Summary:
Fanart The Queen's Gambit par Romy Jones
Mon nom est Elisa Day. J'étais fer de lance de la justice magique. La meilleure baguette d'Angleterre, disait-on.
Jusqu'à aujourd'hui.
En seulement quelques heures, je suis devenue une petite frappe de la pègre sorcière londonienne.
Mais dans ce milieu, le jeu des stups est parfois aussi un jeu de dupes.
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Participation au concours de Fleur d'Epine : Univers Alternatifs en Folie ! Thème : Mafia AU
Categories: Univers Alternatifs Characters: Bill Weasley, Fleur Delacour, Fred Weasley, Percy Weasley, Personnage original (OC), Peter Pettigrow
Genres: Polar/enquête
Langue: Français
Warnings: Conduites addictives
Challenges: Aucun
Series: Univers alternatifs en folie !
Chapters: 8
Completed: Oui
Word count: 17385
Read: 2083
Published: 25/05/2023
Updated: 19/06/2023
Story Notes:
Salut la compagnie !
Me revoilà avec une nouvelle fanfic écrite dans le cadre du concours Univers Alternatifs en Folie ! de Fleur d'Epine. J'ai choisi le thème Mafia AU dont voici les contraintes imposées :
L'intrigue doit être racontée du point de vue d'un criminel ou d'une organisation criminelle de type mafia.
- Deux ou plusieurs organisations s'affrontent (de façon directe ou indirecte) avec un objectif précis que vous expliciterez
- Quelqu'un change de camp / trahit
- Un personnage est tiraillé moralement vis-à-vis des actions qu'iel fait
J'ai également choisi les contraintes suivantes sur celles au choix :
Contraintes de personnages :
- Une fratrie a une place importante dans l'histoire
- Un nouveau personnage est introduit (OC / Original Character)
Contraintes de temps :
- L'histoire se déroule en une journée
- Un horaire a une grande importance (par exemple : votre personnage se réveille toujours à 4h18, ou il est toujours la même heure lorsqu'il regarde sa montre, etc.)
- Il y a une deadline importante (par exemple : 30 minutes avant l'explosion d'une bombe ou 5 minutes avant le début d'un concert)
Contraintes de lieux :
- Un de vos personnages a une cachette secrète
- Décrivez un magasin du Chemin de Traverse
- Une scène cruciale a lieu dans une laverie automatique
- Un personnage voyage (par le moyen de transport de votre choix et à l'endroit de votre choix)
Notes préliminaires :
- J'enfonce peut-être une porte ouverte mais il s'agit d'un UA donc ne vous attachez pas à la personnalité des personnages telle qu'elle existe dans les livres, ni même à l'intrigue originale. J'ai joué avec les codes des personnages, parfois en poussant à l'exagération leurs traits de caractère. Donc ne vous dites pas "Mais lui il est sensé être gentil !", tous les personnages sont plus ou moins chaotiques dans cette fic. Idem pour l'histoire, j'ai repris certains marqueurs mais on se détache totalement de l'intrigue originale.
- J'ai parsemé cette histoire d'un peu d'argot. Je pense que ça se comprend facilement dans le contexte mais je donnerai les définitions dans les notes de fin de chapitre quand-même, au cas où.
- Cette fic comporte 8 chapitres. Elle est assez courte pour pouvoir rester au plus près de la limite de mots du concours (merci Fleur d'Epine d'avoir remonté la limite !). Je posterai 2 chapitres par semaine.
- J'espère que cela vous plaira, en tout cas moi je me suis amusée comme une petite folle à l'écrire. Donc merci Fleur d'Epine pour cette idée de concours ! ♥
Attention : Certaines scènes de cette histoire ont été réalisées par des professionnels. N'essayez pas de les reproduire chez vous. Non, ça c'était une blague... XD
Trigger Warning pour l'ensemble de la fic :
Comme le titre et le résumé l'indiquent, il est fait mention de stupéfiants dans cette histoire. Je n'encourage cependant pas à leur consommation.
J'arrête là avec cette longue note d'histoire. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne lecture !
1. H-24 : Hors Jeu by Nepenthes
2. H-21 : Comme un Chien dans un Jeu de Quilles by Nepenthes
3. H-17 : Règles du Jeu by Nepenthes
4. H-13 : Jeux de Mains, Jeux de Vilains by Nepenthes
5. H-8 : Double Jeu by Nepenthes
6. H-5 : Franc Jeu by Nepenthes
7. H-2 : Les Jeux Sont Faits by Nepenthes
8. H0 : Jeu de Dupes by Nepenthes
H-24 : Hors Jeu by Nepenthes
Author's Notes:
Premier chapitre : H-24
Chaque titre de chapitre comportera le mot "Jeu" et donnera le décompte jusque... jusque quoi ? Surprise !
« Vous êtes virée... »
Les paroles de mon supérieur m'atteignent comme un uppercut en pleine face. Je savais que ce jour viendrait. Que tôt ou tard, mes actes me rattraperaient. Ça me pendait au nez. Cela ne rend pas l'expérience plus agréable pour autant.
« Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il est inconcevable de garder une personne comme vous dans nos services. En particulier au sein de la brigade de police magique »
Ogden soupire.
« Croyez bien que ça m'ennuie, Mademoiselle Day. Vous êtes un excellent élément, une des meilleures tireuses d'élite de la brigade. Peut-être la meilleure que j'ai eu dans mes effectifs depuis belle lurette. Vos problèmes nuisent cependant gravement à la réputation du Ministère...
- Mais pas à la qualité de mon travail »
Ma réplique est amère.
« Vous comprenez que si je vous garde, je risque ma tête ? »
Cette fois, je ne réponds pas. Bien sûr que je comprends. Une sorcière d'élite du Ministère, une des plus habiles à la baguette, sous l'emprise de psychotropes, ça fait tâche dans le tableau. Pourtant, mon état de service est irréprochable : aucune bavure, aucun faux pas, une précision chirurgicale, un mental d'acier... Ma carrière aurait pu être une des plus brillantes de notre époque... enfin, si on fait abstraction de ce petit problème d'addiction.
En vérité, c'est à cause de ce boulot que je me suis mise à consommer. Le stress, les horaires totalement éclatés, la pression hiérarchique pour être toujours au sommet de sa forme... Certains carburent au café, moi je marche au khat. Cette petite plante que certains modifient magiquement pour en exacerber les effets.
J'ai toujours pris garde de rester discrète, de passer par des intermédiaires pour me faire livrer. Je n'ai jamais été aussi précise que lorsque j'étais perchée. Le khat aiguise mes sens, me rend plus alerte, plus rapide. C'est après que ça se corse... quand je suis en pleine redescente... Ça ne m'était jamais arrivée au boulot jusqu'à présent. Mais il faut un début à tout, pas vrai ? En l'occurrence, c'est le début de la fin pour moi à la brigade.
« Le Ministre est furieux. Nous aurions pu coffrer Bill Weasley et sa bande si vous ne vous étiez pas retrouvée dans cet état... lamentable, éructe Ogden.
- Encore une chance que nous ne l'ayons pas eu. Ça m'a épargné d'avoir à remplir la foutue paperasse qui va avec ! »
Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de lui répondre ainsi. Je crois qu'une digue vient de se briser en moi. Je me rends compte que ce boulot ne me convient plus depuis longtemps. Avais-je vraiment cherché à soulager un stress en tombant dans la spirale de l'addiction ? Ou est-ce que je cherchais seulement à compenser un mal être vis à vis d'un travail qui me semblait à présent vide de sens ? Passer des semaines, des mois, sur la piste de criminels. Mettre sa vie en danger face à certains mages noirs. Et passer ensuite autant d'heures ensevelie sous des formulaires administratifs qui ne riment à rien. Des parchemins qui finiront au mieux au fond d'une armoire, au pire au fond d'une poubelle.
« Je vous demande pardon ? s'étrangle Ogden, soudain cramoisi derrière ses lunettes épaisses.
- Vous m'avez très bien entendu.
- Je... je vais...
- Vous allez quoi ? Rédiger un rapport sur l'insubordination d'une employée licenciée ? »
Mon ancien supérieur semble sur le point de s'étouffer d'indignation. Mais je ne peux plus retenir les mots qui sortent de ma bouche. Je suis pourtant clean, pas l'ombre des effets d'une plante psychotrope dans mon organisme. J'ai l'esprit parfaitement clair.
« Vous devriez songer à employer un archiviste plutôt que de me remplacer. Avec tous les papiers qu'on nous demande de remplir dès qu'un hibou pète, il vous sera sans doute plus utile qu'un nouveau tireur d'élite !
- De... DEHORS ! »
Je n'ai pas besoin qu'on me le dise deux fois. Je tourne les talons et et sors du bureau d'Ogden en claquant la porte derrière moi. Le temps de récupérer les quelques affaires qui traînent dans le minuscule box dans lequel j'ai officié pendant près de dix années, je quitte les quartiers de la brigade de police magique sous les regards éberlués de mes anciens collègues. Sans un mot, sans un au-revoir.
Une fois sortie du Ministère, j'erre dans les rues de Londres pendant plusieurs heures, brassant des idées noires. Marcher me fait du bien, me permet de prendre petit à petit du recul avec ce qu'il vient de se passer. En passant devant la vitrine d'une boutique, je jette un coup d'œil à mon reflet. Il me renvoie une expression désabusée qui se propage de ma bouche jusqu'à mes yeux noirs. Les derniers rayons du soleil de la journée tombent sur mes cheveux courts, illuminant leur vive teinte rousse.
A présent que j'ai essoré ma rancœur et ma colère, il ne me reste plus que de l'amertume. Je me demande si je n'ai pas été trop loin. Si je n'ai pas agi de manière inconsidérée. Qu'est-ce que je vais faire à présent que je n'ai plus de travail ? Nul doute que le Ministère fera tout pour noircir mon dossier et m'empêcher de trouver un nouvel employeur. Surtout après ma sortie tonitruante avec Bob Ogden.
Je réalise soudain qu'on est mardi soir. J'ai l'habitude d'aller boire un verre ce jour-là, en prévision de mon jour de repos le lendemain. Sauf qu'à présent, je suis de repos jusqu'à nouvel ordre. Je hausse les épaules. Après tout, pourquoi changer ses habitudes ? Demain est un autre jour. Je verrai bien ce qu'il me réserve.
Je m'appelle Elisa Day. On me surnomme « The Wild Rose ». Ancienne tireuse d'élite à la brigade de police magique. Accro au khat. Et voici comment, en seulement quelques heures, je suis passée de fer de lance de la justice magique à petite frappe de la pègre sorcière londonienne.
End Notes:
Petite entrée en matière : ce premier chapitre est assez court et me permet surtout d'introduire mon OC narrateur.
D'ailleurs, les plus musicophiles d'entre vous auront peut-être reconnu que ses noms et surnoms sont empruntés à la chanson Where the Wild Roses Grow, de Nick Cave and the Bad Seeds avec Kylie Minogue (même si j'ai tendance à préférer la reprise par le groupe Kamelot).
N'hésitez pas à me partager vos premières impressions : comment pensez-vous qu'Elisa va basculer de l'autre côté du miroir ?
A bientôt !
Nepenthes
H-21 : Comme un Chien dans un Jeu de Quilles by Nepenthes
Author's Notes:
Bonjour la compagnie !
Nouveau chapitre, nouveau personnage, et une scène à la Ocean's Eleven.
Bonne lecture !
Si vous voulez un peu d'ambiance musicale :
Le Clan des Siliciens, Ennio Morricone
J'avale mon cinquième Whisky Pur Feu de la soirée cul sec et repose bruyamment le verre sur le comptoir. Je jette un coup d'œil à ma montre. Il est 23h30. Je devrais rentrer, m'écrouler sur le lit de mon misérable appartement londonien, me laisser happer par le sommeil pour oublier le fiasco qu'est devenue mon existence. Mais je n'en ai pas envie. Qui aurait envie de se retrouver seul à s'apitoyer sur son sort ?
Je fais signe au barman de me resservir un verre.
« Vous devriez vous arrêter là avant de ne plus avoir l'esprit clair... » me glisse un homme accoudé au comptoir près de moi.
Je pose les yeux sur lui et le détaille. Blond, pas très grand, le regard clair. Il a presque un visage enfantin, si ce n'est cette fine moustache ornant le dessus de ses lèvres. Il ne me dit rien. Ou plutôt si. Il me semble l'avoir déjà vu traîner au Chaudron Baveur mais je ne lui ai jamais prêté attention. Pourtant, avec son pardessus noir qui lui donne de faux airs de cow boy et son fedora vissé sur la tête, il ne passe pas inaperçu.
Je grogne un « De quoi je me mêle ?» alors que Tom dépose un nouveau verre devant moi.
« Comme vous voulez. Mais à votre place, j'aurais besoin de tous mes esprits pour accepter une proposition de travail... » répond-t-il en plongeant ses lèvres dans sa propre bière.
Je m'arrête alors que je m'apprête à avaler mon Whisky.
« Un travail ?
- Bien rémunéré, acquiesce-t-il. Très bien rémunéré »
Je hausse les épaules d'un air indifférent, mais il m'intrigue.
« Qui vous dit que j'ai besoin d'un boulot ?
- Vous n'êtes pas Elisa Day ? Surnommée The Wild Rose ? Meilleure tireuse d'élite de la brigade de police magique tout fraîchement licenciée ? »
Il vérifie l'heure à sa montre.
« Il y a tout juste trois heures, en vérité...
- Comment vous savez ça ? »
Sans m'en rendre compte, j'ai bondi sur mon siège, renversant une partie de mon verre sur le comptoir.
« Les nouvelles circulent vite... » élude-t-il avec un petit sourire énigmatique.
Il baisse les yeux vers mon postérieur, non pas pour le reluquer mais pour constater que j'ai sorti ma baguette de la poche arrière de mon pantalon.
« Inutile de vous affoler, dit-il d'un ton très calme. Je vous assure que je ne cherche que la convergence de nos intérêts communs...
- Vous êtes qui ? »
Il fait claquer sa langue contre son palais, comme pour me signifier qu'il ne répondra pas à ma question.
« Tout ce que vous avez à savoir, c'est que le job que je vous propose sera grassement rémunéré. De quoi vous permettre de vous passer de travail pendant quelques temps... ce qui, je n'en doute pas, vous arrangera dans la mesure où votre nom doit déjà être noirci sur tous les dossiers du Ministère...
- Grassement payé, c'est combien ? »
Il sourit, comprenant qu'il a piqué ma curiosité. Il s'assure que personne ne nous écoute avant de glisser discrètement :
« 1 million de gallions »
J'en perds mon souffle. Une telle somme ne me permettrait pas seulement de me passer de travail pendant quelques années. Je pourrais me passer de travail tout court.
« Plus... quelques extra d'une autre nature... ajoute-t-il avec un clin d'œil.
- Si vous cherchez à me mettre dans votre lit en échange d'un boulot, je vous préviens, ce n'est pas le genre de la maison...
- Je ne parle pas de ça. J'ai ce qu'il me faut sur ce plan, merci... »
Il jette un coup d'œil par-dessus son épaule.
« Je parle de came... » souffle-t-il en se penchant vers moi.
Pour la deuxième fois en quelques minutes, j'en perds ma respiration. Le gonze sourit, bien conscient qu'il a réussi à me ferrer. Je tâche pourtant d'afficher une mine la plus stoïque possible tandis que je demande, un peu suspicieuse :
« Ça consiste en quoi votre boulot ? »
Il secoue la tête en signe de négation.
« Pas ici. On est bien trop exposés »
Il fait glisser devant moi un petit papier. Je le déplie pour le lire.
« Retrouvez-moi là-bas dans une heure. C'est un endroit calme, nous aurons l'occasion d'y papoter plus à l'aise... »
Sans un mot de plus, il se lève et quitte le pub. J'observe le bout de parchemin sur lequel est griffonnée une adresse. Je me sens vaciller et pourtant, je sais que cela n'a rien à voir avec l'alcool. A ce moment-là, je me sens au bord du précipice, prête à chuter. Devrais-je vraiment me rendre à ce rendez-vous ?
Je faisais partie des bras armés de la justice magique, que diable... Mon boulot consistait à aider à mettre sous les verrous les pires voyous, les sorciers les plus dangereux. Pas à leur venir en aide. Est-ce que j'allais vraiment tomber si bas en acceptant une proposition de boulot émanant très clairement d'un criminel ?
Et en même temps, le Ministère venait de me foutre à la porte de la manière la plus brutale possible. Je ne dis pas que mon licenciement n'était pas mérité. Mais ils auraient au moins pu me laisser le temps d'organiser un petit pot de départ, les cochons... Le manque de reconnaissance d'Ogden dans tout ça, après dix années à le seconder dans l'ombre pour diriger cette foutue brigade, sans jamais rien demander en retour, me fait brûler les tripes aussi sûrement que les tords boyaux que je me suis envoyée ce soir.
J'avale mon dernier verre de Whisky Pur Feu pour noyer mes réticences. Ma décision est prise. Bien sûr que je vais y aller, à ce rendez-vous...
--
Une heure plus tard, je suis sur le trottoir en face de l'adresse que m'a refilé l'inconnu. Je vérifie plusieurs fois si je ne me suis pas trompée mais c'est bien le bon numéro, la bonne rue. Le gars m'a donné rendez-vous dans une laverie automatique. Remarquez, c'est pratique. Ouverte presque à toutes heures du jour et de la nuit, et quasi déserte à cette heure-ci.
Je me saisis d'une petite feuille de khat dans la poche intérieure de ma veste : c'est la dernière que j'ai sur moi. Je la fourre rapidement dans ma bouche. On ne sait jamais, après tout je ne connais rien de ce type.
Je traverse la rue et pousse la porte. C'est le calme plat, en dehors d'une unique machine qui tourne. À côté, je retrouve mon énergumène du Chaudron Baveur. Au moment où je rentre, il sort une petite flasque de sous sa veste et en boit une gorgée. Il me remarque alors.
« Ponctuelle en plus d'être douée et jolie » déclare-t-il.
Je prends place sur le siège face à lui, à côté du distributeur de lessive.
« Vous avez de la chance, ce sont à peu près mes seules qualités »
Ma réponse fait apparaître un sourire en coin sur son visage. On s'observe un moment en chiens de faïence, sans rien dire.
« Alors, il consiste en quoi ce boulot ? » finis-je par demander à nouveau.
Il ne répond pas tout de suite, comme pour se donner le temps de réfléchir si oui ou non cela vaut le coup de tout me balancer.
« Vous avez entendu parler des Soul Eaters ?
- Ce gang spécialisé dans la confection de drogues dérivées de plantes magiques ? »
Il acquiesce.
« Ils sont à la tête d'un réseau tentaculaire de production et de vente de puissants psychotropes. Ils sont bien organisés, ils passent par une multitude d'intermédiaires pour que ce soit difficile de remonter jusqu'à eux »
Je hoche la tête. La brigade s'était plus d'une fois cassée les dents pour essayer de démanteler leur cartel. Je me souviens d'Ogden vitupérant les gars en charge du dossier, parce qu'ils n'arrivaient pas à leur mettre la main au collet. Autant s'amuser à démêler une pelote de laine avec laquelle un chat aurait joué. Les Soul Eaters étaient foutrement bien protégés par le système qu'ils avaient mis en place. Au mieux, la brigade parvenait à coffrer de petites frappes, des fusibles d'une mécanique bien huilée.
« Vous comptez leur mettre la main dessus ? »
Je ne parviens pas à cacher la surprise dans ma voix. Le bonhomme me semblait plutôt enclin à verser lui-même dans les activités louches, pas à se prendre pour un justicier à la place de la brigade de police magique.
« Oui, mais pas pour les arrêter, me répond-il. Ce que je veux, c'est leur magot. M'emparer de tout leur stock pour le revendre moi-même, et du grisbi (1) par la même occasion »
Je suis presque rassurée. Cette explication me semble plus logique.
« Comment vous comptez vous y prendre ? »
Il lève une main, comme pour calmer mon ardeur.
« Avant toute chose, je veux m'assurer que je peux compter sur vous.
- Est-ce que je serais ici si je n'étais pas intéressée ? Vous l'avez dit vous-même, je suis blacklistée au Ministère et je pense qu'on me fera suffisamment mauvaise presse pour s'assurer que je ne retrouve pas de job après-demain.
- Vous accepteriez que je vous soumette au Veritaserum alors ? »
Je l'observe quelques instants avant de répondre sans le moindre accroc dans la voix :
« Oui »
Il sourit. Visiblement, j'ai donné la bonne réponse.
« Parfait »
Il y a un nouveau silence pendant lequel je reste dans l'expectative, m'attendant à ce qu'il sorte un flacon pour m'en faire ingurgiter quelques gouttes. Mais il reste à me fixer avec son sourire en coin.
Je m'impatiente :
« Alors ?
- Ce ne sera pas nécessaire, répond-il. Je doute que vous auriez accepté de vous y soumettre si vous n'aviez pas vraiment l'intention d'être honnête. En l'occurrence, j'en avais déjà glissé quelques gouttes par précaution dans l'un de vos verres tout à l'heure... »
Je tressaille. Je devais être bien stone pour ne pas m'en être rendu compte. Ou bien alors le gus se fout de ma gueule. Un sourire moqueur se peint sur ses lèvres, bien conscient du doute qu'il a instillé en moi.
« Alors, prête à entendre toute l'histoire ? » demande-t-il finalement.
Je hoche la tête. Il remet en place son fedora sur sa tête et commence son récit :
« Avec mes gars, on a mené plusieurs mois d'investigation pour remonter leur réseau. On a fini par découvrir que les Soul Eaters utilisent cette laverie comme plaque tournante »
Je hausse les sourcils mais n'ose pas l'interrompre.
« Vous voyez le gros lave linge dans le fond là-bas ? »
Je hoche la tête en tournant la tête vers le fond de la laverie où un unique lave linge taille industrielle occupe la majeure partie du recoin dans lequel il est installé.
« Dès qu'un intermédiaire doit déposer de l'argent ou récupérer une livraison, il l'utilise. Il dépose son contenu à l'intérieur, ou bien il prend le matos directement dans le tambour. Il faut faire une combinaison spéciale avec les boutons de l'appareil pour que ça fonctionne, histoire qu'un Moldu ne leur envoie pas son linge sale par mégarde »
Il ricane, en s'imaginant sans doute la tête des Soul Eaters s'ils recevaient un tas de slibards dégueu.
« La combinaison change à chaque livraison ou à chaque dépôt. Une combinaison différente selon le client. Ça fonctionne presque en automatique, ils programment les futurs échanges attendus et un sort se charge de mettre ce qu'il faut dans le tambour, argent ou came. On en a déduit que la machine est très certainement reliée à leur planque. On a essayé de déjouer le sortilège pour atterrir directement là où ils gardent leur matos. Mais ils ont trop bien verrouillé le truc.
- Alors comment vous comptez faire ? »
Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres.
« On a réussi à les infiltrer il y a quelques mois. Notre espion là-bas est parvenu à les convaincre que nous étions sur le point de faire sauter leur coffre fort et qu'il était plus prudent de le changer de place.
- Ce n'était pas plus simple de demander à votre espion d'obtenir les contre-sortilèges ? »
Il secoue la tête en signe de négation.
« Il n'y a qu'une seule personne qui est en mesure de désactiver les protections. Et elle est du genre... incorruptible. Liée par un sortilège de Fidelitas. Même le reste des sbires du gang ne sont pas au parfum »
J'opine du chef tout en tâchant d'intégrer toutes les informations qu'il me balance. Je comprends mieux pourquoi les Soul Eaters sont si difficiles à atteindre. Ils segmentent leurs informations, même au sein du gang. C'est futé, comme ça ils savent d'entrée de jeu qui les a trahis.
« Donc, vous comptez être là quand ils feront le transfert de coffre, conclus-je.
- Vous comprenez vite.
- Comment pouvez-vous être sûrs qu'ils vont passer par là ?
- C'est le revers de leur système ultra sécurisé : c'est la seule entrée et la seule sortie. Ils devront donc nécessairement passer par là pour sortir le contenu du coffre »
J'objecte aussitôt :
« Ils s'attendront certainement à ce que vous soyez là. Ils vont ramener l'artillerie lourde.
- On sait déjà qu'ils ont recruté la fine fleur des mercenaires. Des gars du gang des Marauders... »
Ce nom m'évoque clairement quelque chose.
« Je croyais que l'une des têtes de ce gang était sous les verrous...
- « Le Parrain », Sirius Black, acquiesce mon vis à vis. Abelforth a su se montrer persuasif pour embaucher le reste de la clique.
- Abelforth... Dumbledore ? »
Nouvel hochement de tête de mon interlocuteur.
« C'est lui qui a repris la tête des Soul Eaters après la mort de Charlie Weasley. Abelforth était son bras droit »
J'opine du chef. Les guerres entre gangs ne me sont pas totalement inconnues, même si je me rends compte que le Ministère n'a accès qu'à une infime partie des informations sur ce qu'il se trame entre eux.
Il poursuit ses explications :
« Abelforth a joué de son rôle de vétéran de la guerre contre le gang des Death Eaters pour rapatrier à sa cause Remus Lupin, dit Le Loup, et James Potter, connu sous le sobriquet de « Cornu »
- Et le quatrième ? »
Il m'observe avec un regard incisif, comme s'il essayait de comprendre ma question. Je viens de me souvenir des circonstances de l'arrestation de Black. J'explicite donc le fond de ma pensée :
« Le quatrième des Marauders, celui qui a entraîné la chute du Parrain. Qu'est-ce qu'il est devenu ?
- Peter Pettigrow, dit Le Rat, me répond mon interlocuteur avec un hochement de tête. Il est chez nous »
Cette nouvelle ne m'étonne même pas. Pettigrow a retourné sa veste et précipité la condamnation de Black. A sa place, j'aurais aussi cherché la protection d'une bande plus puissante.
« Qui d'autre est dans votre gang ? »
Ma tête grouille de questions. J'ai l'impression de les balancer au fil de l'eau sans logique.
« Chaque chose en son temps. Je vous présenterai aux autres un peu plus tard »
Il m'observe de sous son fedora. J'embraye donc sur une question plus brûlante :
« Quel sera mon rôle dans tout ça ?
- Les Soul Eaters étaient considérablement affaiblis depuis la mort de Charlie Weasley. Mais avec le Loup et le Cornu à leurs côtés, les cartes sont rebattues. On a besoin des personnes les plus habiles à la baguette pour être en mesure de leur tenir tête. C'est donc là que vous entrez en jeu.
- Quand doit avoir lieu ce fameux casse ? »
Il jette un œil à sa montre.
« Dans 18 heures précisément »
Une chape de plomb s'écrase dans mon estomac. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si rapide.
« 18 heures ?
- Pas une minute de plus... Mais pour une sorcière de votre qualité, ça devrait être un jeu d'enfant » dit-il sans se départir de son sourire en coin.
Je laisse passer un silence, le temps de digérer l'annonce. Cela nous laisse peu de temps pour nous préparer et je ne connais même pas encore le reste de mes coéquipiers. Ça risque d'être aussi tendu que se jeter sous les serres d'un hippogriffe en rut !
Mais la perspective du pactole, doublé de quelques substances récréatives, excite mes sens aussi fort que le khat. Bordel, c'est ça qui me manquait dans ma précédente vie, mon précédent travail : de l'adrénaline ! Du risque ! J'avais signé pour coffrer des criminels, pas pour développer une phobie administrative.
« Toujours partante ? » demande mon recruteur, interrompant ainsi mon fil de pensées.
Je ne prends même pas le temps d'y réfléchir plus. C'est à mon tour de lui adresser un sourire en coin avant de lui répondre :
« Où est-ce que je signe ? »
End Notes:
(1) Grisbi : argent (pour ceux qui ont vu les Tontons Flingueurs, ça vous parle sans doute ;-) )
Vous avez peut-être remarqué que j'ai gardé une version anglaise des noms de groupes (Death Eaters, Marauders...). C'est intentionel, pour la touche d'ambiance guerre des gangs :-)
Alors, on commence à en savoir plus sur les forces en présence. A votre avis, qui est le mystérieux recruteur d'Elisa ? Qui sont les autres membres de son gang et qui d'autre se trouve dans le gang des Soul Eaters ?
A vos paris ! Réponse au prochain chapitre, jeudi prochain...
Merci pour votre lecture !
Nepenthes
H-17 : Règles du Jeu by Nepenthes
Author's Notes:
Bonjour à tous !
Troisième chapitre, on l'on fait quelques rencontres supplémentaires !
Pour un peu d'ambiance musicale :
Peur sur la ville (Minaccia Telefonata N.2) - Ennio Morricone
My Name is Nobody - Ennio Morricone
(Oui, il va y avoir beaucoup de Morricone dans les suggestions de playlist ♥ )
Après notre discussion, mon mystérieux employeur m'emmène dans une station de métro. Je le suis sans rien dire, un peu surprise de son choix de mode de transport. On fait plusieurs changements puis on prend la ligne Picadilly jusqu'à Green Park. Je profite du voyage pour le détailler un peu plus. Il sort à nouveau sa flasque de sous sa veste et en boit une gorgée. Si j'ai un penchant pour le khat, lui semble avoir un faible pour le casse-pattes (1). Il capte mon regard et m'adresse un sourire énigmatique. C'est étrange, mais je trouve qu'il n'a pas du tout le physique qui colle avec le reste du bonhomme. Comme s'il portait un costume trop grand pour lui. Son regard reflète quelque chose de plus vieux, de plus mature. Et à y bien réfléchir, il ne me parait pas si étranger que ça...
« Vous me dévorez des yeux » constate-t-il.
Je réponds du tac au tac :
« J'essaie encore d'évaluer si je peux vous faire confiance...»
Loin de s'en offusquer, il sourit à nouveau.
« Je ne connais même pas votre nom... »
Je fais cette remarque à la fois pour moi-même et pour lui.
« Patience, tout vient à point à... » commence-t-il à répondre, avant que la voix du métro n'annonce que nous arrivons à Green Park. Nous sortons de la rame et je le suis le long du quai. Je suis une fois de plus surprise de constater qu'il ne se dirige pas vers la sortie. Je ne dis rien et me contente de le suivre alors qu'il s'engage dans un couloir peu emprunté. Arrivé devant une porte de service, il jette un regard par dessus son épaule et déverrouille l'accès avec sa baguette. Je le suis de l'autre côté. Nous nous retrouvons plongés dans l'obscurité. Je sors ma baguette à mon tour pour nous donner un peu de lumière. Mon étrange compagnon, lui, avance dans le noir comme s'il y voyait en plein jour.
Nous longeons de longs couloirs sans jamais croiser personne. Je finis par comprendre que nous avons atteint une zone désaffectée du métro londonien. L'homme murmure par moments des mots que je ne saisis pas mais je me doute qu'il doit lever temporairement certains sortilèges de protection que lui et son gang ont mis en place pour se prémunir des intrusions de Moldus ou d'autres sorciers indésirables.
Au bout d'un moment, nous passons une lourde porte et je ne peux m'empêcher de siffler d'étonnement en me retrouvant de l'autre côté. Tout ici semble chaleureux et lumineux, offrant ainsi un contraste saisissant avec les couloirs sombres et crasseux que nous venons de quitter. Pour un peu, on se croirait dans un chic appartement de Notting Hill. Nous passons dans un couloir bordé de portes ouvertes. A ma grande surprise, j'aperçois des sanitaires : toilettes, lavabos, même une baignoire... Ils sont tous dans un très bon état. Pour un peu, j'en aurais oublié que nous sommes dans le métro de Londres.
« On est dans l'ancienne station de Down Street, m'informe mon employeur en accrochant mon regard surpris. Elle a été utilisée comme bunker par Churchill lors de la dernière guerre mondiale moldue. On a repris les installations en place et on les a... améliorés... »
Je comprends par là qu'ils ont usé de sortilèges à la fois pour aménager les lieux et les protéger. Je laisse échapper un « C'est ingénieux...» admiratif. Au moins, ils n'ont pas eu besoin de tout créer de zéro.
Nous arrivons enfin dans une longue pièce qui devait être le quai. J'aperçois alors les premiers êtres humains depuis que nous avons plongé dans les entrailles de la terre. Un homme à la chevelure rousse s'avance vers nous, les bras chargés de matériel. Je remarque ce qui ressemble à plusieurs engins explosifs dans le lot.
« Salut Fred, dit mon accompagnateur.
- Oh, salut Bill ! répond le jeune homme. J'ai failli ne pas te reconnaître. Je crois que je ne me ferai jamais à ta nouvelle apparence... »
Bill... Bill... Mon esprit se met à fonctionner à toute vitesse. L'homme m'a parlé des Soul Eaters, leur gang ennemi. Mais a-t-il évoqué le nom de sa bande ?
« Où est Luna ? demande Bill.
- Dans son atelier, répond Fred. Elle est en train d'examiner le dernier arrivage d'objets magiques pour voir ce qu'elle peut en tirer...
- Parfait... »
Luna... Lovegood ? Connue sous le nom de « Rêverie » ? Cette nana experte dans les expériences sur des objets magiques ? L'associée de l'un des patrons de la pègre les plus recherchés par le Ministère ? Celui-là même que j'ai failli attraper il y a quelques jours, si je n'avais pas été si stone pour le manquer ?
Mon esprit est en train d'assembler les différentes pièces du puzzle. Le sourire que m'adresse Bill est un rien goguenard. Il a compris que j'ai saisi.
« Vous êtes Bill Weasley », dis-je soudain.
Ce n'est pas une question mais une affirmation.
Bill Weasley, surnommé Scarface. Le patron du gang des Reapers, spécialisé dans le recel et la vente d'objets détournés magiquement. Le surnom de Bill Weasley lui vient des cicatrices qui défigurent son visage depuis qu'il s'est fait attaquer par un loup-garou pendant la dernière guerre des gangs qui a opposé toute la pègre londonienne à la bande des Death Eaters. Je comprends alors que sa flasque ne contenait sans doute pas du Whisky Pur Feu, mais plus vraisemblablement du Polynectar. Pratique pour camoufler un physique plus que remarquable, surtout quand votre tête orne la plupart des murs du Département de la Justice Magique.
« En chair et en os, me confirme le concerné.
- C'est qui, elle ? demande Fred en me jaugeant de la tête aux pieds.
- Notre nouvelle tireuse d'élite » répond Bill.
Je soutiens le regard de Fred en me présentant :
« Elisa Day »
- The Wild Rose ? s'étonne-t-il. Putain Bill, tu vas taper chez les argousins du Ministère, maintenant ? (2)
- Elle n'est plus employée au Ministère, répond Bill calmement. Elisa, je vous présente mon frère Fred.
- Les autres m'appellent Bomber Man, déclare Fred avec un grand sourire.
- Fred est notre... artificier... »
Je n'avais pas besoin qu'on me le précise, le sobriquet de Fred parle pour lui.
« Viens, je vais te présenter le reste de l'équipe, déclare Bill en passant subitement au tutoiement.
- Bienvenue chez les Reapers ! » me lance Fred avec un clin d'œil alors que je m'éloigne à la suite de Bill.
Déjà deux Weasley dans le gang, je me demande combien d'autres encore se cachent dans les recoins de la station désaffectée. Alors que nous nous dirigeons vers un deuxième homme à la chevelure rousse, je lui demande :
« Tu travailles avec tous tes frères et sœurs ?
- Pas tous, non », répond-il d'un air sombre.
Je me souviens alors que c'est Bill qui a tué Charlie Weasley, « Le Dragon », à la tête des Soul Eaters, il y a quelques mois de ça. Une guerre fratricide, quoi de plus chic... Suite à quoi, il a renforcé son emprise sur le cartel des drogues magiques. Et épousé Fleur, la veuve de son défunt frère. Charmante famille...
Le nouveau Weasley n'a pas du tout la même allure que Fred. Il me dévisage d'un air hautain tandis que Bill me présente.
« Voici Percy, mon frère donc, mais surtout notre cerveau. C'est lui qui s'occupe de tous les petits détails administratifs de notre entreprise : faux papiers, vol de plans... Il a quelques contacts utiles au Ministère. C'est grâce à lui que nous avons su que tu allais être virée, avant même que tu ne le saches toi-même.
- Et c'est quoi ton surnom ? »
Percy me jette un regard froid et dédaigneux.
« Juste Percy... » me répond-il avec aigreur.
Je comprends que je ne viens pas de me faire un ami en la personne de Percy. Bill semble réprimer un sourire et m'entraîne un peu plus loin.
« Il est très professionnel et efficace, mais pas très porté sur la fantaisie... » me glisse-t-il alors que Percy replonge le nez dans sa paperasse.
Nous nous approchons d'une petite zone cosy, composée de plusieurs fauteuils confortables et d'une table basse. Une femme sublime s'y prélasse, une tasse de thé fumant à la main. Je n'ai pas besoin que Bill me la présente pour comprendre qu'il s'agit de la Plante Carnivore, Fleur Delacour. Elle se lève pour accueillir son cher et tendre d'un baiser fougueux.
« Tu sais que je n'aime pas cette moustache, Bill... minaude-t-elle en balançant ses longs cheveux blonds derrière son épaule.
- C'est temporaire, je retrouverai mon apparence dans peu de temps... »
Une autre personne est assise dans un fauteuil. Un petit homme aux cheveux châtains ternes et au nez pointu. Il ne fait pas mine de bouger pour venir à ma rencontre et se contente de m'observer de ses yeux noirs. Une fois n'est pas coutume, Bill me présente aux autres.
« Enchantée, ravie qu'une autre femme se joigne à nous, me dit Fleur avec un grand sourire. Je me sentirai moins seule...
- Il y a aussi Luna », fait remarquer le balafré dont les cicatrices commencent déjà à apparaître à mesure que le Polynectar cesse de faire effet.
Fleur lui répond par une moue dédaigneuse, me faisant comprendre qu'entre les deux femmes, ce n'est pas l'amour fou.
« Elle est plus intéressée par ses expérimentations que par les autres...
- Et c'est tout ce que je lui demande, réplique Bill d'un ton qui ne souffre pas de réplique. Peter, ramène donc tes fesses par ici »
Le petit homme se lève d'un bond de son fauteuil et me tend la main. Je réprime une grimace quand je la serre. Sa peau est moite.
« Peter est notre espion, il est capable de se glisser partout », m'indique Bill.
Le concerné m'adresse un sourire craintif. J'ai l'impression qu'à cet instant, il aimerait pouvoir mettre à contribution ses capacités pour disparaître dans les murs.
« Il ne te restera plus qu'à rencontrer Luna, mais je préfère attendre qu'elle ait terminé. Quand elle est concentrée sur ses expériences, elle ne nous calcule même pas... »
Je suis le regard que Bill lance vers une petite guérite un peu plus loin. Des éclairs lumineux apparaissent par instants par la vitre opaque de la porte.
Fleur m'invite à me poser dans le canapé et j'accepte l'offre avec plaisir. Je suis rincée. Je vérifie l'heure à ma montre et je suis presque surprise de constater qu'il est presque 2h du matin. Pourtant, je n'ai aucunement envie d'aller me coucher. J'ai encore trop de questions qui me tournent dans la tête. Je viens de m'engager dans un jeu dangereux entre deux gangs de la mafia, il reste moins de dix sept heures avant notre casse et je ne connais toujours pas les détails du plan. Ni les forces en face.
« On va attendre que Luna soit parmi nous pour t'expliquer le plan », déclare Bill qui semble avoir lu dans mes pensées.
Je constate que ses cheveux reprennent peu à peu leur couleur rousse. Ses traits se font également plus carrés, et il semble avoir déjà repris quelques centimètres au niveau des épaules et des jambes.
« Tu m'as parlé tout à l'heure qu'Abelforth avait fait appel au reste des Marauders pour les aider. Qui d'autre se trouve dans le camp adverse ? »
Cette fois, ce n'est pas Bill qui répond mais Fleur. Elle a abandonné ses airs de midinette et son regard est beaucoup plus grave et sérieux alors qu'elle s'adresse à moi.
« Ils appuient leurs activités de fabrication de substances sur deux têtes : Neville « Poison » Londubat, un botaniste chevronné, et Severus Rogue alias « Le Nez ».
- Le Nez ?
- Officiellement, c'est parce qu'il a un flair hors pair pour détecter les moindres ingrédients dans une potion ou une drogue. Officieusement, c'est à cause de son... Bref, il n'aime pas qu'on l'appelle comme ça, me répond Fleur avec un haussement d'épaules.
- Londubat et Rogue, c'est noté. Qui d'autre ?
- Le reste de la fratrie Weasley, me répond Fred qui nous a rejoint avec Percy. Mon frère jumeau George, dit « Tricheur ». Il est presque aussi doué que moi pour confectionner des artifices, mais il est plus spécialisé dans les illusions.
- C'est à dire ?
- Changement de forme, brouilleur de sens, hologramme... ce genre de choses »
J'acquiesce et attend qu'ils terminent de dresser le tableau des Soul Eaters.
« La dernière, c'est Ginny dite la Furie, reprend Percy en s'asseyant d'un air guindé. Redoutable jeteuse de sortilèges »
Je fronce les sourcils.
« Comment ça se fait que vous vous soyez éclatés de cette manière ? La fratrie Weasley qui se déchire...
- Nous n'avions pas les mêmes... aspirations... » répond laconiquement Bill.
Il a totalement repris son apparence à présent et le regard qu'il pose sur moi me glace. Je me rappelle alors que c'est un fratricide, un homme qui n'a pas hésité à abattre son propre frère pour gagner un peu plus de pouvoir.
« Il n'y a que Ron qui n'a pas pris parti, ajoute Percy. Il tient trop à son poste au Ministère et à son amitié avec le responsable du bureau des Aurors pour se salir dans ce genre d'activités... Mais il nous est parfois utile malgré lui. Il parle un peu trop quand il a bu... »
La porte de la guérite s'ouvre alors et une jeune femme à la longue chevelure blonde en sort. Ses yeux sont cachés derrière une grosse paire de lunettes de protection, semblables à des lunettes d'aviateur. Ses joues sont noircies par de la suie. Elle tient à la main ce qui semble être un réveil matin.
« C'est fait, déclare-t-elle d'une voix douce avec un petit sourire rêveur.
- Ah, Luna, tu es parfaite ! » s'enthousiasme Bill en se levant pour la rejoindre.
Elle retire ses lunettes pour laisser apparaître deux grands yeux bleus. Ils se posent immédiatement sur moi au moment où Bill lui prend le réveil des mains.
« Comment ça fonctionne ?
- Très simplement, répond Luna de sa petite voix. Il n'y a qu'à le poser quelque part dans la laverie avant que les Soul Eaters n'arrivent. J'ai déjà réglé l'heure. 18h32 précisément. Le mécanisme se déclenchera automatiquement à ce moment-là. Le rayon d'action est assez court, deux à trois mètres. Vu l'exiguïté des lieux, ça sera amplement suffisant.
- Qu'est-ce que c'est sensé faire ? »
Les deux yeux bleus se posent à nouveau sur moi. Le sourire de Luna est énigmatique. Elle semble amusée par ma question.
« Suspendre le temps, pardi ! me répond-elle.
- Seuls ceux qui seront directement exposés au rayon d'action du réveil seront figés dans le temps pendant 1 minute, complète Bill qui a l'air aussi excité qu'un boisseau de puces. Ça nous laisse le temps de rentrer dans la laverie et de les neutraliser avant de récupérer le magot »
Les yeux du balafré brillent d'enthousiasme. Je vois Fleur afficher une moue de colère quand il prend Luna dans ses bras pour la féliciter et la remercier encore une fois. Pas étonnant qu'elle ne la porte pas dans son cœur. Bill semble accorder plus d'attention à son associée qu'à sa compagne.
« Et pourquoi 18h32 ?
- Les Soul Eaters arriveront sur place à 18h30 tapantes, m'explique Percy. Cela laisse le temps pour que leur Gardien du Secret lève les sortilèges de protection.
- Vous savez qui est le Gardien ?
- Abelforth, bien entendu, répond Fred. Qui d'autre cela peut-il être ?
- Donc si je résume, dis-je pour reprendre le fil. On attend qu'ils baissent leurs protections, l'objet enchanté par Rêverie les fige dans le temps, on les neutralise et on repart avec le butin... Ce n'est pas un peu simple ?
- C'est justement pour ça qu'ils ne s'y attendront pas, me réplique Bill.
- Pourquoi je suis là alors ? Vous ne seriez pas venus me chercher si c'était aussi facile. Même avec les Marauders dans la partie...
- Parce qu'on n'est pas à l'abri qu'ils aient prévu de quoi neutraliser les objets magiques. Ils savent que c'est notre spécialité...
- Alors c'est quoi le plan B ? »
Bill hausse les épaules.
« On fonce dans le tas... »
Il éclate de rire devant mon air interloqué.
« Dans les faits, c'est un peu plus subtil que ça, me rassure Percy en se fendant enfin d'un maigre sourire.
- J'ai prévu quelques explosifs pour faire diversion, m'indique Fred. Pendant que Bill, toi et moi on les tient en respect, Peter se faufilera à l'intérieur avec Luna pour transférer tout ce qu'ils peuvent dans un sac sur lequel nous avons jeté un sort d'Extension. Percy sera en charge d'assurer leurs arrières.
- Et Fleur ?
- Je serai du côté des Soul Eaters quand vous arriverez, répond-t-elle sans l'ombre d'une hésitation. C'est moi qui les ai infiltrés depuis plusieurs mois, il faut que je sois avec eux pour qu'ils ne se doutent de rien. Ils sont persuadés que j'espionne les Reapers dans le but de venger la mort de Charlie... C'est comme ça que j'ai réussi à les convaincre que les Reapers comptaient dévaliser leur coffre et qu'ils devraient transférer leur magot ailleurs »
Elle se pend au bras de Bill et lui adresse un regard brûlant.
« Et tu as été splendide... » répond le balafré en la dévorant des yeux.
Je ressens d'ici le pouvoir de la vélane qui subjugue tous les hommes autour de la table. Seules Luna et moi-même restons stoïques.
Fleur m'adresse un sourire resplendissant.
« Tu vois, tout est parfaitement calculé, susurre-t-elle. Il ne manquait plus que la meilleure baguette d'Angleterre... »
Leur plan semble en effet bien pensé, ils ont envisagé toutes les possibilités. Je souris en retour à Fleur, mais dans mon for intérieur, je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression que tout ne va pas se dérouler comme ils l'ont prévu. Je ne peux pas me départir de la sensation que quelqu'un ici ne joue pas franc jeu.
Khat ou pas khat, j'ai toujours eu le flair pour ce genre de traquenard. Et il ne m'a jamais fait défaut...
End Notes:
Petit lexique d'argot :
(1) Casse-pates : alcool
(2) Argousin : policier
--
Alors, que pensez-vous de la composition de ces gangs ?
Pensez-vous qu'Elisa a raison de soupçonner qu'un traitre se cache parmis les Reapers ? Et si oui, qui cela pourrait-il être ?
Merci pour votre lecture ! N'hésitez pas à me partager vos impressions et vos hypothèses pour la suite !
A lundi prochain pour le quatrième chapitre,
Nepenthes
H-13 : Jeux de Mains, Jeux de Vilains by Nepenthes
Author's Notes:
Salut la compagnie !
Voici le quatrième chapitre, où l'on en apprend plus sur la guerre des Weasley.
Merci à osa pour sa review du précédent chapitre, j'espère que la suite te plaira toujours autant !
Je me retourne sur le petit lit de camp qu'on m'a prêté pour passer la nuit. Du moins, pour ce qu'il reste de la nuit. J'ai à peine somnolé pendant deux heures et à présent qu'on approche 5h30 du matin, je suis parfaitement réveillée. Les pensées tournent dans ma tête, je suis partagée entre excitation et doutes.
Je ne sais pas pourquoi mais quelque chose sonnait faux tout à l'heure dans la petite assemblée des Reapers. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus mais il y a comme qui dirait acromantule sous buisson. Quelqu'un ne joue par franc-jeu, j'en suis persuadée. Mais la question qui me taraude est : qui ?
J'ai bien quelques idées en tête. A commencer par Fleur. Avec ses faux airs de princesse qui balance des phéromones à toute la gent masculine, c'est peut-être la plus suspecte de tous à mes yeux. Après tout, il ne faut pas oublier que Bill a tué son propre frère pour récupérer du pouvoir... et sa compagne au passage... Étrange que la veuve de Charlie Weasley ait si facilement basculé de camp. D'autant plus qu'elle joue double-jeu en espionnant les Soul Eaters. C'est définitivement louche.
Un ronflement sonore résonne à côté de moi. Je lance un regard courroucé vers Peter qui dort du sommeil des justes. Pourtant, lui aussi pourrait être un suspect idéal. Après tout, il a déjà trahi son camp une première fois. Pourquoi pas deux ?
Ce ne sont que des soupçons cependant. Je ne les connais pas depuis assez longtemps pour avoir des certitudes. Mais mes années de service au Ministère ont développé ma capacité à détecter des mensonges. Je ne suis cependant pas suffisamment concentrée pour savoir qui se joue des autres. Je commence à ressentir les effets du khat qui s'estompent, je me sens agitée. Je réalise alors que je n'en ai plus sur moi. Mon stock est resté à mon appartement. J'en aurais pourtant bien besoin à cet instant... Il faudra que je passe rapidement chez moi avant le casse.
Je soupire et me redresse dans mon lit. Le sommeil m'a définitivement quittée. Exaspérée, je me lève et arpente ce qui fait office de dortoir. Une lueur attire mon attention à l'extérieur de la pièce : visiblement, je ne suis pas la seule à ne pas dormir.
Je suis surprise de trouver Fred, affairé à préparer des explosifs supplémentaires qui viennent grossir un stock déjà bien garni. Il lève les yeux vers moi alors que je m'approche.
« Je n'arrive jamais à dormir avant un casse », me dit-il avec un sourire.
Je m'assieds face à lui et l'observe mélanger des poudres, piler ce qui ressemble à des petits insectes, assembler le tout avec précaution dans un objet sphérique - probablement de sa confection.
« Je comprends... j'étais toujours nerveuse avant une intervention... dis-je d'un ton distrait.
- Et alors, c'était quoi ton truc pour te tranquilliser ?
- Ma dose de khat »
Il opine avec un léger sourire et continue de s'affairer.
« Moi c'est de me concentrer sur mes créations, dit-il. Ça me détend, je pense à autre chose.
- C'est étrange, j'aurais pensé que depuis le temps, vous ne seriez plus nerveux à l'approche d'un braquage...
- Ce n'est pas le cas de tout le monde, dit-il en lançant un bref regard en direction du dortoir d'où nous parviennent les ronflements de Peter.
- J'en conclus alors que c'est juste ton cas »
Le regard que Fred pose sur moi est grave cette fois-ci. Il n'y a plus de sourire, plus de trace de la malice que j'ai entraperçu lors de notre rencontre.
« Tu serais heureuse d'aller faire sauter la tête de ton frère jumeau, toi ? »
Le ton de sa voix n'est pas dur ou agressif. Il est juste cruellement pragmatique. J'en oublie que dans tout ça, ce sont des frères et des sœurs qui sont à couteaux tirés.
Je hausse les épaules avant de répondre :
« Je n'ai pas de frère ou de sœur.
- Tu as de la chance, me réplique-t-il. C'est déjà compliqué de vivre avec eux quand on est sous le même toit, imagine quand tu fais partie de deux gangs différents... »
Je ne réponds pas tout de suite. En vérité, j'ai du mal à m'imaginer. Le mot « Famille » n'a aucune résonance en moi. Leur situation me rend cependant curieuse et je ne peux pas m'empêcher de demander :
« Pourquoi vous vous êtes retrouvés séparés ? »
Fred soupire et arrête sa confection.
« C'est parti en vrille au décès de notre père » dit-il.
Je me souviens alors qu'Arthur « Le collectionneur » Weasley est décédé quelques années plus tôt, laissant derrière lui un bel empire mafieux.
« Charlie et Bill se sont disputés sur la manière de reprendre les rênes, continue Fred. Ils n'étaient pas d'accord sur la direction à suivre. Bill voulait poursuivre sur la lancée de Papa dans le trafic d'objets magiques. Charlie voulait se diversifier et explorer les possibilités qu'offraient le trafic de substances et la confection de psychotropes. Chacun de nous a choisi son camp...
- Et George et toi vous n'étiez pas d'accord ? C'est étonnant pour des jumeaux, j'aurais imaginé que vous prendriez la même direction...
- Être jumeaux ne veut pas dire être identiques en tout point. George a toujours été plus... subtile que moi... répond-t-il avec une sourire triste aux lèvres. Les engins explosifs, les bombes magiques, tout ça c'était pas trop son truc. Il préfère l'art du trucage et de l'illusion. La proposition de Charlie le séduisait plus, parce que ça lui permettait d'explorer de nouvelles choses, de « perfectionner son art autrement », disait-il... »
Il y a beaucoup d'amertume dans ses paroles, mais aussi beaucoup de nostalgie. Je comprends qu'ils n'ont sans doute pas fait un choix de gaieté de cœur, mais plus vraisemblablement contraints et forcés. Je n'ai beau pas accorder beaucoup d'importance à la famille, ça me fait de la peine pour eux. Pas de héros chez les voyous. Pas de frère non plus à l'évidence.
« Alors, ça te fait quoi de te retrouver de l'autre côté du miroir après avoir servi de larbin au Ministère ? »
Je ne m'offusque pas de l'insulte. Il n'a pas tort...
« Tant que je n'ai pas plein de paperasse à remplir après le casse, considérez que je suis heureuse... »
Fred rit de ma réponse.
« Une armée de bureaucrate... se gausse-t-il.
J'opine :
« Je pense que certains à la brigade savent mieux se servir d'une plume que de leur baguette depuis le temps... »
Je n'ai pas le temps de discuter plus longuement avec Fred. Bill fait son apparition et nous invective :
« Tous les deux, on a besoin que vous passiez au Chemin de Traverse pour récupérer du matos chez l'apothicaire »
Fred hoche la tête et se lève. Il récupère une liste que lui tend Bill avec le détail de ce que l'on doit ramener. Le balafré me lance une bourse. Elle teinte de manière non équivoque quand je la rattrape : elle est pleine de gallions.
« Notre fournisseur a quelques spécialités rares dans ses arrières cuisines, me dit-il avec un sourire de connivence. Fais toi plaisir ma belle, offre-toi ce qui te fait envie, c'est moi qui régale. Mais je te veux au top de ta forme dans 12 heures... »
Je me fais la réflexion que je ne me suis pas vue dans un miroir depuis un moment, mais je devine sans peine que je dois avoir une tête à faire peur. Je ne serais pas contre un petit remontant...
--
Le Chemin de Traverse est encore désert quand nous arrivons une demie-heure plus tard. Les boutiques ne sont pas encore ouvertes à cette heure-ci. Ça me fait bizarre de déambuler dans cette avenue habituellement si fréquentée alors qu'il n'y a pas un chat et que les volets des boutiques sont fermés. Fred marche devant moi d'un pas tranquille en direction de la boutique de l'apothicaire. Je me demande ce qu'on va bien pouvoir faire en attendant qu'il ouvre quand notre expert en artifices s'engage dans une rue adjacente pour se diriger vers l'arrière boutique. Logique, si le taulier verse dans le recel de substances illégales, ce n'est pas sur la place publique que ça se passe.
Fred s'arrête devant la porte arrière de l'échoppe qui donne sur une petite cour. Il tape plusieurs fois, dans un rythme bien trop précis pour que ce ne soit pas calculé. La porte s'ouvre quelques secondes plus tard et Fred me fait signe de le suivre à l'intérieur. On se retrouve aussitôt plongés dans la pénombre. La lueur d'une baguette nous aveugle subitement tandis que le propriétaire des lieux vient à notre rencontre.
« T'es bien matinal, Fred... fait remarquer l'homme.
- Le boss a oublié de quoi agrémenter son petit déjeuner, répond mon compagnon avec un sourire mutin.
- Et t'es pas seul en plus. C'est qui, une nouvelle sœur Weasley que je ne connais pas ?
- Elle s'appelle Elisa, elle vient de nous rejoindre... »
Je réalise alors que ma chevelure rousse pourrait en effet faire penser que j'ai des liens avec la fratrie. Pour toute réponse, j'adresse un simple signe de tête pour saluer l'apothicaire. Ce dernier opine vaguement et nous invite à passer dans sa boutique. Fred lui tend alors la liste de courses de Bill.
« Eh ben mon cochon ! Je ne sais pas ce que Bill a prévu de faire, mais il y a de quoi endormir une horde d'hippogriffes avec ça...
- Ça correspond à peu près au niveau d'agressivité des arsouilles qui seront en face... » (1)
Pendant qu'ils discutent, je fais le tour de la boutique. J'ai jamais mis les pieds dans une échoppe dans ce genre. La confection de potions, c'est pas vraiment mon rayon. Je suis plutôt du genre à vouloir aller me latter avec les autres à coups de baguette (2).
Une faible lumière filtre par le volet fermé de la porte avant de la boutique. Suffisamment pour me permettre d'en observer l'arrangement. Tout est parfaitement rangé et d'une propreté irréprochable. La pièce est rectangulaire et chacun de ses murs est recouvert de bocaux, flacons, et autres boîtes qui menacent de faire plier les étagères sur lesquelles ils reposent. J'étudie le contenu de certains récipients avec curiosité. Au milieu des herbes et plantes fraîches ou séchées, on y trouve également des griffes, becs, serres ou encore écailles de toutes sortes. Les bouteilles les plus en hauteur contiennent des espèces non identifiées, ou des appendices de créatures que je ne saurais nommer. L'ensemble offre un spectacle à la fois fascinant et étrange. La lumière qui se réfracte dans les bocaux de toutes les couleurs projette des myriades d'arc en ciel sur les murs et le plafond.
« Vous cherchez quelque chose en particulier ? » me demande l'apothicaire.
Je me tourne vers lui et prend le temps de le détailler également. Il est étonnamment jeune - je ne sais pas pourquoi, mais je me suis toujours imaginée que le métier d'apothicaire était exercé par de vieux barbons boucanés avec leurs plantes. (3)
« La demoiselle a un faible pour le khat... signale Fred en vérifiant qu'il a bien tout ce que Bill a indiqué sur sa liste.
- Ah je vois, à la recherche de sensations fortes... acquiesce l'apothicaire. J'ai quelque chose qui vous plaira, je pense... »
Il s'éclipse dans l'arrière boutique. Fred m'adresse un clin d'œil. Quand il revient quelques minutes plus tard, l'apothicaire me tend un flacon en verre ambré. J'aperçois ce qui ressemble à des gélules à l'intérieur.
« Un mélange spécial, dont les effets sont proches de ceux du khat mais en plus... accentués... Vous m'en direz des nouvelles... »
J'examine de plus près le flacon qu'il m'a donné avant de demander :
« Ce n'est pas au stade expérimental au moins ?
- 200% fiable et garanti testé sur des volontaires... »
Je lui jette un regard sceptique : dans ce genre d'entreprises, les volontaires le sont rarement... Je range la fiole dans une poche de ma veste et demande :
« Vous auriez également du Veritaserum ? »
Le gus semble déstabilisé. A l'autre bout de la boutique, Fred fronce les sourcils. Bien sûr, je n'ai parlé à personne de mes soupçons. Mais si jamais ils sont avérés, je préfère avoir une carte en main... Au cas où.
L'apothicaire grimace.
« Il m'en reste seulement quelques gouttes, juste de quoi interroger une seule personne...» me répond-t-il.
Je lui tends alors la bourse que m'a confiée Bill.
« Je prends »
Fred continue de m'adresser un regard curieux mais il ne fait pas de commentaire. On repart peu de temps après, les bras chargés de nos emplettes. Les premiers badauds commencent à circuler dans le Chemin de Traverse, il est donc temps pour nous de disparaître dans les ombres...
--
« C'est pour qui ? » me demande Fred alors qu'on redescend dans la station de Down Street.
Je ne réponds pas tout de suite. D'emblée, mes soupçons ne vont pas vers lui. Il me fait plutôt l'impression d'être une tête brûlée, plus avide d'expériences qu'autre chose. Mais rien ne me dit qu'il est innocent. Après tout, il fait partie d'un des pires gangs de la mafia sorcière de Londres.
« Simple mesure de précaution »
J'élude sa question mais il s'en rend certainement compte et m'attrape par le bras alors qu'on s'apprête à passer la porte de la planque des Reapers.
« Tu penses que l'un d'entre nous cache quelque chose, pas vrai ? »
Je le fixe avec intensité, essayant de décrypter ses intentions derrière sa question. Est-ce qu'il est inquiet à l'idée que je vienne fouiner d'un peu trop près dans leurs affaires ? Est-ce qu'il a lui-même quelque chose à se reprocher ?
Mon silence semble parler pour moi. Fred continue de me scruter, sourcils froncés. Je sens à l'expression de son visage qu'il est sur le point de me lâcher un truc. Mais il hésite. Je pousse ma chance :
« Tu sais quelque chose ? »
A ma surprise, il acquiesce.
« Oui. Et non en fait. Ça fait quelques semaines que j'ai des doutes. Au début, je pensais que je me faisais des idées. Et puis il y a eu cette échauffourée il y a quelques jours...
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- On devait retrouver un de nos meilleurs fournisseurs en objets volés. Un certain Mondingus Fletcher. Quand on est arrivés sur place, il n'y était pas. Par contre, les Soul Eaters nous attendaient...
- Est-ce que ce n'est pas simplement Fletcher qui vous aurait balancés ? »
Fred secoue la tête.
« Les argousins l'ont retrouvé plus tard au fond d'une ruelle. Il avait reçu un coup de surin. Ils lui ont dessiné un beau sourire d'une oreille à l'autre... » (4)
Il mime avec son pouce le coup de couteau reçu à la gorge. Je fronce les sourcils.
« Vous êtes sûrs que c'était les Soul Eaters ?
- Affirmatif. Ils ont laissé un symbole sur son front : deux serpents qui s'entre-dévorent. Leur marque de fabrique »
Je laisse passer un silence, le temps d'assimiler l'information.
« Et donc, ils vous attendaient à la place de Fletcher ?
- C'est pas passé loin qu'on se fasse tous refroidir, me confirme Fred. Penses-tu, on était en sous-nombre et on n'était pas préparés à ce qu'ils nous tombent dessus comme ça. Une chance que j'ai toujours quelques-unes de mes petites merveilles sur moi... »
Il tapote les poches de son manteau avec un sourire d'auto-satisfaction, là où je sais qu'il range quelques uns de ses engins explosifs. Cette conversation me laisse perplexe.
« Admettons que tu ais raison. Est-ce que tu as une idée de qui pourrait être le macaron ? (5)
- J'ai bien quelques idées, mais pour l'instant je n'ai pas réussi à amasser suffisamment de preuves... » répond-il avec une moue de frustration.
Mon cerveau fonctionne à toute vitesse. Mes doigts jouent machinalement avec le flacon de comprimés dans la poche de ma veste. J'ai soudain très envie de tester ce que vaut la came de l'apothicaire.
Je jette un œil à ma montre puis lève les yeux vers Fred.
« Bon, Bomber Man... Il nous reste 11h pour finaliser les préparatifs de notre casse. Ce qui veut dire qu'il nous reste moins de 11h pour mettre la main sur le traître... »
Dans l'obscurité, des ombres se dessinent sur le visage de l'artificier mais je distingue très nettement le sourire joueur qui se peint sur ses lèvres quand il me répond :
« A nous deux, ça va être un jeu d'enfant... »
End Notes:
Petit lexique d'argot :
(1) Arsouille : voyou
(2) Se latter : se battre
(3) Boucané : enfumé
(4) Argousin : policier / Surin : couteau
(5) Macaron : traître
--
Pour la petite histoire, j'ai calqué les caractères et les "spécialités" de Fred et George sur ce qui les distingue déjà dans les romans Harry Potter. Ils sont souvent perçus comme les deux jumeaux facétieux, identiques et unis dans leurs farces. Mais Fred est plus le "leader" et George plus diplomate et pondéré. J'ai voulu reprendre cette différence dans cette fic :-)
--
Alors, qui peut bien être le traître dans l'équipe ?
Au prochain chapitre, Elisa et Fred vont entamer leurs investigations : par qui vont-ils commencer ? Pensez-vous qu'ils vont réussir à démasquer l'espion à temps ?
Peut-être des réponses au prochain chapitre, jeudi !
Merci pour votre lecture,
Nepenthes
H-8 : Double Jeu by Nepenthes
Author's Notes:
Bonjour la compagnie !
Nouveau chapitre, où quelqu'un va se faire cuisiner !
Je remercie encore une fois osa pour sa review, son enthousiasme et ses hypothèses ! :D
La petite suggestion musicale de ce chapitre (oui, encore du Morricone ♥) :
Ennio Morricone - Tema D'amore - Gli Scassinatori
Bonne lecture !
Evocation de violences conjugales et de féminicide
Après moult discussions, Fred et moi nous sommes mis d'accord sur le fait que Fleur est la plus suspecte du lot. Elle a un mobile parfait (venger feu son époux), un moyen de jouer sur les deux tableaux en passant d'un camp à l'autre, et son pouvoir de vélane est une arme redoutable pour endormir les hommes. Nous commencerons donc par elle.
La première étape consiste à l'isoler pour pouvoir la cuisiner à notre aise. Je me propose pour cette mission : Fleur semblait heureuse de me voir arriver, je vais saisir l'opportunité pour lui poser quelques questions. Par ailleurs, en tant que femme, je suis assurée d'être immunisée de ses pouvoirs de vélane si elle voulait les utiliser. Fred, de son côté, nous écoutera à distance via un astucieux système qu'il a conçu avec son jumeau il y a quelques années : des oreilles à rallonge.
Je profite que la belle soit en train de se changer pour l'approcher. Je ne peux pas m'empêcher d'admirer la courbure de ses reins, le bel arrondi de ses hanches et le galbe de ses jambes alors qu'elle enfile une robe qui lui sied à ravir.
« Le rouge, ça ne fait pas trop ? me demande-t-elle en apercevant mon reflet dans son miroir à pied.
- Honnêtement ? Avec un corps pareil, personne ne s'attardera sur la couleur... »
Elle sourit, ravie du compliment.
« Je ne la mets pas souvent. Bill trouve que ça fait vulgaire... » dit-elle en sortant un paquet de clopes de son baise-en-ville. (1)
Elle me le tend pour m'en proposer une et j'accepte avec plaisir. Elle l'allume avec un briquet moldu.
« T'es pas banale pour une nana du Ministère... fait-elle remarquer.
- Pourquoi ? Parce que je ne suis pas tirée à quatre épingles et que je ne manie pas la langue de bois comme ma langue maternelle ? »
Elle sourit et allume sa propre clope avec une grâce toute féminine. Je me sens rustre à côté d'elle.
« Qu'est-ce qui t'a donné envie de bosser pour la brigade ? »
Je laisse la bouffée de ma cigarette s'infiltrer dans ma bouche, ma gorge, mes poumons, et je prends le temps avant de répondre. Si je veux qu'elle passe à table, il va falloir que je donne un peu de moi et que je lui livre quelques secrets.
« Ma mère a été assassinée quand j'avais huit ans. J'ai assisté à toute la scène. Il faut croire que ce souvenir sordide est resté suffisamment ancré en moi pour que j'en conçoive une envie de justice à un moment donné dans mon existence... »
Je prends une nouvelle bouffée de tabac.
« Désolée... me dit Fleur. Le meurtrier a été arrêté ?
- Oui. Il purge encore sa peine.
- Et ton père ?
- Ils partagent la même cellule »
Un silence de plomb s'installe alors que la signification de mes paroles s'insinue dans l'esprit de la jeune femme. Je poursuis en recrachant la fumée de ma cigarette :
« J'imagine que ça devait arriver un jour, à force de lui cogner dessus...
- Alors il est à Azkaban ? »
Je secoue la tête.
« Pénitencier Moldu. Mes parents n'étaient pas sorciers. Les mages noirs n'ont pas le monopole du crime... »
La belle en reste coite. Je saisis l'occasion de l'interroger à mon tour.
« Et toi ? Comment tu t'es retrouvée dans un gang de la mafia ? Ne le prends pas mal, mais tu n'as pas trop le physique de l'emploi...
- Je suis tombée dedans en tombant amoureuse, soupire-t-elle.
- De Charlie Weasley ? »
Elle acquiesce et prend elle aussi une bouffée de sa cigarette. Son rouge à lèvres laisse une trace sur le bout de son mégot.
« Il fournissait mon père en dragonneaux à l'époque. Mon père était friand de ses bestioles et il dilapidait son argent pour en collectionner toutes sortes de spécimens. Au bout d'un moment, ce sont les dragons qui sont devenus friands de mon père, il s'est fait becqueter par l'un d'eux... Enfin bref... Charlie lui trouvait des spécimens rares, obtenus au marché noir bien sûr. Il lui livrait directement à domicile. C'est comme ça qu'on s'est rencontrés...
- Et Bill ? »
La jeune femme ne semble pas s'offusquer de ma question posée de but en blanc. Au contraire, elle arbore un visage contrit, comme une petite fille qui voudrait se faire pardonner d'avoir été trop gourmande.
« Je sais, c'est bizarre hein ? Je l'ai croisé à quelques occasions avec son frère. Je n'avais d'yeux que pour Charlie à l'époque mais Bill... il dégageait un truc animal qui m'a tout de suite rendue toute chose. Quand Bill a tué Charlie, je me suis rendue compte que mes sentiments avaient changé d'attache... »
Elle secoue la tête d'un air désabusé.
« Je sais que les autres me désapprouvent. Fred, Percy... S'ils le pouvaient, ils me jetteraient aux lions. Ginny et George sont plus mesurés, ils pensent que je couche avec Bill uniquement pour venger Charlie... »
Je ne réponds pas. Je repense à ma mère, incapable de quitter mon père alors qu'il la frappait. Je repense à ma propre expérience il y a quelques années avec un pervers narcissique. Les tréfonds de l'âme humaine sont parfois obscurs. Surtout en ce qui concerne les sentiments amoureux. Pour ma part, j'ai fini par en concevoir une certaine méfiance pour la gent masculine, même si ça ne m'empêche d'en ramener chez moi de temps en temps.
Fleur semble prête à s'ouvrir mais si je veux en savoir plus, il faut maintenant que je la bouscule un peu. J'écrase mon mégot de cigarette sur le sol et lui demande :
« Qu'est-ce qui arriverait, à ton avis, s'ils savaient que tu les enfumes ? »
Fleur me fixe avec intensité et en fait autant.
« Ils s'allieraient sans doute avec Fred et Percy pour me pousser dans la fosse aux lions », pouffe-t-elle.
Je ne peux pas m'empêcher de sourire également. Elle prend ça avec légèreté, en apparence du moins. Pourquoi cette assurance ? Est-ce qu'elle est sûre d'être protégée des représailles de Ginny et George ? Notre conversation ne m'apprend pas grand chose pour l'instant. Elle pourrait tout aussi bien jouer la comédie. Il faut que j'arrive à la cuisiner un peu plus, la pousser dans ses derniers retranchements.
« Tu n'en as pas marre parfois d'être la belle poupée d'un chef de gang ?
- Je ne suis pas juste un objet de déco, rétorque-t-elle. Je fais partie du gang. Je prends ma part de risques dans tous les plans.
- Et pourtant, tu laisses Bill te dire comment tu peux ou pas t'habiller, fais-je remarquer. Ça ne t'agace pas de dépendre de la bonne volonté d'un gars ? Ça ne t'agace pas de passer après Luna parfois ? »
Cette fois, je l'ai piquée au vif. Je vois ses joues s'empourprer de colère.
« Alors tu me vois seulement comme la belle idiote ? Est-ce que tu as seulement idée de combien je mets ma vie en danger quand je suis chez les Soul Eaters ? Il suffirait qu'Abelforth demande à Rogue de pratiquer la Legilimancie sur moi et je suis cuite ! »
Elle marque un point. J'ouvre la bouche pour répondre mais elle ne m'en laisse pas le temps.
« Je suis terrorisée à chaque fois que j'y vais, avoue-t-elle. Ça me terrifie de décevoir Bill...
- Parce qu'il aurait des raisons d'être déçu ?
- Si je me fais pincer, oui ! Tous nos plans tomberaient à l'eau. Je n'ose même pas imaginer ce que les Soul Eaters me feraient en représailles. Et crois-moi ou non, mais ça me fait mal à chaque fois que je suis avec eux parce que je pense à Charlie. A combien je l'ai aimé. A tout ce qu'on a vécu lui et moi. J'ai l'impression de le trahir. »
Elle s'arrête pour reprendre son souffle.
« Une partie de moi haït Bill pour avoir tué Charlie... »
Nous y voilà... La Fleur est prête à être cueillie !
« Je me sens tiraillée, prise entre deux feux... Mais j'aime sincèrement Bill.
- Tu dois admettre qu'il y a de quoi se poser des questions... »
Le regard qu'elle m'adresse est à la fois blessé et plein de colère.
« Est-ce que tu as déjà été amoureuse ? me demande-t-elle avec brusquerie. Est-ce que tu as déjà aimé quelqu'un au-delà de la raison, au point d'en souffrir mais sans parvenir à faire marche arrière ? »
A cet instant, j'ai justement très envie de rétropédaler et de ne surtout pas répondre à sa question. Mon silence parle pour moi et un sourire mi-figue mi-raisin étire ses lèvres peintes de rouge.
« Je suis désolée, je ne voulais pas te contrarier, dis-je pour m'excuser et esquiver ses interrogations.
- Et bien c'était raté... » répond-elle sèchement.
Elle remet un peu d'ordre dans sa tenue et prend une grande inspiration. Je la vois qui force un sourire à mon encontre.
« Je suis désolée pour ta mère... et pour le reste. Ne vois pas le mal partout et chez tout le monde pour autant. Même ici, alors que notre organisation est purement criminelle. On n'en reste pas moins des êtres humains... »
Sur ces mots, elle s'éloigne d'une démarche fière, me laissant en plan au beau milieu de la carrée. Je la regarde partir, songeant avec amertume qu'elle m'a bien remise à ma place.
« Alors, qu'est-ce que tu en penses ? » me demande Fred en sortant de sa cachette.
Je hausse les épaules. Cette discussion ne nous a avancé en rien. J'ai l'impression que nous sommes restés au même stade.
« Au moins, elle n'a pas utilisé ses pouvoirs de vélane, continue Fred. Si elle mentait, c'est juste que c'est une très bonne actrice... »
Je laisse échapper un long soupir :
« Ce qui est la moindre des qualités chez un espion... »
End Notes:
Comme d'habitude, le petit précis d'argot (bon, il n'y en a pas beaucoup dans ce chapitre) :
(1) Baise-en-ville : petite sacoche qui contient habituellement le nécessaire pour une nuit dehors (comme son nom l'indique si bien)
Ce chapitre et le suivant sont les plus courts de la fic. J'y ai ébauché quelques éléments sur le passé d'Elisa, que j'approfondirai certainement dans d'autres fics (si ça vous intéresse, stay tuned !).
--
Alors, d'après vous, est-ce que Fleur est sincère ou est-ce qu'elle cache bien son jeu ? Si vous êtiez à la place d'Elisa et Fred, qui interrogeriez-vous après Fleur ?
Merci pour votre lecture ! N'hésitez pas à partager vos avis et impressions !
A lundi pour le prochain chapitre !
Nepenthes
H-5 : Franc Jeu by Nepenthes
Author's Notes:
Bonjour à tous !
Nous sommes lundi et lundi c'est spaghettis ! Ha non, c'est nouveau chapitre du Jeu de la Came !
Merci encore à osa pour sa fidélité ! ♥
Ce chapitre est le plus court, avant de terminer sur deux derniers plus conséquents et intenses.
Envie d'un fond musical ? Essayez donc ceci : The Godfather - Love Theme - Nino Rota (il fallait bien qu'elle sorte celle-ci...)
Bonne lecture à tous !
Les heures défilent à la vitesse de l'éclair. Je jette un œil en direction de la guérite où Luna s'est enfermée depuis plusieurs heures. Elle est en train de finaliser la préparation d'équipements enchantés avant le casse : un médaillon d'invisibilité temporaire - toujours utile - , une paire de lunettes permettant de discerner les illusions - la spécialité de George - et un chapeau protégeant des attaques de Legilimancie - la spécialité de Rogue.
Je comptais interroger Rêverie à son tour mais elle n'a pas l'air prête à sortir de là-dedans.
« Elle peut y rester des heures, me confirme Fred d'un air lugubre. Quand elle est occupée avec ses enchantements d'objets, on ne la revoit plus pendant des plombes. Autant passer à Percy... »
Je soupire. La jeune femme me semblait plus facilement accessible. Percy est actuellement penché sur des plans, faisant de multiples vérifications et allers-retours entre différents parchemins. Je doute d'arriver à lui soutirer quoi que ce soit mais je n'ai pas beaucoup d'autre alternative. Je me lève et je m'approche du bureaucrate en chef.
« Qu'est-ce que tu fais ? »
Percy pose les yeux sur moi m'observe par dessus ses lunettes, la bouche pincée. Il semble se demander si ma question vaut la peine d'être répondue. Ou si je suis suffisamment digne de confiance pour savoir. Ou les deux.
« Ce sont les plans de notre future planque, répond-il finalement. Je vérifie qu'on a bien tout prévu en terme de sécurité et d'issues de secours.
- Vous ne ramenez pas le magot ici alors ? »
Je me rends compte que je n'ai même pas demandé ce qui adviendrait après le casse. Je me suis juste figurée qu'ils allaient tout ramener dans leur planque et que nos routes se sépareraient là. Je ne compte pas faire de vieux os une fois l'affaire bouclée de toute façon.
« On a trouvé un nouveau point de chute, moins exposé qu'ici », élude-t-il.
Je fais mine de jeter un œil aux plans mais il les replie rapidement avec un air agacé. Il faut que j'essaie autre chose. A brûle pourpoint, je lui pose une question sans rapport avec l'opération à venir :
« Comment as-tu su que j'allais être virée ?
- On sait beaucoup de choses sur toi... dit-il simplement. Même des choses que tu as caché au Ministère. Notamment que tu as fréquenté ce gars des Death Eaters avant de rentrer à la brigade... »
Je serre les mâchoires et je vois à son sourire que mon visage parle pour moi. Je me demande comment ils ont su, moi qui me suis bien gardée d'éventer cette histoire. Je grommelle entre mes dents :
« On fait tous des erreurs de jeunesse »
Je dois reconnaître que question erreurs, j'en collectionne quelques unes. Dans la liste, ma relation sulfureuse avec Barty Croupton fils y figure en bonne position. Coucher avec le type qui te mettra plus bas que terre, il faut croire que c'est de famille... Et je ne pouvais décemment pas parler de cette histoire en postulant au Ministère. Surtout avec le paternel dans les parages...
« Des erreurs, oui... répond Percy, songeur. Elles ne portent pas toutes à conséquences, cependant...
- Tu parles pour ton cas personnel ? »
J'essaie de détourner la conversation de mon passé que je n'ai certainement pas envie d'évoquer plus longuement. Et de revenir un peu à la raison initiale de mon interrogatoire.
Les yeux de Percy se rétrécissent à deux fentes tandis qu'il me scrute. Je comprends alors que j'ai manqué de subtilité avec lui, comme avec Fleur. Sous ses airs hautains, je ne dois pas oublier que c'est lui le cerveau du gang.
« Qu'est-ce que tu cherches à savoir ? me demande-t-il froidement, les bras croisés.
- Où je mets les pieds, réponds-je avec un haussement d'épaules. Comprendre dans quoi je m'embarque...
- Ce n'est pas un peu tard pour t'en soucier ?
- Rien n'est encore joué, que je sache... »
Percy me fixe toujours comme un chat qui essaierait de savoir si la proie en face de lui ne va pas finir par le manger à son tour.
« Un petit conseil, ne pose pas trop de questions, reprend-il d'un ton incisif. Contente toi de faire ce qu'on te demande.
- Pourquoi ça ?
- Parce qu'ici, c'est moi qui suis le maître des informations, réplique-t-il avec pédanterie.
- Oh je vois, du genre à contrôler tout ce qui rentre et ce qui sort...
- C'est à peu près ça. Tout le monde ici n'a pas à savoir tout dans les moindres détails.
- Tu parles comme si tu n'avais aucune confiance dans les autres, fais-je remarquer, suspicieuse à mon tour.
- Moins Bill et moi on en laisse filtrer, moins on risque que des informations fuitent.
- Tu te vois donc comme son bras droit ? Pourtant c'est Luna son associée...
- Bill mise tout sur les capacités de Luna pour détourner magiquement les objets, c'est notre activité et notre source principales de... revenus... Personne n'arrive à la cheville de Rêverie là-dessus, tout le monde en convient. Elle a donc une part du gâteau un peu plus importante. Mais pour autant elle ne prend pas vraiment part à l'élaboration des casses.
- Alors que toi si... »
Je commence à me dire qu'il n'y a pas que Fleur qui jalouse la relation de Bill et Luna.
« Je t'ai dit d'arrêter avec tes questions, s'agace Percy en remettant ses lunettes sur son nez.
- Ce n'en était pas une », réponds-je.
Il rassemble tout un tas de papiers sur son bureau. Pour se donner une contenance ou m'empêcher d'y jeter un œil, je ne sais pas trop.
« Tu es bien trop curieuse pour ton propre bien, déclare-t-il d'une voix sèche. Bill ne te laissera jamais partir si tu en sais trop. Alors crois-moi, je te préserve.
- Trop aimable. Mais tu es au courant de ma relation avec le fils Croupton, alors tu devrais savoir que les mauvais garçons ne me font pas peur... »
Ce n'est pas totalement vrai. Je n'ai jamais été aussi terrifiée que le jour où j'ai plaqué Barty. Je le revois encore m'exhiber son foutu tatouage qui jurait son allégeance aux Death Eaters. Essayer de me convaincre de rejoindre son gang, avec une joie extatique sur son visage. Et ce regard de haine pure quand j'ai claqué la porte de l'hôtel miteux où on se retrouvait lui et moi, soit disant parce que ce père n'approuverait pas. Son père, tu parles...
« Tu ne devrais pas prendre ça à la légère, ajoute Percy en ramassant sa paperasse. Si Bill te considère comme une gène, il ne s'encombrera pas de considérations morales pour se débarrasser de toi.
- Je n'ai aucunement envie de mettre des bâtons dans les roues de Bill. Je compte bien honorer ma parole et aller jusqu'au bout du plan.
- C'est ce que tu as de mieux à faire », confirme Percy en s'éloignant.
Je le suis du regard. La silhouette de Bill apparaît au bout du couloir. Il m'adresse un sourire en coin mais son regard froid n'a pas une once de sympathie.
Dans quel guêpier me suis-je encore fourrée...
End Notes:
Pas de lexique d'argot pour ce chapitre !
Alors, qu'avez-vous pensé de cet échange avec Percy ? Est-ce que vous l'imaginiez comme ça ?
Elisa nous en a également un peu plus dévoilé sur elle. Est-elle fiable malgré sa relation passée avec Barty Croupton Junior ?
Au prochain chapitre, on découvrira la version mafieuse de trois nouveaux personnages de la saga déjà évoqués mais pas encore croisés. Pour découvrir de qui il s'agit, rendez-vous jeudi prochain !
A bientôt,
Nepenthes
H-2 : Les Jeux Sont Faits by Nepenthes
Author's Notes:
Bonjour à tous !
Avant-dernier chapitre de cette fic : le dénouement approche et de nouveaux antagonistes vont rentrer dans la danse... Je vous laisse découvrir ça !
Et si vous voulez un fond musical :
Le marginal - Ennio Morricone
Paura Sulla Città / Peur sur la ville - Ennio Morricone
Bonne lecture !
« Changement de plan... » déclare Bill en rentrant en trombe dans la planque, Percy sur les talons.
Nous levons tous le nez vers eux. Ils se sont absentés il y a une bonne heure déjà, afin d'aller déposer le réveil enchanté par Luna dans la laverie, suffisamment en avance avant que les Soul Eaters ne débarquent. Bill a encore revêtu son apparence d'homme-gamin blond. Je me demande tout à coup ce qu'il est advenu du gars dont il a pris l'identité.
Son pardessus noir flotte derrière lui tandis qu'il avance vers nous et l'expression de colère sur ses traits n'augure rien de bon.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquiert Luna de sa voix douce en sortant de son atelier.
- Les Marauders sont déjà sur place, répond Percy. On n'a pas pu déposer le matériel...
- Et il y a comme qui dirait un invité surprise », ajoute Bill.
Son regard se pose sur Peter.
« Black est là.
- Black ? s'étrangle Fred. Mais il est pas sensé être en taule ?
- Visiblement, ses copains ont réussi à le faire sortir... »
J'observe l'ex-Marauder du coin de l'œil. Il est devenu livide.
« Ça remet tous nos plans en question, grommelle Bill. Avec Black dans la partie, le rapport de force bascule à leur avantage... »
Tout le monde accuse le coup. Le silence qui s'installe est pesant, presque oppressant. Peter semble chercher un moyen de disparaître dans le sol. Je ne l'ai jamais vu si nerveux qu'à cet instant. Fred me lance un coup d'œil en coin et je devine immédiatement à quoi il pense.
« On n'aura jamais le temps de remettre en branle un nouveau plan de bataille, fulmine Bill avant de donner un coup de pied rageur dans une caisse d'objets en trop mauvais état pour être utile.
- Donc on jette l'éponge ? demande Fred, médusé.
- Tu as une autre idée ?
- Moi oui... »
Tous les regards se tournent dans ma direction.
« On ne change rien au plan initial, dis-je. C'est moi qui vais aller déposer le matériel.
- Tu crois vraiment que tu vas arriver à entourlouper les Maraudeurs ? me demande Luna, sans que sa question ne dénote une once de scepticisme.
- Pour autant que je sache, ils ne me connaissent pas. Je pourrais me faire passer pour une Moldue lamba qui vient utiliser les machines de la laverie »
Bill a un léger sourire, retrouvant un peu de sa bonne humeur.
« Tu as conscience que si ça tourne au grabuge, ils ne te feront pas de cadeau ? me demande Peter, soudain plus sérieux qu'effrayé. Ce ne sont pas juste trois voyous ordinaires, ce sont de redoutables duellistes...
- Je sais, réponds-je, sûre de moi. Mais ça tombe bien, je suis la meilleure duelliste d'Angleterre... »
--
Fred m'interpelle alors que je suis en train de me préparer pour m'occuper des Marauders. Avant de partir pour rejoindre les Soul Eaters, Fleur m'a prêté quelques habits plus féminins que mes habituels frusques simples mais pratiques. Finalement, elle ne semble pas trop m'en vouloir pour notre conversation d'il y a quelques heures.
« Hey, tu as pensé à la même chose que moi ? » me demande Fred.
Je finis de nouer un bandeau dans mes cheveux et me tourne vers lui.
« Oui, la libération à la dernière minute de Black, l'attitude de Peter...
- Ça n'est pas un hasard.
- J'aimerais en être sûre... soupiré-je.
- Il y a bien un moyen de le savoir... » me réplique-t-il.
Je pense alors au Veritaserum au fond d'une poche de ma veste.
« Je ne sais pas... Il n'y en a que pour une personne et je ne suis pas certaine...
- Et il nous reste moins d'1h avant le casse, me presse Fred. On n'a plus le temps de tergiverser...
- Et si ce n'est pas lui ? »
Il hausse les épaules.
« Au moins on aura éliminé un suspect... »
Je reste dubitative.
« De toute façon, Fleur est partie, Percy est avec Bill et Luna s'est de nouveau enfermée dans son atelier... » maugrée Fred d'un air sombre.
Je l'observe du coin de l'œil. Il a l'air presque désespéré.
« Et si on en parlait à Bill ? proposé-je.
- Quoi, tu veux lui dire que sa gonzesse est peut-être en train de le baiser ? Tu sais dans quel état ça va le mettre ?
- Okay, c'est bon, tu as gagné... finis-je par céder. Trouve Peter, je ramène le Veritaserum... »
Il acquiesce et détale sans attendre. Je vais chercher la dose de potion de vérité dans ma veste. J'ai un peu peur de la gâcher mais Fred a raison, on n'a plus le temps de toute façon.
Je jette un regard dans le miroir à pied. Il y a longtemps que je ne me suis pas vue dans ce genre de tenue. La blouse de Fleur dévoile ce qu'il faut de la naissance de mes seins, et la jupe m'arrive à mi-cuisse. Je déboutonne un peu plus mon haut pour exagérer mon décolleté, et je pars rejoindre Fred. Ce dernier n'a pas eu de mal à trouver Peter qui est assis dans un des fauteuils où nous avons tenu notre assemblée quelques heures plus tôt.
« Je ne sais pas comment vous faîtes pour vivre en sous-sol comme ça, dis-je en m'asseyant près de Peter. Je trouve l'atmosphère étouffante... »
Je fais semblant de m'éventer de la main et j'élargis un peu plus l'ouverture du col de ma chemise comme pour me donner de l'air. Comme je m'y attendais, l'espion du gang vire à l'écarlate. Si Fleur était là, elle serait sans doute jalouse de mon numéro...
« Un verre d'eau ? propose Fred en faisant apparaître une carafe et trois verres d'un coup de baguette.
- Volontiers », dis-je en me penchant pour me servir.
Je fais mine de laisser échapper un verre de mes doigts au moment de le saisir.
« Désolée, je suis maladroite...
- Pas de problème... » balbutie Peter en se penchant pour le ramasser alors qu'il roule sous le canapé.
J'en profite pour glisser le Veritaserum dans un autre verre. Fred m'adresse un clin d'œil. Peter s'est à peine redressé que je lui fourre le verre contenant la potion entre les mains.
Je m'exclame « Au magot qui nous attend ! » avant de boire un verre d'eau simple.
Peter semble hésiter et adresse un regard indécis à Fred. Ce dernier l'incite à boire d'un signe de tête et le bonhomme s'exécute.
« Alors, Peter... dis-je en arborant un sourire enjôleur. Pas trop flippé à l'idée que Black soit de nouveau dans la nature ?
- Euh... c'est à dire...
- C'est un peu toi qui l'a fait tomber quand-même », approuve Fred.
Le regard de Peter va de Fred à moi, puis revient vers Fred. Il n'est clairement pas à l'aise.
« Bill m'a assuré que je ne risquais rien... dit-il d'une petite voix plaintive.
- Bill ne sera pas toujours là pour protéger tes fesses, fais-je remarquer. Comment tu comptes t'y prendre tout à l'heure si tu te retrouves seul face à Black ? »
Il blêmit un peu plus, comme si cette éventualité ne l'avait pas effleuré.
« En fait... je pensais que je pourrais peut-être rester ici... bégaye-t-il.
- Et nous laisser prendre tous les risques ? s'offusque Fred en fronçant les sourcils.
- Non, mais...
- Tu n'as pas envie d'y aller parce que tu as peur qu'on se rende compte que tu es toujours copain avec les Marauders ? demandé-je, plus du tout souriante ni aguicheuse.
- Il va me trucider ! panique Peter. Black va me réduire en pièces !
- Je pense bien. Moi non plus je ne serais pas jouasse si je savais que mon espion s'est affalé... persifle Fred. (1)
- Mais... je n'ai rien dit ! »
Voyant qu'il est mûr à point, je continue d'insister :
« Tu savais qu'il allait sortir de prison ?
- Mais non ! »
Sa réponse nous laisse sans voix. Il est sensé être sous l'effet du Veritaserum et ne pas pouvoir mentir.
« Alors c'est avec le Cornu que tu as échangé ? demande Fred, qui semble lui aussi déstabilisé. Ou avec le Loup ?
- Non plus ! Je n'ai échangé avec aucun d'eux, ça fait des années que je fais tout pour les éviter !
- Tu n'es pas de mèche avec eux ou avec les Soul Eaters ? »
Peter me regarde comme si je venais de proférer l'idiotie la plus absolue.
« Vous croyez vraiment que je me jetterais dans la gueule du loup après avoir macaroné le Parrain ? » répond-il, d'une voix où couve à présent l'indignation. (2)
J'échange un regard avec Fred. On s'est fourvoyés sur le traître. L'artificier se lève et pose une main sur l'épaule de Peter.
« Désolé vieux, il fallait qu'on soit sûrs... dit-il.
- Sûrs de quoi ? » interroge Peter alors que nous nous éloignons déjà.
Aucun de nous ne prend la peine de lui répondre. Alors que nous disparaissons dans les tunnels en direction de la sortie, Fred m'arrête.
« On s'est plantés... soupire-t-il. Qu'est-ce qu'on fait ? Fleur est déjà partie...
- On a plus de Veritaserum ni de temps pour investiguer davantage de toute façon »
Je réfléchis quelques secondes puis ajoute :
« Il faut que j'y aille si je veux être sur place à temps. Tiens toi prêt à toutes les éventualités... »
Il hoche la tête. Je sors ma baguette pour invoquer un panier de linge sale.
Je demande à Fred son avis sur mon déguisement en passant une main dans les cheuveux :
« Je suis comment ?
- Une parfaite petite Moldue », sourit-il en retour.
Il fait demi-tour pour aller se préparer pour le casse. Avant de quitter la planque, je glisse une des gélules de l'apothicaire entre mes lèvres, et le flacon de verre ambré dans une poche de ma veste.
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Il reste un tout petit peu plus de 15 minutes avant l'heure quand je rentre dans la laverie, mon panier de linge sale sous le bras, lunettes de soleil sur le nez. Il n'y a pas grand monde à l'intérieur, hormis une jeune fille qui attend la fin de sa lessive en bouquinant.
Je repère aussitôt les trois membres des Marauders. Potter est près de la porte, adossé à une machine. Il joue machinalement avec un petit objet, de la taille d'une balle de golf, qu'il fait sauter dans sa main. Black se balance sur un des sièges au milieu de la pièce. Son regard gris se pose sur moi quand je passe devant lui et il m'adresse un sourire charmeur. En temps normal, je l'aurais purement et simplement snobé mais il faut que je rentre dans mon personnage de Moldue innocente. Je lui rends donc son sourire en feignant un air timoré et je me dirige vers une des machines libres un peu plus loin.
Lupin est près du lave linge ensorcelé des Soul Eaters. Il lit un journal moldu, accoudé sur l'appareil comme pour en interdire l'accès.
Je continue de jouer mon rôle. Je retire mes lunettes de soleil et je me baisse sur ma machine pour la charger. Je prends soin de laisser le réveil au fond de mon panier, sous une pile de serviettes. Au moment venu, je pourrais l'oublier intentionnellement avant de sortir.
Alors que je suis penchée en avant, mon regard accroche la direction que prend celui de Black. Bon sang, je rêve ou le saligaud est en train de me reluquer les meules ?! (3) Je sens déjà la moutarde me monter au nez mais je me retiens de sortir ma baguette pour lui faire griller la tête. Je ne peux pas tout faire foirer maintenant.
La jeune Moldue sort ses affaires et les dépose dans son propre panier avant de sortir. Je me retrouve donc seule avec les trois Marauders. Je vérifie l'heure. Les Soul Eaters seront là dans dix minutes. Je fais semblant de m'escrimer avec le bac à lessive - en vérité, je n'ai pas besoin de forcer car j'ai vraiment du mal à comprendre comment ce truc fonctionne. Potter jette également un regard à sa montre puis observe mes tentatives désespérées de faire fonctionner cette foutue machine.
« Je peux vous aider ? »
Je lève les yeux sur Black qui se tient à présent à côté de moi. Il arbore toujours son sourire charmeur. Il doit chercher un moyen de me faire vider les lieux fissa. Je me force à piquer un fard de circonstance et à lui répondre en balbutiant :
« Euh... avec plaisir...»
L'ex-taulard se hâte de me prêter main forte. Moins d'une minute après, la machine est en route.
« Merci, dis-je en baissant les yeux pour feindre la timidité.
- De rien, vous pourrez me rétribuer autour d'un verre...
- Patmol... »
Black se retourne vers Potter. Ce dernier lui adresse un regard entendu et désigne la porte d'un signe de tête.
« Une autre fois peut-être... dis-je en profitant de l'opportunité pour essayer de lui fausser compagnie.
- Mademoiselle...»
Je me retourne vers Lupin.
« Vous n'oubliez pas quelque chose ? »
Le Loup a abandonné son poste dans le fond de la laverie et me tend mon panier dans lequel le réveil est planqué. Son sourire se veut aimable. Du moins en apparence. Je marque un temps d'hésitation. Une seconde de trop. Lupin a déjà renversé le contenu du panier par terre. L'objet ensorcelé par Luna tombe au sol. Le Loup le ramasse et l'étudie.
« Il y a un sort scellé là-dessus, diagnostique-t-il en tapotant le réveil avec sa baguette. Mais impossible de savoir lequel ni même comment le retirer...
- Je me disais bien qu'elle était trop jolie pour être honnête...» persifle Black en sortant sa baguette à son tour.
J'entends Potter qui verrouille la porte dans mon dos et baisse les rideaux.
« J'étais sûr d'avoir déjà vu sa tête quelque part mais je ne parvenais pas à me rappeler où »
Black lance un regard interrogateur vers Lupin.
« Elle fait partie du Ministère. Elle est dans l'équipe d'Ogden, poursuit le Loup en me désignant du bout de sa baguette.
- Les roussins sont sur le coup ? » grogne Black en focalisant à nouveau son attention sur moi avec une expression qui n'a plus rien de charmeuse. (4)
Je suis tellement surprise que je ne réponds pas. Ils pensent que je suis là pour le compte de la brigade et ils ne songent pas un instant que je puisse être à la botte des Reapers.
Je sors vivement ma baguette pour leur faire face. J'ai très exactement six minutes pour m'en débarrasser et déguerpir avant que les Soul Eaters ne débarquent. Huit minutes avant que le réveil ne fasse son œuvre. Je souris tandis que les Trois Marauders m'encerclent. C'est plus de temps qu'il ne m'en faut.
Black est le premier à ouvrir les hostilités. Je contre son attaque d'un mouvement leste du poignet. J'exulte tandis que je sens le stupéfiant que m'a refilé l'apothicaire mettre tous mes sens en alerte. C'est encore plus fort que le khat. J'ai l'impression d'être plus rapide, de sentir le moindre de leurs mouvements et d'anticiper chacun de leurs sorts. Les trois cadors me lancent une attaque de concert que je bloque à nouveau. L'exiguïté des lieux ne rend pas les choses faciles mais je suis transportée par les effets de ma petite gélule. Mon rythme cardiaque s'accélère, ma respiration également. Un des mes sorts envoie Potter voler contre une rangée de machines. Cela semble renforcer la colère de Black qui redouble de hargne à mon encontre. Lupin est plus économe sur ses attaques mais chacune d'elles est précise et me déstabilise plus que celles du Parrain. Je parviens néanmoins à le désarmer et à le repousser. Black en profite pour me balancer un sort qui me laisse une balafre sur la joue.
Moins d'une minute avant l'arrivée des Soul Eaters...
Black est au-delà de la fureur. Il fait pleuvoir sort sur sort sur moi, m'obligeant à reculer.
Potter est en train de se relever quand le rideau métallique de la laverie explose subitement et fait voler la porte en éclats. Une voix de stentor résonne puissamment, nous figeant tous les quatre sur place.
« Putain, c'est quoi ce bordel ? »
End Notes:
Petit précis d'argot :
(1) s'affaler : dénoncer, trahir
(2) macaroner : trahir
(3) meules : fesses
(4) roussins : policiers
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Elisa s'est officiellement fourrée dans un sacré pétrin ! Comment va-t-elle parvenir à s'en sortir ? Est-ce que vous pensez que la personne qui débarque est amie ou ennemie ?
Et surtout : comment pensez-vous que cette histoire va se terminer ?
A lundi pour le dernier chapitre !
Nepenthes
H0 : Jeu de Dupes by Nepenthes
Author's Notes:
Et bonjour à tous !
Voici le nouveau et dernier chapitre de cette fic : vous êtes prêts pour le grand final ? :D
Merci à osa pour sa review du précédent chapitre et son enthousiasme tout au long de cette histoire ! ♥
Un peu de musique pour cloturer en beauté :
The Wind, the Scream - Le Professionnel - Ennio Morricone
The Ectasy of Gold - The Good, the Bad and the Ugly - Ennio Morricone (encore lui !)
Bonne lecture !
« Putain, c'est quoi ce bordel ?! »
Nous nous retournons tous les quatre, les Marauders et moi, vers Abelforth qui se tient dans l'encadrement de la porte. Du moins, ce qu'il en reste. Le chef de gang nous toise de toute sa hauteur, ses yeux bleus et froids nous scrutant avec colère. Il s'avance et le reste des Soul Eaters entre à sa suite. Une jeune femme rousse, Ginny, et un homme à la longue chevelure noire, Rogue, viennent chacun se positionner de part et d'autre d'Abelforth. Un peu en retrait, j'aperçois Fleur et George, le frère jumeau de Fred.
Cette fois, je suis cuite. Impossible pour moi de tenir tête à autant de monde à la fois.
« Elle est de la brigade », explique Black en me tenant en respect de sa baguette.
Le Vétéran pose son regard sur moi. Une moue de mépris se peint sur son visage et il lève sa baguette pour me désarmer. Je ne cherche même pas à riposter ou à l'en empêcher, ça ne servirait à rien de toute façon. Il file ma baguette à George derrière lui.
« Elle est seule ? » demande Abelforth.
Black hoche la tête.
« Elle avait un objet ensorcelé avec elle », déclare Lupin.
Le réveil matin gît sur le sol. Rogue l'appelle à lui à l'aide d'un Accio.
« Impossible de défaire le sort, dit-il en confirmant le diagnostic de Lupin.
- Bien sûr que si, il y a un moyen », grogne Abelforth en s'emparant de l'objet avec impatience.
Il le jette par la porte béante et l'envoie à plusieurs dizaines de mètres à l'aide d'un sortilège de Répulsion. J'espère que mes comparses sont prêts pour activer le plan B.
« Attendez, c'est bizarre quand-même... fait remarquer Ginny en me fusillant du regard. Elle est seule et elle apporte un objet détourné magiquement ? C'est pas dans les habitudes des argousins du Ministère, ça... » (1)
Ou qu'ils ont un plan C...
Il y a un moment de flottement suite à ses paroles.
« Elle est de mèche avec les Reapers », comprend Abelforth.
Cette fois, tout le monde me met en joue. J'aperçois alors le visage paniqué de Fleur derrière le Vétéran. Il se tourne vers elle, le regard assassin.
« Pourquoi tu nous en as pas parlé ? »
Fleur essaie de garder un visage stoïque mais je repère le léger tremblement de sa main qui tient sa baguette. Je comprends alors que je me suis trompée sur son compte. Ce n'est pas elle le mouchard. Ce n'est pas Peter non plus... Alors qui ?
Je n'ai pas le temps de réfléchir à la question. Une explosion fait voler en éclats le reste de la vitrine de la laverie. Nous sommes tous projetés en arrière par le souffle de la détonation. Mon épaule heurte douloureusement une des machines à laver, m'arrachant une grimace. Débris et poussière volent partout dans l'air. Pendant plusieurs secondes qui me paraissent très longues, je n'entends plus rien qu'un sifflement. Quelqu'un me saisit et me secoue par l'épaule et je distingue une chevelure rousse et un visage familier.
« Debout... » me glisse Fred en m'aidant à me relever.
Mon regard balaye la scène. Les Soul Eaters et les trois Marauders sont à terre, immobiles. En dehors de Fred, je ne vois pas l'ombre d'un des Reapers. Il me tend ma baguette.
« Vite, on n'a pas beaucoup de temps pour vider le coffre... » me dit-il.
Je tousse à cause de la poussière et me tourne vers la machine à laver :
« Mais Abelforth ne l'a pas déverrouillé.
- Pas besoin de lui », me répond Fred avec un grand sourire.
Je réalise alors qu'il est lui aussi couvert de suie, comme s'il avait été à l'intérieur au moment de l'explosion mais qu'il avait eu le temps de s'en protéger. Et je ne me souviens pas qu'il portait ces vêtements-là tout à l'heure...
Mes neurones s'activent, le psychotrope fait encore un effet bœuf sur mon cerveau.
« Tu n'es pas Fred...
- Bien vu, Sherlock. Viens par là, on va déverrouiller le coffre »
Il se dirige vers le lave-linge et commence à exécuter une série de gestes et de formules complexes. La machine semble se mettre en route.
« Je croyais que c'était Abelforth le Gardien du Secret...
- Tu crois vraiment qu'il aurait pris ce rôle alors qu'il est le plus susceptible de se faire refroidir ? me contredit George. Non, c'est moi que mon frère avait déjà choisi comme Gardien du Secret à l'époque, mais on a laissé croire que c'était lui, en tant que chef de gang. Abelforth lui-même n'était pas au courant, donc j'ai dû le mettre au parfum après la mort de Charlie. On s'est mis d'accord pour continuer à faire croire qu'il était le seul à qui mon frère avait révélé la combinaison, et donc qu'il était devenu Gardien du Secret à son tour après sa mort »
J'ai beau réfléchir à toute vitesse, j'ai l'impression que mon cerveau a du mal à raccrocher les wagons. George est déjà en train de remplir un sac ayant subi un sortilège d'Extension avec le contenu du coffre. Son jumeau débarque peu de temps après. Les pièces du puzzle se mettent en place au fur et à mesure. Bien sûr, c'est évident. Je me suis faite berner en beauté depuis le début...
« Désolé pour l'explosion, s'excuse Fred - le vrai - avec un sourire contrit. Je ne pensais pas que tu resterais à l'intérieur... »
Nous ne somme que trois encore debout. Je ne vois ni Peter ni Percy ni Luna et encore moins Bill.
« Où sont les autres ?
- Au QG. Ils font un bon gros dodo... On sera loin quand ils se réveilleront...
- Tu... »
Mon regard va de Fred à George et inversement.
« On t'expliquera plus tard, me dit Fred. On déguerpit en vitesse avant que les autres ne reviennent à eux »
Dans les décombres, j'aperçois en effet des membres qui émergent avec des grognements. Les jumeaux finissent de vider le coffre et me pressent vers la sortie. Une Ford Anglia nous attend quelques mètres plus loin. George balance le sac sur le siège arrière pendant que Fred se met au volant. Je grimpe dans le véhicule, à côté du butin. Une fois tout le monde à bord, on démarre sans attendre. Nul doute que la brigade de police magique va débarquer dans les minutes qui suivent...
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Les rues de Londres défilent tandis que la voiture se fond dans la circulation de la ville.
« C'était la voiture de notre père, explique Fred d'une voix nostalgique. On a jamais réussi à s'en séparer après sa mort. Pas vrai, George ?
- Affirmatif. On l'a chouchoutée pendant des années, en mémoire de papa... »
Les deux hommes se taisent à nouveau, sans doute happés par leurs souvenirs. Je n'ose pas les interrompre et nous roulons encore pendant plusieurs minutes avant que je ne pose la question qui me brûle les lèvres :
« Alors depuis le début vous êtes de mèche pour partir avec le magot d'Abelforth ?
- C'est le magot de Charlie, me corrige Fred un peu sèchement, mais sa voix se radoucit aussitôt après. Mais ouais, on a jamais cessé d'être Fred et George...
- Après la mort de Charlie, on a compris qu'il n'y avait plus de famille qui tienne. Alors on a décidé de tracer notre route de notre côté.
- Si possible avec un petit coup de pouce financier...
- Oh, au fait, tu auras ta part de la came et des gallions, ajoute George en se tournant vers moi avec un sourire.
- J'ai bien cru que tu allais tout faire capoter quand Bill t'a recrutée, reprend Fred, les yeux fixés sur la route. J'ai compris que tu avais des soupçons quand on est allés chez l'apothicaire et que tu lui as demandé du Veritaserum. A partir de là, il fallait que je t'amène à me faire confiance et que tu diriges tes doutes sur les autres. Et il fallait que je t'empêche de tout déballer à Bill avant ce soir...
- Déballer à Bill, déballer à Bill... essaie de le dire très vite ! » plaisante George en s'adressant à son frère.
Ils se lancent tous les deux avec une joie enfantine dans une série de vocalises et de babillages qui finit très vite par m'agacer. Je les interrompus :
« Vous n'avez pas peur des représailles ? »
J'imagine déjà la tête de Bill quand il va comprendre que ses deux frères l'ont doublé.
« Oh, je pense que Bill va remuer ciel et terre pour nous retrouver, répond Fred. Mais on sera déjà loin quand il se rendra compte qu'on l'a blousé.
- Blousé Bill, blousé Bill », chantonne George, bientôt repris par son frère.
Je les coupe à nouveau dans leurs comptines idiotes :
« Et Percy et Ginny dans tout ça ?»
George redevient sérieux et hausse les épaules avec indifférence.
« Ils s'en remettront. Ils ont choisi leur camp... Quant à Fleur... »
Sa phrase reste en suspens et le jeune homme affiche une grimace de dégoût, ne laissant aucun doute sur l'avis qu'il a de la Plante Carnivore et du fait qu'elle n'ait pas du tout hésité à se jeter dans les bras du meurtrier de son mari.
L'ambiance retombe un peu. Au bout d'un moment de silence, je reprends :
« Pourquoi ne pas m'avoir laissée sur place ?
- Pourquoi on aurait fait ça ? me répond Fred. On a pas de raison de t'en vouloir personnellement. Et tu nous as un peu aidés, d'une certaine manière...
- Ouais, on avait pas prévu l'évasion de Black. Ça aurait été autrement plus coton si on avait dû se charger des Trois Marauders nous-mêmes... Tu nous as fourni un bel objet de distraction... »
Je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à la tête de Black quand ses yeux sont tombés sur la courbure de mes fesses. Pour un objet de distraction, je m'étais posée là, en effet.
Nous arrivons à la sortie de Londres et les jumeaux s'arrêtent pour me déposer.
« Tu ne nous en veux pas si on trace sans toi ? s'excuse Fred tandis que George sort un nouveau sac à Extension pour y fourrer ma part du magot. Je lève ledit sac à hauteur de mes yeux et réplique :
« Ça compense largement la perte.
- Désolé, à cause de nous, tu es un peu grillée auprès de toute la pègre londonienne... »
Je hausse les épaules. Ça ne va pas bousculer énormément mon quotidien. Au contraire, c'est peut-être la dose de sel qu'il me fallait.
« Ce fut un plaisir, Mademoiselle Day... déclare George en me serrant la main.
- Où que vous alliez, envoyez-moi une carte postale... » dis-je d'un ton pince sans rire.
Je les observe tous les deux et je me rends compte que j'ai encore un million de questions à leur poser. Comment ils ont gardé contact pendant tout ce temps, si c'est eux qui ont dessoudé Fletcher... Je me décide à n'en choisir qu'une.
« Pourquoi ne pas avoir agi avant si George était le Gardien du Secret ? »
Ils pouffent de rire en me regardant.
« La vie ne serait pas drôle sans quelques feux d'artifice, pas vrai ? » dit George avec un clin d'œil avant de remonter dans la voiture.
Fred s'approche de moi et pose ses mains sur mes épaules en souriant.
« Adieu, Wild Rose... Dommage, j'aurais aimé me piquer un peu sur tes épines... »
Il se penche vers moi et m'embrasse. Puis il m'adresse un dernier sourire et se remet derrière le volant, sous les remarques grivoises de son frère.
Alors qu'ils redémarrent et me laissent sur le bord du trottoir, je plonge la main dans la poche de ma veste. Le petit flacon ambré est par chance intact. Je m'envoie une des petites gélules et sourit en regardant la Ford Anglia s'éloigner.
Finalement, il y a bien des frères chez les voyous...
End Notes:
Celui-ci, je l'avais déjà utilisé mais au cas où, je le remets par ici :
(1) Argousin : policier
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Alors alors, est-ce que vous aviez deviné qu'il n'y avait pas un mais deux traîtres ? :D
J'espère que cette histoire vous aura plu. Je me suis beaucoup amusée à l'écrire en tout cas ! Et j'aime bien l'idée que Fred et George soient réunis dans cet UA ;-) Donc merci encore à Fleur d'Epine pour cette proposition de concours ! ♥ N'hésitez pas d'ailleurs à aller lire les autres textes du concours pour découvrir Harry Potter version pirates, campus universitaire, TV réalité ou groupe de musique !
J'ai ébauché pas mal d'éléments sur le passé d'Elisa dans cette histoire et il est plus que probable qu'elle revienne pointer le bout de son nez. Donc si cette histoire vous a plu et que vous en voulez encore, stay tuned ! ;-)
A bientôt et merci pour votre lecture !
Nepenthes
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