We are proud to be queer by Catie
Summary:

Steve Johnson sur unsplash (libre de droits)

 

Daphné explore sa bisexualité, Millicent se questionne sur son genre et Pansy sur ses relations exclusives.

Leta se sent piégée dans un rôle qui n'est pas le sien, tandis que Wilkes se débat contre son amour pour Rosier.

Quant à Théodore et Louis, ils essayent de faire comprendre aux autres que le sexe, ce n'est pas si important que ça pour eux.

Sans parler de tous les autres...

 

Recueil de textes indépendants pour le Trans HPF Month - Serpentard queers à gogo


Categories: Romance (Slash), Après Poudlard, Les Animaux Fantastiques Characters: Les Fondateurs, Les Serpentard, Leta Lestrange
Genres: Autres genres
Langue: Français
Warnings: Discrimination
Challenges: Aucun
Series: The Trans HPF Month
Chapters: 7 Completed: Non Word count: 9156 Read: 2026 Published: 01/06/2023 Updated: 07/08/2023

1. Chapitre 1 - En haut de la falaise by Catie

2. Chapitre 2 - Roomates to lovers by Catie

3. Chapitre 3 - Une nuit d'été by Catie

4. Chapitre 4 - Queer friendship by Catie

5. Chapitre 5 - Ruban de brume by Catie

6. Chapitre 6 - J'adore les homosexuels by Catie

7. Chapitre 7 - Lavande / Pansy by Catie

Chapitre 1 - En haut de la falaise by Catie
Author's Notes:

Hello tout le monde !

Voici ma participation à la table de prompts de l'équipe de modération pour ce Trans HPF Month !

J'avais besoin d'un fil rouge sans que ce soit trop restrictif, j'ai donc choisi, comme d'habituuuuudeuuuuh, les fameux, j'ai nommé : les Serpentard de mon coeur.

Je n'ai rien de prévu en détail, à part quelques prompts, mais vous retrouverez ici globalement tous les Serpys de l'année de Harry, notamment Daphné, Pansy, Millicent et Tracey, mais aussi peut-être Salazar au détour d'un couloir, quelques petits Mangemorts sympathiques, ou bien encore Louis, Albus, Scorpius, selon mon humeur !

Et je démarre ce premier prompt avec Leta Lestrange, sur qui j'ai déjà écrit une ou deux fois, mais jamais de cette manière-là (et ce nouveau headcanon m'inspire, je ne vais pas mentir hehe) (il n'est pas exclu que je réécrive sur elle plus tard dans le recueil, comme dit j'y vais en freestyle).

En tout cas je vous souhaite une très bonne lecture ♥

 

Le vent fouette ses longs cheveux noirs et s’enroule autour de sa silhouette. Il caresse sa peau, se fraye un chemin sous ses jupes, fait claquer dans l’air les rubans  de son chapeau.

Leta plisse les yeux, face à l’infini de l’océan. Les vagues, d’un gris métallique perlé du blanc de l’écume, paraissent terrifiantes vues d’ici. Elles s’écrasent avec violence contre les roches en contrebas. Un bref instant, elle  se demande si beaucoup de personnes ont tenté le saut de l’ange ici – avant de l’effacer d’un battement de paupière. C’est  trop glauque.

Sa gorge se serre de nostalgie, de culpabilité, d’une mélancolie étrange qui l’émeut. C’est l’océan où son frère est mort – par sa faute. Sauf que cette fois, elle ne fuit pas vers une destination inconnue, elle est de retour au point de départ, les pieds posés sur le sol anglais.

Elle est venue ici car elle avait besoin de réfléchir. Quoi de mieux pour laisser s’échapper ses pensées, dans la nature sauvage. Elle est entourée du fracas des vagues, du vent marin, du cri des mouettes et des bruyères qui lui fouette les chevilles.

Elle a eu besoin de s’isoler. De réfléchir. Sa dernière conversation avec Newt est encore trop présente dans sa tête.

Elle revoit son visage défait, la peine dans ses prunelles. Quand elle lui a dit qu’elle aimait son frère. Un mensonge qui lui a brûlé la langue, les tripes, le cœur.

Mais comment lui dire la vérité ?

Même là, face à la nature solitaire, elle ne peut se résoudre à laisser échapper les mots dans le vent.

« J’aime une femme ».

Une phrase impensable à prononcer, dans ce monde si étriqué de pensée.

Elle ne sait pas si elle se met elle-même des barrières, par peur de l’inconnu, des obstacles qui n’existent que dans sa tête. Une pensée fugace.

Puis elle se rappelle des regards désapprobateurs, quand Louise et elle se promenaient dans la rue, un peu trop proches. Des sourires acides quand on les surprenait parfois, main dans la main, dans l’alcôve d’un salon de thé.

Elle n’est pas prête à affronter le regard des autres, la société, tout. Alors elle a préféré mentir, prétendre un amour inexistant, pour un homme à qui elle voue pourtant une affection très amicale. Ça lui a paru plus simple, sur le coup, de dire à Newt qu’elle aimait Theseus, plutôt que Louise.

Elle n’arrive toujours pas à se l’expliquer.

Un instant, silhouette perdue dans le vent, elle ferme les yeux et se remémore.

Ses cheveux de feu. Son sourire plein de fossettes. Son grain de beauté sur l’épaule gauche. Son rire rauque, qui lui donne des frissons partout. Le contact de sa main sur son bras. Sa peau douce, son souffle dans son cou, son enivrant parfum au jasmin.

Louise et elle, ça n’aurait jamais dû arriver. Son cœur s’est brisé une seconde fois, quand elle lui a dit qu’elle ne pourrait plus la revoir.

Dans une autre vie, peut-être.

Une vie parallèle. Une vie prochaine. Elles seront heureuses toutes les deux. Peut-être.

Mais pas aujourd’hui, pas ici, pas quand on avait son père.

Corvus Lestrange n’est pas homme à accepter ce qu’il estime être anormal.

Des larmes brûlantes coulent sur les joues de Leta. Elle pince les lèvres, fort, courbe la tête face au vent. Son chapeau s’envole, elle n’en a cure. Ses cheveux noires lui brouillent la vue, l’océan, la falaise.

Ou peut-être que ce sont ses larmes.

Elle ne voit plus rien, elle se laisse glisser à terre, se recroqueville, avec l’envie de rester là pour toujours. Elle devra prétendre être une autre toute sa vie – et tout ça pour quoi ? Sa réputation, son héritage, la fierté d’un père qui la déteste. Ridicule. Aberrant. A vomir.

Leta lève son visage pour l’offrir au vent et aux embruns. Ses larmes sèchent sur ses joues. Elle sait qu’elle n’aura jamais le courage d’affronter la vérité. Elle n’est pas une Gryffondor. Elle n’est qu’une Serpentard lâche, qui préfère avoir la vie facile plutôt que d’être heureuse.

… Vraiment ?

Le doute l’étreint. Face à cet océan agité, elle se demande, rien qu’un instant, si elle en est capable. Une part d’elle a envie de hurler oui. Que pour Louise, elle serait capable de tout.

Leta se redresse, essuie d’un revers de main les dernières traces de larmes sur son visage. Elle est animée d’une détermination nouvelle. Décidée à ne pas laisser filer son bonheur entre ses doigts. Elle a peur, son cœur bat trop vite, mais durant quelques instants, elle a envie de se battre.

De ne pas se laisser dicter qui elle est par des règles sociétales arriérées.

Elle imagine une vie en Amérique avec Louise. Une fuite éperdue toutes les deux, main dans la main, un lit étroit au fond d’une cabine partagée à deux, ses lèvres sur les siennes. Le bonheur de l’anonymat, une fois là-bas.

Une vie à deux. Fantasmée. Rêvée. Si éloignée.

Sera-t-elle capable de la saisir ?

Elle disparaît dans un craquement sonore. Seul l’avenir le lui dira.

 

End Notes:

Je ne sais pas si je serai régulière à poster un chapitre par jour (je ne pense pas), mais je compte écrire sur chaque prompt ! Au pire, si je dépasse, ça prolongera la joie du mois des fiertés :mg:

J'espère que ce premier chapitre vous a plu (z'avez vu, pour celleux qui me connaissent, j'ai essayé de finir sur une note d'espoir pas trop déprimante quand même), n'oubliez pas la petite review qui fait plaisir et qui motive !

A très vite pour la suite ♥

Chapitre 2 - Roomates to lovers by Catie
Author's Notes:

Et voici le second chapitre ! Plus long que le premier et j'en suis pas trop satisfaite, mais bon, j'espère qu'il vous plaira. Il est plus positif que le premier chapitre en tout cas !

Bonne lecture en compagnie de Scorpius et Albus ♥

 

— Attention, chaud devant !

Avec une précision toute relative, Albus propulse ses derniers cartons dans le salon, jusqu’à ce qu’ils atterrissent pêle-mêle sur le canapé défraîchi tout juste mis en place – heureusement qu’ils étaient bien fermés.

— Tu es un vrai danger public, Potter, grommelle Scorpius dans son dos.

Plus précautionneux, il dépose la cage de son hibou dans un coin de la pièce, avant de se relever et de s’étirer de tout son long. Albus ignore sa remarque et se laisse tomber dans un des fauteuils aux coussins à la couleur un peu passée.

— Pas du tout, je savais parfaitement ce que je faisais.

— Tu comptes te reposer, là ?

— Oui, un peu, ce déménagement a été interminable.

Il se débarrasse de ses chaussures en quelques mouvements et s’installe plus confortablement, prêt à entamer une petite sieste. Scorpius lui secoue l’épaule, offusqué.

— Tu ne peux pas dormir maintenant ! Il faut encore qu’on déballe toutes nos affaires, qu’on range la cuisine, qu’on fasse le ménage, que…

— Respire deux secondes, ça va aller, il suffit d’un bon coup de baguette magique pour faire tout ça.

— Ah oui ? Et depuis quand est-ce que tu as appris à jeter des sorts ménagers, toi ?

Albus ouvre une paupière et lui jette un coup d’œil ironique, assorti à ce sourire en coin qui l’horripile. Il hausse une épaule et se carre de nouveau dans le fauteuil, renversant sa tête en arrière.

— T’as raison, je suis sûr que tu te débrouilleras bien mieux que moi, je ne vais faire que te gêner. A tout à l’heure !

Bouche bée, Scorpius le regarde s’endormir sans savoir quoi répondre. Estomaqué par tant de culot, il entreprend pourtant de trier ses affaires et de les amener dans sa chambre, tout en marmonnant dans sa barbe.

— Vivre en colocation avec un Potter, mon père m’avait pourtant prévenu. Pire idée du monde !

Avec des gestes énergiques, il commence à déballer le carton où il a rangé les pièces détachées de son armoire. Plein de bonne volonté, il s’arrête pourtant bien vite : il n’a jamais monté un meuble, avec ou sans magie. Il pousse un soupir et regarde les planches de bois, dépité, comme si la commode allait se construire d’elle-même.

Jusqu’à ce qu’il entende un ronflement sonore provenir du salon.

— On va voir si tu vas dormir encore longtemps, saleté de Potter à la noix, marmonne-t-il.

Il revient dans la pièce voisine sur la pointe des pieds, jusqu’à arriver face au visage bienheureux de l’idiot qui avait osé s’endormir en plein déménagement. Avec un sourire machiavélique, Scorpius pointe sa baguette sur son visage et prononce distinctement :

— Aguamenti !

L’eau glacée a le mérite de réveiller l’importun en sursaut. Scorpius explose de rire devant son visage hébété et dégoulinant d’eau.

— Non mais tu es fou ! Ça ne va pas de réveiller les gens comme ça ! J’aurais pu… j’aurais pu… Mais arrête de rire !

— Tu devrais voir ta tête, répond Scorpius en réfrénant difficilement ses gloussements. Tu… tu as un épi là, et… tes yeux… je….

Incapable de prononcer le moindre mot supplémentaire sérieusement, il se laisse aller à son fou rire, à tel point qu’Albus finisse par s’adoucir, un peu maussade. Lorsque Scorpius s’est un peu calmé, il essuie les larmes de rire qui perlent au coin de ses yeux.

— Tu t’es bien amusé, j’espère.

— A merveille.

— Tant mieux, parce que je compte me venger.

Avant que Scorpius n’ait eu le temps de bouger le moindre orteil, Albus se jette sur lui et entreprend de chatouiller ses côtés avec l’expertise de l’habitude. Scorpius tente de s’échapper à grands cris, mais à chaque fois qu’il fait deux pas, Albus est déjà sur lui.

Leur colocation commence bien.

***

Ils ont habité ensemble pendant des années dans un dortoir, mais là, rien n’est pareil. Ça leur a semblé logique, après Poudlard, de vivre à deux, pour économiser le prix du loyer. Après tout, ils étaient meilleurs amis, que pouvait-il arriver ?

Ça, c’est ce que pensait Albus.

Scorpius, lui, se dit tous les matins qu’il s’agit de la pire idée de sa vie.

Avec les autres pour faire tampon, il arrivait avant à penser à autre chose, à rire, à oublier les papillons dans son ventre et son cœur qui se tordait à chaque fois qu’Albus souriait.

Maintenant qu’ils ne sont plus que deux, il est plus difficile de cacher ses joues qui rougissent pour un rien. Il est heureux de passer autant de temps avec Albus – et en même temps il souffre à chaque tape sur l’épaule ou histoire sur son dernier crush du moment.

Déjà six mois de colocation, et Scorpius se dit qu’il a fait une erreur. Seul dans la cuisine, il déjeune en silence, son regard rêveur perdu derrière le carreau, dans le ciel d’un bleu limpide. Un temps à aller se promener.

A cette pensée il se renfrogne et fixe d’un regard noir la porte fermée de la chambre d’Albus. Ils n’ont pas cours aujourd’hui, ils pourraient faire quelque chose de sympa ensemble. Sauf que Greg a dormi ici hier soir. Il a été obligé de lancer un Assurdiato sur sa porte s’il ne voulait pas saigner des oreilles.

Alors que Scorpius regarde toujours la porte d’un air renfrogné, sa cuillère à la main, le battant s’ouvre sur un Albus tout joyeux, qui le rejoint dans la cuisine avec un large sourire.

— Bien le bonjour, cher colocataire ! Bien dormi ?

— Essaye d’avoir l’air encore plus rayonnant pour me montrer que tu as baisé cette nuit, bougonne Scorpius, le nez plongé dans son bol de porridge.

Albus lui lance un regard surpris, avant de fouiller à son tour dans les placards, sans prendre la peine de relever. Il s’installe face à lui avec un grand verre de jus d’orange frais, et Scorpius ne tarde pas à sentir ses joues chauffer sou son regard silencieux.

— Quoi ?

— Ca ne va pas ?

Albus fronce les sourcils, penché en avant, une main derrière la nuque. Scorpius déglutit et détourne la tête pour ne pas trop le dévisager. Il le trouve beau, dans la lumière de cette douce matinée, les cheveux un peu ébouriffés et le visage encore empreint de traces de sommeil.

— Si, pourquoi, ça n’irait pas ?

— Je ne sais pas, je te trouve changé ces derniers temps. Tu es plus… sombre. Tu peux m’en parler si tu veux.

Comment lui expliquer qu’il voit rouge à chaque fois que Greg lui prend la main ou lui roule une pelle sous ses yeux ? Comment lui dire son cœur qui se déchire, le peu d’espoir qu’il avait qui s’envole ? Pour Albus, ils ne sont qu’amis.

— Y a rien, t’inquiète.

Albus ne paraît pas convaincu. Pourtant il n’insiste pas et croque dans sa pomme verte. Un silence un peu inconfortable emplit la pièce, silence que Scorpius veut s’empresser de fuir. Il se lève avec son bol à moitié terminé et jette la fin de son porridge à la poubelle – quel gâchis, mais il a le ventre noué. Comment annoncer à son meilleur ami qu’il est fou amoureux de lui ? Leur amitié ne s’en remettrait jamais, et il ne supporterait pas de le perdre.

Dans son dos, la porte de la chambre s’ouvre, et il perçoit le parfum à la vanille de Greg.

Il lance un bonjour à la cantonade auquel Scorpius ne répond pas. Ses mains se crispent sur le rebord de son bol, qu’il pose dans l’évier. Derrière lui, il les entend s’embrasser et son estomac se tord.

— Bien dormi, Scorpius ?

— A merveille.

Son ton est sec, mais il n’arrive pas à faire l’effort d’être poli, ce matin. Il n’a pas besoin de se retourner pour les voir échanger un regard surpris. Ils commencent à discuter de leur journée. Ça l’énerve, il a les mains qui tremblent, alors pour essayer de se calmer, il essaye de faire la vaisselle.

Il ne supporte rien chez Greg. Ni sa voix, ni son sourire de faux-jeton, si son menton fuyant, ni ses cheveux bruns coiffés comme un playboy à la noix. Ça fait deux mois bientôt qu’il sort avec Albus – un véritable record pour celui qui n’enchaînait que les relations foireuses. Pas parce qu’il ne voulait pas de relation stable, mais parce qu’il ne tombait que sur des connards.

Jusqu’à Greg. Le parfait petit Greg, qui voit au-delà de son masque de Potter.

— Mes fesses, oui, grommelle-t-il.

— Tu as dit quelque chose ?

— Rien qui ne te regarde.

Au vu du silence évocateur dans son dos, il allait peut-être falloir qu’il se calme. Ce n’est pas dans ses habitudes en plus, d’être si désagréable, il se déteste quand il est ainsi. Il éteint le robinet et il sent qu’il a les joues rouges – d’énervement, de gêne, il ne sait pas trop. Il a envie de se barrer d’ici. De cette pièce, de cette coloc, de cette ville.

— Tu n’as qu’à aller chez toi, je te rejoins cet après-midi, OK ?

Greg acquiesce à cette proposition d’Albus, il les entend se dire au revoir. Il reste immobile, parce qu’il sait très bien qu’il va s’en prendre plein la tronche.

Et ça ne manque pas, bien sûr. Albus revient dans la cuisine, et il a l’air furieux. Scorpius essaye de garder un visage impassible, mais c’est dur quand il n’a qu’une envie, c’est celle de le prendre dans ses bras et de tout lui dire.

Pui il se rappelle qu’il peut le perdre avec une telle révélation, son cœur se brise – il se tait.

— Je peux savoir c’est quoi, ton problème ? attaque aussitôt Albus. J’ai essayé de le demander gentiment tout à l’heure, mais maintenant il va me falloir une réponse. Depuis que je suis avec Greg tu n’arrêtes pas de lui sauter à la gorge, je ne comprends pas. Il ne t’a rien fait !

— Je ne l’aime pas, c’est un idiot, marmonne Scorpius pour piètre défense.

— Je ne te demande pas de l’apprécier, au moins d’être aimable avec lui, sinon ça va vite devenir imbuvable.

Scorpius pousse un soupir, baisse la tête, et promet du bout des lèvres de mieux se comporter – il ne le pense pas. Albus reste silencieux quelques instants, les bras ballants, il paraît hésiter. Puis il demande, d’un ton neutre :

— Il y a une raison, pour laquelle tu ne l’aimes pas ?

« Parce que je t’aime, imbécile ». Ça c’est ce qu’il aimerait dire, mais il ne peut pas.

— Parce que tu mérites mieux.

Voilà. Un compromis pas trop engageant. Albus ricane, d’un air fatigué.

— Ouais, peut-être. Mais le mieux que je veux n’est pas disponible.

Ça, c’est une réponse inattendue. Scorpius relève la tête et scrute son meilleur ami du regard. De qui parle-t-il ? Pitié, pas une de leurs connaissances communes. Dans sa tête défilent toutes les personnes potentielles qui auraient pu retenir l’attention d’Albus, ne faisant qu’ajouter à sa confusion.

— Tu parles de Teddy ?

Tentative pas stupide, au demeurant. Albus a toujours été très admiratif de Teddy – plus vieux, plus mature, beau, intelligent, et maqué avec Victoire depuis bien trop longtemps.

Albus le regarde d’un air ahuri quelques secondes avant d’éclater de rire. Pendant une dizaine de secondes. Puis une minute. Jusqu’à ce que Scorpius, particulièrement mal à l’aise, finisse par intervenir.

— Mais tu vas arrêter de te payer ma tête, oui !

— Teddy ? Teddy ? Non mais sérieusement.

Albus repart en fou rire, des larmes au coin des yeux, qu’il finit par essuyer lorsqu’il voit le regard de Scorpius qui lance des éclairs. Il se calme petit à petit, laissant encore échapper des petits hoquets.

— Teddy, répète-t-il en secouant la tête. Bien sûr que non, abruti.

— C’est le seul qui m’est venu à l’esprit qui pourrait te mériter et qui n’est pas disponible, se défend Scorpius, vexé.

— Et tu as pensé à toi, espèce d’idiot de Serpentard ?

La réplique laisse Scorpius complètement bête. Sa bouche s’ouvre d’un air ébahi et il fixe son meilleur ami comme s’il était face au calmar géant. L’information n’arrive pas à remonter à son cerveau, c’est trop absurde.

— Arrête de me faire marcher, c’est pas drôle, finit-il par dire.

Il n’arrive pas à dissimuler les tremblements dans sa voix. Albus soupire et passe une main dans ses cheveux en bataille.

— C’est pas une blague, Scorpius. Je… J’aimerais que c’en soit une, mais tu me plais. Beaucoup. Et depuis un sacré paquet de temps. Je pensais qu’avec la coloc on pourrait se rapprocher et peut-être… Je sais pas, j’ai été con. Je sais qu’il pourra jamais rien se passer, que t’es hétéro et que…

Albus est coupé net dans sa tirade par une crise de fou rire – celle de Scorpius cette fois. L’ancien Serpentard en rit aux larmes lui aussi, d’un rire presque hystérique, qu’il n’arrive pas à arrêter. Il tente de se calmer lorsqu’il voit la surprise d’Albus se muer en colère blessée.

— Pardon, pardon, je ne voulais pas… C’est juste…

— Tu n’as pas idée d’à quel point c’est dur pour moi de te dire ça, Scorpius, j’ai si peur de te perdre, que tu ne veuilles plus me voir, que…

Scorpius en a assez. Assez de cette discussion clichée à la con, de ces années perdues, de leur idiotie, de sa lâcheté à lui et de celle d’Albus. De vrais Serpentard. James se serait bien foutu de leurs gueules.

Alors il traverse la cuisine à grands pas et coupe Albus en pleine tirade. Il pose une main douce sur sa joue et le force à le regarder. Il plonge ses yeux dans les siens et sent sa gorge se nouer. Il a rêvé cette scène des centaines de fois, elle est encore plus parfaite en vrai.

— Arrête de dire des bêtises, Potter. Je n’ai jamais été hétéro, et je ne sais même pas où tu es allé pêcher cette idée stupide. Et sache que j’ai très envie de t’embrasser.

La surprise sur le visage d’Albus laisse vite place à la compréhension. Il n’attend que quelques secondes avant  de rapprocher ses lèvres des siennes, pour les embarquer dans un baiser brûlant dont ils ont tous les deux envie depuis des mois – des années.

Lorsqu’ils se détachent enfin l’un de l’autre, avec douceur, ils ont tous les deux le regard halluciné de ceux qui ne croient pas vraiment en leur bonne étoile.

— Depuis quand tu aimes les hommes, toi ? demande Albus d’un ton ironique.

— Je sais pas. J’ai jamais mis une date dessus.

— Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé ?

— Pourquoi tu es sorti avec Greg ?

— Parce que… j’avais besoin de te sortir de ma tête.

Albus paraît tout déconfit. Et coupable.

— Il faudrait peut-être que je rompe avec lui avant qu’il ne se passe quoi que ce soit.

 — C’est plus sage, opine Scorpius.

Il se regarde en silence encore quelques secondes, avant de céder à la tentation et de partager un second baiser, plus doux, plus tendre, et plein de promesses.

Au final, leur colocation aura fini par porter ses fruits.

 

End Notes:

Peut-être à demain pour un prochain prompt, et en attendant, n'oubliez pas la review !

Chapitre 3 - Une nuit d'été by Catie
Author's Notes:

Et étonnamment, pour le moment j'arrive à maintenir le rythme !

Voici un troisième petit texte sur ce prompt, avec les personnages de Daphné et Pansy chou ♥

Bonne lecture !

 

— Comment tu te sens ?

— Libre.

Daphné offre son visage au ciel noir de cette nuit d’été, piqué de mille et une étoiles. L’air chaud caresse sa peau avec douceur, tandis qu’elle se noie dans cette immensité enivrante.

A ses côtés, Pansy sourit, avant de prendre une nouvelle gorgée de bière aromatisée à la framboise.

— Je suis heureuse de voir que tu n’es plus au fond du trou.

— Ca dépend des jours. Certains soirs, j’ai envie de hurler. D’autres, je suis juste soulagée.

Elle se tourne de nouveau vers son amie, un doux sourire apaisé sur les lèvres.

— Ou alors c’est peut-être aussi un peu l’alcool.

Elle lève son verre de vin blanc avec un rire et finit le fond en deux gorgées avant de se resservir. Ce soir elle se sent bien, elle se sent libre, la douleur de la rupture n’est qu’un bruit de fond presque inaudible. Elle est un peu enivrée, un peu oublieuse de tout.

— C’est que vous avez pris la bonne décision.

Le visage de Daphné se tord d’une grimace à la fois soulagée et amer.

— Bien sûr que ça a été la bonne décision à prendre. On se détruisait. Ça n’en reste pas moins douloureux, parfois.

Le visage de Pansy s’adoucit. Elle se penche par-dessus la table et serre sa main dans la sienne, en un geste affectueux qu’elle n’a pas envers beaucoup de monde – Daphné est une exception.

— Bien sûr. Vous avez passé plus de dix ans de votre vie ensemble, c’est normal. Mais si ce soir est un bon soir, ne me laisse pas entacher ta bonne humeur.

— Ne t’en fais pas, tu ne…

— On danse ?

Daphné ne répond pas tout de suite, surprise par le brusque changement de sujet. Pansy s’est déjà levée, elle agite sa baguette en direction de la petite radio posée dans un coin de la terrasse. Après quelques secondes, un tube des Bizarr’ Sisters résonne dans l’air chaud de la nuit, et Pansy l’entraîne dans un rire. Daphné se laisse emporter, trop heureuse d’oublier sa peine le temps d’une soirée.

Peut-être que demain, elle sera de nouveau en larmes. Peut-être qu’au contraire, elle ira encore mieux. Il n’y a rien de sûr avec les ruptures, rien de gravé dans le marbre ni de définitif. Chacun fait comme il peut, il n’y a que le temps pour guérir les blessures de toute façon.

Une poignée de secondes, elle se demande  ce que fait Blaise en ce moment. S’il pense à elle, s’il est triste ou apaisé, s’il regrette.

Elle étouffe aussitôt ces pensées malvenues, ces songes parasites qui viennent entacher son moment.

Ils ont été heureux ensemble. Pendant longtemps ; onze ans pour être précis. Ils se sont aimés, très fort, jusqu’à se détruire. Parce qu’en vieillissant, ils sont devenus deux personnes très différentes de ceux qu’ils étaient adolescents, deux personnes qui ne se comprenaient plus.

Il restera toujours pour elle une personne très précieuse, un ami qu’elle chérira toute sa vie – quand la douleur de la rupture se sera apaisée. Mais aujourd’hui, enfin, elle se sent libre, soulagée, apaisée. Bien plus qu’elle ne l’était lors des derniers mois de leur relation.

Dès qu’elle a su, Pansy l’a emmenée en France, dans une des résidences secondaires de ses parents. Elles ont passé ici les deux dernières semaines de l’été, sous la chaleur de plomb du soleil d’août. Elles se sont baignées dans l’océan, elles ont visité de petits villages Moldus, et parlé longtemps, souvent.

Ce soir, Daphné n’a  pas envie de parler de Blaise. Elle veut juste s’amuser, danser, oublier. Rire.

Alors elle tournoie avec Pansy, jusqu’à ce qu’elle soit si étourdie qu’elle ait besoin de s’asseoir, essoufflée. Son amie la suit, elle aussi a les cheveux ébouriffés et les joues roses. Elle baisse la musique, juste un peu, pour garder un fond sonore.

— J’avais oublié à quel point tu avais le sens du rythme, Greengrass, lance-t-elle avec une pointe d’ironie.

— Je sais déjà mieux danser que toi, réplique Daphné d’un ton faussement offensé.

— Surtout avec trois verres dans le pif.

Elles rient, avec l’insouciance d’avant, celle d’après la guerre, quand ils étaient tous heureux d’avoir survécu et qu’elle était encore follement amoureuse.

Quelques minutes, elles savourent le silence. Elles n’entendent que le bruit agréable des grillons ; l’air embaume la lavande.

— Le retour à la réalité va être dur, souffle Daphné.

— Tu as toujours l’intention d’aller vivre chez Tracey ?

Elle hoche le menton, le regard dans le vague. Après sa rupture avec Blaise, elle a refusé de retourner la queue entre les jambes chez ses parents. Elle a aussi décliné la proposition de Pansy de l’héberger ; elle ne voulait plus vivre aux dépens de personne. Elle s’en voulait d’avoir été si sotte, à vivre d’amour et d’eau fraîche avec Blaise, sans revenus stables.

Elle a tout de même accepté que son amie l’aide à trouver un travail. Pansy est agente artistique, et une cliente l’a informée qu’une de ses amies allait ouvrir une boutique de vêtements sur le Chemin de Traverse. Elle a proposé le nom de Daphné, et depuis, elle était devenue vendeuse dans le prêt-à-porter. Ses parents en auraient fait une crise cardiaque.

Quelques jours plus tôt, elle a croisé Tracey dans la boutique. Elles avaient fait leurs études de droit sorcier ensemble, et si Daphné avait vite quitté son boulot de juriste deux ans à peine après son diplôme, Tracey était aujourd’hui avocate. Une avocate payée au lance-pierre dans un cabinet qui l’exploitait. Millicent venait de partir aux Etats-Unis pour son travail, elle cherchait justement une colocataire – une solution parfaite.

— Tu es sûre que ça va bien se passer ? Tracey peut être difficile à vivre, parfois.

— Tu te trompes à son sujet, elle est juste… Il faut la connaître.

Pansy lui jette un regard sceptique mais n’argumente pas. Le silence s’installe quelques instants, agréable, tandis qu’elles vident doucement leurs verres.

Daphné ne sait pas si c’est l’alcool qui lui monte à la tête ou la douceur de cette soirée, mais elle a une brusque envie de se confier. De parler à Pansy de ces questionnements qu’elle n’a toujours gardés que pour elle, de cette confusion dans laquelle elle se noie depuis sa rupture. Elle cherche pendant plusieurs minutes comment formuler les mots qui se bousculent sur ses lèvres.

— Pansy…

— Oui ?

Un court silence. Daphné rassemble son courage. Elle inspire brusquement puis se jette à l’eau.

— Je ne sais plus qui je suis.

— Comment ça ?

Son amie fronce les sourcils, intriguée, vaguement inquiète.

— Non, je veux dire… Je n’aurais pas dû dire ça. C’est juste que…

Elle s’emmêle les pinceaux, s’embrouille, doute. Pansy pose une main sur son poignet, et son contact l’apaise. Elle inspire profondément pour se calmer – elle sait qu’elle ne sera pas jugée. Pourtant, elle a peur.

— Je me pose des questions. Depuis ma rupture avec Blaise. Sur… ma sexualité. J’ai été avec lui tellement longtemps, je… Ça n’a jamais été un sujet pour moi. Pourtant aujourd’hui je me demande… Je me demande si je n’aime pas aussi les femmes, tu comprends ?

Elle se tait un instant, n’ose pas regarder à sa gauche pour voir la réaction de Pansy. Maintenant qu’elle a commencé, il faut qu’elle termine.

— Quand j’ai revu Tracey il y a quelques jours… Elle avait ce regard, si intense, si profond, et j’ai eu un peu comme des papillons dans le ventre. Comme quand Blaise me regardait. Et… Je ne sais pas, je me sens un peu perdue. Peut-être que c’est juste ma rupture, ou juste Tracey, ou… Je n’en ai aucune idée.

Elle se tait, honteuse, les joues brûlantes. Pansy presse brièvement son poignet, l’incitant à relever la tête.

— Merci de me faire confiance pour ça, répond son amie d’une voix douce. Je suis là si tu veux parler de tout ça, tu le sais, tu n’as pas à en avoir honte. Et je suis heureuse pour toi que la situation te permette de t’aider à mieux te connaître.

Daphné ferme les yeux un instant, soulagée. Pourquoi a-t-elle eu si peur ? Pansy est une des personnes qui la connaît le mieux. Jamais elle ne l’aurait jugé là-dessus.

— Ca ne te surprend pas ? demande-t-elle pourtant, inquiète.

— Il n’y a rien de surprenant dans ce que tu viens de dire. Tu aimes qui tu veux aimer.

Daphné perçoit un éclat dans les yeux de Pansy qu’elle peine à définir, mais son amie se lève pour la serrer dans ses bras avant qu’elle n’ait pu poser de questions. Dans la manière dont elle l’étreint fort contre elle, elle comprend sans avoir besoin de mots – elle ne doit pas être la seule à louvoyer entre ces questionnements.

Pansy la relâche, remonte le son de la radio. Elle l’entraîne sur leur piste de danse improvisée, et Daphné se laisse enivrer – par le vent léger, la musique, le vin et la vérité qui plane encore dans l’air.

Il n’y a aucune urgence. Le plus important aujourd’hui, c’est qu’elle s’émancipe.

De ses parents, de son mec – son ex. Elle est libre de faire ce qu’elle veut. Et elle a tout le temps du monde pour se retrouver, pour apprendre à se connaître. Pour explorer ses envies, sa sexualité, pour comprendre ses petits papillons dans son ventre quand elle croise le regard de Tracey.

En attendant, elle se noie dans les étoiles de cette nuit d’été.

 

End Notes:

Si jamais vous voulez savoir comment s'est passé la colocation entre Daphné et Tracey, j'ai écrit pour un concours un texte avec les tropes Sharing a bed ascendant Roomates to lovers que vous pouvez trouver ici : Au coeur de la tempête.

Et comme poster dans le vide n'est pas ma passion (oui, oui je vous jure :mg:), une petite review serait fort appréciée ♥

Chapitre 4 - Queer friendship by Catie
Author's Notes:

Nouveau chapitre sur les personnages de Salazar et Helga ! Duo improbable mais j'ai adoré imaginer ce petit headcanon.

Bonne lecture ♥

 

— Qu’as-tu donc mon cher ami pour bouder ainsi ?

A l’entente de cette voix, la moue de Salazar s’estompe un peu, il esquisse même un semblant de sourire. Il invite Helga à s’asseoir d’un geste à ses côtés, et la sorcière ne se fait pas prier. Elle rassemble ses robes d’une main et se glisse sur le banc près de son condisciple.

— Il est donc si évident que je… boude pour reprendre tes mots ?

— Tu n’as pas décroché une seule parole depuis hier soir et tu t’es isolé toute la journée sans avoir ne serait-ce qu’un regard pour moi. Je m’inquiétais.

Elle s’exprime d’une voix égale, mais Salazar la connaît assez bien maintenant pour voir la bienveillance et l’empathie qui la caractérisent sur son visage. Il soupire et se tourne vers le lac, face à lui. Il a demandé aux Elfes d’installer sa table de travail ici, à l’ombre des branches d’un chêne. Pourtant, il n’arrive pas à plancher sur ses premiers programmes scolaires, il a trop la tête ailleurs.

Dans leur dos, Poudlard – leur château, leur école, leur fierté – est presque construit. Il ne reste plus qu’un bout de l’aile ouest à bâtir et la tour d’Astronomie à finaliser. Bientôt, l’endroit sera rempli d’élèves prêts à courir et chahuter. Ou en tout cas, ils l’espèrent tous.

Bientôt, il n’aura plus autant de temps pour voir Godric. Et il n’arrive pas à savoir si c’est une mauvaise chose ou pas.

— Parle-moi, mon ami, quémande Helga d’une voix douce. Que se passe-t-il dans ton esprit borné ?

Salazar laisse encore échapper l’esquisse d’un sourire, sur son visage d’habitude si froid. Il n’y a bien qu’Helga pour percer sa carapace. Elle a cette fascinante capacité à le comprendre et avoir les mots juste.

Il finit par se lancer à l’eau, car il sait qu’elle est ici la seule à le comprendre.

— Des fois, j’ai envie de le crier à la face du monde. Qui je suis, qui j’ai envie d’être, qui j’aime.

Le regard d’Helga se fait triste, elle baisse la tête vers les mains jointes sur ses genoux. Le silence qui s’installe n’est pas désagréable – Salazar sait aussi qu’elle est dans la même position.

— Tu veux le dire au monde ou à lui ?

La question est si juste qu’elle lui provoque un pincement au cœur.

— A lui, bien sûr.

Son ton est bref, mais pas sec, comme il aurait pu l’être avec d’autre. Il n’y a qu’avec Helga qu’il peut être honnête et laisser tomber ses barrières.

Ça a commencé de manière incongrue et inattendue entre eux. Ils agissaient de manière cordiale l’un envers l’autre, comme des collègues, de vagues connaissances. Jusqu’au jour où Helga avait fait le premier pas. Elle lui avait dit qu’elle savait ce qu’il ressentait. Il l’avait regardé avec choc. Jusqu’à ce qu’elle lui dise,  de sa voix douce et tranquille, qu’elle ressentait la même chose pour Sylvine – une amie d’enfance.

Longtemps, tout a été tacite entre eux. Ils ont mis des mois à mettre des mots sur les choses, à les formuler à haute voix. Ici, à cette époque, c’est tabou. Surtout dans le monde des sorciers, qui a tant besoin d’une nouvelle génération.

Si les mœurs sont strictes, au moins ils ont trouvé une bulle de bonheur entre eux, où ils peuvent être eux-mêmes. Où Helga est libre de dire qu’elle est amoureuse à la fois de Sylvine et de Beowulf, son mari, sans honte. Où Salazar peut se morfondre sur Godric à loisir et maudire son air arrogant qui lui donne envie de l’embrasser.

Ils souffrent de ne pas être eux à l’extérieur, mais quand ils sont deux, tout va mieux.

Une amitié étrange, que personne ne s’explique, mais qui leur paraît indestructible.

— Tu penses que ça changera, un jour ? demande Salazar, pensif.

— Quoi donc ?

— L’opinion des autres, sur les gens comme nous.

Helga se laisse un temps de réflexion, le regard perdu dans les reflets bleu sombres du lac.

— Bien sûr, finit-elle par dire. Il ne peut en être autrement.

— Comment peux-tu en être si certaine ?

— Parce que j’ai confiance en nous, en l’humain. En un après meilleur.

— J’aimerais pouvoir être aussi confiant que toi.

Elle se tourne vers lui, la lumière du soleil couchant nimbant sa peau d’une douce couleur de pêche.

— En attendant cet instant, tu sais que je suis là, n’est-ce pas ?

Salazar soutient son regard intense, bizarrement ému. Il sait que leur amitié ne s’arrêtera pas là. Ni à Poudlard ni à leurs années de professorat. Elle ira bien plus loin. Jusqu’à leurs vieux os, leurs corps fatigués et leurs souvenirs de plus en plus difficiles à saisir.

— Je sais. Et l’inverse  est vrai aussi.

Helga sourit et glisse sa main dans la sienne. Ils restent là encore quelques instants, en silence, jusqu’à ce qu’elle ajoute, pensive :

— Un jour, tu oublieras Godric, je te le jure. Et tu rencontras quelqu’un. Un homme qui t’aimeras. Et peut-être que vous devrez vous cacher – un temps, mais vous partagerez quelque chose de fort. Je le vois dans ton futur.

— Tu improvises de la divination dans les eaux du lac, maintenant ?

Son ton joueur la fait sourire. Il presse ses doigts entre les siens, pour la remercier de son soutien. Ce sont des mots qui lui mettent un peu de baume au cœur, qui lui donne de l’espoir.

— Peu importe que je trouve quelqu’un ou non, finit-il par dire. Je n’ai pas besoin de ça pour être heureux. Par contre, si tu disparais de ma vie, je ne répondrais plus de rien.

— Monsieur Salazar Serpentard  serait-il donc un grand sentimental ?

— Je compte sur toi pour ne le dire à personne, surtout.

Helga laisse échapper un rire, dans l’air du soir qui commence à tomber.

Une amitié inattendue, mais solide et inaltérable.

Une amitié qui les aide à se sentir un peu moins seuls.

Et qui les rend heureux.

 

End Notes:

Merci pour votre lecture, n'hésitez pas à laisser une petite review ♥

Et j'espère à très vite pour la suite !

Chapitre 5 - Ruban de brume by Catie
Author's Notes:

Et voici le cinquième prompt ! Je reprends ici une OC, Adele Selwyn, que vous pouvez découvrir dans ma fiction Cruel Gentleman, mais ce texte peut être lu de manière indépendante.

Bonne lecture !

 

Le cimetière est hanté par le brouillard. Les langues de brume s’enroulent autour des pierres tombales et s’accrochent aux chevilles des deux silhouettes noires qui sont debout, immobiles, devant une tombe de granit. Leurs visages sont invisibles, plongés dans l’obscurité de leurs capes rabattues sur leurs têtes.

— Pourquoi m’as-tu suivie jusqu’ici, Bella ?

Seul le silence répond à Adele. La Legilimens soupire et se tourne vers la femme qui se tient à ses côtés.

— Ne me force pas à aller chercher l’information par  moi-même.

— Comme si tu pouvais passer outre mes barrières d’Occlumens.

La voix de Bellatrix est dure, agressive, comme à chaque fois qu’elles se parlent toutes les deux ces derniers mois. D’un geste lent, Adele repousse sa capuche et l’observe d’un air pensif, la tête penchée sur le côté. La brume s’accroche à ses longs cheveux noirs et raides, ses yeux gris fouillent l’obscurité où se trouve le visage de celle qui interrompt son recueillement.

— Tu as gagné, Bella. Tu as poussé mon cousin dans ses retranchements, ton fiel murmuré à son oreille l’a transformé et l’a fait assassiner ses propres parents. Qu’est-ce que tu veux de plus ?

— Que tu disparaisses !

La voix de Bellatrix a résonné avec force dans le cimetière. Elle se tourne brusquement vers Adele, la capuche également rejetée sur ses épaules. Ses yeux lancent des éclairs furieux et sa poitrine se soulève rapidement au rythme de sa respiration. Adele ne réagit pas à ce brusque éclat – elle a l’habitude.

— Quelle est donc cette étrange obstination à vouloir balayer la famille Selwyn de la surface de la Terre ? murmure-t-elle. Les Sang-Pur ne sont-ils pas censés se soutenir entre eux ?

Sa voix calme est lourde d’ironie. Elle sait que c’est ce qui énerve le plus Bellatrix, et ça ne manque pas : son ancienne amie tremble de rage.

C’est Bella, qui l’a initiée à la Magie Noire, plusieurs années plus tôt. Depuis qu’elles se connaissent,  Adele a toujours été fascinée par la puissance et le pouvoir de son aînée, son talent et sa dévotion pour un Maître aux idées novatrices. Leur relation a toujours été un mélange d’admiration, de jalousie et de haine. Elles se poussent l’une et l’autre vers le haut, toujours en compétition. Ce sera à celle qui arrivera le plus à attirer l’attention du Lord Noir, celle qui sera la plus talentueuse, la plus cruelle, la plus inventive.

Adele a toujours voulu tenir Salazar à l’écart de ce monde. Bellatrix en a décidé autrement. A cause d’elle, il a la Marque sur son bras, il a tué ses parents. Son oncle et sa tante, qui reposent à quelques mètres d’elle, leurs noms gravés sur une pierre tombale qui finira par sombrer dans l’oubli.

Tout ça parce qu’elle s’est rapprochée de Pyrites. Un affront qui a poussé Bella à vouloir se venger.

Bellatrix s’approche d’un pas. La haine flamboie dans ses prunelles. La brume  lui donne l’air d’un esprit démoniaque ; pourtant, Adele ne tressaille pas. Plutôt mourir que de lui montrer un rare instant de faiblesse.

— Je veux que tu disparaisses, tu m’entends ? souffle Bella. Que tu t’écrases. Je suis la seule qui Le comprend, la seule sur qui Il peut compter. Tu n’es rien. Et si tu continues de t’interposer, je te réduirai en cendres.

Adele la contemple d’un air froid, impassible. Pourtant, au fond d’elle, elle tremble.

Combien de fois a-t-elle imaginé lever une main, effleurer cette pommette ? Combien de fois a-t-elle imaginé son regard provocant dans le sien, leurs souffles qui se mêlent, leurs bouches qui dansent l’une contre l’autre ? Elle sait qu’il n’y a que le Maître pour Bella, qu’elle méprise tout le monde y compris son mari, alors Adele étouffe cette envie, elle s’épargne le mépris et l’humiliation. Rien ne  pourra égaler l’obsession de Bella pour le Lord Noir.

Elle ferme les yeux un instant, laisse un sourire méprisant se dessiner sur ses lèvres. Avec Bella, tout est dans le paraître.

— Tu es vraiment pathétique, Lestrange.

— Qu’est-ce que tu as dit ?

Bellatrix est estomaquée, choquée. Sa main tremble près de sa poche, elle est à deux doigts de saisir sa baguette.

— Tu es pathétique, répète Adele, le regard dur. Pour le Maître, tu es et ne seras toujours qu’un utérus ambulant prêt à pondre un héritier à ton cher mari. Tu ne l’as pas compris, depuis ton mariage ? Tu ne seras rien de plus, jamais.

— Parce que tu crois échapper à la malédiction du patriarcat et du sexisme ? raille Bellatrix. Tu es dans la même position que moi, Selwyn.

Elle crache son nom comme une insulte. Adele s’autorise un autre sourire, même si au fond, elle sait que Bella a raison.

— Plutôt mourir libre qu’accepter un mariage qui m’entrave. Je ne me plierai jamais de manière aussi docile que toi.

Bella écume de rage, ses yeux pourraient la tuer.

— C’est pour ça que tu rampes devant Pyrites ? Que tu lui sers de carpette ? Qu’est-ce que tu espères ? Qu’en étant dans ses bonnes grâces tu seras dans celle du Lord ? Mais quelle idiote tu fais, ma pauvre Adele !

Ces mots, cruels, la piquent tel un million d’aiguilles. Elle ne lui montre pas, le feu que cela fait naître sous sa peau. Les doutes, tous les jours, qui l’assaillent, se réveillent avec force. Elle essaye de les étouffer, mais la lueur de triomphe dans les yeux de Bellatrix lui fait dire qu’elle n’y arrive pas très bien.

Adele est plus rapide. C’est la première à sortir sa baguette, la première à jeter un sort informulé. Le corps de Bellatrix s’envole et s’écrase à l’autre bout du cimetière. Lorsqu’elle se relève, haletante, les membres remplis d’adrénaline et prête à se battre, Adele a déjà transplané.

— Tu me le paieras !

Sa voix enragée résonne dans le cimetière désert.

Adele, elle, n’est allée qu’une centaine de mètres plus loin, dans l’orée du bois qui borde le cimetière. Elle regarde Bella disparaître, et enfin, elle laisse craquer le masque. Les larmes coulent sur ses joues et elle se laisse tomber au pied d’un arbre. Le dos contre le tronc, les bras enroulés autour de ses jambes repliées, elle passe presque inaperçue dans la lourde brume.

Elle n’est pas du genre à laisser tomber sa carapace, mais ce soir, c’est trop dur.

Salazar et sa Marque. Son oncle et sa tante sauvagement assassinés par leur propre fils. Sa famille qui vole en éclat.

Bellatrix et sa haine, Bellatrix et ses lèvres qui lui donnent envie de l’embrasser, Bellatrix et sa hargne qui lui donnent envie de l’aimer. Son amour tout aussi déchirant pour Pyrites, un amour qui fait mal et qui n’est pas sain, elle le sait. Pourtant, c’est un homme qui a toujours su la toucher en plein cœur, la chambouler, la transporter. Il la pousse toujours à se surpasser, il l’aime – à sa façon.

A la façon tordue des Mangemorts.

Déchirée entre ses deux appels du cœur, sa mission pour le Lord, son envie de liberté, Adele sèche ses larmes. Elle prend son temps, plante ses ongles dans l’humus de la forêt, se concentre sur l’odeur de la terre et le bruit du vent dans les feuilles.

Elle se relève, sa cape humide et une nouvelle lueur déterminée dans le regard. Elle ne se laissera pas faire – plus jamais. Ni par Pyrites, ni par Bellatrix, ni même par son Maître ou ses parents. Elle n’est esclave que de sa destinée.

A partir de maintenant, ce sera elle qui mènera la danse.

 

End Notes:

Une p'tite review ?

Chapitre 6 - J'adore les homosexuels by Catie
Author's Notes:

Merci beaucoup à Piti pour sa review ♥

Nouveau prompt aujourd'hui sur la citation de Paloma, sur les personnages de Tracey et Daphné, bonne lecture ♥

 

Le club est rempli à craquer.

Daphné se laisse happer par la moiteur de la foule, la musique et les rires. Sa main dans celle de Tracey, elle se laisse guider jusqu’au bar.

— Qu’est-ce que tu veux ?

Sa copine est obligée de crier pour se faire entendre, au-dessus du bruit des conversations. Sa copine. Daphné a encore du mal à appréhender cette réalité.

Elle lui répond sur le même ton, et Tracey commande dès qu’elle a réussi à attirer l’attention de la barmaid : une bière pour Daphné, un whiskey pour elle. Dès qu’elles ont leurs verres en main, elles replongent dans la foule et se fraye un chemin pour être le plus près possible de la scène, qui est encore vide pour le moment.

— Comment est-ce que tu as connu cet endroit ?

Daphné est obligée de coller sa bouche à l’oreille de Tracey pour se faire entendre. Elle frissonne lorsque Tracey fait de même, emplie d’une douce chaleur en sentant son souffle contre sa peau, ses cheveux qui lui chatouillent la joue, sa main au creux de ses reins.

— C’est Millicent qui m’a emmenée ici.

— Millicent ?

Daphné est surprise, elle n’aurait pas imaginée son ancienne camarade fréquenter ce genre d’endroit, si différent de l’image qu’elle avait d’elle quand elles étaient encore à Poudlard. Tracey hoche le menton, avec un petit sourire en coin.

— Elle est sortie avec une Née-Moldue il y a quelques années qui lui a fait explorer toute la scène queer londonienne.

— Et tu es déjà venue ici ?

— Millicent m’a amenée une bonne dizaine de fois, mais je ne m’en lasse pas.

Daphné retient la question qui lui brûle les lèvres. Est-ce que Tracey a amené d’autres conquêtes ici ? Elle semble lire la question dans ses prunelles, car elle l’embrasse avec douceur, puis se détache doucement et la regarde avec intensité, un doigt caressant sa pommette et laissant une trace brûlante derrière lui.

Soudain, les lumières de la salle baissent en intensité, celles de la scène s’allument. Des cris enthousiastes fusent du public. Daphné, impatiente, glisse un bras autour de la taille de Tracey et pose son menton sur son épaule. C’est si agréable, de ne pas restreindre le moindre de ses gestes ici. Dans la rue, elle a toujours peur, des regards, des jugements, des insultes. Ici, elle peut être elle-même sans arrière-pensées, elle peut aimer qui elle veut sans craindre quoi que ce soit. Elles sont entourées de personnes queers qui sont comme elles ici – libres.

Une voix résonne dans la salle et demande le silence. Lorsque le public est plus ou moins silencieux, l’hôte de la soirée débarque sur scène – et les spectateurs se déchaînent de nouveau.

Daphné crie et applaudit avec eux, prudente à ne pas renverser sa bière. Ses yeux brillent d’impatience – c’est la première fois qu’elle assiste à un show de drag queens. Tracey lui en a parlé des dizaines de fois, des étoiles dans les yeux, de ces spectacles hauts en couleur et bourrés de talents. Les chants, les danses, les tenues, les blagues. Elle avait hâte de voir ça de ses propres yeux.

Devant elle s’enchaînent les numéros, les paillettes, les perruques et les robes qui en mettent plein la vue. Elle applaudit, elle rit, elle se laisse étourdir.

Jusqu’à ce que l’hôte de la soirée annonce le dernier numéro. La drag queen qui entre sur scène, vêtue de noire, de perles et d’une perruque brune, est acclamée si fort que Daphné pense finir sourde. Tracey se tourne vers elle, toute excitée.

— C’est Paloma !

Daphné ne sait pas qui est Paloma, mais l’enthousiasme de Tracey la gagne, et elle acclame avec les autres. Devant elles, Paloma sillonne la scène, elle parle d’une voix éthérée, un peu rauque, avec des gestes de mains élégants.

— Vous êtes bien homosexuel.les, n’est-ce pas ?

Tracey prend sa main, serre ses doigts fort, et toutes les deux, avec toutes les autres personnes concernées dans la salle, elles crient oui. Daphné se sent étourdie de tant de bonheur, presque ivre – jamais elle n’avait osé être elle-même à ce point. Pas si fort.

— J’adore les homosexuel.les ! C’est tellement romanesque ! Moi-même j’aurais adoré être un homme homosexuel.*

Les rires fusent dans la salle, les gens crient. Daphné ne sait pas qui est Paloma, mais elle la trouve brillante. Elle habite la scène avec une présence qui l’éblouit, elle habite son corps avec une  assurance qu’elle envie.

Son numéro lui paraît bien trop court. Trop tôt, elle sort de scène, sous les acclamations de la foule. Les lumières se rallument peu à peu, Tracey se tourne vers elle, les yeux brillants de fièvre. Leurs verres sont vides, leurs têtes remplies de souvenirs. Elles s’embrassent à en perdre haleine, accrochées l’une à l’autre, enivrée par cette soirée si particulière.

Tracey lui a montré un bout de son monde, un monde dans lequel Daphné a envie de plonger les yeux fermés. Bientôt, ce sera à elle de lui rendre la pareille, de l’amener dans un endroit qui compte tout autant pour elle.

Mais ce soir, ce soir elles profitent de l’instant. De leur soir.

Amoureuses et libres.

 

End Notes:

Merci pour votre lecture ! Une petite review ? ♥

* Citation de Paloma, qui interprétait Fanny Ardant dans Drag Race France

Chapitre 7 - Lavande / Pansy by Catie
Author's Notes:

Les récentes reviews de Bloo et Ellie m'ont un peu remotivée, un grand merci à elles encore une fois ♥

J'ai donc écrit deux nouveaux petits chapitres supplémentaires, j'ai tenté ici un petit Pansy / Lavande qui aborde également le thème du polyamour, j'espère que ça vous plaira !

Bonne lecture ♥

 

— Tu lui en as parlé ?

Des doigts qui frôlent sa peau, qui dessinent des courbes pensives. Qui la font frissonner.

— Non. Je n’y arrive pas. Je ne sais pas si… elle comprendra.

Lavande soupire. Elle arrête ses caresses, se redresse sur le dos et s’adosse à la tête de lit. S’éloigne d’elle.

Pansy, sur le ventre, entortillée dans les draps, admire son profil éclairé par la lumière oblique du soleil couchant. Les rayons allument des reflets or dans ses cheveux et créé un jeu d’ombres sur son visage marqué par de longues cicatrices. Sa poitrine, à découvert, appelle ses baisers, mais elle sait que l’humeur n’est plus aux tendresses.

— Est-ce que tu as honte de moi ?

La voix de Lavande est neutre, mais Pansy la connaît assez bien maintenant pour détecter la note blessée dans son ton. Sa gorge se serre. Elle se sent nulle. Elle a mal à en crever, de savoir qu’elle la fait souffrir, et pourtant elle n’arrive pas à faire autrement.

— Ne dis pas de bêtises, bien sûr que non.

Elle ne se rapproche pas, ne sait pas si son contact sera bienvenu. Doucement, hésitante, elle tend une main vers elle. Ses doigts s’arrêtent quelques millimètres au-dessus de sa peau, indécis, avant de s’y poser. Lavande tressaille mais ne la repousse pas.

— Je t’aime, tu le sais.

Une déclaration inattendue et si rare qu’elle décrispe légèrement les épaules de Lavande. Elle tourne ses yeux insondables vers Pansy, la questionne en silence. Pansy soupire – c’est si dur, de parler de tout ça. Elle se redresse, s’assoit à côté d’elle, enlace ses doigts aux siens. C’est plus facile, de s’exprimer comme ça,  les yeux fixés sur les draps emmêlés entre ses jambes.

— J’ai peur, confesse-t-elle, la gorge serrée.

Ça y est, elle la dit. L’angoisse qui l’étouffe, formulée à haute voix. Comme un poids qui lui écrase encore plus la poitrine.

— Qu’elle te rejette ? Qu’elle te juge ?

La voix de Lavande est douce, pourtant Pansy secoue la tête avec violence. Elle enlève les mèches de cheveux devant ses yeux d’un geste agacé avant de continuer.

— Non, Daphné n’a jamais été comme ça. On se soutient toujours, dans tout ce qu’on fait. Elle m’en voudra peut-être un peu, d’avoir attendu aussi longtemps, surtout qu’elle est avec Tracey, maintenant. Je la connais, elle se demandera depuis combien de temps je le lui cache, ou…

— Il te faudra lui expliquer comment ça s’est passé, calmement, murmure Lavande.

Pansy hoche le menton, tandis que son amante serre ses doigts  entre les siens. Elles deux, ça a été loin d’être une évidence. Même en-dehors de leur passé houleux, Pansy était loin de penser qu’elle était autre chose qu’hétéro. C’était quelque chose qu’on lui avait toujours inculqué, on l’avait éduqué dans un monde où une femme épousait un homme et lui donnait des enfants. Admettre qu’elle pouvait être aussi attirée par les femmes a été un processus long et douloureux.

Elles s’étaient recroisés en thérapie de groupe. Pansy a été choquée de voir Lavande dans le cercle, en face d’elle. Cela faisait longtemps qu’elle venait ici, qu’elle s’était fait des ami.es, qu’elle commençait doucement à aller mieux, à sortir de sa dépression. Et quelqu’un de son passé avait fait irruption dans cette bulle qu’elle pensait intouchable. Elle avait pensé partir, recommencer avec un autre groupe, mais ç’avait été trop dur. Elle avait menacé Lavande, lui avait dit de ne pas revenir. La Gryffondor, butée, ne l’avait pas écoutée. Et de là avait  commencé une relation houleuse, qui s’était muée peu à peu en amitié, puis en bien plus que ça.

Mais comment expliquer tout ça à Daphné ? Sans parler de…

Son regard dévie sur la table de chevet. L’alliance est rangée dans le tiroir, invisible, mais elle est bien là.

— Je pense que toi et moi, elle peut le comprendre, chuchote Pansy. Mais toi et Seamus, elle ne comprendra pas.

— Je suis sûre que tu la sous-estimes, contredit Lavande. Daphné n’est pas bête. Pourquoi est-ce qu’elle serait mal à l’aise à l’idée que trois adultes consentants soient dans ce schéma de relation ?

Au fond, Lavande dit juste. Pansy s’en veut, de douter de sa meilleure amie, mais une part d’elle lui hurle que c’est une mauvaise idée  d’en parler. Pas juste à Daphné, à personne. Ce n’est pas pour rien qu’elles se cachent, qu’elles s’aiment en-dehors des regards. Les autres ne comprennent pas. Ils chuchotent, ils jugent, ils condamnent.

Pourtant, c’est la relation la plus saine qu’elle ait eu jusqu’à présent. Au moins, entre Lavande et elle, il n’y a pas de tabous, pas de mensonges, contrairement à tous les pauvres types qu’elle a déjà fréquentés. Elles sont honnêtes l’une avec l’autre.

C’est Lavande qui a initié le premier pas, plusieurs mois plus tôt. Pansy l’a arrêtée avant qu’elle ne l’embrasse, mal à l’aise par la bague dorée à son doigt. Elle lui a expliqué, posément, patiemment, avec pédagogie, sa relation polyamoureuse avec Seamus. C’était la première fois que Pansy entendait parler de ce type de relation. Elle en a  été perturbée au début – aujourd’hui elle n’imagine pas sa vie autrement. Elle aime Lavande. Lavande l’aime et aime Seamus aussi. Elle lui a déjà dit que Seamus était aussi en relation avec quelqu’un d’autre, mais elle n’a pas posé trop de questions, ça ne l’intéresse pas. Tout ce qui l’intéresse, c’est d’être avec elle.

Et  de dire la vérité à Daphné. Un jour.

— On pourrait lui dire ensemble, si tu veux, suggère Lavande.

Pansy grimace.

— Ce ne serait pas une bonne idée. Il faut juste que… je trouve les bons mots.

— Tu les trouveras d’instinct. Par contre, il n’y aura jamais de bon moment. Peu importe le temps que tu attends.

— Je sais, soupire Pansy. Je… Je le ferai, je te le jure. Quand je serai prête.

Elle sent la question qui brûle la langue de Lavande. Quand seras-tu prête ? Elle ne la pose pas. Parce qu’elle sait très bien que Pansy n’a pas de réponse.

A la place, elle se penche vers elle et l’embrasse avec une tendresse et une douceur qui lui font fondre le cœur. Pansy se laisse aller dans l’étreinte, elle relègue Daphné et son problème de conscience loin, très loin.

Pour l’instant, elle laisse ses mains errer sur le corps de Lavande, ses cheveux, son visage, son dos, ses reins, ses fesses. Elle est heureuse dans ses bras, et c’est tout ce qui importe.

Elle espère que Daphné comprendra au moins ça.

 

End Notes:

Merci par avance pour vos reviews !

Cette histoire est archivée sur http://www.hpfanfiction.org/fr/viewstory.php?sid=38853