Le Petit Prince by Yukiri
Summary:

Harry s'était porté volontaire pour le boire, pensant éviter à Neville un 17ème anniversaire catastrophique... Mais il ne l'aurait peut-être pas fait s'il avait su que le cheveu versé dans le Polynectar appartenait à cette personne.

Lorsqu'une simple blague dégénère et met en danger la couverture de Severus Rogue, espion de l'Ordre, on applique le proverbe "aux grands maux les grands moyens" , et, appareil photo en main, on regarde ce qu'il se passe. 

L'histoire se déroule au début de la sixième année scolaire de notre héros, celle dont il se serait bien passé. Car sachez que vous pouvez vous attendre à n'importe quoi... et que ce sera toujours pire.


Categories: Epoque de Harry, Snarry (Severus/Harry) Characters: Albus Dumbledore, Harry Potter, Le Trio, Severus Rogue
Genres: Comédie/Humour, Romance/Amour
Langue: Français
Warnings: Lemon soft
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 26 Completed: Non Word count: 155206 Read: 22356 Published: 13/02/2017 Updated: 25/08/2017

1. Prologue. by Yukiri

2. Chapitre 1 : La solution du métamorphe. by Yukiri

3. Chapitre 2 : Drôle de famille. by Yukiri

4. Chapitre 3 : Monsieur Harry ? by Yukiri

5. Chapitre 4 : Un bateau en hiver. by Yukiri

6. Chapitre 5 : La vision de Freud. by Yukiri

7. Chapitre 6 : Un bras nu by Yukiri

8. Chapitre 7 : Tragic Backstory by Yukiri

9. Chapitre 8 : Le sifflement du Serpent by Yukiri

10. Chapitre 9 : Le parfum d'un vieux bouquin. by Yukiri

11. Chapitre 10 : Bultaoreune. by Yukiri

12. Chapitre 11 : Le Prince était un chenapan. by Yukiri

13. Chapitre 12 : Ce que Harry renfermait en lui. by Yukiri

14. Chapitre 13 : Faire la sourde-oreille. by Yukiri

15. Chapitre 14 : Vert feu du ciel. by Yukiri

16. Chapitre 15 : La Chasse. by Yukiri

17. Chapitre 16 : La drogue, c'est mal. by Yukiri

18. Chapitre 17 : Merlin et Severus. by Yukiri

19. Chapitre 18 : Retour à Poudlard. by Yukiri

20. Chapitre 19 : Le discours d'un Prince by Yukiri

21. Chapitre 20 : Encore, Severus. by Yukiri

22. Chapitre 21 : Les soeurs Black, et Delphi. by Yukiri

23. Chapitre 22 : Le diadème retrouvé de Rowena Serdaigle. by Yukiri

24. Chapitre 23 : Ce jour là. by Yukiri

25. Chapitre 24 : Ses lèvres rouges vermeil. by Yukiri

26. Chapitre final : Une vie normale ? by Yukiri

Prologue. by Yukiri
Author's Notes:

Et voilà, je suis de retour (assez rapidement, ma foi ) pour une nouvelle fic !

Ceux qui ont lu ma première fanfiction (oué celle avec la partie de loup garou ) ont une petite idée de ce à quoi ils peuvent s'attendre, et j'espère ne pas les décevoir.

En effet cette histoire risque de se barrer en live, pour la simple et bonne raison qu'après celle-ci, j'en écrirais une beaucoup plus sombre et sérieuse. Celle là sera certainement courte, quoi que celà n'est pas encore sûr, et comme avec la précédente, j'alternerais entre les scènes comiques et les autres plus sérieuses, parce que bon, on sait tous que la 6ème année d'Harry pue la m*rde.

Aller, j'arrête mon blabla, et je vous souhaite une bonne lecture !

Le Petit Prince,

Prologue.



Il était stupide, celui qui croyait que les quatres maisons de Poudlard n’en étaient en réalité qu’une seule, divisée par simple principe ou pour une question de gestion. Mais il était lucide, celui qui comprenait qu’elles ne limitaient pas une attitude ou un caractère. Appartenir à une maison n’est pas appartenir à une secte, il n’y a pas de doctrine relative aux Gryffondor, Pouffsouffle, Serdaigle ou Serpentard. Si deux d’entre elles se detestaient, ce n’était pas parce que c’était écrit, mais plus pour une question de tradition. De la même façon, rien n’était dicté : Les rouge et or abandonnent parfois, les vert et argent ne sont pas forcément méchants, les bleu et bronze ont quelquefois de mauvaises notes et il arrive aux  jaune et noir d’être impulsifs.

 

En effet, il est facile de les comparer, d’énumerer les différences entre elles, mais l’erreur de rester focalisé dessus ne doit pas être faite. Car, si on regardait bien, si on allait en profondeur, on pouvait voir les ressemblances entre elles. En outre, les élèves de toutes les maisons veulent obtenir leur BUSEs et leurs ASPICs, remporter la coupe de Quidditch, ou s’amuser avec leurs amis.

Et s’il y avait bien quelque chose de commun aux quatres maisons, c’était cet instant après le dîner, avant de s’endormir, quand ils parlaient de choses dont on ne parle pas le jour, quand ils riaient silencieusement pour ne pas faire venir les prefets, quand ils révélaient des secrets ou montaient des plans pour attirer l’oeil d’une jolie fille ou d’un beau garçon.

“Il est pas là Neville ?” résonna une voix étouffée dans le dortoir encore silencieux des Gryffondor. Après un instant où il tenta d’attribuer le chuchotement à quelqu’un, Harry Potter reconnu la voix de Seamus Finnigan. Il éteignit sa baguette illuminée d’un faible Lumos par un Nox et sortit de sous sa couverture où il lisait son livre de potions annoté des mots du Prince de Sang-mêlé.

 

“Non, il est pas encore rentré, répondit Ron. Je crois qu’il est en retenue.”

 

“Tant mieu.” reprit Seamus. Harry entendit des bruits de couverture agitée, comme si Finnigan s’asseyait en la dégageant, et finalement les bougies de la pièce s’allumèrent en arrachant des exclamations aux garçons qui essayaient de dormir.

 

“Il faut qu’on parle de l’anniversaire de Neville.” exposa Seamus, beaucoup trop sérieux pour que cela puisse annoncer quoi que ce soit de légal.

 

“Mais… Neville est né en décembre…remarqua Harry qui s’était assis sur son lit lui aussi. On est en octobre, de quoi tu nous parles ?”  Il y eut un silence durant lequel Seamus se tourna vers son camarade Dean Thomas avec un air sournois sur le visage.

“Justement, répondit-il. C’est dans deux mois. Avec Dean on a eu une idée. Ca vous dit pas de lui offrir un cadeau mémorable pour ses 17 ans ?”

 

Tous les garçons qui logeaient dans cette partie du dortoir se redressèrent, intrigués par son affaire. Outre la proposition de son camarade, Harry s’étonna. 17 ans, déjà ? Lui ne les aurait que durant les prochaines grandes vacances, pensa le brun. Mais Hermione les avait eu en septembre, remarqua-t-il finalement. Soit. Cette histoire aurait le don de le sortir de son obsession pour les cachotteries de Malefoy.

 

“Et donc, vous avez prévu quelque chose ? demanda-t-il. Vu qu’on a deux mois, ça nous laisse le temps de prévoir quelque chose de bien.

- Et tu sais ce qui se prépare en deux mois Harry ?” demanda Dean, satisfait de la direction que prenait la discussion.

 

Harry ne répondit pas tout de suite, craignant de connaître la réponse. Et au vu du regard anxieux que lui lançait Ron, il comprit qu’il ne s’était pas trompé. Tout mais pas ça, Merlin !

 

“Du Polynectar !” répondit Seamus, complice, ses sourcils bougeant d’un air pervers. Harry pinça ses lèvres pour se retenir de grogner. Ne savaient-ils pas à quel point cette potion était longue et dure à préparer ?

 

“Et vous voulez en faire quoi ?” demanda Ron, la réticence palpable dans sa voix.

 

Le duo de cachotier se mit à glousser, les yeux exorbités, prêts à balancer ce qu’ils considèrent certainement comme “le plus intéressant dans cette histoire”.

 

“Si vous voulez lui donner l’apparence de Rogue, c’est vraiment pas sympa, vous savez comme il a peur de lui ! C’est phobique ! s’exclama Harry.

- Remarque, ça pourrait être drôle, le contredit Ron en riant. Imagine on le verse à la place de son eau dans la nuit, et-et le matin il-il se réveille avec…av...” Il s’interrompit pour partir dans un fou-rire silencieux, tentant de ne pas réveiller toute la tour de Gryffondor.

 

“Je dois vraiment te rappeler le goût que ça a ? demanda Harry. Il s’en rendrait compte avant même de l’avaler ! Vous pourrez pas lui en faire boire par accident les gars, ajouta-t-il en se tournant vers Dean et Seamus. Croyez-moi, je sais de quoi je parle.

- On a pas prévu de lui en faire boire ! Ce sera l’un de nous !”

 

Harry plissa les yeux, suspicieux. Comment-ça “l’un de nous” ?

“Et ce serait pour prendre l’apparence de… ? Vraiment, je me répète, mais me répondez pas Rogue, je crois que je ne survivrais pas de le voir dans une robe de Gryffondor.

- Mais non mais t’es malade ! s’écria Dean, la frayeur marquée sur son visage. Et je me risquerais pas à lui arracher un cheveux, imagine je me fais choper ! Je finirais en ingrédient à potion !

- Ce serais justifié, en l'occurrence. Donc du coup, ce serait pour faire qui ? demanda Ron.

- Luna Lovegood !”

 

Harry recracha l’eau qu’il était en train de boire. “Quoi ?! Mais qu’est-ce qu’elle vient faire là ?”

 

La totalité des garçons réveillés se tournèrent vers lui, tout aussi choqués. “Me dis pas que t’as pas remarqué ? demanda Seamus.

- Remarqué quoi ? Et me regardez pas comme ça !

- Laisse, Seamus, c’est pas sa faute s’il est un peu limité… excusa Ron avant de se tourner vers Harry. Mon vieux, pendant que tu faisais ta fixette sur les plans diaboliques de Malefoy et ton Prince là, nous, on a espionné Neville, et figure toi que môsieur Longdubat en pince pour Luna !

- Et l’objectif ce serait de prendre son apparence pendant une journée et le chauffer un peu tu vois…” expliqua Dean sans prêter attention à l’expression ébahie d’Harry.

 

Ron inspira bruyamment, les yeux brillants. “Merlin mais c’est une idée de génie !

- Mais c’est super Serpentard ça ! s’exclama Harry, pas trop emballé à l’idée de faire ça à un ami.

- Harry, quel est l'intérêt d’être un Gryffondor si on ne peut pas être un Serpentard quelquefois ? souligna le rouquin. Et puis si tu suis pas, je balance à tout le monde que tu triches avec ton livre de potion griffonné !” ajouta-t-il plus bas.

 

Le sorcier à lunettes se tourna vivement vers son ami, comme s’il venait de lui annoncer qu’il était Voldemort en personne. Haaan !!! Tu n’oserais pas ! articula-t-il sans émettre un son. Et vu le sourire de Ron, si, il oserait.

 

“Bon, j’en suis.” soupira Harry, vaincu. Dean et Seamus relachèrent leurs épaules, comme s’ils étaient rassurés ou apaisés. “Tant mieu, parce qu’on a besoin de quelqu’un de doué en potion pour faire le Polynectar !”

 

Et c’est ainsi que pendant deux mois, entre quelques voyages dans la pensine de et avec Dumbledore, Harry se retrouva à aller régulièrement dans les toilettes des filles hantés par Mimi Geignarde, accompagné de son cher livre des Potions pour brasser la solution du métamorphe.

 

Malgré le temps écoulé, le Gryffondor n’était pas sûr de vouloir faire une telle chose à son ami. C’était vraiment… cruel. Les autres ne semblaient pas le réaliser, entraînés par l'élan du groupe, mais Harry ne se sentait pas capable d’être complice de ça. Surtout qu’il savait certaines choses sur son ami, comme ce qui était arrivé à ses parents par exemple, et que depuis, il était épris d’une certaine tendresse à son égard.

 

Il soupira : Il n’y avait pas trente-six solutions à son problème. Il se porterait volontaire pour boire la potion, et ainsi il pourrait y aller molo avec Neville sans que personne n’ait besoin de le savoir. Et depuis le temps qu’il voulait savoir ce que ça faisait de porter une jupe !

 

 

Lorsqu’il annonça sa décision au reste du groupe, tous acceptèrent directement. Visiblement aucun d’entre eux n’avait vraiment envie de prendre l’apparence de Luna ou même de devoir interagir de cette manière avec Neville… Alors qu’Harry soit volontaire était une aubaine pour eux.

 

Quelques jours avant le jour-j, la potion était prête, et le sorcier à lunettes n’avait plus qu’à y ajouter un des cheveux blancs de Luna pour parfaire la solution. En attendant de l’avoir, il plaça le contenu du chaudron dans des fioles afin de les conserver, et débarrassa les toilettes de ses outils. Les flacons en main, il en leva un face à un mur blanc dans une pièce bien éclairée afin de juger la qualité de son travail. C’était à n’en pas douter : la potion était tout bonnement parfaite, il pourrait parfaitement tenir la journée avec sans avoir besoin d’en boire plusieurs fois, comme prévu.


Lorsque la veille de l’anniversaire de Neville, durant les vacances de Noël, Harry arriva dans la salle commune des rouge et or, il fut littéralement agressé par les deux organisateurs de cette supercherie. “On l’a ! On a le cheveu ! s’exclama Dean à voix basse.

- Vous l’avez eu comment ? demanda Potter, impressionné.

- On voulait pas l’arracher, parce que bon, elle l’aurait senti… Du coup on l’a prit sur sa robe !”

 

Harry se mit tout d’un coup à dévisager le cheveux qui pendait de la main de Seamus. “Vous savez les gars, je le sens pas trop là. La dernière fois qu’on a pas pris directement un cheveux de la tête de quelqu’un, Hermione a fini en chat.

- Tu connais un chat qui a des poils aussi longs toi ?” demanda Dean d’une voix moqueuse en étirant le cheveux sur toute sa longueur.

 

“Oui bon, okay. Passez le moi, que je le mette dans ma fiole.”

 

D’un doigt, il fit sauter le bouchon en liège de la fiole et fit passer dans l’embouchure le long fil blanc qui se déposa dans la solution. Immédiatement, la potion changea d’aspect pour devenir une sorte de lait azuré pétillant. D’une certaine manière, Harry pensa que cette nouvelle forme correspondait très bien à Luna : un sérum bleu, délicat mais allié d’une folie douce. Il le referma et n’y toucha pas avant le lendemain.

 

Chaques choses avaient été prévues dans les moindres détails : Tout le monde devait avoir quitté le dortoir avant que Neville se réveille, et Harry devait attendre ce moment précis pour boire le polynectar, afin qu’il dure le plus longtemps possible. Dean lui avait ramené des vêtements piqués à Ginny, et ils avaient emprunté une robe bleu et bronze à un Serdaigle rentré chez lui pour les vacances.

 

Alors après avoir galéré pendant 10 minutes avec un soutien-gorge (qui, Merlin merci, était le fruit d’une métamorphose et non celui de Ginny ), Harry attendait comme un idiot, prêt à boire la potion, assis sur son lit en jupe et en débardeur, sa robe de Serdaigle sur les genoux, à attendre que Neville se réveille.

 

Alors qu’il s’était à nouveau plongé dans la lecture de son livre de potions, assis en tailleur dans tout ce qu’il y avait de plus masculin (et ravissant vu sa tenue), Harry entendit la respiration de Neville s’agiter. Le moment était venu : Il cacha son ouvrage, ouvrit la fiole et s’enfila le lait azuré d’une traite, priant pour que le Gryffondor endormi n’ouvre pas les yeux avant la fin de la transformation... et sans imaginer une seule seconde que son apparence ne serait pas celle de Luna Lovegood.

End Notes:

Voilà donc la fin du prologue qui n'engage à pas grand chose, je vous l'accorde. Mais bon, j'allais pas tout balancer maintenant, si ?

Bon, narmolement le prologue sera mis en ligne en même temps que le premier chapitre, donc je vous dis pas "A la prochaine", je vous le dirais après.

Bonne continuation aux courageux !

Chapitre 1 : La solution du métamorphe. by Yukiri
Author's Notes:

*clap clap clap*

Je vous félicite et vous remercie d'avoir été plus loin que le prologue, et j'espère que vous serez là jusqu'à la fin !

Bonne lecture !

Chapitre 1 : La solution du métamorphe.


Luna était, et ce sans aucun doute possible, plus grande que Harry. Mais celui-ci ne s’attendait pas à ce que ce soit à ce point là. Il ne s’attendait pas non plus à ce que la Serdaigle soit plus large que Ginny, mais il devait admettre que ses vêtements le serraient beaucoup à cet instant. Il était tenté d’aller jeter un coup d’oeil à son reflet dans la salle de bain, mais il vit Neville s’étirer de tout son long, alors il se contenta de balancer une longue mèche de cheveux derrière ses épaules, d’un geste qui se voulait -et qui fut- féminin.

 

Le Gryffondor était encore allongé, dos à la fausse Luna, et ne se retint pas de bailler pour annoncer son réveil à la population. C’est à ce moment qu’Harry décida d’imposer sa présence en toussotant. Cela n'ayant pas été suffisant, il ajouta : “Coucou Neville !” d’une voix qui lui parraissait beaucoup trop grave. Mais soit, notre voix nous paraît toujours différente de l'intérieur, n’est-ce pas ?

 

Celui-ci roula dans son lit, la septicité gravée sur ses traits, puis, lorsqu’il réalisa qui était devant lui,  assis sur le lit les jambes croisées et jouant avec une mèche de cheveux entre ses doigts, il se redressa, paniqué, et s’enroula de sa couverture.

 

Harry prit sur lui une nouvelle fois, et, après avoir battu des cils et formé le plus charmeur des sourires -pour sûr il l'était-, se leva en sautillant et s’assit aux côtés de Longdubat, puis chantonna : “Joyeux anniversaire Neviiille !”

 

Le choc ne semblait pas vouloir s’effacer du visage du garçon qui s’éloignait le plus possible de Luna, mais, toujours enroulé de sa couverture, il fit l’effort d’ouvrir la bouche.

 

“M-merci… Monsieur le Directeur…”

 

La phrase flotta dans la tête d’Harry un instant avant qu’il n’arrive à en comprendre le sens. Le visage figé sur son sourire faussement amoureux, il articula avec difficulté : “Qu’est-ce que tu as dit ?”

 

Neville se racla la gorge, puis, après avoir rassemblé tout son courage de Gryffondor, répéta : “J’ai… J’ai dis… Merci, monsieur le Directeur. Pour m’avoir souhaité… mon… enfin… je…”

 

Il continua de marmonner et le regard d’Harry glissa vers le mur, exprimant plus de désespoir qu’il ne l’avait jamais fait de toute son existence. “Je suis Dumbledore ?” exposa-t-il plus qu’il ne le demanda. Le Gryffondor emmitouflé dans sa couverture aquiesca timidement, comme s’il était responsable de cette situation, et Harry se tourna enfin vers lui.

 

“Neville tu ne comprends pas, je porte un soutien-gorge !”

 

Il se colla un peu plus contre le mur, de toutes évidences effrayé par le directeur, cherchant visiblement un moyen de fuir le dortoir. Puis, étouffant sous les milliers de pensées emmêlées, Harry explosa de rire, un rire nerveux certainement, mais qui terrifia encore plus son camarade.

 

“Merlin ! Je suis en jupe ! Avec un soutien-gorge ! Et je suis Dumbledore !”

 

Il s’écroula de rire au sol, prêt à sombrer dans la folie. Après un bon moment, il reprit son calme, et s’assit sur le plancher, face à Neville. “Tu ne comprends pas, je suis désolé. Vraiment. Je ne suis pas le Directeur. Je suis Harry.

-...Potter ? Harry Potter ? Comme mon ami ?

- Oui, répondit-il, amusé, oui c’est moi. Je vais être honnête avec toi, avec Dean, Seamus et Ron, on voulait te faire une blague pour ton anniversaire… commença-t-il à expliquer. Et visiblement ça ne s’est pas passé comme prévu. J’étais censée avoir l’apparence de Luna, mais il y a eu un problème avec le Polynectar…”

 

Le Gryffondor dévisagea le Directeur pendant que celui-ci essayait visiblement de chercher la raison de cette erreur. Son visage s’éclaira : “Les cheveux ! Ces imbéciles ! C’était pas un cheveu de Luna, mais de Dumbledore !

- Mais… C’est bien vou…. toi, Harry ?

- Oui, c’est moi, puisque je te le dis !

- Prouve le…” ordonna-t-il sans aucune autorité, encore impressionné par le directeur (quoique ce fusse compliqué dans cette situation).

 

Alors Harry, ou plutôt Albus, sorti de la poche de sa robe de Serdaigle sa paire de lunettes ainsi que sa baguette, et comme s’il savait que ce n’était pas suffisant, il appela Kreattur qui apparut dans un ‘crac!’ sonore.

“Le Maître Harry Potter a appelé Kreattur… Mais... Kreattur aimerait savoir pourquoi le Maître s’est abaissé à prendre l’apparence de Dumbledore…” demanda l’Elfe de maison d’un air dégouté, comme s’il vomissait ses mots.

 

“C’est bon Kreattur, j’avais juste besoin de prouver à Neville que j’étais bien moi. Retourne en cuisine.” Et l’Elfe disparut aussi vite qu’il n’était apparu.

 

Neville soupira de soulagement, relâchant complètement ses épaules cette fois-ci. Et après un moment de silence durant lequel lui et le directeur se regardèrent dans les yeux, il partit aussi en fou-rire, réalisant la situation dans laquelle Harry s’était fourré. Ce dernier se dirigea dans la salle de bain et s’esclaffa de la même façon en voyant son reflet.

 

Mais il y avait un problème. Le sorcier à lunettes avait parfaitement réussi sa potion, et il allait rester ainsi toute la journée. La culpabilité prit soudain le dessus sur l’amusement, et Harry réalisa sa bêtise. Il pourrait avoir de graves problèmes s’il restait sous cette forme ! Il devait aller voir le vrai Directeur et tout avouer avant qu’il ne soit trop tard !

 

Car la seule personne, autre que lui, capable de trouver un moyen de rendre au Gryffondor son apparence était le Maître des Potions le plus doué de sa génération, soit Severus Rogue. Et s’il y avait bien quelque chose qui rebutait Harry au plus profond de lui, c’était d’aller demander de l’aide à cet homme-là.

 

La peur qu’il avait éprouvé pour lui lors de son premier jour de cours s’était vite transformée en haine, et ce sentiment peu glorieux était réciproque, d’une telle force qu’aucun des deux sorciers ne s’embêtait à le cacher. Car si peu d’élèves pouvaient prétendre apprécier le Monstre des cachots, personne ne pouvait rivaliser avec l’aversion d’Harry pour Rogue. En fait il y avait très peu d’étudiants qui osaient laisser le ressentiment prendre le dessus sur la crainte qu’ils éprouvaient pour lui.

 

Le directeur s’adossa contre le lavabo. Il aurait aussi pu se tourner vers le nouveau professeur de Potion, Slughorn, mais ça signifiait qu’il lui laissait une occasion de l’inviter à une de ses soirées alors qu’il faisait tout pour y échapper. Non, Harry n’avait qu’une seule solution, il devait affronter Dumbledore en face, et tout lui expliquer avant que la situation ne lui échappe.

 

Alors il sortit de la salle de bain et se rua sur sa valise dans laquelle il était sûr de trouver sa cape d’invisibilité. En la prenant, il aperçut un petit flacon doré. C’était le Félix Félicis qu’Harry avait obtenu à la fin de son premier cours de potion avec Slughorn. Devait-il le boire maintenant ? Il se le gardait pour savoir ce que mijotait Malefoy, mais devait admettre que cela devait être plus qu’utile dans la situation présente.

 

Finalement il reposa la fiole, car de la même façon que mélanger des médicaments pouvait s’averer dangereux, il ne savait pas si le Felix Felicis  réagirait différemment avec le polynectar.

 

“Qu’est-ce que tu fais ? demanda Neville, encore haletant de son fou-rire.

- Je vais chercher Dumbledore. J’ai fais une grosse bêtise en acceptant de me prêter au jeu, alors je vais aller le voir, tout lui dire et éviter de me faire disputer trop fort.

- Mh, c’est une bonne idée. Bon, je vais rejoindre les autres et leur raconter tout ça. Ils sont dans la Grande Salle ?”


Harry aquiesca et, se revêtant de la cape de son père, sortit de la tour des Gryffondor en direction du bureau du directeur.

 

 

Il courait à perdre haleine dans les couloirs, stressé à l’idée de pouvoir éventuellement croiser un camarade ou un professeur, car bien que dissimulé, l'adrénaline qui parcourait ses veines le rendait complètement parano. Bien qu’il ne croyait pas cela possible, il accelera son allure après avoir croisé Miss Teigne, de peur qu’elle aille rapporter sa présence douteuse à Rusard.

 

Une fois arrivé devant les gargouilles, Harry se libéra de sa cape et laissa échapper un faible cri de douleur. Ah, sa main !  Comme celle d’Albus, elle n’avait pas fière allure, et maladroitement, il avait enlevé sa cape d’invisibilité avec elle.

 

Il l’attrapa finalement avec sa main valide et prononça le mot de passe que Dumbledore lui avait donné quelques jours plus tôt, espérant qu’il soit toujours valide. Le coeur battant, il vit la porte s’ouvrir, et, à présent soulagé, il s'infiltra dans l’escalier en colimaçon et somme toute, dans son bureau.

 

A peine avait-il fait un pas dans la pièce que Fumsec l’accueillit par un chant mélodieux de bienvenue. De toute évidence, le vrai Directeur n’était pas là. Et c’est vrai qu’en y repensant, il s’absentait beaucoup ces temps-ci.

 

Il se laissa alors tomber sur le fauteuil du Directeur, soupirant de désespoir. Qu’allait-il donc faire ? Guetter son retour ici ? L’idée semblait plutôt raisonnable, au moins il était à l’abris et pourrais attendre Dumbledore s’il ne retrouvait pas sa forme d’adolescent rapidement. Mais si quelqu’un entrait et le voyait ? Mcgonagall ou un autre professeur ?

 

Il se releva alors, et après un instant de réflexion, se permit d’entrer dans les appartements privés du directeur. Il n’aimait pas du tout ça et supplia Merlin de le pardonner, mais il devait au moins changer de vêtements, dans l’éventualité d’une confrontation avec quelqu’un.

 

Il se déshabilla alors, vraiment très gêné et essayant de ne pas trop regarder sous ses vêtements, mais du peu qu’il vit, il dut admettre que le directeur était pas trop mal pour son âge. Au final ça ne l’étonnait pas trop, Dumbledore était un sorcier très vif et puissant, alors il y avait peu de chance qu’il porte la brioche.

 

 

“Raaaaaaaaah Merliiiiiiin !!!” jura Harry. Il n’arrivait pas le moins du monde à enlever son soutien gorge avec sa seule main valide ( de toutes façons il n’était même pas sûr de réussir à l’enlever avec les deux ), et était bloqué dans une position plus que comique vue de l’extérieur. Avec son pouce et son index, il tentait de rapprocher les deux extrémités des attaches, mais étouffait à cause des baleines beaucoup trop serrées pour un homme de cette morphologie. Il avait le dos large et commençait à sentir sa peau s’irriter sous les frottements. Puis lui vint une idée : il commença alors à enlever une bretelle et…

 

“Albus, vous êtes rentré ?” résonna une voix dans la pièce d’à côté.

 

Oh non oh non oh non non non non non !!!!! Paniqua Harry, encore dévêtu.

 

“...Je vous ai vu entrer, alors je suis passé dans mon bureau vous chercher des potions revitalisantes, comme la dernière fois. Vous allez bien ?” demanda Rogue derrière la porte.

 

Depuis le bureau, le directeur des Serpentard cru entendre le bruit reconnaissable de la rencontre violente entre une tête et un mur. “...Je me permet d’insister, vous allez bien ?

- Mieu que jamais !” répondit le directeur depuis sa chambre. Rogue avait-il rêvé ou y avait-il une “pointe” d’ironie dans sa réponse ?

 

Harry jura dans sa barbe, expression qu’il pouvait utiliser légitimement pour une fois. Parmi toutes les personnes du monde, il fallut que ce soit lui ! Précipitamment, il enfila une de ses nombreuses robes de sorcier et la passa par dessus son soutien-gorge. Elle était assez ample, alors il passait inaperçu.

 

Après avoir inspiré profondément et insulté le monde sorcier dans son intégralité, Harry sortit de la pièce pour rejoindre son bureau face auquel Rogue était assis. Ce dernier se tourna vers lui et le jaugea du regard, comme s’il cherchait une quelconque blessure.

C’était bizarre de se faire observer de la sorte par le “monstre des cachots”, sans aucune volonté de meurtre dans le regard. Mal à l’aise, il ne put s’empêcher de se tortiller sur place.

 

“Je vois que vous allez bien, conclu Rogue après son inspection.

- Oui bein, c’est ce que je vous disais.” répondit Harry.

 

Il s’assit face au Serpentard, et, dans son rôle, lui proposa un bonbon au citron. Il refusa, comme Harry s’y attendait, et posa quelques fioles sur le bureau, potions certainement demandées plus tôt par Albus.

 

“Je pensais que vous ne reveniez pas avant demain. Alors, vous en avez trouvé un ?” demanda Rogue, sérieux. Le Gryffondor n’avait pas la plus mince idée de ce dont il pouvait parler à cet instant, et tenta de répondre quelque chose de crédible.

“Non. Il n’y en avait plus.”

 

Le Maître des Potions plissa les yeux, et Harry réalisa que sa réponse n’était peut-être pas la bonne. “Comment-ça, ‘il n’y en avait plus’ ? Vous êtes parti chercher l’horcruxe chez Zonko ou bien ?”

 

L’hor-quoi ? Et Rogue venait de faire une blague ou il avait rêvé ?

 

“Eeeerh non, je ne l’ai juste pas trouvé.” répondit finalement Harry, avançant à taton. Il devait vraiment sortir de cette situation dangereuse, et le plus vite possible. Et ce soutien gorge qui le serrait, Merlin ! “Est-ce tout, ou y a-t-il autre chose ? demanda alors le Directeur, proposant ainsi implicitement à Rogue de partir, et espérant qu’il saisisse l’occasion.

- ...Il y a autre chose. (Harry hurla intérieurement)

- Je vous écoute, Sev...er..us… articula-t-il avec difficulté.

- Drago. Je n’arrive pas à lui tirer les vers du nez.”

 

Harry se redressa soudainement sur sa chaise. Merlin, il ne s’était pas trompé ! Il y avait quelque chose avec ce connard de Malefoy ! Bon, il devait se calmer, rester dans son personnage. Il fit alors pétiller ses yeux à travers les lunettes en demi-lune qu’il avait trouvé dans les affaires de Dumbledore, et demanda calmement : “Dites-m’en plus.”

 

Rogue s’enfonça un peu plus dans son fauteuil et passa sa main sur son visage, comme s’il se faisait souffrance et qu’il n’aimait pas du tout aborder ce sujet. Harry prit alors un air grave pour ne pas se détacher de l’ambiance et le Serpentard soupira longuement, arrachant un frisson à son aîné. Enfin son cadet. Il ne l’avait jamais vu aussi mal, et il réalisait petit à petit qu’ils allaient certainement aborder un sujet dont la portée le dépassait. En outre, il n’avait jamais imaginé Rogue autrement qu’en colère ou moqueur, et le voir ainsi, presque triste, voire même bouleversé, le mettait mal à l’aise, comme s’il voyait quelque chose d’intime.

 

“Je… Vous savez de quoi il en ressort. Vous savez quelle mission a reçu Drago de la part du Seigneur des Ténèbres.

- En effet, confirma Harry, bien qu’il n’en ait aucune idée, et qu’il aurait bien aimé savoir.

- Vous m’avez demandé de m’engager à le faire à sa place pour le libérer de cette tâche...”

 

MAIS MERLIN QUELLE TÂCHE ?! ARRÊTE DE FAIRE DES ELLIPSES

 

“... Mais il ne semble pas le vouloir.” termina Rogue. Et après un instant, il ajouta, la voix trop faible pour être la sienne : “Et moi non plus.” Il se leva soudainement en faisant sursauter Harry, avec un air sur le visage qu’il n’avait jamais eu, quelque chose entre la panique, la peur et la tristesse, si ce n’étaient ces trois sentiments en même temps. Le Gryffondor ne reconnaissait plus un instant son professeur. “Je vous en prie Albus, ressaisissez-vous, ouvrez les yeux ! Je ne veux pas faire ça ! Je ne peux pas ! C’est impossible ! Je sais qu’il en va de mon rôle d’espion mais...demandez-le à quelqu’un d’autre, je n’en aurais pas la force...”

 

Il se relaissa tomber sur son siège, le visage dans les mains.

 

Harry était sidéré. Il le prenait presque en pitié. Mais pour l’instant, le choc prenait le dessus sur la compassion. Si le Serpentard se levait soudainement en lui avouant qu’il était en réalité un élève quelconque déguisé et qu’il lui faisait une blague, il l’aurait cru sans problème tant il ne le reconnaissait pas.

 

Le silence qui s’était emparé de la pièce était lourd, pesant, et Harry avait l’impression de suffoquer. Il hésita un instant à dire toute la vérité à son professeur, quitte à se faire punir jusqu’à la fin de l’année, ou même jusqu’à la fin de sa vie, mais vraiment, il ne voulait qu’une chose, c’était revoir le bâtard graisseux dans son état normal. Pas parce qu’il s’inquiétait pour lui, mais parce qu’Harry avait vraiment peur. Il préférait le voir crier et l’insulter plutôt que effondré de la sorte.

 

“Pourquoi pensez-vous que Malefoy ne veut pas que vous fassiez cette mission à sa place ?” demanda-t-il finalement en brisant le silence. Rogue soupira à nouveau. “Parce qu’il se cache de moi. Drago est mon filleul et même si nous avons jamais été intimes l’un envers l’autre, il s’est souvent reposé sur moi. Mais depuis qu’il a intégré les rangs du Lord… Il essaie de se prouver qu’il est fort. Il essaie de se prouver qu’il peut y arriver tout seul… Mais cet imbécile ! Si même le Seigneur des Ténèbres n’a pas réussi une telle chose, alors comment Drago peut-il y arriver, franchement ! Vous êtes le plus grand sorcier de notre époque, Albus !”

 

Harry plissa les yeux dans une parfaite imitation du Maître des Potions en plein scepticisme. Quel était le rapport avec lui ? Enfin avec Dumbledore ?

 

Ne sachant pas quoi dire, il acquiesça lentement et se servit un bonbon au citron pour faire diversion, avant de le recracher discrètement dans sa barbe car beaucoup trop acide. Il s’y accrocha et Harry tenta de l’enlever furtivement, mais rien n’y faisait, la pastille était collée. Comme si rien ne s’était passé ( et Merlin merci, Rogue semblait trop bouleversé pour prêter attention à quoi que ce soit), il plaça sa main dessus, feintant de se caresser la barbe.

 

“Assurément, je suis le plus grand sorcier de notre époque.” lâcha finalement Harry sans vraiment comprendre l'intérêt de sa réplique. Il espérait juste que Rogue développe et arrête de faire des ellipses dans son discours.

Celui-ci acquiesça, la tête dans sa main, le bras appuyé sur son accoudoir. Il y avait vraiment une tristesse saisissante dans son regard, et Harry avait honte d’être là. Il avait honte de lui.

 

“Et vous alors ?” demanda soudainement le Maître des potions, voulant visiblement changer de sujet. “Votre main ? Comment va-t-elle ?

- Oh, elle va bien, je l’appelle régulièrement pour prendre des nouvelles.” répondit Harry sur le ton de la rigolade, essayant de détendre l’atmosphère. Oui, il essayait de réconforter Rogue, et non, il ne l’assumerait jamais. Mais il fût dûment récompensé par la sorte de demi-sourire que lui fit celui-ci,  comme s’il saisissait toute la subtilité de sa tentative.

 

“Les potions que je vous ai ramenées vont soulager la douleur, donc lorsque ça vous lance, n’hésitez pas.

- Merci Severus.” répondit Harry, sincère. Le geste ne lui était pas destiné, mais il ne pouvait s’empêcher d’être touché pour le Directeur, et commençait UN PEU à comprendre pourquoi il lui faisait si confiance.

 

“Je vous en prie. Est-ce que vous en avez parlé à Harry ? demanda Severus.

- Pardon ? buga le Gryffondor.

- Harry. Vous lui en avez parlé ?

- Harry…. Harry comme dans Harry Potter ?”

 

Rogue ne répondit pas mais regarda Albus d’un air qui voulait dire “A ton avis, espèce de vieux crouton.”

 

Okay donc alors, si Harry résumait la situation, Rogue était en réalité un être humain, prenait soin de Dumbledore, et connaissait son prénom ? Il était même capable de l’utiliser ?

 

“Lui parler quoi exactement ? Je suis désolé Severus, je suis fatigué, alors j’ai un peu de mal à suivre, inventa Harry. Lui parler de ma main ou de Malefoy ?

- Votre main et les horcruxes, de toute évidence, répondit patiemment Rogue. Souhaitez-vous que je vous laisse vous reposer ?

- Non, ça ira. Je ne lui en ai pas encore parlé, mais il se pose des questions. En revanche, les horcruxes, il n’en a jamais entendu parler.

- Il serait peut-être temps. Il devrait savoir ce genre de choses. Il n’est pas du genre à aimer les cachotteries.

- Et qu’est-ce que vous en savez ?” demanda précipitamment Harry, soudainement agacé. Rogue disait ça comme s’il le connaissait  ! Pour qui se prenait-il ?

 

“J’en sais qu’il a détruit votre bureau l’année dernière après la mort de Black parce que vous ne lui aviez pas parlé du lien qu’il avait avec le Lord. Mais je dis cela pour vous et votre relation avec lui. Il me semble que vous le considérez comme votre petit-fils, Albus.”

 

Harry baissa les yeux, honteux. Il était vraiment stupide de réagir comme ça. Rogue le détestait, mais il n’était pas complètement stupide non plus alors il voyait bien qu’il n’aimait pas les cachotteries. Et de ce qu’il avait vu durant cette entrevue, il y en avait un bon paquet.

 

Bon, il était temps de mettre fin à ce carnage. S’il cherchait plus d’informations, Dumbledore se facherait vraiment, parce qu’il était certes compréhensif, mais là, Harry allait trop loin.

 

Mais il lui restait quelque chose à demander à Rogue, quelque chose qui le hantait depuis qu’il était entré dans le bureau. Il n’arrêtait pas d’y penser, se sentait oppressé à cause de ça, et même s’il savait qu’il allait être jugé après coup, il devait vraiment prendre son courage à deux mains et lui poser la question.

 

“Severus, je vais vous demander de partir, car je suis éreinté, et je vais rester seul pour la journée, mais je…

- Oui ?

- Je peux vous demander quelque chose de gênant ?”

 

Rogue plissa les yeux, ne sachant visiblement pas à quoi s’attendre. “Vous m’avez demandé la plus horrible des choses il y a quelques jours, donc j’imagine que ça ne peut pas être pire. Qu’y a-t-il ?”

 

Harry déglutit, et après avoir inspiré lentement, se lança finalement.

“Est-ce que vous pouvez m’enlever le soutien-gorge que je porte sous ma robe s’il vous plaît ?”

 

Le silence qui s'ensuivit fut certainement le plus long de toute l’histoire du monde de la magie. Harry fit danser ses doigts sur le bois de son bureau, embarrassé, attendant la réponse de Rogue. Il se serait bien passé d’une telle demande, mais vraiment, il ne pouvait plus supporter ce truc qui lui serrait la poitrine, et comme lui et le Serpentard semblaient bien proche, il avait tenté. Et dans le pire des cas, une fois qu’il aurait tout raconté à Dumbledore, il pourrait lui lancer un sortilège d’oubliettes, et tout serait réglé. Oui, voilà, bravo Harry.

 

Une minute de silence plus tard, Rogue n’avait pas bougé, s’attendant visiblement à ce que Albus mette fin à cette mauvaise blague. Et plus le temps passait, plus on voyait sur son visage l’évolution de ses pensées qui passaient de “Ce n’est pas marrant Albus.” à “Vous portez vraiment un soutien-gorge sous votre robe ?”

 

Harry se racla la gorge une nouvelle fois, vraiment embarrassé. Merlin, il voulait mourir (et ça n’allait pas tarder si on ne lui détachait pas son soutien-gorge vite-fait.). Mais pitié, qu’on mette fin à ce supplice ! Où était Voldemort quand on avait besoin de lui ?!

 

“Bon, eh bien, je vais y aller.” lâcha soudainement Rogue en se levant.

“Quoi ? Non, Severus, s’il vous plaît, ça me comprime complètement le torse, j’étouffe !” supplia Harry, paniqué. Le Maître des potions s’approcha de la porte, puis, avant de la franchir, se tourna vers le Directeur avec un regard qui en disait long sur ce qu’il pensait de lui.

 

“Reposez-vous Albus. Et demandez cela à Minerva, elle s’en sortira bien plus facilement que moi avec… ça.” dit-il en pointant du doigt la bretelle rose apparante sur son épaule.

 

Et il sortit, laissant Harry désespéré.

 

“Kreattur !” s’exclama-t-il finalement. Une fois encore, l’Elfe apparut devant lui, visiblement agacé par les appels à répétition du sorcier. “Maître a encore appelé Kreattur ? siffla-t-il.

- Je… oui. Va chercher Ron et amène le-moi le plus vite possible, c’est une urgence !”

 

L’elfe se courba exagérément et disparut avant de réapparaître quelques instants plus tard avec le jeune Weasley.

 

“Ooooh mon vieux, c’est vraiment arrivé !” s’exclama-t-il, admiratif. Sans doute était-il en train de rêver à tout ce qu’il pouvait faire s’il était dans le corps de Dumbledore.

 

“Ron, c’est vraiment pas le moment ! Je suis coincé dans mon soutien-gorge, enlève le moi !” s’écria-t-il en suffoquant presque.

Mais c’était, et il le savait, LA phrase à ne pas prononcer puisque Ron s’écroula de rire comme Neville l’avait fait plus tôt.

“Arrête steuplait ! C’est vraiment gênant, déjà que Rogue a refusé de m’aider !” ajouta-t-il en achevant son meilleur ami.

 

Après dix bonnes minutes, Ron avait reprit ses esprits, et s’affairait avec le sous-vêtement d’Harry. “J’ai hâte de pouvoir raconter ça à mes enfants.” dit-il en soulageant le brun de son soutien-gorge.

 

“Aaaah ! Je revis ! Comment elles font les filles, sérieux ?

- Je sais pas, mais c’était galère à enlever, Merlin. Et tu as vraiment demandé à Rogue de t’aider ?

- Il s’est ramené dans le bureau pendant que je me changeais dans la chambre de Dumbledore ! On a parlé une bonne heure, je te dis pas comment c’était galère de cacher mon jeu, mais à la fin j’en pouvais plus ! Alors j’ai craqué, et je lui ai demandé de m’aider. Je te dit pas comment il a bugué.

- Rah, j’aurais payé des centaines de gallions pour voir ça !” s’esclaffa Ron.


Harry avait remis sa robe de sorcier correctement, et Ron faisait le tour du domicile, subjugué par toutes ces choses qui ornaient la pièce. “En revanche, avec Rogue, il s’est passé un truc,annonça Harry.  Et j’avais raison pour Malefoy.

- Oh mais c’est pas vrai ! Arrête avec ça ! Je vais finir par croire que t’es amoureux !

- Ron ! C’est vraiment important ! Il faut vraiment que je t’en parles à toi et à Hermione ! Est-ce que tu peux aller la chercher ? Je peux pas sortir comme ça !”

 

Et alors après avoir donné le mot de passe à Ron, celui-ci partit chercher Hermione. Il revint plus tard avec elle, et il leur raconta sa discussion avec le directeur des Serpentard dans toute son intégralité, appuyant bien sur le fait qu’il n’avait pas voulu en entendre autant.


“Des ‘horcruxes’ ?

- Rogue est humain ?

- Oui, Hermione, oui Ron. Evidemment tout ceci reste entre nous, mais vous avez déjà entendu parler de ça ? Et vous avez pas une idée de la mission que Voldemort aurait pu donner à Malefoy ? Visiblement ça a un rapport avec Dumbledore, et Rogue ne veut pas le faire à sa place.

- Flemmard.

- Ron, s’insurgea Hermione, c’est évident que c’est trop dur pour lui, trop éprouvant !

- Arrête de parler de lui comme s’il avait des sentiments ! répondit le rouquin.

- Il en a.” contredit Harry. Ca lui avait coûté de dire une telle chose, il avait l’impression de prendre sa défense, et c’était visiblement ce que Ron pensait.

 

“Ecoutez, vous ne l’avez pas vu. Il était… Il était abattu. Ce n’était pas la même personne ! Je le hais, mais j’avais cette sorte de compassion qui prenait le dessus, j’ai rien compris à ma vie ! C’était… violent. Ouai, c’est le mot. Violent. Alors ce que Dumbledore lui a demandé de faire était certainement au delà de ce qu’on peut imaginer.”

 

Il soupira, chose qu’il avait l’impression d’avoir fait trente fois depuis son réveil, et repartit à la recherche de la pastille au citron qu’il avait fait tomber dans sa barbe plus tôt.

 

Mon Dieu, mais comment la situation avait-elle pu dégénérer de cette façon ? Peut-être aurait-il dû voir Slughorn au final, il l’aurait sortit d’une situation gênante… Ou simplement tout admettre à Rogue comme il y avait pensé durant leur entrevue ! Mais il aurait su que le groupe de Gryffondor aurait fouillé dans ses réserves.  

 

“Harry, arrête de stresser autant. La situation est ce qu’elle est, te prendre la tête à ce point ne changera rien du tout, dit tendrement Hermione. Je vais aller à la bibliothèque cet après midi, pour aller chercher des informations sur les horcruxes.”

 

Et en effet, la jeune sorcière y passa la moitié de la journée. De son côté, Ron resta avec Harry pour lui tenir compagnie, lui qui était enfermé dans son bureau. Ils se firent commander le repas du midi par les elfes de maisons, espérant qu’Hermione n’en entendrait jamais parler.

 

C’est quelques instants avant le souper qu’Harry retrouva son apparence. Certainement n’avait-il jamais été si soulagé de sa vie. Il se changea et descendit dans la Grande Salle avec Ron et Hermione pour aller manger.

 

Lorsqu’ils s’installèrent à table, Harry fut longuement fixé par Dean, Seamus et Neville, qui voulaient visiblement des détails croustillants sur son séjour dans le corps de Dumbledore. Comme il s’y attendait, ils explosèrent de rire lorsqu’il leur raconta l’épisode du soutien-gorge et l’arrivée surprise de Rogue (bien qu’il s’abstint d’aller dans les détails ).


Lorsque les entrées apparurent sur la table, Hermione se rapprocha d’eux pour leur expliquer, désabusée, qu’elle n’avait rien trouvé sur les horcruxes malgré des heures acharnées de recherches. C’était bien la première fois qu’Hermione ne trouvait pas ce qu’elle cherchait, et rien que ça, c’était un très mauvais signe.

 

Harry se resservit du bouillon en soupirant, réalisant qu’il devait vraiment arrêter de souffler à tout va avant que ça ne devienne une habitude. Après un petit instant d’hesitation durant lequel il était resté bloqué dans la même position, louche en main, il leva les yeux vers Rogue.


Il était assis avec les autres professeurs, verre en main, comme hypnotisé par l’eau qu’il faisait rouler dans son gobelet. Harry n’avait pas remarqué dans le bureau du directeur, mais maintenant qu’il était calmé, il réalisa que le Maître des potions avait vraiment minci pendant les vacances. Oh, il n’avait jamais été gros, mais là c’était plus que flagrant. Et depuis qu’il avait vu ce à quoi ressemblait la tristesse exprimée sur son visage, le Gryffondor avait la sensation qu’elle avait toujours été là et qu’elle y restait, comme gravée définitivement. Son visage n’était pas dur, réalisa Harry, il était triste.

 

Ce salop était accablé par la tâche que Dumbledore lui avait confiée, et Merlin, c’était tellement évident maintenant ! Harry se giffla mentalement : Cet homme était un enfoiré, un sadique, un tyran, et même un monstre, mais il était sans aucun doute possible de leur côté !

 

Comme si regarder Rogue boire lui en avait donné envie, Harry attrapa son verre et le porta à ses lèvres sans quitter le Serpentard des yeux. McGonagall lui posa une question, et Severus hocha lentement la tête en réponse, las, toujours perdu dans la contemplation de son verre et son contenu. Elle ne remarqua pas réellement son mutisme, prenant simplement sa réponse en considération et retourna à ses affaires, discutant avec Chourave. Merlin, mais Harry était-il était le seul à voir ce qu’il voyait ?

 

Le Gryffondor avait toujours été démesurément aveuglé par sa haine, et d’un autre côté le Maître des Potions ne l’avait jamais aidé à voir autre chose, mais maintenant qu’il avait vu ce qu’Albus voyait, il avait l’impression que tout le monde était à côté de la plaque, que personne ne réalisait !

 

Etait-ce un sort de dissimulation ? Dans tous les cas, il fonctionnait de la même façon : Il fallait avoir vu l’homme abattu pour reconnaître ce sentiment déguisé sur son visage.

 

Autant que peiné, Harry était effrayé. Effrayé par ce qui pouvait tant ébranler son professeur qu’il avait toujours connu si sûr. Cet homme n’avait pas peur de Voldemort. Alors qu’est-ce que c’était ?

 

Rogue releva les yeux et les plenta sans détour dans ceux d’Harry, qui recracha subitement sa gorgée sur la table.

 

Mon Dieu mais il lui avait fichu une de ses trouilles avec son regard meurtrier là ! Le Gryffondor nettoya sa bêtise d’un imprononcé, marmonnant que triste ou pas, le Monstre des cachots restait et serait toujours le Monstre des cachots.

 

Il sentait le regard noir brûler sa nuque, comme s’il lui ordonnait de se retourner, mais n’aillant pas envie de se plier à une bataille de regard maintenant, Harry recommença à manger. Enfin, il essaya. Après un instant, il dégagea sa fourchette, agacé.

 

“Tu manges pas, vieux ? demanda Ron.

- Non. Ce salopard me fait mal.”

 

Et il se leva, remit sa robe d’hiver dans un geste vif, se tourna sans vraiment savoir pourquoi vers Rogue qui ne l’avait pas lâché des yeux, et sortit.


A suivre...

End Notes:

On approche douuucement de l'évenement central de la fic. M'enfin bon bref, j'espère que ça vous plaît ^^

Laissez des reviews mes chéris, vous savez comment ça marche avec les auteurs : ça les fait écrire plus vite.

A la prochaine ;)

KIRI~ 

Chapitre 2 : Drôle de famille. by Yukiri
Author's Notes:

Resalut tout le monde ! Bien, j'ai fait assez vite pour ce chapitre, j'avoue que l'inspiration est venue assez vite. En revanche je pars au futuroscope ce week-end, donc le prochain chapitre arrivera peut-être pas avant la fin de la semaine prochaine !

Bref, bonne lecture ^^

Chapitre 2 : Drôle de famille.

 

Ce matin-là, Harry fût le premier des Gryffondor à ouvrir l’oeil. Rien d’étonnant lorsqu’on sait que de toutes façons, il ne l’avait pas fermé de toute la nuit. Il l’avait passée à angoisser à l’idée d’aller voir Dumbledore, se refaire en boucle son entrevue avec Rogue et à essayer de deviner la mission de Malefoy, pour qu’au final il ne se lève sans se sentir beaucoup mieu. La seule chose que cette nuit blanche lui avait apportée, c’était du courage pour aller voir le Directeur.

 

Le soleil étant à présent levé, Harry sortit de son lit, et comme pour son expédition de la veille, s’enroula dans sa vieille cape d’invisibilité pour aller voir Albus. Il aurait bien attendu plus longtemps, être sûr qu’il soit rentré et reposé, mais ne pouvait prendre le risque que Rogue se rende dans le bureau avant lui. Ah ! Il aurait dû lui laisser un mot ! Quel imbécile pouvait-il faire celui-là.

 

Soudainement traversé par un éclair de lucidité, le Gryffondor se saisit d’un vieu parchemin déchiqueté sur les bords, et, encore dans le dortoir, chuchotta : “Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.”

 

Comme à l’accoutumée, le parchemin dévoila une parfaite reproduction du château à Harry, qui se hâta de chercher le bureau du Directeur. Celui-ci était occupé par un petit point semblable aux centaines d’autres regroupés dans les dortoirs, portant le nom de Dumbledore. Le jeune sorcier souffla, rassuré, en voyant le petit symbole bouger : Non seulement Albus était rentré, mais en plus il était réveillé. Et Merlin le bénisse, Rogue était immobile dans ses appartements. Plus par habitude que par intérêt, Harry chercha aussi Malefoy, chose qu’il avait commencé à faire il y a un petit bout de temps pour surveiller le Serpentard et ses attitudes louches. Mais soit, celui-ci semblait dormir autant que ses camarades.

 

Finalement, après avoir retrouvé tout le courage qu’il avait accumulé durant sa nuit, le Gryffondor sortit de la tour des rouge et or. Il manqua de s’etaler dans les escaliers, effrayé par l’arrivée subite de Miss Teigne, mais se reprit. Elle pouvait bien aller voir Rusard si ça lui chantait, Harry se rendait dans le bureau du Directeur et le concierge n’aurait rien à y redire. La seule personne qu’il ne voulait pas croiser était celle qui serait capable de lui lancer un Avada sans même le prononcer, c’est-à-dire Rogue.

 

Il arriva quelques minutes plus tard devant les gargouilles du directeur qui dévisagèrent Harry silencieusement. “Il est occupé ? Je peux le voir ?

- Le directeur peut vous recevoir si vous avez le mot de passe.” grogna l’une des deux statues en réponse.

 

Harry ferma les yeux un instant, priant pour qu’Albus ne l’ait pas changé en rentrant. “Dramione ?” Le mot à la signification inconnue pour le Gryffondor résonna dans le couloir, et instinctivement il regarda autour de lui pour s’assurer qu’il était seul. Un instant après, la porte s’ouvrit, et Harry s’engagea dans le bureau.

 

“Oh, Harry ! Je pensais bien que tu viendrais.

- Monsieur le Directeur.”

 

L’étudiant ne s’interrogea pas particulièrement sur pourquoi ni comment Albus avait pu s’y attendre, puisque de toutes façons, à chaques fois qu’il venait, il le savait. Un peu comme un sixième sens. (Ou peut-être faisait-il juste semblant pour se la ramener). “Je t’en prie mon garçon, assieds-toi et explique-moi ce qui te tracasse.”

 

Etait-ce si évident qu’il s’était passé quelque chose ? “Comment…” Albus l’interrompit par un simple et léger hochement de tête. Celui-ci ramena son index à sa tempe en la tapotant, comme s’il lui montrait son esprit, les yeux pétillant. “Le professeur Rogue te l’a surement déjà dit Harry, mais ton esprit est très ouvert, et bien que je ne m’exerce pas à la légilimencie sur toi, ta préoccupation reste évidente.”

 

L’élève s’assit en refusant aimablement un bonbon au citron, encore traumatisé par l’acidité de celui de la veille, et soupira longuement. Armé de patience, le directeur attendit gentillement qu’Harry se lance et leur servit une tasse de thé dont s’échappait une épaisse vapeur. “J’ai fait une très grosse bêtise monsieur.”

 

La remarque sembla éveillé en Dumbledore un intérêt plus vif pour le petit Gryffondor, et il l’invita à continuer par un haussement de sourcil aimable. Alors après avoir avalé une gorgée de sa boisson chaude, au citron, remarqua Harry en manquant de s’étouffer, il reprit son aveux et lui expliqua toute la situation.

 

Albus ne paraissait pas fâché, il sembla même à l’étudiant que le professeur dissimulait son sourire derrière sa barbe, mais celui-ci s'effaça lorsqu’il en vint à la scène où Rogue arrivait dans le bureau. “J’ai… j’ai vraiment essayé de le faire partir sans éveiller les soupçons monsieur… mais il… il était inquiet pour vous, expliqua Harry en vomissant presque les mots. Et… Il… Il a développé le sujet… et… Je ne sais pas… Il a parlé de… des “horcruxes”... et de… La mission de Malefoy.”

 

Cette fois-ci, sans aucun doute possible, le sourire de Dumbledore avait disparu. Harry comprit alors que la discussion était devenue plus que sérieuse et que ce n’était pas le moment d’essayer de détendre l’atmosphère en évoquant la scène du soutien-gorge.

 

“Que t’as-t-il dit à ces sujets, Harry ? demanda Albus, concerné.

- Pour les horcruxes il… Il a dit que vous devriez m’en parler, mais rien de plus, je ne sais pas ce que c’est. Mais si j’ai bien compris, c’est ce que vous cherchez pendant vos absences.” Dumbledore opina, l’air grave. “Et que sais-tu de la mission de Draco, Harry ?”

 

Cette fois-ci, il semblait y avoir de l’angoisse dans la voix de l'aîné, et le cadet devina que le fait qu’Harry puisse être au courant était la dernière chose qu’Albus souhaitait.

“Je ne sais rien du tout. Mais Rogue a dit qu’il ne voulait pas le faire. Enfin pour reprendre ses termes, qu’il ne pouvait pas le faire. Je me sentais tellement honteux monsieur, si vous saviez, je ne voulais pas entendre tout cela ! Je n’aime pas qu’on me cache des choses, Rogue a raison, mais pour autant je n’aurais jamais essayé de le duper comme ça pour avoir des informations, je vous le promet, je suis tellement désolé !” lâcha Harry d’une traite, terriblement sincère.

 

“Je te crois Harry, je te crois. Il ne se passe pas un jour où je n’ai pas confiance en toi mon garçon. Même si je dois admettre que tu as en effet fait une bêtise en te laissant embarquer dans cette farce. Et en volant des ingrédients dans la réserve de Severus pour le Polynectar.

- Ne lui dites pas, je vous en supplie, je veux pas mourir si jeune !” s’écria Harry en blaguant presque, un peu plus détendu. Il loupa le regard chagriné d’Albus.

 

 

Finalement le jeune Gryffondor reprit son récit, et après avoir hésité pendant une bonne minute de silence, avoua sa dernière faute. “Il me semble qu’il y a quelque chose d’autre qui te tourmente Harry. Je t’écoute, au point où tu en es, tu n’as pas à avoir peur.

- Oui… en fait… il se peut que vous deviez utiliser le sortilège d’amnésie sur Rogue.

- Et pourquoi cela ?” demanda Albus, à nouveau amusé. Son sixième sens devait aussi l’avertir des âneries qui allaient sortir de la bouche de l’élève.

 

“Comment dire ça ? Mh, eh bien, vous savez qu’à l’origine j’étais censé avoir l’apparence de Luna…

- Oui…

- Donc… J’avais… Un… soutien-gorge… mais-comme-j’ai-pas-réussi-à-l’enlever-j’ai-demandé-à-Rogue-de-le-faire-et-il-vous-a-prit-pour-un-fou.”

 

Harry reprit sa respiration, tête baissée, tandis que Dumbledore se retenait visiblement de rire à gorge déployée, et le sorcier le rassura. “Je ne pense pas que nous aurions besoin d’utiliser un tel sort, Harry. De bonnes explications comme tu viens de m’en fournir lui suffira certainement.”

 

L’élève releva brusquement la tête, choqué. “Vous voulez tout dire à Rogue ?!

- Me dire quoi ?” demanda le Maître des Potions qui venait d’entrer dans le bureau.

 

“Oh. Severus.” dit Albus, surpris, pendant qu’Harry tentait tant bien que mal de cacher son AVC. Cet homme. Avait. Le don. Pour arriver au mauvais moment. Et à en voir le regard amusé du Directeur, il n’était en fait pas surpris du tout, et avait dû sentir son arrivée comme il avait senti celle d’Harry.

 

Celui-ci se tourna enfin vers Rogue, et vit qu’il s’était caché derrière son habituel regard hautain et impatient. Ah ! Il semblait bien loin l’homme sentimental et effondré de la veille ! Mais pas si loins… percuta soudainement Harry. Ses paupières s’affaissaient sur son regard sombre, et le Gryffondor qui sortait du deuil de son parrain reconnu immédiatement cette marque. Et pourtant ce n’était pas nouveau. S’il ne le remarquait que maintenant, ce n’est pas parce que ça venait d’apparaître, c’est parce qu’il avait enfin accepté de le voir. Bien sûr, tout cela était bien dissimulé derrière son air continuellement agacé et méprisant.

 

Son observation minutieuse ne devait pas être discrète puisque le Maître des Potions et des masques plenta à son tour son regard dans celui d’Harry. Il parut pendant une seconde au Gryffondor que Rogue avait compris ce qu’il voyait. Alors il détourna les yeux. C’était la première fois que le professeur perdait une bataille de regards, et Harry s’en félicita intérieurement, oubliant qu’il était sur le point de se faire convertir en ingrédient à potion.

 

“Severus, que me vaut votre venue ?” demanda finalement Albus. Harry s’enfonça dans son fauteuil, et le fait qu’il ne se lève pas pour partir et laisser ses aînés entre eux agaça le Maître des Potions. Mais comme le regard du directeur l’engageait à répondre, il fit comme si l’étudiant n’était pas là.

 

“J’étais venu voir si vous alliez mieu qu’hier, tout simplement. Vous sembliez un peu… Hm, à l’ouest.

- Je vais bien, ne vous en faites pas mon enfant. (Harry étouffa un gloussement, c’était bien la première fois qu’il entendait quelqu’un l’appeler de la sorte) J’ai bien trouvé les potions que vous aviez laissé sur mon bureau.”

 

Rogue plissa les yeux, et le coeur d’Harry loupa un battement. “Je vous les ai données en main propres hier, Albus.”

 

Et voilà, ça commençait. Les yeux du directeur se mirent à briller, et d’un geste distrait de sa baguette, il fit venir un fauteuil à côté d’Harry. “Asseyez-vous Severus, je crois qu’Harry souhaite vous dire quelque chose.” Et voyant comme le professeur dénigrait le fauteuil et l’étudiant des yeux, il ajouta : “...Quelque chose d’important.”

 

Le Gryffondor fit taire un faible gémissement paniqué qu’il n’avait pas réussi à retenir complètement, et après un énième coup d’oeil meurtrier de son professeur, celui-ci s’assit à ses côtés, lui aussi face au bureau du Directeur. Il attendait visiblement qu’Albus parle, mais celui-ci ne fit que montrer Harry d’un geste du menton. “C’est le petit qui va vous parler, pas moi, Severus.”

 

Le professeur se tourna alors lentement vers Harry, visiblement déjà las, comme s’il s’attendait à ce que la discussion ne soit pas digne d'intérêt. L’élève, lui, se demandait si on allait pas bientôt arrêter de l’appeler le Survivant, car il était bel et bien en train de mourir à cet instant. Il avait l’impression de revivre la scène où il demandait à Cho de l’accompagner au bal, sauf que cette Cho là n’avait pas les yeux bridés et qu’il aurait préféré mille fois devoir inviter Rogue à un bal que de lui avouer tout ce qu’il s’était passé la veille. Inutile de préciser que Dumbledore, lui, se contentait de faire pétiller ses yeux plus fort qu’un verre de Coca, un sourire dissimulé aux lèvres. Qu’est-ce qu’il y avait de drôle à cette scène franchement ?

 

“J’attends.” siffla le Maître des Potions, vraiment très impatient. D’autant plus qu’Harry fuyait son regard, et qu’il n’aimait pas cela du tout. Harry souffla, et enfin, se lança. “Je suis désolé.”

 

La phrase avait été dit à voix très basse, presque chuchotée, mais elle gifla littéralement Severus. Il s’attendait à beaucoup de choses, mais pas à des excuses. Et de quoi s’excusait-il ? Non pas qu’il n’y avait rien qui le justifiait, mais de quoi s’excusait-il précisément ? D’avoir fouillé dans sa pensine l’année dernière ? D’être un sale gamin arrogant ? De l’avoir regarder bizarrement durant le dîner hier ? Et une seconde fois il y a quelques secondes ?

 

Severus quitta le gamin des yeux un instant pour chercher une réponse dans le regard d’Albus, qui se régalait de ce spectacle. N’y trouvant pas ce qu’il cherchait, il se tourna à nouveau vers Harry, qui semblait au bord de la crise d’angoisse. Allons, était-ce si grave pour qu’il soit si perturbé ?

 

“Jeee…. reprit Harry. Je sais qu’on est pas en très bon terme, vous et moi…

- Lucide.

- … et ça ne va certainement pas s’arranger après ce que je vais vous dire, mais sachez qu’à aucun moment je n’ai voulu qu’une telle chose ne se produise, et que je me sens vraiment mal depuis.

- Epargnez-nous vos états d’âme Potter, et crachez le morceau.” siffla Severus en faisant frissonner Harry.

 

“Pour faire court, des Gryffondors ont voulu faire une méchante blague à un autre Gryffondor, qui est amoureux d’une Serdaigle, en prenant l'apparence de cette Serdaigle et en draguant le Gryffondor avec cette apparence.

- Et Pourquoi Finnigan et Thomas ont-ils fait cette blague à Londubat en prenant l’apparence de Miss Lovegood ?” demanda Rogue.

 

Harry manqua de s’étouffer. Pourquoi tout le monde semblait savoir que Neville en pinçait pour Luna ?

 

“C’était pour ses 17 ans.  Mais moi je voulais pas. Sauf que Ron m’a menacé de révéler quelque chose d’embarrassant à mon sujet si je suivais pas le groupe, alors pour protéger Neville, je me suis porté volontaire pour prendre l’apparence de Luna et diminuer les dégâts. Et je me suis aussi occupé de brasser le Polynectar et…

- Pardon ?” l'interrompit durement Rogue. Harry remercia le ciel pour que cette discussion se soit déroulée avec Dumbledore.

 

“Je suis désolé…” marmonna Harry, vraiment mal. D’un autre côté, il avait envie de lui dire que ce n’était pas la première fois qu’il faisait cette potion en secret, mais en voyant le regard noir du professeur, il préféra s’abstenir. “...mais il était parfait.” ajouta-t-il en espérant calmer le professeur.

 

“Vous voulez peut-être que je vous en félicite Potter ? railla-t-il. Slughorn vous-a-t-il noté pour cet exploit ?

- Pardon… Mais c’est trop tôt pour… vous énerver monsieur.

- Parce qu’il y a pire ?” demanda-t-il d’une voix venue tout droit des enfers.

 

Harry ne répondit pas, mais Albus acquiesça pour lui.

“...La potion était parfaite, mais le cheveu que Dean et Seamus m’ont donné n’était pas celui de Luna, ils s’étaient trompés et…”

 

Le Survivant tentait vraiment de finir sa phrase, mais sa bouche refusait obstinément de s’ouvrir tant il avait honte. Mais il savait aussi que la patience n’était pas le fort de Rogue, surtout pour un Gryffondor, et surtout pour lui, alors il se reprit.

 

“...c’était un cheveu de Dumbledore.”

 

La veille, Harry découvrait un Rogue effondré, et aujourd’hui, il avait réussi à le surprendre. Et à le choquer visiblement. Il lui laissa le temps de faire quelques connexions entre divers événements, et fit quelques adieux mentaux à ses plus proches amis, la sentence s'apprêtant à tomber.

 

“Albus, me donnez vous l’autorisation de…

- Non Severus, vous ne pouvez pas le tuer.”

 

Harry aurait bien ri de cet échange si Rogue ne venait pas de l’attraper par le col de sa robe pour le maintenir à sa hauteur. Et comme il était grand, le Gryffondor se sentit décoller.

 

“Comment avez-vous osé ! siffla-t-il à demi-voix.

- Je-je-je suis désolé ! Je voulais pas ! Je suis allé chercher Dumbledore dans son bureau mais il était pas là alors j’ai voulu y rester pour me cacher !!!

- Alors pourquoi vous étiez dans ses appartements privés quand je suis entré si vous ne faisiez que vous cachez, espèce de…

- Parce que je devais me changer ! J’étais en jupe ! EN ! JUPE !” cria Harry, tentant juste de sauver sa vie.

 

Dumbledore s'apprêtait à intervenir, mais Rogue lâcha soudainement Harry, un nouvel éclair de lucidité traversant ses yeux. “Ce qui explique aussi…

- J’étais obligé de porter ça, j’étais censé être une fille !

- Fermez-là, Potter, vous devriez être renvoyé à l’heure qu’il est !

- Il ne devrait rien du tout Severus, contrit Dumbledore. C’était un accident, vous le voyez bien.

- Et voler dans mes réserves, c’était un accident ça aussi ?!

- Ce n’est pas Harry qui a fouillé dans vos réserves, Severus, mais un de ses camarades. Vous pourrez les punir autant que vous voulez, mais cela risque d’être compliqué à présent.”

 

Severus sortit de sa colère en une demi-seconde, ce qui terrifia un peu plus Harry parce qu’il l’avait toujours vu le faire dans l’autre sens. Visiblement il avait senti quelque chose dans la voix du Directeur qui ne lui plaisait pas du tout.

 

“Comment ça, compliqué ?” demanda-t-il, presque aussi angoissé que la veille, comme-s’il avait oublié Harry. L’élève échangea un regard avec le directeur, ne sachant pas s’il devait rester ou pas. Dumbledore lui demanda de rester avec un petit geste de la main et Harry s’enfonça un peu dans son fauteuil.

 

“Severus, il y a un problème plus grave. Harry a entièrement confiance en vous.”

 

Le concerné se redressa vivement, et on voyait très clairement sur le visage d’Harry qu’il cherchait à quel moment il avait pu exprimer ça. C’était vrai, depuis ce qu’il avait vu la veille il avait réalisé qu’il était de leur côté, mais jamais il ne…

 

“Ne me faites pas rire.” feula Severus d’une froideur qui frappa Harry. Il semblait… dégoûté par cette éventualité.

 

“Severus, je suis au regret de vous annoncer qu’il ne doute plus de votre allégeance.

- Je ne vois pas comment…

- Et ce, au même titre que moi. Il a vu ce que j’ai vu, ce que je vois tout les jours, et il n’a plus de doutes à vos propos.”

 

Rogue se crispa un instant, pensif, semblant chercher de quoi parlait précisément le vieillard, sans comprendre l’allusion à ses sentiments humains qu’il passe son temps à dissimuler, et puis, comme s’il voulait vérifier ses dires, se tourna vers Harry, et plenta son regard ébène dans l’émeraude. Il ne le fixait pas avec haine ou avec hargne, il semblait juste à la recherche de quelque chose, d’une confirmation.

 

“Ca veut pas dire que je vous aime.” précisa Harry avant d’écarquiller les yeux, choqué d’avoir laissé ça échapper.

 

Rogue détourna le regard comme s’il n’avait rien dit, et, toujours debout, fit un faible pas vers Albus, comme s’il savait ce qui allait s’en suivre. “Albus, non…

- Severus, vous savez que l’esprit de Voldemort est lié à celui d’Harry. Ce que Harry sait, il peut le savoir aussi. On ne peut pas prendre le risque. Je refuse.

- A-Albus, vous n’y pensez pas !

- Severus, votre rôle d’espion s’arrête dès à présent.”

 

La phrase flotta dans l’air pendant un long moment durant lequel Rogue semblait fixer Albus sans vraiment le regarder. Brutal. Finalement, il se laissa tomber dans son fauteuil, à bout de force.

 

Il porta d’un geste las sa main à son visage, comme fatigué, éreinté, rendu.

 

Dumbledore ajouta, comme s’il cherchait à se justifier : “Je ne peux définitivement pas vous autoriser à y retourner. Il ne vous laisserait pas revenir.

- J’ai compris.” chuchota Rogue.

 

Si Harry s’en était voulu d’avoir prit l’apparence de Dumbledore la veille, ce n’était rien comparé à ce qu’il ressentait à cet instant. Il était horriblement tiraillé.

 

Par sa faute, l’Ordre avait perdu son meilleur atout ( car oui, Harry arrivait enfin à l’admettre ), son seul espion, et Merlin, quel espion ! Harry Potter, le soi-disant élu, venait de tirer son camp vers le bas. Et c’était entièrement sa faute.

 

D’un autre côté, et il n’arrivait pas à se l’expliquer, il était rassuré. Oui il était rassuré pour Rogue, parce que s’il n’est plus espion, peut-être n’avait-il plus besoin de faire la fameuse mission de Malefoy à sa place ? Peut-être n’allait-il plus souffrir comme il en avait l’air durant leur entrevue de la veille ?

 

Mais ce qui mit le plus mal Harry, c’était de voir que visiblement, il était le seul à être tiraillé. Un seul coup d’oeil à Rogue lui suffit pour voir que lui, il ne voyait que la perte stratégique. Il aurait pourtant dû être le premier à se réjouir -même un minimum- de cette délivrance, même si ça paraissait égoïste ! Et ça ne faisait qu’augmenter la culpabilité d’Harry. Et en même temps, il était énervé de le voir si obnubilé par la guerre, et d’être si déçu par sa mise en retrait. Il n’avait plus de raison de vivre ou quoi ?! A croire qu’il ne se rattachait qu’à ça !

 

“Tout ce que j’ai fait n’aura servi à rien.” soupira Severus sans utiliser sa voix.

 

“Ah non !” s’écria Harry, à présent debout, en faisant sursauter les deux adultes. Non mais franchement, il en fait exprès ou quoi ?! “Ca non ! Vous reprochez aux autres de se plaindre pour attirer les compliments, et vous faites exactement la même chose ! Je rêve ! Comment osez-vous dire ça, avec toutes les informations que vous nous avez apportées, celles que vous leur avez cachées, et la mission de…

- Il me restait tant à faire ! J’aurais pu faire plus ! s’exclama Rogue en réponse, furieux.

- Mais de toutes évidences vous ne le pouvez plus, et en plus c’est entièrement ma faute alors vous pouvez rien vous reprocher ! Je vous offre par accident la possibilité de vous retirer sans qu’on puisse rien vous reprocher, et vous, vous vous plaignez ! Moi je rêverais que demain on me dise “Harry, tu n’es plus l’Elu. Tu n’es plus obligé de t’impliquer dans la guerre.” !

- Vous ne comprenez rien, Potter ! C’est dans vos gènes ma parole !

- Alors expliquez-moi !

- Mes garçons, le sujet est clos.” claqua Dumbledore, instaurant un calme subit.

 

Et bien qu’il n’en ait jamais eu, Harry eut soudainement l’impression de s’être fait réprimandé par son papa. Et vu le coup d’oeil que Rogue venait de lui lancer, il pensait la même chose et avait la sensation d’être le deuxième fils. En outre, la moue commune des deux “garçons”  indiquait clairement qu’ils n’étaient pas sûrs d’aimer ça du tout. Drôle de famille.

 

“Severus.” reprit Albus. “Écoute-moi, et calme toi.”

 

C’était la première fois qu’Harry entendait Dumbledore tutoyer Rogue, et des deux, il n’était pas le plus choqué. Il suffisait de jeter un oeil au Maître des Potions pour voir qu’il n’y était pas plus habitué que lui.

 

“Je comprends que tu veuilles encore t’impliquer, et je ne vais pas t’en empêcher. ( il calma Harry qui s'apprêtait à répondre en levant simplement sa main ) Je t’ai donné deux missions, l’une étant de savoir comment Drago compte venir à bout de sa mission, et la deuxième étant de la faire à sa place. Mais j’imagine qu’il est inutile de préciser que tu n’es plus en mesure de le faire.”

 

Pour la première fois depuis l’entretien, Rogue sembla soulagé. Le mot était trop faible, remarqua le Gryffondor, il semblait libéré d’un fardeau dont la portée échappait à Harry.

 

“Mais je suppose que vous souhaitez maintenir la première mission ? Ce sera plus compliqué lorsque Drago saura que je ne suis plus dans leur camp. Déjà qu’il s’était fermé…

- Mais… commença Harry avant de s’arrêter, remarquant qu’il était sur le point de couper la parole à Albus qui voulait répondre à Rogue.

- Tu as une question, Harry ? demanda le directeur tendrement.

- Euh… Oui… Votre marque Monsieur, commença-t-il en se tournant vers Severus, elle ne va pas partir ?

- Bien sûr que non, répondit-il, aigre. “Fidèles jusqu’à la mort.”

- Mais, il peut toujours vous appeler alors ?

- Parfaitement Harry, releva Albus satisfait, comme s’il venait de toucher LE point à aborder. Il peut t’appeler, Severus, te blesser, t’empoisonner, et te retrouver. Car il te cherchera.

- Ce n’est pas comme s’il y avait une solution.” répondit Rogue, sec.

 

Le directeur s’enfonça dans son fauteuil, les yeux pétillants. Oui, vraiment, il était satisfait.

“Il se trouve que j’en ai une. Temporaire, mais suffisante pour la situation actuelle.”

 

La respiration de Rogue s’était bloquée, et Harry réalisa que la sienne aussi.

 

“C’est…. commença le Maître des Potions, avant de laisser sa voix s’éteindre.

- ...Quelque chose qui te déplaira, je préfère te le dire maintenant.

- C‘est pas comme si y avait beaucoup de choses qui- Pardon.” s’arrêta Harry, lui-même choqué de son attitude. Albus semblait amusé et l’ancien mangemort vexé. Il était en train de comprendre pourquoi la façon dont le directeur les avait interpellés tout à l’heure lui avait donné l’impression que lui et Rogue étaient deux frères en conflits. C’est parce que c’était comme ça que Dumbledore les voyait, et parfois y avait de quoi.

 

 

“Je disais donc, ça va te déplaire, Severus. Mais ça te permettra de rester au château et d’espionner Drago comme il se doit de manière tout à fait normale.

- Albus, je ne pense pas pouvoir passer incognito en étant un élève de 37 ans.” railla Severus, voyant où le directeur voulait en venir.

 

Mais la remarque étira beaucoup trop le sourire de Dumbledore pour que ce soit bon signe. Ce qui échappa aux yeux d’Harry qui, visiblement plus que choqué, venait d’apprendre l’âge du professeur. Cet imbécile n’avait apparement pas réalisé que si lui et son père avaient été à Poudlard en même temps, ça signifiait qu’ils avaient le même âge.

 

“Quoi ? demanda Rogue au plus jeune, le défiant de faire une quelconque remarque.

- Rien, je savais pas, c’est tout.

- Severus, les interrompit Albus. A quelle âge as-tu pris la marque exactement ?

- Vers la fin de mes études. Vous le savez bien, nous en avons déjà parlé.

- La date exacte ?”

 

Le Maître des Potions ferma les yeux, priant visiblement pour avoir la force de ne pas tuer Albus ici même, ou pour réussir à répondre, tout dépendait du point de vue. “Le 25 décembre 1977.

- Tu n’étais donc pas marqué à 16 ans, remarqua Albus.

- Bravo.”

 

Dumbledore fit pétiller un peu plus ses yeux, si seulement c’était possible, et se tourna vers Harry.

 

“Si je ne m’abuse, tu n’aimes pas les Serpentard, Harry.”

 

L’élève détourna un peu la tête, les yeux plissés, pas sûr de ce qu’il devait répondre. Bien sur qu’il ne les aimait pas. D’un autre côté ils ne lui avaient pas laissé le choix (l’inverse étant tout aussi vrai)... Mais il ne pouvait pas répondre une telle chose, assis à côté de leur directeur.

 

Le directeur s’amusa du silence très clair de son élève, puis demanda : “Crois-tu que tu pourrais faire un effort pour moi Harry ?

- Baheuh…. Eeeeerh…..

- Ce n’est pas votre meilleure réplique, railla Severus. Venez-en au fait Albus.” tonna-t-il. “...S’il vous plaît.” ajouta-t-il face au regard faussement autoritaire du vieillard.

 

La dessus, Harry le rejoignait, il aimerait que Dumbledore soit un peu plus clair, il n’en tenait plus de ses effets d’annonce.

 

“Est-ce que l’un de vous deux aurait déjà entendu parler du Sortilège de Saint-Exupéry ?” Rogue plissa les yeux dans un signe évident d’ignorance. Ce qui gonfla Harry de joie, puisqu’à lui, ça lui disait quelque chose. Enfin pas le sortilège, ça, il n’en avait aucune idée.

 

“Saint-Exupéry n’est-il pas l’auteur du Petit Prince ? demanda-t-il innocemment, sentant le regard de Rogue se poser sur lui. C’est un conte français. Je le pensais moldu…

- Oh, il l’est, expliqua Dumbledore. Mais les sorciers ont bien aimé son nom, donc ils l’ont utilisé pour ce sort dont les effets sont en lien avec le thème principal du conte. Il a un deuxième nom, et je pense que Severus connaîtra celui-ci.”

 

Non, il ne pensait pas, il savait qu’il le connaissait, et c’est pour ça qu’Albus traînait à le dire. Il voulait être sûr de l’effet qu’aurait son idée.

“Le Sortilège de Neverland, exposa le directeur.

- LE SORTILÈGE DE PETER PAN ! s’exclama soudainement Severus en se levant tout aussi vivement.

- COMBIEN DE NOMS A CE SORT ?! s’insurgea Harry, n’aillant pas saisi la panique de Maître des Potions.

- Albus ! Vous êtes… Vous êtes... Fou ! Je…. MAIS MERLIN ! NONOONONN ! Jamais ! ALORS CA ! Ja. mais. de. ma. vie.”

 

“Je lui avait dit que ça ne lui plairait pas…” souffla Albus à Harry, qui crut un instant avoir loupé un épisode. “Mais s’il râle autant, c’est parce qu’il sait que j’ai raison.” continua-t-il toujours aussi bas, pendant que Rogue faisait les cents pas en marmonnant quelque chose à propos d’un passage forcé à Saint Mangouste.

 

“Mais c’est quoi ce sortilège de Saint-Exupeter Pan là ? demanda Harry dans le même ton de confidence.

“Tu vas bientôt le savoir.”

 

“Je.. Non, vraiment, impossible ! C’est non ! Non !

- Severus, ce serait temporaire. Et tu sais que ça marcherait.

- Mais… Mais je ne peux pas redevenir un adolescent ! Non non !”

 

Harry frôla le malaise. Redevenir un adolescent. QUOI ?! pensa-t-il avant de s’exclamer exactement la même chose.

 

Le regard de Rogue se posa sur Harry, et un nouvel éclair de lucidité traversa ses yeux. “Ah non non, mais non. Pas question. Je serais pas sous la botte d’un Potter. Non. Pas possible.”

 

Sur le coup, et pour la deuxième fois de la journée, Harry était parfaitement d’accord avec Rogue. Il ne savait pas de quoi il parlait exactement, mais il sentait que ça impliquait un rapprochement entre lui et le professeur, donc de base, c'était une très mauvaise idée.

 

“Je vais pas mentir, intervint Harry, je suis un peu paumé là.

- Le Sortilège de Peter Pan, slash Neverland, slash Saint-Exupéry, est un sort qui permet à un sorcier de reprendre son apparence d’une époque précise, expliqua Dumbledore en ignorant les regards meurtriers de Rogue et ses va-et-vient. Ce n’est pas un sort éternel, sa durée ne peut dépasser un an, et…

- Et ça permettrait de faire disparaître la marque de Rogue temporairement si on remonte assez tôt, et ça le mettrait à l’abri ! s’exclama Harry. Mais euh… c’est quoi le rapport avec moi ? Je veux dire… Euh… Il va devenir fou et je vais devoir m’occuper de lui ? Non parce que c’est compromis hein…”

 

Albus éclata de rire, surprenant les deux garçons. “Non, il ne va pas devenir fou. Il aura même tout ses souvenirs, ses pouvoirs et sa force, la n’est pas le problème. Mais le sortilège se fait en deux étapes. La première, c’est une phase de…

- Taisez-vous ! cria Severus depuis l’autre bout de la pièce, visiblement plus que embarrassé. Taisez-vous, taisez-vous !

- ...une phase de stabilisation, continua Albus comme s’il n’avait jamais été interrompu.

- C’est-à-dire ? demanda Harry.

- Ne lui dites pas Albus !

- C’est à dire qu’avant que le sortilège ne se cible sur l'âge demandé, ici 16 ans, pendant…

- SI VOUS LUI DITES ALBUS, JE REJOINS VRAIMENT LE SEIGNEUR DES TÉNÈBRES.

- … pendant deux jours, Severus aura l'apparence et l’attitude d’un enfant d’à peu près 7 ans.”

 

Rogue laissa échapper une exclamation choquée, comme s’il ne s’attendait pas à ce qu’il ose aller jusqu’au bout de son explication. Mais la personne qui souffrait le plus à cet instant, c'était bien Harry, qui tentait tant bien que mal ( enfin surtout mal hein ) de cacher le plus violent de ses fou-rires. Il avait la tête baissée, n’osait regarder personne dans les yeux, et tremblait incontrôlablement des épaules. Il savait qu’au moindre gloussement, il se ferait étriper.

 

“Le problème étant que quelqu’un doit s’occuper de lui pendant ces deux jours, et que je serais à la chasse aux horcruxes. Je t’expliquerais ce que c’est plus tard…” Mais Harry ne montrait pas le moindre signe d'intérêt pour les horcruxes, trop occupé à essayer d’imaginer les deux jours dont parlait Dumbledore.

 

“Je ne le fait pas, Albus. Non non, pas moyen.

- C’est temporaire Severus, rappela le directeur avant de se retourner vers Harry. Pendant ces deux jours, ce sera vraiment un enfant. Il n’aura pas conscience de ce qu’il se passe, mais une fois le sortilège stabilisé, il se réveillera, à nouveau lui-même, dans son corps qu’il avait à 16 ans.”

 

Harry reprit sa respiration, et entre deux soubresauts, articula avec difficultés : “Et… Il va se rappeler des deux jours ?

- Oui, bien sûr.” Le Gryffondor se replia alors vivement sur lui même, à nouveau sujet à son fou-rire silencieux.

 

“Mais une fois dans son corps de ses 16 ans, les seules personnes qui pourront faire le rapprochement entre ces deux apparences sont ceux qui seront mit au courant, comme un sortilège de dissimulation. Il faut savoir pour voir. Je préviendrais les membres de l’Ordre.”

 

Après avoir visiblement hésité, le directeur ajouta : “Et Harry, j’aimerais que tu restes à ses côtés.

- Mais qu’est-ce que- commença à gronder Severus.

- Parce qu’il faudra vraiment que vous vous protégiez mutuellement.

- Et pourquoi ça ?!” demandèrent les deux garçons en coeur. Le directeur prit un air blasé, comme si la réponse était évidente.

 

“Parce que vous êtes deux imbéciles qui se jettent toujours au coeur du danger, et surtout mes deux imbéciles préférés. Alors si je pouvais partir chercher mes petits horcruxes en sachant que vous faites équipe sans vous entre-tuer, j’en serais plus que ravi.”

 

“Quelle perspective agréable, de retour dans le corps de mes seizes ans, avec comme coéquipier, la parfaite reproduction de James Potter ! Comme au bon vieux temps ! cracha-t-il.

- Donc, tu acceptes, Severus ?

- Je n’ai pas vraiment le choix !

- Exactement. Harry ?

- Baheuh…  Eeerh…

- Décidément, vous êtes inspiré, siffla Rogue, au bout de sa vie.

- Beein… c’est une question de vie ou de mort… et c’est ma faute… Donc oui j'accepte.”

 

Severus et Harry soupirèrent en coeur, et Dumbledore sourit. Mon Dieu ce qu’il aimait les voir comme ça.

 

“Ah oui, derniers détails à régler… Juste deux en fait. Par quel professeur de défence contre les forces du mal veux-tu être remplacé ?

- Oh ! s’exclama-t-il dans une joie feinte qui, même si elle débordait d’ironie et de sarcasme, surprit Harry. Pourquoi pas Lupin ! De bon souvenirs pour parfaire mon retour à l’adolescence !

- Parfait, je pensais à la même personne.” opina Albus sous le regard paniqué de Rogue.

 

“Non ! Je plaisantais ! Faites revenir Ombrage, je ne sais pas… Alastor ! Oui ! Il n’a pas pu faire son année !

- Lupin est un très bon choix, verrouilla le directeur. Membre de l’ordre, aimé des élèves, bon professeur…. excellent.

- C’est lui qui m’a appris le sortilège du Patronus, ajouta Harry en direction de Rogue pour appuyer la décision.

- Et moi l’expelliarmus, mais cela ne compte pas j'imagine !”

 

Les deux Gryffondor se tournèrent vers le Serpentard, l’un surpris, et l’autre gêné. Après un instant ou tous jugèrent la réplique de Severus qui s’apparentait à une sorte de rivalité entre professeurs vis-à-vis d’Harry (même Rogue se jugea lui-même), le silence fut brisé par Albus.


“...Et il faudrait que tu te trouves un autre nom, Severus.

- ...Je ne peux pas le garder ?

- Au moins le nom de famille, tous les élèves le connaissent, et même avec le sort de dissimulation, il ne vaut mieu pas attirer le regard.”

 

Le professeur opina, et chercha. Pendant ce temps, le regard d’Harry se perdit vers les bonbons au citron du directeur. Ils n’étaient pas bons, il le savait, mais il avait vraiment envie d’en prendre un, comme ça. Pour occuper ses papilles, se trouver un truc à faire pendant que Rogue se cherchait un nouveau nom de famille.

 

Puis Harry se demanda quel nom il aurait choisi à sa place.

 

Pas Evans. Il aimait terriblement sa mère, mais il en pouvait plus d’être jugé par rapport à ses parents. Il n’y avait pas de fille qu’il aimait à qui il aurait pu prendre son nom de famille comme dans un mariage inversé… Et même si Dumbledore le considérait comme son fils/petit-fils, il ne se voyait pas s’appeler Harry Dumbledore, pour la simple et bonne raison qu'à force de l’appeler comme ça, Dumbledore était un peu devenu à ses yeux le prénom du directeur. C’était aussi ridicule que de s’appeler Harry Hermione, Harry Paul ou Harry Harry. Et Black lui rappelait trop la douleur du décès de son parrain…

 

Non, Harry aurait voulu d’un truc qui claque, mais qui soit une allusion à quelque chose auquel il tient. Quelque chose qui interpelle, qui pose des questions. Quelque chose que les autres auraient interprété d’une certaine façon, mais que lui comprendrais d’une autre façon.

 

...Puis il repensa au second plus gros mystère de son année scolaire, celui-qui avait la forme d’un vieu livre de Potion annoté de toutes parts, qui avait vécu et dont l’auteur l’obsedait et hantait ses pensées jours et nuits.

 

Harry avait trouvé. S’il avait pu changer de nom de famille, il aurait choisi…

 

Prince. Je vais faire avec Severus Prince.”

 

A suivre.

End Notes:

Voilà voilà, c'est tout pour ce chapitre !

Laissez des reviews !

A la prochaine ^^

KIRI~

Chapitre 3 : Monsieur Harry ? by Yukiri
Author's Notes:

Hello tout le monde ! Bon, je suis rentrée du Futuroscope ( oui c'était génial, merci ), donc on se remet au boulot ! J'espère que ce chapitre vous plaira.

(Petit coucou aux reviewers ^^)

Chapitre 3 : Monsieur Harry ?


“Prince. Je vais faire avec Severus Prince.” se décida finalement Rogue.

 

Comment ils en étaient arrivés à la même conclusion, Harry ne le savait pas. Sa première pensée a été de se dire que le Maître des Potions avait certainement usé de légilimencie... et puis il avait abandonné l’idée, réalisant qu’il n’aurait eu aucun intérêt à faire ça. Rogue connaissait-il le Prince de Sang-mêlé ? Ou peut-être savait-il qu’Harry ‘trichait’ durant les cours de Slughorn, et il lui faisait comprendre de manière originale pour le faire culpabiliser...

 

Dans tous les cas, l'intérêt pour le professeur s’était réveillé en Harry, et il se promit de trouver réponse à ses questions lorsqu’il aurait Severus sous sa… garde.

 

Albus paraissait assez surpris lui aussi, mais semblait savoir d’où venait  la référence. “Severus Prince…” répéta-t-il, pensif, avant d’ajouter, amusé : “...Cela faisait longtemps. Je ne pensais pas que tu te tournerais vers ça. Vers elle.

- Vous auriez préféré autre chose, peut-être ? siffla Rogue, agacé.

- Oh non, mon enfant. Au contraire, je trouve ça bien de garder un lien avec Eileen malgré-

- Je ne garde rien Albus, coupa Severus d’un ton sec, j’avais juste besoin d’un nom, j’ai pris le sien. C’est bon.”

 

Les sourcils d’Harry échappèrent à son contrôle et s’élevèrent sur son front tant la surprise était grande.

 

Une femme ?

 

Il y avait eu une femme dans la vie de Rogue ? Cet assexuel ?

 

L’élève se força à reprendre une expression distante, ne voulant pas montrer plus d'intérêt que permis envers son professeur. Vu comme il avait coupé le Directeur, il avait tout sauf envie d’aborder un tel sujet devant lui, ce qu’Harry voulait bien comprendre. D’une certaine façon il s’en fichait bien des histoires de coeur du Maître des potions, tout ce qui l'intéressait ici était le parallèle avec le Prince de Sang-mêlé.

 

Car il n’avait pas voulu l’admettre il y a quelques jours à ses amis, mais il était plutôt d’accord avec les idées d’Hermione. Lorsqu’il leur avait parlé de son attrait pour le Prince, la sorcière avait émis l'hypothèse que ce titre ne puisse être qu’un nom de famille, puisqu’il n’existait rien de tel dans le monde des sorciers. Des familles de nobles, oui, mais des rois, des reines ou des princes, non. Elle avait aussi relevé que par extension, le Prince pouvait être une femme, et bien qu’Harry ne le ressentait pas ainsi, il décida de s’ouvrir à cette possibilité.

 

Et visiblement, Hermione avait raison. En outre, Rogue, d’une manière ou d’une autre, la connaissait.

 

Eileen. Eileen Prince.

 

Harry refreina un soupir.

 

Forcément, quand quelque chose attirait son attention, il fallait que Rogue, Voldemort ou un autre personnage maléfique et dangereux pour sa vie y soit lié. Il aimait les échecs ? Il se retrouvait à jouer une partie meurtrière durant sa première année. Il aimait parler aux serpents, hop, Voldemort était un fourchelang. Il gagne le tournois des trois sorciers, et il est utilisé pour le réveil du grand mage noir. Même le Quidditch ! Il assiste juste à la coupe du monde, et qui est-ce qui se ramène ? Le club de Gothiques tatoués de Vous-Savez-Qui.

 

Cette année, il faisait une fixette sur le Prince de Sang-mêlé -enfin que dis-je, c’était une obsession, il le hantait, Harry ne pouvait pas se le sortir de la tête- et maintenant qu’il avait une piste pour le ou la retrouver, il fallait que ça passe par le sale bâtard graisseux.

 

En plus, au vu du commentaire du Directeur, il semblait être évident que cette femme, si c’était elle, avait eu une place assez importante dans la vie de Rogue… Et bien qu’il ne l’admettrait certainement jamais, Harry en était presque jaloux.

 

Il leva les yeux au ciel. Jaloux de Rogue, tout était possible dans ce monde.

 

Et puis Harry tiqua. Eileen Prince avait-elle donc l’âge de son professeur ?  Presque quarante ans…

 

Il déglutit.

 

A quoi s’était-il attendu de toutes façons ? Il n’avait jamais rencontré le Prince de Sang-mêlé mais avait laissé cette sorte de passion croître en lui jusqu’à se transformer en une sorte de… crush ?

 

Et c’était peut-être une ex de Rogue.

 

Okay, très bien. Il encaissait. Avec difficultés, mais il encaissait.

 

Il fit taire la petite voix qui lui disait “37 ans, c’est pas si vieux chez les sorciers…” et se reconcentra sur la discussion qui avait reprit entre les deux autres hommes.

 

“Quand le faisons-nous ? avait demandé le brun, voulant en finir au plus vite.

- Avant la prochaine réunion, répondit Albus. Elle doit se dérouler demain soir, il me semble ?

- En effet.

- Dans ce cas, nous devrions procéder au sortilège ce soir.”

 

Rogue baissa la tête, comme si l’annonce était un coup dur. Il semblait comprendre quelque chose qui échappait à Harry.

 

“Pourquoi si tôt ?” demanda alors l’élève.

Severus se tourna vers lui, le toisant depuis sa place avec un reniflement méprisant.

 

“Le sortilège s’active durant le sommeil, répondit Albus, ça ne peut pas se réaliser au dernier moment. Demain, Severus se réveillera dans son corps de ses sept ans, et alors la marque aura disparue assez tôt pour ne pas être appelé par Voldemort lors de leur prochaine réunion qui se tient demain soir.

- Ah… et donc deux nuits après, il redevient un adolescent de 16 ans.

- Exactement Harry.”

 

Dumbledore se tourna vers Rogue, et ils s’entretenèrent sur des détails plus larges au sujet des préparatifs et l’heure à laquelle ils devaient se retrouver.


Après avoir été prié de revenir le lendemain matin pour aller chercher le petit Prince, Harry se leva. Le petit Prince… Cette fois-ci il n’avait pas pu se retenir de pouffer de rire et fut immédiatement incendié du regard par Rogue. Il tenta tant bien que mal de se reprendre et quitta le bureau pour se diriger vers le dortoir des Gryffondor.


Si l’Ordre allait être mis au courant, alors il pouvait en parler à Ron et Hermione (Il ne savait pas exactement comment il avait fait ce lien entre les deux choses, mais ça lui semblait parfaitement légitime). De toutes façons, ils étaient meilleurs amis, et ils lui reprocheraient toute sa vie de ne pas leur avoir dit que la Bête de Serpentard allait bientôt redevenir un gosse.

 

Mais lorsqu’il arriva dans le dortoir, Ron avait sa valise grande ouverte sur son lit.

 

“Oh, Ron, qu’est-ce que tu fais ?” demanda Harry, surpris. Le rouquin se battait littéralement avec ses vêtements pour qu’ils rentrent, mais stoppa temporairement le combat pour se tourner vers son ami.

 

“Ah, salut vieux ! Bein je fais ma valise. Terrier... Noël... tu sais !

- Mais oui, c’est vrai !” s’exclama l’Elu en se frappant le front. Une certaine discussion qu’ils avaient eu en début d’année lui revint en tête.

 

Ron devait rentrer chez lui pour passer Noël avec sa famille, et Harry avait confirmé sa présence à Molly. Sauf que le 24, c’était après-demain, et qu’il aurait encore un Morpion des Cachots sur les bras à ce moment là. Or, aller chez les Weasley avec un sale gosse sur les bras lui paraissait bien inenvisageable.

 

“Ron… Je ne vais pas pouvoir venir au Terrier ce Noël, admit-il finalement, embarrassé. Je suis désolé, je rentre du bureau de Dumbledore et… Disons que je dois rester pour me faire pardonner de l’incident d’hier.”

 

Le roux releva la tête de sa valise qui vomissait son contenu et se tourna vers Harry, ébahi. "Dumbledore t'as puni ? demanda-t-il comme s’il lui avait annoncé être le fils de Merlin.

- Oh, non, pas vraiment. Enfin pas du tout même, mais il y a quelques conséquences inattendues et… Je dois y remédier.”

 

Ron fronça les sourcils, suspicieux. Harry n’avait jamais vraiment su lui mentir, et bien qu’il ne s’agissait pas là d’un mensonge, lui cacher quelque chose relevait de l’impossible.

 

“Vieux, je pars dans moins d’une demi-heure, alors crache le morceau.”

 

Le brun passa sa main dans ses cheveux, coincé. Comment il pouvait dire ça clairement et de manière concise ? Il n’avait visiblement pas le temps de s’attarder sur le sujet Petit Prince et préférait attendre le retour de son ami pour lui donner tous les détails… ( ce genre de révélation, ça ne se gache pas !)

 

“Bon, euh, en quelques mots… Comme je sais que Rogue est dans notre camps et que j’ai vu des trucs que j’aurais pas dû voir, et qu'en plus mon esprit est relié à celui de Voldemort, alors il peut le voir aussi... et du coup le rôle d’espion de Rogue a pris fin-

- QUOI-

- ...et donc je vais l’aider dans sa nouvelle mission, mais je te donnerais les détails quand tu rentreras parce que c’est long.”

 

Le roux le fixa, bouche-bée pendant quelques secondes, puis son visage ébahi laissa place à une émotion plus honteuse. Peut-être réalisait-il qu’il était lui aussi responsable de la perte de leur espion. Mais, après s’être contenté du fait que Rogue ait une nouvelle mission et n’était donc plus complètement inutile, il se rejeta sur sa valise pour la fermer, tout en s'adressant à son ami. “Ah, vraiment, je te jure Harry, si Maman n’avait pas insisté pour que je fête Noël avec tout le monde, je serais resté avec toi. J’imagine que ça va pas être marrant.”

 

Le sorcier à lunette ravala le rire qui avait faillit s’échapper de sa gorge et acquiesça. “Je pense qu’on va bien s’amuser quand tu rentreras, Ron. Et j’espère que Dumbledore expliquera bien à tes parents que ce n’était qu’un accident comme il l’a expliqué à Rogue, parce qu’autrement je doute que tu ne reviennes vivant des fêtes.”

 

Celui-ci opina, bien qu’il maniait ses affaires avec difficulté et grogna durant le long trajet que faisait la fermeture éclair de sa valise avant de s’exclamer joyeusement qu’il avait réussi. Il la fit rapetisser d’un sort, et la glissa dans sa poche.

 

Ils passèrent les derniers instants de Ron dans le château à la salle commune des rouge et or, où Hermione s’était posée pour discuter avec Ginny, prête à partir avec son frère elle aussi.

 

Il partirent finalement, après quelques étreintes, et laissèrent les deux Gryffondors logeant au château sur les canapés.


Maintenant seuls, Harry ne prit pas de pincettes, voulant en parler le plus vite possible, et lança le sujet directement. “Tu avais raison, ‘Mione.

- Je sais, soupira-t-elle, faussement lasse. Et pour quoi cette fois-ci ?

- Le Prince. C’est bien un nom de famille. Et c’est bien une fille.”

 

Les yeux de la sorcière triplèrent de volume, leur donnant un air similaire à ceux de Dobby, et alors Harry lui relata toute la discussion de la matinée.

 

 

“Le Sortilège de Peter Pan, mh-mh… Et donc Rogue connait le Prince ? Enfin… la… Prince ? Enfin, en soit, il connaît Prince ?

- Ouai.”

 

Le Gryffondor avait gardé son prénom pour lui. C’était possessif, ridicule et absolument inconvenant étant donné qu’il n’avait aucun vrai lien avec cette personne, mais il voulait garder cette information pour lui. Peut-être aussi avait-il peur que Granger fasse des recherches et trouve quelque chose qui le blesserait vraiment. Genre que cette femme était une Mangemort, mariée ou pourquoi pas, avec la chance qu’il avait, morte.

 

Son regard croisa celui d’Hermione, et après un instant, ce qui devait arriver arriva : elle éclata de rire. “Oh, oh non, c’est pas bien… Mais Rogue, un enfant ? Oh Merlin ! Dès demain matin ? Ohlala je ne dois pas me moquer d’un professeur…. Ah ah !”

 

La scène lui faisait penser aux elfes de maison lorsque ceux-ci se punissent d’avoir dit ou fait quelque chose mal, mais Harry se garda bien de le lui faire remarquer ; il n’avait pas envie de relancer le sujet de la S.A.L.E , et ce, notamment parce qu’il avait perdu son badge et voulait éviter un ouragan dans la tour des Gryffondor.

 

“Et qu’est-ce que vous allez faire ? demanda-t-elle soudainement.

- De quoi ?

- Bein, même si c’est Rogue, ça reste du babysitting, tu dois bien lui trouver quelque chose à faire, pauvre enfant.

- ‘Pauvre enfant’, repeta-t-il, amusé. Tu penses vraiment qu’il appréciera le coloriage ou peut-être préfères-tu qu’on fasse un trap-trap ?

- Harry, Dumbledore a dit que ce ne serait qu’un enfant, ne prends pas les choses comme ça.” raisonna Hermione. Son ami soupira.

 

“C’est vrai, il reste un enfant. Durant le premier jour il faudra qu’on fasse connaissance ou enfin, que je gagne sa confiance non ? Je sais pas… on pourrait l’emmener à Pré-au-Lard ? Voler en balais…”

 

Ils passèrent ainsi leur journée à prévoir les suivantes. Hermione s’était renseignée sur quelque sorts divertissants, comme pouvoir faire changer les couleurs des cheveux des gens et Harry trouva même une formule qui permettait de faire pousser les ongles de pieds de manière amusante dans son livre de Potion. Vraiment, cette Prince était géniale.

 

 

 

“Tu sais, c’est un truc de Poufsouffle, ça.” lâcha Hermione, presque tendrement. Ils étaient installés à la Grande Salle pour le dîner, où on comptait de moins en moins d’élèves puisque ceux-ci rejoignait leur foyers pour les fêtes.

 

“Qu’est-ce qui est un truc de Poufsouffle ? demanda Harry, perdu.

- Lire un livre et s’attacher démesurément à un personnage.

- C’est plus les Serdaigles qui lisent des bouquins...répondit Harry, cachant sa gêne soudaine.

- Je ne parle pas de livres scolaires. C’est bien plus le genre des Poufsouffle de se prélasser en lisant roman sur roman. M’enfin, les maisons, tout ça, ça ne veut rien dire, moi aussi je le fais. Je viens de finir Lorenzaccio, et même si c’est une pièce de théâtre et non un roman à proprement parler, je ne te cache pas que Lorenzo de Medicis me hante un peu…”

 

Hermione avait avoué ça comme si elle avait trouvé en Harry quelqu’un qui pouvait la comprendre… et en un sens il le pouvait.

 

“Mais toi tu peux la trouver -Prince, je veux dire. Moi, Lorenzo a existé, c’est vrai, mais c’était il y a plusieurs siècles, et le héros de l’auteur s’éloigne vraiment de l’original alors on reste sur du personnage fictif… Cependant, toi… Prince existe, et comme le livre n’est pas vieux, tu devrais pouvoir la trouver.”

 

Harry aurait pu s’étouffer avec son jus de citrouille, mais il avait élégamment tout laissé couler de sa bouche jusqu’à son verre, dans un self contrôle qu’il ne se connaissait pas.

 

“Depuis quand tu m’encourages avec Prince ?

- Depuis que tu as une vraie piste.” répondit la sorcière en haussant les épaules, comme si c'était évident. “Bien que je maintiens que tu devrais arrêter de l'utiliser en cours. Et on devrait éviter de l’appeler comme ça. C’est le nom que va prendre Rogue, alors pour éviter les malentendus, ou même qu’il sache que tu as le livre de Prince….” Elle termina par un soupir qu’il voulait simplement dire qu’il vallait mieux s’abstenir de mettre le professeur au courant, ou au moins pas de cette façon.

 

Mais si Harry avait soupiré, ce n’était pas du tout pour la même raison.

 

“C’était quoi sa relation avec elle de toutes façons ? Je veux dire, il prends son nom de famille, et même si c’est juste pour se cacher, c’est pas rien !” grogna-t-il en exposant la jalousie qu’il avait gardée pour lui. Enfin, c’était plus de la possessivité qu’autre chose.

 

Hermione voulut répondre qu’il s’emballait, que c’était peut-être quelqu’un de sa famille qui s'était remarié, peut-être même sa mère, mais ce fut le moment que choisit le Maître des Potions pour entrer dans la Grande Salle.

 

Elle laissa son regard suivre l’avancée du professeur dans l’allée. C’était la dernière fois qu’elle le voyait sous cette forme avant un bon moment, remarqua la sorcière, un rire menaçant de franchir ses lèvres à tout moment.

 

Le Petit Prince… pensa-t-elle.

 

Vu comment Harry détaillait la démarche de Rogue, Hermione devina qu’il pensait exactement la même chose qu’elle. Il se retourna vers elle, un sourire singulier sur les lèvres.

 

“Le Petit Prince…” murmura-t-il.

 

Certainement que le concerné avait entendu, puisqu’une fois assis à la table des professeurs, il planta sans détour son regard dans le cou d’Harry, lui lançant des Avada depuis ses pupilles. Se sentant perforé de toutes parts, le Gryffondor pivota sa tête vers lui, mais le professeur détourna immédiatement le regard. Harry se revint vers Hermione, étonné. “Depuis quand il assume pas ses tentatives de meurtres à distance ?”

 

La sorcière gloussa, amusée par la sincérité de la question. “Je ne sais pas, certainement depuis qu’il sait que tu seras sa nounou pendant deux jours.

- Ca doit être ça.” répondit le brun en riant.



Lorsqu’il se réveilla le lendemain matin, Harry ne pouvait pas se mentir à lui même : il était au bord de la crise d’angoisse. Oui, Hermione avait raison, c’était d’un gamin dont il allait s’occuper, mais bordel de Merlin, ça restait Rogue ! Il allait devoir s’occuper de lui ! S’occuper de Rogue !

 

Il descendit de son dortoir, et salua Hermione en passant dans la salle commune. Elle l’encouragea par une étreinte protectrice, et vraiment, il regretta de ne pas avoir demandé à Dumbledore s’il pouvait venir accompagné. Mais soit, ils s’étaient mis d’accord sur leur organisation : Une fois l’entrevue passée, ils devaient se retrouver dans la Grande Salle pour pouvoir aller dans la cour tous ensemble.

 

Lorsqu’il arriva devant les gargouilles du Directeur, le Gryffondor en était sûr, il allait vraiment faire une crise. Il se força à se calmer cependant, se rappelant que techniquement ils ne passeraient pas beaucoup de temps tout les deux. Lui et Albus, puis lui et Hermione…

 

Oui, c’était bon, il n’arriverait rien de grave.

 

Finalement, il se redressa, droit, et plus confiant. Mais quel était le mot de passe déjà ? Il lui semblait que Dumbledore l’avait changé la veille… Ah oui, voilà. “Snarry !” La porte s’ouvrit tandis que les gargouillent s’agitèrent. Harry passa, et vraiment, il aurait juré en avoir entendu une rire sans vraiment comprendre pourquoi.

 

Il monta les marches une à une, lourd d’angoisse, et, à quelques mètres de l’entrée du bureau, au tournant de l’escalier en colimaçon, il s’arrêta et tendit l’oreille.

 

“Oui Severus, Harry arrive. Tu vas voir, c’est un gentil garçon, tu l’aimeras bien.”

 

Le Gryffondor leva les yeux au ciel et resta là un instant, dissimulé, pour se calmer. “Tu as été très sage ce matin, Severus, je suis content. Alors est-ce que tu veux un chocolat chaud en attendant ?

- Je veux bien monsieur, s’il vous plaît.”

 

Le coeur d’Harry loupa un battement.

 

C’était aigu.

 

C’était mignon.

 

Adorable. Un vrai enfant.

 

Des étoiles dans les yeux, il se giffla mentalement. Merlin, c’était Rogue, même gamin, il devait être insupportable !

 

Finalement, il inspira et expira deux ou trois fois, et se lança dans le bureau.

 

“Bonjour, monsieur le directeur.” dit-il en se plaçant devant l’embrasure de la porte.

 

Dumbledore était assis à son bureau, comme à son habitude, penché vers le fauteuil qui lui faisait face. De dos, il paraissait vide, et Harry se demanda un instant s’il n’avait pas halluciné et si le Directeur ne se parlait pas à lui-même. “Oh, bonjour mon garçon !” répondit-il joyeusement.

 

Soudainement, alors qu’Harry s'apprêtait à faire un pas vers le bureau, une petite tête brune sortit d’un des côtés du fauteuil, intriguée, et stoppa brutalement l’adolescent dans sa lancée. Les yeux onyx grand ouverts et ses cheveux lui tombant sur les joues, il cligna plusieurs fois des paupières. “C’est vous, Monsieur Harry ?”

 

Le Gryffondor venait de perdre l’usage de tous ses sens. Il dû s’agripper à l’étagère collé au mur pour ne pas laisser paraître le choc.

 

...Qu’est-ce que c'était que cette petite chose ?

 

Il tenait son fauteuil avec sa petite main pour se maintenir en équilibre, tout contorsionné qu’il était, et l’observait avec curiosité. Il avait des traits nobles pour un enfant, qu’il reconnu bien au professeur, et la bouche entrouverte. Peut-être avait-il oublié de la refermer après avoir parlé.

 

“Harry ?” apostropha le Directeur, le ramenant à la réalité. L’adolescent le considéra d’un coup d’oeil, puis replongea son regard dans les yeux charbonneux du plus jeune. “Je… Oui, c’est moi, Ha...Harry.”

 

Les lèvres de l’enfant s’étirèrent en un sourire et il se jeta de son fauteuil énergiquement, puisque ses jambes ne touchaient même pas le sol quand il était assis. Il fit un pas vers Harry et le Gryffondor franchit le reste de la distance entre eux pour n’y laisser qu’un petit mètre.

 

“Je m’appelle Severus Rogue, et monsieur Albus m’a dit que vous alliez vous occuper de moi ?”

 

Les termes étaient annoncés comme une affirmation, pourtant ils étaient prononcés comme une question à laquelle Harry ne tarda pas à répondre, un je-ne-sais-quoi qui parcourait ses veines et le poussait à s’ouvrir. “Oui, je vais passer la journée d’aujourd’hui et de demain avec toi. Je suis très content de te rencontrer… Severus.” dit-il. Et Merlin, ce que c’était vrai.

 

Il y avait une sorte de légèreté chez le gamin qui se transmettait à Harry sans qu’il ne puisse comprendre pourquoi, et bien qu’il aurait aimé partir tout de suite pour le montrer à Hermione, Albus lui fit signe de s’installer avec eux au bureau.

 

Lui et Severus rejoignirent alors les deux chaises, et Harry s‘amusa à l’observer sauter dans le fauteuil trop haut pour lui.  Après deux essais, il s’installa finalement, souffla sur une de ses longues mèches de cheveux qui lui chatouillait les lèvres. Et comme elle ne partait pas, Harry la glissa pour lui derrière son oreille.

 

Il ne savait pas pourquoi il avait fait ça, mais il l’avait fait, c’était venu sans prevenir. 'Naturellement' ne serait pas le mot, mais en d’autres termes, il n'avait pas résisté au besoin de dorloter le gamin. Celui-ci se tourna d’ailleurs vers lui en sentant les doigts effleurer sa joue pour déplacer ses cheveux, et quand leurs regards se croisèrent, l’enfant sourit timidement, des roseurs inédites sur ses joues.

 

Les remarquant, Harry se releva brusquement et fit le tour de son fauteuil, se libérant de cette sensation bizarre dans les jambes. Il avait envie de courir, de sauter, de crier car Merlin, c’était Rogue. Et Rogue venait de rougir à son contact. Et de sourire. Et il avait sauté sur un fauteuil trop haut. C’était… C’était…

 

“Déstabilisant, n’est-ce pas ? demanda le Directeur, amusé.

- Non, c’est bien plus que ça….” lâcha Harry dans un souffle.

 

Il se rassit finalement, sous l’oeil rieur de Severus, qui devait le prendre pour un drôle de bonhomme à s’agiter comme ça.

 

Harry se tourna à nouveau vers lui.

 

C’était pas possible.

 

Le gamin… Ca ne pouvait pas être Rogue. Et pourtant, si, il ne pouvait y avoir de contrefaçon, il reconnaissait bien certains traits…

 

Les lèvres fines, la peau pâle qui lui donnait maintenant un air de poupée de porcelaine, des yeux noirs qui s’alliaient à ses cils et des cheveux tout aussi sombres. Ils lui arrivaient un peu plus haut qu’aux épaules, et Harry se dit que s’ils devaient jouer à l'extérieur, alors il devrait les lui attacher pour ne pas qu’ils lui tombent sans-cesse sur le visage. Et étonnement, il n’avait pas envie d’en rire ou de pouvoir lui ressortir ça à la figure quand le professeur retrouverait ses esprits.

 

Merlin mais qu’est-ce qu’il avait fait de lui ?

 

“Vous m’avez ensorcelé, monsieur le Directeur ?” demanda-t-il soudainement. Car le changement était trop brusque, ça n’avait aucun sens. Et comme Dumbledore voulait que les deux hommes s’entendent, l’hypothèse n’était pas stupide.

 

Cependant celui-ci éclata de rire. “Oh, non Harry, je vois bien que ce n’est pas la peine !”

 

D’un geste distrait, le Directeur fit apparaître trois chocolats chauds, et le jeune Gryffondor ne loupa pas la lueur d’émerveillement qui avait traversé les yeux du plus jeune. Celui-ci releva la tête. “Merci Monsieur Albus !”

 

Harry se retint de rire lorsqu’il vit que Dumbledore avait autant de mal que lui à résister au petit Severus. Finalement il trempa ses lèvres dans son chocolat chaud, et, alarmé, se tourna vers l’enfant. “Fais attention, c’est vraiment chaud ! Souffle dessus ou attends un peu.”

 

La petite tête brune acquiesça, et posa son menton sur le bord du bureau d’Albus, fixant sa tasse dont s’échappait une nuée blanche. Et il attendit, comme ça, que son chocolat chaud refroidisse. Pris de pitié, Harry sortit sa baguette et posa sa main sur la tête de l’enfant pour qu’il se recule, et, d’un imprononcé, fit disparaître la fumée.

 

Severus se tourna vers lui, avec les mêmes petites rougeurs sur les joues. “Qu’est-ce que vous avez fait, Monsieur Harry  ?

- J’ai refroidi ton chocolat, juste comme il faut.”

 

Le petit rougit de plus belle et remercia son sauveur timidement avant de se tourner vers sa tasse et de la porter à sa bouche. Elle avait l’air tellement grande dans ses petites mimines qu’Harry se demanda si elle n’était pas trop lourde pour lui.

 

“Severus. Tu peux me tutoyer si tu préfères, ce serait peut-être mieux ?”

 

Le gamin se tourna vers lui une nouvelle fois, les joues toujours aussi empourprées si ce n’était plus, et opina. “D’accord Monsieur Harry.” Puis il s’arma à nouveau de sa tasse et se plongea dans son monde de chocolat.

 

Dumbledore s’avança alors vers Harry, appuyé sur son bureau. “Je vois que le sortilège s’est bien passé, plaisanta l’élève. Il en est conscient ?

- C’est un peu compliqué à ce niveau là. Il le sait sans le savoir, c’est inconscient. Disons qu’il a ses souvenirs de cet âge là, mais que tout lui paraît lointain.

- Ses souvenirs de son enfance ? s’inquieta soudainement Harry. Mais monsieur, l’enfance de Rogue…” ...n’était pas idéale du tout. Il le savait, il l’avait vu dans la pensine. Terrible erreur d’ailleurs, le Maître des potions n’avait jamais été si terrifiant que ce jour là.

 

“Ca risque justement de lui revenir en tête parfois… Mais comme je te le disais, tout lui paraît lointain, surtout ce qui a pu le faire souffrir à cette époque précise, alors il ne faut pas s’en inquiéter plus que de raison. Pour l’instant il est là, avec nous, alors il s’en contente. Et toi aussi à ce que je vois.

- Ouai.” répondit simplement Harry, ne se cachant pas de son euphorie étrange.

 

Certainement était-ce dû au soulagement. Il avait eu tellement peur de tomber sur un Rogue miniature qui faisait caprice sur caprice que là… il ne pouvait être qu’heureux. Et en plus le gamin semblait bien l’aimer aussi… Que demande le peuple ?

 

“Bon, il nous reste quelques détails à voir. Severus ?

- Oui monsieur Albus ?  demanda la petite tête qui émergeait de son chocolat chaud.

- Tu ne dois dire à personne que tu t’appelles Severus Rogue, c’est un secret entre nous d’accord ?”  

 

Les grands yeux noirs se plissèrent, suspicieux, et Harry avala de travers sa gorgée face à cette reproduction parfaite du Maître des Potions. “Tu comprendras plus tard mon garçon, mais tu dois vraiment garder ça pour toi. Je peux te faire confiance ?”

 

Après un petit instant de réflexion, le petit opina. “Mais est-ce que… J’ai un autre nom ?”

 

“Ce sera Severus Prince. Est-ce que ça te vas ?”

 

Une lueur passa dans les yeux du garçon, lueur indéchiffrable qu’Harry ne loupa pas. Il y avait véritablement un truc avec cette Eileen Prince, et il mourrait d’envie de savoir ce que ça pouvait être. “Oui, c’est très bien, monsieur Albus.”

 

“Parfait, alors. Mh, Harry, as-tu prévu de sortir du château ? demanda Dumbledore, plus bas.

- Ah, euh, oui, je pensais aller à Pré-au-Lard.

- Alors fais-le aujourd’hui, pas demain. Aujourd'hui, Voldemort n’est pas au courant de sa traîtrise, alors vous ne courez aucun danger, mais ce soir, Severus sera absent à la réunion, et il le recherchera certainement à partir de là. D’autant plus que je pars ce midi, donc je ne pourrais pas vous surveiller.”

 

Harry aquiesca, et se tourna vers Severus.

 

Celui-ci avait finit sa tasse, et avait une petite moustache de lait au dessus de ses lèvres. Le Gryffondor attrapa alors la serviette en papier qui était à sa gauche sur le bureau, glissa ses doigts jusqu’au menton du petit pour le tourner vers lui, et lui essuya la bouche gentillement. Avant qu’Harry n’ai pu se rendre compte de ce qu’il faisait, Severus avait attrapé son regard et ne le lâchais pas, complètement rouge.

 

Le Gryffondor stoppa son mouvement. Encore ces rougeurs. Le petit n’avait pas de fièvre, alors était-ce vraiment de la gêne ou de la timidité ? Qu’il soit un enfant, certes, mais il ne pouvait pas être à ce point différent du Maître des Potions, si ?

 

Il rangea finalement la petite serviette, et se retourna vers le petiot, les joues encore roses.

 

Peut-être était-ce un peu plus compliqué que ça… Rogue était froid et distant, et avait un contrôle sans limite sur ses expressions… Le Petit Prince était-il différent ou juste plus expressif ? Comme si la distance qu'il mettait d'habitude entre lui et les gens s'était transformée en timidité dans l'esprit d'un petit bonhomme de 7 ans.

 

“Voilà, tu es tout propre maintenant !

- Merci monsieur Harry.” lui dit-il en souriant.

 

Le Directeur se leva et invita les deux plus jeunes à faire de même. “Il est temps pour vous de partir, je pense ?

- Oui, Hermione nous attends dans la Grande Salle.

- Très bien. Harry, s’il y a un problème, n'hésite pas à voir le professeur McGonagall, je vais la mettre au courant de la situation. Severus, n’hésite pas non plus, Minerva est très gentille.”

 

Les deux acquiescèrent, et après l’échange de dernières informations, règles et quelques salutations, sortirent du bureau, avant d’être rappelés.

 

“Harry… Je sais que tu t’en veux, mais c’était un accident d’accord ? Tu as fais ce que tu devais faire quand ça a dégénéré, ce n’est pas ta faute, Severus aurait dû faire plus attention lui aussi. Tu étais dans mon corps, mais ça aurait pu être n’importe qui d’autre.”

 

Le Gryffondor acquiesça, qu’à moitié convaincu, et ressortit avec le petit en s’excusant.

 

Une fois sur le palier, le petit mouflet ne retint pas une exclamation impressionnée. Il regardait les escaliers amovibles, et à travers les colonnes, réalisa la hauteur à laquelle ils se trouvaient. Il se tourna finalement vers Harry qui se tenait toujours devant les gargouilles. “Bonjour Professeur.” lâcha l’une d’entre elles. Severus accepta la salutation sans se poser de questions, tout émerveillé par ce qui l’entourait.

 

“C’est…

- Poudlard, finit Harry.

- ...oui, mais je ne l’avais jamais vue comme ça, de cette façon, expliqua le petit garçon, conscient que d’une manière ou d’une autre, il était déjà venu ici. C’est nouveau. C’est magique !”

 

Le Gryffondor rit, et d’un commun accord, ils se dirigèrent vers la Grande Salle.

 

Harry fit attention à ne pas marcher trop vite, laissant à Severus le temps de regarder les tableaux qui le saluaient tous aimablement. Puis, il sentit le regard du plus jeune se poser sur lui. Un coup d’oeil à la dérobée, encore quelque chose de timide.

 

Devait-il se tourner vers lui et lui rendre l’attention ou allait-il se remettre à rougir ? Non, parce que vraiment, Harry ne voulait pas le mettre plus mal à l’aise.

 

Un frôlement le sortit de ses pensées. Une petite caresse hésitante dans le creux de sa main, qui se transforma en quelque chose de plus concret puisque le petit avait glissé sa mimine dans la sienne. Harry resserra alors sa main sur la plus chétive, et le petit bonhomme sembla se décontracter, comme s’il avait eu peur de faire une bêtise.

 

“Ne t’inquiète pas, Severus. J’ai dis que j’allais m’occuper de toi, et le château est très grand, alors je veux bien te tenir la main si tu as peur de te perdre, d’accord ?”

 

Le concerné se tourna vers lui après un petit temps d’hésitation, avec ses auréoles roses présumables sur les joues, et hocha la tête vivement.

 

“Hermione est une gentille fille. Elle est vraiment très intelligente tu vas voir, et je pense qu’elle aime bien les enfants aussi.” Enfin bon, Harry disait ça, mais il ne savait pas qu’il aimait leur compagnie avant l’arrivé du petit Severus.

 

“Hermione… commença le plus jeune, comme si le nom lui disait quelque chose. C’est votre… ton amoureuse ?

- Oh non, pas du tout, pouffa Harry. C’est ma meilleure amie, elle est comme une soeur pour moi. Je n’ai pas d’amoureuse.” Et il ajouta, après le petit coup d’oeil hésitant de Severus : “...Ni d’amoureux. Et toi ?”

 

Il se gifla mentalement. Pourquoi il lui avait demandé ça ?

 

“Non, répondit-il simplement. J’en ai pas. J’avais une copine qui habitait dans mon quartier, une rousse, et on jouait souvent ensemble. Elle était une sorcière aussi et elle avait une soeur qui était une moldue. La moldue était sûre que j’étais amoureux de sa soeur, mais c’est faux. Elle est gentille et jolie, mais c’est tout. On s’amusait souvent ensemble, mais j’ai l’impression que c’était il y a très longtemps.”

 

Et c’était vrai, ça remontait à trente ans tout de même.

 

“Tu n’es vraiment pas amoureux d’elle ?” demanda Harry. Etait-ce Eileen ? C’était elle la sang-mêlée ?

“Non, vraiment pas. Je te dis, elle est jolie, mais c’était quand même pas trop mon genre.” Le Gryffondor manqua d’éclater de rire. On avait déjà un genre à cet âge ? Dans tous les cas, ce devaient être de bons souvenirs pour qu’il puisse s’en rappeler aussi facilement malgré le sortilège.

 

Finalement ils arrivèrent devant la Grande Salle, très peu peuplée à cette période des vacances, et Harry repéra sans mal son amie à la table des Gryffondor. Le silence se fit lorsqu’ils longèrent la table et, intimidé, Severus resserra sa prise sur la grande main.

 

“Pourquoi tout le monde nous regarde ? chuchota-t-il.

- Ils ne sont pas habitué à voir un enfant ici. Et qui plus est, avec un élève. Mais n’y fait pas attention, c’est sur moi qu’ils se poseront des questions. Regarde, Hermione est là !”

 

 

Surprise par le silence qui s’était soudainement installé dans la pièce, la sorcière se tourna vers l’entrée et vit son meilleur ami venir vers elle, main dans la main avec celui qu’elle devinait être son professeur rapetissé.

 

Main dans la main.

 

Le souffle coupé, elle fixait l’enfant avec de grands yeux.

 

Ils arrivèrent finalement vers elle, et le petit, mal-à-l’aise sous son regard stupéfait, se recula derrière Harry sans le lacher. “C’est Madame Hermione ?” demanda-t-il au sorcier à lunettes depuis son dos.


Granger venait de plaquer ses mains contre sa bouche, tentant visiblement de retenir un cri choqué.

 

“Oui c’est elle. Je crois qu’Hermione est un peu surprise, mais elle va se reprendre, ne t’inquiète pas. Viens, elle ne va pas te manger et est au courant de tout.

- Elle sait que je m’appelle Severus Rogue et pas Severus Prince?

- Oui, notamment.” répondit le plus âgé, amusé.

 

Severus revint alors à côté de lui -sans desserrer sa prise sur Harry toutefois- et salua la sorcière par un hochement de tête timide. Elle lui rendit l’attention, et se reprit, plaçant ses cheveux bouclés derrière ses oreilles.

 

“Bonjour jeune homme, je suis Hermione Granger. Est-ce que vous avez déjeuné tous les deux avec Dumbledore ?

- On avait du chocolat chaud, répondit Harry en sauvant le mouflet de sa timidité, mais je ne serais pas contre quelques toasts. Severus, tu en veux aussi ?

- Je veux bien, s’il te plaît.”

 

Le Gryffondor s’empara de deux tranches de pain grillé, d’un couteau et de tout ce qui pouvait éventuellement s'étaler dessus, de manière à ce que Severus puisse faire son choix. Sans aucune hésitation, voire même avec une certaine précipitation, le petit se tourna vers le miel. Harry étala alors du beurre sur la tartine, comme à sa demande, et y ajouta le miel en petite quantité avant de la lui tendre, dubitatif.

 

“Je ne savais pas que ça se faisait. C’est bon au moin ?” demanda-t-il au plus jeune. Celui-ci se tourna vers lui, et acquiesça vivement. Il avala précipitamment avant de répondre : “Oui, je fais toujours ça, tu devrais essayer.”

 

Après un petit temps d’hésitation, Harry se prépara le même toast que le plus jeune. Tartine prête en main, il la dévisagea un instant, et puis, en bon Gryffondor courageux qu’il était, croqua dedans.


“C’est vrai en plus… C’est vraiment bon.

- J'appelle ça la technique du mielobeurre. C’est encore meilleur trempé dans du chocolat chaud, ajouta la petite tête brune, mais on en a déjà bu chez Monsieur Albus.

- Oui, et il vaudrait mieux éviter que tu aies mal au ventre, Severus. Mais on pourra faire ça demain matin si tu veux ! Hermione, tu veux pas essayer toi aussi ?”

 

La question sembla sortir la sorcière de ses contemplations, puisqu’elle cligna plusieurs fois des yeux avant de comprendre que c’était bien à elle qu’Harry s’adressait.

 

“Non merci Harry, j’ai déjà déjeuné en vous attendant, et de toutes façons je me fais souvent ce genre de tartines. De plus, reprit-elle d’un ton plus responsable, nous devrions faire vite si nous voulons avoir du temps pour jouer dans le parc de l’école.”

 

Harry acquiesça, concerné. “C’est vrai Severus, ‘Mione a raison : Dépêchons-nous. A quoi aimerais-tu jouer ?”

 

La sorcière laissa échapper un petit soupir charmé, complètement gagnée par la douceur des échanges entre les deux nouveaux acolytes. C’était bien différent de leurs querelles habituelles, et bien qu’elle ne les regrettait pas du tout, la gryffondor en vint à se demander ce qu’il arriverait lorsque le professeur redeviendrait lui-même.

 

“Je ne sais pas trop.”

 

Allait-il leur reprocher d'avoir été aussi tendres avec lui ou simplement faire comme si rien ne s’était jamais passé ? Serait-ce de bons souvenirs ?

 

“C'est comme tu veux Severus, s’il y a un jeu auquel tu avais l’habitude de jouer avec ta copine, on peut le faire.”

 

Visiblement Harry ne se posait pas du tout la question, et avait décidé de simplement s’amuser avec le gamin comme si c’était n’importe lequel. Hermione se demanda si elle ne devait pas faire la même chose.

 

“...Parfois, on jouait aux pirates. J’aimais bien, on s’amusait beaucoup.

- Alors on va jouer aux pirates. Hermione ?”

 

Ou peut-être était-ce justement parce que c’était Rogue qu’Harry était comme ça avec lui ? Est-ce qu’il voulait avoir de quoi se moquer de lui après ? Non, il n’était pas comme ça… Et de toutes évidences il l’appréciait vraiment sous cette forme. Mais est-ce qu’il espérait que cet épisode puisse avoir un impact sur sa relation avec le professeur ? S’en inquiétait-il simplement ?

 

La sorcière lâcha Harry du regard et le posa sur le petit. Il regardait Harry avec un sourire qu’elle n’avait jamais vu sur ce visage, et puis c’était devenu simple. Pourquoi refuser de rendre un gamin heureux quand une tartine de miel et un jeu en plein air suffisaient ?

 

“Oui, on va jouer aux pirates.” approuva-t-elle.


A Suivre.

End Notes:

Ah, c'est mignon tout ça ! Enfin perso j'ai vraiment l'image de Sev' en petit gamin, et c'est vraiment trop... aaaah x3

Bref, j'espère que ce chapitre vous a plu ! Laissez des reviews, c'est un ordre, et d'ailleurs n'hésitez pas à proposer des idées pour amuser le petit Severus ( j'ai mon fil rouge, mais une petite déviation ne fera de mal à personne !).

A la prochaine :)

KIRI~

Chapitre 4 : Un bateau en hiver. by Yukiri
Author's Notes:

Voici le deuxième chapitre de l'arc du Petit Severus, et certainement l'avant-dernier ! Et oui, toutes les bonnes choses ont une fin, et les chapitres suivants signeront le retour du sale caractère de notre Maître des Potions préféré !

Je vous préviens, il ne se passe rien d'incroyable dans ce chapitre, on suit simplement la naissance d'une relation nouvelle. Ce sera très important pour la suite, mais bref, je vous laisse avec le petit.

Bonne lecture :)

[edit : alors, je sais pas ce qu'il s'est passé mais y a eu un méchant beug et le chapitre 4 a été posté deux fois, sous le nom de "chapitre 5" et bref, je corrige ca xD )

Chapitre 4 : Un bateau en hiver.


Le talon usé de sa botte en cuir se posa lourdement sur la poulaine improvisée. Le vent battant ses cheveux obscurs, il leva son visage, fier, fort, grand. Aucun bruit n’osait troubler la puissance dans sa danse, si ce n’était l’eau frappant la coque dans un clapotis infernal, et celui du fer raclant son étui. Les rares rayons du soleil enfoui derrière les nuages caressèrent la lame de son sabre tandis que dans un geste impérieux, il le brandit vers le ciel blanc.

 

Il gonfla sa poitrine, et, dans toute sa superbe, se présenta à la mer.

 

“Je suis Severus, Prince des Pirates !”

 

Derrière lui resonnèrent les cris de son équipage, élevés sur les rebords de la pauvre barque qui n’avait d’une barque que le nom. Et les rames.

 

Hermione et Harry éclatèrent de rire en se laissant tomber sur le banc arrière du petit navire, manquant de le faire chavirer dans leur chute. Le Capitaine Severus perdit l’équilibre dans cette secousse, et le pirate à lunette se releva bien assez vite pour le prendre dans ses bras avant qu’il ne touche le fond du bateau.

 

“Tu vas bien ?

- Oui matelot ! s’exclama Severus, encore agrippé à la robe de Harry, agité par les remous du bateau. Relève-nous, et partons à l’aventure !”

 

Le matelot se releva, étreignant son capitaine pour le garder en équilibre sur la barque chancelante, et s'assit, le petit sur les genoux. Le bateau était encore amarré, attaché à un arbre du parc de Poudlard qui bordait le lac.

 

“Oui, nous partons à l’aventure, mais pour cela il faudrait donner un nom à notre navire, tu ne penses pas ?

- Ca, un navire ?” demanda une voix amusée.

 

L’équipage et leur capitaine se retournèrent vers Minerva McGonagall, debout à côté du Chêne d’amarrage.

 

Severus se dissimula immédiatement derrière Harry, manquant une nouvelle fois de faire chavirer la barque. “Oui… C’est mon navire.” marmonna-t-il depuis sa cachette.

 

“Est-ce bien Severus ? Demanda Minerva après avoir salué les deux matelots, soufflée par l'apparence chétive de l'ancien professeur.

- C’est lui, Madame.” répondit Hermione, comprenant parfaitement l'effet que pouvait faire l'enfant.

 

Ils sortirent du bateau et remirent pied à terre. Le Petit Prince monta sur le pontage avant, le pied sur le capian ( l’avant du bâteau en gros hein, on est pas tous des pros de la barque ), et alors Harry se retourna vers lui, les bras ouverts pour le rattraper. Le gamin s’y jeta, et le Gryffondor le posa au sol.

 

Dévisagé par le professeur, le Petit Prince retourna derrière les robes du sorcier à lunettes.

“Albus m’a tout expliqué, dit-elle, alors j’ai voulu vous trouver pour vous dire qu’en cas de besoins, vous pouviez me demander de l’aide. Et aussi par curiosité, je dois bien l’avouer. Bonjour Severus, vous-vous souvenez de moi ?

- Non… Un peu... Pas vraiment... répondit la petite voix derrière Harry. Mais monsieur Albus a dit qu’il préviendrait Madame Minerva. C’est vous ?

- C’est moi.” répondit-elle en remontant ses lunettes.

 

Le professeur de métamorphose étudia la barque derrière eux, et les vêtements de l’enfant. Il avait des petites bottes en cuir brun au pied, un pantalon noir, un chemise blanche bouffante et une veste assortie à son pantalon mais décorée de dorures et de dentelle aux extrémités des manches. Severus avait aussi un cache-oeil et était coiffé d’un tricorne de la même couleur que ses bottes, et de toutes évidences, il était un pirate très crédible -si on enlevait la grosse écharpe en laine qui lui remontait jusqu’au nez et ses moufles de la même épaisseur.

 

“Je voulais pas qu’il attrape froid.” se justifia Harry, sondé par Minerva.

 

“Vous avez très bien fait, monsieur Potter. Je suis assez impressionnée par la qualité du déguisement, il est très réussi.

- Mh, merci madame, mais on y est pour rien. Ce sont ses vêtements, ils changent d’aspect quand c’est nécessaire. Si Severus se tâche, s’il a froid, ou chaud, va à une réception, veut se déguiser, va dormir…

- ...Ou prend soudainement la taille d’un adolescent, ajouta Minerva. C’est une idée d’Albus j’imagine, très intelligent. Bon, vous voulez peut-être que je fasse quelque chose à cette barque ?”

 

Les trois plus jeunes se retournèrent vers leur petit navire, partagés. Hermione et Harry l’avaient fait eux-même, mais d’un autre côté, Severus aimerait peut-être quelque chose de plus impressionnant.

 

Le petit agrippa la robe du Gryffondor, et celui-ci se pencha vers lui pour le laisser parler à son oreille. Après un instant d’écoute, il éclata de rire, et se tourna vers McGonagall. “Est-ce qu’il y aurait moyen de faire un navire avec un ‘serpent géant devant’, professeur ?”

 

Celle-ci se tourna vers Rogue, et secoua la tête, faussement fatiguée. “Je suis exaspérée. Un serpent en figure de proue ? Soit.”

 

Le trio se recula, et le professeur se plaça devant l’embarcation, baguette en main. Elle lança son incantation et agita les mains, la formule faisant son effet sur le pauvre navire. Celui-ci se leva, s’élargit, changea de couleur et d’aspect pour enfin laisser place à la plus belle des répliques de bateaux pirates, avec comme promis, un immense serpent à l’avant.

 

Sa tête devait bien faire la taille de celle du Basilic, sauf que celle-ci était beaucoup plus innocente et tirait parfois une langue aussi argentée que ses yeux pour émettre un doux sifflement.

 

La seule différence avec un vrai bateau pirate était sa taille, car il n’était pas plus grand qu’un petit chalutier, mais cela ne semblait déranger personne, puisque tous laissèrent échapper un cri admiratif.

 

“Professeur, c’est magnifique ! s’exclama Hermione.

- On peut vraiment monter dedans ?” demandèrent Harry et Severus d’une même voix.

 

Minerva acquiesça, et d’un geste de sa baguette, fit descendre un échelle pour permettre à tout l’équipage d’embarquer. Elle se retourna vers le groupe, sourire aux lèvres. “N’imaginez pas une seule seconde que je vais vous laisser y aller sans surveillance.” et avant que quiconque n’ait pu dire quoi que ce soit, McGonagall s’était transformée en chat, et escaladait Harry pour se poser sur son épaule.

 

Etonné mais résigné à l’idée qu’embarquer un enfant dans un bateau sans adulte responsable était inimaginable pour son professeur, Harry grimpa à l’échelle à la suite de ses deux camarades.

 

Le pont était aussi soigné que l’extérieur, une vraie réplique. Le mât était immense, et l’excitation du petit se fit ressentir lorsque celui-ci posa son regard sur la barre de navigation. (Celle du bateau, pas Google, merci. )

 

“Bon, maintenant, tu peux lui trouver un nom, Severus. ‘Mione, une idée ?

- Eh bien je me disais que comme c’était un bateau, il pouvait nous emmener partout et… bref, je pensais à “All Ways”.

- Always ? répéta Rogue. C’est un peu tragique comme nom… Je pensais plutôt à quelque chose de Français.

- De toutes façons, nous sommes dans un lac, donc il va pas nous emmener bien loins.” ajouta le sorcier à lunettes.

 

Et c’est comme ça qu’il se retrouvèrent assis sur le pont, à chercher un nom pour leur navire.

 

Si ça avait été le bateau d’Harry, imagina celui-ci pendant qu'il attachait les cheveux du Petit Prince en demi-queue, il aurait plutôt eu une tête de lion immense en symbole de proue pour les Gryffondor, et sans hésitation, il l’aurait appelé Thousand Sunny…. Mais cela n’était pas le sujet, et Severus voulait quelque chose de français.

 

Il regarda autour de lui.

 

Le ciel était blanc, la neige menaçait de tomber… Ils étaient en hiver, Noël approchait… Il était avec Rogue, espion retraité…

 

“Le Mouchard Opalin ?” proposa Harry. Severus se tourna brusquement vers lui. “Eh bien, oui, tu sais. Mouchard, ça fait un peu espion, et Opalin, ça veut dire blanc, et comme il va bientôt neiger…

- Je suis désolé, mais c’est un peu nul.” le coupa-t-il insensiblement.

 

Le Gryffondor lâcha un cri outré, ignoré par le Petit Prince qui s’exclama : “L’Opale Blanche de l’Espion !

- Mais c’est exactement ce que je t’ai dis, en plus long !” s’indigna Harry, malgré tout amusé.

 

L’enfant balaya finalement son idée d’un geste évasif qu’il interrompit brutalement.

 

Il se leva de toute sa ‘grandeur’, une détermination dans le regard comme jamais il n’y en avait eu dans les yeux de quiconque, et fit taire les réflexions des deux adolescents par un simple mouvement de main. De toutes évidences, il avait eu une sacré révélation.

 

“LE CANDIDE.” lâcha-t-il, les yeux ronds.



“Larguez les amarres ! Hissez la grand'voile ! Au travail moussaillons !” Ordonna le capitaine depuis la barre. “Direction Pré-au-Lard !

- Pour la seconde fois, nous sommes dans un lac, Capitaine.”

 

Si Severus n’avait pas eu peur de se faire mal, il se serait certainement frappé la tête contre la barre, désespéré.

 

“Nous irons cet après-midi, ne t’inquiète pas. Mais tu sais, le lac reste très vaste, alors la balade en bateau va nous prendre du temps.” le réconforta Harry en lui caressant la tête par dessus le tricorne.

 

Le petit retrouva son sourire en un instant et opina, avant de retourner jusqu’à la barre. “Alors c’est parti ! Parez à virer, matelots ! Montrons au monde des sorciers que nous ne sommes pas des marins d’eau douce !

- NOUS SOMMES DANS UN LAC CAPITAINE”



Le Candide brisait les ondulations de l’eau dans leur harmonie, les abandonnant désordonnées dans son sillage. La grande voile gonflée par le vent, le Prince des Pirates et son équipage régnait en Maître sur le lac de Poudlard.

 

“Capitaine Prince.” l’apostropha Harry, sourire aux lèvres. Hermione se tourna vers lui : de toutes évidences, il avait une idée derrière la tête.

 

“Oui, matelot ?

- Ceci est une rébellion ! annonça-t-il en se transformant un sabre à partir d’une brindille et de deux cailloux. Si tu veux rester capitaine, affronte-moi !”

 

Le gamin tenta de prendre un air de défi, mais il n’arrivait définitivement pas à cacher son sourire. Il sortit sa lame de son étui, et les deux fers, ensorcelés pour ne causer aucun mal, se levèrent en accord.

 

“Très bien, traître. Mais tu regretteras cet affront.” répondit le garçon, sous le regard amusé d’Hermione. L’animagus du groupe sauta de l’épaule d’Harry et se retransforma, et alors la directrice des Gryffondor se plaça à la barre pour maintenir le cap.

 

“Prêt, Capitaine ?

- Prêt, matelot.”

 

Si Harry avait hésité à attaquer, ce ne fut pas le cas de Severus qui se retrouva juste devant lui en un clin d’oeil, et abattait son sabre sur son bras. Le Gryffondor bloqua l’attaque dans un réflexe qu’il ne se connaissait pas, et recula de quelques pas, par mesure de sécurité.

 

A quelques mètres de son ennemi, il réalisa à quel point il avait été stupide de défier Severus Rogue.

 

Un enfant ? Tu parles !

 

Il pouvait sentir de là où il était les vagues de magie du plus jeune, et vraiment, bien que moins disciplinées, c’étaient les mêmes que celles du Maître des Potions.

 

Et cet imbécile, il lui avait donné un sabre. Incapable de blesser, certes, mais il n’était plus trop sûr de rien tout d’un coup.


Merlin, heureusement que sa baguette est dans le bureau de Dumbledore, ça aurait été du suicide, pensa Harry en remerciant le ciel.

 

Mais lorsqu'il vit les étoiles qui éclairaient les yeux sombres de l’enfant toutes ses craintes s'envolèrent. Il était puissant, mais dans ce cas présent, pas le moins du monde malfaisant.

 

“C’est tout ce que tu as sous ta botte, matelot ?

- Attends un peu, tu vas voir !”

 

Le Gryffondor se lança, et alors le combat commença.

 

Les lames s’entrechoquèrent dans une valse souple et décidée. L’une dessus, l’autre dessous, avant d’échanger, puis, comme un silence dans une partition, une esquive vient briser le rythme.

 

Finalement, la neige qui menaçait de tomber s’imposa, et McGonagall lança un rapide sort pour empêcher qu’elle ne s'accroche au navire et le rende glissant.

 

Les pirates se retrouvèrent sans vraiment comprendre comment sur le gaillard d’avant, surplombant le pont où ils étaient plus tôt, se démenant entre les flocons. Les cordes traînant sur le sol eurent raison d’un des deux épéistes : A terre, Harry se releva dans l’instant, manquant de s’écorcher avec le sabre de Severus.

 

Très vite, le duel reprit sa fougue, et certainement que le plus jeune des deux commençait à fatiguer, puisqu’il laissait de plus en plus d’ouvertures à Harry, qui ne tarda pas à prendre le dessus.

 

Devait-il laisser gagner le plus jeune ? Oh, il ne pensait pas que Rogue apprécierait le geste, mais était-il au moin bon perdant ?

 

Un coup horizontal, un coup vertical, et enfin, le sabre du Capitaine s’envola pour se planter profondément dans le mât.

 

Mais le combat n’était pas fini, Severus le provoquait du regard. “Frappe. Tu dois me toucher pour remporter le combat.”

 

Harry aquiesça, vainqueur, et tendit le bras pour que sa pointe atteigne les vêtements du plus jeune…. jusqu’à ce qu’elle ne heurte un bouclier qui ne devait pas être là.

 

Un protego était si brut que sa lame se brisa sous le choc.

 

Le Petit Prince avait la main tendue, et soutenait le sort sans faiblir, un sourire satisfait sur les lèvres.

 

“Mais… tu… ta baguette…

- ...est dans le bureau de Monsieur Albus. Oui.” expliqua-t-il en faisant danser ses doigts, montrant qu’il n’avait en effet rien dans les mains.

 

Comme ordonné à distance par un geste distrait, le sabre qui était profondément enfoncé dans le mât se détacha, comme s’il n’avait été glissé que dans une simple motte de beurre, et se jeta dans les mimines de son propriétaire. Il fit disparaître le bouclier sans ciller et pointa sa lame sur Harry. L’extrémité toucha le cou du sorcier, vaincu.

 

Le Gryffondor n’avait pas pu se défendre.

 

Non, ce n’était pas la peur qui l’avait tétanisé ou l’envie de laisser gagner le petit. Il avait été immobilisé par un sort. Par un sort imprononcé et lancé sans baguette.

 

Rogue était puissant. Terriblement puissant.

 

Il n’avait jamais fait attention, on avait toujours mit en avant le fait que son professeur était un Maître des Potions, et bien qu’il fusse un mangemort et espion, il n’avait jamais réalisé à quel point il était un grand sorcier. Réellement, il était un monstre de magie, et maintenant, Harry le ressentait.

 

Elle était dissimulée, mais elle était toujours là, La Bête de Serpentard.

 

“Merci, Monsieur Harry…” chuchota soudainement la petite tête brune, brisant les pensées craintives du Gryffondor.

 

“De ?” demanda-t-il en portant son attention sur le plus jeune.

 

A nouveau, ses joues étaient empourprées et contrastaient avec la neige qui tombait drue. Ses yeux brillaient beaucoup plus que d’habitude, et Harry se demanda s’il n’allait pas se mettre à pleurer.

 

Alors, un peu paniqué, il s’approcha de l’enfant et glissa ses doigts sur ses joues. “Qu’est-ce qu’il se passe Severus, il y a un problème ?”  

 

Est-ce qu’il l’avait entendu penser ? Est-ce qu’il avait ressenti sa peur et en était triste ?

 

Le garçon secoua la tête sans se défaire du contact. “Non, non ! Je… Merci, je… en fait, je ne me suis jamais autant amusé de toute ma vie.’’

 

Il renifla, et inclina la tête pour se cacher dans la main d’Harry, toujours posée sur sa joue.

 

Le coeur du Gryffondor avait loupé un battement. Evidemment qu’il ne s’était jamais autant amusé, ce gamin n’avait pas eu d’enfance. Sans s’en rendre vraiment compte, Harry était en train de lui offrir ce qu’il avait toujours désiré, et le petit n’y résistait pas.

 

Le sorcier entendit le petit renifler une nouvelle fois, et il comprit qu’il pleurait vraiment.

 

Sans y penser, Harry passa son bras autour des épaules du Petit Prince qui se confondait en remerciements. Merlin, ça devait être un beau foutoir dans son esprit à ce moment.

 

“Severus est dans une phase de stabilisation. Le sortilège joue avec ses hormones, alors il est à cran, monsieur Potter.” expliqua Minerva qui les avait rejoint.

 

Elle leva la tête vers le ciel. “Et il commence à neiger sérieusement, les enfants, nous devrions retourner au château.”

 

Harry se décala légèrement de l’enfant et essuya ses larmes avant de lui embrasser le front (de toutes façons, au point où il en était, Rogue ne pourrait pas lui reprocher grand chose sans se mouiller lui-même). “Nous rentrons au château à cause la neige, ça te vas ?

- Oui, Harry.” opina-t-il.

 

Le Gryffondor se releva, mais Severus le rattrapa par le col de sa robe pour s’y glisser. “J’ai froid, expliqua-t-il, le visage caché dans le cou de l’aîné.

- Oh, mais si le capitaine veut un câlin, il n’a qu’à le demander.” se moqua tendrement Harry. Il n’eut comme réponse qu’une sorte de marmonnement incompréhensible, mais s’en contenta et sera le plus petit contre lui.

 

C’était décidé, pour lui et pendant ces deux jours, il serait le meilleur.



“...Severus. Pour l’amour de Merlin.

- ...Je vais le faire, Harry. Mais laisse-moi le temps s’il te plait.

- Severus. Je connais cette technique. J’ai été jeune avant toi.

- ….Alors, si je peux me permettre-

- Severus Prince. Mange tes haricots verts.

- Mais Harry tu ne comprends pas ! Je suis sûr que c’est fait exprès. Parmi tous les légumes du monde, il fallait que ce soit celui-là !” expliqua le petit Prince calmement en dévisageant les petites tiges vertes.

 

Harry leva les yeux au ciel. Il n’était pas en train de faire un caprice, loin de là, mais si un jour on lui avait dit que Rogue chipoterait pour des haricots... “Tu aurais préféré un autre légume peut-être ?

- Des frites.” clôtura Severus.

 

Il soupira et ajouta, plantant sa fourchette dans la verte mangeaille : “Adieu Harry. Adieu Madame Hermione. Ca aura été la meilleure de toutes mes journées.” Et, d’un air grave, approcha son couvert de sa bouche avant de fermer lourdement les paupières, comme s’il était au bord d’un précipice. Finalement il engloutit ses haricots, voulant visiblement mettre fin le plus vite possible à ce calvaire.

 

“Je reste persuadé que Tu-Sais-Qui est à l’origine de ça, marmonna le petit, son assiette vide.

- A l’origine des haricots ? demanda Harry.

- Oui. C’est vicieux….

- C’est vrai que c’est un bon plan pour prendre le pouvoir, ça, opina le Gryffondor en se moquant gentiment de Severus. On devrait aussi se méfier des choux de Bruxelle. Complot, machination !

- Non non, je n’ai rien contre les choux de-

- ….Conspiration !”

 

Harry éclata de rire, sous les yeux blasés du plus jeune, qui semblait être en train de le juger sur la raison de son existence. “Tu t’entendrais bien avec Luna, gloussa le plus vieux, elle est assez friande de ce genre de choses.

- Je plaisantais juste, Harry, ce n’était pas la peine de t’emballer à ce point.”

 

Le Gryffondor sécha une petite larme de rire qui menaçait de couler de son oeil gauche, et se tourna vers le petit. Il lui tapota la tête tendrement, et sourit.

 

“Oui, je suis désolé. Mais à vrai dire, tu n’es pas le seul à apprécier cette journée. Un peu de légèreté… Ça fait du bien. Surtout dans notre monde et à notre époque. Et puis… comment dire… Tu…”

 

Harry détourna le regard, cherchant ses mots. Son regard se posa sur l’assiette d’Hermione, silencieuse, qui suivait l’échange discrètement.  “Enfin, tu es rayonnant et ça fait du bien de te voir comme ça. Je t’apprécie vraiment, Severus. Et j’espère que c’est réciproque. Et que ça le restera. Enfin… c’est… je... c’est compliqué alors j’essaie d’être clair parce que je sais que tout est en bazar dans ta tête, d’accord ? Mais il faut vraiment que tu saches que sourire te vas bien, et que je t’apprécie de plus en plus.”

 

Plus embarrassé que ce qu’il aurait aimé admettre, Harry attendit une réponse qui ne vint pas. Il lâcha alors l’assiette d’Hermione des yeux pour se tourner vers le petit et affronter son silence. Severus le fixait, les yeux transportant trops d’émotions différentes qui semblaient se battre entre elles, et ses joues -oh, quelle surprise- étaient d’un rouge vif sans précédent.

 

“Euh non non ! Severus je suis désolé, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise !” s’exclama précipitamment Harry. Le petit secoua la tête

 

“Ne t’excuse pas ! rétorqua le petit, touché. J’adore cette journée et j’ai hâte d’aller à Pré-au-Lard avec toi alors ne nous posons pas de questions !”

 

Harry opina vivement, prenant sur lui pour ne pas le prendre dans ses bras, et visiblement, le garçon se retenais de s’y jeter. Ils se satisfèrent alors mutuellement de la main que le Gryffondor passa dans les cheveux du plus jeune, d’accord sur le fait que l’étreinte de la matinée suffirait pour la journée.

 


“Tiens Severus, ça, c’est pour les haricots que tu as finis ce midi.” annonça Harry en tendant à l’enfant une gaufre chaude achetée à un vendeur ambulant. Ils étaient arrivés à Pré-au-Lard quelques instants plus tôt, et marchaient depuis, les pieds recouverts de neige, main dans la main -ou moufle dans la moufle, accompagnés d’Hermione.

 

Depuis la matinée, la demoiselle se faisait assez discrète, comme si elle n’osait interférer dans leur relation toute fraîche. Fraîche et pourtant si puissante… nota-t-elle. Comme si tout était évident.

 

La Gryffondor avait discuté avec McGonagall avant de partir, et alors le professeur lui avait expliqué à quel point Severus pouvait être perdu. Même s’il émanait de lui l’innocence et l’esprit d’un enfant, il n’en restait pas moins un adulte. Et quel adulte… Alors dans ce chaos total, il avait besoin d’un pilier qu’il avait très vite trouvé en Harry. Peut-être était-ce simplement parce que le sorcier à lunette savait parfaitement ce que c’était que d’être dans un monde inconnu sans pouvoir trouver sa place ?

 

Hermione appréciait le petit Prince, c’était à n’en pas douter… Mais Harry s’attachait démesurément à lui. Qu'espérait-il trouver en lui ? Un petit frère ? Ou se voyait-il lui-même dans la peau de cet enfant ?

 

La sorcière balaya un flocon qui s’était posé sur son nez, et d’un geste de la main, enleva la fine couche de neige qui s’était déposée sur sa petite sacoche en cuir. Elle l’agrippa, et la ance lui fit l’effet d’un rappel : McGonagall lui avait donné une mission, et elle n’était pas prête d’échouer.

 

“Alors Potter, on fait ses achats de Noël ? A qui compte tu offrir tes cadeaux ? A ta petite famille ?” railla une voix avant d'éclater de rire. Harry resserra sa prise sur la main de l’enfant et le plaça derrière lui pour faire face à Malefoy.

 

“Laisse, Harry.” conseilla Hermione.

 

“Ouai, écoute ta petite copine Potter.” s’exclama Drago, faisant rire grassement les deux gorilles qui l’accompagnaient.

 

“C’est pas sa petite copine !” s’exclama une voix aigüe derrière le Gryffondor, avant que le petit garçon dont elle provenait ne vienne se placer à côté de lui. “Madame Hermione est comme sa soeur, donc pas la peine d’être jaloux, et on est venus acheter une gaufre alors laisse-nous tranquille, tu veux ? J’aimerais vraiment manger la mienne en paix.” siffla Severus en le toisant de haut malgré le fait qu’il était beaucoup plus petit que lui. Il claqua sa langue avant de le dévisager d’un air méprisant.

 

Ahh, salut Rogue, ça faisait longtemps…. songea Harry, parcouru par une vague de fierté. Quoique le professeur ne l’aurait peut-être pas defendu face à son filleul. Mais soit, il n’allait pas se plaindre.

 

Drago fixait le gamin comme s’il avait parlé en latin, soufflé.

 

“T’as entendu le petit, Malefoy ? s’impatienta Hermione. Laisse-nous et vas jouer avec tes gardes du corps, nous, on a mieux à faire.”

 

Harry attrapa Severus par l’épaule et l’entraîna à sa suite, ricanant lors de son passage devant le Serpentard, conscient qu’il avait entre ses mains le gosse de 7 ans qui venait de le ridiculiser. Hermione leur emboîta le pas, sourire aux lèvres.

 

Après un moment, alors que le silence s’était fait au sein du trio, le Survivant éclata de rire, suivi par son amie. “Nan mais t’as vu sa tête ?! ‘Mione ! On aurait cru que tu l’avais frappé une deuxième fois !

- C’était incroyable, j’en reviens toujours pas !

- Sev’, t’as tout défoncé ! T’es vraiment le meilleur !”

 

Le petit manqua de s’étouffer avec sa friandise, surpris par la soudaine euphorie qui avait frappé les deux Gryffondor. “Quoi ?

- Tu lui as vraiment fermé son clapet ! s’esclaffa Harry

- Je ne sais pas ce qui a le plus joué entre votre réplique ou le regard méprisant ! ajouta Hermione.

- Mon regard n’était pas méprisant ! nia Severus. J’avais le soleil dans les yeux…

- Mon bonhomme, reprit Harry tendrement, pas la peine de t’en cacher, je préfère que tu utilises ton regard de la mort contre Malefoy plutôt que contre moi !”

 

Et ils reprirent leur route, sautillant presque.

 

Oh Merlin, ce qu’il adorait ce gosse. Là, Harry avait juste envie de le kidnapper et de l’emmener à l’autre bout du monde, ou sur une autre planete, là où la guerre ne les rattraperait jamais et où ils pourraient jouer aux pirates entre deux tartines de mielobeurre. Non vraiment, Harry ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais le petit avait raison : ce n’était pas la peine de se poser des questions maintenant. Il ferait ce qu’il aurait envie, et tant pis si tout s'effondrait dans deux jours. Il avait besoin du petit Prince, de sa légereté, de son détachement.

 

C’était une pause dans l'effondrement du monde magique.

 

“Tout cela vaudrait bien un petit cadeau de Noël… Tu ne penses pas, Sev’ ?

- Oh, euh… Mon argent est dans le bureau de monsieur Albus, et je ne peux pas transplaner jusqu’à Grin-

- Un cadeau pour toi, petit mouflet… corrigea Harry. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Et euh… tu pourras l’ouvrir le 24, demain, exceptionnellement.” ajouta-t-il en voyant le regard embarrassé de Severus. Car même si la tradition voulait que les cadeaux soient ouverts le 25 au matin, il n’était pas sûr que son cadeau lui fasse toujours plaisir lorsqu’il sera un adolescent avec les idées claires. Peut-être même ne l'ouvrirait-il pas.

 

“Je ne sais pas…” réfléchi-t-il.

“Ce n’est pas grave, faisons les magasins, et voyons ensemble si quelque chose te tente d’accord ?”

 

Le petit garçon acquiesça, essayant de cacher l’excitation nouvelle qui s’étaient emparée de lui, et s’agrippa au bras d’Harry.

 

 

“Oh, oh… Oh-oh ! Miss Granger, vous êtes une véritable artiste, dites-moi, vous avez un don ! félicita McGonagall

- Merci madame.” répondit-elle, se tortillant sur elle même. Oui, elle aimait les éloges des professeurs faites à son égard, mais venant de sa directrice de maison, c’était particulièrement plaisant.

A leur retour de Pré-au-Lard, elle s’était rendue dans le bureau de Minerva pour lui faire un compte rendu de sa petite mission tandis que les garçons s’étaient rendus -avec autorisation écrite du petit pour être sûrs qu’il ne lui reprocherait pas plus tard- dans les appartements du professeur. Ils avaient joué dans la neige, et Harry avait plus que besoin de se réchauffer au coin d’un feu.

 

“Est-ce que Potter ou Severus s’en sont rendu compte ?

- Oh, non. Ils sont dans leur petit monde alors ils n’ont rien vu.

- Mh, très bien.”

 

Hermione aurait pu jurer l’avoir entendue glousser.

 

“Professeur, est-ce que je peux vous demander ce que vous avez prévu de faire avec cela ?

- Je pense que vous vous en doutez, miss Granger.”

 

La Gryffondor passa ses boucles par dessus son épaule, les yeux rieurs. “En effet, j’ai une petit idée. Et je me suis permise de prendre un peu d’avance….’’

 


“Ce n’est pas la peine de me dévisager comme ça, je t’ai juste demandé si tu pouvais prendre ta douche tout seul.” déclara l’Elu, devant la bibliothèque personnelle du Maître des Potions. Merlin, ce qu’il y avait comme livres !

 

“Je ne suis pas un bébé, je peux me doucher tout seul, affirma le mouflet depuis sa chambre où il entreposa un petit paquet de bonbons acheté sur le chemin du retour. Et je n’ai pas envie que…

- Oui, que je te vois tout nu, j’ai compris. Ca ne m'intéressait pas spécialement tu sais ! plaisanta Harry. Oh, Merlin, tu as de ces cernes… remarqua-t-il lorsque Severus le rejoignit dans le coin lecture du salon. Tu ne te coucheras pas tard ce soir.

- Ca ira. Mais… Harry ?” interpella le petit, un peu embêté.

 

Le Gryffondor lâcha du regard l’étagère surgarnie d’ouvrages. “Oui mon bonhomme ?

- Je n’ai pas besoin de toi pour ma douche, exposa-t-il, très sérieux. Mais… J’ai des petites mains et…”

 

La suite de la phrase éclata dans l’esprit du Gryffondor, comprenant parfaitement où il voulait en venir. Alors il afficha le plus rassurant des sourires, et en l'occurrence le plus faux, puisqu’il n’était pas sûr de pouvoir accéder à sa requête. Merlin, je vais mourir…. Rogue va me tuer.

 

“Je… Je vais vraiment pas pouvoir le faire tout seul Harry ! Ils sont trop longs pour moi, ils vont s’emmêler !

- Raaaah ! gémit le plus vieux, défait. Oui, je vais te laver les cheveux, Sev’, c’est bon. Après ta douche, tu te mettras en pyjama, une serviette sur les épaules, et je te les laverais au pommeau de douche. Okay ?”

 

Le mouflet relacha ses épaules, soulagé. “Merci. En plus tu m'as enfoncé la tête dans la neige alors...

- Oui, bon, ça va. J’accepte. Mais à une condition : Tu fais comme avec tes appartements avant qu’on y rentre.

- Quoi ? Un certificat pour dire que je suis consentant et que je te le reprocherais jamais ?

- Exactement. Je sais que j’ai prouvé le contraire toute la journée en faisant des trucs qui mèneront prochainement à un meurtre -le mien, mais je tiens à ma vie.”

 

Le petit sourit, attrapa un parchemin semblable à celui qu’Harry avait dans sa poche, y écrivit le fameux certificat, le signa, et se dirigea vers la salle de bain.

 

Le Gryffondor se laissa tomber dans le canapé qui faisait face à une table basse, et soupira. Il balaya la pièce du regard. Vraiment, c’était chaleureux. Sobre, presque impersonnel, mais chaleureux. Il avait passé près de dix minutes à lire les titres de chacuns des livres rangés dans la bibliothèque pour s’assurer que son cadeau avait été une bonne idée… et de toutes évidence, l’ouvrage qu’il lui avait acheté en cachette n’y était pas en double.

 

En y pensant, Harry sortit tous les petits paquets qu’il avait rangés dans son sac et les posa sur la table basse. Il y avait celui qu’il allait lui offrir, quelques petites surprises dont il profitera le jour-même, et un paquet.

 

Celui-ci était d’Hermione. Il était assez gros, comme une boite à chaussure, déjà emballé de noir et ornementé d’une note.

Après l’avoir lue, Harry écarquilla les yeux : Elle était folle ou quoi ?!

 

Il balaya sa question de sa tête et s’activa pour emballer les paquets avant que Rogue ne sorte de la douche. Il se figea un instant. “...avant que Rogue ne sorte de la douche.” répéta t-il à voix haute avant de soupirer. Merlin, à quel moment de ma vie je suis censé penser ça ?

 

Quelques instants plus tard, alors qu’Harry avait déposé les cadeaux devant la cheminée, une voix l’interpela depuis la salle d’eau.

 

“Haaaaaaa-rryyyyy ! S’iiiiiiil-ttttteeee-plaaaaaais tuuuu peeeuuuux…

- J’arrive !” répondit-il, attendrit. Je vais vraiment kidnapper ce gosse.

 

Il ouvrit la porte, et Severus l’attendait, tout propre, en pyjama vert (de toute évidence il n’était pas encore dans sa phase all black ) et avec une serviette sur les épaules, comme prévu.

 

“Tu ne me met pas du savon dans les yeux hein !

- Mais non, je vais faire attention. Allez, tête en avant !”

 

Le petit passa sa tête par dessus la baignoire, et Harry ne retint pas un cri impressionné.

 

“Waah, ils sont vraiment longs !

- Mais oui ! Si je te demande de m’aider c’est pas parce que j’aime être un assisté...

- Oh, ça ne m’aurait pas tant que ça dérangé en réalité, j’aime bien m’occuper de toi.” expliqua Harry en faisant couler l’eau sur sa main, jaugeant la température. Il ne les voyait pas, mais devinait sans problème les auréoles roses sur les joues du garçon.

 

“Tu me dis si c’est trop chaud d’accord ? Je ne pourrais pas me rendre compte.

- Mh-mh.”

 

La température semblant convenable, il passa l’eau sur les cheveux noirs du mouflet qui se tendit sous la surprise avant de se redétendre.

 

“J’ai des frissons.

- C’est trop froid ?

- Non, j’ai juste des frissons. C’est agréable. Tu peux continuer.”

 

Harry leva les yeux au ciel et entreprit de reprendre sa tâche, et d’y venir à bout. Il se retrouva rapidement avec les mains pleines de mousse, et se les passa dans l’eau.

 

“Relève la tête pour voir ?” Le petit s’activa, et lorsque l'aîné des deux le découvrit avec une montage de mousse sur la tête, il ne put prendre sur lui plus longtemps et éclata de rire. “Je vais mourir ! Je vais tellement mourir ! Pardonnez-moi prof, pitié ! Oh non, je ne regrette rien !

- Qu’est-ce qu’il y a de drôle ? Harry ?

- Regarde-toi dans le miroir !”

 

Severus se plaça devant la glace et sourit face à son reflet, amusé. Ses cheveux étaient tout remontés sur son crâne et la blancheur de la mousse lui donnait l’impression d’avoir une sorte de bonnet sur la tête.

 

Il se retourna vers la baignoire, où Harry était penché.

 

“Qu’est-ce que tu…” Le Gryffondor se releva soudainement, les cheveux dans le même état que le petit, sauf qu’il n’avait pas un bonnet en mousse, mais une corne de licorne…  que ses lunettes étaient recouvertes de buée, et que faute d’autres mots, il avait vraiment l’air con comme ça.

 

Et enfin, le Petit Prince craqua : Il accompagna Harry dans son fou-rire.

 

“On fait un concours ?”



Une petite heure plus tard -et les cheveux humides, les deux garçons avaient rejoint Hermione à la Grande Salle pour le dîner. C’est donc le ventre rempli et au bord de la somnolence qu’ils accompagnèrent l’enfant jusqu’à ses quartiers.

 

“Tu vas le border ? demanda Hermione sur le ton de la plaisanterie, pendant que Severus se lavait les dents dans la salle de bain.

- Boh, c’est pas comme si c’était la plus embarrassante des choses que nous ayons faites aujourd’hui, rappela Harry, résigné.

- C’est vrai, mais tu devrais quand même faire attention Harry, tu ne sais pas ce qui pourrait arriver quand... Eh bien quand il redeviendra lui-même.

- C’est simple : Je serais embarrassé, il sera embarrassé, et quand il est embarrassé il est en colère, donc il sera en colère. Et puis quoi, qu’est-ce que ça change ? Il a été en colère contre moi pendant 6 ans. Mais aujourd’hui j’ai la possibilité de lui offrir…

- De lui offrir quoi ?” s’impatienta Hermione. Allait-elle enfin savoir ce qui poussait Harry à aller si loin pour le petit ?

 

Le Gryffondor ôta ses lunettes et se frotta les yeux : de toutes évidences, le petit n’était pas le seul à être à bout de force.

 

“Laisse tomber ‘Mione. Sev’ m’a dit de ne pas me poser de questions et d’apprécier les choses comme elles viennent, et bien que je trouve cette philosophie bien trop Gryffondor pour sortir de la bouche d’un Serpentard, j’ai décidé de l’appliquer. Ca me fait du bien. Il me fait du bien.”

 

Harry replaça ses lunettes sur son nez, et les deux Gryffondors baillèrent en choeur.

 

“Tu dois avoir raison, Harry. Il faudrait être sacrément aveugle pour ne pas voir comme vous vous entendez bien… et comme il t’aime.

- Il m’apprécie, rectifia-t-il. Et ce n’est qu’une illusion… temporaire en plus de ça. Je ne suis pas bête.

- Il t’aime. Le Petit Prince t’aime, d’accord ? Comme un frère, ou je ne sais pas exactement quoi, mais il t’aime.

- Mais pas Rogue.”

 

La sorcière soupira et Harry ranima le feu dans la cheminée avec sa baguette. “Mais pas Rogue, certainement, concéda-t-elle. Mais depuis quand est-ce que tu y portes de l’importance ?”

 

Le Gryffondor fis rouler sa baguette sous ses doigts, les yeux dans le vide.

“Je ne sais pas. Depuis que Sev’ s’est mit à pleurer sur le bâteau je pense. C’étaient des sanglots de joie, et il essayait de les cacher.”

 

Harry releva la tête et planta son regard dans celui de son amie. “Hermione, les enfants ne se cachent pas pour pleurer. Ils le montrent, pour attirer l’attention, ou signaler qu’ils ont besoin d’aide…. C’est une manière de s’exprimer. Lui, il se cachait. Et Merlin, les gamins ne pleurent pas de joie ! C’est une sensibilité qui vient plus tard ! Alors qui pleurait ?

- Rogue ? proposa Hermione, pas vraiment convaincue.

- Peut-être. Je ne sais pas. Je crois que j’ai une partie de moi qui croit qu’il est encore là. Et comme j’ai un lien avec Sev’, alors peut-être que…

- Harry. Tu as entendu le professeur McGonagall comme moi. Ce sont les hormones, tout se régule, se reconstruit… C’est normal qu’il soit instable, mais n’espère pas que Ro-

- Je ne l’espère pas. C’est juste une impression. Mais tu comprends pourquoi je préfère ne pas me poser de questions ?”

 

Hermione allait répondre, mais fut devancée pars une bouche pleine de dentifrice. “Moi je comprends, et je suis d’accord.” expliqua Severus depuis l'encadrure de la porte de la salle de bain. Il alla se rincer la bouche et ranger sa brosse à dent sous le regard d’Harry et d’Hermione, avant de revenir vers eux, épuisé.

 

“Tout ça c’est vraiment trop compliqué... j’ai l’impression que ma tête va exploser..." reprit-il en baillant. Il s'étira de tout son long. "Moi aussi ça m’angoisse d’imaginer que je risque de t’en vouloir dans quelques jours. J’ai pas envie de te détester, Harry.” dit-il en marchant vers lui, les pieds traînants au sol.

 

Certainement qu’il aurait pû s'endormir debout tant la fatigue pesait lourd sur ses paupières. Il se frotta les yeux avant de se glisser jusqu’au cou d’Harry et se blottir contre lui, ce qui fut sa façon de clôturer la discussion. Le coeur du Gryffondor s'emballa, et il rendit l’étreinte au plus jeune. Après un petit moment de silence paisible, le petit se défit de ses bras, et déposa une bise sur la joue de l'aîné.

 

“Bonne nuit Harry…” marmonna-t-il, déjà en route vers sa chambre. “Bonne nuit madame Herm-”

 

Il s’arrêta sur le pas de la porte, juste à côté de la cheminée qui illuminait ses cadeaux. Un certain paquet, noir, avec une note dessus, était plus éclairé que les autres. Il la déchiffra de là où il était.

 

“Pour le Professeur Rogue, ne pas ouvrir avant le 25 !

~Hermione Granger.”

 

Le “Professeur Rogue” avait été souligné à plusieur reprises, et le petit compris qu’il n’était pas pour lui. Ou pas pour maintenant. Il se tourna vers elle pour lui sourire.

 

“Bonne nuit, Hermione.”

 

Et Severus ferma la porte derrière lui, laissant seuls deux adolescents et une cheminée crépitante.

 

“Wow, mon lit paraît nettement plus grand maintenant que je suis tout petit !”

 

 

A suivre...

End Notes:

Et voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu, ça fait du bien un peu de douceur dans ce monde brutes.

Le prochain chapitre sera dans le même esprit... Avec un evenement qui risque de changer beaucoup de choses xD

Aller, à la prochaine ! Laissez des reviews ;)

KIRI~

Chapitre 5 : La vision de Freud. by Yukiri
Author's Notes:

Hey tout le monde ! Bon, j'ai eu beaucoup de mal à écrire la première moitiée de ce chapitre. Je sais pas vraiment pourquoi, peut-être parce que je la trouve molassone, mais bon bref, j'ai fini la seconde moitiée d'une traite ! 

Aller, bonne lecture à tous !

Chapitre 5 : La vision de Freud.



Le soleil illuminait le dortoir des Gryffondor à travers les vitraux rouge et or, générant en la pièce assoupie une atmosphère propice à la grasse-matinée. Grasse matinée à laquelle Harry, le seul garçon présent en ce lieu pour le 24 décembre, s’était allègrement abandonné.

 

Chaudement roulé dans sa couverture, sa respiration lourde s’agita. Toujours assoupi, il se tourna côté fenêtre, et les rayons lumineux eurent raison de son sommeil. Alors après quelques instants, il tenta d’ouvrir les yeux, puis les referma, pour recommencer derrière.

 

Il n’avait pas ses lunettes, mais reconnu sans problème la petite silhouette assise sur le lit, livre en main. Petite silhouette qui n’avait rien à faire là.

 

“Oh, bonjour Harry…” chuchota Severus, émergeant de son ouvrage.

 

Le Gryffondor aurait bien aimé lui demander comment il était arrivé dans son lit, comment même il avait pu entrer dans le dortoir et depuis combien de temps il était là, mais de toutes évidences son réveil encore frais ne le lui permettait pas. Alors sans soulever sa tête de son oreiller, il attrapa le livre du plus jeune, le posa par terre, et d’un geste presque paternel, attrapa l’enfant pour le blottir contre lui.

 

Severus s’était tendu, surpris, et puis, sous la tendresse, s’était immédiatement relâché. Au bout de quelques minutes, tous deux bercés par la respiration de l’autre, ils se rendormirent.



“Euh… Harry ?” l’apostropha timidement Hermione. Il était clair qu’elle n’osait pas le réveiller, lui qui semblait si bien dormir, serrant une peluche dont seule la tête dépassait des couvertures dans ses bras.

 

Sauf qu’Harry n’avait pas de peluche... et que les peluches ne gémissaient pas dans leur sommeil. C’était…! Merlin !

 

Après un moment où elle les observa et s'affaira à une de ses tâches, elle appela son ami de nouveau. “Haaarryyyy….

-Mh…

- Harry, s’il te plait, réveille-toi…

- Mhhh….

- Je vais bientôt partir chez mes parents pour Noël, j’aimerais te dire au revoir.

- Mmmhhhn’importe quoi… T’as dis que tu partais à midi…

- ...Harry. Il est midi.”

 

L’Elu se redressa, soudainement parfaitement éveillé, cherchant à taton ses lunettes. “Midi ? Tu plaisantes…

- Non, il est midi. Et je dois partir.”

 

Harry plissa les yeux. Combien de temps avait-il dormi ?

 

“Qu’est-ce qu’il se passe…” marmonna le Petit Prince en baillant, faisant jour hors de la couverture. “On s’est rendormis ?

- Il faut croire que oui, répondit Harry. Il est midi. Hermione est venue nous dire au revoir.”

 

La petite tête brune se tourna vers Hermione, comme s’il remarquait sa présence seulement maintenant. Et vue la tête à peine réveillé qu’il avait, c’était certainement vrai.

 

“Hermione part ? s’interrogea-t-il.

- Comme je le disais à Harry, je pars voir mes parents pour Noël. Je reviendrais demain pour… eh bien, pour vous, j’imagine.” répondit-elle, un peu embarrassée.

 

De toutes évidences, même sous une forme juvénile, il était impossible pour l’élève parfaite qu’Hermione était de tutoyer un professeur. “Je ramenerais des gâteaux moldus avec moi. Est-ce que tu sais quand Ron rentre, Harry ?

- Le 26, dans deux jours. Et non, il n’est pas au courant pour le Petit Prince.” ajouta-t-il en sentant la question venir.

 

Hermione pouffa, imaginant certainement la réaction de leur ami, et étreignit Harry avant de saluer Severus de la main. “On se revoit plus tard, joyeux Noël !”

 

La sorcière disparut par la porte du dortoir, laissant latents les deux garçons qui l’habitaient. “Qu’est-ce que tu faisais dans mon lit, toi ?” demanda Harry, le regard encore porté sur l’entrée de la pièce.

 

“Je n’ai pas très bien dormis cette nuit.” expliqua le plus petit. Harry se tourna vers lui, et l'invita à continuer ses explications par un haussement de sourcils.

 

“Et quand je me suis réveillé ce matin, vers 7 heures, je ne pouvais plus refermer l’oeil. Alors je me suis levé, et je suis allé chercher les cadeaux que tu avais laissé devant la cheminée. J’ai été étonné de découvrir... cinq pots de miel différents… et après, en ouvrant le gros paquet, j’ai compris !” expliqua-t-il en se saisissant de l’ouvrage qu’il lisait plus tôt.

 

“Un livre qui énumère toutes les potions faites à base de miel ! Vraiment… Ca y est, tu sais que j’aime le miel et les potions, alors tout de suite… J’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire. Mais en fait Harry, je suis très touché. Alors j’ai un peu oublié qu’il était 7 heures, et je suis monté te voir. Mais tu dormais.

- Evidemment, il était 7 heures.

- C’est exactement ce que je me suis dit. Alors j’ai voulu me plonger dans mon livre dans un des lits du dortoir, mais ceux qui sont vides n’ont pas de couvertures ! Alors je me suis mis dans le tien, au chaud, et tu t’es réveillé une heure après… Pour m’agresser avec tes bras là !

- Une agression, oh oui, tu t’es très clairement débattu, ironisa Harry.

- Oui, bon, et je me suis endormi, certainement parce que j’ai eu une nuit agitée.”

 

Assis, il s’enroula dans la couverture, ne laissant que sa tête ressortir, avant d’ajouter : “J’ai jamais aussi bien dormi.”

 

Le Gryffondor sourit et tapota gentiment la tête du plus jeune. “Et ça n’aura duré que 4 heures. Tu as assez dormi ou tu veux qu’on aille manger ? demanda l’aîné.

- Oh, ça va, j’ai déjà dormi beaucoup moins que ça.

- Alors descendons à la Grande Salle ! Je pense qu’on pourra s’arranger pour déjeuner sucré.”

 

Le petit se dégagea de la couverture pour se jeter du lit, et alors que ses vêtements se transformèrent, il se tourna vers Harry, prêt à partir lui aussi. “Mielaubeurre ?

- Mielaubeurre.”


Harry avait lui aussi passé une nuit affreuse, rythmée par les cauchemars de Sirius qui passait en boucle à travers le Voile… Ou de Rogue. S’il n’était pas aussi horrible que celui mettant en scène son parrain, il l’avait tout de même bien secoué.

 

Sev’ se battait en duel avec le Maître des Potions, et l’aîné l’emportait sur le cadet. Alors Harry avait essayé de les séparer, et lorsqu’il s’était interposé entre eux, il avait vu, dans les yeux de celui à qui il faisait face, la souffrance, comme s’il s’était senti trahi.

 

Car le petit Severus s’était caché derrière lui.

 

“A quoi est-ce que tu joues ?” avait demandé le professeur. Harry voulait répondre, mais lorsqu’il vit le plus jeune s’avancer, il comprit que la question ne lui était pas adressée. L’enfant allait donner sa réponse, lorsqu’un rayon de soleil réveilla le rêveur… et le Gryffondor était tombé nez à nez avec le petit Severus.

 

Il devait l’admettre, lui non plus n’avait jamais aussi bien dormi que lorsqu’il avait eu le mouflet dans ses bras. Et ces quatres heures de vrai sommeil n‘étaient pas de trop.

 

 

“Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui, Harry ?

- Eh bien… Ca te dirais une balade dans les airs ?

- Dans les airs ? répéta Severus.

- Un tour en balais, explicita l’adolescent. A l’origine je voulais t’emmener voir la boutique de Fred et George Weasley, c’est un magasin de farces et attrape ! Mais nous n’avons plus le droit de quitter l’enceinte de Poudlard.”

 

Le petit acquiesça, essayant visiblement de comprendre pourquoi ils ne pouvaient sortir. Il sentait que c’était de sa faute. Il avait les éléments en tête, savait qu’il n’était pas lui même, savait que c’était Lord Voldemort qui était derrière tout ça, mais il n’arrivait pas à faire le lien entre les événements, comme si un sort l’en empêchait. Et il savait que c’était celà.

 

Un mal de tête pointait le bout de son nez à chaque fois qu’il commençait à se poser trop de questions, alors il arrêtait. Mais il voulait comprendre qui il était. Pourquoi il sentait que sa relation avec Harry n’allait pas durer, pourquoi il sentait qu’il allait se rappeler de la cruauté de ce monde.

 

Alors que pour l’instant, il était avec Harry. Mais ce n‘était plus suffisant.


Tandis qu’ils se dirigeaient vers la cours de Poudlard, le Gryffondor sentait le lourd regard de l’enfant se poser sur lui, et il lui rendit l’attention. “Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il.

- Quoi ?

- Tu me dévisage. J’ai un truc sur le visage ?

- Je ne te dévisage pas.” répondit le plus jeune.

 

Severus glissa sa moufle dans celle d’Harry, qui aurait pu jurer l’avoir entendu chuchoter : “Je te regarde.”

 

Un flocon rentra soudainement dans le trou de nez de l’aîné qui fut victime d’une série d'éternuements incontrôlables, moqué par le cadet des deux. Finalement, ils arrivèrent au niveau du terrain de Quidditch, balais en main.

 

“Tu vois Sev’... Ca, c’est mon Éclair-de-feu. J’en suis très fier, alors tu dois vraiment savoir que tu as énormément de chance de pouvoir monter dessus.

- Mh, je ne suis pas très à l’aise sur un balais.

- Mais ce n’est pas un simple balais, c’est mon Eclair-de-feu. Et tu monteras avec moi, donc tu n’as absolument pas à avoir peur.”

 

Harry enfourcha alors son balais, et écarta les bras pour inciter le plus jeune à le rejoindre. Après un petit temps d’hésitation, Severus inspira et se rapporcha du sorcier pour qu’il le porte et le mette devant lui. “Oh, ça faisait longtemps, remarqua Harry.

- Qu’est-ce qui faisait longtemps ?

- Tes rougeurs. Tu es tout rouge ! s’esclaffa-t-il.

- Je ne suis pas rouge ! C’est à cause du froid ! Dépêche-toi plutôt que de... te faire des films.

- Je ne me fais pas des… Bon, viens.” proposa le sorcier à lunettes en rouvrant les bras.

 

Le petit s’y jeta, et Harry l’aida à monter sur le balais. “Là, voilà. Tu es bien installé ?

- Oui, très bien. Tu… Tu vas pas trop vite hein ? demanda le mouflet, la voix plus aiguë que d’habitude.

- Ne t’inquiète pas, je te tiens bien, et avec cette neige, je ne prendrais pas le risque d’y aller à fond.”

 

Harry passa son bras autour de Severus, l’autre agrippant fermement son balais pour pouvoir le conduire.Tout doucement, ses pieds quittèrent le sol blanc -ceux de l’enfant étant déjà à une certaine hauteur, et le petit agrippa plus fermement le bras qui l’entourait.

 

“On va faire quelques tours de terrains, histoire que tu t’habitues. Et après, on pourrait passer par dessus le lac. Il est gelé, mais au moin on pourrait retrouver le Candide. Qu’en penses-tu?

- On va sur le Candide ? Génial !

- Wowoh, ne gesticule pas comme ça si tu veux qu’on garde l’équilibre, petit mouflet.”

 

Le petit gloussa, et Harry en profita pour leur faire prendre plus de hauteur. Le vent battait fortement leurs cheveux et leur robe, mais en très bon joueur de Quidditch qu’il était, le Gryffondor garda sa trajectoire droite. Ils firent ainsi, dansant entre les flocons, trois tours de terrains, et, sentant que le plus jeune se détendait dans ses bras, Harry s’enquit à prendre plus de vitesses encore.

 

“Oh Merlin-Merlin-Merlin-Merlin-Mer-

- Tu as peur ? demanda Harry, hilare.

- Noooonononon… Tu conduit super bien maaais super vite aussi !”

 

Le compliment provoqua en Harry quelque chose qui le força à lâcher un rire démoniaque résonnant dans tout le terrain. “Evidemment que je conduis bien, je suis le meilleur !

- Oui mais arrêtes de rire, on va tomber Harry !

- Aller, direction le lac ! Retrouvons ton navire, capitaine !”

 

Alors dans un petit cri hystérique venant de celui qui était censé devenir majeur l’année suivante, ils prirent encore plus en altitude et passèrent par dessus les estrades du terrain. Ils traversèrent une partie de la forêt interdite dont seuls les Epicéa se couvraient encore de leurs épines à présent blanches, tout autre arbre s’étant dénudé à la tombée de l’automne.

 

Et enfin, la densité du parc s’envola pour laisser place au lac immaculé.

 

“Il est vraiment gelé !” s’écria Severus, soufflé. Et enfin, le petit lâcha le bras d’Harry pour pointer du doigt une construction de bois caché sous une élévation de pierre. Comme si un ancien pont arqué avait un jour été là, et qu’il avait été partiellement détruit. “Le Candide ! Vite, allons-y !

- Vite ?” répéta Harry, avant de passer la vitesse supérieure, et d’arracher au plus jeune un cri de surprise.

 

“Ding ! Mesdames et Messieurs, nous entrons maintenant en phase d'atterrissage, veuillez bouclez votre ceinture et relever le dossier de votre siège.” annonça Harry en parlant dans sa main libre. Il se posa en douceur sur le pont, et lorsque ses pieds rentrèrent enfin en contact avec le bois, il fit descendre le petit avec lui.

 

“Nous sommes arrivés à destination, la température extérieure est de… très très froid, et les risques de tempêtes de neige sont élevés. Nous vous remercions d’avoir choisi la compagnie Airry Potterlines, et nous vous souhaitons un très bon séjour. Ding !”

 

Severus gambada en long et en large du pont protégé de la neige par le sortilège de McGonagall, heureux d’avoir retrouvé son bâteau. “Elle avait pas menti ! Madame Minerchat ! J’avais peur qu’elle l’ai retransformé en barque, mais non, il est bien là ! Sous le cap ! Et au chaud en plus de ça !”

 

Harry s’assit sur le pont, baladant sa main sur les planches de bois, dont la chaleur traversait le tissus de ses moufles. McGonagall semblait vraiment vouloir prendre soin du navire, et c’était étrange de la voir s’attacher à cela, simplement parce que le Candide importait aux yeux du petit.

 

Le Gryffondor releva la tête. Severus se dirigea en sautillant vers la barre de navigation, tandis que ses vêtements changeaient encore d’apparence, sa mini-robe de sorcier laissant place à sa tenue de pirate, tricorne et cache-oeil compris.

 

“C’est automatique ou quoi ?” plaisanta Harry alors que l’enfant lui tirait la langue réponse. Installé là où il était, la scène de la veille lui revint en tête.

 

“Capitaine.

- Oui ?

- Tu as toujours su faire de la magie sans baguette ?”

 

Le petit Prince se tourna vers lui, et, lâchant la barre -car il était évident qu’il n’irait pas loin par ce temps et dans un lac gelé, vint s'asseoir à côté d’Harry. “De ce que je sais… Je crois que ça fait longtemps. Mais je te conseille de me reposer la question plus tard, je pense que je serais plus à-même de te répondre.”

 

Saisissant le sous-entendu, le sorcier à lunette enchaîna. “A ce sujet… De quoi te souviens-tu exactement ? Dumbledore m'avait dis que tu ne te souviendrais de rien, et puis au final que tu te souvenais, mais que c’était lointain… Enfin, qu’est-ce qu’il se passe là-dedans ?” demanda-t-il en illustrant ses propos d’un petit tapotage sur le front de l’enfant.

 

“Je ne sais pas. Monsieur Albus m’a dit que comme j’étais un très bon legilimen et occlumen, il se pouvait que les effets sur ma mémoire soient… partiels. Mais je ne sais pas concrètement ce qu’il se passe. Tu sais, c’est comme si… Comme si tu avais faim, que devant toi il y avait une tarte… Mais que tu n’arrivais pas à comprendre que tu devais manger la tarte pour stopper ta faim. Enfin, j’ai les éléments, du moins certains, et plus ou moins flous, mais je n’arrive pas à faire les liens logiques entre eux.

 

Je n’arrive pas à comprendre ce qui a pu me mettre dans cette situation, pourtant j’imagine, sans savoir pourquoi, que c’est à cause de Tu-sais-qui. Et d’un autre côté, j’ai un mal de tête horrible qui me prend quand je réfléchis à tout ça, comme si je n’avais pas le droit d’y penser.

 

- Alors évite de te poser toutes ces questions, tu auras des réponses bien assez vite. Je n’aurais pas du t'embêter avec ça, excuse moi.”

 

Le petit secoua la tête. “Non non, c’est bon, ne t’inquiète pas. De toutes façons… Moi aussi je dois te demander quelque chose.” dit-il en prenant un air distant. Vraiment faussement distant, parce qu’il avait les lèvres pincées, comme s’il prenait sur lui pour ne pas… pour ne pas quoi ? rire ? partir en courant ? crier ?

 

“Je suis tout ouïe.” dit Harry, soudainement intrigué.

 

Severus écarquilla les yeux, comme s’il ne s’attendait pas une seule seconde à ce que Harry l'invite à lui poser sa question si tôt, et secoua la tête vivement. “Ah non non non pas maintenant !

- Oh… C’est une question gênante ?”

 

Le sorcier n’eut comme unique réponse un marmonnement inaudible, le petit ayant tourné la tête, les joues empourprées.

 

Qu’est-ce qu’il avait ? Alors que le gamin semblait avoir enfin pris ses aises, le revoilà qui se mettait à rougir avant de monter sur l’Eclair-de-feu, et maintenant quoi ? C’était quoi sa question ? Le pire c’était qu’Harry la sentait vraiment mal. Après le rêve qu’il avait fait, il avait vraiment peur de ce qu’allait devenir leur relation, et en était maintenant à espérer que sa question n’ait aucun rapport.

 

“Alleeeez… dis-moi Sev’...

- Capitaine, corrigea le plus, tapotant sa main sur le ponton.

- Allez, dis-moi, Capitaine... Tu as éveillé ma curiosité, tu es obligé.” exposa Harry, les bras croisés, tentant d’être autoritaire.

 

Severus, qui fixait le lac, se retourna vers le Gryffondor. Il l’observa longuement, ses cheveux portés par le vent et le regard indéchiffrable, quoique les joues toujours aussi roses.

 

“Est-ce que quand je serais grand- ...non laisse tomber, c’est stupide. Excuse-moi.”

 

Harry allait l’encourager à continuer, mais le petit ne lui en laissa pas l’occasion. “Est-ce qu'il y aura quelque chose de spécial ce soir ? Pour Noël, je veux dire. Un buffet ou un spectacle ?”

 

“Euh… euh oui, oui, comme chaque année, il y a un buffet.” articula le Gryffondor, chassé de ses réflexions.


...Quand je serais grand quoi ?

 

“Et pas de spectacle. Enfin bon, il n’y a pas beaucoup d’élèves qui restent à Poudlard pour les fêtes, donc on ne peut pas organiser un truc de fou pour trois personnes quoi, et- OH MERLIN NON. s’interrompit soudainement Harry.

- Qu’est-ce qu’il y a ? s’étonna le capitaine en remontant son cache-oeil.

- Slughorn. Il a dit qu’il voulait faire une réception. Et je suis invité, de toutes évidences. Enfin tout le monde est invité, Dumbledore ne voulait pas qu’il laisse du monde de côté…

- Ca n’a pas l’air de te faire plaisir, Harry.” compatit Severus en s'asseyant à côté de lui. Il ramena ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras, et posa sa tête contre la manche d’Harry.

 

“Ouai. Slug est pas méchant… mais disons qu’il est du genre à mettre en avant ma célébrité, chose que je déteste. Il la met en avant et ne me voit que pour ça… et s’en sert pour monter lui-même en célébrité.

- Je n’aime pas trop les gens comme ça, exposa Severus.

- Ca ne m’étonne pas, tu n’es pas trop du genre à apprécier ceux qui cherchent à attirer l'attention...

- C’est exact.”

 

 

Ils passèrent ainsi l’après-midi ensemble, durant lequel, après un débat sur si oui ou non c’était une bonne idée, ils se décidèrent finalement à aller sur le lac et y patiner. Enfin... le Gryffondor s’était décidé à aller sur le lac et y patiner. C’est comme celà que vers 17 heures, Harry se retrouva, couvert de bleus, accompagné d’un petit Severus hilare, chez madame Pomfresh. L’infirmière avait plus que râlé en découvrant l’état d’Harry, et avait manqué de lui retirer des points lorsqu’elle avait appris qu’il s’était aventuré sur le lac gelé et glissant.

 

Alors après qu’Harry ait été tartiné de pommade sur toute la surface de son corps, les deux garçons allèrent se préparer pour la soirée de Slughorn.

 

“Est-ce qu’on doit ramener quelque chose ?” s’interrogea le petit, ses mains occupées à tresser une mêche de cheveux qui lui tombait sur le visage. Il attendait Harry sur le lit de Ron, le plus grand étant occupé à se trouver une tenue pour la réception.

 

“Oh, certainement, mais il s’en passera. Crois-moi, il sera déjà bien content que je vienne, avec toutes les soirées que j’ai esquivées…” répondit le sorcier à lunettes dont la voix était étouffée par le sous-pull qu’il passait sur son visage. “Au fait, on va dire que tu es un cousin éloigné, d’accord ? Tante Pétunia n’a qu’un fils, mais comme c’est une moldue Slughorn ne doit pas la connaître.

- Pétunia ?” répéta Severus, une lueur indéchiffrable illuminant ses orbes noires. “Mh, d’accord. Et je suis une jeune sorcier, c’est ça ?

- Oui, avec toute la magie qui émane de toi, tu ne pourras définitivement pas te faire passer pour un moldu… donc disons que tu es un jeune sorcier né-moldu, et que tu étais intrigué par Poudlard, et que Dumbledore à accepter que… enfin, essayons d’éviter la question d’accord ?

- Oui mais je suis un sang-mêlé moi. Eh, mais ça sonne super bien, Severus Prince de s-

- Là n’est pas la question, personne ne doit te reconnaître.” le coupa Harry, un brin protecteur, sans s'attarder sur la fin de la phrase de Sev'.

 

Le petit haussa les épaules. Être un né-moldu ne semblait pas le déranger, et le Gryffondor devait admettre qu’il avait un peu crains qu’il ne refuse de se faire passer pour l’un d’entre eux, étant donné son passé de Mangemort. Enfin son futur.

 

“Bon, alors, je suis bien comme ça ?” demanda Harry en se posant devant la petite tête brune. Le Prince défit sa tresse en vitesse et releva la tête, avant d’arborer un air choqué.

 

“Ta chemise est rouge.” releva-t-il.

 

“Je suis ravi de voir que tu connais tes couleurs, Severus.

- Mais du rouge, c’est tellement Gryffondor !

- Devine quoi, j’en suis un ! s’esclaffa Harry, hilare de l’air sincèrement dévasté du plus jeune. Tu aurais préféré du vert peut-être ?

- Ca t’irai certainement très bien.” répondit le Prince avant de se jeter du lit de Ron.

 

“Bon, j’imagine que je vais devoir compenser ce manque évident de classe.” déclara le plus jeune. Harry releva un sourcil interrogateur, et alors les vêtements du plus jeune laissèrent place à une tenue de soirée des plus élégantes. Pantalon noir, veste cintrée assortie, et de bien entendu, chemise verte. Severus se dessa, fier, et serpenta devant le rouge et or, sourire en coin. “Alors ?”

 

Harry plaqua ses mains sur sa bouche, les yeux brillants. “Oh mais Merlin… T’es trop mignon !”

 

Il était clair que ce n’était pas la réaction attendue par le plus jeune, vu que celui-ci cligna des yeux plusieurs fois, la bouche entre-ouverte. “Mignon ? Tu plaisantes ? Je ne suis pas un chaton ! Je ne suis pas mignon !”

 

Harry éclata de rire et se revêtit de sa cape, entraînant le petit avec lui vers la sortie. “Allez, viens petit chaton, ils vont nous attendre.”

 

 

“Oh, Harry, je suis ravi de voir que tu as réussi à tirer Severus avec toi, lui qui n'est pas très friand de ce genre de réception !

- Professeur Dumbledore !” s’exclama Harry. Il venait d’entrer dans la salle de réception et le Directeur l’avait directement abordé.

 

“Je ne pensais pas que vous seriez là, avec toutes vos sorties.

- Oh, je ne louperais Noël pour rien au monde ! A ce sujet, joyeux Noël ! Joyeux Noël Severus.

- Merci monsieur Albus ! répondit le petit en lui offrant un large sourire. Vous aussi !”

 

Albus se tourna vers Harry, les yeux pétillants. “Vraiment, j’adore cet enfant. Horace, venez donc accueillir vos nouveaux arrivants !” s’exclama-t-il en levant la main pour se faire remarquer du professeur Slughorn.

 

Celui-ci discutait avec une jeune femme qu’Harry reconnu immédiatement comme une joueuse des Harpies de Hollyhead. C’est à cet instant qu’il réalisait qu’il y avait un grand nombre d’invités -tous connus, et que par extension, la soirée n’allait pas être des plus agréables. Il passa une mèche de cheveux sur sa cicatrice, espérant la dissimuler un minimum pour ne pas être reconnu de tous, espoir immédiatement réduit en cendre par le professeur de potions.

 

“Oh, Harry mon garçon, enfin tu es là !” l’accueillit-il en lui offrant une accolade amicale, avant de se tourner vers le reste de la réception. “Je vous présente à tous, bien que ce ne soit certainement pas nécessaire, mon meilleur élève, Harry Potter !”

 

Une exclamation commune à l’assemblée résonna dans la pièce, et il fallut toute la force du monde au héros pour ne pas lever les yeux au ciel. Pitié…

 

“Monsieur Potter, je suis tellement heureuse de vous rencontrer ! Telma D’Auréliac, responsable des affaires secrètes du Ministère de la Magie.

- Enchanté…” répondit-il d’une voix déjà fatiguée. Il se tourna, espérant trouver un coin inhabité dans la salle, mais se retrouva face à un homme aux yeux bleu marine. Ca aurait pu être beau, mais il y avait quelque chose de malsain dans son regard.

 

“Pimm Renardin.” annonça-t-il en tendant la main vers l’élu. Harry la serra, ne voulant pas faire preuve de mauvaise manière, et l’homme la tendit vers Severus, caché derrière lui, qui la frôla à peine avant de retourner à sa cachette préférée.

 

“Je suis Maître des Potions, et je travaille au laboratoire du Cap d’Antipolis. La communauté sorcière s’engage à dire que je suis le meilleur dans mon domaine et-

- Ca j’en doute, et excusez-moi mais mon petit cousin est très timide et j’aimerais qu’il puisse respirer.” répondit Harry d’une traite sans s'embêter un feindre un quelconque intérêt,  avant d’embarquer le petit avec lui vers des fauteuils vides.

 

“Tsss…. le meilleur. Bein tiens. On aura tout entendu. Le meilleur Maître des Potions ? Je le connais très bien, merci, il a été mon professeur pendant 5 ans.” marmonna-t-il alors qu’il se laissait tomber dans un large siège, le petit s’installant sur ses genoux. “Oh, qu’est-ce que c’est que ça, Sev’ ?” demanda-t-il soudainement en montrant un papier rose que le plus jeune serrait dans sa main.

 

“C’est un bonbon. Monsieur Pimm vient de me le donner.” répondit-il avant de le déshabiller de son emballage et de le mettre dans sa bouche.

 

“Mh, Severus, il vaut mieux que tu évites d’accepter des bonbons de la part des inconnus…

- Mais ce n’est pas un inconnu, c’est un copain de monsieur Sgeul… Sleug…

- Le professeur Slughorn ne fréquente pas que des bonnes personnes, Sev’. Il pourrait être dangereux.

- Tu es jaloux ?”

 

Harry plissa les yeux. “Je suis inquiet. Je ne veux pas qu’il t’arrive de mauvaises choses. Alors tu restes avec moi, et tu n’acceptes rien de la part des inconnus ! Et si quelqu’un est bizarre avec toi, tu lui dis que je vais venir le taper, d’accord ?

- Oh, je vois que tu es devenu très protecteur envers Severus, Harry.” remarqua Albus qui venait de s’avancer dans le cercle de fauteuils vides.

 

McGonagall arriva à sa suite. “Oh Albus, vous auriez vu hier comme le petit était couvert de vêtements chauds lorsqu’ils jouaient au pirates… ajouta-t-elle à sa remarque, embarrassant Harry.

- Je ne voulais pas qu’il attrape froid, se défendit-il.

- Vous avez joué aux pirates.” répéta Dumbledore, incrédule. Visiblement il était en train de douter de ses capacités auditives. “Severus, tu as joué aux pirates ? Comment… Comment avez-vous joué aux pirates ?

- Oui ! s’exclama-t-il, des étoiles dans les yeux. Je suis Severus, le Prince des Pirates !”

 

Le Gryffondor cacha sa tête dans le cou du plus petit, toujours installé sur ses genoux, pour cacher son fou-rire. Il venait de surprendre la lèvre supérieure d’Albus en plein tressautement, car il était clair que le Directeur se retenais de rire à gorge déployée. Et Minerva pinçait ses lèvres bien trop fort pour que cela puisse être naturel.

 

“Et grâce à Madame Minerchat, (derrière le petit, Harry laissa échapper un gloussement) j’ai même mon propre navire ! C’est Le Candide, et même qu’il a un Serpent à l’avant ! Et il siffle, tss tss ! ...Harry, arrête de trembler, tu me fais trembler aussi.

- P-Pardon…”

 

Le Directeur s’était dissimulé derrière son verre d’hydromel, bien qu’il était évident qu’il n’en buvait pas une goutte, et McGonagall semblait avoir bugué sur le “Madame Minerchat”.

 

“Bien. Je suis très heureux de voir que vous entendez plus que bien, articula Albus après s’être calmé. J’aime beaucoup comment vous vous êtes habillés vous deux, drôle façon d’être assortis, ajouta-t-il en indiquant la chemise rouge Gryffondor et la chemise verte Serpentard. Je vous trouve ça classe.”

 

Severus tourna vivement sa tête vers Harry, manquant de tomber de ses genoux. “Ah ! Tu vois ! C’est pas mignon ! C’est classe ! Je ne suis pas un chaton !”

 

Harry ne retint pas son rire cette fois-ci, et ressarra sa prise sur le petit. “Non, tu n’es pas un chaton. Tu es un petit serpent.

- Je. Suis. Un. Pirate. exposa le petit en appuyant chaque mot par un geste tranchant de la main.

- Très bien, très bien, excusez-moi Capitaine… capitula Harry. Monsieur le Directeur ?” l’interpella-t-il soudainement.

 

Albus émergea vivement de sa coupe d’hydromel, toujours aussi remplie. “Oui ?

- Hagrid ne vient pas ? Est-ce qu’il est au courant ?

- Il ne sais rien, non, je préfère que nous rstions discret pour l'instant, jusqu'à la prochaine réunion de l'ordre. Et je lui ai bien proposé de venir, mais il préfère rester avec Aragog.

- Aragog ? demanda Severus.

- Son araignée géante.” répondirent Harry, Albus et Minerva en choeur. L’air mi-dégouté mi-effrayé qu’avait l’enfant sur le visage poussa à bout les deux adultes qui éclatèrent enfin de rire.

 

“Mais pourquoi il a une araignée géante ? Qui fait ça ?

- Oh, ce n’est pas vraiment le pire concernant Hagrid… avoua Harry. Enfin peut-être… mais soit, un conseil : ne te retrouve jamais dans la tanière de ses bébés. Sauf si tu as une Ford Anglia ensorcelée sous la main. Et Lupin ? demanda-t-il en se tournant à nouveau vers Albus.

- Il devrait arriver dès demain. Mais il n’est au courant de rien, juste qu’il doit remplacer notre précédent professeur de défense contre les forces du mal.”

 

Harry fronça les sourcils, étonné. Pourquoi ne l’avait-il pas mis au courant ?

 

“Oh, c’est une très mauvaise raison qui me pousse à ne pas lui dire maintenant, expliqua Albus comme s’il avait lu dans ses pensées. Je veux juste voir la tête de Remus lorsqu’il verra Severus !

- Oh, Albus !” gronda McGonagall.

 

Harry trouvait aussi cela déplacé, venant d’un homme comme lui, mais ne pouvait pas non plus se mentir… Il aurait payé des centaines de gallions pour voir ça !

 

“Donc, vous restez au château demain ? réalisa Harry.

- Pour quelques jours, oui.” répondit-il.

 

Au final, ils passèrent la soirée dans ce petit coin de salle, évitant les coups d’oeil désobligeants d’invités trop curieux.

 

Lorsque le dîner arriva enfin, ils s’intallèrent à table, et alors Pimm Renardin s’assit un peu trop près de Severus au yeux d’Harry qui attrapa le plus jeune, changea de place avec lui, et posa sa baguette bien en évidence sur la table, un regard glacial en prime.

 

Les discussions allèrent de bon train, potins, éloges, rumeurs, potions…

 

“Et c’est comme cela que j’ai créé le Cidre de Grenat, capable d’abreuver un vampire sans calice pour un an, termina Renardin. Après quoi, il n’aura qu’à commander un autre flacon !  C’est une révolution dans le monde de la magie, et vous allez en entendre parler.

- Vous êtes incroyable ! s’exclama Slughorn, dont le compliment était vivement soutenu par un homme qui semblait bien être un buveur de sang.

- Vous êtes surtout complètement stupide.”

 

La remarque du Petit Prince claqua dans l’air, calmant la vingtaine de personnes dans leur exclamation impressionnée. Albus s’était tourné vers Severus, les yeux pétillants, le sourire en coin -de toute évidences, il n’aimait pas beaucoup Pimm non plus.

 

“Premièrement, vous partez du principe que le système immunitaire d’un vampire est le même que celui d’un humain. Grossière erreur : si la potion fonctionne, son effet ne durerait pas plus de 6 mois.

- 6 Mois restent une très bonne cho-

- Laissez-moi parler Renardin, siffla Severus. Vous êtes tellement imbu de vous-même que vous ne vous rendez même pas compte de votre sottise. Je disais donc, si la potion fonctionne, son effet ne durerait pas plus de 6 mois. Or, elle ne fonctionnera pas. Ou peut-être reussira-t-elle à les empoisonner, bravo : comment pouvez-vous vous permettre de brasser dans la même potion du Fard de lys et un Pectaral ?”

 

Le silence retomba tandis que le petit dénigrait Pimm dans son intégrité. Celui-ci pouffa soudainement. “Allons, jeune homme, tu penses mieux savoir que moi, du haut de tes 7-8 ans?

- Oh, intervint soudainement Harry, je pense que le professeur Slughorn pourra facilement confirmer ses propos.”

 

Il lui faisait une confiance aveugle : si Sev’ était sortit de son silence, oubliant au passage sa timidité, c’est qu’il savait de quoi il parlait. Certaines choses ne s’oubliaient pas, visiblement. Harry se tourna vers son professeur de potions, qui tentait de savoir s’il devait ou pas être honnête, quitte à mettre en péril une de ses chères relations. Finalement il se racla la gorge, embarrassé.

 

“Le jeune Prince a raison, Pimm, et je pense que vous le savez. Ces deux éléments peuvent être terriblement toxiques pour n’importe quelle créature magique, et l’immortalité des vampires ne peut rien faire contre une prise régulière.” avoua Horace.

 

Severus pouffa dans une imitation parfaite de Renardin. “Remis en place par un gamin de 7 ans…. Vous, le meilleur ? Soyons sérieux.

- Mais… qui es-tu ? demanda Pimm, bien plus intéressé par l’enfant que blessé par la froideur de ses répliques.

- Je suis Severus, Prince des pira-”

 

Harry, Dumbledore et Mcgonagall s’étaient visiblement mit d’accord pour s’étouffer avec leur viande en même temps, et personne n’entendit la réplique dans son intégralité, la classe  du plus jeune sauvée de justesse.

 

Ils quittèrent la réception tard dans la soirée, et remontèrent vers leurs appartements, éreintés.

 

“Nan mais je rêve, un vrai pédophile ce mec ! Je ! Rêve ! Il me dégoute ! C’était répugnant !

- Je pensais que c’était après toi qu’il en avait… marmonna Severus, à moitié endormi sur le dos d’Harry.

- Bien sûr que non. Il te dévorait du regard ! Je te jure, si j’étais parti ne serait-ce qu’une demi-seconde, Merlin sait ce qu’il t’aurait fait ! Je ne veux même pas imaginer ! Sale enfoiré ! Et moi qui pensait que tu l’aurais calmé en lui clouant le bec -bien joué d’ailleurs, eh bein non ! Monsieur n’en pouvait plus ! Personne ne remarquait rien ! Son regard était tellement pervers ! Comment tu as pu ne pas remarquer !

- C’est toi que je regardais… chuchota-t-il, somnolent.

- Ouai, eh bien tu aurais dû le regarder un peu plus lui, parce que je te jure, c’était flippant. Tu sais, le regarder avec ton regard noir là, celui qui pétrifie les gens.”

 

Ils arrivèrent finalement dans la tour des Gryffondor, et Harry assis le petit sur un sofa de la salle commune. “Je pensais qu’on allait aux cachots…

- Wow, tu es fou ? Je suis claqué, je n’allait pas l'emmener aussi loin sur mon dos ! Et puis, il me semble que tu ne dors pas très bien, là bas. Non ?”

 

Severus marmonna et fit venir d’un accio -sans baguette- son livre de potions au miel, tandis qu’Harry se dirigea vers les dortoirs pour se mettre en pyjama. Il redescendit peu de temps après, s'attendant à trouver un petit Prince endormi, et fut alors bien surpris de le trouver parfaitement éveillé, plongé dans son livre.

 

Le Gryffondor s’assit alors à côté du mini serpentard, pot de pommade en main. Il s’appliqua le baume sur tout les hématomes qui restaient sur ses jambes à cause des ses chutes sur le lac, puis sur son bras et ses épaules.

 

“Rggnhhh !!!

- Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Severus, poseant le livre violemment sur ses jambes.

- Jeee… n’arrive paaargnh…. A atteindre mon dooos !”

 

Le mouflet le regardait se débattre, blasé. Il posa le livre sur la table basse et tendit la main vers Harry, fatigué par sa stupidité. “C’est bon, je vais le faire. Passe.” Le Gryffondor se tourna vers lui, avec tout l’amour possible et imaginable dans les yeux, le remerciant mille fois.

 

Le Prince se saisit alors du pot venu tout droit de l’infirmerie, se mettant à genoux face au dos de son aîné. Il prit un peu de la crème anti-douleur, et l’étala du bout de son index sur les bleus, hésitant. Harry se mit à glousser. “Sev’, fait le avec toute la main, je t’en prie, tu me chatouille avec ton petit bout de doigt là !

- Oh, pardon, j’osais pas. C’est pas trop froid au moins ?

- Mais non, vas-y.”

 

Le petit cri aiguë que l’élu lâcha au passage de la main encrémée du petit s’opposait complètement à son assurance passée, mais Severus ne se relâcha pas et continua sa tâche.

 

Finalement, la pommade avait complètement pénétré les pores de sa peau, et alors le plus petit reprit un peu de crème dans sa main. “Ca fait mal si j’appuie ic-

- AAAAAHRRGHHH !!!! Mais oui ça fait mal !

- Oh, pardon !”

 

Il entreprit de masser à nouveau, de manière à ce que la deuxième couche fasse son effet. Et puis, petit à petit, Severus ralentit. “Harry ?

- Mh...

- Harry ?

- Oui ?

- Est-ce que, quand je serais grand…”

 

Le Gryffondor tiqua, mais ne fit rien. Enfin, il allait savoir quelle était sa question.

 

 

“Est-ce que, quand je serais grand, on pourra se marier ?”


Harry s’étouffa avec sa salive, manquant de mourir trois fois en 4 secondes. “Mais ne bouge pas, idiot ! Tu vas mettre de la pommade partout et la dame de l’infirmerie va pas être contente !”

 

Mais le Gryffondor s‘en fichait bien de Pomfresh ! Il venait de… C’était… La question elle… MAIS MERLIN QUOI ?!

 

QUOI ?!

 

“QUOI ?! Pardon, attends, quoi ?! Attends attends…” Harry se retourna finalement, la pommade ayant pénétré sa peau, et fit face au petit Severus qui ne saisissait visiblement pas l’importance de sa question.

 

Mais comment il pouvait… Enfin c’était impossible, il avait été comme un père pour lui et…

 

Oh.

 

Oedipe selon Freud. L’enfant qui tombe amoureux de son parent du sexe opposé et qui en vient à jalouser son autre parent… Bien sûr.

 

Bon, Harry se doutait bien que c’était beaucoup plus compliqué que ça, surtout que Mcgonagall lui avait bien dit que c’était comme un dimanche à Bamako dans sa petite tête, et qu’il avait volonté joué le rôle de pilier dans cette phase de stabilisation.

 

Son attention se reporta sur le petit, qui souriait simplement.

 

“Sev’, mon petit chat… je ne peux pas te répondre maintenant, tu comprends ? Tu es trop jeune et…

- Alors, si je peux me permettre-

- … et tout est compliqué en ce moment, tu le sais ?”

 

Severus hocha la tête après un petit temps de réflexion, et Harry remit son T-shirt, parce qu’il se les caillait sévère. “Oui, je le sais. C’est pour ça que j’ai hésité… Mais j’ai peur de ne plus pouvoir te le dire demain ou je ne sais pas…

- Ne t’inquiète pas, je n’oublierais pas ta demande.

- ...Tu promet ?”

 

Harry opina, touché. “Alors prends ça… C’est pour être sûr que tu n’oublies pas.” dit le petit Prince en lui tendant un petit paquet. “Joyeux Noël. Je l’ai fait moi-même. Oui, avec de la magie.”

 

“Oh, c’trop mignon !” gloussa Harry, accrochant à son poignet un joli bracelet tout noir.

 

“C’est pas mignon c’est- Oh, laisse tomber… marmonna Severus en levant les yeux au ciel. Comme tu avais l’air impressionné par le sort que monsieur Albus avait jeté à mes vêtements, j’ai fais la même chose avec ton bracelet. Il changera de couleur et d’apparence en fonction de ton humeur ou de ton envie, ou de tes besoins.”

 

Alors qu’il expliquait le charme du bijou, il prit une teinte bleue/noire, parsemée de petits éclat lumineux. “C’est le ciel de la nuit… Je suis fatigué, oui, en effet. Oh, c’est génial ! Merci Sev’ !” s’exclama Harry, ému au possible, avant d’attraper le petit et le prendre dans ses bras.

 

“ Bon, il y a quelque chose que tu veux faire avant de dormir ? Lecture ? proposa Harry. Oh! Viens, je te lis une histoire !” s’exclama-t-il, surexcité. Il avait toujours eu envie de pouvoir lire une histoire à un possible petit frère, et bien que la situation ne pouvait pas en être plus éloignée, cette simple pensée le rendait heureux.

 

Severus aquiesca, tout aussi réjoui. Alors Harry alla chercher un livre de contes parmis ceux qui traînaient dans la salle commune, et s’installa, le petit contre lui, pour commencer sa lecture.

 

Au final il ne leur fallut pas plus de cinq pauvres minutes pour s’endormir dans le sofa de la salle commune, complètement morts de fatigue.

 

Peut-être qu’avant de plonger dans les bras de Morphée, Harry s’était rappelé que c’était la dernière journée du petit Severus, mais alors il n’avait pas réalisé que cela signifiait que la transformation aurait lieu cette nuit.

 

Alors, profondément endormi, Harry ne sentit pas un instant le poids du petit blotti contre lui  devenir celui d’un adolescent, et n’entendit pas non plus la respiration aiguë de l’enfant s’alourdir, ni même son souffle lourd se poser contre sa nuque, et, de toutes évidences, Severus lui-même ne se rendait compte de rien, bien trop occupé à faire sa première nuit complète depuis des années.

 

A suivre.

End Notes:

Eh voila, c'est fini pour l'arc Candide, et on va -enfin- retrouver notre merveilleux Maître des Potions dans son état normal ! Ou pas...

Bref, donc retour aux mystères (qui n'en sont pas vraiment pour nous vu qu'on connait Eileen et la véritable identitée du Prince de Sang-mêlé, et puis la mission de Drago... bref) et à l'action !

A la prochaine !

KIRI

PS : laissez des reviewww !!!

Chapitre 6 : Un bras nu by Yukiri
Author's Notes:

Bien alors ! Je poste ce chapitre alors que le précédent n'a toujours pas été mis en ligne par le site, donc je sais pas trop comment ça va se passer xD Si toute fois ce chapitre 6 est en ligne avant le chapitre 5, ne le lisez pas, je le suprimerais et renverrais le chapitre 5... enfin bref voilà xD

Sinon, voici donc le premier chapitre du nouvel arc ! Bonne lecture !

Chapitre 6 : Un bras nu.


Une nuit complète, calme, saine, bercée par la respiration du petit. Oui, Harry en était sûr, ce n’était pas une coïncidence si la veille il avait dormi jusqu’à midi : Le Prince était un attrape-rêve.

 

Émergent doucement de ses chimères, le jeune Gryffondor se frotta les yeux. Il ne savait pas à quel moment il s’était endormi, et par extension où étaient ses lunettes, mais c’était sans difficultés et sans même bouger la tête qu’il devina où il était.

 

La tapisserie rouge et or, l’angle de sa couche, la table basse qu’il caressait de sa main libre…  il était dans la salle commune des Gryffondor, Severus encore blottit dans ses bras. Il pouvait sentir son coeur battre contre le sien, et le Gryffondor se demanda comment il avait jamais pu dormir avant.

 

Harry remonta -sans vraiment s’en rendre compte- la main qui paressait sur le dos du petit jusqu’à ses cheveux, et les caressa. Celui-ci frissona sous le mouvement et sa respiration se saccada, alerte d’un réveil attenant.

 

L’adolescent referma les yeux un instant, et sourit en sentant enfin ses lunettes sous ses doigts avant de les placer sur son nez, doucement, silencieusement. Et, il savoura l’instant. Quelle heure devait-il être ? Dix heures peut-être. Le feu brûlait toujours intensément dans la cheminée et le mouflet, dont le souffle caressait timidement le cou d’Harry, dormait simplement dans ses bras.

 

Finalement, Severus remua pour de bon, et il était clair qu’il émergeait de son sommeil. Harry rouvrit alors les yeux, pour ne percevoir que le haut de la tête brune.

 

Tête brune qui soudain, dans une précipitation paniquée, se redressa.

 

Les yeux noirs du Prince se plantèrent à la vitesse de l’éclair dans ceux émeraudes du Gryffondor, pétrifié. Car ce que vit Harry et ce que vit Severus les choqua tout autant l’un que l’autre.

 

Alors en criant de toute son âme, le Gryffondor s’expulsa du sofa, comprenant bien que de toutes manière Severus l’aurait fait pour lui, et le Serpentard s’en exhorta dans le même affolement.

 

Harry qui s’était jeté sur le sol, faisait maintenant face à au Prince. “Se-Se-SEVE-SE OH MERLIN!” s’exclama-t-il, perturbé au plus haut point.

 

Et il y avait de quoi : Appuyé sur le mur d’en face, une expression tant choquée que menaçante sur le visage, un adolescent de 16 ans aux cheveux noirs de jaie dont les mèches lui caressaient le cou et des yeux sombres examinateurs. Pantalon noir, chemise noire -merci Albus pour ce sortilège- qui embrassaient une silhouette élancée, fine, et somme toute… Non, somme toute rien du tout.

 

En réalité, il l’avait déjà vu l’année précédente dans la pensine, mais Harry ne pensait pas se tromper lorsqu’il se fit la remarque que le Severus adolescent qu’il avait devant lui avait les traits plus légers… moins tristes. Avait-il tort d’imaginer qu’il avait provoqué ce changement ?

 

“Rassure-moi.” lâcha le serpentard soudainement, brisant le silence qui s’était formé.

 

Sa voix… Oh, elle ne sautillait plus dans les oreilles d’Harry comme une petite mélodie guillerette, elle était redevenue le tonnerre grondant du professeur. Tonnerre qui remua le Gryffondor dans son entièreté.

 

“Tu avais juste oublié ? Tu es simplement stupide n’est-ce pas ? Ce n’était pas prévu ?” Il défiait Harry de le contredire.

 

“...Quel plaisir de vous revoir, professeur, répondit-il après un long moment de silence.

- Répond.” siffla Severus.

 

“Avec la réaction que j’ai eu en vous voyant, vous croyez vraiment que c’était prévu ? J’avais oublié oui, j’étais claqué hier soir ! C’est stupide mais oui, j’avais juste pas fait le rapprochement entre le fait que vous redeviendriez vous-même aujourd’hui et le fait que du coup, vous vous rentransformeriez pendant la nuit !

- Mais comment tu as pu oublié espèce d’imbécile ! Tu as bien dû sentir mon poids changer ! Je ne suis pas bien lourd mais tout de même ! siffla le serpentard.

- Excusez-moi, mais je ne pense pas à ça lorsque je vous lis le conte des frères Peverell !” retorqua Harry en pointant du doigt le recueil des contes de Biddle le Barde, posé sur la table basse. “Et je dormais trop bien pour sentir le changement.” avoua-t-il, la voix soudainement aiguë.

 

Face à la réplique, Severus se tut, un lourd jugement pesant dans ses yeux.

 

“Comment as-tu osé…” grommela-t-il finalement, tandis que tous les évenements de ces deux jours lui revenaient en tête.

 

“Oh, je vous en prie ! le coupa Harry. Oui, c’est gênant, et ça l’est pour moi aussi, mais osez me dire que sur le moment, quand vous y étiez, vous ne vous êtes pas amusé comme un fou ! Et n’oubliez-pas vos engagements signés, vous ne pouvez pas me reprocher… certaines choses ! dit-il alors que Severus amorçait un geste vers ses cheveux, repensant à un certain épisode.

- Mais par la barbe de Merlin, tais-toi ! Je vais voir monsi- ALBUS ! Et tu viens avec moi, on a des comptes à régler !” feula-t-il en se dirigeant vers la porte, entraînant le Gryffondor par le bras avec lui.

 

Descendant les marches une à une, Harry réalisa comme la vie était faite de petites pépites d’ironie. Il avait tenu la main au petit Severus quasiment non-stop ces deux derniers jours, et voilà que c'était lui qui le tirait par le bras dans les couloirs de Poudlard.

 

Et il en était resté au tutoyement… Pour autant Harry n’y arrivait plus, ni même à l’appeler Severus, c’était trop… Non, ce n’était pas trop personnel, mais ce n’était pas lui. Severus, Sev’, c’était le petit mouflet, le chaton, le Prince des Pirates, pas... et pourtant si, réalisa Harry, c’était aussi l’adolescent qui le tirait actuellement jusqu’à Albus, et son ancien professeur.

 

Harry partit dans un fou-rire nerveux en plein milieu du couloir, et Severus s’arrêta pour lui jeter un regard noir. “C’est bon, tu as fini de faire l’idiot ? Ou tu préfères peut-être que je te lance un sort ?

- Le Prince des….P-pardon mais vraiment…” tenta d’articuler le gryffondor, appuyé contre le mur du couloir.

 

Le serpentard inspira longuement, prenant visiblement sur lui pour ne pas répondre à sa soif de meurtre grandissante.

 

“C’est vraiment parce que tu es le chouchou d’Albus que je ne t’ai pas encore tué.” siffla-t-il. Harry reprit son calme et, haletant, se redressa pour se mettre en marche.

 

“Oui, oui, c’est celà, dirons-nous…” murmura-t-il en réponse à l’attaque de son nouveau camarade. Severus fit la sourde oreille et se plaça devant les gargouilles du directeur. “Snarry.” Elles se décalèrent et le serpentard se dirigea dans l’escalier en colimaçon menant à l’entrée du bureau.

 

“Attendez moi, professeur !” s’exclama Harry. L’interpellé se retourna.

 

“Harry. Tu ne dois plus m’appeler comme ça, et ce, même si je suis normalement ton professeur et que j’attends un certain respect de ta part. Je préférerais… que tu ne m’appelles pas par mon prénom, c’est vrai, mais pour la couverture, appelle-moi Severus. Et tutoie-moi, Merlin, nous sommes censés être camarades !” s’exclama-t-il à voix basse. Il y avait du monde dans le bureau du directeur, il pouvait le sentir, alors par mesure de sécurité, mieux valait être discret.

 

“Mais personne ne va faire le lien avec votre…” Harry grimaça, c’était tellement étrange. “...avec ton prénom ?” Severus pinça ses lèvres un instant, il n’aimait pas le tutoiement plus que ça non plus.

 

“Non. En réalité cela fonctionne un peu comme le Fidelitas. Si Albus, ou quelqu’un d’autre, dit à une personne “Severus Rogue est Severus Prince”, alors la personne me reconnaîtra. De la même façon, si je continue de m’appeler Severus Rogue, alors ils me reconnaîtrons, mais si je m'appelle juste Severus Prince, alors c’est bon. Il faut le nom complet. Dans le pire des cas ils se diront simplement que j’ai le même prénom que leur ancien professeur, ou l’ancien Mangemort, voilà tout.

- Mais pourquoi Prince de toutes manières ?” demanda Harry. Il s’était retenu de poser sa question depuis deux jours, maintenant il voulait savoir ! Le serpentard haussa un sourcil. Il s’était armé de patience pour lui expliquer le fonctionnement du sortilège, mais il ne vallait mieux pas parier que cela durerait.

 

“Je ne vois pas en quoi cela te regarde. Montons.”

Voilà.

 

Le Gryffondor obéit et le suivit.

 

C’est pas grave, pensait-il. Il lui ferait du chantage plus tard. Oui, après tout ! Il lui dira qu’il a le carnet d’Eileen, et que s’il le veut, il doit lui parler d’elle. Oh, oui, parfait !

 

Harry ricana tandis qu’il heurta le dos du Prince, arrêté au milieu des escaliers. “Fais attention bon sang ! Et ne bouge pas, j’écoute !” chuchota Severus, agacé. Le plus jeune tendit l’oreille.

 

“Et donc ? Severus a disparu ?

- Oh, pas tout à fait… Disons qu’il a une nouvelle identité. Il s’appelle Severus Prince, sache-le.”

 

Le Serpentard se tourna vers Harry, cherchant confirmation de ses soupçons sur son visage. Celui-ci avait apparemment lui aussi reconnu la voix de l’invité. Invité qui à présent, reconnaîtrait sans mal le sorcier rajeunit.

 

Le gryffondor montra l’entrée par un mouvement de la tête, invitant Severus à continuer sa monté et à rentrer dans le bureau. “De toutes façons il se doute qu’on est là ! Il sait toujours tout.” murmura-t-il. Prince leva les yeux au ciel et monta, Harry lui emboîtant le pas.

 

Ils entrèrent dans le bureau et se dirigèrent vers les deux sorciers en pleine discussion, l’invité étant dos à eux.

 

“Bonjour, monsieur le Directeur…” se permit le sorcier à lunettes. L’interpellé posa son regard sur lui et son visage, déjà amusé, s’éclaircit encore plus, doublant même son éclat lorsqu’il vit l’autre adolescent à ses côtés.

 

“Harry, mon enfant !”

 

Entendant cela, Remus Lupin se retourna, ravis, “Harry, je suis si heureux de-” avant de se décomposer.

 

“Lupin.” salua Severus. D’une manière ou d’une autre, la salutation était parvenue à sonner comme une insulte. C’était tout un talent.

 

Mais le lycanthrope était juste scotché sur place. A l’évidence, il s’était attendu à beaucoup de choses, mais certainement pas à revoir le jeune Servil-.... Rogue de ses années Poudlard. Après un instant, il cligna des yeux plusieurs fois et se reprit.

 

“Je… Severus… Wow, je… J’ai l’impression d’avoir perdu 20 ans là. Ou de les avoir prit d’un coup, je ne sais pas… C’est vraiment incroyable et… Merlin, est-ce que ça veut dire que je vais être ton professeur ?”

 

Harry fit passer son éclat de rire pour une quinte de toux, ce qui ne passa pas du tout aux yeux de Prince, qui se tourna vers lui, le regard meurtrier.

 

Severus claqua sa langue sur son pallais. “Bien, maintenant que tu as pu goûter à ta madeleine de Proust, je pourrais peut-être m’entretenir avec Albus ?” siffla-t-il. Remus leva les yeux au ciel, car il était clair que le sortilège de Neverland/Saint-Exupéry/Peter Pan n’avait pas amélioré son caractère.

 

“Je t’en prie Severus, assieds-toi. Harry aussi s’il te plait. Remus, tu peux te joindre à nous.”

 

Trois chaises se placèrent devant le bureau du Directeur, celui-ci prenant place sur le fauteuil qui regnait en Maître sur la pièce. Le trio s’assit face à lui, Harry entre Remus et Severus -parce qu’on est pas à l’abri de trois ou quatre tentatives de meurtres avant la fin de l’entretien.

 

“Alors, Severus, comment étaient ces deux jours de stabilisation du sortilège ?” demanda Albus, les yeux pétillants. Il avait tendu sa coupe de bonbons au citron vers eux et Lupin fut le seul à en prendre un. Rogue incendia le Directeur du regard et ne répondit pas. “Harry ? Ca allait ?”

 

Le Gryffondor déglutit, ne savant pas ce qu’il devait vraiment répondre. Au final, la vérité lui semblait la chose la plus intelligente à dire.

 

“C’était super.” Il fixait le directeur dans les yeux, mais ne loupa pas le coup d’oeil soudain du Serpentard à ses côtés. Alors Harry reprit.

 

“Je ne plaisante pas.” Il se tourna vers Severus, embarrassé. “C’est la vérité, je me suis bien amusé avec vous même si vous n’étiez pas vraiment vous-même. C’était agréable de vous voir comme ça.

- Oh, Merlin, je t’en prie, arrête le sentimentalisme. Et oublie tout ceci, le petit mouflet est parti. grogna le serpentard.

- Et je compte bien remanger du beurreaumiel, avec ou sans vous !

- Mielaubeurre.” reprit Severus sans vraiment s’en rendre compte, avant de détourner le regard, crispé. Bordel, ça lui avait échappé !

 

Comment pouvait-il se montrer distant et détaché de tout ce qu’il s’était passé s’il reprenait Potter sur des petites choses comme ça ? Et le sourire qu’affichait Harry à cet instant, trop content de voir qu’il restait quelque chose de l’épisode petit mouflet était tellement... agaçant ! Certainement allait-il se rendre de lui-même au Seigneur des Ténèbres, ce serait une mort beaucoup plus rapide.

 

“Est-ce qu’on pourrait m’expliquer ? demanda Lupin, complètement paumé. Parce que tout ce que je saisis, c’est que Severus a perdu 20 ans.”

 

Albus entreprit alors de lui expliquer toute l’histoire sur le sortilège, la protection à apporter à Severus, et bien sûr l’incident du Polynectar, puisque tout avait commencé par là.

 

“Harry, ce que vous avez voulu faire à Neville… C’est de l’ordre des mauvaises blagues que nous faisions avec les Maraudeurs quand nous étions plus jeunes, et je ne te parle pas de celles dont je suis fier ! s’offusqua le lycanthrope. Qu’est-ce qui t’as pris enfin ?

- Mais je le sais bien ! Ron m’a menacé de balancer un truc embarrassant sur moi si je suivais pas… Alors je me suis proposé pour jouer le rôle principal, histoire de limiter les dégâts à Neville ! Je voulais pas qu’il souffre, il le mérite pas !

- Oh, oui, c’est très Gryffondor et courageux ce que tu as fais, cracha presque Severus. Qu’est-ce que tu caches de si embarrassant pour que tu te dégonfles à leur tenir tête ? Ne cherches pas d’excuses derrière lesquelles te cacher, et assume un peu d’être comme ton père !”

Il se leva, comme soulevé par une force venue de son intérieur, le regard noir, le visage haineux.

 

“Tu es tellement insolent, et égoïste ! Regardes où on en est à cause de toi ! Tu ne pouvais pas empêcher ce qui est arrivé, non, forcément !

- Euh… mais… articula Albus avec difficulté -et ce, certainement pour la première fois de sa vie.

- Taisez-vous Albus !

- Mais bon sang Severus qu’est-ce qui te prend ?!” s’étonna le Directeur.

 

Rogue se tourna abruptement vers lui, et soudainement, l’éclat de haine qui persistait dans ses yeux disparu. Il fronça les sourcils, perplexe, et se tourna vers Harry qu’il venait d’incendier. Le Gryffondor ne semblait pas vraiment touché, mais juste choqué par son emportement si soudain. Et franchement, Severus lui-même l’était.

 

Oui, il s’énervait facilement, mais là, il avait très clairement perdu le contrôle !

 

Un éclair de lucidité le traversa, et il se laissa retomber sur sa chaise. “Oh, nooon… pas encore. Merlin, je suis déjà passé par là une fois…

- Severus, nous ferais-tu le plaisir de nous expliquer ?” demanda Albus, presque inquiet.

 

Le Serpentard glissa son visage dans ses mains. “Crise d’adolescence. Les hormones. Elles me titillent, je suis désolé.”

 

“Oh wow.” Harry était cloué sur place. Déjà, Severus venait plus ou moin de s’excuser, un miracle, et surtout, il n’avait jamais imaginé le mot “titille’’ sortir de la bouche de son professeur. C’était un terme trop mignon dans sa sonorité pour pouvoir être formé par des lèvres comme les siennes. Lèvres que le propriétaire était en train de mordiller à cause d’une possible angoisse.

 

Attends… Rogue est vraiment en train de se mordiller les lèvres ? Pensa Harry en détournant le regard pour le planter dans le bol de bonbons au citron, et d’en prendre un malgré le mauvais souvenir de sa première expérience.

 

“Les hormones ? répéta Remus, a deux doigts de laisser échapper le rire qu’il retenait depuis le début des explications. Je pensais que le sortilège n’avait qu’un impact physique ?

- C’est le cas, confirma Albus.

- Mais même si l’impact est psychique, expliqua Severus, je te rappelle que la sécrétion d’hormone est belle et bien physique. Et comme j’ai retrouvé mon corps adolescent… Le mécanisme se remet en place. Mais maintenant que je le sais, je vais mettre mes pulsions meurtrières vous concernant de côté, vous n’avez pas à vous en faire.”

 

Harry émit un faible son, puisqu’il avait commencé à formuler une question mais s’en retint finalement. Et forcément, Rogue avait perçu le doux son de sa voix.

 

“Tu essaies de communiquer peut-être ?

- Mh, en fait, j’avais une question, mais je n’ai pas envie de mourir, donc on s’en passera sans problème, expliqua Harry, faussement détaché. Cela ne me regarde pas vraiment.

- Pose-la, je verrais si je répond ou non.” exposa Severus, un air de défi sur le visage.

 

“Je voulais savoir… Est-ce que votre m-

- Merlin, Harry, qu’est-ce que je t’ai dit !

- P-pardon ! C’est une habitude dure à prendre ! Donc... Est-ce que TA marque a bien disparue ?”

 

Toute expression disparut du visage du Serpentard, alors que par réflexe, il passa sa main sur son avant bras gauche. Il regardait Harry, ou peut-être ne le regardait-il pas vraiment, et tenta de calmer sa respiration qui venait de s’emballer.

 

Alors, après un long moment ou il fixait les yeux émeraudes sans même les voir, son regard se posa sur sa manche. Doucement, il décala sa main droite de son avant-bras, pour la faire glisser jusqu’à l’extrémité du tissu. Il s’en saisit, sans brusquerie, et il ne pouvait se mentir, avec peur. S’il devait être totalement honnête avec lui même, alors il admettrait qu’il était même terrifié. Terrifié à l’idée que cela n’ait pu servir à rien, terrifié à l’idée qu’il ne l’avait peut-être plus et qu’il était peut-être déjà libre. Peut-être…

 

Il se tourna légèrement, ne désirant pas être à vue, souhaitant un minimum d’intimité pour ce moment dont il avait rêvé toute sa vie. Peut-être allait-il se détruire… Car si la marque était toujours là ? Que ferait-il ?  N’en serait-il jamais débarrassé ?

 

Son coeur battait à cent à l’heure, comme pour lui rappeler sa présence, un vieil ami qu’on oublie avec le temps.

 

Il tenait toujours le bout de sa manche entre ses doigts, et lentement, se décida à remonter le tissus.

 

Jusqu’au haut de son poignet.

 

Jusqu’à la moitié de son avant-bras.

 

Jusqu’à son coude.

 

Il l’avait, ce qu’il avait désiré depuis presque 20 ans : un bras nu.

 

Tout semblait tourner autour de lui, tout était devenu noir, ou blanc, tout dépendait de l’angle. Il relâcha enfin la respiration qu’il n’avait pas eut conscience de retenir, et petit à petit, l’univers se stabilisa autour de lui. Alors il se radossa avec précaution dans son siège, le regard vague.

 

“Severus ?” demanda Albus.

 

Il devait répondre. Il allait répondre. Il voulait leur dire, mais sa voix trahirait tout de ses pensées… Et puis il réalisa qu’au fond, il s’en foutait.

 

Car son bras était nu.

 

“Elle est partie.” répondit-il alors, la voix tremblante. C’était presque un soupir, et la lourdeur des mots gifla Harry.

 

“Je n’ai plus la marque.” répéta-t-il un peu plus fort, quoique la voix toujours aussi peu assurée. Il se leva pour montrer son bras à Albus, comme s’il avait peur d’avoir une hallucination.

 

“En effet Severus, tu n’as plus la marque des Ténèbres.” lui confirma-t-il.

 

La respiration saccadée par l’émotion qui affluait dans son sang, le serpentard sentit ses yeux lui… piquer ? Ah, alors non, il n’allait pas pleurer, foi de Severus !

 

...Bon, il n’allait pas pleurer devant eux.

 

Les hormones.

 

“Excusez-moi, je dois aller corriger des copies.” inventa-t-il avant de se lever, et de se glisser dans les escaliers.

 

“...Des copies ? répéta Harry, toujours abasourdi. Il est redevenu un élève !

- Je crois qu’il veut juste… respirer et se retrouver avec lui-même. Il est libéré, maintenant.”



Il n’avait plus la marque, et son esprit tournait en boucle autour de cette information.

 

Peut-être n’aurait-il pas dû se poser à un endroit aussi silencieux, c’était pesant. Il ressentait trop de choses en même temps, et il ne savait pas du tout ce qu’il devait faire pour expulser l’énergie qui brûlait en lui. Et ce silence ne l’aidait pas du tout !

 

Et s’ils n’étaient plein hiver, alors tout ne serait pas gelé et il aurait au moins pu entendre le bruit de l’eau frappant le…

 

“Je savais que je vous trouverais sur le Candide. TE trouverais, je veux dire.” annonça une voix derrière lui.

 

Severus jeta sa tête en arrière en râlant. ‘'C'est pas vrai ça ! Je peux pas être tranquille trente secondes !

- Ça va bientôt faire une heure que tu es là, et Dumbledore m’a demandé de te dire et de te donner quelque chose de très important.’’

 

Harry passa par dessus le rebord de la coque.

 

Attend, comment il est arrivé là ? L’échelle est à l’opposé… Le Gryffondor se plaça face à lui, réponse en main. Enfin, balais en main.

 

‘'Quoi ? J’avais la flemme de venir à pied !” Il posa son éclair de feu au sol et s’assit en tailleur, devant Severus, lui même au sol, genoux remontés, qui accueillait sa présence par un levé de sourcils.

 

Harry fouilla dans sa robe, et en sorti un long  écrin noir. ‘'Tiens, ta baguette. Le directeur veut que tu la récupères.’’

 

Le Serpentard s’en saisit prestement, l’ouvrit et y retrouva sa baguette noire familière. Un soupir rassuré lui échappa malgré lui et il la caressa doucement, remerciant vaguement Harry par un geste de la tête.

 

‘'Et il faut aussi que je te dise, de la part de Dumbledore: Joyeux Noël.

- C’était le message important ?

- Oui. Mais je pense que vous n’aimez pas beaucoup Noël, non ? Je veux dire…. Vous avez dit que vous aviez pris la marque un 25 décembre.’’

 

L’ancien Mangemort releva la tête de son écrin pour assassiner Harry du regard. ‘'Belle déduction.’’

 

‘'Mais vous l’avez aussi perdue un 25 décembre.

- Ca n’enlèvera pas les 20 dernières années de ma vie. Et tu as recommencé à me vouvoyer.’’

 

Le Gryffondor plaqua sa main sur sa bouche. ‘'Pardon.’’

 

Il releva la tête, les yeux plissés, à la recherche du soleil, imaginant certainement être capable de lire l’heure de cette manière. “Il est quelle heure au final ? Parce que j’ai faim et que je ne voudrais pas louper le déjeuner. Et je n’ai pas mis ma montre.” Expliqua-t-il à Severus -qui n’en avait visiblement rien à battre- et en lui montrant son poignet nu en preuve.

 

Sauf que son poignet n’était pas nu, et qu’il y avait bien une montre. “Eh- Mais… Je ne l’avais pas mise… Qu’est-ce que- Oh Merlin, il est plus de treize heure ! s’exclama-t-il soudainement, en se relevant. Oh, non… Je vais devoir aller aux cuisines et demander à Dobby de me préparer de quoi grignoter.

- Ca t’arrives souvent de parler tout seul, comme celà ? souffla Severus.

- Je parlais pas tout seul, je te parlais.

- Ah, et j’imagine que l'intérêt que je portais à tes paroles était gravé sur mon visage.”

 

Harry lui répondit quelque chose de inaudible mais qui s’apparentait à un très mature gnagnagnignagnagna, et attrapa son éclair de feu, avant de ralentir son mouvement, jusqu’à se stopper complètement.

 

“On a donné un nom à ton bateau…. Je devrais peut-être donner un nom à mon balais.

- HARRY JE SAIS QUE TU N'APPRÉCIES PAS MA PRÉSENCE ALORS ARRÊTE DE TE FORCER, JE VAIS BIEN.”

 

Le Gryffondor se retourna vers son ancien professeur, le sourcil levé dans une imitation parfaite du Serpentard. “Albus m’a demandé de vous ramener au château et de veiller sur vous. Le sortilège est sûr, mais on est jamais à l’abri d’un incident.

- Oh, oui, et quoi de plus sécurisé que de traîner avec l’ennemi numéro 1 du Seigneur de Ténèbres…” chantonna-t-il presque d’un ton moqueur (euphémisme.).

 

Il se releva et épousseta ses chaudes robes noires. “Ah ! Donc, ça n’est pas automatique. en conclut Harry.

- Pardon ?

- La transformation de tes vêtements en ceux du Prince des Pirates chaque fois que tu poses le pieds sur le Candide, je veux dire.

- Bien sûr que non !” s’insurgea Severus.

 

Harry éclata de rire et monta sur son balais. Ah, vraiment, même s’il avait de nouveau son sale caractère, le Gryffondor n’arrivait plus vraiment à le prendre au sérieux. Oh, certes il avait perdu beaucoup de sa crédibilité à cause des deux derniers jours, mais surtout, maintenant qu’il avait l’apparence d’un adolescent de son âge, il paraissait plus sarcastique que aigre, plus boudeur que morose en en somme, il semblait moin méchant. Elle mordait, la petite chose, mais son venin n’était plus mortel.

 

“Bon, tu montes ? demanda-t-il au Serpentard qui s'approchait de l’échelle.

- Tu plaisantes j’espère. Je ne monte plus sur cet... engin, je ne suis pas à l’aise sur un balais, je te le rappelle, puisque ta mémoire te fait défaut.

- C’est pas n’importe quel balais, c’est mon é-

- Oui, ton éclair de feu, je l’ai bien compris, mais ça ne change rien. Tu m’accompagnes à pied ou je rentre seul !”

 

Harry soupira et vola jusqu’en bas de l’échelle du navire, pour y attendre le Prince. Alors qu’ils marchaient dans la neige pour rentrer au château, le Gryffondor se demanda s’il ne devait pas tenter de lancer une bataille de boules neige, avant de réaliser qu’au final tout le monde avait raison : il était clairement suicidaire.

 

“N’y pense même pas.” prévint Severus, menaçant. “Je vois bien ton regard d’imbécile là, mais si tu touches à ne serait-ce qu’un flocon pour essayer d’en faire une boule, je te promet que tu ne te demanderas plus ce que tu vas bien pouvoir manger !

-...Sous-entendu je vais mourir, ou sous-entendu je vais manger la neige ?

- Les deux. En même temps.”

 

...Mais c’est qu’il avait de l’humour en plus ! C’est dingue ce qu’on peut remarquer chez une personne lorsqu’on laisse tomber quelques préjugés. A moins que la menace ne soit sérieuse. C’était aussi très probable. Beaucoup plus probable.


“Oh, mais Harry, qu’est-ce que tu fais encore dehors sous ce temps ! Je t’ai cherché partout !” s’exclama soudainement Hermione qui venait vers lui, le nez rosi par le froid. Son regard se posa sur l’adolescent aux cheveux longs qui l’accompagnait.

 

“Bonjour professeur.

- Miss Granger.”

 

Harry recula sa tête dans un geste étonné. Elle n’avait pas l’air vraiment surprise, alors que lui, il avait été plus que choqué lorsqu’il l’avait découvert sous sa forme adolescente. Il jeta un coup d’oeil au Serpentard, qui semblait lui aussi un peu déçu du peu d’effet qu’il avait fait.

 

“Tu viens d’arriver ? demanda Harry. Tu as dis que tu rentrais tôt, mais je ne t’attendais pas avant demain.

- Oh, non ! gloussa Hermione. Pas du tout. Je suis arrivée assez tôt ce matin, je devais voir McGonagall. J’ai voulu venir te voir, mais quand je suis arrivée dans la salle commune, tu ...dormais toujours.

- Ah, d’accord.” acquiesça Harry. “Tu aurais pu me réveiller, tu sais.

- Oh, euh… je n’ai pas préféré… enfin… Tu avais l’air de vraiment bien dormir…Et vous aussi...”

 

Harry plissa les yeux : ce n’était pas vraiment une excuse. Il se tourna discrètement vers Severus qui semblait s’être figé depuis le début de la discussion et remarqua que non seulement il s’était figé, mais en plus de cela il fixait Hermione avec horreur, deux auréoles roses venues ornementer ses joues. Etaient-elles dues au froid ou…

 

“Oh mon Dieu, lâcha finalement Harry.

- Il t’as vraiment fallu tout ce temps pour comprendre ? marmonna le Serpentard dont la roseur des joues n’étaient définitivement pas dues au froid.

- Oui et bien désolé de te décevoir mais j’ai un peu occulté ce souvenir ! répondit Harry avec le même teint que lui.

- Il date de ce matin, tu plaisantes !

- Oh, vous vous tutoyez toujours, remarqua Hermione.

- ...Oui. grognèrent-ils en choeur.

- Et tu devras le faire aussi ‘Mione, ajouta Harry.

- Oh ! s’exclama Hermione. Mais je ne peux pas...

 

- Si, Harry a raison, dit Severus en pinçant les lèvres : un tel aveux était douloureux. Vous n’allez pas avoir le choix, Granger. Et moi non plus, fort malheureusement. Mais ne vous embarrassez pas de mon prénom, une personne est largement suffisante. Prince fera l’affaire. Et dans le pire des cas, ne nous fréquentons pas, et ce sera parfait, ajouta-t-il finalement d’un air goguenard.

- Severus, le coupa Harry. Hermione est ma meilleure amie et tu sais que tu dois rester avec moi le plus souvent possible.

- Charmant, j’en suis ravi.”

 

Ils se fusillèrent du regard sous l’oeil déjà fatigué de la Gryffondor et reprirent leur chemin vers le château.

 

Hé mais… Harry était le seul à l’appeler Severus du coup ? D’une certaine manière, il était assez content de cette exclusivité. Même plutôt triomphant. Fier, il rencontra les yeux noirs de Severus, avant de détourner le regard.

 

“Qu’est-ce que vous alliez faire ? demanda-t-elle pour éviter un silence pesant.

- Manger, répondit Harry, comme-si c’était évident.

- Oh, mais le déjeuner n’est plus servi à cette heure, Harry.” remarqua-t-elle, et le sorcier à lunette s’enfonça discrètement dans son écharpe. “Ah oui ?” s’étonna-t-il d’une voix étouffée.

 

Severus se tourna vers lui, soupçonneux, tandis qu’Harry semblait le supplier du regard en faisant des “non non non” avec sa tête. Alors, en bon Serpentard qu’il était, il se permit de lancer une bombe : “Harry a dit qu’il voulait aller chercher à manger en cuisine et demander à Dobby de cuisiner pour lui.”

 

Hermione se stoppa, et se retourna au ralenti vers Harry. “Est-ce... vrai ?”

 

Le Gryffondor laissa échapper un petit rire innocent sous le regard amusé du Prince. Il ne savait pas ce qu’il avait provoqué, mais de toute évidence, c’était quelque chose de gros. “B-bien sûr que non… En-en tant que membre de la S.A.L.E jamais je ne…

- Ah oui… souffla-t-elle avec un regard qui rivalisait sans problème avec le mythique regard soupçonneux de Rogue. J’espère pour toi. Il vaudrait peut-être mieux que tu remette ton badge, histoire d’être sûrs. Et j’ai ramené des gâteaux moldus donc si tu as faim, j’ai ce qu’il faut.”

 

Harry soupira de soulagement : il avait eu chaud, mais avait évité le sermon du siècle. Il se tourna vers Severus, le regard assassin, alors que celui-ci était très clairement hilare sous son écharpe. Le Gryffondor ricana à son tour. “Hermione, je pense que Severus aimerait savoir ce qu’est la S.A.L.E pour nous rejoindre. Peut-être devrais-tu tout lui expliquer en détail ?”

 

Hermione se tourna vers son ancien professeur, des milliers d’étoiles dans les yeux. “Oh c’est vrai ? Oh mais c’est fantastique !

- Espèce de-

- Alors, je vais devoir retrouver mes badges pour vous en donner un à vous aussi ! Oh,je suis toute excitée ! Alors, la S.A.L.E c’est…”

 

Et ils remontèrent ainsi dans la salle commune des Gryffondors, Severus étranglant Harry à distance tandis que Hermione lui parlait de son ambition de décret protégeant les elfes de maison et leur droits, le tout dans. les. moindres. détails.


“Et donc c’est pour celà que je pense que nous devons nous battre dès maintenant pour ces créatures magiques qui ne méritent pas ces traitements qu’on leur inflige.” conclut-elle en se laissant tomber dans un siège. Les deux garçons firent de même sur le sofa d’en face, et se jetèrent un coup d’oeil rapide avant de s’écarter l’un de l’autre.

 

“Tu n’as rien reçu des Weasley, Harry ? demanda Hermione en posant ses gâteaux sur la table basse.

- Oh, je n’ai pas regardé. Je suis parti… précipitamment de la salle commune, ce matin. répondit-il en posant son regard sur le brun. Mais je vais aller voir sous le sapin, j’arrive!”

 

Il se leva et se précipita vers l’arbre de Noël. Hermione se pancha un peu vers l’ancien professeur. “Vous avez ouvert mon cadeau ? demanda-t-elle à voix basse.

- Quel cadeau  ? Ah, bien sûr… se rappela-t-il en repensant au paquet noir annoté dans ses appartements. Non, je ne suis pas retourné dans mon salon.

- Ah, je vois. Dans ce cas je me permet de vous prévenir : Ce n’est pas mon idée, c’est celle de McGonagall, donc n’essayez pas de me torturer une fois que vous l’aurez ouvert. Surtout pour… la dernière. expliqua-t-elle en détournant le regard.

- La dernière quoi ? demanda Severus, soupçonneux. Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que ça ne va pas du tout me faire plaisir ?”

 

Hermione répondit par un simple mouvement d’épaule et Harry revint vers eux, paquets en mains. “Alors alors, on en a pas mal ! Il y en a pour toi aussi Hermione ! Ouh, encore des gâteaux, génial !” s’excita-t-il en tapotant dans ses mains. Il les posa sur la table, avec ceux d’Hermione.

 

“Alors, nous avons… Pour Hermione, de la part de Ron.

- Une bague de fiançaille ?” railla Severus. Si la remarque avait fait rire Harry, elle n’eut pour effet sur Hermione que de la faire rougir à son maximum.

 

"Ensuite… Ah, pour moi, de la part de… Eh ? Slughorn ? “Pour vous féliciter de vos incroyables résultats en potion. Joyeux Noël mon garçon.”

- Pardon ? s’étonna Severus. Ai-je bien entendu ? Tes incroyables quoi ?

- Harry est le meilleur de la classe cette année. Expliqua Hermione, sèche. Mais ça n’a rien a voir avec le professeur, c’est son livre qui…

- Oui bon, c’est bon, la coupa Harry.

- Un livre ? Je ne savais pas que tu lisais… ricana le Serpentard.

- Oh, mais celui-ci est bien différent, il a été écrit par l’amour de sa vie !” lâcha Hermione. De toute évidence, ça lui faisait un bien fou de mettre ça sur le tapis. Severus se tourna vers lui, les yeux plissés.

 

"je croyais que tu n’avais pas d’amoureuse ? -de petite copine ? se reprit-il après avoir réaliser que la phrase sonnait beaucoup trop enfantine.

- Je n’en ai pas. Et je ne suis pas amoureux de son ancien propriétaire, ‘Mione.

- Oh, il t’obsède. Ou elle.

- De ce que je sais, elle. Oooh un cadeau de Mrs Weasley ! s’exclama Harry beaucoup trop joyeusement pour que ce soit naturel. Un pull, j’imagine.”

 

Hermione leva les yeux au ciel, tandis que Severus continuait de le fixer, toujours aussi suspicieux. Harry se leva et enleva sa robe pour garder son t-shirt et attrapa le pull spécial Weasley.

 

“Oh, il est joli ton bracelet, Harry ! s’extasia la Gryffondor devant le bras libéré de tissus..

- C’est pas un bracelet, c’est ma montre.” fit-il en lui tendant son poignet… sans montre et avec un bracelet.

 

“Uh- Mais quoi ! Ce matin c’était une montre ! Il change d’apparence ou qu-”


Il changera de couleur et d'apparence en fonction de ton humeur ou de ton envie, ou de tes besoins.

 

….Oh bordel de Merlin.

 

Il avait aussi volontairement oublié cet événement.


Est-ce que, quand je serais grand… on pourra se marier ?

 

AAAAAAAHHHHH !!!!

 

Tandis qu’il hurlait intérieurement, Harry quitta le bracelet devenue rouge des yeux pour jeter un coup oeil au Serpentard, qui fixait la table avec intérêt, la réplique tournant en boucle dans sa tête à lui aussi. Harry n’était pas le seul à avoir fait l’impasse sur ce souvenir.

 

“Il change de couleur, c’est incroyable ! Rouge ça veut dire quoi ?

- Certainement la gène… marmonna Harry. La grosse gène…  

- Qui te l’a offert ? demanda la brune, alors que Severus se leva soudainement.

- Bon ! J’ai des choses à faire aussi de mon côté, je vais dans mes appartements.”

 

Et il quitta la salle commune, laissant Harry et hermione ouvrir le reste des cadeaux.

 

Mais…

 

Mais pourquoi il avait fait ça ? Pourquoi ? Je suis complêtement cinglé ou quoi ?! Demander Potter en mariage ! Oh, Potter Senior avait dû se retourner dans sa tombe. Et Lily aussi, à n’en pas douter ! Oh et puis ça avait dû bien secouer le gamin… Bien qu’il l’ait éconduit très gentillement, nota Severus.

 

Complètement barré… Bon, d’un autre côté, il n’avait pas spécialement envie de récupérer ce bracelet, alors il pouvait bien le garder, ça ne lui faisait rien du tout.

 

C’est donc en marmonnant qu’il se réfugia dans ses appartements et s’installa dans un fauteuil.

 

Sur la table basse, il y avait ses pots de miel, et son nouveau livre de potions.

 

Après un instant, il se releva et se dirigea vers la cheminée dont le feu éclairait le dernier de ses cadeaux de Noël, celui de Granger. Alors après l’avoir dénigré du regard, il s’en saisit et enleva lentement le papier qui l’emballait.


Un livre ? Encore ?

 

Non, ce n’en était pas un. Il l’ouvrit, et ferma les yeux immédiatement après avoir ouvert la première page. Oh Granger… Oh Minerva… Vous allez me payer cet affront, croyez-moi.

 

Car sur la première page, on pouvait voir, joliment écrit “Les Souvenirs du petit Prince.”, titre illustré d’une photo magique du Prince des Pirates se battant en duel avec Harry, son matelot. Quand avait-elle été prise ?

 

Il inspira longuement, maître de lui. Il essayait, en tout cas. Et, il tourna la page.

 

Le Candide. Le Capitaine à la barre. Harry portant Minerva sur son épaule. Le petit Prince et Harry, main dans la main à Pré-au-Lard. Le Petit Prince et Harry endormis dans son lit. Le Petit Prince et Harry en balais. Le Petit Prince sur les genoux de Harry à la soirée de Slughorn, mimant très visiblement de la main son duel à l’épée. Le Petit Prince sur le dos de Harry pendant qu’ils remontaient dans la salle commune. Et…

 

“AAAH !!! GRANGER !!!”

 

'Surtout pour… la dernière.'  

 

La dernière photo, bien sûr. Celle qu’elle avait dû prendre ce matin, lorsqu’elle est arrivée dans la salle commune. Alors qu’ils dormaient. Ils avaient l’air de deux… AAHHH !!! Non non non ! Il allait la brûler, et Granger avec ! Et Minerva. Oh, Minerva. Il allait la tuer, oh, oui, et garder son pelage pour faire un tapis de salle de bain, là, devant le lavabo. Ca pourrait faire bien.

 

Comment ont-elles osés !!! Et comment la dernière photo s’est-elle retrouvée là ? Le cadeau était devant la cheminée depuis la veille ! Oh, compris Severus. Magie de transfert. Les clichés pris avec l’appareil sont automatiquement transféré dans l’album.

 

Sous sa main, un nouveau cliché était en train d’apparaître. Il recula sous la surprise, alors que petit à petit, l’image se fit plus nette, et il vit alors Minerva, hilare, tenant dans sa main une petite pancarte “Désolée !”.


… C’est ça, rigole. Rigole vieille chatte, tu vas voir. On va se venger. On ? Oh oui, Harry et moi, on va se venger.

 

Finalement il posa l’ouvrage sur son bureau, et s’installa à nouveau sur son fauteuil.

 

Et puis tout compte fait, après un moment, il fit venir l’album sur ses genoux d’un imprononcé, soupirant.

 

Il rouvrit les premières pages, examinant les clichés et tentant de deviner qui de Minerva ou de Granger les avait prises.

 

C’est qu’elles n’étaient pas mauvaises, en plus de ça. C’étaient… Mh, c’étaient de pas trop mauvais souvenirs. Embarrassants, mais… Potter avait été vraiment...

 

Les coins de ses lèvres s’étaient quelque peu relevé, et enfin, il releva la tête.

 

Ses yeux se posèrent sur le meuble devant lui, et il sourit vraiment.

 

Car sur la table basse, il y avait ses pots de miel, et son nouveau livre de potions.

 

A suivre...

End Notes:

Bon, voilà ! J'espère que celui-ci sera mis en ligne plus rapidement ! Parce que je garde un bon rythme mais bon, ça sert à rien dans cette situation xD

A la prochaine !

Chapitre 7 : Tragic Backstory by Yukiri
Author's Notes:

HELLO TOUT LE MONDE ! 

Ah, on se retrouve enfin, mes chéris ! 

Kiri n'a pas été gentille et s'est faite un peu disputée par les modos qui m'ont rappelé que Harry n'avait pas encore 17 ans et donc que, par extension, je devais faire attention au développement de mon snarry. Pas de soucis, je prends tout en main, il n'y aura pas de débordements !

Voilà donc la raison du retard de publication, toutes mes excuses ^^

J'ai enfin mis mon compte Wattpad à jour où je vais certainement faire deux versions de cette fic, vous êtes prévenus ^^

Anyway, bonne lecture pour ce chapitre !

 

Finalement il n’était pas remonté.

Severus s’était posé dans son sofa, avait parcouru l’album de photos en long en large et en travers, et puis s’était aussi attardé sur son livre de potions. Il en connaissait la plupart en fait, ou les aurait devinées sans problème, mais il y en avait certaines qui avait attiré son attention par leur originalité. C’étaient des choses auxquelles il n’aurait pas pensé… ou auxquelles il ne pensait plus. Des potions pour s’amuser, pas nécessaires.

Et… Il en avait fait quelques unes dans son laboratoire, d’accord, il l’avouait. De toute manière la nuit était tombée depuis bien longtemps, sans qu’il ait assez sommeil pour aller se coucher pour autant. Alors il se retrouvait avec 13 flacons de potions complètement inutiles sur les bras, sans vraiment savoir quoi en faire.

Il caressa distraitement la fiole bleue devant lui et fit le compte de celles qu’il n’avait pas encore rangées avant de les placer dans un panier.

Celle-ci, pour parler coréen pendant une heure… Celle-là est à appliquer sur une partie du corps pour la rendre verte… Mh-mh, je devrais la mettre dans un vaporisateur et la faire passer pour du produit anti-puce. Lupin ou Minerva finirait bien par tomber dessus et s’en servir, non ? Ah, oui, la potion bicolore, pour nous permettre de voir aussi loins qu’avec des jumelles… Et enfin la petite dernière : celle qui fait disparaître la dentition pendant quelques instants… Mh-mh, j’ai hâte de les utiliser...

Ricanant, Severus se pencha vers sa pendule : il était bien deux heures du matin passées, et pourtant le sommeil ne semblait pas vouloir pointer le bout de son nez.

Il se coucha cependant, espérant que celui-ci daignerait se faire ressentir lorsque le Maître des potions serait au contact d’un doux matelas… Mais rien ne vint. Rien de rien. Il aurait pu donner un cours de défense contre les forces du mal tant il était d’attaque.

D’attaque à quoi ? Oh, il en savait rien. Mais il se sentait comme sur le Candide lorsqu’il avait découvert que sa marque avait disparue : complètement surexcité, prêt à courir partout… Une agitation dérangeante, une énergie qui le chatouillait un peu partout. Il était bien loins du calme de son corps adulte, celui qu’il contrôlait de bout en bout. Alors que là, ce matin, il avait à moitié pleuré, après avoir fait une crise de nerfs, et là, vraiment, il était à deux putains de doigts d’aller réveiller cet imbécile de Potter pour lui proposer un match de Quidditch.

Nan mais sérieusement, c’était la pleine Lune ou quoi ? Pensant à cela, Severus se jeta de son lit, retransformant ses vêtements au passage. Il avait décidé qu’il irait voir Albus. Tant pis s’il dormait ! Lui, il avait besoin de savoir quels bruits il allait faire courir lorsque ses élèves verront Lupin arriver plutôt que lui en cours de défense.

Il sortit en catimini de ses appartements, retrouvant l’étrange sensation d’avoir peur d’être vu dans les couloirs. Et comme la longue allée menant aux gargouilles du directeur était complètement déserte, il la traversa au courant, se libérant temporairement de l’impatience qui s’était éprise de ses jambes. Merlin mais ces pulsions adolescentes il en pouvait plus ! Et heureusement qu’il n’y avait que ce genre de pulsions-là!

“Snarry !” s’exclama-t-il à voix basse. Il monta les escaliers dans son élan et entra dans le bureau du Directeur, où celui-ci travaillait.

“Severus ? Que me vaut une visite si tardive ? Tu veux un verre de lait ? demanda Albus en relevant la tête de ses papiers.

- Ça ira, merci.” siffla le Serpentard, réalisant son erreur. Nan mais pourquoi il était allé le voir lui ? Il était vraiment stupide des fois...


L’adolescent s’assit face à lui. “Dites-moi, Albus, qu’est-ce que vous allez dire aux élèves par rapport à ma disparition ? Et à l’apparition de Severus Prince ?

- Je pensais leur faire comprendre que tu es porté disparu… Enfin faire courir le bruit de ta disparition via la Gazette du Sorcier, expliqua le vieillard. Et en ce qui concerne le bel adolescent que j’ai devant moi (Severus leva un sourcil), j’ai prévu de leur dire que tu es transféré d’une école d’Autriche.”


Alors que Severus s'apprêtait à demander pourquoi l’Autriche - parce que sérieux, pourquoi l’Autriche? des bruits de pas précipités résonnèrent dans l’escalier… dont Harry apparut soudainement.

“Monsieur !” gémit-il.

Il était en sueur, le visage crispé, le regard instable. Il tentait de se concentrer sans y arriver, et se focalisa sur le Directeur pour se précipiter vers lui. Il attrapa le bureau, à deux doigts de s'effondrer, tête baissée, et Severus se leva, perplexe. Qu’est-ce qu’il faisait là, à cette heure, et dans cet état ?

“M-ma… Ma cicatrice Monsieur ! Il est… Il est très en colère… Tellement en colère… Il essaie de trouver Severus mais n’y arrive pas… Il a essayé de le chercher dans mon esprit, mais il est frustré… le sortilège l’en empêche… J’ai mal, monsieur, elle brûle !!!” lâcha-t-il, haletant, la tête à présent relevée. Ses cheveux mal ordonnées laissaient percevoir sa balafre maudite, un éclair devenu rouge-sang.

Harry tomba sur ses genoux, mains sur le front, tentant de ne pas se mettre à hurler. “I-il a tué ! Il est entré chez des moldus, une famille de six, et il les a tous tué !!! J-je l’ai vu, j’y étais, je l’ai fait ! Faites quelque chose !”

Alors qu’il peinait à regarder Albus, on attrapa fermement ses épaules. “Regarde-moi ! Harry ! s’exclama Severus dont le gryffondor ne remarquait pas vraiment la présence.

- I-il va recommencer ! Et j’ai si mal !!

- Bon sang, Potter, calmez-vous immédiatement, et regardez-moi dans les yeux !”


La réplique claqua le sorcier à lunettes, et il se stoppa immédiatement, comme revenu sur Terre. La douleur était toujours aussi lancinante, mais il avait remis pied au sol.

“Je vous l’ai déjà dit, mais cette fois-ci ce sera différent. Fermez votre esprit, Potter. Non, non, non, fit Severus lorsqu’il vit Harry fermer les yeux, continuez de me regarder, je vais vous aider. Ne brisez pas le contact. Legilimens…”

L’esprit du plus jeune manqua de rompre, signe d’une intrusion soudaine et enfin… Un mur.

Deux murs.

Trois murs… Le gryffondor sentait chacune des protections mentales qu’il avait tenté d’ériger seul se reformer sans difficultées. Et il sentait… Rogue. Il était là. Pas réconfortant, pas tendre (l’aurait-il voulu de toutes façons ?), mais il était là et il s’était opposé à la présence du Seigneur des Ténèbres dans son esprit.

En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, Severus était reparti, et Harry manqua de s’effondrer sur lui. Il se recula brusquement, soudainement conscient de leur proximité, et se laissa tomber sur le sol, éreinté. La douleur s’était envolée, et sa force avec.

Après un instant durant lequel chacun retrouvait ses esprits, et où Albus les observait en silence, Harry releva les yeux pour croiser le regard de son professeur rajeuni. Il avait voulu le remercier, mais la manière dont il le regardait le stoppa dans son élan. Il l’étudiait.

“Ce n’est pas normal, lâcha Prince soudainement sans quitter son sujet des yeux. Le lien était trop fort. Le Seigneur des Ténèbres est puissant, oh oui, mais à ce point, c’est impossible. Il y a quelque chose qui cloche.

- Ce n’est pas le moment, Severus…” murmura Albus, embêté.

Le serpentard lâcha Harry des yeux pour se tourner vers le Directeur : Il savait quelque chose.

“Que savez-vous, vieil homme ? tonna-t-il.

- Rien de certain, Severus, donc rien qui vous concerne toi ou Harry.” Il se tourna vers ce dernier, le regard tendre mais… coupable ? “Mon garçon, tu vas mieux ?”

Le Gryffondor acquiesça, et son regard retomba sur le grand brun qui semblait suspecter quelque chose de pas net chez Albus. Le grand brun… Ouai, il était grave grand en fait, réalisa-t-il. Et puis bien qu’encore un peu juvénile, son corps avait presque atteint son développement adulte. Avec ses formes et… ses muscles...et ses épaules qui accueillaient des mèches de cheveux un peu plus longues et…

“Je vais vous raccompagner jusqu’à vos dortoir, Mr. Potter, il serait malvenu que vous tombiez sur Rusard sans professeur.” dit Rogue en sortant le plus jeune de ses observations.

“Et vous alors, Severus ?” demanda Albus, amusé.

“Quoi, moi ?” s’interrogea l'intéressé. Il suivit le regard du Directeur, et, revoyant sa silhouette adolescente dans le miroir, grogna. Merlin mais j’ai décidé d’être con moi, ce soir.

“Peut-être que Dumbledore devrait vous raccompagner Severus, il serait malvenu que vous tombiez sur Rusard sans professeur…” gloussa Harry avant de se prendre une tape sur le coin de la tête. Albus ricassa un peu plus. “Mon garçon, tu as ta cape d'invisibilité avec toi, non ?

- Oui, je l’ai laissée en bas des escaliers… J’étais précipité et je voulais pas trébucher dessus.

- Très bien, tu vas pouvoir raccompagner Severus jusqu’à ses appartements. Il serait malvenu, en effet, qu’il tombe sur Rusard.”

“Ah euh, okay. Pas de soucis. Euh, je vous attends en bas ou on y va maintenant ?” demanda Harry, soudainement mal à l’aise. C’est pas qu’il voulait pas prêter sa cape, c’est qu’elle était petite ! Et il n’avait jamais imaginé un jour se dissimuler dessous avec Rogue, celui à qui il a tenté d’échapper durant ses dernières années !

“C’est bon, on y va.” grogna le Serpentard en réponse, le malaise se ressentant de son côté aussi.

Vraiment, il aurait du continuer de faire ses potions… Bien qu’au moins, la crise de Potter lui avait apporté une chose : Il était crevé.

Ils saluèrent le Directeur et se dirigèrent alors vers les escaliers qu’ils descendirent dans un silence entendu.

“Ah.” lâcha Harry, une fois en bas. Il se tourna vers Severus qui le détaillait du regard. “Quoi ?

- Je… j’ai posé la cape dans le mauvais sens. Laissez-moi cinq minutes et je la retrouve !”

Rogue leva les yeux aux ciels et soupira. Au bout des cinq minutes accordées durant lesquelles le sorcier à lunettes avait tâté le sol à quatre pattes comme un aveugle, Harry cherchait toujours, et alors l’aîné le poussa et leva la main, ouverte, et attendis quelque minces secondes avant de la refermer sur quelque chose d’invisible. Il tandis la cape à Harry.

“Sérieux, je la cherche depuis tout à l’heure et vous faites ça que maintenant ? demanda le Gryffondor, consterné.

- Votre manque de jugeote me désespère vraiment, ce n’était qu’un simple accio, je pensais que vous le feriez vous-même ! Et c’était plus qu’agréable de vous voir chercher comme un imbécile.

- Je n’ai pas ma baguette ! se justifia Harry. Et tout le monde n’est pas doué pour les imprononçés ou la magie sans baguette comme vous, monsieur.”

Il se couvrit de sa cape et enfin, après un moment d’hésitation de la part des deux adolescents, Harry la passa par dessus Severus, et ils sortirent dans le couloir.

Ils se dirigeaient vers les cachots, anxieux à l’idée de pouvoir tomber sur le concierge ou sa chatte d’un instant à l’autre.

“Vous… vous avez fait des potions ?” chuchota soudainement Harry. Severus se tourna vers lui, étonné. “...Oui. Comment-

- Vous sentez le miel.

- Oh.”

Par réflexe, Severus s’éloigna légèrement d’Harry.

Vraiment, comment il avait pu le sentir ? Le parfum n’avait pas pu l’atteindre… Le Serpentard, un peu en recul de son compagnon, tendit légèrement son visage vers le cou du Gryffondor, et alors que l’effluve de la pommade réparatrice caressait son nez, il réalisa à quel point ils étaient proches.

“Vous avez pu vous mettre votre pommade tout seul ce soir ?” railla Severus, tentant d’occulter le fait que cette remarque l’incriminait aussi.

“Hermione m’a aidée.

- Oh, je vois qu’on profite de la situation… ricana Rogue.

- Bein, elle était là, et j’avais vraiment besoin de- ...Attendez… Eh mais non pas du tout ! Hermione n’est pas... Enfin je vous l’ai dis c’est… Je ne suis pas vraiment intéressé par… enfin ça ne peut pas arriver !” paniqua soudainement Harry, faisant jubiler le serpentard au passage.

“N’imaginez pas de telles choses, professeur. Hermione et… les autres c’est juste… impossible.” ajouta-t-il finalement.

Il réalisa soudain qu’ils en étaient revenus au vouvoiement et aux noms de famille… et d’une certaine manière, ça le vexait. C’est vrai quoi, Harry avait un certain avantage par rapport à pas mal de gens et comment dire… C’était un peu… possessif, mais il aimait bien !

Comment il devait lui faire sous-entendre qu’il voulait revenir à leur proximité de la journée ? Surtout que bon, pour la couverture, il fallait bien jouer le jeu… Peut-être que s’il lui disait gentiment, ça pouvait passer ? Parce qu’il n’était pas sûr qu’il apprécie la remarque. Peut-être que ça le faisait chier de faire semblant d’être proche de lui. De faire semblant… Mh.

Harry, pourrais-tu me dire où tu as trouvé le livre que tu m’as offert?” demanda soudainement Severus. Le Gryffondor s'arrêta, le regard fixé sur le Maître des Potions. Il ne put s’empêcher de sourire lorsque celui-ci se tourna vers lui, et de soupirer de soulagement. Il ne savait pas de quoi il était soulagé, ou du moins pourquoi il l’était autant, mais vraiment, il l’était.

“Eh bien alors ? Vas-tu me répondre ou dois-je te forcer ? J’ai du veritaserum, s’il faut.

- Oh euh, chez Chante Perdrix, répondit finalement Harry en reprenant sa marche. Une boutique tenue par un certain Jacques-

- Jacques Trémolin, continua Severus. Je le connais bien, il m’a fourni grand nombre d’ouvrages.”

Harry lui jeta un regard intéressé. “Et pourquoi est-ce que tu veux savoir ça, Severus ?”

Les épaules de ce dernier se détendirent soudainement, et il il émit un léger soupir, semblable à celui soufflé par le Gryffondor un peu plus tôt. Quoi ? Il avait peur que je suive pas la cadence ? se demanda Harry, chassant de drôles de pensées au passage.

“Il me faut le deuxième recueil. Le premier était… très bien, et j’aimerais en avoir un autre.”

Le sorcier à lunettes sourit, tête baissée. Oui, vraiment, il aimait bien cette petite proximité.

“Severus, on peut voir tes jambes, rapproche-toi.” chuchota-t-il. “S’il te plait.” Le serpentard grogna, mais se rapprocha de lui, sans quitter leur route des yeux. Merlin mais ce chemin était interminable ! Et Harry qui était si… à côté de lui là…  Alors qu'il n'aimait pas du tout les contacts physiques... Il pouvait presque sentir sa respiration sur sa joue et c’était vraiment trop intime.

Leur mains se frôlèrent et Rogue, après avoir hurlé intérieurement de gène, s’écarta. Tant pis si on voyait ses pieds, il n’y avait personne dans ce couloir.

Et enfin, ENFIN, ils arrivèrent aux appartements du professeur, et soupirèrent en coeur, avant de se juger l’un l’autre du regard.

“C’est une drôle de situation, tout de même… articula Harry.

- A qui le dis tu.

- Bon euh… Du coup… bonne nuit….

- Bonne fin de nuit, surtout, le corrigea le Serpentard.

- Oui, fin de nuit. Enfin bonne fin de nuit. Parce que c’est… Oh, eh, à demain.”


Seul dans son bureau, Albus s’adossa profondément dans son fauteuil. Dans sa main valide roulait une petite pierre sur laquelle il faisait jouer la lumière douce de la pièce. Il posa son autre main dessus et se mit à murmurer. “...Je vais mourir.”

“Ouai, vous allez mourir et c’est triste mais honnêtement, je suis désolé, monsieur le directeur, c’est bien le dernier de mes soucis ! Comment vous pouvez laisser faire ça ! Servilus et Harry ont dormis ensemble ! D’où ? D’OU ?!” Hurla une voix quelque part dans une autre monde.

“James, calme toi… Il ne peut pas t’entendre, tu le sais très bien.” murmura une femme aux cheveux roux à ses côtés. Son regard se posa sur la pierre de résurrection.

“Il serait temps que ce soit notre tour ! s’écria Sirius derrière eux. Il a fait venir Grindelwald pendant une heure le mois dernier, Ariana la semaine dernière… Franchement, moi qui pensais que nous étions une priorité ! J’en ai marre d’être mort !

-...Tu es décédé il y a six mois Patmol, t’es sérieux ?

- Pauvre monde magique, privé de moi depuis si longtemps…” dit-il, peiné.

Lily secoua la tête. Depuis leur mort, ils n’avaient pas loupé une miette du développement de leur enfant, étudiant le tout avec pas mal de recul et de sagesse… enfin, jusqu’à ce que Sirius arrive.

“D'OÙ IL DORT AVEC SERVILUS DANS SES BRAS ?!

- Ouai, d’où ?!

- C’est arrivé par accident...” expliqua la matrone pour la trentième fois.

Albus baissa les yeux, porté par ses pensées, inconscient des regards portés sur lui à cet instant.

“AAAALBUUUS !!! DIITES AAA SEERVIILUSSS DEEE NEEE PAAAS TOUCHEEER MON FIIILS ! cria James en vain.

- NIII LAAA CAAAPE ! ajouta Sirius.

- Ouai la cape ouai !

- Bon, je vais observer Harry, moi.” soupira Lily.

Aura invisible et inaudible, elle se posa près de son fils, luttant contre le sommeil. Le Gryffondor voulait dormir, mais il avait peur d’y retourner. Oui, Severus l’avait aidé à reconstruire ses murailles mentales, mais que se passerait-il si elles n’étaient pas assez puissantes ?

La fatigue ne lui laissa pas le temps de se poser plus de questions, et il sombra.

“Bonne nuit, mon ange.”


“Oh, je ne pensais pas vous trouver déjà en bas ! Bonjour Harry, et... Prince.” dit Hermione en s’installant face à son meilleur ami. Harry s’agita pour l’accueillir, la bouche pleine de jus de citrouille, et Severus sortit la tête de son livre pour la saluer d’un simple hochement de tête.

“Tu m’as l’air bien excitée, ‘Mione, articula finalement Harry après avoir avalé son verre entier.

- Moi ? s’étonna-t-elle. P-pas du tout.”

Prince releva la tête de son ouvrage une nouvelle fois pour l’observer, blasé, et se tourna vers Harry. “Weasley arrive aujourd’hui.” expliqua-t-il. Hermione devint écarlate, et Severus ne put retenir un ricanement, suivit par Harry.

“J’ai hâte de voir la tête qu’il va faire lorsqu’il va te voir sous cette forme, Severus.”

Ce dernier ferma son livre, car à l’évidence il ne pouvait plus prétendre à la lecture, et, réalisant ce qu’Harry venait de dire, blêmit.

“Tu comptes lui dire ? Tu plaisantes ? Autant toi et Granger, ça reste gérable, je fais avec, mais Weasley ? Alors ça ! Je n’ai aucune confiance en lui !

- Mais Severus ! protesta Harry, lâchant son toast. Ron est digne de confiance ! Il m’a toujours suivis dans mes aventures et…

- Harry, je m’en fiche royalement, là, c’est de moi dont il s’agit ! Je ne veux personne de plus que Granger et toi ! Pour l’instant, du moins.”

Le Gryffondor ouvrit et ferma la bouche, puisqu’il voulait répondre aux propos du professeur, mais rien ne vint.

“Pour l’instant… répéta Hermione. Donc, il y a moyen de vous convaincre ?”

Severus leva un sourcil. “Nous verrons.”

Il suffisait d’attendre ...Mais depuis quand obéissait-il aux ordres ? Harry ricana. Comme s’il allait attendre son autorisation. Ron était son meilleur ami, il devait savoir ! Parce qu’il le méritait, et aussi pour éviter une énième crise du genre “pourquoi vous m’avez exclu de tout ça, gnagnagnignagnagnaaaa”.

“Quand Ron sera là, tu devras tutoyer Severus, ‘Mione.” lui rappela Harry, faisant marmonner le concerné au passage. Résigné, Prince haussa les épaules : Weasley aurait au moins un intérêt, il serait une sorte de test pour voir si oui ou non le sortilège de dissimulation fonctionne bien.

Harry et Hermione se lancèrent dans une discussion, et, à l’abri de leur regard, Severus tendit une main hésitante vers l’assiette de toast. Toujours pas repéré, il en saisit un, attrapant le beurre et le miel de l’autre main, et fit sa petite affaire. C’est quand il croqua dedans que Harry s’arrêta dans sa phrase.

“Eheh, la technique du mielo-

- Tu te tais.

- Oui.”

Et il se retourna vers Hermione pour reprendre sa discussion, tentant de ne pas laisser paraître à son ancien professeur le fou-rire qui le secouait.

Quand Severus était encore à la table des enseignants, Harry n’avait jamais prêté attention à ses habitudes alimentaires, alors il ne savait pas si le mielobeurre n’était qu’un passage rattaché au petit Sev’ ou s’il était propre à l’homme dans son entièreté. Il avait maintenant sa réponse, et en était très satisfait.

Peut-être allait-il s’en faire une lui aussi ? Il se pencha vers l’assiette, avant d’être percuté par une grosse baffe amicale dans le dos. “Alors ! J’vous ai manqué ?! J’arrive pile poil pour le p’tit dej’ en plus ! Par-fait !”

Ron claqua la main d’Harry, signe d’une complicité amicale, et embrassa timidement la joue d’Hermione, écarlate. Il s’assit face à la sorcière, à côté de Severus donc, sans vraiment prêter attention à lui, ni même au regard dédaigneux qu’il venait de lui lancer. D’un autre côté, le petit déjeuner n’était servi que sur une petite partie de la table des rouge et or, étant donné le faible nombre d’élèves restés pour les vacances de Noël, alors il n’était spécialement étonnant de retrouver Harry et Hermione assis à côté d’un élève avec qui il n’était pas vraiment ami.

Engageant la discussion avec ses amis, il voulut se servir un verre de jus de citrouille, mais la carafe étant à la droite du Serpentard, il fut bien obligé de remarquer sa présence. Ron finit par tiquer. “Eh mais… Je l’ai jamais vu lui… Eh, Dracula, tu me passes la carafe steuplait ?”

Severus manqua de s’étouffer avec sa tartine, et se tourna vers le roux. Oui, c’était bien à lui qu’il parlait. Il lança un regard perplexe Harry, qui semblait terrifié pour l’avenir de son ami.

“Oh ça va, j’déconne ! s’exclama Ron, hilare, en claquant le dos du professeur. C’est juste pour les cheveux long et les fringues noires, le prend pas mal ! T’inquiète, c’est classe ! Mais je veux bien la caraf’ quand même, steuplait !”

Sidéré, Severus attrapa la carafe et la lui tendit sans un mot.

“Ron, je te présente notre nouvel ami.” commença Harry en désignant le serpentard de la main.

“Oh, vous vous connaissez alors ! dit Ron à son voisin. Tu es ?”

Le Maître des potions avala difficilement sa bouchée, d’ors et déjà agacé par la familiarité du jeune Weasley. Harry lui rappela par un regard qu’il devait répondre.

“Severus Prince.

- Oh, enchanté, Prince.

- ...De même…” marmonna-t-il.

Ron avala son verre, et, au fil du temps qu’il se vidait, ses yeux se plissaient. “Eh mais, on connait pas déjà quelqu’un qui s'appelle comme ça ?”

Hermione et Harry haussèrent les épaules, faisant mine de ne pas savoir. Ron attrapa une tartine et y étala de la confiture, en pleine reflexion.

“C’est pas… C’est pas le prénom de Rogue ?” demanda-t-il. Harry se tourna vers Hermione. “Ca l’est ? demanda-t-il.

- Je ne sais plus… répondit-elle.

- Mais si c’est ça ! C’est marqué sur son bureau ! En plus tu devrais le savoir Harry, nota Ron, avec le nombre de retenues que t’as passées avec lui.

- Weasley n’a pas tort…” ricana Severus.

“Harry et ‘Mione t’ont parlé de Rogue ? demanda Ron à Severus. Il était notre Maître des potions, mais cette année il est notre prof de défense contre les forces du mal. Il est… comment dire…

- ...remplacé par Lupin.” annonça Harry précipitamment. Il devinait plus où moins le contenu des propos de Ron, et préférait éviter de mettre ca sur la table maintenant.

Le visage du roux s’illumina. “Mais nan ! Tu déconnes ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Dumbledore a pas pu le virer, il l’apprécie trop. Il est mort ? demanda-t-il d’un ton dégagé comme s’il lui demandait s’il restait du sucre.

- Euh, non… expliqua Harry. Il… est pas mort… si ? demanda-t-il à l’intention de Severus.

- Albus m’a dit qu’il était porté disparu, expliqua-t-il.

- Oh, sérieux ? s’étonna Ron. Il doit être en train de lécher les bottes à Tu-sais-qui.

- Certainement, répondit le Prince en ricanant amèrement.

- Certainement pas ! s’insurgea Harry à l’encontre du Serpentard. Tu vas pas bien de laisser dire ça ? Et toi Ron !”

Severus haussa un sourcil. Quoi ? Il peut bien croire ce qu’il veut…

“Rogue est très certainement en mission pour l’Ordre, Ron.” chuchota Hermione à son ami. Il leva les yeux au ciel, comme s’il jugeait cela déraisonné. “Bien sûr, ouai.” Il balaya la discussion de la main.

“Et donc, tu viens d’où ? demanda-t-il finalement au Prince.

- De… (il soupira et insulta Albus). D’Autriche. J’ai été transféré.

- Geeenre ! Y a une école de magie en Autriche ?”

Severus lança un regard à Harry : mais qu’est-ce qu’il en savait ! Il improvisa. “Mh, non. J’ai suivit des cours par… correspondance. Oui, voilà.

- Je savais pas que ça se faisait !

- Moi non plus.” répondirent Harry et Hermione, morts de rire.

Le regard du serpentard se perdit au loin, et il prit un air abattu, acteur dans l’âme.

“J’ai vécu dans un tipi avec ma famille, jusqu’au jour où nous avons dû partir. Mes quinze frères et moi avons été nourri avec du lait d'hippogriffe, mais à cause d’une épidémie de dyschronométrie aiguë, ils tout le troupeau est mort. Alors pour nourrir les plus jeunes de ma famille, nous avons du partir.”

Ron lâcha sa fourchette, choqué. “Mais… C’est horrible ! (Severus opina lentement, le regard affligé ) C’est quoi la dyschronométrie ?

- C’est une maladie animale très contagieuse qui fait marcher le malade au ralenti à cause d’une mauvaise perception temporelle. A cause de cela, les hippogriffes n’avaient plus le temps de chasser, et se sont laissés mourir de faim.”

Hermione tremblait, et gloussa dans ce que Ron prit pour un sanglot, avant qu’il ne vienne à côté d’elle la serrer dans ses bras. Harry se cachait derrière le livre de Severus, hilare. Il était à fond dans son rôle, bon Dieu, c’était trop bon !

“Même mon pingouin de compagnie a été touché par cette épidémie.

- Y a des pingouins en Autriche ?!

- Autant qu’il n’y a de pigeons à Londres…”

“...Et il s’appelait comment ton pingouin ?” demanda Harry d’une voix terriblement aiguë, toujours caché par le livre.

Severus soupira, comme si c’était trop dur à dire pour lui, et après un moment, lâcha d’une voix lourde de sentiments : “John-Mohamed.

- JOHN-MOHAMED” répéta Harry avant de se perdre dans une fausse quinte toux.

“‘Mione, pleure pas autant… John-Mohamed est dans un monde meilleur à présent.” la reconforta Ron en lui caressant les cheveux. Harry et Hermione étaient vraiment à deux doigts de se pisser dessus, pas du tout préparés à voir cette facette de leur professeur. C’était quoi cette capacité d’acteur redoutable ?!

“Harry, ça se fait pas ! Arrête de lire alors que Prince nous explique quelque chose d’aussi tragique ! Et qu’est-ce que c’est que ça…. “1000 et une potions au miel” ? Quoi ?”

Le Gryffondor ferma le livre doucement, à peu près maître de lui, et laissa apparentes les larmes qui avaient coulées sur ses joues. “Désolé mais… Je n’aime pas pleurer en public… Merlin, Severus, tu me l’avais déjà raconté mais… Mais la mort de ton pingouin de compagnie me fait toujours aussi mal…

- A moi aussi…”

Le Serpentard passa une main dans ses cheveux, comme pour se remettre de ses émotions, et ainsi, le visage caché des yeux Ron, lança un sourire insolent à Harry. Le Gryffondor perdit abruptement toute envie de rire, son sang s’étant mit à glisser précipitamment dans ses veines. Une vague violente, une impulsion, un putain de coup de fouet qui l’avait complètement déstabilisé…. Ils parlaient de quoi déjà ?

“Eh bein, qu’est-ce qu’il se passe ici ? Tout le monde à l’air abattu…”

Harry releva la tête vers Neville, et relâcha le souffle qu’il n’avait pas eu conscience de retenir. Qu’est-ce qu’il s’était passé ?

“Hey, Neville ! Qu’est-ce que tu fais là ? demanda Hermione.

- Oh, j’ai été à moitié chassé par ma grand-mère, expliqua-t-il en riant. Et je préfère rentrer avec vous ! En plus j’ai croisé le professeur Lupin dans les couloirs, j’ai loupé un épisode ? Et Ron pourquoi tu as les yeux rouges ?!”

Hermione emergea sa tête des bras de Ron, et s’expliqua. “Rogue est temporairement remplacé par Lupin, et Ron est ému à cause du passé tragique de notre ami (elle montra Severus d’un mouvement de tête), et de la mort de John-Moha...Jo...J….” et elle retourna dans les bras du roux pour sangloter de rire en paix.

“Hermione a vraiment du mal à s’en remettre, elle est sensible…” exposa Ron, convaincu. Neville, un peu paumé, s'assit à l’ancienne place de Ron, et donc, à côté de Rogue. Ce dernier, voyant Londubat à ses côtés, ne put s’empêcher de ricaner. S’il savait !

Le Gryffondor se tourna vers son voisin, intimidé par son apparence… Il était sacrément grand. “N’ait pas peur, Neville, le rassura Ron, Dracula est sympa.

- Dracu… Quoi ?”

Le serpentard leva les yeux aux ciel. “Severus Prince, transféré d’Autriche, mon pingouin est mort.

- Oh, euh… euh je… enchanté, Neville Londubat, toutes mes condoléances… articula-t-il en réponse, avant de plisser les yeux. Eh mais… On connait pas quelqu’un qui s’appelle Severus aussi ?”

Il chercha un instant, et alors que ses yeux s’illuminèrent, il blêmit. “Oh Merlin je viens de frôler la crise d’angoisse…

- Toi, tu dois être content de retrouver Lupin, en conclut Ron.

- Bein quand même, oui. Et puis il m’a aidé à surmonter un peu ma peur de Rogue.

- Ah, tu parles du cours avec l'épouvantard ?” demanda le roux, à nouveau hilare.

Harry et Hermione échangèrent un regard entre l’amusement et la hantise, et Severus, qui ne loupa pas cet échange de regard, s'intéressa un peu plus à la discussion entre Weasley et Londubat.

“Qu’est-ce qu’il s’était passé ? demanda-t-il.

- Oh Merlin, c’était énorme !” s’exclaffa Ron.

“Bon, tu vois ce que c’est un épouvantard ?

- Oui, merci.

- Bein Lupin nous entraînait au Ridiculus, du coup on passait les un après les autres devant un épouvantard pour pouvoir lancer le sort tu vois… Et genre quand Neville est passé devant, il a prit l’apparence de Rogue (Prince plissa les yeux : il lui faisait peur à ce point ? ). Et pour le ridiculus, Lupin a demandé à Neville de penser fort aux vêtements de sa grand-mère… je te laisse deviner la suite, on était morts de rire !”

Non…

Le loup avait pas fait ça quand même ? Il avait pas osé ?! s’insurgea Severus. Vu la façon dont Granger fuyait son regard, et dont Harry le soutenait malicieusement, il devina que si, il avait osé. Oh, il allait pourrir son cours… Oh oui, il allait le pourrir…

...En parlant de pourrir…. “GRANGER !” se rappela soudainement Severus. “LES PHOTOS ! Comment avez… as tu osé ?!”

Hermione sursauta, et se tourna, écarlate, vers Prince. “J-je suis désolée ! C’est McGonagall ! Elle m’a dit-

- Ah oui…. ricana-t-il. Cette vieille chatte ne perd rien pour attendre….

- Qu’est ce qu’il se passe, Severus ?” demanda Harry.

Le Maître des Potions pivota vers lui, et le Gryffondor aurait pu jurer le voir un peu paniquer. Finalement, il leva la main et un gros ouvrage qui traversa la salle à toute allure s’y jeta. Il le tendit à Harry d’un geste désinvolte. “Jette un oeil à ça. Magnifique cadeau.”

Le Gryffondor plissa les yeux, suspicieux. Ca sentait pas bon du tout. Il se mit un peu en retrait du regard des autres et ouvrit la première page… avant de crier de tout son coeur, écarlate. “CA NE POUVAIT PAS DISPARAÎTRE DANS L’ESPACE TEMPS ?!”

Et encore, t’as pas vu le pire… pensa Severus, avant de réaliser qu’il avait pas du tout envie qu’Harry voit la photo où il dort dans ses bras. Enfin il voulait pas voir… sa réaction dégoutée.

Le sorcier à lunettes battait les pages rapidement, et allait bientôt arriver à l’endroit fatidique. Prince posa alors -un peu violemment- sa main sur la dernière photo avant que Potter n’ait pu la voir. “Ne regarde pas celle-là !” s’écria-t-il.

Le regard d’Hermione glissa jusqu’à lui. Elle n’était pas stupide, et savait très bien de quel cliché il parlait… mais ne comprenait pas pourquoi il ne voulait pas qu’Harry le voit. Enfin si, c’était gênant, certes, mais il l’avait laissé voir les autres !

“Euh… d’accord…” acquiesça Harry. Il se tourna vers son amie. “C’est l’idée de McGo ?”

La sorcière acquiesça et lui raconta sa mission.

C’était vraiment très embarrassant. Mais genre vraiment. Enfin, il avait été… ému… mais… Enfin, pourquoi lui il les avait pas ? Pourquoi y avait que Rogue qui les avait ?

“Est-ce que tu crois qu’il y aurait moyen que j’en récupère quelques unes si tu ne les veux pas?” demanda-t-il à Severus, hésitant. L'intéressé cligna des yeux, surpris. N’avait-il pas dit qu’il voulait que cette période disparaisse “DANS L’ESPACE TEMPS” ?

Il acquiesça.

“Je… Oui mais… Enfin j’imagine que Minerva a des doubles.

- Elle en a.” confirma Hermione.

Harry sourit sans vraiment s’en rendre compte : il était content de pouvoir récupérer ces souvenirs d’un épisode complètement révolu. Est-ce qu’elles allaient continuer à prendre des photos encore maintenant ? Ça ne semblait pas être une mauvaise idée…

Ron s’approcha du trio à l’écart.

“Eh, vieux, je pensais à un truc…” dit-il à Harry, en le sortant de ses pensées, et les deux autres se tournèrent vers lui.

“Oui ?

- ...‘Prince’, ça aurait pas un rapport avec le livre qui t’obsède là ?”

Harry plaqua violemment sa main sur sa bouche : merde ! Il avait pas pensé que Ron ferait le rapprochement. “Quel livre ? demanda Rogue, concerné.

- Son livre de-

- Le Petit Prince ! s’exclama Harry. C’est pour ça que je connaissais le nom de Saint-Exupéry l’autre jour Severus, je lis souvent ce livre !”

Hermione lança un regard équivoque à Ron, et celui-ci ne renchérit pas, saisissant que cette information ne devait certainement pas remonter aux oreilles du grand brun.

“Aucun rapport, Weasley.” expliqua simplement Severus.

Alors qu’il retournèrent s’asseoir, Rogue s’excusa rapidement “Je vais me poser dans ma chambre, on se voit plus tard.” et commença à partir, mais Harry l’attrapa par le bras. “Je peux t’accompagner s’il te plait ?

- Ca va, je n’ai pas besoin de guide.

- Non mais… Je peux te parler ?” demanda-t-il, tenant toujours le bras anciennement marqué.

Severus fronça les sourcils. Un Potter qui voulait passer plus de temps avec lui pour “parler” ? Pas bon signe.

Il opina cependant, et se défit de l’emprise du plus jeune : il allait pas lui tenir la main devant tout le monde non plus ! Harry salua les autres, leur donnant rendez-vous pour passer la journée avec eux, et sortit de la Grande Salle avec Rogue.

Arrivés à l’entrée de ses appartements, le Gryffondor attendit que Severus daigne ouvrir la porte, chose qu’il ne fit pas. “Je rêve ou tu t’attends à ce que je te fasse entrer ?

- Ce n’est pas comme si je n’étais jamais venu ! se justifia Harry.

- ...Cette époque n’a jamais existée, comprends-tu ?”

L’interressé leva les yeux au ciel et s’adossa à l’embrasure du mur menant à la porte, face à Severus. Oui, ils étaient vraiment proches comme ça, mais il n'avait qu’à le laisser entrer !

Harry se gratta la tête, cherchant ses mots.

“Je voulais te remercier.” expliqua-t-il.

Le dos de Severus quitta le mur et il se redressa.

Perplexe, il glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, et jaugea le Gryffondor du regard. Ce dernier passa distraitement sa langue sur sa lèvre, attendant une réaction.

“Pourquoi ?”

Harry remonta ses lunettes sur son nez, avant de rentrer ses mains dans les poches de son jean.

“Je sais que tu ne peux vraiment pas supporter Ron et Neville, et tu aurais pû le laisser paraître mais… t’as été cool.

- Je ne peux pas te supporter non plus, pourtant...” lui fit remarquer Severus.

La remarque blessa Harry un peu plus qu’il n’aurait aimé l’admettre, et cela avait dû transparaître sur son visage, puisque le Serpentard se corrigea après un certain silence.

“Je ne... pouvais pas… te supporter. C’est bon ? Tu as fait ta petite crise affective ? Ca va mieux ?” grogna-t-il en croisant les bras sur sa poitrine. Ses yeux noirs se crochèrent aux émeraudes, et Harry sourit à moitié.

“NAN MAIS REGARDE CA ! Embrassez-vous tant que vous y êtes hein, y a pas de soucis !

- Sirius ! s’exclama Lily.

- Eloigne-toi de mon fils !!! feula James en faisant mine de le pousser avec ses mains immatérielles. Harry, mais qu’est-ce que tu fais !!! Pourquoi ils sont si proches ?! C’est pas nécessaire ! Le couloir est grand, pourquoi vous vous mettez chacun d’un côté de l’embrasure là !

- James, tu devrais être content ! lui fit remarquer la rousse. Sev’ a dit qu’il le supportait, à présent !

- C’EST PAS CE QU’IL A DIT !” crièrent en coeur Patmol et Cornedrue.


“ J’ai passé 16 ans de ma vie à espionner le Seigneur des Ténèbres, et à jouer un rôle pour le tromper, alors tu penses bien qu’un idiot de Weasley comme lui n’est pas grand chose.”

Le Gryffondor rit faussement, plutôt attristé par la remarque. Il aimerait qu’il lui en parle.

“Merci aussi pour cette nuit. Je n’ai plus eu de visions après que tu m’ai aidé.”

Severus détourna le regard. “Et merci aussi de ne pas avoir trop crié sur Hermione pour l’album.

- Oui, bon, c’est bon non ?”

Le sorcier à lunettes rit vraiment cette fois-ci, amusé. Il n’aimait pas qu’on mette en avant ses bon côtés, hein…

“Est-ce que ta redoutable capacité à inventer des histoires te viens aussi de tes activités d’espion ?” demanda Harry. Les yeux noirs du professeur se ruchèrent sensiblement, leur donnant presque la forme d’amandes… était-il amusé ?

“Mh... Une fois, j’ai dis au Seigneur des Ténèbres que j'étais allergique aux arachides… Et pendant un mois, lorsqu’il voulait me punir de manière originale, il n’a plus utilisé d’endoloris, et me faisait manger des tartines de beurre de cacahuètes à la place, espérant que je fasse un œdème de quincke.

- Et qu’est-ce qu’il s’est passé ?

- J’ai pris 5 kilos.” répondit Severus sur le ton de la fatalité.

Harry sourit, à moitié amusé, à moitié mal…. C’était drôle, mais la situation n’était pas propice au éclats de rires. “Tu as vraiment fais croire ça à Voldemort ?

- On s’amuse comme on peut. Evidemment, après cela, Bella a découvert la vérité et a tout expliqué au Maître… Il ne l’a pas très bien prit.”

Le Gryffondor déglutit. “Au moins tu es toujours en vie.” dit-il, avant de se gifler mentalement. C’était quoi cette remarque de merde ?

“Certes, mais à quel prix…” souffla Rogue. Il remonta sa main jusqu’à son cou, glissa ses doigts dans ses cheveux charbonneux et pencha la tête pour libérer sa nuque, ne laissant de visible que sa peau pâle signée d’une immense cicatrice plus blanche encore. Elle partait de son oreille et s’étendait jusqu’à sa carotide, peut-être même plus bas, remarqua Harry dont la chemise de Severus l’empêchait de se faire une idée.

Soufflé, il ouvrit et ferma la bouche pour s’exprimer, en vain. “Je… Ça a dû faire mal…”

Le Maître des potions haussa un sourcil blasé. “De toutes évidences. Une cicatrice n’est pas dur à faire disparaître avec des baumes ou des potions adéquates, mais celle-ci n’a jamais voulu s’effacer, et c’est relativement agaçant. Je ne comprend pas pourquoi elle n’est pas partie avec le Sortilège de Neverland.

- Ou Peter Pan.

- ...Ou Saint-Exupéry. Si ma marque a pu partir, je ne vois pas pourquoi cette cicatrice reste.

- Je ne vois pas non plus.

- Etonnant, railla Severus d’un ton doucement moqueur. La magie noire est vraiment surprenante.

- Tu aimes réellement la pratiquer ?” demanda Harry, ne sachant pas s’il s’invitait sur un terrain interdit.

“Je la trouve passionnante, mais... il faut savoir l’utiliser et être très précautionneux.”

Le Gryffondor acquiesça lentement, tentant de saisir les nuances évoquées par son professeur.

“Bon, je te laisse à tes occupations. Nous on ne va pas sortir, donc si tu nous cherches… On sera dans le château. Certainement dans notre salle commune.” dit Harry en s’engageant dans le couloir, mettant fin à leur proximité intime.

“C’est ça, retourne voir tes petits copains…” répondit Severus, faussement outré par son départ. Le Gryffondor se retourna, et le professeur rentra dans ses appartements, lui adressant le même sourire insolent que plus tôt dans la matinée.

La porte se ferma, et Harry resta un instant dans le couloir, secoué.

A suivre...

 

End Notes:

Voili voilou ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! Je pense que pour le prochain chapitre, on signe le retour de Ginny, Luna et... Draco, tintintin !

A la prochaine !

KIRI~

Chapitre 8 : Le sifflement du Serpent by Yukiri
Author's Notes:

Hey everyone ! Nouveau chapitre ! Bonne lecture à vous :)

Chapitre 8 : Le sifflement du serpent.

 

"SEVERUS JE VAIS T'ÉGORGER !!!"

 

Harry releva la tête de son livre de potions.

 

Après un moment, aucun autre son ne lui parvint, alors, assis dans un fauteuil de la salle commune, il se replongea dans son ouvrage. Au bout de quelques secondes, des bruits sourds approchaient, et le Gryffondor se leva, paniqué. Qu'est-ce qu'il se passait ?

 

Les bruits se firent de plus en plus forts, et, tambours battants, Harry pointa sa baguette vers l'entrée du tableau de la Grosse Dame.

 

Tout se stoppa soudainement.

 

"CAPULUS BACA !"

 

Harry resserra sa baguette entre ses doigts. Qui que ce soit qui essayait d'entrer, il connaissait le mot de passe, et n'allait pas tarder à pénétrer dans la pièce.

 

Le tableau se jeta soudainement sur le côté plus qu'il ne glissa, et Prince entra précipitamment dans la salle commune. En courant, il se jeta sur Harry. "Ta cape !! TA CAPE !!" s'exclama-t-il, menaçant.

 

Le Gryffondor cligna des yeux, abasourdis. "Euh-que... quoi ? Ah, sur la table basse !"

 

Severus s'y précipita et attrapa le vêtement pour se dissimuler, alors que dans la tour résonnait à nouveau des menaces de mort.

 

"C'EST CA, CACHE TOI ! ET NE TE POINTE PLUS JAMAIS DEVANT MOI ! CAPULUS BACA !"

 

"C'est la mauvaise période du mois..." marmonna Severus en guise d'explications,Severus qui s'était dissimulé dans le dos de Harry, tandis que le tableau pivota à nouveau. "Je te jure Potter, si tu me vends, je t'utilise comme bouclier..." chuchota-t-il à son oreille.

 

Le Gryffondor aquiesca, et Lupin entra, en sueur... et avec... des... cheveux verts ?

 

"Remus ? s'étonna-t-il. Qu'est-ce que tu-

 

- Harry ! Où est passé Severus ?"

 


 

Le plus jeune haussa les épaules, et Lupin s'activa dans la salle commune, tâtant un peu tout et n'importe quoi. "J'en sais rien, il est pas rentré ici en tout cas... Tu le cherches ?"

 

Lupin, en train de chercher sous une table basse, se redressa, et se retourna vers Harry, au ralenti. "Tu vois, ça ?" demanda-t-il en indiquant ses cheveux. Le Gryffondor haussa un sourcil, sous-entendant qu'il ne pouvait pas les louper, et alors le lycanthrope eut un rire amer.

 

"Ils sont devenus comme ça après que je me sois appliqué mon shampoing ce matin, exposa-t-il en attrapant un coussin. Et devine ce qu'il y avait de marqué au dos de la bouteille ?

 

- Euh je... je ne sais pas..."

 

Remus lâcha le coussin, tentant de rester maître de lui. "'La grand-mère de Londubat souhaiterait récupérer les vêtements dont tu m'as affublé il y a deux ans.'" exposa-t-il.

 

Harry s'étouffa à moitié, et Severus se glissa à nouveau à son oreille. "C'était ça, ou je le mettait dans sa potion tue-loup." Il se retint à nouveau de rire, imaginant un loup-garou tout vert, et reporta son attention vers Lupin.

 

"Remus, tu vois bien qu'il n'est pas là... expliqua Harry, tandis que, entendant cela, Prince se détendit dans son dos. C'est la salle commune des Gryffondor, je vois pas pourquoi il serait venu ici... Et si je peux me permettre, c'est plutôt raisonnable comme vengeance.

 

- Harry, je suis content de voir que tu saisis le bon côté des choses, mais ceci est une affaire entre adultes.

 

- Ca en a tout l'air, oui..." chuchota le Gryffondor en levant les yeux aux ciels.

 

Lupin soupira et retourna vers le tableau. "Bon, j'y vais. Si tu le vois, tu m'appelles, hein ?

 

- Et qu'est-ce que tu comptes lui faire ?"

 

Remus ricana diaboliquement. "Je pense que les cheveux rouges gryffondor lui iraient très bien pour sa rentrée scolaire..." siffla-t-il en sortant de la pièce.

 

Le tableau se referma derrière lui, et Harry souffla, sidéré. Severus resta un instant là où il était, et il semblait au plus jeune qu'il récupérait de sa longue fuite du lycanthrope. Il se décala finalement, se débarrassa de la cape en la jetant sur la chaise à côté de lui, et soupira à son tour. 

 

"Je vais devoir faire attention, si j'ai bien compris." ricana-t-il en jouant avec une mèche de cheveux. Il haussa les épaules. "C'est de bonne guerre, j'imagine."

 

"Quand est-ce que Remus va récupérer sa couleur naturelle ?

 

- Quand je serais assez motivé pour faire l'antidote. Et si je dois faire ma rentrée avec les cheveux rouges, alors crois-moi, il fera la sienne avec les cheveux verts."

 

Harry éclata de rire. Vraiment, si on lui avait dit que Severus avait autant d'humour. Un peu pince-sans-rire... Peut-être n'en était-il pas conscient. SI ça se trouve il était très sérieux ? Est-ce qu'il pensait qu'il se moquait de lui ?

 

"Severus ?" l'interpella Harry. L'adolescent qui était sur le point de repartir se retourna vers lui. "Est-ce que tu réalises que j'adore ton humour ?"

 

Prince plissa les yeux. "Tu crois que je plaisante ? Je suis très sérieux. Lupin ne sera pas ma seule victime. J'ai encore quelques vengeances à préparer.

 

- Du genre ?

 

- ...Tu sais parler coréen ?

 

- Quoi ? Non... Pourquoi ?"

 

Les lèvres du professeur se courbèrent en un sourire dangereux, les yeux à nouveau en amandes, et Harry frissonna. Il y avait quelque chose d'effrayant dans cet air menaçant, mais aussi et surtout quelque chose de terriblement captivant, comme s'il l'appelait à se jeter en enfer. Et il l'aurait fait.

 

Severus reprit son chemin, avant de s'arrêter à nouveau. Il se tourna vers Harry, le regard glacial. "Les vacances se terminent dans deux jours... annonça-t-il.

 

- ...Oui... répondit le sorcier à lunette, un peu craintif quant à l'air grave de son professeur.

 

- Je veux qu'on aille acheter le tome deux de mon livre de potions."

 

Il sortit, le regard toujours aussi sombre, le défiant de faire la moindre remarque, et Harry sourit.  

 

C'est pas parce que vous changez la forme que vous changez le fond, professeur.

 


 

"Oh, hey Ginny." salua le Gryffondor, assis face à Hermione et Ron dans la Grande Salle.

 

La rouquine était enfin rentrée de ses vacances de Noël. Elle avait voulu rentrer avec son frangin, mais faute d'avoir trouvé une excuse valable à son retour rapide, la demoiselle avait dû rester au Terrier.

 

"Salut Harry, Hermione ! Joyeuses fêtes et bonne année !" s'exclama-t-elle en étreignant le sorcier à lunettes et en déposant un baiser sur sa joue. Elle s'assit à sa droite.

 

"Bon, j'ai croisé Neville, (celui-ci arriva à cet instant et s'assit avec eux) et apparemment il y a un nouveau ? Il est où ? Il est beau ? Gryffondor ? Il joue au Quidditch ? Mh ?

 

- Bonjour..." souffla une voix derrière elle.

 

La rouquine se retourna, et tomba nez-à-nez avec un adolescent de grande taille à la silhouette élancée, de long cheveux noirs lui tombant sur les épaules.

 

"Severus Prince, transféré d'Autriche, mon pingouin de compagnie est mort, et certainement pas Gryffondor. Tu peux te pousser Weasley ?"

 

Ginny cligna des yeux, stupéfaite.

 

C'était très clairement un serpentard, on pouvait presque le voir écrit en grande lettres sur son front, mais qu'est-ce qu'il faisait à traîner à côté d'Harry ? Il les déteste... et Ron !

 

"Euh, je...

 

- Allons, Gin', c'est normal qu'il veuille être assis à la droite de Dieu. Tu peux te décaler ? Severus est timide.

 

- Je ne suis pas... commença Prince, outré, avant de prendre la place qui Ginny venait de libérer. Oh, laisse tomber."

 

Alors qu'il fit venir à lui la carafe d'eau, Harry remarqua quelque légères rougeures sur les joues de Severus. "Tu as encore couru ?" demanda alors le Gryffondor. Alors qu'il s'apprêtait à répondre par l'affirmative, Lupin entra dans le même état dans la Grande Salle, essoufflé. Le Serpentard lâcha alors précipitamment la carafe et dans une classe sans égal, se glissa sous la table, caché par les bancs, sous les regards étonnés de toute la bande.

 

"Pourquoi le professeur Lupin a-t-il... les cheveux verts ? s'étonna Hermione, dont l'étonnement était soutenu par l'ensemble du groupe.

 

- ...Une potion.... à mal tourné..." marmonna Severus depuis le dessous la table. Il commençait vaguement à regretter son geste.

 

Le lycanthrope s'approcha d'eux. "Je sais qu'il est venu ici." annonça-t-il, d'un air prédateur. Ouai, la pleine lune approchait, et ça se sentait.

 

"Oui, Severus est passé me voir, mais il est reparti en courant juste après... Il est certainement parti voir McGo ou Dumbledore, je ne sais pas...."

 

Les yeux de Remus s'éclairèrent, comme si l'idée d'aller voir Albus était révolutionnaire, et s'en alla précipitamment.

 

Après un instant de flottement, le brun emergea de sa cachette, et reprit place, son masque hostile ayant repris place sur son visage, comme si rien ne s'était passé. Étonnamment, quand il faisait quelque chose de ridicule, et bien... ça ne l'était pas. Même si Harry avait vraiment très envie de lui faire remarquer ce qu'il venait de faire.

 

"Ils ont quelques différents... expliqua-t-il au groupe. Tu comptes le fuir encore longtemps ? demanda-t-il à Severus.

 

- Harry, étant un élève... je ne peux pas attaquer un professeur.

 

- ...C'est pas du tout ce que je voulais dire." répondit-il en riant.

 

"Il est hors de question que je fasse ma rentrée avec les cheveux rouges, indiqua-t-il en guise d'excuse.

 

- T'as un problème avec les roux, peut-être ?" feula Ginny.

 

Severus se tourna, étonné. Il n'était vraiment pas habitué à ce que ses élèves lui parlent de la sorte. Sauf Harry, mais il était une exception. Il haussa un sourcil sans répondre.

 

"T'as un problème avec les roux !" affirma alors Ron, choqué. Le Maître des potions leva les yeux au ciel. Merlin, ce que les Weasley pouvaient être stupides.... Il avait l'intention de garder le silence, mais Harry racla sa gorge, le regard implorant.

 

"Bien sûr que non, même ma meilleure amie était rousse ! se justifia-t-il, agacé. A moi, cependant, ça ne me va pas. Je préfère être brun.

 

- Moi aussi." opina Harry.

 

Le sorcier à lunette tiqua soudainement. Sa meilleure amie ? Etait-ce d'elle dont le petit Sev' avait parlé ? Celle avec qui il jouait aux pirates ? Et qui n'était pas son genre ?

 

Le concerné lui lança un regard menaçant, le mettant au défi de poser la moindre question, et Harry garda le silence... se promettant de l'interroger le plus tôt possible. Sur elle, et sur Eileen.

 

"Bonjour Severus ! Ah, je vois que tu t'intègres bien !" le salua le Directeur lorsqu'il passait derrière le groupe.

 

Rogue se retourna vers lui, l'air presque coupable, comme s'il avait été surpris en train de faire une bêtise, avant de se renfrogner : que pouvait-il faire d'autre de toutes façons ?

 

"Oh non non, mais je trouve ça très bien, ne le prend pas comme ça, s'expliqua Albus. En réalité, je voulais te demander quelque chose. Ah, ne bouge pas, ce n'est pas du domaine privé... ajouta-t-il lorsqu'il vit Severus entreprendre un mouvement pour se lever.

 

- Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda-t-il d'un ton agacé.

 

Tout le groupe suivait l'échange, Ron plutôt amusé par les airs las du grand brun.

 

"Et bien, en Autriche, (Harry et Hermione échangèrent un regard complice) tu étais dans une maison qui correspond ici à Serpentard, mais pour respecter la tradition, tu devras tout de même passer sous le Choixpeau.

 

- ...Est-ce réellement nécessaire ? Serpentard me va très bien." souffla-t-il. Dumbledore hocha la tête.

 

"Passe me voir dans mon bureau dès que tu peux. Harry, vient aussi, je te prie." ajouta-t-il, le regard pétillant. Le Gryffondor opina, bouche pleine, et le Directeur s'en alla.

 

Ron éclata de rire. "Serpentard te convient ? Ah, ça se voit bien que t'es nouveau ici !

 

- Qu'est-ce que tu veux dire ?" demanda Severus, avant de le regretter.

 

Weasley était Gryffondor, les Gryffondor détestaient les Serpentard, alors il allait forcément cracher sur eux... et très franchement, même s'il était plutôt du genre à prendre de la distance par rapport à ce genre de propos, surtout lorsqu'ils sortent de la bouche d'un avorton comme lui, là, aussi tôt dans la journée, il se sentait pas de les supporter.

 

"Ce que je veux dire ? Les Serpentard ne forment qu'une belle brochette de racistes qui pensent qu'à leur gueule ! Egoïstes, égocentriques, plein de préjugés, ils cherchent pas à aller plus loin que ce que leur sales parents de sang-pur leur ont appris depuis leur plus tendre enfance de riches. Ils sont avides de pouvoir, de reconnaissance, de gloire et ne jurent que par le fric. Ces salauds de Mangemorts qui se frottent aux pieds de Tu-Sais-Qui ! 'Suffit de voir ce connard de Malefoy ou même leur Directeur de maison ! Je peux pas les blairer... et franchement, je vois pas ce que tu ferais chez eux."

 

Le sang d'Harry ne fit qu'un tour. Il aurait pu hurler contre Ron, ou prendre Prince dans ses bras pour le protéger -instinct de Gryffondor à la con- mais Severus fut plus rapide. Il se leva brutalement, une ombre voilant ses yeux, les mains serrées sur le rebord de la table. Le Gryffondor à lunettes s'attendait à ce qu'il s'époumone contre son ami, ou l'étrangle, mais il se tourna simplement vers lui.

 

"Et tu voulais l'intégrer à notre petit secret ?" lui rappela-t-il, la voix dangereusement basse.

 

Ron tiqua, et se tourna vers Harry, puis vers Hermione pour l'interroger du regard. Elle lui lança un coup d'oeil glacial, et détourna le regard, dégoutée par ses mots.

 

Severus passa par dessus le banc, et avant de s'en aller, posa sa main sur la tête d'Harry. "Il me semble qu'Albus veux te voir aussi."

 

Le Gryffondor concerné aquiesca et se leva, jetant un dernier regard troublé à Ron, puis sortit de la grande salle pour se diriger vers le bureau du Directeur.

 

"Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dis ?" demanda Ron, montant sur ses grand chevaux. "J'ai encore fait quelque chose de mal ? Y a quoi ? Vous avez une petit secret en plus de ça ? Vous faites des petites cachotteries parce que je suis rentré chez moi à Noël ?

 

- Ron !" s'insurgea Hermione en frappant la table violemment.

 

"La seule personne qui a été raciste et pleine de préjugés ici, c'est toi Ron ! Comment t'as pu lui dire ça ?!

 

- Mais il disait qu'être envoyé chez Serpentard lui allait bien ! Tu imagines ?! Moi je l'apprécie assez, Prince, alors j'ai pas envie qu'on me vois traîner avec un sale serpent!

 

- Et si le Choixpeau l'y place ? Tu vas faire quoi, hein ? Te mettre à le dénigrer du jour au lendemain ? Juste pour une question de maison ?! s'époumona Hermione.

 

- "Juste pour une question de maison" ?! répéta Ron, estomaqué par la remarque. Tu plaisantes 'Mione ! Arrête les faux-semblants un peu ! Tu vas voir, s'il est envoyé chez eux, une fois qu'il réalisera la porté de la rivalité entre nos maisons, il nous oubliera bien vite !

 

- C'est pas étonnant qu'il nous oublie, avec des raisonnements comme les tiens ! La rivalité entre nos maisons ne sort pas de nulle part Ron ! Elle est là parce que toi, et beaucoup d'autres, choisissez la voie de la facilité en détestant quelqu'un qui nous est différent plutôt qu'en essayant de le connaître un peu plus ! Essaie de dépasser tes préjugés, pour une fois ! On est en période de guerre, tu penses pas que les maisons devraient se rassembler pour une fois ?! Même le Choixpeau l'a chanté en début d'année !

 

- JE NE ME RALIERAIS PAS AVEC CES MANGEMORTS EN DEVENIR !

 

- PEUT-ÊTRE QU'IL NE SE TOURNERAIENT PAS VERS VOLDEMORT SI ON NE LEUR ASSIGNAIT PAS CETTE ÉTIQUETTE DÈS LEUR PREMIÈRE ANNÉE !

 

- ARRÊTE DE DIRE SON NOM !

 

- IL NE M'EFFRAIE PLUS !"

 

Hermione se leva, les yeux brillants et la mâchoire serrée, et passa sa main dans ses boucles, reprenant contenance. "Tu sais quoi ? Je vais voir où Prince va se faire repartir, et j'espère que ce sera chez Serpentard, si c'est là qu'il doit aller. Toi, va voir ta Lavande, elle a l'air de mourir d'envie de te réconforter et de te dire à quelle point je suis une idiote qui n'y comprend rien au monde des sorciers."

 

Elle fit quelques pas, et se retourna, assénant son coup final. "Et franchement, il avait raison. On a bien fait de rien te dire."

 

Hermione fit valser sa jupe alors qu'elle reprenait son chemin vers la sortie, faisant venir sa cape oubliée d'un accio, et s'engouffra dans les couloirs.

 

"Elle est malade... soupira Ron.

 

- Vous êtes durs l'un envers l'autre, dit Ginny.

 

- Non mais tu l'as entendue ?!

 

- Je pouvais pas ne pas l'entendre, et toi non plus." soupira-t-elle.

 

Et Neville n'avait rien loupé non plus, réfléchissant sérieusement à ce qu'Hermione avait dit, tout comme les quelques Gryffondors qui étaient encore attablés.

 


 

Lorsqu'elle entra dans le bureau, Severus était assis sur le tabouret mythique, Harry non loins de lui, attendant Albus qui était parti dans ses appartements privés.

 

Le cadet se retourna vers elle, et ne loupa ni ses joues rosies ni ses yeux irrités. "'Mione, ça va ?

 

- Mieux. Pardon, ça va mieux. Je me suis disputée avec Ron...Ce qu'il peut être buté, des fois..."

 

Harry et Severus froncèrent les yeux. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" demanda l'Elu.

 

Hermione se racla la gorge et déposa sa cape avec celle de son ami.

 

"...J'ai prit la défense du professeur Rogue."

 

Elle releva les yeux.

 

"Et j'ai fait un plaidoyer en faveur des Serpentard."

 

"Il n'a pas dû le prendre très bien, compatit le Directeur en les rejoignant, Choixpeau en main.

 

- C'est un euphémisme..." gloussa la sorcière.

 

Le Choixpeau grogna, dans ce qu'on entend le plus souvent le matin au réveil. Albus passa sa main sur lui, le dépoussiérant gentillement. "Bonjour, vieil ami." Il gémit à nouveau, la voix rauque,et Severus soupira.

 

"J'imagine que je n'aurais pas de chanson personnellement adressée, dit le Prince, ironique.

 

- Je ne pense pas, non, répondit Dumbledore, amusé, avant de se tourner vers l'accessoir enchanté. Eh bien mon cher, je suis désolé de te tirer de ton sommeil...

 

- Rien de grave...? demanda-t-il, endormi. La dernière fois que tu m'a réveillé en plein milieu d'une année scolaire, c'était pour me faire transporter par un moineau jusqu'à un serpent géant pendant que je me trimballait une épée dans le c-

 

- Non, rien de grave, je te rassure, le coupa précipitamment Albus. Je te présente notre nouvel élève, Severus Prince. Il a été transféré il y a peu de temps... tu veux bien le répartir s'il te plait ?"

 

Le Choixpeau n'avait pas d'yeux à proprement parler, mais on pouvait très clairement deviner son air blasé derrière le tissus décrépi. "Bon, d'accord." soupira-t-il. (c'était un fort long débat)

 

Severus se tendit légèrement sur le tabouret, revivant sa première année et l'angoisse qui l'accompagnait. Ce jour là, sa meilleure amie avait été envoyée à Gryffondor, et lui à Serpentard. Ce n'était que des maisons, et pourtant, avec la pression extérieure et l'influence des autres sur eux, il avait fini par s'éloigner de Lily.

 

Albus s'approcha, Choixpeau en main, sourire aux lèvres. "Je suis content. C'est toujours Minerva qui le fait, aujourd'hui c'est moi, je suis.... vraiment content."

 

Il amena lentement ses mains jusqu'à la tête du grand brun, et, doucement, déposa le couvre-chef sur ses cheveux.

 

"Bonjour, jeune-homme... Mh, je vois... Je vois très bien, marmonna le Choixpeau avant de... ...Oh. Hein ? Eh- Ah, ah.... AH. AH ! AH AH ! AH AH AHAHAHAHA ! AAAHAHAHAHAHAHAAHAHAH !!!!"... partir en fou-rire.

 

Severus releva la tête pour croiser le regard de quelqu'un, le couvre-chef étant vraiment très grand, et chercha des explications... Mais personne ne semblait comprendre l'hilarité du personnage.

 

"AHAHA !!! Oh Merlin, j'en peux plus... MAIS ROGUE, QU'EST CE QUE TU FOUS LA ?! J'étais pas prêt, sérieux ! Plus jamais ce genre de blagues hein ! Un 'nouvel élève'... vous m'avez bien eu heeein..."

 

Il s'esclaffa encore un temps, sous les regards choqués des deux Gryffondor et du Directeur, et reprit sa 'respiration'. "Pfiouuu... halala... Enorme, c'est la meilleure. Bon, Serpentard. J'aurais pu te mettre à Poufsouffle pour la déconne, mais je suis un Choixpeau, pas un salaud."

 

Severus se leva du tabouret et se défit de l'accessoire d'un geste las avant qu'Albus ne l'enlève lui-même, et se dirigea vers le bureau, s'asseyant face au siège du Directeur.

 

"C'est normal qu'il puisse voir qui je suis ?" demanda-t-il sans réellement s'attarder sur sa répartition. Il était envoyé chez Serpentard, était-ce réellement étonnant ?

 

"C'est la capacité du Choixpeau de voir ce que nous sommes au plus profond de nous... Mais à moins que Voldemort décide de se balader dans l'Angleterre entière avec une telle coiffe magique, tu n'as rien à craindre." répondit Albus. Il attrapa le couvre-chef et s'en alla dans ses appartements pour le ranger.

 

Hermione salua vaguement les deux garçons, et partit travailler. Harry s'approcha de Severus et s'assit à côté de lui.

 

"Félicitations." dit-il. Le grand brun se tourna vers lui, le regard interrogateur.

 

"Pour ta répartition, félicitations.

 

- Ce n'est pas une très grande surprise. Tu aurais espéré autre chose peut-être ? Je suis le Directeur des Serpentard, je te le rappelle."

 


 

Harry s'étouffa presque en repensant aux paroles du Choixpeau. "Le Directeur des Serpentard envoyé chez Poufsouffle... J'aurais beaucoup ri.

 

- Certainement pas moi. Mais Chourave en aurait vu des belles.

 

- Je ne sais pas comment Ron va réagir à ça... dit Harry, recentrant la discussion sur le sujet.

 

- Je n'en ai strictement rien à faire. C'est toi que ça met dans une situation embarrassante.... Et de toutes manières je n'en ai pas grand chose à faire non plus."

 

Le Gryffondor soupira. "Ouai... souffla-t-il en occultant la dernière partie de la précédente réplique. Je me doutais qu'il réagirait mal, mais pas... pas à ce point. Il a vraiment été trop loins, et je ne sais pas je... Je l'ai mal pris aussi. Pour toi."

 

Severus détourna le regard, allergique aux élans sentimentaux du plus jeune. Il voulait un câlin ou quoi ?

 

Harry releva les yeux et les plenta dans ceux de Prince, qui se recula soudainement, effrayé par ce qu'il y vit. "Harry tu penses trop fort pour un legilimens comme moi, je t'entends de là ! Je n'ai clairement pas besoin d'être réconforté ! Ferme ton esprit Merlin !

 

- Mais il a vraiment été dur !

 

- Mais c'est bon !"

 

Albus sortit quelques minutes plus tard de ses appartements, et reprit enfin sa place, surprenant au passage Severus armé de l'épée de gryffondor, tenant Harry à distance. "POURQUOI TU VEUX FAIRE CA, ARRETE !

 

- J'y pensais pas sérieusement à la base, mais plus tu me menaces, plus j'en ai envie !" s'écria Harry, hilare. Rogue était espion de Voldemort, bras droit de Dumbledore, Maître des potions renommé dans le monde entier... et il était actuellement en train d'utiliser une relique sacrée pour se défendre d'un câlin. Alors qu'il était même pas sérieux à la base !

 

Finalement, Harry se recula. "Bon, c'est bon, j'arrête. J'allais pas le faire, tu sais ? J'veux dire.... je ferais pas ça un professeur, surtout toi, je suis pas fou !

 

- Je me le demande.

 

- Ne me tente pas.

 

- Je ne le fait pas !"

 

Merlin ce qu'il l'agaçait à la fin, celui-là !!! Elu ou pas, il l'aurait bien embroché avec le truc de Godric là, et plutôt deux fois qu'une !

 

Dumbledore se racla la gorge, et après un temps, les deux sorciers vinrent s'asseoir face à lui. Sur le bureau, il y avait une sorte de lourde bassine en pierre que les deux plus jeunes reconnurent sans problème.

 

"Severus vient avec nous dans la pensine ?" demanda Harry.

 

Il ne s'était pas vraiment attendu à ce que Albus l'ai convoqué à son bureau pour un voyage dans un souvenir, et encore moin à ce que ça se déroule avec Rogue.

 

Le Directeur opina. "Oui, je pense que ce serait bien. A l'issu de cette séance Harry, tu auras une mission, toi aussi. Je veux que Severus t'aide, de la même façon que tu l'aideras dans sa mission concernant le jeune Malefoy.

 

- Je ne pense pas avoir besoin de compagnie, le stoppa Rogue. Je serais plus discret seul.

 

- J'ai pourtant ma cape d'invisibilité, et la carte des Maraudeurs. Je pense que ça nous serait plus qu'utile.

 

- Je n'ai aucune idée de ce qu'est la carte des Maraudeurs, mais avec un tel nom, ne m'en veut pas d'être méfiant.

 

- Tu m'as déjà surpris en sa possession, pourtant. Enfin tant mieux si tu as oublié. Elle t'a insulté."

 

Severus plissa les yeux, pas du tout emballé.

 

"Je suis navré, mais dans tous les cas, je ne vous demande pas vraiment votre avis. Vous allez travailler ensemble, voilà tout." (Albus Dumbledore, shipeur professionnel du Snarry depuis 1996 ) Il y avait des fois où vraiment, Albus faisait figure d'autorité.

 

"Harry, je t'en prie, rappelle nous ce que nous avions vu dans la pensine les fois dernières ?"

 

Le sorcier s'enfonça un peu dans son siège et réfléchit. "Eh ben, on a vu que Tom Jedusor avait tué son père moldu... la bague des Gaunt... Mh, il y avait aussi le meurtre de madame Smith. Il l'avait tué pour obtenir la coupe de Poufsouffle. Oh, on a aussi vu quand vous êtes allé le chercher à l'Orphelinat... un drôle de bonhomme déjà."

 

Rogue tiqua. "Le Seigneur des Ténèbres est... un sang-mêlé ? Alors que...

 

- Je pense que c'est en partie pour ça qu'il voue une haine sans pareil aux moldus, Severus. Son père l'a abandonné, lui et sa mère. C'est un sacré traumatisme."

 


 

Albus balaya ce sujet d'un geste de la main : il voulait en venir au fait. "Rien n'est certainement aussi important que ce que vous allez voir aujourd'hui. Il fera le lien avec tout ce que tu as pu voir, Harry, et sur tout ce que tu devras affronter. Ce souvenir.... Je l'ai récupéré depuis l'esprit d'un professeur que vous connaissez bien, tous les deux.

 

- Chourave ? demandèrent-ils en choeur.

 

- Qu- Non mais.. Mais non mais pourquoi Chourave ? Je vous parle du professeur Slughorn."

 

Harry plissa les yeux. "Mh mh. Avouez, c'est pour ça que vous l'avez fait revenir cette année.

 

- Peut-être bien. Mes garçons, portez attention à tous les évènements, le moindre détail est important."

 

Albus leur porta la pensine à meilleure proximité, et ils plongèrent.

 

Le sol s'était dérobé sous leur pieds, et rien ne leur semblait plus concret qu'une tempête de sable noir, jusqu'à ce qu'ils puissent enfin resituer la scène qui commençait. Le parquet des appartements du professeur de potion de cette époque se forma et ils prirent place au dessus, devinant une des fameuses soirées de Slug.

 

Les regards d'Harry et de Severus se portèrent sans détour sur le plus beau de tous les invités, Tom Jedusor. Celui-ci inclina son visage vers le professeur, sachant qu'il n'en fallait pas plus pour attirer son attention.

 

"Monsieur, commença-t-il, est-il vrai que le professeur Têtenjoy prend sa retraite ?"

 

La discussion se continua entre quelques rires abominablement faux, et des intérêt feints, avant d'être interrompue par un brouillard envahissant la pièce. Il était épais, blanc, et la seule chose qu'Harry pouvait voir à présent était Severus, non loin de lui, qui était tout aussi intrigué.

 

"Qu'est-ce que c'est ? demanda le Gryffondor.

 

- Tais-toi." répondit Rogue abruptement, visiblement attentif à quelque chose.

 

"Vous finirez mal, mon garçon, souvenez-vous de ce que je vous dis." retentit la voix de Slughorn depuis l'épaisseur de la brume.

 

Puis, elle s'évanouit, et la pièce reprit son aspect habituel. Réalisant l'heure tardive, Horace invita ses élèves à rentrer dans leur dortoirs, mais Tom s'attarda. Il attendit que lui et son professeur fussent seuls pour s'approcher. "Monsieur, je voulais vous demander quelque chose.

 

- Demandez, mon garçon, demandez...

 

- J'aurais aimé savoir ce que vous pouviez me dire des... des Horcruxes ?"

 

Harry tiqua. Enfin ! Rogue lui en avait parlé quand ils étaient dans le bureau de Dumbledore, et alors il comprit que ce qu'il avait mis de côté de cet entretien, pensant que ce n'était pas important, était certainement quelque chose de fondamental. Ils parlaient de chasse... Une chasse aux horcruxes ? Mais qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Il ne comprenait pas.

 

Soudainement, le brouillard réapparut, et le sorcier se tourna à nouveau vers son compagnon de voyage. Severus avait un léger sourire sur les lèvres, mauvais présage évident.

 

"Je ne sais rien des Horcruxes et si j'en savais quelque chose, je ne vous le dirais pas ! Maintenant , sortez immédiatement d'ici et que je ne vous reprenne plus à prononcer ce mot !"

 

Après le cri, s'ensuivit un lourd silence, et plus rien ne bougeait ou ne semblait s'activer. "Est-ce tout ? demanda Harry.

 

- Tu vois bien que oui."

 

A peine le grand brun avait-il répondu qu'il se sentirent soulevés à la surface, et alors le bureau du Directeur se reforma autour d'eux.

 

"Comme vous avez pu le remarquer, enchaîna Albus directement, ce souvenir a été-

 

- ... a été falisifié, compléta Rogue.

 

-  Falsifié ? C'est possible ça ? Mais pourquoi ?

 

- Très certainement parce qu'il a honte, exposa Severus. Je ne sais pas ce qu'est clairement un horcruxe, mais c'est de la magie très noire, à n'en pas douter, et Albus les recherche. Si Horace en a parlé au Seigneur des Ténèbres en devenir, alors il a toutes les raisons de s'en vouloir."

 

Albus aquiesça, satisfait. "Exactement, Severus. Mais j'ai besoin de savoir ce que dit Horace à Tom, car je pense avoir la clé de toute cette histoire avec ce souvenir. C'est d'ailleurs votre mission à tous les deux : récupérez ce souvenir auprès du professeur Slughorn."

 

Severus haussa un sourcil. "J'imagine que vous voulez faire appel aux dons de séduction de notre héros national car la légilimancie ou le veritaserum n'ont rien donné, n'est-ce pas ?

 

- C'est tout à fait exact.

 

- Mais, commença Harry, un peu paniqué. Mais.... je ne peux pas réussir là où vous avez échouez, monsieur !

 

- Je suis parfaitement d'accord, le soutint Severus.

 

- Détrompez-vous. Harry, avec ce que tu représentes pour la société sorcière, tu auras une très grande influence sur lui... et Severus, j'ai l'honneur de te rappeler que tes années d'espionnage auprès de Voldemort t'ont rendu extrêmement doué pour récupérer des informations confidentielles."

 

Le vieil homme sourit et s'enfonça dans son siège. "Vous formez un très beau duo."

 

Harry et Severus levèrent les yeux au ciel, synchrones, faisant pouffer Albus. "Vous pouvez disposer, mes enfants, je crois que quelqu'un souhaite me voir..." expliqua-t-il en indiquant une silhouette qui venait d'arriver du menton.

 

Les deux élèves se tournèrent vers l'arrière-salle, et aussi vivement que s'il avait vu Voldy en slip, Severus se plaqua au dossier de son siège, sa silhouette se confondant avec sa forme.

 

"Enfin je te trouve Severus. J'ai passé ma journée à te chercher ! Et toi Harry, pourquoi tu ne m'as pas prévenu que tu étais avec lui ? demanda Lupin, une mauvaise lueure dans les yeux.

 

- Je me demande sérieusement si je n'ai pas oublié le calmant dans la potion tue-loup... chuchota Severus sans aucune once d'humour.

 

- Remus, commença Harry en se levant, tu ne vas pas bien, la Lune te fait faire n'importe quoi... Tu devrais aller te coucher.

 

- Pourquoi cachais-tu Servilus ? demanda-t-il, le ton n'engageant pas à la fuite.

 

- Arrête d'appeler Sev' comme ça !"

 

Rogue, dont l'expression était incalculable derrière son masque froid, se tourna vers Lupin. Pitié, qu'il ne réagisse pas....

 

" 'Sev' ? Vraiment ? Je t'en prie Harry, arrête, on dirait ta mère ! Sev' par-ci, Sev' par là !

 

- LUPIN !" s'écria Severus, bien debout et face à lui cette fois-ci.

 

Harry s'était figé. "Co... comment ça, ma mère ?"

 

Le lycanthrope rit amèrement. "Quoi ? Il ne t'a pas dit ? Il ne t'a pas parlé du rejet de Lily Evans ?

 

- Quoi ? s'écrièrent Harry et Severus en choeur.

 

- Ils étaient meilleurs amis. James m'a raconté comment tu t'étais entiché d'elle, mais elle, elle ne voyait que le père d'Harry, alors tu lui a voué une haine av-

 

- Lupin, tu dis n'importe quoi !"

 

Rogue attrapa sèchement Harry par le bras, celui-ci étant réticent, pour le forcer à le suivre, et sortit du bureau du Directeur à toute hâte.

 

Mon Dieu mais non, non ! Ça ne pouvait pas se passer comme ça ! Pourquoi avait-il fallut que le sale loup raconte tout ça ! C'était pas nécessaire ! C'était vraiment... destructeur pour... leur... relation ? Prince secoua la tête pour se remettre les idées en ordre : peu importe, il ne voulait pas passer pour ce qu'il n'était pas, et allait raisonner Harry vite fait avant que les choses ne lui échappent.

 

Ils se dirigèrent vers ses appartements, et dans la même panique, Severus força le plus jeune à s'asseoir dans son canapé. Il se releva finalement, poings serrés. Est-ce qu'il avait envie de le frapper ? se demanda le Maître des Potions. Certainement, et c'était justifié.

 

"Ton amie rousse ! C'était elle ! Et vraiment tu... T'aurais pas pu m'en parler ?! J'étais con de penser qu'on s'entendait mieux ou est-ce que c'est une passion chez toi de cacher aux autres autant de choses ?! Et tu étais amoureux d'elle en plus !

 

- Non, mais alors, non, je ne l'étais pas, et celà ne te regarde pas !

 

- Mais t'es un dragueur compulsif ou quoi ? Maman, Eileen, y en a eu combien ?"

 

Severus plissa les yeux. Hein ? Kwé ? Keskiladi ?

 

"Merlin, mais tout ça ne te regarde pas !" s'écria-t-il, à moitié convaincant : il cherchait vraiment à comprendre ce qu'il venait de lui dire.

 

"Nan mais tu te fous de moi !

 

- Parlez-moi autrement Potter, je suis votre professeur ! s'exclama Severus, outré.

 

- C'est pas à mon prof que je parle là, c'est à toi ! Ca ne me regarde pas ? Non mais... Est-ce que tu réalises seulement ce que... Tout le monde ne parle que de mon père, toujours, non-stop "James était comme ceci, comme cela" ! Mais personne ne me parle jamais de ma mère ! J'en ai tellement besoin, est-ce que tu peux comprendre ?! J'ai ses yeux, c'est tout ce que je sais ! Et là, j'apprend quoi ? Que toi, tu étais amoureux d'elle ? Vous étiez meilleur amis ! Et tu peux ne pas m'expliquer si ça te chante, mais alors oublie pas que tu es censé être avec moi pendant un an, jusqu'à la fin du sortilège, et que je n'hésiterais pas à user chaque seconde en ta compagnie pour te harceler à ce sujet !"

 

Un silence suivit les cris, et après un très long moment où ils ne se lachèrent pas du regard, se jugeant, se cherchant, Severus claqua sa langue sur son palais. Il lui aurait bien mit une retenue à vie, là.

 

"Assied-toi, et tais-toi quand je parle. Autrement j'arrête."

 

Le Gryffondor ne cacha pas sa surprise, autant que le Serpentard ne cachait pas son amertume. Ils s'assirent l'un en face de l'autre.

 

"Lupin a menti. Je n'ai jamais été amoureux de ta mère, et je ne suis pas celui qui s'est fait rejeté.

 

- C'est mon père ?"

 

Severus lui rendit un regard noir. Pas d'interruption, bordel.

 

"Et tu crois que tu es né d'une amitié platonique peut-être ? Non, ce que je voulais dire c'est..." Il soupira longuement, et passa une main sur son visage. Il n'avait pas envie de raconter ça, et certainement pas au fils de Lily. "Ce que je voulais dire par "je ne suis pas celui qui s'est fait rejeté" c'est... Que c'est ta mère.

 

- Tu.... Tu as mis... Un râteau à ma mère ?"

 

Severus manqua de s'étrangler. Oui, c'était parfaitement ça, mais il espérait juste qu'il lui demanderait pas-

 

"Pourquoi ?"

 

...Il allait tuer ce gosse.

 

"Cela ne te regarde vraiment pas. Tu te vois sortir avec Granger ?"

 

Les yeux d'Harry s'élargirent.

 

"Quoi ? Mais non, je t'ai dis que c'était impossible, pour diverses raisons !

 

- Eh bien voilà.

 

- Ce sont certainement pas les même raisons, dit Harry, vague.

 

- Qu'est-ce que tu en sais ? répondit Severus d'un ton monocorde.

 

- Bein... tu n'es pas.... enfin... Attends, tu l'es ?

 

- De quoi ?

 

- ... De rien, oublies."

 

Harry avait manqué la crise de panique et lança un regard choqué à la table, comme si elle pouvait lui rendre l'attention. Il était fou ou quoi ? Il avait vraiment failli demander à Rogue son orientation sexuelle ! QUELLE PERSONNE SAINE D'ESPRIT FAIT CA ?!

 

Severus le regardait, yeux plissés.

 

"Est-ce que tu étais sur le point de me demander si-

 

- Et donc au final, pourquoi tu m'en as pas parlé ?"

 

Le serpentard soupira: Bon, d'accord, c'était un sujet gênant, alors s'ils pouvaient passer par dessus, ça lui allait parfaitement.

 

"Parce que ça s'est très mal fini. Lily est allée pleurer dans les bras de James, il en a un peu profité et elle est tombée amoureuse de lui, grand bien lui fasse, sauf que lui ne supportait pas l'idée que j'ai pu être un jour le numéro un. Du coup il a dû raconter à sa petite troupe de maraudeurs qu'elle m'avait rejeté.... Ce qui expliquerait pourquoi Lupin en était persuadé. Et ne te méprends pas, je ne t'en ai jamais parlé, et je n'ai jamais eu l'idée de le faire... sauf récemment.

 

- Donc, tu avais prévu de le faire ?

 

- C'est un peu stéréotypé comme réponse, alors crois-moi si tu veux, mais oui, j'avais en effet dessein de t'en parler."

 

Harry s'enfonça un peu dans son canapé. C'était déjà celui dans lequel il s'asseyait lorsqu'il était avec le petit Sev'.

 

"Est-ce que je peux te faire confiance ?" demanda le Gryffondor en plantant ses yeux dans ceux de Rogue. Il fit glisser distraitement ses doigts sur l'anneau tressé de son bracelet.

 

Vert.

 

Le Prince le regarda de la même façon, troublé par sa question et tout ce qu'elle semblait pouvoir susciter.

 

"Je ne vois pas vraiment l'intérêt que tu y trouverais...

 

- Je te crois, répondit Harry. Je te fais confiance. Je vous fais confiance, professeur."

 

Severus se figea.

 

Pourquoi les mots qu'il avait prononcé avaient-ils autant d'impact sur lui ? Qu'est-ce qu'il pouvait bien y faire qu'il ait confiance ou pas ? Il déglutit et opina lentement, certainement une façon de le remercier sans vraiment le faire. Il... considérait simplement les choses, mais ne les acceptaient pas. Bien que, au fond, il était plutôt... touché. Chamboulé. Qu'avait-il fait ?

 

"Je peux te poser une dernière question ?" osa Harry.

 

Prince se sortit de ses torpeurs, doucement. "Mh.

 

- Est-ce que tu as dis non à maman parce que tu étais amoureux de Eileen ?"

 

Ah, il n'avait pas halluciné, plus tôt, il avait bien parlé d'elle. Il n'avait pourtant prononcé son prénom qu'une fois ! Satané Albus.

 

Harry serrait sa robe entre ses doigts : c'était le moment de vérité. Il allait enfin savoir si Le Prince de Sang-Mêlé avait été une conquête de son Maître des Potions, si elle n'avait pas été son style non plus... Si elle était vivante, gentille...

 

"Je n'ai pas été amoureux d'elle, non. Pourquoi cette question ?"

 

Le Gryffondor fuyait le regard fureteur de Severus... Il n'allait certainement pas lui dire toute la vérité ! Alors ça, non.

 

Lui dire qu'elle était au centre de ses pensées depuis qu'il avait ouvert son livre de potions ? Certainement pas. Encore moins que c'est elle qui l'avait intéressé à cette matière. Ni même qu'il arrivait à deviner sa voix lorsqu'il lisait ses mots, l'entendant les chuchoter à son oreille, ou l'assister durant ses brassages en cours. Il n'avait besoin de personne lorsqu'elle était là.

 

Le Prince de Sang-Mêlé était une personne à part entière, et Harry avait besoin de savoir qu'elle était celle qu'il s'était imaginé. Homme ou femme, cela l'importait guère. Mais une personne investie pour le bien, n'ayant peur de rien, avec son humour bien à elle... Oui, c'était ce qu'il avait besoin d'entendre.

 

Mais tout ça, il allait certainement pas le dire à Rogue.

 

"A cause de ton nom de famille. Je comprends pas pourquoi tu as pris Prince.

 

- Merlin, mais c'est une vraie fixette ! Je l'ai pris parce que c'était logique, c'est tout.

 

- C'est ta femme ? Une femme ? Je veux dire... Si tu n'as pas été amoureux d'elle, alors c'est que Voldemort te l'a présentée pour que vous fassiez des bébés Mangemorts ?"

 

Rogue passa violemment sa main sur son front. Etait-ce possible d'être aussi chelou dans ses réflexions? Quelqu'un s'en était-il jamais inquiété ?

 

"Ecoute, c'est vraiment malsain ce que tu dis.

 

- Excuse-moi, je ne sais pas comment ça marche.

 

- Les bébés ?

 

- Le côté de Voldemort !"

 

Severus haussa les épaules. "Oui, il nous a présenté des femmes, mais...

 

- Elles étaient moches ?" demanda Harry.

 

Rogue se figea à nouveau. Pour la simple et bonne raison qu'il avait vraiment failli éclater de rire à cet instant.

 

"Non, elles n'étaient pas mon genre.

 

- Mais ton genre il est chelou ou bien ? Parce que à chaque fois c'est pas ton style... T'es sacrément difficile.

 

- Cela ne te regarde vraiment pas." répondit-il avec un regard glacial. Harry se renfrogna.

 

"Et, pour en revenir à Eileen... ? Elle était comment ?

 

- Tu l'as déjà vue. Arrête de me poser des questions sur elle."

 

Alors.

 

Si il y avait bien une chose qu'Harry savait, c'est qu'il ne l'avait jamais vue. Ah ça non, c'était pas possible.

 

Severus passa sa main dans ses cheveux, éreinté. Il en avait marre de cet interrogatoire. Il avait envie de lire, de se poser et dormir. Mais le Gryffondor ne partirait pas sans sa fichue réponse. Alors que vraiment, elle lui paraîtrait bien fade.

 

Il soupira longuement, et tourna ses yeux vers son laboratoire. Il se mordit la lèvre, geste qu'il n'avait commencé à faire que depuis quelques jours, et épousseta les extrémités de sa cape qui tombait sur ses genoux.

 

"Tu l'as déjà vue dans ma pensine. C'est ma mère."

 


 

A suivre...

End Notes:

Hanlala, révélation ! Enfin pour Harry hein, pas nous, lecteurs. (ceux qui n'ont vu que les films ne doivent pas le savoir en fait, maintenant que j'y pense xD )

Bon, bref, j'espère que ce chapitre vous a plu ! Aussi, j'y pense, Lupin passe vraiment pour un salaud, mais sachez que c'est un de mes personnages préférés, et qu'il n'est comme ça que temporairement, la Lune tout ça tout ça, et je l'ai utilisé pour mettre en evidence sa relation conflictuelle avec Severus, mais tout ca va se calmer plus tard. ( pas leur relation hein, mais Lupin et ses pulsions de meurtre xD )


A la prochaine, lâchez une p'tite review ^^ 

 

Chapitre 9 : Le parfum d'un vieux bouquin. by Yukiri
Author's Notes:

Holaaa ! Voilà le nouveau chapitr ! J'espère qu'il vous ira ! Bonne lecture à tous :D

 

 

   En pleine réflexion, Hermione passa ses doigts dans ses boucles. Un reflet grenat illuminait ses cheveux, en reste du feu de cheminée qui brûlait non loin. Elle reposa sa main sur le dossier du fauteuil dans lequel elle était installée, et pinça ses lèvres.

 

"Et donc la mère de Rogue serait le Prince de Sang-Mêlé ?"

 

Harry acquiesça vivement. "Il me l'a dit lui-même.

 

- Il t'a dit que sa mère était le-

 

- Non, il m'a dit que Eileen Prince était sa mère. C'est pareil !"

 

La sorcière secoua la tête lentement. Elle fronça les sourcils, faisant courir ses doigts sur l'accoudoir. "Je ne sais pas, Harry. Ce n'est pas logique.

 

- De quoi "ce n'est pas logique" ? Ce n'était pas toi qui me disait que le Prince pouvait-être un femme ? Tu semblais même plutôt enthousiaste au sujet de cette piste quand je t'ai parlé du nom de famille que Rogue avait choisi !

 

- Si, mais après réflexion, que ce soit sa mère... j'y avais pensé, mais je réalise que ce n'est pas très logique, maintenant. Je veux dire, quel serait l'intérêt pour elle de se revendiquer de sang-mêlé ? Il a toujours eu des tensions entre les sang-purs et les né-moldus, certes, mais ça n'a rien à voir avec les conflits qu'il y avait durant la monté en puissance de Voldemort. Alors si elle avait été à Poudlard pendant l'époque de Tom Jedusor, j'aurais compris l'utilisation de ce titre, ça aurait été un moyen de se protéger ou de s'affilier à lui, mais elle a vécu bien avant, ça n'a aucun sens !"

 

Harry retira ses lunettes et massa ses yeux. "Tu vas chercher trop loin, Mione. C'est clair que c'est elle.

 

- Je ne sais pas Harry, je ne sais pas."

 

Alors que la discussion se tassait, Hermione se saisit de son parchemin de Runes et relit sa dissertation. Mais rien n'y faisait : elle ne pouvait vraiment pas se concentrer sur autre chose que cette affaire. Quelque chose n'était pas logique. Elle n'arrivait pas se dire que la mère de Rogue pouvait-être le Prince de Sang-mêlé, parce que, une fois encore, il n'y avait rien de logique. La sorcière reposa le rouleau sur la table basse.

 

"Harry, tu ne penses pas qu'il serait temps de me laisser jeter un œil à ton livre de potions ?

 

- Mais tu es folle ! Pourquoi faire de toutes manières ?" paniqua Harry.

 

C'était son livre. Son jardin secret, son intimité avec le Prince. Si elle y touchait, que lui resterait-il ?

 

"Ne soit pas bête. Et si tu avais loupé quelque chose ? Laisse-moi au moins voir la première page."

 

Son ami à lunettes grogna quelque chose d'incompréhensible avant de tapoter le coussin qu'il avait sur les genoux.

 

"Juste la première page ?" demanda-t-il. Hermione opina, et alors, à reculon, il s'empara de son ouvrage pour le lui livrer.

 

Elle passa sa main sur la couverture toute balafrée et les coins dénudés de couverture par l'usure. "C'est clair qu'il a vécu.

 

- Bein oui : Tu vois bien qu'il est à Eileen !"

 

Hermione releva les yeux, pas convaincue. "Tu l'as trouvé dans la réserve de Slughorn, n'importe qui aurait pu le prendre et personne n'en a pris soin, ça ne veut rien dire."

 

Elle reporta son attention sur le livre, et, doucement, l'ouvrit à la première page. Une seconde fois, elle passa machinalement sa main dessus pour la balayer de sa poussière et finalement, lu. 

 

"Manuel avancé de préparation des potions.

 

Libatius Borage"

 

Elle parcourut rapidement la page des yeux, pour finalement tomber sur la première inscription du Prince... Et soudain, ce fut la révélation.

 

"Harry.

 

- Quoi ?

 

- T'es sérieux ?

 

- Mais quoi ?

 

- Mais t'es complètement aveugle, Merlin !"

 

Elle lui lança son livre, et le Gryffondor le rattrapa juste à temps pour la voir sortir de la Salle commune à toute allure.

 

Car Hermione avait tilté. Elle avait parfaitement reconnu l'écriture du Prince, et vraiment, qu'Harry ne l'ai pas vu lui aussi la sidérait.

 

Elle arriva devant une porte sombre, et toqua.

 

Une question. Une question et elle saurait. Oh, aller, deux questions, pour être sûre.

 

La porte s'ouvrit et laissa apparaître Severus. Il leva un sourcil.

 

"Je ne vous attendais pas de sitôt, Granger. Que me vaut l'honneur de votre venue ? siffla-t-il.

 

- Euh.. je... Je suis désolée de vous déranger mais je... J'ai une question à vous poser, et c'est vraiment important ! Est-ce que votre mère était une sang-mêlée ?" enchaîna-t-elle sans détours.

 

Rogue ferma les yeux lourdement et jeta sa tête en arrière. "Mais vous plaisantez ? Qu'est-ce que c'est que cette fixette sur elle ? Laissez-la tranquille !

 

- Professeur, s'il vous-plaît ! Je vous laisse seul, après."

 

Il soupira. Bon Dieu mais c'était quoi leur problème ?

 

"C'était une sang-pur. C'est bon ?

 

- Et vous non ?"

 

Le Serpentard claqua dangereusement sa langue sur son palais. "En quoi cela vous regarde-t-il ?

 

- Vous ne l'êtes pas, n'est-ce pas ? Vous êtes un sang-mêlé !

 

- Je pensais que vous seriez la dernière à vous intéresser à ce genre de choses Granger. Est-ce que cela change quelque chose ? Non, alors oust, déguerpissez."

 

Hermione se retrouva bien vite face à une porte fermée, mais n'y portait pas vraiment attention.

 

Parce qu'elle réalisait qu'Harry était obsédé par son professeur de Potions, et ne s'en doutait même pas.

 

Oh, s'ils savaient. Elle n'arrivait pas à se décider lequel des deux serait le plus choqué, mais aurait payé des centaines de Gallions pour voir ça.

 

De toutes manières, l'un ou l'autre ne tarderait pas à s'en rendre compte, n'est-ce pas ?

 


 

   Le lendemain, Severus ne quitta pas ses appartements avant midi, ce qui ne fut pas une mauvaise chose en soi, puisque les Gryffondors en profitèrent pour terminer certains de leur devoirs.

 

Finalement, ils se retrouvèrent dans la Grande Salle pour le déjeuner qu'ils prirent ensembles.

 

"Ça te convient si nous allons à Pré-au-Lard, cet après-midi ?" demanda soudainement Prince à Harry. Celui-ci releva la tête de son assiette. "Ah, oui, tu voulais qu'on voit pour le tome 2 de ton livre de potions. Pas de problèmes."

 

Hermione se tourna vers lui, et posa une main sur son bras. "Harry, je ne voudrais pas te décourager dans vos projets, mais Dumbledore t'avais dis que vous n'aviez pas le droit de sortir de l'enceinte du château maintenant que Prince est recherché par Voldemort."

 

Le Gryffondor plaqua sa main sur son visage. "Ce que je suis stupide parfois...

 

- Tu ne sais pas à quel point..." répondirent Hermione et Severus en chœur, avant que la demoiselle ne ricane. Rogue avait beau dire la même chose, il n'était pas beaucoup mieux placé qu'Harry dans cette affaire de Prince de Sang-mêlé.

 

Elle voyait la scène d'un œil complètement différent, maintenant qu'elle savait.

 

"Que faites-vous alors ? demanda-t-elle finalement.

 

- Si Albus s'y oppose, je n'insiste pas... marmonna Severus, aigre.

 

- Ou alors..." commença Harry, sourire en coin.

 

Le grand brun se tourna vers lui, sourcil levé. C'était quoi ce sourire Serpentard ?

 

"Ou alors quoi ?

 

- ...J'ai toujours ma cape d'invisibilité et ma carte des maraudeurs.'

 


 

   Et c'est comme cela qu'ils se retrouvèrent tous les deux dans le souterrain du passage secret reliant Poudlard à Honeyduckes.

 

"Oh, tu ne voudrais pas... arrêter de bouder ? Enfin, j'ai bien compris que tu avais reconnu la carte que tu avais essayé de me confisquer une fois... mais moi j'y peux rien, c'est pas moi qui ai mit un tel système d'insulte !

 

- Veux-tu bien te taire ?

 

- Et ça date de ma troisième année ! Moi je le pensais pas, c'est la carte.

 

- Lupin avait dit qu'elle venait de chez Zonko ! Il a menti pour que je ne te punisse pas ! exposa finalement Severus, sidéré.

 

- C'était surtout pour la garder saine et sauve. Qui sait ce que tu lui aurais fait, cette nuit là ! Et au passage, tu m'avais fait tellement peur à sortir de nul part comme ça, j'ai vraiment cru que j'allais mourir.

 

- Bien fait. Et je maintiens que nous ne devrions pas faire ça." ajouta-t-il en parlant de leur aventure hors du château.

 

Harry se rapprocha un peu de lui. "Tu le veux ton livre, non ? Alors... on désobéit juste un peu. Aller, c'est pas comme si on risquait quelque chose !"

 

Severus s'arrêta.

 

"Toi, tu ne risques rien, tu n'es pas l'adulte de l'histoire. Donc si on se fait avoir, je vais tout prendre !"

 

Harry éclata de rire. "Et moi qui pensait que tu t'inquiétais de croiser des Mangemorts ! Tu veux juste pas avoir de retenue hein ? En plus quelque chose me dit que si c'est Remus qui te la donne...

 

- Ne parle pas de malheur, soit gentil, merci."

 

Ils s'échappèrent finalement du passage secret, émergeant d'une trappe de chez Honeyduckes, et se revetirent en vitesse de la cape des Potter. Harry et Severus sortirent alors dans la neige , leurs pieds marquant le sol, mais invisibles de tous.

 

"Je ne me rappelle plus vraiment où est la boutique de Trémolin... murmura Harry.

 

- Suis-moi, je suis un habitué." dit Severus alors qu'il accélérait le pas.

 

Est-ce que Harry hallucinait, ou Rogue se montrait-il particulièrement excité soudainement ?

 


 

"EVIDEMMENT QU'IL SE MONTRE EXCITE CE SALAUD, IL EST SOUS MA CAPE ! MA CAPE ! s'époumona James de là-haut.

 

- ET NOTRE CARTE !!! gémit Sirius.

 

- Mpf... soupira Lily sans se soucier des cris de deux hommes. Franchement, Harry, ce n'est pas bien de désobéir comme cela... Sev' aurait quand même put le retenir plus longtemps. James, est-ce que tu crois qu'il va lui offrir son livre, ou est-ce qu'il va laisser Sev' l'acheter lui-même ?

 

- Je ne comprends déjà pas ce qu'il fait là, alors ne m'en demande pas trop." dit-il en faisant des gestes vagues. Vraiment, ce qu'il avait envie de tuer Servilus à cet instant !

 


 

"C'est ici." annonça Severus. Sans plus se poser de question, il entra, et Harry les débarrassa de sa cape pour le suivre.

 

Ils se perdirent presque dans les nombreuses allées de livres anciens, tous ne parlant pas de potions, certains traitant de magie blanche ou noire, de sortilèges ou de "trucs" en tout genre. Ils s'étaient séparés, le Gryffondor serpentant dans les rayons qu'il n'avait pas visité la dernière fois qu'il était venu, et Rogue sachant pertinemment où il allait.

 

Lorsque Harry émergea d'une étagère et vit Severus en face, il rit tendrement.

 

Car si lui n'avait pas de sourire courbant ses lèvres, une passion presque amoureuse brûlait dans ses yeux. Il passait sa main sur le dos des ouvrages, ses doigts dansant sur chacun d'eux comme des caresses, et Harry savait que si les livres avaient pu le sentir, alors ils auraient aimé.

 

Finalement, le Maître des Potions se saisit de l'un d'entre eux, se mordant la lèvre inférieure dans une sensualité que le Gryffondor n'arrivait pas à comprendre, mais parvenait parfaitement à ressentir. Son sourire s'effaça doucement de son visage, et il observa le Serpentard longuement.

 

Sentirait-il un jour des doigts aussi fins caresser son dos comme Severus caressait ces livres ? Quelqu'un ne le regarderait-il jamais avec autant d'envie dans le regard ? Soif de connaissance, soif de plaisir, quelle différence dans ces yeux ?

 

Il balaya les pages, comme s'il effleurait des cheveux qu'Harry imagina une seconde comme étant les siens, et s'approcha pour sentir le parfum du vieux papier, puis ferma les yeux pour savourer l'instant, quelques mèches brunes lui retombant sur visage.

 

Si le Gryffondor avait pu bougé, il serait allé vers lui pour les glisser doucement derrière son oreille. Il ne savait pas pourquoi, mais l'impulsion l'avait traversé, bien que le spectacle l'ait empêché de se mouvoir vers lui. Le seul mouvement qu'il fit, fut un simple frôlement envers son bracelet.

 

Rouge.

 

Les doigts fins du Maître des potions passaient sur chacune des pages sur lesquelles il s'attardait, comme s'il cherchait à remettre les lettres en ordre, formant de nouveaux mots.

 

Se savait-il observé ? Harry ne le pensait pas. Jamais il n'aurait laissé transparaître autant de sentiments en public. Mais le plus jeune ne voulait pas faire remarquer sa présence et briser la magie. 

 

La scène semblait intime, privée, et elle était magnifique. Les maigres rayons du soleil qui parvenaient jusque dans l'allée illuminait le Prince d'une aura dorée, un instant béni parmi les plus sombres.

 

Severus referma finalement le livre qui avait attiré son attention parmi les autres, et le reposa, satisfait. Il se tourna, désireux d'aller vers le propriétaire de la boutique, mais se stoppa lorsqu'il croisa le regard d'Harry posé sur lui.

 

Le Gryffondor relâcha soudainement la respiration qu'il retenait depuis un bon bout de temps, tandis que la sorte d'enceinte dans laquelle il s'était enfermée avec Severus disparut.

 

"Je... Severus tu... as trouvé ce que tu cherchais ?" balbutia-t-il à mi-voix, sans vraiment comprendre ce qu'il venait de se passer.

 

Le Maître des potions soupira. "Non. Je vais demander des renseignements au propriétaire."

 

Ils se dirigèrent vers la caisse, ou un vieil homme à lunettes nourrissait ses quelques poissons tournant en rond dans un aquarium.

 

"Monsieur Trémolin ?" l'apostropha Severus. Jacques se tourna vers lui.

 

"Jeune homme. Je peux vous aider ?

 

- Oui, dit-il en sortant le premier tome du livre qui l'intéressait de son sac. Je recherche le deuxième tome. Est-ce que vous l'avez ?"

 

Le propriétaire s'excusa et disparut dans la réserve. Il revint un instant plus tard, bredouille. "Il faut croire que je ne l'ai plus.

 

- Est-ce qu'il y a moyen de le commander ? demanda Harry.

 

- Oh, ceci est réservé aux clients privilégiés !" répondit Trémolin d'un air haut perché.

 

Severus sourit alors fièrement, et se tourna vers le Gryffondor. "Commandez-le au nom de Severus Rogue dans ce cas."

 

Alors qu'il regardait Harry d'un air presque crâneur, le propriétaire ferma violemment son registre. "Non mais vous vous fichez de moi ? Severus Rogue, un gamin comme vous ? Allez voir ailleurs !"

 

Le Gryffondor s'étrangla à la vue de l'air scandalisé de Prince, et s'avança vers Jacques. Il se tourna à son tour vers le Serpentard, le même sourire arrogant ornementant ses lèvres. "Alors au nom de Harry Potter."

 

Un éclat satisfait illuminait ses yeux, interrompu par le bruit sourd de Trémolin frappant son bureau. "Oui, bien sûr oui ! L'Elu dans mon magasin ! Je suis vieux, mais pas sénile, alors maintenant, dégagez de ma boutique bande de crapules !"

 

Et en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire Je suis passé chez Sosh, ils se retrouvèrent affalés dans la neige, la porte claquant derrière eux.

 

"Bon sang, mais je rêve !" jura Severus.

 

Harry nettoya ses lunettes tombées dans la poudreuse. "Aberrant. Un duo comme le nôtre, recalé." Rogue appuya sa plainte en opinant.

 

"Dès que je retrouve mon corps d'adulte, j'y vais, et je lui ferais comprendre la grave erreur qu'il a faite ! Non mais vraiment..."

 

Il soupira et se reprit. "Je ne comprends pas, il n'est pas du genre à être pointilleux, ni même à être sélectif dans ses clients...

 

- Oui, la première fois que je suis venu, je n'ai pas eu de problèmes... Il était plutôt sympa et m'avait même aidé à trouver le tome 1. D'ailleurs, il aurait du me reconnaître, non ? Bah ! Tant pis. Peut-être pouvons-nous le trouver ailleurs ?"

 

Severus acquiesça, et ils s'engagèrent dans la rue principale de Pré-au-Lard.

 

"Lucius !" s'exclama-t-il à demi-voix. Il attrapa brusquement Harry en glissant son bras autour de lui, se saisit de la cape que le Gryffondor avait glissé dans sa poche, et les recouvra. Il se plaqua contre le mur et glissa au sol, maintenant le plus jeune assis lui aussi.

 

"Qu'est-ce qu'ils se passe ? demanda-t-il, effrayé.

 

- Chut ! Parle moins fort ! Lucius !

 

- Il ne peux pas te reconnaître, Sev' !

 

- Mais il peut te reconnaître toi ! Ne bouge pas, reste là !" dit-il en resserrant son emprise sur lui.

 

Le dos de Harry était collé à son torse, et il sentit sans problème la panique de son aîné. Sa respiration était vraiment rapide, presque saccadée par l'angoisse, et il manqua de se lever lorsqu'il reconnu Lucius à son tour. 

 

Malfoy Senior n'était pas seul, et certainement pas là pour une visite de courtoisie au vu de son uniforme sombre. Il se plaça au milieu de la grande place avec les Mangemorts qui l'accompagnaient, et dissimula son visage par un masque d'argent. Il pointa sa baguette sur sa gorge, Harry devinant qu'il lançait un sonorus, et éleva la voix.

 

"Saint Potter... Nous savons que tu es ici. Alors si tu ne veux pas assister à un massacre, tu ferais mieux de te montrer."

 

La respiration d'Harry s'accellera à son tour, et il attrapa la main de Rogue qui le maintenait en place.

 

"Comment il sait ? Qu'est-ce qu'il va faire ?

 

- C'est un raid." murmura Severus.

 

Le Gryffondor s'activa, et tenta de se défaire de l'étreinte de son professeur. "J-Je dois y aller alors ! Ils vont les tu-

 

- Tu. Ne. Bouge. Pas." ordonna le Maître des potions à son oreille en serrant Harry plus fort contre lui.

 

Ils paniquèrent un peu plus lorsqu'ils virent les Mangemorts passer devant eux et se diriger vers la boutique de Jacques Trémolin. La porte s'envola sur leur passage, et quelques éclairs de lumière fusèrent, suivis de cris.

 

"Il vont le tuer !!!

 

- C'est lui qui les a prévenus Harry, ils ne vont pas le faire ! Pas maintenant.

 

- Mais non ! Il n'aurait pas fait une telle chose !"

 

Une nouvelle explosion retentit, et après qu'un lourd nuage de fumée fut expulsé de la boutique, la voix de Lucius porta jusqu'à eux. "Tu as dis que Potter était là ! Où est-il passé ?

 

- Il est parti avec un camarade et une cape d'invisibilité. Il est arrivé avec.

 

- Tu aurais dû le retenir bon sang ! Endoloris."

 

Harry se tendit dans les bras de Severus lorsqu'il entendit les hurlements du vieil homme, et alors le Maître des Potions expliqua sans ciller. "Il était soumis au sortilège de l'Imperium. On part, maintenant."

 

Il se releva, prenant garde à ne pas sortir de la cape, et emmena le Gryffondor avec lui, bien que ce dernier n'arrivait pas du tout à se relever.

 

"Mais on ne peut pas le laisser... Ils vont vraiment le tuer...

 

- Bon sang Harry, tu as vu leur nombre ! On ne peut rien faire ! Tout ce qu'on peut espérer c'est qu'il transplane lorsqu'ils relâcheront l'endoloris ! Et encore, si l'Imperium ne fait plus effet ! Alors, on y va !"

 

Harry se redressa alors, encore sous le choc, et Severus le prit contre lui pour transplaner au plus près des barrières de protection de Poudlard. Les hurlements s'étouffèrent alors pour laisser place au silence.

 

"Passons par le parc, personne ne nous y verra par ce temps.

 

- Le Candide..." murmura Harry en rattrapant le bras de Severus.

 

"Pardon ?

 

- Ne pouvons-nous pas passer par Le Candide ? S'il te plait. Je ne veux pas rentrer maintenant..."

 

Severus soupira, plus par embarras que par ennui. "Ecoute, si tu veux que j'aille chercher Granger ou Weasley je peux...

 

- C'est bon. Je préfère que ce soit toi. T'y étais, et j'ai pas envie de devoir tout raconter."

 

Le Serpentard se racla la gorge et se défit de la prise du plus jeune, ne sachant pas trop quoi penser du rôle qu'il était en train de jouer à cet instant. Il opina finalement, et suivit son cadet vers le navire ancré dans le lac gelé.

 

Ils s'installèrent sur le pont en bois, toujours chauffé par un sortilège, l'un en face de l'autre en silence. Severus ne savait pas si Harry retenait ses larmes ou si elles refusaient elles-même de tomber.

 

"Est-ce que tu l'as déjà fait ?" demanda-t-il soudainement, brisant le silence qui s'était installé depuis un bon moment.

 

" Pardon ?

 

- Des 'raids'. Tu en as déjà fais, des comme ça ?"

 

Rogue écarta un flocon qui avait survécu au sort de chauffage. "Non." répondit-il. Harry se détendit.

 

L'ancien Mangemort passa lourdement sa main sur son visage, les yeux fermés. Il ne savait pas pourquoi il venait de mentir.

 

"...Si."

 

Le plus jeune tréssailllit, déglutit, et encaissa l'aveux en hochant lentement la tête, le regard vague.

 

"Tu n'avais pas le choix, n'est-ce pas ?

 

- Récemment non. Mais il y a longtemps... Je le faisais comme tous les Mangemorts. Pieusement.

 

- Mais... Aujourd'hui... Enfin...  C'est parce que tu ne voulais plus faire de mal à personne que tu n'étais pas avec les Mangemorts à la bataille du Ministère de la Magie, n'est-ce pas ?" demanda-t-il, ayant besoin d'être rassuré. Mais Severus n'était pas de ce genre.

 

"Non. C'est parce que le Seigneur des Ténèbres ne m'avait pas appelé."

 

Le Gryffondor baissa la tête, secoué par un sanglot silencieux.

 

"Je te l'avais dis. Je n'ai plus ma marque, mais ça n'efface pas les vingt dernières années de ma vie, ni les atrocités que j'ai pu commettre."

 

Harry ne répondit pas, tentant de sécher ses larmes avant qu'elles ne soient recouvertes par d'autres. Il enleva ses lunettes et les jeta presque sur le pont, complètement bouleversé.

 

"Mais tu le regrettes, non ? demanda-t-il d'un voix faible qui trahissait son état. Je t'en prie, dis-moi que tu le regrettes..."

 

Severus le regarda. Il semblait tellement désespéré et n'arrivait pas à comprendre pourquoi il se rattachait tant à sa réponse. Il fuyait vraiment son regard, comme s'il avait peur de lui, et Rogue n'arrivait pas à saisir la raison pour laquelle il n'aimait pas cela.

 

"Evidemment. Je n'ai pas passé les six dernières années de ma vie à la risquer pour sauver la tienne par simple passion. Mais ne te méprends pas : cela ne fait pas de moi quelqu'un de bien. En aucun cas."

 

Harry, toujours affligé, secoua la tête mais ne dit rien. Il n'était pas d'accord.

 

"Tellement Gryffondor..." murmura Severus.

 

Le plus jeune garda le silence, reniflant encore dans son coin. Bon sang, mais que devait-il faire ? Granger l'aurait pris dans ses bras, Weasley l'aurait frappé à l'épaule... Severus se contenta de s'adosser un peu plus à la façade du Candide contre laquelle il était déjà appuyé.

 

Les lunettes du plus jeune avaient glissées jusqu'à lui lorsqu'il s'en était débarrassé.

 

"...Tu as vraiment une très mauvaise vue, Harry."

 

Ce dernier releva enfin la tête, étonné par le subit changement de sujet, et manqua de s'étouffer avec ses larmes lorsqu'il vit Severus avec ses lunettes sur le nez.

 

"J'ai une mauvaise vue, mais je peux voir ça quand même !"

 

Rogue haussa les épaules et regarda autour de lui.

 

"Tu sais que tu as perdu toute crédibilité à vie, là ?

 

- Je pensais que c'était déjà le cas quand je t'ai demandé en mariage."

 

Et Harry s'étouffa vraiment cette fois-ci. "Dis pas ça comme ça, tu veux ma mort ou quoi ?!" Severus le regarda d'un air qui sous-entendait très clairement que l'idée n'était pas déplaisante, et ôta finalement les lunettes pour les rendre au plus jeune.

 

"Merci." murmura Harry. Le Maître des Potions savait très bien qu'il ne le remerciait pas parce qu'il lui rendait son accessoire, et préféra se lever simplement sans répondre.

 

"Je suis désolé... J'avais oublié.

 

- Oublié ?

 

- Mh." acquiesça Harry. "J'avais occulté tout ça. Je me suis un peu enfermé dans une bulle imperméable aux forces du mal depuis l'arrivée du petit Prince, et... je n'ai pas vraiment eu envie d'en ressortir depuis. Sauf que le retour à la réalité a été assez violent. Je suis désolé.

 

- C'est bon.

 

- Mais j'en peux plus. J'en peux plus de tout ça ! La prophétie, Voldemort, ma cicatrice... je n'en peux plus."

 

"Moi je rêverais que demain on me dise "Harry, tu n'es plus l'Elu. Tu n'es plus obligé de t'impliquer dans la guerre." !" s'était exclamé Harry dans le bureau de Dumbledore quelques jours plus tôt. Et lui qui lui avait répondu qu'il ne comprenait rien... quel imbécile il était, parfois.

 

Severus baissa les yeux. "Nous devrions nous dépêcher de récupérer le souvenir d'Horace, si tu veux qu'on en finisse vite, alors."

 

Harry acquiesça dans un demi-sourire, et renifla.

 

"On peut rentrer maintenant ? Je pense que nous allons nous faire agresser par Albus, et le plus tôt sera le mieux."

 

Le Gryffondor opina à nouveau, se leva à son tour, et ils descendirent du navire.

 

"On va vraiment se faire défoncer en fait." réalisa Harry. Severus soupira en réponse. Franchement, s'ils s'étaient faits attrapés par lui, ils les auraient fait renvoyés. 

 

Oh Merlin, ils allaient vraiment se faire "défoncer" comme il disait.

 

Ils arrivèrent devant la Grande Porte du château, et s'y arrêtèrent. Autant se retrouver face à Lucius pouvait aller, autant face à Minerva... C'était une autre histoire.

 

"Prêt, Capitaine ?" articula Harry. Severus se tourna vers lui, au plus mal.

 

"Prêt, matelot."

 

"VOUS VOILÀ ENFIN, BANDE D'INCONSCIENTS !!!" s'époumona McGonagall. Elle les attrapa par le bras et les emmena sans plus de discussions dans le bureau du Directeur.

 

"Albus ! Ils sont là !"

 

Le Directeur se leva précipitamment. "Par Merlin, vous allez bien ?!

 

- Comme vous pouvez le voir... marmonna Severus.

 

- Monsieur, je suis désolé, c'est entièrement ma faute !!! s'exclama Harry.

 

- Oui, entièrement ! confirma Severus, arrachant au passage une exclamation outrée au Gryffondor.

 

- Je me fiche de savoir qui est responsable de tout cela ! s'exclama Minerva, sidérée. Vous rendez-vous compte de ce que vous avez provoqué ? Trois boutiques ont été détruites par les Mangemorts ! Que ce serait-il passé si les Aurors n'étaient pas arrivés à temps ?!"

 

Harry baissa la tête et Severus détourna le regard. "Et Jacques Trémolin ? demanda le plus jeune à voix basse.

 

- Il a été emmené au ministère, répondit Minerva d'un ton sec. Il est sous l'effet de l'Imperium. (Le Gryffondor se relâcha considérablement.)

 

- C'est bien ce que je pensais... dit Rogue.

 

- Vous ne pensiez à rien du tout Severus !!! Et vous Potter, par Merlin !! Vous laisser entraîner ainsi !

 

- Mais il ne s'est pas laissé entraîné du tout.... marmonna Rogue.

 

- Minerva, ils ne pouvaient pas savoir que ça irait aussi loin." fit remarquer Albus.

 

McGonagall les dévisagea. "Je le sais très bien. Mais cela ne change rien au fait qu'ils aient désobéi." Albus appuya son jugement d'un hochement de tête.

 

"Un mois de retenue. Tous les soirs.

 

- Madame ! s'écria Harry, paniqué. Et... Et les entraînements de Quidditch ?

 

- Vous les ferez le week-end, je vous dispense des retenues le samedi et le dimanche. Vous avez des examens à préparer."

 

Prince déglutit. "Attendez Minerva... Les retenues, je...

 

- Vous êtes aussi concerné Severus.

 

- Oh, pitié, vous plaisantez ? J'ai 37 ans !

 

- Et vous venez de faire une bêtise. Donc vous êtes puni."

 

Il se plaqua violemment la main contre son front, et grogna. Il ne manquerait plus que...

 

"Je retire 100 points à Serpentard et Gryffondor.

 

- QUOI ?!" s'égosillèrent les deux élèves. Severus se tourna vers Harry et lui lança un regard noir.

 

Bon Dieu, mais s'il ne l'avait pas embarqué là dedans lui ! Il allait vraiment l'égorger. De toutes manières s'il ne le faisait pas, Granger le ferait. Il ne pouvait pas la laisser se salir les mains, si ?

 

"Bon, maintenant, expliquez-moi ce que vous faisiez à Pré-au-Lard." demanda Albus, calmement.

 

Severus et Harry échangèrent un regard, et le courage du Gryffondor prit le dessus. "Y a quelque temps, j'ai offert au petit Prince un livre de Potion, pour Noël. Sev' l'a bien aimé, alors on avait parlé d'aller chercher le tome 2 prochainement. 'Mione nous a rappelé qu'on avait pas le droit de sortir parce que Sev' était recherché par Voldemort... Mais j'ai insisté. On est allé à la Boutique de Trémolin, et en ressortant on est tombé sur Lucius, mais on était sous ma cape, alors on pensait que y avait aucun danger ! Sauf que Trémolin nous a balancé..."

 

Albus soupira. "...Vous l'avez, au moins ?

 

- La cape ?

 

- Le livre.

 

- Ah, euh, non."

 

Dumbledore croisa ses bras sur sa poitrine. "Tout ça pour rien."

 


 

   Après avoir été congédiés, Severus et Harry sortirent du bureau du Directeur. Ils restèrent un instant immobiles, dos aux gargouilles dans le couloir. Finalement le Gryffondor éclata de rire.

 

"UN MOIS DE RETENUE !!! Pour le Directeur de maison des Serpentard ! Le Monstre des cachots ! Oh mon Dieu, je meurs... Tu t'es même fait retirer des points !

 

- Tais-toi !" s'exclama-t-il en le frappant à la tête avec son premier tome. Harry tenta de lui rendre l'attention mais le Maître des potions le bloqua en chemin, et ils continuèrent à se chamailler ainsi jusqu'à la salle commune des rouge et or.

 


 

   De l'autre côté du mur, Minerva s'assit face à Albus.

 

""Sev'" ?" nota-t-elle. Dumbledore acquiesça lentement, sourire aux lèvres, les yeux pétillants.

 


 

   "ENFIN VOUS VOILA ! Harry espèce d'imbécile !! Tu vas me rendre folle !!!" cria Hermione dont la voix resonna dans la Salle commune des Gryffondor, ce qui fit se retourner tous les élèves présents. Severus entama un demi-tour furtif, mais Harry le rattrapa en le saisissant par le bras pour le ramener à ses côtés. "Ensemble."

 

Hermione le frappa à l'épaule avec toute sa colère. "Argh !

 

- HARRY JAMES POTTER ! Tu es vraiment... Je t'avais dis que c'était une mauvaise idée ! Et je te l'avais dis à toi aussi ! ajouta-t-elle en pointant Severus du doigt.

 

- Granger... gronda-t-il.

 

- Y a pas de "Granger" qui tienne ! lui répondit-elle sèchement. (Severus recula brusquement, presque effrayé par cette mini-Minerva) Vous vous êtes mis en danger, tous les deux ! Est-ce que vous savez à quel point j'ai eu peur ! J'attend des excuses !"

 

Le Gryffondor baissa la tête. "On est désolé, 'Mione..." Hermione acquiesça, acceptant ses remords, et se tourna vers Rogue.

 

"Tu plaisantes, Granger ?

 

- J'ai l'air de plaisanter Prince ? Excuse-toi tout de suite."

 

Severus se tourna vers Harry, sidéré. Hermione Granger était vraiment en train de lui donner un ordre. En connaissance de cause. Le sorcier à lunette déglutit, et lui fit signe de répondre. Alors le Serpentard se tourna vers la demoiselle.

 

"...Je suis désolé...

 

- Excuses acceptées. Mais vous ne recommencez pas !

 

- Non non..." marmonnèrent-ils.

 

Ils allèrent s'asseoir dans un sofa libre, le pas lent.

 

"Tu vas t'en remettre ? demanda Harry.

 

- Jamais.

 

- Moi non plus. Elle est complètement folle."

 

Severus acquiesça lentement.

 

Peu de gens avaient jamais osé lui tenir tête, et encore moins lui donner des ordres. Elle était complètement folle.

 

Ils se remirent de leurs émotions en silence, fixant le feu de cheminé qui brûlait devant eux, et tous les Gryffondors retournèrent à leur occupations.

 

"Harry !!!" s'écria une voix paniquée. Ginny se jeta dans ses bras. "Oh, bon sang, ce que j'ai eu peur ! Tu vas bien ?

 

- Comme tu peux le voir..." tenta-t-il d'articuler, étranglé par la rousse.

 

"Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?!"

 

Severus se décala vers son accoudoir, tentant une nouvelle fois de fuir, avant que de nouveau, il ne fusse stoppé par Harry qui l'attrapa par la main.

 

"Ensemble, j'ai dit."

 

A suivre...

 

 

End Notes:

Bon, on termine pas sur une note de suspense, c'est sûr. Pour le prochain chapitre, on assistera à la reprise des cours !

A la prochaine :) ♥

KIRI~


Chapitre 10 : Bultaoreune. by Yukiri
Author's Notes:

Hey tout le monde ! Me revoilà avec un nouveau chapitre !

Bonne rentrée à tout ceux qui ont reprit récemment, et bonne préparation aux concours/bac blanc/brevets blancs, tout ça tout ça !

(Au passage, "Bultaoreune", c'est du coréen, et en gros ça veut dire "on va foutre le feu à tout ça"  ou "tout va cramer" enfin BREF CA A UN RAPPORT AVEC LE FEU. (Fiirreee !) Et le seul rapport que ça a avec le chapitre c'est le fait que ce soit coréen xD)

Bonne lecture !

 

Chapitre 10 : Bultaoreune.

"Chapitre 10 ? s'étonna Lily. Ah mais oui, en effet. Bon, on est chaud pour un résumé, comme le veut la tradition...

- Un résumé ? ricana James. Sans problèmes, je m'y colle. On va faire ça vite, et bien."

La jeune femme lui jeta un regard dubitatif, et alors le brun à lunettes se lança.

"Notre fils chéri, par un hasard de circonstances et une erreure de type capillaire, s'est retrouvé dans le corps d'Albus Dumbledore. Tout se passait bien, enfin... tout se passait pas trop mal, jusqu'à ce que CET ENFOIRÉ DE SERVILUS SE RAMÈNE DANS LE BUREAU DU DIRECTEUR ET LA TOUT S'EST BARRÉ EN LIVE. Harry a maintenant confiance en Servilus, du coup le bâtard graisseux est en danger, et pour le protéger, ils ont décidé de le séparer de sa marque des Ténèbres en lui rendant l'apparence qu'il avait à 16 ans.

- Ça me rappelle plein de bonnes choses.... soupira Lily, sourire aux lèvres.

- ....Ils ont donc utilisé le sortilège de Peter Pan.

- Neverland.

- Saint-Exupéry, et après avoir passé deux jours dans le corps d'un gosse de 7 ans, et bein voilà qu'il traîne non-stop avec mon fils ! Ils ont deux missions : Découvrir comment Malefoy va accomplir la sienne -qui est de tuer Dumbledore, mais Harry ne le sait pas, je le rappelle- et récupérer le souvenir de Slughorn. Voilà.

- En ce qui concerne leur relation... commença Lily.

-IL N'Y EN A PAS !

- En ce qui concerne leur relation, elle évolue... dans le bon sens.

- Un relation avec Servilus n'évolue jamais dans le bon sens, exposa James.."

La rouquine leva les yeux aux ciels, amusée, et alors elle se rapprocha de son conjoint. "Bon James, il est l'heure d'aller promener Sirius non ?"

---

"Nous avons exactement le même emploi du temps, remarqua Harry entre deux bouchées.

- Ce n'est pas très étonnant... répondit Severus. Je ne suis pas en train de repasser ma sixième année, Albus m'a demandé de rester avec toi, alors il a organisé mon planning pour qu'il corresponde au tien."

Le Gryffondor inclina légèrement la tête dans un geste qui sous-entendait que c'était logique, et se décala lorsqu'il vit Hermione arriver à l'autre bout de la grande salle. Elle s'installa à ses côtés.

"Bon, Ron ne va pas tarder... Tu lui a parlé depuis... son coup de colère ?" demanda la brune.

Harry secoua la tête. "Non. On ne s'est pas vus hier, il a passé la journée avec Ginny apparemment. Si tu ne lui as pas dit que Sev'-ERUS (ajouta-t-il en criant lorsqu'il sentit un pied s'abattre violemment sur le sien) est bien chez Serpentard... Alors il n'est pas au courant.

- Je sens qu'il va bien aimer de le voir à notre table.

- Tant qu'il ne lui saute pas à la gorge.

- Au cas où ça vous aurait échappé, commença Severus, je me contre-fiche royalement de ce que Weasley peut penser. Je suis serpentard, point final.

- A ce sujet, tu n'as pas ta robe ? On commence les cours dans moins d'une heure, tu devrais te changer." lui rappela Harry soudainement.

Le grand brun leva les yeux au ciel, et comme un automatisme, ses vêtements se changèrent en une robe écolière noire, à la doublure vert-émeraude. L'élève détonnait franchement avec tous les rouge et or de la table.

"On va en entendre parler." soupira Hermione.

Quelques instants plus tard, Neville et Ron arrivèrent, accompagnés de Seamus et Dean. Londubat s'installa sans hésiter à côté de Severus, posa son regard un instant sur sa capuche verte et sa cravate assortie, et finalement, lui sourit. Le sourire n'était pas vraiment assuré, mais l'intention y était et l'observation n'échappa pas au regard d'Hermione, qui, fière du comportement de leur ami à l'origine craintif, aquiesca d'un air approbateur.

La tenue de Severus n'échappa pas non plus au regard de Ron, qui ne réagit pas plus, et s'assit à la gauche d'Harry, marmonnant quelque chose à propos du fait que c'était "la table des Gryffondor gnagnagnignagna pas de verts et argents...."

Après la petite vague de froid qui avait provoqué un court silence au sein du groupe, les discussions reprirent et Severus fut présenté aux autres Gryffondor proches de l'élu.

"Au fait Prince, tu as un animal ? demanda Neville, se forçant un peu à mettre de côté sa timidité. Moi j'ai un crapaud, il s'appelle Trevor." (Franchement, best sujet de discussion ever. Peut-être qu'il va aussi lui demander quel est son chiffre préféré.)

Severus reposa son verre, pensif, un trop plein d'émotions dans les yeux. "J'avais un pingouin...

- Ah oui c'est vrai ! s'exclama Neville, avant de réaliser qu'il était soi-disant mort. D-désolé...

- Mais ici j'ai un bon toutou."

Harry et Hermione relevèrent la tête de leur bol, désabusés. Et c'était reparti.

"Un chien ? s'étonna Londubat. Je savais pas que les chiens étaient autorisés. Il s'appelle comment ?

- Il s'appelle Harry."

Le sorcier à lunettes s'étouffa avec sa bouchée de céréales, et les Gryffondor éclatèrent de rire. "Oh, j'adore ce type !" s'exclama Seamus, hilare, en frappant le dos de l'Elu.

"Sale serpent..." marmonna Harry, et Severus lui sourit dangereusement. Le Gryffondor buga un instant, et reporta finalement son attention sur le pot de confiture en face de lui, massant négligemment son poignet ornementé.

Rouge.

Tous les élèves étant à présent dans la salle, Mc Gonagall claqua son couteau sur un verre pour attirer l'attention, et se leva pour prendre la parole.

"Annyeonghaseo- ..."

Elle s'arrêta brusquement, sourcils froncés, "Annyeong...haseo...." et se tourna vers Albus, désorientée.

"Il y a un problème, Minerva ?

- Ye ! Nado molla- .... Albus-oppa..." marmonna-t-elle, embêtée.

Des regards déconcertés s'échangèrent à la table des professeurs, et, suspicieux, Remus attrapa le verre de Minerva pour le porter à son nez. Un éclair de lucidité traversa ses yeux lorsque son odorat canin l'alerta, et il porta son regard vers Severus, avant d'éclater de rire. Son hilarité, étouffée par le brouhaha ambiant, porta tout de même aux oreilles de Harry et du Prince, qui échangèrent un regard entre eux.

"C'est du coréen, tilta Harry. Mais non... Sev', t'as pas fait ça ? T'as pas versé ta potion dans son verre ?"

Le serpentard haussa les épaules, pas concerné. Cependant, lorsqu'il fut sûr que les Gryffondors ne leur portait pas attention, il s'approcha du sorcier à lunettes.

"Un mois de retenue, 100 points en moins pour Serpentard, et du voyeurisme pour remplir un album photo. Tu croyais que j'allais en rester là ?

- Mais... C'est pas vrai, t'es un vrai gosse !"

Severus lui lança un regard noir, agacé par sa vision des choses. "Je m'adapte à la situation." dit-il finalement, en tapotant sa robe d'écolier. "De plus, avec un tel procédé, elle ne me soupçonnera jamais. Un mangemort, utiliser des blagues d'un tel niveau ? Personne n'y penserait.

Personne à pars Remus, dit Harry en indiquant le lycanthrope hilare du menton. Mais vu comme il rigole, je ne pense pas qu'il te balancera. Au passage, tu lui as donné un antidote ? demanda-t-il en parlant des cheveux de Remus, redevenus bruns.

Certainement pas. Mais j'imagine que sa petite transformation en loup à eu un impact sur sa structure. C'est bien dommage."

McGonagall soupira, lassée, et Albus se leva à sa place.

"Bonjour à tous ! J'avais demandé à Minerva de faire un petit discours pour inaugurer ce nouveau trimestre, mais elle est visiblement victime d'une mauvaise blague. Soit, beaucoup de choses se sont passées pendant les vacances. Vous n'êtes pas sans remarquer la présence du professeur Lupin. Celui-ci remplacera le professeur Rogue pendant un temps au poste de professeur de défense contre les forces du mal. De plus, j'ai l'honneur de vous annoncer l'arrivée d'un nouveau camarade tout droit venu d'Autriche : Severus Prince."

Le Serpentard se tourna soudainement vers le Directeur, la trahison écrite dans ses yeux. "Bon sang, il m'avait promis de pas m'afficher devant tout le monde !

Il faut croire que Remus n'est pas le seul à avoir compris qui est le responsable de l'état de McGo..." expliqua Harry, sourire en coin.

"Bon courage à tous pour ce trimestre, et bonne fin de petit-déjeuner !"


  "Bonjour à tous, les enfants. Enfin, se reprit le lycanthrope, vous n'êtes plus vraiment des enfants, maintenant. Je suis très heureux de vous revoir, et j'espère que cette année se déroulera aussi bien que la première. Dispersez-vous dans la salle comme vous l'entendez, deux par bureaux. Comme vous le savez si vous avez déjà suivi mes cours, nous allons commencer par un peu de théorie avant de passer à la pratique." expliqua Lupin, alors que les élèves prenaient place, absolument ravis par son retour.

Severus se retrouva bien malgré lui forcé à rester avec Harry, chose peu surprenante et dont Remus avait parlé avec Albus plus tôt. (Ca fait beaucoup de prénoms en -us quand même)

"Que savez-vous des Golem ? L'avez-vous déjà vu avec le professeur Rogue ?"

Hermione s'agita, main en l'air, et gentiment, Remus lui donna la parole.

"Nous venions de commencer les créatures crées par les sorciers. Le Golem est une créature artificielle, faite à partir d'argile, incapable de parole, dépourvue de libre-arbitre et façonnée afin d'assister ou défendre son créateur."

Le professeur acquiesça, satisfait. "Parfait Hermione. 20 points à Gryffondor."

"Parfait ? Vingts points ?!" s'insurgea Severus à voix basse. Personne n'avait entendu, mais la remarque n'avait pas réussi à éviter l'ouïe fine du loup-garou.

"Severus Prince, tu as quelque chose à ajouter ? demanda-t-il. Si tu donnes une bonne réponse, ta maison sera récompensée, comme tu as pu le voir avec Hermione."

Le Serpentard leva les yeux au ciel, et se redressa lentement, lui qui était presque affalé sur son bureau, déjà las. Alors il répondit, sur un ton monocorde. "Golem vient de l'hébreu et signifie "embryon", "informe", ou "inachevé". C'est une créature née des croyances religieuses des moldus, ou du moin c'est de là que vient son nom, parce que c'est à l'origine le simple résultat d'un sortilège très noir. Et c'était bien incomplet, pour une réponse 'parfaite'... ajouta-t-il sarcastiquement vers Granger.

- Exactement, Prince. 20 point à Serpentard !"

Hermione se racla la gorge, et ajouta : "Il y a un terme hébraïque sur le front de la créature, et pour la rendre inoffensive, il suffit de lui effacer la première lettre.

- C'est vrai, acquiesça Lupin, et...

- Pour être plus précis, reprit Severus, le 'terme hébraïque' est "emet", ce qui signifie "vérité", or, lorsque le premier "e" est effacé, le mot formé, "met" signifie "mort", ceci expliquant celà.

- Si le Golem est détruit, enchaîna la Gryffondor, alors la magie que le sorcier a utilisé pour la créée est perdue a jamais."

Le Serpentard ricana, et Harry se dit que le sortilège devait être sacrément puissant pour que personne ne reconnaisse Severus dans toute sa splendeur.

"Foutaises, cela est de l'ordre du mythe. Bien que ce soit de la magie noire, le lien entre le Golem et le sorcier n'est que superficiel. Il le protège, point final, et une fois que la créature est créé, les choses sont posées et le sorcier ne s'épuise plus.

- Vous êtes en train de placer le golem au même niveau que n'importe quel Elementau !

- C'est ce que je fais, Granger. Le mythe du Golem a été complètement diabolisé à cause de la culture juive dans un premier temps, et enfin la culture littéraire moldue. Ce n'est rien de plus qu'un Elémentau avec un joli mot sur le front. Et même si je t'impressiones, tu peux me tutoyer, Granger."

Hermione ouvrit et ferma la bouche à plusieur reprises, les joues rosies : elle venait de se faire rabattre le clapet, chose à laquelle elle n'était pas habituée.

Elle n'avait jamais eu personne à qui se confronter, un vrai rival. Enfin, Malefoy était très bon élève aussi, mais n'avait pas cette soif de compétition scolaire... Alors, même si c'était à la base un professeur, elle allait adorer cette année aux côtés de Severus.

Ron dévisagea Prince, suspicieux. "Vous venez de flirter." dit-il à Hermione en chuchotant. Elle fronça les sourcils. "Hein ?"

Le rouquin grogna et se concentra sur Lupin.

"Bon, ce n'est plus la peine que je vous fasse cours à ce sujet.... marmonna Lupin en lançant un regard blasé à Harry. Je rajoute 20 nouveaux points à vos deux maisons."


  Quelques instants plus tard, Remus avait créé un tout petit Golem, et chacun devait tenter d'effacer le "e" de "emet" sans se faire toucher. Il avait été décrété par un échange de regard entre les deux garçons qu'un concours de vitesse était plus intéressant pour Severus et Harry.

Alors lorsque ce fut le tour de l'Elu, la tension entre eux était palpable.

Le Golem entama un violent mouvement vers lui, et Harry roula sur le côté dans une esquive pleine de grâce qui fit miauler quelques filles dans la classe. Il se releva dans le même rythme, lança un Petrificus Totalus qui rebondit sur la créature et manqua de percuter le sorcier à lunette, qui se protegea juste à temps.

Il commençait à comprendre pourquoi personne dans la classe n'avait réussi jusque là. Mais il allait pas se laisser faire devant le Serpent de 37 ans qui le fixait d'un oeil amusé.

Alors il lança un aguamenti puissant qui parvint à ramollir ses jambes d'argile, et le ralentir. Il visa la tête, et alors courut vers la créature, tentant d'éviter quelques coups hasardeux avant de s'en prendre un sur le bras, et enfin, éclata sa main sur le "E" déjà humide pour l'effacer. Dès lors, la créature devint poussière.

Remus applaudit. "Très impressionnant Harry, ce sort n'est au programme que de la fin de sixième année, et tu l'as très bien maîtrisé ! Bonne technique ! 25 points pour Gryffondor !"

Le Survivant retourna vers ses camarades, et, plutôt fier de lui, lança le meilleur de ses sourires à Severus, qui haussa un simple sourcil en réponse, comme si ça ne valait même pas le coup de lever les deux.

"Prince ? A toi !"

Le grand brun s'avança sur le devant de la classe, un nouveau golem l'attendant impatiemment.

Il y avait vraiment quelque chose, remarqua Harry, qu'il n'y avait pas avec les autres. Quand il passait devant lui, si sérieux, il pouvait presque sentir sa magie s'éléctrifier a travers les tissus de sa robe, le caresser jusqu'à ses cheveux. Il y avait une tension palpable dans la classe, qui s'était installé en quelques secondes, simplement parce qu'il avait fait quelques pas. Instinctivement, on avait peur de ce terrible sorcier.

...Alors qu'il était complètement blasé.

Le golem, plus éveillé que les précédentes créations de Remus, se rua vers Severus, qui se saisit de sa baguette. Alors que la créature n'était qu'à quelques maigres centimètres de lui, Prince leva finalement sa main armée.

"Aresto momentum." dit-il.

Le monstre se figea instantanément, et la moitié de la classe laissa échapper une exclamation impressionnée. Pour ne pas dire qu'ils étaient sur le cul.

Severus se tourna vers Harry, toujours aussi passionné par ce cours.

"Je rêve où il vient de soupirer ?" chuchota Harry à Hermione.

Le Serpentard s'avança lentement vers le golem, figé dans le temps, se saisit de la poussière de l'ancien golem dans un geste tout aussi las, l'humidifia par un aqumenti imprononcé et passa la pâte qu'il obtenu sur le "e" de son golem ...qui forma un deuxième tas de poussière.

Il se retourna vers Lupin, haussa un sourcil (l'autre, c'est pas toujours le même), et retourna avec Harry.

"Tu aurais au moins pu faire semblant de galérer... marmonna l'Elu.

- Tu plaisantes ? J'ai déjà sortis ma baguette pour la forme."

Harry plissa les yeux. "C'est pas comme si t'aurais pu le faire sans.... n'est-ce pas ?

- Va savoir." répondit-il, le regard ascendant.

Cet homme... était un monstre de magie. Il était absolument terrifiant.

Et Harry commençait vraiment à avoir peur de lui... en témoigne son cœur qui battait plus vite  à cet instant. De la crainte, assurément.


  Certainement que le Prince n'avait pas tant que ça apprécié être sur le devant de la scène, puisqu'il resta en retrait en cours de botanique.

Harry pensa au début que c'était là une preuve de faiblesse, comme s'il avait des difficultés dans cette matière... mais fut rapidement déçu lorsqu'il se tourna vers Severus. Toutes ses manipulations étaient achevées et plus que bien réalisées, alors il s'était reculé pour se plonger dans un livre.

Dans. Un. Livre.

"Vraiment ? s'insurgea le Gryffondor à voix basse. Tu ne voudrais pas au moins te montrer occupé ?"

Severus posa son bouquin sur ses genoux, et le montra des mains, comme s'il indiquait une évidence. "Je suis occupé !

- Mais tu vas te faire remarquer si Chourave te chopes !

- Je n'ai rien d'autre à faire !

- Alors viens m'aider, je galère avec mes-"

Une ombre surplomba le plan de travail de Harry, qui se retourna vers son professeur.

"Mince, mais qu'est-ce que c'est que ce désastre ? demanda-t-elle peinée en indiquant ses coupes de Firolles. J'ai demandé des fines lamelles... C'est du steak ce que tu m'as fait ! Et il y a des pétales partout... Dans quel état est ta fleur ? Tu devrais t'inspirer de ton voisin Harry, ses coupes sont parfaites."

Elle plissa les yeux, et s'approcha un peu plus du travail de Severus. "Que dis-je, c'est... remarquable... T'as t'on déjà dis que tu avais un don, Prince ?"

Rogue se leva et alla vers Harry en haussant les épaules. Un don ? Il préparait des potions à longueur de journée, alors couper des ingrédients était devenu machinal... Et évidemment, il était doué.

Voyant l'élève prêt à aider son voisin, elle emporta quelques lamelles avec elle et fit le tour des autres tables pour leur montrer la finesse de ces résultats.

"Bon. Prend ta baguette. Lève-la : C'est un scalpel.

- C'est ma baguette, reprit Harry.

- C'est un scalpel. Je te dis que s'en est un, donc c'est un scalpel. Visualise, bon sang."

Harry se concentra, paupières closes.

"Visualise les yeux ouverts, je te prie. Ce n'est pas le genre de travail que tu peux faire les yeux fermés. Surtout toi."

Le Gryffondor grogna et l'insulta du regard, avant d'être incendié à son tour.

"Maintenant tu abaisses... Moins vite, ne te presses pas maintenant, tu prendras le coup de main après. Doucement..." dit-il à voix basse. Voyant la main du plus jeune trembloter, il passa sa main sous le coude de Harry pour diriger son mouvement, ce qui ne l'aida pas vraiment à se concentrer.

Le Gryffondor se gilfa. Il t'aide juste, putain, arrête d'avoir peur et de sursauter au moindre contact, il va pas te bouffer !

"...Comme ça... Mh, tu peux faire mieux. Abaisse... doucement... prend ton temps, profite du mouvement... Ne vas pas au cœur de la plante... effleure-la simplement...

- Comme...ça ?" demanda-t-il, le souffle court. C'était presque une caresse, à ce point là.

Harry sentit Severus acquiescer près de son visage.

Il repensa à ce qu'il avait vu la veille, chez Trémolin, comment Rogue considérait les livres avec amour. Non, se reprit-il, avec envie. Il avait du mal à comprendre, mais malgré tout, c'était le mot qui semblait avoir sa place sur la scène. Alors de la même manière, il dégagea de son esprit tout ce qui engorgeait la serre de botanique.

Il devait revivre l'atmosphère qu'il avait réussi à instaurer durant ses cours de potion avec Slughorn, cette intimité avec Eileen, qui lui dictait presque les instructions à l'oreille, l'accompagnait dans le moindre de ses mouvements. Comme un second professeur.

Il sentit alors la serre se resserrer sur lui, sur son oeuvre.

Harry, à cet instant, était seul avec le Prince de Sang-mêlé.

"...Comme cela... "

...Et Rogue.

"...Maintenant remonte... et... redescends..."

Harry ferma finalement les yeux. Severus le lui avait interdit, mais il se sentait plus porté ainsi.

Un rythme s'installa doucement dans sa manipulation, les ordres de Rogue grondant le long de sa peau.

''...Tu peux y aller.... Plus vite... Comme ça, oui....''

Il sentait sa main s'agiter comme celle d'un chef d'orchestre, avec plus de douceur peut-être, mais avec la même prédestination à diriger les choses. Sa magie lui obéissait, et à cet instant, la botanique ne lui parut pas si différente d'un cours de potion. Il était entre de bonnes mains, en sécurité, coupé de toutes perturbations extérieures... et il sentait le Prince de Sang-mêlé sourire devant son travail, fier de son élève.

Mais lorsque le Gryffondor rouvrit les yeux, brisant sa bulle, c'était sur les lèvres de Severus que s'était dessiné un faible sourire. Harry pensa l'avoir rêvé, mais n'était pas sûr de pouvoir inventer cela. Il se tourna, jetant un œil à ses camarades : rien n'avait changé, tout était normal, chacun à son affaire.

"C'était bon... soupira Harry.

- Ça l'est, confirma Severus en faisant léviter une lamelle. C'est même très bon. Essaie de le faire seul la prochaine fois, tu pourras peut-être espérer frôler le convenable. Ou peut-être pas.

- Espèce de...."

Rogue se tourna vers lui. "...De ?

- ...je ne sais pas, rien ne vient, je dois être à court." son regard se porta sur son plan de travail, recouvert de Firolles découpées.

Espèce de fleur.

"Je t'ai entendu." Dit Severus en nettoyant sa table, amusé. "Tu penses vraiment trop fort."


S'il y a bien un cours que Rogue attendait avec impatience, c'était celui de Potions (what a surprise agna), mais bien entendu, celui-ci n'avait lieu que le lendemain (eheh.) Alors, leur journée étant plutôt légère comparées aux autres, Harry n'attendit pas longtemps avant de sortir sa carte des Maraudeurs. Le Gryffondor l'étala sur la table basse de sa salle commune, le Serpentard en face de lui.

"Je ne le trouve pas, dit Harry.

- Drago ?

- Ouai. Malefoy disparaît de la carte, parfois, je ne comprend pas. J'ai déjà cherché dans le parc une fois... Il n'y est pas. Non, il disparaît juste de la carte. Je ne sais pas comment c'est possible. Peut-être que c'est la marque des Ténèbres qui fait ça ?

- J'ose émettre l'hypothèse que tu as déjà utilisé cette carte pour me filer entre les pattes, or je suis un Mangemort aussi, donc non, ça n'a aucun rapport."

Harry s'adossa dans le sofa et soupira. Bon sang, mais où était-il ?

"Qu'est-ce que tu sais de sa mission ?" demanda le Gryffondor à Severus. Celui-ci ouvrit la bouche, puis la referma, le regard soudainement sombre.

"Tu ne vas pas garder ce que tu sais pour toi quand même ? On est censés s'entraider !"

Severus se saisit de la carte et se plongea dans une observation aiguisée, ignorant le plus jeune.

'' Professeur, s'il-vous-plaît ? tenta-t-il.

- Ecoute, je n'ai besoin de personne dans cette affaire, et tu n'as rien besoin de savoir. De toutes manières... tu ne veux pas savoir. Moi-même aurais-je préféré ne pas être au courant.

- Vraiment ?" demanda Harry, pas convaincu.

Rogue le regarda un instant, l'ombre dans l'émeraude, et puis, comme s'il avait peur de craquer à ses supplications, il détourna le regard.

Il n'était pas convaincu non plus.

En ce jour, il savait qu'Albus allait mourir. Il savait que c'était la mission qu'avait reçu Drago, et il savait aussi qu'il y avait peu de chance qu'il y arrive... Mais dans tous les cas, Albus était mourant.

Et il le savait.

"Est-ce grave à ce point ?"

Severus laissait reposer son visage sur sa main, accoudé à son fauteuil, dos à la cheminée. Face à Harry, il s'interdisait de lui faire face, car il n'arrivait pas à faire la part des choses. Dumbledore aurait-il voulu qu'il sache ? Avait-il besoin qu'il le fasse à sa place ?

Il passa les doigts de sa main libre sur les fibres de tissus qui s'échappait du siège, et les attrapa, tirant légèrement dessus.

Bon sang, Albus allait mourir.

Il allait vraiment le perdre. Chaque fois qu'il se disait qu'il pouvait trouver un moyen d'empêcher Drago de passer à l'acte, il se rappelait soudainement que de toutes manières, il était mourant. Tout cela à cause de sa fichue main.

Il sentait parfaitement le regard d'harry posé sur lui, et il arrivait même à savoir qu'il s'inquiétait pour lui, mais pour une fois, n'en était pas agacé. Il était trop mal pour ça.

"Severus ?" demanda le plus jeune.

Harry se remémora l'entrevue dans le bureau d'Albus, ce que Rogue ressentait à ce moment là. Il comprit alors que ce même sentiment reprenait le dessus, laissant le sorcier abattu. Merlin mais que se passait-il ?

Il se sentait bête mais... pour lui, Severus n'avait pas le droit d'être faible, ainsi. Il était quelque chose d'inébranlable, un homme fort, un sorcier puissant et parfois un monstre effrayant. Alors, il n'avait pas le droit d'être comme cela.

Comment Harry pouvait-il faire face à ce qui allait arriver si même Rogue n'y arrivait plus ?

Il semblait tout d'un coup presque vulnérable. Le grand brun, ainsi installé, les yeux dissimulés par ses cheveux noirs, avait remonté sa main depuis l'accoudoir jusqu'à son bras gauche, massant par réflexe sa peau anciennement marquée.

Il soupira, et c'était terrible.

Ce fut comme un signal, alors Harry se leva, doucement, et se mit à genoux face à Severus. Il se posa une question, le temps d'une hésitation, qu'il balaya rapidement, et posa sa main sur la sienne, pour lui faire lâcher son bras.

Il avait la main froide, ce qui contrastait vivement avec le feu qui brûlait dans les veines du Gryffondor. Harry la resserra un peu dans la sienne.

Rogue inclina alors sa tête vers lui, ses yeux brillants reflétant un peu trop bien les lueurs dorées de la cheminée pour pouvoir prétendre aller bien.

Ils restèrent un instant ainsi.

"Harry..." murmura-t-il en se penchant vers lui. "Albus va mou-

- Ronald Weasley, pauvre imbécile !"

Le Gryffondor sursauta en entendant Hermione et Ron entrer comme des sauvages, brisant la bulle qui s'était à nouveau formée entre lui et Severus. Il se releva alors, entraînant un instant avec lui la main qu'il tenait, et se rassit dans le sofa.

Parce qu'il était gentil, Harry, mais il avait pas forcément envie qu'Hermione le surprenne en train de réconforter le Monstre des cachots. Elle avait bien assez de dossiers sur eux.

Et bordel il allait enfin lui dire ! ENFIN ! Mais non, il avait fallu que...

"Comment tu peux croire une telle chose ? Et de toutes manières, je te rappelle que t'es pas mieux avec ta Lavande là, n'est-ce-pas Ronron ? Alors je pourrais aller draguer qui je veux, je vois pas ce que ça pourrait te faire !

- Donc, tu le dragues ! s'écria Ron.

- Mais non ! C'est juste impossible ! Y a pas moyen ! Et tu saurais pourquoi si tu faisais un minimum preuve d'intelligence !

- Si c'est pas toi qui lui tourne autour, alors c'est Prince !"

Severus et Harry s'étouffèrent discrètement, soudainement au bord de l'asphyxie.

"Prince tourne autour de qui ?" demanda le sorcier à lunette, attirant l'attention sur lui et Rogue.

Remarquant la présence du sujet de dispute, Ron et Hermione rougirent :

La demoiselle parce qu'elle était très embarrassée qu'un professeur assiste à ce genre de débat, et le jeune homme parce qu'il était vraiment très énervé.

"Prince flirt avec Hermione." annonça-t-il simplement.

Harry éclata de rire, et Severus sembla un instant choqué de la nouvelle.

"Ah bon ? Je ne savais pas. Tu aurais pu me prévenir Granger, j'aurais fait un effort."

Hermione relâcha un soupir. Rogue avait l'air de prendre ça à la légère, et c'était tant mieux. Il acquiesça vers elle pour confirmer son impression.

L'Elu se leva et se dirigea vers le rouquin. "Ecoutes Ron, Severus et 'Mione c'est juste... pas possible, crois-moi.

- Et pourquoi ça ?" demanda Weasley.

Harry se tourna vers le Serpentard, demandant de l'aide avec les yeux. Rogue haussa un sourcil avec un regard qui voulais très clairement dire "Demmerde-toi."

Ah, il voulait le laisser affronter ça tout seul ? Très bien. Il avait soudainement très envie de lui montre que Gryffondor n'était pas le premier choix du Choixpeau.

"Pourquoi ? répéta Harry.

- Oui, pourquoi ?"

Un sourire à la Rogue traversa ses lèvres. "Parce que Severus est gay, bien sûr."

Le gryffondor ne se retourna pas vers l'interressé, mais ne loupa pas son exclamation outrée.

"N'importe quoi, se moqua Ron. Je suis pas débile non plus.

- Si, c'est ça, et c'est le secret dont tu as entendu parlé à table quand tu t'es disputé avec 'Mione.

- Ecoute, je voudrais bien te croire, mais vu l'air choqué que Prince à sur le visage derrière toi, j'en doute."

Harry pivota vers lui, et en effet, Rogue était choqué.

"Pourquoi tu lui dis ça ?!

- Quoi ? demanda Harry, innocent. Bon, okay, ça se faisait pas de balancer ça comme ça... Je vais... Oui, tu as raison, je vais être vraiment honnête, il serait temps. Ron, l'interpella Harry en se retournant à nouveau vers lui.

- Mh.

- ...Je le suis aussi. Je ne voulais pas te l'annoncer comme cela, c'est pour ça que je voulais garder ça secret, je suis désolé, mais je suis aussi attiré par les hommes."

Ron resta interdit un long moment, la bouche entrouverte. Le temps que toutes connexions se fassent dans son esprit, Hermione avait eu le temps de lancer quinze fois des appels de fard à Harry, et Rogue avait jeté plusieurs impardonnables avec ses yeux.

Il allait se venger. Il ne savait pas comment, mais vraiment, il allait lui faire payer cet affront.

Le rouquin leva soudainement la tête, comme s'il avait eu une révélation.

"Et vous sortez ensemble." en conclut-il.

Ce fut au tour de Harry de buguer.

"UH- M-M-Mais non ! On est pas ensemble ! Du tout !

- Harry, c'est bon, je vais pas te juger, tu fais ce que tu veux... soupira Ron, soulagé.

- MAIS NON MAIS ARRETES ! SEV, DIS-LUI !!!"

Mais Rogue s'était déjà levé, et lui lança le plus sadique de ses regards avant de sortir en ricanant.

Voilà, il avait eu sa vengeance.

Débrouille toi avec ça, Gryffondor de mes deux.

"Ron, on est vraiment pas ensemble ! s'écria Harry, paniqué. Y a rien entre nous, c'est impossible okay ?

- Harry, c'est bon..." répondit Weasley en levant les yeux au ciel. "Je suis ton meilleur ami, y a pas de problème !"

Bon sang mais pourquoi la situation devait-elle toujours lui échapper ?

Parce que t'es con, lui susurra doucement sa conscience à l'oreille.

Harry tenta de convaincre son ami un bon moment, en vain, et quitta alors la salle commune en vociférant pas mal d'insultes contre lui-même, la plupart en fourchelang, et se retrouva bien vite face à la porte des appartement de son Maître des Potions.

Il frappa, et après un temps d'attente, Severus ouvrit, livre en main, déjà fatigué par sa présence.

"Waw, fit-il sans aucune conviction, je ne t'attendait pas de sitôt... chéri.

- Arrête ! Je regrette, okay ? j'ai voulu régler le problème, mais Ron est convaincu qu'on est ensemble, je ne sais pas quoi faire !

- Tu réfléchiras la prochaine fois, se moqua le professeur. On ne s'improvise pas serpentard.

- S'il te plaît, fait quelque chose, Sev' ! Je ne sais pas, dis lui que c'est faux, lance lui un sortilège d'amnésie, j'en sais rien mais aide-moi !"

Severus s'appuya contre l'encadrement de la porte et soupira, vraiment agacé. "Pourquoi as-tu seulement raconté tout cela ? La situation n'était-elle pas assez compliquée à tes yeux ? Le pire c'est que c'est pas crédible du tout !

- Parce que ça résolvait pas mal de problèmes, c'est ce que je me suis dis... Il se pose plus de question par rapport à notre "petit secret", et il te laisse tranquille par rapport à Hermione. Et après, je me suis dis, de toute manière, où est vraiment le problème ? Tu n'est même pas sous ta véritable identité !

- Et pourquoi t'es-tu inclu dans tes mensonges ? Une folie passagère ? Une pulsion étrange ?

- Bah parce que un mensonge passe toujours mieux lorsque c'est une semi-vérité." répondit Harry comme si c'était évident.

Rogue fronça les sourcils, pas sûr d'avoir saisi. "Je rêve où tu viens de...''

''Oh Merlin !" s'écria Harry, écarlate. Il plaqua ses mains sur sa bouche, embarrassé, réalisant ses paroles. "...Je l'ai vraiment dit !"

Après un court silence, Prince le frappa à la tête avec son ouvrage. "Argh !

- Espèce d'imbécile ! Tu ne peux pas leur annoncer ça de cette manière !"

Harry aquiesça, lui-même accablé par sa propre stupidité. Sa conscience avait raison : il était vraiment con.

"J'en reviens pas, j'ai dis ça comme ça. Comme si je leur annonçais que... que j'étais allergique au lait, je sais pas, c'est trop con. Au moins c'est fait, tu me diras, mais bon...

- Tu devrais retourner les voir." proposa Severus, plus parce qu'il voulait être tranquille que par véritable conseil.

"Ouai, opina Harry. Mais tu viens avec moi."

Severus le regarda une seconde, et retourna dans ses appartements comme si la demande n'avait jamais eu lieu en fermant la porte au nez du plus jeune. Mais celui-ci stoppa le mouvement avec son pied, la laissant entrouverte. "Severus, s'il te plait, j'aimerais que tu viennes avec moi, s'exclama-t-il toujours à la porte.

- Et pourquoi ça ? demanda-t-il depuis le fond de son salon.

- Soit pour accompagner ton petit copain dans son coming-out, soit pour démentir cela. Tu dois venir."

Il grogna, et surgit devant Harry. "Vraiment, Potter, vous me poussez à bout. Le Seigneur des Ténèbres aurait fait moins douloureux comme torture."

La porte claqua, et le Gryffondor ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il vit Severus passer devant lui. "Active-toi. J'ai autre chose à faire que de t'accompagner dans les moments clés de ta petite vie adolescente."

Ils remontèrent alors vers la tour des Gryffondor, dans un silence ponctué de menaces de mort, jusqu'à ce que, à un croisement entre deux couloirs, Severus ne plaque violemment Harry au mur.

"Tu as ta cape ?" chuchota-t-il. Le plus jeune secoua la tête dans une réponse négative. Il soupira, et libéra le plus jeune. "Drago est de l'autre côté de ce couloir, prépare-toi."

Le Gryffondor plissa les yeux, sceptique. Comment pouvait-il savoir ça ?

"Potter." siffla le blond qui venait de surgir depuis le couloir adjacent.

Harry se tourna vers Rogue, impressionné. "Bravo.

- Qu'est-ce que tu fous ici, Potter ? au cas où ça t'aurais échappé, c'est la tour des Serpentard.

- Malefoy. Au cas où ça t'aurais échappé, je suis avec l'un d'entre eux."

Malefoy posa son regard sur Severus. "Ah, oui, le nouveau. Un surdoué il paraît ? Réfléchis à tes fréquentations, Prince. Potter n'est pas très judicieux, il est très attaché aux sang-de-bourbes et aux traîtres à leur sang.

- Il a raison, Severus. Tu devrais plutôt aller avec lui. Il est raciste, déteste les Gryffondors, dénigre les roux, et est soumis aux ordres de celui qui a tué mes parents. Un choix plutôt raisonné.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles, Potter ! cracha Drago, dégouté.

- Oui, Harry, tu ne sais pas ce que c'est, reprit Severus. C'est pas comme si tu avais perdu des proches durant des batailles, ou que tu avais assisté au réveil du Seigneur des Ténèbres."

Malefoy se tourna vers le nouveau et le dénigra du regard. "Calme tes ardeurs Prince. Tu es moins exposé que Potter parce que tu es un Serpentard, mais cela ne te protège pas pour autant de la colère de Tu-sais-qui. Même les sang-purs peuvent être punis.

- Ça tombes bien, je suis un sang-mêlé, tout comme ton Maître." répondit-il avec sarcasme. Il hérita du blond un regard hautain, comme s'il le prenait pour un fou, et alors Drago ricana.

"Prenez garde, vous n'avez pas l'air de savoir ce qui vous attends." gronda-t-il avant de repartir vers le dortoir des verts et argents, laissant libre le couloir derrière lui


"Oh mon Dieu qu'est-ce qu'il m'énèrve. Je peux vraiment pas l'encadrer.

- Il est perdu. Arrogant, un sale gosse, mais il est vraiment perdu. La situation n'est pas évidente pour lui non plus." soupira Severus, le regard perdu vers le couloirs d'où venait Drago.

"Qu'est-ce que tu regardes ?

- Rien, répondit-il. Justement, je ne regarde rien. Harry, il n'y a rien dans ce couloir."

Le Gryffondor, dubitatif quant à ses propos, s'avança à ses côtés pour voir qu'en effet, il n'y avait rien d'autre que quatre murs lisses dans ce couloir.

"Qu'est-ce que... D'où venait-il ?

- Je ne sais pas. Il n'y a jamais rien eu ici, de toutes manières. Rien de cartographiable, en tous cas, car Merlin sait les secrets que cache ce château."

Harry s'avança vraiment cette fois-ci, passant sa main distraitement sur les murs. La poussière sur les mains, il les essuya sur sa robe, sûr que quelque chose lui échappait.

"OH BON SANG !" cria-t-il soudainement, faisant sursauter Severus qui lui répondit par un regard noir.

Il se retourna vers lui, les flammes des torches dansant sur les verres de ses lunettes.

"Il était dans la Salle-sur-demande !"

A suivre...

 

End Notes:

TUN TUN 

Ce suspense qui n'existe pas vraiment parce qu'on est tous au courant, bon sang xD

Au passage, on a dépassé les mille lectures ! (ouééé) Je suis ravie, d'autant plus que la version illustrée sur Wattpad fonctionne tout aussi bien !

(Je précise aussi que le mal-entendu avec Ron sera reglé au prochain chapitre, je n'ai clairement pas l'intention de rester la dessus. :p )

KIRI

Chapitre 11 : Le Prince était un chenapan. by Yukiri
Author's Notes:

Hello my babies !!!

J'espère que vous allez tous bien, voilà, moi ça va tranquille, bientôt fini les cours, blablabla... (Qui s'en fou ? *lève la main*)

Bref xD Voilà un nouveau chapitre tout beau rien que pour vous !

Bonne lecture :) ! ♥

Chapitre 11 : Le Prince était un chenapan.

“Bon sang, veux-tu bien t’arrêter Harry, ça fait bien vingt fois que tu traverse ce couloir ! Tu vois bien qu’il ne se passe rien, trouvons un autre moyen.”

Le Gryffondor s’arrêta brusquement et soupira. “Je ne dois pas penser à la bonne chose ! La porte devrait être là !” cria-t-il, poing serrés.

Montre-moi la pièce où Malefoy cache quelque chose, montre-moi la pièce dont Malefoy sort… Harry avait tout essayé. Rien n’y faisait, la Salle-sur-demande ne voulait pas le laisser entrer. Sur les nerfs, il dévisagea Severus.

“Ne me regarde pas comme ça, je te prie, et change de ton. Je n’y suis pour rien, alors va t'énerver sur quelqu’un d’autre, veux-tu ?

- Mais il y a quelque chose ! Je veux savoir ! Mon intuition de personnage principal me titille !”

Rogue soupira à son tour. “On ne sait même pas ce qu’il y faisait, Harry, retournons avec Granger et…

- Il cache quelque chose. Quelque chose qu’il a vu chez Barjow et Beurk.”

Severus plissa les yeux, et s’approcha d’Harry, menaçant. Celui-ci recula, réalisant l’humeur dans laquelle il avait mis son professeur.

“Tu sais quelque chose que tu ne m’a pas dit ? gronda-t-il.

- C’est toi qui reste secret…” murmura le plus jeune à demi-voix, avant de se gifler mentalement. Harry savait que ces deux choses n’avaient pas lieu d’être comparées : Severus était anéanti et avouer semblait être trop dur pour lui, alors que ce que Harry savait ne le concernait même pas.

Il s’excusa immédiatement. “Je suis désolé. Tu fais ce que tu veux Severus, je suis juste énervé. Et j’aimerais comprendre ce qui te rend si… Enfin, ce qui te met si mal.

- Merlin, soupira l'aîné, épargne-moi tes élans Gryffondoresques.”

Le Maître des potions passa ses mains sur son visage, tentant de prendre sur lui. Il ne savait pas vraiment depuis quand il tentait de se réguler quand quelque chose concernait Harry, mais de toutes évidences, Severus n’avait pas envie de se disputer avec lui. Il se dirigea alors vers l’allée du château dont ils venaient, et se retourna vers le rouge et or, constatant qu’il ne l’avait pas suivi.

“ Harry... nous avons une vérité à rétablir il me semble.” dit-il, toute animosité ayant disparu de sa voix.

Le Gryffondor releva la tête.

Il était surpris. Et soulagé. Il avait vraiment cru que Severus était énervé contre lui, et cette idée ne lui plaisait pas. Il s’était senti vraiment mal tout d’un coup, alors le voir, tourné vers lui, sans rien de plus qu’un air agacé sur le visage -celui qu’il avait la plupart du temps-, le rassura. Rogue était le genre d’homme qu’on aimait pas mettre en colère.

“Viens.” dit-il doucement.

Harry ne contrôla pas le sourire qui s’empara de ses lèvres, et, se peignant distraitement de ses doigts quelques mèches de cheveux éparses, rejoignit Severus dans le couloir.


  “Bon sang, alors c’est vrai Harry ?! Ne me dit pas que c’est vrai !” s’écria Ginny alors que les deux camarades rentraient à nouveau dans la salle commune des rouge et or.

Certainement s'apprêtait-elle à agresser Harry en lui sautant dans les bras, mais dans tous les cas, l’envie lui passa lorsque Severus passa un bras devant lui, menaçant “Weasley cinq et six, Granger, et… oh, Londubat, asseyez-vous tous, Harry a quelque chose à vous dire.

- Hum, Sev’, peut-être que ce n’est pas une si bonn-

- Harry.”

Il grogna, pas vraiment convaincu lui-même de sa protestation, et tous prirent place. Severus s'apprêtait à partir, lui qui avait atteint son quota de gryffondor pour toute une vie, mais Harry le rattrapa en glissant son bras autour de son ventre, et ce sans-même se tourner vers lui, comme s’il était devenu prévisible.

Ou qu’il commençait à le connaître. ...Ah ça non, hein...

“Ensemble.” murmura-t-il.

Severus l’insulta à voix basse : il commençait à entendre un peu trop souvent ces termes ces derniers jours.

Alors l’adolescent grognon laissa place à un Prince à nouveau blasé, et il resta à côté de Harry.

Le sorcier à lunettes n’avait qu’une seule envie : se cacher sous les capes de son voisin, et qu’il leur parle à sa place, mais vu comme Severus s’enroulait dedans en lui lançant des Avada avec les yeux, il était clair qu’il ne devait même pas y penser.

“Bon sang, accouche…” lui siffla-t-il à l’oreille.

Alors Harry inspira longuement, et commença.

“J’aiiii… J’ai dis à Ron et ‘Mione tout à l’heure que… enfin, Ron croit que je sors avec Sev’.” annonça-t-il la voix chevrotante. Il s’était tourné vers Ginny et Neville, puisque eux n’avaient pas assisté au clash.

Ginny avait été mise au courant, de toutes évidences, mais la mâchoire de Neville ne tenait plus que par la force du Saint Esprit.

“Et c’est faux ! dit-il en criant à moitié, soudainement requinqué, mais écarlate. Je… on est pas ensemble du tout, Ron !” Le visage de Ginny s’éclaira, elle semblait plus que rassurée, et Hermione aquiesça pour le soutenir, Neville reprenant ses moyens.

“Ce-cependant…”

Tous les regards étaient à nouveaux tournés vers lui, et, le coeur battant, il se tourna vers Severus, qui attendait lui aussi qu’il crache le morceau.

Ses doigts passèrent distraitement sur son bracelet, dont la magie caressait doucement sa main, et alors, calmé par la douce vague de chaleur, Harry inspira à nouveau.

“Cependant, ce qui est vrai, genre… vraiment vrai… c’est que… je ne suis pas attiré par les femmes. Du tout.”

Neville plaqua sa main sur son torse dans une question muette, bouche-bée.

“Oui Neville, je suis attiré par les hommes.” confirma Harry. “Je… J’aimerais que ça ne sorte pas d’ici… enchaîna-t-il pour éviter un silence pesant. Je vous l’ai dit parce que je vous fais confiance, donc gardez ça secret s’il vous plaît, les gens ne sont pas toujours aussi ouverts…”

Il déglutit, et baissa les yeux un instant, avant de soupirer. Bon sang, ce que ça lui faisait du bien !

Il n’y avait finalement plus un bruit dans la salle commune, autre que celui des flammes qui crépitent dans la cheminée. Un frottement vint briser le silence : Ginny s’était levée, et sortit de la pièce. Alors Harry posa son regard sur Hermione. Est-ce que la cadette des Weasley était vexée ? Il avait fait quelque chose de mal ?

“Harry… dit Hermione tendrement. Elle ne t’en veut pas, elle a juste besoin de réfléchir je pense…. Tu sais, elle est amoureuse de toi… Ce n’est pas... évident.”

Le Gryffondor aquiesça lentement. Il n’avait pas vraiment pensé au fait que Ginny puisse l’estimer de la sorte. “Je suis désolé…

-Ne t’excuse pas ! dit Neville. C’est… C’est bien que tu nous l’ai dit.”

Hermione opina pour confirmer, et Harry leur sourit, tellement reconnaissant. Il posa son regard sur Ron, qui n’avait pipé mot depuis la révélation. Il avait les lèvres pincées et semblait troublé. Finalement, il releva la tête vers son ami. “Et pourquoi Prince était au courant et pas nous ?”

L’Elu ouvrit la bouche avant de la refermer. Devait-il lui dire qu’à la base il avait menti ? Que c’était une diversion pour qu’il oublie ses soupçons sur une relation possible entre Hermione et Severus ? Pour qu’il laisse Rogue en paix ?

“Ron, je…

- Parce que moi aussi.” dit Rogue. “En plus il te l’a déjà dit tout à l’heure, non ?

- Severus, l’arrêta Harry en se tournant vers lui, tu n’es pas obligé de me défen-”

Il s’arreta net dans sa phrase lorsque ses yeux croisèrent les siens. Les choses lui parurent évidentes : il ne mentait pas.

Comment Harry l’avait vu, il ne le savait pas, mais mettait cela sur le fait qu’il commençait à le connaître assez bien pour pouvoir lire ses émotions. Vu le manque de réactions d’Hermione, il était évident que le sorcier à lunettes était le seul des deux à avoir compris.

Et à en croire le pas que Severus venait de faire en arrière, il avait compris que Harry avait pu lire en lui. Il plaqua le dos de sa main sur sa bouche, comme s’il regrettait que les mots ai pu franchir ses lèvres, et baissa la tête, ses longs cheveux lui dissimulant son visage.

“Severus… murmura-t-il, touché par son aveux qu’il était le seul à avoir pleinement saisi.

- Mais... reprit Ron sans se soucier de ce qu’il se passait en face de lui, maaaaais vous êtes pas ensemble.

- Voilà, confirma Harry en se tournant à nouveau vers lui. Ce n’est pas parce qu’on est tous les deux attirés par les hommes qu’on est ensemble, de la même façon que ce n’est pas parce que tu es hétérosexuel que tu dois sortir avec la première fille hétérosexuelle que tu rencontres. Enfin tu fais ce que tu veux avec Lavande…”

Il éclata de rire, avant qu’on coussin ne se retrouve violemment plaqué à son visage. Ron éclata de rire à son tour, et Harry lui rendit l’attention. “Bon sang mon vieux, j’aurais jamais su ! Il était temps que tu nous le dise !” s’exclama-t-il, hilare.

L’ambiance se détendit jusqu’à redevenir celle qu’elle avait toujours été, et alors ils se lancèrent tous dans un tournois d'échecs sorciers, Ron et Severus se retrouvant en finale l’un contre l’autre. Plusieurs longues heures plus tard, tous étaient couchés, sauf ces deux derniers qui n’arrivaient pas à mettre fin à la partie.

 

 

   “Tu jubiles, n’est-ce pas ?” demanda Harry. Severus haussa les épaules en réponse, fatigué du peu d’heures de sommeil dont il avait disposé la nuit dernière.

Ne plus. Jamais. Jouer. Contre Weasley.

Le Gryffondor ricana. “Tu jubiles.” affirma-t-il : Ils étaient en train d’attendre devant la salle de classe de Slughorn, et Harry savait très bien que Rogue avait attendu le cour de potion toute la semaine.

“J’aimerais surtout que tu te taise.” claqua-t-il. Le plus jeune rigola à nouveau. Bon sang, mais qu’est-ce qu’il avait à glousser non-stop depuis son réveil, celui-là ? Increvable !

“Je peux savoir ce qui te met dans cet état ?

- Je me sens léger ! Beaucoup plus léger depuis hier !” s’exclama-t-il, un grand sourire sur les lèvres. Severus roula des yeux. “Et toi ? Tu te sens aussi plus lége-

- Tu te tais ou je t’égorge.”

Harry éclata de rire à nouveau, et alors que Rogue le frappait à la tête, Horace Slughorn se fraya un passage entre les élèves attroupés devant sa porte. Il les fit entrer, et chacun prit place.

Il fit l’appel, et après un instant, s'arrêta.

“Severus Prince ?” répéta-t-il. Il planta son regard dans celui de Rogue, les sourcils froncés, et le serpentard paniqua. Est-ce qu’il l'avait reconnu ? Après tout, durant ses années Poudlard, Slughorn avait été son professeur, alors peut-être que le sortilège de Peter Pan fonctionnerait moin bien pour lui vu qu’il le connaissait sous cette apparence ? Bon sang, mais alors c’était terrible ! Lucius et Bella n’auraient aucun mal à le reconnaître, et le Seigneur des Ténèbres non plus !

Il se tourna vers son voisin, Harry, qui n’était pas beaucoup plus rassuré non plus.

“Est-ce… reprit le professeur, toujours suspicieux. Est-ce avec votre petit frère qu’Harry est venu à ma soirée de Noël ? Vous vous ressemblez comme de gouttes d’eau !”

Severus relâcha ses épaules : ce n’était que ça !

“Exactement.

- C’est étonnant, vous portez le même prénom, remarqua le professeur.

- Oh, nos parents lui disent sans-cesse qu’il ne doit pas parler aux inconnus, alors quand il le fait, il se présente avec le prénom d’un de ses grands frères pour ne pas trop s’exposer.”

Slugh acquiesça, ravi. “J’espère que vous êtes aussi doué que lui en potion, ce petit nous avait cloué le bec avec ses connaissances !

- Cela va sans dire…” ricana Severus.

Le professeur se tourna vers le tableau, et y inscrit quelques instructions, tandis que Rogue et Harry soupirèrent en cœur : il avait eu chaud.

“Aujourd’hui, et pour préparer les événements du mois prochain, nous allons préparer… de l’Amortentia.” Harry releva les yeux vers lui, brusqué. “Vous savez tous ce que c’est, je vous l’ai présenté à mon premier cours ! Vous serez à deux pour la préparer, car elle demande une surveillance assidue. Les instructions nécessaires sont à la page 124 de votre livre de potions, je vous laisse vous y mettre !”

Le Gryffondor alluma le feu sous le chaudron, et se pencha vers son sac pour sortir son livre de potions… avant de s’arrêter dans son mouvement. Il ne pouvait pas le sortir devant Rogue ! Autrement celui-ci reconnaîtrait l’écriture de sa mère, ou au mieux, comprendrait qu’il était aidé durant ses cours ! Bon sang, mais comment allait-il faire ?

“Tu… tu n’as pas de livre, Sev’ ?”

Le grand brun se tourna vers lui, presque vexé par sa question. “Penses-tu réellement que ça m’est nécessaire ? De toutes manières ce livre m'horripile : il est incomplet, pas toujours correct dans ses explications… Pfff, je me rappelle encore quand j’étais jeune, je l’ai vraiment rodé.”

Harry plissa les yeux. Rodé, rodé… mouai, il y croyait peu. S’il avait utilisé le livre de sa mère, alors il n’avait eu qu’à suivre ses instructions comme il le faisait lui-même. Mais, rassuré, il sortit son livre et le posa sur sa partie sur bureau, dissimulé par les ingrédients. Severus n’en avait pas besoin, il ne le regarderait même pas, alors tant qu’il n’était pas à vue, ça allait.

...Parce que bon, il avait besoin de son bouquin. Autant parce que de toutes manières, il ne pourrait pas improviser la recette de l’Amortentia, mais en plus parce qu’il avait envie de retrouver sa Prince. Se retrouver dans cette petite bulle d’intimité qu’il n’avait pas retrouvé depuis deux semaines.

Ou presque.

Il jeta un rapide coup d’oeil à son voisin, déjà affairé avec des ingrédients. Ses cheveux lui tombaient sur le visage, et alors il glissa des mèches embêtantes derrière ses oreilles.

“Passe-moi les pousses à ta gauche, je te prie.” dit-il sans relever la tête de son travail. Harry les lui donna et, après avoir jeté un œil à son livre annoté, il sourit. “Est-ce que tu veux que je m’occupe de distiller l’infusion de plume ?”

Severus stoppa son mouvement, et après un instant durant lequel il resta immobile, releva la tête. Il regarda Harry, vraiment surpris. “...Eh bien oui, je veux bien.”

Distiller l’infusion était facultatif, mais garantissait à la potion un effet prolongé. Rogue n’avait aucune idée d’où il avait pu apprendre ça, puisque c’était enseigné nulle part : c’était un élément qu’on pouvait seulement déduire, si on avait bonne connaissance du sujet.

Il voulu lui donner quelques conseils, mais Harry agissait comme un habitué. Alors, silencieux, et vraiment soufflé, il se demanda si Slughorn n’avait pas dit la vérité au sujet des résultats du garçon : Il était vraiment bon.

Un rythme de travail soutenu s’était créé entre eux, et c’était bien la première fois que Severus appréciait de travailler en binôme sur une potion. Harry travaillait presque comme lui, utilisant les mêmes méthodes que lui, l’expérience en moins.

“Bon sang, mes garçons !!!” s’exclama le professeur en faisant sursauter toute la classe. “Je suis… Je suis estomaqué ! Votre potion n’est même pas achevée qu’elle pourrait séduire n’importe qui par ses vapeurs ! (Harry se recula alors, n’aillant pas tout de suite saisi que ce n’était qu’une boutade.) Elle est… Plus que parfaite, redoutable ! Je ne sais même pas si je pourrais faire aussi bien, je me dois de l’admettre ! Vous êtes aussi doué que votre mère Harry, réellement, et vous, Severus, votre professionnalisme… avez-vous déjà travaillé pour un Maître des Potions en Autriche ?”


Severus haussa les épaules, n’aillant pas plus que ça envie de s’immiscer dans la discussion, surtout que toute la classe écoutait.

Slughorn huma la préparation. “Par tous les diables, elle est si parfaite que ça pourrait être une arme ! Continuez ainsi ! Ne me decevez pas !”

Le Gryffondor acquiesça, tout content, et se repencha sur son livre. S’impregnant de la suite des consignes, il s’attarda sur les notes d’Eileen, pas sûr de comment il devait récupérer le distillat. “Récupérer la solution obtenue après la distillation avec un récipient en bronze.” lit-il. Il tendit alors la main vers le verre de bronze en face de lui et commença la transaction.

“Harry, non ! Si tu veux qu’on continue sur notre lancée, ne prends pas ça ! lui dit Severus en le stoppant, plus expressif que durant les autres cours. Ecoute, je sais ce que tu te dis “Avec l'oxydation des métaux, le bronze apporterait beaucoup à la potion, notamment de l’authenticité !’’ (Harry aquiesça, bien qu’il n’avait absolument rien compris à ce qu’il venait de dire) J’ai souvent fait cette erreur quand j’étais jeune, mais crois-moi, il n’y a rien de mieux qu’un bocal en porcelaine.”

Le Gryffondor le regarda, mal à l’aise. Il voulait bien le croire mais… Le Prince avait dit qu’il devait utiliser un récipient en bronze, et jusque là, il avait toujours eu raison… Severus était un professionnel, mais ce que disait Prince… D’un autre côté, Rogue avait dit qu’il avait déjà utilisé cette technique, mais qu’elle n'était pas aussi bien que celle du bol de porcelaine, donc s’il avait testé les deux, c’est qu’il avait raison, non ?

Alors qu’est-ce qui l’empêchait de l’écouter ?

Le Prince de Sang-mêlé. Ça lui faisait mal de ne pas suivre ses instructions. Il avait la sensation de s’en éloigner, non pas de le tromper… mais peut-être de le trahir ? C’était flou comme sentiment, mais il n’aimait pas vraiment cela…

“Fais-moi confiance.” dit-il à voix basse. Le Serpentard ne comprenait pas le trouble qui s’était emparé d’Harry, mais celui-ci baissa les yeux, et posa le ramequin en bronze sur la table lentement.

“Et si ce n’est pas…

- Écoute-moi, ce sera parfait si tu m’écoutes. Tu te rappelles du cours de botanique ? Tu t’en est très bien sorti, après que tu te sois laissé aider. Tu es devenu très bon en potion, et c’est très bien. Ce n’est pas parce que je te reprend sur quelque chose que tu es mauvais…”

Harry releva les yeux, soufflé. Avait-il rêvé ou il venait de le complimenter ?

“Oui, je suis en train de te féliciter. Et ferme ta bouche bon sang, Nagini va en sortir ! Bon, prend celui-ci, dit-il en lui tendant un bocal en porcelaine, et écoute-moi. Je vais te diriger, exactement comme hier, alors tu as juste à m’écouter, d’accord ? La manipulation va être un peu différente.”

Le Gryffondor acquiesça, le ventre chaud. Il avait l’impression d’être pris dépourvu, et déglutit, alors qu’il fermait son livre pour le décaler : Il devait écouter Rogue, et personne d’autre.

“Recouvre le bocal en porcelaine des plumes que tu as utilisées pour la distillation et fais-en une toile. Croise-les… elles doivent s’enlacer… fait passer celle-ci sous celle-là… Elle doit l’immobiliser, ne plus pouvoir bouger… Par dessus… Là… Par dessous…”

Les mains du plus jeunes tremblaient légèrement, alors il n’allait pas aussi vite qu’il l’aurait voulu. Et puis, il avait chaud, avec tous les chaudrons en effervescence.

“...Encore…” murmura Severus en corrigeant discrètement la position d’une plume.

Les gestes d’Harry se répétèrent alors, et il continua jusqu’à faire deux épaisseurs de toile.

“C’est bon.” valida Severus.

Verser le distillat en trois fois.

Le Gryffondor releva la tête brusquement et plenta son regard dans celui de Severus. Qui venait de parler ?

“Ne me regarde pas comme ça, c’est sérieux. Verse-le en trois fois.”

Il  l’avait dit. Pourtant Harry avait eu la sensation d’autre chose. Ça avait recommencé. Prince était… Le Prince de Sang-mêlé était comme présent, avec eux. Et le Gryffondor avait vraiment eu la sensation que c’était elle qui avait parlé...

“Harry… en trois fois, s’il te plait.” répéta Severus, tentant de ne pas paraître impatient.

Le plus jeune entreprit d’obéir, suivant attentivement les instructions de son voisin.

“Laisse couler….Et… ... Tu...tu trembles.” Ce dernier posa ses mains sur la table, et ferma fortement les yeux. Il soupira longuement, comme s’il reprenait son souffle.

“Je n’ai jamais fait cette manipulation, ça me stresse…” mentit-il. Il n'arrivait plus à se concentrer, ne savait pas pourquoi, alors que pourtant, le reste de la classe semblait avoir disparu autour d’eux, comme à chaque fois qu’il atteignait un certain stade de concentration.

Severus se glissa alors derrière lui, le vert argenté se liant harmonieusement au rouge doré. Il attrapa les mains agitées du plus jeune, tentant de canaliser son impatience. Le Gryffondor se bloqua, et après un moment, Rogue le croyant calmé, il le dirigea dans sa manipulation.

Harry n’y pouvait plus rien, c’était devenu lascif. Il ne voulait pas voir ça ainsi, mais n’en pouvait plus de cette chaleur. Il sentait son visage s’enflammer, ne comprenait plus ce qu’il faisait.

Ses mains bougeaient parce qu’elles étaient dirigées, mais c’était tout. Le silence entre eux faisait loi, et le Gryffondor ne savait pas s’il n’aurait préféré qu’il continue à lui parler. A présent, il n’avait plus rien d’autre sur quoi se concentrer, il lui manquait un fil directeur, un axe.

Il ne savait plus ce qu’il faisait, il avait fermé les yeux, comptant les pulsations de son sang frapper violemment ses paupières. Fiévreux, il passa sa langue sur sa lèvre inférieure, tout aussi chaude, tandis que, embrassé par toutes les vapeurs de potion, il étouffait.

Il rouvrit les yeux, et porta lentement son regard vers ce qu’il faisait. Il voyait ses doigts dirigés par ceux de son aîné, aurait pu tenter de le faire lui même, mais ne savait plus bouger. C’était un beau travail, se força-t-il à observer, et il savait que le Prince de Sang-mêlé l’aurait félicité à son oreille. “C’est bien, Harry…”

“C’est bien, Harry…” murmura Severus.

Le Gryffondor se dégagea brusquement, comme brûlé à vif, manquant au passage de faire tomber les fioles sur la tables qui s’entrechoquèrent dans un tintement aigu. Il heurta maladroitement un siège derrière lui, reculant à l’aveugle sans quitter le serpentard des yeux.

Il l’avait… Ca aurait dû être… Mais il ne pouvait pas...

Toujours paniqué, il passa sa main dans ses cheveux et son coude heurta son livre de potions, qui s’ouvrit.

Ce livre appartient au Prince de Sang-mêlé.

Harry reconnecta brusquement les éléments entre eux, une réflexion violente, et ses yeux commencèrent à lui piquer. Il n’arrivait plus à respirer, il… il ne savait plus.

La classe se reforma autour de lui, et, pris de vertiges, il crut défaillir.

“Il y a un problème ? s'inquiéta Severus. Tu t’en es pris dans les yeux ? C’est pas impossible, assieds toi s’il faut, je continue seul. Ca va passer, tu ne risques rien avec ça.” expliqua-t-il en retournant à ses affaires.

Mais ne voyait-il rien de ce qu’il se passait ?!

La respiration saccadée, il croisa le regard d’Hermione, travaillant au bureau voisin. Ses joues rosirent, il réalisa ce qu’il venait de réaliser… Et la sorcière semblait avoir perçu ce que lui ressentait. Hermione avait compris.

Eileen… n’avait rien à voir avec tout ça.

Severus était… le Prince. C’était tellement évident… Il ferma les yeux, les poings serrés sur son bureau. Il ne savait plus.

“Bon sang, c’est vrai, elle est parfaite. Tu peux me féliciter Harry, j’ai été remarquable. Et… Oui, bon d’accord, si tu insistes… tu peux te féliciter aussi…” ajouta-t-il en se tournant vers son voisin, un sourire insolent sur les lèvres.

Sauf que le Gryffondor ne l’écoutait pas, complètement déconnecté. Mais il ne pouvait pas le quitter du regard. Parce qu’il était devant lui. Le rare sourire que Severus avait autorisé à franchir ses lèvres s’effaça, et il fronça les sourcils.

“C’est embarrassant, la manière dont tu me regardes. Clignes des yeux, Merlin ! Tu en as bu ou bien ?” demanda-t-il en indiquant l’amortentia du doigt.

Harry se ressaisit, se racla la gorge et se redressa dans la même vivacité.

“Non, pardon, excusez-moi, j’étais… Parti dans mes pensées et je… fixais le vide.

- Heureux de savoir que je suis votre ‘vide’… marmonna Severus. Vient, sent. Elle est finie, elle doit juste rester sur les flammes encore un peu.”

le Gryffondor opina, et s’appuya sur le bureau pour se pencher.

“Elle est superbe, dit Severus, émerveillé par la potion. Qu’est-ce que tu sens ?”

Harry se pencha un peu plus sur leur chaudron, et huma. Il resta un instant ainsi, et au bout d’un moment, fronça les sourcil, avant de se redresser.

“Eh bien alors ?

- Eh bien alors rien. Je veux dire… je ne sens rien.

- C’est impossible, répondit Severus, blasé. Débouche ton nez, fais quelque chose, mais tu dois forcément sentir quelque chose.

- Mais non, ça sent juste la potion ! C’est p’t’être juste parce que je suis amoureux de personne.

- Mais non, même dans ces cas là, la potion sent quelque chose en rapport avec toi. Si l’amortentia n’a aucune odeur, c’est que tu es incapable d’aimer qui que ce soit. Certainement est-ce le cas du Seigneur des Ténèbres.

- De toutes façons il a pas de nez.” exposa Harry distraitement en haussant les épaules. Severus s’étouffa brutalement et manqua de s’éclater le crâne contre le chaudron tant il tentait de contenir l’éclat de rire qui le secouait. Il était plié en deux, parce que bon sang, il avait osé ! Le gamin avait osé balancer ça comme ça. Quel genre de créature était-il ?

Il reprit contenance, comme si rien ne s’était passé, et mit Harry au défi de dire quoi que ce soit par un regard noir. Le plus jeune ne fit rien, encore choqué. Il était à peu près sûr que c’était le genre de choses que sa mémoire allait effacer volontairement.

“Eh bein toi alors ? demanda Harry, provocateur. Vas-y, sent, et dis.” Severus roula des yeux et se pencha.

“Eh bien c’est ce que je te disais, même sans personne, c’est censé sentir quelque chose en rapport avec toi-même. Pour moi, elle sent le miel.

- Bon sang, tu es vraiment obsédé par ça. Ça sent pas un peu le pirate aussi ?

- Mais tais-toi ! Quelle odeur a un pirate de toutes manières…. marmonna-t-il en le frappant à la tête avec son parchemin. Aller, retente, tu dois bien trouver quelque chose.”

Harry s’inclina à nouveau, et après un moment, reprit place. “Bon, y a une légère odeur de bouquin, d’accord. Mais faut la trouver, hein..

- Eh bien tu vois, Granger ne cesse de répéter que tu es obsédé par un de tes livres, donc ce n’est pas étonnant.”

Le Gryffondor devint rouge vif, et détourna le regard, soudainement passionné par les toiles tissées par les araignées au coin des murs.

Il s’assirent alors, et Slughorn revint vers eux. “Merlin, mes ailleux ! Puis-je la garder ?”

Les deux compagnons échangèrent un regard. “Qu’est-ce que vous voulez qu’on en face de toutes façons ? demanda Severus. On a pu la faire une fois, on pourra la faire une deuxième fois.”

Harry acquiesça pour le soutenir, mais honnêtement, il préférerait éviter, pas sûr de pouvoir survivre à une nouvelle séance de ce genre.

“Au passage, les garçons, Minerva m’a prévenu, c’est moi qui vous gèrerait pour votre retenue de ce soir.”

Ils plissèrent les yeux. La retenue ?

“AAAH OUI !! S’exclama Harry. La virée à pré-au-Lard !” Severus plaqua violemment sa main sur son front en grognant.

“Oh, je vois… Un prodige, dit Slughorn amusé en plantant son regard dans celui de Severus, mais un chenapan, n’est-ce pas ?

- Oh oui, un véritable chenapan ! répéta Harry en se tournant vers son voisin, un air faussement choqué sur le visage, avant de se prendre un énième coup et d’éclater de rire.

- Beau duo, beau duo !” s’esclaffa Horace.


  “Chenapaaan~” répéta Harry pour la 34ème fois à l’oreille de Severus, tandis que ceux-ci avaient enfin terminé leur longue journée de cours et s'asseyaient dans la Grande Salle pour le goûter.

“Ferme-la, et réfléchis. Je te rappelle que nous avons un souvenir à récupérer.

- C’est vraaiiiii, c’est vraaaaaaii… chantonna Harry. Mais d’abord, mangeons ! En plus Ron et ‘Mione vont bientôt arriver !”

Rogue soupira, attrapa son verre, vide, et soupira à nouveau lorsqu’il vit -au loin- la carafe. Il la fit venir d’un imprononcé, toujours sans baguette, et lorsqu’il s’en saisit, il vit qu’elle était vide elle aussi. Il insulta le monde sorcier dans son intégralité, et sortit finalement sa baguette pour faire apparaître de l’eau dans son verre.

Harry lui attrapa soudainement le bras, et s'immisça entre le Serpentard et son verre pour mieux voir ce qu’il avait cru voir, et Severus, ayant frôlé la syncope par la soudaine invasion du Gryffondor dans son espace personnel, cria presque.

“COMMENT. T’AS. FAIT. CA. demanda Harry en appuyant chaque mot, les yeux exorbités.

- J’AI-JUSTE-REMPLI-MON-VERRE-D’EAU-PAR-TOUS-LES-DIABLES-LAISSE-MON-ESPACE-VITAL-TRANQUILLE.

- C’était pas un aguamenti. Tu l’as faite apparaître. C’est impossible. McGo nous a dit qu’on ne pouvait pas faire sortir de la matière de nulle part. On a besoin d’une base pour la transformer. Là il n’y avait rien dans ton satané verre. Juste de l’air.

- Alors déjà d’une, tu viens de te contredire, il n’y avait pas rien dans mon verre, il y avait en effet de l’air, et c’est à partir de ça que j’ai fait apparaître l’eau. C’est assez simple vu que c’est une composante de l’air. Et de deux, retourne à ta place avant que je ne t'y envoie moi-même !

- Apprend-moi, Sev’, supplia Harry en baissant ses lunettes pour mieux laisser voir son regard de chien battu.

- N’entends-tu pas ce que je te dis ?! paniqua Severus en détournant le regard, les bras toujours à hauteur de tête.

- C’est bon, avec toutes les fois où tu es monté sur mes genoux toi…

- Quoi ?! A- Ne… Je- HARRY J’AVAIS SEPT ANS !”

Le Gryffondor éclata de rire et se laissa tomber à sa place, rendant à Rogue sa liberté.

“Franchement, reprit-il en boudant presque, on veut que je batte Voldemort mais on ne m’apprend pas ce genre de choses ! Je ne prends aucune avance scolaire ! Comment je peux le battre avec le même niveau que tout le monde ?

- Ecoute Harry, si vaincre le Seigneur des Ténèbres pouvait se faire en lui versant un verre d’eau sur la tête, alors on aurait pas besoin d’Elu. En revanche, pour le battre, nous avons besoin du souvenir d’Horace. Alors, que proposes-tu ?

- Je ne sais pas, c’est pas moi qui fait les plans ici, c’est ‘Mione.

- Et vous avez fait beaucoup de plans ? gronda Severus.

- Oh, si tu savais.”

Rogue plissa les yeux, et Harry était vraiment partagé. Lui balancer leur plus belles aventures et risquer de mourir ou rester sain et sauf mais ne jamais savoir comment il réagirait ? Harry n’eut pas besoin de se poser longtemps la question.

“Hey vieux, Prince ! salua Ron. De quoi ça parle ici ?

- J’étais sur le point de raconter à Sev’ toutes nos petites aventures. Celles ficelées avec Hermione !”

Le rouquin éclata d’un rire gras, fier de lui, et s’assit face à eux. “Et tu vas commencer par quoi ? La pierre de Résurrection ? Le Troll ? La chambre des Secrets et ton combat contre le Basilic ? Le Polynectar pour s’incruster dans la salle commune des serpents ? Le retourneur de temps pour sauver ton parrain ? L’AD et la Salle sur Demande ? La fois où toi et ‘Mione avait livré Ombrage aux centaurs ? Ou comment tu t’es retrouvé dans le corps que Dumbledore ?

- Oh, je suis à peu près sûr que je n’aurais pas besoin de lui raconter ce dernier point.” répondit Harry en haussant les sourcils. Il se tourna vers son voisin dont l’âme semblait avoir quitté le corps depuis un bout de temps.

“Ca va Sev’, tu survis ? demanda-t-il en tentant la carte de la plaisanterie.

- Pourquoi es-tu encore scolarisé ici ?” demanda-t-il comme un corps sans vie.

“Hey les gars, vous parlez de quoi ? demanda Hermione qui arriva soudainement.

- On raconte nos aventures à Prince !” s’exclama Ron. Granger échangea un rapide coup d’oeil avec Harry, qui gloussait dans ses mains. “Quand même, en seconde année, c’était assez énorme, reprit le rouquin. Et ‘Mione, t’avais tellement assuré avec le Polynectar ! En seconde année quoi ! Et genre t’as même été voler dans les affaires de Rogue ! Ah bon sang, je m’en remet pas !!!” s’esclaffa-t-il, alors que l’âme d’Hermione semblait elle aussi s’être envolée.

“Je… J’ai dit à Ginny qu… enfin je dois partir !” s’exclama-t-elle avant de se retourner.

“Granger.” tonna Severus. “Reste donc avec nous. Nous passions un bon moment.” dit-il, amer.

Harry riait, mais c’était un rire hystérique qu’il ne contrôlait pas : il allait crever.

Et alors que elle et lui se décomposaient au fil du temps, Ron se donnait à coeur joie de raconter tous leurs exploits dans les moindres détails à Severus, qui oscillait entre la joie sadique d’avoir des choses à reprocher à ces sales gosses, et la colère simple de l’enseignant qu’il était.

Et soudainement, contre toute attente, ce fut l’inquiétude.

“Par Merlin, Harry !!! Un Basilic !! Seul ! Es-tu fou ?! cria-t-il en lui attrapant les épaules.

- Euh mais… Enfin je pensais que Dumbledore t’en avais…

- Non il ne m’a rien dit ! On ne m’a jamais dit que tu avais affronté un Basilic à douze ans ! ET TU VEUX QUE JE T’APPRENNE À REMPLIR UN VERRE D’EAU ?! Co… comment Albus as-t-il pu… et le retourneur de temps ?! mais bien sûr ! Granger, Potter, allez sauver Sirius Black en allant dans le passé, s’il vous plais ! Et voilà cent points pour Gryffondor ! Je suis… Je n’en reviens pas !”

Toujours tenu par Rogue, Harry ne répondit pas, soufflé. Il… n’avait jamais vu les choses sous cet angle… Mais, ça avait été nécessaire, n’est-ce pas ?

Neville arriva à son tour, surprenant tout le groupe dans l’action, Severus lâchant Harry au passage. “Eheh les gars, on vient de gagner cent points, dit-il tout joyeux en pointant les sabliers géants du doigts. Beh, qu’est-ce qu’il se passe ici ? Vous parliez de quoi ?

- On racontait nos aventures à Prince… marmonna Hermione.

- Oh, s’exclama Neville, comme la fois où-

- NE DIS PLUS RIEN !” crièrent Harry et Hermione en cœur.

 

“Tu viens de nous rajouter cent points par accident ou je rêve ?” chuchota Harry à Severus qui bouillait de rage. Ce n’était même plus contre le groupe de Gryffondor, c’était contre le corps enseignant. Comment Albus avait-il pu…

Une main vint se poser sur son épaule, et alors Harry demanda à mi-voix : “Tu m’en veut à ce point ?”

Severus se défit de sa prise pour attraper son verre, bu, et le posa sèchement. “J’ai beaucoup de choses à te reprocher, mais je suis terriblement énervé contre Albus. Si notre mission ne nous permettait pas d’avancer dans la lutte contre le Seigneur de Ténèbre, crois-moi que je l’enverrait balader sans me poser de questions.”

Le Gryffondor opina, songeur.

“Si… si le professeur Rogue avait été avec nous à cet instant, eh bien, nul doute que je me serait excusée d’avoir volé dans sa réserve.” dit Hermione, sa phrase sortant de nulle part. Ron se tourna vers elle, l'incompréhension gravée sur son visage.

“On… est... ravi de le savoir ?” répondit-il perdu.

Severus ricana. Il allait certainement pas lui pardonner de sitôt.

Après un temps, il se leva. “Je vais lire un peu avant notre retenue, annonça-t-il. On se retrouve devant le bureau d’Horace, Harry.” celui-ci aquiesça, et Severus se glissa à son oreille. “Je vais réfléchir à un plan pour lui arracher son souvenir, n’hésite pas à faire de même.”

Et il s’en alla.

“Il est marrant Dracula, il appelle tous les profs par leur prénoms, dit Ron. Ca doit être une pratique Autrichienne.

- Certainement.”


  Finalement, tous se séparèrent, et Harry se retrouva à la bibliothèque avec Hermione : avec toutes ses retenues il risquait fort de ne pas avoir le temps de faire ses devoirs, alors mieux valait qu’il s’avance. C’est ce qu’elle lui avait dit, pas ce qu’il pensait.

Mais lorsqu’ils s’assirent, le sorcière ne tourna pas autour du pot.

“Alors qu’est-ce que ça fait ?

- Je… ne... sais pas de quoi tu parles ? dit Harry, un peu paumé.

- Le Prince. Tu as compris, en potions, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que ça te fais ? De le savoir si près de toi, je veux dire…”

Harry pinça les lèvres, et joua avec les crayon qu’il tenait entre ses doigts. C’était vraiment confus. Il avait pensé que c’était sa mère, et puis au final, le Prince, c’est lui. Il passe d’une défunte à une personne qu’il côtoie tous les jours, et avec qui il est devenu plutôt complice. Il passe d’une admiration à sens unique à une vraie relation.

Il avait encore un peu de mal à faire la part des choses, à replacer Rogue en temps qu’auteur des annotations dans sa tête, mais pour autant, Harry savait une chose :

“Ça me rend heureux.” dit-il simplement, sourire aux lèvres. “Ça m’a fait un choc, je crois que sur l’instant t je me suis pris une claque douloureuse, mais vraiment ça me rend heureux. Il est là. Pas mort, pas loins, il est... il est là. Juste et simplement là. Avec moi. Alors qu’avant, le prince de Sang-mêlé n’était.. qu’ici.” dit-il en tapotant sa tête de son index. “Et c’était obsédant. Et dur.”

Son amie lui sourit tendrement et lui prit la main. “Il était temps que tu le vois, Harry. Comptes-tu lui dire ? Lui rendre son carnet ?

- Oh wow, attends, je vais avoir besoin de réfléchir ! Je ne veux pas lui offrir la fierté de savoir qu’il est celui qui a éveillé mon intérêt pour les potions !”

La sorcière éclata de rire, pensant sincèrement que de toutes manières, s’il continuait ainsi, alors Rogue aurait aucun mal à voir qu’il éveillait en effet l'intérêt d’Harry pour les potions.

Le Gryffondor ne faisait même pas attention à son attitude avec lui, se montrait un peu trop sincère dans ses réactions, trop ouvert, peut-être même trop naïf. Vraiment, il était sincère dans son amitié avec Severus, et elle n'en doutait pas. Car Hermione n’avait pas loupé les teintes qu’avait pris son bracelet et qu'il avait gardées depuis le cours.

Une très belle harmonie avec l’uniforme du Serpentard.

A Suivre...

 

End Notes:

Eeeeet vooila ! J'éspère que ce chapitre vous a plu ! (oui je vous le dis à chaque fois, mais je l'espère à chaque fois ! )

Laissez des reviews mes chéris, je veux vraiment votre avis ! Oui, même toi, petit lecteur discret, dis-moi ce que tu en penses. Car cette fic est la notre, je construit cette histoire avec vous, et PARCE QUE C'EST NOTRE PROJET !!! (oui, je suis devant le débat politique xD )

Bonne soirée à tous, à la semaine prochaine !

KIRI~ 

Chapitre 12 : Ce que Harry renfermait en lui. by Yukiri
Author's Notes:

Hey guys !!! J'espère que vous allez bien ^^

Voilà un nouveau chapitre pour vous ! Je vous embrasse, bonne lecture :D

CHAPITRE 12 : Ce que Harry renfermait en lui.

 

 

"Et là il nous a dit : "Ouaaaieuh, je ne vous dirais rien à ce sujeeet, je ne sais pas ce que c'eeest euh.... c'est de la magie très noireuh tout ça tout ça, déguerpissez de mon bureau, votre retenue est finie... nanani nananaaah...." et du coup on est partis tu vois, expliquait Harry, roulé dans ses couvertures.

- Ah ouai, carrément ? s'étonna Ron. Enfin qu'il veuille pas en parler, okay, mais vous renvoyer de retenue ? Wow, c'est trop une bonne technique, je te l'emprunterais ! Et du coup toi et Prince vous avez plus du tout de retenue ?

- Dis pas de bêtises, marmonna Harry, bien sûr qu'on en a, mais je crois que Slugh ne voudra plus nous prendre en charge.

- Quel dommage, il s'est fâché avec ses deux chouchous..." railla le rouquin.

En effet, plus tôt, Harry et Rogue s'étaient rendus à leur retenue avec leur professeur de potions, et ceux-ci avaient tenté de lancer le sujet sur les horcruxes de la même manière que l'avait faite Tom Jedusor. Au final, Slughorn ne leur avait rien dit et les avait renvoyé assez sèchement de son bureau.

Harry avait alors tout raconté à Hermione, puisqu'ils s'étaient retrouvé une nouvelle fois à la bibliothèque, Severus étant retourné dans ses appartements, et enfin, il pu retourner dans son dortoir où il y trouva Ron pour tout lui raconter à lui aussi.

"Du coup comment tu vas faire pour récupérer ce souvenir ?

- Je sais pas... Tu sais, j'ai du Félix Félicis, alors... Mais... Ah, je sais pas, j'hésite encore. Je demanderais à Severus ce qu'il en pense.

- Severus, Severus, Severus... marmonna Ron d'un air agacé. Je comprend même pas comment t'en es arrivé à faire équipe avec lui pour cette mission ! Il vient de loin, n'est même pas vraiment concerné par la guerre, Dumbledore ne le connais que depuis quelques semaines et hop, il le met au même niveau que toi ?"

Harry repoussa sa couverture, et s'assit sur son lit, sourcils froncés. "Ron ? Il y a un problème ?"

Son ami fit de même.

"Oh, je ne sais pas. Le gars se ramène comme ça, et du jour au lendemain il est h24 avec nous ? Bordel Harry, c'est un serpentard !

- Mais attends, tu plaisantes ou quoi?"

Harry n'en revenait pas, et ne comprenait rien. Son ami avait adoré Prince, puis s'était emporté après avoir appris qu'il était un Serpentard, et puis finalement, tout était redevenu normal, comme si le deuxième épisode n'était jamais arrivé, jusqu'à ce qu'il ne fasse une crise de jalousie par rapport à Hermione, et maintenant ça ?

"Il y a un problème ? répéta-t-il. Tu avais l'air de bien l'aimer, je me trompe ?

- Je l'apprécie mais je me méfie ! C'est un Serpentard, ça ne peut pas durer ! Votre amitié je veux dire... Ca peut pas marcher."

Le sorcier à lunettes fronça encore un peu plus les sourcils. Étonnement, il comprenait. Enfin...

Y avait Rogue, qu'il ne pouvait pas supporter, et puis y avait eu le petit Prince, qu'il avait adoré,  Severus, qu'il appréciait de plus en plus et... Le Prince de Sang-mêlé... qui l'obsédait. Mais, et c'était la question importante, sans la transition Petit Prince, est-ce qu'il aurait cette relation avec Severus aujourd'hui ? Pas sûr. Pas sûr qu'il aurait accepté de le voir comme il le voit actuellement.

C'est pour ça qu'il pouvait comprendre ce que ressentait Ron. Alors lui, évidemment, il ne savait pas que c'était Rogue, mais il n'avait pas non plus vécu cette proximité avec l'enfant. Pauvre Ron, du jour au lendemain, on lui annonce la présence perpétuelle d'un serpentard au sein du groupe !

Cependant, il y avait un point sur lequel Harry n'était pas d'accord avec lui.

"Ca va marcher.

- Quoi ?

- Severus. Severus et moi. Nous et lui. Ca va marcher, Ron.

- Jusqu'au jour où il te la fera à l'envers ! Reste méfiant, c'est tout ce que je te dis.

-Et en attendant, quoi ? Tu vas continuer à faire semblant de l'apprecier ?

- Je fais pas semblant !

- Alors quoi ? Tu... tu as peur de lui ou je rêve ?" réalisa Harry.

"Tu l'aimes bien mais... t'as peur. Mais de quoi ?

- Mais de rien du tout !

- De quoi, Ron ?"

Le rouquin s'allongea violemment dans son lit et s'enroula dans sa couverture.

" ...j'ai peur pour notre amitié ! je veux dire... Oui, j'aime bien Prince, okay ! Mais, je suis un peu... Il est... il est beaucoup trop... là !

- Mais n'importe quoi... Les trois quarts du temps il est dans ses appartements !

- Mais quand il est là, vous êtes ensembles ! J'veux dire... tous les deux ! Dans une sorte de bulle... Et je... j'y ai pas ma place, je le sens !

- Mais..."

Harry voulut dire quelque chose pour le contredire, mais c'était vrai. Cette bulle dont Ron parlait, elle existait vraiment. Il l'avait sentie à plusieur reprises et ne pouvais pas nier non plus qu'il ne s'y enfermait pas avec plaisir.

"C'est vrai." avoua-t-il. "Mais nous aussi, on a nos bulles.

- Ah oui ? demanda Ron, un peu aigre.

- Bein, tu m'as déjà entendu parler Quidditch avec lui ?"

Il y eu un certain silence, durant lequel Ron semblait méditer sur les quelques mots de son ami. Il se tourna dans son lit pour pouvoir voir Harry.

"Est-ce que t'es en train de me dire qu'il est nul au Quidditch ?

- Il tient pas sur un balais..."

Ron laissa échapper un pouffement, suivit par un son similaire émit par Harry. Il y eut un nouveau silence, et enfin ils explosèrent de rire.

"Il tient pas du tout ?! s'esclaffa Ron.

- DU TOUT ! J'ai jamais vu ça de ma vie ! J'ai dû monter avec lui pour qu'il accepte de faire un tour !

- Aussi nul que 'Mione ?

- Aussi nul que 'Mione !!!"

Ils repartirent en fou rire pendant un long moment.

"Oh, en parlant de ça... reprit Ron, haletant encore d'une douleur naissante à son estomac. Tu me fais penser, le prochain match de quidditch est dans un mois non ?

- Dans 4 semaines, pour être exact, valida Harry. On a déjà joué contre Serpentard début septembre, donc nous affronterons Poufsouffle."

La conversation entre les deux garçons dévia alors complètement vers le sport, et plus tard, à bout de force, ils s'endormirent.



 

Passées deux heures du matin, Harry fut arraché de son sommeil par sa cicatrice en feu. Il se leva alors brusquement, manquant au passage de tomber sur le lit de son voisin, presque aveuglé par la douleur aigüe qui le lançait furieusement.

Il devait trouver Severus, qu'il l'aide !

Alors que, titubant, il s'apprêtait à sortir de la tour des Gryffondors, Harry réalisa : et si Rogue était dans le bureau du directeur à nouveau ?

Essouflé et au bord du malaise, il se convint tant bien que mal de retourner chercher la carte des maraudeurs. Tout tournait beaucoup trop vite autour de lui, il n'avait plus aucun rapport de stabilité avec la réalité, tout tanguait.

"Je jure que... mes intentions sont mauvaises..." articula-t-il dans un murmure étouffé.

Il se laissa glisser au sol, car pour espérer lire, il devait au moins rendre sa stabilité à sa vision.

"Pas.... dans le bureau de Dumbledore..." arriva à lire Harry, la respiration saccadée. Il ne put retenir le gémissement de douleur qui le prit soudainement, mais l'étouffa, et après un moment de latence, se repencha sur sa carte.

Severus n'était pas dans ses appartements.

La panique s'empara alors du Gryffondor, car s'il était parti, qu'allait-il faire ? Où était-il ? Pourquoi l'avait-il laissé seul lui aussi ?!

Ses yeux circulaient sur toute la carte, rien n'y faisait, il ne le trouvait pas, mais la terreur prenant le dessus, tout se remit à tanguer, comme dans un navire en pleine tempête.

Un navire ?

Harry releva la tête. Le Candide n'était pas représenté sur la carte. C'est là qu'il devait-être !

Alors qu'un nouveau coup violent le frappa à la tête, le Gryffondor s'arma du peu de force qui lui restait pour s'agripper au mur et se relever.

Il devait prendre sur lui. Demander de l'aide à Rogue, oui, mais surtout ne pas se montrer faible.

C'est ainsi qu'il se retrouva, quelques instants plus tard, à marcher dans la neige.

Les flocons qui tombaient griffaient sa peau à vif, mais le Gryffondor accueillait avec consolation l'effet légèrement anesthésiant qu'ils avaient sur sa balafre incandescente. Juste sur la plaie. Parce que rien ne semblait vouloir arrêter les images qui défilaient devant lui, rendant sa route jusqu'au Candide encore plus longue.

Il percevait presque sa forme, au loin, mais vraiment, le navire ne semblait pas habité. Aucune lumière, aucun son...

Severus n'y était pas.

Alors le Gryffondor se laissa tomber au sol, lourd, mains et genoux heurtant le sol dur du parc dissimulé par la neige. Là, il avait vraiment envie d'abandonner.

Et Voldemort qui cherchait dans son esprit, encore et encore, fouillant dans les moindres recoins à la recherche d'une partie de sa mémoire non-affectée par le sortilège de Neverland qui gardait Severus à l'abri.

Bien sûr il ne trouvait pas, et Harry haletait, ne sentant plus ses mains, elles qui étaient si profondément enfoncées dans l'épaisseur blanche.

"Puis-je savoir ce que notre Sauveur local trouve d'intelligent à se balader hors du château en plein milieux de la nuit, et par un tel froid ?" gronda une voix derrière lui.

Harry tourna légèrement la tête, et lorsque Severus croisa son regard, l'expression de l'aîné changea du tout au tout.

"Harry !" s'exclama-t-il en se précipitant devant lui, enfonçant lui aussi ses genoux dans la neige.

Il saisit le visage du plus jeune, pour croiser à nouveau son regard absent, yeux mis clos d'un esprit au bord du déclin.

"Volde...mo...

- Tais-toi, tais-toi, regarde-moi !

- Le...

- Tais-toi Harry, laisse moi me concentrer et regarde m-

- Le Candide, Severus... J'ai besoin du... J'ai froid..."

Le sort du bateau ! Rogue acquiesça vivement, la panique du plus jeune étant quelque peu contagieuse.

"Lève-toi Harry, je ne peux pas te porter dans cette apparence." murmura-t-il. "Allons bon ! Tu as pu venir jusqu'ici, et le navire n'est qu'à quelques pas ! Un peu de courage !" rugit-il à contre-coeur.

le Gryffondor attrapa le bras du Serpentard violemment, le faisant basculer en avant, et pris appui sur lui pour se relever, marmonnant quelque chose que Severus devina comme étant des insultes bien placées.

Sur le pont, Harry se laissa complètement tomber contre son bord, la chaleur du sortilège traversant doucement chacune des épaisseurs de ses robes. Le pont du navire s'illumina légèrement, leur offrant un doux éclairage orangé qui détonnait avec le froid des teintes du paysage.

Alors que la douleur aigüe se remit à le lancer violemment, Severus se plaça à nouveau devant lui, fit glisser ses lunettes le long de son nez et les posa sur le pont en bois, avant de revenir maintenir son visage entre ses mains. Il colla son front au sien, tentant de ne pas accentuer la douleur de l'autre, et planta son regard sombre dans l'émeraude.

L'aîné murmura si bas qu'Harry faillit ne pas entendre la formule dont le souffle vint caresser ses lèvres.

"Legilimens."

Il aurait pu hurler, mais était bloqué.

Le Gryffondor ne contrôlait plus rien, et ce que Rogue faisait à cet instant n'avait rien à voir avec ce qui était arrivé dans le bureau du Directeur quelques nuits plus tôt. Il était en train de prendre un contrôle complet de son esprit, et alors que tout semblait s'arrêter dans le temps, Harry ne savait pas s'il sentait tout, ou s'il ne sentait rien.

Severus cherchait, lui aussi. Il n'arrivait pas à savoir quoi, mais le voyait fouiller là où Voldemort venait de passer, comme s'il remontait une piste.

"Je n'irais pas là où je ne dois pas aller, rassure-toi." entendit-il résonner. Rogue l'avait-il dit ou l'avait-il pensé ?

Il tenta de se calmer, s'attardant d'abord sur les battements de son coeur, sur sa respiration, et puis, comme ces éléments semblaient se troubler encore plus, il s'attarda sur la respiration de l'autre. Le souffle qui carressait ses lèvres dans un rythme régulier mais rapide, ses cheveux fins qui venaient parfois frôler ses joues en suivant la brise -preuve irréfutable que le sortilège gardant le navire à l'abri des éléments n'était pas parfait, ses pupilles qui bougeaient imperceptiblement, comme si elles suivaient les mouvements de ses souvenirs qui défilent, et enfin, juste son front contre le sien, étouffant sa cicatrice mais la maintenant muselée, paralysée par son appui, ses mains placées autour de son visage, l'empêchant de bouger ou de se dérober de sa prise, dont les doigts caressait distraitement la peau froide sous-jacente.

Ce que le sorcier à lunette ressentait comme une recherche sembla durer une éternité, et la douce chaleur du Serpentard n'effaçait en rien la douleur du plus jeune qui ne désirait plus qu'une seule chose : que tout cela s'arrête.

Il sentit soudainement la respiration de l'aîné se bloquer, ses yeux se fermèrent, et l'intrusion cessa. Avait-il trouvé ce qu'il cherchait ?

"C'est presque... fini..." dit-il, à bout de souffle.

Il rouvrit les paupières, et alors Harry reconnu l'intrusion censée mettre fin à toute douleur. En effet, à peines quelques secondes s'écoulèrent et ses murailles mentales se reformaient, cloisonnant une à une chacune des parcelles de son esprit.

Et une autre.

Une parcelle qu'Harry ne connaissait pas, mais qui semblait avoir toujours été là. Il sentit Severus porter plus d'attention à celle-ci, mettant plus d'efforts à l'entourer.

Et enfin, il partit.

De retour dans le monde réel, il s'effondra sur son aîné, prêt à sombrer.

"Ne t'endors pas maintenant !" s'exclama Severus, le plus jeune contre lui. Celui-ci se ressaisit, retardant le moment où il devrait se détacher complètement du serpentard, et enfin, alors que sa chaleur le quittait vraiment, il s'adossa à nouveau contre le bord du Candide.

"Pourquoi c'était si long...?" murmura-t-il, encore essoufflé.

"Parce que je voulais éviter que ça ne se reproduise trop prochainement.

- Et pourquoi est-ce qu'Il a autant de facilité à briser mes murs ?

- Il n'a pas besoin de les briser s'il est déjà à l'intérieur." répondit Severus, impassible.

Harry ne comprenait pas vraiment ce qu'il venait de lui dire.

"C'est... à cause de notre lien ?"

Le plus agé ne répondit pas, mais le Gryffondor ne loupa pas la façon dont il agrippait nerveusement ses robes à cet instant.

"Tu n'aurais pas dû traverser le parc dans ton état ! s'exclama-t-il soudainement.

- Mais tu n'étais pas dans tes appartements, que devais-je faire d'autre ?

- Aller voir Albus, il m'aurait envoyé un patronus !"

Harry ouvrit et ferma la bouche sans rien dire. C'est vrai, il aurait pu faire ça.

"Désolé."

Le silence s'installa, et il était clair que Rogue était perturbé par quelque chose. Le plus jeune l'observa, et après avoir remit ses lunettes, passa ses doigts sur ses lèvres.

Son souffle...

"Et-Et toi... qu'est-ce que tu faisais là ? demanda-t-il en effleurant son bracelet.

- Je fais ce que je veux, au cas où tu aurais omit ce fait. J'ai 37 ans.

- Comment oublier... grogna le plus jeune. Ce n'était pas un reproche, juste une question."

Le visage de l'aîné se ferma, et il détourna le regard. Etait-il venu réfléchir à sa mission ?

Harry baissa les yeux, ses entrailles se serrant douloureusement. Pourquoi fallait-il que ce soit toujours ainsi ? Pourquoi fallait-il, dès qu'il creusait un peu, que tout devienne grave ? Pourquoi, dès qu'il oubliait un peu la noirceur des temps présents, fallait-il qu'ils reviennent à lui avec autant de violence ?

Il n'y avait rien de mal à parler Quidditch avec son meilleur ami, à aller en cours de Potions avec Severus, à manger des tartines de mielobeurre, à jouer aux Pirates... Alors pourquoi devrait-il craindre à chaque fois la retombée de toutes bonnes choses ?

Parce qu'il était l'Elu, et que c'était comme ça.

Mais il en avait marre que ses proches en patissent autant que lui.

Il vit Severus, assis face à lui, mordiller ses lèvres à nouveau, et baisser la tête. Les reflets orangés provenant du pont se déposaient doucement sur eux, mais Harry ne réussissait pas vraiment à les apprécier, secoué par l'état du plus âgé

Allait-il lui dire ce qui n'allait pas ? Harry s'approcha de lui à nouveau, comme il l'avait fait dans la salle commune des Gryffondor avant d'être interrompu, et glissa sa main dans la sienne.

"Sever-

- Harry..."

Le Serpentard serra négligement la main qui embrassait la sienne un peu plus fort, et ouvrit la bouche sans rien dire. Il passa lourdement sa main libre sur son visage et ses cheveux, et soupira.

"Harry, retourne au château, il est vraiment tard..."



 

  "....et j'apprécierais que Tom et Jerry se réveillent et accordent toute leur attention à mon cours !"

Harry et Severus sursautèrent, réveillés par la remarque de McGonagall, et marmonnèrent quelque chose de semblable à des excuses.

Le Gryffondor ne s'était pas du tout remit de sa nuit, bien qu'il ait dormis un peu, mais Rogue, lui, n'avait pas pu fermer l'oeil.... et son nouveau métabolisme avait décidé de le lui faire payer, ce qui semblait amuser Minerva au plus haut point.

En même temps, comment pouvait-il espérer dormir quand il avait senti ce qu'il avait senti ? Cette présence dans l'esprit de Harry... Il l'avait trop longtemps fréquentée pour ne pas la reconnaître, mais elle semblait si profondement ancrée en lui... C'était comme... un infime fragment de l'esprit du Seigneur des Ténèbres ?

Severus tourna sa tête vers le jeune homme qui semblait à deux doigts de se rendormir, et laissa son regard parcourir le profil du Gryffondor. Le coude appuyé sur le bureau qu'ils partageaient, il avait son menton dans sa main, les lèvres entrouvertes et des cheveux dans les yeux. Il semblait mener un rude combat contre ses paupières pour les empêcher de se fermer, et lorsque, soudainement, la fatigue se fit trop lourde, il perdit l'équilibre de son appui et se redressa subitement, la marque de sa main encore rouge sur son menton et sa joue. Rogue ricana.

"Quoi ? marmonna Harry en se frottant les yeux.

-Rien. Tu es juste... trop jeune, répondit-il, un sourire triste sur le visage.

- Trop jeune pour quoi ?

- Pour mourir." improvisa Rogue en haussant les épaules.

Harry pinça ses lèvres. "Moui, merci Severus, j'apprécie ta joie de vivre, ton optimisme, vraiment, c'est cool." Le serpentard lui répondit par un nouveau sourire insolent.

Harry était vraiment trop jeune. Trop jeune pour tout ce qui lui arrivait. Et si Severus voyait son hypothèse se vérifier, alors il devrait admettre une bonne fois pour toutes que ce n'était pas le gamin qui cherchait les ennuis, mais les ennuis qui venaient à lui. Ou que du moins PARFOIS les ennuis venaient à lui.


  Pendant deux semaines, rien ne vint troubler les nuits de Harry, qui se demandait sérieusement s'il ne devait pas commencer un culte voué aux pouvoirs de Rogue, parce que celui-ci n'avait plus aucunes visions depuis sa petite séance d'occlumencie.

"Dans deux semaines.... Bon sang, c'est dans deux semaines, et je sens qu'on est pas prêts ! On devrait redoubler les entraînements... Revoir nos tactiques !

- Calme-toi Ron, c'est bon ! C'est moi le capitaine de l'équipe, c'est moi qui suis censé paniquer ! Toi, continues juste de t'entraîner. Tu pourras flipper dans deux semaines.

- Mais j'ai vu les Poufsouffles jouer ! Ils sont meilleurs que les Serpentard !

- Mais pas du tout, c'est absurde !" s'insurgea Severus.

Ron et Harry, assis dans la Grande salle, se tournèrent vers lui.

"Je n'aime pas le Quidditch, et je ne suis pas bon, mais j'ai aussi vu les Poufsouffle jouer, et ils ont ni plus ni moins le même niveau que les Serpentard quand vous avez joué contre eux !"

Le rouquin plissa les yeux. "Mais, tu n'étais pas là quand on a joué contre eux." lui fit-il remarquer.

"Ah. Ah oui. Je n'étais pas là. C'est... vrai... ma foi...Mais je parlais du match qu'ils ont joué contre Serdaigle, ajouta précipitemment Severus d'un air dédaigneux, comme si c'était logique (alors qu'il venait de l'inventer).

- Evidemment ! ajouta Harry.

- De toutes évidences.

- Voilà bref, passons. Donc tu vois Ron, tu te prends la tête pour pas grand chose. Nous nous entraînons durement, tu as non-stop des courbatures, on ne peut pas faire plus.

- Oui mais... Et si tu nous donnais vraiment du Felix Felicis cette fois-ci ?" demanda Ron en bougeant ses sourcils de manière significative.

Harry soupira et secoua la tête, et entreprit de porter son toast à ses lèvres. Mais une main le lui vola avant que celui-ci ne puisse atteindre sa bouche. "Hé ! S-Severus ? Rends moi mon-

- Tu avais du Felix Felicis et tu ne m'as rien dis ?" dit-il avant de croquer la tartine qu'il venait de voler.

Le Gryffondor s'éclata la main contre son front en s'insultant à voix haute. "Ne tape pas si fort dessus ou tout mes efforts n'auront servis à rien..." marmonna le Serpentard en toisant l'éclair partiellement dissimulé par les cheveux noirs.

"Ecoute, je voulais t'en parler, mais avec ce qui est arrivé ensuite, la nuit qu'on a passé sur le Candide et tout ça, j'ai complètement oublié.

-La nuit sur le quoi ? s'étonna Ron avant de devenir écarlate. Euuuh attends attends vous avez passez une nuit ensemble ? Harry, t'as dormis avec Dracula ?!

- Quoi ?! Mais non !!! s'exclama Harry, tout aussi rouge. Tu es fou ou quoi ?! Severus dis-lui !

- Harry avait fait un cauchemar et avait besoin de réconfort... soupira Severus faussement ému par ce souvenir.

- Et-et quoi ? articula Ron avec difficulté. Tu lui a fais un calin ou bien ?

- Un gros calin, oui, confirma Severus, ignorant le cri consterné de Harry.

- C'ÉTAIT PAS ÇA DU TOUT !!!" s'époumona Harry, plus rouge que Ron.

Ce qui devait arriver arriva, et Severus, se cachant dans ses mains, éclata de rire. Phénomène plus rare que les éclipses totales de soleil, c'était un rire cristallin qui frappa Harry violemment, le rendant cloué sur place, lui, Mc Gonagall et Lupin qui suivaient la scène depuis la table des professeurs. Et Hermione, aussi, qui était sur le point de les interrompre pour les saluer.

"Qu'est-ce qu'il se passe.... demanda-t-elle vaguement, complètement choquée. Ha..harry ?"

Le Gryffondor se retourna vers elle après un petit instant de latence. "Mais je sais pas je... AH SI ! s'exclama-t-il soudainement. C'est Severus qui m'embête là à dire n'importe quoi !! Et maintenant je sais pas... je crois qu'il est... déréglé." ajouta-t-il en faisant des gestes vagues.

Au même moment, Rogue soupira, reprenant ses esprits. "Oulah je... excusez-moi je... je ne sais pas ce qu'il vient de se passer. Harry, tu ne te rends pas compte qu'il y a marqué "Bonjour, mettez-moi dans l'embarras s'il vous plait" sur ton front ? Je ne peux pas resister.

- Ca fait un grand front... murmura Ron.

-... Donc on ne va pas parler de ton fou-rire là ? demanda Harry, incrédule.

- Certainement pas. Estimez-vous déjà heureux que je n'utilise pas l'oubliette. Weasley, l'interpela Severus, il ne s'est rien passé. On a juste parlé longtemps parce qu'il n'arrivait pas à dormir.

- Pas de câlin ?

- MAIS NON PAS DE CALIN !" s'exclama Harry.

Le Gryffondor reprit son toast des mains du serpentard et croqua dedans avec beaucoup de hargne sous l'oeil incrédule de Severus, réalisant avec gêne que oui, il avait déjà dormi avec Rogue lors de sa transformation, et que oui, il lui avait déjà proposé un calin dans le bureau du Directeur avant qu'il ne se défende avec l'épée de Godric.


      "Je vais tous les tuer.

- James. Moi aussi j'ai hâte de revoir harry, mais ne précipite pas les choses s'il te plait.

- Mais Lily ! Même la petite Hermione là ! regarde son sourire au coin, ses yeux pervers ! Elle les ship !!! Elle les ship !

- Ose me dire que leur amitié est néfaste pour quiconque.

- Amitié, tout de suite les grands mots. Non, non, Ron a raison de se tenir à distance et de se méfier. Recommencez à parler Quidditch les gars, c'était bien !"


      Soudainement, un hibou passa une fenêtre du château, et voleta jusqu'à eux. Elle se posa devant Rogue, lettre à la patte.

"Oh mon Dieu un hibou autrichien !!! s'exclama Ron. C'est le tien ?

- Il faut croire, répondit distraitement Severus en détachant le parchemin.

- Ah oui ? Et c'est qui lui ? Après ton pingouin, c'est ta chouette Jean-Mouloud ? demanda Harry.

- C'est un hibou, petit idiot."

Il déplia le parchemin, et après l'avoir lu, soupira. "Oh, vraiment..."

Il se leva, s'empara de sa robe de sorcier, et, posant sa main sur les cheveux de Harry dans un geste devenu habituel, il s'excusa. "Je dois y aller, on se voit plus tard. Je t'expliquerai."



 

   Plus tard dans l'après midi, un incident de type 'Peeves' eut lieu dans la salle commune des rouge et or, et alors Ron, en bon préfet, se proposa pour demander de l'aide avec le Directeur. Celui-ci étant absent et ne revenant que quelques heures plus tard, comme le lui dirent les gargouilles, il fut chargé de revenir plus tard.

"Tu n'as qu'à aller voir McGo, proposa le sorcier à lunettes, assis dans un canapé de la salle commune.

- Bein oui Harry, t'as raison tien, et tu sais où ils sont ses appartements ?"

Le Gryffondor plissa les yeux : il n'en avait en effet aucun foutue idée.

"De toutes façon je ne pense pas qu'elle soit là, dit Hermione.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Je pense qu'ils sont en réunion pour l'Ordre, expliqua-t-elle. Lupin est toujours là, je l'ai croisé tout à l'heure, j'imagine qu'il est resté avec Tonks pour la protection du château."

Harry acquiesça : c'était plutôt logique, et ça expliquait même l'absence de Severus.

"Bon, est-ce qu'on peut parler de quelque chose d'important ? demanda Ron.

- Si c'est pour nous dire à quelle point ta Lavande embrasse bien, c'est pas la peine, Ronron, feula Hermione.

- Mais alors, justement, je voulais parler de ça. Enfin d'elle. Je... j'en peux plus ! Elle m'embrasse comme elle respire je... je ne connais même pas sa matière préférée ou... ou sa date de naissance enfin... je ne sais rien d'elle, on parle pas, elle me galoche ! Alors je voulais savoir... (il se tourna vers Harry.) Comment on devient gay ?"

Le sorcier à lunettes s'étouffa violemment. "Ron, dans cette fanfic tu es parfaitement hétérosexuel, n'essaie pas de provoquer un retournement de situation.

- Mais est-ce que je peux au moin lui faire croire que je le suis ? Et oh ! Qu'on est ensemble toi et moi !

- Non mais ça va pas du tout ! Et 'Mione, arrête de rire ! Non non, tu assumes hein."

Ils éclatèrent de rire, tout les trois, assis dans le même sofa qu'à leur habitude, face à la cheminée.


         Confortablement installés au même endroit, Hermione avait sa tête posée sur l'épaule de Ron et sa main dans celle de Harry. Ils fixaient tous le feu brûlant dans l'antre, se délectant de ce moment simple d'amitié dont ils n'avaient pas profité depuis longtemps.

"Severus est rentré..." murmura Harry.

"Comment le sais-tu ? demanda Hermione à voix toute aussi basse.

- Mon bracelet, expliqua-t-il en passant sa main dessus. La magie qui en émane est plus forte.

- Tu ressens la présence de Prince avec ton bracelet ?" s'étonna Ron doucement.

Harry opina. "Quand on s'est... disons... rencontrés, je lui ai dis que je trouvais énorme ce qu'il pouvait faire avec ses vêtements. Il peut les changer à sa guise grâce à un sortilège tu vois... et genre, on est devenu amis, et plus tard il m'a offert ce bracelet, qui est sous le même sortilège. Il change de couleur et d'aspect en fonction de ce que je ressens ou de ce dont j'ai besoin. Et comme il est fait avec sa magie, il réagit quand il est là.

- Ah, j'étais sûre que c'était lui qui te l'avais offert ! gloussa Hermione. Prince avait l'air tellement gêné quand j'ai posé des questions à ce sujet à mon retour à Noël."

Harry rit à son tour. Oui, il avait été gêné, et lui aussi, par Merlin. Mais il aimait bien son bracelet. Il était pratique, et franchement marrant à changer d'aspect aussi facilement.

"C'est quand même étonnant que je puisse sentir autant sa magie... Enfin, je veux dire, parfois, quand on est vraiment proche-

- Genre comme en cour de potion ? ricana Ron.

- ...ouai... eh bein je la sens presque pulser contre mon poignet dans ces cas là. Enfin je ne sais pas c'est... Comme une caresse, presque, enfin... oui bon bref, laissez tomber. Je sais juste qu'il est au ch-"

Une brutale explosion de flammes dans la cheminée fit taire Harry et hurler Ron et Hermione de peur, avant qu'une lumière émeraude ne vienne illuminer l'antre. "Pardon, j'ai jamais su doser la poudre de cheminette." marmonna Severus en émergeant du feu, deux paquets en main.

"Je vous avais dit qu'il était rentré.

- En parlant de retour, Dumbledore est peut-être là maintenant, non ? Ca fait un bout de temps qu'il est parti. Je vais voir !" dit Ron en sortant.

Rogue se laissa tomber sur le fauteuil à côté des deux Gryffondors restants.

"Alors cette réunion ?" demanda Harry. Severus releva les yeux, surpris.

"Comment tu...

- Oh, ça va, toi, Dumbledore et McGonagall vous disparaissez en même temps.... j'imagine que vous étiez pas partis jouer à la pétanque.

- C'est Granger qui a deviné ?

- Oui."

Le serpentard soupira. "C'était interminable. Albus avait déjà expliqué dès les premiers jours la situation actuelle aux autres membres de l'ordre, mais il a jugé bon de m'emmener avec lui. C'était insupportable, j'avais l'impression d'être une bête de foire. Et Merlin, je me suis fait chouchouter par Molly ! s'exclama Severus encore instable psychologiquement parlant.

- Monstre des cachots ou pas, un adolescent est toujours adolescent aux yeux de madame Weasley !" dit Harry en riant.

Prince roula des yeux et ouvrit les deux paquets qu'il avait avec lui. "Elle a insisté pour que je vous ramène ça.

- Oh mon Dieu des gâteaux. Ron va être content !

- Oui, eh bien Molly a justement précisé qu'il ne devait pas trop en prendre. Je ne sais pas si elle a peur qu'il devienne encore plus roux..."

"Hermione ? Ah Hermione ! s'exclama Ginny en entrant dans la salle commune. Tu n'aurais pas vu Ron ?

- Il avec avec Dumbledore ! répondit Harry en tentant de se servir une part de gâteau.

- Oh, euh, merci Harry..." marmonna timidement la rouquine. C'est vrai qu'elle ne lui avait pas adressé la parole depuis l'annonce de son attirance pour les hommes.

"Heu, Hermione, enfin je... Je devais lui demander de m'aider en sortilège...

- Tu as demandé de l'aide à Ron ? répéta Hermione, incrédule. Il a certes de l'avance sur toi vu qu'il a un an de plus mais viens plutôt me voir dans ces moments là. Tu veux que je t'aide ? On monte dans les dortoirs ?"

La visage de Ginny s'éclaircit et elle acquiesça vivement avant d'entraîner Hermione avec elle dans les escaliers.

"Tu crois qu'elle va réussir à faire la part des choses ? demanda Harry à Severus, après s'être assuré qu'ils étaient seuls.

- Qu'est ce que j'en ai à faire !

- Oulah, oui, la réunion a dû être vraiment longue.

- Tais-toi et sert-moi du gâteau." demanda Severus de manière faussement autoritaire, en posant sa tête sur son dossier, mains jointes, doigts croisés et yeux fermés.

Harry plissa les yeux, amusé. "Est-ce que c'est un-

- Oui, c'est un ordre. Apporte-moi du gâteau. Je l'ai ramené, je le mange. Je suis Severus Prince, tu vois, PRINCE, tu es mon domestique, aller.

- Et le mot magique ?

- Non."

Le Gryffondor grogna et se leva. De toutes façons il allait s'en servir une à lui aussi alors bon. Il fit venir deux assiettes et des couverts jusqu'à eux, se découpa une part et s'arrêta. Il regarda le gâteau longuement, et au bout d'un moment, un sourire se forma sur ses lèvres.

"Bon, y es-tu ?

- Oh oui, j'y suis."

Harry s'approcha de Severus, lui qui avait toujours les yeux clos, et trempa son doigt dans la crème qui ornementait la part, avant de lentement et lascivement le passer sur la joue et les lèvres du Serpentard. C'était une très grosse provocation et il allait mourir, mais franchement, il sentait que ça valait le coup.

Severus ouvrit les yeux soudainement, plantant son regard d'ébène dans les yeux verts de Harry, mâchoire serrée. "Tu n'as tout de même pas osé...

- Vous savez très bien que je ne réponds jamais aux ordres, professeur..." répondit-il avec un sourire narquois.

Rogue ferma alors les yeux très fort, soupira avec autant de passion, et se leva brusquement. Harry, tenant toujours la part de tarte dans sa main, frissona : il avait fait une grosse connerie. Il le savait parfaitement.

Severus s'avança alors, et au fil des pas qu'il faisait vers lui, son visage de radoucissait, quoique son terrible sourire insolent à nouveau dessiné sur ses lèvres persistait. Il glissa sa main dans celle, libre, du Gryffondor et la seconde par dessous celle qui tenait l'assiette.

Le coeur du Gryffondor loupa un battement lorsqu'il vit les yeux de son ainé se poser sur sa bouche. Le serpentard lâcha finalement la main du jeune homme face à lui et passa lentement ses doigts sur la marque de crème que Harry avait déposé sur ses lèvres, avant d'y passer sa langue, lentement. Vraiment trop lentement pour que le cadet ne puisse détacher ses yeux de ce spectacle.

Harry aurait pu laisser tomber l'assiette qu'il avait dans les mains tant il était absorbé. Il aurait pu, et il aurait dû, puisque Severus profita de ce beau moment d'égarement pour la lui envoyer dans le visage.

"OH MON DIEU ! Espèce de- !!!"


  Ron arrivait enfin près des gargouilles de Dumbledore en marmonnant. "Non mais Peeves, sérieusement quoi... Il est vraiment indomptable...."

Il redressa la tête, tentant de se rememorer les mots de Harry. "Aah oui, SNARRY !!!

- Pas la peine de hurler, jeune homme...' répondit l'une des gargouilles avant de se décaller pour laisser le passage libre.

Ron rosit légèrement, et s'engagea dans les escaliers du Directeur. Il montait les marches distraitement, avant qu'il ne réalise que le Directeur n'était pas seul. Il attendit alors, espérant que son invité parte et ne voulant pas s'imposer, mais la discussion vint jusqu'à lui.

Alors, il écouta.

"Tout ce que je dis, Albus, c'est que si ça continue, Harry va finir par croire qu'il est réellement comme ça.

- Comme ça comment, Remus ?

- Qu'il est comme Severus Prince !

- Mais enfin, Severus Rogue est Severus Prince !"


A suivre...

End Notes:

TIN TIN TIIIIN

Voilà j'avais pas eu l'occasion de finir un chapitre sur un Cliffhanger dans cette fic, c'est chose faite ! (quoique un tout petit cliffhanger...)

Laissez des reviews, ça boost :D

A la prochaine !

KIRI~

Chapitre 13 : Faire la sourde-oreille. by Yukiri
Author's Notes:

HELLO TOUT LE MONDE ! Ah, j'arrive avec un nouveau chapitre (en y pensant, je vois pas ce que je pourrais poster d'autre donc bon. ), et j'ai adoré l'écrire, donc j'espère qu'il vous plaira !

Bonne lecture :D

CHAPITRE 13 : Faire la sourde-oreille.

“Severus Rogue est Severus Prince !”

Dans les escaliers menant au bureau du Directeur, Ron s’agrippa au mur. Le sortilège se brisait. Mais si Prince était Rogue, alors…

“Harry !!!” laissa-t-il échapper avant de faire demi-tour en courant.

Son meilleur ami était peut-être en danger actuellement ! Qui savait ce que Rogue pouvait être en train de faire à Harry, lui qui le hait tant ? Il devait tout lui dire, le prévenir !

Ah, il le savait ! Il savait qu’il y avait un problème avec Prince ! Il les avait prévenus !

S’approchant à vive allure du tableau de la Grosse Dame, des cris parvinrent jusqu’à ses oreilles, et Ron commença à vraiment paniquer.

“A-Arrête s’il te plais !!! Au-Au secours !!!!

- Vous m’avez cherché, vous me trouvez, Potter !”

Le Gryffondor paniqué blêmit et cria le mot-de-passe, le tableau pivotant sous son ordre. Il entra alors dans la même précipitation, baguette brandie.

“Harry ?! Tu vas bien ?!” s’exclama-t-il en regardant à gauche et à droite.

Finalement, il le vit enfin.

Harry, dos plaqué au sol, dominé par Rogue assis sur lui et arme en main, leur visages tournés vers lui. Alors Ron s’approcha doucement, la baguette menaçant l’agresseur.

“Harry, il n’est pas celui que tu crois !”

Le sorcier à lunettes fronça les sourcils, haletant encore d’un rude combat et le préfet quitta alors Severus des yeux pour les observer attentivement. Harry était méconnaissable : son visage était recouvert de crème, preuve d’une violente agression à la tarte. Mais il s’était certainement défendu -bien que sans réel succès- vu les légères marques de la même nature sur les joues de Prince, qui tenait une part de cette dite-tarte dans la main.

“C’est entièrement sa faute ! s’exclama Harry sans bouger d’un poil. Moi j’en avais juste mis un peu sur son visage ! J’y peux rien si il reste plus de gâteau ! ET DE TOUTES FAÇONS TA MÈRE A DIS QUE TU DEVAIS PAS TROP EN MANGER RON ALORS CA VA HEIN !

- C’est vrai…” ricana Severus.

Quoi ? Ron baissa sa baguette. Nan, ça pouvait pas être Rogue… Pourtant, maintenant qu’il avait entendu Dumbledore, la ressemblance était frappante ! Il releva sa baguette, menaçant.

“Lâchez Harry. Lâchez-le et levez-vous.

- Ron ? s’étonna l’Elu. Mais baisse ta baguette bon sang, qu’est-ce qui te prend enfin ?

- Mais ne vois-tu pas ?! Bordel, Prince se fout de nous ! C’est… C’est Rogue ! Dumbledore l’a dit !”

Les deux imbéciles qui trainaient sur le sol devant lui blêmirent. Que Ron découvre la vérité… ma foi, ça pouvait aller, c’était gérable. Mais Severus avait un peu du mal à encaisser le fait qu’il était découvert alors qu’il était dans cette position et s’adonnait à ce genre d’activités. Il y eu donc un très très trèèès long silence durant lequel ni Harry ni Rogue ne pouvait quitter Ron des yeux, réalisant petit à petit la situation dans laquelle ils étaient.

“Eh bein, vous en faites du bruit ! Ginny ne peut pas se concen-” Hermione se tût d’elle-même, alors qu’elle descendait les escaliers menant au dortoir des filles.

“Oh.” fit-elle en posant son regard sur les deux sorciers au sol. Ils se tournèrent vers elle en silence.

Ses yeux croisèrent ceux du professeur, qui regarda immédiatement ailleurs. Il était rarement gêné. Mais là y avait de quoi.

“Je suis désolée.” dit-elle soudainement, et avant que quiconque n’ai pu comprendre quoi que ce soit, un petit clic raisonna dans la pièce commune.

“Quoi, Granger, Minerva n’a pas récupéré son appareil photo ?! demanda-t-il en tentant un maximum d’être autoritaire, quoique la chose était compliquée à cet instant.

- Elle n’a jamais réellement mit fin à ma mission… Et qu’est-ce que- Ron enfin, baisse ta baguette !!!”

Ron cligna des yeux, toujours choqué par la scène devant lui, avant de poser son regard sur Hermione et de se reprendre. Il referma sa prise sur son arme.

“ ‘Mione ! Prince ! C’est Rogue ! BORDEL MAIS RÉAGISSEZ ! Dumbledore l’a dit à Lupin ! DUMBLEDORE ! C’est pas des conneries !”

Severus baissa les yeux lorsqu’il sentit le corps sous le sien s’agiter. Harry cachait son visage avec ses mains, et haletait curieusement. Et enfin, il éclata de rire, et Rogue soupira, vaincu.

“Sev’, t’as vraiment pas de chance ! s’esclaffa-t-il. La révélation aurait pu avoir la classe, mais nan, t’as du gâteau sur la joue !

- Veux-tu bien te taire !” s’exclama-t-il en envoyant (il se retenait depuis l’arrivée de Weasley) la part de gâteau qu’il avait dans la main dans le visage de Harry. De toutes manières au point où ils en étaient…

“Qu’on m’explique !!!” s’écria Ron, réalisant qu’il avait loupé un épisode.

Severus se lança un sort de recurvite imprononcé, et passa ses mains lourdement sur son visage, tentant de reprendre contrôle de lui-même, et cacher sa rare gêne. Finalement il se leva, ignorant le grognement de Harry qui semblait être capable de respirer à nouveau, avant de se tourner vers lui avec pitié. Il lui lança alors le même sort, et Harry se releva à sa suite, tout aussi propre.

Ron suivait les déplacements du Prince de sa baguette, et alors le brun s’immobilisa, tête baissée. Il la releva soudainement, les yeux illuminés d’une lueur mauvaise, et lorsqu’il leva la main, Ron se retrouva violemment plaqué au mur par une force invisible, ses pieds ne touchant plus le sol.

“Severus ! s’exclama Harry, incrédule. Mais qu’est-ce que tu-

- Monsieur Weasley… commença Rogue. Vous me regardiez, baguette en main, menaçant, et j’ai pu vous immobiliser sans même sortir la mienne. Alors expliquez-moi, si j’étais là pour m’en prendre à Harry, comment se fait-il qu’il soit encore vivant aujourd’hui ?”

Il baissa la main, et Ron glissa contre le mur, retombant sur ses pieds sans heurt.

“C’était vraiment nécessaire ? demanda Harry, irrité.

- Oui. C’était pour le ‘Dracula’.”

Le Gryffondor soupira. “Ron, assieds toi avec nous, je crois qu’on te dois des explications.

- Tu crois bien.”

Harry et Hermione s’assirent sur le sofa, Ron dans le fauteuil face à eux, et Severus se tenait debout, derrière le sorcier à lunettes.

“C’est entièrement ma faute, commença Harry. Enfin, pas vraiment…. C’est… Enfin tu sais, je vous avais expliqué avec Hermione comment je me suis retrouvé avec Rogue dans le bureau de Dumbledore ?

- Ouai, répondit Ron, aigre. T’en étais ressorti plutôt chamboulé…” ajouta-t-il, laissant tomber pour l’instant tout ressentiments.

Severus leva un sourcil. Vraiment, chamboulé ?

“Eh bien, comme je te l’ai dit avant que tu partes fêter Noël au Terrier… Sev’ a perdu son rôle d’espion… mais le problème c’est que Voldemort pouvait toujours l’atteindre via sa marque des Ténèbres.”

Ron roula des yeux : il en avait pas grand chose à faire de ce qui pouvait lui arriver, franchement.

“Donc, Dumbledore a eu une idée-

- Wow, déjà c’est pas bon signe, ricana le roux.

- Vous ne croyez pas si bien dire… souffla Severus à demi-mot.

- Il a imposé au professeur le sortilège de Neverland slash Peter Pan, slash Saint-Exupéry, continua Hermione. C’est un sortilège qui… comme tu peux le voir, Ron, te redonne l’apparence que tu avais à une certaine époque. Et dans le cas du professeur, 16 ans.

- Du coup, y a plus la marque ?

- Exactement, confirma Harry. Et Dumbledore m’a demandé de garder un oeil sur Severus.

- Ce qui explique pourquoi vous trainez tout le temps ensemble.” ajouta Ron.

Harry passa sa main dans ses cheveux, le regard gambadant dans la salle. Ce n’était pas… enfin, ce n’était plus vraiment pour cela, à ses yeux. Il l’appréciait vraiment, maintenant, alors Dumbledore ou pas…

“De toutes évidences.” répondit Severus.

Le Gryffondor baissa la tête, un peu blessé par son intervention. Beaucoup trop blessé. Et Hermione avait dû le sentir puisqu’elle ne put s’empêcher de glousser.

“Oh oui, Ron, et Dumbledore leur a même demandé de se battre avec du gâteau. Il a bien insisté pour que le professeur Rogue assiste gentiment Harry dans tous ses cours, et qu’ils aillent mettre ensemble la pagaille à Pré-au-Lard. Tout ça, c’est Dumbledore qui leur a demandé, bien sûr.” railla-t-elle.

Rogue grogna derrière Harry, se tournant face fenêtre, mais garda le silence. L’Elu sourit. Ron posa son regard sur le bracelet de son ami dans une question muette, et alors le brun tiqua.

“Ah oui, l’épisode Prince des Pirates ! s’exclama Harry hilare avant de se prendre une tape sur la tête.

- Ne dit rien !”

Le Gryffondor éclata de rire à nouveau et s’excusa vaguement vers Rogue d’un geste de la main.

“Avant que Sev’ n’ait le corps d’un adolescent, le sortilège a dû se stabiliser, et alors il avait le corps et l’esprit d’un gamin de 7 ans ! s’esclaffa-t-il. On a joué aux pirates, il a vanné Malefoy et un sale type qui s’appelle Pimm Renardo…

- Renardin, corrigea Severus. Et pitié ne me parle pas de cet imbécile.

- Ah oui, voilà. C’était à la soirée de Slugh, c’était horrible,mais on s’est bien éclaté avec le petit Prince, Dumbledore et McGo… enfin, madame Minerchat, comme l’appelait Sever- Aouwh ! Arrête de me taper ! Et il s’est passé d’autres trucs, tout ça tout ça, mais il était pas lui même et c’est à cette période là que j’ai eu ce bracelet.” conclut-il en relevant sa manche.

Rogue s’étouffa très clairement, et Harry le rejoignit dans sa quinte de toux, se remémorant tout sa signification.

“Oh fait ! s’exclama soudainement Harry. On a un bateau !!! Il s’appelle le Candide ! Je l’ai évoqué ce matin, mais faut absolument que tu viennes dessus un jour !

- Alors ça, hors de question ! l'interrompit Rogue. Personne d’autre que…” il ferma les yeux lourdement.

La respiration de Harry se bloqua. La facette possessive que venait de laisser percevoir Severus était plus que surprenante, et il ne put empêcher un sourire de se former sur ses lèvres. Personne d’autre que qui, hein ? Il se tourna vers lui, le regard malicieux, avant de se prendre un pichenette sur le front. “Taaant de violence…” souffla-t-il dramatiquement.

“Weasley, reprit Severus. J’ai refusé que vous soyez mêlé à cette histoire, mais maintenant que c’est le cas, j’attends de vous que vous jouiez le jeu jusqu’au bout. Ne gâchez rien.”

Ron lâcha une exclamation outrée. “Personne ici n’est en droit de me demander quoi que ce soit ! Harry, ‘Mione, vous m’avez menti ! Je me sens blessé ! Enfin honnêtement, marmonna-t-il un ton plus bas, je comprends pas trop ce que je ressens là, c’est vraiment trop bizarre comme situation… Mais je n’en reviens pas ! Comment vous avez pu me faire ça ! Je suis votre meilleur ami !

- Je leur ai ordonné de ne rien dire, Harry et Granger n’y ont pour rien, Severus se surprit-il à défendre.

- Mais ça ne change rien ! Depuis quand tu obéis aux professeurs Harry ?! Rogue qui plus est !”

Harry se leva. “Ce n’est pas parce que c’est un professeur que j’ai respecté sa demande ! C’est sa vie, alors c’est lui qui décide entre les mains de qui elle doit être placée ! Tu crois que ça m’a fait plaisir de te cacher tout ça ? Non, bien sûr que non ! Parce que comme tu l’as dis, tu es mon meilleur ami !”

Ron se redressa à son tour, une vague de colère déferlant en lui. “Vraiment, je ne sais pas si je peux te croire.” Et il quitta la salle à grand pas. Hermione se leva précipitamment à sa suite. “Je vais essayer de le calmer !” dit-elle à Harry en passant la porte.

Il se laissa alors tomber dans le canapé, et après un moment durant lequel rien d’autre que le crépitement des flammes n’osait rompre le silence, Rogue s’installa à ses côtés.

“Imbécile… dit-il.

- Tu rigoles ! C’est toi qui m’a dit de ne rien lui dire !”

Severus se tourna vers lui. “Je parlais de Weasley.

- Ah... Bof… je ne sais pas, je…”

Le Gryffondor remonta ses genoux et les entoura de ses bras, puis posa son menton sur l’un des deux. Il inclina la tête vers le Serpentard.

“Tu m’as demandé de ne pas lui en parler, parce que tu ne lui faisais pas confiance, et c’est ton choix, Sev’... Mais en ce qui me concerne, Ron est mon meilleur ami et notre amitié est basée sur une confiance mutuelle. Alors évidemment, il va bien finir par comprendre que c’est ton choix et ton droit, et non le mien, mais d’ici là, il va le prendre comme une trahison… Et c’est compréhensible. Techniquement, entre amis, on ne se cache pas ce genre de… gros secrets.”

Les yeux émeraudes ne quittèrent pas les noirs, et pendant un autre moment de silence, ils se regardèrent sans rien dire. Jusqu’à ce que Severus baisse les yeux et soupire longuement.

Harry comprit alors que cette fois-ci, c’était la bonne.

“Harry, je ne pense pas que ce soit le bon moment… Je ne suis pas du genre a faire dans le sentimental, mais tu viens de te disputer avec Weasley, alors il vaudrait peut-être mieux que…

- Si tu veux en parler maintenant, c’est bon pour moi. Des disputes, on en a déjà eu des dizaines.”

Le grand brun opina alors, et s’approcha un peu de Harry pour ne pas avoir à parler fort, la cadette des Weasley étant encore dans les dortoirs et risquant de descendre à tout moment. Le Gryffondor ne se posa pas de questions, et sans hésitations, attrapa la main de celui à qui il faisait face, comme il l’avait fait précédemment. Et cette fois encore, Severus ne se défit pas de sa prise.

Il soupira à nouveau. Il y eut un nouveau silence, saccadé par quelques tentatives de prise de parole par l’un et par l’autre.

Severus n’était pas bien du tout. Avaler sa salive était devenu un fardeau, lui qui commençait à avoir la nausée à cause de ce qu’il s’apprêtait à dire. Les mots retenus rendaient sa bouche pâteuse, il avait le souffle court, et après avoir fermé les yeux, se força à les rouvrir pour faire face au Gryffondor.


“Albus va mourir.”


Harry manqua de lâcher sa main, mais le Serpentard le retint. Le cadet des deux laissa échapper un rire nerveux. “Pardon ?

- Il est mourant. A cause de sa blessure. La magie noire le tue. Il va mourir.”

Le Gryffondor secoua la tête.

Non.

Non, c’était impossible.

Il ne pouvait pas le laisser seul maintenant, alors qu’il avait tant besoin de lui. Il ne voulait pas être seul, il ne pouvait pas le perdre et… Harry tiqua.

Si lui se trouvait si mal… Alors bon sang mais que devait ressentir Severus ? A garder ça pour lui depuis si longtemps ?

Il réprima le sanglot qui manquait de lui échapper et attrapa brutalement Rogue pour le serrer dans ses bras. “A- Ne- Je ne… Ha-Harry ne… Peux-tu…

- Il n’y a aucun moyen de le sauver ?” demanda-t-il dans une supplication.

Le Serpentard cessa d’essayer de s’extirper des bras du plus jeune, et nia de la tête. “Non… Et c’était… ma mission.”

Harry se redressa. “Ta mission était de le sauver ?”

Severus eut un sourire triste sur les lèvres. “J’aurais aimé. Il voulais que… Enfin, il partait du principe que comme il allait mourir, je devais… le tuer, pour assurer ma fidélité au Seigneur des Ténèbres.”

Cette fois-ci, Harry ne put prendre sur lui, retira ses lunettes et craqua, les larmes roulant toutes seules sur ses joues. Il se cacha derrière ses bras croisés sur ses genoux remontés pendant un moment, et après une longue hésitation de la part de Severus, celui-ci passa sa main dans les cheveux rebelles du plus jeune.

“Comment… Comment pouvais-tu…. Supporter… Je… Sev’...

- Je ne pouvais pas supporter cette idée, et tu l’as vu lorsque tu as pris le Polynectar.”

Toujours sanglotant, Harry acquiesça. Oui, il l’avait vu, mais n’avais pas imaginé cela. Il redressa un peu son visage, faisant passer la main de Severus de ses cheveux à ses joues, et inconsciemment, le Serpentard essuya les larmes du plus jeune avec son pouce.

“Tu n’aurais jamais fais cela avant… murmura Harry.

- Tu ne te serais jamais laissé faire, argumenta Severus.

- ...Tu m’apprécies vraiment ?

- Comment la discussion en est-elle arrivée là de toutes manières ?” soupira le Serpentard, faussement agacé.

Harry lui sourit tristement. “Et la mission de Malefoy dans tout ça ?

- Pour se faire accepter par le Seigneur des Ténèbres, il a reçu pour mission… eh bien, de mettre fin aux jours d’Albus. Ce qui a conforté le Directeur dans son idée. Il ne pouvait imaginer qu’un jeune homme comme lui puisse devenir un meurtrier. Et lui n’aurait pas été ma première victime.”

Le Gryffondor commençait vraiment à avoir chaud à cause de toutes ces larmes, et à avoir la nausée. Il était complètement choqué, et passa désespérément sa main sur son bracelet. Il était terne. Un gris maussade.

Alors que Severus s’attendait à voir le plus jeune continuer à sangloter de toute son âme, déchiré, le plus jeune semblait petit à petit sombrer dans un état passif, les larmes coulant silencieusement le long de ses joues. Il fixait un point imaginaire dans la pièce, ne réfléchissant pas vraiment, ne pensant pas non plus, ressassant juste les quelques brèves paroles prononcées par le serpentard.

Un imbécile l’aurait qualifié de rêveur, alors que dans son cas, il vivait un cauchemar. Mais stupide serait celui qui tenterait de le sortir de son état maintenant. Agiter sa main devant ses yeux en chantonnant “Hého ! Y a quelqu’un la dedans ?” semblait être la pire chose à faire, et Severus se surprit à vouloir respecter ce moment de silence.

“Ainsi je comprends mieux….” soupira finalement Harry en reniflant.

“Eclaire-ma lanterne, si tu le veux bien ?”

Le plus jeune releva la tête, un sourire triste sur les lèvres. “Rien, laisse-tomber. Merci d’avoir été honnête.” Severus opina d’un geste lent. Une fois encore, il n’y eut plus aucun bruit autre que celui de la cheminée et de la respiration saccadée de Harry. Longtemps.

“Que vas-tu faire, alors ?” demanda le Serpentard. Il trouvait sa question stupide, et ne comprenait pas pourquoi il l’avait posée. Que pouvait faire Harry ?

“Eh bien, nous avons une mission, non ? Un souvenir à récupérer. Et peut-être pourrons-nous l’accompagner dans sa chasse aux horcruxes un de ces jours. Ca lui facilitera la tâche.

- Bien.”

Démoli, le plus jeune laissa sa tête tomber sur l’épaule de Severus.

“Au final, demanda-t-il après de très longues minutes, l’aurais-tu fais pour lui ?”

Le Serpentard croisa ses doigts entre eux et releva la tête.

“Peut-être aurais-je pu, s’il m’avait supplié au dernier instant. Oui, je crois qu’il m’aurait supplié de le faire. Et alors je n’aurais pas eu d’autres choix. Je pense. Enfin, je n’en sais rien.”

Il sentit le plus jeune être parcouru d’un hocquet. Il se retenait de sangloter à nouveau, et alors Severus le laissa contre lui.

Ils avaient un dîner à prendre dans la Grande Salle, mais aucun des deux ne se sentait d’humeur à manger quoi que ce soit. Mais les autres Gryffondors n’allaient pas tarder à rentrer, histoire de déposer leurs affaires avant de profiter du repas.

Finalement, ce fut un craquement qui émergea les deux sorciers de leurs réflexions. Le sofa étant dos à la porte, Harry dû se redresser et se tourner pour voir Ginny.

“Hermione est partie ? demanda-t-elle timidement. Elle m’a dit qu’elle revenait, mais ça fait un bout de temps maintenant.”

Harry posa ses coudes sur le dossier, et Severus se retourna lui aussi.

“Elle est partie avec Ron, il y a eut une dispute.

- Ah… A quel sujet ?

- Mh… un malentendu. Enfin, un secret, que nous avons pas partagé avec lui…. Mais il ne nous concerne pas, et nous avions promis, alors…”

La rousse le regarda finalement en face, et opina, compréhensive. “Tu as les yeux rouges.” remarqua-t-elle. “Ca a dû être une sacré dispute. Tu... vas bien ?” Le Gryffondor aquiesça à son tour, assez réjoui qu’elle fasse des efforts pour leur relation. Harry pensa qu’il devait l’aider.

“Tu viens t'asseoir un peu avec nous ? On a du gâteau.

- Nous n’avons pas de gâteau.”

Harry posa son regard sur Severus, sceptique.

“Weasley peut venir, se reprit-il, mais nous n’avons pas de gâteau. Dois-je te rappeler ce que nous en avons fait ?”

Le Gryffondor sourit.”Ce que tu en as fait. J’ai a peine eut l’occasion de me défendre.

- Si notre Sauveur local n’est même pas capable de se protéger d’un gâteau à la crème…”

Ginny gloussa. “Vous êtes vraiment des enfants…” Severus marmonna quelque chose d’inaudible, tandis que la rouquine s’installa à leur côtés.


      Finalement, après un moment, elle descendit dans la Grande Salle dîner, et Rogue et Harry restèrent dans la Salle Commune. Et enfin, avant le retour des autres, Severus se rendit dans ses appartements.

Ils passèrent les jours suivants à discuter de plans pour récupérer le souvenir d’Horace, et Harry ne compta pas les fois où il se rendit dans le couloir menant à la Salle-sur-Demande sans pour autant parvenir à quoi que ce soit. Ils avaient réellement l’impression de perdre du temps.

Concernant Ron, leur relation commençait vaguement à se détendre avec l’arrivée du match de Quidditch contre les Serdaigles. Et tant mieux, se disait Harry, puisque son ami était plus que distrait durant les entraînements. Ce fut lorsque le sorcier à lunettes le débarrassa de Lavande en le faisant soudainement disparaître sous sa cape d’invisibilité que leur relation s’améliora vraiment.

Et Ron lui expliqua : il était jaloux. Mais maintenant qu’il savait, il avait du mal à réaliser qu’il pouvait être jaloux de ce bâtard graisseux. C’était vexant, et presque humilant… Mais pensa que c’était vraiment parce que Dumbledore l’avait demandé à Harry. Et d’un autre côté, il avait aussi réalisé qu’eux deux n’avaient pas du tout la même relation que lui et le brun. Lui et Harry étaient meilleurs amis, dans une amitié forte... et ‘juste’ cela. Harry et Rogue étaient dans l’immédiat ; c’était une relation qu’on ne tissait qu’en temps de guerre, quand on ne sait pas ce qu’il peut arriver par la suite.

Evidemment, ce dernier point, il ne l’avait pas compris seul. Hermione lui avait exposé ses idées, et lui avait montré Les Souvenirs du petit Prince. Aux derniers clichés s’était évidemment ajouté celui qu’elle avait pris de Severus sur Harry, part de gâteau en main, tout d’eux un air hébété sur le visage. Et alors Ron n’avait pas pu s’empêcher de rire, réalisant à quel point la situation pouvait être cocasse. C’était Rogue, il avait perdu toute crédibilité à vie, et bon sang, ce que c'était bon.

Alors, avec le temps, tout rentrait dans l’ordre.


       “Dracula, passe-moi la carafe s’il te plait.”

Severus se tourna vers Ron, le regard noir. “Weasley. Je ne suis plus professeur, mais toute cette comédie ne durera pas plus d’un an, alors je vous conseille fortement de changer de comportement à mon égard.

- C’est vraiment deux poids deux mesures !” répondit-il en pinçant les lèvres. Harry et Hermione suivaient l’échange, petit déjeunant avant de se rendre à leur cours de botanique. Celui-ci ouvrait une journée bien attendue par beaucoup d'élèves, puisque dans l’après-midi avait lieu le match de quidditch où Gryffondors et Serdaigles s’affrontaient.

“Ah, vraiment ? Deux poids deux mesures ? s’étonna Severus.

- Mh-mh , opina Ron, sûr de lui. On est tous dans le même bateau, vous savez, dit-il en agitant sa cuillère pointée vers lui, alors vous devriez me traiter avec le même égard que vous traitez Harry.”

Le Gryffondor plissa les yeux, suivant l’exemple du Serpentard. “Je vous en prie Weasley, développez.

- Oh, je ne sais pas, j’ai cru comprendre que vous aviez dormi dans les bras l’un de l’autre avant votre transformation.”

Harry s’étrangla avec son jus de citrouille.

“Vous souhaitez dormir avec moi, Weasley ? Je ne savais pas que vous étiez de ce bord....”

Ron s’empourpra. “Non non non, mais c’est pas ce que voulais dire !

- J’imagine, j’imagine…

- Mais vous êtes super cool avec Harry !

- Effort de circonstances.” marmonna Severus en haussant les épaules.

Harry sourit. C’était complètement faux. Mais il espérait quand même que Ron arrête de parler. Parce que même si lui et Rogue avaient fini par bien s’entendre, ça ne changeait rien au fait qu’ils n’en parlaient pas entre eux.

“Et vous ne lui lancez pas de regard noirs. Je parle de votre regard meurtrie- Aaargh, oui celui-là….

- Bon Ron, l’interrompit Hermione à voix basse, c’est pas parce que tu as intercepté quelques regards affectueux à la dérobée que tu dois en parler.”

Elle avait parlé bas, assez pour qu’aucun des deux ne soit censé l’entendre, mais malgré tout pas suffisamment pour que ce soit le cas. Alors Harry fit mine de n’avoir rien entendu. C’était mieux comme ça.


         Le cours de madame Chourave commença bien assez tôt. Harry, depuis sa session d’aide avec Severus était monté de plus d’un niveau en matière de découpage de plante, et s’était attiré les compliments de Pomona.

“Aujourd’hui, vous allez découvrir la Rabanelle.”

Severus releva brusquement la tête.

“Qui sait ce que c’est ?”

Il ne put s’en empêcher, et leva la main comme un enfant, sous l’oeil interdit de Harry.

“Prince ?

( C’est l’ingrédient clé du Veritaserum ! (Harry ne se retint pas de rire à voix basse. Ah, Severus et les potions....)

- Connais-tu ses qualités ?”

Il opina vivement. “Si on ne fait pas attention à nos pensées lorsqu’on la touche en s’occupant d’elle, elle les hurle. Ce sont ses propriétés révélatrices qui sont intéressantes dans le veritaserum.”

Chourave lui sourit,et confirmant sa réponse, ajouta 10 points à Serpentard. Chaque binôme se saisit d’un pot, et alors que Harry s’emparait de son cutter, il se tourna vers Severus.

“Comment ça, “elle les hurle” ?”

Severus s’apprêtait à lui répondre, mais fut interrompu bien assez tôt.

“PAR LA BARBE DE MERLIN, J’ADORE SES P’TITES FESSES !!!” hurla une voix aïgue qui resonna dans toute la classe.

Harry et Severus se retournèrent vers Dean, écarlate, qui tentait tant bien que mal de fermer la bouche de sa rabanelle. Il finit par l’étrangler, et alors Pomona vint vers lui en le disputant.

“C’EST TELLEMENT GENANT, J’ESPERE QU’ELLE N’A PAS ENTENDU ! AU MON DIEU, ELLE HURLE TOUT CE QUE JE PENSE !!!”

La classe éclata de rire, et Severus se tourna vers Harry avec un rare sourire amusé au lèvres. “Voilà.”

“IL DEVRAIT SOURIRE PLUS SOUVENT” piailla la rabanelle entre notre duo pendant que Harry lui nettoyait les feuilles, et alors il lui asséna une tape sur la “tête”.

“Ne prends pas cet air étonné, je t’ai déjà dis que ça t'allait bien !” grogna le Gryffondor en détournant le regard. Severus ricana. “Concentre-toi sur l'entretien de ta plante… la Rabanelle est très timide, alors si tu penses à elle en la complimentant, elle devrait se taire assez longtemps. Elle n’ose pas hurler ce qui la concerne.”

Ron, derrière eux, était absolument mort de rire, et se tenait encore le ventre de douleur à cause de l’intervention de la plante de Dean.

“HEUREUSEMENT QUE ‘MIONE N’ENTENDS PAS CE QUE JE PENSE !!!”

Harry éclata de rire à son tour, et reprit ses activités. “JE NE DOIS SURTOUT PAS PENSER QUE SEVERUS EST EN REALITE SEV-

- AAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHH !!!!!!” hurlèrent Rogue et son voisin en choeur, leur voix prenant le dessus sur celle de la rabanelle.

“Sam et Frodon sont priés de baisser d’un ton !” s'écria Pomona.

“Bon sang, mais fait attention ! s'exclama Severus à voix basse.

- Mais je ne peux pas m’en empêcher ! Moins je dois penser à quelque chose, plus j’y pense ! Et comment tu fais toi hein ?! Elle ne dit rien quand tu la touche ! C’est quoi encore ? Tout le monde n’a pas ton niveau en legilimencie ! Fermer son esprit n’est pas si simple, alors tes années de pratiques te servent peut-être, mais pas moi ! Ou alors peut-être que c’est ce qu’on apprend durant les études supérieures de Maîtrise de potions huh ? Je suis en cinquième année moi et même Neville qui brille en botanique ne le sait pas, alors arrête de dire que c’est de ma faute !”

Severus leva les mains, et Harry prit d’abord cela comme un signal de paix. Mais il resta dans cette position longtemps. Alors le Gryffondor tiqua, et porta son attention sur son ainé qui gesticulait des doigts.

“Tu portes des gants.” comprit-il en pinçant ses lèvres.

Severus opina, moqueur.

“Pourquoi tu m’as rien dis espèce de trou de balle !”

Le serpentard le regarda sans-voix, et cligna plusieures fois des yeux, presque amusé. Ron derrière eux frôlait la mort tant il riait.

“Ha-harry, tenta-t-il de dire entre deux éclats de rire. Tu l’as vraiment appelé… trou de balle ?!”

Le plus jeune des deux bruns blêmit. “Pardon…” Severus ne changea pas d’expression : il semblait avoir vraiment beaucoup de mal à s’en remettre.

“Ca va.” dit-il finalement, avant de lui tendre une autre paire de gant et de se pencher sur son travail.

Harry le regarda faire, tout aussi incrédule. Ron avait raison, il était vraiment différent avec lui. Il enfila ses gants, et reprit son activité. C’est vrai que Sev' était plus doux. Est-ce que parfois il…. enfin Hermione avait dit que… Des regards affectueux à la dérobée...

Alors doucement, Harry orienta son regard vers Severus, mais celui-ci était bel et bien concentré sur son travail.

Le Gryffondor se reconcentra. Il attendit une dizaine de minutes, et enfin, refit la même opération, se tournant un peu vers lui. Il était toujours penché sur la rabanelle, quelques mèches de cheveux tombant sur ses joues et ses lèvres. Il devait être sacrément concentré pour qu’il ne les sente pas le chatouiller.

“Je te vois, tu sais.”

Harry sursauta et laissa échapper un petit cri surpris. “J-je me demandais juste pourquoi tu ne les attachait pas.

- Parce que sinon elles risquent de perdre leurs particules à la propriété révéla-

- Je parle de tes cheveux !”

Severus sembla plutôt étonné par sa remarque. “Je n’y pense pas vraiment.

- Tenez professeur.”

Le binôme se retourna vers Hermione, main tendue. Rogue toisa sa main un instant, et finalement, attrapa l’élastique qu’elle lui proposait. “Bien pensé Granger.” Il le passa autour de ses doigts et glissa sa main dans ses cheveux pour attraper quelques mèches embêtantes et se les attacha en demi-queue.

Harry buga.

“Je pensais que tu te serais énervé sur Hermione ou sur moi.

- Pourquoi aurais-je fais delà ? Ta proposition était bonne. Je le fais parfois quand je suis dans mon laboratoire, mais ici je n’y ai juste pas pensé, et je n’avais pas d'élastique. ..Et en plus je suis de bonne humeur alors ne prends pas cet air choqué.”

Severus se reconcentra, et le gryffondor le détailla en silence. Il avait à présent le visage découvert, et le profil peut-être un peu dur. Ce qui n’aidait pas à l’imaginer exprimer une quelconque tendresse. Cependant, il avait une peau très claire, et ça Harry pouvait le voir tous les jours, mais avec l’éclairage de la serre, il réalisait à quel point sa finesse détonnait avec ses traits froids et rigides.

“Veux-tu bien me lâcher du regard ?

- Mh, désolé, je cherchais tes cheveux blancs.” dit-il en ricanant avec de se prendre un coup porté à l’aveuglette sur la tête.

Harry soupira, Hermione disait n’importe quoi. Non pas que ça lui aurait fait quelque chose, mais il n’empêchait qu’elle disait n’importe quoi. Des regards affectueux ? Merlin m’en préserve…

Finalement leur manipulation s’acheva sans encombre, et le binôme termina en premier, comme à son habitude. Severus demanda alors à Harry d’apporter la rabanelle à Chourave, et celui-ci s'exécuta pendant que l’autre triait leurs échantillons. Le cadet s’empara du pot, se leva et se dirigea vers Pomona.

Mais, doucement, Harry ralentit le rythme, se demanda s’il était possible que… Peut-être...

Alors il s’arrêta, et se tourna vers Severus qui était censé finir de trier… mais qui le regardait, s’étant stopé dans ses occupations, et détourna vivement les yeux lorsque son regard croisa celui de Harry. Le Gryffondor resta immobile un instant, il ne rêvait pas. Hermione, derrière le Serpentard, lui sourit, car elle avait raison.

C’était un regard affectueux à la dérobée.

Et il repartit vers Chourave, le ventre chaud et les jambes encontonnées.

Lorsqu’il revint vers lui, il se détachait les cheveux sans lui prêter attention. Tss… c’est ça, fait comme si rien ne s’était passé…


      Plus tard, ils allèrent déjeuner, bien que Ron semblait plus près de vomir qu’autre chose. “Je le sens pas ce match….

- Destresse… Ça va le faire !

- De toutes manières, ce n’est qu’un match, exposa Hermione. Et je sais, reprit-elle en stoppant les deux Gryffondor sur le point de faire un plaidoyer sur l'intérêt de ce sport, je sais que c’est important pour vous, je ne dis pas le contraire… Mais nous sommes en période de guerre, alors si ça peut vous aider à relativiser la chose…

- Personne ne va mourrir durant ce match, ajouta Severus.

- Si, repondit Harry, moi, de honte si on perds, alors Ron, ne te laisse pas abattre, et donne tout ce que tu as ! Okay ?”

Le rouquin aquiesça, et Ginny s’assit à leurs côtés, fulminante. “Bon sang mais quel bouffon ce type !”

Tous lui lancèrent un regard étonné, l’invitant à développer.

“J’ai croisé Malefoy dans le couloir. Je l’ai juste croisé, et il m’a à moitié agressée !

- Il t’as blessée ? demanda Ron en se levant à moitié.

- Il ne m’a pas touchée, non, mais il était dans un de ces états…”

Harry se tourna vers Severus, et ils échangèrent un regard pas vraiment rassuré.

Il avait raison : en prenant du recul, tout stress concernant le Quidditch s'évaporait, car ce n’était pas durant un match  qu’il risquait d’y avoir des morts.



Du moins, il croyait.


A suivre.

 

End Notes:

Un vrai plaisir :p

Bien, le prochain chapitre va s'avérer assez complexe à écrire, mais dans tous les cas j'espère que ce chapitre là vous a plu !

A la prochaine :D 

KIRI ♥

Chapitre 14 : Vert feu du ciel. by Yukiri
Author's Notes:

Bon sang ce qu'io fait beau, c'est trop bon UwU

Aller, bonne lecture à tous, et bon courage à tous pour vos examens/concours/boulots :D

Chapitre 14 : Vert feu du ciel.

Le ciel était dégagé, les nuages blancs de l'hiver semblaient avoir conscience de l'importance de cette journée. Tout était en place pour la confrontation Gryffondor contre Serdaigle, et les équipes de Quidditch prêtes à combattre étaient attablées de part et d'autre de la Grande Salle.

"Bon courage pour ton match, mon garçon."

Harry, déjeunant avec sa troupe, se retourna vers le Directeur. "Professeur Dumbledore !"

Il se leva, le revoyant pour la première fois depuis plusieurs semaines et lui sourit.

Le Gryffondor ne put s'en empêcher, repensa aux mots de Rogue, et le serra dans ses bras un court instant. Il le relâcha presque immédiatement, réalisant ce qu'il faisait, mais le sorcier ne sembla pas un instant gêné par l'attention. Il voulu s'expliquer, bien que Dumbledore paraissait avoir compris la raison de son acte lorsqu'il croisa son regard.

"Je ne sais pas si Severus a bien fait...dit-il en se tournant le Serpentard. Mais tout ira bien, Harry. Je serais là encore longtemps." murmura-t-il. Il lui serra l'épaule affectueusement, et après un échange de regards entendus, il s'en alla.

Harry se tourna vers Rogue et lui sourit tristement. Le grand brun ne fit rien, mais les ondes de magie qui caressait sa main depuis son bracelet s'intensifièrent. L'instant avait été trop court.

 

          "J'espère que tu vas crier mon nom." dit le Gryffondor au Serpentard alors qu'ils se rendaient vers le terrain.

"Pardon ?

- Tu vas me soutenir, non ?" demanda-t-il avec un sourire arrogant.

Severus pinça ses lèvres. "Le jour où je soutiendrais un Gryffondor à un match de Quidditch n'est pas encore venu.

- Mais tu ne vas tout de même pas encourager les Serdaigle ? s'inquieta Harry.

- Ah, je ne sais pas, va savoir...." repondit Prince dramatiquement en passant sa main dans ses cheveux.

Mais Le Gryffondor cessa de rire et se plaça face à lui. Il s'arrêtèrent.

"Fait-le."

Severus plissa les yeux et haussa un sourcil. "Quoi donc ?

- Tu sais bien... répondit-il, un peu embarrassé.

- Je ne vois p..." Le Serpentard s'arrêta dans sa phrase, et détourna le regard.

"Ah, parce que tu étais sérieux ? Non mais vraiment, tu ne me verras pas faire ça.

- Mais pour moi !

- Qu'est ce que ça change ?

- Bein, tu m'aimes bien, alors ce serait plutôt logique que tu m'encourages durant le match. Demande à Hermione, je suis sûr qu'elle peut te passer une banderole !" finit-il en rigolant.

Severus passa devant lui en marmonnant, et rejoignit Granger dans les gradins, Harry se dirigeant vers les vestiaires pour se changer.

 

           Quelques instants plus tard, les deux équipes entraient sur le terrain, et les supporters hurlaient leurs encouragements. Hermione et Severus étaient au premier rang, la demoiselle s'appuyant de tout son poids sur la rambarde pour crier le plus fort possible. Le Serpentard, lui, se contentait de regarder sans rien dire.

Harry, dans sa tenue d'attrapeur, une cape rouge et or voletant dans son dos, s'approcha de Madame Bibine, l'arbitre qui se tenait prête à libérer les balles de leur boîte. "Les capitaines, serrez-vous la main." ordonna-t-elle comme à son habitude.

Harry et Cho se regardèrent un instant, et après un échange de sourires maladroits, se serrèrent la main avec fougue.

"Enfourchez vos balais. A mon coup de sifflet.... trois... deux... un..."

Le sifflet retentit dans toute l'enceinte du stade, et alors les joueurs décollèrent. Harry fit comme à son habitude, voletant tout autour du terrain à la recherche du vif d'or. Ses yeux ne quittaient pas non plus Cho, son adversaire, sachant pertinemment qu'il devait se surpasser pour ce match.

"Et c'est parti ! C'est le deuxième match des Gryffondors et des Serdaigles, qui ont tout deux déjà affronté les Serpentard ! Ils les ont bien laminés d'ailleurs, ça a dû bien calmer ces serpents de mes deu-

- Mr. Jordann, ne me faites pas regretter de vous avoir demandé de commenter ce match, tonna McGonagall.

- Oui bon, taisez-vous madAAAAME OH VOILA LA PREMIERE ATTAQUE DES SERDAIGLES ! Eeeeet le tir est bloqué par Ron Weasley ! Quel superbe arrêt, ce match s'annonce magnifique ! Weasleeeey est vraiment très adrooit....." commença à chantonner Lee.

Tous les Gryffondors suivirent, chantant Weasley est notre Roi à coeurs ouverts, entraînant avec eux quelques Poufsouffle ayant choisi leur camp. Alors Harry se laissa emporter par l'euphorie générale. Et après on osait lui demander ce qu'il aimait dans le Quidditch ?

Le Gryffondor profita de son tour de terrain pour chercher Severus et Hermione du regard, et lorsqu'ils les trouva, la demoiselle sautillait de manière hystérique, chantant à tue-tête. Rogue suivait le match attentivement, mais était calme. Harry sourit. Il voulait l'entendre crier son