- On m’avait dit qu’il était mort, commença Lady Wilda, mais je ne savais pas si c’était vrai ou non. Il a souffert ?
- Sans doute. Mais peu de temps, je pense. Nagini l’a mordu sur l’ordre de Jedusor. On raconte qu’il est mort dans les bras de Potter et qu’il s’est passé quelque chose d’important à ce moment qui lui a permis de vaincre, mais je ne connais pas les détails.
- Vous avez dû l’avoir comme professeur ?
- Oui !
- Moi, non. J’ai étudié à Durmstrang. Je n’ai fait sa connaissance que lorsque je suis revenue en Angleterre après mes études. Au premier abord … il paraissait froid et distant et pourtant … il avait quelque chose de … quelque chose …. Il cachait une grande sensibilité sous des dehors rugueux.
- Ah ?
- Vous savez … les enfants n’ont pas été conçus de manière naturelle …
- J’en ai vaguement entendu parler, dit prudemment Drago.
- On a essayé mais … ni lui, ni moi, nous n’en avions envie et même en jetant des sortilèges ….il n’y arrivait pas … Quand j’ai vu que les sorts ne fonctionnaient pas … j’ai eu peur que mes pouvoirs n’aient défailli. Il m’a expliqué que … (elle poussa un long soupir) il … il avait été amoureux d’une femme autrefois et qu’il ne pouvait pas l’oublier… qu’il ne pouvait pas faire ça à une autre et qu’aucun sort ne pouvait aller contre ça.
Elle avait besoin de parler et elle parla longtemps. La nuit finit par les rejoindre et les envelopper de son mystère silencieux. Quand ils ne purent distinguer le visage de l’autre, Drago dressa une tente et l’entoura des sortilèges pour la rendre invisible aux Moldus. C’est à l’intérieur qu’ils prolongèrent leur conversation rognant sur leur repos. Drago dormit peu et mal, il craignait que sa Lady ne lui faussât compagnie même s’il avait pris toutes les précautions magiques pour rendre la chose impossible. Le petit matin vint écourter son mauvais sommeil. Il fut vite debout, rafraîchi et habillé. L’heure était propice pour gagner le ministère sans être vus. Lady Wilda se fit prier. La peur la rongeait, et elle avait du mal à se raisonner. Enfin Drago eut gain de cause et le couple se retrouva près de la cabine téléphonique hors d’usage. Le jeune homme forma le numéro et dût attendre : à cette heure si matinale, il n’y avait qu’une escouade de garde pour l’accueillir.
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Drago avait succombé au sable du sommeil qui lui avait picoté les yeux et il s’était assoupi dans le fauteuil de l’antichambre de Shacklebolt. C’est la voix de l’Auror qui vint l’extraire de sa torpeur. Il avait du mal à soulever les paupières. Il se sentait pâteux, comme sous l’effet d’une drogue.
- Monsieur Malefoy ! héla Kingsley. Désolé de vous réveiller, la nuit a été courte à ce que je vois. Vous pouvez rentrer chez vous.
- Et Lady Wilda ?
- J’ai appelé plusieurs experts pour démêler cet écheveau. Elle me semble assez confuse.
- Ça doit être l’émotion.
- Elle se contredit, oublie ce qu’elle vient de dire … perd le fil de son récit. Assez surprenant !
- Hier, j’ai eu une conversation sensée avec elle. Nous … nous n’avons pas dormi … beaucoup . J’aurais voulu vous demander…
- Oui ?
- Je ne sais plus… ! Ah oui ! Elle est arrêtée ?
- Pas vraiment, elle reste à la disposition de la justice…
-J’avais pensé qu’elle pourrait rester avec ma mère … tiens, est-ce que … est-ce que… ?
- Malefoy ? … Vous aussi !!! Vous ne vous sentez pas bien… ?
- Excusez-moi, … je me sens bizarre, balbutia Drago.
- Eh ! Ne vous rendormez pas !
Il retint d’une main l’épaule de son interlocuteur qui luttait pour rester éveillé. Nargue Les Loups entendit des pas familiers dans le couloir. Il releva laborieusement la tête. Faucon Avisé était venu le rejoindre. L’Autochtone lui saisit les deux bras et lui dit dans son langage :
- Tu dois rentrer tout de suite au Massachussetts.
- C’était plus fort que moi.
- Je sais, je comprends. Je te ramène.
Ce fut les dernières paroles que Drago entendit. Le reste se perdit dans une distorsion de sons inintelligibles.
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La lumière du jour s’était faufilée jusqu’à lui. Il rouvrit les yeux et se retrouva dans une pièce inconnue. Alden, revêtu d’une robe de chambre se tenait au côté de son lit. Nargue Les Loups se passa la main dans les cheveux et en s’effleurant la joue y découvrit une barbe naissante.
- Ça va, la Belle au Bois Dormant ? murmura Alden en souriant.
- Où est-ce qu’on est ?
- À Glover Hipworth ! Bloc des maladies magiques, chambre turquoise.
- Qu’est-ce que je fiche ici ? Il y a longtemps que je suis là ?
- Cinq jours et des poussières.
- Attends… j’étais au bureau des Aurors et j’attendais des nouvelles de Lady Wilkes, et puis …
- Falk Forest est venu te rechercher en urgence. Tu te souviens que tu as été attaqué par Dustin avant de transplaner en Angleterre? Il avait réussi à vous jeter un maléfice. Le sort du bouclier l’a atténué mais il n’a pas pu vous protéger entièrement. Et c’était un sort à effets retardés. Enchanting et Dam s’en sont aussi ressenties mais moins fort.
- Mais elles étaient derrière lui !
- Tu peux te figurer la force du sortilège! Heureusement que les Aurors ont pris tout de suite contact avec les FBI quand tu es arrivé dans leurs bureaux, pour avoir leur rapport sur l’arrestation de Dustin. Ça a permis de vous retrouver très facilement. Les médicomages d’ici ont dû expliquer à ceux d’Angleterre comment s’y prendre pour la femme que tu as ramenée là-bas. Mais toi, on a préféré te soigner ici.
-Pfffff ! … Tu parles de vacances !
…
Et toi, au fait, comment tu vas ?
- Le physique, ça va !
- Et le moral ?
- Dans les chaussures ! Je suis renvoyé de Witchcake.
- &@#$ !
- Comme tu dis !
- Qu’est-ce que tu vas faire ?
- Je n’en sais rien ! J’aurais voulu devenir médicomage, mais je ne connais personne qui veuille se charger de ma formation sur ce continent.
- Change de continent ! gloussa Drago. Tiens, tu devrais aller en Australie !
- Pourquoi en Australie ?
- Pourquoi pas en Australie ?! C’est aux antipodes !
- Tu as peut-être raison, répondit Alden en souriant.
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Cher Drago,
Ton père est enfin rentré à la maison. Son visage a retrouvé une expression normale. Il ne parle pas mais semble comprendre ce qu’on lui dit. On raconte que tu as ramené Lady Wilda en Angleterre. Elle est actuellement soignée à Sainte Mangouste. On m’a officieusement contacté pour me demander si elle pouvait passer sa convalescence chez nous. Je ne sais trop que penser mais le ministère m’a fait comprendre qu’il pourrait mieux l’observer durant ce temps. Il se pourrait qu’elle ne doive passer en jugement mais cela va dépendre de beaucoup de choses. J’ai peur que ce ne soit une charge de plus au lieu d’une compagnie. J’ai bien de quoi m’occuper avec ton père. D’un côté c’est un malade facile mais d’un autre il faut toujours le garder à l’œil, je n’ai pas envie qu’il nous refasse une fugue. Il reprend petit à petit ses habitudes mais il ne comprend pas que je ne veuille pas le laisser aller se promener seul. Il mange de bon appétit, il reprend des couleurs et un peu de poids. Il écoute aussi ta boîte à musique.
J’espère que nous ne resterons plus un an sans te voir. J’aimerais aller jusque Salem, voir où tu vis mais je dois rester ici à cause de ton père. Tu me manques énormément, tu sais…Que vas-tu étudier cette année ? Quelle branche de la magie voudrais-tu approfondir. Tu sais qu’il est important d’être bon en tout pour être un vrai magicien.
Donne-moi de tes nouvelles, je t’embrasse
Maman