Summary:
Pétunia Evans, treize ans, prend sa plume pour réparer une injustice commise deux ans auparavant. Alors que sa soeur s'apprête à rejoindre Poudlard, une prestigieuse école de magie, elle n'est pas invitée à faire partie du voyage. Scandalisée, elle décide d'écrire au directeur de l'école pour faire valoir ses droits.
Crédit image : Warner Bros
Categories: Biographies,
Enfances Characters: Albus Dumbledore, Lily Evans, Pétunia Evans
Genres: Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Pétales de Tunie
Chapters: 4
Completed: Oui
Word count: 4083
Read: 2839
Published: 04/06/2015
Updated: 17/06/2015
1. L'oubliée by Seonne
2. Refus by Seonne
3. Second recours by Seonne
4. Un tournant dans sa vie by Seonne
Author's Notes:
Voilà une nouvelle fic qui ne sera pas très longue sur une correspondance entre le célèbre Albus Dumbledore et la petite Pétunia Evans, qui rêve de devenir une sorcière.
En espérant que ça plaira !
« Cher Professeur Dumbledore,
Je m'appelle Pétunia Evans. Peut-être que vous le savez déjà, mais je vous le dis quand même : je suis la sœur de Lily Evans. Ma sœur a eu onze ans cette année, et un professeur de votre école est passé à la maison pour lui dire qu'elle est une sorcière, et qu'elle va aller étudier la magie à Poudlard en septembre prochain. Mais ça, vous le savez déjà.
En réalité, je ne vous écris pas à propos de Lily, mais à propos de moi. Parce que, si ma sœur va dans votre école, pourquoi est ce que je n'y vais pas aussi ? J'ai eu treize ans cette année, et il y a deux ans, vous avez dû m'oublier car je n'ai pas reçu ma lettre pour aller dans votre école ! Je suis certaine qu'il s'agit d'une erreur, et je ne suis pas vraiment fâchée, car vous devez avoir beaucoup de travail. Mais j'aimerais tout de même que vous corrigiez cela, parce que si Lily doit venir, je dois venir aussi, n'est ce pas ?
Mes parents n'ont pas pu vous faire part de cette erreur, car ils sont ce que vous appelez des « Moldus ». Vous savez, je me suis bien renseignée sur votre monde, et je suis d'autant plus pressée de le rejoindre ! Tout a l'air si intéressant !
J'espère une rapide réponse de votre part.
Avec mes salutations distinguées,
Votre future nouvelle élève Pétunia Evans »
Pétunia contempla la lettre qu'elle venait d'écrire. Elle trouvait le ton qu'elle y prenait un peu audacieux ; qu'importe, il fallait bien qu'ils rectifient leur erreur ! Elle avait été oubliée parmi les élèves de première année deux ans auparavant, c'était évident. Après tout, comment se pouvait-il que Lily soit une sorcière si elle-même n'en était pas une ? Lily était la cadette, Pétunia était le modèle. Il n’était tout simplement pas pensable que sa petite sœur possède des capacités qu'elle même n'avait pas.
Elle rangea la lettre dans une enveloppe qu'elle avait acheté la veille. Elle attrapa son stylo à plume et prit grand soin de s'appliquer lorsqu'elle écrivit le nom du destinataire, « Albus Dumbledore ». Elle se dit qu'elle était décidément très intelligente : lorsque le petit sorcier était venu voir Lily pour lui donner sa lettre et lui expliquer le fonctionnement de leur monde, Pétunia avait tout écouté. C'est ainsi qu'elle avait su qu'il lui suffisait d'écrire le nom du destinataire sur l'enveloppe, car les hiboux savaient trouver tous seuls ceux à qui ils devaient livrer le courrier. Elle se dit que c'était aussi une chance que Lily se soit acheté une chouette la semaine précédente lorsqu'elle était allé faire ses courses de rentrée.
Pétunia descendit les marches de l'escalier sans faire de bruit et entra discrètement dans la chambre de Lily. Elle ne voulait pas que sa sœur ou ses parents sachent ce qu'elle faisait. Aucun ne semblait avoir fait la déduction logique qui s'était imposée à elle quand Lily avait reçu sa lettre – comprendre qu'elle aussi était une sorcière ! Elle était passablement frustrée d'être tenue à l'écart ainsi : depuis que ce fichu sorcier était venu, il n'y en avait que pour Lily ! Pétunia n'avait même pas eu le droit d'assister à toute l'entrevue, au nom d'un prétendu « code du secret magique ».
Alors elle voulait leur faire la surprise. Elle imaginait déjà la fierté de ses parents, la joie de Lily, et leurs excuses pour ne pas avoir compris qu'elle aussi, était une sorcière. Elle se voyait déjà brandissant une baguette magique, exécutant les plus puissants sortilèges.
Discrètement, elle ouvrit la cage de la chouette de Lily. Avec un ruban, elle attacha la lettre à l'une de ses pattes. Le petit sorcier avait dit d'utiliser un bout de ficelle, mais elle voulait que sa lettre ait l'air soigné ; elle n'était tout de même pas n'importe qui. Elle voulait que sa lettre se distingue des autres.
Malgré les difficultés, elle finit par réussir à extraire l'animal de sa cage. Avant de libérer la chouette, elle se pencha vers sa tête et murmura :
- Vas trouver Albus Dumbledore pour moi, c'est important. Je te fais confiance petit oiseau, ne me déçois pas !
Puis elle relâcha son étreinte et laissa l'oiseau s'envoler. Elle ne put empêcher un sourire de se dessiner sur ses lèvres. En septembre, elle aussi étudierait la magie. Le cœur léger, elle quitta la chambre de sa sœur et retourna dans la sienne avant que cette dernière ne rentre. Lily était encore sortie jouer avec le fils Rogue, un petit garçon très bizarre aux cheveux gras qui portait toujours des vêtements étranges. Pétunia espéra que tous les sorciers ne soient pas comme lui.
End Notes:
Voilà, que vous ayez aimé ou non, penser à commenter pour me donner votre avis ! Toute critique est la bienvenue.
Author's Notes:
La réponse de Dumbledore. Mais surtout la réaction de Pétunia !
La chouette rentra à la maison le surlendemain. Lily n'était pas là, elle était encore à l'école à cette heure ci. Pétunia était toute seule chez elle, elle s'occupa donc de la réception de sa lettre.
La chouette se posa sur le rebord de la fenêtre de sa chambre et tapa avec son bec contre le carreau. Surexcitée, elle s'empressa d'ouvrir la fenêtre. Une enveloppe de parchemin était accrochée à la patte de l'oiseau. La jeune fille s'empressa de la détacher, la posa sur son bureau et courut remettre l'animal dans sa cage. Lorsqu'elle eut remonté les escaliers, essoufflée, elle s'assit sur sa chaise et prit l'enveloppe dans ses mains. Ecrit à l'encre turquoise, son nom semblait scintiller sur le parchemin jauni. « Pétunia Evans ».
Ne pouvant contenir son excitation, elle retourna l'enveloppe pour la décacheter. Elle passa lentement son doigt sur le sceau, représentant un aigle, un serpent, un lion et un blaireau entourant la lettre « P ». N'y tenant plus, elle déchira le haut de l'enveloppe à l'aide de son couteau suisse. Les mains tremblantes, elle saisit la lettre. Le ventre plein de papillons, elle entreprit de lire le parchemin, couverts de d'une écriture droite et élégante.
« Ma chère Pétunia,
Je peux comprendre votre surprise à l'idée que votre sœur soit une sorcière, et la pensée que vous vous faites d'en être une aussi. Cependant, j'ai bien peur que tout cela ne soit un malentendu. Je vous jure avoir relu plusieurs fois la liste des sorciers nés dans des familles de Moldus l'année de votre naissance, mais votre nom n'y figure pas. Je suis navré de vous le dire ainsi, mais bien que votre sœur soit une sorcière, vous n'en n'êtes pas une.
Sachez bien que ce genre d’événement est assez courant. Il est même très rare que deux frères et sœurs nés de parents Moldus soient tous deux sorciers. Je comprends votre déception, mais n'étant pas une sorcière, vous ne pourrez malheureusement pas intégrer notre école en septembre prochain avec votre sœur.
N'oubliez jamais que, même si vous ne pouvez pas faire de magie, vous possédez sûrement bien d'autres qualités qui ont, à mes yeux comme à ceux de beaucoup d'autres, bien plus d'importance que le don de votre sœur.
Avec mes plus sincères excuses et ma compassion,
Albus Dumbledore »
Incrédule, Pétunia relut la lettre deux fois pour être sûre d'avoir bien compris. Ce pouvait-il qu'il y ait eu une erreur de destinataire ? Non, son nom était écrit en faut de la lettre. Alors comment était ce possible ? Elle n'était pas une sorcière ? Mais pourtant, cela lui semblait si logique...
Elle songea à toutes ces choses étranges qui arrivaient à Lily depuis leur enfance. Rien ne lui était jamais arrivé de semblable. Elle s'était dit que c'était sûrement dû au fait qu'elle savait mieux se contenir que Lily. Mais si elle n'était pas une sorcière... Non, c'était impossible ! Comment Lily aurait-elle pu posséder un don pareil si elle en était dépourvue ? Elle ne méprisait pas sa sœur, mais cela lui semblait tellement... injuste. Ils n'avaient pas le droit de la rejeter ainsi s'ils acceptaient sa sœur parmi eux ! Comment les sorciers auraient-ils pu être si fourbes ?
La jalousie se répandit en elle comme un poison. Elle ne put empêcher des larmes de dépit couler sur ses joues. Avait-il raison ? Sûrement, lui soufflait une petite voix intérieure perfide. S'il lui disait qu'elle n'était pas une sorcière, c'est qu'elle n'en était sûrement pas une. Alors, devait-elle baisser les bras ? Abandonner, accepter de rester sur le carreau tandis que sa sœur deviendrait une magicienne ? Elle éclata en sanglots, de rage, de dépit, de tristesse aussi, et de jalousie, évidemment. Elle ne parvenait plus à retenir ses larmes, ni à calmer sa respiration saccadée.
Elle se leva brusquement, et jeta la lettre par terre. Non ! Non ! C'était impossible ! Elle tapa des pieds ; cria comme une folle, longtemps, prête à percer les tympans de ses voisins ; pleura toutes les larmes de son corps jusqu'à se sentir desséchée, jusqu'à sentir ses yeux gonflés ; puis s'écroula par terre, épuisée par cette crise de nerfs. Elle devait se ressaisir ; elle n'était pas folle ! Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Elle se dit qu'elle devait ressembler à une enfant, une de ses gamines qui jouaient la comédie dès que quelque chose n'allait pas comme elles le voulaient.
Mais c'était ce qu'elle était en train de faire. Lentement, la colère redescendit, laissant plus ample part à son malheur. Sa tristesse. Elle avait l'impression qu'un gouffre s'ouvrait en elle. Non ! Elle refusait de céder, de désespérer ainsi ! Elle se remit brutalement debout, inspira de toutes ses forces pour calmer ses sanglots. Elle se moucha et essuya ses yeux rougis. Elle laissa remonter en elle se flux de colère, d'indignation, cette force qui empêcherait ce vieux fou d'avoir raison.
Non ! Elle refusait d'être rejetée comme cela ! Pourquoi sa sœur aurait-elle le droit d'apprendre la magie et pas elle ? Peut-être n'avait-elle pas de capacités innées, mais comme sa mère disait souvent, « tout s'acquiert en travaillant ». Oui, elle allait écrire de nouveau à ce soi-disant directeur de génie, et lui expliquer qu'avec des efforts, elle parviendrait à devenir une aussi brillante sorcière que n'importe lequel de ses brillants élèves.
End Notes:
Oui bon d'accord, c'est vraiment très court... Mais c'est tout pour aujourd'hui. Si vous en avez envie, vous pouvez me donner votre avis !
Author's Notes:
La suite de cette petite fic sur Pétunia.
Malgré sa détermination, des larmes remontèrent dans ses yeux. Pétunia sanglota de longues minutes, fulminant du refus qu'elle avait essuyé. Elle se surprit à penser qu'elle détestait cet Albus Dumbledore, dont elle avait lu avec admiration le nom dans les livres de magie de sa sœur. Il lui avait semblé qu'il était un brillant sorcier, et il n'était même pas capable de lui reconnaître le droit d'étudier ! Elle n'avait peut-être pas de magie dans le sang comme Lily, mais elle était sûre de pouvoir rattraper son « retard » en persévérant. Il en avait toujours été ainsi.
Une fois qu'elle se fut enfin calmée, elle s'assit calmement face à son bureau, récupéra une feuille blanche dans un de ses tiroirs et attrapa son stylo. Droite face au papier, elle prit une longue inspiration en fermant les yeux et expira lentement. Puis, l'esprit clair, elle commença à coucher les mots sur le papier. Après avoir finit son brouillon quelque peu raturé, elle recopia au propre la lettre qu'elle souhaitait envoyer au directeur de Poudlard.
« Monsieur le directeur de Poudlard,
Je réponds à votre lettre. Vous dîtes que vous ne pouvez pas m'accepter, parce que je ne suis pas une sorcière comme Lily. Mais je pense que je peux quand même venir avec elle dans votre école, n'est ce pas ? Vous ne le savez pas, mais j'ai toujours de très bonnes notes à l'école, et je suis une excellente élève d'après mes professeurs. Alors, je suis sûre de pouvoir avoir quand même le même niveau que les autres, n'est ce pas ? Si je travaille bien, je pourrai rattraper mon retard !
Vous dîtes que je ne suis pas une sorcière, je suppose que c'est parce que je ne fais pas de magie sans me contrôler. Mais je suis sûre qu'avec beaucoup de concentration, je serai autant capable que les autres de faire de la magie ! Ça ne doit pas être si compliqué de prononcer des formules magiques en agitant une baguette, non ? Je suis sûre qu'avec beaucoup de détermination, je peux être aussi bonne – voire pourquoi pas meilleure – que les autres. Vous ne pouvez pas le savoir, mais j'ai beaucoup de volonté, et si je veux vraiment arriver à faire quelque chose – et c'est le cas – rien ne peut m'en empêcher !
Ma réponse doit vous surprendre un peu, et vous paraître audacieuse, voire irrespectueuse peut-être (et je m'en excuse), mais je suis absolument certaine d'arriver à avoir le même niveau que les autres. Et si Lily est une sorcière, je dois l'être un peu aussi, non ? Peut-être que mes dons ne sont juste pas assez prononcés pour que vous les perceviez lors de votre « recensement des jeunes sorciers », voilà tout.
Voilà pourquoi je vous demande de nouveau de m'accepter dans votre école. J'espère que ma lettre vous aura fait comprendre pourquoi il s'agit du meilleur choix que vous puissiez faire me concernant.
J'attends maintenant votre réponse, qui, j'ose l'espérer, sera favorable à mon entrée à Poudlard.
Pétunia Evans »
Comme elle l'avait fait pour sa première lettre, Pétunia chargea la chouette de Lily de livrer son courrier. Cette dernière fut d'ailleurs surprise que sa chouette ne soit toujours pas rentrée après plusieurs jours d’absence. Mais quand Pétunia affirma que c'était normal, elle la cru sur parole. Pétunia était l'aînée, la grande, et elle avait toujours appris à sa sœur à la respecter, et à ne pas mettre en doute sa parole.
Les jours qui suivirent l'envoi de la seconde lettre, Pétunia se montra de plus en plus froide et distante avec sa famille, en particulier sa sœur. Lily était la personne la plus proche d'elle à qui elle pouvait attribuer le rejet dont elle était victime. Pétunia s'enfermait pendant des heures dans sa chambre, s'efforçant d'apprendre par cœur les manuels de Lily. Peut-être le vieux directeur pouvait-il la voir ? Ainsi, il saurait tous les efforts qu'elle faisait et n'aurait pas d'autre choix que de l'accepter dans son école, elle en était certaine.
Mais malgré la conviction en ce qu'elle affirmait dont elle avait fait preuve face à la réponse de Dumbledore, en réalité, Pétunia commençait à douter. A douter qu'elle soit une sorcière. A douter d'avoir en elle la moindre petite étincelle de magie. A douter de pouvoir étudier à Poudlard. Et ses doutes lui tordaient l'estomac, lui torturaient l'esprit, l'empêchaient de dormir. Elle ne supportait pas l'idée de voir ses espoirs déçus. Elle ne supportait pas l'idée de rester une élève de son collège de quartier alors que Lily, la petite Lily, sa cadette, allait étudier dans une prestigieuse école de sorcellerie.
Non, tout cela était impossible, il y avait forcement une erreur. Et pourtant...
End Notes:
Un chapitre toujours très court, qu'il vous ait déplu ou non, n'hésitez pas à commenter. Il peut paraître étrange, mais pour moi, Pétunia ne peut pas simplment se résigner d'un coup à abandonner ses rêves de magie.
Un tournant dans sa vie by Seonne
Author's Notes:
Voilà le dernier chapitre de cette fic. Il est beaucoup plus long que les autres, mais je ne pouvais pas faire plus court. J'espère qu'il vous plaiera.
Trois jours. Il lui fallu attendre trois jours avant de recevoir sa réponse. Trois longues journées durant lesquelles Pétunia ne songeait qu'à cette fichue école de magie. Elle semblait distante, effacée. Comme enfermée dans un autre monde, une bulle qui n'appartenait qu'à elle, où personne ne pouvait la rejoindre... Et personne ne manqua de le remarquer. Ses professeurs critiquèrent son inattention, ses parents s'inquiétèrent de son mutisme. Et Lily restait perplexe et attristée par la froideur dont sa sœur faisait preuve envers elle. Elle se comportait comme une poupée de glace, inaccessible, se mettant à part des autres. Entourée, mais seule.
Tous les soirs en rentrant de l'école, Pétunia s'asseyait à la fenêtre, guettant le retour de la chouette. Elle restait là des heures, contemplant les nuages gris qui s’amoncelaient dans le ciel. Perdue dans ses pensées. Perdue dans ses doutes, perdue dans ses certitudes. Elle n'arrivait plus à les distinguer. Tout se mélangeait, et elle sombrait dans une sorte de léthargie qu'elle ne parvenait pas à combattre.
La nuit, quand le ciel devenait plus noir que de l'encre, il ne lui servait plus à rien d'attendre de voir apparaître la chouette dans le ciel, car elle n'aurait pas pu la voir. Alors, cachée sous sa couverture, elle lisait les livres de magie de Lily. Elle lisait jusqu'à l'épuisement. Jusqu'à ce que ses yeux se ferment d'eux-même, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus les rouvrir. Cela pouvait-il l'aider ? Elle n'en savait rien. Pour l'une des premières fois de sa vie, Pétunia Evans doutait. Elle doutait des certitudes qu'elle avait eu. Plus rien ne lui semblait sûr.
Chaque seconde d'attente lui semblait être une torture. Elle n'en pouvait plus. Un chaud après midi, elle aperçut soudain la chouette au milieu du ciel pluvieux. Malgré le déluge qui s’abattait sur le jardin, elle courut l'accueillir, pour empêcher Lily d'intercepter la lettre. Pour une fois, elle n'était pas sortie jouer avec son ami Rogue. Les cheveux dégoulinants et les pieds couverts de boue, elle se cacha dans le garage pour ne pas être dérangée. Elle décrocha l'enveloppe de parchemin imbibée d'eau, et la posa provisoirement sur une caisse de bois le temps de rapporter la chouette à Lily. Pas la peine de s'encombrer de l'oiseau durant sa lecture.
Elle déchaussa ses bottes de pluie et monta discrètement à l'étage pour que ses parents ne voient pas qu'elle était trempée. Elle ne voulait pas qu'ils la croient irresponsable. Elle frappa doucement à la porte de Lily. Celle-ci lui ouvrit, surprise et heureuse que sa sœur vienne la voir. Quand elle aperçu Pétunia, un sourire fendit son visage rayonnant. Etait-ce enfin la fin de cette période où Tunie ne lui adressait plus la parole ?
- Tunie ! dit-elle avec un grand sourire. Tu viens jouer avec moi ? Mais pourquoi tu es toute mouillée ?
Pour toute réponse, Pétunia lui présenta l'oiseau. Lorsque Lily l'eut récupéré, elle tourna les talons et retourna au garage, sous la mine déconfite de sa cadette. Mais Pétunia ne se préoccupait pas le moins du monde de faire plaisir ou non à sa sœur en cet instant, tout ce qui comptait était la lettre qui l'attendait en bas, en train de sécher. Sans la moindre méchanceté, elle n'avait réellement pas eu une pensée pour Lily. Comme si celle ci avait été un fantôme.
Elle récupéra en passant le sèche-cheveux dans la salle de bain, afin d’accélérer le séchage de son courrier. Les sorciers avaient sûrement des sortilèges pour ça, se dit-elle. Et elle espéra intérieurement, sans se l'avouer réellement, pouvoir les apprendre un jour.
Arrivée dans le garage, elle brancha le sèche-cheveux et entreprit de rendre l'enveloppe possible à ouvrir. Une fois que la surface lui parut suffisamment sèche, elle la décacheta – elle portait le même sceau que la précédente, qu'elle soupçonnait d'être un emblème de l'école Poudlard.
Les mains frémissantes, elle sortit la lettre de son paquet. Elle sentit une sueur froide couler le long de sa nuque. Là, dans ses mains, se trouvait la réponse à ces trois jours d'attente. Trois jours, ce n'était pas long, mais sa vie allait basculer quelques minutes plus tard. Prendre un tournant décisif. Cependant, pour le moment, elle ne savait pas encore lequel. Angoissée, l'estomac noué, elle mit fin à ses craintes et ses espoirs en se forçant à lire.
«Miss Evans,
Je me vois dans l'obligation de répondre à votre second recours auprès de moi. Sachez tout de même qu'un autre directeur que moi ne l'aurait peut-être pas fait, considérant sa première réponse comme définitive. Mais je ne peux décemment pas vous laissez ainsi sans plus d'explication, car ma précédente lettre ne vous a visiblement pas permis de comprendre les raisons de mon refus de vous enseigner la magie.
Comprenez bien que je n'ai aucun mépris envers vous. Votre obstination, votre courage et votre conviction en ce que vous pensez sont admirables. Malheureusement, s'il y a une chose que je ne peux à mon plus grand malheur pas vous reconnaître, c'est d'être une sorcière. Miss Evans, vous n'êtes pas une sorcière et ne le serez jamais, et j'en suis navré. Voyez vous, on naît sorcier ou sorcière, mais on ne le devient pas. Il m'est absolument impossible de vous permettre d'apprendre et de maîtriser la magie – croyez bien que si je le pouvais, je le ferais.
Je sais qu'il est difficile de voir ses rêves brisés, surtout lorsque l'on s'est construit un futur basé dessus. Et il est encore plus dur pour vous de voir votre sœur devenir la sorcière que vous souhaiteriez être. Je comprends et compatis à votre douleur. Il n'y a rien de plus dur. Mais c'est en sachant renoncer que l'on grandit. Je pense pouvoir considérer que vous êtes assez mature pour le comprendre.
Je m'excuse de la déception que vous devez endurer, et vous envoies mon plus sincère soutien. N'oubliez pas de vous appuyez sur votre famille – dont votre sœur – qui est là pour vous soutenir. Je vous souhaite une bonne continuation, Miss Evans. Je suis certain que, même sans magie, vous arriverez à faire de grandes choses dans la vie.
Adieu Miss,
Albus Dumbledore »
Avant même qu'elle ne s'en rendre compte, ses larmes coulaient déjà sur ses joues. Elle sentait monter de longs sanglots, et parvint tout de même à les vaincre et les étouffer en elle. Non, elle ne céderait pas. Non, elle ne serait pas malheureuse. Hors de question de se laisser aller comme la fois précédente. Elle inspira, expira, inspira, expira. Jusqu'à être totalement calme. Puis elle entreprit de réfléchir, de raisonner avec logique. Se laisser submerger par les sentiments l'empêcherait d'y voir clair.
Elle n'était pas une sorcière. Soit. Malgré le pincement au cœur qu'elle ressentait, elle se força à accepter cette idée. Il n'existe qu'un remède contre la tristesse, qu'un seul moyen pour ne pas sombrer dans le gouffre du désespoir. La colère. Alors Pétunia laissa libre cours à son ressentiment. Non, elle n'était pas une sorcière. Mais qu'étaient les sorciers après tout ? Des humains anormaux, des humains faibles. Qui avaient besoin de recourir à la magie pour survivre, car ils étaient incapables de survenir eux-même à leurs besoin. Oui, c'était cela. Il n'y avait qu'à voir Lily par exemple. Elle avait toujours été sous sa protection. Elle aurait forcément besoin de quelque chose en plus pour se débrouiller seule. Et le fils Rogue, tiens. Il était incapable de la comprendre elle, il ne s'intéressait qu'à Lily. Et puis il était bizarre, incapable de s'habiller convenablement, et avait toujours les cheveux gras.
Et puis, la plupart des gens n'avaient pas de pouvoirs magiques, pas vrai ? Alors comment considérer qu'en avoir était un avantage ? Non, c'était forcement une tare. Une erreur de la nature. Voilà ce qu'étaient les sorciers, des erreurs. Des erreurs plus faibles que les autres, qui avaient besoin d'utiliser a magie pour s'en sortir. Comment avait-elle pu vouloir être une sorcière ? Elle rit jaune. Ce n'était sûrement pas pour rien qu'ils étaient brûlés au Moyen-Âge. Des êtres maléfiques. Les livres de Lily affirmaient le contraire, mais c'était normal se dit-elle. Ils n'allaient pas tendre le bâton pour se faire battre.
Et Lily dans tout ça... Elle faisait partie des leurs. Pétunia se sentait trahie. Sa propre sœur... Après tout, ce n'était pas vraiment de sa faute, elle avait une tare, c'était tout. Tant pis pour elle. Elle vivrait toujours reclus de la société, tandis qu'elle, Pétunia Evans, gravirait les échelons un à un vers le succès et la gloire. Elle deviendrait quelqu'un d’admirable, et Lily quelqu'un d’inconnu, de méprisable. Cela lui aurait presque fait de la peine pour elle. Presque.
Alors, seule dans son garage, la vie de Pétunia Evans avait effectivement prit un tournant décisif. On la condamnait à être quelqu'un de banal – alors elle considérait les autres comme anormaux. On la mettait à l'écart – alors elle s'éloignait volontairement de ceux qu'elle enviait, dans un coin de son cœur qu'elle venait de sceller. Sa jalousie la dévorait, mais lui permettait d'étouffer sa souffrance. Alors elle préférait détester les autres que de se forcer à avoir mal. Quitte à rendre sa sœur malheureuse. Quitte à gâcher, plus tard, onze ans de la vie de son neveu.
Peu lui importait. Elle ne les laisserait pas la détruire, elle ne les laisserait pas avoir raison d'elle ; elle ne les laisserait lui être supérieurs. Elle valait bien mieux qu'eux tous réunis. Elle s'en était elle-même convainque. Tant pis pour les autres, ils avaient tort.
Tant mieux pour elle. Elle ne regardait pas la vérité en face – cela lui importait peu. Elle conservait son orgueil quasiment intact. C'était l'essentiel pour elle. Elle ne se laisserait pas dévaloriser par une bande d'individus anormaux, détraqués.
End Notes:
Merci à ceux qui auront eu le courage de lire en entier. N'hésitez pas à me donner votre avis !
Disclaimer: All publicly recognizable characters and settings are the property of their respective owners. The original characters and plot are the property of the author. No money is being made from this work. No copyright infringement is intended.