III - blue sky, life stories. (fr) by Winter
Summary:

La vie continue, le vent souffle, le soleil brille et les nuages passent. On aime, on pleure, ça secoue et ça illumine alors on ressort comme des Picasso. Différents et pleins de couleurs.

Noir, gris, banc…

« Un cœur brisé est un cœur ouvert. » - Le soleil est pour toi, Jandy Nelson.

image par @enginakyurt sur unsplash

Partie 3 de black story


Categories: Après Poudlard, Hinny (Harry/Ginny), Romione (Ron/Hermione) Characters: George Weasley, Ginny Weasley, Harry Potter, Hermione Granger, Personnage original (OC), Ron Weasley
Genres: Amitié, Famille, Romance/Amour
Langue: Anglais, Français
Warnings: Lemon soft, Violence psychologique
Challenges: Aucun
Series: black story.
Chapters: 13 Completed: Non Word count: 54693 Read: 7469 Published: 30/12/2023 Updated: 08/09/2024
Story Notes:

Cette histoire est le troisième volet de ma longue série black story.

La partie I - black moon, black story est disponible en français et est en réécriture en anglais.

La partie II - grey clouds, wolf story est uniquement disponible en français.

 

Playlist de l’histoire ici.

 

Petit rappel également que cette fic est déconseillée au moins de seize ans. Ce n'est pas pour rien, elle traite beaucoup de sujets qui peuvent être délicats comme la dépression, le deuil, la guerre, l’acceptation de soi... Si ce sont des sujets qui vous touchent, attendez d'être prêt.e un peu plus tard, ou accompagnez-vous de ces personnes qui vous réchauffent le coeur. ♥︎

Nouveau chapitre tous les samedi.

 

Merci pour votre fidélité et votre soutien. ♡

Bonne lecture, 

winter 

1. Black 1.1 by Winter

2. Black 1.2 by Winter

3. Black 1.3 by Winter

4. Black 1.4 (trio part 1) by Winter

5. Black 1.5 by Winter

6. Black 1.6 by Winter

7. Black 1.7 by Winter

8. Black 1.8 (part 1) by Winter

9. Black 1.8 (part 2) by Winter

10. Black 1.9 (trio part 2) by Winter

11. Black 1.10 by Winter

12. Black 1.11 (George) by Winter

13. Grey 2.1 by Winter

Black 1.1 by Winter
Author's Notes:

ϟ. Tom Odell - Another Love

TRIGGER WARNING : dépression, deuil, guerre.

1er mai 1998


 


— Est-ce que ça va ?


 


Il y a deux réponses à cette question la réponse du savant et celle du poète. Le poète répondrait : vide, comme morte à l’intérieur. Et le savant ?


 


— Je dois y aller.


— Où ?


— Voir Andromeda. Je dois lui dire.


 


Derrière eux, tout le petit groupe se leva. 


 


— On y va avec toi, dit Harry d’un ton ferme.


 


Emy n’avait pas la force de protester. Elle ne tenait que pour cette dernière chose : voir son frère. Au diable le sang et cette satanée douleur. Pas de Bête, pas de limites, elle devait le voir. Pas à pas, lentement, elle s’avança hors du champ de protection. Avant qu’elle ne puisse transplaner, George lui prit le bras et le fit pour elle.


 


La chaumière des Tonks apparut devant elle. On avait une vue sur la cour, le verger un peu plus loin et les prés du voisin. Emy s’interdit de penser à la dernière fois qu’elle était venue ici. Il était hors de question qu’elle commence à comparer à avant. 


 


L’épuisement la fit tituber, mais accrochée à l’image de son frère, elle parvint à mettre un pas devant l’autre. Andromeda avait dû les entendre d’une quelconque façon car elle sortit sur le perron. 


 


Elle avait le cœur battant en croisant son regard. Les émotions se bloquèrent au fond de sa gorge, elle n’avait pas le droit de pleurer. Pas maintenant. Le gris Black croisa les yeux vairons du loup. 


 


— Non… comprit Andromeda avant qu’Emy ne puisse parler.


 


Harry et Ron se précipitèrent pour la soutenir alors qu’elle se laissait tomber au sol. Emy continuait d’avancer, le visage fermé, le chagrin au bord des lèvres. 


 


— Andromeda…


— Non, non, non…


— Je suis désolée, continua-t-elle, déterminée à lui bien lui dire la vérité. Dora et mon père sont morts. 


 


Sa voix était vide de vie. La femme devant elle venait de recevoir l’une des pires nouvelles de sa vie. Son cri était celui de la douleur. D’une mère, d’une femme qui venait de perdre son unique enfant. Elle ne pouvait plus rien pour elle. Les garçons la soutinrent jusqu’au salon alors qu’Emy entrait dans la maison, guidée par l’odeur du nourrisson. C’était une senteur facile à reconnaître, si nouvelle, si différente de celle des derniers mois. Impossible de se tromper.


 


Elle entra dans une chambre à l’étage où un petit berceau se trouvait. Elle aurait voulu le porter, mais elle manquait de force pour cela. Alors, du bout des doigts elle posa sa main sur son visage. Il prit son doigt et l’agrippa fermement, elle ne s’attendait pas à une telle force, il était si petit, si nouveau dans la vie, et elle si faible, si faible…


 


Découvrir ce frère qui lui avait donné tant de force la bouleversa. Il était parfait, magnifique, et une vague d’amour l'envahit. C’était pour lui, elle l’avait promis à son père, c’était pour lui qu’elle avait pu venir jusqu’ici. 


 


Et maintenant ?


 


— Hey… 


 


Le bébé s’agita dans son pyjama.


 


— Salut toi…


 


Elle s’y prit à plusieurs fois pour continuer, ignorante des personnes qui l’entouraient. Harry, Ron et Hermione ne l’avaient pas quittée une seule fois du regard. La fatigue se lisait sur leur visage, la tristesse aussi. Et puis l’inquiétude…


 


— Je suis ta grande sœur, ne t’inquiète pas, tu n’es pas tout seul, je serai toujours là, toujours…


 


Elle repensa aux mots de son père dans la forêt et les larmes montèrent. Elle ne parvenait plus à tenir, ses jambes se dérobèrent sous elle et elle tomba dans les bras d’Harry. 


 


— Je suis désolé Emy… Tellement désolé…


 


Elle ne l’entendait pas, le chagrin, la douleur avait pris le déçu. Et maintenant c’était son corps qui la lâchait, des taches dansaient devant ses yeux, elle sentait qu’elle perdait conscience peu à peu.


 


Accueillant ce répit avec soulagement, elle ferma les yeux. 


 


Loin de la mort et de la douleur. 


 


Loin de la vie. 


 


 


•••


 


 


2 mai 1998


 


Elle avait passé une journée entière à dormir, des potions l’avaient aidée à ne pas sombrer dans des cauchemars sans fin. 


 


À son chevet : Andromeda qui veillait sur elle. À 46 ans, elle avait vécu beaucoup de choses. Elle savait depuis petite que la vie n’était pas facile. Aujourd’hui, elle avait formé une carapace que peu de choses pouvaient ébranler. Coûte que coûte, elle continuait d’avancer. 


 


Toujours. 


 


 


•••


 


 


3 mai 1998


 


Elle était assise devant la maison. Le soleil caressait son visage, elle pouvait sentir à quel point son corps en avait manqué ces derniers mois. Depuis quand s’était-elle posée à ne rien faire ? De toute manière, elle ne pouvait rien faire d'autre, elle était trop faible. Depuis son réveil, elle ne reconnaissait pas son corps, il était faible, incapable de marcher, tenir quelque chose ou d’avoir une quelconque force. Tout la fatiguait. Elle avait l’impression d’avoir 100 ans.


 


Assise devant la maison, son esprit divaguait. Elle essayait de le faire revenir à cette contemplation du paysage devant elle. Mais ce n’était pas assez pour chasser les images d’horreur qui défilaient devant ses yeux. Le plus souvent, c’était le regard vide de vie de Fred. D’autres fois, elle repensait à Dora qui s’inquiétait pour son père quand elles s’étaient vues à la salle sur demande. Elle voyait des visages d’anonymes morts, beaucoup de sang aussi. Mais surtout la douleur et ça, c’était insoutenable. 


 


Assise devant la maison, elle ne croyait pas à la fin de la guerre. Ne croyait pas que c’était fini. Comment oser se reposer après tant d’années sur le qui-vive ? Elle ne parvenait pas à lâcher sa baguette ou à ne pas sursauter au moindre bruit. 


 


Assise devant la maison, une âme en peine. 


 


Harry, Ron, Hermione et George apparurent à l’horizon. Emy sentit un changement dans l’atmosphère, voilà comment Andromeda avait été prévenue de son arrivée. Ça lui laissait le temps de se préparer si ce n’était pas une visite désirée.


 


— C’est ton père qui a installé ce système. Je vais le laisser, c’est discret et…


 


On ne sait jamais. Comme elle, la sorcière ne croyait pas à la paix. 


 


Emy ne répondit pas, les regardant arriver sans moucheter. Ils avaient des cernes sous les yeux, visiblement, ils n’avaient pas tous récupéré. Le pire était George. Il avait un teint cireux, les yeux rougis, des cheveux en bataille pas lavés depuis un bon moment. Évidement qu’il n’allait pas bien. Son frère, son jumeau était mort. 


 


— Salut Emy, dit Hermione en s’asseyant à côté d’elle. 


 


Elle ne demanda pas si « elle allait bien », personne ne s’encombrait de cette question. 


 


— Molly et Arthur tiennent le coup, ils ont commencé les préparatifs. Ginny aurait voulu venir, mais elle a préféré rester avec eux et Percy est là pour les aider à maintenir le cap. C’est difficile pour tout le monde. 


 


Hermione avait compris que ça ne servait à rien de forcer Emy à parler où à faire quoique ce soit. Elle avait décidé de lui parler, de la tenir informée, de ne rien lui cacher, mais de la laisser répondre à son rythme. C’était ce que conseillait un livre qu’elle avait déjà lu deux fois depuis leur retour de Poudlard. Il s’intitulait « Survivre ».


 


— On est venus vous voir car Andromeda nous a dit que tu étais réveillée, c’est bien que tu sois au soleil. Ça m’avait manqué moi aussi. 


 


Ron et Harry s’assirent à côté d’elles. George était à l’intérieur.


 


— George ne va pas bien, il se mure dans le silence, à tout moment il s’énerve et il se met à pleurer. Puis silence à nouveau. Ron arrive un peu à s’occuper de lui. 


— J’essaye, dit Ron d’une voix rauque. Mais il ne veut pas d’aide, je ne peux pas le forcer.


— Tu fais ce qu’il faut, assura Hermione d’une voix douce.


 


Un silence s’installa entre eux quatre. C’était si étrange après tant de temps ensemble sans se quitter. Tout était différent. Le monde était différent. C’était un monde en paix paraît-il.


 


Harry se mit à pleurer. Pas de grands sanglots, juste des larmes silencieuses, celles qui sont témoins des plus grandes peines, les peines profondes, celles qui font mal au cœur et qui nous laissent sans énergie. 


 


Emy se tourna vers lui. 


 


— Tu leur as dit ?


 


Il hocha doucement de la tête. Alors elle aussi les larmes se mirent à couler, de soulagement. Hermione passa un bras autour de ses épaules et posa sa tête contre la sienne. Ils étaient un groupe, ils ne formaient qu’un, et c’était impossible de les séparer, jamais. 


 


L’arrivée d’un nouveau venu stoppa l’émotion. Emy passa une main rapide sur ses joues pour les sécher et se leva pour l’accueillir. 


 


— Vous êtes venu me mettre en cellule ?


— Bonjour Emy, allons à l’intérieur. J’ai des questions à te poser.


 


Elle ne pensait pas que ce serait si simple. Sa venue, elle s’y attendait. Son ton formel aussi. Son invitation à parler, non. 


 


Voyant qu’elle ne bougeait pas, il entra dans la maison, l’invitant à le suivre. Elle se décida à le faire et alla s’asseoir sur un fauteuil du salon. 


 


— Bonjour, je suis Kingsley Shacklebolt, on s’est rencontrés…


— Oui, je vois qui vous êtes, dit Andromeda. Que voulez-vous ?


— Parler à Emy. J’ai quelques questions…


— Pas trop longtemps alors, coupa la sorcière. Elle est encore blessée et a besoin de repos. Asseyez-vous, je vous amène un thé.


— Merci, dit-il, l’air las de celui qui n’a pas beaucoup dormi. 


 


Il s’installa en face d’Emy, tandis que Ron et Hermione s’assirent sur le canapé. Harry était parti aider Andromeda ou voir Teddy probablement. Emy se demanda un bref instant où se trouvait George. Mais il devait probablement préférer être seul. Elle n’avait pas la force d’affronter son regard, honnêtement, elle préférait qu’il ne soit pas là pour entendre cette discussion. 


 


— Comment vas-tu Emy ? commença doucement Kingsley. 


 


Elle avait envie de lui envoyer le premier objet qu’elle trouverait sous sa main à la figure. 


 


— Et si on sautait le blabla et allait au but de cette visite.


 


Sa voix était rauque, elle n’avait pas fait d’aussi longue phrase depuis son retour. Tout son corps était rouillé, sa gorge ne faisait pas exception. 


 


— Tu sais pourquoi je suis là ?


— Parce que j’ai tué Greyback.


 


Andromeda arriva. Emy ne savait pas ce qu’elle savait ou pas. Harry lui avait peut-être dit. George était le seul à avoir tout vu. Mais elle doutait qu’il ait raconté tout ce qui s’était passé à qui que ce soit. 


 


— Pas tout à fait, tu te rappelles de ce qui s’est passé ?


 


Elle hocha la tête. 


 


— Comment est mort Greyback Emy ?


— Je l’ai tué, répéta t-elle.


— Raconte-moi ce qui s’est passé.


— Ça ne sert à rien, dit-elle avec impatience. Il est mort, ça ne changera rien. 


 


Un bruit de pas dans l’escalier la fit tourner la tête. George descendait les marches, Teddy dans ses bras. Elle le regarda s’installer avec les autres. C’était une drôle d’image de le voir avec un nourrisson, il était plutôt à l’aise. Était-il venu plusieurs fois ici avant la bataille ? C’est possible, Andromeda lui faisait plutôt confiance, pas une seule fois elle avait vérifié qu’il le portait comme il fallait ou que tout allait bien. 


 


— Emy ?


— Pardon ?


 


Elle se retourna vers l’auror. 


 


— Comment a commencé votre duel. Que faisait-il à ce moment-là ?


 


Chaque instant était gravé en elle. 


 


— Il tuait.


— Tu t’es dit qu’il fallait l’arrêter ?


— Oui.


— Pourquoi t’es-tu transformée ?


 


Elle s’esclaffa. Quelle question idiote. 


 


— Avez-vous déjà tenté d’arrêter un loup-garou ?


— Oui, c’est difficile.


— Pas si on est un loup. 


 


Il hocha la tête. 


 


— Donc tu t’es transformée.


— Je voulais qu’il arrête de tuer, murmura-t-elle.


— Je comprends. Ça a…


 


On toqua à la porte ce qui fit sursauter Emy. Les doigts crispés sur la baguette, elle découvrit quatre sorciers derrière la porte. Des aurors d’après leurs insignes sur leur cape. Ses souvenirs l’avaient emportée ailleurs, elle ne les avait pas entendu arriver. 


 


— Pas maintenant, dit Kingsley en se levant.


— Mais…


— Pas maintenant, laissez-moi lui parler.


— Le protocole…


— On s’en fout du protocole ! coupa t-il. Ce n’est pas n’importe qui, laissez-la souffler deux secondes, j’ai dit que je m’en chargeais, je vais le faire. Attendez dehors !


 


Les quatre sorciers obéirent alors qu’Andromeda et Kingsley échangeaient quelques regards brefs. Puis il retourna s’asseoir en face d’Emy qui avait toujours ses doigts crispés sur sa baguette. 


 


— Désolé pour ce contre-temps. Donc cela a fonctionné quand tu t’es transformée ? Il s’est focalisé sur toi ?


 


Elle hocha la tête. 


 


— Vous vous êtes battus ?


— Il était mi-humain, mi-loup, réalisa-t-elle soudain. 


— Oui, approuva Kingsley. Il avait pris une potion, de la magie noire que peu de loups-garous de sa meute avaient pris également. C’était destiné à leur donner la force de leurs deux formes combinées. On est en train de travailler pour comprendre d’où ça venait et comment ils l’avaient fabriqué. On souhaiterait éviter que d’autres personnes fassent de même. 


 


Elle comprenait mieux. 


 


— Il était fort… Trop fort…


— Il allait gagner ?


— Il allait me tuer.


 


Il échangea un bref coup d'œil avec Andromeda. Emy avait du mal à se concentrer, c’était difficile de tenir un échange cohérent. 


 


— Que s’est-il passé alors ?


 


Elle leva ses yeux vairons vers lui, il frissonna, il n’y avait plus de vie dans ces yeux. Que de la douleur. Il ne reconnaissait pas la sorcière qu’il avait jadis connue. 


 


Sur le canapé, Ron avait passé un bras autour des épaules d’Hermine qui pleurait en silence, bouleversée. Elle était arrivée à la même conclusion. Son amie ne se tenait pas devant elle.


 


— Il se battait comme un loup, je devais faire pareil. J’ai lâché le contrôle.


 


Il se pencha en avant pour mieux entendre. 


 


— Je ne me rappelle pas trop de ce moment-là. J’étais juste à me battre parce que je ne voulais pas mourir maintenant. Je… Je ne sais pas pourquoi je me suis arrêtée. Mais je l’ai fait. Il était au sol, il y avait du sang, plein de sang, j’en avais partout… Je suis redevenue humaine, il voulait que je le tue comme un loup, mais je ne suis pas comme lui. Je suis une sorcière. Alors je l’ai tué avec ma baguette. 


— Pourquoi l’avoir tué ?


— Il allait mourir. 


— Comment le savais-tu ?


— Il sentait la mort.


 


Emy ne comprenait pas pourquoi il insistait, c’était évident. 


 


— Ça, c’est le loup qui te l’a dit ?


— Oui. Le laisser agoniser était barbare. Avada Kedavra n’était pas difficile à faire. Et c’était rapide. Il fallait que je l'abatte. 


 


Elle repensa à son regard éteint. Il ne s’y attendait pas. En relevant la tête, elle n’était pas surprise de voir le regard des autres plein d’inquiétude. Elle savait qu’elle faisait peur, et il y avait des choses qu’elle préférait ne pas dire. Toute la vérité serait trop terrifiante. 


 


— Emy, tu comprends pourquoi je suis là ?


— Oui, je vais aller en prison, n’est-ce pas ?


 


Il secoua la tête. 


 


— Non, ça non, c’était la guerre, ce n’est pas considéré comme un meurtre. 


 


Le mot était dur à entendre. 


 


— Mais tu as d’abord fait preuve de…


 


Oui, elle comprenait. Barbarie, sauvagerie, une bestialité qui fait peur. Et surtout qui était interdite. 


 


— Puis le sortilège impardonnable. 


 


Même dans un contexte de guerre, ils étaient interdits. 


 


— Alors tu vas passer devant un tribunal. On a besoin de s’assurer que tu ne perdras pas le contrôle, que tu n’es pas un danger pour toi ou les autres. J’ai vu avec le bureau, ce sera deux jours après les funérailles, je me suis dit que c’était mieux d’en finir au plus vite. 


 


Elle ne réagit pas. Franchement, peu importe le jour, mis à part les funérailles, elle ne savait pas ce qu’elle allait faire. Se lever ce matin était difficile, une partie d’elle avait juste envie de laisser son corps s’atrophier, de ne pas le bouger, qu’il ne guérisse pas et que finalement elle ait une bonne excuse pour ne pas sortir de son lit. 


 


Mais elle ne dit pas tous ces mots, au lieu de ça, elle hocha brièvement de la tête, prise d’une envie de sortir, quitter cette pièce et ces regards.


 


Elle n’en fit rien, ses jambes ne répondaient pas, se lever était trop dur, ses bandages la tiraient et la douleur revenait dans le corps.


 


— Emilynn, ajouta Shacklebolt, je veux que tu saches que je suis là pour t’aider, je suis dans ton camp. Si tu as besoin de quoique ce soit, dis-le-moi. Mais il faut aussi que tu sois honnête avec moi, d’accord ?


 


Elle détestait qu’il lui parle comme ça, détestait qu’il veuille l’aider, elle était un monstre, pas quelqu’un qui a besoin d’aide. Elle voulait qu’on l’enferme quelque part, même Azkaban ferait l’affaire. Se transformer, oublier l’humaine, ne plus être…


 


— Est-ce que tu voulais tuer Greyback en arrivant à la bataille ?


 


Elle fronça les sourcils, elle ne comprenait pas.


 


— Non.


— Ce n’était pas prémédité, dit-il tout bas.


 


Andromeda se leva.


 


— Mr Shacklebolt, je crois que c’est assez pour aujourd’hui.


 


Il releva la tête vers Emy et acquiesça.


 


— Oui, oui. Evidemment. 


 


Andromeda l’accompagna dehors, puis retourna près de la jeune fille qui avait les bandages plein de sang.


 


— Nous allons traiter tes plaies, murmura-t-elle en s’affairant pour ramener le nécessaire. Ces blessures ne guérissent pas normalement, je sais que celles de loup-garou n’agissent pas pareil, mais tu… Tu dois pouvoir guérir…


 


Harry l’aida en silence.


 


— Pourquoi tu ne guéris pas, peut-être que je dois t’emmener à Sainte Mangouste ?


 


Emy releva la tête, inquiète. 


 


— Ça va aller, dit Harry calmement. Ça va aller, ça prend du temps, dans le monde moldu c’est normal. Tu as passé combien de temps à guérir de ta blessure au genou Emy ? Plusieurs semaines je dirai. Andromeda, c’est normal, vous vous en sortez très bien. 


 


La sorcière le remercia du regard. 


 


— Et Emy, une fois qu’on a fini, tu devrais aller t’allonger un peu, ça te va ?


 


Elle releva lentement les yeux vers lui. Ils avaient tout traversé ensemble, pourtant elle se sentait si loin de lui en cet instant. Il avait grandi orphelin, sans père, ni mère, elle le rejoignait maintenant dans cette catégorie et détestait ce mot. « orphelin ». Non, elle avait une histoire, elle avait un passé, elle n’était pas sans rien. 


 


Peut-être que si. 


 


Puis elle regarda Hermione et Ron, assis l’un à côté de l’autre. Que s’était-il passé pour eux récemment ? Elle n’en avait aucune idée. Ils se tenaient la main, ils étaient peut-être ensemble, ils étaient peut-être passés à autre chose, un nouveau chapitre de leur vie car tout ne s’était pas arrêté il y a deux jours. Emy devrait être heureuse pour eux. Ce n’était pas le cas. Ce mot n’existait plus dans son vocabulaire. 


 


Et enfin George. George au monde détruit mais qui comme elle, trouvait sa force dans Teddy. Ils avaient une bonne connexion tous les deux, peut-être que lui aussi se sentait coupable d’être en vie et voulait compenser ça en étant là pour le nourrisson. 


 


Elle se tourna à nouveau vers Harry. 


 


Emilynn Lupin était morte ce 1er mai 1998.


 


Aujourd’hui, elle ne pensait qu’à une chose : tuer et sentir le goût du sang à nouveau dans sa bouche.


 


Elle inspira un grand coup et contint la Bête. 


 


Il n’était pas question de perdre le contrôle aujourd’hui. 

End Notes:

hey, cette histoire est divisée en plusieurs parties (black, grey, white...). Black, comme son nom l’indique est assez noir, pas très joyeux et traite du sujet de la dépression. Je préfère vous prévenir avant que vous vous plongiez dans cette histoire. Et promis, le ciel deviendra bleu. ♡

Merci à MissArty pour sa relecture ♥︎

Et merci pour votre lecture,

winter

Black 1.2 by Winter
Author's Notes:

ϟ. Lana Del Rey - Take me home, country road

TRIGGER WARNING : dépression, deuil, guerre.

7 mai 1998



Devant elle se trouvait un costume noir. Il était à Lyra. Elle avait dû le porter plus d’une fois pour l’enterrement d’un membre de l’ordre. Oui, évidemment, la mort était partout. 


 


Emy fixa le reste de l’armoire, il y avait d’autres vêtements, quelques pulls, blouses, des t-shirts… Elle se tourna vers son lit où traînait  un sweatshirt. 


 


— Harry ?


 


Il arriva dans la pièce. 


 


— Tiens.


 


Pendant qu’il découvrait le pull, elle s’assit sur son lit, fatiguée d’être restée debout aussi longtemps. Revenir dans cet appartement était dur. Elle avait envie de tout jeter, de tout oublier. Ne plus revenir ici, effacer le passé pour qu’il ne fasse pas autant mal. 


 


— Potter… C’était à mon père ?


 


Elle hocha la tête.


 


— Elle avait beaucoup d’affaires de lui je pense, j’ai retrouvé quelques vêtements hommes qui… Qui ne correspondent pas à mon père. 


— Oui, et le Potter est plutôt éloquent, approuva Harry en s’asseyant à côté d’elle.


 


Elle comprenait son émotion, avoir quelque chose d’eux était beaucoup, elle ressentait ça elle aussi. Et puis, depuis la bataille, Harry comme tout le monde d’ailleurs était à fleur de peau. 


 


— C’est un bel appartement… ajouta t-il. Ça fait bizarre de venir ici après tout ce temps. 


 


Oui. Ils avaient prévu avec Remus de le faire venir ici. Quitter les Dursley, et passer quelques semaines ici. Mais la guerre avait empêché ça, ce n’était pas assez sûr, et puis les Weasley pouvaient l’accueillir. 


 


— Il y a beaucoup de vinyles dans le salon… Et de livres…


 


Elle hocha la tête, les yeux humides.


 


— Oui… Je ne sais pas ce que je vais en faire…


 


Il posa un bras autour de ses épaules.


 


— On va t’aider.


 


Elle ne répondit pas, se levant, le costume à la main, elle quitta la pièce pour se mettre devant la porte d’entrée.


 


— Je rentre.


 


Et elle sortit.


 


 


•••


 


 


8 mai 1998


 


Veste trop grande de son père et pantalon noir de sa mère, t-shirt blanc et mocassins noirs avec des chaussettes blanches, Emilynn s’avança parmi le groupe de personnes. Certains montrèrent des signes d’hommages, d’autres ne pouvaient s’empêcher de l’observer plus longtemps que nécessaire. 


 


C’était elle.


 


Elle qui avait tué Greyback.


 


Elle qui avait tant perdu durant les deux guerres. 


 


Elle qui avait accompagné l’Élu.


 


Debout parmi les autres membres honorifiques de la guerre, elle était censée être au premier rang, écouter les beaux discours tous plus émouvant les uns que les autres, et puis ensuite partir dans une vallée un peu plus loin pour l’enterrement.


 


Une cérémonie d’hommage se tenait à Poudlard. Tout n’avait pas été entièrement remis en ordre, quelques fenêtres étaient toujours cassées, quelques pierres se trouvaient toujours dans le jardin. Le stade de quidditch était toujours détruit et des statues avaient encore une tête ou des bras manquants. Malgré tout, Emy avait l’impression que tout avait été fait pour atténuer la vérité. Elle se rappelait du sang sur les marches de l’entrée. Il n’y en avait plus. 


 


Et les voilà à faire des discours pour commémorer des mémoires… Ils ne savaient rien. Ils voulaient dissimuler l’horreur pour que ce soit plus supportable. Et bien justement, non, c’était dur la guerre, c’était affreux et tous étaient encore sous le choc. 


 


Elle détestait qu’ils ne respectent pas ça.


 


George n’était pas au premier rang. Du regard, elle balaya la foule derrière elle et le trouva enfin. Il était assis près d’un arbre à côté du lac. En une semaine, ils s’étaient vu quelques fois, jamais seuls, jamais échangé plus de quelques mots ou des regards fuyants. Oui, elle l’évitait, elle ne voulait pas lui parler, ne pas affronter sa douleur à lui en plus de la sienne.


 


Honnêtement, elle se sentait incapable d’être à ses côtés. Elle n’était pas à la hauteur, ne pourrait pas l’aider. Et puis, cela signifiait aussi affronter ce qui s’était passé entre eux deux cette nuit-là. Une demande en mariage parmi toute cette violence et ces morts… Non, ce n’était pas possible. 


 


Mais rester assise ici non plus. 


 


Elle se leva, ignorant le regard de la foule, et marcha le long de l’allée jusqu’à George. Un murmure retentit de la foule alors que le discours reprenait tant bien que mal. Personne n’allait la blâmer, on avait de la pitié pour elle, elle qui avait tant perdu. 


 


En arrivant près de lui, son pas ralentit. Prise d’un doute, elle hésita à continuer d’avancer. Elle ne voulait pas qu’il se fasse de faux espoirs. Mais d’un autre côté, elle ne se voyait pas passer cette journée avec quelqu’un d’autre que lui. 


 


Il la regardait de ses yeux marron, l’étincelle de joie si typique de lui et Fred maintenant éteinte. Cela lui fit peur, lui aussi avait changé. Pas juste pour le deuil, non, quelque chose s’était cassé en lui. Ce n’était plus George. Et ce n’était plus Emy. 


 


Et pourtant, dans un signe d’accueil, il se décala légèrement, laissant une place pour qu’elle s’assoie. Bras autour de ses genoux, elle fixa le lac à côté, perdue dans les mouvements de vent sur la surface de l’eau. Elle avait passé du temps ici à étudier, peut-être que ses parents aussi. Combien de fois était-elle passée par ici pour ensuite aller à un entraînement de quidditch ? Cela semblait être une autre période. Elle pensait que c’était difficile à ce moment-là. 


 


Non, elle se trompait. Maintenant elle touchait vraiment le fond. Pas avant.


 


George à côté d’elle ne dit pas un mot. Elle risqua un regard vers lui et ce qu’elle vit lui transperça le coeur. Un instant, elle essaya de se rappeler ce que c’était de passer ses journées ici, à se retrouver de temps en temps pour s’embrasser, puis d’aller en cours en pensant à l’autre, s'entraîner au quidditch puis finir la journée en mangeant ensemble, échangeant des blagues avec…


 


Elle détourna le regard et inspira un grand coup. Elle ne voulait pas pleurer maintenant. Ça viendrait sûrement plus tard. Mais pas maintenant. 


 


Une personne passa devant eux, une personne qu’Emy aurait préféré éviter de la journée.


 


Angelina. 


 


Elle s’approchait d’eux, le teint cireux, elle semblait comme eux tous, revenue d’outre-tombe. Des larmes coulaient de ses joues.


 


— Je peux ?


 


Emy tapota la place à côté d’elle.


 


— Saleté de cérémonie, murmura Angelina en s’asseyant. Je ne pouvais plus les entendre. 


 


Aucun des deux ne répondit. Emy cherchait une formulation pour exprimer qu’elle était désolée, sans pour autant sortir les banales phrases que tout le monde dit à tout va. 


 


Elle ne trouva rien. Parce qu’elle-même ne pouvait pas entendre ces phrases. Parce que quand on entend « je suis désolé » alors qu’on a l’impression que son monde s’écroule et qu’il n’y a pas d’avenir, on s’en fout des phrases toutes faites. 


 


Alors elle décida de prendre la main d’Angelina, un geste vaut les plus belles paroles. Elle se tourna vers elle, surprise. À nouveau les larmes se mirent à couler, Emy se joignit à elle et elles pleurèrent, en silence, épaule contre épaule, main dans la main ceux qui les ont quittés pour toujours.


 


•••


 


La cérémonie était terminée, quelques personnes les avaient rejoint, Emy restait assise, elle économisait ses forces pour la suite de la journée qui allait être épuisante. 


 


Quand Mr et Mrs Weasley l’avaient vue sur le porche du château, ils l’avaient tous les deux prise dans leurs bras. Pas de mots, juste une enveloppe d’amour qui avait été difficile d’affronter. 


 


Affronter, oui, parce qu’elle avait tout fait pour les éviter, se sentant incapable de regarder en face leur chagrin et leur peine. Harry avait dû les briefer, car ils ne dirent pas un mot, ce qu’elle leur était reconnaissante. Elle aurait fondu en larmes sinon. 


 


— Ça va aller pour marcher ? demanda Mrs Weasley. 


 


Elle hocha la tête. Toute la procession s’apprêtait à rejoindre le lieu où seraient enterrés les morts de cette bataille. Amis comme ennemis seraient dans le même lieu, séparés par une allée. Seul Voldemort ne reposerait pas ici, sa dépouille était actuellement encore au département des mystères. Le lieu était un bel endroit, plus bas dans la vallée. Un autre lac s’étendait là, c’était à une quarantaine de minutes du château. Mais la marche ne dérangeait pas Emy. Chaque pas qu’elle faisait était de plus en plus dur physiquement, mais elle appréciait cet effort, elle se concentrait sur son souffle, sur l’exercice, elle était en vie et se détestait pour chaque bouffée d’air qui entrait dans ses poumons alors qu’elle allait enterrer des personnes qui auraient dû vivre. 


 


À côté d’elle se trouvait George. Il avançait à son rythme, faisait comme si ça ne lui coûtait aucun effort alors que tout le monde les avait distancés. Dans ses bras, Teddy était sage, à regarder le monde, laissant le soleil caresser sa peau d’enfant. 


 


La décision d’enterrer tous ceux tombés au combat près du château était venue naturellement. La question s’était ensuite posée d’où mettre les mangemorts. En France se trouvait un cimetière des allemands morts pendant la Seconde Guerre Mondiale moldue lors du Débarquement. C’étaient les ennemis, mais ils avaient pourtant le droit à un lieu pour se reposer en toute dignité.


 


Quelques personnes qui organisaient la suite, principalement Shacklebolt et McGonagall avaient proposé de les mettre à côté. Pas juste à côté, non, un peu plus loin. Séparés par une allée et des arbres. L’idée était que personne ne s’impose à les voir. Mais aussi que l’Histoire n’oublie pas.


 


Qu’au final, ce n’étaient que des hommes. 


 


Emy n’avait pas d’opinion sur la question, elle s’en moquait bien, il parait que Dolohov y serait, il parait que c’était lui qui avait tué son père. Il était mort, c’était tout ce qui comptait. 


 


Mais quelques personnes avaient protesté. Quand on avait demandé où mettre les corps à la place, les gens s’étaient tus et finalement la décision avait été validée.


 


Du haut de la colline, on pouvait voir maintenant le lieu. Les plantes avaient déjà été plantées pour faire la séparation. Sur la gauche, à l’ombre des arbres qui bordaient la forêt, se trouvait des tombes fraîches avec une simple inscription sur une pierre noire pour les noms. Rien d’autre, pas de fleurs, pas de décorations. 


 


De l’autre côté, les cercueils les attendaient. Emy s’arrêta en les voyant. C’était soudain plus concret, et faire un pas devant l’autre marquait à chaque fois un peu plus la fin. George s’arrêta avec elle, il pleurait, elle ne l’avait pas remarqué. Depuis quand ?


 


Teddy dans ses bras commença à s’agiter, elle le prit contre elle et tendit la main à George qui descendit la colline avec elle. Andromeda les attendait, elle posa un bras autour des épaules d’Emy, incapable de faire autre chose. Ses forces l’avaient quittée.


 


Plus loin, la famille Weasley se soutenait autant que possible. Harry et Hermione se tenaient à leurs côtés, elle remarqua qu’ils étaient proches d’Angelina. Tant mieux, elle aurait besoin de toute la force possible.


 


— Emy…


 


Mrs Weasley s’était approchée. Elle semblait vouloir dire quelque chose, mais les mots se bloquèrent dans sa gorge. Andromeda pressa ses mains contre les siennes et les deux femmes se mirent à pleurer. Deux mères, deux mères dont la vie leur avait pris un enfant. Personne ne devrait vivre cela. 


 


Emy s’éloigna, Teddy toujours dans ses bras. Les noms sur les pierres blanches défilèrent, elle passa devant Fred, puis la seconde rangée, la troisième, tout à droite sur le côté, les voilà.


 


Remus Lupin


Nymphadora Lupin - Tonks


 


— Teddy ? It’s them. They are here. Can you feel them?


** C’est eux. Ils sont là. Tu le sens ? **


 


Le bébé ne bougea pas, blotti contre elle.


 


— Inside your heart, they will always be.


** Dans ton coeur, ils seront toujours là. **


 


Elle avait décidé de lui parler français, c’était une partie de son histoire, de celle de son père. C’était aussi leur jardin secret, mis à part Andromeda, personne le parlait. Et elle aimait être libre d’échanger avec son frère. Elle voulait tout lui dire, ne rien lui cacher, faire en sorte que la vie soit le plus simple possible pour lui même s’il n’avait plus de parents. 


 


— I’m sorry you have to live this. But don’t worry, I am here, your grandmother is here, Harry is here, and none of us is gonna leave you.


** Je suis désolée que tu doives vivre ça. Mais ne t’inquiète pas, je suis là, ta grand-mère est là, Harry est là et aucun de nous ne va te laisser. **


 


Parlait-elle pour lui ou pour elle ? Un peu des deux. 


 


— It is a nice place, we will visit them every year at least. And whenever you need. See the bright blue sky? We didn’t see it for a long time… And the sun on the water of lake, how beautiful it is… This is a nice place for them.


** C’est un bel endroit, on leur rendra visite au moins tous les ans. Et autant que tu veux. Tu vois ce ciel bleu ? On ne l’a pas vu pendant si longtemps… Et le soleil qui se reflète sur l’eau du lac, c’est beau… C’est un bel endroit pour eux. **


 


Elle s’arrêta en voyant que la cérémonie allait commencer. Certaines personnes s’étaient placées devant, d’autres aux côtés de leurs proches, d’autres encore s’étaient posés sur la colline, à l’écart des autres. Elle chercha du regard George, étrangement, c’était la seule personne qu’elle voulait avec elle.


 


— Je suis là.


 


Elle se retourna, oui, c’était lui. Toujours aussi ravagé, toujours aussi accablé par le chagrin, mais George, oui pour cette fois, c’était bien lui. 


 


— Reste près de moi.


— Ne pars pas.


 


Elle ne comptait pas le faire. 


 


Kingsley Shacklebolt s’avança et le silence se fit. Au premier rang devant lui se tenaient les Weasley, Molly et Andromeda l’une à côté de l’autre. Harry et Angelina étaient assis sur la colline, entourés par le reste de l’équipe de quidditch de 1994. Enfin, tous sauf Fred.


 


— Pour ces femmes et hommes qui sont maintenant dans la voie de la paix. Ils ne se sont pas battus pour la soif de conquête, ils se sont battus pour l’arrêter. Ils se sont battus pour mettre fin de la bataille, ils se sont battus pour retourner auprès de leurs proches. Ils se sont battus pour libérer…


 


Il fit une brève pause.


 


— Qu’ils ne soient pas oubliés, et à jamais le monde leur sera reconnaissant de leur sacrifice. 


 


Ils levèrent leur baguette pendant une minute de silence, puis l’abaissèrent alors que les cercueils disparaissaient sous la terre. Seuls restaient les pierres blanches, les noms et les souvenirs.


 


Emy se mit à pleurer. 


 


Aujourd’hui, elle était orpheline.


 


 


•••


 


 


9 mai 1998


 


Les pleurs de Teddy la tirèrent de son sommeil plein de cauchemars. Elle se leva rapidement et partit dans sa chambre le prendre dans ses bras avant qu’il ne réveille Andromeda. La veille, elle avait été éprouvée par la journée et méritait un peu de repos.


 


— Hey you, why are you crying like that? Come here little bear…


** Salut toi, pourquoi es-tu en train de pleurer comme ça ? Viens ici petit ourson… **


 


Elle le berça gentiment tout en retournant vers sa chambre. Elle était fatiguée, mais se rendormir n’allait pas être possible, elle avait encore ces images et ses visages qui défilaient devant ses yeux. 


 


Un craquement du bois l’alerta que quelqu’un s’était levé. Puis la porte s’ouvrit sur Harry.


 


— Tout va bien ?


— Oui, le rassura t-elle. Ce petit bonhomme ne veut pas dormir, mais je vais sûrement me promener pour lui changer les idées.


— J’arrive. 


 


Elle n’eut pas le temps de protester, il était déjà reparti. Quelques minutes plus tard, ils quittaient tous les trois la maison.


 


— Où veux-tu aller ? demanda Harry.


 


Elle n’en savait rien. 


 


— Quand tu étais petite et que ça n’allait pas ? Que faisait Remus ?


 


Il avait murmuré son nom comme si le dire à haute voix était de trop et qu’Emy allait s’effondrer si c’était le cas. 


 


— Il me faisait un chocolat chaud. 


 


Ça c’était en France.


 


— Et à Londres, il m’emmenait manger des fish and chips.


 


Harry sourit. 


 


— J’ai bien envie de fish and chips, allons-y.


— Transplane dans la rue de l’appartement, dit-elle avant de faire de même. 


 


C’était étrange de se retrouver à Londres aussi tard. Des gens faisaient la fête, elle réalisa que c’était vendredi, la veille du week-end. Oui, la vie continuait, des gens étaient heureux, d’autres revenaient du travail. C’était absurde de se retrouver au milieu de gens aussi normaux. 


 


Teddy avait cessé de pleurer, elle le portait serré contre elle alors qu’elle avançait dans ces rues qu’elle connaissait par cœur. À droite puis un peu plus loin, oui, la roulotte était toujours là, le long de la Tamise. Ils prirent deux commandes et s’arrêtèrent pour manger un peu plus loin, là où elle s’asseyait toujours avec Remus.


 


— Tu n’arrivais pas à dormir ? 


— Non, dit-il. Je ne fais que des cauchemars en ce moment. 


 


Elle aussi. Mais les médicomages avaient dit qu’ils ne pouvaient pas prendre des potions pour dormir tous les soirs. Elle avait franchement envie d’aller contre leur ordre. Elle était épuisée.


 


— Pourquoi tu n’es pas au Terrier ? demanda-t-elle.


— Je voulais leur laisser un peu d’intimité. J’ai été assez dans leur pattes comme ça.


— Tu n’es pas un problème pour eux, Harry. 


 


Il secoua la tête tout en prenant une nouvelle frite. 


 


— Ils avaient toujours été épargnés de ça. Ils ne sont plus les mêmes, ils ont besoin de se retrouver pour se reconstruire. J’avais aussi besoin d’être un peu seul.


— Et ? 


— Ça ne me réussit pas.


 


Ils avaient peu parlé depuis une semaine. D’avoir une conversation comme celle-ci détonnait après ces jours de silence. 


 


— Andromeda m’a donné une chambre, tout comme elle t’en a donné une. Je vais voir ce que je vais faire, mais pour cette nuit, je voulais me poser un peu après tout ça.


 


Il inspira.


 


— C’est difficile.


 


Elle approuva.


 


— On va s’en sortir, hein ? C’est juste que ça prend du temps, ok Emy ? Tu vas rester près de nous ?


 


Elle releva la tête, ne comprenant pas d’où venait tout ça.


 


— Tu repousses les gens quand ça ne va pas.


 


Oui, c’était vrai. Mais cette fois était différente. Il y avait plus que ça. Bien plus que ça. Rien que d’y penser fit remonter une montagne d’émotions, elle reposa son fish and chips et regarda au loin pour chasser les larmes.


 


Harry sentit que ça n’allait pas, il posa sa main sur son épaule, la laissant répondre à son rythme. Après un moment, elle finit par reprendre.


 


— C’est si dur Harry… Se lever le matin est tellement difficile…


— Je sais…


 


Elle se tourna vers lui en secouant la tête. 


 


— Sauf que je n’ai pas envie de me lever, je n’ai pas envie d’aller mieux…


 


Sa voix se brisa. Il comprit. 


 


« Je n’ai pas envie de vivre. »


 


— Je vais avoir le procès et ensuite quoi ?


— Tu nous as nous…


 


Elle secoua la tête une nouvelle fois.


 


— Je ne peux pas rester auprès de vous…


 


Il fronça les sourcils. Elle déglutit et prit une profonde inspiration avant de finir.


 


— J’ai envie de tuer à nouveau… Au fond de moi, c’est le bazar… J’ai peur de la prochaine pleine lune Harry… J’ai si peur…


 


Il ne la contredit pas, ne tenta pas de lui donner une version de la réalité. Il écouta. Il écouta réellement et réalisa que devant lui était plus qu’une âme en peine.


 


C’étaient deux âmes torturées.

End Notes:

hey,

Merci pour vos premiers retours sur cette histoire, ça me motive beaucoup pour la suite. ♥︎

Je suis actuellement en voyage Nouvelle Zélande avec un van, donc pour publier les samedi matin sans faute, ça va être difficile, je tenterai de le faire le week-end dès que j’ai un peu de connexion.

Merci à MissArty pour sa relecture ♥︎

Et merci pour votre lecture,

winter

* traduction de l’inscription du monument d’Omaha Bay par Franklin D. Roosevelt (une des plages du débarquement des américains en 1944 pour la libération de la France lors de la seconde Guerre Mondiale) dont je me suis inspirée pour le discours de KS : « For these men are lately drawn from the ways of peace. They fight not for the lust of conquest they fight to end conquest, they fight to liberate… They yearn but for the end of battle for their return to the haven of home. »

Black 1.3 by Winter
Author's Notes:

ϟ. Sting - Shape of My Heart

 

TRIGGER WARNING : dépression, deuil, guerre.

14 mai 1998


 


Ceci est la partie dont le héros ne se remet pas. C’est là où sa vie change à jamais. Longtemps après, Emilynn se rappellerait de ce moment comme étant un tournant. Le chagrin, le malheur, la dépression et les regrets l’attendaient en sortant de ce procès. Et pendant longtemps, ils accompagneraient chacun de ses pas.


 


En ce jour du 14 mai, deux semaines après la bataille, elle se tenait, mains posées sur ses genoux, regard vers le bas, assise dans une salle borgne du ministère. Elle fixait ses mains sans les voir, perdue dans ses souvenirs de la guerre. Elle pensait aussi à son oncle qui s’était plus ou moins retrouvé dans la même situation. Il n’avait pas eu de procès, elle si. 


 


Même si Kingsley lui avait répété qu’elle ne risquait pas d’aller à Azkaban, une partie d’elle le désirait. Azkaban signifiait ne plus devoir vivre, ne plus faire d’effort, oublier, s’oublier. Faire face à ses mauvais souvenirs, elle allait s’y faire. Tout plutôt que la peur de tuer. 


 


— Emilynn Lupin ?


 


Elle se leva, lissa son pantalon et suivit le sorcier dans un couloir qui la mena à la salle d’audience. On la regardait de haut, des visages familiers, d’autre moins, mais surtout des regards, plein de regards, plein de monde… C’était trop. 


 


Elle s’arrêta à mi-chemin. Le sorcier qui la guidait se tourna vers elle sans comprendre. Devant elle se trouvait un siège avec des chaînes, il était situé au milieu d’un cercle, elle ne savait plus ce qu’elle avait envie de faire finalement. La peur la paralysait. 


 


« Clic, clic, clic. » Les reporters avec leur appareil à leur main s’entassaient dans leur box. Elle se tourna vers sa gauche, George était là. Toujours aussi malheureux, mais il était là. Elle se décida alors à reprendre sa marche et à s’asseoir sur le siège. 


 


Les chaînes restèrent en place. 


 


— Vous êtes bien Emilynn Espérance Lupin ?


 


Elle hocha la tête. 


 


— Répondez à haute voix je vous prie, dit la magenloi en désignant le secrétaire.


— Pardon, oui.


— Merci, nous vous recevons ici pour revenir sur les circonstances de la mort de Fenrir Greyback le 1er mai 1998 lors de la bataille de Poudlard. Vous êtes la première personne interrogée, cette cour a pour but de clarifier des éléments qui pourraient être jugés de crimes, et ce, dans un contexte de guerre. 


 


Sa voix se fit moins dure, plus humaine. 


 


— Miss Lupin, nous sommes dans le même camp, nous voulons juste avoir votre version des faits, comprendre ce qui s’est passé et poursuivre notre travail. Merci de bien nous répondre avec une totale franchise. 


 


Comme il n’y avait pas de question, elle ne répondit pas. En face d’elle se trouvait des aurors, elle en reconnut certains comme Kingsley qui était maintenant d’ailleurs plus Ministre de la magie qu’auror, enfin bon, et aussi Mina. La témoin de Dora lors de son mariage. Son amie. 


 


— Connaissiez-vous Fenrir Greyback ?


 


Elle haussa les épaules avant de se rappeler qu’elle devait parler à voix haute. 


 


— Non, pas vraiment. 


— L’aviez-vous déjà rencontré avant le 1er mai ?


 


Les cris d’Hermione dans le manoir des Malefoy résonnèrent dans sa tête.


 


— Oui… Deux fois. 


— Quand ?


— La première, c’était la nuit où Dumbledore est mort. La deuxième, c’était il y a deux mois, je crois… Un peu plus peut-être. 


— Comment se sont passées ces rencontres ?


 


À nouveau les cris…


 


— Il voulait me tuer. Il n’aimait pas que j’ai le choix.


— Le choix ?


— D’être loup ou humaine. 


— Vous êtes une animagus.


— Oui.


— Mais vous êtes née loup-garou, n’est-ce pas ?


— Oui.


— Il était en possession de cette information ?


— C’est lui qui avait transformé mon père.


 


Quelques murmures dans la salle.


 


— Donc il voulait vous tuer. 


— Ou me faire rejoindre sa meute. Quand il a compris que ça ne serait pas le cas, il a voulu me tuer. 


— Et vous ?


— Quoi moi ?


— Vouliez-vous le tuer ?


— Je ne veux pas la mort. 


 


Nouveaux murmures. La magenloi arrangea ses papiers. 


 


— Lorsque vous êtes arrivée à Poudlard, aviez-vous pour but de le retrouver ?


— Non.


— Pas même pour exercer une quelconque revanche ?


— J’avais d’autres choses en tête que de me préoccuper de lui, répliqua Emy un peu trop sèchement. 


 


Elle fixa ses mains à nouveau, elle devait se calmer, la pleine lune arrivait. Du bout des doigts, elle fit glisser la bague en petites perles. Elle allait devoir la retirer. Ce n’était plus d’actualité, plus rien ne l’était. 


 


Les horcruxes étaient encore gardés secrets. Tous les quatre, ils avaient décidé de ne rien dire pour l’instant. Personne ne s’était trop permis de poser des questions sur leurs mois d’absence et leur miraculeuse victoire. Les sorciers étaient encore à la célébration de la fin de la guerre et à pleurer ses morts. Pas encore occupés à comprendre ce qui se passait.


 


Mais un jour ou l’autre, les questions viendraient. 


 


— Quand est-ce que le sujet de se battre contre lui est venu en tête ?


 


Le sang, tout le sang… Partout. 


 


— Après avoir vu les morts, dit Emy en relevant la tête. 


 


De ses yeux vairons, elle les défiait de la contredire. Tous y lurent la douleur. 


 


— Ses victimes ?


— Il abattait les gens. C’était des exécutions. 


 


Plus aucun bruit dans la salle. 


 


— Vous avez décidé à ce moment-là de l’arrêter ?


— Je crois. 


— Comment ça ?


— Vous y étiez ?


 


Elle n’attendit pas la réponse. 


 


— On n’avait pas le temps de réfléchir. Tout est flou, mais je me rappelle le sang, oui tout ce sang et la mort qui rôdait partout. Il y avait les pleurs et les cris de douleur, mais ce n’était pas aussi horrible que l’odeur si âpre du sang. J’ai vu ses cadavres, il les déchiquetait comme une bête, il condamnait tous les loups-garous à n’être que de vulgaires animaux en agissant comme ça. J’étais choquée. Et puis les choses se sont passées et je me suis retrouvée face à lui quand Voldemort nous balançait toutes ses horreurs. 


 


Elle ne pouvait plus s’arrêter, elle se revoyait courir, se transformer, Harry vivant, maintenant arrêter Greyback.


 


— Je voulais l’arrêter, je l’ai retrouvé en haut des marches dans le hall du premier, il venait de déchiqueter quelqu’un à nouveau, je la connaissais, j’ai été en classe avec elle. Un nouveau mort, non, il y en avait assez, vous ne trouvez pas ?


 


Ses yeux ne voyaient plus la salle qui l’entourait. Elle était de nouveau à Poudlard. Ses questions n’attendaient pas de réponse. 


 


— Il n’y avait qu’un moyen de l’arrêter, faire comme lui. Je voulais l’affaiblir, qu’il s’arrête une bonne fois pour toute, plus de mort ! 


 


Elle se redressa pour faire face à l’audience. Devant elle se trouvait plus d’un visage en larme. 


 


— Il allait me tuer, moi et mon humanité, mais je ne l’ai pas laissé remporter cette bataille. Je suis redevenue humaine et je l’ai achevé moi-même. Comme une sorcière, car c’est ce que je suis. 


 


Elle se tue pour reprendre son souffle. 


 


— Vous vous demandez si je peux refaire un tel acte. Utiliser un impardonnable, je n’y compte pas. Me transformer et me battre, non plus. Mais je ne peux pas le promettre, j’ai perdu trop de proches pour ne pas vous assurer que si un jour je devais les défendre, je le ferai sans hésiter. 


 


Elle revit les corps dans la Grande Salle et sa voix se brisa. C’était fini. Elle n’avait plus rien à dire. 


 


La magenloi reprit ses esprits et se racla la gorge, tentant de retrouver un fil conducteur, mais comme tout le monde dans la salle, elle se retrouvait désunie face à une gamine qui avait vécu beaucoup trop de choses pour son âge. 


 


— Pourquoi l’avoir tué après avoir arrêté de vous battre ?


— Il allait mourir.


— Il aurait pu recevoir des soins, vous auriez pu ne rien faire. 


 


Emy secoua la tête. 


 


— Il sentait la mort. Quand un animal est blessé et va mourir, on abrège ses souffrances, sinon on est inhumain. 


 


Silence. Il fallut un peu plus de temps à la magenloi pour formuler sa dernière question. 


 


— Regrettez-vous votre acte ?


 


Sans aucune hésitation, Emy répondit. 


 


— Non.


 


•••


 


Elle était assise sur un banc à observer les gens passer, sans vraiment les voir. Une passante perdue parmi la foule. Elle était ailleurs, dans ses pensées et ses souvenirs. Incapable d’être elle-même à nouveau. 


 


— Emy ?


 


Elle sursauta, la main posée sur sa poche où était rangée sa baguette. 


 


— C’est moi, la rassura George. 


 


Que faisait-il ici ? Elle pensait avoir pu s’éclipser discrètement dans la cohue de sa fin de procès, alors que les gens cherchaient à lui parler, à trouver l’élu, interroger le nouveau ministre, et finalement on en oubliait la jeune animagus.


 


— Je voulais savoir comment tu allais.


 


C’était la première fois depuis la bataille qu’on lui posait la question. Tout le monde connaissait la réponse, pas besoin de demander. Mais maintenant que George la posait, elle se sentait encore plus misérable. Comment décrire que sa vie est finie ?


 


— Mal. Toi ?


 


Il secoua sa tête. 


 


— Mort à l’intérieur. 


 


Elle était d’accord avec lui sur ce point. 


 


— Mais… Mais je me dis qu’on peut se soutenir ensemble…


 


Il hésita à prendre sa main, mais abandonna en chemin et reposa finalement son bras dans un geste un peu maladroit. Elle ne savait pas quoi lui répondre. Être avec lui comme si rien ne s’était passé n’était pas possible. Et puis… Et puis cette pulsion meurtrière au fond d’elle qui lui donnait envie d’hurler… Comment vivre avec ça ?


 


— George… Je… Je ne crois pas.


 


Il se tourna vers elle, vraiment surpris. 


 


— Qu’est-ce que tu veux dire ?


 


Elle prit une profonde inspiration. 


 


— Je ne peux pas faire ça George.


— Ça quoi ?


 


Elle se tourna vers lui, yeux dans les yeux, le cœur pleurant. 


 


— Être avec toi. Je ne peux pas.


 


Elle se leva et partit dans la foule. Le plus vite possible, tout plutôt que de se retrouver face au visage déchiré de George. Elle pensait que ce procès serait la chose la plus dure à faire aujourd’hui, mais dire adieu à l’amour de sa vie était mille fois pire. 


 


Inconnue dans les rues de Londres, elle avançait, un pas devant l’autre, tentant de trouver son chemin. Mais comment faire quand la vie avait tout balayé au vent ?


 


C’était une boussole sans aiguille. 


 


Et elle avait mal, si mal. 


 


 


•••


 


 


15 mai 1998


 


Harry était venu la trouver assise au pied de l’immeuble où ses parents avaient habité, elle se les imaginait heureux. Derrière lui se tenaient à distance Ron et Hermione. Tout le monde marchait sur des œufs avec elle. Ça commençait à l’agacer, elle voulait qu’on la laisse en paix. 


 


Mais la voilà, assise par terre, incapable d’entrer dans la maison de son enfance. Terrifiée à l’idée de se retrouver en face des fantômes de son passé. Elle se détestait pour sa faiblesse, détestait le monde d’être à sa place, dans ce corps et cette vie. 


 


— Salut.


— Laisse-moi.


— Tu as bu ?


— Non, j’aimerai bien. 


— Emy…


— Quoi ? Je ne t’ai pas demandé de venir.


 


Elle avait envie d’être en colère. Il s’approcha tout de même.


 


— Je sais que le procès a été dur, je sais que ça ne va pas, ne nous repousse pas, on peut aller avec toi là-haut si c’est ce que tu veux, on peut aussi rentrer au Terrier, chez Andromeda, où tu veux…


— Laissez-moi seule.


 


Elle ramena ses genoux contre elle. Un groupe de moldus la dévisagea auquel elle répondit par un doigt levé. Harry s’approcha un peu plus pour finalement s’asseoir. 


 


— Je ne vais nulle part. 


— Et eux ? Ils veulent nous regarder être assis à ne rien faire ?


 


Qu’il ne réponde pas à sa colère la rendait encore plus énervée. Elle aurait voulu qu’il réponde, qu’elle ait une personne sur qui crier.


 


— Ils sont venus te dire au revoir.


— Pourquoi ?


— Hermione part chercher ses parents. Mais avant, elle voulait que le procès se passe et qu’on soit fixé sur ta situation.


 


Le sentiment d’injustice perça le cœur d’Emy. C’était injuste d’en vouloir à Hermione, elle n’avait rien fait. 


 


Sauf qu’elle, elle avait une famille à retrouver.


 


Emy n’avait rien. 


 


— Eh bien au revoir ! cria t-elle.


 


Ron vint la voir, accroupi devant elle, le visage fermé, il ressemblait soudain beaucoup trop à ses grands frères. 


 


— Tu peux nous repousser autant que tu veux, on ne va nulle part Emy.


— Vous ne savez pas qui je suis ! Partez, laissez-moi, je n’en veux plus de tout ça.


 


Elle se mit à pleurer.


 


— S’il vous plait, laissez-moi…


 


Harry voulut la serrer contre lui, elle le repoussa, mais il était décidé à ne pas la laisser tomber. Avec force, il l’attira contre lui alors qu’elle commençait à être secouée de sanglots. 


 


•••


 


 


Elle se réveilla dans sa chambre. Désorientée, elle se demanda ce qu’elle faisait ici, quel jour on était et pendant un bref instant de folie elle crut entendre son père dans le salon. 


 


Puis la réalité la frappa de plein fouet. 


 


Son père était mort. 


 


— Emy ?


 


Elle releva la tête, Hermione s’approchait, ses yeux étaient rouges, elle n’avait pas dû beaucoup dormir. 


 


— Hier soir… On t’a beaucoup cherché hier soir après le procès. Tu as disparu d’un coup et il y avait tellement de monde… Je voulais te voir avant de partir et finalement, ça va être un peu plus tard. Je ne suis pas prête à leur parler, et les Weasley ont besoin de Ron. 


 


C’était étrange d’être avec Hermione, comme avant, sauf que tout était différent. Elles avaient tout partagé. Et pourtant, jamais Emy s’était sentie aussi éloignée d’elle.


 


— Tu as pu dormir ? demanda Hermione en s’asseyant au bord du lit.


— Un peu.


— Je suis désolée de ne pas m’être approchée hier… La vérité est que je suis un peu perdue sur ce que je dois faire. J’ai envie de laisser les Weasley en famille, mais ils semblent avoir besoin de tellement de soutien. Et puis je veux être avec Ron, retrouver mes parents aussi, il veut m’accompagner, je crois qu’il a besoin de souffler. Dans tout ça, j’ai peur qu’Harry n’explose en plein vol. Depuis notre retour, il tente de maintenir tous les bouts… Mais il est comme nous, épuisé et triste. 


 


Elle s’était remise à pleurer, Emy la laissait parler sans rien dire. De toute manière, elle n’aurait rien pu dire sans se mettre elle aussi à pleurer. 


 


— Et il y a toi… Je ne sais pas quoi te dire Emy. Je suis tellement désolée. On méritait une fin heureuse, tu méritais ta fin heureuse… Je vois que tu vas mal, que tu t’enfonces et je ne sais pas quoi faire pour t’aider. Ce que tu vis est terrible et je n’ai aucune idée de ce que tu traverses. Mais je ne vais pas te laisser, ça non…


 


Elle renifla et fixa le mur devant elle où s’étalait des photos. Preuve d’une vie passée…


 


— Je ne sais pas quoi dire Hermione…


 


Tout comme elle, Emy était perdue. Elle aurait voulu lui donner une réponse. Des bruits de pas approchaient, Ron et Harry entrèrent à leur tour dans la pièce.


 


— Il y a un terrain libre d’accès de quidditch. On peut y aller quand on veut. Et si tu mangeais un bout, une douche, et on y va ?


 


Elle accepta. 


 


 


•••


 


 


16 mai 1998


 


C’était Ron qui lui avait appris que Lavande, attaquée par Greyback avant qu’Emy intervienne, n’était pas décédée suite à l’attaque. Emy avait donc foncé à Sainte Mangouste pour la voir. Dire quoi ? Elle se posa la question alors qu’elle se trouvait devant la porte de la chambre. 


 


— Vous êtes une amie ? Ça lui fera plaisir, dit un médicomage qui passait par là.


 


Il lui ouvrit la porte et passa la tête. 


 


— Miss Brown ? Une amie est venue vous rendre visite. 


 


Et sans plus attendre, il invita Emy à entrer. Elle n’avait plus le choix, il fallait continuer maintenant. 


 


Lavande était dans une chambre individuelle plutôt agréable avec une fenêtre qui montrait un beau ciel bleu. Son corps était recouvert de bandages et autour d’elle se trouvait une collection de fioles en tout genre. Il y avait aussi une odeur de sang qui mit Emy mal à l’aise.


 


— Hey.


 


Elle ne répondit pas, la fixant du regard à travers le bandage. Peut-être ne pouvait-elle pas parler. Emy ne se voyait pas faire la discussion, alors elle s’assit sans rien dire, cherchant un élément neutre à observer. Ses yeux s’arrêtèrent sur le sol en lino. Plus pratique pour nettoyer le sang se dit-elle.


 


Sainte Mangouste avait une aile réservée aux loups-garous et leurs victimes. C’était une zone sécurisée avec plus de sécurité que coutume, et des chambres individuelles privées. Avaient-ils peur des patients ou de ceux qui pourraient leur en vouloir du mal ?


 


Elle se demanda si Lavande était maintenant une loup-garou. L’avait-il mordue ? Pouvait-il la transformer alors que ce n’était pas la pleine lune ? Elle ne l’avait jamais entendue dire des choses horribles sur les loup-garous. Même quand les journaux racontaient leurs tristes exploits. Peut-être l’accepterait-elle bien ? C’était ridicule, personne ne pouvait bien prendre cette nouvelle. Emy avait toujours vécu avec la pleine lune, certaines personnes ne savaient même pas quand elle se déroulait. 


 


— Emy ?


 


Lavande pouvait parler visiblement. 


 


— Merci.


 


Elle ne s’attendait pas à ça.


 


— On m’a raconté, merci.


— Je l’aurais fait pour n’importe qui. 


— Je suis désolée.


 


Elle détourna le regard, battant des cils pour chasser les larmes.


 


— Moi aussi.


— Je n’en suis pas une parait-il. Ce n’était pas la pleine lune. Ils pensent par contre que j’aurais une appétence pour la viande crue. 


— Oui, c’est probable, dit Emy en pensant à Bill.


— Je suis défigurée à jamais par contre. Je n’ai pas voulu retirer les bandages… Je sais, je suis une horrible personne, je pense à ça quand tant d’autres ont perdu la vie…


 


Elle se mit à pleurer, même si Emy aurait voulu lui dire qu’elle n’en pensait pas moins, elle tenta de se raisonner en se disant que chacun avait sa manière de gérer la situation. Gardant pour elle son commentaire, elle tendit une boîte de mouchoirs à la jeune fille. Elle s’était toujours plus entendue avec Parvati que Lavande de toute façon. 


 


— Et ton procès ? finit par dire Lavande en se mouchant. 


— Fini. 


— Il parait que Magenmagot t’a fait des remerciements pour ton effort de guerre. 


 


Ah oui. Juste après lui avoir dit qu’elle était libre. Elle l’avait à peine écoutée, ne comprenant pas trop ce qui se passait. C’était la dernière chose qu’elle devait faire. Et maintenant ? Même venir ici était une mauvaise idée, elle n’avait aucune idée de comment agir ou quoi faire. 


 


Faire du quidditch avait fait du bien. Même si ses blessures n’avaient pas toutes guéri, retrouver la liberté de voler lui avait donné un semblant de pause dans tout le mal-être. Tous les jours, elle allait s’y rendre, puis rentrer chez Andromeda. La sorcière lui avait fait promettre de le faire. Et elle n’avait pas pu lui dire non. 


 


— Emy ?


 


Elle relava la tête pour regarder Lavande. Une autre vie brisée en face d’elle. 


 


— Tu as bien fait de le tuer. 


 


Peut-être.

End Notes:

hey, pour info il n'y aura pas de nouveau chapitre semaine prochaine. Merci de votre compréhension et portez vous bien ♡

Merci à MissArty pour sa relecture ♥︎

winter

Black 1.4 (trio part 1) by Winter
Author's Notes:

TW - Dépression, deuil

1er mai 1998 - Harry

 

 

 

Andromeda avait réussi à suggérer de ramener George au Terrier. C’était une bonne idée. Ron et Ginny le raccompagneraient, Harry considérait que c’était important que la famille Weasley se retrouve. Hermione approuva immédiatement quand il lui suggéra discrètement l’idée.

 

 

 

Ils prirent tous une douche alors qu’Andromeda était repartie au chevet d’Emy, Hermione s’éclipsa sans lui dire où elle allait, et il se retrouva seul avec Teddy. Il n’avait jamais côtoyé de bébé, jamais vraiment eu d’expériences à leur côté. Mais de se retrouver dans la chambre où une douce musique berçait le nourrisson, il sentit son corps se détendre pour la première fois depuis que la bataille s’était terminée.

 

 

 

À ses yeux, le bébé était parfait, le regarder dormir était une sorte de méditation apaisante, Remus lui avait fait l’honneur de lui proposer d’être le parrain de cet enfant. Ce n’était pas un engagement qu’il prenait à la légère. Il serait là pour lui, il en avait fait le serment à son père, et seul face à son filleul, il lui murmura qu’il serait toujours là.

 

 

 

— Tu peux le prendre dans tes bras si tu veux.

 

 

 

Il sursauta, il n’avait pas entendu Andromeda.

 

 

 

— Il va bientôt avoir faim, tu veux que je montre comment le nourrir ?

 

 

 

Il accepta immédiatement. C’était un drôle de contraste avec ce qu’il avait vécu quelques heures plus tôt. Il avait le corps strié de petites coupures ou de bleus, mais d’être avec Teddy, il avait l’impression que plus rien de tout cela comptait vraiment. 

 

 

 

Quelques minutes plus tard, il était sur le canapé en train de nourrir au biberon son filleul. Andromeda était assise face à lui, les yeux perdus dans le vide, elle devait avoir besoin de repos, ce qu’elle venait d’apprendre, le deuil et toutes ces émotions, ça faisait beaucoup. Il avait l’impression qu’elle compensait en s’occupant d’Emy, d’un côté, ça lui permettait de ne pas trop faire face à son chagrin, compartimenter. Il voyait mal les Black accepter de livrer leurs émotions en public. 

 

 

 

Hermione rentra, un livre sous le bras. Il lui poserait la question plus tard de où, pourquoi et comment elle avait été chercher un livre maintenant. 

 

 

 

Enfin, non, c’était Hermione.

 

 

 

— J’ai quelques questions, murmura Andromeda.

 

 

 

Son regard était fermé, Emy faisait pareil quand elle abordait des sujets difficiles, il s’obligea à la regarder dans les yeux pour lui répondre.

 

 

 

— Mes sœurs ?

 

— Bellatrix est décédée.

 

 

 

Elle fit un bref hochement de tête. 

 

 

 

— Narcissa est en vie, tout comme son mari et son fils. 

 

— Un enfant Weasley ?

 

— Fred.

 

 

 

Elle ferma les yeux un bref instant. 

 

 

 

— Je vois. Merci. Je peux vous confier Teddy ? 

 

— Bien sûr.

 

 

 

Ils se retrouvèrent lui et Hermione, seuls dans le salon, un bébé en plus. 

 

 

 

— Il faut qu’on décide vite de ce qu’on va dire. Les gens vont commencer à avoir des questions.

 

 

 

Elle approuva d’un hochement de tête. 

 

 

 

— On en parlera demain avec Ron.

 

 

 

Puis elle ouvrit son livre et se plongea dedans. C’était Hermione, si elle n’allait pas bien, elle se réfugiait dans les livres. Il décida de lui laisser un peu d’espace, il était épuisé lui aussi.

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

1er mai 1998 - Ron

 

 

 

Il s’attendait à ce que les choses soient difficiles en rentrant à la maison. Fred était partout, sur les murs en photo, dans l’horloge, sa chambre, un souvenir ici, une trace là… C’était soudain bien plus concret. 

 

 

 

Il prit d’abord une longue douche chaude et s’observa un instant dans le miroir. Il avait une sale mine. Les mois passés dans les bois à puiser dans leurs réserves avaient laissé des traces. Il avait aussi des bleus et des coupures un peu partout sur le corps. Rien de grave, mais il avait l’impression qu’après tout ce temps, il découvrait ce corps. En un an, il avait changé.

 

 

 

En bas, il retrouva Charlie qui sortait de quoi faire un repas.

 

 

 

— Je sors tout, on verra bien qui veut quoi. 

 

— Où sont les autres ?

 

— George dans sa chambre, Ginny dehors, Percy ne devrait plus tarder à arriver, les parents là-haut, je crois qu’ils soufflent un peu, et puis Bill et Fleur passaient chez eux avant de venir. 

 

 

 

Il l’aida à mettre la table, trouvant ce geste si normal pourtant, soudain très étrange. 

 

 

 

— Ça va ? s’inquiéta son frère. Tu n’es pas blessé ?

 

— Non, ça va.

 

— Emy avait l’air mal en point… On racontait qu’elle a tué Greyback avec un Avada juste après s’être battue sous sa forme de loup.

 

 

 

Ginny, Percy et Bill venaient d’entrer dans la pièce. 

 

 

 

— C’est vrai, je crois. Elle est blessée, Andromeda s’occupe d’elle. George a tout vu, je n’en sais pas plus.

 

— Merlin, Remus et Dora… murmura Bill.

 

 

 

Charlie se retourna et mit à laver l’évier à la main. Chacun gérait ses émotions comme il le pouvait. 

 

 

 

— Je me suis occupé d’identifier leur corps, précisa Percy, j’ai aussi fait Fred…

 

 

 

Un silence s’abattit dans la pièce. 

 

 

 

— Merci, dit Bill.

 

— Et George ? murmura Ginny. Il faut qu’on le soutienne, il va avoir besoin de nous.

 

— Laissons-lui un peu d’espace, proposa Ron. Il a beaucoup à digérer, comme nous tous.

 

— Ok, mais on ne le laisse pas tout seul trop longtemps, trancha Bill.

 

— J’irai le voir dans l’après-midi.

 

 

 

Ils se regardèrent tous les cinq. Plus rien ne serait comme avant. 

 

 

 

Comme convenu, Ron alla voir George, il entendait des bruits depuis sa chambre, inquiet, il ouvrit sans frapper et découvrit un carnage d’objets cassés qui jonchaient la pièce. Il se précipita vers son frère qui était au sol, les mains autour d’une lampe qu’il envoya au sol.

 

 

 

— Non, laisse-moi ! cria t-il alors que Ron le serrait dans ses bras pour le retenir de recommencer. 

 

 

 

Il était plus grand, peut-être moins fort, mais George n’était pas dans son état normal, et il finit par se laisser tomber au sol. Secoué de sanglots, il marmonnait des mots que Ron ne comprenait pas. 

 

 

 

Le jeune homme serra les dents pour retenir ses propres larmes, son frère avait besoin de lui. 

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

2 mai 1998 - Hermione

 

 

 

Le livre traitait de suivi après un épisode traumatisant. C’était écrit par un survivant et le médecin qui l’avait suivi. C’était juste, intéressant, à la fois une histoire passionnante qui redonnait espoir, et aussi un aperçu de ce qui pouvait se passer pour eux après ce qu'ils venaient de vivre.

 

 

 

Hermione était inquiète pour Emy et les autres, mais pour l’instant, c’était principalement Emy. Elle l’avait suffisamment côtoyée pour connaître comment elle fonctionnait. Dès que ça devenait difficile, elle se renfermait sur elle-même. Et là, elle venait d’encaisser beaucoup, beaucoup de choses, il fallait qu’Hermione soit vigilante une fois qu’Emy serait remise de ses blessures. 

 

 

 

En milieu de journée, ils allèrent au Terrier, Mrs Weasley les serra fort contre elle, ça faisait du bien, ça lui rappelait sa mère qui lui manquait terriblement. Bientôt, elle allait pouvoir chercher ses parents. Elle voulait s’autoriser d’abord un peu de temps pour tout régler ici avant de leur révéler la vérité.

 

 

 

Quand elle revit Ron, elle se remémora tout ce qui avait pu se passer durant cette longue nuit. Parmi toutes les difficultés et la violence, il y avait eu ce baiser. Ils devaient parler, ça oui, elle ne savait juste pas quand, ni comment amener le sujet. Ron venait de perdre son frère, il avait sûrement d’autres choses en tête. 

 

 

 

Il échangea une brève embrassade avec Harry, puis la prit dans ses bras, la serrant longuement contre lui. 

 

 

 

— Je suis content que tu sois là, murmura-t-il.

 

 

 

Toute l’après-midi, la maison semblait fonctionner au ralenti. Tout le monde restait entre le salon et le jardin, sauf George qui n’était pas sorti de sa chambre depuis la veille. Ce n’est que le soir venu qu’ils purent se retrouver tous les trois pour parler.

 

 

 

— Plusieurs choses à voir, commença Harry. Tout d’abord, qu’est-ce qu’on dit et à qui de ce qui s’est passé ces derniers mois ? J’aimerais parler à Ginny. 

 

 

 

Ron avait un air bien sérieux sur le visage. Toute la journée, elle l’avait trouvé changé. Plus sérieux, plus renfermé, plus mature. 

 

 

 

— De tout ? Horcruxes comme reliques ?

 

— Oui.

 

— Pourquoi ?

 

— Je lui dois la vérité. Si elle la souhaite, je veux pouvoir lui répondre.

 

— Et ensuite ? Je ne suis pas là pour juger, précisa Ron. Je veux juste comprendre.

 

 

 

Et protéger sa sœur, devina-t-elle.

 

 

 

— Je l’aime, dit Harry. 

 

 

 

C’était la première fois qu’il parlait à coeur ouvert comme ça. La guerre changeait les hommes. Oui, devant elle, ce n’était plus des adolescents, et les mots, les sentiments prenaient d’autant plus de prestance.

 

 

 

— D’accord, dit Ron.

 

— Je parlerai aussi à Kingsley, je ne sais pas son rôle exactement au ministère maintenant que tout est terminé, mais Dumbledore lui faisait confiance, et je pense qu’on a besoin de lui pour savoir quoi faire de l’information. 

 

— Oui, approuva Hermione. On peut lui faire confiance, il ne dira rien, et sera de bon conseil. 

 

— Donc Ginny, Kingsley… Et George ? demanda Harry. Il est comment ?

 

 

 

Ron soupira. Un soupir qui voulait dire beaucoup de choses. 

 

 

 

— Imprévisible, pas en état de vraiment demander, ni de savoir quoique ce soit. Tant qu’il ne demande pas, on ne dit rien ?

 

— Ça me parait juste, approuva Hermione.

 

— Donc personne d’autre pour l’instant ?

 

— Je pense que c’est plus sage. 

 

 

 

Tous approuvèrent d’un hochement de tête. C’était étrange de faire ça sans Emy, ils avaient toujours fonctionné à quatre.

 

 

 

— Ça fait bizarre, dit Ron, parlant pour tout le monde. Charlie m’a dit que ça se savait pour Emy et Greyback, que les gens commençaient à parler. Vous savez ce qu’il s’est passé précisément ? Je n’ai pas osé demander à George. 

 

— Non, pas vraiment, dit Hermione, je sais la même chose que toi, je pense. Elle l’a tué.

 

 

 

Aucun d’eux trois n’avait franchi ce cap, ôter la vie, enfin pas directement concernant Harry. 

 

 

 

— Mmmh, oui, la question est comment exactement, ajouta Ron.

 

 

 

Il vérifia qu’ils étaient bien seuls avant de poursuivre. 

 

 

 

— En plus de s’être transformée, elle l’aurait achevé avec un Avada…

 

 

 

Ils échangèrent un regard. C’était grave, très grave. Héroïne de guerre ou pas, c’était un crime. La boule dans le ventre d’Hermione enfla, elle était inquiète. 

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

5 mai 1998 - Harry

 

 

 

— Merci de prendre le temps de me voir.

 

— De rien, c’était important qu’on parle en privé.

 

— Cette pièce est sûre, ou on peut aller ailleurs si tu préfères.

 

 

 

C’était une salle de réunion du Ministère, les fausses fenêtres montraient une météo agréable qui reflétait plutôt bien la réalité. Depuis la fin de la guerre, il faisait beau. 

 

 

 

— Je me doute que tu as des questions sur les neufs mois que nous avons passés en mission pour Dumbledore, commença Harry en s’asseyant. 

 

— La fameuse mission secrète de Dumbledore… murmura Kingsley. Quand tu dis nous, tu penses à ?

 

— Ron Weasley, Hermione Granger et…

 

— Lupin. Je vois. Oui, la question de savoir ce que vous avez fait et comment tu as pu tuer Voldemort d’un simple Expelliarmus se pose beaucoup. 

 

— Si je le pouvais je dirai toute la vérité à tout le monde, mais elle est délicate, et je voulais te consulter avant. Je pense que tu seras en mesure de voir ce dont le pays à besoin. 

 

 

 

Kingsley approuva alors Harry commença à raconter. C’était une longue histoire, alors il resta concentré sur les grandes lignes et préciserait si Kingsley lui demandait. Il insista cependant sur l’innocence de Rogue, il tenait à honorer sa mémoire. 

 

 

 

Parler le libéra un peu de ce fardeau lourd à porter, un poids semblait s’enlever un peu de ses épaules. Il restait le secret des Reliques qui n’apporterait rien au futur Ministre de la Magie ou au Bureau des Aurors. 

 

 

 

Alors ce secret, il comptait bien le garder.

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

5 mai 1998 - Hermione

 

 

 

On frappa à la porte, Hermione laissa Ginny ouvrir à Harry. Ils avaient passé la semaine à se tourner autour sans vraiment se parler. Ce soir devait enfin être celui où ils mettraient les choses au clair. 

 

 

 

— Je vous laisse, dit-elle en quittant la pièce. 

 

 

 

Ce rendez-vous n’était pas prévu. Enfin, Ginny n’était pas au courant. Mais ils avaient convenu qu’Harry aille lui parler, juste après avoir parlé à Kingsley. 

 

 

 

Elle frappa à la porte de Ron et entra discrètement. 

 

 

 

— Harry parle à Ginny, dit-elle tout bas.

 

 

 

Elle entendit le bruit des draps qui bougent, puis Ron qui tapota sur la place libre à côté de la sienne. C’était la première fois qu’ils allaient se retrouver en tête à tête depuis… Depuis tout. Étonnement ça ne lui faisait pas peur. Sans hésiter, elle se glissa à côté de lui dans le lit et leurs mains se retrouvèrent toutes seules. Ils avaient passé tellement de temps ensemble ces derniers mois, de passer un jour séparé lui faisait se rendre compte à quel point elle aimait être à ses côtés, et surtout dans ce contexte, où ils avaient besoin l’un de l’autre.

 

 

 

— Comment ça va ? murmura t-il.

 

 

 

Que dire ?

 

 

 

— Je ne sais pas où est ma place. 

 

 

 

Entre le deuil des Weasley et celui d’Emy… Où devait-elle être ? Et ses parents dans tout ça ? Ils étaient toujours en Australie. Pouvait-elle attendre l’enterrement pour aller les chercher ? Où voudraient-ils y assister ? Mais l’enterrement était dans quelques jours seulement… Et elle dans tout ça ?

 

 

 

— Tu te débrouilles très bien, affirma t-il. Harry m’a dit que tu avais déjà trouvé un livre.

 

 

 

Elle rougit. Oui, c’était vrai, elle avait besoin d’un livre pour tout et alors ?

 

 

 

— J’ai trouvé ça mignon.

 

— Tu me connais…

 

— Il parle de quoi ?

 

 

 

Il semblait vraiment intéressé, elle lui expliqua alors les grandes lignes, en deux jours elle l’avait déjà lu deux fois, ses messages et recommandations étaient toujours en tête.

 

 

 

— Ça va nous être utile… Je veux bien le lire aussi.

 

 

 

Elle ne cacha pas sa surprise, ce qui le fit sourire. Oui, ils avaient tous changé.

 

 

 

— Et toi, comment vas-tu ?

 

— Comme toi, à chercher ma place dans tout ça. Je m’inquiète pour mon frère, je m’inquiète pour Emy, je m’inquiète pour ma famille, je ne sais pas ce qu’il faut faire.

 

 

 

De parler avec lui, lui faisait un bien fou, c’était simple, si agréable, presque comme avant, à l’exception près de leurs mains liées. Ils ne dirent plus grand chose, restèrent serrés l’un contre l’autre, et finalement, elle s’endormit. 

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

5 mai 1998 - Harry

 

 

 

La lumière de la table de chevet faisait une lumière orangée qui la rendait encore plus belle, ses cheveux rougeoyaient autour de sa tête comme une couronne étincelante. Elle était très belle, et il ne devait pas se laisser déconcentrer se rappela t-il en s’approchant. 

 

 

 

Elle se décala sur son lit, lui laissant une place pour s’asseoir. Genoux ramenés contre elle, elle semblait se protéger de ce qu’il allait dire. Ça lui fit un pincement au cœur. Il lui avait fait du mal, ce n’était pas un sentiment agréable quand on passait sa vie à essayer de faire la bonne chose pour le monde.

 

 

 

Et que sa copine devait passer après.

 

 

 

Ce soir, il voulait changer ça.

 

 

 

— J’ai parlé à Kingsley plus tôt pour lui dire la vérité sur ce qui s’est passé cette année et même avant avec Dumbledore. Ce qu’il va en faire, je n’en sais rien, ce n’est plus mon sujet. 

 

 

 

Elle ne bougea pas, il se sentait si maladroit avec ses mains serrées sur ses genoux.

 

 

 

— Si tu le veux, je peux aussi te raconter ce qui s’est passé.

 

 

 

Il attendit sa réponse, la dernière chose qu’il voulait faire serait de lui imposer. Après tout ce qui s’était passé, elle avait le droit de ne plus lui parler. Ce soir, pouvait marquer le point final de leur histoire. Son ventre se sera à cette idée, mais il respecterait sa décision. 

 

 

 

— Je veux bien oui, finit-elle par dire.

 

 

 

Il commença par les horcruxes et les séances privées avec Dumbledore, et puis au fur et à mesure qu’il avançait dans son récit, il expliqua aussi les reliques. Alors qu’il arrivait à la partie des souvenirs de Rogue, sa gorge se serra et il dut s’y reprendre à plusieurs fois pour continuer avec la partie dans la forêt. Une main se posa sur son épaule, et il ferma les yeux pour continuer et finir son récit. 

 

 

 

Quand il n’y eut plus rien à raconter, un silence s’installa entre eux. Sa gorge était sèche d’avoir tant parlé, et puis sûrement de toutes ces émotions qu’il contenait au fond de lui. C’était à elle de dire quelque chose si elle le voulait et sinon il partirait et irait dormir sur le canapé. Ron et Hermione méritaient un peu de temps seuls. 

 

 

 

— Je comprends mieux… murmura-t-elle. 

 

— Désolé de ne rien avoir pu te dire. À part nous quatre, personne ne savait, et je ne voulais pas qu’ils s’en prennent à vous pour nous atteindre. 

 

— Je comprends Harry, tu n’as pas à te justifier. 

 

 

 

Il se tourna vers elle.

 

 

 

— Je suis désolé Ginny pour t’avoir fait souffrir. 

 

— Et moi, je suis désolée que tu aies dû le faire. 

 

— Et maintenant ? dit-il tout bas.

 

— J’ai besoin de temps.

 

— Ok.

 

 

 

Elle eut un pâle sourire. 

 

 

 

— Mais si tu veux m’embrasser, je ne dis pas non.

 

 

 

Il sourit à son tour et ils échangèrent le plus beau baiser de tous les temps. Il était au même niveau que leur premier baiser. La même passion, les mêmes mains qui se cherchent et ce cœur qui palpite, gonflé d’amour. C’était des feux d’artifices dans tout son corps, il avait l’impression qu’on fond de lui, c’était une danse de joie. Il avait tellement attendu ce moment, tous ces mois séparés pour enfin se retrouver…

 

 

 

Ils s’allongèrent côte à côte dans le petit lit, et ce fut son tour à elle de parler de ces longs mois. Elle avait tenu la résistance dans le château, puis à Noël ses parents ne l’avaient plus laissée repartir. Les différentes émotions qui s’emparaient d’elle, parfois colère, parfois inquiétude, faisait que c’était difficile de rester dans ce huis clos familial. Ne pas pouvoir agir avait été le plus difficile. C’était dangereux de rester à Poudlard, et la disparition de Luna l’avait confirmé. Il valait mieux se cacher comme Neville, savoir faire un pas en arrière.

 

 

 

Il aimait bien la regarder parler, surtout quand elle était passionnée, il aimait ce côté fougueux d’elle. Il aimait tout d’elle de toute façon.

 

 

 

— Et… Est-ce que George sait tout ce que tu m’as raconté ?

 

— Non, je ne crois pas. Aucun de nous trois ne lui a parlé, et je doute qu’Emy l’ait fait. 

 

 

 

Il réfléchit un instant avant d’ajouter. 

 

 

 

— C’est à elle de le faire, je pense. Mais s’il pose la question, on lui dira, on ne va pas lui mentir. 

 

— Il ne le fera pas. Ce sera elle, ou personne.

 

 

 

Il ne pensait pas qu’Emy était prête à raconter quoique ce soit à George. Ni que lui ait vraiment envie de savoir. Mais c’était leur histoire, pour l’instant, il se contentait d’être là pour elle.

 

 

 

Et puis Ginny se cala un peu plus contre lui et il ne pensa plus à Emy ou George. 

 

 

 

Il savourait cet instant de paix avec celle qu’il aimait. 

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

8 mai 1998 - Ron

 

 

 

Il se sentait épuisé. D’avoir tant pleuré, pris sur lui, soutenu ses parents, George… Il n’avait plus de sautes d’humeur comme au début, mais il était toujours à fleur de peau, il s’enfermait facilement sur lui, et la seule personne à qui il acceptait de parler, c’était Ron.

 

 

 

Assis face aux tombes blanches, Ron avait ce goût amer de la fin dans sa bouche. Il ne se sentait pas tout à fait près de dire au revoir à son frère, à ces combats menés pendant si longtemps… Il aurait aimé pouvoir souffler un peu plus longtemps avant de se plonger dans tout ça une dernière fois. 

 

 

 

Harry à ses côtés semblait apaisé.

 

 

 

— Rogue a été enterré du bon côté. 

 

— C’est bien d’honorer sa mémoire, dit Hermione.

 

— Je n’aurais pas supporté qu’il soit avec les autres mangemorts. 

 

— C’est fini, ajouta-t-elle.

 

 

 

Ron renifla.

 

 

 

— Vous rentrez à la maison ? demanda-t-il.

 

 

 

Harry regarda au loin vers Emy qui se tenait bras croisés devant la tombe de Fred.

 

 

 

— Non, je pense que je vais la raccompagner. Andromeda semble tenir le coup, mais… Mais c’est mieux si je rentre avec elles et Teddy.

 

— Et toi ? 

 

 

 

Elle dut sentir la note d’espoir dans sa voix car elle prit son bras et se serra un peu plus contre lui. 

 

 

 

— Je rentre avec toi. 

 

— Merci, murmura-t-il.

 

 

 

Ginny les rejoignit, les yeux rougis. 

 

 

 

— Je suis épuisée.

 

— Bienvenue au club.

 

 

 

Elle s’assit à côté d’Harry et soupira.

 

 

 

— Tous les ans, on va refaire ça.

 

 

 

Il n’y avait pas pensé, mais elle avait raison, c’était certain. Même si un an paraissait très lointain, il savait que les premiers jours seraient longs et difficiles, et puis que le temps reprendrait son habitude à aller beaucoup trop vite. 

 

 

 

— McGonagall est venue me parler, elle veut rouvrir Poudlard pour septembre, permettre à nos deux années d’avoir une vraie dernière année et aussi de passer ses ASPIC.

 

— Ah oui ? demanda Hermione. 

 

— Elle nous enverra un hibou avec les infos.

 

 

 

Il était perdu dans sa vie, mais s’il y a bien une chose dont il était sûr, c’est qu’il ne voulait pas retourner à l’école.

 

 

 

— Ce sera sans moi les filles, dit Harry. 

 

 

 

Il sourit, ça, c’était son meilleur ami. 

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

15 mai 1998 - Harry

 

 

 

C’était la deuxième fois qu’il entrait dans cet appartement. C’était si étrange d’être là après toutes ces années. Il se permit de s’imaginer venir ici régulièrement si ses parents avaient vécu. Il s’imaginait la Lyra des photos rigolant avec son père, et Lily et Remus, parler dans le salon d’un nouvel album de musique ou d’un livre. Quelque chose de la culture moldue, il se les imaginait bien être connectés sur ce sujet, plus qu’avec les autres.

 

 

 

Il inspira profondément avant d’aller ouvrir la baie vitrée. Londres vivait sa vie comme si de rien était. C’était affolant comme tout paraissait normal. 

 

 

 

— Tu penses que je lui parle du terrain public de quidditch ?

 

 

 

Il se tourna vers Ron qui avait un air inquiet. Comme eux tous probablement. 

 

 

 

— Je pense que c’est une bonne idée oui. Ça l’occupera et lui donnera de quoi focaliser son énergie. 

 

 

 

Elle lui avait dit qu’elle avait des difficultés à se contrôler. Faire du sport l’aiderait, le quidditch l’avait toujours aidée.

 

 

 

Ce détail, ni Ron ni Hermione ne semblaient le savoir, il n’aimait pas avoir des secrets pour eux, mais c’était probablement mieux ainsi.

 

 

 

Alors il ne dit rien.

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

28 mai 1998 - Hermione

 

 

 

Le voyage par portoloin était extrêmement rapide. En un clin d'œil, ils étaient à Brisbane. Le soleil brillait, c’était l’automne, mais pour deux anglais, c’était déjà bien assez ensoleillé et chaud. Les gens étaient détendus aussi. C’est qui la perturbait. Un peu comme quand elle passait dans le Londres moldu, les gens étaient terriblement détendus. D’un côté, c’était normal, ils ne pouvaient pas se douter de la tragédie qui s’était déroulée.

 

 

 

— C’est quoi ça ?

 

 

 

Elle regarda dans la direction que Ron lui montrait. 

 

 

 

— Des planches de surf. Viens, je vais te montrer.

 

 

 

Ils se dirigèrent vers la plage, et finirent pieds nus, les pieds dans l’eau. 

 

 

 

— C’est un peu comme le ski, tu te rappelles ?

 

— Tu glisses sur la neige.

 

— Voilà, là, tu glisses sur les vagues. 

 

 

 

Il observa au loin les moldus dans l’eau. C’était toujours aussi amusant de lui faire découvrir son monde. Comme à chaque fois, elle se demandait comment les sorciers allaient à la plage, et s’ils avaient des équivalent du surf, pédalo, bouées… La liste pouvait être longue, elle ne savait pas ce qu’eux ne connaissaient pas.

 

 

 

— Intéressant. C’est difficile ?

 

— Quand on ne connaît pas la technique, oui.

 

— Tu sais en faire ?

 

— J’ai déjà un peu glissé sur des planches, mais rien qu’on puisse vraiment qualifier de surf.

 

 

 

Ils allèrent ensuite dans l’un des nombreux mini hôtels qui se situaient près de la plage. Après avoir parlé à un australien qui économisait ses mots comme si sa vie en dépendait, ils se retrouvèrent dans leur chambre. 

 

 

 

Lit double. 

 

 

 

Le ventre de Ron gargouilla ce qui détermina la suite du programme. Ils étaient comme deux touristes, venus profiter des derniers rayons de soleil. Ron s’émerveillait de tout, posait quelques questions, et elle souriait, savourant ce bref instant de pause qu’ils se permettaient avant qu’elle ne retrouve ses parents. 

 

 

 

Ils commandèrent des burgers avec des frites. Tout était trop gras et trop salé, c’était justement parfait. 

 

 

 

— Tu sais ce que tu vas leur dire ?

 

 

 

Elle n’avait pas besoin de demander de qui il parlait. 

 

 

 

— Non, j’essaie de ne pas trop y penser. Je verrai comment ils agiront en apprenant la nouvelle. 

 

— Ils comprendront, affirma t-il pour la rassurer. 

 

 

 

Elle espérait. Il changea de sujet, lui posant des questions sur eux, elle évoqua quelques souvenirs qui la rendirent nostalgique. Oui, elle avait une vie avant la magie.

 

 

 

— Mais c’était une autre vie, une autre version de moi. Je me suis améliorée, devenue une meilleure personne. 

 

— Tu vas me faire croire que tu n’étais pas première de classe avant Poudlard ?

 

 

 

Elle rigola. 

 

 

 

— Non, non, j’étais juste moins confiante. 

 

— C’est comment l’école moldue ?

 

 

 

C’était aussi simple que ça de passer du temps avec lui. Ils parlaient comme ils n’avaient jamais parlé auparavant. Les confidences, les rires, les échanges de sourires qui veulent tout dire…

 

 

 

Quand ils se retrouvèrent dans la petite chambre, elle n’hésita pas à l’embrasser, et lui non plus vu comment il la serra dans ses bras. Ces derniers jours, ils avaient voulu être discrets, même si personne ne leur avait posé de questions, ils n’avaient pas spécialement envie de s’expliquer sur quelque chose qui n’était même pas clair pour eux. 

 

 

 

Sauf que ce soir, ils étaient à l’étranger, loin de tout, sans personne, et juste l’envie d’être ensemble. Les baisers se firent plus rigoureux, les mains plus baladeuses, il s’arrêta sur ses côtes, ça lui allait. Elle n’avait jamais été plus loin, et ne voulait pas non plus se précipiter. 

 

 

 

— Jusqu’où tu es allé avec Lavande ?

 

 

 

Il rigola.

 

 

 

— On aborde le sujet des ex maintenant ?

 

— Pourquoi pas ?

 

 

 

Il se recula. 

 

 

 

— On s’est surtout embrassés.

 

 

 

Puis il rougit. 

 

 

 

— On s’est touchés une fois ou deux, rien de plus. Toi ?

 

 

 

Elle secoua la tête en souriant. 

 

 

 

— Quelques baisers…

 

 

 

Il l’attira un peu plus contre lui. 

 

 

 

— Et maintenant d’autres…

 

 

 

Ce fut plus fort qu’elle, elle gloussa.

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

30 mai 1998 - Ron

 

 

 

Hermione était stressée, il le voyait à comment elle agissait quand elle se perdait dans ses pensées. Elle avait modifié la mémoire de ses parents, comment allaient-ils réagir à tous ces mensonges ?

 

 

 

Il ne savait pas trop comment réagir. C’était tellement différent de ce qu’il connaissait. Quand il avait voulu suivre Harry, ses parents avaient protesté, enfin sa mère plus que son père. Étonnement, il avait été plutôt silencieux sur le sujet. Presque à le soutenir dans sa décision. 

 

 

 

Un peu comme Remus. 

 

 

 

Les parents d’Hermione n’avaient rien su de tout ce qui s’était passé depuis le retour de Voldemort. C’était comme si aller à Poudlard, avait tracé une grande barrière entre eux et leur fille. Ils ne pouvaient rien y faire, l’école n’était pas adaptée pour soutenir des parents moldus dans le parcours scolaire de leur enfant. 

 

 

 

Penser à tout ça lui donnait le vertige. Devant lui, Hermione continuait de marcher le long de la mer, un immense respect pour elle s’empara de lui. Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? 

 

 

 

Il s’en voulait de beaucoup de choses. Certes, il était jeune pour avoir des regrets, mais combien de jeunes avaient vu leur frère mourir devant eux pendant une guerre ? 

 

 

 

Il aurait dû être plus attentionné, attentif à ce qui l’entourait. Emy avait passé trois ans à leur mentir, il n’avait rien vu. Harry était misérable quand son nom était sorti de la coupe, il n’avait rien vu. Hermione l’appréciait, il n’avait rien vu. 

 

 

 

Vraiment ? Rien vu ? Ou rien voulu voir ?

 

 

 

— Ron ?

 

 

 

Il releva la tête alors qu’Hermione revenait en souriant. Elle était jolie avec tout ce vent qui soulevait ses cheveux et sa peau légèrement brunie par le soleil. 

 

 

 

— Ça va ? demanda-t-elle en passant ses mains derrière son cou. 

 

 

 

Il l’attira un peu plus contre lui pour l’embrasser, mais ce n’était pas assez.

 

 

 

— Hermione…

 

 

 

Elle planta son regard dans le sien, et tous ses doutes s’envolèrent. 

 

 

 

— Je t’aime. 

 

 

 

Ils s’embrassèrent à nouveau. 

 

 

 

— Moi aussi… murmura-t-elle.

 

 

 

Un peu plus tard, alors qu’ils se dirigeaient dans la maison des Granger, Ron était empli d’une certaine sérénité. Il avait expérimenté cette sensation peu de fois, c’était nouveau, la confiance qu’il sentait grandir en lui, lui permit d’aborder cette rencontre plus sereinement. 

 

 

 

— Tout va bien se passer, dit-il juste avant qu’elle ne frappe à la porte. 

 

— Merci… répondit-elle en lui serrant brièvement la main.

 

 

 

Elle frappa et un homme vint ouvrir. Cheveux bruns, même peau brunie que sa fille, un regard noir, il les dévisagea un bref instant avant de les saluer. 

 

 

 

— Bonjour.

 

 

 

Elle sortit sa baguette et leva le sort d’amnésie. Son père tangua un peu, et il se précipita pour le soutenir.

 

 

 

— Emmène-le dans le salon, je m’occupe de ma mère.

 

 

 

Il s’exécuta et rapidement, les deux parents se retrouvèrent assis à reprendre leurs esprits. Sa mère fut la plus rapide, elle se précipita vers sa fille et la serra contre elle, son père, plus réservé le regardait. Ron décida de reculer un peu, c’était un moment qui leur appartenait. 

 

 

 

— Mais… Comment ? demanda Mrs Granger plusieurs fois. 

 

— Assieds-toi maman, je vais t’expliquer.

 

 

 

Hermione invoqua une chaise qu’elle plaça en face d’eux, puis se tourna vers lui.

 

 

 

— Voici Ron Weasley, vous l’avez vu quelques fois à la gare.

 

— Je me rappelle, dit son père.

 

— Ron, voici mon père, Daniel, et ma mère Olivia.

 

— Enchanté.

 

 

 

Ils n’avaient que d’yeux pour leur fille. Elle commença alors son long récit. C’était étrange d’entendre leur histoire d’un point de vue extérieur. Les choses paraissaient plus simples, beaucoup moins difficiles à vivre subitement. Plus d’une fois sa mère se mit à pleurer, son père ne bougeait pas, seuls ses poings qui se serraient de plus en plus sur ses genoux trahissaient la tension qui montait en lui. Ron ne dit rien, ce n’était pas à lui de le faire, il était juste là pour elle. 

 

 

 

À un moment, il servit des verres d’eau, en fouillant dans la cuisine, il trouva ce dont il avait besoin. Juste Hermione toucha au sien, ses parents n’avaient pas bougé. Quand elle aborda pourquoi elle les avait oubliéttés, il sortit dans le jardin prendre l’air. Finalement, l’émotion commençait à le toucher lui aussi, il n’était pas prêt à entendre la fin de l’histoire. 

 

 

 

Ils n’avaient pas mangé de la journée, pour une fois, il ne ressentait pas vraiment de faim. Il grandissait, un an plus tôt, il n’aurait jamais pu imaginer sauter un repas. Oui, il y a un an, beaucoup de choses étaient différentes. Il retourna dans la maison quand il entendit que la voix d’Hermione s’était arrêtée.

 

 

 

— Qui est mort durant cette guerre ? demanda Olivia d’une faible voix. 

 

 

 

Hermione risqua un bref coup d'œil vers lui. 

 

 

 

— Beaucoup de monde, un de ses frères, Fred, le jumeau de George…

 

— Je suis désolée, dit sa mère.

 

— Merci.

 

 

 

Sa voix était rauque de ne pas avoir parlé ni bu ou mangé de la journée.

 

 

 

— Remus et sa femme également… finit Hermione dans un murmure.

 

 

 

Le père d’Hermione s’anima.

 

 

 

— Remus est mort ?

 

 

 

Elle acquiesça alors que sa mère cachait son visage dans ses mains.

 

 

 

— Et Emy ? demanda l’homme.

 

 

 

Les yeux d’Hermione s’embuèrent de larmes.

 

 

 

— C’est compliqué.

 

 

 

Elle expliqua pour Teddy, n’évoqua pas Greyback dans les détails, mais insista sur l’état mental d’Emy.

 

 

 

— Pauvre gosse, murmura Olivia. Elle n’avait pas besoin de ça…

 

 

 

Ron était bien d’accord.

 

 

 

— Je… reprit Hermione. Je vous propose de réfléchir à tout ça, ça fait beaucoup pour une journée. Je peux repasser demain si vous le voulez…

 

 

 

Son père se leva. Ron le trouvait impressionnant. Ce n’était pas le genre d’homme à beaucoup parler, il était un peu bourru, n’exprimait pas grand chose. Mais à sa grande surprise, il prit sa fille dans ses bras et lui murmura des paroles de réconfort à l’oreille. Sa mère se joignit à eux, et il décida que c’était peut-être le moment de les laisser. Il quitta la pièce et marcha jusqu’à la plage proche de la chambre d’hôtel. Elle saurait le retrouver s’il le fallait. 

 

 

 

 

End Notes:

Merci à MissArty pour sa relecture ♥︎

Et merci pour votre lecture,

winter

Black 1.5 by Winter
Author's Notes:

ϟ. Lana Del Rey - Happiness is a butterfly 

 

TRIGGER WARNING : dépression, deuil, guerre.

17 juin 1998


 


Le Quidditch avait toujours été quelque chose d’essentiel dans la vie d’Emy. D’aussi loin qu’elle se rappelait, elle avait volé sur un balai. C’était son jouet préféré, il ne se passait pas un jour sans qu’elle fasse un tour dessus. 


 


Et puis, dès son arrivée à Poudlard, elle avait été obsédée par l’idée d’intégrer l’équipe de Gryffondor, se moquant bien que les premières années n’étaient jamais sélectionnées. Dubois l’avait prise pour son talent. Elle avait tout fait pour lui prouver qu’il avait raison. 


 


Et puis, malgré les défaites, ils avaient gagné et elle avait commencé le projet d’en faire une carrière. C’était la seule chose qu’elle se voyait faire nuit et jour. 


 


Et maintenant ?


 


Elle allait au terrain public tous les jours. Parfois elle était seule, parfois, il y avait des inconnus, parfois elle était accompagnée de Ron, Harry ou Ginny. Jamais George. Ils ne s’étaient pas revus depuis qu’elle avait rompu. Elle n’était pas allée au Terrier non plus. Toute sa vie tournait autour de voler. 


 


Hermione l’attendait tous les soirs pour retourner chez Andromeda. Même si ses parents étaient de retour et demandaient à passer chaque instant avec elle, elle s’était arrangée pour être là. Emy ne lui posait pas de question, et Hermione ne lui disait rien. C’était peut-être un arrangement fait avec Andromeda pour être sûre qu’Emy ne découcherait pas à nouveau comme le soir du procès.


 


Qu’importe. Emy ne se posait plus de questions. Elle volait. Hermione la raccompagnait. Elle mangeait, dormait chez Andromeda, serrait son frère contre elle puis dormait. Jusqu’au jour d’après.


 


Tout plutôt que penser. Tout plutôt que de se rappeler. 


 


 


•••


 


 


26 juin 1998


 


Une nouvelle pleine lune arriva. La première, Emy était partie dans son coin, marcher dans la forêt, parfois loup, parfois humaine. Pas sûre de savoir ce qu’elle ressentait au fond d’elle. Parce qu’elle était seule, l’appel du sang s’était fait moins présent, moins insistant. Elle avait pris son temps avant de rentrer auprès de la civilisation. 


 


Mais pour cette fois-ci, Andromeda lui avait demandé de rester. Teddy avait été insupportable, à pleurer toute la nuit et rien ne l’avait calmé. Était-ce parce qu’il n’avait pas pu s’endormir avec sa sœur ? Était-ce parce qu’il présentait malgré tout une certaine sensibilité à la pleine lune ?


 


— Étais-tu comme ça toi aussi ?


 


Emy haussa les épaules. La vérité est qu’elle ne savait pas vraiment. Elle n’avait jamais eu besoin de poser la question. Et si jamais elle devait le faire, Remus aurait été là pour lui répondre.


 


Maintenant, ils étaient tous morts. 


 


— Je ne sais pas quoi faire. Parfois, il est sensible à ta présence, ça pourrait l’aider.


— Oui, bien sûr, je vais rester avec lui.


 


Andromeda rangeait des énièmes paquets de couches tout en parlant. 


 


— Je peux rester avec vous pour la nuit si tu le souhaites, je peux…


— Non, c’est bon.


— Sûre ?


 


Elle se tourna vers elle, c’était un sujet nouveau pour elle, jamais Andromeda n’avait été confrontée à des loups-garous.


 


— Oui, c’est mieux si tu n’es pas là.


 


Une brève lueur d’inquiétude traversa le regard de la sorcière.


 


— Il ne risque rien, ajouta Emy. C’est juste mieux si tu n’es pas là…


 


De passer la nuit dans la maison avec une odeur d’humaine allait être un challenge. Andromeda ferma la porte derrière elle, et elle l’entendit s’affairer en bas, puis remonter, salle de bain, chambre, et enfin s’endormir. Dans ses bras, Teddy ne dormait pas effectivement, mais il ne pleurait pas non plus. Que ressentait-il ? Avait-elle également réagi de la sorte aux premières pleines lunes quand elle était bébé ? Il n’y avait pas de raison que Teddy soit un loup-garou, mais peut-être qu’un test pouvait être une bonne chose.


 


Elle se balançait d’avant en arrière sur le rocking chair, laissant sa tête penser et diverger. D’habitude, elle s’interdisait de le faire. Elle s’interdisait de penser tout court. Mais ce soir, elle se sentait agréablement bien pour une pleine lune. La présence de son frère pouvait aider peut-être. 


 


— You know, he hated the moons. But I kind of liked the one I was spending with him. It was fun, we would run in the forest, he was wild, but I knew how to get him to go to places. I think his wolf knew I was his daughter. He never tried to hurt me.


** Tu sais, il détestait les pleines lunes. Mais moi, j’aimais bien celles que je passais avec lui. C’était sympa, on courait dans la forêt, il était sauvage, mais je savais comment le gérer. Je crois que le loup en lui savait que j’étais sa fille. Il n’a jamais essayé de me faire du mal. **


 


Le bébé la regardait sans rien dire. De temps à autres, une mèche de cheveux changeait de couleur allant du blond au brun.


 


— We could do that when you are older. Spend the night in the forest, it’s fun, we could make a fire, eat some chocolate, drink hot chocolate too… What do you say?


** On pourrait faire ça quand tu seras plus grand. Passer la nuit dans la forêt, c’est sympa, on pourrait faire un feu, manger du chocolat, boire un chocolat chaud aussi… Qu’en dis-tu ? **


 


Une mèche de cheveux passa au rose. C’était la première fois qu’elle le voyait changer dans une couleur non-naturelle. Et pas n’importe laquelle. Du rose.


 


Les larmes montèrent toutes seules sans crier gare. Serrant son frère contre elle, Emy pleura doucement.


 


Et là, haut, tout au dans le ciel parmi les étoiles… La pleine lune. 


 


 


•••


 


 


14 juillet 1998


 


Elle avait établi une routine. Des échauffements au sol d’abord pour éviter d’endommager son genou. Puis elle enchaînait des passes, des exercices basiques qui lui permettaient de perfectionner sa technique. Et enfin, si des gens étaient là, elle jouait. 


 


Depuis quelques semaines, en plus de Ginny, Ron, Harry et Hermione, Olivier et Katie s’étaient joints à eux. Elle les massacrait lors des matchs, mais personne ne lui demandait de jouer plus soft. Ça tombait bien, elle ne comptait pas s’arrêter. Ginny était là tous les jours. Elles ne parlaient pas vraiment, n’avaient jamais échangé plus que quelques mots. Il y avait trop de choses entre elles deux. Et puis, Emy ne savait pas ce que Harry avait pu lui dire ou s'ils étaient à nouveau ensemble. Personne ne lui parlait de ce genre de choses. 


 


Ron et Hermione étaient ensemble, ça, elle en était sûre. Elle n’était pas aveugle au point de ne pas voir quand deux de ses meilleurs amis partageaient une relation. Par contre, elle ne connaissait pas les détails, aucun d’eux ne lui en avait parlé.


 


Olivier avait repris son rôle de chef d’équipe. Il structurait les séances, lançait les exercices et gérait les compositions d’équipe puisque… ils n’étaient pas au complet. Elle n’avait pas demandé où était Angelina. Et personne n’abordait le sujet « jumeaux ». 


 


Emy était la première arrivée, et la dernière à partir. Son objectif n’était pas vraiment défini, elle voulait juste voler, jouer, et oublier le reste du monde. Sauf que petit à petit, elle remarqua malgré elle que de plus en plus de personnes étaient dans les gradins de fortune de ce stade public. Dans le lot, un groupe de sorciers était toujours présent. Ça l’agaçait de se sentir observée comme ça, elle préférait être seule. Oui, voilà, qu’on la laisse tranquille jouer avec ses amis.


 


Un jour, elle vit l’une des sorcières au visage familier parler à Ginny. Elle observa la scène se dérouler sans rien dire, remarquant alors qu’Olivier semblait nerveux. Quelque chose se passait, et pour la première fois depuis longtemps, elle retourna à la réalité. 


 


— C’est qui ?


 


Il la regarda, surpris. 


 


— Gwenog Jones, capitaine des Harpies.


— Oh ? Ah oui.


— Ah oui ? Mais tu as vu tous les gens qui sont là ?


 


Le retour à la réalité était étrange, c’était comme si elle émergeait de l’eau et que les visages devenaient moins flous et inconnus. Oui, il avait raison, elle connaissait plusieurs de ces personnes.


 


Elle leur tourna le dos et retourna sur son balai. Assez de la réalité, de retour au vol. 


 


Et au sol, des regards posés sur elle. Des projets plein la tête…


 


 


•••


 


 


20 juillet 1998


 


Molly Weasley avait perdu du poids. Son regard toujours bienveillant avait maintenant une lueur en moins.


 


Arthur quant à lui s’élevait comme le roc et le chef de famille qu’il était. Fred aurait détesté savoir qu’ils se laissent aller à la tristesse. 


 


Assise à l’autre bout de la table, Emy les observait en retenant ses larmes. Ils s’étaient revus depuis la bataille. Mais jamais longtemps. Juste un peu pour prendre des nouvelles. Aujourd’hui, Andromeda les avait invités à manger, les deux femmes se voyaient beaucoup, et comme Emy n’allait plus au Terrier, venir ici s’était imposé.


 


Elle savait qu’ils s’inquiétaient pour elle, tout comme les parents d’Hermione qui avaient demandé plusieurs fois à la voir. Mais à chaque fois elle trouvait une excuse. Se retrouver face à eux serait trop difficile. Tout le monde s’inquiétait, mais il n’y avait pourtant pas de raison. Elle volait, et ça se passait bien. 


 


— Donc Ginny retourne à l’école ? demanda Andromeda.


— Oui, ça y est, approuva Molly. Minerva McGonagall nous a envoyé une lettre ce matin pour nous confirmer que c’était validé. Il lui reste plus ou moins deux ans, elle les fera en un. 


— Elle ne veut pas que cette génération perde une année ?


— Absolument, j’ai appris que d’autres de l’âge de Ron seront dans sa classe. Ils font un mix pour cette classe, les niveaux sont trop hétéroclites et ils ne veulent pas qu’ils perdent trop de temps. 


 


Emy ne retournera pas à l’école. Et encore moins à Poudlard.


 


— Et Ron d’ailleurs, il s’est décidé ? J’ai tenté d’interroger Harry quand il dort ici, mais il élude toujours la question. 


 


Harry passait environ un soir sur deux ici. Il prenait son rôle de parrain très à cœur. 


 


— Non, pas vraiment, ils resteront ensemble, je pense.


 


Pas de doute là dessus. 


 


— Une année de repos ne leur ferait pas de mal, ajouta Andromeda.


 


Elle faillit poser une autre question, mais se retint. Tout le monde savait qu’Emy et George avaient rompu sans qu’elle n’ait eu besoin de leur dire. Ça tombait bien, elle ne voulait pas en parler. 


 


Elle ne voulait pas parler tout court. Et personne ne la forçait, la renforçant dans son mutisme. 


 


Son avenir était flou. Elle n’en voyait pas. 


 


 


•••


 


 


30 juillet 1998


 


Il fallait bien qu’un jour ou l’autre, une des personnes au sol vienne lui parler. C’est la veille de son anniversaire, qu’Olivier lui annonça que l’un d’eux avait cherché à la voir. 


 


— Pourquoi ?


— Emy, on ne dit pas non à Monk. Tu y vas et c’est tout. Fais semblant d’être aimable aussi.


 


Harry approuva. Personne connaissait le prénom de Monk, c’était Monk, point. 


 


— Oui, vas-y, vraiment. 


 


Elle s’approcha des gradins, son balai à la main, avec une envie furieuse de juste partir. L’un des sorciers était accoudé, c’était lui Monk. Il était connu pour être LE sélectionneur de Quidditch anglais. Il avait composé les dernières équipes anglaises et avait connu son heure de gloire il y a une quinzaine d’années. Bon, depuis c’était un peu mort, mais ça restait une légende du Quidditch. Visiblement, c’était lui le leader du groupe. Le reste, c’était des inconnus ou alors des capitaines d’équipes célèbres comme Gwenog. 


 


Elle s’arrêta devant eux sans rien dire. 


 


— Emilynn, c’est ça ?


— Emy.


 


Il hocha la tête. 


 


— Monk. C’est quoi ton balai ?


 


Question idiote, il devait l’avoir reconnu en un coup d'œil. 


 


— Un éclair de feu. 


— Tu jouais à Poudlard ?


— Poursuiveuse. 


— Vous avez gagné deux fois m’a dit Potter.


 


Elle hocha la tête. Le sentiment d’être observée par tous les autres ne lui plaisait pas. 


 


— Tu n’as pas joué l’année dernière, j’imagine.


 


Elle se rappela la demande d’Olivier, et garda pour elle son « vous voulez quoi ? ».


 


— Il parait que le sélectionneur de Bulgarie avait des vues sur toi avant… Avant.


— Oui.


 


C’était il y a fort longtemps. Un autre temps. 


 


— Tu connais Krum ?


— Un peu.


— Tu veux toujours entrer pro ?


 


Voilà la vraie question.


 


— Je veux voler.


— Bien, tant que tu voles, c’est que tu gagnes.


 


Elle était d’accord avec lui. Il tendit la main qu’elle n’hésita pas à serrer.


 


— Viens que je te présente…


 


 


•••


 


 


31 juillet 1998


 


Elle avait appréhendé cette journée. Évidemment que ça n’allait pas être facile. Évidemment qu’elle allait comparer avec l’année précédente quand… quand tout était si différent. 


 


Harry avait dormi chez Andromeda cette nuit-là. Il l’accueillit au petit déjeuner avec un sourire. 


 


— Joyeux anniversaire.


— Merci, toi aussi.


 


Puis elle fit semblant d’être très occupée par la préparation de son thé. Il fit semblant de ne rien avoir vu. Ron et Hermione arrivèrent et ils comblèrent un peu le silence en donnant les dernières nouvelles de chez eux. 


 


— Maman voulait m’apprendre à faire de la chantilly ce matin, dit Ron en mettant beaucoup trop de sucres dans sa tasse. Elle pense que ça peut m’être utile. Plus que d’apprendre à faire un pot au feu. Hier soir, elle n'arrêtait pas de demander à Ginny de l’aider pour « transmettre le savoir ».


— Transmettre le savoir du pot au feu ? demanda Harry. Il y a un savoir autour de ça ?


— Apparement oui.


— Elle veut passer du temps avec vous, c’est tout, dit Hermione en s’asseyant à côté d’Emy. Teddy n’est pas réveillé ?


— Non, répliqua Harry en prenant une nouvelle gorgée de son café. Monsieur a décidé que dormir la nuit était inutile et a décidé de nous le faire partager.


 


Ils avaient passé la nuit à se relayer pour s’occuper de lui. 


 


— Il a ses dents qui poussent ? Ça commence à quel âge ?


— Non, c’est pas ça, Andromeda dit que ça vient plus tard. 


— Ça donne envie d’avoir des enfants ça… marmonna Ron.


 


Hermione lui jeta un drôle de regard. C’était comme ça depuis qu’ils étaient ensemble. Ils pouvaient commencer de drôles de conversations sur des sujets ultra personnels en face d’Emy et d’Harry comme s’ils n’étaient pas là.


 


— Ah oui ?


 


C’était comme s’ils se découvraient. Emy trouvait ça fascinant de les regarder faire. 


 


— Oui, dit Ron sans comprendre ce que ses paroles voulaient dire pour Hermione.


— Tu ne veux pas d’enfants ?


 


Ses oreilles se colorèrent de rouge. Il venait de comprendre. 


 


— Si… Juste plus tard. Et puis… J’aime bien dormir… C’est important le sommeil…


 


C’était comme regarder un reportage. Elle apprenait toujours quelque chose de nouveau sur eux. Et puis c’était divertissant. 


 


— Bon… intervint Harry un peu gêné. Emy, tu veux faire quoi aujourd’hui ?


 


Elle replongea dans sa tasse de thé.


 


— Comme les autres jours. Je vais aller jouer.


— On pourrait faire autre chose…


 


Elle secoua la tête, mais il n’avait pas fini. 


 


— On pourrait aller à la mer.


 


La proposition n’était pas mauvaise, elle releva la tête, pesant le pour et le contre. 


 


— Avec qui ?


— Qui tu veux.


— C’est aussi ton anniversaire.


— Ok, alors Ginny. Et ces deux là aussi.


— Même s’ils parlent de bébés ?


 


Il esquissa un sourire. Oui, c’était une tentative d’humour. La première en trois mois. 


 


— On les jettera à l’eau s’ils continuent.


— Ok.


 


Il sourit. 


 


— Super. 


 


Ils transplanèrent sur une plage au sud du pays. Le sable était chaud, le ciel bleu comme ils n’avaient pas eu depuis longtemps. C’était une belle journée. Elle était debout face à l’eau, refluant tous les souvenirs que cela pouvait ramener. C’était difficile d’agir normalement comme si ce jour était comme les autres. 


 


— Fais comme tu peux, dit Harry en passant un bras par-dessus ses épaules. Prends ton temps. 


 


Elle tira sur la manche de son t-shirt.


 


— Préviens les autres que… Que j’ai beaucoup de cicatrices. 


— On sait, ne t’inquiète pas.


 


Des larmes coulèrent le long de ses joues. Du bout de sa manche, elle les essuya.


 


— Désolée Harry…


— Ne t’excuse pas.


— Je laisse tomber tout le monde.


— Pas du tout. On comprend, on comprend tous.


— Mrs Weasley aurait voulu une belle fête.


— Oui, admit-il. Mais elle comprend que ce n’est pas possible pour l’instant.


 


Les yeux rouges, elle se tourna vers lui. 


 


— Je ne sais pas si je pourrais revenir comme avant un jour.


 


Il se mordit la lèvre avant de répondre tout doucement. 


 


— Ok. Ne t’inquiète pas, personne n’attend ça de toi. 


 


C’était un demi-mensonge. Les gens attendaient d’elle qu’elle aille mieux. 


 


— Tu sais que le ministère a mis en place des médicomages pour nous… pour parler.


— Je ne veux pas parler.


— Je sais, dit-il rapidement. Je sais, mais tu sais, un jour, tu pourrais le faire, et ça te ferait du bien, vraiment. 


 


Elle fronça les sourcils. 


 


— Tu en vois un ?


— J’ai commencé ce mois-ci. Deux fois par semaine, c’est bien. 


 


Elle ramena ses bras couverts par un t-shirt à manches longues contre elle. Hermione et Ginny étaient déjà à l’eau. Ils étaient seuls sur la plage qui était cachée par une petite crique, ça rendrait la tâche de se déshabiller moins difficile. Devant eux, Ron passa encore habillé.


 


— Tu sais Emy, je me baigne en t-shirt pour éviter les coups de soleil. Je ne veux pas finir en homard. 


 


Elle esquissa un bref sourire qui chassa les larmes au loin. Il était déjà parti dans l’eau.


 


— Il a vraiment peur d’être un homard ?


— Non, je ne pense pas. Il rend visite à Lavande régulièrement… Il comprend.


 


Oui, elle, c’était pire qu’Emy.


 


— Alors on va se baigner ? demanda Harry avec un sourire bienveillant. 


— Avec mon t-shirt.


— Parfait.


 


Retrouver les sensations de la mer lui donna l’impression d’être de nouveau en France. Insouciante, occupée à passer le plus de temps possible dans l’eau, qu’importe le froid. Plus besoin d’être debout, l’eau la portait pour elle.


 


Quand elle rejoignit les autres, ils avaient sorti de quoi manger et parlaient gaiement de la rentrée de Ginny.


 


— Tu gardes les mêmes matières ?


— Oui, je vais voir qui seront nos professeurs et j’aviserais. 


— McGonagall a trouvé un professeur de Défense contre les forces du Mal ? demanda Hermione.


— Je pense, j’ai un livre à acheter.


— Un auror ? suggéra Harry. Certains ont dû vouloir prendre une pause.


 


Les sandwichs avaient été faits par Mrs Weasley, elle reconnaissait sa cuisine. Le gâteau par contre était d’Andromeda. Ils soufflèrent les bougies simplement. C’était bizarre mais pas désagréable. Chacun cherchait sa place. 


 


— Merci, dit-elle.


 


Tous lui sourirent. 


 


— Hier j’ai parlé à Monk. Il veut me prendre dans une équipe. Il y a une ouverture dans une équipe en France.


— Tu pars quand ? demanda Hermione.


— Le plus rapidement possible.


 


Elle évita leur regard. Oui, elle partait, oui, elle fuyait. Mais plus rien ne l’attendait ici. 


 


— Bravo Emy, dit Harry avec un doux sourire. C’est vraiment génial pour toi.


— Je reviendrais toutes les semaines pour voir Teddy. 


 


Ginny avait le visage fermé. Hermione triste. Ron ne savait pas comment réagir. Et visiblement Harry essayait de la soutenir. 


 


— Ok, c’est bien.


 


Une vague de culpabilité s’empara d’elle.


 


— Je suis désolée… Je vais le dire à Andromeda ce soir… Pouvez-vous prévenir vos parents, de venir… Je ne peux pas aller là-bas.


— Bien sûr.


— Merci.


 


Quand Emy retourna chez Andromeda, elle se sentait moins triste qu’elle aurait pensé. Cette journée avait été une bonne idée, quelque chose de totalement différent de ce qu’ils avaient eu l’habitude de faire avant. Et c’était bien, très bien même de faire de nouvelles traditions et souvenirs. 


 


Elle s’arrêta au milieu de la cour en voyant une grande silhouette se dessiner sur le perron. Hagrid avait quelque chose dans les bras qu’elle n’arrivait pas à identifier.


 


— Joyeux anniversaire Emy.


 


Il se dandinait sur ses pieds, mal à l’aise. Ils ne s’étaient pas vus depuis l’enterrement. Est-ce que toutes ses interactions sociales allaient maintenant être étranges à cause de tous les morts ?


 


— Merci Hagrid.


— Comment vas-tu ?


 


L’inquiétude transperçait dans sa voix. 


 


— Ça va.


 


C’était un mensonge, ils le savaient tous les deux. Dans les bras du demi-géant se tenait un chiot. Tout gris, le nez retroussé et plissé, il ressemblait à un autre chien qu’elle avait connu…


 


— L’année dernière pour ton anniversaire, je t’avais dit de passer pour récupérer ton cadeau.


 


Elle s’en rappelait. 


 


— Au début, je voulais t’offrir une créature magique, n’importe laquelle, tu l’aurais choisie et ça aurait comme si on continuait nos leçons… Et puis… Voilà, entre temps Crockdur a connu une amoureuse, c’est la chienne de la cousine de Rosemerta, la même race, tu y crois ? On n’a rien vu venir, et les petits sont nés il y a trois mois. Ils sont sevrés, tu vois, et il en restait un…


 


N’en croyant pas ses oreilles, elle reporta son regard sur le chiot, il était petit, mais pas si petit, bientôt, il serait aussi grand qu’un petit poney, plus lourd qu’elle et aussi puissant que le loup. 


 


— Veux-tu ce chiot Emy ?


 


Les mots lui manquaient. Elle avait toujours voulu avoir d’autres animaux, petite. Mais son père disait qu’un chat, c’était bien assez (même si théoriquement c’était celui d’Oncle Jo). Et là, elle venait d’avoir dix-huit ans, et devant elle se tenait un petit chiot adorable qui ne la jugerait jamais pour quoique ce soit, qui la suivrait jusqu’au bout du monde s’il le fallait, que quoiqu’il arrive, l’aimerait éternellement. 


 


Dans son univers de sollicitude, ce chiot la toucha en plein cœur. 


 


Elle accepta. 

End Notes:

Merci à MissArty pour sa relecture ♥︎

winter

Black 1.6 by Winter
Author's Notes:

ϟ. Taylor Swift – exile (feat. Bon Iver)

TRIGGER WARNING : dépression, deuil, guerre.

Avertissement : lime en fin de chapitre

1 septembre 1998

 

 

 

Mr Rossy, l'entraîneur de l’équipe était dur et intransigeant. Ce n’était pas le genre à faire des cadeaux pour vous permettre de dormir un peu plus longtemps un matin d’hiver glacial. À l’aube, il était sur le terrain, son mug de café à la main, qu’il vente, pleuve ou neige. Encore mieux, disait-il. Un mauvais temps forge les caractères.

 

 

 

Ce matin était la rentrée à Poudlard, Emy s’était levée plus tôt pour courir le long du stade. C’était sa routine qu’elle s’était créée, commençant plus tôt et finissant plus tard que tout le monde. Elle faisait surtout ça pour éviter de trop réfléchir. S’épuiser était un bon moyen. Et personne ne l’empêchait de le faire tant qu’elle était à l’heure et en forme pour jouer.

 

 

 

Le reste de l’équipe arrivait en même temps que Rossy, c’était son signe d’arrêter ses exercices de musculation, et de prendre son balai. Voler était aussi un bon moment où elle ne pensait pas. Juste ce dont elle avait besoin, les exercices du matin étaient répétitifs, et s'enchaînent avec une grande rigueur. Tous les jours les mêmes, mais pas question de tomber dans l’ennui et de louper une passe.

 

 

 

Elle n’était pas particulièrement proche des autres membres de l’équipe. C’était la dernière arrivée un peu de nul part, un air ravagé sur le visage, le teint cireux, pas commode, seule avec son chien la plupart du temps. Emy ne partageait rien avec eux, refusait toutes les propositions de sorties, prétextant devoir s’occuper de Snow. Ce qui était vrai.

 

 

 

Les chuchotements aujourd’hui la firent frémir. Ils l’avaient déjà fait, surtout au début, mais ça s’était calmé une fois qu’ils avaient fini de partager le peu d’informations qu’ils avaient sur elle.

 

 

 

« Elle a fait la guerre. »

 

 

 

« C’est une animagus. »

 

 

 

Et d’autres choses. 

 

 

 

Ce matin pourtant ça reprenait encore plus fort que d’habitude. Elle tenta de les ignorer, mais c’était difficile, elle gérait mal sa colère et sa frustration. Ses mouvements étaient moins fluides, même Rossy s’en rendit compte. 

 

 

 

— What’s going on Lupin?

 

** Que se passe t-il Lupin ? **

 

— Nothing.

 

** Rien. **

 

— Come here.

 

** Viens. **

 

 

 

C’était jamais bon signe d’avoir le boss qui vous appelait. Il était un homme bourru, sans compassion qui n’acceptait aucune excuse. Il restait juste, mais il fallait être correct et honnête avec lui. Sinon il vous ferait vivre un enfer. 

 

 

 

— Come into my office. The rest, keep going, I don’t want that Quaffle touching the ground. Ten pumps each time you almost loose it, Duprêt, you’re in charge. 

 

** Viens dans mon bureau. Le reste continuez, je ne veux pas voir le souafle toucher le sol. Dix pompes à chaque fois que vous semblez le manquer, Duprêt, tu es en charge. **

 

 

 

Elle n’aimait pas ça, n’aimait pas cette sensation qu’il lui manquait une information cruciale. Le bureau de Rossy était chargé d’affiches, photos et posters d’événements de quidditch passés. Tout transpirait le sport, le succès, le goût du labeur et des résultats qui payent. Il l’invita à s’asseoir avant de faire de même, mains croisées sous son menton, il la regardait de son regard transperçant bleu acier qui mettait tout le monde mal à l’aise.

 

 

 

— How do you get along with the rest of the team?

 

** Comment ça se passe avec le reste de l’équipe ? **

 

 

 

Elle haussa les épaules.

 

 

 

— You know that quidditch is a team sport, right?

 

** Tu sais que le quidditch est un sport d’équipe, n’est-ce pas ? **

 

 

 

Elle voyait où voulait en venir. 

 

 

 

— Yes.

 

** Oui. **

 

— Make an effort with the others. You are good, but alone, you can’t do anything. Get it?

 

** Fais un effort avec les autres. Tu es bonne, mais toute seule tu ne peux rien faire. Compris ? **

 

 

 

Ce sentiment d’être une enfant à qui on remontait les bretelles était humiliant. Elle détestait ça. Détestait qu’on puisse lui reprocher quelque chose. Oui, le quidditch était un sport d’équipe, mais ça ne voulait pas dire qu’elle devait faire copine-copine avec les autres et passer ses soirées à boire des coups ou regarder des films ensemble. 

 

 

 

— Yes, dit-elle à contre-cœur. 

 

** Oui. **

 

— Good. Do you read the news?

 

** Bien, tu lis l’actualité ? **

 

 

 

Drôle de question.

 

 

 

— No.

 

** Non. **

 

— Here.

 

** Regarde. **

 

 

 

Elle récupéra le journal qu’il lui tendait. C’était une Gazette du sorcier, la première depuis la fin de la guerre. Ils avaient tout restructuré d’après l’article de la page deux. Pourquoi lui montrer ce torchon ? Elle s’en moquait bien qu’ils aient fait un ménage dans leurs effectifs pour recréer un « journal fiable, proche des sorciers et de la communauté magique ».

 

 

 

— Page one.

 

** Page une. **

 

 

 

Elle tourna la page et découvrit une photo du Poudlard Express. 

 

 

 

LES HÉROS DE LA GUERRE, QUE SONT-ILS DEVENUS ?

 

 

 

— Shit… murmura t-elle.

 

** Merde. **

 

— You can go now, don’t forget what I asked, you can come back to practice this afternoon.

 

** Tu peux y aller maintenant, n’oublie pas ce que je t’ai demandé, tu peux revenir à l'entraînement cette après-midi. **

 

 

 

Elle l’écouta à peine, concentrée sur le journal, la photo et ce titre en gros. Était-elle citée ? Et les autres ? Et George…

 

 

 

Rapidement, elle alla dans sa chambre où Snow dormait. En la voyant arriver, il lui fit une petite fête avant de se poser sur ses genoux. Une main posée sur le chiot, elle ouvrit le journal à la page trois et découvrit une photo d’Harry. Le journal indiquait qu’il commençait des études d’auror tout comme Ron. Au tour d’Hermione ensuite qui retournait à Poudlard avec Ginny, elles voulaient finir leur cursus avant de « statuer sur un plan futur ». En réalité, Hermione lui avait dit qu’elle voulait mettre à plat tout ce qu’elle comptait accomplir au ministère et profiter de ce temps pour souffler. Son stage dans le cabinet du Ministre était déjà acté, mais visiblement le reporteur n’avait pas réussi à avoir l’info. 

 

 

 

Ensuite venait son nom. On déclarait qu’elle était partie en France jouer au Quidditch, puis on mentionnait que la fédération internationale de Quidditch avait décalé la coupe du monde censée se dérouler en 98 à 99 pour ensuite reprendre en 2002. Puis ils enchaînaient avec ce qu’elle avait perdu pendant la guerre, ainsi que le procès alors elle sauta le paragraphe. 

 

 

 

Plusieurs paragraphes étaient dédiés à Shacklebolt, élu premier Ministre, McGonagall, directrice de Poudlard, ainsi que quelques grands noms du Ministère qui avaient brillé pendant la guerre pour aider les nés moldus ou alors protéger des résistants. 

 

 

 

Et puis George. On mentionnait la perte de Fred, le succès de leur entreprise et à quel point ils avaient fait du bien pendant la guerre en redonnant le sourire. Le paragraphe se terminait en disant que George avait pris du recul sur sa vie d’avant, qu’il maintenait l’entreprise ouverte, mais qu’aucun nouveau produit ne sortirait. « George Weasley et Emilynn Lupin qui s’étaient engagés pendant la bataille de Poudlard sont maintenant séparés. » C’était la conclusion du paragraphe. Voilà, en une phrase, on terminait un chapitre de six ans de relation. C’était sa décision à elle et pas une seule fois elle n’avait regretté. Mais…

 

 

 

« séparés »

 

 

 

Elle referma le journal brutalement. Elle aurait préféré ne rien savoir de tout ça. Avoir sa vie, et celle de ses amis étalée comme ça aux yeux de tous était étrange. Le monde les voyait comme des héros, elle n’avait jamais pensé à ça. De manière générale, elle évitait de penser à tout ça. Et personne ne l’évoquait quand elle appelait Harry ou Hermione. Jamais Ron, il était toujours à côté d’eux de toute façon, et cela voudrait dire appeler le Terrier et c’était hors de question.

 

 

 

Du bruit retentit dans le couloir, le bâtiment avait un système de dortoir, avec des chambres privées, mais tout le reste était commun. Repas, salle de repos, salle de sport, tout était fait pour que l’équipe soit ensemble. C’était l’heure du déjeuner, elle ferait mieux de sortir Snow et de manger avant cet après-midi. Et elle devait aussi remettre sa carapace. Les gens pouvaient parler autant qu’ils le voulaient, elle s’en moquait et au diable la demande de Rossy.

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

19 septembre 1998

 

 

 

Elle marchait vite, bravant la pluie dans son long manteau beige. Snow à ses côtés gambadait joyeusement, il n’était pas dérangé par la pluie. Et dès qu’elle arriverait, elle pourrait lui jeter un sort qui le sécherait immédiatement. Au-delà de la pluie, il adorait quand elle le séchait de cette manière. 

 

 

 

Ce soir, ils se retrouvaient tous les cinq pour l’anniversaire d’Hermione. Ils avaient tous fait le déplacement en France pour se mettre dans un bistrot à côté du centre d’entraînement d’Emy. Cette année, la classe d’étranges septièmes années avait le  droit de venir et de partir du château comme ils voulaient tant qu’ils étaient majeurs. C’était une drôle d’année, personne ne disait le contraire.

 

 

 

Ils étaient tous installés à table, des Bièraubeurre, whisky pur feu et une sorte de vin magique dont seuls les français détenaient le secret. Ils avaient des sourires sur leurs visages, c’était une belle image. Harry et Ginny l’un contre l’autre, s’ils n’étaient pas déjà ensemble, ils devaient être ensemble. Ron et Hermione quant à eux avaient des yeux plein d’amours. Elle pouvait voir les traces de la guerre, mais ensemble ils surmontaient les épreuves semble-t-il.

 

Un instant, elle se demanda si elle allait entrer. Ils étaient parfaitement heureux, et elle dans tout ça ?

 

 

 

Sauf qu’Hermione lui avait demandé d’être là. Ça comptait pour elle, et ils lui manquaient tous. 

 

 

 

Elle inspira un grand coup et entra.

 

 

 

— Emy ! s’exclama Ron en se levant pour la prendre dans ses bras. T’as goûté le vin ? Il est super bon le vin !

 

— Non j’ai pas goûté, mais je n’en doute pas.

 

— Oui, oui, bien sûr, pardon. Viens t’asseoir, dit-il en la dirigeant vers la table.

 

— Joyeux anniversaire Hermione.

 

 

 

Son amie la prit longuement dans ses bras.

 

 

 

— Merci d’être venue.

 

 

 

Elle salua Harry et Ginny et s’installa à table.

 

 

 

— C’est fou comment Snow a grandi ! déclara Ginny qui avait la tête du chien posée sur ses genoux. Ça se passe bien ton organisation avec les entraînements ?

 

— Oui, heureusement qu’on a des chambres seules. Il n’est pas encore tout à fait propre. Mais sinon… Oui, c’est chouette de l’avoir.

 

 

 

C’était son élément de joie qui brisait sa solitude.

 

 

 

— Et vous comment ça va ?

 

 

 

Ginny étudiait avec Luna. Elles assistaient aux classes et ensuite se retrouvaient dans une salle commune ou l’autre, le plus souvent à Gryffondor. Les barrières des maisons étaient un peu floues. Le week-end, elle revenait au Terrier ou…

 

 

 

— J’ai décidé de réaménager le Square Grimmaurd, annonça Harry. En faire quelque chose de bien, enlever le passé et en faire quelque chose de beau. J’ai aidé Andromeda à réaménager l’étage de sa maison, elle avait besoin de neuf. Et de travailler avec les mains m’a plu. Je ne sais pas ce que ça deviendra par la suite.

 

 

 

Il fit une pause, attendant une réaction de sa part. Honnêtement, ça lui était bien égal ce qu’il faisait de cette maison. S’il souhaitait la restaurer, la vendre, ou alors l’habiter, grand bien lui fasse.

 

 

 

— Et ce qu’il y a dedans ?

 

— Tout jeter, sauf dans la chambre de Sirius et de ta mère, je ne me risquerais à rien sans ton accord. Cela te convient ? Et bien sûr si tu veux garder…

 

— Je n’ai besoin de rien, c’est une bonne idée Harry. 

 

 

 

Elle réussit même à sourire. 

 

 

 

— Comment c’est les études d’auror ?

 

— Facile, dit Ron en distribuant les menus. On est niveau de Expelliarmus et ça fait un moment qu’on l’utilise alors…

 

— Il fallait s’y attendre, compléta Harry. Et ça fait du bien aussi de revoir les bases.

 

— Raconte-leur avec l’inspecteur.

 

— Ah oui, pour l’inscription, il fallait un carnet de notes…

 

— A fait la guerre suffisait.

 

— Et il fallait aussi son permis de transplanage. 

 

— Oh, comprit Emy. 

 

— Oui, oh, toi non plus tu n’as pas de permis d’ailleurs.

 

 

 

Non, et elle ne risquait pas de s’embêter à passer l’examen. 

 

 

 

— Du coup, il y a eu un moment amusant jusqu’à ce que Shelby, le nouveau capitaine du bureau des aurors intervienne et dise que c’était bon.

 

 

 

Évidemment. L’Élu recalé de l’inscription aux aurors alors qu’il venait de débarrasser le pays du plus grand mage noir de tous les temps… C’était cocasse.

 

 

 

Ils commandèrent à manger et le dîner passa tranquillement. Elle voyait que les autres marchaient à tâtons la concernant. Elle ne leur en tenait pas rigueur, ils faisaient attention à elle et savait que… C’était compliqué.

 

 

 

Honnêtement, elle apprécia la soirée passée avec eux. Ils trinquèrent à Hermione, mangèrent un bon plat français que Ron était incapable de prononcer (les verres de vin pouvaient aider), puis ils se dirent au revoir en attendant le prochain mercredi où elle rendrait visite à son frère. 

 

 

 

Une fois seule dans le village, elle tenta de garder la douce atmosphère du dîner avec elle. Mais elle pensa aussi à tout ce qu’elle perdait, à ce qu’elle retrouvait, et… 

 

 

 

Sauf que dans un autre monde, elle aurait accompli son rêve avec son père dans les gradins, un fiancé avec son autre moitié et un frère entouré de ses parents. 

 

 

 

Oui, dans un autre monde, elle n’aurait pas non plus toutes ces images noires dans la tête. 

 

 

 

Elle était seule dans la rue plongée dans le noir, s'agrippant à de maigres émotions de joies, mais la tristesse était plus forte, elle l’entoura de sa froideur.

 

 

 

Elle rentra en marchant, les yeux rouges d’avoir trop pleuré.

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

14 novembre 1998

 

 

 

Les premiers matchs étaient arrivés. La saison était ouverte. Emy avait passé les premiers sur le banc des réservistes, elle observait et apprenait beaucoup. Duprêt le chef d’équipe était excellent poursuiveur. Il jouait avec le reste de l’équipe en parfaite harmonie. Personne ne doutait de sa qualification aux mondiaux. 

 

 

 

Rossy ne la faisait pas jouer. Il ne l’avait pas reconvoquée pour lui demander de faire des efforts d’intégration, mais elle n’avait aucun doute qu’il savait qu’elle avait absolument rien fait. Deux semaines plus tôt, s’était déroulée une fête d’Halloween après le match. Elle s’était éclipsée avec Snow et avait passé des heures à marcher dans une forêt proche.

 

 

 

Les joueurs volaient, tournoyaient au-dessus de sa tête. C’était frustrant de les regarder faire sans bouger. Richard, un autre poursuiveur venait de louper une passe facile. C’était ridicule, jamais elle n’aurait loupé un coup pareil. Évidemment que c’était une forme de punition. Mais lui demander de faire ami-ami était bien trop. 

 

 

 

Une autre passe loupée.

 

 

 

Elle soupira, bras croisés. Rossy lui jeta un regard. 

 

 

 

— Take your broom Lupin.

 

** Prends ton balai Lupin. **

 

 

 

Elle ne se le fit pas dire deux fois.

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

18 novembre 1998

 

 

 

Les mercredis étaient ses jours off. Chaque mardi soir, elle transplanait avec Snow et se rendait chez Andromeda pour voir Teddy. Harry était toujours là. Parfois Hermione et Ron aussi. De ce qu’elle avait compris, Hermione ne passait pas souvent la nuit à Poudlard, et Ron s’occupait souvent de George. Andromeda avait lâché une petite phrase comme ça, sans rien dire de plus, et Emy avait dû se contenter de cette maigre information. Que voulait dire « s’occuper de lui » ? Elle n’en avait aucune idée, mais n’était pas décidée à poser la question non plus.

 

 

 

— Félicitations, lui dit Harry en ouvrant la porte. 

 

 

 

Ils étaient tous les trois là, elle esquissa un bref sourire, elle était contente de les voir. 

 

 

 

— Merci.

 

— Les journaux disent que tu volais comme si les cognards n’existaient pas, ajouta Ron.

 

— Il ne faut pas croire ce que disent les journaux, répondit-elle gênée.

 

— Bravo Emy, répéta Hermione.

 

 

 

Andromeda arriva et elle la prit brièvement dans ses bras. C’était spontané et tellement surprenant qu’Emy resta figée sans bouger. Elle n’était pas habituée au contact, toutes les démonstrations sentimentales la mettaient extrêmement mal à l’aise.

 

 

 

— Où est Teddy ?

 

 

 

Elle partit le chercher dans la chambre. Le nourrisson grandissait vite. C’était la seule personne avec qui elle trouvait un semblant de paix. La Bête au fond d’elle qui rugissait depuis des mois ne disait plus rien. 

 

 

 

Oui, elle avait volé comme si les cognards ne pouvaient pas l’atteindre. La vérité était qu’elle se moquait bien qu’ils la touchent. Teddy ne serait pas malheureux. Harry et Andromeda étaient là pour lui. 

 

 

 

 

 

•••

 

 

 

 

 

24 décembre 1998

 

 

 

Elle ouvrit la porte de l’appartement qui était plongé dans le noir. Inspira et se prit une claque de souvenirs dans la figure. Elle n’avait nul part ailleurs où aller. Le centre d'entraînement était fermé, Andromeda comme tous les autres étaient chez les Weasley. Aux premiers, elle avait dit qu’elle allait chez les deuxièmes et inversement. 

 

 

 

La réalité était qu’elle voulait être seule. Garder la Bête sous contrôle. La maîtriser, se laisser un moment pour souffler pour replonger dans le grand bain à la reprise. La dernière pleine lune avait été difficile, le loup voulait chasser, elle avait eu du mal à rester présente. 

 

 

 

Et la voilà, plantée au milieu du couloir, sans savoir quoi faire. Elle frissonna, il faisait glacial. Mais elle était dans cet état léthargique ou faire quoi que ce soit lui prenait trop d’énergie. Même enlever sa veste était de trop. 

 

 

 

Elle se laissa tomber dans le canapé poussiéreux, et resta là, dans le froid, mal installée, à fixer le vide. Dehors, il faisait nuit, des petites lumières colorées dans les appartements voisins indiquaient que c’était la veille de Noël. Un soir de fête. 

 

 

 

Qu’ils aillent se faire foutre. Elle détestait que les autres soient heureux, les enviait, enviait ceux qui avaient une famille à retrouver, aurait voulu qu’on la prenne dans les bras, qu’on l’aide. Mais oh non, elle ne se serait pas laissée faire. Et pourtant, la personne en face n’aurait pas abandonné, car il aurait su que c’était un mécanisme d’auto-destruction. 

 

 

 

Snow grimpa dans le canapé et se blottit contre elle. Sa chaleur lui faisait du bien, c’était si simple d’être lui. Il mangeait, buvait, se baladait, jouait un peu, avait des câlins et dormait. Rien de plus pour son bonheur. 

 

 

 

« Toc, toc. »

 

 

 

Elle ne bougea pas, ce devait être son imagination. Personne ne savait qu’elle était là.

 

 

 

« Toc, toc. »

 

 

 

Merde alors, qui pouvait bien la voir dans la nuit de Noël ? Elle devait se lever, quitter le canapé et la torpeur dans laquelle elle était tombée. Snow à ses côtés avait la tête levée, et fixait la porte, prêt à défendre sa maîtresse s’il le fallait. 

 

 

 

Elle se leva avec difficulté, marcha jusqu’à la porte, sortit sa baguette et ouvrit, prête à attaquer. 

 

 

 

— Salut. 

 

 

 

Il avait de larges cernes sous les yeux. Un hoodie noir informe avec un jean et des sneakers mal lacées. Ce n’était plus vraiment le George qu’elle avait connu, ses cheveux étaient coupés courts, et son regard… Vide. Le regard de celui qui n’a plus rien. 

 

 

 

— Salut. 

 

 

 

Elle se décala pour le laisser entrer. Il se planta face à elle, ne prononça plus un mot, tout aussi inconfortable qu’elle. Elle ne savait pas ce qu’il pouvait bien faire ici. Ne savait pas non plus pourquoi elle l’avait laissé entrer. Ils n’avaient rien à ce dire. 

 

 

 

— Tu n’étais pas à la maison, dit-il finalement la voix rauque. 

 

— Non.

 

 

 

Ça faisait une éternité qu’elle n’était pas allée au Terrier.

 

 

 

— Pourquoi tu es seule ici ?

 

 

 

Bonne question. 

 

 

 

— C’est mieux. 

 

 

 

Pour tant de raisons. 

 

 

 

— Pourquoi tu es ici George ?

 

 

 

Lui aussi semblait trouver que c’était une bonne question. 

 

 

 

— Je ne sais pas.

 

 

 

Ils étaient face à face. Deux âmes brisées, deux cœurs déchirés, deux nuages noirs au-dessus de leurs têtes. Dans un appartement glacial plongé dans le noir avec comme seule compagnie leur mal-être. 

 

 

 

Et puis…

 

 

 

Et puis des lèvres qui se retrouvent, des corps qui se joignent, des mains qui se cherchent, un souffle uni, des cerveaux qui se déconnectent, une pulsion qu’on écoute parce que c’est la seule chose qu’on voit dans le noir. Parce que sinon il n’y a rien. Et ils ne sont pas morts. Non. Ils sont vivants, ils s’embrassent, ils se déshabillent, ils sont nus et font l’amour, c’est physique, c’est irréfléchi et peut-être inconscient, mais personne ne les juge. C’est un secret, quelque chose qu’ils garderont pour eux. Peut-être qu’un jour, ils en parleront entre eux. Sans se concerter, ils savent qu’ils garderont le silence sur cette nuit, personne ne le saura, ce moment est à eux. S’ils en parlaient aux autres, cela voudrait dire comprendre. Et ils ne peuvent pas comprendre. Pas maintenant. Pas quand la douleur est trop grande. Ils n’ont pas encore fait le choix de vivre. 

 

 

 

Alors ils s’embrassent dans la nuit glaciale, et puis il part. Elle ne le retient pas.

 

 

 

C’est Noël.

 

 

End Notes:

Merci à MissArty pour sa relecture ♥︎

winter

Black 1.7 by Winter
Author's Notes:

ϟ. Nick Cave - Into My Arms 

TRIGGER WARNING : dépression, deuil, guerre.

16 janvier 1999


 


Les matchs avaient vite repris. Emy commençait toujours sur le banc des réservistes et dès qu’un poursuiveur manquait de louper une passe, c’était à elle d’entrer en piste. Elle jouait vite, ignorait les cognards, avait manqué de s’en prendre un plus d’une fois. Ce dont elle se moquait éperdument puisqu’elle marquait.


 


Et elle jouait. 


 


Après avoir gagné ce nouveau match, Rossy la convoqua dans son bureau.


 


— Get along with your teammates or you’re out of this team. You can’t be by yourself, I warned you and if I don’t see any progress, you will have to play somewhere else.


** Crée du lien avec tes coéquipiers ou tu quittes cette équipe. Tu ne peux pas jouer seule, je t’ai prévenue et si je ne vois pas d’améliorations, tu devras jouer ailleurs. **


 


Elle ne réfléchit pas plus longtemps. Elle se moquait bien de savoir qu’il avait raison. La pleine lune arrivait, elle était perdue dans sa vie, voulait jouer au quidditch, ne supportait pas qu’on lui dise quoi faire. Un mélange de tout ça qui la poussa à quitter la pièce sans regarder en arrière. 


 


Le lendemain, sa chambre était vide. 


 


 


•••


 


 


20 janvier 1999


 


Monk était assis à la table de la cuisine. C’était une drôle d’image de le voir là avec Andromeda qui lui tendait un cake qu’elle avait fait la veille. Emy s’assit en face de lui sans rien dire. C’était une légende du quidditch, et elle, elle était en pyjama devant lui avec probablement encore du vomi de Teddy sur son épaule et dans ses cheveux. 


 


— C’est ton demi-frère ?


— Teddy.


 


Le petit changea de couleur de cheveux pour un vert douteux ce qui arracha un sourire de Monk.


 


— Bon Emy je ne vais pas tourner autour du pot. Tu es talentueuse, et tu as aussi un sacré caractère de merde, pardon, ajouta t-il en voyant le regard réprobateur d’Andromeda. Je veux que tu continues de jouer, prenne de l’expérience parce que je pense tu as les moyens de faire les mondiaux. Je ne promets rien, mais s’il n’y a aucun changement venant de ta part, je peux t’affirmer qu’il ne se passera rien. 


 


Elle détourna le regard. Jouer oui, parler aux autres et tout ce qui va avec… Non. C’était trop. 


 


— Je sais d’où tu viens.


 


Elle releva les yeux vers lui. Vraiment ?


 


— Ma mère en était une, elle a été changée quand j’avais seize ans. Décédée deux ans après.


 


Il avait toute son attention. 


 


— Je ne connais pas la partie guerre, mais la partie orphelin, ça oui je connais. Mon père était un connard - pardon Mrs Tonks - qui avait foutu le camp depuis belle lurette. Jamais eu de contact avec lui. 


— Je ne veux pas être votre cas de pitié.


— Tu ne l’es pas. Tu es douée. C’est tout ce qui compte. 


 


Elle avait le droit à une deuxième chance. Elle n’était pas idiote, Monk n’était pas connu pour faire des cadeaux. Alors quoi ? Elle lui disait d’aller se faire voir et se retrouvait avec définitivement plus rien ? Ou décidait-elle de prendre cette chance ?


 


— J’ai un spot chez les Montrose Magpies, en Angleterre. Tout ce que je demande, c'est de faire un effort avec l’équipe, passe du temps avec eux, travaille avec eux. J’ai plusieurs noms en tête pour les mondiaux. Oui, c’est une carotte, mais je préfère jouer carte sur table avec toi. Maintenant tu choisis. 


 


Il se leva.


 


— Merci pour le café et l’accueil Mrs Tonks, bonne journée à vous. Emy, tu es attendue demain sur le terrain. Au revoir.


 


Emy resta longtemps silencieuse après son départ. Andromeda ne disait rien. Elle savait ce que la jeune fille allait faire. 


 


 


•••


 


 


21 janvier 1999


 


Les Magpies étaient très différents de son ancienne équipe. Dès qu’elle arriva pour l’entraînement, tout le monde se mit en ligne et la salua. Elle répondit par un simple hochement de tête avant que le capitaine Alasdair Maddock vienne lui serrer la main. 


 


— Bienvenue.