Summary: HISTOIRE TERMINÉE !
Univers Alternatif
Elle avait fait trois erreurs.
Premièrement, se mêler d'affaires qui ne la regardaient pas. Deuxièmement, penser que la fille la plus populaire de l'école était stupide. Troisièmement, croire qu'elle pourrait fréquenter la chasse gardée de cette dernière sans conséquences.
Quand une élection de Miss à Poudlard tourne au bain de sang. Qui gagnera la couronne tant espérée et deviendra la Reine du Bal ? Qui périra sur le chemin de la gloire ? La popularité, oui, mais à quel prix ?
Ouvrez les paris car, à la fin, il n’en restera qu’une.
Thèmes matures - bien lire les warnings.
Credit images - ArthurHenri (DeviantArt) GabrielleBrickey (DeviantArt) Gromwulf (DeviantArt) Acacia McBride & Bridget Saterlee (instagram, libres de droit) Voir en taille réelle
Categories: Univers Alternatifs,
Drinny (Drago/Ginny),
Sirmione (Sirius/Hermione) Characters: Daphné Greengrass, Ginny Weasley, Hermione Granger, Millicent Bulstrode, Pansy Parkinson, Tracey Davis
Genres: Angoisse/Suspense, Romance/Amour, Tragédie/Drame
Langue: Français
Warnings: Conduites addictives, Violence physique, Violence psychologique
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 27
Completed: Oui
Word count: 206980
Read: 25046
Published: 11/08/2019
Updated: 13/06/2020
1. New Girl in Town by FearlessUntamed
2. Me and My Girls by FearlessUntamed
3. Girls don't like Girls by FearlessUntamed
4. Sweet Little Lies by FearlessUntamed
5. No Shame in my Game by FearlessUntamed
6. The good, the bad, and the fake by FearlessUntamed
7. A Little Wicked by FearlessUntamed
8. Touch you Where it Hurts by FearlessUntamed
9. Truth Hurts by FearlessUntamed
10. Teenage Fantasy by FearlessUntamed
11. Kindness is weakness by FearlessUntamed
12. Fake News by FearlessUntamed
13. Wasted Youth by FearlessUntamed
14. Witches Better Beware by FearlessUntamed
15. Baddest Witch in Town by FearlessUntamed
16. Addicted to You by FearlessUntamed
17. Catching feelings and snitches by FearlessUntamed
18. Say it ain't so by FearlessUntamed
19. Tens Across the Board by FearlessUntamed
20. No One Has to Know by FearlessUntamed
21. Witch Hunt by FearlessUntamed
22. Loyalty is Dead by FearlessUntamed
23. Head Witch in Charge by FearlessUntamed
24. Good Girl Gone Bad by FearlessUntamed
25. Behind Closed Doors by FearlessUntamed
26. Breaking Away by FearlessUntamed
27. Witch of The Hour by FearlessUntamed
New Girl in Town by FearlessUntamed
Author's Notes:
Cette histoire est un univers alternatif. J'ai pris énormément de libertés par rapport au canon pour des raisons spécifiques et celles-ci seront expliquées tout au long de l'histoire, directement dans le récit. Cette histoire est également destinée à un public averti. Elle dépeint la méchanceté gratuite des adolescents et aborde des thèmes matures.
Warnings : Langage obscène et explicite, mentions de : violence physique et psychologique, harcèlement, addiction, anxiété sévère, rapports non consentis, troubles de l'alimentation
Pairings : Hermione/Sirius, Blaise/Daphné, Draco/Ginny, Ron/Pansy, Luna/Tracey
Un énorme merci à ma bêta de la mort Polka60 pour sa relecture de ce chapitre :)
I. New Girl in Town
« Je rentre à la maison. » annonça Ginny Weasley d'un ton décidé, laissant échapper un long soupir dramatique.
Sa main agrippa fermement la lanière de son sac et elle tourna les talons, s'apprêtant à faire demi-tour. Une main ferme la saisit par le poignet, l'empêchant de faire un pas supplémentaire. Elle croisa alors le regard désapprobateur de Ron, son frère jumeau.
« Gin, ce n'est pas le moment. Tu as promis aux parents de te comporter convenablement, aujourd'hui. » rappela-t-il.
« C'était avant d'arriver ici. » protesta-t-elle. « Cet endroit me fout les jetons. On dirait un vieux château hanté. Quelle idée de mettre une école dans ce coin perdu ? »
Elle jeta un regard à la silhouette imposante du château qui se dressait devant ses yeux. L'endroit était impressionnant avec ses tours et colonnes gigantesques, semblables à celles d'une forteresse ancienne.
« J'ai besoin de te rappeler pourquoi nous sommes forcés d'intégrer une nouvelle école ? » demanda Ron d'un ton ennuyé.
Surprise, Ginny jeta un regard médusé en direction de son frère. Dans sa voix, elle décela une certaine amertume qui la rendit mal à l'aise.
« Très bien. » concéda-t-elle finalement, faisant la moue. « Mais uniquement pour te faire plaisir, petit frère. Allez, amène-toi. »
D'un pas décidé, elle s'engagea vers l'entrée imposante de l'école, visible à seulement quelques mètres. Lorsqu'ils atteignirent les grandes portes noires, ils furent gratifiés par un vieil homme à l'allure négligée qui les observa avec circonspection pendant de longues secondes. Ses cheveux, d'une teinte grisâtre, pendaient tristement aux côtés d'un visage émacié. A ses pieds, un chat aux poils tachetés ronronnait au pied de son maître. Ginny aurait probablement trouvé la créature mignonne si elle ne la fixait pas avec ce regard sondeur, comme si elle pouvait voir les tréfonds de son âme.
« Je suis Ginny Weasley et voici mon frère, Ron. Nous sommes de nouveaux élèves et nous cherchons… » commença-t-elle à se présenter, d'une voix polie.
« Je me contrefiche de qui vous êtes. Il est interdit de marcher sur cette pelouse, espèce de cancres dégénérés. » s'exclama l'homme d'un ton agressif.
Ginny fut prise de court face à l'hostilité de l'homme à leur égard. Puis, ses yeux se froncèrent lentement. Elle n'appréciait pas qu'on s'adresse à elle sur ce ton, surtout quand elle faisait l'effort d'être courtoise.
« Oh non. » gémit Ron en secouant la tête.
Ginny fit quelques pas en direction de la pelouse qu'ils venaient de traverser.
« Oh, vous parlez de cette pelouse ? » demanda-t-elle d'un ton innocent.
Elle ôta le sorbet citron qu'elle mastiquait et d'un geste nonchalant, le laissa tomber sur la pelouse fraîchement coupée.
« Quelle idiote. Je suis tellement maladroite. » déclara Ginny d'un ton exagéré, plaquant la main contre sa bouche. « Attendez, je vais nettoyer ça. »
Elle agita sa baguette en direction du sol et murmura une incantation. Immédiatement, l'herbe verte se ternit à vue d'œil et quelques secondes plus tard, un carré de mauvaises herbes apparut au milieu de la pelouse parfaitement entretenue.
« Oh, non ! Je crois que je me suis trompée d'incantation. » dit-elle, faussement horrifiée. « Je suis sûre que je peux arranger ça. »
Elle dégaina de nouveau sa baguette mais l'homme poussa un rugissement furieux.
« Ne touchez à rien, petite écervelée. » s'exclama-t-il en pointant un doigt accusateur sur elle ainsi que sur le carré de la pelouse, désormais défraîchi.
Un sourire en coin apparut sur le visage de Ginny et elle haussa les épaules, l'air de dire ''Comme vous voudrez'' avant de se diriger vers les portes, visiblement très satisfaite d'elle-même. Derrière elle, elle entendit distinctement Ron murmurer des excuses à l'attention du concierge.
« Qu'est-ce que je te disais ? » dit-elle à voix basse en direction de Ron, lorsqu'il arriva à sa hauteur. « Un vrai décor d'épouvante. Et je te parie dix gallions que ce taré est le tueur en série de l'histoire. »
« Sérieusement, Ginny ? Même pas cinq minutes et tu as déjà enfreint le règlement. » accusa Ron d'un ton contrarié. « Tu es incorrigible. »
« Il m'a provoquée. Tu sais ce qu'il se passe quand on me provoque, petit frère. »
« Si Maman apprend que… » commença-t-il.
« Compris, Ron, je me tiens à carreau. Pour le moment. » ajouta-t-elle à voix basse.
Des voix et des rires sonores firent écho dans le Hall, semblant provenir d'une pièce adjacente. Au loin, Ginny put apercevoir des jeunes de son âge se diriger vers une pièce – probablement d'autres élèves de l'école.
Ginny et Ron prirent la même direction que le groupe et pénétrèrent à leur tour dans une salle gigantesque, où une animation palpable régnait. Plusieurs dizaines d'adolescents étaient réunis autour de stands décorés avec extravagance. Au-dessus de chacun d'entre eux, une large banderole à l'effigie d'un animal flottait à quelques mètres du sol. Une fille affublée d'un chapeau à l'effigie d'une tête de lion passa non loin d'eux et le chapeau poussa un rugissement impressionnant qui fit sursauter Ron. Ginny ricana.
« Vous devez être Ginevra et Ronald. » s'exclama soudainement une voix enthousiaste, non loin d'eux.
Les yeux de Ginny se posèrent sur une jeune fille métisse avec une chevelure épaisse et frisée.
« Je suis Hermione Granger. » se présenta-t-elle en leur tendant la main. « Je suis la Présidente de l'Association des Nouveaux Élèves de Poudlard et j'accueille tous les nouveaux arrivants le jour de la rentrée. Le Professeur McGonagall m'a prévenu que vous arriveriez, ce matin. Pour vous dire la vérité, il est rare que nous ayons des arrivées en dernière année. En général, tous les nouveaux sont des premières années. J'ai entendu dire que vous veniez d'une autre école ? Je suis sûre que vous allez vous plaire, à Poudlard. C'est l'une des meilleures écoles de sorcellerie au monde. Je ne sais pas si vous avez lu l'Histoire de Poudlard mais… »
« Elle compte faire une pause pour respirer ? » demanda Ginny à voix basse à l'attention de Ron qui haussa les épaules, réprimant un rire.
La dénommée Hermione ne sembla même pas remarquer leur inattention. Elle s'était lancée dans un long monologue sur la fondation de l'école, un millénaire auparavant.
« Je croyais que c'était la rentrée ? » coupa Ginny, jetant des regards étonnés autour d'eux. « Pourquoi j'ai l'impression d'être tombée au milieu d'une fête foraine ? »
« Oh, c'est la Journée d'Intégration. Tous les élèves font la promotion de leurs maisons respectives pour y attirer les nouveaux. » répondit Hermione avec excitation.
Elle farfouilla dans la poche de sa robe de sorcière et extirpa deux badges blancs qu'elle leur tendit à chacun.
« Vos badges pour la journée, en attendant la répartition de ce soir. » expliqua Hermione.
Hermione les observa avec un sourire avenant, attendant visiblement qu'ils revêtent son badge. Ginny examina le sien sans conviction. Une créature ronde à la fourrure épaisse couleur crème sautillait sur le badge, disparaissant de temps à autres vers les extrémités. Elle l'épingla tout de même à son chemisier. Hermione lui adressa un sourire radieux.
« Suivez-moi, je vais vous présenter les stands. » dit-elle en leur faisant signe de la suivre. « Tous les élèves peuvent se faire répartir dans l'une des quatre maisons de Poudlard. Elles sont toutes réputées pour des raisons différentes. Les qualités de Serdaigle par exemple… »
Elle désigna un stand aux teintes bleue et bronze où un groupe d'élèves s'était attroupé pour suivre une partie d'échecs version sorcier visiblement intense, à la vue des expressions concentrées qu'ils affichaient.
« … sont la sagesse, l'érudition, la curiosité et la créativité. » poursuivit Hermione.
« De quelle maison fais-tu partie ? » demanda Ron avec intérêt.
« Gryffondor. Entre nous, c'est la meilleure maison. Évidemment je ne veux pas vous influencer, c'est votre décision personnelle. Et en tant que Présidente de l'Association des Nouveaux Élèves de Poudlard, je me dois de rester neutre. » dit-elle avec fierté, leur lançant un clin d'œil entendu.
Elle se lança dans une présentation détaillée des différentes maisons de l'école. Poufsouffle semblait être la maison la plus plébiscitée. Elle réunissait le plus grand nombre d'étudiants.
Hermione resta toutefois brève lorsqu'elle présenta Serpentard et pinça des lèvres devant le stand où les membres l'observèrent avec un mépris évident. Lorsqu'elle eut terminé la visite des stands, elle se tourna vers eux, retrouvant son excitation.
« La répartition aura lieu avant le dîner, ce soir, et vous pourrez faire votre choix à ce moment-là. En attendant, vous avez toute la journée pour profiter de nos activités d'intégration. » expliqua-t-elle.
Ginny grimaça en l'observant s'éloigner et accoster un groupe de premières années pour leur donner un badge.
« Merlin, j'ai cru qu'elle ne s'arrêterait jamais. » commenta Ginny en se frottant la tempe, feignant un mal de tête.
Ron lâcha un rire.
« Tu sais quelle maison tu veux intégrer ? » l'interrogea-t-il tandis qu'ils suivaient des flèches en suspension dans l'air qui les dirigeaient vers la suite du parcours d'Intégration.
« Pas vraiment. Tu sais bien que les groupes, ce n'est pas trop mon truc. » répondit Ginny en détachant le badge que lui avait donné Hermione pour le jeter dans la poubelle la plus proche d'elle trouva sur son passage. « Et toi ? »
« Poufsouffle a l'air plutôt pas mal. Gryffondor me tente bien, aussi. » déclara Ron en observant le fascicule que lui avait donné Hermione. « Regarde, ils ont même des équipes de Quidditch ! »
« Enfin quelque chose qui me parle. » répondit Ginny avec excitation.
A leur arrivée dans le parc, ils trouvèrent un large chapiteau où d'autres stands s'entassaient les uns à côtés des autres. Il s'agissait vraisemblablement de toutes les activités et des groupements d'élèves de Poudlard. Elle fut surprise par le nombre d'associations et leur diversité.
Si certaines semblaient basées sur des thèmes sérieux tels que le Club d'Arithmancie, de Métamorphoses ou encore Le Journal de l'École, d'autres associations, toutefois, la firent lever les yeux au ciel. Ce fut notamment le cas du Fan-Club Non-Officiel de Gilderoy Lockhart ou un autre club se présentant sous le nom de LSD. Après quelques secondes de discussions avec les deux membres de l'association, elle apprit que l'acronyme signifiait en réalité Légalisons les Substances Décontractantes. Ils tentèrent de lui vendre en douce de la poudre de Billywig puis détalèrent à toute vitesse lorsqu'un professeur passa dans les environs.
Ron se fit harceler par un garçon blond muni d'un appareil photo gigantesque qui insista pour le prendre en photo, vantant la délicatesse de son profil. Ginny éclata de rire en voyant son frère tenter d'échapper aux griffes du photographe en herbe, membre de la rédaction du Journal de l'École.
« Ginevra ! » entendit-elle derrière elle.
Elle cessa immédiatement de s'esclaffer lorsqu'elle reconnut de nouveau Hermione Granger qui lui faisait signe d'approcher, l'air enthousiasmée. Elle hésita pendant une fraction de secondes à faire mine de ne pas l'avoir entendue mais les signes de main de l'étudiante étaient trop évidents. A contrecœur, elle s'approcha d'elle.
« Tu trouves ton bonheur parmi les différentes associations ? Entre nous, certaines d'entre elles devraient être révoquées. » dit Hermione en fronçant les sourcils tandis qu'elle observait les deux membres de LSD installer de nouveau leur stand. « Personnellement, je trouve que le directeur est trop indulgent, parfois. Les associations devraient rester appropriées et apporter une réelle valeur ajoutée à la réputation de l'école. »
« Et j'imagine que c'est le cas de… Sale ? » coupa Ginny, jetant un regard bref à l'écriteau du stand d'Hermione.
« S.A.L.E. » rectifia Hermione avec patience. « Cela signifie Société d'Aide à la Libération des Elfes. J'ai créé l'organisation il y a trois ans dans l'objectif de lutter contre le traitement inhumain dont les elfes de maison font l'objet au sein de notre communauté. L'adhésion ne coûte que deux mornilles et tu as même le droit à un badge spécial… »
Elle fronça les sourcils.
« Oh en parlant de badge, où est passé le tien ? » demanda Hermione en observant la chemise de Ginny.
Cette dernière grimaça.
« Il a dû tomber quelque part, je suis tellement maladroite, parfois. » mentit-elle.
« Ce n'est rien. C'est ton jour de chance, j'en ai toujours en réserve. » assura Hermione avant de dégainer un nouveau badge à l'effigie d'un boursouf et l'épingler sur la veste de Ginny.
Ginny esquissa un sourire forcé.
« Quelle chance. » dit-elle en observant ses alentours, à la recherche de son frère.
« Tu veux adhérer à la S.A.L.E ? » interrogea Hermione, les yeux pleins d'espoir.
« Hmm, peut-être plus tard ? J'étais sur le point d'adhérer à une autre association. » mentit Ginny.
« Oh, vraiment ? Laquelle ? » demanda Hermione, intéressée.
Ginny commença à jeter des regards désespérés autour d'elle. Elle tendit sa main, en direction d'un stand quelques mètres plus loin.
« Celui-ci. » dit-elle en plissant des yeux pour pouvoir lire la banderole. « Pour la préservation des N…Nar... »
« Les Nargoles ? » demanda Hermione, l'air visiblement sceptique.
« Oui, les Nargoles. J'en avais une quand j'étais petite. J'étais dévastée à sa mort. Paix à ton âme, Misty. » dit-elle en feignant un air triste, secouant la tête. « C'est une espèce en voie d'extinction, il faut les protéger. C'est très…hmm…important. Tu permets ? »
Ginny s'éloigna à toute vitesse sans attendre la réponse d'Hermione et atteint le stand qu'elle avait désigné.
« Vite ! Où est-ce que je dois signer pour l'adhésion ? » demanda-t-elle avec empressement, jetant un regard par-dessus son épaule.
La responsable du stand – une fille portant une large paire de lunettes colorée, lui tendit un papier d'adhésion sur lequel seulement deux autres noms apparaissaient. Ginny s'empressa d'écrire son nom, sentant le regard d'Hermione sur elle. Lorsqu'elle tenta un regard bref dans sa direction, elle vit Hermione hausser les épaules avant d'accoster deux élèves qui passaient devant le stand de la S.A.L.E. Ginny réprima un soupir de soulagement. Le comportement de cette fille était un peu trop intense pour elle.
Elle se tourna vers l'étudiante qui lui avait tendu la fiche d'adhésion. Elle avait de longs cheveux blonds mal entretenus, un style vestimentaire quelque peu excentrique et des yeux bleus proéminents qui observaient Ginny avec curiosité.
« C'est quoi une Nargole, exactement ? » lui demanda Ginny d'un ton distrait.
« Ce sont des créatures qui vivent en général dans le gui. Leur nombre a été divisé par dix depuis le siècle dernier. Elles courent à l'extinction si nous ne faisons rien pour aider à leur préservation. » expliqua l'étudiante d'une voix rêveuse. « Tu es nouvelle, n'est-ce pas ? »
Ginny hocha la tête.
« Ça se voit tant que ça ? » demanda-t-elle, l'air ennuyée.
« Oh pas vraiment. Mais tu es venue me parler comme si j'étais quelqu'un de normal et personne ne m'adresse la parole, d'habitude. J'en déduis que tu es nouvelle, ici. » répondit la fille en haussant les épaules.
Ginny lui jeta un regard éberlué, prise au dépourvu par cette réponse.
« Je suis Luna Lovegood. » se présenta l'étudiante. « Mais tout le monde m'appelle Loufoca. »
« Ginny Weasley. » répondit Ginny après quelques secondes d'hésitation, incertaine s'il s'agissait d'une plaisanterie ou non.
Elle décréta qu'il s'agissait d'une tentative d'humour douteuse et elle changea de sujet :
« Des informations importantes à partager sur l'école ? Qu'est-ce qu'une nouvelle devrait savoir pour bien s'intégrer ici, selon toi ? »
« Je ne sais pas si je suis bien placée pour te donner des conseils pour bien t'intégrer. Tout le monde pense que je suis bizarre et m'évite. » répondit Luna, songeuse.
L'honnêteté de la jeune fille la rendait mal à l'aise. Luna ne semblait toutefois pas se vexer des dires des autres à son sujet.
« Mais je peux te donner un conseil pour ne pas te retrouver dans ma position. » suggéra Luna d'une voix rêveuse. « Reste loin des Quatre. »
« Les Quatre ? » demanda Ginny en arquant un sourcil, sa curiosité attisée. « Qui est-ce ? »
« Les filles les plus populaires de l'école. » répondit Luna. « Elles feront de ta scolarité un enfer si tu es dans leur collimateur. »
Ginny éclata de rire.
« Crois-moi, je connais bien ce genre de filles. Elles pullulaient dans mon ancienne école. Des écervelées pimpantes obsédées par leur apparence et leur popularité. Ces filles se partagent probablement un neurone. » ajouta-t-elle avec sarcasme.
Luna l'observa longuement, comme si elle était perdue dans ses pensées.
« Elles sont différentes. Elles sont très loin d'être stupides. » indiqua-t-elle finalement.
Le ton sérieux qu'elle avait employé contrastait avec son apparence excentrique. Ginny n'eut pas l'occasion de l'interroger davantage car des gloussements s'étaient fait entendre non loin du stand. Ginny tourna la tête et aperçut deux étudiantes pouffer bruyamment, la tête penchée sur un flyer.
« J'aimerais tellement être élue. » s'extasia l'une d'elles, des étoiles dans les yeux.
« Je me suis préparée tout l'été pour ça. J'ai arrêté le sucre et les féculents. » répondit sa condisciple sur le même ton, en hochant frénétiquement la tête.
« Tu crois qu'Ernie me remarquera enfin si je gagne ? » demanda la première étudiante.
Son amie lui répondit quelque chose à voix basse et Ginny ne distingua pas ses paroles. Quelques secondes plus tard, les deux étudiantes repartirent dans une nouvelle crise de gloussements, plus bruyante cette fois, avant de s'éloigner, bras dessus bras dessous.
« De quoi parlaient-elles ? » demanda Ginny à l'attention de Luna qui avait commencé à souffler dans un petit instrument de musique ressemblant vaguement à une flûte.
Un bruit strident s'en échappa, semblable au son que provoquaient des couverts sur de la vaisselle en céramique. Ginny grimaça, se couvrant les oreilles.
« Désolée. » s'excusa Luna. « Cette flûte sert à attirer les nargoles et imite leur cri, mais elle est désagréable à l'oreille humaine. Certains chercheurs disent même qu'elle pourrait être mortelle. L'année dernière, nous avons dédié une investigation sur le sujet dans le Chicaneur, le magazine de mon père. »
Luna rangea soigneusement sa flûte dans un coffret. Elle se dirigea ensuite vers un panier en osier non loin de son stand qui faisait visiblement office de poubelle. Ginny lui jeta un regard apeuré lorsqu'elle commença à farfouiller à l'intérieur. Luna en sortit un papier mauve froissé, semblable à celui que les deux étudiantes avaient observé, quelques instants plutôt.
« Elles parlaient probablement de l'élection de la Miss Fondatrice de Poudlard. » expliqua-t-elle en posant sa baguette sur le papier, pour effacer les traces de sauce sur les recoins.
Ginny lança un regard méfiant au morceau de parchemin avant de s'en emparer du bout des doigts pour le parcourir des yeux. Sur le flyer, le croquis d'un visage féminin lançait un grand sourire au lecteur. Elle portait une couronne qui tombait de temps à autres sur son front. Au bout de quelques secondes, elle disparut de l'image et des inscriptions en lettres pailletées apparurent :
Vous êtes captivante, polie, cultivée, et activement engagée dans la vie sociale de Poudlard ?
Devenez la nouvelle Miss Fondatrice et représentez l'école devant le Comité national de l'Éducation.
« Vous êtes une petite princesse narcissique, obsédée par votre apparence et plus stupide qu'un troll des forêts ? Devenez la Reine du Bal. » imita Ginny avec sarcasme en levant les yeux au ciel. « Quelle débilité. »
Elle froissa de nouveau le flyer et d'un geste agile, l'envoya dans la corbeille du stand.
Elle passa le reste de l'après-midi à flâner parmi les stands du parc. Elle retrouva son frère près du stand du club de Divination, la bouche pleine de petits gâteaux à la crème, en grande discussion avec une étudiante. Cette dernière observait Ron d'un air rêveur, semblant trouver ses paroles extrêmement captivantes.
« Oh Ginny, te voilà. » s'exclama-t-il lorsqu'elle arriva à sa hauteur.
Elle leva un sourcil et jeta un regard bref à l'étudiante.
« Je te présente Lavande Brown. Lavande, voici ma sœur, Ginny. » présenta Ron en acceptant avec plaisir un autre petit gâteau sur le plateau que lui tendait la dénommée Lavande.
« Enchantée, Ginny. Tu veux un gâteau à la crème ? » demanda Lavande.
« Ça ira, merci. » refusa poliment Ginny.
« Je vais prendre sa part. » indiqua Ron avant de s'emparer d'une autre pâtisserie.
Lavande lui adressa un regard mielleux et Ginny leva les yeux au ciel.
« Lavande était en train de m'expliquer comment était la vie, chez Gryffondor. »
« Tout le monde est ami et nous adorons nous entraider. C'est comme une deuxième famille. » assura Lavande d'une voix enthousiasmée.
A l'instar d'Hermione Granger, elle commença à énumérer les nombreuses raisons qui faisaient de Gryffondor la meilleure maison de l'école. Pendant son discours, elle ne cessa de jeter des sourires éclatants à Ron et Ginny s'efforça à grand peine de ne pas lever les yeux au ciel.
« Bien sûr je ne veux pas vous influencer, c'est votre choix. Et pour dire la vérité, toutes les maisons sont géniales. A part Serpentard. » affirma Lavande.
Elle lâcha le mot avec un dégoût évident.
« Qu'est-ce qui ne va pas, chez Serpentard ? » demanda Ron avec curiosité.
« C'est le territoire des Quatre. » répondit Lavande.
Elle avait parlé à voix basse et jeta un regard derrière son épaule, comme pour s'assurer que personne ne se trouvait derrière elle pour écouter ses paroles.
« Oh, c'est l'heure du dîner et de la répartition. Vous venez ? » proposa Lavande avec excitation.
Ginny fronça les sourcils tandis qu'elle suivait son frère et Lavande en direction des portes du château. Qui étaient ces Quatre dont tout le monde parlait et qui semblaient effrayer la moitié du corps étudiant ? se demanda-t-elle. Et pourquoi avait-elle cet étrange pressentiment lui assurant qu'elle aurait rapidement la réponse à sa question ?
Lorsqu'ils entrèrent de nouveau dans la Grande Salle, Ginny remarqua que toutes les banderoles et les stands avaient été ôtés, remplacés par quatre longues tables. Le plafond de la pièce avait été enchanté pour répliquer un ciel étoilé et une centaine de bougies étaient suspendues au-dessus de leurs têtes. Sur une estrade au fond de la pièce, près d'une table occupée par les professeurs, elle vit Hermione Granger lui faire de grands signes. Elle était entourée d'une cinquantaine d'élèves – visiblement les premières années. Ginny s'empêcha à grande peine de grimacer tandis qu'elle suivait Ron en direction du groupe. Tous les regards étaient rivés sur eux et elle pouvait même entendre des chuchotements à leur passage.
« Les joies d'intégrer une nouvelle école. » chuchota-t-elle à voix basse à l'attention de son frère qui semblait partager son malaise.
Lorsqu'ils arrivèrent au niveau de l'estrade, un vieil homme portant une épaisse barbe argentée se leva et s'éclaircit la gorge. Immédiatement, le brouhaha des élèves cessa et un silence s'installa dans la pièce.
Ginny écouta à peine le discours de bienvenue du directeur et laissa son regard errer sur les quatre tables, appartenant visiblement à chacune des maisons, au vu des uniformes que portaient les étudiants. Son regard s'attarda sur la table de Serpentard. Durant la journée d'intégration et parmi la multitude d'associations qu'on leur avait présenté, elle n'avait croisé aucun élève de cette maison.
« Nous accueillons également cette année un nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal. » annonça soudainement le directeur en haussant la voix, sortant Ginny de ses pensées.
Les portes de la Grande Salle s'ouvrirent dans un éclat et un homme pénétra dans la pièce. Il avait de longs cheveux noirs attachés en catogan, un visage séduisant et ténébreux, des yeux sombres et un sourire mystérieux. Les réactions de la gente féminine (et de quelques garçons) dans la pièce ne se firent pas attendre. On entendit des soupirs rêveurs et des gloussements de toute part tandis qu'il traversait la Grande Salle d'un pas assuré pour rejoindre la Direction.
« J'ai l'immense plaisir de vous annoncer que le professeur Sirius Black intègre le corps enseignant, cette année. Il nous rejoint après une carrière de dix-sept ans au sein du Bureau des Aurors. Merci, professeur Black, c'est un honneur qu'un sorcier aussi expérimenté ait accepté de mettre son expérience au service de l'éducation de notre nouvelle génération. » poursuivit Dumbledore, tandis qu'il serrait la main du professeur Black avec chaleur.
« Merci professeur Dumbledore. Je suis reconnaissant pour cette opportunité et je suis impatient à l'idée de collaborer avec chacun d'entre vous. » dit Black d'une voix rauque et graveleuse qui ferait probablement fantasmer toutes les écolières de Poudlard.
Il s'installa à son tour à la table des professeurs, aux côtés d'un homme aux cheveux noirs et au nez bossu. Ginny crut voir une lueur furieuse dans les yeux de ce dernier mais elle décréta qu'il s'agissait probablement de son imagination.
Dumbledore parvint de nouveau à faire regagner le calme dans la pièce après l'excitation qu'avait causé l'arrivée du nouveau professeur. Une autre enseignante, portant un chignon serré et à l'expression sévère se racla la gorge et annonça le début de la répartition.
Un vieux chapeau à l'aspect défraîchi débuta une chanson animée puis McGonagall commença à appeler chacun des nouveaux élèves et posa le Choixpeau au-dessus de leur tête. Lorsque vint le tour de Ginny, elle soupira avec appréhension et se dirigea à contrecœur vers le vieux couvre-chef.
« Intéressant. Un esprit plus vieux que d'habitude. Leader dans l'âme, rusée, un dédain certain pour les règles, et une tendance exacerbée pour la provocation. Serpentard pourrait être une bonne alternative. » susurra le Choixpeau.
Un profond malaise envahit Ginny lorsqu'elle entendit les paroles de l'objet enchanté. Il pouvait lire à travers elle, comprendre l'essence même de sa nature profonde. Étaient-ce réellement les aspects de sa personnalité qui ressortaient le plus ?
« D'ailleurs, vos choix passés semblent le confirmer. Pourtant, je ressens un autre sentiment… De la culpabilité, semble-t-il, et même…du regret ? Oui, c'est ça… Un désir profond de se racheter de ces actes passés. De prendre un nouveau départ. » devina le Choixpeau.
Peut-il lire dans mes pensées ? se demanda Ginny avec panique. Voir mon passé ? Ses battements de cœur s'accélèrent dans sa poitrine alors qu'elle tentait de refouler les souvenirs désagréables qui lui revenaient en mémoire.
Non, elle ne voulait plus être cette personne négligente et provocatrice qui avait causé tant de mal autour d'elle.
Changer d'école était enfin sa chance de pouvoir mettre les événements de son passé derrière elle et de tenter d'oublier.
« Non. » répliqua Ginny, avec panique. « Pas Serpentard. » plaida-t-elle.
« Si c'est votre choix, dans ce cas… GRYFFONDOR ! » s'exclama le Choixpeau.
End Notes:
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! A très vite pour la suite ! Fearless
Me and My Girls by FearlessUntamed
Author's Notes:
Merci à Polka60, ma super bêta, pour sa correction de ce chapitre !
Bonne lecture !
II. Me and My Girls
Si la perfection pouvait prendre forme humaine – on l'aurait probablement surnommée Daphné Greengrass. Son mètre soixante-dix, sa silhouette élancée, sa crinière brune intense, ses yeux de biche et ses lèvres pulpeuses cochaient tous les canons de beauté et mettaient tout le monde d'accord.
Outre son physique avantageux, elle jouissait d'un statut social et financier privilégié grâce à la fortune de sa famille, amassée par le biais d'un vaste empire dans le domaine des biens fonciers. Enfin, Daphné était l'une des meilleurs élèves de son année, et son dossier scolaire sans tâche lui promettait une place assurée dans les meilleures universités du globe une fois sa scolarité à Poudlard terminée.
Si Poudlard était un royaume – elle en serait la souveraine incontestée, régnant en maîtresse absolue sur ses sujets fidèles. Pour dire la vérité, Daphné trouvait un confort particulier, presque de la jouissance, à l'idée d'être à la fois respectée et crainte par le reste de l'école.
Certains élèves, des jaloux sans l'ombre d'un doute, l'accusaient d'être une ''fille à papa'', une ''reine des abeilles'' ou encore un ''loup déguisé en brebis''. Ces accusations étaient balayées d'un revers nonchalant de sa main parfaitement manucurée. Après tout, un véritable loup ne se souciait guère de l'opinion de moutons sans intérêt.
Une chose était toutefois certaine. Aucun de ses détracteurs n'était assez stupide pour la défier. Les quelques imbéciles qui avaient tenté de se mettre en travers de son chemin n'étaient plus à Poudlard pour témoigner du traitement qu'ils avaient subi. Ils en garderaient probablement le traumatisme jusqu'à l'âge adulte et permettraient assurément à quelques psychomages de faire fortune. Non, personne ne voulait s'attirer les foudres de Daphné Greengrass.
Pourtant, en ce matin de reprise des cours, l'univers semblait vraiment vouloir tester la patience de Daphné.
Elle s'était réveillée une demi-heure en retard, après une nuit épouvantable. Le confort du lit de son dortoir était difficilement comparable à celui auquel elle était habituée au Manoir. Puis, elle avait réalisé que sa camarade de dortoir avait accaparé la salle de bain et il avait fallu que Daphné tambourine brutalement contre la porte pour que cette dernière se décide à en sortir.
Le visage de Tracey Davis, sa camarade de dortoir et meilleure amie, surgit de la salle de bain, ses cheveux épais et volumineux entourant son visage couleur ébène.
« Tu ne te réveillais pas, et tu sais combien de temps j'ai besoin pour me préparer. » se justifia Tracey avant de se diriger vers sa commode.
Daphné leva les yeux au plafond. Pour une raison obscure, Tracey ressentait une profonde phobie des microbes et des bactéries. Son quotidien était rempli de divers rituels de nettoyages extrêmes, pour calmer son anxiété générale à l'idée d'être en contact avec des germes. Cela incluait notamment des douches de près de quarante-cinq minutes, jusqu'à trois fois par jour.
L'avantage de l'obsession de son amie était que Daphné n'avait pas besoin de faire le rangement dans leur dortoir. Tracey repassait constamment derrière elle dans le dortoir et dans la salle de bain qu'elles partageaient pour s'assurer que la pièce était sans tâche et parfaitement ordonnée.
Daphné retrouva toutefois un semblant de bonne humeur lorsqu'elles pénétrèrent finalement dans la Grande Salle. Comme d'habitude, leur passage attira des réactions. Regards admiratifs d'un côté, et jaloux de l'autre.
Elles rejoignirent leurs places habituelles, au centre de la table de Serpentard, où le reste de son clan les attendait.
« Je ne savais pas que le teint pâle et les cernes sous les yeux étaient de retour à la mode, Daphné. » fit remarquer Pansy Parkinson d'une voix doucereuse, feignant l'innocence.
« Certaines d'entre nous peuvent se permettre de sortir sans maquillage, Pansy. Mais je ne m'attends pas à ce que tu connaisses un jour ce plaisir. » répondit Daphné sur le même ton.
Loin d'être insultée par sa remarque, un sourire en coin se dessina sur le visage de Pansy.
« Touchée. » répondit-elle en lui tirant la langue.
Pansy Parkinson était connue pour son aigu de la répartie. Elle avait également un talent particulier pour vous balancer des vannes sournoises en pleine figure, déguisées par des faux compliments. A Poudlard, elle était la source d'anxiété numéro une des filles mal dans leur peau. Gare aux personnes qui affichaient le moindre complexe devant elle. Si elle avait le malheur d'apprendre l'un de vos points faibles, elle se donnait la mission personnelle de vous humilier publiquement. Pour faire bonne mesure, elle s'attelait ensuite à verser du sel sur la blessure encore fraîche.
Tracey venait de terminer d'inspecter le banc aux côtés de Pansy et accepta finalement de s'y asseoir, estimant qu'il était assez propre pour ses attentes. Immédiatement, elle s'attela à jeter des sorts de nettoyage à l'assiette vide et immaculée posée devant elle.
« Je crois que j'ai oublié de m'inscrire à l'un des cours optionnels. » lança Millicent Bulstrode en observant son emploi du temps.
« Ils sont optionnels, Millie. » rappela gentiment Tracey.
« Si tu veux entrer dans une université à peu près correcte, tu devrais peut-être en prendre un ou deux. » fit remarquer Daphné.
« Deux ? » répéta Millicent, lui jetant un regard estomaqué. « J'ai déjà du mal à gérer les cours obligatoires. »
Millicent Bulstrode était loin d'être stupide. Toutefois, son style de vie peu sain n'était pas compatible avec une scolarité prometteuse. Millicent avait beaucoup changé depuis le début de leur amitié, quatre ans auparavant. De la jolie blonde joviale et piquante qu'elle avait connu, elle était passée à une adolescente désinhibée et aux fréquentations douteuses.
Depuis l'année dernière, Millicent semblait s'être enlisée dans une spirale infernale impliquant consommation excessive d'alcool, sorties continuelles et mœurs un peu trop légères au goût de Daphné. Cette dernière commençait d'ailleurs à observer d'un mauvais œil certains de ses comportements, en particulier la promiscuité sexuelle de Millicent qui commençait à se refléter négativement sur le reste de leur groupe. Peut-être était-il temps de faire un nettoyage de printemps parmi ses amies ?
« Tu n'auras qu'à faire quelques faveurs aux profs. » proposa Pansy avec un sourire en coin. « Je suis sûre que Filtwick te donnerait un Acceptable aux ASPICs en échange d'une petite gâterie. »
Tracey jeta un regard dégouté à Pansy, comme à chaque fois qu'elle entendait une allusion au sexe. Daphné leva les yeux au ciel et Millicent, elle, ne sembla pas immédiatement réfuter l'idée.
« C'est dégoûtant. Il est marié. » s'offusqua Tracey.
« Comme si ça dérangeait Millie. » commenta Pansy en sirotant son verre de jus de citrouille.
Elle se tourna ensuite vers Tracey.
« Dis-moi Cece, tu comptes rester vierge jusqu'à tes trente ans ? Si c'est le cas, tu es bien partie. Je suis sûre qu'une toile d'araignée s'est formée dans ta culotte, depuis le temps. » dit-elle vicieusement.
Tracey parut outrée, Millicent pouffa de rire et Daphné esquissa un sourire amusé. L'été avait été long et les frasques de ses amies lui avaient manqué.
Le premier cours de l'année pour les septièmes années fut Défense Contre les Forces du Mal. Lorsque leur nouveau professeur entra dans la pièce, la majorité des filles lui lancèrent des regards rêveurs. Sirius Black était un homme séduisant et il semblait conscient des réactions qu'il causait.
C'était la première fois que Daphné voyait une classe ainsi pendue aux paroles d'un professeur. Elle n'était toutefois pas certaine que la moitié des étudiants écoutent et comprennent réellement ses paroles.
Sur sa table, près du parchemin où elle prenait ses notes, elle vit son journal personnel changer de couleur. D'un noir brillant – il passa à une teinte vert foncé. Elle ouvrit le carnet et ses yeux parcoururent les mots qui étaient apparus sur la page.
Destinatrices : ''L'élite de l'école''
Pansy écrit :
Est-ce qu'on peut prendre le temps d'apprécier le sex-appeal de ce prof ? Il a l'âge d'être mon père mais ça m'est complètement égal. Je n'avais pas autant mouillé ma petite culotte depuis Gilderoy Lockhart.
Tracey écrit :
TU AVAIS 12 ANS PANSY ! DÉGOUTANT !
Daphné écrit :
Ça change des trolls qu'on a l'habitude d'avoir en profs de DCFM.
Pansy écrit :
Ou de cette gouinasse de McGonagall. Continue sur cette voie et tu finiras comme elle, Cece.
Tracey écrit :
La ferme.
Pansy écrit :
Il pourrait poser dans Playwitch et faire baver des générations de femmes. Même ma grand-mère lui offrirait son soutien-gorge et sa culotte extra large.
Tracey écrit :
Je dois avouer que ce serait une édition que je lirais.
Pansy écrit :
Wow, même Tracey la sainte a apposé son sceau de vierge frustrée. C'est donc officiel, le nouveau prof est un sex- symbol.
Millicent écrit :
Pour l'amour de Merlin, est-ce que quelqu'un peut faire TAIRE Granger ? Je veux juste écouter Black parler. Encore et encore.
Tracey écrit :
Granger rêve probablement de faire le cours à sa place.
Pansy écrit :
Moi, ce qui me choque, c'est que tu sois intéressée par un cours, Millie. Du jamais vu.
Millicent écrit :
Pansy, avoue simplement tu es juste jalouse car mon physique m'ouvrira probablement toutes les portes dans la vie.
Pansy écrit :
Je ne peux pas te contredire là-dessus. Tu es bien arrivée en septième année, après tout. Et nous savons toutes que ce n'est pas grâce à tes neurones, Millie chérie.
Tracey écrit :
Pansy 1 – Millicent 0
Pansy écrit :
Mais trêve de plaisanteries. Parlons de choses sérieuses. Daphné, petite cachotière, nous n'avons pas eu les dernières nouvelles croustillantes entre toi et Blaise.
Daphné écrit :
Nous avons fêté nos trois mois la semaine dernière. Il m'a emmenée en weekend en Italie, pour l'occasion.
Tracey écrit :
Tellement romantique. Qu'est-ce que vous avez visité ?
Pansy écrit :
On s'en fiche totalement, Cece. Il y a des questions plus importantes, du genre : vous avez baisouiller, oui ou non ?
Daphné écrit :
Pas encore, mais j'ai accepté de le laisser jouer un peu sous ma ceinture après quelques verres. Rien de réciproque.
Pansy écrit :
Tu es tellement sadique, j'adore ça. Fais-le trimer. Millie, observe et apprends comment se font les choses. Tu n'es pas obligée d'écarter les cuisses à chaque fois qu'on t'offre des Chocogrenouilles.
Millicent écrit :
Ha ha ha. Je m'esclaffe. Tu es hi-la-ran-te.
Tracey écrit :
Est-ce qu'on peut parler d'autre chose que de vos libidos exacerbées ? La nouvelle est mignonne, vous ne trouvez pas ? Comment s'appelle-t-elle, déjà ?
Millicent écrit :
Jenny, Gina ou quelque chose du genre.
Pansy écrit :
Son frère est un SNACK pour les yeux.
Daphné écrit :
Quelqu'un devrait lui dire que Lovegood n'est pas fréquentable. Ce serait dommage qu'elle tombe au bas de l'échelle sociale de Poudlard dès son arrivée.
Tracey écrit :
Je ne sais pas trop…Elle a l'air d'être agacée par Granger, comme nous. Je pense qu'elle a du potentiel.
Millicent écrit :
Et il nous manque une rousse dans la bande.
Pansy écrit :
Et je le répète, son frère est un SNACK.
Daphné écrit :
Dans ce cas, c'est décidé. Je vais l'inviter à notre prochaine fête.
Daphné referma soigneusement son carnet et le replaça sous son parchemin. Chacune de ses amies possédaient un journal identique, tous enchantés pour communiquer les uns avec les autres. Cela était devenu leur moyen de communication principal lorsqu'elles étaient à distance ou qu'elles ne pouvaient pas communiquer à voix haute, ou tout simplement qu'elles ne souhaitaient pas se faire entendre.
A la fin du cours, Daphné s'avança en direction de la nouvelle élève. Comme par réflexe, les élèves qu'elle croisa s'effacèrent à son passage. Elle lui tendit la main.
« Je suis Daphné Greengrass. » se présenta-t-elle d'une voix confiante.
« Ginny Weasley. » répondit la nouvelle en lui serrant la main.
« Quel cours as-tu, maintenant ? » interrogea Daphné.
« Hm, Sortilèges, je crois. »
« Parfait, moi aussi. Allons-y ensemble, dans ce cas. » décréta Daphné.
Il ne s'agissait pas d'une question mais d'une affirmation. Ginny sembla hésiter pendant une fraction de secondes, mais elle s'engagea à la suite de Daphné dans le couloir.
« Où étudiais-tu avant ? » interrogea Daphné.
« Néréide. » répondit Ginny d'un ton plat. « En Irlande. C'est une petite école de magie, rien à avoir avec ceci. »
D'un geste de la main, elle désigna le couloir dans lequel elles se trouvaient.
« Pourquoi as-tu décidé de changer d'école ? » demanda Daphné avec curiosité.
« Mes parents estimaient qu'un diplôme d'une école comme Poudlard serait mieux vu. » répondit évasivement Ginny.
Daphné ne manqua pas ses yeux fuyants lorsqu'elle répondit à sa question. Elle s'apprêtait à l'interroger davantage sur la situation lorsqu'elle remarqua qu'une personne marchait à quelques centimètres d'elles, semblant écouter leur conversation. Elle reconnut Luna Lovegood.
« Tu as besoin d'aide ? » lui demanda Daphné en arquant un sourcil, la toisant de haut en bas avec hauteur.
Lovegood secoua la tête.
« Dans ce cas, tu peux retourner à tes activités douteuses. Tu ne vois pas que nous sommes en train d'avoir une conversation, ici ? » dit Daphné d'un ton venimeux.
Lovegood parut prise de court et elle échangea un regard bref avec Ginny avant de s'éloigner à toute vitesse, la tête baissée. Daphné se tourna de nouveau Ginny qui l'observait, l'air estomaqué.
« Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? » demanda Ginny avec confusion.
« Elle respire le même air que moi. Elle existe, tout simplement. » répondit Daphné tandis qu'elles se remettaient en marche. « Cette fille a un sérieux grain. Suis mon conseil et évite-la. Tu me remercieras plus tard. »
La nouvelle était probablement confuse. Après tout, intégrer une nouvelle école comme Poudlard et ne pas en connaître les codes pouvait se révéler compliqué. Elle avait la chance que Daphné soit disposée à la prendre sous son aile pour lui apprendre les us et les coutumes de l'école. Et surtout pour lui faire connaître les bonnes personnes. La majorité des élèves de l'école aurait probablement tué pour être à sa place.
« Mes amies et moi organisons une fête, vendredi soir, pour fêter la rentrée. Tu es invitée, et ton frère aussi. » ajouta Daphné.
Ginny sembla se détendre et Daphné crut même apercevoir de l'excitation dans ses yeux.
« C'est sympa de ta part. J'y serai. » répondit-elle.
« Fabuleux. Ça se passera à la Tour d'Astronomie, je te partagerai les détails avant vendredi soir. » indiqua Daphné avec un sourire, tandis qu'elles arrivaient à l'entrée de la salle de cours.
/
L'année scolaire avait à peine débuté et l'anxiété d'Hermione était déjà à son summum. Elle avait exactement neuf mois pour se préparer aux examens des ASPICs et la pression était palpable. Évidemment, elle avait commencé les révisions dès la fin de ses BUSES en prenant de l'avance sur le programme scolaire pendant son temps libre et les vacances. Ainsi, elle était certaine de maîtriser le sujet avant qu'il ne soit abordé en cours par les professeurs.
Elle était dépassée par la nonchalance de ses condisciples. Peu d'entre eux semblaient réaliser l'importance des examens à venir ni le travail conséquent à accomplir. Ils ne pensaient qu'à s'amuser, jouer au Quidditch, où bien à entretenir des petites amourettes ridicules.
Après le déjeuner, elle avait sévèrement réprimandé son ami Harry Potter. Il avait indiqué qu'il n'aurait pas le temps de travailler sur le devoir de Sortilèges que leur avait donné Filtwick le matin même pour la semaine suivante car il devait en priorité s'occuper des sélections de la nouvelle équipe de Quidditch de Gryffondor.
« Comment peux-tu être aussi négligent avec ton avenir, Harry ? » lui avait-elle demandé en fronçant les sourcils, l'air contrarié.
« Hermione, nous n'avons pas tous l'ambition de devenir Ministre de La Magie avant nos trente ans. » avait répliqué Harry avec un rire moqueur.
Les joues d'Hermione avait pris la même couleur que la saucisse dans son assiette, gisant aux côtés de légumes à l'aspect triste.
Le premier cours de l'après-midi réunit tous les élèves de septième année.
« Bienvenue à votre première séance d'orientation. » annonça le Professeur McGonagall. « Cette septième année sera décisive pour votre avenir et je compte sur chacun d'entre vous pour faire les bons choix et pour fournir le travail nécessaire. Je vous rappelle que Poudlard a un taux de réussite de 99% aux ASPICS. »
Derrière ses lunettes austères, McGonagall balaya la pièce d'un air sévère.
« Pour ceux d'entre vous qui souhaitent poursuivre leur éducation magique dans des établissements supérieurs, sachez que la plupart des universités magiques n'acceptent que les élèves avec des excellents dossiers. Des ''Acceptables'' ne seront pas suffisants. Vos dossiers ne seront même pas considérés si vos résultats ne sont pas des ''Optimaux'' ou bien des ''Efforts Exceptionnels''. »
On entendit Neville Londubat souffler, au fond de la pièce.
« Je vous aiderai tout au long de l'année à faire les choix qui vous correspondent et pour ceux qui sont intéressés, je vous aiderai à remplir vos d'admissions. » poursuivit McGonagall. « Sachez que la réussite académique n'est pas le seul aspect qui compte pour les universités. Vos capacités à vous intégrer dans la vie sociale de l'école seront aussi considérées, car ils recherchent les leaders de demain pour notre communauté. Je vous invite donc à mettre toutes les chances de votre côté et à participer activement à la vie sociale de Poudlard. »
Hermione esquissa un sourire satisfait. Elle était la Présidente de l'Association des Nouveaux Élèves de Poudlard et gérait le club de Métamorphoses. Elle avait même créé sa propre association en faveur des droits des elfes de maison.
« Professeur ? » lança Sally-Ann Perks, d'une voix fluette, parmi les élèves.
« Oui, Miss Perks ? »
« Pensez-vous qu'être élue Miss Fondatrice soit un avantage dans un dossier d'admission ? »
Hermione s'empêcha de lever les yeux au ciel face à la bêtise de cette question. En quoi un concours de Miss superficiel et stupide pouvait être un avantage pour entrer dans l'une des meilleures universités magiques au monde ?
« Excellente question, Miss Perks. En réalité, nous avons effectué certains changements dans l'élection de Miss Fondatrice, cette année. Traditionnellement, ce concours était principalement axé sur la popularité et n'offrait à la candidate sélectionnée aucune responsabilité intéressante. Le corps enseignant à décider de changer cela. A partir de cette année, en plus d'être un exemple d'élégance, l'élève retenue travaillera étroitement en collaboration avec la Direction de Poudlard et aura des nouvelles responsabilités comme l'organisation des évènements de l'école. Elle représentera aussi le Directeur durant certains évènements comme le Gala Annuel de L'Éducation Magique Internationale, en mars prochain. Enfin, elle obtiendra une recommandation officielle de la part du Directeur pour son dossier d'admission aux universités de son choix. »
Des « ohhh » se firent entendre de toute part dans la pièce. Même Hermione se redressa, sa curiosité éveillée par les paroles du professeur.
« Nous aurons une session d'information la semaine prochaine au sujet de l'élection. » indiqua McGonagall, mettant un terme à tous les gloussements.
A l'heure du dîner, Hermione retrouva Harry à la table des Gryffondor. Il était installé aux côtés des deux nouveaux élèves, Ron et Ginny. Elle pinça les lèvres lorsqu'elle entendit le sujet de conversation : le Quidditch.
« Comment s'est passé votre première journée de cours ? » demanda gentiment Hermione, après quelques minutes, lassée de les écouter parler de balais volants.
« Trop longue. » admit Ron en haussant les épaules, ce qui provoqua le rire d'Harry. « Mais Ginny a déjà commencé à se faire des amies. Elle a même été invitée à une fête. »
Hermione tourna la tête vers Ginny qui haussa les épaules, l'air nonchalant.
« Une fille de Serpentard m'a invité à une fête vendredi soir, à la Tour d'Astronomie. » indiqua Ginny en mâchant énergiquement une bouchée de sa tourte à la viande.
« Les rassemblements d'élèves après le couvre-feu ne sont pas autorisés sans une autorisation préalable de la part d'un professeur. » intervint immédiatement Hermione, avant de pouvoir s'en empêcher.
Elle reçut des regards blasés de la part des trois autres étudiants et elle rougit immédiatement. Elle savait que son obsession du règlement agaçait ses condisciples. Toute sa scolarité, elle avait peiné à se faire des amis à cause de cela. Elle était constamment traitée de Miss-Je-Sais-Tout ou de fille ennuyeuse et cela pesait parfois sur son moral.
Les deux nouveaux élèves étaient sympathiques et elle avait enfin l'occasion de se faire de nouveaux amis. Elle ne voulait pas gâcher cette opportunité en étant trop intense avec eux. Elle avait déjà senti un certain agacement dans l'attitude de Ginny à son égard.
« Mais il faut profiter de la vie, nous sommes jeunes. » ajouta-t-elle précipitamment, avec un rire peu naturel.
Elle se donna une claque mentale, mortifiée par sa propre attitude. Elle devait leur sembler si pathétique.
« Une fille de Serpentard, tu dis ? » demanda Harry avec étonnement. « C'est étrange. Ils ne sont pas trop intéressés par les relations inter-maisons, d'habitude. Qui est-ce ? »
« Une certaine Daphné. » répondit distraitement Ginny.
« Daphné… Greengrass ? » répéta Harry, l'air incertain.
Ginny hocha la tête.
Harry et Hermione échangèrent des regards estomaqués.
« Pourquoi vous faites ces têtes d'enterrement ? » s'enquit Ginny, une lueur curieuse dans ses yeux.
« C'est juste…surprenant. » expliqua Harry, mal à l'aise. « Les Quatre ne sont pas réputées pour être des modèles d'amabilité. »
« Tu veux dire que cette fille fait partie de ce fameux Club des Quatre dont tout le monde a peur ? » demanda Ginny avec un rire ouvertement moqueur. « Je ne comprends pas comment une bande d'écolières peut effrayer une école entière, c'est tellement ridicule. »
« Harry a raison, Ginny. » assura Hermione. « Ces filles sont dangereuses. Tu n'as vraiment pas envie de te retrouver dans leurs mailles. »
Toute sa scolarité à Poudlard, elle avait dû subir les critiques et l'oppression continuelle de la part des Quatre. Elles étaient connues pour leurs brimades vicieuses, visant particulièrement les élèves ''différents''.
« Si elles trouvent la moindre faiblesse, elles te détruisent. » poursuivit Hermione, en frissonnant. « J'en sais quelque chose. Elles n'aiment pas les personnes avec les origines comme les miennes. »
« Des origines comme les tiennes ? » répéta Ginny en fronçant les sourcils, sans comprendre. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Les Nés-Moldus. » répondit Hermione.
Elle fut décontenancée par la lueur alertée qu'elle vit apparaître dans les yeux de Ginny.
« Tu es Née-Moldue ? » demanda Ginny, mal à l'aise.
Hermione hocha la tête, intriguée par la question et l'attitude de Ginny face à cette information. Elle vit Ginny jeter un regard troublé en direction de son frère, et pendant une fraction de secondes, ils échangèrent des regards entendus, comme s'ils semblaient partager une conversation silencieuse. L'échange rendit Hermione perplexe, mais elle ne fit pas de remarque. Finalement, Ginny se tourna de nouveau vers Hermione, arborant désormais un sourire avenant sur son visage.
« Elles ne peuvent pas être aussi horribles. Personne n'ose probablement leur tenir tête. Je sais me défendre. D'ailleurs, pour vous prouver que vous n'avez rien à craindre d'elles, vous devriez venir avec Ron et moi-même, tous les deux. J'ai aussi invité Luna. » indiqua Ginny d'une voix assurée, qui n'admettait pas de refus.
Hermione ne pouvait se défaire du sentiment de malaise qui l'envahit à l'idée de se retrouver en compagnie de ces filles mais elle ne voulait pas paraître coincée devant Ginny et Ron.
« Très bien. » céda finalement Hermione, lâchant un soupir résigné. « Mais je te préviens, c'est une mauvaise idée. »
La première semaine de cours passa à une vitesse hallucinante et avant qu'Hermione n'ait le temps de le réaliser, le vendredi fatidique était arrivé, annonçant la soirée. Elle avait espéré que Ginny finirait par abandonner l'idée de fréquenter les Quatre, mais cette dernière semblait résolue à assister à leur fête.
Hermione avait tenté de ramener sa chevelure épaisse en un chignon lisse mais après une heure d'essai sans succès, elle se résolut à abandonner et laissa ses longues boucles frisées et volumineuses cascader librement sur ses épaules. C'était la première fois de sa scolarité qu'elle était invitée à une fête et elle n'était pas certaine de l'attitude à adopter.
Elle n'aimait pas rompre les règlements. Et si un professeur les prenait en flagrant délit de non-respect du couvre-feu ? Elle avait toujours entendu des histoires terribles à propos de ces fêtes. De l'alcool à outrance, des adolescents incontrôlables, et peut-être même de la drogue. Elle frissonna à l'idée. Que diraient ses parents ? Se faire accepter n'était pas un prétexte suffisant pour ficher en l'air son avenir.
« Tu es prête ? » interrogea la voix de Ginny Weasley, sa tête apparaissant dans l'encadrement de la porte du dortoir d'Hermione.
Hermione hocha la tête, l'air peu rassuré. Après un long débat intérieur, elle consentit cependant à suivre Ginny dans les escaliers. Cette dernière sifflotait et Hermione ne put s'empêcher d'envier sa nonchalance et la confiance en soi qu'elle dégageait. Comment pouvait-elle être aussi à l'aise alors qu'Hermione tremblotait littéralement de l'intérieur, envahie par son anxiété habituelle ?
Elles rejoignirent Ron à l'entrée de la salle commune de Gryffondor.
« Où est Harry ? » demanda Hermione avec étonnement, jetant des regards autour d'eux, à la recherche de son ami.
« Il ne sent pas très bien. » répondit Ron, qui était le nouveau camarade de dortoir d'Harry. « Il ne viendra pas, ce soir. »
Immédiatement, Hermione sentit son malaise s'accentuer davantage. Si Harry n'était pas de la partie, cela signifiait qu'ils entraient dans l'antre du diable avec un effectif encore plus réduit. Elle suivit Ginny et Ron tandis qu'ils s'engageaient dans les couloirs sombres de l'école, désormais éclairés par des lanternes. Elle resta en retrait, écoutant distraitement leurs paroles et leurs rires.
Luna Lovegood les attendait déjà à l'entrée de la Tour d'Astronomie – affublée de ses lunettes extravagantes et d'un chapeau tout aussi excentrique. Elle clama qu'il avait été fabriqué avec une matière spéciale venue du Danemark, et supposée attirer les nargoles.
En temps normal, Hermione n'aurait pas hésité à lui exposer en trois points argumentés les raisons logiques pour lesquelles les nargoles étaient des créatures sorties de son imagination, mais elle était trop occupée à penser à la boule qui lui tordait désormais le ventre.
« Enfin, un peu de divertissement. » décréta Ginny avec excitation, s'engageant la première dans les marches de la Tour, les autres dans son sillage. « Dans notre ancienne école, on passait notre temps à enfreindre le règlement. »
« Et le reste du temps en retenue. » ajouta Ron avec un rire.
« Mais on savait comment s'amuser, au moins. Je veux dire, si on ne fait pas toutes ces conneries maintenant – quand les fera-t-on ? On ne sera pas toute la vie des adolescents stupides. » argumenta Ginny. « On ne vit qu'une fois, par Circée. »
Il leur fallut un quart d'heure pour arriver au sommet de la Tour d'Astronomie. Hermione suspecta les escaliers de leur jouer des tours quand elle reconnut sur les murs les mêmes inscriptions qu'ils avaient déjà passé à deux reprises.
Lorsque Ginny poussa la lourde porte en pierre donnant accès au haut de la Tour, une musique assourdissante éclata dans les oreilles d'Hermione. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'elle vit qu'une cinquantaine d'élèves se trouvaient déjà sur le toit. Des canapés et des chaises de fortune avaient été placés un peu partout. Un élève de Serpentard s'était improvisé DJ pour la soirée et passait une chanson aux intonations rythmées et sombres, qui lui rappela les bandes sons qu'on entendait parfois dans les films d'horreur Moldus. Si Hermione n'avait pas aperçu le stade de Quidditch, au loin, elle aurait presque oublié qu'ils se trouvaient dans l'enceinte de Poudlard.
« Allons chercher quelque chose à boire. » suggéra Ron en désignant d'un geste de la tête une table, non loin du muret de la Tour où gisaient des dizaines de bouteilles et de pichets mystérieux.
Le reste du groupe le suivit tandis qu'il se frayait un passage à travers la foule d'élèves qui dansaient sur une piste improvisée. Hermione se fit bousculer par un garçon de Serpentard. Elle grimaça en reconnaissant Vincent Crabbe et elle eut la nausée lorsqu'il l'observa de haut en bas, l'air appréciateur.
« Mignonne, Granger. Dommage que les Sang-de-Bourbe ne soient pas ma tasse de thé. » murmura-t-il vicieusement à son oreille.
Elle frissonna de dégoût en sentant son souffle contre sa nuque et elle s'éloigna à toute vitesse, les lèvres tremblantes, écœurée par ses paroles. Sa présence ici était une très mauvaise idée. Elle aurait dû suivre son instinct et ne jamais mettre les pieds ici. Comment avait-elle pu accepter de se faire entraîner dans cette situation ? Son malaise s'accrut lorsque Ron lui tendit une bouteille de bièraubeurre alcoolisée.
« Je…je ne bois pas d'alcool. » murmura-t-elle avec gêne.
Il haussa les épaules et tendit la bouteille à Ginny qui l'accepta avec enthousiasme. Hermione écouta d'un œil distrait leurs conversations, restant sur ses gardes. Ils devaient probablement la trouver ennuyeuse à mourir. Pour être honnête, elle n'était pas dans son élément et ce genre de situation la rendait nerveuse et paranoïaque. Elle avait l'impression d'être jugée par tous les élèves autour d'elle. Ils ne la trouvaient probablement pas assez ''cool'' pour fréquenter ce type d'occasion. Par Merlin, à cet instant, même Luna Lovegood semblait moins coincée et mal à l'aise qu'elle. Hermione voulait juste que la soirée se termine le plus vite possible et retourner dans son dortoir.
Elle tenta de se donner des paroles d'encouragements lorsqu'elle réalisa que personne ne semblait se soucier d'elle. Ils étaient trop occupés à se saouler de toute manière. Au bout d'une demi-heure, elle finit par se détendre et s'esclaffa même après l'une des plaisanteries de Ron.
Sa détente fut de courte durée. En effet, elle aperçut Daphné Greengrass et sa clique venir dans leur direction et immédiatement, son esprit se mit en mode Alerte. Les yeux sombres de Daphné Greengrass les dévisagèrent. Même si son visage ne trahissait aucune émotion, Hermione pouvait deviner la teneur de ses pensées.
« Hey Ginny, Ron. » salua Daphné d'une voix mesurée.
Elles se tourna ensuite vers Hermione et Luna et les observa comme si elles étaient une tâche incommodante sur son passage.
« Qu'est-ce que vous faites ici ? » demanda Pansy Parkinson d'un ton cinglant.
« Je les ai invitées. » répondit Ginny d'une voix tranquille, visiblement peu intimidée par les nouvelles arrivantes.
« C'est une fête privée. » ajouta Millicent Bulstrode en jetant un regard dégouté à l'accoutrement de Luna.
« Je suis confuse. » reprit lentement Daphné en reportant son attention sur Ginny. « Il me semblait avoir précisé que tu étais invitée, ainsi que ton frère. »
« Je pensais que ça ne poserait pas de problème si j'invitais quelqu'un d'autre. » répondit Ginny, feignant la naïveté. « Après tout, plus on est de fous plus on rit, pas vrai ? »
Elle lâcha un rire mais reçut des regards hostiles de la part des Quatre.
« Pas vraiment, non. » répondit sèchement Daphné, une colère froide passant dans ses yeux sombres. « Je veux qu'elles fichent le camp d'ici. Immédiatement. »
« Oh, on se détend. C'est quoi ton problème, au juste ? » s'exclama Ginny, en haussant le ton.
« Non, c'est bon, Ginny. On s'en va. » dit Hermione en jetant un regard entendu à Luna.
Elle esquissa un geste pour s'éloigner mais Ginny la retint par le bras. Elle observa Ginny d'un air implorant, la suppliant silencieusement de la laisser partir. Ginny ne réalisait pas ce qu'elle pouvait causer avec ces filles.
« Reste. » insista Ginny. « Tu as autant le droit de rester ici que nous. »
Hermione remarqua que la musique assourdissante avait cessé de résonner dans la tour et que tous les regards des élèves présents étaient désormais rivés dans leur direction, suivant avec attention leur altercation.
« Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il est normal de la traiter comme ça ? D'accord, elle parle un peu trop parfois, et c'est vrai qu'elle est un peu lourde à certains moments, mais elle ne vous a rien fait de mal. » ajouta Ginny, l'air contrarié.
Trop surprise d'être défendue de la sorte, Hermione ne se vexa pas d'être qualifiée de ''lourde'' par Ginny.
« Tu viens d'arriver dans cette école, Ginny. Et visiblement, tu n'as pas encore saisi certaines choses alors laisse-moi t'expliquer comment les choses fonctionnent. » commença Daphné d'une voix glaciale. « Tout le monde a sa place, ici. Tu l'apprendras bien vite. »
« On ne mélange pas la classe et la crasse. » ajouta Pansy, sur le ton de l'évidence.
« Ni les boules de Crystal et les bombabouses. Sincèrement, si on les mélangeait, ce serait dégoûtant. » ajouta Tracey Davis en grimaçant. « C'est totalement non-hygiénique et de plus… »
« Ça ira, Tracey. » coupa Daphné d'un ton sec. « Tu as compris le topo, Ginny. »
Elle se tourna vers Ginny, les bras croisés.
« Fais ton choix maintenant. Tu veux faire partie de l'élite de l'école ou traîner avec les pires cas sociaux de Poudlard ? » insista Daphné.
Tout le monde se tourna vers Ginny, la bouche ouverte, attendant sa réponse avec appréhension. Cette dernière croisa les bras sur sa poitrine, et observa Daphné avec une lueur de défi dans ses yeux noisette.
« Je préfère me faire jeter dans une mare remplie de calmars géants plutôt que de traîner avec des pestes comme toi et tes copines. » assura Ginny.
On entendit des hoquets choqués, des jurons et des murmures de toute part parmi les élèves. Bien qu'interloquée, Hermione lâcha un regard plein de gratitude envers Ginny.
Le visage de Daphné Greengrass s'assombrit. Elle sembla avoir reçu un verre d'eau glacée en pleine figure. Ses amies et le reste de l'école semblèrent partager le même choc. Personne n'avait jamais daigné se mesurer ainsi en public à l'une des Quatre et en particulier leur leadeuse, Daphné Greengrass.
« Dans ce cas, tu as choisi ton camp, Weasley. Et sache que tu ne pourras plus faire marche arrière. » dit-elle d'un ton calme mais empli de menaces à peine voilées.
Elle jeta un dernier regard impérieux à Ginny avant de faire volte-face, ses amies sur ses talons. Le malaise d'Hermione s'accrut tandis qu'elle les observait s'éloigner.
Les hostilités étaient lancées et Poudlard n'avait qu'à bien se tenir.
End Notes:
J'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! A bientôt pour le troisième chapitre ''Girls don't like girls''
Fearless
Girls don't like Girls by FearlessUntamed
Author's Notes:
Un grand merci à Lyssa7 et Antoinette pour leurs reviews!
Encore une fois, je remercie Polka60, ma bêta adorée, pour la correction de ce chapitre.
Bonne lecture !
III. Girls don't like girls
Destinatrices : ''Les Garces de Serpentard''
Pansy écrit :
Quelqu'un peut expliquer à Lavande Brown que les gloussements stupides n'ont jamais été un moyen efficace pour attirer les garçons ?
Millicent écrit :
Je ne sais pas ce qui est le plus barbant. Voir Brown rire comme une truie sur le point de mettre bas ou ce cours d'Histoire de la Magie.
Tracey écrit :
Gerbant. Je suis quasiment sûre de l'avoir vue déboutonner un bouton supplémentaire de sa chemise d'uniforme avant de s'asseoir à côté du nouveau – elle est collée à lui depuis le début des cours.
Pansy écrit :
Brown n'est qu'une sombre pute, c'est de notoriété publique.
Millicent écrit :
Alors Daphné, on ignore ses meilleures amies ? Nous n'avons pas encore eu ton opinion sur la question.
Tracey écrit :
Elle ne nous écoute pas. Elle a l'air d'être complètement subjuguée par Binns et le cours.
Pansy écrit :
Je parie qu'elle est encore en train de ruminer sur la fête de vendredi soir et la provocation de Weasley. Elle est d'humeur encore plus exécrable que d'habitude, depuis.
Millicent écrit :
En tout cas, elle est en train de rater une conversation des plus profondes. Je vais essayer d'attirer son attention.
Daphné écrit :
Tu n'avais pas besoin de me mettre un coup de coude dans les côtes pour attirer mon attention, Millicent. Et non, Pansy, je ne rumine pas sur la stupidité de Weasley. Je ne lui donne même pas un mois dans cette école avant qu'elle demande à se faire transférer ailleurs.
Pansy écrit :
Ça c'est ma Daphné. Délicieusement garce. Quel est le plan ?
Daphné écrit :
Je vais la détruire. Elle va regretter d'avoir mis les pieds dans cette école.
Pansy écrit :
Ça s'annonce terriblement excitant, sortez le popcorn !
La sonnerie annonçant la fin du double cours d'Histoire de la magie retentit enfin et tous les élèves s'empressèrent de ranger leurs affaires avant de quitter la salle de classe. La moitié des élèves avait somnolé pendant la leçon et l'autre moitié avait profité de la nonchalance de Binns pour terminer leurs devoirs de Sortilèges, à rendre pour le lendemain. Seules les têtes de classe, comme Hermione Granger, Ernie Macmillan ou encore Blaise Zabini semblaient immunisés contre les discours soporifiques du professeur fantôme.
Tracey Davis referma son journal personnel d'un coup sec et quitta à son tour la pièce, avant de se diriger vers son cours de Runes. Aucune de ses amies n'avaient choisi ce cours optionnel et Tracey faisait parfois l'effort de se socialiser avec d'autres élèves.
Malgré ce qu'on pouvait penser d'elle, Tracey n'était pas une peste sans cœur. Elle laissait plutôt ce rôle à Pansy et Daphné qui y trouvaient un plaisir évident. Certains la pensaient faible, sans personnalité et on clamait généralement qu'elle était influencée par les autres filles de son groupe.
Aucun d'entre eux ne savaient que Daphné et les autres filles avaient été les premières à l'accepter, à son arrivée à Poudlard. Lorsque sa famille avait emménagé au Royaume-Uni, à ses douze ans, elle avait eu du mal à s'acclimater à la culture de ce nouveau pays, si loin de son île d'origine, Trinité-et-Tobago. Daphné l'avait immédiatement prise sous son aile et Tracey avait trouvé un certain réconfort à l'idée d'être épaulée par cette fille inconnue. Malgré ce qu'on pouvait dire de Tracey et de ses amies, elles étaient toutes loyales les unes envers les autres et se protégeaient avec virulence.
Les premières années au Royaume-Uni avaient été difficiles. Il avait fallu s'habituer à ce mode de vie totalement différent de ce qu'elle avait connu auparavant. Elle avait finalement fini par adopter cette nouvelle culture.
Les parents de Tracey, particulièrement son père, avaient observé ce changement d'un œil mauvais. Desomond Davis, son père, était un homme conservateur, profondément attaché aux traditions de son pays d'origine. Peu importait le nouvel environnement dans lequel sa famille vivait désormais, il était primordial pour lui que ses enfants reçoivent la même éducation que la sienne. Pour une raison inconnue, il était toutefois moins strict avec Clive et Fitzroy, les frères cadets de Tracey.
« C'est parce que tu es l'aînée et que tu es une femme, répondait sa mère, Eralia Davis, lorsque Tracey l'interrogeait sur la question. « La vie n'est pas la même pour une femme et elle a besoin d'être protégée. »
Évidemment, sa mère avait toujours été une femme entretenue et soumise à son mari.
Tracey peinait parfois à accepter le manque de flexibilité de ses parents mais elle n'avait jamais osé élever la voix ni s'opposer à leurs ordres de manière frontale. Sans doute était-ce son envie d'éviter à tout prix le conflit. Quoi qu'il en soit, elle avait parfois l'impression de vivre une double vie. Il y avait la fille qu'elle était devant ses parents, une Tracey sage, polie et renfermée. L'autre Tracey, elle, vivait comme bon l'entendait et n'avait de compte à rendre à personne.
Tout avait changé durant l'été dernier. Son père lui avait annoncé que sa majorité signifiait qu'il était temps qu'elle se marie. L'idée de se retrouver mariée avec un homme qu'elle connaissait à peine lui avait retourné l'estomac et elle avait passé deux jours à sangloter dans son lit.
Merlin, l'idée même de toucher quelqu'un du sexe opposé l'écœurait. Et pas seulement parce qu'elle avait une peur bleue des germes, non. Les garçons n'étaient intéressés que par une chose, en particulier à leur âge.
Le Sexe.
Rien que le mot la faisait frissonner intérieurement et lui provoquait des sueurs froides.
Tous les adolescents de son entourage – ses meilleures amies y compris - semblaient animés par des hormones qui ôtaient leur capacité à prendre des décisions réfléchies.
Il y avait bien eu Zacarias Smith, pendant sa quatrième année. Poussée par ses amies et lassée d'être sans cesse qualifiée de ''coincée'', elle avait accepté son rendez-vous à Pré-au-Lard. L'après-midi s'était révélée être un vaste fiasco. Tracey avait lestement tenté d'éviter ses tentatives de rapprochement et, lorsqu'il avait tenté de l'embrasser dans le salon de thé de Madame Pieddodu, elle avait lâché un hurlement strident. Tous les regards s'étaient tournés dans leur direction.
Zacharias, lui, l'avait regardée comme une malade mentale. Pansy et Millicent s'étaient esclaffées pendant une semaine entière après le désastre. Seule Daphné était restée de marbre, et s'était contentée de lui jeter un regard troublé. Daphné était d'ailleurs la seule de ses amies au courant de la demande récente du père de Tracey.
« Fugue. » avait-elle dit. « Viens vivre chez nous. Mon père t'adore, il accepterait en un clin d'œil. »
Au début, l'idée de Daphné avait paru séduisante. Après tout, Tracey venait de fêter ses dix-sept ans, ce qui faisait d'elle une sorcière majeure, libre d'aller où elle le souhaitait sans l'autorisation de son père. Mais la réalité l'avait bien vite rattrapée. Elle était jeune, sans argent, sans toit et l'idée de s'imposer chez la famille de sa meilleure-amie était embarrassante. Si elle voulait vraiment s'échapper du joug de son père, il fallait qu'elle soit totalement indépendante. Assurer son avenir était donc désormais sa priorité.
Tracey entra dans la salle où se déroulait son cours de Runes et s'installa sur l'un des bancs de la pièce, avant de sortir son grimoire.
« Cette année, la partie théorique de vos examens d'ASPICs sera basée sur un travail de recherche. Vous devrez rendre un parchemin de cent pages sur le sujet de votre choix. Il faudra ensuite présenter votre travail au panel d'instructeurs en mai prochain. » expliqua le professeur Bathsheda Babbling. « Vous travaillerez également en binôme tout au long de l'année sur ce projet. Vous pouvez donc choisir votre partenaire, aujourd'hui. »
Tracey tourna la tête. Seule une dizaine d'élèves de septième année avaient choisi de garder l'Étude des Runes en cours optionnel et tout le monde sembla rapidement trouver son binôme. Elle n'avait habituellement pas ce genre de problèmes avec ses amies. Elle était toujours assurée d'avoir un binôme avec Pansy, Daphné et Millicent. Cette fois, toutefois, aucune de ses amies n'assistait au cours.
« Miss Davis, Miss Lovegood, vous êtes les seules étudiantes sans binômes. Vous pourrez donc travailler ensemble à partir de la semaine prochaine. » proposa gentiment Babbing avant de se diriger vers le tableau pour continuer le cours.
Tracey grimaça lorsqu'elle vit Luna Lovegood lui faire un signe de la main. Elle ignora le sourire avenant que cette dernière lança dans sa direction. Elle ouvrit son journal personnel et s'empressa d'y griffonner un message.
Destinatrices : ''Mes comparses favorites''
Tracey écrit :
Tuez-moi, vite.
Pansy écrit :
Tu as le choix. Guillotine ou Potion de Mort Subite ?
Tracey écrit :
Le moyen le plus rapide. J'ai juste besoin de disparaître de la surface de cette terre. Je dois travailler sur un devoir de recherche avec Loufoca Lovegood pour le reste de l'année.
Daphné écrit :
L'horreur - dis à la prof que tu veux redoubler.
Pansy écrit :
Je suis sûre que si tu lui expliques calmement la situation, elle comprendra. Dis-lui que tu as peur d'être contaminée par le style vestimentaire douteux de Lovegood. Je vous l'assure, c'est une maladie, ce genre de choses.
Millicent écrit :
Ou dis-lui de faire tout le boulot en lui promettant qu'on arrêtera de lui faire la misère. C'est un marché qu'elle ne pourra pas refuser.
Pansy écrit :
Mais Millie… Ce que tu viens de dire est…intelligent.
Tracey écrit :
Ce n'est pas une mauvaise idée, à vrai dire. Honnêtement, je pourrais me passer de tout ce travail additionnel.
Pansy écrit :
Mais harceler Lovegood est l'un de mes passe-temps favoris. Qu'est-ce je vais faire de mes jeudi après-midi en Potions ?
Daphné écrit :
On la remplacera par Weasley.
Pansy écrit :
J'adore ta façon de penser, Daphné.
Tracey écrit :
Adjugé vendu. Que ferais-je sans vous ?
Millicent écrit :
Le travail d'équipe fait des miracles.
Ginny Weasley inscrivit son nom sur la liste d'intéressés pour les sélections de Quidditch puis recula de quelques mètres pour observer le panneau d'affichage avec satisfaction. L'idée de rejoindre l'équipe de Quidditch de Gryffondor était terriblement excitante. Son ancienne école était trop petite pour avoir un championnat digne de ce nom, et développer ses compétences en vol pendant l'année scolaire s'était révélé compliqué.
« Tu penses avoir une chance ? » demanda une voix traînante derrière elle. « Le niveau est élevé. »
Elle se retourna et son regard tomba sur un garçon blond qui la dépassait d'une tête. Il l'observait avec une lueur railleuse dans les yeux. Elle reconnut les couleurs de Serpentard sur son uniforme. Ginny darda un regard impérieux dans sa direction.
« Et qu'est-ce qui te fait penser que je ne suis pas à la hauteur ? » demanda-t-elle avec froideur.
« Absolument rien. C'est pour ça que je te pose la question. » dit-il sur le ton de l'évidence, un rictus moqueur se dessinant au coin de ses lèvres minces.
Après seulement quelques mots échangés avec ce type, Ginny décréta qu'elle ne l'appréciait guère. Quelque chose chez lui l'agaçait profondément. Probablement ce petit air satisfait et supérieur qu'il arborait.
Elle fronça les sourcils lorsqu'elle le vit poser un parchemin sur le panneau d'affichage. Elle inclina la tête, parcourant le papier en diagonale. Il s'agissait de la feuille d'inscription pour les sélections de Quidditch de Serpentard.
« Tu joues pour Serpentard ? » questionna Ginny, avec curiosité.
« Je suis le Capitaine de l'équipe, oui. » informa-t-il d'un ton qu'elle trouva un peu pompeux.
« Quel poste ? » interrogea Ginny.
« Attrapeur. » répondit-il.
« Tu as de la chance. » clama Ginny.
Il arqua un sourcil, visiblement décontenancé par son commentaire.
« Car ce n'est pas le poste auquel je joue. Sinon, je t'aurais montré ce qu'on appelle un niveau élevé. » dit-elle avec morgue.
Les yeux du garçon s'agrandirent, et il afficha un air offusqué, probablement piqué par les paroles de Ginny.
« Tu as la langue bien pendue… » dit-il en jetant un regard bref au parchemin sur lequel elle avait apposé son nom quelques instants plutôt. « …Ginevra. »
« Ginny. » rectifia-t-elle immédiatement en grimaçant.
Elle détestait qu'on la nomme par son prénom complet.
« J'imagine qu'on se reverra sur le terrain, dans ce cas. Si tu es sélectionnée, bien évidemment. » ajouta-t-il avec sarcasme avant de s'éloigner.
Elle l'observa tandis qu'il disparaissait totalement de sa vue, au détour du Hall principal.
« Si tu es sélectionnée, bien évidemment. » imita—t-elle en faisant mine de caqueter. « Imbécile. »
Elle retrouva Ron dans la Grande Salle, installé à la table des Gryffondor.
« Alors ? » interrogea-t-il d'un ton plein d'énergie, à son arrivée.
C'était Ron qui avait entendu parler des sélections. Son nouveau voisin de dortoir, Harry Potter, était le capitaine de l'équipe de Gryffondor. Ron était également féru de Quidditch, comme le reste de leur famille. Il jouait au poste de Gardien tandis que Ginny plébiscitait celui de Poursuiveuse.
Aussi loin qu'elle s'en souvienne, ils avaient toujours partagé les mêmes passe-temps. Ron n'était pas seulement son frère jumeau, il était également son meilleur ami et son partenaire de crime depuis leur plus tendre enfance. Lorsqu'elle avait dû quitter son ancienne école, il avait insisté auprès de leurs parents pour la suivre. Lorsqu'elle avait été répartie à Gryffondor, il avait évidemment choisi la même maison que Ginny. Ils étaient inséparables.
« J'espère qu'on sera pris. » dit Ron avec enthousiasme avant d'attraper l'assiette de pommes de terre posée devant lui.
Quelques secondes plus tard, ils furent rejoints par Hermione Granger, qui comme à son habitude, semblait au bord de l'anxiété.
« Que se passe-t-il, Hermione ? La bibliothécaire ne t'a laissé emprunter que dix livres à la fois ? » demanda Ginny avec sarcasme.
« Non, j'ai croisé Parkinson dans les couloirs. » annonça Hermione, l'air préoccupé.
« Et ? »
« Et rien. Elle n'a pas fait un seul commentaire déplacé, pas une insulte, même pas un regard hostile. » répondit Hermione en fronçant les sourcils, visiblement agitée. « Juste rien. »
Ron et Ginny échangèrent un regard désemparé, tous les deux confus par le problème d'Hermione.
« Vous ne la connaissez pas. D'habitude, il faut toujours qu'elle fasse un commentaire. Je suis sûre qu'elle prépare quelque chose. » assura nerveusement Hermione. « Après ce qu'il s'est passé vendredi soir, c'est évident qu'elles ont une idée derrière la tête. »
« Je les ai remises à leur place, voilà ce qu'il s'est passé, Hermione. » rappela Ginny d'un ton dédaigneux. « Elles ont vu que leurs intimidations ne fonctionnaient pas sur moi. Ces filles ne sont que du vent et des fausses menaces, rien de plus. Vous avez peur d'elles sans raison. »
Hermione secoua la tête, visiblement peu convaincue par les affirmations de Ginny.
« Cela fait déjà trois jours et il ne s'est rien passé. Et la vérité, c'est qu'il ne se passera rien. » déclara Ginny avec assurance.
A la fin du déjeuner, Ginny entendit des exclamations excitées autour d'elle et elle vit une masse d'élèves se diriger vers les portes de la Grande Salle.
« Que se passe-t-il ? » demanda-t-elle en levant un sourcil.
« C'est l'heure de la session d'informations pour l'élection de Miss Fondatrice. » informa Hermione, rangeant précipitamment son livre de Métamorphoses dans son sac.
« Tu y vas ? » demanda Ginny, abasourdie.
Hermione hocha la tête et Ginny lui jeta un regard décontenancé. Elle n'imaginait pas que Hermione Granger puisse être intéressée par ce genre de trivialités.
« Quoi ? C'est juste une session d'informations. » lança Hermione en rougissant. « Je n'ai pas le droit de m'informer ? »
Ginny haussa les épaules.
« J'y vais aussi dans ce cas. Je m'ennuie à mourir. » admit-elle.
Il serait probablement divertissant de voir une bande d'écervelées s'arracher les cheveux pour une élection ridicule. La salle de cours qui accueillait la session d'informations avait été métamorphosée pour accueillir une cinquantaine d'élèves. On avait ôté les bureaux au profit de bancs disposés un peu partout dans la pièce. La salle était pleine à craquer et plusieurs élèves luttaient pour obtenir une place sur les bancs. Hermione et Ginny trouvèrent des places libres près de Luna Lovegood qui leur fit de grands signes de la main.
« Ne me dis pas que tu es aussi intéressée, Luna ? » demanda Ginny en ouvrant de grands yeux. « J'avais une meilleure opinion de vous, les filles. »
Ginny fit mine de secouer la tête, feignant la déception avant de rire devant la mine outrée d'Hermione. Elle perdit toutefois son sourire lorsqu'elle vit les Quatre entrer dans la pièce, Daphné Greengrass à leur tête. Elles se dirigèrent immédiatement vers le premier rang et Pansy Parkinson fit signe à un groupe de filles de sixième année de libérer les places. Elles s'exécutèrent sans broncher, suivant l'ordre silencieux de Pansy, puis allèrent s'adosser contre mur le plus proche. Ginny serra les dents à la vue de la scène.
« Je déteste ces pestes. » murmura-t-elle avec irritation. « Pour qui se prennent-elles ? »
« Ne dis rien. » murmura Hermione d'une voix implorante.
Ginny n'eut pas le loisir de répliquer car le professeur McGonagall entra dans la pièce, sa longue robe de sorcière virevoltant sur son passage.
« Je suis heureuse de constater que l'élection Miss Fondatrice est autant plébiscitée, cette année. Avant toute chose, je tiens à préciser que cette élection n'est ouverte qu'aux élèves majeures. Si vous n'avez pas encore dix-sept ans, vous pouvez quitter la pièce. » indiqua McGonagall.
Des soupirs de protestation se firent entendre parmi les élèves et des dizaines d'étudiantes quittèrent la pièce, affichant des mines déçues. Il ne resta plus que des septièmes années et une poignée de sixièmes années.
« L'élection de la Miss Fondatrice est l'une des coutumes les plus anciennes de Poudlard. Traditionnellement, il s'agissait d'un titre sans responsabilités particulières. Cette année, toutefois, après de longues discussions avec le corps enseignant, nous avons décidé de changer la tradition. Ce rôle sera désormais un titre honorifique avec des véritables responsabilités et des pouvoirs au sein de l'école. » expliqua McGonagall.
Elle agita sa baguette magique d'un geste gracieux et une statue apparut dans la pièce, portant une banderole noire et blanche sur son épaule, où les mots Miss Fondatrice étaient inscrits en lettres calligraphiées.
« Miss Fondatrice représente la grandeur de notre école. Elle doit être distinguée, spirituelle, intelligente, engagée au profit de l'éducation et représenter les intérêts et la réputation de Poudlard à l'extérieur. Évidemment, un grand pouvoir implique des responsabilités importantes et il est donc primordial que la Miss potentielle montre qu'elle sera en mesure de les gérer. Le processus de sélection sera donc extrêmement compétitif. » apprit McGonagall.
Elle se dirigea ensuite vers le large tableau noir et y traça des mots à l'aide de sa baguette.
« La sélection se déroulera en trois étapes. En premier lieu, les présélections. L'objectif de cette étape est de s'assurer que la candidate sélectionnée soit plébiscitée par ses camarades. La Miss Fondatrice doit être appréciée de ses condisciples et leur inspirer confiance. Après tout, les initiatives sur lesquelles elle travaillera avec la Direction impacteront directement les élèves. Lors de cette étape, ce sera le reste de l'école qui aura la possibilité de nominer les candidates à l'élection. »
« Cela veut dire qu'on ne peut pas tout simplement s'inscrire ? » demanda une élève, affichant une moue déçue.
« Exactement, Miss Bones. » confirma McGonagall d'un ton tranquille. « Seules les étudiantes ayant obtenu les votes d'au moins 5 autres étudiants pourront être présélectionnées. Chaque élève n'a le droit qu'un à vote. Et seuls les élèves à partir de quatrième année seront autorisés à voter. »
Des murmures jaillirent dans toute l'audience et McGonagall se racla la gorge pour faire revenir le silence dans la pièce.
« La seconde étape sera la présentation du programme de chacune des candidates. Devant un panel de juges, vous devrez expliquer pourquoi vous souhaitez être élue, les changements que vous comptez instaurer dans l'école et ce qui vous motive. Les candidates seront ensuite chargées de faire campagne durant les semaines suivantes afin de gagner des points. » poursuivit la Directrice-adjointe.
Elle ajouta un Trois sur le tableau, à l'aide de sa baguette.
« La troisième étape aura lieu pendant le Bal d'Hiver. Il s'agira de la présentation des résultats de votre campagne. Le jury prendra ensuite sa décision finale et couronnera la Miss Fondatrice pendant cette soirée. La nouvelle Miss Fondatrice prendra officiellement ses fonctions en janvier, au retour des vacances de Noël. Elle présidera le comité jusqu'au mois de Juin. L'élection sera encadrée par un panel de juges et présidée par moi-même avec l'assistance du professeur Black. Le jury sera composé de membres du personnel de l'école ainsi que d'intervenants extérieurs. »
On entendit des gloussements à la mention du professeur Black.
« Nous attendons un certain nombre de qualités chez la Miss Fondatrice. Excellente communication, écoute, flexibilité, résistance au stress, fiabilité et capacité à s'exprimer avec aise devant de larges audiences. Évidemment, il sera aussi primordial de faire preuve d'esprit d'équipe. » acheva McGonagall.
« Une brebis à cinq pattes, en somme. » commenta Ginny à voix basse, d'un ton railleur.
Luna pouffa et Hermione lui adressa un regard réprobateur.
« Des questions ? » interrogea McGonagall à l'attention de l'assemblée.
Plus d'une vingtaine de mains se levèrent et le reste de l'heure fut un questions-réponses pendant lequel McGonagall dû répondre à un mélange de questions sensées et d'autres plus stupides.
A la fin de la session, l'élection de la Miss Fondatrice devint le sujet de discussion principal parmi la communauté féminine de Poudlard. Les présélections qu'avait mentionnées McGonagall semblaient sujettes à controverse. Hermione Granger, par exemple, estimait qu'il n'était pas sain d'être sélectionnée sur un élément aussi injuste que la popularité.
« Je ne comprends pas pourquoi le parcours académique n'entre pas dans le processus de présélection. » se plaignit-t-elle.
« Je voterai pour toi, Hermione. » assura Ginny d'un ton las.
Elle était fatiguée d'entendre Hermione se plaindre à longueur de journée d'un système qu'elle jugeait « totalement discriminant. »
En vérité, Ginny avait d'autres priorités, notamment les sélections de Quidditch pour intégrer l'équipe de Gryffondor. Le jour des sélections, elle se présenta dans le stade où une vingtaine d'élèves surexcités et nerveux s'entassaient devant Harry Potter, le capitaine.
« Les sélections d'aujourd'hui se feront avec des balais d'entraînement – pour égaliser les chances. » indiqua Harry. « Coote vous donnera un balai dans les vestiaires. »
Ginny reçut un Comet 260 de la part du dénommé Coote – un balai un peu dépassé mais connu pour sa longévité.
Ron passa dans le premier groupe. Il s'agissait d'un match de dix minutes où des membres de l'équipe s'opposaient à une équipe de membres potentiels. Dans les tribunes, Ginny hurla des encouragements à l'adresse de son frère. La performance de Ron fut excellente – il ne laissa passer que deux buts et réussit à attraper la plupart des tirs que les poursuiveurs jetèrent en direction de ses anneaux.
« Bien joué, petit frère. » le félicita Ginny en lui donnant une tape enthousiaste sur l'épaule, lorsqu'il se posa sur le sol.
Il avait été bien meilleur que le gardien de l'équipe adverse et elle ne se faisait aucun doute sur sa sélection.
« Deuxième groupe. » appela Harry.
« Montre leur ce que tu sais faire. » l'encouragea Ron.
Elle lui adressa un clin d'œil avant de se diriger d'un pas confiant vers le reste du groupe. D'un geste assuré, elle enfourcha son balai et donna une impulsion sur le sol avec son pied gauche. Elle s'envola dans les airs, savourant le vent agréable qui lui caressait désormais le visage. Cette fois, il s'agissait d'un quatre-quatre. Chaque équipe était composée de deux poursuiveurs, d'un gardien et d'un batteur.
Lorsque le sifflet retentit et qu'Harry Potter lâcha le souaffle dans les airs, Ginny se précipita à toute vitesse sur la balle. Sans difficulté, elle attrapa l'objet la première. Sa coéquipière, une dénommée Demelza, s'engagea à sa suite, et dans une ligne parallèle parfaite, elles se dirigèrent vers les buts adverses, effectuant des passes rapides pour désarçonner le gardien. A quelques mètres des buts, Ginny saisit sa chance et elle envoya le souaffle en direction de l'anneau gauche. Pour une raison obscure, son balai changea légèrement de trajectoire et elle rata le but de quelques mètres.
Ginny jura bruyamment puis secoua la tête en reprenant son vol. Elle était probablement un peu rouillée. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle n'était pas montée sur un balai. Elle grimaça lorsque l'équipe adverse, marqua son premier tir.
« Je vais attraper le souaffle. Fais-en sorte de te positionner en dessous de moi lorsqu'on sera devant les buts. Je laisserai tomber le souaffle et tu pourras tenter de marquer. » dit-elle à Demelza qui hocha la tête.
Encore une fois, elle n'eut pas de difficulté à se saisir du souaffle des mains de l'équipe adverse quand l'un des poursuiveurs se baissa pour éviter un cognard. Elle poursuivit sa course folle, évitant à son tour un cognard, en direction des buts. Son balai fit alors un bond étrange, et elle manqua de tomber. Elle se rattrapa in extremis au manche et relâcha le souaffle qui fut récupéré par les adversaires.
« Qu'est-ce que tu fais ? » lui hurla Demelza d'un ton furieux.
« Je ne sais pas ce qu'il se passe, je crois que mon balai a un problème. » s'écria Ginny, agitée.
Sa coéquipière leva les yeux au ciel, peu convaincue par son excuse, et arbora un air qui signifiait clairement « Mais oui, bien sûr. »
La panique commença lentement à envahir Ginny lorsqu'elle réalisa qu'ils étaient déjà à la moitié du mini match et qu'elle n'avait pas marqué un seul but. Elle n'avait même pas pu faire l'une de ses figures favorites, pour montrer ses compétences de vol.
Elle inspira profondément. Elle ne devait pas laisser le stress la submerger.
« Tu peux le faire. » dit-elle à voix haute, pour s'encourager.
Le destin, pourtant, ne sembla pas être en sa faveur. A plusieurs reprises, son balai eut des réactions étranges lorsqu'elle se trouva en possession du souaffle. Sa coéquipière cessa de lui faire des passes, pensant visiblement que Ginny n'avait pas le contrôle de son balai.
Il ne restait qu'une minute lorsque Ginny eut de nouveau le souaffle entre ses mains. D'un air résolu, elle se pencha sur son balai, le souaffle fermement tenu par son bras droit et elle vola en direction des buts.
Aussitôt, son balai freina brusquement sans raison. Lorsqu'elle tourna la tête et qu'elle vit un cognard s'approcher à toute vitesse dans sa direction, elle sut qu'il était déjà trop tard. Elle sentit un coup violent au niveau de sa poitrine. Sous la force de l'impact, elle fut propulsée à quelques mètres et son balai perdit de l'altitude rapidement. Elle parvint à reprendre le contrôle de ce dernier à quelques mètres du sol. Lorsque ses pieds touchèrent le terrain, elle relâcha son balai sur la pelouse et se laissa tomber sur les genoux, le souffle coupé à cause de la douleur.
Elle entendit le sifflet, au loin, et elle se mordit les lèvres, à la fois enragée et frustrée par sa performance sur le terrain.
« Ginny, tu vas bien ? » demanda la voix inquiète de Ron, à ses côtés quelques instants plus tard. « Que s'est-il passé, là-haut ? »
« Je…je ne sais pas, j'ai complètement perdu le contrôle de mon balai. » bredouilla-t-elle d'une voix saccadée.
Ron l'aida à se relever et ils furent bientôt entourés par le reste des joueurs. Elle garda les yeux résolument rivés au sol, réprimant l'envie de pleurer de rage et de dépit.
« Bien joué, tout le monde. J'ai pris ma décision. » annonça Harry. « Nous avions trois postes libres dans l'équipe. Ronald Weasley, tu seras notre nouveau gardien. »
Ron laissa échapper une exclamation de joie.
« Seamus Finnigan sera notre nouveau batteur. Et le poste de poursuiveuse revient à… »
Ginny retint son souffle, un infime espoir encore présent dans son esprit.
« Demelza Robbins. » acheva Harry. « Félicitations à tous. Les autres, je suis désolé, ça ne sera pas pour cette année, mais bravo d'avoir tenté. »
Ginny fut envahie par la déception alors qu'elle réalisait qu'elle avait raté son unique chance d'intégrer l'équipe. Était-ce le karma ? Un moyen de l'univers pour la punir de ses actes passés ? Merlin seul savait qu'elle avait des choses à se reprocher. Elle leva les yeux vers Ron et croisa son regard inquiet. Elle esquissa un sourire forcé.
« Félicitations, frangin. » dit-elle d'un ton qu'elle essaya de rendre enjoué.
Ron ne sembla pas se laisser berner. Évidemment, elle savait que son frère pouvait lire à travers les lignes mais elle ne voulait pas lui gâcher son bonheur.
« Gin… » commença-t-il.
« Je vais prendre une douche, on se voit plus tard. » coupa-t-elle, l'empêchant d'ajouter quoi que ce soit.
Elle fit volte-face et se dirigea à grandes enjambées vers les vestiaires, les poings serrés. Elle fut la dernière à sortir des douches, trop occupée à ressasser sa performance pathétique dans sa tête. Lorsqu'elle quitta enfin les vestiaires, elle sursauta en voyant une silhouette apparaître face à elle.
« Pour l'amour de Merlin. » pensa-t-elle lorsqu'elle vit de qui il s'agissait.
Daphné Greengrass et sa bande d'écervelées se trouvaient face à elle. Fallait-il vraiment qu'elle tombe sur ces idiotes à cet instant précis de la journée ? Décidément, l'univers complotait réellement contre elle. Voulaient-elles être les premières à se réjouir de son échec ?
« Je ne suis pas d'humeur. » dit-elle d'un ton sombre, tentant de passer devant Daphné, et prenant le soin d'éviter son regard.
« Weasley, tu dois être tellement déçue – je sais à quel point tu voulais être prise. » susurra Daphné d'une voix faussement complaisante.
Ginny serra les dents.
« Ces balais sont décidément peu fiables. » ajouta Daphné, moqueuse.
Ginny se figea en entendant ses paroles. Elle se retourna lentement, la compréhension la frappant en plein visage. Cela n'avait pas été une coïncidence. Si son balai avait agi de manière aussi étrange, c'était pour une raison bien précise.
« Vous avez trafiqué mon balai ? » demanda Ginny, même si elle connaissait déjà la réponse.
Daphné se contenta d'esquisser un rictus mauvais en guise de réponse.
« Vous êtes complètement folles ? Vous auriez pu me tuer ! » s'écria Ginny avec colère, ses joues désormais rougies sous la contrariété.
« Crois-moi, Weaslette. Si j'avais vraiment voulu te faire du mal, tu ne serais pas debout en train de t'adresser à moi. » assura vicieusement Daphné.
Elle s'approcha de Ginny et cette dernière, par réflexe, recula de quelques centimètres. Son dos se retrouva contre un mur de pierre froide. Sa baguette magique était dans son sac et il serait compliqué de la dégainer dans cette position. Elle était seule contre ces quatre hyènes.
Le visage de Daphné se retrouva à quelques centimètres du sien. Daphné leva sa main en direction de son visage et ses doigts jouèrent avec l'une des mèches de cheveux de Ginny qui s'était échappée de sa queue de cheval désordonnée.
« Considère ça comme un avant-goût, Weasley. Tu n'as encore rien vu. Je veux que tu comprennes contre qui tu joues. » assena-t-elle d'une voix glaciale. « Tu vas regretter toute ta vie ton choix stupide. Je vais te détruire. »
Daphné recula, lui adressant un dernier regard empli de malveillance et elle s'éloigna, ses amies sur ses talons. Ginny resta adossée contre le mur, le cœur battant, se demandant dans quelle situation elle s'était encore mise.
End Notes:
J'espère que ce chapitre vous a plu. Le prochain s'intitulera Sweet Little Lies. A la semaine prochaine !
Sweet Little Lies by FearlessUntamed
Author's Notes:
Merci à Antoinette et Polka60 pour leurs reviews (et merci ma chère Polka60 pour sa correction de ce chapitre !)
Bonne lecture !
IV. Sweet Little Lies
Pansy Parkinson laissa échapper un soupir de frustration tandis qu'elle observait la semelle déchirée de sa paire de chaussures. Un trou de trois centimètres s'y était formé – probablement causé par l'usure. Aucun de ses sorts de réparation ne semblaient vouloir fonctionner. Elle grimaça. Les matériaux magiques n'en faisaient qu'à leur tête, et lorsqu'ils refusaient de coopérer, il était inutile d'insister.
Fut un temps, Pansy aurait simplement fait une razzia dans l'une de ses boutiques préférées du Cours Écarlate pour s'offrir une paire de remplacement. En plusieurs couleurs pour complimenter chacune de ses humeurs. Malheureusement, sa situation actuelle ne lui permettait plus de faire des folies lorsqu'il s'agissait de shopping.
Pansy farfouilla frénétiquement dans sa malle à la recherche d'une autre paire. Elle grimaça lorsqu'elle extirpa une paire de bottes usée, dont la lanière ne tenait plus. Elle entendit la porte de la salle de bain s'ouvrir et s'empressa de remettre les chaussures dans sa malle avant de fermer le clapet d'un geste sec. Millicent émergea dans le dortoir qu'elles partageaient. Ses yeux bleus étaient rougis et son visage pâle arborait un air complètement déconnecté.
« Tu me prêtes ta paire de bottes marrons ? » demanda Pansy à l'attention de son amie. « Les paires que j'ai ne vont pas du tout avec les vêtements que je porte aujourd'hui. »
« Tu as toujours un milliard de paires de chaussures, d'habitude. » commenta Millicent, d'une voix somnolente.
« Elles sont toutes restées au Manoir. Après mon retour des Maldives, cet été, je n'ai pas eu le temps d'emporter tout ce que je voulais avant la rentrée. Ma garde-robe est tellement énorme, je ne peux pas tout emmener. D'ailleurs, je viens de la refaire entièrement. » ajouta Pansy d'un ton dramatique. « Et les elfes font toujours n'importe quoi quand ils font mes bagages. »
Millicent se contenta d'hausser les épaules, visiblement peu intéressée par ses justifications.
« Prends ce que tu veux. » dit-elle en désignant un coin de la pièce.
Pansy se dirigea vers la commode et les malles entreposées près du lit de Millicent. Elle eut un pincement au cœur lorsque ses yeux passèrent sur les sacs en peau de dragon, les chaussures de créateurs parfaitement lustrées et les accessoires scintillants qui composaient la garde-robe de son amie. Elle saisit l'une des boîtes à chaussures et en extirpa une paire de bottes cuissardes en daim aux talons carrés.
Elle frissonna de plaisir lorsqu'elle les enfouit et se posta vers le miroir, observant le résultat avec satisfaction. Immédiatement, toute son anxiété s'évapora, remplacée par une confiance extrême. La journée était tellement meilleure lorsqu'on se sentait bien dans ses vêtements.
Elle jeta un regard bref en direction de Millicent qui fixait un point vide sur le mur, l'air complètement ailleurs. Elle semblait tellement distraite qu'elle ne l'aurait probablement pas remarqué si Pansy avait emprunté sa paire de chaussures sans son autorisation.
« Tu es sûre que ça va ? » demanda Pansy, en levant un sourcil. « Tu es rentrée affreusement tard, hier soir. »
Millicent se tourna vers elle, et d'un geste machinal essuya son nez.
« Il fallait que je finisse ce satané devoir de Sortilèges. » répondit-elle d'un ton un peu trop précipité.
Pansy savait évidemment que son amie mentait – mais pour une fois dans son existence, elle ne fit pas de remarque déplacée. Après tout, elle devait gérer ses propres problèmes. Au fond, elle était ravie que Millicent n'insiste pas pour connaître la raison qui l'obligeait à constamment lui réclamer des affaires.
Millicent disparut de nouveau dans la salle de bain et Pansy en profita pour lui ''emprunter'' une paire de boucles d'oreilles en or rose qui complimentait sa carnation ainsi que son carré plongeant noir.
« Merlin, que tu es mignonne. » se complimenta-t-elle à l'adresse de son reflet avant de quitter le dortoir.
Elle rejoignit Tracey et Daphné dans la Grande Salle. Cette dernière semblait d'excellente humeur. Elle était probablement heureuse d'avoir pu saboter le balai de Weasley aux sélections de Quidditch.
« Que diriez-vous d'aller dîner, dimanche prochain ? » proposa Daphné.
Le weekend, les élèves étaient autorisés à quitter l'enceinte de Poudlard pour se rendre à Pré-Au-Lard, le village le plus proche, accessible à pied à partir de l'école. Avec une autorisation supplémentaire, ils pouvaient même retourner dans leur famille une fois par mois, en dehors des vacances.
« Un dîner. » répéta Pansy, réprimant une grimace. « Pourquoi pas plutôt un brunch ? »
Daphné lui jeta un regard étonné.
« Je fais un nouveau régime, je ne dois plus ingérer de calories après dix-sept heures. » s'empressa d'ajouter Pansy.
« Pourtant, tu as mangé ton dîner normalement, hier. Et les jours d'avant, aussi. » fit remarquer Tracey.
« J'ai commencé aujourd'hui. » répliqua Pansy d'un ton cinglant. « C'est la nouvelle méthode tendance. Toutes les célébrités le font, je l'ai lu dans La Cancanière Plumée. Et puis avec l'élection, il faut bien mettre toutes les chances de son côté. »
« Très bien, peu importe. » coupa Daphné, levant les yeux au plafond.
Merci Salazar, pensa Pansy avec soulagement. Elle avait encore évité une situation problématique. Il devenait tellement épuisant de mentir.
« En parlant de l'élection, j'ai entendu Éloïse Midgen dire à l'une de ses amies qu'elle rêverait d'être élue. » lança Tracey avec un rire.
« Je pense qu'elle aurait toutes ses chances si on élisait Miss Laideron. » argumenta Pansy. « Vous avez vu son acné, ces derniers temps ? Ses boutons ressemblent à des pustules. »
Tracey frissonna de dégoût, puis toucha son propre visage par réflexe, comme si le fait de seulement parler de l'acné extrême de Midgen allait mystérieusement causer le même trouble chez elle.
« Vous êtes tellement mauvaises langues, les filles. » lança Daphné d'une voix doucereuse. « Si Midgen souhaite participer, elle devrait avoir sa chance. Avouez-le, ce serait tellement drôle de la voir s'humilier lamentablement en public. »
« Si nous votons toutes pour elle, ça peut se faire. » fit remarquer Tracey avec un sourire malicieux. « Il faut demander à quelqu'un d'autre de faire la même chose. On sera certaines qu'elle sera prise. »
« Cece, tu me donnes des papillons dans le ventre quand tu parles comme ça. » admit Pansy, faisant mine de brasser de l'air près de son visage, comme si elle avait chaud. « Si j'aimais les filles, je t'emmènerais dans un placard à balai pour t'emballer. »
Tracey parut extrêmement gênée et Pansy éclata de rire.
« Qui va emballer qui ? » interrogea la voix de Millicent, tandis qu'elle prenait place aux côtés de Pansy.
Ses yeux semblaient bien moins rougis que quelques instants auparavant – probablement grâce aux propriétés miraculeuses du maquillage.
« Pansy veut baisouiller avec Tracey. » répondit Daphné d'un ton plat, comme si elle parlait de la météo.
« Génial, je peux participer ? » interrogea Millicent avec enthousiasme.
Tracey lui fit les gros yeux.
« Hey, quoi ? Je veux juste propager de l'amour autour de moi. Quel mal y'a-t-il à ça ? » se plaignit Millicent, faisant la moue.
« Il n'y a pas que l'amour que tu propages, Millie. » fit remarquer Pansy innocemment, tout en observant avec intérêt ses ongles parfaitement vernis. « Tu devrais penser à te faire dépister. J'ai entendu dire que la chlamybille et la dragoncelle génitale faisaient des ravages parmi les jeunes de notre génération. »
Daphné éclata de rire et Millicent montra son majeur à Pansy.
« Je veux juste ton bien, Millie. La santé, c'est primordial. » ajouta Pansy.
« Je vais en cours. Cette conversation a pris un tournant trop outrancier pour moi. Je refuse de parler d'infections sexuellement transmissibles pendant que je mange mon porridge. » grogna Tracey, l'air dépassé. « Je ne sais pas comment je fais pour être amie avec vous. »
« Sans doute parce que nous sommes belles, riches, spirituelles et que tout le monde nous envie dans cette école ? » répondit Pansy sur le ton de l'évidence. « Ça coule de source. »
Tracey leva les yeux au ciel avant d'attraper son sac et s'éloigner. Pansy soupira et laissa son regard balayer la Grande Salle. Presque immédiatement, ses yeux tombèrent sur le nouvel élève de dernière année et elle l'observa avec attention.
Il était plutôt mignon, pour un roux, pensa-t-elle. Cela lui faisait gagner un point sur la liste de Pansy. Toutefois, être le frère de Weaslette lui faisait perdre un point. A part leur couleur de cheveux, d'un rouge sombre et intense, ils ne se ressemblaient pas. D'ailleurs, si on ne le lui avait pas dit, elle n'aurait jamais deviné qu'ils étaient jumeaux. Ron était grand et bien bâti tandis que sa sœur était petite et bien qu'athlétique, avait une silhouette relativement menue.
C'était la première fois qu'elle trouvait un garçon mignon depuis sa rupture avec son ex, Théodore Nott, l'année précédente. D'autre part, les déboires récents de sa famille l'avaient forcée à s'occuper d'autres priorités, un peu plus pressantes que des amourettes d'adolescents.
Théo avait été un petit-ami correct, au début. Rempli de petites attentions. Puis, au fil des mois, il s'était fait distant et Pansy avait piqué une crise de colère monumentale lorsqu'elle avait entendu dire qu'il s'était enfermé dans un placard à balais avec une autre fille. Évidemment, elle l'avait largué immédiatement.
Pour se faire pardonner, il était revenu avec cet adorable collier avec un pendentif en forme de nounours, orné de pierres précieuses et Pansy avait accepté de lui donner une seconde chance. Puis, les fréquentations de Théodore s'étaient faites de plus en plus douteuses et il avait commencé à toucher à des substances illicites. Cela avait été la goutte de trop pour Pansy. Cette fois, ni ses cadeaux hors de prix, ni ses mensonges élaborés n'avaient été suffisants.
Mais tout cela était dans le passé. Pansy était une femme d'action. Elle n'attendait pas que les choses viennent à elle, elle mettait tout en œuvre pour les obtenir. Ses méthodes n'étaient pas des plus justes ni réglos, mais cela lui importait peu.
Elle attendit patiemment l'un des cours qu'ils avaient en commun, la botanique, pour aborder Ron Weasley. Aucune de ses amies ne participaient à ce cours. Daphné aurait sans doute frisé la crise de nerfs en apprenant ce que Pansy s'apprêtait à faire. Son amie aurait probablement utilisé l'un de ces grands mots qu'elle affectionnait tant, tels que ''loyauté'' ou encore ''le Code des filles''.
Ce n'était pas que Pansy n'était pas loyale, loin de là. Il était simplement hors de question qu'elle sacrifie ses propres désirs pour la vendetta personnelle de quelqu'un d'autre. Et après tout, c'était Daphné qui avait un problème avec Weasley, pas elle.
Ron était déjà installé sur l'une des tables hautes de la serre. Pansy constata avec irritation que la place à ses côtés était déjà prise par ce lourdaud de Neville Londubat. Elle s'approcha tout de même de leur table et sans aucune gêne, s'adressa à Londubat :
« J'ai besoin de ta place, tu peux me la laisser, Londubat ? »
Il parut d'abord surpris qu'elle s'adresse à lui sans être désobligeante et de manière plus ou moins polie. Il hocha la tête, balbutiant des paroles incompréhensibles avant de prendre ses affaires et de changer de table, le feu aux joues.
Pansy posa ses affaires sur la table et se tourna vers Ron qui l'observait avec circonspection, visiblement confus.
« Hey. » salua-t-elle, avec un sourire au coin des lèvres. « Je suis Pansy. »
« Ron. » répondit-il, l'air hésitant, comme s'il n'était pas certain de l'attitude à adopter avec elle.
« Alors, comment Poudlard te traite ? » demanda-t-elle, sur le ton des banalités.
« Pas trop mal. » répondit Ron, en haussant les épaules. « J'aimerais pouvoir en dire autant pour ma sœur. »
Elle réprima son envie de lever les yeux au ciel. Elle savait que le sujet Weaslette serait abordé à un moment ou un autre. Barbant, pensa-t-elle.
« Oh tu sais, s'intégrer est un processus parfois long et fastidieux. » répondit-elle avec sarcasme.
« Je sais ce que vous avez fait. » accusa-t-il, la colère audible dans sa voix. « Vous auriez pu la mettre en danger. »
« Je n'ai rien fait à ta sœur. » répliqua Pansy. « Et si je me souviens bien, elle n'avait aucun problème à faire la maligne devant tout le monde pendant la fête. Et maintenant, elle ne peut pas en subir les conséquences ? »
Elle vit le visage de Ron rougir sous l'effet de la colère et son regard s'assombrir. Elle l'observa avec surprise tandis qu'il rangeait rapidement ses affaires. II quitta la table sans un regard supplémentaire dans sa direction pour s'installer à une table plus loin, aux côtés d'Éloïse Midgen.
« Ce fut un succès. » ironisa Pansy.
/
Hermione Granger détestait être en retard.
A la fin de son cours d'Arithmancie, elle avait apostrophé le professeur Vector pour une question et, trop absorbée par la conversation, elle n'avait pas remarqué que son cours de Défense contre les Forces du Mal avait débuté quelques minutes plus tôt.
Elle courut à en perdre haleine dans les couloirs de l'école, et en moins de cinq minutes, se retrouva devant la salle où avait lieu son cours. Elle prit une grande inspiration, frappa discrètement contre la porte et actionna la poignée.
A son entrée, tous les regards se tournèrent dans sa direction. Le professeur avait interrompu son discours et l'observa en silence tandis qu'elle entrait dans la pièce.
« Merci de nous faire l'honneur de votre présence. » dit-il d'une voix grave. « Miss ? »
« Granger. Hermione Granger. » répondit Hermione, en rougissant. « Je suis désolée, professeur, je discutais avec le professeur Vector et je n'ai pas vu le temps passer. »
« Gryffondor, c'est ça ? » demanda-t-il en observant son uniforme.
Hermione hocha la tête.
« Allez-vous asseoir, Miss Granger. » demanda-t-il avant de se retourner vers le tableau.
Honteuse, elle s'empressa de rejoindre le premier rang, aux côtés d'Harry. Elle se demanda vaguement pourquoi il ne lui avait pas retiré de points pour son retard, même si elle n'allait pas s'en formaliser. Harry lui lança un regard amusé.
« On se rebelle, Hermione ? » lui chuchota-t-il d'un ton moqueur.
Elle lui donna un coup de genou et il pouffa bêtement. Harry n'était pas un élève particulièrement studieux, et ne s'asseyait habituellement jamais au premier rang. Depuis que le professeur Black avait été mandaté pour honorer le cours, toutefois, Harry semblait avoir gagné une motivation nouvelle. Cela était probablement lié au fait que Sirius Black soit son parrain et un ami proche de ses parents. Hermione n'aurait probablement plus besoin de le harceler constamment pour s'assurer qu'il faisait ses devoirs à temps.
Le sujet du jour semblait être les spectres, un sujet qu'elle maîtrisait bien grâce à ses lectures d'été.
« L'un de vous peut-il me donner les caractéristiques principales des spectres ? » interrogea le professeur Black.
Hermione fut la seule à lever la main. La moitié des élèves était blasée et l'autre moitié observait Black, la bouche ouverte.
« Miss Granger ? » demanda-t-il.
« Il s'agit de manifestation d'esprits frappeurs. Ils n'ont jamais été des humains à proprement parlé. Beaucoup de gens les comparent à tort à des fantômes mais il s'agit davantage d'un phénomène physique engendré par des particules magiques. Elles sont généralement laissées par des restes de magie noire. Cette énergie se regroupe et crée une entité spectrale. Souvent, les spectres sont malfaisants et agressifs. Certains d'entre eux sont assez puissants pour pouvoir se manifester à travers des objets ou des sons. On dit qu'ils s'attachent à des personnes et leur font vivre un calvaire. »
Elle enchaîna :
« Ritika Deshpande fut la première sorcière à capturer l'essence d'un spectre en 1947, totalement par hasard, lors d'une expérience. Elle s'est rendue compte que l'huile de Doxys affecte les spectres. C'est la seule arme qui existe actuellement contre eux. Elle n'est pas suffisante pour les neutraliser – mais assez forte pour les affaiblir et les forcer à s'éloigner et à trouver une autre personne à hanter. »
Avant que le professeur Black ne puisse lui poser une question, elle ajouta :
« Ils se nourrissent des émotions négatives qu'ils causent chez les personnes qu'ils harcèlent comme la paranoïa, l'anxiété ou la peur. Ils sont aussi très présents dans le folklore de certaines cultures moldues où ils sont appelés ''poltergeists''. » acheva-t-elle dans un souffle.
« Vous êtes impressionnante, Miss Granger. » commenta le professeur en ouvrant des yeux surpris, sa bouche s'élargissant lentement pour montrer une rangée de dents parfaites et former un sourire.
Hermione rougit furieusement face au compliment. Pendant le reste du cours, le professeur Black s'adressa presque exclusivement à Hermione. Si bien que la leçon sembla davantage être un dialogue entre les deux qu'un cours auquel assistait une vingtaine d'étudiants. Elle était fascinée par sa connaissance profonde des sujets qu'ils abordaient. Il avait accompli beaucoup de choses étonnantes durant ses années dans les forces de l'ordre et son expertise se ressentait.
Hermione vit des étudiants lui lancer des regards à la fois jaloux et admiratifs tandis qu'ils quittaient la pièce, une fois le cours terminé. Après avoir ramassé ses affaires, elle se dirigea vers le bureau du professeur.
« Professeur, je suis vraiment navrée de mon retard. Ça ne m'arrive jamais et… » commença-t-elle d'un ton désolé.
« Ne vous en faites pas, Miss Granger, vous êtes excusée. D'ailleurs, vous vous êtes largement rattrapée, pendant le cours. » ajouta-t-il en lui adressant un clin d'œil.
Une nouvelle fois, Hermione sentit ses joues se réchauffer.
« Vos connaissances sur le sujet sont très poussées. » commenta-t-il.
« A vrai dire, je me suis renseignée sur le sujet dès l'année dernière en préparation du programme de septième année. » dit-elle avec excitation.
Il parut surpris.
« Sur quels autres sujets vous êtes-vous renseignée ? » demanda-t-il.
« Sur le programme intégral de l'année. » avoua-t-elle, gênée.
Il laissa échapper un rire sonore, sa tête rejetée en arrière et ce son lui provoqua un pincement agréable aux oreilles.
« Le Professeur Dumbledore et moi-même avons discuté de la possibilité d'organiser des cours intensifs de DCFM pour former les futurs apprentis Aurors. Il a suggéré que je sélectionne un étudiant pour pouvoir m'assister. Cela compterait évidemment comme un plus pour les ASPICs. Seriez-vous intéressée, Miss Granger ? » lui demanda-t-il.
« Je…Wow…Je… Oui ! » s'écria-t-elle, agréablement surprise. « J'adorerai vous assister. »
« Excellent, dans ce cas, je vous contacterai dans les prochains jours afin de commencer. » assura-t-il en lui souriant chaudement.
Elle le remercia profusément avant de quitter la pièce, trop excitée pour pouvoir réfléchir correctement.
/
« Dix-sept gallions et trois mornilles. »
Millicent Bulstrode écarquilla les yeux lorsqu'elle entendit le montant.
« Dix-sept gallions ? » répéta-t-elle, interloquée. « Tu plaisantes ? Ça coûte au moins cinq gallions de moins, à l'extérieur. »
« Je te rappelle que nous ne sommes pas à l'extérieur mais à Poudlard et que l'offre est limitée. Tu sais à quel point il est risqué pour moi de faire entrer cette marchandise dans l'école ? » interrogea Théodore Nott.
Il jeta des regards méfiants autour de lui.
« Écoute, je te les fais à quinze gallions car tu es une bonne cliente, c'est mon dernier prix. » insista-t-il. « Dépêche-toi, je ne veux pas me faire chopper par Rusard. »
Millicent soupira, l'air dépité. Ce n'était pas comme si elle avait le choix, après tout. Théodore était le seul capable de lui fournir ce qu'elle cherchait.
« Très bien. » accepta-t-elle finalement en lui tendant une petite bourse de gallions à contrecœur.
Théodore compta rapidement le contenu, sans cesser de jeter des regards peu assurés autour d'eux. Les cachots étaient vides. Il sortit une petite besace et la tendit à Millicent qui s'empressa de la cacher dans la poche de sa robe de sorcière.
« Toujours un plaisir de faire affaire avec toi. Prends-les avec parcimonie, mon prochain stock n'arrive que dans deux semaines. » la prévint-il avant de s'éloigner.
Elle se dirigea à son tour dans la salle commune des Serpentard. Il était déjà dix heures du soir passées et la pièce était quasiment vide. Près de l'un des sofas, elle aperçut Daphné en compagnie de son petit-ami, Blaise Zabini, étroitement enlacés. Trop occupés à se bécoter, ils ne la remarquèrent pas lorsqu'elle passa devant eux pour rejoindre l'escalier menant aux dortoirs des filles.
La chambrée qu'elle partageait avec Pansy était vide mais elle pouvait entendre le son de l'eau dans la salle de bain adjacente. Elle se dirigea vers son lit, jeta sa paire de chaussures sur le sol et grimpa sur le lit à baldaquin. Elle tira les rideaux autour de son lit et pointa sa baguette sur l'un d'eux en murmurant Assurdiato.
Elle extirpa ensuite la petite besace de sa poche et l'ouvrit précautionneusement. A l'intérieur se trouvaient trois scarabées miniatures, en apparence immobiles. Elle s'empara de l'un d'eux et avec prudence, le posa sur l'une de ses tempes. Presque immédiatement, elle sentit la petite créature se mouvoir, comme si elle prenait vie. Le scarabée agrippa la peau de sa tempe. Millicent grimaça en sentant une douleur aigue, comme une aiguille qu'on enfonçait dans sa peau.
Millicent s'allongea sur son lit, et ferma les yeux, les bruits de succion lui parvenant aux oreilles. Après plusieurs minutes, le léger picotement qu'elle ressentait au niveau de la tempe s'estompa et elle posa sa main sur le scarabée. L'insecte avait perdu sa couleur dorée et il était désormais gris. Au toucher, l'animal était aussi dur que la pierre. Si elle ne l'avait pas vu bouger quelques instants plus tôt, elle aurait presque cru croire qu'il s'agissait d'un jouet ou d'un objet factice, comme ceux qu'on trouvait dans les boutiques de farces et attrapes.
Elle sentit ses battements de cœur s'accélérer, ses pupilles se dilatèrent et elle se sentit envahie d'un bien-être indescriptible. Toutes les cellules de son corps se détendirent. Bien qu'elle soit allongée sur son lit, elle eut l'étrange impression de planer à quelques mètres du sol.
C'était comme si toutes les pensées négatives de son esprit s'envolaient, remplacées par une euphorie profonde. Elle ferma les yeux et lorsqu'elle les ouvrit de nouveau, son regard tomba sur une pluie d'étoiles.
Elle ouvrit la bouche, fascinée par la scène défilant devant ses yeux. Elle planait, non, elle volait dans les airs. La sensation était des plus grisantes. Les étoiles autour d'elle commencèrent à clignoter et elle tendit la main, tentant de toucher ces merveilles du bout de ses doigts.
Elle aurait voulu rester dans ce monde pour toujours – libérée de son quotidien et de son angoisse perpétuelle.
Comme d'habitude, la chute fut brutale. Elle se sentit tomber dans le vide à une vitesse fulgurante, de nouveau envahie par ces sentiments qu'elle essayait par tous les moyens d'oublier.
Cette angoisse perpétuelle, ce dégoût de soi, cette culpabilité qui ne la quittait plus. Ses yeux s'ouvrirent à nouveau et elle se retrouva dans l'obscurité de son dortoir. Millicent entendit des ronflements provenant du lit de Pansy et elle s'extirpa de son lit avant de diriger vers la salle de bain. Elle vit dans son reflet des yeux rougis et un teint pâle.
Elle savait que la descente serait compliquée. Une partie d'elle voulait arrêter de consommer toutes ces saletés mais elle n'y parvenait pas. Elle ne comptait même plus le nombre de gallions qu'elle avait jeté par les fenêtres pour satisfaire son addiction. Elle ne voyait pas d'autre issue. La réalité était trop difficile à affronter et c'était le seul moyen d'oublier.
Heureusement, cette nuit-là, trop épuisée et encore intoxiquée par les effets des drogues, son sommeil ne fut pas entaché par ses cauchemars.
Destinatrices : ''Puissance Quatre''
Daphné écrit :
J'ai demandé à Blaise de voter pour Éloïse Midgen. Ce qui nous donne cinq votes au total pour elle. Nous sommes certaines qu'elle sera présélectionnée.
Pansy écrit :
Blaise n'est pas dévasté à l'idée de ne pas pouvoir voter pour sa petite-amie ?
Tracey écrit :
La moitié de l'école va probablement voter pour Daphné – je crois qu'elle peut se passer d'un vote.
Daphné écrit :
Il veut simplement rendre sa merveilleuse petite-amie heureuse.
Pansy écrit :
Avoir un petit-ami me manque terriblement. Les cadeaux, les promenades main dans la main, les bécotages dans les placards à balais, les cadeaux, les fleurs, les dîners aux chandelles, les cadeaux, les voyages. Ai-je oublié de mentionner LES CADEAUX ?
Millicent écrit :
Tu es certaine que c'est un petit-ami que tu veux, Pansy ? Pas plutôt un sugar daddy ?
Pansy écrit :
Il n'y a rien de mal à vouloir être chouchoutée et traitée comme la princesse que je suis.
Millicent écrit :
Nous allons laisser une annonce dans la Gazette du Sorcier pour toi. ''Pas la peine de répondre si votre salaire annuel n'est pas au moins à 6 chiffres.''
Daphné écrit :
Connaissant les goûts de Pansy, je dirai plutôt 7 chiffres.
Millicent écrit :
Sérieusement, il y a des avantages à être célibataire. Tu fais ce que tu veux, quand tu veux, sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit. Tu n'as plus à supporter les mensonges, les jalousies, la déprime.
Tracey écrit :
Ni les maladies vénériennes.
Pansy écrit :
On peut vraiment compter sur vous pour remonter le moral. Et oui, Millicent, avant que tu ne poses la question, c'est de l'ironie.
Daphné écrit :
Chut ! Ça va commencer.
Millicent referma son journal, l'air blasé, reportant son attention sur la table des professeurs où McGonagall échangeait des paroles avec le professeur Black. Elle fut surprise par le nombre d'élèves venus à l'annonce des candidates de l'élection Miss Fondatrice. A vue d'œil, plus de la moitié de l'école était présente.
« Il est temps d'annoncer les noms des élèves sélectionnées pour concourir à l'élection Miss Fondatrice de cette année. » déclara McGonagall en se raclant la gorge. « J'invite les élèves sélectionnées à s'installer sur ce banc, près de la table des professeurs. »
Immédiatement, tous les chuchotements excités cessèrent et tous les regards se tournèrent vers la Directrice adjointe. Cette dernière déroula un parchemin.
« La première sélectionnée est Daphné Greengrass de Serpentard. » annonça-t-elle.
Cela ne fut une surprise pour personne. Daphné était l'élève la plus populaire de Poudlard.
« Millicent Bulstrode, Serpentard. »
Millicent ne tiqua pas non plus lorsque son nom fut prononcé. Encore une fois, ce n'était pas une surprise. Elle rejoignit Daphné sur le banc.
« Padma Patil, Serdaigle. Mandy Brocklehurst, Serdaigle. Tracey Davis, Serpentard. » poursuivit McGonagall.
Une à une, les étudiantes sélectionnées se levèrent pour rejoindre les bancs des sélectionnées.
« Ginny Weasley, Gryffondor. »
Millicent observa la nouvelle élève tandis qu'elle quittait la table des Gryffondor et les rejoignait sur le banc, l'air passablement ennuyé. Elle n'était visiblement pas heureuse d'avoir été sélectionnée.
« Pansy Parkinson, Serpentard. Susan Bones, Poufsouffle. Lavande Brown, Gryffondor. Sally-Anne Perks, Poufsouffle. Hermione Granger, Gryffondor. »
Millicent vit Granger sourire avec excitation comme si elle venait de recevoir un Optimal à un devoir.
« Éloïse Midgen, Gryffondor et enfin, Luna Lovegood de Serdaigle. » acheva McGonagall.
Midgen parut réprimer des larmes de bonheur et Lovegood ne sembla pas réaliser qu'on l'appelait. Il fallut que McGonagall répète deux fois son nom et que l'un de ses condisciples lui donne un coup de coude pour qu'elle se lève pour rejoindre le reste des sélectionnées.
« Félicitations à nos treize candidates. » lança McGonagall avec satisfaction, lorsque les derniers applaudissements se firent entendre.
Millicent observa les autres avec curiosité tandis qu'elles se jaugeaient toutes du regard. Certaines semblaient nerveuses, d'autres déterminées. Immédiatement, Millicent sentit que ce ne serait pas une simple compétition bon enfant. Certaines d'entre elles seraient prêtes à tout pour obtenir la couronne. Une chose était toutefois certaine.
A la fin, il n'en resterait qu'une.
No Shame in my Game by FearlessUntamed
Author's Notes:
Merci à Wapa et Antoinette d'avoir pris le temps de commenter ! Un grand merci à Polka60 pour sa correction de ce chapitre !
Bonne lecture -
V. No shame in my game
Dans la vie, il y avait deux catégories d'individus. Ceux qui savaient se créer des opportunités et s'en saisir et ceux qui les attendaient passivement. Daphné Greengrass faisait partie de la première catégorie.
La réussite n'était pas une question de chance ni de hasard, c'était une mentalité. Daphné avait appris rapidement qu'elle n'obtiendrait rien en étant passive.
Lorsqu'elle se levait le matin, prête à affronter une nouvelle journée, elle se persuadait que l'avenir lui appartenait et qu'elle obtiendrait tout ce qu'elle désirait si allait le chercher agressivement.
Sans l'ombre d'un doute, Daphné avait hérité de cette attitude par son père, Georgius Greengrass, un magnat des affaires, à la tête d'un vaste empire immobilier et d'une fortune toute aussi impressionnante. D'autre part, il n'était probablement pas un hasard que l'animal représenté sur les armoiries familiales des Greengrass soit un requin. Un animal puissant et agressif, faisant régner la loi et la terreur sur son milieu naturel. Dès son plus jeune âge, Daphné avait été élevée avec cette mentalité : écraser les autres pour arriver à ses fins.
Daphné était l'ainée de la famille et un jour, ce serait à son tour de contrôler le patrimoine familial et de continuer à faire prospérer ce que les Greengrass avaient bâti durant des générations entières. Son père était clair, toutefois : il était primordial qu'elle soit digne de cet héritage. Cela signifiait qu'elle devait être meilleure que les autres, dans tout ce qu'elle entreprenait.
Daphné avait grandi avec cette pression continuelle et une peur adjacente, celle de ne pas être à la hauteur des attentes de son père. Alors, pour être certaine de mettre toutes les chances de son côté, elle avait appris à forcer le destin. Elle avait de la concurrence ? Pourquoi essayer de la battre, quand elle pouvait tout simplement s'en débarrasser ? Cela l'avait menée à sa deuxième leçon de vie.
Tout le monde avait un prix.
Pour la plupart des humains, ce prix était relativement simple. Il s'agissait généralement de motivations monétaires : de l'argent, des objets de marque, ou encore les balais et les gadgets magiques de dernier cri. Par exemple, il ne lui avait fallu que trente gallions pour persuader Ritchie Coote de trafiquer le balai qu'il donnerait à Ginny Weasley pendant les sélections de Gryffondor.
Daphné avait aussi appris que parfois, le prix en question n'était pas uniquement de l'argent.
Certains avaient soif de reconnaissance, d'autres d'attention ou encore d'affection. Pour d'autres, il s'agissait d'un coup de main ou d'une faveur, la liste était longue. Lorsqu'elle parvenait à trouver ce qui motivait ses pairs, il devenait ainsi facile de les manipuler.
La troisième leçon de vie était plus complexe. Semer en avance les graines pour en récolter les fruits dans le futur. Parfois, les résultats étaient obtenus à court terme – mais dans d'autres cas, il fallait patienter longuement pour un retour sur investissement. Cela signifiait que la capacité à se projeter dans l'avenir était primordiale. Il fallait planifier, évaluer les risques, jauger les résultats éventuels. Daphné ne faisait rien gratuitement. Les faveurs qu'elle accordait étaient des moyens d'obtenir d'autres faveurs en échange.
Ce fut grâce à l'une de ses faveurs qu'elle se planta devant Archie Urquhart, un élève de sixième année de Serpentard, dans la salle commune.
« Tu te souviens lorsque je t'ai surpris dans le dortoir des filles, il y a deux ans ? Tu avais réussi à contrer les sortilèges à l'entrée. » rappela Daphné d'une voix moqueuse. « Je t'ai pris en flagrant délit en train d'espionner les filles à travers le trou des serrures des dortoirs. »
Le visage d'Urquhart devint rouge, et il parut mal à l'aise. Il jeta un regard gêné autour d'eux, comme pour s'assurer que personne n'avait entendu les paroles de Daphné.
« Je parie que les profs prendraient ça très au sérieux. Encore plus si certains parents d'élèves l'apprenaient. J'imagine que la Direction n'aurait pas d'autres choix que de te renvoyer. Après tout, il en va de la réputation de l'école. » ajouta-t-elle avec flegme, en croisant les jambes, jouant distraitement avec l'un des coussins du sofa. « Surtout s'ils savaient qui tu espionnais. »
Elle soupira longuement, et posa ses yeux sombres sur le visage d'Urquhart qui affichait une nervosité évidente.
« Dans ma bonté exceptionnelle, j'ai accepté de ne pas te dénoncer. » continua-t-elle d'une voix fluette.
Elle fit ensuite mine de réfléchir.
« Et si je me souviens bien, tu as un dis que tu me revaudrais ça, un jour. Il semblerait que ce jour soit arrivé. » dit-elle avec un sourire satisfait.
« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda-t-il d'une voix résignée.
« Ta mère travaille au Département des Enseignements Magiques. » déclara Daphné d'un ton factuel.
Urquhart hocha la tête.
« Cela signifie qu'elle a probablement accès aux dossiers des élèves du Royaume-Uni. » continua Daphné. « Je veux que tu me procures le dossier de quelqu'un. »
« Qui ça ? » interrogea Urquhart
« Ginevra Weasley. La nouvelle élève qui a été transférée ici. »
« Mais c'est impossible. Ce sont des dossiers confidentiels et je n'ai aucun moyen d'avoir accès à… » commença-t-il à protester.
« Je m'en contrefous, Urquhart. Sers-toi de ton imagination. » coupa-t-elle d'une voix glaciale. « Je veux tout savoir sur elle. Tu as un mois, ne me déçois pas. Sinon, tout le monde saura quel genre de pervers dérangé tu es vraiment. »
Daphné vit la peur apparaître dans les yeux d'Urquhart. Après lui avoir lancé dernier regard impérieux, elle quitta la salle commune, se dirigeant vers les escaliers menant aux dortoirs des garçons. Elle longea le long couloir en direction des chambres des élèves de dernière année. Arrivée devant l'une des portes, elle tapota deux secondes mais n'attendit pas la réponse pour entrer.
La chambrée était vide mais elle entendait le bruit de l'eau provenant de la salle de bain et elle se dirigea vers l'un des deux lits. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit, laissant apparaître son petit ami, torse nu, ne portant qu'une serviette autour de la taille. Elle observa Blaise d'un air rêveur tandis qu'un sourire se fendait sur son visage séduisant. Il était la définition de la perfection, avec son torse parfaitement dessiné, sa peau sombre, ses yeux cuivrés et les fossettes adorables qui apparaissaient lorsqu'il souriait. Être aussi mignon aurait dû être illégal.
Sa perfection ne s'arrêtait pas uniquement à son physique de dieu grec. Il était intelligent, cultivé, spirituel, de bonne famille et il la traitait comme une véritable princesse. Sans surprise, ils formaient le couple phare de Poudlard. Cela faisait seulement quelques mois qu'ils sortaient ensemble mais Daphné était déjà éperdument amoureuse. Jamais elle ne s'était sentie aussi comprise par un garçon. Évidemment, elle ne lui avait pas avoué ses sentiments. Elle attendait qu'il le dise en premier. Elle avait sa fierté, après tout. Elle ne voulait pas passer pour une bécasse désespérée.
En quelques fractions de secondes, Blaise traversa la pièce et se retrouva à ses côtés, l'embrassant langoureusement. Elle le laissa l'allonger sur le lit et elle entoura sa nuque de ses bras, tandis que ses lèvres s'écrasaient passionnément contre les siennes.
Elle ne repoussa pas sa main lorsqu'il la glissa sous son chemisier, et qu'il caressa sa poitrine à travers son soutien-gorge. Elle s'était promis de ne pas aller plus loin avant au moins six mois et tant que ces trois petits mots qu'elle attendait patiemment n'avaient pas été prononcés. Après tout, elle aimait se faire désirer et Blaise devait la mériter.
Daphné le repoussa fermement lorsqu'il esquissa un geste pour retirer les agrafes de son soutien-gorge. Elle n'avait pas de problème à le laisser la peloter un petit peu. Mais il était tellement appétissant que lui résister devenait compliqué et elle devait garder le contrôle de la situation.
« Stop. » dit-elle d'une voix ferme, plus pour elle-même que pour Blaise.
Blaise s'arrêta sans rechigner, un sourire amusé au coin des lèvres. Il était habitué aux refus de Daphné et même s'il tentait toujours sa chance, il n'insistait jamais lorsqu'elle le repoussait. Daphné remit de l'ordre à sa longue chevelure brune et reboutonna son chemisier.
« Nous étions supposés avoir une conversation sérieuse. » dit-elle.
Il leva les mains, arborant un air innocent. Les yeux de Daphné s'attardèrent sur son torse bien dessiné et elle oublia momentanément ce qu'elle souhaitait lui dire.
« Tu peux t'habiller, Blaise ? » demanda-t-elle finalement, ennuyée.
Avec un rire sonore, il se releva et se dirigea en direction d'une commode. Il en extirpa un t-shirt blanc et le revêtit.
« Tu avais quelque chose à m'annoncer ? » interrogea-t-il avec curiosité.
« Mon père veut te rencontrer. » déclara-t-elle de but-en-blanc, observant avec attention sa réaction. « Il m'a demandé de t'inviter à dîner au Manoir, dans trois semaines. »
« Très bien. » répondit Blaise d'une voix tranquille, visiblement peu stressé à l'idée.
Elle espérait que son père apprécierait Blaise même si ses réactions étaient parfois difficiles à prévoir. Il avait toujours été extrêmement exigeant avec elle et elle savait que le choix de son petit-ami n'échapperait pas à cette règle.
« Tu n'es pas nerveux ? » demanda-t-elle en arquant un sourcil, surprise par son flegme. « Papa n'est pas une partie de plaisir. »
La rencontre avec son ex petit-ami avait été un véritable fiasco et elle redoutait un peu la réaction de son père.
« Non. » dit-il d'une voix assurée, l'air parfaitement à l'aise. « Et pour dire la vérité, je suis impatient de le rencontrer. »
Une lueur surprise traversa les yeux de Daphné.
« Et je suis certain qu'il m'appréciera. » poursuivit Blaise d'une voix confiante. « Surtout lorsqu'il verra à quel point j'aime sa fille. »
Il avait enfin prononcé ces mots tant attendus, pensa-t-elle tandis qu'une vague de plaisir et de satisfaction l'envahissait aux paroles de son petit-ami. Elle se pencha sur lui pour capturer une nouvelle fois ses lèvres.
Elle secoua sa baguette en direction de la porte du dortoir, pour s'assurer qu'elle était fermée à clef et elle se tourna vers son petit-ami. Elle lui adressa un regard mutin, tandis qu'elle s'agenouillait devant lui et qu'elle esquissait un geste pour lui retirer son boxer.
Certes, elle s'était promis d'attendre six mois avant le bouquet final. Mais cela ne signifiait pas qu'elle ne pouvait pas lui accorder quelques aperçus en attendant.
/
Ginny observa son assiette tandis qu'elle écrasait les pommes de terre qui remplissaient son plat, l'air distrait. Elle écoutait d'une oreille peu attentive le discours d'Hermione qui parlait des dizaines d'initiatives qu'elle mettrait en place dans l'école si elle devenait la nouvelle Miss Fondatrice. Depuis les présélections de la semaine précédente, elle ne semblait qu'avoir ce sujet à la bouche.
« Qu'est-ce que tu en penses ? » demanda soudainement Hermione, la sortant de sa torpeur.
« Hum...excellente idée ? » tenta Ginny, espérant que cela répondrait à la question d'Hermione.
Hermione était tellement absorbée dans son discours qu'elle ne sembla pas remarquer que Ginny ne l'écoutait plus depuis au moins une demi-heure. Elle sembla même se satisfaire de la réponse de Ginny.
« Et toi ? As-tu commencé à réfléchir à ton programme de campagne ? » interrogea Hermione, avec sérieux.
Ginny secoua la tête et réprima une grimace lorsqu'Hermione lui adressa un regard sévère à la suite de sa réponse. L'annonce de sa sélection parmi les candidates à l'élection était apparue comme une véritable surprise. Elle n'était pas certaine de qui aurait pu voter pour elle mais cela n'avait pas d'importance. Toute cette affaire était juste une nuisance supplémentaire.
Elle s'était jurée de faire profil bas dans cette école et de se fondre dans la masse. Jusqu'ici, ses tentatives avaient échoué lamentablement. Elle s'était fait des ennemies, n'avait pas pu intégrer l'équipe de Quidditch et elle concourrait désormais contre son gré dans cette élection stupide. Et pour combler le tout, elle était forcée d'écouter Hermione Granger à longueur de journée déblatérer sur le sujet.
Elle fut soulagée de voir Hermione se précipiter pour ranger ses affaires afin de rejoindre son cours d'Étude de Moldus. Ginny se leva à son tour et quitta la table des Gryffondor. Elle se dirigea vers les larges portes qui donnaient accès au Parc de Poudlard. Elle avait une heure libre avant son prochain cours.
Il faisait chaud pour un mois de septembre et elle s'approcha du lac, s'installant sur un banc face à l'extrémité de l'eau. Elle farfouilla ensuite dans son sac, extirpant une enveloppe en papier kraft sur lequel son nom était inscrit.
Elle déchira négligemment la partie supérieure de l'enveloppe et parcourut des yeux le contenu du parchemin. Il s'agissait d'une énième lettre de sa mère qui voulait s'assurer que son intégration dans l'école se passait bien et qu'elle se comportait convenablement.
Ginny leva les yeux au ciel. Pour Molly, sa mère, toutes les occasions étaient bonnes pour vérifier qu'elle ne s'attirait pas des problèmes. Ginny se mordit nerveusement la lèvre. Pouvait-elle réellement lui en vouloir après les évènements de l'année précédente ?
Changer d'école ne serait pas suffisant pour effacer les dégâts que Ginny avait causé autour d'elle. Et même si personne ici n'était au courant, cela ne signifiait pas qu'elle pouvait noyer sa culpabilité.
Ginny savait pertinemment que sa mère avait demandé à Ron de garder un œil sur elle. Lorsqu'il avait reçu son propre courrier le matin même et qu'elle l'avait interrogé sur le contenu de sa lettre, il était devenu rouge et avait balbutié une réponse incompréhensible. Ronald mentait affreusement mal et elle le connaissait tellement bien qu'il était difficile de lui cacher quoi que ce soit.
Une voix derrière elle la fit sursauter et elle froissa le parchemin dans son poing serré avant de le fourrer sans cérémonie dans sa poche.
« Je suis déçu que tu n'aies pas intégré l'équipe de Gryffondor. Je me faisais une joie de te voir prendre une défaite écrasante contre Serpentard. » entendit-elle.
Elle se retourna et reconnut le type qui l'avait accostée près du panneau d'affichage la semaine précédente, lorsqu'elle s'était inscrite aux sélections.
« Tu es venu remuer le couteau dans la plaie ? » demanda-t-elle d'une voix acerbe.
« Un peu. » admit-il avec un demi-sourire.
Il s'approcha du banc et s'installa aux côtés de Ginny, sous le regard apeuré de cette dernière.
« Qu'est-ce que tu fiches ? » demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
« Je m'assoies sur un banc, ça ne se voit pas ? » répliqua-t-il sur le ton de l'évidence, comme si elle avait posé une question particulièrement stupide.
« Pourquoi ce banc ? » insista-t-elle avec frustration.
« Parce que c'est le banc que j'utilise depuis ces six dernières années et qu'il est habituellement vide. » dit-il.
Merlin, qu'il était agaçant. Quelque chose chez lui l'irritait profondément même si elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Il arborait cet air clamant « Je réponds simplement à tes questions stupides parce que j'ai le temps. » comme s'il se sentait supérieur et particulièrement spirituel.
« Enfin, j'imagine que les élections de Miss t'intéressent davantage que le Quidditch. C'est drôle, je n'aurais jamais pensé que c'était ton genre. » ajouta-t-il.
« Et qu'est-ce que c'est supposé vouloir dire ? » demanda-t-elle d'un ton sec.
« Généralement, les filles qui se présentent sont un peu plus… soignées. » commenta-t-il en désignant son allure d'un signe de la tête.
Elle baissa le regard sur ses vêtements. Elle portait une salopette noire striée qu'elle avait revêtu sur un t-shirt blanc bien trop large pour elle. Ce dernier avait appartenu à Ron. Des bottes militaires noires complétaient sa tenue. Elle n'allait probablement pas faire la couverture d'un magazine de mode avec son accoutrement, mais au moins, il était confortable.
« …et moins agressives. » ajouta-t-il après quelques secondes de réflexion.
« Je n'ai pas demandé à être sélectionnée pour cette élection stupide. » se justifia-t-elle immédiatement, piquée au vif. « C'est ridicule. »
« Je ne peux pas te contredire sur ce point. » affirma-t-il.
« Et d'ailleurs pourquoi ils ne choisissent pas un Roi du Bal ? Pourquoi ce genre de bêtises est réservé aux filles ? » poursuivit-elle, l'air irrité.
« C'était le cas avant, mais ils se sont rendus compte que les garçons ne prenaient pas ça avec autant de sérieux que les filles, alors ils ont arrêté. » expliqua-t-il d'une voix amusée.
Sa remarque tira un sourire à Ginny.
« Tu n'as pas perdu de temps pour te faire remarquer. Tu as un vrai talent pour choisir des ennemis. » dit-il d'une voix tranquille, observant la surface du lac au loin. « Tu n'aurais pas pu faire mieux. »
Elle se mordit la lèvre. Il avait sans doute entendu ses déboires récents avec les Quatre.
« Je vois que les nouvelles vont vite. » commenta Ginny en grimaçant.
« Pas besoin d'un réseau de cheminées ou de hiboux pour transmettre des nouvelles quand il existe un moyen de communication aussi efficace du nom de Pansy Parkinson. » dit-il d'un ton sarcastique.
Cette fois, son commentaire provoqua un rire sonore de la part de Ginny. Même si elle ne voulait pas l'avouer parce qu'il l'agaçait, sa remarque avait été particulièrement drôle.
« Tu devrais sourire plus souvent, Ginevra. » dit-il, semblant sincère. « Ça te va bien. »
Elle lui jeta un regard estomaqué, surprise par ses paroles. Était-ce un compliment ?
« Tu ressemblerais moins à une chauve furie fâchée. » ajouta-t-il avec un rictus.
Elle leva les yeux au ciel. Elle aurait dû se douter que la suite serait insultante.
« Ginny. » dit-elle.
« Tu sais comment tu t'appelles, bravo. » dit-il d'une voix sarcastique.
« Je veux qu'on m'appelle Ginny, pas Ginevra. » rectifia-t-elle. « D'ailleurs, je ne sais même ton nom. Si on continue de discuter encore dix minutes, ça va devenir un peu bizarre. »
« Draco Malfoy. » répondit-il. « Et qu'est-ce qui te fait penser que j'ai encore envie de te parler pendant dix minutes ? »
« Pour commencer tu m'as abordé, Malfoy. Ensuite, tu es assis sur mon banc. » répliqua Ginny.
« C'était mon banc pendant les six dernières années. » rappela Draco.
Elle laissa échapper une exclamation de frustration. Cette conversation devenait tellement puérile.
« Tu te crois vraiment malin, n'est-ce pas ? » grinça-t-elle entre ses dents, irritée. « Tu as vraiment réponse à tout, hein ? »
Il était tellement irritant. Jamais elle n'avait connu quelqu'un capable de la faire sortir de ses gonds en si peu de temps. Et le pire dans la situation était qu'il semblait se délecter des réactions qu'il provoquait chez elle.
« Hey, j'ai dit que j'allais remuer le couteau dans la plaie, n'est-ce pas ? » dit-il.
« Bien joué. Tu veux un Chocogrenouille ? » demanda-t-elle en levant les yeux au ciel, l'air revêche.
Le rictus de Draco s'élargit davantage – si c'était possible.
« Si tu mets autant d'énergie à être désagréable que dans cette élection, tu vas l'emporter haut la main. » assura-t-il.
« Comme si ça m'intéressait. »
« Peut-être que ça ne t'intéresse pas. Mais ça intéresse les Quatre. » déclara Draco.
Elle lui jeta un regard confus, ne comprenant pas où il voulait en venir.
« Elles ont saboté tes chances d'entrer dans l'équipe. » répondit-il en haussant les épaules. « Pourquoi ne pas leur rendre la monnaie de leur gallion ? A ton avis, comment réagirait Daphné Greengrass si elle perdait cette élection contre toi ? »
« Elle serait enragée. » répondit-elle lentement,
« Exactement. » dit Draco en hochant la tête, l'air entendu.
Il se releva alors.
« Tes dix minutes sont écoulées. » déclara-t-il. « A plus tard, Ginevra. »
Elle l'observa tandis qu'il s'éloignait en direction du château. Puis, lorsqu'elle reporta son attention sur le lac, elle réalisa que l'idée de Draco Malfoy n'était pas absurde.
Elle n'était pas certaine de pouvoir gagner cette élection pour prendre sa revanche sur les Quatre. Elle pouvait cependant faire de tout son possible pour les faire perdre.
Destinatrices : ''Les Quatre Fantastiques''
Pansy écrit :
Je viens d'entendre les mecs jouer à ce jeu stupide qui consiste à noter les filles.
Tracey écrit :
Ils sont tellement lourds. Comme si les femmes ne pouvaient pas être considérées autrement que comme des bouts de viande.
Pansy écrit :
Ce n'est pas le vrai problème ici, Cece. Figurez-vous qu'Ils ont donné un ''Désolant'' à Éloïse Midgen, ce que je trouve complètement aberrant. Si Midgen n'est pas un ''Troll'' avéré, alors je ne sais pas où va le monde. Même Lovegood est devant elle.
Millicent écrit :
En toute objectivité, Lovegood n'est pas si laide. Elle pourrait même être présentable avec un peu de maquillage.
Pansy écrit :
Wow Millie… Je n'arrive pas à croire que tu sais épeler ''objectivité'' !
Tracey écrit :
Pansy – 2, Millicent 0.
Daphné écrit
Personnellement, je donnerais aussi un ''T'' à Lovegood. ''T'' comme ''Tragique''
Millicent écrit :
Et les autres notes ?
Pansy écrit :
Daphné n'a eu que des ''Optimaux''
Millicent écrit :
Évidemment, pourquoi je pose la question ?
Pansy écrit :
Mandy Brocklehurst a eu un mélange honorable d'Optimaux et d'Efforts Exceptionnels.
Tracey écrit :
Pas étonnant. Tous les mecs bavent sur elle depuis que sa paire d'obus a poussé en quatrième année.
Pansy écrit :
Ils deviennent de plus en plus gros chaque année, je commence à me demander s'ils sont naturels.
Daphné écrit :
Vu comme ils pendent, j'aurais tendance à dire que oui.
Pansy écrit :
Enfin bref, le cours a commencé et ils ont été forcés de de se taire. Mais détail intéressant, Draco Malfoy a donné un ''Optimal'' à la Weaslette.
Daphné écrit :
Tu plaisantes ?!
Tracey écrit :
C'est vrai qu'elle est plutôt mignonne.
Daphné écrit :
La ferme, Tracey.
Millicent écrit :
On dirait que quelqu'un est jalouse…
Daphné écrit :
Absolument pas. Malfoy et moi, c'est du passé. Mais je n'aime pas qu'on joue avec mes restes.
Pansy écrit :
Quel irrespect de la part de Weasley. On dirait de la provocation.
Daphné écrit :
Visiblement, la leçon n'a pas été suffisante. Je vais devoir en remettre une couche. Je…
Tracey n'eut pas l'occasion de lire la suite de la phrase car elle sentit une tape légère sur son épaule et elle ferma son journal d'un coup sec. Elle leva les yeux vers Luna Lovegood qui l'observait, l'air contemplatif.
« Oui ? » demanda Tracey.
« Est-ce que tu as le temps de travailler sur notre projet ? » interrogea Lovegood.
« Je croyais qu'on s'était mises d'accord. Tu fais tout le travail, et mes amies et moi te fichons la paix pendant le reste de l'année. C'était le marché. » rappela Tracey d'un ton las.
« Je sais mais il faut quand même que tu connaisses le projet dans les grandes lignes au cas où le professeur Babbling t'interroge sur l'avancement. » déclara Lovegood.
Tracey détestait l'avouer mais les paroles de Lovegood faisaient sens. Il fallait qu'elle puisse au moins donner l'impression de savoir de quoi elles allaient parler. Elle ne pouvait pas se permettre d'échouer une matière aux ASPICs. Ces notes seraient décisives pour son avenir et les plans d'indépendance qu'elle fomentait pour pouvoir quitter le joug familial.
« Très bien. » céda-t-elle.
« J'ai un peu de temps libre, tu veux y aller maintenant ? La bibliothèque n'est pas très fréquentée, à cette heure-ci. » indiqua Lovegood.
« Oui, peu importe » répondit Tracey d'un ton ennuyé, impatiente d'en finir le plus rapidement possible.
Lovegood lui adressa un sourire et la suivit dans les escaliers. Sur le chemin, elle croisa son petit frère Fitzroy, en compagnie de sa bande d'amis stupides. Elle le vit la pointer du doigt en riant bruyamment tandis qu'ils passaient devant elle et Lovegood.
« C'est ta nouvelle meilleure amie, Cece ? » demanda Fitzroy d'un ton moqueur tandis que ses acolytes ricanaient derrière. « Attention, tu risques de devenir timbrée toi aussi. »
Son frère, du haut de ses quatorze ans, était l'archétype de l'adolescent insupportable. Il se pavanait dans l'école avec son groupe de cancres, profitant de toutes les occasions pour faire des bêtises dans l'établissement.
Même si Tracey et Fitzroy s'agaçaient mutuellement, et qu'ils ne rataient aucune occasion de se lancer des piques lorsqu'ils se croisaient dans les couloirs, ils avaient un marché mutuel. Ils restaient silencieux sur les frasques de l'autre lorsqu'ils étaient de retour chez leurs parents. Leur père était un homme strict et il n'aurait pas été content à l'idée d'avoir enfanté un cancre et une peste.
« Quand est-ce que tu vas enfin te décider de te jeter de la tour d'Astronomie et mourir ? » rétorqua Tracey d'un ton irrité à l'attention de son frère.
« Vous n'êtes pas très sympathique l'un envers l'autre. » remarqua Lovegood d'une voix étonnée.
Elles venaient d'atteindre l'entrée de la bibliothèque.
« J'ai toujours voulu avoir un frère ou une sœur. » poursuivit Lovegood, d'un ton rêveur.
« Crois-moi, si tu avais un frère comme le mien, tu aurais un autre discours » assura sombrement Tracey.
Elle remarqua une table libre isolée, au fond de la pièce et s'y dirigea, Lovegood sur ses talons. Comme à son habitude, elle procéda à son rituel de nettoyage sur la table et la chaise.
« Tu essayes de faire fuir les nargoles ? » demanda Lovegood.
« Les nargoles n'existent pas, Lovegood. Tu sais ce qui existe ? Les germes et les bactéries. » répliqua Tracey, l'air incommodé.
Elle détestait cordialement la bibliothèque. L'endroit était rempli de livres et étagères poussiéreux. Il s'agissait d'un nid à microbes. Elle s'efforçait toujours de ne pas flâner auprès des étagères car cela générait une anxiété profonde chez elle.
« Oh tu sais, certains microbes sont bons pour la santé. Cela fortifie ton organisme. » assura Luna.
« Peut-on s'y mettre ? » coupa Tracey.
Lovegood acquiesça et elle disparut dans les étagères pour aller chercher des grimoires de Runes anciennes. Elle fut de retour quelques minutes plus tard, les bras remplis d'une demi-douzaine d'ouvrages gigantesques, tous paraissant aussi vieux que Merlin lui-même.
« Fais attention en posant ces livres sur la table. Tu vas envoyer de la poussière partout. » prévint Tracey, en reculant légèrement sa chaise, sur le qui-vive.
Lovegood posa les livres sur la table d'un geste lent et précautionneux. Pendant l'heure suivante, elle parcourut la montagne de grimoires accumulés, prenant des notes sur son parchemin de temps à autres. Tracey, de son côté, alterna entre son devoir de Métamorphoses et la lecture de Sorcière-Hebdo.
Étrangement, la séance ne fut pas aussi désagréable qu'elle l'aurait imaginé. Évidemment, Luna Lovegood était juste bizarre et à plusieurs reprises elle fit des commentaires totalement insensés. Elle confessa par exemple à Tracey qu'elle ne s'était pas lavée les cheveux depuis deux semaines. Pour se justifier, elle expliqua une histoire totalement farfelue impliquant des insectes invisibles et des eaux polluées mais Tracey l'écoutait à peine.
« Tu avais vraiment besoin de me dire ça ? » demanda Tracey, nauséeuse. « Maintenant je ne vais pas arriver à penser à autre chose. » dit-elle en observant la longue chevelure négligée de Lovegood.
Elle fut ravie lorsque Lovegood prétendit avoir terminé et elle s'empressa de quitter la bibliothèque, adressant à peine un regard à Lovegood à sa sortie.
Le lendemain, elle se retrouva en compagnie de ses amies dans un restaurant huppé de Pré-au-Lard, appelé Mi- Citrouille Mi-Raisin. Elles affectionnaient particulièrement l'endroit et elles avaient pris l'habitude de le fréquenter depuis l'année dernière, quand elles avaient à tour de rôle atteint leur majorité.
Sortir dîner ou prendre le brunch à Pré-au-Lard étaient tellement plus amusant depuis qu'elles pouvaient boire de l'alcool en toute légalité. Pendant ce temps-là, le reste de l'école s'entassaient dans des endroits peu selects tels que les Trois Balais ou encore le Salon de Thé de Madame Pieddodu.
On les installa dans un petit salon privé, décoré de manière à donner l'illusion d'un jardin à l'aspect féérique, pendant une journée d'été.
Malgré le cadre superbe dans lequel elles se trouvaient, le brunch fut des plus mouvementés, loin de l'après-midi détente qu'avait promis Daphné. Millicent arriva en retard l'air terreux et distrait, prétextant une retenue de dernière minute. Même si Daphné ne fit pas de commentaires, elle ne sembla pas satisfaite de la réponse de Millie. Tracey remarqua que Daphné resta assez froide et distante avec leur amie pendant le reste du brunch.
Quant à Pansy, elle parut assez agitée pendant le repas pour une raison obscure. Elle alimentait généralement la moitié de la conversation, mais elle ne cessa de jeter des regards à sa montre. Elle resta aussi hésitante devant le menu du restaurant pendant des lustres.
« Pansy, tu n'es pas en train de choisir le prénom de ton rejeton, tu sais ? » commenta Daphné.
Pansy refermera le menu d'un geste ferme, esquissant un sourire que Tracey trouva un peu forcé. Bien rapidement, la conversation se tourna ensuite vers le sujet du moment : l'élection de Miss Fondatrice.
« Évidemment, je pense vraiment que nous avons toutes nos chances égales pour remporter le titre. Et sachez que peu importe l'issue finale, cela ne changera absolument rien à notre amitié. » assura Daphné, en sirotant son Mimosa.
Tracey écouta avec scepticisme le discours de Daphné. Tout le monde savait que Daphné était la grande favorite de l'élection, y compris la principale concernée. Elle connaissait sa meilleure amie sur le bout des doigts. Elle savait donc à quel point cette dernière était compétitive. Elle savait aussi que ni Pansy, ni Millicent ne s'effaceraient devant Daphné pour la laisser remporter le titre.
Quant à Tracey, même si elle adorait sa meilleure amie, elle ne laisserait pas passer sa propre chance de remporter le concours. C'était son avenir qui était en jeu. Daphné, elle, n'avait pas de véritable raison de gagner, à part peut-être pour caresser son égo surdimensionné.
« Écoutez-là, elle parle déjà comme une vraie Miss. » répliqua Pansy d'une voix moqueuse. « Arrête ton char, Daphné. On sait toutes que ce sera une vraie boucherie. »
« Nous devrions faire un pacte. » lança soudainement Millicent, sortant de son état léthargique.
C'est la première fois qu'elle intervenait dans la conversation depuis qu'elle avait rejoint la tablée. L'heure précédente, elle avait paru se remettre d'une gueule de bois terrible.
Toutes les autres se tournèrent vers elles, l'air curieux.
« Pas de coups fourrés entre nous quatre, on la joue à la loyale. » expliqua Millicent. « Pour les autres, en revanche, le champ est libre. »
« Ça semble plutôt juste. » commenta Tracey en observant l'assiette que la serveuse venait de poser devant elle.
Elle vérifia avec attention la cuisson de chacun des aliments. Manger à l'extérieur était toujours un supplice. Tout causait son anxiété : les tables, les sièges, les couverts, la propreté personnelle des employés.
Elle était habituée à l'endroit et avait acquis à la longue une certaine confiance, ce qui lui permettait de continuer à le fréquenter.
« Je vous adore, mais je vais vous écraser. » prévint Pansy en sirotant innocemment son Triton Citronné.
« J'aimerais bien voir ça. » répliqua Tracey.
« Il faudra d'abord me passer sur le corps. » assura Millicent.
« Que la meilleure gagne. » acheva Daphné.
« Salazar, il y a des cheveux dans mon plat. » s'écria soudainement Pansy d'une voix tonitruante, s'attirant des regards dans tout le restaurant. « Juste LA, regardez ! »
Tracey observa l'assiette de Pansy et remarqua effectivement qu'une longue mèche de cheveux blonde s'y trouvait.
« Je suis confuse. » dit une serveuse qui s'était approchée de leur table après le hurlement de Pansy. « Cela n'est jamais arrivé dans notre établi…. »
« Je m'en fiche ! C'est inadmissible ! Comment osez-vous servir des choses pareilles à vos clients ? » poursuivit Pansy d'un ton outré.
La serveuse observait Pansy, l'air un peu paniqué, se confondant en justifications et en excuses qui furent noyées sous les exclamations dramatiques de Pansy.
« Je veux parler à votre responsable, immédiatement ! » quémanda Pansy, furieuse.
Un homme chauve à l'allure guindée rejoignit la serveuse pour s'enquérir de la situation. Après dix minutes de plaintes sonores de la part de Pansy, le responsable promit de lui offrir le repas et lui proposa un bon d'achat d'une valeur de trente gallions pour sa prochaine visite. Finalement, la colère Pansy sembla s'apaiser et le manager ainsi que la serveuse affichèrent des airs soulagés.
Tracey, elle, repoussa son assiette, l'air écœurée. Mi- Citrouille Mi-Raisin était définitivement rayé de sa liste.
End Notes:
J'espère que ce chapitre vous a plu !
Fearless
The good, the bad, and the fake by FearlessUntamed
Author's Notes:
Un grand merci à Bevy et Wapa pour vos commentaires ! Merci à Polka60 pour sa correction de ce chapitre !
Bonne lecture !
VI. The good, the bad, and the fake
Le jour de l'introduction officielle des candidates au titre de Miss Fondatrice se profila rapidement, plongeant la moitié de l'école dans l'excitation la plus totale. Les candidates se présenteraient pour la première fois face au jury de l'élection et exposeraient devant l'école entière leurs programmes de campagne.
Millicent eut du mal à émerger de son lit, ce matin-là. Le dernier scarabée qu'elle avait consommé la veille avait eu des effets un peu trop intenses. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait un bad trip, loin de là. Cette fois cependant, l'expérience avait été particulièrement angoissante. Au lieu de noyer les souvenirs qu'elle tentait désespérément d'oublier, la drogue l'avait rendue paranoïaque et elle avait fait une crise de panique. Elle était restée prostrée pendant deux heures dans une salle de classe vide, envahie par des palpitations et des nausées horribles. Après quelques heures, elle avait finalement réussi à se relever pour regagner son dortoir.
C'était Pansy qui avait dû la secouer violemment pour la tirer de son sommeil profond. Millicent avait ouvert les yeux avec difficulté et son regard était tombé sur le visage paniqué de son amie.
« Par Salazar, Millie, tu m'as fait une peur bleue. Je commençais à croire que tu étais morte dans ton sommeil. » lança Pansy en en fronçant les sourcils, visiblement contrariée.
Millicent se releva avec difficulté. Ses membres étaient courbaturés, ses mouvements lents et hésitants, et sa bouche était pâteuse, comme chaque lendemain après ses cuites.
« Nous devons être en bas dans une demi-heure. » dit Pansy en se dirigeant vers sa commode, une fois rassurée sur l'état de son amie. « Bouge tes fesses molles. »
Trois quart-d'heures plus tard, elles rejoignaient la Grande Salle qu'on avait aménagé pour l'occasion spéciale. Sur toute la longueur de la pièce, un large podium d'un violet byzantin s'étalait jusqu'à une table au fond de la pièce, vraisemblablement celle du jury. De chaque côté du podium, des centaines de sièges s'étalaient les uns à côté des autres, formant des rangées parfaitement alignées. La plupart des chaises étaient déjà occupées.
Le panel de juges était présidé par McGonagall, et composé de quelques professeurs comme Sirius Black ou encore Severus Rogue. À en juger l'expression de son visage, ce dernier paraissait profondément ennuyé par cette responsabilité. Des juges externes avaient également été mandatés. Parmi eux, Millicent reconnut Rita Skeeter, une chroniqueuse spécialisée dans la presse à scandales.
Les candidates furent installées au premier rang, sur des sièges personnalisés où leurs noms apparaissaient.
« Qui sont ces personnes ? » demanda Tracey, en tendant la nuque pour observer le jury. « Je ne reconnais que les profs et Rita Skeeter. »
« Au bord de la table, c'est Cressida Warrington, la philanthrope la plus connue du pays. » informa Daphné sur le ton de l'évidence. « Et à côté d'elle, c'est Yolana Wilch, à la tête du plus gros fournisseur de nécessaires à potions. »
« Quelqu'un a fait ses devoirs. » commenta Pansy avec ironie.
Daphné ignora les paroles de Pansy et poursuivit :
« Et la dernière est Poppy Chapman, la CEO d'Epilvite, la marque de potions épilatoires. J'ai entendu la vieille McGo dire que c'était le sponsor officiel de l'élection, cette année. »
On entendit un raclement de gorge résonner dans toute la salle et Millicent reporta son attention sur le podium où un étudiant s'était présenté devant toute l'assemblée, sa baguette tendue près de sa nuque, pour amplifier la portée de sa voix.
« Bienvenue au lancement officiel de notre élection annuelle Miss Fondatrice, sponsorisée par Epilvite, la potion qui fera de vos poils un lointain souvenir ! Je suis Seamus Finnigan, votre hôte pour la journée. Cet évènement sera retransmis sur la radio Poudlard FM, disponible dans tout le château et Pré-au-Lard. »
On entendit des applaudissements et des sifflements parmi les élèves du public.
« Aujourd'hui, nous accueillons la crème de la crème de Poudlard. Les créatures les plus belles, les plus intelligentes et les plus populaires de notre noble école. Elles ont su vous convaincre mais sauront-elles convaincre le jury ? » continua Finnigan d'une voix dramatique.
« Il se prend vraiment trop au sérieux. » commenta Tracey, réprimant un rire.
« Notre première candidate à la couronne s'autoproclame ''La Diseuse de Vérité''. Dans son temps libre, elle aime les couchers de soleil, les piscines à débordement, les vodka-jus de citrouille et les… »
« Finnigan ! » gronda McGonagall d'une voix outrée.
« Navré Professeur, c'était écrit sur la carte. » se justifia Finnigan en montrant ses notes, l'air désolé.
Des rires s'élevèrent dans l'audience.
« Des applaudissements pour… Pansy Parkinson ! » s'écria Finnigan d'une voix tonitruante.
Pansy rejoignit le podium d'une démarche assurée, soufflant des baisers à la foule sur son passage.
« Elle est tellement dramatique. » commenta Tracey.
« Pansy, si tu étais élue Miss Fondatrice, quelles seraient tes premières initiatives ? » demanda Finnigan.
« Nous subissons trop de stress dans la vie quotidienne. Tout le monde connaît les conséquences désastreuses du stress sur la santé physique et mentale. Les maladies cardiovasculaires, un système immunitaire affaibli, sans parler des problèmes de peau, de la prise de poids et du manque de libido. » énuméra Pansy avec sérieux.
Encore une fois, on entendit McGonagall émettre une exclamation mécontente.
« Je propose qu'on fasse des changements drastiques pour améliorer notre environnement. Pour commencer, diviser le nombre d'heures de cours hebdomadaires par deux afin d'aider notre cerveau encore en développement à se reposer. Ensuite, on devrait instaurer des matières plus utiles, qui nous aideront à développer des compétences essentielles dans la vie. Du genre, savoir s'habiller sans faire de faux-pas vestimentaires, ou encore apprendre à préparer les cocktails traditionnels. Oh ! Et il nous faudrait au moins deux heures de zumba par semaine pour tonifier les fessiers et combattre notre ennemie numéro une : la cellulite. » expliqua Pansy avec enthousiasme. « Je propose aussi qu'on change totalement l'uniforme réglementaire car ce gris ardoise est probablement la cause de plusieurs dépressions saisonnières. »
Tour à tour, les candidates se présentèrent sur le podium pour présenter leur programme de campagne ainsi que leurs motivations. Tracey Davis proposa que les draps des dortoirs soient changés au moins deux fois par jour. Elle suggéra qu'on engage une équipe spécialisée à temps plein contre la prévention et le contrôle des infections, ainsi que l'instauration d'un décret d'éducation destinant à obliger chaque élève à se laver les mains au moins six fois par jour afin de réduire les risques de propagation de germes.
Hermione Granger, dans un autre registre, quémanda l'introduction de cinq matières supplémentaires au programme scolaire, des heures d'ouverture plus longues pour la bibliothèque et un système de tutorat obligatoire pour tous les élèves.
« Je pense que l'éducation est primordiale et Poudlard devrait encourager et stimuler davantage les compétences intellectuelles de ses élèves. » indiqua-t-elle.
Pansy fit mine de bailler bruyamment, ce qui provoqua des rires partout dans la pièce. Hermione rougit mais elle continua son discours, tentant d'ignorer les frasques de Pansy.
Les juges (en particulier McGonagall) ne semblèrent pas apprécier la demande de Millicent d'autoriser les drogues douces comme la poudre de Billywig à Poudlard. Ils parurent outrés par le programme de Ginny Weasley qui proposait de supprimer l'élection de Miss Fondatrice dès l'année suivante, clamant qu'il s'agissait d'un concours « stupide et ringard qui perpétuait les préjugés misogynes de notre société patriarcale. » Sans surprise, toutefois, ils semblèrent boire les paroles de Daphné Greengrass.
« Le soin aux créatures magiques est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. La forêt interdite est remplie d'espèces en voie de disparition. J'aimerais créer un abri pour ces créatures, entièrement géré par les étudiants de Poudlard, afin qu'elles puissent vivre en harmonie avec les humains, sans quitter leur habitat naturel. » indiqua-t-elle d'une voix confiante.
Luna Lovegood fut la dernière candidate à passer. Elle proposa de créer un club pour la Diversité et l'Inclusion, afin d'encourager la richesse culturelle de l'école et des élèves.
« C'est la première fois que je l'entends dire quelque chose qui a du sens. » commenta Tracey.
Une fois tous les programmes exposés, les candidates furent conviées sous un chapiteau dressé dans le parc afin de discuter avec les membres du jury, à l'occasion d'un cocktail dinatoire. Un groupe de candidates étaient attroupées autour de la journaliste Rita Skeeter, écoutant avec intérêt les conseils qu'elle délivrait.
« J'ai moi-même été élue Miss Fondatrice en 1968. » apprit-elle d'un ton prétentieux. « Élue à l'unanimité par le panel de juges. »
Pendant l'heure suivante, elle ne cessa de parler d'elle et de ses réalisations académiques et professionnelles. Millicent, elle, resta près du bar installé pour l'occasion, où des elfes de maisons passaient parmi les invités et les candidates pour s'assurer que tous leurs besoins étaient satisfaits. Elle se sentait encore nauséeuse et ses tremblements avaient repris. Elle dût faire preuve de toute sa concentration pour rester éveillée pendant que Pansy lui parlait. Elle se concentra sur la bouche de Pansy, qui remuait sans interruption depuis le début de la journée.
« Ce n'est pas ma robe que tu portes, pas hasard ? » demanda soudainement Millie, sortant de sa torpeur.
Son amie portait une robe polo courte bleue marine qui lui rappelait exactement celle qu'elle avait dans son dressing.
« Non, nous avons probablement la même. » répondit Pansy d'un ton évasif.
Pansy se tourna ensuite vers le bar où Lavande Brown et Éloïse Midgen discutaient avec animation.
« Princesse, si tu prenais vraiment cette élection au sérieux, tu ne prendrais pas ce deuxième muffin. » lança Pansy d'un ton faussement complaisant, à l'attention de Lavande Brown. « On a déjà un calmar géant dans le lac, pas besoin d'un deuxième. »
Le visage de Brown se décomposa et elle parut sur le point de fondre en larmes.
« Tu es en forme, aujourd'hui. » commenta Millicent avec un rire.
Pansy esquissa un rictus avant de se tourner vers Éloïse Midgen. Cette dernière, réalisant qu'elle serait la prochaine à recevoir son venin, s'empressa de s'éloigner de la table.
« C'est ma stratégie. Affaiblir psychologiquement mes concurrentes. Je donne une semaine à Brown avant qu'elle ne déclare forfait. » assura Pansy avec satisfaction. « Bon, je vais voir si on peut se faire servir un peu d'alcool, cette soirée est tellement barbante. Tu viens ? »
/
Hermione Granger était aux anges. Si on lui avait affirmé qu'elle trouverait de l'intérêt à l'élection Miss Fondatrice quelques semaines plus tôt, elle aurait probablement levé les yeux au ciel. Elle était toutefois heureuse d'être dans la course.
Elle était entourée de femmes toutes aussi accomplies les unes que les autres et pouvoir discuter avec elles sur des sujets impactants et profonds la ravissait.
« C'est vraiment génial, tu ne trouves pas ? » demanda-t-elle avec enthousiasme à l'attention de Ginny Weasley, à ses côtés.
Cette dernière haussa les épaules, un air d'ennui profond sur le visage. Il était clair qu'elle était irritée par tout ce qui concernait l'élection et elle ne cherchait même pas à le dissimuler.
« Tu devrais voir le côté positif – nous n'aurions jamais eu l'occasion de rencontrer des femmes aussi fascinantes. » lança Hermione.
« C'est tellement fascinant d'entendre Rita Skeeter parler d'elle-même » commenta Ginny avec ironie.
« Sauf Skeeter, je te l'accorde. » concéda Hermione en jetant un regard sévère vers la journaliste qui racontait à Padma Patil en détail son couronnement, trente ans auparavant. « Mais Cressida Warrington et Poppy Chapman ? Elle a reçu le titre de la femme d'affaires de l'année, il y a quelque mois. Elle est vraiment un modèle pour toutes les sorcières de notre génération. »
Ginny haussa les épaules, visiblement peu intéressée par le sujet et Hermione cessa d'insister. Ces derniers temps, Ginny semblait constamment d'humeur massacrante. Elle était résolue à prendre sa revanche sur Daphné Greengrass et le reste de son clan. Hermione avait rapidement réalisé que ses tentatives pour dissuader Ginny étaient vaines et elle avait finalement abandonné. Même si elles ne se connaissaient que depuis quelques semaines, Hermione avait compris que Ginny était une fille obstinée et qu'elle n'était pas du genre à abandonner lorsqu'elle se mettait un objectif en tête.
Elle balaya la pièce des yeux et son regard s'attarda sur le professeur Black qui discutait avec McGonagall et un groupe de professeurs. Elle était fascinée par l'aura puissante et confiante qu'il dégageait. Lorsqu'il s'exprimait, il capturait toute l'attention de son audience. Sirius était un bel homme, il fallait l'avouer. Même Hermione n'était pas aveugle face à son charme.
Il tourna soudainement la tête dans sa direction et leurs regards se croisèrent. Hermione baissa les yeux, faisant mine de s'intéresser à une tâche sur le sol, sentant le rouge lui monter aux joues. L'idée d'avoir été surprise en train de lorgner sur son professeur de DCFM, assez âgé pour être son père, était terriblement embarrassante.
« Miss Granger ? » entendit-elle soudainement.
Elle releva la tête et croisa le regard ténébreux du professeur Black.
« C'était un programme très intéressant que vous nous avez présenté. Très réfléchi et intelligent. » dit-il.
Hermione sentit un lutin fou faire un bond dans son estomac. Il avait complimenté son idée de campagne. Elle avait presque envie de sautiller sur place.
« C'est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. » expliqua-t-elle. « D'autre part, en tant que Née-Moldue, je trouve qu'il est d'autant plus important de dynamiser l'éducation magique pour les personnes qui n'ont pas été élevées directement dans ce milieu. »
Elle se lança dans un long discours sur l'importance de l'éducation dans la société pour la lutte contre la pauvreté, la compréhension interculturelle, la prise de décision et la pensée critique. Le professeur Black creusa des points importants dans son argumentaire et elle fut ravie d'en débattre. Aux alentours de huit heures, elle se rendit compte que la plupart des invités s'étaient retirés.
« Je me suis emportée, encore une fois. » commenta Hermione avec gêne.
« Ne vous excusez jamais d'être une jeune femme intelligente et cultivée. » lui conseilla le professeur Black en lui adressant un clin d'œil.
Ses mots provoquèrent un sentiment de chaleur dans la poitrine d'Hermione et elle n'eut pas la présence d'esprit de trouver une réponse adéquate pour le remercier. En plus d'être une autorité dans son domaine, Sirius Black était un homme incroyablement intelligent et les discussions qu'elle avait partagées avec lui s'étaient révélées particulièrement spirituelles.
Lorsqu'il esquissa un sourire, elle ne put s'empêcher de penser qu'il était également incroyablement attirant et immédiatement, elle se sentit honteuse. Après tout, cet homme était son professeur et il avait vingt ans de plus qu'elle. Pour être honnête, elle n'avait jamais été particulièrement intéressée par les garçons de son âge – les trouvant trop immatures.
« Vous êtes toujours intéressée pour m'aider à organiser l'atelier de Défense Contre les Forces du Mal ? » interrogea-t-il.
Hermione s'empressa d'acquiescer.
« Dans ce cas, passez dans mon bureau mardi soir, à huit heures. » déclara-t-il. « Bonne soirée, Miss Granger. »
Elle l'observa s'éloigner, ne pouvant s'empêcher de réprimer un petit sourire.
Le mardi suivant, elle engloutit son dîner à toute vitesse sous les regards perplexes d'Harry, Ron et Ginny.
« Tu essaies de t'étouffer ? » demanda Ginny, arquant un sourcil.
Hermione avala la dernière bouchée de son plat, mastiquant à peine le morceau de viande.
« J'ai …J'ai quelque chose à faire. » répondit-elle finalement, avant d'empoigner son sac et de quitter la table.
Pendant une fraction de secondes, elle avait failli leur avouer qu'elle avait rendez-vous avec le professeur Black. Toutefois, pour une raison obscure elle s'était retenue de le faire. Pourquoi n'avait-elle pas dit la vérité aux autres ? Après tout, elle ne faisait rien de mal.
Elle remonta son dortoir à toute vitesse, puis se changea, enfilant un chemiser blanc qu'elle avait acheté l'été dernier et qui flattait sa silhouette. Elle laissa ses longues boucles frisées tomber sur ses épaules, se vaporisa légèrement avec son parfum et s'observa quelques secondes dans le miroir, rougissant légèrement.
Pourquoi ressentait-elle le besoin de soigner son apparence ? Était-ce pour la même raison qu'elle n'avait pas osé dire la vérité à ses amis sur ses activités à venir ? Elle secoua la tête, se détournant de son reflet. Elle était ridicule. Sirius Black était son professeur. Certes, il l'avait déjà complimentée à deux reprises mais cela ne justifiait pas qu'elle se fasse des films aussi ridicules.
Durant tout le chemin menant au bureau du professeur, elle se mordit nerveusement la lèvre.
« Détends-toi, Hermione. » pensa-t-elle en arrivant devant la porte.
Elle frappa contre le bois brun et attendit patiemment, les battements de son cœur s'accélérant soudainement. Pourquoi était-elle si nerveuse ?
Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit, laissant apparaître le visage séduisant du professeur Black.
« Miss Granger, entrez. » l'accueillit-il en souriant.
Lorsqu'elle entra dans le bureau, passant devant lui, elle put sentir son parfum – un effluve aux accents épicés qu'elle trouva entêtante. Incertaine de la conduite à tenir, elle resta debout en plein milieu du bureau, attendant ses instructions.
Le bureau était plus vaste qu'elle ne l'avait imaginé. Un large bureau se dressait au centre de la pièce, devant une bibliothèque gigantesque remplie d'ouvrages. Sur le mur, un vieux canapé en cuir. Partout, dans la pièce, on apercevait des objets magiques.
« Des objets amassés durant ma longue carrière d'Auror. » indiqua le professeur Black en suivant son regard.
« Est-ce que ça vous manque ? » demanda Hermione avec curiosité.
« Parfois, oui. L'excitation, l'adrénaline d'être sur le terrain. C'est un sentiment…indescriptible. » dit-il, semblant plongé dans ses pensées. « C'était une profession qui collait parfaitement à ma personnalité. »
Elle l'imaginait parfaitement sur le champ de bataille, occupé à combattre des criminels, sa longue chevelure virevoltant autour de son visage tandis qu'il neutralisait des mages noirs.
« Puis, je suis monté en grade, ce qui signifiait plus de paperasse et plus de gestion humaine. » expliqua-t-il. « J'avais besoin de changement et le professeur Dumbledore m'a proposé le poste. Je ne suis pas encore certain que l'éducation soit ma voie, mais ça vaut le coup d'essayer. » dit-il avec sincérité, lâchant un rire grave.
« Je trouve que vous êtes un excellent professeur. » assura Hermione. « J'adore vous écouter et… »
Elle s'interrompit, embarrassée. Elle avait l'impression d'être l'une de ses groupies qui pullulaient son cours.
« Merci, Miss Granger, c'est flatteur. Surtout de votre part. » déclara-t-il avec un sourire en coin.
Elle se détendit et lui rendit à son tour son sourire.
« Je vous en prie, installez-vous. » indiqua-t-il en lui désignant le canapé à sa gauche. « Je peux vous offrir une tasse de thé ? »
« Hm, oui, avec plaisir. » répondit Hermione un peu trop précipitamment avant d'aller s'asseoir sur le canapé qu'il avait désigné.
Quelques instants plus tard, il la rejoignit sur le sofa et lui tendit une tasse de thé.
« L'objectif de l'atelier est d'accorder une préparation supplémentaire pour les élèves qui souhaitent s'engager dans une carrière d'Auror à la fin de leur cursus. Le concours d'entrée est l'un des plus difficiles. » expliqua-t-il avec sérieux.
Hermione posa sa tasse de thé sur la table la plus proche, puis extirpa de son sac une plume et un parchemin afin de prendre des notes.
« L'atelier aura des places limitées – cinq places maximum. J'ai besoin de vous pour organiser la première sélection. Qu'en pensez-vous ? » demanda-t-il.
« Je pense qu'il serait intéressant de faire une épreuve pratique, et une autre théorique. Pour la théorie, je propose de mettre en avant un sujet que nous n'avons pas encore abordé en cours. Vous ne voulez que les meilleurs, n'est-ce pas ? Donc des élèves proactifs, qui se sont probablement déjà renseignés sur le reste du programme. » énuméra-t-elle d'une voix.
Elle lui détailla le plan qu'elle imaginait pour la première sélection.
« Vous venez juste d'improviser ces idées ? » demanda-t-il, mi-surpris, mi-amusé.
Hermione hocha la tête. Pendant les deux heures suivantes, ils mirent en place un plan complet pour les sélections. Elle apprécia sa manière d'être à l'écoute et ouvert aux idées qu'elle proposait. Elle finit par se détendre et se sentit moins intimidée face à lui. Elle avait l'impression de pouvoir être elle-même sans être gênée ni devoir réprimer son intelligence comme à chaque fois qu'elle interagissait avec ses condisciples.
« Wow, il se fait tard, je n'ai pas vu passer le temps. » s'exclama-t-il soudainement, jetant un regard vers sa montre. « Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Même heure la semaine prochaine ? »
Hermione acquiesça.
« Parfait, laissez-moi vous raccompagnez à votre salle commune. » proposa-t-il
« Oh non, ce n'est vraiment pas la peine, professeur. » indiqua-t-elle en rougissant. « C'est seulement à cinq minutes. »
Il n'insista pas et elle se sentit soulagée. Que penserait-on si on la voyait seule en compagnie d'un professeur à une heure aussi tardive ? Elle savait à quelle vitesse les ragots de Poudlard se propageaient. Elle ne voulait pas donner l'occasion aux Quatre de la harceler davantage. Même si Hermione ne faisait rien de mal, elles se feraient un plaisir d'inventer toutes sortes de rumeurs grotesques et toute l'école suivrait dans la foulée.
« Bonne soirée Miss Granger. » la salua le professeur Black, refermant la porte derrière lui.
Hermione resta immobile pendant de longues secondes, devant la porte, confuse par la réalité qui la frappa de plein fouet.
Elle avait le béguin pour un professeur.
Destinatrices : Les meilleures amies de Tracey
Daphné écrit :
C'est bientôt l'anniversaire de notre Cece nationale. Des idées de cadeaux ?
Pansy écrit :
Aww, notre vierge effarouchée favorite grandit tellement vite ! Je suggère qu'on se cotise pour lui offrir un Vibralai. Le dernier modèle, Vavavroom, à trois vitesses.
Millicent écrit :
Je confirme, c'est ce qui se fait de mieux sur le marché. Super efficace.
Daphné écrit :
Aussi attentionnée soit cette idée, je pense que Tracey s'évanouirait sur place si on lui offrait un vibromasseur.
Millicent écrit :
Crois-moi, une fois qu'elle aura essayé cette merveille, elle s'évanouira – de plaisir.
« Ma jolie, tu as déjà pris ta pause, si je me souviens bien. Les clients attendent, on se dépêche ! » s'exclama une voix, la sortant de ses pensées.
Pansy sursauta et referma son journal d'un coup sec, s'empressant de le ranger dans le sac posé à ses pieds. Elle leva les yeux vers Madame Ursula, sa patronne, qui l'observait avec sévérité, les bras croisés. Madame Ursula adorait les fanfreluches, les manucures exubérantes et se parfumait avec des litres d'un parfum à la cerise qui écœurait Pansy. Elle se plaisait à s'inventer des origines et des liens de parenté avec des sorciers illustres. Elle semblait persuadée d'être un modèle d'élégance et de classe car elle passait sa vie à suivre les vies des célébrités et des sorciers fortunés dans les pages Société de journaux féminins. Elle tentait de reproduire leur langage, leur habillement et leur style de vie mais le résultat était bien différent de la réalité.
« Ce n'est pas la charité, ici. On ne te paye pas à lire, trésor. » continua Ursula d'un ton sévère.
« Oui, oui. » répondit Pansy en serrant les dents. « Désolée, j'arrive tout de suite. »
« Oui, qui ? » demanda Ursula.
« Oui, Madame Ursula. » répondit Pansy, à contrecœur.
« Voilà qui est mieux. Maintenant je veux voir un sourire sur ton petit minois. Les clients aiment les filles heureuses. » rappela Ursula avant de disparaître des vestiaires.
Pansy jura et se tourna vers le miroir afin de repasser son bâton de rouge à lèvres sur sa bouche. Elle observa son reflet pendant quelques secondes, réprimant l'envie de pleurer. Elle portait une robe lui arrivant au milieu de cuisses d'un rouge vif, ainsi que des escarpins de la même couleur. Son visage arborait un maquillage surchargé. Elle inspira profondément, et détourna les yeux, ne supportant pas la vulgarité de son apparence. Elle se releva, plaquant un sourire forcé sur ses lèvres désormais vermeilles et traversa le vestiaire pour rejoindre la salle principale de l'établissement.
Les lumières étaient tamisées et on entendait une musique lente résonner dans la salle. Des tables rondes et des canapés en velours violets étaient disposés un peu partout. Sur la piste, des couples dansaient de manière rapprochée et langoureuse.
Le profil des couples était identique. Des femmes superbes, jeunes, attirantes se déhanchant sensuellement aux côtés d'hommes bien plus âgés, ivres pour la plupart et tenant à peine debout. Certains couples étaient retranchés sur des canapés, plus en retrait, dissimulés par le faible éclairage, dans des positions un peu trop proches pour être appropriées.
Pansy scanna la pièce de son regard sombre et s'approcha du bar lorsqu'elle distingua un homme seul. Elle s'installa à ses côtés, lui flashant un sourire charmeur. L'homme était un sorcier d'une quarantaine d'années au ventre bedonnant et à la calvitie naissante. Le profil type des clients de l'établissements. Il l'observa de haut en bas, l'air appréciateur.
« Je peux t'offrir un verre ? » demanda-t-il.
« Avec joie. » répondit Pansy. « Hydromel blanc demi-sec. »
L'homme héla le barman pour commander. Pansy remarqua immédiatement que l'homme venait de commander un verre d'un whisky-pur-feu particulièrement onéreux et qu'une montre coûteuse habillait son poignet. Si elle jouait bien ses cartes, ce serait une soirée rentable pour elle.
Elle décroisa puis recroisa ses jambes d'un geste lent, consciente du regard de l'homme sur ses cuisses nues.
« C'est quoi ton petit nom ? » demanda l'homme en la lorgnant sans vergogne.
Il n'avait même pas levé les yeux de son décolleté lorsqu'il lui posa la question.
« Daisy. » mentit Pansy.
« Une vraie petite fleur, Daisy. Moi, c'est Lotharius. » répondit-il.
Leo, le barman, posa leurs boissons devant eux, envoyant un clin d'œil à Pansy au passage.
« Enchantée, Lotharius. » dit-elle d'une voix suave, en se penchant sur lui. « Dites m'en plus sur vous. »
Cela faisait près de six mois que Pansy travaillait au Flamant Rose, un bar à hôtesses situé dans une rue excentrée de Pré-au-Lard. Son rôle était simple. Elle devait discuter avec les clients et s'assurer qu'ils boivent les consommations aux prix exorbitants que proposait l'établissement. Pansy les écoutait avec attention, les flattait de temps à autres, et flirtait outrageusement. Elle s'assurait surtout que ni son verre, ni celui du client ne soient vides. C'était la règle numéro un de Madame Ursula.
Parfois, les clients aimaient lui raconter leur journée difficile au travail ou encore leurs problèmes maritaux. Elle rencontrait beaucoup d'hommes au Flamant Rose. Des médicomages, des politiciens, des avocats et même des aurors.
Son salaire fixe n'était pas extraordinaire. L'argent se faisait principalement sur les commissions. Lorsqu'un client commandait une bouteille ou une boisson onéreuse, elle gagnait un pourcentage sur celles-ci.
Au début, elle avait mis du temps à s'ajuster à la profession. Ses premiers jours, elle s'était retrouvée saoule au bout d'une heure à peine. Puis, Augustina, l'une de ses collègues plus expérimentées, lui avait enseigné quelques combines du milieu. Il fallait s'assurer de vider le verre dès que le client avait le dos tourné.
Pansy restait relativement distante avec les clients. Certaines des filles, elles, n'avaient pas autant de scrupules. Elles n'hésitaient pas à laisser les clients les peloter de manière indécente. D'autres quittaient même le bar en compagnie de certains clients et il ne fallait pas être un génie pour savoir ce qui se passait ensuite. Afin de garder leur intérêt et s'assurer qu'ils continueraient à consommer, Pansy autorisait parfois les clients à lui toucher l'épaule ou le bras quand ils s'adressaient à elle. Jamais plus.
Si quelqu'un lui avait dit quelques mois plus tôt qu'elle se retrouvait à presque vendre son corps pour gagner de l'argent, elle aurait bruyamment ri au visage de la personne. Un an auparavant, elle avait été un membre de la jeunesse dorée britannique. L'époque où ses parents étaient encore outrageusement riches. Celle où elle vivait dans un Manoir luxueux dans l'Oxfordshire et recevait tout ce que son cœur désirait.
Puis les problèmes d'argent de son père avaient commencé. Pius Parkinson avait perdu beaucoup d'argent à cause d'investissements douteux et en quelques mois, ils avaient dû vendre leur maison pour rembourser ses dettes colossales. Cela n'avait pas été suffisant alors Pansy et sa mère avait dû donner leurs vêtements et accessoires coûteux pour pallier la dette. Ils avaient emménagé dans un cottage minable à Cornwall.
Pansy n'avait jamais parlé à son entourage des problèmes financiers de sa famille. Elle avait continué à prétendre qu'elle vivait dans un luxe indécent. Même ses meilleures amies n'étaient pas au courant. Elle ne pourrait pas supporter l'humiliation qui accompagnerait la déchéance de sa famille. Pour garder les apparences, elle devait constamment mentir autour d'elle. Par exemple, faute de moyens, elle avait dû prétexter un jeûne intermittent pour ne pas assister au dîner qu'avait proposé Daphné. Puis, pour éviter de devoir payer le brunch hors de prix que proposait Mi- Citrouille Mi-Raisin, elle s'était assurée de prendre quelques mèches de cheveux sur la brosse de Millicent le matin même afin d'organiser le scandale au restaurant.
Lorsque les problèmes de son père avaient commencé, Pansy avait dû chercher un travail en urgence pour pouvoir continuer à payer sa scolarité à Poudlard. Dans le journal, elle avait vu une offre pour un poste de serveuse. Les missions du poste s'étaient révélées toutefois bien différentes du contenu de l'annonce.
Même si l'emploi était dégoutant, il était arrangeant et les horaires étaient flexibles. Elle se faisait assez d'argent pour ne travailler qu'une ou deux nuits par semaine. En travaillant dans un restaurant ou un pub traditionnel, elle aurait probablement dû travailler tous les soirs de la semaine pour gagner le même montant.
Le Flamant Rose lui permettait également de ne pas croiser les gens qu'elle connaissait à Pré-au-Lard. Ursula n'autorisait que les clients d'au moins vingt-cinq ans à entrer dans l'établissement, contrairement aux hôtesses qui étaient parfois à peine majeures. Cela assurait à Pansy de ne pas rencontrer l'un de ses condisciples. Cela aurait été une situation profondément humiliante.
Madame Ursula était très à cheval sur les règles. Trois manquements au règlement et elle vous mettait à la porte. Si vous ne génériez pas assez de revenus pour son business, elle vous mettait également à la porte.
Toutes sortes de filles travaillaient au Flamant Rose. Elles venaient de couches sociales diverses et de cultures variées. Tous les physiques étaient représentés. Des minces, des rondes, des plates, des blondes, des brunes, des rousses, des noires, des asiatiques, des vieilles, des naturelles, des refaites, des transsexuelles, des courtes et des grandes. Madame Ursula se vantait régulièrement de son ''catalogue'' de filles. Comme le terme n'était pas des plus flatteurs, elle avait opté pour une appellation un peu plus politiquement correcte : les Beautés d'Ursula.
« Il y en pour tous les goûts. » lui avait expliqué Ursula lors de son premier jour de travail au Flamant Rose. « Tu auras ton petit succès ici, tu verras. Ils adorent les écolières. Et tu as un petit air exotique, ils raffolent de ça. »
Pansy reporta son attention sur Lotharius qui commençait déjà à montrer des signes d'ivresse. Elle tenta de réprimer son dégoût profond tandis qu'il postillonnait près de son visage, lui racontant la manière dont il avait bouclé un gros contrat dans la journée, sous le nez de l'un de ses rivaux.
Apparemment, Lotharius Burke avait un poste à responsabilités au Ministère, au sein du Département des Sports Magiques. Il sembla à tout prix vouloir se justifier de ses visites dans l'établissement. Sa femme était frigide, disait-il, et son corps n'était plus le même après trois enfants.
Mais il ne fallait pas s'y méprendre, non. Lotharius clamait aimer les femmes classes. Pas les ''putains vulgaires qu'on pouvait coincer sur l'Allée des Embrumes pour quelques gallions''. Il aimait les parfums de créateur, les brushings parfaits, les cuisses fermes et les poitrines qui tenaient seules. Et Lotharius était prêt à y mettre le prix.
Pansy eut envie de vomir lorsqu'il lui demanda comment elle était épilée là-dessous. Mais elle prit sur elle, et lui adressa un sourire charmeur. Après tout, le client était roi. Surtout lorsqu'il était fortuné.
La soirée passa lentement et aux alentours de deux heures du matin, elle empocha la bourse remplie de gallions que lui tendit Madame Ursula et la fourra dans son sac.
Elle rabattit sa capuche sur sa tête, puis se dirigea vers le château, prête à reprendre le masque qu'elle revêtait devant tout le monde. Celui d'une fille forte, sûre d'elle, à qui tout souriait et à qui tout le monde voulait ressembler.
Le masque qui l'empêchait de montrer ce qu'elle était vraiment.
End Notes:
Qu'en avez-vous pensé ?
A très vite pour la suite ! Fearless
A Little Wicked by FearlessUntamed
Author's Notes:
Merci à Wapa et Bevy pour leurs commentaires et à ma super bêta Polka60 pour sa correction de ce chapitre !
Bonne lecture !
VII. A Little Wicked
La vengeance était un plat qui se mangeait froid.
Ginny Weasley, elle, savait qu'elle ne serait pas satisfaite avant que le plat en question soit glacé. Les Quatre pensaient qu'elles pouvaient faire régner la terreur dans l'école en toute impunité ? Elles allaient rapidement réaliser que leur dictature était sur le point de prendre fin. Et la chute serait douloureuse.
Mais Ginny n'était pas stupide. Elle était effrontée, obstinée même, mais pas stupide. Elle n'aurait aucune chance si elle tentait de s'en prendre à leur collectif. Après tout, l'union faisait la force, et elle était bien placée pour le savoir.
Non, si elle voulait les affaiblir, elle allait devoir les attaquer individuellement. Trouver chacune de leurs faiblesses et s'en servir pour frapper là où ça faisait mal.
« C'est une mauvaise idée. » commença à geindre Hermione Granger, secouant la tête.
Entre deux cours, Ginny lui avait exposé ses intentions, ainsi qu'à Luna Lovegood.
« Tu ne sais pas de quoi elles sont capables. » poursuivit Hermione, mal à l'aise.
« Morag MacDougal. » lança soudainement Luna Lovegood de son éternel ton rêveur, nettoyant d'un geste appliqué sa flûte favorite.
Selon elle, l'objet pouvait attirer les nargoles.
« Quoi ? » demanda Ginny, sans comprendre.
« C'était une élève de Poufsouffle. Elle a insulté Greengrass en public pendant notre cinquième année. » répondit Hermione en grimaçant.
« Et ? » insista Ginny.
« Et elle n'est plus là. » répliqua Hermione sur le ton de l'évidence. Elles ont fait de sa vie un enfer. Elle est partie en dépression nerveuse et ses parents l'ont retirée de l'école. »
« On raconte même qu'elle n'ose plus quitter sa chambre, depuis. » ajouta Luna, avec un frisson.
Ginny leva les yeux au ciel.
« Et tu as vu ce qu'elles t'ont fait pendant les sélections de Quidditch. C'était un avertissement. » rappela Hermione, d'un ton grave.
Ginny fronça les sourcils, la contrariété l'envahissant de nouveau à ce souvenir. Loin de la dissuader, cela la motivait davantage à continuer sur sa voie. Il était hors de question que ces filles n'aient pas la monnaie de leur gallion. Par leur faute, elle n'avait pas pu intégrer l'équipe de Quidditch de Gryffondor.
« Pas de soucis Hermione, tu ne veux pas m'aider, j'ai compris. » répliqua Ginny d'une voix cassante. « Si tu veux continuer à leur cirer les pompes jusqu'à la fin de ta scolarité, vas-y, je ne vais pas t'en empêcher. »
Hermione sembla sur le point de répliquer mais Ginny l'ignora et se tourna vers Luna.
« Tu es partante ? » interrogea-t-elle.
« Morag MacDougal. » répondit Luna d'une voix désolée.
Ginny lâcha une exclamation frustrée avant d'accélérer le pas, contrariée par le manque de soutien de leur part. Si elle se souvenait bien, elle se retrouvait dans cette situation car elle avait essayé de les défendre. Ces filles étaient vraiment ingrates. Tant pis, pensa-t-elle avec dépit. Elle se débrouillerait sans elles.
Trouver des alliés lui semblait être une priorité. Elle grimaça en réalisant qu'elle ne pourrait pas réclamer de l'aide à son propre frère jumeau. Pour une fois, elle allait éviter d'exposer ses plans à Ron. Elle pouvait déjà imaginer le sermon qu'il lui donnerait. Il ferait tout pour l'empêcher de se créer des problèmes supplémentaires. Après quelques minutes de réflexion, une autre idée lui vint en tête.
A la fin de son cours de Métamorphoses, elle accosta Draco Malfoy.
« Ginevra. » héla-t-il, l'air surpris.
« Ginny. » rectifia-t-elle avec ennui. « Je peux te parler ? »
« La dernière fois, tu faisais tout pour me chasser. » rappela-t-il avec un rictus.
Il était tellement irritant.
« De quoi as-tu besoin ? » demanda-t-il finalement tandis qu'il la suivait hors de la salle de cours.
« Qu'est-ce qui te fait croire que j'ai besoin de quelque chose ? » s'étonna Ginny, surprise par sa question directe.
« Une minute de discussion et tu ne m'as pas encore insulté. J'en déduis que c'est parce que tu veux quelque chose de ma part. » devina Draco avec morgue.
« Je voulais simplement te poser une question. » admit-elle. « La dernière fois, tu m'as dit que le meilleur moyen de me venger de ces filles était de gagner cette élection. Pourquoi ? »
« Je suis curieux de voir comment tu vas te sortir de cette situation contre les quatre. » admit-il. « Les crêpages de chignons entre filles sont toujours divertissants. Presqu'autant qu'une partie de Quidditch. »
« Si tu veux voir un vrai crêpage de chignons, alors je vais t'en donner un. » assura-t-elle. « Je veux que tu me dises tout ce que tu sais sur ces filles. Tu dois bien avoir quelques informations à leur sujet, pas vrai ? »
« Oh, je les connais mieux que tu ne le croies. » répondit-il d'un air mystérieux, visiblement ravi de son intérêt.
« Dans ce cas, tu vas me le dire ? » insista Ginny avec excitation.
« Ça dépend. » répondit Draco en haussant les épaules.
« Ça dépend ? » répéta Ginny, confuse. « Ça dépend de quoi ? »
« Qu'est-ce que je gagne dans cette affaire ? Après tout, j'ai des informations intéressantes à te fournir. Des informations dont tu as besoin. Il est normal que j'aie quelque chose en échange, non ? C'est du donnant-donnant. » dit-il sur le ton de l'évidence.
« Très bien, qu'est-ce que tu veux ? » demanda-t-elle en soupirant d'agacement.
« Accompagne-moi le week-end prochain à la sortie à Pré-au-Lard. » demanda-t-il.
Ginny se figea, et l'observa bouchée bée. Pour la première fois depuis longtemps, elle n'eut pas de répartie. Il ne pouvait pas être sérieux.
« Hors de question. » répondit-elle finalement.
« Dommage. A bientôt, Ginevra. » répondit-il avant de s'éloigner, sous le regard estomaqué de la jeune fille.
Elle resta debout les bras ballants pendant de longues secondes, éberluée. Il venait de lui demander un rencard. Elle n'aurait jamais imaginé qu'il soit intéressé par elle. Leurs interactions précédentes avaient été pour le moins désagréables et elle avait été persuadée que Draco Malfoy essayait de la faire enrager. Si c'était une technique pour s'attirer ses faveurs, alors c'était raté. De toute manière, il n'était pas son style. Elle n'aimait pas les types arrogants.
Elle retrouva Ron plus tard à l'heure du déjeuner. Il était en compagnie de Lavande Brown et d'une autre fille dont Ginny avait oublié le nom. Elle avait rapidement remarqué l'intérêt que portait Lavande à son frère depuis leur arrivée à Poudlard. Ron, évidemment, était complètement inconscient face à ses tentatives de rapprochement. Lavande lança un grand sourire en direction de Ginny lorsqu'elle arriva à leur hauteur, la saluant avec enthousiasme. Il s'agissait probablement de sa stratégie : essayer d'entrer dans bonnes grâces de Ginny pour plaire à Ron.
« Tu as entendu la nouvelle, Ginny ? » interrogea Lavande, d'une voix surexcitée.
Ginny leva un sourcil, l'encourageant à continuer.
« Sorcière-Hebdo va faire dédier une chronique à l'élection de Miss Fondatrice dans sa prochaine édition spéciale mensuelle. » déclara Lavande avec émerveillement. « Ils vont venir nous prendre en photo et nous interviewer. Il paraît même qu'ils ont fait appel à un couturier célèbre pour nous habiller. On sera traitées comme des princesses. »
Ginny gémit, l'horreur apparaissant sur son visage.
« Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter ça ? » demanda-t-elle, l'air désespéré.
« N'oublie pas de te raser les jambes. » chuchota Ron à son oreille d'une voix sarcastique.
Il s'attira un regard hostile de la part de Ginny et il s'esclaffa bruyamment, visiblement très fier de lui.
Élevée parmi une fratrie de six frères plus âgés qu'elle, Ginny avait toujours été un peu garçon manqué. Son apparence avait toujours été le cadet de ses soucis – elle préférait clairement le confort au style.
Elle ne se rappelait pas de la dernière fois où elle s'était apprêtée pour une occasion. Sans doute l'été dernier, pour le mariage de Bill et Fleur. Elle s'était à peine reconnue dans sa robe de soirée bleu foncé et son maquillage de fête. C'était Gabrielle Delacour, la sœur cadette de Fleur, qui s'était chargée de la relooker pour l'occasion. Du haut de ses treize ans, Gabrielle était déjà une victime de la mode. Ginny gardait un souvenir traumatisant de cette journée. Elle avait failli se fouler la cheville à trois reprises avec ses talons hauts.
Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas paraître jolie, loin de là. Elle n'aimait tout simplement pas les artifices et les fanfreluches. D'autre part, les finances familiales ne lui avaient jamais permis de faire des folies. Molly, sa mère, ne pouvait pas s'empêcher de lui faire des petites remarques passives-agressives sur son manque de coquetterie et Ginny avait rapidement appris à les ignorer. L'idée d'être tirée à quatre épingles par des inconnus pour prendre des photos qui paraîtraient dans un journal national était angoissante.
« A plus tard, Ron ! » lança soudain Lavande d'une voix mielleuse avant de s'éloigner bras-dessus bras-dessous avec son amie.
Tandis que Ginny les observait s'éloigner en direction des portes, une idée lui vint en tête. Elle attrapa son sac et s'empressa de rattraper les deux filles.
« Lavande ? » demanda-t-elle, à bout de souffle.
« Oui ? »
« Je peux te parler une seconde ? » demanda Ginny.
« Bien sûr. Parvati, je te rejoins en Divination ? » suggéra Lavande, se tournant vers sa condisciple.
La dénommée Parvati hocha la tête avant de s'éloigner.
« Cette question va te paraître bizarre, mais qu'est-ce que tu sais sur les Quatre ? » demanda Ginny de but-en-blanc.
Lavande parut décontenancée.
« Qu'est-ce que tu veux savoir ? »
« N'importe quoi. De préférence, des informations compromettantes. »
Immédiatement, Lavande sembla se tendre et elle jeta des regards incertains autour d'elle, comme pour s'assurer que personne ne les entendait.
« Ça restera uniquement entre nous. » assura Ginny.
Cela ne sembla pas convaincre Lavande.
« Je vois bien comment elles te traitent. J'ai entendu ce que Parkinson t'as dit pendant le jour des présentations. Si tu avais l'opportunité de leur rendre la pareille, tu ne le ferais pas ? » insista Ginny.
Pourquoi tout le monde était aussi effrayé par ces pestes superficielles ? L'emprise qu'elles semblaient avoir sur les élèves était glauque. Ginny avait rarement assisté à quelque chose d'aussi toxique. Seul Draco Malfoy avait paru ouvert à l'idée de lui donner des informations. Mais sa demande n'était pas désintéressée.
« Est-ce que tu as des informations sur Draco Malfoy ? » demanda-t-elle soudainement, changeant de stratégie.
Draco Malfoy n'avait eu aucun scrupule à lui faire miroiter des informations en échange d'un rendez-vous. Elle n'aurait aucun scrupule à lui faire du chantage également.
Cette fois, Lavande parut moins réfractaire.
« J'imagine que ça peut t'intéresser et techniquement ça a un rapport avec les Quatre alors… » commença-t-elle à voix basse. « Draco Malfoy et Daphné Greengrass sortaient ensemble pendant notre cinquième année. Je ne sais pas pourquoi ils ont rompu, mais apparemment ça s'est très mal terminé. Et ils ne s'adressent plus la parole, depuis. C'est la seule chose que je sais. Désolée, il faut que j'y aille. Je vais être en retard à mon cours. »
Ginny observa la silhouette de Lavande tandis qu'elle s'éloignait à toute vitesse, plongée dans ses propres pensées.
« On dirait que je vais vraiment devoir aller à ce fichu rencard. » pensa-t-elle avec dépit.
Destinatrice : ''Ma meilleure amie pour la vie''
Tracey écrit :
Mon chaton. J'ai entendu Weaslette parler à Draco et l'inviter à sortir. Ils vont en rencard samedi. Je pensais que tu voudrais être au courant.
Daphné écrit :
La traînée. Merci, ma souris en sucre. Réunion de crise après le cours de DCFM. Préviens-les autres.
Tracey écrit :
Je m'en charge, ma sirène des océans.
Daphné écrit :
Dis, amour, je peux avoir le dortoir ce soir ? Je passe la soirée avec Blaise.
Tracey écrit :
Oui à condition que la pièce soit nettoyée, astiquée et décapée lorsque vous aurez terminé. Deux fois.
Daphné écrit :
Tout ce que tu voudras, mon canari des îles. Est-ce que je t'ai déjà dit que tu étais la meilleure amie du monde ? Qu'est-ce que je serai sans toi ?
Tracey écrit :
Oui, mais j'adore t'entendre le dire. Toi et moi c'est pour la vie, mon niffleur.
Daphné écrit :
Je t'aime.
« Il est important pour moi d'utiliser mon privilège pour aider les autres. C'est pour cela que j'ai décidé de créer un fonds spécial pour soutenir cette initiative. Il permettra de remettre plus de cent créatures magiques dans leur milieu naturel. » acheva Daphné d'une voix assurée.
« Fascinant. » répondit Rita Skeeter, l'air appréciateur.
Elle jeta un coup d'œil bref aux notes que sa Plume à Papote avait griffonné frénétiquement sur un rouleau de parchemin.
« Je crois que j'ai tout ce qu'il me faut. » dit-elle finalement.
Daphné esquissa un sourire satisfait. Elle avait réussi cette interview haut la main. Les autres candidates apparaîtraient probablement comme des petites joueuses face à elle.
« Auriez-vous un conseil à me donner, en tant qu'ancienne Miss Fondatrice ? » demanda-t-elle à l'attention de la journaliste qui replaçait ses affaires dans son sac rouge vernis en peau de crocodile.
Rita Skeeter laissa échapper un petit rire, puis observa Daphné avec scepticisme à travers ses lunettes.
« Je crois que vous maitrisez déjà le sujet parfaitement, ma chère. » assura Rita d'un ton entendu avant de rejoindre le reste du groupe.
Toutes les candidates à l'élection étaient passées entre les mains de professionnels afin d'apparaître sous leur meilleur jour pour la séance photo de Sorcière-Hebdo, sous la supervision de Minerva McGonagall.
« Toutes dans le Hall, devant les grandes portes. » s'exclama le photographe, un sorcier italien à l'accent prononcé et à l'égo surdimensionné.
On entendit des gloussements parmi le groupe d'étudiantes tandis qu'elles suivaient les instructions du photographe. Le placement des candidates pour la photo de groupe sembla causer des frustrations. On passa plus de trente minutes à définir qui serait assise sur le canapé, en premier plan.
« Bouge, tu ne vois pas que tu prends toute la place ? » cracha Pansy à l'attention de Lavande Brown.
Elle la bouscula sans ménagement pour pouvoir prendre sa place sur le bras du canapé en velours, près de Daphné qui était assise sur le fauteuil. Le photographe essaya plusieurs combinaisons et après deux heures de clichés intenses, elles furent autorisées à prendre une pause.
« Je crois que je préfèrerais être en cours. » commenta Ginny Weasley à voix haute, en se dirigeant vers une table où des rafraîchissements avaient été disposés par les elfes de maisons.
Les candidates avaient été autorisées à manquer les cours du vendredi après-midi pour répondre aux questions exclusives de Sorcière-Hebdo.
« Tu peux toujours abandonner la compétition. » suggéra Daphné d'une voix doucereuse, tandis qu'elle arrivait à ses côtés à la table.
« Et te donner satisfaction ? Plutôt mourir. » répliqua Ginny sur le même ton, se tournant vers elle.
Elles se jaugèrent du regard quelques secondes.
« Tu ne penses tout de même pas avoir tes chances dans cette compétition, Weasley ? » demanda Daphné d'un ton dédaigneux.
« A vrai dire, je crois avoir toutes mes chances. » assura Ginny d'un ton confiant, mastiquant un Chocogrenouille de manière peu élégante.
Un rictus apparut au coin des lèvres de Daphné tandis qu'elle observait Ginny avec hauteur. Elle l'aurait trouvée amusante si elle n'était pas aussi irritante.
« Ne te fais pas d'illusions, Weasley. Tu passeras toujours derrière moi. » répliqua Daphné d'un ton hautain. « D'ailleurs, je constate que tu apprécies cette place. Inviter mon ex à sortir ? Par Salazar, tu es pathétique. »
« Vraiment ? Pourtant tu sembles affreusement jalouse. » commenta Ginny avec morgue.
Daphné pinça des lèvres. Il lui fallut faire preuve de tout son self-control pour ne pas lui lancer un sort cuisant à la figure.
« Je sais que Draco cherche juste à attirer mon attention. Lorsqu'il aura eu ce qu'il voulait, il te jettera comme le déchet que tu es. » assura Daphné d'un ton cinglant.
« J'imagine que tu parles d'expérience. C'est parce qu'il t'a jetée comme une malpropre que tu es aussi frustrée ? » interrogea Ginny d'un ton faussement innocent.
« Ferme là, pauvre idiote, tu ne sais pas de quoi tu parles. » répliqua Daphné.
« Hm hm. » entendit-elle soudainement, derrière elles.
Il s'agissait de Rita Skeeter qui venait de se racler la gorge. Daphné remarqua que la plume de Skeeter grattait fébrilement sur le papier.
« Je suis navrée de mettre un terme à votre petit duel mais la séance photos va reprendre. » informa-t-elle avec un sourire faussement complaisant « Nous allons prendre des clichés individuels. »
Daphné lança un dernier regard impérieux en direction de Ginny avant de s'éloigner. Elle garda un visage impassible tandis qu'elle rejoignait le reste du groupe, même si elle bouillait de rage en son for intérieur. Pour qui Weasley se prenait-elle avec ses affirmations présomptueuses ? Elle ne savait absolument pas de quoi elle parlait.
Non, pensa Daphné. Elle devait se reprendre. Elle ne pouvait pas se laisser déstabiliser par une gourgandine de bas étage dans son genre.
Ses pensées se tournèrent ensuite vers Draco. Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas adressés la parole. Depuis leur rupture, pour être précise. Ils évitaient tout contact et lorsqu'ils se retrouvaient dans la même pièce, ils s'ignoraient mutuellement.
Même après tout ce temps, elle n'avait toujours pas digéré ce qui s'était passé entre eux. Malgré qu'elle soit passée à autre chose et qu'elle ait trouvé l'amour dans les bras de Blaise, l'amertume ne la quittait jamais. Daphné n'était pas du genre à pardonner. Rien n'était pire que la trahison pour elle.
Apprendre que Draco et Weasley allaient en rencard ensemble la mettait dans un état de rage inexplicable. De toutes les filles de cette école, il avait fallu que cela tombe sur elle. Cette petite peste arrogante, incapable de se plier aux règles établies.
« Tu es prête, Daphné ? » appela Tracey, à ses côtés, la sortant de ses pensées. « Je crois que c'est ton tour. »
Daphné se tourna vers sa meilleure amie, lui adressant un sourire éclatant, prête à apparaître une nouvelle fois sous son meilleur jour.
Après tout, un véritable loup ne se souciait guère de l'opinion de moutons sans intérêt.
/
« Franchement, on a fait des choses bizarres ces dernières années mais celle-ci les surpasse toutes. » commenta Pansy Parkinson d'une voix ennuyée.
Elle jeta un regard à sa montre.
« Je dois partir à quatre heures, je vous préviens. » poursuivit-elle.
« Arrête d'être aussi négative, tu vas pourrir les ondes. » répliqua Millicent.
« Ça ne fonctionne pas avec des ondes. » répondit Tracey d'un ton las.
« Est-ce qu'on peut s'y mettre ? » commença à geindre Pansy.
« Pour l'amour de Salazar, si tu n'es pas contente, prend la porte, Pansy. » s'exclama Daphné, profondément agacée.
« Je suis tentée, crois-moi. » répliqua Pansy.
« Non. Plus on est, mieux c'est. » rappela Tracey d'une voix ferme. « Maintenant, pouvez-vous vous taire pendant deux minutes pendant que j'essaie de me concentrer ? »
Tracey haussait rarement la voix et ses amies lui jetèrent des regards surpris. Elles gardèrent toutefois le silence.
Elles se trouvaient dans une salle de cours inutilisée du troisième étage, fermée à clefs pour l'occasion. Elles avaient poussé tous les sièges et les tables près des murs puis avaient installé des coussins de fortune au milieu de la pièce, de façon à former un cercle. Elles avaient passé quarante-cinq minutes à nettoyer la pièce, pour qu'elle soit assez propre au goût de Tracey.
« Formez un cercle. » ordonna Tracey.
Elles s'exécutèrent.
« Millie, le chaudron ? » demanda Tracey.
Millicent ouvrit son sac qui avait fait l'objet d'un sort d'extension, et en extirpa un chaudron avant de le poser sur le sol, au milieu du cercle qu'elles venaient de former.
« Daphné, les ingrédients. » poursuivit Tracey.
Daphné vida un sac à l'intérieur du chaudron et Tracey agita sa baguette pour créer du feu et enflammer le fond.
« Pansy ? » dit ensuite Tracey, se tournant vers son amie.
« J'ai réussi à l'avoir pendant la séance photo. J'ai piqué sa brosse à cheveux. » informa Pansy d'un ton espiègle.
Pansy déroula une feuille de parchemin et le tendit à Tracey. A l'intérieur, s'y trouvait une longue mèche de cheveu d'un rouge intense. Aux pieds de Tracey, un vieux carnet aux coins endommagés était ouvert. Elle tourna lentement les pages, prenant le soin de ne pas déchirer le vieux papier fragile. Sur les pages, on apercevait des inscriptions, des gribouillis et des croquis maladroits. Elle tomba sur une page où une poupée grossière avait été dessinée et à côté de laquelle on avait inscrit le mot ''Ubiquité''. L'écriture de sa grand-mère.
Tracey tira de son sac un objet identique au croquis. Des ficelles et des branches d'arbres avaient été attachées ensemble pour imiter le corps d'une personne. Une tête ronde, des bras ballants et deux jambes grossières. Elle prit précautionneusement la mèche de cheveux et entoura la tête de la poupée avec. Elle tendit ensuite la main vers sa propre chevelure et tira une mèche avant de l'enrouler également sur la poupée.
Sous les regards perplexes des autres, elle jeta la poupée dans le chaudron, qui produisit une fumée pourpre.
« Fermez-les yeux. » ordonna Tracey.
Elle inspira longuement, tentant de faire le vide dans sa tête.
« J'appelle les esprits de mes ancêtres, femmes d'Obeah, maîtresses des mers et des océans déchai… » commença-t-elle à réciter.
Un gloussement se fit entendre et Tracey ouvrit les yeux, déconcentrée. Elle vit Millicent et Pansy, les paumes plaquées sur la bouche, tentant visiblement de ne pas rire. La tentative fut un échec. Quelques secondes plus tard, elles explosèrent de rire.
« P...p…ardon. » s'excusa Millicent en hoquetant. « C…C…est j…juste trop drôle. »
« Ohhh princesses mal-baisées du lac, calmar géant en string, écoutez ma voix, noyez cette poupée. » imita Pansy en pouffant bruyamment.
Immédiatement, elles retombèrent dans l'hilarité, les larmes aux yeux, visiblement incapables de se retenir. Tracey pinça les lèvres, profondément agacée par leur attitude.
Soudainement, on entendit un Bang bruyant contre le mur et leurs rires s'arrêtèrent instantanément.
« C'était quoi ça ? » demanda Millicent, apeurée.
On entendit de nouveau des bruits, plus faibles et saccadés cette fois. Ils semblaient provenir des murs autour d'elles. C'était comme si quelqu'un tapait frénétiquement contre les murs pour essayer d'en sortir.
« Les esprits. » répondit Tracey d'une voix mystérieuse.
« Arrête tes conneries. » s'exclama Pansy, qui avait perdu son air goguenard.
Elle jetait des regards méfiants tout autour d'elle, l'air effrayé.
« Vous êtes en train de les contrarier. » poursuivit Tracey, la voix grave.
Les coups contre les murs devinrent plus intenses, faisant presque trembler le sol sur lequel elles étaient assises. Les tables et les sièges qu'elles avaient poussé contre les murs oscillaient, comme sous l'effet d'un tremblement de terre.
« Je suis désolée, je ne voulais pas me moquer. » balbutia Pansy, épouvantée.
« Fermez les yeux, je vais essayer de les contenir. » prévint Tracey.
Immédiatement, Millicent et Pansy fermèrent les yeux, le corps tremblant. Tracey jeta un regard vers Daphné, réprimant un rire. Daphné lui adressa un clin d'œil avant de ranger sa baguette qu'elle avait discrètement sorti pour ensorceler les murs.
Tracey ferma de nouveau les yeux, et tenta de faire le vide dans son esprit.
« Maîtresses des mers et des océans déchainées. J'appelle à la mer, la lune, le sang, la terre, la sueur, la mort. » poursuivit-elle.
C'étaient les mots que lui avaient appris sa grand-mère dans sa jeunesse, lorsqu'elle vivait encore dans son île. Sa grand-mère avait expérimenté des formes de magie plus anciennes, plus brutes. Ces traditions lui avait été transmises par ses propres ancêtres, au fil des générations. L'Obeah était une forme de magie ancestrale. On l'associait généralement à de la magie noire et peu osaient l'utiliser, même dans son île. On disait que mal utilisée, elle rendait fou. Contrairement à la magie traditionnelle, elle faisait appel au spirituel et son culte se basait sur des aspects tels que la vénération des ancêtres, la divination, la possession de l'esprit ou encore le sacrifice animal.
Les mots qu'elles prononçait n'étaient pas une incantation ni une formule magique. Chaque fois qu'un sorcier pratiquait l'Obéah, il entrait dans une dimension dangereuse et alternative de la magie. En prononçant ses mots, elle montrait son respect et espérait ne pas rester coincée dans les profondeurs de son propre subconscient.
Évidemment, elle ne s'attendait pas à ce que Pansy et Millie comprennent, ni qu'elles montrent une once de respect envers les cultes de son île. Ses origines avaient toujours fait l'œuvre de moqueries dissimulées et d'un dédain évident. Aujourd'hui toutefois, elles assisteraient à toutes les capacités de ses dons.
Tracey rouvrit ses yeux lentement. Dans le chaudron, une fumée d'un noir opaque s'échappait, laissant dans l'air une odeur de cendres brûlées. Tracey agita sa baguette sous le chaudron pour éteindre le feu.
« Est-ce que ça a marché ? » demanda Daphné en l'observant avec attention.
« Qu'est-ce qui est supposé se passer ? » questionna Pansy en fronçant les sourcils.
« J'ai vraiment l'impression d'être en train de tripper. » commenta Millicent, les yeux écarquillés.
Tracey ne répondit pas. Elle plongea sa main dans le chaudron et attrapa la poupée qui flottait à la surface. Délicatement, elle passa ses doigts sur l'objet. Au lieu de sentir le bois rêche des branches et des ficelles, ses doigts entrèrent en contact avec une surface lisse et douce semblable à de la peau humaine.
« Ça a fonctionné. » confirma-t-elle avec excitation.
Elle brandit alors la poupée ensorcelée devant ses amies, inclinant sa tête sur le côté, l'air espiègle.
« Qui veut s'amuser avec Weasley ? »
End Notes:
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !
A très vite pour la suite,
Fearless
Touch you Where it Hurts by FearlessUntamed
Author's Notes:
Encore merci à Wapa et nine pour vos reviews :)
Et un énorme merci à ma bêta Polka60 pour la correction de ce chapitre !
VIII. Touch You Where It Hurts
« Hermione, tu écoutes ce que je te dis ? » interrogea une voix à ses côtés, la sortant de sa léthargie.
Elle vit une plume s'agiter devant son visage puis lui chatouiller le nez. Elle fronça le nez et recula sur sa chaise, l'air hébété. Harry Potter l'observait avec curiosité.
« Tout va bien ? Tu as l'air bien soucieuse. Ça ne te ressemble pas. » fit remarquer Harry.
« Tout va bien. » assura Hermione, en rougissant.
Qu'aurait pensé Harry s'il avait su la vraie raison de sa distraction ? Que dirait-il s'il apprennait qu'elle pensait à son oncle, et accessoirement son professeur de DFCM, de vingt ans de plus qu'elle ?
Quelques instants plus tôt, le professeur Black était passé devant elle, lui adressant ce sourire avenant dont il avait le secret et elle avait senti les battements de son cœur s'accélérer violemment dans sa poitrine. Ses pensées avaient commencé à errer vers des idées totalement folles.
Pourquoi ressentait-elle ces émotions pour lui ? Elle était tellement stupide. Elle avait l'impression de sur-analyser chacune des paroles et des gestes qu'il avait à son encontre puis s'inventer des scénarios improbables.
C'était un homme séduisant, accompli, expérimenté. Il était ridicule de penser qu'il pourrait ne serait-ce que s'intéresser à elle. Et c'était juste… immoral. Malgré tout, quelque chose en elle était attiré par l'interdit qu'il représentait. Il était mystérieux, ténébreux, et Merlin si inatteignable.
« Dis-moi, Harry. » commença Hermione d'une voix qu'elle tenta de rendre neutre. « Qu'est-ce que ça te fait d'avoir ton parrain comme professeur ? Ce n'est pas étrange ? »
Harry sourit de toutes ses dents.
« Tu rigoles ? C'est génial ! Et Sirius est tellement cool. Mes parents pensent qu'il est incapable d'avoir de l'autorité avec moi, ce qui n'est pas faux, d'ailleurs. »
« Alors tu le décrirais comme ''cool'' avec tout le monde ? » interrogea Hermione en fronçant les sourcils.
Elle se faisait donc probablement des films au sujet des attitudes de Sirius à son égard. Il était sans doute familier avec tout le monde, mais, trop absorbée par son béguin ridicule d'adolescente, elle ne l'avait pas réalisé. Elle se décevait. Elle qui était habituellement si intelligente et observatrice.
« Pas vraiment, à vrai dire. Avec les inconnus et les gens qu'il ne connaît pas, il est assez distant et même un peu froid. Avec ses proches, il est tout le contraire. » répondit Harry, l'air pensif. « Pourquoi ? »
« Je suis juste curieuse. » s'empressa de répondre Hermione. « Je crois que je me sentirai bizarre, si j'étais dans ta situation. »
« Hermignonne, j'oublie que tu es tellement formelle parfois. » se moqua-t-il.
« C'est ta manière de dire que je suis coincée ? » demanda-t-elle d'un ton outré.
Il ne répondit pas immédiatement et elle lui asséna une tape sur le bras. Il ricana en se frottant le bras.
« Au fait, je rentre à Godric's Hollow dans trois semaines pour le weekend. C'est l'anniversaire de Maisie. Elle va avoir onze ans. »
Tous les derniers weekends du mois, les élèves étaient autorisés à rentrer chez eux.
« Wow, déjà ? Elle grandit tellement vite. » répondit Hermione avec surprise.
« Je sais, c'est fou. Et elle devient chaque jour un peu plus irritante. » ajouta Harry avec un rire.
« Tu ne devrais pas parler de ta petite sœur ainsi, Harry ! » s'exclama Hermione d'un ton réprobateur.
« Oh ça va, Hermione. Elle m'a dit qu'elle était contente que ça soit ma dernière année car elle ne veut pas que je sois encore à Poudlard quand elle entrera en première année. » dit-il en secouant la tête.
« Elle a toujours la langue bien pendue, à ce que je vois. »
« Un petit monstre d'un mètre trente. » assura Harry en secouant la tête. « Maman m'a demandé de t'inviter. Je ne sais pas si tu comptais retourner chez toi, mais… »
« Probablement pas. » répondit immédiatement Hermione en haussant les épaules.
« Génial. Tu pourras passer le weekend à la maison. Maman a fini par comprendre qu'il n'y avait que de l'amitié entre toi et moi. » ajouta-t-il avec une grimace. « Et que tu n'étais pas mon genre. »
Hermione remarqua immédiatement la teinte rouge qu'avaient prises les oreilles d'Harry.
« Harry…Tu…Tu lui as dit ? » demanda-t-elle à voix basse, ouvrant de grands yeux.
Il secoua vivement la tête.
« Le dernier jour des vacances, mon voisin est venu pour une partie de Quidditch. Nous sommes montés dans ma chambre pendant l'après-midi. Elle est entrée sans prévenir et…Tu devines le reste. » dit-il, en évitant son regard.
Un long silence s'installa pendant lequel Hermione hésita à intervenir.
« Qu'est-ce qu'elle a dit ? Vous en avez parlé ? » demanda-t-elle finalement.
« Non, elle est restée silencieuse pendant le reste de la soirée. » admit Harry en soupirant. « Et le lendemain, avec le départ pour Poudlard, nous n'avons pas abordé le sujet. Elle a laissé mon père m'accompagner à King's Cross. »
En d'autres circonstances, ce détail aurait pu paraître anodin. Hermione savait toutefois que c'était loin d'être le cas. Lily Potter avait toujours insisté pour accompagner son fils jusqu'au Poudlard Express, le jour de la rentrée. Il s'agissait d'une tradition pour eux. Elle était une mère dévouée, parfois même un peu trop selon Harry. L'air blessé qu'elle discerna dans les yeux verts de son ami lui brisa le cœur.
« Vous n'avez pas parlé depuis ? » interrogea Hermione.
« Des lettres superficielles où elle me raconte la vie à la maison, mais elle n'a fait aucune allusion à ce qu'il s'est passé. »
« Peut-être que tu devrais en parler en premier ? » suggéra Hermione.
« Et dire quoi ? ''Chère Maman, je t'écris pour te confirmer que j'aime les garçons'' ? » demanda Harry d'un ton plein d'amertume.
« Harry, je suis certaine que… » commença Hermione d'une voix douce, posant une main réconfortante sur l'épaule de son ami.
« Arrête Hermione, s'il-te-plait. » plaida-t-il.
Hermione savait que son ami détestait qu'on le prenne en pitié ou qu'on se lamente sur son sort. L'homosexualité d'Harry avait toujours été un sujet qu'il avait du mal à aborder. Il ne lui avait jamais avoué qu'il aimait les garçons, elle l'avait simplement deviné, deux ans auparavant et il avait fini par lui confirmer. Personne n'était au courant mise à part Hermione et les quelques garçons qu'Harry avait fréquenté, toujours en dehors de Poudlard. Il craignait la réaction de ses proches, et en particulier de son père.
« Ce sera la première fois que je la revois depuis ce jour. » ajouta Harry en lâchant un soupir à fendre l'âme.
« Je viendrai avec toi. » assura Hermione d'une voix rassurante.
Elle savait que ce serait difficile et probablement délicat pour Harry. Elle voulait être certaine de pouvoir lui apporter du soutien.
« Merci, Hermione. »
« Pas de quoi. Tu as terminé ton devoir de DCFM ? » demanda-t-elle.
Harry secoua la tête, retrouvant son air enjoué.
« Je t'ai dit qu'il y avait des avantages à ce que mon parrain soit mon nouveau prof de DCFM, non ? » interrogea-t-il, l'air espiègle.
« Harry ! » s'exclama Hermione d'une voix sévère tandis qu'il s'esclaffait bruyamment.
Le lendemain, aux alentours de huit heures, elle se dirigea de nouveau vers le bureau du Professeur Black. Cette fois, lorsqu'elle tapa contre la porte, ce fut d'un geste plus confiant.
Il ouvrit la porte et encore une fois, elle fut soufflée par le charisme et la beauté bruts qu'il dégageait. Il sourit en la voyant et l'invita à entrer dans le bureau.
« Vous êtes certaine que cela ne vous dérange pas ? J'imagine que vous aviez beaucoup mieux à faire un vendredi soir que d'organiser des cours supplémentaires de Défense Contre les Forces du Mal. » dit-il avec son rire grave, la tête rejetée en arrière
Elle secoua la tête, amusée. Cette fois, elle n'attendit pas qu'il le lui demande pour aller s'installer sur le canapé.
« Vous voulez reprendre là où nous nous étions arrêtés ? » demanda-t-elle en extirpant le parchemin où elle avait reporté le compte rendu de leur session précédente.
« Vous êtes tellement sérieuse, Miss Granger. Je me sens coupable alors que je suis supposé être le professeur. » ajouta-t-il, l'air rieur.
Elle n'avait jamais remarqué les rides au coin de ses yeux lorsqu'il était amusé. Tout chez lui était tellement… attirant. Lorsqu'il s'installa à côté d'elle et que son parfum intense lui chatouilla de nouveau les narines, elle se sentit défaillir. Elle s'efforça de garder son attention rivée sur son parchemin. Sa tentative fut un échec total. Presque aussitôt, son esprit commença à essayer de reconnaître les notes de son parfum. Elle distingua à peine ses paroles lorsqu'il entama des explications.
« Miss Granger, vous allez bien ? » demanda-t-il soudainement, posant sa main sur son bras.
Elle leva les yeux et croisa son regard dans lequel elle pouvait distinguer une lueur inquiète. Puis, réalisant que sa main était en contact avec sa peau, elle se figea sur place. Ses doigts étaient chauds et elle se sentit frissonner.
« Je...je… » commença-t-elle à balbutier, incapable de sortir une phrase cohérente.
« Vous n'avez pas l'air dans votre assiette, ce soir. Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que vous sembliez distraite, pendant le dîner, tout à l'heure. » ajouta-t-il.
L'avait-il vraiment observée pendant le dîner ? Elle commença à se sentir mal à l'aise, ne sachant pas comment gérer les différentes émotions qui la parcouraient actuellement. La main du professeur Black était toujours sur son bras.
« Vous…Vous avez raison. » parvint-elle finalement à articuler. « Je…je crois que je suis souffrante. Je devrais rentrer me reposer. »
Elle se releva précipitamment, se dégageant de sa poigne et rangea ses affaires d'un geste hâtif avant de se diriger vers la sortie, et quitter la pièce.
/
Cela faisait des lustres que Ginny Weasley n'avait pas eu de rencard. Dans son ancienne école, elle avait été plébiscitée auprès des garçons mais la plupart avait rapidement abandonné l'idée de l'inviter à sortir, la jugeant un peu trop agressive et conflictuelle. Elle n'était pas du genre à se laisser faire, et grandir avec six frères avait forcé Ginny à être batailleuse pour se faire respecter par sa fratrie.
L'idée de passer l'après-midi avec Draco Malfoy, un garçon d'une arrogance impressionnante, était désespérante. Allaient-ils s'entretuer au bout de cinq minutes ? Rien n'était moins sûr.
Ginny n'arrivait pas à croire qu'elle était tombée dans son chantage stupide. Lorsqu'elle était venue l'aborder pour lui signifier qu'elle acceptait finalement son rendez-vous, il avait affiché cette espèce de rictus rempli d'arrogance et elle avait dû faire preuve de toute sa maîtrise d'elle-même pour ne pas l'étriper sur place. Elle avait sa fierté après tout, et réaliser qu'elle se vendait pour obtenir des informations sur les Quatre de la part de Malfoy, était déprimante.
Ron avait affiché un air surpris lorsqu'elle lui avait parlé du rendez-vous.
« Ce n'est pas le type dont tu n'arrêtes pas de parler ? Celui qui t'horripile ? » l'avait interrogé Ron, confus.
« Je ne parle pas sans arrêt de lui. » avait immédiatement répliqué Ginny, les joues en feu.
Elle avait toutefois dû en rester là. Ron ne savait rien de son plan pour saboter les Quatre et elle ne souhaitait pas le mettre dans une situation délicate par rapport à leur mère. Il était supposé la surveiller et s'assurer qu'elle reste hors des ennuis.
« Je veux que tu sois de retour avant huit heures. » lança Ron d'une voix aiguë, imitant la voix de leur mère.
Ginny utilisa son majeur pour lui faire un signe particulièrement vulgaire, ce qui sembla redoubler l'hilarité de son frère.
« Je serai aussi dans le coin, si jamais il y a besoin. Harry et moi allons boire une bière après l'entraînement. » l'informa-t-il.
« C'est mignon que tu t'inquiètes pour moi, petit frère. » lança Ginny avec ironie.
« Ce n'est pas pour toi que je m'inquiète mais pour ce type. » répliqua Ron. « Il ne sait pas quelle furie tu es. »
Ginny lui jeta un morceau de pain entamé à la figure, mais il l'attrapa sans difficulté grâce à ses réflexes de gardien.
« Je te hais. » clama-t-elle.
« Je t'aime aussi, G. » lança Ron, l'air goguenard.
Ginny lui tira la langue puis quitta la salle commune de Gryffondor. Quelques minutes plus tard, elle se retrouva devant les portes menant à l'extérieur. Elle reconnut immédiatement Draco près de la sortie.
« Ginevra. » héla-t-il
Pour une raison obscure, il insistait pour l'appeler par son nom complet. Probablement pour l'irriter davantage.
« Malfoy. » répondit-elle d'un ton neutre.
Il l'observa quelques secondes, comme s'il jaugeait son apparence.
« Encore un commentaire agréable à faire au sujet de mon apparence ? » demanda-t-elle en levant les yeux au ciel.
Elle avait enfilé un jean, un t-shirt blanc à col V et revêtu sa veste en cuir favorite par-dessus. Rien ne valait le confort. Et puis ce n'était pas comme si elle prenait ce fichu rendez-vous au sérieux. Elle n'allait pas faire ce plaisir à Malfoy.
« Tu es paranoïaque, Ginevra. » affirma-t-il en secouant la tête. « Faisons un marché. Je ne te ferai pas de remarques désobligeantes et tu ne seras pas autant sur la défensive. »
Elle hésita quelques secondes. Son marché lui paraissait juste. Le problème était qu'elle ne lui faisait pas du tout confiance. Elle décréta cependant qu'elle ferait un effort pour mettre sa paranoïa de côté. Du moins pour l'après-midi.
« Si tu veux. » dit-elle en haussant les sourcils, feignant l'indifférence. « Où va-t-on ? »
« C'est une surprise. Il faut qu'on marche jusqu'à Pré-au-Lard pour pouvoir transplaner. Je pense que tu vas aimer ce que je te réserve. » assura-t-il.
Elle lui jeta un regard curieux mais hocha la tête. Ils se mirent en marche, longeant le chemin qui menait au village.
« Je ne sais pas beaucoup de choses sur toi, Ginevra. » lança Draco d'un ton curieux.
« Si tu ne passais pas ton temps à m'insulter peut-être que tu aurais appris des choses sur moi, depuis le temps. » répliqua Ginny.
« N'oublie pas notre marché. » rappela Draco.
Elle jura intérieurement. Cela allait être plus difficile que prévu.
« Oui, désolée. » lança-t-elle avec un soupir.
Elle lui parla de manière un peu superficielle de sa vie dans son école précédente, prenant soin d'omettre certains éléments qu'elle ne voulait pas ébruiter.
« Donc pas de petit-ami laissé derrière ? » demanda-t-il, intrigué.
Sa question la laissa un peu désemparée. Elle s'était attendue à ce qu'il creuse davantage sur les raisons pour lesquelles elle avait quitté son école. Mais non, il voulait savoir si elle avait un petit-ami.
« Non, juste un ex un peu taré. » répondit-elle, arborant un air mystérieux.
L'air déconcerté que le visage de Draco afficha la fit éclater de rire.
« C'était une blague, Malfoy. » dit-elle, l'air goguenard. « Détends-toi. »
Il parut amusé lorsqu'elle lui avoua qu'elle plaisantait.
« Et pour être honnête, l'ex un peu tarée, c'était moi. » ajouta-t-elle d'un ton espiègle.
Cette fois ce fut au tour de Draco de rire. Immédiatement, l'atmosphère sembla un peu plus détendue et ils parvinrent même à avoir une conversation normale. Draco parla un peu de lui, également.
Il était fils unique et avait été élevé dans un milieu particulièrement privilégié. Ils avaient toutefois des points en commun. Comme elle, Draco était féru de Quidditch. Il était également un grand fan des Bizzar' Sisters. Il semblait aussi avoir des relations tendues avec l'un de ses parents. Apparemment, son père était un homme exigeant, très attaché aux apparences et à la réussite sociale.
Elle fut surprise qu'il soit aussi transparent. Elle fut encore plus surprise de réaliser qu'elle avait peu de réserves à lui parler de sa propre relation avec sa mère, parfois compliquée.
« Je suis différente de mes frères et je crois qu'elle aimerait que je sois comme eux. J'ai toujours l'impression d'être le vilain petit canard, dans ma famille. » admit-elle.
Elle fut surprise lorsqu'ils atteignirent la pancarte qui affichait l'inscription Pré-Au-Lard. Elle avait perdu la notion du temps pendant leur conversation.
« Je vais transplaner, attrape mon bras. » proposa-t-il en l'invitant à prendre sa main.
Elle encercla le poignet de Draco avec ses doigts. Immédiatement, le paysage qui les entourait disparut et elle fut secouée par un tournis qui lui donna la nausée. Quelques secondes plus tard, ses pieds touchaient de nouveau la terre ferme. Elle lança un regard circulaire aux alentours, tentant de reconnaître l'endroit. Ils se trouvaient devant ce qui semblait être un terrain vague, complètement désert.
« Malfoy, tu réalises qu'il n'y a rien, ici ? » interrogea Ginny avec dédain.
Draco arbora un sourire pour seule réponse et il lui signifia d'un geste de la tête de le suivre. Perplexe, elle s'engagea à sa suite. Draco sembla chercher quelque chose dans sa poche et il en sortit ce qui ressemblait vaguement à deux pièces de monnaie. Les pièces étaient toutefois plus épaisses que des vraies gallions. Il les lança ensuite dans l'air et elle l'observa avec perplexité, se demandant s'il avait perdu la tête.
Avant qu'elle ne puisse faire le moindre commentaire, elle remarqua que les pièces n'étaient pas retombées au sol mais qu'elles avaient disparu dans les airs. Quelques secondes plus tard, un brouillard épais apparut, semblable aux champs magnétiques que formaient les sorts de protections parfois érigés autour des bâtiments sorciers, pour les dissimuler aux yeux des Moldus.
« Viens. » ordonna Draco en s'approchant du portail transparent.
Il passa à travers et disparut de sa vue. Estomaquée, elle s'empressa de le suivre et écarquilla les yeux de surprise. Le terrain vague avait disparu, laissant place à ce qui semblait être des ruines. On apercevait des vieux bâtiments à moitié détruits, dans lesquels des gradins avaient été improvisés. Des centaines de personnes y étaient installés, brandissant des pancartes et des drapeaux tout en hurlant avec excitation.
« Par ici. » indiqua Draco en pointant du doigt l'entrée d'un des bâtiments en ruine.
« C'est quoi, cet endroit ? » demanda Ginny, fascinée.
« Ton nouveau passe-temps favori. » assura-t-il.
Ils s'engagèrent dans un escalier étroit, construit à partir de vieux débris de métal empilés les uns sur les autres. Ils arrivèrent sur une estrade surélevée où se trouvait une rangée de gradins et Draco la mena sur la première rangée. Ainsi en hauteur, elle avait une nouvelle perception de son environnement. L'endroit ressemblait vaguement à un stade. Lorsqu'elle observa avec plus d'attention, elle réalisa qu'il s'agissait en fait d'un parcours. Une ligne blanche avait été tracée sur le sol en terre rougeâtre et deux drapeaux flottaient dans les airs, à chaque extrémité de la ligne.
« Tu vas assister à une course. » lui annonça fièrement Draco, avec un sourire au coin des lèvres.
Avant qu'elle ne puisse demander davantage d'explications, un vrombissement sonore retentit, semblable aux barrissements d'une horde d'éléphants, faisant trembler les constructions fragiles du stade improvisé. Elle se retint à la barre en fer devant elle, peu rassurée. Puis, une bourrasque lui frôla le visage et elle tourna la tête, sur le qui-vive. Elle aperçut des dizaines de personnes, perchés sur des balais. A leur apparition, la foule sembla redoubler d'excitation, et commença à hurler des noms à pleins poumons.
« Ce sont les participants de la course. » indiqua Draco en les pointant du doigt. « Le but du jeu est simple, il faut faire treize tours autour du parcours. Celui qui arrive le premier gagne la course. »
« C'est donc une course de rapidité ? » demanda-t-elle.
« Oui, mais pas seulement. Il y a des obstacles tout au long du parcours pour rendre la tâche plus difficile. » poursuivit Draco. « Tu verras. »
« Amateurs de sensations fortes, cavaliers survoltés, bienvenue à une nouvelle édition du Parcours de la Mort. Aujourd'hui, je vous promets du dégât, de la brutalité extrême ainsi qu'une petite surprise qui devrait ravir les spectateurs. » s'éleva soudainement une voix grave, résonnant dans toutes les ruines.
Ginny tourna la tête en direction du bâtiment adjacent, où un sorcier était installé sur un trône de fortune, la baguette rivée sur sa nuque.
« Quinze joueurs s'affrontent aujourd'hui pour remporter le grand prix d'une valeur de 1300 gallions. » continua la voix du commentateur. « Je vous rappelle la seule règle de notre jeu. L'usage de la magie directe est interdit et disqualifiable immédiatement. »
« Qu'est-ce que ça signifie ? » demanda Ginny en élevant la voix pour que Draco puisse l'entendre au milieu des cris provenant des gradins.
« Les joueurs n'ont pas le droit d'utiliser leurs baguettes pour produire de la magie. Ils peuvent seulement utiliser la magie qu'offre le parcours. Ce n'est pas seulement un jeu de rapidité et d'adresse, il faut aussi faire preuve de réflexion et de stratégie. » expliqua Draco en se penchant vers son oreille pour se faire entendre.
« Tous les joueurs, sur la ligne de départ. » ordonna le commentateur. « Trois, deux, un… EN VOL ! »
Immédiatement, tous les sorciers sur les balais foncèrent pour commencer le parcours. Quelques secondes plus tard, on entendit un bruit strident et Ginny remarqua que l'une des tours improvisées du parcours venait de s'ouvrir en deux. Elle vit ensuite des objets sortir de la tour et se diriger à toute vitesse en direction des joueurs. En plissant les yeux, elle reconnut des créatures ailées qui lui parurent familières.
« Des chauves-furies. » lança Draco, confirmant ses doutes.
Médusée, Ginny observa les joueurs commencer à faire des zigzags dans les airs pour éviter d'être touchés par les créatures. L'un d'eux, un homme à la silhouette robuste portant un masque sur l'intégralité de son visage, ne fut pas assez rapide. Il fut attaqué par une horde de chauves-furies et perdit de l'altitude. Il leva une main, tentant de les repousser mais sans succès. Son balai commença une chute dangereuse en direction du sol. Ginny laissa échapper un cri choqué lorsque le balai du joueur s'encastra dans les ruines.
« Et un de moins ! » clama le commentateur d'une voix enjouée. « Neuf secondes ! C'est tellement mauvais. Nous avons probablement atteint un record. »
Des hurlements de rires se firent entendre dans les gradins. Le public huait l'homme sans pitié, ne semblant pas se soucier de son sort.
« Un amateur. » ricana Draco.
« Il va bien ? » demanda Ginny.
Draco haussa les épaules.
« Aucune idée. » répondit-il, visiblement indifférent.
Le reste du public semblait partager son sentiment car ils avaient déjà commencé à hurler des encouragements en direction des autres joueurs.
Lorsque Draco lui avait expliqué les règles dans les grandes lignes, elle s'était attendue à une course de rapidité, sans grand intérêt. Les minutes suivantes lui prouvèrent qu'elle s'était trompée sur toute la ligne. Tout au long du parcours, des obstacles intervenaient pour empêcher les joueurs de progresser. Des gaz somnifères, des flèches empoisonnées sortant de nulle part ou encore des blocs de glace et de granit lancés dans leur direction. Elle comprit pourquoi Draco avait parlé de stratégie. Non seulement les joueurs devaient éviter les pièges érigés autour d'eux, mais ils devaient également pousser leurs concurrents à tomber dans ces derniers.
Ginny observa avec fascination l'une des joueuses effectuer un croc-en-manche sur l'un de ses rivaux. Elle attrapa le manche de son balai, le forçant soudainement à changer de cap. Le rival n'eut pas le temps d'éviter le cognard ensorcelé qui le frappa de plein fouet, le faisant s'écraser dans l'une des tours.
A ses côtés, Draco siffla des encouragements en direction de la joueuse qui reprit sa course effrénée pour compléter son tour du parcours. Au huitième tour, la moitié des joueurs avaient été mis hors-concours.
« Ils ne restent plus que les pros. » l'informa Draco. « En général les amateurs dépassent rarement le septième tour. »
En effet, à chaque nouveau tour, la difficulté semblait s'accroître et les obstacles devenaient de plus en plus violents et compliqués à gérer. Une fois qu'elle eut compris tout l'intérêt du jeu, Ginny se surprit à hurler avec excitation, tout aussi fort que le reste du public.
Elle avait déjà une joueuse préférée, celle qui avait réalisé le croc-en-manche. Pendant le sixième tour, cette dernière s'était rapprochée de leurs gradins pour éviter les sorts cuisants de sorciers postés sur des chevaux ailées. Ginny avait alors eu tout le loisir de l'observer pendant quelques secondes. La joueuse était une jeune femme asiatique, avec de longs cheveux noirs attachés en une queue de cheval dont la pointe avait été coloré en un bleu cyan pétant. Elle portait une combinaison bleue très ajustée. Ginny fut impressionnée par son aisance dans les airs et la facilité avec laquelle elle effectuait des figures complexes.
« Cette fille est géniale ! » hurla-t-elle à l'attention de Draco.
« C'est Cho. » lui apprit Draco. « Une vraie tueuse. Elle a déjà gagné deux ceintures cette année. »
« Elle a l'air tellement jeune ! » commenta Ginny, l'air ébahi.
« C'est parce qu'elle l'est. Elle à peine plus âgée que nous. Elle était à Poudlard, elle aussi. » l'informa Draco.
Ginny observa Cho avec fascination tandis qu'elle évoluait visiblement dans son élément. Elle éprouva un pincement au cœur en réalisant qu'elle avait manqué sa chance de jouer au Quidditch à Poudlard.
« Plus que deux compétiteurs dans notre course effrénée pour la victoire. Nous entamons le treizième tour. Je vous avais promis du sensationnel, du spécial, de l'excitant, n'est-ce pas ? » s'exclama le commentateur d'une voix puissante.
On entendit des exclamations excitées parmi la foule.
« Pour notre ultime tour, nos champions devront lutter contre le Roi des Airs. » indiqua le commentateur d'une voix mystérieuse. « Pour plus de sécurité, un sortilège de protection est actuellement érigé par nos spécialistes pour protéger le public de la Terreur qui va entrer sur le terrain. »
Tout le monde dans le public commença à s'observer avec appréhension, s'interrogeant sur le prochain obstacle que devraient affronter les joueurs.
Un champ magnétique s'éleva autour des gradins, face aux spectateurs. Soudainement, on entendit un grondement puissant.
« Regardez, au sol ! » s'exclama quelqu'un dans le public.
Ginny se pencha au-dessus de la rampe et vit le sol en terre trembler légèrement. Le sol sembla se fendre en deux au milieu du parcours et elle aperçut une figure immense sortir lentement du sol. Elle ouvrit la bouche, choquée lorsqu'elle reconnut de quoi il s'agissait.
« Mesdames et messieurs, admirez la Terreur des Airs ! » hurla le commentateur.
« Un dragon ? » demanda Ginny, apeurée. « C'est complètement fou. »
« Un cornelongue roumain. » informa Draco, interloqué. « C'est l'une des races les plus dangereuses. »
Ginny observa le dragon déplier ses ailes robustes. Sa peau était remplie d'écailles vertes et deux massives cornes ornaient les côtés de sa tête. Ginny se sentit un peu nauséeuse en réalisant que les joueurs devraient essayer affronter le dragon pour remporter la course.
« Enfin ! Cho et Alex, nos deux derniers compétiteurs, viennent de franchir la ligne et terminer leur douzième tour ! Dernière ligne droite. Va-t-on nous servir un champion grillé pour le dîner ce soir ? » se moqua le commentateur.
Dans le public, des rires gras se firent entendre. Avec appréhension, Ginny observa le dragon commencer à prendre de l'envol lentement, comme s'il se réveillait après une longue sieste.
« Vous serez ravis d'entendre que notre ami n'a pas encore mangé son dîner. » déclara le commentateur, hilare.
« Il ne peut pas leur faire du mal, n'est-ce pas ? » demanda Ginny à l'attention de Draco, mal à l'aise. « Ils font ça pour le spectacle, pas vrai ? »
« C'est un champ libre, ici. Les blessures sont réelles. » répondit Draco, son attention rivée sur les champions qui avaient ralenti leur course, à la vue du dragon.
Ginny les vit s'échanger quelques mots et faire de grands signes de la main.
« Que se passe-t-il ? » dit le commentateur. « Oh oh oh, il semblerait que nos champions soient en train d'établir une stratégie pour passer devant le dragon. Quel esprit d'équipe, du jamais vu dans notre compétition. »
Cho et Alex débutèrent des tours devant le dragon. Ils partaient dans une direction, puis changeait de cap à la dernière minute de façon à créer la confusion du dragon. La créature géante les observait, l'air ennuyé. Soudainement, il ouvrit sa gueule et une flamme géante fut projeté face à eux. Le manche du balai de Cho prit feu soudainement, ce qui la força à perdre de l'altitude.
Immédiatement, l'autre champion fonça en direction du reste du parcours, profitant du malheur de sa rivale.
Le commentateur laissa échapper un rire sarcastique tandis que le public hurlait des encouragements.
« Il semblerait que l'esprit d'équipe ait déjà été mis au placard. Cho est actuellement en difficulté et Alex en profite pour se faire la malle. »
« Quelle enflure. » commenta Ginny, l'air contrarié.
« C'est le jeu. » répondit Draco avec un rire. « Il faut savoir être opportuniste. »
Le dragon ne sembla toutefois pas vouloir laisser le champion s'échapper aussi facilement. Ses ailes se déplièrent cette fois complètement et il s'envola à la suite d'Alex. Ce dernier, remarquant que le dragon était à sa suite, commença à voler en zigzag.
« Alex fonce en direction de la ligne, pour effectuer les derniers cent mètres qui le séparent de l'arrivée. » s'écria le commentateur.
Trop occupé à jeter des regards en arrière pour vérifier où était le dragon, Alex fut surpris par un morceau de roche devant lui tandis qu'il prenait un virage serré. Sous le coup de l'impact, il chuta de son balai, et tomba dans les ruines, probablement inconscient. Ginny ne put pas distinguer où il était tombé à causer des morceaux de métal lui cachant la vue.
« Blaireau ! » hurla quelqu'un dans la foule, provoquant des rires autour de lui.
« C'est un K.O évident pour Alex. Il semblerait que le dragon ait eu raison de nos derniers joueurs… Attendez une seconde. » lança le commentateur. « On dirait que Cho a réussi à éteindre son incendie et qu'elle est de retour dans la course ! »
Des exclamations jaillirent soudainement de la foule, tandis qu'une fusée brune apparaissait de nouveau dans le parcours.
Ginny observa Cho bondir en direction du dragon, un air déterminé sur le visage.
« En voilà une qui ne se laisse pas décourager. Va-t-on assister à un barbecue vivant ? » demanda le commentateur avec sarcasme.
Ginny agrippa de nouveau la rampe, le cœur battant, tandis qu'elle regardait Cho arriver vers le dragon. Ce dernier sembla aussi remarquer la présence de Cho et il cessa de chercher Alex dans les débris, pour se tourner vers elle.
« Va-t-elle vraiment tenter le un-contre-un ? C'est une idée totalement farfelue avec un adversaire de la sorte. » lança le commentateur, en secouant la tête.
Cho s'arrêta à dix mètres du dragon puis commença à faire des cercles avec son balai, sous les regards perplexes de la foule.
« On dirait que sa chute a endommagé son cerveau. » ajouta le commentateur avec un rire moqueur. « Que fait-elle, pour l'amour de Merlin ? »
Les yeux de Ginny s'agrandirent lorsqu'elle comprit ce que Cho était en train d'accomplir. Ses cercles étaient si rapides qu'une mini tornade avait commencé à se générer autour d'elle. Elle continua le mécanisme pendant deux minutes, sous le regard blasé du dragon qui l'observait comme s'il s'agissait d'une souris en train de faire un tour peu amusant. La tornade de Cho s'était agrandie, atteignant désormais plusieurs mètres. Elle avait disparu à l'intérieur.
Soudainement, le dragon sembla s'irriter de son petit manège, et il ouvrit sa gueule proéminente, bombant son torse. Quelques secondes plus tard, une flamme impressionnante sortait de sa gueule en direction de Cho et sa tornade.
On entendit des hurlements de toute part, dans la foule. Même le commentateur resta silencieux, visiblement choqué par la scène.
« Oh Merlin, oh Merlin... » répéta Ginny, les yeux à moitié clos, refusant de regarder la scène.
Quelques instants plus tard, elle entendit des cris excités et le soulagement l'envahit lorsqu'elle en vit la cause. Cho venait d'apparaître au bas de la tornade et avait foncé sous le dragon, rasant le sol. Trop occupé à souffler ses flammes impitoyables sur la tornade, il n'avait pas remarqué son stratagème. Cho franchit les derniers mètres qui la séparaient de la ligne d'arrivée sous les exclamations de toute la foule en délire.
« Cho ! Cho ! Cho ! » entendait-on partout dans les gradins.
« Je crois que le sang a arrêté de circuler dans mon bras, Ginevra. » commenta Draco avec amusement, aux côtés de Ginny.
Elle lui jeta un regard confus et ses joues tournèrent au cramoisi lorsqu'elle se rendit compte qu'elle s'était agrippée à son bras, sans le réaliser. Elle le relâcha, murmurant des excuses inaudibles et il afficha son petit rictus habituel. Oubliant momentanément son embarras, Ginny rejoignit le reste de la foule pour applaudir Cho.
« La performance du siècle, mesdames et messieurs. Du sensationnel, comme vous n'en avez JAMAIS vu ! » hurla le commentateur.
Ginny vit des sorciers jeter des sorts de stupefixion en direction du dragon, probablement pour le calmer.
« Allons-y. » dit soudainement Draco d'un ton empressé. « Ça ne m'étonnerait pas que les Aurors débarquent bientôt. »
Elle fronça les sourcils, sans comprendre, mais le suivit tout de même tandis qu'il l'entrainait à nouveau dans l'escalier en colimaçon étroit pour quitter les gradins. Ils traversèrent une nouvelle fois le champ magnétique et se retrouvèrent sur le terrain vague, aux côtés d'autres spectateurs qui quittaient également les lieux.
Draco attrapa le bras de Ginny et transplana dans un pop sonore. Ils furent de retour à Pré-au-Lard et Ginny dut s'arrêter pendant quelques secondes, à cause du tournis que lui provoquait le transplanage.
« Alors, qu'en as-tu pensé ? » demanda avidement Draco
« C'est le truc le plus fou, excitant, dérangé et cool que j'ai vu dans ma vie. » admit Ginny, pleine d'effervescence.
« J'étais sûr que ça te plairait. » affirma Draco, visiblement amusé par son emballement.
« Je n'ai jamais entendu parler de ce genre de chose, je ne savais pas que ça existait ! »
« C'est un sport clandestin. A vrai dire, c'est totalement illégal et le Ministère cherche régulièrement à démanteler ce réseau. » expliqua Draco.
Elle ne pouvait qu'imaginer pourquoi le ministère voulait mettre un terme à ce genre d'activités. En plus d'être complètement démentes, ces courses étaient d'un danger extrême.
« Il y a régulièrement des blessés sévères. Et il y a tout un réseau de paris souterrains. » expliqua-t-il.
« Cette Cho… Elle était tellement géniale. » s'enthousiasma Ginny. « Elle est assez bonne pour jouer au Quidditch professionnellement. »
« Certains de ces joueurs ont tenté le Quidditch professionnellement mais c'est un milieu très compétitif. Avec les courses, ils sont adulés par une communauté restreinte. Ils sont traités comme des stars. »
« C'était géant, merci Draco. » dit-elle avec sincérité.
Ils se dirigèrent vers un pub appelé les Trois Balais et s'installèrent à une table non loin de l'escalier. Draco commanda deux bièraubeurres et ils passèrent la demi-heure suivante à discuter de la course à laquelle ils avaient assisté.
Même si elle aurait préféré avaler de la morve de limace plutôt que l'avouer, elle passait un moment agréable en compagnie de Draco. Mais elle devait également se souvenir de la raison pour laquelle elle était venue à ce rencard.
« Tu es vraiment sorti avec Greengrass ? » demanda-t-elle de but en blanc après avoir avalé une bouchée de son scone à la crème et à la confiture de framboises.
« Tu n'y vas pas par quatre chemins. » fit remarquer Draco, visiblement amusé.
« Je suis quelqu'un de direct. » répliqua Ginny, sans la moindre gêne. « Alors ? »
« Oui. » répondit-il simplement. « Pendant notre cinquième année. »
« Comment ça s'est terminé ? » interrogea-t-elle avec curiosité.
Il sembla réfléchir.
« Daphné n'est pas une fille facile à vivre. » répondit-il finalement. « On dirait que je suis seulement attiré par les filles qui me donnent du fil à retordre. »
« Comment ça, pas facile à vivre ? Extrapole. » insista Ginny.
« Elle était obsédée par le regard des autres et elle était constamment dans la compétition, même avec moi. C'est le genre de fille qui veut absolument tout contrôler. C'était devenu lassant et un peu toxique, à force. Elle trouvait tous les jours une raison pour me faire une crise. Et j'étais un adolescent stupide, guidé par les hormones, ce qui n'a pas aidé. » déclara Draco en haussant les épaules.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? » interrogea Ginny avec curiosité.
« Lors d'une fête, j'ai un peu trop bu et j'ai laissé une fille m'embrasser. » admit-il d'un ton factuel.
Ginny secoua la tête et leva les yeux au ciel.
« Évidemment, elle l'a su dès le lendemain. Mais ce n'est pas le pire. » ajouta Draco.
« Comment ça ? »
« Elle n'était pas furieuse que j'ai embrassé une autre fille, elle était furieuse qu'il s'agisse d'Astoria, sa demi-sœur, qu'elle déteste cordialement. » répondit Draco. « Après ça, elle a arrêté de m'adresser la parole. »
« C'est compréhensible. Franchement Malfoy, sa propre sœur ? » dit Ginny d'un ton accusateur. « C'est vraiment répugnant de ta part. »
« Je ne veux pas me donner d'excuses mais j'étais complètement ivre et elle s'est jetée sur moi. J'ai juste mis un peu trop de temps à la repousser. C'était une erreur, j'étais jeune et stupide. » admit-il avec un rire.
« Et tu vas prétendre que tu as changé, depuis ? » demanda-t-elle, l'air sceptique. « Si tu crois que ça sera suffisant pour que j'accepte de t'emballer à la fin de ce rencard, tu te fiches le doigt dans l'œil. »
Cette fois, il éclata d'un rire plus franc.
« Non, je ne me fais pas d'illusions. Je sais que ça prendra du temps. » dit-il. « Alors, qu'est-ce que tu veux savoir d'autres sur Daphné et ses amies ? »
Alors que Ginny s'apprêtait à répondre, elle se sentit prise d'un vertige soudain et elle attrapa l'extrémité de la table, pour se retenir. Elle sentit sa vision se brouiller.
« Tout va bien ? » lui demanda Draco.
Sa voix lui parut lointaine. Elle fronça les sourcils et tenta de se concentrer sur les paroles qu'il prononçait. Soudainement, le visage de Draco changea brutalement. Sa complexion pâle devint grisâtre et des trous béants apparurent à la place de sa bouche et de ses yeux. Horrifiée par cette vision effrayante, elle s'enfonça dans son siège. Il ouvrit le trou béant se trouvant à la place de sa bouche et un son guttural en sortit, semblable à celui d'une créature sauvage.
Des vers gluants sortirent de la cavité, tombant sur la table et commencèrent à ramper en direction de Ginny. Elle lâcha un hurlement strident et se leva avec précipitation de sa chaise, terrifiée. Draco – ou plutôt le monstre qui était désormais à sa place, se leva à son tour et dans un mouvement inhumain, il sembla presque glisser sur le sol, pour s'approcher d'elle, tendant des mains aux griffes acérées dans sa direction.
« Ne m'approche pas. » hurla-t-elle avant de fourrer sa main dans sa poche pour prendre sa baguette.
Elle tâta dans le vide et réalisa avec horreur que sa baguette était restée sur leur table.
« Où est Draco ? Qu'est-ce que vous avez fait de lui ? » demanda-t-elle. « A l'aide ! »
Elle sentit une main attraper son bras et le soulagement l'envahit lorsqu'elle vit une serveuse des Trois Balais s'approcher d'elle.
« Aidez-moi, il… » commença-t-elle d'une voix paniquée.
Ginny s'interrompit soudainement lorsqu'elle vit le visage de la serveuse se déformer à son tour, prenant l'apparence horrifiante d'un monstre, comme celui de Draco.
Cette fois, elle hurla à plein poumons. Elle jeta des regards terrorisés autour d'elle, pour chercher de l'aide et constata avec horreur que tous les occupants du pub avaient désormais ces visages ignobles et terrifiants. Elle sentit les battements de sa poitrine s'accélérer et l'angoisse lui tordit l'estomac. Elle recula et se jeta précipitamment vers la porte de l'établissement pour en sortir, sans cesser de crier.
A l'extérieur, les passants avaient disparu, remplacés par ces monstres à l'apparence hideuse. Tout le monde dans la rue sembla s'arrêter pour la fixer. Dans un mouvement synchronisé, ils ouvrirent tous la cavité qu'ils avaient à la place de la bouche, révélant un trou béant qui couvrait la moitié de leurs visages grisâtres. Encore une fois, ce son guttural remplit ses oreilles et elle se mit à courir à toute vitesse, bousculant les monstres à son passage, des larmes d'effroi au coin de ses yeux.
Soudainement, elle sentit son pied trébucher sur un objet sur le sol et s'étala de tout son long. Elle sentit un impact sur son crâne et elle perdit connaissance.
End Notes:
J'espère que vous avez apprécié et je vous dis à bientôt pour la suite !
Fearless
Truth Hurts by FearlessUntamed
Author's Notes:
Merci à Wapa pour ta review, c'est super motivant :)
Merci à ma super bêta Polka60 pour sa correction !
IX. Truth Hurts
Destinatrices : ''Mes partenaires de crime''
Millicent écrit :
On dirait que notre petite séance de vaudou a été un succès ! Je viens d'apprendre que la Weaslette a été internée à l'infirmerie. Apparemment, elle a pété une durite pendant la sortie à Pré-au-Lard. Ils ont dû la stupefixier car elle est devenue totalement hystérique. Ha ha ha !
Tracey écrit :
De l'Obeah, Millie. Pas du vaudou.
Pansy écrit :
Peu importe ce que c'était – c'était complètement flippant. Je ne veux plus jamais toucher à ça.
Tracey écrit :
J'imagine que tu vas y réfléchir à deux fois avant de me taquiner désormais, Pansy.
Pansy écrit :
Ne rêve pas trop, Cece.
Daphné écrit :
Flippant ou non, ça a fonctionné et c'est tout ce qui m'importe. Draco doit la prendre pour une folle.
Millicent écrit :
Un rencard saboté, il a arrêté de pleuvoir, et Pansy est trop traumatisée pour nous vanner. Ça faisait longtemps que je n'avais pas assisté à une journée aussi cool.
Pansy souffla de frustration tandis qu'elle remettait de l'ordre à sa coiffure, dans les toilettes du Flamant Rose. La pièce empestait cette odeur de cerise que Madame Ursula insistait pour vaporiser dans tout l'établissement. Le parfum était tellement fort et bas de gamme qu'il lui donnait la nausée.
« Allez, plus qu'une heure. » s'encouragea-t-elle, face au miroir. Sur le chemin, elle s'assura que son décolleté était encore visible.
Madame Ursula poussait ses employées à tricher sur la taille de leur bonnet de temps à autres. Pansy avait appliqué un sort de gonflage à sa poitrine pour gagner une taille supplémentaire mais le sort devenait douloureux après quelques heures car il lui tirait la peau. Lorsqu'elle l'utilisait, elle devait parfois passer la soirée suivante avec de la glace posée dessus pour atténuer la douleur.
Elle persistait tout de même car elle voyait une nette différence sur ses commissions avec une poitrine plus proéminente.
Elle retourna dans la salle principale et retrouva son dernier client de la soirée sur l'un des canapés en velours. Il ne semblait pas ivre et Pansy commençait à s'impatienter. Il n'avait toujours pas commandé de bouteille, et avait passé la dernière heure à lui payer des verres d'hydromel bon marché. Il commençait sérieusement à lui faire perdre son temps. Elle écouta à peine ses paroles et retint un soupir de soulagement lorsque le barman annonça que le bar fermait dans dix minutes.
Elle arbora son sourire le plus convaincant et fit mine de remercier profusément le client pour sa visite.
« Reviens quand tu veux. » dit-elle d'une voix suave avant de retourner dans les vestiaires où les autres Beautés d'Ursula s'étaient agglutinées pour se démaquiller et ôter les tenues révélatrices qu'elles portaient.
Pansy était toujours étonnée de voir le changement drastique avant-après. Alors que les filles ressemblaient toutes à des bimbos spectaculaires pendant leurs heures de travail, la plupart étaient des femmes banales derrière tous les artifices. Pansy était quasi certaine que personne ne se retournait sur elles dans la rue.
Toutefois, dans ce monde de strass et d'apparence, l'illusion primait et Madame Ursula l'avait bien compris. Elle investissait chaque mois des milliers de gallions dans des potions et accessoires cosmétiques pour ses employées. Les clients voulaient avoir à leur bras une femme magnifique et parfaite le temps d'une soirée, et c'est exactement ce que son établissement pouvait offrir.
« Le blaireau à qui je parlais avait une haleine troll. » commenta Mary-Ann, l'air dégouté.
« Quelle horreur. » répondit Becca, affichant la même mine. « On devrait obliger les clients à prendre une douche et à se brosser les dents avant de pouvoir entrer. Certains d'entre eux ne comprennent pas les règles d'hygiène de base. »
« Moi, je m'en fiche, tant qu'ils sortent de l'argent. » répliqua Augustina, qui entamait sa quatrième année dans l'établissement. « Faîtes comme moi. Imaginez l'odeur des gallions à la place, ça passera tout seul. »
Sa remarque provoqua des rires sonores dans la pièce.
« A la prochaine, bande de mégères. » salua Augustina avant de quitter le vestiaire.
Pansy se démaquilla à la hâte et enfila son gilet en cachemire favori. Elle grimaça en réalisant que sa semelle s'était encore décollée. Il fallait impérativement qu'elle aille faire du shopping. Ou qu'elle se serve dans la garde-robe de Millicent. Après tout, cette dernière ne le remarquerait probablement pas. Elle fut la dernière à quitter l'établissement, occupée à tenter de réparer le nouveau trou qui s'était formé sur sa paire de tennis.
Elle salua distraitement Madame Ursula lorsqu'elle passa devant son bureau et l'odeur de cerise fut particulièrement puissante devant sa porte. Les filles devaient toujours sortir par l'entrée arrière et Pansy prit la direction de la porte étroite et grinçante.
Un vent frais lui frappa le visage lorsqu'elle fut à l'extérieur, et lentement, elle prit la direction de la rue principale.
Elle sursauta lorsqu'une silhouette apparut soudainement devant elle. L'allée était sombre et il lui fallut quelques secondes pour reconnaître le visage de la personne. Il s'agissait de son dernier client de la journée. Encore ce radin, pensa-t-elle avec ennui.
« Je peux t'aider ? » demanda-t-elle d'un ton agacé, pressée de rentrer au château au plus vite.
« Tu m'as dit de revenir quand je voulais, alors me voilà. » répondit-il en haussant les épaules.
« Le bar est fermé, il faudra repasser demain. » dit-elle avant d'esquisser un mouvement pour s'éloigner.
L'homme la retint par le bras.
« Hey, attends. On n'a pas fini de discuter. Qu'est-ce que tu dirais de venir à mon appartement ? C'est à deux rues d'ici. » proposa-t-il.
Immédiatement, Pansy se tendit. Ce n'était pas la première fois qu'elle était accostée par des hommes dans le coin. Cela restait toutefois toujours verbal, et ils n'insistaient pas lorsqu'elle disait non. Un malaise profond envahit Pansy lorsque l'homme resserra l'emprise de sa main sur son bras. La lueur dans les yeux de ce type n'annonçait rien de bon.
« Lâche-moi. » ordonna-t-elle d'une voix qu'elle tenta de rendre assurée même si elle tremblait littéralement de l'intérieur.
« Tout va bien, ici ? » demanda une voix, non loin d'eux.
Le type se retourna vivement à l'arrivée de quelqu'un d'autre – un jeune homme grand et bien bâti.
« Tu ne vois pas qu'on est occupé ? » demanda l'assaillant de Pansy. « Dégage. »
« Elle n'a pas l'air d'avoir envie d'être ici. » répliqua l'inconnu d'un ton sec.
Pansy profita du moment d'inattention du client pour dégager son bras d'un geste ferme. Elle se précipita vers l'inconnu, soulagée. Elle écarquilla les yeux lorsqu'elle reconnut de qui il s'agissait.
Heureusement, le client ne sembla pas vouloir insister davantage et il s'éloigna, disparaissant dans l'ombre. Ron Weasley se tourna vers Pansy, l'observant d'un air anxieux.
« Ça va ? » demanda-t-il.
« Non. » répondit-elle du tac-au-tac.
Et sans pouvoir s'en empêcher, elle fondit en larmes.
C'en était trop. Elle saturait. Cette double-vie, ces mensonges constants, l'humiliation qu'elle devait subir dans ce bar pour une poignée de gallions avaient finalement eu raison d'elle. Réaliser qu'elle 'avait failli se faire agresser ce soir par cet inconnu dérangé était la goutte qui faisait déborder le vase.
« Je…n'en…peux…plus. » articula-t-elle d'une voix saccadée entre ses sanglots.
Elle était exténuée. Toute la charge mentale qu'elle avait accumulée au cours de ces derniers mois semblait vouloir se manifester à tout prix et elle fut incapable d'arrêter le flot de larmes.
Devant elle, Ron sembla figé, visiblement incertain de la conduite à adopter devant sa détresse.
« Est-ce que je peux faire quelque chose ? » demanda-t-il d'une voix un peu paniquée.
Entre ses larmes, Pansy laissa échapper un rire mi-nerveux, mi- étranglé.
« Tu peux m'aider à retourner dans le passé ? » demanda-t-elle d'une voix étranglée.
Il secoua la tête, penaud.
« C'est bien ce que je pensais. » répondit-elle d'un ton venimeux.
« Tu…Tu veux en parler ? » demanda-t-il, sans se contrarier de son attitude hostile.
Elle renifla bruyamment.
« Ma vie est devenue un échec total. » admit-elle finalement.
« Pourtant, tout à l'air de bien marcher pour toi. » fit-il remarquer.
« Non, tu ne comprends pas. Tout ça…Tout ce que je montre…C'est juste…du vent. » dit-elle dans un souffle.
Puis, sans hésitation supplémentaire, elle lui raconta ses déboires. La faillite de sa famille, le manque d'argent, sa difficulté à continuer à payer sa scolarité à Poudlard. Honteuse, elle lui avoua l'emploi qu'elle s'était résolue à accepter au Flamant Rose. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle se confiait à un type qu'elle connaissait à peine. Sans doute était-ce plus facile car il ne la connaissait pas.
« Je… Je suis désolé de tout ce qu'il t'est arrivée. » dit-il, l'inquiétude apparaissant sur son visage.
Elle n'arrivait pas à croire qu'il lui montrait autant d'empathie. Après tout, elle s'était montrée particulièrement peste avec sa sœur.
« Garde ta pitié pour toi, Weasley. » répliqua-t-elle d'un ton cinglant, essuyant ses larmes.
« Ce n'est pas de la pitié. » dit-il en haussant les épaules. « N'importe qui pourrait compatir devant ta situation. »
Non, pas tout le monde, pensa Pansy. Elle n'avait jamais été compatissante dans sa vie. Elle avait même passé son existence à se moquer du malheur des autres. Cette fois, le karma lui était revenu en pleine figure et la chute était particulièrement brutale.
« Mais j'ai peut-être une idée qui pourrait t'aider. » avança-t-il.
Elle arqua un sourcil, confuse. Elle voyait mal comment il pourrait lui venir en aide. A moins de cacher des milliers de gallions dans sa poche.
« Poudlard a un fonds spécial pour les étudiants en difficulté financière. Tes frais de scolarité peuvent être pris en charge entièrement. Il faut juste que tu aies des résultats corrects. » expliqua-t-il. « Ma sœur et moi en bénéficions. »
« Je n'avais jamais entendu parler de ça. » répondit Pansy à voix basse, ses larmes désormais disparues.
Et elle n'avait jamais fait de recherches, non plus. L'année derrière, elle n'avait pas voulu crier sur les toits les problèmes financiers de ses parents et elle avait tout mis en œuvre pour continuer à garder les apparences.
« Tu peux expliquer ta situation au Directeur, je suis sûr qu'il fera quelque chose pour toi. Ça te permettrait d'arrêter de travailler dans ce… Dans cet endroit. » dit-il avec une grimace. « C'est dangereux pour toi. »
Il avait dit cela d'un ton préoccupé qu'elle trouva adorable. De plus, elle ne pouvait pas le contredire. Savoir que ce client insistant était un régulier au Flamant Rose et qu'il vivait à deux pas de l'endroit était tout sauf rassurant.
« Merci de m'avoir débarrassée de ce blaireau. Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure-ci, d'ailleurs ? » demanda-t-elle avec curiosité.
Il laissa échapper un long soupir.
« Ma sœur est à l'infirmerie depuis quelques heures – elle a fait une chute dans la rue. Je veux comprendre ce qu'il s'est passé. Harry et moi avons interrogé les gens dans le coin. »
Elle fit mine de paraître surprise. Il agirait probablement différemment avec elle s'il savait qu'elle était impliquée dans l'histoire. Pansy réprima une grimace. Maintenant qu'elle y réfléchissait, la venue de ce client dérangé n'était peut-être pas un hasard. Et si les esprits invoqués par Tracey voulaient lui donner une petite leçon ? Après tout, Pansy s'était ouvertement moquée de tout le procédé, plus tôt dans la journée. Elle jura intérieurement.
« Des pistes ? » demanda-t-elle.
« Pas vraiment. J'étais en train de rentrer au château, à vrai dire. Tu viens ? »
Elle hocha frénétiquement la tête et ils rejoignirent la rue principale de Pré-au-lard pour prendre le chemin du retour au château. La route se fit dans le silence – ce qui étonna Pansy car elle était habituellement incapable de se taire. Les évènements de la journée avaient cependant été un peu trop intenses pour elle et elle était exténuée. Elle n'avait qu'une hâte, retrouver la chaleur et la familiarité de son lit.
Lorsqu'ils arrivèrent au château, Pansy lança :
« Tu…Tu ne vas rien dire, pas vrai ? A propos de ce que je t'ai dit ? »
« Non. » répondit Ron.
« Pas même à ta sœur. » insista Pansy.
« Je ne dirai rien à Ginny. » assura-t-il.
« Très bien. Sinon, tu vas le regretter. » prévint-elle.
Ses paroles étaient supposées apparaitre comme une menace. Pansy savait toutefois qu'elle serait peu convaincante après avoir sangloté comme une madeleine devant lui.
« A plus. » dit-elle en s'éloignant en direction des escaliers menant aux cachots.
Finalement, il y avait au moins un élément positif à cette journée désastreuse. Ron Weasley n'avait plus l'air de la détester. Étrangement, cette pensée lui procura une satisfaction immense.
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« Comment allez-vous, Millicent ? » demanda la voix de Caitlyn McCarthy, sa psychomage.
Caitlyn la suivait depuis bientôt deux ans. La mère de Millicent, Jackie, avait insisté pour lui faire consulter un psychomage à l'annonce de sa séparation avec son mari, Edward. Il s'agissait d'une épreuve difficile pour la famille entière, et il était primordial que Millicent puisse discuter de ce traumatisme avec quelqu'un de certifié, avait clamé Jackie. Millicent avait alors commencé à voir Caitlyn deux fois par mois, dans son cabinet huppé, à Pré-Au-Lard.
La séparation avait été la faute de sa mère. Elle s'était envoyée en l'air pendant six mois avec son assistant, de dix ans son cadet. Le mépris que Millicent vouait à sa mère s'était alors transformé en haine.
Jackie Bulstrode n'avait jamais été du genre maternant. Dès sa naissance, elle avait délaissé sa fille, ne partageant pas ce lien fusionnel que certaines mères prétendaient ressentir pour leur progéniture. Elle n'avait d'ailleurs jamais voulu devenir mère. Elle avait accepté à contrecœur, lassée des supplications de son mari et Millie en était certaine, pour remplir certaines conditions de son contrat prénuptial.
Son père, lui, était un homme plutôt passif, qui avait toujours répondu aux moindres désirs de sa femme, aussi extravagants soient-ils. Après l'adultère de sa femme, il l'avait même pardonnée et avait exprimé son envie de raccommoder leur union fragile. La mère de Millicent avait toutefois préféré le quitter officiellement pour vivre l'aventure avec son assistant. Depuis, Jackie avait été inexistante dans la vie de Millicent. Pour compenser cet abandon, elle semblait penser que couvrir sa fille de cadeaux hors de prix était une alternative suffisante. Ainsi que les consultations chez une psychomage de renommée.
C'était Edward, son père, qui l'avait élevée. Il lui avait apporté tout ce que sa mère avait été incapable de faire – de l'amour inconditionnel, de la patience, de l'affection. Il lui avait enseigné à monter sur un balai, l'avait emmenée à sa première rentrée à Poudlard, l'avait consolée lorsqu'elle avait pleuré pour la première fois à cause d'un garçon.
L'idée de raconter sa vie à une parfaite inconnue avait été un peu déroutante, au début. Millicent n'avait jamais été traumatisée par le divorce de ses parents. Elle était même heureuse que sa mère soit partie.
« Bon débarras. » avait-elle-même pensé, lorsque Jackie lui avait annoncé la nouvelle, avec ses larmes de crocodile.
Sa mère avait pris cet air faussement affectueux qu'elle arborait parfois et avait entamé un long discours sur les changements à venir.
« Tu sais Millie, parfois les adultes doivent prendre un chemin différent. » avait-elle clamé, comme si elle s'adressait à une enfant de cinq ans.
Pendant les premières séances, Millicent avait parlé à Caitlyn de la haine qu'elle vouait à sa génitrice et sa satisfaction de la voir s'éloigner. Évidemment, Caitlyn s'était sentie obligée de psychanalyser son rapport avec sa mère en profondeur. Après tout, c'était son travail.
Elles avaient ensuite abordé un autre sujet, les problèmes d'insomnie de Millicent. Elle avait toujours eu des difficultés à s'endormir et se réveillait régulièrement la nuit. Elle n'était jamais réellement reposée et aucun traitement n'avait réellement fonctionné.
La psychomage avait suggéré une méthode peu orthodoxe : l'hypnose. Selon elle, il s'agissait d'un nouveau procédé qui avait montré des résultats positifs. Millicent avait haussé les épaules. La psychomage essayait probablement de justifier ses tarifs horaires hors de prix. Pourtant, la cinquième séance d'hypnose avait changé sa vie à tout jamais.
Cela avait été si noir qu'elle avait été prise de panique.
Des souvenirs lui étaient revenus en tête – des flashs distants, horribles, douloureux. Des choses atroces profondément enfouies dans son esprit lui étaient revenus en mémoire.
Sous l'effet de l'hypnose, elle avait revu sa chambre de jeunesse, identique à celle qu'elle avait fréquenté à l'âge de neuf ou dix ans. Pourtant elle n'y avait pas retrouvé cette impression chaleureuse et réconfortante qui caractérisait la pièce dans ses souvenirs. Cette chambre, elle, lui donnait la chair de poule. Froide, sombre, austère. Puis ce son désagréable. Le grincement sinistre de la porte. L'air qui se faisait étouffant. Et cette forme angoissante au-dessus d'elle, semblable à un monstre terrifiant.
Le monstre avait fait toutes ces choses horribles. L'avait souillée à tout jamais de son innocence.
Elle avait pleuré, hurlé, supplié. Rien n'y faisait, il n'avait pas arrêté. Pourquoi lui faisait-il si mal ?
Lorsqu'elle était revenue à elle, dans le bureau de sa psychomage, elle était restée tétanisée sur son siège. Puis, lorsqu'elle avait repris totalement ses esprits, elle s'était empressée de s'enfermer dans les toilettes du cabinet, pour vider tout le contenu de son estomac.
Depuis ce jour, sa vie avait pris un tournant. Tous les souvenirs lui étaient revenus petit à petit pendant les nuits suivantes. Elle était restée paralysée dans son lit, terrifiée à l'idée de s'endormir à nouveau.
Puis, à mesure que les flashs s'étaient fait plus discernables et détaillés, elle avait reconnu le visage de son bourreau.
Le frère cadet de sa mère. Il avait passé deux semaines chez eux, pendant l'été avant sa rentrée à Poudlard.
Les premières semaines, elle avait douté. Était-ce un produit de son imagination ? Ou bien un effet secondaire de ses séances d'hypnose avec la psychomage ? Comment avait-elle pu oublier cela ?
Puis, pendant un dîner avec son père, il avait mentionné un détail qui l'avait figée sur place. Comme à son habitude, il s'était mis à raconter des vieilles histoires sur l'enfance de Millie qu'il adorait expliquer pour la mettre dans l'embarras
« …et si je me souviens bien, c'était pendant l'été de tes onze ans. Nous devions fêter mon anniversaire, ce jour-là. Tu avais complètement oublié quel jour on était, et tu ne savais pas où tu avais mis le cadeau que tu avais préparé pour moi. On aurait juré que tu avais reçu un sort d'Oubliettes. »
Le visage de Millicent était devenu blême et son estomac s'était retourné. L'anniversaire de son père était un jour sacré pour eux. Ils avaient même une tradition. Ils allaient se baigner près du lac qui bordait leur maison, faisait un barbecue lorsque la météo le permettait et Millicent offrait à son père un cadeau soigneusement préparé par ses soins, emballé de manière maladroite.
Pourtant, cette année-là, son père n'avait jamais reçu son fameux cadeau et selon lui, elle s'était comportée de manière étrange les jours suivants. Après les paroles de son père, elle était remontée dans le grenier, et après une heure de fouille, avait retrouvé le cadeau toujours emballé, maculé de poussière.
« On aurait juré que tu avais reçu un sort d'Oubliettes. »
Ces mots avaient résonné plusieurs fois dans son esprit tandis qu'elle observait le cadeau encore intact. Elle avait réalisé que ces flashs n'étaient pas le fruit de son imagination. Il s'agissait de souvenirs, enfouis quelque part dans son inconscient, probablement ôtés par la magie. Et elle n'avait aucun doute sur l'identité du coupable.
Ce monstre l'avait non seulement violée, il avait aussi ôté ses souvenirs à l'aide d'un sort pour effacer toutes les traces de ses actes écœurants.
« Comment allez-vous, Millicent ? » répéta Caitlyn, la sortant de ses pensées.
Millicent se redressa sur son siège et reporta son attention sur sa psychomage.
« Aujourd'hui, ou en général ? » demanda-t-elle d'une voix lente, la langue pâteuse.
« Les deux. »
Millicent haussa les épaules.
« J'ai… J'ai repris mes mauvaises habitudes. »
« Votre consommation de drogues dures, vous voulez dire ? » interrogea Caitlyn.
« Oui, ça. » répondit Millicent en soupirant.
« Votre père est-il au courant ? »
« Non. Je ne veux pas le décevoir. Je lui ai promis que je n'y toucherai plus. » répondit Millicent, tentant d'ignorer le sentiment de honte qui la parcourut.
Les amies de Millicent étaient persuadées qu'elle avait passé l'été à parcourir l'Europe avec son père. Aucune d'entre elles ne savaient qu'elle avait passé deux mois dans un centre spécialisé, pour une cure de désintoxication. Son père l'y avait internée lorsqu'elle avait frisé une overdose.
« Je n'ai pas envie de me jeter par la fenêtre, aujourd'hui. » admit Millicent avec sincérité. « J'imagine que c'est une amélioration. »
« Effectivement. » assura Caitlyn. « Qu'est-ce qui a changé depuis notre dernière séance ? »
« J'ai rencontré quelqu'un. » avoua-t-elle en tournant la tête vers la fenêtre. « Je crois que je l'aime bien. »
« Un garçon de votre école ? »
Millicent sourit à cette pensée. Elle hocha la tête.
« Parlez-moi un peu de lui. » encouragea Caitlyn.
« Il est…différent des autres. Il me comprend. Il sait ce que c'est d'avoir une adolescence difficile et des rapports compliqués avec sa famille. » expliqua Millicent.
« Vous semblez beaucoup plus détendue. Est-ce à cause de ce garçon ? »
« Je crois bien. Il me ressemble. »
« Dans quelle mesure ? »
« Il a aussi utilisé les substances pour supporter ses problèmes. Mais il est clean, maintenant. Je me dis qu'il y a peut-être un espoir pour moi aussi. Arrêter toutes ses conneries. Je ne veux pas être une putain d'addict pour le reste de ma vie. Désolée pour mon langage, doc. »
« Ce n'est rien, Millicent, continuez. »
« Il me fait ressentir quelque chose de positif. Vous pensez que c'est de l'amour ? Je n'ai jamais été amoureuse, je ne sais pas ce qu'on est censé ressentir. »
« Vous êtes la seule à savoir si vous êtes amoureuse de ce jeune homme, Millicent. Est-ce qu'il est au courant de vos sentiments ? »
Millicent secoua la tête.
« Non, personne n'est au courant. Même pas mes meilleures amies. Surtout pas mes meilleures amies. » ajouta-t-elle.
« Vous ne pensez pas qu'elles approuveraient. » devina Caitlyn, d'un ton factuel.
Millicent laissa échapper un rire étranglé. Ses amies, en particulier Daphné et Pansy, étaient toujours promptes à la critique et au jugement.
« Elles ne comprendraient pas. Je ne pense même pas qu'elles seraient heureuses pour moi. » argumenta Millicent avec pessimisme. « Je préfère garder ça pour moi, pour l'instant. C'est rare que quelque chose de positif m'arrive, je n'ai pas envie de tout gâcher. »
Lorsque la session fut terminée et que Millicent prit le chemin qui menait de nouveau à Poudlard, elle se sentit plus légère que d'habitude. Elle se sentait toujours un peu mieux lorsqu'elle sortait du cabinet de sa psychomage.
La salle commune de Serpentard était étrangement vide pour un dimanche soir et elle s'installa sur un sofa, près de la cheminée.
Après quelques instants, elle sentit le sofa s'affaisser à ses côtés. Elle reconnut Terrence Higgs, l'un de ses condisciples.
« Millie, ça fait un bail. » dit-il. « J'ai tout un stock de poudre de Billywig, ça te tente ? » demanda-t-il.
Elle hocha la tête, tentant d'ignorer les visages de son père et de sa psychomage qui s'imposaient dans un recoin de son cerveau.
Elle suivit Terrence hors de la salle commune et ils se dirigèrent dans une salle de cours inoccupée dans les cachots. Millicent grimpa sur une table et croisa les genoux tandis qu'elle observait Terrence poser la poudre de Billywig sur un parchemin devant elle et l'écraser à l'aide de la carte de visite appartenant à un certain Thomas Higgs.
Terrence était lui aussi issue d'une famille privilégiée et dépensait la fortune de son paternel dans de nombreuses activités douteuses. Comme Millicent, il consommait régulièrement des substances illicites mais contrairement à elle, s'en tenait à des produits plus doux, tels que la poudre de Billywig.
« C'est Nott qui te l'a vendue ? » demanda Millicent d'un ton curieux.
« Oui et cet enfoiré a vraiment augmenté ses prix. » répondit Terrence en rassemblant soigneusement la poudre en plusieurs lignes de cinq centimètres environ.
« Il aura assez d'argent pour se payer l'université, en sortant d'ici. » dit-elle avec un rire.
« Oui, si Rusard ne le choppe pas avant. » ajouta Terrence, rejoignant son hilarité.
Millicent aimait bien Terrence. C'était un garçon relax, drôle et plutôt sympa, comparé au reste des Serpentard. Ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient ce genre de séances. Ils trouvaient un endroit isolé et vide du château, consommait un peu de poudre, et passait la soirée à rire bêtement ou à parler de sujets profonds et existentiels. D'autre fois, ils s'emballaient. Parfois même un peu plus.
« Les dames d'abord. » dit finalement Terrence, une fois qu'il eut terminé, lui tendant une paille de fortune, créé à partir d'un parchemin roulé.
Millicent descendit de la table puis se pencha vers l'une des lignes de poudre. Millicent approcha son visage de l'une d'entre elles, puis sniffa. Elle sentit ses muqueuses nasales frémir sous le geste.
L'effet de la poudre de Billywig était rapide, et après quelques minutes, elle sentit ses membres devenir plus engourdis et une vague de tranquillité la parcourut. Elle jeta un sort de coussinage sur un coin de la pièce et s'installa par terre, contre le mur. Terrence la rejoignit et ils restèrent silencieux pendant de longues minutes, chacun plongé dans ses propres pensées.
Elle se redressa lorsqu'elle sentit soudainement la main de Terrence se poser sur sa cuisse. Son regard se posa sur celle-ci tandis que Terrence traçait des cercles sur sa peau à l'aide de son pouce. Il avait des petites mains pour un garçon, pensa-t-elle.
Elle tourna la tête et leurs regards se croisèrent. Il semblait lui demander l'autorisation de continuer.
« Fais pas ton timide, Higgs. » lança Millicent d'une voix moqueuse.
Les doigts de Terrence disparurent sous sa jupe et elle ne sourcilla pas lorsqu'elle le sentit toucher sa culotte en coton.
Son esprit commença à se brouiller sous l'effet de la poudre de Billywig. Ses sens étaient intensifiés et elle sentit une chaleur soudaine lui parcourir l'échine. Toutes ses inhibitions semblèrent s'envoler, remplacées par un désir pressant. Elle déboutonna son chemisier et le laissa tomber au sol. Elle écrasa ses lèvres contre celles de Terrence, l'embrassant fébrilement.
Une heure plus tard, elle rentrait dans son dortoir, l'esprit détendu. Depuis qu'elle avait recouvré les souvenirs des abus sexuels perpétrés par son oncle, elle avait obtenu un rapport étrange vis-à-vis du sexe.
Elle avait couché avec beaucoup de garçons. Cela lui avait paru comme un moyen de reprendre le contrôle de sa sexualité. Elle savait que la méthode était des plus douteuses, mais cela lui redonnait un autre rapport à son propre corps. Désormais, elle avait le choix. Elle était au contrôle. Sa psychomage prétendait que les victimes de viol pouvaient montrer des mécanismes de défense différents.
Victime.
Millicent haïssait ce mot du plus profond de son âme.
Elle n'était pas une victime. Elle était une survivante. Et même si ce monstre avait détruit une partie d'elle, qu'il l'avait fait sentir plus bas que terre, elle ne voulait pas laisser ses actes horribles la hanter et encore moins la définir.
Étrangement, le lendemain, elle se leva tôt. Elle retrouva ses amies dans la Grande Salle, occupées à s'échanger des messes basses.
« Pourquoi tout ce mystère ? » interrogea Millicent en attrapant la carafe de jus de citrouille.
« Attends quelques minutes. » annonça Daphné d'un ton satisfait.
Millicent n'eut pas besoin d'attendre car un hurlement strident retentit dans la pièce. Elle tourna le regard vers la table des Serdaigle où Mandy Brocklehurst s'était levée en trombes. Elle avait posé sa main sur son front, au bord des larmes.
Derrière elle, des chuchotements s'élevèrent à la table de Serdaigle.
« Que se passe-t-il ? » demanda Millicent avec confusion.
« Rien qui ne soit pas simplement la vérité. » lança Pansy en haussant les épaules.
« Personne n'aime les traîtresses. » ajouta Daphné avec un rire moqueur.
Millicent la vit agiter sa baguette en direction de Mandy dont la main s'écarta de son front, pour révéler ce qu'elle tentait désespérément de cacher.
Le front de Mandy avait triplé de volume, et paraissait désormais totalement déformé. Mais ce n'était pas le pire, non. Un mot avait été inscrit à l'encre rouge sur son front élargi.
SALOPE
« Maintenant son apparence extérieure reflète ce qu'elle est à l'intérieur. » commenta Daphné, l'air goguenard.
Depuis sa troisième année, Mandy avait commencé à faire l'objet de rumeurs déplacées. Sa puberté avait commencé plus rapidement que celle de ses condisciples, la rendant très populaire auprès des garçons. Puis, lorsqu'elle avait eu le malheur de venir en cours avec son chemisier légèrement déboutonné pendant un cours DCFM, on l'avait accusée de vouloir séduire Remus Lupin, leur professeur de l'époque.
Les rumeurs avaient commencé à se répandre comme une traînée de poudre et avaient empiré avec les années, largement encouragée par Pansy. Mandy était désormais considérée comme une gourgandine de première classe.
« Je parie que c'est ton œuvre, Pansy ? » demanda Millicent avec un rire.
Pansy secoua la tête, prenant un air candide.
« Je suis totalement innocente. » dit-elle d'une voix exagérée, feignant l'outrage. « Non sérieusement, ce chef d'œuvre n'est pas de moi. Même si j'aurais aimé. »
Elle fit une moue déçue, comme si elle était fâchée de ne pas avoir eu l'idée la première. Elle se tourna vers Daphné qui haussa les épaules.
« Ce n'est pas moi. » déclara Daphné. « Même si techniquement, j'ai peut-être un rôle à jouer là-dedans. »
« Comment ça ? » s'étonna Millicent.
« Il se pourrait que j'aie accidentellement révélé à Padma Patil que sa meilleure amie baisouillait avec Anthony Goldstein derrière son dos. »
« Merlin, c'est tellement croustillant. Comment l'as-tu su ? » demanda Pansy, avidement, semblant fascinée par le ragot.
« Tracey les a surpris dans les chiottes le jour de notre petite fête, à la rentrée. » indiqua Daphné.
Tracey tressaillit de dégoût, comme si le souvenir était particulièrement traumatisant.
« C'est vrai, j'ai peut-être donné l'idée à Patil mais l'exécution lui revient entièrement. Je ne savais pas qu'elle allait écrire ça sur le front de cette mégère. » ajouta Daphné avec un rire. « Elle s'est lâchée. »
« Et tu n'as pas encore entendu le meilleur. » lança Tracey.
« Cette encre ne s'efface qu'après des dizaines de lavage. » annonça Daphné, satisfaite.
« Je dirais qu'elle en a au moins pour trois mois. » commenta Tracey.
« Et une de moins pour l'élection. » ajouta Pansy avec satisfaction tandis qu'elles s'esclaffaient bruyamment.
End Notes:
A très vite ! xx
Fearless
Teenage Fantasy by FearlessUntamed
Author's Notes:
Merci à Miss Arty75 et Wapa pour vos reviews !
Merci à ma merveilleuse bêta Polka60 pour sa relecture de ce chapitre !
X. Teenage Fantasy
Hermione Granger posa une main rassurante sur l'épaule de son ami Harry Potter, lui adressant un sourire encourageant. Ils se trouvaient à Godric's Hollow, devant le cottage des Potter, où ils passeraient le weekend.
Lâchant un soupir résigné, Harry poussa la porte de la maison et pénétra à l'intérieur. Même s'il avait tenté de le dissimuler pendant le trajet, Hermione savait que son ami était nerveux à l'idée de se retrouver face à sa mère. Cette dernière avait découvert son homosexualité et ils n'avaient pas abordé le sujet, depuis.
Hermione adorait l'atmosphère chaleureuse se dégageant de la maison des Potter. Les meubles patinés aux teintes pastels, les murs aux motifs fleuris et le beau parquet vieilli donnaient une impression d'intimité et de sécurité qu'elle appréciait particulièrement. Une délicieuse odeur de pain d'épice flottait dans l'air, et Hermione se rendit compte qu'elle était affamée.
« Oh, vous voilà enfin ! » lança une voix douce à l'entrée du Hall.
Lily Potter, la mère d'Harry, se trouvait dans l'encadrement de la porte menant à la cuisine. Elle traversa les quelques mètres les séparant, un sourire avenant sur son visage. Lily Potter était une jolie femme. Avec ses cheveux auburn attachés en une queue de cheval désordonnée, les taches de rousseur couvrant son nez, et ses grands yeux verts rieurs, elle dégageait une aura simple et chaleureuse. Elle avait cet air de ''la fille d'à côté'' qui faisait probablement chavirer beaucoup d'hommes.
Lily s'approcha d'Harry, et Hermione distingua une légère hésitation dans son attitude tandis qu'elle enlaçait son fils. L'étreinte fut de courte durée et le geste parut peu naturel. Hermione vit le regard d'Harry s'assombrir et il sembla se renfrogner.
Lorsqu'elle enlaça Hermione, Lily parût beaucoup plus à l'aise. Hermione ne put s'empêcher de ressentir de la pitié pour son ami. Les quelques secondes suivantes passèrent dans un silence pesant.
Hermione fut soulagée de voir débarquer à toute vitesse une petite tornade rousse dans sa direction. Il s'agissait d'une petite fille, ressemblant comme deux gouttes à Lily. Elle se posta aux côtés d'Hermione, tout sourire.
« Je vais avoir un balai pour mon anniversaire ! » annonça-t-elle fièrement.
« Et comment tu sais ça, Maisie ? » interrogea Lily en ouvrant de grands yeux.
« J'ai vu le paquet en jouant dans le grenier, hier soir. Il faut vraiment que Papa apprenne à faire des meilleurs emballages. » ajouta Maisie en secouant la tête, l'air dépassé.
Hermione pouffa de rire devant la mine outrée de Lily. Maisie, la petite sœur d'Harry, n'avait pas la langue dans sa poche. Derrière son petit visage angélique, se cachait une petite fille malicieuse et très sûre d'elle.
« Vous devez être affamés. » lança soudainement Lily. « Je vous laisse monter vos affaires à l'étage pendant que je termine le dîner. Hermione, je t'ai préparé un lit dans la chambre de Maisie. »
« Merci Mrs Potter. » répondit Hermione avec reconnaissance.
« Maisie, tu restes ici pour faire la table. » lança Lily d'un ton autoritaire avant de disparaître dans la cuisine.
Maisie, qui s'était engagée à la suite d'Hermione dans le couloir, s'arrêta brusquement, affichant une moue contrariée. Elle murmura dans sa barbe et Hermione distingua les mots « Maisie… Fais la table… Toujours moi… Injuste… »
Maisie se tourna ensuite vers Harry, et un sourire mutin apparut sur son visage.
« Salut, loser. » lança-t-elle à l'attention de son frère aîné.
« Bonjour, petite peste. » répondit Harry en levant les yeux au plafond.
Maisie lui tira la langue avant de pouffer bruyamment et s'éloigner vers la salle à manger, sautillant avec enthousiasme.
« Harry… » tenta Hermione d'une voix douce tandis qu'ils atteignaient le sommet des escaliers.
« On se rejoint en bas. » répondit Harry d'un ton un peu sec avant de disparaître dans sa chambre.
Hermione hocha la tête et pour une fois, elle n'insista pas. Même si elle ressentait ce besoin vital de consoler son ami, elle savait qu'Harry avait besoin de solitude.
Un deuxième lit individuel avait été installé dans la chambre de Maisie. Hermione y posa son sac de voyage, observant la pièce d'un air distrait. Sur les murs, on apercevait une fresque représentant des licornes gambadant dans une prairie. Elle crut même entendre un hennissement. Maisie semblait adorer les licornes. Toute sa chambre était décorée sur ce thème. Hermione réprima un sourire lorsqu'elle constata que les draps de son lit représentaient deux licornes.
Dix minutes plus tard, elle entendit la voix de Maisie hurler que le dîner était prêt. En sortant de la pièce, elle croisa Harry qui leva à peine les yeux dans sa direction.
Dans la salle à manger, Mrs Potter et Maisie étaient déjà attablées. Hermione entendit son ventre gargouiller et observa avec envie les plats disposés sur la table.
« Mr Potter n'est pas là ? » demanda Hermione, pour faire la conversation.
« Il vient de me prévenir qu'il ne sera pas à temps pour le dîner. » répondit Mrs Potter, une once de déception audible dans sa voix.
James, le père d'Harry, occupait un poste important au Bureau des Aurors et semblait souvent absent.
Pendant la majeure partie du dîner, Harry resta silencieux, broyant visiblement du noir et Hermione fit de son mieux pour engager la conversation avec Mrs Potter. Maisie, toutefois, ne semblait pas vouloir accorder à son frère aîné un seul instant de tranquillité. Comme à son habitude, elle lui lâcha des piques pour le mettre dans l'embarras. La situation dégénéra lorsqu'elle aborda la vie amoureuse d'Harry.
« Comment se fait-il que tu n'aies pas encore de petite amie à ton âge ? » demanda Maisie en fronçant les sourcils. « Personne ne veut de toi, c'est ça ? »
« La ferme, Maisie. » lança Harry d'un ton agacé, intervenant pour la première fois depuis le début du dîner.
« Harry, ne parle pas ainsi à ta sœur. » réprimanda Mrs Potter avec lassitude tandis qu'elle entrait de nouveau dans la pièce.
Elle posa un plat de tarte à la citrouille sur la table avant de servir des parts individuelles. Maisie tira la langue à son frère, visiblement très satisfaite.
« Il est probablement amoureux du directeur de Poudlard. » ajouta-t-elle en gloussant. « Je parie que vous allez faire des enfants ensemble. »
On entendit un bruit de vaisselle brisée et Hermione dirigea son regard sur Mrs Potter. L'assiette qu'elle tenait avait glissé de ses mains et s'était écrasée sur la table, se fendant en deux. Elle semblait figée. Tous les yeux étaient rivés dans sa direction, médusés par sa réaction.
« Maisie, je ne veux plus jamais t'entendre dire ce genre de choses sur ton frère. » dit-elle finalement, la voix tremblante de colère.
Maisie jeta un regard stupéfié à sa mère. Elle n'avait pas l'habitude de se faire réprimander ainsi.
« Mais c'était une plaisan… » commença-t-elle.
« Je ne veux plus t'entendre. » rugit Lily d'un ton furieux. « Remonte dans ta chambre, immédiatement. »
« Mais… » commença Maisie, les lèvres tremblantes.
« Dans ta chambre ! » hurla Lily.
Maisie, les yeux brouillés de larmes, jeta un regard craintif à sa mère puis aux autres. Elle se leva silencieusement sous les regards choqués d'Hermione et Harry et disparut dans le Hall.
Un long silence pesant s'installa dans la pièce pendant lequel Hermione et Harry s'observèrent, mal à l'aise.
« Je vais nourrir Hedwige. » lança soudainement Harry, en se levant rapidement avant de quitter la pièce.
Hermione lui jeta un regard outré tandis qu'il disparaissait de la cuisine. C'était la pire excuse qu'elle avait entendu de son existence. Cela n'avait toutefois rien d'étonnant. Harry détestait les situations de conflit, et il préférait les éviter que d'y faire face.
Hermione tourna le regard vers Mrs Potter, restée debout, la main tendue dans l'air, comme une statue. Cette dernière baissa les yeux en direction de l'assiette fendue en deux devant elle, comme si elle réalisait l'ampleur de son geste.
Puis, sans crier gare, elle fondit en larmes. Hermione l'observa la bouche ouverte, pétrifiée, tandis qu'elle sanglotait bruyamment, le visage dissimulé dans ses mains.
Il fallut quelques secondes à Hermione pour se défaire de son propre choc et elle s'empressa de s'approcher de Mrs Potter.
« Mrs Potter… » murmura Hermione, mortifiée. « Que vous arrive-t-il ? »
« Je…je…suis…une…mère horrible. » articula Lily entre deux sanglots.
« Non, non, ne dites pas ça. » plaida Hermione, désemparée.
« Comment… Comment n'ai-je pas pu le voir… avant… » se lamenta Lily en reniflant.
Hermione se mordit la lèvre nerveusement.
« J'ai eu une réaction horrible. Il doit me détester. » continua-t-elle. « Je m'en voudrais toute ma vie. »
« Il n'est pas trop tard. Il a juste besoin d'entendre que cela ne change rien pour vous. » assura Hermione.
« Ev…évidemment que ça ne change rien pour moi. Harry est mon fils, je l'aimerais toujours. » assura-t-elle en essuyant les larmes au coin de ses yeux.
Elle jeta un regard à la table désormais vide, comme si elle prenait enfin conscience de son éclat.
« Tu dois me prendre pour une folle furieuse. » chuchota-t-elle avec un rire nerveux. « Je suis désolée de m'être emportée ainsi. »
« Pas du tout Mrs Potter. » déclara Hermione, d'un ton rassurant.
« Tu sais ce qui est drôle ? Pendant des années j'étais persuadée qu'il se passait quelque chose entre toi et Harry. C'est pour ça que je trouvais toujours un moyen de vous espionner lorsque tu étais à la maison. Si j'avais su… » dit-elle avec un rire nerveux.
Hermione esquissa un sourire.
« Je veux simplement qu'il soit heureux, c'est tout ce qui compte. Je ne veux pas qu'il pense que je le rejette. » admit Mrs Potter avec un air résigné.
« Je pense qu'il aimerait l'entendre de votre bouche. » assura Hermione en agitant sa baguette en direction de l'assiette fendue dans les mains de Mrs Potter pour la réparer.
« Merci Hermione. »
Après avoir aidé Mrs. Potter à débarrasser la table, Hermione se dirigea vers le Hall. Tandis qu'elle franchissait la porte, elle aperçut Harry adossé contre le mur donnant accès à la salle à manger. Il croisa le regard d'Hermione et elle décela dans ses yeux du soulagement. Il avait probablement entendu leur conversation. Elle lui adressa un clin d'œil, désignant d'un geste de la tête l'entrée de la salle à manger, comme pour l'encourager à y pénétrer. Il acquiesça, l'air reconnaissant, avant d'y entrer.
Le lendemain, Hermione ouvrit la bouche de stupeur lorsqu'elle pénétra dans le living-room. A l'occasion de l'anniversaire de Maisie, la maison des Potter avait été convertie en fête foraine improvisée. Un stand de maquillage et de peinture, une machine à sorbet citron ainsi qu'un enclos pour créatures magiques avaient été installés pour l'occasion.
« Wow… » murmura Hermione en arrivant aux côtés d'Harry.
Ce dernier paraissait de bien meilleure humeur que la veille.
« Elle est pourrie gâtée. » commenta-t-il en secouant la tête.
A travers l'une des fenêtres, Hermione aperçut Maisie faire de grands signes en direction de son père tandis qu'il érigeait l'établi de créatures magiques.
« Oh Hermione, tu es debout ? J'espère que nous ne t'avons pas réveillée avec tout ce boucan. » lança Mrs Potter en entrant dans la pièce.
Elle portait une robe fleurie, avait ramené ses longs cheveux roux dans une queue cheval haute et paraissait rayonnante.
« Harry, mon chéri, va vérifier les cookies dans le four, tu veux ? » demanda Mrs Potter à l'attention de son fils.
« Je peux vous aider à faire quoi que ce soit ? » demanda poliment Hermione.
« Peux-tu faire gonfler les ballons puis aider James avec l'enclos de licorne ? Cela fait une heure qu'il devrait être prêt. » s'exaspéra Lily.
Hermione trouva James Potter, le père d'Harry, dans l'enclos improvisé. Il était installé sur une chaise, écoutant un poste de radio, une bièraubeurre à la main. Il eut le bon goût de paraître gêné lorsqu'il vit Hermione.
« C'est le premier match de la saison. » se justifia-t-il. « Je faisais une pause de cinq minutes. »
Hermione esquissa un sourire entendu. Bien qu'il approchait de la quarantaine, Mr Potter était encore un enfant dans l'âme, avec ses yeux rieurs et son goût pour les farces et attrapes. Hermione se demandait parfois comment il pouvait occuper un poste aussi important alors qu'il passait son temps à plaisanter. Il avait toutefois la délicatesse d'éviter ses frasques lorsque sa femme était dans les alentours.
« Je ne le dirai pas à Mrs Potter. » indiqua-t-elle. « Continuez d'écouter le match. Je vais terminer l'enclos. »
« Tu es la meilleure, Hermione. Je te revaudrais ça ! » assura-t-il avec un clin d'œil avant de reporter son attention sur le poste de radio.
Deux heures plus tard, une foule d'adolescents pré-pubères remplit la maison des Potter, causant un brouhaha épouvantable. Lily Potter courrait dans tous les sens pour s'assurer que tout était en place. Elle n'avait pas lésiné sur les moyens pour s'assurer que sa fille aurait une fête d'anniversaire digne de ce nom. Hermione fut mandatée au stand de peinture où elle appliquait des masques pré-dessinés à l'effigie d'hippogriffes ou de sirènes sur les visages des amis de Maisie.
Cette dernière semblait avoir oublié sa contrariété de la veille. Elle semblait surexcitée par la présence de la licorne. Un dresseur professionnel venu pour l'occasion s'assurer de la sécurité des invités. Hermione fronça les sourcils en observant une douzaine de petites filles faire la queue pour pouvoir caresser la créature. Elle n'approuvait pas qu'on utilise des créatures magiques à des fins de divertissement.
L'après-midi fut intense. Lorsqu'un enfant surexcité versa accidentellement de la peinture sur son chemisier, elle fut soulagée de retourner dans la cuisine pour prendre une pause. Elle tenta de faire disparaître la tâche à l'aide d'un sort mais sans succès. Elle leva les yeux au ciel, soufflant avec ennui. Tandis qu'elle quittait la cuisine, elle bouscula quelqu'un.
« Désolée, je ne regardais pas où j'a... » commença-t-elle à s'excuser.
« Ce n'est rien – et vous avez eu de la chance, j'ai les mains remplies de limaces farceuses. » répondit une voix amusée. « Vous les avez évitées de peu. »
Hermione se figea lorsqu'elle reconnut le propriétaire de la voix. Son regard plongea dans des yeux sombres familiers.
« Professeur Black ? » dit-elle avec un hoquet de surprise.
« Appelez-moi Sirius. » répondit-il avec un sourire en coin.
« Professeur Sirius ? » articula Hermione, sans réfléchir.
Il était déjà trop tard lorsqu'elle réalisa la stupidité de ses paroles. Elle rougit furieusement, embarrassée. A sa grande surprise, il éclata d'un rire sonore, semblant trouver l'appellation particulièrement amusante. Son rire provoqua une sensation agréable dans l'estomac d'Hermione.
Elle se surprit à l'observer avec attention tandis qu'il riait aux éclats. C'était la première fois qu'elle le voyait porter autre chose que sa robe de sorcier traditionnelle. Il était vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise ajustée d'un vert kaki. Elle ne put s'empêcher de le trouver incroyablement séduisant dans cette tenue plus décontractée. Elle s'efforça de détourner le regard, consciente que le regarder avec tant d'insistance était peu approprié.
« Je…je ne savais pas que vous seriez-là. » balbutia-t-elle.
« Pour rien au monde je manquerai l'anniversaire de ma nièce favorite. » répondit-il avec un clin d'œil.
Hermione s'empêcha de lever les yeux au ciel face à sa propre bêtise. Il était extrêmement proche des Potter, il était donc normal qu'il assiste à un événement de la sorte. Après tout, il était le parrain d'Harry et ce dernier considérait Sirius Black comme un membre à part entière de la famille.
« Et ma carrière d'Auror ne me permettait pas de me libérer pour ce genre d'événement. Maintenant que je suis un fonctionnaire de l'éducation, je peux profiter de ces avantages. » ajouta-t-il, l'air amusé.
Hermione esquissa un sourire.
« Vous aviez besoin d'aide ? » demanda-t-il. « Lily m'a demandé d'apporter d'autres assiettes. »
« Non, je voulais simplement… » commença Hermione en jetant un air dépité sur son chemisier tâché.
Le professeur Black suivit son regard.
« Aucun de mes sorts ne fonctionnent. » dit-elle en fronçant les sourcils. « Je ne sais pas de quoi est faite cette peinture. »
« Probablement mélangée avec de l'huile de veracrasse. L'eau ne fonctionne pas. Il y'a un moyen très facile de s'en débarrasser – Focillo. » dit-il en pointant sa baguette sur la tâche.
Hermione sentit une chaleur au niveau de son abdomen et ses yeux s'écarquillèrent quand la tâche disparût.
« Elle part avec la chaleur. » indiqua-t-il avant d'esquisser un geste de la main pour épousseter les derniers résidus de peinture sur son chemisier. « Tenez, comme neuf. »
Hermione fut un peu agacée de ne pas connaître ce sortilège – mais sa contrariété fut de courte durée. Il venait de la toucher le plus naturellement du monde.
« M… Merci. » balbutia-t-elle.
Pourquoi était-elle si gauche et peu naturelle lorsqu'elle s'adressait à lui ? Il devait probablement la trouver ridicule. Il l'intimidait terriblement.
« J'ai intérêt à ramener ces assiettes ou Lily va me faire la peau. » indiqua-t-il avec un rire.
Hermione hocha la tête avant de quitter la cuisine. Elle resta tendue le reste de l'après-midi, consciente du fait que le Professeur Black...ou plutôt Sirius était seulement à quelques mètres d'elle. Il s'adressa à elle de manière spontanée et décontractée, ne se doutant probablement pas des émotions qui agitaient Hermione.
Sans doute était-ce le cadre différent dans lequel ils se trouvaient, mais elle ressentit un rapport au-delà du lien professeur-étudiante qu'ils partageaient habituellement.
Il aurait été hypocrite de sa part de prétendre qu'elle n'appréciait pas cette nouvelle proximité entre eux.
« Tu t'amuses ? » demanda brusquement une voix derrière Hermione.
Elle sursauta, manquant de faire tomber le plat de cookies qu'elle tenait dans les mains. Elle tourna la tête et croisa le regard inquisiteur d'Harry. Son visage était maculé de boue et il paraissait blasé.
« Oui. » assura Hermione d'un ton évasif. « Que t'est-il arrivé ? »
« Maisie a insisté pour que le dresseur de la licorne me montre l'un de ses tours. » répondit Harry en levant les yeux au ciel. « J'aurais dû me douter qu'elle préparait quelque chose de suspect. »
Il jeta un coup d'œil en direction de la porte d'entrée. Hermione suivit son regard et aperçut Maisie et l'une de ses amies glousser en regardant dans leur direction.
Elle fut soulagée lorsque la fête d'anniversaire prit fin et que les invités commencèrent à prendre congé. Divertir un large groupe d'adolescents pré-pubères avait été éreintant et Hermione ne sentait plus ses jambes.
Tandis qu'elle aidait Mrs Potter à appliquer des sorts de nettoyage un peu partout dans la maison, elle aperçut Sirius en grande discussion avec une femme, près de l'entrée. Le langage corporel de cette dernière persuada Hermione qu'elle ne souhaitait pas seulement discuter. La femme riait aux éclats, la main dans les cheveux, lui adressant des regards appuyés. Immédiatement, Hermione sentit la jalousie lui tordre l'estomac.
« Pour l'amour de Merlin, elle est encore là ? » commenta soudainement Mrs Potter, apparaissant derrière Hermione.
« Qui est-ce ? » demanda avidement Hermione, rongée par la curiosité.
Elle n'avait pas pu s'empêcher de remarquer l'air agacé de Mrs Potter.
« Karen Brookstanton. C'est la mère de l'une des amies de Maisie. Elle m'insupporte. » répondit Mrs Potter en pinçant les lèvres, visiblement irritée.
« C'est une amie du Professeur Black ? » demanda Hermione, feignant la naïveté.
« Oh non. Crois-moi, elle n'a pas l'intention d'être son ''amie'' » répondit Mrs Potter avec un rire sinistre. « Cette femme n'a aucune décence. »
Mrs Potter se dirigea vers Sirius et la dénommée Karen. Hermione les vit échanger quelques paroles, et même si elle ne pouvait pas les distinguer, elle les devina hostiles. La dénommée Karen parut outrée mais Mrs Potter ne sembla pas s'en soucier. Elle lui adressa un sourire faussement complaisant, avant de fermer la porte sur elle dans un geste sec. Hermione vit Sirius lancer des paroles à Mrs Potter et ils échangèrent un rire. Hermione détourna le regard, faisant mine d'agiter sa baguette sur l'un des comptoirs de la cuisine.
Elle se demanda si Sirius était intéressée par la fameuse Karen. Immédiatement, une vague de contrariété la parcourut et elle manqua de faire tomber l'un des verres qu'elle faisait léviter.
Ce soir-là, Sirius resta dîner avec Hermione et le reste des Potter. Visiblement extenuée par sa journée éprouvante, Maisie piqua du nez pendant tout le repas et James décida d'aller la mettre au lit.
« Maintenant que nous sommes entre adultes… » annonça Sirius avec un sourire en coin.
Il sortit une bouteille d'hydromel devant le regard sceptique de Lily.
« Maman, je te rappelle qu'Hermione et moi-même avons dix-sept ans, ce qui fait officiellement de nous des adultes. » rappela Harry, avant que sa mère ne puisse protester.
« Je te traiterai en adulte lorsque tu feras toi-même ta lessive, jeune homme. » assura-t-elle.
Les oreilles d'Harry tournèrent à l'écarlate et Sirius éclata d'un rire sonore devant la mine déconfite de son filleul.
« Allez, Lily… » temporisa Sirius. « Il n'a pas tort. Laisse le gamin grandir. »
Lily pinça les lèvres avant de lancer :
« Juste un alors. » décréta-t-elle.
Harry afficha un sourire victorieux et Sirius lui lança un clin d'œil dès que Lily eut le dos tourné. Sirius servit toute la tablée et il leva un sourcil interrogateur lorsqu'il arriva aux côtés d'Hermione.
« Hermione ? » demanda-t-il d'un air hésitant.
Hermione ne consommait jamais d'alcool, mais une partie d'elle craignait de paraître ridicule et immature devant lui. Elle hocha la tête et il versa l'hydromel dans son verre.
Elle s'empara de ce dernier d'un geste hésitant puis le porta à sa bouche. Elle trouva la boisson quelque peu amère – mais moins écœurante qu'elle ne se l'était imaginée.
« Je n'ai pas entendu tes frasques en tant que professeur, Patmol. » commenta Lily avec un sourire en coin. « Je ne sais pas quelle mouche a piqué Albus pour t'engager dans son école. »
« Le désespoir, apparemment. C'était lui ou Servilus. » lança la voix de James d'un ton goguenard, tandis qu'il pénétrait à nouveau dans la pièce.
« Patmol ? Servilus ? » répéta Hermione, confuse. « Qu'est-ce que ça signifie ? »
Pendant les deux heures suivantes, elle reçut une version accélérée de la scolarité mouvementée des ''Maraudeurs'' à Poudlard. Elle avait toujours entendu les professeurs faire des remarques à Harry au sujet de son père et de l'étudiant terrible qu'il avait été, mais elle n'avait jamais imaginé l'ampleur de la chose. Elle fut surprise d'entendre toutes les bêtises qu'ils avaient causées pendant leur adolescence.
« J'espère que tes étudiants te causeront autant de problèmes. Ce serait le retour du bâton. » commenta Lily.
Sirius fit mine de s'offusquer et se tourna vers Hermione.
« Je ne crois pas au karma, Lily, et au contraire, mes étudiants sont parfaits. »
Hermione sentit une chaleur soudaine lui monter aux joues. Elle ignorait s'il s'agissait de la température de la pièce ou de l'hydromel. La boisson avait déjà commencé à faire effet dès le premier verre. Elle sentait ses sens progressivement perdre leur acuité et elle riait un peu trop bruyamment aux plaisanteries de James et Sirius.
« Je suis exténuée. » commenta soudainement Lily, posant la main devant sa bouche. « J'avais oublié à quel point ces anniversaires étaient éreintants. »
Elle se tourna ensuite vers Hermione.
« Tu as besoin de quoi que ce soit, chérie ? » interrogea-t-elle avec douceur.
Hermione secoua la tête et Lily adressa un 'bonne nuit' général au reste de la pièce avant de se diriger vers les escaliers. Hermione se leva à son tour et se dirigea vers les toilettes, éprise d'une envie de pressante. Lorsqu'elle se releva de la cuvette, elle fut prise d'un tournis soudain et manqua de chuter. Elle plaqua ses paumes contre le mur pour se retenir.
Je suis ivre, pensa-t-elle.
En temps normal, cette pensée l'aurait paniquée. Cette fois, cependant, un gloussement peu commun sortit de sa gorge. Elle resta de longues minutes dans les toilettes, s'efforçant de reprendre contenance. Lorsqu'elle fut de retour dans le séjour, elle constata avec étonnement que la pièce était quasiment vide. Seul Sirius était installé sur le canapé, son verre d'hydromel à la main. Elle se surprit à l'observer sans vergogne, appréciant son profil délicat tandis qu'il dégustait le breuvage.
Pendant plusieurs secondes, un véritable débat intérieur l'agita. L'Hermione habituelle aurait probablement déjà battu retraite, gênée par la perspective de se retrouver seule en sa présence, dans un contexte peu approprié. Cette Hermione somnolait toutefois dans un coin de son esprit, endormie par l'alcool consommé.
L'Hermione actuelle, elle, se sentait pousser des ailes et son audace ne semblait connaître aucune limite. Ignorant ses dernières barrières, elle s'éclaircit la gorge et le rejoignit. Sirius tourna le regard dans sa direction – visiblement surpris de sa présence.
Elle eut un moment d'hésitation mais elle savait qu'il était déjà trop tard. Elle ne pouvait plus se dégonfler à la dernière minute. De plus, son courage serait de courte durée.
« Hermione. » héla-il.
La manière dont il prononçait son prénom lui procurait un plaisir inexplicable. Cette voix grave, séduisante presque caressante.
« Je pensais que vous étiez allée dormir, vous aussi. » dit-il, le coin de sa bouche s'étirant à la vue d'Hermione.
Elle secoua la tête.
« Asseyez-vous. » proposa-t-il en montrant la place vide à ses côtés. « Je vous sers un autre verre ? »
Hermione savait qu'elle aurait dû refuser. Elle en fut toutefois incapable. Elle s'installa à ses côtés et accepta le verra qu'il lui tendit. Une sensation de déjà-vu la parcourut. Elle se revoyait dans son bureau, à Poudlard, quelques jours plutôt. Elle avait pris la fuite, paniquée par leur soudaine proximité.
Cette soirée était différente. La crainte était passée au dernier plan, remplacée par un sentiment plus excitant : la curiosité.
« J'ai été surprise d'entendre toutes ses histoires au sujet de votre scolarité. Je n'aurais jamais cru que vous étiez… » commença Hermione avant de s'arrêter subitement, tentant de trouver le mot le plus approprié.
« Un cancre ? » suggéra Sirius, avec amusement.
Les lèvres d'Hermione s'étirèrent en un sourire gêné.
« Nous étions terribles. » admit-t-il d'un ton rêveur, semblant plongé dans des souvenirs particulièrement agréables.
Hermione en profita pour l'observer avec attention. Elle n'avait jamais remarqué qu'une fine cicatrice longeait la partie inférieure de sa tempe jusqu'à sa nuque. Probablement acquise pendant sa carrière d'Auror.
« Heureusement, nous avons acquis un peu de maturité depuis. » poursuivit-il. « Du moins, j'ose l'espérer. »
« Et maintenant vous êtes professeur. » déclara Hermione d'un ton factuel. « J'imagine que vous ne l'auriez jamais prédit. »
« Absolument pas. » assura-t-il avec son rire grave.
« Je ne crois pas qu'on puisse changer de manière aussi drastique. » affirma Hermione.
Il leva un sourcil interrogateur.
« Vraiment ? »
Elle secoua la tête.
« Je veux dire… Je ne crois pas qu'un individu puisse devenir quelqu'un de totalement différent. » indiqua-t-elle.
« Je ne suis pas d'accord. » dit Sirius d'une voix posée. « Il y a des évènements de la vie qui peuvent profondément changer une personne. Je parle par expérience. »
Encore une fois, il sembla plongé dans des pensées bien lointaines et un silence s'installa.
« Mais vous êtes encore jeune, Hermione. Vous avez encore beaucoup à apprendre. » reprit-il.
Hermione pinça les lèvres, un peu piquée au vif par ces paroles. Cela lui rappelait cette différence d'âge entre eux. Elle sentit une soudaine frustration l'agiter. Une partie d'elle voulait que Sirius la considère autrement qu'une énième étudiante de sa classe. Une jeune fille un peu naïve qui avait « beaucoup de choses à apprendre. »
« Alors, comment se déroule cette élection ? » demanda Sirius, l'air intéressé.
Elle lâcha un long soupir.
« Sincèrement, je ne pense pas avoir mes chances face à certaines des autres candidates. » avoua-t-elle.
Comment pouvait-elle briller face à quelqu'un comme Daphné Greengrass, la princesse riche et populaire qui avait toute l'école, les professeurs y compris, dans sa poche ?
« Au contraire, je crois que vous avez toutes vos chances. Et je sais que je suis supposé rester neutre, mais vous avez quelque chose en plus. » affirma-t-il.
Elle leva un sourcil, sa curiosité attisée.
« Quoi donc ? » demanda-t-elle dans un chuchotement.
« De la substance. » répondit Sirius.
Un plaisir indescriptible la parcourut à ses paroles. Les yeux sombres de Sirius étaient rivés sur elle et elle ne put se détacher de son regard intense. Ses yeux, son visage, ses lèvres. Jamais elle n'avait trouvé quelqu'un d'aussi attirant.
Il lui faisait perdre tous ses moyens et l'alcool coulant à flot dans son organisme entraînait des idées folles dans son esprit. Poussée par une audace qu'elle n'aurait jamais cru possible, elle s'avança dans sa direction et posa ses lèvres sur les siennes.
Quelques fractions de secondes passèrent – presque une éternité. Sirius resta figé, probablement stupéfié par ce geste inopiné. Alors qu'elle s'apprêtait à s'écarter de lui pour faire face à une humiliation extrême, elle sentit une main se poser au creux de sa taille. Sirius lui rendit son baiser, ses lèvres chaudes s'écrasant contre celles d'Hermione.
La chaleur de ses lèvres contre les siennes, l'odeur entêtante de son after-shave, elle se sentit défaillir. Jamais de sa vie elle n'avait été embrassée de la sorte. Tout son corps frissonna quand ses bras musclés encerclèrent sa taille pour l'attirer contre lui.
Soudain, un bruit strident retentit à quelques mètres d'eux et Hermione bondit en arrière, mettant un terme à leur étreinte. Ce fut comme si on l'ôtait brutalement d'un rêve vivifiant pour la ramener durement à la réalité. Face à elle, Sirius arborait une expression toute aussi confuse. Hermione détourna la tête, embarrassée.
Les bruits de pas dans l'escalier se rapprochèrent et quelques instants plus tard, Harry fit irruption dans le living-room, se frottant les yeux.
« Vous ne dormez pas encore ? » demanda-t-il d'une voix ensommeillée.
« Je… J'étais sur le point de monter. » répondit Hermione d'une voix blanche, refusant de regarder dans la direction de Sirius.
Elle se leva d'un bond, les yeux rivés vers le sol puis se dirigea à toute vitesse dans l'escalier à son tour, sans la moindre parole.
Arrivée dans la chambre de Maisie, elle s'installa sur le lit, pétrifiée. Elle esquissa un geste hésitant en direction de sa bouche, comme pour vérifier qu'il ne s'agissait pas du fruit de son imagination. Ses lèvres étaient moites et chaudes, toujours brûlantes sous l'effet de leur baiser passionné.
Elle venait d'embrasser son professeur.
Une panique latente la traversa lorsqu'elle réalisa qu'elle ne désirait qu'une chose : recommencer.
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Daphné Greengrass lança un regard distrait à son reflet tandis qu'elle brossait ses longs cheveux noirs, agitée par une nervosité qui ne lui ressemblait guère. Pourquoi était-elle anxieuse ? Elle qui était habituellement si sûre d'elle. Elle hocha les épaules. Elle avait toutes les raisons de l'être, après tout. Son père allait rencontrer son petit ami pour la première fois et elle redoutait sa réaction.
Georgius Greengrass était un homme exigeant. Il abhorrait la médiocrité et ses jugements constants avaient forcé Daphné à redoubler d'efforts pour se montrer à la hauteur de ses attentes. Elle entendit un tapotement timide contre la porte de sa chambre.
« Entrez. » ordonna-t-elle.
Une elfe de maison à la silhouette rapetissée, vêtue d'un linge en cachemire trop grand pour elle, pénétra dans la pièce. Elle s'inclina profondément devant Daphné.
« Maîtresse, votre jeune ami vient d'arriver. » annonça-t-elle.
« J'arrive. » déclara Daphné.
Elle ajusta la robe d'un gris anthracite qu'elle portait pour l'occasion, enfila sa paire d'escarpins vernis, jeta un dernier regard en direction de son reflet puis quitta sa chambre.
Blaise se trouvait dans le salon principal du Manoir, et le cœur de Daphné fit un léger bond lorsqu'elle l'aperçut. Son visage resta toutefois impassible. Comme à son habitude, Blaise était tellement séduisant, avec ses fossettes discrètes et ses yeux cuivrés. Il portait une chemise blanche qui contrastait avec sa carnation, le rendant encore plus élégant qu'à l'accoutumée. Elle s'approcha de Blaise, lui adressa un sourire éclatant et posa une main sur son bras, de façon affectueuse.
« Tu es venu. » dit Daphné d'un ton taquin.
« Tu t'attendais à ce que je prenne peur ? Je suis déçu, Daphné. » répondit Blaise, avec un sourire en coin, feignant la déception. « Je croyais que tu avais foi en moi. »
« J'aurais foi en toi si tu survis à cette soirée. » répliqua Daphné.
« Défi accepté. » répondit-il avec morgue avant de poser un rapide baiser au coin de ses lèvres.
On entendit quelqu'un s'éclaircir la gorge et Daphné tourna la tête, son attention se reportant sur le nouvel arrivant. Son père venait d'apparaître dans le Hall.
Comme toujours, Georgius Greengrass commandait l'attention lorsqu'il entrait dans une pièce. Sa carrure imposante, sa mâchoire carrée, ses sourcils épais d'un noir de jais ainsi que son regard perçant intimidaient généralement ses pairs.
Cette fois-là ne fit pas exception. Sans doute était-ce la nervosité de Daphné face à la situation, mais son père lui sembla encore plus intimidant qu'à l'accoutumée. Lorsqu'il arriva à leur hauteur, M. Greengrass jaugea Blaise du regard, sans rien dire.
Daphné coula un regard vers Blaise. Il ne semblait pas intimidé, bien au contraire. Il arbora son sourire charmeur et tendit la main en direction de M. Greengrass.
« M. Greengrass, je suis Blaise Zabini. » salua-t-il d'une voix polie. « Ravi d'enfin pouvoir faire votre connaissance. »
Le père de Daphné observa sa main, l'air insondable. Après ce qui sembla à Daphné une éternité, il la serra d'une manière vigoureuse, son regard perçant ne lâchant pas celui de Blaise. Même si elle ne pouvait pas connaître les pensées de son père, elle savait qu'il était en train de juger son petit-ami.
« Zabini. » répéta son père. « Vous êtes le fils d'Amara ? »
Daphné lança un regard sceptique à son père. Elle savait exactement qui était Blaise. Connaissant son père, dès qu'elle avait prononcé le nom de Blaise, il avait probablement recherché les antécédents de sa famille depuis les quatre dernières générations.
Il était évident que son père porterait des jugements hâtifs. Bien que la famille de Blaise soit fortunée, ils n'étaient pas considérés comme des vieilles fortunes, à l'instar des Greengrass ou encore des Malfoy, dont le patrimoine était transmis de génération en génération.
Cette distinction avait toujours été tracée parmi les familles fortunées de la communauté britannique. Certaines familles ne juraient que par la pureté du sang. Les Greengrass, eux, voyaient l'argent avant tout.
« Exact. » répondit Blaise.
« Elle possède le Manoir le plus ancien du Cheshire, si je ne m'abuse. Une merveille architecturale. » déclara Georgius d'un ton amer. « Une propriété que j'affectionnais particulièrement pour ma collection privée. »
« A vrai dire il s'agit d'un cadeau de son ex-mari pour leur mariage. » répondit Blaise d'une voix posée. « Il est décédé l'année dernière, une vraie tragédie. D'ailleurs, elle compte bientôt mettre le Manoir en vente, pour s'installer plus près de Londres. «
« Vraiment ? » interrogea Georgius d'un ton intéressé, une lueur curieuse éclairant son regard perçant. « Qu'elle n'hésite pas à me contacter, si elle cherche des acheteurs potentiels. »
« Je m'assurerai de lui passer le message. » assura Blaise.
Immédiatement, Georgius sembla s'animer, visiblement ravi de l'opportunité d'acquérir un bien immobilier sur lequel il lorgnait depuis des années. Georgius était à la tête d'un empire immobilier. Il possédait des propriétés dans la Grande-Bretagne entière. Il affectionnait particulièrement les manoirs anciens, de plus en plus rares à leur époque. Ces propriétés appartenaient généralement à des familles fortunées, réticentes à l'idée de se séparer d'un bien de cette valeur financière et sentimentale.
« Venez donc, Blaise. Allons prendre un verre. » lança Georgius, d'un ton bien plus amical. « Nous serons bientôt au complet. Ma seconde fille, Astoria, ne devrait pas tarder. Son portoloin a eu du retard. »
A ses paroles, Daphné se figea.
« Elle va venir ici ? » demanda Daphné, incapable de cacher la contrariété dans sa voix.
« J'ai dû oublier de te prévenir, elle va venir s'installer au Manoir pour quelques temps. » répondit Georgius avant de se diriger vers la pièce attenante, faisant signe à Blaise de le suivre.
Daphné les suivit en traînant des pieds, une fureur brûlante remplaçant immédiatement la nervosité qu'elle avait ressenti à l'arrivée de son petit-ami.
Elle écouta à peine la conversation de Blaise et de son père dans le salon principal, autour d'un verre de whisky pur feu. Il avait sorti l'une de ses bouteilles préférées, un whiskey-pur feu écossais qu'il servait uniquement lors des grandes occasions et face aux gens qu'il voulait impressionner ou amadouer. En d'autres circonstances, Daphné aurait été ravie de la réaction de son père vis-à-vis de Blaise mais la nouvelle de l'arrivée imminente de sa demi-sœur lui gâcha ce plaisir.
Elle prétexta devoir vérifier si tout se passait bien en cuisine avec les elfes afin de disparaître de la pièce. Elle remonta quatre à quatre le grand escalier central du Manoir et se précipita dans sa chambre, les sourcils froncés. Elle claqua la porte d'un geste sec et se dirigea vers sa coiffeuse, s'emparant de son journal personnel.
Destinatrices : ''Mes acolytes''
Daphné écrit :
Je viens d'apprendre que ma prostituée de demi-sœur va arriver d'une minute à l'autre. Je n'arrive pas à croire que Papa ne m'ait pas prévenue.
Tracey écrit :
Quelle plaie ! Il savait probablement comment tu réagirais.
Pansy écrit :
Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu de nouvelles d'Asticot.
Millicent écrit :
J'avais oublié les surnoms que tu donnais à cette fille Pansy !
Pansy écrit :
Accident, Abcès, Abrutie, Adultère… La liste est encore longue.
Millicent écrit :
Attends une seconde, c'est ce soir que tu présentes Blaise à ton père ?
Daphné écrit :
Exactement.
Pansy écrit :
Qui est partante pour une autre session de vaudou ?
Millicent écrit :
Je croyais que la dernière t'avait foutue la frousse, Pansy ?
Tracey écrit :
Pour la dernière fois, de l'obeah, Pansy. Pas du vaudou. Et ça va être compliqué sans préparation.
Pansy écrit :
Tu peux aussi demander à tes elfes d'empoisonner Affreuse.
Millicent écrit :
Ou l'enfermer dans un placard avec un sort de silence jusqu'à ce qu'elle meure de faim.
Pansy écrit :
J'adore ton style Millie. Je veux te ressembler quand je serai plus grande !
On entendit le carillon du manoir retentir et Daphné grimaça avant de fermer son journal d'un geste sec. Elle se dirigea de nouveau en direction du salon et se stoppa net lorsqu'elle croisa quelqu'un dans les escaliers.
« Daphné ! » s'exclama une voix fluette.
Elle posa un regard froid sur la nouvelle arrivante. Physiquement, Astoria était l'opposée totale de Daphné avec ses cheveux blonds cendrés et ses yeux d'un bleu pétant.
Daphné détestait cordialement sa demi-sœur. Malgré les apparences, sa haine ne remontait pas à la tentative d'Astoria de voler son ex-petit ami. Son mépris avait toujours été présent, aussi loin qu'elle s'en souvienne.
Un an après disparition de la mère de Daphné, son père était tombé sous les pièges tentateurs de son assistante, une blonde peroxydée qui n'avait d'égal à sa stupidité que sa vénalité. Il l'avait épousée trois mois plus tard, et rapidement, elle était tombée enceinte d'Astoria. Leur union n'avait pas duré, mais elle avait été suffisante pour que Marlena empoche une somme colossale à la suite de leur divorce et d'une pension alimentaire mensuel de plusieurs milliers de gallions jusqu'à la majorité d'Astoria.
Après le divorce de Georgius et Marlena, cette dernière avait déménagé aux États-Unis, son pays natal, emmenant avec elle sa fille, au plus grand bonheur de Daphné. Astoria passait toutefois toutes ses vacances au Royaume-Uni, et à chaque fois, Daphné était à cran en sa présence.
Elle ne s'était jamais entendue avec sa demi-sœur. Elle abhorrait la manière dont Astoria s'accaparait l'attention totale de leur père lorsqu'elle était présente, lui faisant totalement oublier Daphné.
Il était tellement frustrant pour Daphné de supporter la concurrence de cette petite peste insolente alors qu'elle s'efforçait d'être la fille parfaite et répondre à toutes les attentes de son père afin de se montrer digne de leur héritage.
Tout chez Astoria l'agaçait. Son rire cristallin, son faux petit air innocent et cette manie d'agir comme si elles s'appréciaient.
Son mépris habituel était devenu une haine incommensurable lorsqu'elle avait appris qu'Astoria avait embrassé son petit-ami de l'époque, Draco Malfoy, pendant une soirée, au début de l'été.
Les semaines suivantes avaient été tendues dans le Manoir Greengrass. La situation était devenue tellement problématique que Georgius s'était retrouvé forcé de renvoyer Astoria chez sa mère, avant la fin des vacances, pour les empêcher de s'entretuer. Les vacances suivantes, Astoria était revenue toute joyeuse, comme si de rien n'était.
En général, Daphné s'efforçait de l'ignorer, et ne lui adressait pas la parole à moins d'en être obligée. Toutefois, savoir qu'Astoria serait présente pendant ce dîner spécial la contrariait fortement. Astoria était une trainée notoire et même si Daphné plaçait une confiance totale en Blaise, elle se méfiait de sa demi-sœur.
« Qu'est-ce que tu fais ici ? Les vacances ne sont pas avant trois mois. » lança Daphné d'une voix glaciale, observant Astoria de haut en bas.
« Oh papa ne te l'a pas dit ? Je reviens vivre au Royaume-Uni. Je vais être transférée à Poudlard. C'est tellement excitant, n'est-ce pas ? » demanda Astoria avec enthousiasme. « Je commence dans deux semaines. »
Daphné ouvrit la bouche, trop choquée par ce qu'elle venait d'entendre pour prononcer la moindre parole. L'un de ses pires cauchemars venait de devenir réalité.
« Astoria, enfin. » s'éleva la voix de leur père, faisant irruption dans le Hall.
Daphné resta figée, tandis qu'Astoria étreignait son père avec exagération. Elle était toujours dans l'exubérance.
Elle sentit une main dans le creux de sa taille et cela fut suffisant pour la sortir de ses pensées. Elle tourna la tête et son regard plongea dans celui de Blaise qui l'observait, un sourcil levé.
« Tout va bien ? » demanda-t-il dans un chuchotement.
Daphné pinça les lèvres mais hocha de la tête, tentant de dissimuler son agacement.
« Le dîner est prêt. » annonça l'une des elfes.
La tension fut palpable dès le début du dîner. Les yeux de Daphné lançaient des éclairs à l'autre bout de la table et Blaise tentait tant bien que mal de tenir la conversation avec Georgius.
« Tu es aussi à Poudlard, Blaise ? » demanda Astoria d'une voix mielleuse.
Dès son arrivée, Daphné n'avait pas manqué les regards appuyés que sa demi-sœur avait lancé en direction de son petit-ami. Blaise hocha la tête.
« Décidément, tous les garçons mignons sont à Poudlard. » commenta Astoria en mastiquant son steak végétarien d'un air satisfait. « J'ai tellement hâte d'intégrer l'école et pouvoir passer plus de temps avec ma sœur. »
Daphné lui lança un regard hostile. Elle sentit la main de Blaise se poser sur son genou sous la table. L'unique raison pour laquelle elle ne détruisait pas Astoria sur place était la présence de leur père à la table. Il prenait toujours la défense de sa demi-sœur.
Elle fut rassurée par l'attitude de Blaise tout au long du repas. Il semblait charmer son père et il resta très froid et distant envers Astoria, répondant de manière polie mais brève à toutes ses tentatives pour attirer son attention. Astoria sembla même finir par se décourager du manque d'attention qu'elle recevait.
« C'est le bon. » ne put s'empêcher de penser Daphné avec satisfaction tandis qu'elle observait Blaise et son père discuter avec enthousiasme, après le dîner.
« Il est mignon. » commenta soudainement la voix d'Astoria à ses côtés.
« N'y pense même pas. » rétorqua Daphné.
« Tu vis trop dans le passé, sœurette. » geignit Astoria en faisant la moue. « Tu m'en veux encore pour cette histoire avec ton ex ? Si tu veux mon avis, c'est un service que te j'ai rendu. »
Daphné laissa échapper une exclamation dédaigneuse.
« Un service ? » répéta-t-elle, médusée.
« Eh bien, au moins, grâce à moi, tu as su que ce type n'était pas sérieux à ton sujet. C'était un test, et il l'a échoué. » répondit Astoria.
« Tu dois vraiment avoir des problèmes psychologiques si tu crois que c'est un service que tu m'as rendu. » répliqua Daphné d'une voix glaciale. « Tu es une juste une traînée, admets-le. »
Astoria parut blessée par ses paroles.
« En fin de compte je suis contente que tu intègres Poudlard. » poursuivit Daphné d'une voix doucereuse.
Astoria leva un sourcil confus, ne comprenant visiblement pas où elle venait en venir.
« Ça signifie qu'on sera entre les même quatre murs et que Papa ne sera pas là pour te protéger. Je vais enfin pouvoir te faire payer ce que tu as fait. » répondit Daphné avec un sourire malveillant. « Profite de tes derniers moments de répit, sœurette. »
Daphné s'éloigna alors, l'air satisfaite, laissant sa demi-sœur pantelante.
Kindness is weakness by FearlessUntamed
Author's Notes:
Merci à Hybride et Wapa pour vos commentaires ! Ils sont très motivants ! :)
Merci à Polka60, ma bêta, pour sa correction de ce chapitre !
Bonne Lecture !
XI. Kindness is weakness
Lundi matin, lorsque les premiers étudiants pénétrèrent dans le grand hall, ils aperçurent un large panneau suspendu près de l'entrée de la Grande Salle. Encadré par un ornement mordoré, le tableau affichait le visage de chacune des candidates à l'élection de Miss Fondatrice, suivi par un nombre.
« Un classement. » s'exclama Pansy avec surprise, tandis qu'elles arrivaient à leur tour au niveau des portes.
Sans aucune gêne, elle bouscula les élèves lui barrant le chemin afin de se frayer une place face au tableau, ignorant les exclamations de protestation qui suivirent son passage brutal.
En première position, se trouvait Daphné Greengrass avec un score de 195 points, suivie de près par Mandy Brocklehurst puis de Millicent Bulstrode.
« Je suis en sixième position derrière cette truie de Lavande Brown, comment est-ce possible ? » s'exclama Pansy avec fureur. « C'est l'humiliation totale. »
« Ça pourrait être pire. Tu pourrais être derrière Granger ou pire, Lovegood. » relativisa Tracey pour la consoler.
« Je ne savais pas qu'ils avaient instauré un classement et des points. Ils n'en n'ont jamais parlé. » reprit Pansy, visiblement ennuyée.
« Ils en ont parlé, mais tu n'écoutais rien Pansy. » répondit Daphné en levant les yeux au ciel.
« Les juges attribuent des points après chacune des étapes principales de l'élection. » expliqua Tracey. « En dehors des épreuves, ils nous observent et nous jugent constamment. On peut gagner ou perdre des points en fonction de notre comportement et de nos actions. »
Pansy fut encore plus désagréable qu'à l'accoutumée pendant la matinée et n'eut de cesse de critiquer Lavande Brown. Tracey la vit lancer des Avada Kedavra dans sa direction pendant le cours de Potions tandis que Brown travaillait en binôme avec Ron Weasley. Tracey entendit les termes ''traînée…morue…gourgandine'' sortir de la bouche de Pansy tout au long de la leçon.
« Vous avez entendu la nouvelle ? » demanda soudainement Pansy Parkinson, en fin d'après-midi, le visage surexcité. « Le sponsor de Miss Fondatrice vient de rajouter un prix à l'élection. Ils vont accorder un an de de potions Epilvite à la gagnante et cinq mille gallions ! »
Tracey, qui habituellement ne se serait pas formalisée de sa huitième place dans le classement derrière Ginny Weasley, écarquilla les yeux. Cinq mille gallions, pensa-t-elle avec excitation. Il s'agissait d'une somme colossale, qui pourrait l'aider dans ses rêves d'indépendance.
Le weekend qui venait de s'achever avait été compliqué et Tracey avait commencé à ressentir la pression familiale. A l'approche de son anniversaire, son père avait de nouveau mentionné son potentiel mariage. Il avait ensuite insisté pour que Tracey assisteà une fête réunissant la diaspora caribéenne du Royaume-Uni. Selon lui, elle y ferait peut-être des rencontres intéressantes.
Tracey s'était efforcée de rester discrète pendant toute la soirée en s'installant à une table isolée tandis que les invités socialisaient avec animation. Elle avait toutefois été forcée d'entretenir la conversation avec les prétendants que lui présenta son père. Elle avait cru devenir folle lorsque l'un deux, un bellâtre nommé Joaquim, avait passé près d'une demi-heure à se vanter sur les richesses de sa famille, propriétaire de l'élevage de boursouflets le plus important d'Europe.
L'insistance de son père à l'idée de la voir mariée la rendait anxieuse. Le lendemain de l'annonce du classement, elle redoubla d'efforts en travaillant sur son devoir de Métamorphose. Elle devait mettre toutes les chances de son côté pour obtenir ses ASPICs avec brio.
La présence du tableau d'honneur provoqua un engouement nouveau à propos de l'élection. Le lendemain, Mandy Brocklehurst surprit toute l'école en réapparaissant dans la Grande Salle. Elle avait disparu après le maléfice qui avait donné à son front une taille disproportionnée et peu flatteuse. Un mot particulièrement vulgaire y avait été inscrit à l'encre indélébile de scournaille.
Lors du petit déjeuner, elle se présenta à la table de Serdaigle, un sourire rayonnant sur le visage. Visiblement, l'infirmière avait réussi à rendre à son front sa taille normale. Mandy arborait désormais une nouvelle coupe de cheveux. Une frange tendance lui couvrait intégralement le front, ainsi que le mot douteux au passage.
Sa réapparition (ou renaissance, selon Pansy) sembla rendre Daphné furieuse. Mandy était toujours en seconde position, et leur différence de points était minime. Même si elle ne fit pas de remarque pour éviter de s'attirer les foudres de Daphné, Tracey dut saluer l'ingéniosité de Mandy. Elle avait tourné la situation à son avantage et il fallait l'avouer, elle était particulièrement mignonne avec sa nouvelle coiffure.
Apparemment, Mandy dénonça son ex-meilleure amie Padma Patil car le visage de cette dernière fut grisé du classement et son nombre de points descendit rapidement jusqu'à afficher un zéro rouge. Selon les bruits de couloirs, McGonagall avait convoqué Patil dans son bureau en début de journée. Elle fut éliminée de la compétition, sous le prétexte d'un ''comportement inadmissible démontrant un manque de fair-play évident, indigne d'une Miss Fondatrice potentielle''
« Manque de fair-play ? » répéta Millicent avec amusement. « Personne ne joue fair-play dans ce concours. »
« Non, mais les autres sont assez intelligentes pour ne pas se faire chopper. » argumenta Pansy sur le ton de l'évidence.
Elle sembla guillerette toute la matinée en réalisant qu'elle venait de gagner une place dans le classement. Elle occupait désormais la cinquième place.
« Je vous retrouve tout à l'heure. » lança Tracey à l'attention de ses amis, tandis qu'elle se dirigeait vers la bibliothèque.
Elle y retrouva Luna Lovegood, affublée de ses lunettes grotesques, occupée à lire un journal à l'envers. Elle adressa un grand sourire lorsque Tracey arriva à sa hauteur.
« J'ai nettoyé la table. » annonça fièrement Luna.
Tracey ouvrit les yeux, légèrement surprise par l'attention. Elle jeta un regard méfiant à la chaise et constata qu'elle semblait passablement propre. Elle s'y installa, observant la table avec suspicion, à la quête de poussière éventuelle.
« Je me suis lavée les cheveux, aussi. » annonça Luna avec enthousiasme.
« Hmmm… cool ? » répondit Tracey, décontenancée par son attitude.
« J'ai quasiment fini notre problématique et notre axe de développement pour le projet. » acheva Luna.
« Ça sera prêt pour la semaine prochaine ? La première présentation devant la prof. »
Lovegood hocha la tête vigoureusement.
« Je pensais aussi qu'on pourrait aller aux archives de Pré-au-Lard, à la prochaine sortie. » proposa Lovegood.
Passer une sortie à Pré-au-Lard en compagnie de Luna Lovegood à farfouiller dans des archives poussiéreuses lui paraissait totalement déprimant. Elle pouvait déjà imaginer les regards médusés des élèves qui les croiseraient ensemble en public, à l'extérieur de Poudlard. Ses amies se ficheraient ouvertement d'elle pendant des semaines.
D'un autre côté, elle commençait à étouffer en présence de ses amies. Daphné semblait encore plus sur les nerfs que d'habitude depuis qu'elle avait appris qu'Astoria, sa demi-sœur, intègrerait l'école sous peu. D'autre part, pour une raison obscure, Pansy trouvait toujours des excuses grotesques pour éviter les sorties avec ses amies pendant le weekend. Quant à Millicent, son comportement devenait chaque jour un peu plus irrationnel et Tracey avait parfois l'impression de parler à des personnalités différentes lorsqu'elle interagissait avec son amie.
Il était évident que Millicent était parfois sous l'effet de quelque chose. Toutefois, à l'instar du reste de ses amies, Tracey préférait feindre l'ignorance. Les signes devenaient néanmoins de plus en plus visibles.
Finalement, passer la prochaine sortie à Pré-au Lard à fouiner dans ces archives avec Lovegood ne lui paraissait pas aussi horrible. Elle ferait simplement en sorte qu'elles n'arrivent pas en même temps.
« C'est bientôt ton anniversaire. » annonça Daphné, à l'attention de Tracey.
Elles étaient toutes installées dans la salle commune de Serpentard, face à la cheminée.
« Les filles et moi voulons organiser une soirée pour l'occasion. » poursuivit Daphné.
« Ça va être grandiose, la fête du mois. » annonça Pansy avec excitation.
« Des costumes, des masques, beaucoup d'alcool. » ajouta Millicent, enthousiasmée.
Tracey émit un rire nerveux.
« J'imagine que je n'ai pas le choix. » dit-elle. « Mais par pitié pas de costumes ni de masques. »
« J'ai déjà loué le District pour la soirée et les animations sont quasiment prêtes. » annonça Daphné d'un ton satisfait. « Il ne manque plus qu'à choisir la liste des invités. »
Tracey ne s'en formalisa pas. Elle était habituée à cette attitude de la part de sa meilleure amie. Même si la fête était en son honneur, Daphné, comme d'habitude, prendrait totalement le contrôle des opérations. Si Tracey avait compris une chose avec sa meilleure amie, c'était qu'il ne fallait pas s'opposer à son besoin de tout contrôler. Daphné adorait organiser des évènements. Ses fêtes étaient toujours extravagantes et tous les élèves de l'école rêvaient d'assister à l'une d'entre elles.
« J'ai décidé d'être un peu ouverte, au sujet des invités. » déclara Daphné.
« Daphné Greengrass qui organise un événement ouvert à tous et pas du tout select ? » demanda Pansy, choquée. « Où va le monde ? »
Daphné haussa les épaules.
« Cece, ça signifie qu'on pourra même inviter ta nouvelle best friend, Lovegood. » se moqua Pansy.
Tracey leva les yeux au ciel.
« Pourquoi tu veux inviter tout le monde ? » demanda Millicent d'un ton étonné, en direction de Daphné.
« J'ai l'impression qu'il va se passer des choses à cette soirée, et je veux être certaine que tout le monde puisse en être témoin. » lança Daphné d'un ton mystérieux.
« Ça semble terriblement excitant. » commenta Pansy qui semblait trépigner d'impatience.
Daphné la gratifia d'un rictus amusé.
« Quand est-ce qu'Aguicheuse arrive, déjà ? Depuis que Weasley est hors-circuit, je m'ennuie terriblement. J'ai besoin d'une nouvelle proie à tyranniser. » demanda Pansy de son éternel ton dramatique.
Aguicheuse était l'un des nombreux surnoms que Pansy attribuait à Astoria, la demi-sœur de Daphné.
Depuis les évènements avec l'ex de Daphné, Malfoy, le nom d'Astoria avait été proscrit. Il s'agissait presque d'un blasphème de le prononcer. Pansy, grâce à son imagination fournie, avait commencé à lui attribuer des surnoms passifs agressifs pour remonter le moral de Daphné après le scandale qui avait éclaté. Évidemment, Tracey et Millicent avaient suivi le mouvement.
« Je n'arrive pas à croire qu'Aïoli ait essayé de draguer Blaise. » lança Millicent en secouant la tête.
« Ça n'a rien d'étonnant. » commenta Pansy, l'air sombre. « Acné est une prostituée légendaire. Il parait qu'elle a même son trottoir attribué sur l'Allée des Embrumes. »
« Comment être une gourgandine en 101 leçons. Un livre d'images illustré par Abomination Greengrass. » lança Tracey, s'attirant les rires sonores de Pansy et Millicent.
« Elle ne mérite même pas de porter ce nom de famille. Elle et sa mère sont une disgrâce à notre héritage. » cracha Daphné.
« Ne t'inquiète pas Daphné. Nous allons réserver une rentrée digne de ce nom à Abcès. » assura Pansy en se frottant les mains d'un geste exagéré, comme si elle se préparait à remplir une mission particulièrement stimulante.
Sa remarque réussit à arracher un sourire à Daphné et elle sembla de meilleure humeur pendant le reste de la soirée.
/
Ginny Weasley se redressa difficilement, laissant échapper un long soupir de frustration. Elle était allongée dans l'un des lits de l'infirmerie et ne l'avait pas quitté depuis qu'on l'y avait transportée en urgence, après sa chute à Pré-au-Lard, intervenue près d'une semaine plus tôt. Elle était fatiguée d'être enfermée dans cette pièce impersonnelle qui empestait un mélange de désinfectant et de potions médicamenteuses.
Elle ressentait le besoin pressant d'être active et de se défouler mais son état – et l'infirmière - ne lui avaient pas laissé la possibilité de quitter l'endroit.
Lorsqu'elle était revenue à elle après sa chute, elle avait de nouveau fait une crise de panique en apercevant ces visages effrayants à son chevet, penchés sur son visage, comme s'ils essayaient de communiquer avec elle. Elle avait senti des liens se serrer autour de ses bras, probablement pour la maintenir immobile. Elle avait finalement senti qu'on lui faisait ingurgiter une potion au goût désagréable. Après quelques secondes, ses propres hurlements avaient cessé de lui parvenir aux oreilles et elle avait lentement sombré dans l'inconscience. Les jours suivants, le même manège s'était répété. A chaque fois qu'elle sortait de son sommeil artificiel, et qu'une personne se trouvait à son chevet, elle voyait ces visages émaciés et effrayés.
Finalement, le phénomène avait commencé à s'atténuer. Progressivement, les visages étaient redevenus normaux et familiers. Le premier visage qu'elle reconnut fut celui de Ron. Elle se jeta dans ses bras, en larmes, épuisée par le traumatisme des derniers jours.
« Je ne sais pas ce qu'il m'arrive. » sanglota-t-elle bruyamment, des larmes épaisses coulant sous ses yeux gonflés de cernes.
« Ginny… Tu as des hallucinations. » répondit Ron, l'observant avec une inquiétude non dissimulée. « Ils pensent que tu as pris quelque chose. »
« Quelque chose… » répéta Ginny, sans comprendre. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Quelque chose d'illégal. » répondit Ron en baissant la voix, pour ne pas se faire entendre de Mandy Brocklehurst, installée sur le lit adjacent, à quelques mètres de celui de Ginny.
« Quoi ? » s'exclama Ginny à voix haute, s'attirant le regard curieux de Mandy. « C'est n'importe quoi ! »
« L'infirmière m'a posé tout un tas de questions sur toi. » répondit Ron. « Et sincèrement, Ginny, avec ton dossier, ils ont de grosses suspicions. Ils savent que tu as été renvoyée de notre ancienne école. Ce ne serait pas étonnant que tu touches à des choses. »
« Mais c'est complètement faux ! » hurla Ginny avec colère.
« Ne parle pas aussi fort, Ginny. » plaida Ron. « Je sais que c'est faux, je te dis juste ce qu'ils croient probablement. »
Ginny laissa échapper un soupir frustré et commença à se mordre les lèvres, incapable de dissimuler sa nervosité.
« Et je suis supposée faire quoi, maintenant ? » demanda-t-elle.
Son cerveau était exténué après les derniers jours qu'elle venait de vivre et elle ne parvenait pas à réfléchir correctement.
« J'ai surpris une partie de leur conversation, tout à l'heure. » indiqua Ron à voix basse.
Il sortit une paire d'Oreilles à Rallonge, une invention de Fred et George, qui permettait d'écouter aux portes en toute indiscrétion.
« Ils vont faire des tests pour vérifier si tu n'as pas ingéré des substances douteuses. » l'informa Ron, d'un ton grave.
« Ce n'est pas le cas. » assura Ginny d'une voix confiante.
« Tu es sûre que ce type ne t'a rien donné ? Celui avec qui tu es allée au rencard ? Ce Malfoy. » insista Ron.
Ginny ouvrit de grands yeux outrés.
« Absolument pas, Ronald. » répliqua-t-elle avec véhémence, indignée par ses accusations.
« Tu ne le connais pas et c'est un Serpentard. » rappela son frère.
« Tu es dans cette école depuis un mois et tu as déjà des préjugés stupides sur les maisons ? » répliqua Ginny d'un ton cinglant.
« C'était juste une piste. Il s'est visiblement passé quelque chose, sinon tu ne serais pas dans cet état ! »
« Ce n'est pas lui et je…Oh Merlin ! » s'exclama Ginny, comme frappée d'une illumination soudaine.
« Quoi ? » demanda Ron sans comprendre.
« Ce sont elles. » répondit Ginny, le teint pâle.
« Elles ? »
« Les Quatre. Elles ont quelque chose à voir là-dedans, c'est évident. Rappelle-toi de ce que m'a dit cette peste de Greengrass. Qu'elle comptait me détruire. »
Ron ne répondit pas immédiatement.
« C'est évident, comment je n'ai pas pu y penser toute de suite ? » continua Ginny. « Elle était furieuse à l'idée que j'aille à Pré-au-Lard avec son ex. »
Ginny pesta pendant de longues minutes suivant ces paroles, affublant Daphné Greengrass et ses amies d'injures particulièrement vulgaires.
« Si Maman entendait le vocabulaire coloré que tu es en train d'utiliser. » fit remarquer Ron avec moquerie.
« Oh Merlin, maman et papa ! Ils vont m'enterrer vivante. Est-ce qu'on les a déjà prévenus ? » demanda Ginny, horrifiée.
« Ils savent que tu as fait une chute à pré-au-lard et qu'on t'a emmenée à l'infirmerie. Les profs n'ont probablement pas parlé de leurs suspicions, sinon tu peux être sûre que maman aurait déjà débarqué. Ils ne diront rien tant qu'ils n'auront pas encore de preuves. »
Ginny jura bruyamment.
« Les vieux vont me dépecer. » geignit-elle.
« Maman m'a écrit. Elle voulait savoir ce qu'il se passait et je lui ai dit qu'il n'y avait rien de grave. Mais s'ils font des tests et qu'ils trouvent quelque chose, ils vont prévenir les vieux. Et je ne pourrais rien pour toi, Gin. » dit-il d'une voix grave. « Repose en paix. Content d'avoir été ton frère pendant ces dix-sept dernières années, c'était cool. »
Ginny lui lança son oreiller à la figure, loin de trouver sa plaisanterie amusante.
L'après-midi même, Madame Pomfresh, l'infirmière de l'école, prétexta devoir faire des tests de routine sur Ginny. Elle insista pour que cette dernière lui procure un échantillon d'urine. Ginny ne ferma pas les yeux le reste de la nuit, angoissée par les résultats éventuels de l'analyse.
Le lendemain, Ginny fut surprise de recevoir la visite de Draco Malfoy. Étrangement, elle fut heureuse de le revoir après tous ces jours déprimants passés en quarantaine.
« Rassure-moi, tu ne vas pas encore te comporter comme une patiente de l'aile psychiatrique de Sainte-Mangouste, cette fois ? » demanda-t-il avec sarcasme.
Ginny rougit, embarrassée. Le jour de leur rencard, elle avait complètement perdu la tête à cause de ses hallucinations.
« Tu sais, quand tu disais que tu étais l'ex-un peu tarée, je ne t'ai pas pris au sérieux. Je n'ai plus aucun doute à ce sujet. » déclara-t-il avec moquerie.
Ginny laissa échapper un rire nerveux suite à sa remarque. La sensation fut des plus étranges – cela faisait des jours qu'elle n'avait pas ri. Cela lui fit toutefois le plus grand bien.
« Pourtant tu es encore là. » répliqua Ginny d'un ton taquin, l'air entendu.
« Mon côté masochiste, probablement. » répondit Draco, le plus sérieusement du monde. « Comme tu te sens ? »
« Un peu mieux. Mais les profs croient que je suis droguée. » annonça-t-elle d'un ton dramatique.
« Ce n'est pas le cas ? » demanda Draco, faussement surpris. « En général, quand on voit des choses qui ne sont pas là, ça veut dire deux choses. Ou tu as besoin d'un lit à Sainte Mangouste ou tu as un peu exagéré sur les doses. »
Ginny lui jeta un regard noir, même si elle savait qu'il plaisantait.
« Ils vont faire des tests pour vérifier si je n'ai pas ingéré des substances illégales. » poursuivit-elle avec un soupir agacé.
« Ils ne vont rien trouver. » répondit Draco d'une voix distraite.
Ginny leva un sourcil étonné.
« Qu'est-ce qui te rend si sûr ? » interrogea-t-elle.
« Pansy Parkinson et son clapet inarrêtable. Les Quatre t'ont ensorcelée pour que tu te comportes ainsi. » répondit Draco.
« J'en étais certaine. Je savais que ces garces étaient mêlées à ça. » murmura Ginny entre ses dents serrées.
Elle fronça ensuite les sourcils.
« Comment se fait-il que les profs ne soient pas au courant si elle le raconte à tout le monde ? » demanda Ginny.
« Elle en a parlé dans la salle de commune, il n'y avait que quelques Serpentard présents. Et personne n'est assez stupide pour le répéter. Ce serait dénoncer les Quatre d'une certaine manière. Les conséquences seraient fâcheuses. » expliqua-t-il.
« Et toi ? Je croyais que tu comptais m'aider ? » accusa Ginny.
« Techniquement, ce n'est pas ce que j'ai dit. » rappela Draco.
« Arrête de jouer sur les mots. »
« Je suis un Serpentard, c'est ce qu'on fait de mieux. » répliqua-t-il avec morgue.
Il s'attira un regard blasé de la part de Ginny.
« Laisse-moi t'expliquer comment les choses fonctionnent dans notre maison. Dénoncer quelqu'un auprès des profs est considéré comme de la trahison. A Serpentard, une balance est la pire chose que quelqu'un puisse être. Enfin, la deuxième plutôt. » rectifia Draco après un court moment de réflexion.
« Quelle est la première ? » demanda Ginny avec curiosité.
« Un Né-Moldu. » répondit Draco d'un ton factuel.
Sa réponse provoqua un malaise dans l'estomac de Ginny. Elle secoua la tête, tentant de réprimer le souvenir qui tentait de s'insinuer dans son esprit.
« C'est…horrible. » commenta-t-elle finalement, après quelques instants d'hésitation.
Il haussa les épaules, visiblement peu affecté.
« Je suis déçu que nous n'ayons pas terminé notre rendez-vous. » commenta-t-il, changeant complètement de sujet.
« Tu as de drôle de priorités Malfoy. » dit-elle.
« Où est le mal à poursuivre activement l'objet de mes désirs ? » s'enquit-il avec sérieux.
Ginny sentit ses oreilles prendre une couleur rougeâtre. Draco Malfoy avait un talent évident pour la mettre dans l'embarras. Il avait parfois cette façon dramatique de s'exprimer. Il semblait sortir de l'un de ces classiques de la littérature romantique telle que Romana et Julius, Les Hauts d'Azkaban ou encore Raison et Scrutoscopes dont raffolait Molly, la mère de Ginny.
« Décidément, tu ne vas pas abandonner. » répondit-elle d'un ton qui se voulait détaché.
« Ce n'est pas mon genre. Crois-moi, tu le ne regretterais pas si tu me laissais une chance, Ginevra. » ajouta-t-il avec amusement. « On formerait le couple le plus populaire de Poudlard. On nous inventerait même un nom de couple ridicule comme Drinny ou Graco. »
Ginny éclata de rire.
« Graco ? Quelle horreur, je crois que je préfère Drinny, et de loin. » déclara Ginny.
« Tu vois, tu n'es pas réfractaire. » la taquina-t-il.
Il s'attira un nouveau regard hostile de la part de la jeune fille.
« Plus sérieusement, je vais honorer ma part du marché. Tu as accepté mon rendez-vous, alors c'est mon tour de te donner les informations que tu cherches. » annonça Draco.
Le lendemain, Pomfresh annonça à Ginny que tout était en ordre et qu'elle pourrait sortir de l'infirmerie le jour même. Ginny réprima un soupir de soulagement. Ils n'avaient probablement rien trouvé de douteux dans son organisme. Cela signifiait qu'elle avait de peu échappé à un scandale auprès de ses parents.
Lorsque Ginny Weasley quitta finalement l'infirmerie, en début d'après-midi, son premier réflexe fut de se rendre dans le Parc. Elle emprunta un balai dans la réserve et s'envola dans les airs. Elle avait besoin de se défouler après les derniers jours passés cloîtrée dans un lit d'hôpital. Elle fit plusieurs tours de terrain, ressassant les paroles de Draco, la veille.
Commence par Pansy Parkinson, lui avait-il conseillé. Ce sera la plus facile à persuader.
Au début, Ginny s'était montrée réticente. Après tout, Pansy Parkinson lui semblait toute aussi dangereuse que Daphné Greengrass. Si elle avait suivi son instinct, elle se serait probablement dirigée vers la plus discrète de leur bande, Tracey Davis.
« Tracey est extrêmement loyale envers Daphné, et elle est moins influençable qu'elle en a l'air. » avait assuré Draco. « Pansy, elle, pensera à ses intérêts en premier pour se protéger. »
Puis il lui avait révélé la faiblesse de Pansy Parkinson. Apparemment, son père avait perdu toute la richesse familiale suite à des opérations douteuses impliquant blanchiment d'argent, détournement de fonds et évasion fiscale. Draco était au courant car Pius Parkinson était un ancien client de Machinations Malforescentes, l'entreprise de son père, spécialisée en conseils financiers.
« Ils ont tout perdu et il est endetté jusqu'au cou. Il a même essayé d'emprunter de l'argent à mon père. » avait indiqué Draco. « Il a frôlé Azkaban. »
Pansy Parkinson vivait donc une double vie, faisant croire à tous qu'elle était une héritière pleine aux as. L'information était probablement assez grave pour pouvoir faire redescendre Pansy de son piédestal et la remettre à sa place. Ginny ne put toutefois s'empêcher d'éprouver une certaine réticence à l'idée de révéler un secret familial de cette ampleur au reste de l'école. Premièrement, cela la mettait au même niveau que les Quatre - une peste sans cœur et sans scrupules, prête à porter des coups sous la ceinture pour atteindre ses objectifs.
Ensuite, cela montrait aussi qu'elle n'avait rien appris des événements de l'année passée. Elle avait agi sans penser aux conséquences et celles-ci s'étaient révélées très lourdes. Qu'aurait-elle donné pour retourner dans le passé et faire des choix différents ? Cela aurait évité une tragédie. Elle accéléra sur son balai tandis que le vent lui frappait le visage, s'efforçant de penser à autre chose.
Alors qu'elle s'était décidée à ne pas révéler le vilain petit secret de Pansy Parkinson, un évènement lui fit changer d'avis. Lorsqu'elle quitta le stade de Quidditch et qu'elle traversa le parc, Ginny faillit s'étouffer en voyant son frère en compagnie de Pansy Parkinson. Elle réalisa que cette dernière flirtait avec son frère. A la vue de l'expression appréciative de Ron, il ne semblait pas s'en formaliser.
Une partie d'elle fulminait de l'intérieur et elle dut faire preuve de toute sa maîtrise d'elle-même pour réprimer son envie pressante d'aller mettre un terme à la conversation. Se connaissant parfaitement, elle savait que la situation avait de grandes chances de dégénérer. Elle aurait probablement envoyé les deux à l'infirmerie après une attaque vicieuse de Chauve-Furie. Ginny fulmina pendant tout le chemin menant jusqu'à la salle commune de Gryffondor. Comment Ron pouvait-il sympathiser avec l'ennemi ?
« Ginny ! Tu es de retour, comment tu te sens ? » demanda Harry Potter, la première personne qu'elle croisa en passant le trou du portrait.
Ginny répondit par un murmure inaudible, lui adressant à peine un regard, puis se dirigea vers l'un des sofas. Elle croisa également Hermione Granger. Ginny s'apprêta à l'envoyer paître de manière un peu abrupte, n'ayant pas l'énergie pour ses jacasseries habituelles au sujet des devoirs. A sa grande surprise, Hermione la salua à peine, visiblement préoccupée par d'autres sujets.
Une heure plus tard, Ron passa à son tour le trou du portrait, et il se dirigea vers le sofa où Ginny était installée, arborant un air joyeux qui l'agaça au plus haut point.
« Hey Gin. » héla-t-il.
« Bonsoir, traître. » répondit-elle d'une voix glaciale.
Ron sembla surpris.
« Où étais-tu ? » demanda Ginny.
« En cours. » répondit-il, visiblement surpris par son hostilité.
« Et après ça ? Il y a disons, une demi-heure ? »
« Je ne vois pas où tu veux en venir, Gi… » commença-t-il.
« Je n'arrive pas à croire que tu puisses mentir sans aucun complexe à ta propre sœur. » accusa-t-elle avec fureur. « Je t'ai vu avec cette diablesse de Parkinson, ne le nie pas. »
Les joues de Ron prirent une couleur écarlate. Il commença à bredouiller des justifications incohérentes.
« Je ne sais pas comment tu peux encore penser que tu peux me mentir. Je lis pratiquement dans ton cerveau, Ronniekins. » ajouta-t-elle avec ironie.
Elle avait volontairement mentionné le nom que ses frères utilisaient pour taquiner Ron et qu'il détestait cordialement.
« C'était une simple conversation, je ne faisais rien de mal. » dit-il.
« Pourquoi avoir une conversation avec une fille qui me hait et qui essaie de me détruire ? » demanda-t-elle comme s'il venait de dire quelque chose particulièrement idiot.
« C'est Greengrass qui te déteste, pas Pansy. » rappela Ron.
« Pansy ? » répéta Ginny, avec un rire sans joie. « Tu l'appelles Pansy, maintenant ? Où suis-je ? Dans la quatrième dimension ? »
« Écoute Ginny, je sais que vous avez vos différends – mais elle n'est pas aussi horrible qu'elle en a l'air. » assura-t-il.
« Merlin… Elle t'a lobotomisé le cerveau ? Tu es sous l'effet de l'Imperium ? »
Ginny esquissa un geste vers Ron pour vérifier la température de son front.
« Tu dois être sous l'effet d'un philtre d'amour. Attends que j'attrape cette peste dans un couloir, elle va en voir de toutes les couleurs. » assura-t-elle d'une voix menaçante.
Les Quatre l'avaient déjà ensorcelée pour lui provoquer des hallucinations. Elles n'auraient aucun scrupule à faire avaler à Ron un philtre d'amour afin d'atteindre Ginny.
Elle n'arrivait pas à croire qu'elle avait ressenti de la culpabilité à l'idée de révéler les secrets de Parkinson. Cette garce était allée trop loin.
« Je dois te rappeler ce qu'elles m'ont fait ? » dit Ginny, l'air blessé.
« Tu ne sais pas si ce sont elles. » rappela Ron en fronçant les sourcils. « Et elle n'est pas aussi horrible que tu le penses. »
Ginny voulut lui révéler la vérité au sujet des Quatre et de leur attaque à distance mais elle resta silencieuse, trop surprise par la réaction de son frère. Pourquoi défendait-il Parkinson avec autant de véhémence ? Il ne savait probablement pas que cette fille était une menteuse chronique.
« Tu sais que ta chère Pansy est une vilaine menteuse ? Elle fait croire à toute l'école qu'elle croule sous les gallions alors que c'est loin d'être le cas. » répliqua Ginny.
« Je suis au courant. » répondit Ron d'une voix calme.
« Quoi ? » répondit Ginny, abasourdie. « Tu le savais déjà ? »
« Elle me l'a dit. Elle a beaucoup de problèmes, Ginny. Pour une fois dans ta vie, essaye de montrer un peu d'empathie. » répondit Ron avec froideur.
Ginny n'arrivait pas à croire ce qu'elle entendait. Pourquoi Pansy Parkinson aurait-elle révélé à son frère un secret de cette teneur ? Ce nouvel élément et la manière dont Ron défendait Parkinson lui provoquèrent un sentiment de malaise. Elle n'aimait pas ce qui se tramait entre les deux.
« Arrête un peu de constamment vouloir te mettre dans les problèmes. On vient d'arriver ici et tu n'as pas manqué une seule occasion pour te faire remarquer. Tu n'es pas le centre du monde, Gin. » accusa-t-il, contrarié.
Elle observa Ron avec incrédulité, stupéfaite par son soudain emportement. Elle était toujours celle qui faisait des scandales, d'habitude. Ron se releva et se dirigea vers les escaliers menant aux dortoirs, sans lui accorder un regard. Ginny jura. Décidemment, ces filles allaient lui bousiller l'existence.
/
Pansy Parkinson observa Albus Dumbledore, l'air ennuyé. Elle regrettait presque sa décision d'être venue dans son bureau. Son désespoir était tel, toutefois, qu'elle se résolut à rester silencieuse et à écouter le long discours du Directeur sur l'égalité des chances et l'importance d'encourager l'éducation parmi toutes les couches sociales.
Sa fierté avait pris un coup lorsqu'elle avait expliqué à Dumbledore sa situation financière désastreuse. Elle lui avait avoué ne plus pouvoir payer les frais de scolarité. Il l'avait écoutée patiemment, et même si elle avait volontairement omis ses activités extracurriculaires au Flamant Rose, elle était persuadée qu'il s'en doutait.
Ce vieux dérangé de Dumbledore lui avait toujours fichu la frousse – lorsqu'il vous regardait, il donnait l'impression de lire votre à travers votre âme. Flippant, pensa Pansy. Finalement, après une heure de discours interminable, il prononça finalement les mots qu'elle souhaitait entendre.
« …et nous serions ravi de vous accorder une bourse pour terminer votre éducation à Poudlard. » dit-il.
Une vague de soulagement parcourut Pansy. Elle lui aurait probablement sauté au cou pour l'étreindre s'il n'avait pas au moins trois cents ans de plus qu'elle. Dégueu, pensa-t-elle avec une grimace.
Elle écouta à peine lorsqu'il lui passa en revue les détails et les conditions de la bourse, imaginant déjà le meilleur moyen d'annoncer sa démission à Madame Ursula, sa patronne au Flamant Rose.
Elle s'imaginait entrer dans son bureau empestant l'odeur de cerises et lui jeter des gallions à la figure, avant d'insulter copieusement ses clients et de quitter l'endroit, la tête haute. Pansy ricana toute seule en imaginant la scène.
« Merci, professeur. Je regrette de vous avoir appelé un vieux fou casse-pieds pendant toutes ces années. » dit-elle avec enthousiasme.
Derrière ses lunettes en demi-lune, les yeux bleus de Dumbledore affichèrent une lueur médusée.
« J'accepte vos excuses, Miss Parkinson. » répondit-il toutefois avec amusement. « Bonne soirée. »
Pansy quitta son bureau, aux anges. La chance lui souriait enfin pour la première fois depuis des mois. Elle se dirigea vers les couloirs, et se retint même d'insulter de troll stupide un deuxième année quand il la bouscula.
A l'intersection d'un couloir, son cœur rata un battement lorsqu'elle croisa une élève, sortant de nulle part.
« Merlin, tu m'as fichu la frousse. Tu ne peux pas regarder où tu marches ? » demanda-t-elle, excédée.
Elle reconnut Ginny Weasley, le visage plus pâle qu'à l'accoutumée. Cette dernière la regardait fixement. C'était la première fois que Pansy la voyait depuis son séjour de plusieurs jours à l'infirmerie. De longues cernes étaient apparentes sur son visage et elle semblait épuisée. Pourtant, la lueur sombre dans ses yeux rendit Pansy nerveuse.
« Weaslette, enfin sortie de l'asile ? » demanda-t-elle d'une voix moqueuse, en l'observant avec hauteur. « Tu fais peur. Pas assez de gallions pour t'acheter de l'anti cernes ? »
Ginny ne répondit pas, arborant toujours cet air mystérieux. Pansy lui jeta un regard impérieux avant de s'éloigner.
« Malade mentale. » commenta-t-elle, dans sa barbe.
Après quelques secondes de marche, elle se rendit compte qu'elle entendait des bruits de pas derrière elle. Elle se retourna et constata que Ginny Weasley la suivait.
« Weaslette, je rêve où tu es en train de me suivre ? » interrogea-t-elle avec surprise.
Cette fille aimait vraiment les problèmes, il n'y avait pas d'autres explications. Elle devait ressentir une sorte de plaisir dérangé à se faire maltraiter.
« Non, je ne te donnerai pas d'autographe, chérie. » ironisa Pansy.
« Je sais que vous m'avez envoyée à l'infirmerie. Je suis au courant de votre petit manège. » déclara Ginny d'une voix rauque, parlant pour la première fois.
« Et si tu ne veux pas y retourner, je te conseille de passer ton chemin, Weasley. » menaça Pansy.
« Je sais qui tu es vraiment, Parkinson. » déclara Ginny d'une voix tranquille, ignorant les menaces de Pansy.
Pansy leva un sourcil interrogateur, confuse.
« Tu peux faire semblant devant les autres, mais je connais ton petit secret. » assura Ginny.
Immédiatement, Pansy se tendit.
« Je ne vois pas de quoi tu parles. » déclara-t-elle d'une voix qui se voulait décontractée.
« Ton père est endetté, vous n'avez plus une noise en banque et tu mens à toute l'école à ce sujet. Y compris à tes amies. » déclara Ginny d'un ton plat.
Pansy sentit son visage se décomposer en entendant les paroles de Weasley. Elle sentit son cœur battre à toute allure dans sa poitrine, tandis que la panique l'envahissait. Ce moment qu'elle avait redouté pendant des mois était enfin arrivé. Elle allait être démasquée. Ces mois difficiles et les choses horribles qu'elle avait dû endurer pour ne pas se retrouver dans cette situation n'avaient servi à rien.
Que ferait Weasley avec cette information ? La question est stupide. Elle irait probablement se venger des choses que Pansy et les autres lui avaient infligée depuis son arrivée.
Mais comment pouvait-elle être au courant de son secret ? La réponse frappa Pansy en plein visage comme une traînée de lumière.
« Ton frère te l'a dit. » dit-elle, répondant à voix haute à la question qu'elle n'avait pas formulé.
Comment Pansy avait-elle pu être aussi imprudente ? Dans son moment de faiblesse et de détresse, elle lui avait fait part de ses problèmes personnels. Il avait été tellement stupide de sa part de croire que Ron Weasley ne répéterait pas ses secrets à sa sœur. Cette dernière possédait désormais les munitions pour la détruire.
Une partie d'elle-même – stupide et naïve sans aucun doute - pensait que ce type l'appréciait, même si leur relation avait démarré du mauvais pied. Il s'était montré si préoccupé ce soir-là, dans cette allée sombre de Pré-au-Lard.
« Non, Ron n'a rien avoir là-dedans. » répondit Ginny d'une voix froide. « D'ailleurs tu devrais le remercier. C'est grâce à lui que je ne révèle pas ton petit secret à toute l'école sur-le-champ. Surtout après ce que toi et tes copines m'ont fait. »
Pansy ouvrit de grands yeux suspicieux. Ron ne l'avait pas dénoncée auprès de sa sœur ? Cela n'avait plus d'importance. Ginny Weasley était au courant.
« Pour une raison qui m'échappe totalement, Ron semble t'apprécier au point de te défendre. » ajouta Ginny avec dégout.
« Qui ne m'apprécierait pas, je suis hilarante et ultra mignonne. » répondit Pansy, sans pouvoir s'en empêcher.
Ginny lui jeta un regard blasé.
« Hum qui ne t'apprécie pas ? Je ne sais pas… Peut-être quatre-vingt pour cent de cette école ? » tenta Ginny avec sarcasme.
« Ça signifie que vingt pour cent de l'école m'adore. » répondit Pansy du tac au tac, avec satisfaction.
« Merlin, tu es insupportable Parkinson. » lança Ginny, secouant la tête avec lassitude.
« Merci pour le compliment, Weasley. »
« Arrête de me prendre pour une idiote. Je sais ce que tu es en train de faire. Tu essaies de dévier du sujet principal. »
Pansy haussa les épaules, démasquée.
« Si tu ne comptes pas me dénoncer au reste de l'école, pourquoi tu es ici ? » demanda-t-elle avec méfiance.
Un sourire mutin apparut sur les lèvres de Ginny.
« Pour te proposer un petit marché. » dit-t-elle.
« Quel marché ? » questionna Pansy avec méfiance.
« J'accepte de garder ton petit secret pour moi si tu me donnes des informations sur tes copines. » proposa Ginny.
Pansy grimaça, sentant la nervosité la parcourir de nouveau. Jusqu'à où serait-elle prête à aller pour protéger ses intérêts et s'assurer que la Weaslette ferme son clapet ?
Très loin, pensa-t-elle.
L'idée de vendre ses amies pour se protéger était déchirante. Celle d'être la risée de l'école et tomber dans l'impopularité était toutefois pire.
« Félicitations Weasley, je ne savais pas que tu avais ça en toi, je suis impressionnée. C'est dommage, tu aurais été une belle addition dans notre groupe. » déclara Pansy.
« Plutôt mourir. Alors, ta réponse ? »
Pansy garda le silence pendant de longues minutes, pesant le pour et le contre de la proposition. Finalement, elle lança :
« J'accepte, si tu ne m'empêche pas de fréquenter ton frère. » dit-elle.
Les yeux de Ginny se plissèrent et elle observa Pansy avec circonspection, semblant réfléchir à la condition.
« Très bien. Je n'ai pas le pouvoir de lui dire ce qu'il peut faire ou non. Mais si tu fais un seul coup de travers à mon frère, je te donne en pâture au calmar géant. C'est clair ? »
« Très clair. » assura Pansy.
« Et Ron ne doit rien savoir de notre marché. » ajouta Ginny.
« Marché conclu, Weasley. » répondit Pansy.
Fake News by FearlessUntamed
Author's Notes:
Merci à Wapa et Sylvo pour vos reviews :***
Merci à ma bêta adorée Polka60 pour sa correction !
Bonne Lecture !
XII. Fake News
Sorcière Hebdo
''La source d'informations numéro un pour les sorcières en mouvement''
La formule C.O.C.U
Certains noms mentionnés dans cet article ont été modifiés pour des raisons de confidentialité.
Il fait un froid de Porlock lorsque que je pénètre dans les vieux murs délabrés de Poudlard. Cela fait des années que je n'y ai pas mis les pieds. Pour être précise, depuis une conférence de presse organisée par mon ami proche et confident Gilderoy Lockhart, ancien professeur de Défense Contre les Forces du Mal.
Le château n'a pas changé depuis ma dernière visite - probablement depuis sa création, d'ailleurs. Je m'interroge régulièrement sur ce que fait Dumbledore des milliers de gallions offerts chaque année par des parents fortunés afin de renforcer la réputation de cet établissement – jadis – de renommée.
Cependant, ma présence n'est pas requise pour parler de décoration intérieure ni du leadership douteux d'Albus Dumbledore. Aujourd'hui, je couvre un sujet qui me tient particulièrement à cœur – l'élection de Miss Fondatrice.
Commençons par un peu d'Histoire. Instauré il y a quarante-sept ans par Trevor Alderton, directeur adjoint sous l'administration d'Armando Dippet, ce concours élève chaque année une étudiante triée sur le volet, au rang prestigieux de Miss Fondatrice.
Elle est reconnue par ses camarades et le corps professoral pour son intellect évident, sa classe remarquable ainsi que sa beauté supérieure à la moyenne. Si Trevor Alderton n'a pas fait long feu dans ses fonctions de professeur, discrètement écarté par la Direction suite à de vives accusations de harcèlement par ses collègues féminines, l'élection, elle, est restée un élément phare de la vie culturelle de Poudlard.
Plusieurs dizaines d'étudiantes ont été élues Reine du Bal à travers les décennies. Parmi elles, des noms connus du grand public. Inditya Pindira, l'ancienne gardienne et capitaine du Club de Flaquemare, désormais à la tête du Département des Sports Magiques, a été élue Miss Fondatrice lors de la première élection, en 1950. Cressida Warrington, célèbre philanthrope britannique, a décroché la couronne en 1954. Moi-même, reporter de renommée internationale et lauréate de plusieurs récompenses journalistiques pour la qualité de ma plume et la justesse de mes articles, ait été élue en 1963, à l'unanimité par le panel de juges.
C'est par nostalgie que j'accorde une faveur à mon ancien établissement et accepte de me libérer de mon emploi du temps extrêmement chargé. Je consens même à annuler une interview exclusive avec le ministre de la magie croate afin de rédiger un article sur l'élection actuelle de Poudlard, trente-cinq ans après mon propre couronnement.
Mes fans me connaissent – je ne suis pas du genre à mâcher mes mots et les faits relatés dans cet article sont une vision réelle des faits constatés sur place.
Lorsque je pense à Miss Fondatrice, certains mots me viennent à l'esprit – charisme, originalité, courage et unicité. Le fameux mélange C.O.C.U, rendu célèbre par les précédentes couronnées. Quelle déception de constater que ces termes ont été enterrés dans la Cabane Hurlante et qu'on a jeté la clef de la serrure au fond du lac.
Crétine, offensante, clichée, usurpatrice. C'est ce que se doit être la Miss Fondatrice moderne. Prétention démesurée, charme de surface, superficialité exacerbée sont les nouveaux mots de cette compétition devenue une farce financée par les gallions des contribuables.
Mais je suis réputée pour garder mon professionnalisme et les nerfs solides en toutes circonstances. C'est donc avec l'esprit ouvert que je m'engage dans cette jungle inconnue – celle du monde des filles de notre époque, en espérant y garder ma santé mentale.
Mes interviews confirment mes pires craintes. La sélection de cette année est difficile à supporter. Une certaine Delphina, princesse pourrie gâtée ne connaissant pas la signification du mot 'Non' me sort un charabia (visiblement répété) sur son combat perpétuel pour les droits des créatures magiques. Une fois l'attention des caméras détournée, elle revêt son manteau en fourrure de boursouflet, oubliant ses bonnes résolutions.
Pas le temps de m'insurger. Une autre candidate prénommée Patricia, se décrit comme une fille que tout le monde adore détester. Elle me parle avec enthousiasme de ses initiatives prévues pour l'école (zumba quotidienne, manucures obligatoires et thé amincissant pour tous) avec autant de sérieux que la faim dans le monde. Décidément, la jeunesse dorée tête à claques a bon dos. Je peine à rester éveillée lorsque Hermandina, une pseudo-savante, me récite presque par cœur le contenu de son grimoire de Sortilèges.
La pause m'offre peu de répit. Pendant que la directrice adjointe vante les nouvelles responsabilités qui seront octroyées à la nouvelle Miss Fondatrice, l'une des candidates, Melinda, sniffe une poudre douteuse dans les toilettes. Dans la cabine d'à côté, une autre se fait vomir après avoir ingurgité trois sandwichs avant sa séance photo individuelle. Je reconnais Lavinia, dont la campagne est supposée lutter contre les diktats irréalistes de la beauté dans notre société.
Comme si ce n'était pas suffisant, elles se chamaillent pendant l'après-midi pour des sujets ridicules. Le sujet à controverse principal ? Probablement les garçons, comme nous révèle Mindy, l'une des favorites de l'élection. Elle me confie d'ailleurs que c'est la seule raison pour laquelle elle se présente au concours, avant de me demander en gloussant si je peux ôter cette remarque de son interview.
Dans un style totalement différent, Giovanna, une féministe du dimanche, soutient vouloir mettre fin à une tradition superficielle instaurée il y a probablement ''trois mille ans par une bande de vieux grands-pères caucasiens, privilégiés, cisgenres et hétérosexuels '' avant de s'insurger lorsque je lui rappelle qu'elle est n'est pas forcée de concourir. Je la retrouve quelques instants plus tard au stand des rafraîchissements, occupée à se disputer impétueusement avec Delphina au sujet d'un étudiant prénommé Drake, un garçon privilégié, caucasien, cisgenre et hétérosexuel, selon mes sources.
J'arrive à ma limite lorsqu'une dénommée Lola insiste pour m'offrir une couronne fabriquée par ses soins à partir de ''matériaux organiques, riches en azote et en phosphore et bons pour l'environnement''. Lorsque je lui demande pourquoi le bijou personnalisé dégage cette odeur nauséabonde, elle me répond calmement qu'il s'agit de fiente d'hippogriffe et qu'elle est très utile pour créer du compost. Sa réponse met une dénommée Trina dans un état d'angoisse extrême et il faut faire appel à l'infirmière pour l'empêcher d'hyperventiler. Je décide de remballer plus tôt que prévu.
Le bilan n'est pas fameux et je peux déclarer avec assurance qu'il s'agit de l'une des pires journées de ma carrière. Je préfèrerais même être enfermée dans un placard à balais, forcée d'écouter un disque de Celestina Moldubec. Pour ceux et celles qui ont lu ma critique au sujet de son dernier album – vous savez à quel point cela me coûterait.
Rita Skeeter
« Wow. » commenta Millicent avec indignation alors qu'elle déposait son exemplaire de Sorcière-Hebdo sur la table. « Cette goule de Rita Skeeter nous a dé-glin-guées. »
« Que vont dire mes parents s'ils lisent ça ? » se plaignit Tracey.
« Comment a-t-elle pu trouver autant d'informations ? » demanda Millicent avec une grimace. « Elle savait même ce qui se passait dans les toilettes. »
« C'est évident. Elle a un informateur. » répondit Daphné d'un ton sombre.
L'article choc de Rita Skeeter agita les émotions parmi les étudiants de Poudlard. Millicent dut faire profil bas et réduire sa consommation de drogues. Depuis la parution de l'article, McGonagall menait un combat féroce pour démanteler le réseau de substances illégales qui avait lieu dans l'école. Elle mandata Rusard, le concierge, pour fouiller les élèves à chaque entrée dans le périmètre de l'école.
Millicent réalisa toute l'ampleur du problème lorsque Theodore Nott lui avoua qu'il avait dû jeter son stock dans les toilettes lorsque Rusard fit une descente dans la salle commune de Serpentard. Par chance, il prenait une douche lorsque Rusard avait débarqué dans le dortoir des septièmes années. Théodore avait eu le temps d'écouler sa marchandise dans la cuvette pendant que le concierge tambourinait inlassablement à la porte. Il retira aussi les bannières de son association scolaire Légalisons les Substances Décontractantes.
« Trois cent gallions fichus à la poubelle. » lui dit-il avec hargne.
Les clients habituels de Théodore durent faire preuve de créativité pour remplir leurs besoins. Terrence Higgs révéla à Millicent sa technique originale.
Sybille Trelawney, leur professeur de Divination, utilisait de l'encens à l'effet particulièrement relaxant. Du jour au lendemain, le club de Divination, gagna une dizaine de nouveaux membres. Lavande Brown et Parvati Patil semblèrent voir du mauvais d'œil l'arrivée de cette nouvelle population dans leur club fermé.
« Vous pouvez allumer un peu plus d'encens, professeur ? Je crois que ça libère ma spiritualité. » demanda Terrence sous les ricanements du reste du groupe. « Je commence à voir des formes dans ma tasse de thé. »
« Elle va me voler tous mes clients. » lança Theodore Nott à l'oreille de Millicent.
« Trelawney nous a donné de l'encens – je lui ai dit que nous voulions faire des heures sup de Divination. » apprit Terrence en ricanant, après la fin de la session du club. « On va libérer notre esprit dans la Tour d'Astronomie, ce soir. Tu viens avec nous ? »
Millicent secoua la tête.
« Non, j'ai d'autres projets ce soir. » dit-elle d'un ton distrait.
Elle trouva ses amies dans la salle commune, occupées à pinailler sur l'organisation de l'anniversaire de Tracey. Pour une raison obscure, Daphné avait invité la majorité des élèves les plus vieux de l'école. Elle souhaitait probablement gagner des points supplémentaires sur le classement en s'attirant les faveurs des élèves de l'école.
« Tu as même invité Weaslette ? » commenta Millicent avec incrédulité. « Quelle bonté de cœur. »
« Avec un peu de chance, elle ramènera son frère. » commenta Tracey avec un rire en jetant un regard appuyé à Pansy. « Tu fréquentes l'ennemi. »
« C'est de la stratégie, Cece. Weaslette va enrager si je sors avec son frère. » se justifia Pansy, qui semblait piquée au vif.
« Le fait qu'il soit mignon n'y change absolument rien, hein ? » demanda Millicent.
« Regarde qui donc me parle. » lança Pansy d'un ton vicieux. « Est-ce que je parle de ton petit-ami secret, moi ? »
Millicent écarquilla les yeux.
« De quoi tu parles ? »
« Menteuse. Je te vois sourire bêtement toute la journée. Et tu parles dans ton sommeil. » fit remarquer Pansy avec dédain.
Pansy ferma soudainement les yeux, puis s'avachit sur le sofa de manière théâtrale. Elle fit mine de pousser des gémissements dramatiques, s'agitant dans tous les sens comme si elle convulsait.
Millicent attrapa l'un des coussins du sofa et le jeta sur Pansy. Cette dernière parvint à l'éviter in-extremis. Elle mit un terme à sa prestation, observant Millicent avec un air goguenard.
« Pansy, il y a des enfants ici. » s'exclama Tracey en désignant leurs alentours, offusquée.
Autour d'elles, des élèves leurs jetaient des regards confus, visiblement médusés par l'imitation de Pansy. Celle-ci haussa les épaules, sans gêne.
« Lâche-moi la citrouille, je suis en train de leur offrir un cours gratuit d'éducation sexuelle. » argumenta-t-elle.
« Vous déviez du sujet, les filles. On parle de choses importantes, ici. C'est vraiment le bruit que fait Millie quand elle prend son pied ? » demanda Daphné d'une voix moqueuse.
« Absolument pas. » protesta Millie, indignée.
« Je te rappelle que je suis ta voisine de dortoir depuis six ans et que les murs de la salle de bain sont fins. D'ailleurs, j'espère que tu n'utilises pas le jet de la douche pour tes séances solos. Après tout on ne peut pas être deux à le faire. » ajouta Pansy.
Daphné éclata de rire et Tracey grimaça de dégoût. Millicent, elle, ne put s'empêcher de rougir. Jusqu'ici, elle avait été persuadée que son petit ami secret était exactement cela – un secret. Entendre que Pansy se doutait de quelque chose était problématique. Et si elle avait prononcé son prénom dans un rêve, sans pouvoir l'empêcher ? Comment réagiraient ses amies lorsqu'elles sauraient de qui il s'agissait ? Millicent allait devoir se montrer plus discrète. Elle esquissa alors un sourire innocent à Pansy.
« Non, tu peux garder le jet. Je préfère largement mon oreiller. » clama-t-elle en lui tirant la langue.
/
Pour la dixième fois depuis le début de l'heure, Hermione Granger pesa le pour et le contre de son prochain choix. Son cours suivant serait la Défense Contre les Forces du Mal, ce qui signifiait qu'elle devrait faire face à son professeur.
Professeur sur lequel elle s'était jetée pour un baiser passionné dans le living-room de son meilleur-ami. Complètement ivre. Merlin, relaté ainsi, cela semblait encore pire.
Elle n'oserait plus jamais le regarder dans les yeux. Comment avait-elle pu agir ainsi ?
Elle hésita longuement à feindre une migraine pour aller à l'infirmerie et éviter son prochain cours. Cette technique réglerait seulement son problème de manière temporaire. Elle ne pourrait pas feindre une quelconque maladie à chacun de ses cours jusqu'à la fin de l'année.
Elle opta ensuite pour demander à Harry de lui jeter un sort d'oubliettes afin d'effacer le contenu de cette fameuse soirée de son esprit. Cela impliquait toutefois de lui révéler la vérité et elle ne pouvait pas s'y résoudre. Comment réagirait son ami en apprenant ce qu'elle avait fait ?
A cinq minutes de la sonnerie, elle hésita à quitter l'école définitivement, sans passer ses ASPICs.
Puis, l'angoisse de se retrouver coincée jusqu'à la retraite dans un emploi de premier échelon la força à prendre ses responsabilités et affronter la réalité. Elle suivit Harry à contrecœur jusqu'à la salle de cours de DCFM. Elle tenta de se convaincre qu'elle serait contente de son choix lorsqu'elle deviendrait Ministre de la Magie. Sa nervosité actuelle lui semblerait même dérisoire, dans vingt-ans. Elle en rirait probablement avec son directeur de cabinet. Elle réalisa ensuite que la presse parviendrait sûrement à déterrer cet évènement de son passé lorsqu'elle ferait campagne, et elle ne serait pas élue Ministre à cause d'un scandale intervenu pendant sa scolarité.
Elle n'eut pas l'occasion de réfléchir davantage sur la suite des évènements car ils arrivèrent finalement devant la salle de cours. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce – elle le vit immédiatement. Près du tableau, il était dos à sa classe, occupé à rédiger des instructions sur le tableau noir. Elle profita de son inattention pour se diriger vers le fond de la classe.
« Où vas-tu ? » interrogea Harry avec étonnement.
Il était habitué à la voir au premier rang pendant les cours, sans exception.
« Je vais m'asseoir au fond. » dit-elle en s'éloignant rapidement, sans écouter le reste de sa phrase.
Il haussa les épaules, l'air confus, avant de se diriger vers le premier rang. Hermione s'empressa de sortir ses affaires, prenant le soin de ne pas lever la tête. La présence des élèves assis sur les rangs devant elle lui permettait de ne pas avoir un champ visuel direct sur son Sirius.
Elle garda les yeux rivés sur ses notes de cours lorsqu'il commença à parler, résolue à ne pas croiser son regard. Elle craignait de mourir d'embarras.
Malheureusement pour elle, sa voix séduisante ne fit que lui rappeler le baiser fervent qu'ils avaient partagé quelques jours plus tôt. Elle se demanda s'il avait apprécié autant qu'elle. Bien qu'il ait paru surpris les premières secondes, Sirius lui avait rendu son baiser avec autant d'ardeur. Elle pouvait presque encore sentir sa main dans le creux de sa taille, ses lèvres chaudes caressant les siennes, les notes boisées de son after-shave, la manière dont il prononçait Hermione.
Merlin, ressaisis-toi, pensa-t-elle avec panique. Elle était en train de fantasmer sur son professeur pendant les heures de cours. La situation était devenue trop problématique. Elle perdait complètement le contrôle de ses émotions lorsqu'il s'agissait de Sirius.
Le cours lui parut étrangement silencieux. Et pour cause, elle était toujours celle qui répondait aux questions, habituellement.
« Qu'en pensez-vous Miss Granger ? J'imagine que vous avez la réponse à ma question ? »
Hermione se tendit immédiatement. Elle fit mine de ne pas l'avoir entendu. Elle baissa la tête, tentant de dissimuler son visage derrière ses longues boucles volumineuses.
« Miss Granger ? Au fond de la classe ? » insista-t-il.
« Je ne sais pas. » mentit-elle, rougissant face à tous les regards, désormais rivés dans sa direction.
Heureusement pour elle, il n'insista pas davantage et continua son cours. Lorsque la sonnerie retentit, elle réprima un soupir de soulagement et s'empressa de ranger ses affaires pêle-mêle dans son sac, impatiente de quitter la pièce.
« Miss Granger, une seconde ? » entendit-elle alors qu'elle s'apprêtait à passer la porte.
Elle s'arrêta net, s'empêchant de jurer. Pendant une fraction de secondes, elle contempla l'idée de feindre à nouveau l'ignorance. Une partie d'elle espérait secrètement éviter toute interaction individuelle avec lui jusqu'à la fin de l'année. Elle était consciente que cette idée était utopique. Elle se retourna lentement, et lorsque les derniers élèves quittèrent la pièce, elle se dirigea vers le bureau, les yeux rivés sur ses chaussures.
« Vous ne comptez pas m'ignorer jusqu'à la fin de l'année, Hermione ? » demanda-t-il.
Hermione haussa les épaules, la gêne apparaissant sur son visage. Le ton présent dans la voix de Sirius lui parût blessé. Elle se sentit envahie par une culpabilité étrange.
« Je… Je suis vraiment désolée… Je ne sais pas ce qui m'est passée par la tête. Je n'ai pas l'habitude de boire de l'alcool. » admit-elle avec embarras.
« Regardez-moi, Hermione. » ordonna-t-il.
Son ton était agréable mais ferme et elle se sentit obligée de relever les yeux. Elle croisa son regard et immédiatement, elle se sentit rassurée. Il ne paraissait ni déçu ni accusateur.
« Vous n'avez pas besoin de vous excuser. Nous étions, deux après tout. » admit-il d'un ton grave. « Nous n'avons pas besoin d'en parler davantage, entendu ? Je peux agir comme s'il ne s'était rien passé si cela permet de faciliter les choses, pour vous. »
Elle haussa les épaules, peu convaincue. Elle ne pourrait pas agir comme s'il ne s'était rien passé.
« Vous êtes ma meilleure élève, je ne veux pas qu'il y ait de problèmes entre nous. » acheva-t-il.
Le compliment procura un sentiment de satisfaction et de plaisir chez la jeune fille.
« Nous avons toujours rendez-vous demain pour l'organisation du club de DCFM, n'est-ce pas ? » demanda-t-il.
Comment avait-elle pu oublier ces séances ? Elle hésita avant de répondre. Il allait lui falloir du temps pour pouvoir agir comme si tout était normal entre eux. Toutefois, l'opportunité de travailler avec lui directement était trop importante pour qu'elle passe à côté. En toute honnêteté, elle appréciait grandement ces sessions.
« Oui, j'y serai. » indiqua-t-elle finalement, d'une voix plus assurée.
Il lui adressa un sourire chaleureux et encore une fois, elle se demanda comment elle pourrait lui refuser quoi que ce soit. Elle lui rendit son sourire avant de quitter la pièce.
Elle retrouva Harry dans la Grande Salle pour le déjeuner. Il discutait avec animation avec Ron et Ginny. En s'asseyant aux côtés de son meilleur ami, elle lui adressa un sourire peu naturel.
Depuis le baiser échangé avec Sirius, elle éprouvait une culpabilité gigantesque envers lui.
« Je n'arrive pas à croire qu'elles nous aient invités. » disait Harry, médusé.
« De quoi parlez-vous ? » interrogea Hermione avec curiosité, ravie de penser à autre chose.
« Les Quatre organisent une fête pour l'anniversaire de Tracey Davis. Elles ont invité tous les élèves de septième année. » lui apprit Harry.
« C'est louche. » commenta Ginny. « Elles ont probablement une idée derrière la tête. »
« Peu importe si c'est vrai ou non, vous ne m'y croiserez pas. » assura Hermione.
La dernière fois qu'elle avait assisté à l'une de leurs fameuses soirées, la situation avait tourné au désastre.
« J'imagine que toi non plus. » dit-elle à l'attention de Ginny.
Cette dernière avait récolté les foudres de Greengrass et de son clan en défendant Hermione et Luna.
« Tu plaisantes ? » lança Ginny avec un sourire désabusé. « Évidemment, que je vais y aller. J'ai bien l'intention de les saboter. »
Hermione se demandait parfois si Ginny n'avait pas un instinct sadomasochiste. Elle détestait les Quatre mais elle semblait éprouver un plaisir inexplicable à les confronter. Ron leva les yeux au ciel, partageant probablement l'avis d'Hermione sur la question.
Le lendemain, ce fut avec appréhension qu'Hermione prit la direction du bureau du professeur Black. L'idée de se retrouver à nouveau seule en sa compagnie la rendait nerveuse. Toutefois, elle n'était pas prête à abandonner cette opportunité. Ce projet spécial aurait un impact positif sur ses ASPICs, ce qui était bien trop important. Elle finirait par surpasser son embarras, surtout s'il était prêt à faire abstraction de l'écart d'Hermione comme il l'avait prétendu la veille.
Elle tapa à la porte, et, à sa grande surprise, celle-ci s'ouvrit presque immédiatement.
« Bonsoir Miss Granger. Je suis content que soyez venue. » lança-t-il avec un sourire avenant.
Elle acquiesça avant de se diriger vers le canapé, et de sortir ses affaires de son sac.
Elle se détendit lorsque leur conversation se tourna sur les nouvelles initiatives pour le club de DFCM. Sirius plaisanta à plusieurs reprises et cela fut suffisant pour qu'elle se sente plus à l'aise. Apparemment, McGonagall ne mettait pas uniquement une pression considérable sur les élèves depuis l'article scandaleux de Rita Skeeter au sujet de l'élection. Les Professeurs, eux aussi, étaient sujets à ses nouvelles inspections.
« Elle m'a demandé de lui partager des méthodes d'interrogations utilisés par les Aurors pour obtenir des informations parmi les élèves. » indiqua-t-il d'un ton amusé.
Hermione approuvait les méthodes de McGonagall. Certains élèves avaient des comportements inappropriés et il était normal de remettre un peu d'ordre.
« Bientôt, ce seront les professeurs qui seront accusés de fournir des stupéfiants aux élèves. » ajouta-t-il avec un rire. « Enfin, ce ne serait pas la première fois que j'enfreindrais la relation professeur-étudiant. »
Hermione se figea en entendant ces mots.
« Je…Je croyais que nous n'allions plus parler de ça. » bredouilla-t-elle, sentant son visage s'enflammer.
« Je sais, et je suis désolé d'aborder le sujet. » admit-il en secouant la tête.
Il plongea son regard dans le sien, l'observant avec cette lueur intense qui faisait totalement perdre à Hermione ses moyens.
« La vérité, c'est que je ne peux pas m'empêcher d'y penser. » déclara-t-il, sans la quitter du regard. « Et peut-être que je devrais le regretter car je suis votre professeur mais ce n'est pas le cas. »
Hermione resta pétrifiée sur place, ne sachant pas comment agir face à la situation.
« Je suis certain que vous l'avez ressentie… Cette…connexion entre nous. C'est pour ça que vous m'avez embrassé, ce soir-là. » dit-il.
Perdue dans son regard intense, Hermione sentit à nouveau ses battements de cœur s'accélérer. Elle réalisa qu'il s'était rapproché d'elle en prononçant ces paroles. Les secondes suivantes furent semblables à un rêve éveillé. Il pressa ses lèvres contre les siennes et elle sentit toutes ses dernières barrières s'envoler.
Elle ne protesta pas lorsqu'il approfondit le baiser, sa main enfouie dans ses cheveux. Rien ne semblait exister autour d'eux à part les lèvres chaudes et sensuelles de Sirius. Lorsqu'il brisa leur étreinte, les laissant haletants, et qu'elle croisa de nouveau son regard, elle sut qu'elle était perdue.
L'embarras, l'appréhension, la peur du jugement - tous ces sentiments avaient disparu – faisant place à son désir timide. Il l'entraîna dans un nouveau baiser passionné et cette fois, elle n'hésita pas une seule seconde.
/
Daphné Greengrass savait que les apparences étaient tout dans ce monde. Personne ne se souciait réellement du fort intérieur des gens. Ce qui importait, c'était l'image qu'on projetait devant ses pairs et la réputation que cette image engendrait. Après la parution de ce torchon rédigé par Rita Skeeter, l'image de Daphné avait pris un sérieux coup de massue. Il était indispensable qu'elle y remédie. Après tout, elle avait toujours été la favorite de l'élection Miss Fondatrice. Elle ne comptait pas laisser cette impostrice de Skeeter gâcher ses chances après tout le travail fourni.
Elle s'était donc assurée d'inclure tous les élèves les plus âgés de l'école dans les invitations pour la fête organisée à l'honneur de Tracy. Elle avait également mandaté l'organisatrice d'évènements personnelle de son père afin de l'aider à préparer les festivités. Elle allait s'assurer que cette fête serait l'événement de l'année. Après cela, tous les étudiants de Poudlard lui mangeraient de nouveau dans la main.
Pour sa nouvelle campagne de communication, Daphné engagea Colin Creevey, le rédacteur en chef du journal de Poudlard, afin d'accorder une nouvelle interview exclusive. Elle offrit cent gallions à la trésorerie du journal pour s'assurer qu'on ne parlerait d'aucune autre candidate avant la fin de l'élection.
« Montre-moi les photos. » ordonna-t-elle à l'attention de Colin après une heure passée dans l'enclos d'Hagrid, leur professeur de Soins aux Créatures Magiques.
Hagrid avait paru particulièrement heureux qu'on s'intéresse à ses créatures magiques au point de leur consacrer un article dans le journal de l'école. Il s'était même lancé dans une tirade interminable sur les acromentules. Daphné s'était forcée à l'écouter pour qu'il accepte de l'aider à contrôler les créatures de l'enclos pendant la séance photos.
Lorsque Colin lui tendit les premiers clichés, elle les observa avec attention.
« Elles seront plus nettes lorsque j'aurais appliqué un sort de développement. » déclara—t-il d'une voix surexcitée.
Elle observa les images d'un œil critique, à la recherche du moindre défaut. Elle fit une sélection des meilleures photos.
« Je veux qu'on garde celle-ci. » ordonna-t-elle. « J'aime bien celle-ci aussi mais il y a des plis sur ma robe, et l'angle est bizarre, on dirait que j'ai un double menton. »
« Je peux la retoucher, on n'y verra que du feu ! » répondit Colin avec enthousiasme.
Elle leva un sourcil blasé.
« Pas que tu aies besoin de retouches bien sûr… » ajouta-t-il avec un petit rire nerveux, réalisant qu'il s'aventurait sur un terrain glissant.
« Fais-ce que tu as à faire. » répondit Daphné. « Je veux voir le résultat avant la publication de la prochaine édition. »
Elle sortit une bourse de gallions de sa poche et lui tendit. Le pot de vin n'était pas donné mais il s'agissait d'un investissement nécessaire. Et même si elle avait pioché dans le fonds fiduciaire mis à disposition pour elle par son père, elle savait qu'il saluerait son sens des affaires.
Daphné jeta un coup d'œil rapide à sa montre et se dirigea vers le parc. Le stade de Quidditch était vide, ce qui signifiait que l'entraînement des Serpentard était terminé. Elle rejoignit la première rangée de gradins et s'y installa pour attendre l'arrivée de Blaise.
Destinatrices : ''Les quatre doigts de la main''
Millicent écrit :
McGonagall vient encore de me coller une retenue – quelle vieille harpie.
Pansy écrit :
''Les quatre doigts de la main'' Millie ? Vraiment ? Comment as-tu fait pour arriver en septième année ?
Millicent écrit :
Bonne question !
Tracey écrit :
Son père a offert un ''don'' à l'école pour élargir la bibliothèque.
Millicent écrit :
Mauvaises langues – vous êtes jalouses parce que l'une des ailes de l'école va porter mon nom de famille.
Daphné écrit :
Il faut un niveau minimum pour faire partie de notre bande, Millie. Notre quatuor peut devenir un Trio rapidement, tu sais.
Pansy écrit :
Wow – vous réalisez la quantité de nouveaux surnoms qui s'offriraient à nous si c'était le cas ? Le Trio Argenté, Triple Alliance, Le Triplet d'Enfer, La Triade Iconique. Mes quatre doigts en tremblent encore.
Millicent écrit :
Ha ha ha. Tu es tellement peste, Pansy.
Tracey écrit :
On fait un vote ?
Daphné esquissa un sourire amusé tandis qu'elle refermait son journal, amusée par les frasques de ses amies. Elle vit que les joueurs commençaient à sortir des vestiaires du stade, afin de prendre la direction du château. Lorsqu'elle aperçut Blaise, au loin, elle leva le bras et lui fit un signe. Il se sépara du reste de l'équipe et s'avança dans sa direction. Arrivé à sa hauteur, il s'installa à ses côtés sur les gradins. Il posa un bras autour des épaules de Daphné, l'attirant à lui dans une demie étreinte, puis posa un baiser rapide sur ses lèvres.
« Alors, cette séance ? » demanda-t-il.
« Épouvantable – j'ai dû écouter cet abruti d'Hagrid pendant une heure. Mais je suis satisfaite du résultat. » ajouta-t-elle. « Comment était l'entraînement ? »
« Fatiguant. Mais je crois qu'on a une chance cette année de prendre le titre. » assura-t-il.
Les cinq dernières années, la Coupe de Quidditch avait été remportée par l'équipe de Poufsouffle.
« Tu ne m'as toujours pas dit ce que ton père a pensé de moi. » lança Blaise avec amusement.
« Il a dit énormément de bonnes choses sur toi. » répondit Daphné, qui avait toujours du mal à y croire.
Son père était tellement difficile qu'elle avait appris à s'attendre à des réactions négatives de sa part. L'entendre parler positivement de Blaise était pour le moins inattendu. Pourtant, elle avait eu du mal à savourer cette victoire avec l'annonce de l'arrivée imminente de sa demi-sœur.
« Quand est-ce que ta demi-sœur arrive ? » interrogea Blaise, semblant lire dans ses pensées.
« Dimanche prochain. » répondit Daphné, ses yeux lançant des éclairs. « Je n'arrive pas à croire que Papa ne m'en ait pas parlé avant. Je n'ai même pas eu mon mot à dire. »
« Pourquoi tu la détestes tant ? » demanda Blaise avec curiosité.
« Je ne te l'ai jamais dit, mais ma mère est partie après ma naissance. Quelques mois plus tard, Papa a épousé son assistante et ils ont eu ma demi-sœur. » avoua Daphné.
Elle n'aimait pas parler de cet aspect intime de sa vie, mais elle se sentait assez en confiance avec Blaise pour lui avouer la vérité. Pendant des années, elle s'était posée des questions existentielles. Pourquoi sa mère était-elle partie sans donner d'explications ? Comment avait-elle pu abandonner sa propre fille ?
Sa rancœur s'était accrue davantage en voyant sa demi-sœur grandir, entourée de ses deux parents, traitée comme la prunelle de leurs yeux. Astoria attirait toute l'attention de son père malgré les efforts de Daphné pour gagner son appréciation.
Son père était toujours resté vague sur le départ de sa mère, ce qui l'avait forcée à spéculer pendant des années. Pourtant, malgré ses tentatives de trouver une raison valable à son départ, les faits étaient bien là : sa mère l'avait abandonnée et n'avait jamais cherché à reprendre contact avec Daphné pendant toutes ses années. Pas une seule visite, pas une seule carte, pas un seul signe.
Juste un néant.
Elle sentit Blaise l'attirer contre sa poitrine et il posa un baiser sur le haut de sa tête. Elle se laissa contre lui, trouvant du réconfort dans ses bras. Elle était heureuse qu'il soit dans sa vie.
Peu importait le passé, aujourd'hui, Daphné avait une vie parfaite. Du moins, c'est ce qu'elle se plaisait à croire.
1. La formule C.O.C.U (en dépit du mauvais jeu de mot) est un clin d'œil à mon émission favorite RuPaul's Drag Race et son concept de C.U.N.T (Charisma, uniqueness, nerve & talent)
2. Rita Skeeter n'a pas mis les noms des candidates pour éviter de se faire trainer en justice pour diffamation – mais je prends le risque.
Delphina – Daphné Greengrass
Patricia – Pansy Parkinson
Hermandina – Hermione Granger
Melinda – Millicent Bulstrode
Lavinia – Lavande Brown
Mindy – Mandy Brocklehurst
Giovanna – Ginny Weasley
Drake – Draco Malfoy
Lola – Luna Lovegood
Trina - Tracey Davis
End Notes:
J'espère que ce chapitre vous a plu :) Je vous donne RDV au chapitre 13 pour suivre la fête mouvementée de Tracey (*tousse* ou de Daphné *tousse*)
Wasted Youth by FearlessUntamed
Author's Notes:
Je vous poste ce treizième chapitre en ce vendredi 13. J'espère qu'il vous plaira !
Un grand merci à Wapa d'avoir pris le temps de reviewer et une nouvelle fois à ma bêta Polka, pour la correction !
XIII. Wasted Youth
« Oh, et j'ai failli oublier, Millicent met des extensions depuis qu'une teinture lui a abimé les cheveux, il y a deux ans. » prétendit Pansy Parkinson d'un ton guilleret.
Elle était assise sur l'une des tables d'une salle de classe vide et balançait ses jambes joyeusement dans l'air. Elle paraissait en pleine réflexion, comme si elle assistait à une interrogation orale de Métamorphose, particulièrement compliquée.
« D'ailleurs, j'ai toujours douté qu'elle soit naturellement blonde. Mais ça ne doit pas être difficile à prouver. Il suffit de demander à l'un des types qu'elle s'est tapée. Elle a bien dû coucher avec la moitié de notre promotion. » renchérit Pansy sur le ton de la confidence.
Ginny leva un sourcil, ahurie. Elle posa sa plume sur son parchemin, observant Pansy avec consternation.
« Ça ne te dérange pas de raconter tous les petits secrets de tes copines ? » interrogea-t-elle.
Lorsqu'elle avait fait ce chantage à Pansy, elle ne s'était pas attendue à ce que cette dernière lui expose tous les détails de la vie privée de ses soi-disantes meilleures copines. Mais Pansy Parkinson adorait fanfaronner et il semblait parfois impossible de la faire taire.
« Tu es culottée, Weaslette. Je te rappelle que je fais exactement ce que tu m'as demandé de faire. » persifla Pansy en croisant les bras.
Elle jeta un regard bref à son reflet dans l'une des armures accrochées aux murs et ajusta ses cheveux.
« Et pour répondre à ta question, non ça ne me gêne pas. Après tout, je n'ai pas le choix. Et si elles étaient dans la même situation que moi, elles feraient la même chose. Enfin, je crois. » ajouta Pansy, haussant les épaules.
Ginny acquiesça. Parkinson n'avait pas tort sur ce point.
« Tu as tout ce qu'il te faut ? Il faut que j'aille me préparer pour la soirée de Cece. » lança Pansy avec excitation.
Ginny hocha la tête, plissant le parchemin sur lequel elle avait soigneusement noté les détails recueillis au sujet des Quatre. Pansy sauta de la table et attrapa son sac en bandoulière.
« T'attaquer à Daphné est une très mauvaise idée, Weaslette. Tu vas probablement le regretter. » la prévint Pansy d'une voix grave, qui ne lui ressemblait guère.
« Ah oui ? » demanda Ginny d'un ton détaché.
« Il faut que tu comprennes deux choses importantes sur Daphné. Premièrement, c'est une femme blessée. Deuxièmement, elle a des ressources illimitées. On ne fait pas plus létal comme combinaison. » assura Pansy.
« Je prends le risque. » répondit Ginny, une lueur de défi dans les yeux.
« Il faudra assumer les conséquences, dans ce cas. Je t'aurais prévenue. » lança Pansy en haussant les épaules.
Alors qu'elle se dirigeait vers la porte pour quitter la pièce, elle s'arrêta, comme si elle avait oublié quelque chose.
« Je vais à la fête de Tracey avec ton frère, au fait. » annonça-t-elle avec satisfaction.
Ginny fronça les sourcils.
« Tu n'étais pas au courant ? » continua Pansy avec un petit sourire goguenard. « J'imagine que je vais devoir être sympa avec toi. Après tout, on sera bientôt belles-sœurs. »
Ginny ouvrit la bouche, puis la referma, médusée. Elle fut incapable de trouver une répartie appropriée et Pansy sembla s'en réjouir. Le pire dans la situation était qu'elle ne savait pas si Parkinson plaisantait ou non. Parkinson lui souffla un baiser avant de quitter la pièce.
Ginny prit à son tour la direction de sa propre salle commune. Arrivée dans son dortoir, elle farfouilla dans ses affaires à la recherche d'une tenue appropriée pour la fête de Tracey Davis.
Hermione et Harry lui avaient lancé des regards éberlués lorsqu'elle avait révélé son intention de prendre part aux festivités en l'honneur de Davis. Ron, lui, avait levé les yeux au ciel, habitué aux élucubrations de sa sœur jumelle.
Lorsqu'elle avait une idée en tête, Ron ne cherchait plus à l'en dissuader – il savait d'avance que c'était peine perdue. Ginny savait que son obsession à l'encontre des Quatre n'était pas saine, surtout compte tenu des évènements récents. Pourtant, elle n'était pas prête à s'avouer vaincue.
Elle avait donc décidé de changer de stratégie. Si Ginny voulait les atteindre, elle devait les prendre à leur propre jeu. Il était nécessaire qu'elle agisse exactement comme elles afin de mieux les battre. C'était pour cette raison que son chantage avec Parkinson avait fonctionné à merveille. Elle ne devait pas leur montrer la moindre empathie ni éprouver de scrupules. Elle devait frapper là où ça faisait mal, et peu importait les méthodes.
Ginny s'était montrée trop vocale au sujet des Quatre, prétendant à qui voulait l'entendre qu'elle pouvait leur tenir tête. Cet affront public avait mis Daphné sur la défensive. Elle était passée à l'attaque pour affaiblir Ginny, afin de maintenir son emprise sur l'école.
Cette fois, Ginny agirait de manière subtile et fourbe. Ce vieux chapeau dégoûtant n'a pas menti, pensa-t-elle, désabusée. Elle aurait probablement sa place à Serpentard.
Elle extirpa une robe noire cloutée de sa malle. La tenue lui avait été offerte par sa belle-sœur Fleur, obsédée par le shopping. Elle se désolait régulièrement du manque de coquetterie de Ginny.
La robe était plus courte qu'elle ne l'aurait préférée mais elle en fit abstraction. Elle enfila une paire de collants opaques, sa paire de bottes militaires puis sa veste en cuir favorite et quitta le dortoir. Elle retrouva Draco Malfoy au bas des escaliers du Hall principal de l'école. Il portait une chemise d'un gris sombre et elle se surprit à penser qu'elle lui allait particulièrement bien.
« Ginevra. » héla-t-il lorsqu'elle arriva à sa hauteur. « Tu es en retard. »
« Je devais finir un devoir. » mentit-elle.
Elle n'allait pas lui avouer qu'elle avait passé plus de temps qu'à l'accoutumée à choisir sa tenue. Elle ne voulait pas lui laisser croire qu'elle avait soigné son apparence pour lui. Sa tête ne dégonflerait pas.
Après la fin ratée de leur premier rencard, Draco lui avait proposé une autre sortie. Comme Ginny avait prévu d'aller à la fête des Quatre, ils avaient décidé de s'y rendre ensemble.
« Tu es certaine de vouloir entrer dans la gueule du dragon ? » interrogea Draco avec amusement.
« A partir de maintenant, c'est moi le dragon. » annonça Ginny, d'humeur aventureuse.
Draco lui jeta un regard curieux.
« Tu avais raison de me conseiller de commencer par Parkinson. Cette fille est un moulin à paroles. Elle m'a raconté la vie de toutes ses copines. » expliqua Ginny, euphorique. « Et maintenant que j'ai toutes ces informations, je sais où je dois viser. »
« J'adore les femmes d'action. » admit-il, déridé.
Ginny était heureuse d'avoir laissé ses longs cheveux cascader sur ses épaules. Ses oreilles avaient probablement pris une teinte écarlate.
« Tu ne lâches jamais l'affaire, Malfoy. » dit Ginny.
« Tu as accepté ce second rendez-vous sans rien en échange, cette fois. Je trouve ça plutôt encourageant. » affirma Draco, avec son sourire satisfait. « Je t'aurais à l'usure. »
Ginny ne répondit pas. Alors qu'il l'avait prodigieusement agacée lors de leur première rencontre (et c'était parfois toujours le cas) elle s'était surprise à apprécier sa présence. Draco était très direct sur ses vues sur elle, ce qui était rafraîchissant, parfois. Sa façon singulière de flirter avec elle la rendait confuse et curieuse à la fois. Il n'hésitait pas à la vanner sans vergogne et leurs discussions étaient toujours stimulantes.
En intégrant Poudlard, Ginny s'était jurée de laisser les garçons de côté. Mais elle sentait que ses résolutions commençaient progressivement à se réduire lorsqu'il s'agissait de Draco.
« J'ai beaucoup aimé notre premier rendez-vous. Surtout Le Parcours de la Mort. Tu étais silencieux pendant la moitié du temps, c'était génial. » ajouta—t-elle d'une voix taquine.
Draco lui adressa un regard blasé.
Alors qu'ils passaient les portes principales menant à la sortie du château, ils croisèrent Ron qui jeta un regard entendu à Ginny. Cette dernière lui tira la langue en guise de réponse.
« J'avais oublié que tu avais cinq autres frères. » lança Draco, mal à l'aise.
« Et alors ? » interrogea-t-elle, ne comprenant pas où il voulait en venir.
« J'imagine que l'un d'eux n'hésitera pas à me refaire le portrait si je ne me comporte pas convenablement avec toi. » devina-t-il, soudainement soucieux.
Ginny ouvrit de grands yeux effarés. Puis, elle s'arrêta en plein milieu du chemin et elle éclata d'un grand rire sonore. Non loin d'eux, un groupe d'élèves lui jeta des regards pantois. Ginny se pencha en avant, secouée d'un fou rire, incapable de se contenir. Draco l'observa, l'air médusé.
« Qu'est-ce qui te fait tant rire ? » demanda-t-il avec confusion.
Finalement, Ginny parvint à retrouver sa contenance et elle essuya les larmes apparues au coin de ses yeux.
« Le fait que tu penses que j'ai besoin de mes frères pour te refaire le portrait. » répondit-elle d'un ton dédaigneux.
Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Draco.
« Tu es une fille à part, Ginevra. » dit-il avec amusement.
Ils atteignirent finalement Pré-au-Lard. La place principale du village semblait encore plus animée qu'à son habitude. On entendait de la musique et des voix bruyantes provenir des nombreux pubs et restaurants du village. Une enseigne en particulier, semblait attirer la majorité des visiteurs. C'était la première fois que Ginny se rendait à Pré-au-Lard en soirée.
Elle extirpa de sa poche l'enveloppe contenant l'invitation et parcourut rapidement des yeux les mots inscrits sur la carte.
« C'est ici ? » demanda-t-elle à voix haute.
« Oui. C'est le District. » répondit Draco d'une voix traînante.
« C'est étrange, je n'ai jamais vu cet endroit depuis que je suis arrivée. » commenta-t-elle en fronçant les sourcils.
Elle aurait juré être passée à plusieurs reprises dans les environs. Elle n'avait cependant jamais remarqué l'enseigne clinquante.
« Pendant la journée c'est un magasin d'antiquités. Le District n'apparaît que le soir. » expliqua Draco en s'approchant d'une longue file de personnes qui patientaient pour entrer dans l'établissement.
Ginny entendit une jeune femme expliquer avec animation qu'il y avait deux files. La première était réservée aux visiteurs normaux de l'établissement. La seconde file était réservée aux invités d'une fête privée.
« Elle a l'air démente. J'adorerai être invitée, j'ai entendu dire que ça allait être la folie. » dit-elle d'un ton rêveur.
Draco et Ginny s'avancèrent vers la seconde file, où un demi-géant à l'aspect intimidant vérifiait les invitations.
Devant elle, Ginny reconnut deux étudiantes de Poudlard. Dès qu'elles dépassèrent le vigile et qu'elles tentèrent d'entrer à l'intérieur de l'établissement, elles furent projetées violemment sur le pavé, en pleine rue. Le videur ricana en les observant.
« Interdit aux mineurs. » dit-il avec un sourire goguenard.
« Vous auriez pu nous prévenir ! » s'exclama l'une des étudiantes.
« Oui, mais ça n'aurait pas été aussi drôle. » l'entendit-elle maugréer d'un ton railleur.
Il trouvait visiblement la scène particulièrement drôle.
« Un sortilège de restriction d'âge. » commenta Draco pendant qu'ils passaient à leur tour l'entrée, mais cette fois sans aucun dégât. « Ils ont dû l'installer récemment. Il y avait toujours des personnes qui parvenaient à entrer ici alors qu'ils n'avaient pas l'âge requis. Moi y compris. »
A leur entrée, le chemin les mena à un long couloir éclairé par une lumière violette et Ginny pouvait entendre des sons étouffés provenant de la porte à l'autre extrémité.
Ils pénétrèrent ensuite dans une large salle d'où provenait une musique assourdissante. Des jets de lumières aveuglants clignotaient dans tous les sens au rythme de la musique. La pièce était gigantesque, probablement la taille de la Grande Salle et Ginny ouvrit de grands yeux ahuris.
Au plafond, des bannières flottaient dans l'air, affichant des photos de Tracey Davis. Elle souriait timidement à l'objectif. A leur entrée, l'une des images de Tracey leur fit un signe de la main puis un clin d'œil. La pièce était déjà bondée et même si Ginny reconnaissait des visages familiers déjà vus à Poudlard, elle eut l'impression d'être entourée par une horde d'inconnus.
« Par les testicules de Merlin. » jura Ginny, sidérée. « Une vraie fille à papa. »
Elle avait l'impression de se retrouver dans une fête de célébrité, ou du moins la vision qu'elle s'en faisait.
« Tous mes anniversaires réunis sont une plaisanterie à côté de ça. » poursuivit-elle en observant un danseur qui crachait des flammes violettes sur le bar, allumant une traînée de shooters, devant les cris excités des invités.
L'anniversaire le plus excitant qu'on avait organisé pour elle et Ron avait impliqué une virée au musée de l'histoire du Quidditch, suivi d'un buffet de fruits de mer. Elle se rappelait encore de ce jour infâme car les jumeaux avaient ensorcelé deux crabes pour attaquer Ron, qui avait une phobie des pinces qui claquaient. Surtout lorsqu'elles étaient attachées à deux crabes morts.
Ginny leva les yeux et aperçut une mezzanine surplombant la pièce. Appuyée contre la rambarde, Daphné Greengrass observait la foule devant elle avec hauteur et satisfaction, comme une souveraine devant son peuple fidèle.
« Tu veux boire quelque chose ? » lui proposa Draco.
Ginny acquiesça distraitement, scannant la pièce des yeux, à la recherche des autres membres du clan de Daphné. Elle vit Pansy Parkinson près du bar, en compagnie de son frère. Elle repéra Millicent entrer dans les toilettes. Tracey, elle, ne semblait nulle part en vue. Ginny fourra la main dans la poche de sa veste et y extirpa une petite fiole. Un liquide brillant s'y trouvait.
« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Draco avec curiosité.
« Tu n'as pas envie de savoir. » répondit Ginny, évasivement. « Je vais aux toilettes, je te rejoins au bar. »
« Qu'est-ce que tu veux boire ? » lui lança de nouveau Draco tandis qu'elle s'enfonçait dans la foule dense.
Ginny ne répondit pas, trop occupée à se frayer un chemin parmi la foule surexcitée qui se déhanchait sur une musique au tempo rapide. Elle poussa la porte ballante des toilettes, dans lesquelles une demi-douzaine de filles gloussaient bruyamment, affairées devant les miroirs. Elle fit mine de se laver les mains, jetant un regard à l'une des cabines fermées, à travers le reflet. La cabine WC s'ouvrit finalement et Ginny aperçut Millicent Bulstrode. Cette dernière ne sembla même pas remarquer sa présence. Elle paraissait dans un autre monde.
Millicent tenait un verre à demi-rempli dans sa main et elle le posa sur le rebord du lavabo. D'un geste discret, Ginny agita sa baguette dans sa direction et murmura une incantation. Le petit sac en perles de Millicent se déchira et tomba au sol. Millicent laissa échapper un juron et se baissa pour s'empresser de ramasser le contenu. Ginny jeta un coup d'œil rapide aux autres occupantes des toilettes. Lorsqu'elle fut certaine qu'aucune d'elle ne regardait dans sa direction, Ginny s'empressa de vider le contenu de la potion dans le verre de Millicent.
Elle n'attendit pas que Millicent se relève et elle se dirigea vers la sortie d'un pas rapide. Elle retrouva Draco au bar. Ce dernier lui tendit une bièraubeurre.
« Merci. » dit-elle avec un sourire éclatant, d'humeur particulièrement allègre. « On va danser ? »
/
Pansy Parkinson avait déjà bu un verre de trop. Non, plusieurs, pensa-t-elle en gloussant. Ses pas se faisaient à chaque minute un peu plus maladroits. Évidemment, elle avait insisté pour porter sa paire de talons hauts préférées. Accessoirement, la plus inconfortable, avec ses quatorze centimètres de hauteur. Peu importe, décréta Pansy, galvanisée. Aujourd'hui, elle avait enfin l'occasion de s'amuser et bénéficiait d'un instant de répit après les mois éreintants passés à mener une double vie.
Elle n'avait plus besoin de travailler grâce à la bourse de Dumbledore. Pour fêter cela, elle avait pioché dans les économies amassées grâce à ses longues heures de travail au Flamant Rose et elle s'était octroyée une séance shopping l'après-midi même. Elle avait acheté la robe bandage d'un doré brillant qu'elle portait actuellement. Un coup de cœur immédiat, même si le prix affiché sur l'étiquette l'avait rebutée. Pansy avait rapidement chassé ces pensées néfastes de son esprit. Elle méritait de se faire plaisir, après tout. Et Merlin, l'odeur des nouveaux vêtements la faisait littéralement trembler de plaisir.
« Cette fête est du tonnerre. » commenta Pansy avec excitation. « Joyeux anniversaire Cece. »
Elle attrapa une bouteille de vodka pure-glace sur la table et jeta un regard à l'étiquette. Il s'agissait d'une bouteille premium de Pologne. On pouvait compter sur Daphné pour ne choisir que le meilleur. Pansy attrapa deux verres, et versa une portion bien dosée dans chacun d'entre eux. Elle poussa l'un des verres devant Tracey. Cette dernière observa son verre avec méfiance.
« Tu sais que les shots me rendent malade Pansy. » rappela Tracey avec une grimace. En plus, ce verre n'a pas l'air propre. »
« Allez, Cece ! Tu as dix-huit ans maintenant, il est temps de te décoincer. » lança Pansy, d'un air dramatique.
Tracey leva les yeux au ciel.
« Bon, très bien. » répondit Tracey en posant le cocktail qu'elle buvait afin de l'échanger contre le shooter.
« A ma vierge effarouchée préférée. » congratula Pansy, joyeuse. « Qu'elle puisse enfin s'envoyer en l'air ! Ce soir, de préférence. »
Ignorant le regard indigné de Tracey, elle vida son verre d'une traite. Le liquide lui brûla l'intérieur de la poitrine. Tracey fit de même et elle toussa bruyamment. Pansy laissa échapper une exclamation énergisée, s'attirant les regards des personnes qui les entouraient.
Daphné avait fait privatiser une partie entière du District. A sa demande, on avait même réservé une section VIP comprenant un open bar pour un groupe restreint de Serpentard. A l'étage inférieur, la fête battait son plein et le DJ engagé pour l'occasion était excellent.
Pansy repéra Daphné près de la rampe qui discutait avec Blaise. Millicent n'était nulle part en vue, comme d'habitude. Elle se releva.
« Je vais voir mon rencard, on se revoit plus tard. » annonça-t-elle avec enthousiasme à l'attention de Tracey.
Cette dernière hocha la tête et reprit sa conversation avec les jumelles Carrow. Pansy descendit les escaliers et rejoignit la salle principale. Elle n'eut pas de difficultés à repérer Ron, non loin du bar. Il dépassait la plupart des invités d'une tête. Arrivée à sa hauteur, elle posa une main sur son bras pour attirer son attention.
« Hey, taches de rousseur. J'espère que tu m'attendais avec impatience. » dit-elle avec un sourire en coin.
« Tu… Tu es très jolie. » la complimenta-t-il, visiblement appréciateur.
Il sembla embarrassé et elle ne put s'empêcher de le trouver adorable. Elle ne regrettait pas d'avoir passé autant de gallions dans cette robe lorsqu'elle voyait la manière dont il l'observait.
« Je sais. » répondit Pansy avec satisfaction. « Tu m'offres un verre ? Un Triton Citronné. Double dose. »
« Un s'il-te-plaît ne serait pas de refus. » ironisa Ron, avec un sourire au coin des lèvres.
« S'il-te-plaît ? » minauda Pansy en battant des cils de manière exagérée.
Cela sembla l'amuser et il attira l'attention du barman pour commander sa boisson.
Pansy tourna la tête et aperçut Lavande Brown et Parvati Patil qui chuchotaient à voix basse en jetant des regards appuyés dans leur direction.
« Qu'est-ce que tu regardes, Brown ? » demanda Pansy d'un ton pugnace, élevant la voix pour s'assurer d'être entendue.
Brown parut gênée et détourna la tête, faisant mine d'ignorer la question de Pansy.
« Je peux te poser une question ? » demanda Ron, en fronçant les sourcils, devenant sérieux.
« Évidemment, chaton. » l'encouragea Pansy.
Les oreilles de Ron prirent une teinte écarlate à l'entente du surnom.
« Pourquoi tu es aussi désagréable avec tout le monde ? » demanda Ron.
« Moi ? Désagréable ? » répéta Pansy, posant une main sur sa poitrine, faisant mine d'être choquée.
« Arrête de faire l'innocente. Et je sais que tu n'es pas vraiment comme ça, en tout cas pas avec moi. J'ai l'impression que tu t'efforces d'être méchante avec ces filles. Pourquoi ? » insista-t-il.
« Tu es tellement innocent, chaton, c'est adorable. » répondit Pansy en soupirant.
Elle sirota tranquillement une gorgée de son Triton Citronné. Elle retira ensuite la paille en forme de trident et la posa sur le bar.
« Serpentard est comme une jungle. Et dans la jungle, c'est la loi du plus fort qui importe. Seules les apparences comptent. Tu dois te faire des alliés pour t'en sortir, chez nous. » expliqua-t-elle.
« Ça parait horrible. » commenta Ron.
« On s'habitue. Si tu es trop gentille, tu meurs. Et je préfère attaquer les gens en premier plutôt que d'attendre qu'ils le fassent. Personne n'ose s'en prendre à moi et je vis tranquillement. » acheva-t-elle avec satisfaction, prenant une nouvelle gorgée de sa boisson.
« Je suis content d'avoir choisi Gryffondor. » déclara Ron d'un air distrait, son regard rivé sur quelque chose sur la piste.
Elle suivit son regard et vit Draco Malfoy et Ginny Weasley danser sur la piste. Ils semblaient dangereusement proches. Pansy fronça les sourcils, un peu contrariée. Elle voulait être la seule réceptrice de son attention. Après tout, elle n'avait pas acheté une robe aussi courte pour être ignorée.
Elle commençait à sentir les premiers effets de l'ivresse, ce qui rendait sa patience encore moins importante qu'à l'accoutumée.
« On va prendre l'air ? » proposa Pansy.
Ron acquiesça et Pansy avala le reste de son cocktail cul-sec, sous le regard médusé du jeune homme.
« Pas certain que ce soit une bonne idée. » fit remarquer Ron, estomaqué.
« J'ai une bonne descente. » répliqua-t-elle, l'air taquin.
Elle attrapa la main de Ron pour l'attirer en direction de l'arrière-cour du District. Seuls deux élèves s'y trouvaient et ils rentrèrent à l'intérieur dès l'arrivée de Pansy, probablement découragés par le froid.
Cela doit être un signe, pensa Pansy avec satisfaction. Un canapé d'extérieur s'y trouvait et Pansy se dirigea vers le sofa, Ron sur ses talons.
« Merci pour ton aide avec Dumbledore et tout le reste. » dit-elle en s'asseyant confortablement.
Elle croisa les jambes et réprima un petit sourire victorieux lorsque les yeux de Ron s'attardèrent sur son geste.
« Pas de quoi. » déclara Ron, reportant son attention sur le visage de Pansy. « Tu as déjà démissionné ? »
Pansy acquiesça.
« Tant mieux, cet endroit était vraiment glauque. » sermonna-t-il d'un ton hargneux.
« Comment tu le sais, tu y es déjà allé ? » interrogea-t-elle, espiègle.
Les yeux de Ron s'écarquillèrent et il commença à balbutier des justifications incompréhensibles.
« Je…Non…Jamais… » bredouilla Ron, embarrassé.
« Je plaisante, détends-toi, chaton. » lança Pansy, hilare.
Ron sembla se détendre. Pansy, frissonnante, enroula ses bras autour d'elle.
« Je suis gelée. » se plaignit-elle. « Tu veux bien me prendre dans tes bras ? »
Encore une fois, il sembla désarçonné par sa demande. Il posa cependant son bras autour des épaules de Pansy et elle se sentit attirée contre son torse. Elle ferma les yeux, soupirant de plaisir.
« Tu sais, tu aurais pu utiliser un sort de chaleur. » fit-il remarquer, après réflexion.
« Je sais, c'était juste un prétexte. » répondit Pansy sur le ton de l'évidence.
Quelques minutes passèrent, pendant lesquelles aucunes paroles ne furent prononcées. Ron caressa lentement son bras, comme pour la réchauffer.
« Tu es vraiment directe. » dit-il finalement, rompant le silence.
« Et c'est une mauvaise chose ? » s'enquit-elle.
« Non, pas du tout. C'est juste…déstabilisant. » admit-il. « Mais… »
« Mais quoi ? »
« Mais j'aime bien. »
Contre son torse, Pansy esquissa un sourire. Elle n'avait pas ressenti cette attirance pour un garçon depuis sa rupture avec Théodore Nott. Il était tellement différent des types qu'elle avait fréquenté par le passé. Ron était simple, attentionné et il cherchait à savoir qui elle était vraiment, derrière le masque et les artifices. Le fait qu'il soit incroyablement mignon était aussi un point positif. Ainsi collée à son torse, elle lui devinait une belle musculature, probablement acquise grâce à sa pratique intensive de Quidditch.
« Tes amies n'ont rien contre le fait que tu me parles ? » demanda Ron, intrigué.
« Je suis une grande fille, je fais ce que je veux. » assura Pansy.
« Je veux dire, après tout ce qu'il s'est passé avec Ginny… » commença-t-il.
« Qu'en pense-t-elle ? » demanda Pansy.
Il grimaça.
« Elle n'est pas contente, c'est certain. Elle m'a fait un scandale lorsqu'elle nous a vus discuter. Mais étrangement, je n'ai plus eu de remarques à ce sujet depuis. » ajouta-t-il, pensif.
Ron ignorait tout du marché que Pansy avait conclu avec sa sœur. Si elle comptait bien garder un secret pour une fois dans son existence, c'était bien celui-là.
« Qu'est-ce qu'elle dira quand elle saura que je suis ta petite-amie ? » interrogea Pansy.
« Depuis quand tu es ma petite-amie ? » s'enquit Ron avec stupéfaction.
Pansy se redressa, et leva le visage dans sa direction, croisant la lueur déstabilisée dans les yeux du jeune homme. Elle s'avança vers lui et posa fermement ses lèvres contre les siennes. Lorsqu'elle s'écarta, il arborait un air choqué et ses joues avaient pris une teinte corail.
« C'est maintenant officiel. » déclara Pansy avec satisfaction. « On rentre à l'intérieur ? »
/
Tracey Davis observa la salle, l'air préoccupé. La fête battait son plein. Elle était supposée s'amuser. Après tout, sa meilleure amie avait organisé l'évènement de l'année pour célébrer son anniversaire. Mais parmi cette foule d'adolescents supposés être présents pour elle, Tracey se sentait plus seule que jamais.
Elle s'était toujours sentie quelque peu déconnectée de ses amies. Elle était différente, cela ne faisait aucun doute. Pourtant, ces dernières semaines, elle avait senti cette distance se creuser davantage.
Après des années à s'être prélassée dans l'ombre de ses amies, en particulier celle de Daphné, elle aspirait à autre chose.
Cette fête, ces lumières, tout ce bruit, c'était tout ce qu'elle détestait cordialement. Elle n'avait jamais apprécié se retrouver sous le feu des projecteurs. Après six ans d'amitié avec Daphné, elle s'était attendue à ce que cette dernière le comprenne.
Mais non, les désirs de Tracey n'avaient jamais d'importance face aux envies de grandeur de sa meilleure amie. Cette soirée était une énième tentative de Daphné d'attirer l'attention sur elle-même. Elle voulait marquer des points supplémentaires vis-à-vis des étudiants pour cette élection stupide.
Même si Tracey adorait sa meilleure-amie, elle ne put s'empêcher de ressentir de la rancœur à son encontre. Elle leva les yeux et observa Daphné tandis qu'elle dansait avec Blaise Zabini, son petit-ami, le sourire aux lèvres, probablement aux anges.
Pourquoi était-elle de si mauvaise humeur, aujourd'hui ? Et pourquoi ressentait cette nouvelle amertume vis-à-vis de ses meilleures amies ?
Elle eut sa réponse tout au long de la soirée. Daphné et Blaise étaient étroitement enlacés sur l'un des sofas, Pansy dansait en compagnie du frère de Weaslette et Millicent flirtait outrageusement avec son troisième garçon de la soirée. Elles avaient toutes le choix. Elles étaient libres de choisir de qui elles pouvaient tomber amoureuses.
Tracey, elle, ne possédait pas cette liberté. Son père insistait pour qu'elle épouse un garçon qu'il aurait choisi. Encore une fois, cela prouvait à quel point Tracey vivait en fonction de ce que son entourage lui dictait.
Elle se releva d'un bond, ne supportant pas de rester inactive à broyer du noir sur ce canapé en cuir, à sa propre fête d'anniversaire. Elle descendit les escaliers, quittant le coin privé réservé par Daphné pour une poignée d'invités. Elle réprima une grimace en arrivant sur la piste principale. Elle détestait les endroits bondés. A son passage, on ne cessa de la toucher ou de l'appeler pour attirer son attention.
« Joyeux anniversaire, Tracey ! »
« Géniale ta soirée ! »
« Allez, Cece, tu viens prendre un verre avec nous ? »
Elle ignora leurs paroles et tenta tant bien que mal de se frayer un chemin dans la foule. Son anxiété était exacerbée avec la proximité de ces corps en sueur. Elle ne pouvait même pas imaginer le nombre de germes présents dans l'endroit.
Elle remarqua une flèche indiquant la direction de l'arrière-cour et elle s'empressa de la suivre. Elle expira profondément une fois dehors, soulagée à l'idée d'avoir pu échapper à tout ce monde.
Elle jeta un sort de nettoyage à l'un des bancs installés à l'extérieur et s'y installa. Elle lança un regard bref à deux garçons, occupés à faire un concours d'acrobaties. Ils étaient manifestement ivres et l'un d'eux tomba sur le grillage. Son ami ricana bruyamment, pointant un doigt moqueur sur lui.
« Tracey ? » demanda une voix fluette, la forçant à détacher ses yeux de la scène pathétique qui s'offrait à elle.
Tracey détourna la tête et vit Luna Lovegood se tenir à ses côtés, arborant son éternel air rêveur.
« Joyeux anniversaire. » souhaita cette dernière d'une voix chantante.
Luna tendit à Tracey un paquet soigneusement emballé avec un papier jaune criard.
Les yeux de Tracey s'écarquillèrent, surprise par l'attention de Luna. Après tout, elles n'étaient pas amies et Tracey s'était même montrée quelque peu désagréable à son encontre depuis qu'elles travaillaient ensemble sur ce travail de Runes.
« Merci. » répondit Tracey, déroutée. « Je ne savais pas que tu allais venir. »
Pour dire la vérité, elle ne savait pas qui allait assister à son propre anniversaire. Les invitations avaient été gérées par Daphné. Elle avait invité tous les élèves de leur année ainsi que des personnes extérieures à Poudlard que Tracey connaissait à peine.
« Merci à toi. » se réjouit Luna avec reconnaissance. « C'est la première fois qu'on m'invite à une fête d'anniversaire. »
Tracey lui jeta un regard empli de pitié. Lovegood avait cette facilité à lancer des affirmations extrêmement déprimantes d'un ton léger. Elle semblait avoir une vision positive sur la vie à toute épreuve, ce que Tracey trouvait admirable.
Elle déchira le papier cadeau, ouvrit le carton et en extirpa ce qui ressemblait vaguement à un balai miniature. A la place des poils à l'extrémité du manche, s'y trouvait des sortes de tentacules qui commencèrent à s'agiter dans tous les sens.
« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-elle, intriguée, observant l'objet dans tous les sens.
« Un aimant à poussière. Il fonctionne tout seul et aspire toute la poussière qui se trouve à proximité. » expliqua Luna. « J'ai pensé que ça te plairait. »
« Wow… Je…J'adore. Merci Lovegood ! » répondit Tracey, prise de court.
« Appelle-moi Luna. » suggéra-t-elle en souriant.
Tracey examina longuement l'aimant.
« J'adore la couleur. » s'enthousiasma Tracey.
« J'ai choisi ta couleur préférée. » annonça fièrement Luna.
« Comment tu connais ma couleur préférée ? » demanda Tracey, scotchée.
« J'ai remarqué que toutes tes affaires sont en violet – c'était une déduction. » déclara Luna.
Tracey se tourna vers elle, le regard plein d'émotions, prise au dépourvue. Elle ne savait pas pourquoi le geste de Luna la touchait autant. Luna était la seule personne qui avait fait l'effort de lui offrir un cadeau qui lui plairait et qui lui ressemblait.
Elle ne pouvait pas en dire autant de ses amies. Elle réprima une grimace de dégoût en songeant au nouvel exemplaire du Va Va Vroom, un vibromasseur haut de gamme, qui avait orné sa table de chevet, le matin même. L'objet lui avait été offert par Pansy et Millicent. Tracey s'était empressée de le cacher dans sa malle. Elles avaient gloussé bêtement pendant une heure entière en voyant l'expression affiché par Tracey à la vue de l'appareil.
Elle sentit ses lèvres trembler légèrement sous l'effet de l'émotion.
« Merci Luna, c'est vraiment adorable de ta part. » articula-t-elle finalement.
« Tu n'as pas l'air très heureuse, ce soir. Tout va bien ? » s'enquit Luna, les sourcils froncés.
« Je n'ai pas de quoi me plaindre. » répondit Tracey en désignant d'un geste de la tête la porte, d'où provenait le bruit assourdissant des basses du DJ. « Tout le monde tuerait pour avoir une fête de ce genre. Enfin, j'imagine. »
« Mais ce n'est pas ton cas. » déduisit Luna d'une voix douce. « Ce n'est pas de ton genre. »
« Tu…Tu ne connais pas mon genre. » répliqua Tracey, sur la défensive.
« Je sais que nous ne sommes pas très proches toi et moi, mais j'ai appris à te connaître. Tu n'es pas comme tes amies, c'est évident. Malgré tout, tu t'es montrée agréable avec moi. » poursuivit Luna.
Tracey haussa les épaules puis lâcha un rire nerveux. Sa tête commençait légèrement à tourner. Maudite soient Pansy et ses fichus shooters, pensa-t-elle. Elle était toujours malade lorsqu'elle en buvait. Elle soupira, observant l'aimant que lui avait offert la jeune fille.
« Je vais te dire quelque chose que personne ne sait. » confia-t-elle soudainement. « Le Choixpeau voulait m'envoyer à Poufsouffle. J'ai préféré aller Serpentard car c'est la maison qu'avait choisi Daphné. Je voulais juste être acceptée. »
Admettre la vérité de manière verbale était étrangement libérateur. Pendant toutes ces années, elle avait eu l'impression de jouer un rôle dans l'unique but d'appartenir à un groupe.
Et cela avait fonctionné – elle était dans la bande des filles populaires, à qui tout le monde voulait ressembler et qu'on adorait détester. Pourtant, Tracey ne s'était jamais sentie épanouie. Se faire petite et discrète pour ne pas faire de l'ombre à sa meilleure amie devenait étouffant. Elle ne supportait plus de se mentir. Elle ressentait le besoin vital de sortir de sa coquille, montrer qui elle était vraiment.
« Je ne sais même pas pourquoi je te dis ça. Tu dois me trouver stupide. » lâcha-t-elle finalement avec un rire auto dénigrant.
« Pas du tout. Crois-moi, je sais ce que c'est de ne pas être acceptée par les autres. Ça a toujours été ma réalité. » déclara Luna d'une voix douce.
« Comment tu fais pour vivre avec ? » demanda Tracey, perplexe.
« Je me console en me disant que je préfère vivre heureuse en étant ce que je suis vraiment plutôt que de faire semblant d'être quelqu'un d'autre et passer ma vie malheureuse. Tout le monde ne va pas m'apprécier et c'est normal. L'important, c'est que je sois en paix avec moi-même. Il n'y a que ça qui importe vraiment. » déclara Luna d'un ton ferme.
Tracey écouta ses paroles avec attention, impressionnée par la sagesse qu'elle dégageait. Elle avait toujours pensé que Luna Lovegood était une fille excentrique et bizarre. Maintenant qu'elle faisait l'effort de regarder au-delà des apparences et des on-dit, elle était en admiration face à cette fille.
« Je suis désolée d'avoir été si peste avec toi. Tu ne mérites pas ça. Tu es une fille bien, Luna. » admit-elle. « Merci, ça m'a fait du bien de discuter. »
« Moi aussi. » répondit Luna avec enthousiasme. « Tu viens toujours à la prochaine sortie de Pré-au-Lard avec moi ? »
Tracey lui adressa un sourire franc.
« Absolument. Et peut-être que je vais même participer aux recherches pour notre travail scolaire. » assura Tracey.
« Génial. À plus tard dans ce cas. » déclara Luna avec plaisir avant d'entrer à l'intérieur du bâtiment.
Tracey appliqua un sort de réduction à l'aimant et le rangea soigneusement dans son petit sac à bretelles. Elle inspira profondément. Un poids énorme semblait lui avoir été retiré des épaules. Elle retourna dans la pièce où la fête battait toujours son plein.
« Où étais-tu, Tracey ? » demanda Daphné dès qu'elle l'aperçût. « Je te cherchais partout. »
Elle était visiblement pompette car sa démarche était maladroite. Elle enlaça brièvement Tracey, posant une bise sonore sur sa joue.
« Tu vas bien ? Tu faisais une tête d'enterrement tout à l'heure. Ta fête te plaît, j'espère ? Je sais que tu ne voulais pas un truc aussi grand. » poursuivit Daphné, sans lui laisser l'occasion de répondre. « Je voulais simplement te faire penser à autre chose. »
Tracey hocha la tête, lui assurant que tout allait bien. Sa conversation avec Lovegood l'avait rendue de bien meilleure humeur.
« Parfait. Viens, j'ai quelque chose à faire avant qu'on souffle tes bougies. » dit Daphné en jetant un regard à sa montre. « Il est temps. »
« Temps pour quoi ? » demanda Tracey, sans comprendre.
Daphné ne répondit pas mais lui attrapa la main et lui fit traverser la foule, en direction d'un couloir.
« Où est-ce que tu m'emmènes ? » insista Tracey.
Arrivée devant une porte où était inscrit le mot ''Loge Artiste'', Daphné farfouilla dans sa pochette de soirée en peau de dragon. Elle agita sa baguette à l'intérieur et murmura un sortilège d'attraction. Elle en extirpa un appareil photo semblable à celui que paradait Colin Creevey partout dans le château.
« Ce truc a intérêt à fonctionner, il m'a couté la peau des fesses. » grogna-t-elle en observant l'appareil avec insistance.
Elle fit un test, prenant une photo de Tracey sans la prévenir.
« Hey ! » protesta cette dernière.
Une image sortit de l'appareil. Daphné la secoua quelques secondes et la brandit avec satisfaction.
« Parfait. » dit-elle. « Tu es adorable là-dessus, ma sirène. »
Elle rangea la photo soigneusement dans son sac.
« Bon, voici le plan. Tu ouvres la porte, et je m'occupe du reste. » indiqua Daphné d'un ton autoritaire.
Tracey jeta un regard peu assuré à la porte. Elle entendait des sons douteux provenir de l'autre côté et elle n'était pas certaine de vouloir savoir ce qu'il s'y passait.
« Qu'est-ce qu'il y a, à l'intérieur ? » interrogea Tracey.
« Rien de très approprié. » assura Daphné avec un rictus mystérieux. « Allons-y. Trois, deux, un… »
Tracey agita sa baguette en direction de la porte et cette dernière s'ouvrit à la volée. Daphné bondit à l'intérieur, son appareil rivé dans les mains, Tracey sur ses talons. Les cliquetis répétés de l'appareil photo résonnèrent dans les oreilles de Tracey. Cette dernière ouvrit la bouche, estomaquée, lorsqu'elle vit la scène qui se déroulait devant elle.
Elles se trouvaient dans une pièce ressemblant vaguement à une loge avec des miroirs, un comptoir, et des sièges en velours. Tracey lâcha un hoquet en apercevant deux adolescents, à moitié nus. Une fille était agenouillée devant un garçon, s'attelant à des activités trop répréhensibles pour Tracey. Elle se retourna, cachant ses yeux avec sa main, pour ne pas continuer à assister à ce spectacle écœurant.
Elle entendit la fille lâcher une exclamation de stupeur, puis le bruit d'une chaise qui tombait et enfin le frottement de vêtements revêtus à la hâte. Après quelques secondes, l'agitation dans la pièce cessa mais Tracey refusa de regarder la scène.
« Urquhart, laisse-nous. » ordonna soudainement la voix de Daphné, sèchement.
Lorsqu'elle entendit le claquement de la porte, Tracey ouvrit les yeux, abaissant la main. Face à elles se trouvait une élève de Gryffondor, en sous-vêtements, qui les fixait, l'air apeuré. Tracey ne manqua pas la lueur d'humiliation dans ses yeux. Elle la reconnut immédiatement. Il s'agissait d'Éloïse Midgen, une Gryffondor de leur année. Elle était régulièrement moquée par Pansy pour son acné extrême et son physique peu avantageux.
« Finis de te rhabiller, Midgen. » suggéra Daphné d'une voix doucereuse, l'observant avec moquerie.
Daphné s'installa sur l'une des chaises, croisant les jambes, l'air superbement ennuyé. Sous les ordres de Daphné, Midgen enfila à la hâte le reste de ses vêtements, n'osant pas regarder dans leur direction.
« Les jeunes filles de notre époque, vraiment. Décidément, les vieilles valeurs ont été rangées au placard. » susurra Daphné d'une voix dramatique, secouant la tête.
Elle secoua énergiquement le cliché généré par l'appareil photo, dont l'image se clarifiait progressivement. La tête penchée sur le côté, elle sembla observer le cliché sous toutes les coutures, tel un artiste observant une œuvre dont il était particulièrement fier.
« Quelle photogénie. » commenta Daphné avec sarcasme.
« S'il te plaît… » commença à plaider Midgen.
« Je suis en train de parler, Midgen. » coupa Daphné, d'un ton glacial.
Midgen se tut et observa Daphné les bras ballants, comme une petite fille se faisant disputer par sa mère. Tracey ressentit un élan de pitié.
« Je ne sais pas comment je devrais appeler ce cliché. » déclara Daphné, faisant mine de réfléchir. « Porno chic ? Tu en penses quoi, Cece ? »
Elle se tourna vers Tracey, comme si elle attendait une réponse de sa part. Tracey ne répondit pas.
« Humm non, tu as raison. Et puis, entre nous, c'est vrai qu'il n'y a rien de chic là-dedans. » ajouta Daphné avec mépris. « Midgen, que dirais-tu de Gorge Profonde ? Peut-être que je devrais retourner dans l'autre salle et demander à tousnos invités ce qu'ils en pensent. On pourrait lancer un sondage pour trouver un meilleur nom. »
Immédiatement, Midgen fondit en larmes.
« Non…S'il-te-plaît… » articula-t-elle entre ses pleurs.
Daphné leva les yeux au ciel.
« Arrête de pleurnicher, pour l'amour de Salazar. Je ne t'ai pas encore donné de raisons de le faire. » dit-elle d'un ton dédaigneux.
Daphné s'installa plus confortablement sur le siège et plissa la mini-jupe en cuir qu'elle portait. Elle paraissait se délecter de la situation.
« Voilà ce qu'il va se passer, Migden. Pour commencer, tu vas retourner dans ton dortoir, te mettre dans ton lit, et réfléchir calmement aux mauvaises décisions que tu as prises. Demain matin, tu iras trouver McGonagall dans son bureau et lui dire que tu déclares forfait pour l'élection Miss Fondatrice. » dit Daphné avec satisfaction.
Midgen parut sur le point de protester mais Daphné ne lui en laissa pas l'occasion.
« Si tu ne fais pas ce que je te demande, j'irai lui montrer cette photo moi-même. Ensuite, je la montrerai au reste des professeurs et à toute l'école. »
Devant les menaces de Daphné, Midgen parut horrifiée.
« Mais je ne vais pas m'arrêter là, non. Je l'enverrai ensuite à tes parents, à tes futurs employeurs et au futur père de tes rejetons. Crois-moi, même les camarades de dortoir de tes petits-enfants la verront. » acheva Daphné avec satisfaction.
Elle se releva, jetant un dernier regard impérieux en direction de Midgen.
« Je te laisse le choix, évidemment. » dit-elle avant de se diriger vers la porte.
Tracey jeta un regard tiraillé à Éloïse qui pleurait toujours, recroquevillée dans un coin de la pièce. Elle hésita pendant quelques secondes à l'approcher mais elle se ravisa et se dirigea vers la porte.
Dans le couloir, elle trouva Daphné et Archie Urquhart en pleine discussion.
« On est quittes maintenant, n'est-ce pas ? » demanda-t-il en direction de Daphné.
« Non, Urquhart. Contente-toi de faire ce que je t'ai demandé au sujet de Weasley et on sera quittes. » répliqua Daphné d'un ton sec avant de s'éloigner.
Tracey la suivit dans le corridor menant à la salle de fête.
« Daphné, tu ne crois pas que tu es allée trop loin ? » demanda soudainement Tracey.
Daphné se tourna vers elle, interdite. Il était rare que Tracey questionne les agissements de sa meilleure amie. Daphné resta silencieuse un court instant, comme si elle jaugeait son amie du regard. Finalement, son visage s'adoucit.
« Voyons Tracey, je plaisantais. Je voulais juste lui faire peur. Elle va quitter la compétition, et c'est tout ce que je voulais. » ajouta-t-elle d'une voix suave.
« Tu vas me faire ce genre de chantage, si j'essaie de gagner ? Ou à Pansy et Millie ? » insista Tracey d'une voix amère.
« Je ne ferai jamais ça, Cece. Et tu sais pourquoi ? Parce tu n'essaierais jamais de te mettre en travers de mon chemin. Après tout, je suis ta meilleure amie. Et on a vécu trop de choses ensemble pour se fritter à propos d'une histoire aussi frivole. » lança Daphné.
Elle s'approcha de Tracey, esquissant un geste pour remettre les mèches de cheveux qui tentaient de s'échapper de son chignon. Puis, Daphné prit les mains de Tracey dans les siennes, l'observant avec affection.
« Je sais pourquoi tu veux gagner. Tu as besoin de cet argent pour échapper à ton père et être indépendante. Et tu sais quoi ? La première chose que je ferai quand je gagnerai cette élection sera de te donner ces 5000 gallions. » assura Daphné. « Je n'ai pas besoin de cet argent. »
Elle lui adressa un regard éclatant.
« Mais assez parlez de tout ça. Aujourd'hui, c'est toi la vedette. Et tes bougies ne vont pas se souffler toutes seules. » ajouta avec un rire cristallin.
Au fond d'elle, Tracey savait qu'elle devait se rebeller face aux manipulations de sa meilleure amie. Et plus le temps passait, plus elle voyait clair dans son jeu. Daphné savait toujours sur quels boutons appuyer pour s'assurer que Tracey lui obéirait au doigt et à l'œil. Pourtant, encore une fois, Tracey fit ce qu'elle faisait toujours : rien.
Peut-être par peur, peut-être par facilité, elle n'en était pas certaine.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé - je ne mords pas (la plupart du temps)
A très vite,
Fearless
Witches Better Beware by FearlessUntamed
Author's Notes:
Note de l'Auteure: Tout d'abord, bonne année ! Ma résolution ? Ecrire plus ! (Enfin essayer...)
Ensuite, j'aimerais réitérer les warnings de cette histoire au vu de certains évènements dans les chapitres qui vont suivre, notamment les mentions de violence physique et psychologique, harcèlement, addiction, anxiété sévère.
Merci encore à Wapa pour sa review et à ma bêta Polka60 pour la correction de ce chapitre ! Bonne Lecture !
XIV. Witches Better Beware
« Donc si je comprends bien, tu es devenu le petit-ami de Pansy Parkinson ? » demanda Harry d'une voix incertaine.
Ron Weasley hocha la tête distraitement, occupé à avaler de larges bouchées de porridge à la hâte.
Quelques minutes plus tôt, il avait fait une entrée remarquée dans la Grande Salle, main dans la main avec Pansy Parkinson. Ils avaient échangé un long baiser devant les regards effarés de leurs condisciples.
« Juste comme ça ? » insista Harry qui n'arrivait visiblement pas à concevoir l'idée.
« Hm hm. » acquiesça Ron. « Il faut que j'y aille, j'ai oublié mon grimoire de Botanique dans le dortoir. On se rejoint en cours ! »
Il attrapa son sac, termina d'un trait son verre de jus de citrouille et se dirigea vers la sortie de la Grande Salle.
Harry resta silencieux plusieurs minutes comme s'il tentait de résoudre une équation particulièrement compliquée.
« Je ne comprends pas. » déclara-t-il finalement. « Ginny, ça ne te choque pas ? »
« Je n'ai aucun commentaire à faire à ce sujet. » répondit Ginny.
Pourtant, ses lèvres plissées et son regard hostile témoignaient de sa réelle opinion sur le sujet.
« Mais je ne m'en fais pas, car leur amourette ne va probablement pas durer. » poursuivit-elle en haussant les épaules.
« Comment peux-tu en être aussi sûre ? » interrogea Harry.
« Harry, tu as vu le spécimen ? Ron pense que je suis fatigante. Qu'est-ce qu'il en sera de cette fille ? C'est une petite diva pénible et capricieuse. Je leur donne un mois maximum. » assura Ginny, visiblement très confiante.
« La différence entre elle et toi, c'est qu'il peut l'emballer à la fin de la journée pour la faire taire. » observa Harry avec amusement.
Ginny grimaça de dégoût.
« Répugnant, Harry. » objecta-t-elle avec aversion. « Vous m'excuserez, il faut que j'aille voir Draco. »
Harry observa Ginny s'éloigner en direction de la table de Serpentard.
« J'ai l'impression que c'est le monde à l'envers. Que fait-on des traditions ? Du temps où les Serpentard et les Gryffondor se détestaient cordialement ? » interrogea Harry, secouant la tête avec nostalgie.
« Ils viennent d'arriver, Harry. » répondit Hermione, comme si cela coulait de source. « Et Ginny ne sort pas avec Malfoy, du moins pas à ma connaissance. »
« C'est ce que je croyais aussi. Mais j'ai l'impression que ce n'est qu'une question de temps. Ils ne se sont pas lâchés d'une semelle pendant la fête de Davis. »
« Comment ça s'est passé, d'ailleurs ? » interrogea Hermione, l'air distrait. « J'ai complètement oublié que tu y étais allé. »
« Mon mariage sera probablement moins grandiose. » répondit Harry en levant les yeux au ciel.
« A ce point ? » s'étonna Hermione.
Harry hocha la tête.
« Qu'est-ce que tu as fait de ta soirée ? » interrogea-t-il.
Instinctivement, elle jeta un regard bref en direction de la table des professeurs.
« Hermione ! » s'exclama soudainement la voix d'Harry.
Prise de panique, Hermione se tourna vers lui.
« Ne me dis pas que tu as encore passé ton samedi soir à étudier ? » la réprimanda Harry.
Hermione faillit s'étrangler de rire.
« Je plaide coupable. » répondit Hermione d'un ton amusé.
Pendant qu'Harry lui donnait une leçon de morale intitulé ''comment être une adolescente de son âge'', ses pensées divaguèrent vers le souvenir de son samedi soir. Techniquement, il ne s'agissait pas vraiment d'un mensonge.
Encore une fois, elle avait retrouvé Sirius dans son bureau avec l'intention de continuer à travailler sur son projet spécial de DCFM. A peine avait-elle franchi la porte qu'il l'avait attirée contre lui pour un baiser fiévreux. Ils avaient passé des heures sur le vieux sofa de son bureau à s'embrasser langoureusement. Hermione avait quitté la pièce le corps brûlant et le cerveau émoustillé sous l'effet de ses étreintes.
Elle avait l'impression de perdre la tête lorsqu'elle se trouvait en sa compagnie. La sensation était étrange, effroyable et terriblement excitante à la fois. Il réveillait des sensations physiques chez elle qu'elle n'avait jamais connu.
Elle coula un nouveau regard vers la table des professeurs et cette fois son regard croisa le sien. Le cœur d'Hermione rata un battement face à l'intensité de ses yeux sombres. Elle tourna la tête, rougissante, massant distraitement sa nuque. Elle repensa aux baisers qu'il avait tracé le long de celle-ci. Ses baisers étaient vraiment d'un autre monde.
Elle avait senti son corps réclamer avantage mais il s'était montré ni pressant ni insistant avec elle et Hermione appréciait l'attention. Flirter et embrasser un professeur était une chose mais faire plus ? Si elle franchissait cette limite, il n'y aurait pas de retour en arrière.
Pourtant, Sirius ne serait pas son premier partenaire. A quinze ans, Hermione avait cherché à comprendre ces sensations nouvelles qui agitaient parfois son corps. Elle avait épluché des ouvrages entiers pour comprendre les dessous de la sexualité. Elle avait géré cela comme un projet scolaire supplémentaire, résolue à en connaître tous les détails. Elle avait appris énormément durant ses lectures, toutefois, sa frustration avait grandi à l'idée que ses connaissances restent uniquement théoriques.
Puis pendant l'été de sa cinquième année, la première occasion s'était présentée. Hermione habitait à Fort Wickdale, un petit village moldu du nord de l'Ecosse. Ses parents y avaient emménagé quelques années plus tôt pour ouvrir leur cabinet dentaire. Fort Wickdale était un village reculé et rien ne s'y passait généralement. Le supermarché le plus proche était à cinq kilomètres.
Grandir dans un endroit de ce genre n'avait pas été facile pour Hermione. Sa famille était souvent source de discussions parmi le village. Et pour cause, ce ''couple mixte avec la petite fille mulâtre'' déchaînaient les passions. Hermione n'avait jamais compris pourquoi – les Granger représentaient le cliché parfait de la famille moyennement aisée britannique. Ils s'étaient toujours fondus dans la masse dans la grande ville.
Même si les premiers mois à Fort Wickdale s'étaient révélés compliqués, avec les années, ses parents avaient gagné le respect du village du fait de leur profession. Accessoirement, les villageois étaient terrorisés à l'idée de voir des professionnels de la santé quitter la région. La mère d'Hermione gardait un sourire poli face aux remarques passives agressives des habitants de Fort Wickdale sur ses ''cheveux compliqués et indomptables'' ainsi que son prénom difficile à prononcer.
Si la plupart des adultes savaient, le plus souvent, faire preuve de retenue, il n'en était rien pour les enfants. Lorsqu'elle était entrée dans la petite école primaire de Fort Wickdale pour la première fois, elle était rentrée en larmes le soir-même. Régulièrement, elle était moquée pour sa chevelure bouclée et volumineuse qui empêchait ses camarades de voir le tableau en classe, ses dents trop grandes pour la moyenne et ses origines exotiques. Au fil des années, les remarques étaient devenues plus vicieuses.
Elle avait appris à apprécier la solitude, lassée d'être sans cesse l'objet de moqueries.
Son seul ami pendant cette période avait été Jamie Parridge, un autre souffre-douleur. Jamie était un petit garçon efflanqué avec des taches de rousseur si nombreuses qu'il avait presque la même couleur de peau qu'elle pendant l'été.
Elle avait vaguement gardé contact avec lui après son départ pour Poudlard et le voyait parfois pendant l'été lorsqu'elle rentrait à Fort Wickdale. Pendant le fameux été de sa cinquième année, suite à sa nouvelle obsession au sujet de la sexualité, Jamie lui avait paru comme une excellente personne pour pratiquer.
Après tout, ils étaient amis depuis longtemps et elle se sentait assez en confiance avec lui pour sauter le pas.
Sa première fois avait été bizarre et maladroite. Bien différente de ce qu'elle avait lu dans les dizaines d'ouvrages parcourus pendant l'année scolaire. Ils avaient été tous les deux gauches et sans expérience. Hermione se souvenait distinctivement d'avoir trouvé la chose particulièrement décevante. A cause de la description de certains livres, elle s'était attendue à quelque chose de grandiose. Une expérience mentale, physique et émotionnelle, causant un plaisir extrême et un abandon total.
Ils avaient essayé une seconde fois mais la nervosité de Jamie avait eu raison de lui et il avait eu quelques problèmes de fonctionnement. Hermione s'était alors lancée dans une longue tirade pour lui expliquer les causes et les effets de l'impuissance masculine, tirée de ses lectures sur la sexualité. Loin d'être rassuré par son explication, le visage du garçon avait pris une teinte écarlate et il avait paru particulièrement humilié. Il ne lui avait plus adressé la parole après ces évènements et elle avait perdu son seul ami à Fort Wickdale.
Elle avait connu son deuxième partenaire avant son entrée en septième année. Charles faisait un stage dans le cabinet dentaire de ses parents. Ils avaient passé leurs soirées ensemble pendant l'intégralité de l'été. Charles ne connaissait ni le village ni les environs et il avait paru content de pouvoir occuper ses soirées après les longues journées de travail au cabinet dentaire. Hermione, elle, avait été ravie à l'idée d'avoir quelqu'un à qui parler à Fort Wickdale, en dehors de ses parents. Charles avait quatre ans de plus qu'elle. Il venait de la grande ville et les filles du village n'avaient eu de cesse de jeter des regards pleins d'admiration mêlés à de la jalousie à Hermione lorsqu'elles le croisaient en sa compagnie.
C'était elle qui avait fait le premier pas. Il l'avait fait dans le bureau inoccupé du cabinet de ses parents, où un troisième dentiste s'installait deux mois dans l'année pour les aider. L'expérience avait cette fois été bien plus satisfaisante et elle s'était retenue de faire des remarques, après l'expérience désastreuse avec Jamie. Après ses deux mois de stage, Charles était retourné à Glasgow pour continuer ses études et ils avaient perdu contact, depuis.
Une chose était sûre, jamais elle n'avait ressenti l'ampleur du désir qu'elle nourrissait envers Sirius Black. Hermione s'étonnait de se languir constamment de son toucher. Son corps était en feu et traversé de palpitations incontrôlées lorsqu'il la touchait.
C'était exactement pour cette raison qu'elle devait être sur ses gardes. Elle était habituée à penser avec sa tête et non son corps et elle ne voulait pas prendre de décisions irréfléchies sous l'effet de ce désir qu'elle ne maîtrisait pas.
« Hermione, dis-le-moi si je te dérange. » lança la voix d'Harry, la sortant de ses pensées lointaines.
Elle reporta son attention sur son meilleur ami qui l'observait, un sourcil levé.
« Tu es bien dans la lune ces derniers temps. » fit-il remarquer.
« Désolée. » s'empressa-t-elle de déclarer. « Tu as terminé ton devoir de Sortilèges ? »
Parler des devoirs était une technique facile pour s'assurer qu'Harry arrête de lui poser des questions compromettantes. Il se confondit en justifications peu convaincantes avant de lui demander timidement s'il pouvait emprunter le sien afin de s'en inspirer. Hermione leva les yeux au ciel mais consentit à lui prêter son devoir terminé depuis la semaine précédente. Elle avait même ajouté un travail de recherche supplémentaire qui allait plus loin dans l'analyse du thème.
Lorsqu'elle passa dans le Hall pour rejoindre son premier cours de la journée, elle croisa une bande d'élèves devant le tableau des scores de Miss Fondatrice. A chaque moment de la journée, un attroupement d'élèves surexcités observait les points de chacune des candidates.
Le matin-même, elle avait entendu Lavande Brown et Parvati Patil raconter à tout le monde qu'Éloïse Midgen avait déclaré forfait pour des raisons inconnues.
Puis, plus tard dans la semaine, Susan Bones dût être évacuée en urgence de l'école après avoir avalé un gâteau offert par un admirateur secret. Apparemment, la boite ne précisait pas que la pâtisserie contenait des noix. Il provoqua une réaction sévère à l'allergie aux arachides de Susan Bones. L'infirmière ne fut pas en mesure de lui venir en aide et on fut forcé de l'envoyer en urgence à Sainte-Mangouste.
En rentrant dîner, Hermione s'arrêta devant le tableau des scores où un groupe de filles étaient agglutinées.
Miss Fondatrice
"Tableau D'honneur"
Daphné Greengrass – 265 points
Mandy Brocklehurst – 230 points
Millicent Bulstrode – 220 points
Tracey Davis – 195 points
Pansy Parkinson – 165 points
Ginevra Weasley – 160 points
Lavande Brown – 135 points
Hermione Granger – 120 points
Sally-Ann Perks - 80 points
Luna Lovegood – 55 points
Éloïse Migden – Éliminée/Forfait – 0 points
Padma Patil – Éliminée/Forfait - 0 points
Susan Bones - Éliminée/Forfait - 0 points
Seamus Finnigan, l'hôte principal de la radio Poudlard FM, faisait un commentaire quotidien sur l'avancement de l'élection.
« Encore du croustillant cette semaine chez l'élection Miss Fondatrice. Au sommet de la pyramide, Daphné Greengrass et Mandy Brocklehurst se mènent toujours une lutte acharnée pour le titre. Millicent conserve quant à elle sa place sur le podium. L'award du bond de la semaine est décerné à Tracey Davis qui a gagné 45 points en moins de vingt-quatre heures et qui atteint désormais la quatrième place du classement. Certains diront que sa fête d'anniversaire l'a aidée à passer ce cap. Probablement des jaloux qui n'ont pas été invités. J'y étais et je peux vous dire que vous avez tout raté ! Lavande Brown a perdu 50 points cette semaine chutant de… cinq places ! Du jamais vu dans la compétition. Comme vous le savez, j'accueille régulièrement certaines des candidates sur nos ondes. Aujourd'hui, c'est Luna Lovegood qui nous fait l'honneur de participer. Alors Luna, un commentaire exclusif à faire à nos auditeurs sur ton classement actuel ? » demanda la voix de Seamus.
« J'étais en treizième position il y a encore quelques semaines. Je suis maintenant en dixième. » répondit la voix rêveuse de Luna Lovegood.
« Tu réalises qu'il ne reste plus que dix candidates ? » fit remarquer Seamus.
« Oui, mais c'est une amélioration. » assura Luna.
Il eut quelques secondes de silence à l'antenne.
« Nos auditeurs admirent ton positivisme. » lança finalement la voix de Seamus. « C'était votre flash news quotidien sur l'élection Miss Fondatrice, sponsorisé par Epilvite, la gamme de produits qui fera de vos poils un lointain souvenir ! Et maintenant passons à notre courrier du cœur… »
Hermione leva les yeux au ciel en écoutant la voix provenant du poste de radio portable de Lavande Brown. Tous les jours, à la même heure, une bande d'élèves se réunissait autour du petit poste pour écouter le commentaire quotidien de Seamus sur Poudlard FM.
Elle avait eu l'espoir immense que cette élection devienne enfin quelque chose d'intéressant. Les opportunités mentionnées par McGonagall au début de l'année avaient semblé excellentes. Au fil des semaines, elle avait vu sa motivation baisser chaque jour un peu plus. Hermione avait l'impression de passer inaperçue derrière ses compétitrices. Elle ne voulait pas faire campagne en se basant sur des stupidités, comme les autres.
Une chanson des Bizzar' Sisters résonna sur le poste de radio, l'arrachant de ses pensées. Hermione jeta un regard à l'horloge de la salle commune, placée au-dessus de la cheminée.
Son cœur fit un bond lorsqu'elle vit l'heure et elle s'empressa d'attraper son sac et de se diriger vers le trou du portrait.
Quelques minutes plus tard, elle fut accueillie par le visage séduisant de Sirius Black. Cette fois, il resta à une distance polie et ne l'embrassa pas pour la saluer. Même si elle ne voulait pas l'avouer – elle en fut un peu déçue.
Après tout, il fallait à un moment ou un autre qu'ils avancent réellement sur ce club de DFCM. Leurs dernières rencontres avaient consisté en une séance de baisers passionnés et peu d'avancement sur le plan scolaire.
Hermione fut distraite pendant la majorité de la soirée. Il fallut que Sirius fasse des signes devant son visage à plusieurs reprises pour attirer son attention. Finalement, il s'interrompit, visiblement découragé.
« Hermione, tu n'es pas concentrée. » fit-il remarquer.
Se tutoyer avec Sirius avait été étrange au début – plus étrange que de l'embrasser pour dire vrai.
« Je suis désolée, je suis un peu distraite, aujourd'hui. » s'excusa-t-elle.
« Que se passe-t-il ? » insista-t-il. « Tu es visiblement préoccupée. Laisse-moi t'aider. »
« Tu vas trouver ça stupide. » assura Hermione avec un soupir.
« A moins d'en juger. » répliqua-t-il.
« C'est à propos de l'élection. J'étais persuadée que cette année serait différente. Qu'ils cherchaient une personne différente. Pas une autre princesse superficielle sans intérêt. » admit Hermione d'un ton découragé.
« Je te l'ai dit Hermione, tu as quelque chose que les autres n'ont pas. Mais la différence entre ces filles et toi, c'est qu'elles croient en leur chances et qu'elles comprennent qu'il faut s'adapter. » dit-il avec patience.
« Qu'est-ce que ça veut dire ? » objecta Hermione, un peu heurtée.
« Tu ne peux pas attendre que tout le monde te remarque sans rien faire pour te faire remarquer. » déclara Sirius. « Tu as des forces, utilise-les. »
Hermione garda le silence, réfléchissant à ses paroles. Il était vrai qu'elle n'avait pas été aussi proactive qu'elle aurait pu l'être. Les autres candidates se faisaient voir, mettant en place des stratagèmes parfois douteux.
« Il va falloir que tu commences à être un peu égoïste. C'est une compétition. » rappela Sirius.
Il avait raison. Elle méritait sa place autant que ces filles. Elle aussi pouvait remporter l'élection.
Sirius avait cette habilité à lui faire ressentir des émotions positives – la sensation d'être désirée, d'être unique. En sa présence, sa confiance en elle grandissait et elle avait l'impression d'être à la hauteur.
Hermione posa soigneusement sa pile de parchemin sur le sol puis elle se tourna vers Sirius, croisant ses yeux sombres. Cette fois, ce fut Hermione qui initia le baiser, pressant ses lèvres contre les siennes avec ferveur. Lorsqu'elle s'écarta pour reprendre son souffle, elle ne manqua pas la lueur de convoitise dans les yeux de Sirius.
Sans rompre le contact visuel avec lui, Hermione prit une grande inspiration puis elle esquissa un geste vers son propre chemisier, le déboutonnant lentement. Le vêtement tomba à ses pieds et elle se pencha de nouveau vers Sirius.
Elle était prête.
Destinatrices : ''Pouvoir aux femmes''
Pansy écrit :
Vous avez remarqué que Granger se pavane comme si elle était la propriétaire des lieux ces derniers temps ?
Daphné écrit :
J'ai du mal à comprendre pourquoi, son classement n'est pas fameux.
Millicent écrit :
Elle vient de gagner une place dans le classement.
Pansy écrit :
Dépasser Lavande Brown n'est pas un exploit. Quoique… C'est vrai qu'elle prend de la place.
Millicent écrit :
Tu as la mémoire bien courte, Pansy. Je te rappelle que Lavande Brown était devant toi il y a encore quelques temps.
Tracey écrit :
D'ailleurs comment a-t-elle fait pour perdre cette quantité de points en si peu de temps ?
Daphné écrit :
McGonagall l'a entendue prononcer des mots indignes d'une vraie lady. D'ailleurs, je ne savais pas que Brown avait un vocabulaire aussi fourni. Je suis encore sous le choc.
Tracey écrit :
Ça ne lui ressemble pas, pourtant.
Daphné écrit :
A sa décharge, Pansy l'avait provoquée. Elle l'a traitée de – je cite les termes exacts ''une grosse ringarde qui fout la gerbe''
Millicent écrit :
Du Pansy tout craché.
Daphné écrit :
Brown lui a répondu d'aller faire quelque chose de particulièrement vulgaire et qui, sérieusement, semble physiquement impossible mais j'applaudis son imagination. McGonagall est passée à ce moment exact et l'a entendue. Vous connaissez la suite.
Pansy écrit :
Je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas. D'ailleurs, le monde ne serait pas ce qu'il est si tout le monde faisait preuve de mon honnêteté.
Tracey écrit :
Tu n'es pas honnête, tu es juste méchante, Pansy. Mais on t'aime comme ça.
Pansy écrit :
Ce n'est pas de la méchanceté si c'est la vérité.
Millicent écrit :
Comment fait ton petit ami pour te supporter, Pansy ?
Daphné écrit :
Je ne me remets toujours pas du fait que tu sortes avec le frère de Weaslette. C'est du pur génie. Elle doit enrager.
Tracey écrit :
Quand est-ce que tu nous le présentes, au fait ? Nous n'avons pas apposé notre sceau d'acceptation sur cette union. Tu es supposée respecter la tradition.
Daphné écrit :
C'est toujours elle qui a quelque chose à redire sur les choix amoureux des autres.
Millicent écrit :
Elle ne va pas vous répondre, les filles. Je suis à côté d'elle et ils ont commencé à se bécoter. Ils en ont probablement pour deux bonnes heures.
Daphné écrit :
Vous leur donnez combien de temps ?
Tracey écrit :
3 mois.
Millicent écrit :
Wow, tu es positive Cece ! Moi je le leur donne trois semaines, elle aura ses prochaines règles à cette date. Elle devient un monstre quand elle les a.
Tracey écrit :
Je ne sais pas ce qui est pire – qu'on parie sur la vie amoureuse de Pansy ou que tu connaisses aussi bien son cycle menstruel, Millicent.
Millicent écrit :
On voit que tu n'es pas sa voisine de dortoir ! J'évite le dortoir pendant cette période – elle est juste horrible. J'ai toujours peur qu'elle pète un plomb et me poignarde dans mon sommeil.
Daphné écrit :
Personnellement, je leur donne deux mois.
Tracey écrit :
Pari tenu !
Daphné écrit :
Celle qui perd paye la tournée au prochain brunch.
Millicent ferma son journal lorsqu'elle entendit le grincement de la lourde porte donnant accès au sommet de la Tour d'Astronomie. Elle vit Terrence Higgs s'approcher d'elle, tout sourire. Il brandit un sac transparent.
« L'encens de Trelawney. » annonça-t-il d'un ton victorieux.
« Tu es vraiment l'homme de la situation. » déclara Millicent, un air d'approbation visible sur son visage.
« J'espère que ces heures supplémentaires de Divination Avancée ont vraiment valu la peine. » répondit Terrence.
Il leva sa baguette dans l'air et un cercle semi-transparent, semblable à un sort de protection, s'érigea autour d'eux. Ils se retrouvèrent enveloppés dans une bulle transparente.
« La traque de McGonagall continue ? » demanda Millicent avec amusement.
Elle observa Terrence tandis qu'il plaçait les bâtons sur un porte-encens avant de le poser au sol.
« Oui, mais elle a l'air d'avoir baissé la garde. » répondit-il. « Théodore dit qu'il faut patienter encore une semaine ou deux et ça devrait être bon. On pourra recommencer à se défoncer en toute tranquillité. »
Depuis l'article scandale de Rita Skeeter dans Sorcière Hebdo et ses révélations sur la présence de substances illicites dans l'enceinte de l'école, McGonagall s'était lancée dans une traque sévère avec Rusard, le concierge de l'école.
Théodore Nott, qui fournissait des substances diverses et variées aux élèves de l'école, appelait ces temps difficiles ''La Grande Prohibition'' d'un ton dramatique. En attendant, il s'était lancé dans la concoction et la vente de potions artisanales. Malheureusement pour Théodore, les affaires n'avaient pas décollé. Quand Flora Carrow s'était retrouvée à imiter un canari pendant son cours de Sortilèges, il avait dû revoir sa préparation secrète.
« C'est tellement discriminant. » acheva Terrence d'un air blasé.
« C'est vrai qu'on ne de fait mal à personne. » renchérit Millicent.
Dans la bulle protectrice, la fumée de l'encens s'était rapidement diluée et Millicent inspira une bouffée de l'air.
« Planant. » commenta Terrence.
La fumée de l'encens ne se dissipait pas dans l'air lorsqu'ils expiraient mais restait dans la bulle. Sans doute à cause de cette méthode d'ingestion, l'encens sembla les frapper plus fort et plus vite que d'habitude.
Millicent se détendit, plongée dans des pensées lointaines. Son amoureux secret comme se plaisait à le prénommer Pansy avait été un peu distant ces derniers temps et elle n'était pas certaine de savoir pourquoi. Elle n'avait jamais eu de problèmes à se montrer entreprenante avec les garçons. Mais cette fois, c'était différent et elle n'avait pas envie d'apparaître comme une idiote désespérée. Elle l'appréciait vraiment, probablement même plus.
Il faut savoir se faire désirer, c'est la base, prétendait souvent Pansy.
Elle adorait donner des conseils non sollicités en relations amoureuses à qui avait le malheur d'en parler. Millicent n'avait jamais porté attention à ses conseils douteux mais pour une fois, elle ne trouvait pas son conseil si mauvais.
Il lui avait à peine adressé la parole ces derniers jours et elle n'était pas certaine d'avoir fait quelque chose pour causer son éloignement.
Certes, elle n'avait pas arrêté de voir d'autres garçons à côté mais ce n'était pas comme si la relation qu'ils avaient était exclusive. Ils n'avaient pas encore eu cette conversation.
Elle soupira. Ses relations amoureuses avaient toujours été compliquées. Elle évitait de trop s'attacher aux garçons qu'elle fréquentait. Il était plus facile de rester sur le charnel, et ne pas s'embrouiller avec des sentiments. Elle avait l'impression de ne pas être émotionnellement capable d'assumer une relation. Comment était-ce possible avec toutes ces pensées macabres qui lui pourrissaient l'existence ?
« Je suis vraiment loin. » commenta Terrence.
Sa voix ramena Millicent à la réalité. Ses membres semblaient planer à quelques mètres du sol. Elle était si légère. Ils restèrent deux heures ainsi, couchés sur le sol dur du haut de la tour, fixant les étoiles brillant dans la nuit noire.
Comme quasiment à chaque fois, leur séance de défonce termina en bécotage, et Millicent retint son souffle lorsque Terrence esquissa un geste pour retirer sa petite culotte. Elle rejeta sa tête en arrière tandis que ses doigts la caressaient lentement.
Puis il s'arrêta brusquement et s'écarta d'elle avec un hurlement, faisant sursauter Millicent. Elle se redressa, effarée. Terrence toussait bruyamment, la main posée sur sa bouche et son nez.
« Tout va bien ? » demanda-t-elle, confuse.
Il remonta son pantalon à la hâte, le visage écarlate, puis s'empressa de ramasser ses affaires sur le sol.
« Je…je…j'ai oublié que j'avais un truc à faire. » articula-t-il.
Son visage était pâle – comme s'il était malade et il se précipita vers la porte de la Tour, manquant de s'étaler par terre au passage.
Elle secoua la tête, encore estomaquée par ce qu'il venait de se passer. L'encens l'avait probablement frappé plus sévèrement que d'habitude. Trop intoxiquée pour pouvoir y réfléchir davantage, elle se rhabilla à son tour et rejoignit les escaliers de la Tour.
Le lendemain, elle se réveilla plus tard que d'habitude et constata que Pansy avait déjà quitté le dortoir. Après sa douche, elle rejoignit la salle commune de Serpentard. Elle croisa les sœurs Carrow qui gloussèrent bêtement à son passage.
A son entrée dans la Grande Salle, elle fut parcourue par un sentiment désagréable. Des têtes se retournaient sur son passage, des petits rictus moqueurs apparaissaient au coin des lèvres, et des chuchotements étouffés se faisaient entendre.
Elle repéra ses amies installées au milieu de la table de Serpentard. Alors qu'elles semblaient en grande conversation, elles se turent lorsqu'elle arriva. Millicent prit place aux côtés de Daphné.
« Je rêve ou tout le monde est bizarre, aujourd'hui ? » lança Millicent, l'air déconfit.
Aucune réponse ne parvint de la part de ses amies.
« Qu'est-ce qu'il vous arrive, ce matin ? Et pourquoi tout le monde me fixe comme si j'avais une maladie grave ? » insista Millicent.
Elle vit ses amies s'échanger des regards gênés.
« Est-ce que vous allez me dire ce qui vous prend pour l'amour de Merlin ? » s'exclama Millicent, dont l'irritation commençait à grandir.
Cette impression d'être une bête de foire la mettait extrêmement mal à l'aise. Sentir que les regards étaient fixés sur elle sans explication était frustrant. De toute évidence, quelque chose n'allait pas.
« Comment te dire ça Millie… » commença Daphné d'une voix hésitante. « Ça peut arriver à tout le monde. Je suis sûre que si tu y fais un peu attention, ça ne sera plus un problème. »
« Tu parles en gobelin, Daphné. » coupa Millicent, l'air agacée.
Pansy posa son verre de jus de citrouille, levant les yeux au ciel, comme si elle était fatiguée de voir Daphné tourner autour du pot.
« Terrence Higgs a raconté à tout le monde que tu sentais une certaine odeur sous la ceinture. » répondit-elle.
« Une odeur ? » répéta Millicent, choquée. « Quelle odeur ? »
« Ça dépend des versions. Certains parlent de doxy en décomposition, d'autres de goules des cavernes. Tu sais comment se passent les ragots. Les versions sont toujours exagérées. » commenta Pansy.
Tracey adressa un regard accusateur à cette dernière.
« C'est…C'est complètement faux. » balbutia Millicent, mortifiée.
« Il est rentré dans la salle commune hier soir, on aurait dit qu'il avait vu un mort. Il a vomi dans l'un des pots de plantes. » continua Pansy. « Urquhart lui a demandé ce qui n'allait pas et il a parlé de votre…interaction. Urquhart l'a ensuite raconté aux jumelles Carrow et tout le monde le sait, depuis. »
« Franchement tu aurais pu lui dire avec un peu plus de tact ! » accusa Tracey en fronçant les sourcils.
« Hey, je ne fais que répéter ce que j'ai entendu ! Elle allait le savoir tôt au tard ! » protesta Pansy.
Elle haussa les épaules.
« N'empêche, on me traitait de méchante quand je te conseillais d'aller te faire dépister et voilà dans quelle situation tu te retrouves. Franchement, vous devriez écouter mes conseils, plus souvent. » renchérit Pansy.
Millicent tourna la tête et constata que des regards étaient rivés sur elle. Elle croisa le regard de Terrence qui détourna la tête avant de se pencher sur la table, comme s'il était saisi d'un haut-le-cœur.
Ils avaient forniqué des dizaines de fois, et il ne s'était jamais plaint de quoi que ce soit. Il avait probablement fait une mauvaise réaction à l'encens de la veille.
« Ça doit être tellement humiliant. Je crois que je me serais jetée de la Tour d'Astronomie si j'étais à ta place. » révéla Pansy d'un ton dramatique.
Millicent se releva d'un bond, humiliée. Elle quitta la grande salle en trombe, les regards et les chuchotements audibles sur son passage.
/
Daphné aurait sans doute pris le temps d'éprouver de l'empathie pour son amie face à cette situation humiliante si elle n'avait pas des problèmes personnels plus pressants à régler. Sa demi-sœur Astoria était arrivée la veille à Poudlard, en fin de soirée. Elle était actuellement dans le bureau de McGonagall afin de régler certaines formalités.
« Vous pensez que je suis allée trop loin ? » demanda Pansy.
« Sans blague, Pansy. » ironisa Tracey en secouant la tête. « Tu ne peux pas faire preuve de tact au moins cinq minutes dans ton existence ? »
« Au moins, je suis honnête avec elle. »
Tracey leva les yeux au ciel. Personne ne serait capable de faire comprendre à Pansy que ses remarques étaient inappropriées.
« Tu sais si Asticot s'est déjà faite répartir ? » demanda Tracey en se tournant vers son amie.
Daphné secoua la tête.
« Pas encore. McGonagall lui laisse vingt-quatre heures pour le faire. »
« Tu sais quelle maison elle va choisir ? » demanda Tracey avec curiosité.
« Aucune idée. Mais si elle sait ce qui est bien pour elle, elle ne demandera pas à se faire répartir à Serpentard. » assura Daphné, des menaces audibles dans sa voix.
« Imagine si c'était le cas. Toutes les choses horribles qu'on pourrait lui faire pendant son sommeil. » s'extasia Pansy avec excitation. « On pourrait par exemple lui raser la tête pendant qu'elle dort. »
A leur dernière rencontre, le soir du dîner avec son père et Blaise, Daphné avait été très claire avec sa demi-sœur sur les mois à venir. Elle comptait bien lui faire payer ses indiscrétions avec son ex.
« Tu ne vas plus t'en sortir entre elle et Weaslette. » commenta Tracey.
Daphné hocha la tête, avec un moment de réflexion.
« C'est marrant, ça fait un moment qu'on n'a pas entendu parler de Weaslette. »
« Elle a dû comprendre la leçon qu'on lui a donné. » répondit précipitamment Pansy. « Elle a probablement lâché l'affaire. »
Daphné fronça les sourcils, peu convaincue. Ginny Weasley semblait être le genre de fille qui était incapable d'abandonner. Daphné avait du mal à croire qu'elle ait déclaré forfait. Elle avait toutefois d'autres chats à fouetter et ne pouvait pas se préoccuper du silence soudain de Weasley.
Elle repéra Astoria à sa sortie de la Grande Salle, en grande discussion avec deux filles de sixième année.
« A Ilvermorny, nous avons des cours différents et le programme est beaucoup plus flexible. » expliquait-elle avec enthousiasme.
Elle s'interrompit en voyant Daphné s'approcher.
« Hey, sœurette ! » s'exclama-t-elle.
En temps normal, Daphné ne lui aurait pas adressé la parole mais elle était curieuse de savoir dans quelle maison sa demi-sœur avait été répartie. Daphné jeta un regard entendu aux deux filles qui semblèrent comprendre le message et s'empressèrent de s'éloigner.
« A bientôt, Astoria ! » salua l'une d'elle avant de s'éloigner.
« Je vois que tu organises déjà ta secte. La collecte de membres se passe bien ? » demanda Daphné d'un ton méprisant.
« Non, sœurette, je n'aimerais pas te voler la vedette. Après tout c'est ton école, pour l'instant. Ensuite, si les élèves veulent un autre type de leadership, je n'y peux rien. » ajouta Astoria d'un ton faussement complaisant.
Daphné réprima son envie de répliquer. Malgré son air ingénu et son ton innocent, elle savait qu'Astoria faisait tout pour la provoquer.
« Ne m'appelle pas comme ça en public. » cracha-t-elle. « Je ne suis pas ta sœurette. Ce n'est pas parce que mon père a eu un moment de faiblesse, qu'il a sorti ta mère de l'égout dans lequel elle se trouvait et qu'elle a écarté les jambes sans retenue que ça fait de nous des sœurs. » assura-t-elle d'un ton vicieux, le regard empli de hargne.
« Humm biologiquement parlant, si. » fit remarquer Astoria d'un ton guilleret. « Tu es juste furieuse que je sois l'autre héritière de Papa. Il faut que tu apprennes à partager, Daphné. Tu ne peux pas tout avoir. »
« Oh crois-moi, la première chose qu'on fera lorsqu'on parlera d'héritage, c'est te faire passer un test ADN. » assura Daphné d'un ton venimeux.
Astoria sembla déstabilisée par cette remarque et sa réaction réjouit Daphné. Sa demi-sœur la regardait avec circonspection, comme si elle n'était pas certaine que Daphné soit sérieuse.
« Alors, tu t'es déjà fait répartir dans une maison ? » demanda Daphné, après avoir savourée ses quelques secondes de victoire.
Astoria hocha la tête avec enthousiasme.
« Poufsouffle. » annonça-t-elle fièrement, levant une écharpe en tricot aux teintes jaunes et noires. « C'est la maison la plus cool. »
« Poufsouffle ? » répéta Daphné avec dédain. « Tu ne connais pas la définition de loyauté. »
Astoria semblait sur le point de répliquer mais elle se ravisa lorsque Blaise arriva à leur hauteur.
« Salut Blaise. » dit-elle d'un ton mièvre.
« Salut. » répondit rapidement ce dernier, lui adressant à peine un regard.
Il se tourna vers Daphné.
« Je t'attendais pour aller en cours. » dit-il.
Daphné hocha la tête, adressant un dernier regard empli de mépris à sa demi-sœur avant de suivre Blaise en direction des escaliers.
« J'ai pensé qu'il serait mieux de mettre un terme à votre conversation. Je ne savais pas combien de temps vous pouviez discuter avant de vous entretuer. »
« Tu es tellement prévenant, mon amour. Mais je ne m'abaisserai jamais à l'attaquer en public. Elle ne mérite pas que je passe mes prochains weekends en retenue. » assura-t-elle entre ses dents.
Daphné n'était pas stupide. Elle comptait bien faire souffrir sa demi-sœur. Il lui fallait juste trouver un moyen fourbe, discret et durable. Si elle jouait bien ses cartes, on ne pourrait pas remonter jusqu'à elle et son père n'aurait rien à lui reprocher.
Sans surprise, Daphné ne vit pas Millicent de toute la journée. Elle ne se présenta à aucun cours qu'elles avaient en commun. Tracey et Pansy se disputèrent toute la journée. Tracey reprochait à Pansy d'avoir manqué de tact au sujet de l'affaire. Pansy répliqua que Millicent avait besoin d'amies honnêtes, pas d'hypocrites qui préféraient tourner autour du pot. Daphné n'intervint pas dans leurs chamailleries et écouta d'un air distrait la chronique de Seamus Finnigan qui retentissait dans le poste de radio de la salle commune.
« Daphné ? » s'éleva une voix distante, la sortant de sa léthargie.
Elle leva les yeux et son attention se porta sur Archie Urquhart, un Serpentard de sixième année.
« Je peux te parler une seconde ? En privé. » ajouta-t-il à voix basse en jetant un regard entendu en direction de Pansy et Tracey.
Elles avaient cessé de se disputer à l'arrivée d'Urquhart et l'observaient désormais avec curiosité. Daphné hocha la tête et suivit Urquhart vers le trou du portrait. Ils marchèrent vers les cachots en silence et lorsqu'ils s'arrêtèrent à l'ombre d'une alcôve. Urquhart jeta des regards autour de lui, ne semblant pas à l'aise.
« Tu vas en venir aux faits, oui ou non ? » s'impatienta Daphné, croisant les bras.
Urquhart ouvrit sa robe de sorcier et en extirpa un fascicule qu'il tendit à Daphné.
« Qu'est-ce que c'est ? » interrogea Daphné avec curiosité.
« Ce que tu m'as demandé sur Ginny Weasley. » annonça-t-il.
Quelques semaines plus tôt, elle avait missionné Urquhart pour lui apporter le dossier scolaire de Ginny Weasley. La mère d'Urquhart occupait un poste à responsabilités au service de l'Éducation Magique au Ministère et avait accès à une multitude d'informations confidentielles sur les étudiants du Royaume-Uni. Évidemment, il ne l'avait pas fait de bonté de cœur. Daphné avait dû lui faire du chantage pour qu'il s'exécute. Deux ans plus tôt, elle l'avait surpris dans le couloir menant au dortoir des filles de Serpentard. Il espionnait des élèves de deuxième année par le trou de la serrure.
Daphné esquissa un geste pour s'emparer du dossier mais Urquhart le tint fermement. Daphné leva un sourcil interrogateur.
« Tu m'as dit qu'on serait quitte si je te donnais ça. Et si je t'aidais à piéger Éloïse Midgen, à la fête, aussi. » insista-t-il.
« A moi d'en décider. » répliqua Daphné d'une voix glaciale avant de tirer sur le dossier d'un geste sec.
Elle ouvrit le fascicule et commença à le parcourir des yeux. Après quelques minutes de silence, Urquhart l'interrogea :
« Alors ? J'ai fait ce que tu voulais, hein ? Nous sommes quittes ? »
Daphné referma le dossier d'un geste ferme puis un sourire malveillant apparût sur ses lèvres. Le contenu était plus intéressant que ce qu'elle avait imaginée.
« Oh Urquhart, nous sommes plus que quittes. » assura-t-elle avec satisfaction, une lueur sombre animant son regard.
End Notes:
J'espère que cela vous a plu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! A très vite,
Fearless
Baddest Witch in Town by FearlessUntamed
XV. Baddest Witch in Town
Millicent Bulstrode fut introuvable pendant une semaine entière suite aux rumeurs dont elle avait fait l'objet. Elle ne se présenta pas à l'une des réunions organisées par le professeur McGonagall pour l'élection de Miss Fondatrice. La directrice adjointe sembla outrée par cette attitude. Le lendemain, Millicent Bulstrode perdit 50 points et se retrouva en sixième position dans le classement général, dépassée par Ginny Weasley avec une faible avance.
« Pourquoi j'ai l'impression que tu as quelque chose à voir là-dedans, Ginevra ? » demanda Draco d'une voix amusée.
Ginny prit un air innocent.
« Je ne vois pas de quoi tu parles. » prétendit-elle.
« Tu n'es pas convaincante. » assura-t-il, dubitatif.
Un sourire mutin anima le visage de Ginny.
« J'ai peut-être versé quelque chose dans son verre pendant la soirée. » dit-elle d'un ton satisfait.
Sans le savoir, ses frères Fred et George lui avaient été d'une aide magistrale. A l'occasion de son dix-septième anniversaire, ils lui avaient offert un abonnement à un magazine stupide nommé La Cancanière Plumée, une version bon marché de Sorcière-Hebdo, consacrée à une presse féminine plus jeune. Le présent avait clairement été une mauvaise blague venant des jumeaux, mais il s'était avéré plus utile que prévu.
Elle avait parcouru la dernière édition lors de sa convalescence à l'infirmerie. Une partie du magazine consacrait une rubrique à la sexualité féminine. Entre deux pages, une publicité avait attiré son attention. Il s'agissait d'une potion destinée à personnaliser l'odeur intime. Elle avait jeté un coup d'œil rapide aux témoignages.
''Mon mari ne me laisse pas une seconde de répit depuis que j'ai adapté l'Élixir Secret de Mamie Mimosa.'' – Ursula, 48 ans, Pré-Au-Lard
''Elle ne quitte plus mes lèvres, si vous voyez ce que je veux dire.'' Adelais – 21 ans, Bury- St-Edmonds.
Il suffisait de mélanger l'Élixir Secret de Mamie Mimosa avec une essence personnalisée pour obtenir la concoction désirée. La publicité et les témoignages parlaient de goûts divers et variés tels que le miel, la cannelle ou encore la rhubarbe.
Lorsqu'elle avait reçu la commande, Ginny avait mélangé le breuvage avec un morceau de hareng, subtilisé lors du déjeuner. Avec ce mélange explosif, elle savait que même le calmar géant sentirait la rose aux côtés de Millicent.
Elle avait décidé de s'en prendre à Millicent Bulstrode après les révélations de Pansy. Cette dernière avait mentionné la promiscuité sexuelle de Millicent et Ginny avait sauté sur l'occasion.
Ginny n'avait pas dû atteindre très longtemps pour que Millicent se retrouve dans une situation compromettante avec un garçon. Immédiatement, les rumeurs avaient fusé comme une traînée de poudre.
La plaisanterie était extrême et de mauvais goût, elle en avait conscience. Toutefois, le sort qu'elles avaient lancé sur Ginny pendant la sortie à Pré-au-Lard lui prouvait que ces filles étaient prêtes à tout. Elle n'avait plus aucun scrupule les concernant.
« C'est diabolique. » commenta Draco, visiblement appréciateur.
Il observait Ginny avec un mélange de crainte mêlé à de l'admiration.
« Ce n'est pas terminé. » déclara Ginny d'un ton sérieux. « Je dois encore m'en prendre aux autres. »
Elle avait accepté de laisser Pansy Parkinson tranquille en raison de leur accord.
« Qui est la prochaine ? » demanda Draco avec curiosité.
« Tracey Davis. » répondit Ginny d'un ton ferme. « J'ai appris qu'elle avait une peur bleue des germes. Il paraît même que c'est une phobie. »
Elle sortit un morceau de parchemin de son sac. Des notes prises à la hâte parcouraient le papier. On y voyait des ratures et des mots soulignés ou entourés avec insistance.
« Qu'est-ce que c'est ? » questionna Draco.
« Mes notes sur les Quatre. » informa Ginny.
« Tu prends vraiment ça au sérieux. ».
« C'est maintenant que tu t'en rends compte ? » ironisa Ginny. « D'ailleurs, j'ai besoin de ton aide. »
« A quel sujet ? »
« Pour lister les endroits les plus dégoûtants du château. » répondit Ginny avec un sourire amusé.
Lorsqu'ils quittèrent la bibliothèque, il était presque neuf heures du soir et Draco insista pour l'accompagner jusqu'à la salle commune de Gryffondor. Ils croisèrent Padma Patil et Lavande Brown qui échangèrent des messes basses tout en les observant. Ginny les entendit glousser bêtement et elle leva les yeux au ciel.
« Elles sont fatigantes. » commenta-t-elle entre ses dents. « Elles me demandent toutes les semaines si toi et moi sortons ensemble. »
« C'est une question pertinente. » fit remarquer Draco.
« Absolument pas. Ce n'est pas parce qu'un garçon et une fille passent un peu de temps ensemble qu'il doit automatiquement se passer quelque chose entre eux. » répliqua Ginny.
« Un peu de temps ensemble ? » répéta Draco avec amusement. « Tu es un peu loin de la réalité, Ginevra. »
Elle lui jeta un regard effaré, prête à réfuter. Puis, après quelques secondes de réflexion, elle réalisa qu'elle passait beaucoup de temps avec Draco Malfoy. Depuis que Ron emballait Pansy Parkinson à toutes heures du jour et de la nuit dans des coins isolés du château, ils se voyaient à peine. Quant à Hermione, même si elle était sympathique, Ginny était rapidement lassée de leurs conversations centrées au sujet des cours et des devoirs. Quant à Harry, même si elle l'appréciait également, elle ne se sentait pas assez proche de lui pour le fréquenter sans Ron ni Hermione.
Maintenant qu'elle y réfléchissait réellement, Draco lui avait semblé comme un choix logique. Même s'ils avaient tous les deux un caractère fort et qu'ils avaient la propension de se vanner à tout bout de champ, elle ne s'ennuyait jamais en sa compagnie. Ils se ressemblaient sur de nombreux aspects.
Le trou du portrait s'ouvrit et Ron en sortit, suivi par Parkinson. Ginny s'empêcha à grand-peine de lever les yeux au ciel.
Son frère ne lui accordait plus d'attention depuis qu'il avait commencé à sortir avec Pansy et Ginny avait suivi ce changement d'un mauvais œil. Ils étaient inséparables, habituellement. Même si elle ne voulait pas l'avouer, elle était jalouse du temps qu'il passait avec cette fille.
« Tu vas demander à te faire transférer à Gryffondor ? » lança Ginny en direction de Pansy. « Tu passes plus de temps ici que dans ta propre maison. »
« On peut échanger si tu veux. » suggéra Pansy d'un ton goguenard, lançant un regard entendu en direction de Draco.
Ginny sentit ses joues se rosir.
« Ne commencez pas, toutes les deux. » coupa Ron, d'un ton empli de lassitude. « On se voit plus tard. »
« Rentre avant dix heures sinon je devrais prévenir maman et papa. » lança Ginny d'une voix moqueuse.
Ron lui montra son majeur en guise de réponse avant de s'éloigner avec Pansy. Cette dernière tourna la tête et tira la langue à Ginny, dans un geste très enfantin.
« J'ai un maléfice de Chauve-Furie qui l'attend, à son retour. » grogna Ginny en les regardant s'éloigner. « Quoi ? »
Elle avait croisé le regard moqueur de Draco.
« Je n'ai rien dit. » dit-il sans perdre son petit sourire suffisant qui avait le don de la mettre hors d'elle. « Je retourne à ma salle commune. »
« On se voit demain matin ? » demanda Ginny.
« Attention Ginny, tu ne voudrais pas que l'école pense qu'il se passe quelque chose entre nous. » répondit Draco d'un ton ironique.
« Je me contrefiche de ce qu'ils pensent. Je fais ce que je veux. Et si j'ai envie de t'emballer dans un placard à balais toute la journée, je le ferai. Ça ne regarde personne d'autre. » répliqua-t-elle.
« Vivement demain, dans ce cas. » dit-il.
Et à sa grande surprise, Draco se pencha dans sa direction et posa ses lèvres au coin des siennes. Il s'était déjà écarté lorsqu'elle réalisa ce qu'il venait de faire. Elle le regarda s'éloigner, abasourdie.
« Vous voulez entrer, oui ou non ? » interrogea alors la voix de la Grosse Dame.
Ginny hocha la tête, les joues écarlates. Elle murmura le mot de passe à l'attention du portrait et pénétra dans la pièce, prise de court par le geste de Draco.
Le lendemain, lors de son premier de cours, elle peina à rester éveillée. Elle avait eu du mal à trouver le sommeil la veille. Elle s'était tournée puis retournée dans son lit pendant des heures en repensant au geste de Draco.
Il n'avait jamais caché son attirance pour elle – mais elle ne s'était pas attendue à ce qu'il le montre de manière si évidente. Elle appréciait passer du temps en sa compagnie. Elle n'était pas certaine de vouloir plus, toutefois.
Elle se mordit les lèvres nerveusement, hésitant à l'attendre devant l'entrée de la grande salle à la fin du petit déjeuner. Ils avaient pris l'habitude d'aller en cours ensemble, le matin. Ginny se décida finalement à se rendre en cours seule, évitant volontairement de regarder dans sa direction.
« Tu vas bien Ginny ? » demanda Harry d'un ton joyeux, quelques heures plus tard.
Il avait probablement remarqué son attitude durant la journée. Elle était restée silencieuse, trop occupée à ressasser le ''baiser'' de Draco.
« J'ai besoin d'aide. » annonça-t-elle d'un ton dramatique.
Il hocha la tête, l'encourageant à continuer.
« C'est un cas hypothétique. » prévint-elle avec sérieux. « Disons qu'un garçon est hypothétiquement intéressé par une fille et ne le cache pas. »
« Oh ça va être intéressant. » déclara Harry, en souriant de toutes ses dents.
Ginny grimaça. En temps normal, elle se serait confiée à son frère jumeau mais il semblait désormais avoir d'autres priorités. Elle n'avait pas d'autres personnes avec qui partager des discussions sur des sujets intimes. Harry était ''l'ami'' le plus proche désormais disponible. Depuis quelques temps, Hermione semblait sur une autre planète. Quant à Luna, et bien il s'agissait de Luna.
Ginny ne savait pas comment gérer la situation et elle avait besoin d'un point de vue extérieur.
« Pense-tu que ce garçon et cette fille peuvent avoir une relation tout à fait platonique ? » demanda avidement Ginny.
« Est-ce que la fille est intéressée par le garçon ? »
« Elle n'en n'est pas trop sûre. Elle aime passer du temps avec lui mais elle ne veut pas de relation sentimentale. » répondit Ginny.
« Je trouve que cette fille est hypocrite. » répondit Harry d'un ton ferme.
Ginny ouvrit de grands yeux.
« Pourquoi dis-tu cela ? »
« Et bien la fille veut le beurre et l'argent du beurre. Elle sait que le garçon veut plus avec elle et elle en profite pour l'avoir à ses côtés sans s'engager. Elle fait planer la possibilité qu'il pourrait se passer quelque chose entre eux. » déclara Harry.
« Je ne fais rien… Je veux dire la fille ne fait rien planer. » s'empressa de rectifier Ginny, le feu aux joues.
Harry l'observa, l'air goguenard.
« Disons que ce que tu dis est vrai – que la fille est hypocrite. Est-ce qu'elle devrait continuer de fréquenter le garçon ? » continua-t-elle.
« Si elle apprécie le garçon, elle devrait le laisser tranquille. Ou lui dire clairement qu'elle ne veut pas d'une relation et ne pas faire planer le doute. » expliqua Harry. « Ensuite si le garçon souhaite continuer à traîner avec elle, c'est son choix. »
« Même si elle prend le risque de mettre un terme à leur amitié ? » insista Ginny.
« C'est plus juste envers le garçon. Il y a probablement quelques imbéciles qui vont quand même continuer à entretenir l'amitié avec la fille parce qu'ils sont désespérés et stupides mais d'autres mecs vont passer à autre chose et couper contact avec elle. Et sincèrement Ginny, Draco Malfoy n'est pas le type de mec à se faire friendzoner. » fit remarquer Harry en haussant les épaules.
« Harry, j'ai dit hypothétiquement ! » protesta Ginny, jetant des regards autour d'eux pour s'assurer que personne ne les avait entendus.
« Dans ce cas, hypothétiquement, Giovanna devrait arrêter de donner des signaux contradictoires à Drake. » répondit Harry sur le ton de l'évidence.
Ginny grimaça. Il venait d'utiliser les prénoms factices que leur avait donnés Rita Skeeter dans son article ridicule.
« Bon, très bien, c'est de moi dont il s'agit. Mais arrête de nous appeler comme ça, par pitié. »
Harry ricana.
« Je ne sais pas quoi faire. » avoua Ginny, en soupirant.
Elle jeta un regard discret vers la table des Serpentard et aperçut Draco. Il portait son uniforme de Quidditch et elle ne put s'empêcher de penser qu'il lui allait particulièrement bien. Immédiatement, elle se donna une claque mentale. Elle vit également l'une des coéquipières de Draco, Hestia Carrow, se pencher dans sa direction pour lui parler. Ginny ressentit un pincement étrange dans l'estomac.
« Malfoy doit bien t'aimer. » fit remarquer Harry, l'air pensif. « Je ne l'ai jamais mais vu courir après une fille. C'est toujours le contraire, d'habitude. »
Ginny haussa les épaules, feignant le détachement même si les paroles d'Harry lui procurèrent un sentiment étrange.
Destinatrices : ''Le Quatuor Sublime''
Millicent écrit :
Je suis de retour.
Tracey écrit :
Millie ! On commençait à s'inquiéter. Où étais-tu passée ?
Millicent écrit :
L'infirmerie. D'ailleurs l'infirmière est une vieille peau.
Pansy écrit :
Ça fait des années que je le dis. Tu m'as manqué Millie chérie – notre dortoir était trop calme sans tes ronflements.
Millicent écrit :
Tu m'as manqué aussi, Pansy d'amour. Je dépérissais sans tes vannes constantes.
Daphné écrit :
Pansy était en panique parce qu'elle pensait que tu avais pris son conseil au sérieux et que tu étais vraiment allée te jeter de la Tour d'Astronomie.
Pansy écrit :
Je suis trop jeune et trop mignonne pour aller à Azkaban.
Tracey écrit :
Et elle avait aussi commencé à écrire ton éloge funèbre.
Millicent écrit :
Hâte de lire ce que tu as mis dedans.
Pansy écrit :
Ça commençait par ''De son vivant, Millicent Bulstrode était chiante.'' et ça finissait par ''Je vais prendre toutes ses paires de chaussures en guise de dédommagement.''
Millicent écrit :
Tu es la première personne que je viendrai hanter, promis.
Pansy écrit :
C'est trop d'honneur.
Tracey écrit :
Hey, j'ai pris des notes pendant ton absence pour tes cours – c'est moi que tu devrais hanter.
Pansy écrit :
Tu es jalouse parce qu'elle m'aime plus que toi.
Daphné écrit :
Millie, tu ne nous as pas dit ce qu'il s'est passé pendant ton absence.
Millicent écrit :
Pomfresh ne voulait pas me donner quelque chose pour régler le ''problème''. J'ai dû lui rappeler que mon père donnait des milliers de gallions à l'école chaque année et que ma famille payait probablement son salaire minable. Elle m'a fait avaler une potion et c'était réglé. Elle n'a pas trouvé la cause. Selon elle, j'ai dû manger un truc bizarre. Par contre, merci ma réputation.
Daphné écrit :
Pas d'inquiétude, je m'en charge. Je vais trouver quelque chose de compromettant sur Higgs et le forcer à dire à toute l'école qu'il a menti.
Millicent écrit :
Je vous adore !
Pansy entendit la porte s'ouvrir et elle releva les yeux. Ginny Weasley venait d'entrer dans la salle de cours dans laquelle elle se trouvait. Elle referma son journal et le rangea dans son sac.
« J'adore nos petits rendez-vous secrets. C'est tellement excitant. » commenta Pansy avec un sourire en coin.
Ginny leva les yeux au ciel.
« Qu'est-ce que tu écris tout le temps dans ce journal ? » demanda Ginny d'un ton curieux.
« Pas tes affaires. » répliqua Pansy.
« Tes copines ont le même, je les vois aussi griffonner dedans. » continua Ginny. « Ils contiennent tous vos vilains petits secrets ? »
« Juste les noms de nos prochaines victimes. » ironisa Pansy.
« On avait un marché. Tu me dis tout ce que je veux savoir sur tes copines, et je la ferme sur ta situation. » rappela Ginny.
Pansy observa la jeune fille avec irritation.
« Alors ? » insista Ginny.
« On les utilise pour communiquer à distance. Ils sont reliés les uns aux autres. » admit Pansy.
« Il y a des trucs compromettants dedans ? » interrogea avidement Ginny.
« Probablement. » répondit Pansy à contrecœur.
Évidemment que les journaux contenaient des informations compromettantes à leur sujet. Pansy n'aimait pas l'expression qui se dessina sur le visage de Ginny. Après quelques instants de silence, Pansy demanda impatiemment :
« Alors, pourquoi tu voulais me voir ? On ne va pas passer l'heure à se regarder amoureusement dans le blanc des yeux. Je te rappelle que je sors déjà avec ton frère. »
« Oui j'ai cru remarquer. Après tout, sa langue est dans ton gosier vingt-quatre heures sur vingt-quatre ces derniers temps. »
« Pas que dans mon gosier. » assura Pansy avec un sourire satisfait.
Une expression de dégoût extrême apparut sur le visage de Ginny, comme si elle imaginait une vision particulièrement horrifiante.
« Merlin…» dit-elle en secouant la tête, l'air répugné.
« Détends ton string, Weasley. Et puis nous n'avons pas encore baisouiller, si c'est ça qui t'affole. » affirma Pansy en observant ses ongles parfaitement vernis, l'air ennuyé.
« Je ne veux pas savoir ce que vous faites ou ce que vous ne faites pas. » lâcha Ginny. « J'ai juste besoin d'une chose de ta part. »
« Quoi donc ? » demanda Pansy avec méfiance.
« Quel est le mot de passe de Serpentard ? »
Destinatrices : ''Millie la cochonne et Pansy la mégère''
Tracey écrit :
Hey les filles - juste pour vous prévenir que Daphné ne trouve plus son journal.
Pansy écrit :
Je croyais qu'elle ignorait mes messages.
Millicent écrit :
Tu n'es pas le centre du monde Pansy.
Pansy écrit
Je suis le centre du vôtre !
Tracey Davis observa la note inscrite sur le morceau de parchemin, les sourcils froncés.
Tracey,
Retrouve-moi près de la clairière de la Forêt Interdite à vingt heures, ce soir. Ne mentionne rien à personne.
Daphné
Il s'agissait probablement d'une urgence, pensa-t-elle avec appréhension. De plus, Daphné n'était plus en possession de son journal personnel. Elle attrapa son sac et descendit les escaliers principaux du hall pour rejoindre la sortie. Elle traversa le chemin longeant la pelouse parfaitement entretenue du château, en direction du chemin sinueux menant à la forêt interdite. Elle resserra son écharpe autour de sa nuque et fourra les mains dans les poches de son caban.
L'obscurité était déjà tombée. Tracey murmura Lumos afin de créer de la lumière à l'extrémité de sa baguette magique. Elle jeta un regard par-dessus ses épaules, saisie d'un pressentiment étrange. C'était comme si elle était suivie. Elle ne vit cependant personne en se retournant.
« Super idée, Daphné. » murmura-t-elle tandis qu'elle atteignait l'entrée de la forêt interdite, peu rassurée, quelques minutes plus tard.
Elle entendit un craquement et elle se retourna, sur le qui-vive. La lumière de sa baguette éclaira un visage familier.
« Millie ? C'est toi ? » demanda Tracey.
« Non une fille qui lui ressemble. Baisse ta baguette, tu veux ? Je vais devenir aveugle. » dit Millicent.
Tracey s'exécuta.
« Qu'est-ce que tu fiches ici ? » demanda Millicent en s'approchant d'elle.
« Daphné m'a donné rendez-vous dans la clairière. Je crois que c'est une urgence. » répondit Tracey.
« Elle m'a dit la même chose. » l'informa Millicent en montrant un morceau de parchemin.
« C'est bizarre. » déclara Tracey, les sourcils froncés.
« On devrait juste y aller. Pour voir ce qu'elle veut. » déclara Millicent en soupirant.
Elles s'enfoncèrent dans la forêt interdite à la recherche de la clairière mentionnée par Daphné. La petite cabane laissée à l'abandon se trouvait à seulement deux minutes de marche. Elles s'y étaient approchés à plusieurs reprises pendant les cours de Soins aux Créatures Magiques.
Tracey suivit Millicent à travers le chemin terreux, rendu boueux à cause de la pluie. Elle grimaça.
« Pourquoi elle nous a donné rendez-vous dans cet endroit ? » pesta Millicent. « Je ne porte pas les chaussures adaptées pour ces conneries. »
Tracey observa son amie se frayer un chemin tant bien que mal, avec sa paire de bottines en daim. Soudainement, un nouveau craquement se fit entendre et Tracey brandit de nouveau sa baguette, tous ses sens en alerte.
« Mes yeux ! » s'écria la voix de Pansy. « Baisse ta baguette, par Salazar ! »
« Arrête de crier ! » s'exclama une autre voix que Tracey reconnut immédiatement.
« Daphné ? » s'enquit Tracey.
« Cece, c'est toi ? »
« Non, le calmar géant. » répondit Millicent.
« Silence ! » s'exclama Daphné.
Tracey l'entendit murmurer un sortilège et la lumière de sa baguette s'éleva soudainement dans les airs, formant une flamme au-dessus de leurs têtes et éclairant les environs proches.
Tracey distingua les visages interloqués de ses amies.
« Pourquoi tu nous as appelées ici, Daphné ? » demanda Millicent, l'air ennuyé.
« Je ne vous ai rien demandé, c'est Tracey qui m'a demandé de la rejoindre. » indiqua Daphné en fronçant les sourcils. « Et Pansy aussi. »
« C'est complètement faux, tu m'as envoyé un mot et tu l'as signé. » protesta Tracey en extirpant de sa poche le parchemin soigneusement plié.
Elle le tendit à Daphné qui le parcourut rapidement des yeux, stupéfaite.
« Je n'ai jamais écrit ça. Regarde, c'est ce que j'ai reçu de toi. » indiqua-t-elle en lui tendant à son tour un morceau de parchemin froissé.
Tracey aperçut l'exact même message qui lui avait été adressé. La seule différence était le nom dans la signature. Il s'agissait du sien.
« Je n'ai pas écrit ça non plus. » dit-elle.
« Il y a quelque chose qui cloche. » fit remarquer Millicent.
« Non, tu crois ? » ironisa Pansy.
« Retournons juste au château. Cet endroit me fout les jetons. » déclara Daphné.
Elles prirent le chemin arrière, afin de retrouver l'accès au parc de Poudlard.
« On dirait que quelqu'un nous a fait une mauvaise blague. » dit Tracey.
« Si je le ou la retrouve, je vais lui envoyer la facture du nettoyage de mes chaussures. » assura Millicent.
« Qui serait assez stupide pour faire ça ? » demanda Daphné.
« Weaslette, ta demi-sœur Asticot, Brown, Patil, Brocklehurst, Midgen ? Et ce n'est que le début de la liste. » fit remarquer Millicent.
Tracey, à la tête de la marche, écouta ses amies d'une oreille distraite tandis qu'elles dressaient une liste exhaustive des étudiants qui avaient des raisons de les détester.
« On pourrait juste citer les noms de ceux qui n'ont pas de problèmes avec nous. » commenta Pansy avec un rire. « Ça ira plus vite. »
Tracey fronça les sourcils en réalisant qu'elles continuaient à s'enfoncer dans la forêt.
« Il y a un problème. » lança-t-elle soudainement.
Les autres lui jetèrent des regards étonnés.
« La clairière est à trois minutes maximum de l'entrée de la forêt. On devrait déjà être sorties. » dit-elle.
« On a juste dû prendre la direction opposée à cause de l'obscurité. Faisons marche arrière. » proposa Daphné.
« Barbant. » commenta Pansy.
Elles rebroussèrent chemin, prenant la direction opposée. La nuit était complètement tombée et la température avait brusquement chuté. Cette fois, la marche se fit en silence. Au bout de dix minutes, Tracey réalisa qu'elles n'étaient toujours pas sorties de la forêt.
« Ce n'est pas normal. » dit-elle. « Je ne sais pas ce qu'il se passe. »
Une demi-heure plus tard, elles s'arrêtèrent.
« Je vais te dire ce qu'il se passe, moi. Nous sommes perdues en plein milieu d'une forêt glauque. » commenta Pansy.
« On peut juste envoyer un signal dans l'air. » proposa Millicent, haussant les épaules.
« Tu es complètement folle ? » demanda Pansy. « Je vous rappelle que nous sommes dans la forêt interdite et que des milliers de créatures mortelles vivent ici. « Si tu envoies un signal ou si on fait trop de bruit, on leur donne notre position exacte. »
« Elle n'a pas tort. » fit remarquer Daphné.
« Mais ça pourrait prendre des heures avant qu'on nous retrouve ! » s'exclama Millicent.
On entendit un craquement, suivi d'un rugissement, probablement celui d'une créature à proximité.
« Qu'est-ce qu'on fait ? » demanda Pansy d'une voix paniquée.
« Je n'en sais rien moi. Daphné ? Tu as toujours les bonnes idées. » rétorqua Millicent.
« J'ai mal au pied. » geignit Pansy avant de s'adosser à un arbre, croisant les bras. « Je n'ai même pas encore dîné. Et Ron va se demander où je suis. »
« Arrête de geindre, j'essaie de réfléchir. » s'exclama Daphné avec frustration, tandis qu'elle commençait à faire les cent pas.
Tracey commençait elle aussi à sentir la nervosité monter en elle. La forêt était dégoûtante et remplie de choses qu'elle ne voulait pas imaginer. L'idée de toucher quoi que ce soit autour d'elle créait une anxiété horrible. Un nouveau craquement se fit entendre, plus proche cette fois et elles tournèrent toutes la tête d'un geste synchronisé.
« C'était quoi ? » interrogea Millicent.
« Chut, regardez ! » murmura soudainement Pansy, pointant du doigt quelque chose.
Tracey suivit son regard et aperçut une large créature s'approcher lentement. Un pelage blanc immaculé et une longue corne ornait le front de la créature. Elle reniflait prudemment le sol.
« Oh, une licorne. » s'extasia Millicent.
« Qu'est-ce qu'elle fait ici ? Elles ne s'aventurent jamais près de la lisière de la forêt. » fit remarquer Daphné.
« On ne sait pas où nous sommes. » rappela Tracey. « Peut-être qu'on s'est enfoncé plus loin qu'on ne le pense. »
« On s'en fiche, c'est notre moyen de sortie. » s'exclama Pansy en se relevant précipitamment.
« Comment ça ? » s'étonna Millicent.
« Il suffit de la monter. » répondit Pansy sur le ton de l'évidence.
« C'est l'idée la plus stupide que j'aie entendue. Nous ne sommes même pas sûre qu'elle nous emmènera à la sortie. » répliqua Daphné.
« Peut-être mais elle est dix fois plus rapide que nous. Elle pourra parcourir une distance plus large. » avança Pansy. « Et tu as une meilleure idée peut-être ? On attend toujours la tienne. »
Daphné secoua la tête avec frustration. Pansy parut satisfaite.
« Bon, Cece. Il faut que tu montes. » décréta-t-elle d'un ton ferme.
« Moi ? » répéta Tracey en ouvrant de grands yeux indignés. « Hors de question que je monte sur cette créature. Tu es complètement folle ? »
« Elle va nous faire une syncope. » commenta Millicent.
« Non, ça doit être Tracey. C'est la seule qui peut le faire. Les licornes n'acceptent d'être montées que par des filles vierges. » assura Pansy.
Elle s'avança lentement en direction de la créature et celle-ci eut un mouvement de recul.
« Ça ne prouve rien. Tu lui as probablement fait peur avec tes pas d'hippogriffe. » accusa Millicent.
D'un pas plus doux et plus prudent, Millicent tenta à son tour quelques pas vers la créature. Cette dernière poussa un hennissement soudain et Millicent battit en retraite. Daphné essaya de l'approcher à son tour, et la créature eut le même mouvement de recul.
Tous les regards se tournèrent ensuite vers Tracey.
« Hors de question que je monte là-dessus. Vous vous rendez compte du nombre de bactéries sur… » commença-t-elle à protester.
« Tu veux passer la nuit dans la forêt interdite, Tracey ? » la coupa Pansy d'une voix menaçante. « Tu te rends compte de ce que ça signifie ? Tu vas devoir uriner dans la nature, dormir à même le sol, dans l'humidité et la boue. Des vers gluants vont probablement te rentrer dans les oreilles et dans d'autres orifices. »
« Stop. » plaida Tracey, écœurée par le discours de Pansy.
Elle pouvait déjà imaginer des créatures dégoûtantes grimper au niveau de ses jambes. Elle sentit sa peau la démanger à l'idée.
« Essaye juste. » suggéra Daphné d'une voix rassurante.
Tracey inspira profondément et esquissa quelques pas en direction de la créature. Lorsqu'elle tendit une main timide au niveau de son flanc, la licorne ne bougea pas. Elle se laissa faire lorsque Tracey posa ses doigts sur son pelage doux.
« Ça marche ! » lança la voix de Millicent derrière elle, surexcitée.
« Monte ! » ordonna Pansy.
« Et comment je suis supposée faire ça ? » interrogea Tracey d'un ton blasé.
Quelques secondes plus tard, Pansy était derrière et insista pour l'aider à se hisser sur la créature.
« Merlin, tu es super lourde. » dit Pansy avec une grimace.
Après quelques minutes d'essais lamentables, elle parvint finalement à se hisser sur la licorne. D'un geste peu assuré, elle posa ses mains sur le poil doux de l'animal.
« Je fais quoi maintenant ? » demanda-t-elle, incertaine. « Je n'ai jamais montée une fichue licorne. »
Avant que ses amies n'aient eu le temps de répondre, la licorne bondit soudainement, et commença à galoper rapidement à travers l'obscurité. Le hurlement de Tracey résonna dans la nuit noire. Elle se tint fermement aux poils de la licorne, paniquée à l'idée de chuter. Le galop était si rapide qu'un vent froid lui frappait le visage et elle dut lutter pour garder la baguette fermement tenue dans sa main afin d'éclairer le chemin de la licorne. Elle ne sut pas combien de temps elle resta accrochée ainsi au crin de l'animal, priant ses ancêtres pour ne pas se perdre et s'enfoncer davantage dans la forêt interdite.
Soudainement, les arbres se firent moins denses, et elle fut envahie par le soulagement en apercevant la forme imposante du château. Quelques instants plus tard, la licorne se retrouva dans le parc de l'école. Tracey posa une tape légère sur son flanc en espérant que l'animal comprenne son intention de descendre. La licorne ralentit progressivement le pas mais elle ne s'arrêta toutefois pas. Elle continua à trottiner, se rapprochant du saule cogneur.
La licorne s'arrêta brusquement et elle fit un tapotement contre le sol avec son sabot, comme si elle intimait à Tracey de descendre. Non sans difficulté, Tracey s'exécuta.
« Merci tu m'as sauvé la vie. » dit-elle à l'attention de l'animal, avec soulagement.
L'idée de devoir passer une nuit dans cette forêt avait été traumatisante. Elle observa la créature sauvage rester sur place. Elle semblait attendre quelque chose. Tracey l'observa avec confusion, incertaine de la conduite à tenir. Était-elle supposée lui donner quelque chose ? Elle n'eut pas besoin de réfléchir plus longtemps.
« Experlliamus ! » s'éleva une voix derrière elle.
Tracey vit sa baguette magique lui échapper des mains.
« Stupefix. » entendit-elle ensuite.
Elle sentit chacun de ses membres se pétrifier sous l'effet du sortilège et elle tomba au sol. Elle s'attendait à une douleur cuisante en atteignant le sol du parc mais rien ne vint. Elle tomba en douceur sur l'herbe, comme si un sortilège de coussinage avait été appliqué sur la surface habituellement dure.
Elle entendit une voix féminine. Les intonations étaient étouffées et elle ne distingua pas les paroles prononcées. Ses yeux étaient rivés sur le ciel étoilé et elle était dans l'incapacité de les bouger. Quelques instants plus tard, elle réalisa que son corps lévitait à quelques mètres du sol et qu'on la déplaçait. Ensuite, on jeta une cape sur elle, coupant complètement sa vision.
Cette fois, elle fut parcourue d'une vraie panique. Elle essaya d'hurler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Après ce qu'il lui sembla une éternité, le drap qu'on avait posé sur elle fût ôté.
Ses yeux se posèrent sur un plafond grisâtre, craquelé et poussiéreux. De nouveau, les voix se firent entendre et cette fois, elle fut en mesure de distinguer ce qu'elles disaient.
« Je n'arrive pas à croire que tu aies réussi à me faire accepter ça. » lança la voix d'un garçon.
« Tu fais une licorne excellente, Harry. Tu étais particulièrement convaincante. » lança la voix d'une fille, d'un ton impressionné.
« Dis merci à ma petite sœur et son obsession des licornes. Je ne savais pas que tu étais aussi bonne en Métamorphoses, d'ailleurs. » répondit le dénommé Harry.
« La Métamorphose animale n'est pas mon fort, habituellement. Sauf pour les chevaux et les espèces proches. Mon patronus est un cheval, je me demande si c'est lié. » indiqua la fille.
« Tu dois avoir une connexion spéciale avec ces animaux. »
« Aucune idée, mais je te revaudrais ça. »
« Qu'est-ce qu'on fait ? » demanda soudainement le garçon.
« Finite incantatem. » entendit Tracey.
Tracey retrouva l'usage de ses membres et jeta des regards apeurés autour d'elle, désorientée. Elle se trouvait dans une pièce étroite aux murs poisseux dégageant une odeur de renfermé qui lui donna envie de rendre son dîner.
« Hey Davis. » lança une voix joviale.
Elle releva la tête et ses yeux se posèrent sur le visage goguenard de Ginny Weasley. A quelques mètres, adossé sur un mur, se trouvait Harry Potter. Immédiatement, Tracey se tendit.
« J'espère que le transport jusqu'ici n'a pas été trop désagréable. Je suis désolée si ta tête s'est cognée contre les parois, c'était un accident…la plupart du temps. » ajouta Ginny avec un sourire en coin.
Tracey se massa la tête douloureusement. Cela expliquait le mal de tête qui lui brûlait le crâne.
« Où est-ce que je suis ? » demanda-t-elle, les observant avec méfiance.
Elle ne reconnaissait pas l'endroit dans lequel ils se trouvaient. Il ne pouvait pas s'agir du château, elle en était certaine.
« La Cabane Criante. » annonça Ginny.
« La Cabane Hurlante. » rectifia Harry avec patience.
« Peu importe, nous sommes dans une cabane. »
« Pourquoi vous m'avez emmenée ici ? » demanda Tracey en ramenant ses mains. « Je dois sortir, mes amies sont dans la forêt et elles… »
« Je sais, c'est de ma faute. » déclara Ginny d'un ton calme.
Une lueur de compréhension passa dans les yeux de Tracey. Cela expliquait la mauvaise blague. Weasley en était responsable.
« C'est moi qui ai écrit ces mots pour vous faire aller dans la Forêt Interdite. Je vous attendais, cachée derrière un arbre. J'ai jeté un sort de Perte Constante à l'une de tes amies avant votre entrée dans la forêt. » expliqua Ginny.
« Ingénieux. » commenta Harry avec admiration.
« Merci. Pas d'inquiétude, le sortilège de Perte Constante est temporaire. Elles devraient retrouver leur chemin d'ici quelques heures. » lança Ginny avec satisfaction. « Tu vois Davis, moi aussi j'ai de la ressource. J'ai appris que tu étais celle qui m'avait fait passer un calvaire. »
Évidemment que la vérité lui parviendrait finalement aux oreilles. Comme d'habitude Pansy n'avait pas pu s'empêcher d'aboyer à qui voulait l'entendre les détails de leur séance d'obeah. Était-ce pour cette raison que Weasley l'avait emmenée dans cet endroit ? Voulait-elle se venger ?
« Mais sans rancune, c'est dans le passé. » indiqua Ginny, d'un ton peu convaincant. « Ne te préoccupe pas trop de tes copines. Passer la nuit avec d'autres hyènes leur fera le plus grand bien. »
Tracey l'observa avec horreur.
« Pourquoi m'avez-vous emmenée ici ? » répéta Tracey. Qu'est-ce que tu veux ? »
Ginny extirpa une baguette de sa poche et joua distraitement avec celle-ci, la passant entre ses doigts, faisant mine de réfléchir. Tracey reconnut immédiatement sa baguette.
« J'ai besoin de ton aide, Davis. » déclara Ginny.
Elle farfouilla dans son sac avant d'en extirper un livret à la couverture noire. Tracey le reconnut immédiatement. Elle possédait un journal identique. Il s'agissait probablement du journal personnel de Daphné, disparut mystérieusement deux jours plus tôt.
« Où tu as trouvé ça ? » interrogea Tracey avec incrédulité. « Voleuse. »
« C'est moi qui pose les questions ici, Davis. » lança Ginny d'une voix agacée. « Et tu n'es pas en mesure de me donner des leçons sur la délinquance. Ni toi ni ta petite troupe. »
Ginny ouvrit le journal et commença à le feuilleter. Tracey savait qu'elle n'était pas en mesure d'en lire le contenu, dissimulé par un sortilège.
« Je me suis renseignée sur ces trucs – apparemment seul le propriétaire peut en lire le contenu. » expliqua Ginny. « Mais il y a aussi un autre moyen. Vous utilisez un mot de passe qui est une sécurité supplémentaire et qui peut donner l'accès à quelqu'un d'autre. »
« Je ne connais pas son mot de passe. » répliqua Tracey d'un ton sec.
« Mais tu peux m'aider à le retrouver, après tout tu es sa meilleure amie. » devina Ginny.
« Tu es délirante, Weasley. Qu'est-ce qui te fait croire une seule seconde que j'accepterai de t'aider ? »
Ginny secoua la tête, lâchant un soupir de lassitude face au refus de Tracey.
« Je ne voulais vraiment pas