Le lendemain lorsqu'ils déplièrent la Gazette au petit déjeuner, ils découvrirent la photo de Harry bougeant timidement lors de son discours de la veille. En gros titre, nous pouvions lire : "La détermination du Survivant". Suivait ensuite l'intégralité de son discours, qui était ensuite longuement commentée. Mais Harry se réservait le soin de lire cela plus tard. Il apprit également qu'il avait été retransmit à la radio, et que les commentaires dans le monde sorcier allaient bon train.
Mc Gonagall dépinça légèrement ses lèvres pour lui faire un sourire, il semblait avoir crée ce que l'on attendait de lui, un terrain pour mener à bien des réflexions afin de reconstruire une vie plus juste.
Tous se séparèrent en se promettant de s'écrire et de venir chez l'un et l'autre très vite, si bien que Harry, qui rentrait chez son parrain avait déjà du promettre de manger au Terrier quelques jours plus tard.
Ils rejoignirent ensemble Pré-au-lard, puis partirent par la poudre de cheminette. Après un tournoiement dans les flammes tièdes, Harry se retrouva dans la cuisine Square Grimmaud. Kreattur était rentré la veille, si bien que la pièce respirait l'ordre et la propreté.
Ce qui avait beaucoup manqué à Harry dans cette maison, c'est de ne pas pouvoir ouvrir les fenêtres. Avec un profond sentiment de soulagement, il s'empressa donc d'en ouvrir quelques unes, laissant entrer un air frais, qui tranchait avec cette odeur de moisissure qui persistait encore. Mais Kreattur faisait un travail remarquable et redoublait d'efforts pour rendre plus accueillante et moins sombre cette grande maison.
Harry oublia pour les jours suivants les préparations qu'il souhaitait effectuer pour son poste d'assistant. Il mit toute son énergie à redonner vie à la maison, allant chercher quelques plantes, fauteuils, changeant même de papier sur les murs de la chambre qu'il avait décidé de s'octroyer, celle au tableau de l'ancien directeur de Poudlard, qui avait regagné sa place dans un soupir d'aise.
Comme il ne pouvait enlever la tapisserie qui couvrait tout le mur d'un salon et qui était l'arbre généalogique des Blacks, Harry plaça de grandes étagères pleines de livres devant, afin de cacher au mieux cette horreur.
-Qu'en dis-tu Kreattur ? demanda t-il enfin, pleinement satisfait dans l'air frais et la lumière claire qui inondait maintenant la maison.
-Maîtresse n'aurait pas aimé.
-C'est exactement ça ! chantonna Harry, ravit de la réponse.
-Ah, j'ai quelque chose à te proposer, je ne peux plus te voir dormir sous cette chaudière, dans ce coin crasseux, acceptes tu de vivre dans la chambre de Regulus ? Je pense que cet endroit te reviens de droit, je n'y ai pas touché, tu es libre de l'organiser comme tu le souhaites.
-Oh... Oh maître ! Moi... dans la chambre de mon si bon maître Mr Black ?
-Oui Kreattur, je te demande d'y aller.
-Oh... jamais personne n'a été si gentil avec moi... maître... merci...
Dans la Gazette du sorcier, on pouvait voir les noms et photographies des derniers mangemorts capturés. La maison des Malefoy avait été longtemps fouillée.
Soudain Harry s'étouffa en mangeant une tartine :
-"La famille Malefoy, Lucius, Narcissa et Drago, jugés cette nuit par le magenmagot ont été innocentés et qualifiés de victimes de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, les manipulant par la peur et la menace, et s'octroyant tous leurs bien dans leur manoirs qu'il utilisait comme domicile et dans lequel il les retenait de force. Mr Malefoy est déjà reconduit dans ses fonctions au ministère, quant à Drago, il souhaite reprendre sa scolarité interrompue cette année afin de poursuivre le rêve qu'il a énoncé : devenir Auror." lut-il à voix haute en essayant de ne pas se scandaliser de ce qu'il venait de lire.
-Mais c'est incroyable, explosait-il. Et en plus il va revenir à Poudlard ! Moi qui pensais passer une année sympathique ! Puis, réfléchissant tout haut : il est vrai que sa mère cherchait surtout à protéger son fils, mais Lucius ! Même s'il n'était plus aimé par Voldemort, il n'en est pas moins un vrai mangemort !
Sans attendre un instant, il envoyait un hibou à Ron, lui résumant l'article. Avec Hermione, il ne pouvait envoyer le nouvel hibou qu'il avait dû acheter, puisqu'elle se trouvait en Australie !
-Allez vas, Mercure, dit-il à la chouette grise qui tendait la patte.
De toute façon, il se rendait au Terrier le soir même.
Lorsqu'il arriva, Ginny l'attendait, seule dans la cuisine devant la cheminée. Il ne su pas comment elle s'était débrouillée pour évacuer tout le monde, mais il ne se posa pas la question, elle était là, c'est tout ce qui comptait.
-Bonjour, murmura t-il un sourire aux lèvres, en s'approchant de Ginny et en lui passant les bras autour de la taille.
Ils n'eurent que peu de temps, avant que Molly Weasley n'entre en trombe dans la cuisine, d'abord gênée, les voyant s'écarter brusquement, puis sautant sur Harry.
-Comment ça va Harry ? Tout seul dans cette grande maison, tu serais bien mieux ici, c'est tellement sinistre...
-Oh ne vous inquiétez pas pour moi, c'est devenu très bien, et puis je n'ai pas le temps de m'ennuyer. Il faudra que vous veniez tous un jour, ça a beaucoup changé.
Elle le regarda d'un air sceptique mais n'ajouta rien.
-Ron t'attend dans sa chambre, dit-elle, Ginny, j'ai besoin de toi une minute, tu les rejoindras après.
A cette remarque, un beau regard noir de la jeune fille fut la seule réponse reçue.
Ron était couché sur son lit et lisait avec attention la Gazette du jour.
-Oh, Harry, je viens de l'avoir, dit-il en montrant le numéro. Une grimace se dessinait sur son visage à propos des Malfoy. Papa a dû faire un bon en l'apprenant !
-C'est tellement injuste !
-Mais toi Harry, tu pourrais... y faire quelque chose ! Une interview ou je sais pas quoi et tout le monde serait avec toi !
-c'est hors de question, répliqua Harry, catégorique. Ce n'est pas mon rôle, ni celui que je veux avoir, je ne suis pas la justice. Tu me donnes plus de pouvoir que j'en ai.
-Avoues que c'est quand même révoltant !
-Je ne vais pas décider pour le ministère ! c'est Voldemort qui faisait ça. Je ne veux pas faire de politique. Toute façon Malfoy sera sûrement très surveillé. Pis nous on pourra voir le fils à Poudlard, ajouta t-il exaspéré.
Avec cette soirée, Harry pu prendre des nouvelles plus détaillées du ministère, qui tournait nuit et jour pour réparer les erreurs et rassurer le 1er ministre Moldu. Arthur détailla avec soin les mesures qui étaient mises en places et qui semblaient d'une redoutable efficacité.
-Si Kingsley ne se trompe pas, il reste tout au plus 10 individus dangereux encore en cavale, mais ça ne devrait plus durer. D'ailleurs, il m'a chargé de te dire de faire attention à toi Harry, ne relâche pas ta vigilance, surtout pas toi. Ils pourraient chercher à se venger et à te tuer. Ce sont les plus redoutables qui restent. Les autres connaissent à nouveau Azkaban. les détraqueurs sont encore les gardiens, mais à titre provisoire seulement, ajouta t-il. Kingsley veut en découdre avec eux, ça va pas être facile si tu veux mon avis. Il prend de gros risques, mais c'est une priorité, et il n'a pas tord ! Enfin ça peut tourner au vinaigre...
-Arthur ! s'indigna Molly, il a déjà été assez éprouvé, ça ne le concerne plus.
Mais au contraire, et même s'il n'en disait rien, Harry était très intéressé par ce qu'il entendait. L'atmosphère de paix retrouvée n'était donc qu'une apparence, si des créatures menaçaient de se rebeller... Harry était perdu dans ses pensées sous le regard inquiet de Mme Weasley.
-Harry ?
-Oui ?
-Tu ne devrais plus te soucier de tout ça.
-J'ai eu ma dose, dit-il pour la rassurer, alors qu'il restait effectivement inquiet. La pensée des détraqueurs l'accompagna ensuite toute la soirée.
Avec Ron et Ginny, ils en discutèrent longuement, dans la chambre de Ron, où ils avaient réussis à convaincre Mme Weasley d'accepter de laisser Ginny dormir avec les garçons.
-Je pense que ça devient inquiétant, assurait Ginny.
-Mais pourquoi la Gazette n'en parle pas ?
-Ils ne fouillent jamais au bon endroit au bon moment, les informations circulent de bouche à oreille. La Gazette est restée sur le fait que tout allait bien, ils parlent même plus des mangermorts qui ne sont pas arrêtés.
-Je pensais pourtant que ça allait changer, s'indignait Harry. Et pourquoi le ministère ne prévient pas ?
-Pour les mangemorts c'est fait, Kingsley fait ce qu'il faut. Mais pour les détraqueurs il y a des histoires de négociations, rien ne doit filtrer, sinon ça risque de déraper.
-Mais si ça dérape quand même et que les sorciers ne le savent pas ? Qu'ils ne sont pas près ?
-Harry il fait au mieux pour protéger tout le monde, tu imagines bien qu'il a pesé le pour et le contre, et qu'un certain nombre de personnes sont au courant, pour palier à toute éventualité sombre. Si tu veux mon avis, si tu l'as appris, ce n'est pas un hasard.
Pendant qu'elle lui disait cela, sa main caressait celle de Harry, cachée des yeux de Ron sous une couverture. Il était allongé sur un matelat par terre, au niveau de Ginny, qui laissait pendre son bras.
Finalement ils s'endormirent, Harry oublia pour la nuit les ombres qui flottaient autour de lui.