Le cirque où tout a commencé. Pentes escarpées, granites abruptes, herbes pliées au vent dru, un chamois qui lève son museau et déguerpit.

Tout là-haut, sur la falaise, le fort pentu et rude et rouge et scintillant comme une montagne au crépuscule. Rouge comme la passion des jeunes années et le sang du serment.

Puis le bleu opaque et pastel de la nuit froide. Glaciale comme une guerre sans fin. Chromatique comme une brume désolée qui se lève sur un mouroir.

Parce qu’il a aimé Gellert plus que quiconque, il est celui qui doit se repentir pour l’humanité tout entière.

L’aube, l’heure où devrait fredonner la campagne.

Pourtant, le silence s’épanche entre les sources qui sautent de névés en névés. Un bourdonnement dans les oreilles et une pesanteur dans l’esprit. Les nuages balaient la roche nue et cristalline.

Aucune vérité ne se cache derrière.

Le monde est identique à la veille.

Mais la lumière grise n’entre plus de la même façon dans ses yeux. Ne reste que le rayon vert, intense, de la chute du soleil Gellert brûlant du soir.

Une marmotte se roule en boule. La nature est amène. Puisse sa paix sauter enfin dans le monde des hommes !

Pourquoi serait-il, lui, misérable, le héros de cette guerre ? Il aurait pu être à la place de l’autre - Gellert, il aurait suffi d’un instant de persuasion, d’une pointe un peu plus forte dans son cœur amoureux.

Il a fait éclater le serment.

Il n’a pas réussi à ne pas faire éclater la guerre.

Adriana est morte en temps de paix. Gellert est mort pour annoncer la paix.

Son ventre se consume de douleur, sa bouche se tord, ses poumons inspirent tout ce qui rampe de noir dans l’air, exhalé par la foule colorée. Quand est-ce que l’air redeviendra transparent ?