Summary:
Katsia Jazwinska sur unsplash
Pot-pourri : se dit d'un mélange hétéroclite de choses diverses.
{Recueil de toutes mes histoires/nouvelles courtes sur Rose et Scorpius}
Categories: Scorose (Scorpius/Rose) Characters: Rose Granger-Weasley, Scorpius Malefoy
Genres: Romance/Amour
Langue: Français
Warnings: Aucun
Challenges: Aucun
Series: Aucun
Chapters: 17
Completed: Non
Word count: 23406
Read: 7165
Published: 07/11/2021
Updated: 13/10/2022
Story Notes:
SOMMAIRE
Rose Weasley est une badass, elle le jure : Rose se réveille avec quelque chose sur le corps. Quelque chose qui n'y était pas la veille... (1 chapitre - écrit pendant l'atelier "sur la peau" de la Plume-Arc-en-ciel")
Miscommunication : Rose et Scorpius couchent ensemble depuis six mois. Pas de baiser, pas de câlin, une tasse de café le matin, une douche s'il reste du temps et c'est tout. Le problème, c'est que ni l'un ni l'autre ne sont d'accord avec ces règles, et qu'ils ont un gros problème de communication (6 chapitres)
Unanimes : Albus Potter, Zack Zabini et Scorpius Malfoy, en cours de divination. Un serpent, un bateau, une pomme ou un parasol, on ne sait pas trop, et des prédictions franchement pas claires... Ou peut-être pas tant que ça ! (1 chapitre - écrit pendant la nuit du FOF)
Baby fever : Rose a une nouvelle nièce ! Enfin pas vraiment. C'est la fille de sa cousine, mais bon, les Weasley sont une belle et grande famille ! Pour fêter ça, elle boit peut-être un peu trop. Légèrement trop. Et l'alcool, associé à une baby fever, c'est un mélange assez... détonnant ! (1 chapitre)
Film muet sans sous-titres : Scorpius et Rose sont deux grands timides. Ca complique un peu les choses... (1 chapitre - écrit pendant le CaM jour 6)
Joue avec moi ! : Classique, heavy metal, k-pop, jazz, rock et rap, Scorpius et Rose sont toutes les chansons du monde (6 chapitres - écrits pendant l'atelier "fête de la musique" de la Plume-Arc-en-ciel")
1. Rose Weasley est une badass, elle le jure ! by CacheCoeur
2. Miscommunication I by CacheCoeur
3. Miscommunication II by CacheCoeur
4. Miscommunication III by CacheCoeur
5. Miscommunication IV by CacheCoeur
6. Miscommunication V by CacheCoeur
7. Miscommunication VI by CacheCoeur
8. Unanimes by CacheCoeur
9. Baby fever by CacheCoeur
10. Film muet sans sous-titre by CacheCoeur
11. Joue avec moi (classique) by CacheCoeur
12. Joue avec moi (Metal) by CacheCoeur
13. Joue avec moi (K-pop) by CacheCoeur
14. Joue avec moi (Jazz) by CacheCoeur
15. Joue avec moi (Rock) by CacheCoeur
16. Joue avec moi (Rap) by CacheCoeur
17. Bouillie de pieds by CacheCoeur
Rose Weasley est une badass, elle le jure ! by CacheCoeur
Oh.
Je savais bien que quelque chose me picotait au niveau des cotes.
Je me contorsionne devant le miroir, le tee-shirt relevé. Je le rabaisse. Je le relève. Je le rabaisse. Y’a un truc sur ma peau qui y était pas hier et ça, c’est pas bon. C’est pas bon du tout, du tout, du tout !
Souviens-toi, Rose….
Vous connaissez ce genre de soirées où vos potes vous disent « Allez Rose, ce sera fun, et puis on n’a qu’une vie ! ». Non ? Vous ne connaissez pas ? Peut-être parce que vous ne vous appelez pas Rose. Vous avez de la chance. Rose c’est archi niais comme prénom. Mais c’est celui que je me trimballe depuis dix-neuf ans, alors je fais avec. Bref, où est-ce que j’en étais ?
Ah !
J’ai mal au crâne. Donc, quand j’essaie de faire le tri dans mes souvenirs de la veille, je revois ma super bonne amie, Iris (ouais je sais, Iris est amie avec Rose, on songe à se renommer les Garden Sisters) me traîner dans un bar pour fêter sa promotion en tant que … Attendez, ça va me revenir. Un truc en rapport avec la brigade des oubliators, parce qu’elle travaille dans ce domaine-là. Ce n’est pas important pour la suite de mon histoire. Je me rappelle avoir râlé un moment, parce que je suis de service demain, enfin aujourd’hui du coup, et que je dois faire l’inventaire des livres qui sont arrivés hier à la grande bibliothèque magique de Londres. J’ai bu un verre. Iris m’a forcée. Enfin « forcée », c’est peut-être un peu fort. Elle ne m’a pas mit le couteau sous la gorge, ce qui aurait été très suspect d’ailleurs, dans un lieu public. Bref, elle m’a tendue un verre et m’a dit « Rose, tu travailles trop, faut que tu te détendes ! Et que tu tires un coup ». Oui, alors, il faut préciser une chose, c’est que pour Iris, le bonheur et la détente passent par le sexe. J’ai beau lui parler de développement personnel, de lecture sous un plaid pilou-pilou – gris pâle de préférence – avec un petit thé fruité, mais elle continue d’affirmer que le bonheur c’est « faire bim boum boum sous ledit plaid pilou-pilou ». Ce à quoi je réponds que c’est franchement pas un usage adapté au plaid pilou-pilou… Reprenons. Elle m’a fait boire ce premier verre. Un truc franchement fort parce que j’ai senti le liquide couler jusque dans mes talons et faire l’aller-retour en passant par mon foie. Faudrait que j’en change d’ailleurs, il est sûrement bousillé depuis. Je crois que c’est là que j’ai compris que j’étais prise au piège et que la soirée allait très probablement mal tourner. Voyez-vous, Rose Weasley a un alter-ego. Un alter-ego qui se réveille dès que je bois très exactement quelques centilitres d’alcool. Pour faire simple, je suis capable de me mettre à poils rien qu’en respirant les vapeurs d’une bière. Je ne tiens pas l’alcool. L’alcool et Rose Weasley ne sont pas amies. Dans la brume de mes souvenirs, je vois une pyramide de verres vides s’étaler sous mes yeux. Après c’est le vide total. La dernière chose qui me revient, c’est cette sensation de me faire piquer au niveau des cotes, à moitié couchée sur une sorte de table de massage. Mais je ne me suis pas faite masser. Déjà, j’ai horreur qu’on me touche. Enfin non pas exactement. Je n’aime pas quand des gens que je ne connais pas, me touchent. J’ai la baguette sensible, et le chauve-furie qui me démange souvent. Beaucoup en ont fait les frais. On dirait pas, avec mes grands airs de filles innocentes qui se prend les murs parce qu’elle lit en marchant. Oui, je me prends les murs en lisant. Marcher et lire, c’est dangereux, mais que voulez-vous ? Je suis une fille qui aime le danger. Il coule dans mes veines, le danger. Je pourrais étouffer un homme sous mon plaid pilou-pilou.
Donc me voici. Avec une gueule de bois du feu de Merlin, les cheveux en pétard – ce qui avec les gènes de ma mère donne un espèce de nuage de boucles rousses au-dessus de ma tête – des cernes hideux sous mes yeux à moitié plissés… Je ne vois rien. J’ai pas retrouvé mes lunettes. Je crois qu’elles sont parties avec mon âme. Je ne les reverrai probablement jamais toutes les deux…
J’inspecte mon ventre en levant mon t-shirt Puis ça me revient. Mes baragouinements qui me font honte… « Viens Iris. Tatouage. Trop cool. Moi. Aimer. Danger. Aiguilles. Même pas peur. Pffff. VODKA !!!! ». Bizarrement, je me souviens vraiment bien ce moment, et c’est affligeant … Je n’ai même pas formé de phrase ! Le résultat étant que je me retrouve avec un bout de cellophane au niveau des cotes, sous mon sein droit… Enfin, je ne sais pas si c’est du cellophane… En tout cas, en-dessous il y a un tatouage et ça craint. Ça craint beaucoup. Je regarde dans le miroir. C’est vraiment un tatouage. Je tapote dessus. Ça part pas. C’est un vrai tatouage… Je vais devoir faire une croix sur les vacances à la plage, parce que si mes parents voient ça, ils vont, soit tirer des tronches de dix pieds de longs, soit se foutre de ma gueule ouvertement. Albus me soutiendra lui. Il me soutient toujours.
Dans ma tête, je fais déjà une liste de tous les sorts possibles et imaginables pour enlever ce tatouage. Je peux pas faire une croix sur les vacances à la plage. J’aime trop le soleil.
– Rose ? grommelle une voix derrière moi. T’es rentrée super tard…
– Scorpius ? je plisse les yeux afin de déterminer s’il s’agit bien de mon petit-ami ou de quelqu’un d’autre.
– T’as encore perdu tes lunettes et tu me confonds avec ton amant des semaines paires c’est ça ?
Ton moqueur, presque accusateur et moralisateur, suivi d’un long soupir dépité : c’est bien mon petit-ami.
– T’as une mine affreuse, continue-t-il. Même Voldemort aurait peur de toi avec tes yeux tout explosés !
On dirait pas comme ça, mais il m’aime. Personne ne sait que nous sommes ensemble, parce qu’un Malefoy et une Weasley, ensembles, c’est trop bizarre, même pour nous. Déjà que Scorpius est ami avec un Potter, alors si jamais les sorciers venaient à découvrir qu’il fricote avec une Weasley… Moi je trouvais Scorpius chiant avant. Il est du genre grognon, boudeur, taciturne. Il souriait presque jamais et m’appelait « Weasmoche » dans les couloirs de Poudlard. On ne s’est pas revus pendant deux ans. J’avais de ses nouvelles par Albus, j’écoutais d’une oreille curieuse, ravie de constater qu’il avait l’air de s’épanouir dans son métier d’ingénierie magique. Puis un jour, Scorpius est venu à la bibliothèque magique de Londres où je travaille. Je l’ai aidé dans ses recherches et pour me remercier, il m’a fait boire. L’alcool, ça me fait faire des choses stupides. Mais ce jour-là, je lui ai avoué que je le trouvais cool et que s’il ne m’avait pas insulté de « Weasmoche », j’aurais probablement rejoint son fan-club intitulé « Si toi aussi tu craques pour le mec blond le plus ténébreux de Poudlard »… Ce à quoi il a répondu qu’il aimerait se renseigner pour changer le nom de son fan-club, et qu’il était un gros crétin parce qu’en fait, je lui plaisais mais qu’il n’avait jamais su comment s’y prendre. Ce à quoi j’ai répondu à mon tour, que c’était pas compliqué de rouler une pelle à quelqu’un. Ironique de ma part, quand on sait qu’avant lui, j’en avais jamais roulé à personne. Mais deux secondes plus tard, Scorpius avait remédié à cela. C’était il y a six mois.
Depuis j’ai découvert que Scorpius était bien plus souriant qu’il voulait le faire croire. C’est juste qu’il préserve le monde de ses beaux sourires… S’il en offrait tout le temps, je suis sûre que la Terre ne s’en remettrait pas…
Enfin , je pense qu’Iris serait contente de savoir que je « tire un coup » très souvent. Et quel coup… On le dira un jour, sans nul doute, mais on profite encore de cette folle période des premiers innocents câlins sous un plaid pilou-pilou. Scorpius s’en est acheté un d’ailleurs, il me reprochait de prendre trop de place sous l’autre. Je crois qu’il a rien compris à ma fine stratégie de le forcer à se coller à moi… Il est intelligent mais percute assez tardivement sur certaines choses.
– Scorpius, amour de ma vie qui déteste les niaiseries, rappelle-toi que tu m’adores comme je suis…
Il hausse un sourcil, avec son regard froid, presque hautain. Scorpius a des yeux malefoyens. Je ne peux pas les décrire autrement, et croyez-moi, j’adore les mots. C’est mon métier d’aimer les mots. Scorpius fait le dur, le mec plus froid qu’un iceberg, mais quand je lui souris, il fond aussi vite que ces-derniers qui subissent les effets du réchauffement climatique. Oui, je me compare au réchauffement climatique. J’aime bien rendre les trucs atroces un peu moins atroces. Ça fait relativiser (non, en vrai, je suis dévastée d’apprendre la fonte des glaces, ça rehausse le niveau des océans, les gens vont perdre leurs maisons, et les ours polaires vont disparaître).
– Qu’est-ce que tu as ? m’interroge Scorpius, l’air plus intrigué qu’inquiet.
J’ai beaucoup de chances d’avoir Scorpius dans ma vie. Mais soyons clair, il en a aussi beaucoup de m’avoir dans la sienne. Chaque journée avec moi est une aventure riche en émotions. Apprendre que sa petite-amie a un tatouage ça va lui faire un sacré choc. Lui qui m’a dit « Rose, t’es magnifique, je t’adore, ne change rien pour moi, t’es trop belle », quand je lui ai demandé s’il me préférerait pas en brune…. Il a presque sangloté en ajoutant « enfin si c’est ton choix, je l’accepterai hein ! ». Il va pas être déçu !
– Tu m’aimes à quel point ?
– Les Malefoy n’aiment pas Rose.
– Oui, à d’autres Scorpius… Tu boudes trois jours quand je ne dors pas avec toi !
– T’es confortable, Weasley ! Ton ventre me sert d’oreiller. Tes seins aussi…
– Je devrais te faire signer un bail et payer un loyer pour te servir de mon corps comme d’un matelas ! En plus t’es lourd !
– Je ne suis pas lourd.
– Si, t’es super lourd !
– C’est que du muscle ! se défend-t-il.
Je ricane. Scorpius est très soucieux de son apparence et j’adore jouer avec ce trait de caractère.
– Ils m’écrasent tes muscles !
– Bon et bien je ne le ferai plus, sourit-il gentiment et sincèrement.
– NON !
J’aime bien quand il se blottit contre moi… Je suis à deux doigts de pleurer. L’alcool me rend assez lunatique et sensible. Scorpius est gentil. Bon, il est un peu bougon et sarcastique, mais il est aussi très gentil. Je l’ai vu donner à manger aux chats errants du quartier un jour. Je sais qu’il le fait régulièrement en fait… Il les laisse même lui grimper dessus et il leur fait des papouilles. Il est vraiment adorable… J’essaie de me calmer. En plus, il est discret ce tatouage… Si ça se trouve, il ne le remarquera même pas.
– Rose… Qu’est-ce que tu as ?
– Rien ! je couine.
– Rose
Quand il insiste comme ça je suis incapable de résister.
– J’ai peut-être fait un tatouage dans la nuit…
J’ai pas de volonté.
– QUOI ?
– Ouais, je sais, c’est dur à croire. Moi, Rose Weasley, toute gentille, toute calme, toute mignonne, qui vrille complètement et devient une bad girl méchante et intrépide, tatouée de surcroît…
– Rose… T’as pleuré deux heures quand j’ai écrasé un escargot par inadvertance la semaine dernière !
Les larmes me montent aux yeux.
– Arrête, ne sois pas cruel…., je fais douloureusement en me rappelant cet épisode. T’es un meurtrier, mais je t’accepte quand même.
– C’est pas un tatouage qui te rendra… Moins… Enfin… Moins « arc-en-ciel », « paillettes » et fille à plaid pilou-pilou !
– Ne commence pas à dénigrer le sacro-saint plaid pilou-pilou ! je menace.
– Là, tu vois, tu me ferais presque peur, rit-il. Et tu sais que j’aime tes plaids pilou-pilou…
Il s’approche. Comme un serpent. Un truc dangereux. Je cache mes cotes en rabaissant mon t-shirt à mesure qu’il s’avance vers moi, mais il arrête mon geste :
– Je peux le voir ?
– Oui, alors je te promets que je vais le faire disparaître ! C’est vraiment niais, même pour moi. Je ne sais même pas comment Iris a pu me laisser faire ça. Et ça fait un mal de chien en plus : mon crâne va exploser !
– Non Rose, ça c’est parce que t’as trop bu !
– Deux verres ! Seulement. Je te jure.
– Rose…
Il me connaît bien, ce vicelard. Je peux pas lui mentir.
– Bon peut-être que tu peux rajouter un zéro derrière le deux.
– T’exagères là.
– Oui bon, je ne me souviens pas. Peut-être huit.
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
Scorpius trace le tatouage de ses doigts et comme à chaque fois qu’il me touche, je me sens devenir fiévreuse et toute… liquide. J’ai bu trop d’alcool la veille… Je me transforme en alcool. Elle est là, ma punition.
Il trace du bout des doigts la constellation du scorpion, qui a été tatouée hier sur mes cotes. Super. J’ai tout gagné. Le tatoueur a contourné les grains de beauté et les taches de rousseurs sur ma peau pour la dessiner. Il est petit et discret, ce tatouage. Il est simple. Les lignes noires sont fines et élégantes.Personne ne peut en comprendre la signification, à part moi. Et Scorpius évidemment. Ses yeux sont brillants et son souffle est court.
– Tu détestes, hein ? je m’inquiète.
– Euh….
Scorpius reste immobile. Ses joues prennent une belle couleur rouge.
– Merlin, je t’ai cassé. Je savais que t’étais un grand fragile, mais je pensais pas que je serais responsable de la surchauffe de ton cerveau… J’ai cassé mon petit-ami !
– Tu es toujours responsable de la surchauffe de mon cerveau, Rose…, se reprend-t-il en levant les yeux au ciel. Mais là… Tu t’es fait tatouer la constellation du scorpion sous le sein droit…
– Alors non, ce sont les cotes ! je rectifie.
– C’est pareil Rose…
– J’étais bourrée ! je m’écrie. Je vais enlever ça.
Je m’apprête à sortir de la salle de bain, pour effacer ce truc, mais Scorpius m’arrête.
– Tu le détestes vraiment ce tatouage ? bégaie-t-il.
Scorpius ne bégaie jamais.
– Bah …
Je soulève mon tee-shirt encore une fois et regarde le tatouage.
– Non j’aime bien…, j’avoue à voix basse. Je sais que t’aimes pas les trucs niais et que se faire tatouer un truc en rapport avec la personne dont on est amoureuse c’est le summum du niais, voir même l’accomplissement même de la niaiserie, mais…
– Je l’aime bien moi aussi, sourit doucement Scorpius.
Un peu qu’il l’aime. Il a lancé un sortilège de cicatrisation et enlevé le cellophane. Et là, en ce moment il suit les lignes noires du tatouage avec ses mains, ses lèvres, sa langue et je suis plus brûlante que je ne l’ai jamais été.
Conclusion : buvez. Mais pas trop. Et évitez de perdre vos lunettes et votre âme. C’est assez utiles ces trucs-ci.
Miscommunication I by CacheCoeur
Scorpius chercha son corps à tâtons par réflexe, parce qu’il avait froid et que Rose lui donnait toujours étrangement chaud. Juste assez pour qu’il se sente bien et confortable. Mais Rose n’était plus là. Il était toujours mi-admiratif mi-dépité en constatant comme il était effarant pour Rose d’apparaître et de disparaître du lit qu’ils partageaient souvent ces derniers temps. Elle ne le réveillait jamais et parfois Scorpius faisait tout pour ne pas s’endormir, juste pour la surprendre lors de ce moment. Il n’y était jamais parvenu…
Scorpius passa une main sur son visage, en grommelant, avant d’enfouir la tête dans son oreiller. Grave erreur. Parce qu’il sentait un peu comme Rose, un peu comme lui et que ce mélange d’odeurs lui donnait toujours le tournis. Il se leva, et se dirigea dans la cuisine. La rousse était en train d’y boire son thé, déjà douchée et habillée. Il déposa un baiser au niveau de sa nuque et elle recula.
– Ne fais pas ça, grogna-t-elle.
Scorpius haussa les épaules et lui fit face, indifférent. Cependant au fond de lui, son ventre grondait de ne pouvoir étancher la faim qui le tiraillait de l’intérieur : il voulait la toucher. Mais elle, ne le voulait pas.
– J’étais venue récupérer mes plantes.
– Et tu as finis par les chercher dans mon lit ? se moqua Scorpius.
– Ferme la Malefoy, bougonna Rose.
Il la vit rougir. De honte peut-être … Souvent il avait l’impression d’être la dernière part de gâteaux qu’elle ne pouvait s’empêcher de dévorer en le regrettant tout de suite après.
Scorpius fit quelques pas dans le salon et prit l’une des plantes que Rose avait confié à son cousin Albus, le temps de son voyage en Éthiopie pour explorer des tombeaux sorciers. Albus étant parti à son tour une semaine en vacances avec les Potter, c’était Scorpius qui en avait eu la charge. Rose inspecta la plante et fronça les sourcils, avant d’ouvrir la bouche et de la refermer. Il savait ce que ça voulait dire…
Dans peu de temps, Scorpius allait subir la tempête « Rose Weasley », celle qui ravage tout sur son passage, même son cœur.
– Tu ne l’as pas arrosée tous les jours, commenta calmement Rose.
– Bien sûr que si.
– Bien sûr que non ! s’offusqua Rose, les poings sur les hanches.
Il avait oublié un jour, juste un. Mais ça, jamais il ne lui avouerait. Puis, c’était si marrant de contredire Rose. Si Scorpius ne faisait pas autant d’efforts depuis des années pour la mettre en colère, elle l’ignorerait totalement. Scorpius ne voulait ça pour rien au monde. Alors il l’énervait. Il aurait troqué mille ans de silence contre des cris et hurlements de sa part.
– Tu ne fais jamais attention à rien ! l’accusa-t-elle.
Ça lui fît mal.
Parce qu’il faisait attention à elle.
Il veillait à ce que son thé préféré soit dans les placards, parce qu’il savait qu’elle venait au moins deux fois par semaine pour voir Albus, son colocataire. Il achetait toujours ces gâteaux épicés qu’elle aimait, parce qu’il savait qu’elle avait rarement le temps de manger le midi, et qu’elle s’en goinfrait. Chaque fois qu’elle entrait dans l’appartement, Scorpius retenait son souffle et comptait jusqu’à trois pour s’empêcher de la regarder, elle et ses grands yeux, elle et ses lèvres toutes roses, elle et ses cheveux qui partaient dans tous les sens, elle et ses sourires, ses tâches de rousseurs sur ses bras, ses jambes, son nez, celles qui parsemaient son décolleté.
La vérité, c’était que Rose ne supportait pas Scorpius et qu’il ne le comprenait pas. Il ne le comprenait, parce que ça faisait six mois qu’ils couchaient ensemble. Scorpius avait embrassé chacune de ses tâches de rousseurs depuis le temps, et avait compris qu’il n’en serait jamais rassasié.
Les règles étaient simples. Pas de baisers, pas de câlins, juste du sexe, un petit-déjeuner et une douche.
Ça avait commencé un soir, où ils avaient un peu trop bu. Ils s’étaient engueulés et Rose l’avait embrassé. C’était la première et la dernière fois. Et c’était ce baiser, qui lui avait donné soif de tous les autres. Ça lui avait fait peur. Horriblement peur. Parce que Rose était cette petite emmerdeuse de première qui avait toujours son mot à dire, cette fille autoritaire, un peu coincée et franchement déterminée à lui pourrir la vie parfois.
Il soupira.
– Albus ne rentre pas avant deux jours…
– Et alors ?
– Et alors on pourrait en profiter.
Elle haussa les épaules à son tour et s’approcha de lui. Il passa les mains sur ses hanches et commença à caresser le creux de ses reins. Il se jura la sentir frissonner. Quand il déposa un baiser au coin de ses lèvres, elle détourna la tête, par réflexe.
– N’oublie pas les règles.
Pas sur la bouche.
Alors il picora son cou et l’entendit gémir :
– Je te déteste.
Étonnant, quand ils savaient l’un comme l’autre ce qu’ils étaient capable de s’offrir, en termes de plaisir.
– C’est jusqu’à ce que je trouve mieux, se rappela Rose à voix haute.
– Un meilleur quoi ?
– Un meilleur coup.
– T’es pas ce genre de fille Rose…
Elle ne répondit pas et mordilla ses lèvres. Il n’y résista pas et se jeta sur elle en même temps qu’elle se jeta sur lui.
– Je te déteste, insista-t-elle. Et tu n'es personne pour me dire ce que je suis et ce que je ne suis pas.
Et elle se déshabilla elle-même.
Miscommunication II by CacheCoeur
« Ça ne veut rien dire ».
Ces mots dansaient dans la tête de Rose plus souvent qu'elle ne le souhaitait. Lorsque Scorpius effleurait son nez avec le sien, lorsqu'il plongeait ses yeux gris dans les siens, quand ils discutaient calmement, lorsqu'ils couchaient ensemble aussi... Rose essayait de maintenir son masque d'impassibilité intact, mais c'était horriblement douleureux, et de plus en plus dur.
Le lendemain de la première fois où elle avait passé la nuit avec lui, elle avait ouvert les yeux avec cette sensation d'avoir fait le plus beau des rêves. Rose avait sourit en constatant qu'il la regardait, et dans ses prunelles toutes grises, elle avait cru lire quelque chose, une étincelle, un truc indéfinissable, qu'elle n'aurait su décrire mais qu'elle vivait et ressentait elle aussi. Puis il avait parlé.
De toute façon, avec Malefoy, le charme se rompait toujours dès qu'il l'ouvrait. Charmeur, roublard, beau, mais horripilant et maladroit au possible. Il lui avait dit « Ça ne veut rien dire ». Avant d'ajouter un « Ce n'est que du sexe ». Et Rose avait très distinctement entendu son cœur se briser. Alors elle lui avait répondu un « Je te déteste », parce que c'était la vérité.
Merlin qu'elle le détestait.
Ou peut-être pas, justement. Et qu'elle essayait de commander à son cerveau, de le détester…
C'était sa formule magique. « Je te déteste ». Comme si cela allait réellement se produire.
Pendant toute leur scolarité à Poudlard, ils s'étaient chamaillés. Et même cinq ans après l'obtention de leurs ASPICS, ils continuaient de se hurler dessus. Rose avait constaté que Scorpius faisait partie de sa vie, parce qu'il faisait partie de celle d'Albus. Au début, c'était ça. Juste ça… Il y avait ensuite eu les moqueries, les coups-bas, les ricanements... Scorpius et elle interragissaient naturellement.
Puis c'était devenu autre chose. Elle n'aurait su dire quoi. Peut-être que c'était sa manière de la provoquer chaque fois qu'il en avait l'occasion, mais aussi sa façon bien à lui de l'écouter quand elle racontait ses journées à Albus. Il faisait comme si elle n'était pas dans la pièce, mais Rose savait qu'il entendait tout, et qu'il y prêtait attention. Elle le savait depuis leur sixième année, parce qu'un jour, elle s'était plainte du fait que Hayden Thomas ne fichait rien pour leur exposé, et qu'elle devait tout faire : le soir même, Hayden, tétanisé, était venu vers elle, son travail fait, et bredouillant d'excuses. A la table des Serpentard, elle avait remarqué le sourire en coin et satisfait de Scorpius...
C'était peut-être aussi son obsession de la contredire tout le temps, de contrer chacun de ses arguments ou encore sa belle gueule, sa loyauté dès qu'il apprenait que quelqu'un lui avait fait du mal. Dans ces moments-ci, il lui disait que seul lui avait le droit de la faire hurler. Cette soirée, celle où ils avaient trop bu, il avait pris sa défense parce qu'une de ses collègues à Albus et lui, lui avait dit qu'elle était sacrément chiante. Rose avait juste fait remarquer que les runes gravées sur son collier en or signifiaient « bouse de botruc » et que techniquement, en plus d'être franchement de mauvais goût, ça ne voulait rien dire, parce que le terme « bouse » n'était pas adapté aux botrusc. Puis Annie Johnson lui avait dit de se taire, qu'elle était « chiante » et « ennuyeuse à mourir ». Scorpius lui avait demandé de la fermer, très froidement, avant de saisir la main de Rose et de l'emmener loin, avec lui. Albus était occupé à boire avec un autre de leur collègue et Rose avait suivi Scorpius sans se poser de questions.
Grave erreur. Et Rose détestait faire des erreurs.
Un verre, puis deux, puis trois à maudire Annie Johnson et Rose avait trouvé le courage d'embrasser Scorpius.
– Éteins la lumière s'il te plait, demanda-t-elle en revenant à l'instant présent.
Scorpius s'exécuta sans rien dire avant de remettre ses mains sur sa taille, à l'endroit exact où elles étaient avant qu'il n'éteigne la lumière, comme elle l'avait ordonné. Parfois, elle avait la sensation qu'il avait mémorisé son corps, ses moindres détails et qu'il le connaissait mieux qu'elle. Il savait où la toucher, quoi faire, où poser ses lèvres, où la caresser jusqu'à l'entendre gémir. Elle se retenait de murmurer son prénom. Elle espérait secrètement au fond d'elle qu'il s'empêchait aussi de prononcer le sien.
Elle sentit ses pouces frôler ses lèvres et se retient de les embrasser. Scorpius était si grand, si robuste qu'elle avait parfois peur de disparaître sous son corps, dans son corps. Elle n'avait toujours pas déterminé si elle adorait, ou détestait ça.
« Ca ne veut rien dire » se rappela-t-elle. Elle renfila son masque d'impassibilité, et essaya d'en armer son coeur. Quand il se blottit contre elle, elle se dégagea mais resta dans le lit en s'enroulant dans la couette. Dans le noir, elle entendait la respiration encore saccadée de Scorpius.
– Je m'en vais pour les vacances, lui apprit-il.
– Comme tous les ans, murmura Rose.
– Tu pourrais… , commença-t-il.
Il allait lui proposer de venir avec lui. Elle le savait. Mais Rose était plus qu'une paire de fesses et de seins. Elle était plus qu'un plan cul. Ça ne lui conveait pas et ça ne lui conviendrait jamais. Pourtant, elle n'y résistait pas. Parce que personne ne lui faisait ressentir ce que Scorpius lui faisait ressentir et que c'était ses mains qu'elle voulait sur elle. Pas celles d'un autre.
– On ne se supporterait pas deux jours.
– Ce n'est pas vrai.
– Tu ne m'aimes pas.
– J'adore passer du temps avec toi, avoua-t-il en fronçant des sourcils. Et je ne sais pas pourquoi tu t'es mis dans la tête que je ne t'aimais pas.
« Ça ne veut rien » se répéta-t-elle.
Voilà pourquoi.
Miscommunication III by CacheCoeur
Rose resta en retrait un moment. Elle fit quelques pas hésitants vers la table où se trouvaient Albus, Scorpius, et quelques uns de leurs amis. Rose n'avait jamais trop eu le temps de s'en faire, des amis. Surtout que ce groupe-ci, était particulièrement soudé et se connaissait depuis Poudlard. Lola Alperona, Jules Thomas et Adrien … dont le nom de famille lui échappait. Albus avait toujours eu cette faculté de se faire des amis en moins de deux secondes. Rose, à elle, il lui fallait deux millénaires. Elle avait toujours étudié à fond, sans se soucier du reste. Pour autant, elle savait que si jamais elle faisait appel à eux, ils viendraient tous l'aider. Le grand blond prétentieux aux cheveux parfaits, le premier.
– T'es en retard, commenta Scorpius en la regardant arriver.
Rose rougit.
– Je sors tout juste d'une réunion, expliqua Rose.
– Ce qui explique ta tenue. Très sexy le blazer ! ajouta-t-il.
Il n'en pensait pas un mot, et elle le savait, parce que même elle, elle le trouvait hideux ce blazer.
– Lâche-la, soupira Lola.
Albus ne disait rien, préférant observer la scène. Scorpius critiquait toujours ce que portait Rose en clamant haut et fort, qu'un jour, on la retrouverait dans un couvant, avec ses pulls à cols roulés, ses jeans et ses cheveux bien coiffés ... Il la provoquait. Et ça marchait. Ça la rendait furieuse et elle l'affublait de majeurs dressés à son encontre chaque fois qu'il se permettait une telle remarque.
Et Scorpius, pourtant, et surtout quand elle lui adressé un majeur, la trouvait belle. Ce que Rose n'entendais pas lorsqu'il le lui disait.
Il la trouvait vraiment belle. Tout le temps, ça se voyait qu'il la dévorait plus qu'il ne la foudroyait des yeux. Sans arriver à lui dire. Mais lui dire ce genre de mots, si durs et qu"il ne pensait même pas, c'était rentrer dans le jeu de Rose, qui affirmait le détester. C'était tout faire pour qu'elle continue de lui parler. C'était mieux que rien.
Albus l'avait parfaitement compris, alors, il n'intervenait jamais.
Elle fronça les sourcils et se retient de lui offrir une nouvelle fois son majeur et de le lui coller sous le nez. Elle méritait mieux que ça. Elle garda sa dignité et s'assit à côté de son cousin. Elle lui prit son verre des mains et le bu cul-sec, sentant la vodka brûler sa gorge.
– Mauvaise journée ? commenta le brun.
Rose grogna et massa ses tempes. Elle bailla discrètement et Scorpius le remarqua tout de suite. Il la suivit, alors qu'elle s'était relevée, pour commander sa propre boisson.
– On dort pas assez Weasley ? se moqua-t-il.
– Sois pas si vantard.
Scorpius pâlit et plaqua sa main sur sa bouche moqueuse et à peine maquillée.
– J'ai une réputation à tenir...
Le serveur posa un shot en face de Rose, qui le bu d'une traite, lui aussi, en lui faisant signe de la resservir.
– C'est jusqu'à ce que je trouve mieux, argua Rose.
– Mieux ? souleva Scorpius. Je t'offre trois orgasmes par nuit et tu penses trouver mieux ?
– Paul m'en donnait quatre.
C'était faux. Et elle se gifla mentalement de partir sur ce terrain, et d'accorder une pseudo valeur à une personne en fonction de ses performances sexuelles... Mais à quoi jouait-elle, par Morgane ?
– Paul était un crétin, renchérit Scorpius, une ride creusant son front.
– Paul avait le mérite de me trouver jolie.
– T'es pas jolie, Rose.
« T'es bien plus que ça », pensa-t-il. Rose était passionnante. Il pouvait l'écouter parler pendant des heures. Elle était têtue, gentille, mauvaise perdante mais adorablement craquante lorsqu'elle gagnait. Elle était déterminée et obstinée, rêveuse mais réaliste, romantique mais pragmatique. Rose, elle était tout. Elle était bien plus que cet amas de tâches de rousseurs, ses cheveux roux tout doux, ses yeux malicieux et brillants. Elle était bien plus que ses longues jambes, ses toutes petites mains, son nez tout recourbé, ses lèvres toujours à moitié pincées. Elle était bien plus qu'un corps, qui s'emboitait parfaitement avec le sien. Scorpius savait qu'il avait été fait pour Rose, et qu'elle avait été faite pour lui au moment même où ils s'étaient embrassés.
– Paul était un crétin, répéta-t-il.
Il le détestait, ce Paul. Depuis le premier jour où Rose le lui avait présenté. Il était lourd, faisait du bruit tout le temps, parlait pour ne rien dire. Scorpius n'avait jamais réussi à comprendre comment lui et Rose avaient pu se mettre ensemble. Quand ils avaient rompu, Scorpius en avait fait sauter le champagne. Littéralement. Albus et lui avaient sifflé la bouteille à eux deux. De toute façon, son meilleur-ami était toujours avec lui, quand il s'agissait de fêter les bonnes choses.
– Mais lui, il me disait que j'étais jolie ! sourit Rose.
Scorpius pâlit un peu plus. Il repensa à la veille. Il l'avait tenu dans ses bras, alors qu'elle était au-dessus de lui, toute essoufflée et tremblante. Il l'avait encerclée, tenu fermement contre son torse, sentant ses seins contre son torse et sa peau nue. Ça le rendait fou. Il avait eu la certitude que s'il la lâchait, elle tomberait entièrement en arrière, parce qu'elle n'avait plus aucune force et qu'il la maintenait, qu'elle lui faisait confiance pour ne pas la lâcher... Puis il avait pris conscience qu'il voulait que ça dure pour toujours, qu'il voulait lui faire l'amour pendant des jours, des mois, des années? qu'il ne se lasserait pas. Jamais. Puis elle le lui avait redis. Trois petits mots, murmurés entre deux inspirations profondes, entre ses lèvres entrouvertes et gémissantes :
« Je te déteste ».
Ça lui avait fait l'effet d'une douche froide.
– Pourquoi t'es méchante ?
– Parce que je te déteste.
– Tu me brises le coeur chaque fois que tu le dis !
Scorpius rit en prononçant ces mots, mais au fond, il savait qu'il les pensait. Le dire sur le ton de la plaisanterie ne rendait pas ça moins douloureux. Ca lui permet juste d'essayer de garder la face.
– Pour ce que tu en fais, de ton coeur…, rétorque Rose.
La mère de Rose lui avait appris quatre règles, quand elle était enfant. Petit un, toujours dire ce que l'on pense. Petit deux, ne jamais souffrir à cause de la parole des autres. Petit trois, avoir le courage d'exprimer ses émotions. Petit quatre, toujours faire de son mieux et ne pas culpabiliser pour des paroles que l'on a pensé de tout son cœur. Quand elle était avec Scorpius, Rose les violait toutes, ces stupides règles.
– Désolé, s'excusa-t-elle. Je vais rentrer. Je suis crevée.
Elle avait juste besoin d'un câlin et d'une épaule sur laquelle reposer sa tête. Elle quitta le bar, après avoir payé ses consommations et s'enfuit sous la pluie. Elle resta dessous un moment et la regarda tomber, la tête levée vers le ciel. On aurait dit que mille diamants tombaient dans le noir, scintillants et éclatants.
– Ne reste pas ici.
– J'en ai marre d'être seule, répondit Rose.
Rose parcourait la Terre entière, tout le temps. Elle n'avait pas d'amis, changeait de collègues tout le temps, son cousin lui manquait et bientôt Scorpius partirait en vacances. Elle serait définitivement seule. Grandir dans la famille Weasley lui avait donné la phobie de la solitude. Ce qui était franchement un comble, pour quelqu'un d'aussi solitaire que Rose, ce besoin d'être entourée, de ne pas être réellement seule...
– Je suis là, moi, murmura Scorpius. Et je te trouve belle le matin alors que tu as encore de la bave sur le menton. Je te trouve belle même le dimanche, quand tes cheveux sont aussi gras que les miens parce qu'on ne les a pas lavé depuis quatre jours. Je te trouve belle même quand tu mets ces espèces de chaussures immondes pour aller chercher le courrier.
Il l'emmena avec lui et une fois chez lui, la déshabilla en silence avant de la pousser sous la douche. Elle ferma les yeux et profita de l'eau chaude. Elle lui tendit la main, l'invitant à se joindre à elle. Il n'hésita pas un seul instant. Il se pressa contre elle, et la sentit se lover contre lui, ses courbes se fondre tout autour de lui. Il lava ses cheveux et embrassa son visage. Il commença par son front, ses tempes, son nez, ses paupières, ses joues, son menton, les coins de ses lèvres...
Il n'avait jamais eu autant envie de l'embrasser. De toute façon, cette envie était toujours plus forte que la fois précédente. Il se retint de le faire. Encore. Il pourrait le faire. Ainsi, peut-être qu'elle comprendrait comme il tenait à elle. Mais il se disait que c'était à elle, de le faire, à elle, d'enfreindre cette règle débile qu'elle avait instauré. Il savait que si lui le faisait, elle partirait. C'était ce qu'elle avait fait la dernière fois. C'était ce que Rose faisait tout le temps, quand elle n'avait pas le contrôle.
Leur prochain baiser, viendrait d'elle et elle le leur offrira. Scorpius s'en faisait la promesse. Il voulait qu'elle l'embrasse parce qu'elle aussi, en crèverait d'envie. Il voulait qu'elle le veuille. Si ardemment qu'elle en perde la tête, comme lui perdait la sienne
Ce qu'il ne savait pas, c'était que Rose, comme lui, était tout le temps dans cet état.
– Tu es parfait, laissa-t-elle échapper entre ses lèvres.
Rose le pensait. Elle s'empêchait toutefois de se laisser aller, de lui faire comprendre à quel point il avait le pouvoir sur elle. Elle masquait les sons, les réactions qu'il provoquait en elle. D'autres hommes l'avaient touchée avant. Mais il n'y avait que les mains de Scorpius pour allumer ce feu sur, et sous sa peau, alors même que l'eau coulait dessus. Pourquoi était-elle si réceptive ?
Ils firent l'amour sous l'eau chaude. Ils ne l'avaient jamais fait avant. Scorpius trouvait ça inconfortable et Rose, avait tout le temps froid dès qu'elle sortait un orteil de sous la couette. Ils détestèrent ça, manquèrent de glisser plusieurs fois, mais furent incapables de se détacher l'un de l'autre.
Et puis Rose, au final, n'avait eu que trois amants dans sa vie et avant Scorpius, aucun ne lui avait jusqu'ici donné l'envie de se contorsionner dans une cabine de douche.
Rose se disait qu'il fallait vraiment qu'ils arrêtent de faire ça, que ça commençait à lui faire trop mal, de l'aimer tout en sachant que pour lui « ça ne voulait rien dire ».
Scorpius se disait qu'un jour, il allait en faire une overdose, mais qu'il était prêt à ce qu'elle se serve de lui pour le restant de ses jours tant il aimait être avec elle.
– Je pars demain, lui rappela-t-il.
Elle hocha la tête mais elle n'avait aucune pensée cohérente, quand sa bouche si brûlante s'attardait sur son ventre.
– On a toute la nuit, continua le blond.
– D'accord.
Elle lui donnerait cette nuit, jusqu'à ce qu'ils s'évanouissent de plaisir tous les deux.
– C'est la dernière fois, affirma-t-elle.
Elle le lui avait déjà dit. Mais dans le ton qu'elle avait employé, il sentait qu'elle le pensait réellement, pour la toute première fois.
Miscommunication IV by CacheCoeur
« Allez ce sera fun !» lui avait promis Albus. Mais Rose aurait du se douter qu'une phrase commençant par « Allez ce sera fun ! », suivie d'un « En plus, tu n'as rien de mieux à faire », n'annonçait rien de bon. Elle était quand même partie en même temps qu'Albus, qui avait rejoint Scorpius et quelques amis à eux dans le sud de l'Italie, dans un domaine appartenant à la famille Greengrass depuis la nuit des temps. La mère de Scorpius était au moins aussi riche que les familles Nott et Malefoy réunies… Rose disait souvent de Scorpius qu'il était né avec une petite cuillère en platine sertie de diamants et pleine de caviars dans la bouche. Elle avait l'art des hyperboles, Rose…
Elle était arrivée avec un gros sac de voyage que Scorpius lui avait tout de suite arraché des mains. Comme s'il avait eu peur qu'elle ne s'enfuit immédiatement, et que pour l'en empêcher, il lui avait confisqué toutes ses affaires.
Rose s'était promis de ne pas craquer. Alors, elle s'était concentrée sur ses amis, sur Lola, une de ses anciennes camarades de Serdaigle, qu'elle adorait. Rose voyageait tout le temps, grâce ou à cause de son métier. Elle explorait les tombeaux, chassait les malédictions et étudiait les trouvailles qu'elle faisait. Scorpius disait constamment qu'elle vivait parfois trop dans le passé. C'était vrai. Elle était une archéologue. Elle ne vivait que pour fouiller le passé après tout…
Et là, elle comprenait ce que devait ressentir ses trouvailles, les tombeaux qu'elle explorait quand elle posait ses yeux sur eux. Parce que Socrpius la regardait comme ça, comme la plus belle des découvertes, alors qu'elle tirait nerveusement sur le bas de son maillot de bain. Elle s'avança seule vers la mer, en frissonnant et Scorpius, derrière elle, l'entraîna avec lui dans l'eau en la tirant par la main. Elle hurla.
- Ne fais pas ta chochotte Weasley ! La nargua-t-il.
- Les gens qui sont morts noyés dans le naufrage du Titanic ont du barboter dans une eau mille fois plus chaude que celle-ci ! Siffla-t-elle entre ses dents.
L'art des hyperboles, d'exagérer toujours tout… Merlin que Rose avait manqué à Scorpius, pendant ces quelques jours…
Il explosa de rire, et la prit dans ses bras. Elle se sentit chez elle. Il fallait qu'elle s'éloigne de lui. Mais elle n'y arrivait jamais.
- Tu m'as manqué.
- Menteur, chuchota-t-elle.
- Non, je suis sincère.
- Mais je te déteste…
Elle plongea dans l'eau, pour ne pas entendre la suite et goûta l'eau salée sur ses lèvres. C'était toujours mieux que de goûter à ses baisers. Elle le sentit, plonger à son tour et la rejoindre sous l'eau. Elle remonta à la surface avant lui, et l'observa remettre ses cheveux blonds en place, alors qu'ils étaient devant ses yeux.
- Et c'est jusqu'à ce que je trouve mieux, murmura-t-elle.
- Mais tu ne trouveras jamais mieux que moi Rose, chuchota-t-il.
Sa main commença à descendre le long de son ventre. Ses doigts se mirent à courir, et tracèrent des lignes imaginaires, reliant ses grains de beauté, et ses tâches de rousseurs. Elle se rapprocha, se lova presque contre lui. Si elle avait été un chat, elle aurait ronronner et Scorpius s'en rendait parfaitement compte.
- Je t'ai manqué moi aussi.
- Toi, pas vraiment. Les trois orgasmes par nuit, peut-être, le taquina-t-elle.
Il éclata de rire et son nez frôla le sien. Il la regarda fermer les yeux, ses cils caressant son menton à lui. Elle tira encore une fois sur son maillot de bain et tenta de mieux attacher le cordon de son haut, légèrement distendu. Scorpius l'aida, ses mains parcourant sa nuque. Il fit un nœud et le tour de son corps, frôlant ses seins, le sourire aux lèvres.
Puis elle s'éloigna.
Elle nagea jusqu'au rivage et enterra ses pieds dans le sable en le laissant se faire bercer par les vauges. Elle parlait avec Lola, quand elle remarqua un nouvel fois son regard sur elle, plus brûlant que le soleil. Elle ne savait pas depuis combien de temps il était sortit de l'eau. Leurs yeux se croisèrent et Scorpius mordilla ses lèvres, le souffle court. Il lui lança un tube de crème solaire, qu'elle dédaigna, juste parce qu'elle voulait l'emmerder.
Le soir-même, Rose avait des coups de soleil dans le dos, sur les épaules et était incapable de faire un geste sans grimacer de douleur. Elle n'avait pas réussis à dormir et s'était levée, sans prendre la peine d'enfiler un t-shirt, parce que sa peau ne supportait plus rien, pas même le plus fin des tissus. Rose ne portait qu'un short, ses mollets étant tout aussi victimes des brûlures que ses épaules et son dos. Elle s'était roulée en boule dans le patio quand elle entendit des pas. Scorpius s'assit à côté d'elle, et elle se mit à rougir, en tentant de cacher un peu plus sa nudité.
Il s'éloigna.
Ça l'énervait. Parce qu'elle n'avait jamais ressenti le besoin de lui cacher quoique ce soit. Il l'avait vu nue, plus d'une fois, mais plus que ça, il connaissait chaque facettes de sa personnalité et en elle avait pleinement conscience. Il l'avait vu en colère, pleurer, hurler de joie, travailler, s'épuiser, il connaissait la Rose taquine, maline, la Rose colérique et la Rose charmante et charmeuse…
Elle n'avait jamais eu la moindre insécurité avec lui. Jamais. Avant, elle trouvait ses seins trop petits , ses cuisses trop grosses, elle détestait ses dents du bonheur, ses tâches de rousseurs et ses pieds un peu étranges. Quand il lui disait qu'elle était belle, elle ne le croyait pas. Pourtant, il le lui disait tout le temps, juste avant de ne faire plus qu'un avec elle. Scorpius, il l'avait embrassé partout, il connaissait chaque centimètres carré de sa peau, et elle, aussi elle connaissait chaque centimètres carré de sa peau à lui. Il était beau. Il n'aimait pas son nez. Trop aquilin, trop Malfoyen. Mais elle, l'adorait. Il n'aimait pas ses lèvres trop fines et ses épaules un peu frêles. Elle les aimait pour lui.
Elle lui faisait confiance. Donc non, elle n'avait rien à lui cacher.
Et pourtant, elle lui cachait le plus important. Combien elle l'aimait. Juste pour se protéger, parce qu'elle savait, que lui, il ne l'aimerait jamais comme ça, qu'elle n'était que son plan cul du moment…
- Détend-toi, Rose. Et relâche les épaules, soupira-t-il.
Il passa ses mains sur ses bras, pour la forcer doucement à prendre une position confortable et elle lui tourna le dos. Elle sentit ses doigts, délicieusement glacés, courir sur son dos, ses épaules et sa nuque, après qu'il ait relevé ses cheveux. Il étalait une crème sur sa peau, presque religieusement, et elle en soupirait presque d'aise.
- Ma mère a toujours de quoi calmer les coups de soleil dans l'armoire à pharmacie. Elle en préparait en grosse quantité quand j'étais petit. Je manquais de patience et je courrais toujours à l'eau sans me soucier des UVs.
Elle l'imaginait sans peine faire ce genre de choses. Scorpius était un éternel impatient. Même s'il adorait prendre son temps, il vivait tout à fond et savourait chaque seconde, en n'en faisant toujours qu'à sa tête.
- Tu m'as manqué, avoua-t-il encore une fois.
Elle ferma les yeux. C'était plus facile de lui parler quand elle lui tournait le dos. Il embrassa son épaule et si Rose avait pu tatoué à même sa peau la sensation que ça lui procurait chaque fois qu'il le faisait, elle n'hésiterait pas un seul instant.
- Tu n'as pas trouvé quelqu'un pour me remplacer ? Demanda-t-elle amèrement.
Scorpius se retint de sourire, parce qu'il savait que lorsqu'elle se sentait blessée, vulnérable, Rose crachait son venin pour se défendre et se protéger. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle se sentait obligée de le faire avec lui. Il pensait sincèrement construire quelque chose avec elle. Mais Rose, elle était si froide avec lui, si … Si sèche. Il avait beau la connaître par coeur depuis le temps, parfois, il tuerait père et mère pour avoir une notice « Rose Weasley ». Quand il faisait un pas, elle en reculait de dix.
- Je ne veux pas te remplacer. C'est toi, qui cherches à me remplacer.
Rose se retourna vers lui, les yeux brillants.
- Je te déteste.
Plus elle le disait, moins elle y croyait. Plus il l'entendait, moins il en était convaincu.
Ils se jetèrent l'un sur l'autre, parce qu'au final, ils étaient faibles, incapables de se résister, toujours à se chercher sans le savoir. Cette fois-ci, Rose s'attarda à quelques millimètres de ses lèvres, en hésitant. Deux jours après leur première nuit, Scorpius avait tambouriné à sa porte en lui demandant pourquoi elle l'ignorait. Elle s'était retenue de lui répondre à « A ton avis, connard ? ». Sauf qu'elle avait ouvert sa porte. Qu'ils s'étaient une fois de plus retrouvés nus. Juste après, Rose avait énoncé les règles : du sexe, rien que du sexe, garder le secret, ne rien dire à personne, ne pas s'embrasser…
- Tu ne me détestes pas vraiment, murmura Scorpius alors qu'elle s'agrippait à ses cheveux.
- Bien sûr que si.
- Pourquoi tu me détestes alors ?
- Parce que ça ne veut rien dire…
Au fond, Rose avait juste peur d'être abandonnée, de n'être qu'un nom, ce qu'elle avait toujours été aux yeux de tous les sorciers, l'héritière de deux héros de guerre. Elle avait peur que tout redevienne comme avant, quand Scorpius faisait tout pour l'énerver, quand il ne la prenait pas dans ses bras, quand il se contentait de lui sourire mesquinement sans la suivre dès qu'elle partait fâchée. Elle avait peur d'être seule. Elle ne voulait pas qu'il l'abandonne, alors elle lui avait donné ce qu'il voulait, juste assez pour qu'il reste, du sexe, parce que pour lui « ça ne veut rien dire ». Mais elle s'y était totalement perdue…
- C'est faux, objecta Scorpius.
- C'est toi même qui l'a dit pourtant, chuchota-t-elle.
Cette fois-ci, elle résista pour de bon. Elle s'extirpa de son étreinte parce que, même si le bonheur qu'elle ressentait quand ils ne faisaient plus qu'un la faisait planer pendant des heures, ce n'était rien, qu'en comparaison de la redescente émotionnelle qu'elle avait, une fois qu'il fermait la porte derrière elle, après qu'elle soit partie.
Scorpius, il avait toutes les filles à ses pieds. Elle n'avait jamais souhaité rivaliser avec elles. Elle ne s'en sentait même pas capable.
Elle claqua la porte avant de partir. Elle commanda un portoloin et s'enfuit, laissant ses affaires derrière elle.
« Ce sera fun » avait dit Albus.
Rose avait juste le coeur en miettes, et parfois elle se disait que Scorpius le picorait tout entier. Elle l'avait laissé faire. Mais elle n'avait plus de temps à perdre. Plus d'énergie à dépenser… Il fallait que tout s'arrête…
Elle en avait marre de ce jeu du chat et de la souris. Marre d'essayer d'être le chat, de faire semblant, quand elle savait pertinemment qu'elle était la souris.
Tant pis pour la solitude.
Miscommunication V by CacheCoeur
Scorpius détestait les matins où il se réveillait sans Rose. Il savait que ces matins seraient suivis par de mauvaises journées. Albus aussi, le savait...
- Qu'est-ce que t'as encore fait ? l'accusa lourdement Albus.
- Rien du tout !
- Qu'est-ce que tu as dit ?
- Mais rien ! Répondit Scorpius.
Albus haussa un sourcil, peu convaincu.
- Crois-le ou non, mais je ne suis pas responsable de toutes les réactions de ta cousine !
- Je crois que tu l'es, au contraire.
- Elle est partie de son plein-chef.
- Je croyais que vous étiez ensemble…
Scorpius manqua de recracher son café et Albus esquissa un sourire amusé.
- Tu croyais quoi ? Que je pensais que les suçons dans ton cou c'était de l'eczéma ? Que je remarquerais pas vos regards et qu'elle dormait chez nous presque tous les soirs ?
Albus était loin d'être un abruti.
- On n'est pas vraiment ensemble.
- Pourquoi ?
- Parce qu'elle me déteste.
Ca lui faisait vraiment mal de se le dire à lui-même.
- Elle ne te déteste pas et tu le sais.
Il le savait. Quand il posait une main sur son bras, elle se détendait immédiatement. Quand il replaçait une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles, en lançant traîner une seconde de trop son pouce sur sa peau, elle fondait dans ses bras. Rose était douce, ses mots, bruts.
- Pourtant, elle en est convaincue.
- Non, affirma Albus. Elle essaie peut-être de s'en convaincre. Quand t'es partie la semaine dernière, tu lui manquais. Je le sais.
- Écoute, j'en ai marre de marcher sur des œufs avec elle. Je l'aime mais qu'est-ce…
Il s'arrêta d'un coup, réalisant ce qu'il allait dire.
- Ah bah on y est enfin, soupira Albus en tapant dans ses mains. Tu sais quoi Malefoy ? T'as la trouille de Rose Weasley parce que tu l'aimes et ça te fait faire et dire des conneries depuis plus de dix ans.
Scorpius inspira et rebu une gorgée de son café. Il songea au sachets de thé qu'il avait amené avec lui, au cas où Rose viendrait le rejoindre. Il comprit qu'Albus avait raison. Rose avait toujours été là pour lui. C'était elle qui l'avait engueulé, le jour où il avait déclaré vouloir abandonner l'idée de devenir auror, parce qu'il pensait que le passé de mangemort de son père le rattraperait et que personne ne lui ferait confiance. Elle lui avait dit qu'il n'était pas son père, que les gens étaient des abrutis finis et que même s'il était idiot lui aussi, il était assez doué avec sa baguette pour ne pas être un danger public, comme pouvait l'être les « vieux croûtons d'incompétents d'aurors comme Mclaggen et Harris ». Il n'avait pas réalisé à l'époque, et s'était contenté de sortir une blague d'un goût douteux, en lui rétorquant que plusieurs sorcières pouvaient effectivement attester de son talent avec sa « baguette ». Elle avait levé les yeux au ciel, mais sourit.
Quand il rentrait le soir, c'était à elle qu'il voulait parler. Quand elle n'était pas là, il la cherchait. Quand il riait, il se retournait pour voir si elle aussi, elle riait. Quand elle souriait, il voulait savoir si c'était grâce à lui, et quand c'était le cas, il souriait mille fois plus qu'elle.
- Je l'aime.
- Et tu sais, le comble dans toute cette histoire, c'est qu'elle t'aime aussi, mais que t'as sûrement fait quelque chose de mal.
- Non. Pour elle, ce n'est que du sexe.
- Tu sais que non.
Oui, il le savait. Il l'avait toujours su. Ca se voyait dans ses yeux noisettes, quand elle le regardait juste après qu'ils aient fait l'amour. Il le ressentait, quand elle posait sa tête sur son torse, à bout de souffle et aussi comblée que lui. Ca durait deux secondes, mais c'était deux secondes durant lesquelles Rose et lui, agissaient comme des personnes normales, et amoureuses. Ca courrait dans ses veines et dans les siennes. Il y avait un truc entre eux, qui ne s'expliquait pas.
- Pourquoi le problème viendrait forcément de moi ? Grogna Scorpius.
- Parce que t'as jamais eu la décence de comprendre qu'elle craque pour toi depuis nos quinze ans.
Le ton d'Albus était accusateur, froid et Scorpius baissa la tête, coupable. Puis il fronça les sourcils. Depuis si longtemps ? Il ne l'avait jamais vu. Du moins, pas jusqu'à que ce lui, craque aussi pour elle.
- Elle non plus, n'a jamais compris que j'avais le béguin pour elle !
- C'est pas un concours, soupira Albus.
Scorpius se sentait étrangement fatigué.
- Qu'est-ce que je fais maintenant ? Je passe mon temps à essayer de comprendre pourquoi elle me rejette !
- Tu lui as dit, que tu l'aimais ?
- Pour la faire fuir tout de suite après ? On se fréquente depuis six mois et …
Le premier soir, il avait failli lui dire. Ca avait presque glissé d'entre ses lèvres. Un « je crois que suis en train de tomber amoureux ». Puis il s'était dit que c'était ridicule de lui dire, qu'elle fuirait et qu'il valait mieux se montrer prudent, y aller doucement, parce que Rose, elle évitait toutes les situations qu'elle ne maîtrisait pas. Et qui maîtrisait les sentiments des autres à son propre-égard ?
Puis ça lui revint.
Pour se convaincre lui-même, il lui avait dit « Ca ne veut rien dire ». Il ne s'était même pas adressé à elle. C'était plus pour lui, pour se dire que pour Rose, ce qu'ils venaient de faire n'avait peut-être aucune signification, que c'était juste le coup d'un soir, un échange de bons procédés entre deux adultes consentants qui se sentaient seuls. Il l'avait dit pour ne pas se laisser emporter, pour ne pas commencer à espérer qu'elle puisse ressentir la même choses... Ces mots, ils étaient pour lui, pas pour elle.
Il avait merdé. Il venait de comprendre que Rose se protégeait depuis le début.
- Ça y est tu viens de tilter? Demanda Albus.
- Je crois.
- Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Le bouscula le brun.
Scorpius repoussa sa tasse de café et partit à son tour.
- C'est fou ce qu'un manque de communication peut tout gâcher, commenta Albus en regardant son meilleur-ami passer le seuil de la porte.
Miscommunication VI by CacheCoeur
Rose se réveilla en sursaut, en entendant des tambourinements sur sa porte d'entrée. Dès qu'elle était rentrée, elle s'était réfugiée dans sa chambre, les yeux rougis, et fatiguée. Elle s'était endormie en lisant un gros livre, bien assez pour qu'il lui serve d'oreiller. Elle avait mal à la nuque et dans le cou. Elle ouvrit et découvrit Scorpius, qui s'engouffra aussitôt dans son appartement. Par réflexe, elle sortit sa baguette et la pointa sur lui :
- Dégage de là Malfoy.
- Non.
- J'ai toujours était plus doué que toi en sortilèges et enchantements.
- Et alors ?
- Et alors si tu veux pas devenir chauve, je te jure que…
- On parlera de ton obsession pour mes cheveux plus tard, tu veux ? La nargua-t-il.
- Tu veux que je prévienne les aurors pour violation de propriété privée ?
- De un, les aurors s'occupent des mages noirs, pas des chicaneries que tu t'amuses à semer Weasley. Et de deux, essaies, ce sont mes collègues ! La défia-t-il.
- Tous des pourris, soupira-t-elle. Des crétins d'incompétents et …
Elle fit quelques pas sans terminer sa phrase, et il se mit à se balancer sur ses pieds, mal-à-l'aise, nerveux.
- Qu'est-ce que tu fiches ici Malfoy ?
- J'en ai marre de te courir après, tu sais ?
Rose leva les yeux au ciel.
- Tu ne me coures pas après.
- Bien sûr que si.
- Bien sûr que non.
« C'est repartit pour un tour ! » songea Scorpius. En temps normal, ça l'amusait.
- Pourquoi tu fuis toujours ? Lui demanda-t-il.
- Je ne fuis pas.
- C'est toujours toi, qui me quittes la première, lui reprocha-t-il à voix basse.
Rose voulu lui répondre que c'était parce que ça faisait moins mal comme ça, et qu'elle, elle ne supporterait pas de le voir partir en premier.
- Ça ne veut pas rien dire.
Rose pâlit.
- Nous deux, continua Scorpius. Ça ne veut pas rien dire.
- Arrête.
- Et tu ne me détestes pas.
- Si je te déteste.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est comme ça ! Hurla-t-elle presque, à bout de nerf.
Il s'approcha un peu plus et caressa le dos de sa main, avec la sienne. Il sentit ses doigts chercher les siens, et s'y emmêler.
- Le problème, tu vois, c'est que je ne te déteste pas autant que je le voudrais, murmura-t-elle.
Scorpius sourit de toutes ses dents et posa ses lèvres sur son front. Il ne sut exactement à quel moment elle se blottit dans ses bras, la tête vissée à sa poitrine. Elle était juste dans ses bras, et c'était tout ce qui comptait pour lui. C'était fou, ce besoin de la tenir prés de lui. Il n'y résistait jamais et elle, elle n'avait plus envie de s'y essayer.
- C'est pas juste du sexe, reprit Scorpius. Et je suis un idiot d'avoir pu te faire penser le contraire.
Rose se détacha légèrement, juste assez pour pouvoir le regarder dans les yeux. Elle aurait pu lui dire que le lendemain de leur première nuit il lui avait fait immensément mal. Mais elle se retint.
- Ne dis plus jamais que tu me détestes.
- Ça me protège.
- Ça me fait mal, argua Scorpius sur le même ton.
- Je suis désolée.
Elle était sincère.
- J'ai beau savoir que c'est faux, j'en crève chaque fois que tu me le dis.
Elle écarquilla les yeux. Jamais elle n'aurait pensé que ça lui faisait mal. Il était si froid, si arrogant, qu'elle n'avait même pas vu, que ça le blessait.
- Je suis désolée, s'excusa-t-elle encore.
- Ne fuis pas.
- On est dans mon appartement sombre crétin, grogna-t-elle. Où est-ce que je pourrais fuir ?
- Ne me fuis pas, répéta-t-il.
- Pourtant c'est ce qu'on fait, pour éviter le danger.
- Mais je ne suis pas un danger.
Elle secoua la tête.
- Scorpius …
- Je vais te dire ce que j'aurais du avoir le courage de te dire dès le premier soir.
- « Casse toi de là et oublie pas ton soutien-gorge dans le salon » ?
Il se retint de rire. Normalement, d'eux deux, c'était lui, le plus sarcastique.
- Je t'aime, Rose. Et j'ai merdé, parce que j'avais peur de merder justement.
Elle se pétrifia.
- Je t'aime, répéta-t-il. Depuis … je ne sais pas.
- Tu ne peux pas dire ça.
- Pourquoi ?
- Parce que je pensais que ça ne voulait rien dire.
- Mais c'était tellement plus facile pour moi de le croire ! Comme c'est plus facile pour toi de te marteler l'esprit sans arrêt en te répétant que tu me détestes ! Si on est ensemble, vraiment ensemble, ça changera tout...
- Arrête.
- On déteste ce qui est compliqué, toi et moi. C'est cocasse, si tu veux mon avis, étant donné qu'on a passé notre temps à se compliquer mutuellement les choses. Je t'aime, Rose. J'ai pas envie de passer à côté de nous, à côté de ça, parce que t'es une grosse trouillarde et moi un sombre crétin.
Cette nuit-là, elle s'était entièrement donnée à lui, heureuse, pleinement heureuse. Parce qu'au final, il n'y avait jamais eu que Scorpius, malgré tous les autres hommes avec qui elle avait été.
- Et je sais que tu m'aimes aussi, Rose.
- Je t'ai dis plus de mille fois que je te détestais.
- Et je t'ai toujours répondu, toujours emmerdée, parce que c'était le meilleur moyen pour que tu continues de me parler ! La première fois que tu m'as dit que tu me détestais, j'ai cru que c'était terminé, et ça m'a fait tellement de mal… Je sais pourquoi tu l'as fait. T'avais peur. Plus que moi. Mais c'est normal, au risque d'appuyer là où ça fait pique, t'es une froussarde de première Weasley, même si tu te lances tête baissée dans des tombeaux vieux de millions d'années. Quand il s'agit d'affronter ce que tu ressens, t'as autant de courage qu'un manche à balais.
Elle étouffa un rire dans sa gorge.
- Tu sais comment séduire une femme, toi.
-Je sais que tu m'aimes, l'ignora-t-il.
- T'es vraiment un petit con de prétentieux d'affirmer à ma place ce que je peux ressen…
- Arrête de mentir, la coupa-t-il.
Elle inspira.
- D'accord, avoua-t-elle. Je ne te déteste pas.
- Alors pourquoi me mentir ?
Il le savait déjà. Mais il avait besoin de l'entendre.
- Parce que c'était plus facile d'essayer de me convaincre que c'était vraiment le cas. Parce que j'ai peur que ce soit toi, qui trouves mieux que moi, que je pensais que ça signifiait rien pour toi ! Je ne suis pas devin ! Comment j'aurais pu savoir ce qui se passait dans ta petite tête de Malfoy ? Comment j'aurais pu deviner que tu avais aussi peur que moi ?
- Je trouverai jamais mieux que toi.
- Tu ne le sais pas.
- Embrasse-moi Rose.
Elle secoua la tête.
- Si tu le veux vraiment, embrasse-moi.
- Et toi, qu'est-ce que tu veux ? Couina-t-elle d'une voix désespérée.
- Je veux tout. Je te veux toi, entièrement. Pas juste ton corps. Pas juste tes railleries. Je veux tout. Je m'en fiche que ça complique tout. Je m'en fiche de nos familles, de la presse, de tout ceux qui trouveront quelque chose à en dire...
Rose aussi, s'en moquait parfaitement. Maintenant plus que jamais.
- Pourquoi toi, tu ne m'embrasses pas ?
- La dernière fois que je l'ai fait, tu as disparu cinq minutes après.
Il la suppliait presque du regard.
- Si on fait ça, on se lance dans l'inconnu, bredouilla Rose.
- Et alors ? J'ai jamais aimé quelqu'un comme toi, jamais été avec quelqu'un comme toi. L'inconnu, je flirte avec depuis que je suis avec toi, depuis plus de six mois.
- Je veux tout, moi aussi, murmura-t-elle.
- Pour de vrai ?
Elle hocha la tête. Elle s'était tellement de fois imaginer passer ses dimanches avec lui, en pyjamas, à lire dans ses bras, à l'écouter se plaindre de ses collègues incompétents, à jouer aux échecs et à rire jusqu'à en avoir mal aux côtes.
- Il faut qu'on établisse des règles.
- Arrête avec tes règles, Rose ! Embras…
La fin de sa phrase de perdit sur leurs lèvres. Rose l'embrassait, goûtait ses lèvres et prenait pleinement conscience d'à quel point, elles lui avaient manqué, ses lèvres. Scorpius l'embrassait doucement, tendrement et il la sentait fondre, malgré sa colère. Il la sentit sourire, sous sa bouche, et il l'embrassa encore, à son tour, alors que les mains de la rousse remontait le long de son cou.
- N'empêche que j'avais raison.
- De quoi ?
- Tu m'aimes aussi.
Son sourire mangeait son visage et Rose leva les yeux au ciel, en le guidant jusqu' à sa chambre. Ce n'était pas que du sexe. Ça ne voulait pas rien dire. Elle ne le détestait pas.
- Je trouverai jamais mieux que toi, avoua-t-elle, les joues rougissantes.
- As-tu seulement cherché ?
Elle sourit et ferma les yeux.
- Non, je n'ai même pas cherché.
Scorpius bailla d'ennui, pour la quatrième fois depuis qu'il était installé. Albus Potter et Zack Zabini sirotaient leur thé alors que Scorpius tentait de terminer sa nuit sur la table, en plein cours de divination. Il n'y avait jamais rien d'intéressant en cours de divination. Scorpius détestait le thé en plus. C'était bien plus marrant quand ils en étaient encore aux boules de cristal… S'amuser à la faire rouler d'un bout à l'autre de la table était bien plus divertissant… Heureusement pour Scorpius, ses amis étaient inventifs quand il s'agissait d'inventer des prédictions totalement foireuses. Il inspecta ses mèches blondes, totalement avachi et releva la tête pour observer ses amis. Albus avait pris sa tasse de thé dans les mains et y inspectait le contenu avec un air sérieux que Scorpius ne lui connaissait pas jusqu'à présent. Le brun sourcilla et montra le fond de la tasse de Scorpius à Zack. Ce dernier ouvrit son manuel :
– Vous n'êtes pas sérieux ? Se moqua Scorpius.
– Bah quoi ? Demanda Albus. On va lire les feuilles de thé de ta tasse !
– Je vous rappelle qu'on a choisi ce cours pour échapper à l'étude des runes, à l'enfer de la métamorphose et à l'ennui mortel de l'Histoire de la magie.
– J'ai envie de faire ça bien pour une fois, fit Albus, un grand sourire aux lèvres.
Scorpius marmonna dans sa barbe. « Potter » et « bien faire » dans la même phrase, c'était vraiment la blague de l'année.
– Intéressant, articula Zack en même temps. Les symboles sont très nets. Tu es très chanceux, Scorpius !
Ce dernier se redressa, soudainement intéressé :
– Est-ce que tu vois un vif d'or ?
– Pourquoi est-ce que je verrais un vif d'or ?
– Pour prédire ma victoire sur Weas… Sur l'équipe de Serdaigle au prochain match de Quidditch !
– C'est un serpent, leva les yeux au ciel Zack.
– Est-ce qu'il étouffe un aigle ? Demanda Scorpius avec intérêt.
– T'as vraiment un problème, fit Albus. Faudra qu'on parle de ton amour trop prononcé de la compétition…
– Les serpents indiquent un ennemi, une blessure personnelle, ou une affaire de cœur, continua Zack en faisant des aller-retours entre le manuel et le fond de la tasse de Scorpius.
– Faut choisir entre les trois ?
– Je crois pas que ça fonctionne comme ça, rit Albus.
– On dirait pas un trèfle ? Demanda le métisse au brun qui se pencha au-dessus de la tasse.
– N'importe quoi, c'est un bateau !
Albus reprit le manuel dans ses mains et le feuilleta :
– Ça symbolise la fin d'une amitié.
– Ça n'a absolument aucun rapport avec le serpent.
– Tu vas être blessé par la fin d'une amitié ? Une amitié va se transformer en affaire de cœur ? Albus et moi allons devenir tes pires ennemis ? Supposa Zack à voix haute.
– Si je touille le fond de la tasse encore une fois, tu crois que ça précisera ce bordel de prédictions ? Fit Scorpius avec espoir.
– Épargne tes poignets Malfoy, un vif d'or ne prendra par forme dans cette tasse ! Ricana Albus.
– Essaie toujours !
Scorpius reprit la tasse et touilla le fond avant de la reposer sur sa soucoupe. Il se pencha au-dessus et vira au rouge.
– Je suis pas sûr d'avoir bien touillé, bafouilla-t-il.
Albus lui arracha la tasse des mains et examina son contenu en éclatant de rire. Scorpius jura même voir une larme glisser le long de sa joue alors qui se tenait les cotes. Tous les élèves s'étaient retournés pour les regarder, et le professeur Trelawney avait les lèvres pincées, prête à intervenir. Mais Albus se calma et montra la tasse à Zack.
– C'est une pomme ?
– N'importe quoi, s'emporta soudainement Scorpius. C'est clairement un parasol !
Zack fronça les sourcils et étouffa un rire.
– Je vais retouiller encore une fois !
– On ne change pas ses prédictions parce qu'elles ne nous plaisent pas ! Pesta leur enseignante derrière eux, les poings sur les hanches. Il ne faut pas avoir peur d'affronter son destin.
– Mon destin ? C'est juste du résidu de thé de mauvais goût…, bougonna à voix basse Scorpius en se renfrognant sur son siège.
– Ça veut peut-être juste dire que tu vas manger une pomme ce midi ? Fit Zack en tentant de calmer le blond, sans toutefois y croire.
– La pomme signifie la réussite, haussa les épaules Albus.
– Serpentard va peut-être gagner le match de demain ? Fit Zack. Ou alors, c'est que tu vas enfin réussir à demander à Ro…
– Par Merlin, ferme-la Zack ! Grogna Scorpius.
– Les pommes ça peut aussi être…
– Pas du tout lié à Rose ! Termina Scorpius les oreilles rouges.
Albus riait encore plus fort face à la mauvaise foi de son ami. A la fin du cours, il avait mal aux joues alors que Scorpius avait croisé les bras sur sa poitrine, grincheux. Rose les rejoignit deux minutes seulement après la fin de leur cours et passa ses deux bras autour des épaules d'Albus et Scorpius, après s'être faufilée entre eux.
Rose avait le don de se faire une place absolument partout. Scorpius bougonna encore plus. Rose était envahissante et bruyante, une vraie tornade, un cyclone d'énergie, qui n'arrêtait de parler que pour lire ou manger. La jeune fille avait l'air ravi :
– On vient juste de terminer l'entraînement. Demain, je vais t'atomiser Malfoy ! Le prévint-elle.
S'il y avait une personne, encore plus compétitrice que Scorpius Malfoy, c'était bien Rose Weasley. Et ils s'étaient bien trouvés, ces deux-là ! Ils adoraient se lancer des défis stupides, être en compétition pour la meilleure note, pour le Quidditch, pour les échecs, pour le nombre de livres qu'ils étaient capables de lire en deux jours, le nombre de pages qu'ils étaient capables d'écrire pour un devoir, le nombre de patates qu'ils pouvaient mettre dans leur bouche, le nombre de secondes qu'ils pouvaient tenir sans respirer, ou même le nombre de jour qu'ils pouvaient tenir sans parler… Albus devait avouer qu'il avait adoré ce-dernier défi.
– Rêve toujours Rose ! Zack et Albus viennent de prédire la victoire de Serpentard !
– La semaine dernière, Albus a prédis que tu perdrais tes cheveux et deviendrait chauve à cause d'un yaourt périmé ! Lui rappela Rose en haussant un sourcil, dubitative.
– Ce n'est pas du tout ce qu'on a pré…, fit Albus au même moment.
– Tais-toi Potter. Tu as prédit notre victoire.
Rose éclata de rire, et les oreilles de Scorpius se remirent à rougir. Rose fouilla dans les poches de sa robe de sorcière et en sortit deux sucettes. Albus et Zack se retenaient de rire, en arrière. Elle en déballa une, et la tendit à Scorpius, avant de répéter son geste avec la deuxième. Ils trinquèrent, en entrechoquant leurs deux sucettes à la pomme, leur péchés-mignon à tous les deux. Ils en faisaient des stocks entiers, chaque fois qu'ils sortaient à Pré-au-Lard.
– Que le meilleur gagne demain ! Fit joyeusement Rose.
Albus et Zack les regardèrent avancer dans le couloir, comme s'ils étaient seuls au monde. Quand Scorpius et Rose étaient dans la même pièce, les autres avaient tendance à ne plus exister de toute façon… On s'y habituait assez rapidement.
– Tu crois que ça voulait dire qu'il va enfin réussir à gagner son cœur ? Demanda Zack à Albus, une main théâtralement posée sur sa poitrine.
– Le serpent : une affaire de cœur. Le bateau : la fin d'une amitié. La pomme : c'est Rose, réfléchit Albus en énumérant les symboles.
– Il peut très bien perdre le match, gagner trois ans de honte, en vouloir à Rose et se mettre à la détester ? Proposa Zack.
Dans le couloir, plus loin devant eux, ils les entendirent rire encore une fois, alors que Rose était perchée sur les épaules de Scorpius qui s'amusait à lui faire peur en courant partout. Scorpius, le garçon le plus froid et le plus impassible du monde, était toujours totalement transformé quand Rose était dans son champs de vision. Elle lui faisait faire absolument tout ce qu'elle voulait.
Zack et Albus secouèrent la tête, unanimes :
– Non, ils vont conclure…
Scorpius adorait son travail. Il adorait ce bar. Il adorait la déco colorée et chaleureuse. Il adorait la musique un peu assourdissante qui faisait trembler les murs. Il adorait la plupart des clients. Mais surtout, il adorait Rose Weasley, qui ne manquait jamais une occasion de venir s'asseoir au bar tous les vendredis.
Si son père savait qu'il tenait le nouveau bar du Chemin de Traverse, il en ferait sûrement une syncope. Mais Scorpius était heureux comme ça. Il avait fait de brillante études d'économie avant de tout plaquer. Il en avait eu marre, de cette pression constante d'être un Malfoy, d'avoir un rang à tenir, une réputation à racheter pour les erreurs passées de sa famille. Servir des bières derrière un bar, c'était bien moins fatiguant. Et bien plus marrant aussi.
Rose était la cliente préférée de Scorpius. Elle ne commandait jamais rien de bien compliqué, était ouverte à ses suggestions et lui parlait toujours très aimablement. Elle était toujours de bonne humeur. Elle était traductrice de runes et de langues anciennes et magiques, de ce que Scorpius en avait compris. Cela ne l'avait pas étonné… Rose adorait lire et écrire. Traduire, c'était faire les deux à la fois après tout…
Il observa la rousse. A Poudlard, ils ne s'étaient jamais vraiment adressés la parole. Pas parce qu'ils ne s'aimaient pas. Juste parce qu'ils n'avaient jamais fréquenté les mêmes personnes, les mêmes cercles… Ils ne s'étaient échangés que des banalités, des politesses entre deux matchs de Quidditch et deux cours d'étude des runes. Lui à Serpentard, elle à Gryffondor, ils n'avaient eu que quelques cours en commun et rondes de préfets à partager.
Il la contempla, en train de faire une pyramide avec les paniers dans lesquels il mettait ordinairement de quoi grignoter pour les clients. Elle était si concentrée, que rien ne pouvait la distraire : ni les cris de ses amis, ni les yeux gris de Scorpius, posés sur elle. Quand elle eut terminé son ouvrage, elle se félicita, en frottant ses mains et en lançant un cri de victoire. Ses yeux pétillaient de malice et de gaieté. Être ami avec Rose, c'était être ami avec le soleil en personne. Scorpius aurait aimé être plus que son serveur parfois… Parce qu'elle était drôlement belle, Rose Weasley. Elle posa son verre sur le bar et Scorpius hésita à la resservir, constatant qu'elle était déjà un peu saoule.
– Tu veux que je te la montre ? Demanda Rose en sortant une photo de sa veste.
– Tu me l'as déjà montré, rit légèrement Scorpius.
– Ah oui, c'est vrai, fit-elle penaude.
Elle sortit tout de même la photo et la lui mit sous le nez. Scorpius la prit dans ses mains avec précaution, pour y voir un nouveau-né qui dormait à poing fermé.
– Regarde cette bouille ! C'est un ange !
– C'est un très beau bébé ! Répéta-t-il pour la deuxième fois.
Rose approuva en hochant vivement la tête. Elle était d'ordinaire assez prudente quand elle buvait de l'alcool et ne franchissait jamais la limite. Seulement, aujourd'hui, elle semblait l'avoir fait. Son ami, Nicolas Dubois, venait d'avoir un bébé avec sa cousine Dominique. Tous les Weasley s'étaient rejoint pour fêter ça et Rose avait sûrement un peu trop bu… Elle regarda à son tour la photo, les larmes aux yeux :
– Jade… C'est si mignon comme prénom !
– C'est très beau ! Approuva Scorpius.
– Quand elle a serré mon doigt dans son poing, mon coeur s'est mit à faire « boum boum » très vite dans ma poitrine !
Scorpius se mit à sourire encore plus fort. Rose arrêta de s'agiter sur son siège et écarquilla les yeux en regardant le blond :
– On ferait de beaux bébés toi et moi ! Ils seraient encore plus mignons que Jade !
Scorpius manqua de s'étouffer et sentit ses oreilles devenir rouges. Il rit nerveusement, sans trop savoir quoi dire et décida qu'il était plus que nécessaire d'offrir à Rose quelque chose à manger. Elle se jeta sur la barquette de frites qu'il lui servit dix minutes plus tard.
– Je suis très sérieuse Scorpius ! On ferait de super beaux bébés ! Grands, blonds, aux yeux gris, avec cette aura mystérieuse et charmante… Comme toi !
– Arrête ça Rose, continua de rire le barman.
– Regarde Jade encore une fois ! Elle est si mignonne ! Le nôtre serait genre…. Mille fois plus mignon encore !
Scorpius n'avait rien contre les enfants. Enfin, mis à part ceux qui l'avaient fait se sentir comme un criminel et un paria pendant des années… Il les trouvait plutôt adorables en fait. Le seul problème, c'était qu'à vingt-cinq ans, Scorpius travaillait tous les jours et n'avait pas le temps de rencontrer des gens, de tomber amoureux ou autre… Et puis de toute façon, tomber amoureux, ce n'était pas pour les gens comme lui.
Rose continua de lui montrer des photos de Jade, dans les bras de sa mère, de son père, dans ses bras à elle, les yeux ouverts, en train de pleurer, en train de prendre le biberon… Puis il s'imagina avec des enfants, pas forcément blonds, plutôt roux même, en train de lire, de se chamailler et de faire des pyramides avec tout et n'importe quoi. Il resta silencieux un long moment, avant d'ouvrir la bouche :
– Dans l'hypothèse où nous aurions un enfant…, commença-t-il. Garçon ou fille ?
Rose tapota son menton, en réfléchissant.
– Une fille ! Qui te ressemblerait mais qui aurait mes cheveux. Si je donne à mon père une petite-fille autre que rousse, il sera fâché !
– Comment est-ce qu'on l'appellerait ?
– Ethel ! Comme ça on perdure la vieille tradition Malfoyenne du prénom lié aux étoiles !
Elle avait répondu sans aucune hésitation et encore une fois, les oreilles de Scorpius se mirent à rougir. On aurait dit que Rose y avait longtemps pensé… Est-ce que Scorpius lui plaisait ?
– Et si c'est un garçon ?
– Ce sera une fille, rétorqua Rose en mangeant ses frites.
– Mais si c'est un garçon ? s'amusa Scorpius.
Il prit un instant pour prendre conscience de ce qu'il était en train de faire. Scorpius n'était pas du genre à être à l'aise en société, et encore moins du genre à flirter. Pourtant, c'était ce qu'il était en train de faire avec Rose, d'une façon si naturelle, qu'il ne s'en était pas tout à fait rendu compte.
– Cassian, fit simplement Rose.
Encore un prénom lié aux étoiles, songea Scorpius.
– Cassian, répéta Scorpius.
Ca sonnait juste, Cassian…
– J'aime bien bien. Ethel et Cassian Malfoy…, fit Scorpius un peu songeur en se penchant au-dessus d'elle.
C'était Rose qui avait trop bu. Pourtant, ce fut lui, qui déposa un baiser sur son front.
– Ethel et Cassian Malfoy-Weasley, le corrigea Rose en bredouillant.
– Évidemment, sourit-il. Jamais Rose Weasley laisserait un Maldfoy prendre le pas sur elle !
Quand il s'écarta d'elle, Rose regarda sa montre :
– Je suppose qu'il faudrait qu'on s'y mette dès maintenant. Le bar ferme dans trois quarts d'heure, et mon appartement est à quelques pas d'ici. Rejoins-moi quand tu auras terminé ton service. Je te promets de tout faire pour qu'on ait une fille !
Scorpius la regarda écrire son adresse sur une serviette en papier et la lui donner. Peut-être que finalement, c'était aussi pour lui, de tomber amoureux…
Film muet sans sous-titre by CacheCoeur
Rose et Scorpius avaient beaucoup de points communs. L'amour de la lecture, une appétence certaine pour la métamorphose, une gourmandise excessive pour tout ce qui était susceptible de contenir du chocolat, et une passion presque inconditionnelle pour les échecs version sorciers. Ils étaient très différents pourtant. Scorpius aimait les romans fantastiques, Rose ne vivait que pour les policiers. Scorpius excellait dans l'art de métamorphoser les êtres humains, Rose elle, préférait transformer des objets ou des animaux. Scorpius ne mangeait que du chocolat au lait, Rose, ne jurait que par le chocolat noir. Scorpius était batteur, Rose attrapeuse. Il observait le jeu de son adversaire avant de prendre des risques, quand elle, attaquait et improvisait au fur et à mesure. Il était étonnant de constater comme ils se ressemblaient dans leurs différences…
Mais le plus cocasse, c'était qu'ils partageait un trait de caractère, qui complexifiait grandement leurs interactions : la timidité. Bien plus qu'une simple réserve, Scorpius était incapable de parler sans que ses oreilles ne virent au rouge et Rose, bafouillait toujours un margouillis de mots qu'il faillait souvent déchiffrer, voir même, traduire. Albus, était coincé entre ces deux énergumènes, qui maladroitement mais surtout, étonnement, arrivaient pourtant à communiquer.
La vérité, c'était que Scorpius avait l'impression d'être cotonneux chaque fois Rose pénétrait sa bulle. Elle le faisait toujours tout doucement, délicatement, sans qu'il ne s'en rende compte. De toute façon, même quand il venait à s'en apercevoir, il la laissait faire, parce qu'avoir Rose dans sa vie, dans sa bulle, c'était la garantie de passer une excellente journée. Rose était toujours la première à lui demander comment il allait le matin. C'était aussi la première à lui souhaiter son anniversaire, la première à le féliciter quand il gagnait un match, la première à le consoler pour lui remonter moral. Albus disait de Rose qu'elle faisait « la météo de Scorpius » et qu'elle était capable de lire ses humeurs et d'annoncer les prochaines comme s'il s'agissait de la pluie et du beau temps. Scorpius trouvait la métaphore pertinente.
– Je t'en supplie va lui parler avant que je ne manque d'air à expirer ! Gémit Albus à ses côtés et à voix basse.
Scorpius écarquilla les yeux. Adsorbé dans ses pensées, il en avait presque oublié qu'il était en cours, et censé lire le paragraphe du manuel que leur avait indiqué leur enseignant.
– Parler. Mettre des mots bout à bout. Faire une phrase. Formuler une pensée. Tu sais, ce truc qu'on t'a normalement appris à faire quand tu étais gamin ?
Le blond baragouina un bref « jenosepas », qu'Albus déchiffra pourtant sans peine.
– C'est Rose ! Tu la connais depuis sept ans ! C'est pas un monstre ! Sauf le matin quand elle se lève et qu'elle a trop bu la veille… Là, je te jure que j'ai presque envie de courir pour ma vie !
Il haussa un sourcil.
– Sérieux, va lui demander de sortir avec toi. Elle attend que ça !
– Ah oui ?
– J'ai vraiment l'impression de regarder un film muet sans sous-titres quand je vous observe. Au début c'était marrant, mais maintenant que la bande est rayée, je te jure que j'ai envie de prendre ta tronche pour la cogner contre la sienne !
Scorpius baissa la tête, penaud et la releva un bref instant pour observer Rose, qui s'était retournée. Leurs yeux se croisèrent et les joues de la jeune femme rosirent. Elle lui fit un petit coucou, et mordilla sa lèvre. Elle avait sa baguette dans les mains et surveillait du coin de l'œil, leur professeur qui déambulait dans l'allée, vérifiant de temps à autre que ses élèves lisaient le chapitre qu'ils étudiaient en ce moment. Elle prit son courage à deux mains et articula quelques mots. Scorpius secoua la tête, sans comprendre. Elle gesticula un peu les mains, mima quelque chose, qu'il ne comprit pas davantage.
– Un film muet sans sous-titres…, répéta Albus en ricanant.
Rose soupira à son tour avant de se redresser, droite comme un « i », ce qu'elle faisait toujours lorsqu'elle avait une idée derrière la tête. Elle exécuta un mouvement fluide du poignet, sa baguette toujours dans les mains, en se concentrant, et observa Scorpius, trop occupé à la regarder elle pour remarquer les lettres qui étaient en train de se graver sur son bureau. Elle lui fit signe de baisser les yeux, mais il était plongé dans ses pensées, perdu dans ses contemplations. Elle était vraiment belle, Rose…
– Mec, t'as reçu un message je crois, l'informa Albus en lui faisant du coude.
Scorpius baissa enfin les yeux.
« Samedi ? A Pré-au-lard ? :) »
Des lettres cursives, un peu penchées, écrites dans le bois de son bureau, un peu grossièrement certes, mais Scorpius les trouva belles. C'était l'écriture de Rose. Il l'aurait reconnu entre mille. Il y avait une petite rose, dessinée, inscrite dans le bois, à la fin du message, en guise de trouva ça adorablement mignon.
– Elle détériore les biens publics de l'école pour communiquer avec toi… Que c'est romantique ! Souffla Albus.
– Eh ! C'est privé !
– C'est aussi mon bureau !
– Mais le message m'est clairement adressé !
– Ah oui ?
– Tu l'as dit toi-même.
– Pourtant rien ne l'affirme.
« PS : le message est pour Scorpius » s'écrivit à la suite du premier message, contredisant le brun.
Albus souffla une seconde fois, tout de même amusé. Le Serpentard sourit et enfouit sa tête dans ses bras, avec la sensation étrange que son cœur était un cognard, et que les batteurs d'au moins six équipes différentes s'amusaient à frapper de toutes leurs forces d'un bout à l'autre de sa poitrine. A la fin du cours, Rose s'approcha timidement de son cousin et de son meilleur-ami.
– Tu as bien reçu mon message ? Demanda-t-elle. Sur le bois. Je l'ai gravé sur ta table. C'est un sort que j'ai jamais tenté et vu que tu n'as pas répondu, je …
Elle s'interrompit, confuse, et passa une main dans ses cheveux, s'empêchant de mâchouiller nerveusement une mèche.
– Tu l'as bien reçu ? Répéta-t-elle.
Scorpius leva un pouce en l'air.
– Ca veut dire oui ?
Son pouce resta en l'air.
– Et pour samedi ?
Un deuxième pouce rejoignit le premier. Rose se mit à sourire de toutes ses dents et hocha la tête, ravie. Elle s'en alla sans ajouter un mot, pour aller à son prochain cours. Albus secoua Scorpius, totalement pétrifié, les deux pouces toujours en l'air… Il prit le blond par les épaules et se mit à rire.
– Un putain de film muet ! s'amusa-t-il.
Joue avec moi (classique) by CacheCoeur
Classique
Hermione Weasley avait tenu à ce que Rose apprenne à faire du piano. Sa mère lui avait dit qu'elle l'en remercierait un jour… Son père avait béatement sourit la première fois qu'elle lui avait dit ça. Plus tard, Rose avait appris que pendant la guerre, quand ils chassaient les horcruxes avec son oncle Harry, ses parents en jouaient pour s'occuper l'esprit.
Rose avait adoré les cours de solfège, et son souvenir le plus heureux, remontait à ses cinq ans, quand son père était rentré à la maison avec un énorme piano. Elle s'était hissée sur ses genoux, pour en jouer avec lui. Il y avait une photo d'eux, dans le salon. Hermione avait capturé ce moment et chaque fois que les yeux de Rose se posaient sur ce cliché, elle ressentait le bonheur, liquide, couler dans ses veines.
A Poudlard, elle ne cessait d'en jouer. Elle y trouvait au final, une certaine sérénité, quand la pulpe de ses doigts frôlaient les touches pour en faire sortir les notes. Dans la salle de musique, juste à côté de la réserve de potions, il n'y avait jamais personne. Ses parents se vantaient toujours du talent de leur fille. Rose adorait jouer mais elle détestait être entendue, voir pire, écoutée. Son frère Hugo, lui, n'avait jamais eu cette phobie. C'était toujours lui qui martelait le piano pour amuser la galerie quand un tel ou un tel demandait à ce que quelqu'un joue quelque chose. Rose le soupçonnait de faire le pitre exprès, pour qu'ils oublient tous l'existence de sa sœur, qu'il cherchait à la mettre à l'abri. Ceux qui avaient déjà entendu Rose jouer, se comptaient sur les doigts d'une main.
Elle n'avait pas beaucoup d'amis. Albus, James, Lily, ses autres cousins, peut-être l'une de ses camarades de dortoirs avec qui elle s'entendait très bien… Mais c'était tout. Rose vivait trop dans son monde parfois. Beaucoup la trouvaient étrange. D'autres la fuyaient. Elle griffonnait tout le temps des trucs dans ses carnets, avait les mains noircies par l'encre, et se faisait deux espèces de chignon sur le côté, des macarons qu'elle disait, dont les boucles s'échappaient tout le temps.
Ce soir-là, elle sortait de la salle de musique, en serrant ses partitions contre elle. Les pages continuaient de tourner, parce qu'elle n'avait pas eu le temps de lever l'enchantement quand elle s'était rendue compte de l'heure tardive. Rose était peut-être préfète en chef, mais cela ne la dispensait pas de respecter le couvre-feu… Ce qu'elle avait pourtant tendance à faire toute les semaines.
Elle longea les couloirs et rencontra la mine sarcastique de Scorpius Malfoy. Lui, il faisait désormais partie de ces gens qui la fuyaient. Rose était une grande timide, mais avec Scorpius, il était difficile de l'être. Il avait toujours su la faire parler… La semaine dernière quand il avait fallu organiser les rondes des préfets, il avait insisté pour ne plus les faire avec elle. Les joues de Rose en avaient perdues toutes leurs couleurs. Parce qu'au fond, Scorpius, elle l'aimait bien. Il était toujours le premier à faire rire toute la classe, mais à être sérieux quand il le fallait. Ils s'entendaient plutôt bien… Sept années de compétition acharnée pour être les premiers de la classe, ça créaient des liens. La journée, Scorpius la taquinait sans arrêt et le soir, ils parlaient, s'écoutaient et riaient. Mais depuis le début de l'année, il avait échangé toutes les rondes pour lesquelles il aurait du être avec elle. Même durant les cours, il ne lui parlait plus. Elle sentait son regard sur elle, sur sa nuque, mais chaque fois qu'elle levait les yeux de ses livres pour le vérifier, il contemplait soudainement le plafond.
– Rose ! l'appela-t-il tout doucement.
Elle serra un peu plus ses partitions alors qu'il lui souriait toujours, charmeur, comme toujours et incroyablement beau.
– Bonsoir, bredouilla-t-elle avant de continuer son chemin.
– Tu m'ignores ? s'étonna-t-il.
Elle se retourna lentement, en inspirant lourdement.
– Je croyais que tu ne voulais plus me parler, que tu m'évitais.
Ses sourcils s'arquèrent.
– Qu'est-ce qui a bien pu te faire penser ça ?
– Ça fait déjà trois fois que tu échanges tes rondes avec Parkinson pour ne pas te retrouver avec moi. Tu la détestes et tu limites au maximum tes interactions avec elle, parce que tu penses qu'elle fait encore plus peur qu'un « détraqueur sous acide ».
Scorpius ouvrit la bouche. Ça l'impressionnait toujours, quand Rose était capable de citer à la virgule prés tout ce qu'il lui disait.
– On t'as déjà dit que tu étais super intelligente ?
Rose avait le visage fermé et refit demi-tour, exaspérée. Il la rattrapa et saisit son poignet, tout doucement.
– Je ne t'évite pas.
– Ça y ressemble beaucoup pourtant.
Scorpius rougit et soupira à son tour. Il força Rose a desserré ses bras, ceux qui étaient toujours croisés sur sa poitrine, qui retenaient les partitions, dont les pages se tournaient encore.
– Si j'échange mes rondes avec Parkinson, c'est parce que j'adore t'entendre jouer et que j'en avais marre de ne plus pouvoir t'écouter. Je sais que tu joues toujours le jeudi soir et que Daniels est un abruti fini qui risquerait de te retirer des points …
Rose resta interloquée.
– Comment tu sais…
– Que tu t'acharnes sur « la fille aux cheveux de lin » depuis deux semaines ?
– Je ne m'acharne pas ! Protesta-t-elle.
– Je t'ai entendu un jour où j'étais en retenue dans la réserve des potions.
– Quand ça ?
Il s'esclaffa :
– Il y a quatre ans.
– Quatre ans ?
Il hocha la tête.
– Avec Albus. On avait libéré les crapauds de la chorale de Poudlard, tu te souviens ?
Rose rit à son tour :
– Flitwick en avait retrouvé un dans son assiette, le soir même ! Se souvint-elle.
– Je t'ai entendu joué et…
– Je ne suis pas très douée. Et j'adore la musique classique. Mais pas ce morceau. Enfin si, mais ce n'est pas ce que je préfère. Il est ennuyeux. Debussy n'est pas mon compositeur préféré. Je m'acharne dessus, parce que Victoire veut que je joue ce morceau pour son hypothétique mariage qui viendra pas avant au moins dix ans tant elle est exigeante et qu'elle fait tourner le seul homme qui l'aime vraiment en bourrique. Sauf que j'aime pas jouer devant des gens. Que j'aime pas qu'on m'écoute, parce que chaque fois que quelqu'un le fait, j'ai l'impression que je perds le contrôle de mes doigts, et qu'ils se mettent à faire n'importe quoi, débita-t-elle à toute vitesse.
– J'aime bien la musique classique.
– Tu en écoutes ? s'étonna Rose.
Quand c'était elle qui en jouait, oui, il en écoutait. Il hocha simplement la tête.
– Ça fait bizarre, de savoir que tu m'as entendu jouer, rougit Rose. Je ne suis pas aussi bonne et douée que je le voudrais.
Scorpius sourit doucement, cette fois-ci, sans révéler toutes ses dents, comme il faisait d'habitude. Il l'embrassa sur la joue :
– Tu mérites d'être écoutée pourtant. Et c'est pour ça que j'échange mes rondes avec Parkinson, même si je pense qu'elle fait encore plus peur qu'un détraqueur sous acide.
Le coeur de Rose faisait des soubresauts, à l'idée d'un Scorpius en train de l'écouter.
– File. Avant que l'autre courge de prefet te trouve et te retire des points, lui conseilla-t-il.
– Tu ne vas pas me retirer des points, toi ?
– Je pourrais, fit-il, taquin. Mais Serpentard n'a pas besoin de ça pour vous battre encore une fois.
Rose lui tira légèrement la langue avant de s'enfuir d'un pas pressé. Accoudé sur le mur, Scorpius la regarda partir jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Un jour, il faudrait vraiment qu'il trouve le courage de lui dire…
Joue avec moi (Metal) by CacheCoeur
Metal
Scorpius détestait ce genre d'endroit. En fait, il détestait être enfermé entre quatre murs ou de se sentir oppressé, coincé entre plusieurs personnes. Mais Rose l'avait presque supplié de venir. En fait, elle n'en avait pas vraiment eu besoin : elle avait juste commencer à battre des cils et s'était tout de suite proposé. Hugo, son frère, ne pouvait pas venir à un concert pour lequel lui et Rose avaient pris des billets. Du coup, Rose en avait boudé toute une journée. Une Rose qui boudait, c'était une Rose morne et silencieuse. Scorpius détestait ça. Alors qu'il vérifiait les constantes d'un patient dont ils avaient la charge en tant qu'interne à Sainte-Mangouste, il avait finit par craquer et par proposer de prendre la place d'Hugo. Elle avait tout de suite sauté de joie.
Mais là Scorpius regrettait. Albus, qui avait lui aussi pris un billet, se moquait sans aucune gêne du blond qui se bouchait les oreilles.
– Je savais pas qu'elle aimait le hard rock, siffla Scorpius.
Albus effaré, lui corrigea immédiatement :
– Ne dis surtout pas ça devant Rose, malheureux ! Francine Zombi est un groupe de heavy metal, pas de hard rock ! Si elle t'avait entendu…
Scorpius fronça les sourcils.
– Ça, c'est du heavy metal. C'est ce que préfères Rose, insista Albus en hurlant par-dessus la musique. Ne confonds pas. Première règle si tu veux être dans ses bonnes grâces.
– Je te demande pardon ?
– Ne confonds pas !
– Non pas ça !
– C'est ce que Rose préfère ?
– Oui ça ! Opina Scorpius.
Albus sourit et désigna Rose, ce petit bout de femme, en train de sautiller, comme montée sur des ressorts. Elle hurlait, les bras en l'air et se déchaînait. Scorpius n'aurait jamais soupçonné que son corps si frêle contienne autant d'énergie. Il la regarda, suivit les mouvements de ses cheveux, qui semblaient presque doués de leur propre volonté, en suivant les courbes de son corps. Qu'est-ce qu'elle était belle…
– Je croyais qu'elle adorait la musique classique ? Fronça des sourcils Scorpius.
– Oh oui. Comme elle adore le jazz, le blues, et plein d'autres styles et genres. Mais ce qu'elle préfère, c'est le métal, réaffirma Albus.
– C'est très particulier …, bredouilla Scorpius.
– T'aimes pas ? Rit Albus alors que le solo de guitare s'était enfin tût.
Il grimaça.
– C'est très fort …
– C'est du heavy metal, haussa les épaules le brun.
Albus leva les yeux au ciel. Juste parce que Rose était une fille douce et délicate, les gens avaient du mal à l'imaginer hurler comme une truie. Mais Albus, lui, connaissait la vérité : Rose était une véritable furie quand elle s'y mettait.
– Dans quoi tu t'es embarqué mon vieux…, siffla le brun.
Il tapota son dos, amicalement. Albus était toujours amical de toute façon. Ils n'étaient pas particulièrement proches, lui et Scorpius. Ils avaient partagé quelques conneries, s'étaient amusés, mais n'avaient jamais pris le temps de devenir amis. Ils étaient surtout devenus alliés dans leurs farces contre les Gryffondor… Albus était un merveilleux complice, mais n'avait, malheureusement, jamais été plus.
– T'aimes pas les espaces clôt, se rappela le brun.
– Non ça va, je t'assure, fit-il.
Rose s'était retourné pour le regarder. Ses yeux étaient pétillants, brillants et si vivants… Il lui avait offert le même regard, quand elle l'avait vu arriver débarquer à Sainte-Mangouste, le premier jour de formation à la profession de guérisseur. Elle s'était plantée devant lui, et lui avait avoué l'attendre. Ils s'étaient inscrits ensemble, juste avant la remise des ASPICS… Scorpius lui avait avoué à son tour, l'avoir attendu tout l'été. Elle avait sourit, et ils s'étaient installés au premier rang, alors qu'il détestait être aussi prés. De toute façon, il serait aller n'importe où pour elle. Même à un concert de métal. Un concert qui se termina après plus de deux heures, pendant lesquelles les oreilles de Scorpius bourdonnèrent, même longtemps après être sorti de la salle.
– Tu me fais de la peine, grimaça Albus.
– Pardon ?
– Tu sais, Rose ne t'en aurait pas voulu … C'est pas du goût de tout le monde.
Un chanteur qui s'égosillait à pleine voix, c'était certain que ce n'était pas du goût de tout le monde. Par contre, une Rose habillée d'un t-shirt à l'effigie dudit chanteur dix fois trop grand pour elle, ça, c'était assurément au goût de Scorpius.
– T'es pas de service en plus demain ?
Rose était un peu devant eux, toute joyeuse, encore pleine d'énergie.
– Si. J'ai encore échangé mes heures avec Parkinson pour pouvoir venir ce soir, s'esclaffa-t-il.
– Y'a vraiment des choses qui changent pas, se moqua Albus.
Albus l'observa, en train de regarder Rose. Au début, il avait pensé que le blond était fasciné par sa cousine. Il fallait bien l'avouer : Rose était fascinante. Elle souriait tout le temps, parlait peu, était amicale avec tout le monde, bien que très réservée, elle était intelligente, mais mystérieuse, très secrète. On ne savait jamais où était Rose, ni ce qu'elle faisait de son temps libre.
Albus était là, quand Scorpius avait entendu Rose jouer pour la première fois. Les notes avaient traversé le mur qui séparait la salle des potions à la salle de musique. Albus avait lancé une remarque, comme quoi c'était sûrement Rose qui pratiquait son piano. Il avait fermé les yeux, pour mieux apprécier la musique, parce que même pour lui, son cousin, c'était une chose rare de pouvoir l'entendre. Quand il avait rouvert les yeux, Scorpius n'était plus dans la réserve des potions, mais devant la porte de la salle de musique, totalement envoûté. Albus l'avait ramené à la réalité, et l'avait prévenu que si Rose savait qu'il l'avait entendu, elle serait mal-à-l'aise.
Albus l'avait remarqué, les semaines suivantes, en train de reluquer sa cousine. Il savait qu'ils étaient plus ou moins amis. Mais le regard de Scorpius avait changé, et il avait longtemps pensé qu'il changerait avec le temps… Scorpius était le genre de personne a toujours avoir ce qu'elle désirait et à très vite perdre de l'intérêt quand l'objectif était trop dur à atteindre. Rose, en l'occurrence, était carrément inatteignable. Pourtant, Scorpius avait toujours ses mêmes yeux de merlan-frit.
Peut-être que ce n'était pas de la fascination. Peut-être était-ce autre chose.
– Faudrait vraiment que tu lui dises !
– De quoi ? Couina Scorpius.
– Que t'es littéralement prêt à te faire saigner les oreilles pour elle ! Plaisanta-t-il.
– N'importe quoi ! Grogna-t-il.
Rose se retourna pour accourir vers eux des bouteilles d'eau dans les mains.
– J'ai adoré ! Fit-elle d'une voix rocailleuse.
– C'était génial, approuva Albus.
– Hugo aurait aimé la performance ! Il va être tellement déçu quand je vais tout lui raconter !
Elle leva les yeux vers Scorpius :
– Tu as aimé ?
Il resta silencieux un petit moment.
– Beaucoup.
Il ne voulait pas la décevoir. Elle le devina, mais ne dit rien. Elle accrocha son coude au sien :
– Il est temps de rentrer ! On doit être à Sainte-Mangouste pour sept heures, ce qui nous laisse très exactement cinq heures de sommeil si on est chez nous d'ici un quart d'heure !
– Tu ne travailles pas demain Rose. On sera samedi…
Elle était si tête-en-l'air parfois… Souvent, il devait lui-même aller lui chercher ses cafés, lui rappeler leurs horaires de travail, quand il fallait qu'elle mange et dorme… Rose vivait tellement dans son monde qu'elle en oubliait même son sommeil ou sa faim. Il connaissait l'emploi du temps de la rousse aussi bien que le sien.
– J'ai échangé avec Donatelo. Même s'il a « l'haleine d'un scrout-à-pétard qui aurait mangé du boursin ail et fines herbes », le cita-t-elle en lui offrant un clin d'oeil.
Il ne résista pas à l'envie de replacer l'une des ses mèches rousses derrière son oreille. Il aurait été capable de l'embrasser, ici et maintenant, malgré ses oreilles à moitié sourdes et sa tête endolorie. Mais il ne le fit pas, parce que Rose s'échappa pour courir jusqu'au portoloin, qu'ils les ramenèrent à Londres.
Joue avec moi (K-pop) by CacheCoeur
K-pop
Rose était plantée devant la porte de la chambre, totalement amorphe et livide. Scorpius la secoua tout doucement par les épaules, en riant. Il ne l'avait pas vu dans cet état depuis l'année dernière, quand avaient tous les deux obtenu la meilleure place à l'école de médicomagie.
– Remets-toi ! Pour l'amour de Merlin Rose, c'est une personne normale ! Avec deux bras, deux jambes, deux mains, dix orteils, dix doigts et… trois yeux pour le moment, mais ça, on va vite y remédier ! Plaisanta le blond.
Rose le frappa durement à l'épaule et il hurla de douleur :
– Mais Si-woo est l'un des chanteurs les plus connus de cette planète et c'est un sorcier, et je viens tout juste de l'apprendre, et il est derrière cette porte, tu peux pas comprendre, c'est un génie de la musique, à cinq ans il était capable de jouer de la guitare les mains dans le dos tout en mangeant une glace. Y'a une vidéo youtube de lui en train de le faire !
A bout de souffle Rose écarquilla les yeux.
– C'est humainement impossible de faire ça, tu le sais ? sourcilla Scorpius.
– Si-woo n'est pas humain, murmura Rose. C'est un dieu de la musique. Son groupe, Levithan, ne sort que des chansons qui se classent dans le top dix des musiques les plus écoutées sur spotify !
Spotify, youtube… Rose l'avait initié à beaucoup de choses. Il maîtrisait le vocabulaire.
– Un homme qui a les cheveux teints en vert ne peut pas autant plaire … C'est de la logique pure.
Rose le fusilla du regard.
– C'est déjà plus original que le blond ! Et c'est courant, les cheveux teints, chez les chanteurs de k-pop.
– De quoi ?
– K-pop. C'est de la musique coréenne. C'est coloré, vivant, c'est un style totalement à part entière. Ce sont des chorégraphie spectaculaire, des styles musicaux très alternatifs et divers... La k-pop a un large spectre musical mais aussi visuel …
– D'où les cheveux vert crapaud ?
– Vert émeraude, rectifia Rose. Et puis ils dansent vraiment comme des dieux…
– Vert émeraude, vert crapaud, ça reste vert !
– Et alors ? bredouilla Rose, à court d'argument. Sur lui c'est beau.
– Rose… Les cheveux de ce gars sont vert crapaud ! s'esclaffa Scorpius. Si je me ramenais avec les cheveux de la même couleur demain matin, tu me ferais passer une batterie de tests pour écarter un diagnostic basé sur la folie !
– Tu toucherai jamais à tes cheveux ! C'est pas la première loi des Malfoy, la magnifique chevelure blonde toute brillante qui ferait pâlir de jalousie le prince charmant ?
– T'es ridicule.
Rose soupira en levant les yeux au ciel et entra finalement dans la chambre de leur patient. Scorpius resta planté devant la porte, avant de réaliser.
– Attends, tu trouves que j'ai une magnifique chevelure ? Rose ! Réponds !
Il l'entendit rire de derrière la porte et entra à sa suite. Leur guérisseur référent, Hayden, leur avait simplement demandé de l'interroger brièvement sur ce qu'il avait consommé dernièrement. Elle s'avança maladroitement devant le lit, toujours stupéfaite du fait que l'un de ses chanteurs préférés soit non seulement un sorcier, mais possède actuellement un troisième œil, juste au milieu du front.
– Bonjour Si-woo.
– Bonjour Rose, répondit le coréen.
– Vous connaissez mon prénom ? Tourna à l'écarlate Rose.
Scorpius, exaspéré, décrocha le badge de Rose avec son prénom écrit dessus. La jeune femme rougit davantage encore. A présent amusé, Scorpius posa les questions habituelles :
– Qu'est-ce que vous avez mangé, bu dernièrement ? Ce troisième œil peut être l'effet d'une potion ou d'un mauvais sort lancé sur ce que vous auriez pu ingurgiter ou boire.
– Rien d'inhabituel, répondit le chanteur en clignant de ses trois yeux.
– Un troisième œil, ça pousse pas comme ça du jour au lendemain, murmura Rose.
– A croire que si !
Scorpius et Rose, dans la semaine, essayèrent plusieurs sorts, plusieurs potions, sans aucun succès. Leur guérisseur formateur en riait presque de les voir autant galérer. Mais rien n'y faisait : le troisième œil de Si-Woo restait fixé sur son front. Pour Scorpius, il était presque devenu normal de le voir avec ses trois yeux sur le visage. Pour Rose, ça l'était moins. Elle tremblait de nervosité, son gobelet de café dans les mains :
– Levithan a un concert dans moins de quatre jours. Si-Woo ne sera pas prêt ! s'affola-t-elle. En plus à cause de nous, il n'a pas pu faire de répétitions, maintenir son niveau en danse, apprendre les nouvelles chorégraphies… Merlin, je suis une incompétente !
– Rose avale ce café, t'es toujours une vraie drama queen ambulante quand tu n'as pas ta dose de caféine.
– C'est mon cinquième café depuis ce matin.
– Rose… Il n'est dix heures. Du matin.
– Si tôt ? Mais attends… On est quel jour ?
– T'es pas rentrée chez toi pour te reposer ? Fit-il, inquiet.
– Non, j'ai passé la nuit à éplucher les archives de l'hôpital pour essayer de comprendre comment faire disparaître cet œil de malheur !
Elle gigotait dans tous les sens, et alors que ses lèvres s'apprêtaient à toucher le liquide salvateur, Scorpius lui retira le gobelet des mains. La jeune femme grogna de mécontentement, mais Scorpius la fit taire :
– C'est mauvais pour ton cœur.
– J'ai besoin de carburant si je veux tenir. Et c'est Jill, de la compta qui m'a payé ce café !
– Jill ?
– Le gars qui « ressemble à un chihuahua croisé avec un cochon », lui rappela Rose.
Ah oui. Maintenant Scorpius voyait de qui elle parlait… Jill. Le Jill qui offrait des cafés à Rose…
– Va dormir ! Lui ordonna-t-il.
– MALFOY ! WEASLEY ! Les somma leur référent. Vos préliminaires m'amusent beaucoup mais c'est l'heure de se mettre au travail les jeunes !
Les deux se dressèrent comme des « i », rougissants et bégayants, en suivant leur formateur jusqu' à la chambre de Si-Woo.
– Présentation du patient, Miss Weasley, lui demanda leur supérieur.
– Jung Si-Woo, vingt-trois ans, est arrivé il y a huit jours …
– Parce qu'un troisième œil lui a poussé au milieu des deux autres, termina Hayden. Malfoy, quels ont été les traitements tentés jusqu'ici ?
– Potion d'Effacement, sort de métabolisme, sortilèges pour lever une potentielle malédiction…
– Résultats ?
– Aucun. Enfin avec la dernière tentative, on a fait changer l'œil de couleur et il est devenu bleu.
Hayden n' avait pas l'air particulièrement inquiet et Rose le soupçonnait de les faire tourner en bourrique, elle et Scorpius, depuis le début.
– Ah. Les cheveux vert citron sont naturels ? Se moqua légèrement l'instructeur.
– Vert émeraude ! Corrigea Rose.
Les deux hommes la regardèrent et elle se tût en se renfrognant. Si-woo soupira, en passant une main dans ses cheveux. La teinture ne tenait pas très bien…
– D'ailleurs, si possible, j'aimerais qu'on me fasse venir une potion pour mes cheveux.
– Vous n'utilisez pas de sort ? l'interrogea Scorpius.
– Non, secoua la tête le chanteur. C'est moins fiable qu'une potion. La dernière fois que j'ai essayé avec un sort, mes cheveux verts ont viré bleus. Je ne suis pas un sorcier très doué…
– Pourquoi ne pas carrément utiliser une teinture moldue ? Questionna Rose.
– Elles tiennent encore moins longtemps et abîment les cheveux. J'ai changé de fournisseur il y a deux semaines, sa potion est une véritable merveille !
Rose et Scorpius se regardèrent.
– Peut-être que le troisième œil disparaîtra en même temps que les fameux cheveux verts, supposa Scorpius.
– Si on a la potion que vous avez pris, on peut sûrement faire un antidote pour qu'il disparaisse avant ! s'enthousiasma la rousse.
– Faites donc ça, opina Hayden, satisfait. Et vous, s'adressa-t-il au chanteur. Faites attention à vos fournisseurs.
Deux heures plus tard, Rose et Scorpius avaient fabriqué l'antidote. Deux jours plus tard, Si-woo leur offrait des places de concert. Rose commençait déjà à tout préparer et à sautiller autour du blond qui la regardait en souriant. La joie de Rose était contagieuse. Elle disparu un moment, appelée en urgence auprès d'une patiente. Scorpius continua de sourire, l'air rêveur et Hayden se mit sans aucune retenue :
– Pensez à moi !
– Je vous demande pardon ?
– Pour être le parrain du petit !
– Quel petit ?
– Ce que vous pouvez être longs à la détente, Weasley et toi ! Soupira Hayden.
– Vous savez qu'avoir un enfant, c'est pas le souhait de tout le monde ?
– Mais les vôtres seraient si mignons, ricana son référent en lui tapant l'épaule.
Joue avec moi (Jazz) by CacheCoeur
Jazz
Rose tira nerveusement sur son col rond. Elle se maudissait d'avoir enfilé cette robe, beaucoup trop couverte pour la chaleur étouffante qu'il faisait. Elle sortit un premier pied dehors, en profitant jusqu'à la dernière seconde de la clim de l'hôtel.
– Rose ! On t'attend !
La rousse se pressa et serra son sac contre elle. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour piquer les lunettes de soleil d'Albus. Scorpius, amusé, la regarda essayer, jusqu'à craquer et lui offrir les siennes. Rose les dupliqua par un sort parfaitement exécuté et lui sourit.
– On a bien mérité ces vacances, se réjouit-elle. Où sont les autres ?
– Partis. Parce que ça fait bien deux heures qu'on t'attend, grogna le brun.
– Désolé. Je me suis endormie, expliqua Rose.
– En même temps, on a des heures de sommeil à rattraper, l'excusa Scorpius.
– Je t'ai pas invité pour que tu la défendes, siffla Albus.
Scorpius leva les yeux au ciel et suivit les deux cousins, qui se mirent à déambuler dans les rues de la Nouvelle-Orléans. La nuit commençait à tomber tout doucement. Quand Albus Potter était venu toquer à sa porte en lui demandant ce qu'il avait prévu de faire de sa semaine de congé, Scorpius avait haussé les sourcils, curieux. C'était comme ça, qu'il s'était retrouvé, un dimanche matin, à prendre un portoloin pour la Nouvelle-Orléans avec la moitié des Weasley.
– Lily ne peut pas venir, avait expliqué Albus.
– Est-ce que je suis condamné à n'être qu'un bouche-trou pour tous les Weasley qui annulent leurs plans à la dernière minute ? Avait soupiré le blond.
– Ça ferait plaisir à Rose. Tu sais, ce sera son anniversaire dans deux jours.
Rose allait fêter ses dix-neuf ans et Scorpius croyait bien que tout le personnel hospitalier de Sainte-Mangouste était au courant. Rose ne faisait que parler de ce voyage à la Nouvelle-Orléans depuis des semaines…
Scorpius soupira nerveusement, en sentant la foule le presser. Les rues étaient bondés, vivantes, tout le monde chantait, criait, dansait. Il n'y avait plus de place, et pourtant, les gens continuaient d'affluer, se donnant des accolades amicales. La musique retentissait, résonnait partout, répondant à d'autres mélodies venues d'autres rues. Scorpius sentit ses poumons se compresser, mal-à-l'aise.
Comme par magie, Rose apparut en face de lui et ses yeux noisette se plantèrent dans les siens. Elle lui releva le menton et le força à la regarder. Il suivit les mouvements de ses lèvres, et alors que tous les autres sons étaient devenus totalement opaques, celle de la voix de Rose, se glissa dans ses oreilles, le ramenant doucement à la réalité.
– Viens, on va trouver un coin plus tranquille.
Elle le traîna à sa suite, dans une toute petite ruelle. Il se retourna pour voir si Albus les suivait, mais il avait disparu, totalement englouti par la foule. Rose ne s'en formalisait pas, alors Scorpius décida d'en faire de même. Ils entrèrent dans la verrière d'un bar, dont toutes les fenêtres étaient ouvertes, et Rose le fit s'asseoir sur une chaise.
– J'avais oublié que tu détestais te sentir oppressé, s'excusa-t-elle.
– Ce n'est pas ta faute.
– Un peu, murmura-t-elle. Si je ne m'étais pas endormie, on serait arrivé plus tôt, quand il y avait encore assez peu de monde et que tu te sentes à l'aise.
Elle partit commander de l'eau et revient quelques instants plus tard, avec des boissons fraîches et de quoi manger. Scorpius avait appris que Rose était un véritable ventre sur pattes et était capable d'avaler absolument tout et n'importe quoi. C'était toujours elle, qui lançait les concours de « mange ce truc immonde de la cantine » avec tous les autres internes. C'était souvent elle qui gagnait, d'ailleurs. Son plat de victoire étant le célèbre « moutarde, café, brioche et brocolis », le tout mélangé dans un gobelet. L'estomac de cette fille n'avait absolument aucune limite…
– D'où est-ce que ça te vient, cette phobie ? Lui demanda Rose en enfourna dans sa bouche une chips.
– J'ai passé plusieurs heures enfermé dans une malle quand j'étais plus jeune.
– Pourquoi ?
– Parce qu'on m'y avait enfermé.
– Pourquoi ?
– Parce que je m'appelle Scorpius Malfoy.
Rose poussa vers lui le bol de chips. Elle était de ces personnes qui pensaient que tout allait mieux quand on avait le ventre plein.
– Les gens sont des crétins, commenta-t-elle.
– Pas tous.
– Pas tous, répéta Rose en souriant.
Ses éternels macarons étaient de travers, signe qu'elle s'était réveillée vraiment peu de temps avant de s'habiller. D'ailleurs, sa robe était mal boutonnée. Il s'attacha à la reboutonner correctement, en commençant par le col, pour terminer à la naissance de sa poitrine.
– Il fait super chaud, bredouilla Rose.
– Oui en effet, s'amusa-t-il.
Plus de deux ans qu'ils avaient quitté Poudlard, et pourtant Scorpius n'avait toujours pas trouvé le courage de dire à Rose comme il l'aimait …
Une trompette commença à jouer, des notes toutes timides au début et Rose se retourna immédiatement pour écouter. La trompette fut vite suivit d'une contrebasse, et d'un trombone. Elle se leva, pour aller voir les musiciens, dans le bar, sur une toute petite scène. Ils avaient l'air de tellement s'amuser. Rose commença à sourire et à danser, simplement heureuse d'être ici avec Scorpius, juste derrière elle.
– C'est une jam session, lui expliqua-t-elle.
Elle savait tant de choses sur la musique. C'était vraiment fou… Scorpius croyait bien qu'elle était capable de citer n'importe quel genre musical rien qu'en écoutant la première note. Rose vivait pour la musique. Elle était elle-même, une musique, quand Scorpius y songeait. Tout ce qu'elle faisait, elle le faisait en rythme et mélodieusement. C'était un air joyeux, entraînant.
– C'est totalement improvisé ?
– Totalement ! Sourit encore plus Rose.
C'était si dansant, que même lui, qui n'aimait pas particulièrement danser, se retenait de le faire. Rose lui avait prit la main et il la fit tourner en riant. Elle se plaqua contre lui, son dos collé à sa poitrine. Ils se balancèrent tous les deux en rythme, seuls spectateurs de ce petit concert improvisé. Puis Rose s'approcha du piano, timidement, qui trônait au centre de la scène juste pour le regarder. Quand les musciens lui firent signe de les rejoindre, Rose retourna tout de suite entre les bras de Scorpius qui se moqua légèrement d'elle.
– Pourquoi tu ne vas pas jouer avec eux ?
– Je ne suis pas assez douée.
– Arrête avec ça !
– Je t'ai déjà répété mille fois que j'avais l'impression que mes doigts devenaient des boudins incontrôlables quand je me mettais à jouer devant des gens.
– Rose… On est littéralement dix dans ce bar. Tu ne joueras que devant moi, trois clients et le propriétaire !
– Et les musiciens !
Scorpius secoua la tête :
– Non Rose. Tu ne joues pas devant eux. Tu joues avec eux.
– Mais je n'ai pas de partitions, je ne connais pas…
– Je croyais que ce n'était que de l'improvisation ?
Elle planta un baiser sur sa joue, n'y résistant pas. Scorpius avait tout compris au jazz. Il la poussa légèrement et hurla pour l'encourager. Elle s'assit et laissa passer quelques mesures, sous les regards encourageants de toutes les personne déjà en train de jouer. Puis ses doigts se mirent à courir sur les touches, un peu hésitants, puis de plus en plus confiants.
Rose n'avait jamais été aussi belle qu'avec ses deux macarons de travers, sa robe bien reboutonnée, ses joues encore rouges et son regard pétillant. Quand les dernières notes se firent entendre, Rose remarqua que tout le monde l'applaudissait. Ce n'était peut-être que dix personnes, mais pour Rose, c'était énorme. Elle rejoua encore, et encore, chaque fois avec plus d'envie et d'enthousiasme que la fois d'avant. A la fin, elle sauta dans les bras de Scorpius et passa ses mains autour de son cou, totalement enivrée par la musique.
– T'as vu ce que je viens de faire ? Lui demanda-t-elle. C'est le meilleur anniversaire de ma vie !
– C'était génial Rose. Tu étais éblouissante !
Il ouvrit la bouche, prêt à lui dire tout ce qu'il ressentait, lui aussi, galvanisé par ce qu'il venait de voir. Mais Rose le devança et embrassa le coin de ses lèvres. Elle l'aimait vraiment beaucoup trop. Quand Scorpius referma ses bras autour de sa taille, son coeur se mit à chanter une nouvelle mélodie, elle aussi, totalement improvisée, mais habituelle. Rose la connaissait bien cette musique à force… Un jour, elle aurait le courage de lui dire.
Joue avec moi (Rock) by CacheCoeur
Rock
Scorpius faisait le pitre à la cafétéria. Comme toujours. Tout le monde aimait Scorpius. Il était toujours de bonne humeur et était ce genre de personne sympathique capable d'amuser la galerie à toute heure de la journée. Elle l'avait toujours connu comme ça.
La première fois qu'il lui a adressé la parole, c'était lors de leur première année à Poudlard. Elle avait fait tomber sa plume et il lui avait ramassé, avant de lui chatouiller le bout du nez avec. Scorpius, il faisait toujours tout pour que le monde autour de lui soit heureux. Elle adorait ça chez lui… Quand il la remarqua en train de la regarder, elle ne baissa pas les yeux, et soutint l'intensité de ses deux prunelles grises. Scorpius devina que quelque chose n'allait pas. Il savait toujours deviner ses humeurs. Elle ne savait pas trop comment. De toute façon, à Sainte-Mangouste, tout le monde savait que là où était Scorpius, Rose y serait et vice-versa. Ils travaillaient merveilleusement bien ensemble, se comprenant sans avoir besoin de se parler. Ils faisaient la paire.
Rose, cachée dans un coin, partit immédiatement, tout en sachant que le blond la suivait. Ils s'enfermèrent dans une chambre d'interne, déserte. Rose s'assit et replia ses genoux sous son menton.
– Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Scorpius.
– Fabrice m'a invité à sortir mardi prochain.
– C'est qui Fabrice ? Sourcilla le blond en la rejoignant sur le lit.
– Le gars au service de traumatologie magique, celui qui a « la coiffure d'un porc-épic alcoolique », lui rappela Rose.
– Ah oui, le brun qui met beaucoup trop de gel dans ses cheveux ! Se souvient Scorpius.
Rose se tourna vers lui.
– J'ai rien pu lui répondre.
Scorpius soupira, en enfouissant son visage dans ses mains. Elle pencha la tête, et attendit qu'il la regarde à son tour. Quand il le fît, son coeur dansa un tango insoutenable.
– Pourquoi ? Lui demanda enfin Scorpius.
Rose se disait intérieurement que c'était maintenant ou jamais. Elle chercha dans sa mémoire, à partir de quand Scorpius avait été capable de faire danser son coeur comme ça, de lui faire faire des pirouettes et des cascades endiablées. Tout le temps… A Poudlard, ils étaient assez complices. Ils l'avait été encore davantage, après ce fameux soir, où il lui avait avoué avoir échangé ses rondes avec Parkinson pour pouvoir l'écouter. C'était devenu un jeu entre eux deux. Il restait sagement derrière la porte, et une fois qu'elle l'ouvrait, qu'elle avait terminé sa session hebdomadaire, elle lui souriait en tenant ses partitions contre elle.
– Parce que je n'en avais pas envie. Et c'est sorti de nulle part !
– Rose… Tu sais qu'il craque pour toi depuis le début !
Quand il souriait comme ça, sa fossette se creusait. Rose se dit à cet instant, que ce n'était pas un tango que son coeur dansait, mais un rock, bien soutenu, avec plusieurs guitares électriques, une basse et une batterie qui ne s'arrêtait jamais, un synthétiseur, des cuivres…
– Mais pas du tout !
– Il t'offre des cafés dès qu'il en a l'occasion !
– Toi aussi !
– Il t'a fait un muffin pour ta fête !
Sans s'en rendre compte, ils avaient commencé à hausser le ton.
– Et toi tu m'as donné une rose !
– Il te dit tous les jours que tu es belle !
– Toi aussi ! Et pourtant t'es le premier à me voir le matin alors que j'ai même pas eu le temps de me coiffer.
– T'as jamais le temps de te coiffer Rose ! Rétorqua Scorpius. Il a prit tes heures de permanence le mois dernier.
– Toi aussi, tu prends tout le temps les miennes quand j'en ai besoin.
– C'est pour ça que je suis bien placé pour te dire qu'il craque pour toi ! Hurla presque Scorpius.
– N'importe qu…
Rose s'arrêta, réalisant ce que Scorpius venait d'avouer. Il éclata de rire.
– Merlin Rose, je m'en suis jamais caché ! Tout comme lui !
– Tu craques pour moi ? s'étonna-t-elle en murmurant.
– Non, répondit-il tout doucement.
Rose était à deux doigts de pleurer. Parce qu'elle y avait presque cru, l'espace d'un instant.
– C'est bien plus qu'un simple béguin, termina-t-il en regardant droit devant lui. Et je m'en suis jamais caché ! Répéta-t-il.
Rose fronça les sourcils. Scorpius gémit et poursuivit :
– Rose, je me jette littéralement à tes pieds depuis plus de trois ans.
– Tu ne m'as jamais invité à sortir !
– Je te demande pardon ? s'écria-t-il. Je t'ai invité à sortir un nombre incalculable de fois. On va à des concerts au moins deux fois par mois, on va boire un verre tous les soirs après notre service et le dimanche matin, on brunche ensemble !
– Je pensais que tu me considérais comme une amie !
– Je te considère comme une amie. Ma meilleure-amie même, avec tes lubies bizarres de prendre du café à toutes heures de la journée, de t'endormir absolument n'importe où, avec tes macarons de travers, toutes tes chansons et tes musiques que tu fredonnent tout le temps, même en mangeant… Le seul truc, tu vois, c'est que j'ai envie de t'embrasser et de te plaquer contre les murs de ce putain d'hôpital, quand dans mes rêves, je te revois sur ton piano, mais pas du tout en train d'y jouer parce que t'es entièrement nue, assise sur le clavier et je te fais toutes sortes de choses et… Merlin j'en reviens même pas d'être obligé de te raconter tout ça pour que tu comprennes ! Même notre formateur me taquine à longueur de journée pour demander comment on appellera notre premier enfant !
Rose resta perplexe quelque instant.
– Pourquoi tu n'as jamais essayé de m'embrasser ?
– J'avais peur que tu me repousses, chuchota Scorpius.
– Quand je suis avec toi, mon coeur danse le rock, fit-elle.
– Quoi ?
– J'ai l'impression que mon coeur est un instrument et que toi, t'en es le chef d'orchestre.
– Parle clairement Rose.
– Je t'aime bien.
– Sois plus précise.
– Ça ne me dérangerait pas que tu me vois nue, assise sur le clavier de mon piano et que tu me fasses toutes sortes de choses.
– Rose…
Ses oreilles étaient toutes rouges et il trouva ça adorable. Elle déplia ses genoux et se pencha vers lui, timidement, avant de l'embrasser. Pas sur le coin des lèvres, comme elle le faisait d'habitude, mais bien sur la bouche. Elle caressa ses lèvres avec les siennes. Scorpius approfondit le baiser et se coucha presque sur elle, pour la bras dans ses bras, et se coller à elle un peu plus. Tout était devenu incontrôlables, mais incroyablement doux. Il parcourut sa gorge de ses lèvres et goûta sa peau, toute blanche.
– Je ne te repousse pas, murmura-t-elle.
Elle prit sa main dans la sienne et la plaça sur son coeur. Il battait fort, irrégulièrement, comme s'il était incapable de savoir où donner de la tête.
– Un rock, hein ? Fit narquoisement le blond.
Elle le frappa gentiment avant de l'embrasser une nouvelle fois en caressant ses cheveux.
– J'avais vraiment envie de faire ça depuis longtemps…
– Pourquoi tu l'as pas fait ?
– Parce que je pensais que ce serait toi, qui me repousserait.
– Pas très malin de ta part, rit-il.
Il la dévora du regard, et elle le laissa faire, parce qu'elle-même, c'était ce qu'elle faisait.
– T'es toutes les chansons dans ma tête, Rose. Pas juste du rock…
Elle sourit de toutes ses dents.
Joue avec moi (Rap) by CacheCoeur
Rap
Scorpius se réveilla en même temps que la musique. Il grogna, appréciant tout de même être tiré du sommeil de cette façon. Rose avait toujours de merveilleuses idées, pour le réveiller de la meilleure des façons. Mais celle qu'il préférait, c'était quand elle jouait du piano pour lui, le matin. Il enfila rapidement un pantalon de pyjama, se servit un café et se pencha au-dessus de l'instrument, pour mieux la voir.
Ses cheveux étaient détachés. Il aimait, être le seul à la voir comme ça, avec sa chevelure rousse toute emmêlée et totalement lâchée, portant seulement l'un de ses vieux t-shirt dix fois trop grand pour elle. Il posa une tasse de café pour elle, sur la table basse et elle s'arrêta de jouer, juste le temps d'en boire. Scorpius prit sa place sur le tabouret du piano et frôla quelques touches.
– Salut, toi, murmura Rose dans son cou.
Elle posa ses lèvres sur son front et quand il la prit dans ses bras pour la faire s'assoir sur ses genoux, elle couina, en se débattant :
– Ce tabouret est encore plus vieux que ma tante Muriel ! Il ne supportera jamais deux poids !
Pourtant, Scorpius réussit à la maintenir sur ses jambes, et elle continua son morceau, alors qu'il semait mille baisers sur sa nuque et dans ses cheveux. Ses mains se mirent à parcourir sa taille, puis son ventre, et Rose commença à chanter. Surpris, il suspendit ses gestes un moment, avant de sourire.
Il aimait tellement le fait qu'elle n'ait plus peur de jouer devant lui maintenant. Rose jouait rarement devant les autres, parce qu'elle avait vraiment trop de trac. Mais devant lui, elle y arrivait. Elle ne craignait pas son jugement, parce qu'elle savait qu'il était gentil, bienveillant et adorable. Alors elle s'était mise à chanter. Enfin pas vraiment…
C'était plus du rap, tout en assonances en allitérations, en vers et en rimes, en métaphores et c'était si poétique, surtout venant de sa bouche. Le tout était scandé, très rythmé, très martelé, et pourtant incroyablement doux et fort. Elle avait une voix un peu grave, mais capable de monter dans les aiguës, toute douce, de velours, enjôleuse et si Scorpius ne doutait pas, lui aussi de la solidité de ce tabouret, il aurait été capable de lui faire l'amour, là, tout de suite… Ils restèrent dans cette position, bien après qu'elle eut terminé de jouer et de chanter.
– Je ne savais pas que tu aimais le rap, murmura Scorpius dans son cou.
– Pas plus que ça. Mais Victoire veut cette chanson pour son entrée de mariée, le mois prochain.
– Tu vois, elle n'est pas si exigeante que ça, ta cousine ! Rit Scorpius. En moins de trois ans, elle aura trouvé le mari idéal !
– Elle n'a pas vraiment trouvé Teddy ! Il a toujours été pile sous son nez ! Grogna Rose.
– J'en connais d'autres qui ne sont pas bien plus clairvoyantes !
– Tu peux parler ! Le taquina Rose.
– Tu ne joueras pas « la jeune fille aux cheveux de lin » finalement ?
– Cette musique est ennuyeuse à mourir, se plaignit Rose.
– Tu ne peux pas jouer un morceau de heavy metal à un mariage…, se moqua Scorpius.
– Et pourquoi pas ? Le heavy metal…
– Emprunte beaucoup aux codes et standards de la musique classique, je sais Rose, c'est bien la vingtième fois que tu me le répètes ! s'amusa-t-il.
Rose lui tira la langue, et soupira en regardant le piano.
– J'ai peur de pas réussir à jouer.
– C'est ta famille, Rose. Ils savent tous comme tu aimes la musique …
– Aimer la musique ne fait pas de moi une bonne musicienne.
– Tu joues avec le coeur.
– Je joues avec mes doigts !
– Tu vois ce que je veux dire, leva les yeux au ciel Scorpius.
– C'est si facile, avec toi, soupira-t-elle.
Elle se retourna et le tabouret grinça, alors qu'elle était toujours assise sur ses genoux, mais en lui faisant maintenant face. Elle noua ses mains autour de sa nuque.
– Tu n'auras qu'à imaginer que tu joues pour moi.
– Je joue toujours que pour toi ! Rit-elle.
– Tu fermeras les yeux, et tu feras comme si j'étais le seul dans la pièce.
Il commença à picorer sa gorge, à la caresser de ses lèvres, lentement, délicieusement…
– Ou alors, je n'aurais qu'à te regarder ? Proposa Rose.
Il s'arrêta, et la questionna silencieusement.
– Tu pourrais venir avec moi. Je t'ai acheté une cravate hier. Et un nœud papillon aussi. Je ne sais pas ce que tu préfères. Je trouve le nœud papillon vraiment sexy, mais je crois que les cravates sont plus appréciées par les hommes. J'en sais trop rien. Mais je t'ai pris les deux… Et en gris. Pour aller avec tes yeux. T'as des allergies au fait ? Parce que Victoire adore les fruits de mer, il y en aura sûrement et j'ai pas envie que tu te mettes à gonfler comme un ballon. Je t'aimerais toujours comme ça, hein, mais bon, t'es quand même mieux comme t'es là et...
– Rose, je t'ai déjà dit mille fois de respirer entre tes mots ! Sourit Scorpius.
– Arrête.
Il l'embrassa sur les tempes et la regarda, en faisant mine de réfléchir.
– Je vais rencontrer ta famille…
– T'as déjà rencontré ma famille, lui rappela Rose.
– Jamais en tant que ton petit-ami.
– Mon père t'aime beaucoup !
– Rose, ton père est fan de moi parce que j'ai dit que les canons de chudley avaient mieux joué que les faucons de falmouth, qui sont vraiment des courges en Quidditch !
– Et tu as fait de lui le plus heureux des hommes, l'espace d'une minute ! Éclata de rire Rose.
– Je ne sais pas si je suis prêt à affronter tout le gang des Weasley !
– Eh !
Il rit, face à son air vexé. Elle quitta ses genoux et partit dans sa cuisine, se resservir une tasse de café.
– Rose ! l'appela-t-il.
Elle leva les yeux vers lui, immédiatement.
– C'est quand ?
Elle sourit immédiatement.
– Du coup, tu préfères la cravate ou le nœud papillon ?
– La cravate. Si tu penses que le nœud papillon est plus sexy, tu seras intenable et je veux pas donner une mauvaise impression à ta famille.
Elle leva encore une fois les yeux au ciel.
– Tu joueras comme si j'étais le seul à pouvoir t'entendre, fit-il amoureusement.
Elle hocha la tête et l'embrassa longuement. Il se leva enfin, en la soulevant légèrement. Elle enroula ses jambes autour de son bassin et il les emmena tous les deux dans sa chambre, pièce dans laquelle ils passaient la majorité de leur temps. Non pas que le reste de l'appartement de Rose n'avait rien d'intéressant…
Il s'arrêta devant l'armoire et Rose l'interrogea du regard.
– Il est où, ce nœud papillon ?
– T'as pas besoin de ça, rit la jeune femme.
– Je sais. Mais j'aime bien réaliser tous tes fantasmes…
Il s'en était donné la mission… Et il y mettait beaucoup de cœur à l'ouvrage. Il plaça sa main sur sa poitrine :
– Qu'est-ce qu'il chante aujourd'hui ?
Il martelait fort, ce coeur, bien en rythme, impatient …
– Du rap, murmura-t-elle. Et plein d'autres musiques.
Avec Scorpius, c'était compliqué de s'en tenir à une seule chanson, quand il était toutes les mélodies à la fois.
Bouillie de pieds by CacheCoeur
Scorpius était quelqu’un de mesuré. Il n’aimait pas le drame, les chouineries et autres bon ou mauvais sentiments exposés sans pudeur. Il demeurait digne en toutes circonstances, même lorsqu’il ne portait pas l’uniforme des Serpentard avec fierté.
Pourtant, en tongue et en short, il se sentait un poil plus intimidé.
– Scorpius t’aime bien ! annonça Albus, à ses côtés.
Le blond en avait reçu des couteaux dans le dos mais alors des comme ça… Jamais.
Il écrasa son pied sur celui d’Albus qui le regarda avec des yeux qui hurlaient « bah quoi… ? ».
Scorpius regretta de ne pas y être allé assez fort. Il aurait souhaité que les yeux d’Albus pleurent de douleur et crient plutôt « pardonne-moi Scorpius Malefoy, mon meilleur-ami à qui je dois loyauté et respect jusqu’à la fin de mes jours, comme on se l’est promis il y a six ans maintenant ».
On aurait pu se servir des joues de Scorpius comme des nouveaux étendards pour les Gryffondor de la rentrée prochaine. Ce qui était très peu digne. Rose n’avait pas levé le nez de son livre et tourna la page, comme si elle n’avait pas entendu. Pour sa défense, elle n’avait vraiment rien entendu.
Rose n’entendait jamais rien lorsqu’elle lisait. Un sombral aurait pu atterrir dans la grande salle alors qu’elle était plongée dans son roman que cela ne l’aurait même pas perturbée. Et pour cause, c’était arrivé. Rose n’avait refermé son livre que pour punir Albus et Scorpius, à l’origine de la venue du pauvre animal dans l’enceinte du château.
– Rose !
Elle détourna les yeux de son ouvrage et se pencha en avant, décollant son dos de la chaise longue dans laquelle elle s’était confortablement installée.
Même sans son uniforme, elle, elle restait digne et belle.
Scorpius s’égara dans la contemplation de son visage, de sa peau bronzée qui faisait ressortir les vingt-sept taches de rousseurs présentes sur ses joues et son nez. Il adorait particulièrement celle qui était un peu en-dehors du groupe, de l’amas, perdue un peu plus bas, en chute libre, comme tombée sur la courbure de ses lèvres.
– Scorpius t’aime bien, répéta Albus.
Le pied gauche de Scorpius eut à cœur de réduire le pied droit d’Albus en bouillie cette fois-ci.
– Mais ça va pas ? pesta le brun.
– Je t’aime bien aussi, Scorpius ! fit Rose en souriant, amusée par la situation.
Elle enleva ses lunettes et les yeux pétillants, d’un geste sec de sa baguette, fit léviter le pichet de limonade jusqu’à son verre. Elle attendit qu’il se remplisse et s’en servit, l’air de rien, comme si la Terre continuait de tourner alors qu’un imbécile venait de lui confesser les sentiments de son meilleur-ami à son égard.
Il n’y avait que Rose Weasley pour traduire des runes en deux secondes mais buter sur une simple phrase exclamative des plus élémentaires.
Scorpius se sentait se liquéfier et aurait souhaité que le ventre de la terre l’engloutisse tout entier, le recrache, le ré-avale, le propulse sur une autre planète, qu’il rencontre au passage quelques météorites, et dérive dans une autre galaxie lointaine. Très lointaine.
Albus venait littéralement de le vendre auprès de Rose. Lui. Son meilleur-ami. Son camarade. Son comparse. Son frère. Le copain de son cochon, comme disait Rose.
Scorpius avait ressassé ses émotions et ses sentiments pendant des mois et des mois. Comme à son habitude. Dans le seul but de les identifier avec précision, bien entendu. Il avait mis, encore une fois, des mois et des mois, à rassembler toutes les petites miettes de courage qu’il avait en lui pour se confier à Albus. Albus, qui était précisément le cousin de Rose. Mais avant tout son ami. Scorpius pensait que son secret était en sécurité avec Albus.
Enfin, non, il aurait dû se montrer plus malin, parce qu’Albus était une véritable commère, adorait les potins et les drames.
– Non mais il t’aime bien Rose. Genre… il… t’aime…. bien…. Tu vois ? insista Albus.
Fier de lui, le Serpentard tapota l’épaule du blond pour lui donner un peu de courage.
Scorpius se sentait trahi.
– Oh.
Rose devint aussi rouge que les nouveaux étendards de Gryfondor.
Albus se tourna vers Scorpius, toujours en lui tapotant l’épaule.
– Rose t’aime bien.
Le pied de Rose s’écrasa sur le deuxième pied d’Albus.
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