Summary:
Minerva, la sorcière aux mille visages.
Participation au concours "Les ombres du Manoir" de Catie et SunonHogwarts
Crédits image : vladislavpantic sur DA.
Categories: Biographies,
Tranches de vie,
Minerva McGonagall Characters: Minerva McGonagall
Genres: Missing Moments
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: [Concours] Les ombres du Manoir
Chapters: 5
Completed: Non
Word count: 7575
Read: 2264
Published: 21/11/2020
Updated: 14/02/2021
Story Notes:
Bonjour à toutes et tous !
Je participe à l'incroyable concours de Catie et Sun, Les Ombres du manoir, une espèce de concours d'écriture-escape game, et voici ma participation. Je vais essayer de faire de cette histoire des tranches de vie de Minerva McGonagall, mais c'est évidemment sous réserve des prochaines contraintes. J'espère que ce sera possible de continuer cette histoire comme je l'ai prévue, mais avec Cruella Catie et Wicked Sun, on n'est jamais sûr de rien !
Merci à elles pour l'organisation, parce qu'elles sont trop fabuleuses !
1. Chapitre 1 - Minerva la brave - Douce évasion by Eejil9
2. Chapitre 2 - Minerva la guerrière - Mortelle issue by Eejil9
3. Chapitre 3 - Minerva la sage - Exquise fragrance by Eejil9
4. Chapitre 4 - Minerva la loyale - Souvenirs prisonniers by Eejil9
5. Chapitre 5 - Minerva la grande - Délicate ascendance by Eejil9
Chapitre 1 - Minerva la brave - Douce évasion by Eejil9
Author's Notes:
Dans cet escape game fabuleux, je suis coincée dans la bibliothèque. J'ai pour l'instant deux contraintes : l'histoire doit se passer le matin, et mon thème est "douce évasion". Les références au matin sont en gras, à l'évasion... Bah c'est le thème du texte, on ne va pas mettre tout en gras !
Je me suis beaucoup appuyée sur le texte inédit publié sur pottermore par Voldem... euh, JKR. Si vous ne l'avez pas lu, je vous invite à le faire, parce que c'est vraiment super. C'est ici si ça vous intéresse : https://www.wizardingworld.com/writing-by-jk-rowling/professor-mcgonagall
Pour récapituler ce qu'on y dit si jamais vous ne connaissez pas ce texte : Minerva est la fille d'Isobel McGonagall, sorcière de talent et de Robert McGonagall, pasteur moldu. Isobel, très amoureuse de son moldu de mari, lui a caché pendant des années qu'elle était une sorcière. Evidemment, ça a fini par lui plomber le moral et elle a tout avoué. Minerva a donc grandi dans ce climat de non-dits et de confiance rompue. A 18 ans, elle tombe elle-même raide dingue d'un moldu, Dougal. Elle accepte de l'épouser avant de changer d'avis et de le quitter, parce qu'elle refuse de mener la même vie que sa mère.
Voilà le début de mon texte : Minerva a donc 18 ans. Elle vient de se séparer de Dougal, son amoureux moldu.
Bonne lecture !
Doux sous ses pieds, le sol meuble et tourbeux de la terre d’Ecosse.
Douce, dans son âme, cette minute d’absolu sous le ciel.
Douce, la lumière du soleil qui se lève à peine, et teint d’orangé la bruyère qui couvre la lande.
C’est l’été, mais il fait frais à une heure si matinale, dans les Highlands. La rosée couvre le sol et des nappes de brume viennent encore s’accrocher çà et là au relief du paysage. L’humidité n’empêche pas l’air de paraître cristallin, translucide, comme neuf.
Minerva se trouve sur un plateau balayé par un vent qui empêche toute végétation élevée de croître et qui vient faire claquer sa jupe en tartan et la cape qu’elle a posée sur ses épaules.
Elle n’a pas dormi. Elle est pleine d’une énergie nerveuse qui, il lui semble, maintient en état de fonctionnement un corps que l’épuisement pourrait à tout moment faire flancher. Elle est partagée entre l’adrénaline et la fatigue la plus absolue.
Elle vient de faire le choix le plus difficile de sa vie – pour l’instant, il serait illusoire de croire qu’il le reste alors qu’elle a à peine dix-huit ans. Elle sent son cœur battre la chamade dans sa gorge nouée.
Dougal.
Les yeux de Dougal, les larmes qui les brouillent. Dougal, qu’elle a accepté d’épouser hier et qu’elle a quitté, une poignée d’heures plus tard, sans une explication. Dougal qu’elle aime plus fort qu’elle n’a jamais aimé, Dougal et son sourire qu’elle ne verra jamais plus, Dougal et son rire, Dougal et son intelligence…
Entre eux, le poids des non-dits et de cette magie qu’elle choisit au détriment de l’amour.
Entre eux, cette cruauté atroce, dont elle a fait preuve et qu’elle n’a pourtant pas souhaitée.
Minerva a envie de vomir, de se vomir. Elle se déteste. Elle n’ose même pas imaginer ce qu’elle fait ressentir à Dougal. L’abandon. L’incompréhension. La haine peut-être.
Quand ses pas l’ont ramenée chez elle, tout à l’heure, elle n’est pas entrée dans la maison de ses parents. Trop bouleversée, elle a décidé de venir ici, en ce lieu précis. Le lieu de tous les souvenirs. Pour se rappeler. Pour se comprendre. Et pour ensuite, enfin, oublier et s’enfuir.
Douce évasion sur lit de bruyère, loin d’une vie aux décisions trop dures et aux choix impossibles.
Se rappeler, d’abord.
Même lande, même lumière neuve et même éclat.
Souvenir délavé d’une période depuis longtemps terminée. Une femme et une jeune adolescente. Isobel et Minerva McGonagall, assises sur le sol mouillé. Elles étaient toutes deux venues en ce lieu pour échapper à un autre : leur maison. Échapper à sa pesanteur, à ses douleurs. Et pourtant, ce qu’elles avaient fui les avait suivies.
- Il faudra bien leur dire, maman… Malcolm a encore fait de la magie ce matin. Il a eu peur.
Isobel resta silencieuse.
Longtemps.
Un rapace fendit le ciel de son vol immobile. Les deux sorcières le suivirent des yeux, longuement, et fixèrent encore le ciel lorsqu’elles ne purent plus distinguer le point minuscule qu’il était devenu, là-bas, au-dessus de l’horizon.
Et puis, enfin, Isobel répondit. Sa voix éraillée se perdit dans le vent qui battait la lande, mais Minerva, attentive comme jamais elle ne l’avait été, perçut tout de même les mots et leur poids.
- Il faut que je te raconte quelque chose, Minerva. Je pense que tu l’as déjà deviné, mais il faut que tu l’entendes de ma bouche. Quand j’ai quitté Poudlard, je suis tombée amoureuse de ton père. Je n’avais jamais aimé de la sorte. J’aimerais dire que je n’avais jamais fait confiance à quelqu’un de la sorte, mais c’est faux. Je ne faisais pas confiance. Des années durant, j’ai menti. J’ai caché ma magie, abandonné mes rêves et mes projets. J’avais peur : du rejet, de la haine, peut-être. Chaque jour qui passait rendait la vérité plus difficile à annoncer. Et puis tu es née. Alors, je me suis rendue compte que ce mensonge qui durait depuis toujours ne pouvait plus continuer, que tu allais faire de la magie, toi aussi, que tu en faisais déjà – quelle enfant précoce tu étais ! – et qu’en mentant à propos moi, je mentais aussi à propos de toi. Et ça, ce n’était pas acceptable. J’ai tout avoué, et ton père a accepté, bon gré mal gré, mais quelque chose s’est brisé et nous n’avons jamais pu le bâtir à nouveau. Voilà pourquoi je n’ai encore rien dit à tes frères. Une mère ne devrait jamais dire ça à sa fille, mais j’ai peur, Minerva. J’ai peur parce que la magie sera toujours ce qui nous brise et nous sépare.
Le silence était retombé. Le vent soufflait.
Minerva ne savait pas quoi répondre. Elle comprenait, certainement. Elle aurait voulu rassurer sa mère, mais avait peur, elle aussi de rompre quelque chose en prenant la parole. Elle était trop jeune, trop enfant encore, pour s’aventurer à briser l’équilibre qui régissait les relations d’une mère et d’une fille.
Elle l’aiderait, en silence.
- Tu comprendras, un jour, avait murmuré Isobel.
Elles s’étaient levées, et elles avaient quitté cette lande et rejoint le lieu que, de toute façon, elles n’avaient pas réussi à fuir.
Minerva comprend, désormais.
Elle porte un prénom antique, et destin digne d’une tragédie. Tragique hérédité, tragique accomplissement d’un destin prédit par une mère qui, pourtant, ne se prénomme pas Cassandre. « La magie sera toujours ce qui nous brise et nous sépare. » Rien jamais n’avait été prononcé de plus vrai.
Minerva comprend, désormais.
Elle comprend, et elle refuse : elle ne partagera pas le sort de sa mère. Rien ne vaut ces années d’angoisses, de division, de morosité. Elle ne sera pas comme sa mère et s’il faut quitter Dougal pour cela, alors elle quittera Dougal. Dougal, ses yeux, son sourire, son intelligence et tout l’amour qu’elle lui porte, elle y renonce, le cœur lourd mais l’esprit assuré. L’amour triomphe de tout, certes, mais s’il apporte avec lui le malheur et la trahison, alors mieux vaut encore l’abandonner sur le bord du chemin, et partir.
S’enfuir.
Minerva s’assied dans la bruyère, et ferme les yeux.
Elle prend de l’élan, tout en restant immobile. C’est comme une large bouffée d’air avant un plongeon, comme une provision de chaleur avant l’hiver.
Elle entend l’air pur et humide de la lande écossaise qui entre et sort de ses poumons, et elle quitte un instant ce corps, ses sentiments et ses douleurs.
Quand elle est venue, avec sa mère, la chape d’inquiétude qu’elles tentaient de fuir les avait suivies. Minerva décide que cette fois, ça ne se passera pas comme ça. Nul ne la suit quand elle ne souhaite pas être suivie.
Elle entend son souffle, et devient légère, légère… Elle plane comme le rapace qui, il y a si longtemps, a survolé l’angoisse d’Isobel.
Et puis, doucement, elle retrouve son corps.
Elle est loin, la douleur. Elle existe, elle lui brise le cœur, mais elle est à sa place. Minerva n’est plus bouleversée. Elle n’est plus perdue. Elle n’a plus envie de vomir.
Elle se sent libre.
Elle a dix-huit ans, elle est une sorcière, et elle est forte. Plus forte que les chagrins d’amour. Demain, elle commencera à travailler au Ministère de la Magie.
Minerva se relève et se met en marche d’un pas vif. Sa jupe en tartan et sa cape claquent sous le vent. Elle sait où elle va, et elle s’y rend d’un pas décidé.
Doux sous ses pieds, le sol meuble et tourbeux de la terre d’Ecosse.
Douce, dans son âme, cette minute d’absolu sous le ciel.
Douce, la lumière du soleil qui se lève à peine, et teint d’orangé la bruyère qui couvre la lande.
Douce évasion sur lit de bruyère, loin d’une vie aux décisions trop dures et aux choix impossibles.
End Notes:
Et voilà, j'espère que ça vous a plu ! N'hésitez pas à lire les autres participation et à revenir me voir galérer quand les contraintes seront plus difficiles !
Des bises !
Chapitre 2 - Minerva la guerrière - Mortelle issue by Eejil9
Author's Notes:
Hello hello !
Me revoilà avec le deuxième chapitre de ce concours super trop bien.
Les contraintes étaient les suivantes :
Votre thème : Mortelle issue.
Vos contraintes : - votre chapitre doit se dérouler la nuit.
- votre chapitre doit se dérouler par un temps brumeux.
- Contrainte facultative : Pour 1 point supplémentaire, vous pouvez faire mention de l'un.e des personnages suivant.e.s :
- Aiden Nott.
- Esclarmonde (original). -> J'ai choisi Esclarmonde, le personne incroyable de la non moins incroyable Lsky !
- Pansy Parkinson.
- Audrey (original, pas Weasley).
Le chapitre fait 1952 mots au compteur word.
Les contraintes sont en gras dans le chapitre. Ce chapitre implique que je change le rating, il y a une scène assez sanglante.
Bonne lecture !
L’obscurité est tombée depuis longtemps déjà. La brume s’enroule entre les arbres et luit doucement, sans doute sous l’éclat de la lune, pleine cette nuit-là. La clarté étrange qui s’en dégage donne à la scène un aspect fantastique, inquiétant. On distingue à peine le village, pourtant proche, de Laggan, sous cette nape laiteuse.
Minerva frissonne.
C’est un pressentiment, et il est mauvais.
Comment pourrait-il être bon ? C’est la guerre. Selon un informateur de l’Ordre, ce village sera attaqué par les Mangemorts cette nuit-là. Pourquoi un si petit village des Highlands, tous l’ignorent, et pourtant… Ils sont là. Minerva. Et Elphias Doge. Et Dedalus Diggle. Et Alastor Maugrey. Et Robert, le benjamin de fratrie McGonagall – c’est seulement sa deuxième mission. Il a laissé son épouse chez lui, avec leur nourrisson.
Ils sont là. Minerva, Elphias et Dedalus à l’ouest, Maugrey et Robert au Nord, surveillant le village, la route qui y mène et en sort. Ils sont prêts à surgir, à se battre, à tuer ou être tués.
L’Ordre du Phénix.
Quelques sorciers et sorcières, frêle rempart contre l’innommable.
Certes, les informations sont rarement fiables. Mais l’Ordre ne veut pas prendre de risque. Et surtout, ses membres ne savent que faire : Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom frappe de manière si aléatoire et cruelle que même l’esprit brillant d’Albus Dumbledore ne sait démêler la stratégie. On murmure qu’il n’y en a aucune autre que le chaos et la peur… Comment lutter contre le chaos ? Alors, toutes les tentatives sont bonnes.
Voilà pourquoi cette petite escouade attend, dans le froid, à une portée de sort du village de Laggan. Peut-être pour rien. Peut-être pour sauver les pauvres moldus qui y vivent. Peut-être pour comprendre enfin pourquoi les Mangemorts frappent et quelle est leur stratégie.
Minerva frissonne, donc. Et pourtant, elle ne souhaiterait être ailleurs pour rien au monde, et surtout pas dans son lit, à Poudlard. Et tant pis si elle est fatiguée pour ses cours du lendemain.
Elle n’a pas plus de doutes cette nuit-là que durant cette autre nuit, brumeuse aussi – sa vie est-elle vouée à une telle répétition des moments et des saisons ? – quand elle s’est engagée auprès d’Albus.
- Savez-vous, Minerva, où tout cela va vous mener ?
- Oui.
- La bataille, la mort, le sang, en avez-vous conscience ?
- Oui.
- Il va falloir voir les autres se faire tuer et tuer vous-même, comprenez-vous ?
- Oui.
- C’est une guerre, l’issue en sera peut-être mortelle, est-ce clair ?
- Oui.
- Et vous l’acceptez ?
- Par Merlin, Albus, j’ai trente-cinq ans, je ne suis ni une enfant, ni une simple d’esprit. Je comprends parfaitement que ce que vous me proposez, c’est la guerre, et je m’y joins le cœur lourd mais l’âme assurée. Mon père est un moldu, l’homme que j’ai aimé est un moldu, mes frères sont des sang-mêlés, et vous le savez ! Plutôt tuer que de les voir mourir sans avoir rien fait. J’ai beaucoup de respect pour vous, vous avez été mon professeur, vous êtes mon ami et un plus grand sorcier que je ne serai jamais, mais par pitié, cessez de me prendre pour une pauvre chose fragile. Avez-vous oublié les attributs du prénom que m’a offert ma mère ? Avez-vous oublié la maison dans laquelle le Choixpeau m’a envoyée ? Nul ne dira que Minerva McGonagall s’est terrée alors que les siens mouraient. Oui. Oui, j’accepte. J’accepte le sang, j’accepte la guerre, et j’accepte cette mortelle issue si nous en arrivons là ! J’accepte !
Albus Dumbledore était resté coi. Et Minerva avait fait son entrée, triomphale, dans l’Ordre du Phénix.
Triomphale, elle ne l’est plus tant, alors que le froid se glisse sous sa robe de sorcière.
Elle se penche pour murmurer un avertissement vide à Elphias Doge quand elle l’entend.
Un hurlement, à glacer le sang.
Et puis un autre. Et un autre encore.
- Des loups-garous ! s’exclame inutilement Dedalus Diggle.
Ils ont tous compris.
Inquiets, ils regardent autour d’eux. La brume s’est épaissie. C’est un brouillard dense qui les entoure. Ils ne voient pas à deux pas.
Le village est attaqué, c’est vrai. Mais les moldus qui y vivent n’en sont pas la cible.
- C’est un piège, murmure Minerva. Pourquoi envoyer des loups-garous sur des moldus ? C’est nous qu’ils visent.
Personne n’a le temps de répondre, parce que l’instant d’après, c’est le chaos.
Ils sont multitude. Des bêtes, tout en crocs et en griffes, hurlantes et écumantes. Comme des loups, elles les encerclent. Comme des loups, elles apparaissent et disparaissent dans la brume, insaisissables. Les sorts ne les touchent pas.
Mais ce ne sont pas des loups. Les loups ne sont pas cruels. Les loups ne tuent pas pour tuer. Ceux-là ne sont pas des loups, ce sont des monstres. Il n’y a ni fureur animale ni malédiction en eux. C’est leur part d’homme, et pas la bête, qui est monstrueuse.
Contre eux, les sorciers s’épuisent en magie inutile.
Minerva s’en moque. Elle jette trait sur trait. Rouge, vert, toutes les couleurs sont bonnes, puisqu’elles n’atteignent jamais leur cible.
- On rejoint les autres ! crie Elphias, couvrant un instant les hurlements des loups.
C’est Elphias, le chef de leur groupe. Alors Minerva le suit, vers le Nord.
Mauvaise idée. Très mauvaise idée.
En un rien de temps, ils sont débordés. Les monstres qui les attaquent n’attendaient que ça. Ils profitent de leur course pour les séparer les uns des autres. Les crocs claquent. Les yeux brillent dans la nuit.
Bientôt, Minerva est seule dans le brouillard. Elle jette des sorts au hasard, sans se soucier du risque de toucher plutôt ses compagnons que les loups. Les hurlements lui percent les tympans. Ils se répercutent dans la brume et se multiplient en dizaines d’échos. Les loups pourraient être dix ou cent, impossible de savoir.
C’est bien un piège.
Elle profite d’un instant d’accalmie pour envoyer un patronus. Ils ne s’en sortiront jamais sans renforts.
Et puis, elle tend l’oreille, espérant que son ouïe serait plus efficace que sa vue pour retrouver ses compagnons d’armes.
Au début, elle n’entend rien du tout. Les hurlements se sont tus. Suspicieuse, elle avance de quelques pas. Et c’est là qu’il retentit.
Le cri.
Ce n’est plus le hurlement animal des loups. C’est un cri à glacer les os parce qu’il est familier, chaleureux, aimé.
Le sang de Minerva ne fait qu’un tour.
- Robert !
Minerva court.
Elle se prend les pieds dans les racines, chute. Se relève, court encore. Le monde autour d’elle est flou. Rien d’autre ne compte que le cri de douleur absolue que produisent les cordes vocales de son frère.
Le cri dure, dure, dure encore. C’est un phare qui guide Minerva à travers la brume. Elle court, droit devant elle, sans se soucier du reste.
Et puis elle arrive, enfin.
Le brouillard s’est allégé, juste un peu, et elle le voit sous l’éclat de la lune.
C’est trop tard.
Trois loups massifs se ruent et mordent, puis reculent. Encore, et encore. Le sang gicle, noir sur l’écharpe de brume cristalline. Minerva agite sa baguette, crie des sorts, au hasard. Ils touchent les loups, l’un après l’autre.
Il est presque impossible de neutraliser un loup-garou une nuit de pleine lune. Qu’à cela ne tienne, c’est la force du désespoir qui anime Minerva. Alors elle fait mouche.
Bientôt, les loups gémissent. Elle frappe encore. Les loups reculent. Elle jette sort sur sort. Et même lorsqu’elle ne les distingue plus, elle continue de s’acharner.
- Minerva…
La voix étouffée de son frère la ramène à la réalité.
C’est un choc, à nouveau. Elle s’effondre à genoux. Elle baisse les yeux. Il est là. Son sang coule noir dans l’herbe humide. Sa robe de sorcier bleue devient noire, elle aussi, et la tache ne cesse de s’élargir. Son bras s’arrête à l’épaule.
Le visage de Robert, lui, est plus blanc encore que la brume qui les entoure.
- Minerva, ne sois pas triste.
Le cœur de Minerva pourtant, se brise un peu. Elle ne répond rien. Sa voix est morte dans sa gorge.
- Nous savions que nous nous battions à mort, je le savais, et je l’ai accepté. Toi aussi. Tu prendras soin de Lavinia et du petit, s’il te plaît ? Tu leur diras que j’ai pensé à eux avant de m…
L’indignation fait renaître la voix de sa sœur.
- Non Robert, parce que tu ne vas pas mourir. Je te sauverai, je vais faire venir les médicomages. Je trouverai un retourneur de temps, je viendrai te sauver, j’essaierai des dizaines de fois s’il le faut, mais tu ne vas pas mourir…
L’écume perle sur les lèvres translucides de Robert, rose. Il laisse échapper un rire qui ressemble déjà à un gargouillis.
- Tu vas faire comme le fantôme d’Esclarmonde, la seule moldue à être revenue parmi les vivants pour sauver ses patients ? Chaque nuit tu tenteras en vain de me sauver, maintenant et pour les siècles à venir ? Et le village de Laggan sera connu de tous comme un village hanté ? Cesse tes sottises, et prends ma main… Celle qui reste. Reste avec moi. Il fait froid, tu ne trouves pas ? Et ce fichu brouillard… Tu es juste à côté et je te trouve déjà floue, tu te rends compte ?
Alors Minerva prend sa main. Et serre. Elle a mal de le trouver si fidèle à lui-même, plaisantant au seuil de la mort comme il l’a fait toute sa vie. Elle ne dit rien. Elle n’a jamais été douée pour les mots tendres, et aucun autre mot ne pourrait être prononcé à cet instant précis.
Ses yeux sont brouillés de larmes.
La voilà, l’issue mortelle pour laquelle elle s’est engagée. Elle a accepté, pourtant.
- Il va falloir voir les autres se faire tuer et tuer vous-même, comprenez-vous ?
- Oui.
- C’est une guerre, l’issue en sera peut-être mortelle, est-ce clair ?
- Oui.
Et quand Robert laisse échapper son dernier soupir, elle ne lâche pas sa main.
Elle ne la lâche pas non plus lorsqu’Alastor, Elphias et Dedalus arrivent. Elle ne leur parle pas. Elle ne veut pas les entendre.
Mortelle issue.
Aurait-elle un instant songé qu’elle serait si cruelle ?
La brume se dissipe presque, mais pas tout à fait, ne laissant traîner que quelques haillons sur le paysage. Le jour n’est pas encore levé. Les autres sont partis. Une robe ornée de demi-lunes froufroute près d’elle, et c’est la voix d’Albus qui retentit à travers le coton qui bouche ses oreilles.
- Minerva, il faut le laisser partir. Vous ne pouvez plus rien pour lui. Nous allons rentrer. Je comprendrais que vous ne vouliez plus vous battre après cela, je comprendrais, mais il faut y aller.
La sorcière lève les yeux vers lui. Elle se lève soudain et défroisse sa robe tachée de sang, comme si rien ne s’était passé.
- Ne plus me battre ? Enfin Albus, cessez de vouloir m’écarter de cette guerre. J’ai plus que jamais envie de me battre. Et si l’issue doit être une nouvelle fois mortelle, eh bien, ce sera pour les Mangemorts ou pour moi. Mais je vous promets que jamais, jamais, je ne laisserai un autre de mes proches mourir. Maintenant j’aimerais que vous me laissiez me recueillir. Dites à mes élèves que je serai absente aujourd’hui.
Albus hoche la tête, et s’éloigne.
Elle se baisse. Avec tendresse, elle soulève le corps ensanglanté de son frère. Sans magie. Comme s’il n’avait rien pesé. Le cœur lourd et la rage à l’âme, elle s’en va l’enterrer dans le petit cimetière du village où elle a grandi.
Prête à se battre encore, plus que jamais.
Minerva, la guerrière.
End Notes:
Il est mentionné que Robert McGonagall Jr est mort durant la première guerre, dans Short Stories from Hogwarts of Heroism, Hardship and Dangerous Hobbies. Je ne l'ai pas lu, j'ai trouvé l'information sur le wiki HP, mais maintenant que je sais que ça existe, je vais très certainement le lire.
En tout cas, j'espère que cet épisode m'aura permis de rester dans le thème.
N'oubliez pas d'aller lire les autres participations qui sont brillantes !
A dans deux-trois semaines !
Chapitre 3 - Minerva la sage - Exquise fragrance by Eejil9
Author's Notes:
Bonjour à toutes et tous !
D'abord, merci à celles et ceux (celles... je crois) qui m'ont laissé des reviews sur les chapitres précédents. Je voulais profiter des vacances pour répondre mais je suis débordée et je crois que ce ne sera toujours pas pour cette fois ! Je répondrai... Un jour.
Comme me l'a fait remarquer MadameMueller à très juste titre, dans le canon, Minerva n'a pas fait partie du premier ordre mais a travaillé pour le ministère... Bon, chez moi elle en a fait partie, et puis voilà :mg:
Voici le prochain chapitre, et les contraintes sont les suivantes :
Votre thème : Exquise fragrance
Vos contraintes : - Votre chapitre doit se dérouler au crépuscule.
- Votre chapitre doit se dérouler par un temps venteux.
- Vous devez insérer une citation de votre choix sur le thème de la nature.
Je dois avouer qu'entre les fêtes et les contraintes, ce chapitre m'a donné du fil à retordre... Je n'en suis pas particulièrement satisfaite, mais j'espère qu'il vous plaira tout de même !
Bonne lecture !
D’un pas hésitant, Minerva pénétra derrière l’enceinte du cimetière. La grille n’était jamais fermée, et c’était tant mieux : elle n’aurait sans doute jamais eu la force de la pousser.
Le soleil couchant se faufilait entre les arbres qui boisaient l’endroit, et venait l’éblouir par intermittence, au gré des espaces libérés par les fûts immenses des pins et par les branches des buissons et des arbustes.
Des années qu’elle n’était pas venue là. Elle n’était pas de ceux qui se recueillent devant des tombes recouvertes d’absurdes inscriptions, non… Elle préférait s’émouvoir d’un souvenir ou d’un objet. Plus sain, selon elle. Il n’y a dans les cimetières que des dépouilles. Des os, de la chair en décomposition… Au-delà des plantes, des insectes ou invertébrés et des petits mammifères, rien de vivant. Rien à chérir, rien à pleurer.
Le vent, qui soufflait sans discontinuer depuis le matin, lui donnait raison en conférant aux conifères qu’elle discernait le long du chemin une allure animée et inquiétante, presque fantomatique.
Elle n’était venue dans ce cimetière qu’une seule fois depuis qu’elle avait, de ses mains et sans magie, enterré le corps de son frère Robert dans la terre meuble et humide, à côté des tombes de ses grands-parents. Et cette autre fois était le jour de l’enterrement de sa propre mère. Ce n’était pas un lieu paisible. Ce n’était pas un lieu dont elle aimait se rappeler.
Et voilà qu’elle revenait, non pas épuisée par une nuit de bataille, non pas souillée de mille taches de sang aimé, mais à nouveau, comme la fois précédente, écrasée par le chagrin et l’angoisse.
Et pourtant, une fois le mur passé, une sérénité inattendue descendit sur elle.
L’endroit était beau. Contrairement à la lande alentours, il était boisé, certes par la main de l’homme, mais avec une authenticité certaine. En y pénétrant, on avait l’impression d’entrer dans un autre monde, un monde cohérent, et lumineux de cette lumière mourante de crépuscule. Plus que la lande, plus que la terre aride et spongieuse d’Ecosse, ce lieu donnait l’impression d’être sacré, et de convoyer une force qui les dépassait tous. Les deux fois précédentes, elle n’avait pas ressenti cela – peut-être le lieu avait-il attendu ce moment précis pour se révéler, ou peut-être était-ce l’âge qui lui avait conféré la sagesse nécessaire pour le percevoir. Jamais un lieu moldu n’avait semblé si magique. Chaque arbre, chaque pierre, chaque tombe, même, étaient partie d’un tout puissant, et dont la signification s’était perdue il y a bien longtemps. Infinie, inconnue et familière, elle frappait les sens de Minerva et lui parlaient en milliers de chuchotements portés par le vent.
Ils ramenèrent dans son esprit les premiers vers d’un poème moldu, qu’elle avait si bien perdu dans les tréfonds de sa mémoire qu’elle ignorait s’en souvenir encore.
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Le vent, qui balayait sans cesse le plateau, y pénétrait et charriait sur son passage des parfums incongrus et congrus. L’odeur musquée de la bruyère et de la terre meuble, celle, ferreuse, du torrent qui traversait le village. Des relents de cuisine, aussi, sans doute venus de l’unique restaurant des environs, qui se trouvait sur la place, à côté de la mairie. Et surtout, les effluves piquants des pins et des cyprès du cimetière, végétation inattendue en Ecosse et pourtant florissante. À cela s’ajoutaient l’humus, et la décomposition de toutes les petites cellules enfouies dans le sol en attente d’une nouvelle vie.
Ils exhalaient dans l’esprit de Minerva une harmonie lumineuse, plus brillante que le soleil couchant. Elle n’avait plus mal. Elle n’avait plus peur.
Désespoir, angoisse et chagrin envolés, elle marchait sur le chemin caillouteux, sans douter une seconde de la direction à suivre. C’était son chemin.
Elle baignait dans un océan d’odeurs liquides, douces et piquantes, fermes et fuyantes. Elle ne cherchait pas à les attraper. Elle n’en percevait que des échos tintinnabulants et cela lui convenait. Dans l’étonnante synesthésie où elle avançait, c’étaient les parfums capiteux du lieu qui détenaient la note majeure. Jamais elle n’avait autant eu l’impression d’être réduite à son odorat…
L’être humain se fie en premier lieu à sa vue, mais la vue de Minerva déclinait. En bonne enseignante, elle confiait son sort à son ouïe, mais le vent l’assourdissait. Du toucher il n’y avait que le frottement doux de sa robe sur sa peau et la caresse parfois un peu vive du vent sur son visage. Restait alors cet univers nouveau de fragrances et de goûts qui l’enveloppait doucement et la portait vers son destin.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Minerva, enfin, arriva à destination. Elle s’agenouilla dans l’herbe mouillée et odorante, tâchant d’éviter les pierres et les pommes de pin qui la constellaient et qui n’auraient sans doute pas fait de bien à ses genoux fatigués. Sur la pierre devant elle s’étalait le nom chéri, et des chiffres qu’elle ne daigna pas regarder.
Après une inspiration profonde et chargée de notes rassurantes, d’une voix éraillée, elle prit la parole :
- Dougal… Je suis désolée de ne pas être venue te voir avant. Ici, ou quand tu étais encore ailleurs… Tu aurais mérité des explications. J’ai longtemps regretté, tu sais. Parfois je me dis que mon secret trop bien gardé a causé ta… Enfin, je me dis souvent que si je t’avais avoué cet été-là que j’étais une sorcière, j’aurais pu te protéger contre les abominables sorciers qui…
Minerva s’interrompit pour laisser couler une larme, puis deux, puis trois, qui ravivèrent l’odeur d’humus en s’écrasant au sol.
- Ce n’est pas pour cela que je suis venue. Elphinstone m’a encore demandée en mariage et… Pour la première fois, j’hésite. J’ai toujours dit non, tu sais. Tu étais trop présent dans ma mémoire pour que je puisse accepter d’en épouser un autre, mais maintenant que tu n’es plus là, je doute. J’aime beaucoup Elphinstone. Je pense que je saurais être heureuse avec lui, mais il reste ta présence, encore…
Le silence qui tomba était rempli d’odeurs et de sons rendus ouatés par le poids des larmes.
- Que dois-je faire, Dougal ?
Minerva ne savait pas à quoi elle s’attendait. Après tout, Dougal était un moldu, et même s’il avait eu une once de magie, il n’était pas du genre à revenir comme fantôme… Comment aurait-il pu répondre ?
Et puis, la réponse fut là et lui coupa le souffle.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Et puis, la réponse fut là et lui coupa le souffle. Ce fut une fragrance, puissante, inattendue, exquise, qui l’apporta. Un parfum frais, frais comme des chairs d’enfants, doux comme les hautbois, vert comme les prairies. Un parfum soudain et bref qui l’empêchait de respirer et à ma fois la poussait à avaler brusquement des goulées d’air pour profiter de chaque particule avant que le vent ne les chasse.
La réponse de Dougal. Ou peut-être celle du destin, ou les deux en même temps. Même la cartésienne qu’elle était savait le percevoir.
Parfois il n’était pas besoin de mots.
Portée par ce parfum, Minerva quitta le cimetière. Elle marchait mais elle aurait bien pu voler, tant elle se sentait soutenue par la force des effluves qui l’entouraient. Une seconde, une minute, une heure… Un instant incommensurable plus tard, elle était à Pré-au-lard et elle acceptait avec joie l’offre d’Elphinstone, baignée dans la lumière rasante et joyeuse du crépuscule.
Une partie de son cœur, cependant, restait vide. L’exquise fragrance qui lui avait répondu avait disparu et jamais plus elle n’en retrouverait la couleur.
End Notes:
Comme vous l'avez sans doute constaté, la citation (centrée, italique, gras) est l'intégralité du poème "Correspondances" de Baudelaire, issu des Fleurs du Mal.
J'espère que ça vous a plu ! A bientôt pour la suite de cette incroyable aventure (je parle du concours, je sais bien que dans ce chapitre, il ne s'est pas passé grand-chose :mg:)
Chapitre 4 - Minerva la loyale - Souvenirs prisonniers by Eejil9
Author's Notes:
Bonjour bonjour,
Voici mon quatrième texte pour ce concours, écrit un peu à la va-vite, je l'avoue.
Un grand merci pour toutes vos reviews élogieuses sur le dernier chapitre, je vous promets que j'y répondrai !
Petit rappel des contraintes (en gras dans le texte)
Votre thème : Souvenirs prisonniers.
Vos contraintes : - votre chapitre doit se dérouler à l'aurore.
- votre chapitre doit se dérouler par un temps neigeux.
- vous devez insérer une citation de votre choix sur un thème donné (la liberté) : j'ai choisi une citation de Pierre Bottero
- les émotions suivantes sont interdites : nostalgie, tristesse, chagrin, douleur.
Bonne lecture !
Minerva n’arrivait pas à dormir. Elle repoussa la couverture en soupirant, glissa ses pieds fatigués dans ses chartreuses ornées de tartan, et se leva d’un pas chancelant. Un regard par la fenêtre lui indiqua qu’il neigeait toujours. La neige luisait d’un éclat inquiétant sous la lumière terne de l’aurore hivernale. La première neige de l’année était toujours un moment de joie pour les élèves de Poudlard. Mais cette année-là, personne n’avait eu le cœur à s’amuser, sauf peut-être quelques élèves de Serpentard qui avaient profité d’un cours de soins aux créatures magiques pour glisser de la neige dans le col de leurs camarades de Poufsouffle… En frissonnant, Minerva s’enveloppa dans un plaid. Ce château était un véritable repaire de courants d’airs.
Elle quitta sa chambre en baillant, bien décidée à se faire une bonne tasse de thé. Quel épuisement… Les insomnies étaient devenues récurrentes, depuis la mort d’Albus. Elle en avait trop sur le cœur et sur la conscience pour réussir à trouver le repos.
Le monde entier semblait s’être passé le mot pour la hanter. Elle ne parvenait pas à déterminer ce qui la taraudait le plus. Était-ce la perte d’un homme qui était à la fois un maître et un ami ? était-ce la trahison d’un autre ami, devenu meurtrier et monstre, en cette nuit où tout avait basculé ? était-ce la disparition d’Harry Potter et l’impuissance qu’elle ressentait ? était-ce enfin de devoir chaque jour travailler dans un lieu qu’elle avait tant aimé et qui n’était plus que l’ombre de lui-même ? Ou était-ce autre chose encore ?
Minerva s’arrêta à mi-chemin de la cuisine, et oublia sa tasse de thé, frappée de la vision douloureuse de cette autre chose. Une image et des paroles se rappelaient à sa mémoire. Ce souvenir, qu’elle aurait tant voulu enfermer dans un coin de son esprit pour ne plus jamais y penser, revenait la hanter plus souvent qu’à son tour, et plus encore que la perte, la trahison, l’impuissance et la mélancolie. C’était lui qui la privait de sommeil, ce souvenir prisonnier trop souvent évadé.
Souvenir d’un jour d’hiver et d’une conversation.
Bureau d’Albus, c’est le petit matin du trente-et-un décembre. Pour fêter la nouvelle année, Minerva et lui ont joué aux échecs dans le silence, toute la nuit, comme ils aiment tant le faire. La neige assourdit les bruits extérieurs. Le château est calme. Cela fait longtemps que les rares élèves présents sont allés se coucher, et aucun d’entre eux ne se lèvera avant plusieurs heures encore.
- Minerva…
La voix d’Albus a quelque chose de changé, alors son amie relève brusquement la tête, et l’observe par-dessus ses lunettes, sans un mot.
- Minerva, je suis vieux.
Le silence tombe. Elle ne l’a jamais vu si hésitant, alors elle hasarde une de ces boutades sèches dont elle a le secret :
- Et moi non plus, je ne suis plus toute jeune. Mais mis à part si vous voulez que nous battions le record du monde du marathon le plus rapide, je vois mal en quoi cela pose problème.
Albus lui répond par un sourire.
- Je ne parle pas de prouesses physiques, Minerva. Mais c’est la guerre, et je ne suis plus le sorcier que j’étais. S’il m’arrivait malheur…
- Il ne vous arrivera pas malheur, parce que s’il vous arrive malheur, alors nous sommes tous perdus, Albus.
- Ttt ttt ttt, Minerva, nul n’est irremplaçable, et tout homme qui le croit est ou un prétentieux, ou un fou. Ou les deux, puisque l’un n’empêche pas l’autre. Vous êtes tous d’incroyables sorciers et sorcières, vous y parviendrez.
Minerva hause un sourcil circonspect et l’invite à poursuivre d’un vague mouvement du menton.
- Je disais donc : s’il m’arrive malheur, j’ai prévu quelques dispositions. La première, la voici. C’est mon testament. Gardez-le en lieu sûr et veillez à le faire exécuter à la lettre.
Il fouille dans sa robe violette ornée d’étoiles et lui tend un parchemin dont le sceau rouge est orné d’un phénix qui volette gracieusement.
Minerva avale difficilement sa salive, prise dans une bouffée de chaleur et d’angoisse qui lui semble la dévorer.
- Très bien, murmure-t-elle d’une voix étranglée.
- Ce n’est pas tout.
Il se lève, ses articulations vieillies craquent. Il ouvre le petit cabinet qui se situe dans un coin du bureau. Il en sort une large boîte capitonnée et la pensine.
- À l’intérieur de cette boîte se trouvent des souvenirs. Les miens, et ceux d’autres personnes. Ils sont infiniment précieux et ne doivent en aucun cas tomber entre de mauvaises mains. S’il m’arrive malheur, la première chose que vous devez faire est de mettre les élèves en sécurité. La seconde est de monter ici, de prendre la boîte, et de la détruire.
- Mais, Albus…
Minerva ne termine pas sa phrase, et laisse le temps à sa pensée de se déployer dans son esprit.
- Ne pensez-vous pas que ces souvenirs pourraient être des indications utiles pour continuer la guerre sans vous ? que nous en avons besoin ?
- C’est juste Minerva, s’ils sont là, c’est qu’ils sont utiles. Ou honteux. Parfois les deux. Cependant, nous avons trop à perdre s’ils tombent entre de mauvaises mains et ils seraient plus utiles encore à nos ennemis qu’à nos amis. Détruisez-les.
Minerva hoche sèchement la tête et cesse de discuter. Elle se lève brusquement et défroisse sa robe verte.
- Si c’est tout ce que vous aviez à me dire, je vais me coucher. Le jour se lève et je suis épuisée.
- Évidemment, Minerva, allez donc… Ah ! Une dernière chose.
Minerva est déjà arrivée à la porte, elle se retourne.
- S’il m’arrive malheur, surtout… Quoi qu’il arrive, faites confiance à Harry Potter !
- Évidemment. Et bonne année, surtout !
Minerva tenta chasser le souvenir en secouant la tête, en vain. Si ce petit instant du passé la hantait tant, c’était parce que lui aussi était empreint de trahison. La sienne.
Frissonnant toujours, mais habitée d’une détermination nouvelle, Minerva fit demi-tour. Elle saisit sa baguette et se rendit dans le petit salon de ses appartements. Elle s’arrêta devant l’armoire de bois sombre qui en obstruait une bonne partie du mur du fond. Elle prononça les formules complexes qui en gardaient l’ouverture d’un ton distrait, et, le souffle court, jeta un regard à l’intérieur.
La boîte à souvenirs capitonnée était là, exactement comme dans son souvenir. Elle l’y avait enfermée la nuit où Albus était mort, et s’était refusée à la détruire depuis.
La boîte avait désormais quelque chose d’inquiétant et de menaçant, comme si l’ombre du fantôme d’Albus l’accompagnait et lui murmurait « je t’avais dit de la détruire ! ».
Minerva soupira. Elle en avait longtemps voulu à Albus, pour ce poids trop lourd qu’il lui avait confié : détruire ce qui restait de lui de plus intime, sans rien en faire, sans savoir quel souvenir était de lui… Elle n’avait pas pu s’y résoudre et avait mué sa culpabilité en ressentiment.
Sauf qu’elle en avait perdu le sommeil. Depuis des mois. On ne perd pas le sommeil lorsqu’on se contente de désobéir à un ordre injuste. Elle devait se faire une raison, il n’y avait aucune rancune à garder contre Albus, et elle était parfaitement libre. Elle aurait dû, d’ailleurs, lui obéir de son plein gré parce que c’était, rationnellement, ce qu’il y avait de mieux à faire. Un grand homme avait dit un jour : « La liberté n'induit pas l'égoïsme et il n'y a pas d'homme plus libre que celui qui agit parce qu'il pense ces actes justes. »
Il était temps de se libérer de cette prison de mémoire et de doute, et de devenir cette femme libre qui agit parce que ses actes son justes.
D’un geste décidé, Minerva saisit la boîte.
Comme dans un rêve, elle traversa le château, flottant dans un état second. Comme dans un rêve toujours, elle sortit dans le parc, si absente que le froid de la neige ne l’atteignait pas et qu’elle avait l’impression de marcher dans du coton. Elle prit le chemin du lac. Il n’était pas encore gelé et sa surface noire contrastait vivement avec la blancheur de la neige qui luisait dans l’éclat du petit matin.
Elle s’agenouilla, sans se rendre compte qu’elle mouillait sa robe de chambre sur le sol. Les mains tremblantes, elle ouvrit la boîte, et admira un instant la lueur argentée des fioles qu’elle contenait. Son cœur battait si fort dans sa poitrine que les élèves devaient l’entendre depuis leurs dortoirs… Elle respira profondément pour apaiser son tapage, consciente que ce moment était un moment de recueillement et qu’il ne fallait pas le gâcher en angoisse malvenue.
Et puis, quand elle fut calmée, elle saisit les fioles une à une, et en versa le contenu dans le lac. Les volutes d’argent tournoyèrent longtemps avant de se dissoudre totalement dans l’ombre de l’eau.
Elle n’avait pas la moindre idée de ce que contenait les fioles, mais en les voyant se fondre dans un univers d’obscurité et d’eau, elle avait l’impression qu’ils lui devenaient légèrement familiers, comme des compagnons de route anciens, à la fois proches et inconnus.
Elle était calme. Elle était paisible. Elle était libre et, enfin, elle se réconciliait avec sa conscience. Elle savait que, désormais, aussi cruelle que fût la lutte, elle ne perdrait plus le sommeil.
- Adieu, souvenirs prisonniers, murmura Minerva. Adieu, Albus.
Et puis, d’un pas chancelant, elle reprit le chemin du château, un peu plus seule et un peu plus légère qu’à l’aller.
Pour la première fois de sa vie, elle se sentait véritablement vieille.
End Notes:
Voilà voilà, j'espère que ça vous a plu même si je l'ai écrit très vite. C'est déjà l'avant-dernier chapitre, mais je vous dis à la prochaine !
Chapitre 5 - Minerva la grande - Délicate ascendance by Eejil9
Author's Notes:
Bonjour bonjour !
Voilà déjà le dernier chapitre de cette participation ! Mille mercis à Catie et Sun qui m'ont vraiment permis d'écrire dans un moment où je n'aurais rien écrit sans leurs contraintes diaboliques !
Je remercie chaleureusement ce cher TeddyLunard pour sa relecture expresse et efficace.
Voici les contraintes de ce chapitre final :
Thème : Délicate ascendance - J'ai choisi de jouer sur les deux définitions du mot (https://www.cnrtl.fr/definition/ascendance), à la fois l'action de s'élèver et de monter, et la généalogie.
Contraintes (en gras dans le chapitre) : - Votre chapitre doit se dérouler l'après-midi.
- Votre chapitre doit se dérouler par un temps ensoleillé.
- Vous devez insérer une citation de votre choix sur un thème donné (la famille) : J'ai choisi une citation extraite de A l'ombre des jeunes filles en fleur de Proust.
- Les émotions suivantes sont interdites : amour / affection / tendresse
- Vous avez deux éléments, un type de personnage et un objet. L’un doit avoir une place centrale dans le texte, l’autre doit avoir une certaine importance mais ne peut être mentionné que trois fois maximum : à vous de choisir lequel. OBJET : Un portrait (peinture) : j'ai choisi le portrait de Dumbledore, il a une place centrale. PERSONNAGE : Un.e ancêtre mesquin : j'ai choisi l'oncle de Dumbledore, il a une importance mais n'est mentionné que trois fois.
Bonne lecture !
Lorsque Minerva posa le pied sur la première marche, elle eut le souffle coupé.
Combien de fois avait-elle emprunté cet escalier ? Elle l’avait fait en prononçant, d’abord, les mots de passes saugrenus auxquels songeait Albus, et en marmonnant, ensuite, les incantations sombres de Severus… Combien de fois ? Elle ne les comptait plus.
Mais cet après-midi-là, c’était différent. D’ailleurs, le phénix qui ornait l’escalier – les Carrow avaient tout essayé pour le changer en serpent, en vain – semblait s’en rendre compte. Alors qu’il avait toujours pivoté pour lui permettre une montée aisée, il resta immobile.
Minerva sentirait chaque pas de cette délicate ascendance, ses muscles en feraient l’effort.
C’était une nécessité.
Un pas. Un autre. Encore un autre. Ses genoux craquaient, mais elle montait.
Elle était vieille. Elle avait les muscles gourds de la bataille qui venait de s’achever. Chaque pas était une souffrance, mais ce n’était pas son corps qui peinait le plus, non. C’était son esprit. Elle avait à la fois l’impression que la fatalité l’avait menée à cette ascension, et qu’elle n’avait rien à faire là. Il lui semblait, et c’était pire encore, qu’elle vivait la mort d’Albus une seconde fois, puisqu’elle s’élevait doucement pour prendre sa place et habiter son bureau.
Minerva McGonagall, directrice de Poudlard.
En acceptant le poste d’adjointe, elle avait su confusément que cela devait arriver, qu’elle aussi finirait par gravir les échelons et devenir… Enfin, elle s’était efforcée de ne pas y penser. Elle avait apprécié sa relation avec les élèves, l’enseignement, et surtout la proximité concrète que le poste d’adjointe lui conférait. Elle était fille d’Ecosse et fille du sol, elle n’avait jamais cessé de l’être. En montant pour s’installer dans son nouveau bureau de directrice, il lui semblait grimper au sommet d’une tour d’ivoire qui avait tout d’une prison.
Plus elle s’élevait, plus son esprit se détachait de son corps. Elle se voyait de l’extérieur, minuscule silhouette gravissant les degrés, et son regard n’en finissait pas de monter, monter… Ascension professionnelle, ascension physique, ascension… Comment nommer cela ? Elle s’échappait d’elle-même, vers le haut. Elle cessait d’être un chat pour devenir le phénix qui se devait de hanter ce bureau.
Lorsqu’elle poussa le lourd battant de la porte, son esprit n’avait pas tout à fait regagné son corps, et ce fut à peine si elle remarqua qu’elle avait le souffle court d’avoir tant monté.
Le soleil de l’après-midi entrait à flots par les fenêtres. Rien n’avait bougé, comme si les mois où Severus avait assuré la direction n’avaient été qu’un mauvais rêve. L’échiquier sur lequel s’étaient disputées des parties endiablées était toujours là, devant l’armoire, entouré de fauteuils de velours violet. Les artefacts ornaient toujours l’étagère. L’épée de Gryffondor était revenue dans sa vitrine. Le bureau, immense et vide, semblait l’attendre du haut de son estrade.
- Bonjour, Minerva ! Je suis content de vous voir.
Elle sursauta en portant sa main sur le cœur, se retourna…
- Quelle frayeur vous m’avez faite, Albus !
Le portrait de son ami de toujours, au-dessus du chambranle de la porte, eut un sourire.
Minerva savait que le tableau était là. Elle l’avait toujours vu endormi, lors de ses visites à Severus, et avait cru qu’il refusait d’adresser la parole à son meurtrier… Elle comprenait maintenant qu’il s’agissait plutôt de ne pas dévoiler l’un des nombreux détails d’un plan complexe et mystérieux. Une vague de colère l’embrasa.
- Content, Albus ? Eh bien moi, ce n’est pas du tout mon cas ! Avez-vous idée de ce qui s’est passé ici ? De ce que nous avons subi, cette année, cette nuit ?! Vous auriez pu rendre les choses tellement plus simples, mais votre petite fierté et votre goût exagéré du secret avait visiblement pris le pas sur votre intelligence. Quel besoin aviez-vous de faire tous ces mystères ? Ce pauvre Severus à qui vous avez fait jouer le mauvais rôle et que vous avez condamné ! Et Harry Potter, parlons de Harry Potter que vous avez envoyé au casse-pipes… Pourquoi n’avez-vous pas parlé, par Merlin ? Un peu de communication, bon sang ! ça vous aurait brûlé la langue, de nous expliquer ce que vous aviez derrière la tête ? Vous avez préféré nous laisser patauger parce que, comme toujours, vous êtes trop fier pour…
- Là, là, Minerva, l’interrompit le portrait.
Du haut de son cadre, Albus la regardait sous ses lunettes en demi-lune. Minerva devait se décrocher le cou pour le voir correctement. Elle ne se sentait plus, mais alors plus du tout, en progression verticale constante au-dessus de son propre corps. Elle se sentait minuscule et rampante, clouée au sol.
- Vous savez, reprit-il, vous me faites penser à mon grand-oncle Wulfric Dumbledore, dont j’ai hérité du prénom, et qui était fort mesquin… Quoique, je lui ressemblais sans doute plus que vous. Tenez, d’ailleurs, cela me rappelle quelque chose…
Il porta un index squelettique à son menton, et fit mine de réfléchir. Puis, il eut une petite exclamation joyeuse, qui eut le don d’augmenter l’exaspération de Minerva. Il récita alors, très méthodiquement :
- « Nous tenons de notre famille aussi bien les idées que nous vivons que la maladie dont nous mourrons. » Vous souvenez-vous de qui a dit cela ? Un auteur moldu – les moldus excellent en bien des domaines, après tout, et leur lecture m’a toujours édifié. Bref, mon cher oncle, paix à son âme, avait comme moi été tué par un ami, même si dans son cas, c’était un funeste accident impliquant des bavboules mal réglées… Mais il avait la même manie que vous : il posait des questions assassines et n’attendait pas les réponses, parce qu’il parlait pour cacher son propre malaise.
Minerva resta coite.
- C’était le frère de mon grand-père Brian, vous savez, et il était très proche de ma grand-mère son épouse. D’ailleurs, ça jasait bien dans le village, on disait que mon père était le fils de… Mais nous n’allons pas parler plus avant de mes problèmes d’arbre généalogique. Vous n’avez pas tort, Minerva. J’ai fait des erreurs, et, dans tous les cas, il y a des actions que j’ai accomplies et qui auraient pu ou dû être différentes. Je ne suis pas sans regrets, loin de là. C’est le cœur lourd que je vous ai abandonnés à l’aube de la lutte. C’est avec désespoir que j’ai laissé Severus courir à sa perte, que j’ai condamné Harry Potter. Et même si la guerre est gagnée, je n’en garde que peu de joie, car le prix à payer est lourd, bien trop lourd. Cependant, malgré tout ce que vous avez pu croire de mon vivant, je n’étais qu’un être humain et je me suis contenté de faire ce que je pensais être le mieux.
Minerva renifla.
Elle ne pleurait pas.
Elle ne pleurerait pas, elle était trop en colère, elle…
Les larmes tombèrent sur les bouts de ses chaussures.
- Allons Minerva, je sais que c’est difficile. Vous êtes aussi mal placée que mes ancêtres en matière de critique, puisque vous avez remarqué, désormais, à quel point il était difficile de gravir cet escalier quand c’est soi-même qu’on fait grandir. Vous êtes directrice de Poudlard. Vous n’en avez pas envie, comme moi d’ailleurs quand j’étais à votre place. J’étais passionné par l’enseignement, vous savez ? Cependant, il faut bien que quelqu’un s’en charge, malheureusement, et je suis content que ce soit vous. Vous n’avez pas achevé votre ascension, Minerva. Vous savez que je déteste la fausse modestie, je serai donc honnête : j’étais un grand directeur. Mais vous, ma chère amie, vous serez plus grande encore, parce que vous aurez appris de mes erreurs comme j’ai appris de celles de mon méchant oncle Wulfric. Allez, maintenant.
Il désigna le bureau du menton.
Respirant un grand coup, Minerva avança vers l’estrade où se trouvait le grand bureau en bois massif. La dernière marche. La plus haute, la plus dure.
Elle acheva sa délicate ascendance en s’asseyant sur le fauteuil à haut dossier. Un nuage de poussière s’éleva tandis qu’elle s’abaissait, et dansa un instant dans les rayons du soleil qui commençait déjà à décliner. Elle leva la tête.
Minerva McGonagall, directrice de Poudlard.
Le portrait d’Albus, maintenant, était à hauteur de son regard.
Minerva, la grande.
Elle n’était plus en colère. Elle fondait en larmes.
End Notes:
Et voilà ! J'ai beaucoup aimé suivre Minerva, qui est mon personnage préféré, de la jeunesse à la vieillesse !
Je vous recommande chaleureusement les autres participations qui contiennent de véritable pépites, et je remercie une nouvelle fois Sun et Catie.
A bientôt pour de nouvelles aventures !
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