Les chroniques d'Alixe by alixe
Summary: Petites textes en complément de mes autres fics déjà écrites (notamment à Mon sorcier Bien-aimé). Cela commence par Une Potter à Serpentard et cela continue avec Une affaire de famille (une enquête de nos deux Aurors préférés)
Categories: Après Poudlard Characters: Aucun
Genres: Comédie/Humour
Langue: Aucun
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Harry, la Furie et le Serpentard
Chapters: 2 Completed: Oui Word count: 13980 Read: 5881 Published: 06/12/2006 Updated: 14/04/2007

1. Une Potter à Serpentard by alixe

2. Secret de famille by alixe

Une Potter à Serpentard by alixe
Ce texte a déjà été publié sur d'autre sites, mais il n'y a pas de raison que j'en prive celui-ci.

Cette petite histoire fait suite à Mon sorcier Bien-aimé, mais je pense qu'on peut la lire toute seule. Sachez cependant que cet épisode met en scène les enfants de Harry et Ginny, et leurs nombreux cousins. Je vous livre un petit récapitulatif de la famille, pour que vous ne soyez pas trop perdus.

Lily Potter, 6ème année Gryffondor : 16 ans
James Potter, 4ème année Poufsouffle, 14 ans
Sirius Potter, 3ème année Serdaigle, 13 ans
Samantha Potter, 1ème année Serpentard, 11 ans

Les Weasley-Delacour : Arthur (Gryffondor) et Charles (Serdaigle) - ont terminé leurs études -, Paul (Gryfondor - 6ème année) et Simon (Poufsouffle - 2ème année)

Les Weasley-Deauclair : Ulysse (Gryffondor – 7ème année) et Hector (Serdaigle – 5ème année)

Les Weasley-Granger : Gédéon (Gyffondor – 5ème année) et Ivan (Gryffondor – 3ème année) et Cyblèle (Serdaigle – 1ère année)


Duncan Stratford, 4ème année Serpentard, 14 ans


Les enfants de Fred et George n'ont pas encore intégré Poudlard


Annonce : la plupart des lieux et personnages viennent de l'univers créé par J.K Rowling.
Je dois également beaucoup à mes relecteurs : Monsieur Alixe, Fenice et Calimera


- UNE POTTER A SERPENTARD -



"Serpentard !"

La proclamation du Choixpeau frappa la Grande Salle de stupeur. C'est dans un silence incrédule que la jeune Samantha Potter posa le Choixpeau sur le tabouret et marcha résolument, la tête haute, vers la table des vert et argent.

Elle n'était pas très grande pour ses onze ans. Ni très épaisse, d'ailleurs. Elle avait la chevelure noire de jais des Potter, les yeux émeraude des Evans et les taches de rousseur des Weasley. C'est sans un regard pour ses frères et sœur, ni pour ses nombreux cousins roux, qu'elle traversa le réfectoire et s'assit aux côtés de ses nouveaux camarades. Ces derniers étaient tellement stupéfaits qu'ils ne l'applaudirent même pas pour lui souhaiter la bienvenue. Au moins, ils ne me sifflent pas, pensa Samantha, pour se donner du courage.

Ils se contentèrent de la dévisager. Serrant les dents, elle leur rendit crânement leur regard. L'un après l'autre, ils se détournèrent et reportèrent leur attention sur la cérémonie qui avait repris. Un seul lui retourna un sourire. Elle le connaissait assez bien. Il s'appelait Duncan Stratford et c’était le fils d'un collègue de son père. Ils se voyaient très régulièrement car leurs parents se fréquentaient. Il était en quatrième année, comme son frère James Potter, avec qui il était très ami.

James… qui devait lui aussi la regarder de la table des Poufsouffles, tout comme Lily qui entamait sa sixième année chez les Gryffondors et Sirius, depuis trois ans chez les Serdaigles. Samantha se rendit compte qu'elle s'était installée le dos aux autres tables. Elle songea un instant à se retourner, pour tenter de les apercevoir, mais elle renonça. Elle devait prouver à tous qu'elle ne regrettait pas son choix et qu'elle n'avait pas besoin de rechercher l'approbation de ses aînés. Le Choixpeau le lui avait dit : ce serait à elle de faire accepter sa décision.

Il lui avait aussi affirmé que ses parents comprendraient. Elle sentit son estomac se contracter. Elle n'en était pas si sûre, maintenant, et elle craignait leur réaction. Certes, son père appréciait le père de Duncan, bien qu'il soit un ancien Serpentard, mais quand il évoquait ses années à Poudlard, il n'avait pas de mots assez méprisants pour parler de ceux qui appartenaient à cette maison.

Le seul nom de Drago Malefoy faisait durcir son regard, même si l'épouse de ce dernier était une amie de sa mère, et que Kat Malefoy venait régulièrement leur rendre visite, sans son mari mais avec ses deux fils, Tibère et Néron. Samantha appréciait beaucoup ces derniers, bien qu'ils soient un peu plus jeunes qu'elle.

La suite de la soirée fut perdue pour Samantha. Elle ne retint rien du discours de la directrice McGonagall, ni du délicieux repas qui suivit. Toujours dans le brouillard, elle suivit les préfets de cinquième année qui leur indiquèrent le mot de passe pour accéder à la salle commune située dans les cachots. Elle monta docilement dans son dortoir. Ses nouvelles compagnes de chambre, fatiguées par la longue journée, rejoignirent rapidement leur lit.

Dès qu'elle fut certaine qu'elles étaient bien endormies, Samantha griffonna un mot pour ses parents. Elle ne voulait pas qu'ils apprennent la nouvelle d'une autre source qu'elle. Elle ouvrit la fenêtre, qui donnait sur les douves du château, et se servit de son sifflet magique pour appeler Prométhée, le hibou qui lui avait été offert pour fêter son entrée à Poudlard.

Quand elle se coucha à son tour, Samantha se remémora le message qu'elle avait envoyé : Cher papa, chère maman, Le voyage s'est bien passé et je suis bien arrivée à Poudlard. J'ai été répartie à Serpentard. Je vous embrasse. Sam. C'était sobre et clair. Elle ne pouvait pas faire mieux. Elle pensait qu'elle aurait du mal à s'endormir, mais elle sombra très vite dans un sommeil réparateur.

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Elle fut éveillée le lendemain par ses compagnes de chambre qui papotaient en s'habillant. Elle les écouta se présenter les unes après les autres. Elle fut étonnée d'apprendre que seulement deux d'entre elles avaient leurs deux parents issus de Serpentard. La troisième avait un père Serpentard mais une mère Poufsouffle. Quant à la quatrième, ses parents étaient tous deux de Serdaigle. Samantha songea à Duncan Stratford dont la mère était moldue. Elle se dit que le Choixpeau savait peut-être de quoi il parlait en lui affirmant qu'elle serait plus à sa place qu'elle ne l'imaginait dans cette maison.

Elle écarta les rideaux qui entouraient son lit.
"Bonjour", dit-elle à la cantonade.

Les quatre jeunes filles la fixaient du regard, mais elles semblaient plus curieuses que désapprobatrices.

"Je m'appelle Samantha Potter, se présenta-t-elle à son tour. Mes parents étaient Gryffondor et j'ai une sœur qui l'est aussi. J'ai aussi deux frères. L'un est à Poufsouffle et l'autre à Serdaigle.
- Tu es la fille de Harry Potter ?" lui demanda timidement une des filles.

Cette question n'étonna pas Samantha. Lily l'avait prévenue. Ils demandaient toujours ça.

"Oui, répondit-elle. Il est Auror, ajouta-t-elle pour bien montrer qu'elle ne se prévalait pas des exploits les plus connus de son père.
- C'est marrant que toi, tes frères et ta sœur soyez tous dans des maisons différentes, remarqua une autre.
- C'est comme ça", répondit brièvement Samantha, comme si sa répartition était des plus banales.

Elle se détourna et s'habilla rapidement. Les cinq filles descendirent ensemble dans la salle commune. Des élèves plus âgés leur indiquèrent le chemin de la Grande Salle.

Cette fois, Samantha prit soin de s'installer face aux autres tables. Elle n'eut pas à chercher longtemps le reste de sa famille : Lily se dirigeait vers elle, récupérant James et Sirius au passage.
"Bonjour petite sœur, tout se passe bien ? demanda Lily.
- Je te conseille la gelée de citrouille, elle est aussi bonne que celle de grand-mère, lui indiqua James, souriant.
- La course aux points va être intéressante cette année, fit malicieusement remarquer Sirius.

- Et encore, Sam ne fera pas partie de l'équipe de Quidditch, répondit James.
- Qu'en sais-tu ? Papa y est entré en première année, lui opposa son frère.
- Il n'y a aucun poste de libre, coupa Lily. J'ai vérifié.
- Elle est encore vexée qu'on lui ait soufflé la coupe l'année dernière, fit James en faisant un clin d'œil à Samantha.
- Cette année, t'as intérêt à t'accrocher à ton balai, Potter, lui rétorqua sa sœur aînée.
- Tu rêves, si tu crois que tu vas la récupérer, Potter, lui répondit le Poufsouffle.
- Je suis sûr que c'est nous qui l'obtiendrons, prétendit le Serdaigle.
- On verra bien qui est le meilleur, Potter", dirent à l'unisson les trois joueurs de Quidditch, avant d'éclater de rire, entraînant leur benjamine dans leur bonne humeur.

La petite réunion familiale ne passait pas inaperçue et le message était clair : Samantha était incluse dans la solidarité mâtinée de compétition, qui caractérisait les relations de la fratrie.

"Bon, c'est pas qu'on s'ennuie, mais je n'ai pas l'intention de faire perdre des points aux Gryffondors en arrivant en retard en cours ce matin, déclara Lily. On se revoit plus tard, conclut-elle s'éloignant.
- Elle doit avoir une idée beaucoup plus intéressante qu'un simple retard pour faire perdre des points à sa maison, supposa James avec un petit rire.
- Tant mieux pour nous, commenta Sirius. A tout à l'heure, Sam", lança-t-il avant de que les deux garçons ne retournent auprès de leurs camarades.

Le cœur tout réchauffé par la visite, Samantha se servit copieusement de céréales et d'œufs brouillés. Elle entendit cependant un de ses camarades maugréer : "Toujours à faire leurs intéressants, ces Potter". Mais elle n'eut pas le temps de s'en offusquer, car c'était l'heure du courrier et son cœur fit un bond en pensant que ses parents lui avaient sans doute répondu.

Quand Prométhée se posa devant elle, elle récupéra d'une main tremblante la lettre qu'il lui tendait. Mais ses inquiétudes étaient sans fondement. Ses parents la félicitaient pour son entrée à Poudlard et l'assuraient qu'ils lui faisaient confiance pour réussir, quelle que soit sa maison. Dans un post-scriptum son père ajoutait que le Choixpeau lui avait, à lui aussi, proposé Serpentard, trente ans auparavant. Elle se demanda si c'était vrai. Son père était tellement… Gryffondor ! Enfin, c'était gentil à lui de chercher à la rassurer.

Le sourire aux lèvres, elle fit largement honneur au petit-déjeuner.


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Le premier cours fut moins idyllique. Le professeur Rogue ne s'était pas bonifié avec le temps. Son aversion pour les Potter était devenue une tradition profondément ancrée dans la légende poudlardienne, au même titre que les farces et attrapes des Sorciers Facétieux ou le tartan à dominante rouge que la directrice arborait à chaque match de Quidditch.

Dès qu'elle prit place dans l'humide salle de classe, Samantha sentit sur elle le regard brûlant du maître des potions. Elle se remémora les conseils de Lily et des autres. Feindre l'indifférence et rester stoïque face à l'inévitable perte de points qui solderait tous les cours se tenant dans les cachots. Samantha se demanda si ce serait la haine du Potter ou la volonté de voir triompher la maison de Salazar qui l'emporterait chez l'intransigeant personnage. Elle était assez lucide pour savoir que de toute façon, le professeur ne l'épargnerait pas.

Conformément à son attente, il ouvrit les hostilités dès que le dernier élève fut assis :
"Mais quel honneur ! L'ultime Potter assiste à notre cours. Saurons-nous en être digne ? demanda-t-il la voix dégoulinante d'ironie. Eh bien, Potter, voyons votre niveau. Quand vous avez des furoncles, quels ingrédients vous faut-il pour tenter de recouvrer figure humaine ? "

Samantha entendit quelques rires étouffés. Il lui sembla bien qu'ils provenaient autant de sa propre maison que des Gryffondors qui partageaient le cours. Elle se carra sur sa chaise et répondit, remerciant silencieusement Lily de l'avoir obligée à apprendre par cœur son livre de potions de première année "pour l'honneur de la famille" :

" Je prendrais des orties séchées, des crochets de serpent écrasés, des limaces cornues et, une fois le chaudron hors du feu, j'ajouterais des épines de porc-épic", récita-t-elle de sa voix la plus neutre.

Le visage du professeur resta impassible. Il observa quelques secondes de silence, balançant sans doute entre la tentation d'accorder des points à sa maison et la répugnance à féliciter une Potter. Samantha attendait le verdict avec intérêt, comprenant que le désagréable bonhomme était en train de définir sa ligne de conduite pour les sept années à venir.

Finalement, il lâcha :
"Vous pensez sans doute impressionner vos camarades en jouant au singe savant. Cela ne vous empêchera pas de vous retrouver en retenue si j'ai à me plaindre de vous, Potter !"

Puis il se détourna et commença le cours sans plus lui accorder la moindre attention. Samantha se le tint pour dit : elle ne ferait pas gagner de points à sa maison pendant ce cours, mais elle n'en ferait pas perdre non plus. Par contre, elle pouvait d'ores et déjà commander des litres de Nettoie-Tout de la mère Grattesec.

Les chaudrons allaient briller désormais.

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La semaine passa sans incident notable. Samantha s'habituait à sa nouvelle vie. A la suite de ses frères et de sa sœur, ses cousins étaient venus lui parler.

Tout d'abord Cybèle, bien sûr, la fille de l'oncle Ron et de la tante Hermione. Elle était également en première année. Les deux fillettes avaient toujours été très complices et elles se mirent en équipe dès le premier cours que les Serpentards et les Serdaigles partagèrent. Ses frères Gédéon et Ivan ne tardèrent pas à venir l'embrasser lors d'une récréation.

Paul et Simon Weasley-Delacour ne manquaient pas de la saluer gentiment quand elle les croisait dans les couloirs. Il faut dire qu'un de leurs frères avait inauguré l'échappée des Weasley hors du bastion de Gryffondor en intégrant Serdaigle, quelques huit ans auparavant.

Même Ulysse et Hector Weasley-Deauclair avaient admis la connaître quand ils s'étaient croisés dans la Grande Salle. Bon, on ne peut pas dire qu'ils avaient débordé de chaleur et de tendresse, mais l'oncle Percy n'était pas très expansif non plus. Sans compter que l'insigne de préfet en chef d'Ulysse semblait lui être monté à la tête, mais il était vrai qu'assumer cette haute fonction dans la maison où sévissait la terrible Lily était susceptible de constiper n'importe qui.

Samantha savait cependant que certains restaient choqués de son attribution. Dans les couloirs et dans la Grande Salle, on la montrait du doigt et des chuchotements sonores la désignaient comme "la Potter de Serpentard". D'autres semblaient la plaindre.

L'appellation légèrement méprisante des premiers la remplissait de fierté et elle traitait la pitié mal placée des seconds par le mépris. Car même si la voie qu'elle avait suivie n'était pas la plus facile, son attribution la comblait.

Elle avait d'innombrables fois maudit le destin qui l'avait fait naître en dernière position. Sa mère avait beau lui répéter qu'avec les années, l'avance de ses aînés s'estomperait avant de disparaître, Samantha ne voulait pas attendre. Le Choixpeau l'avait bien compris. Il fallait qu'elle se démarque pour suivre son propre chemin, lui avait-il expliqué, et ainsi prouver sa valeur.

A Poudlard, même les première année pouvaient gagner des points. Il suffisait d'être attentif en classe et de savoir ses leçons sur le bout des doigts. La première fois qu'une bonne réponse de sa part avait été récompensée par "un point pour Serpentard", elle en avait ressenti une joie infinie et cela avait balayé les quelques doutes qu'elle nourrissait encore sur la pertinence de la décision du vieux chapeau.

Oui, elle pouvait être fière des victoires de sa maison, sans en partager les mérites avec quiconque. Et chaque point qu'elle faisait gagner aux siens était une victoire personnelle sur la brillante Lily, le discipliné James ou le studieux Sirius.

Certains Serpentard cependant ne paraissaient pas très satisfaits de la voir partager leur salle commune. Ils interrompaient ostensiblement leurs conversations quand elle passait près d'eux, la dévisageant avec insistance. Elle les ignorait de son mieux.

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Deux semaines après la rentrée, elle ne put rester plus longtemps indifférente à l'hostilité de ses ennemis. Un soir, en montant se coucher, elle constata que sa malle avait été forcée et vidée. Il ne lui restait que les vêtements qu'elle avait sur le dos et le contenu de son sac de classe.

En constatant l'étendue du désastre, elle ne dit rien. Non qu'elle se défiât de ses compagnes. Elle s'entendait même plutôt bien avec elles. Beth Warrington et Esthel Flint n'étaient pas très chaleureuses à son égard, mais pas hostiles non plus. Elle avait par ailleurs de bons rapports avec Helen Baddock et Suzy Carmichael. Mais elle ne voulait pas voir la compassion ou la pitié dans leur regard. Elle avait honte aussi. Fallait-elle qu'elle soit cruche pour se faire ainsi voler toutes ses affaires !

Elle se contenta donc d'ôter sa robe d'uniforme derrière les rideaux fermés de son lit et de se coucher dans les vêtements qu'elle portait en dessous. Si la petite fille versa quelques larmes en s'endormant, personne ne l'entendit.

Mais le lendemain, quand l'une de ses compagnes lui demanda de lui prêter ses notes de potions, elle ne put cacher qu'elle ne les avait plus. Les filles de son dortoir finirent par comprendre ce qui s'était passé et en furent horrifiées :
"Il faut que tu ailles voir les préfets, s'écria Helen Baddock.
- Je ne vais pas les embêter avec cela. Et que veux-tu qu'ils fassent. Je ne sais pas qui est le coupable.
- Mais que vas-tu faire ?
- C'est mon affaire ! dit rageusement Samantha.
- Tu veux que je te prête des vêtements propres ?" lui proposa Suzy Carmichael

Samantha lui emprunta un tee-shirt, fit une toilette rapide avant de descendre manger. Elle veilla à ne pas avoir l'air contrarié, et laissa traîner ses oreilles pour tenter de déterminer qui lui avait joué ce mauvais tour, mais en vain.

Elle songea un moment faire part à ses frères et sœur de ses déboires, mais elle préféra garder le silence. Elle n'allait pas pleurer dans leurs robes dès son arrivée. Il fallait qu'elle leur prouve qu'elle était parfaitement capable de s'en tirer toute seule et que le Choixpeau ne s'était pas trompé.


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Dans la matinée, elle fit perdre trois points à sa maison car elle n'avait pas amené son livre en botanique. Alors qu'elle repartait en cours après le déjeuner, Duncan Stratford l'attrapa par le bras et l'entraîna dans un recoin :
"C'est vrai ce qu'on raconte, Samantha ? On t'a pris toutes tes affaires ?
- C'est pas tes oignons !
- Je commence à comprendre pourquoi Rogue prétend que les Potter sont des monstres d'arrogance, soupira Duncan en la dévisageant d'un air moqueur. C'est mes oignons si tu n'as pas tes livres et que tu fais perdre des points à notre maison, figure-toi. Et puis, t'as rien à faire chez les Serpentards, si tu ne sais pas faire la différence entre tes ennemis et tes alliés. Je vais faire ma petite enquête. Je te tiens au courant. En attendant, essaie de rattraper les points que tu as perdus.
- C'est pas gagné, soupira Samantha. J'ai potions cet après-midi, et j'ai pas mon livre non plus.
- Ce n'est pas dans l'habitude de Rogue de nous en retirer, mais passe à la bibliothèque, pour voir s'ils n'en ont pas un exemplaire. Et tiens-toi tranquille, hein ! C'est déprimant tous ces chaudrons impeccables. Nous qui nous donnons tant de mal pour les remplir de potions bien gluantes !"

Il lui sourit et la poussa fermement en direction de la bibliothèque. Bien qu'elle n'aimât pas se sentir redevable envers quiconque, elle se sentait réconfortée par la gentillesse de Duncan et soulagée qu'il lui propose son aide. Au moins, cela resterait une affaire interne aux Serpentards.

Elle ne prit finalement qu'une heure de retenue ce qui était plutôt une bonne performance. Duncan ne vint pas lui parler, et elle se retrouva, le soir venu, aussi démunie que la veille. Suzy lui prêta d'autres vêtements et Esthel Flint lui passa ses notes de métamorphose pour quelle puisse faire son devoir pour le lendemain.

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Le lendemain, juste avant le déjeuner, Duncan vint la cueillir à la sortie de son cours. Sans un mot, il l'entraîna à sa suite dans les couloirs du château. Encore mal familiarisée avec les lieux, elle fut vite perdue. Elle commençait à ne pas se sentir trop rassurée quand il la poussa fermement derrière une armure, avant de continuer son chemin, l'abandonnant sur place.

Affolée, elle se détournait pour le suivre quand une main surgit d'une alcôve se trouvant derrière le chevalier et lui attrapa le bras. Elle sursauta, glapissant de terreur, mais elle entendit le rire de Lily.

"Emotive, petite sœur ?
- Mais que fais-tu là, lui dit Samantha, furieuse d'avoir montré sa peur.
- Dis donc, tu vas pas m'engueuler quand même ! Pourquoi tu nous as rien dit pour tes affaires ?
- Cela me regarde ! Je suis capable de me débrouiller sans vous.
- Cela regarde les Potter, petite dinde ! lui répondit sèchement Lily. Pourquoi crois-tu qu'on t'ait fait ça, à toi ? T'auraient-ils tellement bourré le mou, chez les si supérieurs Serpentards, que tu as honte de nous maintenant?

- Calme-toi Lily. C'est normal qu'elle soit bouleversée, intervint la voix apaisante de James. Qu'aurais-tu fais à sa place ?
- Exactement ce que j'ai fait quand je me suis retrouvée, il y a cinq ans, dans la même situation, idiot. J'ai demandé de l'aide aux cousins Weasley pour démasquer les coupables et j'ai écrit à oncle Fred et oncle George pour leur demander de m'envoyer une petite cargaison bien spéciale.

- Bon, on ne va pas se disputer, dit Sirius qui était coincé derrière son frère, et que Samantha n'avait pas encore remarqué. Ils ne vont pas tarder à arriver, de toute manière.
- Qui ça, "ils" ? demanda Samantha.
- Les deux abrutis de cinquième année et leur copine de sixième année qui ont forcé ton coffre, bien sûr, répondit Sirius. Je leur ai envoyé un message leur donnant rendez-vous ici. Chacun croit que c'est l'autre qui en est l'auteur."

Des pas se firent entendre et trois adolescents arrivèrent. Alors que les garçons demandaient à la fille la raison de sa convocation et que cette dernière leur demandait pourquoi ils voulaient la voir dans ce couloir plein de poussière, un Expelliarmus fut lancé de derrière une armure et trois baguettes volèrent dans les airs.

James et Sirius se placèrent derrière les cinquième année, tandis que Lily, entraînant Samantha à sa suite, coupait la retraite de leur complice.
"Bonjour ! leur lança aimablement l'aînée des Potter.
- Qu'est-ce que vous nous voulez ? demanda l'un des Serpentards, qui cachait tant bien que mal son appréhension derrière son agressivité.
- Vous faire comprendre que vous avez commis une petite erreur de stratégie en vous attaquant au clan Potter, répondit Sirius en jouant négligemment avec sa baguette.
- Vous n'avez pas le droit de jeter des sorts dans les couloirs, aboya la fille.
- Ferme-la, Derrick, lui rétorqua Lily. Le vol aussi est interdit. Tu ne t'en es pas privée, pourtant.

- Vous en faites toute une histoire pour un petit bizutage, fit Derrick d'une voix méprisante. Elle a eu peur, le petit bébé ?
- Quand on détruit les affaires que l'on a "empruntées", ce n'est plus du bizutage, répliqua froidement James. C'est une brimade. J'aurais cru qu'une préfète saurait faire la différence, termina-t-il, en fixant l'insigne qu'elle portait fièrement sur sa poitrine.
- Tu veux me dénoncer ? Ma parole contre la tienne, riposta-t-elle, refusant de se laisser intimider.

- On ne va pas embêter ce brave Rogue avec ça ! susurra Lily. On va juste vous montrer que, nous aussi, on aime taquiner nos petits camarades."

Elle et James s'accordèrent du regard puis lancèrent chacun une fiole en direction des pieds des trois Serpentards. En touchant le sol, les flacons se brisèrent, délivrant une épaisse fumée bleue qui enveloppa les trois complices.

Samantha, reconnaissant le genre de produit que vendaient ses oncles, recula précipitamment pour ne pas se retrouver dans le champ du sortilège. Quand la fumée se dissipa, elle put constater que ses trois ennemis se trouvaient en sous-vêtements. Les deux garçons étaient engoncés dans des caleçons ornés de fleurs criardes et Derrick portait des dessous de coton blanc où folâtraient des ours en peluche.

Samantha éclata de rire, non seulement devant le tableau qu'ils offraient, mais aussi en voyant leur air horrifié. Mais bientôt, l'horreur fit place à la colère, et Lily, James et Sirius durent user de sorts d'expulsion pour empêcher les trois furieux de leur sauter à la gorge. Samantha se promit de mettre les bouchées doubles en défense contre les forces du Mal, pour ne plus continuer à faire figure de potiche lors de ce genre d'affrontement.

"On se calme ! finit par dire Lily. Je crains que la bêtise et la violence ne vous servent à rien cette fois ci. Il n'y a aucun antidote pour mettre fin à l'illusion que produit cette poudre. Elle cessera naturellement de faire effet dans six heures exactement. Par contre, si vous tentez de jouer aux apprentis sorciers, cela va durer plus longtemps. Environ une demi-heure supplémentaire par contre-sort tenté. Comme vous êtes assez bêtes pour vous retrouver en petite tenue jusqu'à l'année prochaine, on ne vous rendra vos baguettes qu'en temps utile. N'ayez pas peur, on n'est pas des voleurs, nous !"

Sur ces bonnes paroles, les deux frères Potter, hilares, rejoignirent leurs sœurs et tous quatre reculèrent, leurs baguettes levées, puis s'engouffrèrent dans un passage dissimulé derrière une tapisserie. Toujours en riant, ils coururent dans l'étroit passage, pour déboucher dans le hall d'entrée désert.

"Vous n'avez pas peur qu'ils nous suivent, demanda Samantha, qui avait repris son sérieux.
- Pas de danger, lui fit Sirius, il faut connaître le mot de passe.
- C'est nouveau cette poudre, non ? demanda-t-elle encore. Les jumeaux n'ont jamais réussi à rendre leurs sortilèges d'illusion aussi tenaces."

Ses aînés éclatèrent de rire.
"Ça, c'est de l'intox, gloussa Sirius. En fait, un simple finite incantem suffit.
- De toute façon, ils n'ont plus de baguette, renchérit James.
- J'ai presque envie qu'ils tentent le coup et demandent à quelqu'un de les aider, pouffa Lily. Je suis déçue quand je pense qu'ils vont se cacher toute l'après-midi et que personne ne profitera du talent de styliste de nos très chers oncles."

Les quatre jeunes gens se regardèrent et se remirent à hurler de rire.

"Il ne vaut mieux pas que nous rentrions tous les quatre dans la Grande Salle en même temps, fit remarquer Sirius, quand ils se furent un peu calmés. McGo flairerait tout de suite l'embrouille. Je crois que je vais aller faire un petit tour en bibliothèque.
- Tu passes avec moi aux cuisines ? lui proposa Lily. J'irai ensuite me promener dans le parc.
- Moi et Sam on va rejoindre les autres, dit James.

- Merci à tous, dit timidement Samantha.
- De rien, ma belle. T'en fais pas, si l'un de nous a des problèmes, tu feras partie du comité de soutien, sourit Sirius.
- Et puis, pour te punir de nous avoir caché tes ennuis, on t'a collé un petit handicap. Tes petits camarades vont sans doute se voir retirer une vingtaine de points, chacun, pour les cours qu'ils vont sécher cet après-midi. Va falloir cartonner pour rattraper soixante points d'un coup, petite sœur", lui lança narquoisement Lily en désignant les sabliers géants.

"Vous me le paierez !" s'écria Samantha, indignée.

Ses frères et sœurs qui échangèrent un sourire entendu :
"Elle est bien à sa place chez les Serpentards, notre petite Sam, gloussa Sirius.
- Ce sera d'autant plus chouette de les écraser, déclara Lily d'un air gourmand.
- Compte pas trop là-dessus, lui rétorqua farouchement la benjamine des Potter.
- Elle te fait marcher, la calma James. Depuis qu'elle est ici, les Serpentards n'ont jamais été vraiment écrasés. Ils ont même gagné la coupe des Quatre maisons, il y a deux ans.
- Mais cette année-là, ils se sont rétamés au Quidditch, lui opposa Lily.

- Dis, Lily, tu n'oublies rien ?" lança soudain Sirius.

L'interpellée tendit à sa petite sœur les trois baguettes confisquées.
"Cela m'était sorti de l'esprit", prétendit Lily, tentant de prendre l'air repentant.

James leva les yeux au ciel pendant que le Serdaigle expliquait à Samantha :
"Tu les donneras à Duncan, il saura quoi en faire.
- T'es sûr qu'on doit les rendre ? Moi, j'ai tout perdu ! s'insurgea Samantha.
- T'en fais pas pour cela, dit James d'un ton apaisant. Duncan a retrouvé tes affaires et il s'en occupe. Elles sont abîmées mais réparables. Il te les remettra dans ton coffre. Il faudra d'ailleurs qu'on t'apprenne un sort pour le fermer de manière plus efficace. Allez, on y va, conclut-il. Je parie qu'on a raté les entrées.
- Tu ne pense qu'à manger, le taquina Lily.
- Qui va faire du charme aux elfes pour avoir du rab de gâteau ? lui rétorqua son frère.
- Il faut bien que je gâte le calamar de temps en temps, dit Lily. Il s'ennuie dans son lac.
- Qu'est ce que tu mijotes encore ? demanda Sirius.
- Mais rien ! Qu'est ce que tu vas chercher ?"

La réponse de Sirius se perdit, alors que le Serdaigle et la Gryffondor dévalaient l'escalier menant aux cuisines. Le Poufsouffle et la Serpentard se faufilèrent discrètement jusqu'à leur table pour faire honneur au repas.

Samantha ne fut pas sans remarquer que certains de ses camarades la fusillaient du regard et fixaient d'un air mécontent les places vides de Derrick et de ses amis. D'autres ne cachaient pas leur amusement. Une troisième catégorie la fixait d'un air calculateur. Sans doute se demandaient-ils comment exploiter à leur profit cette première année teigneuse et qui avait des liens inédits avec les trois autres maisons.

Duncan Stratford lui lança un léger clin d'œil. En le lui rendant, elle se demanda ce que penserait sa famille si elle avait un petit copain Serpentard.

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Secret de famille by alixe
Author's Notes:
La plupart des lieux et personnages viennent de l'univers créé par J.K Rowling. Je dois également beaucoup à mes relecteurs : Monsieur Alixe et Fenice.

Cette petite histoire fait suite à Mon sorcier Bien-aimé, mais je pense qu'on peut la lire toute seule. Il faut simplement savoir que William Stratford (Serpentard) est un Auror, à qui on a confié Harry comme partenaire et jeune Auror à former.

Secret de famille






Comme toutes les missions pourries, cela a commencé dans le bureau de Shacklebolt et non par un ordre de mission posé sur notre bureau. Quand le commandant se donne la peine de nous annoncer lui-même la couleur, c'est rarement bon signe. Il nous fait nous déplacer aussi pour les augmentations, mais c'est beaucoup plus rare.

Bref, il nous a fait signe de la porte de son bureau et j'ai appelé Potter qui avait le nez dans un rapport. A en juger par son air concentré et sa plume levée, il était en pleine relecture, mais je savais que sa copie serait quand même truffée de fautes d'orthographe. Je me demande ce qu'on leur apprend aux jeunes à Poudlard.

Lui aussi a froncé les sourcils quand il a compris que nous étions convoqués dans le bureau du commandant. Il a vérifié que sa robe était à peu près propre puis, visiblement satisfait par sa mise, il m'a suivi jusqu'à l'antre de Shacklebolt.

Ce dernier, assis derrière son bureau, nous fit signe de nous asseoir.

- J'ai reçu un appel d'un de nos contacts Moldus, commença-t-il sans préambule, selon son habitude. Un couple est décédé dans un accident de voiture, avant-hier soir. Ils ont deux enfants et la police a fait des recherches pour déterminer s'il y avait des proches susceptibles de s'en occuper. La jeune femme n'a pas de famille, elle vient de l'Assistance Publique. Pour le mari, le numéro de son passeport révèle qu'il a été délivré par le ministère de l'Intérieur moldu à notre demande. Tu connais le principe, me fit-il remarquer.

Je hochai la tête, ayant moi-même fait l'objet de cette procédure qui m'avait permis de devenir titulaire d'un passeport britannique, ce qui avait facilité tout un nombre de démarches administratives, à commencer par mon mariage avec Christina. Mais j'ignorais que les moldus pouvaient m'identifier aussi facilement. Quoique c'était logique. Si la police commençait à enquêter sur l'un de nous, il était préférable que le dossier soit au plus vite soustrait à leur curiosité et transmis aux autorités sorcières compétentes.

- C'est un certain John Smith, continua le commandant. Je voudrais que vous retrouviez d'où il vient.

- C'est une blague ? demandai-je, sachant que c'était un nom particulièrement répandu.

- Hélas, non. Vous allez sans doute devoir contacter plusieurs familles, compatit le commandant.

- Où sont les enfants ? s'est inquiété Potter.

- Encore à l'hôpital, répondit Shacklebolt. Ils étaient dans la voiture également. Mais ils n'ont pas été gravement blessés et devraient bientôt pouvoir sortir. C'est pour cela qu'il serait bien que vous résolviez au plus vite cette enquête. Voici tout le dossier. Vous y trouverez une photo moldue dans son passeport.

Il nous a tendu une pile de documents, que mon partenaire s'est empressé de prendre avant de se lever, comme impatient de se mettre au travail.

- Où est le piège ? ai-je demandé sans bouger de mon fauteuil.

- Le piège ? s'est étonné le commandant.

- Pourquoi nous as-tu fait venir dans ton bureau ?

- Ah, oui, j'oubliais ! C'est la nouvelle procédure. Tout membre du ministère à qui on confie une mission pouvant impliquer des Moldus doit avoir un minimum de connaissances en la matière, qu'il échoit à son supérieur de vérifier. Donc... voyons voir, a dit Shaklebolt en fouillant dans ses papiers et en extrayant un parchemin qu'il consulta, l'un de vous pourrait-il me dire ce qu'est une "télévision" ?

- Une machine qui vous fait perdre votre temps et qui vous pousse à acquérir des objets dont vous n'avez pas besoin, ai-je répondu.

- Sur mon parchemin j'ai "technique moldue produisant des images animées sans magie", m'a appris le commandant. Bon, je vous donne une chance de vous rattraper. Qu'est-ce qu'une "automobile" ?

- Une machine coûteuse, bruyante et polluante mais infiniment plus efficace que les transports en communs londoniens, ai-je affirmé.

- Bon, on va faire comme si tu avais répondu "un balai qui ne vole pas", a soupiré Kingsley. Allez, filez vous mettre au travail au lieu de me faire perdre mon temps !

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Il nous fallut deux jours pour parcourir le pays en cheminée et déterminer qu'aucune famille Smith ne revendiquait de parenté avec celui qui souriait sur notre photo.

Potter émit alors l'hypothèse que seule la mère de notre inconnu était une sorcière et que le nom de famille ne correspondait donc pas. Il nous fallait dans ce cas consulter le registre des naissances pour retrouver l'ascendance complète du John Smith né le jour indiqué sur le passeport qui nous avait été transmis.

C'était une entreprise assez fastidieuse car le Ministère, pour des raisons historiques, ne centralise pas ce genre d'archives. Elles sont restées dans les mains des druides qui célèbrent les cérémonies de naissance, les mariages et les enterrements. Or les druides sont une bonne trentaine dans notre pays et adorent rappeler que Ministère de la Magie n'a aucune autorité sur eux.

Il y avait vraiment des jours où je regrettais de ne pas être un inspecteur moldu bénéficiant de toutes les informations délivrées instantanément par les ordinateurs comme dans la série policière que Christina regardait chaque samedi soir.

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La chasse aux registres nous fit perdre deux jours supplémentaires sans nous donner aucune indication. Seuls cinq enfants sorciers mâles étaient nés ce jour-là, mais aucun n'avait été prénommé John ni n'avait de père portant le nom de Smith.

- On va voir les cinq familles en question ? me demanda Potter, en sortant de chez le dernier mage.

- Pour leur demander si un type qui ne porte pas leur nom leur est apparenté ? grimaçai-je. J'en ai assez de courir partout. Je pense qu'il est temps de faire une enquête sur notre client. On va étudier en profondeur le dossier que le commandant nous a transmis. On s'y met dès lundi matin. Bon week-end, Potter.

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Je repris les éléments du dossier en arrivant à la Ruche de bon matin le lundi. Selon nos renseignements, il avait trente-sept ans. Je calculai qu'il avait dû sortir de l'école dix-neuf ans auparavant. Sans trop d'espoir, je communiquai avec le professeur McGonagall par cheminée, pour lui demander si un certain John Smith avait fréquenté Poudlard à cette époque. Elle consulta ses archives et nous fit savoir que ce nom n'apparaissait pas dans cette génération d'élèves.

Dans le dossier était indiqué où joindre notre contact moldu, un certain Henry Stilton. Nous avons passé des vêtements adéquats avant de lui rendre une petite visite. Il nous apprit que l'enquête moldue avait déterminé que les Smith vivaient depuis dix ans dans un quartier de la banlieue londonienne. C'était une famille sans histoire, n'ayant pas beaucoup de moyens, mais qui n'était pas indigente non plus.

Stilton nous confirma que les enfants, Sally et David, étaient toujours à l'hôpital.

- Ils devraient bientôt sortir, nous confia-t-il. Je me suis arrangé pour qu'on les garde un peu plus longtemps, pour retarder la saisine des services sociaux. Car si ces derniers ouvrent un dossier, il faudra que je fasse des tonnes de paperasses pour justifier leur disparition. Vous avez bien l'intention de les récupérer ?

- Seulement si nous retrouvons de quelle famille ils sont issus, tempérai-je. Ils peuvent très bien être élevés chez vous et ne venir dans le monde sorcier que lorsqu'ils intégreront Poudlard. C'est l'école où vont les sorciers à onze ans, ajoutai-je, incertain de ce qu'il connaissait sur notre monde.

- Je connais. Ma fille y est entrée il y a deux ans, m'apprit-il.

Cela expliquait comment il avait été choisi comme contact. Ces dernières années, le ministère de la Magie avait complètement changé les critères de recrutements des intervenants moldus. Auparavant, il semblait que leur qualité principale était d'être suffisamment marginaux pour que personne ne les prenne au sérieux si jamais ils avaient la langue trop longue à notre sujet. Du coup, collaborer avec ces olibrius n'était pas toujours évident.

Mais désormais, on s'y prenait de façon beaucoup plus rationnelle et on proposait ce genre de mission à des Moldus apparentés à des sorciers, dont les fonctions officielles pouvaient nous être utiles. Ce Stilton était inspecteur de police et c'était bien pratique.

- Il faut que je sois fixé à la fin de la semaine, m'indiqua-t-il. Après, plus rien ne justifiera que les enfants ne partent pas en foyer d'accueil.

- D'accord, on vous tiendra régulièrement au courant de l'avancée de notre enquête. En attendant, nous aimerions en savoir plus sur les parents. Pouvons-nous voir votre dossier ?

Nous trouvâmes parmi les effets récupérés dans la voiture accidentée les clés de l'appartement de la famille et nous décidâmes d'aller y faire un tour.

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Une fois sur place, nous avons commencé une fouille sommaire lorsqu’un détail me frappa :

- C'est vraiment bizarre qu'il n'ait absolument rien rappelant son origine sorcière. Il n'a même pas de baguette magique !

- Il devait l'avoir sur lui, m'opposa Potter. Si on l'a retrouvée sur les lieux de l'accident, elle n'a sans doute pas été identifiée comme telle. Elle a dû être mise de côté, comme un simple bout de bois.

J'examinai le trousseau de clés qui nous avait permis de pénétrer dans l'appartement, ainsi que la boite de clés suspendue à l'un des murs de l'entrée.

- Tu ne trouves pas bizarre qu'il n'ait même pas de clé correspondant à un coffre de chez Gringotts insistai-je.

- Elle est peut-être cachée ailleurs.

- Trouvons-là alors. Les gobelins pourront l'identifier pour nous.

Mais au bout d'une heure de recherche manuelle et magique, nous dûmes nous rendre à l'évidence. Pas de clé sorcière, ni aucun autre objet pouvant rappeler notre monde dans cet appartement. Nous avions en outre trouvé des feuilles de paye au nom de John Smith prouvant que ce dernier travaillait depuis quinze ans dans le monde moldu.

- Il a peut-être soigneusement caché ses affaires sorcières parce que sa femme n'était pas au courant, finit par proposer Potter.

- Oui, ou bien il a volontairement coupé tout lien avec le monde magique.

- Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ? me demanda Potter.

- Il était peut-être en délicatesse avec nos services et a préféré vivre chez les moldus plutôt qu'aller à Azkaban, imaginai-je. Tiens, j'aimerais bien savoir à quand remonte sa première demande de papiers moldus.

Je regardai pensivement l'appartement. Il était assez ordinaire, avec ses affaires posées ça et là et ses dessins d'enfant affichés sur le frigo. Potter était planté devant un tableau en liège, couvert de photos de familles. Il contemplait pensivement les visages souriants.

- Ils sont mignons les gamins, dit-il tristement. Quand je pense que cette vie là est terminée pour eux.

Je ne répondis pas. Cela ne servait à rien de nous apitoyer sur le malheur des autres, ni très professionnel comme attitude. Je me bornai donc à répondre sur un registre plus matériel :

- On va prendre une photo de lui plus jeune. Si cela fait des années qu'il n'est pas revenu de notre côté, les gens le reconnaîtront plus facilement sur un cliché plus ancien.

En soupirant, il s'empara d'une photo qui représentait deux mariés radieux.

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Nous sommes retournés au ministère de la Magie pour interroger nos collègues des affaires moldues. Deux heures furent nécessaires au gratte-papier sur lequel nous avions mis la main pour déterminer que la première demande pour l'établissement d'un passeport au nom de John Smith datait de vingt ans auparavant. Mais ni les raisons de sa demande, ni l'adresse à laquelle il vivait à l'époque n'étaient précisées. Et s'il avait auparavant porté un autre patronyme, ce n'était pas indiqué.

- T'as remarqué ? demandai-je à Potter, alors que nous remontions vers la Ruche. La date correspond au jour même de ses dix-sept ans. C'est comme s'il avait profité de sa majorité pour quitter le monde magique et ne plus jamais y remettre les pieds.

- Tu crois toujours que c'est un criminel en fuite ? me demanda Potter.

- Ce n'est pas exclu. Il peut aussi s'être disputé avec sa famille, répondis-je.

- Au point de changer de nom ? demanda Potter, nettement sceptique.

- Il y a une époque où j'aurais volontiers changé de nom, soupirai-je.

- Moi aussi, remarque, admit-il, en faisant la grimace.

- Bon, ai-je conclu, on verra ça demain. Il est l'heure de rentrer chez nous.

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Le lendemain matin, nous avons repris les noms que nous avions relevés sur les registres des naissances. Bartemius Cromwell, Alexander Pickvance, Douglas Summers, Stuart McCormack et Harold Towler étaient né le même jour que "John Smith".

Aucun d'entre eux n'apparaissait sur les avis de recherche émis vingt ans auparavant par la division des Aurors. Il ne nous restait plus qu'à aller voir les familles concernées et leur montrer la photographie que nous avions récupérée dans l'appartement moldu.

Nous avons repris nos visites le mardi après-midi. Le soir venu, nous n'avions vu que trois familles, qui ne reconnurent pas l'homme sur la photo. Nous eûmes beaucoup de mal, le lendemain, à localiser la quatrième, dont la maison était dissimulée aux moldus environnant par des sortilèges de confusion particulièrement puissants. Ce n'est qu'en début d'après-midi que nous avons visité la dernière famille de notre liste. J'avais gardé les McCormack pour la fin, car c'est une famille très influente et très riche, que l'on ne dérange pas pour rien si l'on ne veut pas que son commandant se fasse taper sur les doigts.

Alors que nous émergions de la cheminée publique la plus proche de leur manoir, j'espérai que cette fois-ci serait la bonne car je commençais à en avoir ras la baguette de cette enquête. Avant que nous ne sonnions à l'imposante grille, je demandai à Potter de retirer son bonnet Change-tête qui lui permettait de se promener incognito dans le monde sorcier. Ce genre de famille était du genre à traiter de haut les vulgaires Aurors que nous étions, et avoir un Survivant à mes côtés était susceptible de rééquilibrer un peu le dialogue.

Je posai ma baguette sur la sonnette pour avertir magiquement nos hôtes de notre venue. Au bout d'un petit moment, le portail s'ouvrit en grinçant. Nous remontâmes l'allée jusqu'à l'imposante porte d'entrée et nous présentâmes à l'elfe chenu qui nous accueillit dans le grand vestibule :

- Nous sommes les Aurors Stratford et Potter. Nous devons parler à Mr ou Mrs McCormack.

- Si ces messieurs veulent bien attendre que je prévienne mes maîtres, pépia la créature en nous saluant.

Il disparut derrière une lourde tenture. Potter admira le décor :

- C'est pas mal, ici ! apprécia-t-il.

- Cela te tente ? demandai-je, amusé.

- Eh bien, pour tout te dire, je suis à la recherche d'une grande maison à la campagne qui me servirait de résidence secondaire et où je pourrais recevoir toute ma famille, m'expliqua-t-il. Avec un terrain assez grand pour y installer un terrain de Quidditch.

- Cela va être sympa, répondis-je. Mais quand tu dis "toute ta famille", tu parles de tous les Weasley adultes, ainsi que leur progéniture née ou à naître ? A ce niveau, on appelle plus ça une maison, mais un village !

Il accueillit ma boutade avec philosophie et précisa :

- En parlant de nom, la bataille fait rage pendant les réunions de familles pour savoir comment je vais appeler ma future résidence. Je n'ose même pas te répéter ce que les jumeaux ont proposé. Ceux là, je me demande parfois s'ils sont normaux !

- Que veux-tu, on ne choisit pas sa famille ! m'apitoyai-je faussement, car je savais qu'il avait choisi les Weasley comme famille d'adoption, bien avant qu'il ne s'intéresse à sa future femme.

A ce moment, le majordome aux oreilles tombantes revint et nous annonça que Mister et Mistress McCormack allaient nous recevoir. Nous fûmes introduits dans une longue pièce, assez chaleureuse, où deux personnes affichant une soixantaine bien sonnée étaient installées.

- Soyez les bienvenus, Messieurs, nous dit le maître de maison en venant à notre rencontre. Nous sommes honorés, mon épouse et moi, de recevoir sous notre toit le Sauveur du monde sorcier.

- Je ne suis ici qu'en tant que simple Auror, tenta modestement mon coéquipier.

- Je vous en prie, asseyez-vous, nous invita gracieusement McCormack. Puis-je vous offrir un

rafraîchissement ?

- Non, merci répondis-je. Nous ne voulons pas abuser de votre temps. Nous voulons simplement vous demander si cette personne est susceptible de faire partie de votre famille.

Je lui tendis nos clichés et il les examina, ainsi que sa femme. Ce fut elle qui réagit en premier. Elle poussa une exclamation étranglée, puis retourna à la méridienne sur laquelle elle était assise à notre entrée et reprit l'ouvrage de broderie qu'elle avait abandonné pour venir nous saluer. Ses lèvres s'étaient pincées et elle feignit ne plus avoir conscience de notre présence.

Son mari la suivit d'un regard étonné avant de revenir aux photographies qu'il tenait toujours à la main. Ses yeux se rétrécirent alors qu'il examinait la plus ancienne, dont nous avions effacée la mariée, et c'est d'une voix froide qu'il s'enquit :

- Eh bien, qu'a-t-il fait ? Sachez que nous ne sommes au courant de rien !

- Vous le connaissez ? insistai-je.

- Effectivement, admit-il, comme malgré lui. Il a vécu un moment dans cette maison. Mais c'était il y a longtemps.

- C'est votre fils ? demanda Potter, un peu abruptement.

- Je pense qu'on peut dire cela en effet, lâcha McCormack du bout des lèvres sous le regard insistant du Survivant.

- Dans ce cas, dis-je de ma voix la plus officielle, j'ai le regret de vous annoncer qu'il est décédé accidentellement il y a une semaine. Toutes mes condoléances.

L'homme ne répondit pas tout de suite, son visage comme taillé dans la pierre. Son épouse ne manifesta pas davantage d'émotion, mais je notai que son aiguille n'avançait plus. Finalement, McCormack reprit la parole :

- Nous vous remercions d'avoir pris la peine de vous déplacer pour nous l'annoncer, a-t-il dit d'une voix qui tremblait à peine. Loony va vous reconduire.

Mais nous n'en avions pas fini avec lui. Ignorant l'elfe qui avait surgit d'on ne sait où à l'appel de son maître, j'insistai :

- Vous ignorez sans doute que votre fils était marié et qu'il a eu deux enfants. Son épouse n'a pas survécu à l'accident, mais les enfants vont sortir de l'hôpital et vont devoir être confié à leur plus proche famille.

Le tambour à broder chut sur le sol alors que Mrs McCormack se dressait sur ses pieds.

- Il est hors de question que nous nous occupions d'eux ! s'exclama-t-elle. Nous ne voulons pas d'autres déficients ici !

Son mari alla à elle et la prit par les épaules.

- Je vous en prie, ma chère amie, ne vous mettez pas dans tous vos états. Nous trouverons bien un moyen d'arranger les choses.

- Les choses en questions sont vos petits-enfants, fit à mon côté Potter, glacial. Ils sont de votre sang, que vous le vouliez ou non.

- Non ! glapit Mrs McCormack par-dessus l'épaule de son mari. Les Faucett et les McCormack sont tous de puissants sorciers. Stuart n'a jamais été des nôtres, jamais !

- Ce n'est pas ce qu'indique le registre des naissances, insista Potter.

- Si j'avais su ce qu'il était, je n'aurai jamais accepté qu'on l'y inscrive sous notre nom ! Il était une honte pour nous, répliqua-t-elle d'une voix hystérique.

Je décidai qu'il était largement temps de mettre fin à cette conversation, d'autant que mon équipier commençait à s'échauffer et qu'il avait la fâcheuse habitude de devenir incontrôlable quand il s'énervait.

- Nous ne voulons pas nous immiscer dans votre deuil, lançai-je avec une lourde ironie. Les services concernés vous contacteront en temps utile. Si vous voulez bien nous excuser.

J'empoignai fermement Potter par le coude, et amorçait une retraite vers la porte par laquelle nous étions entrés. Je m'inquiétai de le sentir rigide à travers le tissu de sa manche.

- Pas maintenant ! lui intimai-je à voix basse en pressant le pas.

Nous sortîmes de la maison sans incident et je le traînai au pas de charge hors du parc. A peine avions-nous passé la grille que Potter explosa :

- Non mais tu l'as entendue ! Déficient ! N'a jamais été des nôtres ! Pas étonnant qu'il ait voulu tout oublier !

- Ce n'était pas une raison pour les prendre à partie, lui indiquai-je. La loi n'interdit pas de ne pas aimer les cracmols, tant qu'on ne leur fait pas de mal.

- Pas de mal ! hurla Potter en se dégageant violemment de mon emprise. Tu imagines ce qu'il a dû subir ici, étant enfant ? A s'entendre répéter chaque jour qu'il n'était pas normal, qu'il ne fallait pas que les voisins soient au courant. Etre puni sans comprendre ce qu'on lui reprochait ! Etre constamment mis à l'écart, ne jamais recevoir de cadeau, être regardé de travers, tout juste admis à regarder vivre les autres sans y prendre part. S'entendre rappeler qu'il n'avait rien à faire là et que c'est par pure charité qu'on ne le mettait pas dehors. Se faire traiter de bon à rien et être enfermé dans un placard à la moindre occasion…

Il s'arrêta net, le regard perdu, quand il réalisa que c'était de sa propre enfance, qu'il était en train de me parler. On s'est fixés un moment, ne sachant comment mettre fin à cet instant embarrassant.

- Désolé, a-t-il murmuré au bout d'un moment. Je…

Il détourna les yeux puis les replongea dans les miens :

- Il est hors de question que ces enfants soient envoyés ici, dit-il fermement. On n'a pas le droit de faire ça.

Je haussais les épaules. De toute façon, cette affectation ne dépendait pas de nous. On est reparti d'un pas fatigué vers la cheminée publique qui nous avait amenés là. Nous en étions à cinquante mètres, quand nos badges se mirent à chauffer.

Nous les sortîmes d'un même geste. Le message était bien pour nous. Nous devions contacter le QG des Aurors en toute urgence, ainsi que l'indiquait la lueur rouge de notre insigne. Nous avons pressé le pas jusqu'à la cheminée et jeté de la poudre de cheminette, pour une communication. A notre appel, la tête de Shacklebolt est apparue :

- Allez en urgence à l'hôpital Charing Cross de Londres, cheminée Fulham, nous a-t-il indiqué. Il y a un problème avec les enfants Smith. C'est Henri Stilton qui m'a alerté, il est déjà sur place. J'envoie un Oubliator, aussi.

Un Oubliator ? Un des enfants au moins n'était pas si "déficient" que ça, semblait-il ! On a métamorphosé nos vêtements et on a pris la cheminée vers le Londres moldu.

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Dix minutes plus tard, nous étions sur place. Dans un coin de couloir, il y avait deux infirmières hystériques, Stilton qui essayait de les calmer et un Oubliator qui attendait dans un coin avant d'intervenir.

Stilton nous a aperçu et nous a désigné des yeux une porte, vers laquelle nous nous sommes dirigés. Quand nous avons tenté de la pousser, elle a résisté, complètement bloquée. Potter a discrètement sorti sa baguette et a murmuré "Alohomora". Le battant s'est entrouvert.

Nous avons prudemment jeté un œil avant d'entrer. La chambre était un champ de bataille, jonchée d'objets en miettes. Nous sommes entrés, refermant la porte derrière nous. Il nous fallut quelques instants avant de repérer les gosses, terrés dans un coin, la fillette de six ans éteignant son petit frère d'un geste protecteur.

- Bonjour a dit doucement Potter en s'avançant vers eux.

Ils eurent un mouvement de recul et mon coéquipier s'arrêta à deux mètres d'eux, s'accroupissant pour se mettre à leur hauteur.

- Je m'appelle Harry, leur dit-il. Et lui c'est William. Vous êtes Sally et David ?

Il y eut un silence, et la fillette murmura :

- Vous allez nous gronder ?

- Non, a répondu Potter. Je n'ai aucune raison de vous gronder.

Les enfants parurent sceptiques.

- Oh, dit-il en jetant un regard sur les dégâts. A cause de ça ? Nous allons arranger ça.

Je sortis ma baguette et me mis à l'œuvre.

- Ce sont des choses qui arrivent, assura Potter. Ce n'est pas très grave.

Mais les gamins n'écoutaient pas, ils me regardaient bouche bée.

- C'est comme à la télévision, murmura la gamine.

- Cela existe aussi en vrai, lui expliqua Potter.

- C'est pratique, a apprécié la fillette.

Une fois que j'eus terminé, je signalai à Potter :

- Il va falloir y aller

Il hocha la tête et dit aux enfants :

- Nous allons vous emmener dans un endroit magique. Vous êtes d'accord ?

Les enfants se regardèrent. Le plus petit se blottit d'avantage contre sa grande sœur.

- C'est là que sont Papa et maman ? a-t-il demandé.

- Non, ils ne seront pas là-bas, a répondu Potter. L'accident que vous avez eu était très grave. Ils…

Il sembla chercher comment leur annoncer la nouvelle. Mais la gamine avait réussi à admettre la dure réalité :

- Tu sais bien qu'ils sont au ciel, a-t-elle patiemment expliqué à son petit frère.

- Oui, a doucement confirmé Potter. Nous sommes venus vous chercher pour vous trouver un autre papa et une autre maman pour s'occuper de vous.

Là, je trouvais qu'il s'avançait un peu, mais par ailleurs, si nous ne voulions pas nous retrouver avec deux gosses hystériques sur les bras, il fallait bien les rassurer.

Cela ne suffit cependant pas car le gamin gémit :

- Veux Mamaaan, Papaaaaa !

Et il éclata en sanglot, ainsi que sa sœur. Il nous fallu un certain temps pour les calmer. Bien que j'aie moi-même un fils âgé de un an, je ne suis pas très à l'aise avec les enfants des autres, et Potter me fut ici d'une grande aide, bien que lui-même fut très bouleversé. Il sut trouver les mots pour mettre fin à l'explosion de détresse enfantine et pour les convaincre de nous suivre.

En passant dans le couloir, nous avons fait signe à Stilton que nous avions tout remis en ordre et indiqué à l'Oubliator de se mettre au travail. Une fois sur le trottoir devant l'hôpital, j'eus un instant d'hésitation, mais Potter qui semblait très inspiré décréta :

- Transplanons chez eux récupérer quelques affaires.

Je n'avais pas d'opposition à formuler à cette proposition, même si je pressentais que la suite du programme potterien serait moins à mon goût. Nous avons trouvé un endroit hors de la vue des passants et, pendant que je me concentrais sur le petit appartement que nous avions visité quelques jours auparavant, mon coéquipier expliqua brièvement aux gamins ce qui les attendait. Puis je me suis chargé de la fillette pendant que Potter prenait le cadet dans ses bras et, l'instant d'après, nous étions dans leur salon.

Nous avons rapidement rassemblés quelques affaires. L'aînée accompagna son frère aux toilettes pendant que Potter réduisait les divers sacs où nous avions tout entassé, pour en faciliter le transport. J'en profitai pour indiquer :

- Nous allons repasser au ministère pour demander où nous pouvons les loger, en attendant qu'on décide de leur sort.

- Je n'ai pas besoin du ministère pour leur trouver un endroit, répliqua-t-il. Et puis, je préfère que le ministère ne sache pas où ils sont.

- Potter…

- Tu n'as qu'à rentrer, toi. Moi, j'emmène les enfants en lieu sûr.

- En lieu sûr ? Mais que risquent-t-ils ?

- Tu sais très bien que dès que nous aurons rendu notre rapport, le ministère en profitera pour se débarrasser d'eux et les mettre chez les McCormack. Je ne veux pas que cela leur arrive, ils ont assez souffert comme ça.

- Si les McCormack n'en veulent pas, on ne les leur donnera pas.

- C'est à moi que tu dis ça ?

Je compris que je m'aventurais sur le terrain miné des atroces souvenirs d'enfance de mon partenaire. Et que finalement, je ne pouvais pas réellement affirmer ce que le ministère ferait ou non. De toute façon, quand Potter était buté, rien ni personne ne pouvait l'empêcher de faire ce qu'il voulait. Alors autant rester dans ses petits papiers et dans la confidence, puis refiler le bébé, si j'osais dire, à Shacklebolt pour qu'il se dépatouille comme un grand. Si j'avais refusé de devenir commandant, ce n'était pas pour rien.

- Bon d'accord, obtempérai-je. Alors, où doit-on les amener ?

Potter me dévisagea, comme s'il était étonné de ma soudaine reddition. Puis il haussa les épaules et lâcha :

- Pour commencer, je vais les amener à Molly.

On rassembla les enfants et les paquets et transplanâmes vers l'une des cheminées publiques de Londres.

- On va à "La Rotonde", m'indiqua-t-il. Aujourd'hui, Molly garde Ulysse.

Il me fallut le temps qu'il sorte sa poudre de Cheminette et disparaisse avec le petit David, pour comprendre. Ulysse, si mes souvenirs étaient bons, était le fils de Percy Weasley. Potter ne proposai pas moins que de planquer les enfants chez le ministre de la Magie en personne.

Qui a dit que les Gryffondor ne réfléchissaient pas avant d'agir ?

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Mon partenaire faisait déjà un bref résumé de la situation à sa belle-mère quand j'émergeai de la cheminée avec la petite. Il fallut encore un bon quart d'heure pour que nos malheureux gamins acceptent de quitter nos bras et nous finîmes par les laisser les yeux écarquillés devant les images de Flamèche le dragon, que Molly faisait apparaître du bout de sa baguette.

A peine avions-nous mis un pied dans la Ruche que Shacklebolt jaillit de son bureau comme une chocogrenouille de son paquet et nous fis venir à lui d'un impérieux signe de la main.

- Je viens d'avoir le Ministre en cheminée, nous annonça-t-il tout de go, une fois que nous l'eûmes rejoint dans son antre. Il aurait reçu une plainte, émanant du frère du Chef du département des affaires internes. Le frère en question se plaint de l'ingérence du ministère dans sa vie privée. Je peux savoir ce qui s'est passé lors de votre visite chez lui ?

Je brossai rapidement un résumé de la situation, sans indiquer ce que nous avions fait des gamins.

- Bon, résuma Shacklebolt, McCormack craint seulement de se retrouver avec deux cracmols à charge. Qui ne sont doute pas si cracmols que cela, puisque l'un d'eux au moins nous a fait une petite crise de magie incontrôlée. Au fait, où ils sont ces enfants ?

- Vous n'avez pas besoin de le savoir, intervint Potter.

Le commandant fronça les sourcils et dit d'une voix sèche :

- Tu peux m'expliquer ?

- Ils sont en sécurité, en attendant qu'on leur trouve un endroit bien pour eux.

- Dois-je comprendre que tu fais de l'obstruction administrative dans le cadre d'une enquête. Tu crois vraiment que je vais couvrir ça ?

- Je veux simplement qu'on fasse ce qui est le mieux pour ces petits, s'obstina mon partenaire.

- Potter, nous avons un service, ici au ministère, qui s'occupe de ça. De quoi te mêles-tu ?

- Pardonnez-moi de ne pas faire confiance au Ministère pour placer les orphelins dans les familles les plus aimantes, répondit-il avec froideur.

Ce qu'il y a de pénible avec Potter, c'est que lorsqu'il évoque sa vie, on a l'impression de parcourir un audit sur les dysfonctionnements du monde magique en général et du ministère de la Magie en particulier. D'ailleurs, renonçant à défendre l'indéfendable, Shacklebolt demanda :

- Tu es certain de faire mieux, toi ?

- Au pire, je les prendrai chez moi, affirma mon coéquipier.

Effaré par la légèreté avec laquelle il prenait ce genre d'engagement, je me laissai tomber dans un des fauteuils destinés aux visiteurs du commandant. Ce dernier demanda doucement :

- Tu ne crois pas que tu devrais en discuter avec Ginny ?

- Si, bien sûr… Je… Mais je sais qu'elle comprendra, affirma-t-il, un soupçon moins sûr de lui quand même.

- Je te donne vingt-quatre heures pour me proposer une solution correcte, accorda Kingsley. Ensuite je transmets mon procès-verbal et je te laisse te débrouiller avec les services concernés. Par contre, je veux votre rapport, dans une heure, sur mon bureau. Et n'oubliez rien. Si je dois répondre de vos actes devant le Ministre, je veux savoir à quoi je m'engage !

- Merci Commandant, dit humblement Potter

- Ne me le fais pas regretter, Harry, répliqua ce dernier.

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Quand je suis allé lui porter notre rapport, après avoir renvoyé Potter chez lui, Shacklebolt m'a demandé :

- Tu en as pensé quoi, toi, de ces McCormack ?

- Bof, Sangs-purs traditionalistes.

- Les petits seraient si mal, là-bas ?

- Mmh… même dans l'hypothèse où ils arriveraient à faire abstraction que les parents des gosses sont respectivement cracmol et moldue, cela se passerait mal si l'un des gamins n'était pas sorcier. Moi non plus je ne préconise pas cette solution.

- Il y a peut-être d'autres membres de la famille qui sont un peu plus tolérants, espéra le commandant.

- Peut-être, je ne suis pas spécialiste en généalogie.

- Je devrais en parler à Molly Weasley. Elle est incollable sur les liens qui unissent les grandes familles et connaît beaucoup de gens. Elle…

Le commandant s'interrompit et me lança un regard pénétrant.

- Elle a peut-être déjà été saisie du problème, conjectura-t-il.

- Qui sait ? répondis-je, ravi qu'il ait trouvé tout seul sans que je n'ai eu à trahir la confiance de mon partenaire.

- Si Potter a la mère du ministre dans son camp, je comprends qu'il ne s'en fasse pas trop, ricana Kingsley.

- Finalement, tout cela reste une affaire de famille, conclus-je.

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Je rentrai chez moi assez tôt pour jouer avec mon fils Duncan, avant que Christina ne le couche. Tout en le faisant sauter dans mes bras, le faisant rire aux éclats, je me demandai ce qui se passerait s'il s'avérait cracmol, finalement. Mes parents continueraient-ils à le considérer comme leur petit-fils ? Nul doute que ce serait un rude coup pour mon père de savoir que le seul de ses petits-enfants portant son nom n'irait pas à Poudlard. De mon côté, je savais que j'aimerais toujours mon fils, même s'il n'était pas sorcier, mais je me demandai si j'arriverais à ne jamais laisser transparaître mes regrets.

Finalement, ma Moldue préférée vint reprendre sa progéniture, me reprochant une fois de plus de l'avoir excité juste avant qu'elle ne le mette au lit. Je souhaitai une bonne nuit à mon fils avant de le rendre à sa mère puis, tout en préparant notre repas, j'écoutais les bruits familiers qui accompagnaient le rituel nocturne. Fermeture des persiennes dans la chambre du petit, protestations traditionnelles de l'intéressé alors que sa mère le déposait dans son lit à barreaux après un dernier câlin, et berceuses doucement fredonnées par Christina. Quand elle entonna Twinkle, Twinkle Little Star, je sus qu'il était temps de dresser la table, à Lavender's Blue, je servis les entrées et à Baa, Baa Black Sheep, je m'assis pour l'attendre.



Quand elle me rejoignit, elle s'enquit de l'avancement de mon enquête. Je lui en racontai les derniers rebondissements et, de manière parfaitement prévisible, elle donna entièrement raison à mon partenaire.

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Le lendemain, on nous assigna une nouvelle mission qui, je le notai, nous confinait à la Ruche, signe que le commandant voulait nous garder sous la main. D'ailleurs vers dix-sept heures, il vint vers nous :

- Le ministre me demande de venir lui rendre compte du dossier Smith. Vous venez avec moi, nous ordonna-t-il en nous entraînant vers la sortie.

- Ces pauvres gamins ne sont quand même pas une affaire d'état ! s'étonna Potter évitant de peu une note de service qui voletait dans le couloir.

- Les McCormack craignent pour leur réputation ? demandai-je au commandant.

- C'est l'hypothèse la plus probable, fit-il remarquer.

- Il fallait y penser avant de rejeter leur fils et clamer ne pas vouloir entendre parler de leurs petits-enfants, commenta aigrement Potter.

- Eh bien, je te laisse expliquer tout cela de vive voix à ton beau-frère, statua Shacklebolt en s'engouffrant dans l'ascenseur.

En arrivant à l'étage du bureau ministériel, Potter demanda :

- Ils sont si importants que ça pour Percy, ces McCormack ?

- Enfin, Potter, ne me dit pas que tu ne sais pas qui ils sont ! m'écriai-je avant de me rappeler qu'il avait été élevé hors du monde sorcier et que sa vie sociale était des plus limitée. Cette famille possède une fabrique de balais de luxe. Ton Eclair de feu et le Foudre de guerre de ta femme viennent de chez eux, précisai-je, me demandant s'il aurait toujours autant de plaisir à jouer au Quidditch. Ils ont aussi des intérêts dans la fabrication de la poudre de cheminette. Côté politique, ils comptent dans leur famille un juge du Magenmagot et l'actuel chef des Affaires intérieures. Autant dire que le ministre n'a pas envie de s'attirer leur ressentiment.

- Eh bien, il n'a pas intérêt à attirer le mien ! rétorqua le Survivant d'une voix coupante.

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Le secrétaire du ministre nous introduit avec un respect et un empressement que nous devions sans doute davantage à la présence du Survivant qu'à celle du commandant des Aurors. Percy Weasley prit d'un coup d'œil la mesure de notre trio et demanda, en regardant plus spécifiquement Potter :

- Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi mon chef des Affaires intérieures s'inquiète au sujet d'un dossier qui vous a été confié ?

Mon partenaire entreprit d'éclairer sa lanterne en résumant les démarches que nous avions entreprises la semaine passée. Quand il aborda l'épisode chez les McCormack, bien qu'il parvint à contenir l'émoi que lui avait causé la scène, le mépris et la colère que lui inspiraient les parents de notre John Smith furent nettement perceptibles. Ensuite, il aborda notre intervention à l'hôpital moldu et conclut en affirmant que tout avait été réglé, selon la procédure prévue en ce cas.

Quand il fut évident que Potter avait terminé son récit et qu'il n'avait pas l'intention d'en dire davantage, le Ministre déclara d'une voix neutre.

- Je vous félicite, Messieurs, pour cette enquête si rondement menée. Où sont les enfants Smith, maintenant ?

- Je préfère ne pas te le dire, répondit platement mon partenaire.

Je me renversai sur mon siège, curieux de voir comment l'éminemment politique Weasley allait s'y prendre avec le terriblement buté Potter, auquel il se trouvait non seulement lié par des liens familiaux, mais à qui il devait aussi son élection au plus haut poste de la hiérarchie sorcière.

- Je comprends tes craintes et je t'assure que j'ai à cœur le bonheur de ces petits, affirma-t-il diplomatiquement. Examinons ensemble ce que l'on peut faire pour eux, veux-tu ? Tu conviendras avec moi qu'ils ne peuvent rester du côté moldu, vu l'ampleur de la magie incontrôlée dont ils ont été l'origine. Nous sommes d'accord ?

Potter ne put qu'opiner.

- Nous n'avons pas de structures organisées pour prendre soin de nos orphelins car les familles sorcières sont toutes plus ou moins apparentées et qu'il y a toujours de lointains cousins pour accueillir les enfants se retrouvant prématurément privés de leurs parents. Nous trouverons sans doute rapidement un foyer pour tes protégés.

- Je ne suis pas certains que leurs plus proches parents auront à cœur de leur trouver un endroit leur convenant, opposa mon partenaire. Tout ce qu'ils voudront, c'est les éloigner le plus possible et ne plus entendre parler d'eux. Je ne veux pas qu'ils soient envoyés à l'étranger ou imposés à des personnes qui ne les aimeront pas.

- Et tu penses connaître des personnes qui correspondront mieux à tes critères de sélection ? s'enquit le ministre.

- Je trouverai, assura Potter.

Weasley regarda un moment son beau-frère comme s'il réfléchissait aux options qui s'offraient à lui.

- Eh bien, pourquoi pas, finit-il par décider. Je te laisse leur trouver toi-même un foyer. Par contre, j'aurais une toute petite condition.

- Laquelle ? demanda prudemment Potter, mais je pouvais lire dans son regard son soulagement d'avoir emporté la partie si facilement.

- Ces enfants resteront sous le nom de Smith et la véritable identité de leur père ne leur sera jamais révélée, pas plus qu'à leurs futurs parents adoptifs. Ce n'est pas grand-chose, n'est-ce pas ? D'ailleurs, c'est dans leur intérêt : changer de nom ne pourrait que les perturber.

Potter réfléchit à son tour et commenta avec rancoeur :

- Et comme ça les McCormack pourront dormir sur leurs deux oreilles. Personne ne pourra venir leur reprocher de s'être conduit inhumainement.

- Ce n'est pas à toi que je vais apprendre qu'on ne peut pas tout avoir, lui rétorqua Weasley. Je te laisse carte blanche pour t'occuper de tes orphelins et, moi, je me charge de leur véritable famille. Cela me semble équitable.

- C'est d'accord, lâcha Potter. Mais moi aussi j'ai une condition, contre-attaqua-t-il. Que tu ne dises pas aux McCormack qu'ils s'appellent Smith. Tu ne leur as pas déjà dit, au moins, demanda-t-il, pris d’un doute.

- Je n'ai pas pour habitude de révéler les lambeaux d'information que j'ai sur une affaire dont je ne connais pas parfaitement les tenants et les aboutissants, lui fit sèchement remarquer le ministre. Ils ne savent rien et je m'engage à ne pas le leur apprendre, ajouta-t-il après une légère pause.

Il tendit la main au-dessus de son bureau et Potter se leva pour la serrer, concluant ainsi leur accord.

- Une dernière chose, Harry, reprit, Weasley, Pour pouvoir dire à cette famille que je contrôle personnellement cette affaire, il faut que je sache où se trouvent les enfants et que je m'assure qu'ils ne risquent pas de causer d'autres ennuis.

- Tu ne me fais pas confiance ! s'insurgea mon partenaire.

- Je te fais confiance mais actuellement, tu es là, et non pas en train de t'occuper d'eux. J'ai dit que je confiais ces enfants et leur avenir à toi, pas à une autre personne que je ne connais peut-être pas.

- Tu la connais, affirma mon partenaire.

- Tu les as confiés à quelqu'un de la famille ? continua opiniâtrement Weasley.

- Peut-être !

- Ils sont chez toi ? Je croyais que Ginny était partie quelques jours en Ecosse pour… Ne me dis pas que tu les as confiés à ma mère !

- Et pourquoi pas ?

- Parce qu'elle passe la journée chez moi cette semaine, s'écria furieusement Percy. Non mais tu te rends compte de la situation dans laquelle tu aurais pu me mettre ?

Potter haussa les épaules, pas spécialement enclin à s'émouvoir des problèmes d'image de Percy :

- "Le ministre accueille chez lui de malheureux orphelins", récita mon partenaire comme s'il déclamait la une d'un journal. Cela pourrait être pire, non ?

- Disons que je n'aurais pas aimé l'apprendre par la Gazette, protesta Weasley d'un ton pincé.

Fort amusé par cette idée, je tentai de rester impassible en me concentrant sur la photo agrandie qui trônait derrière le ministre, le représentant posant en robe rouge, vêtement traditionnellement porté par les hommes le jour de leurs noces, à côté d'un Potter plus jeune à l'air emprunté.

- Enfin, je suppose que je dois me réjouir de réellement pouvoir suivre cette affaire de près, soupira-t-il, ayant visiblement décidé de tirer avantage de la situation. Je n'aurai qu'à demander à ma mère de me tenir au courant.

Ensuite, Weasley nous reconduisit dans son antichambre avec une aisance consommée et nous nous retrouvâmes dehors avant de comprendre ce qui nous arrivait.

Alors que nous reprenions le chemin du QG des Aurors, je regardai du côté de Shacklebolt, pour savoir ce qu'il pensait de cette entrevue dans laquelle il avait, comme moi, joué le rôle de potiche. Le commandant restait impénétrable, peut-être soulagé d'avoir été tenu en dehors de ce délicat marchandage.

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Le soir, j'en parlai à Christina. Elle n'eut pas l'air de trouver notre solution aussi bonne que cela :

- Vous n'avez pas le droit de cacher leur véritable ascendance à ces enfants, s'exclama-t-elle. En grandissant, ils auront besoin de savoir qui étaient leurs parents et d'où ils venaient !

- Enfin, leur garantir une famille d'adoption convenable me paraît plus important, rétorquai-je.

- Je sais que tu as des relations difficiles avec ton père mais, inconsciemment, je t'assure que tu te réfères beaucoup à ta famille et à leurs valeurs. Même si c'est pour en rejeter certaines.

Je ne me sentais pas très convaincu. La psychologie moldue, dont ma femme faisait grand cas, ne m'avait jamais parue comme très sérieuse ni très fondée. Un peu comme la divination.

- On a bien le temps de voir, haussai-je les épaules. Et puis je t'assure, qu'il y a des familles qu'il vaut mieux ne pas connaître.

- Même s'ils n'en ont pas conscience, ces enfants savent sûrement que leur père cachait quelque chose. Et ils en souffriront.

Parfaitement incapable de soutenir une discussion sur ce sujet, je préférai rester dans le domaine du concret :

- De toute façon, lui affirmai-je, nous n'avons pas vraiment eu le choix. Entre Potter qui se croit le seul à pouvoir faire le bonheur de ces gosses et Weasley qui ne veut pas perdre le soutien d'une famille influente, la marge de manœuvre était étroite. Et puis, si en grandissant les petits Smith veulent enquêter sur leur père, rien ne les en empêchera. Si on a trouvé, ils trouveront.

Cela parut la contenter et elle entreprit de me raconter les derniers exploits de notre fils.

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Le lendemain, nous nous attelâmes à une autre enquête et je n'eus pas l'occasion de demander à mon partenaire s'il avait trouvé preneur pour ses gamins et puis j'oubliai un peu cette histoire. Ce ne fut que deux mois plus tard, que Potter m'en reparla de lui même :

- Ma belle-mère a rencontré la semaine dernière une de ses connaissances, dont le petit dernier vient d'entrer à Poudlard, m'apprit-il. La personne semblait très triste de se retrouver sans enfant à demeure et Molly lui a parlé de Sally et David. L'amie de Molly et son mari et ont accepté de prendre les deux petits chez eux, à l'essai pour commencer. Pour le moment, tout se passe bien. J'espère que cela va continuer.

- C'est une bonne nouvelle, commentai-je.

- Oui, d'autant sur le mari est Moldu et que si l'un des enfants n'est pas sorcier, cela ne sera pas un problème, renchérit Potter.

Il baissa la tête et rajouta, un peu tristement :

- Bien sûr, cela ne remplacera jamais leurs parents, mais c'est le mieux qu'on pouvait faire pour eux, non ?

- Ils ont eu de la chance d'être tombés sur toi, lui assurai-je.

Il soupira et je me demandais s'il pensait aux deux gamins ou à sa propre enfance, qui avait dramatiquement manqué d'adultes attentifs.

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Potter ne me reparla pas des enfants, et j'en conclus qu'ils étaient restés dans leur seconde famille. Plus tard, je me demandai une fois ou deux si les petits Smith avaient tenté d'en savoir davantage sur leur père et avaient découvert qu'il était issu d'une famille sorcière connue. Quoiqu'il en soit, même ma sœur, qui est très friande de ragots, ne me rapporta jamais de rumeurs attribuant des descendants cachés aux McCormack.

C'était mieux ainsi. Il valait mieux pour tout le monde qu'ils ne se rencontrent pas. Quoiqu'en pense mon épouse, quand on a la chance de ne pas avoir à supporter les personnes infréquentables de sa famille, il n'y a pas lieu de le regretter. Je supposai que la situation ne devait pas être très confortable pour les grands-parents dénaturés, qui devaient toujours craindre que leur petit secret de famille soit un jour connu de tous.

Comme quoi il y a parfois une sorte de justice, dans ce bas monde !

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