Percy Weasley arrêta de parler, butant sur un mot qu’il n’osait nommer. Une teinte rubiconde qui n’allait pas du tout avec sa peau blanche et ses cheveux roux envahit son visage, n’épargnant ni le nez ni les oreilles. Il la regarda avec des yeux implorant sa clémence mais sa belle se moquait bien de sa pudeur effarouchée.
Depuis maintenant onze mois ils sortaient ensemble mais jamais jusqu’à maintenant ils n’avaient eu la moindre relation autre que des chastes baisers et la jeune femme n’en pouvait plus. Depuis plusieurs années déjà elle sentait son corps prêt pour ce genre de découvertes et à dix-sept ans, amoureuse de son rouquin, elle voulait se faire sienne. Elle n’en pouvait plus d’attendre qu’il soit enfin prêt. Jamais encore il n’avait accepté de se déshabiller face à elle et jamais elle n’avait pu lui faire découvrir ce qu’elle devinait de l’acte charnel.
Emue par sa supplique, elle se pencha vers lui et retira ses petites lunettes cerclées de noir, dévoilant de jolis yeux bruns, qui sans être splendides, conféraient à son visage anguleux un certain charme.
Elle les posa sur la petite table de chevet et s’assit à ses côtés sur l’étroit lit. Elle baissa sa bouche vers la sienne et effleura délicatement ses fines lèvres. Percy répondit à son baiser en l’embrassant avec une timidité affolante.
Il se plaisait en la compagnie de Pénélope mais il avait peur de franchir le pas. Il ne savait pas d’où lui venait cette terreur mais depuis qu’il avait compris son amie prête pour faire l’amour il repoussait le moment fatal. Comment aurait-il pu lui expliquer qu’il avait peur de lui faire un enfant et qu’il était complètement ignorant de ces choses là, qu’il ne savait pas comment la protéger et qu’il n’avait jamais osé en parler avec ses frères, ses amis ou son père ?
Ses frères en parlaient couramment mais lui n’avait pas la moindre idée de ce qu’il devait faire. Certes il la désirait mais il n’osait pas la toucher et prendre dans ses mains de futur bureaucrate ce que son haut échancré dévoilait.
A bout d’excuses, il tourna la tête et regarda son réveil qui indiquait seulement vingt-deux heures. Il se servit de la piètre excuse de l’heure tardive :
« Penny, je suis désolé mais je suis épuisé ce soir, veux-tu bien me laisser, je voudrais dormir, demain je veux être en forme pour la composition que nous donne Mrs McGonagall. »
Elle le regarda de son regard azur qui pouvait être chaud comme les mers des Caraïbes mais qui était froid comme la glace à ce moment là et se leva comme si une abeille l’avait piquée. Elle poussa un long soupir de dépit, l’embrassa légèrement et sortit du dortoir des septièmes années.
Percy la suivit du regard et se sentit mortifié par son comportement. Elle lui avait laissé tout le temps possible et il était incapable d’accéder à sa requête. Il se tourna sur le côté et fixa les longs rideaux rouge et or qui le coupaient de la vue des autres. Il mordit son poing et laissa des larmes couler hors de ses yeux douloureux. Il sentait son sexe douloureusement dressé toucher ses draps et il ne leur trouva pas la douceur habituelle. Au contraire, ce soir ils le grattaient et le contact contre sa verge était loin d’être agréable. Il se maudit et plaignit son aimée, la remerciant pour son courage. Il étouffa ses sanglots dans son oreiller, il ne voulait pas montrer sa douleur aux autres même s’il aurait aimé pouvoir parler de ses ennuis avec un ami.
Il revit son regard froid et méprisant. Pénélope était une très belle jeune femme d’une blondeur enfantine avec des yeux bleus splendides. Il l’aimait de tout son cœur et c’était une compagne très agréable avec laquelle il aimait converser et travailler. Comment pouvait-il la repousser ainsi, elle qui l’écoutait toujours avec attention, qui lui prodiguait des conseils avisés et l’aimait de manière inconsidérée ?
Il ne comprenait pas qu’elle ait pu le choisir, lui, troisième fils d’une pauvre famille de Sang-pur. Lui qui n’avait pas la moindre fortune, qui n’avait pas la moindre grâce mais qui avait la chance de ne pas être laid ou infirme. Tous les deux ils se ressemblaient, issus de familles nombreuses, acharnés au travail, bosseurs, ambitieux. Mais la comparaison s’arrêtait là. Elle avait tellement de charme et de naturel quand lui était emprunté, maniaque et brusque.
Il ne savait pas du tout comment réagir face aux larmes et à la tristesse des autres, le moindre compliment le faisait rougir, les remarques le blessaient cruellement. Si quelqu’un tentait de l’approcher pour discuter, il se cachait derrière des formules toutes faites qui faisaient fuir les plus timides et se moquer les plus courageux.
Fred et George le ridiculisaient depuis toujours à propos de sa rigidité alors que eux avaient toujours jouis d’un humour à toute épreuve qui lui faisait défaut. Il ferma les yeux et aplati son oreiller sur ses yeux dans l’espoir de ne plus voir ses yeux si bleus, si froids, si déçus.
Le lendemain, il attendit Pénélope dans la salle commune des Gryffondor mais la belle se faisant attendre, il se rendit dans la Grande Salle afin de pouvoir déjeuner un peu avant d’aller en cours. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il la trouva déjà attablée avec d’autres jeunes gryffondors. Au moment où il allait s’asseoir à ses côtés, elle attira à elle un jeune garçon de cinquième année qui semblait être fort content de l’attention que la jolie blonde lui portait.
Résigné, il se posa près de Fred et George. Fatale erreur car ceux-ci le regardèrent avec de grands yeux et attaquèrent aussitôt leur victime toute désignée du jour :
« Fred tu vois ce que je vois ?
-Mais oui, c’est le grand Percy qui redescend de son nuage !
-Qu’est-ce-qui s’est passé avec « Penny » ? demanda George en raillant Percy pour le diminutif de sa copine.
-C’est déjà fini ? La belle a trouvé que tu étais trop bête pour la mériter ? »
Il se tourna vers son jumeau et une lueur de désir brilla dans leurs yeux de rapaces.
« Mais alors…
-On va pouvoir…
-La draguer ! »
A ce moment, l’honneur de Percy dut être touché car il se leva brusquement de son banc, donnant un coup de coude à Katie Bell qui renversa son verre de jus de citrouille sur sa robe propre et attrapa Fred par le col de sa robe. Il proféra ce qu’il voulait être des menaces.
« Si… si ja… si jamais… tu tentes d’approcher Penny, je… je… »
Mais George écourta sa phrase achée menue en lui demandant « Oui ? Tu vas nous faire quoi ? Nous cracher des postillons au visage jusqu’à ce que l’on se noie ? »
L’humour de George fit mouche car leur ami Lee Jordan rigola de son rire indiscret, attirant sur eux le reste de l’attention de la tablée et de la Grande Salle.
Percy qui tournait le dos à la table professorale ne vit donc pas que celle qu’il défendait et le professeur Rogue s’étaient levés afin de savoir ce qu’il se passait. Au moment où Rogue ouvrait sa bouche pour le faire stopper, Pénélope prit la parole et sa voix n’avait plus rien d’harmonieux lorsqu’elle demanda à son copain de lâcher son frère.
Ses cheveux blonds et bouclés voltigeaient devant son visage furieux et le pauvre Percy en fut si terrifié qu’il lâcha son frère qui rigolait toujours en chœur avec son jumeau et leur ami et se mit à pleurer, augmentant un peu plus sa honte. Rogue se tourna vers la jeune femme qui haletait de colère et la remercia de son intervention avant qu’elle ne prenne les bras des deux acolytes et qu’ils ne sortent de la salle sous les regards estomaqués des personnes présentes. Ils n’entendirent donc pas le professeur donner à leur victime une punition qui le mortifia plus encore que le reste : une semaine de colle avec Rusard et suppression momentanée de son statut de Préfet pour la même période.
Pendant une semaine c’est un Percy malheureux qui déambula dans les couloirs de Poudlard. Son infortune fut à son comble lorsque quelques jours plus tard, il reçut pendant le déjeuner une beuglante de sa mère qui lui disait clairement sa honte et sa colère.
Pourtant sa peine fut de courte durée car Pénélope ne résista pas et revint rapidement lui parler pour s’excuser. Fred et George étaient définitivement trop stupides pour elle. Pour se faire pardonner, elle lui annonça qu’elle lui laisserait plus de temps mais il lui répondit avec un air piteux qu’elle n’avait pas à se faire pardonner. Enfin, il l’amena à sa chambre et l’allongea sur sa couche avec timidité. Surprise, elle le regarda et il murmura qu’il ne voulait plus la décevoir ni la perdre pour ça.
Pénélope comprit qu’il désirait lui offrir sa virginité pour la garder et car il l’aimait. Elle l’embrassa doucement sur le visage pour mieux s’approcher de ses lèvres. Elle le déshabilla et le fit sien avec beaucoup d’amour et de patience. Elle l’emmena au pays du plaisir où toutes les couleurs flamboient derrière les paupières closes et où gémissements et murmures franchissent les portes de la honte. Heureusement pour eux, le dortoir était vide à ce moment de la journée.
Avec toute son inexpérience et sa douceur, elle sut le convaincre de se laisser aller au plaisir dévastateur et lui prodigua des conseils sans savoir d’où ils lui venaient. Tout comme lui elle était pure de tout contact et ils s’offrirent leur amour et leur virginité en cadeau sur un lit rouge et or qui camoufla les petites taches de sang qu’ils ne pensèrent pas à cacher.
Lorsqu’ils remontèrent de la plage où la vague dévastatrice les avait rejetés, ils s’embrassèrent et Percy plongeant son regard dans ses chauds yeux bleus, la remercia pour sa patience, jurant qu’il n’avait jamais rien connu d’aussi beau.