- Ron ... C'est toi ? tenta-t-il.
Il reçut pour seule réponse de nouveaux ronflements. Harry songea qu'une seule et unique personne pouvait émettre de tels ronflements, et cette personne était celle qu'il venait tout juste d'appeller.
Il commençait à reprendre le contrôle de ses membres, et non sans difficulté, il parvint à se redresser. Il en profita pour observer l'endroit où il se trouvait. La pièce était assez grande, les murs étaient blancs et une grande fenêtre laissait filtrer la lumière. Il se trouvait sans aucun doute sur un lit d'hôpital, comme souvent d'ailleurs. Seulement, une chose l'intriguait, pourquoi Ron était-il ici lui aussi ?
Il était presque certain qu'ils se trouvaient tous les deux à Ste Mangouste, l'hôpital pour sorciers.
* Je pourrais peut-être rendre visite à Lockhart * songea-t-il amèrement.
Il réfléchit, maintenant qu'il était mieux réveillé, il pouvait aisément rassembler ses souvenirs. Il avait été touché par le sort de Rodolphus Lestrange, d'ailleurs il lui semblait avoir déjà vu ce type de sort. Il se creusa la tête quelques instants, et encore une fois, le souvenir de l'escapade au ministère lorsqu'il avait quinze ans lui revînt. Dolohov avait jeté ce même sortilège, celui qui provoque des flammes violettes, sur Hermione et elle avait failli en mourir. Etait-ce le cas pour lui aussi ? Il n'était pas mort, il en était certain. Combien de temps était-il resté inconscient ? Difficile à dire ... Une heure ? Un jour peut-être ? Il devait réveiller son ami pour en savoir plus.
Il tenta de le réveiller en l'appelant par son nom, mais il savait très bien que c'était peine perdue.
- Ron ...
Pas de réponse.
- ... Des jolies jeunes femmes en bikini te cherchent, compléta-t-il.
La réaction du rouquin ne se fit pas attendre, il surgit de ses draps d'un seul coup et regarda autour de lui à la recherche des jolies femmes. Voyant qu'il n'y avait personne, il s'apprêta à se recoucher lorsqu'il remarqua que Harry était réveillé.
- Tu ... Tu es réveillé ? bégaya-t-il.
- Pourquoi, combien de temps ça fait ? demanda Harry surprit.
- Une semaine ... Les médecins disaient que ... Que tu ne te réveillerais peut-être pas, hésita-t-il.
- QUOI ? Mais c’est impossible ! Je ne pouvais pas être inconscient pendant tout ce temps ! Tu dois te tromper ... Rodolphus ... Ginny ... Lily ...
- Harry, calme-toi, elles vont bien, assura Ron.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Avant que ton sortilège de la mort ne touche Rodolphus, il est parvenu lui aussi à lancer un dernier maléfice. Il ... Il s’est fait « exploser » au beau milieu de tous ces moldus.
Harry observa Ron sans pouvoir dire quoi que ce soit.
- Mais heureusement, Ginny a tout de suite réagi, elle a un lancé un sortilège de protection, je n’avais jamais entendu parler de quelque chose d’aussi puissant. Elle a pu te protéger, ainsi que Lily et quelques moldus. Bien sûr elle s’est également protégée, mais l’usage de ce sort l’a totalement vidée. Elle ne tenait plus debout.
- Est-ce qu’elle va bien ?
- Oui, les médecins lui ont recommandé beaucoup de repos, mais elle va bien. D’ailleurs, elle n’est pas restée, Hermione l’a emmené chez nous. Elle s’occupe d’elle ainsi que de Lily, ne t’inquiètes pas, répondit Ron.
Harry ne répondit pas, encore une fois, de nombreuses personnes étaient mortes par sa faute. Depuis des années, les sorciers étaient parvenus à rester cachés aux yeux des moldus, et un seul combat venait de réunir à néant tous ses efforts.
- Que s’est-il passé ensuite ? demanda-t-il avec anxiété.
- Après l’explosion à la galerie marchande, les autorités moldues sont aussitôt arrivées sur les lieux. Tu imagines bien, il y a eu des cinquantaines de morts, sans compter les blessés. Le ministère est intervenu le plus rapidement possible, toi, Ginny et Lily avez été emmenés à Ste Mangouste. Seulement, il y avait trop de témoins, et pas assez d’oubliators pour leur effacer la mémoire. D’ailleurs, les quelques personnes qui ont subi un sortilège d’amnésie ont été touchées par de très grands traumatismes, à cause du fait que ce qu’ils ont vu était trop « gros », trop incroyable pour qu’il n’y ait pas de séquelles lorsqu’on l’efface.
- Tu veux dire que tous ces moldus se souviennent de tout ? demanda Harry interloqué.
- Bien sûr que non, les moldus ont considéré qu’un fou avait posé une bombe dans la galerie marchande et que les personnes présentes ont été tellement choquées par l’horreur de la situation qu’elles en ont perdu l’esprit. En bref, ils ne connaissent pas encore l’existence de la magie, mais nous n’en sommes pas loin, expliqua Ron.
Harry passa sa main sur son front. Il était brûlant. Toutes ces nouvelles l'avaient mis vidées, sans qu'il puisse l'expliquer. Il reposa sa tête sur son oreiller et ferma les yeux.
Aussitôt, il sombra dans le sommeil.
Il était en haut d'une colline qui surplombait un village qu'il connaissait bien. Près de lui, de grandes masses rocheuses se dressaient ici et là. Il commença à dévaler la colline, il avait rendez-vous. Alors qu'il allait atteindre le bas de la colline, il s'aperçut qu'il tenait une pomme dans sa main. Il hésita à croquer dedans, puis songea qu'il valait mieux la garder pour plus tard. D'en haut, le village paraissait minuscule, et surtout tout près. Mais à présent qu'il était en bas, il n'en était plus aussi proche. Il courut, mais il s'épuisa bien vite. Soudain, à quelques mètres, il distingua une petite cabane. Il s'en approcha avec prudence. Elle avait plus ou moins les dimensions de la cabane que possédaient les Weasley dans leur jardin, là où ils rangeaient leurs balais. Il ouvrit la porte avec précaution. A l'intérieur, il découvrit un vieux tapis persan, poussiéreux et troué. Sans qu'il sache pourquoi, il le prit et l'emmena à l'exterieur. Dés qu'il fut en contact avec l'air, le tapis s'envola à moins d'un mètre du sol, invitant le jeune homme à monter dessus. Alors qu'il grimpait dessus avec agilité, la voix d'Hermione résonna dans sa tête. 'Tu sais bien que les tapis volants sont illégaux Harry !' Il secoua la tête, il n'y avait personne de toute manière, qui le dénoncerait ? Il s'assit sur le tapis qui était trop petit pour lui et qui s'affaissa quelque peu sous son poids. Le tapis s'envola à une vitesse fulgurante ... Non en réalité, le poids du jeune homme le ralentissait et il allait à peine plus rapidement qu'un tortue asthmatique. A près un long moment, il arriva finalement au village de Pré-au-Lard, lieu lui rappelant tant de souvenirs. Il descendit de sa monture qui s'en alla en loin, beaucoup plus rapidement à présent. Sans trop comprendre ce qu'il faisait, il lui fit un signe d'adieu et s'en alla à la recherche du magasin qu'il cherchait. Il repéra enfin la rue secondaire où se situait le salon de thé de madame Pieddodu. Maintenant qu'il était arrivé, il ne se souvenait plus réellement pourquoi il était là, et il se demanda s'il ne l'avait jamais su. Malgré tout, il entra.
C'était un tout petit salon de thé décoré de dentelles, meublé de petites tables rondes. La décoration y était assez niaise. Il avança dans la pièce. Soudain, il aperçut Ron. Il était debout sur une table, en train de faire de la danse du ventre.
Harry poussa un cri et se réveilla en sursaut. Il s'aperçut qu'il avait réellement crié, car son ami venait de lever la tête, inquiet.
* Plus jamais de rêve comme ça ! PLUS-JA-MAIS ! *
- Tout va bien ? demanda Ron.
- Oui oui ! Tout va très bien ! s'exclama Harry avec un ton convaincant, peut-être un peu trop d'ailleurs. Voyant que son ami n'avait pas l'air de le croire, il décida de changer de sujet. Au fait, qu'est-ce que tu fais là toi ?
Ron poussa un petit rire nerveux.
- Alors ça, c'est une excellente question ! En fait, Kingsley m'a demandé de venir veiller sur toi et de t'expliquer ce qui s'est passé durant ton absence, dés ton réveil.
- Mais ... Pourquoi tu dors dans un lit d'hôpital alors ? demanda Harry surpris.
- Bon tant pis, en vérité, bien que je ne suis pas ici pour une raison aussi héroïque que toi, je suis aussi blessé, répondit le rouquin.
- Comment ça ?
- Pattenrond, justifia-t-il simplement.
- Tu ne veux pas ... Développer ?
- Ce chat est possédé ! explosa Ron. Il me torture depuis que Hermione l'a acheté !
- Ron ... Tu es certain que ce n'est pas plutôt ...
- NON, coupa-t-il. Non, ce chat est ... Maléfique ! Tu n'as pas l'air de te rendre compte ! Hermione l'a acheté sur le Chemin de Traverse lorsqu'on avait treize ans, on en a trente-six maintenant ! Tu t'imaginerais toi, vivre avec Arnold le Boursouflet toute ton existence ? questionna Ron avec hargne.
N'ayant pas une grande marge de manoeuvre et remarquant le regard hostile de son ami, il répondit avec le plus de conviction possible:
- Non, effectivement ...
- Bien.
Un silence pesant s'installa, mais il fut de courte durée car un bruit de raclement se fit entendre. Avec étonnement, Harry alla ouvrir la fenêtre, laissant entrer une chouette hulotte au plumage chatoyant. * Luther, le hibou d'Albus ! *
Silencieusement, il ouvrit la lettre que son fils lui avait envoyée. Ron l'observait avec attention. Au fur et à mesure qu'il avançait dans sa lecture, ses sourcils se fronçaient. Lorsqu'il eut fini sa lecture, il demeura immobile, Ron qui ne tenait plus en place, lui prit la lettre des mains et la parcourut rapidement.
- Par les pantoufles de Merlin ! s'exclama-t-il finalement.
- Tu te rends compte ? interrogea Harry.
- Bien sur que je me rends compte !
- Albus ...
- Est amoureux de la fille de GOYLE ! s'écria Ron en manquant d'assassiner le hibou d'Albus qui volait non loin de ses bras. Celui-ci poussa des hululements de colère et s'envola par la fenêtre sans demander son reste.
- Ron !
- Bon d'accord, il dit qu'elle ressemble à un dragon, mais il faut savoir lire entre les lignes, expliqua Ron en tant qu'expert.
- RON !
- Ecoute Harry, tu ne peux pas empêcher ton fils d'aimer cette fille ! Même si on dirait une baleine, et même si son père est une armoire à glace sans cervelle !
- RONALD ! Tu vas m'écouter oui ?
- Nan attend, laisse moi deviner, tu t'inquiètes pour les biscuits de Hagrid n'est-ce pas ? Justement, récemment, Hugo a fait un trou dans le mur de sa chambre et j'avais besoin de quelque chose pour le reboucher ...
- Ron ! Bon sang, laisse moi parler !
Le jeune homme prit un air renfrogné mais laissa son ami continuer.
- On a une piste pour le moldu du chemin de Traverse ! s'exclama Harry avec un sourire.
- Gné ?
- Il y a un nouvel élève à Poudlard, il s'appelle Scott. Il est arrivé aujourd'hui, récita-t-il. Tu en connais beaucoup des gamins qui arrivent au beau milieu du premier trimestre toi ?
- C'est peut-être juste un hasard ...
- Peut-être, mais on a pas d'autre piste pour l'instant, conclut le jeune homme à la cicatrice.
Tout comme sa cousine, Gretta Stamps ressemblait de loin (et même de près ...) à un énorme pompon de bonnet de Noël. Sauf que ce pompon là était multicolore. Chaque vêtement qu'elle portait était d'une couleur différente et elle arborait des boucles d'oreille à faire rougir Luna Lovegood. Elles étaient roses et représentaient ... Des chats.
Elle franchit fièrement le portail de Poudlard qui était encadré de hauts piliers chacun surmonté d'un sanglier ailé. Elle était en avance sur la date qu'elle avait indiquée à McGonagall, tant mieux, elle préférait surprendre les gens. Elle aurait même aimé arriver encore plus tôt, mais cet idiot de garde-chasse dont lui avait parlé Dolores l'avait ralenti. Elle observa le parc de Poudlard avec un sourire, si son plan fonctionnait, bientôt elle serait la nouvelle inquisitrice de cette école. Et elle n'aurait même plus besoin de sa cousine.
Elle passa près du lac à petites foulées, tandis que la nuit descendait peu à peu. Elle espérait au moins recevoir les égards qui lui étaient dus ! Bien que le ministre de la magie ne semblait pas la soutenir, elle savait qu'il était bloqué. Durant toutes ces longues années, elle avait pu réunir un groupe de sorciers qui lui étaient dévoués. Kingsley n'avait pas le choix. Un sourire satisfait s'afficha à nouveau sur son visage, la victoire était proche. Elle songea aux évènements qui s'étaient produits cette dernière semaine, et dire que Potter avait failli décéder ! Quel dommage. Mais de toute manière, ce n'était pas lui qui pourrait se mettre sur son chemin, loin de là.
Elle arriva dans le Grand Hall de l'école, il était silencieux à cette heure. Elle monta les escaliers avec tranquillité. Alors qu'elle allait arriver au bureau directorial, elle surprit une élève. Elle était banale, pensa tout d'abord Gretta. Mais lorsqu'elle aperçut ses yeux, elle frissonna. C'était elle. Pourtant, elle fit mine de rien et regarda la jeune fille sévèrement.
- Que faites vous ici à cette heure, jeune fille ?
- Je retournais à mon dortoir.
- Les dortoirs ne se situent pas ici d'après ce que je sais, répliqua-t-elle sèchement.
- Si ... Je suis à Serdaigle, mon dortoir se trouve dans la tour juste à côté de celle-ci, expliqua Jenna.
Gretta ne répondit pas, cette jeune fille était effrontée ! Comme osait-elle lui répondre ainsi ? Pourtant, elle ne fit aucune remarque.
- Si je vous croise encore une seule fois ici, vous aurez une heure de retenue, je me suis bien faite comprendre ?
- Oui professeur, répondit sagement la jeune fille, bien que son regard indiquait qu'elle aurait aimé répliquer quelque chose.
Le pompon de Noël laissa la jeune Serdaigle et continua son chemin. Elle se posta enfin devant les deux gargouilles.
- Flûte, je ne connais pas le mot de passe, commenta-t-elle.
- Et zut alors ! s'exclama malicieusement l'une des gargouilles.
Gretta fit quelques pas en arrière, hésitant à jeter un sort à la statue. Finalement, elle changea d'idée et lança une succession de sortilèges sur la porte. Ils rebondirent tous dessus, cognant les murs, les gargouilles ... Et la vieille femme qui se retrouva stupéfixée.
Le professeur McGonagall, alertée par le bruit se leva de sa chaise et alla se poster sur l'escalier en colimaçon.
* Qui diable cela peut-il être à cette heure-ci ? *
Elle ouvrit la porte et surprise, elle s'appuya au mur. Devant elle, le corps de Gretta Stamps gisait inanimé. Elle se surprit à espérer qu'elle soit morte, mais secoua la tête, il valait mieux ne pas avoir trop d'espoir. Elle s'approcha du corps de la vieille femme et comprit aussitôt ce qui lui était arrivé.
- Enervatum.
- Merci Minerva, je peux vous appeler Minerva ? demanda Gretta Stamps sans attendre de réponse.
- Que vous est-il arrivée Gretta ? demanda sèchement le professeur.
- C'est sans importance, entrons plutôt dans votre bureau, voulez-vous ?
Seules les règles de bienséance empêchèrent à cet instant Minerva McGonagall de stupéfixer à nouveau la bonne femme et de retourner dans son bureau l'esprit tranquille. Elle s'écarta donc de la porte pour la laisser passer puis pénétra dans son bureau à sa suite.