Summary:
Ne prend en compte que les 5 premiers tomes
Un Malefoy de plus à Poudlard et la vie de nos héros se complique. Que vient faire au château le frère aîné de Drago ? surveiller et tuer harry ? Manipuler et séduire Hermione ? Espionner Dumbledore ? A moins que ce Malefoy ne soit différent des autres...
Categories: Autres couples (Het) Characters: Drago Malefoy, Hermione Granger, Personnage original (OC)
Genres: Aucun
Langue: Aucun
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 25
Completed: Oui
Word count: 74185
Read: 56272
Published: 05/01/2006
Updated: 13/04/2008
1. Un Malefoy de trop by Morgane
2. Le tiercé gagnant by Morgane
3. l'antipathie de Dumbledore by Morgane
4. AD for ever by Morgane
5. CrystOverra by Morgane
6. Patromagus by Morgane
7. L'indignation de Minerva by Morgane
8. L'attente by Morgane
9. Am Stram Gram by Morgane
10. L'invitée surprise by Morgane
11. Chose promise... by Morgane
12. cher à mon coeur by Morgane
13. là où tout commence by Morgane
14. mise au point by Morgane
15. Jouons à chat by Morgane
16. jeu de piste by Morgane
17. Le plus puissant de tous by Morgane
18. Le loup et la loutre by Morgane
19. Le phénix by Morgane
20. Cours particuliers by Morgane
21. Yeux de braises by Morgane
22. Bouclier by Morgane
23. Disparition by Morgane
24. Chapter 24 by Morgane
25. Chapitre 25 by Morgane
Un Malefoy de trop by Morgane
L’après midi touchait à sa fin ; Harry caressa une dernière fois Fumsek avant de quitter le bureau du directeur. Dumbledore le regarda partir, soulagé de le savoir dans l’enceinte du château, en sécurité, enfin.
Depuis deux semaines, il était en proie aux pires craintes. Il avait fini par consentir à ce que Harry rejoigne Hermione chez Ron et, bien que ne doutant pas des capacités des Weasley à le protéger, il lui sembla que les jours s’étaient allongés, multipliant d’autant le danger de voir Harry se faire tuer, ou même pire, enlever par un fidèle de Voldemort.
A présent tout était fini ; la rentrée aurait lieu le surlendemain ; Harry avait rejoint le château une journée plus tôt, à la demande de Dumbledore qui tenait à faire le point avec lui, et à lui expliquer ce qui l’attendait pour sa sixième année à Poudlard.
Il lui avait ainsi annoncé qu’il devrait renoncer à l’étude des tarots et autre procédés divinatoires mais qu’il devrait en revanche subir les cours de potions une année de plus, compte tenu de ses pitoyables et excellents résultats dans l’une et l’autre de ces matières.
Il l’avait également informé de l’arrivée de nouveaux étudiants, ce dont Harry ne fut pas surpris : à présent que Voldemort était de retour et surtout que le monde sorcier l’avait admis, il était impératif de resserrer les rangs, autrement dit de lier des amitiés, de s’unir au maximum contre l’ennemi commun pour pouvoir le vaincre. Même le choipeau était de cet avis et l’avait clairement fait savoir, lors de la répartition de l’année précédente.
S’unir contre l’ennemi commun, s’unir y compris avec les personnes qu’on affectionne peu ou pas. Harry en énuméra un certain nombre en lui-même mais il lui apparut qu’il y avait cependant des limites à ce qui était humainement supportable. Il s’engagea donc, en son nom et en celui de ses amis, à faire quelques efforts, mais se jura bien de ne pas se laisser importuner par tout ce qui porterait du vert sur sa cape… surtout si c’était blond.
Une heure plus tard il rejoignait donc la tour des Gryffondor, sa maison.
Harry finissait de ranger ses livres et regarda par la fenêtre de sa chambre, donnant sur le lac. Au loin, il apercevait la cabane d’Hagrid, les reflets de l’eau interrompus par les ombres grandissantes de quelques arbres. Il distingua également une silhouette immobile avant de se décider à rendre une visite au demi géant qu’il avait toujours plaisir à retrouver à la fin de l’été.
Il repassa donc devant la grosse Dame, offusquée de devoir céder le passage sans avoir à exiger de mot de passe puisque celui-ci n’avait pas encore été choisi, vacances obligent. Il se dirigea vers le parc, se souriant à lui-même en ressentant un plaisir immense l’envahir.
Malgré tout ce qu’il aurait à affronter, ce serait entouré de ses amis ; il se força à ne pas penser à Sirius et se promit de bientôt avouer à Ron et Hermione son espoir le plus fou : son parrain était vivant ; il le savait, il le sentait. Du moins n’admettrait-il sa mort que lorsqu’on lui en aurait apporté la preuve, à savoir son corps sans vie.
Jusque là, il préférait croire en son bonheur et ne pas se laisser envahir par le désarroi qui s’était emparé de lui au début de l’été, lui ôtant tout désir de combattre ou de rire.
Avant qu’il ait pu s’en rendre compte, ses pas l’avaient mené à l’extérieur : le parc s’étendait devant lui, magnifique en ce soir d’août.
Un jeune homme se tenait près du lac, immobile sous un frêne, observant à l’horizon ; quiconque aurait alors plongé son regard dans le sien se serait aperçu qu’il n’observait rien de particulier, si ce n’est ses propres pensées.
Harry jugea qu’il devait être un peu plus grand que lui, et bien qu’il n’ait pas la prétention d’affirmer connaître tous les étudiants de Poudlard, il lui semblait du moins ne pas avoir eu l’occasion de rencontrer celui-ci auparavant. Il fit une moue de mécontentement en découvrant ses cheveux mi-longs retenus par un lien de velours noir qui effleuraient le col vert de sa cape ; Un Serpentard… «A peine deux heures que je suis ici, et le premier être vivant que je croise, si on excepte Dumbledore et Fumsek, est un serpentard », maugréa-t-il. Il jeta un nouveau regard vers le frêne ; des cheveux blonds, presque blancs…
Il continua cependant son chemin et se dirigea vers la cabane d’Hagrid en contournant le lac et, de fait, l’inconnu qui ne bougeait toujours pas. Harry se demanda si Drago n’avait pas eu là la riche idée d’ériger une statue en l’honneur de son père, dont il était si fier, et fut soudain surpris par ses propres pensées. Que venait donc faire Drago à ce moment précis dans son esprit ? Il tourna vivement la tête vers le jeune homme qui semblait ne pas le voir, ni lui ni quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs. Il avait toujours le regard fixé vers un point indistinct et ses yeux gris bleu semblaient en cet instant plus troubles que les eaux du lac.
Son visage pâle et ses lèvres minces, dépourvues de tout sourire, achevèrent de stupéfier Harry. Celui-ci, perplexe, aurait pourtant juré que cette copie de Malefoy n’était pas Drago ; D’ailleurs, à présent qu’il pouvait le voir autrement que de dos, Harry jugea qu’il était un peu plus âgé. Et pourtant... Harry ralentit sa marche et détailla à nouveau l’étudiant. Plus aucun doute possible...A moins que Lucius ait trouvé un moyen quelconque de rajeunir, il s’agissait bien là de Drago... qui semblait quant à lui avoir trouvé le moyen de vieillir de quelques années en l’espace de deux mois.
Il entendit à sa gauche la porte de la cabane s’ouvrir puis se refermer ; des bruits de pas familiers lui indiquèrent que le garde chasse et professeur de soins aux créatures magiques venait à sa rencontre. Harry dû faire un effort pour détourner son regard vers son ami, et la stupeur que celui-ci pu lire sur son visage le stoppa net. A quelques pas de lui, Hagrid se figea ; il venait lui aussi d’apercevoir ce qui rendait Harry si suspicieux. « Ça alors… » Murmura-t-il.
Plus loin dans le parc, le professeur Mc Gonagall arrivait elle aussi à grands pas, se dirigeant vers eux. La mine sévère et le regard sombre, elle pinçait les lèvres en un rictus de colère qu’Harry lui avait rarement vu, ce dont il ne pouvait que se féliciter, connaissant la puissance et l’intransigeance de la directrice des Gryffondor.
Contre toute attente, elle leva sa baguette, qu’elle tenait serrée d’une main et releva légèrement sa robe de l’autre en approchant des rives boueuses du lac. Le jeune homme, sous le frêne, sembla enfin s’apercevoir qu’un monde existait autour de lui ; il se retourna vers le professeur et sans qu’Harry comprenne quel phénomène s’opérait, le baguette du Serpentard se matérialisa elle aussi dans sa main.
Mc Gonagall stoppa net son avancée, sans un regard pour Hagrid ni son élève, et il sembla à ces derniers que des éclairs jaillissaient de la prunelle de ses yeux. Harry eut la conviction que Drago n’hésiterait pas à attaquer le professeur et il savait que cette dernière demeurait affaiblie par les événements de la fin d’année scolaire : elle avait eu à subir un sort lancé par plusieurs sorciers peu respectueux des règles les plus élémentaires de dignité. La directrice de Gryffondor avait alors dû séjourner à Sainte Mangouste et s’aider d’une canne plusieurs semaines avant de se rétablir.
Pourtant, Harry ne comprenait pas quelle folie pouvait ainsi pousser Drago à braver un professeur ; ce dernier avait toujours fait preuve d’une couardise exemplaire. Mais il le voyait à présent lever sa baguette, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
- Drago ?! Hurla-t-il, malgré lui.
- Lucius ??!! Coupa Hagrid, tout aussi alarmé.
Tous deux firent volte face pour se regarder, surpris l’un l’autre de leur erreur.
- MALEFOY !!!
La voix de Rogue s’était élevée par-dessus les leurs. Harry pensa aussitôt que le maître des potions n’avait pas pris beaucoup de risques. Pour sûr ! C’était bien un Malefoy, mais lequel…
Rogue accourait, le souffle court, et Harry ne parvint pas à déterminer lequel de ses deux professeurs paraissaient le plus furieux. En revanche, il perçut sans aucun doute possible sur leurs visages leur inquiétude.
- Harry… c’est bien Lucius non ? Chuchota Hagrid près de lui.
Ce dernier avait fini par retrouver l’usage de ses jambes et avait rejoint le jeune homme. Il observait encore le trio près du lac avec une telle ferveur que ses yeux étaient plissés en deux fentes. On y lisait également l’incertitude et l’étonnement.
- Hein ? Insista-t-il, c’est Malefoy ? Père je veux dire ?
Mais Harry ne savait que répondre ; il était tout aussi dérouté que lui et ne pu que murmurer en retour « il est à Azkaban, le père. Enfin normalement ».
Harry remercia le ciel que les trois autres personnes présentes continuent de l’ignorer. Sa réaction et celle de Hagrid le mettaient mal à l’aise.
Il avait toujours appelé Drago par son nom de famille. Pourquoi diable aujourd’hui fallait-il qu’il l’interpelle par son prénom ! Justement le jour où il aurait été tellement plus pratique de le nommer Malefoy, comme il en avait été le cas jusqu’alors.
Il nota également que Hagrid n’était pas en reste : jamais il n’avait parlé d’un Malefoy autrement qu’en utilisant son nom de famille. Certainement leurs doutes sur l’identité de cet inconnu les avaient-ils poussés à parler de la sorte.
Une fois n’est pas coutume, Harry regretta de ne pas avoir agit comme son professeur de potions.
Si Drago avait entendu Hagrid l’appeler Lucius, il ne manquerait pas de lancer des remarques acides à la première occasion. Et si Lucius avait entendu Harry l’appeler Drago, ce serait pire encore.
Harry secoua la tête comme pour se dégager de cette emberlification de pensées. Il en perdait son latin.
Cependant le trio, près du lac, demeurait comme suspendu dans le temps : Rogue était à présent à la hauteur de la directrice des Gryffondor, baguette parée, lui aussi.
L’inconnu baissa sa garde et accorda un regard au nouvel arrivant.
- Le directeur vous fait mander, Malefoy. Il vous attend dans son bureau.
Malefoy bougea autant que le frêne derrière lui.
- J’ai cru comprendre qu’il vous y attendait séance tenante. Ajouta Rogue dans un souffle, mâchoire serrée.
Le jeune homme blond abaissa lentement sa baguette et la glissa dans une poche intérieure de sa cape.
Il se dirigea paisiblement vers le château, passant entre les deux professeurs qui lui faisaient face et qui avaient également fait disparaître leurs baguettes. Arrivé à leur hauteur, il ralentit le pas et Harry l’entendit s’adresser à eux d’une voix lente.
- Et bien, Minerva, vous n’auriez- pas… mais le son de sa voix se perdit et Harry ne put saisir la fin de sa phrase.
Il eut un rictus de dégoût en entendant cette voix traînante. Mais cela ne l’aidait pas : Lucius et Drago étaient semblables en tout, même dans leur façon de s’exprimer. Entendre ce bout de phrase ne lui apportait que deux renseignements : cet inconnu était un Malefoy, et un Malefoy peu respectueux de ses aînés puisqu’il se permettait d’appeler le professeur de métamorphose par son prénom.
Mais enfin, cela ne constituait pas une grande trouvaille. Il eut été étonnant qu’un Malefoy ne soit pas pourvu de tous les défauts et donc, de celui-ci également.
Rogue et McGonagall semblèrent enfin se soucier de leur présence.
Cette dernière s’avança vers eux, tandis que Rogue, après avoir gratifié Harry de son regard le plus méprisant, s’en retourna vers le château.
- et bien et bien, l’année scolaire n’est pas encore commencée et nous voila déjà au bord de la crise de nerfs, commença-t-elle dans un souffle. Hagrid, j’ai à vous parler.
Mais Hagrid ne semblait pas en état de lui répondre, ni même de l’entendre, du reste. Il restait la mine pantoise, bouche bée, regardant au loin l’immense porte par laquelle venait de disparaître les deux hommes.
- Hagrid ! L’interpella-t-elle. Fermez donc la bouche, vous aurez l’air moins ébahi.
L’immense garde chasse baissa les yeux vers elle et pointant son gros index calleux vers la porte :
- Mais… le .. enfin… balbutiait-il pitoyablement. Malefoy... le blond là !! C’est qui ?!
- Allons chez vous, si vous voulez bien, ajouta-t-elle avec un sourire. Je vais vous expliquer de quoi il retourne devant un bon thé, si cela ne vous dérange pas. J’en ai grand besoin. Potter, je ne sais si je suis la mieux placée pour vous apporter les réponses aux questions que vous vous posez, mais j’imagine sans peine que vous trouverez d’ici ce soir un moyen de découvrir vous-même ce que vous désirez, en encourant évidemment le plus de dangers possibles. J’estime donc qu’il est envisageable de vous laisser entendre ce que j’ai à dire, si vous n’avez pas d’objections à faire.
Quelle question ! Aucune objection bien sûr ! Harry ne prit même pas la peine de répondre et emboîta le pas aux adultes qui entrèrent dans la cabane, à l’orée de la forêt.
Il s’installa dans un grand fauteuil qui aurait pu contenir trois étudiants de son gabarit sans peine, tandis que Minerva se laissait tomber dans un autre. S’affaler était le mot qui convenait le mieux à la façon dont elle prit place, ce qui étonna Harry, habitué à la voir rester digne et fière en toute occasion.
Hagrid devait éprouver le même étonnement si on en jugeait son haussement de sourcils mais s’affaira à préparer le thé, en ne quittant pas des yeux la grande femme, assise face à lui.
Enfin il s’installa à son tour et, se penchant par-dessus la table, servit la boisson chaude à McGonagall qui en dégusta une longue gorgée avant de se ressaisir.
Elle se redressa alors et après un soupir commença :
- vous devez savoir que de nouveaux arrivants se trouvent ou se trouveront d’ici peu dans l’enceinte de l’école.
Hagrid aquiesca, imité par Harry.
- Mais cui là, c’est pas un nouveau, intervint-il.
- laissez moi poursuivre Hagrid.
McGonagall acheva de boire son thé et s’enfonça un peu dans son fauteuil. Après un dernier soupir, elle continua :
- il va donc y avoir au sein de Poudlard des étudiants de toutes origines. Certains arriveront avec les premières années et suivront la scolarité normalement réservée aux sorciers de notre pays. D’autres en revanche ont déjà une solide formation derrière eux.
Elle marqua une pause durant laquelle Harry enregistra cette dernière indication. Une solide formation… à voir la mine sérieuse qu’elle affichait tout à l’heure près du lac, Harry ne doutait pas une seconde de la « solide formation » de l’inconnu.
- Cependant, certaines personnes, en âge de quitter l’école, poursuivront ici leurs études afin de se spécialiser ou de parfaire leurs connaissances dans des domaines peu ou pas étudiés dans leurs propres écoles. Ceci est valable dans les autres pays : certains étudiants de notre école, après avoir obtenus leurs ASPIC se trouveront cette année à Durmstrang ou Beauxbatons pour y étudier des matières spécifiques.
Harry se souvint des paroles tenues par Drago dans le train qui les menait à Poudlard, l’année de la coupe des trois sorciers. Karkaroff, le directeur de l’époque de Durmstrang était un ami de son père. Et pour cause, c’était un mangemort mais il s’était enfui à la fin de l’année, apeuré par le retour de son ancien maître. Drago avait alors dit à qui voulait l'entendre que dans cette école, avec ce directeur, la magie noire était étudiée, contrairement à ce qui avait cours avec Dumbledore.
- ainsi, je crois savoir que la personne que vous avez vue tout à l’heure n’est autre que le frère aîné de Drago, premier fils de Lucius, qui a achevé ses études depuis à présent un an, à Durmstrang. Il sera parmi nous pour étudier notamment la préparation des potions, la métamorphose et les enchantements. Acheva McGonagall.
Elle se tourna vers Harry et ajouta :
- je ne saurais trop vous recommander, Potter, de rester le plus loin possible de cet individu. Notre directeur n’a que peu de secrets pour moi, compte tenu de mon statut dans cette école et de notre confiance mutuelle, et ce depuis de longues années.
- ça se comprend ! intervint Hagrid qui vouait un profond respect et une grande admiration à la directrice des Gryffondors. Celle-ci sourit en rougissant légèrement et poursuivit :
- Cependant, au sujet de cet étudiant, il est resté très évasif. Vous en savez en effet aujourd’hui presque autant que moi et je ne vous cache pas que l’attitude du professeur Dumbledore me plonge dans l’inquiétude. Malgré ses protestations et ses réponses négatives aux plus insistantes de mes questions, je sens qu’il n’est guère enchanté de voir ici ce nouvel étudiant. Je l’ai surpris la semaine passée en train de l’observer de façon appuyée.
Elle s’interrompit alors, gênée d’en avoir trop dit.
- Bref ! Je ne sais pas véritablement ce que cet étudiant vient faire ici et je vous recommande donc une vigilance constante.
Harry ne put retenir un rire en pensant à Maugrey Fol œil, dont c’était là la devise préférée. Le professeur lui rendit son sourire en comprenant fort bien ce à quoi le jeune homme pensait à l'instant et se leva.
- Je vous quitte à présent. Bonne soirée à vous deux et Potter, pour une fois, tenez compte de mes recommandations.
Elle s’apprêtait à sortir lorsque Hagrid, toujours assis et pensif, ajouta, presque pour lui-même.
- j’ignorais que Malefoy avait deux fils….
- Moi aussi Hagrid, moi aussi…
McGonagall quitta la cabane sur ces derniers mots et laissa Harry et Hagrid devant leur thé froid.
Crokdur s’étira sur son oreiller de la taille d’un divan et bâilla bruyamment, les tirant de leur torpeur. Hagrid débarrassa la table d’un geste et Harry ne trouva rien à dire de plus que
- et bah ! Un Malefoy de plus. Ça va devenir irrespirable d’ici peu de temps...
Le tiercé gagnant by Morgane
Harry n’eut pas l’occasion d’apercevoir à nouveau Malefoy au cours de la matinée du lendemain, qu’il passa à s’entraîner au quidditch. Il en avait été privé l’année passée et craignait fort que son niveau s’en ressente. A son grand soulagement il n’en était rien mais en revanche il prit conscience du manque qu’il avait pu éprouver et ne se résigna à descendre de son balai que lorsque la faim et l’épuisement l’y forcèrent.
L’heure tardive l’obligea à se rendre directement aux cuisines, où il retrouva Dobby, l’elfe de maison.
Celui-ci s’empressa de le servir en l’abreuvant de questions sur sa santé, ses chaussettes, son moral, ses chaussettes, ses progrès au quidditch, ses chaussettes, ses ambitions pour l’avenir et pour finir, ses chaussettes. Lorsque Harry eut mangé tout son saoul, il décida de rester un peu avec les elfes et observa de plus près l’immense cuisine qu’il avait si souvent visitée sans vraiment la connaître.
Des chaudrons et des plats de toutes sortes étaient suspendus aux hauts murs dans un miroitement de couleurs. Sur une longue et étroite table drapée d’un tissu de velours bleu nuit, les couverts en or étaient alignés, brillants comme des soleils. Harry observa la précision du rangement, admiratif, ce qui suscita chez les elfes qui l’entouraient une vive fierté.
- Vraiment, service impeccable, commenta volontairement Harry en apercevant leurs mines déjà fort réjouies. Il les observa du coin de l’œil avec un sourire et s’amusa de les voir aussitôt se pencher, leur nez touchant presque le sol, se confondant en remerciement.
- le jeune monsieur Damien nous a également complimenté tout à l’heure. Nous sommes honorés de pouvoir ainsi vous satisfaire par nos modestes services.
- Damien ?
- Oui, Harry, Monsieur. Le nouvel étudiant qui est arrivé avant vous cet été. Répondit Dobby. Il a observé votre entraînement ce matin. Il vient parfois nous rendre visite.
- Malefoy ? Interrogea Harry, de plus en plus étonné
Dobby se tordit les mains en regardant le jeune sorcier, un sourire gêné apparaissant sur son petit visage.
Harry réalisa alors : Dobby avait été l’elfe de maison des Malefoy ; sans doute pourrait-il lui en apprendre plus sur ce « Damien ». Mais il n’eut pas le temps de poser la moindre question. Dobby s’éclipsa, prétextant une tâche urgente et les autres elfes le poussèrent délicatement mais fermement vers la sortie.
Il comprit alors aisément que quelqu’un avait donné l’ordre formel à ces elfes de ne divulguer aucune information sur Malefoy. Or les elfes de maisons ne sont tenus d’obéir qu’à une seule personne : leur maître. Dumbledore lui-même avait donc donné ces indications, sans doute parce qu’il savait que Harry et Dobby se connaissaient et se rencontraient régulièrement. Pourtant, Dobby avait régulièrement outre passé ces règles, par le passé, mais aujourd’hui il semblait que l’interdiction soit assez puissante pour l’en dissuader. Harry comprit alors quel genre d’inquiétude le professeur McGonagall avait évoqué la veille.
L’après-midi était déjà bien avancé lorsque Harry rejoignit Hagrid dans le parc. Il aida celui-ci à nourrir quelques nifleurs, riant tout seul en repensant aux somptueux dégâts que ces affectueuses bêtes avaient occasionnés dans le bureau d’Ombrage, l’an passé.
Enfin, l’heure d’arrivée des étudiants fut là. Harry allait revoir Ron et Hermione et en deux journées, il avait déjà accumulé assez de choses à leur dire pour leur permettre de veiller tard.
Ceux-ci semblèrent ravis de le revoir et tous dégustèrent avec plaisir les plats servis au banquet de début d’année.
La répartition des élèves avait apportée son lot de Gryffondors qui se sentaient déjà chez eux.
Dumbledore avait, dans un bref discours, exposé à peu de choses près les mêmes informations que celles qu’il avait fournies la veille à Harry. Celui-ci répondit aux regards interrogateurs de ses amis en leur promettant de tout leur détailler dès leur arrivée dans la salle commune.
Il jeta à nouveau un regard vers la table des Serpentards et y observa Drago, assis à côté de son frère, l’air plus fier que jamais.
Hermione et Ron, assis face à Harry, leur tournaient le dos et n’avaient pas remarqué le nouveau venu. En revanche, les filles, assises à la table des Serpentards, n’avaient pas dû rater le moindre de ses mouvements, de son arrivée à son dernier battement de cils, et Harry aurait juré que d’ici une semaine elles auraient réussi à inventer un sort leur permettant de se faire pousser soixante-six yeux, afin de pouvoir l’observer plus attentivement.
Harry dû admettre cependant que ce nouveau Malefoy méritait en partie ces regards ; il était ce que les filles appellent « un beau mec ». II possédait en fait la classe de son père, pensa-t-il, et la jeunesse de son frère, en partie du moins. Harry imagina alors ce que pourrait être un tel mélange au niveau du caractère : la cruauté du père et la prétention du frère… Réjouissant.
Il croisa alors le regard de Drago qui le gratifia d’un sourire glacial, haussant les sourcils d’un air entendu après avoir fait un signe de tête vers son voisin.
Harry replongea dans son assiette jusqu’à la fin du dîner.
Une fois dans la salle commune, il dû attendre que Ron et Hermione soient libérés de leurs devoirs de préfets pour leur exposer la situation.
Lorsqu’il eut fini, Ron s’exclama :
- ah !! C’était donc ça !!! Drago n’a pas cessé de dire à qui voulait l’entendre que cette année promettait d’être exceptionnelle
- il a dépensé beaucoup d’énergie à hurler partout qu’un membre puissant de sa famille serait cette année à Poudlard et que tu ferais moins le malin, Harry. Ajouta Hermione. Nous pensions qu’il tentait de nous impressionner en ton absence, et de nous faire croire au retour de son père. Tu dis que Dumbledore est mécontent ?
- selon McGonagall oui. Et Dobby a dit qu’il m’avait observé ce matin.
- il t’espionne plutôt ! s’alarma Ron
- Ne nous inquiétons pas. Tant que Dumbledore est là, nous ne craignons rien, poursuivit Hermione
- déjà entendu, coupa Ron.
Hermione lui lança un regard noir, avant de reprendre
- de toutes façons, si Dumbledore ne tient pas à ce que l’on sache quel mystère se cache derrière la présence de ce Damien, nous devons lui faire confiance ; il a forcément ses raisons.
- la dernière fois que Dumbledore a eu « ses raisons » de ne rien nous dire, ça a débouché sur une catastrophe ! siffla Harry
- ah non, coupa Hermione, ça c’était la dernière fois que tu n’as pas écouté mes recommandations.
Cette phrase, pourtant si assassine, ne blessa pas Harry car son amie l’accompagna d’un sourire complice. Cependant, elle le plongea dans une tristesse qu’il avait jusque là oubliée. Il prit alors congé de ses amis et monta se coucher.
Ron fit de même en observant son emploi du temps.
- Demain matin cours de potions commun avec Serpentard, pour ne pas changer. Deux heures, ça part fort, pesta-t-il, se maudissant de n’avoir pas échoué à ses buses.
- oui ! Un Rogue et deux Malefoy ! On a droit au tiercé gagnant ! ajouta Hermione en souriant. Elle se mit vraiment à rire en voyant l’air incrédule de Ron, qui ne connaissait évidemment pas l’existence des jeux de courses de chevaux.
Le lendemain matin, l’envie de rire lui était passée. Elle éprouvait comme ses amis un trac indicible en se dirigeant vers les cachots.
A leur arrivée, ils trouvèrent un Drago rayonnant qui paradait au centre du couloir, l’air conquérant, tandis que son frère restait immobile, le dos appuyé au mur du couloir.
Les mains enfoncées dans ses poches, celui-ci dévisagea Harry, Ron et Hermione ainsi que tous les Gryffondors qui passèrent à portée de son regard. Son allure désinvolte semblait toujours convenir aux quelques filles qui se trouvaient là et Harry ne se souvenait pas de les avoir jamais vu avec autant d’étoiles dans les yeux.
Il se tourna vers Hermione qui, à son grand soulagement, n’avait aucune étoile où que ce soit mais faisait manifestement de gros efforts pour ne pas sauter à la gorge de Drago. Il avait en effet eu le temps d’agresser une demie douzaine de personnes et de faire au moins autant d’allusions à la condition d’Hermione sans pour autant prendre le risque d’utiliser les termes « sang de bourbe » en présence de tant de témoins Gryffondors.
Rogue ouvrit brusquement la porte du cachot et leur ordonna d’entrer d’un ton sec.
Les deux Malefoy entrèrent en derniers et Hermione remarqua qu’ils échangèrent quelques mots avec le professeur. En passant devant elle, Drago affichait un sourire méprisant et lui murmura :
- bonne chance Granger, et prends garde à ce qu’aucun poison ne te touche.
- reste au loin, et tout se passera bien, répondit elle, vu que tu es le seul véritable poison présent ici.
Le sourire du Serpentard se figea, mais il ne répondit pas.
L’aîné des Malefoy souriait lui aussi et semblait avoir entendu la remarque d’Hermione. Elle imagina aussitôt quelle vengeance il envisageait mais se rassura en se disant que ses capacités à se défendre n’étaient plus à prouver.
- Miss Granger, intervint Rogue, vous tiendrez salon ailleurs que dans ma classe. Cinq points en moins pour Gryffondor.
Drago éclata d’un rire sonore.
- Et c’est parti… songea Hermione. A savoir lequel des trois gagnera la coupe de la course au plus poison.
Hermione était décidée à ne donner aucune occasion à Rogue d’ôter d’autres points à sa maison. Elle se tourna résolument vers le professeur qui faisait apparaître d’un léger mouvement de poignet la liste des ingrédients qu’ils allaient devoir utiliser pour fabriquer par groupe de deux leur potion lorsque des coups frappés à la porte se firent entendre. Sur l’invitation de Rogue, l’élève entra.
Il était livide, tremblant et balbutia des excuses inaudibles en avançant vers l’estrade.
- Vous seriez vous égaré, Londubat ?
- Non monsieur, je... j’ai… enfin le professeur McGonagall vous transmet ce mot, expliquant les raisons de mon retard. Acheva-t-il dans un souffle.
Rogue lui arracha le papier des mains sans le quitter des yeux et, surpris de le voir se diriger vers le fond de la salle, ajouta :
- Londubat… les serres se trouvent encore à l’extérieur du château. Vous devriez vous y rendre au plus vite avant que l’un de mes chaudrons n’ait à subir votre incompétence.
Les rires des Serpentards empêchèrent quiconque d’entendre la réponse de Neville qui dut répéter :
- je suis admis en cours de potion, monsieur. J’ai réussi l’examen dans cette matière.
Il avait annoncé cela d’une voix presque suppliante, comme s’il priait le ciel de ne pas avoir à redire une telle énormité.
Neville forcé de revendiquer son droit à rester en cours de potions ; il y avait de quoi sourire et Harry trouva l’affaire plutôt cocasse en voyant Rogue ouvrir et fermer la bouche sans pouvoir se décider à émettre un son.
- vous ?
- Oui. Mais le mot que vous tenez vous l’expliquera, m’a dit le profess...
- bien bien ! Installez vous ! coupa Rogue. Dix points de moins pour votre retard, donc, et j’en ôte également vingt pour l’audace dont vous avez fait preuve en osant tricher à votre examen l’an passé.
Harry ouvrit la bouche mais il se ravisa en voyant Hermione froncer les sourcils. Neville n’avait jamais été doué pour préparer les potions et il n’avait réussi ses buses que grâce à ses connaissances en botanique qui lui avaient permis d’utiliser les bons ingrédients lors de l’examen. C’était plus dû à la chance qu’à un véritable savoir mais il n’avait sûrement pas triché ! Si l’on pouvait considérer que le fait d’assister à ce genre de cours était une chance, bien sûr.
Neville se dirigeait vers Harry et Hermione lorsque Rogue prit à nouveau la parole
- oooh non ! Londubat, puisque vous voila si expert en préparation de potions, vous pourrez sans nul doute vous passer des bons conseils de Miss Je Sais Tout ! Placez vous avec Potter qui possède à peu de choses près vos hautes capacités. Granger ! ajouta-t-il avec un sourire glacé avant de se tourner à nouveau vers le tableau, vous vous mettrez avec Malefoy.
Harry serra les dents. Ce bonhomme répugnant savait parfaitement comment les mettre à bout de nerf. Envoyer Hermione travailler avec Malefoy était un très bon moyen de se venger d’eux. Rogue savait parfaitement qu’Hermione était une cible facile pour les sorciers de sang pur. Les deux heures qui suivaient s’annonçaient fort mal.
Cependant, Hermione regardait toujours le professeur, l’air incrédule. Lorsque celui-ci ce fut retourné, il enleva à nouveau cinq points à la jeune fille pour sa lenteur d’exécution, mais elle ne bougea toujours pas.
- Je vous ai dit de vous mettre à côté de Malefoy miss Granger ! siffla Rogue, irrité de ne pas la voir se déplacer
- j’ai bien compris professeur, mais lequel ? demanda-t-elle en rougissant jusqu’à la racine des cheveux.
Toute la salle partit d’un grand rire à l’exception de quelques Gryffondors. Drago semblait sur le point de s’évanouir, écarlate d’avoir trop ri en si peu de temps.
- Celui-ci, indiqua Rogue avec un sourire doucereux, en montrant Damien du doigt. Les rires cessèrent aussitôt et les regards convergèrent vers ce dernier. Les filles ne trouvaient plus matière à rire et lançaient à Hermione des regards courroucés.
Celle-ci déménagea donc à côté du Serpentard dont les yeux brillaient encore d’avoir tant ri de son hésitation.
- Et bien miss Je Sais Tout, nous allons vite voir si votre réputation est à la hauteur de vos compétences. Murmura-t-il lorsqu’elle fut installée.
Hermione l’ignora superbement en réprimant un frisson inexplicable et se concentra sur son travail, ce qui lui parut un exercice fort complexe vu les circonstances. Malefoy ne daigna pas bouger de sa place et elle dut aller chercher elle-même tous les ingrédients de la liste. Il ne l’aida pas plus à les préparer. Il se contenta de l’observer. Hermione résolut de prendre également en charge le rangement, persuadée que son binôme ne lèverait pas le petit doigt. Se dirigeant vers l’armoire, elle se rendit alors compte de son attitude et eut honte d’elle-même. Pas une seule fois elle n’avait osé regarder Malefoy en face. Elle ne comprenait pas pourquoi la présence de cet individu la mettait si mal à l’aise. Il était étonnant que celui-ci n’ait d’ailleurs pas encore trouvé prétexte à l’accuser de lâcheté.
De retour à sa table, elle releva la tête au dessus de son chaudron pour regarder l’aîné des Malefoy. Un frisson lui parcourut le dos, remontant de ses reins jusqu’à sa nuque. Il l’observait de ses yeux bleu clair, les bras toujours croisés devant lui, appuyé sur la table derrière eux. Son regard était bien plus intense que celui de Drago. Et ce bleu moucheté de gris troubla la jeune fille, à son grand mécontentement. Elle refusa cependant de baisser les yeux.
Il affichait un léger sourire, digne de la Joconde, qu’elle ne parvenait pas à traduire. Se moquait-il d’elle ou bien se félicitait-il de la voir ainsi dans l’embarras, elle n’aurait su le dire mais il était certain que son état de stress n’avait pu lui échapper. De toute façon, ces raisons étaient sensiblement équivalentes, estimait-elle.
- Tu as mis une goutte de venin en trop et il fallait brasser dans le sens inverse. Dit-il. Il semble donc que la légende ne soit que légende…
Hermione n’eut pas l’occasion de répondre. Rogue, qui avait entendu cette remarque, avançait vers eux. Penché au dessus du chaudron dont il examina le contenu, il donna dix points au Serpentard pour « ses capacités d’observation incontestables » et en retira cinq à Hermione pour « son erreur digne d’une première année ». Damien étouffa un rire en la regardant s’empourprer, ne la quittant pas des yeux un instant. Hermione ne cilla pas et soutint son regard. Elle eut donc l’occasion de le voir sourire vraiment, ce qui n’avait pas été le cas jusqu’alors. Il lui sembla soudain que le frisson qui l’avait parcouru de bas en haut à peine cinq minutes avant faisait le chemin inverse sur son dos et ceci la mit au bord de la crise de nerfs.
Lorsqu’elle sortit du cachot, Harry et Ron durent accélérer le pas pour la rejoindre. Elle fulminait.
- Pourtant ça a été non ? Il a pas dit grand-chose… questionna Ron qui avait perdu la majorité des choses, occupé à travailler à l’autre bout de la classe.
- pas dit grand-chose ?! Cette espèce de prétentieux agit comme si le savoir universel résidait en ses mains ! Il est plus hautain que Drago, si c’est possible, c’est vraiment un… une espèce de… Elle acheva sa phrase par un grognement en agitant le poing férocement.
Harry et Ron échangèrent un regard surpris : jamais ils n’avaient vu Hermione dans cet état. Harry répondit prudemment, c'est-à-dire sans qu’Hermione le sache, à l’interrogation muette de Ron en expliquant :
- il a critiqué sa potion en disant qu’elle avait commis des erreurs…
- ha bah forcément, grimaça Ron, ça a pas dû lui plaire.
Et c’était le moins qu’on puisse dire. La jeune sorcière était d’une humeur de dragon et se voir dans cet état ne faisait qu’ajouter à sa colère car elle savait bien elle, sans pouvoir l’avouer à ses amis, que ce qui la bouleversait n’était pas tant l’attitude de Damien que la nervosité qu’elle éprouvait lorsqu’il se situait à moins de trois mètres d’elle.
Il fallait bien admettre que ce Malefoy était différent des deux autres, en pire. Drago était depuis son arrivée à Poudlard un ennemi pénible à supporter mais jamais elle n’avait eu peur de lui. Elle est ses amis savaient qu’ils devaient s’en méfier, mais n’avaient jamais véritablement appréhendé un cours seulement parcequ’il s’y trouvait.
Lorsque, en fin d’année, elle avait eu à affronter à leur côté une bande de Mangemorts dont faisait partie Lucius, elle n’avait pas non plus failli à son devoir. Bien sûr elle avait eut peur ! Mais pas plus de ces yeux là que de ceux des autres cagoulés, face à elle.
Elle résolu donc de partir en cours d’enchantements comme on part à la guerre, mais l’ennemi, cette fois, étaient ses propres « sentiments ».
Il était hors de question qu’elle se laisse impressionner par ce Malefoy, résolut-elle. Elle ne tremblerait pas davantage devant lui que devant Drago ou Lucius, bien que ce dernier soit assez puissant et malfaisant pour effrayer une étudiante comme elle.
En début d’après midi, en attendant devant la salle de classe, elle se répétait à elle-même, comme pour s’en convaincre, qu’elle ne frémirait plus en apercevant Malefoy, tentant de se raisonner en considérant qu’elle était à l’abri de toute attaque dans l’enceinte du château et sous la responsabilité d’un professeur.
Le fait est qu’Hermione était trop rationnelle et maîtresse d’elle-même pour imaginer qu’il existe d’autres attaques que les mauvais sorts ou les paroles blessantes. Des attaques qui vous emprisonnent les sens et vous lient au plus profond de votre âme. Hermione n’avait pas compris que ces frissons étaient totalement étrangers à l’appréhension ou au stress qu’elle avait pu connaître jusqu’alors, et qu’elle aurait bien du mal à lutter contre. Ou peut-être l’avait-elle justement trop bien compris…
l'antipathie de Dumbledore by Morgane
Le cours d’enchantements se déroula relativement bien, compte tenu de l’éloignement des deux Malefoy par rapport à Hermione. Plusieurs jours passèrent sans incident particulier, puis des semaines, mais la colère d’Hermione ne s’apaisait pas, et à juste titre.
Damien passait son temps à l’observer, généralement en souriant mystérieusement, ce qui avait le don de l’agacer prodigieusement. Ron n’étaient pas en reste et grommelait régulièrement que celui-ci ferait mieux de suivre les cours que de bailler aux hiboux.
La jeune sorcière, jusque là attentive et appliquée, se trouva vite incommodée par la surveillance rapprochée dont elle semblait être la cible. Chaque fois qu’elle croisait le regard de Damien, il affichait ce même sourire tranquille, le sourire de quelqu’un qui sait qu’il a déjà gagné et qui attend simplement l’heure de la reconnaissance de sa victoire.
Peu à peu, Hermione se mit à perdre ses moyens : elle échappait les fioles de potion, perdait ses plumes et éprouvait des difficultés à réaliser les nouveaux sorts, au grand étonnement de ses professeurs.
Damien quant à lui, semblait étudier Hermione plus que tout autre matière. Il était rare de le voir exécuter une tâche proposée par un professeur, mais si cela lui était directement demandé, il s’exécutait sans peine, comme blasé d’avoir à répéter un exercice acquis depuis des temps immémoriaux.
Cette assurance et cette nonchalance provoquaient bien des émois chez les filles de tous âges et de toutes maisons. Les trois quarts des septième et sixième année envisageait de lui passer la bague au doigt avant l’été tandis que le quart restant espérait pouvoir le faire avant le printemps.
Damien répondait souvent favorablement à leurs soupirs et au bout de quelques semaines, la majorité des jolies filles de plus de seize ans avaient eu l’occasion de s’agripper à son bras. Il se contentait cependant généralement de « tolérer » leur présence plus que d’entretenir une véritable relation avec elles, mais ceci semblait leur convenir, trop heureuses qu’elles étaient de pouvoir se pavaner à ses côtés.
- non mais vraiment ! sifflait Hermione, chaque fois qu’elle en surprenait une minaudant et gloussant pour attirer l’attention de Malefoy. Je ne vois pas ce qu’elles peuvent lui trouver !
Ce à quoi Ginny répondait généralement qu’elle manquait d’objectivité, ajoutant que Damien était « beau comme un dieu », ce qui provoquait immanquablement des tics nerveux chez Ron.
- et après ?! Beau ou pas, c’est un mufle et un écoeurant prétentieux, crachait Hermione, le regard flamboyant.
- Et toi tu ne supportes tout simplement pas qu’il soit plus habile que toi pour lancer un sort, remarquait très justement Ginny.
Hermione évitait généralement de la contredire, ne souhaitant en aucun cas que la perspicace rouquine cherche une autre raison au malaise qu’elle éprouvait en présence de Damien.
Novembre touchait à sa fin et Hermione goûtait à la tranquillité des couloirs du château la nuit, en faisant sa ronde du soir, comme l’exigeait son rôle de préfet.
Elle appréciait tout particulièrement ces ballades nocturnes à l’abri des regards et laissait vagabonder son esprit librement en marchant au hasard.
Une nuit cependant, elle entendit parler au loin et se dirigea vers les voix. Le son la mena à l’entrée d’une grande salle aménagée pour pratiquer des duels. Cet exercice était réservé aux septième année mais un soir par mois, les sixième année pouvaient se joindre à eux pour pratiquer ou simplement regarder ces défis, sous la surveillance d’un professeur.
Hermione s’apprêtait à entrer dans la salle lorsqu’elle aperçut par l’entrebâillement de la lourde porte un Dumbledore au regard fulminant faisant face à un étudiant blond, qu’elle reconnut sans peine. Elle écouta, le dos collé au mur, gênée par sa propre audace et le cœur battant à tout rompre.
- je te l’ai déjà dit, approche-toi le moins possible de ces trois là, disait le directeur sans obtenir de réponse. Ta présence ici n’est que temporaire et je ne t’ai jamais caché que te voir quitter ce château me procurerait un soulagement intense.
Hermione ne nota pas plus de réponse cette fois là que la précédente et son malaise s’intensifia. Jamais elle n’avait entendu Dumbledore manifester à haute voix le désir de voir partir un élève, aussi désagréable soit-il, et surtout pas en présence du concerné. Il n’était pas non plus dans ses habitudes, à sa connaissance, de tutoyer un étudiant. Sa voix, en revanche, était calme et posée, comme c’était généralement le cas, et Hermione en conclut que Dumbledore devait encore être maître de la situation pour ne pas avoir à s’énerver. Ceci était malgré tout une piètre consolation.
- En attendant je te demande une fois de plus de rester au maximum à l’écart de mes étudiants et surtout de ce trio, continua le directeur. J’espère que nous sommes d’accord sur ce point ?
- en ce cas, répondit Damien, il aurait été judicieux de ne pas me faire partager leurs cours de potions, d’enchantements et de métamorphose.
Après un moment de silence, Hermione risqua un regard vers la pièce : les deux hommes avaient disparu, empruntant certainement une porte qu’elle apercevait de l’autre côté de l’estrade. De retour dans la salle commune, elle eut beaucoup de mal à résister à la tentation de monter réveiller Ron ou Harry pour leur faire part de sa découverte.
Dès le petit déjeuner cependant, elle leur raconta en détail sa découverte.
- Dumbledore ne veut pas que Malefoy s’approche trop près de nous, on dirait. Conclut Ron. Ça m’arrange, je n’ai pas la moindre envie de m’approcher de lui moins non plus, ajouta-t-il en scrutant Hermione, attendant vraisemblablement qu’elle fasse part de la même intention.
- Il semble clair que la famille Malefoy, après l’emprisonnement de son plus puissant représentant, ait rapatrié le précieux fils pour veiller au grain, ajouta Harry.
- et le grain, ce doit être toi, acheva Hermione dans un soupir.
- Pourtant, nous n’avons pas eu tant de confrontations que ça, avec lui, contrairement à ce que j’avais pensé au départ.
- justement ! C’est louche ! ajouta Ron. Je parie qu’il est en fait en mission de reconnaissance, occupé à t’espionner pour le compte de Tu Sais Qui.
- tant qu’il ne fait que regarder, ça m’est égal, assura Harry. Mais c’est vrai que c’est inquiétant. J’ai l’impression de jouer une partie d’échec, continua-t-il en souriant à Ron. Lorsque tu ne me prends pas de pièces durant plusieurs tours, c’est généralement pour sauter sur mon roi à la première occasion.
Hermione, songeant à ce que les rois des jeux d’échec version sorcier avaient à subir en cas de défaite, ne goûta pas la plaisanterie.
Le lendemain soir, ses pas la menèrent instinctivement vers la salle de duel mais elle était vide lorsqu’elle y pénétra.
Hermione avança vers l’estrade centrale où les étudiants se faisaient face, à la vue de tous, lors des défis. Son estomac se contracta lorsqu’elle s’imagina engager un duel sous le regard de dizaines d’autres étudiants.
Derrière elle, un bruit d’étoffe glissant sur le sol acheva de lui glacer le sang.
Elle fit volte face et se trouva nez à nez avec Damien. Se maudissant elle-même d’avoir été si stupide pour revenir ici, elle recula d’un pas, avant de demander, avec le plus d’assurance dont elle était capable, ce qu’il faisait à une heure si tardive hors de son dortoir.
- je visite, Granger. Répondit-il. Et puis je m’ennuie seul, dans ma chambre. Tu sembles ignorer que Dumbledore ne m’a pas laissé fréquenter les dortoirs des Serpentards. Il m’a fourni une chambre personnelle et quelques libertés. Je peux te montrer, si tu veux.
Il ne se départissait pas de son sourire charmeur mais Hermione fut scandalisée par une telle audace. Il ferait beau voir qu’elle entre dans la chambre d’un Serpentard ! Plutôt mourir ! Elle passa du rouge au blanc, sous l’effet de l’indignation, ce qui sembla ravir son interlocuteur.
- je plaisante, Granger. Que ferais-je d’une gamine comme toi dans ma chambre ?
Hermione ressentait une envie incommensurable de se boucher les oreilles, comme si elle était persuadée qu’une épaisse fumée allait bientôt s’en dégager en sifflant.
Damien perçut sans nul doute sa colère et se mit à rire, ce qui n’eut pour effet que d’intensifier l’exaspération d’Hermione, trop occupée à contrôler ses nerfs pour répondre.
Les mains enfoncées dans ses poches, il avança d’un pas vers elle. Hermione frissonna avant de reculer d’autant. Souriant toujours et sans se départir de son calme, le Serpentard avança à nouveau, mais la jeune sorcière mettait un point d’honneur à maintenir entre eux une distance respectable.
- Pourquoi recules-tu Granger ? Je ne te fais pas peur tout de même ? demanda-t-il d’une voix rieuse.
- espère toujours, siffla-t-elle en reculant toujours.
- Et bien alors, arrête-toi. Ajouta-t-il sans qu’elle s’exécute. Tu vois, tu recules encore. Une Gryffondor manquant de courage, c’est peu banal.
- il y a des tas de raisons qui peuvent pousser quelqu’un à reculer, en dehors de la peur. Coupa Hermione sans cesser sa marche.
- Je serais curieux d'en connaître quelques unes.
- le dégoût… la répulsion, l’envie de vomir, l’écoeurement,…
- ça ira ! la coupa-t-il en levant une main, il me semble avoir saisi l’idée.
Cependant, Hermione fut bien forcée de s’arrêter lorsqu’elle sentit l’estrade derrière elle. Elle aurait pu l’escalader pour passer de l’autre côté mais il ne lui en laissa pas le temps.
- ah !! s’amusa-t-il en la coinçant de ses bras. On ne va pas plus loin jeune fille.
Il avait placé ses mains sur l’estrade, de part et d’autre de sa taille, de sorte qu’il se trouvait face à elle et l’empêchait de faire le moindre mouvement, sans la toucher cependant. Mais il était près, trop près.
Elle croisa son regard et pensa se noyer dans tant de bleu. Une telle mièvrerie la dégoûta au plus au point. Elle n’avait pas pour habitude d’adopter un côté fleur bleue, et se noyer dans le bleu des yeux d’un homme étaient bon pour les chansons idiotes des adolescentes en mal d’amour, estimait-elle.
- Alors, Miss Je-Sais-Tout, continua Damien sans la quitter des yeux, me direz-vous enfin pourquoi vous reculez et d’où vient ce dégoût que je vous inspire ?
Hermione détestait cette façon qu’il avait de la vouvoyer pour se moquer d’elle et de son désarroi. Elle ne supportait pas son sourire moqueur mais en même temps, aurait donné n’importe quoi pour ne pas le voir s’effacer, à son grand désespoir. Cependant elle ne lui laisserait pas l’occasion de se moquer d’elle sans bouger.
- il y a tant de raisons à ce dégoût que nous pourrions y passer la nuit, souffla-t-elle
- parfait, répondit-il. J’ai tout mon temps et je te lai dit, je m’ennuie. J’aurais aimé travailler un peu mais je connais déjà tout ce que peut proposer ce château de sortilèges et d’enchantements.
Damien savait exactement comment la pousser à bout, nota-t-elle, mais elle ne put se contenir et entra finalement dans son jeu en cédant à la colère.
- oh ! Oui Monsieur est très doué ! À se demander ce qu'il vient faire dans ce château si ce n’est se pavaner au milieu de sa cour de donzelles hystériques.
- Jalouse peut-être ? sourit-il
- ça te ferait trop plaisir ! Mais je ne m’y trompe pas ! Tu n’es qu’un prétentieux imbu de sa petite personne, persuadé d’être le nombril du monde. Tu te donnes de grands airs alors que tu n’es qu’un étudiant raté, obligé de faire des heures supp pour se remettre à niveau ! Tu fais le malin parce que tu connais des sorts que j’ignore alors que tout ceci n’est que logique, puisque tu as déjà eu l’occasion de les étudier en classe ! Moi au moins je n’ai pas besoin de retourner en quatrième année pour revoir les cours auxquels j’ai déjà assisté. Ton attitude supérieure me dégoûte ! Vous avez la fierté et le dédain dans le sang ! Elle acheva ses mots en hurlant presque. Damien la regardait toujours, sans ciller.
- aaaah, le sang, ajouta-t-il en souriant toujours.
Hermione se mordit la lèvre inférieure et regretta aussitôt de lui avoir donné une telle occasion d’aborder ce sujet.
- Drago m’a longuement parlé de la différence de notre sang vis-à-vis du tiens, lui aussi. Continua-t-il. Mais ses propos étaient sensiblement différents.
Il retira ses mains de l’estrade et s’éloigna de quelques centimètres, sans laisser cependant à Hermione la possibilité de se dégager.
Il marqua une pause en l’observant. A présent elle aurait donné cher pour le voir quitter ce sourire narquois.
- les vipères sont des animaux merveilleux, sais-tu ? ajouta-t-il en remettant ses mains dans ses poches. Hermione songea un instant qu’il allait en sortir une pour la lui mettre sous le nez mais il n’en fit rien.
- elles ont un regard envoûtant et une peau qui semble si douce qu’on ne désire que les approcher et s’en saisir pour les caresser.
Il sembla à Hermione qu’elle s’était mise à rougir des orteils à la pointe des cheveux.
- elles sont malines et discrètes, toujours là où on s’y attend le moins. Le seul inconvénient est qu’elles sont pleines de venin et toujours prêtes à vous planter les crocs dans les mollets. Donc au lieu de les caresser, on se contente de les assommer à coup de râteau. Acheva-t-il en fixant Hermione intensément.
- je ne suis pas pleine de venin, siffla Hermione, écarlate. Elle remarqua que sa façon de parler était un point commun de plus entre elle et le reptile qu’on venait de lui décrire et regretta amèrement le ton qu’elle venait d’employer.
- Evidemment. Je parlais de la vipère Granger, pas de toi. Pourquoi ? Tu considères que ton regard est envoûtant et ta peau douce ? ajouta-t-il en riant légèrement. Et c’est moi qui suis prétentieux ?!
Devant la gène d’Hermione il finit par rire véritablement et reposa ses mains sur l’estrade. Celle-ci, au comble de l’exaspération, saisit sa baguette, qu’il lui enleva des mains avant même qu’elle put s’en rendre compte.
- Pas de gestes inconsidérés, jeune fille, dit-il en enfilant la baguette d’Hermione dans le lien qui nouait ses cheveux blonds sur sa nuque. Et à présent, si tu veux récupérer ceci, il va falloir bouger un peu.
Hermione était à nouveau prisonnière de ses bras et n’osait faire le moindre mouvement de peur d’entrer en contact avec lui. Il lui semblait que si cela devait se produire elle fondrait tel un glaçon au soleil et envisager de passer ses bras autour du cou de Malefoy pour aller récupérer sa baguette provoqua en elle une bouffée de chaleur qui lui donna l’impression de brûler du plus profond de son corps.
Elle envisagea de soutenir son regard mais lorsque ses yeux croisèrent les siens elle s’aperçut qu’il la dévisageait véritablement. Son regard s’attardait tour à tour sur ses lèvres, son cou et la naissance de ses cheveux. Lorsqu’il reprit la parole, elle n’entendit qu’un murmure
- j’aime beaucoup t’entendre te chamailler avec Drago. Tu fais souvent preuve d’une répartie amusante. Pourquoi ne parviens-tu pas à me remettre en place de la même manière ?
Il plongea alors ses yeux dans les siens, et Hermione se sentit défaillir.
- si tu n’étais pas cette envoûtante vipère, je ne passerais pas mon temps à te bouffer des yeux. Ajouta-t-il avant de poser ses lèvres sur les siennes. Après un dernier sourire, il tourna les talons et disparut par la porte.
Hermione avait la tête qui bourdonnait. Ou bien était-ce le cœur. Elle ne parvenait pas à se décider. Ce qui était certain, c’est que ses jambes n’avaient jamais eu tant de mal à la reconduire jusqu'à son lit, tant elles tremblaient. Elle parvint cependant à refaire le chemin inverse, caressant ses lèvres du bout des doigts, là où il avait posé les siennes.
A son réveil, Hermione sentit le trac l’envahir. Il lui faudrait revoir Malefoy la journée même, puisqu’ils avaient cours commun l’après-midi, avec le professeur McGonagall. En plus de ça, elle aurait également à subir la présence de Drago Crabbe et Goyle, qui avaient par miracle réussi à obtenir leur buse dans cette matière. Ainsi que Harry et Ron, elle avait espéré ne pas avoir à subir la présence en cours de Drago et de ses deux gardes du corps pour leur sixième année, mais ils avaient vite déchanté en s’apercevant que ceux-ci fréquenteraient comme eux les cours de potions, d’enchantements, et de métamorphose.
Les trois amis ne trouvaient de repos qu’en cours de soins aux créatures magiques et en défense contre les forces du mal. Hermione se rappela qu’elle avait beaucoup ri en entendant Ginny argumenter que Malefoy et sa bande n’avaient effectivement rien à faire dans ce genre de classe, vu leur goût prononcé pour faire le mal plutôt que s’en défendre.
Hermione se tira du lit péniblement. Le poids de la culpabilité l’assommait littéralement. Comble de l’horreur, elle n’envisageait en aucun cas de se confier à ses amis et pour la première fois en six ans, elle se sentit seule. Elle n’osait imaginer la réaction des garçons s’ils apprenaient que Damien l’avait embrassée, même furtivement.
Au mieux ils s’empresseraient de sauter à la gorge de l’impudent, au pire ils la jugeraient indigne de leur amitié. Hermione se mordit les lèvres devant tant de mauvaise foi. Ses amis la soutiendraient toujours, elle le savait, et la seule raison qui la poussait à garder le silence n’était que pur égoïsme. Elle appréhendait trop d’avoir à répondre à la fatidique question : « et toi ? Tu l’aimes ? » ou bien « et à présent, tu vas faire quoi ?»…
Dans un dernier soupir, elle acheva sa toilette et s’habilla. Ginny remarqua vite son trouble et la scrutait du coin de l’œil, interrogative.
- les garçons te cherchaient hier. Harry avait une chose importante à te dire, mais tu n’étais pas là.
Hermione fit des yeux ronds. Harry avait une chose « importante » à lui dire ? Ils s’étaient vus au dîner. Qu’avait-il donc pu se produire entre le moment où elle avait quitté la Grande Salle et celui où elle avait rejoint le dortoir ?
- ne t’inquiète pas, poursuivit Ginny devant sa perplexité, c’est une bonne nouvelle. Mais je leur laisse le soin de t’annoncer ça, je m’en voudrais de leur gâcher ce plaisir. La jeune Weasley quitta le dortoir sur un clin d’œil appuyé, et Hermione s’empressa de préparer ses affaires pour rejoindre les autres au petit-déjeuner.
A la table des Gryffondors, Harry et Ron trépignaient d’impatience. Ron était radieux, et le teint légèrement rose de Harry fit sourire son amie.
- on va reformer l’AD !! exultait Ron. On va reformer l’AD !!!!
Hermione n’en croyait pas ses oreilles. Elle regarda Harry qui acquiesca de la tête, un sourire illuminant son visage.
- j’ai croisé Dumbledore hier soir, expliqua-t-il, et il m’a demandé de venir dans son bureau. Il a dit que la salle de duel nous était réservée chaque samedi soir et qu’on pouvait s’y entraîner, du moment qu’on ne fait rien de répréhensible, bien sûr.
- Mais pourquoi ? interrogea Hermione
- on s’en fiche du pourquoi, dit Neville en crachant dans son excitation ses céréales sur Ron, qui lui faisait face. On va pouvoir refaire des entraînements avec Harry pour prof !
Mais Hermione remarqua à la mine soudainement sombre de Harry que sa question n’était pas vaine. Celui-ci forma silencieusement les mots « plus-tard », qu’elle lut sur ses lèvres. Elle hocha la tête pour signifier qu’elle avait compris et acheva de prendre son petit déjeuner.
Tous trois se dirigèrent ensuite vers l’orée de la forêt interdite où Hagrid les attendait pour son cours. Neville les accompagnait, ce qui empêcha Harry de donner plus d’explications à Hermione. Cependant, dès qu’ils le purent, ils s’installèrent à l’écart.
- En fait, Dumbledore m’a averti que Malefoy s’est évadé d’Azkaban. Les détraqueurs ont depuis longtemps abandonné leur poste et les sorciers responsables de la garde des prisonniers ont été dépassés par l’arrivée de mangemorts si puissants.
Hermione plaqua sa main sur sa bouche, réprimant un cri d’effroi. Bien sûr, ils savaient tous trois que ce jour viendrait mais là, le dire, le voir, être au pied du mur… Ron baissait la tête, mal à l’aise, son exultation définitivement envolée. Seul Harry sembla capable de parler encore.
- Donc il m’a dit que des entraînements en plus ne pouvaient pas nous nuire, et que puisque nous avions été capables d’en mener clandestinement de notre propre chef, il serait sans doute bénéfique de poursuivre l’expérience au grand jour.
Hermione approuvait, en hochant la tête, la main toujours plaquée sur la bouche.
- et il veut qu’on aide Harry. Ajouta Ron. Enfin ! Il trouve que ce serait une bonne chose. Acheva-t-il en relevant la tête pour regarder son amie.
Hermione réussit à décoller sa main et enchaîna, d’une voix tremblante :
- c’est une grande responsabilité.
- d’autant plus que d’autres se joindront à nous, ajouta Harry. C’est pour ça que j’aurai besoin de vous.
- Nous serons là bien sûr ! affirma-t-elle en regardant Ron qui secouait vivement la tête pour confirmer.
- Mais c’est pas tout… continua Harry en souriant à nouveau. Dumbledore va bientôt me faire apprendre un sort. Un truc pour lutter contre l’impero, si j’ai bien compris, mais il a dit que je n’étais pas encore prêt pour ça, ni vous non plus.
- quel rapport avec nous ? interrogea la jeune fille
- bah il va nous l’apprendre aussi, répondit Ron. Mais d’abord à Harry.
- Nous l’apprendre à nous ? Mais pourquoi ? Nous ne sommes pas les cibles de Voldemort. Du moins, pas les premières, acheva-t-elle en se tournant à nouveau vers Harry. L’inquiétude se lisait dans son regard vert.
- Sans doute pense-t-il que puisque vous êtes mes plus proches amis, vous risquez d’avoir à affronter quelques épreuves. Sourit-il.
- ça ne nous fera pas fuir, tu sais. Enchaîna Hermione qui comprenait d’un coup les raisons de la gène de Harry. Mais je trouve tout ceci bien précipité.
- en tout cas, acheva Ron, je trouve qu’on se soucie beaucoup de nous protéger tous les trois, cette année. Et vous vous souvenez, je pense, de qui ne doit surtout pas nous approcher ?
Cette fois, Hermione ne pu retenir un cri. Elle devint écarlate et baissa les yeux devant l’air surpris et les regards interrogateurs de ses amis.
- j’ai quelque chose à vous dire, je crois… murmura-t-elle.
Elle raconta alors le plus rapidement possible son aventure de la veille, bénissant le ciel qu’Harry et Ron la laissent parler sans l’interrompre. Lorsqu’elle eut fini, tous deux la regardaient, interloqués.
- je suis désolée. Bafouilla-t-elle. Des larmes emplissaient ses yeux, ce qui eut pour effet de redonner la parole à Harry.
- tu n’as pas à être désolée ! C’est sa faute ! Depuis le début de l’année il n’arrête pas de te reluquer ! Désolé Ron, y’a pas d’autres mots ! ajouta-t-il en voyant la mine indignée de son ami. Mais il faut te méfier… enfin !! ajouta-t-il précipitamment, on ne va pas te dire qui tu dois fréquenter ou non ni tout ça mais… quand même..
- oui, c’est un manipulateur ! intervint Ron d’une voix forte ! Et il te veut quoi d’abord ?!
- ah oui ! C’est forcément louche qu’un garçon s’intéresse à moi ! J’avais oublié ce détail ! coupa Hermione, piquée au vif.
- Mais non Hermione, ce n’est pas ce que je voulais dire ! s’empressa Ron en agitant les deux mains. Mais enfin, tu le sais bien ; c’est toi qui as entendu Dumbledore lui demander de ne pas nous approcher, et comme par hasard…
- oui, comme par hasard… murmura-t-elle.
- En tout cas, demain soir, rendez-vous à la grande salle à 20h00 ! acheva Harry. Et d’ici là « Vigilance constante !!! » singea-t-il en agitant son index sous le nez d’Hermione.
Elle rit de bon cœur en le voyant prendre les choses de façon si positive. Il était vrai que Harry avait eu à affronter tellement d’horreurs par le passé que ces quelques soucis devaient lui paraître d’une banalité affligeante.
Le cœur d’Hermione reprit une course normale et elle poussa un soupir de soulagement. Ses deux amis avaient eu la délicatesse de ne pas lui poser LA question, mais il paraissait évident qu’à présent, ils allaient la surveiller de près et l’escorter dans ses moindres déplacements pour la mettre à l’abri de toute tentative d’approche du camp adverse.
Si Malefoy n’avait jamais entendu parler de l’AD, il allait avoir des surprises !
Les trois amis, revigorés par le sentiment de faire partie d’un groupe soudé, finirent enfin par se concentrer sur le cours d’Hagrid. Mais il leur fallut pour cela retrouver les niffleurs qui avaient échappé à leur surveillance.
- Vous avez manqué de vigilance, tous les trois ! reprocha Hagrid en les voyant fureter à la recherche des animaux.
Le cours s’acheva pour les trois camarades dans l’hilarité la plus complète, sous le regard perplexe du reste de la classe.
- vigilaaance constante !! hurla Harry en remuant à nouveau l’index, entre deux fou rire.
A midi, la table des Gryffondors bourdonnait tel un essaim fébrile. La nouvelle de l’ouverture de l’AD alimentait toutes les discussions. Ceux qui avaient la chance et l’honneur d’assister à sa ré-ouverture se trouvaient harcelés de questions. Ceci ne fut pas pour rassurer Harry, Ron et Hermione, qui craignaient d’avoir à accueillir un trop grand nombre de leur camarades.
Cependant, Hermione avait d’autres préoccupations. Elle jeta un regard discret à l’autre bout de la salle pour s’apercevoir avec soulagement qu’aucun Malefoy n’était en vue. Mais son répit serait de courte durée. Dans moins de deux heures, il faudrait se rendre au cours de métamorphose… Et là…
- et là je serai bien incapable de faire quoi que ce soit sans baguette !!! Elle s’était relevée d’un bond, bousculant le banc et Neville, toujours assis en leur compagnie. Il la regarda d’un air surpris et douloureux : il venait de renverser sous le choc son assiette de soupe brûlante sur ses genoux. Ginny Répara les dégâts en un tour de mains. Hermione se rassit lentement, tremblant des pieds à la tête.
- il a ma baguette, bafouilla-t-elle à l’intention de Harry et Ron, face à elle, qui la regardait avec des yeux ronds. J’avais oublié…
Les choses se corsaient dangereusement. Hermione avait jusqu’alors envisagé l’idée d’arriver à la dernière minute en classe et de se réfugier à l’opposé des Serpentards, à l’abri derrière ses deux amis. Mais elle avait oublié ce « détail ». Il lui faudrait récupérer sa baguette avant tout…
La grande salle se vida peu à peu et la jeune sorcière se releva dans un gémissement. Jamais elle n’avait eu si peur de sa vie. Ses oreilles bourdonnaient et ses jambes tremblaient à nouveau. Cependant, elle se ressaisit. Elle ne voulait pas que ses amis s’inquiètent. Mais elle avait tort… tous deux ne s’inquiétaient nullement et n’avaient qu’une idée en tête : sauter à la gorge de Malefoy dès qu’il serait en vue et récupérer la baguette de leur amie, quitte à la chercher jusque dans son pantalon, s’il le fallait. Rien n’aurait fait plus plaisir à Ron d’avoir à demander au Serpentard de se mettre en petite tenue au milieu du couloir…
Lorsqu’ils arrivèrent devant la salle de classe, Drago et ses deux gardes du corps trônaient triomphalement au centre du couloir.
- Alors, Potter ? tu profites bien de tes derniers jours j’espère ? Ricana-t-il. Et ce n’est pas parce que notre bien aimé directeur te laisse jouer les professeurs que ça te sauvera la mise. Continua-t-il. Il avait repris le ton agressif qu’Harry lui avait connu l’année précédente, lorsque le père de Drago avait été emprisonné. Mon père est de retour, Potter, siffla-t-il, la plaisanterie est terminée.
Il tourna la tête vers Hermione et ajouta avec un sourire malfaisant en se penchant vers elle :
- ça vaut aussi pour toi, sale petite sang de bourbe ! Vous allez comprendre ce qu’il en coûte de s’opposer à un Malefoy. Votre chance écoeurante va prendre fin, et vous supplierez mon père de vous épargner.
Sa voix n’était plus qu’un murmure presque inaudible…
- ce qu’il ne fera pas, bien entendu. Acheva-t-il en se redressant.
Crabbe et Goyle éclatèrent d’un rire gras. Damien observait la scène du coin de l’œil, un sourire scotché aux lèvres. Une jambe repliée et le pied posé sur le mur auquel il était adossé, il gardait les mains dans les poches de son pantalon, sa cape ouverte.
- tu pourrais te tenir convenablement ! L’interpella Ron en avançant vers lui.
L’audace dont il faisait preuve médusa Harry et Hermione, mais encore plus Drago qui ouvrit des yeux ronds. Damien regarda moqueusement à droite puis à gauche et pointa son index sur son torse.
- est-ce à moi que tu t’adresses, Weasley ? souria-t-il
Drago ne perdait pas une miette de la scène et donnait des coups de coudes à ses deux gorilles, afin qu’ils en fassent autant.
- Exactement ! continua Ron, dont la voix chevrotante montrait que lui aussi, était conscient de son audace, et qu’il la regrettait amèrement, à présent.
Damien resta silencieux, souriant à Ron, ce qui ne fit qu’intensifier le malaise de ce dernier, persuadé que le Serpentard cherchait quel sort lui lancer. Contre toute attente, Damien se redressa. Ron recula d’un pas en serrant sa baguette dans sa poche, méfiant. Ce Malefoy ci avait une autre envergure que Drago. Tout en lui respirait la puissance et l’assurance.
Damien avisa une jeune sorcière qui passait devant la classe :
- Excusez moi, jolie demoiselle, trouvez-vous que ma tenue ne soit pas convenable ?
La sorcière, surprise, secoua vigoureusement la tête en rougissant
- oh non non ! tu es euuhhh.. parfait… elle repartit en courant, le nez plongé dans les livres qu’elle tenait serrés contre elle.
- Et bien, il semble que la façon dont je me tiens ne dérange que toi Weasley, continua Damien en reprenant sa position initiale. Mais si vraiment ma vue t’es insupportable, je connais deux trois sorts qui pourraient arranger ce problème. L’un d’entre eux fait littéralement exploser le globe oculaire dans son orbite. Je suis certain que même Madame Pomfresh n’a jamais eu l’occasion de soigner ça. Elle serait ravie d’accroître son expérience, et moi encore plus de l’y aider.
Drago Crabbe et Goyle éclatèrent d’un rire sonore en voyant le teint cireux de Ron. Hermione restait prudemment à l’écart derrière Harry, se dérobant au maximum à la vue de Damien.
- allons, Weasley, sois raisonnable, ajouta ce dernier en observant l’attitude crispée de Ron. Regarde ! même ta copine Granger a compris qu’il valait mieux rester au loin. Tu devrais l’imiter.
- fiche lui la paix ! siffla Harry.
Mc Gonagall arriva, mettant temporairement fin à leur discussion. Drago Crabbe et Goyle entrèrent dans la salle, ravis du spectacle auquel ils venaient d’assister. Harry rejoignit Ron et poursuivit, à l’intention de Damien
- et rend lui sa baguette !
- oouuhhh ! Mais dites moi, Miss Je Sais Tout doit bien être assez grande pour venir la récupérer elle-même non ?
Mais la miss en question en avait profité pour se ruer dans la salle, honteuse et confuse. Elle retenait ses larmes et sa fureur à grand peine. Ce mufle la traitait comme si elle était une moins que rien. Ron avait raison, il n’avait fait que s’amuser de son trouble. Elle devait se méfier et ne pas se laisser manipuler. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire.
Ron, Harry et Damien pénétrèrent finalement dans la classe et prirent place. Le serpentard ne se trouvait pas à l’autre bout de la salle, mais Hermione fut rassurée par la distance convenable qui la séparait de lui. Cependant, elle n’avait toujours pas récupéré sa baguette.
-Bien ! commença le professeur.Bonjour à tous.
Les élèves lui rendirent son salut.
- aujourd’hui nous allons étudier un sort relativement complexe. Son intérêt principal réside en l’entraînement qu’il fournit pour pouvoir ensuite passer à des transformations plus utiles.
Elle fit apparaître dans l’allée centrale des blocs de glace d’une trentaine de centimètres, des herbes de toutes sortes et des fleurs aux couleurs chatoyantes.
- Vous allez donc apprendre à maîtriser le Crystalus. Quelqu’un sait-il de quoi il s’agit ? Miss Granger ?
Hermione reçut comme une décharge électrique en entendant prononcer son nom, mais elle ne supportait pas les railleries et le surnom de Miss Je Sais Tout inutilement, et répondit sans ciller :
- C’est un sort qui permet de transformer un simple morceau de glace en un objet de valeur. On peut également utiliser de l’eau, mais la glace est plus pratique pour débuter car sa tenue compacte facilite la transformation. Les sorciers les plus doués incorporent généralement, lors de l’opération, divers objets tels des pierres ou des plantes pour augmenter encore la préciosité de l’objet final, mais c’est un exercice très complexe.
- Merci miss Granger. Je vous accorde 10 points pour m’avoir épargné cette longue explication. A présent que tout est clair, continua-t-elle pour le reste de la classe, prenez un bloc de glace chacun et entraînez-vous à le transformer en ce qui vous plaira. Ceux d’entre vous qui s’estiment en mesure de tenter leur chance peuvent se servir également des plantes que j’ai mises à votre disposition, mais je doute que vous réussissiez, à quelques exceptions près, ajouta-t-elle en regardant Hermione, rougissante.
Chacun prit un bloc de glace et quelques plantes puis s’installa. Hermione se félicitait d’avoir choisi une place à l’avant de la classe, de telle sorte qu’elle n’eut pas à affronter le regard de Damien après le compliment de son professeur.
- Pour les indécis, ajouta-t-elle avec un regard appuyé vers Ron, je suggère la création d’une coupe en cristal. La formule à utiliser est la suivante : « crystOverra ».
Les formules résonnèrent alors dans la classe, tandis que le professeur passait entre les tables, prodiguant ça et là des conseils. Arrivée à la hauteur d’Hermione, elle s’étonna de ne voir aucun changement dans le bloc de glace posé face à la plus douée de ses élèves.
- Et bien ? y-a-t-il un souci ? demanda-t-elle en se penchant au-dessus du bloc de glace
- J’ai égaré ma baguette… rougit-elle
Mc gonagall haussa un sourcil, septique.
- Egaré, dites-vous ?
- Malefoy me l’a prise, bafouilla-t-elle dans un murmure.
Le regard de Mc Gonagall vira au noir. Narine pincée elle se redressa et, à la grande surprise des trois Gryffondors, interpella de suite le bon voleur.
- Malefoy, ragea-t-elle en le montrant du doigt. Rendez ce que vous avez pris à la seconde, je vous prie. Elle acheva sa phrase en dirigeant son index d'un mouvement sec vers Hermione.
Damien prit l’allée, sourire aux lèvres, et avança vers le devant de la salle. Hermione cherchait désespérément du regard un endroit où se blottir, pour s’éloigner au plus vite, mais n’en trouva pas. Malefoy lui fit bientôt face et sortit la précieuse baguette de sa poche en la lui tendant.
- tricheuse ! lui murmura-t-il en souriant avant de retourner s’installer au fond de la salle.
A peine dix minutes plus tard, Hermione avait face à elle une magnifique coupe à fruits. Son professeur constata la limpidité du cristal sans cacher sa fierté. Elle se tourna vers le fond de la classe où, comme à son habitude, Damien observait les élèves, et surtout Hermione, le menton callé dans une main, accoudé sur la table.
- Et bien ! Malefoy ! Jugez-vous que votre habilité en métamorphose puisse vous épargner un exercice d’entraînement ?
Drago envoya à nouveau des coups de coudes à Grabbe et Goyle, sourire aux lèvres, ce que Harry analysa comme un très mauvais présage.
- Pas du tout, professeur, dit Damien en se redressant. Mais j’aime beaucoup observer mes camarades pratiquer les sorts afin d’analyser la procédure et les erreurs à ne pas commettre.
- Voyez-vous ça… murmura Mc Gonagall en le fixant par-dessus ses lunettes. Et bien étant donné l’insistance avec laquelle vous avez observé la pratique de la meilleure élève de cette classe depuis le début du cours, je suppose que vous saurez à présent nous faire la démonstration de votre talent.
Le sourire de Drago s’élargit un peu plus tandis que Damien se dirigeait vers un bloc de glace sur lequel il disposa trois brins d’herbe et autant de pétales de roses rouge sang. Hermione fit des yeux ronds et murmura à Harry
- il va se planter ! l’herbe est le constituant le plus complexe à incorporer !
- cool ! répondit Harry, ne quittant pas Malefoy des yeux.
Mc Gonagall était également perplexe et visiblement agacée par l’aplomb dont le Serpentard faisait preuve mais elle le laissa poursuivre. Il se plaça face à elle et après lui avoir accordé un dernier regard, toujours accompagné d’un léger sourire il leva sa baguette
- CrystOverra !
Un lumière bleue topaze entoura le bloc de glace pour disparaître en laissant place à un calice éblouissant. Le cristal brillait et était transparent comme l’eau la plus pure. Le pied du verre était d’un vert émeraude soutenu, qui se dégradait en remontant en trois fine ligne torsadée sur la coupe. Trois rubis ornaient le haut de la coupe, répartis tout autour du verre, leur couleur rouge envoyant dans la salle des reflets scintillants. Le mariage de ce cristal parfait à ce vert et ce rouge rendait l’ensemble fascinant. La majorité des élèves ne masquèrent pas leur admiration, et le professeur elle-même observait, bouche bée, le résultat de la transformation.
Damien saisit le calice et, en le tendant à Mc Gonagall, déclara
- je serais honoré, professeur, si vous acceptiez ce modeste présent et si vous consentiez à l’utiliser pour votre usage quotidien.
L’interpellée releva les yeux, fixant l’étudiant qui lui faisait face. Elle semblait ne pas oser porter la main sur le calice, de peur de le voir disparaître au premier contact, tant il semblait irréel.
- s’il vous plait, insista Damien, prenez le.
Elle se décida enfin à approcher une main, ne quittant pas son interlocuteur des yeux. Une fois qu’elle eut saisi l’objet, elle retourna vers son bureau et annonça la fin du cours, en fixant le calice, comme hypnotisée.
- Potter !! et vous deux ! appela-t-elle dans un sursaut, en se tournant vers les trois amis. Demeurez ici, je vous prie, j’ai à vous parler. Acheva-t-elle en replongeant dans l’admiration du calice.
Les étudiants quittèrent la salle dans un brouhaha hors du commun, commentant les uns les autres ce qu’ils venaient de voir. Hermione restait figée, observant toujours le calice dans les mains de sa directrice tandis que Ron et Harry l’avait rejointe, derrière son bureau. Elle finit par tourner la tête en direction de la sortie et s’aperçut que Malefoy était toujours là. Il ne semblait d’ailleurs attendre que ce moment pour s’adresser à elle. Hermione n’en crut pas ses yeux en le voyant lui tirer légèrement la langue.
- encore des progrès à faire hein ? railla-t-il, je serais ravi de te donner des cours particuliers.
Il acheva sa phrase avec une légère révérence avant de quitter la pièce en riant doucement, plantant là une Hermione cramoisie et furieuse. Il avait un don pour la mettre hors d’elle. Sa voix restait toujours calme et douce, malgré la moquerie, ce qui la désemparait toujours. On était loin du ton sec et mordant de Drago. Damien employait un ton plus taquin que moqueur et Hermione, une fois de plus, ne su pas comment l’interpréter.
- Miss granger, l’interpella le professeur.
Hermione se retourna pour se diriger vers elle. Notant la teinte rouge vif de son élève, elle ajouta
- Vous n’avez pas à rougir de vos capacités. Ceci est tout simplement…elle marqua une pause en regardant à nouveau le calice ... Remarquable. Je ne sais si moi-même je parviendrais à… enfin….
Hermione ne rougissait pas du tout de ses capacités, mais elle se garda bien de tout commentaire.
Mc Gonagall tenait sa baguette mi-levée, comme si elle hésitait à tenter à son tour l’expérience. Harry eut la désagréable impression qu’elle ne s’y risqua pas uniquement par crainte de ne pas faire mieux qu’un étudiant face à ses élèves.
- Je vous ai demandé de rester car j’ai à mettre au point quelque chose avec vous, jeunes gens. Monsieur le directeur m’a fait part de son idée de reformer l’AD et de vous en donner la charge.
Les trois amis regardèrent le bout de leurs chaussures, gênés.
- Je tiens donc à ce que vous sachiez que vous avez mon entier soutien, et qu’en cas de besoin vous pouvez faire appel à moi. Mais je tiens aussi à ce que vous n’oubliez pas de quelle maison vous faites partie, et que je serais courroucée si vous enfreigniez des règles importantes.
- nous n’utiliserons aucun sort interdit, professeur. Déclara Harry qui saisissait fort bien le sens de cet avertissement. Nous nous contenterons de revoir ce que nous avons appris en cours, tout simplement.
- Bien, vous m’en voyez ravie. Autre chose, Potter. Vous aurez bientôt à apprendre un sort de protection. Le professeur Dumbledore vous en a fait part, je suppose ?
- oui
- Je vois… Savez-vous qui vous dispensera cet apprentissage ?
- pas du tout. Je pensais que le directeur s’en chargerait lui-même.
- et bien non, Potter…
- mais alors qui ?
- justement… j’aimerais bien le savoir…
Mc Gonagall fixa Harry ; son hésitation à poursuivre était visible à l’œil nu.
- dites-nous, professeur... hasarda Hermione
- et bien… je ne sais qu’une chose : celui ou celle qui vous apprendra ce sort est un parent d’Albus Dumbledore.
Le trio écarquilla les yeux d’un air ébahi.
- un parent ? son fils ???
- peut-être, monsieur Weasley, je ne saurais vous le dire. J’ignore s’il a un fils. Le directeur évoque très rarement sa famille, et pour cause. Les personnes qui lui sont chères seraient des cibles parfaites pour celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom.
Mc Gonagall fixa à nouveau le calice et le prit en main.
- Je suis inquiète… très inquiète… Ce Malefoy n’a nullement besoin de parfaire son éducation et je me demande pourquoi Fudge nous impose sa présence…
Elle laissa sa phrase en suspend, semblant réaliser qu’elle en disait trop, face à de jeunes gens qui demeuraient avant tout ses élèves. Elle les congédia donc, retournant à la contemplation du cristal.
Les trois amis étaient fébriles ; dès qu’ils eurent rejoint la salle commune des Gryffondors, ils s’assirent à l’écart. Chacun d’eux attendait de voir ce que les autres avaient à dire, et comment ils analysaient les paroles de leur directrice de maison.
- elle avait déjà cet air inquiet, lorsqu’elle nous a exposé les faits à Hagrid et à moi avant la rentrée. Commença Harry
- j’en ai froid dans le dos… souffla Ron. D’habitude le danger reste extérieur à Poudlard. Finalement on se fait peut-être des idées. Malefoy n’est peut-être là que pour espionner Dumbledore, pas toi, et attendre la venue de son fils, ou je ne sais qui…
- et pourquoi Fudge créditerait-il une chose pareille ? interrogea Hermione, sceptique.
- C’est vrai, continua Harry, mais il faut reconnaître qu’on a rarement eu à se frotter à Malefoy, bizarrement. Mais Mc Gongagall a raison : il n’est pas là par hasard. Et si ce n’est pas pur moi, c’est certainement pour autre chose.
Hermione reprit une teinte rosée, qui fit sourire son ami.
- Fudge a reconnu son erreur, poursuivit Ron, mais quand même. Il était très copain copain avec Malefoy... Lucius. Si ça se trouve l’autre le tient en son pouvoir ! Malefoy semble doué pour jeter ce genre de sort…
- Oui ; ça a coûté la vie à Moroz, l’an passé. Ajouta Hermione. On a tout intérêt à rester prudents. Souviens-toi Harry, de ce que Dumbledore t’a dit avant l’été : Voldemort se serait servi de ce point faible si il avait perçu entre toi et Dumbledore un lien trop fort. Et là… les partisans de Voldemort, si il cherche ce parent de Dumbledore qui, en plus, te donnera des cours, doivent être persuadés que nous connaissons son identité.
- Et toi, Miss Je Sais tout, sourit Harry tristement, tu es la source d’informations la plus inépuisable qui soit, c’est bien connu…
Aucun des trois ne trouva plus d’autres théories à analyser. Hermione était chamboulée d’avoir vu l’un de ses professeurs préférés dans un tel état de trouble et elle était plus convaincue que jamais de la nécessité de rester le plus loin possible de Damien.
Samedi soir arriva sans que Harry ne sache où le temps s’était enfui. L’AD se retrouva presque au complet devant les portes de la salle de duels une heure plus tôt que prévu. Après des sourires complices, ils entrèrent donc sur leur nouveau terrain d’entraînement. Neville et Ginny montaient déjà sur l’estrade centrale, pressés de commencer.
- tu sais Harry, je crois que Neville et moi pourrions aussi aider, pour expliquer les sorts les plus simples. Déclara la jeune fille, hésitante. Ça vous permettrait à tous les trois de vous concentrer sur les exercices plus complexes.
Harry trouva l’idée très bonne, soulagé de pouvoir compter sur deux assistants de plus.
Tout comme pour les cours de duel, seuls les sixième et septième année étaient autorisés à participer le samedi soir à cet entraînement. Cependant, Harry ne savait pas combien d’élèves se présenteraient. Ils furent bientôt plus d’une cinquantaine à se présenter et Hermione envisagea, pour la séance suivante, de mettre en place des créneaux horaires, afin d’alléger les effectifs.
Un groupe de septième année ne semblaient venus que pour une chose : apprendre a créer un patronus. Harry expliqua donc la théorie et fit une démonstration. Les étudiants ouvraient des yeux ébahis et semblaient convaincus de ne pas pouvoir réussir. Harry demanda donc aux anciens membres de l’AD de lancer ce sort, afin de prouver qu’il était à la portée de tous. La loutre argentée d’Hermione gambada bientôt autour de l’estrade.
La jeune sorcière dû vaincre son trac à plusieurs reprises et monter sur l’estrade, à tour de rôle avec Ron, pour aider Harry dans ses démonstrations. Elle éprouvait alors, face à son ami, un vertige égal à celui qu’Harry ressentait en enfourchant son balai. Tout, autour d’eux, disparaissait. Le jeune sorcier était impressionné par les prouesses de sa camarade, fier de penser qu’il avait aider à la mener jusque là.
Deux heures plus tard, tous décidèrent d’en rester là et d’organiser la prochaine soirée plus sérieusement, pour éviter la cohue. Hermione nota à leur sortie les noms de ceux qui envisageaient de fréquenter régulièrement cette salle, et les horaires qui leur conviendraient. La salle se vida peu à peu. Harry et Ron décidèrent de partir en avance : Ron en profiterait pour faire un tour de couloirs et vérifier que les étudiants étaient tous à leur dortoir, ce qui permettrait à Hermione, une fois sa liste achevée, de rentrer directement à la tour des Gryffondors, où ils l’attendraient.
Une dizaine d’élèves restaient encore, s’entraînant à des sorts mineurs. Hermione balaya la salle du regard. De l’autre côté de l’estrade, Malefoy, éternellement adossé au mur, la fixait. Elle ne l'avait pas vu pénétrer dans la salle durant la soirée et ignorait depuis quand il se trouvait là.
Elle sentit un bloc de glace lui tomber au creux de l’estomac. Il se transforma soudainement en braise ardente lorsque Damien lui sourit. La sorcière sentit son cœur se serrer en voyant qu’une belle jeune fille blonde se blottissait sur le torse du Serpentard. Celui-ci gardait toujours les mains dans les poches tandis que l’étudiante, telle une sangsue, se cramponnait à lui. Elle finit cependant par s’éloigner à l’appel de ses amies et passa la porte, l’air supérieur.
Damien fit un pas en avant vers Hermione, qui se hâta de ranger ses affaires pour sortir au plus vite. Avant qu’elle n’ait pu achever son plan de retraite, il était à côté d’elle
- et bien, ma petite loutre, tu m’as l’air bien pressée… lui murmura-t-il
- c’est le moins qu’on puisse dire ! Rétorqua-t-elle d’une voix cassante, décidée à ne plus s’en laisser compter. Moins je te vois, mieux je me porte.
Damien ne cacha pas sa surprise de la voir ainsi réagir. Il se mit à rire de bon cœur devant l’attitude d’Hermione et la laissa filer vers son dortoir.
« Ma petite loutre »… pour qui il se prend celui-là ? Grommela Hermione. « non mais vraiment » soupira-t-elle en passant devant la grosse Dame, le teint virant au rose, pour la énième fois de la semaine.
Noël était presque là. A peine quatre mois que la rentrée avait eu lieu, mais Harry et ses amis avaient déjà beaucoup progressé. Ils assistaient régulièrement au club de duel, et l’AD remportait un succès considérable. Les entraînements ne manquaient donc pas, ni les occasions de se trouver nez à nez avec l’un ou l’autre des Malefoy. Ron remarqua très justement que les deux frères se fréquentaient peu. Cependant, Drago se sentait fort et sa hargne se décuplait chaque fois qu’il se trouvait en sa compagnie.
Il faisait sans cesse des remarques désobligeantes, détournant les lettres AD en « Aide aux Débiles », « Antre de la Débauche », « Association de Dégénérés » et autres joyeusetés. Damien semblait beaucoup apprécier la troisième version, et interpellait parfois les membres les plus « officiels » de l’AD par ce terme de « dégénéré » en riant aux éclats. Etrangement, ceci ne semblait pas vexer outre mesure ceux qui étaient pris à partie. En effet, il s’agissait toujours d’étudiants qui, d’autre part, entretenaient avec lui des relations cordiales et qui riaient avec lui de ce surnom dévalorisant.
Deux semaines avant noël, le directeur annonça l’arrivée prochaine, comme prévu, d’étudiants de tous horizons. Il demanda à ce qu’un accueil chaleureux leur soit réservé et pour montrer l’exemple, un bal fut mis à l’ordre du jour.
- arfff !!! Va falloir remettre ça ! grimaça Ron. J’espère que ce coup-ci on ne sera pas tenu d’être accompagné !
Son espoir fut récompensé. Dumbledore expliqua que chacun pouvait venir seul ou non, mais que pour agrémenter un peu la fête, il leur serait attribué à chacun un anneau aux couleurs de leur maison. Les étudiants eurent un « ooh » d’exclamation en voyant apparaître au fond de leur verre une bague scintillante, ornée d’un discret rubis, pour les Gryffondors. La plupart des garçons accrochèrent l’anneau d'or à une chaîne, autour de leur cou, tandis que les filles se hâtèrent de l’enfiler à leur doigt.
L’anneau s’adaptait automatiquement à leur morphologie et Hermione remarqua, avant de passer le sien, qu’à l’intérieur était gravé son nom ainsi que sa classe. Elle sourit en repensant aux alliances de ses parents, qui avaient elles aussi des gravures similaires.
-Ainsi, continua Dumbledore, vous pourrez soit garder cet anneau, signe d’un nouveau départ, soit l’échanger avec votre partenaire. Dans tous les cas, il vous aidera, chaque fois que vous le regarderez, à vous souvenir qui vous êtes et de quelle école vous faites partie.
Harry trouva l’idée bonne. Cet anneau commun serait un peu comme les maillots d’une équipe de quidditch. Il serait un lien, il fédérerait entre eux les étudiants, leur donnant le sentiment de faire partir d’un même groupe.
Les cours qui suivirent furent légèrement perturbés par l’effervescence générale. Certains professeurs parvinrent cependant sans peine à maintenir l’ordre et le silence dans leur cours. Ron était en train d’expliquer à Ginny la façon dont Rogue avait tout naturellement rendu leur calme et leur sérénité aux étudiants. La jeune sorcière riait aux éclats lorsque Neville s’approcha d’eux. Il s’adressa à Hermione :
-tu sais ce que c’est toi, un patromagus ?
- ah ! coupa Ginny, une fille de septième année m’en a parlé durant l’AD quand on s’entraînait pour le patronus.
Hermione dû avouer son ignorance sur ce sujet, chose exceptionnelle, et Neville continua.
- on en a entendu parler en histoire de la magie.
Ron et Harry avaient été soulagés, à la rentrée, de ne pas avoir à continuer cet enseignement, vu leurs résultats désastreux aux buses. Hermione aurait pu, bien entendu, mais l’idée d’abandonner l’arithmancie ou la défense contre les forces du mal pour pouvoir assister au cours du professeur Binns lui avait fort déplue. Neville seul assistait donc à ces cours.
- Le professeur a dit que c’était des sorciers très puissants et qu’il en existait peu. Ils sont répertoriés et classés dans le plus grand secret, pour leur éviter d’avoir à subir les attaques d’uluberlus qui souhaiteraient tester leurs propres capacités.
- ok.. et ? pourquoi tu nous dis ça ? demanda Ron, surpris
- bah en fait, il a fait allusion à Dumbledore, dit Neville en rougissant. Quelqu’un qui lui est proche en est un, si j’ai bien compris
- qui ???? demandèrent Harry et Ginny en même temps en s’avançant sur le bord de leur fauteuil.
- bah justement, je sais pas, j’écoutais pas… continua Neville, rouge de honte sous le regard réprobateur d’Hermione. J’ai juste vu une liste et je sais que son prénom commence par un M ! acheva-t-il en retrouvant son sourire, fier comme s’il venait de résoudre la plus grande énigme de l’histoire.
- un M ? questionna ginny
- oui, j’ai vu les initiales ; assura Neville
- ça nous aide, grommela la jeune sorcière en secouant ses longs cheveux roux.
- Et ils font quoi de particulier, ces patromagus ? demanda Harry
- aucune idée, se rembrunit Neville
- moi je sais ! sursauta Ginny. En fait on les appelle Patro Magus pour Patronus et Animagus ; tout simplement ils se transforment en l’animal qui correspond à leur patronus. Comme si toi, Harry, tu te transformais en cerf, ou Hermione en loutre. La fille de septième année dont je vous ai parlé semblait avoir hâte de connaître son patronus pour ensuite devenir animagus et se rendre compte… y’en a qui doutent de rien. Ajouta-t-elle en riant.
Hermione s’imagina se transformant en loutre et envisagea l’attitude de Damien si il voyait ça. Elle chassa cette image de ses pensées. Elle n’avait pas besoin de se transformer en loutre pour être la cible de moqueries !
- et Binns en a parlé durant son cours ? interrogea Harry ; il a mentionné Dumbledore ?
- oui oui !! acquiesça Neville en secouant la tête nerveusement. C’est ce qui m’a réveillé. Ses oreilles virèrent à nouveau au rouge lorsqu’il entendit Hermione soupirer d’indignation. Ça a eu l’air de beaucoup intéresser Malefoy d’ailleurs. Pour une fois il a ôté son menton de ses mains et il a écouté le cours.
Harry regarda tour à tour Hermione et Ron, ce qui n’échappa pas à Ginny.
- tous les trois, je pensais que Neville et moi vous avions déjà prouvé que nous pouvions être de quelque secours, reprocha-t-elle. Que cachez-vous ?
Harry interrogea ses amis du regard et devant le signe approbateur de ces derniers, il exposa le peu d’informations qu’ils avaient à Neville et Ginny. Tous deux poussèrent un soupir en se déclarant ravis de savoir ceci.
- au moins ça nous évitera d’être trop bavards en présence de certaines personnes.
Harry était furieux.
- C’est chaque fois pareil ! Dumbledore ne veut rien expliquer à quiconque et ça provoque des catastrophes ! Si il avait exposé les faits aux professeurs, aucun ne commettrait ce genre d’impair en présence de Malefoy ! ragea-t-il.
Il ne restait plus qu’une semaine avant noël. Peu d’étudiants avaient choisi de rentrer chez eux, préférant assister au bal. L’AD bénéficiait d’une organisation impeccable et Harry regardait d’un air satisfait ses camarades occupés à lancer toute sorte de sort à la ronde. Un soir, il vit entrer Damien et décida de ne pas le quitter des yeux. Il était déterminé à maintenir une distance sécurisante entre lui et Hermione.
Harry n’était pas dupe ; il savait bien que malgré tous les efforts qu’elle faisait, Hermione restait sensible au charme du serpentard, et comment lui en vouloir lorsqu’on savait quel effet il produisait généralement chez les filles, et quelle insistance il mettait à s’approcher de la Gryffondor.
Il demanda donc à son amie, qui n’avait pas aperçu le nouvel arrivant, de monter le rejoindre sur l’estrade et de remplacer Ginny, avec laquelle il s’entraînait jusqu’alors. Ils firent tous deux démonstration de leur talent durant de longues minutes. Hermione se trouvait ainsi à l’abri de Damien, qui n’oserait sans doute pas grimper jusqu’à eux, pensait Harry. Il se trompait lourdement.
Le jeune homme blond escalada l’estrade et se plaça face à Harry.
- bien Potter, il serait temps de te mesurer à autre chose que des fillettes. Dit-il en affichant un sourire moqueur qui provoqua le gloussement de la gent féminine.
Harry les fit taire d’un regard. Malefoy se tourna vers Hermione qui descendait discrètement de l’estrade et ajouta
- désolé petite loutre, je t’emprunte ton fiancé. Je ne l’abîme pas trop, promis
- ce n’est pas son fiancé ! s’indigna Ginny, au pied de l’estrade.
- oh ?! Damien leva un sourcil interrogateur. Dans ce cas… Potter, si je te bas, tu me prêtes ta copine pour le bal de Noël ?
- Hermione est bien assez grande pour décider ça toute seule ! pesta Harry
- bah ! Il semble que non ! Elle perd sa langue dès que j’approche et cours se réfugier derrière toi, alors.. Oui ou non ?
- certainement pas.
Damien fit une moue enfantine en ajoutant
- t’es pas drôle, Potter. Mais j’obtiens toujours ce que je désire donc… je vais te battre et j’emporterai la bague de Granger en guise de trophée.
A ces mots, il plaça sa baguette devant son visage avant de la rabaisser d’un coup sec. Il fit volte face et compta dix pas, imité par Harry qui ne voyait pas trop comment éviter la confrontation.
Harry prit alors conscience de la situation dans laquelle il se trouvait. Cet arrogant Malefoy faisait pâlir McGonagall, il en connaissait plus que quiconque dans cette pièce sur les sorts, il l’aurait parié, et il était là, face à lui, prêt à lui jeter n’importe quelle horreur à la figure.
Et s’il lui faisait exploser le globe oculaire, comme il l’avait dit il y a peu de temps à Ron ? Harry tressaillit en faisant face à Malefoy. Celui-ci lui rappela étrangement le directeur par la puissance tranquille qui émanait de lui. Il comprit mieux que jamais pourquoi Dumbledore craignait de le voir s’approcher d’eux. Une fois de plus, il s’était mis dans une situation complexe.
Damien mit rapidement fin à ses considérations. Avant même qu’Harry ait pu ouvrir la bouche, un expelliarimus retentit dans la pièce et la baguette de Harry atterrit directement dans la main libre de Malefoy.
- pffiou, y’a du boulot. Dit celui-ci dans une grimace.
Harry se maudissait intérieurement d’avoir été si stupide. Il avait manqué de concentration ! Lui qui avait échappé plusieurs fois à Voldemort se trouvait désarmés par un sorcier à la petite semaine. Le parterre d’étudiants était resté muet, comme attendant la suite, déçu que tout se soit passé si vite. Un étudiant finit par parler, la déception se sentait dans sa voix
- ah… un expelliarimus…
- banal
- prévisible
- ... mais efficace. Acheva un dernier.
- Et quoi !!! s’exclama Damien. Vous vous attendiez à ce que je fasse sortir un basilic de ma baguette ?!
La salle frissonna et certains étudiants poussèrent des jurons d’indignation.
- la prochaine fois, promis... ajouta Damien, tout sourire en s’inclinant légèrement.
- Prétentieux arrogant ! siffla Ron
Mais Malefoy ne répondit pas ; il scrutait déjà la pièce du regard, à la recherche d’Hermione qui se pelotonnait dans un coin, près de Ginny. Cette dernière lançait des regards assassins au Serpentard qui approchait, tandis que la plupart des élèves quittaient la salle. Damien parut très amusé par l’attitude de la jeune fille et se mit à rire en la voyant sortir sa baguette.
- Allon allons ! Me voila armé de deux baguettes ! Tu ne penses tout de même pas me vaincre dans l’état d’énervement où tu te trouves ?
- rends sa baguette à Harry, siffla-t-elle.
- je veux la bague en échange ! C’était convenu comme ça
- RIEN DU TOUT ! explosa la jeune fille, ses cheveux roux semblant scintiller sous l’effet de la colère. Il n’y a rien de convenu ! Tu ne crois tout de même pas qu’on va se plier à ta volonté si facilement ?! Rends la baguette !!!
Damien fit des yeux ronds et se tournant vers Harry, il lui lança sa baguette.
- Mazeeette ! Elle a du caractère la rouquine ! Méfie toi Potter, elle va te dresser ! rit-il
Ron étouffa un rire, à la grande surprise de Neville qui se trouvait près de lui.
- Bien ! Passons aux choses sérieuses ! continua Malefoy en se tournant vers Hermione, qui semblait avoir perdu 15 centimètre en deux heures.
Trois bruits secs firent se tourner les regards : l’ombre de Dumbledore se dessinait dans l’embrasure de la porte et tous se turent lorsqu’il eut claqué des mains.
- Jeune gens, les horaires autorisés pour vos soirées d’entraînement sont largement dépassés. Vous devriez aller vous coucher, si vous souhaiter pouvoir profiter demain de votre journée de repos
Hermione poussa un soupir de soulagement qui parvint jusqu’aux oreilles du directeur. Celui-ci esquissa à son tour un sourire et Harry eut la conviction qu’il n’avait rien raté de leur conversation.
- ne compte pas t’en tirer si facilement toi ! renchérit Damien en se tournant vers elle, le ton moqueur.
- Y aurait-il un problème, Miss Granger ? questionna Dumbledore
- oui, hasarda-t-elle sous le regard médusé de Malefoy. Il veut me prendre quelque chose que je ne veux pas lui céder, ajouta-t-elle en le désignant du menton
- tricheeuuuse !!! murmura Damien en retenant un rire. Ça fait deux fois !! La prochaine, je m’arrangerai pour qu’aucun professeur ne puisse venir à ton secours ! Seuls les Serpentards devraient être autorisés à filouter de la sorte. Acheva-t-il à haute voix en quittant la pièce.
Dumbledore soupira profondément, mais Harry ne sut pas ce que cela signifiait. Pas du soulagement, il l’aurait parié. De l’amusement ? C’eut été surprenant…
Les cinq Gryffondors retournèrent ensembles dans la salle commune, silencieux. Ils s’affalèrent sur les fauteuils et après un moment de silence, Neville commença
- il en a vraiment après toi, Hermione…
- Tu parles ! Il fait son malin ! sifflait Ginny. Tout prétexte est bon pour nous humilier ! et il n’a rien trouvé de mieux pour cela que de tenter de séduire Hermione ! il pourra faire le beau ensuite et chanter partout qu’aucune fille ne lui résiste !
La jeune concernée s’enfonçait dans son fauteuil inexorablement. Elle finit par prendre congé de ses amis sans pouvoir articuler un mot. De longs filets humides barraient ses joues. Ginny regretta amèrement ses propos, prenant conscience de la douleur de sa camarade. Elle s’apprêtait à la rejoindre dans leur chambre mais Harry la reteint.
- mais vous pensez qu’elle l’aime ? demanda –t-elle, interloquée. Aucun des garçons ne répondit. Ils se contentèrent de baisser la tête, la mine sombre.
- Et dire qu’au début, j’ai pris sa défense contre elle... murmura Ginny.
Le lendemain matin, Hermione se réveilla alors que le soleil était déjà haut. Elle se leva, un peu étourdie, et ouvrit la fenêtre de sa chambre pour y laisser entrer l’air frais de décembre. Le ciel était bleu pâle, sans nuage, et Hermione cligna des yeux, éblouie par les reflets des eaux du lac. Ginny avait déjà quitté la chambre, ainsi que toutes les autres Gryffondors. Il devait être assez tard, songea-t-elle. Elle fit sa toilette rapidement et enfila jupe et pull avant de fouiller dans son armoire, à la recherche d’une cape propre. Lorsqu’elle se retourna, elle poussa un cri de surprise. Damien la fixait de ses yeux d’un bleu plus intense que jamais.
- Collaporta. Murmura-t-il, et la porte de la chambre émit un bruit sourd qu’Hermione connaissait bien. Toute retraite lui était impossible. Ses jambes commençaient à faiblir. Et s’il venait jusqu’ici pour autre chose que cet anneau ? La questionner ? La tuer peut-être. Elle ferma les yeux, retenant les larmes qu’elle sentait monter dans sa gorge.
L'indignation de Minerva by Morgane
- Comment es-tu entré ici ? murmura-t-elle en rouvrant les yeux dans un soupir qui signifiait qu’elle capitulait définitivement. Les escaliers sont impraticables pour les garçons, et tu n’es pas censé connaître le mot de passe.
- j’ai quelques astuces… sourit le serpentard. Lui prenant les mains, il examina ses doigts dépourvus de tout anneau et refit la moue enfantine qu’Hermione lui connaissait bien, à présent. Tricheuse ! susurra–t-il. Toujours tu triches ! Où est cet anneau ?
Hermione trouvait sa voix douce comme une caresse. A nouveau elle se força à ne pas laisser les larmes couler. Des bruits de pas retentirent derrière la porte.
- si tu dis que je suis là, on croira que tu m’as donné le mot de passe, anticipa Damien sans la quitter des yeux.
Hermione n’émit pas le moindre son. Elle doutait même d’être capable d’articuler un seul mot et sentait que bientôt elle ne pourrait plus retenir ses pleurs.
- Je ne te donnerai pas cet anneau, je n’irai pas au bal avec toi… tu ne mérites même pas ta victoire, tu as pris Harry par surprise, sans lui laisser le temps de se préparer.
- Et après, répondit-il calmement, comment crois-tu que ça se passe à l’extérieur ? Penses-tu que la coutume soit de compter à rebours et d’annoncer quel sort on va jeter et quand ? Non, ça ne se passe pas comme ça….
Sa voix restait douce et calme. Hermione aimait cette voix, comme elle aimait écouter le bruit d’une rivière qui coule lentement entre les rochers. Elle lui rappelait ses excursions dans les Pyrénées, ces si belles montagnes françaises qu’elle ne reverrait sans doute pas, et ses longues escapades où, enfant, elle s’amusait à imaginer la rivière chanter.
- je sais comment ça se passe ! Ma vie ne se résume pas à la bibliothèque et aux classes de ce château. Finit-elle par articuler d’un ton las.
Damien souriait face à elle, l’air incrédule, et Hermione en éprouva une farouche colère. Elle avait envie de lui faire mal, de le « remettre à sa place » puisque c’était ce qu’il avait réclamé, quelques semaines auparavant.
- j’ai déjà combattu, à l’extérieur. Et est-il besoin de te rappeler que j’ai même aidé à mettre ton père sous les verrous ? Même s’il s’est enfui depuis…
- pardon ? Damien avait eut un sursaut lorsqu’elle avait nommé son père. Il s’était légèrement reculé, et ses yeux n’étaient à présent que deux fines fentes sur son beau visage.
Hermione décida qu’il était trop tard, à présent. Il allait la détester et le lui faire savoir. Plus aucun doute ne serait possible. Il n’y aurait plus à se demander si il était manipulateur ou charmeur, jamais…
- j’étais au ministère lorsque Voldemort est apparu et que ton père a été emporté à Azkaban avec d’autres mangemorts.
- ah… Lucius… murmura Damien. N’abordons pas ce sujet je te prie. Pas ici, pas aujourd’hui.
Son attitude s’était quelque peu rafraîchie et il regarda Hermione quelques instants sans parler ni bouger.
- Et bien ? Faudra-t-il que je finisse par te lancer un sort pour que tu me donnes cet anneau ?
Hermione ne savait plus que penser. Elle se sentait vidée de toute force, ne désirant qu’être seule et ne plus se questionner à son sujet. Qu’il était loin le temps où l’élève modèle n’avait pour soucis que ses examens de fin d’année. Le retour de Voldemort avait bien sûr annoncé des changements dans leurs vies, mais Hermione ne s’était pas attendue à ceux là.
Damien la tira de ses méditations en approchant d’elle.
- je veux cet anneau, murmura-t-il.
Hermione répondit par la négative en hochant la tête.
- embrasse moi
Elle répondit de la même manière, sans ciller, ce qui fit rire le serpentard.
- tu ne m’écoutes pas !
Et c’était vrai. L’esprit d’Hermione était totalement embué, comme perdu dans le brouillard. Lorsqu’elle se ressaisit et réalisa ce que le sorcier venait de lui demander, ses joues prirent une teinte rose vif
- et puis quoi encore ?! bougonna-t-elle
- C’est mieux !!! se mit à rire Damien, beaucoup mieux ! Alors je répète à présent que tu es de retour par ici. Je veux ton anneau et je veux aussi un baiser. Et si je ne les ai pas tous les deux, je t’assure que je ferai en sorte qu’aucun autre que moi ne les ait.
Elle aurait voulu le gifler. Son arrogance la mettait hors d’elle, mais elle éprouvait un désir encore plus ardent de l’étreindre et de s’abandonner dans ses bras. Il posa sa main à la naissance de son cou, caressant sa joue.
- pourquoi pleures-tu ?
Elle ne s’était pas aperçue que ses larmes coulaient malgré elle.
- je suis fatiguée, Malefoy. Lassée de ton petit jeu. Prends cet anneau et disparaît.
- tu oublies une chose. Murmura-t-il en se penchant vers elle.
Cette fois-ci, il ne se contenta pas de lui voler un simple baiser mais l’embrassa passionnément. Hermione battait pathétiquement des bras, serrant et desserrant les poings, luttant contre l’envie de le serrer contre elle, de toutes ses forces.
Mais Damien l’enlaça de son bras libre et la serra contre lui. Il couvrait son visage de baisers et plongea ses lèvres dans son cou, lui tirant des frissons que la jeune fille n’avait jamais eu l’occasion d’éprouver. Vaincue, elle passa ses bras sous sa cape et s’abandonna à lui. Elle sentait sous ses mains la chaleur de sa peau à travers sa chemise, plaquait ses paumes contre son dos, dans un désir insurmontable de l’avoir, rien qu’à elle.
- je te déteste, sifflait-elle, amère ; si tu savais comme je te hais !
- je n’en doute pas une seconde, sourit-il en s’éloignant d’elle. Mais j’obtiens toujours ce que je veux, tu vois ? Accio Anneau !
Le bijou tant convoité sauta de la poche d’Hermione dans la main du Serpentard.
- un de ces jours, Granger, tu seras à moi ! Et tous tes efforts n’y changeront rien.
Il avait retrouvé son assurance naturelle et souriait en passant la bague à son doigt quand la voix de Ginny retentit au bas des escaliers
- Hermioooooooooooone ! On file dans le parc ! Rejoins nous quand tu seras prête !!
- Et ! Une chose à ne pas oublier ! intervint Damien en retenant Hermione qui se dirigeait vers la sortie. Il lui passa son propre anneau au doigt avant qu’elle n’ait pu faire le moindre mouvement pour s’en défendre.
- ce petit anneau est envoûté ; si tu veux le retirer, il faudra te couper la patte, ma petite loutre. L’informa-t-il en affichant son éternel sourire radieux.
Hermione fit volte face et après avoir défait le sortilège qui bloquait la porte, descendit les escaliers quatre à quatre.
En arpentant les couloirs qui la menèrent au parc, elle tenta vainement de retirer l’anneau de son doigt. Elle grimaçait de douleur : plus elle tirait sur celui-ci, plus ils semblait se resserrer, mordant sa chair en émettant un sifflement.
Elle fit une halte dans les toilettes pour enduire son doigt endolori de savon et d’eau tiède, mais rien n’y fit. La bague ne bougea pas d’un millimètre.
Lorsqu’elle fixait cet anneau, il lui semblait que l’émeraude qui l’ornait lui lançait des regards accusateurs indignés. Mais une émeraude n’avait pas d’œil, et ne sifflait pas ! La jeune fille secoua vigoureusement la tête et résolut de subir cet anneau avec le plus de dignité possible, c'est-à-dire en le cachant sous des gants.
Elle remercia le ciel de ne pas être en été, et rejoignit ses amis.
Ceux-ci, cependant, ne furent pas dupes. Ils eurent tôt fait de déceler le trouble d’Hermione qui dut comme à l’accoutumé raconter son infortune avec moult détails.
Elle décida de jouer la carte de la sincérité et ne leur cacha pas non plus la façon dont elle avait capitulé face au Serpentard. Curieusement, le fait de « vider son sac » lui redonna du tonus. La rage de Ginny l’aida beaucoup, comme si Hermione avait pu se nourrir de sa colère, afin de se relever.
Harry commençait déjà à se diriger vers le château, près à en découdre, mais les filles l’en empêchèrent. Inutile d’entrer dans son jeu, décidèrent-elles, et Neville approuva vigoureusement, trop heureux de ne pas avoir à aller se frotter à Malefoy.
- on trouvera un autre moyen de se venger de lui. Siffla Ginny, qu’Hermione trouva inquiétante. Pour l’instant on va se contenter de ne surtout pas lui apporter ce qu’il cherche. Acheva-t-elle avec un regard appuyé sur Harry.
Un professeur semblait également chercher quelqu’un, dans le parc… McGonagall arpentait les rives du lac, le pas pressé et la mine sévère. Elle se dirigea vers la cabane d’Hagrid, entra après avoir donné trois coups secs, et ressortit presque aussitôt en claquant la porte nerveusement. Apercevant les Gryffondors, elle sembla hésiter, puis se dirigea vers eux, des éclairs au fond des yeux. Neville fit de gros efforts pour ne pas paniquer et s’enfuir en la voyant arriver à grandes enjambées. Seule la conviction d’être parfaitement innocent de tout crime lui donna le courage de rester avec ses amis.
La directrice de leur maison tenait serrée dans sa main blanchie par le froid un parchemin et lorsqu’elle fut assez près d’eux, Hermione reconnut sur celui-ci le cachet de l’école de Durmstrang. Elle l’avait déjà vu à de nombreuses reprises, puisqu’elle entretenait une correspondance régulière avec Victor Krum, qui y avait été élève. Dans un murmure, elle fit rapidement part de ce détail à ses amis, avant que McGonagall ne soit face à eux.
- Avez-vous vu le professeur Dumbledore ? demanda-t-elle d’un ton abrupt
Tous hochèrent négativement de la tête. McGonagall ne tenait pas en place ; elle semblait trépigner, passant d’un pied sur l’autre en serrant rageusement son courrier.
- Vous avez une urgence ? peut-être pourrions nous vous aider à le chercher… déclara Harry en se levant
- ça ira merci… Disons que je fais comme vous, Potter, dit elle devant le regard surpris de son élève. Lorsqu’on refuse de me répondre, je tâche de me renseigner par mes propres moyens, quitte à enfreindre quelques règles. Et ce n’est pas toujours positif…
- il y a un problème, professeur ? risqua Hermione
- OUI ! ragea McGonagall avant de se ressaisir.Je veux dire, non.. Rien qui ne vous concerne jeunes gens. Après un dernier regard, un peu plus appuyé sur Ginny et Neville, elle tourna les talons.
Elle se ravisa soudain et, se tournant vers le groupe en fixant Harry et en secouant au dessus de sa tête la lettre au sceau de la célèbre école, elle ajouta dans un sifflement où perçaient l’indignation et l’inquiétude :
- Il n’a JAMAIS posé un pied à Durmstrang !
Ginny, peu habituée à voir son professeur perdre ainsi ses moyens resta bouche bée de longues secondes. Lorsqu’elle eut retrouvé l’usage de la parole, elle demanda
- Mais de qui elle parle ?
- devine… grogna son frère dans une grimace.
La nouvelle tomba sur le petit groupe comme un seau d’eau glacée. Harry sentait l’inquiétude grandir en lui. Jusqu’à présent, il n’avait eu qu’à se soucier de sa propre sécurité, ou presque. Ses amis s’étaient toujours greffés à ses aventures, mais c’était la première fois qu’ils étaient véritablement et directement impliqués dans de tels dangers.
Malefoy décrivait autour d’eux de grands cercles qui semblaient se resserrer petit à petit, et Harry se sentait paniquer en sachant que, pour une fois, ce n’était pas lui que le requin visait, mais Hermione. Pour l’atteindre lui, ou bien le fils de Dumbledore... il ne savait guère ce qui se tramait mais il estimait que dans l’immédiat, Hermione était celle qu’il fallait avant tout protéger. Il décida donc de suivre son premier élan et se dirigea vers le château, talonné par les quatre Gryffondors qui n’eurent pas besoin de le questionner pour savoir où il se rendait.
- ne commet pas d’imprudence, Harry, murmura Ginny en passant la porte du château.
Hermione s’en voulait d’être la source de tant de tracas et Ron, s’en rendant compte, la rassura en accusant Malefoy de tous les maux, lui attribuant des noms d’oiseaux qui firent pâlir sa sœur de honte.
- Si maman t’entendais… dit-elle en se hâtant aux côtés des autres.
Ils n’avaient pas vu l’ombre d’un Malefoy et se dirigeaient à présent vers la grande Salle. En entrant, ils trouvèrent de nombreux étudiants, réfugiés à l’abri du froid et attendant le déjeuner.
Près de la table des Serpentards, un groupe de filles gloussait en jetant des regards pleins d’espoir vers un Damien impassible, plongé dans la lecture d’un livre épais. Hermione tressaillit en reconnaissant parmi elles la jolie blonde qu’elle avait déjà vu scotchée à Malefoy. Même si elle savait que leur relation avait cessé depuis, elle éprouvait à l’égard de cette « femelle » une franche antipathie.
Celle-ci semblait donner cours aux autres, qui l’écoutaient avec des yeux avides, entre deux ricanements.
Tandis que Harry, Ron et les autres se dirigeaient vers Malefoy, Hermione ralentit le pas et tendit l’oreille, curieuse de connaître le thème dont « dissertaient » les damoiselles.
- tu crois qu’il sortirait avec moi ?
- Ma foi, tu as tes chances, répondait la blondinette. Il aime les jolies filles et même si t’es jeune, t’es plutôt pas mal…
- Oh la laaaaaa ce que j’aimeraaaiiis !! répondait l’autre avec des cœurs dans les yeux, ce qui provoqua chez Hermione un rictus de dégoût . Il doit embrasser divinement bien ! ajouta-t-elle.
Hermione rougit de honte pour elle ! Avec quelle désinvolture ces filles parlaient de sortir avec quelqu’un ?! Elle-même aurait été incapable d’aborder un tel sujet si librement et si légèrement…
- Ouh la ! non ! intervint celle qu’Hermione baptisa « sangsue ». Il embrasse jamais ! Il dit qu’il aime pas ça ! Je me suis fait recevoir moi, quand j’ai essayé… annonça-t-elle en grimaçant. Et il aime encore moins qu’on lui touche les cheveux alors un conseil, si tu veux sortir avec, touche ni les lèvres ni les cheveux ! se mit-elle à rire
- bon… répondit la fille d’un air résigné. Tant pis, je me contenterai de toucher son joli peti…
o_O > Hermione fila à la vitesse du vent, livide d’indignation, volant au dessus du sol tel un détraqueur, décidée à mettre au plus vite le plus d’espace possible entre elle et ces dévergondées et surtout ! à ne pas imaginer la fin d’une phrase qu’elle avait mis tant d’ardeur à ne pas entendre.
Damien avait eu à subir les assauts de soupirantes ébahies voulant l'accompagner au bal une bonne partie de la matinée et semblait tout à fait satisfait de son sort, ce qui conforta Ron dans l’idée qu’il n’était qu’un rustre doublé d’un goujat prétentieux. Il ruminait sa sourde colère tandis que Harry, décidé à avoir une franche discussion, se postait devant Malefoy.
- j’ai à te parler. Annonça-t-il.
Damien releva la tête et haussa un sourcil faussement indigné.
- Oh nooon Potter ! je ne viendrai pas avec toi au bal ! N’y pense même pas !
Harry resta un instant muet de surprise et Neville pouffa de rire en imaginant son compagnon arriver bras-dessus bras-dessous avec Malefoy au réveillon de noël. Ginny se chargea de le ramener à la raison en lui écrasant le pied.
- J’ai à te parler sérieusement. Reprit Harry.
Damien replongea dans son livre après avoir observé quelques secondes le jeune sorcier et répondit d’une voix calme mais déterminée :
- Laisse tomber Potter. Il y a autant de chance pour que j’abandonne l’idée de venir à cette soirée accompagné de Granger que de me voir sortir avec Parkinson…
Et levant à nouveau les yeux vers lui, il ajouta
- c'est-à-dire aucune.
- Mais qu’est-ce que tu lui veux à la fin ?! s’emporta Harry, fiche lui la paix !
Damien posa son livre sur la table et se leva, provoquant chez Neville des tics nerveux. Ginny saisit sa baguette dans sa poche, sans la sortir, prête à lancer le premier sort qui lui viendrait à l’esprit en dépit de tous les témoins qui se trouvaient là et qui se tournaient peu à peu vers eux.
- Et toi, Potter ? qu’est-ce que tu lui veux ?
- moi je suis son ami, ce que tu n’es pas à la veille de devenir ! Et là n’est pas la question. Ton comportement relève du harcèlement !
- elle s’en remettra, murmura Damien en laissant apparaître un léger sourire. Je suis bien harcelé moi ! et je m’en sors plutôt bien non ?
Ron vira du blanc au rouge, puis du rouge au vert. Il était dans un tel état de rage qu’il semblait mâcher sa langue. Damien se mit à rire franchement en voyant l’attitude du jeune homme.
Harry et Ginny se croisèrent du regard et comprirent qu’ils avaient tous deux analysé la situation de la même façon. Malefoy se jouait d’eux, et pour l’instant, de Ron. Ses derniers propos n’avaient eu pour but que de faire bouillir le sang du Gryffondor.
- Allez ! soyez sympa. Reprit Damien en essuyant ses yeux embués d’avoir tant ri. Je promets de ne pas lui faire de misères et tout et tout. Et puis vous n’aurez qu’à nous surveiller de près, comme toujours.
- on ne surveillera rien, intervint Neville, stupéfiant tout le monde. Hermione ne viendra pas avec toi, c’est tout. Et que tu aies son anneau ou pas ne changera rien à l’affaire, vu la façon dont tu te l’es procuré.
- Alors ça mon bonhomme, c’est ce que tu crois. Répondit Damien.
Son sourire avait changé du tout au tout et déplut fort à Harry. Le Serpentard avait plus d’un tour dans son sac et surtout, il semblait avoir prévu le moindre détail. Pour couronner le tout, il avait déjà prouvé qu’il était capable d’envoûter un anneau. Peut-être avait-il prévu un sortilège qui obligerait Hermione à se plier à sa volonté ?
La discussion s’acheva sur une note sinistre lorsque les amis entendirent derrière eux la voix traînante de Drago.
- Tu vas sortir avec Granger ? interrogea-t-il en faisant une grimace de dégoût, ignorant les autres.
Damien lui lança un regard glacial qui tétanisa Harry et après s’être levé, avoir calé le livre sous son bras et prit la direction de la sortie, il répondit, sans un regard en arrière :
- N’oublie pas ce que je t’ai dit toi, si tu tiens à garder la tête sur les épaules.
Crabbe et Goyle eurent bien du mal à masquer leur surprise tandis que Ginny souriait devant le teint livide de Drago.Celui-ci se ressaisit rapidement.
- je serais toi, Weasley, je ferais moins la maligne. Si je t’expliquais le quart de ce que je «dois me souvenir», ton horrible tignasse rouge virerait au blanc ! siffla-t-il entre ses dents.
Les deux gorilles qui servaient d’amis à Drago écarquillèrent encore plus les yeux.
Les Gryffondors décidèrent qu’il était temps pour eux de s’éclipser. Ils rejoignirent Hermione qui les attendait un peu plus loin. Elle aurait donné cher pour avoir en sa possession les oreilles à rallonge de Fred et Georges, mais elle avait tout de même pu saisir la majeure partie des échanges avec les Serpentards.
Les cinq amis s’assirent à leur table, abattus. Chaque fois que l’un ou l’autre d’entre eux avait l’occasion de se trouver en présence de Damien, ils en ressortaient avec des interrogations en plus, mais jamais aucune réponse.
Bientôt des assiettes leur firent face, puis des plats délicieux qui leur firent oublier un peu leurs inquiétudes. Hermione, qui avait fini par « digérer » son angoisse et était fermement décidée à ne plus mettre ses amis dans l'embarras, rassura tout le monde en déclarant.
- je vais y aller avec lui, à ce bal. Et je resterai très prudente. Vous n’aurez qu’à ne pas me quitter des yeux…
- Ouais, vigilance constante. Ajouta Neville, laissant le reste de la bande perplexe.
- dis donc Neville ! tu as bien changé ! déclara Ron
Le jeune sorcier rougit d’aise, estimant qu’un changement dans son comportement ne pouvait être que positif, si on considérait sa couardise habituelle…
Harry leva les yeux vers la table des professeurs. McGonagall semblait avoir retrouvé son calme, assise à côté de Dumbledore. Elle avait cependant à présent un air absent, les yeux fixés dans le vide, regardant passer devant elle les plats et les élèves sans les voir. Au bout d’un certain temps, il s’averra qu’elle ne pouvait au contraire se tirer de la contemplation d’un magnifique verre, posé face à elle…
Harry croisa le regard de Dumbledore, qui regardait dans leur direction. Le vieil homme, accoudé à la table, croisait ses longs doigts fins sous son menton. Il adressa au jeune sorcier un sourire, suivit d’un clin d’œil discret. Harry pu lire dans ces yeux l’inquiétude de son protecteur ; une inquiétude voilée de mélancolie.
L’après midi s’écoula paisiblement. Harry, Ron et Ginny profitèrent de leur temps libre pour s’entraîner au quidditch, tandis que Neville et Hermione préféraient rester lovés sur de doux fauteuils, dans la chaleur de la salle commune, à feuilleter des livres dont les simples titres faisaient à Ron l’effet d’un somnifère puissant.
Dans la soirée, l’évènement tant attendu vint troubler leur léthargie. Ginny revint, écarlate et essoufflée d’avoir couru, et informa Neville et Hermione que Dumbledore avait convoqué Harry dans son bureau. Ron la suivait de près et tourna en rond entre ses amis assis et silencieux, rendus muets par l’angoisse de l’attente. Leur torture fut de courte durée. Harry les rejoignit moins d’une heure après et le sourire qu’il afficha en entrant leur fit pousser un long soupir de soulagement.
Il prit place parmi eux et expliqua que le directeur lui avait confirmé l’apprentissage prochain d’un nouveau sort de protection. Harry fit une grimace en ajoutant que malheureusement, il lui faudrait s’y préparer en s’entraînant d’ici là à l’occlumancie. Le seul point positif était qu’il aurait à le faire seul, sans avoir à subir les cours particuliers de Rogue. Il n’aurait qu’à vider son esprit de son mieux chaque soir, avant de s’endormir. Harry avait assuré à Dumbledore qu’il ferait de son mieux.
- et alors, et alors ?? questionna Ron, c’est qui qui t’apprendra ça ?
- là-dessus il n’a rien voulu dire, répondit Harry, déçu. J’ai demandé si c’était bien quelqu’un de sa famille. Il n’a pas eu l’air surpris de me voir connaître ce détail et il a confirmé.
- et c’est tout, aucun autre indice ? renchérit Neville. Tu lui as parlé pour le patromagus ?
- Mince ! j’ai complètement oublié ça ! cria Harry en frappant la table du plat de la main, furieux d’avoir pu omettre une chose pareille.
Neville se renfonça dans son fauteuil, pensif
- de toutes façon on se torture bien l’esprit pour rien ajouta Ginny. On finira par le voir arriver !
- j’aimerais bien savoir au moins son nom ! bouda Neville. Merlin peut-être ?
- Médéric, Mathieu, Marc, Maël, Maxime, Maglor, Malcolm, Marius, Marthy, Maurice,.. énuméra Ron en comptant sur ses doigts, sous les regards surpris de ses amis. J’y ai beaucoup réfléchi… avoua-t-il en souriant.
- Mylène, Marion, Maélïs, Margot, Mary,… ajouta Hermione
Harry eut un léger rire avant d’ajouter
- c’est vrai, rien ne nous dit que c’est un homme après tout. Moi c’est surtout son âge que je voudrais savoir. Hermione, tu ne penses pas qu’il serait possible de trouver quelque chose à la bibliothèque ? en cherchant sur les Patromagus ?
- j’essaierai, répondit-elle en haussant légèrement les épaules. Mais il y a des chances pour que tu saches pratiquer ce sort avant que j’aie pu trouver quoi que ce soit…
Après le dîner, chacun rejoignit son lit sans plus de commentaires à ce sujet. Hermione s’étendit sous les draps chauds, relevant sa couverture jusque sur son nez. Malgré la fatigue, elle eut du mal à trouver le sommeil. Sous les draps, à l’abri des regards, et même comme elle refusait de se l’avouer à l’abri de ses propres regards, elle joua longuement avec l’anneau à son doigt.
Elle parvenait à le faire tourner autour de son annulaire, à le déplacer légèrement, mais dès qu’il approchait de la phalange supérieure, il se resserrait indéfectiblement. Hermione eut la sensation que cet anneau jouait malicieusement avec elle : il ne mordait pas sa chair comme ça avait été le cas le matin même, mais semblait comprendre que la jeune fille s’amusait à le taquiner sans avoir nullement l’intention de l’ôter.
Hermione sortit finalement la main de son abri de coton et fixa l’anneau, brillant malgré la pénombre, éclairé par un faible rayon de lune. Elle repensait, rougissante, à la discussion qu’elle avait surprise entre les jeunes filles, dans la grande salle, et aurait presque ri de sa gène de jeune effarouchée ; elle poussa un long soupir : de toute évidence, elle n’avait pas l’aplomb et la sûreté de toutes ces belles étudiantes. Malefoy devait avoir une raison bien précise de s’intéresser à elle, alors que tant de jolis minois lui faisaient les yeux doux, songea-t-elle tristement.
Pourtant, un détail la hantait : la « sangsue » avait dit que Damien n’aimait pas être embrassé… mais elle ! il l’avait embrassée… Et ça n’avait pas eu l’air de lui déplaire. Une bouffée de chaleur l’envahit, et Hermione tenta de trouver refuge, loin de ses propres pensées, en s’enfouissant sous les draps.
La semaine qui suivit passa rapidement, rapprochant les étudiants émoustillés de la soirée du bal, qui devait avoir lieu le samedi soir, et qui annoncerait également le début des vacances de Noël.
Hermione croisa à de nombreuses reprises le chemin de Damien, mais, par chance, elle était toujours accompagnée, ou lui occupé à converser avec un professeur. Chaque fois cependant, lorsqu’elle se retournait, elle croisait son regard inquisiteur. Il semblait n’attendre que ces moments pour lui signifier qu’il n’oubliait rien, et surtout pas elle, ce qui mettait Hermione dans un embarras indicible.
Elle songea un instant à se vêtir de la robe la plus laide qu’elle puisse trouver, quitte a emprunter la vieille tenue de soirée de Ron, ou bien à négliger sa coiffure durant plusieurs jours, mais, rageuse, elle ne pu que s’avouer sa faiblesse : elle voulait lui plaire. Lui faire regretter de se servir d’elle. Lui montrer qu’il devrait la prendre au sérieux et la courtiser vraiment au lieu de la manipuler.
Et chaque fois, elle essayait de se convaincre que peut-être il était sincère, avant de re-sombrer dans ces sombres considérations. Tout tendait à prouver qu’il se jouait d’elle, et même si son attitude n’avait strictement rien à voir avec Harry et Dumbledore, il paraissait évident que Malefoy ne sortait avec elle que pour lui prouver qu’il obtenait toujours ce qu’il désirait. Il l’avait assez dit… La malheureuse sentit monter en elle une rage intense toute au long de la semaine et lorsqu’arriva le vendredi, elle était au bord de la crise de nerfs.
Ses amis eurent de nombreuses fois à subir son humeur désastreuse mais se gardèrent de tout commentaire. Pour couronner le tout, ses recherches furent infructueuses, et Drago semblait prêt à passer à l’offensive. Il ricanait sinistrement chaque fois qu’il apercevait Hermione mais s’abstenait de l’insulter. Ce dernier détail, surtout, inquiéta Harry. Il en fit part à ses amis, qui ne purent qu’approuver et Hermione jura d’être toujours sur ses gardes, au moins jusqu’à ce que ce maudit bal s’achève.
Ginny la suivait comme son ombre, jetant des regards rageurs dès qu’elle apercevait du vert mêlé à du blond, ce qui amusait beaucoup Damien. Il ne manquait pas de rire en croisant les yeux étincelants de la jeune Weasley, ce qui n’avait pour seul résultat que de la rendre encore plus irritée, et irritable.
Il ne fit pas bon se frotter aux damoiselles Gryffondors durant la semaine qui précédait noël…
Author's Notes:
Désolée pour les "tests" mais je ne voyais tout simplement pas mes éditions :) ça a l'air de fonctionner à présent.
Vendredi arriva, et Hermione se réfugiait dans ses recherches pour ne pas penser à ce qui l’attendait le lendemain. Elle tentait encore de trouver une information quelconque sur l’identité du patromagus qu’ils attendaient tous, mais en dehors d’une liste d’initiales qu’ils connaissaient déjà, ils n’eurent que peu de choses à se mettre sous la dent.
Elle apprit seulement quelles formes étaient concernées, et s’amusa à chercher une loutre, mais n’en trouva aucune. Elle pu lire Aigle, Aspic, Licorne, Loup, Phénix, Renard. Six en tout. Et s’ils étaient tous répertoriés à la bibliothèque de Poudlard, Binns ne s’était pas trompé : ces sorciers étaient exceptionnellement rares.
Ginny pariait qu’il devait s’agir d’une licorne et, voulant forcer le destin, elle n’appela plus le mystérieux parent de Dumbledore que : « la licorne ».
- Merlin Dumbledore, patromagus licorne, intelligent, beau, jeune, séduisant et puissant, récitait elle
- t’oublies riche ! ajoutait Ron invariablement, en provoquant de grands éclats de rire.
Harry quant à lui, misait sur le phénix.
- et si c’était Fumsek ?? vous imaginez ? ça expliquerait bien des choses et surtout pourquoi l’oiseau lui est si fidèle !
Cette éventualité paraissait à tous bien plus plausible que celle de Ginny et Harry regarda sa baguette d’un œil nouveau pendant toute la soirée du vendredi.
- J’ai peut-être une plume du fils de Dumbledore au bout des doigts ! rêvassait-il, sans trop y croire cependant
Ginny semblait considérer que la chose ne valait pas la peine qu’on s’en alarme, tant que la plume était issue d’un patromagus mâle.
- Moi j’aime bien les renards, dit Neville. Un rusé renard, ça conviendrait assez bien au personnage non ?
- un loup !!! enchérissait Ron. C’est bien plus puissant !
Pas un ne fut tenter d’imaginer un patromagus aspic. Hermione trouvait que l’aigle était également un animal majestueux, mais ne parvint pas à se décider sur ce qu’elle devait parier.
Minuit arriva finalement, et tous prirent conscience que le calendrier affichait dorénavant Samedi 24 décembre. Chacun rejoignit son lit, mais les deux jeunes filles discutèrent encore tard dans la nuit. Parler soulageait beaucoup Hermione, qui appréhendait le silence durant lequel son esprit ne manquait pas de la mener jusqu’au bal, et elle fut reconnaissante envers Ginny de lui occuper ainsi les idées.
Le sommeil les gagna enfin, et lorsqu’elles furent réveillées par les rayons d’un soleil pâle et froid, elles se fixèrent par-dessus leurs couvertures, sans mot dire. Elles se levèrent en silence, firent leur toilette et s’habillèrent rapidement.
- ça va aller ! on a déjà vu pire. On s’en sortira tous très bien, toi y compris. Déclara Ginny en passant la porte qui menait à la salle commune.
Ces paroles pourtant anodines réconfortèrent Hermione qui résolut d’affronter cette journée la tête haute.
Dieu soit loué, aucun d’entre eux n’eut à déplorer la présence d’un quelconque Serpentard, tout au long de la journée. Seul Neville croisa Goyle et Crabbe, postés devant la porte du cachot de Rogue.
A 17 heures, les filles décidèrent de retourner à leur chambre. En fait, la jolie Ginny ne tenait plus en place à l’idée de se préparer pour ce bal. Cette fois-ci, elle n’irait pas avec Neville mais avec Harry, ce qui semblait la ravir. Hermione n’en fut pas étonnée le moins du monde.
Neville et Ron iraient seuls à ce bal, et s’en accommodaient relativement bien. Ron affirmait que de toute façon, ils seraient tous les deux bien trop occupés à surveiller Malefoy pour avoir le temps de faire danser une fille.
Ginny eut beaucoup de peine à enfiler sa robe : ses jambes semblaient ne plus être en son contrôle et elle ne parvenait pas à rester en place, passant d’un pied sur l’autre tandis qu’Hermione la coiffait. Ses cheveux lisses furent tressés et parés de fleurs. Son amie, qui avait déjà eu l’occasion de tester de nombreux sorts à but esthétique lorsqu’elle avait été invitée par Krum, les ensorcela. Elles changeaient dorénavant de couleur selon la luminosité qui les frappait. Tantôt dorés tantôt argentés, les minuscules pétales faisaient avantageusement ressortir la couleur de sa chevelure.
Ginny avait choisi une robe ivoire, très sobre. Les faibles moyens de ses parents lui interdisaient tout excès, mais le résultat s’avéra éblouissant. De fines bretelles dentelées mettaient en valeur ses épaules et son cou gracile, tandis que la jupe courte et ample, voletant à chacun de ses pas, laissait deviner de fort jolies jambes. Ginny n’était plus la fillette qu’Hermione avait connue, des années auparavant, et elle l’admira longtemps dans cette tenue de princesse, comme si elle la voyait pour la première fois.
Lorsqu’il fut temps pour Hermione de se préparer à son tour, Ginny la regarda tristement. Il leur semblait à toutes les deux que s’apprêter pour cette soirée relevait d’un rituel de sacrifice et elles avaient inconsciemment retardé au maximum cette échéance. Ginny s’en voulait de jubiler et d’attendre ce bal en sachant son amie en si mauvaise posture. C’était un sentiment étrange et difficilement définissable, qui la laissait joyeuse et triste à la fois.
Ginny aida à son tour Hermione à se coiffer. Ses cheveux indisciplinés donnèrent bien du mal aux deux Gryffondors mais ils furent bientôt tirés et relevés sur sa nuque. Quelques mèches bouclées retombaient ça et là sur son cou et ses épaules. Hermione refusa d’ajouter un quelconque sortilège à sa coiffure ; elle ne voulait pas donner l’impression d’avoir mis trop de zèle à sa toilette, souhaitant au maximum éviter de donner à Malefoy des occasions de rire d’elle.
Avant de passer sa robe, elle la posa précautionneusement sur son lit et l’observa quelques instants. Elle était rouge bordeaux, rouge sang. Tout à fait de circonstance, songea-t-elle. La moire dans laquelle était cousue la robe donnait un touché agréable et Hermione appréciait les reflets changeants de cette étoffe.
Elle enfila sa tenue et observa son reflet dans un miroir. Les longues manches étroites galbait ses bras fins et s’achevaient en s’évasant légèrement. Elles recouvraient partiellement ses mains en s’achevant sur une pointe. Hermione songea que ceci était tout à fait fidèle à l’image que les moldus se faisaient des tenues féeriques.
Cintré sur sa taille fine, le tissu miroitait en coulant le long de ses jambes, tombant sur ses chevilles. Hermione jugeait que le haut de sa robe collait un peu trop à sa silhouette menue. Elle aurait voulu être en mesure d’afficher un peu plus de féminité et pâlit en imaginant quelles remarques Malefoy pourraient lui lancer à ce propos.
Ginny persistait à dire qu’elle était ravissante, mais plus Hermione se mirait, plus elle se trouvait de défauts. La jeune Weasley finit par la tirer hors de la chambre, convaincue que si son amie restait plus longtemps devant le miroir elle finirait par remettre sa tenue d’étudiante et sa cape. Finalement, Ginny, n’y tenant plus, courut rejoindre Harry vers la Grande Salle, sur les recommandations d’Hermione. Cette dernière resta seule devant la Grosse Dame, cherchant et recherchant encore une excuse valable pour ne pas se rendre au dîner. Elle se maudissait intérieurement de ne pas avoir acheté une boîte à flemme aux jumeaux, tandis que la peur s’insinuait en elle, sournoisement.
Ginny retrouva Harry dans un couloir proche de l’entrée de la Grande Salle. Ron et Neville l’accompagnaient. Tous les trois avaient fière allure dans leur tenue de soirée, et Ron en appréciait d’autant plus la valeur que le souvenir de la vieille robe qu’il avait dû porter l’année de la coupe des trois sorciers demeurait cuisant.
Ginny lu dans leurs regards leur question muette et les informa qu’Hermione était prête mais ne courait pas pour venir… Les quatre Gryffondors se dirigèrent vers la salle où de nombreux étudiants attendaient déjà, admirant les tables dressées et couvertes de vaisselle étincelante.
Adossé au mur près de la porte, Malefoy les attendait. Il avait toujours une jambe relevée le long du mur, ce qui provoquait les regards courroucés de Rusard, chaque fois qu’il passait à proximité. Ni lui ni sa maudite chatte n’osaient cependant approcher à moins d’un mètre car s’ils étaient mauvais comme des teignes, il n’étaient pas fous pour autant. Les mains dans les poches de son pantalon, Damien affichait son éternel sourire mystérieux. Ron émit son grognement habituel tandis que Neville avançait vers le Serpentard
- tu vas finir par les déformer tes poches. Lui dit il.
Surprenant les regards étonnés de ses amis il ajouta :
- C’est ce que ma grand-mère dit toujours…
Damien fixait Ginny intensément et Harry entendit un sifflement emplir sa tête.
- très jolie, Weasley… vraiment très jolie.
Le jeune fille ne prit pas la peine de relever cette remarque et informa Malefoy qu’Hermione était en chemin, mais que, vu l’enthousiasme avec lequel elle envisageait de l’accompagner au bal, il était probable de la voir arriver autour de minuit.
Malefoy consentit à se décoller du mur et partit sans mots dire en direction de la tour des Gryffondors, sans ôter ses mains de ses poches.
Après quelques regards inquiets, les quatre amis décidèrent d’entrer dans la salle, ne pouvant manifestement rien faire pour l’heure, à part attendre le retour du « couple ». Ron fit remarquer une nouvelle fois à Neville que son comportement était surprenant.
- en fait, expliqua celui-ci, pensif, vous allez peut-être me trouver stupide mais, ce Malefoy, il ne me fait pas trop peur... Sauf quand il se redresse en fixant quelqu’un. Acheva-t-il dans un souffle.
Hermione faisait toujours les cents pas devant la Grosse Dame, surprise de la voir ainsi tourner en rond.
- Et bien et bien ! allez vous cesser ces mouvements ! vous me donner le mal de mer mon enfant ! N’est-il point l’heure de vous rendre au bal ?
Hermione s’éloigna de quelques mètres en gémissant. Entendre ce mot suffisait à la rendre encore plus mal à l’aise. Elle se décida enfin à prendre son courage à deux mains et prit le chemin de la grande salle lorsqu’elle aperçut Damien venir vers elle. Son sourire lui donna comme un coup de fouet. Elle ne devait pas lui laisser voir son trouble et encore moins lui permettre de la manipuler plus longtemps. Il avait certes réussi à la forcer à l’accompagner, mais il ne s’en tirerait pas comme ça, songeait-elle sans savoir encore comment lui faire passer la soirée la plus abominable possible.
Sans un mot, Malefoy s’arrêta face à elle, plongeant ses yeux bleus dans les siens. Il portait un pantalon et une veste foncés sur une chemise d’un blanc éclatant. Il avait laissé ouvert les boutons de son col, négligeant cravate ou nœud dans un style nonchalant qui lui allait fort bien, remarqua Hermione. Ses cheveux étaient toujours aussi impeccablement liés par un lien de velours noir.
Sortant une main de ses poches, il entoura une mèche des cheveux d’Hermione autour de ses doigts et resta un moment ainsi, immobile et rêveur.
- Et bien alors ? je t’attendais. Finit-il par dire
- J’allais venir. Ne pense pas que je sois du genre à me débiner
- tu es bien maligne, Granger…ajouta-t-il en souriant En fait, tu voudrais que nous restions là tous les deux, c’est pour ça que tu as tardé : pour me faire venir. Alors ? que veux-tu que l’on fasse à présent que nous voila seuls ?
Hermione ouvrit des yeux ronds, choquée par tant d’arrogance.
- Tu rêves mon pauvre vieux ! n’oublie surtout pas pourquoi je t’accompagne au bal ! Siffla-t-elle en partant à grands pas vers la salle où les étudiants étaient à présent tous réunis.
Damien éclata de rire en la suivant, et Hermione enragea de voir la façon dont il faisait d’elle ce qu’il voulait tel un marionnettiste avec son pantin. Il n’avait tenu de tels propos que pour faire réagir la jeune fille, qui courrait presque à présent pour se rendre à cette soirée.
- j’adore quand tu te mets en rogne comme ça, murmura-t-il en la rejoignant.
Hermione poussa les portes de la Grande Salle et dû stopper son élan. Une foule compacte l’empêchait d’entrer.
Les étudiants de Poudlard étaient mêlés à d’autres que la Gryffondor ne reconnut pas. Les babillages allaient bon train. Hermione entrevit Fleur Delacour, qui devait pourtant avoir cessé ses études. Elle s’étonna de sa présence et chercha ses amis des yeux.
Damien se tenait derrière elle. Elle refoula un frisson lorsqu’il se cala contre elle, en passant un bras autour de sa taille. L’entourant de son bras gauche, il posa la main sur sa hanche droite, lui interdisant ainsi toute fuite éventuelle.
- Je ne te lâche pas, murmura-t-il à son oreille avant de poser un baiser rapide sur son cou.
Le silence ce fit bientôt, dès que Dumbledore eut frappé des mains.
- Bienvenue à vous tous ! déclara-t-il d’une voix forte en levant les bras vers les élèves. Je souhaite et j’espère que nous passerons ensemble, tous ensemble, une excellente soirée qui scellera le début de non moins excellentes vacances. Les étudiants de cette école ont déjà dû remarquer la présence de nouveaux venus parmi nous. Je ne doute pas un instant que vous aurez à cœur de les accueillir au mieux, et de faire en sorte qu’ils se sentent rapidement ici comme chez eux. Profitez de cette soirée pour faire connaissance, et amusez-vous !
Il se rassit sous une salve d’applaudissements. Hermione se sentit gagnée par la bonne humeur de la salle, d’autant plus qu’elle venait d'apercevoir Ginny. Elle fit un pas vers elle mais Damien la retint de son bras, la serrant un peu plus contre lui.
- où cours-tu ma petite loutre ? chuchota-t-il.
Hermione, qui avait en partie retrouvé possession de ses moyens, se retourna en se dégageant
- un jeune homme de bonne famille bien élevé met toujours un point d’honneur à satisfaire sa cavalière. Surtout lorsqu’il a commis tant d’horreurs pour parvenir à ses fins… rétorqua-t-elle en souriant à son tour, amusée de pouvoir enfin le mettre dans l’embarras. Aussi j’ose espérer que tu ne comptes pas me faire supporter la présence d’autres Serpentards toute la soirée !
Les yeux de Damien pétillaient de joie et de malice et son visage s’illumina d’un sourire radieux qu’Hermione lui avait peu souvent vu. Elle frissonna des pieds à la tête, mais fit son maximum pour n’en rien laisser paraître. Il semblait ravi de la façon dont elle réagissait.
- ok… un point pour toi. Mais il est également hors de question que je passe ma soirée avec les Gryffondors. Je ne supporte plus les avances de la jeune Weasley. Dit-il en faisant mine de bouder.
Pour une fois, Hermione ne fut pas dupe et comprit parfaitement qu’il tentait de la mettre hors d’elle.
- laisse moi rire !! lança-t-elle en donnant l’exemple. Ginny est bien trop occupée ailleurs pour poser même un œil sur toi ! et puis elle préfère les bruns. Acheva-t-elle en se dirigeant vers ses amis, Damien sur les talons.
L'invitée surprise by Morgane
En les voyant arriver, le petit groupe se lança des regards surpris.
- et bien ! ne faites pas cette tête ! vous vouliez nous surveiller «de près» non ? lança Damien.
- y’a des limites à tout, grommela Ron en se poussant pour laisser de la place aux deux arrivants.
Les tables avaient été réparties de telles façons que des petits groupes se formèrent rapidement. Les étudiants des différentes maisons se regroupèrent par affinité, et en dehors des Serpentards, Harry remarqua que les groupes étaient assez hétérogènes.
- c’est ennuyeux, dit Harry en regardant Damien au dessus de son assiette. D’ordinaire nos discussions tournent autour d’un seul thème : l’art et la manière de te tuer en t’infligeant les plus atroces souffrances. A présent j’ignore de quoi nous pourrions parler, vu que tu nous imposes ta présence.
Ginny écarquilla des yeux ronds devant l’audace de Harry qui semblait lui aussi gagné par l’effervescence de la soirée.
- aucun problème. Il suffira de garder le même discours en changeant juste le nom. Remplace Malefoy par Potter et ce sera parfait, puisque nos conversations sont sensiblement les mêmes, à l’évidence. On pourrait même partager quelques idées. J’en ai des pas mauvaises, je crois. Répondit Damien en jetant un regard à Ron, tout en se re-servant.
Ron aurait voulu pouvoir lui vider la soupière de ragoût sur la tête, mais il était trop affamé pour perdre du temps avec de tels enfantillages. Le repas passa relativement vite, mais Harry surprit de nombreux regards inquisiteurs en direction de leur table. Fleur vint les rejoindre, hystérique, en poussant Ron sans ménagement pour se faire une place. Tout le monde se décala légèrement et Hermione hésita à s’approcher davantage de Malefoy, qui sauta sur l’occasion pour lui proposer de s’installer sur ses genoux.
- Rêve !!! firent ensemble les deux filles Gryffondors, sans lâcher leur fourchette ni même lui accorder un regard.
Hermione se sentait bien près de lui. Trop bien. Surtout lorsqu’il posait sa main sur la sienne sous la table, ou lorsqu’il passait son bras sur le dos de sa chaise, frôlant ses épaules. Mais elle se devait de ne rien oublier, de toujours penser à qui il était et ce qu’il pouvait chercher en leur présence. Elle décida cependant de passer outre ces considérations le temps d’une soirée. Entourés de tant de monde, aucun d’entre eux ne risquait rien ; il suffisait juste de prendre garde à ce que l’on disait.
Les tables furent bientôt rangées contre les murs, libérant une immense piste de danse. Damien tira Hermione sur la piste. Celle-ci sentit le rouge lui monter aux joues lorsqu’il l’enlaça devant tant de monde, mais l’euphorie de la soirée aidant, elle se laissa porter par son bonheur.
Pendant qu’ils dansaient ainsi, Hermione vit McGonagall se lever d’un bon, à sa table, et se diriger à grands pas, sourire aux lèvres, vers l’autre bout de la salle. Hermione regarda dans la direction que son professeur prenait et vit avancer une jeune femme aux longs cheveux bruns et aux yeux bleu profond, souriant elle aussi. Hermione fit un pas de côté pour éviter de gêner ces deux personnes qui couraient presque l’une vers l’autre et se rencontrèrent quasiment face à elle.
- Morgwen ! enfin ! dit McGonagall en prenant les mains de la jeune femme dans les siennes. Albus t’attend, viens ! nous parlerons plus tard.
L’une et l’autre repartirent vers le fond de la salle. Hermione eut l’impression de recevoir un seau d’eau sur la tête. Elle se tourna vers Malefoy qui fixait McGonagall et son invitée. Elle profita de son inattention pour rejoindre ses amis et les informa rapidement de ce qu’elle venait de voir et d’entendre. Tous décidèrent à la hâte de ne faire aucun commentaire pour l’instant et de garder l’œil ouvert, se promettant de passer une nuit blanche à échafauder le plus de théories possibles.
Hermione se laissa tomber sur une chaise, le cœur battant la chamade, les joues en feu. Elle attrapa le verre posé devant elle et le but d’un trait. Le goût infâme de la boisson lui tira une grimace et Hermione se demanda comment les adultes pouvaient prendre plaisir à siroter pareille horreur alcoolisée.
- pourquoi ?! pourquoi ce soir ?? rageait-elle. J’étais si bien !! Elle reposa nerveusement le verre, estimant que se saouler n’arrangerait rien à l’affaire.
Elle chercha Damien des yeux mais ne vit que Drago qui l’observait en ricanant, entouré de son fan-club habituel. Elle songea que ce « pauvre » Drago ne devait pas avoir une vie très amusante pour ainsi passer son temps à raconter des horreurs sur son compte. Si le Serpentard n’avait aucun autre sujet de plaisanterie, ce devait être un signe d’ennui profond. Damien la rejoignit enfin et s’assit à côté d’elle en silence. Il ne souriait plus et semblait plongé dans ses pensées. Ses yeux reprirent vie lorsque la dénommée Morgwen réapparut au côté de Dumbledore, à la table des professeurs.
Harry invita Hermione à danser. Damien ne cilla pas mais lorsque celle-ci se leva pour suivre son ami il prit la parole, sans pour autant les regarder
- Potter ? ne serait-ce point là MA cavalière que tu emportes ?
Il posa les yeux sur Harry et ajouta.
- tu me prêtes Ginny alors ?
- Ginny danse avec moi ! intervint Neville
Malefoy se leva avant de se diriger vers la table des professeurs en ajoutant
- et bien, dans ce cas …
Sous le regard médusé des quatre amis, il fila directement jusqu’à la jeune fille brune et l’invita à son tour. Celle-ci accepta et Harry observa l’attitude des professeurs à côté d’elle. Dumbledore restait impassible, tandis que McGonagall lançait à Malefoy des regards sensiblement équivalents à ceux que le Magyar à Pointes lui avait jetés à lui deux ans auparavant, lorsqu’il avait dû aller farfouiller dans les œufs qu’il couvait.
Hermione se rassit sans avoir été danser. Elle sentit un vide l’envahir et une douleur fulgurante lui traverser la poitrine. Etait-ce cela un chagrin d’amour ? Pourtant elle n’était pas amoureuse de Malefoy ; ou du moins elle n’aurait pas dû.
- Hermione ! ne te laisse pas aller ! murmura Ginny en lui tendant un mouchoir.
De longs filets de larmes coulaient sur les joues de la sorcière sans qu’elle puisse retenir leurs flots. Après plusieurs minutes de vaines tentatives pour se calmer, Hermione résolut de quitter la fête au plus vite, avant que trop de gens ne s’aperçoivent de son trouble.
Malheureusement pour elle, Drago ne l’avait pas quitté des yeux et lorsqu’elle passa la porte, il se leva et lui emboîta le pas, talonné par ses deux fidèles gardes du corps.
Une fois à l’abri des regards dans les couloirs sombres et frais, Hermione se cala le long d’un mur et pleura tout son saoul. Lorsqu’elle fut calmée, elle décida d’aller se coucher : l’idée de retourner à la fête et de voir Damien au bras de cette fille suffisait à lui faire remonter des sanglots dans la gorge. Elle fit quelques mètres lorsqu’une voix traînante se fit entendre derrière elle
- Alors Granger, on a passé une bonne soirée ?
Crabbe et Goyle éclatèrent de rire tandis que Drago semblait se délecter à la vue du visage défait par les larmes de la Gryffondor.
- fiche moi la paix Malefoy ! retourne donc ricaner sur ta chaise, tu n’es bon qu’à ça !
- oouuh non ! pas qu’à ça ! reprit Drago en riant de plus belle. Je suis également très doué pour obtenir les mots de passe des autres maisons de cette école !
Hermione n’avait aucune idée de ce dont il parlait, mais comprit rapidement que les trois acolytes envisageaient de lui soutirer le sésam des Gryffondors.
- tu peux toujours essayer ! je ne te dirais rien ! espèce de lâche !
- lâche ?
- parfaitement ! tu n’es qu’un immonde trouillard ! tu t’en prends à moi parce que je suis seule ! mais contrairement à toi, j’ai du courage, et quoi que tu me fasses je ne dirai rien ! VA AU DIABLE !!!! hurla-t-elle
- oh mais je ne te « ferai » rien ! hors de question même que je te touche. Je ne m’appelle pas Damien, moi. Fit-il en grimaçant. Et puis, ce que j’avais à faire est déjà fait !
Hermione s’inquiéta de les voir rire à nouveau en la fixant de leurs yeux mauvais. Sa vue se brouillait et sa tête bourdonnait de plus en plus. C’était vraiment une très mauvaise soirée, pensa-t-elle. Tant de chamboulements devaient la rendre malade. Drago et ses gorilles se tordaient de rire à présent.
- Alors ! sale petite sang de bourbe ! cracha Drago, tu fais moins la maligne hein ?!!? il leva une main sur elle, crispant les mâchoires sous l’effet de la haine, mais suspendit son geste en entendant prononcer son nom à l’autre bout du couloir.
- DRAGO !
La voix de Damien fit écho dans la tête d’Hermione qui avait à présent du mal à tenir sur ses jambes, prises de vertiges. Drago était devenu blême, son visage déjà pâle enlaidit par la haine.
- je vois que tu as retrouvé ma cavalière. Dit Damien lorsqu’il fut près d’eux. On peut compter sur toi hein, lorsqu’il s’agit d’espionner et de filer quelqu’un ?
Etrangement, Drago ne sembla pas apprécier le compliment et grommela d’inintelligibles paroles.
- qu’est-ce qu’elle a ? questionna Damien.
- elle a bu de l’imperverum…
Hermione faillit tomber à la renverse. Elle avait lu des tas de choses sur cette horreur de potion qui pouvait s’apparenter à un sordide mélange d’impero et de veritaserum.
- elle était siiii chamboulée de te voir danser avec la brunette qu’elle a siroté le premier verre à sa portée, l’idiote ! Pas de chance pour elle, c’était MON verre !
Hermione voulut protester mais aucun son ne sortit de sa bouche.
- ok, reprit Damien. Et pourquoi tu lui as fait boire ça ?
Drago fixa Damien, hésitant à répondre.
- je voulais le mot de passe pour entrer chez les Gryffondors. Finit-il par avouer
- ok... Hermione !!
Damien la saisit par le bras et la releva : la malheureuse jeune fille commençait à se rétablir ; les vertiges cessaient, le bourdonnement s’atténuait. Mais elle savait qu’elle n’était pas sortie d’affaire pour autant. L’imperverum était une potion qui agissait plusieurs heures, et qui avait la particularité d’annihiler toute volonté chez quiconque en buvait. En conséquent, on pouvait en l’état actuel des choses lui faire avouer tout ce qu’on désirait mais aussi lui faire dire ou faire tout ce qu’on voudrait.
Cette potion était interdite d’usage et extrêmement rare, et Hermione s’étonna que Drago ait pu en avoir en sa possession. Elle se rappela que Neville avait surpris Crabbe et Goyle devant le cachot de Rogue… le reste se déduisait tout seul.
- Hermione ! l’interpella encore Damien en attendant qu’elle le regarde. Quel est le mot de passe ?
Hermione criait « plutôt mourir » dans sa tête mais articula « phénix doré ».
Drago tourna les talons en affichant un sourire satisfait et laissa là Damien et Hermione.
La jeune fille s’apprêtait à arroser le Serpentard d’insultes lorsque celui-ci l’en empêcha
- aucune méchanceté ! Aucun cri ! ordonna-t-il. Et Hermione, sous l’effet de la potion, ne put que se plier à sa volonté.
Elle comprit alors pourquoi cette infamie avait été interdite. Lorsque Maugrey, ou du moins celui qu’elle pensait être Maugrey, leur avait fait subir l’impero quelques années plus tôt, Hermione avait appris quelle sensation de bien être on éprouvait et comment l’esprit se trouvait vidé. On agissait alors sans avoir conscience de ses actes. Or là, elle savait parfaitement ce qu’elle faisait, et ce qu’elle disait.
- laisse moi partir, supplia-t-elle en ébauchant un pas
Damien sourit en la retenant.
- Hermione… tu es trop intelligente pour ne pas savoir quels sont les effets de cette potion. Et je suis trop Serpentard pour ne pas profiter de la situation.
Il l’avait appelé par son prénom… Elle se maudit en sentant son cœur se serrer dans sa poitrine, priant pour que l’un de ses amis apparaisse au bout du couloir. Il allait pouvoir tout lui demander ! Et même peut-être l’obliger à trahir Harry ; et toutes ses connaissances ne l’aideraient pas à se tirer de là.
Damien s’approcha d’elle en la plaquant contre le mur, entourant sa taille de ses mains puissantes. Il la serra contre lui et l’embrassa lentement, langoureusement, avant de la regarder à nouveau
- je sens qu’on va passer une excellente nuit, ma petite loutre. Sourit-il.
La prenant par la main, il l’entraîna à sa suite dans un dédale de couloirs et d’escaliers. Hermione pensait à toute vitesse… elle s’éloignait de la grande salle, s’éloignait de la tour des Gryffondors ! Il ne lui restait plus qu’à espérer que les autres rentrent vite de ce maudit bal et aient la somptueuse idée de regarder la carte des maraudeurs.
-A quoi penses-tu ? questionna Damien.
Hermione pensait à tant de choses ! Pourquoi fallut-il qu’elle avoue justement sa seule source d’espoir et cette carte ?!
- Cette magie ne te sera d’aucun secours. L’endroit où nous allons est l’un des plus protégés au monde. Et je doute fort qu’il soit recensé sur aucune carte existante, aussi puissante soit-elle.
Enfin, il stoppa devant un tableau représentant un loup juché sur un rocher, hurlant à la mort et prononça « lune » avant de s’engouffrer par la grotte qui s’ouvrit dans celui-ci.
Ils étaient à présent dans une salle hexagonale spacieuse qu’Hermione n’eut pas le temps de détailler du regard. Damien la plaqua contre la porte, et la jeune fille trouva ses gestes inhabituellement brusques.
- tu me fais mal. Murmura-t-elle
Le son de sa voix fit à Malefoy l’effet d’une décharge électrique. Il sembla soudain se réveiller et fixant Hermione, desserra son étreinte.
- excuse-moi, soupira-t-il en plongeant ses yeux dans les siens
- qu’est-ce que tu veux ? risqua la jeune fille, tremblante
- ce que je veux ?! Tu ne l’as toujours pas compris ? Je suis déçu. Une Miss Je Sais Tout qui s’obstine à ne pas voir ce qui crève les yeux…
Hermione sentait la panique l’envahir. Bien sûr elle avait compris ! Trop bien ! Mais elle refusait de l’admettre. Il allait la harceler de questions, l’obliger à lui révéler les maigres informations qu’elle détenait, et peut-être même, entre deux interrogatoires, jouer de sa sensibilité en lui montrant combien elle était dépendante de lui, amoureuse d’un monstre.
- c’est toi que je veux, murmura-t-il en l’embrassant encore. Et je vais t’avoir toute la nuit, rien qu’à moi.
Ses lèvres se promenaient sur ses joues, sa bouche et son cou, lui tirant des frissons agréables et détestables à la fois.
- Et en plus, grâce à cette magnifique potion, tu vas même me dire que tu m’aimes. Sourit-il en interrompant ses baisers.
Hermione luttait contre son propre désir de se jeter sur lui et se lamentait intérieurement chaque fois qu’il s’éloignait d’elle.
- Hermione, reprit Malefoy en la dévorant des yeux, dis moi que tu m’aimes…
Chose promise... by Morgane
Author's Notes:
oooooooooooooooh !! je découvre la jolie petite plaque en haut ! merciiiiii !!! :D
Merci également à tous pour les revew et encouragements. Pour l'heure, je reposte mes fics. je tâcherai d'y répondre ensuite. Dur la reprise...
Dire à quelqu’un qu’on l’aime. C’est si facile et si compliqué en même temps, surtout quand on le dit pour la première fois. Tout se bousculait en elle et cette potion achevait de lui embrouiller l’esprit.
- je t’aime, répétait Hermione. Je t’aime.
Il l’avait prévenue plusieurs fois déjà ; il obtenait toujours ce qu’il voulait et avait juré qu’elle lui appartiendrait. Quelle ironie qu’il ne sache pas combien elle était à lui. Quelle mascarade que de croire qu’elle ne disait ces mots que sous l’effet d’une potion alors que tout son corps lui criait qu’elle l’aimait. Il lui reprochait d’être aveugle mais il l’était plus qu’elle encore.
Il était prétentieux et arrogant, toujours à se pavaner avec une jolie fille pendue à son bras. Dès qu’Hermione avait l’impression de le toucher du bout des doigts, dès qu’elle le voyait sous un meilleur jour, il semblait lui filer entre les mains, tel du sable, redevenant l’horrible Serpentard, l’odieux Malefoy. Elle le voulait rien que pour elle. Il la voulait rien que pour lui. Elle ne voulait pas lui donner la satisfaction de lui appartenir. Il ne voudrait pour rien au monde reconnaître sa propre faiblesse.
Hermione se prit la tête entre les mains ; toutes ces pensées tournaient trop vite dans son esprit drogué et provoquaient des douleurs insupportables dans sa tête, son corps et son cœur. Et lui la tenait toujours serré dans ses bras, la couvrant de baisers.
- arrête ! J’étouffe ! murmura-t-elle en un souffle. S’il te plait arrête !
- je ne peux pas, je n’y arrive pas.
Et, au lieu de la relâcher, il la serra encore plus avant de l’entraîner vers le lit, à l’autre bout de la pièce. Hermione ne put retenir sa chute et s’enfonça dans des couvertures moelleuses. Elle entendit un bruit d’étoffe qui tombe, une veste que l’on jette et tendit les bras au hasard dans le vide pour le saisir, le rapprocher d’elle à nouveau. Elle se sentit soulevée puis reposée dans les draps.
Entre ses frissons de bien être, le froid lui en tira un à son tour. Ouvrant à demi les yeux, elle vit par terre une masse de tissu bordeaux, sa belle robe de bal, au pied du lit et sentit les mains brûlantes de Damien sur sa peau. Ses joues prirent une teinte rose vif et elle serra le drap contre elle, cherchant à tâtons une couverture protectrice pour se réchauffer. Elle sentit sur elle la chaleur de son corps, le contact de sa chemise si blanche qu’elle lui vrillait les yeux lorsqu’elle les ouvrait pour rétablir un semblant d’ordre dans son esprit.
- stop... murmura-t-elle. Je t’en prie ! Damien laisse moi... attends
Il était à présent allongé sur elle, immobile après s'être entendu appeler par son prénom, et il ne fallut pas plus de dix secondes de calme à Hermione pour se rendre compte de la gravité de la situation dans laquelle elle se trouvait. En sous vêtements dans le lit d’un serpentard qui s’était promis de la posséder, loin de toute aide possible, et amoureuse à en crever. Il la fixait toujours, relevé sur ses coudes. La blancheur de sa chemise fit cligner ses yeux alors qu’ils se trouvaient dans un noir quasi-complet. Cette potion la rendait photosensible et la moindre tâche lumineuse lui donnait la nausée. Pourtant elle était attirée par la blancheur de ce tissu, ce col ouvert…
L’envie immorale de passer ses mains sous les pans de cette chemise s’empara d’elle. Glisser ses doigts le long de son torse, sentir sa peau contre la sienne… Hermione ferma résolument les yeux et respira profondément, décidée à reprendre possession de ses moyens. Il roula un peu sur le côté, la libérant de son poids sans la relâcher pour autant, la fixant toujours, relevé sur son bras replié tandis que le second restait sur elle, la maintenant tout contre lui.
- Voyons à présent l’efficacité de cette potion. Murmura-t-il. Parle moi de Potter.
Hermione ferma les yeux un peu plus fort, serrant les poings comme si elle voulait faire crier les draps entre ses doigts. Ce maudit poison allait lui faire dire précisément ce qu’elle savait être le plus secret ! Et en premier ! Et lorsqu’elle l’aurait dit, il n’y aurait plus de retour en arrière possible, plus aucun espoir de pouvoir l’aimer et en être aimée. Elle avait tant redouté ce moment...
- dis moi ! insista-t-il
- Il va apprendre un nouveau sort grâce à un parent de Dumbledore qui est un patromagus.
- quoi ?!? dit-il brusquement en se redressant davantage
- Il va ap…
- oui oui !! Je sais ça ! Mais toi ? Comment tu le sais ?
- il me l’a dit. Dumbledore lui a dit.
- il te l’a dit… reprit-il d’une voix calme. Vous êtes donc très proches hein ? demanda-t-il en reprenant sa position initiale. Quoi d’autre ?
- ce patromagus se transforme soit en aspic, licorne, phé…
- je m’en fiche de ça Hermione !
Elle resta bouche bée à ces propos et tourna la tête vers lui. Il avait un regard triste, comme jamais elle ne lui avait vu auparavant. Il se remit à nouveau au dessus d’elle, provoquant des bouffées de chaleur chez la jeune sorcière.
- dis moi si tu l’aimes. Le reste je m’en fiche. Est-ce que tu l’aimes ?
- non. Murmura-t-elle aussitôt.
Pourtant il sembla sceptique, la regardant toujours en caressant son visage et ses lèvres du bout des doigts.
- tu ne l’aimes pas ? Et Weasley ?
- non ; ce sont mes amis. Mes meilleurs amis. Mais j’aurais pu te dire ça sans cette potion, si tu avais pris la peine de me le demander…
Enfin il sourit à nouveau et Hermione en éprouva une joie intense.
- menteuse ! Tu aurais triché en prétendant les aimer tous les deux d’amour fou, dans le seul but de me tourmenter.
Il respirait difficilement cependant et semblait hésiter à poser une dernière question.
- bon... pour celle-ci, je ne veux qu’un oui ou un non, sans aucun commentaire supplémentaire…
Ses magnifiques yeux bleus semblaient refléter la peur, pour la première fois, et il finit par les fermer complètement
- est-ce que tu me détestes ?
- non…..
- je n’ai pas la force ni le courage d’en demander plus….dit-il après un silence
Il passa une main sous sa taille et l’attira vers lui en plongeant la tête dans son cou. Hermione l’entendit soupirer d’aise et sentit sa respiration s’accélérer légèrement tandis que sa main libre remontait de son genou vers ses reins.
Fermant à nouveau les yeux, elle laissa tomber toutes les barrières de son esprit et passa ses mains sous sa chemise, frôlant son dos de ses doigts, sentant sous sa paume le mouvement de ses muscles et la chaleur de son corps enfiévré par le désir.
- je veux être a toi. Murmura-t-elle. Rien qu’à toi. Mais j’ai tellement peur.
Elle parvint à le libérer de cette maudite chemise qui mettait encore trop d’espace entre eux et, remontant les mains le long de son dos, trouva le lien de velours noir. Après un instant d’hésitation, elle tira sur l’une des extrémités, libérant ses cheveux lisses de leur prison.
Ils tombèrent en cascade sur son cou, allant même jusqu’à chatouiller le nez de la jeune sorcière. Elle passa ses mains dans sa chevelure, surprise de la sentir si douce sous ses doigts, et prit un malin plaisir à le décoiffer.
Il la fixa à nouveau de ses yeux redevenus rieurs tandis qu’elle persistait à mêler ses doigts à ses cheveux blonds, incapable de trouver en elle la force de stopper ce jeu.
- et ça t’amuse ? dit-il en souriant avant de l’embrasser avec passion.
Malgré ses sens engourdis par le sommeil, elle sentit les caresses du Serpentard de longues heures encore. Elle repoussa pourtant ses mains lorsqu’elles se hasardaient vers des parties de son anatomie qu’elle jugeait trop intimes, gênée, ce qui le faisait sourire. Mais il respecta ses réticences et finit par s’endormir dans ses bras, la tête posée sur son épaule.
La jeune fille, avant de sombrer totalement dans le sommeil, regarda une dernière fois la chevelure blonde et y posa un baiser. Damien y répondit inconsciemment en prenant sa main dans la sienne, avec un dernier soupir de bien être.
Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Hermione ouvrit les yeux. Du lit où elle se trouvait elle pouvait voir le disque pâle se cacher derrière de timides nuages. Après un rapide tour d’horizon, la soirée de la veille lui revint en mémoire.
Elle était seule dans la chambre et tendit l’oreille, à l’affût du moindre bruit. Manifestement, Malefoy avait quitté les lieux. Elle resta étendue de longues minutes à ressasser les événements passés. Elle revoyait le sourire adorable de Damien, mais aussi son attitude lorsque la jeune femme que McGonagall avait accueillie était arrivée.
Brusquement, elle se rappela la potion, le mot de passe, les questions à propos de Harry. Non, les questions concernant Harry n’étaient pas un problème. Malefoy voulait seulement savoir si leur relation était plus forte que l’amitié. Malgré tout, Hermione était consciente d’avoir dévoilé un lourd secret ; elle revit la surprise de Damien… Ne pouvant se résoudre à le juger coupable seule et sur le champ, elle se hâta de se lever et de s’habiller.
Elle courrait en rejoignant la tour des Gryffondors : Drago connaissait le mot de passe ! Qu’avait-il pu faire toute la nuit ? Elle passa rapidement devant la grosse dame et entra précipitamment dans la salle commune. A sa grande surprise, Ron et Harry s’y trouvaient. Elle aurait pensé que ses deux amis seraient déjà dans le parc ou sur le terrain de quidditch.
- Hermione !!!!!
Harry était blême. Il l’enlaça en la serrant si fort que la jeune sorcière en eu le souffle coupé. Ron fit de même, les serrant tous les deux contre lui.
- Mon dieu mais où étais-tu ? Nous étions morts de peur ! questionna ce dernier
- plus tard ! répondit-elle. Malefoy a le mot de passe ! Il faut avertir McGonagall au plus vite
- oooh ! Elle le sait ! dit Harry avec un large sourire. Lorsqu’on est rentrés hier soir, on t’a cherchée un bon moment et en désespoir de cause, on a regardé la carte
- on ne t’a pas trouvée... Par contre ! On a vu que l’autre était là, planqué sous un lit ! dit Ron. Je suis resté là à monter la garde en surveillant bien avec la carte pendant que Harry est allé chercher McGonagall.
- on était tentés de lui ficher une bonne raclée, mais on a été raisonnables ; précisa Harry, fier de lui. En fait, on était surtout pressés de te retrouver. On a averti McGonagall de ton absence. Elle a dit qu’elle prenait tout en main et qu’elle allait avertir Dumbledore.
- on a veillé toute la nuit, précisa Ron, mais ni toi ni personne n’est venu. Alors ? Qui est-ce qui t’as trouvée ? Tu étais où ?
- Personne ne m’a trouvée. Répondit Hermione en baissant la tête.
Elle s’assit, imitée par ses deux amis, et leur fit un résumé des événements survenus la veille, après son départ du bal. Exceptionnellement, elle omit certains détails.
- à mon réveil il n’était plus là ; je suis venue aussitôt ici
Harry lança un regard inquiet à Ron et décida d’informer Hermione
- et bien... en fait il est avec Morgwen depuis très tôt ce matin. Neville et Ginny les surveillent de loin.
Hermione avait trop eut l’occasion de passer de la joie extrême à la tristesse profonde ces derniers jours pour continuer à supporter tout ceci. Elle prit la nouvelle stoïquement. Il était inutile de fermer les yeux et d’agir en nigaude. Il fallait tirer cette histoire au clair au plus vite et ce quelles que soient les réponses obtenues. Son aplomb et sa détermination surprirent moins ses deux amis qu’ils ne les ravirent.
- Donc on continue à observer de près. Dumbledore ne devrait plus tarder à faire les présentations officielles à présent. Conclut-elle. Si vous n’y voyez aucun inconvénient, je vais me doucher et mettre une tenue plus discrète.
- on rejoint les autres. Informa Ron en se levant.
Dès qu’ils eurent franchis la porte de la salle, les deux Gryffondors s’interrogèrent du regard
- Elle est complètement accro à ce type. Soupira Ron en reprenant sa marche
Harry ne répondit rien. Il n’y avait rien à répondre. Tout deux se rendirent dans le parc sans trouver trace de Malefoy ni de leurs amis.
Après avoir déambulé longuement dans les couloirs, ils finirent par croiser Morgwen, en grande conversation avec Damien. Ils ne leur accordèrent pas un regard, tandis que Ron faisait de gros effort pour garder son calme.
- ces deux là sont déjà comme les meilleurs amis du monde, ragea-t-il. Il doit être aux anges Malefoy ! Elle est vraiment belle cette fille
Harry regarda son ami, interloqué. Ron haussa les épaules
- bah quoi ? Tu vas pas me dire qu’elle est moche non ?
Harry se contenta de sourire. Neville et Ginny arrivèrent bientôt. Leurs mines renseignèrent de suite Ron et Harry qui comprirent qu’ils étaient plus que lassés de ce rôle d’espion.
- on a rien vu de suspect. Déclara Ginny. Ils se contentent de se balader en discutant. Ils ont fait quelques tours de magie tout à l’heure mais ni moi ni Neville ne connaissions ces sorts.
- rien d’exceptionnel. Ajouta Neville. On dirait qu’il lui fait visiter le château.
- on ne s’attendait pas à ce qu’il l’enlève en plein jour et devant témoins non plus, acquiesca Harry
De retour dans le parc, ils aperçurent Morgwen en compagnie de McGonagall et de Dumbledore. Ce dernier, apercevant Harry, s’approcha.
- Bonjour jeunes gens et joyeux noël. Harry, je souhaiterais te voir après le déjeuner dans mon bureau. Tu connais déjà le mot de passe, je crois.
Harry confirma et Dumbledore rejoignit les deux femmes. Les Gryffondors regardèrent le trio s’éloigner et ne se décidèrent à bouger que lorsqu’il eut disparu de leur vue. Ils rejoignirent le parc et Hagrid, qui s’affairait à la préparation d’une nourriture malodorante qu’aucun d’entre eux ne consentit à approcher à moins de trois mètres.
Loin de ce froid nauséabond, Hermione prenait plaisir à sentir couler sur elle une eau chaude et parfumée. Elle rêvassait sous la douche depuis de nombreuses minutes lorsque la faim l’encouragea à sortir de la salle de bain. Elle enfila le peignoir mis à sa disposition, souriant en repensant aux elfes de maison et à leur efficacité discrète.
Elle entoura ses cheveux d’une serviette chaude et se dirigea vers sa chambre en refermant une fenêtre qui laissait entrer un air glacé ; elle envisageait de reprendre sa baguette et de faire sécher ses cheveux rapidement pour pouvoir rejoindre ses amis et nota qu’il lui faudrait se couvrir chaudement, compte tenu du temps hivernal.
Elle trouva vite sa baguette. En fait, celle-ci virevoltait en l’air, lancée par Malefoy et Hermione n’eut donc pas à la chercher du tout.
Dès qu’il la vit, Damien reposa la baguette sur le lit et s’avança vers Hermione, qui ne savait quelle contenance adopter. Elle ne pensait pas se retrouver si tôt face au Serpentard, surtout après avoir appris qu’il était en compagnie de Morgwen.
- Alors ? bien dormi ? demanda-t-il en posant un baiser sur sa joue.
Il ne lui laissa pas l’occasion de répondre et passa les mains derrière sa nuque. Hermione comprit qu’il était en train de nouer quelque chose à son cou mais n’eut pas le temps de voir de quoi il s’agissait.
- c’est censé m’étrangler si j’essaie de l’ôter ? hasarda-t-elle
Malefoy sourit en prenant son visage entre ses mains.
- comment pourrait-il en être autrement ? s’amusa-t-il. Joyeux noël, ma petite loutre.
Il l’embrassa en laissant ses mains glisser le long de son corps et, trouvant la ceinture du peignoir, chercha à tirer dessus.
- n’y pense même pas ! le stoppa Hermione en retenant sa main, sans pour autant s’éloigner de lui.
Le Serpentard se contenta donc de l’enlacer après avoir réprimé un rire.
- habille toi vite, ou je ne réponds plus de rien. Finit-il par ajouter en quittant la chambre.
Hermione l’entendit glisser par les escaliers devenus toboggan et se dirigea vers le miroir pour observer ce qu’il avait pendu à son cou. Elle y vit une fine chaîne en or torsadée, sur laquelle se promenait une figurine en améthyste. Quittant le miroir, Hermione détacha sans peine le collier et le porta devant ses yeux.
Le long de la chaînette évoluait un minuscule animal violet translucide. Il s’enroulait autour de la torsade dorée gracieusement, ou bien courait sur celle-ci, comme un équilibriste sur une corde raide. Hermione crut qu’il s’agissait d’un écureuil miniature, tant les mouvements fluides et attendrissants du pendentif lui rappelaient cet animal qu’elle aimait regarder sauter de branches en branches lors de ses ballades automnales en forêt.
Puis, lorsque l’animal revint devant elle et stoppa sa course, elle distingua très nettement une petite loutre qui tendait vers elle son petit museau frétillant.
cher à mon coeur by Morgane
Hermione quitta la tour des Gryffondors de fort bonne humeur et, après avoir pris son petit déjeuner, courut retrouver ses amis dans le parc. Leur air sinistre la glaça encore plus que le froid mordant de l’hiver.
- qu’est-ce qu’il y a encore ? soupira-t-elle
Aucun ne semblait pressé de vouloir faire un quelconque commentaire. Après un silence gêné, Ginny finit par prendre la parole
- Malefoy vient de passer, fier comme un hibou grand duc, au bras de Morgwen. Lorsque Neville lui a laissé entendre qu’il était gonflé d’agir ainsi vis-à-vis de toi, il nous a ri au nez.
Neville contemplait le bout de ses chaussures avec adoration, et ne leva pas le sien, même lorsque Harry ajouta :
- il a dit qu’il t’avait offert de quoi te contenter un moment, et qu’à présent il était occupé pour la journée.
Hermione sentit une fureur indescriptible s’emparer d’elle. Il ne se passait pas UNE DEMIE JOURNEE sans qu’elle soit obligée de tout remettre en question, hurlait-elle en son for intérieur.
- ah vraiment ? siffla-t-elle de façon inquiétante.
Ses amis écarquillèrent des yeux ronds en la voyant lancer autour d’elle des regards rageurs.
- C’est peut-être pas la peine de s’énerver, intervint timidement Neville. Il n’a sûrement dit ça que pour nous faire enrager, comme à son habitude.
- ah oui ? cracha Ron. Et le bras de Morgwen il l’a tenu pourquoi faire ?!
- ça c’était pour te faire enrager toi, sourit Harry
Le regard courroucé de Ginny les fit taire tous les trois.
Hermione partit d’un pas rageur vers la forêt interdite, épiant alentour en cherchant Damien. Comme elle l’avait supposé, il se trouvait à l’orée des bois, et comme ses amis l’en avaient informée, agréablement accompagné.
Malefoy et la jeune femme devisaient tranquillement, assis sur une bûche posée à terre. Il sembla à Hermione qu’elle voyait là deux amis de longue date échangeant les derniers potins après quelques semaines de séparation.
Elle avançait toujours vers eux lorsqu’elle vit Damien se lever et prendre la main de sa compagne. Il la fit pivoter, de sorte qu’il se trouva derrière elle. Il tenait toujours sa main dans la sienne, et Hermione remarqua que Morgwen tenait également sa baguette de cette main. Elle lança alors un sort vers la forêt, guidée par Damien qui sembla se réjouir de ses performances.
Il la fit à nouveau pivoter vers lui en riant et s’inclina devant elle, comme pour manifester sa dévotion. La jeune femme prenait l’allure d’un seigneur face à son serf, le nez exagérément relevé. Ils éclatèrent alors de rire et Morgwen se tenait les côtes, hilare, lorsqu’elle aperçut enfin Hermione qui s’était arrêtée à quelques pas d’eux.
Celle-ci se demanda alors où avait pu s’envoler sa fureur, et sentit en revanche la détresse à laquelle elle avait fait place. Incapable de prononcer un mot, elle fit volte face et repartit en courant vers le château, excédée de se retrouver dans le même état détestable de souffrance et d’impuissance qu’elle avait connu la veille au soir, en quittant le bal.
Ses amis, qui la suivaient, furent étonnés de la voir revenir vers eux ainsi, le visage déjà couvert de larmes. Ron et Harry surtout, envisagèrent de décapiter sur l’heure le maudit Serpentard qui depuis des semaines lui menait la vie dure. Celui-ci cependant suivait Hermione, qui s’arrêta lorsqu’elle eut rejoint les Gryffondors, sans le voir. Elle comprit en voyant les regards fulminants des autres et se tourna vers la forêt. Après la fureur et la détresse, l’effroi l’envahit subitement.
Les yeux de Malefoy étaient brillants de colère, et il n’attendit pas de se trouver près d’eux pour hurler
- Me dira-t-on quel est le problème cette fois-ci ?!
Harry et Ron se postèrent de concert devant Hermione, baguettes parées. Ginny hurla lorsqu’elle vit Ron s’écrouler à terre et Harry voler quelques mètres plus loin sous les coups de Damien. Sans baguette, sans magie, il avait éloigné aisément le mur vivant face à lui. Il resta à quelques pas d’Hermione, le regard flamboyant.
- Je te conseille de rester à terre ! cria-t-il vers Harry lorsque celui-ci fit mine de revenir vers eux.
Ni Ginny ni Neville n’osèrent l’interrompre, comme ça avait pourtant parfois été le cas. Pour la première fois, Malefoy perdait son calme, et le tableau n’était guère réjouissant. Se tournant vers Hermione, il articula avec peine, tant sa voix était emplie de fureur
- pourquoi tu pleures ?
- qu’est-ce que ça peut te faire ? lança-t-elle, consciente de la stupidité de sa réponse
Damien sembla lui aussi manquer de vocabulaire mais continua
- il va falloir que les choses soient claires, j’en..
- elles vont être très claires ! l’interrompit Hermione, criant presque. A partir de maintenant, tu ne m’approches plus, tu ne me parles plus, tu m’évites, tu me fiches la paix ! en d’autres mots tu m’oublies !!!
Ses paroles semblèrent avoir un impact considérable sur Malefoy dont la fureur retomba brusquement, mais les Gryffondors n’eurent pas à attendre plus de trois secondes pour s’apercevoir que la situation n’avait fait qu’empirer.
Ils furent comme quelques semaines auparavant tétanisés devant la puissance calme qui émanait de lui. Son regard malgré tout, restait fixé sur Hermione et reflétait parfaitement la tempête qui faisait rage en lui.
Comme pour clore définitivement ce débat, Hermione arracha le collier de son cou et le jeta à Malefoy, qui le rattrapa d’une main rapide, comme un attrapeur talentueux aurait saisi le vif d’or. Harry s’en fit malgré lui la remarque. Il remarqua aussi parfaitement la blessure que ce geste infligea au Serpentard, tout comme Hermione.
La jeune fille ressentit un sentiment étrange de honte : dans les yeux bleus de Damien, elle lut sans équivoque possible une cassure nette, qui les colora de gris. On aurait dit que quelque chose s’était brisé en lui, à l’instant même où la figurine d’améthyste avait atterri dans la paume de sa main.
- Et bien, puisque de toute façon c’est ce que tu veux depuis si longtemps... J’en ai assez, moi aussi, de lutter. Tu veux me détester ? à ta guise. Je vais te donner des tas de raisons de me détester pour te faciliter la tâche.
Sa voix était étrangement calme et l’inquiétude se lisait à présent sur les visages des Gryffondors, qui retenaient leur souffle. Après les avoir tous regardé un à un, Malefoy enfouit la loutre mauve dans sa poche.
- je suis étonné que vous ne vous entendiez pas mieux avec Drago. Vous êtes tous si «semblables» continua-t-il avec un rictus de dégoût.
Neville hocha la tête rageusement, en signe de désaccord, ce que remarqua Damien.
- ah peut-être toi moins que les autres, Londubat. Lui dit-il. Mais vous… et toi, continua-t-il en fixant tour à tour Ron, Harry, Ginny puis à nouveau Hermione, vous êtes tous tellement persuadés de pouvoir juger de la valeur de quelqu’un au premier regard…
Aucun des cinq amis n’émit le moindre son. Harry eut la détestable impression de se trouver en faute, pris en flagrant délit et sermonné comme un gosse par un adulte responsable.
- Et bien Granger ? es-tu satisfaite ? tout rentre dans l’ordre des choses… Je suis un méprisable Serpentard tu vois. Malefoy de surcroît. Comment pourrais-je donc éprouver autre chose à ton égard que du dégoût et de la haine ?
Morgwen, qui s’était jusqu’alors tenue à l’écart du groupe, approcha enfin et toucha timidement le bras de Damien.
- Allons, inutile de rester ici plus longtemps.
Comme il ne bougeait pas, elle fit sur lui une légère pression en le tirant délicatement.
- viens. Ne restons pas là. S’il te plait…
Damien se tourna vers elle. Hermione n’avait jamais vu dans les yeux de Malefoy autant de «vide». C’était du moins l’impression que lui donnait à présent le regard du Serpentard.
- tu as vu ses yeux Granger ? demanda-t-il en se tournant à nouveau vers une Hermione qui sentait la colère revenir à grands pas.
- ces yeux là me regardent d’une façon neutre. Sans aucun préjugé, aucune méfiance, aucune haine préconçue.
Les joues de Morgwen se tintèrent de rose, ce qui rendit la jeune femme encore plus belle qu’elle n’était déjà, et Ron encore plus ébahi.
- que je n’entende plus jamais aucun d’entre vous critiquer Drago, acheva-t-il, car vous ne valez pas mieux. Tout comme lui, vous jugez autrui par la « couleur » de son sang. Le mien est trop ...vert… et mes cheveux trop blonds… quel dommage.
Sans un mot supplémentaire, il prit la direction du château, après avoir adressé à Hermione un sourire qui acheva de la briser. Il n’y avait plus dans ce sourire aucune joie, aucun narcissisme, aucune moquerie. Juste de la tristesse qu’elle reçut de plein fouet.
Morgwen le suivit, ne lâchant pas son bras, après un dernier sourire d’excuse pour les Gryffondors qui les regardèrent disparaître dans le parc, silencieux et immobiles dans le vent glacé.
Lorsque midi arriva, les cinq amis entamèrent leur repas dans un silence rare et pesant. Chacun semblait réfléchir et ressasser ce qu’il avait entendu dans le parc. Harry éprouvait un malaise hors du commun en répétant en lui les paroles du serpentard.
Finalement, il y avait du vrai dans ce qu’il leur avait dit. Ron et lui s’indignaient lorsque Drago insultait Hermione, l’appelant « sang de bourbe », mais il fallait bien reconnaître que tout comme lui, ils avaient préjugé de Damien, le classant automatiquement dans le camp des « non fréquentables et dangereux », seulement parce que c’était un Malefoy…
Ron grommelait dans son assiette et sursauta brusquement lorsque Ginny prit la parole
- Quand même ! il a bien TOUT fait pour qu’on le juge ainsi ! Nous ne sommes pas entièrement responsables !
- Il a surtout joué le rôle qu’on lui a attribué d’office, intervint Neville.
Ginny replongea dans son assiette sans ajouter quoi que ce soit, irritée comme les autres de devoir reconnaître ses torts.
Harry songea avec désespoir que Dumbledore, s’il avait vent d’une telle affaire et malgré son antipathie manifeste envers Malefoy, ne serait guère fier de lui. Le grand sorcier qui enseignait qu’un homme ne vaut que par ce qu’il devient, par ce qu’il choisit d’être et non par ce qu’il est au moment de sa naissance serait sûrement déçu de le voir ainsi préjuger de quelqu’un.
Dumbledore… Dumbledore qui se méfiait de Damien… Harry retrouva le sourire et son courage.
- non Ginny, tu as raison ! On ne doit pas se laisser berner ! on avait des tas de raisons de se méfier de lui ! Dont certaines très valables. Acheva-t-il en regardant vers la table des professeurs.
Ses amis comprirent sans peine l’allusion, et Harry se rappela que d’ici quelques minutes, il devrait rejoindre Dumbledore.
Hermione resta silencieuse tout le temps que dura le repas. Sous la table et à l’abri des regards, elle jouait encore avec l’anneau de bal du Serpentard. Elle hésita longtemps avant de tenter l’expérience, puis finalement, craignant l’une et l’autre des deux issues possibles, elle ferma les yeux et tira sur la bague. Une larme glissa sur sa joue, tout comme l’anneau glissa de son doigt. Aucune difficulté, aucun obstacle. Irrémédiablement désunis.
Lorsque l’heure fut venue, Harry se rendit auprès du directeur. Il fut surpris de lire de la tristesse dans ses yeux, une certaine mélancolie, malgré l’accueil chaleureux qu’il lui fit. McGonagall se trouvait là et affichait également un sourire bienveillant.
- et bien Harry, je crois qu’il est temps pour toi de franchir une étape supplémentaire. Assieds-toi, je te prie.
Le jeune sorcier s’exécuta, imité par McGonagall tandis que Dumbledore s’enfonçait dans son fauteuil, le jaugeant du regard.
- tout d’abord, j’aimerais savoir si tu as pratiqué les exercices que je t’ai demandés.
Harry hocha simplement la tête en signe d’approbation.
- chaque soir ?
Le directeur obtint la même réponse de la part de son élève.
- cet entraînement, même s’il peut paraître anodin, constitue un atout majeur dans l’apprentissage du sort dont je t’ai parlé.
- je vous assure que j’ai fait tout ce que vous m’avez conseillé. Et si ce n’était pas le cas, je ne serais pas assez stupide pour vous mentir, je crois.
McGonagall sourit malgré la légère effronterie de leur protégé.
- je voulais juste que tu prennes conscience de l’importance de cette pratique régulière… ajouta le directeur en souriant à son tour.
Après un regard vers la directrice des Gryffondors, il enchaîna d’une voix hésitante que Harry lui avait peu souvent connue
- la personne qui t’apprendra ce sort est très chère à mon cœur. Beaucoup de gens savent que je te porte une affection plus importante que ce que mon statut exige, et comme nous en avons déjà discuté, ceci peut constituer un point faible, exploitable par notre ennemi. Il en va de même pour ce membre de ma famille… le seul qui me reste à vrai dire.
Trois coups furent frappés à la porte, et sur l’invitation de Dumbledore, Morgwen entra. Après un sourire et sans un mot, elle s’assit à côté de McGonagall.
- Pour l’instant, je ne te dévoilerai ni son nom, ni son identité. Poursuivit Dumbledore. Avant de pouvoir le faire, il me faut être certain que ce secret ne pourra pas être dévoilé, par quelque moyen que ce soit.
- mais si vous désigniez un gardien du secret, il n’y a plus de problèmes .. non ?
- Toujours aussi perspicace, Harry… Dumbledore s’avança sur son fauteuil et pointa du doigt le front du jeune homme
- malheureusement, je crains que ce « lien » entre toi et Voldemort ne constitue un danger. Nul ne peut dévoiler un secret en effet, s’il n’en est pas le gardien. Nul ne le peut, quelle que soit la puissance de son ennemi… nul ne le peut… volontairement. Mais si il entre dans ton esprit, si il est dans ton esprit, j’ai bien peur que nous n’y puissions rien.
Harry sentit son estomac se nouer en entendant parler de « lien » entre Voldemort et lui. Il souffrait encore trop en se remémorant comment le Lord Noir avait exploité ce « lien » par le passé.
- ainsi, reprit Dumbledore, même si tu as des doutes, voire des certitudes, tant que je ne t’ai pas dit ouvertement de qui il s’agissait, nous ne risquons rien… du moins je l’espère
- comprenez, Potter, intervint McGonagall, que Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom possède un pouvoir exceptionnel, que repousser un sort mortel comme vous l’avez fait est exceptionnel et que le « lien » qui vous unit l’est également. De fait, il est très difficile, même pour nous, de prévoir ce qui est possible ou non.
- Le ministre Fudge, reprit Dumbledore, a insisté pour que nous vous enseignions cet enchantement, qui devrait vous permettre justement de rompre ce lien à votre guise, de vous détacher de l’emprise de Voldemort. Je ne désire par reproduire les mêmes erreurs Harry, et laisser par ma faute mourir des gens en souhaitant trop en protéger d’autres. Ce soir donc, nous nous rendrons à la salle sur demande, à 20h00. Je te demande d’y venir accompagné de Monsieur Weasley et de Miss Granger. Eux aussi, auront quelques sorts à apprendre, qui pourraient être de quelque utilité.
- Mais avant cela, intervint McGonagall, vous allez devoir vous rendre dans le bureau du professeur Rogue, qui tâchera d’évaluer vos progrès en occlumancie.
Voyant le regard atterré de Harry, elle ajouta
- C’est à cette seule condition que nous pourrons vous enseigner ce sortilège. Comme vous l’avez deviné, un Gardien a été désigné pour masquer au mieux l’identité et surtout le lieu où se trouve votre professeur à venir. Il n’y a donc que peu de choses à craindre du point de vue de vos amis. Mais ce lien…
Dumbledore se leva, respirant plus rapidement, ce que Harry analysa comme de l’inquiétude.
- Nous prenons bien des précautions, sans doute inutiles mais…. Commença-t-il dans un soupir.
Il marqua une pause, et se dirigeant vers la fenêtre par laquelle il balaya du regard le paysage qui s’offrait à lui, continua
- Lucius Malefoy est évadé d’Azkaban depuis de nombreuses semaines. Et il connaît trop bien son identité pour ignorer où il se trouve…
- Albus.. murmura la directrice des Gryffondors.
- bien ! Harry, reprit celui-ci en se tournant vers lui, rejoins tout de suite le professeur Rogue, il t’attend. Fais ce qu’il te demande au mieux et viens ce soir, à l’heure et au lieu prévus.
Harry comprit au ton ferme du directeur que l’entretien était fini, et qu’il lui fallait à présent se rendre au cachot, au sens propre comme au figuré.
Dès qu’il eu descendu les escaliers magiques qui menaient au bureau du Directeur, il trouva Malefoy adossé au mur, dans la position nonchalante qu’il affectionnait tant, et qui rendait Rusard vert de rage. Celui-ci lui jeta un regard haineux avant de s’éloigner, les mains dans les poches, sans une parole.
Harry se dirigea immédiatement vers les cachots, et fut ravi de trouver Ron et Hermione qui rodaient volontairement près du bureau de Dumbledore en l’attendant. Sur le chemin, il leur expliqua rapidement la situation et les enjoignit à rester prudents, c'est-à-dire le plus éloignés possible de Malefoy et sa bande.
Il sentit son estomac se retourner lorsque la voix glaciale de Rogue lui ordonna d’entrer, mais s’exécuta après un dernier regard pour ses amis.
là où tout commence by Morgane
A 17h00, lorsque Harry put enfin se libérer de Rogue, sa tête était sur le point d’exploser. Son professeur lui avait lancé toute sorte de sorts, cherchant inlassablement à entrer dans son esprit. Les cours d’occlumancie qu’il avait endurés l’an passé lui étaient alors apparus comme une douce rêverie, comparé à ce qu’il venait de subir.
Il n’avait plus qu’une idée en tête : se coucher, dormir. Il ne s’entendit pas prononcer le mot de passe et lorsqu’il pénétra dans la salle commune, titubant presque, son air hagard inquiéta vivement ses amis, qui l’attendaient, prostrés près du feu.
Ginny courut vers lui, pâle de frayeur en le voyant si faible sur ses jambes et l’aida à s’asseoir sur le fauteuil que libéra Neville. Tous attendaient qu’il parle et s’explique, mais il n’eut que la force de leur sourire.
Ceci sembla cependant réconforter les Gryffondors qui prirent place autour de lui et lui firent un résumé succinct de leurs activités tout aussi succinctes. Ils s’étaient tous réfugiés près de l’âtre dès le début de l’après midi, fuyant le froid hivernal, Malefoy et leurs idées noires. Ils avaient donc passé leur temps à émettre des hypothèses toutes plus invraisemblables les unes que les autres sur la suite des événements.
L’évocation de certaines d’entre elles fit rire Harry, qui constata à l’évidence que ses amis avaient plus employé leur temps à chercher à se changer les idées qu’à trouver de réelles réponses à leurs questions.
Ils laissèrent tous ensembles filer le temps, profitant de ce début de vacances pour ne pas ouvrir de livres, s’acharnant à discuter de tout, de rien. En fait, ils mettaient une ardeur considérable à éviter tout temps mort. Chacun maudissait ces moments où leur esprit trop libre les emportait vers de sordides considérations, qui leur nouaient immanquablement l’estomac.
19h00 approchait, et ils décidèrent d’aller dîner au plus vite, pour ne pas manquer l’heure de leur rendez-vous.
- On ne se présente pas en retard à un rendez-vous attendu depuis si longtemps ! lança Ginny, enthousiaste.
Harry sourit, heureux de les voir tous près de lui, et soulagé de constater que sa tête allait beaucoup mieux, même s’il n’avait pas mis à exécution son « projet sieste ».
En entrant dans la grande salle, tous portèrent instinctivement les yeux vers la table des professeurs. Dumbledore leur adressa un sourire bienveillant. Harry lui fut reconnaissant pour cette éternelle présence rassurante. De plus en plus, il percevait l’indéfectible loyauté du vieil homme qui, malgré quelques impairs, était toujours là pour le soutenir et le rassurer par son unique présence.
Ils étaient tous en train de dîner lorsqu’une voix s’éleva derrière eux. Morgwen, qu’aucun d’entre eux n’avaient vu approcher, s’adressa à Ginny et à Neville
- le professeur McGonagall m’a chargée de vous dire qu’après mûre réflexion et délibérations avec monsieur le directeur, il a été décidé de vous convier à la réunion de ce soir.
Neville fit de gros efforts pour ne pas lancer son assiette en l’air, sous l’effet de la joie, mais son sourire rayonnant laissa entrevoir son état d’esprit.
- Il semble que certains événements récents aient favorisés le rapprochement de votre «groupe», et vos professeurs y voient une force qu’il serait bon d’entretenir.
- on y sera ! assura Ginny, radieuse.
- très bien... à tout de suite alors.
Morgwen s’éloigna sous les yeux ébahis de Ron, ce qui fit rire Hermione aux éclats. Tout le monde se figea en la regardant, l’air incrédule.
- oh ! Ron excuse moi, gloussa-t-elle mais si tu voyais ta tête ! on dirait que tu es aux prises avec une Vélane !
Harry sentit les larmes lui monter aux yeux et il enlaça brusquement son amie, assise à côté de lui, manquant lui faire échapper le verre qu’elle portait à ses lèvres
- Dieu que c’est bon de t’entendre rire… lui murmura-t-il
Hermione se sentit rosir et rendit leurs sourires à ses amis, qui s’ils ne pouvaient pas l’enlacer tous, partageaient immanquablement l’avis du jeune sorcier.
- D’ailleurs, reprit Ginny, elle est où Fleur ? on le l’a pas revue
- elle a dû repartir en France, je suppose. Personne ne semble l’avoir croisée. Répondit Neville en se servant de la tarte.
Il se mit alors à pâlir et articula avec peine
- je devais envoyer un hibou à ma grand-mère qui est partie en vacances là bas... j’ai oublié.
Il se leva précipitamment et courut vers la sortie, informant ses amis qu’il les rejoindrait dès sa promesse tenue.
19h30… il était temps. Chacun but une dernière gorgée d’eau, comme pour se donner du courage, et tous se levèrent d’un seul homme, avant de se diriger vers l’étage où se trouvait leur lieu de réunion. Harry se demanda ce qu’ils allaient pouvoir y trouver. Du matériel d’entraînement, comme au temps de l’AD ? des pots de chambres ? l’évocation de ce souvenir le fit rire intérieurement.
Il entra le premier dans la salle mystérieuse, et y trouva les professeurs Dumbledore et McGonagall, ainsi que Morgwen. Lorsque le directeur surprit les regards aapuyés portés vers la jeune femme, il prit la parole en retenant un rire, surprenant l’assemblée
- pas de conclusions hâtives, jeune gens.
Il laissa à chacun le temps d’entrer et d’observer la pièce. Les membres de l’AD ne la reconnurent pas. En fait, ils n’étaient pas dans une salle, mais dans une clairière. Un ruisseau courait entre des rochers sur leur droite tandis que face à eux se dressait une forêt de bouleaux. Une herbe verte tapissait le sol, et cet air de printemps rasséréna le petit groupe.
- j’ai pensé que le chant de l’eau pourrait apaiser vos esprits quelque peu torturés. Annonça Dumbledore d’une voix calme.
Hermione n’aurait pu espérer mieux, mais se demanda ce qui, de l’eau ou de la voix douce de leur professeur, était le plus apaisant.
- vous voilà donc au nombre de quatre, bientôt cinq, si je ne m’abuse, alors qu’il y a à peine deux mois, il n’était prévu d’apprendre qu’un unique sort à une seule personne. Continua Dumbledore en fixant Harry.
Tous acquiescèrent, n’osant proférer le moindre son, de peur de rompre un quelconque enchantement, tant ils avaient attendu ce moment. Cependant Hermione surveillait la porte, inquiète de ne pas voir arriver Neville. McGonagall perçut sa préoccupation.
- Monsieur Londubat ne devrait plus tarder. Ne vous inquiétez pas, nous allons l’attendre, il n’est pas tout à fait l’heure.
Tandis qu’elle achevait sa phrase, la poignée de la salle tourna sur elle-même.
Tous virent Neville entrer, à bout de souffle. Ou du moins, virent-ils Neville ouvrir la porte… Celui-ci semblait en proie à la plus grande hésitation, ne sachant si il devait entrer ou sortir. Affolé, il chercha Dumbledore du regard, et l’informa dans un souffle
- y’a Malefoy qui me suit ! il…
Mais le malheureux n’eut pas le loisir de finir sa phrase. Il fut projeté au loin et atterrit lourdement dans le ruisseau, grimaçant de douleur sous le choc.
Les Gryffondors sortirent précipitamment leurs baguettes en voyant entrer Damien, le regard noir. Harry sentait son cœur battre la chamade, mais l’attitude impassible de leurs professeurs lui fit baisser son "arme". Ses amis l’imitèrent alors, restant méfiants malgré tout.
Dumbledore semblait ne plus les voir. Il fixait Malefoy intensément. Celui-ci s’adossa à un arbre sans un mot, près de l’entrée, tandis que Neville se relevait à grand peine, aidé par Morgwen, en se frottant le séant.
Harry, Ginny, Ron et Hermione observaient Dumbledore. Sur le visage du vieil homme, ils purent lire toute une palette de sentiments, mais aucun ne reflétait la haine ou même l’antipathie. Le sorcier sourit et pointa le frêne du doigt.
- je l’ai mis exprès pour toi. Tu n’as pas été suivi ?
Damien répondit par la négative, en hochant lentement la tête.
Il sembla aux Gryffondors que le temps venait de s’arrêter.
Dumbledore se tourna vers ses étudiants et les encouragea d’un geste à prendre place sur les sièges en osier que le professeur McGonagall fit apparaître promptement. Malefoy ne daigna pas bouger, lançant aux Gryffondors des regards emplis de haine, tout en évitant soigneusement de croiser celui d’Hermione, qui s’appliquait à en faire autant.
Ron et Ginny le fixaient sans ciller, persuadés que si par mégarde il leur arrivait de cligner des yeux, le Serpentard disparaîtrait de leur vue, avant de leur jeter un sort.
Ron faisait le tour des informations que lui et ses amis avaient accumulées sur Damien, Morgwen, le Directeur et ce mystérieux parent, se demandant ce que Malefoy pouvait faire dans cette clairière et surtout pourquoi les professeurs ne le reconduisaient pas manu militari vers la sortie.
Ginny songea que peut-être ils avaient fait erreur, et que c’était lui qui allait enseigner le sort à Harry, et non pas la belle jeune femme assise aux côtés de leur directrice de maison. Pourtant, rien ne concordait et elle décida d’attendre les explications que Dumbledore ne manquerait pas de leur fournir, convaincue que le problème était trop épineux à résoudre pour ses neurones fatigués.
Celui-ci les regardait avec un sourire bienveillant et semblait ne pas savoir par où commencer. Il finit par rire légèrement devant les visages muets de surprise et de doute, tournés vers lui.
- tout d’abord, commença-t-il, je vous prie de m’excuser.
Harry se tourna pour observer Hermione et Ron, assis à sa gauche, un peu en retrait derrière lui. Ses amis lui sourirent pour l’encourager, aussi bien lui qu’eux, songèrent-ils sans savoir que chacun éprouvait la même sensation.
- oui, je tiens à m’excuser de m’être amusé à vous voir, depuis le début d’année, chercher des réponses à vos questions, et vous engager sur de fausses pistes. Pardon, insista-t-il, à vous tous.
Il eut un regard appuyé pour le professeur McGonagall, assise à sa gauche, faisant presque face à Harry. Celle-ci lança à son collègue un regard faussement indigné, agitant sèchement la main pour signifier son désir de ne pas aborder ce sujet sensible.
- Cependant, reprit-il, si cela peut vous consoler, j’ai été largement puni de m’être ainsi diverti de votre ignorance. J’ai eu moi aussi des raisons de trouver cette situation désagréable, et ai parfois souffert de ne pouvoir vous révéler ce que vous ignoriez.
Il fixa alors Hermione, qui se tourna tour à tour vers ses deux meilleurs amis, constatant qu’eux non plus ne saisissaient nullement l’allusion faite.
- cette ignorance que je maintenais a effectivement donné lieu à des situations douloureuses, pour vous, comme pour moi, murmura-t-il.
Damien claqua la langue avant de soupirer bruyamment. Tous se tournèrent vers lui. Il fixait Dumbledore avec rage, mais celui-ci se contenta de lui sourire avant de poursuivre
- sans plus tarder nous allons donc commencer par vous présenter. Je crois que vous connaissez déjà monsieur Malefoy, dit-il en se tournant brièvement vers l’immobile Serpentard avant de poursuivre, Damien. Je ne vous ferai donc pas l’affront de vous demander de vous saluer, vous avez déjà eu l’occasion de vous croiser aujourd’hui.
Ron réprima un rire. Harry s’imagina serrant la main de Malefoy face à Dumbledore, comme Sirius avait dû serrer celle de Rogue, quelques mois auparavant. Sirius… Le jeune sorcier secoura légèrement la tête pour chasser de son esprit ces sombres pensées et se concentra sur ce que disait son professeur.
- Harry, reprit Dumbledore en se tournant vers le jeune homme, c’est lui qui t’enseignera ce que tu dois à présent savoir pour te déf…
- QUOI ??!! cria Harry en se levant d’un bon, renversant son siège et provoquant un sursaut chez ses professeurs.
Dumbledore se mit à rire, laissant l’assemblée perplexe
- Allons allons, dit-il en riant encore, laisse moi finir. Tu auras toutes les réponses à tes questions en sortant de cette « pièce ».
- Mais monsieur, poursuivit malgré tout le sorcier en désignant Morgwen d’un doigt, je pensais que… enfin…
Il se tourna vers la jeune femme et se sentit rougir en croisant son regard. Il redressa son siège, cachant du mieux qu’il le pouvait sa gêne. Ce faisant, il constata que ses amis, à l’exception d’Hermione qui le fixait lui, regardaient tour à tour Morgwen assise d’un côté, et Malefoy, impassible, immobile de l’autre.
- Morgwen est ma filleule. Intervint McGonagall. La petite fille de ma meilleure amie, que j’ai connue durant mes études.
Les Gryffondors la fixèrent tous un instant, faisant rosir les joues de la jeune femme brune.
- Albus a accédé à ma requête, lorsque j’ai « enfin » su la vérité, ajouta-t-elle en gratifiant Dumbledore de son regard le plus sévère, de faire venir Morgwen pour qu’elle puisse elle aussi bénéficier de cet enseignement spécial, puisqu’elle tient à entrer dans l’Ordre.
Cette dernière acquiesça en souriant, à l’intention de Harry et de ses amis.
- En fait, elle m’a tout bonnement menacé de vous révéler la vérité ! ajouta Dumbledore en s’avançant sur son siège, d’un ton badin.
McGonagall se tourna vivement vers lui, s’empourprant légèrement. Dumbledore semblait au comble de la félicité, et reprit en riant à nouveau
- Mais non, mais non. Morgwen est une jeune femme talentueuse et il est évident que sa présence parmi nous constitue un atout majeur contre Voldemort. Elle aura surtout la responsabilité de vous enseigner ses multiples connaissances en matière de défense contre les forces du mal, pour parfaire votre savoir déjà important, compléta-t-il en se tournant tour à tour vers Ron, Hermione, Ginny et Neville.
Les quatre concernés regardèrent à nouveau leur jeune professeur, et Ron afficha un sourire radieux.
- Bien ! fit Dumbledore en se levant, il est temps de commencer, si vous voulez bien.
Tous l’imitèrent et les sièges disparurent de la clairière.
- Avez-vous des questions à poser ?
Les Gryffondors fixèrent Malefoy, qui les foudroya du regard, leur faisant aussitôt regretter de se trouver en ce lieu.
- que vais-je apprendre exactement ? Demanda Harry
- aujourd’hui, rien. Sourit Dumbledore. Plus tard tu apprendras à lutter contre les sorts qui altèrent l’esprit. C'est-à-dire tout ce qui est susceptible de te faire perdre le contrôle de toi-même. Pour l’instant, il va falloir déterminer à quel « niveau » tu te situes, dans cet apprentissage précis. Il y a des étapes à franchir et à respecter pour que ce sort devienne efficace et imparable.
Tous brûlaient d’envie de noyer leur Directeur sous les questions, mais la présence de Malefoy les retenait.
- Professeur ? intervint timidement Neville
Celui-ci se tourna vers lui, l’interrogeant du regard. Le Gryffondor hésitait en regardant Damien de biais
- Oui ? Monsieur Londubat ? l’encouragea Dumbledore
- Vous pourriez nous expliquer ? Qui il est… acheva-t-il dans un murmure en faisant un signe de tête vers le Serpentard.
A peine eut-il achevé sa phrase que le regard assassin de Malefoy lui tira un gémissement de frayeur. Neville sentait son courage s’évanouir et ses jambes déjà faibles luttaient pour soutenir son poids. Le visage lunaire du jeune homme se tourna vers chacun de ses amis, en quête de tout signe de réconfort.
Harry lui sourit, compatissant. Neville souffrait depuis des années de son caractère timide et craintif. Il se souvenait encore avec béatitude de la somptueuse heure où, face à l’épouvantard, son malheureux ami avait eu à affronter sa plus grande frayeur : le professeur Rogue.
Le jeune homme avait tour à tour évoqué devant des étudiants hilares ses principales craintes : le maître des potions, et la sévérité de sa grand-mère. Neville était effectivement un jeune sorcier impressionnable mais Harry se souvint qu’au plus fort de la bataille il n’avait pas failli à son devoir, faisant preuve d’un courage et d’une loyauté exemplaires.
Cependant, à ce moment précis, aucun des Gryffondors ne semblaient plus à l’aise que lui. La fureur de Malefoy transpirait de tout son être, et Ginny eut la conviction qu’en fixant leur attention, il leur aurait été possible d’entrevoir un éclair rouge parcourant l’espace entre le Serpentard et eux. Celui-ci semblait en effet sur le point de se jeter sur eux et jamais son regard n’avait été aussi haineux.
Pour la première fois de la soirée, Dumbledore en éprouva une gêne qui se traduisit par les mouvements nerveux de ses mains.
- et bien Damien, je crois que ces jeunes gens méritent tout de même quelques brèves explications. Finit-il par dire en souriant au jeune homme adossé à l’arbre.
Malefoy le regarda alors sans se départir de sa colère
- à quoi bon ? Ils se sont déjà fait une solide idée de ce que je suis. Je ne vois pas en quoi tes «explications» pourraient aider ton si somptueux élève à progresser. Siffla-t-il en se tournant ensuite vers Harry.
Le jeune Gryffondor resta médusé face la haine qu’il pu lire dans ces yeux. Depuis le début de la soirée, Malefoy manifestait son profond mécontentement de se trouver en ce lieu, mais Harry n’avait pas encore eu l’occasion de vraiment soutenir son regard. Il se tourna vers son directeur, soudain en proie à un doute teinté de crainte.
Le vieux sorcier poussa un soupir, mais ne tenant pas compte de la remarque de Damien, il poursuivit.
- Dis moi, Harry, qu’est-ce qui vous a permis de penser, à toi et à tes amis, que Morgwen pourrait m’être liée ?
- et bien, répondit le jeune homme en se tournant vers un Neville qui devenait transparent à force de pâlir, le professeur Binns a mentionné les patromagus, et Neville a vu les initiales de votre parent. On les a d’ailleurs retrouvé sur une liste, à la bibliothèque…
- je vois… et vous en avez conclu que ce D correspondait au nom… Dumbledore ?
Tous acquiescèrent.
- Au moins il s’agissait des bonnes initiales, là-dessus vous ne vous êtes nullement trompés
- C’est le professeur Binns qui nous les a montré, il n’y avait donc pas de doute possib….
Neville n’eut pas la force d’achever sa phrase autrement que par un énième gémissement, subissant à nouveau le regard presque palpable de Malefoy.
- Damien ! Je t’en prie… intervint Dumbledore d’une voix forte mais calme
Ce dernier détourna à nouveau son attention vers le directeur
- calme toi… te mettre dans un tel état n’avancera à rien.
Damien se laissa glisser le long de l’arbre, s’asseyant sur l’herbe en serrant les dents. Il finit par détacher son regard de Dumbledore et résolut de le fixer au sol.
- Donc, reprit ce dernier en se tournant à nouveau vers ses élèves, ces initiales étaient effectivement les bonnes, mais ce D correspondait à son prénom. Damien. Et le M, contrairement à ce que vous avez pensé, était l’initiale de son nom.
- Mais quel rapport y a-t-il alors entre Lucius et vous ? questionna Harry. Ce n’est tout de même pas…. Votre fils... acheva-t-il dans une grimace.
Contre toute attente, Damien éclata d’un rire franc en se relevant, provoquant un sursaut chez les Gryffondors, tandis que McGonagall retenait un fou rire, cachée derrière sa main.
- pathétique. Cracha Malefoy entre ses dents en retrouvant son attitude méprisante, toisant Harry avec dédain.
Le jeune sorcier ne put retenir la vague de fureur qui le submergea et se mit à hurler, à l’intention du Serpentard
- pathétique ?! Ça va faire des semaines que tu te joues de nous et de notre ignorance ! Qu’est-ce que tu crois ? Que je suis devin ? Comment aurai-je pu deviner qui tu étais ? Comment même là pourrais-je savoir qui tu es ?! Tu passes ton tem..
- LA FERME POTTER ! rugit Damien en s’avançant vers lui.
Dumbledore s’approcha d’eux, la mine sombre, mais n’intervint pas, laissant les deux jeunes hommes donner libre cours à leur colère. McGonagall ne souriait plus et fixait la scène, surveillant le moindre signe de la part de son collègue pour intervenir.
- tu ne sais pas qui je suis ? Sombre crétin !! Tu es à mille lieues de jamais pouvoir le deviner oui ! Mais ne m’accuse pas d’être à l’origine de tes erreurs ! Tu te jettes toujours à corps perdu dans ce que tu crois être vrai, ne te fiant qu’à ton instinct primaire sans réfléchir une minute à ce que tu vois !
Harry recula d’un pas tant ses tympans souffraient sous les hurlements de Malefoy, livide de fureur.
- pas une seconde tu ne m’as laissé le bénéfice du doute ! Alors de là à m’imaginer dans un autre rôle que celui de l’ennemi à abattre il y a du chemin ! Hein Potter ?! Pourtant, on aurait été en droit d’espérer que le Survivant fasse preuve d’un peu plus de modestie après ses erreurs passées ! continuait-il sans prendre le temps de respirer. Seulement tu es bien trop imbu de ta petite personne pour remettre tes certitudes en doute, et malheureusement pour ceux qui t’entourent, certains en paient le prix fort !! Ça aurait pourtant dû te servir de leçon que Sir…
- ça suffit !!! intervint Dumbledore en se plaçant entre eux, un main tendue vers chacun, plus pâle que la mort. Sa voix forte résonna dans la clairière qui sombra ensuite dans un silence pesant
Harry, sous le choc de ce qu’il venait d’entendre, se laissa tomber à terre, vidé de toute énergie. Dumbledore se tourna tour à tour vers eux avant de s’éloigner de quelques pas, estimant qu’il ne devait pas trop prendre part à cette mise au point.
Ginny avait rejoint Harry et le soutenait de son bras, tandis qu’il restait assis sur l’herbe, quelque peu hébété. La jeune fille rassembla tout son courage avant de se relever et de faire face au Serpentard, qui avait enfoncé ses mains dans ses poches, les fixant toujours.
- Bon… dit-elle d’une voix calme, ramenant un peu de sérénité au groupe, ce qui fit la fierté de sa directrice, il n’empêche que si tu es un parent de Dumbledore et le fils de Lucius, il n’est pas totalement aberrant de se demander qui…
- je ne suis pas le fils de Lucius. Coupa Damien dans un souffle. Qui vous a mis cette idée saugrenue dans la tête ?
McGonagall toussota légèrement, rappelant à l’ensemble des Gryffondors la détestable Ombrage.
- je crois en être la seule responsable. Albus ne répondait à aucune de mes questions, aussi insistantes soient-elles, expliqua la directrice des Gryffondors. Lorsque j’ai évoqué votre probable lien filial avec Lucius, compte tenu de votre ressemblance plus que marquée, il n’a pas démenti, sans pour autant confirmer, mais j’en ai tiré les conclusions que je croyais bonnes… Il en a été de même lorsque j’ai supposé que vous aviez suivi vos études à Durmstrang. J’ai moi-même découvert qu’il n’en était rien, après avoir mené ma propre enquête. Acheva-t-elle
- J’avais oublié que l’on ne peut cacher bien longtemps un secret à une femme telle que vous, lui répondit le vieil homme. Mais nous étions encore trop incertains de ce que nous réservait notre avenir proche pour nous permettre de tout dévoiler au grand jour. Ces moments ont été pénibles pour moi Minerva, j’espère que vous en êtes à présent persuadée.
Elle hocha brièvement la tête en signe d’approbation et continua
- lorsque j’ai reçu le courrier de Durmstrang m’informant que monsieur Malefoy n’y avait jamais été inscrit, continua-t-elle pour tous, j’étais dans une rare colère. J’ai donc exigé de connaître la vérité, ou du moins que l’on m’informe de ce qui, dans ce que je supposais, était faux. Albus a donc jugé qu’il était temps pour moi de partager ce « secret » ; j’ai ensuite contacté Morgwen afin qu’elle nous rejoigne…
Harry s’était relevé, attentif.
- Donc, afin d’aller au plus pressé, Damien se trouve être l’arrière petit neveu d’Albus, acheva sa directrice
Les yeux des Gryffondors s’emplirent de chiffres, de dates et de schémas complexes.
- Harry, interpella Dumbledore, sur une photo que t’as montrée Alastor, tu a pu voir mon frère ?
Le jeune sorcier acquiesca.
- et bien, il a eu un fils, qui a lui-même eu une fille… qui a épousé un Malefoy. Le frère aîné de Lucius.
- donc, reprit Ginny en se tournant vers Damien, Lucius n’est pas ton père, mais ton oncle.
- félicitations… répondit cyniquement ce dernier.
Il tourna les talons et se dirigea à grands pas vers la sortie. Dumbledore le fixa d’un regard inquiet.
- Damien ?
L’interpellé se retourna sans répondre pour autant.
- Je t’en prie… nous avons besoin de toi ici. Ne prends pas toi non plus de décisions trop hâtives.
- Je vais juste faire un tour... je reviens. Murmura le Serpentard en reprenant sa route.
Lorsqu’il eut passé la porte, de nombreux soupirs s’élevèrent dans la « salle ». Hermione, prostrée près de Morgwen, n’avait pas fait le moindre mouvement durant tout le temps de ces échanges et sortit de sa léthargie en entendant prononcer son nom
- Miss Granger ?
Le directeur lui souriait, le visage à nouveau serein. Elle le comprit sans qu’aucune parole supplémentaire ne soit utile et se rua vers la sortie à la suite de Damien.
Hermione courut à perdre haleine au hasard dans les couloirs jusqu’à apercevoir les cheveux blonds du serpentard qui se dirigeait vers la tour d’astronomie. Il ne cessa pas plus sa marche qu’il ne lui adressa la parole lorsqu’elle lui prit le bras. Elle le suivit donc jusqu’à ce qu’il s’arrête, au plus haut point du château, à l’endroit même où des années plus tôt elle et ses amis avaient apporté Norbert.
Damien fixa longuement l’horizon. Hermione sentait parfois trembler le bras du Serpentard, parcouru de frissons. Au bout d’un long moment de silence, il ferma les yeux, écoutant le vent s’engouffrer entre les tours du château et heurter la pierre dure. La nuit était noire et glacée, et la jeune sorcière commençait à s’engourdir dans ce froid, n’osant ni bouger ni parler. Elle ne voyait que la silhouette de Malefoy se découper à côté d’elle. Il frémissait encore par moment, mais elle était persuadée que contrairement à elle, il ne ressentait nullement la rigueur de l’hiver.
Il lui sembla que de longues heures s’écoulèrent ainsi, avant que la voix calme de Damien ne parvienne jusqu’à elle.
- tu vas attraper la mort à rester ici. Tu devrais rejoindre ton amoureux au plus vite, il va s’inquiéter.
- je t’ai déjà dit que ce n’était pas mon amoureux. Souffla la jeune fille
- mmmh. Mais il va s’inquiéter quand même. Poursuivit-il en se tournant vers elle. Il n’est pas raisonnable pour une délicate Gryffondor de rester trop longtemps trop près d’un vilain Serpentard. Poursuivit-il sur un ton sarcastique. Et si Lucius n’est pas mon père, il est bien mon oncle. Imagines-tu un peu quel odieux héritage il a pu me léguer ? C’est à frémir…
Hermione baissa la tête, honteuse à nouveau, mais libérée de toute crainte.
- il ne t’a pas transmis le secret du pardon, par un heureux hasard ? ironisa-t-elle sans obtenir de réponse de Malefoy qui la fixait. Non... bien sûr… ça ne doit pas même faire partie de son vocabulaire. Tu n’as jamais commis d’erreur toi ?
Damien se mit à rire de façon quelque peu morbide avant de poursuivre
- non… je ne pense pas. Sans quoi je ne serais pas là pour en témoigner. On ne m’a jamais laissé l’occasion de commettre la moindre erreur. On ne m’a d’ailleurs jamais laissé l’occasion de décider de quoi que ce soit jusqu’à il y a 8 mois, ce qui m’a grandement facilité la tâche, dirait-on.
Le silence s’installa à nouveau entre eux, finalement brisé par Hermione.
- pourquoi tu ne m’as jamais rien dit ?
- tu ne m’as jamais rien demandé
- sans doute, continua-t-elle, légèrement agacée, mais tu savais bien que je doutais... alors ? pourquoi ?
- je voulais savoir…continua-t-il sans la quitter des yeux.
Hermione se sentit défaillir de bonheur lorsqu’il caressa sa joue.
- je voulais avoir si tu pouvais m’aimer malgré tout. Moi... et pas «l’héritier» de Dumbledore. Juste moi.
Il suspendit son geste et retira sa main, au grand désespoir de la jeune fille qui resta pourtant silencieuse.
- je crois que j’ai eu ma réponse. Continua-t-il en souriant tristement. Je crois aussi qu’il est temps de rejoindre les autres.
Hermione ne fit pas un pas, refusant de tout son être une telle issue. Elle mourrait d’envie de lui avouer combien elle tenait à lui, mais était convaincue que Damien serait encore plus irrité par une telle attitude. A présent qu’elle connaissait son identité, il demeurerait persuadé que son jugement était altéré. Il finit par lui prendre la main pour l’entraîner à sa suite. Au loin, l’immense horloge de l’école sonna 12 coups.
- hier, à cette heure-ci, j’étais tellement bien… murmura le Serpentard sans se retourner.
Hermione restait silencieuse et pensive ; seuls leurs pas résonnaient dans les couloirs sombres du château. Damien avait lâché sa main depuis longtemps, dès qu’il avait vu qu’elle le suivait. La jeune fille sentit son cœur se serrer en songeant qu’effectivement, la veille, il aurait saisi l’occasion pour la garder le plus près de lui possible.
Il lui semblait qu’une année entière s’était écoulée depuis qu’elle avait tiré sur ce lacet de velours noir. Un frisson la parcourut lorsqu’elle se rappela la douce caresse de ses cheveux entre ses doigts.
Lorsqu’ils arrivèrent à proximité de la salle merveilleuse, Damien ralentit le pas, marchant à côté d’elle. Remarquant des larmes que la jeune sorcière ne sentait pas couler sur ses joues, il stoppa sa marche et lui fit à nouveau face.
- épargne moi tes pleurs, veux-tu !
Sa voix avait perdu toute douceur. Hermione sécha son visage d’un revers de main, tandis qu’il poursuivait
- on arrête là. Retour à la case départ. Je ne t’importunerai plus. Jamais. Il est donc inutile de te mettre dans un tel état et de jouer les cœurs meurtris.
- je ne joue rien du tout ! hoqueta-t-elle, tant sous le coup de l’émotion que de la surprise. Seulement, j’ai du mal à mettre mon esprit au clair, murmura-t-elle en baissant les yeux.
- il n’y a plus rien à mettre au clair. Ça a déjà été fait. Somptueusement d’ailleurs…
Le Serpentard affichait un sourire glacé qui mit Hermione mal à l’aise.
- Finalement si, j’ai commis une erreur… j’ai eu la prétention de croire que tu pourrais accepter ma vilaine ascendance. Je me suis lourdement trompé
- oh tu ne vas pas remettre ça ! coupa Hermione, excédée. Je crois qu’on a tous bien saisi ce point là. Harry y compris.
- je le «remettrai » aussi souvent qu’il me plaira. On m’a appris, dès mon plus jeune âge, à obéir aux ordres. Miss veut que je l’oublie ? ça tombe bien, je suis assez doué pour les exercices qui mettent en jeu la volonté.
Hermione sentait chez le Serpentard un désir évident de se venger d’elle et de ce qu’elle lui avait dit le matin même dans le parc. Cependant, elle était également convaincue qu’elle n’avait plus rien à perdre à lui tenir tête, quitte à subir comme son ami ses hurlements.
- Ah tiens donc ?! ironisa-t-elle, il me semble pourtant me souvenir que ta volonté te faisait grandement défaut il y a à peine quelques heures !
Damien marqua une pause, interloqué, mais retrouva rapidement sa contenance
- très bien… dans ce cas.. il me faut reconnaître deux erreurs à mon actif. En peu de temps… il va falloir que je me ressaisisse au plus vite.
Hermione sentit sa gorge se nouer à ces mots. Décidément, on ne rivalisait pas avec un Malefoy au jeu de la répartie la plus blessante… Pas avec ce Malefoy en tout cas. Elle soupira de lassitude et suivit Damien lorsqu’il reprit sa marche.
Arrivés devant la porte de la salle sur demande, qui était apparue dès leur premier passage, il marqua un temps d’arrêt, la main sur la poignée.
- on arrête là Granger. On aura tous bien autre chose à penser d’ici peu de temps pour perdre notre énergie en chamailleries. Retour…
- à la case départ... soupira-t-elle tandis que Damien passait l'entrée.
Elle essuya à nouveau son visage humide de larmes en observant devant elle un lien noir qui lui brûlait le cœur.
- des chamailleries... ? je ne suis plus une gosse, et ce n’est pas un jeu… murmura-t-elle pour elle-même.
Lorsqu’elle referma la porte derrière elle, Malefoy lui lança un dernier regard, avant de se retourner vers le groupe, et elle comprit qu’il avait entendu ce qu’elle venait de penser à voix haute.
Lorsqu’ils pénétrèrent à nouveau dans la clairière, les yeux tristes d’Hermione inquiétèrent Harry, qui décida cependant de ne faire aucun commentaire pour ne pas raviver la colère de celui qu’il avait encore du mal à ne pas considérer comme son ennemi.
Dès que leurs regards se croisèrent, une tension considérable emplit à nouveau le lieu pourtant apaisant.
Dumbledore s’approcha d’eux avant de déclarer
- nous allons vous laisser entre vous, à présent. Il est temps pour chacun des membres de ce groupe d’adopter une attitude responsable. N’oubliez pas quels sont les enjeux de tout ceci. Harry… Je te demande de suivre les instructions de Damien aussi scrupuleusement que si je te les donnais moi-même. Morgwen... je te laisse la responsabilité de ces quatre autres jeunes gens. Bon courage à vous tous.
Malefoy fixait toujours Harry intensément, mais la colère semblait avoir disparu de son regard. Avant que les professeurs aient rejoint la sortie, il se tourna vers eux
- il n’est pas prêt, Albus.
- fais en sorte qu’il le soit. Le plus vite possible.
Tout, chez le sage sorcier, reflétait le sérieux et la gravité du moment lorsqu’il ajouta :
- j’ai foi en toi Damien. Je te donne tout loisir pour qu’il soit apte à pratiquer ce sort. Rapidement.
Damien se tourna à nouveau vers Harry, le jaugeant d’un air pensif.
- tu penses que ce sera si difficile ? intervint Morgwen, pour la première fois de la soirée
- oh ! Non !! sourit cyniquement Damien en s’inclinant vers elle. Ce sera aussi simple que de faire rire Rogue aux éclats !
McGonagall souleva un sourcil sceptique, avant de sortir, à la suite de son collègue.
- et bien ça promet… l’entendit-on commenter à l’extérieur.
Tous entendirent les pas des deux professeurs s’éloigner puis disparaître au loin. Damien ne détournait plus son regard de Harry et finit par rompre le silence qui s’était installé dans la clairière
- alors Potter, prêt ?
Harry fit savoir à tous que tel était le cas en sortant sa baguette de sa poche.
- ouh la ! Range moi ce bout de bois. Fit Damien. Tu n’en auras pas encore l’utilité. Tu n’es pas franchement au point.
- j’ai cru comprendre oui… grogna Harry .mais si ça te plait de le répéter, autant que tu le fasses de suite et sans t’arrêter. Ça m’épargnera d’avoir à te l’entendre dire pendant des semaines et on gagnera un temps considérable
- pff. T’es d’un ennui mortel Potter. Dès que je trouve un brin d’amusement tu me l’ôtes.
Il se tourna alors vers le reste du groupe en ajoutant.
- vous allez tous nous montrer ce que vous savez faire. J’en ai vu quelques uns à l’AD donc, je vois à peu près… mais j’aimerais observer un peu mieux Neville et Weasley… Ronald. Précisa-t-il.
Les deux concernés se regardèrent avant de demander
- ok .. on fait quoi ?
- ce que vous voulez, pourvu que ça fasse mal.
Ron et Neville s’exécutèrent. Au bout d’un certain temps, Damien leur demanda de stopper leur démonstration.
- ça ira pour ce soir. Je verrai avec Morgwen ce qu’il sera bon de travailler avec vous. En attendant... première étape Potter.
Il se tourna vers Harry. Hermione constata qu’il avait retrouvé son air amusé, tel un gosse prêt à jouer une farce. Tous attendaient de savoir ce qu’il allait pouvoir demander à leur ami.
- Albus est convaincu, à juste titre je crois, que la force réside dans l’union. Je suis quant à moi persuadé que tout bon sorcier doit avant tout combattre avec sa tête, avant d’agiter sa baguette à tout propos. Donc étant donné les preuves irréfutables que tu nous as donné de ton incapacité dramatique à raisonner, il sera sans doute profitable de t’entraîner à cet exercice.
- épargne nous tes sarcasmes, trancha Neville, qui avait retrouvé son courage en même temps que Damien sa sérénité, en riant légèrement.
- espère toujours… Potter, tu vas devoir utiliser ta tête pour me retrouver. Continua le Serpentard. Montre moi que tu es capable de réfléchir. Prouve que tu sais utiliser au mieux les capacités de chacun de tes amis.
Harry jetait autour de lui des regards interrogateurs.
- j’assisterai aux cours comme d’habitude, donc interdiction de profiter de ces moments pour me sauter dessus. En revanche, je répondrai à tes questions, si tu en as. Morgwen pourra également me transmettre tes « messages », à l’occasion. Le reste du temps, je serai introuvable, ou presque. Des questions ?
- comment je vais te trouver si tu es introuvable ?
- j’ai dit presque ! Réfléchis. Ne pense pas à te servir de tes pouvoirs en premier lieu. Avec ce que tu as vécu et ce que je t’ai dit, j’estime que tu peux réussir cet exercice en moins de trois jours.
- et je peux me faire aider ?
- par tes amis, oui. Aucun professeur ne te soutiendra par contre... Prêt ?
- j’ai le choix ?
- non … acheva Damien en souriant.
- attends ! intervint Ginny, tu vas disparaître là ? Et ensuite on doit te trouver ?
- deux bonnes réponses pour vous ce soir miss Weasley. On va bientôt vous surnommer « miss je sais tout comme ma copine ».
- mais on peut t’attraper là, avant que tu n’aies le temps de sortir…
- j’aurai disparu avant que tu aies pu prononcer le prénom de ton frère.
- comment ? En transplanant ? intervint Ron, curieux à présent
- on ne peut pas transplaner dans l’enceinte de Poudlard ! le sermonna Hermione en soupirant
Damien fixa alors Hermione en souriant avec malice.
- trois jours, Potter…
Un plop caractéristique résonna dans la clairière dans un éclat doré, laissant les Gryffondors bouche bée et Morgwen hilare.
Lorsqu’elle eut retrouvé son calme, la jeune femme se dirigea vers la sortie.
- allez ! Bonne nuit à tous, on se voit demain. Je vous dirai où et quand nous devrons nous retrouver.
Lorsqu’elle eut disparu derrière la porte, les cinq amis se jaugèrent du regard en silence, accablés de fatigue.
Tous prirent le chemin des dortoirs et sombrèrent dans le sommeil sans un mot supplémentaire.
Au petit-déjeuner, le lendemain, Harry était plongé dans la perplexité.
- il répondra à mes questions en cours ? Et j’ai trois jours pour le retrouver… mais on en a deux semaines de vacances. Cherchez l’erreur….
Ginny éclata de rire à cette remarque
- et bien ! Ça prouve déjà que tu sais faire fonctionner ta tête !
- Il reste tout de même beaucoup de questions sans réponse. Poursuivit Ron entre deux toasts. Pourquoi Dumbledore ne voulait pas qu’il nous approche ? et pourquoi il voulait le voir partir ?
- je refuse de faire d’autres théories, informa résolument Harry. On a assez commis d’erreurs jusqu’à présent. En tous cas j’espère bien pouvoir lui dire, un jour, ma façon de penser au calme. Je veux bien reconnaître ma part des torts, mais lui aussi a bien su entretenir ce quiproquo…
- il faut se concentrer sur cet «exercice» ajouta Hermione. Comment pourrait-on le retrouver ?
- et comment transplane-t-il dans Poudlard ? questionna Ron
- il a dit que ce que j’ai vécu et ce qu’il m’a dit peut m’aider. Mais il n’a parlé que de la mort de Si…
Harry n’eut pas, une fois de plus, le courage d’achever sa phrase. Tous réfléchissaient à la solution du «problème », sans grand succès.
- et si je le retrouve, je suis censé faire quoi ? Grommela Harry en reposant bruyamment son verre de jus d’orange. Lui taper dans le dos en criant « CHAT ! » ?
Hermione seule pu rire en s’imaginant la scène. Ron, Ginny et Neville n’avaient jamais entendu parler de ce jeu pour bambins moldus. La jeune sorcière le leur expliqua rapidement en voyant leurs airs perplexes et le regard de Ginny brilla de malice.
- on va dans le parc ? sourit-elle, frémissante d’excitation, tandis qu’Harry commençait à regretter d’avoir évoqué une telle distraction.
Tous quittèrent la grande salle pour se retrouver au milieu d’un terrain blanc éclatant. La neige avait recouvert le château et ses alentours, ajoutant encore à ce lieu un peu plus de féerie.
Le reste de la journée offrit aux Gryffondors une parenthèse revigorante. Glissades, batailles désordonnées et bonhomme de neige constituèrent leurs activités principales. Seule la nuit naissante les força à se retrancher dans le château, en attendant le dîner.
Epuisés, ils s’affalèrent sur les fauteuils de leur salle commune, engourdis par le froid, les mains bleues d’avoir trop jouées avec la neige.
Ron approchaient ses doigts douloureux du feu réparateur, grimaçant de douleur sous le contraste de température que subissait sa peau, tandis que le silence s’installait entre eux. Ils avaient laissé une journée s’envoler, sans réfléchir un seul instant à une quelconque solution pour retrouver le serpentard.
- Harry ! fit Ron en se tournant légèrement, sans s’éloigner de l’âtre, va chercher la carte !
Celui-ci s’exécuta, gravissant les marches aussi rapidement que ses jambes ankylosées le lui permettaient.
- Je doute que cela fonctionne, déclara Hermione.
- on ne risque rien à tenter notre chance de toute façon, et ça nous donnera peut-être meilleure conscience.
Tous virent Harry redescendre, le nez sur la carte dépliée devant lui.
- il est là ! je le vois.
Ron abandonna la chaleur réconfortante des flammes pour regarder par-dessus l’épaule de son ami, immobile au milieu de la salle commune.
- second étage…
Les cinq amis formaient à présent un cercle serré autour de la carte. Tous échangèrent un regard par-dessus le précieux parchemin, puis brusquement, sans un mot, ils se ruèrent de concert vers la porte. Courant à perdre haleine et grimpant les escaliers comme si Touffu était à leur poursuite, ils atteignirent en un temps record leur lieu de destination. Harry courait à l’aveuglette, surveillant la carte en même temps qu’il avançait.
Il ralentit finalement sa course, sous les regards interrogateurs de ses amis, à quelques mètres seulement du point qu’ils rejoignaient.
- il est plus là… envolé.
Ron soupira et fit demi-tour, tandis qu’Harry poursuivait cependant sa route, en expliquant
- mais Morgwen s’y trouve…
Le visage de son ami s’illumina d’un large sourire, et tous rejoignirent la jeune femme, qui semblait les attendre.
- alors ? demanda-t-elle, agréable journée ?
- très ! déclara Harry, tandis que Morgwen le fixait en souriant.
- Nous avions vraiment besoin d’une pause. S’excusa Neville au nom de ses amis
- oui je comprends ; mais vous n’avez pas à vous justifier. Pas auprès de moi en tout cas. Allons manger ! je meurs de faim. Nous parlerons en chemin.
- il me reste deux jours, commença Harry en reprenant sa marche vers la Grande Salle. Tu crois que je le trouverai en si peu de temps ?
La jeune femme acquiesca en souriant
- je n’en suis pas certaine ! intervint Ginny. Si il disparaît dès qu’on approche d’un peu trop près, je ne vois pas comment on y parviendra. Même si on le localise, on ne pourra pas l’aborder.
- Je vous assure que vous en êtes capables.
Harry remarqua qu’elle insista fortement sur le « vous » et rougit en repensant qu’il avait encore demandé si «lui » y arriverait, sans inclure ses amis dans ses plans.
- quand même, il est plutôt fort hein…. Soupira Neville
- ça me rappelle lorsque l’examinateur des buses à dit à Ombrages que Dumbledore demeurerait introuvable tant qu’il le souhaiterait… ajouta Ron
Morgwen partit d’un rire franc.
- oui, si vraiment il voulait que vous ne le trouviez pas, je pense que vous auriez du souci à vous faire. Mais cette fois Harry, dit-elle en s’arrêtant devant la grande porte, il jouera le jeu. Si tu trouves un bon moyen de le piéger, il se laissera prendre. Même si, évidemment, dans l’absolu, cet exploit relève de l’imaginaire.
Le Gryffondor lui faisait face, essayant de saisir dans la moindre de ses paroles un quelconque indice pouvant le mener jusqu’à Malefoy. Mais il n’en trouvait pas.
Devant la mine sceptique du groupe, Morgwen déclara, avant d’entrer dans la grande salle
- Croyez-moi, un première année, s’il savait ce que vous savez, pourrait le trouver sur l’heure.
Son regard se posa de manière insistante sur Hermione.
Dès qu’ils furent seuls à leur table, tous se tournèrent vers la jeune fille, qui sondait ses propres pensées.
- peut-être voulait-elle dire que nous le trouverons dans sa chambre… suggéra-t-elle
- tu saurais y retourner ? questionna Ginny
- je crois…
Le dîner fut avalé en un temps record, et tous suivirent Hermione qui dû rebrousser chemin de nombreuses fois et redescendre autant d’escaliers avant d’arriver face au tableau où le loup mirait toujours la lune, assis sur son rocher. Celui-ci tourna ses prunelles flamboyantes vers les arrivants.
- Lune.. murmura Hermione, après un temps de silence pesant.
Neville fit un tel bon en arrière que son crâne heurta le mur opposé du couloir tandis que son pied écrasait celui de Ron, qui lui-même bouscula Ginny, la faisant rouler à terre : le loup venait de sauter à bas du rocher, dévoilant une dentition parfaite, et pendant un bref instant, les cinq amis crurent qu’il sortait véritablement du tableau pour leur sauter à la gorge.
Hermione et Harry, qui se trouvaient trop près de la peinture pour reculer, gênés par leurs amis sur leurs talons, étaient livides de frayeur. Tous rirent un peu devant leurs mines apeurées après s’être remis de leur émotion.
Le loup, quant à lui, avait repris sa place sur le rocher, les regardant de haut. Harry ne put s’empêcher de trouver une ressemblance entre Damien et cet animal, surtout en raison de son air supérieur, estima-t-il.
Les cinq amis décidèrent de retourner aux dortoirs, remettant au lendemain leurs recherches. A mi chemin, Hermione les abandonna, prétextant la soudaine nécessité de patrouiller dans le château. Ron n’envisagea pas un seul instant de la suivre, ne rêvant qu’à son lit douillet.
La jeune fille, ravie, refit le trajet en sens inverse. Le loup l’accueillit avec le même dédain et se tourna vers elle, l’œil mauvais, lorsqu’elle approcha son oreille du rocher.
Le cœur d’Hermione accéléra son rythme et elle plaqua sa main sur sa poitrine, dans un effort inutile pour en atténuer le bruit mat.
A l’intérieur, elle distinguait deux voix, assourdies par l’épaisseur du mur magique. Elle reconnut cependant celle, claire et forte, de Morgwen, percevant beaucoup moins nettement celle de Damien, boudeuse.
- ne sois pas stupide ! tançait la jeune femme, va la rejoindre ! Tu en meurs d’envie ! Expliquez vous clairement et qu’on en..
- mais c’est déjà fait Gwen ! Ne parlons plus de ça. Ma décision est prise. Je t’en prie… ne parlons plus de ça.
- comme tu voudras… mais laisse moi te dire une chose : tu n’es qu’un stupide et orgueilleux Serpentard !!
Le rire de Damien s’éleva dans la pièce. Hermione distingua un bruit de mouvement à l’intérieur ; l’écho de leurs paroles se faisait plus timide.
- je te l’accorde ! Et en plus de tout ces défauts, je suis têtu donc…
- stupide….. ose…iir.. ai …
- non !
Les voix des deux sorciers étaient de plus en plus lointaines et Hermione, ne tenant plus la course folle de son cœur, tant affolé par ce qu’elle entendait que par la situation gênante dans laquelle elle se trouvait, se décolla du mur.
Elle rejoignit sa chambre et se glissa sous les draps, constatant que Ginny dormait déjà à poings fermés. Hermione tentait d’analyser ce qu’elle avait entendu.
Morgwen encourageait manifestement Damien à venir lui parler, mais il ne voulait pas. Et quelle question avait-elle bien pu lui poser pour qu’il réponde un « non » aussi catégorique et franc ? La jeune fille n’eut pas le courage de chercher plus longtemps une réponse qu’elle craignait et se laissa gagner par le sommeil.
Mardi matin… J-1.
- va falloir jouer serré, souffla Ron entre ses dents. Il ne nous reste que deux jours, en comptant celui-ci, déjà bien entamé.
A la grande table, Ginny, Neville, Harry et Hermione avalaient leur petit déjeuner sans un mot. Ce silence ne reflétait en rien l’activité fourmillante de leurs cerveaux. Le soleil était effectivement haut dans le ciel, tous avaient abusé de la tiédeur réconfortante de leurs draps avant de se tirer du lit.
- bien, je retourne dans la salle commune, on y sera plus tranquille. Vous faites quoi ? demanda Harry en se levant, fixant Neville et Ginny.
- on te suit bien entendu ! répondit le jeune sorcier en l’imitant.
Concernant Ron et Hermione, Harry n’avait pas, à juste titre, de questions à se poser. Ses amis seraient toujours là, jusqu’au bout. Les cinq Gryffondors rejoignirent donc leur salle commune.
En chemin, ils croisèrent Drago, escorté par ses deux gorilles, qui leur lança des regards haineux sans mot dire. Harry avait presque oublié que ce Malefoy aussi était resté au château. Beaucoup d’élèves, cependant, avaient quitté Poudlard la veille. Après avoir profité du bal et d’une journée de repos, ils étaient massivement retournés auprès de leurs familles.
Harry trouvait fort regrettable que Drago n’ait pas jugé bon d’en faire autant, mais se souvint de la colère de McGonagall lorsqu’elle l’avait sorti de sous son lit en le tenant fermement par une oreille. Sans doute l’avait-elle puni sévèrement, l’empêchant donc de regagner les siens.
Il sourit en se rappelant cette anecdote et les regrets de Ron, qui soupirait de déception à l’idée que Malefoy ne soit pas, à ce moment précis, transformé en fouine afin que leur professeur puisse se permettre de le suspendre par la queue au plafond de la salle commune, en guise de trophée.
Tous s’installèrent bientôt autour du feu, comme à leur habitude, et Ron posa au sol, entre eux, une assiette pleine de beignets encore chauds qu’il avait rapportée de la grande salle.
- bien ! fit Ginny pour annoncer le début de leur réflexion, la carte n'est pas efficace… il faut dont trouver un autre moyen mais je pense qu’avant tout, on doit remettre en ordre ce que l’on sait
Tous acquiescèrent et Neville entama
- c’est un patromagus.
- oui, on en a une liste… peut-être doit on le trouver sous sa forme animale ? continua Ron en se tournant vers Harry
- animal ou pas, il apparaîtrait sur la carte : Pettigrew y était visible même sous la forme de Croutard ; et de toute façon, je crois que si je croise une licorne ou un aspic dans les couloirs, je ferai le rapprochement…
- Morgwen a dit qu’il se laisserait prendre si on trouvait un bon moyen. Reprit Ginny.
- oui… elle a aussi dit qu’on en savait assez et qu’il nous en avait dit suffisamment, continua Harry en regardant Hermione.
- Donc ! fit celle-ci, on sait quoi ? qu’il m’en veut à mort et à toi au moins autant ; et qu’il y a un rapport entre cette façon de le trouver et Sirius... acheva-t-elle plus bas, comme si le fait de parler du parrain de Harry à voix basse pouvait limiter la douleur de repenser à sa mort.
- pourquoi Sirius , questionna Neville ?
- il a précisé qu’il m’en « avait dit » assez, précisa Harry. Hors il ne m’a vraiment parlé que de mon erreur et de .. enfin de ce soir là
- oui… peut-être devrait-on repasser derrière ce voile ? il se cache derrière ?
Tous tournèrent vers Neville un regard horrifié.
- non, trancha Harry, Lupin a été clair, on ne peut pas aller chercher qui que ce soit derrière ce voile.
Midi approcha, sonna et s’éloigna sans qu’aucun des cinq amis ne bouge de son fauteuil. La faim au ventre et l’assiette de beignets vide, tous se rendirent aux cuisines, où les elfes les accueillirent avec joie.
Harry aperçut Dobby et après un regard à Ron et Hermione, se dirigea vers lui. L’elfe était ravi de revoir celui qui l’avait délivré de sa servitude et réclama des nouvelles de tous de sa petite voix couinante.
- Dobby ! le coupa Harry, j’ai besoin de ton aide. Accepterais-tu ?
L’elfe sauta sur une table, fier et droit devant Harry
- OUI ! Dobby est toujours heureux et honoré de servir le jeune monsieur Potter.
- merci Dobby. En fait, voila : je dois retrouver Malefoy .. Damien, avant demain soir, c’est une sorte de « jeu » qu’il me faut absolument gagner. Seulement je ne sais pas où il se trouve. Toi qui es si malin, demanda Harry malicieusement, tu ne saurais pas comment je peux le trouver ?
Le regard de Dobby s’était voilé d’inquiétude. Il tordait ses mains devant son ventre en souriant pathétiquement, manifestement en proie à la plus grande hésitation.
- il a dit que je pouvais me faire aider ! Sauf des professeurs ! Tu peux m’aider, j’en suis certain ! l’encouragea Harry tandis que ses quatre amis fixaient l’elfe, attentif au moindre de ses mots.
- le gentil monsieur Malefoy ne se cache pas pourtant. Dobby l’a vu ce matin. Il est dans sa chambre, derrière le loup, ou bien dans le parc.
- nous n’avons pas pu entrer dans la chambre, le mot de passe a dû changer.
- avant, c’était Lune, précisa Hermione pour prouver leur bonne foi à Dobby, et lui montrer qu’ils ne tentaient pas de lui soutirer une information trop compromettante pour lui.
- le mot est toujours le même, articula Dobby en secouant la tête, mais ce loup est caractériel et ne laisse passer que ceux que le gentil monsieur Malefoy autorise.
Les Gryffondors, déçus, décidèrent de terminer leur journée en rodant dans le parc ; peut-être un peu d’air frais leur donnerait quelques idées.
- Harry ! monsieur, l’interpella Dobby lorsqu’il sortait. Vous devez trouver votre ami ? c’est bien ça ?
- oui, je dois le trouver. Mais ce n’est pas vraiment mon ami.
- en fait, il doit réussir à « l’attraper », précisa Ron. Mais nous pouvons le trouver pour lui. Il suffit qu’on le tienne fermement jusqu’à ce que Harry arrive.
- simple ! se mit à rire Neville, les bras chargé de pâtisseries
- donc, reprit l’elfe en se tordant les mains plus que jamais, l’important est que vous soyez à côté de lui ?
- oui, répondit Harry, mais je crois qu’on n’y arrivera pas. On va se contenter de chercher au hasard… en espérant avoir beaucoup de chance.
L’elfe secoua la tête lentement en signe de dénégation.
- Le gentil monsieur Malefoy est trop malin pour se laisser attraper. Mais vous pouvez peut-être lui demander de venir ?
Tous restèrent interloqués.
- Dobby ! finit par ironiser Ron, tu n’imagines pas qu’il va accourir si on lui envoie un hibou ?
Tous sortirent en riant, non sans avoir remercié les elfes et surtout Dobby.
- si tu as une autre idée, surtout, n’hésite pas. Précisa sincèrement Harry, qui n’oubliait pas que l’elfe lui avait souvent rendu de grands services.
Il n’oubliait pas non plus qu’il avait régulièrement risqué de lui faire perdre la vie.
Le reste de la journée n’apporta aucun motif de réjouissance aux Gryffondors, du point de vue de leur recherche. En désespoir de cause, et puisqu’il fallait bien passer le temps, ils mirent toute leur ardeur à ensevelir Neville sous le plus de neige possible. Le jeune homme se débattit comme un beau diable, mais ses fous rires l’empêchèrent généralement de pouvoir opposer une juste défense.
Les joues rouges et les côtes douloureuses d’avoir tant ri, les cinq amis prirent avidement leur dîner et se réfugièrent à nouveau dans leur salle commune. Hermione, lorsque ses amis décidèrent d’aller se coucher, partit en vadrouille dans les couloirs, bien qu’il n’y ait pas grand-chose à surveiller, comme le fit remarquer Ron.
La jeune fille se dirigea de suite vers le tableau du loup, qui bâilla effrontément sans la regarder lorsqu’elle lui donna le mot de passe. Collant son oreille au rocher de la peinture, elle ne perçut aucun bruit et continua à errer au hasard dans le château. Ses pas la menèrent vers la salle sur demande, dont l’entrée apparut sur le mur du couloir. Hermione s’étonna de voir cette porte : elle ne cherchait rien de particulier.
Elle posa la main sur la poignée et entra. Un paysage montagneux l’attendait, lui tirant une exclamation de surprise et d’émerveillement. Au loin, des montagnes sauvages s’élançaient vers un ciel bleu éclatant, tandis que devant elle, des arbustes, des arbres et des rochers offraient un terrain idéal pour un jeu de piste.
Morgwen et Damien la regardèrent entrer, impassibles.
Le Serpentard se trouvait entre elle et la jeune femme et la dévisageait, ce qui la mit mal à l’aise. Il ne parut nullement surpris de la voir seule cependant et Hermione songea de suite que si Harry avait été à proximité, il se serait sans aucun doute envolé comme il l’avait fait la veille.
- tu cherches quelque chose ? lui demanda-t-il enfin
Hermione ne put articuler qu’un « non » timide, la main toujours sur la porte.
- et bien dans ce cas retourne donc auprès de tes amis, on travaille par ici ! lui signifia Malefoy sur un ton neutre.
Cependant, derrière lui, Morgwen se mordait les lèvres pour ne pas rire, faisant signe d’entrer à Hermione du doigt, avec force clins d’œil. La jeune sorcière sourit de cette sollicitude. Remarquant cela, le serpentard fit volte face en regardant tour à tour les deux sorcières puis, sur un ton trop sérieux pour être honnête, et s’avançant vers Morgwen en tapotant son front du bout de sa baguette, il déclara :
- ma chère, je suis intimement convaincu que deux petites cornes de gazelle vous scieraient fort bien.
Morgwen écarquilla les yeux, retenant son rire à grand peine
- tu n’oserais pas ?!
- à ton avis ?
La jeune femme ne perdit pas de temps ni à réfléchir ni à répondre à la question, sautant à l’abri derrière un rocher, tandis qu’Hermione s’installait discrètement sur un autre, près de la porte. Elle assista alors à un orage de sorts, des jets de lumière colorés envahissant la pièce durant de longues minutes. Souvent, Hermione perdait de vue les deux combattants, entendant cependant leurs rires derrière les arbres ou les rochers. Finalement, la voix de Morgwen s’éleva en un cri mêlé d’amusement :
- ôte moi çaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
Damien reparut au milieu de la forêt, sortant de derrière un arbre en se tenant les côtes. Un dernier jet de lumière traversa le terrain et Morgwen soupira d’aise.
- espèce de rustre ! fit elle en lui lançant une motte de terre
Damien leva à nouveau sa baguette, prêt à relancer le défi en riant toujours
- effrontée ! prends garde à toi !
Cependant, ils cessèrent là leur jeu tandis qu’Hermione les observait toujours, souriant de les voir ainsi jouer comme des gosses et étrangement dérangée de constater entre eux une telle complicité.
- alors... fit finalement Damien en se tournant à nouveau vers elle, il n’a toujours pas trouvé de solution ton grand ami ?
- non, toujours pas, répondit la jeune fille dont le sourire s’était envolé sous les paroles sarcastiques. Que feras-tu si il échoue ? continua-t-elle
- et bien ! belle preuve de confiance ! tu le vois déjà échouer ??
- je n’ai pas dit ça !
- … je crois que je lui donnerai une autre épreuve, moins difficile.
- ça t’arrangerait bien va !! intervint Morgwen en avançant vers la porte. Je vous laisse, je vais me coucher. Soyez sages ! acheva-t-elle de façon insistante tandis que Damien se tapotait à nouveau le front d’un air entendu.
La jeune femme passa la porte précipitamment en riant aux éclats et disparut dans les couloirs.
- pourquoi ça t’arrangerait ? questionna Hermione
Damien se contenta d’afficher un sourire énigmatique.
- seulement par plaisir j’imagine. Le voir échouer serait pour toi une grande satisfaction.
- bien entendu. On est Malefoy ou on ne l’est pas… fit-il d’un ton amer.
- ce n’est pas ce que j’ai voulu dire... murmura Hermione
- non, mais tu continues à penser comme si je devais forcément me réjouir des ennuis d’autrui.
- je pense comme si tu n’étais pas en bons termes avec Harry, et je ne crois pas me tromper en affirmant que c’est le cas ! répliqua sèchement Hermione en se levant.
Après un bref instant de silence durant lequel nul ne bougea, elle soupira
- pourquoi ne peut-on jamais se dire trois phrases de suite sans se fâcher ?
- parce que tu as mauvais caractère ! rétorqua le serpentard, laissant Hermione bouche bée. Et si l’idée que Potter réussisse cette épreuve ne me réjouit pas, c’est parce que je n’apprécie guère que mes faiblesses soient étalées au grand jour.
Il avait achevé cette phrase en un souffle, fixant toujours Hermione. Il finit par se retourner vers la montagne et d’un geste souple, redonna au lieu l’aspect d’une salle de classe vide. Hermione vit passer sur sa main un éclair violet qui ne sortit pourtant pas de sa baguette. Elle fut interrompue dans sa contemplation par le bruit de la porte qui s’ouvrait. Damien murmura un « bonne nuit » avant de disparaître à son tour dans les couloirs, laissant là une Hermione pensive.
Le plus puissant de tous by Morgane
A peine eut-elle ouvert les yeux qu’Hermione sauta de son lit pour rejoindre au plus vite ses amis et leur faire le rapport détaillé de sa soirée. Tous eurent l’idée de se rendre à la Salle sur Demande, ce que fit Harry en pure perte.
Il ne leur restait plus qu’une journée, comme le ressassait Ron à longueur de temps, et aucun d’entre eux n’avait la moindre idée de la façon dont ils devaient s’y prendre pour approcher Malefoy.
En revanche, ils n’eurent aucune peine à rencontrer le second Serpentard de la famille… A plusieurs reprises, ils durent tenir tête à Drago et ses « fidèles » qui semblaient les poursuivre de leur hargne.
Ron, Harry et Hermione rendirent visite à Hagrid et profitèrent de sa compagnie durant un long moment. Il y avait longtemps qu’ils n’avaient pas bu le thé dans la modeste cabane, et cet intermède leur fit le plus grand bien.
Hagrid souriait de plaisir en les voyant assis autour de sa table, regrettant que ces rencontres n’aient pas lieu plus régulièrement.
Bien qu’il soit enseignant à Poudlard, il était avant tout leur ami, et il tenta avec eux de trouver une façon de piéger Malefoy. A vrai dire, il aurait été ravi de pouvoir participer à une telle recherche de façon plus active. Noyer un Malefoy dans les eaux du lac valait pour lui autant qu’un œuf de dragon, ce qui était peu dire.
Lorsqu’il en fit la remarque, Ron et Harry éclatèrent de rire, tandis qu’Hermione gênée, murmurait que Damien ne méritait tout de même pas un tel sort. Hagrid en fut étonné mais les deux garçons ne répondirent à ses regards interrogateurs qu’en haussant les épaules.
Tous trois usèrent leurs forces en arpentant le château et le parc le reste de la journée, jetant même un coup d’œil à la carte des maraudeurs, sans succès.
Harry et Ron décidèrent en désespoir de cause de retourner dans leur salle commune tandis que les filles, à nouveau réunies, partirent rapidement pour Pré-Au-Lard. Ginny tenait absolument à s’acheter une nouvelle plume pour la rentrée.
Toutes deux profitèrent de la fin de la journée pour arpenter les rues peu fréquentées du village. Sur le chemin du retour, elles eurent pourtant assez peu de chance pour rencontrer à nouveau Drago et ses gorilles qui, les voyant seules, s’empressèrent de venir à leur rencontre.
Avant même que l’une ou l’autre n’ait pu esquisser un geste ou une parole, Drago donna à Hermione un coup de poing qui la fit s’écrouler au sol. Ginny, qui ne s’était pas non plus préparée à une telle réaction, plus habituée à voir Malefoy user de sa baguette que de ses poings, fut vite immobilisée par Crabbe et Goyle.
Hermione avait déjà sorti sa baguette, mais Malefoy la lui arracha des mains et la jeta au loin sous le regard paniqué de la jeune fille.
- Je vais te faire regretter d’être venue au monde siffla Drago les yeux plein de haine. Tes potes ont bien fait les malins lorsque McGonagall m’a surpris dans votre immonde tour !
Ginny se débattait de toutes ses forces, mais le bras de Goyle autour de son cou la faisait suffoquer. Elle parvint cependant à leur écraser les pieds et à leur griffer les mains rageusement.
- on a déjà réussi à te berner une fois ! misérable fouine, cracha Ginny. tu ne nous fais pas peur ! et si tu avais attaqué loyalement on ne se serait pas laissées prendre !
- ah oui, Wesaley, je me rappelle bien de tous ces sorts que tu m’as envoyés dans le bureau d’Ombrage. Et crois moi, ton tour viendra juste après.
Hermione cherchait un moyen de se sortir de cette dangereuse situation, regardant alentour à la recherche d’une aide quelconque.
Elle fronça les sourcils en voyant l’atmosphère autour d’eux se tinter d’or. Drago cependant, tourné vers Ginny, n’avait rien remarqué. En revanche, elle put lire la panique dans le regard des deux autres Serpentards mais elle n’eut pas le temps d’analyser ceci et vit paraître au bout de l’allée un groupe de sorciers emmitouflés dans d’épaisses fourrures.
Drago, tout à sa rage, ne les vit pas non plus et se tourna vers Hermione en affichant un sourire glacé
- alors, sale petite sang de bourbe, Damien n’est pas là pour voler à ton secours aujourd’hui ! c’est regrettable
Ce faisant il leva sa baguette vers elle, avant d’être immobilisé par un bras fin mais puissant.
- Monsieur Malefoy, je crains que cette fois vos prouesses ne vous valent un renvoi pur et simple.
McGonagall était livide d’indignation et Drago grimaça de douleur sous la poigne ferme de la sorcière. Celle-ci, malgré son frêle aspect, cachait une force impressionnante, comme il put le constater.
Elle ne le lâcha pas tout le long du chemin qui menait au château, tandis que Grabbe et Goyle les suivait, le dos courbé, apeurés par la sanction à venir. Les sanctions... celle du professeur plus celle de Malefoy, qui ne manquerait pas de leur rappeler avec toute le zèle dont il pouvait faire preuve qu’ils auraient dû le prévenir de l’arrivée de témoins.
Cependant, Ginny et Hermione insistèrent auprès de Flitwik, qui accompagnait sa collègue, pour ne pas avoir à passer à l’infirmerie. Ginny bouillonnait, les jambes tremblantes d’impatience, et dès qu’elles eurent l’autorisation de partir, elle entraîna Hermione à sa suite, courant et glissant sur les chemins enneigés, jusqu’à arriver dans la tour, où les garçons les dévisagèrent tant leur entrée fut fracassante.
- j’ai trouvé !!! hurla Ginny en faisant sursauter l’assistance.
Hermione la dévisageait à son tour, tentant de remettre de l’ordre dans son esprit et de deviner ce qui, dans le coup de poing et les menaces qu’elle venait de recevoir, avait pu donner une quelconque idée à son amie.
- explique ! enchaîna Neville sans les laisser reprendre leur souffle
- Harry, fit la jeune sorcière en se tournant vers lui, s’affalant sur un fauteuil, Malefoy t’as parlé de Sirius et de cette soirée, au ministère.
Hermione frottait sa joue endolorie et informa Ron, qui la fixait avec insistance, de leur mésaventure.
- Drago et les deux autres nous ont coincées sur le chemin, il m’a rendu le coup que je lui ai donné il y a quelques mois… précisa-t-elle
Ron se leva brusquement, aussi rouge d’indignation que McGonagall avait pu être blanche, quelques minutes auparavant.
Ginny le rassit sans ménagement en tirant sur sa cape, et Hermione s’installa en tailleur près du feu.
- Ecoute Ron ! Il ne nous reste que ce soir ! Malefoy attendra pour prendre sa raclée ! Mais il faut trouver Damien !
Tous se rendirent à son jugement et la laissèrent continuer
Ginny prit une longue inspiration pour retrouver son calme et continua.
- donc ! Il t’a parlé de… bref. Mais je crois que justement, au lieu de refaire les mêmes erreurs, on doit les exploiter. Et Dobby n’était pas stupide en te disant de le faire venir !
- je ne te suis pas, coupa Ron, sois plus claire !
- il a dit à Hermione hier, que le trouver révélerait une de ses faiblesses. On DOIT se servir de ses faiblesses, comme Voldemort a exploité les tiennes.
- ma faiblesse, continua tristement Harry, était de trop vouloir jouer au héros…
- non… ta faiblesse était ton affection pour Sirius. Modifia Hermione, mais je ne vois toujours pas le rapport avec Damien, Ginny.
- oooooh moi je le vois ! sourit la jeune sorcière dont les yeux brillaient de malice. Tu as entendu ce qu’a dit la fouine ? « Damien n’est pas là pour te sauver » un truc du genre ! continua-t-elle sous le regard sceptique de la Gryffondor.
Hermione comprit soudain et secoua la tête en rougissant.
- non, fausse piste…
- elle a raison ! cria presque Neville qui venait lui aussi de saisir le plan de Ginny. Tu Sais Qui t’a fait venir à lui en s’en prenant à Sirius, on doit faire venir Malefoy en nous en prenant à Hermione !
Harry, Ron et Hermione demeuraient sceptiques.
- écoutez, tous les deux, fit Ginny en se tournant vers Harry et son frère, Hermione est pour vous une amie tellement proche que vous avez du mal à l’imaginer autrement que comme votre sœur savante. Il est évident que Damien porte sur elle un regard tout autre, même si ça vos dépasse !
Ron grimaça en souriant à Hermione, rougissant sous son regard courroucé.
- j’ai rien dit Hermione ! se justifia-t-il.
- tu vois ! reprit Ginny, le sujet a déjà été abordé…
Effectivement, Hermione se confiait énormément à Ginny et ne lui avait pas caché son agacement quand à l’attitude de Ron qui s’obstinait à nier l’appartenance de son amie à la gent féminine.
Harry restait silencieux, réfléchissant à une issue possible.
- bon alors, murmura-t-il, je ne vais quand même pas devoir la frapper non ?
Hermione regarda Harry avec des yeux ronds, toujours peu convaincue de l’efficacité d’un tel plan, et encore moins enthousiaste à l’idée de se faire malmener.
- lance lui un sort, précisa Ginny, un truc simple, pas douloureux.
Aucun d’eux ne bougeait cependant.
- on ne risque rien !! encouragea Neville
- Parle pour toi ! lança Hermione en riant malgré tout.
Elle fixait Ginny en se levant. Que devait elle redouter le plus ? Le sort de Harry ou l’échec de leur plan, qui signifierait qu’elle n’avait aucune importance pour Malefoy ?
Tous les cinq s’étaient levés et se dévisageaient. Hermione s’éloigna d’eux, faisant face à Harry. Ron installa quelques coussins derrière la jeune fille, qui se rappela les entraînements qu’elle avait elle aussi donnés à Harry, lors de la coupe des trois sorciers.
- Stupéfix ! articula Harry tandis qu’Hermione s’écroulait sur les coussins.
Rien ne se produisit cependant et lorsqu’Hermione put se relever, Ginny avança d’une voix hésitante
- il faudrait peut-être quelque chose de plus… convaincant….
Elle lançait à Hermione des regards gênés, mais son amie s’était rangée à son avis
- tente un doloris, dit-elle d’une voix sans appel
Harry ouvrit la bouche pour protester mais ne put prononcer le moindre mot
- dépêche toi ! Avant que je ne change d’avis ! trancha Hermione. Et au moins je saurai ce que c’est avant qu’un ennemi ne me le fasse subir. Acheva-t-elle pour l’encourager.
Harry hésita de longues secondes, la gorge nouée. La seule et unique fois qu’il avait pratiqué un tel sort, s’était contre la sorcière qui avait tué son parrain, et elle avait bien précisé que pour qu'il soit efficace, le sorcier devait vouloir la souffrance de l’autre. Or il ne voulait pour rien au monde voir Hermione souffrir. Il se décida donc, espérant qu’à défaut cela ne ferait aucun tort à son amie, puisqu’il ne savait pas le lancer avec assez de haine.
Il leva sa baguette sous les yeux ébahis de ses amis. Ginny porta la main à sa bouche, serrant les dents, tandis que Neville, plus pâle que jamais, se crispait sur le bras de Ron.
- ENDO…
Mais Harry n’eut pas le temps d’achever la seconde syllabe du sortilège. Un éclair doré les aveugla tous et l’instant d’après, ils virent Damien au milieu de la pièce, le regard flamboyant de haine, tenant Harry par le cou à quelques centimètres du sol.
- ne t’avise plus jamais de recommencer ça. Siffla-t-il sans lâcher le Gryffondor qui commençait à avoir le souffle court.
Harry avait échappé sa baguette qui gisait à présent aux pieds du Serpentard et tentait de lui faire lâcher prise, surpris par la force et la rage qu’il lisait sur le visage de celui-ci.
D’un geste brusque, Damien l’envoya s’écrouler contre le mur opposé. Ginny se précipita vers Harry tandis que les trois autres restaient immobiles, tétanisés par la surprise et la peur.
La jeune fille, qui voyait Harry grimacer de douleur et se masser les côtes en se relevant, sentit monter en elle une colère sourde. Elle se tourna vers Malefoy, prête à le couvrir de reproches mais se figea à son tour, bouche bée.
Hermione ne pouvait voir Malefoy, qui lui tournait le dos, mais s’aperçut de la mine étonnée de son amie.
Brusquement, sans un mot supplémentaire et sans un regard pour Hermione, Malefoy tourna les talons et sortit de la salle commune, laissant les cinq amis dans un rare état de perplexité.
-t’as vu ses yeux ? articula péniblement Neville.
Ron hocha de la tête sans pouvoir prononcer un mot. Hermione interrogea Harry du regard, tant inquiète de sa santé que de ce qu’ils avaient pu voir.
- je vais bien, dit-il en se frottant l’épaule… et il avait les yeux orange. Murmura-t-il enfin.
Il fallut quelques minutes aux cinq amis pour se « remettre » de leurs émotions.
- et bien au moins, on a réussi ! ça nous évitera quelques sarcasmes…
Déclara Harry d’une voix faussement enthousiaste.
- je crois qu’on a tous besoin d’une bonne nuit de repos. Ajouta Ginny. Au lit !
Son ton rappela à Ron celui de sa mère et l’injonction tenait plus de l’ordre que du conseil. Les Gryffondors profitèrent donc d’un sommeil réparateur et lorsqu’ils se retrouvèrent à la table du petit-déjeuner, ils étaient à l’affût de tout signe de vie de Malefoy, Morgwen ou Dumbledore.
Ce fut la jeune femme qui vint à eux, les informant qu’ils devraient se rendre le soir même à la salle de duels.
Harry, Ron et Ginny mirent à profit cette journée totalement libre de toute contrainte pour s’entraîner au quidditch, vidant leurs esprits malmenés de toute fatigue. Neville se rendit vers les serres dans l’espoir d’y rencontrer le professeur Chourave, qui ne manquait jamais de partager avec lui sa passion pour les plantes tandis qu’Hermione décida de se prélasser à la bibliothèque, qu’elle avait désertée depuis trop longtemps à son goût. Les amis ne se retrouvèrent que lors du repas de midi, avant de retourner chacun à leurs occupations respectives.
La jeune fille, cependant, ne parvenait pas à trouver d’apaisement dans la lecture, comme c’était généralement le cas, et elle erra dans le château à la recherche de Damien, bien qu’elle se refusa de l’admettre.
Elle se dirigea donc vers la salle sur demande, qui ne se manifesta nullement et dut à nouveau subir l’insolent dédain du loup en vain avant de trouver Damien dans la salle de duels. Il n’était pas seul cependant, et Hermione hésita à entrer. Elle poussa doucement la porte entrouverte et aperçut Dumbledore, baguette parée, le regard flamboyant.
Un telle puissance émanait de lui qu’on aurait cru voir l’air se charger d’étincelles, des bourrasques de vent faisant voler la cape à ses pieds, tandis que lui se tenait, impassible et tranquille, à quelque pas de son opposant.
Damien lui faisait face et Hermione retint un cri d’effroi en le découvrant. Un genou à terre, le bras replié sur son abdomen endolori, Malefoy regardait Dumbledore en grimaçant de douleur, n’ayant plus la force de se tenir debout ni d’ouvrir les deux yeux. Il fixait le vieil homme en se relevant péniblement.
Hermione constata que sa cape et sa chemise avaient souffert de leur combat et n’étaient plus qu’un ajustement de lambeaux qui ne tenait entre eux que parce qu’aucun vent ne s’y était engouffré.
- prêt ? questionna Dumbledore.
Damien hocha la tête affirmativement, alors que tout en lui semblait prouver qu’il était tout sauf prêt à mener un duel. Comme lorsqu’elle avait assisté à la joute entre Damien et Morgwen, Hermione vit l’atmosphère se charger d’éclairs de toutes les couleurs, à ceci près que cette fois, de l’électricité semblait s’y mêler, si on en croyait les grésillements intenses qui emplissaient l’air.
Hermione fut surprise de constater qu’aucun des deux sorciers ne prononçait la moindre formule tandis que fusait quantité de sorts.
Dumbledore approcha Damien et Hermione plaqua sa main contre sa bouche pour ne pas crier. Cependant, le jeune homme ne s’avoua pas vaincu et plaqua la paume de sa main contre Dumbledore.
Cette fois, la jeune sorcière ne put retenir son exclamation en voyant le directeur projeté à l’autre bout de la pièce. Il réussit cependant à rétablir son appui avant de se heurter au mur, après un recul de plus de dix mètres.
- pas au contact, je crois… s’amusa Dumbledore en se frottant la poitrine. Miss Granger ? entrez je vous prie.
Hermione passa la porte, rougissante, tandis que le puissant sorcier lui souriait. Aucune trace de colère ne se lisait sur son visage, mais au contraire, il portait sur elle un regard bienveillant. Cet éternel regard qui apportait tant aux Gryffondors.
Damien quant à lui s’affala au sol, le souffle court. Assis par terre, il regardait Hermione entrer, profitant de cette pause pour reprendre des forces. Il n’avait pas l’air d’apprécier la présence d’Hermione, contrairement à Dumbledore qui insista
- profitez donc du spectacle plus à votre aise, miss. Vous pourrez sans doute apprendre beaucoup en observant un tel combat.
Damien partit d’un rire glacial.
- oui ! ou l’art et la manière de massacrer du serpentard.
Pour toute réponse, Dumbledore lui adressa un sourire en levant sa baguette à la hauteur de son visage, avant de l’abaisser d’un coup sec en avançant vers lui.
Hermione fut émue par ce sourire qui cette fois ne traduisait pas qu'une simple bienveillance mais une réelle affection. Elle observa Malefoy et constata qu’il lui rendait ce sourire, avant de s’écrouler à nouveau sous un sort silencieux du sorcier. Autour de lui cependant, une sorte de bulle apparaissait, tantôt dorée tantôt orangée, et elle semblait amoindrir le choc des coups portés.
Après plusieurs minutes d’un dur combat durant lequel Malefoy put lui porter quelques coups minimes, Dumbledore leva haut sa baguette, le visage impassible et froid sous la concentration, et mit un terme à cette confrontation avec un dernier sort qui cloua le jeune homme au sol.
Damien ne se relevait pas, gémissant de douleur. Hermione s’avança vers lui en voyant du sang couler de son front. Dumbledore sourit encore en s’approchant et tapota l’épaule de Malefoy qui avait réussit à s’asseoir, au prix d’efforts surhumains, avant de se retirer.
- Hermione, dit-il en se tournant vers elle, je crois que vos connaissances vous permettront de le remettre sur pieds rapidement.
- je suis encore capable de me « traîner » jusqu’à l’infirmerie ! siffla Damien en insistant bien sur l’aspect dramatique de la chose.
- ce n’était pas une proposition, mais un ordre, continua le directeur à l’intention du jeune homme, en souriant toujours.
La jeune sorcière remarqua avec amusement qu’il avait alors la même attitude mi-moqueuse mi-menaçante que Damien avait eut avec Morgwen : il était évident que Dumbledore « menaçait » le jeune sorcier de poursuivre l’entraînement intensif en cas de refus. Ce qui fit sourire Malefoy qui s’étendit sur le sol, à bout de force.
- fiche le camp, vieux conspirateur. Fit il en riant.
Dumbledore se redressa, se dirigeant vers la porte
- je puis fièrement affirmer que j’aurais fait un excellent serpentard !!
- sans aucun doute. Murmura Damien sans qu’il puisse l’entendre.
Hermione approcha timidement, craignant que le serpentard n’apprécie guère qu’elle le voie dans une telle position de faiblesse. Contre toute attente, il se rassit et lui sourit, amusé
- c’est qu’il a de la ressource le vieillard !
Le loup et la loutre by Morgane
Hermione s’approcha un peu plus de Malefoy qui lui fit signe de rester à sa place, d’un signe de la main.
- ça ira. Tu peux retourner avec les autres, je saurai bien retrouver le chemin de ma chambre.
- tu ne vas pas à l’infirmerie, au moins ?
- non.
- tu es quand même dans un sale état… murmura-t-elle, hésitante
- j’ai quelques astuces…
- ah… oui... c’est limpide. Maugréa la jeune fille qui n’osait pas dire franchement à quel point l’attitude de Damien l’agaçait.
Celui-ci avait cependant réussi à se relever, plus pâle que jamais, et lui faisait face. Hermione se rappela alors les circonstances dans lesquelles Damien avait surgi la veille dans la tour des Gryffondors, et son courage s’envola. Gênée, elle osait à peine le regarder. Il se dirigea vers la porte et lorsqu’elle fit mine de le suivre, il articula péniblement
- Granger ! épargne toi donc un tel supplice, retourne avec tes amis. Je vais me débrouiller.
Hermione était incapable d’écouter ou de réfléchir aux propos du serpentard, tant elle était obnubilée par le rythme saccadé de son souffle, qui traduisait une grande douleur physique. En outre, Malefoy tenait son bras serré contre lui, sûrement pour soulager une plaie au ventre, conclut-elle.
Elle entendit cependant les propos de Malefoy et s’exécuta, tel un automate. Elle se dirigeait vers le terrain de quidditch en repensant à ce combat, espérant que Dumbledore ne lui ferait pas subir un tel entraînement pour prix de sa désobéissance, puisqu’elle n’obtempérait pas à sa demande de veiller sur Damien.
Elle reformula pour elle la dernière phrase du sorcier «épargne toi un tel supplice»... Quel supplice ? La jeune sorcière s’arrêta, se concentrant sur ces paroles. Le supplice de devoir subir sa présence ? Cet entêté Malefoy persistait donc à croire qu’elle le méprisait alors qu’elle lui avait tant de fois…
Non.
Elle ne lui avait jamais vraiment dit qu’elle l’aimait. Elle ne lui avait jamais vraiment fait ne serait-ce que comprendre. La seule fois où elle avait eu pour lui des paroles tendres, il était en droit de supposer que la potion en était l’unique cause. La seule vérité dont il pouvait être certain, c’était qu’elle ne le détestait pas… la belle affaire.
Pour la énième fois de la semaine, elle dirigea ses pas vers ce loup hautain, qui la jaugea du haut de son rocher.
- LUNE ! cria-t-elle presque. Et ne t’avise pas d’essayer de me mordre ! ajouta-t-elle en pointant rapidement un index accusateur vers la bête.
L’animal ne bougea pas de son rocher, mais le rocher ne bougea pas plus que lui, et aucune grotte ou entrée quelconque n’apparut. Le loup la fixait toujours, de son regard perçant.
- tu mériterais qu’on t’envoie Lupin... tu ferais moins le malin. Ragea-t-elle. On devrait t’arracher la peau pour en faire un tapis ! Et prendre tes dents pour les pendre à un collier !
La jeune fille s’amusait à présent devant l’air surpris de la bête, goûtant le plaisir malsain de pouvoir insulter quelqu’un qui ne pouvait se défendre. Malheureusement pour elle, il avait tout pouvoir pour lui faire payer sa méchanceté, et elle le savait. Lui seul pouvait lui permettre d’entrer.
- s’il te plait, laisse moi passer. Implora-t-elle finalement.
Les oreilles du loup s’agitèrent sur sa tête, lui donnant un air attentif.
- je t’en prie.
Enfin, une creusée se fit au milieu du rocher, puis s’élargit en une entrée sombre par laquelle Hermione s’engouffra
- merci, fit-elle en passant une main sur le pelage de peinture.
Damien était allongé sur le lit, les yeux mi-clos sous l’effet de la douleur, le dos appuyé contre un monticule de coussins, contre le mur, de sorte qu’il vit de suite Hermione entrer.
- oh Granger… tu es bien têtue. Qu’as-tu donc promis à ce loup pour qu’il te permette d’entrer ?
- rien, répondit-elle, ravie de trouver une occasion de pouvoir parler sans avoir à prendre les devants.
- fiche le camp. Soupira Damien en laissant sa tête retomber sur les oreillers dans un gémissement.
- je n’ai rien à faire de particulier. Donc je reste
Damien haussa vers elle un œil surpris.
- et moi je n’ai pas mon mot à dire ?
- si tu y vois un inconvénient, va t’en plaindre à Dumbledore.
- bah voyons… toujours aussi tricheuse, à se planquer derrière les profs. Mais je te préviens, je risque d’être d’humeur peu joyeuse. Acheva-t-il dans une grimace.
Il respirait difficilement, tournant parfois la tête vers Hermione comme pour la surveiller. Il finit enfin par articuler, en sombrant dans l’inconscience
- il faut que je dorme… je reviens dans un peu moins d’une heure mais…
Hermione ne distingua pas la fin de sa phrase. L’instant d’après, Malefoy était inanimé. La jeune fille s’approcha du lit et constata qu’il demeurait immobile, même si elle tentait de le réveiller en le secouant légèrement. Elle avança donc une chaise à gauche du lit, et veilla le malade.
Une heure était écoulée et Hermione commençait à trouver le temps long. Elle avait passé les trente premières minutes à surveiller Malefoy, profitant de son inconscience pour l’observer sans en être intimidée. Les trente suivantes avaient été employées à l’étude minutieuse de la chambre. Elle y trouva quantité de livres qu’elle n’avait jamais lus, certains en rapport avec la magie noire, d’autres vierges, sûrement protégés par des sorts qu’elle ne pu se résoudre à tenter de contrecarrer.
Enfin, elle était revenue s’asseoir près de lui, luttant contre l’envie de prendre sa main dans la sienne. Elle regardait ses longs doigts blancs sur les couvertures, se demandant comment elle n’avait pas pu voir plus tôt la ressemblance avec ceux de Dumbledore. Ses yeux remontaient vers son poignet lorsqu’elle se souvint de l’éclat violet qu’elle avait vu briller au dos de sa main, quelques jours avant.
Elle fit prestement le tour du lit et souleva le plus délicatement possible son bras droit, priant pour ne pas le réveiller. Elle remonta la manche du Serpentard et vit la fine chaîne qu’il lui avait offerte, entourée deux fois autour de son poignet. Cependant, le pendentif ne s’y trouvait pas. Après avoir brièvement vérifié que Damien dormait toujours, elle releva un peu plus sa manche, cherchant à apercevoir la couleur violette, sans plus de succès. Déçue, Hermione s’enhardit encore et souleva légèrement sa chemise en lambeau, poussant un cri d’effroi lorsque la main gauche de Malefoy enserra son poignet.
- dis donc ! Tu serais pas en train d’essayer de me déshabiller par hasard ?! reprocha-t-il en riant faiblement, d’une voix quelque peu endormie
Hermione retira vivement sa main, honteuse, et s’éloigna de quelques pas. Malefoy retrouvait peu à peu ses esprits, regardant à son tour le bracelet improvisé.
- elle se promène. Dit-il à Hermione d’un ton rieur. Elle ne tient pas en place. Elle adore se balader partout partout sur moi. Parfois ça chatouille, acheva-t-il dans un murmure.
Le teint rose que prit la jeune sorcière fit à nouveau rire le serpentard qui semblait avoir retrouvé ses forces.
- tu ne devrais pas rester ici… reprit-il à nouveau en la fixant, après un moment de silence.
- et pourquoi donc à la fin ?! s’énerva Hermione.
Contre toute attente, Damien se leva brusquement et entoura sa taille de ses bras. La faisant pivoter, il projeta la jeune fille sur le lit, s’y effondrant avec elle.
- parce que, comme tu me l’as si justement fait remarquer il y a peu de temps, je manque singulièrement de volonté lorsque tu te trouves dans les parages…
Hermione resta interloquée par la façon dont le Serpentard pouvait ainsi changer d’humeur du tout au tout en l’espace de quelques heures.
Elle s’abandonna dans ses bras en fermant les yeux pour ne pas avoir à croiser son regard et sentir cette maudite timidité l’envahir et la forcer à s’éloigner de lui.
Comme il l’avait prédit, Damien perdait peu à peu tout contrôle et sa volonté, s’il en avait jamais eu la moindre parcelle, s’envolait dangereusement tandis qu’il caressait la joue et le cou d’Hermione de ses lèvres, posant parfois quelques baisers sur sa peau.
Il prit son visage dans ses mains, se serrant contre la jeune sorcière qui finit par l’enlacer, tandis que sa respiration laissait transparaître le désir qui le gagnait peu à peu. Il gardait malgré tout ses lèvres loin des siennes, en proie à un combat intérieur que la jeune fille percevait clairement.
Il réussit enfin à se détacher d’elle, roulant sur le côté et s’asseyant sur le lit. Il plaqua ses paumes contre ses yeux, comme pour se forcer à rétablir un semblant d’ordre dans ses pensées et soupira bruyamment.
Prenant conscience de l’état lamentable de sa tenue, il laissa là la jeune sorcière incrédule et, sans un mot ni un regard pour elle, s’enferma dans la pièce voisine d’où on entendit bientôt l’eau couler. Lorsqu’il reparut, après de longues minutes, il avait retrouvé sa «classe» habituelle. Tiré à quatre épingles, les cheveux impeccablement noués, il fixa Hermione, l’air interrogateur.
- toujours là Granger ? il va finir pas t’arriver des bricoles…
- t’es vraiment bizarre… murmura Hermione malgré elle
- pourquoi bizarre ?
- tu agis bizarrement, tu changes d’avis d’une minute à l’autre, tout comme d’humeur.
- je ne change pas d’avis moi. D’humeur oui, je le concède.
- tu es... bizarre. Répéta-t-elle
Damien sourit et s’adossa au mur, à l’opposé de la pièce.
- explique un peu mieux, ce que j’ai de bizarre… et ôte toi de mon lit ou je ne vais pas me retenir longtemps…
Hermione, confuse, se releva rapidement, tout en restant à une distance respectable de lui.
- Alors ?
Hermione ne savait pas par où commencer, ni comment poser les innombrables questions qui se bousculaient dans sa tête sans provoquer une nouvelle crise de colère chez le Serpentard.
- Tu vas encore t’énerver… commença-t-elle.
- j’essaiera de rester civilisé et courtois, rit-il en se décollant de son appui.
- je peux te poser des questions ? sans que tu te mettes à hurler ?
Malefoy mit un certain temps à répondre, scrutant Hermione.
- essaie toujours… moi je vais tenter de me contrôler…
- a t’entendre ça parait impossible !
- et bien… je crains que tu ne me demandes des choses qui risquent de me déplaire. Essaie.
- ok…
Hermione inspira profondément puis, aussi vite qu’elle le put, demanda dans un souffle :
- A ton arrivée ici, les professeurs t’étaient plutôt hostiles. Et si de notre côté on s’est méfiés de toi, c’est en partie à cause de ce qu’on avait vu ou entendu.
Damien se laissa glisser le long du mur, le regard flou.
- je déteste vraiment parler de tout ça tu sais… La seule personne pour qui j’ai consenti à faire l’effort de me replonger dans cette… dans ce… l’enfer… pour Albus.
Hermione s’assit à son tour, le plus silencieusement possible pour ne pas détourner Damien de ses réflexions.
- Je suppose que Potter t’a fait le rapport de la journée où il m’a vu près du lac, avec McGonagall et Rogue ?
La jeune fille aquiesca d’un signe de tête.
- ils se méfiaient oui, c’est le moins qu’on puisse dire. Poursuivit Malefoy en souriant froidement. Lorsque je suis arrivé à Poudlard, fin juillet, je n’avais pas revu Dumbledore depuis seize ans. Seize longues années… Même lui m’a surveillé de près plusieurs semaines.
Qu’a dit McGonagall à mon sujet, ce jour là ? Demanda Damien en redressant la tête vers Hermione
- que tu étais le fils de Lucius, revenu de Durmstrang où tu avais achevé tes études depuis un an et que Dumbledore était très mécontent de te savoir ici.
- Elle avait raison sur un point : il était furieux de devoir me laisser vivre au château. Le reste est faux. Je n’ai jamais été à Durmstrang, comme tu sais, et mes études... je suis né en 74 alors… je devrais avoir quitté l’école depuis….
- cinq ans… tu as 22 ans ?
Damien ne put s’empêcher de rire face à la surprise d’Hermione.
- alors pourquoi ? cette méfiance ?
- parce que si Lucius n’est « que » mon oncle, c’est tout de même lui qui a été chargé de mon éducation. Et il y a mis tout le zèle dont il est capable, ce qui est peu dire, je te prie de me croire.
- Mais quel est le rapport avec Harry, Ron et moi ?
- il n’y en a aucun. Répondit Damien, étonné par cette question.
- j’ai entendu Dumbledore te demander de ne pas nous approcher…
- et bien tu as dû mal entendre... ou mal comprendre.
- dans la salle de duel.. il t’a dit de rester éloigné des étudiants en général, et de nous trois en particulier.
Damien éclata de rire, faisant sursauter Hermione.
- ha la la ! quelle vilaine habitude que de toujours analyser top vite ce qu’on entend. C’était Drago et ses sous fifres que je devais éviter… Cette fouine mettait une attention toute particulière à me surveiller, pour en faire le rapport détaillé à son père évadé.
Hermione tentait désespérément de remettre les morceaux du puzzle à leurs places respectives, en vain.
- pendant seize années, ma seule fenêtre sur le monde a été Lucius et Diax, une elfe de maison.
Damien regarda une dernière fois Hermione, puis, fermant les yeux, il se lança dans un long discours, comme on se jette à la mer un soir de tempête.
- Ma mère m’a mis au monde seule, dans un taudis Norvégien en envisageant sérieusement de me jeter dans le premier puit qu’elle trouverait. Deux ans auparavant, elle avait rencontré mon père…. Jeune, amoureuse, idiote, il ne lui avait pas fallu longtemps pour tout abandonner et le suivre loin de chez elle. Il était intelligent, plutôt bien fait de sa personne, si on en croit la populasse, charismatique, issu d’une noble famille au sang pur. Parfait… Elle ne rêvait que de lui donner un héritier, quitte à ne pas attendre le mariage, jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive que les fréquentations de son « aimé » n’étaient guère reluisantes. Au bout d’une année entière passée à ses côtés, elle a fini par fuir, apeurée par ce qu’elle entendait dire lors des soirées auxquelles elle assistait.
Elle n’a pas osé retourner auprès des siens et a attendu seule que je sorte d’elle, que je la débarrasse de ce fils de mangemort… Mais dès que j’ai poussé mon premier cri, il est entré… Albus. Il l’a prise sous son aile, lui a rendu sa confiance perdue avant de retourner à ses occupations.
Damien marqua une pause, remettant de l’ordre dans son esprit avant de continuer.
- Voila pour ce qu’on m’a raconté. Ce qu’elle m’a raconté. Ensuite, ce dont je me rappelle moi…Voldemort était de plus en plus puissant, de plus en plus influent. Dumbledore nous rendait parfois visite, me laissant jouer avec sa barbe sous l’œil réprobateur de ma mère. Je ne perdais pas une miette de leurs discours d’adultes, mais j’étais trop jeune pour pouvoir comprendre, disait-on. Nous restions assis sous un frêne gigantesque jusqu’à ce que la lune nous éclaire, et il me racontait les étoiles.
Et puis j’ai eu deux ans… Albus est venu me voir ouvrir mes cadeaux après de longs mois d’absence, mais je l’ai reconnu aussitôt. Il a eu l’air étonné et a demandé à parler avec ma mère en m’enfermant dans ma chambre. Pour la première fois, il ne m’a pas laissé jouer avec sa barbe... Ensuite il m’a permis d’entrer dans le salon et m’a posé des tas de questions. J’ai compris plus tard qu’ils étaient tous les deux étonnés que je puisse me rappeler de tant de choses, si précisément, et malgré mon jeune âge.
Ma mère a pleuré et Albus m’a emmené avec lui. J’ai vécu les plus beaux mois de ma vie, malgré toutes ces journées passées loin d’elle à subir des tests auprès de toutes sortes de sorciers et sorcières que je trouvais effrayants et malsains tant ils me regardaient comme un animal de foire.
Quand je suis retourné chez moi, j’ai trouvé ma mère triste, abattue… Elle a hurlé contre Dumbledore qui voulait nous ramener en Angleterre, la mettant en garde contre Voldemort et ma «particularité». Mais il était trop tard. Rien n’échappe au Seigneur des Ténèbres.
La voix de Damien paraissait lointaine, trop neutre pour être réelle. La jeune femme trouvait finalement que le fait que le Serpentard ferme les yeux en se remémorant son enfance, comme on récite une litanie, était une bonne chose. Elle même ne savait quelle contenance adopter et était soulagée de ne pas avoir à supporter, en plus de ce qu'elle entendait, le regard de Damien.
- Mon père, qui n’avait jamais manifesté le moindre désir de nous retrouver, a soudain fait irruption dans notre vie. Il a menacé ma mère de me tuer sous ses yeux si elle refusait son marché… elle a donc accepté.
Elle l’a épousé, et nous sommes allés vivre dans un manoir luxueux, où des professeurs pouvaient m’enseigner tout ce qu’un bon servant du Lord Noir doit savoir. Les jours m’ont parus des semaines et les semaines des mois.
Au début, nous étions assez libres de nos mouvements et Albus venait régulièrement nous voir. Chaque fois il me disait que je devais toujours me souvenir qu’il serait là pour moi, que si, à un moment de ma vie, je ne savais pas vers qui me tourner, il serait là…
Peu à peu, ses visites se sont espacées, tout comme nos sorties. Je ne retrouvais le sourire que les rares fois où ma mère me donnait des nouvelles de Dumbledore, qui réussissait à nous contacter en secret, avec de plus en plus de difficultés cependant.
J’ai fait la connaissance de mon oncle bien aimé... Lucius, qui a été plus particulièrement chargé de mon «éducation» puisque les liens du sang nous rapprochaient…
Et puis…j’ai eu cinq ans…. Pour mon anniversaire, mon père m’a offert son tout premier cadeau : l’indépendance… La mort de ma mère.
Hermione plaqua une main sur sa bouche tandis que Damien poursuivait pourtant :
- Je n’ai pas pleuré...Il était fier de moi, trop stupide pour comprendre que seule la haine prenait le pas sur le chagrin, tarissant mes larmes. Je me suis juré de la venger. Mais même ce plaisir, il ne me l’a pas laissé. Il s’est fait tuer l’année suivante, lors d’une mission pour son Maître, et je n’ai plus vu que Lucius entrer dans ce manoir.
Il y transplanait régulièrement pour me dispenser son enseignement de la manière la plus efficace qu’il connaisse : à coups de cannes. Et ça l’était, vraiment. J’avais à peine sept ans et j’en savais déjà beaucoup plus que la majorité des sorciers de premier cycle ; lorsque j’ai pris conscience de mes progrès, dans le reflet de ses yeux fiers, je l’ai admiré et respecté. Il était le seul à me donner quelque chose. Le seul qui m’apporte vraiment.
Je maudissais Dumbledore de nous avoir menti et abandonnés, d’avoir laissé ma mère mourir. Peu à peu, je l’ai détesté, puis haï. Ne pouvant plus trouver de but à ma vie en prévoyant de me venger de mon père, je n’ai plus eu qu’un seul objectif : le tuer lui. J’ai vécu dans la haine de nombreux mois.
Un soir, mon «éducateur» est revenu de fort mauvaise humeur. Voldemort avait été défait par un gamin d’à peine plus d’un an ! ça c’était vraiment un beau cadeau, même avec six mois de retard… J’ai cru que mon calvaire était fini. Je me suis trompé. Lucius mettait un point d’honneur à poursuivre ma formation en prévision du retour de notre Maître.
Trop pleutre pour partir à sa recherche, il n’envisageait son salut que dans la réussite de cette mission. Offrir à Voldemort un Mangemort sur mesure.
Je me suis réfugié dans la lecture et l’apprentissage des sorts que m’indiquait Lucius. La seule chose qui m’importait était de devenir puissant pour me venger d’Albus ; ça m’était bien égal de savoir que je devrai servir Voldemort. Lui ou un autre, après tout, qu’est-ce que ça changeait ?
Les années ont passé et Lucius me donnait des nouvelles du monde extérieur, ses nouvelles, à vrai dire. Il m’invitait parfois à le suivre lors de soirées mondaines, pour m’apprendre à me comporter en société : bien reconnaître un Sang de Bourbe et savoir l’éviter en public, l’humilier en privé, dès que l’occasion s’en présentait. Pour ces sorties, il me faisait prendre du polynectar qui me rendait méconnaissable, et j’adorais ça. Je me vengeais sur ces sorciers qui m’étaient inconnus, les maudissant de ne pas me voir, de ne pas m’aider, de m’ignorer et de me laisser crever sous sa tyrannie.
L’elfe de maison me donnait aussi des nouvelles. En lisant le nom de Dumbledore sur un livre, j’ai à nouveau craché ma haine, que seuls les murs pouvaient écouter, mais Diax m’a appris qu’Albus me croyait mort. Qu’il avait mis des fleurs pour chacun de mes anniversaires au pied de notre arbre. Lucius a senti que je tentais de me libérer de son emprise. Il a commencé par m’enfermer, verrouillant les portes du manoir, puis celles de mon esprit.
Lorsque j’ai eu seize ans, il a regretté de m’en avoir tant appris. Mais il était toujours beaucoup plus fort que moi. Il m’a soumis à l’impero, m’abreuvant de potions qui me soumettaient à lui…
J’ai cru que je deviendrai fou, enfermé dans ma propre tête. Toutes ces années restent assez vagues dans mes souvenirs. Je ne vois que les sorts répétés, encore et encore. Le goût infâme de cette mixture, et l’attente.
J’étais persuadé qu’un jour viendrait où je pourrai reprendre le dessus, sortir de cette prison mentale…
L'année passée, j'ai senti chez lui un changement : il était joyeux, à la limite de l'hystérie. Il multipliait ses visites, prétextant que le Seigneur des Ténèbres lui était reconnaissant de sa fidélité, mais qu'il le serait encore plus le jour où il me mènerait à lui, mais il n'en a pas eu le temps.
Cet été là, j’ai surveillé la porte de ma chambre pendant des jours et des jours. Lucius n’est pas venu. Plus le temps passait, plus je distinguais nettement cette porte. Fermée. L’elfe me portait à manger régulièrement, et j’ai été surpris de trouver du goût à ce que j’ingurgitais. Peu à peu j’ai eu la force d’agir par moi-même. Je suis sorti de ma chambre. Plusieurs jours se sont écoulés avant que je ne sorte du manoir.
J’étais terrorisé par le bruit du vent. Je le sentais souffler sur ma joue alors que je ne pouvais pas le saisir. Je me suis réfugié dans le manoir, m’y terrant comme un rat durant des heures tandis que la nuit enveloppait tout autour de moi.
J’ai vu les étoiles et j’ai compris qu’il était temps. J’ai volé jusqu’à lui sans savoir si je retrouverai mon chemin après tant d’années. Lorsque j’ai aperçu les tours de Poudlard, toutes mes forces m’ont abandonné. J’ai passé des jours à rôder dans la forêt interdite jusqu’à ce que Rogue me trouve. Il m’a conduit auprès d’Albus en me menaçant de sa baguette.
J’avais à peine posé les deux pieds dans son bureau que je me suis écroulé. La suite…
Damien rouvrit les yeux, fixant Hermione en soupirant
- A mon réveil, Albus m’a expliqué que Lucius était à Azkaban et que Voldemort était de retour. Il devenait donc urgent de me mettre à l’abri de sa folie, avant qu’il ne se serve de ce que je pouvais lui offrir. Il m’a surtout dit que c’était ce même gosse qui avait permis d’enfermer Lucius, me libérant de son emprise mentale, après tant d’années. Le ministère a été mis au courant de mon «retour» mais beaucoup ont douté de moi. En ces temps plus que troublés, je faisais figure de loup dans une bergerie. Et donc, oui, on peut considérer que je suscitait de la méfiance.
Lorsqu’il a été certain que je ne sauterai pas à la gorge du Survivant à la première occasion, Albus a prévu de me mettre à l’abri, seul et sans surveillance, mais le ministre a refusé. Il voulait qu’on me garde à l’œil et surtout que je fasse part de ma science acquise à coups de canne. Dumbledore ne voulait pas, prétextant que Drago présentait un trop grand danger, mais il a admis qu’il serait judicieux de donner quelques cours particuliers à Potter. Et finalement, je suis resté…
Le Seprentard semblait vidé, murmurant plus qu’il ne parlait, le visage inexpressif et le regard vide. Il finit enfin par sourire en demandant à Hermione
- des questions ?
Il restait à Hermione des tas de questions, mais elle hésitait à poursuivre le supplice que vivait Damien. Elle finit cependant par demander :
- qu’as-tu donc à offrir de si précieux à Voldemort, pour que Lucius se soit donné tout ce mal ? Cacher un tel secret à Dumbledore n’a pas dû être une mince affaire…
- sais-tu ce que recherche Voldemort ?
- la puissance... le pouvoir... tenta Hermione
- la pierre philosophale ?
- l’immortalité…
Damien sourit, laissant Hermione conclure seule.
- le phénix.
Le jeune homme se releva, lui tendant une main pour qu’elle l’imite, tandis qu’elle restait sans voix.
- Mais alors... tu es immortel ? bégaya-t-elle.
Le Serpentard ne pu pas répondre immédiatement, victime d’un fou rire qui dura de longues minutes mais finit par articuler, entre deux hoquets
- non ! bien sûr que non ! mais il paraît que lorsque je pleure, ça fait du bien aux blessés, ironisa-t-il.
Hermione restait figée au centre de la pièce, suivant Damien du regard, alors qu’il se dirigeait vers la sortie.
- héééé... murmura-t-elle, reprenant soudain possession de ses moyens. C’est comme ça que tu es entré dans le dortoir ! par la fenêtre ! en volant !
- il est l’heure d’aller manger, et ensuite je dois donner cours à ton copain. répondit Damien en souriant. Quel dommage qu’Albus ne me laisse pas employer la si efficace méthode de mon oncle. Acheva-t-il en passant la porte.
- Damien ? interpella timidement Hermione en le rejoignant. Je peux reprendre le pendentif ?...
Le Serpentard sourit en la regardant, sans s’arrêter. Il releva sa manche où ne se trouvait que le collier doré. Pas l’ombre d’une loutre
- si tu arrives à la retrouver, oui. Mais je te l’ai dit, elle se promène partout, il va falloir bien chercher.
La mine gênée de la jeune sorcière le fit rire à nouveau tandis qu’ils pénétraient dans la grande salle. Dumbledore, à la table des professeurs, les accueillit d’un sourire radieux, et Hermione sourit à son tour en le voyant adresser à Damien un clin d’œil malicieux.
De nombreux élèves furent surpris et les regards convergèrent vers Damien lorsque celui-ci dédaigna la table des Serpentards pour se diriger vers les professeurs et s’installer en leur compagnie, à côté de Morgwen.
Hermione ne put s’empêcher de ressentir une pointe de jalousie en imaginant les conclusions que ne manqueraient pas de porter les étudiants présents. Elle s’assit entre Harry et Ron qui lui laissèrent rapidement une place entre eux, l’assaillant de questions avant qu’elle n’ait le temps d’achever son geste.
- tout va bien, leur fit-elle pour toute explication. Dépêchons nous de manger et allons dans la salle commune, je vous raconterai.
Les Gryffondors ne se le firent pas dire deux fois et avalèrent leur dîner rapidement. Une fois à l’abri d’éventuelles oreilles indiscrètes, Hermione leur fit part de ses découvertes. La jeune fille espérait que le Serpentard ne lui en voudrait pas d’avoir été si bavarde mais bizarrement, elle était persuadée que ce ne serait pas le cas.
De leur côté, Harry, Ron, Neville et Ginny ne prévoyaient nullement de faire des remarques trop explicites en la présence de Damien. Savoir leur suffisait et pour l’instant, ils semblaient tous plongés dans une analyse complexe et exigeante de ce qu’ils venaient d’entendre.
Hermione profitait également de ce moment de calme pour repenser aux mois qui venaient de s’écouler. Elle se remémorait parfaitement la récente soirée de bal, lorsque Damien avait reproché à Drago d’être expert en espionnage et en filature. A l’époque, ces mots avaient la couleur d’un compliment. A la lumière de ces révélations, il en était tout autre.
- voila donc, ce qui était censé me glacer de peur murmura Ginny. La fouine a longtemps dû espérer que Damien serait le parfait mangemort éduqué par son père…
- on comprend mieux pourquoi il avait droit à sa chambre particulière… grommela Ron. Et aussi pourquoi il traînait si peu avec son «frère».
Le jeune homme se leva et, avisant Harry :
- je crois qu’il est temps.
Cours particuliers by Morgane
Tous se rendirent à la salle de duels. Dumbledore les y attendait en regardant les nombreux tableaux accrochés dans la salle. Un silence particulier régnait autour de lui. Harry eut l’impression que ses oreilles venaient de se boucher, comme s’il avait plongé la tête sous l’eau.
Neville hurla de terreur derrière lui, provoquant un sursaut chez le vieux sorcier et les Gryffondors. Londubat était assis par terre, livide, et fixait Damien qui venait d’apparaître avec des yeux ronds.
- bon sang tu m’as fait peur ! trembla celui-ci en se relevant.
- j’ai rien fait ! se défendit le Serpentard en voyant Dumbledore froncer les sourcils.
- on n’a pas idée d’apparaître sans prévenir. Souffla Neville, qui se remettait doucement.
Damien le fixa sans mot dire un long moment, tandis que Morgwen se relevait derrière le terre-plein central, en se frottant le dos.
- je crois que tu vas te passer d’exercices ce soir Londubat. La fatigue te rend quelque peu… sensible. Déclara-t-il.
Neville acquiesça en soupirant. Il était fatigué en effet. Il n’y avait à cela aucune raison particulière, peut-être un trop plein de stress, comme le dirait sa grand-mère. Il s’installa sur un banc, le long du mur, finalement ravi de pouvoir assister à l’entraînement de Harry sans se fatiguer.
L’étrange silence avait disparu. Harry regarda tour à tour la jeune sorcière qui venait d’apparaître et Damien et comprit que ces deux là venaient de se livrer un duel, provoquant certainement, d’une manière ou d’une autre, ce calme irréel.
- un de ces jours Malefoy, j’aurai ta peau. Grimaça Morgwen en riant presque.
Ce à quoi Damien répondit, tout sourire, en se tapotant le front de sa baguette. La jeune femme acheva la discussion en lui tirant la langue.
- et bien ! votre marraine serait scandalisée de vous voir agir de la sorte ! taquina Dumbledore en s’approchant d'eux. Harry, j’ai proposé à Damien qu’une seconde étape te soit demandée.
Le jeune homme se raidit d’inquiétude. Qu’allait-on encore exiger de lui ?
- tu prouves à chaque match de Quidditch que tes réflexes sont exemplaires. J’aimerais que tu les affines encore en apprenant à combattre. Sans ta baguette.
Dumbledore tendit une main et Harry lui confia sa baguette, anxieux. Damien gardait la sienne, tout sourire.
- j’en connais qui vont passer un sale quart d’heure. Murmura le Serpentard.
Albus remit la baguette confisquée à ce dernier, sous le regard perplexe des Gryffondors. Damien la fit glisser dans le lien noir de ses cheveux, provoquant chez Hermione un frisson incontrôlable.
- je suppose que je dois récupérer mon bien ?
- tout juste Potter. Sourit Damien cyniquement. Je suis loin d’être aussi rapide que le vif d’or. En revanche, je suis beaucoup plus… comment dire…
- sauvage. Siffla Ron qui voyait venir la catastrophe.
- si on veut Weasley. On aurait pu choisir aussi …brutal, ou bien mauvais.
- le résultat sera le même… poursuivit Ginny. On peut aider ?
- à tes risques et périls gamine.
- on aide. Renchérit celle-ci, déterminée à prouver au serpentard qu’elle n’était plus une enfant, sans même demander son avis à Harry.
- sans baguette bien sûr. Précisa Damien en s’éloignant d’eux.
Hermione ne savait pas quel parti prendre. Essayer d’attraper Damien ? que voila un jeu dangereux, pensait-elle, tandis que ses trois amis commençait à encercler un Malefoy tout sourire.
- pfffffffffffff soupira Neville. Il vous voit arriver de loin. Vous allez prendre la raclée de votre vie.
Damien éclata de rire en observant celui-ci du coin de l’œil. Le jeune sorcier se relevait, venant vers eux.
- moi aussi, je vais aider. Je dormirai demain…
Malefoy se tourna légèrement vers lui et Neville ajouta
- sauf si ça pose vraiment problème…. ?
- interdiction de faire rire l’adversaire.
Les quatre amis s’élancèrent tous vers lui, l’encerclant presque. Un léger halo doré nimba le groupe.
Hermione, restée en retrait, parvint à amortir la chute de Ginny qui tomba presque dans ses bras, quelques cinq mètres plus loin, tandis que Harry atterrissait lourdement sur l’estrade. Neville avait en une fraction de seconde retrouvé son banc, près du mur, à ceci près qu’il se trouvait à présent dessous plutôt que dessus. Ron, quant à lui, mit un certain temps à retrouver une position convenable après avoir été propulsé contre la paroi opposée et s’y être affalé en un tas informe et désordonné.
- pas au contact ! se souvint Hermione en avertissant ses amis.
Dumbledore lui sourit en se dirigeant vers la porte.
- tricheuse. Souffla Damien en souriant, teintant une nouvelle fois les joues de la Gryffondor de rose.
- besoin d’aide Malefoy ? questionna Morgwen
- plutôt mourir, ma chère. Répondit celui-ci en s’inclinant vers elle.
- prétentieux arrogant ! fit elle entre deux rires. Harry !! on va lui faire la peau ! écoute moi !
Damien écarquilla les yeux, mimant une farouche indignation en se tournant vers son aïeul, pointant la traîtresse du doigt. Dumbledore écarta les bras d’un air impuissant qui ne cadrait pas du tout avec ce que chacun, dans la pièce, savait de lui.
- je vous laisse entre vous. Mon âge avancé m’interdit malheureusement de prendre part à vos divertissements.
Il passa la porte, tout sourire.
- trop âgé… vieux sénile. Rit Damien en faisant à nouveau face à Harry, qui interrogeait Morgwen du regard.
- les phénix ont le pouvoir de porter des charges extrêmement lourdes. Si tu l’approches de face ou si tu lui en laisses le temps, il amorce sa transformation et peut donc agir avec toi comme si tu n’étais qu’un vulgaire oreiller de plumes ! Il faut donc effectivement éviter le contact. Avec les mains du moins. Acheva-t-elle en se tournant vers Hermione.
Damien retenait son rire à grand peine, fixant Morgwen.
- je te jure, sale mégère, que tu vas regretter ça. En plus des cornes, je vais ajouter les sabots au déguisement.
Malefoy se figea, le regard vide à présent, voilé par la concentration, et Harry su que les choses sérieuses commençaient.
Une demi-heure plus tard, tous haletaient, mais la baguette restait en la possession de Damien. Celui-ci, cependant, montrait des signes de fatigue, et Harry reprit courage. Neville et Ginny abandonnèrent, épuisés, tandis que Morgwen, sentant l’importance du moment, se retirait également de la partie.
Hermione était toujours en proie à la plus grande hésitation, convaincue que d’ici à ce qu’elle se décide à agir ou pas, trois jours se seraient envolés.
Harry et Ron communiquaient plus par le regard que par la parole et leurs mouvements étaient particulièrement complémentaires. Les Gryffondors étaient arrivés à la conclusion qu’un combat à mains nues était perdu d’avance. Ron empoigna donc une chaise à sa portée et la lança sur Damien, qui l’esquiva de peu.
- ‘tention pas casser la baguette. Intervint Neville, provoquant un nouveau rire chez Damien
- et oui Wesaley ! fracasse moi le crâne si tu peux mais gaffe à la baguette… je rêve… et c’est moi le Serpentard !
Il fallut encore de longues minutes aux deux amis avant que Ron ne puisse sauter sur le dos de Damien, au sens propre comme au figuré. A Califourchon sur lui, il plaqua ses mains contre ses omoplates en l’immobilisant. Harry se précipita mais ne put qu’effleurer le précieux objet.
Damien s’était relevé en une fraction de seconde, tenant par le bras un Ron interloqué d’une main.
Le Serpentard retira lui-même la baguette de ses cheveux et la tendit à Harry.
- Félicitations messieurs. En revanche, grimaça-t-il, j’ai horreur qu’on me touche les cheveux... A quelques exceptions près… Je vous rends donc ceci moi-même.
Hermione sentit le feu lui monter aux joues, détournant le regard par peur de croiser celui de Damien, tandis qu’Harry se demandait si celui-ci n’avait pas également trouvé là un bon moyen de prouver qu’il restait encore plus fort qu’eux. La facilité avec laquelle il s’était libéré de l’emprise de Ron était stupéfiante. Il quitta la pièce sans un mot de plus.
Les Gryffondors rejoignirent leur tour à l’exception de Harry qui se dirigea vers la volière. Il aimait rejoindre Edwige de temps à autres, désolé de ne pas pouvoir fournir au bel animal des missions dont elle se délectait.
Damien semblait l’y attendre, ce qui le mit mal à l’aise. Un silence s’installa entre eux, bientôt brisé par Harry
- des remarques à faire ? professeur ? ironisa-t-il en hésitant entre le ton sec ou taquin à employer.
- quelques uns. Sourit Damien, soulageant Harry de ses questions. Tu te défends bien. Je suppose que lorsque les enjeux sont plus importants, tu peux être redoutable.
Harry se rembrunit à l'évoquation "d'enjeux", et suivit Damien dans sa marche, en oubliant Edwige. Est-ce que la vie de son parrain était un "enjeu important "?
Les jeunes gens se dirigèrent vers le parc sombre, surpris de trouver le temps relativement clément en cette saison.
Harry leva les yeux vers la lune pâle qui éclairait faiblement le parc devant lui. Il régla sa marche sur celle de Damien, lente, régulière. Reposante. Tout comme sa voix.
- tu as du mal à trouver tes marques entre la part de sorcier et la part d’homme en toi.
Harry acquiesça en silence. Il avait pris parfaitement conscience de ceci au cours des derniers mois. Au fil des quelques disputes qu’il avait eu avec l’un ou l’autre des Malefoy, il avait souvent hésité entre sa baguette et son bras comme arme de prédilection, sans vraiment considérer cela comme un problème toutefois. Mais ces doutes constituaient à n’en point douter une faiblesse, rien que par la lenteur de réaction qu’ils provoquaient.
- pourtant, lors des matches de quidditch, tu fais preuve d’une rapidité à toute épreuve lorsqu’il s’agit de te décider à agir.
- je ne vois pas vraiment le rapport avec un combat. Déclara Harry en mettant dans ces mots le moins de colère possible.
Il posait là une réelle question, attendant une aide de la part du Serpentard et n’éprouvant nulle envie de le contrarier. Damien perçut parfaitement ce changement et poursuivit
- ça reste une question de réflexe. D’instinct. Tu dois pouvoir te décider en une fraction de seconde. Choisir entre un sort de protection ou bien ton bras levé devant toi. Mais tu ne parviendras à ceci que lorsque tu sauras jauger parfaitement ton adversaire, et ta propre force.
Les deux sorciers continuaient leur marche, longeant le lac sombre.
- si tu veux échapper au sortilège d’un première année, un saut sur le côté devrait suffire. Que ferais-tu contre un mage puissant ?
- je ne sais pas. Soupira Harry. Je ne sais plus. Tout dépend des circonstances. L’an passé, au ministère, même un pas de côté aurait été impossible à faire. Pourtant ni moi ni aucun des autres n’étions capables de rivaliser avec les mangemorts face à nous. Donc les sorts de protections n’étaient pas non plus efficaces.
- vous vous en êtes sortis non ? ça devait donc être un minimum efficace…
- on a fui comme des lapins un jour d’ouverture de chasse. Souffla Harry. Nous ne devons tous notre salut qu’à l’arrivée des membres de l’Ordre, et surtout de Dumbledore.
Damien ignorait totalement ce que les lapins avaient à voir avec leur évasion, ne connaissant pas le moins du monde ce sport moldu, mais le terme « chasse » lui en donna une vague idée.
Malefoy stoppa sa marche, se tournant vers Harry.
- vous étiez tous des étudiants de cinquième année, face à des mangemorts enragés et puissants. Et vous êtes vivants.
- de la chance… répondit-il en regardant le sol. Malefoy… Lucius… il empêchait les autres de nous lancer le moindre sort pour protéger la prophétie. Sans quoi on y serait tous restés.
- et tu croyais quoi Potter ? qu’après cinq années d’étude, aussi efficaces soient-elles, et en ayant découvert le monde de la magie à onze ans, tu réussirais à mener tout ce petit monde à la victoire ? tu t’imagines déjà vaincre Voldemort en juin prochain ?
- il faudra bien. Murmura le Gryffondor en relevant la tête, fixant son vis-à-vis.
- je sais… mais pas forcément en juin… tu devrais faire ça en mars, pour mon anniversaire. Sourit le Serpentard.
Son ton badin ôta le poids que le jeune homme sentait peser au creux de son estomac. Il savait pour la prophétie… Damien reprit sa promenade nocturne, et il lui emboîta le pas.
- tu te poses trop de questions. Parfois. Et pas assez d’autres fois… Tu te demandes quel est le rapport entre le quidditch et un combat. Quand tu voles sur ton balais, que tu files vers le sol en faisant hurler les spectateurs d’effroi, qu’est-ce qui te dit de redresser sa course ? Rien. Personne. Tu le sais parce que tu connais tes capacités, celles de ton balai et celles de tes adversaires. Et surtout tu es sûr de toi.
- je ne mets pas ma vie en jeu non plus, ça facilite les choses. Et de toute façon, comment être sûr de soi également au combat et face à des sorciers puissants ?
- je regrette d’avoir à te dire ça, mais il va falloir te faire une raison : à seize ans, tu es loin d’être au niveau de la plupart des mangemorts. Voldemort choisit judicieusement ses fidèles, il n’est pas stupide.
Harry sentit à nouveau son estomac se nouer. Il s’aperçut qu’ils s’approchaient de la forêt interdite.
- depuis que j’ai trois ans on me force à pratiquer toutes sortes de sortilèges. Ça va faire vingt ans que je m’exerce, et de nombreuses fois je ne l’ai fait que pour sauver ma peau. Très important la motivation…
Harry ne savait pas s’il devait considérer que Damien tentait une fois de plus de lui prouver sa supériorité sciemment, lorsque celui-ci se tourna vers lui.
- malgré tous ces efforts, Albus pourrait me faire passer de vie à trépas en un claquement de doigts. Sourit le serpentard. Et ce malgré mes «prédispositions» tant appréciées par mon cher oncle.
- ce qui signifie ?
- que tous les dons du monde ne valent pas l’expérience. Il te faudra vaincre Voldemort, mais même lui, l’un des plus puissants mages de l’Histoire, est assisté par d’autres sorciers. Tu n’es pas seul Potter. Et lorsque quelque chose se passe en ce bas monde, que ce soit une chose gaie ou dramatique, tu n’en es pas forcément l’unique source.
Harry déglutit difficilement en percevant l’allusion évidente à la disparition de son parrain.
- Albus sera là pour veiller sur toi et sur tes progrès. Tu es entouré par des gens puissants et bienveillants. Ta partie du travail consiste à te concentrer sur ta préparation. Ne perds pas de temps ni d’énergie à réfléchir à ce qui sera ou ne sera pas.
- facile à dire… grommela le Gryffondor en heurtant un arbre du bout du pied. Je ne vois pas ce que je peux faire de plus que de rester là à attendre.
- te concentrer sur toi. Sur ce que tu ressens, sur ta magie et son évolution. Et apprendre, autant que tu peux.
- j’apprends… mais il y a tant de choses. Et tout me parait si futile comparé à la puissance de Voldemort. Pourtant c’est grâce à ces sorts simples que j’ai réussi à m’en sortir. De la chance…
- oublie moi avec ta chance… je t’assure qu’on fera en sorte que le hasard n’ait aucune prise sur ton avenir. Et je ne considère pas que se retrouver à mille lieues de tout et de tous, entouré de Mangemorts, soit de la chance. Pas plus que de livrer un combat avec un basilic ; et encore moins contre Voldemort lui-même, est-il besoin de le préciser.
Les portes du château étaient à nouveau devant eux. Les deux sorciers avaient marché au hasard vers la forêt avant de rebrousser chemin. Harry constata avec étonnement que cet exercice l’avait empli de satisfaction et de bien être. Ou bien était-ce le fait d’avoir pu échanger plus de trois phrases avec Damien sans en venir à se cracher d'amers reproches au visage ?
- ta seule chance Harry, est d’être entouré. Mais c’est aussi ta plus grande force. Laisse chacun jouer son rôle et cantonne toi au tiens. Tu continues l’occlumencie ?
Le Gryffondor, perplexe d’avoir entendu son prénom sortir de la bouche du Serpentard, resta muet quelques secondes avant d’avouer, honteux
- euh… j’ai arrêté. Je dois continuer ?
- ce n’est pas nécessaire. Tu commenceras demain à apprendre comment te servir d’un bouclier.
- un bouclier ?
- Albus prétend que tu as déjà vu ce sort. Voldemort s’en est servi pour contrer ses sortilèges au ministère.
Harry sentit un frisson désagréable le parcourir en se remémorant la note grave, sinistre, qu’avait produit le choc du sort de Dumbledore contre ce bouclier argenté qui entourait l’ennemi. Il se souvint également du serpent qui avait pris forme peu après…
Damien s’apprêtait à partir lorsque le Gryffondor le retint, hésitant
- est-ce que... je pourrais aborder un sujet.. disons.. sensible ?
- s’il s’agit de méfiance ou de tout autre antipathie, j’ai fait le résumé de ma passionnante vie à Granger cet après-midi. Elle se fera une joie de te transmettre ses informations et d’éclairer ta lanterne. Il me semble d’ailleurs qu’elle a déjà commencé. Sourit le Serpentard.
- oui, mais ça n’a rien à voir. En fait, si un peu… c’est au sujet d’Hermione.
Damien se figea un instant, fronçant les sourcils avant de soupirer.
- ne t’en fais pas. J’ai dit que je la laisserai tranquille, et je tiendrai parole. Même si c’est pas toujours facile. Murmura-t-il en souriant.
La tristesse de ce sourire fit enrager Harry. Comment avait-il pu être aussi stupide ! Cependant, il répugnait à adopter une attitude prévenante à l’égard de Malefoy, et se contenta d’ajouter :
- et bien tu ne devrais peut-être pas.
Un sourire éclaira le visage du Gryffondor lorsqu’il planta là un Malefoy perplexe et désorienté.
- douce revanche murmura-t-il pour lui-même en entrant dans la salle commune.
Yeux de braises by Morgane
Dès le lendemain matin, Harry rapporta à ses amis sa conversation de la veille, dans les moindres détails
- tu as dit ça ?!! s’écria Hermione face à lui, les yeux ronds, tandis que Ginny pouffait de rire à côté d’elle, cachée derrière sa main
- parfaitement !
Harry remplissait son verre de jus de citrouille tandis que le regard rageur d’Hermione menaçait de faire imploser la carafe. Quelques heures auparavant, il avait presque ouvertement encouragé Malefoy à «harceler» son amie. Le Gryffondor trouvait l’affaire cocasse et estimait que la journée commençait sous les meilleurs auspices possibles.
- tu n’imagines pas le bonheur que j’ai eu à le planter comme un âne au milieu du hall !
- moi si… murmurait Ron, assis entre Neville et Harry, béat de jalousie.
- C’est qui l’âne ?
Neville manqua s’étouffer avec son croissant en reconnaissant la voix de Damien derrière eux. Les deux filles Gryffondors toisaient Harry Ron et Neville, face à elles, avec un air victorieux et tous comprirent que les chipies avaient depuis longtemps vu le Serpentard s’approcher, sans l’avoir mentionné. Harry eut la désagréable impression que les rires moqueurs de Ginny lui avaient finalement plus été dédiés qu’à Malefoy.
- Potter, rejoins moi donc à la cabane d’Hagrid à 13h00. Seul. Que je vois un peu s’il y a moyen de t’en faire pousser, de jolies oreilles de cet animal.
L’interpellé ne jugea pas nécessaire de répondre. Ni de se retourner. Il observait encore une miette de pain nageant dans son bol de lait lorsque Ron le tira par la manche en soufflant
- c’est bon, l’est parti.
Ron continuait cependant à lancer des regards méfiants vers la porte tandis que les deux jeunes filles se levèrent, l’air supérieur, et quittèrent la Grande Salle sans un mot pour eux, tout sourire.
- Alors là !! c’était somptueux ! fit Hermione en éclatant de rire dès qu’elle fut dans le couloir.
Ginny avait posé son sac à terre et les deux amies marquèrent une pause, incapables d’avancer tant elles riaient.
A l’intérieur, Harry hésitait encore entre le rire et la panique.
- ces deux là ont encore dû passer la nuit à se raconter des tas de trucs !! grommela Ron
Effectivement, la complicité des deux sorcières allait croissant et les confessions qu’Hermione avait faites la veille à Ginny, la libérant du même coup, leur donnaient une humeur plus que joyeuse.
Ginny reprit difficilement contenance, les yeux humides d’avoir tant ri en repensant à l’air ahuri de son frère et des deux autres Gryffondors.
- Malefoy n’était pas en reste ! ah la la ! ils ont réussi à se tourner en ridicule les uns les autres. Faut être fort !
Le rire gagna à nouveau Hermione, qui imaginait à présent Harry affublé d’oreilles d’âne. Elle fit part de ses pensées à Ginny, qui rit de plus belle.
- il osera pas tu crois ? interrogea-t-elle en avançant dans le parc.
- je vais me gêner !!
Leurs rires stoppèrent net et Ginny se mordit la lèvre en regardant Hermione qui pâlissait à vue d’œil.
- et bien mesdemoiselles, je vous trouve bien guillerettes de si bon matin ! continua Damien en approchant d’elles.
Ginny se contorsionnait en jetant de rapides coups d’œil à Malefoy mais elle ne put se maîtriser longtemps. Le rire la gagna à nouveau, tant et si bien qu’elle en eut le souffle coupé et dû s’asseoir sur le sol gelé. Enfin, après de longues secondes, elle laissa un profond soupir s’échapper en se relevant.
- aaaaaaaaaaaaaaaaaah ! ça va mieux. Acheva-t-elle, radieuse.
- elle est folle... murmura Damien
- Bien ! je dois rejoindre une fille de ma classe pour un devoir ! je vous laisse ! bye !
Et la jolie rousse se sauva en trottinant d’une jambe sur l’autre, tapotant sa jupe d’une main pour en faire tomber le givre.
Hermione sentit le froid ambiant la gagner subitement, tandis que Ginny disparaissait de leur vue. Elle lançait au Serpentard des regards hésitants, ne sachant comment réagir.
Elle détestait se trouver dans ce genre de situations, ne comprenant toujours pas qu’après de si nombreuses semaines elle ne parvienne nullement à maîtriser son trac, dès qu’elle se trouvait seule en sa présence.
Damien n’en perdait pas une miette, comme à son habitude, au comble de l’amusement.
- panique à bord Granger ! prends garde je vais te sauter dessus.
- je déteste quand tu fais ça. siffla Hermione
- ça quoi ?
- tu te moques de moi. murmura-t-elle en le regardant à la dérobée.
- oh…il faut dire que ton air affolé chaque fois que j’approche est à mourir de rire. On croirait une souris face à un gros chat.
- ou à un serpent…
- oui le serpent c’est plus juste. Continua-t-il en approchant d’elle.
Un frisson parcourt la jeune fille lorsqu’elle plongea son regard dans le sien. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de frémir devant tant de bleu.
- c’est bizarre. Murmura-t-il. Moi j’ai toujours l’impression que c’est toi la vipère.
Tous deux restèrent immobiles de longues minutes, muets comme des statues, jusqu’à ce que Malefoy reprenne la parole
- alors ? tu te décides ou je dois encore te menacer ?
- décider quoi ? bredouilla Hermione en rougissant.
- A prendre soit le rôle de la souris, soit celui de la vipère, par exemple.
- et ça va changer quoi ? demanda le jeune fille qui ne voyait pas, une fois de plus, où le Serpentard voulait la mener
- ça va changer que soit c’est moi qui te mange, soit c’est l’inverse. Sourit-il.
Hermione retrouva rapidement les couleurs que le froid lui avait enlevées et Damien se remit à rire.
- arrête de te moquer de moi !!! reprocha-t-elle au Serpentard, criant autant contre elle que contre lui, agacée à la fois par sa propre timidité et ses taquineries.
Damien s’exécuta, tant bien que mal. Après quelques minutes de nouveau silence, il finit par s’éloigner, se dirigeant vers la forêt.
- tu devrais te mettre au chaud ! tu grelottes !
Lorsqu’il se tourna à nouveau vers Hermione, sans stopper sa marche, il se figea en remarquant ses larmes et revint sur ses pas jusqu’à elle.
- mais enfin... Hermione ? qu’est-ce que j’ai encore dit ? qu’est-ce que j’ai encore fait ? murmura-t-il en prenant son visage entre ses mains, les yeux voilés de détresse.
Sa voix trahissait ses doutes et ses regrets, faisant redoubler les pleurs d’Hermione.
- arrête arrête ! soufflait Damien dans son cou en la serrant contre lui. Je t’en prie arrête. Excuse moi. Je ne me moquerai plus ! ok ?
Il la força à le regarder encore, l’air désolé et abattu.
- pardon. Murmura-t-il. Ne pleure plus. Je te laisse. Oublie tout ça. Je ne t’ennuierai plus.
Il se maudissait de la faire pleurer ainsi, criant intérieurement de ne jamais pouvoir faire autre chose que provoquer ses pleurs, alors qu'il ne rêvait que de la voir sourire et l'aimer. Chaque fois qu'il se décidait à venir vers elle, il la faisait souffrir, l'éloignant encore un peu plus de lui, songeait-il en se mordant la langue de rage, jusqu'à sentir le goût de son sang dans sa bouche.
Cette fois c'en était trop ! fini les jeux de séducteurs ! il la regarderait sourire de loin plutôt que devoir faire couler ses larmes en l'approchant. Il en crèverait, mais sûrement moins vite qu'en la voyant malheureuse.
Tout valait mieux que la voir pleurer, surtout par sa faute.
Hermione cherchait en elle la force d’articuler quelques mots tandis qu’il la regardait baisser la tête face à lui, cherchant à comprendre comment ils en étaient arrivés là.
- tu étais si joyeuse il y a quelques minutes… pourquoi tant de tristesse pour quelques mots ?
- non… ce n’est pas... je ne suis pas… Les larmes coulaient sur ses joues tandis qu’elle le regardait à nouveau. J’en ai assez d’être comme ça. Murmura-t-elle. Pourquoi je n’arrive pas à te parler ?
Elle se blottit alors dans ses bras tandis que Damien l’enlaçait, perplexe, n’osant plus parler ni bouger, la laissant pleurer contre lui.
Au bout de quelques minutes, elle se dégagea en essuyant ses joues d’un revers de main.
- je suis stupide. Sourit-elle, je passe mon temps à pleurer comme une gamine pour des bricoles.
Damien la fixait avec des yeux ronds, incrédule et la jeune sorcière se mit à rire.
- elle est folle… murmura enfin le serpentard, ce qui intensifia le rire de la jeune fille.
- alors ? reprit-il doucement. Tu essaies de m’expliquer pourquoi tu pleures ?
- parce que tu pars en pensant quelque chose de totalement contraire à ce qui est vrai, et que je n’arrive pas à te le dire. Murmura-t-elle.
-… je suis parti car ma présence avait franchement l’air de t’importuner.
Le sourire gêné d’Hermione aurait pu faire fondre un glacier, foi de Serpentard, et Damien en éprouva une joie incommensurable.
- donc si je traduis ça en langage Gryffondorien, ma présence t’est au contraire agréable ?
Même sourire gêné, même fonte des glaciers, même bonheur.
- ça c’est une information que je ne suis pas prêt d’oublier. Sourit-il en la fixant. Mais à présent il va falloir l’assumer.
Le Serpentard chercha la main d’Hermione sous sa cape et la tira derrière lui en reprenant sa marche vers la forêt.
- où va-t-on ? questionna Hermione, surprise elle-même de retrouver si rapidement la maîtrise de la parole
- au plus profond des bois. Là où personne ne pourra t’entendre appeler à l’aide lorsque je te mangerai.
Hermione se réjouit que Damien ne la voie pas rougir une fois de plus et sourire d’aise à l’idée de se faire manger. D’autant plus qu’elle devint écarlate en se surprenant à penser une telle chose
Les deux sorciers s’enfoncèrent dans la forêt interdite. Damien semblait parfaitement savoir où ils se rendaient. Il lâcha la main d’Hermione en arrivant dans une clairière où une plante semblable à du houx couvrait le sol. Chargées de petites boules violettes et dorées, les branches piquantes se courbaient vers l'herbe.
Damien sortir un sac de toile de sa poche.
- Rogue a besoin de cette plante pour une de ses potions. Expliqua-t-il. C’est en la cherchant qu’il m’a trouvé, d’ailleurs.
Hermione l’aida à remplir le petit sachet, grimaçant chaque fois qu’une fine aiguille se plantait dans sa peau déjà agressée par le froid.
- je devrais peut-être en cueillir un bouquet. Déclara Damien en rangeant la cueillette. Pour en fouetter cet effronté de Potter !
Hermione fut surprise de le voir s’exécuter. Il coupa deux branches de cette horrible plante et se dirigea, tout sourire, vers le château.
La jeune sorcière commençait à sentir le doute s’insinuer en elle. Une fois dans le hall, que ferait-elle ? le suivre encore, comme elle en mourait d’envie, ou bien rejoindre ses amis, comme le lui dictait son bon sens et son honneur de Gryffondor ?
Damien ne lui laissa pas l’occasion de réfléchir bien longtemps à la question. Il saisit à nouveau sa main dès que le château fut en vue, comme s’il avait pu lire en elle.
- n’espère pas t’enfuir. Je te garde au moins jusqu'au déjeuner.
Le contact tiède de sa main sur la sienne ravit la jeune fille qui ne s’aventura pas à le contredire. Cependant, son estomac se noua lorsqu’elle comprit quel chemin ils prenaient.
- lune.
Le loup fixa Hermione, ignorant quelques secondes le Serpentard, avant de laisser apparaître l’entrée de la chambre.
- cet animal est possessif et jaloux. Grommela Damien en jetant les branches vertes dans un angle de la pièce.
Il sortit également le sachet et le posa délicatement sur le bureau avant de se tourner vers Hermione qui eut parfaitement l’impression, à cet instant, d’être une minuscule souris face à un redoutable prédateur.
- ça y est. J’ai encore un mauvais pressentiment. Souffla-t-elle tandis que Damien approchait. La désagréable impression que…
- je vais te manger ?
Elle se trouvait une fois de plus dos au mur. Elle avait reculé d’instinct, se piégeant elle-même, tandis que le rythme de son cœur s’emballait.
Elle sentit les mains du Serpentard enserrer sa taille et glisser dans son dos. Fermant les yeux, elle se laissa aller contre lui.
- j’ai l’impression de rejouer un morceau connu. Murmura-t-il contre son cou en la soulevant jusqu’au lit.
Hermione ne le lâchait pas, se serrant contre lui, évitant du même coup de le regarder et de lui permettre de la dévêtir aussi peu que ce soit.
Le rire léger de Damien face à cette attitude la fit se recroqueviller encore plus contre lui, honteuse et légèrement paniquée.
Il prit son menton entre ses doigts, l’obligeant à le regarder.
- ne t’inquiète pas comme ça. Je serai sage. Murmura-t-il avant de poser ses lèvres sur les siennes, provoquant des frissons chez la jeune fille.
Il s’éloigna un peu d’elle, se couchant sur le côté pour lui faire face, après avoir ravivé le feu d’un mouvement de baguette.
- on est quand même mieux là qu’au milieu d’une forêt gelée et envahie de piques. Sourit-il tandis que sa main frôlait le visage d’Hermione.
Il la caressait du bout des doigts, les yeux voilés de bien-être et de désir mélangés. Hermione oublia une fraction de seconde son rôle de souris effarouchée et se blottit contre lui.
Lorsqu’ils se firent à nouveau face, Hermione poussa un léger cri. Un éclair violet venait de passer du nez du Serpentard sur le sien avant de disparaître dans ses cheveux ondulés.
- elle a retrouvé sa petite maîtresse. Murmura Damien avant de l’embrasser.
Ce baiser doux, presque pudique, devint bientôt passionné et Hermione se sentit défaillir de bonheur. Répondant à l’étreinte de Damien, pour la première fois, elle assumait réellement ses sentiments et surtout ne les cachait pas.
Elle se raidit cependant lorsqu’il retira sa cape sans pour autant l’en empêcher. Damien sourit en apercevant dans son regard un reflet d’inquiétude et l’embrassa à nouveau. Après de longues minutes d’étreinte ils se contentèrent de s’observer, immobiles et silencieux. Juste pour le plaisir d’être ensemble, si près l’un de l’autre.
De longues minutes s’écoulèrent sans que ni l’un ni l’autre ne bouge.
Hermione, admirant ce bleu parsemé de gris, songea soudainement à ce que ses amis prétendaient avoir vu : du orange dans ce regard. Damien nota rapidement le changement d’expression de la sorcière
- pose la ta question ! avant de te faire une autre fausse idée ! se moqua-t-il
- quand tu as transplané dans la tour des Gryffondors… d’ailleurs comment tu transplanes !? questionna-t-elle soudain en se redressant.
Le rire de Damien s’éleva dans la pièce.
- Miss Je Sais Tout est de retour parmi nous, avide d’accroître ses connaissances ! fit-il en l’enlaçant brièvement, juste le temps de poser un baiser dans son cou. Et bien…le phénix peut transplaner. Albus se sert souvent des plumes de Fumsek pour ça. Mais il faut savoir en contrôler le pouvoir, c’est pas évident.
- c’est vrai…cet oiseau est souvent apparu brusquement. Harry m’a raconté qu’il a sauvé Dumbledore en interceptant un sort fatal à sa place, comme s’il avait su qu’il était en danger.
Damien acquiesça avant de poursuivre
- sinon ? ce n’était pas ça la question ?
- non…quand tu es apparu… commença-t-elle, hésitante
- oui par ta faute., sourit le Serpentard
- les autres, continua Hermione en rosissant, on dit que tu avais les yeux orange…
Damien marqua un temps d’hésitation avant de poursuivre.
- … pour transplaner je me transforme. Je ne peux pas utiliser les pouvoirs du phénix sous ma forme humaine. Mais j’arrive à fractionner cette transformation en plusieurs étapes et tout comme Fumsek sent le danger approcher les gens qui lui sont chers, je réagis en transplanant instantanément là où je dois me trouver.
Hermione comprenait à présent la colère mêlée de surprise du Serpentard lorsqu’il s’était retrouvé face à Harry dans la tour des Gryffondors
- En fait, poursuivit Damien en grimaçant, j’ai encore du mal à contrôler ça. Il m’arrive de me retrouver là où je ne voudrais pas, juste parce que j’ai pressenti un danger quelconque. En temps normal, j’arrive à décider moi-même si j’y vais ou pas, mais si je suis fatigué ou bien énervé... bref, pas dans mon état normal, et bien je transplane, presque contre ma volonté. Et souvent, dans ces cas là, la transformation n’est pas complète. Et ça se caractérise au niveau des yeux…
La jeune fille écarquillait les siens en le fixant, n’osant pas demander ce qui lui brûlait la langue tandis que Damien riait de plus belle en la comprenant malgré son silence gêné.
Il enserra son visage entre ses mains, la rapprochant de lui en plongeant son regard dans le sien. Frôlant ses lèvres en un léger baiser, il passa ses mains autour de son cou.
Hermione retint sa respiration en voyant la pupille de Damien se dilater peu à peu. La prunelle noire engloutit doucement le lac bleu tandis qu’en son centre naissait un éclat orangé, vibrant comme une flamme ravivée par une brise légère.
Ce noyau rouge orange envahit à son tour le regard de Damien en progressant par ondes du centre vers le cercle de ses yeux, engloutissant à son tour la nuit qui assombrissait son regard. Les yeux du Serpentard semblaient miroiter ; les oranges et les rouges scintillants comme des étoiles faisaient tourner la tête de la jeune fille.
Cette métamorphose ne dura pas plus de cinq secondes mais Hermione fut stupéfaite de voir tant de couleurs se mêler et se propager ainsi.
- on dirait de la lave en fusion, murmura-t-elle en fixant toujours Damien, s’approchant un peu plus de lui en constatant que ces couleurs bougeaient réellement et que ce n’était pas là un effet de son imagination, comme elle l’avait cru au départ.
La lave redevint rapidement lac gelé et le bleu reprit ses droits.
- je ne sais pas si je dois considérer ça comme un compliment… ironisa Damien en riant.
Après un court moment de silence, durant lequel Hermione tentait de comprendre tout ce qu’elle n’avait pas pu s’expliquer jusqu’à présent, elle poursuivit.
- en revenant de Près Au Lard, avec Ginny…
Elle n’eut pas à achever sa phrase pour savoir qu’elle avait vu juste.
- j’ai cru le tuer ce charognard. Siffla Damien.
Elle le sentit se crisper, impressionnée par la haine qui emplissait sa voix à l’évocation de cet incident.
Cette lumière dorée qui était apparue furtivement, c’était donc lui. Damien se détendit instantanément lorsqu’elle se blottit contre lui, frémissant lorsqu’elle passa à son tour ses bras dans son dos.
Les mains du Serpentard entrèrent bientôt en contact avec le jean que portait Hermione, lui tirant un frisson. Elle se plaqua contre lui, comme pour tenter de se soustraire à ce contact «gênant» avant de constater que ce rapprochement ne faisait au contraire qu’accentuer l’aspect tendancieux de leur étreinte.
Damien retira un petit objet de la poche arrière du pantalon d’Hermione, avant de le porter à ses yeux.
« Malefoy.D – 6 ». Put-il lire à l’intérieur de l’anneau. L’émeraude brillait d’un vert étincelant, aussi vif que le rose des joues de la jeune fille face à lui.
- moi j’ai jeté le tiens.fit-il en la fixant, attendant sa réaction.
Hermione haussa les épaules, mimant une indifférence totalement opposée à ce qu’elle ressentait.
- ça t’est égal ? questionna-t-il
Elle eut avant tout l’idée de calquer sa réponse à son attitude et de prétendre qu’effectivement, cela lui importait peu, mais elle était lassée de mentir et de jouer un rôle si opposé à ses propres sentiments.
- …oui… non en fait. Murmura-t-elle en baissant les yeux.
Le sourire taquin de Damien lui fit comprendre son erreur et elle continua
- en fait j’aurais bien voulu le récupérer et te rendre celui-ci qui est franchement hideux.
Damien partit d’un rire franc en l’enlaçant à nouveau.
- Alors là ! tu peux toujours rêver.
L’émeraude sembla se joindre à ces considérations en sifflant d’indignation. Le regard étonné d’Hermione fit redoublé le rire du Serpentard qui expliqua :
- l’émeraude de cette pierre est envoûtée au moins autant que l’améthyste du pendentif. Donc elle réagit. Tu sais un peu comme ces figurines auxquelles on donne un semblant de caractère.
Hermione se rappela le Victor Krum miniature lançant des regards noirs à Ron, dans la paume de sa main et approuva.
- j’ai faim ! finit par dire Damien en se levant. A table ! et ensuite, je m’occupe du Survivant, qui ne survivra plus très longtemps. Railla-t-il cyniquement.
- ne dis pas ça ! grimaça Hermione en l’imitant.
La jeune fille n’appréciait pas ce genre de phrases anodines qui, si elle n’était pas superstitieuse, lui semblaient toujours avoir l’allure de mauvais présage.
Damien la serra brièvement contre lui avant de prendre sa main, l’entraînant vers la porte.
- ne t’inquiète pas, je vais en prendre soin de ton fiancé.
Pour toute réponse, Hermione serra sa main dans la sienne, le regard noir.
- AH ! j’allais oublier ! fit-il en lâchant Hermione pour aller prendre les branches piquantes, abandonnées plus loin, sous le regard interrogateur d’Hermione.
Il profita de ses deux mains libres pour délier ses cheveux, secouant légèrement la tête puis les lissant du plat de la main pour les renouer sur sa nuque.
- oui, tu fais bien, se moqua Hermione. Il y avait trois mèches qui se rebellaient.
- trois !!?? mon Dieu quelle horreur ! Répondit-il en riant.
Hermione frissonnait, prise d’une farouche envie de passer ses doigts dans sa chevelure blonde. Elle prit sa cape au sol, heureuse de trouver une occupation neutre à ses mains et à son esprit.
Elle dirigea son regard vers le léger bruit que fit Damien derrière elle et constata qu’il venait de poser l’anneau sur son bureau.
- c’est à moi ça ! fit-elle
- je t’en débarrasse ! je ne voudrais pas qu’une délicate jeune fille comme toi soit incommodée par la laideur d’un bijou.
Elle se retint de lui tirer la langue comme elle l’avait vu faire par Morgwen et s’empara de l’émeraude d’un air supérieur. Elle le passa à son doigt et le retira instantanément, avant de l’enfiler à nouveau. Son regard croisa celui de Damien, mais elle n’osa pas en demander davantage.
Le Serpentard courut presque dans les couloirs, tenant Hermione d’une main et ses branches agressives de l’autre. Lorsqu’ils arrivèrent devant la Grande Salle, il stoppa sa course en la serrant contre lui, l’embrassant une dernière fois avant d’entrer. Hermione retint un cri de surprise en ressentant une légère brûlure au doigt.
- pardon. Fit-il en en lâchant sa main.
Harry et Ron fixaient la porte dès qu’elle s’ouvrait depuis bientôt une demie heure et Ginny soupira d’aise en voyant Hermione entrer.
- enfin ! ils vont cesser de grommeler en guettant ton arrivée ! souffla-t-elle à son amie lorsqu’elle s’assit près d’eux.
- ça va ? bafouilla Harry en fixant Hermione, qui ne put que sourire tant son bonheur présent ne pouvait trouver de mots pour le décrire.
- je crois que ça va même très bien ! Répondit la perspicace rouquine en servant à boire à la ronde.
Sous la table, Hermione tournait l’anneau autour de son doigt et finit par tenter ce qu’elle projetait depuis son arrivée. Elle faillit hurler de joie lorsque la bague se serra sur son annulaire, mais si sa voix n’arriva pas aux oreilles de Damien, son regard pétillant de bonheur fut un message tout à fait compréhensible pour le Serpentard qui la dévorait des yeux à l’autre bout de la salle.
- il ferait mieux de manger cui là !! grommela Ron, le regard noir, en saisissant sa fourchette d’un air rageur.
La table des Gryffondors et quelques Serdaigles, derrière eux, sursauta au bruyant éclat de rire de quatre étudiants rouge et or.
A peine le déjeuner fut-il pris que l’heure était venue pour Harry de rejoindre Malefoy chez Hagrid. Il s’y rendit donc en traînant les pieds, peu enthousiaste à l’idée de se trouver seul face à un Serpentard qu’il avait qualifié d’âne le matin même.
Hermione et Ginny se réfugièrent dans les dortoirs, la jeune sorcière trépignant d’impatience à l’idée d’entendre ce qu’Hermione allait lui raconter, tandis que Neville retrouva ses serres apaisantes.
Ron n’appréciait pas particulièrement la solitude et décida d’enfourcher un balai et d’aller sur le terrain d’entraînement. Il accompagna donc Harry un moment, avant de bifurquer en direction du stade. Son ami lui avait proposé d’utiliser son propre balai, et le jeune Wesaley oublia vite sa triste condition en filant vers le ciel.
Devant la modeste cabane, Hagrid devisait avec Malefoy en lui montrant un mélange malodorant, lui en expliquant les propriétés et combien cette nourriture était goûteuse pour de nombreuses variétés de Scroutt. Damien affirma le croire sur parole et déclina donc poliment l’offre du demi-géant de distribuer lui-même la mixture aux adorables bestioles pour en vérifier les vertus.
- je dois m’occuper du cas Potter, acheva-t-il à l’intention d’Hagrid en s’éloignant.
Le professeur salua de loin le jeune homme brun en secouant la main au-dessus de sa tête, éclaboussant tout alentour avec la nourriture encore agglutinée sur ses doigts.
Damien s’approcha de Harry et désigna un sentier qui s’enfonçait dans la forêt.
- on va travailler au grand air, si ça ne te dérange pas. Expliqua-t-il.
Harry acquiesça d’un signe de tête en lui emboîtant le pas. Après quelques minutes de marche ils débouchèrent sur un terrain ravagé : des arbres abattus gisaient au sol en une montagne bancale. Une mousse épaisse et gluante recouvrait le tout, donnant à l’endroit l’aspect d’une terre désolée. Le soleil filtrait par endroit, atteignant le sol là où le feuillage ne formait plus de toit protecteur.
- là, ça ira. Enfin pour moi, fit Damien en se tournant vers lui.
- ça me va aussi. Déclara Harry en haussant les épaules.
Peu lui importait, à vrai dire, l’endroit où ils se trouvaient. Il ne voulait qu’une chose : savoir ce qu’il allait apprendre et comment. Et pourquoi…
Damien sortit sa baguette et Harry hésita à en faire de même. Il ne bougea pas cependant, puisque le Serpentard ne le lui avait pas demandé.
- bien… à présent ferme les yeux et débarrasse toi de tout sentiment.
Le Gryffondor fixa le jeune homme face à lui. Aussi blond que Rogue était brun. Des yeux aussi clairs que ceux du maître des potions étaient sombres. Pas de baguette à la main, yeux fermés face à un sorcier armé… la même scène, à quelques détails près et surtout un gros point commun : il n’aimait pas ça du tout ! Mais s’exécuta.
- alors Potter ? je suis un âne ? railla Damien tandis qu’Harry rouvrait les paupières. FERME LES YEUX ! et vide ton esprit. Ne t’occupe pas de ce que je dis.
Harry serra les dents mais obtempéra. Il devait réussir à se calmer, se souvenant de la rage de Rogue, qui prétendait que c’était donner des armes à l’ennemi que de se laisser envahir par des sentiments incontrôlés. Se calmer. Respirer. Entendre le silence qui les entourait.
- un âne… moi qui suis si intelligent... Poursuivit le Serpentard.
Harry l’entendit se déplacer et malgré la tentation de jeter un bref regard pour le surveiller, il n’en fit rien.
- Par ta faute Potter, je n’ai pas dormi de la nuit. J’espère que toi tu as bien profité de ton sommeil pendant que je me torturais l’esprit.
Harry frémit en sentant bouger sur sa gauche, immobile et attentif.
- enfin c’est tout de même positif, je dois dire. Il ne m’aura pas fallu longtemps pour convaincre ta douce amie de me suivre.
Le Gryffondor serra les poings : ne pas céder à la colère, ne pas répondre à la provocation.
- je me demande combien de temps il lui faudra encore pour se décider à m’appartenir, totalement. Peut-être pourras-tu m’y aider ?
Le Gryffondor sursauta lorsqu’un objet pointu entra en contact avec sa nuque. L’extrémité d’une branche, ou bien d’une baguette…
- c’est que, vois-tu, je commence à m’impatienter.
Harry serra un peu plus les dents en sentant le souffle de Damien derrière lui. Il bouillait d’envie de se retourner, lui lancer son bras au visage, l’assommer, lui arracher la tête !!! Ce maudit Serpentard était si près. Sans doute serait-il assez rapide. Même lui, « l’héritier » de Dumbledore, ne pourrait pas éviter un coup tant il était proche.
- je ne sais pas si Weasley est aussi farouche qu’elle, mais je dois reconnaître que ça me plait.
A droite, trente centimètres, tout au plus. Harry commençait à sentir des crampes dans ses mâchoires tant il se crispait pour se contenir.
- tu sais pourquoi Potter ? parce que le jour où je l’aurai, ça n’en sera que meilleur. Murmura le Serpentard à son oreille.
Se détendre, ne pas céder. Ne pas céder à la rage de voir encore et toujours se dérouler les mêmes événements lassants, la déception. Courir prévenir Hermione dès qu’il le pourrait. Et Dumbledore. Dumbledore ne laisserait pas faire ça. Même à lui, il ne lui permettrait pas de manipuler les gens et de les faire souffrir pour sa simple distraction. Harry se jurait de ne pas laisser son amie pleurer sans réagir. Et dire qu’il avait lui-même encouragé ce rapprochement ! Dire qu’il s’était réjouit du regard triste de Damien. Des yeux pleins de désarroi alors qu’il pensait l’avoir perdue à jamais…
Son cœur se serra en repensant au sourire radieux d’Hermione, à la promesse de Damien de ne plus l’importuner… le regard triste… la lassitude... la promesse…
- je suis stupide. Murmura le Gryffondor en souriant légèrement.
- A n’en point douter Potter. Répondit la voix, à nouveau derrière lui.
A compter de cette minute, tout ce que put dire Malefoy n’entama pas la sérénité de Harry. Pire, il dû même se concentrer pour ne pas rire devant les énormités proférées par le Serpentard. Le jeune sorcier souriait intérieurement, traduisant tout ce que disait Damien qui, de son côté, profitait de cette occasion pour lui dire tout ce qu’il pensait, à mots couverts. A mots contraires convenait mieux, estima-t-il. Malefoy se contentait en fait de lui dire l’inverse de ce qu’il pensait réellement.
Harry trouva le jeu assez plaisant.
Damien lui annonça ainsi tour à tour qu’Hermione ne comptait guère plus pour lui que son premier chaudron, qu’Albus n’était qu’un idiot qui lui enseignait des sorts qui lui permettraient de le vaincre un jour, que Lucius était un puissant sorcier respectable et qu’il était surprenant que le pathétique Gryffondor, face à lui, soit capable de lancer un vulgaire sort de lévitation.
Peu à peu, Harry n’entendit plus la voix du Serpentard. Il lui semblait que le silence de la forêt l’envahissait. Son corps lui-même se figeait, lui donnant la sensation de devenir végétal. Arbre. Lorsqu’il rouvrit les yeux, un long moment s'était écoulé et Malefoy était assis face à lui, sur un rocher. Harry battait des paupières, ébloui par la pâle luminosité et se sentit vidé de toute énergie. Il s’assit à son tour sur un tronc derrière lui tandis que Damien se levait et approchait.
- ça fait du bien ?
- c’est... bizarre.
Effectivement, Harry se sentait « bizarre ». Un sentiment de plénitude l’avait envahi, comme si le silence de la forêt était entré en lui avant de repartir, emportant ses doutes et ses préoccupations les plus sombres.
- et pour toi ? questionna-t-il, ç’était bien de dire toutes ces horreurs ?
- au delà des mots ! fit Damien en riant.
- j’espère que tu n’en pensais pas un seul, de ces mots.. murmura Harry en observant la réaction du Serpentard
- ah ! si en fait… j’ai vraiment passé une nuit affreuse. Avoua-t-il en souriant
Il tendit la main à Harry, l’encourageant à se relever. Le jeune homme saisit cette main et se retrouva bientôt debout face à son professeur
- merci. Fit Damien en se reculant, sortant sa baguette. La suite à présent. baguette.
Harry sourit en s’exécutant.
- manifestement tu parviens à présent à vider ton esprit lorsque c’est nécessaire, même si tu manques encore d’entraînement. Pour mettre en place un bouclier, il faut être capable de se maîtriser. De maîtriser la moindre parcelle de magie en soi. Tu sais lancer un patronus, il me semble.
Le Gryffondor en fit une brève démonstration.
- et bien pour le bouclier c’est le même principe. Sauf qu’au lieu du sentiment de joie, tu dois te laisser porter par celui de la toute-puissance.
Harry abaissa sa baguette, bouche bée.
- l’occlumencie te permet de t’isoler de tout lien avec Voldemort qui pourrait être très sensible à ce genre de sentiment, si tu l’éprouves. Ça vaut aussi pour tout le monde d’ailleurs. Il n’est jamais très judicieux de faire savoir à autrui qu’on se croit trop puissant. ça attise les curiosités, souvent malsaines. Précisa Damien.
- Pourquoi est-ce toi qui me l’apprend ? et pas Dumbledore ?
Harry osait, à brûle pourpoint, poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis des semaines. Il espérait que le Serpentard n’en serait pas offensé, mais il voulait savoir.
- parce que cette magie n’est pas franchement recommandable. Sourit Damien, et assez éprouvante pour un vieil homme. Acheva-t-il plus bas, comme à regret.
- Dumbledore est plus puissant que Voldemort !
- oui. Mais ce n’est pas lui qui devra le battre. Continua Damien en fixant Harry. Chacun son rôle. Le sien est d’assurer TES arrières. Il doit garder toute son énergie pour ça. Et moi, de l’énergie, j’en ai en trop.
Harry scruta Damien d’un air interrogateur. Que devait-il comprendre ? Encore une façon de se vanter, ou bien y avait-il autre chose à deviner ? Damien coupa court à ses réflexions en expliquant
- je ne suis pas immortel, comme le véritable phénix. Mais je me ressource rapidement. Et ça me permettra de t’apprendre ça plus vite.
- mais c’est moi qui dois pratiquer ce sort. C’est moi que ça va fatiguer…
- on fera en sorte que tu puisses suivre.
Harry leva sa baguette, informant par ce geste qu’il était prêt.
- Imagine toi dans une situation glorieuse. Indiqua Damien. Ou rappelle-t-en une. Tu connais le principe donc ça devrait être rapide.
- quelle est la formule ?
- il n’y en a pas. Sourit le Serpentard. Concentre-toi, imagine toi invulnérable.
Harry cherchait à se représenter une telle situation et découvrit que l’exercice était assez complexe. Au bout de plusieurs minutes d’épuisante concentration, il abaissa sa baguette en soupirant.
- tu pourrais pas me montrer ? hasarda-t-il à l’intention du serpentard.
- comme tu veux, mais je doute que ça t’aide beaucoup.
Damien fit un mouvement assez complexe de sa baguette. Un cercle étroit dans le sens contraire des aiguilles d’une montre puis deux plus larges et rapides en sens inverse avant de l’abaisser d’une vingtaine de centimètres.
Un nuage argenté s’échappa de l’extrémité de sa baguette. Harry distingua un bref instant la vague forme d’un phénix avant que la brume ne s’étale, formant entre eux une barrière translucide, presque invisible, mais que le Gryffondor percevait parfaitement grâce à l’aura de puissance qui s’en dégageait.
- tu avais dit qu’il n’y avait pas de formule. Reprocha Harry.
- et il n’y en a pas. Pour l’instant tu dois juste parvenir à matérialiser ce sort.Peu importe la forme. Il faut que tu parviennes à rendre concret ton sentiment d’invulnérabilité. Après on verra pour la forme, mais on étudie d’abord le fond.
Le jeune sorcier hocha la tête, confus d’avoir douté et surtout de le faire savoir.
- il me semble avoir vu un patronus …
- la toute puissance comporte forcément une part de joie. Mais j’aurais souhaité que tu ne vois pas ça. Le risque majeur est que tu seras tenté de faire un patronus puis le bouclier. Or c’est le meilleur moyen d’échouer…
- et bien.. gageons que puisque tu m’as mis en garde, je ne commettrai pas l’erreur.
- d’autres questions ?
Harry était surpris par la patience dont faisait preuve son professeur improvisé et nota pour lui-même que, finalement, ce Malefoy était bien plus apparenté à Albus qu’à Lucius.
- j’en ai bien une…
- et bien pose là… je vais finir par croire que c’est le propre des Gryffondors.. cette incapacité à demander quoi que ce soit.
Harry sourit
- c’est que c’est un peu indiscret… fit-il, hésitant.
Le regard quelque peu excédé de Malefoy l’encouragea à terminer
- à quoi tu penses toi ? pour former ce bouclier ?
- …
- laisse ! c’est pas important. Fit le jeune homme en fermant les yeux pour mieux se concentrer, baguette parée
- je me revois quittant un manoir sordide. Murmura Damien. Je ressens encore le bonheur d’avoir pu échapper à l’enfer. L’impression qu’enfin je suis assez fort mentalement pur lutter contre Lucius. Le sentiment d’être libre de tout contrôle, et capable de lancer quelques sorts assez efficaces. Acheva-t-il avec un sourire glacé.
Harry rabaissa sa baguette, fixant à nouveau Malefoy. Cette réponse lui convenait à moitié.
- ok.. mais ça c’est assez récent. Avant ? c’était quoi ? Parce que je suppose que tu as su utiliser ce bouclier il y a bien longtemps.
-…je n’aime pas tes questions Potter… grommela le Serpentard. Avant, je m’imaginais retrouvant un Dumbledore vieillit et grabataire, tremblant de terreur au bout de ma baguette. Le sourire glacé de Damien prit un air carnassier.Harry décida de ne plus poser de questions : les réponses de ce sorcier étaient trop dérangeantes.
Un frisson lui parcourut l’échine tandis qu’il s’apprêtait encore à s’exercer.
Il fallut plus d’une heure supplémentaire à Harry pour voir sortir de sa baguette une brume grisâtre informe. Le jeune homme suivit finalement Malefoy hors de la forêt alors que le soleil descendait à l’horizon, appréhendant qu’il lui fasse un quelconque reproche sur sa lenteur ou sa faiblesse. Cependant, le Serpentard n’en fit rien et se tourna vers son élève dépité.
- panique pas. C’est normal que cela prenne du temps.
- tu as dit tout à l’heure que ça irait vite…
- et c’est le cas. Au bout de ton premier entraînement, tu as compris le « truc » vu que ça marche. Il reste à présent à affiner, à préciser et augmenter la puissance. Ça viendra. Il faut savoir être patient pour obtenir ce que l’on souhaite, et y mettre les moyens nécessaires. L’important, poursuivit-il, est de ne jamais perdre de vue son objectif, et de mettre tout en œuvre pour l’atteindre.
- Ce ne serait pas la devise de Salazar ça ? se mit à rire Harry en entendant ces dernières phrases.
- il n’y a pas que du mauvais chez les Serpentards. Sourit Damien
- j’ai cru remarquer oui….
Les deux sorciers se quittèrent après un regard appuyé. Harry rejoignit Ron et tous deux se dirigèrent vers la Grande Salle où ils attendirent l’arrivée de leurs amis, et l’heure du dîner.
Ginny et Hermione, confortablement installées dans la salle commune de leur maison sursautèrent en voyant Damien descendre des dortoirs, un sourire calculateur aux lèvres. Hermione se leva en se tordant les mains, rappelant à son amie l’attitude de Dobby.
- qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle en avançant vers le Serpentard.
- devine…
Hermione n’eut pas le temps de deviner quoi que ce soit. Damien lui apporta une réponse claire la seconde suivante en l’embrassant passionnément sous le regard gêné d’une Ginny rougissante. Elle n’avait cependant rien à envier à sa confidente qui prit une teinte légèrement plus colorée, provoquant un léger rire chez le jeune homme, lorsqu’il la relâcha.
- 5 heures .. c’était trop long. Soupira-t-il
Il s’affala sur un fauteuil près de l’âtre sous le regard perplexe des filles. Contre toute attente, il s’endormit au bout de quelques minutes à peine, les laissant encore plus étonnées et surprises. Celles-ci décidèrent finalement d’aller dîner sans le réveiller.
- qu’est-ce qu’il faisait dans les dortoirs ? interrogea ginny, pensive, sur le chemin.
- il passe par les fenêtres pour entrer, expliqua Hermione
- pourquoi faire ? il doit bien connaître le mot de passe non ?
- je suppose. Répondit son amie sans plus se poser de questions. Pourquoi, c’est important ?
- non… juste.. je me demandais c’est tout.
Hermione réfléchit un instant à ce «problème» et avoua à son amie, à la fin du repas, qu’effectivement l’affaire était « suspecte » mais ne trouvant pas de réponse ni l’une ni l’autre, elles oublièrent ce détail le reste de la soirée.
En fait, elle l’oublièrent jusqu’au soir. Jusqu’au moment de se coucher. Jusqu’au moment où Harry sauta de son lit en hurlant après s’être allongé sur un nid d’épines et avoir sauté sur un Ron incrédule, qu’il jugea comme seul coupable de cet étrange phénomène.
Qui diable d’autre que lui aurait pu avoir la sordide idée de glisser dans ses draps des branches de houx ?
Hermione ne jugea pas nécessaire de corriger son ami sur la nature de la dite branche et encore moins sur sa provenance. Le houx allait fort bien avec l’esprit de noël.
Les semaines qui suivirent s’écoulèrent dans un calme relatif. Les cours reprirent et avec eux revint le brouhaha incessant et rassurant des bavardages résonnants dans les couloirs. Harry mettait beaucoup d’ardeur à son entraînement malgré des résultats peu probants, estimait-il. Faire sortir cette fichue brume grise de sa baguette et lui donner la forme voulue s’avérait un exercice complexe et Damien lui reprochait de manquer de confiance en lui, voyant là l’unique frein à ses progrès.
Chaque soir, les Gryffondors retrouvaient Malefoy et Morgwen pour des séances particulièrement éprouvantes. La jeune femme s’avéra être une sorcière exceptionnellement douée qui secondait parfaitement le Serpentard, plus « attaché » à la formation du Survivant. Lorsqu’il le nommait ainsi, Harry grommelait en grimaçant, ce qui ne manquait pas de ravir son professeur.
La difficulté majeure pour ces jeunes gens, et tout particulièrement pour Hermione, était de concilier ces « travaux pratiques » à leurs devoirs. Celle-ci emportait souvent plumes, parchemins et livres pour étudier entre deux exercices en regardant ses amis, sur les bancs de la salle.
La journée lui apportait une monotonie réconfortante : tandis que Ron et Harry trépignaient en attendant le soir et les « choses intéressantes », elle se complaisait à participer à ces cours habituels et classiques où elle maîtrisait toujours la majorité des choses.
Elle reprenait enfin le contrôle, sure et cultivée ; rien ne pouvait la surprendre ni la déstabiliser, contrairement à ce qui avait lieu lors d’apprentissage de sorts nouveaux et complexes, qui relevaient généralement d’un autre niveau que celui de sixième année.
Damien aussi appréciait ces journées calmes qui lui laissaient tout loisir d’observer sa Gryffondor préférée, le menton enfoui dans la paume de sa main, sous les regards parfois réprobateurs des professeurs. Chaque fois qu’Hermione se tournait vers lui, elle croisait son regard bleu inquisiteur, et s’amusa peu à peu à en jouer auprès de ses camarades féminins. Elle affichait une mine réjouie, souriant exagérément à celles qui, par mégarde, se laissaient aller à la toiser d’un air sinistre et jaloux.
Cependant, cette demoiselle voyait sa témérité s’envoler dès qu’elle passait le pas de porte des classes pour se retrouver dans les couloirs. Damien avait coutume de lui tendre quelques embuscades, la tirant derrière une tapisserie pour la couvrir de baisers, ce qui la plongeait invariablement dans une transe rêveuse dont elle ne ressortait que lorsque Ron lui pinçait le bras rageusement tandis que Harry riait à gorge déployée.
Excédé par la bonne humeur de ses ennemis, Drago grommelait et semblait mâcher sa langue dès qu’un rouge et or connu passait à proximité, mais un regard noir de Damien lui faisait généralement prendre la fuite avec toute la dignité dont il était capable. Le temps n’était plus aux cachotteries. Peu importait ce qu’on pourrait dire à Malfoy père à présent.
Damien avait expliqué qu’il était dorénavant totalement libéré de l’emprise de Lucius et que quoi qu’il advienne, il était hors de danger. Peu importait donc que le fidèle de Voldemort sache où il se trouvait. Cependant, tous évitaient de donner au Mangemort une trop grande envie de venir se frotter à eux et on laissait donc Drago ruminer en paix, autant que possible.
Seul le dimanche était libéré de toutes contraintes. Albus exigeait que tous se reposent et évitent la magie au maximum, même pour des sorts minimes. Peu à peu, Damien et Morgwen intégrèrent le cercle d’amis et passèrent leur temps libre en leur compagnie.
Ron, pris d’un soudain élan de confiance en lui, s’hasarda un après midi pluvieux de mars à défier Damien aux échecs.
- tu sais jouer ? demanda-t-il en dévoilant son précieux jeu aux regards du Serpentard, sous l’œil malicieux et intéressé d’un Pattenrond calculateur.
- disons que je connais les règles… répondit-il, hésitant.
- Mon frère a réussi à passer l’échiquier de McGonagall dès sa première année !
- j’en ai entendu parler .. précisa-t-il en souriant.
Ron installa le plateau enchanté en rougissant et disposa les pièces. Les amis firent cercles autour des joueurs.
- tu peux me rappeler quand même un peu ?
Ron prit cinq minutes pour redéfinir les règles avec Damien, et trois pour faire échec et mat. Morgwen ne put retenir son rire bien longtemps et se tordit sur le tapis.
- on recommence ? demanda Damien, j’ai rien compris !
Une partie semblable fut jouée et le serpentard ne fut pas plus capable de comprendre comment son adversaire était parvenu à défaire ses pièces aussi rapidement.
- me vengerai ! grommela Damien en affichant une mine faussement indignée, se lovant dans les bras d’une Hermione ravie de l’aubaine.
En dehors de ces quelques moments qui leur semblaient hors du temps, Damien retrouvait son caractère Malfoyen. Son attitude impassible et distante mettait toujours la moitié des étudiants mal à l’aise, et l’autre moitié, constituée majoritairement de filles, au bord de la pamoison. Dès qu’une damoiselle lui faisait les yeux doux, Damien se tournait vers une Hermione boudeuse ; leur relation, si elle n’était pas cachée, n’était pas non plus exposée au grand jour, ce qui laissait aux sorcières de toutes maisons un accès libre à l’espoir. Espoir qu’elles entretenaient avidement, comme le constataient les cinq amis.
Neville lui-même s’interrogea sur l’étonnant aveuglement de ces soupirantes. Elles mettaient tant d’ardeur à épier Malfoy qu’il était surprenant qu’elles n’aient pas eu vent de son affection pour Hermione. Le jeune homme s’étonna du peu de bon sens de ces sorcières, avant de comprendre avec écoeurement que leur «mauvaise foi» était bien au-delà de leur naïveté et la source de ce dénis. Ginny éclatait de rire chaque fois que le sympathique Neville demandait à Hermione les raisons de son silence face à l’insupportable audace de ces donzelles.
Le Serpentard attendait avec une patience qui surprenait Harry un peu plus chaque jour que la jeune fille fasse fie de sa timidité pour crier haut et fort qu’il était à elle, et que quiconque l’approcherait subirait une malédiction couvrant sept générations. En attendant ce jour béni, il se contentait donc de s’imaginer la scène en souriant malicieusement, allant parfois jusqu’à laisser une jolie fille se pendre à son bras, « en tout bien tout honneur ! » affirmait-il lorsque le regard de la Gryffondor provoquait des fourmillements désagréables sur sa nuque.
Cette comédie du «je t’aime, moi non plus» alimentait bon nombre de conversations. Le quidditch demeurait cependant LE sujet de prédilection des étudiants, au grand soulagement des Gryffondors qui n’avaient guère besoin ou envie d’être le centre d’intérêt de l’école. Malheureusement, ces deux sujets devinrent vite obsolètes. Rapidement, toutes les pensées et tous les bavardages n’eurent plus qu’un seul et unique thème : le disparition du professeur Rogue.
Les cours de potions furent assurés par Dumbledore lui-même, dans un premier temps. Harry, Ron et Hermione s’inquiétèrent de ne pas voir Damien assister à cette classe, ni à aucune autre dès le premier jour de l’absence de l’ancien mangemort. Le directeur avait fait savoir aux étudiants que Sévérus Rogue serait indisponible un certain temps et qu’un professeur serait bientôt nommé à ce poste pour le remplacer, ce qui permit à tous de comprendre que l’absence du ténébreux serpentard ne serait pas de courte durée.
Dès la fin de la journée qui avait vu naître une telle nouvelle, Hermione courut rejoindre Damien derrière le loup qui la laissa entrer, une fois n’est pas coutume, sans faire de difficultés. Elle ne put retenir un cri en le trouvant affalé sur son lit, couvert de blessures diverses.
- je ne serai pas disponible pour les cours de ce soir, sourit-il en la voyant entrer. Ni pour celui de demain d’ailleurs.
La jeune fille s’approcha, le laissant l’entraîner sur le lit moelleux à ses côtés.
- mais qu’est-ce qui t’est arrivé ?
- Albus a repris les entraînement… intensifs précisa-t-il. Tu pourras dire à Harry de ne plus compter sur moi ? Morgwen achèvera de lui apprendre le bouclier. Il y est presque.
La jeune fille acquiesça. Harry avait fait de gros progrès en effet. Il parvenait à matérialiser le bouclier. Ne restait plus qu’à le « consolider » autrement dit faire en sorte que cette protection demeure valable plus de deux secondes.
- tu vas t’entraîner alors ? Avec Dumbledore ? reprit Hermione.
Le Serpentard confirma en hochant la tête.
- pourquoi ?
La voix de la sorcière était hésitante, comme coincée dans sa gorge, entremêlée de sanglots. Elle percevait un danger et le regard fuyant de Damien qui s’escrimait à ne pas croiser le sien depuis son arrivée, n’était pas pour la réconforter.
- je ne peux pas te le dire… murmura-t-il en l’enlaçant, plongeant la tête dans son cou.
Elle lui rendit son étreinte, décidée à ne pas le harceler de questions. Elle savait qu’il finirait par céder à sa demande si elle insistait, mais ne souhaitait pas le mettre plus mal à l’aise qu’il n’était, tiraillé entre elle et son aïeul.
Elle se figea en sentant quelque chose d‘humide glisser dans son cou. Il pleurait. Abasourdie par une telle preuve de « faiblesse » de la part du Serpentard, elle fut saisit par la panique. Qu’est-ce qui pouvait le mettre dans un tel état ? la disparition de Rogue ? était –il …
- mort ?
Le mot résonna dans la pièce, évadé de ses lèvres sans qu’elle ne l’ait voulu.
Damien se redressa pour lui faire face, souriant légèrement.
- non, ton professeur bien aimé n’est pas mort. Murmura-t-il. Mais ! fit-il en la voyant ouvrir la bouche, posant son index sur ses lèvres, tout porte à croire qu’il n’est pas dans une situation très enviable. Et je ne peux pas t’en dire plus. Insista-t-il en pressant un peu plus son doigt sur le visage de la sorcière, toujours avide de le questionner.
Il la fixa un instant en silence, avant d’ajouter
- je sens que dès que je vais te libérer, les interrogations vont fuser.
Hermione mit dans son regard toute l’indignation qu’elle put. Elle savait tout de même se tenir et respecter les silences de Damien, eux-mêmes issus des secrets de Dumbledore. Mais le Serpentard ne semblait pas de cet avis... ou bien cela l’arrangeait-il de le croire.
- il en va de la sécurité du monde sorcier que je vous fasse taire, ma chère, poursuivit-il en souriant malicieusement, se penchant vers elle. Je vais m’arranger pour qu’aucun mot ne soit prononçable. murmura-t-il contre elle.
Son doigt glissa alors, laissant place à ses lèvres. Hermione considérait qu’on n’avait jamais utilisé de meilleur moyen pour condamner quelqu’un au silence et se laissa bâillonner avec délectation.
La pénombre envahissait peu à peu la chambre, ne trouvant que deux timides chandelles pour lutter contre son implacable noirceur. Hermione sentait son cœur battre la chamade tandis que les mains du Serpentard glissaient sur son corps. Elle gardait ses paumes rivées sur les bras de celui-ci, comme pour s’assurer de leur position.
Un frisson la parcourut lorsqu’elle sentit les doigts de Damien sur son dos, se demandant par quel miracle il avait réussi à atteindre sa peau si bien cachée sous des vêtements qu’elle mettait une obstination maladive à rendre infranchissables.
Elle soupira en songeant que cette attitude de donzelle effarouchée devait sérieusement commencer à ennuyer Damien, toujours poursuivi par les assauts de sorcières bien plus téméraires et audacieuses qu’elle. Depuis des semaines, elle tentait de modifier son comportement, mais rien n’y faisait : elle sentait son estomac se nouer dès que leurs étreintes devenaient trop intimes, malgré la sensation de bonheur qu’elle éprouvait parallèlement, à chaque fois.
Elle se laissa cependant glisser sous les draps, étonnée une fois de plus par les capacités de Malefoy à la rendre légère comme une plume, la soulevant à sa guise pour la reposer dans l’écrin de coton. Hermione sentit la panique l’envahir lorsque les chandelles capitulèrent définitivement, tremblant avant de s’évanouir, les laissant tous deux dans un noir complet. Damien ne sembla pas même réaliser la variation de lumière, le nez enfoui dans le cou de la jeune fille.
Il la débarrassa de sa cape et de son pull d’écolière bien trop facilement au goût de la Gryffondor avant de constater que la nuit le rendait aveugle.
- je ne te vois plus... murmura-t-il.
Un bref mouvement de baguette fit naître un feu réconfortant dans la cheminée de la chambre. Les lueurs chaudes qui s’en dégageaient ne faisaient qu’accroître l’atmosphère intime déjà étouffante pour Hermione. Lorsqu’il croisa son regard brun apeuré, le Serpentard ne put retenir un sourire.
- pourquoi ne me fais-tu toujours pas confiance ? murmura-t-il en posant des baisers légers et furtifs sur les lèvres de la jeune fille au rythme de ces quelques mots.
De ce faible feu émanait une chaleur étonnante ! Hermione sentit ses joues s’embraser tandis que Damien la fixait en jouant avec ses boucles d’un doigt distrait.
- ce n’est ... je ne… pffffff …bégaya-t-elle, provoquant un éclat de rire chez le Serpentard
- mais encore ? articula-t-il entre deux hoquets
- ce n’est pas une question de confiance. Souffla-t-elle en évitant de croiser le regard de Damien
- Alors quoi ?
Hermione ne parvenait pas à mettre en forme ses pensées, seulement dire qu’elle n’était pas prête pour ça, et enrageait de se trouver si gourde. Elle resta contre lui, comme toujours, se demandant à quel moment il finirait par se lasser vraiment pour courir se consoler dans les bras d’une autre. Cette simple idée emplit ses yeux de larmes, lui donnant encore plus la désagréable impression de n’être qu’une gamine trop prude.
- ah non ! fit Damien en essuyant ses joues. Pas de ça. Je ne veux pas te voir pleurer. Je ne veux plus. Je te l’ai déjà dit : fais moi confiance, je serai sage. Ce n’est pas parce qu’on se retrouvent seuls dans une pièce que je vais forcément vouloir… Me prendrais-tu pour un obsédé ? acheva-t-il sur un ton faussement scandalisé
Hermione sourit en rougissant, se blottissant contre lui pour masquer cette timidité qui venait toujours tout gâcher.
- bon... ce n’est pas que je n’en meure pas d’envie, murmura-t-il en l’enlaçant, mais tout de même, je sais me tenir.
Damien prit son visage entre ses mains et plongea son regard dans le sien avant de l’embrasser avec passion.
- ma petite loutre affolée, murmura-t-il, n’aies donc pas si peur du méchant serpent.
Hermione sourit en l’entendant ainsi se moquer d’elle, rassurée par son ton plus amusé que contrarié. Toutes les promesses de Damien n’y firent rien : son estomac se noua davantage au fur et à mesure que ses vêtements rejoignaient le sol, mais le bien être qu’elle éprouvait entre ses bras était au-delà de tout le reste. Pour la seconde fois, elle se retrouva en petite tenue dans ce grand lit douillet, partagée entre frissons de bonheur et d’appréhension.
La chemise blanche de Damien ne lui vrillait pas les yeux, cette fois, mais elle n’en éprouvait pas moins l’incommensurable envie de passer ses mains sous les pans libres. La jeune sorcière comprenait parfaitement ce à quoi les amoureuses faisaient de temps en temps allusion lorsqu’elles prétendaient « fondre sous les caresses et les baisers ». Hermione fondait, et sa timidité avec elle.
Elle sentit la peau de Damien frissonner au moment où elle frôla son dos de ses mains. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’il la fixa. Elle tenait sa revanche ; elle venait d’y repenser. Enfin. Ses doigts grimpèrent doucement vers sa nuque et elle se permit même le luxe de tirer légèrement la langue au Serpentard qui la buvait du regard en déliant le lacet noir.
Cette cascade de blond la plongea plus de deux mois en arrière, provoquant en elle une vague de désir jamais éprouvée. Malefoy se laissa tendrement décoiffer, amusé par la plaisir que prenait la jeune fille à jouer ainsi de son pouvoir sur lui.
- ne me tente pas trop quand même... murmura-t-il contre sa joue avant de reprendre son étreinte passionnée.
Tous deux oublièrent de penser au heures qui s’égrenaient, perdus sous les caresses l’un de l’autre. Le désir de Damien faisait encore souvent rougir Hermione qui ne parvenait cependant pas à se détacher de lui. Son besoin d’être près du Serpentard engloutissait toutes ses hésitations et elle lui rendit à son tour les caresses et les baisers dont il la couvrait depuis des semaines.
Contrairement à ce qu’elle pensait, cela ne combla pas Damien qui retint souvent ses mains. Il finit par l’immobiliser vraiment, haletant presque en riant dans ses cheveux.
- si tu continues comme ça, je ne réponds plus de rien, et au diable les promesses. Murmura-t-il.
Hermione se mordait les lèvres, tiraillée entre son envie de reprendre ces caresses et son appréhension. Damien se laissa glisser à côté d’elle, calé contre son épaule.
- donne mois quelques minutes pour me calmer, et on descend manger. Fit-il en lui serrant légèrement la main.
La sorcière rougit derechef devant de telles «confidences» et ne pipa mot. Peu après, ils se dirigeaient vers la Grande Salle presque vide en raison de l’heure tardive. Juste le temps pour chacun de reprendre une attitude convenable.
Damien s’installa avec les Gryffondors pour dîner et le teint rose vif que prit Hermione provoqua des grognements d’ours chez Ron. Le Serpentard ne manqua pas de s’en amuser durant de longues minutes avant de déclarer :
- dis donc Weasley ! ta reine a bien sauté sur mon roi ! et je ne t’en ai pas fait une scène pour autant !
- oui ! deux fois ! précisa Neville, rieur
- c’est sympa de le rappeler Londubat, je saurai m’en souvenir.
Neville leva son verre à l’intention de Damien, plus amusé qu’impressionné par la « menace » de ce dernier, sous les rires moqueurs des autres Gryffondors.
Un hibou s’engouffra par l’une des immenses fenêtres et laissa tomber devant le Serpentard un parchemin doré. Il le déplia rapidement, le lu et se tourna en souriant vers la table des professeurs.
Tous firent de même et constatèrent que Dumbledore était absent. Harry fit volte face vers Malefoy qui le rassura d’un sourire en ajoutant
- il va bien, il revient demain.
Hermione était surprise que Damien n’ait pas été un tant soit peu étonné de recevoir une missive, le soir, qui plus est.
- et à propos du professeur Rogue ? questionna Ginny
Damien hésita sous les regards appuyés des Gryffondors
- je ne peux rien vous dire. On en sait trop peu, expliqua-t-il en se tournant vers Harry. Une chose est certaine, ça ne va pas bien
- il est… ?
- non. Mais justement. Je crains que ça ne soit bien pire.
Le teint livide des cinq amis l’encouragea à poursuivre
- mais ce ne sont que des suppositions pessimistes. Attendons le retour d’Albus pour nous alarmer, si besoin est.
La fatigue gagna rapidement le petit groupe et tous décidèrent de rejoindre leur salle commune sans plus poser de questions. Ron et Hermione se levèrent pour accomplir leur devoir de préfet, accompagné de Damien.
Une demie heure plus tard, le trio arrivait devant la grosse dame. Damien fixait Ron d’un œil malicieux et celui-ci, plus perspicace que jamais, fit un mouvement dédaigneux du bras à l’encontre de son amie et du Serpentard.
- faites c’que vous v’lez m’en fiche. Grommela-t-il en passant le portrait.
L’attitude du rouquin fit rire Hermione, mais elle sombra dans un silence crispé lorsque Malefoy lui prit la main pour l’entraîner loin de sa tour protectrice.
Author's Notes:
Avec sa permission, je me permets d'ajouter ici la très jolie songfic écrite par Zofia. elle lui a été inspirée à la lecture de cette histoire (autant vous dire que j'en suis sincérement touchée ^^') à un moment où nos deux amoureux ne parviennent plus à se parler ("la souris et le serpent", pour resituer le contexte).
Sur une chanson de Britney Spears donc, "Ce qui est entre "" c'est quand Hermione parle,ce qui est ente ¤¤ c'est ce que Hermione pense."
Hermione n’arrive à parler de ce qu’elle ressent à personne, elle décide donc de confier son cœur au vent. Elle monte au sommet de la plus haute des tours, oubli sa peur pour le vide et grimpe sur le toit, grâce à un sort elle se fixe dessus. Doucement, l’air frai du matin lui carresse les joues et emporte les larmes délicates qui dessendent de ses yeux. Son cœur souffre de ne pas crier ses sentiments au graçon qu’elle aime, elle le sent s’éloigner d’elle à cause de son silence. Il ne peut plus l’attendre, il ne veut plus d’elle. Pourquoi ne peut elle pas tous simplement lui dire « je t’aime » ? Ces mots ne veulent pas sortir quand il est là… Pourquoi ? Peu importe, elle a décidé de se confier au vent, elle ferme les yeux et entame sa chanson.
« Notice me
Take my hand »
¤ C’est bien là que tout a commencé, quand tu m’as touché pour la premiere fois… ¤
« Why are we Strangers when
Our love is strong »
¤ Parce que je ne t’ai jamais avoué mes sentiments pour toi. ¤
« Why carry on without me ? »
¤ Plutôt comment ‘moi’ je vais continuer sans toi. ¤
« Everytime I try to fly
I fall without my wings
I feel so small
I guess I need you baby
And everytime I see you in my dreams
I see your face, it's haunting me
I guess I need you baby »
¤ Je t’aime Damien. ¤
« I make believe
That you are here »
¤ Mais je n’en ai pas besoin, tu es toujours avec moi, tu es toujours dans mon cœur. ¤
« It's the only way
I see clear »
¤ C'est ma seule manière de vivre. ¤
« But have I done
You seem to move on easy »
¤ J’ai trop usé de ta patience et tu n’as pas pu attendre plus longtemps. ¤
« Everytime I try to fly
I fall without my wings
I feel so small
I guess I need you baby
And everytime I see you in my dreams
I see your face, you haunting me
I guess I need you baby »
¤ Je t’aime Damien. ¤
« I may have made it rain
Please forgive me
My weakness caused you pain
And this song is my sorry »
¤ Pardonne moi et revient moi, je me meure sans toi. ¤
« At night I pray »
¤ C’est bien mon seul espoire à present… ¤
« That soon your face Will fade away »
¤ … je suis obligé de t’oublier pour ne pas te blaisser encore. ¤
« Everytime I try to fly
I fall without my wings
I feel so small
I guess I need you baby
And everytime I see you in my dreams
I see your face, you haunting me
I guess I need you baby »
« Damien je t’aime »
« Moi aussi »
Son cœur bondit en voyant le garçon à ses côtés, il l’avait entendu. Et il lui avait dit qu’il l’aimait…
Author's Notes:
Je tiens à présenter mes excuses à tous ceux qui m'ont demandé la fin de cette fic, et à qui j'ai vilainement répondu que la fin était présente.. J'étais persuadée de l'avoir mise mais il n'en était rien.
La voici donc, et cette fois c'est certain, mais en la lisant vous comprendrez j'espère pourquoi je croyais que c'était une suite à ceci qu'on me demandait ;)
J'espère que cette fin ne vous décevra pas trop même si je sais d'avance qu'elle ne répondra pas à toutes les attentes.
Le lendemain matin, la jolie brunette manquait plus de sommeil que de tendresse. Tout en respectant ses promesses, ce qui aux dires du serpentard ne fut pas une mince affaire, Damien la plongea dans un tourbillon de plaisir jusqu’à l’aube. Hermione se sentait fiévreuse tant le désir bouillait en elle et se réveiller dans les bras du blond la laissa pantoise et rêveuse.
L’apparition soudaine de Dumbledore au milieu de la pièce lui rendit rapidement toute sa vigueur et ses moyens. Elle s’enfouit sous les draps blancs, convaincue que ceux-ci allaient à jamais prendre la couleur grenat de son visage.
Le vieux sorcier s’éloigna de l’âtre par lequel il était arrivé et s’avança vers le lit tandis que Damien se levait. Hermione hasarda un œil au dessus des couvertures, regrettant de ne pas être escargot ou limace afin de pouvoir ne laisser qu’un minuscule appendice se dévoiler.
Dumbledore enlaça Damien avec une tendresse insoupçonnée et lui remit un léger paquet brillant lorsqu’il lui fit à nouveau face.
- encore pardon de ne pas avoir pu être là. Bon anniversaire. En retard…
Le serpentard enlaça à nouveau son aïeul et pour la seconde fois en si peu de temps, une larme coula sur sa joue.
Le vieil homme s’éclipsa par la porte en faisant un clin d’œil à Hermione qui se réfugia à nouveau sous les draps, honteuse.
- rejoins moi dans mon bureau. Fit-il à l’adresse de Damien.
La jeune sorcière attendit quelques instants, l’oreille aux aguets, s’assurant que son directeur était assez loin pour qu’elle puisse refaire surface sans avoir à rougir à nouveau.
Le sourire moqueur de Damien ne l’aida nullement à retrouver un quelconque aplomb mais son attention fut détournée par le paquet qu’il tenait dans ses mains.
Hermione l’observait en se levant. Son anniversaire ? Il n’en avait rien dit. Elle s’assit en tailleur sur le lit en observant la scène, bien décidée à la graver au plus profond de sa mémoire.
Le sorcier face à elle ne ressemblait plus au Malefoy qu’elle avait connu dans le cachot de Rogue. Ses cheveux défaits coulaient sur ses épaules en reflets dorés, si clairs qu’il lui était parfois nécessaire de concentrer son regard pour y déceler la couleur si ténue.
Le reste de sa tenue ajoutait au côté négligé et inhabituel du jeune homme : un simple caleçon noir et une chemise de la même teinte. « Décidément, même pour dormir » remarqua la jeune fille. Un dragon vert évoluait au dos de ce vêtement, passant parfois sur l’épaule et le torse du serpentard. Hermione avait rarement vu ces tenues envoûtées et envoûtantes dont les motifs bougeaient, comme les personnages des photos. Même ses yeux avaient un éclat enfantin qu’elle ne lui avait jamais connu.
Le jeune homme jouait avec une minuscule boîte, la tournant et la retournant entre ses doigts fins, un sourire scotché aux lèvres, le regard rêveur. Enfin, il rompit le scellé et ouvrit l’écrin pour en sortir une gourmette aux maillons argentés. Il déposa le boîtier sur le lit, prenant délicatement le bijou dans sa paume pour l’admirer.
Son prénom était gravé sur une fine plaque ouvragée. De chaque côté des lettres savamment enluminées, un phénix et un serpent encadraient le tout, semblant se mirer d’un bout à l’autre de leur terrain. Au dos de cette lamelle grise, quelques mots minuscules scintillaient, achevant de parfaire l’ensemble : «On n’est toujours que ce qu’on devient».
Damien tendit l’objet à Hermione sans pouvoir prononcer un mot ; la jeune fille observa ce présent, admirative devant un tel travail de gravure. Le phénix battait légèrement des ailes et passait souvent au dessus du prénom tandis que le serpent se coulait à la place de l’oiseau, ondulant au dessous des lettres. Chacun reprenait alors sa position initiale, face à face, comme les deux composants d’un même monde, opposés et complémentaires à la fois.
Lorsqu’elle leva à nouveau les yeux vers lui, Damien tenait entre ses doigts une fine chaîne dorée et Hermione sourit de ravissement.
Elle laissa le Serpentard lier le collier à son cou, s’extasiant en voyant surgir la loutre violette, sautillant sur les maillons en une danse qui semblait emprunte de gaîté. Etait-il possible que ce petit animal éprouve de la joie à retrouver sa « maison » ? Hermione lui avait bien donné quelques bijoux de substitution en attendant le retour de la chaîne originelle, mais jamais elle n’avait vu le pendentif aussi vif et chahuteur.
A son tour, Hermione aida Damien à passer la gourmette ; l’argent remplaçait l’or. Le sorcier scella cet échange en enlaçant la jeune fille.
- bon anniversaire. Murmura-t-elle en lui faisant à nouveau face, les yeux légèrement voilés de reproches. Tu ne m’as rien dit... pas la plus petite allusion.
- qu’importe ? sourit le Serpentard en la serrant encore contre lui, tu m’as quand même fait un magnifique cadeau.
Hermione se jura de ne pas laisser les choses en l’état. Dès qu’elle en aurait l’occasion, elle trouverait quelque chose à lui offrir. Le jeune homme, percevant ces réflexions, ajouta sur un ton qu’il voulait le plus sournois possible :
- sinon j’ai une vague idée de ce que tu pourrais m’offrir…
La jeune fille en oublia de rougir, l’assommant presque sous une pluie d’oreillers.
- MUFLE !
Damien riait en se dirigeant vers la salle de bain, protégeant sa tête de ses bras. Il en ressortit bientôt avec toute l’allure du parfait Malefoy, habillé et coiffé avec soin. La surprenante transformation fit sourire Hermione, ce qui ne lui échappa pas.
- quoi ? je ne te plais pas comme ça ? la taquina-t-il
- si ! mais c’est vraiment tout l’opposé de ce que tu étais en entrant dans cette pièce.
Il caressa une dernière fois sa joue en l’embrassant avant de disparaître par la porte, rejoignant le bureau du directeur.
Si Hermione avait su qu’elle ne le reverrait plus avant de longues journées, elle ne l’aurait sûrement pas laissé partir ainsi, sans un mot supplémentaire. La terreur gagna la jeune fille un peu plus à mesure que le temps passait sans que quiconque ne puisse ou ne veuille lui donner d’informations.
McGonagall semblait sincèrement ignorer les projets de Dumbledore, qui était lui aussi absent, ce qui accentua le désespoir de son élève. Un matin cependant, la directrice des Gryffondors s’approcha d’eux, livide, et souffla ces quelques mots :
- ils vont aussi bien que possible. Ne m’en demandez pas plus je ne puis rien vous dire.
Sa voix était si faible que tous se demandèrent si elle-même croyait à ses propres paroles. Le professeur fit sur l’épaule d’Hermione une légère pression, comme pour lui signifier que ce message lui était tout particulièrement destiné, et qu’elle était « de tout cœur avec elle », pour sacrifier à l’expression moldue.
Cependant, Harry ne cessait de chercher réponses à leurs questions, comme à son habitude, et il était grandement secondé dans sa tâche par ses amis. Il lui paraissait impossible que Dumbledore puisse rester si longtemps éloigné de l’école.
Morgwen poursuivait son entraînement et leur assura qu’elle non plus, ne savait rien de ce qui se tramait. Tant de mystère et surtout le fait que ces secrets soient si biens gardés ne faisait qu’augmenter l’inquiétude du petit groupe.
Un soir cependant, la jeune femme fit irruption dans la tour des Gryffondors, un pâle sourire aux lèvres.
- Hermione ! j’ai à te parler. Déclara-t-elle.
La jeune fille la suivit précipitamment à l’abri des oreilles indiscrètes sous les regards inquiets de ses camarades.
- nous avons peu de temps. Enchaîna la sorcière. Damien va bien. Enfin à peu près. Mais il doit s’absenter... un certain temps
- comment ça ? où est-il ? un certain temps c’est quoi ça ? et où il va ?
- doucement ! je ne sais pas ni où ni combien de temps. Sans doute cela dépendra-t-il de la réussite ou non de sa mission.
- mais où est-il en ce moment ?
- avec Albus mais ..
- ici ?!?
- Hermione !! écoute moi… et réponds seulement à ma question. La dernière fois que vous vous êtes vus, vous étiez heureux. Il est possible à présent que tu ne le revois jamais.
Hermione se sentit défaillir, ses jambes trop faibles pour la porter davantage. Morgwen la soutint de son bras en la voyant pâlir et continua
- si tu le revois maintenant ce ne pourra être que de brèves minutes, plutôt stressantes. Tu ne devrais pas y aller. Mais Albus tient à ce qu’on t’en laisse le choix.
La jeune femme fixa la Gryffondor intensément.
- n’y va pas. Garde en mémoire les bons moments. Les adieux sont toujours difficiles.
- Adieu ? tu as dit qu’il reviendrait ! cria-t-elle presque.
- je l’espère.
Morgwen murmurait plus qu’elle ne parlait.
- où est-il ?
Hermione s’était redressée, la voix sure et le cœur affolé.
- c’est une mauvai..
- dis moi où !
- … la tour d’astronomie
La jeune sorcière courut à perdre haleine, volant presque au-dessus du sol, espérant qu’il n’était pas trop tard, qu’il ne serait pas parti.
Lorsqu’elle fit irruption en haut du bâtiment, Albus et Damien observaient l’horizon. Ils se tournèrent vers elle en l’entendant arriver et la mine de la jeune fille les laissa figés d’inquiétude. Elle se dirigea vers eux d’un pas rageur
- DIX JOURS !!! aucune nouvelle en dix jours ! j’ai cru mourir !!
La jeune fille ne fit pas le moindre cas de la présence de son directeur et son attitude surprit les deux hommes qui ne surent comment réagir face à cette rage.
Cependant, elle se dissipa vite et Hermione finit par se réfugier dans les bras de Damien, pleurant toute son attente et ses angoisses accumulées.
- je suis désolé, murmurait le Serpentard dans ses cheveux. Tout a été si vite. Je n’ai pas eu le temps de te prévenir, il fallait partir de toute urgence. Pendant que j’étais avec Albus, Fumsek est arrivé avec des nouvelles sur la position de Severus, et nous sommes donc partis sur le champ.
- et tu dois repartir tout aussi vite. Intervint Dumbledore.
Une fois n’est pas coutume, Hermione méprisa le sage sorcier. Elle s’aperçut alors que Fumsek trônait sur son bras avant de détourner son regard à nouveau vers Damien qui caressait sa joue, rêveur, comme pour emmagasiner un maximum de tendresse et de souvenirs avant son départ
- tu vas où ?
- chercher ton professeur.
Des bruits de pas précipités se firent entendre derrière eux, tandis que Dumbledore souriait, lassé.
- j’aurais dû m’en douter… fit-il
Harry et Ron s’avançaient vers eux et Albus leur fit en quelques mots part de la situation tandis que Damien enlaçait Hermione une dernière fois.
- il n’y a vraiment rien qu’on puisse faire ? hoqueta-t-elle en pleurant.
- si. Répondit le Serpentard en prenant son visage entre ses mains. Une chose très importante : reste ici. Attends moi. Cette seule pensée me donnera la force de revenir.
Il avait murmuré ces mots de façon à ce qu’elle seule puisse les entendre. Une promesse entre eux, un secret rien que pour eux.
Pendant ce temps, Albus expliqua brièvement que le professeur Rogue avait été localisé ; blessé et affaibli par les attaques des mangemorts qui avaient fini par l’encercler, laissé pour mort, il ne devrait son salut qu’à l’apparition d’une aide quelconque.
Malheureusement, tout transplanage ou étalage de magie trop puissante en ces lieux reculés où Voldemort avait repris ses droits constituerait une alarme certaine qui avertirait les partisans du lord noir. Il était donc vital de s’y rendre le plus discrètement possible. Sous la forme animale, un sorcier passait beaucoup plus inaperçu.
- Severus a ainsi pu approcher au plus près de Voldemort sans être remarqué jusqu’à présent. Ajouta-t-il. Et quel animal envoyer à un mourant, si ce n’est le phénix ?
Son regard se riva à celui de Harry.
- Fumsek ?
- part avec lui…
- deux phénix qui volent de concert, ça ne risque pas d’attirer les regards ?
- sans doute si, mais le risque doit être couru. Severus détient des informations vitales pour l’Ordre…
Les deux jeunes sorciers s’approchèrent de leur amie pour la réconforter de leur présence tandis que Damien s’éloignait vers le bord de la tour.
- gaffe à toi. Articula péniblement Ron d’une voix qui laissait voir toute la difficulté qu’il éprouvait à ne pas pleurer avec Hermione.
- ne t’en fais pas Wesaley, je reviendrai, j’ai une revanche à prendre…
Harry ne put retenir un rire glacé en songeant à la futilité d’une telle réponse. Une partie d’échec ? Ce serpentard reviendrait, juste pour pouvoir battre Ron aux échecs…
- espèce de Malefoy… lâcha-t-il enfin à son encontre.
Damien singea une piètre salutation de chevalier en escaladant un créneau.
- ne pourrais-tu pas d’abord te métamorphoser ? intervint Dumbledore sur un ton qui trahissait une certaine inquiétude, mêlée à de l’agacement.
- certainement pas ! répondit Damien d’une voix forte. Ce moment là est mon préféré !
- tomber dans le vide… tu parles d’un plaisir ! soupira Dumbledore dont l’attitude laissa le trio perplexe.
Sur son bras Fumsek s’étendit majestueusement après une légère pression, prenant son vol. Hermione serrait la main de Harry, marquant sa chair de ses ongles tandis que Damien leur faisait face, dos au vide.
Il se laissa alors tomber en arrière, lentement, fermant les yeux en se délectant de la sensation de la chute libre après avoir mimé quelques mots silencieux pour la jeune fille qu’il n’avait pas quitté des yeux jusqu’alors.
« Je reviendrai ».
Un éclat doré les surprit tous et ils se précipitèrent vers le rebord de la tour. Deux phénix dansaient dans les airs et disparurent à l’horizon après être remontés vers eux et les avoir survolés, mêlant aux murmures de Dumbledore leur chant envoûtant qui évoquait pour Harry le meilleur sentiment que lui et ses amis puissent espérer à ce moment précis : l’espoir.
- sois prudent mon garçon…
Disclaimer: All publicly recognizable characters and settings are the property of their respective owners. The original characters and plot are the property of the author. No money is being made from this work. No copyright infringement is intended.