Je n’en étais pas sûr.
Je ne voulais pas, je voudrais encore, je ne sais…pas.
Où es tu ? Où es tu ?
Pourquoi suis-je encore en vie ?
Pourquoi moi ?
…
Depuis que je ne sens plus tes bras autour de moi, je ne me sens plus. Ai-je encore le droit d’exister alors que tu es mort ? Nous étions deux, je pleure seul, nous étions un, je suis déchiré en deux. J’ai perdu le contrôle entier de mon corps, ces nuits solitaires où je contemple les étoiles pour te chercher, mais tu te dissimules derrière elles, et nos rires, lointains, se perdent au milieu de cette poussière, de ce noir, immense, au milieu de mes pleurs, les étoiles filent, et je pars avec elles. Tu devrais me voir, voguant dans le bois de ton lit, hissant les draps blancs haut dans le ciel, en les regardant s’envoler, se figer un court instant pour rejoindre les astres lumineux, puis redescendre à une vitesse astronomique. Tu devrais me voir, encore, tu devrais être à ma place…
Je voudrais m’étrangler pour ne plus entendre ta voix, briser mon reflet dans ces miroirs où se languissent mes membres, pouvoir oublier que nous avons partagé plus qu’un corps. Tes vêtements ont gardé cette même odeur, ton parfum s’est imprégné en eux, inestimable, et lorsque je les enfile, je me dégoûte de ne sentir que l’atroce fringance éternelle de mes regrets. Tu n’étais pas seulement mon corps dans mes vêtements, une partie de moi, tu étais une partie de ma vie à toi tout seul. Sans toi je ne suis plus rien.
Où es tu dans ces étoiles ?
Où es tu ?
Es-tu seulement aussi éperdu que je le suis ?
Et dans ce silence, j’erre, je m’égare, je m’abandonne ; je n’ai pas l’habitude Fred, je n’ai pas l’habitude. Assis seul sur mon lit, mes bras me font mal à force de supporter ma tête, j’en perds des cheveux à force de me les tirer, et ils viennent, ils s’abattent sur le sol, ils viennent y mourir, sur ce bois, brut, inconfortable, qui dégage cette effluve, mélange de pin et de blanche poussière. Le whisky n’a pas le goût qu’il avait quand je le buvais avec toi, il est si brûlant, si amer, que je le rejette, qu’il noue ma gorge, si fort, si fort, que je ne peux plus parler, ni même cracher, ni même vomir, il endort mes pensées pour que je t’oublie, mais c’est si dur, je ne peux pas ne pas penser à toi, surtout quand j’admire les mains qui tiennent ce verre, ces mains, si fortes, ce sont les tiennes, pourquoi sont elles exactement semblables sur mon corps ? Cela fait trois mois que je ne vois plus personne, que je m’enferme chez nous chaque nuit, pour songer, ou essayer de me tuer un peu plus de l’intérieur ; je ne sais plus trop.
Dis-le moi, toi, ce que je viens faire ici ?
Dis-le moi, reviens-moi, je t’en prie ! C’est insupportable de vivre.
Personne ne devrait avoir à braver cette douleur là, personne.
Je voudrais pouvoir oublier la lumière verte, la guerre, ton visage, tes yeux, clos, tes mains, froides, ton cœur, ta mort. Rien ne s’efface, tout me revient avec un peu plus d’incertitude chaque jour, était-ce seulement toi ?
Je ne me souviens plus…
Demain, lorsque le soleil se lèvera, j’irais à Poudlard, Harry veut me montrer quelque chose, je crois.
Une nuit de plus ou de moins, la souffrance est la même…