que certains élèves poussaient des cris d'horreur, voire même des sanglots, car, d'après ce qu'avait compris James, des aïeux d'élèves de Poudlard y étaient enterrés, peut-être même était- ce pour cette raison que nombre de Serpentard affichaient, eux aussi, une mine horrifiée. 

-Il n'y a, heureusement, aucune victime à déplorer, continua le Professeur Everett. Même si le fait de s'attaquer aux morts, reste une preuve de sadisme et de perversité immense, nous pouvons d'ores et déjà nous soulager du fait que ni nos Aurors -et il fit un signe de tête grave à Benjamin et Harry-, ni les citoyens de Pré-Au-Lard n'ont été blessés. Pour cette nuit, vous allez dormir dans la Grande Salle, ici, vous serez en sécurité car protégés par nos fantômes et vos enseignants. Il se pourrait que les responsables de l'attaque du cimetière errent toujours dans les parages, et, bien sûr, nous ne voulons pas prendre le risque de les voir vous faire du mal. Une partie des enseignants, et moi-même, allons patrouiller dans le château, je demande aux Préfets-En-Chef et aux enseignants qui resteront dans la Grande Salle de punir tout comportement imprudent avec la plus extrême sévérité. Tâchez de bien dormir, demain, le rythme de vos cours demeurera, pour l'instant, inchangé. 


Les élèves, d'un même mouvement, se mirent à attraper des duvets au sol, certains commencèrent à les déplacer pour se mettre un peu à l'écart de la masse des autres étudiants. James, sa petite amie, ses deux meilleurs amis, son frère et ses cousins de Gryffondor réussirent à trouver un endroit désert, non loin de là où se tenait d'habitude la table des Professeurs. Ils commencèrent à s'installer, quand James sentit une main se poser sur son épaule. Lorsque James se retourna, il vit son père, l'air toujours aussi défait, qui l'observait. 


-J'aurai besoin de te voir une minute, James, annonça celui-ci. 


James suivit donc son père qui le menait à l'extérieur de la Grande Salle, non sans avoir prévenu les fantômes et Auguste Osbourne, le professeur d'Arithmancie, qui était posté à l'entrée. 


-Est-ce que tu as emporté la Carte avec toi ? demanda Harry. 


James se frappa la main contre le front, maudissant sa stupidité de ne pas y avoir pensé. La Carte serait tellement utile pour repérer des intrus. 


-Aucun problème, reprit Harry. Nous irons la chercher ensemble dans la salle commune, d'accord ? 


James acquiesça, et suivit son père à travers le hall, remontant l'escalier de marbre pour se rendre à travers le dédale de couloirs qui les mènerait à la tour de Gryffondor. 


-Ron avait envoyé Ben’ patrouiller dans Pré-Au-Lard, expliqua le chef des Aurors. Je l'ai rejoint après le festin avec Hagrid. La pluie et la foudre nous empêchaient de voir à deux mètres, ni Rosmerta, ni Lacrass, les gérants des pubs de Pré-Au-Lard n'ont vu quelque chose de louche. A vrai dire, on allait repartir quand on a vu la colline du cimetière s'embraser. 

-Vous êtes allés sur place ? demanda James à son père. 

-Oui, mais la magie utilisée était ... Très noire ... Ce genre d'incendie ne peut être contenu que par une dizaine de sorciers. J'ai donc envoyé un Patronus à Urquhart, le chef du Département des Accidents et Catastrophes Magiques. Celui-ci m'a envoyé sa brigade spéciale, ils n'ont toujours pas pu éteindre entièrement le feu. Mais il est contenu. 

-Après l'incendie, est-ce que vous aurez un moyen de trouver des preuves impliquant le groupe de Shafiq ? 

-Hélas, répondit Harry, le procédé utilisé est un Feudeymon. Ce genre de sortilège de magie noire brûle tout sur son passage, y compris la pierre, il ne restera plus grand-chose du cimetière, malheureusement. Donc toute trace laissée par les responsables aura disparu. 

-Mais pourquoi s'attaquer à un cimetière ? 

-Je l'ignore, James. Le cambriolage chez Fortescue, le meurtre de Goyle, le cimetière de Pré-Au-Lard. Je dois admettre que nous ne voyons aucun lien entre tout ça, pour l'instant. 

-Voilà, nous y sommes, annonça James en apercevant le portrait de la Grosse Dame. 

-Hum ... Vous n'en avez pas marre de faire tout ce grabuge en pleine nuit, demanda celle-ci en ouvrant mollement une de ses paupières, mais son visage s'éclaira lorsqu'elle vit le visage de Harry. Monsieur Potter père ! s'exclama-t-elle. Cela fait si longtemps ! Il semble que votre fils a pris la même habitude que vous, sortir la nuit, et ne pas se soucier le moins du monde qu'il troublera mon sommeil pour rentrer. 


Harry salua la Grosse Dame avec animation, en lui demandant des nouvelles de son amie, Violette, puis lorsque James prononça le mot de passe, celle-ci pivota pour les laisser entrer.


 -Ça n'a pas changé d'un poil ! s'exclama Harry en observant la salle d'un air nostalgique. 


Il montra ensuite à James les endroits où lui, Ron et Hermione avaient l'habitude de se réfugier à l'écart des autres, souvent rejoints par Ginny, Neville où les jumeaux Weasley. James monta dans son dortoir, sa malle avait été déposée devant son lit à baldaquins, il fouilla un moment dans ses affaires, puis récupéra le morceau de parchemin vierge qu'il avait placé à l'intérieur de son livre de Défense Contre les Forces du Mal. Sur le chemin du retour, Harry activa la Carte et regardait attentivement les points qui se déplaçaient dans Poudlard, il ne sembla rien trouver d'étrange, les points nommant les élèves étant tous situés dans la Grande Salle, et les enseignants comme Neville Londubat ou Jaime Pritchard patrouillaient dans les couloirs ou surveillaient les passages secrets. Harry raccompagna son fils auprès de ses amis dans la salle au plafond magique. La plupart des élèves dormaient désormais, sous l'œil inquisiteur des fantômes, du professeur d'Arithmancie, de Nasser Hamish et du concierge, Jack Napier, un vieux sorcier à l'aspect miteux. Le père de James prit congé de celui-ci, en lui souhaitant bonne nuit, puis il sortit de la Grande Salle à pas feutrés. 


Lorsque James revint, il constata que ses amis ne dormaient pas, ils l'observèrent tous s'installer dans son duvet, juste à côté de sa petite amie, celle-ci s'enlaça à lui, et les autres, tout en veillant à bien rester couchés, commencèrent à lui chuchoter leurs questions. Il leur expliqua ce que Harry lui avait résumé, que celui-ci avait pris la Carte du Maraudeur pour mieux surveiller l'école, puis il se laissa tomber dans un sommeil paisible, ses bras enlaçant sa petite amie qui s'était endormie en prenant sa poitrine pour un oreiller. ________________________________________________________ 


Scandaleux vandalisme du cimetière de Pré-Au-Lard 


Dans la nuit d'hier à aujourd'hui, alors que la Gazette du Sorcier venait de boucler son édition du jour, Dave Ketteridge, notre correspondant au Ministère de la Magie nous a fait part de cette horrible nouvelle. Le cimetière de Pré-Au-Lard, célèbre pour abriter de nombreuses tombes des plus vieilles familles de sorciers, certaines tombent datant du temps de la fondation de Poudlard, a été rasé par des sortilèges de magie noire. Alors qu'à l'heure où nous bouclons, il nous est impossible d'avoir une idée de ce qui a pu être préservé, les témoins sur places sont d'ores et déjà formels : « Le feu a embrasé la quasi-totalité de la colline, la brigade de mon département (ndlr. Le Département des accidents et catastrophes magiques) est encore en train d'essayer d'éteindre les flammes qu'elle a d'ores et déjà pu contenir. Mais nous ne nous faisons guère d'illusions sur d'hypothétiques tombes pouvant être sauvées. » explique Euan Urquhart, chef du Département de la Justice Magique dépêché sur place. 


Le Ministre de la Magie, Archibald Fawley, profondément choqué par l'événement a tenu une conférence de presse exceptionnelle, tard dans la nuit, depuis son bureau du Ministère : « Nous ne pouvons qu'être scandalisés, dépités, défaits, désolés, et en colère, lorsque nous voyons comment le repos de ces sorciers, très souvent illustres (il cite nombre de ses prédécesseurs au poste de Ministre de la Magie qui étaient enterrés ici), a été bafoué par d'immondes sorciers [...]. La Brigade de Police Magique ainsi que le Bureau des Aurors, auront tous les moyens à leur disposition pour punir avec des sanctions exemplaires, les personnes auteures de ce méfait. » a-t-il détaillé avant de laisser la parole à Iggy Greengrass, responsable de la Justice Magique qui pour sa part a résumé les détails de l'enquête en cours. 


Les premiers suspects dans cette attaque, ayant touché nombre des plus anciennes familles des sorciers, semblent être des membres du Collectif pour la Justice, groupe d'activistes extrémistes, menés par l'ombrageux avocat Justin Finch-Fletchley. Celui-ci, d'après Iggy Greengrass, a été cueilli à son domicile, dans la nuit, par la Brigade de Police Magique et il sera demandé au leader du mouvement de coopérer avec les forces de l'ordre afin de leur donner les identités de ses plus dangereux collaborateurs. Les vieilles familles de sorciers semblent de plus en plus être la cible d'attaques (nous pouvons aussi rappeler le meurtre sordide de Gregory Goyle dans sa masure du Nord de l'Angleterre) par des fanatiques fous, désormais, les sorciers issus de vieilles lignées se font même troubler dans leur dernier repos. Ces événements ne peuvent plus durer, et le Ministère semble vouloir apporter de vraies réponses à ces familles qui se sentent de plus en plus menacées. La Gazette du Sorcier se joint également à la peine des familles sorcières ayant vu la tombe de leurs proches et de leurs ancêtres être barbarement vandalisées par, ce qui semble, n'être que de pauvres activistes politiques ayant pourtant bâti leur réputation en se faisant les chantres de la guerre contre les mages noirs. Une raison pour utiliser les mêmes méthodes que ceux-ci ? 


James replia l'exemplaire de l'édition spéciale de la Gazette du Sorcier que Rose lui avait tendu. Ecoeuré, il but plusieurs grandes gorgées de jus de citrouille avant d'observer ses amis, et Nancy, qui était venue déjeuner à la table des Gryffondor. 


-Du pain béni pour Fawley et Greengrass ! fulmina James. 

-Ils vont tout mettre sur le dos de Finch-Fletchley et assouvir leur pouvoir, cracha Albus d'un ton mauvais. 

-Il est vrai que pour l'instant, seule des familles de sorciers ont été touchées, remarqua Scott. 

-Et tu crois que Marek Shafiq est en fait un défenseur fanatique des Moldus ? demanda Alice d'un ton furieux. James a vu un de ses sbires, il nous l'a dit et répété. Ça ne peut pas être une coïncidence. 

-J'sais pas ... murmura Scott. Il ne faut pas non plus négliger cette partie de l'enquête, non ? suggéra-t-il en lançant une vague expression de défi aux autres. 

-Mon père, annonça Fred Weasley, m'a raconté ce qu'il s'était passé lorsque Voldemort est revenu pour la seconde fois. Le Ministère était peuplé de vieux croûtons qui s'accrochaient à leur place tels des moules à leur rocher. Ils ont lancé une vaste campagne de décrédibilisation sur Dumbledore et Harry qui annonçaient le retour de Voldemort et ses sbires. Ils étaient dans le déni le plus total pendant un an. Pendant que Voldemort recrutait de plus en plus de Mangemorts et préparait minutieusement ses plans à l'abri de toute résistance. Et mon père, comme moi, avons l'impression que Greengrass et Fawley répètent leurs erreurs. 


James observa son cousin d'un air reconnaissant. Scott sembla se formaliser de ce récit, puisqu'il ne daigna pas contrer les arguments de Fred. Ils se contentèrent ensuite de prendre leur petit-déjeuner en silence, celui-ci fut seulement brisé lorsque des connaissances à eux, tels Joe Calhoun, Michael Walker ou Lucy Weasley vinrent les saluer. Tobias Towler, dont les quelques centimètres de peau, que l'on pouvait distinguer derrière ses boutons, étaient écarlates, vint même saluer Alice d'un air gêné. Vers la fin du déjeuner, Neville Londubat s'approcha de la table des Gryffondor, distribuant d'abord leurs emplois du temps aux élèves de première à cinquième année, ce fut plus long pour les élèves en ASPIC puisqu'il devait s'assurer que ceux-ci suivaient bien les matières pour lesquelles ils avaient les BUSE requis. 


-James, donc pour toi, ce sera Botanique, Métamorphose, Enchantements, Potions et Défense Contre les Forces du Mal, résuma Neville. Comme l’année dernière, c'est bien ça ? James acquiesça d'un signe de tête et il vit Neville remplir son emploi du temps des quelques cours que celui-ci allait suivre. 

-Le premier cours de Littérature magique est aussi obligatoire, ajouta-t-il. Il se déroulera mercredi de dix-sept heures à vingt heures, ici même, dans la Grande Salle. 


James regarda son emploi du temps, il devait attendre le lundi d'après pour avoir son premier cours de Défense Contre les Forces du Mal avec Harry. Étant donné qu'Harry ne pouvait que s'absenter une seule journée du bureau des Aurors, il prendrait les élèves en charge pour deux heures, tandis que Everett prendrait les élèves d'ASPIC pour deux autres heures, les mercredis. Cependant, le cours de Everett ne commencerait que le mercredi de la semaine prochaine. Aujourd'hui, mardi, James avait deux heures de Métamorphose, puis ne reprenait les cours qu'en début d'après-midi pour deux heures de botanique. Les sixième et septième années avaient des emplois du temps beaucoup plus allégés, cependant, la quantité de travail personnel demandée par leurs enseignants était considérable. 


-James, reprit Neville. Il faut aussi décider d'une date pour les sélections de Quidditch, pour que je puisse en informer les autres élèves. Il ajouta d'un ton conspirateur : -Hormis Higgins toute l'équipe sera reconduite n'est-ce pas ? J'espère que tu as pensé à trouver un excellent Attrapeur pour lui succéder, je commence à être lassé de voir la coupe trôner sur le bureau du Professeur Hamish. 

-Je compte quand même faire repasser les tests à toute l'équipe, expliqua James. On ne sait jamais, peut-être qu'il y a dans les années inférieures, des joueurs encore meilleurs que l'équipe en place. 

-Très bien, donc comme chaque année, chaque élève peut candidater à n'importe quel poste ? 

-C'est bien ça, Professeur, dit-il en accentuant bien le dernier mot, démontrant qu'il ne cherchait pas la moindre familiarité lorsque l'ami de sa famille était dans le cadre de ses fonctions à Poudlard. 

-Que dis-tu du samedi 6 septembre ? Si j'affiche la date et l'heure ce soir, les élèves auront le temps de se préparer. 

-Très bien, programmez-le pour neuf heures, cela découragera les moins vaillants, conseilla James en souriant. 


Neville acquiesça, et il prit congé de lui, le laissant profiter de son heure libre avant son cours de Métamorphose. Scott et Fred qui suivaient les mêmes cours que James, avaient aussi une heure à tuer, tandis qu'Alice, Roxanne et Nancy avaient un cours d'Etude des Moldus avant leur double cours de Métamorphose. Elles prirent donc congé des trois garçons, et montèrent au troisième étage, où avait lieu leur cours avec le Professeur Melissa Dwight. 


-Qu'allons-nous faire avant la Métamorphose ? demanda Fred. 


Scott haussa la tête en signe d'ignorance, tandis que James observait la table des Serpentard. La bande de Leroy Flint ne semblait plus perturbée par l’attaque de la veille au cimetière. Ils plaisantaient allègrement en sirotant du jus de citrouille. Visiblement, eux non-plus, n'avaient pas cours pour la première heure de la matinée. Ils avaient récupéré leur emploi du temps des mains du Professeur Pritchard, et étaient retournés s'installer à leur table, bien décidés à tuer une partie de leur heure de libre ici. 


-On va s'amuser un peu, annonça James, tout en observant Theophilius Nott. Il n'avait pas oublié le geste obscène que le garçon aux lunettes trop grandes pour son visage lui avait adressé dans le train. 


Suivi de ses deux compères, James se saisit de son sac de cours, et il en tira une fiole contenant un liquide violet étiqueté : Potion de Juron. 


-J'ai acheté ça chez Oncle George, expliqua James. Quelques gouttes dans du jus de citrouille suffisent pour que la personne qui boit ceci ne s'exprime qu'en proférant des insultes. Ça peut être drôle dans un repas de famille, mais on va ruser à la Serpentard. Il est huit heures, dans quinze minutes, comme chaque matin, Napier va venir prendre son déjeuner, et à huit heures trente, il nous jettera dehors pour nettoyer la salle. Voilà donc comment on va procéder. 


James s'approcha de ses deux acolytes, et leur murmura la suite du plan. Ainsi, Fred se leva et sortit à pas précipités de la Grande Salle. Scott et James restèrent postés à s'assurer que les Serpentard continuaient de plaisanter entre eux à leur table. Au bout de quelques minutes, Jack Napier, vêtu d'un pardessus en laine miteux vint s'installer à une extrémité de la table des professeurs et se mit à déjeuner en silence, observant de temps à autre d'un air sombre les élèves encore présents.


-C'est bon Fred, murmura James à l'adresse d'un émetteur d'Oreille à Rallonge sans fil. 


Ce petit gadget génial avait été inventé par son oncle George, inspiré par le récit d'Arthur Weasley et d’Albus sur les technologies Moldues. Fred avait pris un récepteur, et un émetteur, tandis que James et Scott avaient fait de même, pouvant communiquer avec Fred. Conscient de la dangerosité potentielle de son invention, George ne souhaitait pas encore la commercialiser. Son fils lui avait simplement subtilisé deux prototypes avant qu'il ne détruise les autres. 


-Ajouter ceci au jus de citrouille de la table des Serpentard, Monsieur ? demandait la voix d'un elfe étonné, à l’autre bout du gadget.

-Oui, insista Fred. C'est un remontant pour un de mes amis, il est très malade, et il ne veut pas se soigner. Alors on trouve des moyens détournés pour le faire aller mieux. 


James sourit en écoutant le mensonge de son cousin, il semblait que celui-ci avait fonctionné, puisque l'elfe s'engagea à s'exécuter. 


-Ok, murmura la voix de Fred à travers l'Oreille à Rallonge sans fil. 


Les deux amis attendirent quelques secondes que la nouvelle carafe de jus de citrouille fasse son apparition. Aussitôt qu'elle fut posée sur la table, Jens Mulciber, contempla la carafe avec avidité de ses deux grands yeux noirs, assortis à ses cheveux gras en bataille, puis, le Serpentard grand et sec se saisit de la carafe avec avidité et se servit un grand verre de jus de citrouille. 


-Scott, go ! lança James. 


Instantanément, Scott se leva, et s'approcha de Napier, qui terminait son déjeuner. Le concierge, voyant l'un des élèves qui lui causait le plus de tracas, laissa transparaître un air sombre sur son visage ridé. 


-Monsieur, les Serpentard ! s'exclama-t-il. Regardez, ils ont tout un stock de Bombabouses dans leur sac. Je les ai vues, à l'instant ! 


Furieux, le concierge se leva d'un bond. Il détestait les Bombabouses et toutes les autres sortes de produits servant à semer le grabuge dans son école. De sa démarche pesante -l'homme était parcouru de rhumatismes-, il s'avança vers la table des Serpentard. Aussitôt, Mulciber, scandalisé de la délation calomnieuse de Scott se leva pour répliquer. Hélas, l'effet fut tout autre, mieux encore que ce que James avait prévu, car c'était précisément la victime de la Potion de Juron qui allait s'exprimer le premier. 


-F*** d* P***, B*****, C******, V* T* F*... 


Le concierge s'arrêta dans sa course et observa, scandalisé, et furieux le Serpentard qui venait de l'insulter, ce dernier, conscient d'avoir tenu ces mots alors qu'il ne le souhaitait pas, voulut se répandre en excuses, mais bien sûr, celles-ci furent remplacés par d'autres jurons proférés à l'encontre du concierge. Les autres Serpentard étaient scandalisés, apeurés, Judith Bulstrode, la Préfète-En-Chef, se décala de plusieurs places à sa droite, comme pour essayer de montrer qu'elle ne faisait pas partie du groupe d'élèves.


 -MULCIBER ! vociféra Napier. COMMENT OSEZ-VOUS M'INSULTER DE LA SORTE ? MAIS POUR QUI VOUS PRENEZ VOUS ! EVERETT VA ÉCRIRE À VOS PARENTS, ET JE VEUX VOUS VOIR TOUS LES SOIRS VINGT HEURES DANS MON BUREAU. PENDANT UNE SEMAINE VOUS ALLEZ ME RECURER LES BASSINS DE L'INFIRMERIE. 


Fred, qui était revenu en courant des cuisines, observait la scène en se tenant les côtes. James et Scott se hâtèrent de sortir de la Grande Salle, juste avant de sortir, l'aîné des Potter s'assura de vérifier que Napier lui tournait bien le dos, continuant d'exercer ses foudres sur Mulciber qui avait compris qu'il ne devait plus parler. Sûr de ne pas être vu par le concierge, il adressa un geste obscène doublé d'un sourire narquois à Nott et Flint, qui le regardaient d'un air furieux. Les trois Gryffondor coururent jusqu'à leur salle commune, essoufflés du fou rire causé par la vision de la scène. 


-Excellent ! lançait Scott d'un ton tonitruant. Ces Oreilles à Rallonge sans fil vont nous permettre de faire des merveilles. 


Les trois garçons rassemblèrent leurs affaires, et se rendirent au troisième étage, pour attendre le reste de leurs amies qui suivaient leur cours d'Étude des Moldus. Nancy sortit la première de la salle, elle s'empressa d'aller embrasser James, heureuse de voir qu'il l'avait attendue. Roxanne ne tarda pas à la suivre, puis, au grand désespoir de James, Alice sortit, mais elle était accompagnée par un garçon de petite taille à tête de fouine.

 

-Salut, lança celui-ci d'un ton vague aux autres Gryffondor. 

-Finnigan ! salua simplement Scott, tandis que James et Fred ne se contentèrent que d'un bref signe de tête, sous le regard médusé d'Alice. 


Un silence froid régnait entre James et ses deux amis d'un côté, et Finnigan de l'autre. Ils s'observaient, comme s'ils s'attendaient chacun à ce qu'un membre des deux parties fasse un faux pas pour se sauter à la gorge. Tandis qu'Alice, Roxanne et Nancy observaient les garçons qui se jaugeaient du regard d'un air inquiet. 


-Vous n'aviez pas cours ? tenta de demander paisiblement Finnigan. 


Scott répondit par la négative, tandis que James tourna les talons, suivi par Nancy qui lui tenait la main, et à en juger par les pas précipités derrière lui, par Fred Weasley et Scott. 


-Il est gentil, tu sais, fit remarquer Nancy d'un ton conciliant. 

-Puisqu'il est si gentil, tu n'as qu'à traîner avec lui, lança James d'un ton amer. Je suis persuadé qu'avec ses airs de fouine, il vous fera mourir de rire, LUI. 


Nancy observa son petit ami horrifiée par tant d'amertume. 


-J'ai oublié quelque chose à la salle commune, annonça-t-elle d'un ton peu convaincu. On a Métamorphose ensemble, on se rejoint là-bas ? 


Et elle prit congé des trois garçons à pas précipités. 


-Si elle aussi s'y met, je vais finir par devenir fou. Alice m'a dit qu'on devrait s'y mettre progressivement. Progressivement, ce n'est pas rester planté devant moi dès le premier jour de cours. Vous avez vu son air hautain quand il nous a demandé si on n'avait pas cours ? 


Les deux autres garçons approuvèrent d'un ton vague, suffisamment détaché pour que James comprenne qu'il finirait sûrement seul dans son combat contre la présence de Finnigan.

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-T'es trop possessif, James, lui faisait remarquer Roxanne, qui s'était installée à côté de lui au cours de Métamorphose, Scott et Fred s'étant installés ensemble, tandis que Nancy, qui avait contourné la place de James, s'était installée à côté d'Alice qui était sensée garder la place pour Roxanne. 

-Le point positif, c'est que Finnigan est assis comme d'habitude avec Baines, fit remarquer James. 


Mycroft Baines était le cinquième et dernier occupant du dortoir des garçons à Gryffondor. C'était un garçon de haute taille, aux fins cheveux blonds coiffés en brosse. Contrairement à Finnigan, qui était son meilleur ami, Baines était plutôt timide et réservé, mais il saluait toujours poliment James et ses amis, et n'hésitait pas à rire de bon cœur à leurs blagues. Il n'y avait donc aucune animosité entre le groupe de James et lui, et l’aîné des Potter se disait souvent, depuis qu'il avait appris pour Alice et Owen, que si Alice, à sortir avec un garçon de Gryffondor, avait choisi Baines, les choses auraient été plus faciles pour l'intégrer dans le groupe. 


-James, reprit Roxanne sur un ton de reproche. Tu couves tout le monde comme tes petits protégés depuis peu. C'est assez agaçant. Alice m'en a parlé, ça commence à lui taper sur le système. Ce n'est pas parce que tu n'apprécies pas Owen que tu dois nous interdire de le fréquenter. Il a des qualités, et il n'est pas si mauvais que tu ne veux nous le laisser penser. 

-Ce mec est hautain et arrogant, il prend tout le monde de haut. Il ne cesse de se vanter de son père Auror, il est toujours en train de nous rabrouer quand on embête les Serpentard. Ce mec aurait dû être réparti à Poufsouffle. Il n'a aucune utilité dans la vie. 

-Je te rappelle que ta petite amie est à Poufsouffle, persifla Roxanne. 

-Silence au fond ! tonna la voix de Pritchard. 


Le cours d'aujourd'hui portait sur la métamorphose humaine, Pritchard exposait des notes peu intéressantes sur les Animagus. Le Professeur Pritchard était un sorcier dans la trentaine, arborant des cheveux bruns coupés courts, se faisant un peu plus rares sur le haut de son front bombé. Il observait ses élèves de ses deux grands yeux sombres, arborant toujours une expression hautaine, sous son long nez proéminent, on distinguait des lèvres fines qui laissaient souvent découvrir des dents jaunâtres lorsqu'il lançait un sourire narquois, comme il en avait l'habitude. Jaime Pritchard était un enseignant doué. Il ne rechignait jamais à faire travailler ses élèves sur des travaux pratiques, et il exigeait souvent un niveau de travail élevé. Il pourrait être un enseignant sympathique et apprécié de tous, son seul problème, c'est qu'il n'hésitait pas à mettre en compétition ses élèves. En effet, il n'hésitait pas à manipuler ceux-ci, en demandant des travaux de groupes dans lesquels il déterminait lui-même les membres du groupe. Il avait alors pour habitude de classer ensemble des élèves qui avaient de fortes inimitiés. Ainsi, les années où les Gryffondor et Serpentard suivaient ce cours ensemble, James s'était régulièrement retrouvé avec Flint ou un autre Serpentard, voire même avec Finnigan. Pritchard savait que les élèves se déchireraient entre eux durant ces travaux, et il portait son coup de grâce en commentant à haute-voix les travaux, comparant les groupes entre eux, adressant de sévères critiques aux uns, distribuant des bons points aux autres. Il se choisissait régulièrement un élève favori, qui venait avec lui faire des démonstrations au tableau, puis, quelques jours plus tard, quand un autre s'était montré plus digne de son attention, il prenait celui-ci, pour finir par en changer de nouveau. Et pour couronner le tout, Pritchard était le Directeur des Serpentard, et celui-ci n'hésitait pas à leur octroyer un peu plus d'avantages qu'aux élèves des autres maisons. 


-Après tout, reprit Roxanne. Alice a fait des efforts pour intégrer Nancy. Elle n'a pas fait autant de caprices, elle savait que cela te ferait plaisir si elle faisait un effort pour aller vers ta petite amie. Et maintenant, elles s'entendent plutôt bien. 

-Je déteste Finnigan, répéta James pour la énième fois. Il n'y a rien à faire, je serai toujours grincheux quand on m'imposera sa présence. 

-Alice n'appréciait pas Nancy non plus au début, maintenant, elles s'entendent bien.

 -Alice détestait Nancy ? demanda James surpris. 

-Elle lui réservait le même jugement qu'à Catchlove. Fille superficielle, sans intérêt et stupide, résuma Roxanne. Finalement, elle a bien fait de creuser un peu, non ?


James hochait lentement la tête, il observa Anita Catchlove, celle-ci était assise non loin d'eux, en compagnie d'une de ses amies glousseuses. Son prénom était Jessica, si James se souvenait bien. Elle aussi était amie avec Nancy avant qu'elle ne sorte avec James. Et comme toutes les filles Poufsouffle de leur année, James ne l'appréciait guère, tant celle-ci était toujours en train de montrer l'étendue de sa stupidité. 


-Je ne creuserai rien avec Finnigan, annonça James d'un ton ferme. 

-Mr Potter, mon cours ne vous intéresse peut-être pas ? Peut-être devrais-je aller vous commander un thé et des biscuits en cuisine pour que celui-ci vous paraisse plus agréable ? 


Finnigan, ainsi que Catchlove et Jessica se mirent à rire de façon frénétique. Michael Walker, qui se tenait au premier rang aux côtés de Joe Calhoun, jeta un regard perçant à ses camarades de Poufsouffle, et celles-ci se renfrognèrent instantanément. Alice ne fit rien pour calmer Finnigan. Elle était deux tables à côté, elle l'observa simplement rire de la remarque que Pritchard avait faite à James, mais ne lui fit aucun signe d'arrêter. Ce qui énerva James. En temps normal, sa meilleure amie prenait toujours sa défense.


-Pouvez-vous me rappeler, Potter, reprit Pritchard d'un ton cassant, ce que j'étais en train d'expliquer sur la différence entre un sorcier dit Animagus, et un autre qui se métamorphose en animal grâce à un simple sort de Transfiguration ? 


-Euh … Qu'un Animagus, c'est toujours le même animal, que le sorcier l’a choisi, et un sorcier qui se jette un sort peut changer l'animal à chaque coup, tenta James en essayant de se remémorer des quelques bribes qu'il avait entendues et en se fiant à l’exemple de Teddy Lupin qui était un Animagus loup. Probablement en hommage à son père. 

-Dix points de moins pour Gryffondor, Potter. Et pour votre gouverne, j'expliquais qu'un sorcier qui devenait Animagus résultait d'un long travail, obligatoirement encadré par le Ministère de la Magie. Non, le sorcier ne choisit pas l'animal en lequel il se transformera, sa forme dépend de nombreux facteurs, et on peut dans la plupart des cas relier celle-ci à celle de son Patronus. Le sorcier se transforme donc de sa propre volonté en cet animal, et garde sa conscience intacte. Tandis que lors d'une métamorphose ponctuelle, exercée à l'aide d'une baguette magique, le sorcier perd une part non négligeable de son entendement humain. Il devient presque complètement animal, dans sa façon d'être et surtout de faire. J’allais justement aborder l’exemple de la légende autour des Quintaped …


James hocha la tête pour montrer qu'il avait compris, puis il écouta la suite du cours sans essayer de se faire remarquer, ne voulant pas faire perdre plus de points à sa maison pour si peu.

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-Non mais vous avez vu ? Finnigan s’est fichu de moi quand Pritchard m’a pris à parti ! fulminait James, tandis que Nancy et Roxanne levaient les yeux au ciel et que Scott et Fred haussaient les épaules d’un air absent.


Ils étaient en train de prendre l’air au bord du lac avant d’aller dîner et retourner dans leur salle commune. Alice, exaspérée par l’air bougon de James avait décidé d’aller dîner avec Finnigan, justement.


-Il faut admettre que quand il t’a proposé de te servir du thé avec des biscuits, la pique était assez drôle … tenta Fred.


Mais la façon dont James le fusilla du regard lui ôta toute tentative de plaisanter de cet évènement. Et il laissa James continuer dans ses diatribes.


-Alice ne m’a même pas défendu ! Il s’est fichu de moi, et elle l’a regardé ricaner comme si de rien n’était ! Et ça se dit ma meilleure amie ? Jamais de la vie je n’aurais laissé Nancy …

-Jamais de la vie tu n’aurais laissé quoi ? coupa soudain Nancy.

-Jamais je n’aurais permis que tu te moques d’un de mes amis, répéta James.

-Bon sang, mais c’est quoi ces principes, James ? TU devrais décider de quand est-ce que je ris ? Mais on vit où là ?


Mais James n’eut pas le temps de répliquer, Roxanne s’était jointe aux protestations de Nancy, tandis que Fred et Scott observaient la situation d’un air penaud.


-Je rêve, vraiment ! fulminait Nancy. Tu sais quoi, James ? Je vais me coucher. Fais-moi signe quand tu auras mûri. Tu as pourri l’après-midi de tout le monde avec tes gamineries.


James était furieux, il aurait voulu crier à Nancy que c’était plus par principe qu’autre chose. Elle qui était si fidèle aux valeurs de sa maison devrait comprendre que le problème qu’exposait James était un problème de loyauté. Il aurait voulu lui courir après. Lui réexpliquer de nouveau, mais Roxanne lui posa sa main sur l’épaule. Et sa cousine, d’une voix dure, lui dit : 


-Tu es ridicule, James … Elle a raison, tu dois te calmer.

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Combien de temps Andy avait dormi ? Il l’ignorait. Aux relents habituels de Whisky Pur-Feu, il remarqua qu’il s’était ajouté dans son studio miteux une odeur de brûlé. Peut-être devrait-il aérer la seule pièce de sa demeure ? Cela ne ferait pas de mal. Et puis, Andy sentait qu'il allait mieux. Beaucoup mieux même. Non pas qu’Elle soit revenue, mais il ne saurait en expliquer la raison, il se propageait désormais en lui un doux sentiment d’euphorie. Plus encore que quand il enchaînait les larcins sur le Chemin de Traverse bondé. Andy se sentait revigoré, paré à assumer toutes ses erreurs passées et à les réparer. Il avait envie de ressortir, de prendre du bon temps pour lui, d’aller entretenir cette barbe et ces cheveux pour paraître plus présentable. Andy ne doutait pas qu’il aurait même de plus grands projets. Toujours saisi par l’odeur de brûlé, Andy vérifia s’ils n’avaient pas laissé une chandelle allumée lors de leur soirée de la veille. Mais il ne trouva qu’un badge du “Collectif pour la Justice”, le parti politique qu’Elle affectionnait. Mais ce n’était pas à Elle. Elle n’avait pas souhaité adhérer à quelconque parti, de par son travail au Ministère, et Andy n’avait jamais particulièrement apprécié les politiciens. Il se recentra donc sur ses projets.


Il acta qu’aujourd’hui, avec tout l’or qu’il avait accumulé de ses larcins, il filerait s’acheter une robe ouvragée dans un magasin à la mode de l’Allée des Embrumes. Vêtu de celle-ci, il foncerait au Ministère de la Magie, et il lui hurlerait tout son amour. Il savait où elle était. Elle occupait le bureau adjacent à celui de la célèbre Hermione Granger. Ce ne serait pas difficile à trouver !


Andy, toujours euphorique, ouvrit ses volets, pour la première fois depuis deux mois, d’un simple coup de baguette magique. Il inspira une bouffée d’air frais, et à en juger par la position du soleil. Il n’était pas plus de midi, il aurait donc tout le temps d’aller faire ses emplettes. Il  en profitera pour emprunter quelques piécettes à des passants distraits, puis, il pourra rentrer à temps pour attendre la visite de son nouvel ami.

 

Il se jura de demander à l’Egyptien ce qu’il avait bien pu faire pour que Andy se sente revigoré de la sorte. Juste de l’écoute, sans doute. L’homme avait saisi toute la détresse d’Andy, l’ancien joueur de Quidditch, l’ancien amoureux transi de la plus belle élève de Poudlard. L’Egyptien l’avait pris sous son aile, et depuis, chaque soir, il venait le visiter, les bras chargés de Whisky Pur-Feu. Et tout s’embrumait pour Andy, tandis qu’il expliquait à son nouvel ami, ses problèmes au rythme des shots de Whisky. Il finissait par se laisser saisir par la boisson, et lorsqu’il se réveillait avec la gueule de bois, l’Egyptien s’était retiré, et renouvelait sa visite au crépuscule. Et le même processus recommençait chaque soir, depuis qu’il l’avait rencontré sur la fin du mois d’août. Ce soir, Andy cesserait de se morfondre, il lui parlerait de ses projets, sans doute lui dirait-il qu’il compte bien aller au Ministère pour reconquérir sa dulcinée. Mais avant ça, il fallait que son ami lui raconte leur soirée d’hier. Comment diable Andy avait-il pu se procurer le badge d’un parti politique au cours de la nuit ?

Chapitre XV. Hamish, Zeller et la furie by Portus

-Les ASPIC, comme on a souvent dû vous le répéter, représentent l'aboutissement, la conclusion de vos sept années d'études ici. Ils représentent un tournant très important dans la vie de chaque sorcier, puisque seuls les résultats à ces examens permettent de déterminer la profession que vous pourrez exercer. 


Le Professeur Hamish passait dans les rangs tout en déblatérant sa propre version du redondant discours de début d'année sur les ASPIC. Pritchard et Neville, les deux seuls enseignants que James avait eus pour l'instant, avaient eux aussi commencé leur classe par une longue tirade sur les ASPIC. 


-Cette année, reprit Hamish, sa moustache blanche frémissante, le cours d'Enchantement prendra une toute autre dimension. Durant six années, je vous ai formé aux types de magie, les plus, je dirais, communs. Vous avez appris des sortilèges, très « occidentaux » et très « contemporains ». Vous n'êtes pas sans savoir, qu'il existe de multiples formes de magie, suivant les époques, les coutumes, les cultures, vous trouverez de nombreuses formes de magie différentes. Nous pouvons citer l'art vaudou, très répandu en Afrique noire, et qui s'est exporté dans les Amériques. Il y a aussi le chamanisme, présent dans les cultures tribales d'Europe de l'Est, d'Asie et chez les tribus amérindiennes. Dans notre pratique de la magie, nous sommes également différents des autres cultures. Tout le monde n'utilise pas des baguettes comme catalyseur de magie, la magie peut également se canaliser, se contrôler et se mesurer au travers de grimoires ou de bâtons par exemple, voire même, du simple esprit. Si vous êtes encore dans cette classe, c'est parce que j'estime que vous avez le niveau requis pour vous pencher vers d'autres cultures. Et, j'estime aussi, que des sorciers préparant un ASPIC en Sortilèges, doivent avoir une connaissance approfondie des autres formes de magie. 


Le professeur Hamish était le Directeur des Serdaigle. C'est d'ailleurs avec ces derniers que les Gryffondor suivaient ce cours. Ce brillant sorcier était d'origine iranienne. Ses parents ont émigré vers l'Angleterre au début des années soixante, période durant laquelle Nasser Hamish a suivi ses trois dernières années d'étude à Poudlard. Suite à l'obtention, avec de brillants résultats, de ses ASPIC, le sorcier érudit avait voyagé aux quatre coins du monde, expérimentant la magie sous toutes ses formes, il savait donc de quoi il parlait lorsqu'il évoquait le chamanisme ou le vaudouisme. Il observa un instant les visages de ses élèves. La plupart avaient commencé à l'écouter avec plus d'attention lorsqu'il parla de nouvelles formes de magie, très intéressés par le futur contenu des cours. En fait, ceux-ci avaient toujours été intéressants, le Professeur Hamish était un aimable sorcier, très favorable aux travaux pratiques, et toujours de bon conseil pour aider à réussir les sortilèges que celui-ci demandait. Il agrémentait souvent ses cours théoriques d'anecdotes sur ses voyages, rendant les parties de cours plus magistrales, beaucoup plus agréables à suivre. 


-Aujourd'hui, nous allons nous pencher vers le chamanisme. Quelqu'un a une idée de ce qu'est le chamanisme ? interrogea Hamish. 


Les élèves se regardaient entre eux, tous semblaient avoir une vague idée du concept, mais rien d'assez consistant pour en donner une définition précise. Seule Lucy Weasley, assise au premier rang en compagnie de Tobias Towler, leva la main. 


-Oui, Miss Weasley ? 

-Le Chamanisme est la magie via les esprits. Le sorcier pratiquant le chamanisme se nourrit des quatre éléments, ainsi que de la force des esprits errant dans son environnement, pour exercer sa magie. Le chamanisme peut se pratiquer sans baguette, la méditation étant le principal moteur des sorts chamaniques. 

-Excellent Miss Weasley, j'accorde Cinq Points à la Maison Serdaigle, rugit Hamish de sa voix grave. 


Hamish reprit alors en présentant les principes du chamanisme, il raconta comment, lors d'un de ses séjours en Sibérie, le chaman de la tribu par laquelle il était hébergé, avait réussi à stopper une tempête de neige, tout en restant assis sur le sol, devant sa yourte. 


-C'est une forme de magie redoutable et spectaculaire, expliqua Hamish. Les initiés mettent plusieurs années, souvent même, des dizaines, pour réussir ce genre d'actes de haut vol. Ainsi, je n'ai pas la prétention de vous apprendre en un an à interagir avec votre environnement tel un sorcier ayant consacré sa vie au chamanisme. Pour commencer, je vous demande de venir chercher sur mon bureau un livre pour deux -il indiqua une pile de livres poussiéreux-, il s'agit d'un manuel écrit par le regretté Elphias Doge intitulé : Guide du voyageur, ou comment s'adapter aux autres cultures magiques. 


Alice se leva la première pour aller chercher le livre. Elle et James étaient assis côte à côte lors de ce cours de Sortilège. Depuis la veille, Nancy s'était soigneusement employée à éviter James. Parce que James, sur le coup de sa colère d'être tombé face à un Finnigan détendu tentant de lier la conversation, avait sèchement rembarré sa petite amie. Alice, qui dans un premier temps s'était décidée à lui tenir rigueur de son comportement désobligeant envers le Gryffondor à tête de fouine, avait décidé de faire fi de sa fierté pour venir s'installer aux côtés de l'adolescent bougon. Scott ne supportant plus le caractère de cochon de son meilleur ami, semblait avoir demandé à Alice de récupérer le fardeau. La jeune fille blonde posa d'un coup sec le livre sur la table. La couverture de celui-ci représentait un vieux sorcier vêtu d'un fez mangé aux mites. 


-Tu sais ce que c'est ton problème, James ? demanda Alice, après avoir regardé James en hésitant, tandis que celui-ci répondait par la négative. 

-Tu es trop routinier. Tout devrait être comme tu le voudrais dans ton petit cercle sacré. Chaque chose à sa place, et pas de place pour une nouvelle chose. J'ai l'impression que tu as peur qu'Owen te vole ta place dans le groupe, qu'il vienne la contester et qu’il brise ta routine. 

-Lui ? Prendre ma place, encore devrait-il en avoir les épaules ! s'exclama James, lassé d'entendre les mêmes discours moralisateurs de la part de ses amis. 

-Tu connais Owen ? coupa sèchement Alice. 

-C'est un crétin, répondit simplement James. S'il avait vu ce que j'avais fait aux Serpentard hier, il serait sûrement allé me dénoncer à ton père. 

-Hein ? Aux Serpentard ? questionna Alice interloquée.


James, en effet, n'avait pas raconté à Alice leur petite blague de la veille. Celle-ci ayant passé le reste de la journée à fuir James et à rester avec son petit ami. Ils furent coupés par le Professeur Hamish qui demanda aux élèves de s'attarder sur le premier chapitre. Celui-ci reprenait une brève présentation de la culture chamanique et expliquait avec illustrations et conseils, comment il était possible de moduler les éléments autour de soi. Le Professeur Hamish fit apparaître un minuscule nuage devant chaque groupe, et en se concentrant sur la forme du nuage, tout d'abord, en utilisant la baguette, les élèves devaient en changer la consistance, pour ceci, ils devaient répéter inlassablement le mot « molniya », afin de faire jaillir la foudre du nuage. 


-Vous devez aiguiser votre esprit, expliqua Hamish. L'objectif, n'étant pas de vous donner le pouvoir de contrôler les éléments, qui plus est, ce pouvoir demeure comme étant l'une des branches les plus nébuleuses de la magie, l'objectif est, ni plus ni moins, que de faire en sorte que votre esprit soit conscient des forces autour de vous et vous aide à vous en imprégner. Le mot « molniya » veut simplement dire "foudre”, en russe. Il pourrait être remplacé par un tout autre mot, pourvu que celui-ci soit répété inlassablement, à voix haute, où dans votre tête, pour qui est à l'aise avec les Informulés. Ce simple mot, permet de cibler votre esprit sur une chose précise, de le programmer pour entendre la respiration de toute chose. Les sorciers indiens, utilisent beaucoup ce procédé sous le nom de « mantra ». 


Légèrement sceptique, James tentait de se concentrer, mais les coups de coude que lui donnaient Alice l'empêchèrent de réellement se fixer sur la forme de son nuage et sur son mantra, pour ensuite faire tomber la foudre du nuage. Il expliqua donc à son amie, comment celui-ci avait fait obtenir une semaine de retenue à Jens Mulciber, et Alice, à la fin du récit de son ami, était hilare. James put ainsi tenter de se concentrer, quand il fut interrompu par un « BANG » sonore venant du premier rang. Sa cousine, Lucy, venait de réussir à faire tomber la foudre, sous le regard étonné de leur enseignant, qui octroya dix nouveaux points à Serdaigle, en priant les élèves de ne pas crier au favoritisme, mais de reconnaître le mérite de la jeune Serdaigle. Tandis qu'Alice reprenait son air sérieux pour revenir à la charge sur le sujet Finnigan : 


-C'est quand même dingue, tu en veux encore à Owen pour t'avoir dénoncé pour les œufs de crapauds. James, c'était en première année, et cette blague était particulièrement nauséabonde ! 

-Un Gryffondor ne dénonce jamais un autre Gryffondor, conclut James d'un ton ferme. 


Mais ce n'était pas la seule raison qui le poussait à rejeter autant Finnigan. Ses excuses commençaient à sonner faux, il le sentait de plus en plus. Nancy et Alice le ressentaient, cela se voyait. Si Finnigan était sorti avec Roxanne Weasley, James n'aurait peut-être pas fait autant de manières, peut-être même se serait-il accommodé de sa présence. Le problème, il l'avait compris depuis la nuit dernière, nuit où il avait très peu dormi (justement troublé par les ronflements du garçon à la tête de fouine). James aimait ses amis. De la même manière qu’il aimait sa famille. Il avait toujours tout donné pour eux, il adorait plus que tout se retrouver en leur compagnie. Alice, Scott et lui étaient sur la même longueur d'ondes. Ils aimaient les mêmes musiques, la même nourriture, le même sport : le Quidditch, ils détestaient les Serpentard intolérants, l’injustice et voir leurs proches tristes. Les trois formaient un tout. Et dans ce tout, Alice avait une place importante aux yeux de James. Lorsque dans leur enfance, Harry partait pour de longues missions, lorsqu'il en avait encore, c'était Alice, la seule à pouvoir rentrer dans la chambre où il se terrait pour pouvoir réconforter son meilleur ami, lorsque James subissait une défaite au Quidditch, c'est aussi Alice qui l'attendait à la sortie des vestiaires, alors qu'il sortait des heures après tout le monde. Alice était son pilier, le roc sur lequel il pouvait s'appuyer. Elle ne le jugeait jamais. En temps normal, elle le défendait toujours. Lorsque Flint se mettait en travers de son chemin, Alice se tenait aux côtés de James, lorsqu'un enseignant rabrouait James, Alice faisait diversion en faisant une autre bêtise à côté pour que l'on finisse par oublier James. Alors, c'était sûrement égoïste, horriblement égoïste même, mais James ne voulait pas voir Alice se partager entre lui et un individu quelconque. Il pensait que la jeune et jolie fille prendrait son envol bien après leur septième année. Quand James et elle ne se verraient plus que quelques fois dans l'année, autour de dîners où, avec Scott, ils raconteraient avec nostalgie à leurs enfants leurs années à Poudlard. Mais pour l'instant, James avait besoin d'Alice. D'une Alice toujours avec lui, à temps complet, entièrement dévouée, même s'il n'appréciait pas ce mot, à son ami. En ces temps troublés, il avait besoin de son soutien. Et la voir se partager entre lui et Finnigan demeurait une abjection. Car James avait aussi beaucoup réfléchi aux évènements récents. Le cambriolage chez Fortescue, la mort de Goyle, l'attaque du cimetière. Il avait beau chercher, mais il ne trouvait aucune logique, aucun lien entre ces attaques. Comme si les sbires de Shafiq frappaient n'importe où, sans réellement avoir d'objectifs précis en tête, hormis celui de semer le chaos. Or, si chaos il y avait, James voulait qu’Alice soit à ses côtés pour l’affronter. Elle était plus forte que lui. Et sans elle, James savait que lui et Scott n’iraient pas bien loin. 


 Et James, perdu dans ses pensées, continuait d’observer sa meilleure amie. Celle-ci faisait une moue dépitée depuis la dernière phrase de James, pendant qu'au premier rang, Hamish s'extasiait sur Lucy Weasley qui venait désormais de réussir à faire tomber de la neige de son nuage. Malheureusement, elle fut bien la seule à réussir à tirer quelque chose de son nuage, et après leur avoir enseigné comment faire apparaître le petit nuage blanc, le professeur Hamish demanda à tous les autres élèves de répéter l'exercice, en faisant bien en sorte de verrouiller leur esprit uniquement sur le nuage. ____________________________________________________ 


-Maintenant, tu n'as pas d'autre choix que de lui présenter tes excuses, ordonna Alice. 


Celle-ci était restée avec James, redevenant l'Alice rieuse qu'il appréciait tant. Ils allèrent rendre visite à Hagrid, et y passèrent une bonne partie de l'après-midi. Scott, en vue des sélections de Quidditch avait décidé d'aller s'entraîner, en compagnie de Fred Weasley qui jouait Poursuiveur aux côtés de son cousin. Les Gryffondor avaient leur après-midi de libre. Ils étaient supposés avoir cours de Défense Contre les Forces du Mal avec Everett, mais ceux-ci ne commenceraient que le mercredi suivant. D'après Hagrid, le Directeur de Poudlard ne ferait que surveiller les élèves, qui seraient en quasi-autonomie pour appliquer les techniques enseignées par Harry Potter. Alice et James s'étaient ensuite rendus dans le hall, attendant devant la Grande Salle le cours de Littérature Magique, commun à tous les élèves de l'école, du jamais vu depuis que James était à Poudlard. D'un air sournois, peu avant d'entrer en cours, Alice avait fait un signe de la main à la petite amie de James, qui arrivait de son cours d'Arithmancie en compagnie de Michael Walker. Celle-ci s'était approchée de James, l'air maussade, tandis qu'Alice prenait congé du couple et allait rejoindre Roxanne Weasley, Jodie Stone et Olivia Harrison, les autres occupantes du dortoir des septièmes années de Gryffondor. 


-Tu étais fâchée ? demanda James à voix basse, en caressant les cheveux de sa petite amie qui fuyait son regard. 


Celle-ci hochait la tête, toujours en évitant de le regarder. James releva alors son menton avec son index, il vit que ses yeux sombres étaient rougis, ses pommettes, obstruées par des cernes. Il n'était pas le seul à avoir mal dormi. 


-Je suis désolé, de t'avoir rembarrée hier, s'excusa James. 


La jeune fille, des larmes commençant à perler sur son visage, observa son petit ami, en hochant la tête en signe de négation et en reniflant bruyamment. 


-Il n'y a pas que ça, James, et tu le sais ! s'exclama Nancy, la voix tremblante. Il y a des moments où j'ai l'impression que je n'existe pas. Que tu n'as d'yeux que pour Scott et ... elle ... 

-Je suis désolé, répéta James. Désolé d'être si stupide, désolé de ne pas réaliser la chance que j'ai d'être avec toi, Nancy. 

-Tu dis toujours ça, toujours, tout au long de l'été, tu me le répétais, quand tu as oublié de me prévenir qu'ils venaient, quand tu fumais avec elle, tout en étant entrelacé avec. Quand on était dans ce pub Moldu, pendant que tu dansais avec elle et que moi, je me faisais draguer par un Moldu à l'air louche …


C'était donc ça ! Nancy ne voyait pas d'un bon œil la proximité entre James et Alice. Le garçon avait une furieuse envie d'éclater de rire. Ce n'était que ça, Nancy ne pouvait pas comprendre. Mais elle finirait par comprendre, quand James lui montrerait les photos de son enfance, où Alice est omniprésente. La jeune fille avait quasiment grandi avec James, après tout. Mais le sourire de soulagement que réprima James fut visiblement mal interprété par la jeune fille qui se renfrogna encore plus. 


-Nancy, on était ivres au pub, je ne me souviens même plus de la soirée ! Et Alice et moi, c'est comme Roxanne et moi, ou Rose et moi. On se connait depuis toujours, nos parents sont amis ! C'est normal que l'on soit très proches. 

-Tu m'as ignorée, James. Et voilà que maintenant, tu me rembarres parce que tu es contrarié à cause de ce Finnigan. Comment puis-je te faire confiance avec tout ça ? demandait Nancy, la voix rendue suraiguë par l'émotion. 


Tandis qu’elle essuyait ses larmes, James adressait des sourires gênés à la foule qui commençait à se masser à l’entrée de la Grande Salle et ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d'œil curieux au couple.


-J'ai délaissé mes amis, reprit Nancy, plus durement. Quand nous nous sommes mis ensemble, May, Jessica et Anita m'ont craché au visage. Toi, tu as simplement continué à me traîner comme la cinquième roue du carrosse de ton cercle privé. 


James comprit avec horreur. Lorsque le lendemain de leur soirée au pub, Nancy semblait stressée et crispée, c'était faux. Ce n’était pas que la perspective de rencontrer ses grands-parents et une grande partie de la famille. Elle était énervée après James. Lui, qui avait bu plus que de raison, lui qui ne se souvenait plus de sa soirée, avait contrarié sa petite amie. Toutes ces autres fois, où James l'avait ignorée, pour aller discuter Quidditch avec Scott, par exemple, la jeune fille n'avait dit mot. Elle avait tout gardé en elle, elle avait voulu faire abstraction de ces détails qui paraissaient légers, mais ceux-ci avaient finis par s'accumuler, et la jeune fille était en train de s'apercevoir que dans sa relation avec le populaire Gryffondor, elle était en train d'y perdre plus qu'elle n’y gagnait. Alors, James, n'ayant que faire des autres élèves qui attendaient le cours, enlaça sa petite amie, lui chuchotant à l'oreille qu'elle n'était pas la cinquième roue du carrosse. Qu'il se maudissait de s'emporter et d'en venir à l'ignorer. La jeune fille resta là, sans broncher, mais ne fit aucun geste pour montrer qu'elle voulait oublier la dispute. Lorsqu'ils rentrèrent dans la Grande Salle, celle-ci avait été aménagée en amphithéâtre donnant sur l'estrade de la table des professeurs. Rosemary Zeller, la jeune trentenaire était coiffée d'une toque de diplômée et tenait un épais grimoire ancestral sous son bras. James s'empressa d'attirer Nancy vers le fond de l'amphithéâtre, avançant à travers le flot des élèves, ils s'assirent au fond de la salle, rapidement rejoints, à la grande surprise de James, par Lucy Weasley. 


-Lu' ? Toi au dernier rang ? demanda James stupéfait. 


Celle-ci s'installa simplement de l'autre côté de son cousin, un vague air tendu sur son visage.

 

-C'est dommage de voir que des gens s'aiment, mais persistent à s'entredéchirer, remarqua la Weasley lunaire, après avoir détaillé les visages tendus de ses voisins de classe. 


Encore une fois, Lucy Weasley faisait preuve de son talent pour détailler, haut et fort, sans se soucier du regard interloqué de ses interlocuteurs, de sordides vérités. Mais cette fois-ci, ce n'était pas gênant d'entendre la cousine de James faire part de ses déductions. Au contraire, cela permettait aux deux tourtereaux de voir les choses telles qu'elles étaient. Ils s'aimaient, enfin James n’en était pas sûr jusqu’ici, mais si Lucy l’affirmait, c’est que c’était sûrement vrai … Alors pourquoi se déchirer ? Et c'est ce que la petite amie de James semblait penser également, puisqu'elle arrêta d'arborer son air triste et se remit même à le gratifier de son éclatant sourire.


Au même moment, le Professeur Zeller pointa sa baguette sur sa gorge, et de sa voix magiquement amplifiée qui résonnait sous le plafond magique affichant un ciel crépusculaire aux teintes mauves, elle présenta son cours ainsi que son programme. 


-Bonjour à toutes et à tous, je sais que ce n’est pas commun d’être réunis dans cette salle, dans de telles dispositions, mais le Professeur Everett, et moi-même, avons trouvé cette idée particulièrement intéressante pour introduire une toute nouvelle matière à Poudlard : La Littérature Magique. Vous avez tous, au moins jusqu’en cinquième année, bénéficié des enseignements du Professeur Binns sur l’Histoire de la Magie …

-Tu parles, marmonna James. Il a surtout surveillé nos siestes, ce …


Mais il s’interrompit en voyant le regard désapprobateur que lui jetait sa cousine Lucy à travers ses lunettes. James nota cependant que la Weasley lunaire, d’ordinaire si calme, tapait frénétiquement du pied sous la table.


-... Mais l’Histoire de la Magie repose sur des faits. Elle vous expose des évènements, souvent sanglants d’ailleurs, sans trop se pencher sur la vie quotidienne des sorciers de l’ancien temps, leurs us, leurs coutumes … Or, quoi de mieux qu’une œuvre littéraire pour en apprendre plus sur la vie des sorciers d’autrefois ? Ce sera là l’objectif de cette première année d’enseignement. Et je vais vous en montrer un exemple immédiatement. Qui parmi vous, connaît les Contes de Beedle le Barde ?


De nombreuses mains se levèrent dans l’assistance.


-Bien, reprit le Professeur Zeller. Est-ce que l’un d’entre-vous peut me faire un résumé du conte : “Le Sorcier et la Marmite Sauteuse” ?


Une vingtaine de mains restèrent levées, dont celle de Lucy Weasley. Mais c’est Rose Weasley, située au premier rang qui fut interrogée par l’enseignante. Au grand dam de Lucy.


-Un sorcier généreux, qui appréciait la compagnie des Moldus, avait pour habitude d’aider tous ses voisins Moldus avec l’aide de la magie. Lorsqu’il décéda, son fils, plus fermé d’esprit que lui, hérita de l’objet qui l’aidait à résoudre les problèmes de son voisinage : une marmite sauteuse …

-Cela me suffira, Mrs Weasley, Cinq points pour Gryffondor, remercia le Professeur Zeller. Rien qu’avec cette rapide introduction, nous pouvons déduire plusieurs choses sur les sorciers du Moyen Age. La première, c’est qu’il existait déjà des préjugés, pro et anti-Moldus, la deuxième, et la plus importante, c’est que des sorciers utilisaient la magie devant les Moldus. Ce qui est logique, puisque le Code du Secret n’était pas encore à l’état de projet. Nous irons donc creuser dans les classiques de la culture sorcière, pour essayer d’établir ce que pouvait être la vie d’un sorcier aux époques des textes étudiés. Et nous commencerons nos études jusqu’à un peu après les vacances de Noël, par des ensembles d’écrits concernant le plus illustre des sorciers : Merlin, bien sûr ! Grâce aux textes écrits par les auteurs du monde sorcier, et en mettant en balance ces écrits avec certains recueils Moldus, nous essaierons de reconstituer le parcours et la vie de celui qui fut, tout comme vous, assis sur les bancs de Poudlard.


-Ça va être super intéressant ! s'exclama Nancy en lui jetant un coup d'œil appuyé.

-Ce sera sans moi, annonça James. Les profs nous ont déjà inondés de travail, et le Quidditch n'a même pas commencé. Je ne m'en sortirai pas. 

-Mais si ! insista la Poufsouffle. J'ai toujours aimé lire, et ce doit être passionnant de décortiquer le vrai du faux dans les textes qu'elle nous présentera. J'ai hâte d'en savoir plus à propos des écrits sur Merlin, pas toi, Lucy ? 


A la question de la petite amie de son cousin, Lucy Weasley ne réagit pas immédiatement, toujours en train de tapoter du pied sous la table, elle observait d’un regard vitreux et absent l’enseignante de littérature. Alors que James aurait pensé que la Weasley lunaire érupterait de joie. La littérature médiévale était l’une de ses grandes passions. Elle s’était justement procuré un énorme livre de textes anciens au cours de l’été.


-Ce sont surtout des faits exagérés, répondit la fille de Percy après avoir été sortie de ses pensées par Nancy. 

-Pourquoi te passionnent-ils autant alors ? demanda James. 


Sa cousine l'observa un instant, puis préféra reporter son attention sur le discours du Professeur Zeller, sans daigner répondre à la question. D'habitude, c'était elle qui posait les questions gênantes, c'était elle qui déduisait tout et faisait en sorte que personne n'ait de mystères pour elle. Pour la première fois, sa cousine s'était retrouvée dans le rôle du gibier. Elle voulait faire comme si de rien n'était, mais James remarqua son air tendu et absent, et James se jura de creuser un peu plus, dès qu’il en aurait l’occasion, ce qui préoccupait la Weasley lunaire. Lorsque le cours prit fin, et que le Professeur Zeller fit tourner un parchemin pour que les élèves souhaitant assister à la suite de son cours, s'inscrivent, l’aîné des Potter hésita. Etant donné que pour la première année de l'enseignement, l’enseignante de Littérature donnait un cours unique chaque semaine à la même heure, dans la Grande Salle. Ce cours, commun à tous les niveaux, serait adapté et proposerait des textes courts et faciles à comprendre. L'enjeu du cours étant d'apprendre sur l'époque en question, tout en démêlant les faits avérés, des faits inventés, James se dit que ce serait soutenable en termes de travail personnel, mais il n’était pas vraiment motivé à l’idée de s’engager dans ce cours alors qu’il aurait certainement besoin de temps pour aller courir et affiner sa préparation physique en vue des matchs de Quidditch. Il finit donc par décider qu’il ne pourrait se permettre de suivre le cours et quand Lucy et Nancy sortirent une plume, prêtes à inscrire leurs noms à la liste bien garnie, James de son côté, passa son tour. Ils s'apprêtaient, tous trois, à sortir de la salle lorsqu'il attendit une voix haut perchée et hautaine : 


-Des poèmes médiévaux à lire ? C'est d'un ridicule, Alice. Tu ne crois pas que nous aurons assez de travail ? 


Owen Finnigan, son nez pointant vers le ciel raillait Alice qui s'était inscrite dans cette discipline qu'il jugeait futile. James s'arrêta un instant, tout en tenant le bras de sa petite amie. Il observa le garçon à la tête de fouine. Celui-ci se tenait entre l’aîné des Potter et l'enseignante qui récupérait le long morceau de parchemin. Il observa ensuite, sa petite amie, qui souhaitait le voir se soucier d'elle et passer du temps avec. Puis, Lucy Weasley, l'allure droite et fière, qui semblait avoir repris son masque habituel de sorcière lunaire et rivée sur ses pensées et analyses. Mais le garçon n'avait pas oublié les quelques secondes où pour la première fois, c'est lui qui avait mené les débats avec sa cousine. Et passer ces trois heures hebdomadaires, en écoutant d'un air distrait, pourraient lui permettre, et de contenter sa petite amie, et de voir ce qui stresse autant sa cousine. Le tout, le placerait à des années lumières de Finnigan, pas assez raffiné et ouvert d'esprit pour suivre un cours qui sort un tant soit peu des sentiers battus. James se dirigea donc vers l'enseignante, non sans donner un léger coup d'épaule au garçon arrogant, puis s'adressa à la jolie trentenaire : 


-Professeur Zeller, le parchemin n'est pas venu jusqu'à moi. Je n'ai pas pu m'inscrire.


Celle-ci lui tendit le rouleau avec un sourire aimable et lorsqu'il l'eut rempli. Elle sourit de plus belle en l'examinant du regard. 


-Je n'étais pas sûre de vous voir dans ma classe, James. J'espère que mes cours vous seront utiles. Le Professeur Londubat m'a dit que vous souhaitiez devenir Auror ? Il est important pour un Auror d'être curieux et d'aiguiser son esprit. Vous ne regretterez pas votre choix ! 


James observa un instant son regard interrogateur. S'était-elle renseignée sur tous les élèves ? Mais celle-ci lui offrit de nouveau un large sourire et expliqua : 


-Nous nous sommes déjà rencontrés dans votre enfance, James. Vous n'aviez que quatre ou cinq ans. Votre père était furieux à propos d'une biographie publiée par Rita Skeeter, quelques années plus tôt. Il n'était pas rare que les mensonges proférés par celle-ci reviennent aux oreilles de votre père. Je lui ai proposé mes services pour une biographie épurée de tout mensonges et clarifiant certaines zones d’ombre, et c'est ainsi que la jeune écrivaine que j'étais, a pu se faire connaître du grand public. Je ne remercierai jamais assez votre père, James. Et c'est tout naturellement que j'ai voulu savoir ce qu'était devenu le petit garçon un peu casse-cou qui voletait sur son balai jouet pendant que j'interviewais son père. 


James rougit à l'évocation de ce souvenir, qu'il avait bien sûr oublié. Tant de personnes continuaient encore de défiler au 12 Square Grimmaurd. Parfois, certains individus le saluaient chaleureusement au Chemin de Traverse, expliquant qu'ils s'étaient déjà rencontrés dans la demeure des Potter, mais ils étaient si nombreux que James ne pouvait tous les retenir. Il rejoignit donc sa petite amie qui l'attendait, heureuse de voir que James s'était inscrit. La Grande Salle serait prête pour le repas dans les dix minutes, et tous les élèves attendaient dans le hall. Le couple fut bientôt rejoint par Alice, Scott, Fred et Roxanne. Seule Alice s'était inscrite au cours, arguant du fait que ce n'était qu'une option et qu'elle s'était fixée comme résolution de se mettre à lire. Le nouveau cours étant le plan parfait pour l'appliquer. 


Dans le groupe d'amis,tous semblaient avoir oublié la précédente mauvaise humeur de James et ils se remirent à discuter de tout et de rien avec entrain. Et tous éclatèrent de rire, lorsque Scott mima l'expression de Mulciber se rendant compte qu'il lançait des injures à Napier. Flint, Mulciber et Nott se tenaient non loin du groupe, et semblant comprendre qui était le sujet de l'imitation de Scott,lançaient des regards haineux au groupe de James. Lorsque le groupe rentra dans la Grande Salle, ils se ruèrent vers la table des Gryffondor, mais James bouscula quelqu'un en s'y rendant. C'était sur une jeune fille que l'aîné des Potter avait rebondi. La silhouette haute, les épaules larges, Judith Bulstrode lançait un regard furieux à James. 


-Tu m'as fait mal Potter, siffla-t-elle. 

-J't'avais pas vu, grommela James, sans aucun remord dans la voix. 

-J'enlève Cinq Points à Gryffondor, Potter. 

-La bonne blague Bulstrode ! Contente toi de rédiger un rapport, je suis sûr que Pritchard sera heureux de lire ça, il doit s'attendre à plus croustillant venant de la Préfète de sa maison. 

-Les points enlevés seront suffisants, un rapport pour une simple bousculade, ça ferait un peu trop, tu ne trouves pas ? 

-Les Préfets ne peuvent enlever de points, Bulstrode. 

-Tu oublies ceci, répliqua celle-ci en montrant du doigt son insigne de Préfète-En-Chef sur sa poitrine. Cette fonction m'en donne le droit, et être agressée, cela vaut bien cinq points. Bonne soirée à vous, les nazes. 


Et elle tourna les talons tandis que le groupe d'amis de James lui lançait des regards assassins. 


-Comment ose-t-elle ? s'insurgea Nancy. Il faut aller voir Everett, elle ne peut pas enlever des points sans raison en toute impunité. 


Les Gryffondor l'observèrent avec une mine sombre.


 -On en fait notre affaire, cracha Alice avec hargne. 

-C'est une réponse à notre farce d'hier, constata sombrement Fred. Regardez-les.


Flint, Mulciber et Nott, qui avaient retrouvé leurs deux gorilles de sixième année, jetaient des regards goguenards aux Gryffondor. James passa le reste du repas à pester contre les Serpentard, aidé de ses amis qui imaginaient avec lui les pires scénarios de mauvais tours à leur jouer. Allant du poison, en passant par la torture. Mais, comme le constata faiblement Nancy, les Serpentard avaient une longueur d'avance. Ils avaient une Préfète-En-Chef avec eux. 


-S'ils veulent jouer à ça, il y a Walker ! s'exclama Scott, tout en se servant du pudding. 

-C'est vrai, confirma James. Il nous apprécie, et il déteste Bulstrode. Si elle continue à dépasser les bornes, on pourra l'intégrer pour faire jeu égal. 


Et tous acquiescèrent avec entrain, alors qu'ils étaient rejoints à table par Lucy Weasley, elle semblait perdue dans ses pensées, ce qui ne changeait pas avec les habitudes de la Weasley lunaire. Mais la façon dont elle s’entortillait les mains démontrait qu’elle était toujours tendue. Elle s'assit en face de James et celui-ci put constater qu'à travers ses lunettes en écaille, des cernes se profilaient sous ses yeux. 


-Lu', ça ne va pas, lui affirma James sur le même ton que celle-ci faisait ses déductions. 

-Pourquoi dis-tu ça ? 

-On ne peut jamais te mentir, insista-t-il à voix basse, mais toi, tu mens très mal. Je vois bien que ça ne va pas Lucy. Dis-moi ce qu'il y a, je ne te cache rien, moi. 

-Le stress, James. Papa m'a envoyé un hibou, la situation actuelle est grave. Les mesures de sécurité sont renforcées à Poudlard, il a énormément de travail. Il doit bloquer tous les accès aux cheminées de Poudlard. 

-Quel rapport avec ta situation ? demanda Scott, situé à côté de James qui écoutait la conversation. 

-J'ai l'impression que personne n'a conscience qu'on a affaire à des fous, remarqua Lucy. S'attaquer à un cimetière aussi ancien, c'est inhumain ! Le repos des morts devrait être sacré, s'insurgea-t-elle. 

-On est d'accord avec toi, mais que vaudrait la vie si on devait toujours broyer du noir pour de sordides évènements extérieurs ? 


Tous méditèrent en silence sur la réflexion philosophique de Scott, le Gryffondor était toujours optimiste, cherchant à prendre la vie du bon côté, quitte à en dénigrer certains aspects sombres. 


-Un cambriolage chez Fortescue, un meurtre d'ancien Mangemort, une attaque de cimetière, ... Quel lien entre tout ça ? demanda James, plus à lui-même qu'aux autres. 


Lucy soutint le regard de son cousin. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais, voyant que les autres attendaient la réponse de la brillante élève, celle-ci se ravisa. Elle éloigna le regard de la table, se perdit dans ses pensées, puis s'adressa à l'assemblée :


-La Miss-Je-Sais-Tout de Serdaigle n'a pas la réponse, j'en ai bien peur ... 


Ils finirent leur repas en silence, Lucy prit congé d'eux, prétextant un devoir en retard, elle fila à son refuge favori : la bibliothèque. Les autres se dirigèrent vers le hall. 


-Déçus de perdre des points les lions ? 


La voix grave et lente de Flint résonnait dans le hall, alors que Nancy allait se séparer des Gryffondor pour rejoindre sa salle commune dans les cachots. Flint, Mulciber, Nott et les deux gorilles sortaient de la Grande Salle et se dirigeaient vers le groupe de Gryffondor. 


-On n'est plus en première année, Flint. Ton amie hypocrite peut bien nous en enlever, ça ne va pas changer nos vies, répliqua Roxanne sur un air de défi. 

-Ne me parle pas de trop près, Weasley. Tu vas me souiller. 


Scott, Fred et James, d'un même mouvement s'avancèrent vers Flint, prêts à bondir sur le garçon détestable. 


-On se calme, grogna l'un des gorilles en faisant craquer ses jointures d'un air menaçant. 

-Je comprends bien que le grand James Potter a d'autres priorités que les points pour sa maison. Sa bêtise lui en a fait perdre tellement au fil des ans qu'il s'est fait une raison, reprit Flint avec un sourire narquois. Mais prend ça comme un avertissement Potter, prépares-toi à nous le payer. 

-Tu es plus crédible quand tu es lâchement déguisé en blanc, Flint, tonna James. Tes menaces ne me font ni chaud ni froid. Tu n'es qu'un bon à rien à nos yeux. 

-Bientôt, tu ne te pavaneras plus dans cette école avec autant d'assurance, Potter. Transmets-le à tes lions. Il existe encore des Serpentard de l'ancienne école. Nous ne vous laisserons rien passer, c'est juré. 

-Des menaces, Flint ? gronda Nancy en s'approchant de lui. Tu ne fais peur à personne, même avec tes potes en robe blanche. 


Et à la surprise de tous, elle pointa sa baguette vers le groupe des Serpentard. Une volée d'oiseaux au bec pointu et acéré voleta d’abord autour de la Poufsouffle, puis quand elle prononça “Opugno”, les volatiles vinrent frapper avec intensité les visages des cinq Serpentard qui affichaient un air terrifié Ils lacèraient sacs, avant-bras, pommettes, tout ce qui venait à portée de leurs becs aiguisés, puis ils voletaient en arrière et renouvelait leur charge.


-Arrête ça ! hurla un des gorilles. 


Mais Nancy les observait d'un air furieux. 


-On ne se fait plus aussi menaçants, n'est-ce pas ? Bande de lâches ! cria Nancy.

 -Mais qu'est-ce que c'est que ce vacarme ? demanda la voix de Neville Londubat qui sortait de la Grande Salle à pas précipités. 

-Professeur ... C'est Fro ... tenta d'expliquer Nott, les oiseaux continuant de charger, il se protégeait de ses avant-bras qui commençaient à saigner à grosses gouttes, mais il fut coupé par James. 

-C'est moi, annonça James d'une voix ferme, tandis que Nancy et tous ses amis l'observaient d'un air interloqué. 

-On a eu un différend avec Flint, expliqua James alors que Neville venait de stopper l'invasion des volatiles en furie sur les visages écarlates des Serpentard. Et je lui ai jeté un sort. 

-Professeur ! Ce ... commença Nancy. 

-Nancy, je ne veux pas savoir ce que James et Leroy se sont dit. Il est interdit, et de pratiquer la magie dans les couloirs, et de se battre en duel. J'enlève Trente Points à la Maison Gryffondor, et James, vous vous chargerez de nettoyer la serre Numéro Trois, jeudi soir. 


Le Professeur de botanique et les Serpentard prirent congé du groupe. Nancy tremblait de rage, et elle observa James, l'air désolé. 


-Ça aurait été trop bête que tu prennes la première retenue de ta scolarité à cause de ce crétin, grommela James d'un air bourru. 


Elle l'embrassa langoureusement,sous les regards écoeurés de leurs amis. Et en remontant jusqu'à la salle de Gryffondor, les amis de James le raillèrent sur sa dévotion envers Nancy. 


-Je l'aurais fait pour n'importe lequel d'entre vous, répétait James. Flint, j'en fais mon affaire. 

 

Oubliant ainsi les menaces du Serpentard, les Gryffondor passèrent donc leur soirée à leurs occupations habituelles, révisions et lectures pour les filles, Bataille Explosive et tentatives de confection de nouveaux produits pour la boutique de George chez les garçons. Bien qu’Alice eut fini, au bout d’une heure, par se lasser des théories de Métamorphose. Au grand dam de Finnigan qui attendait d’un air envieux sur un fauteuil reculé (il s’était même débarrassé de son ami Mycroft Baines), elle rejoignit James, Scott et Fred qui tentaient d’ensorceler un coussin pour qu’il se transforme en oursin au moment où quelqu’un s'assiérait dessus.

Chapitre XVI. Mauvaise foi by Portus

Ce matin-là, Andy se réveilla sur un sol particulièrement dur. Encore plus désagréable que son canapé lit, avec les arceaux qui passaient au travers de la mousse et lui détruisaient le dos. Il avait beau enchaîner les soirées alcoolisées avec son ami, il n’avait pas l’impression que son corps assimilait mieux le Whisky Pur-Feu. Trempé par la rosée du matin, il grelottait. Il avait beau garder quelques restes de son passé sportif, ses muscles ne pouvaient s’empêcher de tressaillir et d’échapper à son contrôle, transis de froid. Il s’évertua donc à tâtonner dans la poche de sa robe ouvragée, rayée rouge et blanche, pour saisir sa baguette magique. Il murmura “Ventus” et aussitôt, de l’air chaud vint soulager son grelottement.


Mais où avait-il donc atterri ? A en juger par les devantures des boutiques, il se trouvait dans une ville Moldue. Assez ancienne au vu des rues pavées et des colombages sur les bâtisses. Il se redressa, passa devant une boutique de souvenirs et s’engouffra dans une ruelle.


 Il fallait qu’il rentre chez lui. Il se concentra donc sur sa Destination : le Chemin de Traverse, il se jura qu’à la prochaine visite de l’Egyptien, il lui demanderait sérieusement des comptes sur la soirée de la veille, qui comme d’habitude, n’était qu’un immense trou noir pour le jeune homme.

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La première semaine de classe fut plus qu'éprouvante. Bien que les enseignants aient tous consacré une grande partie de leurs cours à présenter le programme de l'année et à souligner l'importance des ASPIC, ceux-ci n'avaient pas tardé à inonder les élèves de devoirs. Jane Fauntleroy avait ainsi demandé un rouleau de parchemin entier sur la potion Felix Felicis. Une potion aux vertus prodigieuses, mais très difficile à réaliser. Sa consommation devrait également être extrêmement limitée sous peine d'effets secondaires très dangereux. 


En plus de tout ceci, James dut se rendre aux serres, toute la soirée du jeudi, pour nettoyer la serre Numéro Trois, celle-ci ayant été inondée de fumier de dragon suite à une mauvaise manipulation d'élèves de deuxième année. Neville l’avait obligé à récurer les moindres recoins de la serre avec un simple balai et une serpillère. Il était rentré au dortoir des Gryffondor en empestant la bouse, et James eut l’impression que l’odeur, malgré une succession de douches et de changement d’uniformes, était restée sur lui toute la journée du vendredi.


C'est donc avec un soulagement inhabituel que James savoura sa soirée du vendredi qui symbolisait l'arrivée de deux jours de tranquillité. Mais surtout, le samedi matin auraient lieu les sélections du Quidditch. Scott s'était entraîné tous les soirs, Alice, Roxane et même Rose, ayant accepté de lui donner un coup de main sur les devoirs pour que celui-ci passe plus de temps à se régler sur son tout nouveau balai : un Nimbus 3001. Nancy venait régulièrement rejoindre les Gryffondor, en récréation, aux repas, et demeurait avec eux, jusqu'au couvre-feu. Ce vendredi soir, elle était même venue profiter de la salle commune de Gryffondor avant que James ne la raccompagne à vingt et une heures vers la salle commune de sa maison, dans les cachots. Elle et James, désormais plus apaisés, savouraient de précieux instants de complicité, se mettant à l’écart du groupe, ou partant en balade autour du lac pour profiter encore du soleil qui demeurerait bientôt aux abonnés absent. C’était là le défaut majeur de Poudlard. Le manque d’ensoleillement dès que l’automne arrivait. Et jusqu’au printemps. Pendant ces moments de complicité en couple, James en venait à oublier que sa meilleure amie, Alice, faisait de même qu'eux, parfois quelques mètres plus loin, en compagnie d'un sinistre garçon à tête de fouine. 


Le samedi matin, James se réveilla à l'aube. Tout excité qu'il était de retrouver son équipe de Quidditch. Après s'être lavé et mis en tenue, il constata que les lits de Scott et Fred étaient déjà vides. Scott ne tenait plus en place, celui-ci était resté sur le terrain jusqu'à minuit avec Fred. Le fils de George passait ses soirées à jeter des noix, subtilisées en cuisine, à Scott qui devait les rattraper. Celui-ci devait ensuite éviter les pommes -elles aussi subtilisées-, que Fred lui envoyait et qui faisaient office de Cognards. D'après Fred, le jeune Gryffondor se débrouillait bien, et avec un peu d'entraînement, il ne tarderait pas à faire oublier l'excellent Andrew Higgins, l’ancien Attrapeur de Gryffondor qui s’était même payé le luxe de sortir avec Leanne Gatwick, la fille pour qui James avait eu un coup de foudre. Higgins avait laissé un souvenir très positif au sein de la Maison au Lion. Grâce à sa longévité au poste -il le tint pendant six ans-, ses prouesses -il n’a jamais gagné le championnat, mais il était un Attrapeur très spectaculaire et efficace-, sa régularité, et l’aura de sympathie -il était timide, réservé, et très humble- qu’il dégageait, en firent un élève très apprécié et respecté, aussi bien par ses pairs, que par le corps enseignant. Cumulant sa grâce sur un terrain de Quidditch à d’excellents résultats scolaires, et à une romance avec une des étudiantes les plus convoitées de l’école, Andrew Higgins serait difficile à remplacer dans le cœur des Lions. Scott le savait et c’est sans doute ce pour quoi l’étudiant à la coupe au bol s'entraînait avec autant de rigueur.


Ce samedi matin, la Grande Salle était déserte quand James alla prendre son petit déjeuner. Ce n'est que lorsqu'il eut terminé celui-ci qu'il croisa son cousin, Hugo Weasley, accompagné de sa meilleure amie, Laurie Filmore, dont le teint hâlé devint écarlate à la vue de James. 


-Lily n'est pas là ? demanda James surpris de voir que le groupe des plus fervents supporters de l'équipe de Gryffondor n'était pas au complet. 

-Oh, répondit Laurie, toujours aussi écarlate, elle était fatiguée, elle a voulu rester plus longtemps au lit, mais ne t'en fais pas. Elle sera là pour les sélections. 

-Pour sûr ! ajouta Hugo avec un sourire malicieux. 


Le capitaine des Gryffondor reprit donc son chemin, son fidèle Eclair de Feu sur l'épaule. En cette matinée de septembre, le soleil était au rendez-vous, comme si le climat lui-même voulait permettre aux aspirants joueurs de Gryffondor de donner le meilleur d'eux-mêmes. Néanmoins, ces sélections n'allaient pas complètement changer la donne des plans qu'avait prévu James pour l'équipe. Seul le poste d'Attrapeur était vacant. James savait précisément que Dorian Fincher, cinquième année, serait le Gardien. Le jeune Gryffondor avait une paire d'épaules si large qu'il semblait être capable de couvrir les trois anneaux d'or sans bouger, et s'il devait se mouvoir pour effectuer une parade, c'était toujours avec vivacité et fluidité. Le trio de Poursuiveurs ne bougerait sans doute pas non plus. James continuerait de jouer en pointe de la formation, Fred Weasley sur son flanc gauche et Jack Eales, cinquième année, sur son flanc droit. Enfin, les postes de Batteurs seraient occupés par Marshall Leach, quatrième année, et Donald Thatch, sixième année. Leach était le plus jeune de l'équipe, il l'avait intégrée l'année précédente, suite au départ de Domnall Sloper et le jeune Gryffondor trapu avait réalisé une grande saison, renvoyant les Cognards avec énormément de force et de précision. 


Les sélections, que James organisait chaque année depuis le début de son capitanat, servaient surtout à asseoir la légitimité de l'équipe en place, et, bien que ce ne fût jamais le cas, de découvrir une pépite cachée parmi les Gryffondors. Pour le rôle d'Attrapeur, il était presque acquis que le poste serait tenu par Scott, celui-ci était motivé, talentueux, de ce qu'avait constaté James, et il s'entraînait tellement qu'il pourrait très certainement offrir une performance de haut vol pour le premier match de la saison qui devrait se dérouler à la mi-octobre. La chance de l’équipe au lion, c’était qu’ils affronteraient les Poufsouffle en premier, l’équipe réputée la plus faible de l’école. James se saisit de tout le matériel dont il avait besoin, celui-ci étant enfermé dans le bureau réservé au Capitaine. Il avait une bonne heure devant lui pour préparer l'entraînement, et il fut aidé par Fred et Scott, qui étaient déjà sur le terrain depuis l’aube. L’aspirant Attrapeur avait la mine tendue, et même la tape amicale que James lui donna sur l’épaule ne put redonner des couleurs à son teint blafard.


 Au fil que l'heure avançait, le Capitaine vit arriver petit à petit un flot de Gryffondor qui prenaient place dans les tribunes. La quasi-totalité des élèves de sa maison venaient assister aux sélections, ils s’étaient tous laissés entraîner par des discussions passionnées et ils avaient compris que cette année était particulière. James et Fred, qui jouaient depuis bien longtemps pour l’équipe au Lion, défendraient leurs couleurs pour la dernière année. Et tous rêvaient de voir l'équipe menée par l’aîné des Potter remporter la Coupe qui leur échappait depuis tant d'années. 


Lysander Dragonneau, accompagné de ses amis de première année, fut rapidement rejoint par Lorcan, son jumeau de Serdaigle qui n'hésita pas à héler James pour le saluer. Rose et Albus arrivèrent également peu avant le début des sélections, rapidement suivis par Roxanne, Mycroft Baines, Alice Londubat et, au grand désespoir de James, d'Owen Finnigan qui lui tenait la main. Lucy Weasley, l’air d’être tombée là par hasard, vint également saluer Alice, et s’installa aux côtés de Mycroft Baines. Nancy Frobisher se joignit également au groupe des Gryffondor, tandis que Louis Weasley, lui aussi à Poufsouffle, s'installa aux côtés de Hugo et Laurie qui avaient eux–même auparavant rejoint Gary Londubat et un groupe de cinquième année. Lily étant toujours mystérieusement absente. La montre de James affichait neuf heures tapantes, et c’est suivi de Fred et Scott qu'il vint à la rencontre du groupe d'une vingtaine d'élèves qui patientait dans le vestiaire. 


Quelques seconde année, d'aspect plus frêle que les autres venaient tenter leur chance pour la première fois, l'équipe de l'année précédente était également là au complet, tandis que certains habitués des sélections, y participant chaque année sans succès, tels Jodie Stone, de l'année de James, avaient également revêtu une tunique de Quidditch. Lorsque le Capitaine des Gryffondor annonça qu'il était temps pour eux de se rendre sur le terrain, il distingua le visage écarlate d'une petite fille qui se tenait un peu à l'écart du groupe. Lily Potter, un vieux Comète 260 de l'école sur son épaule, allait participer aux sélections. Elle, qui ne volait que très rarement, et lorsque c’était le cas, les membres de sa famille lui faisaient simplement garder les buts. Elle, la petite fille espiègle qui clamait toujours haut et fort qu'elle adorait par-dessus tout supporter l'équipe de Gryffondor, voilà qu'elle montrait son intérêt pour la pratique de ce sport. James était convaincu que c’était une excellente idée de tenter les sélections dès sa quatrième année, cela lui permettrait d'acquérir une certaine expérience, et de pouvoir postuler à une place dans l'équipe dans les années qui suivraient. Agréablement surpris par sa présence, James lui adressa donc un sourire encourageant, tout en se promettant que lors des prochains matchs au Terrier, sa petite sœur jouerait à des postes plus exposés pour pouvoir s'améliorer. 


Les candidats à l'équipe de Gryffondor défilaient devant lui. Les joueurs de l’année précédente : Fred Weasley, Jack Eales, les Poursuiveurs, Thatch et Leach les Batteurs et Fincher le Gardien avaient tous un air serein, mais légèrement tendu. Tandis que Scott, qui les suivait, arborait toujours un visage livide et marmonna un vague « Merci », lorsque James lui tapota de nouveau sur l'épaule en lui promettant que ça irait. Le Capitaine ordonna d'abord aux élèves de réaliser un tour de terrain en volant sur leur balai. Comme chaque année, cet exercice qui paraissait futile permettait toujours d'écarter deux ou trois débutants, souvent parmi les secondes années. Et ce fut le cas, un garçon et une fille de seconde année, justement, à en juger par leur silhouette plus juvénile, chutèrent dès le début du tour de stade et furent ainsi automatiquement écartés, non sans avoir reçus de vifs encouragements de James, qui les incita à s’entraîner pour intégrer l’équipe dans quelques années. Scott était resté en tête de cortège, sa coupe au bol, déformée par le vent, il bombait le torse tandis que son visage reprenait contenance à mesure qu'il effectuait son tour de chauffe avec prestance. Vint ensuite le moment de déterminer les Batteurs, la dizaine d'élèves qui se présentait au poste devait réussir un parcours où ils devraient renvoyer en pleine course les Cognards sur des cibles que James et Fred faisaient léviter. Sans surprise, Thatch et Leach furent reconduits, réussissant un sans-faute et ne laissant aucune contestation possible aux autres prétendants. Puis, ce fut au tour des postulants au poste de Poursuiveur qui s'avançaient. Outre Fred et Jack Eales, trois autres élèves s'étaient présentés au poste de Poursuiveur. Jodie Stone, de l’année de James, qui visait juste, mais manquait cependant d'agilité dans ses déplacements. Puis Olivia Harrison, aussi de l’année de James, elle avait des qualités, notamment une précision exceptionnelle sur ses passes et tirs, mais elle n’arrivait pas à se débarrasser de l’appréhension du Cognard, et donc, perdait énormément en vitesse d’exécution. Et enfin, Tom Martins, un ami d'Albus, ne soutint même pas la comparaison face aux deux titulaires du poste. Dorian Fincher fut également rapidement reconduit à son poste, réussissant à bloquer tous les tirs au but des Poursuiveurs retenus. 


Enfin, le dernier poste à être attribué serait celui d'Attrapeur. Scott se présenta devant James, chevauchant son Nimbus 3001 tout pimpant. Lily s'approcha également, suivie d'un élève de troisième année dont James ignorait le nom. Ceux-ci furent tout d'abord jugés sur leur faculté à éviter les Cognards, Scott passa le premier et il réussit avec brio à se faufiler d'un bout à l'autre du terrain sans être effleuré par les violents coups portés par les Batteurs. L'élève de troisième année eut moins de fortune, arrivé à la moitié du terrain, il fut heurté en pleine poitrine et chuta de son balai avant d'être rattrapé in extremis par Fred et Eales. Enfin, ce fut au tour de Lily, dont le visage prit de nouveau une teinte écarlate, assortie à ses longs cheveux qu’elle avait noués en queue de cheval, lorsque Laurie et Hugo lui crièrent leurs encouragements. 


Lorsque James lui donna le départ, le regard de sa petite sœur prit alors une lueur froide et déterminée. Cette même expression inquiétante que prenait Ginny lorsqu'elle se mettait en colère. Malgré l'obsolescence de son balai, Lily survola le terrain avec grâce, à la grande surprise de James, la petite rousse maîtrisait des techniques telles que la Roulade du Paresseux, qu'elle utilisa pour éviter au dernier moment le boulet de canon envoyé par Leach. Elle parvint ainsi sans embûches jusqu'au bout du terrain, sous les acclamations de ses amis de quatrième année, tandis que Scott semblait se raidir sur son balai. 


-Lily ? Comment est-ce possible ? demanda James en l'observant avec des yeux ronds. 


Jamais il n'aurait imaginé que sa petite sœur puisse être aussi agile sur un balai, elle ne volait que très rarement. Elle préférait être la fervente supportrice, jamais elle n'avait manifesté le désir de jouer avec ses cousins. Bien que ceux-ci ne l'auraient sûrement pas acceptée dans leurs matchs dominicaux au Terrier, et les rares fois où elle pouvait jouer, c'était pour faire acte de présence dans les buts, quand il manquait quelqu'un pour faire un nombre pair. Après tout, peut-être était-ce leur regard et leur manque de confiance en la benjamin des Potter qui avait incité Lily à se réfugier en tribunes pour vivre autrement sa passion. La jeune fille, qui s'était tirée avec brio de la première épreuve, devrait désormais se mesurer à Scott, qui lui, devait asseoir sa légitimité pour être l'Attrapeur des Gryffondor. Ils se placèrent face à face au centre du terrain, le visage tendu, pendant que James libèrerait le Vif d'Or, celui-ci voleta lentement autour des deux postulants Attrapeurs, et une fois qu'il eut disparu à toute vitesse, Harry donna le départ tandis que les Batteurs devraient bloquer la progression des Attrapeurs. Lily choisit de coller au train de Scott, qui filait à toute vitesse sur son Nimbus 3001. Celui-ci distançait allègrement la jeune fille à chaque accélération, mais celle-ci s'accrochait, poussant à bout le vieux balai de l'école. Elle semblait calculer chacun des angles qu’elle faisait prendre à son balai pour compenser son manque de vitesse par une optimisation rigoureuse de la distance à parcourir. Bientôt, alors que Scott scrutait les alentours en vol stationnaire, Lily plongea de toute la vitesse qu'elle put donner à son balai, vers le sol. Scott, pressentant qu'elle avait vu la minuscule balle dorée, donna une accélération et commença à la dépasser par la gauche, et au dernier moment, la jeune Gryffondor releva sa course, tandis que Scott, qui aurait été sans doute piégé si Lily avait eu un balai plus compétitif, ne redressa qu'un peu plus tard, lorsqu'il eut compris la feinte, ses genoux frôlant la pelouse du terrain. Si le Comète 260 de prêt de la jeune Potter avait été plus rapide, Scott aurait dû accélérer encore plus son Nimbus 3001. Et il se serait écrasé contre le sol.  


-Elle a tenté une feinte de Wronski ! s'exclama un Fred stupéfait. James, tu aurais dû lui prêter ton balai, elle nous aurait encore plus bluffés. 


Au même moment, Lily évitait un Cognard d'une nouvelle Roulade du Paresseux, alors que Scott, qui l'observait lui aussi, une sombre stupéfaction sur le visage, fut heurté dans le dos par le Cognard qui revenait sur les deux Attrapeurs. Encaissant le choc, il se remit rapidement en selle, mais Lily se tenait désormais à une dizaine de mètres de lui, observant son concurrent qui se remettait en chasse du Vif d'Or, c'est à ce moment-là que Lily fondit en direction de Scott, le regard fixé sur un point dans son dos, le Gryffondor, d'un geste vif, fit demi-tour avec son balai, le Vif d'Or n'était plus qu'à une dizaine de mètres de celui-ci. Alors qu'il allait donner le dernier coup d'accélérateur pour asseoir sa victoire, la jeune Potter, dans un geste fou et désespéré, digne de sa lignée, fondit au-devant du meilleur ami de son frère, lui bloquant le passage, et obligeant le Gryffondor à s'arrêter pour ne pas la faire tomber de son balai, permettant à la jeune Gryffondor de redresser sa course, reprendre une longueur d'avance, et, alors que Scott, cheveux aux vent avait donné toute l’accélération qu’il pouvait, approchait dangereusement, main droite tendue, Lily lâcha les deux mains du manche de son balai, se jeta sur le Vif d'Or dans une superbe détente, et seulement après l'avoir rattrapé, ramena le manche de son balai vers elle avec ses jambes, qui malgré son plongeon, étaient restées solidement accrochées, pour se redresser et montrer le Vif d'Or au public, stupéfait et admiratif. 


Lorsque James annonça, d'une voix émue et fière, que Lily serait l'Attrapeuse des Gryffondor, tous les membres de l'équipe se jetèrent sur elle pour la féliciter, ébahis par sa prestation, qui plus est, sur un balai de l'école totalement obsolète. Les spectateurs l’avaient bien compris eux-aussi, car leur masse descendait déjà des tribunes pour se ruer sur la nouvelle Attrapeuse de la Maison au Lion. Scott se tenait à l'écart, les mains crispées, les dents serrées, et le teint livide. James, qui était certes fier et surpris par sa petite sœur, n'en était pas moins désolé pour son meilleur ami. Il savait que cette place d'Attrapeur tenait à cœur au jeune garçon. Celui-ci avait su attendre le départ de Higgins de Poudlard pour saisir sa chance. Il avait sacrifié énormément de temps pour s'entraîner, et James était, jusqu'ici, persuadé que son meilleur ami le rejoindrait dans l'équipe, tant celui-ci était doué au Quidditch. Jamais il n'aurait imaginé qu'un autre Gryffondor, et qui plus est, la propre petite sœur de James puisse dépasser le populaire Scott Hattaway. 


-Je suis désolé mec ... murmura James en posant une main sur l'épaule de son ami.

-Tu aurais préféré que je la fasse tomber de son balai ? demanda Scott d'un ton amer, tout en enlevant la main de James de son épaule. J'aurais pu la devancer, j'ai simplement freiné ma course pour ne pas lui faire courir de danger. C'est injuste ! 


Il observait avec amertume Lily être étreinte par Hugo, Laurie, Gary Londubat, Lucy Weasley, et une masse d’étudiants admiratifs. Hugo et Laurie entreprenaient même de la hisser sur leurs épaules tandis que la benjamine des Potter, l’air gêné, semblait se retenir d’exulter.


-C'est du Quidditch, Scott, expliqua James en tentant de prendre un air conciliant. On ne te demande pas d'être galant. 

-J'aurais dû me douter en la voyant, tu n'allais pas recaler ta petite sœur, fulmina Scott.


C'était donc ça ? Scott n’acceptait pas sa défaite, pourtant incontestable, et tentait de faire croire que James avait manigancé la victoire de Lily ? Le sang de l’aîné des Potter ne fit qu’un tour.


 -J'espère que tu plaisantes ! tonna James. Dis-moi que tu plaisantes Scott ! Comment oses-tu crier au favoritisme ? Elle a gagné à la loyale ! 

-Elle est en quatrième année, elle a eu de la chance aujourd'hui, mais jamais vous ne remporterez le moindre match avec ça, cracha Scott, dépité. Les Serpentard vont la laminer. 


Alice, Nancy, Roxane, Rose et Albus arrivèrent à pas précipités près des deux meilleurs amis. Les observant d'un air inquiet. 


-Tiens, vous aussi, vous venez féliciter la petite Potter ? Après tout qui vous en voudrait ? Vous êtes tous du même clan, et moi, j'en suis le fantôme. 

-Scott, arrêtes, ce n'est que du Quidditch, tenta de raisonner Alice. 

-Tu n'as pas démérité, surenchérit Nancy. 

-Oui, je n'ai pas démérité, répéta Scott d'un ton mauvais. Mais au final, c'est les Potter qui attirent l'attention sur eux. C'est toujours comme ça. Moi, je suis juste le gars marrant qui suit l'aîné comme son ombre. Il est beau James Potter, ce couard qui m'explique que la place est pour moi alors qu'il forme sa cadette en cachette. 

-Je n'ai ... commença James révolté. 


Mais Scott lui tourna les talons, son balai flambant neuf sur l'épaule, il prit congé de ses camarades qui l'observaient, horrifiés. 


-Il s'en remettra, tenta de relativiser Alice, la voix tremblante. Il y attachait beaucoup d'importance, c’est normal qu’il le vive mal.


Mais Nancy, scandalisée par les propos de Scott, assimilant le groupe à un clan dévoué aux Potter, faisait part avec passion de l’ampleur de la déception qu’avait causée Scott. Clairvoyante, Rose Weasley tenta de détourner la conversation sur des choses plus positives, sans doute motivée par la vision de James qui fulminait en entendant parler de son ex-meilleur ami : 

 

-Je n'en reviens toujours pas du niveau de Lily, constata la Préfète des Gryffondors, stupéfaite. 


Tous hochèrent la tête pour montrer qu'ils partageaient son avis, sauf Albus qui rayonnait. 


-Ça fait deux ans qu'elle prend ton balai en cachette, James. Chaque fois qu'on est chez grand-père et grand-mère, ou même ici à Poudlard. 

-Deux ans ? s'exclama James stupéfait. Mais je n'ai jamais rien vu. 

-Elle est très discrète, Lily, tu sais, continua d'expliquer Albus. Je l'ai appris cette semaine, le soir où tu étais en retenue avec Neville. Je finissais ma ronde nocturne avec Orlane -ses joues prirent une teinte écarlate, et un sourire niais apparut sur son visage à l'évocation de ce nom-, quand je l'ai croisée. Elle revenait du parc, et je lui ai demandé des explications. C'est là qu'elle m'a tout raconté sur ses envolées nocturnes. Elle te demande d’abord la Carte (et James nota qu’effectivement, Lily, depuis sa deuxième année demandait à la lui emprunter, parfois plusieurs fois par semaine),ensuite, lorsque tu es hors du dortoir, elle prend ton balai, elle part voler un moment, puis elle vient le remettre à sa place, comme si de rien n’était. Mais je ne pensais pas qu'elle avait ce niveau ! A avoir su, je serai passé gardien et elle aurait joué sur le champ pendant nos matchs au Terrier. Elle est vraiment douée ! 

-Elle m'étonnera toujours, murmura Alice. Je suis sûre que Scott finira par l'accepter, James. Ça doit être difficile pour lui, tu sais …


Alice préparait déjà la défense de Scott, mais James ne préféra pas répondre. Il venait d'être déçu par le garçon à la coupe au bol. Il est vrai qu'il ne fallait pas s'attendre à ce que celui-ci saute au cou de Lily pour la féliciter, mais accuser James de favoritisme, insinuer qu'il savait pour sa petite sœur, et finir par tenir des propos incohérents sur le fait qu'il restait toujours dans l'ombre, c'en était trop pour James. Son ex-ami avait été trop loin. Lui avec qui James avait tout partagé, celui avec qui il avait sympathisé dès leur premier banquet de début d'année, celui avec qui il partait en escapade dans la forêt, poursuivis par Hagrid. Scott avait tout dénigré. Rien qu'en insinuant que James savait, et avait aidé Lily à jouer au Quidditch, pour ensuite faire preuve de favoritisme : il avait en fait sous-entendu que son meilleur ami n'était pas digne de confiance. Et ça, James ne le pardonnerait pas. Il ne ferait pas le dos rond pour retrouver son meilleur ami, son clan, comme Scott les appelait, le soutiendrait. Ils avaient tous compris que James n'y était pour rien dans la sélection de Lily. Elle avait gagné à la loyale, poussée par son talent, malgré le désavantage que représentait son balai de prêt. Non, James ne pardonnerait pas à Scott. Il devait comprendre son erreur, et James attendrait, le temps qu'il faudra, mais il ne bougerait pas tant que son meilleur ami ne viendrait pas lui présenter ses excuses. 

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-Je suis désolée, James. Scott avait l'air furieux, murmurait Lily alors qu'elle revenait vers le château aux côtés de son frère. 


Les deux se tenant à l'écart de leurs amis Gryffondor respectifs qui revenaient à présent avec entrain sur la prestation de Lily. 


-Tu n'as pas à t'excuser, Lil', souffla James. Tu as été exceptionnelle. Tu dois célébrer ce moment, et tu peux être fière de toi. 


Celle-ci rayonnait, heureuse du respect glané auprès de son grand frère. 


-C'est même moi qui devrais m'excuser, continua James. Albus m'a raconté. Nous aurions dû te faire confiance pour jouer avec nous, et te laisser t’exposer. 

-Pour ça, il aurait fallu que je me fasse confiance moi-même. Lucy, notre cousine, précisa Lily, m'a beaucoup aidé dans cette voie. Elle a deviné cet été. Alors elle m'a poussée à tenter ma chance. Sans elle, je ne me serais présentée que l’année prochaine … 

-Brillante en déduction, cette Lucy, ricana James. Elle n'a pas eu tort, quand tu vas annoncer ça aux parents, ils seront vraiment ravis. 

-J'ose espérer qu'ils le soient assez pour m'offrir un balai, avança Lily en rougissant.

-C'est bien la moindre des choses, soutint vigoureusement James. Il te faut un balai à la hauteur de ton talent ! D’ailleurs, tu me permets de leur envoyer un hibou ? Il faut que tu aies ce qu’il y a de mieux. Et rapidement, parce que ce que tu as montré aujourd’hui ne te privera pas de suer aux entraînements ! On va aller la chercher, cette victoire en championnat. Crois-moi Lily !


La petite fille sauta au cou de son grand frère, et désormais, Capitaine, avant de rejoindre en sautillant de joie le groupe des Gryffondor qui marchait devant eux. Et le groupe se rendit jusqu'à la Grande Salle pour prendre le déjeuner. En les voyant entrer, Scott, qui déjeunait seul, les observa d'un air dépité, et quitta la table, sans même avoir touché à son dessert. 


-T'as raison. On pourra déjeuner en paix, comme ça ! cracha James suffisamment fort pour que le garçon puisse l'entendre, tandis qu'Alice écrasait avec vigueur le pied du Capitaine des Gryffondor et que Nancy ricanait de bon cœur à la pique envoyée par son petit ami. 


Mais afin d’oublier la rixe avec celui qu’il pensait être son meilleur ami, James  emprunta une plume et un parchemin à Rose Weasley, pendant que les autres continuaient d’imaginer avec animation, ce que serait l’équipe de Gryffondor avec sa nouvelle recrue.



 Chers Papa et Maman adorés,


Je ne vous apprends rien en vous disant à quel point le Quidditch sera important cette année. Je ne doute pas une seconde que vous soutenez corps et âme l’équipe de notre maison. J’imagine que, quand vous aurez cette lettre, vous aurez déjà reçu le courrier de Lily.


Je ne pense pas que vous réalisez, car elle a le succès modeste, mais elle a été ÉBLOUISSANTE, une vraie furie sur un balai ! Et figurez-vous qu’elle n’avait qu’un vieux Comète 260 de l’école !!!!! Alors, très sérieusement, ne songez pas à lui trouver un balai au rabais, ou le vieil Eclair de Feu 1993 de Papa. Pas même ton Nimbus, M’man. Lily doit avoir ce qu’il y a de mieux aujourd’hui. Je lui ai déjà donné mon exemplaire de Balais Magazine pour qu’elle vous dise lequel elle voudrait, et j’ose espérer que vous saurez vous montrer très réceptifs à ses demandes et que vous serez très généreux.


James,


P. S. : Les premiers cours se sont très bien passés pour moi, j’ai beaucoup de travail, et je n’oublie pas que le Quidditch est un loisir et que mes ASPIC comptent vraiment. (Si, si !)

P. P. S. : Mais bon sang, vous n’imaginez pas le potentiel de Lily !!!

P. P. P. S. : Ah, Neville vous a peut-être raconté qu’il m’avait mis en retenue, mais c’était pour couvrir Nancy. Pour une fois, je n’avais rien fait. (Vraiment !)

P. P. P. P. S. : N’utilisez pas comme prétexte ma retenue pour ne pas acheter le meilleur balai possible à Lily. Je veux gagner la Coupe cette année ! (Tout le monde attend après ça à Gryffondor !)

P. P. P. P. P. S. : ça fait beaucoup de posts scriptums, mais je vous aime. Prenez-soin de vous !


-Ce n’est pas un peu trop ? demanda Alice, hilare, en lisant la lettre de son meilleur ami par-dessus son épaule.

-Ils trouveront ça drôle, affirma James. Et comme ça, ils seront peut-être plus disposés à céder à Lily. Mais si jamais ils ne lui dégotent pas, au moins un Nimbus 3001, j’ai un plan B.

-Tu vas ensorceler leur oreiller pour qu’il les supplie de céder ?

-Hum … réfléchit James. Tu sais que c’est une super idée ? Non, de base je pensais : s’ils ne veulent pas, je demanderai à ton père d’intervenir. Il veut autant que nous que Gryffondor remporte la Coupe !


Néanmoins, à bien y réfléchir, James n’imaginait pas une seule seconde que ses parents puissent refuser à Lily d’avoir un bon balai. Mais il se devait de leur souligner la prestation de sa petite sœur. Car même avec toute la mauvaise foi du monde, jamais l’aîné des Potter n’aurait pu être crédible, si, à l’issue des sélections, il avait pris Scott plutôt que Lily. Sa benjamine avait volé d’une façon tellement sereine. Elle avait réussi plusieurs Roulades du Paresseux, tenté une Feinte de Wronski, compensé le manque de vitesse de son balai en travaillant ses angles d’attaque pour ne pas allonger ses courses, et elle avait même fait preuve de vice en venant couper la trajectoire de Scott pour lui faire perdre son accélération. Il repensa d’ailleurs à leur dispute. Et il s’adressa à l’assemblée :


-Vous vous imaginez ? rétorqua-t-il pour la énième fois. Il insinue que Lily a triché, que nous ne sommes pas dignes de confiance. Scott Hattaway, si mauvais perdant, qui l'aurait cru ?


Tous -sauf Alice qui resta placide- approuvaient d'un air désolé. La plupart tentaient de relativiser la réaction de Scott, Rose trouvait même stupide que James ne soit pas déjà allé lui parler seul à seul, tandis que Lily conservait un air gêné et peiné. La jeune Gryffondor se sentait coupable d'être à l'origine de ce qui était la première vraie dispute entre les deux inséparables qu'étaient James et Scott. Mais elle fut rassurée par James, Albus, Nancy, Lucy, Roxanne, Rose, et même Fred, tous s’accordaient plutôt à encourager la jeune Gryffondor à continuer de travailler sur un balai et de ne pas tenir compte des racontars qui chercheraient à la déstabiliser.


-Et ce n’est rien ça, Lily ! affirmait Hugo. Tu vas voir quand les Serpentards vont savoir que tu intègres l’équipe ! Ils vont te cibler. Il va falloir qu’on réponde ! Heureusement, tante Ginny m’a appris un sort efficace !

-Et si je te vois l’utiliser, je rédige un rapport à Everett, intervint Rose d’un air menaçant. Et puis, pourquoi les Serpentards, tout de suite ? On a eu la preuve que même des Gryffondor criaient au complot et au favoritisme …


Tandis que la plupart du clan Potter-Weasley élargi approuvait d’un air sombre, James n’eut pas le cœur de rebondir sur la remontrance de sa cousine. C’est vrai que sur ce coup, Scott ne valait pas mieux que les Serpentards, mais James n’était pas convaincu que là était le sens de la réplique de Rose. Toujours très tolérante, et souhaitant toujours apaiser les relations entre maisons. Il était difficile de lui en vouloir. Rose ne s’intéressait que très peu au Quidditch, elle n’en saisissait pas le sens profond, qui prenait aux tripes joueurs et supporters. Elle ne comprenait pas qu’un Gryffondor, défendant les couleurs de sa maison, défendait en réalité un héritage millénaire : l’honneur de la maison au lion. Non, Rose ne considérait pas les choses par ce prisme-là. Elle et sa mère ne voyaient qu’une triste compétition de testostérone et un combat de fiertés nul et non avenu. James ne pouvait leur en vouloir, il adorait Hermione et Rose. Il admirait même les sorcières brillantes, fortes et courageuses qu'elles étaient. Mais il fallait reconnaître, que, niveau Quidditch, elles n’étaient pas aussi omniscientes que sur les autres domaines. Et quand à l’allusion que le Quidditch était un sport testostéroné, la leçon qu’avait donné Ginny sur un balai, suivie désormais par Lily ne semblait pas avoir éclairé les deux brillantes sorcières de la famille Weasley-Granger.

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James n’eut pas le temps de ruminer sa dispute avec Scott. Car, immédiatement après le déjeuner, Alice et Nancy lui proposèrent toutes sortes d’activités. Elles entreprirent de l’emmener en balade au lac de Poudlard. Après en avoir fait le tour, ils s’arrêtèrent chez Hagrid, qui était en train de réparer les pattes de deux Botrucs. Lorsqu’il demanda à James et Alice, où ils avaient mis le jeune Gryffondor à la coupe au bol, James se glaça, mais heureusement, Alice fit rapidement bifurquer la conversation en se renseignant sur les Augureys.


-Ils s’adaptent bien à leur nouvel environnement, expliquait le garde-chasse. J’avais peur que le climat soit trop chaud quand ils sont arrivés au mois d’août. Ils avaient l’habitude d’endroits plus venteux et pluvieux, mais même Rolf et Luna ont jugé qu’ils s’adaptaient parfaitement à notre Forêt.


Nancy et Alice avaient continué de suivre le cours de Soins aux Créatures Magiques en ASPIC. Ils n’étaient pas très nombreux à avoir pris cette matière, Hagrid s’en désolait, mais il fallait reconnaître que les méthodes pédagogiques du garde-chasse n’étaient pas toujours des plus académiques. James se souvint notamment d’un cours de quatrième année où Mycroft Baines avait fini à l’infirmerie, brûlé par une bien étrange créature baptisée Scroutt à Pétard. Mais visiblement, le téméraire Mycroft n’avait pas été refroidi par l’expérience, puisqu’aux côtés de Nancy et Alice, donc, May Xiong et Michael Walker de Poufsouffle, Lucy Weasley et Tobias Towler de Serdaigle et Theophilius Nott de Serpentard, il avait continué de suivre la matière en ASPIC.


-D’ailleurs, reprit Hagrid, nous irons les voir au prochain cours ! Il faudra prévoir des cache-oreilles. Leur chant n’est pas des plus agréables.


Mais James avait en tête un sujet qu’il trouvait plus pressant que les Augureys. Il avait toujours été étonné de savoir que Nott suivait encore la matière de Hagrid. Bien que le garde-chasse soit apprécié par la quasi-totalité des élèves pour sa bonhomie et sa bienveillance, ce n’était pas le cas de la plupart des Serpentards, qui jugeaient ses manières très vulgaires, et le voyaient comme un domestique plutôt qu’un enseignant. L’aîné des Potter réitéra donc la question qu’il avait l’habitude de poser depuis l’année passée.


-Mais comment diable, Nott peut se comporter en classe avec vous tous ?

-Il n’est pas si mauvais, tempéra Hagrid. J’ai l’impression que ce n’est pas un méchant garçon … Quand il est tout seul.

-C’est vrai, approuva Alice. Il est plutôt cordial avec nous tous pendant la classe. La dernière fois, il a même aidé Mycroft à sortir un Noueux qui s’était vautré dans un massif de ronces.

-Mouais, douta James. Chaque fois que je le croise, c’est la même chose …

Et il mima le geste obscène qu’avait l’habitude de faire Nott, tandis que Hagrid concluait d’un ton sage que tel le phénix ou la flamme, personne ne saurait qui a commencé à provoquer l’autre.


Ils passèrent toute la fin d’après-midi chez Hagrid. Celui-ci proposa même aux trois septième année de les garder à dîner, mais James et Alice refusèrent en se répandant en excuses. Tous deux avaient jaugé de la consistance des friands au fromage que le demi-géant avait sorti du feu, et ils eurent sans doute la même inquiétude pour leur dentition s’ils venaient à y croquer dedans.


Alice demeura exemplaire le reste du week-end. Le samedi soir, après avoir dîné dans la Grande Salle, Nancy dut retourner dans sa salle commune au moment du couvre-feu, laissant seuls James et Alice, non sans afficher une mine renfrognée lorsqu’elle les vit repartir côte à côte. Et la jeune Gryffondor confirma plus que jamais qu’elle était le pilier de James. Elle veilla à leur faire éviter le chemin de Scott et dès qu’elle voyait James se remettre à broyer du noir, elle lui proposait toujours une activité. Elle commença par entamer une partie de Bataille Explosive, puis, quand elle vit que le Capitaine des Gryffondor commençait à se lasser, elle se proposa de se rendre dans son dortoir pour aller récupérer sa Carte du Maraudeur. Elle s’y affaira elle-même afin d’être sûre que James ne croise pas Scott qui ne dormait sans doute pas encore, et devait sans doute être assis sur son lit, en train de ruminer son mécontentement. Et, après s’être assurée que le chemin vers la tour d’Astronomie était libre, elle s’y rendit avec son meilleur ami. Ils restèrent ainsi à contempler les étoiles en silence jusqu’à presque trois heures du matin. James n’avait pas les mots pour dire à sa meilleure amie qu’il était heureux de voir qu’elle avait sacrifié les moments passés avec Finnigan pour rester auprès de lui. Car elle avait mesuré son état de tension extrême. Jamais auparavant, lui et Scott n’avaient eu un mot plus haut que l’autre. Et Alice, qui avait sans doute plein d’éléments à exposer à James, qui savait sans doute expliquer toute la mauvaise foi et le mal être de l’Attrapeur recalé, se gardait pour l’instant de remuer le couteau dans la plaie. Elle ne faisait qu’écouter et soutenir James. Lorsque Nancy était avec eux, elle tempérait la Poufsouffle au caractère volcanique, pour que celle-ci n’attise pas le feu de la haine de James envers l’ami qui l’avait déçu. Car elle était tout autant déçue que James. Elle essayait parfois d’appuyer les piques que lançait James, plus pour lui-même, mais elle se ravisait en voyant le regard réprobateur que lui lançait l’aînée des Londubat. 


James réalisa alors tous les efforts que faisait Alice pour lui. Elle veillait sur lui, patiemment, s’inquiétant pour lui. Le sachant prêt à exploser de colère ou de tristesse à tout moment. Et lui, de son côté, ne lui opposait que sa mauvaise humeur et son mépris envers son petit ami. L’aîné des Potter se promit, à ce moment-là, d’essayer de reconsidérer sa position envers Finnigan. Il ne remplacera jamais Scott. James ne sera jamais intime avec lui. Mais il considérera sérieusement d’accepter sa présence aux abords du groupe. Car après tout, Alice faisait tellement de sacrifices pour lui, il se devait d’en faire de son côté. Ainsi marchait l’amitié. Et c’est pétri de ces bonnes intentions qu’il se sépara de sa meilleure amie pour aller se coucher dans son dortoir. Scott, Finnigan, Mycroft et Fred étaient déjà en train de joindre leurs ronflements à l’unisson, au travers des baldaquins de leurs lits respectifs. Un spectacle à faire pâlir de jalousie la colonie d’Augureys voisine. James se contenta de jeter un Assurdiato, et réussit à s’endormir rapidement, apaisé par la présence de Nancy et Alice à ses côtés.


Le dimanche matin, l’aînée des Londubat vint réveiller James vers neuf heures, et descendit déjeuner avec lui tandis qu’Albus et Nancy les attendaient à la table des Gryffondors. Sur une idée d’Alice, ils passèrent par les cuisines pour se faire préparer un pique-nique par les elfes, puis firent un grand tour du parc et du lac de Poudlard. Ils s’arrêtèrent pique-niquer à la lisière de la forêt, non loin du portail orné de statues de sangliers. Puis, ils passèrent l’après-midi à buller au bord du lac. James et Alice faisaient un concours de ricochets, tandis que Nancy apprenait un jeu de cartes Moldu à Albus : le rami.  Et là encore, James ne sut que dire pour remercier son cercle intime d’avoir autant d’attention envers lui.


Atteignant le même degré d’apaisement que la veille au soir, James suivit ses proches dans la Grande Salle pour aller dîner. Mais ses pensées positives et sa promesse de reconsidérer son attitude vis-à-vis de Finnigan furent balayées par ce qu’il vit à la table des Gryffondor. Scott discutait allégrement avec Finnigan. Il lui servait même du jus de citrouille. Lorsqu’il croisa le regard de son ancien meilleur ami, son visage devint livide, tandis qu’Owen Finnigan toisait l’aîné des Potter de son habituel regard hautain. Sans doute que le garçon à tête de fouine avait passé le week-end à cracher sa haine de James à un Scott rendu malléable par la déception qu’il avait subi. 

 

Ecoeuré, James tourna les talons, rejetant la main que lui posait Albus sur l’épaule, et lançant un dernier regard déçu à Alice, il remonta dans la tour de Gryffondor, sans même répondre aux suppliques de Nancy qui l’implorait de revenir.

Chapitre XVII. Diplomatie by Portus

Ce matin-là, Alice s’éveilla quelques minutes avant que son réveil ne sonne. Fait assez rare pour être souligné. Elle venait de passer un week-end agité et pas franchement agréable. Celui-ci avait pourtant commencé sous les meilleures auspices, le temps était radieux, James allait intégrer Scott dans l'équipe de Quidditch, et le groupe d'amis devait passer le week-end à imaginer les tactiques les plus improbables pour enfin subtiliser le titre aux Serdaigle qui l'avaient gagné neuf fois d'affilée. 


Entre deux discussions sur les schémas tactiques, Alice pourrait aller rejoindre Owen, son petit ami depuis août. Celui-ci couvait toujours la belle d'un regard amoureux, alors qu'il avait toutes les raisons du monde de ne pas le faire. Alice était la meilleure amie de James. Ce simple fait aurait pu décourager Owen de l'approcher. Les deux garçons, depuis leur première année, s'évitaient. James avait caché des œufs de crapaud dans le lit d'Owen, celui-ci s'y était couché dedans et s'était retrouvé couvert d'urticaire. Il n'avait eu d'autres choix que de dénoncer James lorsque Neville, le père d'Alice, qui ne laissait rien passer aux Gryffondor, lui posa des questions sur la présence de ces œufs dans son lit. Si Owen n’avait pas parlé, Neville aurait considéré qu’il essayait de faire un élevage clandestin. Mais ça, James ne l’avait jamais compris. 


Et depuis, James haïssait son camarade. Presque autant que la bande de Serpentards de Leroy Flint. Owen qui se contentait simplement d'ignorer James, avec énormément de patience et de courage, soutenait toujours son regard quand le populaire Gryffondor l'insultait de poule mouillée, de traître ou de faux-jeton. Dans tous les cas, Owen ne s'était pas formalisé du fait qu'Alice soit la meilleure amie de ce garçon qui lui gâchait son quotidien. Depuis leur quatrième année, le garçon lançait des regards appuyés à la jeune fille. Lorsqu'il la croisait, sans James, bien que cela soit rare, il prenait toujours de ses nouvelles avec courtoisie, et discutait avec chaleur. Alice ne se doutait de rien, jusqu'à la soirée d'anniversaire de Harry Potter. Quel coup du sort ! 

Owen avait dansé avec elle, pendant de longues minutes, leurs corps s'effleuraient et Alice commençait à ressentir des picotements dans son corps à mesure que le corps du garçon se serrait à elle. Gênée, elle retourna dans un premier temps vers son meilleur ami. Mais peu après, Owen revint vers elle, et les deux, à l'écart des autres invités s'échangèrent leur premier baiser. 


Depuis, Owen faisait preuve d'énormément de patience. James ne voulait pas le voir dans son groupe d'amis. C'était là l'un des grands défauts de James. Celui-ci s'était toujours senti comme le papa poule de ses amis. Ils représentaient énormément pour lui. Et si Alice savait qu'elle comptait énormément pour lui, et si, lui-même, était l'une des personnes les plus importantes aux yeux d'Alice, elle savait qu'être amie avec James Potter signifiait se plier à ses conditions. Elles étaient rares, mais elles stipulaient : pas de magie noire, pas de Serpentards, et désormais, « pas de Finnigan ». Alice, donc, aurait pu partager son week-end entre ses amis et son petit ami. L’aînée des Londubat constatait chaque jour avec émoi la patience dont Owen faisait preuve -rares auraient été les garçons qui accepteraient de rester à l'écart de leur petite amie pendant que celle-ci riait aux éclats en compagnie de deux garçons séduisants-, mais il fallait qu’il continue, car James finirait sûrement par accepter, Alice n'en démordait pas. Il est vrai que sa tentative d’établir un premier contact à la sortie du cours d’Etude des Moldus avait été foireuse, mais la Gryffondor à la longue chevelure blonde ne perdait pas espoir. Et puis, Owen finissait toujours par accepter d'attendre que James l'intègre dans son groupe pour arrêter de ne voir que sporadiquement sa petite amie. Hélas, Alice sentait que le patient Gryffondor y croyait de moins en moins, et ce week-end n’allait pas lui laisser penser le contraire …

 

Ce samedi matin, Alice s'était donc réveillée pleine d’enthousiasme pour le week-end qui s’annonçait. Certes, pour son plus grand désarroi, elle devrait continuer de se scinder entre James et Scott d’un côté, ses meilleurs amis, et Owen Finnigan de l’autre, mais la future admission de Scott dans l’équipe des Lions et le beau temps qui s’était invité sur le domaine de Poudlard étaient des perspectives plus qu’engageantes. Mais rien ne se passa comme prévu, car dès le début des sélections, elle l'aperçut : Lily, la petite sœur de James …

Elle volait avec grâce et assurance. Lorsque les élèves voulant intégrer l'équipe firent leur tour de terrain pour s’échauffer, Lily était restée au milieu du groupe, se déplaçant avec facilité et élégance sur son vieux balai emprunté à l’école. Lorsqu'un deuxième année chuta, au début du tour de chauffe, Lily qui volait derrière lui, l'évita de justesse d’une somptueuse pirouette. Et lorsque la petite sœur de James se plaça avec les aspirants Attrapeurs, Alice comprit immédiatement que la petite sorcière avait un don contre lequel Scott ne pourrait pas lutter.

 Comme il fallait s'y attendre, Scott était un garçon fier, celui-ci n'accepta pas d'être battu par une gamine. Il passa donc ses nerfs sur James, qui, comme Alice l'expliquait souvent à un Owen bougon, était un garçon entier, qu'il ne fallait en aucun cas décevoir. 


Le Capitaine des Gryffondor avait donc laissé filer son désormais ex-meilleur ami. Cachant sa profonde tristesse derrière une colère démesurée envers le garçon. Alice prit très vite la mesure de la situation. James pouvait exploser à tout moment, et il fallait qu’elle soit là pour le calmer et le tempérer. D’autant plus que la petite amie de James : Nancy Frobisher, rendue furieuse par les propos de Scott, ne semblait pas comprendre que James était une bombe à retardement qu’il fallait tenir désamorcée. Au contraire, elle n’hésitait pas à encourager son petit ami quand il maudissait ouvertement Scott Hattaway. Alice se formalisa donc de sa présence, mais tâcha de veiller à ce que la Poufsouffle ne surenchérisse pas sur les remarques acerbes que pouvait lancer James ça et là. Elles passèrent le reste du samedi aux côtés du Capitaine des Gryffondor, essayant de lui changer les idées et de l'éloigner un maximum de Scott. Alice eut l’idée de l’emmener loin du château, ils passèrent même prendre le thé chez Hagrid. Alice était même prête à affronter les friands du garde-chasse, qui avaient l’air d’avoir la consistance du goudron, pour peu que cela aide James à se détendre. 



Owen n’était déjà pas très heureux de ne pas avoir pu profiter de sa petite amie de la journée. Ce fut encore pire lorsqu’elle s’installa avec James dans la salle commune, et qu’ils se retirèrent, vers minuit, hors de la pièce de vie des Gryffondor. Pour une raison qu’elle ignorait, James s’apaisait en observant, interdit, le silence de la nuit, et les étoiles scintiller. Elle le mena au sommet de la Tour d’Astronomie. Là-bas, ils contemplèrent les cieux en silence. A un moment donné, Alice reposa sa tête contre la poitrine de son meilleur ami, assis à côté d’elle sur un des bancs du cours d’Astronomie. Mais son coeur battait encore à tout rompre. Transi de stress et de fureur froide. Bien qu’elle ait pensé essayé d’aborder le sujet Scott, Alice considérera que ce n’était pas encore le moment. Rien de bon ne sortirait de la bouche d’un James Potter encore sous le coup de ses émotions. 


Alice attendrait donc quelques jours pour raisonner James. Le garçon était encore trop furieux d'avoir vu Scott manquer de respect à sa petite sœur qu’il adorait. Puis, il fallait aussi composer avec Nancy ... Bien qu'elle s'était mise à apprécier la Poufsouffle, Alice la trouvait néanmoins de plus en plus envahissante, la jeune fille se pointant à n'importe quel moment dans la salle commune des Gryffondor et agissait comme si elle faisait partie du groupe depuis toujours. Une injustice selon elle, quand elle constatait l'accueil chaleureux que lui réservaient Roxanne, Fred, Albus, Rose et Scott, alors qu'elle, Alice, n'en demandait pas tant pour Owen. Simplement que celui-ci puisse se tenir non loin de James sans subir ses railleries. La Poufsouffle monopolisait James, l'enlaçait sans arrêt,. Le couple leur donnait une démonstration permanente de leurs performances buccales, et Alice l'avait remarqué, après nombre de celles-ci, la jolie brune de Poufsouffle lui lançait souvent un regard de défi, tandis que James, souvent pris au dépourvu par sa petite amie, souriait d’un air gêné. En tous cas, Alice devait composer avec sa présence, tant elle semblait importante pour James. 


Mais désormais, Nancy partageait la colère de James. Elle avait été scandalisée par la façon dont Scott avait rabroué les Potter. Plus le temps passait, et plus Alice avait la sensation que, même lorsque James serait calmé, Nancy ne verrait pas d'un bon œil qu'il aille s'expliquer avec Scott. La Poufsouffle avait du tempérament, elle et James s’étaient bien trouvés, en ce sens. La pensée glaça la Gryffondor. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que sans elle, Alice aurait fini par convaincre James de parler à Scott, peut-être même avant la fin du weekend. C’est aussi la présence de Nancy dans l’équation qui finit de convaincre Alice